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Full text of "Histoire des ducs de Normandie et des rois d'Angleterre : publiée en entier, pour la première fois, d'après deux manuscrits de la Bibliothéque du roi;"

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HISTOIRE 


DUCS  DE  NORMANDIE 


DES  ROIS  D'ANGLETERRE. 


A  PARIS, 
DE  L'IMPRIMERIE  DE  CB  4PELET, 

RUE    1)E    VAUGIRARD,    N 
M.    DCCC.    XL. 


HISTOIRE 


D  E  S 


DUCS  DE  NORMANDIE 

ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE, 


PUBLIEE     EN     E.NTIER  ,     POUR     LA     PREMIERE     ÎOIS  , 

îi'apri'ô  îïfur  illanuscrits  ^e  la  i3tbliotl)fquf  îiu  Eoi; 


SUIVIE    DE    LA    RELATION 


DU  TOURNOI  DE  HAM, 


PAR  SAF  i,  TROUVERE  DU  XIII»  SIECLE, 


ET  PRECEDEE  D  UNE  INTRODUCTION  ; 

PAR  FRANCISQUE  MICHEL, 

Membre  des  Sociétés  (i'.'s  Antiquaires  de  Londres  et  d'Ecosse  et  du  Comité  liisloriqui 

des  Chartes,  Chroniques  et  Inscriptions,  institué  prés  le  Ministère 

de  l'Instruction  publique,  Professeur  de  Littérature  étrangère  à  la  Faculté 

des  Lettres  de  Bordeaux,  etc. 


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A  PARIS, 

CHEZ  JULES  REINOUARD  ET  C'% 

LIBRAIRES    DE    LA    SOCIÉTÉ    DE    l'hISTOIRE    DE    FRANCE, 
RUE    DE    TOrnNON  ,    N"    H. 

M.  DCCC.  XL. 


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Le  Commissaire  l'esponsable  soussigné  déclare  que 
le  travail  de  M.  Francisque  Michel,  pour  l'édition 
de  /'Histoire  des  ducs  de  Normandie  et  des  Rois 
d'Angleterre,  suii^ie  de  la  Relation  du  Tournoi  de 
Ham  ,  lui  a  paru  digne  d'être  publié  par  la  Société  de 
l'Histoire  de  France. 

Fait  à  Paris,  le  1"  Juin  1840. 


Signé  GÉRAUD. 


Certifié , 
Le  Secrétaire  de  la  Socie'té  de  l'Histoire  de  France, 
J.  DESNOYERS. 


INTRODUCTION. 


La  chronique  que  nous  publions  se  compose  de  deu\- 
parties  bien  distinctes  et  qui  sont  loin  d'avoir  Tune  et 
l'autre  la  même  valeur.  La  première,  qui  s'étend  depuis 
l'arrivée  des  hommes  du  Nord  en  France  jusqu'à  Richard 
Cœur-de-Lion  ',  a  déjà  reçu  par  nous  le  jour  de  l'impres- 
sion ,  et  n'est  autre  chose  qu'une  analyse  de  l'Histoire  des 
Normands,  de  Guillaume  de  Jumièges,  augmentée  d'une 
suite  peu  considérable.  Quant  à  la  seconde,  jusqu'à  pré- 
sent inexplorée ,  et  qui  paraît  provenir  de  la  plume  d'un 
auteur  différent,  elle  s'étend  depuis  la  mort  de  Richard 
jusqu'à  l'année  1220  et  jusqu'à  la  levée  du  corps  de  saint 
Thomas  de  Canterbury,  peu  après  le  couronnement  de 
Henri  III ,  roi  d'Angleterre  ''.  Elle  abonde  en  détails  cir- 
constanciés et  précieux  ,  que  l'on  chercherait  vainement 
ailleurs,  et  qui  font  penser  que  l'auteur,  venu  en  Angle- 
terre avec  les  Flamands  qui  s'y  rendaient  en  foule  pour  y 
chercher  fortune ,  fut  le  témoin  oculaire  d'un  bon  nombre 
des  faits  qu'il  rapporte.  Entre  autres  passages ,  voici  ceux 
qui  ont  principalement  contribué  à  former  en  nous  cette 
opinion.  Dans  une  circonstance,  le  chroniqueur  revient  sur 
ses  pas,  et  fait  cette  réflexion  :  «  Por  chou  que  il  m'estuet 
conter  de  .ij.  estores ,  de  celi  d'Engletierre  et  de  celi  de 
Flandres,  ne  vous  puis-jou  pas  toutes  les  choses  conter  en 

'  Pages  1-90. 
'  Pages  go-209. 


;j  INTRODUCTION. 

ordre.  '  «  Cette  nécessité  qu'il  signale ,  par  quel  hasard  v 
est-il  soumis?  Ce  n'est  pas  sans  doute  par  le  cadre  de  son 
travail^  car,  à  en  juger  par  le  titre,  l'ouvrage  de  notre 
anonyme  est  consacré  à  l'histoire  des  rois  d'Angleterre,  à 
laquelle  celle  de  Flandre  n'a  jamais  tenu  que  par  un  lien 
très-faible.  Nous  sommes  donc  disposé  à  penser  qu'il  voyait 
l'obligation  dont  il  parle ,  dans  sa  qualité  de  Flamand  et 
dans  la  destination  de  son  travail ,  qu'il  avait  exécuté  pour 
ses  comj)atriotes.  Au  reste,  il  est  à  remarquer  que  l'un  des 
manuscrits  qui  le  renferment  ^  est  un  recueil  composé  de 
pièces  surtout  relatives  à  l'histoire  de  Flandre. 

Quelque  soin  que  prenne  le  chroniqueur  pour  nous  dé- 
rober la  connaissance  de  son  nom  et  de  sa  patrie ,  cepen- 
dant il  nous  fait  la  confidence  de  ses  haines  et  de  ses  affec- 
tions ,  et  il  est  à  remarquer  qu'elles  ne  portent  que  sur 
des  chevaliers  de  l'Artois  et  du  Boulonnais,  pays  que  je 
n'ai  pas  entendu  exclure  quand  j'ai  donné  à  l'écrivain 
la  vague  dénomination  de  Flamand.  Ainsi,  faisant  le  dé- 
nombrement des  barons  qui  consentirent  à  suivre  Louis 
en  Angleterre  ,  il  mentionne  tout  d'abord  des  seigneurs 
de  l'Artois  ,  et  ne  nomme  les  Français  qu'en  second 
lieu-^:  ensuite,  parlant  du  siège  de  Windsor  par  le  comte 
de  Nevers  et  le  comte  de  Dreux,  il  ajoute  ;  «  Uns  cheva- 
liers d'Artois ,  ki  estoit  apielés  Guillaumes  de  Cerisi ,  i  fu 
ocis,  ki  assés  poi  fu  plains  de  maintes  gens;  car  molt  estoit 
haïs.  ^  »  Plus  loin,  faisant  le  récit  du  siège  de  Douvres,  il 
s'exprime  ainsi  :  «  Guichars  de  Biaugeu  moru  à  cel  siège  , 
si  fu  portés  enfouir  en  sa  tierre  \   mais  ançois  moru  uns 

■  Page  127,  ligne  19. 
'  Le  ms.  455,  suppl.  français. 
*  Page  160,  1.  'i5.  * 

♦Page  177,  ligne  i;. 


INTRODUCTION.  il] 

chevaliers  de  Boulenois  qui  moult  fu  plains ,  Jehans  de  la 
Rivière  et  à  non  ^  chil  fu  autresi  aporlés  enfouir  en  Boule- 
nois. '  »  Enfin ,  à  propos  de  la  prise  du  château  de  Farn- 
ham,  dans  le  comté  de  Surrey,  il  dit  :  «En  Fernehem  fu 
pris  Ponces  de  Biaumès ,  uns  chevaliers  d'Artois  ;  si  le  fisl 
li  evesques  de  Winciestre  jeter  en  sa  prison ,  ii  il  li  fist  sou- 
frir  moult  de  maus.  "  »  Je  ne  sais  si  je  me  trompe,  mais  je 
ne  crois  pas  qu'un  chroniqueur  se  fût  occupé  d'aussi  minces 
détails  au  milieu  des  grands  événements  du  règne  de  Jean 
Sans-Terre  ,  s'il  n'eut  pas  eu  quelque  intérêt  de  nationalité 
ou  de  cœur  à  le  faire.  Nous  ne  manquerons  pas  non  plus 
de  signaler  l'exactitude  des  renseignements  que  notre  ano- 
nyme possédait  sur  la  vie  d'Eustache  le  Moine ,  ce  hardi 
aventurier  boulonnais,  qui,  ayant  jeté  le  froc  aux  orties, 
devint  d'abord  sénéchal  et  favori  de  son  maître,  puis  lui  fit 
la  guerre ,  et  enfin  fut  tué  dans  une  bataille  navale ,  après 
avoir  promené  ses  services  du  roi  de  France  au  roi  d'Angle- 
terre, et  s'être  fait  craindre  également  de  tous  les  deux.  ^ 

Mais  le  principal  mérite  de  cette  chronique ,  celui  qui  a 
le  plus  commandé  notre  attention  et  qui  a  décidé  la  Société 
de  l'Histoire  de  France  à  la  comprendre  parmi  ses  publica- 
tions, c'est  le  soin  minutieux  avec  lequel  notre  auteur  s'at- 

'  Page  T79,  ligne  28. 

"  Page  188,  ligne  i". 

'  Pages  167-202. 

Nous  avons  rassemblé  tous  les  détails  connus  jusqu'à  présent  sur  cet 
homme  extraordinaire,  dans  un  volume  que  nous  avons  publié  cliez  le 
libraire  Silvestre,  en  i854,  et  qui  est  intitulé  Roman  cVEustnche  le 
Moine  ,  pirate Jameux  du  xui'  siècle.  Yoycz  aussi,  sur  le  même  sujet, 
nos  Rapports  au  Ministre  de  l'instruction  publique  sur  les  anciens 
monuments  de  l'histoire  et  de  la  littérature  de  la  France ,  qui  se  trou- 
vent dans  les  bibliothèques  de  l'Angleterre  et  de  l'Ecosse;  Paris, 
Imprimerie  Royale,  i858,  in-4°,  p-  10,  note  2,  et  Rotuli  cliartarum, 
page  186,  col.  I". 


iv  INTRODUCTION, 

tache  à  rapporter  tous  les  détails  de  rcxpéditlon  du  fils  de 
Philippe- Auguste  en  Angleterre,  entreprise  sur  laquelle 
nous  n'avions  jusqu'ici  que  peu  de  lumières,  et  que  les 
écrivains  des  deux  nations  belligérantes  semblent  avoir 
passée  sous  silence  d'un  commun  accord  5  les  uns ,  parce 
qu'ils  étaient  peu  soucieux  de  se  faire  les  historiens  des 
progrès  de  l'étranger  sur  le  sol  national  5  les  autres ,  parce 
qu'en  définitive,  l'espérance  que  les  succès  du  prince  Louis 
leur  avalent  fait  concevoir  d'une  seconde  conquête  de 
TAngicterre  ne  tarda  pas  à  s'évanouir  sans  retour.  Quel- 
ques pages  sur  cette  période  de  l'histoire  anglo -française , 
écrites  surtout  d'après  Matthieu  Paris  et  d'autres  chroni- 
queurs monastiques  de  cette  époque,  pourront  peut-être 
guider  le  lecteur  dans  l'appréciation  consciencieuse  du 
monument  que  nous  offrons  à  sa  critique. 

En  1216,  les  barons  anglais  ligués  contre  le  roi  Jean 
venaient  d'être  excommuniés  nominativement,  la  plupart 
du  moins ,  par  le  pape  Innocent  III.  A  ce  coup ,  ils  sorti- 
rent de  leur  apathie,  et  virent  dans  toute  son  horrible  pro- 
fondeur l'abîme  qui  allait  engloutir  leurs  libertés,  leurs 
possessions  et  peut-être  même  leurs  vies.  La  sentence  portée 
contre  eux  devait,  ils  le  voyaient  bien  ,  amener  la  défection 
du  petit  nombre  de  vassaux  qui  pouvaient  encore  soutenir 
leur  cause  expirante  ,  pendant  que  le  parti  du  roi,  par  suite 
de  ses  mouvements  rapides  ,  gagnait  évidemment  des  forces 
de  jour  en  jour,  pour  l'exécution  du  plan  désolant  qu'il 
avait  formé.  Le  royaume  était  à  sa  merci.  Après  avoir  long- 
temps concerté  les  moyens  de  se  tirer  d'affaire  et  débattu  les 
diverses  opinions  ,  ils  résolurent  d'implorer  l'aide  de  Louis, 
fils  aîné  du  roi  de  France.  Ils  voulaient  lui  offrir  la  cou- 
ronne d'Angleterre ,  car  il  était  le  plus  à  portée  de  les  pro- 
téger contre  la  fureur  tyrannique  de  Jean-,  et,  par  sa  femme 


INTRODUCTION.  y 

Blanche ,  la  fille  du  roi  de  Castille  ,  il  tenait  à  la  tige  royale 
des  Plantagenets.  Son  arrivée  parmi  eux,  ils  n'en  faisaient 
aucun  doute,  retirerait  des  rangs  de  l'armée  royale  un  grand 
nombre  de  bandes  mercenaires,  qui,  levées  en  Flandre  et 
dans  des  provinces  françaises  ,  refuseraient  de  servir  cpntre 
l'héritier  présomptif  de  la  couronne  de  leur  pays.  La  défec- 
tion d'auxiliaires  dont  ils  avaient  éprouvé  la  valeur  d'une 
manière  si  fatale  pour  eux,  pourrait  ramener  Jean  à  la  rai- 
son ,  dût  la  nation  ne  pas  juger  à  propos  de  confirmer  la 
remise  du  sceptre  à  Louis ,  auquel  les  barons  avaient  actuel- 
lement le  projet  de  l'offrir.  Tous  s'arrêtèrent  à  ce  plan ,  ot 
Saher,  comte  de  Winchester,  ainsi  que  Robert  Fitzwalter 
furent  chargés  de  cette  grande  ambassade.  Ils  étaient  por- 
teurs de  lettres  munies  des  sceaux  de  tous  les  confédérés.  ' 

Sans  perdre  de  temps,  les  négociateurs  traversèrent  la 
mer;  et,  arrivés  à  la  cour  de  France,  ils  exposèrent  à  Phi- 
lippe-Auguste et  à  son  fils  l'important  objet  de  leur  ambas- 
sade. Le  roi  écouta  leurs  propositions,  lut  les  lettres  qu'ils 
s'étaient  chargés  de  lui  remettre ,  et ,  après  de  mûres  ré- 
flexions ,  il  leur  répondit  avec  une  froide  réserve  :  «  Je  ne 
puis  permettre  à  mon  fils  de  partir ,  à  moins  que  ,  pour 
plus  de  sûreté ,  vous  ne  me  donniez  au  moins  vingt-quatre 
otages  des  familles  les  plus  nobles  de  tout  le  royaume.  » 
Les  ambassadeurs  n'opposèrent  aucune  objection  à  cette 
demande ,  et  en  firent  immédiatement  part  aux  barons  ; 

'  Matthœi  Paris  Historia  major,  Londini,  i64o,  in-foUo,  p.  27g, 
anuo  1216;  Annales  Waverleienses  (apudGale,  t.  II,  p.  181}  ;  Walteri 
Hemins^ford  Chrotiicon  (  ibid.,  p.  557  ^*-  suiv.)  ;  Flores  historiarum  pcr 
Matthœum  JVeslmonasterieiiscni  collecti,  Francofurti,  m.  dci,  in-fol., 
pag.  274»  lig.  10.  Notre  chroniqueur  nomme  les  comtes  de  Winchester 
et  de  Hertford  (page  160  ligne  12),  et  assigne  une  cause  différente  au 
voyage  en  France  de  Robert  Fitzwalter;  voyez  plus  loin,  page  120, 
ligne  27. 


vj  INÏRODUCTIOJS. 

ceux-ci  l'agréèrent,  et  commandèrent  à  leurs  otages  de  se 
rendre  de  l'autre  côté  du  détroit.  A  leur  arrivée  sur  le 
continent,  on  leur  assigna  Compiègne  pour  résidence,  et 
Louis  commença  ses  préparatifs  avec  la  promptitude  com- 
mandée par  la  circonstance.  Il  était  dans  sa  vingt-neuvième 
année ,  et  il  revenait  d'une  expédition  contre  les  Albigeois, 
qui  avait  duré  quarante  jours.  Mais  comme  la  présente 
entreprise  exigeait  plusieurs  arrangements  préliminaires 
que  la  précipitation  pouvait  faire  manquer,  il  jugea  conve- 
nable de  se  faire  précéder  par  quelques  hommes ,  dont  la 
présence  devait  ranimer  les  confédérés  et  fixer  leur  résolu- 
tion. C'étaient  les  châtelains  de  Saint -Omer  et  d'Arras , 
Hugues  Chacun ,  Eustache  de  Neville ,  Baudouin  Bretel , 
W.  de  Wimes  ,  Gilles  de  Melun  ,  W.  de  Beaumont ,  Gilles 
de  Hersi  et  Bisec  de  Fersi.  Ces  seigneurs,  suivis  d'un  grand 
nombre  de  chevaliers  et  de  serviteurs,  s'embarquèrent;  et, 
remontant  la  Tamise,  ils  arrivèrent  à  Londres,  où  ils  fu- 
rent reçus  avec  une  vive  allégresse  par  les  barons,  vers  la 
fin  de  février. 

Les  agents  d'Innocent  ne  furent  pas  insensibles  à  ces 
mesures  insultantes  pour  le  saint-siége.  Ils  recommencèrent 
à  fulminer  leurs  anathèmes,  et  comprirent  nominativement 
dans  leur  excommunication  les  troupes  françaises ,  qui ,  au 
mépris  des  injonctions  du  pape,  avaient  osé  porter  du  se- 
cours aux  ennemis  du  roi  -,  mais  bientôt  aussi  il  arriva  des 
lettres  du  prince  aux  barons  et  aux  bourgeois  de  Londres.  Il 
y  assurait  ses  partisans  qu'à  Pâques  il  serait  à  Calais,  prêt 
à  faire  voile  pour  aller  les  secourir.  Il  les  exhortait  à  ne 
pas  se  relâcher  de  la  fermeté  dont  ils  avaient  donné  des 
preuves  jusqu'alors,  et  il  les  priait  de  bien  se  garder 
d'ajouter  foi  aux  suggestions ,  aux  lettres  ou  aux  messagers 
autres  que  les  j)réscnts;  «  car,  disait-il,  nous  croyons  que 


IWTllODUCTION.  vij 

vous  aui'oz ,  à  ce  sujet,  de  fausses  lettres  et  des  messa^^ers 
trompeurs,  '  » 

Mais,  bien  que  les  circonstances  fussent  de  la  nature  de 
celles  qui  doivent  attirer  le  plus  l'attention  d'un  homme , 
les  barons  n'eurent  garde  de  laisser  échapper  l'occasion  de 
paraître  devant  leurs  nouveaux  amis  avec  toute  la  pompe 
chevaleresque  de  l'époque.  Ils  firent  annoncer  un  tournoi 
hors  de  Londres,  Ils  se  trouvèrent  à  cheval  et  en  armes  à 
l'endroit  indiqué  5  et ,  après  avoir  donné  quelques  heures 
à  cet  exercice  martial,  Geoffroi  de  Mandeville ,  comte  d'Es- 
sex,  fut  mortellement  blessé  d'un  coup  de  lance  par  un 
chevalier  français.  Sa  mort,  qui  suivit  de  près,  excita  beau- 
coup de  regrets ,  mais  elle  ne  causa  aucune  animosité ,  et 
sa  dernière  parole  fut  un  pardon  pour  son  adversaire.  '^ 

Les  préparatifs  de  Louis  avançaient  quand  un  légat  de 
Rome  arriva  à  Lyon ,  où  se  trouvait  alors  la  cour.  Il  pré- 
senta les  lettres  de  son  maître  à  Philippe- Auguste,  et  supplia 
ce  prince,  au  nom  du  pape ,  de  ne  point  permettre  à  son 
fils  d'envahir  l'Angleterre  ou  d'inquiéter  en  quoi  que  ce 
fût  le  roi  qui  la  gouvernait.  «Au  contraire,  ajouta  le  légat 
(qui  se  nommait  Gualo),  protège -le  comme  le  vassal  de 
l'Eglise  romaine ,  défends-le  ,  et  chéris-le ,  car  son  royaume 
appartient  à  notre  souverain  seigneur,  )>  A  ces  paroles , 
la  réponse  du  roi  de  France  ne  se  fit  pas  attendre  :  (t  Ce 
royaume  n'a  jamais  été  le  patrimoine  de  Pierre  ,  il  ne 
l'est  pas  et  ne  le  sera  jamais.  Celui  qui  occupe  à  présent  le 
trône ,  Jean ,  conspirant  il  y  a  plusieurs  années  contre  la 
couronne  de  son  frère ,  a  été  accusé  de  trahison ,  et  con- 
damné -,  conséquemment  il  n'avait  pas  le  droit  de  régner,  et 

•  Matth.  Paris  rapporte  cette  lettre  dans  son  Historia  major.  Voyez 
page  280,  lis^ne  19. 

'  Mattii.  Paris,  page  280,  ligne  '^7. 


viii  INTRODUCTION, 

ne  pouvait  le  transférer  à  d'autres.  Mais  supposons  qu'il  ait 
vorilablement  régné  ,  il  a  forfait  ensuite  sa  couronne  par  le 
meurtre  d'Arthur,  crime  dont  il  a  été  reconnu  coupable  en 
notre  cour.  De  plus,  où  trouverez-vous  un  prince  qui  puisse 
faire  cession  de  sa  couronne  sans  le  consentement  de  ses 
barons ,  dont  le  devoir  est  de  protéger  l'État  ?  Si  le  pape  a 
pris  la  résolution  de  soutenir  cette  erreur,  il  donne  un  per- 
nicieux exemple  à  tous  les  rois.  »  Alors  tous  les  barons 
s'écrièrent  d'une  seule  voix  qu'ils  soutiendraient  jusqu'au 
dernier  moment  que ,  de  sa  propre  autorité ,  un  souverain 
ne  pouvait  disposer  d'un  royaume  ou  le  rendre  tributaire 
d'un  autre,  et  réduire  par  là  sa  noblesse  à  l'esclavage.  » 
Cela  eut  lieu  le  quinzième  jour  après  Pâques.  ' 

Le  lendemain ,  il  y  eut  une  autre  conférence  à  laquelle 
se  rendit  le  prince  ^  et  regardant  le  légat  d'un  œil  cour- 
roucé ,  il  prit  place  à  côté  de  son  père.  Gualo  s'adressa 
d'abord  à  Louis ,  le  priant  instamment  de  ne  pas  attaquer 
le  patrimoine  de  l'Eglise  romaine  ^  puis  se  tournant  vers 
Philippe-Auguste,  il  répéta  sa  requête  de  la  veille.  Ce  mo- 
narque lui  répondit  sur-le-champ  en  ces  termes  :  «  J'ai 
toujours  été  dévoué  et  fidèle  à  monseigneur  le  pape  et  à 
l'Eglise  romaine;  et  dans  toutes  les  occasions  j'ai  active^ 
ment  favorisé  leurs  intérêts  :  ce  n'est  pas  aujourd'hui  que  , 
par  mon  conseil  ou  avec  mon  aide  ,  mon  fils  ferait  la  moin- 
dre tentative  contre  elle.  Mais ,  s'il  a  aucun  droit  au  tronc 
d'Angleterre,  qu'il  le  fasse  connaître,  et  justice  lui  sera 
rendue.  »  A  ces  mots,  un  chevalier,  que  Louis  avait  chargé 
de  cette  commission  se  leva  et  prit  la  parole.  Il  fit  observer 
(pie  Jean ,  pour  l'assassinat  de  son  neveu ,  avait  été  con- 
damné à  mort  par  ses  pairs  à  la  cour  de  France  ;  et  que  , 

'  jVÏATTii.  Paris,  page  280,  ligne  55. 


INTRODUCTION.  îx 

considérant  le  nombre  de  ses  crimes ,   les  barons  anglais 
l'avaient  jugé  indigne  du  trône ,  et  s'étaient  levés  en  armes 
contre  lui;  que,  ayant  fait  abandon  de  son   royaume  à 
l'Église  romaine  pour  le  recevoir  de  nouveau  et  le  tenir 
d'elle,  à  la  condition  de  payer  un  tribut  annuel  de  mille 
marcs ,  et  cela  sans  le  consentement  de  ses  nobles,  il  s'était 
déposé  lui-même  -,  que,  en  conséquence ,  il  avait  cessé  d'être 
roi,  et  que  le  trône  était  vacant.  «C'est  alors,  ajouta -t-il, 
que  les  barons  exercèrent  leur  droit.  Ils  élurent  le  fils  de 
notre  souverain   en   considération  de  sa  femme,   dont  la 
mère  ,  la  reine  de  Castille  ,  est  la  seule  qui  reste  des  frères 
et  sœurs  du  roi  d'Angleterre.  »  A  cela  le  légat  répondit  que 
Jean   avait  pris  la  croix,    que,    en   conséquence,   comme 
l'avait  décrété  le  concile  général ,  il  ne  devait  pas  être  in- 
quiété de  quatre  ans,  et  que  tout  ce  qui  lui  appartenait  était 
sous  la  protection  du  saint-siége.  Le  chevalier  objecta  que, 
avant  cette  circonstance ,  le  roi  d'Angleterre  avait  fait  la 
guerre  au  prince  ,  envahi  et  ravagé  ses  possessions  en  Flan- 
dre, et  que  même  au  moment  présent  il  était  en  armes  contre 
lui.  Peu  satisfait  de  ces  raisons,  le  légat  défendit  comme 
auparavant  à  Louis,  sous  peine  d'excommunication,  d'entrer 
en  Angleterre ,  et  à  Philippe-Auguste  de  lui  permettre  d'y 
aller.  A  ces  mots ,  Louis  dit  à  son  père  :  «  Seigneur,  bien 
que  je  sois  votre  homme-lige  pour  le  fief  que  vous  m  avez 
donné  de  ce  côté  du  détroit,  vous  n'avez  rien  à  statuer  re- 
lativement au  royaume  d'Angleterre  5  et  je  me  soumets  au 
jugement  de  mes  pairs,  pour  savoir  si  vous  devez  me  con- 
traindre à  abandonner  l'exercice  de  mes  droits,   surtout 
alors  qu'il  n'est  pas  en  votre  pouvoir  de  me  rendre  justice. 
Je  vous  prie  donc  de  ne  pas  entraver  ma  résolution  ,   car 
je  combattrai  jusqu'à  la  mort ,  s'il  le  faut ,  pour  l'héritage 
de  ma  femme.  »  Cela  dit .  Louis  se  retira  avec  les  siens,  et 


X  INTRODUCTION, 

le  légat  demanda  un  sauf-conduit  jusqu'à  la  mer.  «  Je  vous 
en  accorderai  volontiers  un,  dit  le  roi,  pour  tout  le  terri- 
toire (|ui  nous  appartient  en  propre  ^  mais  si  par  hasard  vous 
tombez  entre  les  mains  d'Eustache  le  Moine  ou  des  autres 
hommes  de  Louis  qui  gardent  les  côtes  de  la  mer,  ne  vous  en 
prenez  pas  à  nous  dans  le  cas  où  il  vous  arriverait  mal.  » 
Le  légat,  ayant  entendu  ces  paroles,  se  retira  courroucé.  ■ 
Peu  de  jours  après ,  le  lendemain  de  la  fête  de  saint  Marc 
l'évangéliste  ,  Louis  vint  à  Melun  auprès  de  son  père  ,  et  le 
supplia ,  les  larmes  aux  yeux,  de  ne  pas  s'opposer  à  ses  des- 
seins. «  J'ai,  lui  dit-il,  solennellement  promis  aux  harons 
anglais  de  leur  porter  secours  j  et ,  plutôt  que  de  manquer  à 
ma  parole,  je  suis  prêt  à  affronter  les  censures  de  Rome.  » 
Philipj)e-Auguste  voyant  que  la  résolution  de  son  fils  était 
inébranlable,  consentit  à  tout  ce  qu'il  voulait-,  mais,  pré- 
voyant les  périls  qui  pouvaient  arriver,  il  ne  s'expliqua  pas 
ouvertement,  et  il  eut  l'air  de  lui  donner  une  permission 
pure  et  simple  sans  y  ajouter  sa  volonté  ou  la  persuasion. 
La  crainte  de  l'indignation  de  Rome  avait  paralysé  l'esprit 
résolu  du  monarque  ;  et  même  Louis ,  malgré  le  langage 
ferme  qu'il  avait  tenu,  jugea  prudent  d'expédier  des  mes- 
sagers à  Innocent  III ,  pour  protester  en  sa  présence  de  la 
légitimité  de  ses  droits  à  la  couronne  d'Angleterre.  Puis  ,  à 
la  tête  d'une  armée  nombreuse  '',  il  se  hâta  de  se  rendre  à 
Calais ,  où  il  s'embarqua  sur  une  flotte  de  six  cents  navires 
et  de  quatre-vingts  cogges'-^,  qu'Eustache  le  Moine  avait  ras- 

'  Matth.  Paris,  page  280,  281. 

'  Voyez  dans  notre  texte,  page  160,  ligne  25  et  suivantes,  le  nom 
des  ])rincipaux  soigneurs  flamands  et  français  qui  suivirent  Louis  dans 
celle  expédition. 

'  \oycz,  sur  ce  mol,  le  glossaire  de  William  Wats,  à  la  suite  de 
«on  édition  dos  u'uvres  de  Maltliieu  Paris,  page  280 ,  col.  i",  et  celui 
de  Du  Can"c. 


INTRODUCTION.  xj 

semblée;  et  il  aborda  à  l'île  de  Thanet  ',  le  12  des  calendes 
de  juin  (le  21  mai). 

Jean ,  avec  son  armée ,  était  à  Douvres  ;  mais  il  n'osa 
pas  se  présenter  au-devant  des  ennemis  ,  incertain  qu'il  était 
de  l'attachement  de  ses  bandes  mercenaires,  et  il  se  retira  , 
à  marches  forcées ,  d'abord  à  Guildford,  puis  à  Winchester. 
Le  prince  se  porta  sur  Sandwich  ;  et  toute  la  province ,  à 
mesure  qu'il  approchait  de  Londres ,  aussi  bien  que  le  châ- 
teau de  Rochester,  se  rendit  à  lui.  Il  n'y  eut  que  Douvres  , 
qu'il  laissa  derrière ,  qui  resta  entre  les  mains  de  Hubert 
de  Burgh.  Les  barons  l'accueillirent  à  son  entrée  dans  la 
capitale  avec  une  allégresse  extrême,  et  lui  firent  serment  de 
fidélité,  ainsi  que  les  bourgeois  qui  attendaient  son  arrivée. 
De  son  côté,  il  jura  en  même  temps  ,  la  main  sur  les  Evan- 
giles ,  de  rendre  à  toutes  les  classes  leurs  bonnes  lois ,  et  à 
chaque  individu  les  biens  qu'il  avait  perdus.  A  ce  propos, 
Berington  fait  observer  avec  assez  de  justesse  qu'il  est  re- 
marquable que  les  barons  se  soient  contentés  de  l'expres- 
sion vague  de  bonnes  lois,  et  qu'ils  n'aient  exigé  aucune  men- 
tion de  leur  grande  charte'^.  Louis  répandit  alors  un  manifeste 
adressé  au  roi  d'Ecosse  et  aux  nobles  qui  étaient  absents , 
pour  les  sommer  de  venir  lui  prêter  serment  de  fidélité  ou 
de  vider  promptement  le  royaume*,  et  il  fit  avancer  son 
armée  dans  les  comtés  voisins,  qui  se  soumirent.  Le  ma- 
nifeste eut  l'effet  désiré 5  car  plusieurs  seigneurs,  comme 
Guillaume,  comte  de  Warenne,  Guillaume,  comte  d'Arun- 
del ,  Guillaume ,  comte  de  Salisbury,  Guillaume  le  maré- 

■  "  A  un  havene  en  Engletierre  arrivèrent,  que  on  apiele  Orewele.  » 
Page  161,  ligne  g,  de  ce  volume. 

°  The  History  of  the  Bcign  qf  Henry  tlie  Second,  and  of  Richard 
and  John,  his  Sons,  etc.  By  the  Rev.  Joseph  Berington.  Basil  : 
printed  and  sold  by  J.-J.  Tourneisen.  mdccxciii  ,  trois  volumes  iii-8'^> 
t.  III,  p.  ,44 


xij  INTRODUCTION. 

rhal  le  jeune,  et  une  foule  d'autres  avec  eux,  abandonnè- 
rent le  roi  comme  convaincus  d'avance  que  la  fortune  avait 
fait  choix  d'un  nouveau  favori,  et  que  Louis  devait  occuper 
le  trône.  ■ 

Cela  fait ,  il  prit  pour  chancelier  maître  Simon  de  Lang- 
ton  ,  dont  l'influence  devint  très  utile  à  sa  cause  ^  car  Simon 
confirma  les  bourgeois  de  Londres  et  les  barons  dans  l'in- 
différence qu'ils  affectèrent  de  montrer  pour  l'interdit , 
et  persuada  à  Louis  même ,  qui  avait  de  la  piété  ,  que 
celte  mesure  ne  méritait  pas  que  l'on  y  prît  garde.  Le 
début  de  cette  grande  révolution  fut  extraordinairement 
heureux  ;  mais  ce  qui  doit  sembler  singulier,  si  l'on  consi- 
dère l'importance  que  l'on  attachait  alors  à  la  cérémonie 
du  sacre,  c'est  que  le  prince  n'ait  pas  été  couronné  pendant 
qu'il  était  en  possession  de  toute  la  faveur  populaire.  Dans 
le  même  temps  que  Simon  de  Langton  apparaissait  ainsi 
sur  la  scène,  son  frère  Etienne ,  primat  du  royaume ,  con- 
tinuait à  résider  à  Rome  ;  il  n'était  plus ,  il  est  vrai ,  sous 
le  coup  de  la  sentence  de  suspension  prononcée  contre 
lui ,  mais  c'était  à  la  condition  de  ne  pas  rentrer  en  An- 
gleterre que  la  paix  n'eût  été  rétablie  entre  le  roi  et  les 
barons.  ° 

Cependant  le  légat  ne  s'endormait  pas.  Il  vint  en  Angle- 
terre peu  de  temps  après  Louis,  et  se  rendit  immédiate- 
ment à  Gloucester ,  où  Jean  se  trouvait  alors  ;  ce  prince  le 
reçut  avec  la  plus  grande  joie ,  et  plaça  en  lui  toute  son 
espérance  de  résister  à  ses  ennemis.  Gualo  somma  tous  les 
prélats  et  autres  membres  du  clergé,  qui  voudraient  obéir 
à  ses  ordres,  de  se  joindre  à  lui;  et,  après  avoir  excom- 

■  Matta.  Paris,  page  ^82,  ligne  22;  Chvonica  de  Mailros ,   apud 
Gale,  tome  I,  page  188,  ligne  19  et  suiv. 
'  Mattii    Paris,  page  279  ,  ligne  4^. 


INTRODUCTION.  xiij 

munie  nominativement  dans  les  formes  terribles  alors  en 
usage,  le  prince  français  et  ses  adhérents,  à  la  tête  desquels 
il  plaça  Simon  de  Langton ,  il  leur  commanda  de  répéter 
publiquement  la  sentence  chaque  dimanche  et  chaque  jour 
de  fête.  Mais  ,  quand  une  fois  les  menaces  du  pouvoir 
ont  cessé  d'agir  sur  l'esprit  de  la  multitude ,  il  faut  beau- 
coup de  temps  pour  qu'elles  recouvrent  leur  autorité.  Les 

foudres    pontificales   tombèrent  donc  en  vain  ;   et  Simon  ; 

de  Langton  déclara  publiquement  que  ,  dans  l'intérêt  du 
prince ,  il  en  avait  été  appelé  à  Rome ,  et  que  les  actes 
des  agents  du  pape  étaient  abusifs  et  sans  efFet.  Une  cir- 
constance de  plus  mauvais  augure  vint  même  abattre  les  \. 
résolutions  chancelantes  de  Jean.  Tous  les  chevaliers  et  sol- 
dats de  la  Flandre  et  des  pays  maritimes  de  l'autre  côté  du 
détroit,  comme  on  l'avait  espéré,  quittèrent  successivement 
ses  drapeaux  ;  les  Poitevins  seuls  lui  restèrent  fidèles  ,  et 
cependant  quelques  uns  se  joignirent  au  prince  ,  tandis  que 
d'autres  retournaient  dans  leurs  foyers.  Toutes  les  pro- 
vinces du  midi  ne  tardèrent  pas  à  se  soumettre  à  Louis.  Il 
n'y  eut  que  les  châteaux  de  Douvres  et  de  Windsor  qui 
firent  mine  de  résister  5  et  le  roi  fit  garnir  d'hommes  , 
d'armes  et  de  vivres  les  châteaux  de  l'est ,  entre  autres  ceux 

de  Walingford,  de  Corfe ,  de  Warham,  de  Bristol  et  de  |^ 

Devizes.  '  )^. 

Cependant ,  la  cause  de  Louis  était  pendante  devant  la  ^ 

cour  de  Rome.  Ses  agents  ="  se  présentèrent  devant  le  sou-  iv. 

verain  pontife,  qu'ils  trouvèrent  gai,  mais  qui,  à  leur  as- 
pect, prit  un  visage  austère  5  ils  lui  remirent  leurs  lettres, 
et  le  saluèrent  au  nom  du  prince.  «Votre  maître,  dit  Inno- 

'  Matth.  Pakis,  page  280,  ligne  5. 

•  Matthieu  Paris  les  nomme  :  «  D.  de  Corbolio,  I.  de  Montevisito , 
et  G.  Liraeth.  »  Page  iSô,  ligne  8.  à' 


xiv  INTRODUCTION. 

cent ,  ne  mérite  pas  un  salut  de  notre  part.  »  —  «Votre  sain- 
teté, dit  un  des  agents,  penserait  autrement  si  elle  était  plei- 
nement au  fait  de  la  cause.  »  Ce  jour-là  l'entrevue  ne  dura 
pas  plus  longtemps  ;  mais  les  envoyés  ayant  été  mandés  une 
seconde  fois,  et  ayant  exposé  leur  commission  ,  le  pape  entra 
en  plein  dans  la  question  5  et ,  avec  la  finesse  d'un  légiste 
consommé  (on  sait  qu'il  l'était) ,  il  réfuta  leurs  divers  argu- 
ments. Alors,  frappant  sa  poitrine,  qui  laissa  échapper  un 
profond  gémissement,  il  s'écria  dans  une  vive  agitation  : 
«  Hélas  !  rÉglise  de  Dieu  ne  peut  en  ceci  échapper  à  la  con- 
fusion !  En  effet,  si  le  roi  d'Angleterre  est  vaincu,  nous 
serons  confondu  dans  sa  propre  confusion  5  car  il  est  notre 
vassal,  et  nous  sommes  tenu  de  le  défendre.  Au  contraire, 
si  le  seigneur  Louis  est  vaincu  (  ce  qu'à  Dieu  ne  plaise  !  )  , 
l'Église  romaine  sera  frappée  du  coup  qui  l'atteindra  lui- 
même  ,  et  nous  nous  regarderons  comme  personnellement 
lésé-,  car  nous  l'avons  toujours  considéré  et  nous  le  consi- 
dérons comme  devant  être  notre  bras  dans  tous  les  cas  diffi- 
ciles, notre  consolation  dans  les  oppressions  et  notre  refuge 
dans  les  persécutions  de  l'Eglise  romaine.  »  Enfin,  il  dit 
qu'il  aimait  mieux  mourir  plutôt  qu'il  arrivât  aucun  mal  à 
Louis.  Ce  jour -là  l'entretien  n'alla  pas  plus  loin,  et  les 
agents  attendirent  la  décision.  ' 

Il  n'est  pas  nécessaire  d'exposer  en  détail  les  arguments 
qui  furent  présentés  de  part  et  d'autre ,  et  que  Matthieu 
Paris  a  minutieusement  rapportés.  Ils  sont  compris  dans 
trois  propositions  principales,  dont  j'ai  déjà  mentionné  la 
substance. 

La  première  allégation  est  que  Jean  avait  assassiné  son 
neveu  Arthur,   crime  pour  lequel,  à  ce  que  disaient  les 

'  Tous  ces  détails  nous  sont  donnés  par  une  lettre  que  nous  a  con- 
servée Mattliicu  Paris.  Voyez  page  a85,  ligne  7. 


INTRODUCTION.  xv 

agents,  il  avait  été  condamné  par  ses  pairs  à  la  cour  de 
France.  A  cela ,  le  pape  répondait  que  Jean  était  roi ,  et 
qu'étant  en  cette  qualité  supérieur  aux  barons,  il  n'était  pas 
leur  pair  ;  de  plus ,  qu'il  était  contraire  aux  lois  et  aux 
canons  de  condamner  personne  sans  l'avoir  entendu  et  jugé. 
Les  agents  firent  observer  que  Jean ,  bien  que  roi ,  était 
comte  et  duc ,  et  conséquemment  vassal ,  à  ce  titre ,  de 
Philippe  -  Auguste ,  dont  la  juridiction  sur  lui  était  com- 
plète, suivant  la  coutume  de  France.  Mais,  dans  le  cas  où 
il  n'eût  pas  été  son  vassal ,  et  qu'un  crime  pareil  eut  été 
commis,  les  lois  du  royaume  soumettaient  le  coupable  au 
jugement  de  ses  pairs. — Plusieurs  princes,  et  même  des 
rois  de  France  ,  répliquait-on  ,  avaient  ôté  la  vie  à  des  inno- 
cents, et  cependant  ils  n'avaient  pas  été  condamnés  à  mort. 
Mais  Arthur  n'était  pas  innocent,  il  avait  été  pris  ayant 
les  armes  à  la  main  contre  son  souverain,  en  conséquence 
on  pouvait  légalement  le  mettre  à  mort ,  même  sans  juge- 
ment. 

En  second  lieu ,  à  l'argument  présenté  en  faveur  des 
droits  de  Louis ,  comme  mari  de  Blanche  de  Castille ,  on 
répondait  que  ,  alors  même  que  Jean  eût  été  légalement  dés- 
hérité par  la  sentence  des  nobles  de  France,  ce  n'était  pas 
cette  princesse ,  mais  la  lignée  des  plus  jeunes  enfants  de 
Henri  II,  c'est-à-dire  la  sœur  d'Arthur  ou  l'empereur  Othon, 
qui  pouvait  plus  justement  prétendre  à  la  couronne  d'Angle- 
terre. Blanche  elle-même  avait  un  frère  ,  alors  roi  de  Cas- 
tille. —  Les  agents  répondaient  que  comme  GeofFroi,  duc 
de  Bretagne ,  aussi  bien  que  la  duchesse  de  Saxe ,  n'exi- 
staient plus  lorsque  la  sentence  fut  prononcée  contre  Jean  , 
leur  postérité  n'était  admise  en  aucune  manière  à  revendi- 
quer une  succession  qui,  autrement,  eût  pu  leur  être  dévo- 
lue. Ceci,  ajoutaient-ils  en  insistant,  était  un  point  reçu. 


xvj  INTRODUCTION. 

Mais  la  reine  de  Castille,  à  laquelle  la  succession  légale  appar- 
tenait d'abord ,  était  vivante  ;  et ,  à  sa  mort ,  cette  succession 
revenait  à  Blanche,  sa  fille.  Il  est  vrai,  poursuivaient-ils,  que 
Blanche  avait  un  frère,  et  même  une  sœur  aînée  ^  mais,  lors- 
qu'il y  a  plusieurs  héritiers ,  Tun  d'eux  peut  se  saisir  de  l'hé- 
ritage, sauf  les  droits  des  autres  prétendants.  Le  prince  est 
entré  en  Angleterre  ;  mais,  si  un  héritier  plus  direct  de  la 
couronne  revendique  ses  droits,  justice  lui  sera  rendue. 
En  troisième  lieu  ,  il  fut  objecté  au  prince  que  l'Angleterre 
appartenait  au  saint -siège,  par  suite  du  serment  de  foi  et 
hommage  prêté  au  pape,  et  du  tribut  qui  lui  était  annuel- 
lement payé.  On  ne  pouvait  donc  attaquer  les  droits  de 
souveraineté  de  celui  qui  n'était  coupable  d'aucune  faute  j 
d'ailleurs  Jean  avait  d'autres  possessions  dont  Louis  aurait 
pu  chercher  à  s'emparer,  et  il  aurait  fallu  plutôt  porter 
plainte  contre  le  vassal  en  présence  de  son  suzerain.  On 
répliqua  que  les  hostilités  avaient  commencé  avant  que  le 
royaume  eût  été  transféré  à  un  autre  maître;  et  il  est 
passé  en  maxime  que  le  vassal  dont  la  provocation  amène 
une  querelle ,  peut  être  attaqué  en  personne  sans  la  forma- 
lité d'une  plainte  préalable.  Mais  si  le  suzerain  protège 
son  vassal ,  la  guerre  lui  devient  personnelle.  Quant  au 
décret  du  concile  qui  établissait  une  trêve  générale  pendant 
quatre  ans,  quant  à  la  circonstance  que  Jean  avait  pris  la 
croix,  on  insista  pareillement  sur  ce  que  tous  ces  incidents 
n'étaient  survenus  qu'après  des  actes  qui  avaient  constaté 
l'état  de  guerre.  Mais  les  barons,  fut-il  objecté,  et  leurs 
partisans  avaient  été  excommuniés  même  de  l'avis  du  con- 
cile; et  le  prince ,  conséquence  nécessaire,  était  compris 
dans  la  sentence.  «  Notre  prince,  répliquèrent  les  agents, 
ne  soutient  ni  les  barons,  ni  leur  parti-,  il  défend  ses  pro- 
pres droits.  11  ne  peut  croire ,  il  ne  croit  point  que  le  pape. 


INTRODUCTION.  xvij 

ou  qu'une  si  auguste  assemblée  prononce  up.e  sentence 
injuste.  On  ignorait  alors  qu'il  réclamait  le  trône  de  l'An- 
gleterre comme  son  droit  \  droit  que ,  rcùt-il  su  ,  le  con- 
cile ne  pouvait  annuler.  » 

Ainsi  fut  débattue  cette  question ,  et  la  manière  dont  elle 
le  fut  jette  quelque  jour  sur  les  coutumes  et  les  lois  féo- 
dales de  l'époque;  le  pape,  dans  la  plénitude  de  sa  juri- 
diction ,  arrêta  que  la  cause  ne  serait  décidée  qu'après  la 
venue  des  messagers  de  son  légat.  ' 

L'appel  des  barons  empressés  de  se  délivrer  d'un  joug 
tyrannique  donnait  à  Louis  un  appui  plus  réel  qu'un  pré- 
tendu droit  de  succession  ou  que  l'assentiment  de  Rome  ;  il 
ne  négligeait  point  les  soins  de  la  conquête.  Envahissant  les 
comtés  de  Suffolk  ,  d'Essex  et  de  Norfolk ,  il  les  soumit  à  sa 
domination ,  ainsi  que  celui  de  Lincoln  ;  dans  le  nord  , 
Robert  de  Ros,  Pierre  de  Brus  et  Richard  de  Parci,  ses 
partisans ,  se  rendaient  maîtres  d'York  et  de  toute  la  pro- 
vince ,  et  le  roi  d'Ecosse  occupait  le  Northumberîand.  Mal- 
gré ces  succès,  l'habile  Philippe  regrettait  que  son  fils  eût 
laissé  derrière  lui  les  châteaux  de  Douvres  et  de  Windsor  ; 
les  réduire  était  chose  plus  essentielle  que  de  parcourir  en 
maître  nombre  de  provinces.  Il  fit  part  à  Louis  de  ses  vues , 
conformes  aux  premiers  principes  de  l'art  de  la  guerre.  Le 
prince  agit  en  conséquence  ;  il  fit  venir  une  malweisine 
(lourde  machine  à  lancer  des  pierres);  et,  à  la  tête  de 
troupes  nombreuses,  il  alla  investir  Douvres.  C'était  au 
mois  d'août.  Nous  avons  dit  qu'Hubert  de  Burgh  y  com- 
mandait ;  il  avait  une  bonne  garnison.  Les  efforts  des  assié- 
geants furent  sans  succès;  de  fréquentes  et  vigoureuses 
sorties  détruisirent    leur   camp ,   leurs  machines ,   et  leur 

'  Matth.  Paris,  page  iSô,  ligne  4^, 


xviij  INTRODUCTION. 

fireiU  éprouver  (le  grandes  perles.  IN 'espéranl  plus  un  prompt 
succès,  le  prince  éloigna  un  peu  son  armée-,  et,  renon- 
çant à  attaquer  de  vive  force,  attendit  qu'un  blocus, 
(ju'il  jura  de  ne  pas  lever,  et  la  famine  fissent  tomber  la 
place  en  son  pouvoir-,  il  promit  bien  (jn'alors  loule  la  gar- 
nison serait  pendue  en  sa  présence.  Pendant  ce  temps,  les 
barons  avaient  envabi  et  désolé  les  provinces  de  l'est;  reve- 
nant à  Londres,  ils  étaient  allés  investir  le  cbàteau  de  Wind- 
sor; ils  y  trouvèrent,  de  la  part  de  l'intrépide  gouverneui 
Jngelard  d'Atbie  ,  une  vigoureuse  résistance ,  et  ils  ne  réus- 
sirent pas  mieux  que  Louis  devant  Douvres.  ' 

Jean  ne  s'était  pas  encore  liasardé  à  entrer  en  campagne  -, 
mais  voyant  ses  ennemis  occupés,  il  sortit  de  Winchester, 
la  rage  dans  le  cœut-.  Il  avait  été  joint  par  quelques  troupes 
tirées  des  châteaux  voisins;  beaucoup  de  gens  dangereux 
par  leur  audace  ou  par  leurs  crimes,  tenaient  encore  pour 
lui.  Il  mit  tout  >à  feu  et  à  sang;  les  terres,  les  demeures 
des  barons  du  voisinage  furent  saccagées  ,  et  ce  torrent  des- 
Iructeur  dirigea  son  cours  vers  les  comtés  de  l'est.  Ces  fâ- 
cheuses nouvelles  vinrent  alarmer  les  barons  arrêtés  sans 
succès  devant  les  murs  de  Windsor;  ils  s'assemblèrent,  <;l 
résolurent  de  lever  le  siège  pour  empêcher,  s'il  était  pos- 
sible, le  tyran  de  regagner  les  provinces  du  sud.  Des  histo- 
riens parlent  de  perfidie,  de  dons  corrupteurs  employés  par  If- 
roi,  qui  eurent  grande  influence  sur  cette  détermination.  Jean 
était  dans  le  comté  de  Sufïblk,  dont  il  ravageait  la  portion  qui 
avoisino  la  mer,  lorsqu'il  apprit  que  l'armée  de  Windsor 
était  en  marche.  Abandonnant  son  camp,  elle  se  dirigeait 
avec  rapidité  vers  Cambridge,  et  espérait  surprendre  le  roi  ; 
mais,   prévenu  à   temps,  il  changea  sa  ligne  d'opération, 

'  IMattii.  Paris,  pag.  v>.8(),  lig.  58;  Annales  fFai>rrleie/ise\\  pag.  iB";?, 
ligne  'i(')\  Mattii.  Wfstmonast.,  page  27G,  ligne  9.j. 


1  INTRODUCTION.  xix 

entra  dans  la  ville  de  Stamiord,  et,  avançant  vers  le  nord, 
enleva  la  ville  et  le  château  de  Lincoln  ;  les  confédérés 
fuyaient  de  toute  part,  glacés  d'efFroi,  à  son  approche.  Les 
harons  désappointés  s'en  vengèrent  en  maltraitant  des  po- 
pulations innocentes;  ils  revinrent  avec  leur  butin  à  Lon- 
dres ,  et  allèrent  se  réunir  aux  troupes  de  Louis  devant 
Douvres.  Le  roi  d'Ecosse,  Alexandre,  y  vint  aussi,  et  fit 
hommage ,  dans  les  mains  du  prince ,  pour  les  fiefs  qu'il 
tenait  sous  le  bon  plaisir  de  la  couronne  d'Angleterre.  ' 

Tel  était  l'état  incertain  des  choses,  lorsque  se  répandit 
la  nouvelle  d'un  incident  vrai  ou  faux  qui  jeta  le  troubla 
dans  les  conseils  des  alliés  ;  une  méfiance  réciproque  en 
fut  la  suite,  et  accrut  les  germes  de  dissentiment  qui  exis- 
taient déjà.  Le  vicomte  de  Melun ,  venu  avec  Louis,  fut 
atteint  à  Londres  d'une  maladie  mortelle;  il  demanda  que 
l'on  fît  venir  les  barons  anglais  restés  dans  la  ville  pour  la 
défendre  ;  et  quand  ils  furent  près  de  son  lit,  il  leur  dit  d'une 
voix  mourante  :  «  Je  ne  peux  voir  sans  douleur  les  cala- 
mités qui  pèsent  sur  votre  pays  ;  vous  ne  connaissez  pas 
toute  l'étendue  de  vos  périls.  Le  prince  et  seize  nobles  de 
son  armée  se  sont  engagés  par  serment,  s'il  devient  maître 
du  pays  et  s'il  est  couronné  roi,  à  bannir  pour  toujours, 
comme  traîtres  à  leur  souverain  ,  ceux  qui  auront  rejoint 
ses  drapeaux.  Leur  race  sera  exterminée.  Vous  ne  devez  pas 
douter  de  ce  que  je  vous  annonce,  puisque  moi,  que  vous 
voyez  au  moment  d'expirer,  je  suis  un  des  seize.  Ma  con- 
science m'oblige  à  vous  faire  cet  aveu ,  gardez-en  le  secret, 
et  veillez  à  votre  sûreté.  »  Il  dit,  et  mourut.  ^ 

'  Mattr.  Paris,  page  287,  ligne  8;  Chrnnica  de  Mailross,  page  ipi, 
ligne  5. 

'  Mattii.  Pafis,  pagoc>87,  ligne  5o;  Chrnnicon  Walteri Hemingford, 
page  559,  ligne  22. 


XX  INTRODUCTION. 

Il  n'y  a  aucune  vraisemblance  qu'un  projet  aussi  dé- 
loyal ait  été  conçu  lorsque  la  révolution  était  encore  à 
son  début,  et  en  présence  de  seize  témoins.  C'était  un  conte 
absurde  \  il  n'en  obtint  que  plus  de  créance  ^  on  se  le 
confia  à  l'oreille,  et  il  déposa  un  levain  funeste  dans 
l'esprit  des  barons.  Le  prince  avait  déjà  distribué  des  terres 
et  des  châteaux  aux  étraupcrs^  il  en  était  résulté  des  mur- 
mures, et  l'on  crut  y  voir  le  commencement  de  la  mise  à 
exécution  de  ses  vues  secrètes.  D'ailleurs  la  destruction  de 
leurs  châteaux ,  le  ravage  de  leurs  terres ,  la  misère  et  la 
dispersion  de  leurs  familles ,  la  ruine  absolue  dont  pouvait 
les  accabler  leur  souverain  furieux  et  encore  debout ,  la 
sentence  d'excommunication  qui  pesait  sur  leur  conscience  , 
tout  conspirait  pour  jeter  de  l'incertitude  parmi  les  con- 
fédérés. Quelques  uns  penchaient  pour  se  soumettre  à 
Jean  ;  d'autres ,  eu  proie  à  une  cruelle  perplexité ,  suspen- 
daient toute  détermination  ^  la  plupart  inclinaient  à  at- 
tendre l'issue  des  événements.  Mais  tous  connaissaient  le 
caractère  cruel  et  vindicatif  du  roi,  auquel  il  était  impos- 
sible de  se  fier,  et  dont  la  colère  ne  reculerait  devant 
aucun  excès. 

De  son  coté,  Jean  continuait  sa  course,  plein  de  fureur, 
d'inquiétude  et  de  défiance  à  l'égard  de  ceux  qu'il  appelait  ses 
amis.  Il  avait  atteint  les  frontières  du  pays  de  Galles,  sacca- 
geant en  chemin  tout  le  pays  et  s'altachant  spécialement  à 
détruire  les  propriétés  de  la  noblesse^  retournant  vers  l'est, 
il  traversa  les  comtés  de  Worcester  et  de  Northamplon.  A  la 
tète  d'une  armée  qui  ne  rêvait  que  sang  et  que  rapine,  il 
menait  avec  lui  sur  un  grand  nombre  de  charrettes  et  de 
chevaux  ses  trésors ,  une  argenterie  précieuse  et  les  orne- 
ments royaux,  auxquels  il  attachait  un  prix  tout  particu- 
lier^ c'était  (Micore  un  indice  de  son  esprit  étroit.  Il  avait 


INTRODUCTION.  xxj 

peut-être  rinleution  de  mettre  toutes  ces  richesses  eu  lieu 
de  sûreté.  Il  entra  ])ar  Peterborough  dans  le  district  de 
Croyland,  fameux  pour  son  monastère,  qui  fut  pillé  ;  l'in- 
cendie se  promena  tout  autour,  Jean  se  dirigea  alors  vers 
Lynn ,  où  il  fut  très  bien  reçu:,  il  voulut,  pour  gagner  la 
partie  nord  du  Lincolnshire,  traverser  le  Wasli,  qui  est 
guéable  à  marée  basse.  Au  moment  où  l'armée  et  les  baga- 
ges étaient  en  train  de  passer,  la  marée  commença  à  mon- 
ter avec  rapidité;  il  en  résulta  beaucoup  de  désordre  et  de 
péril  -,  les  soldats  se  hâtèrent  de  gagner  la  rive  ;  moins  agiles 
dans  leurs  mouvements,  les  chevaux  qui  portaient  ou  traî- 
naient les  bagages  furent  atteints  et  ballottés  par  les  flots  qui 
ne  lardèrent  pas  à  les  engloutir.  Plein  de  regret  et  d'une 
colère  impuissante,  Jean  continua  sa  marche,  et  s'arrêta, 
pour  y  passer  la  nuit,  à  Swineshead,  couvent  de  l'ordre  de 
Cîteaux.  Tant  d'agitation  et  de  tracas  minait  sa  santé  :  une 
fièvre  ardente  commença  à  se  déclarer.  Il  l'augmenta  par 
rintempérance  à  laquelle  il  se  livrait  d'habitude  ,  et  souffrit 
beaucoup  toute  la  nuit.  Le  matin  il  monta  à  cheval,  soit  pour 
cacher  son  mal,  soit  pour  le  dissiper  au  moyen  de  l'exercice, 
mais  il  fut  bientôt  obligé  de  se  faire  mettre  dans  une  litière  ; 
on  le  porta  au  château  de  Sleaford ,  et  le  lendemain  ,  quoi- 
([ue  son  état  se  fiit  aggravé  ,  à  Newark.  C'est  là  qu'il  devait 
mourir. 

L'abbé  de  Croxton  l'assista  à  ses  derniers  moments,  Jean  fit 
reconnaître  son  fils  aîné  Henri  pour  son  successeur,  et  ex- 
pédier des  ordres  en  conséquence  -,  il  rendit  le  dernier  sou- 
pir le  1 8  octobre ,  à  l'âge  de  quarante-  neuf  ans,  et  fut,  selon 
ses  désirs ,  enseveli  à  Worcester  dans  l'église  de  Saint-Wuls- 
tan  ' .  Il  avait  de  sa  femme  Isabelle  d'Angoulême  deux  fils 

'  Matth.  Paris,  page  ^88;  Mattii,  W  rstmonast.,  pag.  s^H,  ligne  4<>:- 


xxij  INTRODUCTION. 

et  trois  filles.  L'Angleterre  n'eut  pas  de  plus  mauvais  roi; 
dénué  de  toute  vertu ,  il  était  en  proie  aux  vices  les  plus 
odieux,  et  ce  lurent  ces  vices  qui  attirèrent  sur  lui  et  sur 
ses  peuples  le  plus  de  calamités. 

Aussitôt  que  la  mort  de  Jean  eut  été  connue ,  les  prélats 
et  les  barons  de  son  parti  s'assemblèrent  à  Gloucester  en 
la  présence  du  légat ,  la  veille  de  la  fête  de  SS.  Simon  et 
Jude ,  pour  installer  sur  le  trône  Henri ,  son  fils  aîné  5  il 
lut  couronné  le  lendemain  par  les  évéques  de  Winchester 
et  de  Bath  ,  après  avoir  fait  hommage  à  l'Eglise  romaine 
et  au  pape  Innocent  des  royaumes  d'Angleterre  et  d'Irlande, 
et  juré,  entre  autres  choses,  de  payer  fidèlement  le  tribut 
de  mille  marcs  auquel  son  père  s'était  engagé  vis-à-vis  du 
saint-siége  ,  pendant  tout  le  temps  qu'il  serait  en  possession 
de  ces  deux  couronnes.  Henri  avait  alors  dix  ans.  Après 
son  couronnement,  qui  eut  lieu  le  28  octobre  1216,  le 
jeune  prince  resta  confié  à  la  garde  de  Guillaume ,  comte 
de  Pembroke  ,  grand -maréchal  d'Angleterre,  qui  s'em- 
pressa d'adresser  des  lettres  à  tous  les  vicomtes  et  châtelains 
du  royaume  pour  les  inviter  individuellement  à  se  ranger 
du  parti  du  nouveau  roi ,  leur  promettant  des  terres  et  force 
présents  s'ils  lui  demeuraient  fidèles.  En  conséquence,  tous 
les  nobles  et  les  châtelains  qui  avaient  servi  Jean ,  s'atta- 
chèrent à  Henri  plus  étroitement  qu'à  son  prédécesseur, 
car  leur  avis  à  tous  était  que  l'iniquité  du  père  ne  devait 
pas  être  imputée  au  fils  ;  et  tous  ils  commencèrent  à  mettre 
leurs  châteaux  en  état  de  défense.  En  outre  ,  ce  qui  ani- 
mait les  partisans  de  la  cause  royale ,  c'était  de  voir  excom- 
munier tous  les  dimanches  et  fêtes ,  Louis  ,  ses  complices 
et  fauteurs.  ' 

•  Maïtii.  Pahis,  page  289,  ligne  48;  Mattii.  Wr.stmonast.,  p.  277, 
ligne  |T;  voyez  aussi  notre  texte,  page  181. 


INTRODUCTION.  xxilj 

Louis  el  les  barons  qui  laisaient  alors   le  siq';c  de  Dou- 
vres ,  avaiil  appris  la  morl  de  Jean  de  manière  à  n'en  pou- 
voir  douter ,  furent  transportés    d'une  folle  joie ,    et    se 
croyaient  déjà  maîtres  de  l'Angleterre.  Le   prince  ,  ayant 
demandé  à  Hubert  de  13urgli,  connétable   du  château   de 
Douvres,  de  se  rendre,  sous  prétexte  que  le  roi  son  maître 
étant  mort,  il  n'avait  plus  de  défenseur ,  celui-ci,  dit-on  , 
lui  répondit  :  «  Si  mon  maître  est  mort,  il  a  des  fils  et  des 
filles  qui  doivent  lui  succéder.   Quant  à  vous   rendre   le 
château ,  je  veux  en  conférer  avec  les  chevaliers  mes  com- 
pagnons. »  Le  résultat  de  cette  conférence  fut  que  l'on  re- 
pousserait la  demande  de  Louis  pour  éviter  le  reproche  de 
trahison,  qui  ne  manquerait  pas  d'être  adressé  aux  défenseurs 
du  château  s'ils  se  rendaient  honteusement.  Ceci  ayant  été 
communiqué  aux  assiégeants,  ils  décidèrent  de  soumettre  les 
châteaux  les  moins  importants  de  l'Angleterre  pour  en  venir 
ensuite  à  ceux  qui  l'étaient  plus,  et  ils  levèrent  le  siège. 

De  Douvres ,  Louis  alla  se  présenter  devant  Hertford  , 
dont  le  château  avait  pour  gouverneur  un  chevalier  nommé 
Gautier  de  Godardville ,  qui  se  défendit  longtemps  contre 
le  prince ,  et  fit  un  grand  carnage  des  Français  -,  mais  à  la 
fin  il  se  rendit  à  la  condition  que  lui  et  les  siens  pourraient 
se  retirer  avec  armes  et  bagages.  La  ville  rendue ,  Robert 
Fitzwalter  la  demanda  ,  disant  que  la  garde  d'Hertford  avait 
lait  de  tout  temps  partie  de  ses  privilèges.  Louis  consulta, 
a  ce  sujet,  les  Français  qui  se  trouvaient  à  sa  suite,  el 
ceux-ci  lui  répondirent  que  les  Anglais  ayant  trahi  leur 
propre  seigneur,  n'étaient  pas  dignes  d'avoir  de  semblables 
gouvernements.  Alors  ,  le  prince  répondit  à  Robert  de 
prendre  patience  jusqu'à  l'entière  soumission  du  royaume, 
qu'alors  il  rendrait  à  chacun  ce  qui  lui  était  dû  '.  Vers  le 

'  iVFATTii.  PAr.is  .  page  9.90  ,  lij;nc  20.  ^olrc  clironiijiK.' ,  au  contraire, 


xxiv  INTRODUCTION. 

même  temps,  Guillaume  d'Aubigny  sortit  de  prison,  après 
avoir  compté  pour  sa  rançon  une  somme  de  six  mille  marcs  ; 
il  fit  hommage  à  Henri  III ,  et  ce  roi  lui  confia  la  garde  du 
château  de  Ledford,  qu'il  défendit  avec  une  grande  valeur. 

Après  la  prise  de  Hertford  ,  Louis  se  porta  sur  le  château 
de  Berkhampstead ,  et  y  mit  le  siège.  Cette  place  était  dé- 
fendue par  un  brave  chevalier,  originaire  d'Allemagne  , 
nommé  Waleran ,  qui  résista  pendant  longtemps  5  mais 
enfin  il  se  rendit,  par  l'ordre  du  roi,  le  13  des  calendes  de 
janvier  (20  décembre),  à  la  condition  qu'il  pourrait  se 
retirer,  lui  et  ses  compagnons ,  avec  leurs  armes  et  leurs 
chevaux.  Louis  remit  le  château  de  Berkhampstead  entre  les 
mains  de  Raoul  Ploket  %  et  vint  le  lendemain ,  qui  était  la 
fête  de  saint  Thomas  l'apôtre  ,  à  Saint  -  Alban ,  dont  il 
voulut  contraindre  l'abbé  à  lui  rendre  hommage  ;  celui-ci 
s'y  étant  refusé,  Louis,  enflammé  de  colère,  le  menaça  de 
réduire  en  cendres  et  l'abbaye  et  la  ville.  A  la  fin,  l'abbé, 
grâce  à  l'intervention  de  Saher,  comte  de  Winchester,  se 
racheta,  lui  et  la  ville  entière,  au  prix  d'une  somme  de 
quatre-vingts  marcs ,  qui  lui  valurent  de  Louis  une  trêve 
jusqu'à  la  Purification  de  la  sainte  Vierge.  Cette  affaire 
terminée,  le  prince  revint  à  Londres.  " 

L'an  1217,  Henri  III  passa  les  fêtes  de  Noël  à  Bristol ,  en 
la  compagnie  du  légat  Gualo  et  de  Guillaume  le  maréchal , 
qui  était  tout  à  la  fois  gouverneur  du  roi  et  du  royaume.  Il 
y  avait  à  cette  époque  une  grande  indécision  parmi  les 
membres  de  la  noblesse  d'Angleterre ,  qui  ne  savaient  à 

porte  que  Louis  «  assist  le  castiel  de  Herefort,  si  le  prist  et  le  rendi  à 
Robert  le  fill  Gautier  cui  drois  che  fu.  »  Page  182,  ligne  8. 
'  Voyez  notre  texte,  page  182,  ligne  11. 
Matth.  Paris,  page  291,  ligne  6.  Notre  clironiqiiein-  cite  plusieurs 
.uilres  villes  et  rhâtcaux  que  Louis  aurail   piis  après  celui  de  Herk- 
liampslead.  \  ove/,  plus  loin,  page  182. 


INTRODUCTION.  xxv 

quel  roi  s'attacher,  au  jeune  Henri  ou  à  Louis.  Ils  étaient 
en  effet  traités  avec  tant  de  mépris  par  les  Français ,  que 
plusieurs  d'entre  eux  n'en  purent  prendre  leur  parti.  Ce 
qui  ne  contribua  pas  peu  à  augmenter  le  mécontentement, 
c'est  que  Louis,  au  mépris  de  son  serment,  s'était  emparé 
des  terres ,  propriétés  et  châteaux  de  ces  mêmes  nobles , 
après  les  avoir  conquis  avec  leur  secours,  et  qu'il  y  avait 
placé  ses  chevaliers  et  des  étrangers.  Au  reste,  il  leur  parais- 
sait honteux  de  revenir  au  roi,  dont  ils  s'étaient  éloignés, 
et  de  ressembler  par  là,  comme  dit  Matthieu  Paris,  à  des 
chiens  qui  retournent  à  leur  vomissement  \  Un  pareil  état 
de  perplexité  les  empêcha  de  se  concerter  et  de  prendre  un 
parti  décisif.  Cependant  la  guerre  et  les  calamités  qui  l'ac- 
compagnent ne  se  ralentissaient  pas;  le  13  des  calendes  de 
février  (  20  janvier)  des  chevaliers  et  des  soldats  de  la  gar- 
nison du  château  de  Mount  Sorrel  firent  une  sortie  pour  se 
mettre  en  quête  de  butin.  Les  chevaliers  de  Nottingham  en 
ayant  été  informés  par  leurs  éclaireurs,  vinrent  à  la  ren- 
contre des  pillards  ;  et,  après  un  combat  où  trois  de  ceux-ci 
perdirent  la  vie,  ils  s'en  retournèrent  pleins  de  joie  ,  em- 
menant avec  eux  trente-quatre  prisonniers  ,  dont  dix  cheva- 
liers et  vingt-quatre  soldats.  » 

Dans  le  même  temps,  un  brigand,  nommé  Fauque  de 
Bréauté^,  suivi  d'une  grande  multitude  de  chevaliers  et  de 

'  Cette  expression  proverbiale,  qui  semble  particulière  à  l'Angle- 
terre, se  retrouve  dans  la  chronique  de  Lanercost  (Edinburgh, 
M.  Dccc.  XXXIX,  page  177,  ligne  16),  et  dans  Sliakspeare.  {Henri  F, 
acte  III ,  scène  vu.  ) 

'  Matth.  Paris,  page  292,  ligne  i5. 

'  Voyez  dans  riOtrc  texte  ,  page  170,  ligne  i,  quelques  détails  sur  ce 
Fouke  ou  Fauque,  que  Matthieu  Paris  nomme  Falcasius.  Matthieu  de 
Westminster  Tappellc  Fulcoiicm  de  Brcancc.  nationc  Nonnaniiiitm. 
Voyez  page  270,  ligne  25. 


xxvj  INTRODUCTIOxN. 

routiers  j)ris  daiib  les  {^aniisoiis  d'Oxford,  de  NorlIiamj)loii, 
de  Bediord  et  de  Windsor,  vint  à  la  ville  de  Saint- Alban  le  1 1 
des  ealendes  de  lévrier,  vers  le  soir,  qui  se  trouvait  être  la  nuit 
lie  la  Saint-Vincent,  et  l'ayant  attaquée  à  l'improviste  ,  il  la 
pilla,  fit  prisonniers  les  hommes  et  les  enfants,  et  les  char- 
};ea  de  fers.  Il  ne  respecta  pas  davantage  l'abbaye,  car  il 
lua  à  la  porte  de  l'église  un  valet  qui  cherchait  à  s'y  réfu- 
gier, et  signifia  à  l'abbé  Guillaume  qu'il  eut  à  lui  envoyer 
sur-le-champ  cent  livres  d'argent,  ou  que,  autrement,  il 
réduirait  en  cendres  la  ville  entière  avec  le  monastère  lui- 
même  et  les  bâtiments  qui  en  dépendaient.  L'abbé,  après 
s'être  plusieurs  fois  refusé  à  remplir  ces  conditions ,  se  vit 
enfin  obligé  d'en  passer  par  là ,  et  remit  la  somme  deman- 
dée. Cette  affaire  terminée,  Fauque  se  hâta  de  gagner  le 
château  de  Bedford  avec  ses  compagnons  chargés  d'excom- 
munications et  de  dépouilles  sacrilèges ,  et  avec  ses  prison- 
niers honteusement  garrottés.  Puis  ,  toujours  suivi  de  toute 
cette  multitude,  et  tournant  ses  pas  vers  la  forêt  de  Wal- 
berg,  il  y  prit  Roger  de  Colbeville ,  et,  avec  lui,  plus  de 
soixante  clercs  et  laïcs  de  ce  pays,  qui  s'y  cachaient  pour 
échapper  aux  pillards.  Plus  tard,  le  même  Fauque  ayant 
vu  en  songe  tomber  de  la  tour  de  Saint-Alban  en  forme  de 
foudre  une  pierre  énorme  qui  le  réduisait  en  poussière,  en 
fit  part  à  son  réveil,  à  Marguerite,  comtesse  de  l'Isle ,  sa 
iemme.  Celle-ci  l'exhorta  à  se  réconcilier  avec  le  saint  qu'il 
avait  si  grièvement  offensé,  et  à  lui  offrir  une  satisfaction 
convenable ,  car  elle  pensait  que  cette  vision  était  un 
présage  de  la  vengeance  destinée  au  forfait  dont  il  était 
coupable.  Pour  complaire  à  sa  femme,  Fauque  vint 
a  SainI -Alban  cl  se  présenta  dans  la  salle  du  chapitre; 
la.  df'poMillé  de  ses  vêtements  ri  tenant  une  verge  à  la 
main  .    il   dcniHnda  cl   nblijil  l'absolution  ,  cl  baisa  tous  1rs 


INTRODUCTION.  xxvij 

moines  les  uns  après  les  autres  ;  mais ,  comme  si  cela  eût 
suffi  pour  les  apaiser,  il  ne  rendit  rien  de  ce  qu'il  avait 
enlevé,  et  ne  répara  en  aucune  manière  le  tort  qu'il  avait 
fait  à  ses  victimes.  Les  pauvres  gens  eurent  beau  se  tenir  à 
la  porte  de  la  salle  capitulaire,  dans  l'espérance  de  ravoir 
quelque  chose  de  ce  qui  leur  avait  été  pris  ,  Fauque  passa 
au  milieu  d'eux  en  leur  lançant  un  regard  méprisant'.  Cette 
anecdote  n'a  trait  sans  doute  que  fort  indirectement  à  mon 
sujets  mais  j'ai  cru  devoir  la  rapporter,  parce  que,  plus  que 
toute  autre,  elle  peint,  d'un  côté,  l'état  de  désorganisation 
sociale  dans  lequel  était  tombée  l'Angleterre,  et,  de  l'autre,  la 
grossièreté  superstitieuse  des  hommes  de  guerre  de  l'époque. 
Vers  le  même  temps,  les  agents  de  Louis  qui  plaidaient  sa 
cause  en  cour  de  Rome  ,  lui  firent  savoir  que ,  s'il  n'évacuait 
pas  l'Angleterre,  la  sentence  d'excommunication,  pronon- 
cée contre  lui  par  le  légat  Gualo ,  serait  confirmée  par  le 
pape  le  jour  de  la  Cène.  En  conséquence  une  trêve  fut  con- 
clue entre  Louis  et  le  roi  Henri  ^  elle  devait  durer  jusqu'au 
mois  de  Pâques ,  et  tout ,  dans  les  châteaux  et  ailleurs,  devait 
rester  dans  le  même  état  qu'au  moment  de  la  conclusion  de 
la  trêve  ,  et  cela  jusqu'au  terme  marqué.  Louis  passa  le  dé- 
troit vers  la  Quadragésime ,  et  c'est  à  partir  de  ce  moment 
qu'il  perdit  sans  retour  les  bonnes  grâces  des  barons  anglais  ; 
car,  Guillaume  ,  comte  de  Salisbury,  Guillaume,  comte 
d'Arundel ,  Guillaume ,  comte  de  Warennes  ,  et  plusieurs 
autres  seigneurs,  firent  au  roi  serment  de  fidélité  et  l'obser- 
vèrent par  la  suite.  Mais  ce  qui  porta  le  plus  grand  coup  au 
parti  de  Louis,  c'est  que  le  grand-maréchal  d'Angleterre 
rappela  son  fils  aîné  au  service  du  roi.  * 

'  Matth.   Pakis,  page  292,   ligne  45;  pa^e  848,  ligne  ?>4  ;  !\L\ttii. 
Westmonast.,  pagr  27^,  ligne  47. 

'  Matth.  Paris,  p.  292,  lig.  57.  Voyez  aussi  noUc  lexlc,  p.  187,  iig.  26. 


xxviij  INTRODUCTION. 

A  la  même  époque,  après  les  fêtes  de  Pâques,  Ranulphe, 
comte  de  Chester,  Guillaume,  comte  d'Albemarle,  Guil- 
laume, comte  de  Ferrers  ,  Robert  de  Vieux-Pont,  Brian  de 
risle ,  Guillaume  de  Chanteloup ,  Philippe  Marc,  Robert  de 
(jaugi ,  Fauque  de  Bréauté  avec  ses  châtelains  et  plusieurs 
autres  hommes  de  guerre  appartenant  à  la  garnison  des  châ- 
teaux, se  rassemblèrent  par  les  soins  de  Guillaume  le  maré- 
chal, gouverneur  du  roi  et  du  royaume,  dans  le  but  d'assiéger 
le  château  de  Mount  Sorrel,  défendu  par  Henri  de  Braibroc, 
dix  chevaliers  d'une  valeur  éprouvée  et  un  grand  nombre 
de  soldats.  Les  assiégeants,  ayant  placé  leurs  machines  dans 
des  endroits  favorables,  commencèrent  vigoureusement  l'at- 
taque dudit  château  -,  mais  on  leur  répondit  du  dedans  avec 
la  même  ardeur.  Enfin  les  assiégés ,  après  avoir  tenu  plu- 
sieurs jours,  craignant  de  se  voir  épuisés  par  un  long 
siège,  envoyèrent  auprès  de  Saher,  comte  de  Winchester, 
qui  se  trouvait  alors  à  Londres,  le  priant  de  venir  sans  re- 
tard à  leur  secours.  Saher,  auquel  ce  château  appartenait, 
se  rendit  auprès  de  Louis  ,  qui  venait  d'arriver  du  continent 
à  Londres,  et,  appuyé  de  ses  amis,  il  lui  demanda  un  se- 
cours de  troupes  pour  faire  lever  le  siège.  On  tint  conseil, 
et  il  fut  décidé  à  l'unanimité  que  l'on  ferait  marcher  un 
corps  d'armée  ,  pour  repousser  les  assiégeants  et  pour  sou- 
mettre toute  la  province  à  Louis.  En  conséquence,  il  sor- 
tit de  Londres  six  cents  chevaliers,  et,  avec  eux,  plus  de 
vingt  mille  hommes  armés,  qui  tous  n'aspiraient  qu'au  bu- 
tin ^  ils  étaient  commandés  par  le  comte  du  Perche ,  maré- 
chal de  France  ,  Saher,  comte  de  Winchester,  Robert  Fitz- 
walter,  et  beaucoup  d'autres  que  l'on  jugeait  propres  à  celte 
expédition.  Ils  laissèrent  leur  camp  la  veille  des  calendes  de 
mai ,  r'est-à-dlre  le  lundi  avant  l'Ascension  ,  et  se  mirent  en 
marche  pour  Sainl-Alban  ,   pillant  tout  ce  qui  se  trouvait 


INTRODUCTION.  xxix 

sur  leur  route.  Les  routiers  et  les  pillards  qui  foisonnaient 
dans  cette  multitude  armée,  fouillaient  les  villes  en  tout 
sens,  n'épargnant  ni  les  églises  ni  les  cimetières,  pre- 
naient et  dépouillaient  des  gens  de  toute  classe  et  les 
forçaient  par  des  tortures  calculées  à  payer  de  très  fortes 
rançons.  L'abbaye  de  Saint-Alban ,  qui ,  peu  de  temps 
auparavant,  avait  satisfait  aux  exigences  de  Louis,  ne  put 
entièrement  échapper  aux  mains  des  pillards;  Fayant  trou- 
vée pleine  de  vivres  de  toute  espèce,  ils  la  laissèrent  com- 
plètement dénuée  de  provisions  \ 

De  Saint-Alban  ,  le  détacbement  dont  nous  venons  de 
parler  se  mit  eu  marcbe  le  lendemain  pour  Dunstaple,  el 
s'arrêta  dans  la  ville  de  Redburn  (comté  de  Herts),  où  il 
dépouilla  jusqu'aux  braies  {usque  ad  fœnioralia)  les  moines 
du  prieuré  de  Saint-Ampbibalus.  Non  contents  de  ces 
violences,  ils  portèrent  des  mains  sacrilèges  sur  les  reli- 
ques des  saints  ,  qu'ils  enlevèrent  des  autels.  A  cette  occa- 
sion aurait  eu  lieu  un  miracle ,  rapporté  par  Mattbieu 
Paris  %  et  qui,  comme  toutes  les  anecdotes  de  ce  genre  , 
n'est  pas  inutile  pour  la  connaissance  des  faits  et  des  idées 
de  l'époque. 

Arrivée  à  Dunstaple ,  l'armée  de  Louis  et  des  barons  an- 
glais y  passa  la  nuit.  Le  lendemain  matin ,  elle  se  porta  vers 
le  nord  pour  essayer  de  faire  lever  le  siège  de  Mount  Sorrel  ; 
maisRanulpbe,  comte  de  Cbester,  et  les  autres  qui  campaient 
devant  le  cbâteau ,  ayant  été  prévenus  par  leurs  éclaireurs , 
opérèrent  leur  retraite  vers  Nottingham  ,  et  résolurent  à 
l'unanimité  d'observer  la  marcbe  des  ennemis  qui  surve- 
naient. Cependant  les  barons,  après  avoir,  suivant  leur  cou- 
tume, dépouillé  tous  les  cimetières  et  toutes  les  églises  sur 

'  Mattit.  Paris,  page  294,  ligne  5. 
'  Page  294,  ligne  29. 


XXX  INTRODUCTION. 

leur  roule,  arrivèrent  au  château  de  Mount  Sorrel  ;  là  ils  dé- 
eiclèrent  d'un  commun  accord  qu'ils  se  porteraient  en  toute 
hdte  sur  Lincoln ,  dont  Gilbert  de  Gant ,  avec  les  autres 
barons  déjà  nommés,  avaitfait  le  siège  pendant  longtemps, 
mais  en  vain.  Les  barons,  à  leur  passage  dans  la  vallée  de 
Bclvoir,  ne  laissèrent  après  eux  rien  à  piller;  car  les  fan- 
tassins français ,  écume  impure  de  leur  pays,  n'épargnèrent 
absolument  rien.  En  effet,  leur  pauvreté  et  leur  misère 
étaient  si  grandes  qu'ils  n'avaient  pas  même  de  vêtements 
pour  cacher  leur  nudité.  Enfin,  arrivés  devant  Lincoln  ,  les 
barons  assaillirent  vigoureusement  le  château  ;  mais  les  as- 
siégés firent  bonne  contenance  et  tinrent  en  respect  leurs 
adversaires. 

Sur  ces  entrefaites ,  Guillaume  le  maréchal,  gouverneur 
du  roi  et  du  royaume,  d'après  l'avis  du  légat  Gualo  et  de 
Pierre  évêque  de  Winchester,  fit  convoquer  tous  les  châte- 
lains du  parti  royal  et  les  chevaliers  qui  appartenaient  aux 
garnisons  des  divers  châteaux ;,  et  leur  ordonna  de  par  le 
roi  de  se  trouver  à  Newark  le  lundi  de  la  semaine  de  la 
Pentecôte,  pour  tâcher,  de  concert  avec  eux,  de  faire 
lever  le  siège  de  Lincoln.  Ceux-ci,  qui  brûlaient  d'en  ve- 
nir aux  mains  avec  les  Français  excommuniés  et  de  com- 
battre pour  leur  pays,  se  rendirent  avec  joie  au  lieu  désigné 
et  à  l'époque  indiquée.  Le  légat  s'y  trouva  pareillement  avec 
les  autres  prélats  du  royaume ,  suivi  de  cavaliers  et  d'hom- 
mes de  guerre,  afin  de  poursuivre  par  l'analhème  et  par  le 
fer  ceux  qui  seraient  rebelles  au  roi  et  au  pape.  Tout  le 
monde  étant  rassemblé,  l'on  compta  dans  l'armée  quatre 
cents  chevaliers ,  et  presque  deux  cent  cinquante  arbalé- 
triers. Quant  aux  soldats  et  aux  cavaliers,  ils  étaient  si 
nombreux  qu'ils  pouvaient  au  besoin  remplir  le  rôle  de 
chevaliers.  Les  chefs  de  cette  armée  furent  Guillaume  le 


lîSTRODUCTION.  xxx, 

maréchîil ,  cl  son  fils  (jiii  portait  le  même  nom  (|nf  lui . 
Pierre,  évècjue  de  NV  inchesler,  (]ui  était  habile  au  m»''ti(M 
des  armes,  Ranulphe,  eomle  de  Chesler,  Ouillaume,  comte 
de  Salisbury,  Guillaume,  comte  de  Ferrers ,  et  Guillauuic 
de  Béthune,  comte  d'Albemarle.  Il  s'y  trouvait,  en  fait  de 
barons,  Guillaume  d'Aubigny,  Jean  le  maréchal,  (iuil- 
laume  de  Chanteloup  et  son  fils,  également  nommé  Guil- 
laume, Fauque  de  Bréauté  ,  Thomas  Basset,  Robert  de 
Vieux-Pont,  Brian  de  llsle ,  GeofFrol  de  Lucl.  Philij>|)c 
d "Aubigny,  avec  plusieurs  châtelains  versés  dans  Fart  mi- 
litaire. Ceux-ci,  pendant  une  halte  de  trois  jours  qu'ils 
firent  à  Newark  pour  laisser  respirer  les  hommes  et  les 
chevaux ,  passèrent  leur  temps  à  se  confesser  et  à  se  fortifier 
du  corps  et  du  sang  de  Jésus-Christ .  afin  que  Notre-Sei- 
gneur  les  protégeât  contre  les  coups  de  l'ennemi.  Ainsi 
prêts  à  tout,  ils  s  excitaient  à  vaincre  ou  à  mourir  pour  la 
cause  de  la  justice. 

Enfin  vendredi  de  la  Pentecôte  • ,  après  la  célébration 
de  l'office  divin,  le  légat  se  levant,  prit  la  parole  et  dé- 
montra à  tous  combien  était  injuste  la  cause  de  Louis  et 
des  barons  qui  l'appuyaient  ;  il  rappela  que  c'était  la  rai- 
son qui  les  avait  fait  excommunier  et  retrancher  du  sein 
de  l'Eglise.  Puis,  voulant  exciter  l'armée  au  combat,  il 
se  revêtit  de  blanc  lui  et  tout  le  clergé,  et  il  excommunia 
nominativement  Louis  avec  ses  fauteurs  et  complices , 
principalement  ceux  qui  faisaient  le  siège  du  château  de 
Lincoln  contre  le  roi  d'Angleterre  ,  avec  toute  la  ville  : 
c'est-à-dire  le  contenant  et  le  contenu.  A  cela  il  ajouta  , 
pour  ceux  qui  étaient  venus  en  personne  à  celte  expé- 
dition ,    la    rémission    pleine   et  entière    des    péchés   dont 

'   Le  ig  iiuii. 


xxxij  IINTRODUCTION. 

ils  s'étaient  sincèrement  confessés ,  par  suite  des  pouvoirs 
(ju'il  tenait  de  Dieu  et  du  saint-siége;  puis  il  donna  à  tous 
l'absolution  et  la  bénédiction  divine.  Alors  tous  volèrent 
aux  armes ,  les  cavaliers  se  mirent  en  selle,  et  on  leva  le 
camp  avec  allégresse.  Arrivés  à  Stow,  qui  est  situé  à  huit 
milles  de  Lincoln,  ils  y  passèrent  la  nuit.  Le  lendemain 
matin,  ils  se  formèrent  en  sept  divisions,  toutes  considé- 
rables, et  ils  marcbèrent  contre  l'ennemi,  ne  craignant 
qu'une  chose,  qu'il  ne  prît  la  fuite  avant  leur  arrivée.  Les 
arbalétriers  les  précédaient  toujours  d'un  mille,  et  les  ba- 
gages, les  vivres  et  autres  accessoires  se  trouvaient  sur  les 
derrières.  Les  bannières  et  les  écus  brillaient  de  tous  côtés,  et 
frappaient  d'une  terreur  profonde  ceux  qui  les  apercevaient. 
Quant  aux  barons  qui  étaient  dans  la  ville  ,  et  aux  Fran- 
çais ,  ils  avaient  tant  de  confiance  dans  le  succès  de  leur 
cause ,  qu'ils  ne  répondirent  que  par  des  brocards  et  des 
éclats  de  rire  aux  messagers  qui  leur  annonçaient  la  venue 
des  ennemis,  et  ne  cessèrent  de  battre  en  brèche  les  murs  du 
château.  Cependant  Robert  Fitzwalter  et  Saher,  comte  de 
Winchester,  ayant  appris  que  les  ennemis  approchaient  de 
la  ville ,  en  firent  baisser  le  pont  et  sortirent  pour  observer 
leurs  mouvements  et  juger  de  leur  nombre.  Après  avoir 
attentivement  examiné  l'ordre  de  leur  marche,  ils  ren- 
trèrent dans  la  ville  auprès  de  leurs  compagnons  et  leur 
dirent  :  «  Les  ennemis  s'avancent  en  bon  ordre  contre 
nous,  mais  ils  nous  sont  inférieurs  par  le  nombre  :  al- 
lons au-devant  d'eux  jusqu'au  pied  de  la  montagne;  ainsi, 
nous  les  prendrons  comme  des  alouettes.  »  A  cela  le 
comte  du  Perche  et  le  maréchal  répondirent  qu'ils  vou- 
laient s'assurer  par  eux-mêmes  du  nombre  des  ennemis,  et 
ils  sortirent  à  cet  effet;  mais  ils  se  trompèrent  dans  leur  esti- 
mation, et  firent  en  ronséquence  de  mauvaises  dispositions. 


INTRODUCTION.  xxxilj 

Cependant  r.irmée  royale  s'étant  approchée  de  la  ville 
du  côté  du  cluileau  fut  reconnue  par  les  châtelains;  et  ceux- 
ci  envoyèrent  secrètement  à  ceux  qui  la  commandaient  un 
messager  pour  leur  faire  savoir  ce  qui  se  passait  au-dedans. 
Il  ajouta  qu'ils  pouvaient  entrer  par  une  poterne  qui  avait 
déjà  été  ouverte  pour  eux.  Les  chefs  ne  voulurent  pas  en- 
trer tous  -,  mais  ils  envoyèrent  Fauque  avec  tout  le  corps 
qu'il  commandait  et  avec  tous  les  arbalétriers,  pour  ouvrir 
à  l'armée  au  moins  une  des  portes  de  la  ville.  Pendant  que 
le  reste  des  troupes  s'avançait  vers  la  porte  du  nord ,  Fauque 
eut  le  temps  de  la  briser.  Les  barons  n'en  continuaient 
pas  moins  à  lancer  de  lourdes  pierres  contre  le  château; 
mais  sur  ces  entrefaites  Fauque  y  élant  entré  suivi  de  son 
corps  d'ai'mée  et  de  tous  les  arbalétriers ,  les  posta  à  l'in- 
stant même  sur  les  murs  des  maisons  et  sur  les  remparts  du 
château ,  d  où  ils  lancèrent  des  traits  sur  les  plus  redoutables 
des  barons ,  et  firent  rouler  dans  la  poussière  les  chevaux  et 
ceux  qui  les  montaient,  de  telle  sorte  qu'en  un  clin  d'œil 
ils  couchèrent  par  terre  une  foule  de  fantassins,  de  cheva- 
liers et  de  seigneurs.  Voyant  cela  ,  Fauque  fit  une  sortie 
avec  les  siens  et  s'élança  résolument  au  plus  épais  des  enne- 
mis-, mais  il  fut  pris,  et  on  l'entraînait  lorsqu'il  fut  déli- 
vré et  ramené  par  ses  arbalétriers  et  ses  soldats.  Cependant 
toute  l'armée  royale,  après  avoir  brisé,  quoique  avec 
beaucoup  de  peine,  les  portes  de  la  ville,  y  fit  son  entrée 
en  masse  et  chargea  l'ennemi  avec  intrépidité.  Alors  la 
mêlée  devint  horrible-,  on  eût  pu  voir,  dit  Matthieu  Paris, 
des  étincelles  jaillir  du  choc  des  glaives ,  on  eût  pu  enten- 
dre le  sol  mugir,  sous  les  efforts  des  combattants,  avec  le 
bruit  du  tonnerre  ou   d'un   tremblement  de  terre  '.  Mais 

'  Vidcres  igifui-  ex  i(iihii<:  ^ladionim    i^neas   prosilire.   scintillns . 

C 


xxxiv  INTRODUCTION. 

enfin  les  soldats  du  parti  du  roi,  qui  avaient  eu  l'habileté  de 
s'attaquer  aux  chevaux  des  barons  et  de  les  percer  de  traits , 
mirent  tout  à  fait  hors  de  combat  une  partie  de  ces  seigneurs; 
car  les  chevaux  tombant  sans  vie  par  terre ,  on  prenait  ceux 
qui  les  montaient,  vu  qu'il  n'y  avait  personne  pour  les  dé- 
livrer. Enfin  l'armée  royale ,  après  avoir  écrasé  les  barons 
et  leur  avoir  pris  un  grand  nombre  de  chevaliers  qui  tous 
furent  chargés  de  chaînes,  rassembla  ses  efforts  contre  le 
comte  du  Perche  et  l'enveloppa  de  toutes  parts ,  en  sorte 
que  ce  fut  sur  lui  que  tomba  le  poids  de  la  bataille.  Comme 
il  ne  pouvait  soutenir  le  choc  des  assaillants  ,  on  l'invita  à 
se  rendre,  seule  chance  de  salut  qui  lui  restât;  mais  il  dé- 
clara avec  un  serment  horrible  qu'il  ne  se  rendrait  jamais 
à  un  Anglais,  attendu  que  les  gens  de  cette  nation  étaient 
des  traîtres  envers  leur  roi  légitime.  A  ces  mots  ,  un  soldat 
de  l'armée  royale  s'élança  sur  le  comte ,  et ,  lui  perçant  la 
tête  par  l'ouverture  de  son  heaume,  il  en  fit  jaillir  la  cer- 
velle :  ce  qui  fut  d'autant  mieux  mérité,  dit  Matthieu  Pa- 
ris ',  que  le  malheureux  avait  souvent  juré  et  menti  par 
cette  partie  du  corps.  Les  Français ,  voyant  que  le  plus 
grand  nombre  d'entre  eux  avait  mordu  la  poussière,  pri- 
rent la  fuite,  cavaliers  comme  fantassins;  mais  ce  ne  fut 
pas  sans  difficulté  et  sans  perte,  car  le  fléau  de  la  porte  du 
nord  par  laquelle  ils  s'échappèrent,  fléau  placé  en  travers, 
gêna  beaucoup  les  fuyards  :  toutes  les  fois  qu'un  survenant, 
press<i  de  sorlir,  se  présentait ,  il  lui  fallait  descendre  de 
cheval  et  ouvrir  la  porte,  qui,  par  suite  de  la  chute  du  fléau, 
se  refermait  immédiatement  derrière  lui.  Après  avoir  défait 
les  barons,  les  troupes  royales  se  mirent  à  les  poursuivre; 

et  ad  modurn  tonitrus  vel  terrœmotus  totam  tcrrani  voboare  ex  con- 
gressu  con/ligenlium.  Page  296,  ligae  20. 
'  Page  296,  ligne  5o. 


INTRODUCTION.  xxxv 

plusieurs  furent  pris,  mais  cette  poursuite  ne  fut  pas  sérieuse  ^ 
car  le  sentiment  de  la  communauté  d'ori^^ine,  ce  sentiment 
qui  se  manifeste  dans  les  occasions  extrêmes,  se  réveilla 
alors  dans  les  cœurs  ;  autrement  pas  un  n'eût  échappé.  Ceux 
des  barons  qui  commandaient  et  qui  tombèrent  entre  les 
mains  de  l'ennemi,  furent  Saher,  comte  de  Winchester, 
et  son  fils  Robert ,  Henri  de  Rohun,  comte  de  Hereford  ,  le 
comte  Gilbert  de  Gant  que  Louis  venait  de  faire  comte  de 
Lincoln  ;  quant  aux  simples  barons  faits  prisonniers  ,  les 
historiens  '  nomment  Robert  Fitzwalter,  Richard  de  Mont- 
fichet ,  Guillaume  de  Mowbray,  Guillaume  de  Beauchamp, 
Guillaume  Mandut,  Olivier  de  Harcourt,  Roger  de  Cressi, 
Guillaume  de  Coleville,  Guillaume  de  Ros,  Robert  de  Ro- 
pesle ,  Raoul  Cheinduit ,  Guillaume  de  Dodinfeuille  ,  Gil- 
bert de  Clare,  et  une  foule  d'autres  qu'il  serait  trop  long 
d'énumérer  ici.  A  ces  seigneurs  il  faut  ajouter  quatre  cents 
chevaliers,  sans  compter  les  soldats  à  pied  ou  à  cheval, 
dont  il  n'est  pas  facile  de  déterminer  le  nombre.  Le  comte 
du  Perche  fut  enseveli  dans  l'enceinte  d'un  hôpital ,  hors  de 
la  ville.  On  eut  encore  à  regretter  la  perte  de  Réginald  sur- 
nommé Safran,  brave  chevalier  de  la  famille  de  Fauque, 
qui  fut  honorablement  enterré  dans  l'abbaye  de  Cokesden. 
Le  parti  des  barons  perdit  aussi  dans  ce  combat  un  soldat 
que  personne  ne  connaissait:  il  fut,  comme  excommunié, 
enterré  hors  de  la  ville,  dans  un  carrefour.  Ce  furent  les 
seuls  qui  périrent  dans  cette  occasion.  ' 

'  3Iatth.  Paris,  page  296,  ligne  49-  Voyez  aussi  notre  texte, 
pageg4,  ligne  27. 

'  Il  y  a  dans  VAirhceologia,  volume  YIIl,  page  208,  un  mémoire 
curieux  du  Rév.  Samuel  Pogge,  intitulé  a  circumsiantial  Détail  of  the 
Battu  of  Lincoln,  A.  D.  1217,  Henry  III.  Dans  le  volume  XXII, 
page  426-428,  de  la  même  collection,  on  trouve  la  gravure  du  sceau 
de  Louis  et  nue  charte  latine  de  ce  prince,  datée  du  siège  d'Hertford  , 


xxxvj  INTRODUCTION. 

Après  le  combat,  l'armée  royale  fit  main  basse  sur  les 
bagages  et  les  ricbesses que  les baions et  les  Français  avaient 
traînés  à  leur  suite  j  mais  ils  n'en  restèrent  pas  là  :  ils  pil- 
lèrent la  ville  entière,  puis  s'attaquant  aux  églises,  ils  bri- 
sèrent à  coups  de  bâches  et  de  maillets  tous  les  coffres  et 
toutes  les  armoires  qui  s'y  trouvaient,  et  s'emparèrent  de 
l'or,  de  l'argent,  des  étoffes  de  diverses  couleurs,  des  vête- 
ments de  femme,  des  anneaux  d'or,  des  coupes  et  des  pierres 
précieuses  qu'ils  renfermaient.  La  cathédrale  elle-même  ne 
fut  pas  à  l'abri  de  ces  spoliations  5  car  le  légat  avait  recom- 
mandé aux  soldats  de  traiter  tous  les  chanoines  en  excom- 
muniés ,  et ,  comme  tels  ,  en  ennemis  de  l'Eglise  romaine  et 
du  roi  son  vassal  depuis  le  commencement  de  la  guerre. 
Mais  il  suffisait  pour  eux  qu'il  y  eût  quelque  chose  à  em- 
porter. Enfin,  ayant  fait  partout  place  nette,  ils  revinrent 
l'un  après  l'autre  chargés  de  butin  auprès  de  leurs  seigneurs, 
et  la  paix  du  roi  Henri  ayant  été  proclamée  par  toute  la 
ville,  ils  se  livrèrent  à  la  joie  et  aux  plaisirs  de  la  table.  Ce 
combat,  qu'en  dérision  de  Louis  et  des  barons  on  appelle 
le  jour  </e  ma/c7ze  (nundinas),  eut  lieu  le  14  '  des  calendes 
de  juin,  c'est-à-dire  le  vendredi  de  la  semaine  de  la  Pentecôte  ; 
il  commença  entre  la  première  et  la  troisième  heure;  mais 

le  i\  novembre  1216,  par  laquelle  il  donne  à  A\  illiam  de  lluntingfeld, 
pour  son  hommage  et  service,  la  ville  de  Grimesby,  dans  le  conilé  de 
Lincoln. 

M.  Thomas  Wright  a  publié  sur  la  prise  de  cette  ville  un  petit 
poème  latin  foit  remarquable ,  dans  son  livre  intitulé  The  political 
Song.i  of  E ngland ,  from  the  Reigii  of  John  to  thaï  qf  Edward  II. 
London  :  printed  for  the  Canden  Society,  by  John  Bowyer  Nichols 
and  son,  Parliament  street.  m.  dccc.  xxxix,  in-4°,  pages  19-27. 

'  Matthieu  de  Westminster  dit  le  1 5,  et  c'est  la  bonne  leçon.  Voyez 
page  277,  ligne  49.  Quaut  à  notre  texte,  le  ms.  455  porte  «la  velle 
de  laPentecouste,  »  et  celui  du  fonds  de  Saint-Germain  k  la  velle  de 
la  Trinité.  »  Voyez  page  194  ,  ligne  21. 


INTRODUCTION.  xxxvij 

les  choses  furent  si  hieii  menées  (|ue  loul  iul  Uni  avant  la 
neuvième.  Après  la  victoire,  Guillaume  le  mar('chal  signifia 
à  tous  les  châtelains  qu'ils  eussent  à  s'en  retourner  dans  leurs 
foyers  avec  leurs  prisonniers,  et  à  les  tenir  sous  les  verroux 
jusqu'à  ce  que  le  roi  leur  fît  connaître  sa  volonté^  puis  le 
même  jour  cet  ollicier  se  rendit  auprès  du  roi,  et  l'informa 
en  présence  du  légat,  de  tout  ce  qui  venait  de  se  passer. 
Ceux-ci,  rendirent  grâces  à  Dieu  en  pleurant,  et  la  joie 
fit  aussitôt  place  aux  larmes. 

Quand  le  matin  fut  venu,  il  arriva  au  roi  des  messagers 
qui  lui  dirent  que  la  garnison  de  INJount  Sorrel  avait  aban- 
donné ce  château  et  pris  la  fuite  :  alors  Henri  donna  au  vi- 
comte de  Nottingham  l'ordre  de  se  rendre  en  personne  au 
château  et  de  le  raser. 

Après  que  le  comte  du  Perche  eut  été  tué  ,  toute  l'armée 
des  barons,  cavaliers  comme  fantassins,  s'enfuit  du  côté  de 
Londres,  ayant  à  sa  tète  le  maréchal  de  France  avec  le  châ- 
telain d'Arras  et  une  foule  de  Français;  mais  il  en  périt  un 
grand  nombre,  et  les  fantassins  principalement  furent  tués 
presque  tous  avant  d'arriver  auprès  de  Louis  ',  car,  à  leur 
approche  ,  les  habitants  des  villages  par  où  ils  fuyaient  sor- 
taient armés  d'épées  et  de  bâtons.  Deux  cents  chevaliei's 
environ  parvinrent  jusqu'à  Londres  et  se  présentèrent  à 
Louis,  auquel  ils  annoncèrent  ces  tristes  nouvelles  ;  mais, 
au  lieu  de  les  consoler,  le  prince  leur  dit  vu  les  raillant 
sur  leur  lâcheté  ,  que  leur  fuite  avait  perdu  leurs  compa- 
gnons; car,  s'ils  n'eussent  pas  lâché  pied,  ils  eussent  pu 
se  sauver  eux  et  ceux  qui  étaient  restés  aux  mains  de  l'en- 
nemi. 

'  Louis  se  trouvait  alors  au  siège  de  Douvres,  si  nous  en  croyons 
notre  texte,  «t  il  apprit  la  nouvelle  de  la  bataille  de  Lincoln  le  jeudi 
après  la  semaine  do  la  Pentecôte.  Voyez  page  icp,  ligne  i5 


xxxviij  IISÏRODUCTION. 

C'est  alors  que  Louis ,  désespéré  du  désastre  de  Lincoln  et 
crai{jnant  de  ik'  pouvoir  mener  à  fin  son  entreprise,  s'adressa 
à  son  père  et  à  sa  femme  pour  avoir  du  renfort  ;  mais  lais- 
sons parler  ici  une  chronique  qui  contient  à  ce  sujet  une 
anecdote  trop  belle  pour  que  nous  ne  penchions  pas  à  la 
croire  vraie. 

«  Avint  que  mes  sires  Loyes  ot  despendu  tout  le  sien ,  et 
li  failli  argens,  et  manda  à  son  père  que  il  li  aidast  et  en- 
voiast  deniers.  Et  li  rois  dist  que  par  la  lance  saint  Jacques 
il  n'en  feroit  noient,  ne  jà,  por  li ,  ne  serolt  escumeniés. 
Quant  ma  dame  Blance  le  sot ,  si  vint  au  roy  et  li  dist  : 
«  Coument ,  sire  !  lairés-vos  dont  vostre  lîls  morir  en  es- 
tranges  terres?  Sire,  pour  Dieu  1  il  doit  estre  ireliers  après 
vous  :  envoiés-li  cou  que  mestiers  li  est,  au  moins  les  issues 
de  son  patremoine.  —  Ciertes  ,  Blance  ,  dist  li  rois ,  je 
n'en  ferai  noient.  —Non,  sire?  dist  la  dame.  — Non  voir, 
dist  li  rois.  — Et  je  sai  bien,  dist  la  dame,  que  j'en  ferai. 
—  Qu'en  ferés-vos  dont?  dist  li  rois. — Par  la  beneoite 
Mère  Dieu,  j'ai  biaus  enfans  de  mon  signour  :  je  les  me- 
terai  en  gages,  et  bien  trouverai  qui  me  prestera  sous  aus.  » 
A  tant  se  parti  dou  roi  ainsi  come  dervée  ^  et  quant  li  rois 
la  vit  ainsi  aler,  si  quida  que  ele  desist  vérité  :  si  la  fist  ra- 
pieler  et  dist  :  «  Blance ,  je  vous  donrai  de  mon  trésor  tant 
come  vous  vorrés,  et  en  faites  çou  que  vous  volés  et  cou 
que  vous  quidiés  que  boin  soit.  —  Sire  ,  dist  ma  dame 
Blance,  vous  dites  bien.  »  Et  lors  fu  délivrés  li  grans  trésors 
à  ma  dame  Blance ,  et  ele  l'envoia  à  son  signour  ' .  » 

'  Ce  morceau,  extrait  de  la  Chronique  de  Reims,  a  été  publié  par 
mon  ami  Paulin  Paris,  dans  le  Romancero  français ,  Paris,  Techener, 
i855,  page  200  ;  puis,  avec  la  totalité  de  l'ouvrage  dont  il  fait  partie, 
par  M.  Louis  Paris.  ?\ous  le  redonnons  ici  d'après  le  manuscrit  du 
fonds  de  Sorbnnno.  n"  454- 


INTRODUCTION.  xxxix 

Blanche  envoya  à  son  époux  trois  cenls  braves  chevaliers 
bien  exercés  au  métier  des  armes ,  avoc  un  grand  nombre 
de  soldats.  Mais  tout  cela  ne  pouvait  rester  ignoré  du  roi 
d'Angleterre,  qui,  s'étant  déjà  remis  à  la  tête  de  ses  forces, 
gardait  avec  une  armée  imposante  les  côtes  méridionales 
de  rOcéan  ,  et  avait  résolu  de  faire  le  siège  de  Londres.  En 
conséquence  le  roi,  d'après  le  conseil  du  maréchal,  donna 
ordre  à  Philippe  d'Aubigny  et  à  Jean  le  maréchal,  en  même 
temps  qu'aux  Cinq-Ports  et  à  un  grand  nombre  de  gens 
armés,  de  surveiller  attentivement  les  cotes,  afin  de  pré- 
venir l'arrivée  des  Français. 

Le  jour  de  Saint-Barthélémy  (le  24  août  1217),  la  flotte 
française  fut  confiée  à  Eustache  le  Moine,  afin  qu'il  la  con- 
duisît sans  malencontre  à  Londres,  et  la  remît  en  bon  état 
au  prince  Louis.  Les  chevaliers  qui  la  montaient  s'étant  donc 
mis  en  mer  eurent  un  vent  arrière  qui  les  poussa  violem- 
ment vers  l'Angleterre  5  mais  ils  ignoraient  complètement 
les  embûches  qu'on  leur  avait  dressées.  Ils  avaient  donc  par- 
couru une  grande  partie  de  leur  route,  lorsqu'ils  rencon- 
trèrent les  corsaires  du  roi  d'Angleterre  qui  venaient  obli- 
quement. Ceux-ci  voyant  que  leurs  adversaires  avaient  qua- 
tre grands  navires  et  un  nombre  plus  considérable  de  petits 
et  de  barques  armées ,  redoutèrent  d'engager  un  combat 
naval  avec  si  peu  de  forces,  car  le  nombre  de  leurs  vais- 
seaux et  barques ,  tout  bien  compté ,  n'excédait  pas  qua- 
rante 5  mais  enfin ,  animés  par  le  souvenir  de  ce  qui  était 
arrivé  à  Lincoln,  où  un  petit  nombre  avait  triomphé  d'un 
plus  grand ,  ils  s'élancèrent  hardiment  sur  les  derrières  de 
l'ennemi.  Les  Français,  à  leur  aspect,  coururent  aux  ar- 
mes et  résistèrent  à  leurs  adversaires,  sinon  avec  avantage  , 
tout  au  moins  avec  valeur.  Philippe  d'Aubignv  et  les  arba- 
létriers avec  les  archers  ,  lançant  la  moi  t  dans  les  rangs  des 


x\  INTRODUCTION. 

Français,  (ireiil  en  peu  de  temps  un  grand  carnage.  Les 
Anglais  avaient  en  outre  des  barques  armées  d'un  éperon  de 
fer  avec  lequel  ils  perforaient  les  navires  de  leurs  adversai- 
res 5  de  cette  manière  ils  en  coulèrent  bas  un  grand  nombre. 
Ils  avaient  en  outre  de  la  chaux  vive  réduite  en  poudre  fine, 
qu'ils  lançaient  en  l'air  et  que  le  vent  portait  dans  les  yeux 
des  Français.  La  mêlée  devint  très-chaude  5  mais  ceux  des 
Français  qui  n'avaient  point  l'habitude  de  se  battre  en  mer 
furent  bientôt  mis  hors  de  combat,  car  les  Anglais,  exercés 
comme  ils  l'ont  toujours  été  à  se  battre  sur  terre  et  sur  mer, 
les  accablaient  de  traits  et  de  flèches ,  les  transperçaient  à 
coups  de  lances,  les  égorgeaient  avec  leurs  poignards  et 
leurs  épées  ,  ou  crevaient  et  submergeaient  les  nefs  enne- 
mies. Ces  malheureux  étaient  en  outre  aveuglés  par  la  chaux 
et  n'avaient  ni  l'espoir  d'être  secourus  ni  la  possibilité  de 
fuir.  C'est  ce  qui  fit  que  plusieurs ,  craignant  de  tomber  vi- 
vants entre  les  mains  de  leurs  ennemis ,  se  précipitèrent  de 
leur  propre  mouvement  dans  la  mer,  aimant  mieux  mourir 
que  de  rester  à  la  merci  de  leurs  vainqueurs.  Tous  les  plus 
nobles  des  Français  qui  survécurent  ayant  été  pris ,  les  An- 
glais attachèrent  les  Vaisseaux  conquis  avec  des  câbles,  et 
revinrent  à  Douvres  pleins  de  joie  ,  en  chantant  les  louanges 
de  Dieu.  Les  soldais  du  château  vinrent  à  leur  rencontre 
et  serrèrent  de  liens  plus  étroits  les  malheureux  Français. 
Après  beaucoup  de  recherches ,  on  trouva  à  fond  de  cale 
et  dans  la  sentine  d'un  navire,  Eustache  le  Moine  que  l'on 
désirait  fort  trouver.  Quand  il  se  vit  pris  ,  il  offrit  une 
somme  énorme  pour  racheter  sa  vie  et  ses  membres  et  pro- 
mit une  fidélité  inviolable  au  roi  d'Angleterre  ^  mais  Ri- 
chard ,  bâtard  de  Jean-Sans-Terre  ,  le  saisit  et  lui  dit  :  «  Ja- 
mais ,  traître  pervers,  tu  ne  décevras  désormais  qui  que  ce 
oit  par  tes  promesses  menteuses.  »  Après  ces  mois,  il  lira 


INTRODUCTION.  xlj 

son  glaive  et  coupa  la  tête  à  Eustache  le  Moine  '.  Les  dé- 
pouilles de  la  flotte  tant  en  or  et  en  argent,  qu'en  étoffes  de 
soie  ,  lurent  recueillies  par  les  gens  du  roi.  Le  premier  soin 
de  Philippe  d'Aubigny  fut  de  mettre  les  prisonniers  en  lieu 
sûr,  puis  il  manda  à  Henri  ce  qui  venait  de  se  passer.  Quant 
à  Louis,  il  s'affligea  de  cet  événement  beaucoup  plus  que 
du  désastre  de  Lincoln. 

Le  maréchal,  gouverneur  du  roi  et  du  royaume  ,  rassem- 
bla une  nombreuse  armée  ,  et  se  porta  en  forces  sur  la  ville 
de  Londres,  qu'il  assiégea  à  la  fois  par  terre  et  par  mer-,  par 
là  coupant  les  vivres  à  ceux  qui  défendaient  la  place,  il 
voulait  les  amener  à  se  rendre.  C'est  alors  que  Louis,  réduit 
à  la  dernière  extrémité,  fit  savoir  au  légat  aussi  bien  qu'au 
maréchal  qu'il  était  prêt  à  en  passer  par  tout  ce  qu'ils  lui 
imposeraient,  pour  obtenir  une  paix  honorable.  Ceux-ci, 
de  qui  tout  dépendait  et  qui  désiraient  vivement  la  déli- 
vrance de  Louis  en  considération  de  la  couronne  de  France, 
rédigèrent  un  projet  de  paix  et  le  remirent  au  prince  5  ils 
lui  mandèrent  que,  s'il  consentait  à  l'adopter,  ils  s'enga- 
geaient à  lui  faire  donner  un  sauf-conduit,  à  lui  et  à  tous  ses 
partisans,  pour  quitter  l'Angleterre,  bien  qu'une  foule  de 
personnes  s'opposassent  ouvertement  et  de  toutes  leurs  for- 
ces à  ce  qu'on  usât  de  miséricorde  à  son  égard;  ils  ajoutè- 
rent qu'autrement  ils  feraient  tous  leurs  efforts  pour  ame- 
ner sa  ruine  et  le  couvrir  de  confusion.  Louis  et  ses  conseil- 
lers, ayant  examiné  ce  projet ,  approuvèrent  fort  le  parti 
de  quitter  l'Angleterre,  où  toutefois  ils  eussent  trouvé  plus 

'  ]\ous  avous  eiuprunté  la  presque  totalité  de  ce  récit  à  la  grande 
Chronique  de  Matthieu  Paris ,  page  298 ,  ligne  49  ;  mais  il  existe  un 
grand  nombre  d'autres  relations  de  cet  événement  :  on  peut  les  lire 
dans  notre  Notice  sur  le  Roman  d'Eustache  le  Moine,  page  xiij-xxij. 
Voyez  aussi  notre  texte,  p.  200-202. 


xlij  INTRODUCTION. 

doux  de  rester.  En  conséquence,  le  prince  fit  demander  au 
légat  et  au  grand-maréchal  de  fixer  un  lieu  et  une  heure 
pour  mettre  promptement  à  exécution  les  arrangements  qui 
venaient  d'être  conclus.  Les  parties  s'étant  entendues  à  cet 
égard,  on  ménagea  une  entrevue  auprès  de  Kingston,  dans 
une  île  de  la  Tamise,  pour  y  conclure  la  paix^  d'une  part 
se  trouvait  le  roi  Henri  avec  le  légat,  le  grand-maréchal  et 
beaucoup  d'autres  personnages^  de  l'autre,  Louis,  accom- 
pagné des  barons  et  du  reste  de  ses  partisans.  Là  ,  le  traité 
de  paix  fut  arrêté  le  3  des  ides  de  septembre  (le  lundi  11), 
d'après  les  bases  suivantes. 

Louis  jura  ,  et  tous  les  excommuniés  ses  adhérents 
jurèrent  avec  lui,  la  main  sur  les  saints  Evangiles,  qu'ils 
s'en  tiendraient  au  jugement  de  l'Eglise  et  que  ,  du  reste , 
ils  seraient  fidèles  au  pape  et  à  l'Église  romaine^  il  jura 
encore  qu'il  viderait  incontinent ,  lui  et  les  siens  ,  le  ter- 
ritoire anclais  et  n'y  reviendrait  jamais  de  sa  vie  avec 
de  mauvaises  intentions  ;  qu'il  ferait  tous  ses  efforts  pour 
amener  Philippe-Auguste  ,  son  père ,  à  rendre  au  roi  Henri 
tout  ce  qu'il  revendiquait  de  l'autre  côté  du  détroit ,  et  que, 
monté  lui-même  sur  le  trône,  il  opérerait  cette  restitution  -,  en- 
fin qu'il  rendrait  sur-le-champ  au  roi  et  aux  siens  tous  les 
châteaux  et  toutes  les  terres  dont  il  s'était  rendu  maître  par 
la  force  des  armes.  De  son  côté,  le  roi  d'Angleterre,  éga- 
lement la  main  sur  l'Évangile ,  jura  ,  avec  le  légat  et  le  ma- 
réchal ,  de  rendre  aux  barons  de  l'Angleterre  et  à  tous  ceux 
du  royaume  tous  leurs  droits  et  héritages,  avec  toutes  les 
libertés  précédemment  demandées,  qui  avaient  été  un  sujet 
de  discorde  entre  le  roi  Jean  et  les  barons.  Personne  ne  pour- 
rait recevoir  ni  dommage  ni  blâme  pour  avoir  appartenu  à 
l'un  ou  à  l'autre  des  deux  partis.  En  outre,  tous  les  prison- 
niers qui  s'étaient  rachetés  avant  la  roncîusion  de  celle  paix, 


INTRODUCTION.  xliij 

ou  qui  avaient  déjà  payé  une  partie  de  la  somme  stipulée 
pour  leur  rançon ,  ne  devaient  pas  rentrer  dans  leur  argent; 
mais  s'il  leur  restait  quelque  chose  à  solder,  ils  étaient  te- 
nus quittes.  Tous  les  prisonniers  faits  à  Lincoln  ou  dans 
le  combat  naval  de  Douvres,  soit  du  côté  du  roi,  soit  du 
côté  de  Louis  ,  en  quelque  lieu  qu'ils  fussent,  devaient  être 
mis  immédiatement  en  liberté  sans  difficulté  ni  rançon  '. 
Ces  choses  terminées,  Louis  et  tous  ses  partisans  reçu- 
rent l'absolution  avec  les  cérémonies  de  l'Eglise  usitées  en 
pareil  cas  ''  -,  et  ensuite  ils  coururent  tous  se  donner  le  bai- 
ser de  paix;  mais  plus  d'un  couvrait  une  tristesse  réelle 
sous  le  semblant  d'une  joie  hypocrite.  Puis  le  prince  re- 
tourna à  Londres,  où,  vu  son  dénuement,  il  reçut  des 
bourgeois,  à  titre  Je  prêt,  cinq  mille  livres  sterling.  De 
cette  ville,  il  gagna  la  mer  en  toute  hâte  sous  la  con- 
duite de  Guillaume  le  maréchal,  et  revint  en  France  cou- 
vert de  honte ^.  On  exclut  du  bénéfice  de  cette  paix  et 
de  cette  absolution  les  évêques ,  les  abbés ,  les  prieurs , 
les  chanoines  réguliers ,  les  clercs  nombreux  qui  avaient 
prêté  à  Louis  et  aux  barons  l'appui  de  leurs  conseils  et 
de  leur  influence  ,  et  surtout  maître  Simon  de  Langton 
ainsi  que  maître  Gervais  de  Hobrugge,  qui  avaient  porté 
l'obstination  au  point   de  faire    célébrer   les   divins  mys- 

'  Mattii.  Paris,  p.  299,  lig.  56;  Matth.  Westmonast.,  p.  278,  lig.  5. 
Rymer  a  donné  le  texte  entier  de  ce  traité,  qui  est  daté  de  Lambeth, 
le  II  septembre  i2iy.  Voyez  son  Fœdera,  cnnventiones,  literœ  et 
cujuscunque  generis  Acta  publica.,..  Tomi  1.  Pars  I.  et  II.  Hagae 
Comitis,  apud  Joannem  Neaulme.  mdccxlv,  in-fol.,  pag.  74,  coi.  i  et  2. 

'  Suivant  notre  texte,  cela  eut  lieu  le  lendemain  du  jour  du  traité, 
qui  aurait  été  conclu  un  mardi;  voyez  page  2o5 ,  ligne  3.  Quant  à 
^latthieu  de  Westminster,  il  rapporte  que  le  traité  se  fit  après  l'abso- 
lution de  Louis. 

'  El  ciiin  npjjrnbrio  seinpitnnn  ad  Gallins  liansfrr.ln\ni.  Mattii. 
Pakis,  page  290,  bgnc  .\\ . 


xllv  INTRODUCTION. 

tères  pour  Louis  elles  barons  excommuniés,  par  des  pré- 
fres  également  excommuniés  :  ils  lurent  dépouillés  par  le 
légat  de  tous  leurs  bénéfices,  et  forcés  d'aller  à  Rome  '. 
Car  aussitôt  que  Louis  eut  évacué  l'Angleterre ,  le  légat 
envoya  dans  tous  les  comtés  des  commissaires  chargés  de 
rechercher  tous  ceux  qui  se  seraient  rendus  coupables  même 
de  la  plus  légère  adhésion  au  parti  de  la  révolte,  quel  que 
fût  leur  ordre  religieux  ou  leur  rang  dans  la  hiérarchie 
ecclésiastique-,  les  inquisiteurs  les  suspendirent  et  les  en- 
voyèrent au  légat,  qui  les  dépouilla  de  tous  leurs  bénéfices, 
et  en  fit  des  largesses  à  ses  clercs ,  enrichissant  ainsi  les 
siens  des  dépouilles  des  autres.  Hugues,  évéque  de  Lin- 
coln ,  à  son  arrivée  en  Angleterre ,  compta  mille  marcs  au 
pape  pour  recouvrer  son  évèché ,  et  cent  marcs  à  Gualo. 
Cet  exemple  fut  suivi  par  un  grand  nombre  de  personnes, 
tant  prélats  qu'autres  gens  d'Eglise ,  qui  gagnèrent  les  bon- 
nes grâces  du  légat  à  beaux  deniers  comptants.  La  bourse 
des  clercs  et  des  chanoines  réguliers  fut  pareillement  mise 
à  sec  par  son  insatiable  avidité  ;  moissonnant  ce  qu'il  n'a- 
vait pas  semé,  il  forma  une  somme  énorme  d'un  grand 
nombre  de  petites  sommes  recueillies  çà  et  là. 

C'est  ainsi  que  se  termina  une  expédition  que  Louis  avait 
commencée  sous  de  si  heureux  auspices,  et  qui,  conduite 
avec  plus  d'habileté,  aurait,  plus  encore  que  la  conquête 
normande,  changé  la  face  de  l'Angleterre  et,  par  suite,  de 
l'Europe  et  du  monde  entier. 

Revenons  maintenant  à  notre  chronique.  Nous  en  avons 
tiré  le  texte  du  manuscrit  de  la  Bibliothèque  du  roi  coté 
supplément  français,  n"  455,  qui  est  excellent  sous  le  dou- 
ble rapport  de  la  langue  et  de  l'écriture  ,  et  dont  la  descrip- 
tion a  été  donnée  par  notre  ami  M.  Paulin  Paris  ,  dans  une 

'  Vovcz  notre  texte,  page  197,  hj^nc  19. 


INTRODUCTION.  xK 

des  précédentes  publications  de  la  société  de  l'Histoire  de 
France  '.  Quant  aux  variantes,  nous  les  avons  relevées  dans 
un  manuscrit  de  la  même  Bibliothèque,  coté  2168-1513 
dans  le  fonds  de  Saint-Germain,  qui  se  trouve  décrit,  avec 
plusieurs  autres  relatifs  à  l'histoire  de  la  Normandie,  dans  la 
préface  des  Chroniques  que  nous  avons  publiées  l'année  der- 
nière, à  Rouen,  en  un  petit  volume  in-4°^.  La  même  préface 
rend  un  compte  détaillé  d'un  troisième  manuscrit  de  cet 
ouvrage  ,  qui  se  conserve  dans  la  Bibliothèque  publique  de 
Lille;  mais  comme  il  est  comparativement  moderne,  sur 
papier,  et  d'un  fort  mauvais  langage  ,  nous  n'avons  pas  cru 
devoir  nous  en  servir. 

Les  nombreux  détails  que  donne  notre  chronique  sur 
la  noblesse  du  nord  de  la  France ,  nous  ont  décidé  à  les 
compléter  par  la  publication  du  Roman  de  Ham  ,  dont  la 
composition  remonte  à  1278,  si  l'on  en  croit  M.  l'abbé  de 
La  Rue  ,  qui  en  a  parlé  le  premier  dans  ses  Essais  histori- 
ques sur  les  bardes j  les  jongleurs  et  les  trouvères  normands 
et  anglo-normands^ .  Cet  auteur  ajoute  :  «  C'est  l'histoire 
d'un  tournoi  qu'il  (l'auteur,  Sarrazin)  suppose  avoir  eu  lieu 
dans  la  ville  du  Ham  en  Picardie.  Il  fait  dans  son  prologue 
un  grand  éloge  du  roi  Henri  I"  ^^  et  il  est  évident  qu'en  pre- 
nant la  plume  ,  il  n'avait  d'autre  dessein  que  de  critiquer 

'  La  Conquestc  de  Conslantinoblc ,  par  Jeoffroi  de  Yillehardouin 
et  Henri  de  Valenciennes,  page  xxxvij  de  l'Introduction,  art.  IV- 

"  Page  Ixv. 

'  Tome  III,  page  146.  M.  de  La  Rue  s'est  trompé,  comme  cela  lui 
arrive  si  souvent.  Cette  date  est,  non  celle  de  la  composition  du  poème 
de  Sarrazin,  mais  l'époque  du  tournoi  auquel  assista  le  roi  Philippe  le 
Hardi,  et  qui  eut  lieu  à  Coiiipiegne  ou  à  Creel.  Voyez  page  216,  217 
de  ce  volume.  F.  I\I. 

■*  M.  de  La  Rue  veut  sans  doute  parler  de  Charles  d'Anjou,  dont  en 
effet  Sarrazin  fait  l'éloge,  page  2i5-2i5  de  ce  volume.  Il  n'y  est  nul- 
lement question  d'un  roi  Henri.  F.  M. 


xlvj  INTRODUCTION. 

la  conduite  d'un  roi  qu'il  ne  désigne  qu'en  disant  qu'on  le 
nommait  Louis,  et  que  son  père  portait  le  même  nom  '.  Alors 
on  voit  que  c'est  saint  Louis  dont  il  attaque  l'ordonnance 
contre  les  tournois  ^.  Son  premier  motif  est  le  tort  qu'elle 

'  Il  sufllt  de  renvoyer  aux  pages  216,  217,  de  ce  volume  pour  faire 
apercevoir  une  nouvelle  inexactitude  de  M.  de  La  Rue.  Sarrazin  y 
parle,  non  de  Louis  ÏX  et  de  Louis  YIII,  mais  de  Philippe  le  Hardi 
et  de  Louis  IX  son  père. 

Li  rois  Plielippes  à  un  jour 
Vint  à  Compiegne  ou  à  Creel. 


Fix  fu  le  bon  roi  Looy  ; 
Icil  rois  dont  je  vous  recort, 
Ou  fust  à  droit  ou  fust  à  tort , 
Il  desfendi  le  tournoiler. 


'  GuiUaurae  de  Nangis  écrit  que  Saint  Louis  ayant  reçu  du  pape,  en 
l'an  1260,  les  nouvelles  de  la  défaite  des  chrétiens  dans  la  Terre- 
Sainte  et  dans  l'Arménie,  par  les  infidèles,  fit  faire  des  prières  pu- 
bliques, défendit  les  tournois  pour  deux  ans  et  ne  voulut  point  que 
l'on  s'adonnât  à  d'autres  jeux  qu'à  l'exercice  de  l'arc  et  de  l'arbalète. 
Voyez  Gesta  S.  Ludovici  itoni  Francoruni  régis  descripta  per  Jra- 
trcm  Guillelmum  de  Nangiaco  (apud  Du  Chesne,  Historiœ  Fraiico- 
ruin  Scripiores ,  vol.  V.  page  jyi,  C.}.  Cette  défense  fut  renouvelée 
plusieurs  fois  par  les  successeurs  de  Louis  IX.  Voyez  la  sixième  disser- 
tation de  Du  Cange  placée  à  la  suite  de  son  Histoire  de  S.  Louys , 
page  172;  et  les  Ordonnances  des  Roy  s  de  France,  édition  du  Louvre, 
vol.  I,  pages  32g,  420,  421,  454»  5io,  SS(^^  643. 

Il  paraît  que  l'ordonnance  de  Louis  IX  causa  une  grande  sensation 
dans  le  temps,  car  on  y  fait  souvent  allusion.  Voici  un  passage  où, 
si  je  ne  me  trompe,  il  en  est  question  : 

Je  vos  dirai  cornent  s'avint. 
Li  chevalier  poures  devint , 
Il  n'avoit  ne  vignes  ne  terres, 
En  tornoienieus  et  en  guerres 
lert  trestoute  son  ateudance  : 
Il  savoit  bien  fcrir  de  lance, 
Hardis  estoit  et  combataus  , 
Eus  grans  besoingnes  embatans  ; 


INTRODUCTION.  xUîj 

fait  aux  jongleurs ,  qui  gagnaient  leur  vie  en  allant  amuser 
les  chevaliers  par  leurs  chants  ou  par  leurs  récils  roma- 
nesques,  lorsqu'ils  étaient  blessés  dans  les  tournois;  il  se 
plaint  ensuite  des  pertes  qu'éprouvaient  par  cette  ordonnance 
les  selliers ,  les  fourbisseurs ,  les  maréchaux  et  autres  mar- 
chands et  ouvriers  qui  vivaient  par  la  dépense  des  seigneurs 
qui  allaient  se  signaler  dans  ces  combats.  Enfin  il  déplore 
les  suites  fâcheuses  que  la  défense  du  roi  devait  amener 
pour  les  mœurs;  il  prétend  qu'il  n'y  aura  plus  ni  vaillance 
ni  chevalerie.  Il  fait  tenir  par  la  Courtoisie  un  discours  où 
elle  se  plaint  de  ne  plus  habiter  parmi  les  nobles  et  surtout 

Mais  li  tornoi  sont  deffendu. 

Tout  a  mangié  et  despCDdu. 
(  Le  Chevalier  qui J'aisoit parler,  etc.  —  Fabliaux  et  Contes 
des  poètes  français  des  xn,  xili ,  xiv  et  xv"  Siècles, 
éditioa  de  Barbazan,  tome  III,  page  86.  v.  17.) 

Si  vos  dirai  com  il  avint. 
Li  chevaliers  poures  devint 
Ainz  que  il  fust  de  grant  aaige, 
Por  quant  se  1'  tenoit  l'on  à  saige. 
Mais  n'avoit  ne  vignes  ne  terres. 
En  tomoiemens  et  en  guerres 
Estoit  trestote  s'atendance, 
Quar  bien  savoit  ferir  de  lance; 
Hardis  estoit  et  combatanz , 
Et  en  granz  estors  embatanz. 
Adonc  avint  en  cel  tempoire , 
Si  com  lisant  truis  en  l'estoire, 
Que  les  guerres  par  tôt  failloient; 
Nule  gent  ne  s'entr'assailloient. 
Et  li  tornoi  sont  défendu. 
Si  ot  le  sien  tôt  despendu. 

(Id.,   V.    23. —  Fabliaux  et    Contes,   édition   de    Méon , 
tome  III,  page  410.) 

Il  y  a  dans  le  recueil  italien  intitulé  :  Lihro  di  novelle  e  di  bel 
pnrlar  gentil,  nn  récit  qui  roule  principalement  sur  cette  suppression 
tles  tournois.  Voyez  \e  Jiomancero  francois,  pages  121,  122.       F.  M. 


xlviij  INTRODUCTION, 

parmi  les  jeunes  gens  ;  elle  leur  rappelle  le  temps  heureux 
des  chevaliers  de  la  Table-Ronde ,  et  les  envoie  aux  ouvra- 
ges de  Chrétien  de  Troyes  pour  y  prendre  des  leçons  d'ur- 
banité et  des  autres  vertus  qui  conviennent  à  des  cheva- 
liers '. 

«  C'est  d'après  ces  préliminaires  que  Tauteur,  malgré 
l'ordonnance,  fait  indiquer  par  madame  Courtoise  un  tour- 
noi solennel  au  château  du  Ham.  Les  sires  de  Longueval 

'  Voyez  page  23o,  v.  ai.  Cet  extrait  d'une  dédicace  à  la  comtesse 
Blanche,  fille  de  Sanche  VI  le  Sage,  et  femme  de  Thibaut  III,  comte 
de  Champagne  (  vers  l'an  1200),  prouve  que  tout  le  monde  n'était  pas 
du  même  avis  que  Sarrazin ,  sur  le  mérite  des  romans  de  la  Table- 
Ronde,  et  sur  celui  de  Perceval  en  particulier. 

Gentis  contesse  de  Cliampaigne, 
Fille  ail  bon  roy  Sanse  d'Espaigne, 
Je  n'ai  mie  eu  moi  grant  science; 
Et  non  porquant  vostre  excellence 
Qui  ne  fait  pas  a  corroder. 
Me  fist  ceste  œvre  commancier. 
Par  vos  encommenci  ceste  œvre 
Por  fuers  de  cresticns  esmuevre 
A  bien  panser  et  à  bien  faire 
Et  por  eauz  de  pechié  retraire. 
Les  autres  dames  de  cest  mont , 
Qui  plus  pensent  qu'aval  qu'amont , 
Si  font  les  mençonges  rimer 
Et  les  paroles  alinier 
Por  les  cuers  miauz  curoilUer 
Et  por  honesté  avillier. 
■  Dame,  de  ce  n'avez-vos  cure; 
De  menconge  qui  cuers  oscurc 
Et  corrunpeut  la  clarté  d'ame, 
N'en  aiez  cure,  douce  dame; 
Laissiez  Cliges  et  Perceval, 
Qui  les  cuers  perce  et  trait  aval , 
Et  les  romanz  de  vanité. 
Assez  troveroiz  vérité. 

(Bibliothèque  publique  de  \n  ville  de  Lyon,  ins.  u»  77J 
olim,   ou   698.  )  F.  M. 


INTRODUCTION.  xlix 

et  de  Bazenlin  sont  chargés  de  le  publier  dans  toutes  les  pro- 
vinces de  France  et  à  l'étranger.  La  reine  Genièvre  ,  femme 
du  roi  Arthur,  vient  d'Angleterre  avec  une  suite  de  sept 
cents  personnes,  tant  demoiselles  que  chevaliers  ,  pour  pré- 
sider ce  tournoi,  qui  dure  trois  jours,  et  où  se  dis- 
tinguent par  leur  valeur  le  chevalier  au  Lion ,  messire 
Yvains  et  plusieurs  chevaliers  de  la  Table-Ronde.  Mais ,  par 
une  bizarrerie  inconcevable ,  le  poète  fait  briller  avec  ces 
êtres  imaginaires  plusieurs  des  grands  seigneurs  de  France, 
et  surtout  des  chevaliers  normands  et  anglo-normands  :  les 
sires  de  Harcourt,  de  Montagne,  de  IN'eville,  de  Ver,  de 
Bailleul ,  de  Tesson  ,  de  Hangest ,  de  Blosseville ,  de  Car- 
bonel ,  de  Ferrières ,  d'Esneval ,  de  Trie,  etc.  Il  fait  prin- 
cipalement l'éloge  d'Enguerrand  de  Bailleul » 

Nous  avons  déjà  relevé  des  inexactitudes  dans  les  lignes 
que  nous  venons  de  rapporter  ^  nous  craignons  bien  d'avoir 
à  signaler  une  autre  erreur  dans  l'une  des  dernières  phra- 
ses de  ce  morceau  ^  en  effet ,  quelque  obscures  que  soient 
les  expressions  du  trouvère  ',  il  semble  cependant  qu'il  ne 
faut  pas  les  prendre  à  la  lettre  et  croire  qu'il  ait  prétendu 
faire  figurer  dans  le  tournoi  de  Ham  les  véritables  héros  de 
la  cour  d'Arthur.  Il  veut  dire,  à  notre  avis ,  que  des  cheva- 
liers et  des  dames  d'Angleterre  passèrent  le  détroit  pour  se 
rendre  à  la  fête  annoncée,  et  que,  pour  la  rendre  plus  pi- 
quante, ils  prirent  les  noms,  costumes  et  attributs  des  per- 
sonnages des  romans  du  cycle  breton.  Nous  nous  arrêtons 
d'autant  plus  volontiers  à  cette  idée  qu'elle  nous  reporte  à 
la  p.  559  de  V Histoire  de  Charles  Tl-Î  roj  de  France,  par 
lean   Chorlier,  etc.,  édition  de  Denys  (iodefroy,  où  il  cs{ 

'  Voyez  page  s«5i,  v.  ij,  de  ce  volnnie. 

d 


1  INTRODUCTION. 

(jueslion  d  un  tournoi  donné  à  Saumur,  dans  lequel,  dit 
Matlhieu  de  Coucy,  les  chevaliers  semblaient  vouloir  imiter 
les  chevaliers  de  la  Table-Ronde.  Quant  à  la  question  de 
savoir  ce  que  pouvait  être  le  Lion  qui  accompagnait  l'un 
d'eux ,  nous  répondrons  qu'il  est  permis  de  supposer  toute 
espèce  d'animal  apprivoisé  décoré  de  ce  nom,  et  que  nos 
ancêtres  n'y  regardaient  pas  de  si  près,  comme  le  savent 
bien  ceux  qui  se  sont  occupés  de  recherches  relatives  à  la 
mise  en  scène  des  anciens  mystères. 

Le  Roman  de  Ham  se  trouve  à  la  Bibliothèque  du  Roi 
dans  le  manuscrit  7609  ',  dont  nous  avons  donné  une  no- 
tice détaillée  dans  la  préface  du  Roman  de  la  Manehine 
par  Philippe  de  Reime.  ' 

Des  ouvrages  de  la  nature  de  ceux  que  nous  publions  ici, 
ont  besoin  plus  que  tout  autre  de  notes  et  de  commentaires  : 
si  nous  nous  sommes  abstenu  de  compléter  ainsi  notre 
travail,  ce  n'est  faute  ni  de  bonne  volonté  ni  de  recher- 
ches, mais  d'espace;  car,  tel  qu'il  est,  le  présent  volume 
se  trouve  assez  considérable  déjà,  et  un  commentaire,  tel 
que  nous  l'entendons,  l'eût  augmenté  d'un  tiers  en  sus'  : 
nous  terminerons  donc  cette  préface  en  priant  le  lecteur  de 


'  Imprime  à  Paris  pour  le  Bannatvue  Club  par  Maulde  et  Renoii  , 
M  Dccc  XL,  in-4°,  page  iv  et  suivantes. 

'  Nous  croyons,  cependant,  devoir  tenter  d'expliquer  l'allusion  que 
présente  la  page  52,  ligne  17,  en  rappoitant  ces  trois  vers  de  la  Chaii- 
so/i  des  Savons.  Guiteclin ,  dit  Jean  l'odel. 

Va  ferir  Karleroaiuc  qi  se  fu  relevez, 

Sor  l'eauiue  qi  à  Nobles  fu  jadis  couquestez , 

Quant  Karles  en  bataille  conqisl  le  roi  Forrcz. 


(Voliime  II,  pafje  8t,  couplet  cxcvri.) 


INTRODUCTION.  Ij 

nous  tenir  compte  de  notre  intention  5  nous  n'avons  rien 
négligé  d'ailleurs  pour  rendre  ce  livre  digne  des  savants 
et  des  philologues  auxquels  il  s'adresse,  aussi  bien  que  de 
la  Société  au  zèle  éclairé  de  laquelle  ils  en  doivent  la 
publication . 

Francisque  Michel. 


Bordeaux,  <;e  15  mai  1840. 


HISTOIRE 


DES 


DUCS  DE  NORMANDIE 


DES  ROIS  D'ANGLETERRE. 


Par  la  devisioii  que  li  anciien  home  fisent  dou 
monde  ,  savons-nous  que  toute  la  tien  e  est  enclose  de 
la  grant  mer,  ke  on  aplele  Occeaiiy  qui  entre  par  bras 
dedens  la  tierre  et  la  devise  en  .iij.  principaus  parties, 
dont  la  '  maistre  est  apielée  Ayse  por  chou  qu'ele  tient 
en  soi  la  moitié  del  monde;  li  autre  est  apielée  Au- 
frike  ;  la  tierce  ù  nos  sommes  si  est  apielée  Europe , 
qui  por  la  plenté  des  douces  aighes  est  abitée  de  moult 
de  gens.  En  iceste  Europe  fu  anciienement  Germanie, 
qui  oreest  apielée  Alemaigne;  là  sourt  uns  flueves  qui 
est  apielés  Hyster  et  court  en  Sassoigne ,  qui  est  apie- 
lés  etaçains  de  moult  d'autres  flueves  *,  tant  qu'il  chiet 
en  la  Dynoe  ",  qui  chiet  en  la  mer  outre  Constanti- 
noble.  Priés  deDanemarche  est  l'ille  d'Escauce  et  Aliène 
et  Getheie.  La  gent  de  celé  tierre  se  donnoit  anciiene- 

'  Dont  la  plus.  —  '  S.  et  est  acreus....  aiguës.  —  '  Dunoc. 

1 


2  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

ment  à  luxure,  et  cascuns  avoit  tant  de  feines  comme 
11  li  plaisolt;  sans  loy  vivoient  ;  si  moultepliierent  tant 
et  crurent  que  la  gent  de  la  tierre  convint  escillier, 
poi'  la  petitece  de  la  tierre  qui  soustenir  ne  les  pooit  : 
por  chou  jetèrent  lor  sors  ke  il  les  damoisiausen  men- 
roient  '  fors  de  la  tierre,  conquerre  '  encontre  les  es- 
trangens  gens  et  les  ^  estranges  régions.  Il  estoienl 
apielé  Danois  por  chou  que  Danaus,  qui  [fii]  fîll  An- 
thenor ,  quant  il  fu  eschapés  de  la  destruction  de 
Troie,  s'en  ala  là  endroit  et  si  fu  sires  de  cel  pais. 
Encore  estoient-il  apielé  Norman t  por  une  autre  chose, 
por  chou  que  [en]  lor  langages  /zo/-  chou  est  byse  en 
françois  et  m<3/2  chou  est  hom;  et  quant  ces  deus  sil- 
lebes  sont  ajoustées  ^,  si  sonne  li  mos  autant  ^  en  lor 
langage  comme  en  françois  hom  de  byse.  Hastens  ot 
chil  à  non  qui  fors  de  la  tierre  les  mena.  Par  m^er  s'en 
issirent,  si  vinrent  en  France,  et  ^  destruisent  abbeyeset 
moustiers  et^  gens  de  relegion;  sor  toz  les  autres  lius*' 
Noion  destruisent,  si  oclsent  l'evesque  et  les  chanonnes, 
si  escillierent  Saint-Quentin  et  Saint-Maart  ;  puis  des- 
truisent Saint-Denis  en  France  et  Sainte-Geneviève  *•> 
defors  les  ra^urs  de  Paris,  et  puis  Mont-Leheri  ;  puis  re- 
pairierent  à  lor  nés  et  syglerent  par  devant  Normen- 
die.  A  Fescamp  '  '  destruisent  une  abbeye,  et  fisent 
mainte  gent  vilenie;  à  Gemeges"  destruisent  l'abbeye 
Saint-Pierc,  ù  il  avoit  en  covent  .ix^  moines.  Puis 

•  Cil  qui  les  d.  enmenoient.  —  '  Por  c.  —  'G.  t-s.  —  <  Quant  c.  d,  s.  s- 
a.  manquent  dans  le  ms.  de  Saint-Germain.  —  '  Et  si  s.  autretant 
Norman.  —  *  Eu  l'an  del  incarnation  .dccc.  xlix,  si.  —  -  Et  les.  — 
•  Autres  manque  dans  le  ms.  S. -G.  —  »  Geneviere.  —  "•  Fescans. 
—  "  Guimeges. 


ET  DES  ROTS  D'ANGLETERRE.  3 

charga  Hasteiis  ses  nés,  et  dist  qu'il  s'en  iroit  à  Rome 
et  se  feroit  empereour.  Que  vous  diroie-jou?  Il  monta 
sor  mer  et  s'en  ala  sy^jlant  par  devant  Constentin  et  par 
devant  Bretaigne  et  par  devant  Poitau,  par  devant  Gas- 
coigne  et  par  devant  Espaigne  ;  si  se  mist  èsdestrois  de 
Morroc  '  qui  sont  entre  Espaigne  et  Aufi  ique.  Illuec  " 
monta  par  devant  la  tierre  d'Arragon  et  par  devant  Pro- 
vence^ et  par  devant  Marselle^  et  par  devant  Geneves^ 
et  par  devant  Pise,  tant  que  sor  la  marine  en  Ythalie  '' 
vit  une  cité  de  molt  grant  appareil;  Lune  estoit  apie- 
lée.  Cliil  de  la  ville,  quant  il  virent  la  navie,  s'appa- 
rellierent  de  '  desfendre,  et  misent  as  murs  lor  escus  et 
lor  pignonciaus  :  par  coi  Hastens  cuidoit  ciertainement 
que  che  fust  Rome.  Hastens  se  désespéra ,  et  si  cuida 
bien  que  il  par  force  ne  le  peust  jà  ^  conquerre.  Il  en- 
voia  au  conte  de  la  ville  et  à  l'evesque  ses  messages ,  ki 
moult  dechevaument  lor  disent  leur  message  :  a  Has- 
tens nostre  sires  ,  qui  nés  est  de  Danemarce  et  par  sort 
nous  a  clii  amenés ,  qui  en  France  avons  esté  et  tant  i 
avons  fait  que  par  force  l'avons  prise  et  destruite,  or 
nous  3  en  voloit  remener '°  là' dont  nous  venimes;  mais 
Dex  ne  le  vaut  soufrir,  car  li  vent  et  li  oré  nos  furent 
contraire  ",  qui  par  tempieste  et  à  '°  grans  paours  et 
moult  grans  travaus  et  à  moult  grans  angoisses  nos 
ont  arrivés  en  '^  vostre  tierre.  Nous  n'i  venons  pas  pour 
mal  faire,  ains  volons  pais  et  moult  le  requérons.  Ama- 
ladis  est  nostres  maistres,  qui  encore  est  Sarrazins  : 

'  MaiToc.  —  '  Si  s'en.  —  '  Prouvence.  —  ■*  Marseille.  —  '  Genues.  — 
^ Ithaile.  —  '  Por.  —  '  Ne  la  porroit  pas.  —  ^  Ariere  nous.  —  '"  Mener. 
—  '  '  Encontre.  —  "  Et  à  molt.  —  '  '  Nos  avivé  en  ceste. 


4  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

or  vous  requiert  en  carité  que  a  eus  le  levés  de  fons, 
car  niorir  veut  crestlens;  et,  se  il  muert  chi ,  il  veut 
estre  enfouis  entre  vous.  » 

Quant  li  evesques  et  li  cuens  de  la  ville  oïrent  ces 
novieles,  moult  furent  lié,  et  volentiers lor  otriierent 
et  donnèrent  congié  à  toz  d'aler  et  de  venir  etd'acater 
chou  que  mestiers  lor  es  toi  t.  Hastens  se  fist  porter  au 
moustier,  et  li  evesques  le  leva,  et  li  cuens  le  tint  as 
fous;  puis  fu  raportez  à  ses  nés,  et  faisoit  saniblant 
d'iestre  moult  malades.  La  nuit  après  se  fist  mort,  et  si 
compaignon  faisoient  tel  duel  que  chil  de  la  ville  cui- 
dierent  pour  voir  '  que  il  fustinors.  Hastens  fist  armer 
sa  gent  desous  leur  capes ,  et  se  fist  porter  en  bière 
dedens  la  mere-eglyse;  et  li  evesques  de  la  ville  se  fu 
reviestus  "  pour  la  messe  canter.  Ilastens,  quant  il  sot 
que  il  furent  tout  assamblé,  se  leva  toz  armés  de  la 
bière,  puis  si  ocist  tout  avant  l'evesque  et  puis  le  conte  et 
toz  ses  autres  parins  ^  que  il  pot  trouver  el  moustier  *. 
Ensi  fu  la  ville  prise  et  destruite,  et  Hastens  démena 
grant  joie  por  chou  que  il  cuida  ciertainement  que  il 
evust  Rome  conquise  ;  mais  quant  il  sot  la  vérité,  que 
che  n'estoit  mie  Rome,  si  fu  moult  dolans,  et  dist  à  ses 
homes  que  il  destruiroit  la  ville.  Et  il  si  fist,  si  comm^e 
encore  est  aparant  ;  car  encore  est  celé  cités  sans  habi- 
teours.  Puis  se  remisent  Danois  en  mer  et  si  n'osèrent 
avant  aler,  que  chil  de  Rome  ne  seuussent  ceste  trahi- 

•  Certainncment.  —  '  Li  queus  de  la  vile  se  fu  revestus  moult  no- 
blement, li  vesques  de  la  vile  s'aparella.  —  ^  Et  s.  a.  parens.  —  *  En 
l'église;  si  chevalier,  qui  bien  estoient  armé,  ocisent  çà  et  là  quanqu'i! 
porcnt  ataindre  par  la  vile. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  5 

son.  Hastens  s'en  revint  en  France,  ù  Charles  li  Sim- 
ples li  donna  tierre  entre  lui  et  ses  compaignons  la 
contrée  de  Chartres. 

Puis  montepliierent  tant  li  Danois  en  la  tierre  de  Da- 
nemarche  que  derechief  les  couvint  jeter  en  '  escil. 
En  la  tierre  avoit  eu  novielement  mort  .i.  haut  home 
qui  avoit  à  non  Bier  Coste-Fierrce.  Deus  fils  avoit  : 
Rolle  •  et  Burin,  as  quels  li  jovenenciel  dou  pais  vin- 
rent et  disent  que,  se  il  voloient,  par  lor  aïe  se  des- 
fenderoient  bien  dou  roi  de  la  tierre.  Quant  Rolles  et 
Burins  oïrent  chou ,  moult  lor  vint  à  gré  et  moult  en 
merciierent  les  jovenenciaus.  Ils  s'assemblèrent  adonc 
et  vinrent  sor  le  roi  à  ost,  et  destruisent  moult  de 
sa  tierre.  Li  rois,  quant  il  vit  çou,  assambla  grans 
gens ,  et  vint  sour  eus  ;  mais  desconfis  fu ,  et  .v.  ans 
après  celé  desconfiture  pais  firent  entre  els.  Et  puis 
i"'avint  d'aventure  ^  que  la  guerre  recommencha  entre 
els  ^.  Si  se  rassamblerent  derechief,  et  se  corabatirent 
ensamble.  Si  furent  li  frère  desconfi ,  et  Burins  i  fu 
ocisj  et  Rolles  s'enfui  à  la  mer,  si  entra  en  ses  nés  ; 
mais  petite  fu  sa  navie,  car  il  ni  ot  que  .vi.  nés;  o 
ces  .vi.  nés,  sans  plus  ^ ,  s'en  vint  en  Fille  d'Escauce, 
ù  li  jovenenciel  de  la  tierre  qui  escillié  estoient  ve- 
noient  à  lui.  Rolles  se  pourpensa  que  il  feroit  vengier 
soi  et  son  frère  dou  roi;  car  il  iroit,  o  tant  de  gens 
comme  il  avoit,  conquerre  estranges  nations.  Lors  ^  li 
vint  une  avisions  par  nuit ,  d'une  vois  qui  li  dist  : 
»  Lieve  sus  %   et  va  as  Englois.  Là  oras  comment  en 

'  Lor  covint  j.  —  '  Rou.  —  '  Aventure.  —  "  E.  e.  mancjuent  dans  le 
ms.  S, -G.  —  ^  Tant  seulement.  —  *  Là.  —  '  Lie- toi  sus. 


