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4
HISTOIRE
DUCS DE NORMANDIE
DES ROIS D'ANGLETERRE.
A PARIS,
DE L'IMPRIMERIE DE CB 4PELET,
RUE 1)E VAUGIRARD, N
M. DCCC. XL.
HISTOIRE
D E S
DUCS DE NORMANDIE
ET DES ROIS D'ANGLETERRE,
PUBLIEE EN E.NTIER , POUR LA PREMIERE ÎOIS ,
îi'apri'ô îïfur illanuscrits ^e la i3tbliotl)fquf îiu Eoi;
SUIVIE DE LA RELATION
DU TOURNOI DE HAM,
PAR SAF i, TROUVERE DU XIII» SIECLE,
ET PRECEDEE D UNE INTRODUCTION ;
PAR FRANCISQUE MICHEL,
Membre des Sociétés (i'.'s Antiquaires de Londres et d'Ecosse et du Comité liisloriqui
des Chartes, Chroniques et Inscriptions, institué prés le Ministère
de l'Instruction publique, Professeur de Littérature étrangère à la Faculté
des Lettres de Bordeaux, etc.
^
A PARIS,
CHEZ JULES REINOUARD ET C'%
LIBRAIRES DE LA SOCIÉTÉ DE l'hISTOIRE DE FRANCE,
RUE DE TOrnNON , N" H.
M. DCCC. XL.
"?-r..,
i «1
Le Commissaire l'esponsable soussigné déclare que
le travail de M. Francisque Michel, pour l'édition
de /'Histoire des ducs de Normandie et des Rois
d'Angleterre, suii^ie de la Relation du Tournoi de
Ham , lui a paru digne d'être publié par la Société de
l'Histoire de France.
Fait à Paris, le 1" Juin 1840.
Signé GÉRAUD.
Certifié ,
Le Secrétaire de la Socie'té de l'Histoire de France,
J. DESNOYERS.
INTRODUCTION.
La chronique que nous publions se compose de deu\-
parties bien distinctes et qui sont loin d'avoir Tune et
l'autre la même valeur. La première, qui s'étend depuis
l'arrivée des hommes du Nord en France jusqu'à Richard
Cœur-de-Lion ', a déjà reçu par nous le jour de l'impres-
sion , et n'est autre chose qu'une analyse de l'Histoire des
Normands, de Guillaume de Jumièges, augmentée d'une
suite peu considérable. Quant à la seconde, jusqu'à pré-
sent inexplorée , et qui paraît provenir de la plume d'un
auteur différent, elle s'étend depuis la mort de Richard
jusqu'à l'année 1220 et jusqu'à la levée du corps de saint
Thomas de Canterbury, peu après le couronnement de
Henri III , roi d'Angleterre ''. Elle abonde en détails cir-
constanciés et précieux , que l'on chercherait vainement
ailleurs, et qui font penser que l'auteur, venu en Angle-
terre avec les Flamands qui s'y rendaient en foule pour y
chercher fortune , fut le témoin oculaire d'un bon nombre
des faits qu'il rapporte. Entre autres passages , voici ceux
qui ont principalement contribué à former en nous cette
opinion. Dans une circonstance, le chroniqueur revient sur
ses pas, et fait cette réflexion : « Por chou que il m'estuet
conter de .ij. estores , de celi d'Engletierre et de celi de
Flandres, ne vous puis-jou pas toutes les choses conter en
' Pages 1-90.
' Pages go-209.
;j INTRODUCTION.
ordre. ' « Cette nécessité qu'il signale , par quel hasard v
est-il soumis? Ce n'est pas sans doute par le cadre de son
travail^ car, à en juger par le titre, l'ouvrage de notre
anonyme est consacré à l'histoire des rois d'Angleterre, à
laquelle celle de Flandre n'a jamais tenu que par un lien
très-faible. Nous sommes donc disposé à penser qu'il voyait
l'obligation dont il parle , dans sa qualité de Flamand et
dans la destination de son travail , qu'il avait exécuté pour
ses comj)atriotes. Au reste, il est à remarquer que l'un des
manuscrits qui le renferment ^ est un recueil composé de
pièces surtout relatives à l'histoire de Flandre.
Quelque soin que prenne le chroniqueur pour nous dé-
rober la connaissance de son nom et de sa patrie , cepen-
dant il nous fait la confidence de ses haines et de ses affec-
tions , et il est à remarquer qu'elles ne portent que sur
des chevaliers de l'Artois et du Boulonnais, pays que je
n'ai pas entendu exclure quand j'ai donné à l'écrivain
la vague dénomination de Flamand. Ainsi, faisant le dé-
nombrement des barons qui consentirent à suivre Louis
en Angleterre , il mentionne tout d'abord des seigneurs
de l'Artois , et ne nomme les Français qu'en second
lieu-^: ensuite, parlant du siège de Windsor par le comte
de Nevers et le comte de Dreux, il ajoute ; « Uns cheva-
liers d'Artois , ki estoit apielés Guillaumes de Cerisi , i fu
ocis, ki assés poi fu plains de maintes gens; car molt estoit
haïs. ^ » Plus loin, faisant le récit du siège de Douvres, il
s'exprime ainsi : « Guichars de Biaugeu moru à cel siège ,
si fu portés enfouir en sa tierre \ mais ançois moru uns
■ Page 127, ligne 19.
' Le ms. 455, suppl. français.
* Page 160, 1. 'i5. *
♦Page 177, ligne i;.
INTRODUCTION. il]
chevaliers de Boulenois qui moult fu plains , Jehans de la
Rivière et à non ^ chil fu autresi aporlés enfouir en Boule-
nois. ' » Enfin , à propos de la prise du château de Farn-
ham, dans le comté de Surrey, il dit : «En Fernehem fu
pris Ponces de Biaumès , uns chevaliers d'Artois ; si le fisl
li evesques de Winciestre jeter en sa prison , ii il li fist sou-
frir moult de maus. " » Je ne sais si je me trompe, mais je
ne crois pas qu'un chroniqueur se fût occupé d'aussi minces
détails au milieu des grands événements du règne de Jean
Sans-Terre , s'il n'eut pas eu quelque intérêt de nationalité
ou de cœur à le faire. Nous ne manquerons pas non plus
de signaler l'exactitude des renseignements que notre ano-
nyme possédait sur la vie d'Eustache le Moine , ce hardi
aventurier boulonnais, qui, ayant jeté le froc aux orties,
devint d'abord sénéchal et favori de son maître, puis lui fit
la guerre , et enfin fut tué dans une bataille navale , après
avoir promené ses services du roi de France au roi d'Angle-
terre, et s'être fait craindre également de tous les deux. ^
Mais le principal mérite de cette chronique , celui qui a
le plus commandé notre attention et qui a décidé la Société
de l'Histoire de France à la comprendre parmi ses publica-
tions, c'est le soin minutieux avec lequel notre auteur s'at-
' Page T79, ligne 28.
" Page 188, ligne i".
' Pages 167-202.
Nous avons rassemblé tous les détails connus jusqu'à présent sur cet
homme extraordinaire, dans un volume que nous avons publié cliez le
libraire Silvestre, en i854, et qui est intitulé Roman cVEustnche le
Moine , pirate Jameux du xui' siècle. Yoycz aussi, sur le même sujet,
nos Rapports au Ministre de l'instruction publique sur les anciens
monuments de l'histoire et de la littérature de la France , qui se trou-
vent dans les bibliothèques de l'Angleterre et de l'Ecosse; Paris,
Imprimerie Royale, i858, in-4°, p- 10, note 2, et Rotuli cliartarum,
page 186, col. I".
iv INTRODUCTION,
tache à rapporter tous les détails de rcxpéditlon du fils de
Philippe- Auguste en Angleterre, entreprise sur laquelle
nous n'avions jusqu'ici que peu de lumières, et que les
écrivains des deux nations belligérantes semblent avoir
passée sous silence d'un commun accord 5 les uns , parce
qu'ils étaient peu soucieux de se faire les historiens des
progrès de l'étranger sur le sol national 5 les autres , parce
qu'en définitive, l'espérance que les succès du prince Louis
leur avalent fait concevoir d'une seconde conquête de
TAngicterre ne tarda pas à s'évanouir sans retour. Quel-
ques pages sur cette période de l'histoire anglo -française ,
écrites surtout d'après Matthieu Paris et d'autres chroni-
queurs monastiques de cette époque, pourront peut-être
guider le lecteur dans l'appréciation consciencieuse du
monument que nous offrons à sa critique.
En 1216, les barons anglais ligués contre le roi Jean
venaient d'être excommuniés nominativement, la plupart
du moins , par le pape Innocent III. A ce coup , ils sorti-
rent de leur apathie, et virent dans toute son horrible pro-
fondeur l'abîme qui allait engloutir leurs libertés, leurs
possessions et peut-être même leurs vies. La sentence portée
contre eux devait, ils le voyaient bien , amener la défection
du petit nombre de vassaux qui pouvaient encore soutenir
leur cause expirante , pendant que le parti du roi, par suite
de ses mouvements rapides , gagnait évidemment des forces
de jour en jour, pour l'exécution du plan désolant qu'il
avait formé. Le royaume était à sa merci. Après avoir long-
temps concerté les moyens de se tirer d'affaire et débattu les
diverses opinions , ils résolurent d'implorer l'aide de Louis,
fils aîné du roi de France. Ils voulaient lui offrir la cou-
ronne d'Angleterre , car il était le plus à portée de les pro-
téger contre la fureur tyrannique de Jean-, et, par sa femme
INTRODUCTION. y
Blanche , la fille du roi de Castille , il tenait à la tige royale
des Plantagenets. Son arrivée parmi eux, ils n'en faisaient
aucun doute, retirerait des rangs de l'armée royale un grand
nombre de bandes mercenaires, qui, levées en Flandre et
dans des provinces françaises , refuseraient de servir cpntre
l'héritier présomptif de la couronne de leur pays. La défec-
tion d'auxiliaires dont ils avaient éprouvé la valeur d'une
manière si fatale pour eux, pourrait ramener Jean à la rai-
son , dût la nation ne pas juger à propos de confirmer la
remise du sceptre à Louis , auquel les barons avaient actuel-
lement le projet de l'offrir. Tous s'arrêtèrent à ce plan , ot
Saher, comte de Winchester, ainsi que Robert Fitzwalter
furent chargés de cette grande ambassade. Ils étaient por-
teurs de lettres munies des sceaux de tous les confédérés. '
Sans perdre de temps, les négociateurs traversèrent la
mer; et, arrivés à la cour de France, ils exposèrent à Phi-
lippe-Auguste et à son fils l'important objet de leur ambas-
sade. Le roi écouta leurs propositions, lut les lettres qu'ils
s'étaient chargés de lui remettre , et , après de mûres ré-
flexions , il leur répondit avec une froide réserve : « Je ne
puis permettre à mon fils de partir , à moins que , pour
plus de sûreté , vous ne me donniez au moins vingt-quatre
otages des familles les plus nobles de tout le royaume. »
Les ambassadeurs n'opposèrent aucune objection à cette
demande , et en firent immédiatement part aux barons ;
' Matthœi Paris Historia major, Londini, i64o, in-foUo, p. 27g,
anuo 1216; Annales Waverleienses (apudGale, t. II, p. 181} ; Walteri
Hemins^ford Chrotiicon ( ibid., p. 557 ^*- suiv.) ; Flores historiarum pcr
Matthœum JVeslmonasterieiiscni collecti, Francofurti, m. dci, in-fol.,
pag. 274» lig. 10. Notre chroniqueur nomme les comtes de Winchester
et de Hertford (page 160 ligne 12), et assigne une cause différente au
voyage en France de Robert Fitzwalter; voyez plus loin, page 120,
ligne 27.
vj INÏRODUCTIOJS.
ceux-ci l'agréèrent, et commandèrent à leurs otages de se
rendre de l'autre côté du détroit. A leur arrivée sur le
continent, on leur assigna Compiègne pour résidence, et
Louis commença ses préparatifs avec la promptitude com-
mandée par la circonstance. Il était dans sa vingt-neuvième
année , et il revenait d'une expédition contre les Albigeois,
qui avait duré quarante jours. Mais comme la présente
entreprise exigeait plusieurs arrangements préliminaires
que la précipitation pouvait faire manquer, il jugea conve-
nable de se faire précéder par quelques hommes , dont la
présence devait ranimer les confédérés et fixer leur résolu-
tion. C'étaient les châtelains de Saint -Omer et d'Arras ,
Hugues Chacun , Eustache de Neville , Baudouin Bretel ,
W. de Wimes , Gilles de Melun , W. de Beaumont , Gilles
de Hersi et Bisec de Fersi. Ces seigneurs, suivis d'un grand
nombre de chevaliers et de serviteurs, s'embarquèrent; et,
remontant la Tamise, ils arrivèrent à Londres, où ils fu-
rent reçus avec une vive allégresse par les barons, vers la
fin de février.
Les agents d'Innocent ne furent pas insensibles à ces
mesures insultantes pour le saint-siége. Ils recommencèrent
à fulminer leurs anathèmes, et comprirent nominativement
dans leur excommunication les troupes françaises , qui , au
mépris des injonctions du pape, avaient osé porter du se-
cours aux ennemis du roi -, mais bientôt aussi il arriva des
lettres du prince aux barons et aux bourgeois de Londres. Il
y assurait ses partisans qu'à Pâques il serait à Calais, prêt
à faire voile pour aller les secourir. Il les exhortait à ne
pas se relâcher de la fermeté dont ils avaient donné des
preuves jusqu'alors, et il les priait de bien se garder
d'ajouter foi aux suggestions , aux lettres ou aux messagers
autres que les j)réscnts; « car, disait-il, nous croyons que
IWTllODUCTION. vij
vous aui'oz , à ce sujet, de fausses lettres et des messa^^ers
trompeurs, ' »
Mais, bien que les circonstances fussent de la nature de
celles qui doivent attirer le plus l'attention d'un homme ,
les barons n'eurent garde de laisser échapper l'occasion de
paraître devant leurs nouveaux amis avec toute la pompe
chevaleresque de l'époque. Ils firent annoncer un tournoi
hors de Londres, Ils se trouvèrent à cheval et en armes à
l'endroit indiqué 5 et , après avoir donné quelques heures
à cet exercice martial, Geoffroi de Mandeville , comte d'Es-
sex, fut mortellement blessé d'un coup de lance par un
chevalier français. Sa mort, qui suivit de près, excita beau-
coup de regrets , mais elle ne causa aucune animosité , et
sa dernière parole fut un pardon pour son adversaire. '^
Les préparatifs de Louis avançaient quand un légat de
Rome arriva à Lyon , où se trouvait alors la cour. Il pré-
senta les lettres de son maître à Philippe- Auguste, et supplia
ce prince, au nom du pape , de ne point permettre à son
fils d'envahir l'Angleterre ou d'inquiéter en quoi que ce
fût le roi qui la gouvernait. «Au contraire, ajouta le légat
(qui se nommait Gualo), protège -le comme le vassal de
l'Eglise romaine , défends-le , et chéris-le , car son royaume
appartient à notre souverain seigneur, )> A ces paroles ,
la réponse du roi de France ne se fit pas attendre : (t Ce
royaume n'a jamais été le patrimoine de Pierre , il ne
l'est pas et ne le sera jamais. Celui qui occupe à présent le
trône , Jean , conspirant il y a plusieurs années contre la
couronne de son frère , a été accusé de trahison , et con-
damné -, conséquemment il n'avait pas le droit de régner, et
• Matth. Paris rapporte cette lettre dans son Historia major. Voyez
page 280, lis^ne 19.
' Mattii. Paris, page 280, ligne '^7.
viii INTRODUCTION,
ne pouvait le transférer à d'autres. Mais supposons qu'il ait
vorilablement régné , il a forfait ensuite sa couronne par le
meurtre d'Arthur, crime dont il a été reconnu coupable en
notre cour. De plus, où trouverez-vous un prince qui puisse
faire cession de sa couronne sans le consentement de ses
barons , dont le devoir est de protéger l'État ? Si le pape a
pris la résolution de soutenir cette erreur, il donne un per-
nicieux exemple à tous les rois. » Alors tous les barons
s'écrièrent d'une seule voix qu'ils soutiendraient jusqu'au
dernier moment que , de sa propre autorité , un souverain
ne pouvait disposer d'un royaume ou le rendre tributaire
d'un autre, et réduire par là sa noblesse à l'esclavage. »
Cela eut lieu le quinzième jour après Pâques. '
Le lendemain , il y eut une autre conférence à laquelle
se rendit le prince ^ et regardant le légat d'un œil cour-
roucé , il prit place à côté de son père. Gualo s'adressa
d'abord à Louis , le priant instamment de ne pas attaquer
le patrimoine de l'Eglise romaine ^ puis se tournant vers
Philippe-Auguste, il répéta sa requête de la veille. Ce mo-
narque lui répondit sur-le-champ en ces termes : « J'ai
toujours été dévoué et fidèle à monseigneur le pape et à
l'Eglise romaine; et dans toutes les occasions j'ai active^
ment favorisé leurs intérêts : ce n'est pas aujourd'hui que ,
par mon conseil ou avec mon aide , mon fils ferait la moin-
dre tentative contre elle. Mais , s'il a aucun droit au tronc
d'Angleterre, qu'il le fasse connaître, et justice lui sera
rendue. » A ces mots, un chevalier, que Louis avait chargé
de cette commission se leva et prit la parole. Il fit observer
(pie Jean , pour l'assassinat de son neveu , avait été con-
damné à mort par ses pairs à la cour de France ; et que ,
' jVÏATTii. Paris, page 280, ligne 55.
INTRODUCTION. îx
considérant le nombre de ses crimes , les barons anglais
l'avaient jugé indigne du trône , et s'étaient levés en armes
contre lui; que, ayant fait abandon de son royaume à
l'Église romaine pour le recevoir de nouveau et le tenir
d'elle, à la condition de payer un tribut annuel de mille
marcs , et cela sans le consentement de ses nobles, il s'était
déposé lui-même -, que, en conséquence , il avait cessé d'être
roi, et que le trône était vacant. «C'est alors, ajouta -t-il,
que les barons exercèrent leur droit. Ils élurent le fils de
notre souverain en considération de sa femme, dont la
mère , la reine de Castille , est la seule qui reste des frères
et sœurs du roi d'Angleterre. » A cela le légat répondit que
Jean avait pris la croix, que, en conséquence, comme
l'avait décrété le concile général , il ne devait pas être in-
quiété de quatre ans, et que tout ce qui lui appartenait était
sous la protection du saint-siége. Le chevalier objecta que,
avant cette circonstance , le roi d'Angleterre avait fait la
guerre au prince , envahi et ravagé ses possessions en Flan-
dre, et que même au moment présent il était en armes contre
lui. Peu satisfait de ces raisons, le légat défendit comme
auparavant à Louis, sous peine d'excommunication, d'entrer
en Angleterre , et à Philippe-Auguste de lui permettre d'y
aller. A ces mots , Louis dit à son père : « Seigneur, bien
que je sois votre homme-lige pour le fief que vous m avez
donné de ce côté du détroit, vous n'avez rien à statuer re-
lativement au royaume d'Angleterre 5 et je me soumets au
jugement de mes pairs, pour savoir si vous devez me con-
traindre à abandonner l'exercice de mes droits, surtout
alors qu'il n'est pas en votre pouvoir de me rendre justice.
Je vous prie donc de ne pas entraver ma résolution , car
je combattrai jusqu'à la mort , s'il le faut , pour l'héritage
de ma femme. » Cela dit . Louis se retira avec les siens, et
X INTRODUCTION,
le légat demanda un sauf-conduit jusqu'à la mer. « Je vous
en accorderai volontiers un, dit le roi, pour tout le terri-
toire (|ui nous appartient en propre ^ mais si par hasard vous
tombez entre les mains d'Eustache le Moine ou des autres
hommes de Louis qui gardent les côtes de la mer, ne vous en
prenez pas à nous dans le cas où il vous arriverait mal. »
Le légat, ayant entendu ces paroles, se retira courroucé. ■
Peu de jours après , le lendemain de la fête de saint Marc
l'évangéliste , Louis vint à Melun auprès de son père , et le
supplia , les larmes aux yeux, de ne pas s'opposer à ses des-
seins. « J'ai, lui dit-il, solennellement promis aux harons
anglais de leur porter secours j et , plutôt que de manquer à
ma parole, je suis prêt à affronter les censures de Rome. »
Philipj)e-Auguste voyant que la résolution de son fils était
inébranlable, consentit à tout ce qu'il voulait-, mais, pré-
voyant les périls qui pouvaient arriver, il ne s'expliqua pas
ouvertement, et il eut l'air de lui donner une permission
pure et simple sans y ajouter sa volonté ou la persuasion.
La crainte de l'indignation de Rome avait paralysé l'esprit
résolu du monarque ; et même Louis , malgré le langage
ferme qu'il avait tenu, jugea prudent d'expédier des mes-
sagers à Innocent III , pour protester en sa présence de la
légitimité de ses droits à la couronne d'Angleterre. Puis , à
la tête d'une armée nombreuse '', il se hâta de se rendre à
Calais , où il s'embarqua sur une flotte de six cents navires
et de quatre-vingts cogges'-^, qu'Eustache le Moine avait ras-
' Matth. Paris, page 280, 281.
' Voyez dans notre texte, page 160, ligne 25 et suivantes, le nom
des ])rincipaux soigneurs flamands et français qui suivirent Louis dans
celle expédition.
' \oycz, sur ce mol, le glossaire de William Wats, à la suite de
«on édition dos u'uvres de Maltliieu Paris, page 280 , col. i", et celui
de Du Can"c.
INTRODUCTION. xj
semblée; et il aborda à l'île de Thanet ', le 12 des calendes
de juin (le 21 mai).
Jean , avec son armée , était à Douvres ; mais il n'osa
pas se présenter au-devant des ennemis , incertain qu'il était
de l'attachement de ses bandes mercenaires, et il se retira ,
à marches forcées , d'abord à Guildford, puis à Winchester.
Le prince se porta sur Sandwich ; et toute la province , à
mesure qu'il approchait de Londres , aussi bien que le châ-
teau de Rochester, se rendit à lui. Il n'y eut que Douvres ,
qu'il laissa derrière , qui resta entre les mains de Hubert
de Burgh. Les barons l'accueillirent à son entrée dans la
capitale avec une allégresse extrême, et lui firent serment de
fidélité, ainsi que les bourgeois qui attendaient son arrivée.
De son côté, il jura en même temps , la main sur les Evan-
giles , de rendre à toutes les classes leurs bonnes lois , et à
chaque individu les biens qu'il avait perdus. A ce propos,
Berington fait observer avec assez de justesse qu'il est re-
marquable que les barons se soient contentés de l'expres-
sion vague de bonnes lois, et qu'ils n'aient exigé aucune men-
tion de leur grande charte'^. Louis répandit alors un manifeste
adressé au roi d'Ecosse et aux nobles qui étaient absents ,
pour les sommer de venir lui prêter serment de fidélité ou
de vider promptement le royaume*, et il fit avancer son
armée dans les comtés voisins, qui se soumirent. Le ma-
nifeste eut l'effet désiré 5 car plusieurs seigneurs, comme
Guillaume, comte de Warenne, Guillaume, comte d'Arun-
del , Guillaume , comte de Salisbury, Guillaume le maré-
■ " A un havene en Engletierre arrivèrent, que on apiele Orewele. »
Page 161, ligne g, de ce volume.
° The History of the Bcign qf Henry tlie Second, and of Richard
and John, his Sons, etc. By the Rev. Joseph Berington. Basil :
printed and sold by J.-J. Tourneisen. mdccxciii , trois volumes iii-8'^>
t. III, p. ,44
xij INTRODUCTION.
rhal le jeune, et une foule d'autres avec eux, abandonnè-
rent le roi comme convaincus d'avance que la fortune avait
fait choix d'un nouveau favori, et que Louis devait occuper
le trône. ■
Cela fait , il prit pour chancelier maître Simon de Lang-
ton , dont l'influence devint très utile à sa cause ^ car Simon
confirma les bourgeois de Londres et les barons dans l'in-
différence qu'ils affectèrent de montrer pour l'interdit ,
et persuada à Louis même , qui avait de la piété , que
celte mesure ne méritait pas que l'on y prît garde. Le
début de cette grande révolution fut extraordinairement
heureux ; mais ce qui doit sembler singulier, si l'on consi-
dère l'importance que l'on attachait alors à la cérémonie
du sacre, c'est que le prince n'ait pas été couronné pendant
qu'il était en possession de toute la faveur populaire. Dans
le même temps que Simon de Langton apparaissait ainsi
sur la scène, son frère Etienne , primat du royaume , con-
tinuait à résider à Rome ; il n'était plus , il est vrai , sous
le coup de la sentence de suspension prononcée contre
lui , mais c'était à la condition de ne pas rentrer en An-
gleterre que la paix n'eût été rétablie entre le roi et les
barons. °
Cependant le légat ne s'endormait pas. Il vint en Angle-
terre peu de temps après Louis, et se rendit immédiate-
ment à Gloucester , où Jean se trouvait alors ; ce prince le
reçut avec la plus grande joie , et plaça en lui toute son
espérance de résister à ses ennemis. Gualo somma tous les
prélats et autres membres du clergé, qui voudraient obéir
à ses ordres, de se joindre à lui; et, après avoir excom-
■ Matta. Paris, page ^82, ligne 22; Chvonica de Mailros , apud
Gale, tome I, page 188, ligne 19 et suiv.
' Mattii Paris, page 279 , ligne 4^.
INTRODUCTION. xiij
munie nominativement dans les formes terribles alors en
usage, le prince français et ses adhérents, à la tête desquels
il plaça Simon de Langton , il leur commanda de répéter
publiquement la sentence chaque dimanche et chaque jour
de fête. Mais , quand une fois les menaces du pouvoir
ont cessé d'agir sur l'esprit de la multitude , il faut beau-
coup de temps pour qu'elles recouvrent leur autorité. Les
foudres pontificales tombèrent donc en vain ; et Simon ;
de Langton déclara publiquement que , dans l'intérêt du
prince , il en avait été appelé à Rome , et que les actes
des agents du pape étaient abusifs et sans efFet. Une cir-
constance de plus mauvais augure vint même abattre les \.
résolutions chancelantes de Jean. Tous les chevaliers et sol-
dats de la Flandre et des pays maritimes de l'autre côté du
détroit, comme on l'avait espéré, quittèrent successivement
ses drapeaux ; les Poitevins seuls lui restèrent fidèles , et
cependant quelques uns se joignirent au prince , tandis que
d'autres retournaient dans leurs foyers. Toutes les pro-
vinces du midi ne tardèrent pas à se soumettre à Louis. Il
n'y eut que les châteaux de Douvres et de Windsor qui
firent mine de résister 5 et le roi fit garnir d'hommes ,
d'armes et de vivres les châteaux de l'est , entre autres ceux
de Walingford, de Corfe , de Warham, de Bristol et de |^
Devizes. ' )^.
Cependant , la cause de Louis était pendante devant la ^
cour de Rome. Ses agents =" se présentèrent devant le sou- iv.
verain pontife, qu'ils trouvèrent gai, mais qui, à leur as-
pect, prit un visage austère 5 ils lui remirent leurs lettres,
et le saluèrent au nom du prince. «Votre maître, dit Inno-
' Matth. Pakis, page 280, ligne 5.
• Matthieu Paris les nomme : « D. de Corbolio, I. de Montevisito ,
et G. Liraeth. » Page iSô, ligne 8. à'
xiv INTRODUCTION.
cent , ne mérite pas un salut de notre part. » — «Votre sain-
teté, dit un des agents, penserait autrement si elle était plei-
nement au fait de la cause. » Ce jour-là l'entrevue ne dura
pas plus longtemps ; mais les envoyés ayant été mandés une
seconde fois, et ayant exposé leur commission , le pape entra
en plein dans la question 5 et , avec la finesse d'un légiste
consommé (on sait qu'il l'était) , il réfuta leurs divers argu-
ments. Alors, frappant sa poitrine, qui laissa échapper un
profond gémissement, il s'écria dans une vive agitation :
« Hélas ! rÉglise de Dieu ne peut en ceci échapper à la con-
fusion ! En effet, si le roi d'Angleterre est vaincu, nous
serons confondu dans sa propre confusion 5 car il est notre
vassal, et nous sommes tenu de le défendre. Au contraire,
si le seigneur Louis est vaincu ( ce qu'à Dieu ne plaise ! ) ,
l'Église romaine sera frappée du coup qui l'atteindra lui-
même , et nous nous regarderons comme personnellement
lésé-, car nous l'avons toujours considéré et nous le consi-
dérons comme devant être notre bras dans tous les cas diffi-
ciles, notre consolation dans les oppressions et notre refuge
dans les persécutions de l'Eglise romaine. » Enfin, il dit
qu'il aimait mieux mourir plutôt qu'il arrivât aucun mal à
Louis. Ce jour -là l'entretien n'alla pas plus loin, et les
agents attendirent la décision. '
Il n'est pas nécessaire d'exposer en détail les arguments
qui furent présentés de part et d'autre , et que Matthieu
Paris a minutieusement rapportés. Ils sont compris dans
trois propositions principales, dont j'ai déjà mentionné la
substance.
La première allégation est que Jean avait assassiné son
neveu Arthur, crime pour lequel, à ce que disaient les
' Tous ces détails nous sont donnés par une lettre que nous a con-
servée Mattliicu Paris. Voyez page a85, ligne 7.
INTRODUCTION. xv
agents, il avait été condamné par ses pairs à la cour de
France. A cela , le pape répondait que Jean était roi , et
qu'étant en cette qualité supérieur aux barons, il n'était pas
leur pair ; de plus , qu'il était contraire aux lois et aux
canons de condamner personne sans l'avoir entendu et jugé.
Les agents firent observer que Jean , bien que roi , était
comte et duc , et conséquemment vassal , à ce titre , de
Philippe - Auguste , dont la juridiction sur lui était com-
plète, suivant la coutume de France. Mais, dans le cas où
il n'eût pas été son vassal , et qu'un crime pareil eut été
commis, les lois du royaume soumettaient le coupable au
jugement de ses pairs. — Plusieurs princes, et même des
rois de France , répliquait-on , avaient ôté la vie à des inno-
cents, et cependant ils n'avaient pas été condamnés à mort.
Mais Arthur n'était pas innocent, il avait été pris ayant
les armes à la main contre son souverain, en conséquence
on pouvait légalement le mettre à mort , même sans juge-
ment.
En second lieu , à l'argument présenté en faveur des
droits de Louis , comme mari de Blanche de Castille , on
répondait que , alors même que Jean eût été légalement dés-
hérité par la sentence des nobles de France, ce n'était pas
cette princesse , mais la lignée des plus jeunes enfants de
Henri II, c'est-à-dire la sœur d'Arthur ou l'empereur Othon,
qui pouvait plus justement prétendre à la couronne d'Angle-
terre. Blanche elle-même avait un frère , alors roi de Cas-
tille. — Les agents répondaient que comme GeofFroi, duc
de Bretagne , aussi bien que la duchesse de Saxe , n'exi-
staient plus lorsque la sentence fut prononcée contre Jean ,
leur postérité n'était admise en aucune manière à revendi-
quer une succession qui, autrement, eût pu leur être dévo-
lue. Ceci, ajoutaient-ils en insistant, était un point reçu.
xvj INTRODUCTION.
Mais la reine de Castille, à laquelle la succession légale appar-
tenait d'abord , était vivante ; et , à sa mort , cette succession
revenait à Blanche, sa fille. Il est vrai, poursuivaient-ils, que
Blanche avait un frère, et même une sœur aînée ^ mais, lors-
qu'il y a plusieurs héritiers , Tun d'eux peut se saisir de l'hé-
ritage, sauf les droits des autres prétendants. Le prince est
entré en Angleterre ; mais, si un héritier plus direct de la
couronne revendique ses droits, justice lui sera rendue.
En troisième lieu , il fut objecté au prince que l'Angleterre
appartenait au saint -siège, par suite du serment de foi et
hommage prêté au pape, et du tribut qui lui était annuel-
lement payé. On ne pouvait donc attaquer les droits de
souveraineté de celui qui n'était coupable d'aucune faute j
d'ailleurs Jean avait d'autres possessions dont Louis aurait
pu chercher à s'emparer, et il aurait fallu plutôt porter
plainte contre le vassal en présence de son suzerain. On
répliqua que les hostilités avaient commencé avant que le
royaume eût été transféré à un autre maître; et il est
passé en maxime que le vassal dont la provocation amène
une querelle , peut être attaqué en personne sans la forma-
lité d'une plainte préalable. Mais si le suzerain protège
son vassal , la guerre lui devient personnelle. Quant au
décret du concile qui établissait une trêve générale pendant
quatre ans, quant à la circonstance que Jean avait pris la
croix, on insista pareillement sur ce que tous ces incidents
n'étaient survenus qu'après des actes qui avaient constaté
l'état de guerre. Mais les barons, fut-il objecté, et leurs
partisans avaient été excommuniés même de l'avis du con-
cile; et le prince , conséquence nécessaire, était compris
dans la sentence. « Notre prince, répliquèrent les agents,
ne soutient ni les barons, ni leur parti-, il défend ses pro-
pres droits. 11 ne peut croire , il ne croit point que le pape.
INTRODUCTION. xvij
ou qu'une si auguste assemblée prononce up.e sentence
injuste. On ignorait alors qu'il réclamait le trône de l'An-
gleterre comme son droit \ droit que , rcùt-il su , le con-
cile ne pouvait annuler. »
Ainsi fut débattue cette question , et la manière dont elle
le fut jette quelque jour sur les coutumes et les lois féo-
dales de l'époque; le pape, dans la plénitude de sa juri-
diction , arrêta que la cause ne serait décidée qu'après la
venue des messagers de son légat. '
L'appel des barons empressés de se délivrer d'un joug
tyrannique donnait à Louis un appui plus réel qu'un pré-
tendu droit de succession ou que l'assentiment de Rome ; il
ne négligeait point les soins de la conquête. Envahissant les
comtés de Suffolk , d'Essex et de Norfolk , il les soumit à sa
domination , ainsi que celui de Lincoln ; dans le nord ,
Robert de Ros, Pierre de Brus et Richard de Parci, ses
partisans , se rendaient maîtres d'York et de toute la pro-
vince , et le roi d'Ecosse occupait le Northumberîand. Mal-
gré ces succès, l'habile Philippe regrettait que son fils eût
laissé derrière lui les châteaux de Douvres et de Windsor ;
les réduire était chose plus essentielle que de parcourir en
maître nombre de provinces. Il fit part à Louis de ses vues ,
conformes aux premiers principes de l'art de la guerre. Le
prince agit en conséquence ; il fit venir une malweisine
(lourde machine à lancer des pierres); et, à la tête de
troupes nombreuses, il alla investir Douvres. C'était au
mois d'août. Nous avons dit qu'Hubert de Burgh y com-
mandait ; il avait une bonne garnison. Les efforts des assié-
geants furent sans succès; de fréquentes et vigoureuses
sorties détruisirent leur camp , leurs machines , et leur
' Matth. Paris, page iSô, ligne 4^,
xviij INTRODUCTION.
fireiU éprouver (le grandes perles. IN 'espéranl plus un prompt
succès, le prince éloigna un peu son armée-, et, renon-
çant à attaquer de vive force, attendit qu'un blocus,
(ju'il jura de ne pas lever, et la famine fissent tomber la
place en son pouvoir-, il promit bien (jn'alors loule la gar-
nison serait pendue en sa présence. Pendant ce temps, les
barons avaient envabi et désolé les provinces de l'est; reve-
nant à Londres, ils étaient allés investir le cbàteau de Wind-
sor; ils y trouvèrent, de la part de l'intrépide gouverneui
Jngelard d'Atbie , une vigoureuse résistance , et ils ne réus-
sirent pas mieux que Louis devant Douvres. '
Jean ne s'était pas encore liasardé à entrer en campagne -,
mais voyant ses ennemis occupés, il sortit de Winchester,
la rage dans le cœut-. Il avait été joint par quelques troupes
tirées des châteaux voisins; beaucoup de gens dangereux
par leur audace ou par leurs crimes, tenaient encore pour
lui. Il mit tout >à feu et à sang; les terres, les demeures
des barons du voisinage furent saccagées , et ce torrent des-
Iructeur dirigea son cours vers les comtés de l'est. Ces fâ-
cheuses nouvelles vinrent alarmer les barons arrêtés sans
succès devant les murs de Windsor; ils s'assemblèrent, <;l
résolurent de lever le siège pour empêcher, s'il était pos-
sible, le tyran de regagner les provinces du sud. Des histo-
riens parlent de perfidie, de dons corrupteurs employés par If-
roi, qui eurent grande influence sur cette détermination. Jean
était dans le comté de Sufïblk, dont il ravageait la portion qui
avoisino la mer, lorsqu'il apprit que l'armée de Windsor
était en marche. Abandonnant son camp, elle se dirigeait
avec rapidité vers Cambridge, et espérait surprendre le roi ;
mais, prévenu à temps, il changea sa ligne d'opération,
' IMattii. Paris, pag. v>.8(), lig. 58; Annales fFai>rrleie/ise\\ pag. iB";?,
ligne 'i(')\ Mattii. Wfstmonast., page 27G, ligne 9.j.
1 INTRODUCTION. xix
entra dans la ville de Stamiord, et, avançant vers le nord,
enleva la ville et le château de Lincoln ; les confédérés
fuyaient de toute part, glacés d'efFroi, à son approche. Les
harons désappointés s'en vengèrent en maltraitant des po-
pulations innocentes; ils revinrent avec leur butin à Lon-
dres , et allèrent se réunir aux troupes de Louis devant
Douvres. Le roi d'Ecosse, Alexandre, y vint aussi, et fit
hommage , dans les mains du prince , pour les fiefs qu'il
tenait sous le bon plaisir de la couronne d'Angleterre. '
Tel était l'état incertain des choses, lorsque se répandit
la nouvelle d'un incident vrai ou faux qui jeta le troubla
dans les conseils des alliés ; une méfiance réciproque en
fut la suite, et accrut les germes de dissentiment qui exis-
taient déjà. Le vicomte de Melun , venu avec Louis, fut
atteint à Londres d'une maladie mortelle; il demanda que
l'on fît venir les barons anglais restés dans la ville pour la
défendre ; et quand ils furent près de son lit, il leur dit d'une
voix mourante : « Je ne peux voir sans douleur les cala-
mités qui pèsent sur votre pays ; vous ne connaissez pas
toute l'étendue de vos périls. Le prince et seize nobles de
son armée se sont engagés par serment, s'il devient maître
du pays et s'il est couronné roi, à bannir pour toujours,
comme traîtres à leur souverain , ceux qui auront rejoint
ses drapeaux. Leur race sera exterminée. Vous ne devez pas
douter de ce que je vous annonce, puisque moi, que vous
voyez au moment d'expirer, je suis un des seize. Ma con-
science m'oblige à vous faire cet aveu , gardez-en le secret,
et veillez à votre sûreté. » Il dit, et mourut. ^
' Mattr. Paris, page 287, ligne 8; Chrnnica de Mailross, page ipi,
ligne 5.
' Mattii. Pafis, pagoc>87, ligne 5o; Chrnnicon Walteri Hemingford,
page 559, ligne 22.
XX INTRODUCTION.
Il n'y a aucune vraisemblance qu'un projet aussi dé-
loyal ait été conçu lorsque la révolution était encore à
son début, et en présence de seize témoins. C'était un conte
absurde \ il n'en obtint que plus de créance ^ on se le
confia à l'oreille, et il déposa un levain funeste dans
l'esprit des barons. Le prince avait déjà distribué des terres
et des châteaux aux étraupcrs^ il en était résulté des mur-
mures, et l'on crut y voir le commencement de la mise à
exécution de ses vues secrètes. D'ailleurs la destruction de
leurs châteaux , le ravage de leurs terres , la misère et la
dispersion de leurs familles , la ruine absolue dont pouvait
les accabler leur souverain furieux et encore debout , la
sentence d'excommunication qui pesait sur leur conscience ,
tout conspirait pour jeter de l'incertitude parmi les con-
fédérés. Quelques uns penchaient pour se soumettre à
Jean ; d'autres , eu proie à une cruelle perplexité , suspen-
daient toute détermination ^ la plupart inclinaient à at-
tendre l'issue des événements. Mais tous connaissaient le
caractère cruel et vindicatif du roi, auquel il était impos-
sible de se fier, et dont la colère ne reculerait devant
aucun excès.
De son coté, Jean continuait sa course, plein de fureur,
d'inquiétude et de défiance à l'égard de ceux qu'il appelait ses
amis. Il avait atteint les frontières du pays de Galles, sacca-
geant en chemin tout le pays et s'altachant spécialement à
détruire les propriétés de la noblesse^ retournant vers l'est,
il traversa les comtés de Worcester et de Northamplon. A la
tète d'une armée qui ne rêvait que sang et que rapine, il
menait avec lui sur un grand nombre de charrettes et de
chevaux ses trésors , une argenterie précieuse et les orne-
ments royaux, auxquels il attachait un prix tout particu-
lier^ c'était (Micore un indice de son esprit étroit. Il avait
INTRODUCTION. xxj
peut-être rinleution de mettre toutes ces richesses eu lieu
de sûreté. Il entra ])ar Peterborough dans le district de
Croyland, fameux pour son monastère, qui fut pillé ; l'in-
cendie se promena tout autour, Jean se dirigea alors vers
Lynn , où il fut très bien reçu:, il voulut, pour gagner la
partie nord du Lincolnshire, traverser le Wasli, qui est
guéable à marée basse. Au moment où l'armée et les baga-
ges étaient en train de passer, la marée commença à mon-
ter avec rapidité; il en résulta beaucoup de désordre et de
péril -, les soldats se hâtèrent de gagner la rive ; moins agiles
dans leurs mouvements, les chevaux qui portaient ou traî-
naient les bagages furent atteints et ballottés par les flots qui
ne lardèrent pas à les engloutir. Plein de regret et d'une
colère impuissante, Jean continua sa marche, et s'arrêta,
pour y passer la nuit, à Swineshead, couvent de l'ordre de
Cîteaux. Tant d'agitation et de tracas minait sa santé : une
fièvre ardente commença à se déclarer. Il l'augmenta par
rintempérance à laquelle il se livrait d'habitude , et souffrit
beaucoup toute la nuit. Le matin il monta à cheval, soit pour
cacher son mal, soit pour le dissiper au moyen de l'exercice,
mais il fut bientôt obligé de se faire mettre dans une litière ;
on le porta au château de Sleaford , et le lendemain , quoi-
([ue son état se fiit aggravé , à Newark. C'est là qu'il devait
mourir.
L'abbé de Croxton l'assista à ses derniers moments, Jean fit
reconnaître son fils aîné Henri pour son successeur, et ex-
pédier des ordres en conséquence -, il rendit le dernier sou-
pir le 1 8 octobre , à l'âge de quarante- neuf ans, et fut, selon
ses désirs , enseveli à Worcester dans l'église de Saint-Wuls-
tan ' . Il avait de sa femme Isabelle d'Angoulême deux fils
' Matth. Paris, page ^88; Mattii, W rstmonast., pag. s^H, ligne 4<>:-
xxij INTRODUCTION.
et trois filles. L'Angleterre n'eut pas de plus mauvais roi;
dénué de toute vertu , il était en proie aux vices les plus
odieux, et ce lurent ces vices qui attirèrent sur lui et sur
ses peuples le plus de calamités.
Aussitôt que la mort de Jean eut été connue , les prélats
et les barons de son parti s'assemblèrent à Gloucester en
la présence du légat , la veille de la fête de SS. Simon et
Jude , pour installer sur le trône Henri , son fils aîné 5 il
lut couronné le lendemain par les évéques de Winchester
et de Bath , après avoir fait hommage à l'Eglise romaine
et au pape Innocent des royaumes d'Angleterre et d'Irlande,
et juré, entre autres choses, de payer fidèlement le tribut
de mille marcs auquel son père s'était engagé vis-à-vis du
saint-siége , pendant tout le temps qu'il serait en possession
de ces deux couronnes. Henri avait alors dix ans. Après
son couronnement, qui eut lieu le 28 octobre 1216, le
jeune prince resta confié à la garde de Guillaume , comte
de Pembroke , grand -maréchal d'Angleterre, qui s'em-
pressa d'adresser des lettres à tous les vicomtes et châtelains
du royaume pour les inviter individuellement à se ranger
du parti du nouveau roi , leur promettant des terres et force
présents s'ils lui demeuraient fidèles. En conséquence, tous
les nobles et les châtelains qui avaient servi Jean , s'atta-
chèrent à Henri plus étroitement qu'à son prédécesseur,
car leur avis à tous était que l'iniquité du père ne devait
pas être imputée au fils ; et tous ils commencèrent à mettre
leurs châteaux en état de défense. En outre , ce qui ani-
mait les partisans de la cause royale , c'était de voir excom-
munier tous les dimanches et fêtes , Louis , ses complices
et fauteurs. '
• Maïtii. Pahis, page 289, ligne 48; Mattii. Wr.stmonast., p. 277,
ligne |T; voyez aussi notre texte, page 181.
INTRODUCTION. xxilj
Louis el les barons qui laisaient alors le siq';c de Dou-
vres , avaiil appris la morl de Jean de manière à n'en pou-
voir douter , furent transportés d'une folle joie , et se
croyaient déjà maîtres de l'Angleterre. Le prince , ayant
demandé à Hubert de 13urgli, connétable du château de
Douvres, de se rendre, sous prétexte que le roi son maître
étant mort, il n'avait plus de défenseur , celui-ci, dit-on ,
lui répondit : « Si mon maître est mort, il a des fils et des
filles qui doivent lui succéder. Quant à vous rendre le
château , je veux en conférer avec les chevaliers mes com-
pagnons. » Le résultat de cette conférence fut que l'on re-
pousserait la demande de Louis pour éviter le reproche de
trahison, qui ne manquerait pas d'être adressé aux défenseurs
du château s'ils se rendaient honteusement. Ceci ayant été
communiqué aux assiégeants, ils décidèrent de soumettre les
châteaux les moins importants de l'Angleterre pour en venir
ensuite à ceux qui l'étaient plus, et ils levèrent le siège.
De Douvres , Louis alla se présenter devant Hertford ,
dont le château avait pour gouverneur un chevalier nommé
Gautier de Godardville , qui se défendit longtemps contre
le prince , et fit un grand carnage des Français -, mais à la
fin il se rendit à la condition que lui et les siens pourraient
se retirer avec armes et bagages. La ville rendue , Robert
Fitzwalter la demanda , disant que la garde d'Hertford avait
lait de tout temps partie de ses privilèges. Louis consulta,
a ce sujet, les Français qui se trouvaient à sa suite, el
ceux-ci lui répondirent que les Anglais ayant trahi leur
propre seigneur, n'étaient pas dignes d'avoir de semblables
gouvernements. Alors , le prince répondit à Robert de
prendre patience jusqu'à l'entière soumission du royaume,
qu'alors il rendrait à chacun ce qui lui était dû '. Vers le
' iVFATTii. PAr.is . page 9.90 , lij;nc 20. ^olrc clironiijiK.' , au contraire,
xxiv INTRODUCTION.
même temps, Guillaume d'Aubigny sortit de prison, après
avoir compté pour sa rançon une somme de six mille marcs ;
il fit hommage à Henri III , et ce roi lui confia la garde du
château de Ledford, qu'il défendit avec une grande valeur.
Après la prise de Hertford , Louis se porta sur le château
de Berkhampstead , et y mit le siège. Cette place était dé-
fendue par un brave chevalier, originaire d'Allemagne ,
nommé Waleran , qui résista pendant longtemps 5 mais
enfin il se rendit, par l'ordre du roi, le 13 des calendes de
janvier (20 décembre), à la condition qu'il pourrait se
retirer, lui et ses compagnons , avec leurs armes et leurs
chevaux. Louis remit le château de Berkhampstead entre les
mains de Raoul Ploket % et vint le lendemain , qui était la
fête de saint Thomas l'apôtre , à Saint - Alban , dont il
voulut contraindre l'abbé à lui rendre hommage ; celui-ci
s'y étant refusé, Louis, enflammé de colère, le menaça de
réduire en cendres et l'abbaye et la ville. A la fin, l'abbé,
grâce à l'intervention de Saher, comte de Winchester, se
racheta, lui et la ville entière, au prix d'une somme de
quatre-vingts marcs , qui lui valurent de Louis une trêve
jusqu'à la Purification de la sainte Vierge. Cette affaire
terminée, le prince revint à Londres. "
L'an 1217, Henri III passa les fêtes de Noël à Bristol , en
la compagnie du légat Gualo et de Guillaume le maréchal ,
qui était tout à la fois gouverneur du roi et du royaume. Il
y avait à cette époque une grande indécision parmi les
membres de la noblesse d'Angleterre , qui ne savaient à
porte que Louis « assist le castiel de Herefort, si le prist et le rendi à
Robert le fill Gautier cui drois che fu. » Page 182, ligne 8.
' Voyez notre texte, page 182, ligne 11.
Matth. Paris, page 291, ligne 6. Notre clironiqiiein- cite plusieurs
.uilres villes et rhâtcaux que Louis aurail piis après celui de Herk-
liampslead. \ ove/, plus loin, page 182.