6  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

ton  pais  poras  repairier.  »  Quant  il  s'esvella,  si  conta 
s'avision  à  ses  gens;  et  li  dist  uns  sages  liom  :  «  *  Là 
oras  nouvieles  de  baptesme  ,  par  coi  tu  auras  paradis , 
qui  est  drois  païs  à  tous.  »  Quant  Rolles  oï  chou ,  il 
apparella  ses  nés  de  gens  et  de  vitaille  et  d'armes, 
et  s'en  ala  en  Engletierre.  Là  vainqui-il  les  Englois 
par  '  .ij.  fois.  Puis  li  vint  une  avisions  par  nuit,  si  li 
estoitavis  que  il  estoit  en  France  sour  une  haute  mon- 
taigne,  et  tout  entour  ^  le  mont  sourgoit  une  moult 
clere  fontaine.  Il  estoit  lieprous,  si  se  baignoit  dedens 
la  fontaine,  si  garissoit  de  la  liepre.  Encore  veoit-il 
entour  la  fontaine  oisiaus  qui  avoient  les  seniestres 
eles  pointes  de  divierses  coulours  ^  ;  puis  faisoient  lor 
nis  et  mengoient  ensamble ,  quant  il  estoient  baignié 
en  celé  fontaine^  par  concorde;  et  puis  ^  faisoient  le 
commandement  Rolle.  Après  celé  avision,  Ilolles  apiela 
toz  les  sages  homes  qui  illuec  estoient,  et  lor  conta 
l'avision.  Un  Englès  i  ot  prison ,  qui  clers  estoit;  si  li 
dist  :  ((  Sire ,  ore  entendes  à  moi.  Li  mons  de  France 
est  sainte  Eglyse  ,  qui  moult  est  en  France,  honnerée  ; 
la  fontaine  est  li  baptesmcs  ù  tu  seras  lavés  '  ;  li 
liepre  dont  tu  estoies  plains  ,  che  sont  ti  pechié  dont 
tu  ies  plains ,  qui  par  le  baptesme  seront  ostc  de  toi  ; 
li  oisiel  as  seniestres  elcs  pointes ,  che  sont  ti  chevalier 
qui  à  lor  seniestres  lés  portent  lor  escus  qui  sont  point, 
ki  o  toi  se  feront  baptisier;  li  ni  que  il  référeront  sont 
les  eglyses  qui  par  la  guerre  Hastens  sont  destruites; 

■  En  Eiiglcticre  iras.  —  '  En  cham  par.  —  '  En  son.  —  ^  C,  et  si 
baingnoient  en  celé  fontainne.  —  '  Quant....  fontaine  manquent  clans 
le  ms.  S.-G.  —  ''  Tuit.  —  "  Ces  quatre  mot';  manquent  dans  le  ms.  S.-G. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  7 

che  que  il  mengierent  ensi  ensamble,  chou  serra  que 
il  seront  à  la  toie  volenté  obéissant.  »  Molt  et  gisant 
mervelle  Rolles  de  celé  avision  et  grant  joie,  por  chou 
qu'ele  li  ert  si  bien  aviertie.  Il  aquita  tantost  celui  de 
sa  raençon ,  et  li  donna  tant  dou  sien  que  chil  s'en  dut 
bien  loer  se  il  n'ot  tort. 

En  cel  tans  estoit  Antiaumes  rois  d'Engletierre ,  qui 
moult  se  fist  bien  de  RoUe ,  et  tant  li  donna  et  prou- 
mist  que  il  furent  ami  juré  ensamble  et  que  li  uns  aide- 
roit  à  l'autre  à  son  besoing.  Après  l'yvier,  au  biel  tans, 
se  mist  Rolles  en  mer  comme  chil  ki  *  cuidoit  sygler 
là  où  il  avoit  empensé,  si  le  '  prist  une  tempieste  que 
onques  si  grans  ne  fu  veue.  Il  voloit  "venir  en  France  ; 
mais  il  ne  pot  por  la  tempieste.  Che  faisoit  li  deables  ', 
qui  dolans  estoit  de  chou  que  il  devoit  venir  à  la  fon- 
taine de  baptesme.  Tant  furent  en  désespérance  de  lor 
vies  que  Rous  se  choucha  en  orisons  el  fons  de  la  nef,  et 
si  dist  :  k  Dex  qui  tout  créas,  Dex  qui  tout  gouviernes, 
ciel  et  tierre ,  air  et  mer,  sueffre-moi  venir  à  la  loy 
crestiene ,  et  moi  et  mes  homes  ^  crestiens  morir.  » 
Quant  il  ot  faite  s'orison ,  por  la  boine  entention  k'il 
ot  de  venir  à  la  loi  crestiene  Dex  oï  s'orison  et  ^  fist 
ciesser  la  tempieste.  Rolles  se  drecha  en  pies,  si  vit 
la  mer  en  pais  ;  et  après  arriva  tost  en  une  ilie  que  on 
apiele  Waucres.  Chil  de  la  tierre,  quant  il  les  virent, 
nièrent  à  la  mer  ^  por  gaagnier;  si  les  assaillirent;  mais 
li  Danois  se  combatirent  à  eus,  si  les  desconfirent.  Et 
quant  Antiaumes ,   li  rois  d'Engleterre ,  oï  dire  que 

'  Si  comme  il.  —  ^  Se  li.  —  '  C  f.  deal)les.  —  *  Et  les  miens  et. 
—  '  Sa  proiere,  si.  —  °  A  la  m.  vers  les  neis. 


8  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

Rolles  avoit  esté  assaillis  en  l'ille  de  Waucres,  si  U 
envoia  .xij.  nés  cargies  de  vi taille  et  autretant  cargies 
de  chevaliers.  Quant  Rolles  \it  le  secours  que  li  rois 
li  envoioit ,  si  l'en  sot  moult  boin  gré ,  et  moult  l'en 
mercliia  par  ses  messages  et  par  ses  lettres,  et  moult 
li  proumist  encore  à  gueredomier.  Cliil  de  Waucres 
cremirent  que  Rolles  ne  demourast  en  la  tierre,  si 
apielerent  en  lor  aïue  Renier  Lonc-Col,  le  duc  de 
Haynau',  et  Radiel  Bolert%  le  roi  de  Frise.  Rolles  se 
corabati  à  eus,  si  les  vencui,  et  ocist  lor  gent;  il  se 
combati  as  Frisons  sous  l'aighe  d'Almere  '.  Tant  lor 
couvint  ensamble  que  il  donnèrent  trives  li  .i.  as  au- 
tres ^.  Puis  s'en  retorna  sor  Renier,  si  se  combati  à  lui 
sor  l'aighe  del  Escaut^,  si  le  desconfi;  et  fu  pris  Re- 
niers ,  qui  avoit  une  feme  moult  vaillant ,  qui  tantost 
vint  à  Rolle;  si  li  cria  merci  por  son  mari;  si  li  vaut 
rendre  .xij.  prisons  danois  por  son  segnour^  r'avoir. 
Rolles  ne  le  vaut  faire ,  se  il  n'avoit  pas  deseure  tout 
chou  ^  la  raençon  de  sa  tierre.  Quant  elle  oï  chou,  si  li 
otria  moult  en  haste  ;  et  quant  Rolles  vit  qu'ele  ot  tele 
amour  viers  son  segnor,  si  li  pardonna  la  moitié  de  sa 
raençon.  Puis  devint  Rcniers  ses  hom.  Lors  se  mist 
Rolles  en  mer,  et  por  acomplir  *  chou  que  li  clers  li 
avoit  despondu  de  l'avision  ;  et  tant  sigla  par  devant 
Flandres,  par  devant  Poitau%  par  devant  Normendie 
que   il  entra  en  Saine,  et  tant  ala  amont  Saine  que  il 

'  llainou.  —  "  lladebolt.  —  '  Del  Almerc.  —  ■*  Q.  il  ii  d.  t.  et  il  ois. 
—  *  Ëscliaut.  —  ''  Mari.  —  '  Ces  quatre  mots  manquent  dans  le  mx. 
S.- G.  —  '  Rous  se  remisl  en  la  mer  pour  faite.  —  »  El  par  devant 
Poiitiu  et. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  9 

\int  il  l'abbeye  de  Gemeges  j  sains  lius  H  sambla,  si  n'i 
vaut'  mal  faire.  De  l'autre  part  de  Saine,  arriva  à  la 
chapelete  Saint-Vincent  en  Tan  .ix.c'  et  .Ixxvi.  ;  là 
mist  une  vierge  que  il  aporta  d'Engletierre ,  qui  estoit 
apielée  sainte  Almetrus.  Là  vint  à  Rolle  li  archevesques 
de  Ruem,  qui  Fouques  estoit  apielés.  Il  parla  ^  à  Rolle, 
et  list  tant  que  tout  le  païs  mist  desoz  lui  par  '   tréu. 
Puis    ala  Rolles  amont    l'aighe  jusques   au  Pont-de- 
r Arche,  et  illueques  issi-il  fors  de  l'aighe.   Là  vint 
Renaus^  li  mareschaus  de  Charapaigne  *^   et  Hastens^ 
encontre  lui.  Hastens,  soi  tierc,  ala  parler  à  lui,  et^ 
li  demanda  qui  il  estoit  ^  ;  Rolles  11  respondi  :  ((  Danois 
sommes,  si  sommes  venu  por  France  conquerre.  Nous 
n'avons  nul  segnor,  per  sommes  en  segnorrie.  »  Has- 
tens   li  '°  demanda  :  a  Oïstes-vous  onques   parler  de 
Hastens?  »  —  a  Oïl ,  dist  Rolles  ;  boin  commencement 
ot  et  mauvais  definement.  » — a  Voldriés- vous,   dist 
Hastens,  estre  sozmis  au  roi  de  France?  »  —  «  Nenil, 
che  dist  Rolles;  jà  segnour  n'aurons,  ne  autru  don 
ne  prenderons;  mais  moult  nous  plaira  chou  que  nous 
porons   à   force  prendre  et  conquerre.   Mais  fuliés- 
vous-ent  '  '  de  chi ,   et  plus  ne  nos  en  enquerés  ;  car 
tost  le  comperriés.  »  Hastens  s'en  parti,  et  a  tout  ra- 
conté au  duc  Renaut  '  "  chou  que  il  avoit  oï.  Li  dus  de- 
manda consel  de  combatre  soi  as  Danois.  Hastens  11  des- 
loa  ;  et  Rollans  '",  qui  portoit  la  baniere  au  duc,  dist  '  ^  : 

■  Si  ne  li  volt.  —  '  .dccc.  —  '  Il  s'apaisa.  —  *  Mist  à  son.  —  '  Re- 
nols.  —  *  De  France.  —  "  H.  od  grant  est.  —  *  A  Rou  si.  —  »  E.  et  rjue 
il  queroit,  et  de  ses  conipaingnons  qui  il  estoient  et  que  il  queroient, 
et  qui  estoit  lor  sire.  —  "*  Lor.  —  'Et  fuies  tost.  —  "  R.  et  dit  an 
duc  Renolt.  —  "  D.  R.  -   '^U  dist. 


10  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

u  Sire,  aine  ne  veistes  leu  prendre  .i.  autre  leu,  ne 
gourpil  prendre  .i.  '  autre  gourpil.  »  Et  che  disoit-il 
por  chou  que  Hastens  et  Rolles  estoient  Danois.  Has- 
tens  en  ot  honte  ,  si  dist  que  jamais  n'en  parleroit. 
Lors  oïrent  François  messe  à  Saint-Germain,  et  puis 
s'armèrent,  si  assaillirent  les  Danois.  Al  premier  chief, 
lii  ocis  RoUans  qui  portoit  *  la  baniere,  et  François 
lurent  desconfit.  Renaus  li  mareschaus  s'en  torna  en 
fuies.  Puis  porsiui  Rolles  les  François  jusques  à  Mê- 
lant, et  ala  amont  l'aighe  et  assist  Paris,  et  i  fu  tant 
que  viande  li  fali.  Il  preerent  le  pais,  et  envoiierent  à 
la  cité  de  Biauvais^  por  la  proie.  Chil  de  Biauvais  pri- 
sent .i.  Danois  molt  haut  home,  que  on  apieloit  Bo- 
thon  ,  et  por  lui  rendre  orent-il  trives  jusques  à  .i.  an. 
Quant  li  ans  fu  passés,  Rolles  laissa  le  siège  de  Paris, 
et  s'en  ala  à  Biauvais  et  si  le  prist,  et  envoia  la  proie 
et  les  prisons  à  Paris.  Une  damoisiele ,  jentill  feme , 
i  prist  Rolles ,  qui  estoit  apielée  Pepe.  De  li  ot  Rolles 
.i.  lîU  qui  ^  fu  apielés  Guillaumes.  Puis  envoia^  Rolles 
grant  geiit ,  qui  prisent  Evreus^  et  amenèrent  au  siège 
à  Paris  les  prisons.  Li  evesques  Ebar  eschapa  de  la 
villes  Par  celé  aventure  qui  là  avint  as  Danois,  se 
sozmist  grans  partie  des  François  *  à  Rolle  et  li  rendi- 
rent tréus. 

Quant  Englois  sorent  que  Rolles  avoit  assés  en  lui- 
meismes  à  entendre  et  que  il  ne  poroit  faire  secours 
au  roi  Antiaume  d'Engleterre ,  si  le  commencèrent  à 

'  Ne  .i.  goupil  .i.  —  '  Qui  aportoit.  —  ^  Baieuwes  ;  ainsi ,  plus 
loin.  —  *  Qui  par  non.  —  '  Renvoia.  — *  Evrewes;  ainsi,  plus  loin. 
—  -  De  la  vile  s'en  escapa.  —  *  De  France. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  11 

guerroiier  ' ,  tant  que  par  destrece  envoia  li  rois  à  Pa- 
ris por  Rolle;  et  Rolles  se  mist  en  Taighe  à  toute  sa 
gent,  et'  s'en  ala  aidier  au  roi  englois.  Tantiist  Rolles 
en  Engletierre  que  il  fist  venir  ^  les  anemis  le  roi  à  sa 
Yolenté  et  lor  fist  faire  quanques  li  rois  vaut,  et  boins 
ostages  en  donnèrent.  Li  rois  cuida  que  Rolles  vausist 
demorer  en  la  tierre ,  si  li  nouraa  les  pais  et  les  con- 
trées et  les  cités  et  les  castiaus  cpie  il  li  voloit  donner 
por  partie  de  tierre  de  son  règne  "*,  et  moult  li  pria  ke 
il  se  fesist  baptisier  et  que  il  vesquissent  boinement^ 
ensamble.  Rolles,  qui  toz  jors  avoit  eu  en^  raemore 
s'avision,  ne  li  vaut  otriier;  mais  il  proia  le  roi  que 
il  li  otriast  qu'il  en  peust mener  toz  chiaus  de  sa  tierre^ 
ki  ^  s'en  vaurroient  aler  :  boinement  li  otria  li  rois,  et 
moult  li  donna  de  son  avoir.  Rolles  devisa  ses  os  et  atira 
por  aler  ^  en  France  par  trois  lius  :  par  l'aighe  de  Saine, 
par  l'aighe  de  Loire  et  par  l'aighe  de  Gironde.  Ensi 
fu  fait  comme  il  le  devisa.  Rolles  ala  par  l'aighe  de 
Saine  '"  juscpies  à  Sens,  destruisant  la  tierre,  et  amont 
Yone  jusques  à  Auçoirre.  Là  arriesta  jusques  à"  tant 
que  chil  de  s'autre  ost  vinrent  à  lui,  si  se  tinrent  "  par 
devers  Clermont  en  Auviergne  ;  et  chil  de  le  tierce  ost 
alerent  tant  par  l'aighe  de  Loire  que  il  vinrent  à  Saint- 
Beneoit-sor-Loire.  Là  vint  Rolles  à  eus,  et  illuec  s'as- 
semblèrent les  .iij .  os  ;  et  quant  Rolles  vit  le  liu  tant  saint, 
.  si  ne  li  vaut  '^  mal  faire  ne  à  tout  le  pais  '^  saint  Beneoit. 

'  Si  c.  à  g.  le  roi.  —  '  Et  il  et  toute  sa  gent,  si.  —  ^  Que  pai-  force 
fist  revenir.  —  *  P.  p.  del  legne.  —  '  B.  ami.  —  ^  Avoit  en.  —  '  De  sa 
terre  tous  cels.  — '  Qui  od  lui.  —  'A  entrer.  —  '"  S.  à  Paris.  —  '  '  Au- 
cuerrc.  Si  s'i  ariesta.  —  "  Al.,  qui  s'en  vinrent.  —  "Se  n'i  volt.  — 
'*  IVe  al  p.  por. 


12  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

Puis  vinrent  cnsamble,  destruisant  la  lierre,  jusques 
à  Estampes.  Il  voloient  venir  à  Paris  ;  mais  François 
fm-ent  assamblé,  si  les  porsiuirent.  [Rous  s'en  aper- 
çiut  par  la  poudrière  que  il  vit,  si  s'en  retorna  sor  els, 
et  se  combati  à  els  et  les  desconfist  et  ocist.]  Puis  ala, 
destruisant  la  tierre,  jusques  à  Chartres,  que  il  assailli. 
Wanteniaumes'  estoit  evesques  de  la  cité  et  cuens  de 
la  ville.  Il  manda  Richart,  duc  de  Normendie  et  de 
Bourgoigne,  et  Baliert',  le  conte  de  Poitiers,  que  il 
pour  Diu  ^  le  secourussent.  Cliil  vinrent  en  s'aïe  et  as- 
saillirent Tost  des  Danois.  Li  evesques  toz  reviestis 
comm.e  por  canter  la  messe  (et  portoit  en  une  main  la 
chemise  Nostre-Dame  et  en  l'autre  la  vraie  crois)  s'en 
issi  fors  de  la  ville,  et  sa  gens  toute  armée;  si  se  com- 
batirent  à  Rolle,  et  furent  li  Danois  desconfi.  RoUes 
s'en  fui  jusques  en  l'aighe  d'Eure,  et  une  partie  de  sa 
gent  s'en  fui  jusques^  à  .i.  mont  que  on  apiele  d'Eves^, 
près  de  la  cité.  Là  furent  la  nuit  assailli  des  François , 
si  que  il  s'en  eschaperent  k^  grans  paines;  mais  quant 
il  furent  venu  à  Rolle ,  il  en  orent  moult  grant  joie. 

Apriès  chou  ne  troverent  Danois  home  crestiien, 
ferae  ne  enfant,  petit  ne  grant,  ne  oisiel  volant  %  que 
il  n'occissent,  et  que  il  n'arsissent  maisons**,  tant  que 
Charles  li  Simples  prist  consel  à  ses  gens  ;  et  par  son 
conselle  9  envoia  à  Rolle  Franque ,  l'archevesque  de 
Ruem,  si  li  manda  que  il  li  donroit  Gille'°  sa  lille  et  " 

'  Antiaumes.  —  '  Ebalt.  —  '  Por  l'amor  de  Dieu.  —  *  D'E.,  une  i)ar- 
tie  s'en  fui.  —  '  Leues.  —  ^  Es  François  à.  —  "  Ne  beste  vivant  ne 
oiscl.  —  *  ]\e  maisons  que  il  n'arsissent,  et  tout  destruisent.  —  »  Et 
par  lor  conseil.  —  '•Ghisle.  —  "  Od. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  13 

toute  la  tierre  qui  est  dès  l'aighe  d'Aiidele  jusques  à  la 
mer,  et  celé  tierre  que  on  apieloit  adoiit  Neustrie, 
([ui  oie  est  apielcc  Normendie;  mais  Rolles  ne  le  vaut 
pas  faire,  s'iln'avoit  '  tout  la  tierre  dès  l'eve  d'Ethe  dès 
chi  en  la  mer  ;  et  por  chou  que  Normendie  estoit  des- 
truite de  ses'  autres  guerres,  li  restorast^  une  autre 
tierre  por  lui  ^  aidier  tant  que  il  fust  restorés ,  et  en 
franc-fief  et  en  franc-alués,  sans  siervice  faire.  Et  quant 
clie  fut  fait  et  otroié  d'une  part  et  d'autre,  et  que  cis 
afaires  fu  bien  créantes,  si  fu  pris  chis^  parlemens  sour 
l'aighe  d'Ethe  à  Saint-Cler^.  Là  fu  amenés  Rolles  de- 
vant le  roi ,  si  disent  li  François  que  bien  resarabloil 
hom^  de  grant  pooir  et  de  grant  sens  et  de  grant  con- 
sel.  Li  rois  li  vaut  donner  à  ^  Normendie  Flandres  ; 
mais  il  n'en  ot  cure  por  les  palus,  dont  trop  i  avoit  : 
dont  li  otria  li  rois  Bretaigne,  ki  marcissoit  à  Normen- 
die. Par  le  loement  as  barons  de  France  mist  ses  mains 
entre  les  mains  le  roi,  et  ses  pies  entre  ses  pies  ^  (que 
onques  haus^  hom  de  son  linage  n'avoit  fait  à  autre), 
et  ensi  '°  le  saisi  de  Normendie  et  de  Bretaigne  et  de  sa 
fille".  Rolles  ne  l'en  vaut  baisier  lepié,  et'*  François 
disent  ki  tel  don  rechevoit'^  bien  l'en  devoit  baisier  le 
pie.  Rolles  a  respondu  :  «  Jà  devant  home  ne  m'agenoil- 
lerai  ne  pie  '^  ne  baiserai.  »  Tant  li  disent  li  François 
que  il  commanda  à  .i.  sien  chevalier  normant  ke  ilbai- 
sast  le  pie  le  roi  pour  lui  ;  chil  prist  le  pié  le  roi  por 

'  Se  il  n'eust.  —  '  Des.  —  '  Li  otroiast.  —  *  A  lui.  —  '  Li.  —  *  De 
çà  Saint-Cler.  —  -  Otl.  —  '  E.  les  m.  al  r.  de  France....  pies  le  roi. 

—  9  Haus  manque.  —  '°  Et  li  rois  issi.  —  "F.  Gbille.  —  "Et  li. 

—  ■'  R.  del  roi.  —  '^  ISe  pié  d'ounie. 


14  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

Rolle  tout  en  estant ,  et  l'aporta  pour  baisler  à  sa  bou- 
che, si  •  que  il  fist  clieir  le  roi  tout  enviers  :  dont  moult 
fu  ris  et  gabé*  par  la  ville.  Puis  jura  li  rois^  et  li  eves- 
que  et  li  baron  de  France  à  tenir  cel  don  pardura- 
blement  et  à  Rolle  ^  feuté  à  porter  si  comme  en  cou- 
vent li  avoient.  Li  rois  et  li  baron  s'en  alerent,  et 
Robiers  li  mareschaus  de  France  et  li  arclievesques 
de  Ruem  enmenerent  Rolle  et  la  fille  le  roi  ;  si  fu 
Rolles  baptisiés,  et  ot  à  non  Robiers  contre^  le  duch 
Robiert,  qui  le  tint  as  fons.  Puis  fist  toutes  ses  gens 
baptisier. 

Apriès  toutes  ches  choses^  il  apiela  l'arche vesque  de 
Ruem  et  li  demanda  moult  ententivement  lesquelles 
eglyses  de  sa  tierre  estoient  de  gregnour  auctorité. 
«Sire,  dist  li  archevesques ,  celé  de  ceste  ville,  celé 
de  Bayoes ,  celé  d'Evreus  sont  faites  el  non  de  la  glo- 
rieuse Mère  Diu.  Defors  les  murs  de  ceste  ville  est  li 
abbeye  de  Saint-Piere;  là  soloit  estre  li  cors  saint  De- 
nise ,  le  confessour,  qui  por  la  paour  de  vous  fu  portés 
en  France.  A  Gemeges^  est  l'eglyse  saint  Piere  le  por- 
tier de  paradis.  En  le  marche  de  Normendie  et  de  Bre- 
taigne  est  l'eglyse  dou  boin  euré  archangele  saint  Mi- 
chiel  el  péril  de  la  mer;  cestes  sont  les  eglyses  de  sa^ 
tierre  de  gregnor  auctorité.  »  —  «  Sire,  che  dist  Rol- 
les, liquels  est  li  sains  de  ceste  tierre  ^  de  gregnor  auc- 
torité? ))I1  respondi  :  a  Sains  Denis  de  France,  qui  la  loy 
que  nous  tenons  de  Jhesu-Crist  nous  aporta  dechà  les 

■  Si  durement.  —  '  Gabé  et  ris  des  François.  —  '  Li  r.  et  li  arce- 
resque.  —  *  P.  à  Rou  et.  —  '  Soentre.  —  *  A.  chou.  —  '  Gieneges.  — 
'  De  voshp.  —  ''  En  ceste  t.  de  rà  les  mons  qui  est  et  doit  estre. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  15 

mons  ' .  »  Rolles  dist  lors  à  l'archevesque  :  u  Sire  ,  an- 
çois  que  je  devise*  tierre  à  mes  homes,  voel-jou  par 
vostre  consel  donner  de  ma   tierre  à  ces     eglyses.  » 

—  «Dex,  dist  li  archevesques,  lious'^  a  donné  che  con- 
sel.» Le  premerain  jor  donna-il  à  l'eglyse  de  Ruem  les 
provendes  k'ele  a  encore  sor  le  rivière  d'Aine  ;  l'autre 
jor  après  donna-il  à  l'eglyse  de  Bayoes%  au  quart  jor 
donna-il  à  Saint-Pierre  et  à  Saint-Aychadre  ^  de  Ge- 
meges,  au  siste  jor  donna-il  à  Tabbeye  dou  Mont- 
Saint-Michiel ,  au  .vij.isme  jor  donna-il  Bierneval  sour 
la  mer  à  ^  Saint-Denis  en  France  ,  et  au  witisme  jor  fu 
desaubés;  si  donna  tierre  à  ses  chevaliers.  Puis  espousa- 
il  sa  feme  et  fist  ses  noeces ,  et  fîst  crier  ferme  pais  par 
toute  sa  tierre,  et  que  nus  ne  fust  tant  hardis  sour  sa  vie 
k'il  ^  emblast  ne  tolist  ne  revesist  nulle  riens  à  autrui , 
ne  qui  bieste  de  charrue  gardast  por  crieme  de  lar- 
ron ne  ki  à  charrue  meffesist.  Por  la  fiance  de  che 
commandement  lassa  uns  vilains  .i.  jour  ses  fiers  à  sa 
karrue,  et  ala  mangier.  Sa  feme  le  laidi  por  chou  moult 
de  parole,  tant  qu'il  le  feri;  elle  li  donna  à  mangier, 
puis  ala  en  larrechin,  et  si  embla  à  son  segnor  les  fiers 
de  sa  karue  et  si  les  repust.  Quant  li  vilains  ot  mangié, 
il  ala  à  sa  karrue;  et  quant  il  ne  trouva  ses  fiers,  si  en 
fu  moult  dolans.  Il  repaira  à  son  hostel,  si  le  dist  à  sa 
feme.  «  Or  aies,  dist-elle,  au  duc ,  si  verres  quel  droit 
il  vos  en  fera.  »  Chil  ala  à  Rolle ,  si  li  conta  com- 

'  Le  ms.  S.-G.  ajoute  :  Et  nostre  aToés  est  enviers  nostre  Segnor. 

—  '  Doingne.  —  '  En  aumosne  à.  —  *  Vos.  —  *  11  de  B.  et  puis  apriès 
à  celi  d'Evrewes.   —  '  Aiquadre.  —  '  Od  toutes  les  apartenances  à. 

—  'Qui. 


16  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

ment  il  avoit  pierdus  ses  fiers  à  sa  karrue.  Li  dus  li  fist 
donner  .v.  sous,  et  apriès  fist  porter  le  feu  del  juyse  h 
tout  le  pais  por  le  larron  trouver,  et  tout  furent  sauf. 

Quant'    li   dus  vit  chou,    si  apiela   l'archevesque 
Franque  ' ,  si  li  demanda  comment  chou  estoit  que  il 
estoient  ensi  '   tout  eschapé.  «  Sire ,  dist  li  archeves- 
ques ,  por  chou  que  li  feus  n'a  pas  trouvé  le  larron.» 
Puis  fist  porter  li  dus  à  tout  le  remanant  de  la  gent  le 
feu,  et  tout  furent  sauvé.  Li  dus,  quant  il  vit  chou, 
manda  le  vilain,  et  il  i  vint,  et  il  li  demanda  se  nus 
savoit  ù  il  aroit.  «  Oïl,  sire,  dist  li  vilains  :  ma  feme.  » 
Li  dus  fist  raetre  à  destroit  la  feme  au  vilain  ,  qui  tout 
connut  comment  elle  avoit  esploitié.  Lors  apiela  li  dus 
le  vilain,  et  li  demanda  se  il  savoit  ke  sa  feme  fust  lar- 
nesse.  «Oïl,  sire  )),  dist  li  vilains.  Li  dus  li  dist  :  «Tu 
seras  pendus  avoec  li  par  .ij .  jugemens  :  li  uns  si  est  por 
chou  que  tu  ies  ses  chiés ,  si  ne  le  castioies  pas  ;  et  li 
autres  por  chou  que  tu  estoies  consentans  de  son  larre- 
cin.»  Ensi  fu   li  vilains  pendus,  et  sa  feme  pendue. 
Puis  avint  que  li  rois  de  France  envoia  .ij.  chevaliers  à 
Gillain  ^  sa  fille  ;  mais  li  livres  ne  dist  pas  por  coi  ne 
pour  quel  raison  "  ;  mais  li  livres  dist  que  la  dame  les 
cela  longhement  en  sa  chambre ,  et  tant  que  il  furent 
encusé  au  duc.  Il  les  fist  prendre  et  mener  en  mi  le 
marchié  de  Ruem  et  destruire.  De  ^  chou  fu-il  moult 
mellés  au  roi.  Quant  li  dus  Robiers  de  France  sot  et 
connut  que  il  iert  mellés  au  roi ,  il  li  aidast  "  comme  à 
son  filloel  cjue  il  li  aidast  et  il  chaceroit  le  roi  del  règne. 

'  Apn-s  q.  —  '  Fouque.  —  '  Si  faitement.  —  ^  Ghille.  —  '  Ne  por 
quel  essninne.  —  *  R. ,  si  les  fist  <1-  Par.  —  ">  Manda. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  17 

Li  dus  responcli  as  messages  :  (c  Je  voel  bien  ke  il  li 
toille  de  ses  possessions;  mais  à  faire  honte  à  la  cou- 
ronne ne  donroie-je  pas  assens.»  Lors  commencha  la 
guerre  entre  le  duc  et  le  roi.  Rolles  estoit  de  grant 
aage,  si  n'avoit  nul  enfant  de  Gillain  "  la  fille  le  roi  :  à 
Guillaume,  son  fîll  que  il  avoit  de  Pepe,  donna-il  tout 
son  hiretage  ;  si  fist  à  toz  les  '  barons  de  Bretaigne  et  de 
Normendie  et  de  sa  ticrre  toute  ^  ses  homes  devenir  et 
jurer  feutc.  Puis  que  il  lot  fait  duc,  vescui-il  .v.  ans. 
Mors,  qui  nullui  n'espargne ,  au  kief  de  ces  .v.  ans 
prist  le  boin  duc  Rolle;  si  fn  enfouis,  quant  il  fu 
mors,  en  le  mere-eglyse  de  Ruem  par  devers  le  Mag- 
delaine. 

Guillaumes,  ses  fils ,  fu  en  s'enfance  balliés  ^  l\  garder 
al  conte  Boton,  qui  Danois  estoit.  Moult  ama  Diu  %  et 
tint  droites  lois  et  fîst  loiaus  jugemens  ;  toz  jours  faisoit 
boines  oevres  ,  et  si  avoit  en  propos  de  devenir  moines 
à  Gemeges;  mais  si  home,  ki  che  sorent,  li  desenorte- 
rent  de  tout  leur  pooir,  et  il  en  crei  adont  lor  conseil 
Brethon  se  vaurrent  oster  de  sa  signorrie;  mais  li  dus, 
qui  chou  sot  et  entendi ,  ala  sour  aus  et  si  passa  l'aighe 
de  Coisnon  ,  et  li  Breton  s'en  fuirent  chà  et  là  et  s'en 
alerent  as  bois.  Quant  li  dus  ot  aie  par  toute  Bretaigne, 
si  s'en  repaira  à  Ruem  ;  et  li  Breton ,  quant  il  furent 
repairié%  s'assamblerent  et  s'en  alerent^  sour  Nor- 
mendie et  s'en  vinrent  droit  à  la  cité  de  Bayoes.  Li  dus 
Guillaumes,  qui  dire  l'oï,  prist  ses  gens  et  assambla  ses 

'  Ghille.  —  '  Ses.  —  '  Les  cinq  mois  piecedents  manquent  dans  le 
ms.  S.-G.  —  "Cargié.s.  —  "^  D.  et  crciiii.  —  ''  I.e  conseil  do  ses  homes. 
—  7  S'en  fu  rcpairiés.  —  *  Et  alerent. 

2 


18  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

os ,  et  si  ala  sour  eus  et  lor  fii  à  l'adevancier  '  ;  si  les 
desconfi  et  ocist  moult  de  leur  gent,  et'  entra  en  la 
tierre  et  le  destruist.  Quant  li  cuens  Alains  et  li  cuens 
Berengiers  virent  que  il  ne  porent  durer  à  lui,  il  man- 
dèrent pais  au  duc  et  li  crièrent  mierclii,  et  si  disent 
quo  quant  k'il  avoient  fait  au  père  feroient-il  au  fill. 
Li  dus  pardonna  au  conte  Bcrengier  sonmesfait;  mais 
le  conte  Alain  ne  vaut-il  pardonner  le  sien ,  ains  l'es- 
cilla  et  Venchaça  en  Engletierre;  car  il  avoit  faite  toute 
la  guerre,  clie  disoit  li  dus.  Puis  espousa  li  dus  une 
damoisiele  dou  linage    des  François.  Hues  H  mares- 
chaus  de  France  et  li  cuens  Herbiers,  por  avoir  s'a- 
mour,  s'aliierent  à  lui  par  sairement  ;  mais  puis  li  faus- 
serent-il.  Riols  del  Mans  ala  à  lui  o^  grantplenté  des 
barons  de  Normendie ,  si  lisent  conjuracion  contre  le 
duc,  et  si  li  mandèrent  à  Ruem  que  il  jà  ne  seroient 
ami  ^,  se  il  en  boine  pais  et  sans  noise  ne  lor  lassoit 
tenir  toute  ^  la  tierre  de  là  Risle.  Quant  li  dus  oï  cel 
mandement,  mervelle  en  ot,  si  respondi  :  «  Chou  que 
il  me  demandent  n'est  pas  à  moi  à  donner  ;  mais  pren- 
gent  mon  or  et  mon  argent  et  mes  chevaus  ^  ;  et  si 
soient  segnour  de  moi  et  rai  ami.  »  Quant  Riols  ot  oï 
che  mandement -,  si  dist  à  ses  compaignons  :  «  Moult 
autre  chose  pense  k'il  ne  respont  ;  mais  alons  sor  lui, 
si  li  tolons  la  tierre,  car  il  n'i  doit  avoir  iretage.  \  oist^ 
s'ent  en  Danemarche  à  ses  parens.»  Ensi  s'en  alerent 
som^  le  duc  Guillaume,  si  assisent  Ruem  par  devers 

'  Et  les  adevança,  si  lor  coru  sus.  —  '  Et  puis.  —  '  Riouls  del  M. 
apiela  à  soi.  —  *  Si  ami.  —  '  L.  toute.  —  ^'  Et  in.  ch  et  mes  armes. 
. —  '  Cel  renoncement  —  "  Mais  voist. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  19 

Saint-Gervais  el  camp  de  la  batalllo.  Quant  li  dus  vit 
che,  il  lor  manda  que  il  s'en  alassent,  et  il  lor  otrie- 
roit'  toute  la  tierre  jusques  à  l'aiglie  de  Saine.  Cliil  ne 
le  vorrent  faire,  qui  bien  cuidierent  avoir  la  force.  Li 
dus,  quant  il  vit  k'il  ne  vaurroient  che  faire,  issi  ""  de 
la  ville  et  ala  à  Mont-Sainte-Katerine ,  si  esgarda  l'ost 
de  ses  anemis;  car  savoir  voloit  ^  se  il  à  els  se  poroit 
combatre.  Moult  vit  grande  lor  ost,  si  apiela  à  soi  le 
conte  Biertran ,  si  li  dist  :  «  Je  voel  aler  à  Scnslis  au 
conte  Biernart ,  mon  segneur>et  mon  serouge,  por  aïe 
querre  et  consel  ^.  »  Li  cuens  Biertrans  li  respondi  : 
«  Nos  destruisimes  les  François  et  lor  pères  et  lor  an- 
cissours  :  sachiés  que  jà  li  François  ne  nos  ameront  ; 
nos  lor  t[o]lismesquanques  nos  avons.  Or  voi-je^bien 
ke  nos  sommes  sans  segneur  :  arrière  en  Danemarche 
nous  en  convenia  râler.  ^  ous  ne  resamblés  pas  vostre 
boin  père,  le  duc  Rolle.»  Quant  li  dus  otoïe  ^  la  parole 
que  li  cuens  Biernars  li  avoit  dite,  si  respondi  :  a  Vérité 
avés  dif;  mais  che  sachiés-vous  que  je  serai  li  preme- 
rains  qui  contre  mes  anemis  s'en  istera  chà  fors  ;  et  or 
verrai-jou  qui  o  moi  s'en  istera.»  Li  dus  nombra  cels 
qui  o  lui  voloient  ^  issir  ,  et  puis  jura  sor  sains  et  lor  s 
fist  jurer  ke  '°  jà  ne  li  fauroient;  si  furent  .iij^.  bien 
armé  chil  qui  li  jurèrent".  0  ceus  s'en  issi  îi  cuens  en- 
contre "  ses  anemis,  si  lor  avint  si  biele  aventure  que 
il  les  troverent  toz  desarmés.  Tant  ferirent  à  destre  et 

'  Otrioit.  —  "  Que  il  clioii  ne  voldrent  f.,  si  s'en  i. —  ^  A.  :  savoir.  — 
^  Et  c.  manquent  dans  le  ms.  S.-G.  —  '  Or  veons-nous.  —  "^  D.  oï. 
— ^  "  D.  :  «  Veiité  a.  dite,  dist  li  dus.  —  *  S'en  voldrent.  —  '  Et  puis 
lor.  —  '°  Sor  sains  ke.  —  "  Qui  j.  —  "  Li  dus  contre. 


20  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

à  seniestre  que  moult  en  ocisent ,  et  grant  partie  en  i 
ot  de  noiiés  ',  et  li  autre  partie  s'en  fui  es  bois.  Riols 
s'en  fui  au  bois,  si  ne  pot  estre  trouvés. 

Quant  li  dus  en  après  la  bataille  ot  ses  chevaliers 
nombres ,  si  trova  que  il  n'en  avoit  nul  '  pierdu  :  dont 
rendl  moult  grans  grasses  à  Diu.  Et  ançois  k'il  vcnist 
en  la  ville  li  dist  uns  messages  ^  que  il  avoit  .j.  tlU  de  sa 
femme,  qu'il  avoit  envoie  à  l'abbeye  de  Fescamp  sor  la 
mer  por  clie  ke,  s'ele  oïst  mauvaise  noviele,  elle  s'en 
alast  en  Engletierre.  Il  envoia  l'evesque  de  Bayoes  et 
Bothon,  qui  cuens  estoit,  à  Fescamp  sor  la  mer,  qui 
levèrent  l'enfant  de  fons;  si  ot  non  Richars  ^.  Puis  celé 
eure  fu  li  dus  en  pais  ;  et  si  ne  fu  puis  nus  hom  qui 
guerre  li  feist,  puisque  il  oïst  de  lui  parler  :  tant  estoit 
doutés!  En  cel  tans  vinrent  à  lui  Hues  li  Grans  et  li 
cuens  Herbiers  et  Guillaumes  11  dus  de  Poitiers.  Moult 
les  rechut  liement'  li  dus,  et  toz  tans  furent  puis  boln 
ami  ensamble.  Puis  espousa  li  cuens  de  Poitiers  la  se- 
rour  au  duc.  Quant  Antiaumes  li  rois  d'Engletierre  oï 
diie  que  li  dus  estoit  tant  poissans,  il  11  manda  por 
Diu  et  por  miséricorde  que  il  feist  por  Diu  et  por  mi- 
séricorde' rapieler  Looys,  qui  fu  fds  Charlon  le  Sim- 
ple ,  que  li  François  en  avolent  chacié.  Chil  Charles  11 
Simples  estoit  jà  mors  en  la  prison  le  conte  Herbiert  de  ^ 
Viermendois.  Et  si  manda  encore  11  rois  au  duc  que  il, 
por  Diu ,  pardonnast  au  conte  Alain  de  Bretaigne  son 
mautalent.  Par  le  consel  et  par  le  pourchas  au  duc  fu 

'  Ot  noies.  —  "  Si  vil  rj.  il  onques  n'en  i  avoit  .i.  —  ^  Li  vint  u.  m. 
([ui  li  dist.  —  ^  Ricliiers.  —  ''  Helement.  —  *  M.  feist  as  François. 
—  '  Le  c.  de. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  21 

Looys  rapides  des  François,  si  fu  rois  ;  et  li  cucns  Alains 
fu  mius  douduc  que  devant  par  '  la  proiere  le  roi  d'Eu- 
gletierre.  Et  après  le  couronnement  celui  Looys  se  re- 
\elerent'  li  François  contre  lui  :  par  coi  li  rois  s'en  ala 
euNormendie  au  roi^querre  consel  et  aïe.  11  le  trova 
à  Bayoes;  mais  li  dus  l'en  amena  à  Roem  à  grant  joie, 
et  illuec  prisent  .i.  parlement  d'aler  au  roi  Henri  d'ou- 
tre le  Rin.  Ensi  fu  fait  comme  il  devisèrent,  si  se  misent 
tout  ensamble  à  la  voie  et  s'en  alerent  à  cel  parlement 
que  il  orent  devise.  Hues  li  Grans  et  li  cuens  Herbiers 
se  misent  à  la  voie  por  aler  avoec  eus  ;  mais  por  chou 
que  mellée  ne  soursist  entre  lor  gent  par  aucune  aven- 
tm-e,  s'en  alerent  devant  li  rois  et  li  dus  mie  jornée, 
et  chil  s'en  alerent  apriès. 

Li  rois  Henris  estoit  à  Osaing^  outre  le  Rin  sour 
Muese  :  là  vinrent  à  lui  li  rois  Looys  et  li  dus  ;  et  tant 
firent  à  cel  parlement  que  li  doi  roi ,  par  le  pouclias  ' 
;îu  duc,  furent  juré  en  une  amour  et  que  li  uns  aide- 
roit^  l'autre  à  son  besoing.  A  cel  parlement  fu  loés  li 
dus  sor  toz  homes.  Li  dus  mena  à  cel  parlement  .v*".  che- 
valiers; puis  prisent  congié  de  repairier.  Si  comme  il 
revinrent  pries  de  Monloon ,  uns  messages  vint  encon- 
tre le  roi ,  kiMi  dist  que  il  avoit  .i.  fîU  de  la  roine  sa 
feme.  Quant  li  rois  oï  ceste  noviele,  si  requist  au  duc 
que  il  levast  son  enfant  **.  Li  dus  li  otria  moult  de- 
boinairement.  Lendemain,  defors  la  ville,  en  .i.  liu 
que  on   apiele  Ebrax  %   ot  moult  grant  porciession 

■  Por.  —  '  L.  levelerent.  —  '  Al  duc.  —  *  Wosengue.  —  *  Per- 
chas. —  ^  A.  al.  —  'Si.  —  •  Le  d.  qu'il  tenist  s.  e.  as  foos.  — 
'  Hebrax. 


22  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

d'evesques  '  et  clou  clergié;  et  11  dus  Gulllaumes"  levu 
l'enfant  de  fons,  si  fu  apielés  Lohiers.  En  aprics  chou 
prist  11  dus  conglc  au  roi,  si  s'en  repaira  en  INormen- 
die  et  s'en  vint  à  Piuem ,  où  il  fu  recheus  à  moult 
grant^  joie.  Puis  ne  demoura  galres  que  il  s'en  ala  à 
l'abbeye  de  Gemeges,  Martins  estoit  en  cel  tans  apelés 
11  abbés.  Li  dus,  qui  en  pensé  avolt  d'i[e]stie  moines, 
le  tralst  à  ^  une  part,  si  11  enquist  comment  c'estolt  ke 
sainte  Eglyse  estoit  de  tant  de^  manières  de  gens,  de 
clers,  de  lays,  de '^  religion  et  sans  leleglon ,  et  se 
tout  auroient  ywel  deslerte.  Ll  abbés  11  respondi  :  or  Qui 
plus  fera,  plus  aura.  Cascuns  selonc  sa  deslerte''  re- 
chcAra  son  loller.  »  Des  .ij.  vies  de  cest  siècle  11  conta 
11  abbés  comment  li  une  est  aspre ,  celé  qui  plus  de- 
siert;  et  11  autre  est  larghe,  celé  qui  plus  aquiert.  Pour 
celé  parole  que  11  abbés  dlst  au  duc,  vaut  11  dus  tan- 
tost  m.oines  devenir.  Et  quant  li  dus^  l'oï,  giant  mer- 
velle  en  otet  grant  paour;  si  11  dlst  que  bolns  moines 
estoit  chil  qui  en  droites  loys  tenoit  tierre,  et  si  11 
moustra  par  bleles  raisons  comment  Normendie  serolt 
destruite  et  desconsellle  et  dieu  en  grant  perill,  se  11 
devenolt  moines.  Moult  11  desammonesta  ;  mais  on- 
ques  "^  ne  le  pot  oster  de  son  penser,  por  chose  nulle  que 
il""  seust  dire.  Et  quant  II  orent  assés  ensamble  consei- 
llé, 11  dus  issl  "  del  parloir;  et  11  moine  11  chalrent  as 
plés,  si  11  prolerent  por  Diu  que  il  preslst  la  charité  de 
lalens  "  au  dlsner.  Il  estoit  courechlés  por  l'abbé  qui  son 

■  Des  e  —  '  G.  manque  dans  le  ms.  S.-O.  —  '  A  g.  —  "A  coaseil 
(V.  _  ■>  Faite  de  tantes.  —  ''  Od.  —  '  Son  travail.  —  *  Li  abés.  — 
'»  Mais  il.  —  '"  Por  chose  qu'il.  —  "  S'en  issi.  —  "  De  la  maison. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  23 

plaisir  li  refusa  ',  si  refusa  lor  carité  et  s'en  ala  à  Ruem. 
Cele  nuit  meismes  li  prist  maladie  en  son  lit,  et  il 
cuida  certainement  ke  che  fust  por  le  pechié  de  clie 
([u'il  avoit  refusé  le  carité  as  moines.  Quant  il  fu  ^aris, 
il  apiela  toz  ses  baron ,  et  si  lor  dist  son  pensé  et  en 
quel  manière  il  voloit  devenir  moines  ;  mais  si  baron , 
qui  moult  en  furent  doiant,  li  desamonnesterent  moult  ; 
mais  il  n'i  porent  m^etre  fin.  Lors  fist  li  dus  à  toz  ses 
barons  jurer  feuté  à  Richart  son  fill,  et  tous  les  fist  ses 
homes  devenir.  En  cel  tans  avint,  par  le  consel  al  dea- 
ble  qui  toz  tans  destourbe  le  bien  à  faire ,  que  guerre 
esmut'  entre  les  barons  de  France.  En  Flandres  estoit 
li  cuens  Arnous  %  qui  toli  al  conte  Herluin^  Mouste- 
roel;  chil  ala  querre  aïe  à  Huon  le  Grant.  Chil  li  res- 
pondi  que  li  cuens  Arnous  estoit  ses  ara^is ,  si  ne  li 
aideroit  pas  encontre  lui.  Chil ,  quant  il  oï  chou,  s'en 
vint  au  duc  Guillaume  en  Normendie,  si  li  conta  ^  son 
besoing  moult  humlement  :  par  coi  li  dus  prist  Nor- 
mans  et  Bretons  et  ala  sor  le  conte  Arnoul;  et  quant  il 
vint  si  priés  dou  castiel  qu'il  le  pot  bien  veir,  si  apiela 
Constentinois  et  lor  dist  que  il  alassent  et  li  aportas- 
sent  à  grant  plenté  des  quarriaus  del  mur  de  la  ville 
qui  estoient  en  la  costiere  devers  lui.  Cil  le  fîsent  tout 
si  faitement  que  il  l'ot  commandé,  si  prisent  la  ville  et 
li  amenèrent  les  '  prisons  que  il  prisent  à  ^  l'encontre. 
Adont  en  cele  nuit  meismes  se  herbrega  li  dus  dedens 
le  castiel.  Lendemain  le  rendi  au  conte  Herluin  et  li 
fist  moult  bien  garnir,  et  li  proumist  s'aïe  et  son  con- 

■  Qui  l'avoit  refusé.  —  ^  Que  il  escomraut.  —  '  Ernols.  —  ''  Her- 
lewin.  —  '  En  tant  que  il.  —  ^  Dist.  —  '  Tous  les.  —  "  En  la  vile  à 


24  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

sel  à  toz  jors  contre  toz  homes.  Puis  s'en  repaira  11  dus 
en  Normendie.  Li  cuens  Arnous  de  Flandre,  quant  il 
\it  chou  que  li  dus  li  ot  fait,  si  fu  moult  dolans  ;  et 
pensa  comment  il  poroit  trahir  le  duc  le'  segnor  de 
Normendie.  Une  mervelleuse  trahison  porpensa  :  il  11 
envola    .1.  raessagier,  si    11  manda  salus  comme  à  son 
segnor,  et  si  11  manda  que  il  tant  estolt  souspris  de  la 
maladie  de  llepre  que  il  ne  poolt  mais  tierre  tenir,  et 
manda  que  par  son  consel  A^orroit-li  ""  estre  apaislés  au 
conte  rierluin ,  et  il  ^  meismies  devlsast  la  pals  ^,  et  il  se 
tenrolt  à  che  que  11  dus  esgarderoit.  LI  dus  en  prist  consel 
au  conte  Herluin  ;  et  11  cuens  11  loa  bien  ,  qui  garde  ne 
s'en  donnoit  de  nulle  trahison.  Li  parlemens  fu  pris  ; 
li  dus  1   ala,  si  s'en  vint  droit  à  la  cité  d'Amiens,  et  11 
cuens  Arnous  s'en  vint  de  l'autre  part  à  Corbie.  Lors 
envola  11  cuens  au  duc'',  et  si  11  pria  que  il  s'en  alast 
jusques  à  Plkegny  %   si  que  11  aighe  de  Somme  '  fust 
entre  aus  deus.  Li  dus  le  fîst  volentiers ,  si  s'en  ala  là 
tout  droit;  et  quant  il  1  vint,  11  cuens  Arnous  s'estolt 
fais  porter,  lui  quart,  en  une  illete  ;  si  manda  au  duc 
que  11  se  feslst  amener^  lui  .xlj.lsme  en  celé  yllette. 
Ensl  le  fist  11  dus;   et  quant  11  fu  arrivés,   11  cuens 
Arnous  se  leva  et  vint  encontre  lui   doutant,   si  le 
balsa ,   et  cria  merchi  que  il  tout  à  sa  volenté  rae- 
sist  pais  entre  lui  et  le  conte  Herluin.  Si  11  dlst  moult 
humlement    :    «  Sire,    soles    mes    escus,    soies    mes 
desfendemens.    A  vous,  dlst- il,   renc-jou  mol  et 

'  Le  boen.  —  "  Par  le  conseil  al  duc  chou  manda-il  voloit-il.  —  ^  Et 
que  li  dus.  —  ''  Lor  terres  et  le  pais.  —  '  Si  e.  al  duc.  —  ''  Tressi  qu'à 
Pinkegoi.  —  '  Soume.  —  '  F.  porter  en  une  nef.  , 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  25 

ma  tierre;  et  après  moi  en  soies  sires,   car  ainsi  le 
voel-jou.  » 

Li  dus,  quant  il  oï  chou  que  li  cuens  dist,  cuida 
que  ses  cuers  respondist  à  sa  bouche  et  que  loiauté 
desist  ;  si  fist  la  pais  entre  aus  deus  ;  et  quant  elle  fu 
jurée  à  tenir,  si  prisent  consel  '  et  s'en  départirent.  Li 
dus  entra  toz  seus  en  .i.  batiel,  et  si  .xij.  compaignon 
en  .i.  autre.  Li  dus  si  comme  il  s'en  aloit  en  son  '  ba- 
tiel et  si  compaignon  en  l'autre,  si  que^  \ous  avcs  oï, 
s'en  vinrent  lois  ester  sour  la  rive  li  troi  compaignon 
au  conte  Arnoul ,  ki  ensi  orent  à  non  comme  vous 
orés  :  Hervius^  ot  non  li  uns,  et  Baudes  ^  li  Cors  li  autres, 
et  Robiers  Riols  li  tiers;  si  commencierent  à  apieler 
le  duc  et  à  dire  ^  :  a  Sire  %  encore  veut  mcsires  parler 
à  vous,  et  si  vous  dira  tel  chose  ki  plus  vous  plaira  ke 
quankes  il  vous  a  dit.  ;>  Voirs  est  que  de  trahison  ne 
se  puet  nus  garder  :  li  dus  s'en  retorna  arrière  ;  et  si 
comme  il  fu  à  la  rive ,  chil ,  qui  armé  desoz  lor  capes 
estoient,  saillirent  et  l'ocisent  voiant  sa  gent,  qui  ne 
li  porent  aidier.  Flamenc  s'en  alerent ,  et  Normant 
prisent  le  cors  de  lor  segnor  et  l'aporterent  tout  plou- 
rant  et  lamentant  ^  à  Roem ,  ù  li  deus  en  fu  grans. 
A  son  brayoel  ot  trové  une  clef  d'argent,  qui  gardoit 
en  .i.  escrin  toz  les  aornemens  dont  il  devoit  devenir 
moines.  Ançois  que  il  fust  enfouis,  rechut  Richars  les 
feutés  et  les  homages  '  des  barons  ;  et  en  apriès  l'en- 

'  Congiet.  —  '  En  l'un.  —  '  Con.  —  ''  Eurius.  —  '  Baisses.  —  ^  Ces 
trois  mots  manquent  dans  le  m,s.  S.-G.  —  '  «  Sire,  sire,  tornés  arrière, 
car.  —  '  Gainientanl  sor  leur  cors.  —  '  Ricars  ses  fils  tous  les  h.  et 
les  feeltés. 


20  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

llercment  fii  fais  tins  en  l'eglyse  '.  lîereiiglers  et 
Alaius,  li  doi  conte  de  Bretaigne ,  Il  lisent  en  celui 
jor  melsmes  hoiimage. 

Quant  Normant  et  Brethon  orent  fait  Richart  duc 
de  Nôrmendie,  li  rois''  de  France,  qui  novieles  avoit 
oïesde  la  mort  le  duc,  qui  par  si  grant  trahison  avoit 
esté^  ocis,  se  list  par  samblant  moult  dolant  de  sa  mort, 
et  dist  que  jamais  li  trahitres  s'amour  n'aura.  Moult 
grant  plenté  de  gent  manda ,  si  s'en  vint  à  Roem,  et 
demanda  consel  comment  il  vengeroit  la  mort  le  duc  ; 
puis  fist  li  rois  le  petit  duc  venir  devant  lui,  moult  le 
baisa  et  fist  biel  samblant  et  le  retint  au  mengier  avoec 
lui.  L'autre  jor  apriès  cliil  ki  le  gardoient  l'en  vaurrent 
mener  por  baignier^j  mais  li  rois  ne  lor  lassa.  Ense- 
ment  l'autre  jor  apriès  lor  desfendi  li  rois  et  bien  dist"* 
que  il  ne  l'enmenroient  pas,  tant  ke  chil  de  la  ville 
disent  k'à  force  le  voloit  li  rois  tenir.  La  menue  gent 
de  la  ville  s'arma  toute ,  si  s'en  alerent  as  maisons  des 
.iij.  contes  de  la  ville,  et  si  disent  ke  vendu  et  trahi 
orent  lor  segnor,  Richart  le  petit  duc ,  si  comme  il 
avoient  fait  son  père;  mais  jà  li  rois  ne  il  meismes  n'en 
eschaperoient^  Li  cuens  Bernars  lor  dist  :  «Sonnés 
la  commugne.  »  Et  il  si  fisent  tantost,  et  la  ville  fu 
lues  estourmie.  Et  li  rois  demanda  quels  noise  c'es- 
toit^  Sur  che  li  dist  li  cuens  Bernars  :  a  La  com- 
mugne de  ceste  ville  vos  vient  assaillir  por  chou  que 
vous  à  force  tenés  lor  segnor  Richart  %  chou  dient. 

'  En  la  racre  e.  —  "  Li  r.  Loeys  —  '  Estoit.  —  ^  B.  en  une  maison. 

—  '  Deffendoit....  disoit.  —  *  Escaperont.  —  '  Chou  estoit  qu'il  ooit. 

—  "  Sire.  —  "A.  por  ior  segnor  l'enfant,  car  à  force  le  tenés. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  27 

Jà  de  lor  mains  n'escaperés;  car  moult  sont  félon  et 
cruel,  et  s'est  la  force  ore  leur.  »  Et  li  rois  demanda 
moult  en  liaste  comment  il  poroit  escliaper.  Li  cuens 
Bernarsli  dist  :  «Sire,  aies  et  si  prendés  l'enfant  entre 
vos  bras  et  si  lor  rendes  ,  et  jurés  et  aifremés  que  tous 
n'aviës  vers  lui  mauvais  pensé  ne  mauvaise  volenté.  » 
Li  rois  prist  l'enfant,  et  lor  porta  entre  ses  bras,  et 
lor  dist  :  aBiau  segnor  ',  veés  chi  vo  segneur  :  je  *  ne 
le  vous  voel  pas  tolir  ;  mais  je  estoie  venus  en  ceste 
ville  prendre  consel  à  vous  comment  je  poroie  vengier 
la  mort  son  père,  qui  me  rapiela  d'Engletiere.  Il  me 
fist  roi,  il  me  fist  avoir  l'amour  le  roi  d'Alemaigne,  il 
leva  men  fil  de  fons ,  il  me  list  toz  les  biens,  et  jou  en 
renderai  au  fill  le  guerredon,  se  je  puis.  ))  Li  rois  fîst 
aporter  les  saintuaires  de  l'eglyse  ;  et  jura  feaiité  à  l'en- 
fant, voiant  la  gent  de  la  ville,  que^  il  li  porteroit 
foi  si  comme  sires  devoit  faire  à  son  home  ;  et  à  toz  les 
chevaliers  de  la  tierre  fist  jurer  feuté  à  l'enfant.  Puis 
ala  li  rois  à  Evreus,  et  puis  s'en  revint  apriès  à  Ruem, 
et  si  dist  as  Normans  :  h  Jou  m'en  vois  à  Mont-Looiî  : 
apparcUiés-AOus ,  quant  je  vous  manderai;  car  je  voel 
vengier  la  mort  le  duc  si  durement  que  je  destruirai 
toute  Flandres ,  ne  jamais  chil  ki  che  fisent  n'aront  ma 
pais'^;  et  se  vos  voliés  soufrir  que  chius  enfès  fust  nor- 
ris  en  mon  palais,  plus  en  seroit  sages  et  mius  vail- 
lans.  »  Par  ches  paroles  furent  Noimant  decheu,  et  en 
laissierent  al  roi  m.ener  l'enfanta  Mont-Loon. 

Quant  li  rois  fu  venus  à  Mont  -  Loon ,  li  cuens  de 
Flandres  l'oï  dire ,  qui  grant  paour  ot  de  lui.  Il  manda 

'  P.  et  si  d.     S.  —  '  S.     tcnés-Ie:  jou.    -  "  Et  que-  —  •  M'amour 


28  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

salus  au  roi  et  slervice ,  et  si  li  envola  .x.  livres  d'oi', 
et  11  manda  que  par  juyse  de  feu  se  venroit  escondlre 
([ue  11  ne  fu  parcouniers  de  la  mort  le  duc,  et  toz  cels 
tju[l]  le  murdre  lisent  '  avolt-ll  escilliés,  et  si  11  prou- 
mlst  avoec  tout  clie  que  cascun  an  11  renderolt  *  tréliu. 
Et  li  rois,  par  la  covoitise  qu'il  ot  de  la  promesse, 
pardonna  au  conte  son  mautalent ,  et  si  list  destroite- 
ment  garder  l'enfant.  Osmons,  qulTenfant  ensegnoit, 
l'en  mena  .1.  jor  en  rivière;  et,  quant  il  revint,  la 
roine  Engebierge  dist  que ,  se  il  jamais  l'enmenoit 
fors  des  murs,  elle  11  ferolt  les  ielx  crever^,  et  al  en- 
fant les  jarès  rostir.  Quant  Osmons  oï  chou,  il  manda 
as  Normans  et  as  Bretons  que  ensl  tenolt-on  lor  se- 
gnour  en  prison.  Moult  en  furent  dolant,  si  en  firent 
prolereset  orisons  et  porciesslons,  et  si  i  envoient  .ilj. 
fols  la  semaine;  et  estoient  .ilj.  jors  le  mois  11  haut 
home  viestu  de  sas,  et  si  glsoient  es  cendres  et  prloient 
à  Diu  que  il  '"  ostast  lor  segnor  des  mains  le  roi  de 
France.  Dex  en  oï  lor  proieres.  Or  oliés  comment  il  ^ 
fu  délivrés.  Li  enfès  se  fist  malade  par  le  consel  Os- 
mont  son  malstre ,  et  tant  que  chil  qui  gardolent  l'en- 
fant ^  se  désespérèrent  de  sa  vie  et  que  la  noviele  en  fu 
moult  grans  par  **  la  cite  de  Mont-Loon  que  li  enfès  se 
moroit.  Une  eure  avint,  si  que  11  rois  mangolt,  que 
toutes  les  gardes  s'estolent  parties  de  l'enfant.  Osmons 
le  prist  moult  povrement  viestu,  et  si  le  lia  en  .1.  tour- 
siel  d'ierbe  ,  et  s'en  ala  ausl  faltement  comme  s'il  vau- 

■  Qui  le  f.  -  '  R.  Flandres.  —  '  Gcrberge  li.  —  <  Le  reste  de  la 
phrase  manque  dans  le  ins.  S.~G.  —  '  Es  c. ,  que  Dex  lor  ostast. 
—  *  C.  li  enfès.  —  "  Qui  le  ç;.  —  '  G.  tout  aval. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  29 

sist  donner  son  '  cheval  à  mangier  ;  si  mist  la  sicle  et 
prist  l'enfant  devant  lui  et  s'en  issi  de  la  ville  et  tant 
erra  k'il  vint  au  castiel  de  Couci  ".  Là  lassa  l'enfant  en 
la  garde  le  castelain;  si  s'en  vint  poignant  à  Senslis, 
au  cont  Bernart,  qui  estoit  oncles  à  l'enfant.  Li  cuens 
Biernars  fu  moult  liés  quant  il  oï  ses  nouvieles ,  si 
monta  tantost  et  s'en  ala  à  Paris  à  Huon  le  Grant;  si  li 
conta  comment  ses  nies  estoit  délivrés,  et  puis  li  re- 
quist  por  Diu  que  iP  li  aidast.  Puis'^  s'en  ala  li  cuens 
Berna rs  à  Couchi  por  son  neveu,  si  l'envoia  à  Senslis. 
Li  rois  fu  moult  dolans  ^  de  la  pierte  à  l'enfant,  et 
manda  à  Huon  le  Giant  ke  il  li  fesist  l'enfant  r'avoir. 
Hues  respondi  as  messages  que  il  n'estoit  pas  aaisiés  de 
guerroier  Senslis  ne  Creel  ^  ne  Couchi  ne  les  castiaus 
le  conte  Bernart.  Chil  de  Normendie  furent  moult  lié 
quant  il  sorent  ^  la  délivrance  de  lor  segnor.  Li  rois  et 
li  cuens  Ernous,  qui  avoient  grant  paour,  furent  moult 
dolant,  et  s'en  alerent  à  Paris  ,  à  Huon  le  Grant.  Li  rois 
li  promist  toute  la  tierre  d'outre  Saine  par  si  que  il  li 
aidast,  et  li  rois  auroit  Ruem  et  celi  pardeçà.  Hues  li 
Grans  fu  decheus  par  la  covoitise  qui  li  entra  ou  cuer, 
si  oublia  le  sairement  que  il  avoit  fait  à  l'enfant,  etlîst 
au  roi  sairement  contre  l'enfant  et  contre  *  Normendie  ; 
si  en  fu  li  cuens  de  Senslis  moult  dolans.  Quant  il  sot 
ces  novieles ,  si  s'en  ala  ^  à  Paris  à  Huon  le  Grant,  et  li 
dist  :  {(Ha!  nobles  dus,  ki sairement avoies fait  à  l'en- 

'  A  son.  —  '  Couchi.  —  '  Que  il  por  Dieu.  —  ■*  Hues  li  Grans  ii 
jura  sor  sains  que  il  en  boinne  foi  aideroit  al  enfant.  Lors.  —  '  Iriés. 
—  ^  Creeil.  —  '  11  oïrent.  —  *  Sor  l'e.  et  sour.  —  ^  Si  en  a.  après  ces 
noveles. 


30  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

faut  et  à  moi  que  tu  li  aideroies  ',  et  je  i'avoie  mandé  as 
mes  neveus  et  as  Normans  et  as  Bretons ,  et  ore  as  fait 
par  covoitise  *  autres  sairemens  encontre  celui ,  com- 
ment seras-tu  mais  creus?  comment  se  pora-on  mais 
fier  en  toi  ?  Ta  boine  renommée  serra  ^  malement  de- 
pecliie.»  Hues  li  Grans  se  porpensa,  si  dist  :  uCiertes, 
TOUS  dites  voir;  raiais  or  vaurroie-jou^  par  aucun  en- 
gien  ke  vous  peuussiés  desfaire  la  couvenence  qui  est 
entre  moi  et  le  roi.»  Quant  li  cuens  Bernars  oï  chou, 
il  en  fu  moult  liés  et  l'en  mierchia,  et  li  dist  :  «  Sire,  je 
en  trairai  moult  bien  à  chief.»  Et  quant  les  os  furen[t] 
apparellies  d'aler  sour  Normendie,  li  cuens  de  Senslis 
manda  à  chiaus  de  Ruem  que  il  ne  tenissent  pas  la  a  ille 
contre  le  roi,  ançois  le  recheussent  à  joie  et  à  pour- 
ciession,  €t  si  li  desissent  que  il  jamais  ne  tenroient 
tierre  de  nullui  fors  de  lui;  et  si  lor  manda  que  il 
blasmassent  le  roi  de  chou  que  il  avoit  Normendie 
partie  à  Huon  le  Grant.  Li  rois  s'en  aîa  o  toutes  ses  os 
à  Ruem ,  et  Hues  li  Grans  s'en  ala  par  delà  Saine  o  la 
soie  gent.  Chil  de  Ruem  vinrent  encontre  le  roi ,  si  li 
fisent  grant  joie,  et  li  disent  :  «  Sire,  moult  sommes  lié 
de  vostre  venue,  et  sachiés  que  nous  n'avons  cure  de 
la  signorie  à  l'enfant  ki  tolue  nous  ^  est.  Geste  tierre 
doit  iestre  toute  del  ''  règne,  et  h  tort  est  del  règne  de- 
partie,  et  par  droit  doit  au  règne  repairier;  mais  grant 
mervelle  avés  faite  quant  toute  en  pais  le  poés  avoir,  et^ 
vous  l'avés  partie  ;  la  melleur  gent  as  armes  et  la  plus 

'  M'avoics  f    que  tu  a.  à  moi  et  à   mon  neveu.  —  'P.  c.  al  loi. 

—  '  As,  —  ''  J.  nioull  volcntiers.  —  '  Qui  tolois  vos.  —  ''  Estic  del. 

—  '  Que. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  31 

hardie  avcs  partie  '  à  Huon  le  Graiit.  ParCoustentinois 
alastes-voiis  parler  au  roi  d'outre  le  Ilin.  Et  sachics 
que  taut  li  avés  donné  que  cremir  ne  vous  puetmais; 
et  asscs  vos  puet  faire  mal,  se  il  veut.  Sire,  pardonncs- 
li  toute  la  tierre ,  puis  ke  vous  tel  partie  l'en  avés 
donnée.  Et  nos  prenderons  tout  '  congié,  si  nous  en 
rirons  en  Danemarche  là  dont  nous  venismes;  car  jà 
Normendie  de  .ij.  segneurs  ne  tenrons.» 

Par  les  paroles  que  cliil  li  disent  canga  li  rois  sa 
pensée  isnielement  ^  ;  si  manda  à  Huon  le  Grant  que  il 
se  departesist  de  Normendie  et  tost  s'en  alast ,  car  riens 
n'i  avoit  ;  car  li  ^  rois  l'avoit  tout  entirement  donnée 
à  RoUe,  et  au  règne  repaierroit  entirement.  Hues  li 
Grans  s'en  repaira  en  France ,  et  li  cuens  Bernars  s'en 
repaira  à  lui  et  li  dist  :  u  Sire,  or  poés-vous  Teir  la  foi 
que  li  rois  vous  a  portée^.  Or  aidiés  l'enfant.)) — «  Com- 
ment, dist  Hues,  li  poroie-jou  aidier  ?  Li  rois  de  France 
a  tozles  Normans  à  sa  volenté.» — «Sire,  dist  li  cuens 
Bernars,  vous  verres  bien  comment  la  chose  s'en  ^ 
prendra.))  Et  li  rois  de  France  fu  en  Normendie,  et  fist 
de  tout  à  son  talent.  Uns  François  li  dist  .i.  jour  : 
«  Sire,  donnés-nous  les  tierres  et  les  fremetés  à  ces 
Danois,  et  il  s'en  revoisent  là  dont  il  vinrent.))  Li  rois 
ne  lor  respondi  pas;  mais  Normant  l'oïrent,  et  notè- 
rent bien  ceste  parole.  Puis  s'en  repaira  li  rois  en 
France  ;  et  li  Normant  envoiierent  en  Danemarche  au 
roi  Ayglot%  ke  il  secourust  au  duc  son  cousin,  ki  Nor- 
mendie avoit  pierdue.  Ayglos  ^  apparella  grant  navie  , 

'  Otroïe.  —  '  Tuit  à  vos.  —  '  Yilainnement.  —  "A.  -.  li.  —  '  R.  de 
France  porte  viers  vos  —  '^  Se.  —  '  Aigrolert.  —  '  Aigrolcrs. 


32  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

si  s  en  vint  en  INormcndie,  et  arriva  à  Salines-Coibuin 
là  ù  Dive  cliiet  en  mer  ;  là  vinrent  à  lui  Coustentinois 
et  des  Danois  grans  partie.  Hermans  li  ciiens  de  Iluem 
commanda  '  .i.  messagier  que  il  alastau  roi  de  France 
et  li  desistque  il  secourust  Normendie,  car  li  Danois  i 
estoient  arrivé.  Li  rois  de  France  prist  '  ses  os,  et  amena 
o  lui  le  conte  Herluin  et  Lambiert  son  frère ,  si  s'en 
vint  à  Roem  à  grant  ost,  et  ala  contre  le  roi  ^  Ayglot  à 
parlement.  Si  vinrent  tant  priés  à  pries  li  doi  roi  que 
les  deus  os  furent  li  une  d'une  part  [Dive],  et  li  autre 
d'autre  ^ .  Bernars  de  Roem  dist  au  roi  de  France  '  : 
«  Sire,  ne  menés  pas  le  conte  Herluin  au  parlement  : 
il  ^  fu  ocoisonsde  la  mort  le  ^  duc  Guillaume,  ke  Nor- 
mant  n'aront  auen  oubliée.))  Uns  François  respondi 
moult  folement  :  «  Jà  li  rois  ne  laira  [por  Danois]  à 
m.ener  ses  gens  ù  il  vaurra.  Quant  li  Normant  poront 
vengier  Fourré,  si  le  vengeront.))  Li  doi  roi  vinrent 
ensamble.  Li  cuens  Herluin  demanda  à  .i.  chevalier  de 
Constentin  [,que  il  connoissoit,]  comment  il  le  faisoit  : 
(cBien,  dist  chils;  à  vous  cli'ataint?  )) — «Ql  est  cliil?)) 
dist  uns  autres.  ((Chou  est,  dist-il,  li  cuens  Herluins, 
par  cui  li  dus  Guillaumes  fu  ocis.»  Et  par  chou  prisent 
ocoisonde  mellée  li  François  et  li  Normant,  et  li  Da- 
nois enviers  les  François ,  et  ocisent  tantost  le  conte 
Herluin.  François,  por  chou  que  il  le  vaurrent  ven- 
gier, s'armèrent,  et  se  combatirent  as  Normans  et  as 
Danois.  Que  vous  diroie-je?plus  de  .xviij.  contes  fran- 
çois   que   il  i  eut  ^    uns   seus  n'en   eschapa.    Li  rois 

■  C.  à.  —  '  Li  r.  p.  —  5  Et  ala  à.  —  "  Del  autre  part.  —  ''  Au  r.  Looys. 
—  ''  Car  il.  —  'Au.  —  "  Qui  i  furent. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  33 

Ayglos  prist  le  roi  Looys,  si  le  carga  à  garder  à  .i.  che- 
valier, de  oui  garde  il  eschapa  ;  et  quant  il  fu  eschapés, 
moult  s'en  fuioit  grant  aleure ,  tant  que  uns  autres 
Normans  ki  là  estoit  le  connut  et  le  prist;  et  li  rois 
li  promist'  tant  comme  cliil  qui  sauver  se  voloit,  que 
cliil  l'en  "  mena  j ouste  Ruem  à  .j.  manoir  k'il  avoit, 
et  le  repust  en  une  ille  de  Saine. 

Quant  la  bataille  fu  finée  et  li  rois  Looys  ne  pot 
estre  trouvés,  moult  en  furent  Danois  et  Normant 
dolent  et  courechié  ^  Il  envoierent  par  tout  as  pors 
de  ra.er  et  ^  de  Saine,  por  chou  que  il  i  fust  retenus,  se 
il  i  venist.  Bernars  li  cuens  s'en  vint  à  Roem  poignant, 
si  ^  que  il  i  vint  plus  tost  ke  chil  qui  le  roi  aportoit  à 
son  manoir;  et  ^  Bernars  fîst  tant  et  ^  sus  et  jus  en- 
querre  del  roi  que  il  li  fu  encusés  et  que  li  chevaliers 
l'en  avoit  aconduit.  Li  cuens  Bernars  le  fist  tantost 
prendre  et  sa  feme,  et  ses  enfans  avoec  lui,  et  tant  les 
destrainst  que  li  chevaliers  connut  par  fine  force  com- 
ment il  en  avoit  amené  le  roi  et  li  ensegna  là  ù  il 
l'avoit  repus.  Ensi  fu  chil  délivrés ,  et  li  rois  fu  pris 
et  menés  en  prison  à  Ruem.  Puis  manda  li  cuens  Ber- 
nars au  conte  de  Senslis  comment  li  rois  estoit  des- 
confis et  pris  et  retenus.  Li  cuens  de  Senslis ,  comme 
chil  qui  en  fu  moult  liés ,  s'en  ala  tantost  à  Paris  et 
conta  à  Huon  le  Grant  l'aventure  comment  li  Nor- 
mant avoient  desconfi  le  roi  et  pris  ;  et  li  cuens  Hues 
en  fu  moult  liés  et  en  fist  grant  joie ,  et  dist  que  bien 

■  P.,  à  qui  li  r.  p.  —  '  Le  v.  le.  —  ^  Irié.  —  "*  Ces  trois  mots  man- 
quent dans  le  ms.  S. -G.  —  'Si  durement.  —  *  Amenoit  ne  feist  à 
s.  m.  ;  et  li  quens.  —  "  Tantost. 

5 


34  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

avolt  li  rois  trouvé  chouk'il  chaçoit.  Et  quant  la  roine 
Gierbierge  oï  les  iiouvieles  dou  roi  son  segiior,  moult 
en  fu  dolante.  Ele  ala  au  roi  Henri  son  père  et  à 
Othon  son  frère  cuerre  aïe,  et  il  li  '  falirent  dou  tout; 
et  li  disent  que  il  ne  s'en  melleroient  jà,  car  à  boiu 
droit  avoit  li  rois  Looys  celé  honte  ;  car  desloiaument 
avoit  ouvré  enviers  l'enfant ,  qui  ses  hom  estoit.  La 
roine  s'en  repaira  en  France,  si  s'en  vint  à  Paris  à 
Huon  le  Grant,  si  li  requist  moult  durement  entre 
lui  et  sa  gent  que  il,  por  Diu,  le  roi  son  segnor  deli- 
vrast,  se  il  peust.  Chil  apiela  le  conte  Bernart  de 
Senslis  et  si  manda  ses  barons  et  les  contes  et  les 
archevesques  et  les  evesques  de  France  ;  et ,  quant  il 
furent  venu  ,  il  mandèrent  à  cels  de  Roem  parlement 
à  Saint-[Cler-]  sus-Ethe.  Tant  i  ot  fait  à  che  parle- 
ment que  li  rois  Looys  fu  rendus;  et  Lohiers  ses  fils 
fu  mis  en  liostages  por  lui,  et  Heudoiers  li  evesques 
de  BiauA^ais  et  Guis  li  evesques  de  Soissons  ;  si  ot  assés 
autres  barons.  Et  li  rois  s'en  ala  à  Monloon  sa  cité.  II 
remest  ensi  jusques  à''  .i.  tierme  que  li  rois  assembla  toz 
ses  barons  de  son  '  règne ,  et  jurèrent  h  Richart  le  duc 
de  Normendie  le  tenure  de  sa  tierre  franquement,  sans 
noise  et  sans  estrif,  à  garantir  et  à  desfendre  de''  tout 
lor  pooir  ;  et  non  porquant  si  estoit  jà  mors  Lohiers, 
li  fils  le  roi,  h  Ruem,  ù  il  fu  en  ostages.  Puis  fu  ame- 
nés li  enfcs  Richars  à  Fioem  à  grant  joie,  et  fu  recheus 
à  pourciession.  Et""  apriès  chou  tint-il  toz  jors  puis  ^' 
justice  sor  les  mesfais  de  sa  tierre.  Il  escilla  .i.  haut 

■  A. ,  qui  li.  —  '  Ticssi  qu'à.  —  '  Ool.  —  '•  0«1.  —  ^'  En.  —  "^  Ces 
trois  in')ts  ma/u/iie/i(  dans  le  nis.  S.-(i. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  35 

baron  de  la  ville ,  ki  avoit  non  Raous  li  Torte  '  ;  et 
chil  s'en  ala   à  Paris  h  l'evesque,   ki  ses  fils  estoit. 
Puis  proiierent  li  baron  de  France  pour  lui  le  duc; 
mais  ne  li  porent  riens  aidier  :  par  coi  li  autre  dou- 
tèrent moult  puis  à  mesfaire  au  duc.  En  apriès  chou 
fist  Hues  li  Grans  venir  à  lui  le  conte  Biernart  de 
Roem  et  le  conte  Bernart  de  Senslis,  et  "  lor  conta 
moult  a  traitement  '   que  li  François  se  vengeroient 
moult  volentiers  de  la  honte  et  dou  lait  que  li  Normant 
leur  lisent^  :  «  Segneur,  dist-il,  Richars  tient  terre 
comme  rois.  [Il  n'a  ne  segnor  ne  ami  qui  garandir  les 
puissent.]  Quel  consel  a-il  ore  de  feme  prendre?  »  — 
«  Ciertes,  dist  li  cuens  de  Senslis,  mius  ameroie  ^  qu'il 
presist  vostre  fille  que  la  fille  le  roi.  n  Et  Hues  li  Grans 
respondi  ^  :  «  Se  il  ma  fille  voloit  prendre,  et  soufrist 
que  je  le  fesisse  chevalier,  je  li  aideroie  puis  moult 
boinement  et  feroie  quanques  il  vaudroit,  et  puis  ne 
seroit  nus  qui  contre  lui  presist  guerre,  ne  puis  ne  li 
convenroit  home  cremir.  Or  i  metés  consel,  je  vous 
en  pri  ".  »  Tant  parlèrent  ensamble  ^  que  li  doi  conte 
jurèrent  la  fille  Huon  le  Grant  avoec  ^  le  duc  Richart. 
Quant  li  rois  Looys  de  France  oï  "^  ces  nouvieles, 
il  manda  le  conte  de  Flandres  à  parlement;  et  quant 
il  furent  assamblé,  il  devisèrent  comment  il  poroient 
le  mariage  abatre;  car  il  savoient  bien  ke  moult  se- 
roient  elForcié  li  un  de  l'autre  :  si  en  avoient  grant 

'  Qui  estoit  apelés  Raols  Torte,  —  '  Et  le  conte  Bernart  de  Ruem , 
si.  —  '  Atraianraent  que  moult  avoit  oï  parler.  —  "  Lor  avoient  fait. 
—  "^  Plus  voldroie.  —  ''  Lor  dist.  —  "  Ces  quatre  derniers  mots  ne  sont 
pas  dans  le  ms.  S. -G.  —  "  Entr'  eus.  —  'Al.  —  '"  L.  de  F.  vianquctil. 


3G  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

(loiile.  Lors  manda  11  rois,  par  le  consel  au  conte  de 
Flandres,  à  Othon  de  Sassolgne,  qui  cstoit  empereres 
et  ses  serouges  ',  que  il  li  aidast  encontre  liuon  le 
Grant  et  encontre  Richart  le  duc  de  Normendie;  et  i! 
li  donroit  Loheraine  %  que  ses  pères  avoit  promise  al 
sien.  Cest  messages  porta  li  cuens  Arnousde  Flandres, 
et  tant  list  li  cuens  à  '  Otlion  que  il  vint  en  France, 
destruisant  la  tierre  au  marcsclial.  Et  li  rois  li  vint  à 
rencontre,  et  tant  '  lisent  et  disent  entre  eus  deus  que 
il  vinrent  à  Paris  et  l'assisent;  mais  il  ne  le  porent  pas 
prendre  :  li  païs  estoit  jà  ^  toz  destruis,  si  que  il  ne 
savoient  ù  "  il  peuussent  aler  en  fuerre.  Puis  dist  li 
cuens  Arnous  à  Tempereour  :  «  Sire,  la  cités  de  Ruem 
est  assés  priés  de  chi  :  entrés  en  Normendie;  car", 
ançois  que  vous  soies  entré  en**  la  lierre,  vous  apor- 
tera-on  les  clés  de  Ruem.  n  Li  empereres  l'en  créi ,  si 
lassa  le  siège  de  Paris  et  tourna  sour  INormendie;  et 
quant  il  furent  venu  à  '  Saint-Cler-sous-Epte,  li  em- 
pereres demanda  au  conte  de  Flandres  se  les  clés  '"  li 
estoient  encore  aportées  :  a  Sire,  che  dist  li  cuens,  la 
cités  de  Ruem  est  encore  lonc  de  chi;  mais  aies  encore 
de  chi  à"  l'aighe  d'Andele,  et  là  vous  aportera-on 
les  clés  de  Ruem.  »  Lendemain  vinrent  sor  Andele. 
Lors  "  rapiela  li  empereres  le  conte  Arnoul,  si  li  de- 
manda se  les  clés  de  Ruem  li  estoient  aportées.  «Sire, 
dist  li  cuens,  chil  de  Ruem  sont  moult  orghelleus; 
mais  aies  de  chi  '    devant  la  ville,  si  sarés  ki  la  ville 

'  Scrnrgos.  — '  F-nlinrainnc  —  '  A  l'iiinpereor.  —  "  Ala  encontre  lui. 
Tant.  —  '  Fu.  —  '•  l'reu  ù.  —  '  Car  manque.  —  "  S.  dedens.  —  9  F.  à 
—  "•  C.  de  Ruem.  —  "  Tresiqu'à.  — ■  "  Uout.  —  ■'  Tressi  que 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  37 

vous  rendera '.  »  Li  empereres  l'en  créi ,  et  ala  loz 
armés  sor  son  cheval  jusques  devant  la  ville  par  le 
consel  le  conte;  mais  il  envoia  son  neveut  avant  o 
grant  gent.  Chil  de  Ruem  s'en  issirent  enconti^  lui  et 
assamblerent  à  lui,  et  avint  aventure  que  li  niés  l'em- 
pereour  lu  ocis  et  sa  gens  o  lui.  Puis  se  remisent  en  la 
ville  li  Normant,  et  li  empereres  et  li  rois  assisent  la 
ville  et  i  assaillirent  ^  souvent. 

Quant  li  empereres  i  ot  assés  sis  et  il  ^  vit  que  pren- 
dre ne  le  poroit  ne  que  Normant  ne  lassoient  pas  à 
entrer  ne  à  issir  por  aus  en  la  ville  ^;  il  vit  bien  que 
d'asseoir  ville  que  on  ne  puet  prendre  n'est  mie  grans 
hounours,  et  si  voit  que  chil  qui  sont  par  dedens  la 
ville  sont  si  desfensable  que  il  lor  font  tante  ruiste 
saillie  et  ke  il  soz  le  pont  de  Saine  se  reponnent  sou- 
vent en  lor  batiaus,  et  gaitent  tant  que  il  voient  lor 
liu  de  grever  cels  de  l'ost  et  que  il  les  damagent  moult 
pa[r]  cel  engien  et  par  autres''  :  il  demanda  trives  à 
cels  de  la  ville  por  aler  à  Saint-Cain  en  pèlerinage,  et 
li  dus  Richars  li  otria.  Li  empereres  entra  en  la  ville*' 
et  fist  ses  orisons.  Et  puis  s'assist  ^  et  apiela  deus  de  ses 
compaignons  qui  o  lui  estoient  là,  et  si  lor  dist  que  par 
le  conte  de  Flandres  estoient-il  ^  là  venu  ;  mais  il  le 
feroit  prendre  et  l'envoieroit  au  duc,  puis  se  vengast 
bien  de  ^  la  mort  son  père ,  se  sa  volentés  i  estoit. 
Che  voloit  faire  li  empereres  j  mais  si  compaignon  li 

'  La  V.,  qui  est  assés  près  de  ci,  et  si  verres  qui  la  v.  vos  tenra.  -- 
'  Et  a.  —  '  Q.  il  assés  i  orent  sis  et  li  empereres.  —  **  A  e.  dedens  la 
vile  ne  à  issir.  —  '  Les  a.  —  "  Lu  l'cglise.  —  ■  S'i  s'asist.  —  "  Estoit-il. 
—  '■'  Al  d.  de  INormendic  cl  en  v.  en  lui  li  dus. 


38  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

desloerent,  et  disent  que  che  seroit  trahisons.  Li  em- 
pereres  s'en  r'ala  à  ses  tentes  ;  mais  '  li  cuens  Ar- 
nous,  qui  ot  oïes  ces  novieles',  s'en  fui  la  nuit.  Par 
la  noise  que  ses  gens  lisent  au  '  deslogier  s'esfreerent 
chil  de  l'ost,  et  cuidierent  que  Normant  s'en  ^  ississent 
de  la  ville;  il  alumerent  leur  loges  et  guerpirent  le 
siège  et  s'en  fuirent  chà  et  là  comme  chil  ki  ne  savoient 
pas  les  voies.  Et  li  Normant  les  porsiuirent  ;  mais  li 
dus  rement  en  la  ville,  car  il  ne  vaurrent  soufrir  que 
li  dus  s'en  issist  o  els.  Al  bois  de  Malpietruis  s'en 
alerent  por  adevancier  les  Alemans.  Là^  se  comba tirent 
à  els,  et  furent  li  Alemant  desconfi  par  deus  fois. 
Tout  perdirent  et  furent  li  Alemant  '"  chacié  jusques 
à  Amiens.  Puis  se  repairierent  li  Normant  moult  lié  à 
Ruem,  et  donnèrent  tout  lor  gaain  à  lor  segnor,  et 
merchiierent  Diu  moult  durement  de  lor  aventure. 

Li  dus  Richars  fu  moult  preudom;  il  fu  force  des 
foibles,  desfendemens  des  veves  ^  et  des  orphenins', 
confors  as  caitis ,  apaisieres  des  maus ,  bastons  as 
avugles,  releveres  de  sainte  Eglyse,  lumière  as  non 
veans  %  hautece  des  clers,  aidieres  ^  as  soufraiteus, 
honnours  as  evesques,  ameres  de  pais,  cultiveres  de 
viertus,  espérance  as  desconfortés  '",  pitiés  as  do- 
lours,  aliance  d'amour,  sièges  de"  lois,  pastours  des 
povres  '%  examples  des  princes,  droitui'iers  en  jus- 
tice,  véritables  en  parler,   en  consel   porveans,  en 

'  Et.  —  '  A  son.  —  '  S'en  manque.  —  ■'•  Mal-ParUis  estoient  al  ade- 
vancie  as  Alemans  et  as  François,  ù  il.  —  '  Li  A.  manquent.  —  ^  Deffen- 
deresdes  foibles.—  '  O  et  des  veves.  —  *  As  avugles.  — ^  Salas.  —  ■"  As 
suens.  —  "  Des.  —  "  A  la  suite  de  lois,  on  lit  gouver  dans  le  ms. 
S.-G.,  et  deux  feuillets  qui  contenaient  In  suite  ne  s\r  tinuvent  plus. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE  39 

jugement  loiaus,  en  toute  honnesté,  de  boines  meurs 
reluisans,  et  toutes  les  autres  boines  teches  avoit  her- 
bregies  en  soi.  En  cel  tans  fu  amaladis  Hues  li  Grans, 
et  commanda  sa  tierre  et  sa  gent  en  la  garde  le  duc 
Fvichart.  Longhement  i  furent  INormant;  et  quant  la 
fille  Huon  le  Grant  fu  en  aage,  par  l'assentement  des 
barons  l'espousa  li  dus  et  l'enmena  à  Roem  en  sa  sale, 
et  de  chou  pesa  moult  à  pluiseurs  des  François.  Puis 
avint,  par  le  consel  au  deable  et  par  envie,  que  li 
cuens  Thiebaus  de  Chartres  ala  à  la  roine  Gerberge  et 
à  son  fin  Lohier  et  si  lor  demanda  qu'il  poroient  faire; 
car  grant  honte  pooient  avoir,  quant  si  estoient  aclin 
François  et  Bourgegnon  et  toutes  tierres  al  duc  Ri- 
chart  de  Normendie  et  as  Normans.  Il  consella  Lohier 
comment  il  se  poroit  vengier  des  hontes  que  Nor- 
mant  li  avoient  faites;  mais  che  fu  si  privéement  ke 
nus  ne  le  sot,  fors  li  rois  et  la  roine  sa  raere.  Par  cel 
consel  que  li  cuens  donna  envoia  la  roine  Gerberge 
por  Brunof  l'archevesque  de  Couloigne ,  qui  ses  oncles 
estoit,  qui  par  trahison  manda  le  duc  Richart  à  parle- 
ment à  Amiens  et  dist  que  pardurable  amour  meteroit 
entre  lui  et  son  neveu  le  roi.  Ensi  le  voloit-il  atraire 
et  faire  ocire.  Li  dus  s'en  ala  de  si  que  à  Biauvais.  Là 
vinrent  à  lui  doi  siergant  de  la  gent  le  conte  Thie- 
baut,  et  disent  au  duc  en  consel  :  «Sire,  le  quel  amés- 
vous  mius  u  à  estre  sires  et  dus  de  Normendie,  u  à 
estre  paistres  de  brebis  et  chaciés  fors  de  vostre  tierre?  » 
Li  dus  pensa  à  chou  que  il  disent,  et  sot  bien  ke  il  vo- 
loient  dire  ;  «A  cui  estes-vous?  »  dist-il.  Chil  respon- 
dirent  :   «Sire,  che  poés-vous  bien  savoir  que  nos 


Au  HISTOIRE  DES  DLCS  DE  NORMANDIE 

sommes  à  vous.  »  Li  dus  les  honnera  moult  :  à  l'un 
donna  une  espée  dont  li  pumiaus  et  l'esheu  d'eure 
pesoient  .iiij.  livres  d'or,  et  à  l'autre  une  nosche  d'or 
qui  autretant  pesoit;  et  tantost  s'en  repaira  en  Nor- 
mendie.  Li  archevesques  li  remanda  que,  s'il  voloit 
venir  à  parlement  à  lui,  il  venroient  jusques  soui* 
l'aighe  d'Ethe.  Li  dus  li  remanda  que  jà  son  parle- 
ment n'aroit.  Celé  trahisons  fu  seue  par  toute  Nor- 
mendie  et  par  tout  le  roiaume  de  France. 

Lonc  tans  apriès  chou,  revint  li  cuens  Thiebaus  à 
Lohier  et  si  li  dist  par  moult  mauvaises  enortances  que 
il  fesist  le  duc  venir  à  soi  par  force.  Par  son  consel 
manda  li  rois  le  duc  que  il  venist  à  parlement  à  lui  sor 
l'aighe  d'Ethe;  et  tant  fu  la  chose  aprochie  que  li  cuens 
Thiebaus  et  li  rois  et  li  cuens  JofFrois  d'Ango  et  li 
cuens  de  Flandres,  qui  tout  estoient  anemis  le  duc, 
furent  sour  l'aighe  d'Ethe.  Li  dus  s'en  ala  au  parle- 
ment ;  et  si  anemi  vinrent  tout  armé ,  por  lui  pren- 
dre, sor  l'aighe  d'Ethe;  et  i  ot  grant  desconfiture; 
mais  li  dus  eschapa,  si  s'en  vint  à  Roem.  Et  fu  esgardé 
par  celé  trahison  que  li  dus  de  Normendie  venroit 
mais  à  tout  espée  à  parlement ,  et  François  tout  des- 
armé. Et  puis  refîst  tant  li  cuens  Thiebaus  que  li  rois 
manda  ses  os  et  assambla  tout  son  pooir,  et  ala  asseoir 
Evreus ,  et  tant  fist  devant  que  il  le  prist  ;  et  quant  il 
l'ot  prise,  si  le  donna  au  conte  Thiebaut.  Li  dus  en  fu 
molt  dolans,  et  fist  crier  .i.  ban  par  toutes  ses  cités 
que  tout  fussent  aparellié  por  lui  aidier.  Molt  assambla 
grant  ost  ;  et  quant  il  ot  toute  sa  gent  assemblée  et 
son  pooir  mis  ensamble,  qui  grans  fu,  et  vit  les  Bre- 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  41 

tons  et  les  Normans  entour  lui ,  il  s'en  ala  lantost  et 
destruist  la  tierre  le  conte  de  Chartres.  Puis  s'en  re- 
paira  en  Wimois,  ù  li  cuens  Thiebaus  fu  desconlis;  et 
s'en  fui  jusques  à  Chartres  moult  dolans  et  moult  iriés. 
Et  ses  fils  i  fu  ocis  o  .vij^  de  ses  homes  :  dont  li  dus 
ot  pitié;  si  les  list  enfoir.  Puis  envoia  li  dus  en  Dane- 
marche  por  secours  as  Danois,  et  il  vinrent  à  lui.  Li 
dus  les  envoia  ardoir  le  conte  de  chi  à  Ginosse.  Il  oci- 
sent  quanques  il  ataindre  porent,  homes  et  femes,  en- 
fans  et  blestes  et  oisiaus  ,  et  arsent  par  tout  le  païs. 

Quant  li  evesque  de  France  virent  celé  destruction , 
il  s'assamblerent  ;  si  lisent  .i.  concile,  et  mandèrent  le 
conte  Thiebaut  et  si  li  disent  que  il  fesist  pais  au  duc. 
Li  cuens  envoia  .i.  moine  au  duc,  et  li  manda  que  vo- 
lentiers  seroit  ses  amis.  Li  moines  s'en  ala  au  duc,  et 
si  li  dist  :  «  Sire,  li  cuens  de  Chartres  vous  mande  que, 
se  vos  volentés  i  est,  il  venra  à  vous,  à  Roem,  et  droit 
vous  fera  par  tout  ;  et  Evreus  vostre  cité  vos  rendera , 
et  vous  amendera  quanques  il  a  vers  vous  mespris ,  et 
veut  que  ferme  pais  soit  entre  vous  affremée.  »  Ensi 
l'otria  li  dus,  et  li  cuens  Thebaus  vint  à  Ruem  o  les 
melleurs  de  ses  homes ,  et  fu  entre  eus  la  pais  jurée  et 
affremée.  Li  cuens  s'en  r'ala ,  et  rendi  au  duc  la  cité 
bien  garnie  de  vitaille.  Puis  ala  li  dus  à  Guiosse  o  ses 
Danois.  Là  vinrent  à  lui  li  evesque  de  France  de  par 
le  roi  Lohier  por  faire  pais  entre  els  ,  et  li  disent  que 
toute  la  guerre  et  11  trahisons  qui  entre  els  avoit  esté 
pourparlée  avoit  faite  li  cuens  Thiebaus,  qui  ore  estoit 
ses  amis  ;  et  si  li  proierent  por  Diu  ke  il  li  membrast 
de  chou,  que  il  n'est  cose  queDex  aint  tant  comme 


42  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

pais;  et  toz  chiaus  ki  pais  aiment,  Dex  les  aime.  Li  dux 
lor  respondi  :  a  Toz  tans  ai  pais  désirée,  ne  onques 
avoir  ne  le  poi.  Onques  au  roi  ne  mesiis,  par  coi  il  me 
deust  trahir;  mais,  puisque  vous  me  dites  ke  tout  li 
baron  de  France  me  voelent  pais  jurer  et  ma  tierre  lais- 
sier  tenir  franquement  si  comme  elle  fu  donnée  à  mon 
ayoul ,  jou  assaierai  se  jà  je  les  Danois  poroie  mener  à 
che  assentir.  »  Lors  parla  à  ses  Danois;  et  par  deus  jors 
dura  li  consaus  entre  le  duc  et  aus,  qui  à  chouacorder 
ne  se  voloient;  ains  disoient  que  il  conquerroient  la 
tierre  de  France  ,  et,  se  li  dus  ne  le  voloit ,  il  le  ten- 
roient.  Li  dus ,  quant  il  oï  chou ,  lor  dist  :  «  Segneur, 
vous  estes  Sarrazin ,  ne  pas  n'avés  nostre  créance  :  vous 
créés  que  vos  âmes  doient  morir  avoec  les  cors ,  et  nos 
créons  qu'eles  ne  muèrent  pas  avoec  les  cors  ;  ançois 
vit  l'ame  apriès  le  mort  dou  cors,  et  troeve  chou  qu'ele  a 
fait  en  sa  vie  u  le  bien  u  le  mal.  »  Là  lor  conta  comment 
Adans  fu  fais  et  de  coi ,  et  por  monter  au  ciel  dont  li 
deable  estoient  keu,  et  là  monteront  tout  li  crestien  ki 
ledesierviront.  «Qi  che  ne  croit,  saciésk'ilestpierdus.» 
A  che  respondirent  Danois  :  «  Sire,  nos  ne  savons  nient 
plus  que  biestes  des  gueredons  que  ta  loys  donne;  mais 
fais  de  cest  afaire  chou  que  il  te  plaist,  et  à  nous  donne 
consel  autresi  que  nos  puissons  vivre  pardurablement.» 
—  ((Jou  vous  ferai ,  dist  li  dus,  baptisier,  et  assés  vous 
donrai,  se  Diu  plaist,  par  coi  vou  pores  vivre.  »  Moult 
i  ot  de  cels  qui  l'otrierent,  et  moult  de  chiaus  qui 
olrier  ne  le  vaurrent  por  nulle  chose  que  il  lor  deist. 

Puis  furent  prises  trives  entre  François  et  Normans, 
et  si  i  ot  pris  .i.  parlement  à  Saint-CIer-sus-Ethe.  Là 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  43 

vint  li  rois  Looys  o  sa  grant  gent,  et  li  dus  Richars  o 
la  soie;  et  fu  celé  pais  confremée  entre  les  barons ,  des 
evesques  et  des  archevesques ,  à  tenir  pardurablement. 
Si  faitement  s'en  r'ala  li  rois,  et  li  dus  revint  à  Roem 
o  ses  barons  et  ses  Danois.  Cels  fist  baptisier  qui  crestien 
voloient  estre ,  et  cels  ki  ne  se  vorrent  crestiener  fist 
conduire  par  mer  et  conquerre  tierre  en  Espaigne  o  ses 
Constentinois.  En  celé  voie  conquisent-il  .ix.  cités. 
Puis  s'assamblerent  chil  de  la  tierre  et  se  combatir'jnt 
as  Danois,  que  il  trouvèrent  moult  durs.  Desconfî  et 
ocis  furent  li  Espaignol,  qui  estoientausi  noir  comme 
Ethiopien  ;  et,  au  tierc  jor,  furent  trové  blanc  comme 
nois.  Dex,  qui  tout  set  et  ki  tout  fait,  set  bien  comment 
che  fu.  En  cel  tans  moru  Emme ,  la  feme  le  duc  ,  sans 
enfant.  Li  dus  manda  à  Huon  le  duc  de  France  que  il 
feist  la  partie  des  castiaus  la  ducoise  depai^tir  à  raison, 
et  il  si  fist.  Puis  apriès  ot  li  dus  en  soingnentage  une 
feme  danoise  dont  il  ot  une  fille ,  ki  Gomor  ot  à  non , 
et  ,ij.  fils,  Godefroi  et  Guillaume.  Et  puis  espousa  li 
dus  celé  feme  meismes  ;  si  en  ot  Richart  et  Robiert  et 
Emme,  qui  puis  fu  roine  d'Engletierre ,  et  Hauy  et 
Mehaut.  En  apriès  chou  fist  li  dus  maint  grant  bien  as 
eglyses,  comme  chil  ki  bien  le  savoit  faire,  nommée- 
ment  à  Saint-Owain  de  Roem  et  au  Mont-Saint-Michiel 
qui  siet  vers  Bretaigne.  .1.  jour  vint  à  Fescamp  sor 
mer  ù  sa  chambre  estoit  et  ù  il  fu  nés  et  levés  de  fons 
beneois.  Là  estoit  une  eure  à  l'entrée  de  la  sale  et  es- 
garda  l'eglyse  de  Sainte-Trinité ,  qui  mendre  estoit  et 
mains  haute  de  sa  sale;  il  apiela  tantost  mâchons  et  cels 
k'il  savoit  qui  estoient  sage  de  le!  chose  ,  si  lor  dist  : 


44  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

<(  La  maisons  Diu  nostre  creatoiir  doit  estre  haule  et 
aparoir  sor  toutes  autres,  si  comme  celé  que  Dex  re- 
tient à  soi  et  ù  nous  sommes  baptisié  et  ù  nos  reche- 
\ons  nostre  créance  et  confiession  et  eslavement  de 
nos  pechiés.  Sainte  Eglyse  est  portel  del  ciel.  De  ceste 
maison  dist  David  li  prophètes  :  3Ions  Deij  mons pin- 
guis  ;  li  mons  de  Diu  est  habondans,  et  là  ù  il  li  plaist 
à  habiter.  Chis  est  li  mons  que  Rolles  mes  ayoels  vit  en 
s'avision,  ù  il  se  baignoit  et  garissoit  de  la  liepre. 
Aies,  dist-il,  querre  de  la  plere  vistement,  et  si  faites 
le  maison  Diu  biele  et  boine  à  son  plaisir  et  plus 
haute  que  les  moies  maisons.  »  Cil  fisent  si  comme  li 
dux  ot  commandé  ;  et  lisent  l'eglyse ,  ù  li  dux  donna 
dras  de  soie  et  aournemens  de  crois  d'or,  de  calisses , 
de  candélabres  et  d'encensiers  et  de  presieus  viestimens  ; 
et  i  mist  canonnes  por  servir  à  Diu  nostre  Segneur  molt 
honneréement.  Et  en  cel  tans  moru  Hues  li  archevesques 
de  Ruem ,  et  Robiers  li  fils  le  duc  fu  archevesques. 

Puis  cel  tans  vesqui  li  dus  en  boine  pais  moult 
moult  '  saintement.  En  cel  tans  fu  li  cuens  Arnous  de 
Flandres  mellés  au  roi  Looys.  Li  rois  ala  sor  la  tierre 
le  conte,  et  prist  Aarras  et  toute  la  tierre  le  conte  jus- 
ques  à  le  Lys.  Li  cuens  Arnous  s'en  vint  en  Normendie 
querre  aie  au  boin  duc  Richart.  là  dus  iist  tant  ke  li 
rois  rendi  Aarras  au  conte,  et  sa  tierre  ke  tolue  li 
avoit.  En  cel  tans  conquist  Hues  Capes ,  que  Hues  li 
Grans  avoit  engenré ,  le  règne  de  France  ,  et  vaut  aler 
sor  Aubert  le  conte  de  Vermendois  ;  mais  li  cuens  Au- 
biers ,  par  l'aie  le  duc  Richart ,  fist  pais  à  Huon  Capet. 

'  Su:  ms.  455. 


ET  DES  ROTS  D'ANGLETERRE.  45 

Et  aprlès  chou ,  li  dus  Richars  esliut  Fescamp  à  estre 
maison  de  sa  sépulture,  et  i  fist  faire  .i.  sarcu;  et  cas- 
cuii  veuredl  le  fist  emplir  de  forment,  et  che  donuoit- 
on  as  povres,  et,  par  desus  che,  .v.  sols  de  deniers 
d'argent.  Et  si  tenoit  demi-mui  de  forment  li  sarcus, 
che  tiesmoignolt-hon.  Quant  il  le  falsoit  faire,  en  cel 
tans  li  dist  une  vois  :  Tu  quijecisti  tanta  palatîa  , 
turres,  quani  facis  ex  niullis,  hec  eril  iina  tihi.  C'est- 
à-dire  en  françois  :  w  Tu  qui  as  faites  tantes  choses , 
tans  palais,  tantes  tours,  ceste  ke  tu  fais  ore  ert  toie  de 
moult  de  choses.  »  En  apriès  chou  ert  li  dux  une  fois  à 
Bayoes ,  si  amaladi  tant  durement  '  que  il  del  tout  dés- 
espéra de  sa  vie;  il  se  fist  porter  à  Fescamp.  Illueques 
H  demanda  Raous  ses  frères  et  si  baron  lequel  de  ses 
enfans  il  esllroit  à  estre  son  hoir.  «  Jou  voel,  dist-il , 
que  Richars  mes  fils  soit  mes  hoirs  ;  et  à  lui  soit  ma 
tierre  donnée ,  et  la  feutés  de  mes  barons  *  asseurée ,  et 
de  lui  faites  duc.  »  Adont  se  leva  li  dus  nus  pies  '  et 
s'ala  apoiant  d'un  baston  jusques  en  l'eglyse.  A  l'en- 
trée de  l'eglyse  ,  li  demanda  ses  frères  ù  il  vololt  estre 
enfouis,  a  II  n'est  pas  drois,  dist-il,  que  je  soie  en- 
fouis dedens  ^  l'eglyse,  car  trop  sul  pechieres  male- 
ment  ;  mais  fors  de  l'eglyse  el  degoutail  commanc- 
jou  et  voel  ^  estre  enfouis  el  despit  de  ma  char.  En  mi 
le  cuer,  en  oiant  des  ^  canonnes,  se  fist  confiés  et  la 
nuit  apriès  morut.  Moult  i  ot  riche  service,  et  fu  en- 
fouis là  ù  il  devisa.  La  dolours  de  sa  mort  fu  moult 

'  Le.  ms.  de  Saint- Germain  recommence ,  folio  79  recto,  à  la  troi- 
sième lettre  du  mot  durement.  —  '  Des  b.  —  '  Em  pies.  —  ''  En.  — 
*  D.  voel-jou.  —  ^  C,  oiant.  les. 


46  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

plourée  par  toute  sa  '  tierre.  Au  tierc  jor  le  fist  li  ar- 
chevesques  Robiers  ses  lils  desfouir  por  chou  qu'il  n'i 
avoit  pas  esté,  et  le  trova  ausi  biel  comme  s'il  vesquist 
et  moult  souef  flairant.  Et  puis"  fisent  sor  Iu[i]  une 
chapiele  de  saint  Thumas  l'apostle.  Mors  fu  en  l'an  de 
l'Incarnation  .m.  ^  ans  et  .xxvi.  S'en  cestui  Richart  ot 
eu  preudome  et  s'il  ot  este  boins  et  loiaus,  Richars 
ses  iilsmistpainc  de  tout  son  pooir  ^  d'iestre  hoirs  son 
père  en  toutes  boines  oevres.  Cliil  qui  gardes  estoient 
de  sa  tierre  et  de  ses  castiaus  à  premiers  le  guerroierent 
molt;  mais  par  force  il  et  li  cuens  Raous  ses  oncles  les 
fisent  venir  en  sa  mierchi  '.  Li  dus  donna  à  Guillaume 
son  frère  la  conté  de  Deu  %  qui  apriès  chou  commen- 
cha  son  frère  à  guerroier  ;  mais  li  dus  et  ses  oncles  le 
prisent  et  le  misent  en  la  tour  de  Roem  en  prison  :  par 
coi  si  anemi  furent  moult  espoenté  de  lui.  Puis  avint 
que  chil  Guillaume  s'avala  ■  par  une  corde,  de  la  tour, 
par  le   consentement  d'aucun  ^  ;  et  quant  il  fu  à   la 
tierre,  il  se  porpensa  k'il  feroit,  u  il  iroit  querre  aïe 
au  roi  de  France,  u  il  iroit  à  son  frère  querre  "  mier- 
chi. A  son  frère  s'en  ala;  à  Verviel  '"  le  trova.  Là  li 
chaï  as  pies  et   li  cria  raerchi.   Li   dus   li  pardonna 
son    mautalent  par   le    consel  Raoul   son  oncle ,    et 
si    li   donna  li   dus  la  conté  de  Wissemois  '  '   et  Li- 
esseline ,  la  fille  le  roi  Torqueti  '%   dont   il  ot   .iij. 
fils  :  Robiert,  qui  fu  ses  fils  oirs  '' ;  Guillaume,  qui 

'  Pleniere  par.  —  "  Et  moult  boinne  odours  issi  de  la  fosse.  P.  — 
'  .ix=.  —  *  A  t.  p.  —  '  Revenir  à  sa  maia.  —  ^  La  c.  d'Eu.  —  '  Que  G. 
avala.  —  '  Par  consentance.  —  ^  A  t....  u  querre....  u  aler....  crier. 
—  '"  Yervueil.  —  "  \'\  isniois.  —  "  Torquetil  à  feine.  —  "  Ses  hoirs. 


ET  DES  KOlS  D'ANGLETERRE.  47 

fu  cuens  de  Soissons  ;  et  Huon ,  qui  fu  evesques  de 
Liesies  '. 

En  cel  tans  a\int  que  Heudres  li  rois  d'Engletierre, 
ki  Emrae  sa  serour  avoit  à  feme,  semonst  ses  os  et 
commanda  à  cels  ki  les  os  dévoient  guier  ke  il  alas- 
sent  à  navie  sor  Normendie  et  le  destruisissent  toute 
fors  le  mont  Saint-Micliiel,  et  li  amenassent  en  loilens  * 
le  duc  Richart.  Quant  il  ^  furent  venu  en  Normendie, 
Nigel,  li  dus  de  Constentin,  vint  encontre  aus  ^  ;  et 
se  combati  à  eus  en  tel  manière  que  onques  Englès 
n'en  eschapa,  fors  uns  seus  ki  ala  dire  as  gardes  des 
nés  comment  il  ^  estoit  avenu.  Quant  chil  oïrent  celé 
noviele,  il  se  misent  en  .iij.  nés  et  s'en  alerent  en  En- 
gletierre  et  contèrent  au  roi  lor  aventure;  et  quant  li 
rois  reconnut  ^  son  mesfait ,  si  en  fu  dolans  et  repen- 
tans.  Et  quant  JotFrois  li  cuens  de  Bretaigne  vit  le  duc 
tant  poissant,  il  vint  à  lui  et  se  prist  à  lui  par  Hauy  ^ 
sa  serour  que  il  li  donna  à  ferae;  et  il  en  ot  .ij.  fils  : 
Alain  et  Oedon,  ki  apriès  lui  tinrent  Bretaigne  en 
bone  pais.  En  cel  tans  avint  que  li  rois  Heudres  d'En- 
gletierre  fist  destruire  Danois  et  paiens,  as  quels  il 
avoit  donné  tierre  et  congié  de  sejorner  en  Engletierre. 
Toz  les  fist  ocirre,  homes  *  et  femes  et  enfans,  fors  ne 
sai  quans  ki  en  une  nef  se  misent  et  s'en  alerent  aval 
Tamise  en  mer.  Tant  fîsent  que  il  vinrent  en  ^  Dane- 
marche;  et  quant  il  furent  arrivé,  il  contèrent  au  roi 
de  Danemarche,  qui  Suavis  "•  avoit  à  non ,  celé  dolour 

'  Liesewies.  —  '  En  prison.  —  ^  Cil.  —  ■*  E.  od  toute  s'est.  — 
'  Con  faitement  il  Iok.  —  ^'  Se  recorda  de.  —  -  Harwi.  —  ^  Ce  innt 
manque  dans  le  ms\  S. -G.  — ''Il  furent.  —  "'  Suains. 


48  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

que  li  Englois  lor  avoient  faite.  Li  rois ,  quant  il  oï 
chou ,  entra  en  nier  à  tous  ses  Danois ,  si  arriva  en 
Engletierre  à  Sauwis '.  Là  laissa  li  rois  ses  gens,  et 
à  tout  une  partie  s'en  ala  en  Normendie  '  al  duc  Ri- 
chart.  Li  dus,  por  la  felonnie  que  li  rois  Ileudres  li  ot 
faite,  et  por  l'amour  as  Danois,  donna  boinement 
congié  as  Danois  de  guerroier  en  Engletierre ,  et  si 
que  chou  ke  il  conquerroient  envoiassent  seurement 
vendre  as  Normans  et  lor  navrés  garir  \  Ensi  s'en  ala 
li  rois ,  et  sozmist  tantost  le  contrée  de  Sauwis  à  lui. 
Puis  s'en  vint  à  Chantorbire '^,  et  le  prist  et  le  païs 
tout;  puis  s'en  ala  à  Londres,  et  prist  la  cité  et  le 
contrée  tout  ensement.  Quant  li  rois  vit  chou ,  il  prist 
par  paour  sa  feme  et  Evrart  ^  son  fîll  et  ses  autres  en- 
fans  à  Douvre  et  son  trésor,  et  s'en  vint  au  duc  Ri- 
chart  ;  et  li  dus  le  reçut ,  qui  ne  regarda  pas  à  son 
mesfait.  Quant  li  rois  Suains  ot  le  règne  conquesté  "^j 
il  ne  demora  puis  gaires  k'il  moru;  et  li  Danois  l'em- 
portèrent en  Danemarche  enfouir,  et  lassierent  Engle- 
tierre. Chenus ,  li  fils  cestui  Suain ,  prist  le  règne  de 
Danemarche  apriès  le  mort  '  son  père  ;  puis  apiela  en 
s' aïe  Lacynan  **,  le  roi  de  Suave ,  et  Olein ,  le  roi 
d'Orkanie  ^ 

Heudres,  ki  estoit  o  le  duc  Richart,  quant  il  sot  '"  la 
vérité  de  la  mort  Suain  le  roi  ",  il  s'en  râla  en""  En- 
gletierre et  r'ot  son  règne  ;  mais  les  enfans  n'en  mena-il 

'  Il  prist  ses  Danois,  si  entra  en  mer  et  s'en  vint  en  E.,  si  ariva  à 
Sanwis.  —  '  S'en  vint  en  N.,  à  Rueni.  —  '  A  g.  —  *  Gantorbire.  — 
*  Ewart.  —  ^  Ce  mot  manque  dans  le  ms,  S. -G.  —  '  En  a.  —  '  L. 
manque.  —  '  D'Orquenie.  —  ■"  Oï.  —  "Le  roi  Suain.  —  "  Od  su 
feme  en . 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  49 

pas,  ains  les  lassa  en  Normeiidie  en  la  main  et  en  ' 
la  garde  le  duc,  qui  l'en  avoit  proie.  Et  H  rois  Che- 
nus G  toute  s'ost  et  o  toute  sa  '  grant  navie  s'en  vint 
en  Engletierre ,  et  sormonta  ^  Tliamise ,  et  assist  Lon- 
dres et  le  roi  Heudré  et  sa  feme  dedens.  Li  rois 
Heudrés  amaladi  et  moru;  et  li  rois  Chenus  à  la  loy 
crestiene  prist  Emme  la  roine  à  feme ,  et  por  li  avoir 
dona  son  pois  d'or.  Puis  ot-il  de  li  Mardocheum  % 
ki  fu  rois  de  Danemarche  apriès  lui  ,•  et  si  en  ot  une 
fille ,  Gounil  ^,  ki  puis  fu  emperreis  de  Rome  et  feme 
remp[er]eour  Henri.  En  cel  tans  avint  que  li  cuens 
Oedes  de  Chartres  prist  à  feme  la  serour  le  duc 
Richart,  et  li  dus  li  donna  en  douaire  de  mariage 
Pont-Ourson  et  Torquais  et  la  tierre  qui  est  sor  l'aighe 
d'Arve.  Celé  dame  morut  sans  oir,  et  li  dus  vaut  ra- 
voir ^  sa  tierre  que  donnée  li  avoit.  Chil  ne  li  vaut 
laissier  :  et  li  dus  prist  ses  Normans  et  ses  Bretons  et 
ala  sour  l'aighe  d'Arve,  et  i  frema  .i.  castiel  que  il 
apiela  Tiulieres  %  et  le  garni  moult  bien ,  et  i  laissa 
Ingel  le  conte  de  Coustances  et  Raoul  de  Roem  *  et 
Rogier  son  fill,  qui  le  gardèrent  o  autres  chevaliers.  Et 
quant  li  dus  s'en  fu  repairiés  %  li  cuens  Oedes  apiela  à  soi 
le  conte  del  '°  Mans  et  le  conte ^Galerant  de  Muelant 
et  lor  chevaliers ,  et  alerent  par  nuit  preer  et  asseoir 
Tiulieres.  Chil  qui  dedens  estoient,  le  sorent  bien  par 
les  gaites,  et  alerent  "  encontre  eus  à"  bataille.  Que 
vous  en  diroie-je  plus  ?  tant  fisent  la  gens  le  duc  que 

'  N.  en.  —  '  Et  od  son.  —  '  Et  amonta.  —  <  Mardechenu.  —  '  Gon- 
nil.  —  ^  Revolt  avoir.  —  '  Tieuslieres.  —  '  Coeni.  —  ^  C.  Quant  re- 
pairiés fu.  —  '•  Huon  del.  —  "  Issirent.  —  "  En. 

4 


50  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

cliil  de  l'autre  partie  furent  desconfi.  Partie  en  1  ot 
oeis,  partie  en  i  ot  navrés,  et  partie  s'en  repust'.  Li 
cuens  Oedes  et  li  cuens  Galerans  s'en  alerent  fuiant  à 
Pont-Ourson ,  et  "  li  cuens  Hues  descendi  del  cheval 
sor  coi  il  seoit,  et  s'en  entra  en  .i.  bierciP,  et  osta 
son  haubierc  et  se  kauces'*,  et  jjrist  .i.  mouton  sor  son 
col ,  et  issi  à  tout  del  biercliil ,  et  aloit  criant  ^  : 
«  Aies,  aies,  jà  les  ares!  »  Tant  ala  à  pié  que  il  vint 
au  tierc  jour  al  Mans.  Apriès  chou  manda  li  dus  Ri- 
chars  "^  au  roi  Olein  '  d'Orlcanie  et  à  Lacinari  *  le  roi 
de  Souave,  et  il  vinrent  à  lui  et  arrivèrent  en  Brc- 
taigne.  Là  desconfirent-il  les  Bretons,  kl  les  assailli- 
rent; ils  assisent  Dol  et  destruisent,  et  puis  se  misent 
en  Saine  %  et  vinrent  par  Saine  à  Roem.  Honnerée- 
ment  furent  recheu  dou  duc  Richart.  Li  rois  Robiers 
de  France,  quant  il  oï  la  nouviele '"  des  .ij.  rois, 
paour  en  ot  ;  et  manda  le  duc  Richart  por  chou  à  par- 
lement et  le  conte  Iluedon ,  et  les  concorda  par  si  que 
li  cuens  Huedes  auroit  le  castiel  de  Torquais  "  et  li  dus 
auroit  toute  l'autre  tierre  et  seroit  apendans  au  castiel 
de  Tiulieres.  Quant  la  pais  fu  faite,  li  dus  vint  à  ses 
gens  et  fist  faire  le  roi  Olein  '^  crestien  de  l'archeves- 
que  Robiert  de  Ruem^.  Il  fu  puis  martyriiés  en  son 
pais,  quant  repairics  i  fu;  et  encore  fait  Dex  miracles 
por  lui.  Et  apriès  chou  prist  li  dus  Richars  feme  la 
lille  le  conte  Jolfroi'^  de  Bretaigne,  por  avoir  lignie; 

■  Partie  navrés,  partie  se  repusent.  —  '  Al  Pont  fl'Orson.  —  '  Bei- 
gil.  —  ^  El  ses  calices  de  fer.  —  ^  Et  disoit  as  Normans.  —  •"  Li  d. 
aïe.  —  ^  pienis.  —  '  Laciman.  —  '  En  mer.  —  '"  la  venue.  —  "  Dor- 
kais  —  "  Li  rois  Olenis  se  fist  faire.  —  "  Joifroi. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  51 

Juete  ot  à  non  ;  moit  fii  -vaillans  dame.  Trois  fils  en 
ot  :  Richart  et  Robert ,  ki  furent  andoi  duc  ;  et 
Guillaume ,  ki  fu  moines  à  Fescamp.  Trois  filles  en 
ot  :  Aelis  ',  qui  fu  donnée  au  conte  Renaut  '^  de  Bour- 
goigne  ;  l'autre  fu  donnée  à  Bauduin ,  le  conte  de 
Flandres  ;  la  tierce  moi  u  virgene  ,  et  gist  à  Fescamp 
joste  son  père.  Et  apriès  chou  avint  que  li  cuens  Jof- 
frois  de  Champaigne  ^  s'en  ala  en  la  sainte  tierre  de 
Jlierusalem,  et  lassa  ses  .ij.  fils,  Alain  et  Oedon ,  en 
la  garde  le  duc.  Chil  cuens  Jolfrois  fu  mors  entre 
voies  en  ^  son   repair ier  :  dont  moult  fu  grans  da- 


mages ^. 


En  cel  tans  li  cuens  Bouchars  '^  de  Meleun  estoit  o 
le  roi  de  France ,  ù  il  demoui'oit  sovent  bien  longhe- 
ment;  et  uns^^  chevaliers,  qui  Gautiers  avoit  non,  li 
trahi  son  castiel  ^  et  le  bailla  au  conte  Oedon.  Quant 
li  rois  le  sot ,  il  vint  au  conte  Oedon ,  et  li  proia  que 
il  rendist  au  conte  Bouchart  son  castiel.  Chil  ne  le 
vaut  rendre  pour  le  roi  :  par  coi  li  rois  semonst  s'ost;  et 
si  manda  le  duc  de  Normendie  et  ses  autres  haus  ba- 
rons, si  ala  asseoir  le  castiel.  Li  rois  fu  d'une  part 
de  Saine  logié,  et  li  dus  d'autre  ^  Tant  fist  li  dus  par 
force  que  li  castiaus  li  fu  rendus ,  et  il  le  rendi  au  roi , 
et  li  rois  le  rendi  au  conte  Bouchart  j  et  chil  Gau- 
tiers, ki  trahi  l'avoit,  et  sa  feme  '"  furent  pendu  de- 
vant la  porte  dou  castiel.  Au  tans  de  cestui  Richart 

■  Aalis.  —  '  Rainnaut.  —  ^  Bretaingne.  —  ''A.  —  '  Ces  cinq  mots 
manquent  dans  le  ms.  S.-G.  —  ^  Brouchars.  —  '  Et  uns  siens.  —  *  C. 
que  il  gardoit.  —  '  Delà.  —  '°  Et  cil  G.  et  sa  feme  qui  le  chastel  avoient 
traï. 


5-2  HISTOIRE  DES  D^CS  DE  NORMANDIE 

duc  de  Normendle,  furent  Normant  preu  et  hardi ,  si 
que  il  onques  à  lor  anemis  lor  dos  ne  tournèrent. 
Trois  ans  apriès  che  moru  Henris  li  dus  de  Bourgoi- 
gne  sans  hoir,  et  laissa  sa  duchée  au  roi  Robiert  de 
France.  Li  Bourgegnon  fîsent  lor  segnor  dou  conte 
Landri  de  Naviers  ',  et  li  saisirent  la  "^  duchée.  Li  rois 
Robiers,  quant  il  che  sot,  prist  le  duc  de  Normendie 
et  ses  autres  homes;  si  s'en  alerent  asseoir  Auçoirre^, 
et  le  prisent  et  le  conte  Landri  dedens.  Puis  prisent 
Avalon  et  gasterent  la  tierre.  Quant  li  Bourghegnon 
virent  que  li  dus  avolt  tel  force  %  lor  se  sozmisent  à  lui 
tout  chil  de  la  tierre.  Puis  s'en  repairierent  li  rois  et 
Ji  ^  baron.  Hues  li  cuens  de  Chalon  prist  en  celé  ost  le 
conte  Renaut  d'Outre-Soone ,  qui  avoit  à  feme  la  fille 
le  duc  Richart.  Li  dus  li  manda  k'il  li  rendist  tout 
quite,  et  il  li  remanda  ke  por  la  soie  amour  le  tenroit 
plus  destroitement. 

Pour  cel  fol  remant  que  li  cuens  Hues  fist,  carga  Ij 
dus  ses  os  à  Richart  son  fdl,  et  si  li  commanda  ke  i! 
alast  vengier  cel  outrage*^;  et  chil  si  fist  moult  vighe- 
reusement.  H  se  parti  de  son  père ,  si  ala  sour  Bour- 
goigne  à  grans  elTors  ,  et  destruist  le'  conte,  et  assist 
et  prist  le  castiel  de  la  Mirmande.  D'illuec  s'en  ala  as- 
seoir Chalon,  la  tierre  oiidant^  Por  la  paour  que  li 
cuens  ot  de  lui ,  de  chou  que  il  ne  li  destruisist  toute 
sa  tierre  %  s'en  issi-il  encontre  lui  ;  et  si  portoit  une 
siele  à  cheval  sour  son  chief ,  et  li  cria  mierchi ,  et  li 

■  IN'evers.  —  '  Le  s.  de  la.  —  '  Auçuerre.  —  ^  Pooir.  —  '  Si-  —  '^  O 
par  celé  foi  que  il  li  dcvoit.  —  ''  La  terre  le.  —  *  Ardant.  —  '  Li  tolist 
l.  la  conlé. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  53 

i-endi  son  serouge,  et  si  li  jura  qu'il  venix)it  à  Ruera, 
faire  droit  au  duc  Richart  son  père.  Puis  s'en  repairie- 
rent  li  Normant  en  la  tierre ,  et  li  dus  Richars  vesqui 
puis  moult  saintement  et  moult  en  pais;  et  puis  au 
daarrains  amaladi ,  si  se  iist  porter  à  Fescamp,  et  list  a 
lui  venir  rarclievesque  Robert  sen  frère,  si  se  fist 
confiés  \oiant  '  toz  les  moines.  Mors  fu  et  enfouis  en 
l'eglyse  ù  il  avoit  establis  moines,  qui  par  devant  les 
chanoines  estoient.  Moult  furent  dolant  li  Normant  "  ; 
et  che  fu  drois  et  raisons,  car  moult  avoit  esté  preu- 
dom.  Et  che  fu  Tan  de  l'Incarnation  m.  et  .xxxvi  \  Ri- 
chars  ses  fils  remest  ses  hoirs  ;  boins  chevaliers  fu,  et 
moult  ama'^  pais  ;  mais  deables ,  qui  toz  jors  engigne 
comment  il  poroit  nuire  au  monde,  esmut  Robiert 
son  frère  à  guerroier  encontre  lui.  Il"  se  mist  dedens 
le  castiel  de  Faloise ,  et  le  garni  encontre  son  frère  et 
son  segnor;  mais  ses^  frères  s'en  ala  o  grant  ost  sor 
lui,  si  l'assist  dedens.  Quant  moult  i  ot  assailli,  Ro- 
biers  se  repenti  de  sa  folie ,  et  cria  merchi  à  son  frère  ; 
et  ses  frères  li  pardonna  son  raautalent,  et  lors  se  con- 
cordèrent en  boine  pais.  Cil  dus  Richars  ot  .i.  fill,  [qui 
Nicholes  ot  à  non,]  ki  de  primes  fu  moines  à  Fes- 
camp, et  puis  abbés  de  Saint-Owain  à^  Ruem  ;  et  si  fist 
faire  l'eglyse ,  et  moult  l'amenda  et  crut.  Puis  moru , 
et  fu  enfouis  devant  le  maistre-autel.  Ne  demoura  gai- 
res  apriès  la  concorde  ke  li  dus  avoit  faite  à  son  frère 
que  il  s'en  vint  à  Ruem  et  moru  là,  et  si  fu  enfouis 
jouste  son  fill  el  moustier  Saint-Oain;  et  si  dist-on 

'  Oiant.  • —  '  N.  de  sa  morl.  —  'P.  Anno  Incarnationis  millesimo 
.xx''.vr,  —  <  C.  M.  anioit.  —  '  Qui.  —  *•  Li.  —  '  Saint-Oain  de. 


54  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

que  il  fu  envenimes  en  l'an  de  l'Incarnation  .m.  et 
xxxvij.  ans.  Et'  Robiers  ses  frères  fii  fais  dux  apriès 
lui.  Moult  fu  vaillans  et  preus  et  ama  Diu  moult  dure- 
ment; mais  de  primes  crei-il  le  consel  des  jouenes 
gens  :  par  coi  il  assist"  l'archevesque  Robiert  dedens 
Evreus  ;  et  puis  l'enchaça-il  en  France ,  ù  il  s'en  ala  au 
roi,  et  si  mist  Normendie  en  entredit^  Ne  deraoura 
gaires  apriès  que  li  dus  le  rapiela ,  et  si  li  rendi  quan- 
ques  il  li  sot  demander,  et  puis  fu-il  toz  jors  ses  consel- 
liers.  Guillaumes,  ki  cuens  estoit  deBlois,  tenoit  lors 
le  castiel  de  Lanson,  que  il  voloit  osier  de  la  segnorrie 
le  duc  ;  et  moult  s'en  pena.  Li  dus  ala  sor  lui  à  ost  et 
l'assist ,  et  tant  le  destrainst  que  il  issi  nus  pies  de  la 
ville,  une  siele  portant  sor  son  chief;  et  si  faiteraent 
vint  au  duc  crier  mie[r]chi  :  li  dus  li  pardonna  son 
mautalent,  si  li  rendi  le  castiel;  et  quant  li  dus  s'en  fu 
repairiés  en  sa  tierre,  ne  demoura  gaires  apriès  que  li 
cuens  envoia  grant  ost  sor  Normendie.  Et  en  celé  clie- 
vauchie  envoia  ses  .ij.  fils,  dont  li  uns  avoit  non  Ro- 
biers, et  li  autres  Fouques.  Li  dus ,  qui  lor  venue  sot, 
ne  fu  mie  esbahis;  ains  manda  ses  chevaliers  et  ses  haus 
homes,  si  lor  vint  à  l'encontre;  et  tant  avint  que  il  se 
combatirent  à  Bonent  '.  Tant  dura  la  batalle  que  Fou- 
ques i  fu  ocis,  et  à  grant  paine  eschapa  Robiers  àpoi 
de  gent  :  par  coi  li  cuens  Guillaumes  s'anmuçonna  ^  et 
morut  de  duel.  Puis  avint  que  Hues,  li  fds  au  conte 
Raoul ,  ki  evcsques  estoit  de  Biauvais  ',  ala  à  Evreus  et 
garni  le  castiel  por  chou  que  il  le  voloit  tenir  encontre 

'  E.  .M''.xx"'.viij''.  —  '  A.  son  oncle.  —  '  1\.  cnliedil.  —  "*  Bovout. 
—    'Sanmesla.  —  '^  Haieuwes. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  55 

le  duc  ;  et  si  s'en  ala  en  France  querre  chevaliers  qui 
li  aidassent  à  guerroiier. 

Li  dus,  qui  chou  sot,  prist  sa  gent  et  ala  la  ville 
asseoir,  si  que  li  evesques  ne  pot  entrer  en  la  ville 
quant  il  repaira.  Quant  li  evesques  vit  chou,  moult  fu 
angoisseus  et  destrois  por  sa  gent  ki  estoit  dedens,  et 
manda  pais  au  duc  dès  chi  qu'il  en  seroient  issu  et  k'il  ' 
les  enferoit  issir.  Il  li  otria,  et  puis  ot  li  dus  le  castiel 
tout  garni.  En  cel  tans  requist  li  cuens  Bauduins  de 
Flandres  le  roi  Robiert  de  France  que  il  li  donnast  sa 
fille  avoec  "  Bauduin  son  lill,  et  li  rois  li  otria,  et  li 
cuens ^  l'enmena  petite  en  bierc  en  Flandres.  Quant 
elle  fu  grande ,  li  enfès  l'espousa ,  et  puis  chaça-il  son 
père  fors  de  la  tierre;  et  li  pères,  quant  il  vit  che  que 
ses  fils  li  faisoit ,  il  vint  crier  merchi  au  duc  Robiert 
por  avoir  s'aïe.  Li  dus  en  ot  pitié;  si  prist  ses  gens 
et  assambla  toute  s'ost  et  son  pooir,  et  ala  Flandres 
destruire.  Tant  ala  destruisant  et  ardant  que  il  vint  à 
•j.  castiel  que  on  apieloit  par  non  Chiot  ^  :  il  l'arst  et 
toz  cels  qui  dedens  estoient.  Quant  Flamene  virent 
chou,  il  lassierent  le  fill  par  force.  Puis  manda  li  fils  au 
duc  et  proia  que  il  le  concordast  au  père ,  et  li  dus  si 
fist;  et  quant  il  ot  mise  pais  entre  els,  si  s'en  repaira 
en  sa  tierre.  En  cel  tans  moru  Robiers,  li  rois  de 
France  :  Henris  ses  fils  fu  rois  apriès  lui.  La  roine  sa 
mère  Constance  le  haoit  ;  si  voloit  que  Robiers  ^,  qui 
dus  estoit  de  Borgoigne,  fust  rois  :  et  por  chou  ala  li 
rois  **  à  Fescamp-sor-la-Mer  por  avoir  l'aïe  dou  duc 

'  Et  il.  —  'A  oés.  —  '  Et  il  li  donna,  et  cil.  —  <  Chioc.  —  *  R.,  ses 
autres  fils.  —  *  Li  i-.  Henris. 


56  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

Roblert.  0  .xij.  chevaliers  tant  seulement  ala  li  rois 
parler  al  duc  Robiert  ;  moult  piteusement  li  requist 
que  par  la  foi  que  il  li  devoit  ke  il  li  aidast  encontre 
Robiert  sen  '  frère  et  encontre  sa  mère ,  qui  deshireter 
le  voloient.  Li  dus  envoia  au  conte  Maughier  de  Cor- 
bie  por  avoir  son  consel;  il  estoit  ses  oncles.  Si  li 
manda  li  dus  que  il  arsist  et  destruisist  toute  la  tierre 
à  cels  qui  encontre  le  roi  seroient,  et  ki  aideroient  au 
frère  et  à  la  mère.  Li  dus  entra  en  France  et  fist  tant 
ke,  maugré  le  frère  et  la  mère,  repairierent  tout"  à 
la  volenté  le  roi.  Puis  avint  que  li  dus  ^  Alains  deBre- 
taigne  vaut  guerroiier  le  duc;  mais  li  dus  ala  sour  lui, 
et  fist  .i.  castiel  sor  l'aighe  de  Coisnon,  que  on  apiele 
Caroges.  Puis  arst  et  destruist  la  tierre  au  duc,  et  s'en 
repaira.  Li  dus  Alains  s'en  vint'  sour  Normendie; 
mais  Ingel  de  Coustent  et  sa  gent^  li  furent  à  ren- 
contre sour  l'aighe  de  Coisnon.  Tant  i  ot  ocis  des  Bre- 
tons comme  se  che  fussent  brebis. 

Li  dus  Robiers  manda  à  Olein  ^  le  roi  d'Engletierre 
que  il  lassast  le  règne  d'Engletierre  à  ses  cousins, 
qui  droit  hoir  en  estoient,  Alvré  et  Heudré  et  Evrart  % 
que  il  moult  amoit;  car  il  les  avoit  tenus  entor  lui  à 
ausi  grant  hounour  comme  se  il  fussent  si  frère  u  si 
fin,  apriès  le  mort  lor  père  :  si  ne  lor  poroit  falir.  Li 
rois  respondi  que  il  n'en  feroit  riens.  Quant  li  dus  oï 
chou,  il  fist  aparellier  grant  navie,  et  s'en  ala  à  Fes- 
camp-sor-Mer  o  toute  s'ost  et  o  tout  son  pooir.  Quant 
la  navie  fu  aparellie,  il  vaut  aler  sor  Engletierre;  mais 

'  E.  son.  —  '  Suut  tuit  repairié.  —  '  Li  quens.  —  *  Li  quens  A.  re- 
vint. —  '  Et  Alvrés.  -   •  Chenu.  —  '  Euwart. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  57 

tormente  leva  trop  grans  :  par  coi  il  ne  porent  passer; 
et  si  les  chaça  es  illes  de  Gemesies,  et  à  moult  grant 
paoïir  arrivèrent.  Che  faisoit  Dex  por  Evrart,  car  il  ' 
voloit  ke  11  euust  le  règne  sans  bataille.  Là  demou- 
rerent  lonc  tansj  mais  quant  li  dus  vit  que  il  ne  po- 
roient  avoir  tans  por  passer,  si  '  s'en  repaira  et  arriva 
dejouste  le  mont  Saint-Michiel.  Lors  commencha  à 
assaillir  Bretaigne  de  .ij.  parties;  mais  li  cuens  Alains, 
quant  il  vit  chou,  il  apiela  l'archevesque  Maugliier, 
qui  oncles  estoit  à  l'un  et  à  l'autre  :  chil  les  concorda , 
et  si  jura  sor  sains  li  cuens  Alains  que  il  et  si  hoir  se- 
roient  dès  ore  mais  à  le  volenté  le  duc;  puis  s'en  re- 
paira li  dus  en  Normendie.  Si  ne  demoura  gaires  apriès 
que  li  rois  Chenus  d'Engletierre  li  manda  que,  par 
amors  et  par  concorde,  donroit  la  moitié  del  règne 
as  .ij.  fils  Heudré  ^.  A  celé  fois  ne  s'en  pot  U  dus  entre- 
metre,  car  en  pensé  avoit  d'aler  ançois  en  Jherusalem. 
Il  apiela  l'archevesque  Maugier  son  oncle,  et  li  conta 
son  afaire;  et,  par  son  consel,  fîst-il  de  Guillaume  son 
lîU,  qui  bastars  estoit,  son  hoir;  et  si  li  fist  jurer  feuté 
de  toz  les  barons  de  la  tierre  et  de  toz  ses  autres  homes , 
ki  moult  estoient  dolant  de  son  proposement.  Li  dus 
enprist  son  oirre,  et  lassa  celui  Guillaume  duc  de 
Normendie,  qui  jouenes  estoit;  mais,  selonc  son  aage, 
moult  estoit  preus  et  vaillans.  Nus  ne  sauroit  dire  les 
biens  que  li  dus  fîst  en  la  voie  de  Jherusalem.  Quant 
parvenus  fu  au  Saint-Sepulcre,  .viij.  jors  i  demoura; 
et  cascun  jour  aloit  orer  devant  le  Saint-Sepulcre  et 
plouroit  de  moult  boin  cuer,  tout  adiès  '^  la  moitié  del 

'  Kuwait,  qui.  —  '  T.,  si.  —  '  Le  roi  H.  —  ^  A    priés  de. 


58  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

jor  tlisolt  en  plourant  ses  orisons.  En  son  repaire- 
ment  s'en  vint  à  une  cite  qui  est  apielée  Niche  '  :  là  11 
prist  maladie ,  si  moru  et  fii  enfouis  en  la  tierre,  en  *  la 
mere-eglyse.  Moult  fu  plains  de  là  mer  et  de  chà,  si 
dut-il  bien  estre.  Dex  li  face  merchi  !  Amen  !  En  l'an 
de  l'Incarnation  .m.  et  .xlv.  ans. 

Ses  fils  Guillaumes  tint  la  tierre  apriès  lui  ^.  Dès 
primes  ot  grant  travail  et  grant  paine  :  ses  lignages 
le  guerroia ,  qui  grant  desdaing  ^  avoit  de  chou  que  il 
estoit  dus  et  bastars.  Li  baron  s'entre-guerroierent, 
et  fremerent  castiaus  11  .1.  encontre  les  autres  :  dont 
il  avint  que  Hues  de  Mont-Fort  et  Jakelins  de  Fer- 
rieres  s'entr'oclsent  de  guerre.  Puis  refu  ocis  11  cuens 
de  Deu^  qui  Gillebers  avoit  non,  et  puis  Teroldes*^  qui 
maistres  estoit  de  l'enfant.  Puis  refu  ocis  Obiers  ^  ki 
plus  grans  maistres  estoit  à  l'enfant;  et  fu  ocis  el  val 
de  Rueil  en  dormant ,  de  Guillaume  le  fill  Rogier  de 
Montegny  ^  Chil  Obiers  estoit  fils  del  frère  la  con- 
tesse  Gomor  ''.  Puis  crut  moult  durement  et  la  guerre 
et  li  maus  ;  tant  monteplia  la  guerre  que  11  rois  Henrls 
de  France  manda  au  duc  Guillaume  que  jà  à  lui  n'aroit 
amour  ne  pais  tant  comme  Tlulieres  tenlst  en  estant. 
Li  rois  l'assist,  et  puis  prist  parlement  au  duc;  et  11 
dus  11  otria  à  abatre  le  castiel ,  par  si  que  il  ne  fust 
refais  devant  .llij.  ans.  Puis  ne  demoura  gaires  que  11 
rois  par  1  enortement  as  Normans  entra  en  Normendle, 
et  arst  Argentuel  '",  et  refist  Tlulieres  encontre  son 

'  Nique.  —  '  E.  en.  —  '  T.  terre,  seulement.  —  "  Qui  d.  —  '^  Li  queus 
d'Eu.  -  *  Tlieroldes.  —  '  Osbers.  —  '  Mont-Gomcnn.  —  "  Gonnor. 
—  '"  Arnenlnem. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  59 

couvenaiit ,  et  s'en  râla  en  France  à  toute  sa  grant 
gent. 

Constans  d'Englos ',  11  cuens  des  Coustentinois,  se 
torna  encontre  le  duc,  et  si  garni  de  chevaliers  fran- 
çois  Faloise.  Et  11  dus  le  "^  prlst  et  escllla  Constant  ^  ; 
mais  11  le  racorda  au  duc  Rlchars  ses  fils ,  qui  moult 
lolaument  l'avolt  siervi,  et  si  11  fu  rendue  sa  tlerre. 
Li  archevesques  Robiers  moru,  et  Maughlers  li  frères 
le  duc  Robiert  fu  archevesques,  qui  oncles  estolt  au 
duc  Guillaume;  car  11  secons  Rlchars,  11  frères  Gom- 
mor^,  quant  Juele  sa  feme  fu  morte,  prist  Pavie,  de 
cul  11  ot  cestui  Maughler  et  Guillaume  d'Arches.  A 
celui  Guillaume  donna  11  dus  Gulllaumes  la  conté  de 
Thalou  ;  et  il  aprlès  che  s'enorguelll  et  desdaigna  à 
siervir,  et  fîst  en  son  le  mont  de  Bolsart  .1.  castiel  et 
le  garni  des  chevaliers  de  France.  Li  dus  Gulllaumes 
fist  faire  au  plé  del  mont  .1.  autre  castiel,  qui  tant 
destralgnolt  l'autre  ke  il  n'osolent  fors  issir,  et  tant  les 
destrainst  que  vltaille  leur  failli.  Li  rois  Henris  vint  de 
chl  à  ^  Saint-Aubin,  et  la  gens  le  duc  fîsent  .1.  embus- 
chement  priés  de  Saint-Aubin,  ù  il  ocisent  Engher- 
ran  le  conte  d'Abbevllle  ;  et  si  1  fu  pris  Hues  Bardons 
et  grans  partie  de  la  gent  le  roi.  Li  rois  mist  viande  el 
castiel,  et  pul[s]  s'enala;  mais  puisrendl  chil  Gulllaumes 
le  castiel  par  famine  ;  et  s'en  fui  escilllés ,  o  sa  feme , 
qui  estolt  suer  le  conte  Guion  de  Pontiu  ;  et  si  s'en  ala 
en  Boulenois  à  Wistasse^  le  conte  de  Boulolgne,  ki 
sires  estolt  del  pais;  et  puis  fu-il  de  la  raaisnie  le  duc  ^ 

'  Tostains  de  Glos.  —  '  L'assist  et.  —  ^  Tostaia.  -    ^  Gonnor.  — 
^  Tressi  qu'à.  —  *  Ustasse.  —  '  Le  conte. 


60  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

jusques  à  tant  que  il  morut.  En  cel  tans  morut  Chenus 
li  rois  d'Engletierre ;  Heraus  ses  fils,  que  il  ot  de  soi- 
gnant ,  ot  le  règne.  Evrars  ,  quant  il  chou  sot ,  s'en  ala 
à  Norantonnc  ',  ii  li  Englois  se  combatirent  à  lui  ;  et  il 
arst  et  prea  chou  k'il  trova  sor  la  marine,  et  puis  s'en  re- 
paira  en  Normendie.  Puis  s'en  ala  Alvrés  ses  frères  en 
Engletierre,  et  si  passa  à  Wissant'*  en  Engletierre.  Li 
cuens  Gomes  l'en  mena  à  grant  joie  herbregier,  et  si  li 
iist  grant  hounor  et  samblant  '  de  grant  amour  :  Judas 
fu  ;  car  la  nuit  le  prist  et  si  le  lia,  et  lui  et  sa  gent ,  et 
les  envoia  à  Londres  au  roi  Héraut.  Li  rois  fist  toz  ses 
compaignons  ocirre,  et  si  fist  Alvré  mener  à  Hely,  et 
il  li  fist  les  ielx  crever,  par  coi  il  moru. 

Assés  tôt  apriès  che  moru  li  rois,  et  Mardocheus  * 
ses  frères  fu  rois.  Chil  fist  de  Normendie  venir  à  soi 
Evrart ,  ki  estoit  ses  frères  de  par  son  père  ;  et  parti- 
rent entre  els  lé  règne.  [Puis  assés  tost  morut  Mardeche- 
nus,  etEuwars  ot  tout  le  règne.]  Cil  Evrars  par  consel 
pardonna  au  conte  Corne"  son  mautalent,  et  si  prist  à 
feme  Ydain  sa  fille  ;  mais  onques  à  lui  ne  jut.  Un  jor 
demanda  li  cuens  à  sa  fille  por  coi  elle  n'ençaintoit,  et 
elle  respondi  ^  à  son  père  :  «  Sire,  che  seroit  mervelle, 
car  je  ne  sai  que  hom  set  ^  faire,  ne  onques  ne  le  soi.  » 
Li  cuens,  quant  il  oï  chou,  si  cuida  bien  ke  li  rois  le 
haïst  por  l'amour  de  lui  et  por  la  mort  **  Alvré  son 
frère.  .L  jor,  apriès  chou  ,  avint  que  li  rois  et  li  cuens 
chevauçoient  coste  à  coste,  et  uns  garçons  errans  à  pie  ^ 

■  Od  grant  gent  à  Hantone.  —  '  De  Winsant.  —  ^  Et  si  li  f.  s.  — 
♦  Mardecenus.  —  *  Gome.  —  ^  ]\.  tantost.  —  "  Puet.  —  *  L'amor. 
—  ^  Esioit  devant  cls,  qui. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  CI 

s'abuissa  de  l'un  de  ses  plés  et  a  poi  k'il  ne  chaï  ; 
mais  il  se  retint  de  l'autre.  Li  cuens  Gommes,  ki  le 
vit,  dist  tantost  :  «  Ore  ot  mestier  li  uns  pies  '  à  l'au- 
tre. »  Li  rois,  quant  il  loi",  si  dist  après  che  :  «  Ausi 
m'eust  Alvrés  mes  frères  mestier,  se  il  vesquist.  »  Et 
quant  li  cuens  oï  chou,  puis  ne  sonna  mot,  dès  que  il 
furent  herbregié;  et  quant  il  se  sisent  al  raangier,  li 
rois  et  li  cuens  Gomes,  li  cuens  prist  .i.  morsiel ,  si 
dist  au  roi  :  «  Sire,  vous  me  mescrecs  de  la  mort 
vostre  frère  ;  mais  si  puissé-jou  passer  cest  morsiel , 
que  jou  en  sa  mort  coupes  n'oi  !  »  Il  mist  le  morsiel  en 
sa  bouche ,  si  estrangla  et  moru  ;  puis  fu  cuens  Heraus 
ses  fîus.  En  cel  tans  prist  li  dus  Guillaumes  à  feme  la 
fille  le  conte  Bauduin  de  Flandres,  la  nièce  le  roi  Henri 
de  France;  et  si  en  ot  .iiij.  fius  :  Guillaume,  Robiert, 
Richart  et  Henri,  et  .iiij.  filles.  En  celé  boine  pais  ù 
INormendie  estoit  adont  fu  sainte  Eglyse  en  grant 
hounour,  et  faisoient  li  haut  home  eglyses  et  abbeyes, 
et  donnoient  rentes  à  cels  qui  le  siervlce  Diu  faisoient. 
Li  dus  Guillaumes  fonda  l'abbeye  de  Saint-Vigor  de 
Cerisy  et  Saint-Estievene  de  Caam ,  et  Mehaus  sa 
feme  celi  de  Sainte-Trenité.  Ces  .ij.  abbeyes  fist  li  dus 
par  le  consel  l'apostole,  pour  chou  que  il  ne  se  depar- 
tesist  de  sa  feme,  qui  sa  cousine  estoit.  Guillaumes  li 
fils  Robert  fonda  Lyre  et  Cormellyes  \  Rogier  de 
Biaumont  li  fils  Henri  ^  de  Wieles  fonda  à  Praiaus,  en 
sa  tierre ,  une  abbeye  de  moines  et  une  autre  de  non- 
nains.  Rogiers  de  Mongomeri  en  fist  une  autre  à  Sains  ^ 

■  Frère.  —  '  Fist  Lire  et  Cormeilles.  —  '  Hainfroi.  —  <  Mont-Go- 
iiiori,  une  à  Sais. 


62  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

dehors  les  murs,  et  une  autre  en  sa  tierre  à  Touart  ', 
et  une  autre  de  nonnains  à  Ammanetes  \  Lieceline  la 
contesse  d'Eu  fonda  ^  Saint-Pierre  sor  Divc,  et  une 
abbeye  de  nonnains  delors  la  cité  de  Liesies  '  ;  Robers 
li  cuens  de  Deu^,  Saint-Michiel  des  .iij.  Pors;  Rogiers 
de  IMortemer,  Saint-Victor;  Richars  li  cuens  d'Evreus, 
Saint-Sauveour  à  Evreus  ;  et  à  Ruem,  Sainte-Trenité- 
el-Mont;  Robiers,  li  cuens  de  Moretuel ,  Crestegny'; 
Hues,  qui  puis  lu  cuens  de  Ciestre,  Saint-Sever  ;  Bau- 
duins  de  Rivières,  celi  de  Montebroc  ;  Nigel,  li  y'is- 
cuens  de  Coustentin ,  fist  Saint-Sauveour  ;  Guillaumes 
Talevas  li  premiers ,  Sainte-Marie  de  Lunloy  ;  Raous 
Tassons  et  llerviux%  Saint-Estievene  de  Fontenoy  ; 
Raous  de  Trovi ,  Saint-Estievene  de  ^  Castellon. 
Rolles,  qui  la  tierre  conquist,  donna  à  Ruem  et  à 
Evreus  et  à  Bayeus  et  à  Saint-Oain  de  Ruem  et  à 
Saint-Pierre  deGemeges  et  au  Mont-Saint-Micliiel  et  as 
sains  '*  de  France  grans  rentes.  Richars  li  fils  Guil- 
laume ,  fonda  Tabbeye  de  Fescamp.  Li  secons  Ri- 
chars list  l'abbeye  de  Saint- Wandrille.  Ludis  sa  feme 
celi  de  Bernai.  [  Li  tiers  Richars  morut  jouenes.] 
Robiers  ses  frères  s'en  ala  en  Jherusalem  ;  mais  ançois 
commencha-il  l'abbeye  de  Cyrai.  Robiers  de  Grente- 
Maisnill  '°  et  Hues  ses  frères  et  Guillaumes  relisent 
l'abbeye  de  Saint-Evrolert. 

Li  rois  Henris  de  France ,  quant  il  sot  que  Guil- 
laumes d'Arches  avoit  le  castel  rendu  et  qu'il  s'en 

■  Troart.  —  "  Aumanethes.  —  '  F.  manque.  —  ''  Liesewies.  —  '  Li 
quens  (l'Eu.  —  *■  Gresteigai.  —  '  Heriveus.  —  *  Tooni,  Saint-Piero  dcl. 
—  '  Et  à  Sainl-Denis.  —  '"  Grentes-lVIaisnil. 


ET  DES  ROTS  D'ANGLETERRE.  63 

estoit  fuis ,  il  ala  '  eii  INorraendie  o  graiil  ost  o  Joffroi 
Matel  ';  mais  sa  gens  fii  desconfîte  à  Bremule-lès- 
Morteraer.  Puis  frema  li  dus  Bretuel  encontre  Tiu- 
lieres,  que  li  rois  de  Fiance  li  avoit  tolu%  et  si  le  bailla 
à  garder  à  Guillaume  le  fill  Obert.  Chil  Guillaumes  li 
fils  Obert  estoit  preudom  et  loiaus,  et  moult  aida  le 
duc  encontre  les  Englois  :  par  coi  il  ot  la  conté  le 
conte  de  Hierefort  et  grant  partie  d'Engletierre.  Pus 
fu-il  ocis  en  Flandres,  de  Robert  le  Frison.  Euras  ^  li 
rois  d'Engletierre  n'ot  nul  enfant ,  si  establi  son  hoir 
dou  duc  Guillaume  par  l'archevesque  Robiei-t  de  Can- 
torbyre,  ke  il  i  envoia.  Et  puis^  envoia-il  por  sa  feuté 
jurer  Héraut  le  plus  poissant  des  Englois  [;  et  por 
chou  qu'il  estoit  li  plus  poissans  des  Englois  li  en- 
voia-il]. Et  chil  Heraus  dont  je  vos  di  estoit  fils 
Godin ,  que  li  cuens  Guis  d'Abbeville  prist  en  Pontiu 
ù  il  arriva  ;  mais  il  le  rendi  au  duc.  Lors  jura  le  duc 
la  feauté  de  la  couronne  li  cuens  Heraus  '  sor  les  reli- 
ques de  sainte  Cande,  et  si  li  bailla  Hunaut  son  frère 
en  hostages  ;  puis  s'en  râla  en  Engletierre,  et  li  rois 
Evrars  moru  assés  tost  apriès  ^ .  Heraus  encontre  son 
sairement  se  fist  couronner,  et  si  fist  garder  les  pors. 
Li  dus  Guillaumes  s'apparella  d'aler  en  Engletierre  ; 
maisConains  li  dus  de  Bretaigne  aparella  grant  ost,  et 
si  manda  au  duc  Guillaume  que  il  voloit  avoir  Nor- 
mendie  comme  son  hiretage;  car  li  dus  n'i  avoit  droit. 
Li  cuens  Connains  assist  Castiel-Gontier  en  Ango  ; 
illueques  fu  envenimés  d'un  sien  sergant  :  par  coi  il 

'  Il  entra.  —  '  Joifroi  Martel.  —  '  Toloite.  —  "  Ewars.  --  ^  Et  p.  i. 
—  "^  G.  H.  —  'A.  manque. 


64  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

moru.  Lors  ala  H  dus  Guillaiimes  en  Engletierre  o 
ses  Normaiîs  et  o  toz  cels  ke  il  pot  avoir.  Quant  il 
sot  que  li  cuens  Connains  estoit  mors,  il  se  parti  de 
Saint-\\aleri,  si  arriva  à  Penevesel.  Là  fist-il  .i.  cas- 
tiel  et  .i.  autre  à  Hastingues,  ù  li  rois  Heraus  se  com- 
bati  à  lui  par  .i.  semmedi  ;  et  sachics  ke  li  rois  He- 
raus fu  desconfis  en  celé  bataille;  si  ne  sot- on  que 
il  devint,  se  par  diaines  non.  Moult  pierdi  de  sa 
gent,  et  li  remanans  des  Englois  s'en  fui;  et  li  dus 
les  porsiui  tant  ke,  quant  li  dus'  repaira  el  camp, 
il  lu  mienuis.  Et  apriès  chou,  s'en  ala-il  à  Waulin- 
gefort  '' .  Li  Englois  qui  dedens  estoient  s'en  issirent 
encontre  lui  à  bataille,  si  en  i  ot  moult  d'ocis.  Puis 
s'en  repairierent  li  Londrois ,  et  si  fu  li  dus  cou- 
ronnés à  Londres  le  jour  dou  Noël.  Et  apriès  che, 
fist-il  une  abbeye  de  Saint -Martin  là  ù  la  bataille 
ot  esté. 

Puis  s'en  repaira  Guillaumes  li  noviaus  rois  en  Nor- 
mendie,  et  si  en  fist  duc  Robiert  son  fill;  et  puis  s'en 
râla  en  Engletierre,  ù  il  escilla  ^  une  compaignie  d'ul- 
laghes  qui  ocirre  le  voloient.  En  cel  tans  moru  Ma- 
rilles  %  li  arclievesques  de  Ruem ,  et  Jebans  fu  arche- 
vesques.  Estievenes  li  cuens  de  Bouloigne  passa  en 
Engletierre  par  nuit  par  le  consel  des  Englois,  et  si 
assist  Douvre  ;  mais  chil  dedens  s'en  issirent  et  se  com- 
ba tirent  à  lui ,  si  le  desconfirent  et  partirent  del  siège. 
Et  apriès  chou,  li  rois  Guillaumes  s'en  vint  en  Nor- 
mendie ,  si  moru  à  Ruem  ;  et  fu  portés  enfouir  à 
Caam,  à  l'abbeye  Saint-Estievene  que  il  avoit  faite; 

'  Ouniil  il  s'en.    -  '  Walingefort.  —  '  F.t  e.  —  "  Maurilles. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  65 

et  sachiés  ke  il  fn  enfouis  moult  richement.  lïenris 
ses  fils  fu  à  sa  mort ,  et  Guillaumes  ses  ainsnés  (ils  fu  à 
son  entièrement;  et  puis  passa  mer,  si  vint  en  Engle- 
tierre  et  se  fist  couronner  à  roi.  Robiers,  qui  dux  fu 
de  Normendie ,  donna  à  '  son  frère  le  contée  de  Cons- 
tentin;  mais  puis  li  retoli-il*.  Li  Mansiel  ne  vaurrent 
plus  iestre  soz  le  pooir  as  Normans,  si  lisent  lor  segnor 
de  Liede^  de  la  Fleke,  et  si  li  fîsent  prendre  une  nièce 
le  conte  Robert  ^  del  Mans.  Li  dus  Robers  de  Normen- 
die s'en  ala  en  Jherusalem  ;  et  la  ducoise  engaga  au  roi 
Guillaume  son  frère ,  ki  rois  estoit  d'Engletierre  et  ki 
lors  ert  en  la  Marche ,  le  castel  de  Gysors.  Et  li  dus 
Robiers,  ki  outre  mer  ala ,  le  ^  fist  moult  bien  à  la  con- 
queste  d' Anthioce  et  de  Jherusalem,  là  ù  il  fu.  Chil  rois 
Guillaumes,  ki  lors  estoit  rois  d'Engletierre,  estoit  "^ 
rous  de  poil  :  par  coi  on  l'apieloit  le  roi  Rous.  Il  fist 
defors  Londres,  dejouste  l'abbeye  de  Wemoustier ', 
une  des  plus  rices  sales  del  monde.  Ancois  k'ele  fust 
parfaite,  le  vint  veoir,  si  le  blasma  moult  durement; 
ses  gens  li  demandèrent  por  coi  il  le  blasmoit,  s'ele 
li  sambloit  estre  trop  grans.  «ParDiu!  dist  li  rois, 
chou  n'est  nulle  chose  :  elle  est  trop  grans  à  chambre, 
et  trop  petite  '  à  sale.  »  Puis  apriès  chou ,  prist  talens 
au  roi  de  tenir  une  grant  court  à  une  Pentecouste  en 
sa  nouviele  sale;  bien  vist  k'ele  ne  poroit  estre  cou- 
vierte  devant  la  Pentecouste.  Or  oiiés  que  il  fist  :  tou- 
tes les  escarlates  de  Londres  fist  prendre,  si  en  fist 

■  R.  fu  d.  de  N.,  qui  d.  à  Henri.  —  '  M.  il  li  r.  —  '  Helie.  —  *  Her- 
bert. —  '  Li  d.  le.  —  ^'  Fn.  —  "  Waimousticr  sor  l'aiglic  de  Tamise. 
—  *  Et  t.  par  est  p.  ot  estroite. 


6G  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

couvrir  sa  sale;  et  tant  comme  la  fieste  dura,  fu-elle 
couvierte  d'escarlate.  Moult  fu  chll  rois  larges  et  vail- 
lans  ;  mais  trop  deshiretoit  volentiers  la  gent  :  de  chou 
ert-il  trop  mal  entechiés.  Il  (ist  maint  mal  à  sainte 
Eglyse  et  as  clers,  et  meismement  as  abbeyes,  que  il 
apetisoit  de  lor  tierres  et  de  lor  rentes.  Une  nuit  li 
avint  une  avisions,  si  li  sambloit  k'il  ert  en  une  cha- 
piele  toz  seus  et  si  veoit  .i.  crucefix  jesir  sour  l'autel. 
Il  avoit  tel  fain,  che  li  sambloit,  que  il  ne  savoit  que 
il  peust  faire;  et  si  avoit  moult  grant  talent  de 
mengier  .i.  des  pies  au  crucefix.  Lors  venoit  au  cru- 
cefix ke  il  veoit  là  jesir,  si  comme  il  li  sambloit,  si 
li  mangoit  ini  des  pies  ;  et  apriès  chou ,  avoit-il  en- 
core gregnor  fain  :  si  li  mangoit  l'autre  pie  ;  et  apriès 
chou,  avoit-il  encore  gregnor  fain  que  devant  :  si  li 
mangoit  une  main  ,  et  encore  n'estoit  pas  sa  famine 
estanchie  '  :  si  li  voloit  mangier  l'autre  main;  mais 
li  crucefix  hauçoit  celé  main,  che  li  sambloit;  si  le 
feroit  en  mi  les  dens,  si  ke  deus  l'en  abatoit.  Li  rois 
s'esvella ,  si  se  trova  tout  sanglent;  et  ses  .ij.  dens,  si 
comme  il  le  songa  ,  trova  cheus. 

Lendemain  conta  li  rois  celé  avision  à  l'evesque  de 
Winciestre,  son  confiessour,  ki  li  esponst  en  tel  ma- 
nière com  vous  ores.  «La  capiele ,  dist  li  evesques, 
est  sainte  Eglyse;  li  crucefix  qui  estoit'  sour  l'autel 
est  Jhesu-Crix  qui  cascun  jour  i  est  couciés  et  levés,  sa 
mors  et  sa  passions  i  est  recordée  ^  quant  la  messe  est 
dite  ^  ;  cui  menbres  tu  mangues,  quant  tu  ses  clercs  et 

'  Estainte.  —  ^  Gisoit.  —  ^  I.  est  sor  l'auteil  mis  et  c.  et  1.  —  ^  T  est 
chantée,  sa  ni.  et...  recordée. 


Eï  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  67 

ses  amis  •  qui  son  siervice  font  apetises  de  lor  tierres  et 
de  lor  rentes ,  quant  tu  o  eus  vas  prendre  conrois  et 
herbrcgement ;  mais,  se  tu  ne  t'i  regardes',  ta  vie  ape- 
tisera ,  qui  par  les  dens  que  tu  as  pierdus  est  enten- 
due. )i  Et  quant  li  rois  oï  parler  l'evesque  ensi  faite- 
ment,  il  le  torna  gas  et  dist  que  il  estoit  cousins  as 
clers.  Et  apriès  chou,  ne  demoura  gaires  que  li  rois 
chaçoit  en  une  noeve  foriest  que  il  avoit  fait  faire  ^  de 
.xviij.  parroces  ke  il  destruites  en  avoit.  Là  fu  li  rois 
ocis  par  mésaventure,  d'une  sajete  dont  Tyreus'*  de 
Pois,  ki  o  lui  estoit,  cuida  ferir  une  bieste;  si  failli  à 
la  bieste  et  si  feri  le  roi ,  qui  outre  la  bieste  estoit. 
Ensi  moru  li  rois ,  comme  vous  avés  oï.  Et  en  celé  fo- 
riest meismes  si  hurta  ensi  faiteraentRichars  ses  frères 
à  .i.  arbre  que  il  en  moru.  Et  de  chou  dist-on  molt 
que  Dex  le  fist  pour  chou  que  il  avoit  les  perroches 
ensi  destruites  et  essorbées^. 

Comment  Henris  li  frères  le  roi  Guillaume  fa  • 
couronnés  à  Londres^, 

Henris  li  frères  le  roi  Guillaume  fist  le  cors  dou 
roi  son  frère  porter  à  Winciestre.  Là  fu-il  entières  el 
moustier  Saint-Piere  de  la  Hyde  devant  le  maistre- 
autel.  Puis  s'en  ala  à  Londres  et  fu  couronnés  à  roi  de 
l'archevesque  Antiaume'  deChantorbire.  Et  puisprist- 
il  à  feme  la  fille  le  roi  d'Escoce ,  ki  Mehaus  avoit  non  ; 

'  C.  et  ses  evesques  et  ses  abés  et  ses  nioinnes.  —  "  T'en  gardes.  — 
'  Il  meismes  avoit  faite.  —  ''  Tirels.  —  *  Et  chou  dist-on  moult  eu  plui- 
sors  lius  que  ce  fu  por  le  pecié  des  parroces  que  il  avoit  destruites. 
—  *^  Cette  rubrique  manque  dans  le  mx.  de  S. -G   —  '  Ansiaunie. 


08  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

dont  il  ot  .i.  fill,  Guillaume,  et  une  fille,  Mehaut,  ki 
puis  fu  marie  à  l'empereur  d'Alemaigne  ki  Henris 
a  voit  non.  Ele  fu  couronné  à  .i.'  jour  de  le  lieste  Saint- 
Jehan  à  Maience,  de  l'arclievesque  de  Couloigne.  Et 
puis  avint  que  Guillaumes,  li  lils  au  roi  Henri  %  s'en 
vint  à  Barbeflue;  car  il  voloit  passer  le  mer  et  aler  en 
Engletierre.  Et  tormente  le  prist,  si  fu  noiiés  et  de- 
vourcs  des  pissons  de  mer  ',  et  moult  d'autres  qui  o  lui 
s'en  aloient^  :  dont  grans  damages  fu  et  grans  pitiés  \ 
Et  en  lui  fu  avérée  la  prophecie  Merlin,  ki  .v*^.  ans  de- 
vant et  plus  ot  esté  dite;  car  il  dist  ensi  :  «  Li  chaiel 
au  lyon  des  illes  seront  mué  en  poissons  de  mer.  »  Il 
apieloit  le  roi  Henri  Ifon^  et  bien  i  ot  raison;  car  à 
son  tans  ne  fu  nus  plus  fors  rois  de  lui ,  plus  poissans 
ne  plus  doutés. 

Puis  repaira  li  dus  Robiers  de  Jherusalem  assés  tost 
apriès  le  couronnement  son  frère,  et  si  refusa  la  cou- 
ronne de  Surie.  Quant  il  fu  revenus  en  sa  tierre,  assés 
tost  apriès  passa  la  mer  ;  si  vint  en  Engletierre  pour 
tolir  à  son  frère  la  tierre  ;  mais  il  se  concordèrent  en 
tele  manière  que  li  rois  Henris  donroit  cascun  an  à  son 
frère  .iiij™.  mars  d'esterlins*'.  Li  dus  Robiers  s'en  re- 
paira apriès  chou  en  Normendie;  si  ne  demoura  pas 
grantment  que  il  s'apparella  comme  por  guerroiier 
son  frère;  mais  li  rois,  qui  dire  l'oï,  passa  la  mer  et 
s'en  vint  à  toute  s'ost  et  à  tout  son  poolr  '  en  Normen- 

"  A  empeerris  le.  —  '  Li  (ils  le  roi.  —  '  Les  six  mots  précédents 
manquent  dans  le  ms.  S.-G.  —  *  S'en  alerent.  —  ^  Le  reste  du  para- 
graphe manque  dans  le  ms.  S. 'G.  —  ''  M.  d'argent.  —  '  S'en  v.  od  t. 
son  p. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  69 

die,  et  prist  moult  lost  la  cite  de  Bayoes  '  et  Caam. 
Puis  assist  li  rois  le  castiel  de  Mortemer;  et  quant  il 
l'ot  pris,  si  s'en  ala  versTenecbray%  ù  li  dus  Robiers 
assambla  à  lui.  Et  avint  ensi  en"'  celé  bataille  que  li 
dus  i  fu  desconfis  et  pris;  ne  onques  li  rois  home  n'i 
perdi,  et  de  l'autre  part  i  ot  ocis  .Ix™.  homes.  Lors  ot 
H  rois^  toute  Normendie,  et  le  prist  et  tint^  en 
sen  demaine;  si  s'en  ala  en  Engletierre  arrière  ,  et  i 
envoia*^  ses  prisons,  et  les  tint  tant  que  il  en  sa  prison 
morurent.  Li  dus  Robiers  moru  à  Bristou  en  la  pri- 
son le  conte  Robiert  de  Glouciestre  son  neveu,  à  cui 
li  rois  l'avoit  cargié  à  garder;  et  si  fu  enfouis,  cpiant  il 
fu  mors ,  en  l'eglyse  Saint-Piere.  Quant  li  empereres 
Henris  d'Aîemaigne  fu  mors,  li  rois  Ilenris  d'Engle- 
tierre  envoia  por  Mehaut  sa  fille,  et  ii  fist  jurer  feuté 
et  homage  des  '  barons  d'Engletierre  et  de  Normen- 
die; puis  le  donna-il  à  feme  à  Joffroi  Marchel*  le 
conte,  ki  fu  fils  le  conte  Fouque  d'Anjou,  qui  de  li  ol 
.iij.  fils  :  Joffroi,  Henri  et  Guillaume.  Li  rois  Henris, 
quant  la  roine  Mehaus  fu  morte,  prist  à  feme  Aaîis,  la 
fille  Godefroi  le  duc  de  Louvaing,  la  cousine  ^Vis- 
tasse^  de  Bouloigne  ;  mais  n'en  ot  nul  enfant.  Si  ot-il 
de  bas  .\'y  fils  et  .\ij.  filles.  Li  ainsnés  des  bastars  fu  Pio- 
biers,  à  qui  il  donna  Sébile,  ki  fu  hoirs  de  tierre,  et 
fu  fille  le  conte  Robiert  Haymon'°  et  nièce  Roliiertde 
Montgomeri ,  et  si  estoit  li  chiés  de  son  linage.  Ses 
hiretages  fu  Thoenis  et  la  Marche  de  Beessin.  Et  si 

'  Bealvais.  —  ^  Tenerchebrai.^ —  '  De.  —  "  Li  r.  Henris.  —  '  Et  le  t. 

—  *  A.,  si  enmena.  —  '  Feelté  as.  —  *  Martel.  —  ^  Le  conte  Ustascio. 

—  '"  Hamon. 


70  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  INORMANDIE 

donna  encore  li  rois  à  cestui  Robiert  la  tierre  Haymon 
le  Despensier,  l'oncle  sa  ieme,  et  la  conte  de  Leecestre. 
Guillaumes  fu  li  secons  des  bastars;  Richars  fu  li  tiers, 
qui  fu  noiiés  o  son  frère.  Renaus  ',  Robiers  et  Gillebiers 
furent  sans  tierre  Mehaus  sa  fille  bastarde  fu  donnée 
au  conte  del  Perche,  l'autre"  à  Connain  le  conte  de 
Bretaigne;  la  tierce,  qui  ot  non  Julyane%  fu  donnée 
à  Guillaume  ^  de  Paci  ;  la  quarte  à  Guillaume  Gayet  ; 
la  quinte  au  visconte  de  Biaumont;  la  siste  au  fill  Bou- 
chart^  deMonmorenci.  La  .vij.isme  ot-il  d'Isabiel ,  le 
serour  le  conte  Galerant  de  Muellant  %  et  celé  ne  fu 
onques  donnée  à  signour. 

Henris  li  rois  d'Engletierre  fist  en  Engletierre  plui- 
sours  castiaus  ;  et  en  Normendie  fist-il  le  Noef-Castel- 
sour-Dyeppe ,  que  on  apiele  de  Riencort ,  et  Vernuel 
et  Nuelcort  et  Buesmolins  et  Coulemont  et  Pont- 
Ourson^  et  encore  autres.  Il  fonda  en  Engletierre 
l'abbeye  de  Radinghes,  et  si  i  mist  moines  de  Clygni  **  ; 
et  à  Cicestre  ^  une  de  Saint-Jehan  ;  et  en  Normendie 
Sainte-Marie-del-Pré,  que  sa  mère  avoit  commencie. 
Il  aida  moult  à  faire  l'abbeye  de  Clygni,  et  Saint- 
Martin-dcs-Chans  de  Paris  ;  et  si  fist  faire  l'ospital 
Saint-Bernart  des  Mons-de-Mongeu  '%  et  i  donna  ren- 
tes. Al  Temple  donna-il  une  ville  Ruem  '  ' ,  que  on  apiele 
Yille-de-Diu.  Il  refist  l'eglyse  d'Evreus,  ki  avoit  esté 
arse  de  sa  guerre  et  de  le  guerre  le  conte  Amaurri. 

•  Uainnaut.  —  "La  seconde  des  filles  fu  donnée.  —  ^  La  t.,  Juliane. 

—  "  Ustasse.  —  *  Boscart.  —  ''  Meulent.  —  '  Driencourt,  et  Vcrneil  et 
Nonencort  et  B.  et  Coleniont  et  Pont-Oison.  —  '  Cluingni.  —  »  Ciestre. 

—  '°  .Mon-jiii.  —  '  '  En  Evrecin. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  71 

Cil  rois  llenris  morii  en  la  foriest  de  Lyons  à  le  Saint- 
Denis  '  ;  et  si  fil  portés  en  Engletierre  enibuir  en  '  l'ab- 
beye  ma  dame  Sainte-Marie  de  Radinj^lies,  que  il  avolt 
faite.  Il  moru  sans  fiU  de  loial  espouse  ',  mais  JolFrois 
li  cuens  d'Ango,  ki  moult  estoit  fel  et  crueiis,  avolt  à 
feme  Meliaut  sa  fille,  ki  emperrels  d'Alemaigne avolt* 
esté;  et  celé  estoit  ses  drois  hoirs.  Quant  11  rolsHenris 
fu  mors  ,  li  baron  d'Engletierre  envolèrent  enAngo  à 
Meliaut  l'emperreis,  si  11  mandèrent  que  ses  pères  es- 
toit mors ,  et,  s'ele  voloit  venir  en  Engletierre  sans  le 
conte  son  segnor,  il  le  rechevroient  à  dame  et  li  don- 
roient  la  couronne  ;  mais  le  conte  son  segnor  ne  reche- 
veroient-iP  en  nulle  manière^,  car  trop  estoit  fel  et 
crueus  :  si  ne  se  vaurroient  pas  raetre  en  sa  subjection. 
La  roine  '  respondi  as  messages  k'ele  jà  sans  son  segnor 
n'i  porteroit  les  pies  ne  jà  roine  ne  serolt  se  ses  sires 
n'estoit  rois.  Et  quant  11  message  oïrent  la  response 
l'emperreis,  il  s'en  repairierent  en  Engletierre,  et 
contèrent  as  barons  sa  response.  Estievenes  ses  niés ,  li 
cuens  de  Moretuel  et  de  Bouloigne ,  quant  il  oï  les 
novieles  de  sen  ayoul  qui  mors  estoit,  et  que  s'anle 
l'emperreis  n'i  voloit  aler  sans  le  conte  son  segnor,  et 
li  Englois  ne  11  vololent  tenir  ^  à  segnor  en  nulle  ma- 
nière, auques  par  la  volenté  des  Englois  et  par  lor 
mandement  s'en  vint-il  à  Wissant^;  si  entra  en  une 
nef  et  ses  gens  en  autres  plulsors ,  si  passa  la  mer  et 
arriva  à  Douvre ,  si  entra  en  Engletierre  et  si  se  saisi 

'  A  S.-D.  —  'A.  —  '  D'espouse.  —  *  Qii  e.  a.  —  '  Le  c.  ne  r.-il  à 
segnor.  —  '  Fin.  —  -  L'empeerris.  —  *  Et  que  ii  E.  ne  v.  le  conte  le- 
cevoir.  —  ^  Winsanl. 


72  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMAJNDIE 

de  la  tlerre ,  et  se  fist  coroinier  à  roi  par  la  force  de 
son  frère  l'evesque  '  de  Winciestre  et  par  la  voleiUé 
des  barons,  c£ui  li  otriierent  la  couronne  par  tel  con- 
vent  que  il  lor  tenist  lor  cliartres  que  li  rois  Henris 
ses  ayoes  lor  avoit  données  et  que  il  lor  renouvelast. 
Savés-vous  quels  cliartres  che  furent?  Quant  li  dus 
Robiers  de  Jherusalem  repaira,  et  li  rois  Henris  ses 
frères  l'oï  dire,  si  en  ot  paour  por  chou  que  li  dus^ 
estoit  ainsnës  de  lui  et  plus  drois  hoirs  del  règne  :  il 
proia  et  requist  as  barons  d'Engletierre  que  il  li  aidas- 
sent en  boine  manière^  encontre  son  frère,  par  tel 
couvent  que  il  devisassent  quels  loys  il  voloient  avoir  ^. 
Li  baron,  comme  faus ,  li  otriierent;  si  fisent  escrire 
tels  Chartres  comme  il  vaurrent,  et  li  rois  lor  fist 
saieler  ;  mais  onques  ne  lor  tint,  puis  que  ses  frères 
fu  mors.  Et  clies  meismes  chartres  vaurrent  li  Englois 
que  li  rois  Estievenes''  lor  tenist  et  que  il  lor  renou- 
velast,  et  il  si  fist  par  si  que  il  soufrissent  que  il  fust 
rois  et  que  il  li  aidassent  envers  toz  cels  qui  le  règne  ^ 
vaurroient  calengier.  D'ambes  .ij.  pars  fu  otroïe  celé 
chose. 

Mehaus  l'emperreis  qui  drois  hoirs  estoit  d'Engle- 
tierre, estoit'  en  Ango  avoec  son  segnor,  qui  poi 
vescui  apriès.  Quant  elle  oï  dire  que  li  cuens  Estie- 
venes ,  ses  niés ,  apriès  la  mort  son  père  avoit  saisi  le 
règne  d'Engletierre,  elle  entra  en  Normendie,  et  ot  tost 
Dantfront  en  Passois  et  Argentuem  et  les  castiaus  de 

'  L'c.  Henri.  —  ^  Li  d.  ses  frères.  —  '  Cc\  irais  tnots  manquent  dans 
le  ms.  S.-G. —  ^  A.,  et  il  lor  confermeroit.  —  ''  Stievenes.  —  *  R.  li. 
—  '  Fu  lors. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  73 

Wimois,  et  si  donna  grant  lierre  à  Joiel  del  Maine 
pour  avoir  s'aïe  à  son  liiretage  conquerre.  En  cel 
point  moru  JofTrois  li  cuens  d'Anjo ,  et  Henris  ses  fius 
s'en  ala  au  roi  de  France  Looys  j  si  li  list  homage  de 
sa  '  tierre,  qui  fourmorte  li  estoit  de  par  son  père. 
Mehaus  li  emperreis  remest  veve,  et  moult  fu  dolante 
de  la  mort  son  segnor  ;  mais  por  chou  ne  se  targa-elle 
onques  de  guerroiier  ne  de  mètre  paine  à  tout  son 
pooir  de  •  reconquerra  son  liiretage.  Estievenes  li  rois 
d'Engletierre,  quant  il  oï  dire  que  s'ante  li  faisoit 
guerre  ^  en  Normendie,  il  assambla  s'ost  et  passa  mer; 
si  vint  en  Normendie ,  et  ot  si  grant  gent ,  que  d'En- 
glois  ^  que  il  amena ,  ke  d'autre  gent ,  que  si  anemi 
ne  l'osèrent  ^  atendre  en  camp.  Il  chevauçoit  par  tout 
ù  il  voloit  defors  forterece.  Tant  ala  li  afaires  que  il 
assist  le  castiel  Robiert  Bertrau ,  ke  li  emperreis  te- 
noit,  ki  se  tenoit  contre  '^  lui.  Par  un  jor  que  li  rois 
dormoit  %  avint  que  doi  escuier,  dont  li  uns  estoit 
Normans  et  li  autres  Boulenissiens,  commençierent 
à  estriver  li  uns  à  l'autre  *  por  .i.  fier  de  cheval.  Tant 
durèrent  les  tences  ke  il  s'entre-ferirent  et  escuier 
commençierent  à  venir  d'une  part  et  d'autre  à  la  mel- 
lée.  Tant  lisent  que  li  chevalier  s'en  commençierent 
à  meller  et  que  moult  en  i  ot  d'armes ,  de  chevaus 
couviers,  et  d'omes  ocis  et  navrés  d'une  part  et  d'autre  ^-j 
miais  li  Norraant,  ki   la  force  avoient,  menoient  les 

'  La.  —  »  A.  —  ''  Tel  g.  —  *  Que  des  E.  —  '  Ne  l'osoient  nul  liu. 

—  '■  B.,  qui  se  tenoit  devers  l'empeerris  encontre.  —  '  D.  sa  meriane. 

—  *  A  tencier  et  à  e.ensamble.  —  »  A  la  melléc.  ..  d'autre  mnnquent 
dans  le  ms.  S. -G. 


74  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

Boulenisiens  moult  malement  ;  car  trop  avoieiit  plus 
gent.  Li  rois,  qui  dorraoit  ',  s'esvella  pour  la  noise; 
si  demanda  à  ses  chamberlens  quels  noise  chou  estoit. 
«  Sire,  clie  li  dist  uns  siens  chamberlens,  li  Normant 
ocient  toz  vos  Boulenisiens  là  fors.  »  Quant  li  rois  oï 
chou,  il  demanda  ses  armes,  si  s'arma  et  fist  son  che- 
val couvrir  et  monta  sus ,  si  s'en  vint  à  la  mellée  ;  et 
tantost  comme  il  i  vint,  si  l'eri-il  le  cheval  à  .i.  Nor- 
mant par  mi  les  flans,  et  puis  entra  en  la  mellée,  si 
commeiicha  à  ferir  et  à  crier  :  «  Tués ,  tués  toz  les 
Normans,  les  trahitours  !  mar  en  '  eschapera  uns 
seus.  M  Li  Normant,  quant  il  reconnurent  le  roi  et  il 
oïrent  chou  que  il  dist  et  il  virent  che  ke  il  faisoit,  il 
se  partirent  de  la  mellée  ;  car  pas  ne  se  vaurrent  à  lui 
combatre.  Et  s'en  repairierent  ^  à  lor  tentes ,  molt 
enflé  et  molt  irié.  Li  baceler  normant,  qui  à  la  mel- 
lée orent  esté ,  contèrent  as  haus  barons  de  Normen- 
die  le  honte  et  le  despit  que  li  rois  lor  ot  fait  ■.  Quant 
li  baron  l'oïrent,  si  le  prisent  moult  en  gros,  et  s'en- 
tre-manderent  errant  par  toute  l'ost^,  et  vinrent  en- 
samble  à  parlement.  La  fins  dou  parlement  fu  que  il 
se  partiroient  dou  siervice  le  roi  ne  ke  jamais  lor  sires 
ne  seroit.  Tout  ensamble  s'en  Ainrent  à  la  tente  le 
roi,  si  li  disent  :  a  Sire,  mius  vaut  folie  lassie  ke  folie 
maintenue.  Nous  vos  avons  tenu  une  pièce  à  segnour 
par  mauvais  consel  et  par  mauvais  pourpens  :  se  vous 
nos  en  blasmés ,  vous  n'avés  pas  tort.  Vos  avés  nos 
gens  batues  et  laidengies  et  clamés  trahitours.  Ciertes, 

■  Q.  (1.  Dtanque  dans  le  ms.  S. -G.  —  '  S'en.  —  '  Si  s'en  putircnt  à 
lor  loKt'S.  —  ''  Lor  ot  ilitc  et  faite.  —   '  S'e.  taiitosl. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  75 

nous  connissons  bien  ke  chou  est  trahisons  de  falir 
son  droit  segnour  '   por  estiange  home   :   nous  nos 
sommes   tenu   avoec   vous   encontre    no   droituriere 
dame  l'emperreis  :  dont  nos  sommes  molt  dolant  et 
molt  repentant,  car  bien  savons  que  nos  en  sommes 
molt  blasmé  à  Diu  et  au  siècle  ;  mais  nos  ne  volons 
plus  manoir  en  cest  pechié  ne  en  cest  blasrae  :  si  vos 
disons  "  tout  maintenant  sans  vml  alongement  que  vos 
montés  ^  et  w  idiés  l'ost  ;  car  nous  ne  souferriesmes 
en  nulle  fin  que  vous  plus  demourissiés  en  la  tierre , 
se  par  la  volenté  de  nostre  dame  l'emperreis  '^  n'es- 
toit.  ))  Li  rois,  quant  il  oï  che ,  fu  moult  iriés  ;  si  res- 
pondi  ausi  que  par  desdaing  :   «  Si  ferés  viaus  hui  ; 
mais  m'i  soufeiTcs-vous  jusk'à  le  matin.  »  Et  il  ju- 
rèrent Diu  que  non  feroient  ;  et,  se  il  plus  tant  ne 
quant  aloit  delaiant,   il  seroit  pis.   Li  rois  vit  bien 
que  la  force  estoit  lor  ;  et  si  ot  grant  doute  de  chou 
que  il  ne  le  presissent  et  livrassent  à  l'emperreis  s'an- 
tain ,  ki  moult  le  haoit,  se  il  plus  i   demouroit  sour 
lor  pois.  Il  s'arma  et  fist  armer  toz  ses  Boulenisiens  et 
toz  cels  qui  o  lui  s'en  vaurrent  aler,  qui  armes  avoient. 
Puis  monta ,    et  sa   gens  o  lui ,    et  se  partirent  de 
l'ost. 

Li  baron  de  Normendie  firent  crier  "  par  toute  l'ost 
que  nus  des  Normans  fust  ^  tant  hardis  qui  ^  au  roi  ne 
à  sa  gent  fesist  ne  desist*  lait.  Puis  montèrent  et  con- 
voiierent  le  roi  jusques   à   la   rivière  de   Blangi  ;  et 

■  Segnorage.  —  '  Si  vos  d.  que  vous.  —  '  A.  ni.  —  'Se  par  l'e. 
—  '  C.  lor  bans  —  *■  ]\e  fust.  —  ''  (^ue  il.  —  "  Fcisseut  ne  deissent. 


76  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

quant  li  rois  ot  passé'  la  rivière,  il  vinrent  à  lui,  si 
li  rendirent  tout  ensamble  lor  homages  ;  après  s'en 
repairierent'.  Quant  li  rois  s'en  fu  aies,  il  prisent^ 
lor  message,  si  l'envoiierent  à  l'emperreis  ;  et  si  li 
mandèrent  k'ele  s'en  venist  tout  seurement  en  la  tierre, 
car  il  le  recheveroient  à  dame.  Mehaus  l'emperreis, 
quant  ele  oï  ces  nouvieles ,  en  fu  moult  lie  ;  ele  s'en 
vint  en  Normendie,  ù  elle  fu  recheue  à  grantjoie  des 
Normans;  elle  prist  les  homages  de  toz  les  barons  de 
la  tierre  et  de  toz  les  fievés.  Li  rois  Estievenes  ses  niés, 
quant  il  se  fu  partis  des  Normans  ,  s'en  vint  moult  en 
haste  en  Boulenois  ;  mais  là  ne  fîst-il  pas  ^  grant  de- 
morée,  ains  apparella  sa  navie^,  et  vint  en  Engletierre, 
et  list  moult  bien  garnir  ses  castiaus  et  ses  forte- 
reces^;  car  il  se  doutoit  moult  des  Normans  et  de 
s'antain  \  Li  rois  Davis  d'Escoce  estoit  oncles  l'em- 
perreis Meliaut  ;  frères  fu  sa  mère.  Il  et  li  cuens  de 
Leuciestre  ^  envoi erent  à  li  lor  messages  en  Normen- 
die, et  li  mandèrent  qu'ele  en  venist  en  Engletierre; 
car  il  li  aideroient  tant  qu'ele  auroit  la  couronne,  ki 
ses  drois  estoit. 

Mehaus  l'emperreis ,  quant  elle  oï  ces  novieles , 
s'aparella  moult  tost  de  passer  mer  comme  preus  et 
vallans;  mais  ançois  fist-elle  de  Henri  son  lîl  duc  de 
Normendie,  et  si  li  fist  faire  homage  au  roi  Looys  de 

'  Fu  passés  la  v.  et  il  virent  que  il  estoit  fors  de  la  ducée  de  Nor- 
mendie. —  "  H.  ;  et  puis  le  deffierent,  si  s'en  repairierent  arrière. 
Li  Norniant.  —  ^  A.,  p.  —  "^  Onques.  —  '  N.,  si  passa  mer.  —  *  M. 
tost  g.  toutes  les  f.  —  "Le  vis.  S. -G.  ajoute  .  L'enipecrris  et  de 
Henri  son  fd,  qui  bien  estoient  cnparenté  en  Engletierre.  —  *  Lciceslro. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  77 

France.  Henris  fils  Mehaut',  quant,  elle  ot  fait  son 
homage  au  roi  Looys,  por  avoir  s'aïe  en  tel  manière 
que  tout  chil  de  sa  tierre  ki  o  lui  por  sa  proiere  s'en 
vaurroient  aler  en  Engletierre  por  lui  aidier  son  hire- 
tage  à  reconquerre ,  et  por  chou  que  "  il  soufrist  que 
il  i  alassent,  li  proumist-il  Gisors  et  Lyons.  Li  rois  li 
otria,  et  li  doi  castiel  furent  mis  en  la  main  des  ^  Tem- 
pliers. Puis  s'en  repaira  li  dus  à  sa  mère,  ki  l'atendoit 
sour  la  mer.  L'emperreis,  quant  ses  fils  [fu]  venus, 
ne  s'atarga  plus  ^  ;  ains  entra  en  mer  et  passa  en  En- 
gletierre o  ses  Normans  et  o  ses  Angevins,  si  arriva  à 
Brustou\  Là  vinrent  à  li  li  rois  d'Escoce  et  li  cuens  de 
Leeciestre  et  maint  autre  baron ,  si  li  fisent  homage  et 
sairement.  Mehaus  l'emperreis ,  quant  elle  ot  recheus 
les  houmages  de  cels  qui  à  li  estoient  venu ,  elle  se 
parti  de  Bristou  et  chevaucha  par  la  tierre,  et  guerroia 
moult  durement  le  roi  Estievenon  son  neveu  et  le  cou- 
sin son  fin.  Tous  dis  chevauçoit  l'emperreis  avoec 
l'ost,  et  donnoit  les  mellours  consaus  et  les  plus  haus; 
en  toute  l'ost  n'avoit  baron  si  artillant  ne  si  uiseus  de 
guerre  comme  elle  estoit ,  si  en  estoit  moult  grans  pa- 
role par  toute  Engletierre.  Tant  dura  la  guerre  entre 
li  et  son  neveu  que  les  deus  os  s'entre-contrerent  à 
Nichole.  Là  se  combatirent  tant  que  li  rois  fu  ^  descon- 
fis et  par  force  retenus  et  pris'?,  et  pierdi  tout.  Por 
ceste  chose  dist-on  encore ,  quant  uns  hom  piert  au- 
ques ,  que  il  piert  autant  ke  li  rois  pierdi  à  Nicole;  car 
il  pierdi  tout,  et  si  fu  menés  à  Bristou  en  prison. 

'  M.  l'empeerris.  —  '  A  r.,  que.  —  'As.  —  *  Pas  granment.  —  '  Bris- 
tou. —  *  T  fu,    -  -Et  pris  par  force. 


78  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

La  roine  Meliaus,  la  boiiie  dame',  la  feme  le  roî 
Estievenon,   qui    moult  esloit  boine^  et  simple,  ne 
onques  de  la  guerre  ne  s'estoit  mellée  ;  ains  s'estoit  te- 
nue en  ses  chambres  moult  simplement  et  moult  coie- 
ment,  quant  ele  oï  les  nouvieles  de  son  segnor  qui  pris 
estoit,  molt  en  fu  dolente;  mais  elle  ne  moustra  pas 
tout  son  doel  en  plors  et  en  larmes,  ains  ala  au  trésor 
son  son^  segnor  que  il  avoit  grant,  si  le  départi  lar- 
glieraeiit.  Et  manda  chevaliers  par  toutes  tierres  la  ù 
elle  les  pot  avoir,  si  assambla  si  grant  ost  k'ele  assist 
l'emperreis  et  Henri  son  fill  et  le  roi   d'Escoce  et  le 
conte  de  Leicestre  et  maint  autre  haut  baron  toz  en- 
samble  dedens  la  cité  de  Vinciestre.  Moult  li  aida  à 
guerroier  Henris  li  evesques  de  Winciestre,  li  frères 
son  segnor  le  roi  ;  cliil  fu  adiès  ses  maistres  conselliers. 
.xj.  semaines  sist  la  roine  devant  la  cité,  ne  onques 
dedens  ces  .xj.  semaines  ne  passa  uns  seus  jors  que  il 
n'eust  poigneis  de  guerre  à  cascune  des  .iiij.  portes  de 
la  cité'.   Un  jour  avint  que  il  i  ot  poigneis;  si  i  fu 
pris  li  cuens  de  Leiciestre ,  et  amenés  devant  la  roine 
en  sa  tente.  Quant  li  cuens  vit  la  roine ,  si  ot  moult 
grant  paour,  et  li  cria  mierchi  et  li  chaï  as  pies  moult 
humlement. 

Quant  la  roine  vit  le  conte  ki  à  ses  pies  estoit  chaiis 
et  qui  li  crioit  merchi ,  elle  commencha  à  rire  ;  si  li 
dist  :  ((  Sire  cuens,  par  vostre  consel  vint  l'emperreis 
en  ceste  tierre,  et  par  vostre  aie  est  me  sires  pris.  Vous 
avés  esté  moult  sages  et  moult  uiseus  de  nous  grever  et 

'  Ces  trois  mots  vinnqiicnt.  —  '  B.  dame.  —  '  Sic  ms.  455. 
—  *  G.  as  .iiij.  p. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  79 

d'aidier  l'emperreis  :   or  soiiés  sages  d'aidier  vous- 
meismes  ;  car,  par  celé  foi  que  je  doi  mon  segnour  (et 
si  le  me  doiiist  '  Dex  reveir  à  ma  volentc  !  ) ,  a  ous  ne 
raangerés  jamais  ne  bu\erés  devant  ke  je  r'aie  mon 
segnor  u  que  je  soie  bien  seurs  dou  "  r'avoir.  »  Quant 
li  cuens  oï  che  sairement  que  la  dame  fist,  moult  ot 
grant  paour.  Par   la  congié  la  roine  envoia  en  la  cite 
à  l'emperreis  et  à  Henri  son  iîll  et  au  roi  d'Esclioce  , 
si  lor  manda  de  cel  ^  afaire  ;  et  fist  tant  che  jor  meis- 
mes  que  il  ot  ^  parlement ,  et  fist-on  la  roine  bien  seure 
de  r'avoir  son  segnor  :  par  coi  li  cuens  ot  congié  de 
megnier^.  Mehaus  l'emperreis  et  ses  fîls^  envoierent 
tantost  h  Bristou  por  le  roi  Estievenon ,  si  fu  tous 
quites  et  délivrés  por  le  conte  de  Leiciestre.  Lors  re- 
commencha  la  guerre  derechief  moult  crueus ,  et  la 
roine  Mehaus  retourna  en  ses  chambres;  ne  onques 
ains  puis  ne  s'en  vaut  meller  de  la  guerre,  ains  en 
lassa  bien  son  segneur  convenir,  puis  que  il  fu  déli- 
vrés. Moult  guerroia  durement  Mehaus  l'emperreis  au 
roi  Estievenon  son  neveu;  souvent  fu  au  deseure  et 
souvent   au   desous;  mais  tant  saciés-vous  bien  k'ele 
avoit  assés  mellour  guerre  au  roi  qu'ele  n'eust  à  la 
roine.  Mehaus  l'emperreis,  quant  elle  vit  que  la  guerre 
duroit  tant ,  otria  toute  la  droiture  k'ele  avoit  en  la 
tierre  à  Henri  son  fill ,  et  toz  ses  houmages  k'ele  avoit 
recheus  li  fist-ele  rechevoir;  et  si  li  dist  ke  li  ''  conque- 
sistla  couronne,  se  il  peust,  et  si  ^  fust  rois.  Henrisfîls 
Mehaut  l'emperreis  rechut  toz  les  houmages  des  barons 

'  Laist.  —  '  De  lui.  —  '  M.  cel  a.  —  ''  I  ot.  —  '  Mangier.  —  *  Con- 
sauls.  —  •  Que  il.  —  "  P.,  si. 


80  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

qui  devers  lui  se  tenoient',  par  le  commandement  sa 
mère;  mais  por  chou  ne  vaut-il  onques  faire  riens  qui 
à  grant  chose  tornast  se  par  son  consel  non.  Molt 
l'ama  puis  tous  dis  et  honnera ,  ne  onques  puis  en  ses 
Chartres  ne  en  ses  lettres  ne  en  ses  bans  "  ne  se  vaut  faire 
apieler  fors  Henri  fill  Mehaut  l'emperreis.  Tant  dura  la 
guerre  des  .ij.^  cousins  que  il  furent  une  fois  tout  appa- 
reil ic  de  combatre  devant  Walingefort  ;  mais  li  eves- 
que  et  li  abbé  et  autre  preudome  qui  là  estoient  alerent 
entre  deus,  et  fisent  tant  que  il  les  concordèrent  en  tele 
manière  ke  li  rois  Estievenes  seroit  rois  toute  sa  vie,  et 
apriès"^  auroit  Henris  fils  Mehaut  l'emperreis  le  règne  et 
si  hoir  apriès  lui.  Encore  fu-il  devisé  que  Guillaumes,  li 
cuens  de  Mortuel,  li  fils  le  roi  Estievenon,  aroit  en  Nor- 
mendie  Mortuel  et  Luideboue""  et  autres  grans  tierres, 
et  en  Engletierre  la  quarte  part  de  l'eskiechier.  Chis 
Guillaumes  estoit  cuens  de  Boloigne.  Encore  fu-il  devisé 
à  la  concorde  que  Henris  seroit  seneschaus  del  règne, 
et  par  lui  seroit  justice  tenue,  et  de  toutes  les  rentes 
et  les  eschaances  renderoit-il  conte  à  l'eskiechier.  Ensi 
furent-il  puis  boin  ami  tant  comme  il  vesquirent. 
Chil  rois  Estievenes  fu  moult  dous  et  moult  deboin- 
naires  et  moult  piteus  ^  :  par  coi  il  ne  tenoit  pas  ferme 
justice,  .xviij.  ans  tint  le  règne,  et  puis  moru;  et  fu 
enfouis  en  une  abbeye  k'il  avoit  faite,  qui  estoit  ape- 
lée  Farversent,  ki  siet  sor  .i.  havene  de  mer  à  .vij.  liues 
de  Chantorbire ,  priés  del  chemin  qui  va  de  Chantor- 
bire  à  Rouveciestre  ''  et  à  Londres ,  et  là  priés  siet  uns 

■  L.  estoient.  —  •"  B.  que  il  faisoit  crier.  —  '  Entre  les  deus.  —  '•  El 
en  apriès  sa  mort.  —  ''  LindeLone.  —  '^  Prous.  —  •  Rovecestre. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  81 

boins   passages  qui   est  aplelés   Espringes.   La  roine 
Mehaus  gist  delés  lui  desous  .i.  autre  marbre. 

Henris  fils  Meliaut  l'emperreis ,  si  com  vous  avés 
oï  chi  devant,  se  fist  couronner  à  roi  sans  estrif,  et 
ot  la  tierre  en  boine  pais.  Il  s'en  vint  en  pais  en  Nor- 
mendie,  et  moult  se  fist  bien  de  son  segnor  le  roi  de 
France  Looys;  et  quant  li  plaisoit,  il  aloit  en  déduit 
à  Paris.  En  cel  tans ,  avint  que  li  rois  Looys  se  parti 
de  sa  feme  Alienor  par  parentage.  Celé  dame  estoit 
hoirs  de  la  duchée  d'Aquitaigne  :  li  Poitevin,  si  home, 
vinrent  por  lui  al  département  à  Estampes ,  et  l'en- 
menerent  en  sa  tierre  ;  et  si  avoit-elle  jà  eu  del  roi 
son  segneur  '  .ij.  filles,  dont  li  une  fu  donnée  et  ma- 
riée au  conte  de  Champaigne,  et  li  autre  au  conte 
Thiebaut  de  Chartres  le  frère  '  le  conte  de  Cham- 
paigne. Et  quant  la  roine  Alienor  s'en  fu  alée  en  sa 
tierre,  li  rois  Henris  d'Engletierre  le  prist  et  espousa, 
et  fu  saisis  de  toute  la  tierre  la  dame ,  et  de  Poitau  et 
de  Gascoigne  et  d'Auviergne.  Toutes  ces  tierres  prist- 
il  avoeques  li,  et  s'ot^  li  rois  de  li  .v.  fius  et  trois  filles. 
Li  primerains  ot  à  non  Guillaumes,  ki  moru  enfès;  li 
secons  Henris,  ki  au  vivant  son  père  fu  rois,  et  prist 
à  feme  Margherite  la  fille  le  roi  Looys  de  France ,  que 
il  avoit  eue  d'une  autre  feme ,  la  serour  le  roi  d'Es- 
paigne ,  que  il  espousa  quant  il  fu  départis  de  sa  feme 
la  roine  Alienor.  Encore  ot  li  rois  une  autre  fille  de 
celé  feme  meismes,  qui  fu  jurée  a  Richart  le  tierc  fill 
le  roi  d'Engletierre,  ki  puis  fu  rois  moult  poissans.  Li 
jouenes  rois  Henris,  quant  il  moru,  n'ot  nul  enfant  de 

'  De  son  segnor  le  r.  de  France.  —  "  Qui  frères  estoil.  —  '  Puis  ot. 


82  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

sa  feme;  mais  avant  cpie  il  morust,  guerria-il  son  père 
por  tierre  avoir  par  le  consel  dou  roi  de  France,  et  si 
avint  cpie  li  rois  Looys  et  li  jouenes  rois  Henris  '  assisent 
Ruem.  Li  rois  Henris  au  Court-Mantiel ,  li  pères  le 
jouene  roi  Henri,  quant  il  oï  les  nouvieles  de  son  fîU  ki 
le  guerrioit  por  tierre  avoir,  il  s'en  vint  en  Normen- 
die  ;  et  puis  fist  tant  que  il  vint  k  Ruem.  Et  puis  apriès, 
quant  il  vint  '  à  Ruera,  fist  concorde  au  roi  de  France 
et  à  son  fill  par  si  que  cascun  jor  li  donroit  .c.  livres 
de  tournois  à  despendre.  [Issi  se  parti  li  rois  del  siège.] 
Chil  rois  Henris  li  jouenes  estoit  boins  chevaliers,  et 
moult  ama  boins  chevaliers^;  larghes  estoit  sour  toz 
liomes,  et  si  estoit  moult  biaus  ^  Il  mena  les  Normans 
à  Senslis,  quant  li  cuens  de  Flandres  destruisi  la  tierre 
le  roi  Phelippe  de  France ,  ki  estoit  ses  serouges  ;  et , 
por  la  paour  de  lui ,  se  concorda  li  cuens  de  Flandres 
au  roi  Phelippe  de  France. 

Vous  devés  savoir  que ,  quant  li  rois  Looys  ot  ses 
.ij.  filles  otroïes  as  deus  fds  le  roi  Henri ,  et  sa  feme, 
de  cui  il  les  ot  eues ,  fu  morte ,  il  prist  encore  la  tierce 
feme  la  serour  as  deus  contes,  celui  de  Champaigne 
et  celui  de  Blois,  qui  ot  à  non  Aie.  A  ces  .ij.  contes 
ot-il  données  ses  .ij.  premeraines  filles,  que  il  avoit  eues 
rie  la  roine  Alienor.  De  celé  Aie  ot-il  Phelippe ,  son 
fill,  et  une  fille  qui  fu  donnée  à  l'empereour  de  Con- 
slantinoble.  Li  jouenes  rois  Henris  d'Engletierre"  moru 
à  Martiaus ,  ù  il  estoit  ^  entruès  que  il  guerrioit  son 

*  II.  et  li  François.  —  *  Il  i  fu  venus.  —  '  Estoit  moult  huensc.  —  *  Le 
711S.  S. -G.  ajoute  :  Les  tornoiciucns  antoit  et  anioit.  —  *  Ce  mot 
manque  dan<!  le  ms.  S. -G.  —  "  Marteaiis  viles  tout. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  83 

père,  et  si  se  fist  porter  à  Ruem  enfouir.  Richars,  qui 
fu  nés  apriès  lui,  ot  Ja  duchée  d'Aquitaine,  la  tierre 
sa  mère  la  roine  Alienor.  Gofrois,  ki  fu  li  quars  des 
frères,  prist  en  après  la  fille  le  conte  Connain  de  Bre- 
taigne,  et  si  fu  sires  de  la  tierre;  et  ot  de  li  .i.  fdl, 
Artu,  et  une  fille,  Alienor.  Il  s'en  ala  au  roi  Plie- 
lippe  de  France  et  fu'  senescaus  de  France,  et  moult 
bien  dou  roi;  mais  assés  tost  moru,  et  fu  enfouis  à 
Paris  en  le  mere-eglyse.  Li  quins  des  fils  le  roi  Henri 
fu  Jehans,  ki  sans  tierre  fu  longheraent  ;  mais  puis  li 
fist  ses  pères  espouser  la  fille  le  conte  de  Gloeciestre, 
et  ot  la  contée,  et  en  Normendie  li  donna  li  rois  '  la 
contée  de  Mortuel.  Des  .iij.  filles  que  li  rois  ot  fu  la 
première  donnée  au  duc  de  Sassoigne,  qui  Henris  avoit 
non ,  ki  de  li  ot  .iij.  fils  et  une  fille.  Li  ainsnés  des  fils 
fu  ^  Henris ,  ki  fu  dus  apriès  le  mort  le  père  ;  li  secons 
des  fils  ot  non  Othes ,  qui  puis  fu  empereres  de  Rome  ; 
li  tiers  fils  ot  à  non  Willaumes  de  Winciestre.  La  fille 
fu  donnée  au  conte  del  Perche.  L'autre  fille  le  roi  Henri 
fu  donnée  ^  au  roi  d'Espaigne ,  ki  en  ot  fils  et  filles. 
L'une  des  filles  fu  ma  dame  Elance,  ki  puis  fu  mariée 
à  Looys  le  fill  le  roi"  de  France.  La  tierce  fille  le  roi 
Henri  fu  mariée  au  roi  Guillaume  de  Sezille  ;  mais  li 
rois  moru  sans  hoir  avoir  de  li  ;  et  elle  fu  puis  mariée 
au  conte  Raimon  de  Saint-Gille ,  dont  ele  ot  Raimon 
sen  fill.  Et  puis  moru-ele  à  Ruem  d'enfant,  et  fu  en- 
fouie en  le  mere-eglyse  de  Ruem;  mais  ele  n'i  gist  ore 
pas,  car  ele  fu  puis  desfouie  et  portée  à  Frontevraut, 

■  Et  fu  ses.  —  "  Li  donna- jL  —  ^  Ot  à  non.  —  *  Mariée.  —  *  Le  r. 
Phelippe. 


S4  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

ù  ses  pères  et  se  mère  gisent  et  11  rois  Richars  ses  frères. 

[Celé  dame  ot  à  non  Jehane.] 

Li  rois  Plielippes  de  France  guerrola  moult  encontre 
le  roi  Henri,  car  11  avolt  toutes  voies  aucuns  des  fils  le 
roi  Henri  en  s'aïe  et  moult  d'autres  gens  por  l'amour 
de  lui  '.  Quant  11  jouenes  rois  Henrls  yivolt,  il  li  ai- 
doit  por  chou  que  11  vololt  avoir  la  tierre  de  chà  mer.  Et 
aprics celui,  Richars,  qui'  estoit  cuens  de  Poitiers  et  kl 
outre  toz  les  bolns  estoit  preus  et  vaillans,  refu  o  le 
roi  Phellppe  encontre  son  père,  pour  chou  que  il  vo- 
lolt avoir  la  tierre  de  chà  mer,  la  duchée  de  Normen- 
dle  et  toute  l'autre  tierre.  Tant  guerroierent  le  roi 
Henri  11  rois  Phellppes  et  li  cuens  Richars  que  il  pri- 
sent le  Mans,  ke  11  rois  Henrls  fîst  ardolr  à  sa  gent 
melsmement.  Li  rois,  quant  la  ville  fu  arse,  s'en 
vint  poignant  à  Chlnon  entre  lui  et  sa  gent.  Cel  jor 
meismes  que  11  rois  vint  à  Chinon  amaladl-il ,  car 
il  avolt  eu  trop  chaut,  et  si  avolt  beu  alghe  froide  : 
par  coi  il  moru.  Li  autre  dient  que  il  fu  sàncmellés. 
Moult  fu  povres  à  sa  mort ,  et  si  fu  enfouis  à  Front- 
evraut,  Richars  ses  fils  fu  de  premiers  bien  dou  roi 
Phellppe  de  France,  et  si  fu  tantost  apriès  la  mort  son 
père  dux  de  Normendle;  et  puis  passa  en  Normendie  % 
si  fu  couronnés  à  roi  ;  mais  savoir  poés  que  au  tans 
son  père  avolt  eu  descorde  ^  entre  les  .ij.  rois  ;  et  par 
concorde  prisent  les  crois  entre  le  roi  Phellppe  et  le 
roi  Richart  '  pour  aller  secourre  le  sainte  tierre  de 

'  Celui.  —  '  En  apriès  la  mort  de  celui,  li  rois  Ricars  qui  lors. 
—  '  En  Engleterre.  —  "^  S.  (levés  que  il  à  la  vie  al  père  avoit  eu 
guerre.  —  "^  Les  huit  mots  précédents  manquent  dans  le  ms.  S.-G. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  85 

Surie,  que  Salehadins  avoit  novielement  conquise  con- 
tre '  crestiens.  Et  apriès  le  couronnement  le  roi  Ri- 
chart  s'en  repaira  li  rois  en  Normendie;  et  tantost 
apparellierent  lor  oirre  ambedui  li  roi ,  et  si  jurèrent 
à  partir  lor  conqueste  et  lor  aventures.  Li  rois  Ricliars 
et  li  *  baron  qui  avoec  lui  en  aloient  prisent  lor  es- 
clierpes  et  lor  bourdons,  si  s'esmurent,  et  passèrent 
par  Provence,  et  entrèrent  en  mer  à  Marselle,  et  sygle- 
rent  tant  que  il  vinrent  en  Sezile.  En  cel  tans  fu  mors 
li  rois  Guillaumes  de  Sezile,  qui  avoit  .i.  neveu,  Tan- 
cre%  qui  par  Taie  le  roi  Ricliart  se  fist  hoir  de  la 
tierre;  et  si  acliata  à  la  roine  Jehane,  la  serour  le  roi 
Ricliart,  son  douaire.  Li  rois  Guillaumes  avoit  une 
serour  kl  avoit  non  Coustance,  ke  llenris  li  empereres 
de  Rome  avoit  espousée,  ki  estoit  li  plus  drois  hoirs 
de  Sezile.  Eii  celé  voie  furent  anemi  li  doi  roi  par 
molt  d'ocoisons^.  La  premières  ocoisons  si  fu  que,  en- 
tiuès  qu'il  sejornoient  à  IMlessines,  li  rois  de  France, 
il  et  sa  gent,  furent  dedens  la  ville,  et  li  rois  Richars 
par  dehors.  Cliil  dedens,  par  une  mellée  qui  sourst 
entre  els ,  veerent  la  vitaille  à  cels  de  l'ost  '  par  le 
commandement  dou  roi  Phelippe,  qui  moult  haoit  les 
Normans  et  le  roi.  Li  rois  Richars,  quant  il  vit  chou 
que  li  François  li  avoient  fait,  il  fist  sa  gent  armer,  et 
assailli  ^  le  ville,  et  le  prist  sor  François  :  dont  il  orent 
grant  desdaing.  Autre  ocoison  i  ot;  car  li  rois  Richars  " 

'  Sor.  —  '  Et  luit  li.  —  ^  Tanquere.  —  *  En  c.  v.  pai'  moites  aven- 
tures que  deables,  qui  tous  jors  s'entremet  de  mètre  les  maies  se- 
mences el  monde,  f.  a.  li  dui  roi.  —  ''  De  fors.  —  *  Assallir,  —  '  I  ot  tlo 
chou  que  li  r.  T\.  qui. 


86  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  JNOBMAiNDlE 

avoit  jurée  la  serour  le  roi  Phelippe  à  feme,  manda  la 
fille  le  roi  de  Navare  '  a\olr  à  feme,  et  le  fist  à  lui  ve- 
nir à  Miessines,  et  si  l'espousa.  Autre  ocoison  i  ot 
encore  ;  car  '  li  rois  Richars  prist  par  force  Margerit, 
qui  estoit  rois  de  la  mer  et  estoit  liom  le  roi  de  France, 
si  ne  voloit  faire  houmage  au  roi  Richart  ;  si  li  fist  ^ 
crever  .i.  oel  :  dont  cliil  plus  n'en  avoit.  Autre  ocoi- 
son i  ot,  quant  il  passèrent  outre  Acre,  li  rois  Richars 
torna  o  sa  gent  sor  Fille  de  Cypre  et  prist  l'erapereour 
et  sa  feme  et  sa  fille  ;  car  il  deveoient  ^  la  vitaille  à 
l'ost  d'Acre.  Li  rois  Richars  lassa  garde  de  Cypre  Ge- 
rart  de  Calebot  %  et  en  mena  l'empereour  prison  à 
Acre.  [Onques  de  cel  gaaing  ne  volt  faire  partie  al  roi 
de  France.]  Autre  ocoison  i  ot ,  car  quant  il  furent 
assamblé  à  Acre,  li  cuens  Henris  de  Campaigne,  qui 
le  siège  avoit.  maintenu  .i.  an  et  plus  et  estoit  niés 
as  .ij.  rois,  vint  au  roi  de  France  et  si  le  requist 
comme  à  segnor  que  il  Taquitast,  car  il  avoit  tout 
despendu.  Li  rois  li  falli  :  par  coi  il  ala  au  roi  Richart, 
qui  ses  oncles  estoit  de  par  sa  mère,  qui  par  tout 
l'acuita  et  le  retint ,  lui  centisme  de  chevaliers ,  de 
sa  maisnie;  et  de  chou  pesa  moult  au  roi  de  France, 
et  grant  envie  en  ot. 

Quant  la  cités  d'Acre  fu  prise ,  ne  demoura  gaires 
apriès  ke  li  rois  de  France  amaladi,  et  *"  s'en  vaut  re- 
pairier.  Li  roi  parlèrent  ensamble ,  et  ot  en  couvent 
li  rois  Phelippes  au  roi  Richart  que  il  li  garderoit 
sa  tierre  de  chà  la  mer  comme  la  soie,  et  en  nulle  ma- 

'  IN.  por.  —  *  I  ot  que.  —  '  Fist  li  rois.  —  *  Dcvoit.  —  '  Girart  ïa- 
Icbot.  —  '^  A.  :  par  quoi  il. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  87 

niere  ne  le  '  guerroieroit ,  se  il  demourolt;  et,  se  por 
sa  maladie  ne  fust ,  il  *  demourast  volentiers.  Ensi 
s'en  vint  li  rois  de  France  à  poi  de  gent ,  et  lassa 
le  roi  Ricliart  à  ponte  ^  s'ost  à  Acre  ;  mais  malement 
tint  covenant  li  rois  Phelippes  au  roi  Richart  ;  car  il 
ne  demoura  gaires,  apriès  chou  que  il  fu  retornés'^  en 
sa  tierre,  que  il  commencha  à  guerroiier  Norrnendie, 
et  li  fu  rendus  Gisors  et  Lyons  etVernons  etpluiseur 
autre  castiel.  Et  quant  li  rois  Ricliars  oï  outremer, 
là  ù  il  estoit,  la  noviele  que  li  rois  de  France  guer- 
rioit  si  faitement  sa  tierre,  il  se  mist  en  mer  por  re- 
pairier;  et  arriva  par  dechà  à  Brandis,  et  illuec  oï-il 
dire  que  li  empereres  Henris  qui  le  liaoit  et  li  rois 
Phelippes  qui  gaires  ne  l'amoit  le  faisoient  gaitier 
par  toute  la  marine  :  par  coi  li  rois  se  remist  en 
mer  ;  et  tormente  le  prist  et  l'enchaça  entre  Aquilée 
et  Nequise^.  La  roine  Berengiere,  la  feme  le  roi  Ri- 
chart, et  la  roine  Jehane,  la  suer  le  roi,  s'en  vin- 
rent^ par  Rome.  La  nés  le  roi  Richart  brisa  al  arri- 
ver, si  que  por  .i.  poi  li  rois  ne  perilla  à  toute  sa  gent. 
Tant  fist  k'à  grans  paines  eschapa  de  la  nef,  soi 
.xvi.isme  de  compaignons.  Puis  s'en  vaut  venir  en 
tapinage  par  Sassoigne  ;  mais  en  la  tierre  le  duc  d'Os- 
terrice  fu  apercheus  à  un  castiel  que  on  apiele  par  non 
Firsac%  qui  est  en  l'archeveschié  de  Sanseborc^  Là 
le  prist  li  dus ,  et  le  tint  grant  pièce  en  prison  ;  et»  le 
rendi  à  l'empereour  Henri ,  qui  longhement  le  tint  en 

'  La.  —  '  iV'estoit,  il-meisnies.  —  '  Od  toute.  —  ^  Que  il  vint. 
—  '  Venisse.  —  *  Semondrent.  —  '  Stisac.  —  '  Sauscborc.  —  '  T;iiit 
on  p.  que  il. 


88  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

sa  prison,  que  par  la  haine  k'il  avoit  à  lui,  ke  par  la 
roine  et'  par  la  proiere  le  roi  de  France,  que  par 
chou  que  il  raiembre  le  voloit  et  avoir  de  ses  deniers. 
Hues  li  cuens  de  Saint-Pol  le  vit  en  la  prison  %  ù  il  estoit 
molt  empiriés. 

Tous  tans  guerrioit  li  rois  de  France  sor  Normendie, 
si  assist  Ruem  par  deus  fois ,  et  prist  le  conte  de  Lei- 
ciestre.  Assés  prist  des  castiaus  le  roi  Richart;  Vre- 
nueP  assist  .ij.  fois.  Tant  fist  li  rois  Richars  en  la 
prison  o  la  grant  aïe  que  il  ot  des  Alemans,  ki  en  la 
prison  meismes  devinrent  si  home,  que  .c.  et  .1.  mars 
donna  de  sa  raençon ,  estre  les  dons  et  les  ^  despens  ; 
et  laissa  en  gages  Othon  son  neveu  et  Bauduin  de 
Biethune,  cui  il  fist  puis  conte  d'Aubemalle  par  Havi'' 
le  contesse,  que  il  li  donna  à  feme.  Celé  llavis  avoit 
esté  feme  le  conte  de  Mandeville,  qui  Guillaumes  estoit 
apelés,  et^  n'en  ot  nul  enfant.  Quant  li  cuens  fu  mors, 
si  le  donna  li  rois  à  Guillaume  de  Fors ,  qui  en  ot 
.i.  fill,  qui  ot  à  non  Guillaumes;  et  apriès  '  Guil- 
laume de  Fors,  la  donna  li  rois  à  Bauduin  de  Bie- 
thune.  Celui  Bauduin  lassa-il  en  ostages  por  lui,  avoec 
Othon  son  neveu  et  autres  haus  homes  de  sa  tierre 
assés.  Puis  s'en  ala  aval  le  Rin,  tant  que  il  entra  en  la 
mer,  et  de  la  mer  entra  en  uiTfe  aighe  que  on  apiele 
l'Escaut;  si  arriva  à  .i.  castiel  le  duc  de  Louvain,  qui 
estoit  apielcs  Haubiers  ^  Là  li  fisent  mainte  hounour 

'  Ces  quatre  mots  manquent  dans  le  ms.  S. -G.  —  '  Le  teste  de 
la  phrase  manque  dans  le  ms.  S.- G.  —  ^  \ernoeil.  —  *  Et  son. 
—  '  D'Aubemarle  par  llauwi.  —  *  Le  c.  Guilliaume  de  M.,  qui.  —  '  F.t 
a.  la  mort   —  *  An^vic^s. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  89 

li  dus  et  li  '  baron,  et  autres!  fisent  H  haut  baron  *  de 
Flandres.  Là  vint  encontre  lui  la  roine  Aliéner,  sa 
mère,  qui  en  Engletierre  avoit  maintenue  la  guerre 
contre  Jehan  sen  fil,  qui  avoit  saisis  les  castiaus  le  roi 
Richart  et  les  voloit  tenir  ;  mais  elle  l'avoit  mis  au 
desoz  de  la  guerre.  Li  rois ,  quant  il  ot  une  pièce  se- 
jornc  en  Anwiers ,  il  passa  mer  et  arriva  en  Engle- 
tierre, ù  il  encore  avoit  guerre;  mais  Jehans  ses  frères 
vint  à  sa  merchi ,  et  il  li  pardonna  son  mautalent.  Li 
rois,  quant  il  ot  apaisié  la  guerre,  s'en  vint  en  Nor- 
mendie  sour  le  roi  de  France ,  qui  avoit  assis  Vrenuel  ; 
mais  li  rois  de  France,  quant  il  oï  parler  de  sa  venue, 
lassa  le  siège  ;  et  li  rois  Richars  s'en  ala  à  Louches  % 
ke  il  prist.  Tant  alerent  guerroiant  de  chà  et  de  là 
que  li  rois  de  France  par  force  prist  consel  et  con- 
corde ^  au  roi  Richart  devant  Issoudun ,  et  li  rendi 
le  castiel  d'Arches  et  le  Noef-Castiel  de  Driencourt  et 
Nonencoml,  que  li  rois  de  France  tint  en  gages.  Puis 
ravint^  que  la  guerre  fu  grans  entre  els.  Tant  dura  que 
li  rois  de  France  devant  Gisors  perdi  •iiij'"''-  et  .xvi.^ 
chevaliers ,  et  il-meismes  ot  grant  paour,  et  entra  en 
fuiant  en  la  ville,  et  sa  gens  closent  les  portes.  Puis 
ravint^  une  autre  aventure,  que  li  rois  Richars  che- 
vauçoit  devant  Biauvais,  ù  il  prist  l'evesque  et  grant 
plenté  de  gent  o  lui  ;  puis  s'en  repaira  en  Normendie 
o  ses  prisons.  Li  rois  Richars  fist  à  force  Castel- 
Gaillart  et  desous  le  castiel  de  l'Isle,  et  fist  Othon  son 
neveu   chevalier   et   conte  de  Poitiers.    En   cel   tans 

'Si.  —  '  Home.  —  '  A  Loehikes.  —  M\  concorde.  —  '  Avint. 
—  "  .XV.  —  '  Avinl. 


90  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

morii  Henris  li  empereres  d'Alemaigne,  et  li  Alemant 
eslirent  le  roi  à  erapereour  par  '  sa  bonté  ;  mais  il  ne 
le  vaut  prendre ,  ançois  manda  as  Aleraans  que  plus  en 
estoit  dignes  Othes  ses  niés.  Par  cel  mandement  et  por 
l'amour  dou  roi  Ricliart,  firent  li  Alemant  puis  de 
celui  Othon  empereour  de  Rome.  Apriès  avint  que  li 
rois  Ricliars,  en  une  trive  qui  fu  entre  lui  et  le  roi  de 
France,  s'en  ala  sour  le  visconte  de  Lymoges,  qui 
mesfais  li  estoit.  Là  fu  navrés  à  .i.  assaut,  d'un  arba- 
lestrier  '  d'un  quariel  el  pis.  Pluisour  disent  que  il  fu 
férus  par  mi  le  gros  dou  brach,  et  s'i  feri  mauvais 
maus  :  si  ^  moru  ;  mais  che  fu  gas  :  il  ^  fu  navrés  el  pis 
entre  l'espaule  et  le  mamiele,  si  li  fu  li  quariaus  trais  ^, 
et  il  remest  mors  de  la  plaie  ;  mais ,  avant  que  il  fust 
mors ,  fist-il  à  toz  ses  barons  jurer  feuté  à  Jehan  son 
frère  et  que  il  de  lui  ferolent  roi.  Puis  morut  li  boins 
rois  Jehans  ®,  et  fu  enfouis  à  Frontevraut ,  la  boine 
abbeye  de  nonnains  que  il  avoit  tant'  amée.  Il  fu  en- 
fouis as  pies  son  père ,  et  ses  cuers  fu  portés  à  Ruem 
en  la  mere-eglyse. 

Jehans  ses  frères,  ki  cuens  estoit  de  Mortuel,  se  fist 
moult  en  haste  duc  de  Normendie,  por  le  roi  de 
France  Ici  commencha  à  guerroier  en  Normendie  ;  et 
ala  en  grant  haste  en  Normendie  ^,  et  se  fist  roi.  Puis 
rapassa  la  mer  en  grant  haste  por  la  guerre  le  roi  de 
France  ;  si  ne  demoura  gaires  que  il  fisent  ^  entre  eus 
une  pais  par  si  que  Looys,  li  fils  le  roi  de  France, 

'  Por.  —  '  A.  et  fu  férus.  —  '  Si  en.  —  '^  Il  ne  fu  pas  navrés  el  brac, 
ains.  —  '  Trais  H  q.  fors.  —  '^  Richars.  -  "  Que  il  moult  avoit.  ■—  *  En 
Engletiere.  —  '(t.  après  que  il  Ai  faite. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  91 

prenderoit  à  feme  le  nièce  le  roi  Jehan,  la  fille  le  roi 
d'Espaigne,  et  si  auroit  en  bonne  pais  la'  tierre  de 
Veuguessin  le  Norraant  que  li  rois  Plielippes  avoit 
prise  sor  Normendie,  quant,  li  rois  Richars  fu  en  pri- 
son en  Alemaigne.  Quant  les  espousalles  furent  faites 
devant  le  castiel  deBoutavant,  endementiers  se  raist  li 
rois  Jehans  en  liostages  pour  le  fîll  le  roi  Phelippe,  qui 
estoit  entre  la  gent  le  roi  Jehan.  Et  apriès  les  espou- 
sailles  fu  la  pais  entre  les  .ij.  rois;  mais  ne  demoura 
pas  grantment  '  que  guerre  refu  entre  els.  Un  jor  ala 
li  rois  Jehans  ^  par  grant  amour  en  déduit  à  Paris.  Là 
fist  li  rois  de  France  demander  au  roi  Jehan ,  par  ma  ^ 
dame  Blance  sa  nièce,  qui  feme  estoit  Looys  le  fill  le 
roi  de  France,  toute  la  tierre  dès  chi  à  l'aighe  d'Andele. 
Par  paour  li  otria  li  rois  Jehans,  et  confrema  par  sa 
chartre;  et  par  ceste  ocoison  ke  li  rois  Jehans,  quant 
il  fu  repairiés,  ne  vaut  otriier  che  ke  il  ot  là  fait  par 
paour  au  roi  de  France  à  Paris,  recommencha  la  guerre 
entre  els.  Li  rois  Jehans  lassa  sa  feme  la  contesse  de 
Glouciestre,  si  prist  la  fille  le  conte  d'Engoliesme,  qui 
drois  hoirs  estoit  d'Engonnois,  et  si  l'avoit  Hughes  li 
Bruns,  li  cuens  de  la  Marche,  afiée;  mais  li  rois  le 
prist,  et  si  le  toli  au  conte.  Par  cel  afaire  se  tornerent 
priesque  tout  li  Poitevin  encontre  le  roi. 

Artus,  qui  drois  hoirs  estoit  de  Bretaigne,  li  fils  au 
conte  JofFroi,  estoit  à  Paris  o  Looys  le  fill  le  roi  de 
France;  car  il  avoit  afiée  la  fille  le  roi,  que  il  avoit  eue 
de  la  fdle  le  duc  de  Merane.  Li  rois  de  France,  en  cel 
esté  que  li  croisié  s'en  alerent,  ki  concuisent  Constan- 

'  Celc.  —  '  Longeinent.  —  '  Car  li  r.  J.  ala.  —  ^  J.  ma 


92  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

tiiioble,  entra  en  Norraendie  et  i  prist  pluisours  cas- 
tiaus;  il  prist  Goslain  '-Fontainne  et  la  Freté-era-Bray, 
qui  estoient  castel  Huon  de  Gornay,  qui  mainte  trahi- 
son fist  en  celé  guerre  :  par  coi  il  fu  chaciés  de  la  tierre 
l'un  roi  et  l'autre;  si  s'en  fui  à  Cambray,  une  cite  qui 
est  de  l'empire  d'Alemaigne.  En  cel  tans  estoit  evesques 
de  celé  cité  Jehans  ki  fu  fils  Robiert  l'avoé  de  Bietliune 
et  frères  l'avoé  Guillaume,  qui  s'en  estoit  aies  en  la 
voie  Diu  o  les  autres  croisiés.  Li  evesques  ot  o  lui 
.i.  bourgois  qui  moult  dist  .i.  boin  mot  :  Un  jor  che- 
A^auçoit  Hues  de  Gornay  en  déduit  defors  la  ville  as 
cans  o  l'evesque  et  o  le  bourgois  %  si  regarda  la  cité 
et  si  dist  :  «  Ciertes,  moult  a  biele  cité  en  Cambray.  » 
Et  li  bourgois  qui  là  estoit  li  respondi  :  «  Ciertes,  sire, 
vous  dites  voir  :  moult  est  biele  cités  et  boine;  mais 
elle  a  une  trop  mauvaise  coustume.  »  —  «  Quels  est  la 
mauvaise  coustume?»  dist  Hues  de  Gornay.  «  Sire,  dist 
li  bourgois  ^,  so-as  ciel  n'a  larron  ne  trahitour  k'ele  ne 
recet.  »  De  celé  parole  fu  moult  ris  en  pluiseurs  lius  ; 
car  li  preudom,  ki'*  estoit  simples  hom,  n'i  entendi  se 
bien  non;  ne  pour  nul  mal  ne  le  dist,  ains  cuida  moult 
bien  dire. 

En  l'autre  esté  apriès  fist  li  rois  Phelippes  cheva- 
lier Artu ,  le  conte  de  Bretaigne,  qui  sa  fille  avoit 
afiée  ;  si  l'envoia  as  Poitevins  et  si  li  commanda  que 
il  avoec  eus  en  ces  parties  ^  feist  guerre  encontre  son 
oncle  %  et  il-meismes  li  ferolt  guerre  deviers  Nor- 

'  Goislain.  —  '  Les  six  hiots  prc'ccdents  manquent  dans  le  ms. 
S.-G.  —  '  Dist-il.  -  ^  Qui  moull.  —  '  P.  là.  —  "  G.  devers  Nor- 
mendie. 


I 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  93 

meiulle  '.  Chil  Arlus  calengoit  sor  son  oncle  le  contée 
de  Poltau  et'  d'Ango.  Il  se  parti  del  roi  de  France, 
si  s'en  vint  en  Poitau;  et  li  Poitevin  le  rechurent  à 
grant  joie,  si  en  fisent  lor  chievetain.  Lors  comraen- 
cierent  tout  ensamble  à  guerroier  moult  durement.  Li 
rois  de  France  entra  en  Normendie ,  et  assist  le  castiel 
d'Arches,  ki  bien  se  tint.  En  cel  point  vint  Artus,  li 
cuens  de  Bretaigne,  o  les  Poitevins  devant  .i.  castel 
que  on  apiele  Mirabiel ,  ù  la  roine  Alienor,  qui  mère 
estoit  au  roi  Jehan  et  ayoule  Artu,  estoit  dedens.  Quant 
Artus  et  li  Poitevin  vinrent  devant  le  castiel,  tantost 
lor  fu  la  ville  rendue;  mais  l[i]  castiaus  se  tint.  Artus 
list  tant  c[ue  il  parla  à  s'ayole ,  si  li  requist  qu'ele  s'en 
issist  dou  castiel  et  si  emportast  toutes  ses  choses ,  et 
s'eil  alast  en  boine  pais  quel  part  k'ele  vorroit  aler  ; 
car  à  son  cors  ne  vaurroit-il  faire  s'ounor  non.  La 
roine  respondi  qu'elle  ne  s'en  istroit  pas  ;  mais ,  s'il 
faisoit    que    courtois ,    il  se    partiroit  d'illuec  ;    car 
assés  troveroit  castiaus  que  il  poroit  assaillir,  autres 
que  celui  ù   elle  estoit  dedens ,  et  molt  li  venoit  à 
grant  mervelle  que  il  asseoit  castiel  ù  il  sa  voit  qu'ele 
estoit,  ne  il  ne  li  Poitevin  ki  si  home  lige  dévoient 
estre.    Artus  ne  li  Poitevin  ne  s'en  Aaurrent  partir, 
ains  assaillirent  le  castiel;  mais  pas  ne  le  prisent.  Il  se 
herbregierent  en  la  ville,  si  i  furent  ne  sai  quans  jors. 
Guillaumes  des  Roces,  qui  boins  chevaliers  estoit, 
nés  iert  d'Anjo,  povres  bacelers  ot  esté;  mais  par  sa 
proece  avoit-il  à  feme  la  dame  de  Sabluel  :  par  coi  il 
estoit  riches  ber.  Chil  Guillaumes  estoit  hom  liges  Artu 

'  G.  ausi.  —  '  O.  le  roi  Jehan  le  conté. 


94  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

le  conte  de  Bretaigne  encontre  toz  homes  fors  encontre 
le  roi  Jehan.  Quant  il  oï  nouvieles  '  de  che  siège ,  il 
s'en  vint  moult  en  haste  au  Mans,  ù  li  rois  Jehans 
estoit  ;  si  li  dist  :  ((  Sire ,  se  vous  me  créantes  loiau- 
ment  comme  rois  et  comme  mes  sires  liges  que  vous 
d'Artu  vostre  neveu,  ki  me*  sires  liges  est  vers  toz 
homes  fors  vers  vous,  vous  esploiterés  par  mon  consel, 
jou  le  vous  ferai  prendre  et  toz  les  Poitevins  o  lui.  »  Li 
rois  Jehans,  qui  moult  grant  joie  ot  de  celé  parole,  li 
otria  moult  en  haste,  et  si  li  creanta  loiaument  comme 
rois  ;  et ,  o  tout  chou ,  li  creanta  par  foi  que  il  par  son 
consel  en  esploiteroit  volentiers.  Tantost  s'esmut  li 
rois  o  toute  sa  gent,  si  s'en  ala  grant  ^  aleure  viers 
Mirabiel,  Guillaumes  des  Roces  s'en  aloit  devant,  qui 
les  menoit  ;  si  vinrent  si  tost  à  Mirabiel  que  pour 
.i.  poi  qu'il  ne  perdirent  toutes  lor  chevaucheures.  Si 
sorprisent  si  les  Poitevins  que  il  onques  garde  ne  s'en 
donnèrent  devant  che  qu'il  vinrent  à  meismes  d'eus. 
Cliil  ki  gaitoient,  quant  il  les  virent  venir,  commen- 
cierent  à  crier  :  «  As  armes ,  as  armes  !  »  et  li  Poitevin 
coururent  as  armes.  Jofîrois  de  Lesegnon  ^  se  seoit  au 
mangier,  qui  moult  estoit  boins  chevaliers  et  mainte 
proece  avoit  faite  dechà  mer  et  delà ,  et  atendoit  .i.  mes 
de  pigons.  Quant  la  noviele  li  vint  ke  on  veoit  venir 
grant  gent,  si  avoit-on  doute  ke  che  ne  fust  des  gens 
le  roi  Jehan,  si  feroit  bien  se  il  se  levoit^  dou  raiangier 
et  s'armast,  et  il  jura  la  tieste  Diu  que  il  jà  ne  s'en  le- 
veroit%  si  aroit  mangié  de  ses  pigons.  Pour  chou  s'as- 

'  Qies  n.  —  '  R.  et  comme.  —  '  Moult  g.  —  ''  Leseignon.  —  '  Se 
▼doit  lever.  —  *■  Se  leveroit  del  mangier. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  95 

seurerent  tant  que  li  roial  entrèrent  de  toutes  pars  es 
rues.  Hughes  li  Bruns  et  Raous  d'Issodun  ses  frères , 
ki  de  par  sa  feme  tenoit  le  conte  d'Eu,  et  Andrius  de 
Kavegni  ',  qui  de  par  sa  feme  ausi  tenoit  le  tierroir  * 
de  Castiel-Raoul ,  et  maint  haut  baron  s'armèrent  et 
montèrent  sour  lor  chevaus  et  coururent  as  portes; 
mais  Guillaumes  des  Roces  -vint  si  tost  que  il  entra 
en  la  porte  ançois  que  li  Poitevin  le  peuussent  clore. 
Si  porta  en  son  venir  lïuon  le  Brun  o  son  cheval  à 
tierre  en  mi  la  rue.  Lors  entrèrent  de  toutes  pars  11 
roial  es  portes ,  et  11  rois  meismes  1  entra  ;  et  au  pre- 
mier cop  que  il  ferl,  caupa-il  le  puing  .1.  chevalier  tout 
armé  de  s'espée.  Moult  fu  grans  la  mellée  tout  aval  la 
ville.  Que  vous  dlroie-je  plus  ?  tout  furent  desconfi  11 
Poitevin,  et  Artus  fu  pris  et  ^  tout  11  Poitevin  ,•  onques 
uns  seus  des  haus  homes  n'en  escliapa.  Quant  11  rois  ot 
fait  son  fait,  il  s'en  repaira  vers  Ruem  ;  si  enmena  toz 
ses  prisons ,  fors  seulement  Andriu  de  Chavegny  :  celui 
en  lassa-il  aler  sour  sa  fiance.  Et  quant  11  rois  de 
France  sot  ces  novieles  au  siège  d'Arches,  ù  il  estolt, 
il  lassa  le  siège,  si  se  tralst  arrière.  Li  rois  Jehans, 
quant  il  fu  veims  à  Ruem ,  il  mist  Artu  son  neveu 
en  prison  en  la  tour,  ù  il  moru.  Guillaumes  de  Roces, 
quant  il  vit  qu'il  ^  avoit  mis  son  neveu  Artu  en  prison 
en  la  tour,  11  vint  à  lui  ;  si  11  requist  k'il  11  tenist  son  cou- 
venant,  car  il  11  avoit  en  couvenent  que  il  d'Artu  es- 
ploiteroit  par  son  consel,  et  ses  cousaus  estoit  que  il 
bolne  seurté  presist  de  Ivii  ke  il  dès  ore  mais  loiaument 
le  sierviroit,  et  Artus  Tendonroit  assés  des  fils  as  haus 

'  De  Chaveigni.  —  ''  La  terre.  —  '  Et  priés.  —  ''  Que  li  rois. 


96  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NOllMANDIE 

homes  de  sa  tien  e  en  hostages,  et  sor  chou  l'en  lassast 
aler.  Li  rois  ne  le  vaut  faire  :  par  coi  Guillaumes  des 
Roces  se  parti  de  son  siervice  ;  et  s'en  ala  au  roi  de 
France ,  ki  puis  li  donna  la  senescaucie  d'Ango.  Puis 
servi-il  moult  bien  le  roi  de  France  et  greva  moult  le 
roi  d'Engletierre.  Li  rois  Jehans  envoia  Savari  de 
Maulyon  '  en  Engletierre ,  si  fu  mis  en  prison  el  cas- 
tiel  del  Corf';  mais  des  autres  ot-il  merchi ,  ki  moult 
douchement  ^  li  fisent  requerre  ke  il  por  Diu  euust 
merchi  d'eus,  et  il  dès  ore  mais  seroient  à  sa  volenté 
et  loiaument  à  son  siervice.  Li  rois  les  crei ,  si  s'en  ala 
avoec  aus  en  Poitau  por  prendre  seurté  ^  de  chou  te- 
nir. Assés  l'en  firent  de  seurtës  comme  de  sairemens 
et  de  fiances ,  que  il  mauvaisement  tinrent  ;  car  tôt 
autresi  tost  que  il  en  ^  fu  repairiés  en  Normendie  se 
tornerent-il  encontre  lui  tout  à  .i.  fais,  autresi  comme 
devant.  Li  cuens  Robiers  d'Alençon ,  ki  tenoit  la  cité 
de  Sains  %  se  torna  autresi  encontre  le  roi  Jehan  et 
devint  hom  le  roi  de  France. 

Li  rois  de  France ,  ki  grant  joie  ot  de  celé  retornée , 
s'en  retorna  ^  en  Normendie  et  prist  Arches,  et  puis 
assist  le  castiel  de  Radepont.  Quant  li  rois  Jehans  le 
sot,  il  ala  celé  part  o  toute  s'ostj  et  vint  el  bois  de- 
seure  Radepont,  et  si  fist  sonner  ses  trompes.  Quant 
li  rois  de  France  oï  les  trompes  le  roi  d'Engletierre,  il 
se  parti  de  Radepont  et  lassa  le  siège ,  si  assist  tout  en- 
samble  Castiel-Gaillart  [et  l'ille  d'Andelis,  qui  desous 
seoit  en  une  isle  de  Sainne.  En  dementiers  que  il  sist 

'  Marlion.  —  '  Cor.  —  '  Hunilemcnt.  —  "*  Lor  seurlés.  —  '■  S'en. 
—  *  Sais.  —  '  S'en  rentra. 


KT  DES  ROIS  D'ANGLF:TERRE  97 

ih,  (ist-il  faire  .i.  fossé  tout  entor  Castel-Gaillai  t]  por 
chou  que  vitaille  n'i  peust  entrer  et  que  cliil  fussent 
asseur  oui  il  i  vaurroit  '  laissier.  Il  prist  Tille  d'Ande- 
lis,  puis  s'en  parti  et  lassa  une  partie  de  sa  gent  devant 
Castiel-Gaillart  ;  si  assist  le  val  de  Ruel,  que  Robiers 
li  fils  Gautier  et  Sohiers  de  Quinci ,  doi  Englois,  avoient 
à  garder,  qui  trop  tost  le  rendirent  :  dont  il  furent 
molt  blasmé ,  et  dont  li  Englois  furent  moult  abaubi 
por  chou  que  il  soloient  dire  que  li  Englois  rende- 
roient  moult  à  envis  les  castiaus  que  il  auroient  à  gar- 
der en  tel  manière  que  li  Normant  faisoient.  Li  rois  de 
France,  quant  il  ot  le  val  de  Ruel,  il  s'en  ala  auPont- 
de-l' Arche,  ù  il  ne  trova  nul  defois;  puis  assist  Rade- 
pont,  si  le  prist.  Lors  se  ^  tornerent  grans  partie  des 
Normans  deviers  lui  :  par  coi  li  rois  Jehans  n'osa  plus 
demourer  en  Normendie,  ains  s'en  parti  et  lassa  Pieron 
de  Praiaus  ^  garde  de  la  cité  de  Ruem  ;   si  li  com- 
manda que  il  del  tout  ouvrast  par  le  consel  l'arche- 
vesque  de  Ruem.  Puis  passa  mer,  et  vint  en  Engle- 
tierre;  et   enmena  o  lui  Bauduin  de  Biethune,  qui 
cuens  estoit  d' Aubemallc  %  et  Guillaume  d' Aubemalle  % 
ki  cuens  estoit  de  Pembourc  :  ces  deus  amoit-il  moult 
et  creoit,  car  il  estoient  preudome.  Encontre  l'ivier  se 
traist  li  rois  de  France  arrière,  et  départi  ses  os;  à 
l'esté  apriès,  remanda-il  sa  gent,  si  assambla  moult 
grant  ost,  et  en  entra  en  Normendie,  et  derechief^ 
passa  Ruem;  et  vint  à  Cam,  si  le  prist.  En  cel  jour^ 
conquist-il  le  castiel  Audemer  et  le  castiel  de  Buene- 

'  Yoldroient.  —  "  S'en.  —  '  Piniaus.  —  ^  Aubemarle.  —  '  G.  le  ma- 
reschal.  —  **  N.  derecief  el.  —  '  Voie. 


<J8  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

Ville  '-sor-Touke  et  le  castiel  tle  Liesewies''  et  la  cité 
de  Constances.  Il  asslst  le  castiel  de  Faloise,  qui  moult 
ert  fors;  si  le  prist.  Les  clés  de  Donfort  ^  en  Passois  li 
furent  aportées  à  Tencontre.  Moult  fîst  de  ses  volentës 
par  la  tierre,  puis  s'en  repaira  arrière,  ef^  assist  Ruem 
entre  l'aiglie  et  le  bois.  En  cel  point  que  il  sist  devant 
la  cité,  fist-il  parler  à  Pieron  des  Praiaus;  si  coururent 
tant  les  paroles,  que  li  rois  li  promist  .ij"'.  livrées  de 
tierre,  par  si  que  il  li  rendist  la  cité  de  Ruem;  et 
Pieres  des  Praiaus  fist  tant  por  celé  promesse  que 
trives  furent  prises  entre  cels  de  Ruem  et  le  roi  de 
France.  Si  dévoient  envoier  au  roi  d'Engletierre  et  ^ 
mander  que  il  les  secourust  dedens  .i.  terme  ki  fu  mis 
entre  eus  et  le  roi  de  France;  et,  se  il  ne  les  secouroit 
dedens  cel  lermie,  il  lor  convenroit  la  cité  rendre.  A 
clie  consel  s'acorda  li  archevesques  de  Ruem,  si  que 
Pieres  des  Praiaus  en  ot  ses  lettres  pendans.  Ensi  comme 
il  fu  devisé,  envoierent  chil  de  Ruem  au  roi  Jehan  en 
Engletierre,  ù  il  estoit,  si  li  mandèrent  cel  afaire; 
mais  il  ne  's  secouru  pas  :  par  coi  la  cités  ^  fu  rendue  au 
roi  de  France  et  li  castiaus  de  Praiaus  et  tout  li  castiel 
de  Normendie  à  .i.  mot,  fors  seulement  Castiaus-Gail- 
îars,  ù  les  gens  le  roi  de  France  seoient  devant;  et 
lonc  tans  i  avoient  sis.  Li  connestables  de  Ciestre  estoit 
dedens,  qui  moult  loiaument  le  garda.  Il  fu  con- 
nestables dou  castiel,  que  li  -  rois  Jehans  li  ot  baillié  à 
garder. 

'  Boinne-Yille.  —  "  Et  la  cité  de  L.  ot  la  cité  de  Baiewes.  —  '  Den- 
front.  —  ''  R.  ;  autresi.  —  '  Et  il  li  dévoient.  —  «^  La  c.  de  Ruem. 
-'C.;l«. 


KT  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  99 

Quant  la  cités  de  Ruem  fu  rendue,  Pieres  des  Praiaus 
Tint  au  roi  de  France,  si  li  requist  que  il  li  tenist  son 
cou\enant  des  .ij"\  livrées  de  tierre  que  il  li  dcvoit 
donner.  Li  rois  de  France  respondi  que  si  feroit-il  vo- 
lentiers;  lors  commanda  tout  en  audience  à  ses  clers 
que  il  feissent  chartre  à  Pieron  des  Praiaus  de  .ij'".  li- 
vrées de  tierre,  que  il  li  devoit  por  la  cité  de  Ruem 
son  lige-segnor,   que  il  li  avoit  rendue.  Pieres  des 
Praiaus,  quant  il  oï  la  fourme  de  la  chartre,  si  ne  le 
vaut  prendre;  ains  passa  en  Engletierre,  et  vint  au 
roi  Jehan ,  si  li  cria  merchi  et  li  requist  moult  humle- 
ment  que  il  por  Diu  ne  se  courechast  à  lui  de  la  cité 
de  Ruem  qui  rendue  estoit,  car  canques  il  avoit  fait 
lîst-il  par  le  consel  l'archevesque  de  Ruem,  par  cui 
consel  li  rois  li  avoit  commandé  à  ouvrer  de  toutes  ces 
choses  %  et  ses  letres  pendans  en  avoit.  Li  rois  Jehans, 
qui  grant  maugré  l'en  savoit  de  cel  afaire ,  li  pardonna 
son  mautalent  par  cel  escondit  -,  mais  grant  duel  ot  de 
sa  pierte  et  grant  ire.  Quant   li  baron  d'Engletierre 
qui  lor  tierres  avoient  pierdues  en  Normendie  oïrent 
les  nouvieles  del  roi  de  France,  comment  il  conque- 
roi  t  toutes  lor  tierres  *,  et  il  virent  '  le  roi  d'Engle- 
tierre qui  si  mauvais  samblant  faisoit  de  lui  desfendre, 
il  parlèrent  ensamble  et  puis  vinrent  devant  le  roi ,  si 
li  requisent  que  il  soufrist  por  Diu  que  ^  il  lor  tierres 
qu'il  avoient  perdues   en   Normendie  peuussent  re- 
querre  au  roi  de  France  ^  ;  car  che  seust-il  bien  ke,  jà 
fust  che  cose  que  lor  cors  fussent  deviers  le  roi  de 

'  T.  c.  —  '  Conqiieroient  toute  la  terre.  —  '  Vinrent.  —  "*  Quo  se. 
—  '  F.  que  il  les  reqnesissent. 


100  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

Finiice,  si  seroient  11  cuer  adiès  '  (leviers  lui.  Li  rois 
(list  que  il  en  parleroit.  Un  jor  assambla  tout  son  con- 
se\ ,  si  lor  moustra  les  requestes  que  si  baron  li  fai- 
soient,  et  lor  en  demanda  consel.  Bauduins  de  Bie- 
ihmie,  li  cuens  d'Aubemalle,  qui  moult  estoit  preudom 
et  loiaus  et  boins  cheAaliersj  mais  si  estoit  mehaigniés 
de  la  goûte  artetyque  '  que  il  ne  pooit  aler  .i.  pas,  ains 
le  couvenoit  porter;  et  de  chou  pooit  moult  peser  au 
roi  Jehan,  car  moult  l'avoit  adiès  ^  trouve  loial  et  feel. 
Chil  parla  premièrement  devant  toz,  et  dist  au  roi  : 
«  Comment,  sire,  vos  requisent-iH  que  vous  lor  don- 
nés^ congié  d'aler  au  roi  de  France  requerre  lor  tierres 
(pie  pierdues  ont  en  Norraendle,  et  ke  lor  cors  soient 
deviers  le  roi  de  France  encontre  vous,  et  lor  cuer 
soient  deviers  vous?  »  —  «  Oïl,  dist  li  rois,  che  me  re- 
(piierent-il.  »  —  «  Ciertes,  che  dist  li  cuens,  je  ne  sai 
(]ue  vous  en  ferës;  mais,  se  jou  estoie  comme  de  vous, 
et  ^  lor  cors  fussent  contre  moi  et  lor  cuer  deviers 
moi  5  se  jou  les  cuers  dont  li  cors  seroient  contre  moi 
tenoie  en  mes  mains,  je  les  jeteroie  toz  en  une  orde 
longagne.  »  De  celé  parole  fu  moult  ris,  et  si  ne  fu  pas 
adont  ceJe  chose  sommée ,  por  la  parole  que  li  cuens 
dist;  mais  puis  donna  li  rois  au  conte  de  ^Varende, 
son  cousin,  la  ville  d'Estanfort,  (pii  molt  est  boine, 
par  eschange  de  sa  terre  ke  pertkie  avoit. 

Savaris  de  Maulyon",  qui  en  cel  point  estoit  en  pri- 
son el  castiel  del  Corf,  il  avoit  o  lui  .iiij.  homes  qui  le 
gardoient.  Un  jor  lor  donna  >tant  a  boire  cpie  il  les 

■  Tous  jorv  —  '  D'artetique.  —  ^  Tous  dis.   —  •*  Requiercut-il. 
—  ''  Doingniés.  —  *"  C.  vos,  se.  —  '  Marlion. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  101 

cnyvra,  si  que  il  s'en  dormirent.  Quant  il  les  vit  toz 
.iiij.  dormons,  il  prist  une  quignie,  si  les  ocist  toz 
quatre;  puis  se  mist  en  la  maistre-forterece,  ets'osla  des 
liers.  Celé  nouviele,  quant  elle  fu  seue,  fu  tost  contée  au 
roi  Jehan,  ki  estoit  priés  d'illuec  à  une  jornée.  Lende- 
main vint  li  rois  devant  le  castiel,  si  vaut  faire  assaillir 
Savari;  mais  par  la  proiere  Hubert  Gautier,  qui  arche- 
vesques  estoit  de  Chantorbire,  moult  vaillans  clers  et 
moult  larges  et  moult  courtois,  en  ot-il  merchi;  et 
Savaris  li  jura  sour  sains  que  il  dès  ore  mais  le  siervi- 
roit  loiaument,  et  si  l'en  bailla  en  ostages  sa  feme  et 
sa  mère.  Lors  se  parti  Savaris  del  roi  Jehan ,  et  vint 
en  Poitau,  et  le  siervi  puis  moult  bien.  Il  requist  '  le 
castiel  de  Nyors  %  qui  se  tenoit  adont  deviers  le  roi 
de  France  ^,  par  grant  engien.  Chil  de  Niors  avoient 
acoustumé  que  cascun  an  ,  le  premier  jor  de  may, 
aloient  por  lor  may  à  .i.  bois  qui  estoit  une  liue  loing 
de  la  ville.  Savaris,  ki  bien  savoit  celé  coustume,  en 
avrill  devant,  se  traist  arrière  pour  eus  laissier  asseu- 
rer  j  et  quant  che  vint  encontre  le  jour  de  la  mayole , 
il  s'en  repaira  si  en  haste  viers  Nyors  que  il  se  mist  le 
jour  de  la  fieste  par  matin  ^  entre  la  ville  et  les  bour- 
gois ,  qui  au  bois  estoient  aie ,  si  que  onques  garde 
ne  s'en  doimerent.  Il  fu  toz  couviers  de  may,  et  tout 
chil  qui  avoec  lui  estoient  ^,  autresi  :  par  coi  chil  qui 
as  portes  estoient '^  furent  decheu,  car  il  cuidierent 
que  che  fussent  lor  bourgois  ki  repairassent  del  bois  ; 
si  les  lassierent  ens  entrer.  Quant  Savaris  fu  dedens  la 

'  Il  reconquist.  —  '  IVior.  —  '  Qui  d.  le  r.  de  Fr.  estoit.  —  ^  P.  m. 
encontre  la  vile.  —  '  Furent.  —  *  E.  en. 


102  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

villo,  si  s'en  ala  moult  en  haste  au  castiel ,  que  il  trova 
tout  desgarni  ;  si  le  piist  et  le  garni  moult  bien.  Ensi 
fu  li  castiaus  pris  et  la  ville  conquise.  Puis  s'en  issi 
Savaris  de  la  yille  encontre  les  bourgois ,  qui  au  bois 
estoient;  si  les  prist  toz  à  sa  volenté  ;  mais  il  ne  les 
mist  pas  en  raale  prison  ;  ains  prist  ostages  d'eus ,  et 
lor  sairemens  que  il  dès  ore  m.ais  seroient  a.  la  vo- 
lenté  '  le  roi  d'Engletierre  loiaument ,  et  par  tant 
orent  pais. 

Hughes  li  Bruns  et  li  ciiens  d'Eu  ses  frères  et 
Hughes  de  Surgieres  ses  frères,  qui  viscuens  estoit 
del  Castel-Eraut ,  et  Jofi'rois  de  Lesegnon  ses  oncles 
et  li  viscuens  de  Touart%  qui  moult  estoit  riches  hom, 
et  Guillaumes  de  Maulyon  li  oncles  Savari,  qui  sires 
estoit  de  iNIaulyon  et  de  Chaîemont  %  et  Hughes  l'ar- 
chevesques,  qui  sires  estoit  de  Partenay,  et  Tiebaus  de 
Biaumont,  qui  sires  estoit  de  Bierchieres "^^  et  maint 
autre  haut  baron  que  je  ne  puis  pas  toz  noumer,  quant 
il  oïrent  ces  nouvieles,  il  s'entre-manderent  de  toutes 
pars  et  assamblerent  grant  ost,  et  vinrent  devant 
Niors ,  et  assaillirent  Savari  dedens.  Longhement  i 
sissent  ;  mais  riens  n'i  firent  fors  tant  que  moult  ot 
faites  de  bieles  chevaleries  à  che  siège.  Un  jor  i  ot 
.i.  poingneis ,  ù  Savaris  porta  Hugon  de  Surgieres  à 
tierre  o  tout  le  cheval  en  mi  les  rues  del  fourbourc  ; 
et  puis  s'en  rentra  en  la  ville.  Et  li  rois  Phelippes  de 
France,  ki  s'estoit  partis  del  Castiel-Gaillart,  qu'il  avoit 
pris  à  force  sour  cels  dedens,  qui  tout  estoient  affamé, 
car  il  avoient  toz  lor  chevaus  mangiés  par  disete  -',  si 

'  Au  service.  —  '  Toait.  —  '  Taleniont.  —  -*  Bercicics.  —  '  Dcslrcce. 


I 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  103 

qu'il  ne  se  poolent  mais  aitlier.  Li  connestables  de  Cies- 
tre,  li  loiaus  chevaliers ,  qui  toz  jors  soloit  dire,  quant 
on  li  requeiToit  del  castel  rendre,  que  il  jà  ne  le  rende- 
roit  se  on  ne  l'en  trainoit  hors  par  le  pie,  fu  trovcs  el 
castel  si  affamés  que  il  ne  se  pooit  '  mais  aidier  ;  si  fu 
hors  trais'  par  le  pie,  si  comme  il  avoit  devisé.  Quant 
li  rois  de  France  sot  ceste  noviele ,  de  Savari  de  Mau- 
lion  qui  li  avoit  en  tel  manière  le  castiel  de  Niors 
soustrait  '',  et  que  li  Poitevin  l'avoient  assis ,  il  assam- 
Lla  ses  os ,  si  vint  à  la  cité  de  Tours  ;  et  puis  passa 
outre  jusques  au  castiel  de  Chinon ,  ù  ses  gens  seoient 
devant.  Hubiers  de  Bours,  qui  puis  fu  justice  d'Engle- 
tierre,  ot  en  garde  le  castiel.  Quant  li  rois  fu  venus 
à  Chinon ,  grant  plenté  fist  drecier  de  perrieres  et  de 
mangonniaus ,  dont  il  dépêcha  malement  '^  les  murs. 
Tant  i  sist  et  tant  le  fîst  assaillir,  et  tant  empira  les 
murs  de  ses  perrieres  et  de  ses  mangouniaus  et  de  ses 
mineours  que  li  castiaus  fu  à  force  pris,  et  Hubiers  de 
Bours  dedens  ;  si  fu  livrés  à  garder  à  Renaut  de  Dant- 
Martin  ^,  qui  cuens  estoit  de  Bouloigne.  [Puis]  que 
li  castiaus  fu  pris ,  remest  li  rois  une  grant  pieche  toz 
cois  logiés  devant  le  castiel  ;  en  dementiers  atira-il  la 
garnison  dou  castiel,  et  si  devisa  en  quel  manière  il 
voloit  le  castel  refremer  ^  El  castiel  avoit  une  des 
plus  bieles  chapieles  del  monde ,  qui  estoit  apielée  la 
chapiele  del  Castiel-Roufet  ■. 

Li  Poitevin  ki  seoient  devant  Niors,  quant  il  virent 

'  Pot.  —  '  Si  fu  t.  fors  del  castel.  —  '  Emblé.  —  ■*  Moult  m.  —  '  Raiu- 
naut  de  Dan-Martin.  —  ^  Que  li  castiaus  fust  refremés.  —  '  De  Castel- 
Rouset. 


104  HISTOIRE-  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

que  il  riens  n'i  esploitcroient,  il  se  partirent  del  siège 
et  alerent  parler  au  roi  de  France  à  Chinon,  là  ù  il 
estoit,  qui  assés  lor  fist  mauvais  samblant.  Quant  li 
rois  ot  parle  as  Poitevins,  et  il  ot  devisée  la  forterece 
del  castiel ,  et  il  i  ot  laissic  tel  garnison  comme  lui 
plot,  il  se  parti  d'illucc  et  s'en  repaira  en  France.  En 
cel  tans  vinrent  les  novieles  en  France  de  Bauduin 
Tempereour  de  Constantinoble ,  qui  avoit  esté  cuens 
de  Flandres  et  de  ïlaynau,  que  Johanisses  '  li  Blas  avoit 
pris  et  desconfit,  et  que  li  cuens  Looys,  ki  sires  estoit 
de  Chartres  et  de  Blois,  estoit  ocis  en  la  bataille,  et 
que  li  cuens  Hues  de  Saint-Pol  estoit  m.ors  de  sa  mort 
en  la  cité  de  Constantinoble,   et  que  Guillaumes  li 
avoés  de  Bietlmne  s'en  revenoit,  et  Bauduins  d'Aube- 
gni  avoec  lui,  ki  moult  estoit  boins  chevaliers.  Quant 
la  noviele  vint  au  roi  Jehan  en  Engletierre ,  là  ù  il 
estoit,  que  il  avoit  perdu  son  castiel  de  Chinon  ,  et  ke 
Hubers  de  Bours  estoit  dedens  pris  à  force,  je  ne  sai 
quel  duel  il  en  ot  au  cuer  ;  mais  moult  en  fist  poi  de 
samblant.  Toute  tourna  s'entente  en  déduit  de  chiens 
et  d'oisiaus  et  à  conjoïr  la  roine  sa  feme,  que  il  moult 
amoit;   et  nonporquant  si  li  disoit-elle  mainte  re- 
traite et  mainte  felenesse  parole.  Une  fois,  à  une  no- 
viele ki  vint  au  roi  de  je  ne  sai  quel  perte  ke  il  avoit 
faite,  dist  à  la  roine  :  «  Oés,  dame  :  tout  che  ai-je 
perdu  por  vous.  »  Elle  respondi  tantost  :  «  Sire,  ausi 
ai-jou  le  melleur   chevalier  dou  monde  perdu   por 
vous.  »  A  une  autre  noviele  li  dist-il  :   «  Dame,  ne 
vous  caut  ;   car,  par  la  foi  que  je  doi  vous ,  encore 

'  O.  Jou  Jt'lians, 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  105 

sai-jou  .i.  tel  angle  ù  vous  n'ariés  '  garde  del  lol  de 
France  devant  .x.  ans,  ne  de  tout  son  poolr.  »  — 
((  Ciertes,  sire,  dist-elle,  je  croi  bien  ke  vous  estes 
moult  deslrans  à  estre  rois  qui  soit  matés  en  l'angle.  » 
Teus  paroles  li  disoit-elle  souvent  :  por  coi  elle  ot  puis 
moult  de  maus.  Mol[t]  mal  homme  ot  el  roi  Jehan  : 
crueus  estoit  sor  toz  homes;  de  bieles  femes  estoit  trop 
couvoiteus  ;  mainte  honte  en  fist  as  haus  homes  de  la 
tierre  :  par  coi  il  fu  moult  haïs.  Jà  voir  ne  deist  son 
voel.  Ses  barons  melloit  ensamble  quanques  il  pooit; 
moult  estoit  liés  quant  il  veoit  '  haine  entre  els.  Toz 
les  preudomes  haoit  par  envie;  moult  li  desplaisoit 
quant  il  veoit  nullui  bien  faire.  Trop  estoit  plains  de 
maies  teces;  mais  de  grant  despens  estoit  :  moult  don- 
noit  à  mangier  et  larghement  et  volentiers  ;  jà  sa  porte 
ne  li  huis  de  sa  sale  ne  fussent  gardé  ^  au  mangier  : 
tout  chil  mangoient  à  sa  court  qui  mangier  i  voloient. 
As  .iii.  nataus^  donnoit  volentiers  grant  plenté  de 
reubes  as  chevaliers  :  de  chou  fu-il  bien  entechiés. 

En  un  yvier  encontre  .i.  Noël  avint  que  ^  Hubiers 
Gautiers ,  li  bons  archevesques  de  Chantorbire ,  qui 
moult  estoit  larghes  et  vaillans  et  de  grant  afaire, 
vint  au  roi  Jehan;  et  si*^  H  requist  que  il  au  Noël  fust 
o  lui  à  sa  court  à  Chantorbire  ,  que  il  voloit  tenir 
moult  grant.  Li  rois  l'avoit  sour  cuer  por  sa  bonté, 
dont  grant  envie  avoit  ;  mais  nonporquant  il  li  otria, 
si  vint  au  Noël  à  Cantorbire.  A  celé  court  ot  ^  moult 
grans   gens ,  molt  fu  la   cours  riche*  et  pleniere ,  et 

■  Kos  u'auricns.  —  '  A',  que  il  avoit.  —  ^  Ne  gardast-on.  —  "*  Ataus, 
—  "■  Vint  al  roi  Jehan.  —  '  Afaire,  si.  —  "  A  la  cort  od. 


106  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMAiNDIE 

mervelles  i  ot  biel  servi,  .iij.  jors  i  demeura  li  rois; 
et  quant  che  vint  que  il  s'en  dut  partir,  si  apiela  l'ar- 
chevesque,  si  li  dist  :  «  Sire  archevesques ,  savés-vous 
por  coi  j'ai  tant  demouré  chi  ?  n  —  or  Por  clioi,  dist 
li  archevesques,  fors  que  por  moi  liounour  faire?  »  — 
u  Par  les  dens  Diu  '  !  dist  li  rois,  autrement  vait  la 
chose  :  vous  estes  si  larghes,  si  vaillans  et  de  si  grant 
dcspens  que  nus  ne  vous  poroit  ataindre  ;  vous  volés 
avoir  par  vous  seus  tout  le  beubant  d'Englelierre  ; 
mais,  la  merchi  Diu,  je  vos  ai  ore  si  mené  que  jamais 
ne  vos  pores  aidier  ne  jamais  n'aurés  que  mangier.  »  Et 
quant  l'archevesques  oï  celé  parole ,  molt  li  greva  ;  si 
respondi  '  au  roi  :  «  Comment  cuidiesmes-vous  por  tant 
avoir  destruit?  Non  avés;  je  ne  sui  pas  si  legiers  à  des- 
truire.  Puis  que  vous  avés  che  dit,  dites-moi  ù  vous  serés 
à  la  Pasque.  ))  —  a  A  vous  k'ataint?  »  dist  li  rois.  «  Par 
saint  Julien  î  dist  li  archevesques ,  vous  ne  le  me  pores 
celer.  Savés-vos  por  coi  je  le  vous  demandai?  por  chou 
que  jou  vaurrai  estre  là  ù  vos  serés  ;  et  se  la  ville  n'est 
tant  grans  que  mes  gens  et  les  vostres  ne  s'i  puissent 
herbregier  dedens,  je  me  logerai  dehors  ;  et  si  m'aatis 
bien  que  je  tenrai  plus  biele  court  ke  vos  ne  ferés, 
et  si  i  ferai  plus  grant  despens  et  plus  i  donrai  de 
robers  ^  et  plus  i  ferai  de  noviaus  chevaliers  et  plus  i 
ferai  de  toz  biens  que  vous  ne  ferés  ^;  et  à  la  Pentecouste 
ferai-jou  tout  ensi ,  se  jou  vif  adont  ;  et  encore  aura 
Hubiers  Gautiers  à  mangier.  » 

Quant  celé  aatine  fu  faite ,  li  rois  se  parti  d'illuec  ; 

■  Bieu.  —  '  R.  tantost.  —  '  Rcubes.  —  *  Les  quatre  mots  précédents 
maïKfurnl  dans  h  ms.  S.-(i. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  107 

et  quant  che  vint  à  la  Pasque,  li  archevesques  tint 
bien  son  convenant  au  roi  ;  car  il  fu  logiés  defors  la 
ville  ù  li  rois  estoit,  et  si  tint  plus  '  biele  court  que  li 
rois  ne  feist,  et  plus  i  fist  grant  despens  et  plus  i  donna 
reubes  et  plus  i  fist  de  nouviaus  chevaliers ,  si  comme 
il  s'estoit  aatis.  A  la  Pentecouste  apriès,  s'estoit-il 
bien  aatis  que  il  feroit  tout  ensement;  mais  il  ne  pot, 
por  le  roi  ki  en  cel  point  assambla  ses  os  et  apparella 
sa  *  navie  por  passer  en  Poitau  :  par  coi  il  ne  li  rois 
ne  poient  court  tenir.  A  Portesmues  fu  li  navies  ap- 
parellies.  Là  vint  li  rois  à  toutes  ses  osj  là  sourst  une 
raellée  entre  les  gens  l'archevesque  et  les  gens  le  conte 
de  Winciestre%  si  que  li  archevesques  se  courecha,  si 
que  il  en  jura  saint  Juliien  que  il  cousteroit  ançois 
.X"'.  mars  à  l'archevesché  que  il  ne  fust  amendé^. 
Lors  manda  ses  gens  de  toutes  pars,  et  li  cuens  de 
Winciestre  ^  les  soies.  Quant  li  rois  sot  cel  afaire , 
il  monta  sor  .i.  cheval  et  vint  à  l'archevesque,  si  des- 
cendi  del  cheval  devant  lui  à  tierre ,  et  li  pria  ^  mer- 
chi  que  il  por  Diu  en  che  point  ne  commenchast  mel- 
lée.  Quant  li  archevesques  vit  le  roi  descendu ,  il 
descendi  de  l'autre  part  et  fist  quanques  il  vaut  ^  ;  mais 
moult  soufri  dolans  sa  honte  comme  chil  qui  ^  estoit 
de  grant  cuer.  Li  rois  et  si  baron  entrèrent  es  nés,  et 
passèrent  mer,  et  arrivèrent  à  le  Rociele.  Là  vinrent 
à  lui  Savaris  de  Maulyon  et  li  autre  Poitevin  ki  devers 
lui  se  tenoient.  Li  viscuens  de  Thoart  ^  vint  là  à  lui , 

'  Moult  plus.  —  '  Son.  —  ^  Cestre.  —  ''  Que  chele  chose  ne  f.  amen- 
dée. —  '  Cestre.  —  *  Cria,  —  "  Q.  li  rois  volt.  —  ^  Qui  moult. 
-  5  Toart. 


108  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

qui  deviers  le  roi  de  France  avoit  este  ;  mais  il  s'en 

estoit  partis  '   et  revint  à  son  droiturier  segneur,   le 

roi  d'Engletierre ,  à  oui   il  fu  moult  bien  venus  et 

qui  grant  fieste  fist  de  lui  et  li  ot  puis  grant  mes- 

tier. 

Assés  tost  sot  li  rois  Phelippes  l'arrivement  le  roi 
Jehan,  ki  tantost  s'en  vint  à  Cliinon;  mais  il  n'i  de- 
meura gaires,  ains  s'en  torna  assés  tost,  et  lassa  à  Chi- 
non  le  duc  de  Bourgoigne  et  le  conte  de  Poitau'  sen 
serouge.  Et  li  rois  d'Engletierre,  quant  il  ot  parle  au 
visconte  de  Toart  et  à  Savari  de  Maulyon  son  cliier 
ami  et  as  ^  autres  Poitevins,  il  se  parti  de  le  Rociele 
et  chevaucha  par  la  tierre  ;  et  s'en  vint  à  la  cité  d'An- 
giers,  ù  la  fieste  estoit  adont  toute  plaine.  Si  prist 
tantost  la  ville,  et  ses  gens  i  gaaignierent  raervelleus 
avoir.  Puis  passa  outre  jusques  à  Bourdiaus-sor-Gi- 
ronde,  regardant  ses  tierres  et  prendant  ses  houmage*. 
Quant  il  ot  fait  ses  afaires  en  la  tierre  de  Bourdiaus ,  il 
s'en  râla  arrière  vers  Poitau.  Bien  tost  apriès  puis  que 
il  s'en  commencha  à  repairier,  sot  li  dus  de  Bourgoi- 
gne [,  qui  à  Chinon  estoit,]  sa  revenue;  si  manda ^  au 
i^oi  de  France  que  il  s'en  revenist  ^  tost  celé  part  ,•  car 
li  rois,  qui  à  Bourdiaus  avoit  esté,  s'en  revenoit  ar- 
rière vers  Poitau,  et  si  li  manda  avoec  que  bien  seust- 
il  que  il  ne  voloit  pas  iestre  offins  ',  ne  onques  mais 
dus  de  Bourgoigne  n'avoit  tant  esté  en  garnison 
comme  il  avoit  :  si  li  grevoit  moult  ;  et  bien  seust-il 
que  se  iP  ne  s'en  revenoit,  que  il  ni  manroit  plus. 

'  Mais  il  s'en  partirent,  il  et  se  gcnt.  —  "  Poutiu.  —  '  Et  à  ses. 
'  Tcnscs.  —  ^  Si  ni.  tantost.  —  "  Yenist.  —  '  Assis.  —  '  Il  lost. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  109 

Par  cel  mant  que  11  dus  manda  au  roi ,  semonst  li 
dus'  ses  os,  si  s'en  \int  à  Chinon  ;  et  puis  passa 
Taighe  de  Viane  et  entra  en  Poitau,  si  s'en  ala  droit 
vers  Thoart,  ù  li  rois  d'Engletierre  estoit  jà  venus.  Li 
rois  de  France  chevaucha  jusques  devant  la  ville,  ar- 
dant  la  tierre  ;  mais  li  rois  d'Engletierre  n'issi  pas 
contre  lui  fors,  ne  onques  home  n'en  lassa  issir;  et 
nonporquant  si  n'avoit-il  pas  maint  de  gent  que  li 
rois  de  France  avolt.  Li  rois  de  France  arst  chou  que 
lui  plot  defors  forterece ,  puis  s'en  repaira  arrière  ;  et 
li  rois  Jehans  s'en  revint  en  la  Rociele,  et  entra  en 
mer,  et  rapassa  en  Engletierre ,  ù  il  fîst  puis  moll  * 
de  maus. 

Or  oiiës  quel  vie  li  rois  Jehans  mena  ,  puis  que  il  fu 
repairiés  en  Engletierre.  Toute  s'entente  torna  à  dé- 
duire son  cors  :  bois  et  rivières  antoit ,  et  moult  l'en 
plaisoit  li  déduis.  Tant  se  fîst  douter  par  sa  tierre  ke 
toutes  les  gens  tiesmoignoient  que  puis  le  tans  le  roi 
Artu  n'avoit  eu  roi  en  Engletierre  qui  tant  fust  doutés 
en  Engletierre,  en  Gales,  en  Eschoce  ne  en  Yrlande , 
comme  il  estoit.  Les  bestes  sauvages  avoient  tel  pais 
k'elespassoient'  par  les  chans  ausi  privéement  comme 
se  che  fussent  brebis.  Quant  les  gens  erroient  par  les 
chemins,  et  il  les  veoient  paistre  delés  eus  ,  et  il  poin- 
gnolent  vers  elles ,  ne  s'en  daignoient-elles  fuir  plus 
grant  alure  del  trot  u  des  petis  galos  ;  et  quant  chil 
qui  les  chaçoient  arrlestoient,  elles  arriestoient  ausi. 
Bauduins  li  cuens  d'Aubemalle  avoit  une  fille  de  Havy  * 
la  contesse  sa  feme ,  qui  Aalis''  estoit  apielée  ;   plus 

'  Li  rois.  —  '  Assés.  —  '  Paissoient.  —  <  Maewi.  —  '  Aeli.<!. 


110  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

n'avoit  d'enfans  :  celi  donna-il  à  feme  à  Guillemin,  le 
frère  Guillaume  le  mareschal ,  le  conte  de  Pembi  oc , 
ù  il  le  maria  m.oult  bien. 

En  cel  tans  moru  Hubers  Gantiers ,  li  boins  arche- 
vesques  de  Chantorbire  ;  et  li  rois  vint  as  moines  de 
Sainte-Trinité,  si  lor  dist  que  li  arclievesques  de  Chan- 
torbire devoit  estre  li  tiers  de  son  consel  si  hautement 
que,  s'il  conselloit  à  .i.  home,  il  se  pooit  sus  embatre 
sans  mesfait  ;  et  puis  qu'il  avoit  tel  dignité  à  son  con- 
sel, il  Yoloit  avoir  la  première  vois  à  l'élection  '.  Li 
moine  li  otriierent,  et  il  nomma  l'evesque  de  Norewis. 
Li  pluisour  des  moines  li  otriierent ,  et  li  pluisour  ne 
li  vaurrent  otriier;  mais  la  plus  grans  partie  de  cou- 
vent se  tint  devers  le  roi.  Por  celé  descorde  qui  fu 
entre  les  moines  atirerent  li  moigne  qui  devers  le  roi 
se  tenoient  .xij.  de  lor  compaignons  "  qui  à  Rome  s'en 
dévoient  aler  por  achiever  celé  besoigne,  dont  li  rois 
lor  avoit  priié.  Cil  .xij.  moigne  s'en  alerent  à  Rome 
sour  le  coust  le  roi  ;  et  quant  il  i  vinrent ,  malement 
li  tinrent  couvent  ;  car  onques  ne  se  penerent  de  sa 
besoigne  avancier  ;  ains  esliurent,  encontre  chou  que 
il  li  avoient  en  couvent,  à  archevesque  .i.'  clerc  d'En- 
gletierre  qui  estoit  apielés  maistre  Estievenes  de  Lan- 
gethone;  del  consel  l'apostole  estoit,  boins  clers  ert  et 
de  haute  clergie.  A  Paris  avoit  grant  pièce  escole  te- 
nue, et  avoit  esté  uns  des  plus  renommés  clers  de^  la 
cité.  Celé  noviele  desplot  m[ou]lt  au  roi  d'Engletierre, 
quant  il  le  sot;  tantosf»  prist  l'archeveschié  en  sa  main 
et  saisi  toute  la  terre  as  moines ,  et  toz  les  enchacha 

'  Del  e.  —  '  Moinnes.  —  '  De  toute.  —  "T.  vint  en  Kent  et. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  111 

fors  de  la  lierre  :  par  coi  li  apostoles  Innocens  li  tiers, 
qui  adont  estoit,  mist  Eiigletienc  en  eiitredit  '  qui 
dura  .V.  ans.  Li  entretlis  yint  au  quaresme  ;  et  à  la 
Saint-Milviel  devant  s'estoit  la  roine,  la  feme  le  roi, 
celé  qui  fdle  fu  le  conte  d'Engolesme,  délivrée  d'un 
lîU  qui  fu  apielés  Henris,  qui  puis  fu  rois.  Apriès  ' 
Tentredit  se  délivra-elle  d'un  autre  lill,  qui  fu  apielés  ^ 
Richars.  Dedens  cel  entredit  vinrent  novieles  au  roi 
Jehan  que  cliil  d'Yrlande  s'estoient  révélé  :  par  coi  il 
aparella  sa^  navie  pour  aler^  en  Yrlande  ;  mais  il  s'en 
ala  ançois  sour  .i.  haut  home  de  le  marce  de  Gales, 
qui  mellés  estoit  à  lui.  Chil  haus  hom  estoit  apielés  Guil- 
laumes  de  Brayouse.  Cil  Gui  lia  urnes  de  Brayouse  avoit 
une  moult  vaillant  dame  à  feme  ,  qui  fu  née  de  la  tierre 
le  roi  de  France  ;  fille  fu  Bernart  de  Saint- Waleri ,  le 
boin  chevalier,  Mehaus  estoit  apielée  ;  biele  dame 
estoit,  moult  sage  et  moult  preus  et  moult  vighe- 
reuse.  Il  n'estoit  nulle  parole  de  sen  baron  aviers 
chou  qu'il  estoit  de  li  ;  elle  maintenoit  toute  la  guerre 
encontre  les  Galois ,  sor  cui  elle  conquist  moult.  Maint 
biel  service  fist  au  roi  Jehan,  qu'ele  inalement  em- 
ploya ,  et  maint  biel  présent  li  fist.  Une  fois  présenta-elle 
à  la  roine  .ii]*".  vaceset  .i.  tor,  ki  toutes  estoient  blances, 
fors  les  '^  orelles  qu'eles  avoient  rouges.  Celé  dame  se 
vanta  une  fois  à  Bauduin  le  conte  d'Aubemalle  son  ne- 
veu qu'ele  avoit  bien  .xij"".  '  vaces  à  lait;  et  se  vanta  en- 
core qu'ele  avoit  tant  de  froumages  que,  se  cent  des  plus 
vighereus  home  d'Engletierre  estoient  assis  en  À,  cas- 

'  Mist  e.  en  E.  —  "  Apriès.  Dedens.   -   '  Qui  ot  à  non.  —  ^  Son. 
—  ''  Passer.  —  *  Des.  —  ^  .xiij.  mile. 


112  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

tiel,  il  se  poroient  desfendre  de  ses  frouraages  .i.  mois, 
par  si  encore  que  il  jà  lasser  ne  se  peuussent  et  toz  jors 
trovassent  les  froumages  aparelliés  por  jeter  '  hors. 

IMehaus  de  lîraiouse  et  Guillaumes  ses  maris,  quant 
il  oïrent  les  novieles  que  li  rois  venoit  sor  eus,  il  ne 
l'osèrent  pas  atendre ,  ains  s'en  fuirent  fors  de  la 
tierre.  Guillaumes  de  Braiouse  s'en  ala  en  France,  mais 
che  fu  par  conduit  ;  et  Meliaus  sa  feme  et  Guillaumes 
ses  fils  s'en  fuirent  en  Yrlande  à  Huon  de  Lachi, 
qui  estoit  Guillaumes  '  de  Braiouse.  Li  rois  saisi  lor 
tierre  ;  puis  entra  en  mer  et  passa  en  Yrlande ,  et  vint 
à  la  cité  de  Dovelinne  ^,  ù  il  fu  reclieus  a  grant  joie. 
Puis  chevaucha  par  la  tierre ,  si  virent  entre  lui  et  sa 
gent  mainte  grant  mervelle  qui  moult  seroient  mal 
creables,  ki  vous  les  raconteroit.  Li  rois  de  Counoc 
vint  à  son  siervice,  uns  des  plus  riches  rois  d' Yrlande; 
moult  amena  grans  gens  ;  mais  tout  furent  à  pie  et 
moult  mervelleusement  atorné.  Li  rois  meismes  fu 
moult  povrement  montés  et  atornés  à  lor  guise.  Li 
rois  Jehans  li  fîst  présenter  .i.  moult  rice  destrier  et 
moult  richement  ensielé  et  enfrené.  Li  rois  de  Counoc 
l'en  merchia;  puis  fist  oster  la  siele  et  monta  sus  tout  à 
ars'^,  car  il  ne  savoit  chevaucier  à  tout  siele  ,•  et  si  faite- 
ment  chevaucha-il  une  grant  pièce  delés  le  roi  Jehan , 
qui  grant  fieste  en  ot;  autresi  orent  les'^  gens.  Li  rois 
Jehans  assist  le  castiel  de  Cracfergu,  ki  moult  estoit 
fors.  Hues  de  Lachi  et  Mehaus  de  Bayouse  et  Guil- 
laumes ses  fils  avoient  esté   dedens  ;    mais  quant  il 

'  Ruer.  —  '  Laci ,  qui  c.  païens  Guilliaume.  —  '  Duveline.  —  ''  Aas. 
—  '  O.  toutes. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  11.'} 

oïrent  parler  de  la  venue  le  roi  ,  il  ne  l'osèrent  pas 
atenJre,  ains  entrèrent  en  mer  et  s'en  fuirent  en  l'ille 
de  Man,  ù  il  furent  .iiij.  jors;  puis  passèrent  outre  en 
la  tierre  de  Gauvoie.  Là  furent  pris  entre  Mehaut  de 
Brayouse  et  Guillaume  sen  fill  ;  si  furent  [renvoie]  ar- 
rière en  Yrlande  au  roi  Jehan  qui  estoit  sires  ',  qui 
encore  seoit  devant  le  castiel  de  Cracfergu.  Hues  de 
Lachi  ne  fu  pas  pris  avoec  els  ;  ains  escliapa,  si  s'en 
fui  en  Eschoce.  Au  siège  de  Cracfergu,  ù  li  rois  Jehans 
seoit,  vint  à  son  siervice  11  rois  de  Kanelyon  %  uns 
autres  rois  d'Irlande  ;  mais  chil  ne  parvint  pas  jusques 
à  l'ost,  ains  se  loga  à  une  liue  pries  en  une  praierie.  Li 
rois  Jehans,  quant  il  sot  sa  venue,  ala  encontre  lui, 
et  quant  il  vint  si  priés  de  l'ost  le  roi  que  il  le  pot 
veoir,  moult  le  regarda  volentiers;  car  il  estoient  lo- 
gié  en  si  poi  de  liu  que  il  sambloit  que  .ij".  home  ne 
s'i  peussent  pas  aaisier,  et  si  avoit  bien  en  l'ost 
•xl™.  homes.  Li  rois  de  Kenelyon,  quant  il  vit  venir 
le  roi  d'Engletierre ,  il  ala  encontre  lui  tout  à  pie  o 
toute  une  partie  de  sa  gent.  Quant  li  rois  Jehans  le  vit 
venir,  il  descendi  à  pic  et  l'ala  saluer  et  baisier,  et 
moult  li  fist  biel  samblant.  Puis  fist  venir  son  drughe- 
mant,  et  li  fist  requerre  que  il  ses  hom  devenist  et 
que  cascun  an  li  rendist  tréhu  de  sa  tierre.  Li  rois  de 
Kanelyon  dist  que  il  en  parleroit  :  il  se  traist  d'une 
part  o  la  gent,  et  ot  moult  tost  consellié;  puis  revint 
arrière  ses  drughemans  et  dist  au  roi  Jehan  :  «  Sire,  me 
sires  respont  que  il  li  plaist  moult  chou  que  vous  li  avés 
requis ,  et  moult  desirans  est  d'estre  vostre  hom  et  de 

'  Ces  (rois  nwis  jnanquejil  dans  le  ms.  S. -G.  — '  Kenelion. 

8 


114  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

faire  vostre  volenté  dou  tout;  mais  il  vous  prie  comme 
à  son'  segiiorque  vous  anuit  mais  l'en  donnés  respit; 
car  ses  consaus  n'est  encore  pas  tous  venus,  qui  doit  en- 
core anuit  toz  venir  ;  et  demain ,  quant  il  en  aura  parlé, 
vous  en  respondera  **,  et  fera  moult  volentiers  toute 
vostre  volenté.  ))  Li  rois  Jehans  jura  les  densDlu^  que  il 
disoit  bien ,  et  moult  volentiers  ^  li  donna  le  respit  ; 
puis  prist  congié,  si  s'en  repaira  à  s'ost,  et  li  rois  de 
Kenelyon  à  la  soie.  Lendemain  bien  par  matin  li  rois 
de  Kenelion  courut  seure  les  fouriers  et  cels  qui  apor- 
toient  le  vitaille  à  l'ost,  si  reuba  grant  plenté  de  bues 
et  de  vaces  et  de  moutons  et  de  brebis  et  de  palefrois  ^ 
et  de  roncis.  Si  prist  grant  masse  d'escuiers  et  de  gar- 
çons et  de  vilains,  si  ala  à  tout  es  montaignes,  ù  il 
estoit  ^  gardé  de  cels  de  l'ost.  Puis  manda  au  roi  Jehan 
que  il  là  li  euAoiast  por  son  tréu,  se  biel  li  estoit.  Si 
faitement  perdi  li  rois  Jelians  le  service  de  cel  roi  par 
sa  couvoitise,  dont  plains  estoit.  Li  rois  Jehans  prist 
le  castel  de   Cracfergu,   si  assist   les   baillius  par  la 
tierre  ^  ;  puis  s'en  repaira  en  Engletierre.  Quant  il  fu 
arrivés  en  Engletierre,   il  mist  en  prison  Meliaut  de 
Braiouse  et  Guillaume  son  fill  el  castiel  del  Corf,  si  fîst 
mètre  avoec  els  une  garbe  d'avaine  et  .i.  bacon  cru  ; 
onques  plus  de  viande  n'i  lassa  mètre.  A  l'onzisme 
jour  fu  la  raere  trovée  morte  entre  les  jambes  le  fill , 
toute  droite  seans,  fors  tant  qu'ele  clinoit  arrière  sour 
le  pis  son  fill,  comme  morte  feme.  Li  fils,  ki  mors  estoit 
autresi,  seoit  toz  drois,  fors  tant  que  il  clinoit  deviers  * 

.  C.  s.  —  '  V.  r.  —  '  Bien  —  *  Et  v.  —  '  Cevals.  —  «  M.,  là  ù  n'ot. 
—  '  I  es  terres.  —  *  Arrière  encontre. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  115 

la  paroi  comme  uns  mors  hom;  si  li  avoit  la  mère  par 
destrece  toutes  '  les  joes  mangies. 

Quant  Guillaumes  de  Braiouse,  qui  h  Paris  estoit, 
sot  ces  nouvieles,  il  moru  tost  apriès;  si  tiesmoignent" 
plulseur  que  clie  fu  de  duel.  L'evesques  de  Herefort  ses 
fils  le  mist  en  tierre ,  à  cui  li  rois  rendi  puis  la  tierre 
son  père.  Bauduins  de  Biethune,  li  cuens  d'Aubemalle, 
moru  en  cel  an  meismes  à  Brostewic,  un  sien  manoir 
qui  siet  en  Heudrenesse  ^  ;  si  fu  enfouis  à  Meause  ^,  une 
abbeie  de  l'ordre  de  Cistiaus.  Il  fu  moines  rendus,  et 
ot  les  dras  viestus  ains  k'il  morust^.  Havis  la  contesse 
sa  feme  donna  .v'".  livres  d'estrelins  au  roi  Jehan  por 
chou  que  il  jamais  ne  le  peust  marier,  se  sa  volentés 
n'i  estoit,  et  non  fîst-il  ;  ele  ne  vescui  gaires  puis,  ains 
moru  assés  tost  apriès.  A  cel  tans  estoit  justice  d'En- 
gletierre  JoiFrois  li  fîus  Pierre,  uns  sages  chevaliers; 
mais  n'estoit  mie  de  grant  linage.  Il  avoit  à  feme  la 
contesse  d'Assesse  :  par  coi  il  estoit  moult  rices  hom. 
Et  por  chou  k'il   estoit  justice  d'Engletierre,   s'es- 
toit-il  moult  acreus  de  grans  tierres  et  de  haus  ma- 
riages :  par  coi  il  avoit  moult  grant  ^  pooir.  Il  avoit  de 
sa  feme  fils  et  filles  ;  deus  fils  en  ot ,  qui  puis  furent 
andoi  conte.  Li  ainsnés  de  ces  fils  ot  à  non  JofTrois  de 
Mandeville,  souentre  ses  ancissours  de  par  sa  mère;  et 
li  mainsnés  ot  à  non  Guillaumes.  JofTrois  li  ainsnés  ot 
à  feme  la  fille  Robiert  [le  fil]  Gautier,  qui  estoit  uns 
des  plus  haus  homes  d'Engletierre  et  uns  des  plus  pois- 
sans.  Moult  estoit  bien  emparentés  et  moult  amés  de 

'  La  m.  t.  —  "Si  tiesmoiugnierent.  —  '  Heudernesse.  —  *  Meausse, 
en.  —  'V-,  il  fu  moinnes  rendus.  — ^  "  Il  a.  gr, 


116  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

ses  parens.  Li  rois  se  coureclia  à  la  justice  pour  deus 
choses  :  l'une  fu  por  chou  que  il  le  doutoit  por  sa  pois- 
sance;  l'autre  si  fu  por  chou  que  il  avoit  couvoitise 
d'avoir  de  ses  deniers,  dont  il  '  avoit  assés  :  par  coi  il 
le  raienst,  et  li  fist  puis  assés  de  maus.  Avant  che  que 
il  le  raiensist  dist-il  une  mervelleuse  parole.  Là  ù  il 
chevauçoit  tout  son  chemin,  il  apiela  .i.  clerc  de  Flan- 
dres ,  qui  estoit  apielés  Gantiers  ;  prouvos  estoit  de 
Saint-Omer  et  cousins  "  germains  le  castelain.  Li  rois 
l'apiela  et  li  dist  :  (c  Vecs-vous  chelui-là  ?  »  Si  li  mous- 
tra  la  justice.  «  Oïl,  sire,  »  dist  li  prouvos.  a  Ciertes, 
dist  li  rois,  vous  ne  veistes  onques  mais  hom  ki  tant  se 
gaitast  d'autre  comme  il  se  gaite  de  moi ,  que  je  n'aie 
de  son  avoir;  mais  autretant  comme  il  se  paine  del 
gaitier,  me  paine-jou  comment  j'en  puisse  avoir.  » 
Quant  celé  parole  fu  finée,  et  li  provos  se  fu  partis  del 
roi ,  la  justice  l'apiela ,  si  li  dist  :  «  Sire  provos,  jou  oï 
ore  bien  chou  que  li  rois  vous  dist;  et  puis  k'il  a  tel 
talent  d'avoir  de  mes  deniers ,  il  ne  puet  estre  qu'il 
n'en  ait;  mais  che  sachiés-vous  et  il  meismes  le  sace 
bien  ,  que  je  li  brasserai   tel  plait  dont  il  se  sentira 
moult  dolereusement  maint  jour  après  ma  mort.  » 
Celé  parole  remest  à  tant  ;  mais  puis  raienst  li  rois  la 
justice  de  .x"'.  mars  :  par  coi  il  le  haï  moult  et  li  pour- 
chaca  puis  assés  de  maus. 

Une  fois  s'en  alolt  li  rois  viers  Mierlebierge%  si  avoit 
en  sa  route  assés  des  haus  homes  d'Eiiglclierre;  il  i 
estoit  Joffrois  de  Mandeville ,  li  fils  la  justice,  qui  ses 
siergans  envoia  avant  à  Mierelebierge.  Li  sergant,  quant 

'  Cil.  —  '  Et  frcrt'S.  —  '  Mcrlebersrt'. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  117 

il  vinrent  en  la  ville,  il  troACrent  .i.  moult  biel  lios- 
tel,  si  entrèrent  ens  ;  mais  li  siergant  Guillaume 
Bruuierre  '  entrèrent  en  l'ostel ,  et  en  jetèrent  à 
force  les  siergans  Joffroi.  En  che  point  que  chou 
avint,  entra  Joiï'rois  en  la  ville.  Quant  il  vint  devant 
Tostel,  si  siergant  vinrent  à  lui,  si  li  disent  ;  «  Sire, 
veés  chi  les  siergans  mon  segneur  Guillaume  Bruiere, 
ki  nos  ont  chaciés  de  '  l'ostel  que  nous  aviesmes  pris  h 
vostreoés.  »  JofTrois  vint  tantost  as  siergans  Guillaume 
Bruuiere,  si  lor  requist  que  il  iviudassent  son  hostel; 
mais  il  ne  le  vaurrent  faire  :  par  coi  mellée  com- 
menclia  entre  eus.  Si  ocist  JofFrois  tantost  le  plus 
maistre  d'aus  \  Quant  JofFrois  ot  le  sergant  ocis,  il  se 
douta  del  roi ,  qui  le  liaoit  pour  l'amour  de  son  père  ; 
si  fist  tantost  toutes  ses  gens  monter  et  tout  sen  har- 
nois  tourser,  si  s'en  fui.  Et  quant  Guillaumes  Bruuiere 
oï  les  nouvieles  de  son  siergant  qui  estoit  ocis ,  il  s'en 
vint  au  roi,  si  se  plainst  à  lui.  Quant  li  rois  l'oï,  moult 
fu  iriés;  si  jura  les  dens  Diu  que,  s'il  le  pooit  tenir,  il 
le  feroit  pendre.  Et  JofTrois ,  quant  il  fu  issus  de  Mer- 
leberge ,  erra  tant  que  il  vint  à  Robiert  le  fiU  Gautier, 
cui  fille  il  avoit  ;  si  li  conta  che  k'avenu  li  estoit.  Ro- 
biers  li  fils  Gautier,  quant  il  oï  chele  nouviele,  moult 
li  desplot  ;  mais  nonporquant  il  s'en  ala  assés  tost 
après  le^  roi ,  et  li  requist  que  il  por  Diu  euust  merchi 
de  Joffroi  qui  sa  fille  avoit.  Li  rois  jura  les  dens  Diu 
que  non  auroit,  ains  le  feroit  pendre,  se  il  le  pooit 
tenir.  «Vous  fériés  pendre ,  dist  Robiers  Gautiers,  ce- 

'  Briwerre.  —  '  Fors  del.  —  '  M.  sercant.  —  ■*  Al. 


118  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

lui  qui  ma  fille  a  !  Par  corpus  Domini,  non  ferés  !  ains 
en  verriés  .ij'".  liiaumes  laciés  en  vostre  tierre,  que  chil 
fust  pendus  (jui  ma  fille  a.  »  —  «Voire,  dist  li  rois, 
Aous  aatissics-vous  à  moi  ?  »  —  «  Je  non,  dist  Robiers 
li  fils  Gautier,  ne  m'aatis  pas  à  vous,  car  vous  estes 
me   sire   liges;    mais  de  tant  m'aatis-je   bien  ke  jà 
hom  qui  ma  fille  ait  ne  serra  pendus  en  Engletierre 
tant  comme  je  vive;  mais  metcs  jour  à  Jolïroi,  et  je 
le  vous  amenral  :  si  vous  adrecerai  '  si  hautement  chou 
que  il  a  mespris  enviers  vous  que  vostre  hounours  serra 
del  prendre.  »  Li  rois,  ki  à  autre  chose  pensoitque  il 
ne  li  desist ,  respondi  que  si  feroit-il  volentiers  ;  lors 
li  mist  jour  à  Notinghehen.  Robiers  li  fils  Gautier,  ki 
le  roi  connissoit  à  moult  gaignart,  ne  vaut  pas  venir 
à  court  desgarnis;  ains  amena  o  lui  bien  .v".  chevaliers 
à  toutes  lor  armes.  Quant  li  rois  vit  qu'il  estoit  venus 
si  garnis,  il  vit  bien  ke  il  ne  poroit  pas  faire  sa  volenté 
de  JofFroi  :  moult  li  greva,  si  ne  vaut  adont  plus  faire 
de  celé  chose,  ne  parole  oïr  de  pais;  si  lor  mist  jour 
à  une  autre  fois.  A  l'autre  ^  jour  derechief  revint  Ro- 
biers li  fils  Gautier  si  garnis  à  court  que  li  rois  n'ot 
pooir  de  lui  ne  de  JotTroi  mal  faire.  Quant  li  rois  vit 
chou,   molt  fu   iriés,   et   moult   commencha  à   haïr 
Robierl  le  fill  Gautier,  et  molt  se  commencha  à  pour- 
penser  comment  il  li  peust  mal  faire.  11  manda  pri- 
vëement  ^  à  ses  bourgois  de  Londres,  qui  se  faisoient 
apieler  baron ,  ke  si  chier  comme  il  avoient  s'amour  à 
avoir,  qu'il  abatissent  le  castiel  Robicrt  le  fill  Gautier, 

'   Adrcccra.  -    '  M.  .i.  autre  jor.  Altrc.  —  '  Tout  p. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  119 

qui  dedens  Londres  estoit,  que  on  apleloit  Castiel-Bai- 
gnart  *.  Quant  li  bourgois  oïrent  che  c[ue  li  rois  lor 
mandoit,  il  n'osèrent  trespasser  son  commandement, 
ains  s'assamblerent  et  viinent  devant  le  castiel,  si 
l'abatirent.  Celé  felenie  fist  li  rois  Jehans ,  ki  mainte 
en  fist  tant  comme  il  vescui. 

Bien  s'apierchut  Robiers  li  fils  Gautier  que  che  fu 
par  le  commandement  le  roi  que  cliil  de  Londres  li 
abatirent  son  castiel  ;  il  pensa  bien  que  puis  k'il  li 
avoit  ceste  chose  faite,  qu'il  li  feroit  encore  pis,  s'il 
pooit  :  si  n'osa  sour  chou  demourer  en  la  tierre,  ains 
prist  sa  feme  et  ses  enfans,  si  s'en  fui  à  tout  fors  de  la 
tierre.  Il  avoit  .ij.  filles  et  .i.  fîll;  li  ainsnée  des  filles, 
si  comme  vous  avés  oï ,  fu  mariée  à  JofFroi  de  Mande- 
ville,  et  l'autre  fu  encore  petite  puciele  ;  mais  puis  fu- 
elle  mariée  à  Guillaume  de  Mandeville ,  qui  frères  fu 
Joffroi  ;  mais  puisnés^  estoit  de  lui.  Quant  Robiers  li 
fils  Gautier  ot  mer  passée ,  il  fist  à  entendre  par  tout 
que  li  rois  Jehans  voloit  sa  fille  ainsnée,  qui  feme 
estoit  JofFroi  de  Mandeville,  avoir  à  force  à  amie,  et 
por  chou  que  il  ne  le  vaut  soufrir,  l'avoit-il  chacié  de 
sa  tierre  et  tout  le  sien  tolut.  Il  s'en  vint  à  la  cité 
d'Arras  :  là  lassa-il  sa  feme  et  ses  enfans,  si  passa 
outre  et  ala  parler  au  roi  de  France.  Chi  conte  l'estore 
d'une  mervelleuse  chose  qui  avint  au  roi  de  France , 
ançois  que  Robiers  li  fils  Gautier  venist  à  lui. 

Il  avint  que  li  rois  Phelippes  de  France  ^  se  dormoit 
une  nuit  en  son  lit ,  si  sailli  sus  autresi  comme  toz  esma- 

'  Baingnart.  —  ^  Ains  neis.  —  '  Les  sept  mots  précédents  manquent 
dans  le  ms.  S.- G. 


120  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

ris  et  dlst  :  «Dex!  k'atenc-jou,  qui  ne  vois  Engletierre 
conquerre?  »  Si  '  cliambrelenc ,  ki  devant  lui  gisolent, 
s'en  esmervellierent  moult;  mais  il  n'en  osèrent  par- 
ler. Tantost  commanda  li  rois  que  il  li  fesissent  venir 
frère  Garin,  .i.  hospitalier  qui  moult  estoit  maistres  de 
son  consel ,  et  Biertremiu  de  Roie,  .i.  chevalier  qui 
moult  estoit  bien  de  lui ,  et  Henri  le  mareschal , 
.i.  petit  chevalier  ki  moult  l'avoit  bien  siervi  et  cui  il 
amolt  moult  et  maint  bien  li  avoit  fait;  en  Normen- 
die  avoit-il  Argentuel  *  et  autres  grans  tierres.  Ces 
.iij.  lisent  li  chamberlenc  venir  au  roi,  et  pluisours 
autres  qui  de  son  consel  estoient.  Li  rois  commanda  à 
eus  que  il  envoiassent  tost  par  toute  sa  terre  as  pors 
de  mer,  si  fesissent  retenir  toutes  les  nés  que  il  trou- 
veroient ,  et  des  nouvieles  fesissent  ^  à  grant  plenté  ; 
car  il  voloit  passer  en  Engletierre  et  le  règne  con- 
querre. Chil  lisent  son  commandement  ;  si  envoierent 
tantost  as  pors  de  mer,  si  lisent  retenir  toutes  les  nés 
que  il  trouvèrent;  et  puis  cuisent  carpen tiers,  et  en 
lisent  assés  faire  de  novieles.  Li  ro[i]s  manda  toz  les 
haus  barons  de  sa  tlerre  à  parlement,  si  lor  requist 
que  il  venissent  o  lui  en  Engletierre  pour  le  règne 
conqueire.  Tout  li  otriierent,  fors  li  cuens  de  Flan- 
dres, qui  ne  li  vaut  otriier  se  il  ne  li  rendoit  Saint- 
Omer  et  Aire,  que  ses  fils  Looys  li  avoit  tolu.  Par  cel 
escondit  fu  puis  li  cuens  toz  destruis ,  et  jetés  en  pri- 
son à  Paris  en  la  tour  dou  Louvre.  En  cel  point  que  li 
rois  assambloit  ses  os  et  apparelloit  sa  navie,  vint  Ro- 
biers  li  fils  Gautier  à  lui  ;  et  quant  li  rois  le  vit  venir, 

'  Si  que  si.  —  '  Argentuem.  —  '  Feissent  faire. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  121 

il  le  salua  moult  hautement,  et  li  demanda  dont  il  \e- 
iioit  et  quels  besoins  l'amenoit  en  France.  «  Sire,  dist 
Robiers,  grans  besoins  m'i  amalne;  car  li  rois  m'a 
chacié  *  d'Engletierre,  et  toute  ma  tierre  tolue.  »  — 
((  Por  quelc  ocoison?  »  dist  li  rois.  «  Ciertes,  sire,  dist 
li  rois  ',  l'ocoison  vous  dirai-jou  :  il  voloit  à  force  jesir 
à  une  moie  fille,  que  Joffrois  de  Mandeville  a  espou- 
sée  î  et  por  chou  que  je  ne  le  yauch  soufrir,  m'a-il 
destruit  et  chacié  de  ma  '  tierre  :  si  vous  pri  pour  Diu 
que  de  moi  vous  prenge  pités ,  comme  d'un  home 
deshireté  à  tort.  »  —  «  Par  la  lance  saint  Jaque  !  dist 
li  rois,  chis  maus  vous  est  avenus  en  bon  point,  car 
je  dois  passer  en  Engletierre  ;  et  se  je  puis  la  tierre 
conquerre ,  vostre  paine  ^  sera  bien  restorée.  »  — 
«  Sire,  chou  dist  Robiers,  jou  ai  bien  oï  la  nouviele 
que  vous  devés  passer  en  Engletierre,  si  en  sui  moult 
liés  ;  et  sachiés ,  se  vous  me  voliés  baillier  de  vos  che- 
valiers .iiij'^.  et  .v*^.  ^,  jou  passeroie  avant  et  arriveroie 
en  la  tierre  maugré  le  roi,  et  i  demouerroie  legiere- 
ment^  .i.  mois  par  la  force  de  mon  linage;  si  vous 
atenderiesmes  en  la  tierre,  et  vous-meismes  poriés  lors 
passer  plus  seui^ement.  »  —  «  Par  le  chief  saint  Denise  ! 
dist  li  rois,  Robiert,  jà  uns  seus  de  mes  chevaliers  n'i 
passera  avant  moi ,  et  vous-meismes  m'atendercs  et 
passerés  avoec  moi.  »  —  «  Sire,  dist  Robiers,  je  ferai 
chou  qu'il  vous  plaira  \  »  Devant  cest  afaire  avint  que 
li  rois  d'Engletierre  envoia  Savari  de  Maulyon  au  conte 
Raimon  de  Thoulouse ,  son  serouge ,  que  il  siervi  une 

■  Caciet  fors.  —  '  Robers.  —  '  Sa.  —  *  Perte  vos.  —  '  Trois  ceus 
u  quatre  ceus.  —  ^  Pleniercnient.  —  'P.  moult  volentiers. 


122  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

grant  pièce,  tant  que  il  entendi  ke  li  cuens  estoit  escii- 
meniics  de  l'apostole  pour  les  mescieans  d'Aubegois 
que  il  sousteiioit,  et  de  lui-meismes  tiesmoignolt-on 
que  il  estoit  de  mauvaise  créance  :  par  coi  il  fu  fourju- 
giés  en  la  court  de  Rome.  Savaris,  quant  il  chou  sot, 
ne  vaut  plus  demuurer  en  son  service  ;  ains  s'en  parti , 
et  il  le  requist  que  il  li  paiast  ses  soldées,  et  li  cuens 
ne  li  vaut  paier  :  par  coi  il  prist  puis  Raimont  son  fill , 
qui  niés  estoit  le  roi  d'Engletierre  son  segneur,  fils  de 
sa  serour  la  roine  Jehane,  si  le  raienst  de  .x"".  livres. 
Lors  fu  noncié  à  Savari  que  li  rois  d'Engletierre  11 
savoit  si  mauvais  gré  '  de  son  neveu ,  ke  raient  avoit , 
que,  se  il  le  pooit  tenir,  il  li  feroit  anui  :  par  coi  il  cuist 
sa  pais  au  roi  de  France,  et  s'aparella  de  passer  o  lui  en 
Engletierre. 