INTRODUCTION. xxv
quel roi s'attacher, au jeune Henri ou à Louis. Ils étaient
en effet traités avec tant de mépris par les Français , que
plusieurs d'entre eux n'en purent prendre leur parti. Ce
qui ne contribua pas peu à augmenter le mécontentement,
c'est que Louis, au mépris de son serment, s'était emparé
des terres , propriétés et châteaux de ces mêmes nobles ,
après les avoir conquis avec leur secours, et qu'il y avait
placé ses chevaliers et des étrangers. Au reste, il leur parais-
sait honteux de revenir au roi, dont ils s'étaient éloignés,
et de ressembler par là, comme dit Matthieu Paris, à des
chiens qui retournent à leur vomissement \ Un pareil état
de perplexité les empêcha de se concerter et de prendre un
parti décisif. Cependant la guerre et les calamités qui l'ac-
compagnent ne se ralentissaient pas; le 13 des calendes de
février ( 20 janvier) des chevaliers et des soldats de la gar-
nison du château de Mount Sorrel firent une sortie pour se
mettre en quête de butin. Les chevaliers de Nottingham en
ayant été informés par leurs éclaireurs, vinrent à la ren-
contre des pillards ; et, après un combat où trois de ceux-ci
perdirent la vie, ils s'en retournèrent pleins de joie , em-
menant avec eux trente-quatre prisonniers , dont dix cheva-
liers et vingt-quatre soldats. »
Dans le même temps, un brigand, nommé Fauque de
Bréauté^, suivi d'une grande multitude de chevaliers et de
' Cette expression proverbiale, qui semble particulière à l'Angle-
terre, se retrouve dans la chronique de Lanercost (Edinburgh,
M. Dccc. XXXIX, page 177, ligne 16), et dans Sliakspeare. {Henri F,
acte III , scène vu. )
' Matth. Paris, page 292, ligne i5.
' Voyez dans riOtrc texte , page 170, ligne i, quelques détails sur ce
Fouke ou Fauque, que Matthieu Paris nomme Falcasius. Matthieu de
Westminster Tappellc Fulcoiicm de Brcancc. nationc Nonnaniiiitm.
Voyez page 270, ligne 25.
xxvj INTRODUCTIOxN.
routiers j)ris daiib les {^aniisoiis d'Oxford, de NorlIiamj)loii,
de Bediord et de Windsor, vint à la ville de Saint- Alban le 1 1
des ealendes de lévrier, vers le soir, qui se trouvait être la nuit
lie la Saint-Vincent, et l'ayant attaquée à l'improviste , il la
pilla, fit prisonniers les hommes et les enfants, et les char-
};ea de fers. Il ne respecta pas davantage l'abbaye, car il
lua à la porte de l'église un valet qui cherchait à s'y réfu-
gier, et signifia à l'abbé Guillaume qu'il eut à lui envoyer
sur-le-champ cent livres d'argent, ou que, autrement, il
réduirait en cendres la ville entière avec le monastère lui-
même et les bâtiments qui en dépendaient. L'abbé, après
s'être plusieurs fois refusé à remplir ces conditions , se vit
enfin obligé d'en passer par là , et remit la somme deman-
dée. Cette affaire terminée, Fauque se hâta de gagner le
château de Bedford avec ses compagnons chargés d'excom-
munications et de dépouilles sacrilèges , et avec ses prison-
niers honteusement garrottés. Puis , toujours suivi de toute
cette multitude, et tournant ses pas vers la forêt de Wal-
berg, il y prit Roger de Colbeville , et, avec lui, plus de
soixante clercs et laïcs de ce pays, qui s'y cachaient pour
échapper aux pillards. Plus tard, le même Fauque ayant
vu en songe tomber de la tour de Saint-Alban en forme de
foudre une pierre énorme qui le réduisait en poussière, en
fit part à son réveil, à Marguerite, comtesse de l'Isle , sa
iemme. Celle-ci l'exhorta à se réconcilier avec le saint qu'il
avait si grièvement offensé, et à lui offrir une satisfaction
convenable , car elle pensait que cette vision était un
présage de la vengeance destinée au forfait dont il était
coupable. Pour complaire à sa femme, Fauque vint
a SainI -Alban cl se présenta dans la salle du chapitre;
la. df'poMillé de ses vêtements ri tenant une verge à la
main . il dcniHnda cl nblijil l'absolution , cl baisa tous 1rs
INTRODUCTION. xxvij
moines les uns après les autres ; mais , comme si cela eût
suffi pour les apaiser, il ne rendit rien de ce qu'il avait
enlevé, et ne répara en aucune manière le tort qu'il avait
fait à ses victimes. Les pauvres gens eurent beau se tenir à
la porte de la salle capitulaire, dans l'espérance de ravoir
quelque chose de ce qui leur avait été pris , Fauque passa
au milieu d'eux en leur lançant un regard méprisant'. Cette
anecdote n'a trait sans doute que fort indirectement à mon
sujets mais j'ai cru devoir la rapporter, parce que, plus que
toute autre, elle peint, d'un côté, l'état de désorganisation
sociale dans lequel était tombée l'Angleterre, et, de l'autre, la
grossièreté superstitieuse des hommes de guerre de l'époque.
Vers le même temps, les agents de Louis qui plaidaient sa
cause en cour de Rome , lui firent savoir que , s'il n'évacuait
pas l'Angleterre, la sentence d'excommunication, pronon-
cée contre lui par le légat Gualo , serait confirmée par le
pape le jour de la Cène. En conséquence une trêve fut con-
clue entre Louis et le roi Henri ^ elle devait durer jusqu'au
mois de Pâques , et tout , dans les châteaux et ailleurs, devait
rester dans le même état qu'au moment de la conclusion de
la trêve , et cela jusqu'au terme marqué. Louis passa le dé-
troit vers la Quadragésime , et c'est à partir de ce moment
qu'il perdit sans retour les bonnes grâces des barons anglais ;
car, Guillaume , comte de Salisbury, Guillaume, comte
d'Arundel , Guillaume , comte de Warennes , et plusieurs
autres seigneurs, firent au roi serment de fidélité et l'obser-
vèrent par la suite. Mais ce qui porta le plus grand coup au
parti de Louis, c'est que le grand-maréchal d'Angleterre
rappela son fils aîné au service du roi. *
' Matth. Pakis, page 292, ligne 45; pa^e 848, ligne ?>4 ; !\L\ttii.
Westmonast., pagr 27^, ligne 47.
' Matth. Paris, p. 292, lig. 57. Voyez aussi noUc lexlc, p. 187, iig. 26.
xxviij INTRODUCTION.
A la même époque, après les fêtes de Pâques, Ranulphe,
comte de Chester, Guillaume, comte d'Albemarle, Guil-
laume, comte de Ferrers , Robert de Vieux-Pont, Brian de
risle , Guillaume de Chanteloup , Philippe Marc, Robert de
(jaugi , Fauque de Bréauté avec ses châtelains et plusieurs
autres hommes de guerre appartenant à la garnison des châ-
teaux, se rassemblèrent par les soins de Guillaume le maré-
chal, gouverneur du roi et du royaume, dans le but d'assiéger
le château de Mount Sorrel, défendu par Henri de Braibroc,
dix chevaliers d'une valeur éprouvée et un grand nombre
de soldats. Les assiégeants, ayant placé leurs machines dans
des endroits favorables, commencèrent vigoureusement l'at-
taque dudit château -, mais on leur répondit du dedans avec
la même ardeur. Enfin les assiégés , après avoir tenu plu-
sieurs jours, craignant de se voir épuisés par un long
siège, envoyèrent auprès de Saher, comte de Winchester,
qui se trouvait alors à Londres, le priant de venir sans re-
tard à leur secours. Saher, auquel ce château appartenait,
se rendit auprès de Louis , qui venait d'arriver du continent
à Londres, et, appuyé de ses amis, il lui demanda un se-
cours de troupes pour faire lever le siège. On tint conseil,
et il fut décidé à l'unanimité que l'on ferait marcher un
corps d'armée , pour repousser les assiégeants et pour sou-
mettre toute la province à Louis. En conséquence, il sor-
tit de Londres six cents chevaliers, et, avec eux, plus de
vingt mille hommes armés, qui tous n'aspiraient qu'au bu-
tin ^ ils étaient commandés par le comte du Perche , maré-
chal de France , Saher, comte de Winchester, Robert Fitz-
walter, et beaucoup d'autres que l'on jugeait propres à celte
expédition. Ils laissèrent leur camp la veille des calendes de
mai , r'est-à-dlre le lundi avant l'Ascension , et se mirent en
marche pour Sainl-Alban , pillant tout ce qui se trouvait
INTRODUCTION. xxix
sur leur route. Les routiers et les pillards qui foisonnaient
dans cette multitude armée, fouillaient les villes en tout
sens, n'épargnant ni les églises ni les cimetières, pre-
naient et dépouillaient des gens de toute classe et les
forçaient par des tortures calculées à payer de très fortes
rançons. L'abbaye de Saint-Alban , qui , peu de temps
auparavant, avait satisfait aux exigences de Louis, ne put
entièrement échapper aux mains des pillards; Fayant trou-
vée pleine de vivres de toute espèce, ils la laissèrent com-
plètement dénuée de provisions \
De Saint-Alban , le détacbement dont nous venons de
parler se mit eu marcbe le lendemain pour Dunstaple, el
s'arrêta dans la ville de Redburn (comté de Herts), où il
dépouilla jusqu'aux braies {usque ad fœnioralia) les moines
du prieuré de Saint-Ampbibalus. Non contents de ces
violences, ils portèrent des mains sacrilèges sur les reli-
ques des saints , qu'ils enlevèrent des autels. A cette occa-
sion aurait eu lieu un miracle , rapporté par Mattbieu
Paris % et qui, comme toutes les anecdotes de ce genre ,
n'est pas inutile pour la connaissance des faits et des idées
de l'époque.
Arrivée à Dunstaple , l'armée de Louis et des barons an-
glais y passa la nuit. Le lendemain matin , elle se porta vers
le nord pour essayer de faire lever le siège de Mount Sorrel ;
maisRanulpbe, comte de Cbester, et les autres qui campaient
devant le cbâteau , ayant été prévenus par leurs éclaireurs ,
opérèrent leur retraite vers Nottingham , et résolurent à
l'unanimité d'observer la marcbe des ennemis qui surve-
naient. Cependant les barons, après avoir, suivant leur cou-
tume, dépouillé tous les cimetières et toutes les églises sur
' Mattit. Paris, page 294, ligne 5.
' Page 294, ligne 29.
XXX INTRODUCTION.
leur roule, arrivèrent au château de Mount Sorrel ; là ils dé-
eiclèrent d'un commun accord qu'ils se porteraient en toute
hdte sur Lincoln , dont Gilbert de Gant , avec les autres
barons déjà nommés, avaitfait le siège pendant longtemps,
mais en vain. Les barons, à leur passage dans la vallée de
Bclvoir, ne laissèrent après eux rien à piller; car les fan-
tassins français , écume impure de leur pays, n'épargnèrent
absolument rien. En effet, leur pauvreté et leur misère
étaient si grandes qu'ils n'avaient pas même de vêtements
pour cacher leur nudité. Enfin, arrivés devant Lincoln , les
barons assaillirent vigoureusement le château ; mais les as-
siégés firent bonne contenance et tinrent en respect leurs
adversaires.
Sur ces entrefaites , Guillaume le maréchal, gouverneur
du roi et du royaume, d'après l'avis du légat Gualo et de
Pierre évêque de Winchester, fit convoquer tous les châte-
lains du parti royal et les chevaliers qui appartenaient aux
garnisons des divers châteaux ;, et leur ordonna de par le
roi de se trouver à Newark le lundi de la semaine de la
Pentecôte, pour tâcher, de concert avec eux, de faire
lever le siège de Lincoln. Ceux-ci, qui brûlaient d'en ve-
nir aux mains avec les Français excommuniés et de com-
battre pour leur pays, se rendirent avec joie au lieu désigné
et à l'époque indiquée. Le légat s'y trouva pareillement avec
les autres prélats du royaume , suivi de cavaliers et d'hom-
mes de guerre, afin de poursuivre par l'analhème et par le
fer ceux qui seraient rebelles au roi et au pape. Tout le
monde étant rassemblé, l'on compta dans l'armée quatre
cents chevaliers , et presque deux cent cinquante arbalé-
triers. Quant aux soldats et aux cavaliers, ils étaient si
nombreux qu'ils pouvaient au besoin remplir le rôle de
chevaliers. Les chefs de cette armée furent Guillaume le
lîSTRODUCTION. xxx,
maréchîil , cl son fils (jiii portait le même nom (|nf lui .
Pierre, évècjue de NV inchesler, (]ui était habile au m»''ti(M
des armes, Ranulphe, eomle de Chesler, Ouillaume, comte
de Salisbury, Guillaume, comte de Ferrers , et Guillauuic
de Béthune, comte d'Albemarle. Il s'y trouvait, en fait de
barons, Guillaume d'Aubigny, Jean le maréchal, (iuil-
laume de Chanteloup et son fils, également nommé Guil-
laume, Fauque de Bréauté , Thomas Basset, Robert de
Vieux-Pont, Brian de llsle , GeofFrol de Lucl. Philij>|)c
d "Aubigny, avec plusieurs châtelains versés dans Fart mi-
litaire. Ceux-ci, pendant une halte de trois jours qu'ils
firent à Newark pour laisser respirer les hommes et les
chevaux , passèrent leur temps à se confesser et à se fortifier
du corps et du sang de Jésus-Christ . afin que Notre-Sei-
gneur les protégeât contre les coups de l'ennemi. Ainsi
prêts à tout, ils s excitaient à vaincre ou à mourir pour la
cause de la justice.
Enfin vendredi de la Pentecôte • , après la célébration
de l'office divin, le légat se levant, prit la parole et dé-
montra à tous combien était injuste la cause de Louis et
des barons qui l'appuyaient ; il rappela que c'était la rai-
son qui les avait fait excommunier et retrancher du sein
de l'Eglise. Puis, voulant exciter l'armée au combat, il
se revêtit de blanc lui et tout le clergé, et il excommunia
nominativement Louis avec ses fauteurs et complices ,
principalement ceux qui faisaient le siège du château de
Lincoln contre le roi d'Angleterre , avec toute la ville :
c'est-à-dire le contenant et le contenu. A cela il ajouta ,
pour ceux qui étaient venus en personne à celte expé-
dition , la rémission pleine et entière des péchés dont
' Le ig iiuii.
xxxij IINTRODUCTION.
ils s'étaient sincèrement confessés , par suite des pouvoirs
(ju'il tenait de Dieu et du saint-siége; puis il donna à tous
l'absolution et la bénédiction divine. Alors tous volèrent
aux armes , les cavaliers se mirent en selle, et on leva le
camp avec allégresse. Arrivés à Stow, qui est situé à huit
milles de Lincoln, ils y passèrent la nuit. Le lendemain
matin, ils se formèrent en sept divisions, toutes considé-
rables, et ils marcbèrent contre l'ennemi, ne craignant
qu'une chose, qu'il ne prît la fuite avant leur arrivée. Les
arbalétriers les précédaient toujours d'un mille, et les ba-
gages, les vivres et autres accessoires se trouvaient sur les
derrières. Les bannières et les écus brillaient de tous côtés, et
frappaient d'une terreur profonde ceux qui les apercevaient.
Quant aux barons qui étaient dans la ville , et aux Fran-
çais , ils avaient tant de confiance dans le succès de leur
cause , qu'ils ne répondirent que par des brocards et des
éclats de rire aux messagers qui leur annonçaient la venue
des ennemis, et ne cessèrent de battre en brèche les murs du
château. Cependant Robert Fitzwalter et Saher, comte de
Winchester, ayant appris que les ennemis approchaient de
la ville , en firent baisser le pont et sortirent pour observer
leurs mouvements et juger de leur nombre. Après avoir
attentivement examiné l'ordre de leur marche, ils ren-
trèrent dans la ville auprès de leurs compagnons et leur
dirent : « Les ennemis s'avancent en bon ordre contre
nous, mais ils nous sont inférieurs par le nombre : al-
lons au-devant d'eux jusqu'au pied de la montagne; ainsi,
nous les prendrons comme des alouettes. » A cela le
comte du Perche et le maréchal répondirent qu'ils vou-
laient s'assurer par eux-mêmes du nombre des ennemis, et
ils sortirent à cet effet; mais ils se trompèrent dans leur esti-
mation, et firent en ronséquence de mauvaises dispositions.
INTRODUCTION. xxxilj
Cependant r.irmée royale s'étant approchée de la ville
du côté du cluileau fut reconnue par les châtelains; et ceux-
ci envoyèrent secrètement à ceux qui la commandaient un
messager pour leur faire savoir ce qui se passait au-dedans.
Il ajouta qu'ils pouvaient entrer par une poterne qui avait
déjà été ouverte pour eux. Les chefs ne voulurent pas en-
trer tous -, mais ils envoyèrent Fauque avec tout le corps
qu'il commandait et avec tous les arbalétriers, pour ouvrir
à l'armée au moins une des portes de la ville. Pendant que
le reste des troupes s'avançait vers la porte du nord , Fauque
eut le temps de la briser. Les barons n'en continuaient
pas moins à lancer de lourdes pierres contre le château;
mais sur ces entrefaites Fauque y élant entré suivi de son
corps d'ai'mée et de tous les arbalétriers , les posta à l'in-
stant même sur les murs des maisons et sur les remparts du
château , d où ils lancèrent des traits sur les plus redoutables
des barons , et firent rouler dans la poussière les chevaux et
ceux qui les montaient, de telle sorte qu'en un clin d'œil
ils couchèrent par terre une foule de fantassins, de cheva-
liers et de seigneurs. Voyant cela , Fauque fit une sortie
avec les siens et s'élança résolument au plus épais des enne-
mis-, mais il fut pris, et on l'entraînait lorsqu'il fut déli-
vré et ramené par ses arbalétriers et ses soldats. Cependant
toute l'armée royale, après avoir brisé, quoique avec
beaucoup de peine, les portes de la ville, y fit son entrée
en masse et chargea l'ennemi avec intrépidité. Alors la
mêlée devint horrible-, on eût pu voir, dit Matthieu Paris,
des étincelles jaillir du choc des glaives , on eût pu enten-
dre le sol mugir, sous les efforts des combattants, avec le
bruit du tonnerre ou d'un tremblement de terre '. Mais
' Vidcres igifui- ex i(iihii<: ^ladionim i^neas prosilire. scintillns .
C
xxxiv INTRODUCTION.
enfin les soldats du parti du roi, qui avaient eu l'habileté de
s'attaquer aux chevaux des barons et de les percer de traits ,
mirent tout à fait hors de combat une partie de ces seigneurs;
car les chevaux tombant sans vie par terre , on prenait ceux
qui les montaient, vu qu'il n'y avait personne pour les dé-
livrer. Enfin l'armée royale , après avoir écrasé les barons
et leur avoir pris un grand nombre de chevaliers qui tous
furent chargés de chaînes, rassembla ses efforts contre le
comte du Perche et l'enveloppa de toutes parts , en sorte
que ce fut sur lui que tomba le poids de la bataille. Comme
il ne pouvait soutenir le choc des assaillants , on l'invita à
se rendre, seule chance de salut qui lui restât; mais il dé-
clara avec un serment horrible qu'il ne se rendrait jamais
à un Anglais, attendu que les gens de cette nation étaient
des traîtres envers leur roi légitime. A ces mots , un soldat
de l'armée royale s'élança sur le comte , et , lui perçant la
tête par l'ouverture de son heaume, il en fit jaillir la cer-
velle : ce qui fut d'autant mieux mérité, dit Matthieu Pa-
ris ', que le malheureux avait souvent juré et menti par
cette partie du corps. Les Français , voyant que le plus
grand nombre d'entre eux avait mordu la poussière, pri-
rent la fuite, cavaliers comme fantassins; mais ce ne fut
pas sans difficulté et sans perte, car le fléau de la porte du
nord par laquelle ils s'échappèrent, fléau placé en travers,
gêna beaucoup les fuyards : toutes les fois qu'un survenant,
press<i de sorlir, se présentait , il lui fallait descendre de
cheval et ouvrir la porte, qui, par suite de la chute du fléau,
se refermait immédiatement derrière lui. Après avoir défait
les barons, les troupes royales se mirent à les poursuivre;
et ad modurn tonitrus vel terrœmotus totam tcrrani voboare ex con-
gressu con/ligenlium. Page 296, ligae 20.
' Page 296, ligne 5o.
INTRODUCTION. xxxv
plusieurs furent pris, mais cette poursuite ne fut pas sérieuse ^
car le sentiment de la communauté d'ori^^ine, ce sentiment
qui se manifeste dans les occasions extrêmes, se réveilla
alors dans les cœurs ; autrement pas un n'eût échappé. Ceux
des barons qui commandaient et qui tombèrent entre les
mains de l'ennemi, furent Saher, comte de Winchester,
et son fils Robert , Henri de Rohun, comte de Hereford , le
comte Gilbert de Gant que Louis venait de faire comte de
Lincoln ; quant aux simples barons faits prisonniers , les
historiens ' nomment Robert Fitzwalter, Richard de Mont-
fichet , Guillaume de Mowbray, Guillaume de Beauchamp,
Guillaume Mandut, Olivier de Harcourt, Roger de Cressi,
Guillaume de Coleville, Guillaume de Ros, Robert de Ro-
pesle , Raoul Cheinduit , Guillaume de Dodinfeuille , Gil-
bert de Clare, et une foule d'autres qu'il serait trop long
d'énumérer ici. A ces seigneurs il faut ajouter quatre cents
chevaliers, sans compter les soldats à pied ou à cheval,
dont il n'est pas facile de déterminer le nombre. Le comte
du Perche fut enseveli dans l'enceinte d'un hôpital , hors de
la ville. On eut encore à regretter la perte de Réginald sur-
nommé Safran, brave chevalier de la famille de Fauque,
qui fut honorablement enterré dans l'abbaye de Cokesden.
Le parti des barons perdit aussi dans ce combat un soldat
que personne ne connaissait: il fut, comme excommunié,
enterré hors de la ville, dans un carrefour. Ce furent les
seuls qui périrent dans cette occasion. '
' 3Iatth. Paris, page 296, ligne 49- Voyez aussi notre texte,
pageg4, ligne 27.
' Il y a dans VAirhceologia, volume YIIl, page 208, un mémoire
curieux du Rév. Samuel Pogge, intitulé a circumsiantial Détail of the
Battu of Lincoln, A. D. 1217, Henry III. Dans le volume XXII,
page 426-428, de la même collection, on trouve la gravure du sceau
de Louis et nue charte latine de ce prince, datée du siège d'Hertford ,
xxxvj INTRODUCTION.
Après le combat, l'armée royale fit main basse sur les
bagages et les ricbesses que les baions et les Français avaient
traînés à leur suite j mais ils n'en restèrent pas là : ils pil-
lèrent la ville entière, puis s'attaquant aux églises, ils bri-
sèrent à coups de bâches et de maillets tous les coffres et
toutes les armoires qui s'y trouvaient, et s'emparèrent de
l'or, de l'argent, des étoffes de diverses couleurs, des vête-
ments de femme, des anneaux d'or, des coupes et des pierres
précieuses qu'ils renfermaient. La cathédrale elle-même ne
fut pas à l'abri de ces spoliations 5 car le légat avait recom-
mandé aux soldats de traiter tous les chanoines en excom-
muniés , et , comme tels , en ennemis de l'Eglise romaine et
du roi son vassal depuis le commencement de la guerre.
Mais il suffisait pour eux qu'il y eût quelque chose à em-
porter. Enfin, ayant fait partout place nette, ils revinrent
l'un après l'autre chargés de butin auprès de leurs seigneurs,
et la paix du roi Henri ayant été proclamée par toute la
ville, ils se livrèrent à la joie et aux plaisirs de la table. Ce
combat, qu'en dérision de Louis et des barons on appelle
le jour </e ma/c7ze (nundinas), eut lieu le 14 ' des calendes
de juin, c'est-à-dire le vendredi de la semaine de la Pentecôte ;
il commença entre la première et la troisième heure; mais
le i\ novembre 1216, par laquelle il donne à A\ illiam de lluntingfeld,
pour son hommage et service, la ville de Grimesby, dans le conilé de
Lincoln.
M. Thomas Wright a publié sur la prise de cette ville un petit
poème latin foit remarquable , dans son livre intitulé The political
Song.i of E ngland , from the Reigii of John to thaï qf Edward II.
London : printed for the Canden Society, by John Bowyer Nichols
and son, Parliament street. m. dccc. xxxix, in-4°, pages 19-27.
' Matthieu de Westminster dit le 1 5, et c'est la bonne leçon. Voyez
page 277, ligne 49. Quaut à notre texte, le ms. 455 porte «la velle
de laPentecouste, » et celui du fonds de Saint-Germain k la velle de
la Trinité. » Voyez page 194 , ligne 21.
INTRODUCTION. xxxvij
les choses furent si hieii menées (|ue loul iul Uni avant la
neuvième. Après la victoire, Guillaume le mar('chal signifia
à tous les châtelains qu'ils eussent à s'en retourner dans leurs
foyers avec leurs prisonniers, et à les tenir sous les verroux
jusqu'à ce que le roi leur fît connaître sa volonté^ puis le
même jour cet ollicier se rendit auprès du roi, et l'informa
en présence du légat, de tout ce qui venait de se passer.
Ceux-ci, rendirent grâces à Dieu en pleurant, et la joie
fit aussitôt place aux larmes.
Quand le matin fut venu, il arriva au roi des messagers
qui lui dirent que la garnison de INJount Sorrel avait aban-
donné ce château et pris la fuite : alors Henri donna au vi-
comte de Nottingham l'ordre de se rendre en personne au
château et de le raser.
Après que le comte du Perche eut été tué , toute l'armée
des barons, cavaliers comme fantassins, s'enfuit du côté de
Londres, ayant à sa tète le maréchal de France avec le châ-
telain d'Arras et une foule de Français; mais il en périt un
grand nombre, et les fantassins principalement furent tués
presque tous avant d'arriver auprès de Louis ', car, à leur
approche , les habitants des villages par où ils fuyaient sor-
taient armés d'épées et de bâtons. Deux cents chevaliei's
environ parvinrent jusqu'à Londres et se présentèrent à
Louis, auquel ils annoncèrent ces tristes nouvelles ; mais,
au lieu de les consoler, le prince leur dit vu les raillant
sur leur lâcheté , que leur fuite avait perdu leurs compa-
gnons; car, s'ils n'eussent pas lâché pied, ils eussent pu
se sauver eux et ceux qui étaient restés aux mains de l'en-
nemi.
' Louis se trouvait alors au siège de Douvres, si nous en croyons
notre texte, «t il apprit la nouvelle de la bataille de Lincoln le jeudi
après la semaine do la Pentecôte. Voyez page icp, ligne i5
xxxviij IISÏRODUCTION.
C'est alors que Louis , désespéré du désastre de Lincoln et
crai{jnant de ik' pouvoir mener à fin son entreprise, s'adressa
à son père et à sa femme pour avoir du renfort ; mais lais-
sons parler ici une chronique qui contient à ce sujet une
anecdote trop belle pour que nous ne penchions pas à la
croire vraie.
« Avint que mes sires Loyes ot despendu tout le sien , et
li failli argens, et manda à son père que il li aidast et en-
voiast deniers. Et li rois dist que par la lance saint Jacques
il n'en feroit noient, ne jà, por li , ne serolt escumeniés.
Quant ma dame Blance le sot , si vint au roy et li dist :
« Coument , sire ! lairés-vos dont vostre lîls morir en es-
tranges terres? Sire, pour Dieu 1 il doit estre ireliers après
vous : envoiés-li cou que mestiers li est, au moins les issues
de son patremoine. — Ciertes , Blance , dist li rois , je
n'en ferai noient. —Non, sire? dist la dame. — Non voir,
dist li rois. — Et je sai bien, dist la dame, que j'en ferai.
— Qu'en ferés-vos dont? dist li rois. — Par la beneoite
Mère Dieu, j'ai biaus enfans de mon signour : je les me-
terai en gages, et bien trouverai qui me prestera sous aus. »
A tant se parti dou roi ainsi come dervée ^ et quant li rois
la vit ainsi aler, si quida que ele desist vérité : si la fist ra-
pieler et dist : « Blance , je vous donrai de mon trésor tant
come vous vorrés, et en faites çou que vous volés et cou
que vous quidiés que boin soit. — Sire , dist ma dame
Blance, vous dites bien. » Et lors fu délivrés li grans trésors
à ma dame Blance , et ele l'envoia à son signour ' . »
' Ce morceau, extrait de la Chronique de Reims, a été publié par
mon ami Paulin Paris, dans le Romancero français , Paris, Techener,
i855, page 200 ; puis, avec la totalité de l'ouvrage dont il fait partie,
par M. Louis Paris. ?\ous le redonnons ici d'après le manuscrit du
fonds de Sorbnnno. n" 454-
INTRODUCTION. xxxix
Blanche envoya à son époux trois cenls braves chevaliers
bien exercés au métier des armes , avoc un grand nombre
de soldats. Mais tout cela ne pouvait rester ignoré du roi
d'Angleterre, qui, s'étant déjà remis à la tête de ses forces,
gardait avec une armée imposante les côtes méridionales
de rOcéan , et avait résolu de faire le siège de Londres. En
conséquence le roi, d'après le conseil du maréchal, donna
ordre à Philippe d'Aubigny et à Jean le maréchal, en même
temps qu'aux Cinq-Ports et à un grand nombre de gens
armés, de surveiller attentivement les cotes, afin de pré-
venir l'arrivée des Français.
Le jour de Saint-Barthélémy (le 24 août 1217), la flotte
française fut confiée à Eustache le Moine, afin qu'il la con-
duisît sans malencontre à Londres, et la remît en bon état
au prince Louis. Les chevaliers qui la montaient s'étant donc
mis en mer eurent un vent arrière qui les poussa violem-
ment vers l'Angleterre 5 mais ils ignoraient complètement
les embûches qu'on leur avait dressées. Ils avaient donc par-
couru une grande partie de leur route, lorsqu'ils rencon-
trèrent les corsaires du roi d'Angleterre qui venaient obli-
quement. Ceux-ci voyant que leurs adversaires avaient qua-
tre grands navires et un nombre plus considérable de petits
et de barques armées , redoutèrent d'engager un combat
naval avec si peu de forces, car le nombre de leurs vais-
seaux et barques , tout bien compté , n'excédait pas qua-
rante 5 mais enfin , animés par le souvenir de ce qui était
arrivé à Lincoln, où un petit nombre avait triomphé d'un
plus grand , ils s'élancèrent hardiment sur les derrières de
l'ennemi. Les Français, à leur aspect, coururent aux ar-
mes et résistèrent à leurs adversaires, sinon avec avantage ,
tout au moins avec valeur. Philippe d'Aubignv et les arba-
létriers avec les archers , lançant la moi t dans les rangs des
x\ INTRODUCTION.
Français, (ireiil en peu de temps un grand carnage. Les
Anglais avaient en outre des barques armées d'un éperon de
fer avec lequel ils perforaient les navires de leurs adversai-
res 5 de cette manière ils en coulèrent bas un grand nombre.
Ils avaient en outre de la chaux vive réduite en poudre fine,
qu'ils lançaient en l'air et que le vent portait dans les yeux
des Français. La mêlée devint très-chaude 5 mais ceux des
Français qui n'avaient point l'habitude de se battre en mer
furent bientôt mis hors de combat, car les Anglais, exercés
comme ils l'ont toujours été à se battre sur terre et sur mer,
les accablaient de traits et de flèches , les transperçaient à
coups de lances, les égorgeaient avec leurs poignards et
leurs épées , ou crevaient et submergeaient les nefs enne-
mies. Ces malheureux étaient en outre aveuglés par la chaux
et n'avaient ni l'espoir d'être secourus ni la possibilité de
fuir. C'est ce qui fit que plusieurs , craignant de tomber vi-
vants entre les mains de leurs ennemis , se précipitèrent de
leur propre mouvement dans la mer, aimant mieux mourir
que de rester à la merci de leurs vainqueurs. Tous les plus
nobles des Français qui survécurent ayant été pris , les An-
glais attachèrent les Vaisseaux conquis avec des câbles, et
revinrent à Douvres pleins de joie , en chantant les louanges
de Dieu. Les soldais du château vinrent à leur rencontre
et serrèrent de liens plus étroits les malheureux Français.
Après beaucoup de recherches , on trouva à fond de cale
et dans la sentine d'un navire, Eustache le Moine que l'on
désirait fort trouver. Quand il se vit pris , il offrit une
somme énorme pour racheter sa vie et ses membres et pro-
mit une fidélité inviolable au roi d'Angleterre ^ mais Ri-
chard , bâtard de Jean-Sans-Terre , le saisit et lui dit : « Ja-
mais , traître pervers, tu ne décevras désormais qui que ce
oit par tes promesses menteuses. » Après ces mois, il lira
INTRODUCTION. xlj
son glaive et coupa la tête à Eustache le Moine '. Les dé-
pouilles de la flotte tant en or et en argent, qu'en étoffes de
soie , lurent recueillies par les gens du roi. Le premier soin
de Philippe d'Aubigny fut de mettre les prisonniers en lieu
sûr, puis il manda à Henri ce qui venait de se passer. Quant
à Louis, il s'affligea de cet événement beaucoup plus que
du désastre de Lincoln.
Le maréchal, gouverneur du roi et du royaume , rassem-
bla une nombreuse armée , et se porta en forces sur la ville
de Londres, qu'il assiégea à la fois par terre et par mer-, par
là coupant les vivres à ceux qui défendaient la place, il
voulait les amener à se rendre. C'est alors que Louis, réduit
à la dernière extrémité, fit savoir au légat aussi bien qu'au
maréchal qu'il était prêt à en passer par tout ce qu'ils lui
imposeraient, pour obtenir une paix honorable. Ceux-ci,
de qui tout dépendait et qui désiraient vivement la déli-
vrance de Louis en considération de la couronne de France,
rédigèrent un projet de paix et le remirent au prince 5 ils
lui mandèrent que, s'il consentait à l'adopter, ils s'enga-
geaient à lui faire donner un sauf-conduit, à lui et à tous ses
partisans, pour quitter l'Angleterre, bien qu'une foule de
personnes s'opposassent ouvertement et de toutes leurs for-
ces à ce qu'on usât de miséricorde à son égard; ils ajoutè-
rent qu'autrement ils feraient tous leurs efforts pour ame-
ner sa ruine et le couvrir de confusion. Louis et ses conseil-
lers, ayant examiné ce projet , approuvèrent fort le parti
de quitter l'Angleterre, où toutefois ils eussent trouvé plus
' ]\ous avous eiuprunté la presque totalité de ce récit à la grande
Chronique de Matthieu Paris , page 298 , ligne 49 ; mais il existe un
grand nombre d'autres relations de cet événement : on peut les lire
dans notre Notice sur le Roman d'Eustache le Moine, page xiij-xxij.
Voyez aussi notre texte, p. 200-202.
xlij INTRODUCTION.
doux de rester. En conséquence, le prince fit demander au
légat et au grand-maréchal de fixer un lieu et une heure
pour mettre promptement à exécution les arrangements qui
venaient d'être conclus. Les parties s'étant entendues à cet
égard, on ménagea une entrevue auprès de Kingston, dans
une île de la Tamise, pour y conclure la paix^ d'une part
se trouvait le roi Henri avec le légat, le grand-maréchal et
beaucoup d'autres personnages^ de l'autre, Louis, accom-
pagné des barons et du reste de ses partisans. Là , le traité
de paix fut arrêté le 3 des ides de septembre (le lundi 11),
d'après les bases suivantes.
Louis jura , et tous les excommuniés ses adhérents
jurèrent avec lui, la main sur les saints Evangiles, qu'ils
s'en tiendraient au jugement de l'Eglise et que , du reste ,
ils seraient fidèles au pape et à l'Église romaine^ il jura
encore qu'il viderait incontinent , lui et les siens , le ter-
ritoire anclais et n'y reviendrait jamais de sa vie avec
de mauvaises intentions ; qu'il ferait tous ses efforts pour
amener Philippe-Auguste , son père , à rendre au roi Henri
tout ce qu'il revendiquait de l'autre côté du détroit , et que,
monté lui-même sur le trône, il opérerait cette restitution -, en-
fin qu'il rendrait sur-le-champ au roi et aux siens tous les
châteaux et toutes les terres dont il s'était rendu maître par
la force des armes. De son côté, le roi d'Angleterre, éga-
lement la main sur l'Évangile , jura , avec le légat et le ma-
réchal , de rendre aux barons de l'Angleterre et à tous ceux
du royaume tous leurs droits et héritages, avec toutes les
libertés précédemment demandées, qui avaient été un sujet
de discorde entre le roi Jean et les barons. Personne ne pour-
rait recevoir ni dommage ni blâme pour avoir appartenu à
l'un ou à l'autre des deux partis. En outre, tous les prison-
niers qui s'étaient rachetés avant la roncîusion de celle paix,
INTRODUCTION. xliij
ou qui avaient déjà payé une partie de la somme stipulée
pour leur rançon , ne devaient pas rentrer dans leur argent;
mais s'il leur restait quelque chose à solder, ils étaient te-
nus quittes. Tous les prisonniers faits à Lincoln ou dans
le combat naval de Douvres, soit du côté du roi, soit du
côté de Louis , en quelque lieu qu'ils fussent, devaient être
mis immédiatement en liberté sans difficulté ni rançon '.
Ces choses terminées, Louis et tous ses partisans reçu-
rent l'absolution avec les cérémonies de l'Eglise usitées en
pareil cas '' -, et ensuite ils coururent tous se donner le bai-
ser de paix; mais plus d'un couvrait une tristesse réelle
sous le semblant d'une joie hypocrite. Puis le prince re-
tourna à Londres, où, vu son dénuement, il reçut des
bourgeois, à titre Je prêt, cinq mille livres sterling. De
cette ville, il gagna la mer en toute hâte sous la con-
duite de Guillaume le maréchal, et revint en France cou-
vert de honte ^. On exclut du bénéfice de cette paix et
de cette absolution les évêques , les abbés , les prieurs ,
les chanoines réguliers , les clercs nombreux qui avaient
prêté à Louis et aux barons l'appui de leurs conseils et
de leur influence , et surtout maître Simon de Langton
ainsi que maître Gervais de Hobrugge, qui avaient porté
l'obstination au point de faire célébrer les divins mys-
' Mattii. Paris, p. 299, lig. 56; Matth. Westmonast., p. 278, lig. 5.
Rymer a donné le texte entier de ce traité, qui est daté de Lambeth,
le II septembre i2iy. Voyez son Fœdera, cnnventiones, literœ et
cujuscunque generis Acta publica.,.. Tomi 1. Pars I. et II. Hagae
Comitis, apud Joannem Neaulme. mdccxlv, in-fol., pag. 74, coi. i et 2.
' Suivant notre texte, cela eut lieu le lendemain du jour du traité,
qui aurait été conclu un mardi; voyez page 2o5 , ligne 3. Quant à
^latthieu de Westminster, il rapporte que le traité se fit après l'abso-
lution de Louis.
' El ciiin npjjrnbrio seinpitnnn ad Gallins liansfrr.ln\ni. Mattii.
Pakis, page 290, bgnc .\\ .
xllv INTRODUCTION.
tères pour Louis elles barons excommuniés, par des pré-
fres également excommuniés : ils lurent dépouillés par le
légat de tous leurs bénéfices, et forcés d'aller à Rome '.
Car aussitôt que Louis eut évacué l'Angleterre , le légat
envoya dans tous les comtés des commissaires chargés de
rechercher tous ceux qui se seraient rendus coupables même
de la plus légère adhésion au parti de la révolte, quel que
fût leur ordre religieux ou leur rang dans la hiérarchie
ecclésiastique-, les inquisiteurs les suspendirent et les en-
voyèrent au légat, qui les dépouilla de tous leurs bénéfices,
et en fit des largesses à ses clercs , enrichissant ainsi les
siens des dépouilles des autres. Hugues, évéque de Lin-
coln , à son arrivée en Angleterre , compta mille marcs au
pape pour recouvrer son évèché , et cent marcs à Gualo.
Cet exemple fut suivi par un grand nombre de personnes,
tant prélats qu'autres gens d'Eglise , qui gagnèrent les bon-
nes grâces du légat à beaux deniers comptants. La bourse
des clercs et des chanoines réguliers fut pareillement mise
à sec par son insatiable avidité ; moissonnant ce qu'il n'a-
vait pas semé, il forma une somme énorme d'un grand
nombre de petites sommes recueillies çà et là.
C'est ainsi que se termina une expédition que Louis avait
commencée sous de si heureux auspices, et qui, conduite
avec plus d'habileté, aurait, plus encore que la conquête
normande, changé la face de l'Angleterre et, par suite, de
l'Europe et du monde entier.
Revenons maintenant à notre chronique. Nous en avons
tiré le texte du manuscrit de la Bibliothèque du roi coté
supplément français, n" 455, qui est excellent sous le dou-
ble rapport de la langue et de l'écriture , et dont la descrip-
tion a été donnée par notre ami M. Paulin Paris , dans une
' Vovcz notre texte, page 197, hj^nc 19.
INTRODUCTION. xK
des précédentes publications de la société de l'Histoire de
France '. Quant aux variantes, nous les avons relevées dans
un manuscrit de la même Bibliothèque, coté 2168-1513
dans le fonds de Saint-Germain, qui se trouve décrit, avec
plusieurs autres relatifs à l'histoire de la Normandie, dans la
préface des Chroniques que nous avons publiées l'année der-
nière, à Rouen, en un petit volume in-4°^. La même préface
rend un compte détaillé d'un troisième manuscrit de cet
ouvrage , qui se conserve dans la Bibliothèque publique de
Lille; mais comme il est comparativement moderne, sur
papier, et d'un fort mauvais langage , nous n'avons pas cru
devoir nous en servir.
Les nombreux détails que donne notre chronique sur
la noblesse du nord de la France , nous ont décidé à les
compléter par la publication du Roman de Ham , dont la
composition remonte à 1278, si l'on en croit M. l'abbé de
La Rue , qui en a parlé le premier dans ses Essais histori-
ques sur les bardes j les jongleurs et les trouvères normands
et anglo-normands^ . Cet auteur ajoute : « C'est l'histoire
d'un tournoi qu'il (l'auteur, Sarrazin) suppose avoir eu lieu
dans la ville du Ham en Picardie. Il fait dans son prologue
un grand éloge du roi Henri I" ^^ et il est évident qu'en pre-
nant la plume , il n'avait d'autre dessein que de critiquer
' La Conquestc de Conslantinoblc , par Jeoffroi de Yillehardouin
et Henri de Valenciennes, page xxxvij de l'Introduction, art. IV-
" Page Ixv.
' Tome III, page 146. M. de La Rue s'est trompé, comme cela lui
arrive si souvent. Cette date est, non celle de la composition du poème
de Sarrazin, mais l'époque du tournoi auquel assista le roi Philippe le
Hardi, et qui eut lieu à Coiiipiegne ou à Creel. Voyez page 216, 217
de ce volume. F. I\I.
■* M. de La Rue veut sans doute parler de Charles d'Anjou, dont en
effet Sarrazin fait l'éloge, page 2i5-2i5 de ce volume. Il n'y est nul-
lement question d'un roi Henri. F. M.
xlvj INTRODUCTION.
la conduite d'un roi qu'il ne désigne qu'en disant qu'on le
nommait Louis, et que son père portait le même nom '. Alors
on voit que c'est saint Louis dont il attaque l'ordonnance
contre les tournois ^. Son premier motif est le tort qu'elle
' Il sufllt de renvoyer aux pages 216, 217, de ce volume pour faire
apercevoir une nouvelle inexactitude de M. de La Rue. Sarrazin y
parle, non de Louis ÏX et de Louis YIII, mais de Philippe le Hardi
et de Louis IX son père.
Li rois Plielippes à un jour
Vint à Compiegne ou à Creel.
Fix fu le bon roi Looy ;
Icil rois dont je vous recort,
Ou fust à droit ou fust à tort ,
Il desfendi le tournoiler.
' GuiUaurae de Nangis écrit que Saint Louis ayant reçu du pape, en
l'an 1260, les nouvelles de la défaite des chrétiens dans la Terre-
Sainte et dans l'Arménie, par les infidèles, fit faire des prières pu-
bliques, défendit les tournois pour deux ans et ne voulut point que
l'on s'adonnât à d'autres jeux qu'à l'exercice de l'arc et de l'arbalète.
Voyez Gesta S. Ludovici itoni Francoruni régis descripta per Jra-
trcm Guillelmum de Nangiaco (apud Du Chesne, Historiœ Fraiico-
ruin Scripiores , vol. V. page jyi, C.}. Cette défense fut renouvelée
plusieurs fois par les successeurs de Louis IX. Voyez la sixième disser-
tation de Du Cange placée à la suite de son Histoire de S. Louys ,
page 172; et les Ordonnances des Roy s de France, édition du Louvre,
vol. I, pages 32g, 420, 421, 454» 5io, SS(^^ 643.
Il paraît que l'ordonnance de Louis IX causa une grande sensation
dans le temps, car on y fait souvent allusion. Voici un passage où,
si je ne me trompe, il en est question :
Je vos dirai cornent s'avint.
Li chevalier poures devint ,
Il n'avoit ne vignes ne terres,
En tornoienieus et en guerres
lert trestoute son ateudance :
Il savoit bien fcrir de lance,
Hardis estoit et combataus ,
Eus grans besoingnes embatans ;
INTRODUCTION. xUîj
fait aux jongleurs , qui gagnaient leur vie en allant amuser
les chevaliers par leurs chants ou par leurs récils roma-
nesques, lorsqu'ils étaient blessés dans les tournois; il se
plaint ensuite des pertes qu'éprouvaient par cette ordonnance
les selliers , les fourbisseurs , les maréchaux et autres mar-
chands et ouvriers qui vivaient par la dépense des seigneurs
qui allaient se signaler dans ces combats. Enfin il déplore
les suites fâcheuses que la défense du roi devait amener
pour les mœurs; il prétend qu'il n'y aura plus ni vaillance
ni chevalerie. Il fait tenir par la Courtoisie un discours où
elle se plaint de ne plus habiter parmi les nobles et surtout
Mais li tornoi sont deffendu.
Tout a mangié et despCDdu.
( Le Chevalier qui J'aisoit parler, etc. — Fabliaux et Contes
des poètes français des xn, xili , xiv et xv" Siècles,
éditioa de Barbazan, tome III, page 86. v. 17.)
Si vos dirai com il avint.
Li chevaliers poures devint
Ainz que il fust de grant aaige,
Por quant se 1' tenoit l'on à saige.
Mais n'avoit ne vignes ne terres.
En tomoiemens et en guerres
Estoit trestote s'atendance,
Quar bien savoit ferir de lance;
Hardis estoit et combatanz ,
Et en granz estors embatanz.
Adonc avint en cel tempoire ,
Si com lisant truis en l'estoire,
Que les guerres par tôt failloient;
Nule gent ne s'entr'assailloient.
Et li tornoi sont défendu.
Si ot le sien tôt despendu.
(Id., V. 23. — Fabliaux et Contes, édition de Méon ,
tome III, page 410.)
Il y a dans le recueil italien intitulé : Lihro di novelle e di bel
pnrlar gentil, nn récit qui roule principalement sur cette suppression
tles tournois. Voyez \e Jiomancero francois, pages 121, 122. F. M.
xlviij INTRODUCTION,
parmi les jeunes gens ; elle leur rappelle le temps heureux
des chevaliers de la Table-Ronde , et les envoie aux ouvra-
ges de Chrétien de Troyes pour y prendre des leçons d'ur-
banité et des autres vertus qui conviennent à des cheva-
liers '.
« C'est d'après ces préliminaires que Tauteur, malgré
l'ordonnance, fait indiquer par madame Courtoise un tour-
noi solennel au château du Ham. Les sires de Longueval
' Voyez page 23o, v. ai. Cet extrait d'une dédicace à la comtesse
Blanche, fille de Sanche VI le Sage, et femme de Thibaut III, comte
de Champagne ( vers l'an 1200), prouve que tout le monde n'était pas
du même avis que Sarrazin , sur le mérite des romans de la Table-
Ronde, et sur celui de Perceval en particulier.
Gentis contesse de Cliampaigne,
Fille ail bon roy Sanse d'Espaigne,
Je n'ai mie eu moi grant science;
Et non porquant vostre excellence
Qui ne fait pas a corroder.
Me fist ceste œvre commancier.
Par vos encommenci ceste œvre
Por fuers de cresticns esmuevre
A bien panser et à bien faire
Et por eauz de pechié retraire.
Les autres dames de cest mont ,
Qui plus pensent qu'aval qu'amont ,
Si font les mençonges rimer
Et les paroles alinier
Por les cuers miauz curoilUer
Et por honesté avillier.
■ Dame, de ce n'avez-vos cure;
De menconge qui cuers oscurc
Et corrunpeut la clarté d'ame,
N'en aiez cure, douce dame;
Laissiez Cliges et Perceval,
Qui les cuers perce et trait aval ,
Et les romanz de vanité.
Assez troveroiz vérité.
(Bibliothèque publique de \n ville de Lyon, ins. u» 77J
olim, ou 698. ) F. M.