En  cel  tans  avint  une  mervelle  en  Engletierre,  d'un 
home  qui  se  faisoit  devin;  Pierres  de  Pont-Frait  estoit 
aplelés.  Mainte  chose  dist  que  on  vit  avenir;  dou  roi 
raeismes  dist-il  que  il  devolt  bien  prendre  garde  de 
lui-meismes,  car  il  ne  seroit  pas  rois  de  si  à  l'Assen- 
tion.  Celé  cuse  fu  contée  au  roi,  qui  moult  s'en  cou- 
recha  ;  si  manda  "  tantost  que  on  li  feist  celui  venir. 
Amenés  li  fu,  et  li  rois  li  demanda  s'il  avoit  che  dit. 
Chil  respondi  que  voirement  l'avoit-il  dit  et  bien  le 
disoit  encore.  Li  rois  le  fîst  tantost  prendre,  et  si  jura 
les  dens  Diu^  que,  se  il  li  disoit  voir,  il  n'auroit  garde; 
et,  s'il  li  mentoit,  il  le  feroit  pendre,  ne  jà  n'enauroif* 
raençon.  Lors  fu  chil  jetés  en  prison,  et  uns  siens  fils 
avoec  lui  ;  mais  onques  en  la  prison  ne  se  despera  , 

'  Si  grant  malgré.  —  '  Commanda.  —  '  Bien.  —  ^  N'en  prendroil. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  123 

au  samblant  qu'il  faisolt,  ne  tant  ne  quant.  Fiere  paour 
ot  li  rois  Jelians  de  la  parole  cpie  ciill  ot  dite,  car  '  il 
estolt  en  mauvais  point  de  maintes  choses  :  il  veolt  qu'il 
estolt  escumeniics  ;  de  l'autre  part  il  veoit  que  tout 
cliil  de  sa  tierre  le  haoient;  de  l'autre  part,  il  savoit 
que  li  rois  de  France  venoit  sour  lui ,  qui  tant  estoit 
fors  et  poissans  que  ^  il  savoit  bien  '\  s'il  pooit  arriver 
en  la  tierre ,  il  ne  se  porolt  pas  desfendre  à  lui  -,  car 
trop  amenrolt  de  boins  chevaliers  avoec  lui.  En  mainte 
manière  se  commencha  à  pourpenser,  et  bien  vit  que , 
se  par  l'apostole  rescous  n'estoit ,  jà  rescous  ne  seroit. 
Tantost  envoia  ses  messages  à  Rome,  si  manda  à  l'apos- 
tole que  il  pour  Diu  euust  merchi  de  lui ,  et  li  proia  que 
il  l[i]  envoiast  un  de  ses  clers  que  il  creist,  et  il  par  le 
consel  de  lui  amenderoit^  entirement  quanques  il  mes- 
pris  aroit^  vers  sainte  Eglyse;  et  bien  seust-il  que  ore 
poroit-il  estre  bien  sires  del  règne  d'Engletiere,  qui 
si  longhement  avolt  encontre  lui  esté. 

Quant  11  apostoles  oï  celé  nouviele,  moult  li  plot;  si 
i  envoia  tantost  .i.  de  ses  clers,  qui  estoit  apelës  Pan- 
doufles.  Chil  clers  passa  les  mons,  si  s'en  vint  en 
France  ;  et  de  France  vint  à  la  mer,  ù  li  fils  le  roi , 
qui  Looys  estoit  apielés%  estoit  jà  venus,  et  les  os  s'as- 
sambloient'  durement;  mais  li  rois  n'i  estoit  encore 
pas  venus.  A  "W  issant  ^  entra  en  mer,  si  arriva  à 
Douvre.  Li  rois  Jehans  estoit  ^  en  che  point  defors 
Douvre  à  une  maison  del  Temple,  pour  le  roi  de  France 
qui  sour  lui  devoit  venir.  Moult  avoit  grant  ost  li  rois, 

•  Dite,  il  vit  bien  que.  —  '  P.;  il.  —  '  B.  que.  —  ''  A.  tôt.  —  '  Avoit. 
—  *  U  Loeys  li  f.  le  r   —  '  S'i  a.  —  '  Winsant.  —  '^  Li  r.  estoit. 


124  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

bien  esmoit-on  ses  chevaliers  à  .xij'".  Quant  li  rois  sot 
la  venue  dou  clerc  l'apostole,  il  s'en  vint  tantost  '  en 
la  ville  de  Douvre,  si  le  recliut  moult  hiel.  Tant  par- 
lèrent ensamble  entre  le  roi  et  le  clerc  que  la  pais  fu 
devisée  entre  eus,  en  tel  manière  que  li  rois  reclievroit 
Engletierre  ^  par  .vi*".  ^  mars  de  tréu  cascun  an,  et  Yr- 
lande  par  .iij''.,  et  as  clers  cui  il  avoit  le  lor  tolu 
restoerroit  lor  piertes,  par  le  consel  le  clerc;  et  par 
tant"^  seroit  pais,  et  r'auroit  sa  crestienté.  Ensi  fu  li 
rois  rassaus  et  ot  sa  pais,  et  si  prist  le  signe  de  la  crois. 
Et  quant  la  noviele  vint  à  ^  l'ost  que  li  rois  estoit  ras- 
saus et  que  on  r'avoit  la  crestienté ,  moult  veissiés  par 
tout  les  Englois  esbaudis ,  moull  les  oïssiés  entre  els 
aatir  et  afficier  que  jà  la  tierre  ne  pierderoient,  puis 
que  on  r'avoit  la  crestienté ,  qui  assés  mauvais  sem- 
blant faisoient  devant  che  ^  que  celé  nouviele  venist  ; 
mais  puis  furent-il  moult  baut.  Pandoufles  li  clers  s'en 
entra  en  mer,  et  passa  outre  ;  si  al  a  parler  au  roi  de 
France,  ki  jà  estoit  venus  à  Gravelinghes  ;  si  li  des- 
fendi  que  il  ne  passast  pas  en  Engletierre  pour  mal 
faire ,  car  tous  li  règnes  d'Engletierre  estoit  del  fief 
l'apostole;  et,  se  il  i  passoit,  bien  seust-il  que  li 
apostoles  feroit  justice  de  lui  et  de  sa  tierre.  Par  ceste 
desfense  ne  passa  pas  li  rois;  ains  se  parti  de  Gravelin- 
ghes  moult  iriés,  si  s'en  ala  sour  la  tierre  le  conte  de 
Flandres ,  qui  li  avoit  escondit  l'aler  en  Engletierre  ; 
si  fist  toutes  ses  nés  aler  au  Dan ,  et  bien  les  garni.  Et 
Robiers  li  fils  Gautier,  quant  il  sot  celé  noviele,  ançois 

'  T.  à  lui.  —  '  E.  del  apostole.  —  '  .vij'-.  —  ^  Et  p.  tout.  —  "■  Aval. 
—  ''  F.  anchois. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  125 

que  li  rois  se  partesist  '  vint-il  à  Pandoude  le  clerc  ; 
et  li  dist  que  il  ""  s'estoit  partis  d'Eiigletierrc  por  le 
roi  qui  escumeniics  estoit,  car  il  ne  \oloit  pas  estre 
eu  la  compaignie  des  escunieniiés  :  et  por  chou  li  avoit 
li  rois  toute  sa  terre  tolue  ;  mais,  puis  que  li  rois 
estoit  assaus  et  il  avoit  sa  pais ,  il  li  requeroit  que  il 
l'en  remenast  o  lui  ^  en  Engletierre,  et  li  fesist  sa  pais 
au  roi,  et  sa  tierre  li  fesist  r'avoir.  Par  la  requeste  que 
Robiers  li  fils  Gautier  fist  àPandoufle,  l'en  remena-il 
en  Engletierre ,  et  li  list  sa  pais  au  i^oi ,  et  toute  sa 
tierre  li  fist  r'avoir.  Lors  ot  pris  .i.  parlement  à  Ra- 
dingues  ^  entre  le  roi  et  le  clergié  ;  si  donna  li  rois  à 
l'arclievesque  de  Chantorbire  .xy"\  mars  por  les  da- 
mages ke  fais  li  avoit,  et  à  l'autre  clergié  fîst-il  pais 
par  le  consel  Pandoufle  le  clerc.  En  che  tans  moru 
JofFrois  li  fius  Pierre,  qui  ot  esté  justice  d'Engletierre ; 
puis  fist  li  rois  justice  de  Hubiert  de  Bours  ^,  qui  ses 
chamberlens  ot  esté. 

Quant  li  jours  de  l'Assention  fu  passés,  li  rois  se 
pourpensa  de  la  parole  que  Pieres  de  Pont-Frait  li  ot 
dite  ;  si  envoia  tantost  au  castiel  ù  il  estoit  en  prison  % 
por  lui  faire  pendre.  Ançois  que  chil  qui  le  gardoient 
en  seussent  les  noveles ,  lor  dist-il  :  a  Segnor,  li  rois 
a  envoie  en  ceste  ville  por  faire  pendre  mol  et  mon  fill. 
Jou  serai  pendus ,  car  bien  le  sai  -  ;  mais  che  serra  à 
tort,  car  li  rois  a  recheu  son  règne  de  l'apostole  très 
tierc  jour  devant  l'Assention  :  et  puis  que  il  tient  son 

'  Se  p.  de  Gravelinghes.  —  "  K'il  que  il,  ms.  455.  —  '  Menast  od 
lui  arrière.  —  *  Radinges.  —  ''  Bors.  —  ^  En  p.  manquent  dans  le  ms. 
S.-G.  —  ■  Por  m.  f.  p.  Jou  sai  Lien  que  jou  s.  p. 


126  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

règne  de  nul  home  mortel ,  dont  '  n'est-il  pas  rois.  » 
Ne  targa  gaires"  apriès  que  H  message  le  roi  vinrent  as 
gardes,  si  lor  disent  chou  que  li  rois  lor  mandoit.  Chil 
lisent  le  commandement  le  roi  :  si  fu  Pieres  pendus , 
et  ses  fils  o  lui. 

Grant  ire  et  grant  courons  ot  à  son  cuer  li  rois  de 
France ,  pour  l'apostole  qui  li  avoit  tolue  le  voie  d'En- 
gletierre  ;  il  s'en  ala  sour  le  conte  de  Flandres ,  ensi 
comme  vous  avés  oï.  Quant  il  vint  devant  Ypre ,  li 
cuens  vint  à  lui  et  li  cria  merchi  ;  mais  riens  n'i  es- 
ploita,  et  pour  .i.  poi  que  on  ne  li  fist  grant  honte. 
Lors  se  parti  li  cuens  del  roi ,  si  s'en  passa  par  mi 
Ypre  ;  et  dist  as  bourgois  que  il  ne  tenlssent  pas  la  ville 
encontre  le  roi ,  ains  li  rendissent  ;  puis  s'en  ala ,  si 
manda  de  toutes  pars  ses  homes  là  ù  il  les  pot  avoir. 
Li  rois,  quant  li  cuens  se  fu  partis  de  lui,  s'en  vint  à 
Ypre;  si  li  fu  tantost  la  ville  rendue,  et  il  prist  des 
bourgois  hostages  et  sairemens.  Puis  chevaucha  par 
la  tierre  de  Flandres ,  si  fu  à  Bruges  et  à  Gant ,  et  si 
prist  des  bourgois  ostages  et  sairemens^.  Li  cuens  de 
Flandres,  quant  il  vit  que  il  ne  poroit  trover  merchi 
au  roi ,  il  parla  à  ses  homes  et  lor  demanda  consel.  Si 
home  li  loerent  que  il  envoiast  en  Engletlerre  au  roi 
Jehan  et  s'en  plainsist  ^  à  lui ,  et  si  manda  ^  as  cheva- 
liers de  sa  tierre  que  il  por  Diu  mesissent  consel  en  ^ 
son  afaire  et  li  aidassent  à  lor  pooirs  enviers  le  roi.  A 
cel  message  fu  esleus  uns  chevaliers  %  Bauduins  de  * 

'  M.,  puis.  —  '  Puis.  —  ^  Cette  phrase  manque  en  entier  dans  le 
ms.  S.-G.  —  ^  Presist.  —  '  Mandast.  —  *  A.  —  '  C,  qui  estoit  apelés. 
—  •Del. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  127 

Nuef-Port.  Cil  cueiis  de  Flandres  dont  je  vous  di  estoit 
apielés  Ferrans ,  fils  '  le  roi  de  Portygal  '  ;  la  contée 
de  Flandres  tenoit  de  par  sa  feme ,  la  contesse  Jeliane, 
([iil  fil  fille  Tempereour  Baiiduiii  de  Constantinoble  et 
la  boine  contesse  Marie.  De  cel  mariage  li  aida  une 
soie  ante,  qui  fu  feme  le  boin  conte  Plielippe  de  Flan- 
dres ;  car  elle  donna  au  roi  de  France  .1.  mile  livres 
de  paresis  pour  le  mariage  faire,  et  moult  li  cousta  as 
conselliers  le  roi.  Celé  dame  ot  moult  grant  douaire  : 
elle  tenoit  en  ses  mains  Douay  et  Lille  et  BaillueP  en 
Flandres  et  CassieH  -  sour-le-Mont  et  Bourbourc^- 
sour-le-Mer  et  quanques  il  apendoit  à  ces  castiaus.  A 
Furnes  estoit  lors  fuie  ^  pour  la  guerre. 

Bauduins  de  Nuef-Port ,  qui  fu  eslius  à  aler  ou  mes- 
sage le  conte  en  Engletierre ,  entra  en  mer  et  s'en  ala 
syglant  ;  si  arriva  à  Sauv\  is  tout  par  nuit.  Celé  chose 
qu[e]  je  ore  vous  conte  a  vint  devant  le  parlement  de 
Radingues,   ù  li  lois  Jehans  fist  sa  pais  au  clergié. 
Por  chou  que  il  m'estuet  conter  de  .ij.  estores,  de  celi 
d'Engletierre  et  de  celi  de  Flandres  ,  ne  vous  puis-jou 
pas  toutes  les  choses  conter  en  ordre.  En  cel  point  que 
Bauduins  de  Nuef-Port  arriva  à  Sauwis ,  estoit  li  rois 
d'Engletierre  defors  Douvre ,  ù  il  avoit  faite  sa  pais  à 
Pandoufle  le  clei^c  l'apostole,  si  comme  vous  avés  oï. 
Quant  Bauduins  fu  arrivés,  il  monta  errant  ^  sor  son 
palefroi  et  s'en  vint  à  l'ost;  si  ala  parler  as  chevaliers 
de  Flandres  qui  en  l'ost  [estoient ,  qui  ]  gisoient  [en- 
core] en  lor  lis.  Tout  droit  à  l'ajornée  vint-il  à  eus, 

'  Fils  fu.  —  "  Porlingal.  —  '  Bailloel.  —  ^  Cassel.  —  '  Borborc. 
_  5  F   f _  _  :  Tantost. 


128  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

et  les  esA^ella  et  parla  à  eus  :  .vi.  haus  homes  de  Flan- 
dres i  avoit  et  pluisors  autres  bacelers.  Des  .\\.  lia  us 
homes  estoit  li  uns  Robiers  de  Biethune ,  11  aiiisnës 
des  fils  l'avoué  Guillaume,  fors  .i.  qui  Danois'  estoit 
apielés,  qui  s'en  estoit  aies  vers  Constantinoble  ;  li  se- 
cons  fu  Guillaumes  de  Saint-Omer,  frères  le  castelain  ; 
li  tiers  fu  Gilles  Biertaus%  li  cambrelens  de  Gremines; 
li  quars  fu  Adans  Chieres,  li  chastelains  de  Bierghes;  li 
quins  fu  Henris  de  Bailluel  ;  li  sixtes  fu  Gales  de  le 
Coupiele.  Bauduins  de  Nuef-Port  parla  à  ces  .vi.  homes 
et  as  ^  J^acelers  de  Flandres  qui  là  estoient  ;  si  lor 
conta  comment  li  rois  de  France  avoit  toute  saisie  la 
tierre  de  Flandres ,  et  le  conte  en  avoit  chacié  et  ne  li 
voloit  faire  droit  ne  loi ,  ne  merchi  n'en  voloit  avoir. 
Si  lor  mandoit  li  cuens  que  il  pour  Diu  parlassent  au  roi 
d'Engletierre  et  li  priassent  que  il  mesist  consel  en  lor 
afaire  ;  et,  se  il  mètre  ne  li  voloit,  que  il  s'en  reve- 
iiissent  à  lui.  Quant  li  chevalier  de  Flandres  oïrent 
celé  nouviele,  moult  lor  desplot  :  si  em  parlèrent  en- 
samble.  Robiers  de  Biethune,  cui  je  nommai  premiè- 
rement, estoit  mauvaisement  dou  conte  de  Flandres, 
pour  la  roine  de  Portygal  s'antain ,  cui  il  avoit  guer- 
roie por  chou  qu'ele  faisoit  tort  à  son  père.  Celé  roine 
de  Portygal  fu  celé  dame  meismes  dont  je  vous  dis 
devant '^,  qui  ante  estoit  au  conte  Ferrant  et  qui  fu 
feme  au  conte  Phelippe.  Por  chou  qu'ele  fu  fille  à 
roi  Taplela-on^  roine,  ne  onques  le  non  de  roine  ne 
perdi  por  le  non  de  contesse.  Robiers  de  Biethune, 

•  Daniels.  —  '  Bertaus.   —  '  Sis  haus  h.  et  as  autres.  —  ''   Ci-d. 
—  '  L'a. -on  tous  dis. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  129 

comme  vaillans  chevaliers  ',  ne  vaut  onques  por  chou 
laissier  que  il  estoit  mauvaisement  dou  conte  que  il 
ne  se  penast  de  tout  son  pooir*  de  se  besoigue  avan- 
cier.  Il  meismes  fu  eslius  à  moustrer  la  parole  devant 
le  roi.  Quant  il  oren[t]  parlé  ensamble,  et  Robiers  ot 
enchargié  la  parole  à  dire,  il  s'en  vinrent  devant  le 
roi  ;  et  tantost  que  li  rois  les  vit  venir,  si  lor  dist  : 
(X  Souffrcs-vous  .i.  poi.  Je  sai  bien  que  vous  volés^  si 
en  parlerai  à  mon  conseP.  »  Lors  se  traisent  cil  ar- 
rière, et  li  rois  apiela  à  son  consel  Guillaume  Longhe- 
Espée  son  frère ,  qui  sires  ^  estoit  de  Salesbieres  ^,  et 
l'evesque  de  Winciestre  et  pluisours  des  autres  con- 
seil iers. 

Au  conseil  le  roi  furent  apielé  li  cuens  de  Bouloi- 
gne  et  Hues  de  Bove,  qui  andoi  estoient  chacié  de 
France,  et  toutes  lor  tierres  lor  avoit  li  rois  tolues. 
Li  rois  se  consella  à  ceus  que  je  vous  ai  chi  nommés, 
si  ot  moult  tost  conseil ié.  Puis  remanda  les  Flamens 
et  lor  dist  :  «  Segnour,  je  sai  bien  que  vous  voliés 
orains  :  vous  me  voliés  prier  que  je  mesisse  consel  à 
l'afaire  le  conte  de  Flandres ,  vostre  segneur,  et  je  li 
meterai  ^  moult  volentiers.  Jou  voel  bien  ke  vous  aies 
à  lui ,  et  jou-meismes  1  envoierai  o  vous  le  conte  de 
Salesbieres  mon  frère,  qui  chi  est,  et  de  mes  autres 
chevaliers  et  de  mon  avoir,  par  si  que  vous  revegniés 
o  moi  tantost  ke  je  mestier  en  aurai.  «  Quant  chil 
cirent  la  parole  que  li  rois  dist ,  m.olt  l'en  merchie- 
rent;  et  si  li  disent  ke,  se  il  dévoient  à  no  par  mi  la 

'  Bacelei  s.  —  '  P.  à  son.  —  '  Ces  trois  derniers  mots  manquent  dans 
le  ms.  S.- G.  —  ■*  Quens.  —  '  Salesbires.  —  ^  M.  conseil. 


1.30  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

mer  revenir,  si  reveiiioienl-il  tanlost  que  il  orroient 
son  bcsong.  «  Grans  mierchis,  dist  li  rois.  Or  aies  as 
nés.  »  Lors  montèrent  li  chevalier,  si  s'en  alerent 
inoiilt  en  haste  à  Doiivre,  et  lisent  tantost  lor  chevaus 
entrer  '  es  nés.  Li  rois  meismes  les  envoia  "  jusques 
àDouvre,  si  bailla  au  conte  de  Salesbieres  son  frère 
une  soie  nef  qu'il  ot  faite  faire,  qui  si  estoit  biele  et 
grans  et  bien  faite  que  tout  chil  qui  le  veoient  disoient 
que  il  onques  plus  biele  n'avoient  veue;  n'onques  en  la 
luer  d'Engletierre  n'en  fu  nulle  faite  qui  de  la  moitié 
fust  tant  grans.  Li  cuens  de  Bouloigne  et  Hues  de 
Bove  s'en  alerent  en  cel  esîore  o  les  autres,  et  Jehans 
lils  Huon  ,  uns  des  conselliers  le  roi.  Devant  la  Pen- 
tecouste  montèrent  sour  mer;  mais  petit  vent  orent, 
si  ne  porent  pas  si  tost  arriver  ^  comme  il  vaurrent. 
Cel  jour  et  celé  nuit  furent  en  mer,  et  lendemain  au- 
tresi  et  la  nuit  apriès.  Le  joesdi  vinrent  devant  la  Mue, 
qui  siet  à  .ij.  liues  del  Dan.  Lors  s'armèrent  chil  qui 
armé  n'estoient ,  si  issirent  des  nés  et  entrèrent  es 
batiaus,  et  coururent  seure  l'estore  le  roi  de^  France, 
que  il  là  trouvèrent  ;  si  le  desconfirent  :  toutes 
gaegnierent  les  nés  que  il  trouvèrent  en  flote,  bien 
en  gaegnierent  quatre  cens.  Puis  alerent  assallir  les 
grans  nés,  qui  estoient  plus  priés  de  la  ville  del 
Dan;  mais  elles  estoient  à  sec  sor  la  tierre  traites, 
si  n'i  pooient  riens  faire.  Quant  il  che  virent,  il  se 
traisent  arrière  et  s'en  repairierent  à  lor  nés  à  tout 
lor  gaaing. 

Lendemain  au  venredi  vint  li  cuens  de  Flandi^es , 

■  Cartier.  —  '  Convoia.  —  '  Aler.  —  *  L'estoire  de. 


ET  DES  ROIS  D'AINGLEÏERRE.  l.'il 

qui  lor  vernie  sot ,  sor  le  rivage  parler  h  eus  à  poi 
de  gent  :  il  n'amena  pas  plus  de  .xl.  chevaliers  o 
lui.  Quant  cliil  des  nés  le  virent  venir  ',  il  entrèrent 
en  lor  batiaus  et  alerent  parler  à  lui  sour  tierre,  si 
li  requisent  que  il  s'aloiast  *  au  roi  d'Engletierre  ;  et 
il  lor  respondi  ^  qu'il  estoit  hom  liges  le  roi  de  France, 
si  n'oseroit  chou  faire  se  si  home  ne  11  looient  [Si 
home  li  disent  que  il  bien  le  pooit  faire.  Encore  dont 
ne  la  voit-il  faii^,  se  il  ne  li  looient]  par  conjure- 
ment.  Lors  les  conjura  que  il  li  donnassent  consel 
par  la  foi  que  il  li  dévoient  [ ,  se  il  sans  blasmer  le 
pooit  faire;]  et  il  disent^  que  il  le  pooit  bien  faire 
sans  blasme ,  sour  chou  que  li  rois  a  voit  esploitié  viers^ 
lui.  Lors  fu  faite  l'emprise,  si  jura  li  cuens  sour  sains 
que  il  dès  ore  mais  aideroit  en  boine  foi  le  roi  d'Enp-le- 
tierre,  ne  jamais  ne  li  faurroit  ne  pais  ne  feroit  sans 
lui  ne  sans  le  conte  de  Bouloigne.  Et  chil  qui  de  par 
le  roi  d'Engletierre  furent  là  venu  jurèrent  al  conte  ^ 
cel  sairement  meismes  de  par  le  roi,  et  li  cuens  de 
Bouloigne  le  jura  de  par  lui-raeismes  et  de  par  le  roi 
autresi.  Ensi  fu  faite  l'emprise.  Lors  vint  avant  Ro- 
biers  de  Biethune  de  par  le  conte,  si  fu  tantost  faite  la 
pais  entre  aus.  Lors  firent  li  chevalier  de  Flandres , 
qui  es  nés  estoient  venu ,  lor  chevaus  traire  fors 
des  nés  à  grant  esploit ,  si  se  herbregierent  la  nuit 
sour  tiere.  Lendemain  fu  la  velle  de  la  Pentecouste. 
Li  cuens  de  Flandres  et  li  cuens  de  Bouloigne  et  li  au- 

'  Y.  manque  dans  le  ms.  S.- G.  —  '  S'ea  preist.  —  '  D'E.  Il  r. 
—  ''Si  home  prisent  sor  la  foi  que  il  li  dévoient.  — ■  '  Sor.  —  "^  Là  vin- 
rent al  conte  et  j . 


132  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

tre  chevalier  cjiii  sou  tierrc  estoient  se  levèrent  bien  ' 
matin ,  si  alcrent  oïr  messe  ;  et  puis  s'armèrent  et 
montèrent  sorlor"  chevaus,  si  s'eslongierent  des  nés  et 
s'aprocierent  de  la  ville  del  Dan\  A  demie-liue  priés 
de  la  ville  s'arriesterent,  et  prisent  consel  de  quel  part 
il  feroit  mellour  assaillir  la  ville  ne  les  nés.  Robiers  de 
Bietlîune  et  Gantiers  de  Gistiele  ^  se  partirent  d'eus , 
et  s'en  alerent  jusques  outre  la  rivière  ^  del  Dan  ;  si 
vinrent  sor  une  aighe  que  on  apiele  la  Roie;  celé 
aighe  vait  de  Bruges  au  Dan.  Quant  il  vinrent  sor  la 
rivière*^  de  l'aighe,  il  regardèrent  viers  Maie  une  mai- 
son le  conte ,  qui  siet  defors  Bruges ,  que  il  pooient 
bien  d'illuec  veoir.  Si  virent  que  grans  gens  s'i  lo- 
goient.  Bien  cuidierent  que  che  fussent  li  bourgois 
de  Bruges  qui  de  la  ville  fussent  issu  por  venir  encon- 
tre lor  segnor.  En  che  point  vint  acourant  une  feme 
vers  eus,  qui  bien  connissoit  Gautier  de  Gistiele;  si  li 
dist  :  ((  Mesire  Gautier,  que  faites-vous  ichi?  Li  rois  de 
France  est  repairiés  o  toute  s'ost  en  cest  pais ,  et  che 
sont  ses  gens  que  vous  veés  là  logier.  »  Et  quant  Ro- 
biers et  Gantiers  oïrent  celé  nouviele,  il  s'en  repairie- 
rent  tantost  viers  lor  gens;  si  contèrent  as  .ij.  contes 
celé  nouviele.  Li  cuens  de  Bouloigne  dist  au  conte  de 
Flandres  :  «  Sire ,  traions-nous  arrière  :  chi  ne  fait 
mie  boin  demourer.  »  Lors  se  traisent  arrière  le  pas; 
si  proierent  à  Robiert  de  Biethune  que  il  alast  as  nés, 
si  lor  fesist  venir  le  conte  de  Salesbieres  et  Huon  de 
Bove  et  Jehan  le  fill  Huon ,  por  parler  '  à  eus  sour  le 

'  B.  par.  —  "  Les.  —  '  Dam.  —  *  Ghistiele.  —  ''  La  vile.  —  '^  Rive. 
—  '  Hue  parler. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  133 

rivage.  Robiers  lor  otria,  si  descendl  de  son  chevalet 
monta  sour  .i.  palefroi.  Si  comme  11  s'en  devolt  aler, 
il  oï  grant  noise  commencler  derrière  lui  ;  il  se  re- 
garda ,  et  vit  c[ue  doi  arbalestrier  des  gens  le  roi  de 
France  estolent  venu  traire  à  lor  gent.  Et  quant  il 
vit  chou ,  il  descendl  de  son  '  palefroi  et  remonta 
arrière  sour  son  cheval. 

Anslaus  de  Rouslers  et  Lambekins  de  Rosebreche  % 
uns  siens  compalns ,  laisslerent  courre  vers  les  ^  arba- 
lestriers;  si  les  portèrent,  en  lor  venir,  à  tierre.  Tan- 
tost  furent  pris  ambedoi  11  arbalestrier.  Lors  colsa 
la  noise  une  pièce.  Puis  revinrent  .v.  arbalestrier,  si 
commencierent  à  hardoiier  as  gens  le  conte.  Aprlès 
les  .viij.'*  en  revinrent  .vllj.,  puis  en  revinrent^  une 
grans  masse ,  puis  commencierent  à  a  enir  siergant  à 
cheval,  puis  vinrent  chevalier  à  grant  plenté.  Tant  i 
vint  grans  force  des  gens  le  roi  que  les  gens  le  conte 
ne  les  porent  soufrlr,  ains  se  traisent  arrière  ;  si  i  ot 
grant  desconfiture.  La  fu  pris  Gantiers  de  Fourme- 
sleles  '^  et  Jehans  ses  frères  et  Gantiers  d'Anies  "  et 
Gulllaumes  d'Ypre  et  Tumas  Chieres  ^  et  Giselins  de 
Havescierque  ^  et  Hues  de  la  Bretalgne ,  uns  cousitis 
Robert  de  Biethune ,  qui  nouvlaus  chevaliers  estoit. 
Jusques  à  .xxij.  chevaliers  ot  pris  à  celé  desconfiture, 
et  plulsours  siergans  à  cheval.  Lors  entrèrent  es  nés  11 
cuens  de  Flandres  et  11  cuens  de  Boulolgne  et  tout  li 
haut  home,  fors  seulement  Gilles  Biertaus ,  11  cham- 
berlens  de  Gremines,  et  Roglers  de  Gistiele  et  Gantiers 

'  Del.  —  '  Roscbecke.  —  ^  Les  deus.  —  ^  .v.  —  "^  Revint.  —  ^  For- 
meseles.  —  "  D'Aiiincs.  —  ^  Cieres.  —  '  Ghiseliiis  de  Havesqucike. 


134  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

ses  frères  et  Herbers  de  Furiies ,  qui  maistres  estolt  de 
Blavetins  ',  et  Robiers  de  Bietliune,  qui  le  conte  de 
Flandres  fist  entrer  en  une  nei  ;  ne  onques  ne  se  vaut 
partir  del  rivage  devant  chou  que  li  cuens  fu  en  la  nef. 
Puis  s'en  ala  ;  si  enmena  le  cheval  le  conte  à  sauveté, 
por  chou  que  il  ne  vaut  pas  que  li  François  l'euussent. 
Li  cuens  de  Flandres  et  li  cuens  de  Bouloigne  et  li  cuens 
de  Salesbieres,  qui  en  la  grant  nef  le  roi  d'Engletierre 
cstoit,  s'en  alerent  en  l'ille  de  Waucres  sauvement,  et 
Hues  de  Bove  et  Jehans  li  fils  Huon  et  toute  la  grans  na- 
vie  s'en  repairierent  en  Engletierre  ;  si  orent  si  grant 
tormente  que  à  paines  ''  qu'il  ne  furent  tout  perellié.  Chil 
qui  demourent  à  terre  s'eslongierent  des  François,  car  ^ 
il  cuidierent  estre  à  garant.  Gilles  Biertaus,  li  chamber- 
lens  de  Gremines,  s'en  ala  à  ArdembomT/,  dont  il  estoit 
castelains  ;  et  Rogiers  de  Gistiele  et  Gautiers  ses  frères 
s'en  alerent  à  Gistiele ,  et  Hierbiers  de  Furnes  s'en  ala 
en  son^  pais,  et  Robiers  de  Biethune  s'en  ala  vers 
JNoef-Port.  Et  en  cel  point  s'estoient  li  baron  de  Flan- 
dres assamblé  à  Courtray,  et  chil  de  Haynau  à  Aude- 
narde  ;  molt  avoient  grans  gens ,  que  des  lor,  que  des 
gens  le  conte.  Quant  il  oïrent  parler  de  la  desconfi- 
ture del  Dan ,  il  en  lassierent  tantost  lor  menues  gens 
aler,  si  eslurent  .iij.  haus  homes  por  aler  querre  le 
conte.  De  ces  .iij.  fu  li  uns  Arnous*"  de  Landast,  qui 
estoit  uns  des  barons  de  Flandres;  des  autres  deus  fu 
li  uns  Phelippes  li  castelains  de  Maudenghien  %  et  li 

'  Blavotins.  —  '  Que  por  i.  poi.  -  '  F.  itt  s'en  alerent  là  ù.  -  *  Au- 
dembourt  '  F  r»  H.  do  F  s'en  alercnl  en  lor.  —  ®  Ernols.  —  '  Mal- 
flcnshicn. 


ET  DES  IIOIS  D'ANGLETERRE.  130 

autre  Phelippes  de  la  Gastlne.  Clill  .iij.  s'emuient  et 
vinrent  à  '  Noef-Port ,  ù  il  troverent  RoLiert  tle 
Biethune  o  .Ix.'  chevaliers.  Ançois  que  il  venissent  en 
la  ville,  i  fu  venus  Thumas  Chères  %  qui  pris  avoit 
esté  en  la  desconfiture  j  mais  délivrés  fu  par  l'aie  de 
ses  amis  qui  en  l'ost  estoient,  ançois  que  li  rois  le 
seust.  Le  lundi  en  la  Pentecouste,  par  matin,  vint 
Thumas  Chères  à  Nuef-Port,-  si  conta  à  Robiert  de 
Biethune  [se  il  savoit  nule  noviele  de  chou]  que  li 
rois  de  France  avoit  toutes  ses  nés  arses  et  que  il 
s'estoit  retrais  arrière  viers  Gant. 

Chil  troi  haut  home  dont  je  vos  ai  conté  vinrent  au 
port  que  je  vous  ai  dif^  cel  jour  meismes,  si  deman- 
dèrent à  Robiert  de  Biethune  se  il  savoit  nulle  nou- 
viele  del  conte.  Robiers  lor  dist  que  uns  pescieres  li 
avoit  dit  k'il  avoit  laissié  le  conte  en  l'ille  de  Waucres, 
et  le  conte  de  Bouloigne  et  le  conte  de  Salesbieres  o 
lui ,  et  bien  cuidoit  que  li  cuens  Willekins  de  Hollande 
i  l'ust.  Quant  il  lor  ot  chou  dit,  il  descendirent;  si 
parlèrent  ensamble  lout  quatre,  si  devisèrent  que  il 
iroient  lendemain  par  matin  en  l'ille  de  Waucres 
querre  le  conte;  ensi  comme  il  le  devisèrent  le  firent  : 
lendemain  par  matin  s'en  entrèrent^  tout  quatre  en 
une  pescheresse,  si  s'en  alerent  vers  Waucres.  Si  comme 
il  s'en  aloient  syglant,  il  coisirent  en  mer  le  conte  de 
Salesbieres;  si  s'en  repairierent  *^  en  Engletierre  o  tout 
.vij.  nés.  Bien  les  <  reconnurent  par  la  grant  nef  le  roi. 
Celé  nuit  jurent  en  une  ville  ^  que  on  apiele  Wilpes  ^ 

'  Au.  —  =  .xl.  —  5  Chicrcs    —  «  Au  Noef-Port.  —  '  L.  c.  —  ''  Qui 
s'en  repairoit.  —  '  Le.  —  *  Islc.  —  ^  V\  Ipes. 


136  HISTOTRE  DES  DUCS  DE  NORMAÎSDIE 

Lendemain  arrivèrent  en  Waucres;  si  trouvèrent  le 
conte  à  Midiebourc  ',  une  boine  ville  qui  siet  en  Wau- 
cres, et  le  conte  de  Bouloigne  o  lui  et  le  conte  Wille- 
kin  de  Hollande,  qui  toutes  ses  comraugnes  ot  as- 
samblces  '  por  aidier  le  conte.  Grant  joie  fist  li  cuens 
Ferrans  de  ces  '  quatre  haus  homes ,  quant  il  furent 
arrivé.  Il  parlèrent  ensamble  et  trouvèrent  à  lor  con- 
sel  que  lendemain  s'en  iroient  viers  le  Dan;  et  quant 
che  vint  lendemain,  il  entrèrent  en  lor  nés  et  s'en 
repairierent  viers  Flandres.  Quant  il  furent  arrivé  au 
Dan,  il  ne  troverent  en  la  ville  nul  defois,  car  il  n'i 
avoit  nullui  remés  de  par  le  roi.  Il  issirent  des  nés,  si 
se  herbregierent  en  la  ville.  Lors  envoia  li  cuens  ses 
messages  à  Bruges,  si  manda  as  bourgois  que  il  li  ren- 
dissent la  ville.  Li  bourgois  se  doutèrent  de  rendre  la 
ville  au  conte  por  les  liostages  que  li  rois  avoit  deviers 
lui,  si  i  mist  contredit  à  premiers.  Tant  coururent  les 
paroles  d'une  part  et  d'autre  que  toutes  voies  rendirent 
li  bourgois  la  ville  au  conte ,  si  le  rechurent  à  grant 
joie  comme  lor  segneur.  Li  chevalier  del  pais,  quant 
il  sorent  l'arrivement  le  conte,  il  s'assamblerent  de 
toutes  pars  et  vinrent  à  lui ,  et  ensi  croissoit  de  jour 
en  jour  la  force  le  conte.  Et  quant  li  cuens  ot  sa  volenté 
de  la  ville  de  Bruges,  et  li  chevalier  del  pais  vinrent  ^ 
à  lui,  lors^  s'en  ala  droit  à  Gant,  si  li  fu  assés  tost  la 
ville  rendue.  Là  oi-il  la  nouviele  que  li  rois  ^  avoit 
esté  à  Lille  et  à  Douay,  et  avoit  prises  ansdeus  les 
villes,  et  avoit  mise  sa  garnison  en  la  tour  de  Douay, 

'  Le  c.  Andfclbourc.  -—  '  I  ol.  amenées.  —  '  Des.  ~  ■*  Furent  venu. 
—  '  11.    -  *  La  n.  del  r.>i  qui. 


Eï  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  137 

si  s'en  repairoit  en  France;  mais  il  avoit  laissié  Looys 
son  fin  à  Lille  et  Gautier  de  Chastellon,  qui  cuens 
estoit  de  Saint-Pol,  o  lui,  et  Henri  le  raareschal  et 
pluiseurs  autres  liaus  homes. 

Cel  jour  meismes  revint  noviele  au  conte  que  Looys 
s'en  devoit  venir  ardoir  le  ville  de  Courtray.  Li  cuens 
de  Bouloigne  dist  tantost  :  «  Or  tost,  segneur!  armons- 
nous  et  montons  sour  nos  chevaus,  si  nos  metons 
dedens  Courtray  ;  car  se  nos  estiemes  dedens ,  nos  le 
desfenderiesmes  bien  qu'ele  ne  seroit  pas  arse.  »  Lors 
s'armèrent  à  grant  esploit  li  Flamenc  et  li  cuens  ' 
meismes;  et  quant  il  furent  armé  et  monté  sor  lor 
chevaus,  il  s'en  alerent  par  une  ville  que  on  apiele 
Tronchieires  %  por  chou  qu'il  voloient  que  l'eve  de  la 
Lys  fust  entre  eus  et  les  gens  Looys.  Quant  il  vinrent 
à  une  autre  ville  que  on  apiele  Donse ,  ù  il  a  souvent 
eu  grant  plenté  de  toiles,  il  coisirent  les  fumées  de 
Courtray,  qui  jà  ardoit.  Quant  ils  orrent  .i.  poi 
avant  aie,  il  encontrerent  les  païsans  qui  les  voires 
nouvieles  lor  contèrent  de  la  ville  de  Courtray,  qui 
jk  estoit  arse,  et  que  Daniaus  de  Maalines  ^  et  Phe- 
lippes  de  la  Gastine  estoient  pris  dedens,  et  que  Looys 
s'en  estoit  repairiés  '*  o  toute  sa  gent.  Por  celé  nou- 
viele,  qui  moult  desplot  au  conte,  guerpi-il  le  che- 
min de  Courtray;  si  s'en  ala  à  Ypre,  et  entra  en 
la  ville  :  onques  li  bourgois  n'i  misent  contredit, 
ains  le  rechurent  à  grant  joie.  Quant  li  cuens  et  si 
home  furent  dedens  Ypre,  moult  sorent  boin  gré  as 
bourgois  de  lor  boin  samblant  que  il  fait  lor  avoient; 

'  Et  li  qucus  Ferrans.  —  '  Troncieres.  —  '  Markelines.  —  ''  R.  à  Lille . 


138  IIISÏOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

il  devisèrent  que  ii  là  arriesteroient,  et  fremeroient 
la  ville,  et  là  seroit  lor  repaires  de  la  guerre.  Moult  i 
fisent  boins  fossés  et  riches,  et  boine  soif  à  liyreçon  et 
boines  portes  de  fust  et  boins  pons  et  boines  barba- 
canes  et  boines  touretes  de  fust'  entour  la  ville.  Quant 
il  orent  la  ville  fremée,  il  alerent  asseoir  une  forte 
maison  que  li  cuens  *  avoit  garnie  :  celé  maisons  estoit 
apielëe  Herkinghehen  "  ;  si  l'avoit  li  castelains  de  Lille, 
Jehans,  fremée  sour  le  Lys.  Bien  sisent  .xv.  jours 
devant;  mais  riens  n'i  esploitierent ,  car  la  rivière  de 
la  Lys  couroit  entre  eus  et  la  forterece.  Quant  il  virent 
que  il  riens  n'i  esploiteroient  '^,  il  s'en  partirent  et  s'en 
alerent  viers  Ypre.  Puis  s'esmurent  derechief  et  s'en 
alerent  viers  Lille  ^,  si  l'assissent  et  ^  furent  .iiij.  jors 
devant;  mais  pas  ne  leporent  prendre,  car  moult  avoit 
boine  garnison  dedens  :  bien  i  avoit  mis  li  rois  .ij*". 
chevaliers.  Li  bourgois  de  la  ville  fisent  moult  boin 
sairement  et  moult  '  boin  samblant  de  desfendre  ;  et 
quant  li  cuens  vit  chou,  il  lassa  le  siège  et  se  traist  * 
arrière.  Chil  de  la  ville  issirent  fors  des  portes  à  son 
deslogier,  et  assamblerent  as  ses  gens.  Si  fu  Boisars  de 
Bourghiele  ^  pris  es  rues,  et  menés  en  la  ville  en 
prison.  Et  puis  rassambla  li  cuens  grans  os;  si  s'en 
ala  à  la  cité  de  Tournay,  ki  gaires  ne  se  tint;  et 
quant  il  l'ot  prise,  li  bourgois  '°  li  donnèrent  .xxij"'. 
livres  por  chou  k'il  ne  destruisist  la  cité.  Puis  apriès 
chou  grant  pièce  trouva  li  cuens  à  son  consel  qu'il 

'  F.  tout.  —  '  Rois.  -    ^  Erkinj-lieheni.  —  *  Feroient.  —  '  Puis  re- 
prisent lor  conseil,  si  se.  cl.  et  alerent  à  Lisle.  —  *  Et  i.  —  "  F.  m. 
■  "  S.,  si  se  misl.  —  '  Borgirle.  —  '"  1  i  1).  de  la  vile. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  139 

s'en  iroitviers  Lille;  car  li  rois,  por  le boin  samblant 
que  li  borgois  li  avoient  fait ,  en  avoit  toutes  ses  gens 
ostées,  fors  .j.  peu  de  gent,  que  il  avoit  fait  entrer 
declens  une  forte  maison,  que  on  apiele  Deregnau', 
qui  siet  à  meisme  des  murs  de  la  ville.  Celé  maison 
avoit  li  rois  si  atournée  que  on  pooit  par  là  entrer 
dedens  la  ville  et  issir. 

Li  cuens  vint  devant  Lille,  si  comme  il  le  trova  à 
son  conseil  ;  si  i  fu  tant  que  la  ville  li  fu  rendue ,  que 
li  bourgois  li  rendirent  assés  tost ,  qui  '  ne  lisent  pas 
si  boin  samblant  dou  desfendre  à  celé  fois  que  il 
avoient  fait  à  l'autre  \  Puis  assist  li  cuens  le  castiel 
que  on  apele  Deregnau  ^,  et  les  gens  le  roi  dedens. 
Assés  tost  sot  li  rois  celé  noviele ,  qui  tantost  assambla 
ses  os;  si  s'en  vint  vers  Flandres.  En  che  point  ke  li 
rois  venoit,  gisoit  li  cuens  si  malades  k'il  ne  se  pooit 
lever  de  son  lit;  mais  il  ne  l'osa  pas  atendre  por  le  cas- 
tiel Deregnau  %  par  ù  on  pooit  en  la  ville  entrer  et 
issir;  si  se  fist  porter  en  ^  litière  fors  de  la  ville  ,  et  s'en 
ala  en  la  parfonde  Flandres.  Et  li  rois  s'en  vint  ^  à 
Lille ,  si  l'arst  et  destruist  toute  ;  puis  fist  abatre  le 
castiel  Deregnau  ^  et  le  castiel  de  Cassiel ,  si  s'en  re- 
paira  en  France. 

En  l'ivier  après  passa  li  cuens  en  Engletierre,  si 
mena  o  lui  Arnoul  d'Audenarde  et  Rasson  de  Gaure  et 
Gillebiert  de  Bourghiele  et  Gerart  de  Sotenghien  et 
autres  chevaliers  pluiseurs  ;  mais  ançois  i  estoient  aie 

'  Dereignau.  —  '  Qu'il.  —  ■  D.  coin  il  oient  f.  à  l'a.  fois.  —  "  Le  c. 
de  D.  —  '  De  D.  -  *  En  une.  _  -  R.  v.  —  '  De  D.  et  le  castel  d'Ei- 
kinghehcm. 


140  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

autre ,  si  comme  Roblers  '  de  Biethune  et  Bauduins 
d'Aire.  Li  cuens  arriva  à  Samvis  tout  sans  chevaus; 
mais  les  gens  le  roi ,  qui  estoient  à  Douvre  et  à  Can- 
torbire,  l'en  envoiiereut  asscs,  sour  coi  il  viunf  jus- 
ques  à  Cantorbire.  Moult  sot  tost  li  rois  la  nouviele  de 
la  venue  le  conte.  Il  estoit  en  che  point  à  Windesores, 
que  la  noviele  li  vint  :  tantost  manda  Robert  de  Bie- 
thune et  Bauduin  d'Aire  ,  si  lor  dist  :  «  "  Vostre  sires, 
li  cuens  de  Flandres  ,  est  arrivés  en  ceste  tierre.  »  — 
«Et  k'atendés-vous  dont,  distRobers,  que  tantost  n'aies 
à  lui  ?»  —  ((  Oés ,  dist  li  rois ,  del  Flamenc  I  il  cuide 
bien  que  che  soit  une  grans  chose  de  son  segnour  le 
conte  de  Flandres.»  —  «Par  saint  Jake!  dist  Robiers, 
je  ai  droit  '^,  ke  si  est  chou.  »  Li  rois  commencha  lors 
à  ^  rire  ,  si  lor  ^  dist  :  «  Mandés  tost  vos  chevaus  ,  car 
je  m'en  vois  maintenant  vers  lui.  »  Lors  demandèrent 
entre  Robert  et  Bauduin  lor  chevaus  moult  en  haste  ; 
si  montèrent  o  le  roi,  qui  s'en  ala  si  grant  aleure  viers 
Chantorbire  que  le  plus  de  ses  gens  convint  remanoir 
par  voie ,  por  lor  chevaus  qui  estançoient  por  le  tost 
aler.  Quant  li  rois  vint  à  Cantorbire,  il  s'en  ala  droit 
à  l'ostel  le  conte  ;  et  li  cuens  vint  encontre  lui  jusques 
en  la  rue.  Li  rois  descendi ,  si  l'ala  saluer  et  baisier. 
Puis  entra  en  l'ostel ,  et  i  fu  une  pièce  ;  si  fist  molt 
biel  samblant  au  conte  et  à  toutes  ses  gens  autresi. 
Puis  prist  congié ,  si  proia  le  conte  que  il  lendemain 
mangast  avoec  lui.  Li  cuens  li  otria ,  si  manga  lende- 
main o  lui  ,  et  li  fist  houraage  de  la  tierre  ke  il  devoit 

'  A.  otilio  Hobiert.  —  '  \  int.  —  '  D.  :  «  Segnor.  —  "  J).,  se  jou  le 
nuit.  —  '■  C.  à.  —  ^  là. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  141 

avoir  en  Engletierre.  Là  fu  l'emprise  confremce  et 
parfaite  entre  le  roi  d'Eiigletierre  et  le  conte  de  Flan- 
dres. Puis  prist  li  cuens  congié  au  roi ,  si  s'en  repaira  en 
Flandres.  Lor[s]  vinrent  novieles  au  conte,  quant  il  fu 
arrivés  en  Flandres,  que  Looys  li  fils  le  roi  de  France 
avoit  ars  Bailluel  en  Flandres  et  Estanfort  et  moult  de 
la  tierre  '  s'antain  :  dont  il  ot  grant  ire.  Au  quaresme 
apriès  lisent  entre  le  conte  de  Bouloigne  et  le  conte  de 
Salesbieres  et  Huon  de  Bove  et  Robiert  de  Biethune 
une  chevauchie  moult  biele  :  il  chevaucierent  par  de- 
vant Saint-Omer ,  si  *  entrèrent  en  la  tierre  le  conte 
de  Gisnes  ^,  si  alerent  ardoir  les  fourbors  de  Gisnes. 
Li  viscuens  de  Meleun ,  qui  avoit  en  garde  en  che 
point  la  tierre  Looys,  assambla  grant  gent;  si  le  por- 
siui  tant  k'il  fu  entre  Gisnes  et  Colewide^  si  près  de 
l'arrere-garde  que  Robiers  de  Biethune  faisoit  que  il 
fust  bien  à  eus  assamblës,  se  il  vausist;  mais  il  n'i  as- 
sambla pas.  Et  li  Flamenc  alerent  ardoir  la  ville  de 
Colew^de,  et  d'illuec  s'en  alerent  gésir  à  Gravelinghes, 
et  puis  s'en  repairierent  vers  Ypre.  Et  apriès  la  Pasque 
rassambla  li  cuens  ses  os,  si  s'en  ala  asseoir  le  castiel 
de  Bonehem,  si  le  prist  et  abati.  Puis  entra  en  la 
tierre  de  Gisnes,  si  l'arst  et  destruist  moult  durement. 
Robiers  de  Biethune  prist  el  castiel  ^  la  contesse  ,  qui 
sa  cousine  germaine  estoit,  que  li  cuens  i  avoit  empri- 
sonnée ,  si  l'en  mena  en  Flandres. 

En  cel  tans  moru  Guillaumes  li  avoués  de  Biethune 
et  li  viscuens  de  Meleun ,  qui  le  castiel  de  Biethune 

'  La  t.  la  roïne.  —  '  Puis.  —  ^  Ghines.  —  *  C.  et  fu.  —  '  El  c.  de 
Ghines. 


142  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

avoit  saisi  por  '  Looys  le  lil  le  roi  de  France  ;  et  le 
rendi  à  l'avoueresse  Mehaut,  qui  feme  fu  à  l'avoué 
Guillaume  et  mère  Robiert  de  Biethune  ;  et  ele  main- 
tint puis  le  castiel  et  la  tierre  jusques  à  tant  que  Da- 
niaus  ses  fils  revint  d'outre  mer.  Celé  noviele  de  la 
mort  l'avoué  vint  à  Robiert  son  fill  en  la  tierre  de 
Gisnes  en  cel  point  que  la  clievauchie  i  fu ,  qui  grant 
duel  en  ot.  D'illuec  endroit  s'en  repairierent  en  Flan- 
dres. Puis  refist  li  cuens  une  chevàuchie  molt  biele  :  il 
chevaucha  si  parfont  en  la  tierre  Looys  que  il  arst 
Soucies  %  une  ville  qui  est  à  .iij.  liues^  de  le  cité 
d'Arras;  si  vint  une  nuit  devant  le  castiel  de  Lens.  Puis 
s'en  ala  ardoir  la  ville  de  Houdaing  et  la  bêle  maison 
autresi  [qui  estoit]  Sohier  le  castelain  de  Gant.  D'il- 
luec endroit  s'en  ala  asseoir  le  castiel  d'Aire,  ù  il  sist 
priés  de  .iij.  semaines;  si  i  ot  .i.  moult  boin  ^  poin- 
gneis  devant  la  porte.  Quant  li  rois  en  sot  les  nouvieles, 
il  assambla  ses  os  et  s'en  ala  celé  part  por  3^essegier  le 
castiel.  Li  cuens,  quant  il  sot  sa  venue,  ne  l'atendi 
pas,  ains  se  traist  arrière  en  Flandres.  Puis  s'en  ala 
encontre  Othon  l'empereour  de  Rome,  qui  li  venoit 
aidier.  Poi  amena  li  empereres  de  gent;  mais  nonpor- 
quant  grant  fieste  fist  li  cuens  de  lui ,  et  tout  si  home 
ensementj  si  l'en  amena  ^  à  Valencienes  à  grant  joie, 
ù  il  furent  ^  une  pieche. 

Chi  vous  lairons  ester  de  l'empereour  et  dou  conte; 
si  vos  dirons  del  roi  d'Engletierre ,  qui  à  l'entrée  de 
cel  esté  dont  je  vous  ai  conté  aparella  grant  navie,  si 

"  De  par.  —  '  Souchie.  —  '  L.  priés.  —  ^  Si  ot  .i.  b.  —  '  Amenerent- 
—  «  Fu. 


ET  DEi^  ROIS  D'ANGLETERRE.  143 

passa  eu  Poitau.  Savaris  île  Maulyoïi  '  iist  tant  que  il 
ot  sa  pais  à  lui ,  si  revint  en*  son  service.  Apriès  chou, 
s'en  ala  a  toute  s'ost  vers  la  cité  de  Nan[es  ,  qui  estoit 
an  conte  de  Bretaigne.  En  cel  tans  estoit  cuens  deBre- 
laigne  Pieres  li  fius  au  conte  Robiert  de  Dreues^.  Chil 
Pieres  n'estoit  pas  li  ainsnés  des  fils  au  conte  Robiert, 
ains  en  i  ot  .i.  autre  qui  ainsnés  estoit,  que  on  apieloit 
Robiert.  Chil  Robiers  estoit  dedens  la  cité  de  Nantes 
[en  cel  point  que  li  rois  vint  devant.  Li  rois  vint  en 
teil  manière  devant  Nantes],  que  li  aighc  de  Loire 
couroit  entre  lui  et  la  cité.  Robiers  de  Dreues  passa  le 
pont  entre  lui  et  ^  les  gens  le  roi ,  si  s'arriesta  devant 
le  barbacane  del  pont.  Tant  i  fu  que  les  gens  le  roi  se 
commencierent  moult  à  aprocier  de  lui.  Il,  ki  moult 
estoit  de  grant  cuer,  comme  jouenes  hom,  en  ot 
engaigne  ;  si  lor  couru  seure,  et  s'embati  trop  fole- 
ment  en  ^  eus  :  si  i  remest  pris.  Et  quant  li  rois  ot  fait 
son  fait ,  il  se  traist  arrière  ;  si  enmena  Robiert  de 
Dreues,  ki  ses  prisons  estoit.  Il  s'en  ala  asseoir  .i.  cas- 
tiel  que  on  apiele  le  Roche-as-Moines^.  Looys,  li  fils 
le  roi'  de  France,  estoit  en  che  point  à  Chinon  : 
quant  il  sot  les  nouvieles  del  siège ,  il  le  lassa  savoir  à 
son  père  ;  et  ses  pères  li  remanda  que  il  chevauchast 
viers  le  roi  d'Engletierre ,  si  le  fesist partir  del  siège, 
se  il  peust,  car  lui-meismes  convenoit-il  aler  viers 
Flandres  contre  l'empereour  de  Rome,  qui  estoit 
venus  en  l'aie ^  le  conte  de  Flandres 9.  Looys,  li  fils  le 
roi ,  quant  il  oï  le  mandement  son  père ,  il  s'aparella 

'  Mal-Lion.  —  'A.  —  '  Dreuwes.  —  *  P.  encontre.  —  '  Entre. 
—  ^  Monnies.  —  -  L.,  li  rois.  —  >*  En  la  terre.  —  »  F.  en  s'aiue. 


144  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  INORMANDIE 

de  chevaucier,  et  Ilenris  H  mareschaus  o  lui;  si  s'en 
aleient  graiit  aleure  viers  le  Roce-as-Moines  '.  Et 
quant  li  rois  d'Engletierre  sot  lor  venue ,  il  ne  les 
atendi  pas ,  ains  se  parti  del  siège  ;  si  perdi  de  ses  pa- 
vellons,  que  li  François  gaagnierent.  Un  poi  apriès 
chou  que  li  rois  Jehans  se  '  fu  partis  del  siège ,  li  vin- 
rent nouvieles  de  l'empereour  Othon  son  neveu,  que  li 
rois  de  France  avoit  desconfi  en  camp,  et  que  li 
cuens  de  Salesbieres  ses  frères  et  li  cuens  de  Flandres 
et  li  cuens  de  Bouloigne  et  maint  autre  haut  baron 
estoient  pris  en  la  bataille;  mais  l'empereres  estoit 
eschapés.  Celé  bataille  avoit  esté  entre  le  castiel  de 
Lille  et  la  cité  de  Tournay,  en  .i,  liu  que  on  apiele 
Bouvines  ^,  ù  il  a  .i.  pont  et  un  moustier  pries  del 
pont.  Molt  fu  li  rois  Jehans,  quant  il  oï  ces  no- 
vieles,  iriés  et  destrois  et  durement  desconselliés;  mais 
ne  targa  gaires  apriès  chou  que  uns  clers  d'Engle- 
tierre, qui  cardonnaus  estoit  de  Rome  et  estoit  apielés 
maistres  Robiers  de  Corçon ,  vint  en  France.  Si  prist 
trives  entre  les  .ij.  rois  .v.  ans  de  par  l'apostole.  La 
triu  fu  prise  en  Gayn  ^,  si  devoit  durer  de  la  Pasque 
qui  apriès  vint^,  en  .v.  ans.  Quant  la  trive  fu  prise, 
11  rois  d'Engletierre  s'en  vint  à  la  mer  ;  si  repassa  en 
Engletierre,  si  en  mena  Robiert  de  Dreues  avoec  lui; 
mais  onques  maie  prison  ne  li  fist,  ans  le  fist  garder 
moult  honnerablement.  En  bois  et  en  rivière  le  faisoit 
mener,  et  en  toz  les  déduis  qui  li  plaisoient^.  Puis  le 
delivra-il  por  le  conte  de  Salesbieres  son  frère,  que  li 

'  Monnes.  —  '  R.  se.  —  ^  Bovines.  —  ''  En  Wain.  —  '  Yenoit. 
—  *  Que  lui  plaisoit. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  145 

cuens  Roblers  de  Dreues  li  pères,  dont  je  tous  ai  dit, 
avoit  en  prison;  car  li  rois  de  France  li  avoit  donné 
por  son  fils  délivrer. 

Comment  H  baron  (V Engletierre  s'aloierent  encontre 
le  roi  Jehan  \ 

Ki  ore  vaurroit  oir  l'ocoison  de  la  guerre  dont  li 
rois  Jehans  moru  deshiretés  de  la  plus  grant  partie 
d'Engletierre ,  bien  le  poroit  oïr  en  cest  escrit.  Il  ne 
demoura  gaires  après  chou  que  li  rois  fu  arrivés  en 
Engletierre  puis  la  desconfîture  deBouvines,  que  cliil 
baron  que  je  vous  nommerai ,  Robiers  li  fils  Gautier, 
Sohiers  de  Quinctii ,  qui  cuens  estoit  de  Winciestre , 
Gillebiers  li  fils  au  conte  de  Clare,  JofFrois  de  Man- 
deville,  ki  cuens  estoit  d'Assesse  **,  et  maint  autre  des 
barons  ^  parlèrent  ensamble.  De  cels  que  on  apiele  * 
Norois,  por  chou  que  lor  tierres  estoient  ^  viers  le 
Nort,  en  ot-il  ^  grant  plenté  à  che  conseil;  si  vous  en 
nommerai  partie  de  cels  qui  i  furent  :  Robers  de  Ros, 
Eustasses  de  Vesci  ^  ,  Richars  dou  Pierche  ^ ,  Guil- 
laumes  de  Moubray,  qui  estoit  autresi  petis  comme 
uns  nains; mais  moult  estoit  larges  et  vaillans-  Rogiers 
de  Mongobori  ^  fu  avoec,  et  pluisor  autre.  Tout  chil 
que  je  vous  ai  chi  nommés  '"  vinrent  ensamble  à  par- 
lement; si  devisèrent  que  il  demanderoient  al  roi  que 

'  Cette  rubrique  manque  dans  le  ms.  S. -G.  —  '  D'Assese.  —  '  D. 
b.   manquent  dans  le  ms.   S.-G.  —  ■*  Des  barons  que   on   apeloit. 

—  '  Seoicnt.  —  '^  N.  ot-il  à.  —  '  Ustascies  de  Vessi.  —  *  De  Peiti. 

—  9  Mongomboi.  —  "'  Devisé. 

lo 


14G  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

il  lor  lenist  les  chartres  que  li  rois  Heuris  '  qui  f'u 
îiyous  son  père  avoit  données  à  ior  ancissours  et  que 
Il  rois  Estievenes  lor  avoit  confremées;  et  se  il  faire 
ne  le  voloit,  il  le  desjGeroient  tout  ensemble,  et  le 
giierroieroient  tant  que  il  par  force  le  feroit.  Puis  fisent 
aporter  les  sains;  si  jurèrent  tout  ensamble  celé' 
chose,  et  s'emprisent  tout  encontre  le  roi.  Il  trove- 
rent  à  leur  consel  k'il  envoleroient  au  roi  un  de  lor 
messages,  ançois  que  il-meismes  i  alassent,  et  li  man- 
(leroient  cel  afaire.  .1.  clerc  i  envoierent,  ki  moult 
bien  dist  au  roi  quanques  il  li  encargierent.  Durement 
s'aïra  li  rois,  quant  il  oï  celé  nouviele,  et  tant  li 
greva  que  por  *  poi  cpie  il  ne  fist  grant  honte  au  clerc; 
si  ne  li  vaut  faire  nul  biel  respons.  Puis  envoierent^  lor 
messages  à  lui  derechief ,  si  li  mandèrent  ^  che  que  il  li 
requerroient.  Li  rois,  Ici  bien  savoit  l'emprise,  se 
douta  d'eus  :  si  ne  lor  osa  si  plainement  escondire 
comme  il  ot  fait  à  l'autre  fois,  aiiis  lor  mist  jour  à 
Norantone  '.  Li  baron  s'aparellierent  tout  de  venir  à 
armes  ^  ;  et  orent  si  grant  gent  que  H  rois  n'osa  le  jour 
atendre",  ains  lor  contremanda  et  lor  mist  .i.  autre 
jour.  A  l'autre  jor  revinrent  derechief  si  apparellié 
d'armes  et  de  chevaus  et  de  grans  gens  que  li  rois  lor 
contremanda  '"  che  jour  et  lor  mist  .i.  autre  '  ' .  Tant  ala 
chis  afaires  de  jour  en  jor  que  il  orent  .i.  '^  parlement 
au  roi,  ù  il  parlèrent  à  lui  bouche  à  bouche;  si  n'i 
pot  avoir  pais,  ains  se  partirent  par  mal  de  lui.  Apriès 

■  H.  li  Viels.  —  »  T.  c.  —  '  Tuit  ensamble.  "  Por  .i.  -  ''_  P.  ren- 
voierent  li  baron.  —  ^  M.  moult.  —  •>  JNorhanstonne.  —  '  A  a.  à  celui 
jor.  —  '••  Teair.  —  '°  Recontremanda.  —  "  .La.  jor.  —  "  Une  fois. 


ET  DliS  ROIS  D'ANGLETERRE.  147 

che  parlement  s'assamblcient  li  baron,  si  aleient 
asseoir  le  castiel  de  Norantonne;  mais  il  ne  le  '  piisenl 
pas.  D'illuec  endroit  s'en  alerent  à  Londres ,  si  trove- 
rent  les  portes  fremées;  mais  il  ne  troverent  nullui 
au  defors  '.  Il  descendirent  de  lor  chevals,  si  alerent 
coper  les  flaiaus  des  portes  et  entrèrent  en  la  ville  sans 
contredit.  Puis  prisent  la  seurté  des  citaains,  et  se 
herbregierent  par  la  cité. 

En  che  point  que  li  baron  entrèrent  en  Londres , 
estoient  venu  en  la  tierre  Robiers  de  Biethune  et 
Guillaumes^  ses  frères  et  Bauduins  d'Aire  et  autre  che- 
valier pluiseur  avoec  els.  Cil  Guillaumes  dont  je  aous 
di ,  qui  frères  fu  Robiert  de  Biethune,  estoit  adon- 
ques  nouviaus  chevaliers.  Chil  haut  home,  dont  je 
vous  ai  dit,  qui  venu  estoient  en  Engletierre  por  aler 
au  siervice  le  roi,  avoient,  cel  jour  meismes  que  li 
baron  entrèrent  en  Londres,  lor  siergans  envoies 
avant  en  la  ville  de  Londres  por  prendre  lor  hosteus 
et  por  atorner  lor  viande.  Si  durent  estre  pris  lor* 
siergant;  mais  il  s'en  fuirent^  en  .i.  moustier,  ù  il 
furent  puis  longheraent.  Lor  segnor  sorent  les  novieles 
des  barons  qui  en  la  ville  estoient  entré  ançois  que  il 
i  venissent,  si  n'i  osèrent  entrer;  ains  laissierent  la 
ville^  à  destre,  si  alerent  jesir  à  Windesores.  Puis  s'en 
alerent  à  Froi-Mantiel  %  une  maison  qui  siet  sor  un 
tiertre  et  au  cor  d'une  foriest,  ù  il  trouvèrent  le  roi, 
de  *  cui  il  furent  ^  bien  venu  et  ki  grant  joie  lor  fist. 
Ne  targa  gaires  apriès  que  novieles  vinrent  au  roi  que 

'  La.  —  'Al  defois.  —  '  Entre  Robert....  Guilliaume.  — *  Li.  —  '  Il 
«scaperent.  —  ®  A.  le  1.  —  "  Froit-Mantel.  —  '  A.  —  °  F.  moult. 


M8  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

ii  Norois  avoieiit  assise  Ja  '  cité  de  Eciestre  ^  :  lors 
commanda  Ii  rois  au  conte  de  Salesbieres  son  frère  et 
as  Flamens  que  il  les  alassent  ^  dessegier.  Li  cuens  de 
Salesbieres  o  les  Flamens  et  o  les  autres  que  li  rois 
li  bailla  s'esmut,  si  s'en  alerent  grant  aleure  vers 
Eciestre,  si  vinrent  à  .i.  castiel  que  on  apiele  Sireborne. 
Là  lor  vinrent  novieles  des  Norois,  ki  ^  avoient  si 
grant  gent  que  tout  seroient  pris,  se  plus''  avant 
aloient;  et  si  avoient  fait  .i.  plasseis  d'un  bois  qui  sor 
le  chemin  estoit,  si  avoient  mis  dedens  de  lor  che- 
valiers *"  et  de  lor  siergans  et  de  lor  archiers  '  et  de  lor 
Galois  :  si  ne  poroient  eschaper,  se  il  là  s'embatoient. 
Lors  n'osa  li  cuens  avant  aler;  ains  s'en  retorna  %  par 
le  consel  de  ses  gens,  arrière  vers  son  frère  le  roi ,  ke 
il  trouva  à  AVinciestre,  ki  moult  fu  iriés  de  lor  venue  ^ 
et  lor  dist  par  ramprosne  que  il  n'esteroient  '°  pas  boin 
por  plasseis  prendre.  De  celé  parole  furent  moult  hon- 
teus  "  li  Flamenc.  Et  un  poi  apriès  chou  reprist  li  rois 
consel,  et  recommanda  derechief  au  conte  de  Sales- 
bieres son  frère  et  as  Flamens  que  il  s'en  alassent  "" 
vers  Eciestre,  ù  li  Norois  estoient  encore;  si  les  en 
fesissent  aler.  Chil  s'esmurent  derechief,  si  s'en  vin- 
rent à  Sireborne,  et  là  lor  revinrent  nouvieles  que  li 
Norois  avoient  assés  plus  gent  que  il  n'avoient  '^  eu  à 
l'autre  fois.  Quant  li  cuens  oï  che,  chi  prist  consel  à  ses 
gens  que  il  feroit.  Li  Englois  li  loerent  que  il  s'en  re- 
pairast  arrière.  Lors  parla  Robers  de  Biethune,  et  lor 

■  Sa.  —  '  De  Ecestre.  —  ^  L'alasseat.  —  ''  Que  il.  —  '  Se  il.  — ''  Cava- 
liers. —  '  Et  de  lor  chevaliers.  —  "  S'en  repaira.  —  ^  Revenue.  — '"  K'es- 
toient.  —  "M.  h.  durement.  —  '  '  S'en  râlassent.  —  "  N'eussent. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  I4<J 

(iist  :  «  Segneur,  quels  chose  est  chou  que  vous  loés 
au  conte?  Ne  set  bien  '  11  cuens  que  li  rois  dist  à  nous 
l'autre  fois,  quant  nos  repairasmes,  que  nos  n'estiemes 
pas  boin  pour  plasseis  prendre?  Bien  sot  li  rois, 
quant  nous  partismes  de  lui ,  quels  gens  nos  aviesmes 
et  '  quels  gens  il  avoient.  Ciertes  ,  je  lo  mius  que  nous 
nos  metons  en  aventure,  u  de  raorir  u  de  vaintre, 
que  nous  si  vilainnement  nos  en  repairons.  »  Por  la 
parole  que  Robers  dist,  s'abouterent  tout  et  Englois 
et  Flamenc  d'aler  avant;  si  s'armèrent  par  matin  et 
montèrent  sour  lor  chevaus  et  s'en  alerent  vers  Ecies- 
tre.  Quant  li  Norois  sorent  lor  venue,  il  ne  les  aten- 
dirent  pas,  ains  se  partirent  de  la  ville  et  se  traisent 
arrière;  et  nonporquant  si  avoient-il  bien  .x.  homes 
à  cascun  home  que  les  gens  le  roi  avoient.  Les  gens  le 
roi  vinrent  à  la  cité  de  Eciestre,  si  entrèrent  ens  et  i 
furent  bien  .iiij.jors;  et  puis  [s'en  partirent  et]  s'en 
repairierent  viers  le  roi. 

Fiere  chose  poés  ore  oïr  \  En  cel  point  que  il  se 
furent  parti  del  roi ,  vint  li  archevesques  de  Chantor- 
bire  parler  au  roi  de  la  pais  entre  lui  et  les  barons. 
Tant  mena  les  paroles,  qu'il  ot  pris  .i.  parlement  à 
Estanes  entre  lui  ^  et  les  barons.  Li  rois  i  ala,  si  li 
convint  là''  tel  pais  faire  comme  li  baron  vaurrent; 
onques  n'i  atendi  le  consel  de  son  frère  ne  des  Flamens. 
Là  li  couvint-il  avoir  en  couvent  à  force  que  jamais 
feme  ne  marieroit  ou  "^  liu  ù  elle  fust  desparagie.  Chou 
fu  la  miudre  couvenence  que  il  lor  fîst%  s'elle  fust  bien 

'  Dont  ne  set  pas.  —  "  El  bien  savoit-il.  —  '  P.  o.  —  '  l>.  le  loi. 
—  '  B.  Là  covint  li  rois.  —  ^  En.  —  '  Ou'il  lor  eust  faite. 


150  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

tenue.  0  tout  chou  11  couvint-il  avoir  en  couvent  ke 
jamais  ne  feroit  pierdre  home  menbre  ne  vie  por  bieste 
sauvage  k'il  presist;  mais  raiembre  le  pooit  :  ces  deus 
choses  pooit-on  bien  soufrir.  Les  radias  des  tierres, 
qui  trop  grant  estoient  ',  li  couvint  mètre  à  tel  fuer 
comme  il  vaurrent  deviser  '*.  Toutes  hautes  justices 
vaurrent-il  avoir  en  lor  tierres.  Mainte  autre  chose 
lor  ^  requisent  ù  asscs  ot  de  raison'^,  que  je  ne  vous 
sai  pas  nomraier  ^.  Desus  tout  chou  vorrent-il  que 
.XXV.  baron  fussent  esliut,  et  par  le  jugement  de  ces 
.XXV.  les  menast  li  rois  de  toutes  choses,  et  toz  les  tors 
que  il  lor  feroit  lor  adreçast  par  eus ,  et  il  autres!  de 
l'autre  part  li  adreceroient  toz  les  ^  tors  que  il  li  fe- 
roient  par  eus.  Et  si  vorrent  encore  avoec  tout  chou 
que  li  rois  ne  peust  jamais  mètre  en  sa  tierre  bailliu, 
se  par  les  .xxv.  non.  Tout  chou  couvint  le  roi  otriier 
à  force.  De  celé  pais  tenir  donna  li  rois  sa  chartre  as 
barons,  comme  chil  qui  amender  ne  le  potj  et  lors 
primes  furent  délivre  li  escuier  as  Flamens,  qui  el 
moustier  estoient  à  Londres. 

Grant  ire  orent  li  Flamenc  quant  il  oïrent  les  nou- 
vieles  de  la  vilaine  pais  que  li  rois  avoit  faite.  Il  •  vin- 
rent à  lui  ;  mais  il  ne  li  lisent  *  pas  si  boin  samblant 
comme  il  avoient  ^  fait  devant  ;  nonporquant  il  s'en 
alerent  o  lui  jusques  à  Mierlebierge  '°.  Là  fist-il  une 
grant  vilonnie  ;  car  il  fist  une  grant  masse  de  son  tré- 
sor oster  fors  de  la  tour,  si  le  fist  porter  en  ses  cham- 

'  G.  lor  sanihloionl.  -  "^  ]1  devisèrent.  —  '  Li.  —  "De  desraison. 
—  '  Pas  tout  raconter.  —  "  A.  les.  —  '  Il  s'en.  —  '  Ne  lor  fist.  —  '  lï 
ot.  —  '"  Merleberghc. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  151 

bres ,  voiaiit  les  ielx  as  chevaliers  de  Flandres  ,  ne 
onques  riens  '  ne  lor  en  donna.  A  pries  celé  vilenie 
que  li  rois  fist,  prisent  li  Flamenc  congic  à  lui ,  si  s'en 
repairierent  en  Flandres.  Molt  fu  dolans  "  li  rois  d'En- 
gletierre  de  la  vilaine  pais  que  il  ot  faite,  et  avoec  ^ 
toute  la  vilaine  pais  li  moustroient-il  tel  orguel  que 
tous  li  ruons  en  deust  avoir  pitié.  Il  voloient  que  il 
moult  bien  lor  tenist  chou  que  en  couvent  lor  avoit  ; 
mais  chou  que  il  avoient  en  covent  à  lor  homes  avant 
ne  voloieiit-il  tenir.  Un  jor  furent  venu  li  .xxv.  baron 
en  la  court  le  roi  por  .i.  jugement  faire.  Li  rois  se 
gisoit  en  che  point  malades  en  son  lit,  de  ses  pies,  si 
qu'il  ne  pooit  [venir  ne]  aler;  si  manda  as  .xxv.  que 
il  venissent  en  sa  cambre  le  jugement  rendre,  car  il 
ne  pooit  aler  à  eus.  Il  li  remanderent  que  il  n'iroient 
pas,  car  che  seroit  encontre  lor  droiture;  mais,  s'il 
ne  pooit  aler,  si  se  fesist  aporter.  Li  rois,  qui  amender 
ne  le  pot,  se  fist  porter  devant  les  .xxv.  là  ù  il 
estoient ,  qui  pas  ne  se  drecerent  encontre  lui  ;  car 
che  fu  lor  dis  que,  se^  il  drecié  se  fussent,  il  euussent 
fait  encontre  lor  droiture.  De  teus  orgheus  et  de  teus 
outrages  li  faisoient-il  à  grant  plenté.  Honteus  et  iriés 
fu  moult  li  rois  de  l'orguel  k'il  vit  mener  à  ses  homes; 
il  se  commencha  à  porpenser  comment  il  se  porroit 
vengier  d'els.  Bien  vit  que  jà  ne  s'en  vengeroit ,  se 
par  la  force  l'apostole  n'estoit.  Lors  prist  ses  messages 
moult  celéement,  si  les  envoia  moult  en  haste  à  Rome; 
si  manda  à  l'apostole,  si  comme  il  estoit  [se  sire] ,  k'il 

'  O.   nnie  rien.  ~  '  M.  ot   grant  ire  à  son  cucr.  —  '  F.,  car  od. 
—  <  D.  se. 


152  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

euust  de  lui  merchi  por  Diu  et  mesist  consel  en  son 
afaire,  car  en  tel  manieie  le  menoient  si  home  et  tel 
pais  li  avoient  fait  faire  à  force  comme  il  pooit  veir  en 
cel  escrit  et  comme  si  message  li  diroient  bien. 

Li  apostoles ,  quant  il  ot  veu  l'escrit  et  il  ot  parlé  as 
niessagiers,  remanda  tantost  au  roi  que  il  celé  pais  ne 
tenist  pas  ;  car  ele  n'iert  ne  boine  ne  loiaus  à  tenir,  et 
toz  cels  qui  le  tenroient  il  les  escumenioit.  As  barons 
manda-il  que  le  roi  lassassent  tenir  sa  tierre  en  tel 
point  et  en  tel  manière  '  comme  li  rois  Henris  ses 
pères  et  li  rois  Richars  ses  frères  l'avoienf*  tenue  et 
comme  il-meismes  tenoit  en  cel  point  que  il  se  croisa 
et  k'il  rechut  sa  tierre  de  Rome  ;  et ,  se  il  chou  ne 
voloent  faire ,  il  les  escumenioit ,  et  toz  cels  qui  o 
eus  ^  serolent;  et  tous  cels  qui  en  l'aie  le  roi  seroient, 
il  les  absoloit. 

Moût  furent  irié  ^  li  baron ,  quant  il  oïrent  cel  man- 
dement. Il  s'entre-manderent  de  toutes  pars  ;  si  ale- 
rent  querre  le  roi  là  ù  il  le  cuidierent  trover,  tout 
entalentc  de  lui  mal  faire.  Et  quant  li  rois  sot  lor 
venue,  il  ne  les  osa  pas  atendre;  ains  mist  la  roine  sa 
feme  el  castiel  del  Corf  et  Henri  son  ainsné  fill  o  li,  et 
Richart  son  puisné  fill  retint  o  lui;  si  s'en  vint  à  tout 
à  Sushantonne^.  En  che  point  avoit  o  le  roi  .i.  che- 
valier de  Flandres ,  que  on  apieloit  Boidin  de  Haves- 
kerque;  celui  bailla  li  rois  grant  plenté  de  ses  lettres, 
si  li  proia  li  rois  que  il  ^  les  portast  en  Flandres  à  Ro- 
biert  de  Bielhune  '   et  as   autres    chevaliers   ù   elles 

■  Teneure.  —  '  F.  a.  —  ^  Qui  en  loi-  aie.  —  ■*  Rié  f.  moult.  —  '  A 
Suhanstonne.  —  ^  Proia  qu'il.  —  ^  Betuuc. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  153 

aloient.  Chil  prist  les  lettres,  si  les  mist  en  .ij.  ba- 
risiaus,  k'il  iist  .i.  escuier  tourser  derrière  lui  ;  si  s'en 
vint  à  tout  jusques  à  Douvre;  si  faisoit  à  entendre  as 
gens  que  c'estoient  lamproies  k'il  portoit  en  ces  ba- 
risiaus.  Quant  il  vint  k  Douvre ,  il  n'i  '  demoura 
gaires  ;  ains  entra  en  mer  et  passa  outre,  si  arriva 
en  Flandres.  Puis  vint  à  Robiert  de  Biethune  ,  si  li 
bailla  les  lettres  le  roi,  et  les  autres  lettres  envoia 
par  tout  as  autres  barons  ii  elles  aloient  ^  Robers  de 
Biethune  fist  frossier  la  cyre  del  saiel  le  roi ,  si  fist 
lire  les  lettres.  Or  oiiés  que  les  lettres  disoient.  Li  rois 
d'Engletierre  saluoit  Robiert  de  Biethune  comme  son 
très  chier  ami  et  son  home,  si  li  mandoit  que  il  con- 
nissoit  que  il  s'estoit  ^  mesfait  enviers  lui  ;  mais  pour 
Diu  ne  presist  garde  à  son  mesfait,  ains  euust  pité  et 
merchi  de  lui  et  de  la  couronne;  car  il  vaurroit  d'ore 
en  avant  del  tout  ouvrer  par  son  consel.  Quant  Ro- 
biers  ot  les  lettres  oïes,  mlf^  en  eut  grant  pitié;  il  ne 
prist  pas  garde  au  mesfait  le  roi ,  ains  se  pena  quan- 
ques  il  pot  de  querre  gent  et  d'avancier  le  besoigne  le 
roi  à  son  pooir. 

Al  roi  d'Engletierre  "  me  convient  repairier.  Quant 
Boidins  de  Haveskerque  se  fu  partis  de  lui ,  il  s'en 
vint  à  Sushantonne  ^;  si  entra  en  mer,  car  il  n'osoit 
demourer  sour  tierre.  Si  fist  o  lui  entrer  en  mer  Sa- 
vari  de  Maulyon  et  Huon  de  Bove ,  si  s'en  ala  par  mer 
jusques  à  Douvre.  Là  issi  fors  de  la^  nef  et  entra  en  son 
castiel,   si   envoia   Huon  de  Bove   en  Flandres  pour 

'  Ne.  —  "  As  cevalicrs  à  qui  li  rois  les  envoioit.  —  Ml  c.  moult. 
—  *  Sic  TUS.  4o4'  —  *  AI  r.  —  "  Suhantone.  —  'Sa. 


154  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

querre  chevaliers.  Graiit  masse  li  donna  de  son  trésor^ 
et  li  pria  por  Diu  que  il  mesist  tout  son  pooir  à  querre 
chevaliers  et  largheraent  donnast  de  son  trésor  ;  car 
che  voloit-il  volentiers.  Lors  '  passa  Hues  de  Bove  la 
mer,  si  arriva  devant  la  Mue.  Là  fist-il  jeter  ses  ancres 
et  demoura  en  sa  nef,  comme  chil  qui  n'osoit  entrer 
en  Flandres  por  le  roi  de  France  ;  m^ais  il  envoia  ses 
messages  et  les  letres  le  roi  et  les  soies  par  Flandres  et 
par  Braibant  et  par  '  tout ,  si  assam.bla  grant  masse  de 
gent  ^.  Le  quart  jour  apriès  la  fîeste  mon  segneur  saint 
Mahiu  l'ewangeliste,  par  .i.  joesdi ,  s'esmut  Hues  de 
Bove  o  grant  plenté  de  nés  et  o  grant  chevalerie  de 
la  Mue;  si  s'en  repaira  en  Englet[ier]re.  En  cel  estore 
fu  Gautiers  Biertaus,  uns  des  plus  haus  homes  de  Bray- 
bant  ;  apriès  le  duc  n'en  i  ot  nul  plus  haut  ,•  frères 
germains  estoit  Gillon  ^  Bertaut ,  le  chambrelenc  de 
Gremines  ;  mais  ainsnés  estoit  de  lui.  Gautiers  de  So- 
thenghien^,  fu  avoec  en  celé  estore,  fîus^  au  boin  che- 
valier Gautier  de  Sotenghien,  qui  moru  en  che  point 
que  li  dus  de  Louvaing  roba  la  cité  de  Liège  ^;  frères 
fu  Arnoul  ^  d'Audenarde  de  par  sa  mère  ma  dame 
Rikaut  9.  0  lui  fu  Evrars  Radous  ses  frères,  qui  frères 
estoit  germains  Arnoul  d'Audenarde ,  et  uns  autres 
siens  '°  frères  germains  qui  enfès  estoit  ;  Bauduins 
estoit  apielés.  Autres  haus  homes  i  ot  et  moult  ba- 
celers  ;  mais  Robiers  de  Biethune  n'i  fu  pas ,  car  il 
n'estoit  pas  encore  entré  en  mer.  Le  venredi  lor  leva 

'  L.  manque,  dans  le  m<;.  S.- G.  —  '  B.   par.   —  '  Si  en  a.  }^.  m. 

—  ''  Gillion.  --  ^  S. ,  uns  jouenes  bacelers.  —  *  Fils  fu.  —  '  R.  !.. 

—  '  Ernoul.  —  ''  Richaut.  —  <"  Et  u.  s. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  155 

une  tourmente,  qui  moult  les  esmala  ;  car  elle  ne 
s'apaisa  onqucs  ne  le  jour  ne  le  imlt.  Le  semedi ,  la 
velle  des'  .ij.  beneois  martyrs  saint  Cosme  et  saint 
Damien ,  parfu  la  tempieste  tant  grans  ke  nus  hom 
ne*  sot  roi  de  lui-meisme,  ne  nul  maronniers  n'I  sot 
roi  de  lui  ^  consellier,  car  trop  fu  grans  la  tourmente. 
Devant  Donewis  à  .i.  banc  se  hurta  la  nés  Huon  de 
Bove  si  durement  qu'ele  froissa  toute  ;  si  fu  noiiés  et 
tout  chil  qui  o  lui  furent,  si  que  onques  nus  de  la  nef 
n'eschapa'*  [;  si  ot  .xxxvi.  chevaliers  en  la  nef].  A  cel 
banc  meismes  se  hurta  la  nés  Gautier  de  Sotenghien , 
si  remest  séant  tout  à  sec  sour  le  sablon ,  car  la  mers 
estoit  retraite;  mais  au  hurter  k'ele  fis t  en  vola  une 
ais,  si  i  ot  .i.  trau  si  grant  que  uns  lévriers  s'en  issi 
fors  par  mi  le  trau.  Chil  de  la  nef  s'aperçurent  del  trau 
par  le  lévrier  qui  en  ^  estoit  issus  ;  lors  furent  ^  plus 
esmaié  que  devant.  Il  issirent  tantostfors  de  la  nef,  et 
s'en  coururent  par  mi  le  sablon ,  et  commencierent  à 
acener  les  batiaus  qui  devant  la  ville  estoient.  Dui  ba- 
tiel  s'esmurent  por  venir  vers  eus  ;  et  quant  il  furent 
pries  del  sablon  ,  li  chevalier  traisent  les  espées  pour 
chacier  la  menue  gent  arrière,  car  '  tout  voloient  entrer 
es  batiaus.  Quant  chil  des  batiaus  virent  la  mellée  de 
chiaus  qui  sour  tierre  estoient ,  il  n'osèrent  avant  aler, 
por  chou  que  il  doutèrent  *  que  tant  n'en  i  entrassent  ^ 
k'il  ne  '"  noiassent  avoec  eus  :  si  s'en  repairierent.  Uns 
priestres  et  uns  garçons  qui  là  estoient,  quant  il  virent 

De.  —  '  N'i.  —  "  Ne  s'i  sot.  —  "*  O.  uns  seus  n'en  e.  —  '  Qui  par 
mi  s'en.  —  «  L.  f.-il  moult.  —  ■  Qui  —  '  Doutoient.  --  '  Entrast. 
—  •°  Qu'il  les. 


156  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

que  chil  des  batiaus  n'osoieiit  avant  venir,  il  saillirent 
en  la  mer  ;  si  s'en  alerent  à  no  vers  les  batiaus.  Chil 
des  batiaus  les  atendirent  et  les  misent  '  ens  :  ensi  fu- 
rent chil  doi  sauvé.  Onques  puis  chil  del  sablon  ne  so- 
rent  tant  achener  que  uns  seus  en  '  vausist  venir.  Et 
cjuant  il  virent  chou,  il  s'en  coururent  celé  part  ù  la 
nés  Huon  de  Bove  estoit  pechoïe^  si  i  troverent  ^  dou 
mairien,  s'en  aporterent  à  lor  nef,  et  le  coraraencie- 
rent  à  refaire  et  à  recarpenter.  Che  virent  chil  de  la 
tierre  tout  plaineraent;  et  lendemain,  chil  qui  sor  la 
tierre  estoient  ne  virent  poi[n]t  de  celé  nef  ne  nule  en- 
segne  qui  ens  euust  esté  ne  nule  autre  arjneure  ;  mais 
de  la  nef  Huon  de  Bove  virent-il  assés  d'enseg[nes] , 
comme  d'omes  noiiés,  comme  d'escus,  comme  de  mai- 
rien  ,  et  autres  ensegnes  assés.  Les  autres  nés  arrivè- 
rent ,  auquantes  à  grant  dolour ,  et  auquantes  s'en 
repairierent  à  grant  dolour  arrière.  La  nés  Gautier 
Bertaut  fu  cachie  par  la  tourmente  jusques  vers  Dane- 
marche;  si  se  croisa  Gantiers  Bertaus  et  tout  chiH 
qui  en  la  nef  estoient,  de  paour.  Puis  arriva-il  en  la 
tierre  le  conte  Willekin  de  Hollande,  ù  il  ot  grant 
paour  ;  car  li  cuens  le  haoit  de  mort  por  le  conte  [de 
Los]  cui  cousins  germains  il  estoit ,  qui  la  contée  de 
Hollande  calengoit  de  par  sa  femej  mais  il  eschapa 
par  engien.  Chil  qui  eschaperent  de  la  tourmente  et 
qui  arrivèrent  en  Engletierre  s'en  alerent  celé  part  ù  il 
sorent  que  li  rois  estoit  ;  et  li  rois  en  che  point  se 
parti  de  Douvre  ;  si  s'en  ala  vers  Cantorbire ,  car  nou- 
vieles  li  estoient  venues  que  li  Norois  s'estoient  parti  de 

'  Traisent.  —  '  En  i.  —  '  Si  t.  —  '  Et  tiiit  li  cevalier 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  157 

Londres  et  que  il  s'en  venoient  durement  vlers  lui,  si 
estoient  jà  venu  jusques  à  Roveciestre. 

Quant  li  rois  vint  à  Cantorbire,  si  i[i]rent  '  bares  es 
rues,  ù  il  se  baoit  à  desfendre,  se  si  anemi  venoient. 
Si  comme  il  estoit  en  cel  ouvrage ,  li  vinrent  nouvieles 
que  Norois  estoient  jà  venu  jusques  à  Espringues  %  et 
que  il  s'en  venoient  durement  pour  combatre  à  lui. 
Moult  s'esmaia  li  rois  quant  il  oï  celé  nouviele,  car  poi 
avoit  gens  enviers  eus  :  il  ne  les  osa  pas  atendre ,  ains 
s'en  fui  de  la  ville  de  Cantorbyre  et  se  traist  arrière 
viers  Douvre.  De  l'autre  part  revinrent  nouvieles  "  as 
Norois  que  li  rois  estoit  issus  de  la  ville  de  Cantorbire 
et  si  ^  s'en  venoit  combatre  à  eus.  Et  quant  il  oïrent 
celé  noviele,  il  ne  l'osèrent  atendre,  ains  se  partirent 
d'illuec  et  s'en  fuirent  arrière  vers  Roveciestre.  Ensi 
furent,  sans  cop  ferir,  desconfi ''  li  un  et  li  autre.  Li 
Norois   laissierent  à  Roveciestre  Guillaume  d'Aube- 
gni ,    .i.    haut  baron   d'Engletierre ,   et  Thumas   de 
Moletone  et  Guillaume  de  Vefort^  et  Guillaume  d'E- 
vrences  ^  et  Aubiert  Guifart  et  bien  jusques  à  .c.  cheva- 
liers ,  por  garder  le  castiel  et  la  cité  ;  si  s'en  repairie- 
rent  à  Londres.  Et  ki  dont  fu  liés?  che  fu  li  rois  quant 
il  sot  celé  nouviele ,  des  Norois  qui  en  tel  manière  s'en 
estoient  fui.  Il  repris[t]  cuer  en  lui-raeismes,  si  s'en 
revin[t]    à   Cantorbire  et  passa  outre  jusques  à  An- 
tonne  %  une  ville  qui  siet  defors  la  foriest  des  Caste- 
gniers  9.  Là  sot-il  primes  la  noviele  de  Huon  de  Bove  et 

■  Il  fist  faire.  —  '  Espringcs.  —  '  R.  les  n.  derecief.  —  *  El  qu'il. 
—  ^  Issi  f.  d.  —  ^  d'Enefort.  —  '  De  Yerences.  —  *  Autone.  —  »  Cas- 
teiçniers. 


158  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

des  autres  chevaliers  qui  péri  estoient  :  dont  il  dé- 
mena grant  duell.  Cel  jour  meismes  que  li  rois  vint  à 
Sauwis  arrivèrent  à  Antonne  '  entre  Robiert  de  Bie- 
thune  et  Bauduin  d'Aire  o  grant  gent;  et  lendemain 
vinrent  au  roi,  qui  moult  biel  les  rechut  et  qui  moult 
fu  liés  de  lor  venue.  Lors  commencha  moult  durement 
li  os  à  croistre  ;  car  chil  qui  eschapé  estoient  de  la 
tourmente  et  arrivé  par  diviers  pors ,  si  comme  la 
tourmente  les  avoit  chaciés,  s'assamblerent  ^  de  toutes 
pars  ^  ù  il  sorent  ke  li  rois  estoit.  Et  quant  li  rois  vit 
tant  s'ost  creue  et  il  vit  k'ele  croissoit  tant  cascun  jour, 
moult  fu  liés.  Il  s'en  repaira  à  Chantorbire,  si  fieva 
grant  plenté  des"^  chevaliers  ki  à  lui  ierent  venu  et  les 
reçut  à  homes  por  plus  iestre  seurs  d'eus;  et  toz  cels 
qui  en  brief  vaurrent  iestre,  il  les  mist  en  brief ,  et 
chevaliers  et  siergans.  Puis  prist  congié  ^'aler]  à  Ro- 
veciestre'',  ù  il  cuidoit  que  si  anemi  fussent  encore,  et 
bien  trouva  à  son  consel  qu'il  i  alast.  Lors  fist  ses  gens 
armer,  et  il-meismes  s'arma  de  ses  propres  armes  et 
monta  sor  son  cheval  et  s'en  ala  vers  Roveciestre.  Si 
comme  il  s'en  aloit ,  vint  à  lui  Robiers  de  Biethune  et 
li  dist  :  «  Ciertes,  sire,  poi  prisiés  vos  anemis,  qui  à  si 
poi  de  gent  aies  combatre  à  eus.))  —  «Ha,  Robiert! 
dist  li  rois  ,  je  les  connois  trop  bien  :  il  ne  font  à  pri- 
sier  ne  à  douter.  Assés  à  mains  de  gens  que  nos  n'aions 
nos  poriesmes-nous  seureraent  à  eus  combatre.  Ciertes, 
une  chose  vous  puis-jou  bien  dire  por  voir  :  que  je  sui 
plus  dolans  de  chou  que  les  estranges  gens  connistront 

'  V.  à  Autoue,  a.  à  Sanwis.  —  '  Si  sambloient.  —  '  P.  et  se  Iraioient 
celé  part.  —  ''De  ses.  —  ''  Rovescestre. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  159 

ore  la  mauvaistiéde  celsde  ma  tierie,  que  je  ne  soie  del 
damage  k'il  me  font.  »  Quant  li  rois  ol  chou  dit,  il  s'en 
vint  à  toute  s'ost  devant  Rouveciestre.  Et  quant  chil 
de  la  ville  virent  l'ost,  il  coururent  as  murs  et  fisent 
^rant  samblant  d'eus  desfendre.  Et  quant  li  rois  vit 
chou ,  il  fîst  tantost  ses  gens  apparellier  comme  por 
assaillir.  Ef  chil  [de  la  vile,  quant  il  virent  que  les 
gens  le  roi  s'aparelloient  d'assalir ,  il]  se  desconfirent 
par  eus-meismes  et  partirent  des  creniaus  et  s'enfui- 
rent de  toutes  pars.  Lors  entrèrent  les  gens  ""  es  portes, 
et  les  commencierent  à  cachierparmi  la  ^  ville  jusques 
au  pont  ^  si  vighereusement  que  il  fisent  toz  les  cheva- 
liers ens  entrer  à  force  el  castiel  :  dont  li  pluiseur  s'en 
fuissent  volentiers  ^  à  Londres,  se  il  peussent. 

Li  rois  se  herbrega  en  la  ville,  et  fist  ses  gens  logier 
devant  le  castiel;  si  fist  jeter  ^  ses  mangonniaus'  à  la 
tour.  Puis  vint  à  Robiert  de  Biethune,  si  li  requist 
qu'il  envoiast  pour  Guillaume  son  frère  et  le  fesist 
venir  à  lui ,  et  il  H  feroit  bien  par  son  consel  et  par  le 
consel  Bauduin  d'Aire.  «  Sire,  distRobiers,  je  le  man- 
derai volentiers;  mais  envoiés-li  vos  lettres  avoec  les 
moies  :  si  venra  assés  plus  volentiers.  ))  Li  rois  fist 
tantost  ses  letres  faire,  si  les  envoia  en  Flandres  à 
Guillaume  de  Biethune  ;  et  il  ^  ne  s'atarga  gaires  apriès 
chou  qu'il  ot  veues  les  lettres  le  roi ,  ains  s'aparella  et 
passa  mer  et  vint  au  roi  au  siège  à  Roveciestre.  En 
cel  point  vint  Gautiers  Biertaus  en  l'ost ,  si  crut  bien 

'  Et  manque  dan.<;  le  ms.  S. -G.  —  '  Les  g.  le  roi.  —  '  Par  la. 
—  ''P.  cacierent.  —  '  S'en  fussent  v.  alet.  —  ''  Drecier.  —  '  M.  por 
îîeter.  —  '  B.  Guilliaunies  de  Betune. 


IGO  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

adont  li  os  de  .c.  chevaliers,  et  chascun  jour  crolssoit- 
elle  molt  durement.  Quant  li  Norois  qui  à  Londres 
estoient  sorent  la  noviele  del  roi  qui  si  grant  ost 
avoit,  moult  s'esmaierent  :  bien  virent  que,  se  par 
autrui  n'estoient  rescous,  il  ne  se  poroient  rescoure 
par  eus-meismes.  Estroitement  parlèrent  ensamble,  si 
troverent  à  lor  consel  que  il  envoieroient  à  '  Looys  le 
fin  le  roi  de  France;  si  li  manderoient  qu'il  les  se- 
courust,  et  il  le  feroient  roi  d'Engletierre. 

A  clie  message  faire  furent  esliut  doi  conte  :  li  uns 
de  ces  deus  ^  fu  Sohiers  de  Quinchi  ^ ,  ki  cuens  estoit  de 
Winciestre,  et  li  autres  fu  li  cuens  de  Herefort.  Par 
ces  .ij.  contes  mandèrent  li  baron  à  Looys  le  fill  le  roi 
de  France  ke,  s'il  voloit  venir  ^  en  Engletierre  sa  cape 
toursée ,  il  li  donroient  le  "  règne  en  boine  pais  et  le 
feroient  segneur  d'eus.  Cliil  doi  conte  passèrent  mer  et 
vinrent  en  France  ;  il  parlèrent  tant  à  Looys  le  fill  le 
roi ,  k'il  lor  ot  en  convent  qu'il  à  la  Pasque  passeroit, 
et  maintenant  i  envoieroit  tant  de  chevaliers  comme  il 
poroit  por  aus  aidier.  Tantost  manda  Looys  par  France 
tous  les  bacelers  que  il  pot  avoir,  si  s'en  vint  jusques 
à  Haidin  ^  son  castiel.  Là  fist-il  requeste  as  barons  de 
sa  tierre  k'il  li  aidassent  de  chevaliers  por  envoiier 
en  Engletierre  y  et  as  pluisours  proia-il  que  lor  cors  ^ 
meismes  i  alassent.  L'aler  otria  Guillaumes  li  castelains 
de  Saint-Omer  et  Gilles  li  castelains  de  Biaumès  et  Hues 
li  castelains  d'Arras  et  Wistasses  de  Noeville  li  jouenes, 
qui  fils  estoit  Wistasse  de  Noeville  le  boin  chevalier,  et 

'  A  lor  conseil  à.  —  "  Deus  contes.  —  '  Quinci.  —  ^  S'il  venoit. 
—  '•  Tout  le.  —  ®  Hedin.  —  •  Que  il. 


Eï  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  IGl 

Gulllaumes  de  Winties  ' ,  Ici  moult  estoit  vaillans  ba- 
celers,  et  Hues  Tacons,  ki  estoit  uns  des  barons  de 
Flandres,  et  moult  d'autres  bacelers.  Des  François  si  î 
ala  Bauduins  Bierthaus  ^  et  Gilles  de  Meleun ,  li  cousins 
au  visconte,  et  Guillaumes  de  Biaumont,  uns  petis  che- 
valiers que  on  apieloit  en  sournon  Pics-de-rat ,  et 
pluisour  autre  dont  Guillaumes  ^  Piés~de-rat  fu  mares- 
chaus.  Lors^  s'en  vint  jusques  à  Kalais;  là  fist-il  ses 
chevaliers  entrer  en  mer;  bien  en  i  ot  .vij^^.  A  un 
havene  en  Engletierre  arrivèrent ,  que  on  apiele 
Orevvele  ;  puis  s'en  vinrent  à  Londres,  ù  il  furent 
moult  bien  recheu  et  ù  il  puis  démenèrent  moult  biele 
vie;  mais  à  grant  meschief  i  furent,  car  vins  lor  failli  : 
si  n'orent  que  boire  se  cervoise  non  ,  dont  il  n'estoient 
pas  apris.  Tout  l'ivier  furent  ensi.  Devant  chou  .i.  poi 
que  li  François  arrivassent,  donna  li  rois  d'Engle- 
tierre  à  Robiert  de  Biethune,  qui  connestable*  estoit 
desost,  la  contée  de  Clare;  car  il  ne  connissoit  pas 
que  li  cuens  i  euust  nul  droit,  ki  à  Londres  estoit  o 
ses  anemis  ^.  Robiers  assés  tost  apriès  s'en  ala  au  cas- 
tiel  de  Tonebruges ,  ù  li  cuens  de  Clare  avoit  sa  gar- 
nison mise.  Tant  fîst  que  il  parla  à  cels  dedens,  et  lor 
dist  que  il  li  rendissent  le  castiel,  et  qu'il  faisoient  que 
fol  qui  se  tenoient;  car  il  n'aroient  jà  nul  ^  secours  de 
cels  de  Londres  ,  et  bien  sieussent-il  que  li  rois  venroit 
là  o  toute  s'ost  tantost  que  li  castiaus  de  Roveciestre 
seroit  pris,  et  che  seroittost.  Chil  respondiient  que  il 
estoient  .i.  poi  de  povres  gens  et  ke,  pour  Diu  ',  ne 

'  De  Deuime.  —  '  Bretcaus.  —  ^  A.  G.  —  ^  M.  de  l'ost.   Loevs. 
—  'A.  encontre  lui.  —  *"  A'a.  nul.  —  '  G.,  si. 

I  I 


162  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

lor  requesist  chose  qui  à  viloniiie  lor  tournast;  sou- 
frist  lor  pour  Diu  que  il  peuussent  envoier  jusques  à 
Londres  au  conte  lor  segneur,  et  mander  que  il  les 
secourust  lendemain;  et,  se  il  ne's  secouroit,  il  li 
renderoient  le  castiel.  Robiers  lor  otria,  et  il  envoie- 
rent  tantost  lor  message  vers  Londres  ;  Robiers  '  envoia 
avoec  .i.  sien  chevalier,  qui  estoit  apielés  Mikius'  de 
Bieles-Aises,  et  puis  renvoia  en  l'ost  Boidin  de  Haves- 
kerque  por  gent.  A  son  secours  vint  Jehans  de  Cysoing, 
qui  sa  cousine  avoit,  et  li  bous  de  Puthenghien  ^  o  grant 
gent,  et  Thierls  de  Sotenghien,  qui  mareschaus  estoit 
de  l'ost,  et  pluisour  autre.  Et  li  messagier  qui  à  Lon- 
tlres  erent  aie  *  vinrent  au  conte  et  li  contèrent  "^  lor 
message,  et  il  ^  s'aati  moult  de  secourre  le  castiel  ;  mais 
il  ne  le  fist  '  pas  :  si  fu  li  castiaus  rendus  à  Robiert,  et 
il  mist  ens  une  partie  de  sa  gent.  Si  ne  targa  gaires 
apriès*  que  li  François  arrivèrent,  dont  je  vos  ai  chi 
devant  dit.  Et  puis  i  renvoia  Looys  une  autre  estore  de 
.vi'^^.  chevaliers  en  Engleterre,  qui  tant  syglerent  par 
la  mer  qu'il  entrèrent  en  bouche  de  Tamise  et  arrivè- 
rent au  pont  de  Londres;  mais  avant  k'il  arrivassent 
fu  li  castiaus  de  Roveciestre  pris,  et  li  rois  s'en  estoit 
aies  viers  Escoce. 

Quant  Robiers  de  Biethune  ot  le  castiel  de  Tone- 
bruges,  il  s'en  repaira  à  l'ost;  et  li  rois  vint  encontre 
lui  moult  liés  par  samblant  et  li  dist  :  «  Sire  cuens  de 
Clare ,  bien  soics-vous  venus.  Vous  m'avés  ore  emblc 

'  R.  !.  —  '  Mikiels.  —  '  Plusengien.  —  *  Ces  cinq  mots  manquent 
clans  le  tns.  S. -G.  —  '  Et  disent.  —  ''  Messages  al  conte,  qui.  —  '  l>e 
secoiul.  —  '  A.  cou. 


ET  DES  ROIS  D'AiNGLETEKlŒ.  103 

le  castiel  de  Tonebruges;  mais  vous  nem'etnblerës  pas 
celui  de  Claie,  ains  vous  mêlerai  ens  par  le  puing.  » 
Ensi  parlant  s'en  vinrent  à  l'ost.  Lors  lisl  ii  rois  moult 
durement   destraindre  cels  dou   castiel  ;   li  mineour 
furent  mis  à  la  tour,  si  minèrent  tant  que  la  moitié  de 
la  tour  chaïj  puis  furent  tout  li  chevalier   ki   dedens 
estoient  pris  par  force.  Et  li  rois  fist  drecier  les  fourkes 
defors  l'ost,  et  dist  que  II  les  prenderoit  '  toz;   mais 
li  haut  home  qui  o   lui  estoient  li  dcsloerent,  et  li 
disent  que  che  seroit  maus  à  faire;  car,   se  li  lor  re- 
prendoient  l'un  d'eus,  aulretel  *  li  feroient  faire.  Li 
rois  les  crei  :  si  n'en  pendi  nul;  ains  se  parti  d'illuec  et 
s'en  ala  viers  Biel-Veoir,  un  castiel  Guillaume  d'Au- 
begny,  qui  rendus  li  fu.  D'illuec  endroit  s'en  ala-il  à 
Castiel-Frait,  ki  ert  ^  le  connenstable  d'Eciestre,  qui 
encontre  lui  ot  esté;  mais  il  vint  là  à  sa  merchi,  et  li 
rois  li  pardonna  son  mautalent  par  la  proiere  le  conte 
d'Eciestre,  qui  encontre  lui  ot  esté  ^,  ki  moult  bien  l'ot 
siervi.  Puis  s'en  ala-il  à  Wrevi^ic^  sa  cité,  qui  encontre 
lui  s'iert  révélée;  si  en  fist  toute  sa  volenté.  Puis  passa 
outre  jusques  à  Duramme  ".  Là  eut-il  en  talent  k'il  s'en 
retorneroit  arrière,  quant  novieles  li  vinrent  que  li 
rois  d'Escoce  li  avoit  ars  le  Noef-Castiel-sour-Tine  : 
dont  il  fu  iriés,  et  en  jura  les  dens  Diu  '  que  jamais  ne 
s'en  retourneroit  si  auroit  vengié  cel  arsin.  Lors  s'apa- 
rella^  comme  por  chevauchier  sour  ^  le  roi  d'Escoce, 
si  jura  qu'il  feroit  le  gourpisiel  entrer  en  sa  taisniere  : 

'  Penderoit.  —  "  A.  fin.  —  ^  Pont-Frait,  le  castel.  —  ■*  Ces  cinq 
mots  manquent  dans  le  ms.  S.- G.  —  ^  A  Euerewic.  —  '^  Dui-eaume. 
—  '  Bien.  —  ®  L.  s'a.  li  rois  d'Engietere.  —  "  Sor  la  tere. 


IGi  IJISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

chou  disoit-il  pour  le  roi  d'Escoce,  (jul  rous  estoit  et 
jouenes,  qu'il  ieroit  par  force  rentrer  en  la  tlerre 
d'Escoce.  Il  s'en  vint  au  Noef-Castiel-sour-Tyne  ,  si  le 
trouva  ars;  mais  li  rois  d'Escoce  estoit  retrais  arrière. 
Puis  passa  outre,  si  prist  .i.  castel  c'on  apieloit  Tie- 
fort;  si  le  donna  à  Plielippon  d'Oulecote,  qui  estoit 
garde  dou  castiel  de  Duraume.  A  Norehem,  .i.  castiel 
l'evesque  de  Dureaume,  passa  la  rivière  de  Tuede  ;  si 
s'en  vint  à  Borewic  '  et  prist  le  castiel  et  la  ville,  puis 
prist  le  castiel  de  DoraLar,  qui  estoit  au  comte  Patris  ', 
un  conte  de  la  tierre  le  roi  d'Escoche.  Puis  chevaucha 
avant,  escillant  la  tierre ,  juques  à  une  ville  que  on 
apiele  Heduithone.  Avant  ne  vaut  aler,  ains  s'en  re- 
paira  arrière;  si  arst  et  destruist  ^  la  ville  de  Berewic. 
Puis  s'en  repaira  viers  Londres;  si  entra  en  la  tierre  le 
conte  Rogier  de^  Bigot,  k'il  destruist  molt  durement; 
car  il  le  haoit  môlt. 

En  cel  point  a  vint  une  mervelleuse  aventure  k  Lon- 
dres. Li  chevaliei'  commenchierent  à  bouhourder  pour 
eus  déduire  :  JofTrois  de  Mandeville,  qui  cuens  estoit 
tl'Assesse ,  ûi  là  o  les  autres  ;  mais  il  n'ot  viestu  ne 
^vambais  ne  pourpoint.  Uns  chevaliers^  de  France,  ke 
on  apieloit''  Acroce-Meure,  lassa  courre  vers  lui  d'un 
tronchon  ;  11  cuens  11  escrla ,  quant  il  le  vit  venir  : 
«  Ha  !  Crocemeure%  ne  me  fier  pas  :  je  n'ai  point  de 
pourpoint  viestu.  »  Chil  ne  le  vaut  point  laissler  por 
son  crier,  ains  le  feri  si  el  ventre  qu'il  l'ocist  :  grans 
deus  en  fu  menés;  mais  onques  11  bacelers  n'en  fu  fai- 

'  P.crcwic.  —  '  PaUic.  —  '  I),  touic.  —  '  Le  —  '''  U.  bacelers. 
—  *  A.  Guiliiaiimo.  —  '  <!  Acvoce-Meure. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  1G5 

dis.  De  celé  aventure  vint  la  nouviele  au  roi  Jehan  à 
Fremelinjjliehem  ',  une  forte  maison  le  conte  Rogier 
le  Bighot  que  il  avoit  prise,  et  il  le  conta  tantost*  Sa- 
vari  de  Maulyon,  à  cui  il  avoit  la  terre  celui  donnée. 
Apriès  chou  s'en  ala-il  asseoir  le  castiel  de  Glocciestrc% 
si  le  prist;  et  d'illuec  endroit  s'en  ala-il  à  Inghehem, 
le  castiel  le  conte  Robiert  de  Ver;  si  le  prist  autres!.  Cil 
cuens  Robiers  de  Ver  estoit  cuens  d'Ausinefort;  il  vint 
là  à  la  mierchi  dou  roi ,  et  li  jura  sour  sains  que  il  des 
dont  en  avant  le  sierviroit  loiaument;  mais  onques  con- 
vent  ne  li  tint,  ains  li  menti  sa  foi  cora^me  trechieres 
que  il  estoit.  Puis  ala  li  rois  jesir  à  une  abbeye  que  on 
apele  le  Watehen '^,  à  .vij.  liues  petites  englesches  de 
Londres.  Lors  cuidierent  bien  chil  de  Londres  avoir 
le  bataille  u  le  siège,  si  furent  tôt  armé  et  orent  lor 
batailles  devisées;  mais  li  rois  ns  se  combati  pas  à  eus 
ne  n'asist  la  cité,  ains  le  lassa  à  seniestre  et  s'en  ala  à 
Windesores.  Là  li  vinrent  nouvieles  de  Looys  le  iill  le 
roi  de  France,  qui  assambloit  grant  gent  sor  la  mer  à 
Bouloigne  et  à  Wissant  et  à  Kalais  et  à  Gravelinghes  : 
par  coi  il  s'en  vint  en  Kent  ;  là  entendi-il  les  vraies 
nouvieles  que  ^  à  Kalais  estoit  o  grant  chevalerie  îîer- 
vius'^  li  cuens  de  Naviers,  et  avoit  o  lui  "  .c.  cheva- 
liers; Engherrans  de  Couci  i  estoit  o  tout  .1.  cheva- 
liers ;  si  doi  frère  Thumas  et  Robiers ,  ki  moult 
estoient  vaillant  chevalier,  i  estoient  o  lui  ;  li  cuens 
Willekins  de  Hollande  i  estoit  o  .xxxvi.  chevaliers;  li 
cuens  de  Rousy  i  estoit  o  .x.  chevaliers  ;  Guichars  de 

'  Au  r.  à  Framelingehem.  —  '  T.  à.  —  'De  Colecestre.  —  *  A.  ^V;l- 
tehem.  —  'JN.  de  Looys,  qui.  —  ^Hervieus.  -- 'Ne\ ers  i  estoit  od  lui  oO. 


IGG  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  JNOilMAWDIE 

Biaiigeu  i  estoit  o  .x.  chevaliers;  li  viscuens  de  Toraine 
i  estoit  o  .xiilj.  chevaliers;  Estievenes  de  Sansuerre  i 
estoit  o  .xij.  chevaliers;  Rohiers  de  Dreues  '  o  .xxx.  che- 
valiers; Jehaiis  de  Monmirail,  qui  sire  estoit  d'Oisy, 
i  estoit  o  .xiiij.  chevaliers;  mais  .vij.  en  ot  envoies 
avant,  qui  ierent  à  Londres  o  les  autres;  Arnous  li 
cuens  de  Gisnes  i  estoit  o  .x.  chevaliers,  qui  .v.  en' 
avoit  autresi  envoies  avant;  Daniaus  li  avoués  de  Bie- 
thune,  cpii  d'outre  mer  ert  novielement  venus,  i  estoit 
o  .vj.  chevaliers;  mais  .viij.^  en  avoit  envoies  aA^ant. 
A  JMichiel  de  liâmes  et  à  Bauduin  de  Biauvoir  fu  baillie 
une"^  nés,  ii  il  entrèrent;  Hues  de  Miraumont  et  Ro- 
biers  de  BaillueP  et  Gerars  li  Truie  et  Boidins  de 
Mètres  et  Maelins  *^  ses  frères  i  entrèrent  o  eus ,   et 
moult  d'autre  chevalier;  Robiers  de  Courtenay  i  estoit 
o  .XX.  chevaliers.  Autres  haus  homes  i  ot  assés,  dont 
je  ne  sai  pas  le  nombre  quans  chevaliers  cascuns  i  ot; 
il  i  fu  Hues  de  Rumegny,  qui  moult  estoit  rices  hom, 
et  Renaus  d'Amiens  et  Thiebaus  ses  frères  et  Jehans  de 
Hangest  ^  et  Raous  de  Neele  et  Raous  d'Estrées  et  Raous 
de  la  Tourniele,  qui  moult  estoit  boins  chevaliers,  et 
Hues  Havès  ses  niés  et  Amaurris  de  la  îonteniele  et 
Bauduins  li  chastelains  de  Lens  et  Aalars  de  Croisih^s 
et  si  dol  frère,  Renaus  et  Jehans,  et  maint  autre  que 
je  ne  puis  pas  toz  nommer. 

En  la  nef  Looys  entra  Ours  li  chambrelens  et  li  vis- 
cuens  de  Meleun  et  Hues  de  Mal-Annoi  **  et  Raous 
Plomlcès  et  pluisor  autre  chevalier.  Bien  esmoit-on  les 

■  Drciuvcs  i  estoit.  —  '  En  i.  —  ^  .ix.  —  <  U.  gratis.  •  '  Baillucs. 
—  "  Maiclins.  --  '  Tlangiest.  —  *  Mal-Ausnoi. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  167 

chevaliers  de  l'ost  h  .xijc.  %  et  bien  i  ot  .viij'.  nés. 
Wistasses  li  Moines  entra'  en  la  nef  le  conte  Looys  ^ 
Chil  Wistasses  li  Moines  estoit  .i.  chevaliers  de  Bou- 
lenois, qui  moult  avoit  guerroie  le  conte  de  Bouloi- 
gne  ;  tant  le  guerroia  que  il  ala  puis  au  siervice  le  roi 
d'Engletierre ,  por  chou  que  li  cuens  estoit  deviers  le 
roi  de  France.  Si  le  servi  tant  f[ue  il  *  li  donna  les  ylles 
de  Gernesée  ;  mais  puis  fu-il  niellés  au  roi  ;  si  le  iist  pren- 
dre ,  et  sa  feme  autresi ,  si  les  tint  longhement  en  sa  pri- 
son ;  por  celé  haine  estoit-il  venus  à  Looys,  si  s'estoit 
molt  penés  de  cel  nfaire;  maintes  fois  en  ot  la  mer  pas- 
sée, comme  chil  qui  moult  en  savoit.  Nus  ne  kerroit  les 
mervelles  k'il  fist  ne  qui  li  avinrent  par  maintes  fois. 
En  la  nef  entra  aussi  ^  uns  clers  qui  frères  estoit  l'ar- 
chevesque  de  Cantorbire ,  à  cui  li  rois  Jehans  ot  tolue 
l'archeveschié  de  Chantorbire;  Jehans  de  Longhetone 
ot  à  non.  Et  chil  Symons,  qui  entra  en  la  nef  ^,  à  cui 
li  rois  Jehans  ot  aussi  tolu  l'archeveschié  d'Evrewic  ^ 
ù  il  dut  iestre  eslius;  mais  li  rois  ot  desfaite  l'élection  : 
par  coi  chil  le  haoit%  et  li  grevoit  quanques  il  pooit 
par  ses  consaus  et  par  ses  paroles. 

Del  roi  d'Engletierre  me  convient  dire,  qui  à  Dou- 
vre  estoit  venus,  ù  il  ot  moult  grant  navie  et  moult 
riche  :  bien  valoit  une  de  ses  nés  quatre  des  y  Looys. 
11  envoi  a  ses  messages  par  consel  '°  à  Looys ,  si  li  fist 
requerre  de  paisj  mais  pas  ne  le  pot  avoir.  Quant  il 
vit  chou,  il  atorna  "  par  le  consel  de  sa  gent  que  il 

'  .xii''.  chevaliers.  • —  '  E.  autresi.  —  '  N.  Loeys.  —  <  Que  li  rois. 
—  'A.  Sinions  de  Longhetone.  —  ^  Les  vingt-quatre  mots  qui  precècltnt 
manquent  dans  le  ms.  S. -G.  —  "  Ot  toloite  l'a.  de  Yerewic.  —  *  il. 
moult.  —  ■'  Des  aeis.  —  '"  C.  outre  la  mer.  —  "  Il  atira. 


JG8  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

melsmes  ses  cors  enteiiroit  en  mer,  si  s'en  iroit  h  toute 
s'estore  devant  Kalais,  et  là  fcroit  jeter  ses  ancres,  si 
ke  11  estores  Looys  ne  poroit  issir  ilel  port  ;  car  bien 
savoit  que  les  petites  nés  que  Looys  a\oit  ne  se  poroient 
pas  desfendre  à  ses  nés,  qui  si  gi  ans  estoient.  Quant  li 
rois  ot  chou  empensé  à  faire ,  une  mervelleuse  aven- 
ture li  avint  ;  caria  a  elle  de  l'Assention,  encontre  le 
soir,  leva  une  tourmente  si  grans  que  toutes  les  nés 
durent  estre  froissies  :  si  les  '  convint  fuir  par  diviers 
havenes ,  por  chou  que  à  Douvre  n'avoit  se  costiere 
non  ;  lendemain  furent  si  départies  que  li  rois  ne  les 
pot  onques  puis  toutes  rassambler  ' .  Lors  s'en  ala  à 
Chantorbire  moult  dolans  et  moult  coureciés  ^  de  sa 
mescheance,  et  sachiés  que  mescheance  fu  chou  grans. 
Lendemain  de  l'Assention ,  encontre  le  soir,  entra 
Looys  en  mer;  si  s'en  vint  syglant  enviers  Englet[ier]re; 
lendemain,  par  le  semmedi ,  arriva  en  l'ille  deTanet; 
ançois  qu'il  fust  arrivés,  chil  qui  sour  la  tierre  estoient 
coisirent  l'estore  de  bien  loing  :  lors  mandèrent  au 
roi,  qui  à  Chantorbire  estoit,  qu'il  veoient  venir  Tes- 
tore  Looys.  Li  rois  lor  respondi  que  chou  n'estoit  pas 
l'estore  Looys,  ançois  estoient  ses  nés  qui  deviers  Rou- 
menel  venolent,  qui  por  la  tourmente  1  estoient  fuies. 
Lors  monta  11  rois,  si  s'en  issi  de  la  ville;  mais  il  ne 
vaut  aler  vlers  Sauwls,  ains  s'en  ala  viers  Iloumenel 
encontre  .1.  cardonnal  de  Roume,  qui  là  estoit  arri- 
vés. L'apostoles  l'ot  là  envolic  pour  iestre  légat  d'En- 
gletierre  et  pour  aldler  et  conforter  le  roi ,  et  por  faire 
justice  de  cels  qui  encontre  lui  estoient  ne  seroient"^. 

'  Si  les  eu.  —  '  V.  1 .  —  ^  Iries.  —  '  L.  s. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  160 

Et  quant  li  rois  eiicontra  le  legaiit,  qui  jà  estolt  ' 
viermaiis  vestis  et  chevauçoit  blanc  palefroi ,  moult  li 
ijst  grant  joie.  Teus  est  la  cousturae  des  legaus  de  Rome 
que ,  quant  il  passent  mer,  il  doivent  estre  ensi  faite- 
ment  atourné  comme  l'apostoles  est ,  de  yiestemens 
et  de  chevaucheure.  Li  rois  sot  bien  les  voires  nou- 
vieles  de  Looys,  qui  arrivés  estoit  en  l'ille  de  Tanet, 
ançois  que  il  parlast  au  légat;  quant  il  l'encontra,  tout 
avant  le  salua  et  baisa  et  li  iist  l'ounour  qu'il  pot.  Puis 
li  conta  les  nouvieles  de  Looys,  qui  arrivés  estoit  en 
sa  tierre  à  force  ;  si  s'en  plaignoit  moult  durement  à 
Diu  et  à  l'apostole  et  à  lui-meisraes,  qui  de  par  l'apos- 
tole  estoit  venus  en  la  tierre.  Li  legaus  escumenia  tan- 
tost  Looys  et  toz  chiaus  qui  estoient  en  s'aïe,  et  puis 
fîst  commander  par  tout  as  hautes  eglyses  que  il  cies- 
sassent  par  tout  ù  il  ne  ses  gens  seroient  ;  et  si  vaut 
que  toute  la  tierre  qui  à  lui  se  tenroit  fust  entredite , 
et  elle  si  fu  puis. 

Lendemain  que  Looys  arriva  fu  li  dyemences  devant 
la  Pentecouste.  Cil  jour  vint  li  rois  à  Sauwis;  si  coisi 
l'estore  Looys,  qui  arrivée"  estoit  deviers  l'ille  de 
Tanet;  cel  jour  meismes  arriva  primes  li  cuens  de  Na- 
viers  ^  et  li  cuens  de  Hollande  et  Mikius  de  Harnes  et 
Hues  Havès  et  Guis  de  la  Roche  et  Robiers  Biertaus  ^ 
et  bien  .ij''.  chevalier.  Lors  pierdi  moult  li  rois  Jehans 
le  cuer  ^  ;  il  cevaucha  une  pièce  sour  °  le  rivage  avant  et 
arrière,  si  Iist  sonner  ses  trompes;  mais  poi  esbaudi 
ses  gens ,  et  poi  les  conforta  [,  moult  fu  de  povre  sam- 

■  E.  tous.  —  '  Aiivés.  —  '  Navers.  —  '  Bertrans.  —  '  Li  r.  lo  cuer. 
—  ^  Par. 


170  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  WORMaNDIE 

blant].  Quant  il  ot  là  une  pieche  este,  il  se  parti  d'eus 
ausi  comme  à  emblée,  si  s'en  ala  grant  aleure  viers 
Douvre.  Bien  fu  une  liue  loing  ançois  que  li  plus  de 
ses  gens  en  seuusscnt  '  mot.  Robiers  de  Biethune  et 
Bauduin  d'Aire  et  Gillebiers  ses  oncles  et  Gautiers 
Biertiaus  %  quant  il  sorent  que  li  rois  en  ^  estoit  aies , 
moult  lor  desplot;  il  n'osèrent  là  demeurer,  ains  s'en 
alerent  apriès  lui  tout  plourant,  car  moult  estoient 
dolant  et  irié;  à  Douvre  le  troverent  moult  descon- 
forté. Lendemain  s'en  parti  ;  si  laissa  Hubiert  de  Bours, 
qui  justice  estoit  d'Engletierre,  à  Douvre  por  garder 
le  castiel,  et  Gerart  de  Sotenghien,  o  lui  ^  grant  plenté 
de  Flamens,  et  Pieron  de  Creon  et  Joudoin  de  Doe  et 
Huon  Change  ^  et  moult  d'autres  chevaliers.  Moult 
remest  boine  garnisons  el  castiel;  bien  i  ot  •vij''^.  che- 
valiers et  moult  grant  plenté  de  siergans,  et  vitaille 
i  ot  à  grant  fuison  \  Et  quant  li  rois  s'en  ala ,  il  com- 
manda as  Flamens  que  il  fessissent  l'arriere-garde. 
par  mi  les  Wans  s'en  passa ,  et  li  Wandois  li  lisent 
tant  de  mal  comme  il  porent.  Tant  erra  que  il  vint  à  la 
cité  de  Winciestre  :  là  demoura  une  pièce;  et  là  escu- 
raenia  li  legaus  Looys  ^  par  non  moult  durement  et  le 
plus  de  ses  barons  toz  par  non  autresi ,  et  les  Englois 
par  escumenioit-il  trop  durement.  A  Looys  me  con- 
vient repairer,  ki  assés  tost  apriès  chou  que  li  rois  en  ^ 
fu  aies  fist  ses  gens  passer  l'aighe ,  qui  tantost  prisent 
la  ville  de  Sauwis  et  gaegnierent  toutes  les  nés  qui  là 
estoient;  moult  i  ot  gaagnié  de  vins  et  de  vivandes  et 

•  En  seust.  —  '  Bertaus.  --  ^  S'en.  —  *  Od  1.  od.  —  ^  Et  II.  Gancbe. 
—  ^  C.  et  moult  sergans,  et  vitaille  i  ot  moult.  —  '  L.  tout.  —  "  S'en. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE  171 

de  graiit  marcheandises.  Puis  s'en  ala  Looys  à  Cantor- 
bire,  qui  tant  ne  quant  ne  se  desfendi.  Puis  ala  asseoir 
le  castiel  de  Roeciestre,  si  le  prist;  là  vinrent  à  lui  li 
chevalier  qui  à  Londres  orent  este,  et  li  baron  d'En- 
gletierre  autresi  ;  si  li  firent  liomage.  De  cliiaus  Ici 
bornage  li  firent  vous  nommerai-jou  une  partie  :  il  li 
fist  liomage  li  cuens  de  Clare  ;  et  Guillaumes  li  mares- 
cliaus  li  jouenes ,  li  fils  Guillaume  le  maresclial  ;  le 
conte  de  Pembroc  et  Hues  li  Bigos  li  fils  au  conte  Ro- 
gier,  ki  sa  serour  avoit;  et  Robiers  li  fils  Gautier;  et 
Sohiers  de  Quinchi,  qui  cuens  estoit  de  Winciestre;  et 
Guillaumes  de  Mandeville,  qui  cuens  estoit  d'Assesse; 
et  li  cuens  Robiers  de  Ver  et  moult  d'autre. 

Molt  tost  apriès  chou  que  Looys  ot  recheus  ses 
bornages ,  se  parti-il  de  Roveciestre  ;  si  s'en  vint  à 
Londres  le  joesdi  en  la  Pentecouste ,  et  fu  recheus  à 
pourciession  des  canonnes  de  Saint-Pol.  Li  bourgois 
de  la  ville  alerent  encontre  lui,  qui  grant  joie  orent  de 
sa  venue.  Quant  il  ot  esté  en  l'eglyse  Saint-Fol,  il  ra- 
passa  Tamise;  si  s'en  vint  jesir  à  Lamée,  à  la  maison 
l'archevesque  de  Chantorbire,  qui  siet  encontre  le 
sale  de  Wemoustier,  d'autre  part  l'aighe  :  ià  jnt-il 
.iiij.  nuis.  En  l'eglyse  Saint-Pol  ot  .i.  doyen  que  on 
apieloit  maislre  Gervaise  de  Hobruges,  par  cui  consel 
li  caiionne  ne  vaurrent  lassier  le  canter  pour  le  des- 
fense  le  légat;  mais  puis  en  furent-il  tout  honni.  Li 
priestre  des  perroces  ne  vaurrent  ensement  '  ciesser, 
qui  puis  le  compererent  moult  cier.  En  toute  Londres 
n'ot  eglyses  ii  on  ciessast,  fors  seulement  .v.  Des  *    v. 

'  Autioment.  —  '  Do  ers 


172  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

lu  li  une  l'eglyse  de  Wemoustier ,  l'autre  celé  de  Saiiite- 
Treuitc,  la  tierce  '  de  Saint-Martin-le-Yiel,  la  quarte 
celé  del  Temple,  et  la  quinte  celé  de  l'Ospital.  Li  ca- 
noniie  de  Berraoudesée  et  cliil  de  Nostre-Dame-au- 
Front  et  chil  de  Saint-Bertremiu  ciesserent  puis;  mais 
riens*  ne  lor  pot  -valoir  qu'il  n'en  venissent  à^  anui. 
Li  capelain  Looys  ne  li  capelain  as  barons  de  l'ost  ne 
vaurrent  ensement  ciesser,  ains  canterent  puis  par 
toute  l'ost  :  dont  maint  home  s'esmervellierent.  Et  en 
cel  segour  que  Looys  iîst  là  ^  recliut-il  à  liomage  ^  le 
conte  Rogier  le  Bygot  et  le  remanant  des  barons,  qui  là 
estoient.  Puis  envoia  une  partie  des  Englois  et  de  ses  ^ 
chevaliers  qui  à  Londres  orent  esté,  que  on  apieloit 
par  gabois  Londrois ,  e[n]  Sufone  et  en  Norfonfpor 
conquerre  la  tierre  ;  chil  se  partirent  de  lui ,  si  con- 
quisent  Donewis  et  Lane,  et  moult  d'autres  castiaus , 
et  moult  i  esploitîerent  de  lor  besoigne.  Au  lundi,  len- 
demain de  la  Trinité,  se  parti  Looys  de  Londres;  si 
s'en  ala  sour  *  le  conte  de  Warende.  Il  trova  le  cas- 
tiel  de  Rogate  »  tout  wit ,  si  le  donna  à  Robiert  de 
Courtenay.  Lendemain  prist  le  castiel  de  Geudefort; 
puis  assist  Fernehem,  .i.  castiel  l'arche vesque '**  de 
Winciestre  ;  si  l'ot  lendemain.  Puis  s'esmut  por  aler  à 
Winciestre,  ù  il  cuidoit  le  roi  trouver;  mais  li  rois 
ne  l'i  atendi  pas,  ains  wida  la  cité.  Si  s'en  vint  "  vers  le 
Corf,  si  enmena  o  lui  la  roine  sa  feme  et  Savari  de 
Maulyon;  il  envoia  Fouke  ""  de  Breauté  viers  Ausine- 

'  L.  t.  celé.  —  '  Mais  cou.  —  ^  N'en  eussent.  —  "*  Là  manque.  —  '  A 
home.  —  ®  Et  ses.  —  ''  Sul'ouc...  Norfouc.  —  '  Sor  la  terre.  —  ^  Ré- 
gate. —  ""  L'evesque.  —  "  Si  se  traist.  —  "  Fauque. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  17;{ 

iort  por  garder  cel  pais.  Chil  Foukes  ot  esté  povres 
sergaus  au  roi  ;  fîus  fii  à  un  chevalier  de  Norraendie 
de  soignant;  mais  puis  sier\i-il  tant  le  roi  et  tant  crut 
ses  afaires  que  il  fu  puis  uns  des  riches  homes  d'Engle- 
tierre;  petis  fu  de  cors,  mais  moult  fuvaillans;  puis 
tint-il  .vij.  contées  en  ses  mains.  En  ccl  point  que  li 
rois  se  parti  de  Winciestre,  boutèrent  foies  gens  le  feu 
en  la  cité;  si  en  arst  grans  partie  :  cel  feu  virent  }3ien 
chil  de  l'ost  Looys.  Lendemain  s'arma  Looys,   et  fist 
toutes  ses  gens  armer  et  ses  batailles  ordener  '  et  les 
fist  chevauchier  en  conroi;  si  s'en  ala  viers  Winciestre. 
Trop  vinrent  bielement  et  cointement  li  François  de- 
vant la  cité  de  Winciestre,  qui  jà  estoit'  arse  priés  de 
la  moitié;  en  ^  la  cité  ne  troverent  nul  defois,  ains  i 
entrèrent  tout  plainement  ;  mais  li  dui  castiel  se  tin- 
rent :  li  grans  castiaus  le  roi  et  li  castiaus  l'evesque, 
que  on  apieloit  Wosvesée^.  En  cel  liu  ^  estoit  Oliviers, 
uns  fils  le  roi  de  bas,  qui  escuiers  estoit  ^  Looys  com- 
manda à  l'avoé  de  Biethune  et  à  Bauduin  de  Bielvoir 
que  il  s'alassent  herbregier  en  la  ville  o  tout  lor  ba- 
taille por  garder  la  cité,  que  chil  des  castiaus  n'arsis- 
sent  chou  qui  remés  i  estoit  à  ardoir  ;  chil  fîsent  son 
commandement,  si  se  herbregierent  en  la  ville  o  tout 
lor  bataille  por  garder  la  cité  ',  ù  il  orent  puis  mainte 
ruiste  bataille  **  ;  mais  bien  i  sauvèrent  lor  hounour,  et 
moult  i  soufrirent  de  travail  et  de  paine. 

Looys  se  loga   devant  le  maistre  castiel ,  si  i  fist  ^ 

•  Ordena.  —  '  Qui  e.  —  '  A.  —  ^  Volvesée.  —  '  En  celui.  —  *  E. 
encore.  —  '  Ze.v  liuit  tnots  précédents  manquent  dans  le  ms.  S.- G. 
—  «  Saillie.   -  ^  Si  i. 


174  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

geter  ses  perrleres  et  ses  raangoiiniaus  à  la  tour  ;  bien 
i  sist  .XV.  jours.  Là  vinrent  à  sa  volenté  li  plus  haut 
home  et  li  plus  poissant  d'Engletierre  de  cels  qui  de- 
viers  le  roi  se  tenoient  ;  il  i  vint  Guillaumes  d'Engle- 
tierre  ',  li  cuens  de  Salesbieres,  qui  frères  estoit  au  roi, 
et  li  cuens  de  Warende ,  qui  cousins  germains  estoit 
al  roi ,  et  li  cuens  d'Arondiel  '  et  Guillaumes  ^  d'Au- 
bemarle,  qui  fu  fils  la  contesse  Hauwi ,  que  Bauduins 
de  Biethune  ot  espousée  :  chil  quatre  devinrent  home 
Looys,  et  li  pluiseur"^  autre  o  eus;  et  Looys  les  rechut 
à  homes  ,  et  lor  rendi  lor  tierres.  Puis  vint  SaA^aris  de 
Maulyon  en  l'ost  par  conduit,  si  osta  fors  del  castiel 
ses  chevaliers  que  il  mis  i   avoit,    et  fist  ansdeus  les 
castiaus  rendre  à  Looys  ;  puis  s'en  repaira  au  roi.  Quant 
Looys  ot  les  castiaus,  il  donna  la  cité  et  le  maistre 
castiel ,  qui  ot  esté  au  roi ,  au  conte  de  Naviers.  En 
cel  point  estoit  mrareschaus  de  l'ost  Adans  de  Biaumont, 
que  on  apieloit  en  sornon  Brostesinge  ;  mais  Guillaumes 
li  jouenes  mareschaus  vint  à  Looys  j  si  li  dist  que  la 
mareschaucie  devoit  iestre  ses  iretages,  si  voloit  que  il 
li  rendist.  Looys  li  rendi  comme  chil  qui  ne  l'osa  las- 
sier  ;  car  ,  s'il  ne  li  rendist ,  il  en  cuidast  pierdre  moult 
durement  les  cuers  as  Englois.  D'illuec  endroit  s'en 
ala  asseoir  .i.  castiel  vers  Portesmues,  que  on  apieloit 
Porceciestre  ^  ;  si  le  prist,  et  le  redonna  au  conte  de 
Naviers.  Puis  vint-il  asseoir  .i.  castiel  ^  que  on  apie- 
loit Odihem,  qui  seoit  en  uns  biaus  prés  et  pries  de  ^ 
bois ,  que  li  rois  fist  faire  por  lui  déporter.  A  cel  siège 

'  Longe-Espée.  —  '  D'Arondel.  —  '  G.  li  quens.  —  *  Et  p.  --  '  Por- 
cestre.  —  ®  Castelet.  —  '  De  biaus. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  175 

manda  Hues  de  Noeville,  qui  le  castiel  de  Merlebiege 
ot  en  garde,  h  Looys  que,  s'il  vololt  envoler  de  ses 
ciievallers  à  Merleblerge,  11 11  renderolt  le  castiel  et  la 
ville,  qui  moult  lert  bien  seans.  Looys  envola  ,  por  cel 
mandement,  Roblert  deDreues  vlers  Mîerleblerge;  si 
11  otrla  que  11  castlaus  fust  siens,  s'il  le  poolt  avoir. 
Gulllaumes  11  jouenes  mareschaus  clamolt  le  castiel  de 
Mlerleblerge ,  si  se  courecha  moult  de  cel  don.  Il  se 
parti  en  cel  point  de  l'ost,  si  s'en  ala  viers Gales;  mais 
clie  ne  fu  pas  par  maltalent,  ne  adont  ne  se  parti-il  pas 
del  service  Looys. 

Robiers  de  Dreues  s'en  ala  viers  Mierlebierge,  si 
enmena  o  lui  Engherran  '  de  Coucl  son  oncle  et  le 
conte  de  Roussi  et  Raoul  son  frère  "  et  Rauoul  d'Es- 
trces  et  pluisors  autres  chevaliers;  des  Artisiens  i 
mena-il  l'avoé  de  Bethune  et  le  castelain  d'Arras  et 
celui  ^  de  Lens  et  Bauduin  de  Blauvolr  et  Aalart  ^ 
de  Croisllles  et  les  deus  frères  de  Mètres  Boidin  et 
Malelin  et  pluisours  autres.  Bien  ot  .vi^'^.  chevaliers  en 
celé  chevaucle.  Tant  errèrent  que  il  a  Inrent  à  Mierle- 
berge;  mais  il  n'entrèrent  pas  el  castiel,  ains  trove- 
rent  les  portes  moult  bien  fremées,  et  bien  .xviij. 
chevaliers,  les  hyaumes  la  clés,  au  defors  ;  et  defors  la 
ville  coislrent-11  gens  à  cheval,  qui  del  bois  issoient  et 
entrolent  :  lors  cuidierent  bien  ke  Hues  de  Noeville 
les  euust  trahis,  si  ne  furent  pas  adont  del  tout  aalse  ne 
aseur  ^  Engherrans  ^  et  Robers  parlèrent  ensamble,  si 

■  Engon  an.  —  '  Et  R .  de  la  Tornele.  —  '  B.  et  le  castelain.  —  *  Beal- 
veoir  et  Alart.  —  ^  Ces  deux  mots  manquent  clans  le  ms.  S.-G.  —  "^  E. 
de  Couci. 


176  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  ^'ORMANDIE 

de-vlserent  que  il  retorneroient  taiitost  arrière  '  vers 
l'ostj  mais  puis  lor  aporta  lor  consaus  que  il  se  her- 
bregassent  en  la  ville  et  deniourassent  celé  nuit.  Il 
creirent  cel  consel,  si  se  lierbregierent  et  demourerent 
la  nuit  en  la  ville.  Lendemain  s'armèrent  et  montè- 
rent sor  lor  clievaus,  si  s'en  issirent  de  la  ville  et  s'en 
commencierent  à  repairier  :  si  comme  il  s'en  aloient, 
envoia  Hues  de  Noeville  à  eus;  si  manda  [à  Robert 
et  à  Engerran]  k'il  li  envoiassent  conduit  por  venir 
devant  eus,  et  il  lor  renderoit  le  castiel.  Il  i  *  envoiie- 
rent  Robiert  de  Poissi ,  qui  l'amena  devant  eus.  Lors 
le  ramenèrent^  en  la  ville ^  si  rendi  Hues  de  Noeville 
le  castiel  à  Robiert  de  Dreues.  Et  quant  che  vint  en- 
contre le  soir,  derechief  s'armèrent  et  issirent  de  la 
ville;  si  s'en  repairierent  en  l'ost;  mais  Robers  de 
Dreues  lassa  el  castiel  en  garnison  Jehan  de  Laisdaing  ^ 
et  .X.  chevaliers  o  lui.  Toute  celé  nuit  chevauclerent, 
si  revinrent  lendemain  en  l'ost.  Li  cuens  de  Hollande 
s'estoit  adont  partis  de  l'ost,  si  s'en  repairoit  viers  son 
païs;  il  avoit  la  crois,  si  voloit  atorner  son  afaire.  Si  ne 
targa  gaires  apriès  chou  que  li  castiaus  fu  pris;  et" 
Looys  s'en  r'ala  vers  Winciestre,  car  il  ot  .i.  parle- 
ment pris  entre  lui  et  le  légat  en  ces  parties  là  priés  de 
Winciestre;  Looys  i  envoia  de  ses  gens  qui  parlèrent 
à  lui  :  assés  i  ot  paroles  dites;  mais  la  pais  n'i  pot  ies- 
tre.  En  cel  liu  ù  Looys  ot  atendu  ses  homes  qui  au  par- 
lement furent  aie,  se  ^  parti  de  lui  Hues  Havès  et  grans 
partie  des   Artisiens,    ki  s'en  alerent^  grant  aleure 

'  A.  sans  aUendrc.  —  Ml  li.  —   '  Lors  retornerent.  —  "  Lcsdaing. 
—  '  Pj'is,  quo.  —  ''  F.,  se.  —  '  \indrent. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  177 

vers  '  Londres;  là  entrerent-il  en  mer  %  si  siglerent 
tant  aval  Tamise  qu'il  entrèrent  en  la  meràgrantjoie. 
En  la  mer  les  vinrent  li  Englois  assaillir  en  ^  lor  ba- 
tiaus;  mais  il  riens  ne  lor  porent  fom^faire ,  nins  furent 
moult  durement  rebouté  arrière,  etensi  s'en  revinrent 
en  lor  païs.  Apriès  cel  parlement  que  Looys  ot  eu  au 
legaut,  qui  Gales  estoit  apelés  (mais  je  le  vous  avoie 
oublié  à  dire),  s'en  vint-il  à  Londres;  mais  guaires  n'i 
demoura ,  ains  s'en  ala  assés  tost  apriès  asseoir  le  castiel 
de  Londres  L  II  laissa  le  conte  de  Naviers  et  Robiert 
de  Dreues  o  grant  chevalerie  à  Londres ,  qui ,  tost 
apriès  chou  que  il  se  fu  partis  d'eus ,  alerent  asseoir  le 
castiel  de  Wlndesores  :  longhement  i  furent;  mais  poi 
i  esploitierent.  Grant  paour  i  orenf,  si  comme  vos  orés 
chà  "^  avant.  Cil  del  castiel  lor  fiient  mainte  ruiste 
saillie;  deus  fois  cauperent  le  fleque  de  lor  perriere. 
Uns  chevaliers  d'Artois,  ki  estoit  apielés  Guillaumes  de 
Cerisi,  i  fu  ocis,  ki  assés  poi  fu  plains  de  maintes  gens; 
car  molt  estoit  haïs. 

Or  oiiés  avant  de  Looys,  ki  s'en  vint  à  Douvre  :  quant 
il  i  vint,  il  n'assist  pas  tantost  le  castiel,  ains  se  her- 
brega  au  cor  de  la  ville  en  une  prioré  ;  et  '  de  ses  gens 
se  herbreglerent  li  pluisor  en  la  ville  et  li  auquant  en 
lor  pavellons.  Là  se  parti  de  lui  li  cuens  de  Roussi  et 
Jehans  de  Monmirail  et  Hues  de  Rumegny  et  li  vis- 
cuens  de  Torainne  et  moult  d'autre  chevalier  :  dont 
mervelles  apetisa  li  os  adont.  Par  maintes  fois  issirent 
chil  del  castiel  fors  des  portes;  il  avoient  une  barba- 

'  A.  —  'Es  neis.  —  ^  Od.  —  ''De  Douvi-e.  —  ^  I  o.  puis.  —  *  O. 
bien  là.  —  '  H,  en  une  prioiie  qui  siet  au  c.  de  la  v. 

12 


178  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

caiic  defors  la  porte,  que  Pieres  de  Creon  '  ot  h  garder^ 
qui  estoil  close  de  m[ou]lt  boin  roulleis  de  caisne,  et  si  ot 
boiii  '  fossé  toutentour.  Pieres  de  Creon,  qui  la  porte  ot 
à  garder,  otensemeiit  à  garder  la  barbacane.  Devant  celé 
barbacane  venoient  souvent  cliil  dou  castiel  tout  armé, 
si  que  chil  de  l'ost  les  veoient  plainement.  Souvent  i 
aloient  traire  li  arbalestier  Looys.  Une  fois  i  ala  traire 
uns  arbalestriers  moult  preus,  que  on  apieloit  Perer- 
naut^;  si  les  aprocha  tant  qu'il  li  coururent  sus,  et  il  les 
atendi  ;  si  i  remest  pris ,  car  mauvaisement  fu  secourus. 
Et  tost  apriès  chou  s'en  ala  Looys  el  mont  o  toute  s'ost, 
si  assist  le  castiel  :  une  partie  de  ses  gens  fist  demourer 
en  la  ville  por  cels  dedens  del  tout  avironner,  et  en 
la  mer  refurent  ^  ses  nés;  et  ainsi  furent  chil  del  castiel 
de  toutes  pars  ^  enclos.  Lors  fist  Looys  drecier  ses  per- 
rieres  et  ses  mangouniaus  pour  jeter  à  la  porte  et  au 
mur;  si  fist  faire  .i.  castel  de  cloies  moult  haut,  et  un 
cat  por  mener  au  mur;  ses  mineours  fist  entrer  el 
fossé,  qui  minèrent  la  piere  et  la  tierre  desous  le 
roilleis.  Puis  les  fist  assaillir  as  chevaliers  de  l'ost;  si  fu 
tantost  la  barbacane  prise.  Uns  escuiers  que  on  apie- 
loit Huart''  Paon,  qui  la  baniere  l'avoé  de  Biethune 
portoit,  i  entra  premiers.  Pieres  de  Creon ,  qui  la  ba- 
taille '  dut  garder,  en  ot  tel  duel  que  onques  puis  ne 
fu  haitiés,  si  moru  tost  apriès.  Chil  Pieres  fu  fius  Meu- 
risse  de  Creon,  le  boin  chevalier.  Et  quant  li  rois 
Jehans  "  sot  les  nouvieles  dou  conte  de  Naviers  et  de 
Robiert  de  Dreues,  qui  à  poi  de  gent  avoient  assis  le^ 

'  Croon.  —  '  Et  boen.  —  '  Ernaiit.  —  ^  Pi'ot-il.  —  '  G.  dedeus 
Lout.   -  *"  Buart.  —  -  Barbacane.  —  *  R.  d'Engleterre.  —  »  Son. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  179 

castlel  de  Wiiulesores,  il  assambla  ses  gens,  si  s'en 
vint  à  Radinghes;  puis  passa  outre  et  vint  si  pries 
d'eus  que  il  cuidierent  bien  avoir  la  bataille.  Li  Galois 
vinrent  par  nuit  traire  en  l'ost,  si  lor  fisent  moult  grant 
paour.  Longhement  furent  armé  por  atendre  la  ba- 
taille; mais  il  ne  Forent  pas,  car  li  rois  se  traist  ar- 
rière je  ne  sai  pas  par  quel  consel,  et  à  tant  remest.  Puis 
vint  li  rois  d'Escoce  au  siège  de  Dovre,  por  faire  son 
houmage  à  Looys;  et  Looys  ala  encontre  lui  jusques  à 
Cantorbire ,  et  l'en  amena  en  l'ost  à  '  Douvre  h  grant 
joie.  Lendemain  fist  li  rois  son  houmage  à  Looys  de  la  * 
tierre  de  Loonois,  puis  s'en  repaira  en  son  païs;  et  li 
cuens  de  Naviers  le  convoia  jusques  outre  Cantebruges. 
Li  cuens  de  Naviers  ^,  qui  deviers  Looys  s'estoit  tour- 
nés, se  repenti  de  chou  que  il  ot  fait,  si  s'en  ala  au  roi 
d'Engletierre  et  li  cria  mierchi  ;  et  li  rois  li  pardonna 
son  mautalent  moult  boinement.  Devant  chou  que  li 
rois  d'Escoce  venist  à  Douvre,  estoit  arrivés  li  cuens 
del  Pierche,  qui  vint  au  siervice  Looys;  mais  je  le 
vous  avoie  oublié  à  dire.  Puis  arriva  li  cuens  de  Bre- 
taigne,  et  Robiers  ses  frères  s'en  ala  en  France.  Puis 
mist  Looys  ses  mineours  à  la  porte  ;  si  minèrent  tant 
que  une  des  tours  '^  caï,  dont  deus  i  avoit.  Lors  entra 
une  grans  partie  des  gens  Looys  ou  ^  castiel  ;  mais  cliil 
dedens  les  remisent  ""  hors  par  grant  vigour,  et  puis 
refremerent  là  endroit  ù  lor  murs  estoit  chaûs,  de 
grans  mairiens  et  de  grans  baus  travesains  et  de  grant 
roilleis  de  caisne.   Guichars  de  Biaugeu  '  m.oru  à  cel 

'  Devant.  —  '  Sa.  —  ^  D'Aubeniarle.  —  '*  Touretes.  —  '  Dedens  le. 
—  *  Misent.  —  '  Guicars  de  Biaiigin. 


180  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

siège,  si  fu  portés  enfouir  en  sa  tierre;  maisançois' 
moru  uns  chevaliers  de  Boulenois  qui  moult  fu  plains, 
Jehans  de  la  Rivière  ot  à  non;  chil  fu  autresi  aportés 
enfouir  en  Boulenois.  A  cel  siège  vinrent  les  nouvieles 
d'Innocent  l'apostole  de  Rome,  qu'il  estoit  mors  et  que 
li  nouviaus  apostoles  estoit  apielés  Honorés.  De  ces 
nouvieles  fuLooys  moult  liés.  Puis  vinrent  les  nouvieles 
de  l'empereour  Henri  de  Constantinoble  ,  qui  autresi 
estoit  mors  en  la  lierre  de  Roraenie,  en  lu  cité  de 
Salenyke.  Chil  empereres  Henris  fu  oncles  Looys  de 
par  sa  mère. 

Tant  sist  Looys  devant  le  castiel  de  Douvre  que 
trives  furent  prises  entre  lui  et  cels  dedens  :  dont  li 
rois  d'Engletierre  fu  moult  dolans  ^.  Assés  tost  apriès 
chou  que  il  ot  les  novieles  oies,  li  prist  maladie,  [et 
il  s'en  vint  od  toute  la  maladie  à  .i.  castiel  l'evesque 
de  Nicole ,  que  on  apieloit  Mevverc;  ]  si  ^  moru.  Si  fu 
portés  enfouir  à  la  cité  de  Winciestre  ^  en  la  mere- 
eglyse  ;  mais,  ancois  k'il  morust,  manda-il  à  Guil- 
laume le  mareschal ,  le  conte  de  Pembroc ,  que  il 
m.etoit  Henri  son  ainsné  fill  en  la  garde  Diu  et  en  la 
soie,  et  por  Diu  li  pria  qu'il  mesist  consel  en  son 
afaire,  et  Richart  son  puisné  dU  mist-il  en  la  garde 
Pieron  de  Manlay,  qui  le  castiel  del  Corf  ot  à  garder, 
ù  Alyenor  la  fille  le  conte  Jolï'roi  de  Bretaigne  estoit 
emprisonnée.  Chil  Pieres  de  Manlay  ot  esté  huissiers  le 
roi;  mais  puis  crut  tant  ses  afaires  que  il  fu  chevaliers 
et  connestables  [dou  castiel]  del  Corf,  et  si  poissans 
que  il  guerroia  al  conte  de  Salesbieres.  La  roine  re- 

'  A.  i.  —  '  Triés.  —  '  Là.  —  ^  Wilecestre. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  181 

mest  enchainte  d'une  fille  en  cel  point  que  li  rois 
morut. 

Henris,  li  ainsnés  fils  le  roi,  fu  fais  chevaliers  tost 
apriès  le  mort  le  père  ;  puis  fu  couronnés  à  roi ,  de! 
legaut.  Et  Guillaumes  li  mareschaus  fu  eslius  à  iestrc 
souvrains  baillius  del  règne;  Fouques  de  Breauté  ot  en 
garde  le  castiel  de  Norantonne  et  le  castiel  d'Ausyne- 
fort  et  Boukingehem  et  Herrefort  et  Bedefort  et  Clian- 
tebruge  et  toutes  les  contés  qui  apendent  à  ces  .\'i.  cas- 
tiaus,  et  deseure  tout  clie  ot-il  en  baillie  le  contée  de 
l'ille  de  Wic  de  par  sa  feme  :  ctie  furent  .vij.  contées 
qu'il  ot  en  ses  mains.  Robiers  de  Gaugi ,  qui  siergans 
estoit,  ot  en  garde  le  castiel  de  Mewerc  ;  Hues  de  Bail- 
luel  ot  en  garde  le  Noef-Castiel-sour-Tine  et  grant  par- 
tie de  la  tierre  sour  '  le  nort  ;  et  Pieres  de  Manlay  ot 
en  garde  le  castiel  del  Corf ,  si  comme  vous  avés  oï  ;  là 
fu  la  plus  grans  partie  del  trésor  le  roi.  Savaris  de  Mau- 
lyon  ot  en  garde  le  castiel  de  Bristou,  si  ot  ses  gens 
ens  mises  ;  il-meismes  fu  passés  en  Poitau  ains  que  lî 
rois  morust.  Engelars  d'Atliies  et  Andrius  de  Clian- 
ceaus  orent  en  garde  le  castiel  de  Windesores,  dont  li 
cuens  de  Naviers  estoit  partis  et  trais  arrière.  Hubiers' 
de  Bours  ot  en  garde  le  castiel  de  Douvre ,  si  comme 
je  vous  ai  piecha  dit.  Es  Wans  ot  .i.  siergant,  qui  par 
sa  proece  fu  moult  sires  des  Wandois;  chil  guerroia 
moult  puis  as  gens  Looys;  apielés  estoit  Willekins 
de  Kasingliehem  ;  mais  li  François  l'apeloient  Wille- 
kin  des  Wans,  qui  ne  sorent  noumer  Kasingehem. 
Molt  fu  puis  chil   renommés  en  l'ost  Looys.   Apriès 

'  Viers.  —  '  Wibiers. 


182  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

clie  '  couronnement  don  roi  Henri ,  ki  fu  couronnés 
en  l'an  de  l'Incarnation  .m.  et  .ij'".  et  .xvi.  et  qui  n'ot 
ke  .X.  ans  quant  on  le  couronna ,  se  traist  cascuns  des 
castelains  que  je  tous  ai  nommés  vers  les  castiaus  que 
il  ot  à  garder;  car  grant  doute  avoient  de  Looys,  qui 
se  parti  tost  de  Douvre  "  apriès  chou  que  la  trive  fu 
prise  entre  lui  et  cels  dedens ,  si  s'en  vint  à  Londres. 
Puis  passa  outre  ;  si  assist  le  castiel  de  Herefort ,  si 
le  prist  et  le  rendi  à  Robiert  le  fill  Gautier  cui  drois 
che  fu.  Puis  assist  le  castiel  de  Berkamestede ,  qui  ren- 
dus li  fu  ;  si  le  donna  à  Raoul  ^  Pioket.  Puis  prist  le 
castiel  de  Cloeciestre  et  celui  de  Dorefort  +  et  celui 
d'Ingehem  et  celui  del  Plasseis  et  Cantebruge  et  moult 
d'autres  fortereces.  Le  castel  d'Orefort  donna-il  à 
Gillon  de  Meleun,  et  Cantebruge  à  Symon  de  Poissi. 
Si  rendi  le  castiel  d'Ingehem  au  conte  Robiert  de  Ver, 
cui  che  devoit  estre,  et  le  Plasseis  au  conte  Guil- 
laume de  Mandeville.  La  cités  de  Norewis  li  fu  ren- 
* 

due,  et  la  cité  de  Nicole j  mais  li  castiaus  se  tint,  qui 
estoit  en  la  garde  d'une  dame  que  on  apieloit  ma  dame 
INichole,  qui  le  devoit  garder  par  iretage;  et  elle  le 
garda  moult  loiaument.  Puis  s'en  revint  Looys  à  Lon- 
dres, si  envoia  Huon  le  castelain  d'Arras  à  Nichole 
pour  garder  le  ^  pais ,  qui  le  garda  moult  vighereuse- 
ment  par  l'aie  des  Norois  ,  qui  souvent  estoient  o 
lui. 

En  cel  point  vinrent  novieles  à  Looys  de  Joffroi  de 
Say,  un  baron  d'Engletierre  qui  ot  en  garde  la  Rie, 

•  Le.  —  '  D.  Tost.  —  ^  A  Mol.  —  "  Colecestre  et  c.  d'Orefort 
—  ■  Cd. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  J83 

une  forte  maison  qui  siet  es  Wans  pries  de  Wiceneslel; 
si  l'a  volent  les  gens  le  roi  prise  par  engien  :  par  coi 
Looys  s'esmut;  si  s'en  ala  celé  part,  et  jut  en  son  aler 
en  '  un  castiel  le  conte  de  Warende  (jue  on  apieloit 
Leans".  Puis  passa  outre;  si  ne  vaut  aler  à  la  Rie,  por 
chou  que  il  doutoit  que  vitaille  ne  li  falist  ;  car  la  ville 
seoit  enmi  les  Wans,  qui  moult estoit  fors.  Si  ne  peust 
vitaille  venir  à  l'ost  por  les  Wandois.  11  s'en  vint  à  Win- 
chenel%  qui  boine  ville  estoit  et  assés  pries  de  la  Rie  : 
un  bracli  de  mer  ot  seulement  entre  deus,  ki  n'estoit  mie 
lés.  Li  bourgois  de  la  ville ,  quant  il  sorent  sa  venue,  ne 
l'atendirent  pas;  ainsbrisierent  toz  les  molins;  si  entrè- 
rent en  lor  nés  et  s'en  alerent  à  la  Rie  à  Phelippon  d'Au- 
begny,  qui  là  estoit  à  grant  plenté  de  nés  bien  garnies 
de  gens  armées,  comme  cliil  qui  la  mer  ot  à  garder  de 
par  le  roi.  Li  Wandois  orent  toz  les  pons  brisiés  et  toz 
les  passages  desfais,  si  comme  Looys  i  estoit^  passés  : 
moult  fu  dont  Looys  à  grant  meschief  ^  à  Wincenesel. 
Blé  trouverent-il  à  grant  plenté  ;  mais  il  ne  savoient 
comment  il  le  peuussent  maurre  '".  Longhement  fu- 
rent en  tel  destroit  et  que  il  lor  couvenoit  à  mains 
moeles  maurre  le  blé  dont  il  faisoient  le  pain^;  car  ne 
poisson  ne  porent-il  recouvrer.  Grosses  nois  trouvè- 
rent en  la  ville  :  clie  fu  lor  plus  haute  viande.  Souvent 
prendoient  trives  à  ceus  des  nés,  ki  moult  mauvaise- 
ment  lor  tenoient  :  teus  jors  fu  que  trois  fois  lor  bri- 
sierent  les  trives  que  donnés  lor  avoient,  souvent  ve- 
noient  à  meismes  de  la  tierre  traire  à  eus.  Quant  Looys 

'A.  —  '  Leaus.  —  ^  Vinceuel.  —  "*  L.  e.  —  '  IM.  une  grant  pièce, 
—  ^  C.  niolie.  —  '  Le  p.  qu'il  inangoient. 


184  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  INORMAINDIE 

vit  che,  il  envoia  ses  homes  '  à  pie,  qui  par  engien 
passèrent  les  Wans  à  Londres  et  as  castiaus  ù  si  che- 
valier estoient.  Si  lor  manda  que  il  le  secourussent; 
car  moult  estoit  à  grant  meschief,  et  moult  le  destrai- 
gnoient  li  Englois.  Guillaumes,  li  castelains  de  Saint- 
Omer,  et  Raous  Plokès  et  Hues  Tacons  et  Jehans  de 
Biaumont  et  pluisor  autre  chevalier,  quant  il  oïrent  les 
novieles,  s'aparellierent  d'aler  secourre  lorsegnour;  il 
n'osèrent  entrer  es  Wans  por  chou  que  il  estoient  ''  poi 
gent;  si  s'en  alerent  le  grant  chemin  de  Cantorbire.  Puis 
retornerent  arrière,  et^  s'en  revinrent  à  Roumeniel; 
d'illuec  envoierent-il  lor  messageus  en  Bouleignois  au 
prieus  del  Wast,  .i.  moine  de  Cluigny  qui  baillius  estoit 
de  Boulenois  de  par  Looys  ;  si  li  mandèrent  que  il  lor 
envoiast  toutes  les  nés  ke  il  poroit  avoir,  car  ^  Looys 
lor  sires  estoit  à  trop  grant  meschief  à  Wincenesel.  Li 
prieus  i  envoia  plus  de  .ij*=.  nés,  qui  toutes  prisent  port 
à  Douvre,  fors  une  seule,  qui  par  le  hardement  des  ma- 
ronniers  s'en  vint  à  Wincenesel,  ù  elle  fu  bien  venue  ; 
car  Looys  et  si  home  orent  grant  joie  des  nouvieles  que 
chil  qui  ens  vinrent  lor  aporterent ,  et  moult  prisie- 
rent  les  maronniers  qui  si  hardiement  vinrent. 

Chil  qui  à  Romenel  estoient,  quant  il  sorent  les 
novieles  de  lor  nés,  ki  arrivées  estoient  à  Douvre,  il 
tornerent^  celé  part  ù  il  cuidierent  entrer  es  nés  por 
aler  secourre  lor  segnour  ;  mais  il  ne  porent  por  le 
tempieste,  ki  commencha  moult  grans,  et  li  vens  lor 
venoit  droit  encontre  :  par  coi  il  lor  couvint  bien  se- 

'  S.  messages.  —  '  Qu'il  avoient.  —  '  P.  tornerent  à  destrc,  si. 
—  "  A.  cà.  —  '  S.  iilrrciU  tantost. 


KT  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  185 

jorner  .xv.  jors  à  grant  anui,  ains  qu'il  se  peuussent 
mouvoir  :  dont  il  furent  raoult  iric.  En  celé  qulnsaine 
soufrl  Looys  maint  grant  mescief ,  et  si  home  ense- 
ment;  car  vitaille  lor  failli  '.  Un  jor  prist  consel  que 
il  feroit.  Wistasses  li  Moines,  ki  là  estoit,  li  dist  : 
(f  Sire,  se  tous  faisiés  garnir  une  galie,  qui  en  ceste 
ville  est  molt  boine  et  que  je  bien  connois,  car  elle 
fu  jà  moie,  vos  en  poriés  moult  destraindre  lor  nés. 
En  ceste  ville  a  grans  nés,  que  nos  avons  gaegnies;  si 
ferai,  se  vos  le  loés,  en  une  des  plus  grans  un  castiel 
faire  si  grant  et  si  mervelleus  que  toutes  les  gens  le 
regarderont  à  mervelle,  et  celle  nef  trahinera-on  à 
batiaus  après  la  galie  por  li  garder.  »  Looys  dist  que  il 
le  looit  bien  et  que  clie  li  sarabloit  biens  ""  à  faire.  Lors 
fist  Wistasses  li  Moines  commencier  le  castiel  sor  la 
nef  si  grant  ke  tôt  le  regardoient  à  mervelles  ,  car  il 
passoit  de  grant  ^  masse  toz  les  bors  de  la  nef  de  cascune 
part.  Puist  fist  drecier  une  perriere  en  une  autre  grant 
nef  por  jeter  à  lor  nés,  et  celé  nés  siuoit  adiès  la  nef  ù 
li  castiaus  estoit  fais.  Sour  le  rivage  ot  Looys  fait  dre- 
cier .ij.  perrieres,  qui  jetoient  priés  outre  le  bras 
apriès  lor  nés,  dont  il  les  destraignoit  moult  ^.  Ançois 
que  li  castiaus  fust  parfais,  sorent  li  Englois  la  devise 
Wistasse  le  Moigne  par  ne  sai  quelle  aventure;  si  s'en 
vinrent  .i.  soir  o  lor  nés  devant  la  ville  ,  si  emblerent 
le  galie  et  le  depecierent  toute  voiant  "  les  ielx  as  Fran- 
çois ,  cjiii  moult  en  orent  grant  ire.  Looys  [,  qui  moult 
fu  iriés,]  demanda  au  visconte  de  Meleun  comment 
chou  estoit  que   la  galie  avoit  esté  si  mauvaisement 

'  F.  trop  durt>nierit.  —  -  Boen.  —  '  P.  g.   -  *  Auques.  —  '  Devant. 


186  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  INORMANDIE 

gardée  et  por  coi  il  i  aA'oit  mis  si  povre  gait.  «Par 
mon  chief!  distli  viscuens,  vostre  home  sont  si  affamé 
que  je  ne  truis  qui  gaitier  yoelle,  ne  anuit  ne  trouverés- 
vous  '  pas  quatre  chevaliers  qui  gaitier  voellent'.» 
Looys  respondi  que  il  gaitera  ançois  il-meisraes  que 
on  ne  gait.  Lors  commencha  moult  durement  à  ten- 
cier  au  visconte;  et  Wistasses  de  Noeville ,  li  fils  au 
boin  chevalier ,  et  qui  meismes  estoit  moult  vaillans 
chevaliers  '\  dist  à  Looys  :  «  Sire,  li  viscuens  ne  set  que 
il  dist,  qui  dist  que  vous  ne  trouvères  pas  .iiij.  cheva- 
liers qui  voellent  gaitier  por  vous;  si  ferés  .xl.»  —  «Par 
mon  chief î  [dist  li  visquens,]  me  sire  Wistasse,  si 
fach.  Jou  sai  bien  que  je  di  :  non  fera  :  il  ne  les  tro- 
vera  pas.»  —  (cPar  mon  chief!  dist  me  sire  Wistasses, 
sire  viscuens,  si  fera.»  —  «Me  sire  Wistasse,  dist  li 
viscuens,  querés-les  dont;  car  jou  ne  les  puis  trouver.» 
—  a  Volentiers ,  dist  me  sire  Wistasses;  je  ^  gaiterai 
o  .xl.  chevaliers  anuit  mais  et  demain  au  soir  ^  et  tant 
comme  lui  plaira ,  et  si  ne  convenra  pas  lui-meismes 
gaitier.  »  Lors  se  parti  Wistasses  de  Looys;  si  s'en  vint 
à  son  liostel  et  semonst  toz  ses  amis  et  s'arma  ,  et  puis 
vint  devant  l'ostel  Looys  o  bien  .xl.  chevaliers,  et 
gaita  celé  nuit  moult  honnerablement  :  dont  Looys  li 
sot  moult  boin  gré.  Lendemain  vint  li  secours  de  de- 
viers  Douvre  moult  bielement  et  moult  cointement. 
Raous  Plokès  et  Jehans  de  Biaumont  vinrent  devant  o 
lor  nés;  les  nés  des  Englois  les  atendirent  de  si  priés 
que  il  cuidierent  bien  avoir  la  bataille.  Une  coge  vint 

■  Ne  Uova-il.  —  '  Volsissent.  —  '  Bacelers.  —  ''  Dist  Ustasces  :  Jou 
meismes.  —  *  S.  aiitresi. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  187 

vers  eus,   ki  grant  samblant   fist  d'assambler ;   mais 
quant  elle  fu  sour  l'eur  del  assambler,  elle  guenci  ar- 
rière si  durement  tout  à  un  fais  k'ele  couru  par  ml 
.i.  lonc  batiel,  si  k'ele  l'esfondra  et  noia  tous  cels  qui 
dedens  estoient,  si  que  onques  puis  n'en  fu  uns  seus 
veus.  De  celé  chose  furent  li  François  moult  lié.  Les 
nés  des  Englois  se  traisent  arrière  ;   mais   che  ne  fu 
gaires  loing ,  et  li  estores  arriva  toz  ensamble  à  Win- 
cenesel  :  dont  Looys  ot  grant  joie  et  tôt  si  home  ense- 
ment.  Puis  entra  Looys  o  toutes  ses  gens  es  nés  ;  si  s'en 
ala  h  la  Rie,  et  le  prist  tantost ,  et  le  trova  moult  bien 
garnie  de  vins  et  de  viandes ,  dont  ses  gens  orent  grant 
mestier.   Puis  s'aparella  de  mer  passer  pom-  aler  en 
France,  si   laissa  Engherran  de  Couci  son  neveu  en 
Engletierre  [por  garder  la  terre],  et  li  commanda  que 
il  alast  à  Londres  et  gardast  la  cité,  ne  por  riens  ne 
s'en  meust  ' .  A  la  Rie  laissa-il  en  garnison  Bauduin  de 
Corbuel,   qui  de  France  estoit  nouvielement  venus 
en  ces  nés  que  li  prieus   de''  Wast  ot  envoies.  Puis 
passa  mer,  et  vint  en  France  et  1  demoura  jusques 
apriès  la  Pasque;  mais  onques  à  son  père  n'i  parla. 

En  celé  demeure  que  Looys  fist  en  France  empira 
moult  sa  besoigne  ^  en  Engletierre;  car  Guillaumes 
Longhe-Espée,  li  cuens  de  Salesbieres,  se  torna  en- 
contic  lui  deviers  lejouene  roi  son  neveu,  et  Guillaumes 
li  ^  maressaus  et  pluiseur  autre.  Puis  chevauchierent 
moult  li^  Englois  par  la  tierre,  et  assisent  moult  de 
castiaus^  et  prisent;  il  prisent  Fernehem  et  Odihem  et 

'  Partesist.  —  '  Del.  —  '  Ses  afaires.  —  '•  Li  jouencs.  -  '  C  li. 
—  «  A.  c. 


188  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

autres  foitereces.  En  Fernehem  fu  pris  Ponces  de 
Biaiimès,  uns  cheyaliers  d'Artois  ;  si  le  lîst  li  evesques 
de  Winciestre  jeter  en  sa  prison ,  ù  il  li  fist  soufrir 
moult  de  maus.  Fouques  de  Breauté  chevaucha  sour 
l'ille  de  Lisy ';  si  le  prist,  et  Adan  de  Nuelli  '  dedens, 
•  i.  siergant  Looys,  qui  moult  estoit  preus  et  vaillans; 
baillius  ot  esté  de  Saint-Omer  et  d'Aire  et  moult  bien 
de  Looys;  car  moult  l'ot  bien  servi  en  Engletierre.  Et 
quant  Looys  sot  ces  nouvieles  en  France,  ù  il  estoit, 
il  n'en  fu  mie  liés.  Deviers  le  tans  ^  de  Pasques  seretraist 
vers  Kalais;  mais  poi  mena  chevaliers  o  lui.  Un  tre- 
buket  fist  porter  :  dont  grans  parole  fu ,  car  à  cel  tans 
en  avoit-on  poi  veus  en  France.  Le  venredi  devant  le 
jour  "  de  Pasques ,  au  soir,  fist  Looys  ses  chevaus  eschi- 
per,  et  il-meismes  entra  en  mer  .i.  poi  devant  le  jour 
o  ses  nés.  Les  plus  haus  homes  qui  o  lui  passèrent 
vous  sai-je  bien  nommer  :  il  i  passa  li  cuens  de  Bre- 
taigne  et  Robiers  de  Dreues ,  ses  frères ,  et  li  cuens  del 
Pierce  et  li  cuens  de  Gisnes  et  li  avoués  de  Biethune  et 
li  senescaus  de  Flandres ,  que  on  apieloit  ïïellin  de 
W'averin,  et  li  castelains  de  Biaumès  ^  et  Guillaumes  de 
Fiennes  '  et  Hues  de  Mal-Aunoi  ^  et  Raous  Plonkès  et 
Raous  d'Estrées  et  li  viscuens  de  Meleun  et  Adans  de 
Biaumont  et  Jehans  d'Oisy  ^  et  Florens  de  Hangest  et 
Guis  de  Merainville,  li  fils  Ourson  le  cambrelenc,  et 
pluisour  autre  que  je  ne  sai  pas  toz  nommer;  mais 
sour  tout  '°  n'i  avoit-il  gaires  plus  de  .vij".  chevaliers. 

■  De  Beaumeis,  uns  bacelers  de  Beaunieis.  —  '  D'Ely.  —  '  De  Niilli. 

—  *  Devant  le  mois.  —  '  Le  mois.  —  '  Beaumeis.  —  '  De  Fienles. 

—  *  De  Mal-Ausnoi.  —  »  D'Oisni.  —  '°  Entre  tous. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  189 

Lendemain  au  senraedi  orent-il  boln  vent  et  ausi  ' 
cole  mer,  que  il  aloient  autresi  seriement  comme  se  il 
fussent  en  .i.  estanc.  Ensi  s'en  vinrent-il  syglant  si 
priés  de  Douvre  que  il  coisirent  lor  loges  tout  plaine- 
ment ,  qui  encore  estoient  droites. 

En  cel  point  vint  à  Douvre  Oliviers ,  li  fils  le  roi 
Jehan  de  bas,  et  VVillekins  de  ^  Wans,  o  lui  ^  grant 
gent  ;  si  ocisent  une  partie  de  cels  qui  les  loges  gar- 
doient.  Puis  boutèrent  le  feu  es  loges,  si  furent  assës 
tost  arses.  Et  quant  Looys  et  ses  gens ,  qui  par  la  mer 
venoient  syglant,  coisirent  les  fumées  des  loges,  il 
n'osèrent  arriver  à  Douvre  por  cels  dou  païs  ^,  qui  tout 
plaineraent  pooient  ^  traire  es  nés  por  la  hautece  des 
faloises.  Il  guencirent  vers  diestre,  si  arrivèrent  à 
Sauwis  et  se  herbregierent  par  la  ville.  Lendemain 
arriva  li  cuens  de  Naviers  a  poi  de  gent.  Puis  monta 
Looys,  si  s'en  vint  à  Douvre  et  se  herbrega  en  la  prioré; 
là  sot-il  les  voires  nouvieles  del  jouene  roi  et  de  ses 
gens  ^,  qui  avoient  assis  quatre  de  s«s  castiaus  [tout 
ensamble]  :  celui  de  Winciestre  et  celui  de  Sushan- 
tonne  et  celui  de  Mierlebierge  et  celui  de  Monsoriel , 
qui  estoit  castiaus  au  conte  de  Winciestre.  Pour  ces 
nouvieles  fist  tant  Looys  à  Hubiert  de  Bours  que  les 
trives  furent  alongiesj  puis  s'en  revint  à  Sauwis,  si 
retint  o  soi  de  ses  mellors  chevaliers  et  de  ses  '  mellours 
maronniers;  et  les  autres  en  lassa  aler  es  nés,  que  il 
toutes  renvoia.  Cel  jor  meismes  vint  à  Cantorbire  et 

'  Si  b.  V.  et  si.  —  '  Des.  —  ^  Od  lui  od.  —  ''  De  la  terre.  —  *  Por- 
roient.  —  ^  N.  des  gens  le  j.  roi.  —  '  Ces  cinq  mots  manquent  dans 
le  ms.  S.- G. 


190  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

s'i  herbrega  la  nuit.  Lendemain  par  matin  s'en  ala 
grant  alem^e  vers  Winciestre,  si  ala  jesir  à  mie  abbeye 
de  nonnains,  que  on  apieloit  Meaulinges.  Cel  jor  vin- 
rent encontre  lui  li  cuens  de  Winciestre  et  Guillaumes 
de  Dingefuell  '  et  maistre  Symons  de  Longcthone  et 
pluisor  autre  Englois.  Lendemain,  au  mierkedi,  refist 
Looys  grant  jornée,  car  il  ala  de  Miaulinges  jusques  à 
Geudefort;  mais  li  carois  n'i  pot  pas  venir,  ainsdemora 
à  Régate  la  nuit,  et  Gerars  li  ^  Truie,  avoec  cui  l'arriere- 
garde  estoit.  Cel  jour  vint  Engherrans  de  Couci  et  li 
plus  des  autres  chevaliers,  qui  à  Londres  orent  esté  en 
garnison,  encontre  Looys.  Lendemain  au  joesdi  vint 
Looys  à  Fernehem  %  que  il  trova  garni  encontre  lui. 
Cel  jor  sot-il  les  nouvieles  que  li  castiaus  de  Wincies- 
tre estoit  pris;  et  chil  de  Sushantonne  et  chil  de  Mier- 
lebierge;  mais  chil  de  Monsoriel  se  tenoit  encore.  Et 
quant  Looys  vint  à  Fernehem,  il  fîst  assaillir  le  castiel, 
si  fu  tost  ^  li  premiers  bailes  pris;  mais  li  castiaus  n'ot 
garde.  Cel  jor  vint  li  carois^  et  lendemain  vint  li  cuens 
de  Winciestre  à  Looys  o  grant  chevalerie  d'Englois  ^  ; 
si  li  requist  que  il  li  baillast  de  ses  chevaliers,  pour  aler 
son  castiel  secourre  de  Monsoriel.  Looys,  qui  escondire 
ne  li  pot  ^,  fist  aler  o  lui  le  conte  del  Pierce  et  Symon 
de  Poissi  et  Huon  de  Ruet  '  et  Huon  Cieret  ^  et  Guil- 
laume de  Fiennes  ^  et  les  deus  frères  Ansiel  '°  et  Bau- 
duin   de  Biethune   et    un   chevalier  "  qui   fu  fils  le 

'  De  Dinguefueil.  —  '  La.  —  ^  Frenehem.  —  *  Tantost.  —  '^  O.... 
d'E.  manquent  dans  le  ms.  S. -G.  —  ^  Osa.  —  '  Del  Roet.  —  ^  Chie- 
ret.  —  'De  Fienles.  —  '"Des  Ansiel  et  Bauduin.  —  "  Bietimc,  .i. 
baceler. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  191 

conte  '  d'Aubemalle,  le  boin  chevalier.  L'avoé  de  Bie- 
thuiie  1  vaut-il  faire  aler ,  si  li  manda  que  il  venist  à  lui 
parler;  et  li  avoés  i  vint';  si  amena  o  lui  Gillehiert 
(leCopegni,  un  sien  chevalier  qui  moult  li  desloa  celé 
voie.  Li  avoés  l'encrei  legierement,  qui  pas  n'estoit  à 
celé  fois  de  l'aler  aaisiés  :  chou  pesa  lui;  car  volen- 
tiers  i  fustalés,  se  il  peuust,  comme  chil  qui  volen- 
tiers  servoit  Looys.  Quant  il  vit  Looys  %  Looys  li  re- 
quist  que  il  alast  en  celé  voie;  et  il  dist  que  il  ne 
poroit.  Puis  en  requist  le  senescal  de  Flandres  et  Huon 
Tacon,  qui  autresi  n'i  porenf^  aler;  car  il  n'en  estoient 
pas  aaisié". 

Lendemain  ^  par  matin  se  parti  li  cuens  de  Win- 
ciestre  de  Looys  o  grant  chevalerie  d'Englois  ;  et  de 
cels  d'outre  la  mer  i  mena-il  jusquesà  .Ixx.  chevaliers, 
que  Looys  li  ot  bailliés;  si  s'en  vint  à  Monsoriel  et 
dessega  le  castiel.  Et  Looys,  cel  jor  raeismes  que  li 
cuens  de  Winciestre  se  parti  de  lui ,  se  parti-il  ense- 
ment  de  Fernehem ,  et  s'en  ala  vers  Winciestre  ;  si 
commanda  à  l'avoé  de  Biethune  et  au  senescal  de 
Flandres  que  il  fesissent  l'arriere-garde,  et  il  si  firent; 
si  reçurent  o  eus  Huon  Tacon  et  Gerart  le  Truie  et 
Florent  de  Hangest.  Li  avoés  de  Biethune  reçut  o  soi 
trois  chevaliers  de  sa  tierre,  qui  à  Londres  orent  esté 
en  garnison  par  sa  proiere  :  che  fu  Wistasses  de  Hersin 
et  Jehans  de  Paska'  et  Jehans  de  Nue.  Chil  de  Winde- 
sores  les  poursiuirent  le  jor;  mais  il  n'osèrent  assam- 
bler  à  eus,  ne  si  pries  aprochier  que  chil  de  l'arriere- 

■  Le  c.  Bauduin.  —  '  I  ala.  —  '  Q.  il  viat  à  cort.  —  *  N'i  voldrenl 
pas.  —  '  INe  porent.  —  '  Le  dieniainne,  —  '  De  Paschau. 


192  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

garde  les  peuussent  veoir;  Il  "  s'en  vinrent  tout  sauve- 
nient  à  Winciestre.  Li  escuier  des  François,  qui  la 
matinée  alerent  avant  por  les  osteus  prendre,  trove- 
rent  des  gens  le  jouene  roi  encore  en  la  ville,  qui 
moult  laidement  s'en  fuirent,  quant  il  les  virent  °. 
Quant  Looys  vint  à  Winciestre,  il  trova  grant  partie 
del  mur  [del  chastel]  abatu  par  les  "  mineours.  Li 
cuens  de  Naviers ,  à  cui  Looys  l'ot  donnée,  le  fîst  tan- 
tost  refaire  au  mius  qu'il  pot;  par  tout  as  pietruis  del 
mur  fist  mètre  grans  palis  de  kaisne,  et  les  fossés 
fist  reparer  chou  qu'il  pot.  Por  cel  ouvrage  demoura 
Looys  en  la  ville  très  le  dyemence  dusques  au  joesdi , 
que  il  fu  jors  de  l'Assention.  Puis  s'en  parti,  si  s'en 
repaira  viers  Londres;  et  li  cuens  de  Naviers  mist  sa 
garnison  dedens  le  castiel.  Si  comme  il  s'en  aloient, 
leur  vinrent  nouvieles  de  cels  de  Douvres,  qui  tenoient 
mauvaisement  les  trives  ;  car  les  gens  Looys  qui  devers 
France  venoient  apriès  lui  et  qui  varrent  arriver  à 
Douvre,  furent  cachié  arrière  et  en  i  ot  d'ocis.  Li  ma- 
reschaus  le  conte  de  Naviers  fu  meismes  priés  ocis; 
mais  Hubiers  de  Bours  les  garanti  à  grant  force.  Por 
ces  novieles  ne  demoura  Looys  à  Londres  que  deus 
nuis,  ains  passa  outre  et  s'en  ala  à  Douvre  et  assist  le 
castiel.  Le  venredi  devant  le  Pentecouste  se  loga  sour 
le  mont  devant  le  castiel;  si  fîst  drecliier  lor  trebouket, 
qui  assés  lor  fist  poi  de  mal.  Lors  commencierent  moult 
durement  à  faire  maisons  par  tout.  Lendemain,  qu'il 
se  logierent,  fu  la  velle  de  la  Pentecouste;  cel  jor 
meismes  vinrent  bien  .xl.  ^  nés  des  gens  Looys  devant  la 

■  Issi.  —  '  Q.  il  i  vindrent.  —  '  Ses.  —  *  .Ix. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  193 

ville,  qui  totes  vaurrent  arriver;  mais  la  mersfu  grosse, 
et  li  veus  ^raiis,  qui  lor  vint  encontre;  si  les  enchaça 
arrière  à  Kalais  toutes  ensemble,  fors  seulement  .v. 
qui  arrivèrent  toutes   ensamble  '  à  grant  force.   Le 
lundi  apriès  s'en  revinrent  les  nés  qui  à  Kalais  estoient 
repairies,   si   s'en    vinrent  syglant  viers  Douvre  ;    si 
comme  elles  s'en  venoient,  Phelippes  d'Aubegni  et 
Nicoles  Ilaringos  en  vinrent  de  devers  Roumeniel  '^  o 
bien  .iiij''*.  nés,  que  grandes  que  petites;  [si  lor  alerent 
encontre]  et  bien  orent  .xx.  grans  nés  toutes  batellies 
et  apparellies  ^  por  combatre.  Les  gens  Looys,   qui 
petites  nés  avoient,  ne  les  osèrent  atendre,  ains  s'en 
fuirent  arrière  viers  Kalais;  mais  .xxvij.  nés  i  ot  ki  si 
avant  estoient  venues  qu'eles  ne  porent  retorner,  ains 
les  convint  avant  venir  à  ^  force  et  mètre  en  aventure. 
De  ces  .xxvij.  nés  furent  prises  les  .viij.,  et  les  .xix. 
escliaperent  à  grant  paour.  Li  maronnier  et  li  sier- 
gantki  furent  pris  es  -viij.  nés  furent  tantost  tout  ocis, 
et  li  chevalier  furent  jeté  en  prison  èssantines  des  nés, 
ù  il  orent  assés  de  mal.  Li  Englois  jetèrent  puis  lor 
ancres  devant  le  castiel  et  i  demourerent  tout  coi ,  et 
gardèrent  la  ville  ^,    que  vitaille  ne  nus  secours  n'i  ^ 
peuust  venir  à  Looys  par  la  mer.  Puis  envoia  Looys 
une  partie  de  ses  gens  ardoir  Hées  et  Romeniel,  et  li 
Wandois  les  assaillirent;  mais  desconfi  furent. 

Ne  '  vous  voell  ore  plus  dire  de  Looys  ,  si  vous 
aurai  dit  que  chil  devinrent  ki  à  Monsoriel  alerent  ; 
bien  avés  oï  qu'il  le  dessegierent.  En  cel  point  qu'il 

'  T.  e.  manquent  dans  le  ms  S.-G.  —  '  Ronienel.  —  '  Et  moult 
bien  alornées.  —  ^  Y.  avant  par.  —  ''  La  mer.  —  ®  Ne.  —  '  Se. 

i5 


194  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

i  sejornoient   et  que  li  cuens  faisoit   raparellier  "   sa 
forterece ,  qui  emplrie  estoit   par  les  maiigouniaus , 
vint  à  eus  Hues  li  castelains  d'Arras,  qui  le  castiel  de 
Nicole  avoit  assis  o  les  Norois  ;  si  lor  requist  que  il 
yenissent  o  lui  jusques  devant  le  castiel  ;  car,   s'il  i 
venoient ,    chil  *  ne  se  poroient  pas  longhement  te- 
nir; car  il  estoit  sour  Teur  dou  prendre,  et,  s'il  estoit 
pris ,  bien  seuussent-il  que  moult  en  seroit  avancie 
la  besoigne  Looys  :  auquant  s'i  acorderent  et  auquant 
lie    s'i  vaurrent  acorder.    En  la   fin  s'acorderent-il 
tout  d'aler  i;  puis  s'esmurent  tout  ensamble,  si  s'en 
alerent  à  Nicliole  et    se   herbregierent   par  la  ville. 
Guillaumes  li  mareschaus ,  li  cuens  de  Pembroc,  qui 
maistres  baillius  estoit  del  règne,  et  Guillaumes  ses 
fils  et  li  cuens  d'Eciestre  et  li  cuens  de  Salesbieres  et  li 
cuens  de  Ferrieres  et  Fouques  de  Breauté  et  Robiers  de 
Gaugi  et  tout  li  baron  qui  deviers  le  jouene  roi  se  te- 
noient  et  qui  en  cel  pais  estoient ,  quant  il  sorent  celé 
nouviele,  il  s'assamblerent  de  toutes  pars  et  mandè- 
rent toutes  les  garnisons;  si  s'en  alerent  viers  Nicliole 
apriès  les  gens  Looys.  La  velle  de  la  Pentecouste^  se 
combatirent  à  eus  et  prisent  la  ville  par  force  sour  eus 
et  les  desconfirent.  Là  fu  ocis  li  cuens  del  Pierclie,  et 
li  cuens  de  Winciestre  fu  pris  et  Robiers  ses  fils,  ki 
moult  fu  biaus  bacelers,  et  Robiers  li  fils  Gautier  et 
Guillaumes  de  Dodinfuell  '^  et  Gillebiers  de  Clare  et 
Guillaumes  de  Molbrai  et  priés  tout  li  haut  home  des 
Englois  \  moult  en  eschapa  petit.  De  cels  d'outre  mer 

'  Li  quens  de  Wincestre  f.   ratorner.  —  "  11.  —  ^  De  la  Trinité.  — 
"  Et  G.  (rOdiu-eefuel. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  195 

n'en  eschaperent  que  troi  haut  home  :  de  ces  trois  fu 
li  uns  Symons  de  Poissi ,  et  li  autres  Heues  li  castelains 
d'Arras,  et  li  tiers  Wistasses  de  Merlingehem,  qui  con- 
nestables  estoit  de  Boulenois.  Hues  Cieres  fu  pris  ;  mais 
tantost  fu  délivrés  par  l'aie  de  ses  amis  k'il  avoit  en 
l'ost.  Des  Englois  eschapa  li  cuens  Guillaumes  de  Man- 
deville  et  li  connestables  de  Ciestre  et  je  ne  sai  quant 
autre;  mais  che  fu  poi.  En  cel  point  fu  li  legas  priés 
d'illuec,  qui  moult  fu  liés  de  celé  aventure.  Puis  pri- 
sent jour  d'iestre  à  Ausinefort  tout  ensamble,  et  d'il- 
luec s'en  iroient  viers  Londres,  che  disoient-il.  Chil 
qui  eschaperent  s'en  alerent  fuiant  jusques  à  Londres; 
moult  furent  lié  quant  il  i  vinrent.  Celé  nouviele  vint 
à  Looys  au  siège  de  Douvre,  là  ù  il  estoit,  le  joesdi 
apriès  le  Pentecouste.  Lors  prist  consel  à  ses  gens 
ke  il  feroit  :  tout  s'acorderent  ke  il  s'en  alast  à  Lon- 
dres et  mandast  secors  en  France.  Lors  fîst  abatre  son 
trebucet  et  s'en  apparella  '  d'aler.  Puis  li  aporta  ses 
consens  '  que  il  demourast  jusques  au  dyemence  et  le 
dyemence  toute  jour,  por  savoir  se  il  oroit  aucunes 
nouvieles.  Ensi  demoura  par  cel  consel  jusques  au 
diemence  toz  cois. 

Le  dyemence  fist  moult  cler  en  la  mer  ;  lors  regar- 
dèrent viers  Kalais,  si  coisirent  moult  de  nés  qui  les 
voiles  avoient  drecies  :  dont  il  furent  moult  esbaudi. 
Lendemain,  au  lundi,  vinrent  les  ^  nés  syglant  par  la 
mer  moult  bielement  ;  si  en  i  avoit  bien  .vi''''.  ;  mais 
tout  estoient  sergant  u  marcheant  u  maronnier  :  des 
chevaliers  n'i  ot  que  .xviij.  En  une  des  plus  grans 

'  Et  s'a.  comme.  —  '  Consaus.  —  '  Ces. 


190  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

nés  estoit  Wistasses  de  Noeville  et  Wistasses  de  Lens 
()  lui ,  11  oncles  au  castelaln,  et  autre  chevalier.  Ll  En- 
p;lois  qui  es  nés  estoieut,  quant  11  virent  venir  l'estore, 
11  levèrent  lor  voiles  et  s'en  alerent  en  haute  mer.  Wis- 
tasses de  Noeville  et  11  autre  qui  es  nés  estoient,  les  com- 
menclerent  à  chacler  ;  assés  les  caclerent,  mais  pas  ne 
les  porent  ataindre.  Et  quant  11  '  virent  que  11  acon- 
slulr  ne  les  porolent ,  11  guenclrent  arilere  et  s'en  re- 
palrlerent  vlers  Douvre.  Quant  11  Englols  les  virent 
guencir,  il  guenclrent  autresi  et  se  ferlrent  en  la  coue 
de  l'estore;  si  1  prisent  .vllj.  nés,  et  les  autres  arrive- 
lent  toutes  ensamble  h  Douvre ,  et  Looys  vint  encon- 
tre sour  le  gravier;  et  quant  11  vit  que  si  povres  se- 
cours 11  venolt ,  moult  fu  irlés.  Cel  soir  prlst  consel 
({ue  il  lendemain  s'en  iroit  vers  Londres.  Le  soir  fist 
faire  ses  letres ,  et  lendemain  renvoia  toutes  ses  nés 
arrière  et  Gulon  d'Athies  et  mi  sien  clerc  '  kl  malstres 
cancellers  estoit,  qui  ses  lettres  porta  à  son  père  et  as 
autres  haus  homes ,  à  cul  11  manda  secours.  Puis  arst 
toutes  les  nés  qui  sour  tierre  estoient  ^  devant  le  ha- 
vene ,  si  s'en  ala  jesir  à  Cantorblre.  Le  premier  jour 
de  jung  vint  à  Londres,  si  fu  recheus  k  grant  pourcies- 
slon  ^  ;  puis  se  herbrega  en  la  maison  l'evesque  et  ses 
gens  se  herbreglerent  par  la  ville.  De  l'autre  part  vin- 
rent 11  Englois  o  toute  lor  ost  à  Wlndesores;  puis  pas- 
sèrent outre  jusques  à  Estanes  et  jusques  à  Clertesée  '; 
si  se  herbregierent  pai^  le  pais  tout  seurement ,  car 
bien  pensèrent  que  Looys  ne  ses  gens,  qui  poi  creolent 

'  Il  clioii.  —  '  D'A.   eus,  uns  siens  clers.  —  ^  Seoit-nt.  —  '  A  p. 
—  ''  Ccrleséf. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  197 

les  bourgois  de  Londres ,  n'oseroient  la  cite  seule  lais- 
sier. 

En  che  point  arriva  en  Engletierre  li  archcACsques 
de  Sur,  (pii  d'outre  mer  estoit  Aenus  por  sermonner 
en  France.  Quant  il  oï  parler  de  celé  guerre ,  il  passa 
mer  et  vint  en  Engletierre  por  pais  faire,  se  il  peuust; 
o  lui  passèrent  .iij.  abbé  de  la  grise  ordene  :  che  fu 
chil  de  Clervaus  '  et  cil  de  Cistiaus  et  de  Pontegny. 
Chil  quatre  vinrent  à  Londres;  si  parlèrent  à  Looys, 
et  puis  parlèrent  à  cels  de  l'ost  :  tant  firent  que  plui- 
sours  parlemens  jousterent,  ù  les  gens  Looys  parlèrent 
as  gens  le  jouene  roi  ;  mais  onques  la  pais  n'i  pot  estre; 
car  Looys  voloit  mètre  en  la  pais  quatre  de  ses  clers , 
([ue  li  legaus  haoit  tant  que  il  ne  voloit  soufrir  en  nulle 
fin  que  il  i  fussent  mis.  De  ces  quatre  clers  fu  li  uns 
maistres  Symons  de  Longhetone,  li  frères  l'arclieves- 
que  de  Chantorbire ,  et  li  autres  maistres  Gervaises  de 
Hobruges,  li  doyens"  des  canonnes  deSaint-Pol;  et  li 
tiers  fu  maistres  Robiers  de  Saint-Germain,  un  clers  le 
roi  d'Escoce  ;  et  li  quars  fu  maistres  Helyes ,  uns  clers 
Tarclievesque  de  Chantorbire.  Cil  quatre  fîsent  mainte 
mervelle  ;  car  il  sermonnoient  au  pueple  de  Londres 
à  une  crois  ki  siet  '  en  l'atre  Saint-Pol ,  et  lor  faisoient 
à  entendre  que  li  roial  estoient  escumeniié,  et  que 
Looys  et  si  home  estoient  boines  gens,  et  ke  li  apo- 
stoles  les  escuraenioit  à  tort,  et  par  droite  raison  le 
mousterroient.  Par  cel  outrage  que  il  disoient  et  fai- 
soient perdirent-il  puis  toz  lor  bienfices  et  furent  clia- 
cié  fors  de  la  tierre.  Et  quant  la  pais  n'i  pot  iestre,  li 

'  Cleresvaus.  —  "  Ki  doiens  estoit.  —  '  Ki  scoit. 


198  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

archevesques  de  Sur  et  li  troi  abbé  se  partirent  d'il- 
luec  et  rapasserent  la  mer,  et  li  roial  départirent  lor 
ost;  si  se  traist  cascuns  vers  son  pais  ' .  Puis  envoia  Looys 
le  visconte  de  Meleun  o  grant  chevalerie  vers  Saint- 
Edmont*,  por  tenser  la  tierre.  En  celé  voie  ala  Wis- 
tasses  de  Noeville ,  qui  en  toutes  les  besoignes  voloit 
aler,  et  [Hues  Tacons  et]  pluisour  autre.  Chil  fisent  lor 
chevauchie,  si  barroiierent  la  ville  de  Saint-Edmont 
et  gaagnierent  moult  proie  par  la  tierre,  et  puis  s'en 
repairierent  à  Londres. 

En  cel  point  que  celé  chevauchie  dut  mouvoir,  es- 
toit  ma  dame  Blance ,  la  feme  Looys ,  à  Kalais ,  ù  elle 
assambloit  toutes  les  gens  ^  et  "*  les  chevaliers  qu'ele 
pooit  avoir,  por  envoier  en  Engletierre  son  segnour 
secourre  ^.  Roblers  de  Courtenay  i  estoit  venus  por  pas- 
ser, et  Mikius  de  Harnes  et  autre  chevalier;  mais  en 
trestoz  n'en  ot  mie  cent.  Et  en  cel  point  que  il  apa- 
relloient  lor  passage  %  venoient  souvent  li  Englois 
devant  le  havene  traire  à  eus.  Un  jour  en  i  vinrent 
bien  .iij'^  ;  et  quant  li  François  les  virent  venir,  il  s'ar- 
mèrent et  entrèrent  en  lor  nés  et  alerent  encontre  les 
nés  des  Englois ,  qui  ^  ierent  adonques  auques  wides 
de  gens;  si  furent  desconfites,  et  li  François  en  gaa- 
gnierent  bien  .vij",  et  les  autres  s'en  fuirent  par  di- 
viers  havenes  en  Engletierre.  Une  nuit  vinrent  li 
François  par  devant  Douvre,  ù    il  furent  à  ancre;  et 

'  Pooir.  —  *  Odmont.  —  '  Ces  trois  mots  manquent  dans  le  ms. 
S. -G.  —  *  Tous.  —  '  Por  sen  segnor  requerre  et  secorre.  —  **  Que 
celé  ccvalcie  dut  movoir,  estoit  ma  dame  Blaace  à  Kalais,  si  que 
devant  est  dit;  et.  —  '  Qui  manque  dans  le  ms.  S. -G.,  et  la  phrase 
commence  à  Les  neis. 


ET  DES  ROIS  iVAlNGLEIERHi:.  199 

lendemain,  quant  il  s'en  cuidieient  aler  \ers  bouche 
de  Tamise,  lor  leva  une  tourmente  et  une  ra[je  de  mer 
qui  les  enchaça  arrière  en  Boulenois  et  en  Flandres  et 
lor  fist  moult  grans  paours.  Et  puis  que  celé  descon- 
fiture fu,  en  sorent  li  roial  assés  tost  la  nouviele,  qui 
tost  apriès  che  assamblerent  lor  ost  à  Ausinefort;  et 
puis  vinrent  à  \V  indesores  et  passèrent  outre  ,  et  s'ale- 
rentlogier  par  le  païs  plus  priés  de  Londres  qu'il  u'euus- 
sent  fait  à  l'autre  fois.  Li  legaus  meismes  ala  gésir  à 
Kingestone,  une  ville  qui  siet  à  .x.  lieues  englesques 
de  Londres;  mais  une  fois  li  vinrent  nouvieles  que  li 
François  estoient  issu  de  Londres,  si  s'en  venoient 
combatre  à  eus  :  par  coi  il  monta  sour  .i.  "  palefroi, 
si  n'oublia  pas  ses  espourons  :  onques  ne  fina  de  fuir, 
si  vint  à  Windesores.  Puis  parla-on  de  pais ,  si  prisent 
li  roial  parlement  as  gens  Looys  :  par  pluiseurs  jours 
durèrent  li  parlement;  mais  en  la  fin  se  départirent 
sans  pais  faire.  Lors  vaut  li  legas  que  on  alast  asseoir 
la  cité;  mais  li  baron  nes'i  vaurrent  acorder  ",  ains  se 
partirent  tost  d'illuec.  Apriès  chou  si  s'en  râlèrent 
en  lor  tierres.  Apriès  che  que  il  s'en  furent  aie ,  se 
parti  "^  Looys  de  la  maison  l'evesque,  ù  il  avoit  esté 
à  hostel;  si  ala  manoir  el  maistre  castiel  por  plus 
estre  aseur;  mais  ancois  se  furent  torné  deviers  le 
jouene  roi  entre  le  conte  de  Warende  et  le  conte 
d'Arondiel ,  si  que  li  cuens  de  Warende  manda  à 
Looys  en  la  maison  l'evesque,  ù  il  estoit  encore  '",  que 
il  ne  se  tenoit  mais  à  son  homme.  Li  cuens  de  Naviers 

'  Oture,  ms.  ^55.  —  '  Sou.  —  '  Ne  s'i  acorderent  pas.  —  '  Poili , 
m.i.  455.  —  '  E.  adonl. 


200  mSTOlUE  DES  DUCS  DE  NORMAJNDIE 

vint  manoir  en  la  maison  l'evesque,  quant  Looys  s'en 
fu  partis.  Puis  fist  li  cuens  de  Bretaigne  une  chevaucie 
moult  biele ,  ù  les  menues  gens  gaegnierent  moult  : 
par  coi  il  se  loerent  moult  dou  conte ,  quant  il  vinrent  ' 
à  Londres. 

Uns  moines  de  l'ordre  de  Cistiaus,  qui  estoit  uns  des 
penanciers  l'apostole,  vint  en  cel  point  en  Engletierre. 
Tant  i  fu  que  il  vint  à  Londres ,  si  parla  à  Looys  et 
moult  se  pena  de  la  pais  faire  ;  mais  onques  n'en  pot 
à  cief  venir.  La  roine  '  vint  puis  entre  Londres  et 
Windesores  à  .i.  parlement^  le  conte  de  Naviers  : 
boinement  parlèrent  ensamble ,  et  boinement  se  dé- 
partirent sans  pais  faire  Guillaumes  li  mareschaus  li 
pères ,  qui  bien  savoit  la  voire  nouviele  de  ma  dame 
Blance,  qui  à  Kalais  estoit,  ù  elle  se  penoit  moult 
durement  de  faire  ses  gens  passer  por  son  segnour 
secourre,  se  tràist  vers  Douvre  j  si  mena  o  lui  le 
conte  de  Warende  et  Richart  son  neveu,  qui  fils  fu 
au  roi  Jehan  :  si  l'ot  ^  de  sa  cousine  germaine ,  la  se- 
rour  le  conte  de  Warende,  et  ensi  fu-il  ses  fds  ^  et  ses 
cousins. 

Le  jour  mon  segnor  saint  Bertremiu  se  partirent 
les  gens  de  ma  dame  Blance  de  Kalais  ;  si  s'en  alerent 
syglant  vers  bouche  de  Tamise.  Priés  i  avoit  de  .iiij^''. 
nés,  que  grandes  que  petites,  .x.  grans  en  i  avoit,  qui 
toutes  furent  batellies  :  les  .iiij.  furent  garnies  de  che- 
valiers, et  les  .vj.  de  siergans,  et  es  autres  menues 
estoit  "^  li  harnois  et  li  marcheandise.  En  la  nef  Wistasse 

'  lieviiuUrnl.  —  '  La  r.  lueisine.  —  ^  Au  p.  encontre  le  coule  de 
AVindcsoics.  -  "  Qu'il  ol.  —  '  Fu-il  i.  le  roi.  —  ''  Kt  es  a.  c. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  201 

le  Moine  entra  Roblers  de  Coin-tenay  et  VVistasses  li 
Moines  o  lui ,  et  Raous  de  la  Tourniele,  11  bonis  che- 
valiers ,  qui  puis  fu  ocls  el  service  Dlu  devant  la   cité 
de  Toulouse ,  et  GulUaumes  des  Bares,  li  jouenes  '  fils 
Guillaume  des  Bares ,  le  boin  chevalier  et  le  bien  en- 
techié  ,  et  Nevelos  de  Canle  %  li  fils  aubailllu  d'Arras, 
et  autre  chevalier,  tant  qu'il  furent  .xxxaj.  entre  toz. 
En  l'autre  nef  garnie  de  chevaliers  fu  Mikius  de  Harnes, 
et  en  la  tierce  11  caslelalns  de  Saint-Omerj  la  quarte 
fu  la  nés  le  majeur  de  Bretaigne  \  ii  grans  masse  de 
chevaliers  entra.  Les  .vj.  nés  de  sergans furent  moult 
bien   ba teilles   et   appareilles  de  combatre.   Quant  il 
vinrent  vers  l'ille  de  Tanet,   11  roial  qui  à  Sauwis  es- 
toient  assamblé  les  coisirent  ;  si  entrèrent  tantost  en 
.xviij.  grans  nés,  que  il  avoient,  et  en  pluisours  ba- 
tiaus  ;  si  alerent  encontre.  Hubiers  de  Bours  ses  cors 
meismes  entra  en  mer,  et  Richars  11  fils  le  roi  et  plui- 
seur  autre  chevalier;  et  11  cuens  de  Warende  n'i  entra 
pas  ;  mais  il  garda  *  une  nef  de  chevaliers  et  de  slergans, 
ù  sesbanieres  furent^.  Tant syglerent  11  Englois  qu'il 
assamblerent  à  l'estore  des  François.  La  nés  ù  les  gens 
le  conte  de  Warende  estolt  ^  assambla  premièrement 
à  la  nef  Wistasse  le  Moine ,  ù  Roblers  de  Courtenay 
estolt';  sise  combatirent  moult  durement.  Tant  se 
combatlrent  que  .lij.  autres  nés  vinrent  aldler  as  gens 
le  conte  de  Warende  :  loi^s  fu  la  nés  Wistasse  le  Moine 
avironnée  de  toutes  pars.  Durement  les  assailloient  li 
Englois  et  les  ruoient  de  pierres  et  de  cauch,  dont  il 

'  Li  j.  li.  —  '  De  Chanlc.  —  '  De  Boiiloingnc.  —  '  Garni,  —  ^  lercnt 
cns  mises.  —  *  Estoient  ens.  —  '  E.  ens. 


202  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

les  esbleiiissolent  toz.  Tant  les  assaillirent  que  il  les 
prisent  par  force.  Là  fu  pris  Robiers  de  Courtenay , 
qui  oncles  estoit  à  la  roine  :  frères  fu  sa  mère  la  con- 
tesse  d'Angoliesme.  Guillaumes  des  Bares  fu  pris  o  lui , 
et  Raous  de  la  Tourniele  et  Nevelos  d'Arras  et  tout  li 
chevalier  qui  en  la  nef  furent;  et  Wistasses  li  Moines 
ot  la  tieste  trenchie  :  si  li  trencha  uns  maronniers  que 
on  apieloit  Estievene  Trabe  ',  qui  longhement  ot  esté 
à  lui.  Nulle  des  autres  grans  nés  n'i  fu  prise;  car  elles 
le  gaegnierent  par  aler;  mes  des  menues  nés  i  ot-il 
assés  brisies  %  et  grant  ocision  i  ot  faite  de  cels  qui  ens 
furent  pris.  Que  vous  en  diroie-je  plus?  grant  descon- 
fîture  i  ot,  et  longhement  les  chacierent  li  Englois; 
puis  repairierent  arrière  '  à  SauAvis  o  lor  prisons  et  o  lor 
gaaing,  qui  grans  fu.  Li  chevalier  furent  mis  en  la  ville  '• 
en  bieles  prisons ,  et  la  tieste  Wistasse  le  Moine  fu 
fichie  en  une  lance;  si  fu  portée  à  Cantorbire  et  par  le 
pais  por  moustrer.  Celé  bataille  fu  faite  par  .i.  joedi , 
le  jour  saint  Bertremiu;  et  la  nouviele  en  vint  aprics 
à  Londres  le  semmediau  soir  moult  tart,  à  Looys,  qui 
moult  en  fu  iriés,  si  comme  drois  fu.  Le  lundi  apriès 
ala  Robiers  de  Dreues  par  conduit  à  Rouveciestre 
parler  à  Guillaume  le  mareschal ,  si  fist  tant  que  Ro- 
biers de  Courtenay  ot  congié  d'aler  à  Londres  parler  à 
Looys.  Le  mardi  vint  Robiers  de  Courtenay  h  Londres, 
et  Robiers  de  Dreues  remest  en  liostages  por  lui.  Tant 
fist  Robiers  de  Courtenay  que  il  amena  Looys  devant^ 
la  cité  parler  à  Guillaume  le  mareschal  et  à  Hubiert  de 

'  Grave.  —  '  Prises.  —  '  Ensamblc.  —  ''  Ces  trois  mois  ma/iqu'-zit 
dans  le  rns.  S. -G.  —  ''  Defors. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  203 

Bours.  Looys  parla  à  eus ,  et  il  li  orent  en  couvent 
que  il  se  peiieroient  en  boine  foi  de  la  pais  faire,  et 
tele  qui  honnei  able  li  seroit.  Ensi  s'en  r'alerent-il  viers 
Wimiesores,  et  Looys  s'en  revint  '  à  Londres.  La  roine 
vint  en  che  pointa  Windesores  derechief,  et  li   legas 
o  li  ;  et  li  baron  s'assamblerent  '  et  orent  moult  grant  ^ 
ost.  Respons  ne  mandement  ne  fist  Guillauraes  li  ma- 
reschaus  à  Looys  de  chou  que  il  li  ot  en  couvent,  dès 
le  mardi  jusques  au  semedi.  Quant  Looys  vit  chou  ,  il 
manda  toz  ses  barons,  en  cui  il  se  fioit,  privéement 
en  sa  cambre  ;  si  prist  consel  qu'il  feroit.  Il  trova  à  son 
consel  que  il  devant  le  jour  s'en  issistde  la  ville  et  s'alast 
combatre  à  eus  o  toute  sa  gent,  car  mius  li  venoit  qu'il 
se  mesist  en  aventure  c'a  i  estre  si  longhement  ensier- 
rés.  Si  comme  li  solaus  dut  finer  et  il  se  durent  lever 
pour  els  aler  apparellier  moult  en  haste  à  lor  hosteus, 
car  il  estoit  jà  nuis,  vinrent  unes  lettres  en  la  cambre 
de  par  Guillaume  le  mareschal.  Or  oies  que  les  let- 
tres disoient  :  Guillaumes  li  mareschaus  saluoit  Looys 
comme  son  damoisiel  ;  si  li  requeroit  que  il  por  Diu 
donnast  trives  lendemain  toute  jour,  et  envoiast  Huon 
de  Mal-Annoi  parlera  lui  et  l'autre  consel  le  roi.  Looys 
meismes  liut  les  lettres,  et  puis  les  dcspondi  à  sa  gent;  si 
lor  en  demanda  consel,  et  tout  li  loerent  que  il  lefesist. 
Si  comme  Looys  ot  trové  à  son  consel,  envoia-il 
Huon  de  Mal-Annoi  à  ^  l'ost  à  la  roine  et  as  barons 
et  la  trive  donna.  Hues  de  Mal-Annoi  vint  en  l'ost;  si 
parla  à  Guillaume  le  mareschal,  et  tant  coururent  les 
paroles  que  li  parlemens  fu  pris  au  mardi ,  et  si  vaur- 

'  Repaira.   -    '  S'i  a.  --  ^  Et  o.  tf.  —  ■*  En. 


204  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

rent  li  roial  que  la  tri\e  fust  alongie  jusques  au  jocsdi, 
Ccl  afaire  creanta  la  roine  loiaument,  et  Gulllaumes  li 
mareschaus  le  fiancha  et  Guillaumes  ses  fils  et  li  cueiis 
de  Salesbieres  et  li  cuens  de  Warciide  et  li  cueiis 
d'Arondiel  et  pluisour  autre  haut  home.  Puis  repaira 
Hues  de  Mal-Aiinoi  le  lundi  arrière  à  Londres,  si 
conta  à  Looys  che  que  il  ot  trouvé.  Lors  manda  Looys 
tout  son  consel  et  les  barons  d'Engletierre  qui  devers 
lui  se  tenoient,  et  les  bourgois  de  la  ville  enseraent; 
si  lor  en  demanda  consel.  Tuit  11  loerent  communau- 
ment  :  par  coi  il  ala  lendemain  au  parlement,  qui  fu 
en  une  ille  de  Tamise  defors  Klngestoune  par  deviers 
Windessores ,  si  que  les  gens  Looys  furent  d'une  part 
l'aighe  et  li  roial  de  l'autre  part.  Looys  et  ses  con- 
saus  entrèrent  en  une  nef;  si  se  fisent  nagier  en  l'ille, 
ù  il  troverent  la  roine  et  le  legaut  tout  vermel  viestu. 
Tant  parla  Looys  à  la  roine  et  au  légat  et  à  Guillaume 
le  mareschal  et  à  l'autre  consel  le  jouene  roi  que  la 
pais  fu  devisée  ,  en  tel  manière  ke  Looys  devoit  rendre 
au  jouene  roi  toute  la  tierre  que  il  avoit  conquise  en 
Engletierre,  et  si  devoit  jurer  sour  sains  que  il  jamais 
en  Engletierre  ne  venroit  por  mal  faire  au  roi  :  et  par 
tant  devoit-il  estre  assaus  et  si  home  trestout,  et  toz 
ses  prisons  devoit  r'avoir;  et  deseure  tout  chou  .x". 
livres  d'estrelins  '  por  l'arrierage  de  ses  rentes  que  il 
n'ot  pas  euues,  et  pour  "  la  desconfiture  de  Nicole  -vij"'. 
mars  :  che  fu  .xvij'".  mars  par  tout  \  Ensi  fu  la  pais 
creantée;  mais  cel  jour  ne  furent-il  pas  rassois,  car 
li  evesque  n'avoient  pas  lor  chapieles  illuec  :  si  fu  li 

'  .X'".  mars  d'c.  ol.        '  Eiirs  puis.  —  ^  En  trcsfol. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  205 

parlemens  repris  *  pour  l'assolution  avoir.  Lors  rcpai- 
rierent  li  roial  à  lor  herberges,  et  Looys  s'en  repaira 
à  Londres  o  ses  gens.  Lendemain  au  mierkedi  revin- 
rent à  parlement  d'une  part  et  d'autre.  Li  legaus  et  li 
evcsque  se  reviestirent  de  capes  de  soie  et  de  mytres; 
si  fu  Looys  assaus  et  toutes  ses  gens  ensement,  fors  li 
quatre  clerc  dont  je  vous  ai  chi  devant  dit  :  cels  cou- 
vint  par  estavoir  issir  de  l'ille  ,  tant  comme  li  assolu- 
tions  dura.  Li  legaus  envoia  à  Londres  le  penancier, 
qui  autre  fois  i  otesté,  pour  assorre  les  bourgois  et  les 
auties  qui  au  parlement  n'orent  pas  esté. 

Puis  demoura  Looys  grant  pieche  en  la  ville  tant 
que  la  pais  fu  paralFremée,  et  puis'  s'en  ala  ;  et  li 
legaus  et  li  baron  le  convoiierent  jusques  à  la  mer. 
En  son  aler  ot  ,i.  parlement  à  Chantorbire,  ù  Looys" 
carga  en  penitance  à  Looys  et  à  ses  gens  que ,  por 
les  pechiés  que  fais  avoient  en  celé  guerre,  de  toutes 
lor  rentes  et  de  toz  lor  fourfais  jugiés  donnassent 
•  ij.  ans  le  .xx.isme,  et  Looys  meisme  le  .x.isme, 
pour  envoiier  outre  mer  à  aidier  la  tierre  à  sous- 
tenir  :  et  par  tant  auroient  le  pardon  d'outre  mer. 
En  cel  point,  vint  la  noviele  enEngletierre  de  Pieron, 
l'empereour  de  Constantinoble ,  qui  cuens  avoit  esté 
de  Naviers  et  d'Auçoirre  et  frères  [fu]  Robiert  de 
Courtennay,  que  li  Griu  avoient  desconfît  et  pris.  Puis 
passa  Looys  la  mer,  si  s'en  râla  en  France,  et  li  baron 
s'en  retornerent;  si  firent  par  la  tierre  crier  la  pais 
le  roi ,  et  les  bois  fisent  couper  de  dalés  les  chemins 
por  les  robeours.  Adont  ot  moult  grant  pais  par  la 

'  R.  à  lendemain.  —  '  Et  dont.  —  '  U  li  legas. 


206  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

tierre,  et  fu  sainte  Eglyse  moult  doutée  et  moult  hon- 
nerée.  Ll  legaus  \int  en  l'eglys[e]  Saint-Pol  de  Lon- 
dres, si  fist  peclioier  toz  les  auteus  et  toz  les  calisses, 
et  toz  les  viestlmens  fist  ardoir  ;  si  i  fist  mètre  nou- 
viaus,etnouviauscanoines  imist;  et  les  vies',  qui  canté 
avoient  sour  son  defois ,  toli  toz  lor  benefisses  ;  et  as  * 
prouvoires  de  la  ville  fist  les  perroces  eschangier  as 
perroces  ^  de  Hupelande. 

La  roine  passa  en  Poitau,  si  vint  à  Engoliesme  sa 
cité,  qui  ses  iretages  estoit;  si  prist  les  homages  de  la 
tierre  etfu  puis  moult  dame  d'Engumois.  Elle  guerroia 
moult  durement  à  .i.  haut  baron  de  la  tierre,  ke  on 
apieloit  Renaut  de  Pons ,  qui  bien  se  desfendi  de  li  par 
les  fors  castiaus  qu'il  avoit;  mais  as  plains  cans  n'avoit- 
il  mie  pooir  à  ^  li .  Elle  fist  mariage  de  sa  fille  et  de  Hugon 
de  Lesegnaiî  %  qui  fu  fils  Hugon  le  Brun ,  conte  de  le 
Mâche  %  por  avoir  s'aïe.  Puis  desfist-elle  che  mariage  ; 
si  le  prist-elle  meismes  à  mari  :  dont  grans  parole  fu. 
Au  prochain  esté  qui  vint  apriès  la  pais  dou  jouene  roi 
Henri  d'Engletierre  et  de  Looys  le  fill  le  roi  Phelippe 
de  France,  vint  li  evesques  de  Nicole  à  plainte  à 
Guillaume  le  mareschal ,  de  Guillaume  ^  de  Gaugi  qui 
ne  li  voloit  rendre  son  castiel  de  Mewerc  :  par  coi 
Guillaumes  semonst  les  os  le  roi,  comme  maistres 
baillius  del  règne;  si  s'en  ala  sour  Robiert  de  Gaugi, 
et  fist  tant  que  li  castiaus  fu  rendus  à  l'evesque.  En 
cel  esté  meismes  fu  assise  la  cités  de  Damiete  de  cres- 
tiens  :  del  roi  Jehan  de  Jherusalem,  qui  fu  cuens  de 

'  Et  les  autres.  —  '  Et  les.  —  '  Provoires.  —  <  Wa.-ii  pas  force 
viers.  —  '  Lesegnon.  —  ®  De  le  Marce.  —  '  De  Robert. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  207 

Briene ,  et  puis  fu  rois  eslius  de  la  sainte  cité  '  et  del 
Temple  et  del  Ospital  et  del  duc  d'Osterrice  et  de  plui- 
sors  autres  haus  homes.  Meismement  en  cel  esté  ^int 
la  nouviele  en  Engletierre  d'Othon   l'erapereour  de 
Rome,  qui  mors  estoit  à  Brusewic.   Autresi  fist-elle 
de  Symon  le  conte  de  Monfort,  qui  fu  ocis  devant  la 
cité  de  Toulouse.  A  l'autre  esté  apriès,  moru  Guil- 
laumes  li  raarescliaus;  si  fu  mis  li  jouenes  rois  en  la 
garde  l'evesquede  Winciestreeten  la  garde  Phelippon 
d'Aubegny.  Guillaumes  li  mareschaus,  ains  qu'il  mo- 
rust,  se  rendi  au  Temple;  mais  je  le  vous  avoie  oublié 
à  dire,  et  des  Englois  autresi  qui  commencierent  à 
tornoier  tantost  que  la  pais  fu,  et  tornoiierent  moult 
les  deus  premerains  ans.  Apriès  chou  que  Guillaumes 
li  mareschaus  fu  mors,  qui  moru  en  l'esté,   ot  une 
bataille  le  jour  Saint-Jehan-Decolasse  devant  la  cité 
de  Meate  %  ù  li  Sarrazin  desconfirent  les  crestiens  et 
moult  en  ocisent  et  prisent  :  dont  grans  damages  fu  et 
grans  pitiés.  Puis  apriès  chou,  .i.  poi  apriès  la  fieste  de 
Toz-Sains ,  ot  Dex  pitié  de  sa  gent  ;  si  fu  la  cités  de 
Meate  ^  prise  par  grant  miracle.  Celé  nouviele  vint  el 
quaresme  apriès  en  France  et  en  Engletierre;  mais 
ançois  envoierent  li   bailliu  d'Engletierre  Phelippon 
d'Aubegny  et  Alain  Basset  et  l'abbé  d'Estanfort  et  un  ^ 
abbé  de^   Cistiaus  au  roi  de  France  por  alongier  la 
trive,  qui  devoit  falir  à  la  Pasque;  et  li  rois  l'alonga 
.iiij.  ans  moult  boinement,  ne  onques  denier  n'en  vaut 
prendre  ;  et  s'en  euust-il  euus  dis  mile  livres  d'estre- 

'  Les  neuf  mots  précédents  manquent  dans  le  ms.  S- G.  —  '  De 
Damiete.  —  '  De  Damiete.  —  *  D'Estrafort,  .i.  —  '  Del  ordre  de. 


208  HISTOIRE  DES  DUCS  DE  NORMANDIE 

lins,  se  il  vausist.  Apriès  la  Pentecouslc  '  fii  li  jouenes 
rois  '  couronnés  à  Londres  à  grant  joie. 

En  apriès  le  couronnement  le  roi ,  lendemain  des 
octaves  les  deus  beneois  martyrs  et  ^  apostoles  saint 
Pierre  et  saint  Pol  ^^  fist  maistres  Estievenes  de  Lan- 
guetonne,  qui  arclievesques  estoit  de  Cantorbire,  le 
cors  mon  segneur  saint  Tlmmas ,  le  beneoit  martyr , 
lever  en  fiertre  ;  si  fu  trouves  toz  entirs,  et  ses  plaies 
furent  trovées  "  toutes  freskes ,  et  moult  boine  odours 
issi  de  la  ^  fosse.  Clie  dist  l'estore  que  il  fu  nés  par  .i. 
mardi  [,  et  par  .i.  mardi  fu  sacrés  à  arcevesque],  et  par 
.i.  mardi  recliut  martyre  :  et  por  chou  fu-il ,  par  con- 
sel,  par  .i.  mardi  levés  en  fiertre.  A  che  levement  fu  li 
rois  et  pries  que  tout  li  haut  baron  d'Engletierre;  s'i 
fu  li  legaus,  qui  Pandoufles  apielés  fu.  Jou  vous  avoie 
oublié  à  dire  dou  legaut  Galon,  ki  partis  s'estoit  d'En- 
gletierre  très  devant  chou  que  Guillaumes  li  mares- 
chaus  morust ,  et  s'en  estoit  aies  vers  Roume.  Et  chil 
Pandoufles ,  qui  la  crestienté  aporta  en  Engletierre  au 
tans  le  roi  Jehan,  estoit  legaus  d'Engletierre  en  cel 
point  ke  li  cors  sai[n]s  fu  levés  en  fiertre.  D'outremer 
i  vint  ^  la  roine  Berengiere ,  qui  fu  feme  au  roi  Richart 
et  ki  ot  en  douaire  la  cité  del  Mans.  Si  i  vint  ^  li  ar- 
chevesques  de  Rains ,  et  troi  evesque  de  s'archeves- 
chié  o  lui  :  chil  d'Amiens  et  chil  de  Tournai  et  encore 
uns  autres.  Si  i  vint  ^  li  cuens  Robiers  de  Dreues  et 
Guis  de  Castellon,  ki  fu  fils  Gautier  '°  le  conte  de  Saint- 

'  A  la  P.  apriès.  —  ^  Li  r.  —  '  Ces  deux  mots  manquent  dans  le. 
ms.  S. -G.  —  *  P.,  par  un  mardi.  —  '  Veucs.  —  *  Sa.  —  "  D'o.  v. 
' —  *  Si  V.  —  9  Si  V.  —  '"  Gauchier. 


ET  DES  ROIS  D'ANGLETERRE.  209 

Pol ,  et  moult  autre  haut  home  '  de  France.  Li  baron 
d'Engletlerre  firent  une  grant  courtesie  ;  car  il  lisent 
[c]rier  lor  bans  grant  tans  devant  chou  que  deust  '  ie 
cors  saint  lever  en  fiertre ,  que  nus  Englois  ne  se  her- 
bregast  en  la  ville,  por  chou  k'il  voloient  que  cil  qui 
vemoient  d'autres  terres  là  si  hierbregassent.  Par  cel 
ban  convint  toz  les  haus  barons  d'Engleiierrc  logier 
defors  la  ville,  fors  seulement  Guillaumes  le  raares- 
chal  :  chil  se  herbrega  en  la  ville  pour  les  estranges 
gens  garder ,  pour  chou  que  riens  ne  lor  raesesteust. 
Li  archevesques  de  Rains  canta  le  lundi  au  soir  les  vies- 
pres  ;  et  lendemain,  quant  li  cors  sains  fu  levés  en 
fiertre,  canta-il  la  grant  messe.  Che  li  fisent  faire 
entre  le  legaut  et  l'archevesque  de  Cantorbire ,  por 
chou  que  il  estoit  uns  des  plus  haus  artiers^  del  monde  : 
si  le  varrent  m.oult  honnerer.  Che  fu  en  l'an  de  l'in- 
carnation nostre  segneur  Jhesu-Crist  .31.  et  .ij<=.  et 
•XX.  ans,  el  mois  de  jule,  que  li  cors  mon  segneur 
saint  Thumas  de  Chantorbire ,  le  beneoit  martyr,  fu 
levés  en  fiertre;  si  i  ot  .i.  legaut  de  Rome  et  .ij.  ar- 
chevesques et  .XXV.  eveusques  et  molt  d'autres  haus 
clers. 

Explicit  des  rois  d'Engletlerre  ^. 

'  H.  del  rengoe.  —  '  Que  on  dcvoit.  —  '  Arcevesques.  —  *  Cetlc 
ligne  manque  dans  le  ms.  S. -G. 


i4 


APPENDICE. 


ROMAN  DE  HAM. 


Ne  se  puet  lairc  qu'il  ne  die 

De  la  flour  de  chevalerie 

Qui  soloit  errer  par  mi  France. 

Bien  devés  avoir  ramembrance, 

Vous  qui  cest  romant  escoutés, 

Celui  qui  tant  est  redoutés , 

Carlon  qui  de  Sesile  est  rois  : 

Il  est  humeles  et  s'est  courtois, 

Humeles  à  Dieu  comme  .i.  aiguiaus, 

Fiers  comme  lyons  envers  ciaus 

Qui  li  surcuerent  et  mesfont. 

Tout  cil  qui  à  lui  afaire  ont 

Le  prisent  pour  sa  loialté 

Et  doutent  pour  sa  cruauté, 

Qu'il  set  moût  bien  faire  .i.  despit, 

Et  bien  le  set  mètre  en  respit 

Jusk'il  en  voit  et  lieu  et  tans. 

Je  vi  le  siècle  de  son  tans 

Si  bon  qu'il  n'i  avoit  que  dire; 

Cil  qui  de  Prouvence  fu  sire , 

Fauviaus  de  Susane  vivoit, 

Qui  contre  parccc  estrivoit; 


214  ROMAN  DE  HAM. 

Car  très  s'enfance  l'assali, 
Et  il  si  bien  s'en  desfendi 
Que  prouece  en  lui  demoura  ; 
Tous  mauvais  visées  devoura , 
Qu'il  n'en  demoura  nul  en  soi. 
Mon  signeur  Robert  de  Ronsoi 
Vi-jou  en  ce  tans  en  Paris  ; 
Preus  fu  et  preus  et  bien  apris, 
Et  courtois  et  bien  entechiés 
Et  à  tous  biens  faire  adrechiés  : 
Convoitiés  fu  pour  sa  biauté 
Et  convoitiés  pour  sa  bonté 
En  ces  liens  où  il  ne  fu  mie; 
Tex  n'en  set  mot,  qui  a  amie  : 
Por  cou  doivent  tout  bien  tirer 
A  bien  faire  et  si  atirer 
Lour  vie  c'on  les  tiengne  à  buens. 
Li  rois  Caries,  qui  dont  ert  quens, 
En  tous  poins  à  lionnour  tira 
Et  si  son  afaire  atira 
Qu'il  est  li  plus  preus  au  jour  d'ui 
C'on  sace  ;  je  n'en  doue  nului 
Qui  s'entende,  qu'il  m'en  desdie. 
Il  fu  preus  en  bacelerie. 
Il  fu  larges  et  moût  loiaus; 
De  menestreus  et  de  liiraus 
Estoit  adiès  ses  ostex  plains  ; 


ROMAN  DE  HAM.  215 

Tous  jors  donoit-il  à  .ij.  mai[n]s 
As  bons  bacelcrs  de  valeur. 
Prouece  et  larguece  et  valeur 
Estoient  par  li  seustenues , 
Qui  ère  sent  povrcs  et  nues 
Ne  n'osent  preudomme  esgarder. 
On  devereit  tous  ceus  larder 
Qui  le  roy  douent  tex  consex. 
Que  ses  règnes  demeure  sens 
Et  Prouece  en  est  forbanie. 
Mesire  Séjours  s'esbanie 
Par  mi  France  et  fait  ses  aviaus  ; 
Il  va  as  chiens  et  as  oisiaus, 
Et  puis  boit  et  menguë  et  dort  : 
Perece  li  fait  grant  confort, 
En  tous  peins  li  tient  cempaignie. 
Perece  est  li  mix  ensignie 
Qui  enques  nasquist  à  nul  jer, 
A  tiemeing  mon  signeur  Séjour 
Qu'ele  le  sert  à  son  plaisir 
De  grans  matinées  jesir, 
D'escondire  quant  on  li  rueve  : 
C'est  celé  qui  trop  bien  se  cuevre , 
C'est  celé  qui  toutes  sourmontc; 
Entre  li  et  se  fille  Honte, 
Et  Larguece  et  Prouece  ensambic 
Et  Courtoisie ,  ce  me  samblc , 


216  ROMAN  DE  HAM. 

Ont  en  France  le  cam[p]  perdu, 

Dont  mont  doivent  esfre  esperdu 

Li  rois  et  tout  si  bon  ami. 

Et  s'il  vous  plaist  {;ntendre  à  mi , 

Le  voir  n'en  puis  plus  fourvoiicr. 

On  soloit  venir  tournoiier 

En  France  de  trestous  pais  ; 

Les  François  en  voi  esbahis, 

Qu'il  ont  perdu  le  bel  mestier, 

Diex,  qui  tant  avoit  de  mestier! 

Tant  de  gent  en  avoient  preu  ! 

Là  se  deparoient  li  preu; 

Là  sa  voit-on  as  cans  partir 

U  on  devoit  le  sien  partii-, 

A  cui  devoit  faire  honour. 

Li  rois  Phelippes  à  lui  jour 

Vint  à  Compiegne  ou  à  Creel, 

Maint  chevalier  blanc  et  vermeil 

Faire  assés  d'armes  devant  lui  ; 

Ains  mais  n'oï  parler  nului 

Que  rois  de  France  entrast  en  marcc. 

Puis  que  ISoués  entra  en  l'arce 

Ne  fu  rois  de  France  à  tournoi, 

Que  nus  sace,  ne  parler  n'oi 

Nului  c'onques  mais  i  venist  ; 

Ne  cuic  c'onques  mais  avcnist. 

Ne  jamais,  je  cuit;,  n'avcnra; 


IIOMAN  DE  HAM.  217 

Et  pour  cou  qu'il  en  souvcnra 
Ciaus  qui  venront  à  nascion , 
Vous  di  qu'en  l'incarnation 
Avoit  .xij*^.  ans  en  conte, 
Themoins  celui  qui  fist  ce  conte, 
Et  puis  .Ix.  et  .X.  et  .viij., 
N'i  avoit  plus  ne  jour  ne  nuit. 
Que  tant  que  vous  avés  oï. 
Fix  fu  le  bon  roi  Looy 
Icil  rois  dont  je  vous  recort, 
Ou  fust  à  droit  ou  fust  à  tort , 
Il  desfend i  le  tournoiier  : 
Dont  moût  de  gent  dut  anoiier  : 
Premièrement  li  glougleour 
I  gaaignoient  cascun  jour. 
Et  li  liiraut  et  li  lormier, 
Li  marissal  et  li  selier; 
Neis  cil  qui  oevrent  en  gisant 
Vont  souvent  le  roi  maudisant. 
Par  qui  tournoi  sont  desfendu. 
«  Tout  n'en  soient-il  desfendu  !  » 
Font  cil  qui  vendent  les  bons  vins , 
Et  cil  qui  vendent  les  commins 
Et  les  pertris  et  les  plouviers. 
Toutes  gens  qui  sont  de  mestiers 
Dicnt  :  «  Amen!  que  Dix  l'otroit  !  » 
Mains  povres  hom  i  gaagnoit 


218  ROMAN  DE  HAM. 

Qui  orendroit  vit  povremcnt , 

Qui  vesquist  bien  et  larguement 

S'on  tournoiast  si  comme  on  seul. 

Tes  n'en  seut  mot,  qui  moût  s'en  deut. 

Et  ques  gens  sont  chou?  baceler  : 

Ce  ne  doit-on  mie  celer; 

Cil  i  perdent  plus  que  le  tout, 

De  cou  ne  sui-ge  en  nul  redout  : 

C'est  aussi  voirs  comme  Evangile. 

Tes  keurt  orendroit  à  la  vile 

Et  plaide  et  riote  à  sa  gent, 

Que  pour  avoir  ne  pour  argent 

Heure  de  jour  n'i  demourast. 

S'il  fust  ensi  que  on  errast. 

Qu'il  en  aquellent  mauvais  pris. 

Teus  s'estoit  à  bien  faire  pris 

Et  metoit  le  cors  à  bandon, 

C'on  ne  prise  mie  un  bouton; 

Ains  sont  devenu  amparîier. 

Vilain  devienent  chevalier, 

Et  chevalier  devienent  tel 

C'a  pau  qu'il  ne  sont  ménestrel  ; 

Dont  je  lour  fai  tous  à  savoir 

Que  chevaliers  devroit  avoir 

Pris  d'armes ,  ançois  c'on  séust 

Par  lui  com  fait  non  il  éust  ; 

Mais  il  rn  font  tout  autrement  : 


ROMAN  DE  HAM.  219 

Preu  sont  très  le  commencement 
Et  vaillant  très  le  premier  jour. 
Puis  que  cascuns  est  assejour, 
Preu  voelent  estre  tout  cnsamble; 
Mais  j'en  dirai  çou  qu'il  m'en  samblc  : 
On  n'est  pas  par  parole  preu; 
Chevaliers  ne  fait  pas  sen  preu 
Qui  tant  parole  qu'il  anuie , 
Que  grans  vens  kiet  à  peu  de  pluie  ; 
Et  chevaliers  mal  entechiés, 
Ce  voel-je  bien  que  vous  saciés, 
Est  en  toutes  cours  regardés  : 
Biau  signeur,  si  vous  en  gardés , 
Que  Dix  tous  jentix  homes  doinst 
Vivre  si  bien  et  si  à  point 
Que  nus  en  mal  ne  le  repregne! 
Et  Dix  doinst  que  li  rois  apregne 
Comment  ses  roiames  empire 
De  çou  c'on  tournoi  en  l'empire 
Et  France  est  serve  :  don[t]  c'est  diex. 
Rois  de  France ,  il  vous  vaurroit  mix 
Que  artisien  et  esterlin 
Et  couloignois  d'outre  le  Rin 
Fuissent  en  France  despendu 
Que  çou  qu'il  i  sont  desfendu. 
S'on  osast  plainement  errer, 
Jà  li  voiagc  d'outre  mer 


220  ROMAN  DE  HAM. 

N'en  detriast  ne  jour  ni  eurc. 
Li  uns  et  li  autres  demeure, 
Ce  m'est  avis,  et  dcmourra 
Tant  com  Dix  et  li  rois  vaurra; 
Et  pour  cou  que  siècles  n'est  preus, 
Doi  baceler,  dont  li  mains  preus 
E[s]t  preus  et  vaillans  et  courtois  ; 
Il  sont  de  la  marce  d'Artois , 
Preu  et  vaillant  et  de  grant  pris  ; 
Si  je  les  lo  et  je  les  pris, 
11  i  a  bien  raison  pour  coi. 
Pour  cou  c'on  ne  va  au  tournoi 
Et  ke  li  siècles  est  perdus, 
Les  vi  .i.  jour  si  esperdus 
Et  si  esperdus  com  mervelle. 
Li  uns  à  l'autre  se  conseille 
Com  bon  ami  et  bon  voisin  : 
«Certes,  sire  de  Basentin, 
Une  cose  vous  conteroie 
Moût  volentiers ,  se  jou  osoie , 
Dont  il  me  fait  mervellcs  mal , 
Dist  li  sires  de  Longheval. 
Cis  puans  siècles  riens  ne  vaut, 
Honeurs  et  proece  desfaut, 
Larguece  et  courtoisie  pert. 
Je  r  vous  di  bien  tout  en  apcrt 
Que  je  vaurroie  que  li  rois 


ROMAN  DE  HAM.  221 

Donnast  congié  dedciis  un  mois 

D'aler  as  armes  plalnemcnt. 

Nous  séjournons  trop  longuement; 

Déliait  (sans  le  roi  )  qui  il  plaist  ! 

Orgeus  et  felonnie  en  naist, 

Plais  et  rihote  cascun  jour; 

Por  çou  c'on  est  tant  à  séjour, 

Toute  joie  tourne  à  déclin.  » 

Dist  li  sires  de  Basentin  : 

«  Je  sai  auques  que  vous  pensés; 

Il  a  bien  .iiij.  jours  passés 

Que  vous  aies  entour  le  pot, 

N'onques  ne  m'en  désistes  mot; 

Et  si  sai  bien  à  coi  ce  monte. 
S'il  me  de  voit  torner  à  honte 
Et  à  anui ,  dont  Dix  me  wart, 
Ne  sarés-vous  jà  faire  eswart 
Que  je  ne  tiegne  à  men  pooir, 
Et  ce  poés-vous  bien  veoir  : 
Emprendés  quanqu'il  vous  plaira. 
Que  mal  ait  qui  vous  en  faurra  ! 
Tant  que  je  puisse  trouver  fin 
Por  mettre  en  gages  Bazentin 
Et  Montauban  et  Ribercourt , 
Ui  issé-jou  de  ceste  court. 
Ne  vous  faurrai  de  compaignie!» 
Plus  de  mile  fois  l'en  mercie, 


222  ROMAN  DE  HAM. 

Mes  ire  Aubers  de  Longue  val 
A  dit  :  «  Si  me  gart  Dix  de  mal , 
Sire ,  sire  de  Basentin , 
Pour  .ij.c.  livres  d'argent  fin. 
Se  vous  le  me's  aviés  donné , 
Ne  vous  séussé-jou  tel  gré 
Que  de  çou  que  me  présentés. 
Biau  dous  sire ,  or  vous  assentés 
A  çou  de  coi  nous  avons  mut. 
Vous  veés  que  li  siècles  put 
D'orguel ,  d'avarisse  et  d'envie  ; 
En  n'est-on  c'un  petit  en  vie , 
Si  se  devroit-on  entr'amer. 
Je  voi  la  voie  d'outremer 
Mètre  en  respit  moût  longuement, 
N'on  ne  va  à  tournoiement, 
N'on  ne  se  set  où  avanchier. 
Boin  feroit ,  je  quic ,  commencliier 
Une  feste  ù  on  joustast; 
Ne  m'en  caurroit  qu'ele  coustast ,  i 
Mais  qu'il  alast  à  vo  talent.  » 

—  «  Et  je  vous  créant  loialmcnt , 
Dist  li  sires  de  Basentin , 
Qu'ele  ert  criée  de  matin 

—  «  Or  wardés  comment  il  ira.  » 

—  «  Je  vous  di  c'on  le  criera 

De  par  nous  .ij.  à  Ham  sour  Somme; 


ROMAN  DE  HAM.  223 

Jà  n'i  ara  nomme  autre  homme. 

Ele  ert  criée  en  tous  pais; 

Ne  jà  n'en  soiiës  esbahis, 

Li  plus  fors  ert  li  commenchiers. 

Il  i  enterra  chevaliers 

Par  .iij.  lances  ;  ensi  sera  : 

Jà  chevaliers  n'i  enterra, 

Se  par  .iij.  lances  ne  s'i  met.  » 

Dame  Courtoisie  se  met 

En  lour  conseil  moût  maternent. 

Corn  celé  qui  moût  povrement 

Est  à  harnas  venue  à  court , 

Que  li  pluisour  li  font  le  sourt , 
Tout  cil  qui  aidier  li  déussent. 
Se  cil  doi  baceler  séussent 
Le  biau  secours  k'ele  leur  fait, 
Bon  sanlant  li  eussent  fait  ; 
Mais  il  la  voient  povre  et  nue  : 
Ele  est  à  lor  conseil  venue  ; 
Si  demandent  que  il  li  plaist , 
Et  c'un  petit  parler  les  laist 
Par  amours ,  mais  qu'il  ne  li  grict. 
A.  ce  mot  entr'ax  .ij.  s'assiet. 
Et  leur  connoist  tout  et  descuevrc 
Son  convenant  et  toute  s'uevre. 
Et  comment  cascun  le  tient  vil 
Entre  li  et  Doncr  son  fil. 


224  ROMAN  DE  HAM. 

Lors  sont  tantost  on  pios  sa[ijlli, 

Et  se  tienent  à  mal  bailli 

De  la  grant  honte  et  du  mcsfait 

Que  il  li  quident  avoir  fait, 

De  çou  c'aiuloi  ne  se  levèrent 

Et  plus  bel  ne  le  saluèrent  ; 

Mais  trop  l'avoient  cîesconue, 

Pour  ce  que  ele  est  povre  et  nue  : 

Si  l'en  crient  merci  andoi. 

«  Biau  signeur,  foi  que  je  vous  doi , 

Moût  bonement  le  vous  pardonc. 

Je  vois  souvent  et  près  et  lonc 

Ciaus  qui  m'ont  servie  à  mon  gré  : 

Puis  qu'il  descendent  du  degré 

Et  k'il  ont  alievé  le  lour, 

Che  leur  porte  trop  peu  d'onnour 

Et  leur  tourne  cascuns  le  dos. 

Des  miens  estes  et  je  des  vos, 

Ne  jà  nul  jour  ne  vous  faurrai , 

Et  saciés  que  je  vous  vaurrai. 

Se  vous  volés  ouvrer  par  mi. 

Vous  doi  m'avés  parti  par  mi 

Vos  cuers,  vos  cors  et  vos  avoirs. 

Je  vous  di  bien  que  c'est  savoirs 

De  celé  feste  commencier. 

Sans  plait,  sans  noise  et  sans  tcucier. 

Sera  vo  feste  bêle  et  noble  ; 


ROMAN  DE  HAM.  225 

N'ara  dusk'à  Coustentinoble 
Boiirc  ne  cité  c'on  ne  le  sache  ; 
Et  si  vous  pri  que  on  le  face 
Savoir  en  le  Haute-Bretaingne, 
De  coi  li  Graaus  nous  ensegne 
Que  li  rois  Artus  en  fu  sires. 
Encore  i  a  en  Salebire 
Pieres  que  Merlins  de  sen  tans 
I  assist  par  engiens  pendans, 
Et  autres  mervelles  pluisours. 
Là  true[ve]-on  les  bons  joustéours, 
Les  durs,  les  roides  et  les  fors. 
Lancelos,  qui  par  ses  esfors 
Ot  de  maint  chevalier  le  pris, 
Et  Gavai  ns,  qui  fu  bien  apris. 
Et  cil  de  la  Table  Reonde 
Qui  furent  li  millor  du  monde, 
Furent  tout  de  Bretaigne  né , 
Mais  autre  non  li  ont  donné 
Li  Troiien  qui  le  conquisent, 
Qui  Engletere  à  non  li  misent; 
Là  sont  chevalier  de  valour, 
Là  sont  moût  de  bon  joustéour, 
Là  sont  li  chevalier  hardi  ; 
Pour  çou  vous  ramentoif  et  di 
Que  vo  feste  faciès  crier, 
Sans  ensoingne  et  sans  detriier 

i5 


226  ROMAN  DE  HAM. 

(Cix  qui  en  est  sires  et  rois 
Est  preiis  et  largues  et  courtois  : 
On  le  nomme  roi  Eduiwart; 
Or  prions  Dix  que  il  le  wart, 
Qu'il  vaut  mix  que  je  ne  sai  dire  ), 
Par  mi  Flandres  et  en  l'empire , 
Et  en  Hainau  et  en  Brebant, 
Et  par  mi  France  tout  avant, 
Et  en  la  tere  de  Champaigne; 
De  là  verra  bêle  compaigne 
De  chevaliers  bien  acesmés, 
Qu'il  en  i  a  de  bien  amés , 
Pour  cou  qu'il  sont  preu  et  vaillant 
A  nul  besoing  ne  sont  faillant , 
Ains  vont  pour  lor  cors  avancier 
A  tous  besoins  au  commencier; 
S'est  drois  que  du  bien  le  bien  die. 
Envoiiés  tost  en  Normendie 
Et  en  Auvergne  et  en  Berriu , 
Et  faites  crier  de  par  Dieu 
Vo  feste  au  jour  de  Saint-Denise, 
En  tel  manière  et  en  tel  guise 
Que  la  roi  ne  fait  savoir 
A  tous  ciaus  qui  voelent  avoir 
Pris  d'armes  et  joie  d'amours , 
Que  là  viegnent  tout  droit  au  jour 
Devant  la  roïne  Genièvre. 


ROMAN  DE  HAM.  227 

Ne  doit  avoir  le  cuer  de  lièvre 
Qui  pour  tel  dame  se  travaille ,   t 
Ains  couvient  c'au  grant  besoing  vaille, 
Et  doit  mètre  cors  et  destrier 
En  aventure  à  escriier 
Amors  as  dames  hautement. 
Et  si  vous  voel  dire  comment 
Vous  ferés  par  tout  à  savoir, 
Si  ferés  honour  et  savoir, 
Que  pour  le  roïne  honerer 
Amaint  cascuns,  sans  demeurer. 
Dame  u  pucele  amaint  o  lui, 
Que  la  roïne  n'a  nului  : 
Aine  mais  ne  vint  de  son  païs 
A  mains  de  gent;  mais  esbaïs 
N'en  soiiés  jà,  je  vous  desfent, 
Qu'ele  n'a  que  par.  vij.  fois  cent 
Dames,  puceles,  chevaliers; 
Assés  en  faut  de  .iij.  milliers, 
Tant  en  seut-ele  bien  mener. 
Il  nous  convenra  bien  pener 
De  li  recevoir  noblement 
Et  li  et  toute  l'autre  gent. 
Et  bien  gardés  que  ne  vous  faille 
Vins  ne  viande  ne  vitaille 
Tele  comme  au  jour  appartient; 
Et  si  vous  di  qu'il  vous  convient 


228  ROMAN  DE  HAM 

Doner  ces  .iij.  jors  à  mengier. 
Et  che  ferés-vous  sans  dangier  : 
Si  donrés  les  .ij.  jors  premiers 
As  dames  et  as  chevaliers 
Qui  dedens  vo  feste  seront 
Et  à  ciaus  qui  i  enterront; 
Ne  jà  nus  n'i  enterra 
Devant  que  jousté  avéra. 
Pour  veoir  dames  ne  puceles, 
Dont  il  i  avoit  mont  de  bêles  ; 
Et  al  tierc  jour  communalmenl 

I  entenrront  toute  le  gent 
Qui  de  lonc  i  seront  venu. 
Gardés  qu'il  n'i  ait  jà  tenu 
Postis  ne  porte  à  entrer  ens 
Vers  nule  manière  de  gens 
C'aventures  i  amerront. 

Li  estrange  qui  les  verront 
Les  esgarderont  volentiers  ; 

II  i  verront  .vij.  chevaliers 
Tous  armés,  les  haubers  vestus; 
Il  aront  hiaumes  et  escus 

Et  seront  tous  .vij.  d'un  samblant  ; 
Sans  faire  nul  félon  samblant 
Venront  al  mengier  la  roïne; 
Il  li  diront  tout  son  couvine, 
Qu'il  se  metent  en  lor  prison 


ROMAN  DE  HAM  229 

De  par  le  Varlet  au  Lyon. 
Après  venra  une  pucele , 
C'uns  nains  i  amenra  ;  et  celc 
Querra  la  roïne  secours  ; 
Adont  verres  venir  le  cours 
Chevaliers  pour  le  secours  faire. 
Or  atournés  chi  vostre  afaire , 
Que  n'en  puissiés  estre  repris , 
Que  haut  afaire  avés  empris. 
Prenés  hiraus  des  mix  sacans , 
Et  faites  jà  crier  as  chans , 
A  Warenes  et  à  Noyon , 
Si  haut  que  par  tout  l'oie-on  , 
Si  com  nous  avons  devisé.  » 
—  «  Douce  dame ,  qui  avisé 
Nous  avés  si  courtoisement, 
Dix  le  vous  mire  proprement  ! 
Grant  mestier  aviens  de  vous.  » 
Andoi  se  metent  à  jenous 
Et  li  prient  que,  s'il  li  plaist. 
Pour  Diu  que  jamais  ne  les  laist; 
Et  ele  lour  a  en  couvent 
Qu'ele  venra  certainement 
Avoec  la  dame  de  Caieus  : 
Si  en  vaurra  lor  feste  miex. 
«  Douce  dame.  Dix  le  vous  mire 
Qui  sour  tous  est  et  rois  et  sire  !  » 


230  KOMAN  DE  HAM. 

Sour  lour  paleffroi  sont  monté 

Cil,  qui  sont  plain  de  grant  bonté; 

Celé  grant  feste  de  par  aus 

Font  crier  à  pluiseurs  hyraus, 

Par  le  siècle ,  amont  et  aval , 

Que  li  sires  de  Longueval 

Et  li  sires  de  Basentin 

Ont  empris  par  lor  bon  destin 

Une  feste  grant  et  pleniere , 

U  gens  de  dy verse  manière 

Vienent  et  de  dyvers  pais. 

De  riens  ne  les  voi  esbahis, 

Fors,  sans  plus,  qu'il  n'aient  peu  gent; 

Moût  s'ont  atorné  bel  et  gent 

Le  bel  castel  de  Hem-sour-Somme  : 

Laiens  pueent  entrer  maint  homme 

Et  mainte  dame  h  la  carole. 

Sarrazins  dist  en  sa  parole 

C'un  rommant  i  vaurra  estraire , 

Selonc  cou  qu'il  en  vaura  faire. 

Oï  avés  des  ïroiiens 

Et  du  remant  que  Crestiiens 

Trova  si  bel  de  Perceval, 

Des  aventures  du  Graal, 

Où  il  a  maint  mot  delitable; 

De  chiaus  de  la  Reonde  Table 

Vous  a-ou  mainte  fois  conté, 


IIOMAN  DE  IIAM  231 

Qu'il  furent  de  si  grant  bonté 
Et  de  si  grant  chevalerie 
Qu'en  toutes  cours  doit  estre  oïe 
La  prouece  et  la  vertu 
Qui  fu  u  vaillant  roi  Artu 
Et  es  chevaliers  de  sa  court. 
Or  vous  pri  que  cascuns  s'atourt 
De  biaus  mos  oïr  et  entendre  ; 
Et  je  dirai,  sans  plus  alendre, 
De  toute  le  plus  bêle  emprise 
Qui  onques  en  France  n'en  Frise 
Fust  emprise,  que  nus  hom  sace. 
On  la  crie  en  mainte  place 
Et  en  mainte  contrée  estraigne. 
Séue  est  en  la  Grant-Bretaigne , 
Où  les  aventures  avienent; 
Et  vous  di  que  de  là  i  vienent 
Chevalier  de  grant  bonté  plains , 
Tex  qui  ne  se  sont  mie  fains 
De  querre  les  grans  aventures; 
Des  grans  lances  roides  et  dures 
Se  juent  sovent  et  déduisent. 
Cil  qui  la  roïue  conduisent , 
Au  Hem  l'amainent  avec  aus. 
Mesire  Quex  li  senescaus 
Est  avoec  celé  compaignio, 
Et  si  est  la  mix  cnsignic 


232  KOMAN  DE  HAM. 

De  toutes  les  dames  qui  soient. 

Tout  cil  qui  son  nom  nomer  oient 

N'ont  garde  de  mal  ne  de  fièvre  : 

Cou  est  la  roïne  Genièvre 

Qui  vient  au  Hem  al  assemblée , 

Et  ne  vient  pas  si  à  emblée 

Que  tous  li  païs  ne  le  sace. 

Je  n'en  mentirai,  Dieu  ne  place! 

De  riens  qui  i  soit  avenu. 

O  la  roïne  sont  venu 

Privéement  un  peu  de  gent; 

Ele  n'amaine  que  .vij.  cent 

Chevaliers ,  dames  et  puceles  : 

Pour  voir  tesmoing  c'onques  plus  beles 

Ne  mena  li  roïne  en  ost, 

Fors  c'une  toute  seule  en  ost  : 

Quant  lieus  sera,  bien  en  porons 

Recorder  cou  que  nous  vauron[s]. 

Or  vous  dirai  de  la  roïne. 
Qui  onques  n'ot  as  bons  haïn[e]. 
Toutes  gens  le  doivent  nomefr] 
Quant  on  est  en  péril  en  mer. 
Bone  est  et  bêle  et  onerable; 
Gens  deduisans  et  delitable 
Maine  en  sa  route,  ù  qu'el  vo!s[e]. 
Sa  gens  se  deduist  et  envoisc 
En  toutes  les  cures  du  jour  ; 


ROMAN  DE  HAM.  233 

Si  chevalier  heent  séjour; 
Tous  jours  va  par  estrangc  terre 
Pour  les  grans  aventures  querre. 
La  roïne  Genièvre  amainent 
Cil  qui  en  nul  point  ne  reniainn[ent] , 
Ains  vont  tous  jors  de  marce  en  inarc[c]  ; 
Et  ne  va  mie  à  fuer  de  garce 
La  roïne ,  quant  ele  muet , 
Ains  amaine  quanqu'ele  puet 
De  compaignie  recouvrer. 
A  paine  saroit  nus  nombrer 
Le  caroi  ne  le  grant  atour 
Qu'ele  maine  pour  estre  au  jour 
De  Saint-Denis  à  Hem-sour-Somm[e]. 
A  un  mot  vous  devise  et  nomme 
C'o  li  viegnent  sans  nule  doute 
Tex  cent  chevaliers  en  sa  route 
Qui  tous  jours  sont  prest  de  joster. 
Combien  qu'il  li  doie  couster  ; 
Mais  la  roïne  a  grant  anui 
Qu'il  a  tout  à  point  .i.  an  hui 
C'une  dame  vint  à  Cardu[el] 
Et  se  plaint  de  Bruiant  d'U[el] , 
Un  chevalier  qui  li  toloit 
Toute  sa  tere  et  la  voloit 
[A] voir  à  femme  maigre  li. 
fL]a  roïne  pria  merci 


234  ROMAN  DE  HAM. 

|Et  qu]e  li  envoiast  secours. 
[Gart]  Dix  dame  Sore  d'Amours! 
[Si]  est  biaus  et  preus  et  cortois. 
|S'e]n  présenta  mais  ains  le  mois 
[L'c]n  repenti  s'il  pcust  estrc. 
[Qu]ant  la  dame  vint  en  son  cstre, 
[S]i  le  fist  mètre  en  sa  prison  : 
[D]e  tant  fist-ele  mesproison , 
[Qu'e]nsi  l'engigna  et  déchut; 
[L]a  roïne  ne  s'en  perçut 
[N]e  nus  chevaliers  de  sa  court. 
[M]at  et  dolant  et  mu  et  sourt 
[S]ont  du  chevalier  qui  tant  vaut, 
[Qu]i  à  Hem-sur-Somm[e]  leur  faut, 
[Qu'] Alise  l'a  en  prison  mis, 
[Qu'ijl  ne  veut  estre  ses  amis  : 
Pour  cou  en  sa  prison  le  garde. 
Quant  ele  veut,  si  le  resgarde, 
Qui  n'en  veut  autre  cose  faire  ; 
Il  se  lairoit  ançois  detraire 
Un  et  .i.  les  membres  du  cors, 
C'autre  éust  jà  de  lui  depors 
Que  s'amie  Sore  d'Amours. 
Ains  puis  ne  sejorna  .ij.  jors 
Sore  d'Amours  que  ses  amis 
Fu  pour  tel  cose  en  prison  mis; 
Ains  a  tant  quisc  la  roïne, 


ROMAN  DE  HAM.  235 

Qui  auques  près  est  sa  cousine, 
C'a  Ham-sur-Somme  l'a  trouvée. 
[S]ore  d'Amours  toute  montée 
[E]st  entrée  dedens  la  porte  ; 
[S]ur  un  ronchin,  qui  dur  le  porte, 
[S]'en  vint  entre  li  et  un  nain, 
[Qu]i  le  conduisoit  par  le  frein. 
[Li]  roïne  estoit  jà  assise 
[A]  souper,  et  eut-on  assise 
[Un]o  courone  sur  son  cief: 
[Li  n]ains  s'en  va  de  cief  en  cief 
Les  tables  tant  qu'il  vint  as  dois. 
Mesire  Ques  dist  que  courtois, 
Qu'il  dist  :  «  Pucele,  Dix  vous  gart! 
Dont  venés-vous  ne  de  quel  part?  » 
Et  la  damo[i]sele  respont  : 
«  Dix  et  tout  li  saint  de  cest  mont 
Gart  ma  dame  et  la  compaignie 

Que  çaiens  voi  à  compaignie  !  » 

Et  Kex  li  a  dit  derechief  : 

«  Ma  damoisele,  par  mon  cief  ! 

Saluée  ne  vous  eusse 

Se  si  vilaine  vous  séusse 

Que  ne  me  daignissiés  respondre. 

On  devroit  le  chevalier  tondre 

Qui  pour  vous  en  péril  se  met; 

De  grant  folie  s'entremet 


236  KOMAN  DE  HAM. 

Qui  vous  n'autrui  sert  en  manaie. 
Et  n'entendes  pas  que  jou  n'aie 
Grant  volenté  de  vous  servir, 
Mais  qu'il  vous  venist  à  plaisir 
Et  que  g'i  séusse  mon  preu  !  » 
—  a  Mesiro  Reu,  mesire  Reu, 
Dist  la  roïne  devant  tous , 
Tous  jors  estes  fel  et  estous 
Et  apparilliés  de  mesdire. 
Laissiés  la  damoisele  dire 
Son  message  et  cou  qu'ele  quiert 
Et  faites  cou  c'a  vous  afiert; 
Si  taisiés  vo  langue  la  maie.  » 
La  pucele  est  emi  la  sale 
Tout  à  ceval,  H  et  son  nain; 
Et  dist  :  «  Roïne,  je  me  plaing 
De  la  dame  de  Hebrison , 
Qui  tient  mon  ami  en  prison 
Pour  cou  qu'il  ne  la  veut  amer. 
J'ai  .iiij.  fois  passé  la  mer 
D'Escoche  et  de  Norhombelande  : 
Or  vous  voi  chi ,  si  vous  demande 
S'il  a  en  vostre  court  vassal 
Qui  viegne  armés  sor  son  ceval 
O  moi  pour  mon  ami  rescourre. 
Roïne,  vous  soliés  secourrc 
Dames,  puceles,  chevaliers 


ROMAN  DE  HAM.  237 

Et  tous  cex  qui  il  ert  mestiers  ; 
Nus  ne  s'en  partoit  escondis. 
France  roïne,  en  fais,  en  dis 
Avés  le  los  et  le  témoins 
En  tous  pais ,  et  près  et  loins , 
Que  de  vo  court  ne  se  part  ame , 
Chevaliers,  pucele  ne  dame, 
Qu'il  n'ait  aide,  s'il  la  quicrt. 
Or  me  dites  cou  qu'il  en  ert , 
France  roïne ,  s'il  vous  plaist.  » 
Ma  dame  Genièvre  se  taist; 
Quant  pensé  ot,  si  respondi. 
Que  toute  la  cours  l'entendi  : 
«  Damoisele  Sore  d'Amours , 
A  moi  arés-vous  bon  secours 
Et  as  chevaliers  de  ma  court.  » 
A  ces  paroles  en  acourt 
Devant  la  roïne  tes  cent 
Que  tout  se  metent  en  présent 
De  celé  besoingne  furnir, 
Coi  qu'il  l'en  déust  avenir. 

Mais  la  roïne  sans  dangier 
Lor  dist  :  «  Signeur,  aies  mengier  : 
C'o  li  n'en  ira  c'uns  tous  sens.  » 
Dont  s'escria  mesire  Keus  : 
«  Dame  roïne ,  c'est  mes  drois  : 
Vostre  barons ,  Artus  li  rois , 


238  ROMAN  DE  HAM. 

Le  me  donna  jadis  en  fief 
(  Servi  l'en  ai  de  grant  relief), 
C'avoir  doi  la  jouste  première 
En  vostre  cornet,  ù  qu'ele  afierc; 
Se  Dieu  plaist,  si  Tarai  demain. 
Après  le  pucele  et  le  nain, 
Quel  part  qu'il  voisent,  m'en  irai; 
Le  chevalier  deliverrai 
Que  la  dame  a  emprisonné.  ). 
.1.  cor  a  hautement  sonné 
Uns  chevaliers  au  piet  du  pont  ; 
Et  li  nains  hautement  respont  : 
«  Or  du  corner  à  haute  alaine. 
Dame,  dame,  cil  là  amaine 
Le  chevalier  emprisoné. 
Que  là  hors  a  ce  cors  sonné  : 
Or  verra-on  se  vostre  cors 
Nous  pora  faire  nul  secours. 
Peu  vous  prise  qui  vient  si  près.  « 

—  «  Par  foi  !  dame,  je  sui  tous  près , 
Se  de  la  roïne  ai  l'otroi.  » 

—  «  Mesire  Rex,  et  je  vous  proi 
Que  vous  souffrez  dusk'à  demain. 
Entre  le  roïne  et  le  nain 
Demourront  o  moi  toute  nuit , 
Mais  qu'il  ne  lour  griet  ne  anuit.  » 
Une  sieuc  dame  apcla  : 


1 


ROMAN  DE  HAM.  239 

«  Dame ,  dist-elc ,  venés  chà  : 
Ma  cousine  vous  bail  en  garde.  » 
Et  li  nains  dist  que  mal  fu  Tarde, 
S'cle  a  autre  garde  de  li. 
La  nuit  demourerent  ensi , 
Dusk'au  demain  que  l'aube  crieve  : 
Mesire  Rex  matin  se  lieve , 
Si  tost  comme  il  perçut  le  jour; 
Si  s'arme  et  monte  sans  sejor, 
Et  atendi  es  lices  tant 
C'uns  chevaliers  i  vint  bâtant 
Des  espérons  sur  un  destrier 
Grant  et  isnel  et  fort  et  fier, 
Et  se  met  d'une  part  des  rens. 
La  roïne  et  toutes  ses  jens 
S'en  va  as  loges  asseoir, 
Qu'ele  veut  la  jouste  veoir 
Du  senescal  mesire  Keu; 
Mais,  s'il  vous  plaist  entendre  un  peu , 
Je  vous  dirai  d'une  aventure 
Qui  tant  est  felenesse  et  dure. 
Quatre  puceles  la  roïne , 
Ce  fu  Marote  et  Engîentine 
Si  fu  Cardonale  et  Plaisans  ; 
Mains  chevaliers  fu  ressoignans 
D'eles  secourre  à  lor  mescicf 
Toutes  voies  en  vint  à  chief 


240  ROMAN  DE  HAM. 

Li  bons  Chevaliers  au  Lyon , 
Qui  de  deus  coses  a  le  non  : 
Preus  est  et  largues  li  bon  sires , 
Ensi  com  je  l'ai  oï  dire 
Les  aventures  bêles. 
Sachiés  que  les  .iiij.  pucceles, 
Qui  erent  en  prison  au  bos , 
Ne  furent  onques  à  repos, 
Si  vint  cil  qui  li  Lyons  maine. 
Un  mois,  n'en  faut  c'une  semainne. 
Furent  laiens  emprisonées 
Celés  qui  sont  si  bêles  nées; 
De  lour  prison  dire  vous  doi, 
Qui  les  prist,  comment  ne  pourcoi. 
Il  avint  tout  droit  en  septembre, 
Par  un  lundi ,  très  bien  [me]  membre , 
Que  ces  puceles  cevauçoient, 
Ensi  que  cevaucier  soloient  : 
Sans  nule  compaignie  d'omme 
Erroient  celés  que  je  nomme, 
Et  fu  par  un  matin  bien  main. 
Pour  le  doue  tans,  pour  le  serain, 
Cevaucent  tout  en  pur  les  chiés , 
En  blans  quainses,  sans  cuevrecief; 
De  riens  nule  ne  se  doutoient. 
D[e]vant  clcs  gardent,  si  voient 
Une  crois  emi  le  cemin; 


ROMAN  DE  HAM.  241 

Unes  lettres  en  parkemin 
I  ot  pendues,  qui  disoient 
Aventures  qui  avenoient 
A  un  castel  d'illueques  près  : 
.vij.  chevaliers  i  a  tous  près 
De  jouster  à  tous  ciaus  qui  vienent. 
Les  puceles  coies  se  tienent , 
Tant  qu'ele  ont  les  cris  entendu  ; 
Après  çou  n'ont  plus  atendu, 
Ains  s'adrecent  vers  le  castel. 
Moût  courtoisement  et  moût  bel 
Les  a  li  portiers  bienvegnies; 
Et  eles,  com  bien  ensignies, 
Le  saluent  courtoisement , 
Et  li  prient  moût  doucement 
C'a  son  signeur  parler  les  face  ; 
Et  il  respont  :  «  Jà  Diu  ne  place 
Que  je  mece  nul  contredit!  » 
A  son  signor  court  et  li  dist 
C'a  la  porte  a  .iiij.  puceles 
Trop  durement  plaisans  et  bêles, 
Et  que  parler  voelent  à  lui. 
Lors  ne  remest  laiens  nului. 
Homme  ne  femme,  qui  n'i  voise; 
Cascuns  se  deduist  et  envoise 
Du  présent  que  Dix  lor  amaine. 
Toutes  montées  les  enmaine 

i6 


242  ROMAN  DE  HAM. 

En  la  sale,  et  puis  les  descent 
Li  sires  niout  courtoisement. 
Et  les  fait  servir  bien  et  bel. 
Il  avoit  dames  ou  caste)  ; 
Si  les  met  li  sire  en  lour  garde, 
Cascuns  volentiers  les  regarde, 
Et  ce  n'est  mie  de  mervelle. 
Cascune  errament  s'apareille, 
Et  li  sires  laver  les  maine. 
Ne  fu  mie  travax  ne  paine 
D'eles  servir  et  honnerer. 
Riens  enquerre  ne  demander 
Ne  lour  volt  dusc'on  ot  mengié; 
Dont  lour  demande  par  congie  : 
«Damoisele,  ne  vous  anuit. 
Où  reposastes-vous  anuit  ? 
Et  se  demander  vous  osoie, 
Volentiers  vous  demanderoie 
Où  vous  aies  en  tel  manière.  » 
Cardonnele  toute  première 
Par  le  grès  .vj.  autres  respont  : 
«  Li  mieudre  dame  de  cest  mont , 
La  plus  sage  et  la  mix  aprise 
S'en  vient  au  Han  à  celé  emprise 
Que  cil  doi  baceler  ont  faite. 
La  vérités  vous  ert  retraite  : 
Ma  dame  la  roïne  amainent 


ROMAN  DE  HAM.  243 

Cil  dui  baceler,  ki  se  painent 
De  li  noblement  recevoir. 
Se  dire  en  voloie  le  voir 
De  la  feste  et  de  la  besoigne , 
Vous  le  tenriés  à  grant  mençoignc, 
Conques  tele  emprise  ne  fu; 
Très  le  tans  le  bon  roi  Artu 
N'oï  nus  de  tele  parler. 
Si  nous  fait  la  roïne  aler 
Ma  dame  Genièvre  pour  querre 
Dames,  or  sommes  en  vo  terre 

Embatues  pour  vous  priier 

Que  vous  venés  sans  detriier 

Vous  et  vo  compaignie  à  court , 

C'ançois  que  ma  dame  retort 

Pores  au  Hem  joustes  trover, 

Où  vous  vous  pores  esprover 

Se  vous  en  volés  entremettre. 

Nous  véismes  ore  une  lettre 

Ci  de  dehors  à  une  crois, 

Qui  devise  que  nule  fois 

Ne  veut  nus  jouste  qui  ne  l'ait 

En  cest  castel,  en  c'est  mal  fait 

Se  la  grant  feste  est  destorbée 

Pour  chl  faire  un  petit  de  bée. 

Ne  le  vous  di  pour  nul  despit  ; 

Mais  metés  ceste  oevre  en  respit, 


244  ROMAN  DE  HAM. 

Si  ferés,  je  croi,  vostre  preu. 

Maint  chevalier  vaillant  et  preu 

Venront  jouster  devant  les  dames  : 

Riens  ne  vaut  feste  où  il  n'a  femmes^ 

Et  là  en  ara  grant  plcnté. 

Or  m'en  dites  vo  volente, 

Se  li  venirs  vous  plaist  ou  non. 

Cil  qui  sire  ert  de  la  maison 

Respondi  moût  courtoisement  : 

«  Damoiseles,  moût  sagement 

Avés  vo  mesage  conté  : 

En  la  dame  a  moût  de  bonté 

Qui  tes  messages  a  o  li; 

Mais  vous  et  nous  avons.... 

D'aler  au  Ham  à  ceste  fois; 

Li  alers  vous  est  en  defois, 

Et  nous  aussi  :  dont  il  me  poiso.  » 

De  par  ses  compaignons  li  prie 

Par  amisté  que  il  li  die 

La  raison  comment  ce  puet  estro 

Qu'il  ne  puet  issir  de  son  estre, 

Ne  nus  qui  ou  castel  s'embace. 

«  Damoisele,  jà  Dieu  ne  place 

Que  mençoigne  vous  en  recort  ! 

Maint  chevalier  vigreus  et  fort 

Sont  çaiens  venu  csprouver; 

Mais  qui  en  poroit  un  trouver 


ROMAN  DE  HAM.  246 

Qui  me  péust  mettre  à  merci , 
Moi  et  vous  et  chiaus  qui  sont  chi , 
A  sa  volenté  en  menroit 
En  tel  prison  comme  il  vaurroit. 
Certainement  je  vous  di  voir.  » 

—  «  Ha ,  sire  !  faites-le  savoir 
Au  Ham,  où  ma  dame  sejorne, 
Mate  et  dolante  et  mue  et  morne  ; 
Et  pour  cou  que  tant  demourons.  » 

—  ce  Le  matin  i  envoierons , 
Dist  li  sires,  qui  qu'il  anuit.  » 

—  «Ha,  sire!  pour  Dieu,  mais  anuit.  » 

—  «Damoisele,  et  je  l'otroi.  » 
Un  escuier  apele  o  soi, 

Si  li  a  cargié  le  message. 
Et  il  en  fist  à  loi  de  sage; 
Et  quant  la  roïne  le  sot , 
Au  plus  tost  que  ele  onques  pot 
Prie  au  Chevalier  au  Lyon 
Qu'il  voist  délivrer  de  prison 
Ses  puceles  ;  et  il  si  fist  : 
Lues  que  la  roïne  li  dist, 
S'esmut,  que  plus  ni  sejorna. 
Un  mardi,  si  k'il  ajourna, 
Estoit  tous  sens  sans  escuier. 
Et  cevauçoit  un  grant  destrier 
Bien  fait  et  de  membres  délivres  ; 


246  ROMAN  DE  HAM. 

Par  parance  valoit  cent  livres. 
Armés  estoit,  bien  m'en  souvient, 
De  quanque  à  chevalier  convient, 
Si  bien  que  riens  ne  li  faloit; 
Et  quic  et  croi  que  il  valoit 
Tant  que  chevaliers  puet  valoir; 
Mais  il  ne  pooit  joie  avoir. 
Que  pas  ne  trueve  cou  qu'il  quiert. 
La  roïne ,  qui  hom  il  iert , 
Genièvre  li  envoie  querre 
Ses  puceles  en  mainte  terre. 
Qui  u  castel  sont  en  prison 
Sans  nule  certaine  raison , 
Si  comme  oï  avés  devant. 
Gis  chevaliers  les  va  querrant , 
Que  la  roïne  l'i  envoie  ; 
Il  se  mist  tost  droit  à  la  voie 
Le  jour  de  feste  saint  Jehan, 
Et  dist  la  roïne  c'au  Ham 
Les  amenast,  s'il  les  trouvoit; 
Et  se  il  si  bien  se  prouvoit 
Qu'il  les  delivrast  de  prison, 
Mais  qu'il  n'i  éust  mesprison , 
Il  ne  saroit  jà  demander 
^  Qu'ele  ne  fesist  commander, 

Sauve  s'onnour  et  sauf  son  droit. 
Souffert  a  maint  caut  et  maint  froit 


ROMAN  DE  HAM.  247 

Li  chevaliers  pour  des  querre , 
Il  s'enbatl  en  une  terre  ; 
Si  comme  aventure  le  mainc, 
Erroit  tout  droit  en  la  semaine 
Devant  la  feste  saint  Denis  : 
«  Ha,  las!  dist-il,  je  sui  honnis, 
Jamais  ne  puis  avoir  honour. 
Biau  sire  Dicx,  hui  en  cest  jour 
Me  voelliés  conseil  envoiier 
De  la  besoingne  que  je  quier, 
Dont  j'ai  tant  de  travail  eu.  » 
Devant  li  garde ,  s'a  véu 
.1.  esquiier  tout  seul  venant 
Sour  un  roncin  desavenant, 
Trotant  et  maigre  et  dehallé. 
Li  chevaliers  a  tant  aie 
Qu'il  a  encontre  le  vallet; 
Errament  à  raison  le  met 
Li  chevaliers  et  se  li  prie 
Par  amisté  que  il  li  die 
Pour  coi  il  a  couvert  son  vis  : 
«  Sire,  dist-il,  il  m'est  avis 
Que  vous  estes  des  chevaliers 
La  roïnc,  qui  volontiers 
Orroit  enseugnes  et  noveles, 
Je  croi,  de  ses  .iiij.  puceles, 
Que  li  tormens  aproce  et  vient 


248  ROMAN  DE  HaM. 

Que  la  roïne  avoir  convient 
Dames,  puceles  grant  plenté. 
Encore  ai-ge  hui  esté 
Ou  castel  où  eles  demeurent  : 
Mauvais  sont  si  ne  le  seceurent 
Tout  li  chevalier  de  la  court,  w 
Li  chevaliers  au  fraim  li  court, 
Et  dist  :  «  Vous  ne  m'escaperois 
Devant  l'eure  que  dit  m'arois 
Où  les  .iiij.  puceles  sont.  » 
—  «  Sire,  dist-il,  cil  qui  les  ont 
Les  vous  renderont  à  envis. 
Le  pour  coi  j'ai  couvert  mon  vis 
Vous  dirai-ge  moût  volentiers, 
Que  vous  m'en  sanlés  chevaliers. 
Li  sires  du  castel  du  bois 
Maint  ci-devant,  là  où  je  vois; 
Il  a  Ydone  et  Aiglentine, 
Cardonale  et  Alixandrine  : 
Ces  .iiij.  sont  en  son  castel; 
S'i  sont  .vij.  chevalier  nouvel. 
Qui  tous  jors  sont  prest  de  jouster. 
Jà  n'i  quier  mençoingne  ajouster 
A  cose  que  je  vous  recort  : 
Maint  chevalier  vigreus  et  fort 
Sont  à  eus  venu  esprouver; 
Mais  qui  en  poroit  un  trovcr 


ROMAN  DE  HAM.  249 

Qui  tous  les  méist  à  merci , 
Les  damoiseles  qui  sont  chi 
En  poroit  mener  quitement. 
Je  n'os  chevauchier  autrement, 
Que  je  ne  soie  ravisés.  » 

—  «  Biaus  dous  frerc ,  or  me  devises 
Pour  la  sainte  paterne  Dieu 

Eu  quel  endroit  et  en  quel  lieu 
Je  porai  trover  ces  vassaus.  » 

—  «  Sire,  si  puissé-je  estre  saus, 
Moût  volentiers  vous  conterai 
De  leur  estre  quanques  j'en  sai. 
Il  sont  orendroit  ou  castel  ; 
Onques  nus  hom  ne  vit  plus  bel , 
Que  bien  sai  que  g'i  gui  anuit; 
Mais  pour  cou  qu'il  ne  vous  anuit, 
Vous  voel  briément  conter  lor  estre. 
Vous  tenrés  ceste  voie  à  destre 
Tout  sinplement ,  sans  faire  escrois  ; 
Devant  vous  venrés  une  crois, 

Où  il  a  un  escu  pendu; 
Nepourquaut  m'est-il  desfendu 
Que  je  ne  me  doi  entremetre 
Del  ensignier,  car  une  lettre 
Peut  à  la  crois,  qui  tout  devise; 
Et  se  vous  un  tout  seul  servise 
Me  voliés  prometre  à  avoir, 


250  ROMAN  DE  HAM. 

Les  puccles  ferai  savoir 
Que  vous  les  venés  délivrer.  » 

—  «  Je  vous  en  voel  ma  foi  livrer, 
Dist  li  chevaliers,  biaus  amis, 
Sur  quanques  Dix  a  en  moi  mis 
De  loialté,  que  vous  Tarés; 
Mais  que  mon  non  pas  ne  sarés, 
Se  force  ne  le  me  fait  dire.  » 

—  «  A  Diu  vous  commant,  biaus  dous  sire, 
Je  m'en  vois  faire  mon  message; 

Or  en  ouvrés  à  loi  de  sage , 

Que  haut  afaire  avés  empris  : 

Dix  vous  en  doinst  honour  et  pris  !  » 

Li  escuiers  à  tant  s'en  part, 
Au  castel  vient;  moult  li  est  tart 
Qu'il  ait  contées  les  noveles. 
Trovées  a  les  damoiseles 
En  un  prael  trestoutes  .iiij. , 
Qui  là  alerent  pour  esbatre 
Et  pour  lour  anui  oubliier. 
A  tant  es  venu  l'escuier, 
Qui  lour  dist  lues  que  il  les  voit  : 
«  Damoiseles,  Dix  vous  pourvoit  ! 
Menés  joie ,  ne  vous  anuit  : 
Délivrées  serés  anuit, 
C'un  chevalier  vi  ore  errant 
Et  me  dist  que  il  va  qucrant 


ROMAN  DE  HAM.  261 

Quatre  puceles,  maint  jour  a; 
Et  sachiés  que  il  me  jura 
Que  son  non  pas  ne  me  diroit  ; 
Et  si  me  promist  orendroit 
.1.  guerredon  par  serement, 
Mais  c'a  vous  venisse  erramment 
Pour  ces  noveles  aconter.  » 

—  «  Biaus  dous  frère,  ore  aies  monter 
Et  vous  emblés  hors  de  la  porte; 

Si  saciés  quels  armes  il  porte , 
Et  le  nous  venés  tost  redire; 
Et  s'il  son  non  vous  voloit  dire, 
Dites  que  nous  li  en  prions; 
Et,  se  Diu  plaist,  nous  en  irons 
A  ma  dame  par  ses  esfors.  » 

—  <c  Damoiseles,  il  pert  si  fors 
Qu'il  est,  je  croi,  de  grant  bontés; 
Et  est  si  noblement  montés 

Et  si  armés  que  riens  n'i  faut. 
Je  cuic  et  pens  et  croi  qu'il  vaut 
Autant  que  nus  hom  poet  valoir; 
Et  quanques  j'en  porai  savoir 
Et  apenre  j'en  apenrai , 
Et  si  tost  com  je  revenrai 
Orrés  cou  que  j'arai  trouvé.  » 
Son  roncin  a  chil  retrouve 
Ou  bos  là  où  il  l'arraisna  ; 


252  ROMAN  DE  HAM. 

Onques  nus  hom  ne  l'arresna  , 

Ains  monte  tost  et  tient  sa  voie , 

Après  le  chevalier  s'avoic  : 

A  la  crois  vient  et  si  l'i  trueve  ; 

Et  li  vallés,  qui  bien  se  prueve, 

Le  salue  et  li  dist  no  vêles 

Comment  les  .iiij.  damoiseles 

Le  renvoient  à  lui  arrière  : 

«  Et  pour  Dieu!  s'en  nule  manière 

Lour  vaurriés  mande[r]  vostre  non.  » 

—  «  Et  certes,  mes  amis,  je  non; 
Mais  tant  dirés-vous  Aiglentine , 
Je  vieng  chi  de  par  la  roïne , 

Et  sui  auques  desconfortés.  » 

—  ((  Et  des  armes  que  vous  portés , 
Sire,  dites-moi  le  devis.  » 

—  «  Vallet,  dist-il,  il  m'est  avis 
Que  tu  me  bées  à  sousprendre. 
Se  tu  veus  mes  armes  aprendre 
A  deviser,  eles  sont  d'or; 

Et  se  tu  vous  sonner  ce  cor. 
Le  surplus  t'en  deviserai. 
Tu  vois  c'unes  armes  d'or  ai 
A  coquefabues  vermeilles.  » 

—  «  Par  foi,  or  oi-ge  grans  merveilles, 
Fait  li  vallés;  vous  me  mokiés: 

(?est  vilenie  et  s'est  pitiés 


ROMAN  DE  HAM.  253 

Quant  vous  me  dites  tel  ramprosne. 
Je  ne  quic  que  desous  le  trosne 
Ait  homme  qui  tel  escu  port; 
Et  ne  pourquant  [je]  vous  aport 
De  ce  castel  teles  noveles 
Qui  vous  seront  bonnes  et  bêles. 
Les  puceles  qui  laiens  sont 
Avoec  eles  un  escu  ont 
Oïl  il  a  une  piere  assise  : 
Vous  n'arés  garde  en  nule  guise, 
Tant  que  vous  Tarés  à  vo  col. 
Or  ne  m'en  tenés  pas  à  fol, 
Qu'eles  vous  voelent  envoiier 
(Mais  qu'il  ne  vous  doive  anuiier) 
Pour  vous  aidier  à  vos  besoins. 
Je  ne  sai  homme  près  ne  loins 
Qui  ne  fust  liés  de  tel  présent.  » 
Et  li  chevaliers  simplement 
Li  respont  que  jà  ne  lara 
Duskes  que  délivrées  ara 
Les  puceles ,  s'il  le  puet  faire. 
«  Sire,  quant  je  ne  puis  plus  traire, 
Dist  li  variés,  je  m'en  revois.» 
Erramment  s'est  férus  u  bois, 
Si  que  de  lui  pert  la  véue; 
Et  li  chevaliers  a  léuc 
La  lettre  qui  pent  à  le  crois  ; 


254  ROMAN  DE  HAM. 

Et  puis  i  sonne  par  tel  effrois 

Le  cor,  si  comme  il  me  sanla, 

Que  tous  li  castiaus  en  trambla; 

Et  selonc  cou  qu'il  ot  apris 

Et  à  la  lettre  et  as  escris 

Se  vaut  au  castel  adrecier, 

Quant  il  perçut  .i.  escuicr 

Qui  vers  lui  venoit  cevauchant. 

Le  chevalier  vint  aprochant, 

Qui  tenoit  l'escu  embracié 

Et  avoit  le  hiaume  lacié 

Près  de  jouster,  s'il  éust  lance. 

Li  escuiers  vers  lui  se  lance , 

Si  l'en  met  une  en  sen  goucet , 

Et  puis  à  la  voie  se  met 

Vers  le  castel  grant  aléure; 

Et  li  chevaliers  l'ambléure 

Le  siut  duskes  devant  le  porte , 

Et  voit  un  chevalier  qui  porte 

Ses  armes  de  tel  appareil  : 

Blances,  à  un  castel  vermeil  : 

Tel  furent  tout  si  garniment. 

Li  chevaliers  courtoisement 

Mande  au  signeur  de  le  maison , 

Sans  orguel  et  sans  derraison , 

Que  les  puceles  li  envoit , 

Qu'il  n'a  de  riens  si  grant  couvoit , 


ROMAN  DE  HAM.  255 

Car  Jenievre  si  li  fait  querre  : 
Quises  les  a  en  mainte  tere, 
Or  set  qu'elles  sont  ci  encloses. 
Dire  voel  à  petit  de  gloses 
Cou  que  li  sires  li  rcmande  : 
Riens  ne  li  prie,  ains  li  commande 
K'errant  en  sa  prison  se  mete 
Et  que  jamais  ne  s'entremete 
De  message  à  dame  furnir. 
«  Moût  en  i  coverroit  venir 
De  tels  vassaus»,  ce  dist  li  sires. 
Li  chevaliers  forment  s'aïre 
Quant  il  s'ot  ensi  mesprisier. 
Or  vous  dirai  de  l'escuier 
Qui  as  damoiseles  revint; 
Tout  ensi  comme  il  li  avint 
Lour  raconta  de  chief  [en  chief]  ; 
a  Par  les  iex  qui  sont  en  mon  cief , 
Dist  l'une ,  nous  irons  au  mur, 
Et  soiions  toutes  asseur 
C'est  cil  qui  nous  delivrerra; 
Et  saciés  bien  qu'il  liverra 
Tous  ciaus  de  çaiens  grant  estour. 
Montons  lassus  en  celé  tour, 
Pour  veoir  son  contenement.  » 
Toutes  quatre  delivrement 
Montent  as  estres  de  la  tour, 


256  ROMAN  DE  HAM. 

Et  voient  de  très  bel  atour 
Le  chevalier  qui  les  vient  qiierre  ; 
Tout  avant  va  celui  requerre 
Qui  du  castel  estoit  issus  : 
Se  ses  haubers  n'est  bien  tissus, 
Au  sanlant  qu'il  fait  de  jouster 
Il  li  pora  moût  bien  couster. 
Dient  les  puceles  en  haut  : 
«  Au  grant  besoing  voit-on  qui  vaut. 
Dans  chevaliers,  se  Dix  me  gart, 
Tes  gens  prenent  de  vous  regart 
Que  vous  ares  encore  en  garde.  » 
Li  chevaliers  à  tant  regarde 
Et  voit  dames  et  damoiseles, 
Assés  de  jones  et  de  bêles. 
Et  oit  les  .iiij.  qui  si  crient 
Merci  et  doucement  li  prient 
Pour  Dieu  que  d'eles  li  souviegne  : 
«  Damoiseles,  coi  qu'il  aviengne. 
Certes,  j'en  ferai  mon  pooir. 
Si  ke  vous  le  pores  véoir.  » 
Lors  laisse  le  cheval  aler. 
Si  k'il  poet  bien  pour  voir  sanler 
Tous  cens  qui  l'esgardent  venir 
Qu'il  set  bien  le  lance  tenir 
Et  l'escu  porter  en  cantel. 
Onques  chevaliers  en  mantel 


ROMAN  DE  HAM.  257 

Ne  fu  plus  noblement  enclos; 
Et  sachiés  qu'il  n'ert  mie  clos 
Li  destriers  dessus  coi  il  sist; 
Nule  cose  ne  li  messist 
De  cou  que  à  tel  mestier  faut. 
La  lance  porte  droit  et  haut 
Pour  assener  en  mi  le  vis. 
Cil  du  castel  par  grant  avis 
Li  vint  q[ua]nqu'il  puet  randonner; 
Tes  cox  se  vont  entre-donner 
C'ambedui  lor  lanches  brisierent. 
Celé  jouste  forment  prisierent 
Tuit  cil  qui  esgardée  l'ont; 
Mais,  Diu  merci,  nul  mal  n'en  ont  : 
Tost  sont  à  lor  rens  ravoiië. 
Cil  du  castel  ont  envoiié 
Au  chevalier,  s'il  est  tous  sains; 
Et  il  dist  dechà  le  Toussains 
N'averoit-il  de  tes  cox  garde. 
Il  se  retourne  et  se  regarde. 
Et  voit  issir  par  mi  le  porte 
Un  escuier  qui  li  aporte 
Une  grosse  lance  à  plain  poing. 
Li  escuiers  dist  :  «  Au  besoing , 
Ce  vous  mand-on,  voit-on  l'ami.  » 
—  «  Ha!  jentix  hom,  est-cou  à  mi? 
Qui  le  me  mande,  di-le-moi.)) 

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258  ROMAN  DE  HAM. 

—  «  Ces  puceles  que  jou  là  voi 
Là  haut  sour  celé  tor  à  destre, 
Ne  sevent  qui  vous  poés  estre  ; 
Mais  en  vous  ont  moût  grant  fiance.  )> 

—  «  Vallet,  baillc-moi  une  lance, 
Si  me  salue  les  puceles; 

Et  Dix  lour  envoit  tés  noveles 
Que  mener  les  en  puisse  à  court  !  » 
Li  escuiers,  ains  qu'il  s'entourt, 
Voit  qu'en  l'escu  se  plante  et  joint; 
Le  destrier  des  espérons  point 
Et  li  fait  la  tere  pourprendre  ; 
Et  li  autres,  sans  plus  atendre, 
Lues  qu'il  le  voit  venir,  li  muet 
Quanques  cevax  porter  l'en  puet, 
Si  k'il  fait  la  tere  tranler. 
Lour  lances  faisoient  branslcr 
Par  fin  aïr  dusk'u  sommet, 
Que  cascuns  tout  son  pooir  met 
A  son  compaignon  mettre  jus, 
Vraiement,  et  tex  est  li  jus. 
Al  assanler  tés  caus  se  donnent 
C'a  poi  que  il  ne  s'entr'estonnent , 
Et  brisent  andui  dusk'ès  poins. 
Cardoneuse  escrie  trest  poins  : 
«Sire,  que  nous  diiés  vo  non.  » 
Et  il  li  escrie  :  «  Je  non.  » 


ROMAN  DE  HAM.  259 

Mais  tant  fist  que  il  l'enclina. 
Aine  dusk'à  son  renc  ne  fina, 
Un  vallet  trueve  qui  li  baille 
Grosse  lance  et  dist  qu'il  ne  faille , 
Ce  li  mandent  les  damoiseles  ; 
Et  lues  qu'il  entent  ces  noveles, 
Moet  de  son  renc  et  s'en  départ  ; 
Et  cil  du  castel  d'autre  part 
Li  revient  quanqu'il  puet  d'eslais; 
Mais  vous  n'oïstes  onques  mais 
Tel  mervelle  ne  tel  tormente; 
Et  ne  quidiés  pas  que  j'en  mente, 
Que  nul  ot  ou  castel  ou  point 
Que  li  uns  contre  l'autre  point. 
Lors  s'entre-donnent  si  grans  cox, 
Li  plus  sages  et  li  plus  fox 
En  venra  tart  au  repentir. 
Du  camp  font  le  castel  tentir, 
Qu'il  se  sont  grant  entre-donné. 
Ambedui  sont  si  estonné 
Qu'il  ne  sorent  où  il  alerent. 
Li  hiaume  des  ciés  lour  volèrent, 
Dont  nus  n'i  ot  blasme  ne  honte  ; 
Et  par  cou  connut-on  le  conte, 
Et  fu  cascuns  près  que  pasmés. 
«  Or  n'en  doit  mie  estre  blasmës 
Nos  chevaliers,  dist  Englentine; 


260  ROMAN  DE  HAM. 

Venus  est  de  par  la  roïne 
Jenievre,  et  je  pens  qu'il  soit  buens. 
Ce  poroit  bien  estre  li  quens 
D'Artois  qui  dii  nous  vient  rcquerre.  ^-> 
Toutes  quatre  queurent  à  terre 
Pour  oïr  s'il  sont  vif  u  mort. 
Seur  un  ronchin  isncl  et  fort 
Ist  .i.  escuiers  du  castel  ; 
Sains  les  trueve,  moût  li  fu  bel. 
Li  vallés  fu  bons  et  courtois, 
Il  connut  le  conte  d'Artois  ; 
Mais  nul  sanlant  ne  l'en  moustra. 
Tost  et  delivrement  l'outra; 
A  son  signor  vint  et  li  conte 
Comment  il  a  jousté  au  conte; 
Et  ses  sires  ne  li  dist  mot, 
Pour  coi  qu'il  ne  l'entent  ni  ot, 
Si  est-il  du  caup  estourdis; 
Et  ou  castel  avoit  toudis 
Foudre  et  tempeste  et  tel  tonnent, 
Que  on  quidoit  certainement 
Que  tout  deust  fondre  en  .i,  mont. 
Les  tieules  qui  erent  amont 
Tresbuskoient  toutes  aval  : 
N'as  autres  joustes  ne  fist  mal , 
Et  s'en  i  ot  plenté  de  dures; 
Mais  cil  fina  les  aventures 


ROMAN  DE  HAM  26! 

Que  li  lyons  a  amené. 
Laiens  n'a  homme  demouré  : 
Hommes  et  femmes  des  fors  vienent, 
Fors  les  .iiij.  qui  prison  tienent, 
Que  li  sires  tenoit  se  court 
Que  nés  aler  en  mi  sa  court 
N'osent-eles  sans  son  congié. 
Ainsi  com  cil  qui  a  songié 
Revienent  cil  de  pamison. 
Toutes  les  jens  de  la  maison 
Furent  jà  à  eus  acouru; 
Et  ont  cascun  si  secouru 
Qu'il  ne  caï  ne  cancela. 
De  quanques  il  peut  se  cela 
Li  quens,  qu'il  ne  fust  ravisés. 
Li  vallés  fu  bien  avisés; 
A  son  signeur  vint  de  rechief 
Et  vit  qu'il  ot  drechié  son  chief , 
Si  li  dist  :  «  Sire,  vous  avés 
Jousté  (et  si  ne  le  savés) 
Au  conte  d'Artois  vraiement. 
Je  vous  di  tout  certainement. 
C'est  il,  que  je  le  sai  de  voir. 
Il  est  ci  venus  pour  r'avoir 
Les  puceles,  si  les  r'ara; 
Contre  vous  conquises  les  a  : 
Or  li  rendes  sans  contredit.  » 


262  ROMAN  DE  HAM. 

Li  sires  du  castel  s'en  rit , 
Et  vient  au  chevalier  tout  droit; 
Se  main  devant  son  vis  tenoit  : 
Pour  Diu  prie  c'on  li  aport 
Son  hiaume  sans  plus  de  déport; 
Mais  li  chevaliers  du  castel 
Li  dist  :  «  Sire ,  s'il  vous  est  bel , 
O  nous  herbegerés  anuit; 
Et  pour  Dieu,  qu'il  ne  vous  anuit, 
Volentiers  vostre  non  saroie, 
Se  demander  le  vous  osoie.  » 
Et  li  quens  li  dist  en  apert  : 
«  Mon  parin  ot  à  non  Robert.  »  ' 
Et  li  chevaliers  com  courtois 
Li  dist  :  «Vous  estes  quens  d'Artois; 
Vers  nous  ne  vous  devés  couvrir. 
J'ai  jà  fait  vo  castel  ovrir  : 
Vés  chi  vos  clés,  je  les  vous  rent. 
Sire,  pour  Dieu!  menés-nous-ent 
En  tel  prison  que  vous  vaurrois; 
Car  il  est  bien  raison  et  drois , 
Quant  vous  m'avés  d'a[r]mes  outré. 
Anuit  pores  jesir  ou  tré 
Que  vous  veés  devant  vos  iex , 
Ou  ou  castel ,  s'il  vous  plaist  micx. 
Nous  nous  rendons,  sauves  nos  vies, 
Et  nos  armes  et  nos  amies  : 


ROMAN  DE  HAM.  263 

Du  tout  sommes  en  vo  manaie; 
Et  se  vous  voilés  dire  naie, 
S'irons-nous  de  par  vous  à  court, 
Et  mouverons  à  terme  court.  » 
A  tant  sont  entré  ou  castel  ; 
Moût  courtoisement  et  molt  bel 
Fu  H  quens  iaiens  rechéus; 
Mais  il  se  tint  à  decéus, 
Que  devant  li,  faces  moillies, 
Sont  toute  .iiij.  ajenoillies 
Les  damoiseles  qu'il  vint  querre. 
De  si  haut  comme  il  fu  à  terre 
S'est  d'autre  part  ajenoillies , 
De  sanc  et  de  sueur  moillies , 
Tout  si  armés  comme  il  estoit  ; 
Et  dist  qu'il  ne  se  leveroit, 
Se  li  aroient  pardoné 
Cou  qu'il  a  voit  tant  demouré  ; 
Et  eles  li  crient  merci  : 
«  Sire,  delivrés-nous  de  chi; 
Trop  avons  mes  en  ceste  tour.  » 
Et  il  dist  que  jamais  nul  jour 
N'en  isteroit,  s'el  ne  s'en  issent; 
De  cou  forment  s'en  esjoïssent, 
Et  ce  n'est  mie  de  mervelle. 
Cascune  d'eles  s'apparelle 
De  li  desarmer  bien  et  bel. 


264  ROMAN  DE  HAM. 

Li  ,vij.  chevalier  du  castel 
Li  vienent  tout  merci  criier, 
Et  dient  que  sans  detriier 
S'iront  à  court  de  par  li  rendre  ; 
Et  se  la  roïue  en  veut  prendre 
Raençon,  ele  l'avera 
Tant  et  plus  comme  ele  en  vaurra. 
Et  li  quens  as  .vij.  chevaliers 
Respondi  que  meut  volentiers 
Soufferroit  c'a  la  court  alaissent, 
Mais  que  de  lui  riens  ne  parlaissent , 
Qu'il  n'avoit  mie  cose  faite 
Qui  là  déust  estre  retraite; 
Et  il  disent  que  si  avoit. 
Les  tahles  metent  à  esploit 
Cil  qui  entremetre  s'en  durent. 
De  cou  qu'il  mengerent  et  burent 
Ne  vous  voel  plus  dire  le  conte. 
Après  souper  mainent  le  conte 
Les  puceles  dusk'à  lour  lis. 
Là  fu  li  joie  et  li  delis 
Quanc'on  puet  faire  de  parole  ; 
Là  fu  la  petite  carole. 
Ce  sevent-eles  sans  demour 
Que  demain  mouveroit  au  jour. 
En  cou  que  li  quens  se  déporte  y 
Es  un  chevalier  qui  aportc 


ROMAN  DE  HAM.  265 

Vin  et  touaille  et  gingcmbras; 
Et  li  quens  entre  ses  .ij.  bras 
Prent  Cardonale,  si  ss'assiet  : 
Entr'eles  mie  ne  messiet. 
De  moût  de  coses  ont  parlé  ; 
Assés  tost  sont  coucier  aie, 
Et  dorment  dusk'à  lendemain. 
Onque  ne  sot  lever  si  main 
Li  quens  que  tout  levé  ne  fuissent 
Cil  du  castel  et  qu'il  n'eussent 
Tout  enselé  les  cevaus  trais. 
A  pièce  ne  seroit  retrais 
Li  congiés  comment  il  fu  pris. 
Li  quens,  qui  lie  castel  ot  pris, 
S'en  départ  grant  joie  faisant; 
Cil  que  je  compère  au  faisant 
O  les  puceles  s'en  départ. 
Li  .vij.  chevalier,  d'autre  part, 
S'en  vont  au  Ham  rendre  prison  ; 
Et  li  chevaliers  son  lyon 
Commande  c'avoec  aus  eu  aille , 
Et  il  si  fist  sans  nule  faille  ; 
Mais  ne  vont  mie  tout  ensanle  : 
Li  quens  tous  seus,  si  com  moi  sanle, 
O  ses  puceles  tint  sa  voie. 
Moût  volentiers,  se  je  sa  voie, 
Diroie  quanqu'il  leur  avint. 


266  ROMAN  DE  HAM. 

Li  quens  d'Artois  sa  voie  tint, 
Je  ne  sai  mie  de  quel  endroit. 
Li  sires  du  castel  tout  droit 
Le  nuit  de  Saint-Denis  départ 
De  son  castel  ;  moût  li  est  tart 
C'a  la  roïne  soit  venus. 
Tous  armés,  les  haubers  vestus, 
Vienent  tous  .vij.  en  u  palais, 
Qui  n'est  mie  vilains  ne  lais; 
Maint  tortin  i  avoit  ardant  : 
Durement  les  va  regardant 
Tuit  li  chevalier  de  la  court , 
Et  li  lyons  devant  eus  court 
Tous  jours  as  pies  de  lor  chevaus. 
Mesire  Quès  li  senescax 
Se  pourvoit  de  cou  qu'il  doit  dire. 
Cil  qui  des  compaignons  fu  sire 
Vint  devant  la  roïne  as  dois; 
Et  li  lyons ,  qui  fu  courtois , 
Devant  la  roïne  s'estut 
Tous  cois,  c'onques  ne  se  remut  ; 
Sour  le  table  mist  son  musel. 
Et  li  chevaliers  du  castel 
Salue  la  roïne  et  dist  : 
«  Ma  dame ,  sans  nul  contredit 
Nous  venons  mètre  en  vo  prison 
De  par  le  vassal  au  lyon.  » 


ROMAN  DE  HAM.  267 

Et  la  roïne  les  retient 
En  manière  qu'il  leur  convient 
Oster  lour  hiaumes  de  lour  ciés  : 
Erramment  les  ont  deslaciés, 
Si  c'on  les  vit  apertement  ; 
Et  mesires  Rex  erramment , 
Et  dist  au  signeur  voiant  tous  : 
«  Certes,  vous  me  sanlés  moût  dous 
Et  moût  simples  à  vo  resgart  ; 
Vous  fériés  jà  moût  grant  cssart 
En  une  bataille  mortel  : 
Se  tout  vo  compaignon  sont  tel , 
Vous  estes  périlleuse  gent. 
Du  cors  estes-vous  bel  et  gent  ; 
Mais  du  surplus  ne  sai  parler.  » 
Mesire  Quex  prist  à  aler 
De  l'un  à  l'autre  et  dist  ses  cox, 
Et  dist  :  «  Vous  me  sanlés  moût  mox,» 
Dist  mesire  Rex  à  l'un  d'eus  : 
«  C'est  grans  damages  et  grans  deus 
Que  vous  .vij.  estes  si  cruel 
Que  par  droite  faide  mortel 
Vous  a  uns  chevaliers  conquis. 
Par  amours,  qu'estes-vous  chi  quis? 
Venés-vous  femes  demander? 
Cil  li  set  moût  bien  commander, 
Qui  volroit  faire  ses  commans; 


268  ROMAN  DE  HAM. 

Et  cis  rous-là,  qui  est  si  grans, 

Aroit  tost  fait  un  home  cous; 

Et  cil  là  aroit  tost  rescous 

Plain  hanap  de  vin  au  besoing  ; 

Et  cil  là  est  venus  de  loing, 

Qui  si  est  magres  et  halles; 

Et  cil  là  est  moût  enfonsës 

De  car  :  je  croi  qu'il  soit  moût  mous.  » 

Et  si  dist  sour  cascun  ses  cox 

Mesire  Quex,  dont  il  fet  mal. 

La  roïne  et  tout  à  ceval 

Sont  li  chevalier  devant  li  : 

<c  Dame ,  dist  Quès ,  aiiës  merci 

De  ces  vassaus  qui  sont  si  preu; 

Bien  en  poés  faire  vo  preu, 

S'aucune  besoingne  vous  sourt.  » 

—  ce  Mesire  Keu ,  à  quoi  qu'il  tourt , 

De  ma  mainie  les  retieng; 

Et  si  me  doute  moût  et  crieng 

Qu'il  ne  se  couroucent  vers  moi, 

Pour  le  mal  que  dire  vous  voi. 

Tout  le  monde  volés  biasmer.  w 

La  roïne ,  pour  desarmer, 

Les  fait  mener  en  une  tour  ; 

Et  puis  se  metent  el  retour, 

Et  s'en  vont  al  mengier  seoir. 

Moût  volentiers  les  vont  véoir 


ROiMAN  DE  HAM.  269 

Cil  jone  baccler  errant  ; 
Et  la  roïne  tout  errant 
C'on  eut  soupe,  à  peu  paroles, 
A  fait  comraencier  les  caroles , 
Qui  durèrent  près  que  la  nuit. 
Il  n'est  mie  drois  qu'il  anuit 
Avoec  si  noble  compaignie  ; 
Car  ele  est  si  bien  ensignie 
Que  nule  honours  en  li  ne  faut. 
Or  revenrai  à  l'escafaut 
Où  ele  monta  pour  véoir 
La  jouste.  Que  qui  asseoir 
Set  bien  ses  cox  et  emploiier. 
Mainte  fois  fist  Keus  enoiier 
Se  ses  compains  estoit  armés. 
Il  n'en  doit  mie  estre  blasmés 
S'il  n'a  la  premeraine  jouste; 
Mais  il  li  grieve  et  poise  et  couste 
S'autres  de  li  s'en  entremet. 
Car  trestout  son  pooir  i  met 
Pour  sa  droiture  retenir. 
Chevaliers  véissiés  venir 
Tous  armés ^  les  chevax  couvers. 
Li  huis  des  lices  fu  ouvers, 
Si  entroit  chevaliers  à  masse  ; 
Trestous  li  mondes  s'i  amasse, 
Aine  n'en  vi  tant  à  nul  marcié. 