INTRODUCTION. xlix
et de Bazenlin sont chargés de le publier dans toutes les pro-
vinces de France et à l'étranger. La reine Genièvre , femme
du roi Arthur, vient d'Angleterre avec une suite de sept
cents personnes, tant demoiselles que chevaliers , pour pré-
sider ce tournoi, qui dure trois jours, et où se dis-
tinguent par leur valeur le chevalier au Lion , messire
Yvains et plusieurs chevaliers de la Table-Ronde. Mais , par
une bizarrerie inconcevable , le poète fait briller avec ces
êtres imaginaires plusieurs des grands seigneurs de France,
et surtout des chevaliers normands et anglo-normands : les
sires de Harcourt, de Montagne, de IN'eville, de Ver, de
Bailleul , de Tesson , de Hangest , de Blosseville , de Car-
bonel , de Ferrières , d'Esneval , de Trie, etc. Il fait prin-
cipalement l'éloge d'Enguerrand de Bailleul »
Nous avons déjà relevé des inexactitudes dans les lignes
que nous venons de rapporter ^ nous craignons bien d'avoir
à signaler une autre erreur dans l'une des dernières phra-
ses de ce morceau ^ en effet , quelque obscures que soient
les expressions du trouvère ', il semble cependant qu'il ne
faut pas les prendre à la lettre et croire qu'il ait prétendu
faire figurer dans le tournoi de Ham les véritables héros de
la cour d'Arthur. Il veut dire, à notre avis , que des cheva-
liers et des dames d'Angleterre passèrent le détroit pour se
rendre à la fête annoncée, et que, pour la rendre plus pi-
quante, ils prirent les noms, costumes et attributs des per-
sonnages des romans du cycle breton. Nous nous arrêtons
d'autant plus volontiers à cette idée qu'elle nous reporte à
la p. 559 de V Histoire de Charles Tl-Î roj de France, par
lean Chorlier, etc., édition de Denys (iodefroy, où il cs{
' Voyez page s«5i, v. ij, de ce volnnie.
d
1 INTRODUCTION.
(jueslion d un tournoi donné à Saumur, dans lequel, dit
Matlhieu de Coucy, les chevaliers semblaient vouloir imiter
les chevaliers de la Table-Ronde. Quant à la question de
savoir ce que pouvait être le Lion qui accompagnait l'un
d'eux , nous répondrons qu'il est permis de supposer toute
espèce d'animal apprivoisé décoré de ce nom, et que nos
ancêtres n'y regardaient pas de si près, comme le savent
bien ceux qui se sont occupés de recherches relatives à la
mise en scène des anciens mystères.
Le Roman de Ham se trouve à la Bibliothèque du Roi
dans le manuscrit 7609 ', dont nous avons donné une no-
tice détaillée dans la préface du Roman de la Manehine
par Philippe de Reime. '
Des ouvrages de la nature de ceux que nous publions ici,
ont besoin plus que tout autre de notes et de commentaires :
si nous nous sommes abstenu de compléter ainsi notre
travail, ce n'est faute ni de bonne volonté ni de recher-
ches, mais d'espace; car, tel qu'il est, le présent volume
se trouve assez considérable déjà, et un commentaire, tel
que nous l'entendons, l'eût augmenté d'un tiers en sus' :
nous terminerons donc cette préface en priant le lecteur de
' Imprime à Paris pour le Bannatvue Club par Maulde et Renoii ,
M Dccc XL, in-4°, page iv et suivantes.
' Nous croyons, cependant, devoir tenter d'expliquer l'allusion que
présente la page 52, ligne 17, en rappoitant ces trois vers de la Chaii-
so/i des Savons. Guiteclin , dit Jean l'odel.
Va ferir Karleroaiuc qi se fu relevez,
Sor l'eauiue qi à Nobles fu jadis couquestez ,
Quant Karles en bataille conqisl le roi Forrcz.
(Voliime II, pafje 8t, couplet cxcvri.)
INTRODUCTION. Ij
nous tenir compte de notre intention 5 nous n'avons rien
négligé d'ailleurs pour rendre ce livre digne des savants
et des philologues auxquels il s'adresse, aussi bien que de
la Société au zèle éclairé de laquelle ils en doivent la
publication .
Francisque Michel.
Bordeaux, <;e 15 mai 1840.
HISTOIRE
DES
DUCS DE NORMANDIE
DES ROIS D'ANGLETERRE.
Par la devisioii que li anciien home fisent dou
monde , savons-nous que toute la tien e est enclose de
la grant mer, ke on aplele Occeaiiy qui entre par bras
dedens la tierre et la devise en .iij. principaus parties,
dont la ' maistre est apielée Ayse por chou qu'ele tient
en soi la moitié del monde; li autre est apielée Au-
frike ; la tierce ù nos sommes si est apielée Europe ,
qui por la plenté des douces aighes est abitée de moult
de gens. En iceste Europe fu anciienement Germanie,
qui oreest apielée Alemaigne; là sourt uns flueves qui
est apielés Hyster et court en Sassoigne , qui est apie-
lés etaçains de moult d'autres flueves *, tant qu'il chiet
en la Dynoe ", qui chiet en la mer outre Constanti-
noble. Priés deDanemarche est l'ille d'Escauce et Aliène
et Getheie. La gent de celé tierre se donnoit anciiene-
' Dont la plus. — ' S. et est acreus.... aiguës. — ' Dunoc.
1
2 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
ment à luxure, et cascuns avoit tant de feines comme
11 li plaisolt; sans loy vivoient ; si moultepliierent tant
et crurent que la gent de la tierre convint escillier,
poi' la petitece de la tierre qui soustenir ne les pooit :
por chou jetèrent lor sors ke il les damoisiausen men-
roient ' fors de la tierre, conquerre ' encontre les es-
trangens gens et les ^ estranges régions. Il estoienl
apielé Danois por chou que Danaus, qui [fii] fîll An-
thenor , quant il fu eschapés de la destruction de
Troie, s'en ala là endroit et si fu sires de cel pais.
Encore estoient-il apielé Norman t por une autre chose,
por chou que [en] lor langages /zo/- chou est byse en
françois et m<3/2 chou est hom; et quant ces deus sil-
lebes sont ajoustées ^, si sonne li mos autant ^ en lor
langage comme en françois hom de byse. Hastens ot
chil à non qui fors de la tierre les mena. Par m^er s'en
issirent, si vinrent en France, et ^ destruisent abbeyeset
moustiers et^ gens de relegion; sor toz les autres lius*'
Noion destruisent, si oclsent l'evesque et les chanonnes,
si escillierent Saint-Quentin et Saint-Maart ; puis des-
truisent Saint-Denis en France et Sainte-Geneviève *•>
defors les ra^urs de Paris, et puis Mont-Leheri ; puis re-
pairierent à lor nés et syglerent par devant Normen-
die. A Fescamp ' ' destruisent une abbeye, et fisent
mainte gent vilenie; à Gemeges" destruisent l'abbeye
Saint-Pierc, ù il avoit en covent .ix^ moines. Puis
• Cil qui les d. enmenoient. — ' Por c. — 'G. t-s. — < Quant c. d, s. s-
a. manquent dans le ms. de Saint-Germain. — ' Et si s. autretant
Norman. — * Eu l'an del incarnation .dccc. xlix, si. — - Et les. —
• Autres manque dans le ms. S. -G. — » Geneviere. — "• Fescans.
— " Guimeges.
ET DES ROTS D'ANGLETERRE. 3
charga Hasteiis ses nés, et dist qu'il s'en iroit à Rome
et se feroit empereour. Que vous diroie-jou? Il monta
sor mer et s'en ala sy^jlant par devant Constentin et par
devant Bretaigne et par devant Poitau, par devant Gas-
coigne et par devant Espaigne ; si se mist èsdestrois de
Morroc ' qui sont entre Espaigne et Aufi ique. Illuec "
monta par devant la tierre d'Arragon et par devant Pro-
vence^ et par devant Marselle^ et par devant Geneves^
et par devant Pise, tant que sor la marine en Ythalie ''
vit une cité de molt grant appareil; Lune estoit apie-
lée. Cliil de la ville, quant il virent la navie, s'appa-
rellierent de ' desfendre, et misent as murs lor escus et
lor pignonciaus : par coi Hastens cuidoit ciertainement
que che fust Rome. Hastens se désespéra , et si cuida
bien que il par force ne le peust jà ^ conquerre. Il en-
voia au conte de la ville et à l'evesque ses messages , ki
moult dechevaument lor disent leur message : a Has-
tens nostre sires , qui nés est de Danemarce et par sort
nous a clii amenés , qui en France avons esté et tant i
avons fait que par force l'avons prise et destruite, or
nous 3 en voloit remener '° là' dont nous venimes; mais
Dex ne le vaut soufrir, car li vent et li oré nos furent
contraire ", qui par tempieste et à '° grans paours et
moult grans travaus et à moult grans angoisses nos
ont arrivés en '^ vostre tierre. Nous n'i venons pas pour
mal faire, ains volons pais et moult le requérons. Ama-
ladis est nostres maistres, qui encore est Sarrazins :
' MaiToc. — ' Si s'en. — ' Prouvence. — ■* Marseille. — ' Genues. —
^ Ithaile. — ' Por. — ' Ne la porroit pas. — ^ Ariere nous. — '" Mener.
— ' ' Encontre. — " Et à molt. — ' ' Nos avivé en ceste.
4 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
or vous requiert en carité que a eus le levés de fons,
car niorir veut crestlens; et, se il muert chi , il veut
estre enfouis entre vous. »
Quant li evesques et li cuens de la ville oïrent ces
novieles, moult furent lié, et volentiers lor otriierent
et donnèrent congié à toz d'aler et de venir etd'acater
chou que mestiers lor es toi t. Hastens se fist porter au
moustier, et li evesques le leva, et li cuens le tint as
fous; puis fu raportez à ses nés, et faisoit saniblant
d'iestre moult malades. La nuit après se fist mort, et si
compaignon faisoient tel duel que chil de la ville cui-
dierent pour voir ' que il fustinors. Hastens fist armer
sa gent desous leur capes , et se fist porter en bière
dedens la mere-eglyse; et li evesques de la ville se fu
reviestus " pour la messe canter. Ilastens, quant il sot
que il furent tout assamblé, se leva toz armés de la
bière, puis si ocist tout avant l'evesque et puis le conte et
toz ses autres parins ^ que il pot trouver el moustier *.
Ensi fu la ville prise et destruite, et Hastens démena
grant joie por chou que il cuida ciertainement que il
evust Rome conquise ; mais quant il sot la vérité, que
che n'estoit mie Rome, si fu moult dolans, et dist à ses
homes que il destruiroit la ville. Et il si fist, si comm^e
encore est aparant ; car encore est celé cités sans habi-
teours. Puis se remisent Danois en mer et si n'osèrent
avant aler, que chil de Rome ne seuussent ceste trahi-
• Certainncment. — ' Li queus de la vile se fu revestus moult no-
blement, li vesques de la vile s'aparella. — ^ Et s. a. parens. — * En
l'église; si chevalier, qui bien estoient armé, ocisent çà et là quanqu'i!
porcnt ataindre par la vile.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 5
son. Hastens s'en revint en France, ù Charles li Sim-
ples li donna tierre entre lui et ses compaignons la
contrée de Chartres.
Puis montepliierent tant li Danois en la tierre de Da-
nemarche que derechief les couvint jeter en ' escil.
En la tierre avoit eu novielement mort .i. haut home
qui avoit à non Bier Coste-Fierrce. Deus fils avoit :
Rolle • et Burin, as quels li jovenenciel dou pais vin-
rent et disent que, se il voloient, par lor aïe se des-
fenderoient bien dou roi de la tierre. Quant Rolles et
Burins oïrent chou , moult lor vint à gré et moult en
merciierent les jovenenciaus. Ils s'assemblèrent adonc
et vinrent sor le roi à ost, et destruisent moult de
sa tierre. Li rois, quant il vit çou, assambla grans
gens , et vint sour eus ; mais desconfis fu , et .v. ans
après celé desconfiture pais firent entre els. Et puis
i"'avint d'aventure ^ que la guerre recommencha entre
els ^. Si se rassamblerent derechief, et se corabatirent
ensamble. Si furent li frère desconfi , et Burins i fu
ocisj et Rolles s'enfui à la mer, si entra en ses nés ;
mais petite fu sa navie, car il ni ot que .vi. nés; o
ces .vi. nés, sans plus ^ , s'en vint en Fille d'Escauce,
ù li jovenenciel de la tierre qui escillié estoient ve-
noient à lui. Rolles se pourpensa que il feroit vengier
soi et son frère dou roi; car il iroit, o tant de gens
comme il avoit, conquerre estranges nations. Lors ^ li
vint une avisions par nuit , d'une vois qui li dist :
» Lieve sus % et va as Englois. Là oras comment en
' Lor covint j. — ' Rou. — ' Aventure. — " E. e. mancjuent dans le
ms. S, -G. — ^ Tant seulement. — * Là. — ' Lie- toi sus.
6 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
ton pais poras repairier. » Quant il s'esvella, si conta
s'avision à ses gens; et li dist uns sages liom : « * Là
oras nouvieles de baptesme , par coi tu auras paradis ,
qui est drois païs à tous. » Quant Rolles oï chou , il
apparella ses nés de gens et de vitaille et d'armes,
et s'en ala en Engletierre. Là vainqui-il les Englois
par ' .ij. fois. Puis li vint une avisions par nuit, si li
estoitavis que il estoit en France sour une haute mon-
taigne, et tout entour ^ le mont sourgoit une moult
clere fontaine. Il estoit lieprous, si se baignoit dedens
la fontaine, si garissoit de la liepre. Encore veoit-il
entour la fontaine oisiaus qui avoient les seniestres
eles pointes de divierses coulours ^ ; puis faisoient lor
nis et mengoient ensamble , quant il estoient baignié
en celé fontaine^ par concorde; et puis ^ faisoient le
commandement Rolle. Après celé avision, Ilolles apiela
toz les sages homes qui illuec estoient, et lor conta
l'avision. Un Englès i ot prison , qui clers estoit; si li
dist : (( Sire , ore entendes à moi. Li mons de France
est sainte Eglyse , qui moult est en France, honnerée ;
la fontaine est li baptesmcs ù tu seras lavés ' ; li
liepre dont tu estoies plains , che sont ti pechié dont
tu ies plains , qui par le baptesme seront ostc de toi ;
li oisiel as seniestres elcs pointes , che sont ti chevalier
qui à lor seniestres lés portent lor escus qui sont point,
ki o toi se feront baptisier; li ni que il référeront sont
les eglyses qui par la guerre Hastens sont destruites;
■ En Eiiglcticre iras. — ' En cham par. — ' En son. — ^ C, et si
baingnoient en celé fontainne. — ' Quant.... fontaine manquent clans
le ms. S.-G. — '' Tuit. — " Ces quatre mot'; manquent dans le ms. S.-G.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 7
che que il mengierent ensi ensamble, chou serra que
il seront à la toie volenté obéissant. » Molt et gisant
mervelle Rolles de celé avision et grant joie, por chou
qu'ele li ert si bien aviertie. Il aquita tantost celui de
sa raençon , et li donna tant dou sien que chil s'en dut
bien loer se il n'ot tort.
En cel tans estoit Antiaumes rois d'Engletierre , qui
moult se fist bien de RoUe , et tant li donna et prou-
mist que il furent ami juré ensamble et que li uns aide-
roit à l'autre à son besoing. Après l'yvier, au biel tans,
se mist Rolles en mer comme chil ki * cuidoit sygler
là où il avoit empensé, si le ' prist une tempieste que
onques si grans ne fu veue. Il voloit "venir en France ;
mais il ne pot por la tempieste. Che faisoit li deables ',
qui dolans estoit de chou que il devoit venir à la fon-
taine de baptesme. Tant furent en désespérance de lor
vies que Rous se choucha en orisons el fons de la nef, et
si dist : k Dex qui tout créas, Dex qui tout gouviernes,
ciel et tierre , air et mer, sueffre-moi venir à la loy
crestiene , et moi et mes homes ^ crestiens morir. »
Quant il ot faite s'orison , por la boine entention k'il
ot de venir à la loi crestiene Dex oï s'orison et ^ fist
ciesser la tempieste. Rolles se drecha en pies, si vit
la mer en pais ; et après arriva tost en une ilie que on
apiele Waucres. Chil de la tierre, quant il les virent,
nièrent à la mer ^ por gaagnier; si les assaillirent; mais
li Danois se combatirent à eus, si les desconfirent. Et
quant Antiaumes , li rois d'Engleterre , oï dire que
' Si comme il. — ^ Se li. — ' C f. deal)les. — * Et les miens et.
— ' Sa proiere, si. — ° A la m. vers les neis.
8 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
Rolles avoit esté assaillis en l'ille de Waucres, si U
envoia .xij. nés cargies de vi taille et autretant cargies
de chevaliers. Quant Rolles \it le secours que li rois
li envoioit , si l'en sot moult boin gré , et moult l'en
mercliia par ses messages et par ses lettres, et moult
li proumist encore à gueredomier. Cliil de Waucres
cremirent que Rolles ne demourast en la tierre, si
apielerent en lor aïue Renier Lonc-Col, le duc de
Haynau', et Radiel Bolert% le roi de Frise. Rolles se
corabati à eus, si les vencui, et ocist lor gent; il se
combati as Frisons sous l'aighe d'Almere '. Tant lor
couvint ensamble que il donnèrent trives li .i. as au-
tres ^. Puis s'en retorna sor Renier, si se combati à lui
sor l'aighe del Escaut^, si le desconfi; et fu pris Re-
niers , qui avoit une feme moult vaillant , qui tantost
vint à Rolle; si li cria merci por son mari; si li vaut
rendre .xij. prisons danois por son segnour^ r'avoir.
Rolles ne le vaut faire , se il n'avoit pas deseure tout
chou ^ la raençon de sa tierre. Quant elle oï chou, si li
otria moult en haste ; et quant Rolles vit qu'ele ot tele
amour viers son segnor, si li pardonna la moitié de sa
raençon. Puis devint Rcniers ses hom. Lors se mist
Rolles en mer, et por acomplir * chou que li clers li
avoit despondu de l'avision ; et tant sigla par devant
Flandres, par devant Poitau% par devant Normendie
que il entra en Saine, et tant ala amont Saine que il
' llainou. — " lladebolt. — ' Del Almerc. — ■* Q. il ii d. t. et il ois.
— * Ëscliaut. — '' Mari. — ' Ces quatre mots manquent dans le mx.
S.- G. — ' Rous se remisl en la mer pour faite. — » El par devant
Poiitiu et.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 9
\int il l'abbeye de Gemeges j sains lius H sambla, si n'i
vaut' mal faire. De l'autre part de Saine, arriva à la
chapelete Saint-Vincent en Tan .ix.c' et .Ixxvi. ; là
mist une vierge que il aporta d'Engletierre , qui estoit
apielée sainte Almetrus. Là vint à Rolle li archevesques
de Ruem, qui Fouques estoit apielés. Il parla ^ à Rolle,
et list tant que tout le païs mist desoz lui par ' tréu.
Puis ala Rolles amont l'aighe jusques au Pont-de-
r Arche, et illueques issi-il fors de l'aighe. Là vint
Renaus^ li mareschaus de Charapaigne *^ et Hastens^
encontre lui. Hastens, soi tierc, ala parler à lui, et^
li demanda qui il estoit ^ ; Rolles 11 respondi : (( Danois
sommes, si sommes venu por France conquerre. Nous
n'avons nul segnor, per sommes en segnorrie. » Has-
tens li '° demanda : a Oïstes-vous onques parler de
Hastens? » — a Oïl , dist Rolles ; boin commencement
ot et mauvais definement. » — a Voldriés- vous, dist
Hastens, estre sozmis au roi de France? » — « Nenil,
che dist Rolles; jà segnour n'aurons, ne autru don
ne prenderons; mais moult nous plaira chou que nous
porons à force prendre et conquerre. Mais fuliés-
vous-ent ' ' de chi , et plus ne nos en enquerés ; car
tost le comperriés. » Hastens s'en parti, et a tout ra-
conté au duc Renaut ' " chou que il avoit oï. Li dus de-
manda consel de combatre soi as Danois. Hastens 11 des-
loa ; et Rollans '", qui portoit la baniere au duc, dist ' ^ :
■ Si ne li volt. — ' .dccc. — ' Il s'apaisa. — * Mist à son. — ' Re-
nols. — * De France. — " H. od grant est. — * A Rou si. — » E. et rjue
il queroit, et de ses conipaingnons qui il estoient et que il queroient,
et qui estoit lor sire. — "* Lor. — 'Et fuies tost. — " R. et dit an
duc Renolt. — " D. R. - '^U dist.
10 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
u Sire, aine ne veistes leu prendre .i. autre leu, ne
gourpil prendre .i. ' autre gourpil. » Et che disoit-il
por chou que Hastens et Rolles estoient Danois. Has-
tens en ot honte , si dist que jamais n'en parleroit.
Lors oïrent François messe à Saint-Germain, et puis
s'armèrent, si assaillirent les Danois. Al premier chief,
lii ocis RoUans qui portoit * la baniere, et François
lurent desconfit. Renaus li mareschaus s'en torna en
fuies. Puis porsiui Rolles les François jusques à Mê-
lant, et ala amont l'aighe et assist Paris, et i fu tant
que viande li fali. Il preerent le pais, et envoiierent à
la cité de Biauvais^ por la proie. Chil de Biauvais pri-
sent .i. Danois molt haut home, que on apieloit Bo-
thon , et por lui rendre orent-il trives jusques à .i. an.
Quant li ans fu passés, Rolles laissa le siège de Paris,
et s'en ala à Biauvais et si le prist, et envoia la proie
et les prisons à Paris. Une damoisiele , jentill feme ,
i prist Rolles , qui estoit apielée Pepe. De li ot Rolles
.i. lîU qui ^ fu apielés Guillaumes. Puis envoia^ Rolles
grant geiit , qui prisent Evreus^ et amenèrent au siège
à Paris les prisons. Li evesques Ebar eschapa de la
villes Par celé aventure qui là avint as Danois, se
sozmist grans partie des François * à Rolle et li rendi-
rent tréus.
Quant Englois sorent que Rolles avoit assés en lui-
meismes à entendre et que il ne poroit faire secours
au roi Antiaume d'Engleterre , si le commencèrent à
' Ne .i. goupil .i. — ' Qui aportoit. — ^ Baieuwes ; ainsi , plus
loin. — * Qui par non. — ' Renvoia. — * Evrewes; ainsi, plus loin.
— - De la vile s'en escapa. — * De France.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 11
guerroiier ' , tant que par destrece envoia li rois à Pa-
ris por Rolle; et Rolles se mist en Taighe à toute sa
gent, et' s'en ala aidier au roi englois. Tantiist Rolles
en Engletierre que il fist venir ^ les anemis le roi à sa
Yolenté et lor fist faire quanques li rois vaut, et boins
ostages en donnèrent. Li rois cuida que Rolles vausist
demorer en la tierre , si li nouraa les pais et les con-
trées et les cités et les castiaus cpie il li voloit donner
por partie de tierre de son règne "*, et moult li pria ke
il se fesist baptisier et que il vesquissent boinement^
ensamble. Rolles, qui toz jors avoit eu en^ raemore
s'avision, ne li vaut otriier; mais il proia le roi que
il li otriast qu'il en peust mener toz chiaus de sa tierre^
ki ^ s'en vaurroient aler : boinement li otria li rois, et
moult li donna de son avoir. Rolles devisa ses os et atira
por aler ^ en France par trois lius : par l'aighe de Saine,
par l'aighe de Loire et par l'aighe de Gironde. Ensi
fu fait comme il le devisa. Rolles ala par l'aighe de
Saine '" juscpies à Sens, destruisant la tierre, et amont
Yone jusques à Auçoirre. Là arriesta jusques à" tant
que chil de s'autre ost vinrent à lui, si se tinrent " par
devers Clermont en Auviergne ; et chil de le tierce ost
alerent tant par l'aighe de Loire que il vinrent à Saint-
Beneoit-sor-Loire. Là vint Rolles à eus, et illuec s'as-
semblèrent les .iij . os ; et quant Rolles vit le liu tant saint,
. si ne li vaut '^ mal faire ne à tout le pais '^ saint Beneoit.
' Si c. à g. le roi. — ' Et il et toute sa gent, si. — ^ Que pai- force
fist revenir. — * P. p. del legne. — ' B. ami. — ^ Avoit en. — ' De sa
terre tous cels. — ' Qui od lui. — 'A entrer. — '" S. à Paris. — ' ' Au-
cuerrc. Si s'i ariesta. — " Al., qui s'en vinrent. — "Se n'i volt. —
'* IVe al p. por.
12 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
Puis vinrent cnsamble, destruisant la lierre, jusques
à Estampes. Il voloient venir à Paris ; mais François
fm-ent assamblé, si les porsiuirent. [Rous s'en aper-
çiut par la poudrière que il vit, si s'en retorna sor els,
et se combati à els et les desconfist et ocist.] Puis ala,
destruisant la tierre, jusques à Chartres, que il assailli.
Wanteniaumes' estoit evesques de la cité et cuens de
la ville. Il manda Richart, duc de Normendie et de
Bourgoigne, et Baliert', le conte de Poitiers, que il
pour Diu ^ le secourussent. Cliil vinrent en s'aïe et as-
saillirent Tost des Danois. Li evesques toz reviestis
comm.e por canter la messe (et portoit en une main la
chemise Nostre-Dame et en l'autre la vraie crois) s'en
issi fors de la ville, et sa gens toute armée; si se com-
batirent à Rolle, et furent li Danois desconfi. RoUes
s'en fui jusques en l'aighe d'Eure, et une partie de sa
gent s'en fui jusques^ à .i. mont que on apiele d'Eves^,
près de la cité. Là furent la nuit assailli des François ,
si que il s'en eschaperent k^ grans paines; mais quant
il furent venu à Rolle , il en orent moult grant joie.
Apriès chou ne troverent Danois home crestiien,
ferae ne enfant, petit ne grant, ne oisiel volant % que
il n'occissent, et que il n'arsissent maisons**, tant que
Charles li Simples prist consel à ses gens ; et par son
conselle 9 envoia à Rolle Franque , l'archevesque de
Ruem, si li manda que il li donroit Gille'° sa lille et "
' Antiaumes. — ' Ebalt. — ' Por l'amor de Dieu. — * D'E., une i)ar-
tie s'en fui. — ' Leues. — ^ Es François à. — " Ne beste vivant ne
oiscl. — * ]\e maisons que il n'arsissent, et tout destruisent. — » Et
par lor conseil. — '•Ghisle. — " Od.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 13
toute la tierre qui est dès l'aighe d'Aiidele jusques à la
mer, et celé tierre que on apieloit adoiit Neustrie,
([ui oie est apielcc Normendie; mais Rolles ne le vaut
pas faire, s'iln'avoit ' tout la tierre dès l'eve d'Ethe dès
chi en la mer ; et por chou que Normendie estoit des-
truite de ses' autres guerres, li restorast^ une autre
tierre por lui ^ aidier tant que il fust restorés , et en
franc-fief et en franc-alués, sans siervice faire. Et quant
clie fut fait et otroié d'une part et d'autre, et que cis
afaires fu bien créantes, si fu pris chis^ parlemens sour
l'aighe d'Ethe à Saint-Cler^. Là fu amenés Rolles de-
vant le roi , si disent li François que bien resarabloil
hom^ de grant pooir et de grant sens et de grant con-
sel. Li rois li vaut donner à ^ Normendie Flandres ;
mais il n'en ot cure por les palus, dont trop i avoit :
dont li otria li rois Bretaigne, ki marcissoit à Normen-
die. Par le loement as barons de France mist ses mains
entre les mains le roi, et ses pies entre ses pies ^ (que
onques haus^ hom de son linage n'avoit fait à autre),
et ensi '° le saisi de Normendie et de Bretaigne et de sa
fille". Rolles ne l'en vaut baisier lepié, et'* François
disent ki tel don rechevoit'^ bien l'en devoit baisier le
pie. Rolles a respondu : « Jà devant home ne m'agenoil-
lerai ne pie '^ ne baiserai. » Tant li disent li François
que il commanda à .i. sien chevalier normant ke ilbai-
sast le pie le roi pour lui ; chil prist le pié le roi por
' Se il n'eust. — ' Des. — ' Li otroiast. — * A lui. — ' Li. — * De
çà Saint-Cler. — - Otl. — ' E. les m. al r. de France.... pies le roi.
— 9 Haus manque. — '° Et li rois issi. — "F. Gbille. — "Et li.
— ■' R. del roi. — '^ ISe pié d'ounie.
14 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
Rolle tout en estant , et l'aporta pour baisler à sa bou-
che, si • que il fist clieir le roi tout enviers : dont moult
fu ris et gabé* par la ville. Puis jura li rois^ et li eves-
que et li baron de France à tenir cel don pardura-
blement et à Rolle ^ feuté à porter si comme en cou-
vent li avoient. Li rois et li baron s'en alerent, et
Robiers li mareschaus de France et li arclievesques
de Ruem enmenerent Rolle et la fille le roi ; si fu
Rolles baptisiés, et ot à non Robiers contre^ le duch
Robiert, qui le tint as fons. Puis fist toutes ses gens
baptisier.
Apriès toutes ches choses^ il apiela l'arche vesque de
Ruem et li demanda moult ententivement lesquelles
eglyses de sa tierre estoient de gregnour auctorité.
«Sire, dist li archevesques , celé de ceste ville, celé
de Bayoes , celé d'Evreus sont faites el non de la glo-
rieuse Mère Diu. Defors les murs de ceste ville est li
abbeye de Saint-Piere; là soloit estre li cors saint De-
nise , le confessour, qui por la paour de vous fu portés
en France. A Gemeges^ est l'eglyse saint Piere le por-
tier de paradis. En le marche de Normendie et de Bre-
taigne est l'eglyse dou boin euré archangele saint Mi-
chiel el péril de la mer; cestes sont les eglyses de sa^
tierre de gregnor auctorité. » — « Sire, che dist Rol-
les, liquels est li sains de ceste tierre ^ de gregnor auc-
torité? ))I1 respondi : a Sains Denis de France, qui la loy
que nous tenons de Jhesu-Crist nous aporta dechà les
■ Si durement. — ' Gabé et ris des François. — ' Li r. et li arce-
resque. — * P. à Rou et. — ' Soentre. — * A. chou. — ' Gieneges. —
' De voshp. — '' En ceste t. de rà les mons qui est et doit estre.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 15
mons ' . » Rolles dist lors à l'archevesque : u Sire , an-
çois que je devise* tierre à mes homes, voel-jou par
vostre consel donner de ma tierre à ces eglyses. »
— «Dex, dist li archevesques, lious'^ a donné che con-
sel.» Le premerain jor donna-il à l'eglyse de Ruem les
provendes k'ele a encore sor le rivière d'Aine ; l'autre
jor après donna-il à l'eglyse de Bayoes% au quart jor
donna-il à Saint-Pierre et à Saint-Aychadre ^ de Ge-
meges, au siste jor donna-il à Tabbeye dou Mont-
Saint-Michiel , au .vij.isme jor donna-il Bierneval sour
la mer à ^ Saint-Denis en France , et au witisme jor fu
desaubés; si donna tierre à ses chevaliers. Puis espousa-
il sa feme et fist ses noeces , et fîst crier ferme pais par
toute sa tierre, et que nus ne fust tant hardis sour sa vie
k'il ^ emblast ne tolist ne revesist nulle riens à autrui ,
ne qui bieste de charrue gardast por crieme de lar-
ron ne ki à charrue meffesist. Por la fiance de che
commandement lassa uns vilains .i. jour ses fiers à sa
karrue, et ala mangier. Sa feme le laidi por chou moult
de parole, tant qu'il le feri; elle li donna à mangier,
puis ala en larrechin, et si embla à son segnor les fiers
de sa karue et si les repust. Quant li vilains ot mangié,
il ala à sa karrue; et quant il ne trouva ses fiers, si en
fu moult dolans. Il repaira à son hostel, si le dist à sa
feme. « Or aies, dist-elle, au duc , si verres quel droit
il vos en fera. » Chil ala à Rolle , si li conta com-
' Le ms. S.-G. ajoute : Et nostre aToés est enviers nostre Segnor.
— ' Doingne. — ' En aumosne à. — * Vos. — * 11 de B. et puis apriès
à celi d'Evrewes. — ' Aiquadre. — ' Od toutes les apartenances à.
— 'Qui.
16 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
ment il avoit pierdus ses fiers à sa karrue. Li dus li fist
donner .v. sous, et apriès fist porter le feu del juyse h
tout le pais por le larron trouver, et tout furent sauf.
Quant' li dus vit chou, si apiela l'archevesque
Franque ' , si li demanda comment chou estoit que il
estoient ensi ' tout eschapé. « Sire , dist li archeves-
ques , por chou que li feus n'a pas trouvé le larron.»
Puis fist porter li dus à tout le remanant de la gent le
feu, et tout furent sauvé. Li dus, quant il vit chou,
manda le vilain, et il i vint, et il li demanda se nus
savoit ù il aroit. « Oïl, sire, dist li vilains : ma feme. »
Li dus fist raetre à destroit la feme au vilain , qui tout
connut comment elle avoit esploitié. Lors apiela li dus
le vilain, et li demanda se il savoit ke sa feme fust lar-
nesse. «Oïl, sire )), dist li vilains. Li dus li dist : «Tu
seras pendus avoec li par .ij . jugemens : li uns si est por
chou que tu ies ses chiés , si ne le castioies pas ; et li
autres por chou que tu estoies consentans de son larre-
cin.» Ensi fu li vilains pendus, et sa feme pendue.
Puis avint que li rois de France envoia .ij. chevaliers à
Gillain ^ sa fille ; mais li livres ne dist pas por coi ne
pour quel raison " ; mais li livres dist que la dame les
cela longhement en sa chambre , et tant que il furent
encusé au duc. Il les fist prendre et mener en mi le
marchié de Ruem et destruire. De ^ chou fu-il moult
mellés au roi. Quant li dus Robiers de France sot et
connut que il iert mellés au roi , il li aidast " comme à
son filloel cjue il li aidast et il chaceroit le roi del règne.
' Apn-s q. — ' Fouque. — ' Si faitement. — ^ Ghille. — ' Ne por
quel essninne. — * R. , si les fist <1- Par. — "> Manda.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 17
Li dus responcli as messages : (c Je voel bien ke il li
toille de ses possessions; mais à faire honte à la cou-
ronne ne donroie-je pas assens.» Lors commencha la
guerre entre le duc et le roi. Rolles estoit de grant
aage, si n'avoit nul enfant de Gillain " la fille le roi : à
Guillaume, son fîll que il avoit de Pepe, donna-il tout
son hiretage ; si fist à toz les ' barons de Bretaigne et de
Normendie et de sa ticrre toute ^ ses homes devenir et
jurer feutc. Puis que il lot fait duc, vescui-il .v. ans.
Mors, qui nullui n'espargne , au kief de ces .v. ans
prist le boin duc Rolle; si fn enfouis, quant il fu
mors, en le mere-eglyse de Ruem par devers le Mag-
delaine.
Guillaumes, ses fils , fu en s'enfance balliés ^ l\ garder
al conte Boton, qui Danois estoit. Moult ama Diu % et
tint droites lois et fîst loiaus jugemens ; toz jours faisoit
boines oevres , et si avoit en propos de devenir moines
à Gemeges; mais si home, ki che sorent, li desenorte-
rent de tout leur pooir, et il en crei adont lor conseil
Brethon se vaurrent oster de sa signorrie; mais li dus,
qui chou sot et entendi , ala sour aus et si passa l'aighe
de Coisnon , et li Breton s'en fuirent chà et là et s'en
alerent as bois. Quant li dus ot aie par toute Bretaigne,
si s'en repaira à Ruem ; et li Breton , quant il furent
repairié% s'assamblerent et s'en alerent^ sour Nor-
mendie et s'en vinrent droit à la cité de Bayoes. Li dus
Guillaumes, qui dire l'oï, prist ses gens et assambla ses
' Ghille. — ' Ses. — ' Les cinq mois piecedents manquent dans le
ms. S.-G. — "Cargié.s. — "^ D. et crciiii. — '' I.e conseil do ses homes.
— 7 S'en fu rcpairiés. — * Et alerent.
2
18 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
os , et si ala sour eus et lor fii à l'adevancier ' ; si les
desconfi et ocist moult de leur gent, et' entra en la
tierre et le destruist. Quant li cuens Alains et li cuens
Berengiers virent que il ne porent durer à lui, il man-
dèrent pais au duc et li crièrent mierclii, et si disent
quo quant k'il avoient fait au père feroient-il au fill.
Li dus pardonna au conte Bcrengier sonmesfait; mais
le conte Alain ne vaut-il pardonner le sien , ains l'es-
cilla et Venchaça en Engletierre; car il avoit faite toute
la guerre, clie disoit li dus. Puis espousa li dus une
damoisiele dou linage des François. Hues H mares-
chaus de France et li cuens Herbiers, por avoir s'a-
mour, s'aliierent à lui par sairement ; mais puis li faus-
serent-il. Riols del Mans ala à lui o^ grantplenté des
barons de Normendie , si lisent conjuracion contre le
duc, et si li mandèrent à Ruem que il jà ne seroient
ami ^, se il en boine pais et sans noise ne lor lassoit
tenir toute ^ la tierre de là Risle. Quant li dus oï cel
mandement, mervelle en ot, si respondi : « Chou que
il me demandent n'est pas à moi à donner ; mais pren-
gent mon or et mon argent et mes chevaus ^ ; et si
soient segnour de moi et rai ami. » Quant Riols ot oï
che mandement -, si dist à ses compaignons : « Moult
autre chose pense k'il ne respont ; mais alons sor lui,
si li tolons la tierre, car il n'i doit avoir iretage. \ oist^
s'ent en Danemarche à ses parens.» Ensi s'en alerent
som^ le duc Guillaume, si assisent Ruem par devers
' Et les adevança, si lor coru sus. — ' Et puis. — ' Riouls del M.
apiela à soi. — * Si ami. — ' L. toute. — ^' Et in. ch et mes armes.
. — ' Cel renoncement — " Mais voist.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 19
Saint-Gervais el camp de la batalllo. Quant li dus vit
che, il lor manda que il s'en alassent, et il lor otrie-
roit' toute la tierre jusques à l'aiglie de Saine. Cliil ne
le vorrent faire, qui bien cuidierent avoir la force. Li
dus, quant il vit k'il ne vaurroient che faire, issi "" de
la ville et ala à Mont-Sainte-Katerine , si esgarda l'ost
de ses anemis; car savoir voloit ^ se il à els se poroit
combatre. Moult vit grande lor ost, si apiela à soi le
conte Biertran , si li dist : « Je voel aler à Scnslis au
conte Biernart , mon segneur>et mon serouge, por aïe
querre et consel ^. » Li cuens Biertrans li respondi :
« Nos destruisimes les François et lor pères et lor an-
cissours : sachiés que jà li François ne nos ameront ;
nos lor t[o]lismesquanques nos avons. Or voi-je^bien
ke nos sommes sans segneur : arrière en Danemarche
nous en convenia râler. ^ ous ne resamblés pas vostre
boin père, le duc Rolle.» Quant li dus otoïe ^ la parole
que li cuens Biernars li avoit dite, si respondi : a Vérité
avés dif; mais che sachiés-vous que je serai li preme-
rains qui contre mes anemis s'en istera chà fors ; et or
verrai-jou qui o moi s'en istera.» Li dus nombra cels
qui o lui voloient ^ issir , et puis jura sor sains et lor s
fist jurer ke '° jà ne li fauroient; si furent .iij^. bien
armé chil qui li jurèrent". 0 ceus s'en issi îi cuens en-
contre " ses anemis, si lor avint si biele aventure que
il les troverent toz desarmés. Tant ferirent à destre et
' Otrioit. — " Que il clioii ne voldrent f., si s'en i. — ^ A. : savoir. —
^ Et c. manquent dans le ms. S.-G. — ' Or veons-nous. — "^ D. oï.
— ^ " D. : « Veiité a. dite, dist li dus. — * S'en voldrent. — ' Et puis
lor. — '° Sor sains ke. — " Qui j. — " Li dus contre.
20 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
à seniestre que moult en ocisent , et grant partie en i
ot de noiiés ', et li autre partie s'en fui es bois. Riols
s'en fui au bois, si ne pot estre trouvés.
Quant li dus en après la bataille ot ses chevaliers
nombres , si trova que il n'en avoit nul ' pierdu : dont
rendl moult grans grasses à Diu. Et ançois k'il vcnist
en la ville li dist uns messages ^ que il avoit .j. tlU de sa
femme, qu'il avoit envoie à l'abbeye de Fescamp sor la
mer por clie ke, s'ele oïst mauvaise noviele, elle s'en
alast en Engletierre. Il envoia l'evesque de Bayoes et
Bothon, qui cuens estoit, à Fescamp sor la mer, qui
levèrent l'enfant de fons; si ot non Richars ^. Puis celé
eure fu li dus en pais ; et si ne fu puis nus hom qui
guerre li feist, puisque il oïst de lui parler : tant estoit
doutés! En cel tans vinrent à lui Hues li Grans et li
cuens Herbiers et Guillaumes 11 dus de Poitiers. Moult
les rechut liement' li dus, et toz tans furent puis boln
ami ensamble. Puis espousa li cuens de Poitiers la se-
rour au duc. Quant Antiaumes li rois d'Engletierre oï
diie que li dus estoit tant poissans, il 11 manda por
Diu et por miséricorde que il feist por Diu et por mi-
séricorde' rapieler Looys, qui fu fds Charlon le Sim-
ple , que li François en avolent chacié. Chil Charles 11
Simples estoit jà mors en la prison le conte Herbiert de ^
Viermendois. Et si manda encore 11 rois au duc que il,
por Diu , pardonnast au conte Alain de Bretaigne son
mautalent. Par le consel et par le pourchas au duc fu
' Ot noies. — " Si vil rj. il onques n'en i avoit .i. — ^ Li vint u. m.
([ui li dist. — ^ Ricliiers. — '' Helement. — * M. feist as François.
— ' Le c. de.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 21
Looys rapides des François, si fu rois ; et li cucns Alains
fu mius douduc que devant par ' la proiere le roi d'Eu-
gletierre. Et après le couronnement celui Looys se re-
\elerent' li François contre lui : par coi li rois s'en ala
euNormendie au roi^querre consel et aïe. 11 le trova
à Bayoes; mais li dus l'en amena à Roem à grant joie,
et illuec prisent .i. parlement d'aler au roi Henri d'ou-
tre le Rin. Ensi fu fait comme il devisèrent, si se misent
tout ensamble à la voie et s'en alerent à cel parlement
que il orent devise. Hues li Grans et li cuens Herbiers
se misent à la voie por aler avoec eus ; mais por chou
que mellée ne soursist entre lor gent par aucune aven-
tm-e, s'en alerent devant li rois et li dus mie jornée,
et chil s'en alerent apriès.
Li rois Henris estoit à Osaing^ outre le Rin sour
Muese : là vinrent à lui li rois Looys et li dus ; et tant
firent à cel parlement que li doi roi , par le pouclias '
;îu duc, furent juré en une amour et que li uns aide-
roit^ l'autre à son besoing. A cel parlement fu loés li
dus sor toz homes. Li dus mena à cel parlement .v*". che-
valiers; puis prisent congié de repairier. Si comme il
revinrent pries de Monloon , uns messages vint encon-
tre le roi , kiMi dist que il avoit .i. fîU de la roine sa
feme. Quant li rois oï ceste noviele, si requist au duc
que il levast son enfant **. Li dus li otria moult de-
boinairement. Lendemain, defors la ville, en .i. liu
que on apiele Ebrax % ot moult grant porciession
■ Por. — ' L. levelerent. — ' Al duc. — * Wosengue. — * Per-
chas. — ^ A. al. — 'Si. — • Le d. qu'il tenist s. e. as foos. —
' Hebrax.
22 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
d'evesques ' et clou clergié; et 11 dus Gulllaumes" levu
l'enfant de fons, si fu apielés Lohiers. En aprics chou
prist 11 dus conglc au roi, si s'en repaira en INormen-
die et s'en vint à Piuem , où il fu recheus à moult
grant^ joie. Puis ne demoura galres que il s'en ala à
l'abbeye de Gemeges, Martins estoit en cel tans apelés
11 abbés. Li dus, qui en pensé avolt d'i[e]stie moines,
le tralst à ^ une part, si 11 enquist comment c'estolt ke
sainte Eglyse estoit de tant de^ manières de gens, de
clers, de lays, de '^ religion et sans leleglon , et se
tout auroient ywel deslerte. Ll abbés 11 respondi : or Qui
plus fera, plus aura. Cascuns selonc sa deslerte'' re-
chcAra son loller. » Des .ij. vies de cest siècle 11 conta
11 abbés comment li une est aspre , celé qui plus de-
siert; et 11 autre est larghe, celé qui plus aquiert. Pour
celé parole que 11 abbés dlst au duc, vaut 11 dus tan-
tost m.oines devenir. Et quant li dus^ l'oï, giant mer-
velle en otet grant paour; si 11 dlst que bolns moines
estoit chil qui en droites loys tenoit tierre, et si 11
moustra par bleles raisons comment Normendie serolt
destruite et desconsellle et dieu en grant perill, se 11
devenolt moines. Moult 11 desammonesta ; mais on-
ques "^ ne le pot oster de son penser, por chose nulle que
il"" seust dire. Et quant II orent assés ensamble consei-
llé, 11 dus issl " del parloir; et 11 moine 11 chalrent as
plés, si 11 prolerent por Diu que il preslst la charité de
lalens " au dlsner. Il estoit courechlés por l'abbé qui son
■ Des e — ' G. manque dans le ms. S.-O. — ' A g. — "A coaseil
(V. _ ■> Faite de tantes. — '' Od. — ' Son travail. — * Li abés. —
'» Mais il. — '" Por chose qu'il. — " S'en issi. — " De la maison.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 23
plaisir li refusa ', si refusa lor carité et s'en ala à Ruem.
Cele nuit meismes li prist maladie en son lit, et il
cuida certainement ke che fust por le pechié de clie
([u'il avoit refusé le carité as moines. Quant il fu ^aris,
il apiela toz ses baron , et si lor dist son pensé et en
quel manière il voloit devenir moines ; mais si baron ,
qui moult en furent doiant, li desamonnesterent moult ;
mais il n'i porent m^etre fin. Lors fist li dus à toz ses
barons jurer feuté à Richart son fill, et tous les fist ses
homes devenir. En cel tans avint, par le consel al dea-
ble qui toz tans destourbe le bien à faire , que guerre
esmut' entre les barons de France. En Flandres estoit
li cuens Arnous % qui toli al conte Herluin^ Mouste-
roel; chil ala querre aïe à Huon le Grant. Chil li res-
pondi que li cuens Arnous estoit ses ara^is , si ne li
aideroit pas encontre lui. Chil , quant il oï chou, s'en
vint au duc Guillaume en Normendie, si li conta ^ son
besoing moult humlement : par coi li dus prist Nor-
mans et Bretons et ala sor le conte Arnoul; et quant il
vint si priés dou castiel qu'il le pot bien veir, si apiela
Constentinois et lor dist que il alassent et li aportas-
sent à grant plenté des quarriaus del mur de la ville
qui estoient en la costiere devers lui. Cil le fîsent tout
si faitement que il l'ot commandé, si prisent la ville et
li amenèrent les ' prisons que il prisent à ^ l'encontre.
Adont en cele nuit meismes se herbrega li dus dedens
le castiel. Lendemain le rendi au conte Herluin et li
fist moult bien garnir, et li proumist s'aïe et son con-
■ Qui l'avoit refusé. — ^ Que il escomraut. — ' Ernols. — '' Her-
lewin. — ' En tant que il. — ^ Dist. — ' Tous les. — " En la vile à
24 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
sel à toz jors contre toz homes. Puis s'en repaira 11 dus
en Normendie. Li cuens Arnous de Flandre, quant il
\it chou que li dus li ot fait, si fu moult dolans ; et
pensa comment il poroit trahir le duc le' segnor de
Normendie. Une mervelleuse trahison porpensa : il 11
envola .1. raessagier, si 11 manda salus comme à son
segnor, et si 11 manda que il tant estolt souspris de la
maladie de llepre que il ne poolt mais tierre tenir, et
manda que par son consel A^orroit-li "" estre apaislés au
conte rierluin , et il ^ meismies devlsast la pals ^, et il se
tenrolt à che que 11 dus esgarderoit. LI dus en prist consel
au conte Herluin ; et 11 cuens 11 loa bien , qui garde ne
s'en donnoit de nulle trahison. Li parlemens fu pris ;
li dus 1 ala, si s'en vint droit à la cité d'Amiens, et 11
cuens Arnous s'en vint de l'autre part à Corbie. Lors
envola 11 cuens au duc'', et si 11 pria que il s'en alast
jusques à Plkegny % si que 11 aighe de Somme ' fust
entre aus deus. Li dus le fîst volentiers , si s'en ala là
tout droit; et quant il 1 vint, 11 cuens Arnous s'estolt
fais porter, lui quart, en une illete ; si manda au duc
que 11 se feslst amener^ lui .xlj.lsme en celé yllette.