270  ROMAN  DE  HAM. 

Li  palic  furent  si  carcié 
Qu'il  rompirent  en  plus  d'un  lieu. 
La  roïne  à  mon  signeur  Keu 
Mande  ke  ses  lances  emploit. 
Que  li  jours  s'en  va  à  esploit, 
Et  chevalier  d'estrange  terre 
Sont  chi  venu  pour  lor  pris  quen'e. 
Pour  cou  li  mant  qu'il  se  délivre. 
Onques  à  forsené  n'a  yvre 
N'oï  tant  de  mervelle  dire. 
Ne  s'en  porent  tenir  de  rire 
Li  chevalier  qui  l'escoutoient, 
Néis  les  dames  s'acoutoient 
As  fenestres  de  l'escafaut  ; 
L'une  escrie  :  «  Que  que  vous  faut , 
Vous  faut-il  riens  que  nous  aions?» 
—  «  Dame,  il  nous  faut  .ij.  compaingnons  : 
Vous  un,  et  moi  un  d'autre  part. 
Ore  dyable  i  aient  part  !  » 

Dist  la  roïne  :  «  Sire  Quès,  1 

Tous  jours  fustes  et  serés  tés  : 
On  ne  se  puet  à  vous  déduire. 
Che  ne  vous  déust  de  riens  nuire, 
Que  pour  bien  l'avoit  demandé.  » 
La  roïne  ot  errant  mandé 
Ses  barons  pour  li  consillier  : 
({  Signeur,  chi  vienent  chevalier 


ROMAN  DE  HAM.  271 

D'estrange  païs  et  de  loins, 
Et  il  seroit  bien  huimais  poins 
De  faire  cou  c'on  a  empris. 
Ne  doit  pas  estre  en  mal  repris 
Se  Quès  ne  jouste  premerains  : 
S'il  joustoit  tout  à  daarrains, 
Ne  puet-il  perdre  sa  droiture. 
Si  me  doinst  Dix  bonne  aventure, 
Pour  délivrer  l'estrange  gent 
Vous  doins  un  don  et  bel  et  gent, 
Se  vous  le  volés  otroiier  : 
Or  faites  erramraent  criier 
Se  chevax  et  chevaliers  chiet, 
Et  au  chevalier  ne  meschiet 
Qu'il  ne  wide  hors  des  arçons , 
As  escuiers  et  as  garçons 
Se  face  aidier  et  relever.  » 
—  «  Ce  ne  lour  doit  mie  grever, 
Dist  li  sires  de  Raineval  ; 
Et  qui  ançois  vient  au  cheval 
Si  voist  jouster,  s'il  troeve  à  qui  ; 
Et  si  faç'on  crier  aussi 
Que  tout  droit  dames  sont  venu, 
A  tous  ciaus  qui  ci  sont  venu,  w 
Ainsi  le  crie  à  haute  vois 
Cil  c'on  apiele  Corbiois  ; 
Et  Corbiois  ot  tel  escout 


272  ROMAN  DE  HAM. 

Qu'il  fu  bien  entendus  par  tout. 
Lors  véissiés  ces  gens  frémir 
Et  ces  chevaliers  estourmir 
Et  courre  armer  dedens  ces  rés; 
Mes  encore  est  mesire  Rex 
Tous  armés  dès  soleil  levant; 
Se  ses  compains  ne  vient  avant, 
Il  n'ara  pas  les  premiers  cox. 
Ne  fu  mie  nices  ne  fox 
Mesire  Aubers  de  Longueval , 
Ains  vint  tous  près  sor  biau  cheval, 
Et  a  un  chevalier  trouvé, 
Bon  joustéour,  bien  esprouvé, 
Que  asprement  l'ira  requerre; 
Se  son  non  me  voliiés  enquerre, 
Bauduins  castelains  d'Arras  ; 
Et  si  vous  di  qu'il  ne  vint  pas 
Au  Ham  comme  uns  hom  esbahis. 
Que  trestout  cil  de  son  païs 
Vinrent  de  ses  armes  couvert. 
Se  le  voir  vous  ai  descouvert, 
Doi  et  doi  vindrent  main  à  main. 
Et  vindrent  le  mardi  bien  main; 
Mais  la  roïne  et  ses  puceles, 
U  grant  plenté  avoit  de  bêles, 
Ert  jà  montée  ens  escafaus. 
Li  castelains  n'est  mie  faus  ; 


\ 


ROMAN  DE  HAM.  273 

La  roïne  premièrement 
Salue  moût  courtoisement 
Et  les  autres  de  chief  en  cief. 
Ne  voel  pas  debatre  mon  cief 
A  dire  quanc'on  devisa; 
Mais  li  castelains  s'avisa 
C'armer  s'en  iroit  à  l'ostel  : 
De  cou  li  por-je  bien  los  tel 
Qu'il  ala  tost  et  tost  revint. 
Tele  aventure  li  avint 
Que  li  sires  de  Longueval 
Est  tous  armés  sour  son  cheval 
Au  bout  du  renc,  ù  il  l'atent 
Com  cil  qui  gaires  ne  s'entent 
Combien  li  blés  vaut  el  marchié  ; 
Et  tenoit  l'escu  embrachié 
Sour  un  destrier  qui  n'est  pas  lais. 
Devant  les  dames  un  eslais 
Fait  pour  son  ce  val  essaiier; 
Ne  vaut  pas  longues  delaiier, 
Ains  repaire  à  son  renc  arrière. 
Li  castelains  en  tel  manière 
Fait  un  eslais  et  puis  revient. 
A  cascun  quanqu'il  li  convient 
Baillierent  cil  qui  les  servirent; 
Et  si  tost  comme  il  s'entrevirent. 
Qu'il  furent  prest,  et  cascuns  muet, 


274  ROMAN  DE  HAM. 

Quanques  chevax  porter  le  puet 

S'entre-vindrent  à  la  roïne , 

Qui  n'avoit  pas  à  l'un  haine; 

Car  ses  frères  estoit  germains  : 

Vers  le  chiel  en  tendi  ses  mains. 

Que  Dix  de  mal  le  destournast. 

•V.c.  quidierent  qu'il  tonnast 

Des  grans  cox  qu'il  s'entredonerent  ; 

Li  tronçon  plus  haut  en  volèrent 

C'uns  hom  ne  ruast  à  le  main. 

De  le  lance  le  castelain 

Ne  remest  une  aune  d'entier, 

Et  si  n'i  remest  que  froissier 

En  l'autre ,  que  de  tout  fist  pourrCc 

Tost  et  droit  font  les  chevax  courre. 

«  Par  foi  !  ce  dient  li  auquant , 

S'il  s'entr'encontrent  tant  ne  quant, 

Il  s'entre-creveront  andoi.  » 

La  roïne  acena  au  doi 

Un  chevalier  de  grans  bontés, 

Qui  sour  un  ceval  ert  montés 

Em  pur  le  cors  sans  arméure  ; 

Et  il  i  vient  grant  aléure; 

Gilles  de  Noeve-Vile  ot  non  : 

«  Sire,  pour  Dieu  et  pour  son  non  ! 

Alés-lor  de  par  moi  priier 

Que  il  se  gardent  de  cukier. 


ROMAN  DE  HAM.  275 

Si  kier  que  cascuns  a  m'amour.  » 
—  «Dame,  Dix  me  doinst  hui  mal  jour, 
Dist-il ,  se  je  jà  en  paroil  ! 
Il  me  tenroient  jà  pour  fol 
Se  je  leur  aloie  desfendre 
Honeur  à  faire  et  honte  emprendro  : 
De  cou  n'ere  jou  jà  messages.  » 
Et  li  castelains  comme  sages 
Vint  à  son  renc  le  petit  pas; 
Mais  encor  n'i  parfu-il  pas 
Quans  ses  compains  ot  jà  sa  lance; 
La  roïne  fu  en  balance, 
Qui  le  cukier  voloit  desfendre. 
Li  chastelains,  sans  plus  atendre, 
Prent  sa  lance  et  point  le  ceval; 
Et  li  sires  de  Longheval 
Li  revint  poignant  à  l'encontre. 
«Or  verres  jà  un  dur  encontre, 
Dist  la  roïne.  Dix  le  gart!  » 
Ele  se  tourne  d'autre  part. 
Que  n'a  pas  cuer  del  esgarder; 
Mais  Diex,  qui  bien  le  sot  garder. 
Les  sauva,  k'il  ne  se  blecierent. 
Andoi  lour  lances  despecierent , 
Outre  passent  et  tost  revienent. 
De  la  tierce  lance  k'il  tienent 
A  la  roïne  grant  paour, 


276  ROMAN  DE  HAM. 

Souvent  prie  le  Sauvéour 
Qu'il  les  gart  de  mal  et  d'anui. 
Que  vous  diroie-je?  Andui 
Ont  jousté  si  bel  et  si  bien 
C'on  ne  les  puet  blasmer  de  rien. 
Des  tierces  lances  s'entre-paient 
Si  grans  cox  que  poi  s'en  esmaient 
Les  dames  qui  pour  eus  priierent; 
De  si  près  vienent  qu'il  froiierent. 
Outre  passent  sans  biecéure. 
Mesire  Kex  grant  aléure 
Vint  à  la  roïne  et  li  conte  : 
«Dame,  dame,  chist  m'ont  fait  honte, 
Et  vous  grignor  qu'il  n'ont  à  moi. 
Vous  savés  bien  que  avoir  doi 
Le  première  jouste  en  vo  court  : 
Ce  soit  en  lance  que  chiens  court, 
Qu'il  m'ont  ore  desiretë. 
Qui  en  diroit  la  vérité, 
Jousté  ont  deboinairement. 

—  «Mesire  Kex,  certainement 
Vous  eussiés  mix  commencié  ; 
Le  camp  éussiés  semencié 

De  vous  et  de  vo  compaingnon.  » 

—  «  Certes,  dame,  c'éusse  mon. 
Coi  qu'il  m'en  déust  avenir.  » 

—  «Encore  i  pores  bien  venir, 


I 


ROMAN  DE  HAM.  277 

Mesire  Rex ,  s'u  cuer  vous  maint.  » 

—  «Vous  en  avés  abatu  maint, 

Dient  les  dames  par  escar; 

Quant  la  roïne  entra  u  car, 

Vous  savés  bien  qu'il  vous  avint.  » 

Mesire  Kex  honteus  devint , 

Si  laisse  la  parole  à  tant; 

Et  li  Sours  de  Seuni  bâtant 

S'en  vint  sour  un  destrier  couvert  ; 

Et  si  vous  di  pour  voir  c'ouvert 
Trouva  les  lices  arrière, 

Et  ses  compains  en  tel  manière 

Fu  d'autre  part  pour  lui  atendre. 
Quanques  cheval  peurent  destendre 
Se  vont  entreferir  d'eslais, 
Des  escus  percierent  les  ais 
Et  les  grans  pelâtes  d'acier; 
Grans  cox  se  vont  entre-dacier. 
Entre  Mahiu  de  Wallaincourt, 
Qui  bien  et  bel  le  ceval  court, 
Et  le  Sourt  de  Seuni  jousterent. 
Moût  volentiers  le  regardèrent 
Dames,  puceles,  qu'aspuïhes 
Estoient  lassus  as  puïhes. 
Après  vinrent  doi  baceler  : 
On  ne  doit  nul  bien  fait  celer. 
Mais  dire  haut  que  cascuns  l'oie  ; 


278  ROMAN  DE  HAM. 

Mais  Envie  la  langue  loie, 
Qui  en  déçoit  mainte  personne  ; 
Et  H  hiraus,  s'on  ne  li  donne, 
Dist  qu'il  ne  se  puet  acorder 
A  si  volentiers  recorder 
Le  bien  fait  que  s'on  li  donnast; 
Assés  de  tés  en  couronast 
De  qui  il  se  taist  et  déporte , 
Pour  cou  que  du  leur  riens  n'en  porte. 
Vendent  la  proueche  tel  gent? 
Nenil,  ne  seroit  bel  ne  gent; 
Mais  il  tesmoignent  les  biens  fais, 
Quant  on  leur  a  les  biaus  dons  fais , 
En  toutes  cours  plus  volentiers. 
Es-vous  venu  .ij.  chevaliers 
Devant  les  dames  à  leur  rens; 
De  toutes  manière  de  gens 
Furent  volentiers  regardé, 
Qu'il  estoient  si  bel  armé 
Et  si  monté  que  riens  n'i  faut. 
Les  dames  deseur  l'escafaut 
Demandèrent  à  ceus  d'aval  : 
«  Signeur,  qui  sont  cil  doi  vassal  ?  » 
Gilles  de  Noevile  en  Artois, 
Qui  tous  jours  a  esté  courtois, 
Respont  as  dames  :  «  Li  uns  est 
Fiex  le  droit  signeur  de  Hangcst.» 


ROMAN  DE  HAM.  279 

—  «  Li  quès  ?»  —  ic  C'est  cis  eschekerés , 

Dit  vous  ai  ce  que  vous  querés  ; 

Sires  en  ert  après  son  père. 

Et  Jehans  mesire  de  Clere 

A  à  non  cil  qui  à  lui  vient.  » 

Cil  de  Hangest  sa  lance  tient, 

Que  on  li  a  bonne  baillie, 

Grosse  et  quarée  et  bien  taillie  ; 

Mal  baillis  est  s'il  ne  l'emploie. 

Si  s'estent  que  l'eskine  ploie 

Au  destrier  dessur  coi  il  sist, 

Riens  qu'il  éust  ne  li  messit  ; 

Et  ses  compains,  que  je  moût  prise, 

A  erramment  sa  lance  prise  : 

Si  muet  li  uns  ancontre  l'autre. 

Cd  de  Hangest,  lance  sour  fautre, 

Li  vient  moût  bien  et  moût  à  droit. 

La  roïne  le  regardoit 

Et  les  dames  quemunement. 

Li  eschekerés  noblement 

Li  vient  de  près,  et  haut  l'avise. 

Que  vous  feroie  lonc  devise  ? 

Toutes  ses  trois  lances  brisa, 

Dont  la  roïne  le  prisa  ; 

Pour  cou  qu'il  a  si  bien  jousté, 

De  la  roïne  en  ot  bon  gré 

Et  de  tous  ceus  qui  le  regardent. 


280  ROMAN  DE  HAM. 

Après  keurent  cil  ki  l'esgardent 
Et  lour  escrient  :  «  C'est  bien  fait  !  » 
Es  rens  se  metent  sans  lonc  plait 
Doi  baceler  de  grant  vallance; 
Cascuns  a  cuevrechié  u  mance, 
Qu'il  sont  bien  disne  de  l'avoir. 
Lour  nons  vous  ferai  assavoir, 
Pour  voir,  se  jou  m'en  entrepreng  : 
Boissés  et  Monnars  de  l'Aleng. 
Andoi  vienent  si  acesmé 
Que  moût  des  dames  ont  esmé , 
U  des  damoiseles,  ce  jour, 
Que  li  uns  joustasl  pour  s'amour  : 
Eles  peurent  bien  voir  quidier. 
Lors  véissiés  ces  rens  widier, 
Jens  fourmiier  de  mainte  part. 
Cascuns  de  son  renc  se  départ. 
Et  s'en  vienent  de  grant  randon  : 
Boissés  mut  tout  à  abandon 
Qui  boine  amours  li  fait  aiuwe  ; 
Et  Monars  de  riens  ne  l'eskieue, 
Ains  li  vient  tost  et  près  et  droit, 
Que  mainte  dame  l'esgardoit  ; 
Mais  d'une  seule  li  souvient, 
Et  pense  que  il  li  covient 
Faire  cou  c'au  mestier  afîert. 
Bousset  avise  et  si  le  fiert 


ROMAN  DE  HAM.  281 

Près  de  la  gorge  bien  en  haut; 
Et  Boissés  mie  ne  refaut , 
Ains  li  donne  parmi  les  dens. 
Li  tronçon  volent  sour  les  jens 
De  lour  lances  qu'il  font  brisier. 
«  Tés  bacelers  doit-on  prisier, 
Dist  la  roïne ,  et  je  le  pris  : 
De  lor  mestier  sont  bien  apris.  « 
Lour  .iij.  lances  ont  si  brisies 
Que  jamais  ne  seront  prisies 
Pour  faire  chevalier  secours. 
Drieu  de  Morlaines  tout  le  cors 
S'en  vint  sour  .i.  destrier  morel, 
Tous  armés,  l'escu  en  cantel; 
Ne  li  faut  riens  fors  que  la  lance  ; 
Et  li  destriers  sour  lui  se  lance 
Lues  qu'il  senti  ses  espérons. 
Ensi  comme  nous  espérons, 
Guis  de  INueville  est  d'autre  part, 
La  lance  ou  puing,  et  se  départ 
De  son  renc  canqu'il  puet  movoir; 
Et  me  [sire]  Drieus,  tout  pour  voir, 
Li  va  chevalereusement 
Droit  après  et  hardiement 
Com  cil  qui  ne  le  crient  ne  doute. 
Si  près  li  vient  que  la  gent  toute 
Dient  :  «  Jà  les  verres  cukicr.  » 


282  ROMAN  DE  HAM. 

Et  qui  à  droit  vaurroit  jugier, 
Mesire  Guis  li  vient  si  bien 
Et  si  droit  qu'il  n'i  faloit  rien; 
Et  quant  ce  vint  à  l'aloignier, 
Nus  d'eus  n'i  daigna  resoignier, 
Ains  brisent  andoi  dusk'ès  poins. 
Outre  s'en  passe,  en  l'escu  joins, 
Mesire  Drieus  et  tost  revient  ; 
De  ses  .iij.  lances  li  avient 
Si  que  toutes  les  emploia, 
N'onques  n'en  caï  ne  ploia 
Mesire  Gis  ne  tant  ne  quant. 
Ce  tiemoignierent  li  auquant 
C'ambedoi  l'avoient  bien  fait. 
Je  vous  dirai  à  peu  de  plait 
Les  joustes,  que  se  [je]  disoie 
Que  cascuns  fist  et  devisoie. 
Trop  vous  anuieroit,  je  croi. 
Oiiés  de  mon  signeur  Gieffroy 
De  Clere,  qui  après  jousta; 
Mais  à  peu  qu'il  ne  li  cousta. 
Que  ses  escus  estoit  malvais. 
Mesire  Willems  de  Biauvais 
Li  donna  un  cop  si  pesant 
Qu'il  ne  volsist  pour  .i.  besant 
Que  ses  pelâtes  fuissent  hors, 
Féru  l'cust  par  mi  le  cors  ; 


ROMAN  DE  HAM.  283 

Et  Mesire  Giefrois  le  quiert 
Haut  en  la  teste,  et  si  le  fiert 
Par  mi  la  gorge  qu'il  brisa 
Sa  lance  :  dont  moût  le  prisa 
La  roïne  et  sa  compaignic , 
Qui  bonne  est  et  bien  ensignie. 
Bien  ont  furni  cou  qu'il  emprisent, 
Tant  que  les  dames  les  en  prisent 
Et  dient  qu'il  ont  fait  biaus  caus. 
Mesire  Quès  li  senescaus 
Est  armés  desous  l'escafaut, 
Si  tormentés  que  riens  n'i  faut, 
Pour  son  compaignon  qui  ne  vient  ; 
Et,  d'autre  part,  il  doute  et  crient 
Qu'il  ne  li  soit  à  mal  torné  : 
Un  peu  a  son  ce  val  torné, 
Et  voit  son  joustéour  venir; 
Onques  ne  se  pot  astenir 
Mesire  Quex,  ains  s'escria  : 
«  Ore  est  venus  qui  aimera.  » 
Et  ses  compains  moût  bien  l'entent , 
Et  voit  et  set  que  il  l'atent 
Et  a  longuement  atendu , 
Et  bien  a  le  mot  entendu 
Que  mesire  Rex  li  a  dit; 
Et  les  dames  sans  contredit 
Ont  monsigneur  Que  escrié  ; 


284  ROMAN  DE  HAM. 

«  Mesire  Que,  se  detrié 
A  detrié  ore  est  venus. 
Gardés  que  vos  veus  soit  tenus, 
Que  déistes  au  commencier, 
Que  le  camp  fériés  semencier 
De  vous  et  de  vo  compaiguon  ; 
Il  n'est  armés  se  pour  vous  non. 
Or  faites  de  vous  le  semence  : 
N'afiert  pas  que  chevaliers  menche 
Devant  dames  de  ce  qu'emprent.  » 
Mesire  Quex  de  duel  esprent 
Quant  des  dames  ot  tés  ramprone  : 
«  Pléust  Dieu  que  desous  le  trosne , 
Dist  mesire  Quex,  n'éust  famé 
Qui  langue  éust  !  et  maie  flame 
Vous  puist  les  vostres  embraser. 
Tant  estes  prestes  de  palier 
Et  de  dire  cose  qui  cuit  !  » 
— -  a  Mesire  Que,  ne  vous  anuit, 
Dist  li  nains,  qui  raout  fu  rebors; 
Les  femmes  ont  du  poil  de  l'ours  : 
Femmes  dient  que  dire  suelent, 
Et  en  ce  font  que  faire  voelent  ; 
Feme  est  li  froumages  buskex.  » 
Dont  s'apaisa  mesire  Rex 
Pour  le  nain,  ki  le  dist  si  haut 
Que  les  dames  de  l'escafaut 


ROMAN  DE  HAM.  286 

Et  la  roïne  l'ont  oï  ; 
S'en  a  Quex  son  cuer  esjoï , 
Cor  cuid-il  estre  bien  vengiés. 
«  Nains,  ki  les  dames  laidengiés, 
Ce  dist  Forteche,  par  mes  ex! 
Il  ne  vous  en  ert  mie  miex. 
Mesire  Quex  dist  son  plaisir; 
Si  vous  deveriés  bien  taisir, 
Qu'il  a  tous  jours  sour  nous  ses  cox.  » 

—  «Gillart,  vous  n'estes  pas  si  fox, 
Dist  Quex  par  moût  grant  aatine, 
C'au  gré  ma  dame  la  roïne 

Ne  diiés  à  vostre  pooir  ; 
Mais  se  vous  poés  lieu  véoir, 
Par  ceste  teste  que  je  port, 
Il  i  aroit  peu  de  déport. 
Chevaliers  estes  bons  et  preus  ; 
Mais  vous  n'estes  en  cambre  preus, 
S'il  i  a  cose  qui  vous  haite. 
Faus  est  qui  contre  vous  i  gaite  : 
Riens  n'i  vaut,  ne  gaie  ne  espie. » 

—  «  Kex ,  vous  ne  me  tiemoigniés  mie , 
A  ces  paroles  que  vous  dites, 

C'on  me  pregne  avoec  les  erites  : 
J'aim  les  femmes,  et  c'est  nature. 
Et  Dix  envoit  maie  aventure 
Tous  ciaus  qui  des  femes  mesdient. 


ROMAN  DE  HAM. 
Et  bien  aient  cil  qui  en  prient!  » 
A  tant  laissierent  le  tençon. 
Mesire  Kex  prent  un  tronçon 
Et  va  essaiier  son  ceval  ; 
Li  bons  Aubers  de  Longueval 
Li  va  présenter  un  destrier, 
Se  du  sien  ne  se  puet  aidier; 
Et  mesire  Kex  l'en  mercie 
Et  dist  qu'il  ne  1'  cangera  mie, 
Que  bon  le  trueve,  ce  li  sanle. 
Toute  li  feste  s'i  assanîe 
Pour  la  j  ouste  Kex  esgarder. 
Cil  qui  les  rens  durent  garder 
Les  font  si  près  del  escafaut 
Que  les  dames  de  là  en  haut 
Poront  véoir  bien  plainement 
De  cliascun  son  contenement. 
Du  compaignon  mesire  Keu 
Me  plaist  que  je  vous  die  un  peu  : 
Chevaliers  est  et  grans  et  fors, 
Bien  fais  et  de  membre  et  de  cors, 
Preus  et  vaillans  de  grant  vaillance; 
Il  est  tous  près  et  tient  sa  lance, 
Dont  il  pense  à  faire  biaus  caus. 
Mesire  Quex  li  senescaus 
Ne  targe  plus,  ançois  li  muet 
Quanques  chevax  porter  le  puet. 


ROMAN  DE  HAM.  287 

Jehans  des  Jestes  ses  compains 
Ne  s'est  mie  atargiés  ne  fains, 
Ains  li  vient  et  bien  et  à  droit. 
Mesire  Rex  pense,  s'a  droit, 
Qu'il  ira  plus  près  qu'il  pora, 
Ou  il  ou  ses  cevax  morra , 
A[ins]  qu'il  ne  fâche  son  pensé. 
Andoi  sont  si  bien  apensé 
Que  lour  doi  pensé  sont  en  un  ; 
Et  il  i  pert  bien  à  cascun , 
Qu'il  vienent  près  et  droit  et  tost; 
Et  ne  sont  mie  si  repost 
Qu'il  n'i  ait  plus  de  .iij.  milliers 
De  dames  et  de  chevaliers 
Et  d'autre  gent  qui  les  regardent. 
«  Jà  chuqueront,  s'il  ne  se  gardent,  » 
Dient  cil  qui  venir  les  voient. 
De  riens  nule  ne  se  desvoient. 
Pour  coi  ?  pour  cou  que  il  ne  daignent. 
Des  lances  premerains  s'ataignent 
Et  s'entre-donnent  moût  grans  cox. 
Mesire  Rex  li  senescaus, 
Pour  les  dames  qui  le  moquierent, 
Le  quist  de  si  priés  qu'il  cukierent  ; 
Et  fist  un  encontre  si  dur 
Que  les  dames  desour  le  mur 
Quidierent  bien  qu'il  fuissent  mort, 


288  ROMAN  DE  HAM. 

Qu'il  sont  andoi  et  grant  et  fort. 

De  cors,  de  pis  et  de  cheval 

S'entr'  encontrent  li  doi  vassal 

Et  rompent  poitral  et  estrier; 

Mais  nus  ne  wida  le  destrier, 

Et  ne  pourquant  si  laidement 

Chukierent  que  certainement 

Quida-on  qu'il  fuissent  crevé. 

La  roïne  en  a  moût  grevé , 

Qui  moût  aime  mon  signeur  Keu. 

.1.  chevalier  vaillant  et  preu 

Envoie  pour  savoir  k'il  font; 

Mais  lour  gens  remonté  les  ont 

Cascun  desseur  .i.  paleffroy, 

Si  n'en  fu  pas  en  tel  effroi 

La  roïne  comme  devant. 

Et  mesire  Kex  vient  avant, 

S'a  la  roïne  saluée. 

Ele  s'est  contre  li  levée. 

Car  ele  l'aimme  et  crient  et  doute  : 

«  Où  est ,  dist-il ,  ma  dame  Estoute 

Qui  m'a  fait  le  camp  semencier? 

Se  n'estoit  hontes  de  tencier, 

Je  li  diroie  isnel  le  pas 

Tel  cose  que  ne  dirai  pas; 

Et  si  dirai-ge  ma  goulée. 

El  ne  fust  hui  si  engoulée, 


ROMAN  DE  HAM.  289 

Si  acesmée  ne  si  cointc, 
Roïne,  s'elc  n'éiist  acointe. 
Ele  m'a  fait  le  sens  mari.  » 

—  «  Sire ,  que  c'est  pour  son  mari , 
Et  si  le  devons-nous  quidier.  » 

—  «  Si  vous  puist  orc  Dix  aidier, 
Roïne,  que  vous  dites  voir. 

Se  vous  me  faites  esmouvoir^ 

Il  ne  vous  en  ert  mie  bel; 

Déliait  par  mi  le  liaterel 

Qui  plus  d'une  autre  vous  queroit  : 

Tele  est  droite,  qui  tost  querroit 

S'ele  estoit  asprement  requise. 

On  ne  vous  puet  faire  service 

Ne  c'a  Dieu,  qui  à  gré  vous  viengne, 

S'on  ne  s'i  afole  u  mehaigne. 

Voir  di,  par  saint  Piere  l'apostre! 

Que  l'amour  de  Dieu  à  la  vostre 

Volés-vous,  femmes,  comparer. 

Les  hommes  faites  comparer, 

Ançois  qu'il  aient  vostre  amor  : 

Que  Dix  vous  doinst  toutes  mal  jor  !  » 

Mesire  Kex  s'en  part  à  tant; 

Et  li  quens  de  Clermont  bâtant 

Des  espérons  es  rens  se  met, 

Com  cil  qui  moût  bel  s'entremet 

Du  mestier  quant  il  l'entreprent. 

19 


290  ROMAN  DE  HAM. 

A  la  roine  congié  prcnt 
Que  par  .iij.  lances  le  retiengne 
De  sa  maisnie,  et  c'a  li  vicgne 
Jouster  un  de  ses  chevaliers. 
La  roïnc  moût  volentiers 
Et  moût  liemeut  le  retient  ; 
Mais  ele  doute  moût  et  crient 
Le  péril,  qu'il  est  moût  haus  lions. 
Consillicr  va  à  ses  barons 
La  roïne ,  si  fait  savoir  : 
«  Quele  jouste  voira  avoir 
Cis  riches  hom,  dites-le-moi? 
Il  est  frères  jermains  le  roy 
Et  veut  estre  par  sa  francise 
De  mon  ostel  ;  en  nule  guise 
Ne  vaurroie  que  il  éust 
Joustéour  qui  li  despléust  : 
Si  vous  pri  à  tous  et  requier 
C'on  li  envoit  tel  chevalier 
Dont  il  se  tiegne  à  bien  paiiés. 
Or  pensés  tant  que  vous  l'aiiés, 
Pour  Dieu ,  et  vous  en  avisés.  » 
—  «  Dame,  il  est  pieça  devises, 
Dist  li  sires  de  Longheval  ; 
Faites  querre  amont  et  aval 
Entre  tous  cens  de  vostrc  ostel  ; 
N'en  trouvères  nul  si  tel 


ROMAIN  DE  HAM.  291 

Coin  le  sigiieur  do  Basentin. 
Je  vous  di  voir,  par  saint  Quentin! 
Il  n'a  plus  preu  en  vostre  court. 
Or  le  mandés,  à  quoi  qu'il  tourt.  » 
Il  fu  mandés,  et  il  i  vient 
Tous  pres[t]  de  quanque  il  li  convient  ; 
Et  la  roïne  li  commande, 
Que  par  nul  autre  ne  le  mande , 
Qu'encontre  le  frère  le  roy 
Voist  jouster,  et  de  tout  desroi 
Se  gart,  que  ele  li  em  prie. 
Huars  l'entent,  moût  l'en  mercie 
Et  fait  tout  son  commandement. 
Lour  lances  prendent  erramment 
Et  muevent  sans  plus  delaiier. 
Durement  oïssiés  criier 
Mongoie!  au  conte  de  Clermont. 
Les  .iiîj.  pies  met  en  un  mont 
Li  destriers  seur  coi  il  venoit. 
Sa  lance  et  son  escu  tenoit 
Moût  noblement  et  moût  à  point  ; 
Et  Huars  en  l'escu  se  joint. 
Et  voit  le  conte  qui  li  vient  : 
Amours,  de  qui  il  li  souvient, 
Escrie  et  Montauban  moût  haut. 
Al  alongier  nus  d'eus  ne  faut, 
Ains  brisent  andoi  dusk'ès  poins. 


•)92  ROMAN  DE  HAM. 

Cascuns  passe  outre,  en  l'escu  joins, 

Et  sont  à  loiir  rens  retourné. 

Il  sanloit  qu'ensi  fuissent  né ,    , 

Si  estoient-il  noble  et  bel. 

Cascuns  tint  l'escu  en  quantel, 

Et  s'esmuevent  sans  plus  atendre; 

Quanque  cheval  puecnt  destendre 

Se  vont  grans  cox  entre-paiier, 

Moût  durement  font  esinaiier 

Lour  gens  à  la  lance  seconde. 

Mangouniaus  ne  piere  ne  fonde 

Ne  descoche  plus  radement 

Qu'il  venoient,  certainement, 

Au  tiemoing  de  chiaus  qui  i  furent. 

Les  tierces  lances  si  coururent 

Et  de  si  près  et  de  si  droit 

Que,  se  li  renc  fuissent  cstroit, 

Li  cheval  fuissent  encontre; 

Mais  la  roïne  avoit  mandé 

Ses  chevaliers  qu'il  ne  chucaissent, 

Et  de  celui  plus  se  gardaissent. 

Qu'il  ne  li  fesissent  desroi, 

Pour  çou  qu'il  est  frères  le  roi  ; 

Et  il  venoit  si  radement 

Et  si  chevalereuscment 

Que  tous  li  mondes  l'en  prisa. 

Toutes  ses  .iij.  lances  brisa 


ROMAN  DE  HAM.  293 

Seur  le  signcur  de  Basentin. 
Des  lances  maint  félon  tatin 

I  ot  départi  et  douné. 

Ensi  que  [je]  vous  ai  conté , 
Entra  ens  li  quens  de  Clermont; 
Seur  les  escafaus  là  amont , 
O  la  roïne  en  va  seoir 
Et  dist  bien  que ,  s'il  puet  véoir 
Se  cil  qui  sont  venu  de  hors 
Voelent  grever  par  lour  effors 
Ne  la  roïne  ne  sa  gent , 

II  ne  lour  ert  ne  bel  ne  gent; 
Ains  joustera ,  à  quoi  qu'il  tourt. 
Es-vous  un  hiraut  qui  acourt 

Et  escrie  :  «  Wuidiés  les  rens  !  » 
Regardés  fu  de  maintes  jens 
Uns  chevaliers ,  c'on  nomme  ensi  : 
Mesire  Wistasse  de  Sisi. 
Cis  jousta  encontre  Ridel  ; 
Un  mot  en  dist  courtois  et  bel 
Mesire  Gilles  à  sen  fd  : 
«  Ridel ,  Dix  vous  gart  de  péril 
Entre  ti  et  ton  compaignon! 
Il  est  preus  et  de  grant  renon  ; 
Et  saces  tout  certainement 
Que  pour  ,C.M.  mars  d'argent 
Ne  11  lorras  du  renc  plain  pié.  » 


294  ROMAN  DE  HAM. 

Cascuns  tint  l'escu  embracié. 
Et  s'entre-vienent  sans  faintise. 
Cil  de  Sisi  sa  lance  brise , 
Desous  le  gorge  l'assena  ; 
Et  Ridiaus  tel  cop  li  donna 
Que  sa  lance  froisse  et  esmie. 
Longuement  n'atargierent  mie , 
Ains  revient  cascuns  à  son  droit 
Mou[t]  cointement  et  moût  à  droit; 
Des  autres  lances  s'entre-quierent 
Hantes,  hiaumes,  et  s'entre-fierent 
Moût  grans  cox  et  moût  merviileus 
«  C'est  là  uns  jus  moût  perilleus, 
Dist  uns  vilains  qui  les  regarde  : 
D'ex  et  des  autres  soit  Dix  garde  !  » 
Des  tierces  lances  véissiës, 
Se  garde  vous  en  préissiés , 
Qu'il  les  portoient  droit  as  iex  ; 
Mais  une  tel  faute  vaut  miex 
Que  de  ferir  bas  et  brisier  : 
Qui  bien  fait,  on  le  doit  prisicr. 
Ridiaus  ses  .iij.  lances  brisa, 
Dont  la  roine  le  prisa; 
Et  cil  de  Sisi  le  fist  bien , 
Nus  ne  l'en  doit  blasmer  de  rien. 
Cil  vint  après,  que  je  le  vi, 
Li  bons  Robers  de  Montigni 


ROMAN  DE  II AM.  295 

Encontre  Guillaume  d'Aunoi  ; 
Cil  ne  vinrent  pas  par  daunoi , 
Ains  s'en  vindrent  par  grant  effors  ; 
De  chevax ,  de  pis  et  de  cors 
S'eutr'encontrerent  li  vassal. 
Saciés  de  voir  qu'il  me  fist  mal 
Quant  je  vi  l'encontre  si  dur. 
Les  dames  de  dessus  le  mur 
Quidierent  qu'il  fuissent  crevé  : 
Si  leur  en  a  forment  pesé, 
Que  la  jouste  fu  dure  et  fors. 
On  quida  bien  qu'il  fuissent  mors, 
S'en  eurent  aucune  gens  duel. 
Mesire  Engherrans  de  Bailluel 
Se  met  es  rens,  plus  noirs  que  fer; 
Ce  sanloit  li  maistres  d'infer 
Ensi  comme  fu  aournés; 
Contre  lui  vient  bien  atournés 
Li  bons  Pierars  de  Fonconcourt  ; 
Mais  ses  chevax ,  qui  bien  li  court , 
Ne  l'osa  onques  aprocier, 
Tant  le  séust  poindre  et  brocier; 
Et  si  metoit  tout  son  pooir, 
Si  que  bien  le  porent  véoir 
Tout  cil  qui  estoient  entour. 
Lors  jura  que  si  fait  atour 
N'aroit  jamais  jour  de  sa  vie 


2<)G  ROMAN  DE  HÂM. 

Mesire  Engherrans,  qui  envie 

A  de  bien  faire  en  tous  bons  licx; 

Et  si  croi-je,  si  m'aït  Dix, 

Qu'il  fu  fix  du  plus  cortois  homme 

Qui  fust  entre  Londres  et  Rommc. 

Moût  de  gens  le  tienent  à  preu; 

Sires  fu  de  Tou[rjs  en  Vimeu, 

Et  en  Escoche  ot-il  grant  terre  : 

Bons  pour  tournoi  et  bons  pour  guerre 

Fu  mesires  Wistasses  de  Tours. 

Acesmés  de  très  biaus  atours , 

Vindrent  après  dui  baceler; 

Lour  non  ne  font  mie  à  celer  : 

Li  uns  ot  non  Driex  du  Plaissié; 

Ne  vint  mie  le  col  baissié, 

Encor  l'ait-il  petit  et  court. 

Cil  qui  sire  est  de  Hamalaincort , 

Qui  contre  lui  sanle  gaiant, 

De  son  renc  se  part  à  itant  ; 

Hamelaincourt  !  dist  quanqu'il  puet; 

Et  mesire  Driex  li  remuet 

Quanqu'il  puet  traire  du  destrier. 

Andoi  vienent  sans  espargnier; 

De  cors,  de  cevax  et  de  pis 

S'entrencontrent  :  si  en  fu  pis 

Lor  cevax,  ot  si  les  grevèrent 

Que  onqucs  puis  ne  relevèrent  ; 


ROMAN  DE  HAM.  297 

Li  monsigueur  Drieu  fu  frols  mors. 
Nus  des  chevaliers  de  sen  cors 
Ne  fu  ne  bleciés  ne  malmis  : 
Joie  fu  à  tous  ses  amis. 
Cil  doi  jousterent  bien  et  fort  ; 
S'on  ne  les  prise ,  c'est  à  tort. 
Après  vint  Driues  de  Praiiaus, 
Chevaliers  vigreus  et  loiaus, 
Montés  seur  .i.  très  bel  cheval; 
Mesire  Robers  d'Oineval 
Mut  contre  lui,  sans  plus  atendre. 
Quanque  cheval  peurent  destendre 
Se  vont  grans  cox  entre-ferir, 
Et  si  fu  par  moût  grant  aïr; 
Outre  passent  et  puis  recuevrent , 
De  lor  escus  si  bien  se  cuevrent 
Que  li  uns  ne  fist  l'autre  grief. 
Aigres,  qui  bien  en  vient  à  cief , 
Jousta  à  Huon  de  Coufflans; 
Aigres  ne  1'  queroit  mie  es  flans, 
Mais  en  la  teste  ou  en  la  gorge  ; 
Et  li  autres  crioit  saint  Jorge  ! 
Quanqu'il  pooit  à  haute  alaine. 
Aigres,  qui  bien  le  ceval  maine, 
Li  vcnoit  tousjors  rés  à  rés 
Ou  de  la  gorge  ou  de  son  nés  : 
Onqucs  plus  bas  ne  l'assena  ; 


298  ROMAN  DE  HAM. 

Et  cil  de  Coufflans  se  peu  a 
De  bien  jouster  al  mix  qu'il  pot  ; 
Se  fîst  tant  que  bon  gré  en  ot. 
Li  Aigres  si  bien  le  maintint, 
De  ses  .iij.  lances  ne  retint 
C'une  entière,  ain[sj  les  brisa  totes. 
Es  rens  se  met  par  mi  les  routes 
Mesire  de  Ghines  li  quens, 
Certes,  qui  est  vaillans  et  buens 
Et  moût  a  araé  le  mestier. 
On  li  envoie  .i.  chevalier 
De  son  aaige ,  bon  et  preu 
(Li  rois  ne  fait  mie  sen  preu. 
Qui  desfent  l'aler  au  tournoi  ). 
Pour  voir  vous  di  en  boine  foi, 
Biaus  cox  fiert  de  l'espée  et  donne. 
Mesire  Symons  de  Beronne, 
Bacelers  très  bien  enteciés, 
Vers  le  conte  s'est  adreciés, 
Montés  sour  un  destrier  morel  ; 
Et  li  cuens  li  vient  bien  et  bel , 
Tout  escriant  :  «  Amours,  amors  !  » 
Je  ne  sai  homme  de  ses  mours 
Qui  mix  face  son  avenant , 
Qu'il  sont  andoi  si  avenant 
Et  si  kcurcnt  bien  leur  chevaux 
Que  cascuns  fist  comme  vassax  ; 


ROMAN  DE  HAM.  209 

Et  ont  de  lor  lances  brisies 
Tant  que  leur  joustes  sont  prisles 
De  moût  de  jent,  si  com  moi  sanle. 
Tantost  vinrent  jouster  ensanle 
Doi  baceler  de  bon  reuon  : 
Guillaumes  a  li  uns  à  non 
De  Blosevile  ;  et  ses  compains, 
Qui  de  venir  droit  ne  se  faint, 
A  à  non  Jehans  de  Jumelés  : 
De  ses  .iij.  lances  fist  asteles, 
Qu'il  est  vigreus  et  volentieus 
Et  à  tous  biens  faire  ententieus. 
Mesires  Wautiers  de  Sorel 
Seur  .i.  moût  bel  destrier  morel 
Moet  contre  Pieron  de  Bailluel  ; 
Mais,  puis  que  je  geu  en  mailluel , 
Ne  vi  cbevalier  mix  venant. 
Bien  fist  cascuns  son  avenant , 
Qu'il  brisierent  bien  et  à  point. 
Dagras  de  Bourc  se  plante  et  joint 
En  l'escu ,  qu'il  jousta  après  ; 
Mais  ses  compains  li  vint  si  près, 
Que  peu  fali  qu'il  ne  chuca. 
Pieres  de  Molaines  ala 
Bien  et  cbevalereusement 
Tost  et  près  et  hardiement , 
Que  Sollars  ses  oncles  cstoit 


300  ROMAN  DE  HAM. 

Près  lie  li,  qui  l'amonestolt  ; 
Et  il  en  fist  bien  çou  qu'il  dut  : 
Grant  cop  donna  et  grant  reçut , 
Et  brisa  deus  lances  u  trois  ; 
De  lonc  pot-on  oïr  l'escrois 
Des  grans  cox  k'il  donna  Dagart. 
Pierars  en  fist  bone  sa  part. 
Li  sires  de  Monmorenchi 
Vint  après  ceste  jouste-chi 
Contre  le  signeur  de  Moroel; 
Mais  je  ne  vi  onques  de  i'uel 
Chevalier  plus  à  droit  venir. 
Tex  cox  se  vont  entre-ferir 
De  lour  lances  seur  les  blasons 
Que  de  lour  lances  font  tronçons 
De  la  première  et  puis  de  l'autre; 
S'en  vint  laiens  lance  sur  fautre 
Quanqu'il  puet  du  cheval  sacier. 
Qui  véist  l'escu  cnibrachier 
Monsigneur  Bernart  de  Morel , 
Si  me  doinst  Dix  çou  que  je  vocl , 
Il  li  déust  bien  souvenir, 
Qui  l'esgardast  en  son  venir. 
Cist  vient  chevalereusement 
Où  tout  abandonnéement 
Venoit  de  cors  et  de  cheval. 
IN'aloil  mie  qucrant  aval 


ROMAN  DE  II AM.  301 

Son  compaignon  ;  mais  tous  jors  haut  : 
Ti'ois  lances  brise,  riens  n'i  faut. 
Il  le  fist  bien,  si  coni  moi  sanle. 
Après  eus  jousterent  ensanle 
Mesire  Guis  de  Saleri, 
Cil  de  Maignelers  contre  li, 
Qui  a  non  mesire  Raous; 
Il  ne  poroit  estre  saous 
De  faire  honour  et  courtoisie. 
Ses  trois  lances  a  emploies 
Et  bien  et  bel,  je  le  tiemoins, 
Qu'il  les  brisa  duskes  es  poins; 
Et  ses  compains  ne  fali  pas. 
Après  s'en  vint  enesle  pas 
Cil  c'on  nomme  Mahieu  de  Trie , 
Courant,  que  plus  ne  se  detrie. 
Contre  Renaut  de  Mont-Alban. 
Il  n'en  ot  mie  trois  au  Han , 
Mien  escient,  plus  biaus  de  lui. 
Il  estoient  moût  bel  andui  ; 
Et  Basins  est  jones  et  grans 
Et  est  de  tous  biens  faire  engrans; 
Il  est  grans  et  s'est  biaus  et  fors, 
Bien  fais  de  membres  et  de  cors, 
Blans  et  vermax  est-il  assés, 
Les  cheviaus  blons  recercelés, 
Et  s'a  les  iex  vairs  et  rians, 


302  ROMAN  DE  HAM. 

D'euros  eu  autre  fourmians , 
Biau  front,  biau  nés  et  bcle  bouche. 
Celé  qui  est  plaisans  et  douce, 
Nature,  n'i  oublia  rien; 
Et  Proueche ,  je  vous  di  bien , 
L'a  retenu  de  son  hostel  : 
De  chou  li  porte  bien  lox  tel 
Que  jà  eu  cambre  ni  en  sale 
Parole  ne  bonne  ne  maie 
Ne  vous  dira,  s'on  ne  l'araine. 
Lance  ot  de  sap,  non  pas  de  fraisne; 
Et  vint  contre  Mahieu  de  Trie. 
«  Montauban  !  »  hautement  escrie , 
Et  Malîieus  crie  :  «  Dant-Martin  !  » 
Basins  li  donne  tel  tatin 
C'a  peu  que  tout  ne  l'estona. 
Et  ses  corapains  li  redonna 
En  la  pane  de  l'escu  haut. 
De  lour  .vj.  lances  nus  ne  faut  : 
Dont  moût  de  gent  sont  mervillié 
Que  cil  qui  se  sont  travillié 
Et  sont  tenu  preu  et  vaillant 
Aloient  plus  souvent  faillant 
Que  li  jone  homme  et  li  novel. 
Un  mot  en  dist  et  bon  et  bel 
Mesire  Gilles  de  Roisi. 
Basins  jousta  à  lui  aussi 


ROMAN  DE  HAM.  303 

A  Saint-Scpurcre  en  Alomaigne; 
Mais  voiant  toute  le  compalngiie 
Basins  si  grant  cop  li  donna 
Que  seur  le  cheval  l'enversa, 
Et  s'est-il  vaillans  chevaliers. 
«  A  foi  !  honnis  soit  cis  mestiers , 
Dist  mesire  Gilles  adonqucs, 
Que  cil  qui  riens  n'en  firent  onques 
Sont  vaillant  dès  le  premier  jor  : 
En  cest  mestier  n'a  point  d'onnour.  » 
Bien  fist  Basins  son  avenant, 
A  tant  ès-vous  esperonant 
.Ij.  chevaliers  qui  jouster  voellent 
Si  com  li  autre  jouster  suelent; 
Met  chascuns  la  lance  sur  fautre , 
Et  muet  li  uns  encontre  l'autre. 
Muis  d'Avaine  ot  li  uns  à  non, 
Pieres  de  la  Maie-Maison 
Ert  nommés  cil  qui  à  lui  vint. 

Se  li  vient  au  plus  droit  qu'il  puet; 
Et  li  autres,  dès  cou  qu'il  muet, 
S'apense  qu'il  le  fer[r]a  haut. 
A  l'assanler  nus  d'eus  ne  faut , 
Ains  ont  brisié  bien  et  à  point. 
Cascuns  passe  outre  et  tost  rapoint. 
Et  sont  délivré  bien  et  bel. 


304  ROMAN  DE  HAM. 

Durement  crient  li  hirel  : 
«  Hiencourt  li  chevalereus! 
De  chevaliers  vaillans  et  preus      ' 
Muis  d'Avaine  a  esté  estrais. 
Gar  que  de  toi  ne  soit  retrais 
Ne  vilains  fais  ne  vilaine  evre  !  » 
L'escu  embrace  et  si  s'en  cuevre 
Et  met  en  aventure  tout , 
Et  ses  compains  sans  nul  redout 
Li  revient  moût  hardiement. 
S'il  éust  cheval  à  talent , 
Mais  il  estoit  un  peu  eskieus. 
Et  Mui[s]  d'Avaine  vers  les  iex 
Au  plus  droit  que  il  puet  l'avise. 
Que  vous  feroie  lonc  devise  ? 
Il  se  sont  noblement  passé  ; 
N'i  a  celui  qui  n'ait  quassé 
Hiaume  u  escu  ains  qu'il  s'en  tourt. 
A  tant  ès-vous  de  Maiencourt 
Le  Foisseu  qui  es  rens  se  lance  ; 
Ains  c'on  li  ait  baillié  sa  lance, 
Fu  ses  jousteres  d'autre  part. 
Je  quic  c'on  le  nomme  Pierart 
De  Cenevieres,  c'est  ses  nous. 
Audoi  frapent  des  espérons 
Quanques  ceval  pueent  alcr; 
Grans  cox  se  vont  cntre-donner, 


ROMAN  DE  HAM.  305 

l^or  lances  brisent  et  revienont; 
Des  autres  lances  que  il  tiencnt 
Font  tronçons ,  asteles  et  clices. 
Les  dames  qui  sont  sour  les  lices 
Regardent  le  Fosseu  venir, 
Qui  moult  bel  se  seut  contenir 
Et  de  la  lance  et  de  l'escu; 
Son  compaignon  a  si  féru 
De  la  lance  sour  son  blason , 
Ne  li  demoura  c'un  tronçon 
De  sa  lance,  et  de  l'autre  après 
Se  sont  entre-venu  si  près 
C'andoi  ont  dusk'ès  poins  bri[si]é. 
Le  Fosseu  en  ont  moût  prisié 
Les  dames  qui  erent  lassus, 
Que  très  par  mi  les  fors  escus 
En  sont  andoi  entre-blechié. 
Après  sont  as  rens  adrecié 
Doi ,  ki  bien  fisent  la  besoigne  : 
Mesire  Jehans  de  Couloigne 
Et  mesire  Mahieus  de  Ver, 
Voir  vous  dirai  à  l'autre  ver. 
Il  jousterent  et  bien  et  fort. 
Or  me  plaist  que  je  vous  recort 
D'une  jouste  moût  mervilleuse, 
Qui  moult  fu  dure  et  périlleuse; 
Li  uns  ot  non ,  que  je  bien  sai , 

20 


306  ROMAIN  DE  HAM. 

Bauduiiis  de  Saint-Nicolai , 
Et  li  autres  Flamens  de  Mous  : 
Ce  fu  cil  qui  jeta  par  mon  s 
SoQ  compaignon  et  son  ccval , 
De  caup  de  lance  tout  aval 
L'abati  devant  la  roïne  ; 
Et  li  vilain  de  pute  orine 
E[n]trent  ou  renc  pour  ex  vooir. 
Monsigneur  Flamenc  font  caoir 
Lui  et  son  cheval  sans  déport , 
Que  pour  .i.  peu  que  il  n'a  mort 
Un  sien  varlet  et  mehaignlé, 
Peu  ont  li  vilain  gaaignié. 
Qui  l'ont  abatu  sans  raison  : 
Pour  cou  vous  di-ge  que  nus  boni 
Ne  doit  emprendre  tel  mestier, 
S'il  n'est  montés  sur  bon  destrier  : 
C'on  est  lues  du  feble  abatu. 
Lors  se  sont  es  rens  embatu 
Doi  baceler  que  nommer  voel  : 
Mesires  Jebans  de  Moroel 
Et  Mahieus  de  Monmorenchi  ; 
Cil  jousterent ,  que  je  le  vi , 
Moût  cointement  et  moût  à  droit. 
Mesire  Jehans  li  venoit 
Tout  aussi  comme  à  soubaidier  ; 
Ne  quic  qu'il  éust  chevalier 


ROMAN  DE  HAM.  307 

A  Hem  si  jone  mix  joustant. 
A  tant  ès-vous  cspouronnanl 
Monsigneur  Pieron  de  Wailli, 
Qui  n'a  mie  à  bonté  failli, 
Ains  est  du  cors  bons  et  vigreus; 
De  son  aaige  est-il  moût  preus. 
Qui  à  lui  jousta  au  matin  ? 
Ce  fu  Jehans  de  Saint-Martin  ; 
Bien  jousterent,  si  com  moi  sanle. 
Après  vint  li  sires  de  Chanle, 
Bien  acesmés  de  biaus  adous  ; 
«  Certes,  cis  est  et  biaus  et  dous,  » 
Dist  une  dame  qui  fu  haut. 
Ses  rens  fu  près  de  l'escafaut 
Moût  plus  que  le  jet  d'une  piere; 
Et  mesire  Jehans  de  Piere 
Part  de  son  renc  et  mut  à  li. 
Or  se  tenra  bien  pour  fali 
Jehans  de  Chanle ,  s'il  ne  brise. 
Quant  il  ot  que  dame  le  prise , 
De  son  rench  se  part  tout  huant  : 
Amours,  amours!  va  escriant. 
Et  ses  compains  plus  n'i  demeure; 
Trois  lances  brise  en  petit  d'eure 
Jehans  de  Canle ,  et  puis  s'en  part. 
Mesire  Nicoles  Donchart 
Et  Jehans  de  Fenieres  muevent; 


308  ROMAN  DE  HAM. 

Nule  si  fort  lance  ne  trucvent 
Qu'il  ne  froissent  tout  et  esmicnt , 
SI  ke  néis  les  dames  dient  : 
«  Cil  de  Fenieres  l'a  bien  fait.  » 
Doi  autre  muevent  sans  lonc  plait. 
C'ainc  n'i  ot  noise  ne  tençon  : 
C'est  Nicoles  de  Barbençon  ; 
Et  Jelians  d'Icre,  qui  moût  bel 
Porte  son  escu  en  eau  tel 
Et  moet  contre  son  joustéour. 
Li  auquant  curent  grant  paour, 
Pour  çou  que  cascuns  vint  si  droit, 
Qu'il  ne  cukaissent  ;  car  estroit 
Ert  li  rens  là  où  il  couroient. 
De  si  près  vinrent  que  il  froient, 
Lour  lances  brisent  et  astelent , 
Et  des  grans  cox  lour  estincelent 
Par  fine  dcstrece  li  oel. 
Mesire  Robers  de  Moroel 
Vient  contre  Jehan  de  Carrois; 
Bien  acesmés  de  biaus  arrois 
Vint  jouster  mesire  Robers. 
Se  la  gorgiere  et  li  haubers 
N'éust  son  compaignon  tensé, 
11  li  éust,  je  cuic,  passé 
Par  mi  le  gorge  fer  et  fust, 
Que  jà  arrestés  ne  li  fust. 


ROMAN  DE  II AM.  309 

Mcsirc  Robers  se  maintint 
Moult  bien ,  et  après  lui  en  vint 
Li  bons  castelains  de  Biamés  : 
Je  pens  et  croi  qu'il  fust  amés, 
Ou  de  damoisele  ou  de  dame , 
A  cel  jour,  se  il  n'éust  famé , 
Qu'il  estoit  montés  bien  et  haut. 
Les  dames  deseur  l'escafaut 
Dient  qu'il  est  moût  biaus  en  armes. 
Il  prent  l'escu  par  les  enarmes 
Et  muet  contre  Gerart  de  Canle , 
Qui  sour  son  hiaume  ot,  che  me  sanle, 
Oisiaus  vis  en  une  gaiole. 
Lanche  roide,  ne  mie  mole, 
Ot  cascuns  mise  en  son  goucet. 
Li  uns  et  li  autres  s'esmet 
Quanque  ceval  pueent  porter  ; 
Grans  cox  se  vont  entre-donner, 
Que  lour  .vj.  lances  sont  froissies. 
Les  dames  qui  sont  apuies 
O  la  roine,  dient  bien 
Qu'en  ceste  jouste  ne  faut  rien  ; 
Bien  vienent  si  com  venir  doivent. 
Cil  qui  en  armes  se  perçoivent 
Dient  et  tiemoignent  ensanle 
Que  mesire  Gerars  de  Chanle 
Est  bacelers  de  bon  afaire, 


310  ROMAN  DE  HAM. 

Et  si  ne  me  doi-ge  pas  taire 
QUe  Gillars  de  Nuevile  dist 
Que  li  castelains,  se  il  vit, 
Ne  puet  falir  qu'il  ne  soit  prcus. 
Après  cens  en  revienent  deus 
Qui  bien  coururent  lour  .iij.  lances  : 
L'un  connue  par  ses  connissances 
Qu'il  fu  fix  le  conte  de  Ghines; 
Pour  voir  temoing  que  il  est  disnes 
De  porter  mance  u  cuevrechief  ; 
Il  jousta ,  se  vint  bien  à  chief , 
Contre  le  seigneur  d'Aveluis. 
Es  lices  entra  par  mi  l'uis 
Mesire  Amaurris  de  Saint-Cler 
Contre  un  angle  riant  et  cler, 
Qui  portoit  l'escu  Nevelon 
Qui  de  Molains  a  le  surnon. 
Li  angles  venoit  noblement 
Tost  et  près  et  hardiement  ; 
Et  ses  trois  lances  emploia 
Si  c'onques  lance  n'en  ploia. 
Après  vint  une  jouste  dure 
De  Lunés  et  de  le  Couture, 
Et  sont  andui  nommé  Jehan  ; 
Mais  cascuns  ot  si  grant  alian 
Des  grans  cox  qu'il  s'cntre-donerent 
C'a  peu  qu'il  ne  s'cntr'estoncrent; 


ROMAN  DE  HAM.  311 

Moult  longlicment  lor  en  fu  pis. 
De  chevax,  de  cors  et  de  pis 
Vint  cil  de  Luners  assanler. 
Si  k'il  vous  péust  bien  sanler 
Qu'il  ne  doutast  vie  ne  membre 
(  Si  me  souvient-il  bien  et  membre 
D'un  bon  enfant  de  le  Couture), 
Vie  et  membres  ,  cors  et  cheval. 
Si  eskieut  Dix  men  cors  de  mal , 
La  jouste  fu  bêle  à  véir  ; 
Mais  cle  fu  dure  à  sentir. 
Aimcrs  de  Noevile  errant 
S'en  vint  sur  un  destrier  corant 
Contre  monsigneur  Engherran 
De  Bailluel,  qui  jousta  au  Han 
Primes  an  guise  d'un  malfé. 
Andoi  vienent  plus  escauffé 
Que  doi  lyon  u  doi  lupart; 
Cascuns  en  fist  bonne  sa  part. 
Mesire  Guis  de  Tor  de  Mence 
Jousta  après,  que  je  n'en  mence, 
De  fors  lances,  grans  et  plenieres. 
Gilles  ot  non  de  Cenevieres 
Ses  jousteres  et  ses  compains. 
Mesire  Girars  de  Moilains 
Et  Jehans  de  Mêles  jousterent. 
Qui  moût  grans  cox  s'entre-donerent. 


312  ROMAN  DE  HAM. 

Ensi  que  la  roïne  estoit 
Es  eskafaus  et  regard  oit 
Les  bons  joustéours  et  les  fors, 
Si  voit  venir  par  de  defors 
.liij.  puceles  d'un  sanlant; 
Lour  palefroi  furent  ambiant  ; 
Et  sont  si  bien  faites  de  taille. 
Je  ne  quic  mie  que  j'en  faille. 
Qu'aine  plus  bêles  véist  nus  hom. 
D'un  sanlant  et  d'une  façon 
Sont  vestues  au  fuer  d'esté; 
Blans  cainses  bien  menu  ridé 
Ont  vestu,  qui  bien  lour  avienent. 
Devant  le  clievalier  s'en  vienent 
Qui  du  castel  les  délivra , 
Et  toutes  .iiij.  lour  livra 
Gros  fremaus  et  grosses  afiques. 
Arrestés  est  dehors  les  liches 
Li  chevaliers  qui  les  amaiue; 
Ma  damoisele  Sueffre-Paine 
A  apielée,  et  ele  i  vient; 
Et  ot  vestu,  bien  m'en  souvient, 
Une  cape  d'un  cuevrechief  : 
(iros  ot  envolepé  son  cief; 
Ganne  ert  et  noire  et  de  grant  taille. 
Mesire  une  lettre  li  baille 
Seelëes  d'un  miréoiu", 


ROMAN  DE  HAM.  313 

Et  dist  :  «  Vous  irés  sans  demour 
A  la  roïne,  qui  là  haut 
Est  assise  en  cel  eskafaut. 
Bien  la  connistcrés  seur  toutes, 
Ains  que  soiiës  outre  les  routes. 
Se  mesire  Kex  vous  perçoit, 
A  la  roïne  trestout  droit 
Vous  merra  pour  vous  escarnir; 
Mais  de  tant  vous  voel-jou  garnir 
Que  ne  respondés  tant  ne  quant.  » 
Sueffi'e-Paine  s'en  part  à  tant 
Et  vient  à  la  roïne  droit; 
Et  mesire  Kex  orendroit 
Estoit  venus  au  chevalier, 
C'on  desarmoit  sur  son  destrier. 
Si  avoit-il  grant  cop  reçut. 
Cil  qui  premerains  se  perçut 
De  Sueffre-Paine,  ce  fu  Quès; 
Encontre  li  s'en  est  aies, 
Et  dist  :  «Bien  veigniës-vous,  pucele. 
Or  me  dites,  estes-vous  celé 
Pour  qui  tant  chevalier  sont  mort  ? 
Par  ceste  teste  que  je  port  ! 
Vous  n'en  r'irés  pas  sans  ami ,    . 
Se  vous  volés  entendre  à  mi. 
Que  vos  grans  biauté  me  déçoit.  » 
La  damoiscle  s'aperçoit 


314  ROMAN  DE  HAM. 

Que  Kex  le  mokc,  si  se  taist; 

Près  de  la  roïne  se  traist , 

Si  l'a  hautement  saluée  ; 

Et  la  roïne  s'est  levée, 

Qui  moût  est  bonne  et  lionerablc  : 

«Dame,  vés-ci  le  bonne  Orablc 

Qui  une  lettre  vous  aporte  ; 

Puisqu'ele  entra  dedens  le  porte, 

Le  m'a-on  hapée  trois  fois 

Pour  sa  biauté.  w  —  «Taisiés-vous  cois, 

Mesire  Quès,  dist  la  roïne  : 

Tant  estes  de  maie  doctrine 

Que  tous  li  mondes  vous  ressoingne  ; 

Mais  il  est  drois  qu'e[s]pinc  poingne 

Et  que  maie  langue  parole. 

Il  n'est  nus  qui  jamais  vous  tôle 

Vostre  usage,  que  si  est  viens. 

De  castiier  cat  qui  est  vieus 

Ne  puet  nus  liom  venir  à  cief.  » 

La  damoisele  de  rechief 

Commence  son  message  à  dire, 

Et  dist:  «Roïne,  faites  lire 

Geste  lettre  que  je  vous  baille , 

Que  il  convient  que  tost  m'en  aille.  » 

La  roïne  prent  en  sa  main 

lia  lettre  et  huce  .i.  capelain, 

Qui  li  devise  mot  à  mot  ; 


ROMAN  DE  HAM.  315 

Et  lues  que  la  roïnc  l'ot 
Que  li  Chevaliers  au  lyon 
Li  proie  qu'en  tout  guerrcdou 
Le  retiegne  de  sa  maisuie, 
S'en  est  la  roïne  si  lie 
Qu'ele  ne  set  que  devenir  :  - 
«  Damoisele,  faites  venir 
Vostre  signeur,  que  Dix  honnourt!  » 

—  «Dame,  saus  les  drois  de  no  court, 
Est  mesire  à  vous  demourés.  » 

—  «  Dame  Dix  en  soit  auourés , 
Dist  la  roïne ,  qui  le  gart  !  » 

A  tant  la  pucele  s'en  part, 
A  son  signeur  vient,  si  li  conte  : 
«Sire,  là  sont  et  duc  et  conte 
Là  il  vous  m'avës  envoiie. 
D'un  chevalier  fui  convoiie 
Dusk'à  ma  dame  la  roïne. 
Ne  sai  se  ce  fu  par  haï  ne  ; 
Mais  il  me  requist  de  m'amour. 
La  roïne,  pour  soie  honnour. 
Se  dreça  lues  qu'ele  me  vit; 
Quant  ele  ot  entendu  l'escrit. 
Sire,  que  je  li  aportai , 
De  la  joie  me  confortai 
Qu'ele  fist  de  vostre  venue. 
Vous  et  vo  gent  est  retenue , 


316  ROMAN  DE  HAM. 

Se  vous  estiés  .iiij.  milliers. 
Joustes  .iiij.  de  chevaliers 
Moût  felenesses  et  moût  fort, 
Cevax  et  espaulés  et  mors 

I  vi  par  mi  ces  rens  jesir. 
La  roïne  n'a  nul  désir 

Si  grant  comme  de  vous  véoir.  » 
Son  lyon  commande  à  mouvoir 
Li  chevaliers  et  ses  puceles. 
.Ij.  et  deus  s'en  vont,  comme  celés 
Qui  plus  bel  cantent  que  seraine. 
Après  le  lyon,  qui  les  maine, 
Vienent  les  puceles  à  court. 
Tous  li  mondes  encontre  court  ; 

II  i  a  trompes  et  taburs. 

Es  lices  entrent  par  mi  l'uis , 
Si  ordené  que  riens  n'i  faut. 
Les  dames  deseur  l'escafaut 
Voient  le  vassal  au  lyon, 
El  ne  regardent  se  lui  non 
Et  son  lyon  et  ses  puceles; 
Et  de  teles  armes  comme  eles 
Fu  li  chevaliers  adoubés. 
Devens  les  lices  est  entrés 
Prest  de  jouster,  ne  li  faut  riens. 
«Par  le  cief  saint  Jehan  d'Amiens! 
Dist  Forterece,  cis  est  vassaus; 


ROMAN  DE  HAM.  317 

Et,  si  puisse-jou  estrc  sans, 

Je  ne  vi  onques  de  mes  iex 

Nul  homme  qui  rcsanlast  mix 

Monsigneur  le  conte  d'Artois.  » 

A  l'uis  des  lices  se  tient  cois 

Et  atent  tant  c'on  li  envoie 

Un  joustéour,  s'en  a  grant  joie. 

Pour  cou  c'o  les  dames  ira 

Tantost  que  jousté  avéra  : 

Autrement  n'i  puet  entrer  nus 

S'il  n'a  jousté,  mais  que  li  dus 

De  Loeraine  seulement; 

Cil  vint  dès  le  commencement, 

Ançois  que  il  éust  jousté. 

Li  chevaliers  a  tant  esté 

A  l'uis  des  lices  contreval 

Que  li  sires  de  Longheval 

Se  met  es  rens  de  l'autre  part  ; 

Et  li  escrie  qu'il  se  gart , 

Au  plus  hautement  que  il  puet. 

Li  Chevaliers  au  lyon  muet 

Quanqu'il  puet  traire  du  destrier. 

Amours  !  commence  à  escrier 

Mesire  Aubers  de  Longueval. 

Or  les  gart  Dix  andeus  de  mal , 

Qu'il  vienent  près  et  tost  et  droit, 

Et  li  renc  sont  auques  estroit! 


318  ROMAN  DE  HAM. 

Bien  le  sevent  et  bien  le  voient, 
Et  en  courant  les  dames  oient, 
Qui  pour  aus  prient  doucement. 
Bien  et  chevalereusement 
Vient  li  Chevaliers  au  lyon  : 
Tel  cop  donne  son  compaignon 
Que  sa  lance  froisse  et  esmie, 
Li  bons  Aubers  ne  se  faint  mie , 
Ains  li  donne  tel  cop  et  paie 
Que  ses  lyons  forment  s'esmaie 
Pour  cou  qu'il  oï  tel  effrois. 
«  Et  Dix  aide  !  sainte  crois  ! 
Dist  la  roïne  à  cex  d'entour, 
Jetés-nous  à  honeur  du  jour  : 
Ci  a  joust[e]  pesant  et  dure.  » 
Sour  leur  palefroi  l'ambléure 
Vont  après  les  .iiij.  puceles, 
Qui  tant  par  sont  plaisans  et  bêles  ; 
Cascuns  volentiers  les  regarde. 
Le  signeur  qui  les  a  en  garde 
Ramainent  à  son  renc  arrière 
Et  le  servent  en  tel  manière 
Tant  qu'il  a  ses  lances  courues  : 
«  Sire,  qui  nous  as  secourues 
De  tristeces  et  de  dolour, 
Quant  fait  nous  avés  tele  onnour 
Que  vous  nous  avés  amenées 


ROMAN  DE  HAM.  319 

En  la  court  où  nous  fumes  nées , 
Moût  en  est  vostre  pris  créus. 
Se  mes  conseus  estoit  créus , 
Dist  Gardonale,  vous  iriés 
A  ma  dame  et  nous  i  merriés  : 
Dès  ore  estes  de  sa  maisnie.  » 

—  (f  Ce  conseil  ne  refus-je  mie, 
Dist  li  quens  d'Artois;  alon-m'ent.  » 
Il  descendi  isnelement 

Et  fist  le[s]  pucele[s]  descendre  ; 
Se  's  enmaine,  sans  plus  atcndre, 
A  la  roïne,  qui  fu  haut 
Montée  deseur  l'escafaut. 
Il  le  salue  comme  sages, 
Et  li  dist:  «Dame,  vos  messages 
Vous  amaine  vos  chevaliers, 
Com  cil  qui  feroit  volentiers 
Cose  qui  vous  venist  en  gré. 
Si  comme  vous  me  veés  armé, 
Dame ,  à  vous  servir  me  présent.  » 

—  «  Sire,  .v.*'  mercis  vous  rent 
De  l'ounour  que  faite  m'avés. 
Ore  aies ,  si  vous  desarmes 

Et  revenés  o  nous  seoir; 
Si  pores  les  joustes  véoir, 
Que  j'ai  moût  à  vous  à  parler. 
Et  s'il  vous  plaist  o  vous  mener 


320  ROMAN  DE  HAM. 

Ces  puceles,  eles  iront 
Et  volentiers  vous  serviront, 
Que  vous  l'avés  bien  desservi. 
Tout  cil  puissent  estre  asservi 
Qui  mes  puceles  ont  fait  grief! 
Par  les  ex  qui  sont  en  mon  cief  ! 
Ele  ont  eu  bonne  prison, 
N'il  n'i  a  nule  mesproison. 
Li  chevaliers  qui  les  retint , 
Bêle  aventure  li  avint 
De  celé  compaignie  avoir. 
Or  vous  ai  conté  tout  le  voir  ; 
Mais  il  fu  ançois  desarmés  ; 
Si  n'en  doit  pas  estre  blasmés 
Li  chevaliers,  dist  la  roïne  : 
Il  ne  le  fist  pas  pour  haine 
C'a  moi  éust  ne  pour  despit. 
Or  metons  ceste  oevre  en  respit, 
Si  saçons  que  ce  puet  là  estre.» 
Par  devers  les  tentes  à  destre 
Voient  en  air  une  capele, 
Qui  à  merveilles  estoit  bêle , 
Et  venoit  en  air  vers  les  tentes. 
Pluisour  metoicnt  lor  ententes 
A  adeviner  que  c'estoit , 
Et  c'estoit  li  dus  qui  venoit 
En  tel  manière  cmprisonés. 


ROMAN  DE  IIAM.  321 

Li  qués  dus?  or  le  me  nommés. 
C'estoit  li  dus  de  Locraino, 
Qui  ne  pooit  en  nule  paine 
Estre  hors  de  celé  prison, 
Se  par  .iiij.  puceles  non; 
En  cel  manière  i  estoit  mis. 
Tant  s'est  de  venir  entremis 
Qu'il  est  en  lices  embatus; 
Et  là  endroit  fust  abatus 
Ses  pavillons  par  les  puceles 
La  roïne,  qui  moût  sont  bêles; 
Et  fu  armés  moût  richement  : 
Ses  couvretures  purement 
Et  sa  chote  et  ses  .ij.  bracieres 
Furent,  ç'oï  dire,  plus  cieres 
De  .v*^.  livres  de  tournois. 
Il  éust  fait  moût  que  courtois 
S'il  éust  celé  povre  gent 
Donné  aucun  commencement  ; 
Donné  li  fust  à  grant  honour. 
On  li  envoie  .i.  joustéour. 
Bon  baceler  et  de  grant  pris, 
Sage,  courtois  et  bien  apris 
Et  loiaus  et  bien  enteciés. 
Il  est  drois  que  son  non  saciés  : 
C'est  li  bons  Wautiers  de  Foulloi. 
Je  vous  di  bien  en  boine  foi 

21 


322  ROMAN  DE  HAM. 

Qu'il  est  plus  preus  que  je  ne  tli. 

Meslre  Wautiers  atendi 

Le  duc  tant  qu'il  fu  atournés  ; 

Et  li  jours  estoit  ajournés 

Si  biaus  que  Dix  l'avoit  ou  prendre. 

Quant  mesire  Wautiers  vit  prendre 

Le  duc  sa  lance  et  son  escu, 

Si  n'a  lores  plus  atendu  ; 

Ains  prent  cou  qui  li  a  mestier 

Et  point  des  espérons  d'achier 

Contre  le  duc,  qui  bien  li  vient. 

Li  bons  Wautiers  sa  lance  tient 

Grosse  et  roide ,  et  si  en  avise 

Le  duc  que  il  le  froisse  et  brise  ; 

Outre  s'en  va  et  puis  revient. 

De  l'autre  lance  li  avient 

Si  qu'il  le  brise  dusk'a[s]  puins  ; 

Et  li  dus  est  en  l'escu  joins 

Et  fiert  le  signeur  de  Foillois  : 

Tel  cop  li  donne  que  par  poi 

Qu'il  ne  li  fist  desaourer, 

Wautiers  en  doit  Dieu  aourer, 

Qu'il  ne  se  mut  ne  cancela. 

De  l'autre  lance  l'assena 

Mesire  Wautiers  en  l'escu , 

Si  qu'il  s'en  a  moût  peu  falu 

Qu'il  ne  li  a  fraint  et  perchié. 


ROMAN  DE  HAM.  323 

Ambedoi  ont  tout  depechié 
Le  bos  c'on  leur  mist  entre  mains. 
Il  m'en  convient  passer  à  mains 
Du  duc,  pour  cou  que  riens  ne  mist 
A  le  feste,  et  dedens  se  mist 
Le  premier  jour  c'on  i  jousta; 
Mais  je  croi  bien  qu'il  l'oublia , 
Car  il  est  larges  et  courtois. 
Li  quens  de  Clermont  et  d'Artois 
I  donna  cascuns  .ij.*^  livres 
Ciaus  de  le  feste  tous  délivres  : 
Ce  fu  courtoisie  et  honuour. 
Es  rens  se  metent  sans  demour 
Doi  baceler  de  bon  renon  : 
Raous  d'Estrées  a  à  non 
Li  uns,  est  fix  le  marissal 
De  France,  que  Dix  gart  de  mal! 
Et  li  autres  a  non  Wautiers 
De  Halin,  si  est  chevaliers 
Bons  et  vaillaus ,  de  grant  afaire. 
Quanqu'il  pueent  de  chevax  traire 
Se  vont  grans  cox  entre-donner.  , 

Cascuns  sot  si  bien  assener 
Que  je  ne  sai  auquel  atendre. 
Quanques  cheval  poeent  destendre 
S'en  revienent  doi  d'autre  part , 
Qui  en  fiscnt  bone  leur  part  ; 


324  ROMAN  DE  HAM. 

Ce  fu  Mahieus  de  Waiilaincourt, 
Qui  à  Mahieu  de  Waudricourt 
Donna  tel  cop  en  mi  le  pis 
Qu'il  li  en  fu  longuement  pis. 
Ce  cop  virent  plus  de  .v.  cens. 
Es  lices  ot  assés  de  gens 
Qui  cuidierent  qu'il  fust  crevés; 
Et,  comment  que  il  fust  grevés, 
Sa  lance  brisa  duskes  u  puing. 
La  roïne  le  vit  de  loing 
Qu'il  ert  pasniés  sour  son  ceval , 
Si  li  en  fist  mervelles  mal  ; 
Mais  ensi  le  doit  li  mestiers. 
Adone  véissiés  chevaliers 
Jouster  à  .v.  rens  u  à  .vj, 
Sour  un  très  bel  destrier  assis 
S'en  vint  Jelians  de  Castenai  : 
Ce  poise  moi  c'autretel  n'ai 
A  toute  la  cornue  sele. 
Mesire  Guillaumes  Donsele 
Muet  des  espérons  contre  li. 
Andoi  brisiercnt,  je  le  vi, 
La  tierce  lance  et  la  seconde. 
Une  pucele  bêle  et  blonde 
Devant  le  roïne  s'en  vint, 
Et  chevauçoit,  bien  m'en  souvint, 
Un  blanc  roncin  magrc,  sans  sele; 


ROMAN  DE  HAM.  325 

Et  vous  di  c'une  dainoisele, 
Qui  moût  estoit  et  bclo  et  blance, 
Portoit  à  sen  col  une  lauce 
Et  une  espée  d'autre  part; 
Et  uns  nains  fel,  de  pute  part, 
Aloit  derrier  lui  chevauçant 
Sour  .i.  maigre  roncin  bauçant, 
Qui  la  feroit  à  cascun  pas 
U  es  espaules  u  es  bras 
D'une  corgie  de  neus  plaine. 
Ses  amis  si  vielment  le  maine 
JEt  pour  itant  la  despisa, 
Pour  cou,  sans  plus  ,  qu'ele  prisa 
Les  bons  chevaliers  la  roïne". 
Li  malvais  nains  onques  ne  fine 
De  li  ferir  et  laidengier. 
Ensi  siuoit  le  chevalier 
La  pucele  que  je  vous  conte; 
Et,  pour  li  faire  plus  de  honte, 
Oïssiés  escrier  le  nain  : 
«Aies  avant,  dame  putain, 
Orde  ribaude,  orde  loudiere!» 
Ne  passe  pas  qu'il  ne  le  fîere. 
Et  ele  pleure  et  crie  et  brait; 
Nus  ne  l'ot  qui  pitié  n'en  ait  : 
Tous  li  mons  entour  aus  s'amasse. 
Li  amis  le  pucele  passe 


326  ROMAN  DE  HAM. 

Devant  ma  dame  la  roïne, 
Si  ne  le  salue  n'enclyne; 
Si  est  armés  de  hiaume  u  cief  ; 
'  Et  la  pucele  son  mescief 

Sueffre  et  endure  moût  corecie. 
De  duel  mener  s'est  enforcie, 
Tant  que  la  roïne  l'entent  ; 
Et  la  roïne  son  cief  tent 
Hors  as  fenestres  et  esgarde 
Le  nain  mal  vais,  qui  mal  fu  arde! 
Ke  la  pucele  bat  et  fiert  ; 
Et  la  roïne  li  enquiert 
Son  affaire ,  et  ele  li  conte  : 
«  Ha ,  dame  !  toute  ceste  honte 
Ai-ge  pour  vous  et  cest  anui. 
Il  a  .xij.  semaines  hui 
Que  mes  amis  ert  à  l'ostel; 
Si  parloit-on  et  d'un  et  d'el, 
Tant  c'on  parloit  de  chevaliers; 
Et  dist  qu'il  saroit  volentiers 
Se  vo  chevalier  sont  si  preu 
C'on  dist  en  je  ne  sai  quant  lieu; 
Et  je  li  dis  qu'en  tout  le  monde, 
Si  comme  il  dure  à  la  reonde , 
Ne  poroit-on  millours  trover, 
S'il  savoient  où  esprouver  ; 
S'ot  de  ce  mot  si  grant  despit 


ROMAN  DE  HAM.  327 

C'ainc  ne  me  volt  donner  respit 
Tant  c'on  éust  mise  ma  sele. 
Onques  mais  nule  damoiselle 
Ne  fu  menée  à  tel  vieuté. 
Roïne,  ailés  de  moi  plté, 
Qu'il  a  juré  son  sairement 
Que  jamais  n'irai  autrement , 
S'ara  uns  de  vos  chevaliers 
Jousté  à  lui;  et  li  premiers 
Qui  la  jouste  demandera, 
Sachiés  qu'il  me  deliverra.» 
Un  chevalier  ot  là  endroit 
Devant  la  roïne  tout  droit, 
Très  bien  armés  et  bien  monté; 
Et  portoit  .i.  escu  bulle 
De  geules  et  de  fin  argent 
A  une  bende,  bel  et  jent, 
Voire  et  à  .v.  quoquilles  d'or^ 
Et  séoit  sour  .i.  cheval  sor, 
Qui  bien  sanloit  chevax  de  garde. 
Et  la  roïne  le  resgarde  ; 
Si  li  demande  et  si  li  prie 
Qu'il  voist ,  et  si  ne  le  laist  mie , 
Au  chevalier  qui  les  desprise. 
Et  il  a  une  lance  prise, 
Si  a  fait  celui  asavoir 
Qu'il  se  gart,  si  fera  savoir, 


328  ROMAN  DE  HAM. 

C'a  lui  joustera  orendroit. 
Li  chevaliers  va  à  son  droit, 
Et  s'amie  li  sieut  le  pas, 
Et  li  nains  très  par  mi  les  bras 
De  l'escorgie  frape  et  fiert; 
11  fait  bien  çou  c'a  lui  affiert, 
Et  dist  :  «Putain  ,  aies  avant. 
Vous  ares  jà  vo  cuer  dolant , 
Quant  Robillars  de  Coupigni 
Abatera  devant  vous  chi 
Celui  qui  en  péril  se  met. 
De  grant  folie  s'entremet 
Qui  pour  vous  jouste  à  tel  vassal.» 
Cascuns  laist  courre  le  cheval 
Et  point  des  espérons  d'acier. 
Et  s'en  vienent  sans  manecier 
Et  se  donnent  moult  très  grans  cols. 
Sour  les  escus  qu'il  ont  as  cols 
Convint  les  lances  peçoiier, 
Et  tous  jours  convint  convoiier 
La  damoisele  son  ami , 
Et  li  nains  tous  jours  après  li 
Ferant,  frapant  à  cascun  pas  : 
«Loudiere!  ensi  n'ira-il  pas 
Corn  vous  quidiés,  mais  autrement  : 
Vous  serés  demain  malement. 
Que  vous  ires  à  pict  et  nue  ; 


ROMAN  DE  HAM.  329 

Vous  n'i  scrcs  hui  secouriuî 
Pour  cose  nulo  que  je  voie.  » 
Fuiant  s'en  tornent  à  la  voie 
Et  sont  à  !or  rens  revenu; 
Ains  puis  n'i  ot  resne  tenu , 
Ains  fait  cascuns  le  mix  qu'il  puet. 
Li  nains  et  la  pucele  muet 
Contre  Wautier  de  Hardecourt , 
Et  mesire  Wautiers  li  court 
Sur  son  renc  et  si  bien  l'avise 
Que  dusk'ès  rens  sa  lance  brise , 
Et  li  autres  chevaliers  faut  ; 
Et  dont  dist  la  pucele  en  haut, 
Si  que  ses  amis  l'oï  bien  : 
«  Encor  n'ai-ge  menti  de  rien.  « 
Dont  sot-il  bien  qu'ele  vaut  dire  : 
De  courons  et  de  duel  et  d'ire 
Art  li  chevaliers  et  esprent; 
La  lance  méismes  reprent 
Dont  il  avoit  devant  fali, 
Et  dist,  se  il  n'abat  celi , 
Qu'il  pardonra  son  maltaleut 
S'amie  et  del  amendement 
Ert  en  ma  dame  la  roïne. 
De  son  renc  part  par  aatine; 
Et  mesire  Wautiers  le  voit, 
Qui  moût  grant  desirier  avoit 


330  ROMAN  DE  HAM. 

De  ia  pucele  délivrer  : 
Si  laisse  le  cheval  aler 
Et  li  abandonne  le  frain , 
Et  fiert  le  chevalier  à  plain 
Moût  pesant  cop  et  moult  estout  ; 
Et  li  autres,  sans  nul  redout, 
Le  quide  ferir;  mais  i  faut, 
Qu'il  porta  se  lance  trop  haut  : 
Or  fu  délivre  la  pucele. 
Errant  oste  la  damoisele 
L'espée  c'au  col  li  pendi. 
A  celui  qui  la  desfendi 
Vient  la  pucele,  si  li  tent; 
Et  li  chevaliers  erramment 
Li  dist  :  «Pucele,  vous  irés 
Avoec  le  quel  que  vous  vaurrés. 
Soit  o  moi  u  à  vostre  ami  ; 
Mais  li  nains  demourra  à  mi 
Qui  vous  a  tenue  si  court; 
Si  l'emmenrai  o  moi  à  court.  » 
A  tant  s'en  va  pour  desarmer; 
Et  cil  qui  ot  osé  blasmer 
Les  bons  chevaliers  la  roïne , 
Onques  ne  cesse  ne  ne  fine. 
Si  vint  où  la  roïne  estoit; 
Et  de  si  loins  comme  il  le  voit 
Li  dist  :  «  Ma  dame,  jou  gabai; 


ROMAN  DE  HAM.  331 

Par  mon  orguel  monter  qiiidai , 
Jà  ne  quidai  homme  trouver 
Qui  me  péust  d'armes  outrer; 
Non  fi-ge  onques  ailleurs  que  ci. 
Ma  dame,  si  vous  cri  merci, 
Que  vous  me  pardonnes  vostre  ire 
Et  voelliés  vo  chevalier  dire 
Que  m'amie  et  mon  nain  me  rende.  » 
—  «Sire,  dist  Quex,  Diex  m'en  desfende 
Que  il  vous  haut  la  damoisele 
Pour  faire  cevaucier  sans  sele 
Et  pour  faire  batre  à  vo  nain  ; 
Et  ne  pourquant  se  de  vo  main 
Volés  plevir  et  fiancier, 
En  loialté  de  chevalier, 
Que  pour  ceste  oevre  pis  n'ara , 
Moût  courtoisement  en  fera 
Ma  dame  cou  c'a  li  afiert.  » 
Sa  foi  i  met,  et  on  le  quiert, 
Si  l'amaine-ou  li  et  le  nain 
Et  le  chevalier  main  à  main 
Qui  délivrée  l'ot  du  mal. 
Et  furent  tuit  .iiij.  à  ce  val; 
Et  la  roïne  et  Kex  fu  haut 
As  fenestres  del  escafaut. 
Si  dist  Quex  ainsi  faitemcnt  : 
«Damoisele,  certainement 


332  ROMAN  DE  HAM. 

x\vons  vostre  meskief  véu. 
Assés  de  jens  ont  liui  séu 
Cornent  cil  lueques  vous  menoit 
Qui  pour  s'amic  vous  tenoit  ; 
Mais  comment  que  fuissiés  s'amie , 
Il  vous  menoit  comme  anémie. 
Or  estes  hors  de  son  dangier  : 
Prendés  lequel  c'avés  plus  cier, 
Ou  r'aler  avoec  vostre  ami , 
Ou  estre  avoec  ma  dame  chi, 
Qui  vous  tenra  à  grant  honnour.  » 
La  damoisele  sans  demour 
Et  sans  nul  conseil  demander 
Courut  son  ami  acoler. 
Et  voiant  tous  l'acole  et  baise, 
a  Ci  ne  voi  riens  qui  ne  me  plaise , 
Cou  a  dit  Kex  li  senescaus, 
Que  plus  ferés  femes  de  max 
Et  de  hontes  et  de  vieutés, 
Plus  ara  à  vous  d'amités 
Et  en  ferés  mix  vo  talent.  » 
A  la  roïne  congiet  prent 
Li  chevaliers  et  la  pucele. 
Ma  dame  la  roïne  apele 
Le  senescal  à  une  part  : 
«  Mesire  Kex,  se  Dix  me  gart, 
Huimais  ert  tans  de  tables  mètre  : 


ROMAN  DE  HAM.  333 

Or  vous  en  aies  entremctre  ; 
Jà  ert  tans  de  huchicr  as  kex. 
Nous  verrons  une  jouste  u  deus, 
Ançois  que  nous  voisons  à  court.  » 
Li  bons  Mahieus  de  Hiencourt 
Voit  que  Williaumes  des  Granges  vient 
Encontre  lui  :  si  li  convient 
Jouster  à  lui,  et  il  si  fait, 
Enprès  de  lui  son  escu  trait 
Et  prent  du  reuc  la  milleur  part  ; 
Et  ciex  des  Granges ,  d'autre  part , 
En  prent  aussi  tant  comme  il  valt. 
Li  uns  paie  et  li  autres  saut; 
Et  des  autres  la[n]sces  se  fièrent 
Et  si  asprement  se  requièrent 
Ne  lour  est  lance  demourée 
Entière  qui  ne  soit  froée , 
Si  que  li  pluisour  de  la  court 
Dient  que  cil  de  Hiencourt 
Mesire  Mahieus  l'a  bien  fait. 
En  un  renc  novelement  fait 
Sont  doi  chevalier  embatu  , 
Qui  se  sont  si  bel  esbatu 
Que  tous  li  mondes  en  dist  bien. 
Je  n'en  mentiroie  pour  rien 
De  ceste,  ains  dirai  [lej  voir  ; 
Nule  milleur  n'i  pot  avoir, 


334  ROMAN  DE  HAM. 

Par  le  tiemoing  monsigneur  Reu. 

Mesire  Willaumes  de  Careu 

Et  Jehan  le  Bailluel  le  virent; 

Et  si  tost  comme  il  s'entre-vinrent, 

Laissent  les  fors  cevax  aler. 

A  droit  dire  et  à  peu  parler, 

Tes  cox  se  sont  entre-donné 

Que  li  tronçon  en  sont  volé 

Plus  de  .xl.  pies  de  haut. 

Après  eus  braient  cil  liiraut 

Quanqu'il  pueent  à  haute  vois  : 

<f  Par  ci  gaste  de  gaste  bois  !  » 

De  la  seconde  lance  après 

Li  vient  cil  de  Bailluel  si  près 

Qu'il  froe  et  brise  tout  ensanle  ; 

Et  ses  compains,  si  com  moi  sanle, 

Le  fiert  si  que  sa  lance  brise. 

Lues  a  cascuns  une  autre  prise; 

Et  s'en  vienent  sans  manecier 

Frapant  des  espérons  d'acier, 

Al  plus  tost  qu'il  pueent  venir; 

Tes  cols  se  vont  entre-ferir 

Qu'il  sanloit  que  foudre  et  tcmpcstc 

Fust  cascun  kéu  sur  la  teste. 

Des  grans  cox  k'il  se  sont  donné 

11  sont  andoi  si  estonné 

Qu'il  ne  scurent  qu'il  lor  avint; 


ROMAN  DE  HAM.  335 

Aussi  fist-il  encore  à  vint 
Que  je  moût  bien  vous  nomeroic. 
Après  jousta  INJahieus  de  Roie, 
Qui  sires  est  de  Garraegni, 
Et  contre  Jehans  de  Soisi , 
Qui  si  bien  vint  et  droit  et  tost; 
Et  mesire  Maihiex,  tantost 
Qu'il  ot  sa  lance,  prent  la  sicue, 
Et  tel  cop  que  tout  le  desjeue; 
Li  a  donné  à  bonne  estrine 
De  la  lance  en  mi  le  poitrine; 
Puis  prent  un  autre,  si  le  fiert 
Haut  en  la  gorge  où  il  le  quiert. 
Que  toute  le  froe  et  esmie. 
Cil  de  Soiri  ne  fali  mie, 
Ains  a  brisié  duskes  es  poins, 
Outre  s'en  passe  en  i'escu  joins; 
Et  ont  .ij.  lances  recouvrées 
Grosses  de  sap  et  bien  ouvrées , 
Si  s'entre-fierent  es  blasons 
Et  font  de  lour  lances  tronçons, 
Et  passent  outre  tout  monté. 
Venu  est  de  moût  grant  bonté 
Ces  .ij.  enfans,  qui  ont  brisié 
Si  bien  que  il  en  sont  prisié. 
Après  jousta  uns  cbevaliers. 
Qui  bien  jousta  et  volentiers; 


336  ROMAN  DE  HAM. 

Jake  du  Bos  l'oï  nommer. 
Son  compaignon  n'en  puis  blasmer, 
Monsigneur  Jehan  de  Faï  : 
De  ses  .iij.  lances  n'i  fali 
Nés  une  seule,  ains  les  brisa. 
La  roïne  à  tant  avala 
Des  loges  et  va  ou  castel. 
Par  ces  loges  braient  cil  liirel  : 
«  Qui  veut  mengier  si  viengne  à  cort 
Nus  n'i  verra  qui  s'en  retourt , 
S'ara  et  mengié  et  béu 
Et  le  plus  bel  atour  véu 
C'onques  fust  à  court  de  roïn[e]  ; 
Ne  de  corde  ne  de  caïne 
N'i  ara  huimais  pont  levé.  » 
On  trompe  l'iauwe,  et  ont  lavé 
Et  se  vont  au  mengier  seoir; 
De  toutes  pars  puet-on  véoir 
Vins  et  viandes  mètre  as  tables. 
N'i  oïssiés  romans  ne  fables, 
Mais  parler  d'armes  et  d'amour. 
Les  caroles  dessi  au  jour 
Durèrent,  que  peu  s'en  fali. 
Un  peu  se  coucent ,  s'ont  dormi 
Les  dames  et  li  chevalier; 
Puis  oent  messe  et  vont  lacier  : 
De  coi  il  ne  font  pas  que  fol. 


ROMAIN  DE  HAM.  337 

Et  niesirc  Guis  de  Saint-Pol 
Vint  sour  un  grant  destrier  morol 
Contre  le  signeur  de  Sorel  ; 
Et  la  roïne  ert  jà  alée 
As  escafaus,  qui  esgardée 
A  lour  jouste  moût  volentiers. 
Mesire  Guis  trestous  premiers 
Vient  contre  monsigneur  Gerart  ; 
Et  il  li  revient  d'aulre  part , 
Com  cil  qui  gaires  ne  le  crient. 
D'une  grosse  lance  qu'il  tient 
Le  fiert  grant  cop  sor  son  escu , 
Et  mesire  Guis  l'a  féru 
En  la  teste  de  son  lupart. 
De  lour  lances  font  mainte  part 
Que,  de  sis  qu'il  en  aporterent, 
Si  noblement  s'en  déportèrent 
Que  nule  entire  n'en  reniaint. 
Che  virent  bien  maintes  et  maint; 
Mais  ne  m'en  caut ,  quant  je  n'i  perc. 
Mesire  Gerars  de  Bouberc 
Vint  jouster  à  un  chevalier 
Bon  et  vigreus  et  fort  et  fier. 
Et  bien  est  tailliés  pour  avoir. 
De  son  non  vous  dirai  le  voir  : 
Jehans  de  Feujeres  a  non. 
Andoi  metciit  à  abandon 

■l'X 


338  ROMAN  DE  HAM. 

Cors  et  chevax,  et  ont  brisii' 

Si  bien  que  moût  en  sont  prisié. 

Jehans  de  Barres  vint  après 

Et  Jehans  de  Coing  H  fu  près, 

Qui  à  rencontre  li  revient. 

Cascuns  une  fort  lance  tient , 

Et  keurent  .iij.  fois  sans  falir. 

Après  ceus  véissiés  venir 

Deus  chevaliers  près  de  jousfer, 

A  qui  que  il  doie  coustcr, 

Je  sai  bien  que  li  uns  ira 

Plus  droit  à  l'autre  qu'il  pora, 

Quoi  qu'il  li  en  doive  avenir. 

Jehans  de  Boscais  voit  venir 

D'Eselinghehem  Alenart; 

Des  espérons  hert  celé  part 

Où  niiex  le  quida  encont[r]er. 

Ains  que  li  uns  puist  l'autre  outrer. 

L'a  cil  de  Boskiaus  si  féru 

En  u  comble  de  son  escu 

Que  sa  lance  froisse  et  derront. 

\À  doi  cheval  le  compcrront, 

S'il  s'eutr'encontrent  poi  ne  granf, 

Que  cil  de  Bosqiaus  est  cngrant 

De  faire  quanque  à  lui  afiert. 

De  l'autre  lange  le  refiert 

Grant  cop  et  dur  sans  espargnier; 


ROMAN  DE  HAM.  «    339 

Et  Alcnars,  sans  ressoignior, 
Li  vient  près  et  grant  cop  li  donne, 
Com  cil  qui  dou  tout  s'abandonne 
A  bien  pour  avancier  son  cors. 
Cil  de  Boskiaus  par  grans  effors 
De  la  tierce  lance  li  vient 
Si  près  que  par  force  convient 
Qu'il  cukent  u  voisent  froissier. 
Sa  lance  sot  bien  emploiier 
Jehans  du  Boskiaus,  que  Dix  gart  ! 
En  un  renc,  ki  fu  d'autre  part, 
S'entre-vinrent  doi  chevalier; 
Cascuns  sache  de  son  destrier 
Quanqu'il  en  puet  traire  et  avoir. 
Lor  nous  vous  ferai  asavoir  : 
Li  uns  a  non  Gilles  d'Oisi , 
Et  cil  qui  en  vient  contre  li 
A  non  Jelians  de  le  ïournele. 
Tex  cox  se  donnent  qu'en  astele 
A  cascuns  d'eus  sa  lance  mise, 
Et  cascuns  r'a  une  autre  prise 
Et  les  rebrisent  de  rechief  ; 
De  l'autre  l'autre  (sic)  lance  droit  u  cief 
S'eutr'encontrerent  front  à  front  : 
Cil  de  la  Tournoie  derront 
Trois  lances,  c'onques  n'en  fali, 
Et  aussi  fist  Gillars  d'Oisi. 


340  ROMAN  DE  HAM. 

Eu  un  rcuc,  qui  fu  lés  et  biaus. 
Vient  mesire  Mikix  Coupliaus 
Près  de  jouster,  s'il  trueve  à  qui. 
Mesire  Jehans  d'Espagni 
Prent  sa  lauce,  encontre  lui  va; 
Grant  cop  et  pesant  li  donna ^ 
Et  a  brisié  et  puis  revient. 
De  ses  .iij.  lances  li  avient 
Si  qu'il  n'en  fali  ne  coula. 
En  un  renc,  qui  fu  par  delà, 
Est"  venus  Gerars  d'Escaillon» 
Et  on  le  dist  son  compaignon; 
Eues  k'il  le  sot,  sa  lance  prent. 
Soillars  de  Morlaincs  le  prent; 
Ses  oncles  est,  et  il  ses  niés. 
Contre  l'autre  s'est  adreciés 
Pieres  de  Morlaines  molt  bien  ; 
Cil  d'E[s]caillon  de  nule  rien 
Ne  le  doute,  au  sanlant  qu'il  fait. 
Il  s'entre-vienent,  sans  lonc  plait, 
Droit  et  tost  et  hardiement  : 
Cil  de  Morlaines  fièrement 
Et  asprement  le  va  requerre  ; 
Ses  .iij.  lances  rue  par  terc 
Et  par  tronçons  et  par  esclices. 
Adont  s'enibat  dedens  les  lices 
Li  vidame  de  Pikigni, 


KOMAN  DE  HAM.  341 

Cil  de  Siiint-Maat  contre  li, 
Con  nomme  monsigneiu'  Renaiit. 
Cascuns  porte  sa  lance  haut , 
Bien  et  ccvalereusemcnt. 
Li  vitlamc  premièrement 
Li  fiert  tel  cop  qu'il  Tcn  esmaie, 
Et  li  autres  tcle  li  paie 
Q'il  ne  puet  riens  sour  li  clamer. 
«  Ceus  ne  doit-on  mie  blasmer, 
Dist  la  roine ,  qui  n'a  tort. 
11  m'est  avis  en  mon  recort 
Que  li  vidame  vient  mont  bel  ; 
Il  porte  l'escu  en  cantel 
Si  bel  que  on  porter  le  puet, 
N'il  ne  se  craule  ne  remuet , 
Dist  la  roïne,  tant  ne  quant.» 
Des  espérons  vienent  bâtant 
Andoi  plain  de  grant  volenté. 
A  vidame  si  aventé 
Son  ceval  que  li  sans  en  saut , 
Et  fiert  si  monsigneur  Renaut 
Près  de  la  gorge  qu'il  depiece 
Sa  lance  et  en  fait  mainte  pièce  ; 
Et  de  la  tierce  s'entr'aquellcnt 
Et  s'entre-fierent  si  qu'il  moellent 
Lour  blans  haubers  du  sanc  des  cois  ; 
N'onques  pour  cou  ne  f'u  descors, 


342  ROMAN  DE  HAM. 

Aiiis  eu  fil  pais  dedeiis  la  court, 
Li  bons  Jchans  de  Harcourt 
Muet  contre  Adan  de  Cardounoi; 
Tes  cax  se  donent  c'ambedoi 
En  eurent  assouffrir  assés. 
Cascuns  en  est  outre  passés, 
Et  sont  à  lour  rens  revenu. 
Cascuns  met  à  point  son  escu 
Et  son  hiaume  et  point  le  ceval. 
Lors  véissiés  le  Cardon nal 
Bel  venir  à  son  compaignon  ; 
Tel  li  donna  sour  son  baston 
Que  sa  lance  ne  pot  durer, 
Ains  le  fîst  li  baston  froer. 
Et  cil  de  Harcourt  le  fiert 
Haut  en  la  teste  où  il  la  quiert , 
Q'il  ne  vaut  pas  ferir  le  crois. 
Des  lances  ont  fait  tel  escrois 
Comme  il  convient  à  tel  mestier  : 
A  la  tierce  lance  brisier 
Mist  cascuns  paine  quanqu'il  peut, 
Mesire  Reu  bon  gré  leur  seut 
Qu'il  firent  bien  à  ce  bcsoing. 
Après  jousta  Wautiers  d'Antoing, 
Ansians  de  Chevreuscs  à  li. 
Trois  lances  c'onques  n'i  fali 
Brisa  cascuns,  c'oy  conter. 


ROMAN  DE  HAM.  343 

Après  ces  .ij.  ala  jouster 
Cil  d'Oleliain  Escarboniaus. 
Li  jours  estoit  et  clers  et  biaus 
£t  li  solaiis  rcsplendissoit 
Qui  en  ces  armes  rcluisoit 
Eu  l'or,  en  l'argent,  en  l'asur. 
Mesire  Kex  desur  le  mur 
Et  voit  comment  cascuus  le  fait. 
Escarboniaus  es  rens  se  trait 
Et  part  de  sen  lenc  canqu'il  puet; 
Cil  d'Oleliain  contre  lui  moet 
Quanqu'il  puet  traire  du  destrier. 
Escarboniaus  sans  manecier 
Li  donne  un  cantel  del  escu, 
Et  li  autres  l'a  si  féru 
Qu'il  li  a  son  escu  quassé. 
Erramment  sont  outre-passé, 
Et  puis  reYien[en]t  sans  demeure. 
Trois  lances  brise  en  petit  d'eure 
Carboniaus,  qui  Dix  doinst  honuor! 
Auques  estoit  en  mi  le  jour 
Quant  Carboniaus  s'en  départi. 
Mesire  Gieffrois  de  Milli 
Jousta  lors  à  .i.  chevalier 
Bon  et  vigreus  et  fort  el  fier, 
Mesire  Walerans  a  non 
De  Lusscbourc  ;  mais  ne  savon 


344  ROMAN  DE  HAM. 

De  lour  jouste  qu'il  en  avint. 
Après  [.ij.]  autres  en  revint, 
Que  je  vi  jouster  bien  et  fort  ; 
Si  me  plaist  moût  que  j'en  recort 
Cou  que  je  sai  de  voir  et  vi. 
Mesire  Mahieus  d'Espegni 
Et  Gossuins  de  Saint-Aubin 
Jousterent,  que  moût  grant  tatin 
S'entre-donent  tout  pour  véoir 
(On  doit  le  bien  ramentevoir 
Et  tout  le  mal  doit-on  celer). 
Sachiés  que  cil  doi  baceler 
Jousterent  bien  et  fort  et  dur; 
Il  jousterent  devant  le  mur 
Près  des  dames ,  que  g'i  estoie. 
A  tant  ès-vous  Driuon  de  Roie 
Et  Henri  de  Soiri  en  vient. 
La  roïne,  bien  m'en  souvient, 
Pria  pour  eus  de  cuer  entier, 
Qu'il  sont  moût  jone  chevalier; 
Si  prie  à  Dieu  que  il  les  gart. 
Et  mesire  Drius  d'une  part 
Se  tint  par  devers  le  castel, 
Et  tenoit  l'escu  en  cantel 
Moût  noblement  et  moût  à  point. 
Le  cheval  des  espérons  point 
Encontre  ll(;nri  de  Soiri , 


ROMAN  DE  HAM.  M'y 

Et  il  s'en  vient  encontre  li 
Quanqu'il  en  piiet  venir  d'eslais; 
De  loiir  escLis  percent  les  ais 
Et  passent  outre  vistement. 
Des  autres  lances  vraienient 
Ne  sai-ge  mie  le  certain  ; 
Mais  niesire  Drieus  tout  à  plain 
La  tierce  lance  froisse  et  brise. 
Et  la  roïne  niout  l'en  prise, 
Et  les  dames  qui  sont  entour 
Dient  que  Dix  li  doint  onour, 
Qu'il  fu  fiex  de  chevalier  preu. 
Mesire  Jehans  de  Brimeu 
Quanqu'il  puet  es  rens  en  acourt 
Contre  Jehan  de  Fouconcourt , 
Et  Robers  contre  lui  se  lance  ; 
Et  tint  l'escu  et  tint  le  lance, 
Qui  bien  h  avient  à  tenir. 
Quanques  chevax  en  puet  venir 
S'esmoevent  andoi  sans  déport, 
llobillars  jousta  bien  et  fort, 
Et  bien  jousta  cil  de  Brimeu. 
Ne  demoura  après  c'um  peu 
C'uns  autres  est  es  rens  venus, 
Con  apiele  Adans  de  Blemus; 
Encontre  li  vint  Enghcrrans 
De  Rove,  qui  moût  est  engrans 


346  ROMAN  DE  HAM. 

De  iiîotro  son  cors  à  honcur. 
Es  rens  se  lance  sans  ticniour 
Espris  de  boine  volenté 
Et  le  hiaume  en  son  chief  planté, 
Et  s'est  en  son  escu  moulés 
Autressi  corn  s'il  i  fust  nés  : 
Riens  qu'il  éust  ne  li  messist. 
Au  destrier  sour  coi  il  se  sist 
A  fait  ses  espérons  sentir, 
Si  s'entre-vien[en  jt  sans  nicnlir 
De  si  près  qu'Engherrans  a  mise 
Se  lance  en  pièces  et  le  brise  ; 
Et  11  autres  n'a  pas  fali , 
Ains  li  donne,  que  je  le  vi, 
Moût  pesant  cop  et  moût  estout. 
Ains  que  courut  eussent  tout, 
Furent-il  des  dames  prisict 
Pour  cou  qu'il  ont  si  bien  brisiet. 
A  tant  ès-vous  de  Manicourt 
Le  maisnant  qui  es  rens  acourt, 
L'escu  au  col,  le  lance  es  pons; 
Et  ses  compains  li  moet  de  Ions, 
C'on  nomme  Jeban  de  Cantens  ; 
S'en  a  li  maisnans  grant  desdens, 
S'il  ne  muet  aussi  tost  comme  il. 
Encore  en  ot  ou  parc  tel  mil 
Qui  sevcnt  bien  se  je  di  voir. 


ROMAN  DE  HAM.  347 

C'ançois  [Jchans]  péust  avoir 
Sa  lance  mise,  s'en  départ 
Li  maisnaus,  et  cil  d'autre  part 
Li  vint  moût  bien  sans  ressoignier. 
Quant  vint  as  lances  eslongnier, 
Li  uns  brise  et  li  autres  faut, 
Que  li  maisnans  porta  trop  haut  : 
Se  li  fall  en  mi  les  iex. 
Mais  celé  faute  valut  miex 
Qu'en  tel  lieu  péust-il  brisier, 
Si  bien  l'ai-jou  oï  prisier; 
Mais  ses  autres  lances  brisa 
Li  maisnans,  dont  bien  le  prisa 
La  roïne,  qui  Dix  honnourt! 
Es-vous  l'oncle  de  Frieucourt 

Qui  moet  encontre  Adan  Gourlo  : 

Grans  cox  se  sont  entre-donné , 

Que  cascuns  est  vigreus  du  cors  ; 

Et  li  oncles  est  grans  et  fors, 

Si  prist  une  lance  quarée 

Et  donne  Gourlé  tel  farréc 

En  mi  les  dens  qu'il  l'a  brisie. 

N'onques  Gourlés,  je  n'en  ment  niio , 

N'en  cancela  ne  ne  s'en  mut. 

De  sa  lance  fist  cou  qu'il  dut , 

Qu'il  donna  l'oncle  un  cop  si  granl , 

Si  nialaisu  et  si  pesant 


348  ROMAN  DE  HAM. 

Qu'il  on  ot  mont  à  soustciiir. 

De  l.i  tierce  lance  venir 

Les  véissiés  moût  volenlicrs  : 

Li  oncles  jouste  de  leviers 

Et  li  autres  de  grans  tineus  ; 

Si  s'entre-douiient  ambedeus 

Si  grans  cox  que  lor  doi  ceval 

Et  il  méismes  eurent  mal. 

Et  apriès  vient  en  un  biau  renc 

Mesires  Pieres  de  Houdenc 

Contre  Jehan  au  Bois-Giriaunic  : 

Cascuns  ot  Tescu  et  le  hiaume; 

Lour  lances  premières  s'en  vont , 

Et  si  grans  cox  donné  se  sont 

Que  il  ont  dusk'ès  poins  brisié. 

Moût  durement  en  ont  prisié 

Mon  signeur  Pieron  de  Houdenc. 

J'oï  tesmoignier  en  un  renc 

Qu'il  estoit  uns  des  bien  joustans; 

jMais  on  ne  puet  mie  tous  tans 

Estre  souvenans  de  cascun 

Amonter  ensi  un  et  un 

De  .ix.  vins  joutes  qu'il  i  ot. 

Je  n'en  mentirai  jà  de  mot 

De  Hotcri ,  qui  jouster  vient. 

Ses  compains,  que  bien  m'en  souvient 

Est  du  cors  vigreus  et  vassaus; 


IIOMAN  DK  II AM.  349 

Il  gaaignoit  tous  les  covax 
En  cel  point  que  on  tonrnoioit. 
Jelians  de  Gannes  venir  voit 
Hosteri  l'escu  enbracié, 
S'a  errant  le  cheval  brocliié. 
Et  s'entre-fierent  en  s  escus 
Mont  grans  cox  et  niout  malostrns  ; 
Bien  ont  jouste  et  bien  ont  fait. 
Je  ne  voel  pas  tenir  lonc  plait 
De  cascun  ne  k'il  lour  avint. 
Li  sires  de  Caeu  s'en  vint 
Contre  le  signeur  de  Cramailles, 
Onques  n'en  derrompirent  mailles 
De  lour  haubers  :  che  fu  lour  preus. 
Dont  commanda  mesire  Kex 
G'uns  hiraus  criast  sans  arrest  : 
«Or  est  venus  Gaste-Forest!» 
Et  il  s'cscrie  à  haute  vois  : 
«  Chi  vont  li  gastéour  de  bois  ; 
Cist  feront  jà  de  bos  essart.  » 
Li  sires  de  Caeu  se  part 
De  son  renc  noblement  et  bel; 
Sour  un  moût  bel  destrier  morel 
S'en  vient  contre  sen  compaignon. 
A.ndoi  vienent  de  grant  randoii 
Et  portent  lour  lances  si  haut 
Que  li  uns  et  li  autres  faut. 


350  ROMAN  DE  HAM. 

S'en  sont  inout  durement  courcié. 

A  l'autre  cop  sont  esforcié 

De  venir  tost  et  près  et  droit , 

Et  portent  leur  lances  si  roit 

Que  li  fer  sont  entr'encontre; 

Cascuns  a  duskc  ou  poing  froé, 

N'en  n'a  li  uns  l'autre  féru 

Ne  en  liiaume  ne  en  escu. 

De  l'autre  lance  r'ont  failli , 

Si  s'en  tienent  à  mal  bailli 

Pour  lour  femmes  qui  sont  en  haut 

O  la  roïne  en  l'escafaut; 

Mais  nus  ne  jue  ki  ne  kiet, 

A  ce  mestier  souvent  raeskiet  : 

Tous  nos  amis  gart  Dix  de  mal  ! 

Mesire  Aubers  de  Longue  val 

Voit  que  iour  gent  sont  trop  cargië, 

S'a  tost  un  escu  embracié 

Et  jure  Dieu  et  tous  ses  sains 

Que,  tant  qu'il  ait  les  membres  sains, 

Ne  faurra  nus ,  quex  que  il  soit. 

Au  bout  du  renc  se  tint  tout  droit 

Et  fait  de  son  cors  estandart, 

Et  voit  venir  de  l'autre  part 

Un  chevalier  qui  moet  de  loing, 

G'on  apele  Wautier  d'Antoing  : 

Bon  chevalier,  preu  et  hardi. 


ROMAN  DE  II AM.  :}5I 

Mosirc  Aubers  muol  contre  li 

QiKuiqu'il  puet,  ce;  piiet-on  savoir. 

Se  dire  vous  en  voel  le  voir. 

Il  viencnt  issi  radement, 

Si  près  et  si  hardiement 

Que  de  venir  sont-il  prisié. 

A[n]dLii  ont  diisque  ou  puiiig  l)risi(> 

Et  fait  .1.  froisséis  si  grant 

Que  toutes  gens,  petis  et  grans, 

Quidierent  que  u  castel  fust 

Kéue  la  sale  de  fust, 

Ne  nus  d'eus  ne  s'en  desajue. 

<cHa,  douce  mère  Dieu,  ajue! 

Dist  la  roïne.  Hui  en  cest  jour 

Gardés  mon  frère  et  mon  signour 

Et  soiiés  garde  de  celui 

Qui  jouste  aussi  encontre  lui , 

Qu'il  ne  lor  meskiece  de  rien.n 

A  lor  rens  vienent  bel  et  bien  ; 

Et  lues  qu'il  sont  remis  à  point, 

Li  uns  et  li  autres  se  joint 

En  l'escu  et  se  vont  ferir. 

Et  saciés  que  de  lor  venir 

Se  tcnoit  cascuns  apaiiés. 

ïex  cox  se  sont  entre-paiiés 

Dont  li  uns  des  .ij.  se  douta 

Plus,  je  cuic,  (juc  il  ne  voira. 


352  ROMAN  DE  HAM. 

La  tierce  lance  si  près  vont 
Que  casciins  brise,  et  si  en  font 
Sentir  les  fers  preus  de  leur  cars, 
Que  nus  des  deus  n'estoit  eschars 
De  bien  ferir  à  son  pooir. 
T.es  autres  joustes  à  véoir 
Laissoient  mont  de  gent  pour  eus. 
De  si  près  vinrent  c'ambedeus 
En  orent  à  souffrir  assés. 
Mesire  Aubers  li  est  passés 
Si  près  que  froiier  leur  covint. 
Et  au  froiier  si  leur  avint 
Que  cascuns  fu  forment  bleciés. 
Che  voel-je  bien  que  vous  saciés 
Que  lor  jouste  fu  bien  loëe  ; 
Mais  la  cavole  ot  desnoée 
Mesire  Aubers  de  Longueval , 
Ne  pour  angoisse  ne  pour  mal 
N'en  fîst  sanlant  dusk'à  la  nuit. 
«Dame,  dist  Kex,  ne  vous  anuit; 
Vos  frères  l'a  mix  fait  de  moi  : 
Encore  ne  sai-je  ne  voi 
Que  ses  chevaus  soit  riens  grevés.  » 
—  «Certes,  Quex,  vous  fuissiés  crevés 
Se  vo  pensée  ne  fust  dite. 
Que  l'eure  puist  estre  maldile 
Que  fustes  si  mal  cnteciés!» 


ROMAN  DE  HAM.  353 

Par  mi  les  rens  est  acîreciés 
Aigres  contre  Willaunie  de  Liere; 
N'i  a  nul  d'ex  qui  haut  ne  fiere 
Et  qui  ne  brise,  ce  me  sanle. 
Et  mesire  Jehans  de  Canic 
Muet  d'autre  part  sans  atargier 
Encontre  un  vighereus  chevalier; 
Gis  de  Nuevile  est  ses  drois  nons. 
Andoi  frapent  des  espérons 
Quanques  chevax  poet  randonner, 
Et  se  vont  si  grans  cox  donner 
Que  li  tronçon  volent  amont. 
Li  bons  Jehans  de  Pereumont 
N'atarge  pas,  ains  muet  d'eslais; 
Sour  .i.  cheval  qui  n'est  pas  lais 
S'en  vient  plus  radement  qu'il  puet , 
Et  Raous  d'Estrées  li  muet 
Moût  noblement  et  bien  l'avise. 
Que  vous  feroie  lonc  devise? 
Jehans  de  Peremont  li  donne 
Tel  cop  c'a  pau  qu'il  ne  l'estone  ; 
Et  li  autres  pas  ne  l'espargne  : 
Tout  autressi  comme  une  escargne 
Li  a  percié  l'escu  du  col. 
On  doit  tenir  celi  pour  fol 
Qui  à  si  fait  mestier  se  faint. 
Li  uns  l'autre  si  bien  ataint 

23 


354  ROMAN  DE  HAM. 

Que  je  ne  sai  auquel  atendrc. 

Quanques  cheval  pueent  destendre 

En  vi  .ij.  autres  revenir; 

Coi  qu'il  doie  l'un  avenir, 

Il  en  fera  bien  son  devoir, 

Certainement  le  sai  de  voir. 

Jehans  de  Jumelés  s'en  vient 

Tous  près  de  quanque  il  i  convient , 

Si  acesmés  que  riens  n'i  faut. 

Je  ne  quic  mie  que  il  haut 

Son  cheval  sans  lance  brisier. 

Et  de  tant  se  puet-il  prisier 

Qu'il  jouste  à  .i.  bon  baceler; 

Son  non  ne  voel  mie  nommer, 

Willaumes  du  Huerle  a  à  non. 

Andoi  metent  à  abandon 

Cors  et  chevaus,  et  cou  est  drois. 

Je  vous  di  que  li  Gumelois 

Li  vient  sans  querre  nul  déport; 

Li  cheval  sont  près  de  lor  mort , 

Se  li  uns  ne  tire  son  frain. 

Li  Jumelois  le  fîert  à  plain 

Tel  cop  que  je  croi  qu'il  fîst  mai 

Au  chevalier  et  au  cheval. 

Cil  du  Huerle  pas  ne  se  faint , 

Li  Jumelois  r'a  si  ataint 

Que  des  dens  li  a  fait  salir 


ROMAN  DE  HAM.  355 

Le  sanc;  mais  toutes,  sans  falir, 
A  mises  Jelians  de  Jumelés 
Sour  lui  ses  lances  en  asteles. 
Lors  vi  venir  tout  eslaissié 
Monsigneur  Guion  du  Plaissié 
Sour  un  destrier  fort  et  isnel  , 
Et  portoit  l'escu  en  cantel 
Et  la  lance  tenoit  à  point; 
Biau  broce  le  ceval  et  point , 
Et  fu  des  escafaus  si  lonc. 
Et  muet  contre  Jehan  de  Loue , 
Un  chevalier  devers  Pontieu  ; 
Mais  il  le  trouva  mal  bontieu, 
Que  cis  qui  preste  doit  ravoir  ; 
Mesire  Gis  tretout  pour  voir 
Li  presta  .i  cop  mervilleus, 
Grant  et  pesant  et  perilleus; 
Et  cil  de  Lonc  bien  le  reçut  : 
Il  se  tenra  bien  à  déçut 
S'il  ne  li  rent  ceste  bonté. 
Il  sont  ambedoi  bien  monté, 
Et  revienent  sans  atargier. 
Mesire  Gis  sans  espargnier 
Li  vient  et  tost  et  radement , 
Et  le  fiert  si  très  durement 
Que  le  cheval  fait  canceler 
Et  se  lance  en  tronçons  voler 


356  ROMAN  DE  HAM. 

Assés  plus  haut  que  un[e]  toise, 

Jehan  de  T.onc  forment  en  poise , 

Et  moût  se  tient  à  mal  bailli 

De  chou  qu'il  a  .ij,  fois  failli; 

De  la  tierce  lance  l'assené 

Haut  en  l'escu  deseur  la  penne. 

Si  k'il  qu'il  (^sic)  le  brise  et  le  derront. 

Mesire  Gis  fiert  plus  amont , 

Par  mi  la  gorge  tel  li  donne 

Que  peu  faut  que  tout  ne  l'estone; 

Mais  cil  de  Lonc  l'ot  si  féru 

Que  très  par  mi  le  fort  escu 

Li  a  fait  les  costes  doloir. 

Après  ces  en  vi  .ij.  mouvoir. 

Ri  bien  jousterent,  je  le  vi  : 

Mesire  Engherans  de  Rugi 

Et  Pieres  l'Orible  jousterent; 

Et  à  ciaus  dedens  ne  contèrent 

Que  .ij.  lances,  que  je  bien  sai 

Qui  les  brisa  ;  je  le  dirai  : 

Che  fu  li  sires  de  Rougi. 

Li  autres  de  honte  rougi 

Pour  cou  que  ensi  li  meskiet  ; 

Mais  nus  ne  jue,  qui  ne  kiet. 

Tel  i  a  de  chiaus  qui  falent, 

Tel  qui  sont  preu  et  qui  moût  valent  ; 

Mais  ensi  le  doit  li  niestiers. 


ROMAN  DE  HAM.  357 

Es-voLis  .ij.  autres  chevaliers. 
En  un  renc  qui  n'ert  mie  seus 
Muet  mesire  Hcrnous  de  Fosseus 
Encontre  Bernar  du  Plaissié. 
Andoi  muevent  tout  eslaissié 
Quanque  il  pueent  à  grant  eslais; 
De  lour  escus  rompent  les  ais 
Et  froissent  lances  et  debrisent , 
Tant  que  les  dames  les  en  prisent. 
Li  quens  d'Artois  fu  là  en  haut 
O  les  dames  sour  l'escaffaut, 
Et  voit  venir  à  grant  effors 
Chevaliers  tous  armés  des  fors 
Pour  joustcr  à  ceus  de  la  court. 
Sans  plus  dire,  li  quens  s'en  court, 
Si  s'arme  et  monte  et  vient  es  rens  ; 
Pour  çou  qu'il  est  de  ciaus  dedens, 
Se  tint  par  devers  le  castel. 
Sour  un  destrier  fort  et  isnel 
Fu  bien  montés  et  noblement 
Et  fu  armés  si  richement 
Que  nus  n'i  savoit  c'amender. 
A  la  roine  demander 
Congié  s'en  va  qu'ele  li  laist 
Jouster  encore,  s'il  li  plaist; 
Et  la  roine  li  otric 
Moût  volontiers ,  et  si  li  prie 


358  KOMAN  DE  HÀM. 

Que  s'il  s'en  voloit  déporter 
Et  venir  o  li  déporter, 
Que  moût  bon  gré  li  en  saroit 
Et  durement  lie  en  seroit 
Pour  le  péril  qui  estre  en  puet. 
Li  quens,  sans  plus  dire,  s'esmuet, 
Le  lance  u  puing,  l'iaume  lachié. 
Et  tint  son  escu  embrachié 
Contre  son  pis,  et  muet  d'amont 
Contre  Pieron  de  Bueffremont, 
Qui  bien  lour  vient,  ce  m'est  avis. 
De  lour  lances  en  mi  le  vis 
S'entre-donerent  sans  déport. 
Le  bien  fait  se  je  je  (^sic)  le  cort, 
Nus  ne  m'en  doit  mal  gré  savoir; 
Mais  je  n'en  puis" le  grasse,  avoir 
Des  malvais  et  des  mesdisans. 
Certes,  qui  vivera  .x.  ans. 
Pour  envieus  faire  crever 
Verra-on  le  conte  grever. 
De  tes  coses  empera-il. 
«E,  Dix!  chis  jours,  quant  venra-il. 
Qu'en  viens  morront  à  destrecc  ?  » 
—  «  Ce  sera  tost,  ce  dist  Fortrecc, 
Que  mesires  li  quens  d'Artois 
Est  si  largues  et  si  courtois 
Et  si  loiaus  et  si  entiers 


ROMAN  DE  HAM.  359 

Et  tant  aime  les  chevaliers 
Qu'il  n'en  penra  en  nulc  terre, 
Soit  pour  tournoi  ou  soit  pour  guerre , 
Qu'il  ne  truist  compaignie  assés, 
Car  il  ne  fu  onques  lassés 
De  tous  biens  faire,  ne  jà  n'ert  : 
11  tait  bien  çou  c'a  lui  affîert. 
Sarrasin ,  et  je  te  requier. 
Si  com  tu  m'aimes  et  as  chier, 
Que  tu  dies  de  cascuu  bien; 
Et  s'aucuns  fait  aucune  rien 
Qui  face  à  taire  et  à  celer, 
Tant  soit  de  povre  baceler, 
Di  le  bien  et  si  lai  le  mal  : 
Tout  cil  qui  sont  bon  et  loial 
T'en  ameront  et  tenront  cier.  » 
—  «  Veés  là  homme  bel  chevaucier, 
Dit  Gillart  de  Noevile,  et  bel.  » 
Li  quens  met  l'escu  en  cantel , 
Qui  bien  et  bel  en  set  sen  roi. 
Cil  de  Beffremont  à  desroi 
Li  vient  encontre  d'autre  part; 
Et  li  quens,  lues  qu'il  se  départ, 
L'avise  à  ferir  en  es  dens; 
Et  cil ,  qui  est  de  grant  apens 
A  chou  c'on  li  a  ensignié , 
N*a  mie  le  conte  cspargnic, 


360  ROMAN  DE  HAM. 

Ains  li  donne  ens  en  mi  l'escu; 
Mais  de  tant  com  jou  ai  vescu 
Ne  vi  si  grani  cop  recevoir 
Sans  cors  de  chevalier  mouvoir. 
Et  li  quens  grant  cop  le  refiert 
En  mi  les  dens,  où  il  le  quiert; 
Si  s'en  passe  outre,  et  ont  brisié  : 
Ghe  cop  ont  moult  de  gent  prisié. 
Des  tierces  lances  s'entr'estonent 
Si  k'il  les  brisent  et  arçonnent, 
Et  volent  lour  hiaumes  des  ciés  : 
«  Dix  gart  nos  amis  de  mesquiés  ! 
Dist  la  roïne,  je  l'en  proi.  » 

—  «  Dame,  dist  Fortreche,  j'otroi 
Que  li  sires  de  Basentin 

Ait  la  jouste  par  bon  destin 
A  landegrave  qui  clià  vient. 
Saciés  de  voir  qu'il  li  convient 
Avoir  chevalier  de  valour  : 
Mandés  vo  conseil,  dites-lour 
S'il  s'i  voloient  acorder.  » 

—  a  Je  ne  m'en  quier  jà  descorder, 
Dist  la  roïne  ;  or  les  mandons,  » 
La  roïne  tous  ses  barons 

Fait  mander  amont  et  aval 
Par  le  signeur  de  Raineval; 
Et  par  Fortrecc  s'acordcrcnt, 


ROMAN  DE  HAM.  361 

Que  chi  doi  ensanle  joustorcnt, 
Si  lour  a-on  fait  asavoir. 
De  tant  a  fait  Huars  savoir. 
Que  la  roïne  en  mercia 
De  l'onnour  que  faite  li  a , 
Que  landegrave  est  un  [s]  grans  sire. 
Et  si  est  d'un  pais,  c'oi  dire. 
Dont  li  bon  joustéour  sont  né. 
Les  trompes  ont  .ij.  mes  sonné. 
Si  a-on  fait  les  rens  widier. 
Pour  voir  vous  di  et  sans  cuidier 
Que  li  renc  sont  et  lonc  et  lé. 
A  .iiij.  trompes  sont  aie 
Querre  Huart  de  Basentin , 
Qui  s'arma  en  un  bel  gardin. 
Il  vint  droit  de  devant  la  porte, 
Biau  tint  l'escu  et  biau  le  porte, 
Et  biau  talonne  le  cheval  ; 
.1.  eslais  a  fait  contreval 
Pour  assaiier  se  riens  li  faut. 
La  roïne  fu  là  en  haut. 
Qui  bonne  est  et  bien  ensignic; 
O  li  ot  bêle  compaignie 
De  dames  et  de  damoiseles 
Plaisans  et  avenans  et  belcs, 
As  fenestres  des  escafaus. 
Mesire  Kex  li  scncscaus, 


362  ROMAN  DE  HAM. 

Qui  à  sa  jouste  fu  blechiés, 
A  moût  bien  les  reus  aclreciés  ; 
Et  il  et  autre  qui  s'empaignent 
JMonsigneur  Huon  eu  aniainent 
Devant  le  porte  du  castel. 
Et  landegrave  bien  et  bel 
Fait  .i.  eslais  et  puis  revient. 
Li  sires  de  Basentin  tient 
La  lance,  et  si  a  le  renc  pris 
Com  cil  qui  bien  en  est  apris; 
Et  landegrave  sans  targier 
Bâtant  des  espérons  d'achier 
S'en  part  lues  qui  le  vit  niovoir; 
Mais  qui  dire  vaurroit  le  voir, 
Li  sires  de  Basentin  vint, 
Ce  virent  bien  .v*".  et  vint, 
Si  droit,  si  tost  et  si  à  point, 
Et  si  bel  broce  et  si  bel  point 
Que  chascuns  volentiers  le  voit; 
Et  landegrave  li  venoit 
A  la  manière  d'Alemaingne. 
Montauban  escrie  s'ensegne, 
(jil  qui  porte  les  flours  de  lis; 
De  lui  véoir  est  grans  delis , 
Si  vint-il  bien  et  tost  et  droit; 
Il  mi-parti  le  renc  si  droit 
Que  nus  boni  ni  séust  coisii- 


ROMAN  DE  HAM.  363 

A  paine,  tant  éust  loisir, 
A  l'alongier  se  sont  ataint 
Et  sour  Tescu  et  sour  le  taint 
Moût  grans  caus  et  moût  mervillcus; 
Li  encontres  fu  perilleus 
Et  la  jouste  pesans  et  dure. 
Retourné  sont  grant  aléure; 
Et  remis  lour  escus  à  point, 
Li  uns  encontre  l'autre  point 
Quanqu'il  puet  traire  du  cheval  ; 
Aucune  gent  faisoit  moût  mal 
De  chou  qu'il  venoient  si  droit 
Que,  s'il  eussent  renc  estroit, 
Cukié  eussent  malgré  aus. 
Qui  oïst  braire  ces  hiraus 
Et  Landegrave  et  Montauban; 
On  n'oïst  pas  crier  à  Han , 
Si  i  estoit  la  noise  grans. 
Huars,  qui  moul  estoit  engrans 
De  faire  bonc  sa  partie, 
A  fait  ne  sai  quante  partie 
Des  .iij.  lances  qu'il  aporta; 
Si  cointement  se  déporta 
Que  cascuns  qui  le  voit  Ten  prise. 
Il  ont  la  tierce  lance  prise 
Et  s'esmuevent  de  grant  randon  ; 
Mais  nient  très  plus  que  doi  brantloii 


364  ROMAN  DE  HAM. 

Pucent  durer  encontre  fu 
Ne  pueent  durer  lour  escu. 
Là  où  des  lances  s'entr'alalngnent 
Tes  cox  se  donnent  qu'il  s'en  plaignent, 
Ou  soit  en  haut  u  soit  en  bas; 
Mais  cascuns  ne  l'entendoit  pas; 
Et  si  sage-jou  certainement 
Que  jousté  ëust  autrement 
Cil  qui  porte  l'escu  d'argent, 
Se  ne  fust  pour  aucune  gent 
Qui  li  priierent  au  mouvoir, 
Que  je  le  vi  et  sai  de  voir, 
C'a  son  pooir  ne  chucast  mie. 
Et  il  dist:  «Foi  que  doi  m'amie! 
S'il  s'en  garde,  je  m'en  tenrai; 
Jà  pour  cukier  ne  m'en  venrai.» 
En  covent  l'ot,  et  il  le  tint, 
Puisqu'il  en  ot  oï  le  tint 
Que  la  roïne  le  voloit; 
Si  s'en  tint  et  si  s'en  doloit 
C'atourné  ne  li  fust  à  mal. 
Devant  les  dames,  à  cheval 
S'entre-saluent  et  s'en  vont. 
Dieu  de  lassus  loé  en  ont 
Les  dames  qui  ne  sont  blecié. 
Doi  autre  se  sont  adrecic 
Ou  renc  dont  il  se  sont  parti  : 


ROMAN  DE  IIAM.  365 

Mesirc  Henris  de  Soi  ri 
Et  Jehans  de  Noevile  viencnt. 
Qui  grans  lances  et  grosses  tienent; 
Et  s'entrevien[en]t  sans  plus  dire. 
Cil  qui  de  nule  riens  n'ert  sire, 
Ex-de-fer  si  grant  cop  li  paie 
C'aucuns  des  autres  s'en  esmaie; 
Et  cil  de  Soiri  le  refiert, 
Bien  fait  au  Hen  çou  qu'il  i  quicrt; 
Mais  Ex-de-fer  a  si  brisié 
Que  les  dames  l'en  ont  prisié; 
Mais  Forteche  le  consilloit. 
Or  se  gart  bien  cil  qui  le  croit  > 
Qu'il  ne  fera  jà  se  bien  non  ; 
Or  ne  soit  nus  qui  die  non  : 
Preus  est  et  larges  et  loiaus. 
Encor  ne  voi-ge  nul  de  ciaus 
De  Noevile  qui  le  rataigne; 
Prouece  et  larguece  se  baingne 
En  son  cuer,  sans  jamais  partir. 
Par  saint  Estene  le  martir! 
Se  j'estoie  de  France  rois , 
Avoec  moi  porteries  la  crois 
Là  ù  Dieus  fu  crucefiiés. 
Rois  de  France,  bien  vous  fiiés 
En  lui ,  se  le  poés  avoir  : 
Vous  ferés  et  preu  et  savoir. 


3Gt)  ROMAN  DE  HAM. 

Quant  Eus-de-fcr  s'en  fu  tomes, 
Mesire  Engherrans  de  Mainnés 
Se  met  es  rens,  que  je  bien  sai  ; 
Mesire  Jehan  s  de  Douay 
Vient  contre  lui  de  quanqu'il  puet; 
Et  mesire  Jehans  li  muet 
Bien  et  chevalereusement , 
Et  li  vient  tost  et  radement 
Et  li  quide  donner  es  dens. 
Il  i  avoit  assés  de  gent 
Qui  sevent  bien  comment  il  fu. 
Mesire  Engherrans  a  falu , 
Et  ses  compains  aussi  fali  : 
Dont  se  tienent  à  mal  bailli 
Tout  li  païsant  de  Mainnés. 
L'autre  lance  li  est  aies 
Si  bien  comme  on  puet,  sans  brisier; 
Ore  l'oiissiës  mesprisier 
A  ses  voisins  moût  durement. 
Moût  bien  abandonéement 
De  la  tierce  lance  revint  ; 
Ensi  faitement  li  avint 
Qu'il  le  brisa  duskes  es  poins. 
Es  rens  se  met  en  l'escu  joins 
Jehans  de  Dompiere  Montel 
Encontre  Tolart  du  Haitiel , 
Un  chevalier  de  bon  afaire. 


ROMAIN  DE  HAM.  3G7 

Quanqu'il  poeent  de  chevaus  traire 
S'entre-vienent  et  ont  brisié 
Lour  lances,  si  en  sont  prisié; 
Mais  Jehans  de  Dompicrc  ouvra 
Coni  jcntiers  cuers,  qu'il  envoia 
Un  paleffroi  le  baccle[r]  : 
Ce  ne  vous  doit-orn  mie  oublier  (sic)  y 
Ce  ne  doit-oni  mie  cheler, 
Mais  le  bien  dire  en  toutes  cors. 
A  tant  ès-vous  venu  le  cors 
Monsigneur  Henri  de  Soiri , 
.1.  bon  joustéour  contre  li , 
Qui  moût  grant  cop  li  a  féru  : 
Cou  est  Pieres  de  Montagu, 
Qui  bien  conta,  ç'oï  conter; 
Trois  lances,  tout  sans  mesconter, 
Brisa  et  bien  et  radement. 
Bien  et  chevalereusement 
Se  met  es  rens  Maliius  de  Vi 
(Je  le  tiemoing,  car  je  le  vi  ) 
Contre  Bretoul  de  Houdencourt. 
Li  uns  et  li  autres  acourt 
Quanques  cheval  pueent  ferir. 


En  mi  le  comble  del  escu, 
Si  k'il  li  a  f[r]ait  et  rompu, 
Et  froisse  sa  lance  et  esmie; 


368  ROMAN  DE  HAM. 

Et  li  autres  ne  fali  mie, 
Ains  a  brisié  et  si  revient , 


Et  muet  et  brise  dusk'à  poins. 
Outre  s'en  passe  en  l'escu  joins 
Et  s'en  revient  devant  la  porte. 
Carboniaus  vient,  qui  H  aporte 
Une  fort  lance  bien  taillie  ; 
Turiaus  li  avoit  baill[i]e. 
Et  mesire  Mahieus  le  prent. 
Ses  chevax  la  tere  porprent , 
Lues  que  les  espérons  senti. 
Si  grans  cox  que  bien  le  senti. 
En  a  son  compaignon  donné  : 
A  peu  qu'il  ne  l'a  estonné. 
A  tant  s'en  partent  ambedoi. 
Mesire  Wautiers  de  Foeiioi 
Vers  la  porte  se  met  es  rens, 
Et  moet  encontre  sen  contens 
.1.  baceler  de  bon  renon , 
Huet  de  Haluin  ot  non. 
Il  s'entrevien[en]t  de  grant  force; 
Tout  autressi  comme  .i.  escorce 
Ont  andui  lour  lances  brisies; 
Et  sont  lor  joustes  moût  prisies  , 
Qu'il  n'ont  ne  fali  ne  coulé. 
Et  .i.  autre  riens  lonc  et  lé 


ROMAN  DE  IIAM.  369 


Est  venus  li  quens  de  Clcrmont, 
L'escu  au  col,  le  hiaumc  u  cief  : 
«  Sire ,  Dix  vous  gart  de  mescliief , 
Dist  la  roïae,  et  tout  si  saint! 
Ne  puet  laissier  que  ne  les  aint; 
Et  le  commande  au  Saint-Esprit.  » 
Je  r  truis  lisant  en  mon  escrit 
Et  si  l'ai  oï  tesmoignier, 
En  la  feste  n'ot  chevalier 
Miex  venant  que  li  quens  estoit. 
Cil  qui  encontre  lui  venoit 
Et  qui  mouvoit  de  l'autre  part 
Apele-on  mon  signeur  Erart 
De  Braine,  je  le  sai  de  voir. 
Li  quens  fait  son  ceval  movoir 
Et  le  commence  à  aventer, 
Et  puis  laisse  le  frain  aler 
Et  fiert  des  espérons  d'acier; 
Et  li  autres,  sans  atargier, 
Li  vient  bien  et  hardiement  ; 
Et  li  quens  issi  durement 
Le  fiert  qu'il  le  fait  canceler 
Et  se  lance  en  tronçons  voler. 
Outre  passent  tost  et  isnel  ; 
Et  li  quens,  l'escu  en  cantel, 
S'em  passe  devant  la  roïne, 


24 


370  ROMAN  DE  HAM. 

Si  le  salue  et  si  l'encline  ; 
Et  ele  li  rent  son  salu  ; 
Et  a  au  conte  tant  valu 
Que  les  dames  de  cief  en  clef 
Boute  cascune  avant  son  chief. 
Et  danioiseles  ensemcnt  ; 
Se  r  saluent  moût  doucement  ; 
Et  il  les  regarde  et  remire, 
Et  dist:  «Dame,  Dix  le  vous  mire 
Et  grant  honnour  vous  puist  venir! 
Riens  ne  vous  puist  mesavenir!» 
Le  cheval  tourne  et  si  s'esmuet, 
Quanques  chevax  porter  le  puet 
S'en  va  des  espérons  broçant, 
Et  ses  compains  li  vient  à  tant. 
Grans  cax  et  rades  s'entrc-donent , 
Lour  lances  brisent  et  arconent , 
Que  li  plus  longue,  sans  mentir, 
N'avoit  pas  une  aune  d'entir. 
A  tant  li  quens  s'en  retourna , 
Et  la  roïne  se  tourna 
As  fenestres  del  escaffaut , 
Se  li  a  escrié  en  haut 
Qu'il  se  voist  desarmer  à  tant; 
Et  il  si  fist.  Es-vous  bâtant 
Deus  chevaliers  près  de  jouster. 
Combien  qu'il  me  doie  couslcr, 


ROMAN  DE  HAM.  371 

Vous  dirai  de  cascun  lo  non  : 
Gauchiers  d'Autreche,  ce  dist-on, 
Est  li  uns  des  deus  apelés, 
Et  li  autres  si  est  nommés 
Mesire  Jelians  de  Fenieres. 
De  grosses  lances  et  plenieres 
Et  fait  présent  son  compaignon. 
Andoi  montent  à  abandon 
Vie  et  membres ,  cors  et  chevax , 
Et  fist  cascuns  comme  vassaus. 
Bien  le  firent  et  bien  brisierent, 
Tant  que  les  dames  le  prisierent. 
Li  eschekerés,  sans  plus  dire, 
Qui  de  Hangest  est  hoirs  et  sire, 
Se  met  es  rens  par  bon  destin 
Contre  Robert  de  Wa vérin, 
Qui  bien  li  vint  et  bien  li  mut; 
Et  li  autres,  si  comme  il  dut, 
Brise  ses  lances  et  s'en  part. 
A  tant  ès-vous  de  l'autre  part 
Un  Avergnas  monté  moût  bel  ; 
Et  muet  contre  Robert  Burnel , 
Qui  moût  hardiement  li  vint. 
Buridans  de  Waulaincort  vint 
Au  bout  du  renc  la  lance  u  puing, 
Et  Nicoles  li  muet  de  loing 
Des  Amoises,  c'a  lui  jousta; 


372  ROMAN  DE  IIAM, 

Mais  à  peu  qu'il  ne  li  cousta, 
Que  Buridans  de  Waulaincour! 
Le  tint  de  .iij.  lances  si  court 
Qu'il  li  brisa  sour  les  costés. 
Ains  que  ses  hiaumes  fust  oslés, 
Vinrent  doi  autre  ou  renc  anionl  : 
Chc  fu  Jehans  de  PeremonI , 
Qui  à  Henri  de  Basclc  muet. 
Au  mix  que  il  set  et  qu'il  puet 
L'avise  es  dens,  et  se  li  donne 
Tel  cop  c'a  poi  qu'il  ne  l'estonne; 
Et  li  Bascles  passe  et  le  fiert. 
De  l'autre  lance  le  requiert 
Jehans  de  Peremont  si  haut 
Qu'il  brise;  mais  li  Bascles  faut 
Et  de  la  tierce  le  rassenne 
Haut  en  l'escu  deseur  la  penne. 
Si  k'il  le  fait  desaouer. 
Li  Bascles  en  doit  Dix  loer 
De  chou  qu'il  ne  li  mcsavinl 
Que  mesire  Jehans  li  vint 
Hardiement  et  bien  et  tost  ; 
Et  li  Bascles,  se  ne  n'ai  tort, 
Li  vint  chevalereusemcnt. 
Haubers  de  Hangest  noblement 
Est  venus  jouster  à  celui , 
Qui  Dieus  gart  de  mal  et  d'anui  ' 


ROMAN  DE  HAM.  373 

Cou  est  GauchicTs  de  Castillou , 

Qui  muet  et  met  à  abandon 

Cors  et  cheval  sans  espargnier  ; 

Et  mesire  Haubers  ressoignier 

Ne  le  daiugna,  onques  ne  vaut  : 

Li  uns  paie,  li  autres  saut. 

Bien  s'entre-quicrent  anibedui; 

Encor  n'i  sai-ge  j ouste  d'ui 

Miex  fournie  que  de  ces  deus. 

Dont  s'escria  mesire  Kex 

Et  dist  à  chiaus  qui  oï  l'ont, 
Q'en  cest  siècle  deus  coses  sont 

Dont  maistre  sont  li  aprentis. 
Je  ne  pens  pas  cstre  ententis 
A  savoir  que  cascuns  brisoit, 
Pour  le  vespre  qui  aprochoit; 
Mais  cil  doi  jousterent  si  bien 
C'on  ne  's  en  puct  blasmer  de  rien , 
Ains  en  a  cascuns  d'eus  bons  pris. 
Adont  fu  si  li  pas  pourpris 
C'on  joustoit  à  plus  de  .vj.  rens, 
Et  cil  dehors  et  cil  dedeiis 
Couroient  si  espessement 
Que  je  ne  sauroie  comment 
Retenir  de  cascun  le  non. 
Uns  bacelers  de  bon  renon 
S'en  vint  armés  devers  la  court  : 


374  ROMAN  DE  HAM. 

Che  fu  Jehans  de  Hargicourt 
Contre  Jehan  de  Lin-de-Buef. 
Trois  lances  brise  mains  de  nuef 
A  .ij.  lances  qu'il  fist  le  jour. 
Es  rens  ii'estoit  nus  asscjour. 
Pour  qu'il  vausist  joustes  avoir. 
Or  véisslés  Boiset  mouvoir, 
Wautiers  du  Heurle  contre  li  ; 
Mais  je  ne  sai  li  quès  fali. 
Après  vint  Lois  de  Biaugieu , 
Je  ne  quic  pas,  par  les  sains  Dieu, 
Qu'il  éust  au  Ham  miex  joustant. 
Des  espérons  s'en  vient  bâtant 
Sour  un  destrier  bien  fait  de  cors, 
Et  muet  contre  un  de  chiaus  detors  : 
Ce  fu  Robers  de  Waverin  ; 
Et  s'entre-donnent  tel  tatin 
De  lour  lances  à  tout  les  fers 
Que  la  main  senestre  et  les  ners 
Ot  mesire  Lois  brisie, 
Sa  j ouste  éust  esté  prisie 
S[e  il]  fust  tous  sains  deraorés  : 
«  Nostre  Sires  soit  aourés, 
Dist-il ,  de  quanques  il  m'envoie  !  >; 
Erramment  s'est  mis  à  la  voie 
Jehans  de  Vilers,  sans  targicr 
Brocc  des  cspcions  d'acier 


r 


HOMAN  DE  HAM.  375 

Encontre  Willaunio  de  Gistele; 
Tel  cop  li  donne  qu'en  astcle 
A  mise  la  lance  qu'il  tint, 
Et  de  l'autre  si  li  avint 
Qu'il  la  deffroisse  et  debrisa. 
A  la  tierce  jouster  ala 
De  cors,  de  pis  et  de  cheval. 
«  Tes  bacelers  gart  Dix  de  mal  ! 
Dient  les  dames  sour  le  mur; 
Il  a  jousté  et  bien  et  dur. 
Et  cil  de  Gistele  li  vint 
Moût  bien.  »  Et  après  jouster  vint 
Drieus  de  Salive  et  Boursaus 
De  Mequelines,  qui  les  saus 
S'en  venoit  sour  .i.  bon  destrier. 
Andoi  vienent  saus  manecier, 
Et  s'entre-fierent  es  escus 
Si  qu'il  les  ont  frains  et  rompus , 
Et  brisierent,  bien  m'en  souvient. 
Willaumes  de  Loques  en  vient 
Encontre  Jehan  de  Soiri  ; 
Grans  cox  et  rades,  je  les  vi, 
Se  sont  andoi  entre-donné. 
Cil  de  Loques  en  ot  bon  gré, 
Qu'il  brisa  .iij.  lances  d'alce. 
A  tant  ès-vous  sans  demorée 
Boiset,  qui  es  rens  s'cmbati , 


376  ROMAN  DE  HAM. 

Cil  de  Habuiii  contre  li , 
Qui  a  non  mesire  Wautiers. 
De  lour  fer  et  de  lour  acier 
Faisoient  salir  le  cler  fu. 
Geste  jouste  molt  bone  fu , 
Si  ne  la  doit-on  pas  celer. 
Après  joustent  doi  baceler  : 
Jehans  de  Fransieres  a  non 
Li  uns  et  est  de  bon  renon , 
Bons  bacelers,  preus  et  vassaus; 
Sour  .i.  destrier  les  menus  saus 
Vient  jouster  à  Rogier  d'Englume. 
Petit  s'en  faut  c'on  n'i  alume, 
Que  la  nuis  durement  aproce. 
Le  destrier  des  espérons  broce 
Mesire  Jehans  de  Fransiere, 
Et  fiert  l'autre  de  tel  manière 
Qu'il  cancele  et  se  desajue. 
«A,  douce  Mère  Dieu,  ajue! 
Dient  se  gent,  hui  en  cest  jour 
Nous  eskievés  de  deshonour  !  » 
La  seconde  et  la  tierce  brise, 
Jehans  de  Fransieres  em  prise 
Et  la  roïne  et  sa  gent. 
Qu'il  a  jousté  et  bel  et  gent. 
Pour  la  nuit  qui  vient  et  aproce , 
Pieres  de  Houdenc  point  et  broce 


ROMAN  DE  HAM.  377 

Le  destrier  encontre  Boisart 
De  Relengues  ;  mais  il  fii  tart, 
Si  que  ne  sai  k'il  leur  avint. 
Daulés  de  Wavegnies  vint 
Contre  Engherran  de  Gheulesin  : 
L'uns  donne  l'autre  tel  tatin 
Qu'il  fièrent  et  brisent  ensanle  ; 
De  lour  trois  lances,  ce  me  sanle, 
N'ont  nule  entière  retenue. 
Pour  la  nuit  qui  tost  est  venue, 
Se  haste  cascuns  quanqu'il  puet. 
Li  sires  de  Maruel  s'esmuet 
Sour  un  niout  bon  destrier  de  pris, 
L'escu  par  les  enarmes  pris, 
Encontre  Monart  de  Laleng. 
Nus  hom  ne  doit  avoir  dcsdaing 
De  jouster  à  ce  baceler. 
Monars  de  Laleng  laist  aler 
Le  cheval  sur  coi  il  se  sist; 
Biau  fu  armés  et  bien  li  sist , 
Biau  tint  et  le  lance  et  l'escu , 
Et  sont  andoi  si  bien  venu 
Que  je  ne  sai  lequel  prisier. 
Leur  trois  lances  oï  prisier, 
Et  fiscnt  si  grant  froisséis 
Qu'il  sanloit  que  li  hourdcis 
Fust  tous  froissiés  et  abatus. 


378  IIOMAN  DE  HAM. 

Bridons  s'est  es  rens  cmbatus 

De  Baillct  les  grans  galos 

Et  muet  contre  Robert  d'Euglos , 

Si  le  ficrt  soiir  le  hiaiime  amont 

Qu'il  l'a  porté  tout  en  un  monl 

Le  cheval  et  le  chevalier. 

Lors  véissiés  rens  commenchier 

Par  tout  et  aval  et  amont. 

Mesire  li  quens  de  Clermont, 

Qui  molt  est  et  frans  et  courtois, 

Et  mesire  li  quens  d'Artois 

Viencnt  à  la  roïnc  haut, 

Qui  encore  est  sour  l'escafaut, 

Qui  voit  les  joustes  et  esgardc 

Et  ne  s'en  donna  onques  garde; 

Si  les  voit  à  jenous  à  terre, 

Et  dient  :  «  Dame,  pour  vous  querrc 

Somes  venu,  s'il  ne  vous  grieve.  » 

La  roïne  en  estant  se  lieve 

Et  les  salue  et  lour  dist  tant  : 

«  Biau  signeur,  à  vostre  commant  ; 

Huimais  est  tans  d'aler  à  cort.  » 

Kex  li  senescaus  devant  cort, 

Et  fait  tant  alumer  torlis 

Que  il  sanloit  que  tous  ospris 

Fust  et  li  castiaus  et  li  pars. 

Dont  véissiés  de  toutes  pars 


ROMAN  DE  HAM.  379 

Or  la  roïno  gens  mouvoir; 
Mais  qui  dire  vaurroit  le  voir, 
Puisque  la  roïne  s'en  vint, 
I  ot-il  joustes  plus  de  vint 
Dont  je  ne  sai  conte  tenir. 
A  la  candeille  vi  venir 
Jouster  Garin  de  Montagu  ; 
Mais  s'il  joustast  de  fer  agu, 
Robert  Burnel  éust  blecié  : 
Si  a-il  son  cop  adrccié  ; 
Mais,  Diu  merci!  il  n'ot  nul  mal. 
I.a  roïne  est  venue  aval , 
Si  entre  es  cambres  et  s'atourne; 
En  petit  d'eure  s'en  retourne. 
Si  corne-on  l'iauwe  et  ont  lave. 
Ne  quist  mie  palais  pavé 
La  roïne  pour  asseoir; 
Mais  là  où  ele  pot  véoir 
Plus  grant  plenté  de  chevaliers 
S'ala  seoir,  et  li  mengiers 
Vient  as  tables,  c'on  1  aporte. 
Et  la  roïne  se  déporte 
A  la  compaignie  qu'ele  a  ; 
Mais  en  une  pensée  entra 
Dont  moût  de  gent  sont  merviilic, 
Et  s'en  ont  assés  murmillié; 
Mais  nus  n'ose  parler  à  li. 


380  ROMAN  DE  HAM. 

Ele  pensa  et  fii  cnsi 
Plus  d'une  lieue  à  tout  le  mains, 
Et  tint  en  une  de  ses  mains 
.1.  petit  kenivet  agu. 
En  ce  pensé  ù  ele  fu 
Rist  et  demaine  moût  grant  joie. 
11  n'i  a  ame  qui  le  voie 
Qui  n'en  soit  liés  et  esbadis; 
Et  pensent,  puis  que  ele  a  ris. 
Que  n'a  chose  qui  li  anuit. 
Lors  a  li  quens  de  Clermont  dit 
Et  il  et  mesires  d'Artois, 
Comme  sage  et  comme  courtois 
«Dame,  vous  avés  peu  soupe 
.     .     .      .     gneur  que 

te  qu'il  n 

m  qui  or    , 

ques  ni 

ince  nul    . 

dens  ces    . 