Ensl le fist 11 dus; et quant 11 fu arrivés, 11 cuens
Arnous se leva et vint encontre lui doutant, si le
balsa , et cria merchi que il tout à sa volenté rae-
sist pais entre lui et le conte Herluin. Si 11 dlst moult
humlement : « Sire, soles mes escus, soies mes
desfendemens. A vous, dlst- il, renc-jou mol et
' Le boen. — " Par le conseil al duc chou manda-il voloit-il. — ^ Et
que li dus. — '' Lor terres et le pais. — ' Si e. al duc. — '' Tressi qu'à
Pinkegoi. — ' Soume. — ' F. porter en une nef. ,
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 25
ma tierre; et après moi en soies sires, car ainsi le
voel-jou. »
Li dus, quant il oï chou que li cuens dist, cuida
que ses cuers respondist à sa bouche et que loiauté
desist ; si fist la pais entre aus deus ; et quant elle fu
jurée à tenir, si prisent consel ' et s'en départirent. Li
dus entra toz seus en .i. batiel, et si .xij. compaignon
en .i. autre. Li dus si comme il s'en aloit en son ' ba-
tiel et si compaignon en l'autre, si que^ \ous avcs oï,
s'en vinrent lois ester sour la rive li troi compaignon
au conte Arnoul , ki ensi orent à non comme vous
orés : Hervius^ ot non li uns, et Baudes ^ li Cors li autres,
et Robiers Riols li tiers; si commencierent à apieler
le duc et à dire ^ : a Sire % encore veut mcsires parler
à vous, et si vous dira tel chose ki plus vous plaira ke
quankes il vous a dit. ;> Voirs est que de trahison ne
se puet nus garder : li dus s'en retorna arrière ; et si
comme il fu à la rive , chil , qui armé desoz lor capes
estoient, saillirent et l'ocisent voiant sa gent, qui ne
li porent aidier. Flamenc s'en alerent , et Normant
prisent le cors de lor segnor et l'aporterent tout plou-
rant et lamentant ^ à Roem , ù li deus en fu grans.
A son brayoel ot trové une clef d'argent, qui gardoit
en .i. escrin toz les aornemens dont il devoit devenir
moines. Ançois que il fust enfouis, rechut Richars les
feutés et les homages ' des barons ; et en apriès l'en-
' Congiet. — ' En l'un. — ' Con. — '' Eurius. — ' Baisses. — ^ Ces
trois mots manquent dans le m,s. S.-G. — ' « Sire, sire, tornés arrière,
car. — ' Gainientanl sor leur cors. — ' Ricars ses fils tous les h. et
les feeltés.
20 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
llercment fii fais tins en l'eglyse '. lîereiiglers et
Alaius, li doi conte de Bretaigne , Il lisent en celui
jor melsmes hoiimage.
Quant Normant et Brethon orent fait Richart duc
de Nôrmendie, li rois'' de France, qui novieles avoit
oïesde la mort le duc, qui par si grant trahison avoit
esté^ ocis, se list par samblant moult dolant de sa mort,
et dist que jamais li trahitres s'amour n'aura. Moult
grant plenté de gent manda , si s'en vint à Roem, et
demanda consel comment il vengeroit la mort le duc ;
puis fist li rois le petit duc venir devant lui, moult le
baisa et fist biel samblant et le retint au mengier avoec
lui. L'autre jor apriès cliil ki le gardoient l'en vaurrent
mener por baignier^j mais li rois ne lor lassa. Ense-
ment l'autre jor apriès lor desfendi li rois et bien dist"*
que il ne l'enmenroient pas, tant ke chil de la ville
disent k'à force le voloit li rois tenir. La menue gent
de la ville s'arma toute , si s'en alerent as maisons des
.iij. contes de la ville, et si disent ke vendu et trahi
orent lor segnor, Richart le petit duc , si comme il
avoient fait son père; mais jà li rois ne il meismes n'en
eschaperoient^ Li cuens Bernars lor dist : «Sonnés
la commugne. » Et il si fisent tantost, et la ville fu
lues estourmie. Et li rois demanda quels noise c'es-
toit^ Sur che li dist li cuens Bernars : a La com-
mugne de ceste ville vos vient assaillir por chou que
vous à force tenés lor segnor Richart % chou dient.
' En la racre e. — " Li r. Loeys — ' Estoit. — ^ B. en une maison.
— ' Deffendoit.... disoit. — * Escaperont. — ' Chou estoit qu'il ooit.
— " Sire. — "A. por ior segnor l'enfant, car à force le tenés.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 27
Jà de lor mains n'escaperés; car moult sont félon et
cruel, et s'est la force ore leur. » Et li rois demanda
moult en liaste comment il poroit escliaper. Li cuens
Bernarsli dist : «Sire, aies et si prendés l'enfant entre
vos bras et si lor rendes , et jurés et aifremés que tous
n'aviës vers lui mauvais pensé ne mauvaise volenté. »
Li rois prist l'enfant, et lor porta entre ses bras, et
lor dist : aBiau segnor ', veés chi vo segneur : je * ne
le vous voel pas tolir ; mais je estoie venus en ceste
ville prendre consel à vous comment je poroie vengier
la mort son père, qui me rapiela d'Engletiere. Il me
fist roi, il me fist avoir l'amour le roi d'Alemaigne, il
leva men fil de fons , il me list toz les biens, et jou en
renderai au fill le guerredon, se je puis. )) Li rois fîst
aporter les saintuaires de l'eglyse ; et jura feaiité à l'en-
fant, voiant la gent de la ville, que^ il li porteroit
foi si comme sires devoit faire à son home ; et à toz les
chevaliers de la tierre fist jurer feuté à l'enfant. Puis
ala li rois à Evreus, et puis s'en revint apriès à Ruem,
et si dist as Normans : h Jou m'en vois à Mont-Looiî :
apparcUiés-AOus , quant je vous manderai; car je voel
vengier la mort le duc si durement que je destruirai
toute Flandres , ne jamais chil ki che fisent n'aront ma
pais'^; et se vos voliés soufrir que chius enfès fust nor-
ris en mon palais, plus en seroit sages et mius vail-
lans. » Par ches paroles furent Noimant decheu, et en
laissierent al roi m.ener l'enfanta Mont-Loon.
Quant li rois fu venus à Mont - Loon , li cuens de
Flandres l'oï dire , qui grant paour ot de lui. Il manda
' P. et si d. S. — ' S. tcnés-Ie: jou. - " Et que- — • M'amour
28 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
salus au roi et slervice , et si li envola .x. livres d'oi',
et 11 manda que par juyse de feu se venroit escondlre
([ue 11 ne fu parcouniers de la mort le duc, et toz cels
tju[l] le murdre lisent ' avolt-ll escilliés, et si 11 prou-
mlst avoec tout clie que cascun an 11 renderolt * tréliu.
Et li rois, par la covoitise qu'il ot de la promesse,
pardonna au conte son mautalent , et si list destroite-
ment garder l'enfant. Osmons, qulTenfant ensegnoit,
l'en mena .1. jor en rivière; et, quant il revint, la
roine Engebierge dist que , se il jamais l'enmenoit
fors des murs, elle 11 ferolt les ielx crever^, et al en-
fant les jarès rostir. Quant Osmons oï chou, il manda
as Normans et as Bretons que ensl tenolt-on lor se-
gnour en prison. Moult en furent dolant, si en firent
prolereset orisons et porciesslons, et si i envoient .ilj.
fols la semaine; et estoient .ilj. jors le mois 11 haut
home viestu de sas, et si glsoient es cendres et prloient
à Diu que il '" ostast lor segnor des mains le roi de
France. Dex en oï lor proieres. Or oliés comment il ^
fu délivrés. Li enfès se fist malade par le consel Os-
mont son malstre , et tant que chil qui gardolent l'en-
fant ^ se désespérèrent de sa vie et que la noviele en fu
moult grans par ** la cite de Mont-Loon que li enfès se
moroit. Une eure avint, si que 11 rois mangolt, que
toutes les gardes s'estolent parties de l'enfant. Osmons
le prist moult povrement viestu, et si le lia en .1. tour-
siel d'ierbe , et s'en ala ausl faltement comme s'il vau-
■ Qui le f. - ' R. Flandres. — ' Gcrberge li. — < Le reste de la
phrase manque dans le ins. S.~G. — ' Es c. , que Dex lor ostast.
— * C. li enfès. — " Qui le ç;. — ' G. tout aval.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 29
sist donner son ' cheval à mangier ; si mist la sicle et
prist l'enfant devant lui et s'en issi de la ville et tant
erra k'il vint au castiel de Couci ". Là lassa l'enfant en
la garde le castelain; si s'en vint poignant à Senslis,
au cont Bernart, qui estoit oncles à l'enfant. Li cuens
Biernars fu moult liés quant il oï ses nouvieles , si
monta tantost et s'en ala à Paris à Huon le Grant; si li
conta comment ses nies estoit délivrés, et puis li re-
quist por Diu que iP li aidast. Puis'^ s'en ala li cuens
Berna rs à Couchi por son neveu, si l'envoia à Senslis.
Li rois fu moult dolans ^ de la pierte à l'enfant, et
manda à Huon le Giant ke il li fesist l'enfant r'avoir.
Hues respondi as messages que il n'estoit pas aaisiés de
guerroier Senslis ne Creel ^ ne Couchi ne les castiaus
le conte Bernart. Chil de Normendie furent moult lié
quant il sorent ^ la délivrance de lor segnor. Li rois et
li cuens Ernous, qui avoient grant paour, furent moult
dolant, et s'en alerent à Paris , à Huon le Grant. Li rois
li promist toute la tierre d'outre Saine par si que il li
aidast, et li rois auroit Ruem et celi pardeçà. Hues li
Grans fu decheus par la covoitise qui li entra ou cuer,
si oublia le sairement que il avoit fait à l'enfant, etlîst
au roi sairement contre l'enfant et contre * Normendie ;
si en fu li cuens de Senslis moult dolans. Quant il sot
ces novieles , si s'en ala ^ à Paris à Huon le Grant, et li
dist : {(Ha! nobles dus, ki sairement avoies fait à l'en-
' A son. — ' Couchi. — ' Que il por Dieu. — ■* Hues li Grans ii
jura sor sains que il en boinne foi aideroit al enfant. Lors. — ' Iriés.
— ^ Creeil. — ' 11 oïrent. — * Sor l'e. et sour. — ^ Si en a. après ces
noveles.
30 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
faut et à moi que tu li aideroies ', et je i'avoie mandé as
mes neveus et as Normans et as Bretons , et ore as fait
par covoitise * autres sairemens encontre celui , com-
ment seras-tu mais creus? comment se pora-on mais
fier en toi ? Ta boine renommée serra ^ malement de-
pecliie.» Hues li Grans se porpensa, si dist : uCiertes,
TOUS dites voir; raiais or vaurroie-jou^ par aucun en-
gien ke vous peuussiés desfaire la couvenence qui est
entre moi et le roi.» Quant li cuens Bernars oï chou,
il en fu moult liés et l'en mierchia, et li dist : « Sire, je
en trairai moult bien à chief.» Et quant les os furen[t]
apparellies d'aler sour Normendie, li cuens de Senslis
manda à chiaus de Ruem que il ne tenissent pas la a ille
contre le roi, ançois le recheussent à joie et à pour-
ciession, €t si li desissent que il jamais ne tenroient
tierre de nullui fors de lui; et si lor manda que il
blasmassent le roi de chou que il avoit Normendie
partie à Huon le Grant. Li rois s'en aîa o toutes ses os
à Ruem , et Hues li Grans s'en ala par delà Saine o la
soie gent. Chil de Ruem vinrent encontre le roi , si li
fisent grant joie, et li disent : « Sire, moult sommes lié
de vostre venue, et sachiés que nous n'avons cure de
la signorie à l'enfant ki tolue nous ^ est. Geste tierre
doit iestre toute del '' règne, et h tort est del règne de-
partie, et par droit doit au règne repairier; mais grant
mervelle avés faite quant toute en pais le poés avoir, et^
vous l'avés partie ; la melleur gent as armes et la plus
' M'avoics f que tu a. à moi et à mon neveu. — 'P. c. al loi.
— ' As, — '' J. nioull volcntiers. — ' Qui tolois vos. — '' Estic del.
— ' Que.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 31
hardie avcs partie ' à Huon le Graiit. ParCoustentinois
alastes-voiis parler au roi d'outre le Ilin. Et sachics
que taut li avés donné que cremir ne vous puetmais;
et asscs vos puet faire mal, se il veut. Sire, pardonncs-
li toute la tierre , puis ke vous tel partie l'en avés
donnée. Et nos prenderons tout ' congié, si nous en
rirons en Danemarche là dont nous venismes; car jà
Normendie de .ij. segneurs ne tenrons.»
Par les paroles que cliil li disent canga li rois sa
pensée isnielement ^ ; si manda à Huon le Grant que il
se departesist de Normendie et tost s'en alast , car riens
n'i avoit ; car li ^ rois l'avoit tout entirement donnée
à RoUe, et au règne repaierroit entirement. Hues li
Grans s'en repaira en France , et li cuens Bernars s'en
repaira à lui et li dist : u Sire, or poés-vous Teir la foi
que li rois vous a portée^. Or aidiés l'enfant.)) — « Com-
ment, dist Hues, li poroie-jou aidier ? Li rois de France
a tozles Normans à sa volenté.» — «Sire, dist li cuens
Bernars, vous verres bien comment la chose s'en ^
prendra.)) Et li rois de France fu en Normendie, et fist
de tout à son talent. Uns François li dist .i. jour :
« Sire, donnés-nous les tierres et les fremetés à ces
Danois, et il s'en revoisent là dont il vinrent.)) Li rois
ne lor respondi pas; mais Normant l'oïrent, et notè-
rent bien ceste parole. Puis s'en repaira li rois en
France ; et li Normant envoiierent en Danemarche au
roi Ayglot% ke il secourust au duc son cousin, ki Nor-
mendie avoit pierdue. Ayglos ^ apparella grant navie ,
' Otroïe. — ' Tuit à vos. — ' Yilainnement. — "A. -. li. — ' R. de
France porte viers vos — '^ Se. — ' Aigrolert. — ' Aigrolcrs.
32 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
si s en vint en INormcndie, et arriva à Salines-Coibuin
là ù Dive cliiet en mer ; là vinrent à lui Coustentinois
et des Danois grans partie. Hermans li ciiens de Iluem
commanda ' .i. messagier que il alastau roi de France
et li desistque il secourust Normendie, car li Danois i
estoient arrivé. Li rois de France prist ' ses os, et amena
o lui le conte Herluin et Lambiert son frère , si s'en
vint à Roem à grant ost, et ala contre le roi ^ Ayglot à
parlement. Si vinrent tant priés à pries li doi roi que
les deus os furent li une d'une part [Dive], et li autre
d'autre ^ . Bernars de Roem dist au roi de France ' :
« Sire, ne menés pas le conte Herluin au parlement :
il ^ fu ocoisonsde la mort le ^ duc Guillaume, ke Nor-
mant n'aront auen oubliée.)) Uns François respondi
moult folement : « Jà li rois ne laira [por Danois] à
m.ener ses gens ù il vaurra. Quant li Normant poront
vengier Fourré, si le vengeront.)) Li doi roi vinrent
ensamble. Li cuens Herluin demanda à .i. chevalier de
Constentin [,que il connoissoit,] comment il le faisoit :
(cBien, dist chils; à vous cli'ataint? )) — «Ql est cliil?))
dist uns autres. ((Chou est, dist-il, li cuens Herluins,
par cui li dus Guillaumes fu ocis.» Et par chou prisent
ocoisonde mellée li François et li Normant, et li Da-
nois enviers les François , et ocisent tantost le conte
Herluin. François, por chou que il le vaurrent ven-
gier, s'armèrent, et se combatirent as Normans et as
Danois. Que vous diroie-je?plus de .xviij. contes fran-
çois que il i eut ^ uns seus n'en eschapa. Li rois
■ C. à. — ' Li r. p. — 5 Et ala à. — " Del autre part. — '' Au r. Looys.
— '' Car il. — 'Au. — " Qui i furent.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 33
Ayglos prist le roi Looys, si le carga à garder à .i. che-
valier, de oui garde il eschapa ; et quant il fu eschapés,
moult s'en fuioit grant aleure , tant que uns autres
Normans ki là estoit le connut et le prist; et li rois
li promist' tant comme cliil qui sauver se voloit, que
cliil l'en " mena j ouste Ruem à .j. manoir k'il avoit,
et le repust en une ille de Saine.
Quant la bataille fu finée et li rois Looys ne pot
estre trouvés, moult en furent Danois et Normant
dolent et courechié ^ Il envoierent par tout as pors
de ra.er et ^ de Saine, por chou que il i fust retenus, se
il i venist. Bernars li cuens s'en vint à Roem poignant,
si ^ que il i vint plus tost ke chil qui le roi aportoit à
son manoir; et ^ Bernars fîst tant et ^ sus et jus en-
querre del roi que il li fu encusés et que li chevaliers
l'en avoit aconduit. Li cuens Bernars le fist tantost
prendre et sa feme, et ses enfans avoec lui, et tant les
destrainst que li chevaliers connut par fine force com-
ment il en avoit amené le roi et li ensegna là ù il
l'avoit repus. Ensi fu chil délivrés , et li rois fu pris
et menés en prison à Ruem. Puis manda li cuens Ber-
nars au conte de Senslis comment li rois estoit des-
confis et pris et retenus. Li cuens de Senslis , comme
chil qui en fu moult liés , s'en ala tantost à Paris et
conta à Huon le Grant l'aventure comment li Nor-
mant avoient desconfi le roi et pris ; et li cuens Hues
en fu moult liés et en fist grant joie , et dist que bien
■ P., à qui li r. p. — ' Le v. le. — ^ Irié. — "* Ces trois mots man-
quent dans le ms. S. -G. — 'Si durement. — * Amenoit ne feist à
s. m. ; et li quens. — " Tantost.
5
34 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
avolt li rois trouvé chouk'il chaçoit. Et quant la roine
Gierbierge oï les iiouvieles dou roi son segiior, moult
en fu dolante. Ele ala au roi Henri son père et à
Othon son frère cuerre aïe, et il li ' falirent dou tout;
et li disent que il ne s'en melleroient jà, car à boiu
droit avoit li rois Looys celé honte ; car desloiaument
avoit ouvré enviers l'enfant , qui ses hom estoit. La
roine s'en repaira en France, si s'en vint à Paris à
Huon le Grant, si li requist moult durement entre
lui et sa gent que il, por Diu, le roi son segnor deli-
vrast, se il peust. Chil apiela le conte Bernart de
Senslis et si manda ses barons et les contes et les
archevesques et les evesques de France ; et , quant il
furent venu , il mandèrent à cels de Roem parlement
à Saint-[Cler-] sus-Ethe. Tant i ot fait à che parle-
ment que li rois Looys fu rendus; et Lohiers ses fils
fu mis en liostages por lui, et Heudoiers li evesques
de BiauA^ais et Guis li evesques de Soissons ; si ot assés
autres barons. Et li rois s'en ala à Monloon sa cité. II
remest ensi jusques à'' .i. tierme que li rois assembla toz
ses barons de son ' règne , et jurèrent h Richart le duc
de Normendie le tenure de sa tierre franquement, sans
noise et sans estrif, à garantir et à desfendre de'' tout
lor pooir ; et non porquant si estoit jà mors Lohiers,
li fils le roi, h Ruem, ù il fu en ostages. Puis fu ame-
nés li enfcs Richars à Fioem à grant joie, et fu recheus
à pourciession. Et"" apriès chou tint-il toz jors puis ^'
justice sor les mesfais de sa tierre. Il escilla .i. haut
■ A. , qui li. — ' Ticssi qu'à. — ' Ool. — '• 0«1. — ^' En. — "^ Ces
trois in')ts ma/u/iie/i( dans le nis. S.-(i.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 35
baron de la ville , ki avoit non Raous li Torte ' ; et
chil s'en ala à Paris h l'evesque, ki ses fils estoit.
Puis proiierent li baron de France pour lui le duc;
mais ne li porent riens aidier : par coi li autre dou-
tèrent moult puis à mesfaire au duc. En apriès chou
fist Hues li Grans venir à lui le conte Biernart de
Roem et le conte Bernart de Senslis, et " lor conta
moult a traitement ' que li François se vengeroient
moult volentiers de la honte et dou lait que li Normant
leur lisent^ : « Segneur, dist-il, Richars tient terre
comme rois. [Il n'a ne segnor ne ami qui garandir les
puissent.] Quel consel a-il ore de feme prendre? » —
« Ciertes, dist li cuens de Senslis, mius ameroie ^ qu'il
presist vostre fille que la fille le roi. n Et Hues li Grans
respondi ^ : « Se il ma fille voloit prendre, et soufrist
que je le fesisse chevalier, je li aideroie puis moult
boinement et feroie quanques il vaudroit, et puis ne
seroit nus qui contre lui presist guerre, ne puis ne li
convenroit home cremir. Or i metés consel, je vous
en pri ". » Tant parlèrent ensamble ^ que li doi conte
jurèrent la fille Huon le Grant avoec ^ le duc Richart.
Quant li rois Looys de France oï "^ ces nouvieles,
il manda le conte de Flandres à parlement; et quant
il furent assamblé, il devisèrent comment il poroient
le mariage abatre; car il savoient bien ke moult se-
roient elForcié li un de l'autre : si en avoient grant
' Qui estoit apelés Raols Torte, — ' Et le conte Bernart de Ruem ,
si. — ' Atraianraent que moult avoit oï parler. — " Lor avoient fait.
— "^ Plus voldroie. — '' Lor dist. — " Ces quatre derniers mots ne sont
pas dans le ms. S. -G. — " Entr' eus. — 'Al. — '" L. de F. vianquctil.
3G HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
(loiile. Lors manda 11 rois, par le consel au conte de
Flandres, à Othon de Sassolgne, qui cstoit empereres
et ses serouges ', que il li aidast encontre liuon le
Grant et encontre Richart le duc de Normendie; et i!
li donroit Loheraine % que ses pères avoit promise al
sien. Cest messages porta li cuens Arnousde Flandres,
et tant list li cuens à ' Otlion que il vint en France,
destruisant la tierre au marcsclial. Et li rois li vint à
rencontre, et tant ' lisent et disent entre eus deus que
il vinrent à Paris et l'assisent; mais il ne le porent pas
prendre : li païs estoit jà ^ toz destruis, si que il ne
savoient ù " il peuussent aler en fuerre. Puis dist li
cuens Arnous à Tempereour : « Sire, la cités de Ruem
est assés priés de chi : entrés en Normendie; car",
ançois que vous soies entré en** la lierre, vous apor-
tera-on les clés de Ruem. n Li empereres l'en créi , si
lassa le siège de Paris et tourna sour INormendie; et
quant il furent venu à ' Saint-Cler-sous-Epte, li em-
pereres demanda au conte de Flandres se les clés '" li
estoient encore aportées : a Sire, che dist li cuens, la
cités de Ruem est encore lonc de chi; mais aies encore
de chi à" l'aighe d'Andele, et là vous aportera-on
les clés de Ruem. » Lendemain vinrent sor Andele.
Lors " rapiela li empereres le conte Arnoul, si li de-
manda se les clés de Ruem li estoient aportées. «Sire,
dist li cuens, chil de Ruem sont moult orghelleus;
mais aies de chi ' devant la ville, si sarés ki la ville
' Scrnrgos. — ' F-nlinrainnc — ' A l'iiinpereor. — " Ala encontre lui.
Tant. — ' Fu. — '• l'reu ù. — ' Car manque. — " S. dedens. — 9 F. à
— "• C. de Ruem. — " Tresiqu'à. — ■ " Uout. — ■' Tressi que
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 37
vous rendera '. » Li empereres l'en créi , et ala loz
armés sor son cheval jusques devant la ville par le
consel le conte; mais il envoia son neveut avant o
grant gent. Chil de Ruem s'en issirent enconti^ lui et
assamblerent à lui, et avint aventure que li niés l'em-
pereour lu ocis et sa gens o lui. Puis se remisent en la
ville li Normant, et li empereres et li rois assisent la
ville et i assaillirent ^ souvent.
Quant li empereres i ot assés sis et il ^ vit que pren-
dre ne le poroit ne que Normant ne lassoient pas à
entrer ne à issir por aus en la ville ^; il vit bien que
d'asseoir ville que on ne puet prendre n'est mie grans
hounours, et si voit que chil qui sont par dedens la
ville sont si desfensable que il lor font tante ruiste
saillie et ke il soz le pont de Saine se reponnent sou-
vent en lor batiaus, et gaitent tant que il voient lor
liu de grever cels de l'ost et que il les damagent moult
pa[r] cel engien et par autres'' : il demanda trives à
cels de la ville por aler à Saint-Cain en pèlerinage, et
li dus Richars li otria. Li empereres entra en la ville*'
et fist ses orisons. Et puis s'assist ^ et apiela deus de ses
compaignons qui o lui estoient là, et si lor dist que par
le conte de Flandres estoient-il ^ là venu ; mais il le
feroit prendre et l'envoieroit au duc, puis se vengast
bien de ^ la mort son père , se sa volentés i estoit.
Che voloit faire li empereres j mais si compaignon li
' La V., qui est assés près de ci, et si verres qui la v. vos tenra. --
' Et a. — ' Q. il assés i orent sis et li empereres. — ** A e. dedens la
vile ne à issir. — ' Les a. — " Lu l'cglise. — ■ S'i s'asist. — " Estoit-il.
— '■' Al d. de INormendic cl en v. en lui li dus.
38 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
desloerent, et disent que che seroit trahisons. Li em-
pereres s'en r'ala à ses tentes ; mais ' li cuens Ar-
nous, qui ot oïes ces novieles', s'en fui la nuit. Par
la noise que ses gens lisent au ' deslogier s'esfreerent
chil de l'ost, et cuidierent que Normant s'en ^ ississent
de la ville; il alumerent leur loges et guerpirent le
siège et s'en fuirent chà et là comme chil ki ne savoient
pas les voies. Et li Normant les porsiuirent ; mais li
dus rement en la ville, car il ne vaurrent soufrir que
li dus s'en issist o els. Al bois de Malpietruis s'en
alerent por adevancier les Alemans. Là^ se comba tirent
à els, et furent li Alemant desconfi par deus fois.
Tout perdirent et furent li Alemant '" chacié jusques
à Amiens. Puis se repairierent li Normant moult lié à
Ruem, et donnèrent tout lor gaain à lor segnor, et
merchiierent Diu moult durement de lor aventure.
Li dus Richars fu moult preudom; il fu force des
foibles, desfendemens des veves ^ et des orphenins',
confors as caitis , apaisieres des maus , bastons as
avugles, releveres de sainte Eglyse, lumière as non
veans % hautece des clers, aidieres ^ as soufraiteus,
honnours as evesques, ameres de pais, cultiveres de
viertus, espérance as desconfortés '", pitiés as do-
lours, aliance d'amour, sièges de" lois, pastours des
povres '% examples des princes, droitui'iers en jus-
tice, véritables en parler, en consel porveans, en
' Et. — ' A son. — ' S'en manque. — ■'• Mal-ParUis estoient al ade-
vancie as Alemans et as François, ù il. — ' Li A. manquent. — ^ Deffen-
deresdes foibles.— ' O et des veves. — * As avugles. — ^ Salas. — ■" As
suens. — " Des. — " A la suite de lois, on lit gouver dans le ms.
S.-G., et deux feuillets qui contenaient In suite ne s\r tinuvent plus.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE 39
jugement loiaus, en toute honnesté, de boines meurs
reluisans, et toutes les autres boines teches avoit her-
bregies en soi. En cel tans fu amaladis Hues li Grans,
et commanda sa tierre et sa gent en la garde le duc
Fvichart. Longhement i furent INormant; et quant la
fille Huon le Grant fu en aage, par l'assentement des
barons l'espousa li dus et l'enmena à Roem en sa sale,
et de chou pesa moult à pluiseurs des François. Puis
avint, par le consel au deable et par envie, que li
cuens Thiebaus de Chartres ala à la roine Gerberge et
à son fin Lohier et si lor demanda qu'il poroient faire;
car grant honte pooient avoir, quant si estoient aclin
François et Bourgegnon et toutes tierres al duc Ri-
chart de Normendie et as Normans. Il consella Lohier
comment il se poroit vengier des hontes que Nor-
mant li avoient faites; mais che fu si privéement ke
nus ne le sot, fors li rois et la roine sa raere. Par cel
consel que li cuens donna envoia la roine Gerberge
por Brunof l'archevesque de Couloigne , qui ses oncles
estoit, qui par trahison manda le duc Richart à parle-
ment à Amiens et dist que pardurable amour meteroit
entre lui et son neveu le roi. Ensi le voloit-il atraire
et faire ocire. Li dus s'en ala de si que à Biauvais. Là
vinrent à lui doi siergant de la gent le conte Thie-
baut, et disent au duc en consel : «Sire, le quel amés-
vous mius u à estre sires et dus de Normendie, u à
estre paistres de brebis et chaciés fors de vostre tierre? »
Li dus pensa à chou que il disent, et sot bien ke il vo-
loient dire ; «A cui estes-vous? » dist-il. Chil respon-
dirent : «Sire, che poés-vous bien savoir que nos
Au HISTOIRE DES DLCS DE NORMANDIE
sommes à vous. » Li dus les honnera moult : à l'un
donna une espée dont li pumiaus et l'esheu d'eure
pesoient .iiij. livres d'or, et à l'autre une nosche d'or
qui autretant pesoit; et tantost s'en repaira en Nor-
mendie. Li archevesques li remanda que, s'il voloit
venir à parlement à lui, il venroient jusques soui*
l'aighe d'Ethe. Li dus li remanda que jà son parle-
ment n'aroit. Celé trahisons fu seue par toute Nor-
mendie et par tout le roiaume de France.
Lonc tans apriès chou, revint li cuens Thiebaus à
Lohier et si li dist par moult mauvaises enortances que
il fesist le duc venir à soi par force. Par son consel
manda li rois le duc que il venist à parlement à lui sor
l'aighe d'Ethe; et tant fu la chose aprochie que li cuens
Thiebaus et li rois et li cuens JofFrois d'Ango et li
cuens de Flandres, qui tout estoient anemis le duc,
furent sour l'aighe d'Ethe. Li dus s'en ala au parle-
ment ; et si anemi vinrent tout armé , por lui pren-
dre, sor l'aighe d'Ethe; et i ot grant desconfiture;
mais li dus eschapa, si s'en vint à Roem. Et fu esgardé
par celé trahison que li dus de Normendie venroit
mais à tout espée à parlement , et François tout des-
armé. Et puis refîst tant li cuens Thiebaus que li rois
manda ses os et assambla tout son pooir, et ala asseoir
Evreus , et tant fist devant que il le prist ; et quant il
l'ot prise, si le donna au conte Thiebaut. Li dus en fu
molt dolans, et fist crier .i. ban par toutes ses cités
que tout fussent aparellié por lui aidier. Molt assambla
grant ost ; et quant il ot toute sa gent assemblée et
son pooir mis ensamble, qui grans fu, et vit les Bre-
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 41
tons et les Normans entour lui , il s'en ala lantost et
destruist la tierre le conte de Chartres. Puis s'en re-
paira en Wimois, ù li cuens Thiebaus fu desconlis; et
s'en fui jusques à Chartres moult dolans et moult iriés.
Et ses fils i fu ocis o .vij^ de ses homes : dont li dus
ot pitié; si les list enfoir. Puis envoia li dus en Dane-
marche por secours as Danois, et il vinrent à lui. Li
dus les envoia ardoir le conte de chi à Ginosse. Il oci-
sent quanques il ataindre porent, homes et femes, en-
fans et blestes et oisiaus , et arsent par tout le païs.
Quant li evesque de France virent celé destruction ,
il s'assamblerent ; si lisent .i. concile, et mandèrent le
conte Thiebaut et si li disent que il fesist pais au duc.
Li cuens envoia .i. moine au duc, et li manda que vo-
lentiers seroit ses amis. Li moines s'en ala au duc, et
si li dist : « Sire, li cuens de Chartres vous mande que,
se vos volentés i est, il venra à vous, à Roem, et droit
vous fera par tout ; et Evreus vostre cité vos rendera ,
et vous amendera quanques il a vers vous mespris , et
veut que ferme pais soit entre vous affremée. » Ensi
l'otria li dus, et li cuens Thebaus vint à Ruem o les
melleurs de ses homes , et fu entre eus la pais jurée et
affremée. Li cuens s'en r'ala , et rendi au duc la cité
bien garnie de vitaille. Puis ala li dus à Guiosse o ses
Danois. Là vinrent à lui li evesque de France de par
le roi Lohier por faire pais entre els , et li disent que
toute la guerre et 11 trahisons qui entre els avoit esté
pourparlée avoit faite li cuens Thiebaus, qui ore estoit
ses amis ; et si li proierent por Diu ke il li membrast
de chou, que il n'est cose queDex aint tant comme
42 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
pais; et toz chiaus ki pais aiment, Dex les aime. Li dux
lor respondi : a Toz tans ai pais désirée, ne onques
avoir ne le poi. Onques au roi ne mesiis, par coi il me
deust trahir; mais, puisque vous me dites ke tout li
baron de France me voelent pais jurer et ma tierre lais-
sier tenir franquement si comme elle fu donnée à mon
ayoul , jou assaierai se jà je les Danois poroie mener à
che assentir. » Lors parla à ses Danois; et par deus jors
dura li consaus entre le duc et aus, qui à chouacorder
ne se voloient; ains disoient que il conquerroient la
tierre de France , et, se li dus ne le voloit , il le ten-
roient. Li dus , quant il oï chou , lor dist : « Segneur,
vous estes Sarrazin , ne pas n'avés nostre créance : vous
créés que vos âmes doient morir avoec les cors , et nos
créons qu'eles ne muèrent pas avoec les cors ; ançois
vit l'ame apriès le mort dou cors, et troeve chou qu'ele a
fait en sa vie u le bien u le mal. » Là lor conta comment
Adans fu fais et de coi , et por monter au ciel dont li
deable estoient keu, et là monteront tout li crestien ki
ledesierviront. «Qi che ne croit, saciésk'ilestpierdus.»
A che respondirent Danois : « Sire, nos ne savons nient
plus que biestes des gueredons que ta loys donne; mais
fais de cest afaire chou que il te plaist, et à nous donne
consel autresi que nos puissons vivre pardurablement.»
— ((Jou vous ferai , dist li dus, baptisier, et assés vous
donrai, se Diu plaist, par coi vou pores vivre. » Moult
i ot de cels qui l'otrierent, et moult de chiaus qui
olrier ne le vaurrent por nulle chose que il lor deist.
Puis furent prises trives entre François et Normans,
et si i ot pris .i. parlement à Saint-CIer-sus-Ethe. Là
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 43
vint li rois Looys o sa grant gent, et li dus Richars o
la soie; et fu celé pais confremée entre les barons , des
evesques et des archevesques , à tenir pardurablement.
Si faitement s'en r'ala li rois, et li dus revint à Roem
o ses barons et ses Danois. Cels fist baptisier qui crestien
voloient estre , et cels ki ne se vorrent crestiener fist
conduire par mer et conquerre tierre en Espaigne o ses
Constentinois. En celé voie conquisent-il .ix. cités.
Puis s'assamblerent chil de la tierre et se combatir'jnt
as Danois, que il trouvèrent moult durs. Desconfî et
ocis furent li Espaignol, qui estoientausi noir comme
Ethiopien ; et, au tierc jor, furent trové blanc comme
nois. Dex, qui tout set et ki tout fait, set bien comment
che fu. En cel tans moru Emme , la feme le duc , sans
enfant. Li dus manda à Huon le duc de France que il
feist la partie des castiaus la ducoise depai^tir à raison,
et il si fist. Puis apriès ot li dus en soingnentage une
feme danoise dont il ot une fille , ki Gomor ot à non ,
et ,ij. fils, Godefroi et Guillaume. Et puis espousa li
dus celé feme meismes ; si en ot Richart et Robiert et
Emme, qui puis fu roine d'Engletierre , et Hauy et
Mehaut. En apriès chou fist li dus maint grant bien as
eglyses, comme chil ki bien le savoit faire, nommée-
ment à Saint-Owain de Roem et au Mont-Saint-Michiel
qui siet vers Bretaigne. .1. jour vint à Fescamp sor
mer ù sa chambre estoit et ù il fu nés et levés de fons
beneois. Là estoit une eure à l'entrée de la sale et es-
garda l'eglyse de Sainte-Trinité , qui mendre estoit et
mains haute de sa sale; il apiela tantost mâchons et cels
k'il savoit qui estoient sage de le! chose , si lor dist :
44 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
<( La maisons Diu nostre creatoiir doit estre haule et
aparoir sor toutes autres, si comme celé que Dex re-
tient à soi et ù nous sommes baptisié et ù nos reche-
\ons nostre créance et confiession et eslavement de
nos pechiés. Sainte Eglyse est portel del ciel. De ceste
maison dist David li prophètes : 3Ions Deij mons pin-
guis ; li mons de Diu est habondans, et là ù il li plaist
à habiter. Chis est li mons que Rolles mes ayoels vit en
s'avision, ù il se baignoit et garissoit de la liepre.
Aies, dist-il, querre de la plere vistement, et si faites
le maison Diu biele et boine à son plaisir et plus
haute que les moies maisons. » Cil fisent si comme li
dux ot commandé ; et lisent l'eglyse , ù li dux donna
dras de soie et aournemens de crois d'or, de calisses ,
de candélabres et d'encensiers et de presieus viestimens ;
et i mist canonnes por servir à Diu nostre Segneur molt
honneréement. Et en cel tans moru Hues li archevesques
de Ruem , et Robiers li fils le duc fu archevesques.
Puis cel tans vesqui li dus en boine pais moult
moult ' saintement. En cel tans fu li cuens Arnous de
Flandres mellés au roi Looys. Li rois ala sor la tierre
le conte, et prist Aarras et toute la tierre le conte jus-
ques à le Lys. Li cuens Arnous s'en vint en Normendie
querre aie au boin duc Richart. là dus iist tant ke li
rois rendi Aarras au conte, et sa tierre ke tolue li
avoit. En cel tans conquist Hues Capes , que Hues li
Grans avoit engenré , le règne de France , et vaut aler
sor Aubert le conte de Vermendois ; mais li cuens Au-
biers , par l'aie le duc Richart , fist pais à Huon Capet.
' Su: ms. 455.
ET DES ROTS D'ANGLETERRE. 45
Et aprlès chou , li dus Richars esliut Fescamp à estre
maison de sa sépulture, et i fist faire .i. sarcu; et cas-
cuii veuredl le fist emplir de forment, et che donuoit-
on as povres, et, par desus che, .v. sols de deniers
d'argent. Et si tenoit demi-mui de forment li sarcus,
che tiesmoignolt-hon. Quant il le falsoit faire, en cel
tans li dist une vois : Tu quijecisti tanta palatîa ,
turres, quani facis ex niullis, hec eril iina tihi. C'est-
à-dire en françois : w Tu qui as faites tantes choses ,
tans palais, tantes tours, ceste ke tu fais ore ert toie de
moult de choses. » En apriès chou ert li dux une fois à
Bayoes , si amaladi tant durement ' que il del tout dés-
espéra de sa vie; il se fist porter à Fescamp. Illueques
H demanda Raous ses frères et si baron lequel de ses
enfans il esllroit à estre son hoir. « Jou voel, dist-il ,
que Richars mes fils soit mes hoirs ; et à lui soit ma
tierre donnée , et la feutés de mes barons * asseurée , et
de lui faites duc. » Adont se leva li dus nus pies ' et
s'ala apoiant d'un baston jusques en l'eglyse. A l'en-
trée de l'eglyse , li demanda ses frères ù il vololt estre
enfouis, a II n'est pas drois, dist-il, que je soie en-
fouis dedens ^ l'eglyse, car trop sul pechieres male-
ment ; mais fors de l'eglyse el degoutail commanc-
jou et voel ^ estre enfouis el despit de ma char. En mi
le cuer, en oiant des ^ canonnes, se fist confiés et la
nuit apriès morut. Moult i ot riche service, et fu en-
fouis là ù il devisa. La dolours de sa mort fu moult
' Le. ms. de Saint- Germain recommence , folio 79 recto, à la troi-
sième lettre du mot durement. — ' Des b. — ' Em pies. — '' En. —
* D. voel-jou. — ^ C, oiant. les.
46 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
plourée par toute sa ' tierre. Au tierc jor le fist li ar-
chevesques Robiers ses lils desfouir por chou qu'il n'i
avoit pas esté, et le trova ausi biel comme s'il vesquist
et moult souef flairant. Et puis" fisent sor Iu[i] une
chapiele de saint Thumas l'apostle. Mors fu en l'an de
l'Incarnation .m. ^ ans et .xxvi. S'en cestui Richart ot
eu preudome et s'il ot este boins et loiaus, Richars
ses iilsmistpainc de tout son pooir ^ d'iestre hoirs son
père en toutes boines oevres. Cliil qui gardes estoient
de sa tierre et de ses castiaus à premiers le guerroierent
molt; mais par force il et li cuens Raous ses oncles les
fisent venir en sa mierchi '. Li dus donna à Guillaume
son frère la conté de Deu % qui apriès chou commen-
cha son frère à guerroier ; mais li dus et ses oncles le
prisent et le misent en la tour de Roem en prison : par
coi si anemi furent moult espoenté de lui. Puis avint
que chil Guillaume s'avala ■ par une corde, de la tour,
par le consentement d'aucun ^ ; et quant il fu à la
tierre, il se porpensa k'il feroit, u il iroit querre aïe
au roi de France, u il iroit à son frère querre " mier-
chi. A son frère s'en ala; à Verviel '" le trova. Là li
chaï as pies et li cria raerchi. Li dus li pardonna
son mautalent par le consel Raoul son oncle , et
si li donna li dus la conté de Wissemois ' ' et Li-
esseline , la fille le roi Torqueti '% dont il ot .iij.
fils : Robiert, qui fu ses fils oirs '' ; Guillaume, qui
' Pleniere par. — " Et moult boinne odours issi de la fosse. P. —
' .ix=. — * A t. p. — ' Revenir à sa maia. — ^ La c. d'Eu. — ' Que G.
avala. — ' Par consentance. — ^ A t.... u querre.... u aler.... crier.
— '" Yervueil. — " \'\ isniois. — " Torquetil à feine. — " Ses hoirs.
ET DES KOlS D'ANGLETERRE. 47
fu cuens de Soissons ; et Huon , qui fu evesques de
Liesies '.
En cel tans a\int que Heudres li rois d'Engletierre,
ki Emrae sa serour avoit à feme, semonst ses os et
commanda à cels ki les os dévoient guier ke il alas-
sent à navie sor Normendie et le destruisissent toute
fors le mont Saint-Micliiel, et li amenassent en loilens *
le duc Richart. Quant il ^ furent venu en Normendie,
Nigel, li dus de Constentin, vint encontre aus ^ ; et
se combati à eus en tel manière que onques Englès
n'en eschapa, fors uns seus ki ala dire as gardes des
nés comment il ^ estoit avenu. Quant chil oïrent celé
noviele, il se misent en .iij. nés et s'en alerent en En-
gletierre et contèrent au roi lor aventure; et quant li
rois reconnut ^ son mesfait , si en fu dolans et repen-
tans. Et quant JotFrois li cuens de Bretaigne vit le duc
tant poissant, il vint à lui et se prist à lui par Hauy ^
sa serour que il li donna à ferae; et il en ot .ij. fils :
Alain et Oedon, ki apriès lui tinrent Bretaigne en
bone pais. En cel tans avint que li rois Heudres d'En-
gletierre fist destruire Danois et paiens, as quels il
avoit donné tierre et congié de sejorner en Engletierre.
Toz les fist ocirre, homes * et femes et enfans, fors ne
sai quans ki en une nef se misent et s'en alerent aval
Tamise en mer. Tant fîsent que il vinrent en ^ Dane-
marche; et quant il furent arrivé, il contèrent au roi
de Danemarche, qui Suavis "• avoit à non , celé dolour
' Liesewies. — ' En prison. — ^ Cil. — ■* E. od toute s'est. —
' Con faitement il Iok. — ^' Se recorda de. — - Harwi. — ^ Ce innt
manque dans le ms\ S. -G. — ''Il furent. — "' Suains.
48 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
que li Englois lor avoient faite. Li rois , quant il oï
chou , entra en nier à tous ses Danois , si arriva en
Engletierre à Sauwis '. Là laissa li rois ses gens, et
à tout une partie s'en ala en Normendie ' al duc Ri-
chart. Li dus, por la felonnie que li rois Ileudres li ot
faite, et por l'amour as Danois, donna boinement
congié as Danois de guerroier en Engletierre , et si
que chou ke il conquerroient envoiassent seurement
vendre as Normans et lor navrés garir \ Ensi s'en ala
li rois , et sozmist tantost le contrée de Sauwis à lui.
Puis s'en vint à Chantorbire '^, et le prist et le païs
tout; puis s'en ala à Londres, et prist la cité et le
contrée tout ensement. Quant li rois vit chou , il prist
par paour sa feme et Evrart ^ son fîll et ses autres en-
fans à Douvre et son trésor, et s'en vint au duc Ri-
chart ; et li dus le reçut , qui ne regarda pas à son
mesfait. Quant li rois Suains ot le règne conquesté "^j
il ne demora puis gaires k'il moru; et li Danois l'em-
portèrent en Danemarche enfouir, et lassierent Engle-
tierre. Chenus , li fils cestui Suain , prist le règne de
Danemarche apriès le mort ' son père ; puis apiela en
s' aïe Lacynan **, le roi de Suave , et Olein , le roi
d'Orkanie ^
Heudres, ki estoit o le duc Richart, quant il sot '" la
vérité de la mort Suain le roi ", il s'en râla en"" En-
gletierre et r'ot son règne ; mais les enfans n'en mena-il
' Il prist ses Danois, si entra en mer et s'en vint en E., si ariva à
Sanwis. — ' S'en vint en N., à Rueni. — ' A g. — * Gantorbire. —
* Ewart. — ^ Ce mot manque dans le ms, S. -G. — ' En a. — ' L.
manque. — ' D'Orquenie. — ■" Oï. — "Le roi Suain. — " Od su
feme en .
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 49
pas, ains les lassa en Normeiidie en la main et en '
la garde le duc, qui l'en avoit proie. Et H rois Che-
nus G toute s'ost et o toute sa ' grant navie s'en vint
en Engletierre , et sormonta ^ Tliamise , et assist Lon-
dres et le roi Heudré et sa feme dedens. Li rois
Heudrés amaladi et moru; et li rois Chenus à la loy
crestiene prist Emme la roine à feme , et por li avoir
dona son pois d'or. Puis ot-il de li Mardocheum %
ki fu rois de Danemarche apriès lui ,• et si en ot une
fille , Gounil ^, ki puis fu emperreis de Rome et feme
remp[er]eour Henri. En cel tans avint que li cuens
Oedes de Chartres prist à feme la serour le duc
Richart, et li dus li donna en douaire de mariage
Pont-Ourson et Torquais et la tierre qui est sor l'aighe
d'Arve. Celé dame morut sans oir, et li dus vaut ra-
voir ^ sa tierre que donnée li avoit. Chil ne li vaut
laissier : et li dus prist ses Normans et ses Bretons et
ala sour l'aighe d'Arve, et i frema .i. castiel que il
apiela Tiulieres % et le garni moult bien , et i laissa
Ingel le conte de Coustances et Raoul de Roem * et
Rogier son fill, qui le gardèrent o autres chevaliers. Et
quant li dus s'en fu repairiés % li cuens Oedes apiela à soi
le conte del '° Mans et le conte ^Galerant de Muelant
et lor chevaliers , et alerent par nuit preer et asseoir
Tiulieres. Chil qui dedens estoient, le sorent bien par
les gaites, et alerent " encontre eus à" bataille. Que
vous en diroie-je plus ? tant fisent la gens le duc que
' N. en. — ' Et od son. — ' Et amonta. — < Mardechenu. — ' Gon-
nil. — ^ Revolt avoir. — ' Tieuslieres. — ' Coeni. — ^ C. Quant re-
pairiés fu. — '• Huon del. — " Issirent. — " En.
4
50 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
cliil de l'autre partie furent desconfi. Partie en 1 ot
oeis, partie en i ot navrés, et partie s'en repust'. Li
cuens Oedes et li cuens Galerans s'en alerent fuiant à
Pont-Ourson , et " li cuens Hues descendi del cheval
sor coi il seoit, et s'en entra en .i. bierciP, et osta
son haubierc et se kauces'*, et jjrist .i. mouton sor son
col , et issi à tout del biercliil , et aloit criant ^ :
« Aies, aies, jà les ares! » Tant ala à pié que il vint
au tierc jour al Mans. Apriès chou manda li dus Ri-
chars "^ au roi Olein ' d'Orlcanie et à Lacinari * le roi
de Souave, et il vinrent à lui et arrivèrent en Brc-
taigne. Là desconfirent-il les Bretons, kl les assailli-
rent; ils assisent Dol et destruisent, et puis se misent
en Saine % et vinrent par Saine à Roem. Honnerée-
ment furent recheu dou duc Richart. Li rois Robiers
de France, quant il oï la nouviele '" des .ij. rois,
paour en ot ; et manda le duc Richart por chou à par-
lement et le conte Iluedon , et les concorda par si que
li cuens Huedes auroit le castiel de Torquais " et li dus
auroit toute l'autre tierre et seroit apendans au castiel
de Tiulieres. Quant la pais fu faite, li dus vint à ses
gens et fist faire le roi Olein '^ crestien de l'archeves-
que Robiert de Ruem^. Il fu puis martyriiés en son
pais, quant repairics i fu; et encore fait Dex miracles
por lui. Et apriès chou prist li dus Richars feme la
lille le conte Jolfroi'^ de Bretaigne, por avoir lignie;
■ Partie navrés, partie se repusent. — ' Al Pont fl'Orson. — ' Bei-
gil. — ^ El ses calices de fer. — ^ Et disoit as Normans. — •" Li d.
aïe. — ^ pienis. — ' Laciman. — ' En mer. — '" la venue. — " Dor-
kais — " Li rois Olenis se fist faire. — " Joifroi.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 51
Juete ot à non ; moit fii -vaillans dame. Trois fils en
ot : Richart et Robert , ki furent andoi duc ; et
Guillaume , ki fu moines à Fescamp. Trois filles en
ot : Aelis ', qui fu donnée au conte Renaut '^ de Bour-
goigne ; l'autre fu donnée à Bauduin , le conte de
Flandres ; la tierce moi u virgene , et gist à Fescamp
joste son père. Et apriès chou avint que li cuens Jof-
frois de Champaigne ^ s'en ala en la sainte tierre de
Jlierusalem, et lassa ses .ij. fils, Alain et Oedon , en
la garde le duc. Chil cuens Jolfrois fu mors entre
voies en ^ son repair ier : dont moult fu grans da-
mages ^.
En cel tans li cuens Bouchars '^ de Meleun estoit o
le roi de France , ù il demoui'oit sovent bien longhe-
ment; et uns^^ chevaliers, qui Gautiers avoit non, li
trahi son castiel ^ et le bailla au conte Oedon. Quant
li rois le sot , il vint au conte Oedon , et li proia que
il rendist au conte Bouchart son castiel. Chil ne le
vaut rendre pour le roi : par coi li rois semonst s'ost; et
si manda le duc de Normendie et ses autres haus ba-
rons, si ala asseoir le castiel. Li rois fu d'une part
de Saine logié, et li dus d'autre ^ Tant fist li dus par
force que li castiaus li fu rendus , et il le rendi au roi ,
et li rois le rendi au conte Bouchart j et chil Gau-
tiers, ki trahi l'avoit, et sa feme '" furent pendu de-
vant la porte dou castiel. Au tans de cestui Richart
■ Aalis. — ' Rainnaut. — ^ Bretaingne. — ''A. — ' Ces cinq mots
manquent dans le ms. S.-G. — ^ Brouchars. — ' Et uns siens. — * C.
que il gardoit. — ' Delà. — '° Et cil G. et sa feme qui le chastel avoient
traï.
5-2 HISTOIRE DES D^CS DE NORMANDIE
duc de Normendle, furent Normant preu et hardi , si
que il onques à lor anemis lor dos ne tournèrent.
Trois ans apriès che moru Henris li dus de Bourgoi-
gne sans hoir, et laissa sa duchée au roi Robiert de
France. Li Bourgegnon fîsent lor segnor dou conte
Landri de Naviers ', et li saisirent la "^ duchée. Li rois
Robiers, quant il che sot, prist le duc de Normendie
et ses autres homes; si s'en alerent asseoir Auçoirre^,
et le prisent et le conte Landri dedens. Puis prisent
Avalon et gasterent la tierre. Quant li Bourghegnon
virent que li dus avolt tel force % lor se sozmisent à lui
tout chil de la tierre. Puis s'en repairierent li rois et
Ji ^ baron. Hues li cuens de Chalon prist en celé ost le
conte Renaut d'Outre-Soone , qui avoit à feme la fille
le duc Richart. Li dus li manda k'il li rendist tout
quite, et il li remanda ke por la soie amour le tenroit
plus destroitement.
Pour cel fol remant que li cuens Hues fist, carga Ij
dus ses os à Richart son fdl, et si li commanda ke i!
alast vengier cel outrage*^; et chil si fist moult vighe-
reusement. H se parti de son père , si ala sour Bour-
goigne à grans elTors , et destruist le' conte, et assist
et prist le castiel de la Mirmande. D'illuec s'en ala as-
seoir Chalon, la tierre oiidant^ Por la paour que li
cuens ot de lui , de chou que il ne li destruisist toute
sa tierre % s'en issi-il encontre lui ; et si portoit une
siele à cheval sour son chief , et li cria mierchi , et li
■ IN'evers. — ' Le s. de la. — ' Auçuerre. — ^ Pooir. — ' Si- — '^ O
par celé foi que il li dcvoit. — '' La terre le. — * Ardant. — ' Li tolist
l. la conlé.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 53
i-endi son serouge, et si li jura qu'il venix)it à Ruera,
faire droit au duc Richart son père. Puis s'en repairie-
rent li Normant en la tierre , et li dus Richars vesqui
puis moult saintement et moult en pais; et puis au
daarrains amaladi , si se iist porter à Fescamp, et list a
lui venir rarclievesque Robert sen frère, si se fist
confiés \oiant ' toz les moines. Mors fu et enfouis en
l'eglyse ù il avoit establis moines, qui par devant les
chanoines estoient. Moult furent dolant li Normant " ;
et che fu drois et raisons, car moult avoit esté preu-
dom. Et che fu Tan de l'Incarnation m. et .xxxvi \ Ri-
chars ses fils remest ses hoirs ; boins chevaliers fu, et
moult ama'^ pais ; mais deables , qui toz jors engigne
comment il poroit nuire au monde, esmut Robiert
son frère à guerroier encontre lui. Il" se mist dedens
le castiel de Faloise , et le garni encontre son frère et
son segnor; mais ses^ frères s'en ala o grant ost sor
lui, si l'assist dedens. Quant moult i ot assailli, Ro-
biers se repenti de sa folie , et cria merchi à son frère ;
et ses frères li pardonna son raautalent, et lors se con-
cordèrent en boine pais. Cil dus Richars ot .i. fill, [qui
Nicholes ot à non,] ki de primes fu moines à Fes-
camp, et puis abbés de Saint-Owain à^ Ruem ; et si fist
faire l'eglyse , et moult l'amenda et crut. Puis moru ,
et fu enfouis devant le maistre-autel. Ne demoura gai-
res apriès la concorde ke li dus avoit faite à son frère
que il s'en vint à Ruem et moru là, et si fu enfouis
jouste son fill el moustier Saint-Oain; et si dist-on
' Oiant. • — ' N. de sa morl. — 'P. Anno Incarnationis millesimo
.xx''.vr, — < C. M. anioit. — ' Qui. — *• Li. — ' Saint-Oain de.
54 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
que il fu envenimes en l'an de l'Incarnation .m. et
xxxvij. ans. Et' Robiers ses frères fii fais dux apriès
lui. Moult fu vaillans et preus et ama Diu moult dure-
ment; mais de primes crei-il le consel des jouenes
gens : par coi il assist" l'archevesque Robiert dedens
Evreus ; et puis l'enchaça-il en France , ù il s'en ala au
roi, et si mist Normendie en entredit^ Ne deraoura
gaires apriès que li dus le rapiela , et si li rendi quan-
ques il li sot demander, et puis fu-il toz jors ses consel-
liers. Guillaumes, ki cuens estoit deBlois, tenoit lors
le castiel de Lanson, que il voloit osier de la segnorrie
le duc ; et moult s'en pena. Li dus ala sor lui à ost et
l'assist , et tant le destrainst que il issi nus pies de la
ville, une siele portant sor son chief; et si faiteraent
vint au duc crier mie[r]chi : li dus li pardonna son
mautalent, si li rendi le castiel; et quant li dus s'en fu
repairiés en sa tierre, ne demoura gaires apriès que li
cuens envoia grant ost sor Normendie. Et en celé clie-
vauchie envoia ses .ij. fils, dont li uns avoit non Ro-
biers, et li autres Fouques. Li dus , qui lor venue sot,
ne fu mie esbahis; ains manda ses chevaliers et ses haus
homes, si lor vint à l'encontre; et tant avint que il se
combatirent à Bonent '. Tant dura la batalle que Fou-
ques i fu ocis, et à grant paine eschapa Robiers àpoi
de gent : par coi li cuens Guillaumes s'anmuçonna ^ et
morut de duel. Puis avint que Hues, li fds au conte
Raoul , ki evcsques estoit de Biauvais ', ala à Evreus et
garni le castiel por chou que il le voloit tenir encontre
' E. .M''.xx"'.viij''. — ' A. son oncle. — ' 1\. cnliedil. — "* Bovout.
— 'Sanmesla. — '^ Haieuwes.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 55
le duc ; et si s'en ala en France querre chevaliers qui
li aidassent à guerroiier.
Li dus, qui chou sot, prist sa gent et ala la ville
asseoir, si que li evesques ne pot entrer en la ville
quant il repaira. Quant li evesques vit chou, moult fu
angoisseus et destrois por sa gent ki estoit dedens, et
manda pais au duc dès chi qu'il en seroient issu et k'il '
les enferoit issir. Il li otria, et puis ot li dus le castiel
tout garni. En cel tans requist li cuens Bauduins de
Flandres le roi Robiert de France que il li donnast sa
fille avoec " Bauduin son lill, et li rois li otria, et li
cuens ^ l'enmena petite en bierc en Flandres. Quant
elle fu grande , li enfès l'espousa , et puis chaça-il son
père fors de la tierre; et li pères, quant il vit che que
ses fils li faisoit , il vint crier merchi au duc Robiert
por avoir s'aïe. Li dus en ot pitié; si prist ses gens
et assambla toute s'ost et son pooir, et ala Flandres
destruire. Tant ala destruisant et ardant que il vint à
•j. castiel que on apieloit par non Chiot ^ : il l'arst et
toz cels qui dedens estoient. Quant Flamene virent
chou, il lassierent le fill par force. Puis manda li fils au
duc et proia que il le concordast au père , et li dus si
fist; et quant il ot mise pais entre els, si s'en repaira
en sa tierre. En cel tans moru Robiers, li rois de
France : Henris ses fils fu rois apriès lui. La roine sa
mère Constance le haoit ; si voloit que Robiers ^, qui
dus estoit de Borgoigne, fust rois : et por chou ala li
rois ** à Fescamp-sor-la-Mer por avoir l'aïe dou duc
' Et il. — 'A oés. — ' Et il li donna, et cil. — < Chioc. — * R., ses
autres fils. — * Li i-. Henris.
56 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
Roblert. 0 .xij. chevaliers tant seulement ala li rois
parler al duc Robiert ; moult piteusement li requist
que par la foi que il li devoit ke il li aidast encontre
Robiert sen ' frère et encontre sa mère , qui deshireter
le voloient. Li dus envoia au conte Maughier de Cor-
bie por avoir son consel; il estoit ses oncles. Si li
manda li dus que il arsist et destruisist toute la tierre
à cels qui encontre le roi seroient, et ki aideroient au
frère et à la mère. Li dus entra en France et fist tant
ke, maugré le frère et la mère, repairierent tout" à
la volenté le roi. Puis avint que li dus ^ Alains deBre-
taigne vaut guerroiier le duc; mais li dus ala sour lui,
et fist .i. castiel sor l'aighe de Coisnon, que on apiele
Caroges. Puis arst et destruist la tierre au duc, et s'en
repaira. Li dus Alains s'en vint' sour Normendie;
mais Ingel de Coustent et sa gent^ li furent à ren-
contre sour l'aighe de Coisnon. Tant i ot ocis des Bre-
tons comme se che fussent brebis.
Li dus Robiers manda à Olein ^ le roi d'Engletierre
que il lassast le règne d'Engletierre à ses cousins,
qui droit hoir en estoient, Alvré et Heudré et Evrart %
que il moult amoit; car il les avoit tenus entor lui à
ausi grant hounour comme se il fussent si frère u si
fin, apriès le mort lor père : si ne lor poroit falir. Li
rois respondi que il n'en feroit riens. Quant li dus oï
chou, il fist aparellier grant navie, et s'en ala à Fes-
camp-sor-Mer o toute s'ost et o tout son pooir. Quant
la navie fu aparellie, il vaut aler sor Engletierre; mais
' E. son. — ' Suut tuit repairié. — ' Li quens. — * Li quens A. re-
vint. — ' Et Alvrés. - • Chenu. — ' Euwart.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 57
tormente leva trop grans : par coi il ne porent passer;
et si les chaça es illes de Gemesies, et à moult grant
paoïir arrivèrent. Che faisoit Dex por Evrart, car il '
voloit ke 11 euust le règne sans bataille. Là demou-
rerent lonc tansj mais quant li dus vit que il ne po-
roient avoir tans por passer, si ' s'en repaira et arriva
dejouste le mont Saint-Michiel. Lors commencha à
assaillir Bretaigne de .ij. parties; mais li cuens Alains,
quant il vit chou, il apiela l'archevesque Maugliier,
qui oncles estoit à l'un et à l'autre : chil les concorda ,
et si jura sor sains li cuens Alains que il et si hoir se-
roient dès ore mais à le volenté le duc; puis s'en re-
paira li dus en Normendie. Si ne demoura gaires apriès
que li rois Chenus d'Engletierre li manda que, par
amors et par concorde, donroit la moitié del règne
as .ij. fils Heudré ^. A celé fois ne s'en pot U dus entre-
metre, car en pensé avoit d'aler ançois en Jherusalem.
Il apiela l'archevesque Maugier son oncle, et li conta
son afaire; et, par son consel, fîst-il de Guillaume son
lîU, qui bastars estoit, son hoir; et si li fist jurer feuté
de toz les barons de la tierre et de toz ses autres homes ,
ki moult estoient dolant de son proposement. Li dus
enprist son oirre, et lassa celui Guillaume duc de
Normendie, qui jouenes estoit; mais, selonc son aage,
moult estoit preus et vaillans. Nus ne sauroit dire les
biens que li dus fîst en la voie de Jherusalem. Quant
parvenus fu au Saint-Sepulcre, .viij. jors i demoura;
et cascun jour aloit orer devant le Saint-Sepulcre et
plouroit de moult boin cuer, tout adiès '^ la moitié del
' Kuwait, qui. — ' T., si. — ' Le roi H. — ^ A priés de.
58 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
jor tlisolt en plourant ses orisons. En son repaire-
ment s'en vint à une cite qui est apielée Niche ' : là 11
prist maladie , si moru et fii enfouis en la tierre, en * la
mere-eglyse. Moult fu plains de là mer et de chà, si
dut-il bien estre. Dex li face merchi ! Amen ! En l'an
de l'Incarnation .m. et .xlv. ans.
Ses fils Guillaumes tint la tierre apriès lui ^. Dès
primes ot grant travail et grant paine : ses lignages
le guerroia , qui grant desdaing ^ avoit de chou que il
estoit dus et bastars. Li baron s'entre-guerroierent,
et fremerent castiaus 11 .1. encontre les autres : dont
il avint que Hues de Mont-Fort et Jakelins de Fer-
rieres s'entr'oclsent de guerre. Puis refu ocis 11 cuens
de Deu^ qui Gillebers avoit non, et puis Teroldes*^ qui
maistres estoit de l'enfant. Puis refu ocis Obiers ^ ki
plus grans maistres estoit à l'enfant; et fu ocis el val
de Rueil en dormant , de Guillaume le fill Rogier de
Montegny ^ Chil Obiers estoit fils del frère la con-
tesse Gomor ''. Puis crut moult durement et la guerre
et li maus ; tant monteplia la guerre que 11 rois Henrls
de France manda au duc Guillaume que jà à lui n'aroit
amour ne pais tant comme Tlulieres tenlst en estant.
Li rois l'assist, et puis prist parlement au duc; et 11
dus 11 otria à abatre le castiel , par si que il ne fust
refais devant .llij. ans. Puis ne demoura gaires que 11
rois par 1 enortement as Normans entra en Normendle,
et arst Argentuel '", et refist Tlulieres encontre son
' Nique. — ' E. en. — ' T. terre, seulement. — " Qui d. — '^ Li queus
d'Eu. - * Tlieroldes. — ' Osbers. — ' Mont-Gomcnn. — " Gonnor.
— '" Arnenlnem.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 59
couvenaiit , et s'en râla en France à toute sa grant
gent.
Constans d'Englos ', 11 cuens des Coustentinois, se
torna encontre le duc, et si garni de chevaliers fran-
çois Faloise. Et 11 dus le "^ prlst et escllla Constant ^ ;
mais 11 le racorda au duc Rlchars ses fils , qui moult
lolaument l'avolt siervi, et si 11 fu rendue sa tlerre.
Li archevesques Robiers moru, et Maughlers li frères
le duc Robiert fu archevesques, qui oncles estolt au
duc Guillaume; car 11 secons Rlchars, 11 frères Gom-
mor^, quant Juele sa feme fu morte, prist Pavie, de
cul 11 ot cestui Maughler et Guillaume d'Arches. A
celui Guillaume donna 11 dus Gulllaumes la conté de
Thalou ; et il aprlès che s'enorguelll et desdaigna à
siervir, et fîst en son le mont de Bolsart .1. castiel et
le garni des chevaliers de France. Li dus Gulllaumes
fist faire au plé del mont .1. autre castiel, qui tant
destralgnolt l'autre ke il n'osolent fors issir, et tant les
destrainst que vltaille leur failli. Li rois Henris vint de
chl à ^ Saint-Aubin, et la gens le duc fîsent .1. embus-
chement priés de Saint-Aubin, ù il ocisent Engher-
ran le conte d'Abbevllle ; et si 1 fu pris Hues Bardons
et grans partie de la gent le roi. Li rois mist viande el
castiel, et pul[s] s'enala; mais puisrendl chil Gulllaumes
le castiel par famine ; et s'en fui escilllés , o sa feme ,
qui estolt suer le conte Guion de Pontiu ; et si s'en ala
en Boulenois à Wistasse^ le conte de Boulolgne, ki
sires estolt del pais; et puis fu-il de la raaisnie le duc ^
' Tostains de Glos. — ' L'assist et. — ^ Tostaia. - ^ Gonnor. —
^ Tressi qu'à. — * Ustasse. — ' Le conte.
60 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
jusques à tant que il morut. En cel tans morut Chenus
li rois d'Engletierre ; Heraus ses fils, que il ot de soi-
gnant , ot le règne. Evrars , quant il chou sot , s'en ala
à Norantonnc ', ii li Englois se combatirent à lui ; et il
arst et prea chou k'il trova sor la marine, et puis s'en re-
paira en Normendie. Puis s'en ala Alvrés ses frères en
Engletierre, et si passa à Wissant'* en Engletierre. Li
cuens Gomes l'en mena à grant joie herbregier, et si li
iist grant hounor et samblant ' de grant amour : Judas
fu ; car la nuit le prist et si le lia, et lui et sa gent , et
les envoia à Londres au roi Héraut. Li rois fist toz ses
compaignons ocirre, et si fist Alvré mener à Hely, et
il li fist les ielx crever, par coi il moru.
Assés tôt apriès che moru li rois, et Mardocheus *
ses frères fu rois. Chil fist de Normendie venir à soi
Evrart , ki estoit ses frères de par son père ; et parti-
rent entre els lé règne. [Puis assés tost morut Mardeche-
nus, etEuwars ot tout le règne.] Cil Evrars par consel
pardonna au conte Corne" son mautalent, et si prist à
feme Ydain sa fille ; mais onques à lui ne jut. Un jor
demanda li cuens à sa fille por coi elle n'ençaintoit, et
elle respondi ^ à son père : « Sire, che seroit mervelle,
car je ne sai que hom set ^ faire, ne onques ne le soi. »
Li cuens, quant il oï chou, si cuida bien ke li rois le
haïst por l'amour de lui et por la mort ** Alvré son
frère. .L jor, apriès chou , avint que li rois et li cuens
chevauçoient coste à coste, et uns garçons errans à pie ^
■ Od grant gent à Hantone. — ' De Winsant. — ^ Et si li f. s. —
♦ Mardecenus. — * Gome. — ^ ]\. tantost. — " Puet. — * L'amor.
— ^ Esioit devant cls, qui.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. CI
s'abuissa de l'un de ses plés et a poi k'il ne chaï ;
mais il se retint de l'autre. Li cuens Gommes, ki le
vit, dist tantost : « Ore ot mestier li uns pies ' à l'au-
tre. » Li rois, quant il loi", si dist après che : « Ausi
m'eust Alvrés mes frères mestier, se il vesquist. » Et
quant li cuens oï chou, puis ne sonna mot, dès que il
furent herbregié; et quant il se sisent al raangier, li
rois et li cuens Gomes, li cuens prist .i. morsiel , si
dist au roi : « Sire, vous me mescrecs de la mort
vostre frère ; mais si puissé-jou passer cest morsiel ,
que jou en sa mort coupes n'oi ! » Il mist le morsiel en
sa bouche , si estrangla et moru ; puis fu cuens Heraus
ses fîus. En cel tans prist li dus Guillaumes à feme la
fille le conte Bauduin de Flandres, la nièce le roi Henri
de France; et si en ot .iiij. fius : Guillaume, Robiert,
Richart et Henri, et .iiij. filles. En celé boine pais ù
INormendie estoit adont fu sainte Eglyse en grant
hounour, et faisoient li haut home eglyses et abbeyes,
et donnoient rentes à cels qui le siervlce Diu faisoient.
Li dus Guillaumes fonda l'abbeye de Saint-Vigor de
Cerisy et Saint-Estievene de Caam , et Mehaus sa
feme celi de Sainte-Trenité. Ces .ij. abbeyes fist li dus
par le consel l'apostole, pour chou que il ne se depar-
tesist de sa feme, qui sa cousine estoit. Guillaumes li
fils Robert fonda Lyre et Cormellyes \ Rogier de
Biaumont li fils Henri ^ de Wieles fonda à Praiaus, en
sa tierre , une abbeye de moines et une autre de non-
nains. Rogiers de Mongomeri en fist une autre à Sains ^
■ Frère. — ' Fist Lire et Cormeilles. — ' Hainfroi. — < Mont-Go-
iiiori, une à Sais.
62 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
dehors les murs, et une autre en sa tierre à Touart ',
et une autre de nonnains à Ammanetes \ Lieceline la
contesse d'Eu fonda ^ Saint-Pierre sor Divc, et une
abbeye de nonnains delors la cité de Liesies ' ; Robers
li cuens de Deu^, Saint-Michiel des .iij. Pors; Rogiers
de IMortemer, Saint-Victor; Richars li cuens d'Evreus,
Saint-Sauveour à Evreus ; et à Ruem, Sainte-Trenité-
el-Mont; Robiers, li cuens de Moretuel , Crestegny';
Hues, qui puis lu cuens de Ciestre, Saint-Sever ; Bau-
duins de Rivières, celi de Montebroc ; Nigel, li y'is-
cuens de Coustentin , fist Saint-Sauveour ; Guillaumes
Talevas li premiers , Sainte-Marie de Lunloy ; Raous
Tassons et llerviux% Saint-Estievene de Fontenoy ;
Raous de Trovi , Saint-Estievene de ^ Castellon.
Rolles, qui la tierre conquist, donna à Ruem et à
Evreus et à Bayeus et à Saint-Oain de Ruem et à
Saint-Pierre deGemeges et au Mont-Saint-Micliiel et as
sains '* de France grans rentes. Richars li fils Guil-
laume , fonda Tabbeye de Fescamp. Li secons Ri-
chars list l'abbeye de Saint- Wandrille. Ludis sa feme
celi de Bernai. [ Li tiers Richars morut jouenes.]
Robiers ses frères s'en ala en Jherusalem ; mais ançois
commencha-il l'abbeye de Cyrai. Robiers de Grente-
Maisnill '° et Hues ses frères et Guillaumes relisent
l'abbeye de Saint-Evrolert.
Li rois Henris de France , quant il sot que Guil-
laumes d'Arches avoit le castel rendu et qu'il s'en
■ Troart. — " Aumanethes. — ' F. manque. — '' Liesewies. — ' Li
quens (l'Eu. — *■ Gresteigai. — ' Heriveus. — * Tooni, Saint-Piero dcl.
— ' Et à Sainl-Denis. — '" Grentes-lVIaisnil.
ET DES ROTS D'ANGLETERRE. 63
estoit fuis , il ala ' eii INorraendie o graiil ost o Joffroi
Matel '; mais sa gens fii desconfîte à Bremule-lès-
Morteraer. Puis frema li dus Bretuel encontre Tiu-
lieres, que li rois de Fiance li avoit tolu% et si le bailla
à garder à Guillaume le fill Obert. Chil Guillaumes li
fils Obert estoit preudom et loiaus, et moult aida le
duc encontre les Englois : par coi il ot la conté le
conte de Hierefort et grant partie d'Engletierre. Pus
fu-il ocis en Flandres, de Robert le Frison. Euras ^ li
rois d'Engletierre n'ot nul enfant , si establi son hoir
dou duc Guillaume par l'archevesque Robiei-t de Can-
torbyre, ke il i envoia. Et puis^ envoia-il por sa feuté
jurer Héraut le plus poissant des Englois [; et por
chou qu'il estoit li plus poissans des Englois li en-
voia-il]. Et chil Heraus dont je vos di estoit fils
Godin , que li cuens Guis d'Abbeville prist en Pontiu
ù il arriva ; mais il le rendi au duc. Lors jura le duc
la feauté de la couronne li cuens Heraus ' sor les reli-
ques de sainte Cande, et si li bailla Hunaut son frère
en hostages ; puis s'en râla en Engletierre, et li rois
Evrars moru assés tost apriès ^ . Heraus encontre son
sairement se fist couronner, et si fist garder les pors.
Li dus Guillaumes s'apparella d'aler en Engletierre ;
maisConains li dus de Bretaigne aparella grant ost, et
si manda au duc Guillaume que il voloit avoir Nor-
mendie comme son hiretage; car li dus n'i avoit droit.
Li cuens Connains assist Castiel-Gontier en Ango ;
illueques fu envenimés d'un sien sergant : par coi il
' Il entra. — ' Joifroi Martel. — ' Toloite. — " Ewars. -- ^ Et p. i.
— "^ G. H. — 'A. manque.
64 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
moru. Lors ala H dus Guillaiimes en Engletierre o
ses Normaiîs et o toz cels ke il pot avoir. Quant il
sot que li cuens Connains estoit mors, il se parti de
Saint-\\aleri, si arriva à Penevesel. Là fist-il .i. cas-
tiel et .i. autre à Hastingues, ù li rois Heraus se com-
bati à lui par .i. semmedi ; et sachics ke li rois He-
raus fu desconfis en celé bataille; si ne sot- on que
il devint, se par diaines non. Moult pierdi de sa
gent, et li remanans des Englois s'en fui; et li dus
les porsiui tant ke, quant li dus' repaira el camp,
il lu mienuis. Et apriès chou, s'en ala-il à Waulin-
gefort '' . Li Englois qui dedens estoient s'en issirent
encontre lui à bataille, si en i ot moult d'ocis. Puis
s'en repairierent li Londrois , et si fu li dus cou-
ronnés à Londres le jour dou Noël. Et apriès che,
fist-il une abbeye de Saint -Martin là ù la bataille
ot esté.
Puis s'en repaira Guillaumes li noviaus rois en Nor-
mendie, et si en fist duc Robiert son fill; et puis s'en
râla en Engletierre, ù il escilla ^ une compaignie d'ul-
laghes qui ocirre le voloient. En cel tans moru Ma-
rilles % li arclievesques de Ruem , et Jebans fu arche-
vesques. Estievenes li cuens de Bouloigne passa en
Engletierre par nuit par le consel des Englois, et si
assist Douvre ; mais chil dedens s'en issirent et se com-
ba tirent à lui , si le desconfirent et partirent del siège.
Et apriès chou, li rois Guillaumes s'en vint en Nor-
mendie , si moru à Ruem ; et fu portés enfouir à
Caam, à l'abbeye Saint-Estievene que il avoit faite;
' Ouniil il s'en. - ' Walingefort. — ' F.t e. — " Maurilles.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 65
et sachiés ke il fn enfouis moult richement. lïenris
ses fils fu à sa mort , et Guillaumes ses ainsnés (ils fu à
son entièrement; et puis passa mer, si vint en Engle-
tierre et se fist couronner à roi. Robiers, qui dux fu
de Normendie , donna à ' son frère le contée de Cons-
tentin; mais puis li retoli-il*. Li Mansiel ne vaurrent
plus iestre soz le pooir as Normans, si lisent lor segnor
de Liede^ de la Fleke, et si li fîsent prendre une nièce
le conte Robert ^ del Mans. Li dus Robers de Normen-
die s'en ala en Jherusalem ; et la ducoise engaga au roi
Guillaume son frère , ki rois estoit d'Engletierre et ki
lors ert en la Marche , le castel de Gysors. Et li dus
Robiers, ki outre mer ala , le ^ fist moult bien à la con-
queste d' Anthioce et de Jherusalem, là ù il fu. Chil rois
Guillaumes, ki lors estoit rois d'Engletierre, estoit "^
rous de poil : par coi on l'apieloit le roi Rous. Il fist
defors Londres, dejouste l'abbeye de Wemoustier ',
une des plus rices sales del monde. Ancois k'ele fust
parfaite, le vint veoir, si le blasma moult durement;
ses gens li demandèrent por coi il le blasmoit, s'ele
li sambloit estre trop grans. «ParDiu! dist li rois,
chou n'est nulle chose : elle est trop grans à chambre,
et trop petite ' à sale. » Puis apriès chou , prist talens
au roi de tenir une grant court à une Pentecouste en
sa nouviele sale; bien vist k'ele ne poroit estre cou-
vierte devant la Pentecouste. Or oiiés que il fist : tou-
tes les escarlates de Londres fist prendre, si en fist
■ R. fu d. de N., qui d. à Henri. — ' M. il li r. — ' Helie. — * Her-
bert. — ' Li d. le. — ^' Fn. — " Waimousticr sor l'aiglic de Tamise.
— * Et t. par est p. ot estroite.
6G HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
couvrir sa sale; et tant comme la fieste dura, fu-elle
couvierte d'escarlate. Moult fu chll rois larges et vail-
lans ; mais trop deshiretoit volentiers la gent : de chou
ert-il trop mal entechiés. Il (ist maint mal à sainte
Eglyse et as clers, et meismement as abbeyes, que il
apetisoit de lor tierres et de lor rentes. Une nuit li
avint une avisions, si li sambloit k'il ert en une cha-
piele toz seus et si veoit .i. crucefix jesir sour l'autel.
Il avoit tel fain, che li sambloit, que il ne savoit que
il peust faire; et si avoit moult grant talent de
mengier .i. des pies au crucefix. Lors venoit au cru-
cefix ke il veoit là jesir, si comme il li sambloit, si
li mangoit ini des pies ; et apriès chou , avoit-il en-
core gregnor fain : si li mangoit l'autre pie ; et apriès
chou, avoit-il encore gregnor fain que devant : si li
mangoit une main , et encore n'estoit pas sa famine
estanchie ' : si li voloit mangier l'autre main; mais
li crucefix hauçoit celé main, che li sambloit; si le
feroit en mi les dens, si ke deus l'en abatoit. Li rois
s'esvella , si se trova tout sanglent; et ses .ij. dens, si
comme il le songa , trova cheus.
Lendemain conta li rois celé avision à l'evesque de
Winciestre, son confiessour, ki li esponst en tel ma-
nière com vous ores. «La capiele , dist li evesques,
est sainte Eglyse; li crucefix qui estoit' sour l'autel
est Jhesu-Crix qui cascun jour i est couciés et levés, sa
mors et sa passions i est recordée ^ quant la messe est
dite ^ ; cui menbres tu mangues, quant tu ses clercs et
' Estainte. — ^ Gisoit. — ^ I. est sor l'auteil mis et c. et 1. — ^ T est
chantée, sa ni. et... recordée.
Eï DES ROIS D'ANGLETERRE. 67
ses amis • qui son siervice font apetises de lor tierres et
de lor rentes , quant tu o eus vas prendre conrois et
herbrcgement ; mais, se tu ne t'i regardes', ta vie ape-
tisera , qui par les dens que tu as pierdus est enten-
due. )i Et quant li rois oï parler l'evesque ensi faite-
ment, il le torna gas et dist que il estoit cousins as
clers. Et apriès chou, ne demoura gaires que li rois
chaçoit en une noeve foriest que il avoit fait faire ^ de
.xviij. parroces ke il destruites en avoit. Là fu li rois
ocis par mésaventure, d'une sajete dont Tyreus'* de
Pois, ki o lui estoit, cuida ferir une bieste; si failli à
la bieste et si feri le roi , qui outre la bieste estoit.
Ensi moru li rois , comme vous avés oï. Et en celé fo-
riest meismes si hurta ensi faiteraentRichars ses frères
à .i. arbre que il en moru. Et de chou dist-on molt
que Dex le fist pour chou que il avoit les perroches
ensi destruites et essorbées^.
Comment Henris li frères le roi Guillaume fa •
couronnés à Londres^,
Henris li frères le roi Guillaume fist le cors dou
roi son frère porter à Winciestre. Là fu-il entières el
moustier Saint-Piere de la Hyde devant le maistre-
autel. Puis s'en ala à Londres et fu couronnés à roi de
l'archevesque Antiaume' deChantorbire. Et puisprist-
il à feme la fille le roi d'Escoce , ki Mehaus avoit non ;
' C. et ses evesques et ses abés et ses nioinnes. — " T'en gardes. —
' Il meismes avoit faite. — '' Tirels. — * Et chou dist-on moult eu plui-
sors lius que ce fu por le pecié des parroces que il avoit destruites.
— *^ Cette rubrique manque dans le mx. de S. -G — ' Ansiaunie.
08 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
dont il ot .i. fill, Guillaume, et une fille, Mehaut, ki
puis fu marie à l'empereur d'Alemaigne ki Henris
a voit non. Ele fu couronné à .i.' jour de le lieste Saint-
Jehan à Maience, de l'arclievesque de Couloigne. Et
puis avint que Guillaumes, li lils au roi Henri % s'en
vint à Barbeflue; car il voloit passer le mer et aler en
Engletierre. Et tormente le prist, si fu noiiés et de-
vourcs des pissons de mer ', et moult d'autres qui o lui
s'en aloient^ : dont grans damages fu et grans pitiés \
Et en lui fu avérée la prophecie Merlin, ki .v*^. ans de-
vant et plus ot esté dite; car il dist ensi : « Li chaiel
au lyon des illes seront mué en poissons de mer. » Il
apieloit le roi Henri Ifon^ et bien i ot raison; car à
son tans ne fu nus plus fors rois de lui , plus poissans
ne plus doutés.
Puis repaira li dus Robiers de Jherusalem assés tost
apriès le couronnement son frère, et si refusa la cou-
ronne de Surie. Quant il fu revenus en sa tierre, assés
tost apriès passa la mer ; si vint en Engletierre pour
tolir à son frère la tierre ; mais il se concordèrent en
tele manière que li rois Henris donroit cascun an à son
frère .iiij™. mars d'esterlins*'. Li dus Robiers s'en re-
paira apriès chou en Normendie; si ne demoura pas
grantment que il s'apparella comme por guerroiier
son frère; mais li rois, qui dire l'oï, passa la mer et
s'en vint à toute s'ost et à tout son poolr ' en Normen-
" A empeerris le. — ' Li (ils le roi. — ' Les six mots précédents
manquent dans le ms. S.-G. — * S'en alerent. — ^ Le reste du para-
graphe manque dans le ms. S. 'G. — '' M. d'argent. — ' S'en v. od t.
son p.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 69
die, et prist moult lost la cite de Bayoes ' et Caam.
Puis assist li rois le castiel de Mortemer; et quant il
l'ot pris, si s'en ala versTenecbray% ù li dus Robiers
assambla à lui. Et avint ensi en"' celé bataille que li
dus i fu desconfis et pris; ne onques li rois home n'i
perdi, et de l'autre part i ot ocis .Ix™. homes. Lors ot
H rois^ toute Normendie, et le prist et tint^ en
sen demaine; si s'en ala en Engletierre arrière , et i
envoia*^ ses prisons, et les tint tant que il en sa prison
morurent. Li dus Robiers moru à Bristou en la pri-
son le conte Robiert de Glouciestre son neveu, à cui
li rois l'avoit cargié à garder; et si fu enfouis, cpiant il
fu mors , en l'eglyse Saint-Piere. Quant li empereres
Henris d'Aîemaigne fu mors, li rois Ilenris d'Engle-
tierre envoia por Mehaut sa fille, et ii fist jurer feuté
et homage des ' barons d'Engletierre et de Normen-
die; puis le donna-il à feme à Joffroi Marchel* le
conte, ki fu fils le conte Fouque d'Anjou, qui de li ol
.iij. fils : Joffroi, Henri et Guillaume. Li rois Henris,
quant la roine Mehaus fu morte, prist à feme Aaîis, la
fille Godefroi le duc de Louvaing, la cousine ^Vis-
tasse^ de Bouloigne ; mais n'en ot nul enfant. Si ot-il
de bas .\'y fils et .\ij. filles. Li ainsnés des bastars fu Pio-
biers, à qui il donna Sébile, ki fu hoirs de tierre, et
fu fille le conte Robiert Haymon'° et nièce Roliiertde
Montgomeri , et si estoit li chiés de son linage. Ses
hiretages fu Thoenis et la Marche de Beessin. Et si
' Bealvais. — ^ Tenerchebrai.^ — ' De. — " Li r. Henris. — ' Et le t.
— * A., si enmena. — ' Feelté as. — * Martel. — ^ Le conte Ustascio.
— '" Hamon.
70 HISTOIRE DES DUCS DE INORMANDIE
donna encore li rois à cestui Robiert la tierre Haymon
le Despensier, l'oncle sa ieme, et la conte de Leecestre.
Guillaumes fu li secons des bastars; Richars fu li tiers,
qui fu noiiés o son frère. Renaus ', Robiers et Gillebiers
furent sans tierre Mehaus sa fille bastarde fu donnée
au conte del Perche, l'autre" à Connain le conte de
Bretaigne; la tierce, qui ot non Julyane% fu donnée
à Guillaume ^ de Paci ; la quarte à Guillaume Gayet ;
la quinte au visconte de Biaumont; la siste au fill Bou-
chart^ deMonmorenci. La .vij.isme ot-il d'Isabiel , le
serour le conte Galerant de Muellant % et celé ne fu
onques donnée à signour.
Henris li rois d'Engletierre fist en Engletierre plui-
sours castiaus ; et en Normendie fist-il le Noef-Castel-
sour-Dyeppe , que on apiele de Riencort , et Vernuel
et Nuelcort et Buesmolins et Coulemont et Pont-
Ourson^ et encore autres. Il fonda en Engletierre
l'abbeye de Radinghes, et si i mist moines de Clygni ** ;
et à Cicestre ^ une de Saint-Jehan ; et en Normendie
Sainte-Marie-del-Pré, que sa mère avoit commencie.
Il aida moult à faire l'abbeye de Clygni, et Saint-
Martin-dcs-Chans de Paris ; et si fist faire l'ospital
Saint-Bernart des Mons-de-Mongeu '% et i donna ren-
tes. Al Temple donna-il une ville Ruem ' ' , que on apiele
Yille-de-Diu. Il refist l'eglyse d'Evreus, ki avoit esté
arse de sa guerre et de le guerre le conte Amaurri.
• Uainnaut. — "La seconde des filles fu donnée. — ^ La t., Juliane.
— " Ustasse. — * Boscart. — '' Meulent. — ' Driencourt, et Vcrneil et
Nonencort et B. et Coleniont et Pont-Oison. — ' Cluingni. — » Ciestre.
— '° .Mon-jiii. — ' ' En Evrecin.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 71
Cil rois llenris morii en la foriest de Lyons à le Saint-
Denis ' ; et si fil portés en Engletierre enibuir en ' l'ab-
beye ma dame Sainte-Marie de Radinj^lies, que il avolt
faite. Il moru sans fiU de loial espouse ', mais JolFrois
li cuens d'Ango, ki moult estoit fel et crueiis, avolt à
feme Meliaut sa fille, ki emperrels d'Alemaigne avolt*
esté; et celé estoit ses drois hoirs. Quant 11 rolsHenris
fu mors , li baron d'Engletierre envolèrent enAngo à
Meliaut l'emperreis, si 11 mandèrent que ses pères es-
toit mors , et, s'ele voloit venir en Engletierre sans le
conte son segnor, il le rechevroient à dame et li don-
roient la couronne ; mais le conte son segnor ne reche-
veroient-iP en nulle manière^, car trop estoit fel et
crueus : si ne se vaurroient pas raetre en sa subjection.
La roine ' respondi as messages k'ele jà sans son segnor
n'i porteroit les pies ne jà roine ne serolt se ses sires
n'estoit rois. Et quant 11 message oïrent la response
l'emperreis, il s'en repairierent en Engletierre, et
contèrent as barons sa response. Estievenes ses niés , li
cuens de Moretuel et de Bouloigne , quant il oï les
novieles de sen ayoul qui mors estoit, et que s'anle
l'emperreis n'i voloit aler sans le conte son segnor, et
li Englois ne 11 vololent tenir ^ à segnor en nulle ma-
nière, auques par la volenté des Englois et par lor
mandement s'en vint-il à Wissant^; si entra en une
nef et ses gens en autres plulsors , si passa la mer et
arriva à Douvre , si entra en Engletierre et si se saisi
' A S.-D. — 'A. — ' D'espouse. — * Qii e. a. — ' Le c. ne r.-il à
segnor. — ' Fin. — - L'empeerris. — * Et que ii E. ne v. le conte le-
cevoir. — ^ Winsanl.
72 HISTOIRE DES DUCS DE NORMAJNDIE
de la tlerre , et se fist coroinier à roi par la force de
son frère l'evesque ' de Winciestre et par la voleiUé
des barons, c£ui li otriierent la couronne par tel con-
vent que il lor tenist lor cliartres que li rois Henris
ses ayoes lor avoit données et que il lor renouvelast.
Savés-vous quels cliartres che furent? Quant li dus
Robiers de Jherusalem repaira, et li rois Henris ses
frères l'oï dire, si en ot paour por chou que li dus^
estoit ainsnës de lui et plus drois hoirs del règne : il
proia et requist as barons d'Engletierre que il li aidas-
sent en boine manière^ encontre son frère, par tel
couvent que il devisassent quels loys il voloient avoir ^.
Li baron, comme faus , li otriierent; si fisent escrire
tels Chartres comme il vaurrent, et li rois lor fist
saieler ; mais onques ne lor tint, puis que ses frères
fu mors. Et clies meismes chartres vaurrent li Englois
que li rois Estievenes'' lor tenist et que il lor renou-
velast, et il si fist par si que il soufrissent que il fust
rois et que il li aidassent envers toz cels qui le règne ^
vaurroient calengier. D'ambes .ij. pars fu otroïe celé
chose.
Mehaus l'emperreis qui drois hoirs estoit d'Engle-
tierre, estoit' en Ango avoec son segnor, qui poi
vescui apriès. Quant elle oï dire que li cuens Estie-
venes , ses niés , apriès la mort son père avoit saisi le
règne d'Engletierre, elle entra en Normendie, et ot tost
Dantfront en Passois et Argentuem et les castiaus de
' L'c. Henri. — ^ Li d. ses frères. — ' Cc\ irais tnots manquent dans
le ms. S.-G. — ^ A., et il lor confermeroit. — '' Stievenes. — * R. li.
— ' Fu lors.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 73
Wimois, et si donna grant lierre à Joiel del Maine
pour avoir s'aïe à son liiretage conquerre. En cel
point moru JofTrois li cuens d'Anjo , et Henris ses fius
s'en ala au roi de France Looys j si li list homage de
sa ' tierre, qui fourmorte li estoit de par son père.
Mehaus li emperreis remest veve, et moult fu dolante
de la mort son segnor ; mais por chou ne se targa-elle
onques de guerroiier ne de mètre paine à tout son
pooir de • reconquerra son liiretage. Estievenes li rois
d'Engletierre, quant il oï dire que s'ante li faisoit
guerre ^ en Normendie, il assambla s'ost et passa mer;
si vint en Normendie , et ot si grant gent , que d'En-
glois ^ que il amena , ke d'autre gent , que si anemi
ne l'osèrent ^ atendre en camp. Il chevauçoit par tout
ù il voloit defors forterece. Tant ala li afaires que il
assist le castiel Robiert Bertrau , ke li emperreis te-
noit, ki se tenoit contre '^ lui. Par un jor que li rois
dormoit % avint que doi escuier, dont li uns estoit
Normans et li autres Boulenissiens, commençierent
à estriver li uns à l'autre * por .i. fier de cheval. Tant
durèrent les tences ke il s'entre-ferirent et escuier
commençierent à venir d'une part et d'autre à la mel-
lée. Tant lisent que li chevalier s'en commençierent
à meller et que moult en i ot d'armes , de chevaus
couviers, et d'omes ocis et navrés d'une part et d'autre ^-j
miais li Norraant, ki la force avoient, menoient les
' La. — » A. — '' Tel g. — * Que des E. — ' Ne l'osoient nul liu.
— '■ B., qui se tenoit devers l'empeerris encontre. — ' D. sa meriane.
— * A tencier et à e.ensamble. — » A la melléc. .. d'autre mnnquent
dans le ms. S. -G.
74 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
Boulenisiens moult malement ; car trop avoieiit plus
gent. Li rois, qui dorraoit ', s'esvella pour la noise;
si demanda à ses chamberlens quels noise chou estoit.
« Sire, clie li dist uns siens chamberlens, li Normant
ocient toz vos Boulenisiens là fors. » Quant li rois oï
chou, il demanda ses armes, si s'arma et fist son che-
val couvrir et monta sus , si s'en vint à la mellée ; et
tantost comme il i vint, si l'eri-il le cheval à .i. Nor-
mant par mi les flans, et puis entra en la mellée, si
commeiicha à ferir et à crier : « Tués , tués toz les
Normans, les trahitours ! mar en ' eschapera uns
seus. M Li Normant, quant il reconnurent le roi et il
oïrent chou que il dist et il virent che ke il faisoit, il
se partirent de la mellée ; car pas ne se vaurrent à lui
combatre. Et s'en repairierent ^ à lor tentes , molt
enflé et molt irié. Li baceler normant, qui à la mel-
lée orent esté , contèrent as haus barons de Normen-
die le honte et le despit que li rois lor ot fait ■. Quant
li baron l'oïrent, si le prisent moult en gros, et s'en-
tre-manderent errant par toute l'ost^, et vinrent en-
samble à parlement. La fins dou parlement fu que il
se partiroient dou siervice le roi ne ke jamais lor sires
ne seroit. Tout ensamble s'en Ainrent à la tente le
roi, si li disent : a Sire, mius vaut folie lassie ke folie
maintenue. Nous vos avons tenu une pièce à segnour
par mauvais consel et par mauvais pourpens : se vous
nos en blasmés , vous n'avés pas tort. Vos avés nos
gens batues et laidengies et clamés trahitours. Ciertes,
■ Q. (1. Dtanque dans le ms. S. -G. — ' S'en. — ' Si s'en putircnt à
lor loKt'S. — '' Lor ot ilitc et faite. — ' S'e. taiitosl.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 75
nous connissons bien ke chou est trahisons de falir
son droit segnour ' por estiange home : nous nos
sommes tenu avoec vous encontre no droituriere
dame l'emperreis : dont nos sommes molt dolant et
molt repentant, car bien savons que nos en sommes
molt blasmé à Diu et au siècle ; mais nos ne volons
plus manoir en cest pechié ne en cest blasrae : si vos
disons " tout maintenant sans vml alongement que vos
montés ^ et w idiés l'ost ; car nous ne souferriesmes
en nulle fin que vous plus demourissiés en la tierre ,
se par la volenté de nostre dame l'emperreis '^ n'es-
toit. )) Li rois, quant il oï che , fu moult iriés ; si res-
pondi ausi que par desdaing : « Si ferés viaus hui ;
mais m'i soufeiTcs-vous jusk'à le matin. » Et il ju-
rèrent Diu que non feroient ; et, se il plus tant ne
quant aloit delaiant, il seroit pis. Li rois vit bien
que la force estoit lor ; et si ot grant doute de chou
que il ne le presissent et livrassent à l'emperreis s'an-
tain , ki moult le haoit, se il plus i demouroit sour
lor pois. Il s'arma et fist armer toz ses Boulenisiens et
toz cels qui o lui s'en vaurrent aler, qui armes avoient.
Puis monta , et sa gens o lui , et se partirent de
l'ost.
Li baron de Normendie firent crier " par toute l'ost
que nus des Normans fust ^ tant hardis qui ^ au roi ne
à sa gent fesist ne desist* lait. Puis montèrent et con-
voiierent le roi jusques à la rivière de Blangi ; et
■ Segnorage. — ' Si vos d. que vous. — ' A. ni. — 'Se par l'e.
— ' C. lor bans — *■ ]\e fust. — '' (^ue il. — " Fcisseut ne deissent.
76 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
quant li rois ot passé' la rivière, il vinrent à lui, si
li rendirent tout ensamble lor homages ; après s'en
repairierent'. Quant li rois s'en fu aies, il prisent^
lor message, si l'envoiierent à l'emperreis ; et si li
mandèrent k'ele s'en venist tout seurement en la tierre,
car il le recheveroient à dame. Mehaus l'emperreis,
quant ele oï ces nouvieles , en fu moult lie ; ele s'en
vint en Normendie, ù elle fu recheue à grantjoie des
Normans; elle prist les homages de toz les barons de
la tierre et de toz les fievés. Li rois Estievenes ses niés,
quant il se fu partis des Normans , s'en vint moult en
haste en Boulenois ; mais là ne fîst-il pas ^ grant de-
morée, ains apparella sa navie^, et vint en Engletierre,
et list moult bien garnir ses castiaus et ses forte-
reces^; car il se doutoit moult des Normans et de
s'antain \ Li rois Davis d'Escoce estoit oncles l'em-
perreis Meliaut ; frères fu sa mère. Il et li cuens de
Leuciestre ^ envoi erent à li lor messages en Normen-
die, et li mandèrent qu'ele en venist en Engletierre;
car il li aideroient tant qu'ele auroit la couronne, ki
ses drois estoit.