Pleust  ore  à  Dieu  .  .  . 
Péussons  estre  e  .  .  . 
<(  Dame ,  dist  Kex  .  .  . 
Vous  repoés  aler  m 
Es  escafaus  w  .  .  .  . 
Qu'encore  joustcr  .  .  . 
Et  cil  dcdens  et  ci    .    . 


KOMAN  DE  HAM.  381 

Doi  et  .ij.  mue 

Adont  s'csmue 

Plus  de  mil  ca 

Cil  dehors  ont 

Par  anui  que  cla 

Et  voient  que 

Et  se  li  jours  d 

Saroit-il  jo 

La  nuis  le 

As  tentes 

Li  estran 

Et  Quex  a 

Giles  ser 

Après  re 

Se  lieve 

La  roïn 

Se  lieven 

Et  vont  e 

De  blan 

Et  puis  si 

La  roïn 

Carole 

Qui  deme 

La  roï 

Une 

Mais 

Quant 


382 


ROMAN  DE  HAM. 

conseil  p  .     . 

r  pour  le  .     . 

saus  fil  a    .    . 

main  m     . 

ne  soupe    .    . 

que  je  le  d     . 

uant  on  et  dormi 

rt  comme  courtois 

ont  et  d'Artois 

la  roïne 

tout  lor  covine 

ent  tout  ensanle 

com  moi  sanle 

u  mix  joustant 

ns  haoit  tant 

s  au  mengier 

ns  dangier 

poi  de  gens 

ue  .iij.  cens 

eles 

es  noveles 

ne  sai 

dirai 

istée 


ustm 


ROMAN  DE  TIAM  383 

.     .     lient 
.     ement 
ourcs 
.     oures 


es 


ers 


[Sa]rrasins  en  un  petit  livre 

[M]ist  les  joustes  qu'il  vit  molt  dures; 

[Et]  si  i  mist  les  aventures , 

[D]ont  vous  avés  oï  de  bêles, 

Des  chevaliers  et  des  puceles 

Et  du  Chevalier  au  Lyon  , 

Qui  bons  est  et  de  grant  renon  , 

Et  tout  l'afaire  qui  i  fu; 

Et  la  roïnc  qui  là  fu 

Li  commanda  et  si  11  dit 

Que,  s'il  en  faisoit  un  bel  dit, 

Qu'ele  li  paieroit  si  bien 

Qu'il  ne  s'en  plainderolt  de  rien , 

Et  feroit  à  sa  gent  palier. 


384  ROMAN  DE  HAM. 

«  Tu  ne  t'en  dois  mie  csmaiier, 
Dist  li  sires  de  Basentin  : 
Je  sui  pièges,  par  saint  Martin! 
S'ele  m'en  prie  tant  ne  quant.  » 
—  «  Sire,  je  m'en  tieng  bien  à  tant; 
Mais  je  ne  vous  refuse  mie , 
Que  vous  are's  et  crouste  et  mie, 
Je  pens  et  croi ,  encore  au  wen.  » 
Ci  fine  li  Remans  du  Hen  ; 
Et  Sarrasins,  s'il  l'en  est  miex, 
Dist  que  boine  part  i  ait  Dix. 


Explicit  le  Romant  du  Hen. 


I 


INDEX  GÉNÉRAL. 


A. 


Aalvrs  iiE  Croisii.es  ,  page  i66, 
ligne  23  ;  p.  lyS,  1.  17. 

Aalis  (  fille  de  Baudouin,  comte  d'Al- 
bemarle,  et  de  Hawyse,  sa  femme), 
p.  109,  1.  ag. 

Aahras  (chef-lieu  du  département  du 
Pas-de-Calais) ,  p.  44  »  I-  22  ,  25. 

Abbeviile  (ville  du  département  de 
la  Somme),  p.  5f),  1.  22. 

Acre  (ville  de  la  Syrie,  sur  la  Médi- 
terranée), p.  86,  1.  8,  II,  i3,  i5, 
24;  p.  87,  1.  4. 

Acroce-Meure  (chevalier  de  France), 
p.  164 ,  1.  23,  var.  7. 

Adaks  (le  premier  homme),  p.  4o, 
1.  18. 

Adaks  Chieres  (châtelain  de  Ber- 
gues),  p.  128,  1.  8. 

Adans  de  Biaumokt  ,  p.  174,  h  17; 
p.  188,1.  23. 

Adaks  de  Blemus  ,  Roman  de  Ham  , 
p.  345,  V.  25. 

Adan  de  Caruonnox,  R.  de  H., 
p.  342,  V.  3. 

Adan  Gourlé,  R.  de  H. ,  p.  347, 
V.  16,  21,  23. 

Adan  de  Nuelli,  p.  188,  1.  5. 

Aelis  (  fille  de  Richard,  duc  de  Nor- 
mandie ,  et  femme  de  Renaud , 
comte  de  Bourgogne),  p.  5i,  1.  4- 

Aigres,  R.  de  H.,  p.  297,  v.  18,  20, 
24;  p.  298,  V.  4. 

AiGROLERs  (  Harald  à  la  Dent-Noire, 
roi  de  Danemark),  p.  3i,  var.  7 
et  8. 

AiNNr.-.,p.  1 33,  var.  7. 

AiQUADRE  (  saint  ),  p.  i5,  var.  6. 

Aire  (ville  de  l'ancien  Artois,  actuel- 
lement dans  le  département  du  Pas- 
de-Calais),  p.  120,  1.  aS;  p.  i4o, 
1.  2,  8;  p.  142  ,  1.  i5;  p.  147, 1-  II  ; 
p.  i58,  1.  4;  p.  i5g,  1.  20;  p.  170, 
1.  5;  p.  188,  1.  7.  ■ 


Al.vins  (  surnommé  Barbe  -  Forte  , 
comte  de  Bretagne),  p.  18,  1.  3  , 
8;  p.  20,  1.  26  ;  p.  21 ,  1.  I  ;  p.  26, 
1.  2. 

Alain  (comte  de  Bretagne,  fils  de 
Geoffroi  et  d'Edwige),  p.  56, 1. 11, 
i5  ;  p.  57,  1.  8,  II. 

Alain  (  fils  de  Geoffroi,  comte  de 
Champagne),  p.  5i,  1.  9- 

Alain  Basset  ,  p.  207,  1.  24- 

Alart  df  Croisilles,  p.  175,  var.  4- 

Alemaigne  (pays  de  l'Europe),  p.  i, 
1.  10;  p.  27,  1.  12;  p.  68,  1.  2; 
p.  71,  1.  6;  p.  90,  1.  i;  p.  91,  1.  5; 
p.  92,  1.  6.  — R.  de  H.,  p.  3o3,  v.  i. 

Alemaijngne,  r.  de  H.,  p.  362,  v.  a  f . 

Alemans  (  Ixibitants  ou  natifs  de  l'Al- 
lemagne), p.  38,  I.  II,  12,  i3, 
var.  4;  p.  88, 1.  10  ;  p.  90. 1.  i,  3,  5. 

Alenars  d'Eselingheuem,  r.  de  h., 
p.  338,  V.  i5;  p.  339,  V.  I. 

Alençon  (chef-lieu  du  département 
de  l'Orne),  p.  96,  1.  17. 

Aleng  ,  r.  de  H.,  p.  280,  v.  9. 

Aliène  (le  pays  des  Alains) ,  p.  i, 
1.14. 

Alienor  (duchesse  d'Aquitaine, 
femme  de  Louis  VII  ,  puis  de 
Henri  II),  p.  81, 1.  9,  16,  26;  p.  83, 
1.  3;  p.  89,  1.  2  ;  p.  93, 1.  9. 

Alienor  (fille  de  Geoffroi,  comte  de 
Bretagne,  et  de  Constance,  fille  de 
Conan)  ,  p.  83,  I.  6  ;  p.  180,  I.  aS. 

Ai.hierk  (rivière  du  royaume  des 
Pays-Bas),  p.  8,  1.  11,  et  var.  3. 

Almetrus  (sainte),  p.  9,  1.  5. 

Alnk  (rivière  de  Normandie),  p.  i5, 
1.  6. 

Alvré  (Alfred,  fils  d'EtheIred  et 
d'Emma),  p.  56,  1.  21,  var.  5; 
p.  60, 1.  6,  12,  aS  ;  p.  61,  1.  5. 

AniAURRIS  DELA  FoNTENIELE,  p.  l66, 
1.    22. 

25 


386 


INDEX  GÉNÉRAL. 


Amaurris  de  Saint-Clek,  R.  de  H., 
p.  3io,  V.  i4- 

Amiens  (chef-lieu  du  département  de 
la  Somme),  p.  24»  !•  i4;  P-  38, 
1.  14  ;  p.  39,  1.  ai  ;  p.  ifif),  1.  19; 
p.  208,  1.  a5.  —  R.  de  H.,  p.  3i6, 
V.  26. 

ASIMANETES,  p.  62,  1.  2.  , 

Aimmauri,  p.  ^o,  1.  26. 

AnroisEs ,  R.  de  H. ,  p.  371,  v.  27. 

Andelbourc,  p.  i3(i,  var.  i. 

Amiei.u  (rivière  du  département  de 
l'Eure),  p.  i3,  1.  i  ;  p.  36,  1.  22, 
23;  p.  91,  1.  14. 

Anoei.is  (petite  ville  du  département 
de  l'Eure),  p.  96, 1.  27;  p.  97,  1.  3. 

Andrius  de  Chanceaus  ,  p.  181  , 
1.  20. 

Akdrius  ue  Kavegny  (  André  de 
Chauvigny),  p.  9^,  1.  3,  18. 

Angevins  (habitants  ou  natifs  de 
l'Anjou),  p.  77,  1.  II, 

Angiers  (chef-lieu  du  département 
de  Maine-et-I/oire) ,  p.  108,  1.  i3. 

Ango  (Anjou  ,  province  de  France), 
p.  40,  1.  i5;  p.  63,  1.  27;  p.  71, 
1.  5,  8  ;  p.  72,  1.  23  ;  p.  93,  1.  2  ; 
p.  96,  1.  4. 

Angoliesme  (Angoulême,  chef-lieu 
du  département  de  la  Charente) , 
p.  202  ,  1.  4- 

Anies,  p.  i33, 1.  20. 

Anjo  (Anjou),  p.  73  ,  1.  3  ;  p.  93, 
1.27. 

Anjou,  p.  69,  1.  18. 

Ansiaume  (Saint  Anselme,  archevê- 
que de  Canterhury) ,  p.  67,  var.  7. 

Ahsiaus  DR  Chevreuses  ,  R.  de  H. , 
p.  342 ,  V.   25. 

Ansiaus  de  Rousleks,  p.  i33  , 1.  S. 

Ansiel  de  Biethune,  p.  190,  1.  25, 
et  var.  10. 

Anthenor,  p.  2,1.  8. 

Anthioce  (ancienne  ville  de  Syrie, 
dont  elle  était  la  capitale),  p!  65  , 
1.  14. 

Antiaumes  (Athelstan),  p.  7,  1.  7, 
28;  p.  10,  1.  27;  p.  20,  1.  19. 

Antïaumes  (évêque  de  Chartres), 
p.  1 2 ,  var.  r . 

Antïau.vîes  (archevêque  de  Canter- 
hury, connu  sous  le  nom  de  saint 
Anselme),  p.  67,!.  24. 

Antoing  (honrg  de  Belgique,  pro- 
vince du  Hainatit ,  à  une  liene  et 
demie  de  Tournav,  sur  l'Escaut), 
R.   do  H  ,  ]).  342,  V.  24;  p.  35o, 

v.    2(). 


Antonnk  («  une  ville  quî  siet  defors 
la  foriest  des  Castegniers  »),  p.  157, 
1.  25  ;  p.  i58,  1.  3. 

Anwiers  (ville  de  Belgique),  p.  88, 
var.  8  ;  p.  89,  1.  7. 

Aquilée  (ville  d'IUyrie),  p.  87, 1.  16. 

AyuiTAiGNE,  p.  81,  1.  10. 

Aquitaine,  p.  83,  1.  2. 

Arches  (Arques,  village  du  départe- 
ment de  la  Seine-Inférieure,  antre- 
fois  chef-lieu  du  comté  d'Arqués 
ou  de  ïhalou),  p.  Sg,  1.  12  ;  p.  62, 
1.  27;  p.  89,  1.  17;  p.  93,  1.  7; 
p.  95  ,  1.  20  ;  p.  96  ,  1.  21. 

Ardembouuc,  p.  i34»  1-  i5. 

Argentuel  (Argentan?),  p.  58, 
1.  27  ;  p.  120 ,  1.  10. 

Argentuem  (Argentan,  ville  du  dé- 
partement de  l'Orne),  p.  58, 
var.  10;  p.  72,  1.  27;  p.  120, 
var.  2. 

Arnoul  d'Audenarde,  p.  i39,l.  25  ; 
p.  i54  ,  h  21  ,  23. 

Arnous  (premier  du  nom,  comte  de 
Flandre),  p.  23,  1.  i3,  i5,  19; 
p.  24,  1-  2,  i5,  19,  23;p.  25,  I.  11; 
p.  36, 1.  6,  i3,  24  ;  p.  38, 1.  a  ;  p.  44  » 
î.  20,  23. 

Arnous  de  Landvst,  p.  i34,  1-  25. 

Arnous  (  «  li  cuens  de  Gisnes  »  ) , 
p.  166,  1.  6. 

Arondei.  ,  p.  174,  "var.  2. 

Arondiel  (Arundel ,  vi'le  du  comté 
de  Sussex),  p.  174,  1-  7  5  P-  ^99' 
1.  26  ;  p.  204  , 1.  5. 

Arragon  (province  d'Espagne), 
p.  3,1.  7. 

Arras,  p.  119,  1.  23  ;  p.  142,  1.  12  ; 
p.  160,  1.  27;  p.  175,  1.  16  ;  p.  182, 
1.  23;  p.  194,  1.  3;  p.  195,  1.  3; 
p.  201 ,  1.  6  ;  p.  202 ,  1.  5  ;  p.  272  , 
1.  16. 

Artisiens,  p,  175,1.  i5;  p.  176, 
I.  28. 

Artois  (  province  de  France),  p.  177, 
1.  17;  p.  188,  1.  2.  —  R.  de  H., 
p.  220,  V.  8;  p.  260,  v.  4,  11;  p.  261, 
v.  21  ;  p.  262,  V.  i5  ;  p.  266,  v.  i  ; 
p.  278,  V.  24;  p.  317,  V.  4;  p.  3i9, 
V.  8;  p.  328,  V.  9;  p.  35",  V.  10; 
p.  358,  V.  25  ;  p.  378,  v.  1 1  ;  p.  38o, 
V.  12  ;  p.  382  ,  v.  9. 

Artus  (Arthur,  roi  de  Bretagne), 
p.  109,  1.  19.  —  R.  de  H. ,  p.  23i , 
V.  5  ;  p.  237,  V.  27  ;  p.  243  ,  v.  7. 

Artus  (fils  de  Geoffroi,  comte  de 
Bretagne),  p.  83,  1.  6  ;  p.  91 , 1.  aS  ; 
p.  92,  1.   24;  p.   93,  1.  1,7,  10, 


INDEX  GÉNÉRAL. 


387 


ir,  II,  a3,  29;  p-94,  1.6;  p.  (jS, 

1.    l5,  22,  24,  2fi,  2Ç). 

Arve  (riviore  de  Normandie,  qui  sé- 
pare les  d.  parlements  de  l'Eure  et 
d'F.ure-et-Loir),  p.  49,  l-  i5,  18. 

AssESE  (Essex,  comté  d'Angleterre), 
*p.  145,  var.  2. 

AssEssE  (Essex),  p.  ii5,  1.  18; 
p.  145,1.  i4;  p.  164,  1.  21;  p.  171, 
1.  12. 

Athies,  p.  181  ,  1.  20  ;  p.  196,  1.  17. 

AuBEGKi  (Bauduins  d'),  p.  104,  1- 14; 
p.  157,  1.  17;  p.  19},  1.  7. 

AtJBEGNY,  p.  t63,  1.  l'i;  p.  i83, 
1.  i3  ;  p.  207,  1.  ]o,  24. 

AoBEGois  (Albigeois),  p.  122  ,  1.  2. 

AUBEMALLE,  p.  88,  1.  l4  ;  P-  97î  I.  21  ; 

p.  loo,  1.  5;  p.  log,  1.  aS;  p.  1 1 1, 
1.  25;  p.  ii5,  1.7;  p.  191,  1.  I. 
AuBEMARLE,  p.  88,   var.    5;  p.   97, 
var.    4;    p.    174,    1.    7;    p.    179, 
var.  3. 

AUBERS    DE    LoNGUEVAL,    R.  de    H., 

p.  222,  V.  I  ;  p.  272,  V.  10;  p.  286, 
V.  5;  p.  317,  V.  24;  p-  3i8,  v.  8; 
p.  35o,  V.  16;  p.  35i,  V.  I  ;  p.  352, 
V.  10,  17. 
AuBERT  (  comte  de  Vermandois  ) , 
p.  44,1.  28. 

AuBIERT  GlIIFART,    p.  l57,  1.  20. 

AucoiRRE  (Auxerre,  chef-lieu  du  dé- 
partement de  l'Yonne  ) ,  p.  1 1 , 
J.  20;  p.  52,  1.  8;  p.  2o5,  1.  24 


AucuERRE  (Auxerre),  p.  1 1,  var.  1 1  ; 
p.  Sa,  var.  3. 

AuDEMER  (château  de  Normandie), 
p.  97,  1.  28. 

AuDiusARDE  (ville  de  Belgique,  pro- 
vince de  la  Flandre  orientale), 
p.  i34 ,  1.  20  ;  p.  1 5 4,  1.  21,  23. 

AiiDEMBouRT,  p.  i34,  var.  7. 

AuFRiKE  (  Africjue  ),  p.  i,  \.  6. 

AUFRIQUE,  p.  3,  1.  6. 

AuMANETHHs,  p.  62,  var.  a. 
AuNoi ,  R.  de  H.,  p.  295,  v.  1. 
AusiNEFORT  (Oxford),  p.  i65,  I.  8; 

p.  172,1.  27;p.  195,1.  10;  p.  199, 

1.  6. 
AusYNEFORT  (Oxford  ) ,  p.  181,  1.  7. 
AuTONE,    p.    157,  var.   8;  p.    i58, 

var.  I. 
AuTRECHE,R.  de  H.,  p.  371,  v.  2. 
Auvergne   (province    de   France), 

R.  de  H.,  p.  226,  v.  19. 
AuviEWGNE,  p.  20,  1.  22;  p.  81, 1.  19. 
Avaike,  r.  de   H.,  p.   3o3,  v.  17; 

p.  3o4,  v.  4,  i3. 
AvALON    (  ville    du    département  de 

l'Yonne  ) ,  p.  5a  ,  1.  10. 
AvELUis,  R.  de  H.,  p.  3io,  v.  12. 
AvERGNAS  (  Auvergnat  ) ,  R.  de   H.  , 

p.  371,  V.  21. 
Ayglos   (Harald   à    la    Dent -Noire, 

roi  de  Danemark),  p.   3i,   I.    27, 

28;  p.  32  ,1.8;  p.  33,  1.   I. 
Ayse  (  Asie),  p.  i,  1.^5. 


B. 


Baieuwes  (Bayeux,  ville  du  dépar- 
tement du  Calvados),  p.  lo,  var.  3  ; 
p.  54  ,  var.  6. 

Baiewes  (Bayeux),  p.  98,  var.   2. 

Baillet  ,  R.  de  H.,  p.  378,  v.  2. 

Bailloel  (  Bailleul,  ville  du  départe- 
ment du  Nord),  p.  127,  var.  3. 

Bailluel  (en  Flandre  ),  p.  127,!.  10; 
p.  128,1.  g;  p.  14 1,1 .6;  p.  ifif»,  1.  i3; 
p.  181,  1.  i3.  —  R.  de  H.,  p.  295, 
v.  14  ;  p-  299,  V.  i5  ;  p.  3i  I,  V.  i5  ; 
p.  324,  V.  3,  i4. 

Baillues  (  Bailleul  en  Flandre  ) , 
p.  i6fi,  var.  5. 

Baingnaet  (nom  d'un  château  de 
Londres  appartenant  à  Robert 
Fitz-Walter),  p.  119,  var.  i. 
Baisses  (l'un  des  assassins  de  Guil- 
laume Longue-Epée),  p.  25,  var.  5. 
Baliebt  (comte  de  Poitiers),  p.  12, 
1.9. 


Barbeflue  (Barfleur,  ville  du  dépar- 
tement de  la  Manche),  p.  68,  1.  6. 

Babbençojv  ,  R.  de  H.,  p.  3o8j  v.  7. 

Bardous,  p.  59,  1.  22. 

Bares,  p.  201,  1.  4  ,  5  ;  p.  202,  1.  4- 

Barres,  R.  de  H.,  p.  338,  v.  3. 

Bascles  ,  R .  de  h. ,  p.  372 ,  v.  8  ,  12, 
i5,  19,  23. 

Basektijs  (village  du  déparlement  de 
la  Somme),  R.  de  H.,  p.  220,  v.  iS; 
p.  221 ,  V.  9  ;  p.  222  ,  V.  3,  23  ; 
p.  23o,  V.  7  ;  p.  291 ,  V.  I  ;  p.  293, 
V.  I  ;  p.  36o,  V.  i5  ;  p.  3fii,  V.  14  ; 
p.  362  ,  V.  8,  i5;  p.  384,  v.  2. 

Basins,  r.  de  H.,  p.  3or  ,  v.  ar  ; 
p.  3o3  ,  v.  i5,  27  ;  p.  3o3,  V.  3, 1  r. 

Basset,  p.  ao7,  1.  a4- 

Baudes  1,1  Cors  (  l'un  des  assas.sins 
de  Guillaume  Longue-Ej)ée),  p.  33, 
1.  12. 


388 


INDEX  GÉNÉRAL. 


Bauuuin    (Baudouin  IV,   comte   de 

Flandre),  p.  5i ,  1.  5;  p.  55,  1.  y. 
Bauuuin    (Baudouin  Y,    comte   de 

Flandre),  j).  55,1.  i  i  ;  p.fii,  1.  14. 
BAUniTiNs   (  frère    d'Evrait    Eadous 

et  d'Arnoul  d'Audenaide),  p.  iS/J, 

1.  24- 
Bauduiks  Biekthaus,  p.  ifii,  1.  4. 
Bauduins  (châtelain  d'Airas),  R.  de 

H.,  ]).  272,  V.  16. 
Baudijiîîs  d'Aiue,  p.  i4o,  I.  I,  8,  jy, 

p.  147,  1.  11;  p.  i58,  1.  4;  p.  i4(), 

1.  20;  p.  170,  1.  5. 
Bauduins  d'Aubegjvi  ,  p.  104,  i.  14. 
Eauduin    de   Biethuke   (plus  tard 

comte  d'AIbemarlepar  son  mariage 

avec   la  comtesse  Hawyse),  p.  88, 

1.  i3,  20,  21  ;  p.  97, 1.  20;  p.  100, 

1.  4;  P-    109,  1.  28;  p.  III,  I.  25; 

p.  Il 5,  1.  7;  p.  174,  1.  8;  p.  190, 

1.  25  ;  p.  191,  \ar.  i. 
Bauduin  de  Biauyoir,  p.  1G6,  1.  11; 

p.  175,  1.  17. 
Bauduin  de  Bielvoib,  p.  173,  1.  19. 
Bauduin  de  Cokbuel,  p.  187,  1.  17. 
Bauduins  de  Nuef-Port  (chevalier 

au  service   de  Ferrand ,  comte  de 

Flandre),  p.  126,   1.   27;  p.    127, 

1.  14,  22  ,  25. 
Bauduins  DE  RiviEBEs  ,  p.  fÎ2  ,  1.  10. 
Bauduins  de  Saint-Nicolai,  R.   de 

H.,  p.  3o6,  Y.  I. 
Bauduin  l'empereour  de  Constan- 

TiKoBLE    (Baudouin   I",   d'abord 

comte  de  Flandre  sous  le  nom  de 

Baudouin  IX),  p.  104, 1.  7;  p.  127, 

1.  4. 
Bauduins  li   chastelains  de  Lens, 

p.  166,  1.  23. 
Bayoes  (Bayeux),  p.  14,  1.  iH;  p,  i5, 

1.  7  ;  p.  17,  ].  26;  p.  20,  1.  10;  p.  2  I , 

1.  6;  p.  45,  1.  12  ;  p.  ()9  ,\.  i. 
Bayeus,  p.  ^2  ,  1.  16. 
Bay'ouse,  p.  112^1.  27. 
Bazentin   (  village  du  département 

de  la  Somme),  R.  de  H.,  ]>.  221, 

V.    23. 

Bealvais  (Beauvais) ,  p.  6g,  var.  i. 

Bealvoir  ,  p.   175,  var.  /■. 

Beaumeis  (Bcaumetz,  ville  du  dé- 
partement de  la  Somme),  p.  188, 
var.  1,6. 

Bedefort  (Bedford,  ville  d'Angle- 
terre, capitale  du  comté  de  ce 
nom) ,  p.  i8i,  1.  8. 

Beessin  (  pays  qui  est  autour  de 
Bayeux),  p.  69,  1.  27. 

Beffremont  (village  du  département 


des   Vosges  ) ,  R.  de  H. ,  p.   3Sg  , 

v.  21. 
Beneoit  (saint),  p.  ii  ,  1.  26. 
Bercieres,  p.  102,  var.  4- 
Berengiere,  la  feme  le  roi  Rr- 

CHART  ,  p.    87,  1.    17  ;   p.    208,  1.    22. 

Berengiers  (Juliael  Béienger,  comte 

de  Bretagne),  p.  18,  l.  4,  7;  p.  afi, 

1.  I. 
Berewic  (ville  du  Northumberland), 

p.  ir.4  ,1.  14  ,  var.  I. 
Berkamestede  (Berkhampstead,  ville 

du  comté  de  Herts),  p.  182, 1.  10. 
Berjmondesée  (Bermondsey),  p.  172, 

1.  4. 
Bernai    (ville   du    département    de 

l'Enie),  p.  f)2  ,  1.  21. 
Bernak    du    Plaissié  ,   R.   de  H., 

p.  357,  V.  4- 
Bernars  (surnommé  de  Rouen  ou  le 

Danois),  p.  26,  1.  22,  25;  p.  27, 

1.  4;  P-  32,  1.  II  ;  p.  33,  1.  12,  14, 

16,  21  ;  p.  35,  var.  2. 
Bernars  (comte  de  Senlis  et  oncle 

de   Richard    I'^""   de   Normandie), 

p.  29,  1.   5,  10,   i5;  p.  3o,  1.    9; 

p.  3 1,1.  14,  19;  p.  34,1. 11;  p.  35, 

1.7. 
Bernart    de    Morel  ,   R.    de    H.  , 

p.  3oo  ,  V.  20. 
Bernart   de   Saint -W^aleri  (père 

de  Mathilde,   femme  de  Guillaume 

de  Brayouse) ,  p.  m,  I.  i5. 
Beronne,  r.  de  H.,  p.  298,  v.  17. 
Berriu  (  Berry,  province  de  France), 

R.  de  H.,  p.  22fi  ,  v.  19. 
Bertaus  (le  chambellan  de  Gremi- 

nes,  et  son  frère),  p.  128,  var.  2; 

p.   i54,  1.    16;  p.  i56,  1.  i8,  19; 

p.  170,  var.  2. 
Bertrans,  p.  169,  var.  4- 
Berteau  ,  p.  73,  !.  ifi. 
Bertremiu  (Barthélémy),  p.    200, 

1.  22  ;  p.  202  ,  1.  19. 
Bethune   (ville  du  département  du 

Pas-de-Calais),  p.  175,  I.  ifi. 
Betune,  p.    i52,  var.    7;   p.    i59, 

var.  8. 
BiAMÉs  (Beaumetz  ,  ville  du  départe- 
ment  de  la   Somme),   R.   de  H., 

p.  3o9,  v.  3. 
BiAUGEU  (  Benujeu,  chef-lieu  de  can- 
ton dans  le  département  du  Rhône), 
p.  166,  1.  I  ;  p.  179,  1.  28. 
BiAUGiEU  (Beaujeu),  11.  de  H.,  p.  874, 

Y.  10. 
BiAUGiu  (Beaujeu),  p.  179,  var.  7. 


INDEX  GÉNÉRAL. 


389 


BiAUMÈs  (Beauinetz) ,  p.  i6o,  1.  a6  ; 

p.  i88  ,  1.  2,  21. 
BiAUMONT,  p.  6i,  1.  26  ;  p.  70,  1.  9  ; 

p.  102, 1.  17  ;  p.  161,  1.  5  ;  p.  174 , 

1.  17;  p.  18/Î,  1.  7;  p.  186,  1.  2(1; 

p.  188,  1.  24. 
BiAUVATS  (chef-lieu  du  département 

de  l'Oise),  p.  10,  1.  12,  ifi;  p.  34, 

I.  18;  p.  39,  1.   îi3;  p.  54,  1.  27; 

p.  88 ,  1.  24.  —  R.  de  H. ,  p.  282  , 

V.    23. 

BfAUvoiR,  p.  166, 1.  1 1  ;  p.  175, 1.  17. 

BlELES-AlSES,  p.  1^)2,  1.  8. 

BiEi.  -  Veoik  (  «  un  castiel  Guillaume 

d'Aubegny»),  p.  i63,  1.  i  3. 
BiELvoiR  ,  p.  173,  1.  19. 

BlERCHIERES,    p.    I02,   1.    I7. 

BiER  CosTE-FiERRÉE  (grand  seigneur 

de  Danemark),  p.  5  ,  1.  7. 
BiERNARS  (  comte  de  Senlis  et  oncle 

de  Richard  I"  de    Normandie  ) , 

p.  19,  1.  10;  p.  29,  1.  6. 
BiEHNARs  (  surnommé  de  Rouen  ou 

le  Danois  ) ,  p.  19,  1.  18;  p.  35 , 

1.  6. 
BiERNEVAL-  souR  -  LA  -  Mer  (  village 

du  département  de  la  Seiue-Iufé- 

rieure),  p.   i5  ,  1.  10. 
BiERTAUs  (le  chambellan  de  Grerai- 

nes ,   et  son  frère),  p.   ia8,  1.  7; 

p.  i33,  1.  27  ;  p.  i34, 1.  14  ;  p.  i59, 

I.  27;  p.  169,1.  24. 
Beertiaus,  p.  170,  1.  6. 
BiERTREMiu  DE  RoiE  (chevalicr  de  la 

cour  de  Philippe-Auguste),  p.  120, 

1.  6. 
BiERTRANS  (Bernard  le  Danois),  p.  19, 

1.  9,  II. 
BiETHUNE  (Béthune,  ville  du  dépar- 
tement du  Pas-de-Calais),  p.  88, 

1.  14 ;  p-  92,  1-  7;  P-  'OO'  ^-  4; 
p.  104,  1-  i4;  p-  128,  1.  3,  20, 

28  ;  p.  i3i,  1.  22;  p.  i32,  1.  7, 
26;  p.  i33,l.  23;  p.  i34,  1.  a, 
18;  p.  i35,  1.  9,  i4;  p.  140, 
1.  1,  7;  p.  141,  1.  9,  16,  24,  27, 
28;  p.  142, 1.  3  ;  p.  147,  1.  10,  i3  ; 
p.  148,1.  27  ;  p.  i52,l.  28  ;  p.  i53, 
1.  7,  10,  12  ;  p.  i54, 1.  afî;  p.  i58  , 
1.  3,  21  ;  p.  i59,  1.  17,  24;  p.  161, 
1.  17;  p.  162,  1.  24;  p.  170,  1.  4; 
p.  173,1.  19;  p.  174,  1.  9;  p.  178, 
1.  22  ;  p.  188  ,  1.  19  ;  p.  190, 1.  26  ; 
p.  191,  !.  I,  20,  23. 

BiETUNE,  p.  190,  var.  11. 

BiGuox,  p.  i65,  1.  3. 

BiGOs,  p.  164»  1-  ï6;  p.  71,  1.  19. 


Blance  (femme  de  Louis  VIII,  et 
mère  de  Louis  IX,  rois  de  France), 
p.  83,  1.  21  ;  p.  91,  1.  i3;  p.  198, 
1.  12,  var.  6;  p.  200,  1.  i5,  23. 

Blangi,  p.  75,  1.  27. 

Blas  (surnom  de  Johannice,  roi  des 
Bulgares),  j).  io4,  1.  9. 

BI.AVETI^s,  p.  i34,  1.  2. 

Blavotijvs  ,  p.  i34,  var.  i. 

BiEMUs,  R.  de  H.,  \>.  345,  v.  aS. 

Blois  (chef- lieu  du  département  de 
Loir-et-Cher),  p.  54,  1-  10  ;  P-  82, 
1.  22  ;  p.  104  ,1.  II. 

Bi.osEviLE,  R.  de  IL,  p.  299,  v.  7. 

Bon^iNs  DE  Haveskerque  (chevalier 
de  Flandre) ,  p.  i Sa,  1.  25;  p.  i53, 
1.  23;  p.  62,1.  8. 

BoiDiNs  DE  Mètres,  p.  166,  1.  i3  ; 
p.  175, 1.  18. 

BoiNNË- Ville  (village  du  départe- 
ment du  Calvados),  p.  98,  var.  i. 

BoTSARS  DE  BoURGUIELK  ,  p.  l38, 
1.    21. 

BoisART  DE  Relengues,  R.  de  H., 

p.  377,  V.  I. 
BoisET,   R.  de  H.,  p.    374,   v.    7; 

p.  375,  V.  27. 
Bois-GiRiAUME,  R.  de  H.,  p.  348, 

V.    II. 

BoissÉs,  R.  de  IL,  p.  a 80,  v.  9,  19; 

p.  281,  V.  a. 
Boloigne  (  boulogne-sur-Mer,   ville 

du  département  du  Pas-de-Calais), 

p.  80,  1.  17. 
BojNEHEM     (  château    de    Flandre  ) , 

p.  141,  1.  2a. 
BoiVENT,  p.  54,  h  23. 
BoRBORc  (ville  du  département  du 

Nord),  p.  127, var.  5. 
BoRGiELE  (Bourghelies,  village   du 

département    du   Nord),  p.    i38, 

var.  9. 
BoiîEwic  (Berwick  on  Tweed,  ville 

du   comté   de   Northumberland  )  , 

p.  164,  1.  9. 
BORGOIG3NE  (  provincc  de  France  ) , 

p.  55,  1.  27. 
BoRs,  p.  ia5,  var.  5. 
Bos,R.  de  IL,  p.  336,  v.  i. 
BoscAis,  R.  de  H.,  p.  338,  v.  14. 
BoscART,  p.  70,  var.  5. 
BosKiAUs,  R.  de  H.,  p.  338,  v.  19; 

p.  339,  V.  5,  10. 
BosQiAUs,  R.  de  H.,  p.  338,  v.  24. 
BoTHOîf  («qui  cucus  estoit  ») ,  p.  ao, 

1.  II. 
BoTow,  p.  lo,  I.  i3  ;  p.  17, 1.  i5. 


390 


INDEX  GÉNÉRAL. 


BoiinFRC,  11.  de  H.,  p.  SSy,  v.  21. 
BoucH.vKs  (comte  de  Melun),  p.  5i, 

1.  i3,  18,  24. 
Bouchakt  de  Monmorencx,  p.  70, 

BouKiNGEHF.n  (  Buckiiigliam  ,  capi- 
tale du  comté  de  Bucks),  p.  181, 
1.8. 


p.  i3a,  1.  28;  p.  i34,  1-  10  ;  p.  i4r, 
1.  9;  p.  i53,  1.  26,  28;  p.  i54,  1.  4, 
12  ;  p.  1 55,  1.  8  ;  p.  i5fi,  I.  7,  i3  ; 
p.  157,  I.  27.  —  R.  de  H.,  p.  345, 
V.  27. 

BovENT,  p.  54,  var.  4- 

Bovines  (village  du  département  du 
Nord),  p.  144,  var.  3. 


Boulenisiens  (Boulonnais),  p.  74,    Braibamt  (province  de  Belgique), 


1.  I,  5  ;  p.  75, 1.  20 
BouLEîfissiEjNS  (Boulonnais),  p.  73, 

1.  19. 
Boulenois  (province  de  France,  dont 

Boulogne-sur-Mer  est  la  capitale) , 

p.  59,  1.  27;  p.  76,  1.  12;  p.  167, 

1.  3  ;  p.  180,  1.  2,  4;  p.  184,  1.  i4; 

p.  195,  1.  4;  p.  199,1.  3. 
BoiiLEiGNois  (Boulonnais),  p.  184, 

1.  la. 
BouLoiGNE    (Boulogne -sur- 3Ier)  , 

p.  59,  1.  27;   p.  64,  1.  23;  p.  69, 

1.  22  ;  p.  71,  1.  20;  p.  io3,  1.  20  ; 

p.  129, 1.  i4;  p.  i3o,  1.  II  ;  p.  i3t, 

1.  17,  20,  27;  p.  i32,  I.  23;  p.  i33, 

1.  25  ;  p.  i34, 1.  7;  p.  i35,  1.  17; 

p.  i36,  1.  3;  p.  137,  1.  7;  p.  141, 

1.  8;  p.  144,  1.  10;  p.  1^7,  1.  4. 
BouLoiNGNE    (  Boulogne-sur-Mer), 

p.  201,  var.  3. 
Bourg,  R.  de  H.,  p.  299,  v.  20. 
BouKDiAUS-soR- Gironde,   p.   108, 

1.  16,  iH,  23. 
BouKGEGNON  (Bourguignons),  p.  3y, 

1.  i3  ;  p.  52,  I.  5. 
BouRGHiELE  ( Bourghelles,  village  du 

département    du    Nord),    p.    i38, 

1.  22  ;  p.  i'^9,  1.  afi. 
Bourbourc-sour-le-Mer  (  ville  du 

dcparlement    du    Nord),   p.    127, 

1.  1 1. 
B0URGHEGN0N       (  Bourguignons  ), 

p.  52,  1.  10. 
B0URG01GNE  (province  de  France), 

p.  12,  1.  9;  p.  5i,  1.  4;  p.  52,  1.  3, 
p.  108,  1.  9,  20,  26 


p.  i54,  1.  9. 

Braine,  R.  de  H.,  p.  369,  V.  i5. 

Bkaiouse,  p.  1 12, 1.  4?  7j  10  ;  P'  ii4> 
1.  22  ;  p.  1 15,  1.  3. 

Brandis  (Blindes,  actuellement  Brin- 
disi ,  ville  d'Italie  dans  la  Terre 
d'Otrante),  p.  87,  l.  12. 

Braybant  (province  de  Belgique), 
p.  i54,  1.  i4- 

Brayouse,  p.  III,  1.  i3;  p.  ii3. 
1.  5. 

Breauté  (  bonrg  du  département  de 
la  Seine-Inférieure),  p.  172,  1.  27; 
p.  181,  1.  6;  p.  188,  1.  4  ;  p.  194, 
1.  16. 

Brebant  (province  de  Belgique), 
R.  de  H.,  p.  226,  V.  7. 

Bremulb-lès-Mortemer  (lieu  dans 
les  environs  de  Neufchàtel,  dépar- 
tement de  la  Seine -Inférieure), 
p.  63, 1.  2. 

Bretaigni:  (province  de  France), 
p.  3,  1.  4;  p  i3,  !.  16,  20;  p.  i4» 
1.  21  ;  p.  17,  1.  23  ;  p.  20,  1.  26  ; 
p.  26,  1.  2;  p.  43, 1.  25;  p.  47,  l.  16, 
19  ;  p.  5o,  1.  II,  26  ;  p.  56,  1.  1 1  ; 
p.  57,  1.  8  ;  p.  63, 1.  24  ;  p.  70,  1.  7; 
p.  83,  l.  4  ;  p-  91»  !•  25;  p.  92, 1.  24; 
p.  93, 1.  8  ;  p.  94, 1.  I  ;  p-  143, 1.  4; 
p.  179,  1.  20;  p.  i8o,  l.  25;  p.  188, 
I.  17;  p.  200,  1.  2  ;  p.  201,  1.  10. 
—  R.  de  H.,  p.  225,  V.  18. 

Bretaigne  (nom  d'un  cousin  de  Ro- 
bert de  Béthuiie),  p    i33,  1.  22. 

Bretaingne (Bretagne),  p.  5i,  var.  3. 

Breteaus,  p.  161,  var.  2. 


BouKs,  p.  io3, 1.  12, 19;  p.  104, 1.  18;  Brethon  (Bretons),  p.  17,  1.  20; 
p.  125,  l.  17;  p.  170,  1.  10;  p.  181,    p.  26,  1.  4 


ï.  23  ;  p.  189,  1.  2  )  ;  p.  192,  1.  21  ; 

p.  201,  1.  16;  p.  2o3,  1.  I. 
BoLKSAus  DE  Mequelines  ,  R.  ne  H., 

p.  375,  v.  i3. 
BoussKT,  R.  de  H.,  p.  2S0,  v.  27. 
BoUTAVANT,  p.  91,  1.  6. 
BouviNEs  (village    du    département 

du  Nord),  p.   144  ,1.  14;  p.  145, 

1.  10. 
BovE  (village  du  département  de  la 

Somme),  p.  129,1   i5;  p.  i3c),  1. 12; 


Breton,  p.  17,  1.  22  ,  24;  p-  23,  1.  19; 

p.  28, 1.  i3  ;  p.  3o,  1   2  ;  p.  4».  1-  3o; 

P-  49  >  1-  17;  P-  5o,  1.  12  ;  p.  56, 

1.  17. 
Bretoul  de  Houdencourt,  r.   de 

H.,  p.  367,  V.  21. 
Bretuel  (  ville  du  département  de 

l'Eure),  p.  63,  1.  3. 
Bridous    de   Baillet,    r.    de   H., 

p.  378,  V.  I. 
Briene,  p.  207,  1.  I. 


liNDEX  GÉNÉRAL. 


391 


Brimeu  (village  du  département  du 
Pas-de-Calais),  R.  de  H.,  p.  S/JS, 

V.   l3,    22. 

Bkistou  (Bristol,  -ville  du  comté  de 

Gloucesler),  p.  (19,  1.   10;  p.  77, 

1.  iH,  28,  var.  5;  p.  79, 1.  i3;  p.  181, 

1.  18. 
BiuwERHE,  p.  117,  var.  i. 
Brostesinge    (surnom    d'Adam    de 

Beaumout),  p.  174,  I.  iS. 
Brostewic  ,  p.  ii5,  1.  8. 
Brouchars    (Bouchard,    comte    de 

Meluu) ,  p.  5i,  var.  fi. 
Bruges  (ville  de  Belgique),  p.  126, 

1.  19;  p.  i3a,l.  12,  i5;  p    i3H, 

1.  14,  24. 
Bruiant  d'Uel  ,  R.  de  H.,  p.  233, 

V.    23. 

Bruiere,  p.  117,  1.  7. 

Bkuîj   (  surnom  de   Hugues ,   comte 

de  la  Marche),  p.  206,  1.  ifi. 
Brunof    l'archevesque    de    Cou- 

LOIGNE,   p.    39,  1.    19. 


Briisp.wic  (Brunswick),  p    207,  I.  5. 
Bhiistou  (Bristol),  p.  77,  1.  la. 
Bkuuiekb,  p.  117,  1.  10,  ifi. 
Bruuieure,  p    117,  I.  3. 
BuART  (nom  de  l'écuyer  qui  portail 

la  bannière  de  l'avoué  de  Béthune), 

p.  178,  var.  (i. 
BuEFFKEMONT   (village  du  départe- 
ment des  Vosges),  R.  de  H.,  p.  358  , 

V.  10. 
BuESMOLiNs  (château  de  Normandie), 

]).  70,  1.  ifi. 
BuENE- viLLE-soR-TouKE   (village 

du    département    du    Calvados  ) , 

p.  97,  1.  28. 
BuRii)Aj.s  DE  Waulaikcort  ,  R.  de 

H.,  p.  371,  v.  24  ;  p.  372,  v.  2. 
Burins  (frère  de  Hrolf  ou  Rollon  ,  et 

fils  de  Bier  Coste-Fierrée  [Côte-dc- 

fer]  ),  p.  5,  1.  8,  1 1,  19. 
BuRNEL,  R.  de  H. ,  p.  371  ,  v.  22  ; 

p.  379  ,  V.  9. 
Bygot,  p.  172  ,  1.  II. 


c. 


CAAM(Caen,  chef-lieu  du  départe- 
ment du  Calvados),  p.  61,  1.  21; 
p.  64,  1.  29;  p.  69,1.  I. 
Caeu  (Cayeux,  bourg  du  départe- 
ment de  la  Somme),  R.  de  H., 
]).  349,  V.  11,21. 
Caieus  (  bourg  du  département  de  la 

Somme),  R.  de  H.,  p.  229,  v.  24. 
Calebot,  p.  8fi,  1.  12. 
Cam  (<]aen),  p.  97, 1.  27. 
Cambray  (ville  du  département  du 

Nord),  p.  92, 1.  5,  i3. 
Campaigke  (Champagne,  province 

de  France),  p.  8H ,  1.  i5. 
Cande  (Sainte),  p.  63, 1.  19. 
Canle,  p.   201,   1.  6.  —  R.  de  H., 
p.   307,  V.    25;  p.    309,   V.    ii; 
p.  253,  v.  5. 
Cantebruge  (  Cambridge  ),  p.  182, 

1.  i5. 
Cantebeuges  (Cambridge),  p.  179, 

1.  i3. 
Caktews , R.  de  H. ,  p. 346,  v. 23. 
Cantorbire  (  Canterbury  ,  capitale 
du  comté  de  Kent) ,  p.  48 ,  var.  4  ; 
p.  io5,  1.  27;  p.  140,  1.  3,  5,  21  ; 
p.  i56,  1.  28;  p.  i57,  1.  3,  12, 
a5;  p.  167,  1.  i5;  p.  171,  1.  i; 
p.  179,1.  10;  p.  184, 1.  10;  p.  189, 
1.  37  ;  p.  196,  1.  21  ;  p.  20a  ,  1.  17  ; 
p.  208, 1.  6;  p.  209,  1.  14. 


Cantoebyre  (Canterbury),  p.   63, 

1.  II  ;  p.  157,  1.  10. 
Carbomaus,  r.  de  H. ,  p.  343,  v.  20, 

22  ;  p.  368,  V.  7. 
Cardon ALE  (suivante  de  Genièvre), 
R.  de  H. ,  p.  339,  v.  24;  p.  365  , 
V.  3  ;  p.  3i9,  v   4- 
Cardon N AL  ,    R.    de    H.  ,    p.   342  , 

V.   10. 
Cardonkoi  ,  R.  de  H. ,  p.  342,  v.  3. 
Carduel  (Carlisle  ,  capitale  du  comté 
de  Cumberland  ),  R.  de  H.,  p.  233, 
V.  22. 
Careu  ,  R.  de  H.,  p.  324  ,  V.  2. 
Cables  (Charles  1*%  comte  d'Anjou 
et  de   Provence ,    dernier  fils    de 
Louis  YIIl ,  roi  de  France,  et  de 
Blanche    de  Castille),    R.  de   H., 
p.  214,  V.  18. 
Caroges  (château  de  Bretagne,  sur 

le  Coisnon),  p.  56,  1.  14 
Carrois  ,  R.  de  H.,  p.  3o8,  v.  ao. 
Cassel    (  ville    du    département    du 

Nord),  p.  127,  var.  4- 
Cassiel   (ville   du    département    du 

Nord) ,  p.  i39,  1.  22. 
Cassiel  -  souR  -  le  -  Mont  (  ville  du 
département   du    Nord),    p.   127, 
1.   II. 
Castegniers  (forêt),  p.  167, 1.  26. 
Castetgniebs  (forêt),  p    167,  var.  9. 


392 


INDEX  GÉNÉRAL. 


Castel-Eraut  (Châtelleraut,  ville  du 
département  de  la  Vienne),  p.  102  , 
1.  lî. 
Castel  -  Gaii-lart  (  château  de  Nor- 
mandie, situé  au  petit  Andeli,  dé- 
partement de  l'Eure),  p.  88,  1.  a6  ; 
p.  96,  1.  27;  p.  97,  1.  I. 
CASTEL-RoirsET  ,  p.  io3,  var.  7. 
Castellon,  p.    (12,    1.    14  ;  p.   208, 

1.  27. 
Castenai,  R.  de  H.,  p.  824,  v.  17. 
Castiaus-Gaillars  (château  de  Nor- 
mandie),  p.  98,  I.  22. 
Castiel-Baigjvart  (château  de  Lon- 
dres appartenant    à   Robert    Fitz- 
Walter),  p.  119,  1.  1. 
Castiel-Frait  (Pontefract,  York- 

shire),  p.  ifi3,  1.  i5. 
Castiel-GaillakTjP.  97,1.  5  ;  p.  102, 

1.  27. 
Castiel-Gontier  en  Asgo(  chef- 
lieu  d'arrondissement  du  départe- 
ment de  la  Mayenne  ),  p.  G3, 1.  27. 
Castiel-Raoul,  p.  95,  1.  5. 
Castiel-Roufet,  p.  io3  ,  1.  26. 
Castilldh  ,  R.  de  H.,  p.  3y3,  v.  1. 
Cenevieres  ,  R.  de  H,,  p.  3o4,  v.  24  ; 

p.  3ii,  V.  23. 
Cerisi,  p.  177,  1.  18. 
Cerisy  (abhaye  et  bourg  entre  Saint- 

Lo  et  Bayeux),  p.  61,  1.  21. 
Certesée  (  Chertsey,  dans  le  comté 

de  Surrey  ) ,  p.  1 96 ,  var.  5 . 
Cestre,  p.  107,  var.  3,  5. 
Chalemont    (  Talmont    en    Poitou  , 
bourg  du  département  de  la  Ven- 
dée), p.  102,  1.  i5. 
Chalon   (  ville    du    département  de 
Saône-et-LoIre) ,  p.  52,  1.  i3,  24. 
Champaigne  (  province  de  France), 
p.  9,  1.  10  ;  p.  5 1,  1.  8;  p.  81,  1.  14, 
i5;  p.  82, 1.  21.  —  R.  de  H.,  p.  226, 
V.  9. 
Chanceaus,  p.  i8r,  1.  20. 
Change,  p.  170,  1.  14. 
Chanle,  p.  201,  var.  2,  —  R.  de  H. , 

p.  807,  V.  10,  19;  p.  809,  V.  26. 
CuANTEBHUGE  (Cambridge),  p.  181, 

1.  8. 
Chaniorbire  (Canterburv  ),  p.  48, 
1.  11;  p.  67,  1.  24;  p.  80,  1.  27  ; 
p.  100,1.  8;p.  io5,  1.  21,  24; 
p.  iio,  1.  5,  6;  p.  125,  1.  i3; 
p.  140,  l.  19  ;  p.  i49,  h  20  ;  p.  i58, 
î.  12  ;  p,  167, 1.  16 j  p.  168  ,  1.  i3, 
ao;  p.  171,  1.  21  ;p.  197,1.  17,  21; 
j).  2o5,  1.  i5  ;  p.  209  ,  1.  19. 
Charies  lt  Simples  (roi  de  France) , 


p.  5,  I.  I  ;  j).  12,  1.  a4  ;  p.  20, 
1.  22,  23. 

Chartres  (chef-lieu  du  département 
d'Eure-et-Loir) ,  p.  5  ,  1.  3  ;  p.  12  , 
1.  6;  p.  39,  1.  10;  p.  41  ,  I.  2,  4, 
16;  p.  49, 1-  12  ;  p.  81, 1.  i5;p.  104, 
1.  II. 

Chastellon  ,  p.  187, 1.  2. 

Chavegny  (Chauvigny,  ville  du  dé- 
partement de  la  Vienne),  p.  95, 
1.  18. 

Ch AVEiGJVi  (Chauvigny),  p.  95,  var.  i . 

Chekus  (  Cnut ,  roi  d'Angleterre  )  , 
p.  48,  1.  20;  p.  49,  1.  2,  6;  p.  56, 
var.  6;  p.  57,  1.  14  ;  p.  60, 1.  i. 

Chevaliers  au  lyon,  R.  de  H., 
p.  240,  v.  I  ;  p.  245,  V.  19;  p.  3i5, 
v.  2  ;  p.  3 1 7,  v.  2 1  ;  p.  3 1 8 ,  v.  5  ; 
p.  383,  V.  19. 

Chevkeuses  (  ville  du  département  de 
Seine-et-Oise),   R.  de  H.,  p.  842, 

V.  25. 

Chères  (  châtelain  de  Bergues  ) , 
p.   i35,  1.  4. 

Chieres  (châtelain  de  Bergues), 
p.  128, 1.  8  ;  p.  i33  ,  1.  21  ;  p.  i35, 
var.  3. 

CniERET,  p.  190,  var.  8. 

Chinon  (ville  de  la  Touraine  ,  dépar- 
tement d'Indre-et-Loire),  p.  84, 
1.  16,  17  ;  p.  io3,  L  II,  14 ;  p-  io4, 
1.  2,  17;  p.  108,  1.7,  8,  21;  p.  109, 
1.  2  ;  p.  143,  1.  21. 

Chioc  (château  de  Flandre),  p.  55, 
var.  4- 

Chiot  (château  de  Flandre),  p.  55, 

1.19- 
Cieret,  p.  190,  1.  24. 
CiERTEsÉE  (Chertsey,  ville  du  comté 

de  Surrey) ,  p.  i9fi ,  1.  26. 
CicESTKE    (Chichester,    capitale   du 

comté  de  Sussex),  p.  70,  1.  19. 
CiEREs  (châtelain  de  Bergues),  p.  i33, 

var.  8  ;  p.  195,  1.  4- 
CiESTRE  (Chester),  p.  62,  1.  9;  p.  70, 

var.  9;  p.  98,  1.  24  ;   P-  io3,  1.  I  ; 

p.  195,1.7. 
CisTiAUs  (ordre  religieux),  p.  11 5, 

I.   10;  p.   197,  I.  8  ;  p.  200,  1,  6; 

p.  207,  1.  26. 
ClaRE  (  bourg  du  comté  de  Suffolk), 

p.  145,  1.   i3;  p.  161,  \.  18,  ai; 

p.  162  , 1.  27  ;  p.  168,  1.  2  ;  p.  171, 

1.  7;  p.  194  ,  1.  26. 
Clere,  r.  de  H.,  p.  27g,  v.  4  >  p-  282, 

V.  20. 
Cleeesvaus  (ordre  religieux),  p.  197, 

var.  I. 


INDEX  GÉNÉRAL. 


393 


Ci-ERMONx,  R.  de  H.,  p.  9.89,  v,  a/»  ; 

p.  agi,  V.  17;  p.  293,  V.  5  ;  p.  323, 

V.  9;  p.    869,  V.  2  ;p.  378,  V.  9; 

p.  58o,  V.  II. 
Clf.kmo>'t  (en  Auvergne,  chef-lieu 

du  département  du  Puy-de-Dôme), 

p.    11,1.    32. 

C1.EKVAUS  (ordre  religieux) ,  p.  197, 

1.  8. 
Cloeciestre  (  Gloucesler),  p.   182, 

1.  12. 
Cluigny  (Cluuy,  chef-lieu  d'un  ordre 

religieux),  p.  184,  1.   i3. 
Cluijvgki  (Cluny),  p.  70,  var.  8. 
Clygki  (Cluny),  p.  70,  1.  i8,  21. 
CoEKi ,  p.  49,  var.  8. 
Coing,  R.  de  H.,  p.  338,  v.  4. 
CoisNON  (rivière  qui  sépare  la  Nor- 
mandie  de   la   Bretagne),   p.   17, 

1.  22;  p.  56,  1.  i3,  17. 
CoLECESTKE    (  Colchester  ,    ville    du 

comlé  d'Essex),   p.    i65,   var.   3; 

p.  182 ,  var.  4- 
Coi.EMOKT  ,  p.  70,  var.  7. 
Coi.evviue(  ville  de  Flandre),  p.  141, 

1.  i5,  19. 
CoMEs  (Godwin,  comte  de  Kent), 

p.  60,  1.  19. 
Co!»ipiEGKE  (ville  du  département  de 

l'Oise),  R.  de  H.,  p.  216,  v.  17. 

COJVAIKS  LI   DUS  UE  BkETAIGKE  (  Co- 

nan  II),  p.  63,  1.  24- 

CojsNAiKS  (Conan  II ,  duc  de  Breta- 
gne), p.63, 1.  27;  p.  64,  1.  3. 

CoNx.AiNS  (Conan  III,  dit  le  Gros, 
duc  de  Bretagne),  p.  70,  1.  6 

Coanains  (quatrième  du  nom,  duc  de 
Bretagne,  surnommé  le  Petit), 
p.  83,1.  4- 

Constance  (  femme  de  Robert,  joi 
de  France),  p.  55,  1.  26. 

Constances  (  Coutances,  ville  du  dé- 
partement de  la  Manche),  p.  98,1.  2. 

CONSTANS  d'EnGLOS,  LI  CUENS  DES 
COUSTENTINOIS,   p.    69,  1.   3. 

Constant  (Toustain  ,  comte  de  Cou- 
tances), p.  59,  1.  5. 

Constantinoble  (Constantinople)  , 
p.  I,  1.  1 3;  p.  82, 1.  25;  p.  91,  1.  29; 
p.  104, 1.  8,  i3  ;p.  127, 1.  4  ;  p.  128, 
1.  5;  p.  180,  1.  8;  p.  2o5,  I.  23. 

CoNSTENTiN  (  Coteutin  ) ,  p.  3  ,  1.  3  ; 
p.  32  , 1.  19  ;  p.  47»  1-  y  ;  !'•  ^5. 1.  5. 

CoNsxi^NTiNois  (natifs  ou  habitants 
du  Cotentin),  p.  23,  1.  21. 

CoiiLEMOKT  (  château  de  Norman- 
die), p.  70,  1.  16. 

CouNoc  (  Connaught ,  l'une  des  qua- 


tre provinces  de  l'Irlande  ),  p.  lia, 

1.21. 

CouKïR AY  (ville  de  Belgique),  p.  1 34, 
1.  20;  p.  187,  1.  6,  9,  18,  20,  2$. 

CousTANCE  (  sœur  de  Guillaume,  roi 
de  Sicile ,  et  femme  de  Henri ,  em- 
pereur de  Rome),  p.  85,  1.  14. 

CousTENTiN  (Cotentin  ),  p.  62  , 1.  11. 

CousTENTiNOis  ( geus  du  Cotentin), 
p.  3i,  1.  1  ;  p.  33  ,  1.  2  ;  p.  43,  1.  8  ; 
p.  59,  1.  3. 

Coi'EGNI,  p.  191,   1.   4- 

CoK  (Corfe,  Dorsetshire  ) ,  p.  96, 
var.  2. 

CoRBiE  (ville  du  déparlement  de  la 
Somme),  p.  24  , 1.  i5. 

CoKBiE  (Corbeil,  ville  du  départe- 
ment de  Seine-et-Oise  ),  p.  56,  l.  5. 

CoKBiois,  R.  de  H.,  p.  271,  v.  26,  27. 

COKBUEL,  p.    187,  1.    18. 
CORCON  ,  p.    l44  ,   1-   19- 

CoRF  (Corfe,  châleau  du  comté  de 
Dorset  à  120  milles  de  Londres), 
p.  96,1.  8;  p.  100,  1.  27;  p.  114, 
1.  a-i  ;  p.  i52  ,  1.  22  ;  p.  172,  1.  26  ; 
p.  180,  l.  24,  28;  p.  181,  1.  16. 

CoRMEiLLEs  (bourg  du  département 
de  l'Eure  ),  p.  61,  var.  2. 

CoR.MELLYEs  (  Comieilles,  bourg  du 
département  de  l'Eure),  p.  61,  i.  25. 

CosME  (saint),  p.  i55,  1.  3. 

CoucHi  (Coucy-le-Châtel,  commune 
du  département  de  l'Aisne  ),  p.  29, 
1.  10,  1 4,  var.  2. 

Couci  (château  de  Picardie),  p.  29, 
1.  3  ;  p.  i65,  1.  24;  p.  175,1.  i3, 
var.  6  ;  p.  187,  1.  1  4  ;  P-  M),  h  10. 

CouFLANs,  R.  de  H.,  p.  297,  y.  19; 
p.  298  ,  V.    I. 

C0U1.01GNK  (ville  des  états  prussiens), 
p.  39,  1.  19;  ]).  68,1.  4. 

CouLoiGNE,  R.  de  H.,  p.  3o5,  v.  20. 

COUPIELE,  p.    128,1.    10. 

CouPiGNi,  R.  de  H.,  p.  328,  V.  y. 

CouPLiAus,  R.  de  H.,  p.  34o,  v.  2. 

CouRTENAY  (bourg  du  département 
du  Loiret),  p.  166, 1.  i5;  p.  172, 
1.  21;  p.  198,1.  1 5  ;  p.  20 1 ,  1.  I , 
23  ;  p.  202 ,  1.  2  ,  24 ,  aS,  27. 

COURTENNAY,  p.    2o5,  1.   25. 

Courtoisie  (personnification),  R.  de 
H.,  p.  2i5,  V.  27  ;  p.   223,  V.  y. 

CousTANCES  (Coutances),  p.  4y,l-  ^o- 

CousTENT  (Coutances),  p.   56,  1.  i6. 

CousTENTiNOBLE  (  Coiistaiitinople) , 
R.   de  IL,  p.  225,  V.  1. 

Couture,  11.  de  H.,  p.  3io,v.  23; 
p.  3ii  ,  v,  7. 

26 


394 


INDEX  GÉNÉRAL. 


Cracfergu  (château  d'Irlande), 
p.  112,  1.  36;  p.  ii3,  1.  7,  9; 
p.  114,  I.  19. 

Chamailles,    R.    de    H.,    p.    849, 

V.    13. 

Grave  (  nom  du  marin  qui  trancha 

la    tête    à    Eustache     le    Moine  ) , 

p.  203 ,  \ar.  I. 
Creel   (Creil,  ville  du  département 

de  rOise),  p.  29,  1.  i4-  —  lî.  de 

H.,  p.  216,   V.  17. 
Creeil  (Cieil),  p.  2g,  var.  6. 
Creoit,  p.  170, 1.  i3;  p.  17S,  1.  1,3, 

23,  2fi. 

Crestegny,  p.  62  , 1.  8. 


Crestiens    (Chrétien   de    Troyes), 

R.  de  H.,  p.  23o,  v.  21. 
Crockmeure    (nom   d'un   chevalier 

de  F^rancc  qui  tua  Geoffroy  de  Man- 

deville),  p.  164,  1-  25. 
Croisiles  (village  du  département  du 

Pas-de-Calais),  p.  166,  1.  23. 
Choisilles   (  village  du  département 

du  Pas-de-Calais),  p.  175,  1.  18. 
Croon  ,  p.  178,  var.  1. 
Cypre  (Chypre,  île  de  la  Méditerra- 
née), p.  86,  1.  9,  II. 
Cyrai  ,  p.  62  ,  1.  23. 
Cysotng  (village  du  département  du 

Nord),  p.  162  ,  1.  9. 


D. 


Damien  (saint),  p.  i55,l.  4- 
Damiete  (ville  de  la  Basse-Egypte), 

p.  2of>,  1.  27  ;  p.  207,  var.  2,  3. 
Dagart,  r.  de  H.,  p.  3oo,  v.  6. 
Dagras  de  Bourg  ,  R.  de  H.,  p.  299, 

V.  20. 
Dan    (ville    de   Flandre),    p.    124, 

1.  27;  p.  i3o,  1.  18,  25;  p.  i32, 

1.  4»  8,  10;  p.  i34,  1.  23  ;  p.  i36, 

1.8,  II. 
Danaus  (Troyen,  fils  d'Anthénor), 

p.  2,1.  8. 
Danemarge  (Danemark,  royaume  du 

nord  de  l'Europe  ) ,  p.  3,  1.  18. 
Danemarche  (Danemark),  p.  i,l.  i4; 

p.  5, 1.  4  j  p.  18,  l.  26  ;  p.  19, 1.  i5  ; 

p.  3i,  1.  7,  26;  p.  41,  1.  6;  p.  47» 

1.  25,  27;  p.  48,   1.  19,  21  ;  p.  49, 

1.9. 
Dakiaus   (nom   de  l'un   des  fils   de 

Guillaume ,    avoué    de    Béihune  , 

puis  avoué  lui-même) ,  p.  1 4'^,  1-  4  ; 

p.  166,  1.  8. 

DaNIaUS  de  m  a  alises,  p.    107,  l.  2  1. 

Daniels  (nom  de  l'un  des  fils  de 
Guillaume,  avoué  de  Béîhune), 
p.  128,  var.  i. 

Danlés  de  Waveguies,  r.  de  H., 
p.  377,  V.  4. 

Danois  (habitants  ou  natifs  du  Dane- 
mark), p.  3,  1.  8;  p.  4 >  1-  25  ;  p.  5, 
1.  4;  p.  7,  1.  27  ;  p.  8,  1.  17;  p.  9, 
1.  12,  25;  p.  10,  1.  3,  f>,  i3,  32  ; 
p.  12, 1.  Il,  i5,  21  ;  p.  17,  1.  i5  ; 
p.  3i,  1.  23  ;  p,  32,  1.  3,  5,  i5,  23, 
37;  p.  33,  l.  9;  p.  4i,  1.  7»  25; 
p.  42,  1.  7,  8,  21  ;  p.  43,  1.  5,  10  ; 
p.  47,  I.  21  ;  p.  48,  1.  3,  fi,  7,  18, 
var.  I. 


Dan-Martin,  p.  io3,  var.  5. 

Danois  (nom  de  l'un  des  fils  de  Guil- 
laume, avoué  de  Béthune),  p.  128, 
1.  4- 

Dantfront  en  Passois  (Domfront, 
ville  du  département  de  l'Orne  ) , 
p.  72,  1.  27. 

Dant-3Iartik  ,  p.  io3,  1.  20. 

David  li  prophètes  (David,  roi  des 
Juifs),  p.  44,  1.  6. 

Davis  d'Escoce  ,  p.  y6,  1.  \6. 

Decolasse  (surnom  de  saint  Jean- 
Baptiste),  p.  207,  1.  i6. 

Dhnfront,  p.  98,  var.  3. 

Denis  (saint),  p.  14,  1.  26.  —  R.  de 
H.,  p.  233,  V.  14  ;  p.  247,  V.  5; 
p.  266,  V.  4. 

Denise  (saint),  p.  14,  1.  18;  p.  121, 
1.  22.  —  R.  de  H.,  p.  226,  V.  21. 

Deregnau  (maison  fortifiée  de  Lille), 
p.  189, 1.  4j  i3,  18,  22. 

Dereignau  (maison  fortifiée  de  Lille), 
p.  189,  var.  I. 

Despensiiîr  ,  p.  70,  1.  2. 

Deu  (Eu,  ville  du  département  de  la 
Seine- Inférieure  ),  p.  465  1.  i3; 
p.  58,  1.  i4;  p-  62, 1.  5. 

Dewime  ,  p.  161,  var.  i. 

Dingefuell,  p.  190,  I.  5. 

DiNGurpiiEiL,  p.  190,  var.  i. 

Dive  (rivière  du  département  du  Cal- 
vados ),p.  82, 1.  2,  10;  p.  62, 1.  3. 

DODINFUELL,  p.   I94,  1.  26. 

DoE  ,  p.  170,  1.  i3. 

DoL  (ville  du  département  d'IUe-et- 

Vilaine),  p.  5o,  1.  i3. 
DoMBAR  (ville  d'Ecosse,  comtéd'Had- 

dinglon),  p.  164,  1.  10. 


INDEX  GÉNÉRAL. 


395 


DoMPiERE,  R.  de  H.,  p.  366,  v.  25  ; 
p.  367,  V.  4. 

DoNCH.vRT ,  R.  de  H.,  p.  307,  v.  26. 

DoNER  (fils  de  Courtoisie,  personni- 
fication), R.  de  H.,  p.  223,  V.  27. 

DoKEwis  (Dunwicl),  dans  le  comté  de 
Suffolk),  p.  i55, 1.  7;  p.  172, 1.  16. 

DoNFoRT  EN  Passois  (  Donifiont , 
ville  du  département  de  l'Orne  ) , 
p.  98,  1.  3. 

DoNSE  (ville  de  Flandre),  p.  137, 
1.  16. 

DoNSELE,  R.  de  H.,  p.  324,  v.  20. 

DoREFORT,  p.   182,  I.   12. 

DoRK.vis  (château  de  Normandie), 
p.  5o,  var.  11. 

Dou.vY  (  ville  du  département  du 
Nord),  p.  127, 1.  10  ;  p.  i36,  1.  27, 
28.  — R.de  H.,  p.  336,  v.  4. 

DouvRE  (ville  et  port  du  comté  de 
Kent  ),  p.  48,  1.  i5  ;  p.  64,  1.  25  ; 
p.  71,  1.  27;  p.  123  ,  1.  26,  27; 
p.  124,  1.  3  ;  p.  127,  1.  23  ;  p.  i3o, 
1.  4,  6;  p.  140, 1.  3  ;  p.  i53, 1.  3,  5, 
27;  p.  i56,  1.  28;  p.  157,  1.  II  ; 
p.  167,  1.  22  ;  p.  168,  1.  10  ;  p.  170, 
1.  3,  9,  II  ;  p.  177,  1.  20,  var.  4; 
p.  179,  1.  10,  18;  p.  i8o,  1.  12; 
p.  181,  1.  23;  p.  182,  1.  6  ;  p.  184, 
1.  18,  24;  p-  186,  1.  25;  p.  189, 
1.  4,  6,  12,  17;  p.  192,  1.  19,  23  ; 
p.  iy3,  1.  6;  p.  195,  1.  14  ;  p.  196, 
î.  9,  12;  p.  198,  1.  26;  p.  200, 
1.  17. 


Douvres,  p.  192,  1.  ifi. 

DovELiNjvE  (Dul)lin,  capitale  de  l'Ir- 
lande) ,  p.  112,  1.  12. 

DovRK  (Douvres),  p.  17g,  1.  8. 

Dreues  (  Dreux ,  ville  du  départe- 
ment d'Eure-et-Loir),  p.  i43, 1.  5, 
II  ,  19;  p.  144,  1.  24;  p.  145,  1.  I  ; 
p.  166, 1.  3;  p.  175, 1.  5,  12;  p.  176, 
I.  i3,  16;  p.  177, 1.  II  ;  p.  178, 1.  28; 
p.  188,  1.  18;  p.  202,  1.  22,  26; 
p.  208,  1.  26. 

Dreuwes,  p.  143,  var.  3;  p.  166, 
var.  I. 

Drikncourt,  p.  70,  var.  7;  p.  89, 
1.  17. 

Drieu  ou  Driex  du  Plaissié  ,  R.  de 
H.,  p.  296,  V.  14,  21;  p.  297,  v.  I. 

Drieus  de  Morlaiwes  ,  R.  de  H., 
p.  281,  V.  12,  22  ;  p.  282,  V.  8. 

Drieus  de  Roie,  R.  de  H.,  p.  345, 
V.  7. 

Driues  de  Praiaus  ,  R.  de  H.  , 
p.  297,  V.  7. 

Driuok  de  Roie,  R.  de  H.,  p.  344» 
V.  16. 

Drius  de  Roie,  Pi.  de  H.,  p.  344» 
V.  22. 

Dukoe,  p.  I,  var.  3. 

Durabime  (Durham) ,  p.  i63,  1.  ai. 

DuRAUME  (Durham),  p.  164,  1.  7. 

DuREAUME  (Durham),  p.  i63,  var. 
6;  p.  164, 1-  8. 

DuvELiNE  (Dublin),  p.  112,  var.  3. 

Dymoe,  p.  I,  1.  i3. 


E. 


Ebar  (évêque  de  Bayeux),    p.   10, 

1.  21. 
Ebalt  (comte  de  Poitiers),   p.    12, 

var.  2. 
Ebrax,  p.  21 ,  1.  27. 
EcESTRE  (Exeter,  chef-lieu  du  De- 

vonshire),  p.  148,  var.  2. 
EciESTRE  (Exeter),  p.  148,  1-  i  ,  6, 

21  ;  p.  149,  1-  II,  16;  p.  i63,  1.  i5, 

18;  p.  KJ4,  1.  i5. 
Eduiwart  (roi  d'Angleterre),  R.  de 

H. ,  p.  226,  V.  3. 
Ely  (ville  du  comté  de  Cambridge), 

p.  188,  var.  2. 
Emme  (femme  de  Richard  I",  duc  de 

Normandie),  p.  43,  1-  i4- 
Emsie  (fille  de  Richard  P""  et  de  Gon- 

nor,  depuis  reine  d'Angleterre), 

p.  43,  1.   21  ;  p.  47,  1.   4;  p.  4g, 

1.  7. 


Engebierge    (  lu    reine    Gerberge , 

fille    de    l'empereur     Henri    1""^ , 

femme    de    Louis     d'Outremer  ) , 

p.  28,  1.  10. 
Engelars  d'Athies,  p.  181,  1.  20. 
Engherans   de   Rugi,    R.    de   H., 

p.  356 ,  V.  16. 
Engherhan  de  Gheulesin  ,  R.   de 

H.,  p.  377,  V.  5. 
Enghekran  le  come  d'Abbeville, 

p.  59,  1.  21. 
Engherrass   de   Bailluel,  r.    de 

H.,  p.  295,  v.  i4  ;  p-  296  ,  V.  I  ; 

p.  3ii ,  V.  14. 
Engherrans   de  Bove,  r.  de   H., 

p.    345,   V.   26;  p.   346,  V.    II. 

Engherraivs  de  Couci  (oncle  de 
Robert  de  Dreux  et  neveu  de 
Louis   VIII),     p.     i65,    1.    24  ; 


396  INDEX  GENERAL. 

p.  175,  1.   t3,   27;  p.  176,  1.   9;  p.  ao8,  1.  14,  ifi,  19,  ao;  p.  209, 

p.  187,  I.  14  ;  p.  190,  I.  lo.  1-2,7,  ^^■ 

Engherr.vns  de  M.mnnés,  p.  366,  Englois,  p.  5,1.  28;  p.  6,  1.  6;  p.  10, 

V.  2,  12.  1.  25;  p.  11,1.  3;  p.  48, 1.  I  ;  p.  63, 

Englentine,  K.  (]e  H  ,  p.  239,  v.  23  ;  1.  i3,  i4  ;  p.  fi4,  1.  9,  12,  24  ;  p.  71, 

p.  259,  V.  27.  ].  23,  24;  p.  72,  1.  i6;  p. 73,  1.  12; 

Emglès  (natif  d'Angleterre),    p.   6,  p.  148,  1.  26;  p.  149,  1.  9  ;  p.  170, 

1.  18  ;  p.  47,  J-  10.  1.  23  ;  p.  172 ,  1.  12  ;  p.  174»  1-  23; 

Engleterk  (  Anjrlcterre,  grande  île  p.  177,  1.  3  ;  p.  184,  1.  5;  p.  i85, 

de  l'Océan   Atlantique),   p.   i63  ,  1.  23;  p.  186,  1.  27  ;  p.  187, 1.  7,  27  ; 

var   8.  —  R.  de  H.,  p.  2  2  5,  V.  21.  p.    190,  1.  6,  20  ;   p.   191 ,  1.  14  ; 

Engleterre,  p.   10,  1.  27;  p.  84,  p.  193,1.  20;  p.  194,  1.  28;  p.  195, 

var.  3  ;  p.    162  ,1.    19  ;    p.    178,  1.  6  ;  p.    196,  1.  2,  9,  26;  p.  198, 

var.  8.  1.  18,  22  ;  p.  201,  1.  20,  28;  p.  202, 

EiVGiETiERE  ,  p.   6,  var.    I  ;  p.   27,  I.  i3  ;  p.  207,  1.  12  ;  p.  209,  1.4- 

1.  II  ;  p.  90,  var.  8.  Englos,  p.  69 ,  1.  3.  —  R.  de  H., 

Engletieree,  p.  6,  1.  6  ;  p.  7,  1.  7;  p.  378,  v.  3. 

p.  9, 1.  4;  p-  Il ,  1.  4  ;  P-  18,  1.  9;  Englume,  R.  de  H.  p.  376,  v.  12. 

p.  20, 1.  10,  19;  p.  21,  1.  2  ;  p.  43,  Ekgolesme   (Angoulême,    chef-lieu 

1.    21;   p.    4/»    !•    3,  i3,    20,  22;  du   département  delà   Charente), 

p.   48,  1.    3,  7,    19,    25,  var,   i;  p.  m,  1.  5. 

p.  49>  1-  4;  p-  56,1.  20,  28;  p.  57,  Engoliesme  (Angoulême),  p.  206, 

1.  i4;  p-  60,  1.  2,  7  ;  p.  63,  1.  8,  10,  1.  9. 

30,  23;  p.  64,  1.  I,  20,  24;  p.  65,  Ejngonnois    (  Angoumois,    ancienne 

1.  3,  11,  i5;  p.  68, 1.  7;  p.  69,  1.  8,  province  de  France) ,  p.  91 ,  1.  21. 

14,  16  ;  p.  70,  1.  i3,  17;  p.  71,  1.  2,  Engorran  i)e  Couci,  p.  175,  var.  i. 

8,10,  18,27;  P- 72?  1-  10,  22,  26;  Engumois    (Angoumois),    p.   206, 

p.  73, 1.  10;  p.  76, 1;  i3,  19,  var.  7;  1.  II. 

p.  77,  1.  4»  10,  22;  p.  80,  1.  16;  Envie  (passion  personnifiée),  R.  de 

p.  81 , 1.  17,  28;  p.  82,  1.  26;  p.  89,  H.,  p.  278,  V.  I. 

I.  3,  7  ;  p.  96,  1.  6,  25  ;  p.  98, 1.  12,  Erart  be  Braijve,  R.  de  H.,  p.  36g, 

19;  P- 99»  1-  io>  22;  p.  104,  1.  16;  V.  14. 

p.  lofi,  1.  9  ;  p.  108, 1.  3, 10  ;  p.  109,  Erkinghehem,  p.  i38,  var.  3  ;  p.  i39, 

1.  4,  12,  i5,  ig,  20  ;  p.  iio,  I.  22,  var.  8. 

27  ;  p.  m,  I.   2;  p.    ii3,  1.   19;  Ernaut     (un    des     arbalétriers    du 

p.  114?  1    20,  21  ;  p.  1 15,  1.  i5,  19,  prince  Louis  ),  p.  178,  var.  3. 

27;p.  116,1.  27;  p.  1 18, 1.7;p.  120,  Ernols  (Arnoul    I^"',    dit  le  Vieux, 

1.  1, 16,  22  ;  p.  121,1.  4,  i3,  \6,  27;  comte  de  Flandre  ),  p.  23,  var.  3. 

p.  122,1.9,  II,  i5,  i6;p. 123,1.  17;  Erkols  de  Lahdast,  p.  i34,  var.  6. 

p.  124, 1- 6,  20,  21,  26;  p.  125, 1.  2,  Ernoui.    d'Audenarde  ,     p.     i54  , 

7,  10,  16  ;  p.  126,  1.  7,  23  ;  p.  127,  var.  8. 

1.  i5,  20,  23;  p.  128,  1.  16;  p.  i3o,  Erkous   (Arnoul    1",  dit  le  Vieux  , 

1.  10;  p.  i3i,  1.  5,  i5,  18;  p.  i34,  comte  de  Flandre) ,  p.  29,  I.  17. 

1.  II  ;  p.  i35,  1.  26;  p.  139,  1.  24  ;  EscAiLLON  ,  R.  de  H. ,  p.  34o,  v.  11, 

p.  1 41, 1.  I,  2  ;  p.  142,  1.  27;  p.  143,  18. 

1. 24  ;  p.  i44>  !•  3, 17,  23,  24;  p.  145,  Escarboniaus,  R.  de  H.,  p.  343, 

1.4,  8, 10;  p.  147, 1.  r5;  p.  i5i,  1.4;  v.  2,  i3. 

p.  i53,  1.   12,  22;  p.  i54,  1.  i3;  EscAucE(Nor\vège),  p.  i,  1.  i4;  p-  5, 

p.  i56,  1.  26;  p.  157,  1.  18;  p.  160,  1.  22. 

î.  9,  i4,  24;  p- 161,1.  10, 16;  p.  167,  EscATiT   (fleuve  qui  prend   sa  source 

1.  6,  22;  p.  16S,  1.  16,  27;  p.  170,  en  France  ,  passe  en  Belgique  et  se 

1.  II  ;  p.   171  ,  1.  4  ;  P-  173,  1.  4;  jette  dans  la  mer  du  Nord,  en  Ho!- 

p.  174, 1.  3,  4;  p.  179, 1.  16;  p.  180,  lande),  p.  8,  1.  i4;  p.  88,  1.  25. 

1.  14  ;  p.  182,  1.  28  ;  p.  187,  1.  i5,  EscHAUT,  p.  8,  var.  5. 

23  ;  p.  188  ,  1.  8  ;  p.  197,  1.  3,  6  ;  EscHocE ,  p.  79,  1.  8  ;  p.  109,  1.  20; 

p.  198,  1.  i4,  25;  p.  200,  1.  7  ;  p.  ii3,  1.  9. 

]).  204,  1.  8,  21,  22  ;  p.  2o5,  1.  22;  EscocE    (Ecosse  ,    royaume    de    la 

p.  206,1.  20;  p.  207,1.  4,  22,  23;  Grande-Bretagne),  p.  76,  1.    16; 


{ 


INDEX  GÉNÉRAL. 


p.  77,  1.  m;  p.  78,^1.  1 1  ;  p.  ifSa, 
1.  33;  p.  i63,  1.  23,  i(i  ;  p.  164, 
1.  I,  3,  4;  p-  i79il-  8,  18;  p.  197, 
1.  20. 

EscocHE  (Ecosse),  p.  164  >  !•  ïi- 
—  R.  de  11. ,  p.  236,  V.  2 1  ;  p.  agfi, 
V.  8. 

£S£LII(GUEH£SI  ,  R.  (le  H.,  p.  338, 
V.  i5. 

EspAiGNE  (contrée  de  l'Europe), 
p.  3,  1.  5,  6;  p.  43,  1.  7;  p.  81, 
1.  24  ;  p.  83,  1.  20  ;  p.  91 ,  1.  2. 

ESPAIGNOL,  p.  43,  1.    II- 

Espagjvi,  h.  de  H.,  p.  34o,  v.  4- 

EsPEGNi,  R.  de  H.,  p.  344  >  v.  6. 

EspRiNGES,  p.  81, 1.  I  ;  p.  1 57,  var.  2. 

EvKART  (fils  d'Ethelred,  roi  d'An- 
gleterre) ,  p.  48, 1.  i4- 

EsPRiAGUES,  p.  157,  1.  6. 

Estampes  (  ville  du  département  de 
Seine-et-Oise),  p.  12,  1.  2;  p.  81, 
1.  II. 

Estâmes,  p.  149, 1-  23;  p.  igfi,  1.  26. 

ESTAKFORT,  p.    lOO,  1.  24  ;p.   l4ïîl-  ^> 

p.  207,  1.  24-  , 

Estexe  (saint  Etienne),  R.  de  H., 
p.  36S,  V.  21. 

EsTiEvEME  (S.  Etienne),  p.  6i,  1.  21  ; 
p.  62 ,  1.  i3,  i4  ;  p.  64,  1.  29. 

EsTiEVEîiEs,  EsTiEVEKON  (Etienne, 
comte  de  Blois,  puis  roi  d'Angle- 
terre), p.  72,  1.  17,  24  ;  p.  73,  1.  9; 
p.  76,  1.  10;  p.  77,  I.i7;p.  78,1.2; 
p.  79, 1.  i3,  20;  p.  80,  1.  II ,  14, 
32  ;  p.  146,  1.  3. 

ESTIEVENES  DE  LaKGETHONE,  p.  IIO, 
1.  23. 

EsTiETENEs  i)E  LakguetojVke  (ar- 
chevêque de  Canterbury),  p.  308, 
1.6. 

Estievenes  lt  cuens  de  Bouloigne, 
p.  64,  1.  23. 

Estievese  Trabe  (nom  du  marin 
qui  trancha  la  tête  à  Eustache  le 
Moine),  p.  202,  1.  8. 

Estrafokt,  p.  207,  var.  4- 


.307 

Estrées,  p.  166,  1.  20  ;  p.  175,  1.  i4; 
p.  188,  1.  23. —  R.  de  H.,  p.  323, 
v.  i5  ;  p.  253,  V.  17. 

El  HE  (Epte,  rivière  du  département 
de  l'Eure),  p.  i3,  1.  4>  n  ;  P-  4o, 
1.  7,  14,  17,  19- 

Ethiopien,  p.  43,  h  12. 

Eu  (ville  du  département  de  la  Seine- 
Inférieure),  p.  4^' j  var.  6;  p.  62, 
1.  3,  var.  5;  p.  102,  1.  10. 

Euerewic  (York),  p.  i63,  var.  5. 

EuRAS  Li  ROIS  d'En gletierre,  p.  63, 
ho. 

Eure  ,  p.  12,  1.  16. 

EuRius  (l'un  des  assassins  de  Guil- 
laume Longue-Epée),p.  25,  var.  4- 

Europe  (l'une  des  cinq  parties  du 
monde),  p.  1,  1.  7,  9. 

Eus  ou  Ex-de-Frr  ,  R.  de  H. ,  p.  365, 
V.  G,  10  ;  p.  366,  V.  I. 

EuwAKs  (  Edouard-le-Confesseur  ) , 
p.  56,  var.  7  ;  p.  57,  var.  i  ;  p.  60, 
1.  18. 

Eves  (  montagne  près  de  Chartres  ) , 
p.  12,  1.  17. 

Evrars  (  Edouard  -  le  -Confesseur  ), 
p.  56,  1.  21  ;  p.  57,  1.  3;  p.  60, 1.  3, 
16,  18  ;  p.  63,  1.  21. 

Evrecin  (district  dont  Evreux  est  le 
chef-lieu),  p.  70,  var.  11. 

EvREiscES  (Avranches,  ville  du  dé- 
parlement de  la  Manche),  p.  157, 

'■  '9- 
EvR  EUS  (chef-lieu  du  département  de 

l'Eure),  p.  10,  1.  20  ;  p.  i4  ,  1-  ï6> 

p.  37,  1.  19;  p.  40,  1.   25;  p.  41» 

1.  18;  p.  54,  1.  6,  27;  p.  62,  1.  6, 

7,  16  ;  p.  70, 1.  25. 

EvREwES  (Evreux),  p.  10,  var.  6; 
p.  i5,  var.  5. 

EvREwic  (York),  p.  167,  1.  18. 

EvROLERT    (Evroult),   p.   62,    1.   35. 

Ewart  (  fils  d'Ethelred  ,  roi  d'An- 
gleterre), p.  48,  var.  5;  p.  63, 
var.  4- 


F. 


Faï,  r.  de  H.,  p.  336  ,  v.  3.  du  comté  de  Kent ,  avec  une  ab- 

Faloise  (Falaise,   ville  du  départe-  baye  de  l'ordre  de  Cluny,    fondée 

ment  du  Calvados),  p.  53,  1.  16;  en'1147,  par  le  roi  Etienne),  p.  80, 

p.  98  ,  1.  3.  1.  26. 

Fauque  de  Breauté,  p.  172,  var.  12.  Fekieres,  R.  de  H. ,  p.  307,  v.  27  ; 

Fauviaus   de    Susane  ,    R.  de    H.  ,  p.  3o8 ,  v.  4;  p.  371,  v.  5. 

p.  3t3,  v.  23.  FERNEHEM(Farnham,  ville  du  comté 

Farversent  (Faversham,  petite  ville  de  Surrey),  p.  172  ,  1.  22  :  p.  187. 


398  INDEX  GÉNÉRAL. 

1.  a8;  p.  i88,  1.  i  ;  p.  igo,  1.  i3  ,  Fleke  (La  Fléclie ,  ville  du  dépar- 

17;  p.  i()i,  1.  19.  tenient  de  la  Sarthe),  p.  65,  1.  8. 

Fekrajis  (fils  du  roi    de  Portugal),  Fi^orens  de  Hangest,  p.  188,  1    a/J  ; 

p.  127,  1.  a  ;  p.  19.8  ,  1.  a5  ;  p.  i36  ,  p.  191 ,  1.  23. 

1.  (î  ;  p.  137,  var.  i.  Foelloi  ,  R.  de  H.,  p.  368,  v.  17. 

Fekkieres  ,   p.   58,   1.   12;  p.    19/1,  FoiLLois,  R.  de  H. ,  p.  3aa,  V.  19. 

1.  16.  FoissEu  DE  Maiencourt,  R.  de  H,, 

Fkscamp  (ville  du  département  delà  p.  3o4  ,  v.  20  ;  p.  3o5  ,  v.  5,  i4- 

Seine  -  Inférieure  ),    p.    2,  1.   24;  Fojvteniele ,  p.  i6fi,l.  22. 

p.  ao,  1.  8,  1 1  ;  p.  43,  1.  25  ;  p.  45,  Fomtekoy  ,  p.  62,  1.  i3. 

1.  I ,  i3;  p.  5i ,  1.  3 ,  fi;  p.  53,  1.  5,  Formeseles,  p.  i33 ,  var.  6. 

22  ;  p.  55, 1.  28;  p.  56,  1.  26;  p.  62,  Forteche  ,   R.  de  H.  ,  p.  aSS,  v.  5  ; 

1.  19.  p.  3fi5 ,  v.  12. 

Fl■sc\^'s,  p.  2,  var.  10.  Forterece,  R.  de  H.,  p.  3 16,  v.  27. 

Feujeres,  r.  de  H. ,  p.  337,  ^*  ^^-  Fortrece,  R.  de  H. ,  p.  358,  v.  24  ; 

Firnles  (Fiennes,  village  du  dépar-  p.  36o,  v.  iq,  27. 

tement  du  Pas-de-Calais),  p.  188  ,  Fosseus,  R.  de  H.,  p.  357,  v.  3. 

var.   7;   p.  190,  var.  7.  Fouconcourt,  R.   de   H.,   p.    345, 

Fienmes,  p.    188,  1.    2a;  p.    190,  V.  i5. 

1.  a5.  FouKEs  deBreauté,  p.  173,  1.  i. 

FiRSAC  (château  de  l'archevêché  de  Fouques  (fils  de   Guillaume,  comte 

Saltzbourg,  dans  lequel  Richard  I*"^  deBlois),  p.  54,  h  20,  23. 

fut  détenu),  p.  87,  1.  aS.  Fouques  (Francon,  archevêque  de 

FiAMEWc  (natifs  ou  habitants  de  la  Rouen),  p.  9,  1.  6  ;  p.   16,   var.  3. 

Flandre  ),  p.  25, 1.  20  ;  p.  55, 1.  20  ;  Fouque  d'Ajvjou  ,  p.  69,  l.  18. 

p.  129,  1.  18  ;  p.  137, 1.  II  ;  p.  i4o,  FouLLOi,  R.  de  H.,  p.  Sai,  v.  2fi. 

1.   1 1  ;  p.  141 ,  1-  18  ;  p.  148,  1.  3  ,  Fouques  DE  Breauté,  p.  172,  1.  27; 

4  ,    18  ,   20  ;   p.    149  ,  h    10  ,  25  ;  p.  18 1  ,  1.  6  ;  p.  188,  1.  4;  P-  i94> 

p.i5o,l.   19,21;  p.  i5i,l.  3;  1.  i6. 

p.  170, 1.  1 3,  18.  F0URMESIELES,  p.  i33, 1.  19. 

Fi-amems  deMons  ,  R.  de  H.,  p.  3o6,  Fourré,  p.  3a  ,1.17- 

v.  2  ,  9.  Fraîwelingehem      (  Framlingham  , 

FtvNDRES    (contrée    dont    la    plus  ville  du  comtéde  Suffolk),  p.  i65, 

grande  partie  appartient  mainte-  var.  i. 

jiant  au   royaume   de    Belgique),  France,  p.  2, 1.  17;  p.  3,  1.  19;  p.  5, 

p.   8,  1.  25  ;  p.  i3  ,  1.  14  ;  p.  ^3  ,  1.  i  ;  p.  fi ,  1.  8,  19,  20  ;  p.  7,  1.  i3  ; 

1.  la  ;  p.    24  ,   1.   2;   p.    27,    1.   23  ,  p.  9,  1.  1 3,  18,  var.  6;  p.  11,  1.  16; 

29;  p.   28  ,  var.   2  ;  p.  35  ,  1.  23;  p.  i3,  1.  17,  var.  8;  p.  14  ,  1.  4,  7, 

j).  36  ,  1.  2 ,  fi ,  19  ;  p.  37,  1.  23  ;  20,  26;  p.   16,  1.  20,  26  ;  p.  18, 

p.    40,    1.     16;    p.    44»    1-    21;  1.    12;   p.   a3,  1.    12;   p.  26,1.  5; 

p.  5r,  1.  6;  p.  55,  1.  10 ,  la  ,  17;  p.  28,  1.  19  ;  p.  3i,  1.  14,    17,  20, 

p.  61,  1.  14 ;  P-  fi3,  1.  9;  p.  82  ,  26,   var.   5;   p.   32  ,  i.  4i   fi»ii; 

1.  14,  16  ;  p-  89,  1.  2  ;  p.  io4,l.  9;  p.  34,  1.  8,  i3;  p.  35,  1.  3,  22; 

p.  120,  1.  23  ;  p.  ia4, 1-  26  ;  p.  126,  p.  36, 1.  7  ;  p.  4o»  1-  9  ;  P-  41î  l-  n» 

1.  8,  19,  21  ;  p.  127,  1.  I,  3,  6,  ri,  aS  ;  p.   4'^  >  1-   5,  11  ;  p.  43,  1.  i5  ; 

20,  77;  p.  128,  1.  I ,  II ,  i3,  18,  p.  44,  1.  27;  p.  46,  1.  20;  p.  5o, 

21  ;  p.  129,  1.  21  ;  p.  i3o,  1.    29  ;  1.    ifi;   p.   5i,  1.    i4;   p.  52,  1.  5  ; 

p.  i3i  ,  1.  23,  27;  p.  1 3 a,  1.  24  ;  p-   54,  1.   6  ;  p-   55,  1.   i,  10,  aS  ; 

p.  1 33  ,  1.  26;  p.  1 34,  1.  3  ,  7,  19,  p.  58,  1.  21  ;  p.  Sg,  1.  1,  16;  p.  61, 

26;  p.  i3fi  ,  1.  10;  p.  i39  ,  1.  i5  ,  1.  i5  ;  p.  73, 1.  4;  p.  77, 1-  I  ;  P-  81, 

20;  p.  140,  1.  9,  i3;  p.  141 ,  1.  2  ,  1.  7,  2  3,  var.  i  ;  p.  82, 1.  2  ,  8,  i5, 

4,  5,  6,  26;  p.  142, 1.  8,  20;  p.  143,  17;  p.  83, 1.  7,  22  ;  p.  84,  1.  3,  22  ; 

1.  26  ,  27  ;  p.   144  î  1-   9  ;  P-  i5i  ,  p.  85,  1.  18  ;  p.  86,  I.  5;  p.  87, 1.  3, 

1.  1,4;  p.  i52  , 1.  27  ;  p.  i53,  1.  7,  10;  p.  88,  1.  2  ,  fi  ;  p.  89,1.  11,  12, 

28;  p    1 54,  1.  7,  8;  p.  i59,  1.  23;  i5,   18,  ao;  p.   90,   1.  8,  23,  27  ; 

p.  161,  1.  3;  p.  188,  1.  20;  p.  igi,  p.  91,  l.   12,  i4,  18,  27,  28  ;  p.  gS, 

1.  10,  ai;  p.  199,  1.  3.  — R.  de  H.,  l.ao;p.96,1.4,5, 19,  20,  a5;p.97, 

p.  326,  V.  6.  1.  12,  24  ;  P-  9S)  !•  12,  14,  3  1,  23  ; 


à 


INDEX  GÉNÉRAL. 


399 


P-  99» '•  2,  4,  31,  37;  p.  loo,  1.  I, 
la,  i4  ;  P-  lo'»  1-  i5,  var.  3  ;p.  102, 
1.  27;  p.  io3,  1.7;  p.  104,  1.  2,  6, 
7  ;  p.  io5, 1.  2  ;  p.  108, 1.  I  ;  p.  109, 
1.  5,  9;  p.  111,1.  i5;  p.  119,1.  34, 
25,  27  ;  p,  121, 1.  I  ;  p.  123,  1.  i4; 
p.  133,  I.  6,  32,  27;  p.  124,  1.  19  ; 
p.  126,  1.  7;  p.  127,  1.  7  ;  p-  128, 
I.  12  ;  p.  129,  1.  ifi  ;  p.  i3o,  1.  30; 
p.  1 3 1,  1.  6  ;  p.  i32 ,  I.  19;  p.  1 33, 
1.  5  ;  p.  i35,  1.  10  ;  p.  137,  1.  i  ; 
p.  139, 1.  23  ;p.  i4i,  î.  5;  ]).  143 , 
1.  I  ;  p.  143,  1.  31  ;  p.  144,  1.  8, 
19;  p.  145,  I.  2  ;  p.  i54,  1.  7; 
p.  i59,  1.  8,  i4,  17,  20;  p.  164  , 
1.  22  ;  p.  i65,  1.  19  ;  p.  167,  1.  7; 
p.  1 79,  1.  2 1  ;  p.  1 87,  1.14,  1 8,  20, 
32;  p.  188,  1.  9,  i3  ;  p.  192,  1.  18; 
p.  195,  1.  17  ;  p.  197,  1.  5  ;  p.  2o5, 

l.  26;  p.    2of)  ,1.    21  ;   p.   207,  1.  22  , 

35;    p.    209,    1.    I.  —  R.  de  H., 
p.  2i3,  V.  4  ;  p-  2i5,  V.  12;  p.  316, 
V.  I,  7,  21,  23  ;  p.  219,  V.  20,  21, 
34  ;  P-  33i,  V.  II  ;  p.  32  3 ,  V.  17; 
p.  365,  V.  32,  23. 
François    (  natifs    ou    habitants    de 
la  France),  p.  10, 1.  5,  7,  g,  23,  25 
p.  12, 1.  2  ,  18,  var.  6  ;  p.  i3,  1.  12 
3  1,  24  ;  p.  i4>  ^3r.  2  ;  p.  18,1.  Il 
p.  19, 1.  12,  i3  ;  p.  20,  1.  23,  var.  6 
p.  31,  1.  I,  4  >  P-  3i,  1.  31  ;  p.  32 
1.  14,  33,  24  >  ^5,  27;  p.  35,  1.  8 


p.  38,  var.  4  ;  P-  39, 1.  8,  1 3  ;  p.  4". 
1.  22  ;  p.  42  ,  1.  39  ;  p.  59,  1.  4; 
p.  83  ,  var.  1  ;  p.  85,  1.  34  ;  p.  1 34, 
1.  (S,  i3 ;  p.  144»  1-  5  ;  p.  i()i,  1.  3, 
16;  p.  1(12,  1.  17;  p.  173,  1.  12; 
p.  187,  1.  6;  p.  192,  1.  2;  p.  198, 
1.  30,  23,  2(i;  p.  199 , 1.  12  ;  p.  201, 
1.  21.  —  R.  de  H.",  p.  2i(i,  V.  8; 
p.  226,  V.  8. 

Frakquf.  (archev«?qwe  de  Rouen), 
p.  12 ,  1.  25  ;  p.  if),  1.  5. 

Framsieres,  r.  de  H.,  p.  376  ,  v.  ifi, 

33. 

FV.emei.inghehf;m  (  Framlingliani , 
ville  du  comté  de  Suffolk),  p.  i65, 
1.  2. 

Frejvehem  (Farnham,  dans  le  comté 
de  Surrey  ),  p.  190,  var.  3. 

Frieucourt,  r.  de  H.,  p.  347,  v.  i5. 

Frise  (province  de  Hollande) ,  p.  8, 

1.9- 

Frise,  R.  de  H.,  p,  23i  ,  v.  11. 

Frison,  p.  63, 1.  9. 

Frisons,  p.  8,  1.  1 1. 

Froi-Mantiel  («une  maison  qui 
siet  sor  un  tiertre  et  au  cor  d'une 
foriest  »),  p.  147,  I.  25. 

Froit-Mantel,  p.  147,  var.  7. 

Frontevraut  ,  p.  83,  I.  28;  p.  84, 
1.  20  ;  p.  90,  1.  17. 

FuRNES  (ville  de  la  Flandre  occiden- 
tale), p.  127, 1.  i3  ;  p.  i34,l.  I,  17- 


G. 


Galerant  de  Muelant,  p.  49,1-33  ; 

p.  5o,  1.  3  ;  p.  70,  1.  1 1. 
Gales  (pays  de  Galles) ,  p.  109,  1.  20; 

p.  III,  f.  II  ;  p.  175,1.  9. 
Gales,    Galon    (nom   du    légat    du 

pape  Innocent  111  en  Angleterie), 

p.  177,  1.  7;  p.  208,  1.  16. 
Gales    de    le    Coupiele,    p.    128, 

1.  9, 
Galois  (  natifs  ou  habitants  du  pays 

de  Galles),  p.  m,  1.  20;  p.  i48  , 

1.  13  ;  p.  179,  1.  3. 
Ganche,  p.  170,  var.  5. 
Gannes,  r.  de  H.,  p   3  19,  v.  3. 
Gant  (ville  de  la  Flandre  orientale), 

p.  126, 1.  19  ;  p.  i35,  1.  II  ;  p.  i36, 

1.  25  ;  p.  142,  1-  i4- 
Gakin  (frère  hospitalier,  confident  de 

Philippe-Auguste),  p.  130,  1.  5. 
Garin    de   Montagu  ,    R.   de   H.  , 

p.  379,  V.  7. 


Gar.megni  ,  R.  de  H.,  p.  335,  v.  4- 
Gascoignb  (province  du  midi   de  la 

France),  p.  3,  1.  4  >  P   81,  I.  19. 
Gaste-Forest,   r.  de   H,,   p.    349, 

V.  17. 
Gastine,  p.  i35,  1.  i  ;  p.  137,  1.  22. 
Gauchiers  d'Autrecue,  lî.  de  H., 

]).  371,  V.  2. 
Gauchiek  le  conïe  de  Saint-Pol, 

p.  208,  var.  10. 
Gauchiers  de  Castillon  ,  R.  de  H., 

p.  373,  V.  I. 
GaUGI,  p.  181,  1.  12  ;  p.  194,  1-  17  ; 

p.  206,  1.  22,  25. 
Gaore  ,  p.  139,  1.  25. 
Gautier,  p.  97, 1.  6. 
Gautier  ('fin  Gautier,» Fitz-Walter), 

p.  1 15,  1.  26;  p.  117,  1.  21,  23,  28  ; 

p.  1 18, 1.  5,  i3,  21,  24,  38  ;  p*.  119, 

1.  7,  18,  26  ;  p.  120,  1.  29;  p.  134, 

l.  28;  p.  125,  1.  9;  p.  145,  1.  II  ; 


400 


INDEX  GÉNÉRAL. 


p.  171,1.  10;  p.  182, 1.9;  p.  194 

1.   25. 

Gadtiers    (  archevêque   de    Canter- 
bury),  p.  loi,  1.  7  ;  p.  io5,  1.  21 
p.  106,  1.  27  ;  p.  iio,  1.  4- 

Gautieks  (chevalier  de   Bouchard 
comte  de  IMelun) ,  p.  5i ,  1.  i5,  24. 

Gautiers  (clerc  de  Flandre,  prévôt 
de  Saint-Omer,  et  cousin  germaii 
du  châtelain),  p.  116,  1.  8. 

Gautieks  Biertaus  (frère  de  Gilles 
Bertaut,  chambellan  de  Gremines) 
p.   i54  ,    1.  i4;  p.   i56,  1.  17,   19 
p.  i59,  1.  27;  p.  170,  1.  5. 

Gautiers  d'Anies,  p.  i33,  1.  20. 

Gautier   de  Chastellon  ,  p.    187 

1.2. 

Gautiers  de  Fourmesieles,  p.  i33 

1.  19. 
Gautieks  de  Gistiele  ,  p.  i32,  1.  7 

17,  18,  21  ;  p.  i33,  1.  28  ;  p.  i34 

I.  16. 
Gautiers  de   Sothengiejv   (père) 

p.  i54,  1.  19. 
Gautieks    de   Sothengien    (fils) 

p.  i54,  l.  17;  p.  1 55, 1.  II. 
Gautier  le  cokte  de  Saijnt-Pol 

p.  208,  1.  27. 
Gauvoie,  p.  I  i3,  1.  4- 
Gavai]vs  (neveu  d'Arthur) ,  R.  de  H. 

p.  225,  V.   i5. 

Gayet  (époux  de  l'une  des  bâtardes  de 
Henri  l",  roi  d'Angleterre) ,  p.  70 
h  8. 

GaYK,   p.   144,   l.  21. 

Gemeges  (Juraièges,  bourg  du  dé- 
partement de  la  Seine- Inférieure 
où  se  trouvait  une  célèbre  abbaye  ) 
p.  2,  1.  25  ;p.  9,  i  i;  p.  14, 1-  20 
p.  i5,  1.  8;  p.  17,  1.  18;  p.  22 
1.  6;  p.  62,  1.  17. 

Geihesies  (Guernesey,  l'une  des  îles 
normandes  de  la  Manche),  p.  67 
1.  2. 

Gexeves  (Gènes,  ville  d'Italie),  p.  3 
1.  8. 

Geneviere,  p.  2,  var.  9. 

Gknievre,  R.  de  h.,  p.  226,  v.  27 
j).  282,  V.  4  ;  p.  233,  V.  4  ;  p-  237 

v.  II  ;  p.  243,  V. 10;  p.  246, V.  10 
Gekues  (Gênes) ,  p.  3,  var.  5. 
Gekars    de    Bouberc  ,    R.    de   H. 

p.  337,  V.  21. 
Gekars    d'Escaillon  ,    R.    de    H. 

p.  340,  V.   II,   18. 

Gekars   1,1  Truie,    p.    166,  1.    i3 

p.  190,  1.  9;  p.  191,1.  22. 
Gerarï  ,  R.  de  H,,  p.  'S3y,  v.  8. 


Gerart  de  Calebot  ,  p,  86, 1.  11. 
Gerart  de  Canle,  r.  de  H.,  p.  309, 

V.   II,   26. 
Gerart   de   Soteughien  ,   p.    189, 

1.  26;  p.  170,  1.  12. 
Gekberge    (  femme    du    roi    Louis 

d'Outremer),  p.  28,  var.  3  ;  p.  3g, 

1.  10,  18. 
Gekbianie  (ancien  nom  de  l'Allema- 
gne), p.  i,ho. 
Geknesée  (Guernesey,  l'une  des  îles 

normandes  delà  Manche),  p.  167, 

1.  8. 
Gervaises  de  Hobruges  (doyen  des 

chanoines  de  Saint-Paul),  p.  171, 

1.  24;  p.  197,1.  17. 
Getheie  (le  pavs  des  Gèles),  p.  i, 

1.  i5. 
Geudefort    (  Guildford  ,    ville    du 

comté  de  Surrey) ,  p.   172,  1.  21  ; 

p.  190,1.  8. 
Gheulesin,  r.  de  H.,  p.  877,  v.  5. 
Ghille  (fille  de  Charles-le-Slmple , 

supposée  femme  de   Hrolf  ),  p.  i3, 

var.  1 1  ;  p.  16,  var.  4  ;  p.  17,  var.  i. 
Ghines  (Guines,  ville  du  département 

du  Pas-de-Calais),  p.  i4i,  var.  3,5. 

— .  R.  de  H.,  p.  298,  V.  8;  p.  3io, 

V.  8. 
Ghiselins  de  Havesquekke,p.  i33, 

var.  9. 
Ghisle  (fille  de  Charles-le-Simple  , 

supposée  femme  de  Hrolf) ,  p.  12, 

var.  10. 
Ghistiele,  p.  i32,  var.  4- 
GiEFFRois   DE    MiLLi  ,    R.    de   H.  , 

p.   343,  V.  23. 
GiEFFRoY  DE  Clere  ,  R.  de  H.,  p.  282, 

V.  19  ;  p.  283,  V.  î. 
Giejveges  (  Jumièges,  bourg  du  dé- 
partement de  la  Seine-Inférieure  , 

célèbre  par  son   abbaye),  p.    14, 

var.  7. 
GiERBiERGE  (femme  de  Louis  d'Ou- 
tremer), p.  34,  1.  2. 
GiLEs ,  R.  de  H.,  p.  38i,  v.  i3. 
GiLLAiN  (fille  de  Charles-le-Simple)  , 

p.  16,  1.  21  ;  p.  17,  1.  5. 

GiLLARS    DE    NUEVILE   ,     R.     de    H.  , 

p.  285,  V.  10;  p.  3io,  V.  2;  p.  359, 

V.  18. 
GiLLARs  d'Oisi  ,  R.  de  H.,  p.  339, 

V.  27. 
GiLLE  (fille  de  Charles-le-Simple)  , 

p.  12,  1.  26. 
GiLLEBERS  (comte  d'Eu) ,  p.  58, 1.  i4. 
GiLLEBiERs  (bâtard  de  Henri  1",  roi 

d'Angleterre) ,  p.  70,  1.  4- 


INDEX  GÉNÉRAL. 


401 


GiLLEBiERS  (  oncle  de  Baudouin 
d'Aire  ),  p.  170,  1.  5. 

GlLLEBIERS  DE  ClARE,   p.  ig^,  1.  26. 
GlLLEBIERS     Lï     FILS     AU     CONTE      DE 

Clare,  p.  145,  1.  l3. 

GiLLEBIEKT  DeBoURGHIELE,  p.  l3g, 
1.   26. 

GiLLEBiERT  DE  CopFGNi  (chcvalier 

de  l'avoué  de  Béthune) ,  p.  191, 

1.  3. 
Gilles  Biertaus  («li  cambrelens  de 

Gremines»),  p.   128,  1.  7;  p.  i33, 

1.  27  ;  p.  i34,  1-  14  ;  p-  i54>  !•  16. 
Gilles  de  Meleuîî  ,  p.   161,   1.   4; 

p.  182,  1.  i5. 
Gilles  de  Cenevieres,  R.   de  H., 

p.  3ii,  V.  23. 
Gilles  de  Noeve-Vile,  R.  de  H., 

p.    274,   V.    24;   p.   278,   V.    24  ; 

p.  293,  V.  21  ? 
Gilles  d'Oisi  ,  R.   de  H.,  p.   339, 

V.  16. 
Gilles  de  Roisi  ,  R.  de  H. ,  p.  3o2, 

V.  26  ;  p.  3o3,  V.  7. 
Gilles  li  castelaius  de  Biaumès  , 

p.  160,  1.  26. 
GiLLioN   Bertaut    (  chambellan    de 

Gremines),  p.  i54,  var.  4- 
GiNossE  (Géfosse ,  sur  la  Seine  ,  entre 

Vernou  et  Bonnières),  p.  4 '5  1-  8. 
GiRARSDE  Mol  AXAS,  R.deH.,p.  3ii, 

V.    25. 

GiRART  Talebot,  p.  86,  var.  5. 
GiROjvDE  (  fleuve  de  France ,  formé 

par  la  réunion  de  la  Garonne  et  de 

la  Dordogue),  p.  ii,  1.  17;  p.  108, 

1.  16. 
Gis  de  Nukville,  R.  de  H.,  p.  282, 

V.  12  ;  p.  353,  V.  8. 
Gis  du  Plaissié,  R.  de  H.,  p.  355, 

V.  i5,  23  ;  p.  356,  V.  8. 

GiSELINS  DE  HaVESCIERQUE,  p.    l33, 

I.  21. 

Gisîf  ES  (Guines,  ville  du  département 
du  Pas-de-Calais),  p.  uji  ,1.  12, 
i5,  23  ;  p.  142 ,  1.  7  ;  p.  i6ô,  I.  7  ; 
p.  188,1.  19. 

GisoRS  (  ville  du  département  de 
l'Eure),  p.  77,  1.  6;  p.  87,  1.  8; 
p.  89,  I.  20. 

GisTELE,  R.  de  H.,  p,  375,  V.   I, 

I I. 

GiSTIELE,    p.    l32,  1.    7,    17;    p,    l33, 

1.  28  ;  p.  i34, 1.  16,  17. 
GLOEciESTEE(Gloucesîer),p.83,l.i  i; 

p.  i65, 1.  5. 
Glos,  p.  5g,  var.  i. 


GLour,iESTRE(Gloucester),  p.69,1.  1 1; 

p.  91,  1.  20. 
GoDEFRoi  (Gis  de  Richard  I",  duc 

de    Normandie ,    et   de   Gonnor) , 

p.  43,1.  19. 

GoDEFROI  LE  DUC  DE  LoUVAING, 
p.  6y,  1.21. 

GoDiN  (Godwin,  comte  de  Kent), 
p.  63,  1.  16. 

GoFRois  (Geoffroi,  fils  de  Henri  II, 
et  comte  do  Bretagne  par  son  ma- 
riage avec  la  fille  de  Conan),  p.  83, 
1.  3. 

GoiSLAiN  -  FoNTAiîfXE  (  châtcau 
d'Huon  de  Gournay  ) ,  p.  92  , 
var.    I . 

GoMEs  (Godwin,  comte  de  Kent), 
p.  60, 1.  8,  var.  5  ;  p.  61,  h  8. 

Go.iiMES  (Godwin,  comte  de  Kent), 
p.  61,  1.  2. 

GoMMoR  (Gonnor,  maîtresse  de  Ri- 
chard P',  duc  de  Normandie  ), 
p.  59,  1.  10. 

GoMOR  (Gonnor,  maîtresse  de  Ri- 
chard 1" ,  duc  de  Normandie)  , 
p.  43,1.  18;  p.  58,  1.  19. 

Gonnor  (maîtresse  de  Richard  I"^, 
duc  de  Normandie),  p.  58,  var.  9; 
p.  59,  var.  4. 

GoRNAY,  p.  92,  1.    3,    II,   17. 

GosL  A  iN-FoNTAiNNE  (château  d'Huon 

de  Gournay),  p-  92,  1.  2. 
GossuiNS  DE  Saint-Aubin  ,  R.  de  H., 

p.  344,  V.  7. 
GouNiL  (Gunild,  femme  de  Henri, 

empereur    d'Allemagne)  |    p.    49  > 

1.  10. 
Gourlés,  r.  de  H.,  p.  847,  v.  16,  21, 

23. 

Graal  (le   saint  Graal),  R.   de  H., 

p.  280,  v.  24. 
Graaus  (le  saint  Graal),  R.  de  H., 

p.  225,  V.  5. 
Granges,  R.  de  H.,  p.  333,  v.  6, 

II. 
Grant-Brbtaigne,  r.  de  H.,  p.  23i, 

V.  i5. 
Grvvelinghes  (Gravelines,  ville  du 

département   du    Nord),   p.    124, 

1.   19,  2  4;  p.    125,  var.  i;  p.  14 1, 

1.  19  ;  p.  i65,  1.  20. 
Gremines  (en  Flandre),  p.  128, 1.  7; 

p.  i33, 1.  28;  p.  i34, 1-  i5;  p.  i54, 

1.  17. 
Grente-^Iaisnill  ,  p.  62,  1.  23. 
Grentes-Maisnil,  p.  62,  var.  10. 
Gresteigni,  p.  62,  var.  6. 
GuiCAKs  DE  Biaugiu  ,  p.  179,  vai.  7. 

27 


402 


INDEX  GÉNÉRAL. 


Gluchaks  ue  Biaugeu,  p.  i65, 1.  28; 
p.  179,1.  28. 

GuiFAKT,  p.    137,  l.   20. 

Guillaume  (surnommé  le  Roux,  roi 
frAngleterre,  fils  de  Guillaume-le- 
Conquérant  et  de  Mathilde  ) ,  p.  61, 
1.  i5  ;  p.  65  ,  1.  2  ,  ij  ,  i5  ;  p.  67, 
1.  18 ,  ao. 

Guillaume  (fils  de  Foulques,  comte 
d'Anjou),  p.  69,  1.  19. 

Guillaume  (  fils  de  Guillaume  de 
Normandie  ,  frère  de  Richard  II , 
et  comte  de  Soissons),  p.  46,  1.  26. 

Guillaume  (fils  de  Richard  I",  duc 
de  Normandie  et  de  Gonnor  )  , 
j).  43,  1.  19;  p.  4G ,  1.  12,  17. 

Guillaume  Bruuiekre  ou  Bruiere  , 
^  p.  117,  1.  2,  7,  9,  16. 

Guillaume  u'Arches  (fils  de  Ri- 
chard II  et  de  Poppe  ) ,  p.  59, 
1.  12,  i3,  24;  p-  62,  1.  26. 

Guillaume  d'Aubegny  («•  .i.  haut  ba- 
ron d'fhigletierre»  ),  p.  157,  1.  17; 
p.  i63,  1.  i3. 

Guillaume  d'Aunoi,  R.  de  H., 
p.  295,  V.  I. 

GuiLLAUMEUEFoRs(deuxipmeépoux 
d'Hawyse,  veuve  de  Guillaume  de 
Mandeville),  p.  88,1.  18,  19. 

Guillaume  de  Gaugi  ,  p.  206, 
1.  22. 

Guillaume  de  Paci  (époux  de  Ju- 
Ivane,  bâtarde  de  Henri  I«',  roi 
d'Angleterre),  p.  70,  1.  8. 

Guillaume  d'Evrekces,  p.  157, 
1.   19. 

Guillaume  Gayet  (époux  de  l'une 
des  filles  bâtardes  de  Henri  I"  )  , 
p.  70,  1.  8. 

Guillaume,  ri  fu  moines  a  Fes- 
CA3IP  (troisième  fils  de  Richaid  II 
de  Normandie  et  de  Judith,  fille  de 
Conan-le-Tort,  comte  de  Rennes  ), 
p.  5i,  1.  3. 

Guillaume  le  fill  Obert,  p.  63, 
J.  5. 

Guillaume  le  fill  Rogier  de  Mon- 
TEGJSY,  p.  58 ,  1.  17. 

GuILLAU.IIE  LE  MARESCHAL,  LECOKTE 
DE  PeMBROC,  p.    110,  1.    2;  p.   180, 

1.  19;  p.  181,  I.  5  ;  p.  187,  1.  25; 
p.  19  1,  1.  i3;  p.  200, 1.  i3  ;  p.  202, 
1.  23,  28;  p.  2o3,  1.  7,  i8,  19,  28  ; 

p.    204,    1.     I,     17;     p.    206,     I.    22, 

24;  p.  207,  1.  7,  10,  i4;  p.  208, 
I.  17. 
GuiLLAUMEs  (  bâtard   de   Henri  I", 
roi  d'Angleterre),  p.  70,  1.  3. 


GuiLLAUMEs  (  comte  de  Mandeville), 
p.  88,  1.  16. 

GuiLLAUMES  (  de  Grandmenil  ou 
Gentemesnill  ),  p.  62  ,  I.  24. 

GuiLLAUMES  (fils  Cadet  de  Geoffroi 
Fitz-Peter,  grand -justicier  d'An- 
gleterre), p.  1 1 5,  1.  2  5. 

GuiLLAUMES  (fils  de  Guillaume  de 
Fors  et  d'Haivyse,  veuve  de  Guil- 
laume de  ]\Iandeville) ,  p.  88, 
1.   19. 

GuTLL\UMF,s  (surnommé  Adelin,  fils 
de  Henri  I"  et  de  Mathilde  d'E- 
cosse), p.  68, 1.  I,  5. 

GuiLLAUMES  (fils  de  Henri  II  et  d'E- 
léonore  d'Aquitaine  ,  mort  enfant), 
p.  81 ,1.  21. 

GuiLLAUMES  (  frère  de  Robert  de  Bé- 
thune),  p.  147,  1.  II,  12;  p.  169, 
1.18,  24. 

GuiLLAUMES  LI  avoués  DE  BlETHUNE, 

p.  128,  1.  4;  p.  141 ,  1.  27  ;p.  142, 

1.  3. 
GuiLLAUMES  («li  cuens  de  Mortuel  , 

li  fils  le  roi  Estievenon  »  ) ,  p.  80  , 

1.  14. 
GuiLLAUMES  (  Longue-Epée  ,   fils  et 

successeur  de  Hrolf)  ,  p.  10,  1.  19; 

p.    17,  1.  6,   14,  27;  p.  18,  1.  27; 

p.  22,1.  i  ;  p.  23 ,  1.  17  ;  p.   82, 

1.  i3,  22. 

GuiLLAUMES     DE     SezILLE  ,     p.     83, 

1.  23  ;  p.  85,  I.  lo,  i3. 

GuiLLAUMES  DES  RoCES  ,  p.   93,  1.  26, 

29;  p-  94,  1-  i4;  p-  95,  1-  7' 23  ; 

p.   96  ,   1.   2. 
GuiLLAUMES     LI     DUS     DE    PoiTIERS, 
p.    20,  1.    16. 

GuiLLAUMES  (surnommé  le  Bâtard, 
puis  le  Con(|uérant,  septième  duc 
de  Normandie ,  fils  de  Robert  et 
d'Harlette),  p.  5y,  1.  19,  aS;  p.  58  , 
1.  7,  21  ;  p.  59,  1.  10,  i3,  16; 
p.  61,  1.  i3,  20;  p.  63,  L  II,  23, 
25  ;  p.  64,  1.  I  ,  18,  27. 

GuiLLAUMES  d'Aubemarle  (  «  qui  fu 
fils  la  coiitesse  Hauwi ,  que  Bau- 
duins  de  Biethune  ot  espousée  »  )  , 
p.  174,  1.  7. 

GuiLLAUMES      DE      BlAUMONT      (  SUF- 

nommé  Pied  -  de  -  Rat  )  ,  p.    161  , 
1.5,7. 

GuiLLAUMES    DE     WlSIES ,     p.      l6l  , 

1.    I. 
GuiLLAUMES  LICASTELAINS  DE  SaIKT- 

Omer,  p.   160,   1.    25;  p.    184, 
1.  5. 


INDEX  GÉNÉRAL. 


403 


Guillaumes  13E   Bjloseyile,    R.    de 

H.,  p.  299,  V.  6. 
Guillaumes   de    Brayouse    ou    de 

Braiouse  (père),  p.  m,  1.    la, 

i3  ;  p.  112,  1.  i\,  7  ;  p.  1 15,  1.  3. 
Guillaumes   de   Brayouse    ou    de 

Braiouse  (fils  )  ,  p.  i  12  ,  I.  8  ,  10, 

27;  p.  ii3,l.  5;p.  114,  1.  22. 
Guillaumes  de   Cfuisi    (chevalier 

d'Artois),  p.  177,  1.  17. 
Guillaumes  de  Di^gefuell,  p.  igo, 

1.4. 
Guillaumes  de  Dodinfuell,  p.  194, 

1.  26. 
Guillaumes  de  Fiejvjnes,    p.    18S, 

1.  21  ;  p.  190 ,  1.  24- 
GuiLLAUaiKs  de  Mandeville  (comte 

d'Essex),  p.   171,  I.   12;  p.  183, 

1.  17;  p.  193,  1.  6. 
Guillaumes  de  Maulyon  ,  p.  102  , 

1.14. 
Guillaumes  de  Molbkai,   p.  194, 

1.  27. 
Guillaumes  de  Moubkay,  p.  i45, 

1.  19. 
Guillaumes    d'Engletierre    (  «  li 

cuens    de    Salesbieres ,    qui   frères 

estoit  au  roi»),  p.  174,  !•  5. 
Guillaumes  de  Saiut-Omer  («frè- 
res le  castelaiii  »  ) ,  p.  1 28, 1.  6. 
Guillaume    des    Bares    (  «  le    boin 

chevalier   et    le    bien   entechié»), 

]>.  201,  1.  5. 
Guillaumes  des  Bares  (  «li  jouenes 

fils  Guillaume  des  Bares,  le  boin 

chevalier   et  le  bien    entechié  »  ) , 

p.  201,  1.  4»  P-  202, 1.  4- 
Guillaume    de    Vefort  ,    p.     157, 

1.   19. 
Guillaumes  d'Odijvgefuel,  p.  194, 

var.  4- 
Guillaumes  Donzele  ,    R.  de    H., 

p.  324 ,  V.  20. 
Guillaumes  d'Yprs,  p.  i33,  1.  21. 
Guillaumes  li  maueschaus  li  joue- 

jvEs    («li  fils  Guillaume  le  mares- 

chal  »),  p.  171 ,  1.  8;  p.  174, 1.  18; 

p.  175,  1.  7  ;  p.  194, 1.  14  ;  p.  204  , 

I.  3  ;  p.  209,  1.  8. 
Guillaume    Loague  -  Espée  (  frère 

du  roi  Jean  ,    et  comte  de  Salis- 


bury),  Ji-  159,1    lo;  p.  174,  var.  i  ; 

p.  187,  1.  u3. 
Guillaumes,  ki    cuEjiis  estoix    dz 

Blois,  ]i.  54,  I.  10,  25. 
Guillaumes  li  fies  Robert  ,  p.  ()i , 

1.  24. 

GUILLIAUMH  AcROCE-MeURE,  ]1.   |64> 

var.  6. 

GuiLLIiUMB    DeBrMOUSE,    p.    112, 

var.  2. 

Guilliaume  de  Majvdeville,  p.  88  , 
var.  6. 

GuiLLiAUMEs  (frère  de  Robert  de  Bé- 
thune),  p.  147,  var.  3  ;  p.  i59, 
var.  8. 

GuiLLEMiN  (  <>  le  frère  Guillaume  le 
mareschal ,  le  conte  de  Penibroc  »  ), 
p.    I  lO,  1.   I. 

GuiMEGEs  (Jumièges,  bourg  du  dé- 
partement de  la  Seine-Inférieure, 
célèbre  par  son  abbaye),  p.  2, 
var.  1 1 . 

Guis  d'Abbeville  (  comte  de  Pon- 
thieu,  connétable  de  l'armée  fran- 
çaise), p.  fi3,  1.  16. 

Guis  DE  Saint-Pol,  R.  de  H.,  p.  337, 
V.  1,7,  i3. 

Guis  DE  Saleri,  r.  de  H. ,  p.  3oi , 
v.  5. 

Guis  DE  ToR  DE  Mejvce  ,  R.  de  H. , 
p.  3 II,  V.  20, 

GuioN  d'Athies,  p.  196,  1.  17. 

GuioN  de  Poktiu  ,  p.  59  ,  1.  26. 

Guio>-  DU  Plaissié,  r.  de  H.,  p.  3.55, 
V.  5. 

GoiossE  (  Géfosse  en  Normandie  ) , 
p.  41,1.  24. 

Guis  (évêque  de  Soissons  ) ,  p.  34, 
1.  18. 

Guis  de  Castelloj)  (a  ki  fu  fils  Gau- 
tier le  conte  de  Saint-Pol  «),  p.  208, 
1.  27. 

Guis  DE  Merainville  («li  fils  Our- 
son le  Cambrelenc»),  p.  188,  1.  25, 

Guis  de  Nueville,  R.  de  H.,  p.  281, 
v.  ly  ;  p.  282,  V.  2. 

GuMELOis,  R.  de  H.,  p.  354,  v.  18. 

Griu  (Grecs) ,  p.  2o5  ,  1.  26. 

Gysors  (  ville  du  département  do 
l'Pilure),  p.  65,  1.  12. 


H. 

Habuin  ,  R.  de  H.,  p.  876,  v.  ï.  Haewi  (femme  de  Baudouin,  comte 

HvEwi  (  fille  de  Richard  1=',  duc  de  d'Albermale)  ,  p.  109,  var.  4. 

Normandie,  el  de  Gonnor),  p.  47,  Haidin    (château  de  Louis,  llls  de 

var.  7.  Philippe-Auguste  ),  p.  160, 1.  22. 


404 


INDEX  GÉNÉRAL. 


Hainau  (province  de  Belgique),  R. 

de  H.,  p.  226,  V.  7. 
Hainfroi,  p.  fil,  var.  3. 
Haitiel,  R.  de  H.,  p.  366,  v.  26. 
Halthn    (bourg  du  département  du 

Nord),  R.  de  H.,  p.  3fi8,  v.  ai. 
HABi-souR-SoniME  (ville  du  départe- 
ment   de  la   Somme),    R.  de  H., 

p.  225,  V.  27;  p.  235,  V.  2  ;  p.  24-5, 

V.  i5  ;  p.  245,  V.  7  ;  p.  246,  V.  19  ; 

p.    265,   V.   19;    p.    272,    V.   18; 

]).  374  ,  V.  12. 
Hamalaincort  (village  du  départe- 
ment du  Pas-de-Calais),  R.  de  H., 

p.  296,  V.  17. 
Hamelai]ncoukt  (village  du  départe- 
ment du  Pas-de-Calais) ,  R.  de  H. , 

p.  296,  V.  20. 
Hamon  ,  p.  6g,  var.  10. 
Han  (Hara-sur-Somme) ,  R.  de  H., 

p.242,v.  24;p.3oi,v.  iS;p.  3iî, 

V.  i5;  p.  363,  v.  17. 
Hangest  (bourg  du  département  de 

la  Somme),  p.  166,  1.  20;  p.  188, 

1.  24;  p.  191,  1.  23.  —  R.  de  H., 

p.  278,   V.  27;  p.   279,  V.  6,    16; 

p.  371,  V.  i4;  p  372,  1.  25. 
Hangiest  (bourg  du  département  de 

la  Somme),  p.  166,  var.  7. 
Hantone  (Southampton,  ville  et  port 

du  Hampshire) ,  p.  60  ,  var.  i. 
Harcourt   (  bourg    du   département 

de  l'Eure) ,  R.  de  H.,  p.  342 ,  v.  2 , 

i5. 
Hardecourt  (bourg  du  département 

de  l'Eure),  R.  de  II.,  p.  329,  v.  8. 
Hargicourt  (  village  du  département 

de  la  Somme),  R.  de  H.,  p.  374, 

v.  t. 
Haringos,  p.  193,  1.  8. 
Harjnes,  p.  166,  1.  II  ;  p.  169,  1.  23; 

p.  198,  1.  16  ;  p.  201,  1.  8. 
Hasteks  (pirate  du  Nord),  p.  2,  1.  i5; 

p.  3,  1.  I,  i3,  14,  17;  p.  4,  1.  7, 

12,  i5,  19;  p.  5,  1.  I  ;  p.  6,  1.  27; 

p.  9,  1.  10,  II,  i4,  16,  18,  23,  25  ; 

p.  10, 1.  3. 
Hastingues  (Hastings ,  dans  le  comté 

de  Kent),  p.  64,  1.  5. 
Uaubers  de  Hakgest,  r.  de  H., 

p.  372,  V.  25  ;  p.  373,  V.  4. 
Haute  -  Bretaingne  ,     R.    de    H., 

p.  225,  V.  4. 
Hauy  (OUe  de  Richard  I",  duc  de 

Normandie,  et  de  Gonnor) ,  p.  43, 

1.  21  ;  p.  47,  1.  17. 
Havès,  p.  166,  1.  22;  p.  1G9,  !.  24; 

p.  176, 1.  27. 


Havescierque  (  village  du  départe- 
ment du  Nord),  p.  i33, 1.  22. 

Haveskekque  (  village  du  départe- 
mentdu  Nord),  p.  52,1.  25  ;  p.  i53, 
1.  a3  ;  p.  162,  1.  8. 

Havesquerke  (village  du  déparle- 
ment du  Nord),  p.  i33,  var.  9. 

Ha VI  (femme  1°  de  Guillaume,  comte 
de  Mandeville;  2°  de  Guillaume 
de  Fors  ;  3°  de  Baudouin  de  Bé- 
thune,  comte  d'Albemarle),  p.  88, 
1.  i4,  i5;  p.    ii5,  1.  II. 

Havy  (femme  de  Baudouin,  comte 
d'Albermale),  p.  loy,  1.  28. 

Haubieks  (château  du  duc  de  Lou- 
vain),  p.  88,  1.  26. 

Hauwi  (femme  1°  de  Guillaume, 
comte  de  Mandeville  ;  2»  de  Guil- 
laume de  Fors  ;  3"  de  Baudouin  de 
Béthune)  ,  p.  88,  var.  5  ;  p.  174» 
1.  8. 

Hay.mon  ,  p.  69,  1.  25  ;  p.  70, 1.  i. 

Haynau  (Hainaut,  province  de  Bel- 
gique), p.  8,  1.  9;  p.  104,  1.  9; 
p.  i34,  1.  20. 

Haykou  (Hainaut),  p.  8,  var.  i. 

Hebkax,  p.  21,  var.  9. 

Hebrison,  r.  de  H.,  p.  236,  v.  17. 

Heuijv  (château  de  Louis,  fils  de  Phi- 
lippe-Auguste), p.  160,  var.  6. 

Heduiïhojîje  (  Hadington,  ville  d'E- 
cosse ,  chef-lieu  de  comté  ,  à  six 
lieues  d'Ediuburgh  ,  sur  la  Tyne  ), 
p.  164,  I.  i3. 

HÉEs(Hayes,  dans  le  comté  de  Kent), 
p.  iy3,  1.  24. 

Helie  DELA  Fleke  (comte  du  Maine), 
p.  65,  var.  3. 

Hellin  de  Waverin  (sénéchal  de 
Flandre),  p.  188,  1.  20. 

Hely  (Ely,  ville  épiscopale  d'Angle- 
terre ,  située  dans  le  comté  de  Cam- 
bridge ),  p.  60,  1.  12. 

Helyes  («uns  clers  l'archevesque  de 
Chantorbire»  ),  p.  197,  1.  20. 

HE3r-souR-SoMME  (  villc  de  la  Picar- 
die), R.  de  H.,  p.  23o,  v.  i5; 
p.  23 1 ,  V.  2  -1  ;  p.  232,  V.  5  ;  p.  233, 
V.  i4  ;  p-  234,  V.  14  ;  p.  243,  V.  16 ; 

p.  307,  V.  I. 
Hek  (le  Ham-sur-Somme) ,  R.  de  H., 

p.  365,  V.  9;  p.  384,  V,  9,  12. 
Henri  (duc  de  Saxe),  p.  83,  1.  i4- 
Hekri  (évéque  de  Winchester,  frère 

du  roi  Etienne) ,  p.   72 ,  var.   i  ; 

p.  78,  1.  14. 
Henri  (fils  de  Geoffrol  Martel,  comte 

d'Anjou,   et  plus   lard   Henri  H, 


INDEX  GÉNÉRAL.  405 

roi  d'Angleterre),  p.  69,   1.    19;  comte  de  Kenl),  p.  fi3,  1.  i3,  i5, 

p.  73,  I.  3;  p.  76,  1.  24,  var.  7  ;  18,  21  ;  p-  64  f  1-  5,  6. 

p.  77, 1.  I  ;  p.  78, 1.  II  ;  p.  79, 1.  8,  Hekbehs  ou  Hierbiers  de  Fubnes, 

a5,  37;  p.  80,  1.  6,  12,  18;  p.  81,  p.  i34,  1-  i>  17- 

1.  3,  '.7  ;  p.  82, 1.  4,  19  ;  p.  83, 1.  9,  Hkhbert  del  Mvns,  p.  65,  var.  4- 

16,  19,  23;  p.  84,  1.  4,5,  i3,  14  ;  Hekbieus  (  deuxirme  du  nom, comte 

p.  i52,  1.  10.  de    V'ermandois  ),    p.    18,   1.    la  ; 

Hejxri  de  £ascx.e  ,  R.  de  H.,  p.  372,  p.  20, 1.  iH,  j4  ;  p.  2 1 , 1,  10. 

V.  S.  Herefort  (Hercford),  p.  ii5,  1.  5. 

Henri  de  Cgnstaittinoble  (empe-  Hkrefokt  (Hertford),  p.  160,  1.  12  ; 

reur  d'Orient),  p.  180,  1.  8,  10.  p.  182,  1.  8. 

Henri  de  Soiri,  R.  de  H.,  p.  344  >  Heriveus,  p.  62,  var.  7. 

V.   17,  27;  p.  365,  V.   1;   p.  367,  Herkinghehen  ,  p.  i38,  1.  8. 

•V.  II.  Herlewin  (comte  de  Ponthieu  et  de 

Henri  de  Wieles,  p.  61,  1.  26.  Montreuil),  p.  23,  var.  4- 

Henri-ee-Mareschai.,  p.  120,  1.  7;  Herluin  (comte  de  Ponthieu  et  de 

p.  137,  1.  3  ;  p.  144,  1.  I.  Montreuil),  p.  23,  1.  i3,  27;  p.  a4, 

Henris    (dit   l'Oiseleur,    empereur  1.  10,  12,  aS;  p.  32,  1.  7,  12,  18, 

d'Allemagne),  p.  ai,  1.  7,  i5  ;  p.  34,  21,  25. 

1.  3.  Hermans  li  cuens  de  Ruem,  p.  32, 

Henri  (troisième  de  ce  nom,  empe-  1.  3. 

reur  d'Allemagne), p.  49, 1.  II.  Hernous   de    Fosseus,   R.    de    H., 

Henris  (  cinquième  du  nom,  empe-  p.  357,  ^-  ^* 

reur  d'Allemagne),   p.  68 ,  1.    2;  Herrefort  (Hertford),  p.  181,  1.  8. 

p.  69,  1.   14.  Hersin  (village  du  département  du 

Henkis  (Henri  VI,  empereur  d'Al-  Pas-de-Calais),  p.  191,  1.  25. 

lemagne),    p.    85,    1.    i4;    p.    87,  Hervieus  ou  Hervius  (  ili  cuens  de 

1.  i3,  27  ;  p.  90,  1.  I.  Naviers») ,  p.  i65,  1.  22  ,  var.  6. 

Henris   (fils  de   Guillaume-le-Con-  Hervius  (l'un  des  assassins  de  Guil- 

quérant  et  deMathilde,  plus  tard  laume  Longue-Epée),  p.  25,1.  la. 

roi   d'Angleterre    sous  le  nom  de  Herviux,  p.  62,  1.  i3. 

Henril"'),  p.  65,  1.  I,  var.  I  ;  p.  67,  Hf.udoiers    (  évéque  de  Beauvais), 

1.  18,   20;   p.  68,  1.  5,  ai;  p.  69,  p.  34,  '•  17- 

1.  14,  19,  var.  4  ;  P-  71  î  !•  I  j  7;  Heuuernesse  ,  p.  ii5,  var.  3. 

p.  72,  1.  4,  7;  p.  146,  1.  I.  Hkudré    (  Ethelred,    roi    d'Angle- 

Henris  (fils  du  roi  Jean,  et,  après  terre),  p.  57,  l.  16,  var.  3. 

lui,  roi  d'Angleterre  sous  le  nom  Heudré  ,  fils  d'Ethelred,   roi  d'Au- 
de Henri  III  ),  p.  m  ,  1.  6;  p.  1 52,  gleterre),  p.  56,  1.  21. 

1.  22  ;  p.  180,  1.  21  ;   p.  181 ,  1.  3  ;  Heudrenesse  ,  p.  1 15,  1.  9. 

p.  182,  1.  I  ;  p.  206,  1.  20.  Heudres    (Ethelred,    roi    d'Angle- 

Henris  (  Henri  I",  roi  de  France,  fils  terre  ) ,  p.  47»  !•  3,  ao  ;  p.  48,  !•  5, 

de  Robert  et  de  Constance),  p.  55,  24  ;  p-  49,  1-  5,  6. 

1.  25,  var.  6;  p.  58,  1.  20;  p.  59,  Heues  ou  Hues  li  castelains  d'Ar- 

1.   19;  p.  61,  1.  14  ;  p.  62 ,  1.  26.  RAS,  p.  160, 1.  26;  p.  182  ,  1.  23  ; 

Henris  (roi  d'Angleterre  du  vivant  p.  194»  1-  3  ;  p.  195,  1.  a. 

de  SOU  père  Henri  II),  p.  81, 1.  22,  Heuhi.e,  R.  de  H.,  p.  374,  v.  8. 

29;  p.  81,  I.  5,   II,  26;  p.  84,  HiENcouRT,  R.  de  H.,  p.  3o4 ,  V.  a  ; 

1.  6.  p.  333,  V.  5,  19. 

Henris  de  Bvilluel,  p.  128,  1.  9.  Hierefort  (Hereford),  p.  63,  1.  8. 

Henris  (  Henri  II ,  comte  de  Chain-  Hobruges,  p.   171,  1.   ^4  ;  P-   I97» 

pagne),  p.  86,  1.  i5.  1.  18. 

Henris  LI  dus  de  BouRGOiGNE  (oncle  Hollande,  p.  i35, 1.  18  ;  p.  i36,  1.  4; 

de  Robert,  roi  de  France),  p.  52 ,  p.  i56,  1.  21 ,  24  ;  p-  i65,  1.  27  ; 

1.  3.  p.  169,  1.  23;  p.  176,1.  18.^ 

Heraus  (Harold  au  Pied-de-Lièvre,  Honoré  (pape,   successeur   d'inno- 

fils  de  Cnut,   roi   d'Angleterre),  cent  III),  p.  180,  1.  6. 

p.  60,  1.  a,  II.  Honte   (personnification),  p.   2i5, 

Heravs   (Harold,   fils  de  Godwin ,  1.  2  5. 


406 


INDEX  GÉNÉRAL. 


HosTEKi  OU  HoTERi ,  W.  de  H.,  p.  3<jS, 

V.  a5;  p.  349,  V.  /(. 
HouDAiNG     (  Houdain  ,    bourg    du 

département    du    Pas-de-Calais  ) , 

p.  143,   1-    i3. 
HouuENC,  R.  de  H.,  p.  348,  v.  10, 

17;  p.  376,  V.  37. 
HouDEKcouRT,    R.   dc  H.,  p.  367, 

V.  ai. 
HuARs    DE    BASEMn»  ,    R.   de    H., 

p.  291,  V.  12,  22  ;  p.  36i,  V.  3,  i4; 

p.  363,  V.  19. 
HuART  Paon  (ccuyer  qui  portait  la 

bannière  de  l'avoué  de  Béthune), 

p.  178,  1.  22. 

HuBERS  ou  HUBIERS   DE  BoURS  (gOU- 

Terneur  du  château  de  Chinon,  puis 
grand  -justicier  d'Angleterre  )  , 
p.  io3  ,  1.  12 ,  18;  p.  104 ,  1.  18  ; 
p.  125,1.  17  ;  p.  170,  1.  10  ;  p.  181, 
1.  22  ;  p.  189,  1.  23  ;  p.  192,  1.  21  ; 
p.  201, 1.  16  ;  p.  202,  1.  28. 
HuBERs  ou  HuBiERS  Gautiers  (  ■<  qui 
archevesques    estoit    de    Cliantor- 

bire»),  p.  loi,  1.  7;  p.  io5,  1.  20; 

p.  106,  l.  27  ;  p.  110,  1.  4- 
Hue,  p.  i32,  var.  7. 
HuEDES  ou  HuEDON  (  comte  de  Char- 
tres ) ,  p-  5o,  1.  18,  19. 
HuERLE,  R.  de  H.,  p.  354,  V.  l5,  25. 
Hues  (  frère  de    Robert  de  Grente- 

Maisnill  ) ,  p.  62,  1.  24. 
Hues    («li    cuens    de   Saint -Pol»), 

p.  8S,  1.  4;  p.  ïo4,  1.  12. 
Hues  (  «  li  fils  au  conte  Raoul,  ki  eves- 

ques  estoit  de  Biauvais»j,  p.   54, 

1.  26. 
Hues  («  li  inareschaus  de  France  »  )  , 

p.  18,  1.  II. 
Hues  (  «  qui  puis  fu  cuens  de  Cies- 

tre»),  p.  fi2,l.  9. 
Hues  Baruous,  p.  59,  l.  22. 
Hues  Capes  (ûlsdeHugues-le-Grand), 

p.  44,  1.  26,  29. 
Hues    Cieres    ou    Huojv    Cieret  , 

p.   190,  1.  24;  p.  195,  1.  4. 
Hues  de  Bailluel  (gouverneur  de 

Newcastle  et  d'une   grande  partie 

du  nord  de  l'Angleterre),  p.  181, 

1.  i3. 
Hues  de  Boves,  p.  12g,  1.  i5;  p.  i3o, 

1.  1 1  ;  p.  i32  ,  1.  27  ;  p.  1 34, 1.  10; 

p.  i4i)l-  9;  p-   i53,  1.   afi ,  28; 

p.  i54, 1.  4»  1 1  ;  P-  i55, 1.  7;  p.  i56, 

1.  7,  i3;  p.  157,1.  27. 
Hues  DE  LA  Bretaigne  («uns  cou- 
sins Robert  de  Biethuue»),  p.  rJ3, 

1.  a2. 


Hues  DE  Lachi  ,  p.  iia,  1.  9,  27; 
p.  ii3,  1.  7. 

Hues  de  Mae-Anaoi  ,  p.  166, 1.  27  ; 
p.  188  ,1.  22  ;  p.  2o3  ,  1.  22,  26, 
27;  p.  204,  1-  (i. 

Hues  de  Miraumont,  p.  166,  1.  12. 

Hues  de  Mont-Fort,  p.  58, 1.  12. 

IIuES  DE  NoEviLLE  (  gouverncur  du 
château  de  Marlborough),  p,  175, 
1.  1 ,  25  ;  p.  176, 1.  8,  12. 

Hues  de  Rumegnt,  p.  166,  1.  18  ; 
p.  177,  1.   25. 

Hues  Havès,  p.  ifi6,  1.  22  ;  p.  169  , 
1.  24;  p.  176,  1.  27. 

Hues  li  archevesques  de  Rdem 
(prédécesseur  de  Robert,  Gis  de 
Richard  I"  et  de  Gonnor),  p.  44 > 
1.  17. 

Hues  li  Bigos  (fils  de  Roger,  comte 
de  Norfolk),  p.  171,  1.  9. 

Hues  li  cuens  deChalon  (Hugues, 
évêque  d'Auxerre  et  comte  de 
Châlon- sur- Saône),  p.  52,  1.  i3, 
18. 

Hues  li  Grans  (duc  de  France,  comte 
de  Paris,  mort  à  Dourdan  le  16  juin 
956),  p.  ao,  1.  i5;  p.  21  ,  1.  10; 
p.  23,  1.  i4;  p-  29,  1.  7,  12,  i3, 
18,  20,  25,  var.  4;  p-  3o,  1.  6,  18, 
i9;p.  3i,l.  i,io,i3,i7;p.33, 
1.  25,  26;  p.  34,  1.  9;  p.  35,  1.  6, 
i4,  21;  p.  36,1.  3;  p.  39,  1.  3,  6; 
p.  43, 1.  i5;  p.  44 ,  1-  26. 

Hues  ou  Huon  de  Gornay,  p.  92, 
I.  3,  II,  17. 

Hues  ou  Huon  del  Mans  (Hugues  P% 
fils  de  David  et  comte  du  Maine), 
p.  49»  "iar.  10;  p.  5o,  var.  4- 

Hues  Tacons  (  «  ki  estoit  uns  des 
barons  de  Flandres»),  p.  161, 
1.  2;  p.  184,  1.  6;  p.  191  ,  1.  10, 
22;  p.  198,  1.  7. 

HuET  DE  Haluin,  Pi.  de  H.,  p.  368, 
V.  21. 

Hughes  de  Surgieres  (  vicomte  de 
Chàtelleraut ,  frère  d'Hugues  le 
Brun ,  IX"^  du  nom ,  comte  de  la 
Marche),  p.  102,  1.  11  ,  24. 

Hughes  l'archevesques  (  «qui  sires 
estoit  de  Partenay»),  p.  102,  1.  i5. 

Hughes  li  Bruns  ou  Huok  le  Brun 
(  Hugues,  IX'  du  nom,  sire  de  Lu- 
signan  et  comte  de  la  Marche  ) , 
p.  91,  1.  21  ;  p.  95,  1.  2,  9;  p.  I03, 
1.  10;  p.  206 ,  1.  16. 

Hugon  de  Lesegnan  (Hugues,  X" 
du  nom  de  Lusignan,  comte  de  la 
Marche  et  d'Angoulcme,  «  qui  fii 


INDEX  GÉNÉRAL. 


407 


Gis  Hugon  le  Brun ,  conte  de  le 
Mâche»),  p.  'io6,  1.  i5. 

Hcîf  AUT  (  frère  d'Harold  ,  dernier 
roi  anglo-saxon)  ,  p.  G'i  ,  1.  19. 

Huoîi,  p.  i3o,  1.  12;  p.  i32, 1.  aS. 

Huoîf  (de  Basentin),  R.  de  H., 
p.  Sfia  ,  V.  4- 

HuoN  (fils  de  Guillaume  de  Nor- 
mandie frère  du  duc  Richard  II, 
évéque  de  Lisieux),  p.  47»  '•  3- 


HuoN  Change,  p.  170,  1.  i4- 
HuoN    i)K    CouFFLANS ,  R.  de    H.  , 

p.  297,  V.  19. 
HuoN  i)F,  Rdet,  p.  190,1.14- 
HuPF.LANDE  (contrée  d'Angleterre), 

p.  206 ,  1.  8. 
HvHE   (endroit  du  Hampshire,  près 

de  Winchester,  dont  il  est  comme 

le  fanhourg),  p.  67,  1.  22. 
Hyster  (le  Danube),  p.  i ,  1.  ii. 


I. 


Ingel  le  conte  de  Cottstances  ou 
DE  CousTENT  (  Néel  de  Saint-Sau- 
veur, vicomte  du  Cotentin),  p.  49, 
1.  20  ;  p.  56,  1.  66. 

Inghehem  (Ingham,  château  du 
comte  Robert  de  Vere),  p,  i65, 
1.  6  ;  p.  182  ,1.  i3,  16. 

Innocent  li  tiers  (pape,  élu  le 
8  janvier  11 98,  et  mort  le  16  ou  le 
17  juillet  de  l'an  12 16),  p.  m, 
1.  I  ;  p.  180,  1.  5. 

Irlande  (  île  de  l'Océan ,  qui  fait  par- 


tie de  l'empire  britannique),  p.  1 1 3, 
1.  II. 

Isabiei,  (sœur  de  Galerant,  comte 
de  3Ieulan,  dont  Henri  I*"^ ,  roi 
d'Angleterre,  eut  une  fille  natu- 
relle), p.  70,  1.  10. 

Isi.E  (  château  de  Normandie),  p.  89, 
1.  27. 

IssoDUN  (  ville  du  département  de 
l'Indre),  p.  i)5  ,  1.  2. 

IssounuN  («V/É"w),p.  89,  1.  16. 

Ithaile  (Italie,  contrée  du  midi  de 
l'Europe),  p.  3,  var.  6. 


J. 


Jake  du  Bos,  r.  de  H.,  p.  336,  v.  i. 

Jarelixs  de  F'ERr.tEREs,p.  58, 1.  12. 

Jehan  (saint),  R.  de  H.,  p.  246, 
V.  18. 

Jehan  au  Bois-Giriaume,  R.  de  H., 
p.  3.18,  V.  II. 

Jehan  d'Amiens  (saint),  R.  de  H., 
p.  3i6,  V.  26. 

Jehan  de  Cantens,  R.  de  H.,  p.  346, 
V.  23;  p.  347,  V.  I. 

Jehan  de  Faï  ,  R.  de  H.,  p.  336,  v.  3. 

Jehan  de  Jherusalf.m  (Jean  de 
Brienne,  douzième  roi  de  Jérusa- 
lem, mort  le  23  mars  1 237),  p.  206, 
1.  28. 

Jehan  de  Laisdaing,  p.   176,  1.  16. 

Jehan  de  Lin-de-Buef,  R.  de  H., 
p.  374,  V.  2. 

Jehan  de  Long,  R.  de  H.,  p.  355, 
V.  II  ;  p.  356,  V.  2. 

Jehan  de  Soiri,  R.  de  H.,  p.  375, 
y.  21. 

Jehane  (fille  de  Henri  II,  roi  d'An- 
gleterre, mariée  i".  à  Guillaume  II, 
roi  de  Sicile;  2°.  à  Raymond  VI, 
comte  de  Toulouse),  p.  85,  1.  12; 
p.  87,  1.  18;  p.  122,  1.  10. 


Jehane  («qui  fu  fille  l'empereour 
Bauduin  de  Constantinoble  et  la 
boine  contesse  Marie»),  p.  127, 1.  5. 

Jehan  i.e  Bailluel,  R.  de  II.  p.  334, 
V.  3. 

Jehans  (  archevêque  de  Rouen  ,  suc- 
cesseur de  Maurille  ),  p.  64  ,  h  22  ; 
p.  209,  1.  17. 

Jéhans  (châtelain  de  Lille),  p.  i38, 
1.9. 

Jehans  (fils  de  Robert  avoué  de 
Béthune ,  frère  de  l'avoué  Guil- 
laume, et  évoque  de  Cambrai), 
p.  92,  1.7. 

Jehans  (frère de  Gautier  de  Fourme- 
sieles),  p.  i33,  1.  20. 

Jehans  (  Jean -sans -Terre,  fils  de 
Henri  II,  et  roi  d'Angleterre), 
p.  83,  1.  10  ;  p.  89,  1.  4  ,  8  ;  p.  go , 
1.  i5,  17,  21  ;  p.  91  ,  1.  I,  7,  8,  1 1, 
12,  i5,  16,  i9;p.  93,1.  10, var.  2; 
p.  94,  l.  2,3,  9,  26;  p.  95,  L  21  ; 
p.  96,1.  6,  22;  p.  97,  1.  i5;p.  98, 
1.  18,  26;  p.  99,  1.  II,  16;  p.  100, 
1.  9;  p.  1 01,  1.  12  ;  p.  104,  1.  16; 
p.  io5,  1.  6,  23,  var.  5  ;  p.  109, 
1.  t4;  p.  m,  1.  9,  21;  p.  112, 


408 


INDEX  GÉNÉRAL. 