Mehaus l'emperreis , quant elle oï ces novieles ,
s'aparella moult tost de passer mer comme preus et
vallans; mais ançois fist-elle de Henri son lîl duc de
Normendie, et si li fist faire homage au roi Looys de
' Fu passés la v. et il virent que il estoit fors de la ducée de Nor-
mendie. — " H. ; et puis le deffierent, si s'en repairierent arrière.
Li Norniant. — ^ A., p. — "^ Onques. — ' N., si passa mer. — * M.
tost g. toutes les f. — "Le vis. S. -G. ajoute . L'enipecrris et de
Henri son fd, qui bien estoient cnparenté en Engletierre. — * Lciceslro.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 77
France. Henris fils Mehaut', quant, elle ot fait son
homage au roi Looys, por avoir s'aïe en tel manière
que tout chil de sa tierre ki o lui por sa proiere s'en
vaurroient aler en Engletierre por lui aidier son hire-
tage à reconquerre , et por chou que " il soufrist que
il i alassent, li proumist-il Gisors et Lyons. Li rois li
otria, et li doi castiel furent mis en la main des ^ Tem-
pliers. Puis s'en repaira li dus à sa mère, ki l'atendoit
sour la mer. L'emperreis, quant ses fils [fu] venus,
ne s'atarga plus ^ ; ains entra en mer et passa en En-
gletierre o ses Normans et o ses Angevins, si arriva à
Brustou\ Là vinrent à li li rois d'Escoce et li cuens de
Leeciestre et maint autre baron , si li fisent homage et
sairement. Mehaus l'emperreis , quant elle ot recheus
les houmages de cels qui à li estoient venu , elle se
parti de Bristou et chevaucha par la tierre, et guerroia
moult durement le roi Estievenon son neveu et le cou-
sin son fin. Tous dis chevauçoit l'emperreis avoec
l'ost, et donnoit les mellours consaus et les plus haus;
en toute l'ost n'avoit baron si artillant ne si uiseus de
guerre comme elle estoit , si en estoit moult grans pa-
role par toute Engletierre. Tant dura la guerre entre
li et son neveu que les deus os s'entre-contrerent à
Nichole. Là se combatirent tant que li rois fu ^ descon-
fis et par force retenus et pris'?, et pierdi tout. Por
ceste chose dist-on encore , quant uns hom piert au-
ques , que il piert autant ke li rois pierdi à Nicole; car
il pierdi tout, et si fu menés à Bristou en prison.
' M. l'empeerris. — ' A r., que. — 'As. — * Pas granment. — ' Bris-
tou. — * T fu, - -Et pris par force.
78 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
La roine Meliaus, la boiiie dame', la feme le roî
Estievenon, qui moult esloit boine^ et simple, ne
onques de la guerre ne s'estoit mellée ; ains s'estoit te-
nue en ses chambres moult simplement et moult coie-
ment, quant ele oï les nouvieles de son segnor qui pris
estoit, molt en fu dolente; mais elle ne moustra pas
tout son doel en plors et en larmes, ains ala au trésor
son son^ segnor que il avoit grant, si le départi lar-
glieraeiit. Et manda chevaliers par toutes tierres la ù
elle les pot avoir, si assambla si grant ost k'ele assist
l'emperreis et Henri son fill et le roi d'Escoce et le
conte de Leicestre et maint autre haut baron toz en-
samble dedens la cité de Vinciestre. Moult li aida à
guerroier Henris li evesques de Winciestre, li frères
son segnor le roi ; cliil fu adiès ses maistres conselliers.
.xj. semaines sist la roine devant la cité, ne onques
dedens ces .xj. semaines ne passa uns seus jors que il
n'eust poigneis de guerre à cascune des .iiij. portes de
la cité'. Un jour avint que il i ot poigneis; si i fu
pris li cuens de Leiciestre , et amenés devant la roine
en sa tente. Quant li cuens vit la roine , si ot moult
grant paour, et li cria mierchi et li chaï as pies moult
humlement.
Quant la roine vit le conte ki à ses pies estoit chaiis
et qui li crioit merchi , elle commencha à rire ; si li
dist : (( Sire cuens, par vostre consel vint l'emperreis
en ceste tierre, et par vostre aie est me sires pris. Vous
avés esté moult sages et moult uiseus de nous grever et
' Ces trois mots vinnqiicnt. — ' B. dame. — ' Sic ms. 455.
— * G. as .iiij. p.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 79
d'aidier l'emperreis : or soiiés sages d'aidier vous-
meismes ; car, par celé foi que je doi mon segnour (et
si le me doiiist ' Dex reveir à ma volentc ! ) , a ous ne
raangerés jamais ne bu\erés devant ke je r'aie mon
segnor u que je soie bien seurs dou " r'avoir. » Quant
li cuens oï che sairement que la dame fist, moult ot
grant paour. Par la congié la roine envoia en la cite
à l'emperreis et à Henri son iîll et au roi d'Esclioce ,
si lor manda de cel ^ afaire ; et fist tant che jor meis-
mes que il ot ^ parlement , et fist-on la roine bien seure
de r'avoir son segnor : par coi li cuens ot congié de
megnier^. Mehaus l'emperreis et ses fîls^ envoierent
tantost h Bristou por le roi Estievenon , si fu tous
quites et délivrés por le conte de Leiciestre. Lors re-
commencha la guerre derechief moult crueus , et la
roine Mehaus retourna en ses chambres; ne onques
ains puis ne s'en vaut meller de la guerre, ains en
lassa bien son segneur convenir, puis que il fu déli-
vrés. Moult guerroia durement Mehaus l'emperreis au
roi Estievenon son neveu; souvent fu au deseure et
souvent au desous; mais tant saciés-vous bien k'ele
avoit assés mellour guerre au roi qu'ele n'eust à la
roine. Mehaus l'emperreis, quant elle vit que la guerre
duroit tant , otria toute la droiture k'ele avoit en la
tierre à Henri son fill , et toz ses houmages k'ele avoit
recheus li fist-ele rechevoir; et si li dist ke li '' conque-
sistla couronne, se il peust, et si ^ fust rois. Henrisfîls
Mehaut l'emperreis rechut toz les houmages des barons
' Laist. — ' De lui. — ' M. cel a. — '' I ot. — ' Mangier. — * Con-
sauls. — • Que il. — " P., si.
80 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
qui devers lui se tenoient', par le commandement sa
mère; mais por chou ne vaut-il onques faire riens qui
à grant chose tornast se par son consel non. Molt
l'ama puis tous dis et honnera , ne onques puis en ses
Chartres ne en ses lettres ne en ses bans " ne se vaut faire
apieler fors Henri fill Mehaut l'emperreis. Tant dura la
guerre des .ij.^ cousins que il furent une fois tout appa-
reil ic de combatre devant Walingefort ; mais li eves-
que et li abbé et autre preudome qui là estoient alerent
entre deus, et fisent tant que il les concordèrent en tele
manière ke li rois Estievenes seroit rois toute sa vie, et
apriès"^ auroit Henris fils Mehaut l'emperreis le règne et
si hoir apriès lui. Encore fu-il devisé que Guillaumes, li
cuens de Mortuel, li fils le roi Estievenon, aroit en Nor-
mendie Mortuel et Luideboue"" et autres grans tierres,
et en Engletierre la quarte part de l'eskiechier. Chis
Guillaumes estoit cuens de Boloigne. Encore fu-il devisé
à la concorde que Henris seroit seneschaus del règne,
et par lui seroit justice tenue, et de toutes les rentes
et les eschaances renderoit-il conte à l'eskiechier. Ensi
furent-il puis boin ami tant comme il vesquirent.
Chil rois Estievenes fu moult dous et moult deboin-
naires et moult piteus ^ : par coi il ne tenoit pas ferme
justice, .xviij. ans tint le règne, et puis moru; et fu
enfouis en une abbeye k'il avoit faite, qui estoit ape-
lée Farversent, ki siet sor .i. havene de mer à .vij. liues
de Chantorbire , priés del chemin qui va de Chantor-
bire à Rouveciestre '' et à Londres , et là priés siet uns
■ L. estoient. — •" B. que il faisoit crier. — ' Entre les deus. — '• El
en apriès sa mort. — '' LindeLone. — '^ Prous. — • Rovecestre.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 81
boins passages qui est aplelés Espringes. La roine
Mehaus gist delés lui desous .i. autre marbre.
Henris fils Meliaut l'emperreis , si com vous avés
oï chi devant, se fist couronner à roi sans estrif, et
ot la tierre en boine pais. Il s'en vint en pais en Nor-
mendie, et moult se fist bien de son segnor le roi de
France Looys; et quant li plaisoit, il aloit en déduit
à Paris. En cel tans , avint que li rois Looys se parti
de sa feme Alienor par parentage. Celé dame estoit
hoirs de la duchée d'Aquitaigne : li Poitevin, si home,
vinrent por lui al département à Estampes , et l'en-
menerent en sa tierre ; et si avoit-elle jà eu del roi
son segneur ' .ij. filles, dont li une fu donnée et ma-
riée au conte de Champaigne, et li autre au conte
Thiebaut de Chartres le frère ' le conte de Cham-
paigne. Et quant la roine Alienor s'en fu alée en sa
tierre, li rois Henris d'Engletierre le prist et espousa,
et fu saisis de toute la tierre la dame , et de Poitau et
de Gascoigne et d'Auviergne. Toutes ces tierres prist-
il avoeques li, et s'ot^ li rois de li .v. fius et trois filles.
Li primerains ot à non Guillaumes, ki moru enfès; li
secons Henris, ki au vivant son père fu rois, et prist
à feme Margherite la fille le roi Looys de France , que
il avoit eue d'une autre feme , la serour le roi d'Es-
paigne , que il espousa quant il fu départis de sa feme
la roine Alienor. Encore ot li rois une autre fille de
celé feme meismes, qui fu jurée a Richart le tierc fill
le roi d'Engletierre, ki puis fu rois moult poissans. Li
jouenes rois Henris, quant il moru, n'ot nul enfant de
' De son segnor le r. de France. — " Qui frères estoil. — ' Puis ot.
82 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
sa feme; mais avant cpie il morust, guerria-il son père
por tierre avoir par le consel dou roi de France, et si
avint cpie li rois Looys et li jouenes rois Henris ' assisent
Ruem. Li rois Henris au Court-Mantiel , li pères le
jouene roi Henri, quant il oï les nouvieles de son fîU ki
le guerrioit por tierre avoir, il s'en vint en Normen-
die ; et puis fist tant que il vint k Ruem. Et puis apriès,
quant il vint ' à Ruera, fist concorde au roi de France
et à son fill par si que cascun jor li donroit .c. livres
de tournois à despendre. [Issi se parti li rois del siège.]
Chil rois Henris li jouenes estoit boins chevaliers, et
moult ama boins chevaliers^; larghes estoit sour toz
liomes, et si estoit moult biaus ^ Il mena les Normans
à Senslis, quant li cuens de Flandres destruisi la tierre
le roi Phelippe de France , ki estoit ses serouges ; et ,
por la paour de lui , se concorda li cuens de Flandres
au roi Phelippe de France.
Vous devés savoir que , quant li rois Looys ot ses
.ij. filles otroïes as deus fds le roi Henri , et sa feme,
de cui il les ot eues , fu morte , il prist encore la tierce
feme la serour as deus contes, celui de Champaigne
et celui de Blois, qui ot à non Aie. A ces .ij. contes
ot-il données ses .ij. premeraines filles, que il avoit eues
rie la roine Alienor. De celé Aie ot-il Phelippe , son
fill, et une fille qui fu donnée à l'empereour de Con-
slantinoble. Li jouenes rois Henris d'Engletierre" moru
à Martiaus , ù il estoit ^ entruès que il guerrioit son
* II. et li François. — * Il i fu venus. — ' Estoit moult huensc. — * Le
711S. S. -G. ajoute : Les tornoiciucns antoit et anioit. — * Ce mot
manque dan<! le ms. S. -G. — " Marteaiis viles tout.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 83
père, et si se fist porter à Ruem enfouir. Richars, qui
fu nés apriès lui, ot Ja duchée d'Aquitaine, la tierre
sa mère la roine Alienor. Gofrois, ki fu li quars des
frères, prist en après la fille le conte Connain de Bre-
taigne, et si fu sires de la tierre; et ot de li .i. fdl,
Artu, et une fille, Alienor. Il s'en ala au roi Plie-
lippe de France et fu' senescaus de France, et moult
bien dou roi; mais assés tost moru, et fu enfouis à
Paris en le mere-eglyse. Li quins des fils le roi Henri
fu Jehans, ki sans tierre fu longheraent ; mais puis li
fist ses pères espouser la fille le conte de Gloeciestre,
et ot la contée, et en Normendie li donna li rois ' la
contée de Mortuel. Des .iij. filles que li rois ot fu la
première donnée au duc de Sassoigne, qui Henris avoit
non , ki de li ot .iij. fils et une fille. Li ainsnés des fils
fu ^ Henris , ki fu dus apriès le mort le père ; li secons
des fils ot non Othes , qui puis fu empereres de Rome ;
li tiers fils ot à non Willaumes de Winciestre. La fille
fu donnée au conte del Perche. L'autre fille le roi Henri
fu donnée ^ au roi d'Espaigne , ki en ot fils et filles.
L'une des filles fu ma dame Elance, ki puis fu mariée
à Looys le fill le roi" de France. La tierce fille le roi
Henri fu mariée au roi Guillaume de Sezille ; mais li
rois moru sans hoir avoir de li ; et elle fu puis mariée
au conte Raimon de Saint-Gille , dont ele ot Raimon
sen fill. Et puis moru-ele à Ruem d'enfant, et fu en-
fouie en le mere-eglyse de Ruem; mais ele n'i gist ore
pas, car ele fu puis desfouie et portée à Frontevraut,
■ Et fu ses. — " Li donna- jL — ^ Ot à non. — * Mariée. — * Le r.
Phelippe.
S4 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
ù ses pères et se mère gisent et 11 rois Richars ses frères.
[Celé dame ot à non Jehane.]
Li rois Plielippes de France guerrola moult encontre
le roi Henri, car 11 avolt toutes voies aucuns des fils le
roi Henri en s'aïe et moult d'autres gens por l'amour
de lui '. Quant 11 jouenes rois Henrls yivolt, il li ai-
doit por chou que 11 vololt avoir la tierre de chà mer. Et
aprics celui, Richars, qui' estoit cuens de Poitiers et kl
outre toz les bolns estoit preus et vaillans, refu o le
roi Phellppe encontre son père, pour chou que il vo-
lolt avoir la tierre de chà mer, la duchée de Normen-
dle et toute l'autre tierre. Tant guerroierent le roi
Henri 11 rois Phellppes et li cuens Richars que il pri-
sent le Mans, ke 11 rois Henrls fîst ardolr à sa gent
melsmement. Li rois, quant la ville fu arse, s'en
vint poignant à Chlnon entre lui et sa gent. Cel jor
meismes que 11 rois vint à Chinon amaladl-il , car
il avolt eu trop chaut, et si avolt beu alghe froide :
par coi il moru. Li autre dient que il fu sàncmellés.
Moult fu povres à sa mort , et si fu enfouis à Front-
evraut, Richars ses fils fu de premiers bien dou roi
Phellppe de France, et si fu tantost apriès la mort son
père dux de Normendle; et puis passa en Normendie %
si fu couronnés à roi ; mais savoir poés que au tans
son père avolt eu descorde ^ entre les .ij. rois ; et par
concorde prisent les crois entre le roi Phellppe et le
roi Richart ' pour aller secourre le sainte tierre de
' Celui. — ' En apriès la mort de celui, li rois Ricars qui lors.
— ' En Engleterre. — "^ S. (levés que il à la vie al père avoit eu
guerre. — "^ Les huit mots précédents manquent dans le ms. S.-G.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 85
Surie, que Salehadins avoit novielement conquise con-
tre ' crestiens. Et apriès le couronnement le roi Ri-
chart s'en repaira li rois en Normendie; et tantost
apparellierent lor oirre ambedui li roi , et si jurèrent
à partir lor conqueste et lor aventures. Li rois Ricliars
et li * baron qui avoec lui en aloient prisent lor es-
clierpes et lor bourdons, si s'esmurent, et passèrent
par Provence, et entrèrent en mer à Marselle, et sygle-
rent tant que il vinrent en Sezile. En cel tans fu mors
li rois Guillaumes de Sezile, qui avoit .i. neveu, Tan-
cre% qui par Taie le roi Ricliart se fist hoir de la
tierre; et si acliata à la roine Jehane, la serour le roi
Ricliart, son douaire. Li rois Guillaumes avoit une
serour kl avoit non Coustance, ke llenris li empereres
de Rome avoit espousée, ki estoit li plus drois hoirs
de Sezile. Eii celé voie furent anemi li doi roi par
molt d'ocoisons^. La premières ocoisons si fu que, en-
tiuès qu'il sejornoient à IMlessines, li rois de France,
il et sa gent, furent dedens la ville, et li rois Richars
par dehors. Cliil dedens, par une mellée qui sourst
entre els , veerent la vitaille à cels de l'ost ' par le
commandement dou roi Phelippe, qui moult haoit les
Normans et le roi. Li rois Richars, quant il vit chou
que li François li avoient fait, il fist sa gent armer, et
assailli ^ le ville, et le prist sor François : dont il orent
grant desdaing. Autre ocoison i ot; car li rois Richars "
' Sor. — ' Et luit li. — ^ Tanquere. — * En c. v. pai' moites aven-
tures que deables, qui tous jors s'entremet de mètre les maies se-
mences el monde, f. a. li dui roi. — '' De fors. — * Assallir, — ' I ot tlo
chou que li r. T\. qui.
86 HISTOIRE DES DUCS DE JNOBMAiNDlE
avoit jurée la serour le roi Phelippe à feme, manda la
fille le roi de Navare ' a\olr à feme, et le fist à lui ve-
nir à Miessines, et si l'espousa. Autre ocoison i ot
encore ; car ' li rois Richars prist par force Margerit,
qui estoit rois de la mer et estoit liom le roi de France,
si ne voloit faire houmage au roi Richart ; si li fist ^
crever .i. oel : dont cliil plus n'en avoit. Autre ocoi-
son i ot, quant il passèrent outre Acre, li rois Richars
torna o sa gent sor Fille de Cypre et prist l'erapereour
et sa feme et sa fille ; car il deveoient ^ la vitaille à
l'ost d'Acre. Li rois Richars lassa garde de Cypre Ge-
rart de Calebot % et en mena l'empereour prison à
Acre. [Onques de cel gaaing ne volt faire partie al roi
de France.] Autre ocoison i ot , car quant il furent
assamblé à Acre, li cuens Henris de Campaigne, qui
le siège avoit. maintenu .i. an et plus et estoit niés
as .ij. rois, vint au roi de France et si le requist
comme à segnor que il Taquitast, car il avoit tout
despendu. Li rois li falli : par coi il ala au roi Richart,
qui ses oncles estoit de par sa mère, qui par tout
l'acuita et le retint , lui centisme de chevaliers , de
sa maisnie; et de chou pesa moult au roi de France,
et grant envie en ot.
Quant la cités d'Acre fu prise , ne demoura gaires
apriès ke li rois de France amaladi, et *" s'en vaut re-
pairier. Li roi parlèrent ensamble , et ot en couvent
li rois Phelippes au roi Richart que il li garderoit
sa tierre de chà la mer comme la soie, et en nulle ma-
' IN. por. — * I ot que. — ' Fist li rois. — * Dcvoit. — ' Girart ïa-
Icbot. — '^ A. : par quoi il.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 87
niere ne le ' guerroieroit , se il demourolt; et, se por
sa maladie ne fust , il * demourast volentiers. Ensi
s'en vint li rois de France à poi de gent , et lassa
le roi Ricliart à ponte ^ s'ost à Acre ; mais malement
tint covenant li rois Phelippes au roi Richart ; car il
ne demoura gaires, apriès chou que il fu retornés'^ en
sa tierre, que il commencha à guerroiier Norrnendie,
et li fu rendus Gisors et Lyons etVernons etpluiseur
autre castiel. Et quant li rois Ricliars oï outremer,
là ù il estoit, la noviele que li rois de France guer-
rioit si faitement sa tierre, il se mist en mer por re-
pairier; et arriva par dechà à Brandis, et illuec oï-il
dire que li empereres Henris qui le liaoit et li rois
Phelippes qui gaires ne l'amoit le faisoient gaitier
par toute la marine : par coi li rois se remist en
mer ; et tormente le prist et l'enchaça entre Aquilée
et Nequise^. La roine Berengiere, la feme le roi Ri-
chart, et la roine Jehane, la suer le roi, s'en vin-
rent^ par Rome. La nés le roi Richart brisa al arri-
ver, si que por .i. poi li rois ne perilla à toute sa gent.
Tant fist k'à grans paines eschapa de la nef, soi
.xvi.isme de compaignons. Puis s'en vaut venir en
tapinage par Sassoigne ; mais en la tierre le duc d'Os-
terrice fu apercheus à un castiel que on apiele par non
Firsac% qui est en l'archeveschié de Sanseborc^ Là
le prist li dus , et le tint grant pièce en prison ; et» le
rendi à l'empereour Henri , qui longhement le tint en
' La. — ' iV'estoit, il-meisnies. — ' Od toute. — ^ Que il vint.
— ' Venisse. — * Semondrent. — ' Stisac. — ' Sauscborc. — ' T;iiit
on p. que il.
88 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
sa prison, que par la haine k'il avoit à lui, ke par la
roine et' par la proiere le roi de France, que par
chou que il raiembre le voloit et avoir de ses deniers.
Hues li cuens de Saint-Pol le vit en la prison % ù il estoit
molt empiriés.
Tous tans guerrioit li rois de France sor Normendie,
si assist Ruem par deus fois , et prist le conte de Lei-
ciestre. Assés prist des castiaus le roi Richart; Vre-
nueP assist .ij. fois. Tant fist li rois Richars en la
prison o la grant aïe que il ot des Alemans, ki en la
prison meismes devinrent si home, que .c. et .1. mars
donna de sa raençon , estre les dons et les ^ despens ;
et laissa en gages Othon son neveu et Bauduin de
Biethune, cui il fist puis conte d'Aubemalle par Havi''
le contesse, que il li donna à feme. Celé llavis avoit
esté feme le conte de Mandeville, qui Guillaumes estoit
apelés, et^ n'en ot nul enfant. Quant li cuens fu mors,
si le donna li rois à Guillaume de Fors , qui en ot
.i. fill, qui ot à non Guillaumes; et apriès ' Guil-
laume de Fors, la donna li rois à Bauduin de Bie-
thune. Celui Bauduin lassa-il en ostages por lui, avoec
Othon son neveu et autres haus homes de sa tierre
assés. Puis s'en ala aval le Rin, tant que il entra en la
mer, et de la mer entra en uiTfe aighe que on apiele
l'Escaut; si arriva à .i. castiel le duc de Louvain, qui
estoit apielcs Haubiers ^ Là li fisent mainte hounour
' Ces quatre mots manquent dans le ms. S. -G. — ' Le teste de
la phrase manque dans le ms. S.- G. — ^ \ernoeil. — * Et son.
— ' D'Aubemarle par llauwi. — * Le c. Guilliaume de M., qui. — ' F.t
a. la mort — * An^vic^s.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 89
li dus et li ' baron, et autres! fisent H haut baron * de
Flandres. Là vint encontre lui la roine Aliéner, sa
mère, qui en Engletierre avoit maintenue la guerre
contre Jehan sen fil, qui avoit saisis les castiaus le roi
Richart et les voloit tenir ; mais elle l'avoit mis au
desoz de la guerre. Li rois , quant il ot une pièce se-
jornc en Anwiers , il passa mer et arriva en Engle-
tierre, ù il encore avoit guerre; mais Jehans ses frères
vint à sa merchi , et il li pardonna son mautalent. Li
rois, quant il ot apaisié la guerre, s'en vint en Nor-
mendie sour le roi de France , qui avoit assis Vrenuel ;
mais li rois de France, quant il oï parler de sa venue,
lassa le siège ; et li rois Richars s'en ala à Louches %
ke il prist. Tant alerent guerroiant de chà et de là
que li rois de France par force prist consel et con-
corde ^ au roi Richart devant Issoudun , et li rendi
le castiel d'Arches et le Noef-Castiel de Driencourt et
Nonencoml, que li rois de France tint en gages. Puis
ravint^ que la guerre fu grans entre els. Tant dura que
li rois de France devant Gisors perdi •iiij'"''- et .xvi.^
chevaliers , et il-meismes ot grant paour, et entra en
fuiant en la ville, et sa gens closent les portes. Puis
ravint^ une autre aventure, que li rois Richars che-
vauçoit devant Biauvais, ù il prist l'evesque et grant
plenté de gent o lui ; puis s'en repaira en Normendie
o ses prisons. Li rois Richars fist à force Castel-
Gaillart et desous le castiel de l'Isle, et fist Othon son
neveu chevalier et conte de Poitiers. En cel tans
'Si. — ' Home. — ' A Loehikes. — M\ concorde. — ' Avint.
— " .XV. — ' Avinl.
90 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
morii Henris li empereres d'Alemaigne, et li Alemant
eslirent le roi à erapereour par ' sa bonté ; mais il ne
le vaut prendre , ançois manda as Aleraans que plus en
estoit dignes Othes ses niés. Par cel mandement et por
l'amour dou roi Ricliart, firent li Alemant puis de
celui Othon empereour de Rome. Apriès avint que li
rois Ricliars, en une trive qui fu entre lui et le roi de
France, s'en ala sour le visconte de Lymoges, qui
mesfais li estoit. Là fu navrés à .i. assaut, d'un arba-
lestrier ' d'un quariel el pis. Pluisour disent que il fu
férus par mi le gros dou brach, et s'i feri mauvais
maus : si ^ moru ; mais che fu gas : il ^ fu navrés el pis
entre l'espaule et le mamiele, si li fu li quariaus trais ^,
et il remest mors de la plaie ; mais , avant que il fust
mors , fist-il à toz ses barons jurer feuté à Jehan son
frère et que il de lui ferolent roi. Puis morut li boins
rois Jehans ®, et fu enfouis à Frontevraut , la boine
abbeye de nonnains que il avoit tant' amée. Il fu en-
fouis as pies son père , et ses cuers fu portés à Ruem
en la mere-eglyse.
Jehans ses frères, ki cuens estoit de Mortuel, se fist
moult en haste duc de Normendie, por le roi de
France Ici commencha à guerroier en Normendie ; et
ala en grant haste en Normendie ^, et se fist roi. Puis
rapassa la mer en grant haste por la guerre le roi de
France ; si ne demoura gaires que il fisent ^ entre eus
une pais par si que Looys, li fils le roi de France,
' Por. — ' A. et fu férus. — ' Si en. — '^ Il ne fu pas navrés el brac,
ains. — ' Trais H q. fors. — '^ Richars. - " Que il moult avoit. ■— * En
Engletiere. — '(t. après que il Ai faite.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 91
prenderoit à feme le nièce le roi Jehan, la fille le roi
d'Espaigne, et si auroit en bonne pais la' tierre de
Veuguessin le Norraant que li rois Plielippes avoit
prise sor Normendie, quant, li rois Richars fu en pri-
son en Alemaigne. Quant les espousalles furent faites
devant le castiel deBoutavant, endementiers se raist li
rois Jehans en liostages pour le fîll le roi Phelippe, qui
estoit entre la gent le roi Jehan. Et apriès les espou-
sailles fu la pais entre les .ij. rois; mais ne demoura
pas grantment ' que guerre refu entre els. Un jor ala
li rois Jehans ^ par grant amour en déduit à Paris. Là
fist li rois de France demander au roi Jehan , par ma ^
dame Blance sa nièce, qui feme estoit Looys le fill le
roi de France, toute la tierre dès chi à l'aighe d'Andele.
Par paour li otria li rois Jehans, et confrema par sa
chartre; et par ceste ocoison ke li rois Jehans, quant
il fu repairiés, ne vaut otriier che ke il ot là fait par
paour au roi de France à Paris, recommencha la guerre
entre els. Li rois Jehans lassa sa feme la contesse de
Glouciestre, si prist la fille le conte d'Engoliesme, qui
drois hoirs estoit d'Engonnois, et si l'avoit Hughes li
Bruns, li cuens de la Marche, afiée; mais li rois le
prist, et si le toli au conte. Par cel afaire se tornerent
priesque tout li Poitevin encontre le roi.
Artus, qui drois hoirs estoit de Bretaigne, li fils au
conte JofFroi, estoit à Paris o Looys le fill le roi de
France; car il avoit afiée la fille le roi, que il avoit eue
de la fdle le duc de Merane. Li rois de France, en cel
esté que li croisié s'en alerent, ki concuisent Constan-
' Celc. — ' Longeinent. — ' Car li r. J. ala. — ^ J. ma
92 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
tiiioble, entra en Norraendie et i prist pluisours cas-
tiaus; il prist Goslain '-Fontainne et la Freté-era-Bray,
qui estoient castel Huon de Gornay, qui mainte trahi-
son fist en celé guerre : par coi il fu chaciés de la tierre
l'un roi et l'autre; si s'en fui à Cambray, une cite qui
est de l'empire d'Alemaigne. En cel tans estoit evesques
de celé cité Jehans ki fu fils Robiert l'avoé de Bietliune
et frères l'avoé Guillaume, qui s'en estoit aies en la
voie Diu o les autres croisiés. Li evesques ot o lui
.i. bourgois qui moult dist .i. boin mot : Un jor che-
A^auçoit Hues de Gornay en déduit defors la ville as
cans o l'evesque et o le bourgois % si regarda la cité
et si dist : « Ciertes, moult a biele cité en Cambray. »
Et li bourgois qui là estoit li respondi : « Ciertes, sire,
vous dites voir : moult est biele cités et boine; mais
elle a une trop mauvaise coustume. » — « Quels est la
mauvaise coustume?» dist Hues de Gornay. « Sire, dist
li bourgois ^, so-as ciel n'a larron ne trahitour k'ele ne
recet. » De celé parole fu moult ris en pluiseurs lius ;
car li preudom, ki'* estoit simples hom, n'i entendi se
bien non; ne pour nul mal ne le dist, ains cuida moult
bien dire.
En l'autre esté apriès fist li rois Phelippes cheva-
lier Artu , le conte de Bretaigne, qui sa fille avoit
afiée ; si l'envoia as Poitevins et si li commanda que
il avoec eus en ces parties ^ feist guerre encontre son
oncle % et il-meismes li ferolt guerre deviers Nor-
' Goislain. — ' Les six hiots prc'ccdents manquent dans le ms.
S.-G. — ' Dist-il. - ^ Qui moull. — ' P. là. — " G. devers Nor-
mendie.
I
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 93
meiulle '. Chil Arlus calengoit sor son oncle le contée
de Poltau et' d'Ango. Il se parti del roi de France,
si s'en vint en Poitau; et li Poitevin le rechurent à
grant joie, si en fisent lor chievetain. Lors comraen-
cierent tout ensamble à guerroier moult durement. Li
rois de France entra en Normendie , et assist le castiel
d'Arches, ki bien se tint. En cel point vint Artus, li
cuens de Bretaigne, o les Poitevins devant .i. castel
que on apiele Mirabiel , ù la roine Alienor, qui mère
estoit au roi Jehan et ayoule Artu, estoit dedens. Quant
Artus et li Poitevin vinrent devant le castiel, tantost
lor fu la ville rendue; mais l[i] castiaus se tint. Artus
list tant c[ue il parla à s'ayole , si li requist qu'ele s'en
issist dou castiel et si emportast toutes ses choses , et
s'eil alast en boine pais quel part k'ele vorroit aler ;
car à son cors ne vaurroit-il faire s'ounor non. La
roine respondi qu'elle ne s'en istroit pas ; mais , s'il
faisoit que courtois , il se partiroit d'illuec ; car
assés troveroit castiaus que il poroit assaillir, autres
que celui ù elle estoit dedens , et molt li venoit à
grant mervelle que il asseoit castiel ù il sa voit qu'ele
estoit, ne il ne li Poitevin ki si home lige dévoient
estre. Artus ne li Poitevin ne s'en Aaurrent partir,
ains assaillirent le castiel; mais pas ne le prisent. Il se
herbregierent en la ville, si i furent ne sai quans jors.
Guillaumes des Roces, qui boins chevaliers estoit,
nés iert d'Anjo, povres bacelers ot esté; mais par sa
proece avoit-il à feme la dame de Sabluel : par coi il
estoit riches ber. Chil Guillaumes estoit hom liges Artu
' G. ausi. — ' O. le roi Jehan le conté.
94 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
le conte de Bretaigne encontre toz homes fors encontre
le roi Jehan. Quant il oï nouvieles ' de che siège , il
s'en vint moult en haste au Mans, ù li rois Jehans
estoit ; si li dist : (( Sire , se vous me créantes loiau-
ment comme rois et comme mes sires liges que vous
d'Artu vostre neveu, ki me* sires liges est vers toz
homes fors vers vous, vous esploiterés par mon consel,
jou le vous ferai prendre et toz les Poitevins o lui. » Li
rois Jehans, qui moult grant joie ot de celé parole, li
otria moult en haste, et si li creanta loiaument comme
rois ; et , o tout chou , li creanta par foi que il par son
consel en esploiteroit volentiers. Tantost s'esmut li
rois o toute sa gent, si s'en ala grant ^ aleure viers
Mirabiel, Guillaumes des Roces s'en aloit devant, qui
les menoit ; si vinrent si tost à Mirabiel que pour
.i. poi qu'il ne perdirent toutes lor chevaucheures. Si
sorprisent si les Poitevins que il onques garde ne s'en
donnèrent devant che qu'il vinrent à meismes d'eus.
Cliil ki gaitoient, quant il les virent venir, commen-
cierent à crier : « As armes , as armes ! » et li Poitevin
coururent as armes. Jofîrois de Lesegnon ^ se seoit au
mangier, qui moult estoit boins chevaliers et mainte
proece avoit faite dechà mer et delà , et atendoit .i. mes
de pigons. Quant la noviele li vint ke on veoit venir
grant gent, si avoit-on doute ke che ne fust des gens
le roi Jehan, si feroit bien se il se levoit^ dou raiangier
et s'armast, et il jura la tieste Diu que il jà ne s'en le-
veroit% si aroit mangié de ses pigons. Pour chou s'as-
' Qies n. — ' R. et comme. — ' Moult g. — '' Leseignon. — ' Se
▼doit lever. — *■ Se leveroit del mangier.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 95
seurerent tant que li roial entrèrent de toutes pars es
rues. Hughes li Bruns et Raous d'Issodun ses frères ,
ki de par sa feme tenoit le conte d'Eu, et Andrius de
Kavegni ', qui de par sa feme ausi tenoit le tierroir *
de Castiel-Raoul , et maint haut baron s'armèrent et
montèrent sour lor chevaus et coururent as portes;
mais Guillaumes des Roces -vint si tost que il entra
en la porte ançois que li Poitevin le peuussent clore.
Si porta en son venir lïuon le Brun o son cheval à
tierre en mi la rue. Lors entrèrent de toutes pars 11
roial es portes , et 11 rois meismes 1 entra ; et au pre-
mier cop que il ferl, caupa-il le puing .1. chevalier tout
armé de s'espée. Moult fu grans la mellée tout aval la
ville. Que vous dlroie-je plus ? tout furent desconfi 11
Poitevin, et Artus fu pris et ^ tout 11 Poitevin ,• onques
uns seus des haus homes n'en escliapa. Quant 11 rois ot
fait son fait, il s'en repaira vers Ruem ; si enmena toz
ses prisons , fors seulement Andriu de Chavegny : celui
en lassa-il aler sour sa fiance. Et quant 11 rois de
France sot ces novieles au siège d'Arches, ù il estolt,
il lassa le siège, si se tralst arrière. Li rois Jehans,
quant il fu veims à Ruem , il mist Artu son neveu
en prison en la tour, ù il moru. Guillaumes de Roces,
quant il vit qu'il ^ avoit mis son neveu Artu en prison
en la tour, 11 vint à lui ; si 11 requist k'il 11 tenist son cou-
venant, car il 11 avoit en couvenent que il d'Artu es-
ploiteroit par son consel, et ses cousaus estoit que il
bolne seurté presist de Ivii ke il dès ore mais loiaument
le sierviroit, et Artus Tendonroit assés des fils as haus
' De Chaveigni. — '' La terre. — ' Et priés. — '' Que li rois.
96 HISTOIRE DES DUCS DE NOllMANDIE
homes de sa tien e en hostages, et sor chou l'en lassast
aler. Li rois ne le vaut faire : par coi Guillaumes des
Roces se parti de son siervice ; et s'en ala au roi de
France , ki puis li donna la senescaucie d'Ango. Puis
servi-il moult bien le roi de France et greva moult le
roi d'Engletierre. Li rois Jehans envoia Savari de
Maulyon ' en Engletierre , si fu mis en prison el cas-
tiel del Corf'; mais des autres ot-il merchi , ki moult
douchement ^ li fisent requerre ke il por Diu euust
merchi d'eus, et il dès ore mais seroient à sa volenté
et loiaument à son siervice. Li rois les crei , si s'en ala
avoec aus en Poitau por prendre seurté ^ de chou te-
nir. Assés l'en firent de seurtës comme de sairemens
et de fiances , que il mauvaisement tinrent ; car tôt
autresi tost que il en ^ fu repairiés en Normendie se
tornerent-il encontre lui tout à .i. fais, autresi comme
devant. Li cuens Robiers d'Alençon , ki tenoit la cité
de Sains % se torna autresi encontre le roi Jehan et
devint hom le roi de France.
Li rois de France , ki grant joie ot de celé retornée ,
s'en retorna ^ en Normendie et prist Arches, et puis
assist le castiel de Radepont. Quant li rois Jehans le
sot, il ala celé part o toute s'ostj et vint el bois de-
seure Radepont, et si fist sonner ses trompes. Quant
li rois de France oï les trompes le roi d'Engletierre, il
se parti de Radepont et lassa le siège , si assist tout en-
samble Castiel-Gaillart [et l'ille d'Andelis, qui desous
seoit en une isle de Sainne. En dementiers que il sist
' Marlion. — ' Cor. — ' Hunilemcnt. — "* Lor seurlés. — '■ S'en.
— * Sais. — ' S'en rentra.
KT DES ROIS D'ANGLF:TERRE 97
ih, (ist-il faire .i. fossé tout entor Castel-Gaillai t] por
chou que vitaille n'i peust entrer et que cliil fussent
asseur oui il i vaurroit ' laissier. Il prist Tille d'Ande-
lis, puis s'en parti et lassa une partie de sa gent devant
Castiel-Gaillart ; si assist le val de Ruel, que Robiers
li fils Gautier et Sohiers de Quinci , doi Englois, avoient
à garder, qui trop tost le rendirent : dont il furent
molt blasmé , et dont li Englois furent moult abaubi
por chou que il soloient dire que li Englois rende-
roient moult à envis les castiaus que il auroient à gar-
der en tel manière que li Normant faisoient. Li rois de
France, quant il ot le val de Ruel, il s'en ala auPont-
de-l' Arche, ù il ne trova nul defois; puis assist Rade-
pont, si le prist. Lors se ^ tornerent grans partie des
Normans deviers lui : par coi li rois Jehans n'osa plus
demourer en Normendie, ains s'en parti et lassa Pieron
de Praiaus ^ garde de la cité de Ruem ; si li com-
manda que il del tout ouvrast par le consel l'arche-
vesque de Ruem. Puis passa mer, et vint en Engle-
tierre; et enmena o lui Bauduin de Biethune, qui
cuens estoit d' Aubemallc % et Guillaume d' Aubemalle %
ki cuens estoit de Pembourc : ces deus amoit-il moult
et creoit, car il estoient preudome. Encontre l'ivier se
traist li rois de France arrière, et départi ses os; à
l'esté apriès, remanda-il sa gent, si assambla moult
grant ost, et en entra en Normendie, et derechief^
passa Ruem; et vint à Cam, si le prist. En cel jour^
conquist-il le castiel Audemer et le castiel de Buene-
' Yoldroient. — " S'en. — ' Piniaus. — ^ Aubemarle. — ' G. le ma-
reschal. — ** N. derecief el. — ' Voie.
<J8 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
Ville '-sor-Touke et le castiel tle Liesewies'' et la cité
de Constances. Il asslst le castiel de Faloise, qui moult
ert fors; si le prist. Les clés de Donfort ^ en Passois li
furent aportées à Tencontre. Moult fîst de ses volentës
par la tierre, puis s'en repaira arrière, ef^ assist Ruem
entre l'aiglie et le bois. En cel point que il sist devant
la cité, fist-il parler à Pieron des Praiaus; si coururent
tant les paroles, que li rois li promist .ij"'. livrées de
tierre, par si que il li rendist la cité de Ruem; et
Pieres des Praiaus fist tant por celé promesse que
trives furent prises entre cels de Ruem et le roi de
France. Si dévoient envoier au roi d'Engletierre et ^
mander que il les secourust dedens .i. terme ki fu mis
entre eus et le roi de France; et, se il ne les secouroit
dedens cel lermie, il lor convenroit la cité rendre. A
clie consel s'acorda li archevesques de Ruem, si que
Pieres des Praiaus en ot ses lettres pendans. Ensi comme
il fu devisé, envoierent chil de Ruem au roi Jehan en
Engletierre, ù il estoit, si li mandèrent cel afaire;
mais il ne 's secouru pas : par coi la cités ^ fu rendue au
roi de France et li castiaus de Praiaus et tout li castiel
de Normendie à .i. mot, fors seulement Castiaus-Gail-
îars, ù les gens le roi de France seoient devant; et
lonc tans i avoient sis. Li connestables de Ciestre estoit
dedens, qui moult loiaument le garda. Il fu con-
nestables dou castiel, que li - rois Jehans li ot baillié à
garder.
' Boinne-Yille. — " Et la cité de L. ot la cité de Baiewes. — ' Den-
front. — '' R. ; autresi. — ' Et il li dévoient. — «^ La c. de Ruem.
-'C.;l«.
KT DES ROIS D'ANGLETERRE. 99
Quant la cités de Ruem fu rendue, Pieres des Praiaus
Tint au roi de France, si li requist que il li tenist son
cou\enant des .ij"\ livrées de tierre que il li dcvoit
donner. Li rois de France respondi que si feroit-il vo-
lentiers; lors commanda tout en audience à ses clers
que il feissent chartre à Pieron des Praiaus de .ij'". li-
vrées de tierre, que il li devoit por la cité de Ruem
son lige-segnor, que il li avoit rendue. Pieres des
Praiaus, quant il oï la fourme de la chartre, si ne le
vaut prendre; ains passa en Engletierre, et vint au
roi Jehan , si li cria merchi et li requist moult humle-
ment que il por Diu ne se courechast à lui de la cité
de Ruem qui rendue estoit, car canques il avoit fait
lîst-il par le consel l'archevesque de Ruem, par cui
consel li rois li avoit commandé à ouvrer de toutes ces
choses % et ses letres pendans en avoit. Li rois Jehans,
qui grant maugré l'en savoit de cel afaire , li pardonna
son mautalent par cel escondit -, mais grant duel ot de
sa pierte et grant ire. Quant li baron d'Engletierre
qui lor tierres avoient pierdues en Normendie oïrent
les nouvieles del roi de France, comment il conque-
roi t toutes lor tierres *, et il virent ' le roi d'Engle-
tierre qui si mauvais samblant faisoit de lui desfendre,
il parlèrent ensamble et puis vinrent devant le roi , si
li requisent que il soufrist por Diu que ^ il lor tierres
qu'il avoient perdues en Normendie peuussent re-
querre au roi de France ^ ; car che seust-il bien ke, jà
fust che cose que lor cors fussent deviers le roi de
' T. c. — ' Conqiieroient toute la terre. — ' Vinrent. — "* Quo se.
— ' F. que il les reqnesissent.
100 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
Finiice, si seroient 11 cuer adiès ' (leviers lui. Li rois
(list que il en parleroit. Un jor assambla tout son con-
se\ , si lor moustra les requestes que si baron li fai-
soient, et lor en demanda consel. Bauduins de Bie-
ihmie, li cuens d'Aubemalle, qui moult estoit preudom
et loiaus et boins cheAaliersj mais si estoit mehaigniés
de la goûte artetyque ' que il ne pooit aler .i. pas, ains
le couvenoit porter; et de chou pooit moult peser au
roi Jehan, car moult l'avoit adiès ^ trouve loial et feel.
Chil parla premièrement devant toz, et dist au roi :
« Comment, sire, vos requisent-iH que vous lor don-
nés^ congié d'aler au roi de France requerre lor tierres
(pie pierdues ont en Norraendle, et ke lor cors soient
deviers le roi de France encontre vous, et lor cuer
soient deviers vous? » — « Oïl, dist li rois, che me re-
(piierent-il. » — « Ciertes, che dist li cuens, je ne sai
(]ue vous en ferës; mais, se jou estoie comme de vous,
et ^ lor cors fussent contre moi et lor cuer deviers
moi 5 se jou les cuers dont li cors seroient contre moi
tenoie en mes mains, je les jeteroie toz en une orde
longagne. » De celé parole fu moult ris, et si ne fu pas
adont ceJe chose sommée , por la parole que li cuens
dist; mais puis donna li rois au conte de ^Varende,
son cousin, la ville d'Estanfort, (pii molt est boine,
par eschange de sa terre ke pertkie avoit.
Savaris de Maulyon", qui en cel point estoit en pri-
son el castiel del Corf, il avoit o lui .iiij. homes qui le
gardoient. Un jor lor donna >tant a boire cpie il les
■ Tous jorv — ' D'artetique. — ^ Tous dis. — •* Requiercut-il.
— '' Doingniés. — *" C. vos, se. — ' Marlion.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 101
cnyvra, si que il s'en dormirent. Quant il les vit toz
.iiij. dormons, il prist une quignie, si les ocist toz
quatre; puis se mist en la maistre-forterece, ets'osla des
liers. Celé nouviele, quant elle fu seue, fu tost contée au
roi Jehan, ki estoit priés d'illuec à une jornée. Lende-
main vint li rois devant le castiel, si vaut faire assaillir
Savari; mais par la proiere Hubert Gautier, qui arche-
vesques estoit de Chantorbire, moult vaillans clers et
moult larges et moult courtois, en ot-il merchi; et
Savaris li jura sour sains que il dès ore mais le siervi-
roit loiaument, et si l'en bailla en ostages sa feme et
sa mère. Lors se parti Savaris del roi Jehan , et vint
en Poitau, et le siervi puis moult bien. Il requist ' le
castiel de Nyors % qui se tenoit adont deviers le roi
de France ^, par grant engien. Chil de Niors avoient
acoustumé que cascun an , le premier jor de may,
aloient por lor may à .i. bois qui estoit une liue loing
de la ville. Savaris, ki bien savoit celé coustume, en
avrill devant, se traist arrière pour eus laissier asseu-
rer j et quant che vint encontre le jour de la mayole ,
il s'en repaira si en haste viers Nyors que il se mist le
jour de la fieste par matin ^ entre la ville et les bour-
gois , qui au bois estoient aie , si que onques garde
ne s'en doimerent. Il fu toz couviers de may, et tout
chil qui avoec lui estoient ^, autresi : par coi chil qui
as portes estoient '^ furent decheu, car il cuidierent
que che fussent lor bourgois ki repairassent del bois ;
si les lassierent ens entrer. Quant Savaris fu dedens la
' Il reconquist. — ' IVior. — ' Qui d. le r. de Fr. estoit. — ^ P. m.
encontre la vile. — ' Furent. — * E. en.
102 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
villo, si s'en ala moult en haste au castiel , que il trova
tout desgarni ; si le piist et le garni moult bien. Ensi
fu li castiaus pris et la ville conquise. Puis s'en issi
Savaris de la yille encontre les bourgois , qui au bois
estoient; si les prist toz à sa volenté ; mais il ne les
mist pas en raale prison ; ains prist ostages d'eus , et
lor sairemens que il dès ore m.ais seroient a. la vo-
lenté ' le roi d'Engletierre loiaument , et par tant
orent pais.
Hughes li Bruns et li ciiens d'Eu ses frères et
Hughes de Surgieres ses frères, qui viscuens estoit
del Castel-Eraut , et Jofi'rois de Lesegnon ses oncles
et li viscuens de Touart% qui moult estoit riches hom,
et Guillaumes de Maulyon li oncles Savari, qui sires
estoit de iNIaulyon et de Chaîemont % et Hughes l'ar-
chevesques, qui sires estoit de Partenay, et Tiebaus de
Biaumont, qui sires estoit de Bierchieres "^^ et maint
autre haut baron que je ne puis pas toz noumer, quant
il oïrent ces nouvieles, il s'entre-manderent de toutes
pars et assamblerent grant ost, et vinrent devant
Niors , et assaillirent Savari dedens. Longhement i
sissent ; mais riens n'i firent fors tant que moult ot
faites de bieles chevaleries à che siège. Un jor i ot
.i. poingneis , ù Savaris porta Hugon de Surgieres à
tierre o tout le cheval en mi les rues del fourbourc ;
et puis s'en rentra en la ville. Et li rois Phelippes de
France, ki s'estoit partis del Castiel-Gaillart, qu'il avoit
pris à force sour cels dedens, qui tout estoient affamé,
car il avoient toz lor chevaus mangiés par disete -', si
' Au service. — ' Toait. — ' Taleniont. — -* Bercicics. — ' Dcslrcce.
I
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 103
qu'il ne se poolent mais aitlier. Li connestables de Cies-
tre, li loiaus chevaliers , qui toz jors soloit dire, quant
on li requeiToit del castel rendre, que il jà ne le rende-
roit se on ne l'en trainoit hors par le pie, fu trovcs el
castel si affamés que il ne se pooit ' mais aidier ; si fu
hors trais' par le pie, si comme il avoit devisé. Quant
li rois de France sot ceste noviele , de Savari de Mau-
lion qui li avoit en tel manière le castiel de Niors
soustrait '', et que li Poitevin l'avoient assis , il assam-
Lla ses os , si vint à la cité de Tours ; et puis passa
outre jusques au castiel de Chinon , ù ses gens seoient
devant. Hubiers de Bours, qui puis fu justice d'Engle-
tierre, ot en garde le castiel. Quant li rois fu venus
à Chinon , grant plenté fist drecier de perrieres et de
mangonniaus , dont il dépêcha malement '^ les murs.
Tant i sist et tant le fîst assaillir, et tant empira les
murs de ses perrieres et de ses mangouniaus et de ses
mineours que li castiaus fu à force pris, et Hubiers de
Bours dedens ; si fu livrés à garder à Renaut de Dant-
Martin ^, qui cuens estoit de Bouloigne. [Puis] que
li castiaus fu pris , remest li rois une grant pieche toz
cois logiés devant le castiel ; en dementiers atira-il la
garnison dou castiel, et si devisa en quel manière il
voloit le castel refremer ^ El castiel avoit une des
plus bieles chapieles del monde , qui estoit apielée la
chapiele del Castiel-Roufet ■.
Li Poitevin ki seoient devant Niors, quant il virent
' Pot. — ' Si fu t. fors del castel. — ' Emblé. — ■* Moult m. — ' Raiu-
naut de Dan-Martin. — ^ Que li castiaus fust refremés. — ' De Castel-
Rouset.
104 HISTOIRE- DES DUCS DE NORMANDIE
que il riens n'i esploitcroient, il se partirent del siège
et alerent parler au roi de France à Chinon, là ù il
estoit, qui assés lor fist mauvais samblant. Quant li
rois ot parle as Poitevins, et il ot devisée la forterece
del castiel , et il i ot laissic tel garnison comme lui
plot, il se parti d'illucc et s'en repaira en France. En
cel tans vinrent les novieles en France de Bauduin
Tempereour de Constantinoble , qui avoit esté cuens
de Flandres et de ïlaynau, que Johanisses ' li Blas avoit
pris et desconfit, et que li cuens Looys, ki sires estoit
de Chartres et de Blois, estoit ocis en la bataille, et
que li cuens Hues de Saint-Pol estoit m.ors de sa mort
en la cité de Constantinoble, et que Guillaumes li
avoés de Bietlmne s'en revenoit, et Bauduins d'Aube-
gni avoec lui, ki moult estoit boins chevaliers. Quant
la noviele vint au roi Jehan en Engletierre , là ù il
estoit, que il avoit perdu son castiel de Chinon , et ke
Hubers de Bours estoit dedens pris à force, je ne sai
quel duel il en ot au cuer ; mais moult en fist poi de
samblant. Toute tourna s'entente en déduit de chiens
et d'oisiaus et à conjoïr la roine sa feme, que il moult
amoit; et nonporquant si li disoit-elle mainte re-
traite et mainte felenesse parole. Une fois, à une no-
viele ki vint au roi de je ne sai quel perte ke il avoit
faite, dist à la roine : « Oés, dame : tout che ai-je
perdu por vous. » Elle respondi tantost : « Sire, ausi
ai-jou le melleur chevalier dou monde perdu por
vous. » A une autre noviele li dist-il : « Dame, ne
vous caut ; car, par la foi que je doi vous , encore
' O. Jou Jt'lians,
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 105
sai-jou .i. tel angle ù vous n'ariés ' garde del lol de
France devant .x. ans, ne de tout son poolr. » —
(( Ciertes, sire, dist-elle, je croi bien ke vous estes
moult deslrans à estre rois qui soit matés en l'angle. »
Teus paroles li disoit-elle souvent : por coi elle ot puis
moult de maus. Mol[t] mal homme ot el roi Jehan :
crueus estoit sor toz homes; de bieles femes estoit trop
couvoiteus ; mainte honte en fist as haus homes de la
tierre : par coi il fu moult haïs. Jà voir ne deist son
voel. Ses barons melloit ensamble quanques il pooit;
moult estoit liés quant il veoit ' haine entre els. Toz
les preudomes haoit par envie; moult li desplaisoit
quant il veoit nullui bien faire. Trop estoit plains de
maies teces; mais de grant despens estoit : moult don-
noit à mangier et larghement et volentiers ; jà sa porte
ne li huis de sa sale ne fussent gardé ^ au mangier :
tout chil mangoient à sa court qui mangier i voloient.
As .iii. nataus^ donnoit volentiers grant plenté de
reubes as chevaliers : de chou fu-il bien entechiés.
En un yvier encontre .i. Noël avint que ^ Hubiers
Gautiers , li bons archevesques de Chantorbire , qui
moult estoit larghes et vaillans et de grant afaire,
vint au roi Jehan; et si*^ H requist que il au Noël fust
o lui à sa court à Chantorbire , que il voloit tenir
moult grant. Li rois l'avoit sour cuer por sa bonté,
dont grant envie avoit ; mais nonporquant il li otria,
si vint au Noël à Cantorbire. A celé court ot ^ moult
grans gens , molt fu la cours riche* et pleniere , et
■ Kos u'auricns. — ' A', que il avoit. — ^ Ne gardast-on. — "* Ataus,
— "■ Vint al roi Jehan. — ' Afaire, si. — " A la cort od.
106 HISTOIRE DES DUCS DE NORMAiNDIE
mervelles i ot biel servi, .iij. jors i demeura li rois;
et quant che vint que il s'en dut partir, si apiela l'ar-
chevesque, si li dist : « Sire archevesques , savés-vous
por coi j'ai tant demouré chi ? n — or Por clioi, dist
li archevesques, fors que por moi liounour faire? » —
u Par les dens Diu ' ! dist li rois, autrement vait la
chose : vous estes si larghes, si vaillans et de si grant
dcspens que nus ne vous poroit ataindre ; vous volés
avoir par vous seus tout le beubant d'Englelierre ;
mais, la merchi Diu, je vos ai ore si mené que jamais
ne vos pores aidier ne jamais n'aurés que mangier. » Et
quant l'archevesques oï celé parole , molt li greva ; si
respondi ' au roi : « Comment cuidiesmes-vous por tant
avoir destruit? Non avés; je ne sui pas si legiers à des-
truire. Puis que vous avés che dit, dites-moi ù vous serés
à la Pasque. )) — a A vous k'ataint? » dist li rois. « Par
saint Julien î dist li archevesques , vous ne le me pores
celer. Savés-vos por coi je le vous demandai? por chou
que jou vaurrai estre là ù vos serés ; et se la ville n'est
tant grans que mes gens et les vostres ne s'i puissent
herbregier dedens, je me logerai dehors ; et si m'aatis
bien que je tenrai plus biele court ke vos ne ferés,
et si i ferai plus grant despens et plus i donrai de
robers ^ et plus i ferai de noviaus chevaliers et plus i
ferai de toz biens que vous ne ferés ^; et à la Pentecouste
ferai-jou tout ensi , se jou vif adont ; et encore aura
Hubiers Gautiers à mangier. »
Quant celé aatine fu faite , li rois se parti d'illuec ;
■ Bieu. — ' R. tantost. — ' Rcubes. — * Les quatre mots précédents
maïKfurnl dans h ms. S.-(i.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 107
et quant che vint à la Pasque, li archevesques tint
bien son convenant au roi ; car il fu logiés defors la
ville ù li rois estoit, et si tint plus ' biele court que li
rois ne feist, et plus i fist grant despens et plus i donna
reubes et plus i fist de nouviaus chevaliers , si comme
il s'estoit aatis. A la Pentecouste apriès, s'estoit-il
bien aatis que il feroit tout ensement; mais il ne pot,
por le roi ki en cel point assambla ses os et apparella
sa * navie por passer en Poitau : par coi il ne li rois
ne poient court tenir. A Portesmues fu li navies ap-
parellies. Là vint li rois à toutes ses osj là sourst une
raellée entre les gens l'archevesque et les gens le conte
de Winciestre% si que li archevesques se courecha, si
que il en jura saint Juliien que il cousteroit ançois
.X"'. mars à l'archevesché que il ne fust amendé^.
Lors manda ses gens de toutes pars, et li cuens de
Winciestre ^ les soies. Quant li rois sot cel afaire ,
il monta sor .i. cheval et vint à l'archevesque, si des-
cendi del cheval devant lui à tierre , et li pria ^ mer-
chi que il por Diu en che point ne commenchast mel-
lée. Quant li archevesques vit le roi descendu , il
descendi de l'autre part et fist quanques il vaut ^ ; mais
moult soufri dolans sa honte comme chil qui ^ estoit
de grant cuer. Li rois et si baron entrèrent es nés, et
passèrent mer, et arrivèrent à le Rociele. Là vinrent
à lui Savaris de Maulyon et li autre Poitevin ki devers
lui se tenoient. Li viscuens de Thoart ^ vint là à lui ,
' Moult plus. — ' Son. — ^ Cestre. — '' Que chele chose ne f. amen-
dée. — ' Cestre. — * Cria, — " Q. li rois volt. — ^ Qui moult.
- 5 Toart.
108 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
qui deviers le roi de France avoit este ; mais il s'en
estoit partis ' et revint à son droiturier segneur, le
roi d'Engletierre , à oui il fu moult bien venus et
qui grant fieste fist de lui et li ot puis grant mes-
tier.
Assés tost sot li rois Phelippes l'arrivement le roi
Jehan, ki tantost s'en vint à Cliinon; mais il n'i de-
meura gaires, ains s'en torna assés tost, et lassa à Chi-
non le duc de Bourgoigne et le conte de Poitau' sen
serouge. Et li rois d'Engletierre, quant il ot parle au
visconte de Toart et à Savari de Maulyon son cliier
ami et as ^ autres Poitevins, il se parti de le Rociele
et chevaucha par la tierre ; et s'en vint à la cité d'An-
giers, ù la fieste estoit adont toute plaine. Si prist
tantost la ville, et ses gens i gaaignierent raervelleus
avoir. Puis passa outre jusques à Bourdiaus-sor-Gi-
ronde, regardant ses tierres et prendant ses houmage*.
Quant il ot fait ses afaires en la tierre de Bourdiaus , il
s'en râla arrière vers Poitau. Bien tost apriès puis que
il s'en commencha à repairier, sot li dus de Bourgoi-
gne [, qui à Chinon estoit,] sa revenue; si manda ^ au
i^oi de France que il s'en revenist ^ tost celé part ,• car
li rois, qui à Bourdiaus avoit esté, s'en revenoit ar-
rière vers Poitau, et si li manda avoec que bien seust-
il que il ne voloit pas iestre offins ', ne onques mais
dus de Bourgoigne n'avoit tant esté en garnison
comme il avoit : si li grevoit moult ; et bien seust-il
que se iP ne s'en revenoit, que il ni manroit plus.
' Mais il s'en partirent, il et se gcnt. — " Poutiu. — ' Et à ses.
' Tcnscs. — ^ Si ni. tantost. — " Yenist. — ' Assis. — ' Il lost.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 109
Par cel mant que 11 dus manda au roi , semonst li
dus' ses os, si s'en \int à Chinon ; et puis passa
Taighe de Viane et entra en Poitau, si s'en ala droit
vers Thoart, ù li rois d'Engletierre estoit jà venus. Li
rois de France chevaucha jusques devant la ville, ar-
dant la tierre ; mais li rois d'Engletierre n'issi pas
contre lui fors, ne onques home n'en lassa issir; et
nonporquant si n'avoit-il pas maint de gent que li
rois de France avolt. Li rois de France arst chou que
lui plot defors forterece , puis s'en repaira arrière ; et
li rois Jehans s'en revint en la Rociele, et entra en
mer, et rapassa en Engletierre , ù il fîst puis moll *
de maus.
Or oiiës quel vie li rois Jehans mena , puis que il fu
repairiés en Engletierre. Toute s'entente torna à dé-
duire son cors : bois et rivières antoit , et moult l'en
plaisoit li déduis. Tant se fîst douter par sa tierre ke
toutes les gens tiesmoignoient que puis le tans le roi
Artu n'avoit eu roi en Engletierre qui tant fust doutés
en Engletierre, en Gales, en Eschoce ne en Yrlande ,
comme il estoit. Les bestes sauvages avoient tel pais
k'elespassoient' par les chans ausi privéement comme
se che fussent brebis. Quant les gens erroient par les
chemins, et il les veoient paistre delés eus , et il poin-
gnolent vers elles , ne s'en daignoient-elles fuir plus
grant alure del trot u des petis galos ; et quant chil
qui les chaçoient arrlestoient, elles arriestoient ausi.
Bauduins li cuens d'Aubemalle avoit une fille de Havy *
la contesse sa feme , qui Aalis'' estoit apielée ; plus
' Li rois. — ' Assés. — ' Paissoient. — < Maewi. — ' Aeli.<!.
110 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
n'avoit d'enfans : celi donna-il à feme à Guillemin, le
frère Guillaume le mareschal , le conte de Pembi oc ,
ù il le maria m.oult bien.
En cel tans moru Hubers Gantiers , li boins arche-
vesques de Chantorbire ; et li rois vint as moines de
Sainte-Trinité, si lor dist que li arclievesques de Chan-
torbire devoit estre li tiers de son consel si hautement
que, s'il conselloit à .i. home, il se pooit sus embatre
sans mesfait ; et puis qu'il avoit tel dignité à son con-
sel, il Yoloit avoir la première vois à l'élection '. Li
moine li otriierent, et il nomma l'evesque de Norewis.
Li pluisour des moines li otriierent , et li pluisour ne
li vaurrent otriier; mais la plus grans partie de cou-
vent se tint devers le roi. Por celé descorde qui fu
entre les moines atirerent li moigne qui devers le roi
se tenoient .xij. de lor compaignons " qui à Rome s'en
dévoient aler por achiever celé besoigne, dont li rois
lor avoit priié. Cil .xij. moigne s'en alerent à Rome
sour le coust le roi ; et quant il i vinrent , malement
li tinrent couvent ; car onques ne se penerent de sa
besoigne avancier ; ains esliurent, encontre chou que
il li avoient en couvent, à archevesque .i.' clerc d'En-
gletierre qui estoit apielés maistre Estievenes de Lan-
gethone; del consel l'apostole estoit, boins clers ert et
de haute clergie. A Paris avoit grant pièce escole te-
nue, et avoit esté uns des plus renommés clers de^ la
cité. Celé noviele desplot m[ou]lt au roi d'Engletierre,
quant il le sot; tantosf» prist l'archeveschié en sa main
et saisi toute la terre as moines , et toz les enchacha
' Del e. — ' Moinnes. — ' De toute. — "T. vint en Kent et.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 111
fors de la lierre : par coi li apostoles Innocens li tiers,
qui adont estoit, mist Eiigletienc en eiitredit ' qui
dura .V. ans. Li entretlis yint au quaresme ; et à la
Saint-Milviel devant s'estoit la roine, la feme le roi,
celé qui fdle fu le conte d'Engolesme, délivrée d'un
lîU qui fu apielés Henris, qui puis fu rois. Apriès '
Tentredit se délivra-elle d'un autre lill, qui fu apielés ^
Richars. Dedens cel entredit vinrent novieles au roi
Jehan que cliil d'Yrlande s'estoient révélé : par coi il
aparella sa^ navie pour aler^ en Yrlande ; mais il s'en
ala ançois sour .i. haut home de le marce de Gales,
qui mellés estoit à lui. Chil haus hom estoit apielés Guil-
laumes de Brayouse. Cil Gui lia urnes de Brayouse avoit
une moult vaillant dame à feme , qui fu née de la tierre
le roi de France ; fille fu Bernart de Saint- Waleri , le
boin chevalier, Mehaus estoit apielée ; biele dame
estoit, moult sage et moult preus et moult vighe-
reuse. Il n'estoit nulle parole de sen baron aviers
chou qu'il estoit de li ; elle maintenoit toute la guerre
encontre les Galois , sor cui elle conquist moult. Maint
biel service fist au roi Jehan, qu'ele inalement em-
ploya , et maint biel présent li fist. Une fois présenta-elle
à la roine .ii]*". vaceset .i. tor, ki toutes estoient blances,
fors les '^ orelles qu'eles avoient rouges. Celé dame se
vanta une fois à Bauduin le conte d'Aubemalle son ne-
veu qu'ele avoit bien .xij"". ' vaces à lait; et se vanta en-
core qu'ele avoit tant de froumages que, se cent des plus
vighereus home d'Engletierre estoient assis en À, cas-
' Mist e. en E. — " Apriès. Dedens. - ' Qui ot à non. — ^ Son.
— '' Passer. — * Des. — ^ .xiij. mile.
112 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
tiel, il se poroient desfendre de ses frouraages .i. mois,
par si encore que il jà lasser ne se peuussent et toz jors
trovassent les froumages aparelliés por jeter ' hors.
IMehaus de lîraiouse et Guillaumes ses maris, quant
il oïrent les novieles que li rois venoit sor eus, il ne
l'osèrent pas atendre , ains s'en fuirent fors de la
tierre. Guillaumes de Braiouse s'en ala en France, mais
che fu par conduit ; et Meliaus sa feme et Guillaumes
ses fils s'en fuirent en Yrlande à Huon de Lachi,
qui estoit Guillaumes ' de Braiouse. Li rois saisi lor
tierre ; puis entra en mer et passa en Yrlande , et vint
à la cité de Dovelinne ^, ù il fu reclieus a grant joie.
Puis chevaucha par la tierre , si virent entre lui et sa
gent mainte grant mervelle qui moult seroient mal
creables, ki vous les raconteroit. Li rois de Counoc
vint à son siervice, uns des plus riches rois d' Yrlande;
moult amena grans gens ; mais tout furent à pie et
moult mervelleusement atorné. Li rois meismes fu
moult povrement montés et atornés à lor guise. Li
rois Jehans li fîst présenter .i. moult rice destrier et
moult richement ensielé et enfrené. Li rois de Counoc
l'en merchia; puis fist oster la siele et monta sus tout à
ars'^, car il ne savoit chevaucier à tout siele ,• et si faite-
ment chevaucha-il une grant pièce delés le roi Jehan ,
qui grant fieste en ot; autresi orent les'^ gens. Li rois
Jehans assist le castiel de Cracfergu, ki moult estoit
fors. Hues de Lachi et Mehaus de Bayouse et Guil-
laumes ses fils avoient esté dedens ; mais quant il
' Ruer. — ' Laci , qui c. païens Guilliaume. — ' Duveline. — '' Aas.
— ' O. toutes.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 11.'}
oïrent parler de la venue le roi , il ne l'osèrent pas
atenJre, ains entrèrent en mer et s'en fuirent en l'ille
de Man, ù il furent .iiij. jors; puis passèrent outre en
la tierre de Gauvoie. Là furent pris entre Mehaut de
Brayouse et Guillaume sen fill ; si furent [renvoie] ar-
rière en Yrlande au roi Jehan qui estoit sires ', qui
encore seoit devant le castiel de Cracfergu. Hues de
Lachi ne fu pas pris avoec els ; ains escliapa, si s'en
fui en Eschoce. Au siège de Cracfergu, ù li rois Jehans
seoit, vint à son siervice 11 rois de Kanelyon % uns
autres rois d'Irlande ; mais chil ne parvint pas jusques
à l'ost, ains se loga à une liue pries en une praierie. Li
rois Jehans, quant il sot sa venue, ala encontre lui,
et quant il vint si priés de l'ost le roi que il le pot
veoir, moult le regarda volentiers; car il estoient lo-
gié en si poi de liu que il sambloit que .ij". home ne
s'i peussent pas aaisier, et si avoit bien en l'ost
•xl™. homes. Li rois de Kenelyon, quant il vit venir
le roi d'Engletierre , il ala encontre lui tout à pie o
toute une partie de sa gent. Quant li rois Jehans le vit
venir, il descendi à pic et l'ala saluer et baisier, et
moult li fist biel samblant. Puis fist venir son drughe-
mant, et li fist requerre que il ses hom devenist et
que cascun an li rendist tréhu de sa tierre. Li rois de
Kanelyon dist que il en parleroit : il se traist d'une
part o la gent, et ot moult tost consellié; puis revint
arrière ses drughemans et dist au roi Jehan : « Sire, me
sires respont que il li plaist moult chou que vous li avés
requis , et moult desirans est d'estre vostre hom et de
' Ces (rois nwis jnanquejil dans le ms. S. -G. — ' Kenelion.
8
114 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
faire vostre volenté dou tout; mais il vous prie comme
à son' segiiorque vous anuit mais l'en donnés respit;
car ses consaus n'est encore pas tous venus, qui doit en-
core anuit toz venir ; et demain , quant il en aura parlé,
vous en respondera **, et fera moult volentiers toute
vostre volenté. )) Li rois Jehans jura les densDlu^ que il
disoit bien , et moult volentiers ^ li donna le respit ;
puis prist congié, si s'en repaira à s'ost, et li rois de
Kenelyon à la soie. Lendemain bien par matin li rois
de Kenelion courut seure les fouriers et cels qui apor-
toient le vitaille à l'ost, si reuba grant plenté de bues
et de vaces et de moutons et de brebis et de palefrois ^
et de roncis. Si prist grant masse d'escuiers et de gar-
çons et de vilains, si ala à tout es montaignes, ù il
estoit ^ gardé de cels de l'ost. Puis manda au roi Jehan
que il là li euAoiast por son tréu, se biel li estoit. Si
faitement perdi li rois Jelians le service de cel roi par
sa couvoitise, dont plains estoit. Li rois Jehans prist
le castel de Cracfergu, si assist les baillius par la
tierre ^ ; puis s'en repaira en Engletierre. Quant il fu
arrivés en Engletierre, il mist en prison Meliaut de
Braiouse et Guillaume son fill el castiel del Corf, si fîst
mètre avoec els une garbe d'avaine et .i. bacon cru ;
onques plus de viande n'i lassa mètre. A l'onzisme
jour fu la raere trovée morte entre les jambes le fill ,
toute droite seans, fors tant qu'ele clinoit arrière sour
le pis son fill, comme morte feme. Li fils, ki mors estoit
autresi, seoit toz drois, fors tant que il clinoit deviers *
. C. s. — ' V. r. — ' Bien — * Et v. — ' Cevals. — « M., là ù n'ot.
— ' I es terres. — * Arrière encontre.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 115
la paroi comme uns mors hom; si li avoit la mère par
destrece toutes ' les joes mangies.
Quant Guillaumes de Braiouse, qui h Paris estoit,
sot ces nouvieles, il moru tost apriès; si tiesmoignent"
plulseur que clie fu de duel. L'evesques de Herefort ses
fils le mist en tierre , à cui li rois rendi puis la tierre
son père. Bauduins de Biethune, li cuens d'Aubemalle,
moru en cel an meismes à Brostewic, un sien manoir
qui siet en Heudrenesse ^ ; si fu enfouis à Meause ^, une
abbeie de l'ordre de Cistiaus. Il fu moines rendus, et
ot les dras viestus ains k'il morust^. Havis la contesse
sa feme donna .v'". livres d'estrelins au roi Jehan por
chou que il jamais ne le peust marier, se sa volentés
n'i estoit, et non fîst-il ; ele ne vescui gaires puis, ains
moru assés tost apriès. A cel tans estoit justice d'En-
gletierre JoiFrois li fîus Pierre, uns sages chevaliers;
mais n'estoit mie de grant linage. Il avoit à feme la
contesse d'Assesse : par coi il estoit moult rices hom.
Et por chou k'il estoit justice d'Engletierre, s'es-
toit-il moult acreus de grans tierres et de haus ma-
riages : par coi il avoit moult grant ^ pooir. Il avoit de
sa feme fils et filles ; deus fils en ot , qui puis furent
andoi conte. Li ainsnés de ces fils ot à non JofTrois de
Mandeville, souentre ses ancissours de par sa mère; et
li mainsnés ot à non Guillaumes. JofTrois li ainsnés ot
à feme la fille Robiert [le fil] Gautier, qui estoit uns
des plus haus homes d'Engletierre et uns des plus pois-
sans. Moult estoit bien emparentés et moult amés de
' La m. t. — "Si tiesmoiugnierent. — ' Heudernesse. — * Meausse,
en. — 'V-, il fu moinnes rendus. — ^ " Il a. gr,
116 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
ses parens. Li rois se coureclia à la justice pour deus
choses : l'une fu por chou que il le doutoit por sa pois-
sance; l'autre si fu por chou que il avoit couvoitise
d'avoir de ses deniers, dont il ' avoit assés : par coi il
le raienst, et li fist puis assés de maus. Avant che que
il le raiensist dist-il une mervelleuse parole. Là ù il
chevauçoit tout son chemin, il apiela .i. clerc de Flan-
dres , qui estoit apielés Gantiers ; prouvos estoit de
Saint-Omer et cousins " germains le castelain. Li rois
l'apiela et li dist : (c Vecs-vous chelui-là ? » Si li mous-
tra la justice. « Oïl, sire, » dist li prouvos. a Ciertes,
dist li rois, vous ne veistes onques mais hom ki tant se
gaitast d'autre comme il se gaite de moi , que je n'aie
de son avoir; mais autretant comme il se paine del
gaitier, me paine-jou comment j'en puisse avoir. »
Quant celé parole fu finée, et li provos se fu partis del
roi , la justice l'apiela , si li dist : « Sire provos, jou oï
ore bien chou que li rois vous dist; et puis k'il a tel
talent d'avoir de mes deniers , il ne puet estre qu'il
n'en ait; mais che sachiés-vous et il meismes le sace
bien , que je li brasserai tel plait dont il se sentira
moult dolereusement maint jour après ma mort. »
Celé parole remest à tant ; mais puis raienst li rois la
justice de .x"'. mars : par coi il le haï moult et li pour-
chaca puis assés de maus.
Une fois s'en alolt li rois viers Mierlebierge% si avoit
en sa route assés des haus homes d'Eiiglclierre; il i
estoit Joffrois de Mandeville , li fils la justice, qui ses
siergans envoia avant à Mierelebierge. Li sergant, quant
' Cil. — ' Et frcrt'S. — ' Mcrlebersrt'.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 117
il vinrent en la ville, il troACrent .i. moult biel lios-
tel, si entrèrent ens ; mais li siergant Guillaume
Bruuierre ' entrèrent en l'ostel , et en jetèrent à
force les siergans Joffroi. En che point que chou
avint, entra Joiï'rois en la ville. Quant il vint devant
Tostel, si siergant vinrent à lui, si li disent ; « Sire,
veés chi les siergans mon segneur Guillaume Bruiere,
ki nos ont chaciés de ' l'ostel que nous aviesmes pris h
vostreoés. » JofTrois vint tantost as siergans Guillaume
Bruuiere, si lor requist que il iviudassent son hostel;
mais il ne le vaurrent faire : par coi mellée com-
menclia entre eus. Si ocist JofFrois tantost le plus
maistre d'aus \ Quant JofFrois ot le sergant ocis, il se
douta del roi , qui le liaoit pour l'amour de son père ;
si fist tantost toutes ses gens monter et tout sen har-
nois tourser, si s'en fui. Et quant Guillaumes Bruuiere
oï les nouvieles de son siergant qui estoit ocis , il s'en
vint au roi, si se plainst à lui. Quant li rois l'oï, moult
fu iriés; si jura les dens Diu que, s'il le pooit tenir, il
le feroit pendre. Et JofTrois , quant il fu issus de Mer-
leberge , erra tant que il vint à Robiert le fiU Gautier,
cui fille il avoit ; si li conta che k'avenu li estoit. Ro-
biers li fils Gautier, quant il oï chele nouviele, moult
li desplot ; mais nonporquant il s'en ala assés tost
après le^ roi , et li requist que il por Diu euust merchi
de Joffroi qui sa fille avoit. Li rois jura les dens Diu
que non auroit, ains le feroit pendre, se il le pooit
tenir. «Vous fériés pendre , dist Robiers Gautiers, ce-
' Briwerre. — ' Fors del. — ' M. sercant. — ■* Al.
118 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
lui qui ma fille a ! Par corpus Domini, non ferés ! ains
en verriés .ij'". liiaumes laciés en vostre tierre, que chil
fust pendus (jui ma fille a. » — «Voire, dist li rois,
Aous aatissics-vous à moi ? » — « Je non, dist Robiers
li fils Gautier, ne m'aatis pas à vous, car vous estes
me sire liges; mais de tant m'aatis-je bien ke jà
hom qui ma fille ait ne serra pendus en Engletierre
tant comme je vive; mais metcs jour à Jolïroi, et je
le vous amenral : si vous adrecerai ' si hautement chou
que il a mespris enviers vous que vostre hounours serra
del prendre. » Li rois, ki à autre chose pensoitque il
ne li desist , respondi que si feroit-il volentiers ; lors
li mist jour à Notinghehen. Robiers li fils Gautier, ki
le roi connissoit à moult gaignart, ne vaut pas venir
à court desgarnis; ains amena o lui bien .v". chevaliers
à toutes lor armes. Quant li rois vit qu'il estoit venus
si garnis, il vit bien ke il ne poroit pas faire sa volenté
de JofFroi : moult li greva, si ne vaut adont plus faire
de celé chose, ne parole oïr de pais; si lor mist jour
à une autre fois. A l'autre ^ jour derechief revint Ro-
biers li fils Gautier si garnis à court que li rois n'ot
pooir de lui ne de JotTroi mal faire. Quant li rois vit
chou, molt fu iriés, et moult commencha à haïr
Robierl le fill Gautier, et molt se commencha à pour-
penser comment il li peust mal faire. 11 manda pri-
vëement ^ à ses bourgois de Londres, qui se faisoient
apieler baron , ke si chier comme il avoient s'amour à
avoir, qu'il abatissent le castiel Robicrt le fill Gautier,
' Adrcccra. - ' M. .i. autre jor. Altrc. — ' Tout p.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 119
qui dedens Londres estoit, que on apleloit Castiel-Bai-
gnart *. Quant li bourgois oïrent che c[ue li rois lor
mandoit, il n'osèrent trespasser son commandement,
ains s'assamblerent et viinent devant le castiel, si
l'abatirent. Celé felenie fist li rois Jehans , ki mainte
en fist tant comme il vescui.
Bien s'apierchut Robiers li fils Gautier que che fu
par le commandement le roi que cliil de Londres li
abatirent son castiel ; il pensa bien que puis k'il li
avoit ceste chose faite, qu'il li feroit encore pis, s'il
pooit : si n'osa sour chou demourer en la tierre, ains
prist sa feme et ses enfans, si s'en fui à tout fors de la
tierre. Il avoit .ij. filles et .i. fîll; li ainsnée des filles,
si comme vous avés oï , fu mariée à JofFroi de Mande-
ville, et l'autre fu encore petite puciele ; mais puis fu-
elle mariée à Guillaume de Mandeville , qui frères fu
Joffroi ; mais puisnés^ estoit de lui. Quant Robiers li
fils Gautier ot mer passée , il fist à entendre par tout
que li rois Jehans voloit sa fille ainsnée, qui feme
estoit JofFroi de Mandeville, avoir à force à amie, et
por chou que il ne le vaut soufrir, l'avoit-il chacié de
sa tierre et tout le sien tolut. Il s'en vint à la cité
d'Arras : là lassa-il sa feme et ses enfans, si passa
outre et ala parler au roi de France. Chi conte l'estore
d'une mervelleuse chose qui avint au roi de France ,
ançois que Robiers li fils Gautier venist à lui.
Il avint que li rois Phelippes de France ^ se dormoit
une nuit en son lit , si sailli sus autresi comme toz esma-
' Baingnart. — ^ Ains neis. — ' Les sept mots précédents manquent
dans le ms. S.- G.
120 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
ris et dlst : «Dex! k'atenc-jou, qui ne vois Engletierre
conquerre? » Si ' cliambrelenc , ki devant lui gisolent,
s'en esmervellierent moult; mais il n'en osèrent par-
ler. Tantost commanda li rois que il li fesissent venir
frère Garin, .i. hospitalier qui moult estoit maistres de
son consel , et Biertremiu de Roie, .i. chevalier qui
moult estoit bien de lui , et Henri le mareschal ,
.i. petit chevalier ki moult l'avoit bien siervi et cui il
amolt moult et maint bien li avoit fait; en Normen-
die avoit-il Argentuel * et autres grans tierres. Ces
.iij. lisent li chamberlenc venir au roi, et pluisours
autres qui de son consel estoient. Li rois commanda à
eus que il envoiassent tost par toute sa terre as pors
de mer, si fesissent retenir toutes les nés que il trou-
veroient , et des nouvieles fesissent ^ à grant plenté ;
car il voloit passer en Engletierre et le règne con-
querre. Chil lisent son commandement ; si envoierent
tantost as pors de mer, si lisent retenir toutes les nés
que il trouvèrent; et puis cuisent carpen tiers, et en
lisent assés faire de novieles. Li ro[i]s manda toz les
haus barons de sa tlerre à parlement, si lor requist
que il venissent o lui en Engletierre pour le règne
conqueire. Tout li otriierent, fors li cuens de Flan-
dres, qui ne li vaut otriier se il ne li rendoit Saint-
Omer et Aire, que ses fils Looys li avoit tolu. Par cel
escondit fu puis li cuens toz destruis , et jetés en pri-
son à Paris en la tour dou Louvre. En cel point que li
rois assambloit ses os et apparelloit sa navie, vint Ro-
biers li fils Gautier à lui ; et quant li rois le vit venir,
' Si que si. — ' Argentuem. — ' Feissent faire.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 121
il le salua moult hautement, et li demanda dont il \e-
iioit et quels besoins l'amenoit en France. « Sire, dist
Robiers, grans besoins m'i amalne; car li rois m'a
chacié * d'Engletierre, et toute ma tierre tolue. » —
(( Por quelc ocoison? » dist li rois. « Ciertes, sire, dist
li rois ', l'ocoison vous dirai-jou : il voloit à force jesir
à une moie fille, que Joffrois de Mandeville a espou-
sée î et por chou que je ne le yauch soufrir, m'a-il
destruit et chacié de ma ' tierre : si vous pri pour Diu
que de moi vous prenge pités , comme d'un home
deshireté à tort. » — « Par la lance saint Jaque ! dist
li rois, chis maus vous est avenus en bon point, car
je dois passer en Engletierre ; et se je puis la tierre
conquerre , vostre paine ^ sera bien restorée. » —
« Sire, chou dist Robiers, jou ai bien oï la nouviele
que vous devés passer en Engletierre, si en sui moult
liés ; et sachiés , se vous me voliés baillier de vos che-
valiers .iiij'^. et .v*^. ^, jou passeroie avant et arriveroie
en la tierre maugré le roi, et i demouerroie legiere-
ment^ .i. mois par la force de mon linage; si vous
atenderiesmes en la tierre, et vous-meismes poriés lors
passer plus seui^ement. » — « Par le chief saint Denise !
dist li rois, Robiert, jà uns seus de mes chevaliers n'i
passera avant moi , et vous-meismes m'atendercs et
passerés avoec moi. » — « Sire, dist Robiers, je ferai
chou qu'il vous plaira \ » Devant cest afaire avint que
li rois d'Engletierre envoia Savari de Maulyon au conte
Raimon de Thoulouse , son serouge , que il siervi une
■ Caciet fors. — ' Robers. — ' Sa. — * Perte vos. — ' Trois ceus
u quatre ceus. — ^ Pleniercnient. — 'P. moult volentiers.
122 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
grant pièce, tant que il entendi ke li cuens estoit escii-
meniics de l'apostole pour les mescieans d'Aubegois
que il sousteiioit, et de lui-meismes tiesmoignolt-on
que il estoit de mauvaise créance : par coi il fu fourju-
giés en la court de Rome. Savaris, quant il chou sot,
ne vaut plus demuurer en son service ; ains s'en parti ,
et il le requist que il li paiast ses soldées, et li cuens
ne li vaut paier : par coi il prist puis Raimont son fill ,
qui niés estoit le roi d'Engletierre son segneur, fils de
sa serour la roine Jehane, si le raienst de .x"". livres.
Lors fu noncié à Savari que li rois d'Engletierre 11
savoit si mauvais gré ' de son neveu , ke raient avoit ,
que, se il le pooit tenir, il li feroit anui : par coi il cuist
sa pais au roi de France, et s'aparella de passer o lui en
Engletierre.
En cel tans avint une mervelle en Engletierre, d'un
home qui se faisoit devin; Pierres de Pont-Frait estoit
aplelés. Mainte chose dist que on vit avenir; dou roi
raeismes dist-il que il devolt bien prendre garde de
lui-meismes, car il ne seroit pas rois de si à l'Assen-
tion. Celé cuse fu contée au roi, qui moult s'en cou-
recha ; si manda " tantost que on li feist celui venir.
Amenés li fu, et li rois li demanda s'il avoit che dit.
Chil respondi que voirement l'avoit-il dit et bien le
disoit encore. Li rois le fîst tantost prendre, et si jura
les dens Diu^ que, se il li disoit voir, il n'auroit garde;
et, s'il li mentoit, il le feroit pendre, ne jà n'enauroif*
raençon. Lors fu chil jetés en prison, et uns siens fils
avoec lui ; mais onques en la prison ne se despera ,
' Si grant malgré. — ' Commanda. — ' Bien. — ^ N'en prendroil.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 123
au samblant qu'il faisolt, ne tant ne quant. Fiere paour
ot li rois Jelians de la parole cpie ciill ot dite, car ' il
estolt en mauvais point de maintes choses : il veolt qu'il
estolt escumeniics ; de l'autre part il veoit que tout
cliil de sa tierre le haoient; de l'autre part, il savoit
que li rois de France venoit sour lui , qui tant estoit
fors et poissans que ^ il savoit bien '\ s'il pooit arriver
en la tierre , il ne se porolt pas desfendre à lui -, car
trop amenrolt de boins chevaliers avoec lui. En mainte
manière se commencha à pourpenser, et bien vit que ,
se par l'apostole rescous n'estoit , jà rescous ne seroit.
Tantost envoia ses messages à Rome, si manda à l'apos-
tole que il pour Diu euust merchi de lui , et li proia que
il l[i] envoiast un de ses clers que il creist, et il par le
consel de lui amenderoit^ entirement quanques il mes-
pris aroit^ vers sainte Eglyse; et bien seust-il que ore
poroit-il estre bien sires del règne d'Engletiere, qui
si longhement avolt encontre lui esté.
Quant 11 apostoles oï celé nouviele, moult li plot; si
i envoia tantost .i. de ses clers, qui estoit apelës Pan-
doufles. Chil clers passa les mons, si s'en vint en
France ; et de France vint à la mer, ù li fils le roi ,
qui Looys estoit apielés% estoit jà venus, et les os s'as-
sambloient' durement; mais li rois n'i estoit encore
pas venus. A "W issant ^ entra en mer, si arriva à
Douvre. Li rois Jehans estoit ^ en che point defors
Douvre à une maison del Temple, pour le roi de France
qui sour lui devoit venir. Moult avoit grant ost li rois,
• Dite, il vit bien que. — ' P.; il. — ' B. que. — '' A. tôt. — ' Avoit.
— * U Loeys li f. le r — ' S'i a. — ' Winsant. — '^ Li r. estoit.
124 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
bien esmoit-on ses chevaliers à .xij'". Quant li rois sot
la venue dou clerc l'apostole, il s'en vint tantost ' en
la ville de Douvre, si le recliut moult hiel. Tant par-
lèrent ensamble entre le roi et le clerc que la pais fu
devisée entre eus, en tel manière que li rois reclievroit
Engletierre ^ par .vi*". ^ mars de tréu cascun an, et Yr-
lande par .iij''., et as clers cui il avoit le lor tolu
restoerroit lor piertes, par le consel le clerc; et par
tant"^ seroit pais, et r'auroit sa crestienté. Ensi fu li
rois rassaus et ot sa pais, et si prist le signe de la crois.
Et quant la noviele vint à ^ l'ost que li rois estoit ras-
saus et que on r'avoit la crestienté , moult veissiés par
tout les Englois esbaudis , moull les oïssiés entre els
aatir et afficier que jà la tierre ne pierderoient, puis
que on r'avoit la crestienté , qui assés mauvais sem-
blant faisoient devant che ^ que celé nouviele venist ;
mais puis furent-il moult baut. Pandoufles li clers s'en
entra en mer, et passa outre ; si al a parler au roi de
France, ki jà estoit venus à Gravelinghes ; si li des-
fendi que il ne passast pas en Engletierre pour mal
faire , car tous li règnes d'Engletierre estoit del fief
l'apostole; et, se il i passoit, bien seust-il que li
apostoles feroit justice de lui et de sa tierre. Par ceste
desfense ne passa pas li rois; ains se parti de Gravelin-
ghes moult iriés, si s'en ala sour la tierre le conte de
Flandres , qui li avoit escondit l'aler en Engletierre ;
si fist toutes ses nés aler au Dan , et bien les garni. Et
Robiers li fils Gautier, quant il sot celé noviele, ançois
' T. à lui. — ' E. del apostole. — ' .vij'-. — ^ Et p. tout. — "■ Aval.
— '' F. anchois.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 125
que li rois se partesist ' vint-il à Pandoude le clerc ;
et li dist que il "" s'estoit partis d'Eiigletierrc por le
roi qui escumeniics estoit, car il ne \oloit pas estre
eu la compaignie des escunieniiés : et por chou li avoit
li rois toute sa terre tolue ; mais, puis que li rois
estoit assaus et il avoit sa pais , il li requeroit que il
l'en remenast o lui ^ en Engletierre, et li fesist sa pais
au roi, et sa tierre li fesist r'avoir. Par la requeste que
Robiers li fils Gautier fist àPandoufle, l'en remena-il
en Engletierre , et li list sa pais au i^oi , et toute sa
tierre li fist r'avoir. Lors ot pris .i. parlement à Ra-
dingues ^ entre le roi et le clergié ; si donna li rois à
l'arclievesque de Chantorbire .xy"\ mars por les da-
mages ke fais li avoit, et à l'autre clergié fîst-il pais
par le consel Pandoufle le clerc. En che tans moru
JofFrois li fius Pierre, qui ot esté justice d'Engletierre ;
puis fist li rois justice de Hubiert de Bours ^, qui ses
chamberlens ot esté.
Quant li jours de l'Assention fu passés, li rois se
pourpensa de la parole que Pieres de Pont-Frait li ot
dite ; si envoia tantost au castiel ù il estoit en prison %
por lui faire pendre. Ançois que chil qui le gardoient
en seussent les noveles , lor dist-il : a Segnor, li rois
a envoie en ceste ville por faire pendre mol et mon fill.
Jou serai pendus , car bien le sai - ; mais che serra à
tort, car li rois a recheu son règne de l'apostole très
tierc jour devant l'Assention : et puis que il tient son
' Se p. de Gravelinghes. — " K'il que il, ms. 455. — ' Menast od
lui arrière. — * Radinges. — '' Bors. — ^ En p. manquent dans le ms.
S.-G. — ■ Por m. f. p. Jou sai Lien que jou s. p.
126 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
règne de nul home mortel , dont ' n'est-il pas rois. »
Ne targa gaires" apriès que H message le roi vinrent as
gardes, si lor disent chou que li rois lor mandoit. Chil
lisent le commandement le roi : si fu Pieres pendus ,
et ses fils o lui.
Grant ire et grant courons ot à son cuer li rois de
France , pour l'apostole qui li avoit tolue le voie d'En-
gletierre ; il s'en ala sour le conte de Flandres , ensi
comme vous avés oï. Quant il vint devant Ypre , li
cuens vint à lui et li cria merchi ; mais riens n'i es-
ploita, et pour .i. poi que on ne li fist grant honte.
Lors se parti li cuens del roi , si s'en passa par mi
Ypre ; et dist as bourgois que il ne tenlssent pas la ville
encontre le roi , ains li rendissent ; puis s'en ala , si
manda de toutes pars ses homes là ù il les pot avoir.
Li rois, quant li cuens se fu partis de lui, s'en vint à
Ypre; si li fu tantost la ville rendue, et il prist des
bourgois hostages et sairemens. Puis chevaucha par
la tierre de Flandres , si fu à Bruges et à Gant , et si
prist des bourgois ostages et sairemens^. Li cuens de
Flandres, quant il vit que il ne poroit trover merchi
au roi , il parla à ses homes et lor demanda consel. Si
home li loerent que il envoiast en Engletlerre au roi
Jehan et s'en plainsist ^ à lui , et si manda ^ as cheva-
liers de sa tierre que il por Diu mesissent consel en ^
son afaire et li aidassent à lor pooirs enviers le roi. A
cel message fu esleus uns chevaliers % Bauduins de *
' M., puis. — ' Puis. — ^ Cette phrase manque en entier dans le
ms. S.-G. — ^ Presist. — ' Mandast. — * A. — ' C, qui estoit apelés.
— •Del.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 127
Nuef-Port. Cil cueiis de Flandres dont je vous di estoit
apielés Ferrans , fils ' le roi de Portygal ' ; la contée
de Flandres tenoit de par sa feme , la contesse Jeliane,
([iil fil fille Tempereour Baiiduiii de Constantinoble et
la boine contesse Marie. De cel mariage li aida une
soie ante, qui fu feme le boin conte Plielippe de Flan-
dres ; car elle donna au roi de France .1. mile livres
de paresis pour le mariage faire, et moult li cousta as
conselliers le roi. Celé dame ot moult grant douaire :
elle tenoit en ses mains Douay et Lille et BaillueP en
Flandres et CassieH - sour-le-Mont et Bourbourc^-
sour-le-Mer et quanques il apendoit à ces castiaus. A
Furnes estoit lors fuie ^ pour la guerre.
Bauduins de Nuef-Port , qui fu eslius à aler ou mes-
sage le conte en Engletierre , entra en mer et s'en ala
syglant ; si arriva à Sauv\ is tout par nuit. Celé chose
qu[e] je ore vous conte a vint devant le parlement de
Radingues, ù li lois Jehans fist sa pais au clergié.
Por chou que il m'estuet conter de .ij. estores, de celi
d'Engletierre et de celi de Flandres , ne vous puis-jou
pas toutes les choses conter en ordre. En cel point que
Bauduins de Nuef-Port arriva à Sauwis , estoit li rois
d'Engletierre defors Douvre , ù il avoit faite sa pais à
Pandoufle le clei^c l'apostole, si comme vous avés oï.
Quant Bauduins fu arrivés, il monta errant ^ sor son
palefroi et s'en vint à l'ost; si ala parler as chevaliers
de Flandres qui en l'ost [estoient , qui ] gisoient [en-
core] en lor lis. Tout droit à l'ajornée vint-il à eus,
' Fils fu. — " Porlingal. — ' Bailloel. — ^ Cassel. — ' Borborc.
_ 5 F f _ _ : Tantost.
128 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
et les esA^ella et parla à eus : .vi. haus homes de Flan-
dres i avoit et pluisors autres bacelers. Des .\\. lia us
homes estoit li uns Robiers de Biethune , 11 aiiisnës
des fils l'avoué Guillaume, fors .i. qui Danois' estoit
apielés, qui s'en estoit aies vers Constantinoble ; li se-
cons fu Guillaumes de Saint-Omer, frères le castelain ;
li tiers fu Gilles Biertaus% li cambrelens de Gremines;
li quars fu Adans Chieres, li chastelains de Bierghes; li
quins fu Henris de Bailluel ; li sixtes fu Gales de le
Coupiele. Bauduins de Nuef-Port parla à ces .vi. homes
et as ^ J^acelers de Flandres qui là estoient ; si lor
conta comment li rois de France avoit toute saisie la
tierre de Flandres , et le conte en avoit chacié et ne li
voloit faire droit ne loi , ne merchi n'en voloit avoir.
Si lor mandoit li cuens que il pour Diu parlassent au roi
d'Engletierre et li priassent que il mesist consel en lor
afaire ; et, se il mètre ne li voloit, que il s'en reve-
iiissent à lui. Quant li chevalier de Flandres oïrent
celé nouviele, moult lor desplot : si em parlèrent en-
samble. Robiers de Biethune, cui je nommai premiè-
rement, estoit mauvaisement dou conte de Flandres,
pour la roine de Portygal s'antain , cui il avoit guer-
roie por chou qu'ele faisoit tort à son père. Celé roine
de Portygal fu celé dame meismes dont je vous dis
devant '^, qui ante estoit au conte Ferrant et qui fu
feme au conte Phelippe. Por chou qu'ele fu fille à
roi Taplela-on^ roine, ne onques le non de roine ne
perdi por le non de contesse. Robiers de Biethune,
• Daniels. — ' Bertaus. — ' Sis haus h. et as autres. — '' Ci-d.