1.  20,  a4,  16;  p.  ii3,  1.  6,  i3,  ao, 
27;  p.  114,  1.  6,  i5  ,  17,  18; 
p.    ii5,    1.    la;    p.     119,    1.    5, 

19;    p.     123,     1.     2,      26;     p.     I2fi, 

1.  24;  p.   127,  1.   18;  p.  144,  l.  6, 

i5  ;  p.  145,  1.  4.  fi  ;  P-  ifi5,  1.  i; 

p.    i6y,  1.    i5,  18;  p.  178,  1.   27; 

p.  1S9,  1.  7;  p.  200,  1.  19;  p.  208, 

1.  20. 
Jehans  de  BiiUMONT,  p.  i84,  1.  fi; 

p.  i8fi,  1.  26. 
Jehans  de  Boscais,  R.  de  H. ,  p.  338, 

V.  14. 
Jehaks  de  Brimeu,  R.  de  H.,  p.  345, 

V.  i3. 
Jehaks   de   Castenai  ,    R.    de    H., 

p.  324,  V.  17. 
Jehans  de  Chanle,  R.  de  H., p.  307, 

V.  19,  2?  ;  p.  353,  V.  5. 
Jehans  de  Carrois,  R.  de  H. ,  ji.  3o8, 

V.  20. 
Jehans  de  Coing,  R.  de  H.,  p.  338, 

V.  4. 
Jehans  de  Couloigne,   R.   de  H., 

p.  3o5, V.  20. 
Jehans  de  Cysoing,  p.  ifia,  l.  g. 
Jehans  de  Dompierre  Montez,,  R. 

de  H.,   p.    366,  \:   25;    p.   367, 

V.  4. 
Jehans  de  Douay,  R.  de  H.,  p.  366, 

V.  4,6. 
Jehans  de  Fenieres,  p.  307,  1.  27; 

p.  371 ,  V.  5. 
Jehans    de    Feujeres  ,    R.    de   H., 

p.  337,  V.  26. 
Jehan  de  Fouconcourt,  R.  de  H., 

p.  345,  V.  i5. 
Jehans  de  Fransieres  ,  R.  de  H., 

p.  376,  V.  8,  16,  23. 
Jehans  de  Gannes,  R.  de  H.,  p.  349, 

V.  3. 
Jehans  de  Hangest,  p.  166,  1.  19. 
Jehans   de  Harcourt,    R.   de   H., 

p.  342,  V.  2. 
Jehans  de  Harcicourt,   R,  de  H., 

p.  374,  V.    T. 
Jehans    de    Jumelés,    R.    de    H., 

P-  3<J9>  V.  9  ;  p.  354  ,  V.  7  ;  p.  355, 

V.  a. 
Jehans  de  i.a  Rivière  (chevalier  du 

Boulonnais),  p.  180,  1.  3. 
Jehans  de  le  Couture,  R.  de  H., 

p.  3io,  V.  23. 
Jehans  de  i.e  Tournele,  R.  de  H., 

p.  339,  V.  18. 
Jehans  de  Longhetonk'(  frère  d'E- 
tienne de  Langton  ,  archevêque  de 

Canterbury),  p.  167,  I.  16. 


Jehans  de  Lunés,  R.  de  H. ,  p.  3io, 

V.   23. 

Jehans  de  Mêles,  R.  de  IL ,  p.  3ii  , 

V.  26. 
Jehans  de  Monmirail  (  «  qui    sîre 

estoit   d'Oisy  ») ,    p.    166,    1.    4; 

p.  177,  1.  25. 
Jehans  de  Mokoel,  R.  de  H.,  p.  3o6, 

V.  21,  25. 
Jehans  de  Noevile  ,  R.  de  H., 

p.  365,  V-  2. 
Jehans  de  Nue,  p.  191,  1.  26. 
Jehans  de  Paska  ,  p.  191,  1.  26. 
Jehans  de  Pereumont,  R.  de  H., 

p.  353,  V.  i3,  20;  p.  372,  V.  7, 

14,  ai. 
Jehans  de  Piere,  R.  de  H. ,  p.  307, 

V.  16. 
Jehans  de  Saint-Martin,  R.  de  H., 

p.  307,  V.  8. 
Jehans     des    Barres,    R.    de    H., 

p.  338,  V.  3. 
Jehans  des  Jestes,  R.  de  H. ,  p.  287, 

V.   i. 
Jehans  de  Soisi,  R.  de  H.,  p.  335, 

V.  5. 
Jehans  d'Esvagni,  R.  de  H.,  p.  34o, 

V.  4. 
Jehans  de  Vilers,  R.  de  H.,  p.  374, 

V.  26. 
Jehans  d'Icre,  R.  de  H.,  p.    3o8, 

V.  8. 
Jehans  d'Oisy,  p.  88,  1.  24. 
Jehans    du    Boskiaus  ,    R.    de  H. , 

p.  339,  V.  10. 
Jehans   fils   Huon    (  conseiller    du 

roi  Jean),  p.  i3o,  1.  12;  p.  i32, 

1.  28;  p.  i34,  1.   10. 
Jehans  mesire  de  Clere,  R.  de  H., 

p.  279,  V.  4- 
Jestes,  R.  de  H.,  p.  287,  v.  i. 
Jherusalem  (ville  de  la  Palestine), 

p.  5i,  1.  9  ;  p.  57,  1.  17,  26  ;  p.  62  , 

1.  22;  p.  65,  1.  10,  i4  ;  p.  68,  I.  16; 

p.  72,  1.  7  ;  p.  206 ,  1.  28. 
Jhesu-Crist,  p.  14  >  1-  27. 
Jhesu-Crix,  p.  66,  1.  26. 
JoFFRoi  (troisième  fils  de  Henri  II, 

et   duc   de  Bretagne  par  suite  de 

son  mariage  avec  Constance,  fille 

de  Conan  IV),  p.  91,  1.  26;  p.  180, 

1.  a5. 
JoFFRoi    (fils   de  Geoffroi    Martel, 

comte  d'Anjou),  p.  69,  1.  19. 
JoFFROi  DE  Say  («un   baron  d'En- 

gleticrre  qui  ot  en  garde  la  Rie»  ), 

p.  182,  1.  27. 
JoFFRoi  Marchel  (  Geoffroi  le  Bel, 


INDEX  GÉNÉRAL. 


409 


comte  d'Anjou,  ué  le  24  aoiit  1 1 1 3, 
mort  le  7  septembre  ii5i  ),  p.  69, 
1.    17;   p.   71,   1.  4;  p.  y':',,  1.  3. 

JoFFKois  (  Geoffroi  I",  surnommé 
Griscgonnelle ,  comte  d'Anjou  et 
sénéchal  de  France,  mort  le  ai  juil- 
let Ç)8~),  p.  40,  1.  i5. 

JoFFKors  (  comte  de  Ciiampagne  )  , 
p.  5i,  1.  7,  10. 

ToFFROIS  DE  LbSEGJiON,  p.  Q/j  ,  I.  9. 1  ; 
p.    I02  ,    1.    12. 

ToFFROIS  DF.  Manuevillf.  (  Gls  de 
Geoffroi  Fitz-Peter  et  comte  d'Es- 
scx),  p.  ii5,  1.  23,  25;  p.  iifi, 
1.  28;  p.  1 17, 1.  4i  5,  9,  12,  i3,  20, 
26;  p.  118,  1.  8,  18,  sa;  p.  119, 
1.  14,  17,  20;  p.  121, 1.  7;  p.  145, 
1.  l3  ;  p.  164»  1-  20. 

JoFFUois  (premier  du  nom,  comte 
de  Bretagne),  p.  4"',  !•  if^;  p-  5o, 
1.  26. 

JoFFROIS    LI     FEUS    PlERRE    (  jUSticicr 

d'Angleterre),  p.  ii5,  I.  ifi  ; 
p.  laS,  1.  ifi. 


.ToHANissF.s  Li  lii.AS  (Johaiinice  P', 
ou  Jean,  dit  aussi  Calo-Jean,  roi 
des  Bulgares,  tué  en  1207  au  siège 
de  Thessalouifjue),  p.  104,  1.  9. 

.ToiF.L  i^F.i,  Maikk,  p.  73,  I.  I. 

JoiPKoi  (  premier  du  nom,  comte  de 
Bretagne),  p.  5o,  var.  i3. 

JoKGE  (saint),  R.  de  H.,  p.  297, 
V.  22. 

JoUDOIN  1)B  DoK ,  p.  170,  1.  i3. 

J<iU  Jeu^ws  (Joli.innicc  1",  roi  des 
Bulgares),   f).   104,  v.ir.  i. 

JuETF.  (sœur,  et  non  j)as  fille  de  Geof- 
froi 1'''',  comte  de  Bretagne,  et 
femme  de  Richard  II  duc  de  Nor- 
mandie), p    5i ,  1.  I  ;  p.  59,  1.  1 1. 

JuLiiEN  (saint),  p.   107,  1.   14. 

JuLYAîiE  (fille  naturelle  de  Henri  \^', 
roi  d'Angleterre,  et  femme  de  Guil- 
laume de  Pacy) ,  p-  70,  1.  7. 

.TujiELKs,  R.  de  H.,  p.  299,  v.  9; 
p.  354  ■)  V.  7  ;  p.  355,  V.  2. 

.TiJMEi,ois  (Jean  de  Jumelés),  p.  354  , 
V.   22  ,  2f>. 


K. 


Kalais  (Calais,  ville  du  département 
du  Pas-de-Calais),  p.  ifii,  1.  8; 
p.  i65,  I.  20,  22;  p.  i(i8,  1.  2; 
p.  188,  1.  11;  p.  193,  1.  3,  5,  i3; 
p  195,  1.  24  ;  p.  198,  1.  12,  A-ar.  fi  ; 
p.  200, 1.  i5,  23. 

Kaselyon  (l'un  des  anciens  royau- 
mes de  l'Irhaule),  p.  II  3,1.   10,25. 

Kt^sixGUEHEM ,  p.  181,  1.  27,  28. 

Kavegni  (Chauvignv,  ville  du  dépar- 
tement de  la  Vienne),  p.  gS,  1.  4- 

Kejvelion  (l'un  des  anciens  royau- 
mes de  l'Irlande),  p.  11  3,  var.  2; 
p.  J  i4  >  1-  'o. 

Kenflyon  (l'un  des  anciens  royau- 
mes de  l'Irlande),  p.  ii3,  1.  18; 
p.  ii4,  1.  9.       ^ 

Kent  (comté  méridional  de  l'Angle- 
terre) ,  p.  1 10,  var.  4. 


Kkus,  Kex  (sénéchal  du  roi  Arthur), 
R.  de  H. ,  p.  a35  ,  v.  20  ;  p.  236, 
V.  6  ;  p.  237,  V.  23  ;  p.  238,  v.  22  ; 
p.  2  3y,  V.  7,  18  ;  p.  267,  V.  6,  19; 
p.  2(S8,  V.  17;  p.  269,  V.  i4;  p.  270, 
V.  3  ;  p.  272,  V.  5  ;  p.  276,  v.  11 , 
21  ;  p.  277,  V.  I,  ()  ;  p.  283,  V.  25  ; 
p.  284,  V.  25  ;  p.  aSfi,  v.  3,  8,  12, 
18;  p.  287,  V.  4»  22  ;  p.  288,  V.  10, 
17;  p.  289,  V.  23  ;  p.  3i3,  V.  <i,  i3  ; 
p.  3i4,  V.  I  ;  p.  33r,v.  aS  ;  p.  332, 
V.  17,  26  ;  p.  334 ,  V.  I  ;  p.  342  , 
V.  22  ;  p.  343,  V.  7  ;  p.  349,  A'-  i5  ; 
p.  352,  V. 20;  p.  36i,  V. 27  ;  p.  373, 
V.   10;  p.    378,    V.    23;    p.   38o , 

V.    23. 

KiNGF.sTOKE    (  King'toH ,     daus    le 

comté  de  Surrey),  p.    199,  1.   10. 

KiîîGESTOUNE  (idem),  j).  204,  1.  12. 


L. 


LaChi    (aujourd'hui    Lassy,     sur     la    Lacinari  (roi  de  Suède),  p.  5o,l.  10. 
route  de  Vire  à  Aulnay-sur-Odon,     Laisuaing  (Laisdain,  village  du  dé- 
partement du  Nord),  p.  iyf},  1.  ifi. 


département  du  Calvados),  p.  112 

1.  9,  27;  p.  ii3,  1.  8. 
Laci  ,  p.  112,  var.  2. 
LiCiaiAX  (roi  de  Suède),  p.  5o,  var.  8 
Laciîtax  (roi  de  Suède),  p.  48,  1-  2' 


Lambekiks  de  Rosebrf.che,  p.  i33, 

1.  8. 
Lambert  (frère  d'Herluin ,  comte  de 

Ponthieu),  p.  32,  1.  7. 

28 


410 


liNDEX  GÉNÉRAL. 


LamÉk  (Lambeth,  dans  le  comté  de 

Surrey) ,  p.  171,  1.  20. 
Landast  (villafje  du  département  du 

Nord) ,  p.  i34  ,  1-  35. 
Landegkave  (cri  d'armes),  R.  de  H., 

p.  363,  V.  16. 
Landri  (comte  de  Ne  vers  par  suite 

do  son  mariage  avec  Mathilde,  fille 

d'Otte-Guillaunie)  ,  p.  Sa  ,  1.  (>,  y. 
Lane,  p.  17-2,  1.  16. 
Langethone    (  Langton  ) ,    p.    iio, 

1.   2  3. 
Languetonue   (Langton),  p.    208, 

1.  5. 
Lanson  (Alençon,  chef-lieu  du   dé- 
partement de  l'Orne),  p.  64,  1.  11. 
Lakguece  (personnification),  R.  de 

H.,  p.  21 5,  V.  26. 
Lkans  (Lewes,  dans  le  comté  de  Sus- 

sex  ,   château   du    comte   de  Wa- 

renne) ,  p.  i83, 1.  5. 
Leaus  (Lewes,  château  du  comte  de 

Warenne) ,  p.  i83,  var.  2. 
Leecestbe  (Lcicester),  p.  70,  1.  2. 
Leeciestre  (Leicester),  p.  77,  1.  i3. 
Leicestre  (Leicester),  p.  7H,  var.  8; 

p.  78,  1.  12. 
Leiciesïre  (Leicester),  p.  78,  1.  20; 

p.  79,  1.  14. 
Lens    (ville  de    Flandre),    p.    166, 

l.  33  ;  p.  175,1.  17;  p.  196, 1.  i. 
I.ssuAiNG  (Laisdain,  village  du  dé- 
partement du  Nord),  p.  176,  var.  <\. 
Lesp.gnan  (Lusignan,   ville   du  dé- 
partement de  la  Vienne),  p.    2ofS, 

L  ifi. 
Lesegjjon    (Lusignan    en    Poitou), 

p.  94,  L  21  ;  p.  102,  1.  12;  p.  206, 

L5. 
Leseigkon  (Lusignan),  p.  9J,  I.  4. 
Leuciestre  (Leicester),  p.  76,  1.  18. 
Leues  (  montagne  pris  de  Cliartres  ), 

p.  Il,  var.  5. 
Liecelixe  (comtesse   d'Eu),  p.  ()2  , 

1.  2 
LiEDE  DE  i,A  Fleke  (Hélic,  seigneur 

de  la   Flèche  et  comte  du  Maine, 

mort  en  11 10  ,  le  3  juillet),  p.  f>5 , 

1.8. 
Liège  (ville  deRelgique,  cheMicu  de 

province),  p.  i54,  !•  20- 
Libre,  R.  de  H.,  p.  353,  v.  2. 
LrESEwiF.s  (Lisieux,  ville  du  dépar- 
tement du  Calvados),  p.  47,  var.  i  ; 
p.  Ivi,  var.  4;  P-  98,  1.  I. 
LiEsriîs  (Lisieux),  p.  47>  1-  2  ;  p.  62  , 

1.  4. 
LiESSEMNE   (femme  de  Guillaume, 


comte  d'Eu,  frère  de  Richard  II  , 

duc  de  Normandie),  p.  /\6,  1.  24. 
Lii.LE  (en  Flandre,  chef-lieu  du  dé- 
partement du  Nord),  p.  127, 1.  10  ; 

j).  i36,  1.  27;  p.  137,  1.  2,  var.  4; 

]).  i38,  1.  8,  14;  p.  iSg,  1.  I,  8,  21  ; 

p.  144,  1.  i3. 
LiADEBONE    (Lillehonne,  bourg  du 

département    de    la     Seine -Infé- 
rieure), p.  80,  var.  5. 
LiN-DE-BuEF,  R.  de  H.,  p.  374,  v.  2. 
Lire  (abbaye  de  Normandie),  p.  61, 

var.  2. 
LisLE  (Lille  en  Flandre),  p.  i38, 

var.  5. 
LisY  (  Ely,  ville  épîscopale  du  comte 

de  Cambridge),  p.  188,  1.   5. 
LocHiKES  (Loches,  ville  dudéparte- 

nient  d'Indre-et-Loire),   p.   89, 

var.  3. 
Loekaine   (contrée   du  nord  de   la 

France),  R.  de  H.,  p.  317,  v.  12; 

p.  321,  V.  2. 
Loeys  (fils  de  Philippe-Auguste,  et 

plus  tard  roi  de  France  sous  le  nom 

de  Louis  VIII),  p.  161,  var.  /[  ; 

p.  167,  var.  3. 
LoHERAijvE  (Lorraine),  p.  36,  1.  5. 
LoHiEKs    (Lothaire,    fils    de    Louis 

d'Outremer    et    roi    de    France  ) , 

p.   22,   I.    2;   j).    34,   L   16,    24; 

p.  39,  1.  II,  i4;  p.  40,  1.  II  ;  p.  41, 

1.  26. 
LoHORAiNJJE  (Lorraine),  ]>.  36,  var.  2. 
Loire   (  fleuve   de   France  ) ,  p.   11, 

1.  17,  23,  24. 
Lois  DE  BiAUGiEU,  R.  de  IL,  p.  374, 

V.  10,  20. 
Long,  R.  de  H. ,  p.  355, v.  11,18, 

p.  35f),  V.  2,  1 1. 
Londres  (capitale  de  l'Angleterre), 

p.  48,  1.  12;  p.  49,  1.  4;  p.  60, 

1.    11;    p.    64»    var.    i5  ;    p.    65, 

1.  17,  27  ;  p.  67,  1.  19,  23  ;  p.  80, 

1.  28;  ]).   118,  1.  26  ;  p.  119,  1.  1  ; 

p.  147,  1.3,  9,  17,  18;  p.  i5o,l.  20; 

p.   157,  I.   I  ,  22;  p.   i59,  1.   14  ; 

]).  160,  1.  2  ;  p.  161,  1.  Il,  19,  25  ; 

p.  162, 1.  3,  6, 12,  21  ;  p.  164,  1. 15, 
18;  p.  i65,  1.  i4;  p-   166,  1.  6; 

p.  171,  1.  4»  i6,  28;  p.  172,  1.  i3, 
18;  p.  173,  1.  9,  18,  27;  p.  174, 

1.  10,  14,  i5,  19,  21;  p.  177,  L  1, 

8,  ip,  it;  p.  182,  1.  7,  32;  p.  184, 

I.  2  ;  p.  187,  1.   16;  p.  190,  1.   1 1  ; 

p.    191,  1.  24;  p-   192,  1.  i4>  22; 

p.  195,  1.  II,  12;  p.  197,  1.  I,  9, 

22;  p.  198,  1.  10;  p.  199,  1.  8,  II, 


IINDFA  GÉNÉRAL.  411 

1 2  ;  p.  îoi) ,  1.   5,  S ,   lo  ;  j).   20a  ,  i3,  14»  17»  M)  »  P-  ^^^t  '•  2»  6,  12, 

I.  20,  24  ;  p-  iai,  I.  4  ;  p-  204,  1.  6  ;  i5,  16,  ly,  2(1  ;  p.  206,  1.  20. 

p.  2o5, 1.3,9;  P-  ^ol\  1.  2  ;  p.  208,  Loovs  (<<ki  sires  estoit  de  (^Jiartres  et 

I.  2.  —  R.  de  H.,  p.  296,  V.  5.  de  lîlois,  »  tué  en  i2o5,  devaatAii- 

I  uNDHOis  (surnom  des  chevaliers  de  drinople),  p.  104, 1.  10. 

Louis,   fils   de   Pliili])pe-AHguste ,  Looys  (Louis,  dit  le  Jeune,   roi  de 

qui  étoient  aies  à  Londres),  p.  172,  France),  p.  77,  1.  2  ;  p.  81,  1.  7,  8, 

1.  14.  28. 

LoNGETHoiiE(Langton),p.  167, 1.  ï6,  Looys   (Louis    d'Outremer,    roi   de 

var.  5;  p.  190,  1.  5  ;  p.  197,  1.  ifi.  France),  p.  20, 1.  22  ;  p.  21, 1.  i,  3, 

LoNGHK-EspÉE  (surnom   de    Guil-  ifi;   p.  26  ,  var.  2  ;  p.  Sa  ,  var.  5  ; 

laume,  comte   de  Salisbury,    frère  j).   33,   1.   i,    8;   p.  34,   1.    6,    i()  ; 

du  roi  Jean),  p.  129,  1.  10;  p.  187,  p.  35  ,1.  22  ;  p.  43  ,  1.  i  ;   p.  44  , 

1.    24.  I.    21. 

LoNGHEVAL  (Longueval,  village  du  Loques,  R.  de  H.,  p.  37$,  v.  20,  24. 
département  de  la  Somme),  R.  de  Louches  (Loches,  ville  du  départe- 
Il.,  p.  220,  V.  22  ;  p.  275,  V.  16;  ment  d'Indre-et-Loire),  p.  89, 
p.  290,  V.  24;  p-  817,  V.  17.  1.  i3. 

LoMGUEVAL  (village  du  département  Louvain    (ville   de  Belgique,    pro- 

de  la  Somme),  R.  de  H.,  p.  222  ,  vince    du    Brabant    méridional), 

V.  I  ;  p.  23o,  V.  6;  j).  272 ,  v.   10;  p.  88,  1.  2  5. 

p.  273,  V.  II  ;  p.  286,  V.  5  ;  p.  817,  Louvaing    (Louvain,   ville  de   Bel- 

V.  24  ;  p.  35o,  V.  ifi;  p.  352,  v.  17.  gique  ),  p.  fig,  1.  21  ;  p.  i54,  I.  20. 

LooKo.a  (Lennox  en  Ecosse.'*),  p.  79,  Louvre  (château  des  rois  de  France, 

l.  12.  à  Paris),  p.  120,  1.  27. 

LooY  (Louis    IX,   roi  de    France),  Lunrs  (femme  de  Richard  II,  duc  de 

R.  de  H.,  p.  217,  v.  9.  Normandie),  p.  62, 1.  20. 

Looys  (fils  de  Philippe-Aii»uste ,  et ,  Ldideboue   (Lillehonne,    bourg  du 

plus   tard  ,   roi  de   l""rauci'  sous  le  département    de    la    Seine  -  Infé- 

nom  de  Louis  VIII),  p.  83,  1.  22  ;  rieure),  p.  80,  I.  i5. 

p.  90,  1.  27;  p.  91,  1.  i3;  p.  123,  Lune   (ville   et   port  de   Toscane), 

I.  23 ,  var.  6;    p.   187,  1.  5,    i5,  p. 3,1.  10. 

22;  p.  iqi,  1.  5,  i4;  p.  142»  '•  1,  I'Ujsers  ,  R.  de  H.,  p.  3i  i,  v.  3. 

10;  p.  143,  1.  27;  p.  160,  1.  7,  i3,  Lunés,  R.  de  H.,  p.  3io,  v.  28. 

17,  20;    p.    162,    1.    18;   p.   i65,  LuNi.oY  (Lonlai-l' Abbaye,  village  du 

1.  18,  var.  5  ;  p.  ififi,  1.  2f)  ;  p.  167,  départemejit  de  l'Orne),    p.   62, 

1.  10,  24,  25;  p.  168,  1.  4j  i^)  21,  1.   12. 

22;  p.  169,  1.  7,  10,  14,  19,  31  ;  LussBBouRf;  (Luxembourg,  ville  forte 

p.   170,  1.  22,  24;  P-  171»  1-  ij  M  )  du  royaume  de  Belgique,  chef-lieu 

p.  172,  1.  7,  10,  18  ;  p.  175,1.3,4)  de   la   province  de  même  nom), 

1 1  ;  p.  1 76,  1.  22,  24 ,  26  ;  p.  1 77,  R.  de  H.,  p.  848,  v.  27. 

1.6,  20  ;  p.  178, 1.  7, 1 1,  i5;  p.  179,  Lymoges  (chef-lieu  du  département 

1.  9,    II,    14,   19,   22,    24;  p.   180,  de  la  Haute-Vienne),  p.  90,  1.  8. 

I.  7,  10,  13;  p.  181, 1.  26,  29;  p.  182,  Lyon    (l'animal    qui    accompagnait 

1.  5,  22,  27;  p.  18 3, 1.  8,  17,  18,  28;  Lancelot  du  lac  ?) ,  R.de  H.,  p.  229, 

p.  184,  1.  i4»  i5,  20;  p.  i85,  1.  3  ,  V.  I  ;  p.  240,  V.  I,  9;  p.  245,  V,  19  ; 

i  8,  20 ,  27  ;  p.  186 , 1.  5,  9,  30,  22 ,  p.  afi5,  v.  20  ;  p.  266,  v.   19,  27  ; 

38;  p.  187,  1.  9,  10,  22;  p.  188 ,  p.  3i5,  V.  2  ;  p.  3 16,  V.  8,  12,  19, 

1.  6,  8,  9,  i4;  p.  189, 1.  10,  17,  28  ;  31  ;  p.  817,  V.  21  ;  p.  3i8  ,  v.  5  , 

|).  190,  1.  7,  12  ,   i3  ,  17,  20,  32;  10;  p.  383,  v.  18. 

p.  191,  1.  8,  14,  16,  17;  p.   «92  ,  Lyojvs  (forêt  et  château  de  Norman- 

1.6,  8,  3  2,  17,  22,  29;  p.  198, 1.  Il,  die,  département  de  l'Eure),  p.  71, 

33,   26;  p,  194,  1.  9,  31  ;  p,  195,  1.  1  ;  p.  77,  1.  6  ;  p.  87,  1.  8. 

1.   i4;   p.  196,  1.  12,  28;  ]).   197,  Lyke  (abbaj'e de  Normandie),  p.  61, 

1.  9,  II,  l3,   25  ;  p.  198,  1.  3,  12  ;  I.  aS. 

p.  199,  1.  16,  22,  27;   p.  200,  1.  I,  Lys  (rivière  de  Flandre  qui  se  jette 

8;  p.  20a,  I.  20,  a5,  27;  p.  2o3, 1.  i,  dans  l'Escaut) ,  p.  44>  1-  ^3  j  p.  i38, 

4,  ^,  9,  'D.  23,  25;  p.  204,  1.  7,  1.  9,  II. 


412 


INDEX  GÉNÉRAL. 


M. 


31aalines  (Alalines,  ville  de  Belei- 
que,  province  d'Anvers),  p.  137, 

1.    21. 

Mâche  (Marche,  province  de  France, 
bornée  au  nord  par  le  Beiry,  à  l'o- 
rient par  l'Auvergne,  à  l'occident 
par  le  Poitou  et  l'Angoumois,  au 
midi  par  le  Limousin  ) ,  p.  206 , 
1.  ,7. 

IMaelins  (frère  de  Boidin  de  Mètres), 
p.  i66,  1.  i/j. 

Magdelaiwe  (  chapelle  de  l'église 
Notre-Dame  de  Rouen),  p.  17, 

1.     15. 

Mahieu  de  Waudricourt  ,    R.   de 

H.,  p.  824,  V.  2. 
Mahieus  de  Hiekcourt,  R.  de  H., 

p.  333,  V.  5,  20. 
Mahieus  d'Espegni,  R.  de  H.,  p.  344; 

V.  6. 
Mahieus  de  Mowmorenchi,   R.  de 

H. ,  p.  3ofi,  V.  22. 
Mahieus  de  Trie,  R.  de  H. ,  p.  Soi , 

V.  i5  ;  j).  3o2,  v.  13,  i4- 
Mahieus  de  Ver,  R.  de  H.,  p.  3o5, 

V.  ui. 
Mahieus  de  Waulaikcoukt,  R.  de 

H. ,  p.  3a4,  V.  I. 
Mahieus  ou  Maihiex   de  Roie,  R. 

de  H.,  p.  335,  v.  3,  7. 
Mahiu  de  Wali-aijscouht,  r.  de  h., 

p.  277,  v.  19. 
Mahiu  i.'£WAîiGEi,isTE  (saint),  p.  i54, 

1.    II. 
Mahius  DE  Vi,  R.  de  H,,  p.  367, 

V.  19;  p.  3fi8,  v,  10. 
Maielin  de  Mètres,  p.  16G,  var.  6; 

p.  175,  1.  19. 
Maience  (ville   du  grand-duché  de 

Hesse-Darmstadt),  p.  68,  1.  4- 
Maiemcourt,    R.    de  H.,    p.    3o^ , 

V.   19. 
Maigneleks,  r.  de  H.,  p.  3oi,  v.  fi. 
Maine  (province  de  France,  située 

entre  la  Brolagno,  l'Anjou,  la  Tou- 

raine,  le  ^'endônlois ,  le  Perche  et 

la  Normandie),  p.  78,  1.  i. 
Mainnés,  r.  de  h.,  p.  3ft6,  v.  2,  i5. 
Mal-Anmoi  ,  p.  i6fi,  1.  27;  p.  2o3, 

1.  22,  afi,  27;  p.  204,  1-  6. 
Mal-Aunoi,  p.  18S,  1.  22. 
Mal-Aussoi,  p.  166,  var.  8;  p.  188, 

var.  8. 
Malderghiem    (Maldeghem,  hourg 


de  Belgique,  jjrovince  de  la  Flan- 
dre orientale),  p.  i34,  1-  y- 

Mâle  (maison  de  plaisance  des  com- 
tes de  Flandre,  près  de  Bruges), 
p.  182,  1.  II. 

Mâle- Maison,  R.  de  H.,  p.  3o3, 
V.  18. 

Mal-Liojv  (  Mauléon,  ville  du  dé- 
j)artement  des  Basses  -  Pyrénées  )  , 
p.  143,  var.  I. 

Mal-Pahxus  ,  p.  38,  var.  4. 

Malpietruis  (bois),  p.  38,1.  10. 

Maw  (île  de  la  mer  d'Irlande),  p.  118, 
1.  3. 

Mandeville  ,  p.  88,  1.  ifi;  p.  11 5, 
1.  24  ;  p-  1 16,  1.  28  ;  p.  119,  1.  14, 
16,  20j  p.  121,  1.  7;  p.  145,  1.  '3; 
p,  i64>  1-  20  ;  p.  171, 1.  12  ;p.  182, 
1.  18  ;  p.  195,  1.  6. 

Manicoukt,  R.  de  H.,  p.  846,  v.  19. 

Manlay,  p.  180,  1.  24,  26;  p.  181, 
1.  i5. 

Mans  (le  Mans,  chef-lieu  du  dépar- 
tement de  la  Sarthe),  p.  18,  1.  i4; 
p.  49>  1-  *3;  p.  5o,  1.  9;  p.  65, 
1.  9;  p.  84,  1.  14  ;  P-  94,  1-  3; 
p.  208,  1.  28. 

Mansiel  (Manceaux,  natifs  ou  habi- 
tants du  Maine),  p.  65,  1.  6. 

Marce  (Marche,  province  de  France), 
p.  206,  var.  6. 

Marche  [idem),  p.  65,  1.  12  ;  p.  91, 
1.  22. 

Marche  de  Beessin,  p.  69,  1.  27. 

3Iarchel  (Martel,  surnom  donné  à 
tort  à  Geoffroi  le  Bel,  comte  d'An- 
jou), p.  69,  1.  17. 

Mardecekus  (Hardknut,  roi  d'An- 
gleterre), p.  fio,  var.  4- 

Mardechenus  (Hardknut,  roi  d'An- 
gleterre), p.  49,  var.  4  ;  p.  60,  I.  17. 

Mardocheus  (  Hardknut ,  roi  d'An- 
gleterre), p.  49,  1.  8;  p    60,  1.  14. 

Margerit  («  qui  estoit  rois  de  la  nier 
et  estoit  hom  le  roi  de  France»  ), 
p.  86,  1.  4- 

Margherite  (fille  de  Louis-le-Jeunc, 
roi  de  France ,  et  femme  de  Henri , 
roi  d'Angleterre,  deuxième  fils  de 
Henri  II),  p.  8i,  1.  28;  p.  8a  , 
1.  3. 

Marie  (>■  la  boine  contessc  ..) ,  p.  127, 
1.  5. 

Mariiles  (Mamile,   archevêque  de 


INDEX  GÉNÉRAL. 


413 


Rouen  ,  qui  succéda  à  Mauger,  dé- 
posé en  io55,  et  mourut  en  1067), 
p.  64,  1-  21. 

Makkelines,  p.  iSy,  i.  3. 

Marlion  (Mauléon,  ville  (hi  dépar- 
tement des  Basses-Pyrénées) ,  p.  96, 
var.  I  ;  p.  100,  var.  7. 

Marote  (l'une  des  quatre  femmes  de 
la  reine  Genièvre),  R.  de  H.,  p.  aSg, 

V.    23. 

Makkoc  (empire  situé  dans  le  nord 
de  l'Alriquc) ,  ji.  3,  var.  i. 

MâBsuirxE  (chef -lieu  du  départe- 
ment des  Bouches  -  du  -  Rhône  )  , 
p.  3,  var.  4- 

Marsfxle  [idem),  p.  3,  1.  8  ;  p.  85, 
1.  8. 

Marteaus  (Martel,  petite  ville  du 
Quercy,  maintenant  dans  le  dépar- 
tement du  I-.ot),  p.  82  ,  var.  6. 

Martel  (ville  du  département  du 
Lot),  p.  63,  var.  2  ;  p.  69,  var.  8. 

Martiaus  (Martel  en  Quercy),  p.  82, 
1.  27. 

Martin  (saint),  R.  de  H.,  p.  384, 
v.  3. 

Martims  (abbé  de  Jumièges),  p.  32, 
1.6. 

Maruel  (Mareuil,  bourg  du  dépar- 
tement de  la  .Somme  ),  R.  de  H., 
p.  377,  V.  12. 

Matel  (Martel,  petite  ville  du  dé- 
partement du  Lot),  p.  63,  1,  2. 

Maudejsghien  (IMaldeghem,  bourg 
de  Belgique  ,  province  de  la  Flan- 
dre orientale),  p.  i34,  1.  27. 

Maughier  (archevêque  de  Rouen, 
fils  de  Richard  II  et  de  Pavie , 
frère  de  Robert  duc  de  Norman- 
die), p.  57,  1.  9;  p.  59,  1.  8. 

Maughier  de  Cohbie  (  Mauger, 
comte  de  Corbeil ,  oncle  de  Ro- 
bert duc  de  Normandie),  p.  56, 
1.  5. 

Maugier  (archevêque  de  Rouen), 
p.  57,  1.  18. 

Maulion  (Mauléon  ,  ville  du  dépar- 
tement des  Basses-Pvrénées),  p.  io3, 
1.7. 

Maulyok  [idem),  p.  96, 1.  7;  p.  100, 
1.  26;  p.  102,  1.  14,  i5;  p.  107, 
1.  26;  p.  108,  1.  II  ;  p.  121,  1.  27; 
p.  143,  i.  1  ;  p.  i53,  1.  26;  p.  i65, 
1  4;  p.  172,  1.  27;  p.  174,  1.  12; 
p.  181 ,  1.  17. 
Maurilles  (archevêque  de  Rouen), 
p.  64  ,  var.  4- 


Meate  (Damielte,  ville  de  la  Basse- 
Egypte),  p.  207,  1.  17,  21. 

Meaulimges  (Mawling,  dans  le 
comté  de  Sussex,  pi  es  de  Lewes), 
p.  190,  I.  3. 

Mkause  (abbave  anglaise  de  l'ordre 
de  Citeaux),  ]i.   11  5,  1.  y. 

Meausse  [idem],  j).  11 5,  var.  4- 

Mehaus  (fille  naturelle!  de  Henri  I", 
roi  d'Angleterre,  mariée  à  Ro- 
trou  II ,  comte  du  Perche),  j).  70, 
1.  6. 

Mehaus  (fille  d'FAistacbe,  comte  de 
Boulogne,  et  femme  du  roi  Etien- 
ne ),  p.  78,  1.  I  ;  p.  79,  I.  16;  p.  81, 
1.  1. 

Mehaus  (fille  de  Bernard  de  Saint- 
Valery,  et  femme  de  (iuillaum»'  de 
Brayouse),  p.  1 1 1 ,  1.  16  ;  p.  112, 
1.  4,  8,  27;  p.  ]  i3,  I.  4  ;  p.  114, 
1.  21. 

Mehaus  (fille  de  Henri  \",  roi  d'An- 
qleterre,  et  femme  1°.  de  Henri  V , 
empereur  d'Allemagne;  2°.deGeof- 
froi  le  Bel,  ou  Plantagenet,  comte 
d'Anjou),  p.  68,  1.  i  ;  p.  69,  1.  i5; 
p.  71,  L  6,  9;  p.  72,  L  22;  p.  73, 
1.  6;  p.  76,  1.  6,  17,  22  ;  p.  77,  1.  I, 
i4;  p.  79,  1.  12,  19,  23,  28;  p.  80, 
1.  6,  12;  p.  81,  1.  3. 

Mehaus  (fille  de  Malcolm  ,  roi  d'E- 
cosse, et  de  sainte  IMarguerite  ,  et 
femme  de  Henri  I",  roi  d'Angle- 
terre), p.  67,  1.  25;  p.  69,  1.  20. 

Mehaus  (Mathilde,  fille  de  Baudouin 
comte  de  Flandre,  nièce  de  Hen- 
ri I"',  roi  de  France,  et  femme  de 
Guillaume-le-Conquérant) ,  p.  61, 

1.21. 

Mehaut  (fille  de  Richard  \",  duc  de 
Normandie,  et  de  Gonnor),  p.  43, 

1.   ?.2. 

Mehaut  (  «  qui  feme  fu  à  l'avoué 
Guillaume  et  mère  Robiert  de  Bie- 
thune») ,  p.  142,  1.  2. 

Melaat  (Meulan,  ville  du  départe- 
ment de  Seine-et-Oise),  p.  10,  1.  9. 

Mêles,  R.  de  H.,  p.  3i  i,  v.  26. 

MeleUj»  (Melun  ,  chef-lieu  du  dépar- 
tement de  Seine-et-Marne),  p.  5i, 
1.  i3;  p.  i4ii  1.  1'^,  28;  p.  161, 
1.  4;  P-  i6fi,  1-  27;  p.  182,  1.  i5; 
p.  i85,  1.28;  p.  188,1.  23;  p.  198, 

1.4. 
Mence,  r.  de  H.  ,  p.  3ii,  v.  20. 
MEguELi>Es ,    R.  de   H.,  p.    376, 

V.  14. 

MERAI^VILLE,    p.    188,   1.   25. 


414 


INDEX  GÉNÉRAL. 


Mekane  (Aléran,  ville  d' Allemagne, 

et  capitale  du  duché  de  Méranie, 

qui    s'étendait,    dit-on,  depuis   le 

Tyrol  jusqu'à  la  Misnie),  p.   91, 

1/28. 
Mère  Diu  (  la  Sainte-Vierge),  p.  14 , 

1.  17. 
Merlebehge  (Mariborongh,  ville  du 

Wiltshire) ,  p.  116,  var.  3;  p.  117, 

1.  20. 
RIeki-ebekghr        (  Marlborougli  ) , 

p.  i5o,  var.  10. 
Meklebiege  (  Marlborough),  p.  173, 

1.   1. 
MRRiEBiERGE (Marlborough),  p.  176, 

1.  3. 

MlîHUNGEHEM,   p.    igS,  1.    3. 

Meklins  (personnage  des  romans  du 
cycle  breton,  auteur  supposé  de 
prophéties),  p.  68,  1.  lo.  —  R.  de 
H. ,  p.  225,  V.  8- 

Metres,  p.  i66,  1.  i4  ;  p.  175,  1.  18. 

Meulent  (Meulan),  j).  70,  var.  6. 

3Ieurisse  de  Creon  ,  p.  178,  1.  i5. 

Mewerc  (N'ewark  ,  château  de  l'cvê- 
que  de  Lincoln,  et  maintenant 
ville  du  comté  de  Nottingham), 
p.  180,1.  17;  p.  181,1.  j3;  p.  206, 
1.  23. 

MiAULiMGES  (  Mavvling  ,  comté  de 
Sussex  ),  p.  190,  1.  7. 

M1CHE1,  (saint),  p.  i4,  1.  22. 

MiCHIEL    DE    HaRNES,   p.    l66,   1.    II. 

M1D1.EB0URC    (  «  une   boine  ville  ki 

siet  en  Waucres») ,  p.  i3fi,  1.  2. 
Mierelebiurge      (  Marlborough  )  , 

p.  116,1.  2g 
MiERLEBERGE  (Marlborougli),  p.  175, 

1.  20. 
MiERLEBiERGE        (  Marlborougli  ) , 

p.  1 16, 1.  2 fi  :  p.  i5o,  1.  25  ;  p.  175, 

1.  5,  8,  12;  p.  189,  l.  21  ;  p.  190, 

I.  i5. 
MiEssiAEs  (Messine  en  Sicile),  p.  85, 

I.  18;  p.  86,  1.  3. 

MiKIELS    DE    BlELES-AlSES  ,     p.    162, 

var.  2. 

MiKIUS  DE  BlELES-AlSES  ,  p.  162, 
1.   7. 

MiKios  DE  Harnes,  p.  169,  1.  23; 
p.  198,  1.  16;  p.  201,  1.  8. 

MiKix  CouPLiAUs,  R.  de  H.,  p.  34o, 
v.  2. 

Mii.M  ,  R.  de  H.,  p.  343,  v.  23. 

MiRABiEL  (château  dn  Poitou  ;  main- 
tenant Mirebeau,  ville  du  départe- 
ment de  la  ^'ienne  ) ,  p.  93  ,1.  9  ; 
p.  94,  I.  I  î,  i5. 


MiBAUMOKT  (village  du  département 
de  la  Somme),  p.  166,  1.  12. 

MiRMANDE  (près  de  Valence,  dépar- 
tement de  la  Drôme  ),  p.  52,  1.  a3. 

MoiG^E  (surnom  d'Eusîache  Buskes, 
pirate  boulonnais  du  xiii^  siècle), 
p.  i85  ,  1.  24. 

]\IoiL\iNs,  R.  de  H  ,  p.  3i  I,  v.  25. 

I\IoiNES  (surnom  d'Eustache  Buskes, 
célèbre  pirateduxiii^siècle),p.  167, 

1.  2,  3;  p.  i85, 1.  5,  i5  ;  p.  201,1.  1, 

2,  23,  26;  p.  202,  1.  6,  16. 
MoLAiNEs,  R.  de  H. ,  p.  299,  V.  24- 
MoLAiss  ,  R.  de  H. ,  p.  3 10,  v.  17. 
MoLiiRâi  (Moi)tbiav,  village  du  dé- 
partement de  la  Manche,  dont  le 
nom  ,  dans  la  bouche  des  Anglais, 
s'est  changé  en  Mowbray),  p.  194, 
1.  27. 

MoLETONE  (Molton  ou  Moulton,  dans 
le  Devonshire),  p.  157,  1.  19. 

l\IoL  Ploket,  ]).  182  ,  var.  3. 

MoMARs  DE  Laleh-g,  R.  de  H.,  p.  377, 
V.  i5,  18. 

MOKFORT,  p.  207,  l.   6. 

MoNGEU   (le  mont   Saint-Bernard), 

p.  70,  1.  23. 
MoKGiu   (le    mont   Saint-Bernard), 

p.  70,  var.  10. 
MoKGOBORi  (Montgomerv  ),  p.  i45, 

I.  22. 

MoNGOMEKI,  ]).  61,   1.    28. 

MoNGOKBoi  (Montgomery),  p.  i^\i, 
var.  9. 

MoKiOOK  (Laou,  chef-lieu  du  dépar- 
tement de  l'Aisne),  )).  21,  1.  22; 
p.  34,  1.  19. 

MoN.MIRAlL,  p.  166,  1.  4j  P-  177» 
1.    25. 

MojriMOREACHi ,  R.  de  H.,  p.  3oo , 

V.  8  ;  p.  3o6,  v.  22. 

MoKMOREACI  ,   p.  70,  1.    10. 

MoNiîARs  DE  l'Ai.ekg  ,   R.   de  H., 

p.  280,  V.  9,  ai. 
MoNs,  R.  de  H.,  p.  3o6,  v.  2. 
Mons-de-]Mokgeu  (les  Alpes),  p.  70, 

1.   9.3. 

MoNsoRiEL  (Mount  Sonel,  tlans  le 

comté  de  Leicester  ) ,  p.  189,  1.  ai; 

p.  190,  1.    16,  22;  p.    191,  1.    16; 

p.  193,1.  27. 
Montagu,  r.  de  H.,  p.  367,  v.  14  ; 

]).  379,  V.  7. 
-Mokt-Albak  (Montauban,  village  du 

département  de  la  Somme),  R.  de 

H. ,  p.  3oi,  v.  i5. 
Montauban  (village  du  département 

de  la  Somme),  II.  de  H.,   p.    221, 


INDEX  GÉNÉRAL. 


415 


V.  a4;  P-  291»  V.  25;  p.  3oi,  v.  i3  ; 
p.  3tt3,  V.  ifi. 

MoKTEBRoc  (  Monteboiirg,  l)ourg  du 
département  de  laManclie,  où  se 
trouvait  une  abbaye  de  bénédictins 
fondée  j)ar  Baudoin  de  Rivières), 
p.  6i ,  1.  10. 

MONTEGNY,  p.  58,  1.   18. 

MoMEi.,  R.  de  H.,  p.  3fiti,  v.  25. 

MoNTiGNi,  R.  de  H.,  p.  294,  v.  37. 

MOKT-FORT,  p.  58,  1.  12. 

MoNT-GoMERi ,  p.  61,  var.  4  ;  p-  'J'J, 
1.  26. 

Mo]VT-GoMEEi>",  p.  58,  var.  8. 

Mont-Lehf.ri  (  ^ioiitlhérv,  ville  du 
département  de  Seine  -  et  -  Oise  j, 
p.  2,  1.  22. 

MoNT-LooN  (Laon),  p.  27,  I.  20,  27, 
28  ;  p.  28, 1.  23. 

Mo«t-Saime-Katerike  (  lieu  près 
de  Rouen),  p.  19,  1.  6. 

MoNT-S.viJNT-MiCHUL  (abbaye  de  Nor- 
mandie,  département  de  la  Man- 
clie),  p.  i5,  1.  y;  p.  43,  1.  ^4; 
p.  47;  1-  7- 

Mont-Saïnt-Michiel  (idem),  p.  62, 
1.  17. 

MoREL,  R.  de  H. ,  p.  3oo,  v.  20. 

Moretuel  (Mortain,  ville  du  dépar- 
tement de  la  Manche),  p.  62  ,  1.  8  ; 
p.  71,  1.  20. 


Morlaines,  R.  de  H.,  p.  a8r,  v.  17  ; 
p.  3401  V.  i4)  17,  22. 

M0R0EL  (  Morenil,  ville  du  départe- 
ment de  la  Somme),  R.  de  II., 
p.  3oo ,  V.  10;  p.  3o6,  V.  21  ; 
p.  3o8,  V.  i(). 

3I0RROC  (Maroc,  empire  du  nord  de 
l'Afrique),  ]).  3,  1.  'J. 

MORTEMEH,  p.  ()2  ,  1.  f^  ;  p.  ()3,  1.  J  J 
p.    fi(),    1.   2. 

MoHTUEL  (Morlain,  ville  du  déparle- 
ment de  la  Manche),  p.  80,  1.  i  j, 
i5  ;  p    83,  1.  i3  ;  p.  90,  1.  21. 

MouHRAY  (Montbray,  village  du  dé- 
partement de  la  M.inche,  dont  les 
Anglais  ont  changé  le  nom  on 
Mowbray),  p.   1  45,  1.  ao. 

MousTEROEi,  (Montreuil  -  sur  -  Mer, 
ville  du  département  du  Pas-de- 
Calais  ) ,  p.  2  3,  1.  i3. 

Mur  (ville  de  Flandre,  à  deux  lieues 
de  L)an),  p.  i3o,  1.  18  ;  p.  i54,  I.  5, 
i3. 

MuELAMT  (Meulan,  ville  du  déparle- 
ment de  Seine-et-Oise),  p.  49,  h  23. 

MuELLvJvr  (Meulan),  p.  70,  I.  11. 

MuRSE  (la  Meuse,  fleuve  de  France, 
qui  se  jette  dans  la  mer  du  Nord  . 
en  Belgique),  p.  21,  1.  if>. 

Muis  d'Av.\rKE,  R.  de  H.,  p.  3o3, 
v.  17  ;  p.  3o4 ,  V.  4,  r3. 


N. 


Naktes  (chef-lieu  du  département  de 
la  Loire-Inférieure),  p.  i43,  1.  3,  10. 

Navare  (  pavs  situé  entre  la  France 
et  l'Espagne) ,  p.  86,  1.  2. 

Naveks  (Nevers,  chef-lieu  du  dépar- 
tement de  la  Nièvre),  p.  i()9,  var.  3. 

Naviers  (Nevers),  p.  52,  1.  fi  ;  p.  i65, 
1.  23  ;  p.  169,  1.  22  ;  p.  174,  1.  ifi, 
26;  p.  177,  l.  10;  p.  178,  1.  27; 
p.  179,  1.  i3,  i4;  p.  181,  I.  22; 
]î.  189,  1.  16;  p.  192,  I.  8,  14,  20; 
p.  199, 1.  28;  [).  200, 1.  Il  ;  p.  2o5, 
1.  24. 

Nequise  (Venise,  l'une  des  deux  ca- 
pitales du  rovaunie  Lombard-Vé- 
nitien), p.  87, 1.  17. 

Neustrie  (ancien  nom  de  la  Nor- 
mandie), p.  i3, 1.  2. 

Nevelon  de  M0X.AI1VS  ,  R.  de  H. , 
p.  3 10,  V.  16. 

Nevei.os  d'Arras  o«  i)e  Camle  («  li 
fils  au  bailliu  d'Arras»),  p.  20 1, 
1.  fi  ;  p.  202,  1.  5. 


Nevers  (chef-lieu  du  département  de 

la  Nièvre),  j).  52,  var.  i  ;  p.  ifi5, 

var.  7. 
Niche  (Nicée,  dans  l'.Asie-Mineure), 

p.  58, 1.  2. 
NicHOLE  (Lincoln),  p.  77,  1.  24,  27  ; 

p.  182, 1.  23  ;  p.  194, 1.  12,  20. 
NicHOLE  (gouvernante  du  château  de 

Lincoln),  p.  182,1.  21. 
Nicnoi,Es  (fils  de  Richard  III  duc  de 

Normandie,  moine  de  l'abbaye  tle 

Fécamp ,  puis  abbé  de  Saint-Oucii 

de  Rouen),  |).  53,  I.  22. 
Nicole  (Lincoln),  p.  180,  L  17  ;  p.  18/. 

1.  19;   p.  194,  1.  4  ;  P-  204,  I.  2fi; 

p.  20fi,  1.  21. 
NicoLEs  DE  Barbençoîi,  R.  de  H., 

p.  3o8,  V.  7. 
NicoLES   DES   Amoises  ,    R.  de    H. . 

p.  371,  V.  26. 
NicotES  Donchart,  r.  de  h  ,  ]).  307, 

V.  26. 
NicoLBs  H^RI^■Gos,  p.  193,  1.  8. 


416 


INDEX  GÉNÉRAL. 


NiGKL  («li  viscuens  ne  Cousteutin  ») , 

p-  47,  i-g;  p-  fi-».!.  10. 

NioR,  NroRS  (Niort,  en  Poitou,  chef- 
lieu  du  département  des  Deux- 
Sèvres),  p.  lor,  1. 15,  var.  2  ;  p.  io3, 
1.  8,  27. 

Noef-Castiel  de  Driencourt,  p.  89, 
1.17. 

NoEF-CASTIEL-SOUR-TlNE(NewCaStle- 

upon-Tyne,  dans  le  Norlhumber- 
land),  p.  i(i3,  1.  33  ;  p.  164,  1.  3  ; 
p.  181,1.  14. 

NoEF-PoRT  ,  p.  1 35,  1.  2,  var  4- 

NoEvE-Vii.E,  R.  de  H.,  p.  274, 
V.  24. 

NoEviLE  Ew  Artois,  R.  de  H.,  p.  278, 
V.  24  ;  p.  3  n,  V.  12  ;  p,  359,  V.  18; 
p.  3fi5,  V.  2,  18. 

NoEviLLE,  p.  160,  1.  27,  28;  p.  175, 
1.  I,  23;  p.  176,  1.  8,  12;  p.  186, 
1.  7;  p.  196,1.  1,5;  p.  198,  1.6. 

NoiON  (Noj'on,  ville  du  département 
de  l'Oise),  p.  2,  1.  19. 

NoNENCouEx  (ville  du  département 
de  l'Eure)  p.  70,  var.  7;  p.  89, 
1.  18. 

NoRANTONE  (  Nortliampton ,  ville 
d'Angleterre,  chef-lieu  du  comté 
de  ce  nom),  p.  146,  1.  19. 

NoRANTONME  (  Northampton  ,  chef- 
lieu  de  comté),  p.  60, 1.  4;  P-  i47> 
1.  2  ;  p.  i8f,  1.  7. 

NoREHEM  (Norham,  dans  le  comté 
de  Durham),  p.  164,  1.  7. 

NoREwTs  (Norwich,  dans  le  comté  de 
Norfolk),  p.  no,  1.  11;  p.  182, 
1.  18. 

NoRFONT  (Norfolk,  comté  de  l'An- 
gleterre), p.  172,  1.  14. 

NoRFOUc  (Norfolk),  p.  172,  var.  6. 

NoRHANSTONNE  (Nortliauipton,  chef- 
lieu  du  comté  de  ce  nom),  p.  146, 
var.  7. 

NoRHOMBELANDE  ( Northumbcfland  , 
comté  du  nord  de  l'Angleterre), 
R.  de  H.,  p.  236,  v.  21. 

Norman  (homme  du  Nord),  p.  2, 
var.  5. 

Noruant  (  hommes  du  Nord  ,  habi- 
tants ou  natifs  de  la  Norman- 
die), p.  2,  1.  Il;  p.  i3,  1.  25; 
p.  23,  1.  18;  p.  25,  1.  20;  p.  26, 
1.  4  ;  p-  27,  h  20,  26;  p.  28,  I.  !  3  ; 
p.  3o.  1.  2  ;  p.  3i,  1.  18,  24,  26; 
p.  32,  1.  i3,  16,  23,  26  ;  p.  33, 1.  4, 
9,  25  ;  p.  35,  1.  9  ;  p.  37,  1.  7,  ïo  ; 
j).  38, 1.  5,  8,  i4  ;  p.  3y,  1.  5,  i4>  i5  ; 


p.  41, l.  i;  p.  42,  I.  29;p,  48, 1.  9; 
p.  49, 1.  17;  p.  02, 1.  I  ;  p.  53, 1.  3, 
9  ;  p.  58,  1.  26  ;  p.  65,  1.  7  ;  p.  73, 
I.  19,  26;  p.  74,  1.  4,  II,  12,  16; 
p.  75,  1.  25;  p.  76,  1.  9,  II,  i5, 
var.  2  ;  p.  77,  1.  i  r  ;  p.  82,  1.  i3  ; 
p.  85,  I.  23;  p.  91,  1.  3;  p.  97, 
1.  II,  i5. 

NoRMENDiE  (grande  province  de 
France,  bornée  à  l'orient  par  la  Pi- 
cardie et  l'Ile  de  France;  au  midi 
par  la  Beauce,  le  Perche  et  le  Maine  ; 
au  nord,  ])ar  la  Manche;  au  cou- 
chant, par  la  Bretagne),  p.  2, 1.  23  ; 
p.  8, 1.25;  p.  12,1.  8;  p.  i3,l.  3,5,i4, 
16,20;  p.  i4,l-  21;  p.  17,1.  25;p.  18, 
1.  i5;  p.  2r,  1.  5;  p.  22,  1.  3,  20; 
p.  2  3,  1.  17;  p.  24, 1.  5  ;  p.  26, 1.  5; 
p.  29,  1.  i5,23;p.  3o,  1.  12,  17; 
p.  3i,  1.  8,  II,  20,  27;  p.  32,  1.  I, 
5;  p.  34,  1.  22  ;  p.  36,  1.  4,  14, 
17;  p.  37,  1.  9;  p.  39,  1.  14,  26; 
p.  40,  1.  4,  8,  21;  p.  44,  1.  23; 
p.  47,  1-  6,8;  p.  48,  1.  4>  var.  2; 
p.  49,  I-  I  ;  p.  5i,  1.  20;  p.  52,  1.  I, 
7;p.  54, 1.  7,  i8;p.  56,1.  i5;p.  57, 
1.  i3,  24;  p-  58,  l.  26;  p.  60,  1.  6, 
i5  ;  p.  61,  1.  17  ;  p.  63,  1.  I  ;  p.  64, 
1.  18,  27;  p.  65,  1.  5,  9;  p.  68, 
1.  23,  26;  p.  69,  1.  7,  16;  p.  70, 
1.  14,  19;  p.  72,  1.  26;  p.  73,  1.  II, 
14  ;  p.  74,1.  i7;p.  75, 1.  24;  p.  76, 
1.  8,  iS,  25,  var.  i  ;  p.  80,  1.  14  ; 
p.  81,1.  5;  p.  82,  1.6;  p. 83,  1.  12; 
p.  84,  1.  iT,  23;  p.  85,  1.  3;  p.  87, 
1.  7;  p.  88,  1.  6  ;  p.  89,  1.  10,  25  ; 
p.  90 ,  I.  22,  23,  24;  p.  91,  h  4  » 
p.  92,  l.i,  var.  6  ;  p.  93, 1.  6  ;  p.  y6, 
1.  i5,  21  ;  p.  97,  1.  16,  26;  p.  98, 
1.  22  ;  p.  99, 1.  20,  26  ;  p.  100, 1.  i3  ; 
p.  120,  I.  9  ;  p  173,  1.  2.  —  R.  de 
H.,  p.  226,  V.  18. 

Nouois  (gens  du  nord  de  l'Angle- 
terre), p.  148,  1.  I,  7,  21,  a4; 
p.  149»  1-  12;  p.  i56,  1.  29;  p.  157, 
1.  6,  12,  17,  23  ;  p.  160,1.  2  ;  p.  i8a, 
1.  25;  p.  194,  1.  4;  p-  196.  1-  ï5, 
22. 

Nostre-Dame  (la chemise  delà  Sainte- 
Vierge,  conservée  à  Chartres), 
p.  12,  1.  i3. 

Notinghkhen  (Nottingham,  chef- 
lieu  du  comté  de  ce  nom),  j).  118, 
1.  i3. 

Noués  (  le  patriarche  Noé),  R.  de  H,, 
p.  216,  V.  22. 

NoYON  (  ville  du  département  de 
l'Oise) ,  R.  de  H.,  p.  229,  v.  12. 


INDEX  GÏ-NÉRAL. 


417 


Nue,  p.  lyi,  I.  26. 
NiiF.F-PoRT,  p.  127, 1.  14,  22  ;  p. 
1.  10;  p.  i35,  1.  8. 


NuEviLE,  R.  de  H.,  p.  3io,   v.   2  ; 
28,        p.  353,  V.  8. 

NuEvii.LF.,  R.  de  H.,  p.  281,  V.  11). 


NuELCORT  (en  Normandie)  ,   p.  70,    Nullt  ,  p.  188,  var.  3. 


16. 


NtTF.LLI  ,   p.    188,   1.    5. 


Nyoks   (Niort,  en  Poitou)  ,  p.    loi, 
1.  14,  21. 


0. 


Obert  ,  p.  63,  l.  5,  (y. 

Obiers  (premier  gouverneur  de  Guil- 

laume-le-Kàtard),  p.  58,  1.  )5,  18. 
Odihem   (Odliiam,  ville  du   Hamp- 

shire),  p.  174,  1.  27;  p.  187,  1.  28. 
Oedes  «F,  Chartres  (Eudes,  second 

du    nom,    comte   de  Blois   et    de 

Chartres),  p.  49,  1.  12,  22  ;  p.  5o. 

1.  3  ;  p.  5i,  1.  ifJ,  17. 
Oedon  (fils  de  Geoffroy  1''%  et,  après 

lui,    comte  de  Bretagne),   p.  47, 

1.  19  ;  p.  5i,  1.  9. 
OiifEVAi.,  R.  de  H.,  p.  297,  V.  10. 
Oisi ,  R.  de  H.,  p.  33g,  v.  16,  27. 
OiRNi    (village   du    département    de 

l'Aisne),  p.  188,  var.  9. 
OisY,  p.  ifi'i,  1.  4;  p.  188, 1.  24. 
Olehain,  r.  de  h.  ,  p.   343,  v.   2, 

II. 
Olein    (  Knut ,    roi    d'Angleterre)  , 

p.  56,  1.  19. 
Olein  (roi  d'Orkney)  ,  p.  48,  '■  22; 

p.  5o,  1.  10,  22. 
O1.ENIS  (loi  d'Orkney) ,  p.  5o,  var.  7, 

12. 
Oliviers  (bâtard  du  roi  Jean) ,  p.  1 73, 

I.  17  ;  ]>.  189,  I.  6. 
Orable,  r.  de  H.,  p.  3i4,  v.  6- 
Orefort  (ville  du  comté  de  Suffolk), 

p.  182,  I.  i4,  var.  4- 


Orible,  r.  de  H.,  p.  356,  v.  17. 

Orraine  (Oikncy),  p.  48,  1.  23; 
p.  5o,  1.  10. 

Orquenie  (Orkney),  p.  48,  var.  9. 

OsAïuG  («  outre  le  Rin  sour  Muese  »), 
p.  21,  1.  i5. 

OsBERS  (premier  gouverneur  de  Guil- 
laume-le-Bâtardj,  p.  58,  var.  7. 

OsMONs  (précepteur  de  Richard  I""', 
duc  de  Normandie),  p.  28,  1.  8  , 
12,  20,  a5. 

Osi'iTAL  (église  de  Londres),  j).  172, 
1.  3  ;  p.  207,  1.  2. 

OsTERRicE  (Autriche),  p.  87,  1.  23; 
p.  207,  I.  2. 

Othes,  Othon (deuxième  fllsdeHenri 
le  Lion,  duc  de  Saxe,  et  de  l'aînée 
des  trois  filles  de  Henri  II  et  d'Éléo- 
nore  d'Aquitaine,  élu  roi  des  Ro- 
mains à  Cologne,  et  couronné  à 
Aix-la-Chapelle  l'an  1198),  p.  83, 
1.  17;  p.  88,  1.  i3,  22,  27;  p.  90, 
I.  4,  6;  p.  142,  1.  21;  p.  144,  1.  7; 
p.  207,  1.  4. 

OrHOA  (Othon  dit  le  Grand,  empe- 
reur d'Orient ,  mort  le  7  mai  973), 
]).  34, 1.  4  ;  P-  36,  I.  2,  7. 

Oclecote,  p.  164,  1.  6. 

Odks,  Ourson  li  CHiM«REi,ENs , 
j).  166,1.  20;  p.  188,  1.  25. 


Paci  (Pacv-sur-Eure,  ville  à  quatre 
lieues  d'Evreux),  p.  70,  1.  8. 

Pakdoufles  (légat  du  pape  Inno- 
cent III,  en  Angleterre),  p.  i23, 
I.  20;  p.  124,  1-  17;  P-  125,  1.  I, 
9,  i5  ;  p.  127,  1.  24  ;  p.  208,  1.  i5, 

Paon  (écuyer  qui  portait  la  bannière 
de  l'avoué  de  Béthnne),  p.  178, 
1.  22. 

Paris  (capitale  de  la  France),  p.  10, 
1.  10,  i5,  17,  21  ;  p.  II,  1.  I  , 
var.  10;  p.  29,  1.  7,  t8,  25; 
p.  33,  1.  2:1;  p.  34,1.  8;  p.  35,  1.  2  ; 


p.  36,  1.  10,  17  ;  p.  70, 1.  21  ;  p.  81, 
I.  8;  p.  83, 1.  9;  p.  91, 1.  II,  18,  26; 
p.  iio,  1.  25  ;  p.  1 15,  1.  3  ;  j).  120, 
1.  27.  —  R.  de  H. ,  p.  214 ,  V.  7. 

Partekay  (ville  du  département  des 
Deux-Sèvres),  p.  102,  1.  i6. 

PASCHAU,p.  191,  var.  7. 

Paskv,  p.  191,1.  26. 

Passois  (Passais,  contrée  du  départe- 
ment de  l'Orne),  p.  72,1.  2-;p.  98, 
1.  3. 

Patric,  Patris  (comte  de  Dumbar), 
p.  164 ,  I.  10,  var.  2. 

Pavik  (concubine  de  Richard  II  et 

:>9 


418 


JiNDEX  (JÉNÉRAL. 


mère  de  Manger  et  de  (iuillaume 

d'Arqucs),  p.  59,  1.  II. 
PB.iiijoiJRr,  (Pcmbroke,  comté  du  pays 

de  Galles),  p.  97,  1.  U2. 
Pe.mbroc  (Pembroke),  p.  iio,  1.  a  ; 

p.  171,  1.  9  ;  p.  180,  1.  20;  p.  194, 

I.  i3. 
Penrveskl  (Pevensey,  dans  Is  comté 

de  Sussex  ) ,  p.  64,  1.  4- 
Piîi'n  (  femme  de  Hrolf  et  mère  de 

rîuillaume  Longue-Epée,  duc  de 

Normandie),   p.  10,    I.  18. 
Prhlevai,    (le   Gallois,  chevalier  de 

la  Table-Ronde),  R.  de  H.,  p.  i3o, 

V.   23. 

Perche  (pays  attenant  à  la  Norman- 
die), p.  70,  I.  6;  p.  83,  1.  19. 

Perci  (bonrg  du  département  de  la 
Manche),  p.   i45,  var.  8. 

Pere^iont,  Pereumont  (village  du 
département  du  Pas-de-C]alais  ' ), 
R.  de  H.,  p.  353, V.  i3,  20;  p.  3-2, 

PEHERNâUT(arbalétrie^de  Tarmée  de 
Lonis,  fils  de  Philippe-Auguste), 
p.  178,1.  8. 

Phemppe  de  Flantjres  (comte  de 
Flandre,  oncle,  par  sa  femme,  de 
Jeanne,  fille  de  Baudouin  de  Cou- 
sfantinople  et  femme  de  Ferrand), 
p.  127,  1.  6  ;  p.  128,  1.  26. 

Phelippes  (surnonnné  le  Hardi,  fils 
de  Saint-Louis,  roi  de  France), 
R.  de  H.,  p.  216,  V.  16. 

PhELTHPES  u'AUBEGNY,  p.  i83,l.  i3; 
p.  193,  1.  7;  p.  207,  1.  9,  23. 

Phelippes  dk  France  (  Philippe- 
Auguste,  roi  de  France),  p.  82, 
1.  i5,  17,  24;  p.  83,  1.  (S,  var.  5; 
p.  84,  !•  3,  10,  i3,  il,  2();  p.  85, 
1.  22  ;  p.  86, 1.  I,  27  ;  p.  87, 1.  5,  14, 
^7'  '9;  P-  91^  '•  3,  7;  p.  102,  l.  2fi; 
p.  108,1.  6  ;  p.  119,  1.  27  ;  p.  2o(i, 
l.  20. 

Phelippes  de  la  Gastise,  p.  i35, 
1.  I  ;  p.  137, 1.  21. 

Phelippes  1.1  castelains  de  Mau- 
denghien,  p.  i34,  1.  27. 

Phelippox  d'Oulecotk,  p.  ifSii,  1-  ('• 

'  Il  y  avait  aussi  dans  le  H;iiiiaut  un 
château  appelé  Perreusinnnl ,  coustruit 
dans  le  XH*  siècle  par  Adam  de  VVallain- 
roiirt.  Voyez  Gisleberli  Montensis  Han- 
nntiies  chronicon  (Recueil  des  Historiens 
des  Gaules  et  de  la  France,  vol.  Xîll, 
l>.  56n,  A.) 


PiEUARS  de  Cenevieres,  R.  de  H., 
p.  3o4,  V.  23. 

PlERARS  DE  FoiICOTÎCOUBT,  R.   de  H., 

p.  295,  V.  19. 
PiERCE  (  Perche,  pays  attenant  à   la 

Normandie),  p.  188,  1.  19;  p.  190, 

1.   23. 
PiERCHE   (Perche),  p.   i45,   1.    19; 

p.  179,  I.  19;  p.  194,  I.  22. 
PiERE ,  R.  de  H.  ,  p.  307,  V.  16. 
PiERE  (saint),  p.  14,  1.  20. 
PiERES  (surnommé  Maiiclerc,  duc  de 

Bretagne  et  fils  de  Robert  II,  comte 

de  Dreux),  p.  i43, 1.  5,  6. 

PlERES      DE      HoUDEMC,     R.     de     H., 

p.  348,  V.  10,  17;  p.  376,  V.  27. 
PiEREs  DE  LA  Male-Maison ,  R.  de 

H.,  p.  3o3,  V.  18. 
PiEREs    DE    MoLAijsEs ,    R.    de   H., 

p.  290,  V.  24;  p.  340,  V.   17. 

PlEKES     DE     MONTAGU  ,     R.      de     H., 

p.  367,  V.  14. 
PiEREs  l'Orible,  r.  de  h.,  p.  35fi, 
V.  17. 

PlERES,  PlERON    DE    CrEON  ,    p.    1 70, 

1.  i3;  p.  178,  1.  I,  3,  23,  25. 

PlERES  ou  PlEHOJV   DE  MaNLAY  (gOU- 

verneur    du    château   de    Corfe), 

p.  180,  1.  24,  26  ;  p.  181,1.  i5. 
PiEKEs  DE  Prataus  (  gouvcmeur  de 

la  ville  de  Rouen  pour  le  roi  Jean), 

p.  97,  I.    16  ;   p.  98,   1.  7,    10,    17  ; 

p.  99,   l.  i,  (>,  8. 
PlERES  OU  Pierres  de  Pom-Frait 

(devin),   p.    122,  1.    17;   p.   ia5, 

1.  20;  p.  126,  1.  4- 
PlERON     DE    Bailluel,    R.    de    H., 

p.  299,  V.  i5. 
PlERON  DE  Bueffremokt,  R.  de  H., 

p.  358,  V.  10. 

PlERON,   l'eMPEREOUR  DE  CoNSTAN- 

TiNOKLE  (Pierre  de  Courtenav,  élu 

en  1216),  p.  2o5,  1.  22. 
PlERON  DE  Waili.i  ,  R.  de  H.,  p.  307, 

V.  3. 
Pierre,  p.  ii5,  l.  16;  p.  i25,  1.  i(>. 
Pierre  (saint),  p.  208,  1.  5. 
Piés-de-Rat  (  surnom  de  Guillaume 

de  Beaumont),  p.  161,  1.  (S,  7. 
PiKEGNY    (  Péquigny -sur- Somme  , 

ville  du  département  de  la  Somme), 

p.  24,  I.  17. 
PiKiGNi  (Péquigny),  R.  de  H.,  p.  34o, 

v.  27. 
PiNiAUs,  ]>.  97,  var.  3. 
Pi;.KEG.M  (Péquigny),  p.  24,  var.  6. 
PisE  (ville  de  Toscane),  p.  3,  I.  9. 
Plaisans  (l'une  des  quatre  pucelles 


IINDEX  GÉNÉRAL. 


419 


de  la  reine),  R.  de  H.,  p.  339, 
V.  34. 

Plaissié,  R.  de  H. ,  p.  296 ,  v.  14  ; 
p.  355,  V.  5  ;  p.  SSy,  v.  4- 

Plasseis,  p.  182,  1.  i3,  17. 

Pjlokès,  p.  182  ,  1.  II  ;  p.  184,  1.  6  ; 
p.  i8(i,  1.  26. 

Plomkès,  p.  166,  1.  a8. 

Pi,usEKGiEN,  p.  162,  var.  3. 

Pois  (Poix,  ville  du  département  de 
la  Somme),   p.  67,  I.  ir. 

Poissi  (ville  du  déparlement  de  Seine- 
et-Oise),  p.  176,  1.  ii;  p.  182, 
1.  i5;  p.  190,  1.  24. 

PoiT.vu  (Poitou,  province  de  France, 
hornée  au  nord  pai  la  Bretagne  , 
l'Anjou  et  une  partie  de  la  Tou- 
raine,  ;i  l'est  par  la  Touraine  ,  le 
Berry  et  la  Marche,  au  sud  par 
l'Angonmois,  la  Saintonge  et  le 
pays  d'Aunis  ,  à  l'ouest  par  la  mer 
de  Gascogne  ),  p.  3 ,  1.  4  j  P-  ''' 
1.  25;  p.  81 ,  1.  18;  p.  96,  1.  13  ; 
p.  TOI,  1.  i3  ;  p.  107,  1.  9;  p.  108, 
1.  9,  19,  24;  p.  109,  1.  3;  p.  i43, 
!.  I  ;  p.  181,  1.  19;  p.  206,  1.  9. 

Poitevin  (habitants  ou  natifs  du  Poi- 
tou), p.  81  ,  1.  10  ;  p.  91 ,  1.  24  ; 
p.  945  1-  8,  17,  20;  p.  95,  l.  8,  i5; 
p.  io3,  1.  9,  27;  p.  104, 1.  4  ;  p.  107, 

1.  26;   p.    108,  1.   12. 

Poitiers  (chef-lieu  du  département 
lie  la  Vienne),  p.  «2,  1.  <)  ;  p.  20, 
1.  16,  iS. 

Poi.  (saint),  p.  208,  1.  5. 

Ponces  dh  Biviihiès  (chevalier  d'Ar- 
tois), p.  188,  1.  2. 

PoNs  (  ville  du  département  de  la 
Charente-Inférieure),  p.  2ofi,  1.  i3. 

Pont-i)e-l'Arche  (ville  du  départe- 
ment de  l'Eure),  p.  9,  1.  8  ;  p.  97, 
1 .  12. 

PoKT  dOkson  (Pontorson,  ville  du 
département  de  la  Manche),  p.  5o, 
var.  2, 


Pdntugny  (Poiitigny,  village  du  dé- 
partement de  l'Yonne  ,  où  se  trou- 
vait une  célèhre  ahhaye ,  qui  est  la 
seconde  fille  de  Citeaux,  fondée  eu 
I  II 4),  p.  197,  h  8. 

Po]NT-Fk\it  (  Pontcfract  ,  ville  de 
rVorkshire  ,  West  Readiug  )  , 
p.   122,   1.  17;  p.  125,  1.  20. 

PoNTiEi'  (Ponihieu,  contrée  de  Fran- 
ce, eu  Picardie),  R.  de  H.,  p.  355, 
V.  12. 

PoNTiu  (Pouthieu,  contrée  de  France, 
dans  la  basse  Picardie),  p.  8,  var.  9  ; 
]).  59  ,1.  a6  ;  p.  63,  1.  16  ;  p.  108. 
var.  2. 

Puxr-OnsdN,  Pont-Ourson  (ville  du 
département  de  la  Manche),  p.  49, 
1.  14  ;  p.  5o,  1.  4  ;  p.  70,  1.  16, 
var.  7. 

PoRCRCiESTRE  (  Porchcsler,  dans  le 
Hainpshire),  p.  174,  1.  23. 

PoKCESTKE  (  Porchester  ) ,  p.  174, 
var.  5. 

PoRTESMUEs  (  Portsmouth  ,  Hamp- 
shire),  p.  107,  1.  10  ;  p.  174 ,  L  '■»4- 

PoRTiNGAL  (Portugal,  le  plus  occi- 
dental des  royaumes  d'Europe), 
p.  127,  var.  2. 

PoKTYG.^L  (Portugal),  p.  127,  I.  2; 
p.  128,  1.  22,  24. 

PRii.vus  (Préaux  en  Normandie), 
p.  61  ,  1.  2f);  p.  97,  1.  17;  p.  98, 
1.  7,  10,  17,  21  ;  p.  99,  1.  1,6,  9. 

Pkaiiaus,  r,  de  H.,  p.  297,  v.  7. 

Prouece  (personnification),  R.  de 
H.,  p.  ai5,  v.  10,  2(). 

Proueche  (personnification),  R.  de 
H.,  p.  3o2,  v.  5. 

Provence  (  province  du  midi  de  la 
France),  p.  3,  1,  7. 

Prouvence  [idem),  p.  3,  var.  3.  —  R. 
de  H.,  p.  2i3  ,  V.  21. 

Puthenghien,  p.  i6a,  1.  10. 


Q- 


Quentin  (  saint),   R.  de  H. ,  p.  291  ,  v.  i ,  11 ,  14,  19  ;  p.  285,  v.  2,7, 

V.  a.  n  ;  p.  a86,  V.  25  ;  p.  3i3,  V.  18; 

QuÈSjQuEX  (sénéchal  du  roi  Arthur),  p.   3i4,  v.  11;  p.   33i,  v.  9,  afi  ; 

R.  de  H.,  p.  33 1,  V.  26;  p.  20  5,  V.  1  j;  p.  352  ,  v.  24  ;  P-  38 1,  v.  12. 

p.  266,  v.  i5;  p.  267,  V.  16  ;  p.  268,  Quinchi,Quinci,  p.  97, 1.  6  ;  p.  i45, 

V.  10,  i3  ;  p.  270,  V.  20  ;  p.  271  ,  1.  12  ;  p.  160,  I.  1 1,  var.  3;  p.  171, 

V.  5;  p.  283,  V.  10,  19,  27  ;  p.  284,  1.  1 1. 


420 


IJNDEX  GÉNÉRAL. 


R. 


Radeboi.ï  (roi  de  Frise),  p.  8,  var.  i. 

Radufom' (château  de  Normandie, 
à  trois  lieues  des  Andelys,  dépar- 
tement de  l'Eure),  p.  g6, 1.  22,  ai, 
26;  p.  1)7,  I.  i3. 

Radif.l  Bolekx  (roi  de  Frise),  p.  8, 
1.  9. 

Radingfs  (Reading,  Berks) ,  p.  laS. 
var.  4- 

RvDiNGHF.s  (Ueading,  ville  et  abbaye 
du  comté  de  Berks ,  fondée  par 
Henri  I"),  p.  70,  1.  18;  p.  71, 1.  3  ; 
p.  179,1.  2. 

Radingues  (Reading,  Berkshire), 
p.  125,  1.  1 1  ;  p.  127,  1.  18. 

Radous  (  frère  d'Arnould  d'Aude- 
narde) ,  p.  i54,  1.  22 

Raimon  de  Saint  -  Gillk  (Ray- 
mond VI,  comte  de  Toulouse, 
deuxième  époux  de  Jeanne ,  troi- 
sième des  filles  de  Henri  II  et 
d'Eléonore  d'Aquitaine  ) ,  p.  83, 
1.  25  ;  p.  12  1,1.  28. 

Ralmon  (Raymond  VU",  fils  du  pré- 
cédent, né  au  mois  de  juillet  de 
l'an  1197,  mort  le  27  septembre 
1249)»   P-  ^3,  1.  25  ;  p.  122,  1.  8. 

Raiîjevai-  (Renneval ,  village  du  dé- 
partement de  l'Aisne),  R.  de  H., 
p.  271,  V.  19;  p.  3fio,  V.  26. 

Raimnaut  (fils  naturel  de  Henri  P% 
roi  d'Angleteire),  p   70,  var.  i. 

R  AI  NN  a  UT  (Renaud  P'',  comte  de  Bour- 
gogne, mort  le  3  septembre  1057), 
]>.  5i,  var.  2. 

Rainnaut  de  Dak-Martin  (comte 
de  Boulogne) ,  p.  io3,  var.  5. 

Rmks  (Reims,  chef-lieu  du  départe- 
ment de  la  Marne),  p.  208  ,1.  24  ; 
p.  209,  1.  II.  • 

R  AOLS  Toute  (sénéchal  de  Richard  I", 
duc  de  Normandie),  p.  35,  var.  i. 

Raoul  (frè.-^e  du  comte  de  Roussi), 
p.  1-5,  1.  14. 

Raoul ("ki  evesquesestoitdeBiauvais, 
alias  de  Baieuwes"),  p.  54,  1.  27. 

Raoul  de  i.a  Torsele,  p.  175,  var.  a. 

Raous  (  frère  de  Richard  1"  duc  de 
Normandie),  p.  4^,  1.  i4;  P-  46, 
l.   1 1,  23. 

Raous  de  la  'Iourmiele,  p.  ifiH, 
I.  20;  p.  201,  1.  2;  p.  202,  1.  5. 

Raous  db  IMaignflers,  R.  de  H., 
p.  3oi,  v.  7. 


Raous  de  Neelk  ,  p.  166,  1.  ao. 
Raoul  de  Roe."»!,  p.  49,  !•  20. 
Raous  d'Estkées  (fils  d'un  maréchal 

de  France),  R.  de  H.,  p.  323,  v.  i5; 

p.  253,  V.  17. 
Raous  de  Taovi  (Raoul  de  Tosny, 

fondateur    de    l'abba>e    de    Sainl- 

Etienne  de  Caslellonj ,  p.  62,  I.  14. 
Raous  d'Issodun  (frère  de  Hugues- 

le-Brun  ,    comte   de   la  Marche)  , 

p.  95,  l.  2. 
Raous    lt   Torte   (sénéchal   de   Ri- 
chard   l",    duc    de   Normandie), 

p.  35,  1.  r, 
Raous  o«  Rauould'Estrées,  p.  i6(\ 

1.  20;  p.  175,  1.  i4  ;  p.  188,  1.  2  3. 
Raous  Pi,okès  ou   Raou.>  Plomkès  , 

Plonkès,   p.  166,  1.  27;  p.  182, 

1.  11;  p.  184,  l.  fi  ;  p.  186,  1.  26; 

p.  188,  1.  22. 
Raous  Tasson   (l'un   des  fondateurs 

de  Saint-Etienne  deLonlai),  p.  62, 

I.  12. 
Rasson  de  Gaure,  p.  ï3g,  1.  25. 
Régate  (Rogale,  ville  du  comté  de 

Sussex) ,  p.  190,  l.  9. 
Relengues  ,  R.  de  H.,  p.  377,  v.  2. 
Resiaîss,  Rosiant  du  Hen,  r.    de 

H.,  p.  384,  V.  9,  et  dernière  ligne. 
Renaus  (frère  d'Alars  de  Croisille) , 

p.  166,  1.  24- 
Renaus  (l'un  des  bâtards  de  Henri  1'% 

roi  d'Angleterre),  p.  70,  1.  4- 
Rejvaus   (maréchal  de  Champagne)  , 

p.  g,  1.  10,  24  ;  p.  10,  1.  8. 
Renaus  d'Ahiiens,  p.  i6fi,  1.  18. 
Renaut  de  Dant-jMartin  (comte de 

Boulogne),  p.  io3,  1.  19. 
Renaut  de  Mont-Alban  ,  R.  de  H., 

p.  3oi,  v.  17. 
Renaut  de  Pons  (baron  de  l'Angou- 

mois),  p.  2oti,  1.  i3. 
Renaut  df.  Satnt-Maat,  R.  de  H   , 

p.  341,  V.  2,  21. 
Renaut  d'Outkf.-Soone  (Renaud  1"', 

comte  de  Bourgogne),  p.  5 1,  1.  4  ; 

p.  52,  i.  14. 
Reniers  Lonc-Col  (Rainier  1",  comte 

de  Hainaut),  p.  8,  1.  8,  i3,  14,  22. 
Renols  («li  marechaus  de  France»), 

p.  9,  var.  5,  la. 
Rkonde  Table  (ordre  de  chevalerie), 

il.  de  H.  ,  p.  23o,  V.  2fi. 


INDEX  GÉNÉRAL. 


421 


RiBERcouRT,  R.  de  H.,  p.  aai,  v.  -i/i. 

RicMis  (Ricliard  I'%  surnommé Cœur- 
de-Lion,  roi  d'Angleterre),  p.  84, 
var.  2. 

RiCAKS  (Richard  I",  troisième  duc  de 
Normandie,  fils  de  Guillaume- 
Longue-Épée),  p.  aS,  var.  9. 

RicH.viis  (fils  de  Guill.'uime-le-Con- 
quérant  et  de  Mathilde) ,  p.  61, 
1.  16;  p.  «7,1.  i/f 

RiCHARs  (fils  de  Richard  II  et  de 
Judith  de  Bretagne,  et  duc  de  Nor- 
mandie sous  le  nom  de  Ri- 
chard III),  p.  5 r,  1.  I  ;  p.  Sa,  1. 19; 
p.  53,  1.  II,  31  ;  p.  6a,  1.  ai. 

RiCHARs  (fils  de  Toustain  Goz ,  vi- 
comte d'Exmes) ,  p.  39,  1.  6. 

RiCHARs  (fils  du  roi  Jean),  p.  iti, 
1.  8;  p.  x5i,  \.  a3;  p.  180,  1.  a3; 
p.  aoo,  1.  18  ;  p.  aoi,  1.  17. 

RicHARs  (deuxième  du  nom,  fils  de 
Richard  I"^'  duc  de  Normandie,  et 
de  Gonnor),  p.  43,  1.  20;  p.  45, 
I.  16  ;  p.  4'^',  '.  7;  p-  47»  1-  8  ;  j).  48, 
1.  4i  i5,  a/J  ;  p.  49. 1.  t3  ;  p.  5o,  1.  9, 
i5, 17,  aS  ;  p.  5i,  1.  26;  p.  Sa,  1.  i5  ; 
p.  53,  I.  a,  3;  p.  59,  1.  10;  p.  62, 
1.  19. 

RiCHARs  (premier  du  nom,  fils  de 
Guillaume-Lougue-F.pée  et  troi- 
sième duc  de  Normandie) ,  p.  20, 
1.  la;  p.  33, 1.  9;  p.  a5,  1.  25  ;  p.  a(), 
1.  4>  20,  27;  p.  34,  1.  21,  a6;  p.  35, 
1.  10,  ai  ;  p.  3fi,  1.  4  ;  p.  37,  1.  20  ; 
p.  38,  1.  17;  p.  39,  1.  5,  i3,  ao; 
p.  43,1.  i;  p.  44,  1.  a4,  39;  p.  45, 
1.  i;  p.  46,1.  6;  p.  63,  1.  18. 

RiCHARS  (le  troisième  des  hàtards  de 
Henri  l"  roi  d'Angleterre) ,  p.  70, 
1.  3. 

RtCHARS  (fils  aîné  de  Robert  archevê- 
que de  Rouen  et  premier  comte 
d'Evreux,  auquel  il  succéda  dans  ce 
comté  en  1037},  p.  (ia,  1.  fi. 

RicHARS  (troisième  fils  de  Henri  II, 
roi  d'Angleterre ,  et  roi  lui- 
même  sous  le  nom  de  Richard  I^"', 
ou  Cœur-de-Lion),  p.  81,  1.  27; 
p.  83,  1.  I  ;  p.  84,  1.  1,8,  tS,  31 , 
37;  p.  85,  1.  a,  5,  II,  i3,  19,  a3, 
26  ;  p.  86,  1.  4»  fi.  8,  1 1,  19.  a7  ; 
p.  87,  1.  4,  5,  9;  p.  88,  1.  8,  9; 
p.  89,  1.  5,  i3,  16,  a3,  26;  p.  90, 
1.  5,  7,  var.  6  ;  p.  91,  1.  4  ;  p-  'Sa, 
1.  1 1  ;  p.  208, 1.  22. 

RiCH&RS  DOU  PlERCHF.  ,   p.  l45,  1.  I9. 

RiCHART  (Richard,  dit  le  Justicier, 


duc  de  Bourgogne  en  888  ,    mort 

en  921),  ().  13,  1.  8. 
Richaut,  Rikaut  (mère  de  Gautier 

de    Sotteghem    le    jeune  ,    d'Ar- 

nould    d'Audenarde    et    d'Evrard 

Radous) ,  p.  i54, 1.  32,  var.  9. 
Ricmikrs  (Richard  l",  troisième  duc 

de  Normandie)  ,  p.  20,  var.  4- 
RiDiAUs,  RiDKL,  R.  de  H.,  p.  agS, 

V.  19  ;  p.  294»  V.  5,  22. 
Rie  (Rye  ,  ville  du  comté  de  Sussex), 

p.  182,  l.  28  ;  p.  i83,  1.  5,  9,  i3  ; 

p.  187,  1.  II,  17. 
RiENCoRT  (endroit  de  la  Normandie), 

p.  70,  1.  i5. 
RiN  (le  Rhin,  fleuve),  p.  ai,  1.  8,  i5; 

p.    3 1,   1.   a;  p.  88,  1.  a3.  --  R. 

de  H. ,  p.  319,  V.  33. 
RiOLS  DEL  Mans  (vicomte  du  Cofen- 

tin),  p.  18,  1.  14,  32  ;  p.  20,  1.  2. 
Rious  nv.L  Mans,  p.  18,  var.  3. 
RrsLE    (  rivière   du    département   de 

l'Eure),  p.  18,  1.  18. 
Rivière,  p.  180, 1.  3. 
Rivières,  p.  62,  1.  10. 
RoBERS,  R.  de  H.,  [>.  345,  v.  i6. 
RoBERs  («li  cuens  d'Eu»),  p.  62,  1.  4- 
RcBERs   DE    MoiVTiGKi ,   R.   de   H. , 

p.  294,  v.  27. 
RobersdeMokoel,  r.  de  H.,  p.  3o8, 

V.  19,  22. 
Robers  d'Oineval,  r.  de  H.,  p.  297, 

V.    lO. 

Robers,  Robifrs  de  Biethune  («11 
ainsnés  des  fils  l'avoué  Guillaume, 
fors  .i.  qui  Danois  estoit  apielés, 
qui  s'en  estoit  aies  vers  Conslantl- 
nohle»),p.  128, 1.  3,  20,  28  ;  p.  139, 
1.  5  ;  p.  i3i,  1.  31  ;  p.  i33, 1.  6,  30, 
36  ;  p.  i33, 1.  I,  23  ;  p.  i34,  L  2, 
18  ;  p.  i35,  1.  a,  8,  i4,  i5;  p.  i4o» 
1.  I,  7,  10,  i3,  17,  var.  I  ;  p.  141» 
1.  9,  ifi,  24;  p.  i4'-i  I-  3, 6  ;  p.  147, 
l.  jo,  i3,  var.  3;  p.  148,  1.  27; 
p.  149,  1.  9;  p.  i52, 1.  27;  p.  i53, 
1.  7,  9,  12,  17;  p.  1 54, 1.  26;  p.  i58, 
1.  3,  21,  33;  p.  iSg,  l.  17,  ao  ; 
p.  161, 1.  17,  ao  ;  p.  i6a,  1.  5,  6,  i5, 
24;  p.  170,  1.  4. 

Robers,  Robiers  li  fils  Gvutieh 
(beau-père  de  Geoffroi  de  Mande- 
ville) ,  p.  97,  1.  5  ;  p.  II 5,  1.  36  ; 
p.  117,  1.  21,  22,  28  ;  {).  118,  1.  4, 
ï3,  20,  24,  28;  p.  119,  1.  7,  17,  36; 
p.  120,  1.  a8  ;  p.  lai,  I.  3,  i5,  a3, 
25,  var.  2  ;  p.  124  ,  1-  28  ;  p.  laS, 
1.  9  ;  p.  145,  1.  1  ï  ;  p.  171,  I.  10  ; 
p.  182,  1.  9;  p.  194,  1-  î5. 


-i22  INDEX  GÉNÉRAL. 

RouiiRT,  p.  6i,  1.  35.  RoBiEKs(roldeFrance},p.  5o,}.  i5; 

RoBr.Kx  (comte  du  Maine),  p.  65, 1.  9.  p.  52,  1.  4,  7  ;  J).  55,  I.  10,  a4. 

RouERT  (fils  de  Guillaume  de  Nor-  Rosiers  Biertaus  ,  p.  169,  1.  aj. 

niandie    frère  de  Richard  II,    et  Robiers  d'Alei^coi.  ,  p.  96,  1.  17. 

comte  d'Exmes  et   dEu),  p.  46,  t>„„,„„,„    p       '                L-   i     ■> 

1      j-                                     /'  r     *  »  KobieksdeB.ui-luel,  p.  16(1,  l.  i3. 

Robert  (parrain  de  Robert  II,  comte  ï^o^i^»».  de  Corçok  (cardinal  et  légat 

d'Artois,    surnommé  le  Bon  et  le  „  "^^  ^amt-Siegc),  p.  144,  1.  19. 

Noble,    tué   en    1802),   R.   de    H.,  I^o«ie«s  ue  Coucr,  p.  i65,  1.  aS. 

p.  '^62,  V.  i3.  RobiersdeCourtenay,  p.  166,  1. 15; 

Robert  Burkei-,  R.  de  H.,  p.  371,  V-  '79»  1-  20;  p.  198,  1.  i5;  p.  201, 

V.  22  ;  p.  379,  V.  9.  1.  I,  23;  p.  202,  l.  2,  23,  25,  27; 

Robert  d'Ekgxos,  R.  de  H.,  p.  378,  P-  2o5,  1.  24. 

V.  3,  R0BIERS  DE  Gauci  (gouverneur  du 

RobertdeRoksoi,R.  deH  ,  p.  214,  château  de  Newark  pour  Henri  III), 

V.  6.  P-  ï^i>  '•  12  ;  p.  194, 1.  16;  p.  2o{), 

Robert  de  Ros,  p.  i45,  1.  18.  ^-  2^»  "^^^^  7- 

Robert  le  Frison  ,  p.  63,  1.  9.  Robiers     de     Grekte  -  Maisnili,  , 

RoBiERs,  RoBiERT  (Robert  1",  dit  le  P-  ^2>  '•  ^3. 

Magnifique,  fils  de  Richard  II  et  Rosiers  de  Saint -Germain   («un 

de  Judith  de  Bretagne,  el  duc  de  clersleroi  d'Escoce»),  p.  197,!.  19. 

Normandie),  p.  5i,   1.  2  ;  p.    53,  Robiers  de  Ver,   p.   i65,   1.  7,   8; 

I.  14,  18;  p.  54,  1.  2;  p.  55,1.  i5;  P-  171»  1-  i3;  p.  182,!.  16. 

p.  56,1.  1,2,  19  j  p.  59,  1.  9;  p.  62,  Robiers  Riols  (l'un  des  assassins  de 

1.22.  Guillaume  Longue-Epée) ,  p.  25, 

Rosiers   (comte  de  Mortain,  fonda-  '•  ^^■ 

teur  de   l'abbave  de   Crestigiiv),  Robiert (archevêque de Canteibury), 

p.  62,  1. 8.         '                             "  P-  63,  1.  II. 

RoBiEHs  (fils  de  Guillaume  1",  comte  Robiert  Bertrau,  p.  y3,  1.  16. 

deBellème  et  seigneur  d'Alençon,  Robiert  de  Dreues,  p.  143,  1.  5,  6, 

auquel  il  succéda  en  1029),  p.  54,  8;  p.  i45,l.  i. 

1.  19,  24.  RoBERs  ou  Robiers  de  Dreues  (fils 

Robiers   (fils  de  Richard  I"  duc  de  du  précédent),  j).   i43,  1.   8,    11, 

Normandie,  et  de  Gonnor,  arche-  18;   p.   i44»   1-  ^4  ;    P-  >('6,   1.  3; 

véque   de    Rouen    et    comte   d'E-  p.  175,  1.  5,  12,  27;  p.  176,  1.  8,  i3, 

vreux),  p.  43, 1.  20;  p.  44,  I.  18;  i5;   p.   177,!.   10;   p.   178,1.28; 

p.  46,  1.  2;   p.  5o,  1.  23;   p.  53,  p-  179»  1-  21  ;  p.  188,  1.  18;  p.  202, 

1.   6  ;   p.   54  ,    1.   5  ;  p.  59,  1.  8.  1-  22,  26  ;  p.  208,  l.  26. 

Rosiers  (fils  de  Robert  roi  de  France,  Robiert  de  Glouciestre  ,  p.  69, 1.  1  i  . 

et  de  Constance,  et  duc  de  Bour-  Robiert   de   Montgomeri  ,    p.    69, 

gogne),  p.  55,  1.  26  ;  p.  56, 1.4-  1.  aS. 

Robiers  (fils  de  Sohier  de  Quinci ,  Robiert  dePoissi,  p.  176,  l.  11. 

comte  de   Winchester),   p.    194,  Robiert  de  Ver  (comte  d'Oxford) , 

1.  24.  p.  i65,  1.  7. 

Robiers  (  l'aîné  des  bâtards  de  Hen-  Robiert  Haymon  ,  p.  69, 1.  25. 

ri  I"),  p.  69, 1.  23  ;  p.  70,1.  i.  RoBiLLARs,  R.  de  H.,  p.  345,  v.  21. 

Robiers  (autre  bâtard  de  Henri  1",  Robillars  de  Coupigni,  R.  de  H., 

qui  fut  sans  terre),  p.  70,  1.  4-  p.  828,  v.  9. 

RoBiEKs  (maréchal  et  duc  de  France),  Roue,    Roche-as-Moines    (château 

p.  14,1.  7,  10;  p.  16,1.26.  del'Anjou  ?),p.  143, 1.  20;  [).  144, 

Robiers  (nom  de  Hrolf  après  son  bap-  1.2. 

lêine),  p.  14  ,  !•  9-  Hoces  ,  p.  94  ,  h  1 4  ;  p-  95»  )•  7.  23  ; 

Robiers  (Kobert  II, dit  Courte-IIeuse,  p.  (j(j,  1.  3. 

duc  de  Normandie,  fils  de  Gnil-  Roche,  p.  169,  1.  a4- 

laume-le-BAtard  et   de  MalhiUle) ,  Rociele   (la  Rochelle,   chef-lieu   du 

p.  61,  1.  i5;  p.  64,  I.  19;  p.  65,  département  de  la  Charente-Infé- 

1.  4,  9,  i3;  p.  68,  1.  22  ;  p.  69,  1.  3;  rieure),  [).  107,  1.  25  ;  p.  108, 1.  12; 

p.  72,  1.  7.  p.  109,  l    ji. 


INDEX  GÉNÉRAL. 


Ar.\ 


RociESTRE  (Rocliester,  \ille  du  comté 
de  Kent) ,  p.  171,  1.  3. 

RoEM  (Rouen ,  chef-lieu  du  départe- 
ment de  la  Seine- Inférieure),  p.  ai, 
l.  6  ;  p.  a5,  1.  32  ;  p.  26, 1.  ij  ;  p.  Sa, 
I.  8,  II  ;  p.  33,  1.  12  ;  p.  34,  1.  14, 
26;  p.  35,  1.  7  ;  p.  Sg,  1.  7  ;  p.  40, 
1.  20;  p.  4i,  1-  17;  p.  43,    1.  4,  24  ; 

p.  46,  1.  i5;  p.  49»  J-  20;  p.  5<), 

1.14. 
RoET,  ]).  190,  var.  7. 
RoG ATE  (château  du  comté  de  Sussex), 

p.    172,   1.   2G. 

RoGiER  (fils  de  Raoul  de  Rouen), 
p.  49,  1.  21. 

RoGiER  DE  BiAUMosT  (fils  d'Onfrol 
de  Vieilles  et  seigneur  de  Beau- 
mont-le-Roger,  sur  la  Rille,  dépar- 
tement de  l'Eure),  |).  61,  1.  25. 

RoGiER  DE  Bigot  ,  ou  le  Bighot  ou 
LE  Bygot  ,  p.  164,  1.  i(i;  p.  i65, 
1.  2  ;  p.  172,  I.  II. 

R0GIER  DE  jMontegny,  p.  58,  1.  17. 

Rogierd'Engluime,  R.  de  h., p.  376, 
V.  12. 

ROGIER  LI  BiGOS,  p.  171,  1.  9. 

Rogiers  de  Gistiele,  p.  i33,  1.  28  ; 

p.  i34,  !.  ifi. 
Rogiers  de  IMoisgobori,  p.  i45,l.  21. 

RoGIEhS  HE  MoKGOMr.KI,  p.  f )  1 ,  1.  28. 

RoGiFKSDE  Mortemek  (fondateur  de 
l'abbaye  de  Saint-Victor  en  Nor- 
mandie),  p.  62,  1.  5. 

RoiE  (rivière  de  Flandre),  p.  182, 
1.9. 

RoiE  (ville  du  département  de  la 
Somme) ,  p.  120,  1.  fi.  —  R.  de  H  , 
p.  335,  V.  3  ;  p.  344  »  V.  16. 

Roisi ,  R.  de  H.,  p.  3o2,  v.  26. 

RoLLANS  (officier  qui  portait  la  ban- 
nière de  Renaud ,  maréchal  de 
France) ,  p.  9, 1.  26  ;  p.  10,  l.  7. 

RoLLEs  (Hrolf  ou  RoUon,  premier 
duc  de  Normandie),  p.  5,  1.  8, 
10,  20,  24;  p.  fi,  1.  4,  if>  ;  p.  7, 1-  3, 
8,  1 1,  23  ;  p.  8,  I.  I,  3,  7,  9,  i(),  18, 
20,  23  ;  p.  o,  1.  5,  6,  8,  12,  ifS,  19  ; 
p.  10,  1.  3,  9,  i5,  18,  19,  23,  25  ; 
p.  11,  1.  2,  3,  6,  II,  1 5,  18,  24,  25  ; 
p.  12,  1.  i5,  20,  25;p.  i3,1.3,ij, 
ai,  23;  p.  14,  1.  I,  5,  8,  9,  24; 
p.  i5,  1.  I,  26;  p.  17,1.  4.  "; 
p.  19,  1.  17;  p.  3i,  1.  i3  ;  p.  44, 
1.  8;  p.  62,  1.  i5. 

Rome  (capitale  des  Etats  de  l'Eglise), 
p.  3,  1.  I,  14  ;  p.  4,  l.  21,  22, 
26;  p.  49,  1.  10;  p.  83,  l.  17; 
p.  85,  1.  i5;  p.  87,  1.  19;  p.  90, 


1.  G  ;  p.  iio,  1.  l(i,  18;  p.  122,  1.  5  ; 
p.  I  2  3,  1.  12;  ]).  143,  i.  26;  p.  144, 
1.  18;  p.  i52,  1.  i3;  p.  i(J9,  I.  3; 
p.  180,  1.  5;  p.  207,  1.  5  ;  p.  209, 
1.  20. 

RoMENEL  ,     RomEjVIEL  ,    RoUMEJVE/.  , 

PiouMENiEL(Romney,danslecomté 
de  Kent),  p.  ifi8,  1.  22,  25  ;  p.  184, 
1.  Il,  23;  p.  193,  I.  8,  2'j,  var.  2. 

RoMEME  (Romanic),  p.  180,  1.  9. 

RoniME  (capitale  des  Etats  de  l'Eglise), 
R.  de  H.,  p.  29(),  V.  5. 

Rojvsoi  (Ronsfjy,  village  du  départe- 
ment de  la  Somme),  R.  de  H.. 
p.  2 1 4  V  V  6. 

Ros,  p.  145 ,  1.  18. 

RosEBECKE  (  Hosbecq  ,  village  du 
royaume  de  Belgique,  province  de 
la  Flandre  occidentale),  p.  i33, 
var.  2. 

RosnuKECHE  (idem),  p.  j33,  1.  8. 

Rougi,  Rugi,  R.  de  H.,  p.  35(>  , 
V.  16,  21. 

RûUME  (Home,  capitale  des  Etats  de 
l'Eglise),  p.  168, 1.  26;  p.  20S,  1.  18. 

Rous  (  Hrolf  ou  RoUon,  premier  duc 
de  Normandie  ) ,  p.  5,  var.  2  ;  p.  7, 
1.  J7;  p.  8,  var.  8;  p.  9,  var.  8; 
p.  1 2, 1.  3  ;  p.  1 4 ,  var.  4- 

Rous  (surnom  de  Guillaume,  fils  puînc 
de  Guiilaume-le-Conquérant  et  de 
Mathilde  de  Flandre  ,  et  roi  d'An- 
gleterre),  p.  (i5,  1.  16. 

RousLERS  (Roulers,  ville  de  Belgique, 
province  de  la  Flandre  occidentale), 
p.  j33,  1.  8. 

Roussi,  p.  175, 1.  14 ;  p-  177,  1.  24> 

RousY,  p.  i65,  1.  28. 

RouvEciESTRE  (  Rochcster,  ville  du 
comté  de  Kent),  p.  80,  1.  28; 
p.  159,  1.  3  ;  p.  202,  1.  22. 

RoVECESTRK,    RoVECIHSTRE,    RovVS- 

CESTRE  (Kochester,  comté  de  Kent), 
p.  80,  var.  7;  p.  157,  1.  2,  i5,  17  ; 
p.  i58,  1.  i6,  20,  var.  5  ;  p.  i5i;, 
1.  26  ;  p.  161 ,  1.  26  ;  p.  if>2,  1.  22  ; 
p.  171,  1.  i5. 

RuEiL  (en  Normandie),  p.  58,  1.  17. 

PiUEL,  p.  97,  1.  5,  12. 

RuEM  (Rouen,  chef-lieu  du  dépar- 
temeiit  de  la  Seine-Inférieure), 
p,  9,  1.  fi;  p.  13,  1.  36;  p.  i4, 
I.  8,  i3;  p.  i5,  1.  5  ;  p.  10,  I.  25  ; 
p.  17,  1.  12,  24  ;  p.  18,  1.  ifi,  27  ; 
p.  32,  1.  4  ;  p.  23, 1.  I  ;  p.  37,  1.  19  ; 
p.  39,  1.  20  ;  p.  3o,  1.  i3,  19,  20  ; 
p.  32,  1.  3;  p.  33,  1.  6,  21;  p. 34. 


424 


INDEX  GÉNÉRAL. 


1.  25,  var.  a;  p.  36,  1.  i3,  i6,  21,  p.  97,  I,  17,  19,  27;  p.  98,  1.  5,  9, 

23,  25,   26,  var.    10;  p.  37,  1.  4  ;  11,  16,  i8,  var.  6  ;  p.  99,  I.  i,  7, 

p.  38,  1.  i5;  p.  41,  1.  21  ;  p.  44,  i3,  14. 

1.  18  ;  p.  48,  var.  2  ;  p.  5o,  1.  23  ;  Ruet  ,  p.  190,  I.  24. 

p.  53,  1.  23,  27  ;  p.  62, 1.  7,  i5,  16  ;  Rumegky  (Rnmigny,  gros  bourg  de 

p.  64  ,  1.  22,  28  ;  p.  70,  1.  24  ;  p.  82,  France  ,  dans  la  Thiérache,  à  detix 

1.  4 ,  7»  8  ;  p.  83,  1.  1 ,  2(S,  27  ;  p.  88,  lienes  et  au  nord  de  Rosoy),  p.  1 66, 

1- 7;  P- 90»  1-  19;  P- 95,1-  17'  22  ;  1.  18;  p.  177,  1.  25. 

S. 


Saine,  Sainne  (fleuve  de  France,  qui 
traverse  Paris  et  se  jette  dans  la 
Manche  entre  Harfleur  et  le  Havre), 
p.  8, 1.  26  ;  p.  9,  1.  2  ;  p.  II,  1.  16, 
19  ;  P-  19»  1-  3  ;  p.  29,  1.  19  ;  p.  3o, 
1.  19 ;  p.  33, 1.  7,  II ;  p.  37, 1.  i5; 
p.  5o,  1.  i4;  p.  01,  1.  22  ;  p.  96, 
1.  28. 

Sains  (  Séez ,  ville  du  département 
de  l'Orne),  p.  61,  1.  28;  p.  96, 
1.  18. 

Saint- Aubin,   R.   de   H.,   p.  344? 

Saint-Aubin  (  Saint-Aubin-le-Cauf, 
commune  du  département  de  la 
Seine-Inférieure),  p.  Sg,  1.  20,  21. 

Saint-Aychadre  (abbaye  de  Jumiè- 
ges),  p.  i5,  1.  8. 

Saint-Beneoit-sor-Loire  (  village 
du  département  du  Loiret,  célèbre 
par  son  abbaye  de  bénédictins 
fondée  en  623),  p.  n  ,  1.  23. 

Saint-Bernakt  des  Mons-i)E-Mon- 
GEU  (abbaye  du  grand  Saint-Ber- 
nard dans  les  Alpes  ) ,  p.  70,  1.  23. 

Saint-Bertkejwiu  (église  de  Lon- 
dres), p.  172  ,  1.  5. 

Saint-Cain  (Saint-Ouen,  abbaye  de 
bénédictins  à  Rouen),  p.  37,  I.  19. 

.Saint-Claik  (  Saint-Clair-sur-Epte , 
commune  du  département  de  Seine- 
et-Oise) ,  p.  i3,  I.  1 1. 

Smnt-Clek,  R.  de  H.,  p.  3io,  v.  14. 

Saikt-Clhis  (Saint-Clair-sur-Epte) , 
p.  1 3,  var.  6  ;  p.  34  ,  1.  1 5  ;  p.  36 , 
1.  18;  p.  42  ,  1.  3o. 

Saiat-Denis  en  France  (ville  du  de- 
portement  de  la  Seine),  )).  2,  1.  21  ; 
p.  i5,  1.  1 1  ;  p.  62,  var.  9.  —  ]!.  de 
H.,  p.  233,  V.  14. 

.Saint-Denis  (fêle),  p.  71,  1.  i.  —  R. 
de  H.,  p.  266,  V.  4- 

.Saint  -  Ed.mont  (Bury  Saint  Ed- 
muiids),  p.   198,  1.  5,  8. 

Saint-Estievene  de  Gaam  (abbaye 
de  bénédictins  fondée  dans  la  ville 


de  Caen  par  Guillaume  le  Conqué- 
rant),  p.  61 ,  1.  21  ;  p.  64,  1.  29. 

Saint  -  Estievenk  de  Castellon 
(abbaye  de  Normandie,  fondée  par 
Raoul  de  Tosni),  p.  62,  1.  14. 

Saint-Estievene  de  Fontenoy  (ab- 
baye de  Normandie ,  fondée  par 
Raoul  Tasson  et  Hervieu) ,  p.  62  , 
I.  i3. 

Saint  -  Evrolert  (  Saint- Evroult , 
abbaye  de  bénédictins  ,  au  diocèse 
de  Lisieux,  à  trois  lieues  de  Laigle, 
Orne  ),  p.  62,  1.  25. 

Saint-Germain,  p.  197,  1.  79. 

Saint-Germain  (lieu  où  les  Fran- 
çais, commandés  par  Renaud  ma- 
réchal de  France  et  Hastings,  comte 
de  Charties,  entendirent  la  messe 
avant  de  livrer  bataille  à  Hrolf), 
p.  10,  1.  5. 

Saint-Gervais  (quartier  de  Rouen), 
p.  19,  1.  I. 

Saint- Jehan  (abbaye  de  Chester), 
p.  70,  1.  19. 

Saint-Jehan  (époque  du  couronne- 
ment de  l'impératrice  Mathilde  à 
Mayence  ) ,  p.  68,  1.  3. 

Saint-Jehan-Decolasse  (jour  où  eut 
lieu  devant  Damiette  une  bataille 
entre  les  Sarrasins  et  les  chrétiens, 
et  où  ces  derniers  furent  vaincus), 
p.  207,  1.  16. 

Saint-Maart  (abbaye  de  bénédic- 
tins, à  Soissons),  p.  2,  I.  20. 

Saint-Maat,  r.  de  H.,  p.  34i,  v.  i. 

Saikt-Martin  ,  R.  de  H.,  p.  307, 
v.  8. 

Saint-Martin  (l'abbaye  de  la  Ba- 
taille, fondée  à  Hastings  par  Guil- 
!aume-le-Conquérant),  p.  64,  1    16. 

Saint-Martin-ues-Ciians  (  prieuré 
de  bénédictins,  à  Paris),  p.  70, 
1.  2.. 

Saint-Martin-x.e-Viel  (  église  de 
Londres),  p.  172, 1.  2. 

Saint -MiCHiEi.    (ville  du  départe- 


INDEX  GÉNÉRAL. 


425 


ment  de  la  Manche),  p.  5y,  1.  7; 

p.  62, 1.  17. 
Saint-Michiel  des  .iij.  Pors  (abbaye 

de  bénédictins,  au  diocèse  de  Rouen, 

fondée   par  Robert,  comte  d'Eu), 

p.  6a,  1.  4. 
Saint-Nicolai  ,  R.  de  H.,  p.  3o6, 

V.    I. 

Saint-Oain  (Saint-Ouen  ,  abbaye  de 
bénédictins,  à  Rouen),  p.  53,  1.  a8, 
var.  7  ;  p.  62,  1.  16. 

Saint -Odmont  (  Bury  Saint  Ed- 
munds  ) ,  p.  198,  var.  2. 

Saint-Omer  (  ville  du  département 
du  Pas-de-Calais),  p.  iiC,  i.  9; 
p.  120,  1.  24  ;  p.  128,  1.  6;  p.  141, 
1.  II  ;  p.  160,  1.  26  ;  p.  184,  I.  5  ; 
p.  188,  1.  7;  p.  201  ,  1.  9. 

Saint-Owain  de  Roem  (Saint-Ouen, 
abbaye  de  bénédictins,  à  Rouen), 
p.  43, 1.  24;  p.  53, 1.  23. 

Saint-Piere  de  l\  Hyde  (  abbaye 
de  bénédictins  ,  près  de  Winches- 
ter, où  fut  enterré  Guillaunie-le- 
Roux) ,  p.  67,  1.  22. 

Saint-Pierre  (célèbre  abbaye  de  bé- 
nédictins, à  Juinièges,  département 
de  la  Seine-Inférieure),  p.  2, 1.  26  ; 
p.  i5, 1.  8;  p.  62,  1.  17. 

Saint-Pierre  ( abbaye  de  Rouen  , 
extra  miiros),  p.  14?  1-  18. 

Saint-Pierre  (  église  de  Bristol  ) , 
p.  69,  1.  i3. 

Saint-Pierre  de  Castellon  (abba^  e 
de  Normandie,  fondée  ))ar  Raoul 
de  ïosny),  p.  62,  var.  8. 

Saint-Pierre-sor-Divii:  (abbaye  de 
bénédictins  ,  au  diocèse  de  Séez  , 
fondée  par  Lieceline  ,  comtesse 
d'Eu),  p.  62,  1.  3. 

Saint-Pol  (ville  du  département  du 
Pas-de-Calais),  p.  88,  1.  4;  p.  104, 
1.  12  ;  p.  137,  1.  3  ;  p.  208,  1.  27.  — 
R.  de  H.,  p.  337,  V.  I. 

Saint-Poi,  (cathédrale  de  Londres), 
p.  171,  1.  17,  19,  23;  p.  197,  1.  18, 
23  ;  p.  2ofi,  1.  2. 

Saint -Quentin  (ville  du  départe- 
ment de  l'Aisne),  p.  2,  1.  20. 

Saint-Sauveour  (  abbaye  de  béné- 
dictines à  Evreux  ,  fondée  ,  vers 
l'an  1060,  par  Richard  comte  d'E- 
vreux  ),  p.  62  ,  1.  7. 

Saint-Sauveour  (abbaye  de  Saint- 
Sauveur-le-Vicomte  ,  de  l'ordre 
de  Saint-Benoît,  fondée  parNigel, 
vicomte  deCotenlin),  p.  62, 1.  «  1. 


Saint  -  Sépulcre  (à  Jérusalem), 
p.  57,  1.  "27,  28. 

Saint-Sepurcre  en  Alemaigne,  r. 
de  H. ,  p.  3o3,  v.  i. 

Saint-Sever  (abbaye  de  bénédictins, 
au  diocèse  de  Coutances,  fondée 
par  Hugues,  qui  fut  plus  fard  comte 
de  Chester),   j).    62,  1.  9. 

Saint-Victor  (abbaye  de  bénédic- 
tins, au  pays  deCaux,  à  six  lieues 
de  Rouen,  fondée  par  Roger  de 
Mortimer),  p.  62,  1.  6. 

Saint-Vigor  de  Cerisy  (abbave  de 
bénédictins  ,  au  diocèse  et  à  quatre 
lieues  de  Bayeux,  fondée  par  Guil- 
laume-le-Conquérant),  p.  61, 1.  20. 

Saint- Vincent  (chapelle  de  l'autre 
côté  de  Jumièges) ,  p.  9,  1.  3. 

Saint  -Waleri  (  Saint -Valéry  -  sur- 
Somme,  port  du  département  de  la 
Somme),  p.  64»  1-  4- 

Saint-Wandrille  (abbaye  de  béné- 
dictins, à  une  lieue  de  Caudebec, 
en  Normandie,  fondée  par  Ri- 
chard II  ) ,  p.  62  ,  1.  20. 

Sainte-Genevieve  (  abbaye  d'hom- 
mes ,  ordre  de  Saint-Augustin,  à 
Paris) ,  p.  2,  1.  21. 

Sainte-Katerine  (lieu  près  de 
Rouen) ,  p.  19,  1.  6. 

Sainte-Marie-del-Phé  (abbaye  de 
Normandie,  commencée  par  Ma- 
tlrilde  de  Flandre ,  femme  de  Guil- 
laume-le-Conquérant,  et  achevée 
par  Henri  I",  leur  fils),  p.  70, 
1.  20. 

Sainte-Marie  de  Lunloy  (abbaye 
de  bénédictins,  au  diocèse  du  Mans 
et  à  deux  lieues  de  Domfrout,  fon- 
dée en  1026  par  Guillaume  Tale- 
vas  \",  comte  d'Alencon  et  du  Per- 
che) ,  p.  62,  1.  12. 

Sainte-Marie  de  Radinghks  (ab- 
baye fondée  par  Henri  \",  roi 
d'Angleterre),  p.  71,  1.  3. 

Sainte -Trenité  (abbaye  de  béné- 
dictines, fondée  à  Caen  par  la  reine 
Mathilde),  p.  fii,  1.  22. 

Sainte-Treniié  (église  de  Londres), 
p.  172,  1.  I. 

Sainte-Trenité-el-Mont  (  abbaye 
de  Rouen  ,  fondée  par  Richard , 
ccmte  d'Évreux) ,  p.  62,  1.  7. 

Sainte-Trinité  (abbaye  de  Canter- 

bury) ,  p.  iio,  1.  (i. 
Sainte-Trinité   (  abbave   de  béné- 
dictins à  Fécamp  ),  p.  43,  1.  28. 
Sais  (Scez,  ville  du  département  d 

3o 


426 


INDEX  GÉNÉRAL. 


l'Orne },  p.  (h,  var.  4;  p.  96, 
var.  6. 

Sai.f.bihk  (  Sallsbury,  ville  du  Wllt- 
shire) ,  R.  de  H.,  p.  325,  v.  7. 

Salehadins  (Saladin ,  sultan  de  Sy- 
rie ),  p.  85,  1.  I. 

SâLENYKK  (Saloniqiie,  capitale  de  la 
Macédoine  actuelle),  p.  180,  1.  10. 

Saleri,  R.  de  H.,  p.  3oi,  v.  5. 

Salesbieres  (  Salisbury ,  ville  du 
Wiltshiie),  p.  129,  1.  II,  9.4; 
p.  i3o,  I.  6;  p.  i3a,  1.  27;  p.  i34j 
1.  8;  p.  i35, 1.  17,  26;  p.  141,  1.9; 
p.  144,  1.  9,  28;  p.  148,1.2,4,19; 
p.  174, 1.5;  p.  180,1.  29;  p.  187, 
1.  i\;  p.  194,  1-  i5. 

Salesbires  (Salisbury),  p.  129,  var.  5. 

Salxnes-Corbuin  (  lieu  du  départe- 
ment du  Calvados,  à  l'embouchure 
de  la  Dive),  p.  32  ,  1.  i. 

Salive,  R.  de  H.,  p.  375,  v.  i3. 

Sansebourc  (Saltzbourg,  ville  de  la 
Haute-Autriche),  p.  87,  1.  a5. 

Sansuerre  (Sancerre,  ville  du  dépar- 
tement du  Cher) ,  p.  i6() ,  1.  2. 

Samwis  (Sandwich  ,  ville  et  port  du 
comté  de  Kent),  p.  48,  var.  r  ; 
p.  1 58,  var.  i. 

S  AHRASiKS  (auteur  du  Roman  de  Ham), 
R.  de  H.,  p.  383,  v.  i4;  p.  384, 
V.  10. 

SaBRazin  (nom  donné  aux  Danois), 
p.  4a  ,  1    i3. 

Sarrazin  (  Musulmans  ) ,  p.  207  , 
1.17. 

Sassoigne  (Saxe,  grand  pays  d'Alle- 
magne), p.  1,1.  11;  p.  36,  1.  2; 
p.  83,  1.  14  ;  P-  87,  1.  23. 

Sauseborc  (  Saltzbourg ,  ville  de  la 
Haute-Autriche),  p.  87,  var.  8. 

Satjveour  (le  Sauveur,  Jésus-Christ), 
R.  de  H.,  p.  276,  v.  I. 

Sauwis  (Sandwich,  dans  le  comté  de 
Kent),  p.  48,  1.  3,  10;  p.  127, 1.  16, 
22  ;  p.  140, 1.  2  ;  p.  1 58, 1.  3;  p.  168, 
i.  25  ;  p.  ifig,  1.  20  ;  p.  170,  1.  27; 
j).  189,  1.  i5,  24  ;  p.  202 ,  1.  i4- 

Savaris  de  Maulyon,  p.  96,  1.  6; 
j).  100,  1.  26  ;  p.  1 01 ,  1.  7,  10, 13, 
18,  28;  p.  102,1.  14,  21,24-,  p.  ïo3, 

1.7;  p.  107,1.26;  p.  108,1.  II,  p.  12  1, 

î.  37  ;  p.  122,  1.5,  II  ;  p.  143,  1.  I  ; 
p.  i53,  1.  a5;  p.  i65,  1.  3  ;  p.  172, 
1.  36;  p.  174,  '■  II  ;  P-  181,  1.  17. 

Say,  p.  182  ,  1.  28. 

Sébile  (fille  du  comte  Robert  Hay- 
mon,  nièce  de  Robert  de  Monlgo- 
iiierv,  et  femme  de  Robert,  bAtard 


de  Henri  1",  roi  d'Angleterre), 
p.  69,  I.  34. 

Séjours  (personnification),  R,  de 
H. ,  p.  2i5,  V.  II,  19. 

Sens  (ville  du  département  de 
l'Yonne),  p.  11,  1.  19. 

Senslis  (  Senlis ,  ville  du  départe- 
ment de  rOise) ,  p.  19,  1.  9  ;  p.  ag, 
1.  4  ,  10,  14,  24  ;  p.  3o,  1.  13  ;  p.  33, 
1.  32,  23  ;  p.  34  ,  1.  12  ;  p.  35, 1.  7, 
i3;  p.  82  ,  1.  14. 

Seuni  ,  R.  de  H.,  p.  277,  v.  8,  21. 

Sezile,  Sezille  (Sicile,  grande  île 
de  la  Méditerranée),  p.  83,  1.  23; 
p.  85,  1.  g,  10,  16.  —  R.  de  H. , 
p.  2i3,  V.  8. 

SiMOKs,  Symons  de  Longethone 
(  frère  de  l'archevêque  Etienne  de 
Langton,  et  chancelier  du  prince 
Louis,  fils  de  Philippe-Auguste  ) , 
p.  167,  1.  17,  var.  5;  p.  190,  1.  5; 
p.  197,  1.  16. 

Sireborme  (  Sherburn  ,  château  du 
comté  d'Oxford?),  p.  148,  1.  6, 

23. 

Sisi  (  Sissy,  village  du  département 
de  l'Aisne),  R.  de  H.,  p.  agS  , 
V.  18;  p.  294,  V.  3,  34. 

SoHIER  LE  CASTELAIN  DE  GaNT  , 
p.     142,    1.     14. 

SoHiERs  DE  QuiMCi  (  «  qui  cuens 
estoit  de  Winciestre»),  p.  97,  1.  6; 
p.  145,  1.  12  ;  p.  160, 1.  II  ;  p.  171, 
1.  II.  (Flores  Winciestre.) 

SoILLARS  ou  SoLLABS    DE   MoRLAINES 

(oncle  de  Pierre  de  Molaines),  R. 

de  H.,  p.  399,  V.  37  ;  p.  34o,  v.  14  • 
SoiRi ,    R.   de  H.,  p.  335,  v.    i5; 

p.  344)  V.  17,  27  ;  p.  365,  v.  i,  8; 

p.  367,  V.  1 1  ;  p.  375,  V.  31. 
Soisi  (  Soisy,  village  du  département 

de  Seine-et-Oise) ,  R.  de  H.,  p  335, 

V.  5. 
SoissoNS   (  ville  du   département  de 

l'Aisne),  p.  34,  1-  18  ;  p.  47>  '•  i- 
Somme   (rivière   de  France,   qui   se 

jette  dans  la  Manche  après  qua- 
rante-cinq lieues  de  cours),  p.  24. 

1.  17.  — R.  de  H. ,  p.  232,  V.  37  ; 

p.    23o,    V.    i5  ;    p.  333,    V.    14  ; 

p.  334,  V.  i4;  p.  335,  V.  3. 
Sore  d'Amours,  R.  de  H. ,  p.  234, 

V.  2,  33,  a5  ;  p.  335,  v.  3  ;  p.  337, 

V.  14. 
SoREL  (village  du  département  de  la 

Somme),  i\.  de  H.,  p.  299,  v.  i3  ; 

p.  337,  V.  3. 
SoTBKGHiEN  (  Sotteghem  ,  bourg  du 


INDEX  GÉNÉRAL. 


H7 


royaume  de  Belgique,  province  de 

la  Flandre  orientale),  p.  i3(),  1.  26; 

p.  i54,  1.   17,   19;  ]).  i55,  1.  II  ; 

p.  i6a ,  1.  1 1  ;  p.  170,  1.  12. 
SoUAVE  (Suède,  royaume  du  uord  de 

l'Europe),  p.  5o,  1.  1 1. 
SoucHiE  (ville  de  Flandre,  à  trois 

lieues  d'Atras),  p.  142,  var.  2. 
Soucies  («  une  ville  qui  est  à.iij.  liues 

de  la  cité  d'Arras  »  ) ,  p.  1 42,  1-  1 1  ■ 
SouME  (  Somme  ,  rivière  du  nord  de 

la  France),  p.  24,  var.  7. 
SouRs  DE  Seum,  R.  de  H.,  p.  277, 

V.  8,  21. 
Stievemes  (Etienne,    roi    d'Angle- 
terre ) ,  p.  72  ,  var.  5. 
Stisac  (nom  du  château  d'Autriche 

où  Richard-Cœur-de-Lion  fut  pris), 

p.  87,  var.  7. 
SuAiNS  (roi  de  Danemark),  p.    47» 

var.  10;  p.  48, 1.  17,  20,  25,  var.  1 1. 
Suave  (Suède),  p.  4^»  1-  22. 
Suvvis   (roi   de   Danemark),  p.    47» 

1.  27. 
Sijeffre-Paiîîe,  R.  de  h.  ,  p.  3i2, 

V.  20;  p. 3i3,  V.  II,  18. 


SuFONK    (  Suiïolk  ,    comté    maritime 

d'Angleterre),  p.  172,  1.  i/j. 
SuroiJC  (Suffolk),   p.    172,  var.  7. 
Suhanstonne  (  Southampton  ,   dans 

le  Hampshire),  p.  i52,  var.  5. 
SuHANTONE  (Southampton  ),  p.  i53, 

var.  f). 
SuK  (Sour,  ville  et  port  de  Syrie), 

p.  197,  1.  4;  p-  198, 1.  I. 
SuRGiEiiES   (  bourg   du  département 

de  la  Charente-Inférieure),  p.  102, 

1.  1 1,  24. 
SuRiE  (Syrie,   province  de  la    Tur- 
quie d'Asie),  p.  85,  1.  i. 
Sdsase,  r.  de  h.,  p.  2i3,  v.  22. 
SusHANTONNE   (  Soutliauipton  ,   dans 

le    Hampshire),    p.    162  ,    1.    '24; 

p.  i53,  1.  24  ;  p-  189,  1.  20;  p.  lyo, 

1.  i5. 

SyMON      le      CONTE     DE      MoNFORT  , 

p.  207,  1.  6. 
SY.niOAS    I>E    Berohne,     R.     (le     H., 

p.  298,  V.  17. 
Syaions  DE  Poissi ,  p.    182  ,  I.    i5; 
p.  190,  1.  23  ;  p.  195,  1.  I. 


T. 


Table  Reonde  (ordre  de  chevalerie), 
R.  de  H. ,  p.  225 ,  V.  16. 

Tacons  («ki  estoit  uns  des  barons  de 
Flandres»),  p.  161,  1.  a;  p.  184, 
1.  6;  p.  191,  1.  II,  22  ;  p.  198,  1.  7. 

Talebot  (  gouverneur  de  l'île  de 
Chypre  pour  Richard  Cœur-de- 
Lion),  p.  36 ,  1.  5. 

Talkmont  (Talmont,  bourg  du  dé- 
partement de  la  Vendée) ,  p.  102  , 
var.  3. 

Talevas  (surnom  de  Guillaume  l", 
comte  d'Alençou  et  du  Perche), 
p.  62  ,1.  12. 

Tamise  (fleuve  d'Angleterre),  p.  47, 
1.  35  ;  p.  65,  var.  7  ;  p.  162,  1.  20; 
p.  171,  1.  20;  p.  177,  1.  2;  p.  19., 
1.  2  ;  p.  200,  1.  24;  p.  204,  1.  12. 

Tancre  (Tancrède ,  neveu  et  succes- 
seur de  Guillaume  II ,  dit  le  Bon  , 
roi  de  Sicile) ,  p.  85,  1.  10. 

Tanet  (Thanet  ,  île  dépendant  du 
comté  de  Kent),  ]).  168,  1.  17; 
p.  169,  1.  7,  22  ;  p.  201,  1.  i3. 

Tanquere  (Tancrède,  neveu  et  suc- 
cesseur de  Guillaume  II ,  roi  de  Si- 
cile),  p.  85,  var.  3. 

Tassons  ,  p.  62,  1.  i3- 


Tebiple  (église  de  Londres),  p.  172, 
1.3. 

Temple  (ordre  religieux  et  militaire), 
p.  123, 1.  27;  p.207,1.  2,  II. 

Templiers  (chevaliers  du  Temple), 
p.  77,  1.7. 

Tenecbray  (Tinchebray,  ville  du  dé- 
partement de  l'Orne),  p.  69, 1.  3, 10. 

Tenurchebrai  (Tinchebray,  ville  du 
département  de  l'Orne),  [i.  69, 
var.  2. 

Teroldes  (  gouverneur  du  jeune 
Guil!aume-le-Bàtard) ,  p.  58,  1.  14. 

Thalou  (ancien  nom  du  comté  d'Ar- 
que.s)  ,  p.  59,  1.  14. 

Thamise  (  fleuve  d'Anglelerre  )  , 
p.  49,  1.  4. 

TuEBvus  (Thibaut  I",  dit  le  Tri- 
cheur, comte  de  Chartres),  p.  4'. 

1.21. 

Theroldes  (  gouverneur  de  Guil- 
laume-le-Bàtard)  ,  p.  58,  var.  6. 

Thif.baus  (  frère  de  Renaud  d'A- 
miens) ,  p.  166,  1.  19. 

Thiebaus  (Thibaut  1",  dit  le  Tri- 
cheur, comte  de  Chartres) ,  p.  3;;, 
1.  10,  24  ;  p-  4oi  l-  <Oj  i5,  23,  26  ; 
p.  41,  1.  3,  i3,  28. 


428 


INDEX  GÉNÉRAL. 


Thiebaut  de  Chartres  («  le  frère  le 
conte  de  Champaigne»),  p.Si,  1. 15. 

Thieris  de  Sotenghiew  ,  p.  162, 
I.  II. 

Thoart  (Thotiars,  ville  du  départe- 
raent  des  Deux-Sèvres),  p.  107, 
1.  27  ;  p.  109,  1.  4- 

Thoenis  (Tosny) ,  p.  fij),  1.  27. 

Thoulouse  (chef- lieu  du  départe- 
ment de  la  Haute-Garonne),  p.  121, 
1.  28. 

Thumas  (archevêque  de  Canterbury 
et  martyr),  p.  208, 1.  7;  p.  209, 1.  19. 

Thuj^ivs  Chères,  p.  i35,  1.  4,  8. 

Thumas  de  Couci  ,  p.  i65,  1.  25. 

"^I'humas  de  Moletone,  p.  157,1.  18. 

Thumas  l'apostle (saint),  p.  4^,  1.5. 

TiEBvUS  DE  BlAUMOÎIT,  p.  I02,  I.   l6. 

Tieuslieres  (Tillières-  sur-!'Avre , 

bourg  du  département  de  l'Eure)  , 

p.  49,  V.  7.    _ 
TiRELs  (meurtrier  de  Guillaume-le- 

Roux,   roi  d'Angleterre),  p.  67, 

var.  4- 
Tiux-ieres  (  château   de  Normandie 

sur  l'Avre),  p.  49 >  1-  19,  aS  ;  p.  5o, 

I.  21  ;  p.  58,  1.  22,  27;  p.  63, 1.  3. 
ToART  (Thouars  en  Poi4ou) ,  p.  102, 

var.  2;  p.  107,  var.  9;  p.  108, 1.  11. 
ToLART  DU  Haitiel,  R.  de  H.,  p.  366, 

V.  26. 
ToNEBRUGES  (  Tunbridgc  ,    ville   du 

comté  de  Kent),   p.    161,    1.    21; 

p.  162,  1.  24  ;  p-  i63,  1.  I. 
TooNi  (Tosny  ),  p.  62,  var.  8. 
ToR  DE  Mence,  R.  de  h.  ,  p.  3ii  , 

V.  20. 
T0RAINE ,     Torainne     (Touraine, 

province  centrale  de  la  France  ) , 

p.  166,  1.  I  ;  p.  177,  1.  26. 
ToRQUAis,  p.  49,  !•  14  ;  p.  5o,  1.  19. 
ToRQUETi  (beau-père  de  Guillaume 

comte  d'Exmes  et  d'Eu,  frère  de 

Richard   II   duc  de  Normandie), 

p.  46,  ].  25. 
ToEQTTETiL  Çidcni'),  p.  46,  var.  12. 
TosTAiNS  DR   Glos   (Toustaiu  Goz , 

vicomte  d'Exmes),  p.  59,  var.  i,  3. 


TouART  (Thouars  en  Poitou),  p.  102, 
1.  i3. 

TouART  (Troarn,  bourg  du  départe- 
ment du  Calvados  ),  p.  62,  1.  I. 

TouKE  (rivière  de  Normandie,  qui 
se  jette  dans  la  Manche),  p.  98, 
1.  I. 

Toulouse  (chef-lieu  du  département 
de  la  Haute-Garonne),  p.  201,  1.  4; 
p.  207,  1.  7. 

Tournai,  Tournay  (ville  de  Bel- 
gique ,  province  de  Hainaut  ) , 
p.  i38,  1.  24;  p.  144,  1.  i3; 
p.  208,  1.  25. 

Tournele,  r.  de  H.,  p.  339,  v.  18,  25. 

Tourniele,  p.  166,  1.  21;  p.  201, 
1.  2  ;  p.  202,  1.  5. 

Tours  (en  Touraine,  chef  -  lieu  du 
département  d'Indre-et-Loire), 
p.  io3,  1.  10. 

Tours  en  Vimeu  (village  du  dépar- 
tement de  la  Somme),  R.  de  H., 
p.  296,  V.  7,  10. 

Trabe  (nom  de  celui  qui  tua  Eustache 
le  Moine),  p.  202, 1.  8. 

Trie,  R.  de  H.,  p.  3oi,  v.  i5  ;  p.  3o2, 
V.  12. 

Troart  (Troarn ,  bourg  du  départe- 
ment du  Calvados),  p.  62,  var.  i. 

Troie  (ville  ancienne  de  l'Asie-Mi- 
neure),  p.  2,  1.  10. 

Troiien  (  Troyens  ,  habitants  de 
Troie),  R.  de  H.,  p.  225,  v.  20; 

p.  23o,  1.    21. 

Tronchieires  (ville  de  Flandre)  , 
p.  i37, 1.  14. 

Troncieres  (  ville  de  Flandre  )  , 
p.  i37,  var.  2. 

Trovi  (Tosny) ,  p.  62, 1.  i4. 

Truie,  p.  166,  1.  i3;  p.  190,  1.  9; 
p.  191,  1.  22. 

Tuede  (Tweed,  fleuve  du  nord  de 
l'Angleterre),  p.  164,  1.  8. 

TuMAS  Chieres,  p.  i33,  1.  21. 

TuRiAUS,  R.  de  H  ,  p.  368,  v.  9. 

Tyreus  de  Pois  (nom  du  meurtrier 
de  Guillaume-le-Roux  ,  roi  d'An- 
gleterre),  p.  67,  1.  10. 


u. 


Uel,  r.  de  H.,  p.  233,  v.  23. 

UsTASCESDENoEVII.LE(lefils),  p.  l86, 

var.  4. 

UsxASciE  (Eustache,  comte  de  Bou- 
logne) ,  p.  69,  var.  9. 

UsTASciEs  DE  Vessi  ,  p.  1  45,  var.  7. 


UsTASSE  DE  Paci  (époux  de  Julynne  , 
fille  naturelle  de  Henri  P',  roi  d'An- 
gleterre), p.  70,  var.  4- 

UsTASSE    J.E    COMTE    DE    BoUI,OIG^E, 

p.  59,  var.  6. 


INDEX  GÉNÉRAL. 


429 


Valhnciennes  (ville  du  département 
du  Nord),  p.  i/ja,  1.  a4' 

Varlet  au  Lyon  (chevalier  au  Lion , 
nom  de  l'un  des  chevaliers  de  la 
Table  Ronde),  R.  de  H.,  p.  219, 
V.  1  ;  p.  3i6,  V.  19. 

Vassai,  au  Lyon  {idem),  R.  de  H., 
p.  266,  V.  27. 

Vefort,  p.  157,  1.  19. 

Vknisse  (Venise,  l'une  des  deux  ca- 
pitales du  royaume  Lombard-Véni- 
tien) ,  p.  87,  var.  5. 

Veb,  r.  de  H.,  p.  3o5,  v.  21. 

Verences  (Avranches,  ville  du  dé- 
partement de  la  Manche) ,  p.  iSy, 
var.  7. 

Vermendois  (Vermandois,  contrée 
du  département  de  l'Aisne),  p.  44  > 
1.  a8. 

Verneil  (Verneuil,  ville  du  dépar- 
tement de  l'Eure),  p.  70,  var.  7. 

Vernoeil  (Verneuil),  p.  88,  var.  3. 

Vernons  (ville  du  département  de 
l'Eure),  p.  87,1.  8. 

Vernuei,  (Verneuil  en  Normandie), 
p.  70,  1.  i5. 


Verviei>  (Verneuil),  p.  4^1,  1.  ai. 

Vervueil  (Verneuil),  p.  46,  var.  10. 

Vesci,  p.  145, 1.  19. 

Vessi,  p.  145,  var.  7. 

Veuguessin  le  Normant  (le  Vexin 
normand,  pays  que  l'Epte  sépare 
du  Vexin  français  et  dout  Gisors 
est  la  ville  principale),  p.  91,  1.  3. 

Vi,  R.  de  H. ,  p.  367,  V.  19. 

Viame  (Vienne ,  rivière  du  Poitou)  , 
p.  109,  1.  3. 

ViELS  (surnom  d'Henri  I^%  roi  d'An- 
gleterre), p.  146,  var.  I. 

Vilers,  r.  de  H.,  p.  874,  v.  26. 

ViLLE-DE-Diu  (Villedieu-les-Poêles  , 
bourg  du  département  de  la  Man- 
che), p.  70,  1.  25. 

ViMEU  (  contrée  du  département  de 
la  Somme),  R.  de  H.,  p.  296,  v.  7. 

ViNCiESTRE  (  Winchester,  chef-lieu 
du  Hampshire  ) ,  p.  78 ,  1.  1 3. 

VoLVEsÉE  (château  de  l'évéque  de 
Winchester),  p.  173,  var.  4- 

Vrenuel  (Verneuil  en  Normandie) , 
p.  88,  1.  8,  II. 


w. 


Wailli  (village  du  département  de 

la    Somme),    R.  de  H.,   p.    807, 

var.  3. 
Waimoustier  (  Westminster),  p.  65, 

var.  7. 
Wain,  p.  i44>  var.  4- 
Walerans  de  Lussebourc  ,  R.  de  H., 

p.  343,  V.  26. 
Walingefort   (  Wallingford  ,   ville 

dans  le  comté  de  Rerks ,  à  45  milles 

de  Londres),  p.  64,  var.  2;  p.  80 , 

1.  8. 
Waixaiwcourt  ,  R.  de  H.  ,  p.  277, 

V.  19. 
Wandois,  p.  170, 1.  19;  p.  t8i,  1.  25  -, 

p.  i83,  1.  8,  16;  p.  193,  1.  25. 
Wans,  p.  170,  1.  19;  p.  181,  1.  24, 

28  ;  p.  i83,  1.  1 ,  7  ;  p.  184 ,  1.  2, 

9;  P-  189,1.  7. 
WantejSIaumes   (  évêque   de   Char- 
tres), p.  12,1.7. 
Waremje,  p.  100, 1.23  ;  p.  172,  !.  10; 

p.  174,  1.  6;  p.  i83,  1.  4;  p.  199, 


1.  25,  26  ;  p.  200, 1.  18,  30;  p.  201, 
1.  18,  22,  26;  p.  204,  1-  4' 

Warenes,  r.  de  H.,  p.  229,  v.  12. 

Wast,  p.  184,  I.  i3;  p.  187,  1.  19. 

Watehem,  Watf.hen  (Waltham, 
abbaye  dans  le  comté  d'Essex,  à 
douze  milles  de  Londres),  p.  i65, 
1.  i3. 

Waucres  (Walcheren,  en  Hollande, 
l'une  des  îles  de  la  province  de  Zé- 
lande,  située  entre  les  deux  em- 
bouchures de  l'Escaut),  p.  7,  1.  25  ; 
p.  8,  1.  I,  6;  p.  1 34,  I.  9;  p-  i35 , 
1.  i6,  21,  a4;  p.  i3H,  1.  I,  2. 

WAuniiicouRT  (village  du  départe- 
ment de  la  Somme),  R.  de  H., 
p.  324,  V.  2. 

Waulaincort,  Waulaincourt,  r. 
de  H.,  p.  324,  V.  I  ;  p.  371,  v.  24; 
p.  372,  V.  2. 

Waui.ingefort  (Wallingford,  ville 
du  comté  de  Rerks,  à  45  milles  de 
Londres)  ,  p.  ()4  »  !■  n  • 


430 


INDEX  GÉNÉRAL. 


Wautiers  d'Antoing  ,   R.   de  H. , 

p. 342,  V.  a4;  p.  35o,  V.  36. 
Wautibbs  de  Foulloi,  R.  de  H., 

p.  Sîi,  V.  26;  p.  822,  V.  2,  6,  12, 

22,  25  ;  p.  368,  V.  17. 
Wa.utieks  de  Habuin  ,  R.  de  H, , 

p.  376,  V.  2. 
Wautiers    de   Halin,    R.    de   H., 

p.  323,  V.  18. 
Wautiers  de  Hardecourt,  R.  de 

H.,  p.  829,  V.  8,  9,  26. 
Wautiers   de   Sorel  ,    R.    de   H., 

p.  299,  V.  i3. 
Wautiers  nu  Heurle,  R.  de  H., 

p.  374,  V.  8. 
Wavegmies  (Wavignies ,  village  du 

département  de  l'Oise) ,  R.  de  H., 

p.  377,  V.  4- 
Waverin  (Wavrin,  village  du  dé- 
partement du  Nord),  p.  188,  1.  21. 

—  R.  de  H.,  p.  371,  V.  16;  p.  374, 

V.  16. 
Wemoustier  (Westminster),  p.  65, 

1.  17;  p.  171,  1.  22  ;  p.  172, 1.  i. 
WiBiERs  de  Rours,  p.  181,  var.  2. 
Wic  (l'île  de  Wight,  dans  le  Hamp- 

shire) ,  p.  181,  1.  11. 
WicENESiEL   (Winchelsea,  ville  du 

comté  de  Sussex) ,  p.  i83,  1.  i. 
WiELEs   (Vieilles,   petite  commune 

attenant  à    Beaumont  -  le  -  Roger, 

département   de   l'Eure),    p.    6i, 

1.   26. 
Wilecestre  (  Worcester,  où  fut  en- 
terré Jean  -  sans -Terre),  p.   180, 

var.  4- 
Willvume  de  Gistele  ,  R.  de  H. , 

p.  875,  V.   I. 
WiLLAuniE  DE    Liere  ,   R.   de  H., 

p.  353,  V.  a. 
WlLLAUMES    DE   Careu  ,  R.   de   H., 

p.  334,  V.  2. 
WlLLVUMES  DE  LoQUES,    R.  de   H., 

p.  875,  V.  20. 

WliLAUMES  DU   HuERLE,    R.  de  H., 

p.  354,  V.  i5. 

WiLLEKIN  DES  WaNS,  p.  l8l,  1.  27  ; 
p.  189,    1.  7. 

WiLLEKiNs  (Guillaume  I",  comte  de 
Holiande,  mort  le  4  février  i223), 
]>.  i85,  1.  i8  ;  p.  i36,  1.  3;  p.  i56, 
1.  21  ;  p.  i65,  1.  27. 

Wii-lekinsdeKasikguehem,  p.  181, 

1.   2fi. 
WlLLEfllS    DE    BlAUVAlS,    R.    de    H., 

p.  282,  V.  28. 
WilmaumesdesGrangesjR.  de  H., 

p.  333,  V.  6. 


WiLLiAUMES  DE  WiNCIESTRE  ,  p.  83, 
1.   l8. 

WlLPES,  p.  i35,  1.  28. 

WiMEs  (  Wismes,  village  du  dépar- 
tement du  Pas-de-Calais),  p.  i6i, 
1.  I. 

WiMois  (l'Exmois  en  Normandie, 
compris  dans  le  département  de 
l'Orne),  p.  41,  1.  3  ;  p.  78,  1.  i. 

WlNCENEl,  WiNCHENEL  (Winchcl- 

sea ,  ville  du  comté  de  Sussex) , 
p.  i83,  1.  8,  var.  3. 

WiNOENESEL  (  Winchelsca ,  ville  du 
comté  de  Sussex  ) ,  p.  i83  ,  1.  18  ; 
p.  184,  1.  16,  19;  p.  187,  1.  8. 

WiNCIESTRE  (Winchester,  Hamp- 
shire),  p.  66  ,1.  28  ;  p.  67,  1.  21  ; 
p.  72,  1.  2;  p.  78,  1.  14  ;  p-  83, 
1.  18  ;  p.  107,  1.  i3,  17  ;  p.  129, 
1.  12;  p.  145,  1.  12  ;  p.  148,  1.  i5; 
p.  160,  I.  12  ;  p.  170,  1.  21  ;  p.  171, 
1.  II  ;  p.  172,  1.  28,  24  ;  p.  178, 
1.  7,  II  ,  18;  p.  176,  1.  22,  24; 
p.  180,  1.  18;  p.  188,  1.3;  p.  189, 
1.  20,  22  ;  p.  190,  1.  2,  4,  i4  >  20; 
p.  191,  1.  i3,  18,  19;  p.  193,  1.  2, 
6;  p.  194,  l.  28,  29;  p.  207,  1.  9. 

WiNDESORES  OU  WlNDESSORES 

(Windsor,  ville  et  château  royal 
dans  le  comté  de  Berks),  p.  i4o» 
1.  6  ;  p.  147,  1.  24  ;  p.  i65,  1.  18  ; 
p.  177,  1.  i3;  p.  179,  1.  1;  p.  181, 
1.  21  ;  p.  191 ,  1.  26  ;  p.  196, 1.  25  ; 
P-  199»  1-  7»  ï5  ;  p.  200,  1.  Il, 
var.  3  ;  p.  2o3 ,  1.  4>  ^  ;  p.  204, 
1.  i3. 

WiNSANT  (village  du  département  du 
Pas-de-Calais,  port  encombré  de 
sable) ,  p.  60,  var.  2  ;  p.  71,  var.  9  ; 
p.  128,  var.  8. 

WiSMOis  (l'Exmois,  pays  compris 
dans  le  département  de  l'Orne  ) , 
p.  46,  var.  II. 

WissANT  (village  du  département  du 
Pas-de-Calais),  p.  60,  1.  7;  p.  71, 
I.  25;  p.  123,  1.  25;  p.  i65,  1.  20. 

WissEMOis  (l'Exmois,  pays  compris 
dans  le  département  de  l'Orne), 
p.  36,  I.  24. 

WlSTASSK    DE    NOEVILLK    (le    ptTC  )  , 

W3.    160,  1.   28. 
ISTASSE  LE  CONTE  DE  BoUI-OIGNB, 
p.  59,  1.  27;  p.fiy,  1.  21. 
WlSTASSES   DE  HeIîSIN  ,    p.    191,1.25. 
WlSTASSES  DE  LeNS,   p.   I96,  1.  I. 

WistassesdeMerlingehem,  p.195, 
1.3. 

WlSTASSES  DE  NoEVILl-E  LI   JOUEMES 


INDEX  GÉNÉRAL. 


431 


(«qui  fils  estoit  Wistasse  de  Noe- 
ville  le  hoin  chevalier»),  p.  ifio, 
1.  27;  p.  i8(),1.7, 12,  i4>  i5,  17,  ao; 

Wi.  196,1.  1,4;  p- 198, 1-5. 
isTASSE  DE  Sisr,  R.  de  H.,  p.  agS, 
V.  18. 
WiSTASsEs  DE  Tours  ,   R.    de  H. , 

p.  296,  V.  10. 
WisTASSEs  Li   Moines  (pirate  bou- 
lonnais,  tué   le    24    août   1217), 


p.  1^7, 1.  2,  3  ;  p.  i85, 1.  5,  i5,  a4  ; 

p.  200, 1.  28;  p.  201,  1.  I,  23,  26  ; 

p.  202,  1.  6,  16. 
Wlpes,  p.  i35,  var.  9. 
WosENGUE    («outre    le    Rin     sour 

Muese  ■>),  p.  21,  var.  4- 
WosvESÉE  (château  de  l'évéque  de 

Winchester),  p.  173,  1.  17. 
Wrewic  (York,  chef-lieu  du  comté 

de  ce  nom),  p.  i63,  1.  19. 


Y. 


Ydain  (fille  de  Godwin ,  comte  de 
Kent ,  et  femme  d'Edouard-le-Con- 
fesseur,  roi  d'Angleterre),  p.  60, 
1.  20. 

Ydone  (  l'une  des  quatre  suivantes 
de  la  reine  Genièvre),  R.  de  H., 
p.  248,  v.  18. 

Yojxe  (rivière  qui  prend  sa  source 
dans  le  département  de  la  Nièvre 
et  qui  se  jette  dans  la  Seine  à  Mon- 
tereau),  p.  11, 1.  20. 

YpRE  (ville  du  royaume  de  Belgique, 


province  de  la  Flandre  occiden- 
tale), p.  lafi,  1.  9,  i3,  17;  p.  ï33, 
1.  21;  p.  137,  I.  25,  28;  p.  i38, 
1.  i3  ;  p.  141,  1.  20. 
Ybi-ande  (Irlande,  grande  île  de 
l'Océan  atlantique,  qui  fait  partie 
de  l'empire  britannique),  p.  109, 

I.  ao;  p.  ni,l.  9,  io;p.  112,  1.  9, 

II,  16  j  p.  124,  1.  6. 

Ythalie  (Italie,  contrée  du  midi  de 
l'Europe),  p.  3,  1.  9. 


FIN    DE    L  INDEX    GENERAL. 


ERRATA  ET  CORRKCTlOi^S. 


Page  70,  ligne  5,  mettez  un  point  après  lierre 

—  171 ,  ligne  8,  ôtez  le  point  et  viigule  qui  se  tiuiivc  ici  ;i  la  suite 

de  mareschal,  et  placez-le  à  la  ligne  suivante,  après  Penilmn  . 

—  194,  variante  4i  lisez  d'Odingefucl. 

—  197,  ligne  ig,  lisez  un.'s  cleis. 

—  199,  variante  i ,  le  chiffre  de  renvoi  de  cette  note  iloit  se  lrou\ci- 

dans  le  texte,  ligne  7,  après  le  mot  outre. 

—  200,  ligne  i3,  mettez  un  point  après  le  mot  faire. 

—  235,  vers  i5,  placez  un  accent  grave  sur  l'e  de  Qucs. 

—  236,  vers  i4,  lisez  en  mi,  au  lieu  à^emi.  Même  observation  pour 

le  dernier  vers  de  la  page  a4o. 

—  244»  vers  i4,  il  manque  ici  un  mot. 

—  -lOQ,  dernier  vers,  lisez  Vassal  nu  lynn ,  avec  une  capitale  Même 

observation  pour  le  vers  19  de  la  page  3i6. 

—  346,  vers  20,  mettez  un  M  capitale  à  maismatit. 

—  371,  vers  5,  ne  faut-il  pas  lire  ici  Feujeres,  comme  page  55^, 

vers  26 ,  ou  vice  versa  ? 

—  577,  vers  i5,  Laleng  doit-il  être  écrit  ainsi,  ou  avec  une  apo- 

strophe, comme  nous  l'avons  fait  page  280,  vers  9? 

—  385,  vers  19,  il  est  peut-être  sans  importance  de  faire  remar- 

quer ici  que,  jxiur  suivre  le  même  sysîèmc  d'orthographe, 
Lro»  doit  prendre  un  petit  l. 


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