— ' L'a. -on tous dis.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 129
comme vaillans chevaliers ', ne vaut onques por chou
laissier que il estoit mauvaisement dou conte que il
ne se penast de tout son pooir* de se besoigue avan-
cier. Il meismes fu eslius à moustrer la parole devant
le roi. Quant il oren[t] parlé ensamble, et Robiers ot
enchargié la parole à dire, il s'en vinrent devant le
roi ; et tantost que li rois les vit venir, si lor dist :
(X Souffrcs-vous .i. poi. Je sai bien que vous volés^ si
en parlerai à mon conseP. » Lors se traisent cil ar-
rière, et li rois apiela à son consel Guillaume Longhe-
Espée son frère , qui sires ^ estoit de Salesbieres ^, et
l'evesque de Winciestre et pluisours des autres con-
seil iers.
Au conseil le roi furent apielé li cuens de Bouloi-
gne et Hues de Bove, qui andoi estoient chacié de
France, et toutes lor tierres lor avoit li rois tolues.
Li rois se consella à ceus que je vous ai chi nommés,
si ot moult tost conseil ié. Puis remanda les Flamens
et lor dist : « Segnour, je sai bien que vous voliés
orains : vous me voliés prier que je mesisse consel à
l'afaire le conte de Flandres , vostre segneur, et je li
meterai ^ moult volentiers. Jou voel bien ke vous aies
à lui , et jou-meismes 1 envoierai o vous le conte de
Salesbieres mon frère, qui chi est, et de mes autres
chevaliers et de mon avoir, par si que vous revegniés
o moi tantost ke je mestier en aurai. « Quant chil
cirent la parole que li rois dist , m.olt l'en merchie-
rent; et si li disent ke, se il dévoient à no par mi la
' Bacelei s. — ' P. à son. — ' Ces trois derniers mots manquent dans
le ms. S.- G. — ■* Quens. — ' Salesbires. — ^ M. conseil.
1.30 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
mer revenir, si reveiiioienl-il tanlost que il orroient
son bcsong. « Grans mierchis, dist li rois. Or aies as
nés. » Lors montèrent li chevalier, si s'en alerent
inoiilt en haste à Doiivre, et lisent tantost lor chevaus
entrer ' es nés. Li rois meismes les envoia " jusques
àDouvre, si bailla au conte de Salesbieres son frère
une soie nef qu'il ot faite faire, qui si estoit biele et
grans et bien faite que tout chil qui le veoient disoient
que il onques plus biele n'avoient veue; n'onques en la
luer d'Engletierre n'en fu nulle faite qui de la moitié
fust tant grans. Li cuens de Bouloigne et Hues de
Bove s'en alerent en cel esîore o les autres, et Jehans
lils Huon , uns des conselliers le roi. Devant la Pen-
tecouste montèrent sour mer; mais petit vent orent,
si ne porent pas si tost arriver ^ comme il vaurrent.
Cel jour et celé nuit furent en mer, et lendemain au-
tresi et la nuit apriès. Le joesdi vinrent devant la Mue,
qui siet à .ij. liues del Dan. Lors s'armèrent chil qui
armé n'estoient , si issirent des nés et entrèrent es
batiaus, et coururent seure l'estore le roi de^ France,
que il là trouvèrent ; si le desconfirent : toutes
gaegnierent les nés que il trouvèrent en flote, bien
en gaegnierent quatre cens. Puis alerent assallir les
grans nés, qui estoient plus priés de la ville del
Dan; mais elles estoient à sec sor la tierre traites,
si n'i pooient riens faire. Quant il che virent, il se
traisent arrière et s'en repairierent à lor nés à tout
lor gaaing.
Lendemain au venredi vint li cuens de Flandi^es ,
■ Cartier. — ' Convoia. — ' Aler. — * L'estoire de.
ET DES ROIS D'AINGLEÏERRE. l.'il
qui lor vernie sot , sor le rivage parler h eus à poi
de gent : il n'amena pas plus de .xl. chevaliers o
lui. Quant cliil des nés le virent venir ', il entrèrent
en lor batiaus et alerent parler à lui sour tierre, si
li requisent que il s'aloiast * au roi d'Engletierre ; et
il lor respondi ^ qu'il estoit hom liges le roi de France,
si n'oseroit chou faire se si home ne 11 looient [Si
home li disent que il bien le pooit faire. Encore dont
ne la voit-il faii^, se il ne li looient] par conjure-
ment. Lors les conjura que il li donnassent consel
par la foi que il li dévoient [ , se il sans blasmer le
pooit faire;] et il disent^ que il le pooit bien faire
sans blasme , sour chou que li rois a voit esploitié viers^
lui. Lors fu faite l'emprise, si jura li cuens sour sains
que il dès ore mais aideroit en boine foi le roi d'Enp-le-
tierre, ne jamais ne li faurroit ne pais ne feroit sans
lui ne sans le conte de Bouloigne. Et chil qui de par
le roi d'Engletierre furent là venu jurèrent al conte ^
cel sairement meismes de par le roi, et li cuens de
Bouloigne le jura de par lui-raeismes et de par le roi
autresi. Ensi fu faite l'emprise. Lors vint avant Ro-
biers de Biethune de par le conte, si fu tantost faite la
pais entre aus. Lors firent li chevalier de Flandres ,
qui es nés estoient venu , lor chevaus traire fors
des nés à grant esploit , si se herbregierent la nuit
sour tiere. Lendemain fu la velle de la Pentecouste.
Li cuens de Flandres et li cuens de Bouloigne et li au-
' Y. manque dans le ms. S.- G. — ' S'ea preist. — ' D'E. Il r.
— ''Si home prisent sor la foi que il li dévoient. — ■ ' Sor. — "^ Là vin-
rent al conte et j .
132 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
tre chevalier cjiii sou tierrc estoient se levèrent bien '
matin , si alcrent oïr messe ; et puis s'armèrent et
montèrent sorlor" chevaus, si s'eslongierent des nés et
s'aprocierent de la ville del Dan\ A demie-liue priés
de la ville s'arriesterent, et prisent consel de quel part
il feroit mellour assaillir la ville ne les nés. Robiers de
Bietlîune et Gantiers de Gistiele ^ se partirent d'eus ,
et s'en alerent jusques outre la rivière ^ del Dan ; si
vinrent sor une aighe que on apiele la Roie; celé
aighe vait de Bruges au Dan. Quant il vinrent sor la
rivière*^ de l'aighe, il regardèrent viers Maie une mai-
son le conte , qui siet defors Bruges , que il pooient
bien d'illuec veoir. Si virent que grans gens s'i lo-
goient. Bien cuidierent que che fussent li bourgois
de Bruges qui de la ville fussent issu por venir encon-
tre lor segnor. En che point vint acourant une feme
vers eus, qui bien connissoit Gautier de Gistiele; si li
dist : (( Mesire Gautier, que faites-vous ichi? Li rois de
France est repairiés o toute s'ost en cest pais , et che
sont ses gens que vous veés là logier. » Et quant Ro-
biers et Gantiers oïrent celé nouviele, il s'en repairie-
rent tantost viers lor gens; si contèrent as .ij. contes
celé nouviele. Li cuens de Bouloigne dist au conte de
Flandres : « Sire , traions-nous arrière : chi ne fait
mie boin demourer. » Lors se traisent arrière le pas;
si proierent à Robiert de Biethune que il alast as nés,
si lor fesist venir le conte de Salesbieres et Huon de
Bove et Jehan le fill Huon , por parler ' à eus sour le
' B. par. — " Les. — ' Dam. — * Ghistiele. — '' La vile. — '^ Rive.
— ' Hue parler.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 133
rivage. Robiers lor otria, si descendl de son chevalet
monta sour .i. palefroi. Si comme 11 s'en devolt aler,
il oï grant noise commencler derrière lui ; il se re-
garda , et vit c[ue doi arbalestrier des gens le roi de
France estolent venu traire à lor gent. Et quant il
vit chou , il descendl de son ' palefroi et remonta
arrière sour son cheval.
Anslaus de Rouslers et Lambekins de Rosebreche %
uns siens compalns , laisslerent courre vers les ^ arba-
lestriers; si les portèrent, en lor venir, à tierre. Tan-
tost furent pris ambedoi 11 arbalestrier. Lors colsa
la noise une pièce. Puis revinrent .v. arbalestrier, si
commencierent à hardoiier as gens le conte. Aprlès
les .viij.'* en revinrent .vllj., puis en revinrent^ une
grans masse , puis commencierent à a enir siergant à
cheval, puis vinrent chevalier à grant plenté. Tant i
vint grans force des gens le roi que les gens le conte
ne les porent soufrlr, ains se traisent arrière ; si i ot
grant desconfiture. La fu pris Gantiers de Fourme-
sleles '^ et Jehans ses frères et Gantiers d'Anies " et
Gulllaumes d'Ypre et Tumas Chieres ^ et Giselins de
Havescierque ^ et Hues de la Bretalgne , uns cousitis
Robert de Biethune , qui nouvlaus chevaliers estoit.
Jusques à .xxij. chevaliers ot pris à celé desconfiture,
et plulsours siergans à cheval. Lors entrèrent es nés 11
cuens de Flandres et 11 cuens de Boulolgne et tout li
haut home, fors seulement Gilles Biertaus , 11 cham-
berlens de Gremines, et Roglers de Gistiele et Gantiers
' Del. — ' Roscbecke. — ^ Les deus. — ^ .v. — "^ Revint. — ^ For-
meseles. — " D'Aiiincs. — ^ Cieres. — ' Ghiseliiis de Havesqucike.
134 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
ses frères et Herbers de Furiies , qui maistres estolt de
Blavetins ', et Robiers de Bietliune, qui le conte de
Flandres fist entrer en une nei ; ne onques ne se vaut
partir del rivage devant chou que li cuens fu en la nef.
Puis s'en ala ; si enmena le cheval le conte à sauveté,
por chou que il ne vaut pas que li François l'euussent.
Li cuens de Flandres et li cuens de Bouloigne et li cuens
de Salesbieres, qui en la grant nef le roi d'Engletierre
cstoit, s'en alerent en l'ille de Waucres sauvement, et
Hues de Bove et Jehans li fils Huon et toute la grans na-
vie s'en repairierent en Engletierre ; si orent si grant
tormente que à paines '' qu'il ne furent tout perellié. Chil
qui demourent à terre s'eslongierent des François, car ^
il cuidierent estre à garant. Gilles Biertaus, li chamber-
lens de Gremines, s'en ala à ArdembomT/, dont il estoit
castelains ; et Rogiers de Gistiele et Gautiers ses frères
s'en alerent à Gistiele , et Hierbiers de Furnes s'en ala
en son^ pais, et Robiers de Biethune s'en ala vers
JNoef-Port. Et en cel point s'estoient li baron de Flan-
dres assamblé à Courtray, et chil de Haynau à Aude-
narde ; molt avoient grans gens , que des lor, que des
gens le conte. Quant il oïrent parler de la desconfi-
ture del Dan , il en lassierent tantost lor menues gens
aler, si eslurent .iij. haus homes por aler querre le
conte. De ces .iij. fu li uns Arnous*" de Landast, qui
estoit uns des barons de Flandres; des autres deus fu
li uns Phelippes li castelains de Maudenghien % et li
' Blavotins. — ' Que por i. poi. - ' F. itt s'en alerent là ù. - * Au-
dembourt ' F r» H. do F s'en alercnl en lor. — ® Ernols. — ' Mal-
flcnshicn.
ET DES IIOIS D'ANGLETERRE. 130
autre Phelippes de la Gastlne. Clill .iij. s'emuient et
vinrent à ' Noef-Port , ù il troverent RoLiert tle
Biethune o .Ix.' chevaliers. Ançois que il venissent en
la ville, i fu venus Thumas Chères % qui pris avoit
esté en la desconfiture j mais délivrés fu par l'aie de
ses amis qui en l'ost estoient, ançois que li rois le
seust. Le lundi en la Pentecouste, par matin, vint
Thumas Chères à Nuef-Port,- si conta à Robiert de
Biethune [se il savoit nule noviele de chou] que li
rois de France avoit toutes ses nés arses et que il
s'estoit retrais arrière viers Gant.
Chil troi haut home dont je vos ai conté vinrent au
port que je vous ai dif^ cel jour meismes, si deman-
dèrent à Robiert de Biethune se il savoit nulle nou-
viele del conte. Robiers lor dist que uns pescieres li
avoit dit k'il avoit laissié le conte en l'ille de Waucres,
et le conte de Bouloigne et le conte de Salesbieres o
lui , et bien cuidoit que li cuens Willekins de Hollande
i l'ust. Quant il lor ot chou dit, il descendirent; si
parlèrent ensamble lout quatre, si devisèrent que il
iroient lendemain par matin en l'ille de Waucres
querre le conte; ensi comme il le devisèrent le firent :
lendemain par matin s'en entrèrent^ tout quatre en
une pescheresse, si s'en alerent vers Waucres. Si comme
il s'en aloient syglant, il coisirent en mer le conte de
Salesbieres; si s'en repairierent *^ en Engletierre o tout
.vij. nés. Bien les < reconnurent par la grant nef le roi.
Celé nuit jurent en une ville ^ que on apiele Wilpes ^
' Au. — = .xl. — 5 Chicrcs — « Au Noef-Port. — ' L. c. — '' Qui
s'en repairoit. — ' Le. — * Islc. — ^ V\ Ipes.
136 HISTOTRE DES DUCS DE NORMAÎSDIE
Lendemain arrivèrent en Waucres; si trouvèrent le
conte à Midiebourc ', une boine ville qui siet en Wau-
cres, et le conte de Bouloigne o lui et le conte Wille-
kin de Hollande, qui toutes ses comraugnes ot as-
samblces ' por aidier le conte. Grant joie fist li cuens
Ferrans de ces ' quatre haus homes , quant il furent
arrivé. Il parlèrent ensamble et trouvèrent à lor con-
sel que lendemain s'en iroient viers le Dan; et quant
che vint lendemain, il entrèrent en lor nés et s'en
repairierent viers Flandres. Quant il furent arrivé au
Dan, il ne troverent en la ville nul defois, car il n'i
avoit nullui remés de par le roi. Il issirent des nés, si
se herbregierent en la ville. Lors envoia li cuens ses
messages à Bruges, si manda as bourgois que il li ren-
dissent la ville. Li bourgois se doutèrent de rendre la
ville au conte por les liostages que li rois avoit deviers
lui, si i mist contredit à premiers. Tant coururent les
paroles d'une part et d'autre que toutes voies rendirent
li bourgois la ville au conte , si le rechurent à grant
joie comme lor segneur. Li chevalier del pais, quant
il sorent l'arrivement le conte, il s'assamblerent de
toutes pars et vinrent à lui , et ensi croissoit de jour
en jour la force le conte. Et quant li cuens ot sa volenté
de la ville de Bruges, et li chevalier del pais vinrent ^
à lui, lors^ s'en ala droit à Gant, si li fu assés tost la
ville rendue. Là oi-il la nouviele que li rois ^ avoit
esté à Lille et à Douay, et avoit prises ansdeus les
villes, et avoit mise sa garnison en la tour de Douay,
' Le c. Andfclbourc. -— ' I ol. amenées. — ' Des. ~ ■* Furent venu.
— ' 11. - * La n. del r.>i qui.
Eï DES ROIS D'ANGLETERRE. 137
si s'en repairoit en France; mais il avoit laissié Looys
son fin à Lille et Gautier de Chastellon, qui cuens
estoit de Saint-Pol, o lui, et Henri le raareschal et
pluiseurs autres liaus homes.
Cel jour meismes revint noviele au conte que Looys
s'en devoit venir ardoir le ville de Courtray. Li cuens
de Bouloigne dist tantost : « Or tost, segneur! armons-
nous et montons sour nos chevaus, si nos metons
dedens Courtray ; car se nos estiemes dedens , nos le
desfenderiesmes bien qu'ele ne seroit pas arse. » Lors
s'armèrent à grant esploit li Flamenc et li cuens '
meismes; et quant il furent armé et monté sor lor
chevaus, il s'en alerent par une ville que on apiele
Tronchieires % por chou qu'il voloient que l'eve de la
Lys fust entre eus et les gens Looys. Quant il vinrent
à une autre ville que on apiele Donse , ù il a souvent
eu grant plenté de toiles, il coisirent les fumées de
Courtray, qui jà ardoit. Quant ils orrent .i. poi
avant aie, il encontrerent les païsans qui les voires
nouvieles lor contèrent de la ville de Courtray, qui
jk estoit arse, et que Daniaus de Maalines ^ et Phe-
lippes de la Gastine estoient pris dedens, et que Looys
s'en estoit repairiés '* o toute sa gent. Por celé nou-
viele, qui moult desplot au conte, guerpi-il le che-
min de Courtray; si s'en ala à Ypre, et entra en
la ville : onques li bourgois n'i misent contredit,
ains le rechurent à grant joie. Quant li cuens et si
home furent dedens Ypre, moult sorent boin gré as
bourgois de lor boin samblant que il fait lor avoient;
' Et li qucus Ferrans. — ' Troncieres. — ' Markelines. — '' R. à Lille .
138 IIISÏOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
il devisèrent que ii là arriesteroient, et fremeroient
la ville, et là seroit lor repaires de la guerre. Moult i
fisent boins fossés et riches, et boine soif à liyreçon et
boines portes de fust et boins pons et boines barba-
canes et boines touretes de fust' entour la ville. Quant
il orent la ville fremée, il alerent asseoir une forte
maison que li cuens * avoit garnie : celé maisons estoit
apielëe Herkinghehen " ; si l'avoit li castelains de Lille,
Jehans, fremée sour le Lys. Bien sisent .xv. jours
devant; mais riens n'i esploitierent , car la rivière de
la Lys couroit entre eus et la forterece. Quant il virent
que il riens n'i esploiteroient '^, il s'en partirent et s'en
alerent viers Ypre. Puis s'esmurent derechief et s'en
alerent viers Lille ^, si l'assissent et ^ furent .iiij. jors
devant; mais pas ne leporent prendre, car moult avoit
boine garnison dedens : bien i avoit mis li rois .ij*".
chevaliers. Li bourgois de la ville fisent moult boin
sairement et moult ' boin samblant de desfendre ; et
quant li cuens vit chou, il lassa le siège et se traist *
arrière. Chil de la ville issirent fors des portes à son
deslogier, et assamblerent as ses gens. Si fu Boisars de
Bourghiele ^ pris es rues, et menés en la ville en
prison. Et puis rassambla li cuens grans os; si s'en
ala à la cité de Tournay, ki gaires ne se tint; et
quant il l'ot prise, li bourgois '° li donnèrent .xxij"'.
livres por chou k'il ne destruisist la cité. Puis apriès
chou grant pièce trouva li cuens à son consel qu'il
' F. tout. — ' Rois. - ^ Erkinj-lieheni. — * Feroient. — ' Puis re-
prisent lor conseil, si se. cl. et alerent à Lisle. — * Et i. — " F. m.
■ " S., si se misl. — ' Borgirle. — '" 1 i 1). de la vile.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 139
s'en iroitviers Lille; car li rois, por le boin samblant
que li borgois li avoient fait , en avoit toutes ses gens
ostées, fors .j. peu de gent, que il avoit fait entrer
declens une forte maison, que on apiele Deregnau',
qui siet à meisme des murs de la ville. Celé maison
avoit li rois si atournée que on pooit par là entrer
dedens la ville et issir.
Li cuens vint devant Lille, si comme il le trova à
son conseil ; si i fu tant que la ville li fu rendue , que
li bourgois li rendirent assés tost , qui ' ne lisent pas
si boin samblant dou desfendre à celé fois que il
avoient fait à l'autre \ Puis assist li cuens le castiel
que on apele Deregnau ^, et les gens le roi dedens.
Assés tost sot li rois celé noviele , qui tantost assambla
ses os; si s'en vint vers Flandres. En che point ke li
rois venoit, gisoit li cuens si malades k'il ne se pooit
lever de son lit; mais il ne l'osa pas atendre por le cas-
tiel Deregnau % par ù on pooit en la ville entrer et
issir; si se fist porter en ^ litière fors de la ville , et s'en
ala en la parfonde Flandres. Et li rois s'en vint ^ à
Lille , si l'arst et destruist toute ; puis fist abatre le
castiel Deregnau ^ et le castiel de Cassiel , si s'en re-
paira en France.
En l'ivier après passa li cuens en Engletierre, si
mena o lui Arnoul d'Audenarde et Rasson de Gaure et
Gillebiert de Bourghiele et Gerart de Sotenghien et
autres chevaliers pluiseurs ; mais ançois i estoient aie
' Dereignau. — ' Qu'il. — ■ D. coin il oient f. à l'a. fois. — " Le c.
de D. — ' De D. - * En une. _ - R. v. — ' De D. et le castel d'Ei-
kinghehcm.
140 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
autre , si comme Roblers ' de Biethune et Bauduins
d'Aire. Li cuens arriva à Samvis tout sans chevaus;
mais les gens le roi , qui estoient à Douvre et à Can-
torbire, l'en envoiiereut asscs, sour coi il viunf jus-
ques à Cantorbire. Moult sot tost li rois la nouviele de
la venue le conte. Il estoit en che point à Windesores,
que la noviele li vint : tantost manda Robert de Bie-
thune et Bauduin d'Aire , si lor dist : « " Vostre sires,
li cuens de Flandres , est arrivés en ceste tierre. » —
«Et k'atendés-vous dont, distRobers, que tantost n'aies
à lui ?» — (( Oés , dist li rois , del Flamenc I il cuide
bien que che soit une grans chose de son segnour le
conte de Flandres.» — «Par saint Jake! dist Robiers,
je ai droit '^, ke si est chou. » Li rois commencha lors
à ^ rire , si lor ^ dist : « Mandés tost vos chevaus , car
je m'en vois maintenant vers lui. » Lors demandèrent
entre Robert et Bauduin lor chevaus moult en haste ;
si montèrent o le roi, qui s'en ala si grant aleure viers
Chantorbire que le plus de ses gens convint remanoir
par voie , por lor chevaus qui estançoient por le tost
aler. Quant li rois vint à Cantorbire, il s'en ala droit
à l'ostel le conte ; et li cuens vint encontre lui jusques
en la rue. Li rois descendi , si l'ala saluer et baisier.
Puis entra en l'ostel , et i fu une pièce ; si fist molt
biel samblant au conte et à toutes ses gens autresi.
Puis prist congié , si proia le conte que il lendemain
mangast avoec lui. Li cuens li otria , si manga lende-
main o lui , et li fist houraage de la tierre ke il devoit
' A. otilio Hobiert. — ' \ int. — ' D. : « Segnor. — " J)., se jou le
nuit. — '■ C. à. — ^ là.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 141
avoir en Engletierre. Là fu l'emprise confremce et
parfaite entre le roi d'Eiigletierre et le conte de Flan-
dres. Puis prist li cuens congié au roi , si s'en repaira en
Flandres. Lor[s] vinrent novieles au conte, quant il fu
arrivés en Flandres, que Looys li fils le roi de France
avoit ars Bailluel en Flandres et Estanfort et moult de
la tierre ' s'antain : dont il ot grant ire. Au quaresme
apriès lisent entre le conte de Bouloigne et le conte de
Salesbieres et Huon de Bove et Robiert de Biethune
une chevauchie moult biele : il chevaucierent par de-
vant Saint-Omer , si * entrèrent en la tierre le conte
de Gisnes ^, si alerent ardoir les fourbors de Gisnes.
Li viscuens de Meleun , qui avoit en garde en che
point la tierre Looys, assambla grant gent; si le por-
siui tant k'il fu entre Gisnes et Colewide^ si près de
l'arrere-garde que Robiers de Biethune faisoit que il
fust bien à eus assamblës, se il vausist; mais il n'i as-
sambla pas. Et li Flamenc alerent ardoir la ville de
Colew^de, et d'illuec s'en alerent gésir à Gravelinghes,
et puis s'en repairierent vers Ypre. Et apriès la Pasque
rassambla li cuens ses os, si s'en ala asseoir le castiel
de Bonehem, si le prist et abati. Puis entra en la
tierre de Gisnes, si l'arst et destruist moult durement.
Robiers de Biethune prist el castiel ^ la contesse , qui
sa cousine germaine estoit, que li cuens i avoit empri-
sonnée , si l'en mena en Flandres.
En cel tans moru Guillaumes li avoués de Biethune
et li viscuens de Meleun , qui le castiel de Biethune
' La t. la roïne. — ' Puis. — ^ Ghines. — * C. et fu. — ' El c. de
Ghines.
142 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
avoit saisi por ' Looys le lil le roi de France ; et le
rendi à l'avoueresse Mehaut, qui feme fu à l'avoué
Guillaume et mère Robiert de Biethune ; et ele main-
tint puis le castiel et la tierre jusques à tant que Da-
niaus ses fils revint d'outre mer. Celé noviele de la
mort l'avoué vint à Robiert son fill en la tierre de
Gisnes en cel point que la clievauchie i fu , qui grant
duel en ot. D'illuec endroit s'en repairierent en Flan-
dres. Puis refist li cuens une chevàuchie molt biele : il
chevaucha si parfont en la tierre Looys que il arst
Soucies % une ville qui est à .iij. liues^ de le cité
d'Arras; si vint une nuit devant le castiel de Lens. Puis
s'en ala ardoir la ville de Houdaing et la bêle maison
autresi [qui estoit] Sohier le castelain de Gant. D'il-
luec endroit s'en ala asseoir le castiel d'Aire, ù il sist
priés de .iij. semaines; si i ot .i. moult boin ^ poin-
gneis devant la porte. Quant li rois en sot les nouvieles,
il assambla ses os et s'en ala celé part por 3^essegier le
castiel. Li cuens, quant il sot sa venue, ne l'atendi
pas, ains se traist arrière en Flandres. Puis s'en ala
encontre Othon l'empereour de Rome, qui li venoit
aidier. Poi amena li empereres de gent; mais nonpor-
quant grant fieste fist li cuens de lui , et tout si home
ensementj si l'en amena ^ à Valencienes à grant joie,
ù il furent ^ une pieche.
Chi vous lairons ester de l'empereour et dou conte;
si vos dirons del roi d'Engletierre , qui à l'entrée de
cel esté dont je vous ai conté aparella grant navie, si
" De par. — ' Souchie. — ' L. priés. — ^ Si ot .i. b. — ' Amenerent-
— « Fu.
ET DEi^ ROIS D'ANGLETERRE. 143
passa eu Poitau. Savaris île Maulyoïi ' iist tant que il
ot sa pais à lui , si revint en* son service. Apriès chou,
s'en ala a toute s'ost vers la cité de Nan[es , qui estoit
an conte de Bretaigne. En cel tans estoit cuens deBre-
laigne Pieres li fius au conte Robiert de Dreues^. Chil
Pieres n'estoit pas li ainsnés des fils au conte Robiert,
ains en i ot .i. autre qui ainsnés estoit, que on apieloit
Robiert. Chil Robiers estoit dedens la cité de Nantes
[en cel point que li rois vint devant. Li rois vint en
teil manière devant Nantes], que li aighc de Loire
couroit entre lui et la cité. Robiers de Dreues passa le
pont entre lui et ^ les gens le roi , si s'arriesta devant
le barbacane del pont. Tant i fu que les gens le roi se
commencierent moult à aprocier de lui. Il, ki moult
estoit de grant cuer, comme jouenes hom, en ot
engaigne ; si lor couru seure, et s'embati trop fole-
ment en ^ eus : si i remest pris. Et quant li rois ot fait
son fait , il se traist arrière ; si enmena Robiert de
Dreues, ki ses prisons estoit. Il s'en ala asseoir .i. cas-
tiel que on apiele le Roche-as-Moines^. Looys, li fils
le roi' de France, estoit en che point à Chinon :
quant il sot les nouvieles del siège , il le lassa savoir à
son père ; et ses pères li remanda que il chevauchast
viers le roi d'Engletierre , si le fesist partir del siège,
se il peust, car lui-meismes convenoit-il aler viers
Flandres contre l'empereour de Rome, qui estoit
venus en l'aie ^ le conte de Flandres 9. Looys, li fils le
roi , quant il oï le mandement son père , il s'aparella
' Mal-Lion. — 'A. — ' Dreuwes. — * P. encontre. — ' Entre.
— ^ Monnies. — - L., li rois. — >* En la terre. — » F. en s'aiue.
144 HISTOIRE DES DUCS DE INORMANDIE
de chevaucier, et Ilenris H mareschaus o lui; si s'en
aleient graiit aleure viers le Roce-as-Moines '. Et
quant li rois d'Engletierre sot lor venue , il ne les
atendi pas , ains se parti del siège ; si perdi de ses pa-
vellons, que li François gaagnierent. Un poi apriès
chou que li rois Jehans se ' fu partis del siège , li vin-
rent nouvieles de l'empereour Othon son neveu, que li
rois de France avoit desconfi en camp, et que li
cuens de Salesbieres ses frères et li cuens de Flandres
et li cuens de Bouloigne et maint autre haut baron
estoient pris en la bataille; mais l'empereres estoit
eschapés. Celé bataille avoit esté entre le castiel de
Lille et la cité de Tournay, en .i, liu que on apiele
Bouvines ^, ù il a .i. pont et un moustier pries del
pont. Molt fu li rois Jehans, quant il oï ces no-
vieles, iriés et destrois et durement desconselliés; mais
ne targa gaires apriès chou que uns clers d'Engle-
tierre, qui cardonnaus estoit de Rome et estoit apielés
maistres Robiers de Corçon , vint en France. Si prist
trives entre les .ij. rois .v. ans de par l'apostole. La
triu fu prise en Gayn ^, si devoit durer de la Pasque
qui apriès vint^, en .v. ans. Quant la trive fu prise,
11 rois d'Engletierre s'en vint à la mer ; si repassa en
Engletierre, si en mena Robiert de Dreues avoec lui;
mais onques maie prison ne li fist, ans le fist garder
moult honnerablement. En bois et en rivière le faisoit
mener, et en toz les déduis qui li plaisoient^. Puis le
delivra-il por le conte de Salesbieres son frère, que li
' Monnes. — ' R. se. — ^ Bovines. — '' En Wain. — ' Yenoit.
— * Que lui plaisoit.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 145
cuens Roblers de Dreues li pères, dont je tous ai dit,
avoit en prison; car li rois de France li avoit donné
por son fils délivrer.
Comment H baron (V Engletierre s'aloierent encontre
le roi Jehan \
Ki ore vaurroit oir l'ocoison de la guerre dont li
rois Jehans moru deshiretés de la plus grant partie
d'Engletierre , bien le poroit oïr en cest escrit. Il ne
demoura gaires après chou que li rois fu arrivés en
Engletierre puis la desconfîture deBouvines, que cliil
baron que je vous nommerai , Robiers li fils Gautier,
Sohiers de Quinctii , qui cuens estoit de Winciestre ,
Gillebiers li fils au conte de Clare, JofFrois de Man-
deville, ki cuens estoit d'Assesse **, et maint autre des
barons ^ parlèrent ensamble. De cels que on apiele *
Norois, por chou que lor tierres estoient ^ viers le
Nort, en ot-il ^ grant plenté à che conseil; si vous en
nommerai partie de cels qui i furent : Robers de Ros,
Eustasses de Vesci ^ , Richars dou Pierche ^ , Guil-
laumes de Moubray, qui estoit autresi petis comme
uns nains; mais moult estoit larges et vaillans- Rogiers
de Mongobori ^ fu avoec, et pluisor autre. Tout chil
que je vous ai chi nommés '" vinrent ensamble à par-
lement; si devisèrent que il demanderoient al roi que
' Cette rubrique manque dans le ms. S. -G. — ' D'Assese. — ' D.
b. manquent dans le ms. S.-G. — ■* Des barons que on apeloit.
— ' Seoicnt. — '^ N. ot-il à. — ' Ustascies de Vessi. — * De Peiti.
— 9 Mongomboi. — "' Devisé.
lo
14G HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
il lor lenist les chartres que li rois Heuris ' qui f'u
îiyous son père avoit données à ior ancissours et que
Il rois Estievenes lor avoit confremées; et se il faire
ne le voloit, il le desjGeroient tout ensemble, et le
giierroieroient tant que il par force le feroit. Puis fisent
aporter les sains; si jurèrent tout ensamble celé'
chose, et s'emprisent tout encontre le roi. Il trove-
rent à leur consel k'il envoleroient au roi un de lor
messages, ançois que il-meismes i alassent, et li man-
(leroient cel afaire. .1. clerc i envoierent, ki moult
bien dist au roi quanques il li encargierent. Durement
s'aïra li rois, quant il oï celé nouviele, et tant li
greva que por * poi cpie il ne fist grant honte au clerc;
si ne li vaut faire nul biel respons. Puis envoierent^ lor
messages à lui derechief , si li mandèrent ^ che que il li
requerroient. Li rois, Ici bien savoit l'emprise, se
douta d'eus : si ne lor osa si plainement escondire
comme il ot fait à l'autre fois, aiiis lor mist jour à
Norantone '. Li baron s'aparellierent tout de venir à
armes ^ ; et orent si grant gent que H rois n'osa le jour
atendre", ains lor contremanda et lor mist .i. autre
jour. A l'autre jor revinrent derechief si apparellié
d'armes et de chevaus et de grans gens que li rois lor
contremanda '" che jour et lor mist .i. autre ' ' . Tant ala
chis afaires de jour en jor que il orent .i. '^ parlement
au roi, ù il parlèrent à lui bouche à bouche; si n'i
pot avoir pais, ains se partirent par mal de lui. Apriès
■ H. li Viels. — » T. c. — ' Tuit ensamble. " Por .i. - ''_ P. ren-
voierent li baron. — ^ M. moult. — •> JNorhanstonne. — ' A a. à celui
jor. — '•• Teair. — '° Recontremanda. — " .La. jor. — " Une fois.
ET DliS ROIS D'ANGLETERRE. 147
che parlement s'assamblcient li baron, si aleient
asseoir le castiel de Norantonne; mais il ne le ' piisenl
pas. D'illuec endroit s'en alerent à Londres , si trove-
rent les portes fremées; mais il ne troverent nullui
au defors '. Il descendirent de lor chevals, si alerent
coper les flaiaus des portes et entrèrent en la ville sans
contredit. Puis prisent la seurté des citaains, et se
herbregierent par la cité.
En che point que li baron entrèrent en Londres ,
estoient venu en la tierre Robiers de Biethune et
Guillaumes^ ses frères et Bauduins d'Aire et autre che-
valier pluiseur avoec els. Cil Guillaumes dont je aous
di , qui frères fu Robiert de Biethune, estoit adon-
ques nouviaus chevaliers. Chil haut home, dont je
vous ai dit, qui venu estoient en Engletierre por aler
au siervice le roi, avoient, cel jour meismes que li
baron entrèrent en Londres, lor siergans envoies
avant en la ville de Londres por prendre lor hosteus
et por atorner lor viande. Si durent estre pris lor*
siergant; mais il s'en fuirent^ en .i. moustier, ù il
furent puis longheraent. Lor segnor sorent les novieles
des barons qui en la ville estoient entré ançois que il
i venissent, si n'i osèrent entrer; ains laissierent la
ville^ à destre, si alerent jesir à Windesores. Puis s'en
alerent à Froi-Mantiel % une maison qui siet sor un
tiertre et au cor d'une foriest, ù il trouvèrent le roi,
de * cui il furent ^ bien venu et ki grant joie lor fist.
Ne targa gaires apriès que novieles vinrent au roi que
' La. — 'Al defois. — ' Entre Robert.... Guilliaume. — * Li. — ' Il
«scaperent. — ® A. le 1. — " Froit-Mantel. — ' A. — ° F. moult.
M8 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
ii Norois avoieiit assise Ja ' cité de Eciestre ^ : lors
commanda Ii rois au conte de Salesbieres son frère et
as Flamens que il les alassent ^ dessegier. Li cuens de
Salesbieres o les Flamens et o les autres que li rois
li bailla s'esmut, si s'en alerent grant aleure vers
Eciestre, si vinrent à .i. castiel que on apiele Sireborne.
Là lor vinrent novieles des Norois, ki ^ avoient si
grant gent que tout seroient pris, se plus'' avant
aloient; et si avoient fait .i. plasseis d'un bois qui sor
le chemin estoit, si avoient mis dedens de lor che-
valiers *" et de lor siergans et de lor archiers ' et de lor
Galois : si ne poroient eschaper, se il là s'embatoient.
Lors n'osa li cuens avant aler; ains s'en retorna % par
le consel de ses gens, arrière vers son frère le roi , ke
il trouva à AVinciestre, ki moult fu iriés de lor venue ^
et lor dist par ramprosne que il n'esteroient '° pas boin
por plasseis prendre. De celé parole furent moult hon-
teus " li Flamenc. Et un poi apriès chou reprist li rois
consel, et recommanda derechief au conte de Sales-
bieres son frère et as Flamens que il s'en alassent ""
vers Eciestre, ù li Norois estoient encore; si les en
fesissent aler. Chil s'esmurent derechief, si s'en vin-
rent à Sireborne, et là lor revinrent nouvieles que li
Norois avoient assés plus gent que il n'avoient '^ eu à
l'autre fois. Quant li cuens oï che, chi prist consel à ses
gens que il feroit. Li Englois li loerent que il s'en re-
pairast arrière. Lors parla Robers de Biethune, et lor
■ Sa. — ' De Ecestre. — ^ L'alasseat. — '' Que il. — ' Se il. — '' Cava-
liers. — ' Et de lor chevaliers. — " S'en repaira. — ^ Revenue. — '" K'es-
toient. — "M. h. durement. — ' ' S'en râlassent. — " N'eussent.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. I4<J
(iist : « Segneur, quels chose est chou que vous loés
au conte? Ne set bien ' 11 cuens que li rois dist à nous
l'autre fois, quant nos repairasmes, que nos n'estiemes
pas boin pour plasseis prendre? Bien sot li rois,
quant nous partismes de lui , quels gens nos aviesmes
et ' quels gens il avoient. Ciertes , je lo mius que nous
nos metons en aventure, u de raorir u de vaintre,
que nous si vilainnement nos en repairons. » Por la
parole que Robers dist, s'abouterent tout et Englois
et Flamenc d'aler avant; si s'armèrent par matin et
montèrent sour lor chevaus et s'en alerent vers Ecies-
tre. Quant li Norois sorent lor venue, il ne les aten-
dirent pas, ains se partirent de la ville et se traisent
arrière; et nonporquant si avoient-il bien .x. homes
à cascun home que les gens le roi avoient. Les gens le
roi vinrent à la cité de Eciestre, si entrèrent ens et i
furent bien .iiij.jors; et puis [s'en partirent et] s'en
repairierent viers le roi.
Fiere chose poés ore oïr \ En cel point que il se
furent parti del roi , vint li archevesques de Chantor-
bire parler au roi de la pais entre lui et les barons.
Tant mena les paroles, qu'il ot pris .i. parlement à
Estanes entre lui ^ et les barons. Li rois i ala, si li
convint là'' tel pais faire comme li baron vaurrent;
onques n'i atendi le consel de son frère ne des Flamens.
Là li couvint-il avoir en couvent à force que jamais
feme ne marieroit ou "^ liu ù elle fust desparagie. Chou
fu la miudre couvenence que il lor fîst% s'elle fust bien
' Dont ne set pas. — " El bien savoit-il. — ' P. o. — ' l>. le loi.
— ' B. Là covint li rois. — ^ En. — ' Ou'il lor eust faite.
150 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
tenue. 0 tout chou 11 couvint-il avoir en couvent ke
jamais ne feroit pierdre home menbre ne vie por bieste
sauvage k'il presist; mais raiembre le pooit : ces deus
choses pooit-on bien soufrir. Les radias des tierres,
qui trop grant estoient ', li couvint mètre à tel fuer
comme il vaurrent deviser '*. Toutes hautes justices
vaurrent-il avoir en lor tierres. Mainte autre chose
lor ^ requisent ù asscs ot de raison'^, que je ne vous
sai pas nomraier ^. Desus tout chou vorrent-il que
.XXV. baron fussent esliut, et par le jugement de ces
.XXV. les menast li rois de toutes choses, et toz les tors
que il lor feroit lor adreçast par eus , et il autres! de
l'autre part li adreceroient toz les ^ tors que il li fe-
roient par eus. Et si vorrent encore avoec tout chou
que li rois ne peust jamais mètre en sa tierre bailliu,
se par les .xxv. non. Tout chou couvint le roi otriier
à force. De celé pais tenir donna li rois sa chartre as
barons, comme chil qui amender ne le potj et lors
primes furent délivre li escuier as Flamens, qui el
moustier estoient à Londres.
Grant ire orent li Flamenc quant il oïrent les nou-
vieles de la vilaine pais que li rois avoit faite. Il • vin-
rent à lui ; mais il ne li lisent * pas si boin samblant
comme il avoient ^ fait devant ; nonporquant il s'en
alerent o lui jusques à Mierlebierge '°. Là fist-il une
grant vilonnie ; car il fist une grant masse de son tré-
sor oster fors de la tour, si le fist porter en ses cham-
' G. lor sanihloionl. - "^ ]1 devisèrent. — ' Li. — "De desraison.
— ' Pas tout raconter. — " A. les. — ' Il s'en. — ' Ne lor fist. — ' lï
ot. — '" Merleberghc.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 151
bres , voiaiit les ielx as chevaliers de Flandres , ne
onques riens ' ne lor en donna. A pries celé vilenie
que li rois fist, prisent li Flamenc congic à lui , si s'en
repairierent en Flandres. Molt fu dolans " li rois d'En-
gletierre de la vilaine pais que il ot faite, et avoec ^
toute la vilaine pais li moustroient-il tel orguel que
tous li ruons en deust avoir pitié. Il voloient que il
moult bien lor tenist chou que en couvent lor avoit ;
mais chou que il avoient en covent à lor homes avant
ne voloieiit-il tenir. Un jor furent venu li .xxv. baron
en la court le roi por .i. jugement faire. Li rois se
gisoit en che point malades en son lit, de ses pies, si
qu'il ne pooit [venir ne] aler; si manda as .xxv. que
il venissent en sa cambre le jugement rendre, car il
ne pooit aler à eus. Il li remanderent que il n'iroient
pas, car che seroit encontre lor droiture; mais, s'il
ne pooit aler, si se fesist aporter. Li rois, qui amender
ne le pot, se fist porter devant les .xxv. là ù il
estoient , qui pas ne se drecerent encontre lui ; car
che fu lor dis que, se^ il drecié se fussent, il euussent
fait encontre lor droiture. De teus orgheus et de teus
outrages li faisoient-il à grant plenté. Honteus et iriés
fu moult li rois de l'orguel k'il vit mener à ses homes;
il se commencha à porpenser comment il se porroit
vengier d'els. Bien vit que jà ne s'en vengeroit , se
par la force l'apostole n'estoit. Lors prist ses messages
moult celéement, si les envoia moult en haste à Rome;
si manda à l'apostole, si comme il estoit [se sire] , k'il
' O. nnie rien. ~ ' M. ot grant ire à son cucr. — ' F., car od.
— < D. se.
152 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
euust de lui merchi por Diu et mesist consel en son
afaire, car en tel manieie le menoient si home et tel
pais li avoient fait faire à force comme il pooit veir en
cel escrit et comme si message li diroient bien.
Li apostoles , quant il ot veu l'escrit et il ot parlé as
niessagiers, remanda tantost au roi que il celé pais ne
tenist pas ; car ele n'iert ne boine ne loiaus à tenir, et
toz cels qui le tenroient il les escumenioit. As barons
manda-il que le roi lassassent tenir sa tierre en tel
point et en tel manière ' comme li rois Henris ses
pères et li rois Richars ses frères l'avoienf* tenue et
comme il-meismes tenoit en cel point que il se croisa
et k'il rechut sa tierre de Rome ; et , se il chou ne
voloent faire , il les escumenioit , et toz cels qui o
eus ^ serolent; et tous cels qui en l'aie le roi seroient,
il les absoloit.
Moût furent irié ^ li baron , quant il oïrent cel man-
dement. Il s'entre-manderent de toutes pars ; si ale-
rent querre le roi là ù il le cuidierent trover, tout
entalentc de lui mal faire. Et quant li rois sot lor
venue, il ne les osa pas atendre; ains mist la roine sa
feme el castiel del Corf et Henri son ainsné fill o li, et
Richart son puisné fill retint o lui; si s'en vint à tout
à Sushantonne^. En che point avoit o le roi .i. che-
valier de Flandres , que on apieloit Boidin de Haves-
kerque; celui bailla li rois grant plenté de ses lettres,
si li proia li rois que il ^ les portast en Flandres à Ro-
biert de Bielhune ' et as autres chevaliers ù elles
■ Teneure. — ' F. a. — ^ Qui en loi- aie. — ■* Rié f. moult. — ' A
Suhanstonne. — ^ Proia qu'il. — ^ Betuuc.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 153
aloient. Chil prist les lettres, si les mist en .ij. ba-
risiaus, k'il iist .i. escuier tourser derrière lui ; si s'en
vint à tout jusques à Douvre; si faisoit à entendre as
gens que c'estoient lamproies k'il portoit en ces ba-
risiaus. Quant il vint k Douvre , il n'i ' demoura
gaires ; ains entra en mer et passa outre, si arriva
en Flandres. Puis vint à Robiert de Biethune , si li
bailla les lettres le roi, et les autres lettres envoia
par tout as autres barons ii elles aloient ^ Robers de
Biethune fist frossier la cyre del saiel le roi , si fist
lire les lettres. Or oiiés que les lettres disoient. Li rois
d'Engletierre saluoit Robiert de Biethune comme son
très chier ami et son home, si li mandoit que il con-
nissoit que il s'estoit ^ mesfait enviers lui ; mais pour
Diu ne presist garde à son mesfait, ains euust pité et
merchi de lui et de la couronne; car il vaurroit d'ore
en avant del tout ouvrer par son consel. Quant Ro-
biers ot les lettres oïes, mlf^ en eut grant pitié; il ne
prist pas garde au mesfait le roi , ains se pena quan-
ques il pot de querre gent et d'avancier le besoigne le
roi à son pooir.
Al roi d'Engletierre " me convient repairier. Quant
Boidins de Haveskerque se fu partis de lui , il s'en
vint à Sushantonne ^; si entra en mer, car il n'osoit
demourer sour tierre. Si fist o lui entrer en mer Sa-
vari de Maulyon et Huon de Bove , si s'en ala par mer
jusques à Douvre. Là issi fors de la^ nef et entra en son
castiel, si envoia Huon de Bove en Flandres pour
' Ne. — " As cevalicrs à qui li rois les envoioit. — Ml c. moult.
— * Sic TUS. 4o4' — * AI r. — " Suhantone. — 'Sa.
154 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
querre chevaliers. Graiit masse li donna de son trésor^
et li pria por Diu que il mesist tout son pooir à querre
chevaliers et largheraent donnast de son trésor ; car
che voloit-il volentiers. Lors ' passa Hues de Bove la
mer, si arriva devant la Mue. Là fist-il jeter ses ancres
et demoura en sa nef, comme chil qui n'osoit entrer
en Flandres por le roi de France ; m^ais il envoia ses
messages et les letres le roi et les soies par Flandres et
par Braibant et par ' tout , si assam.bla grant masse de
gent ^. Le quart jour apriès la fîeste mon segneur saint
Mahiu l'ewangeliste, par .i. joesdi , s'esmut Hues de
Bove o grant plenté de nés et o grant chevalerie de
la Mue; si s'en repaira en Englet[ier]re. En cel estore
fu Gautiers Biertaus, uns des plus haus homes de Bray-
bant ; apriès le duc n'en i ot nul plus haut ,• frères
germains estoit Gillon ^ Bertaut , le chambrelenc de
Gremines ; mais ainsnés estoit de lui. Gautiers de So-
thenghien^, fu avoec en celé estore, fîus^ au boin che-
valier Gautier de Sotenghien, qui moru en che point
que li dus de Louvaing roba la cité de Liège ^; frères
fu Arnoul ^ d'Audenarde de par sa mère ma dame
Rikaut 9. 0 lui fu Evrars Radous ses frères, qui frères
estoit germains Arnoul d'Audenarde , et uns autres
siens '° frères germains qui enfès estoit ; Bauduins
estoit apielés. Autres haus homes i ot et moult ba-
celers ; mais Robiers de Biethune n'i fu pas , car il
n'estoit pas encore entré en mer. Le venredi lor leva
' L. manque, dans le m<;. S.- G. — ' B. par. — ' Si en a. }^. m.
— '' Gillion. -- ^ S. , uns jouenes bacelers. — * Fils fu. — ' R. !..
— ' Ernoul. — '' Richaut. — <" Et u. s.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 155
une tourmente, qui moult les esmala ; car elle ne
s'apaisa onqucs ne le jour ne le imlt. Le semedi , la
velle des' .ij. beneois martyrs saint Cosme et saint
Damien , parfu la tempieste tant grans ke nus hom
ne* sot roi de lui-meisme, ne nul maronniers n'I sot
roi de lui ^ consellier, car trop fu grans la tourmente.
Devant Donewis à .i. banc se hurta la nés Huon de
Bove si durement qu'ele froissa toute ; si fu noiiés et
tout chil qui o lui furent, si que onques nus de la nef
n'eschapa'* [; si ot .xxxvi. chevaliers en la nef]. A cel
banc meismes se hurta la nés Gautier de Sotenghien ,
si remest séant tout à sec sour le sablon , car la mers
estoit retraite; mais au hurter k'ele fis t en vola une
ais, si i ot .i. trau si grant que uns lévriers s'en issi
fors par mi le trau. Chil de la nef s'aperçurent del trau
par le lévrier qui en ^ estoit issus ; lors furent ^ plus
esmaié que devant. Il issirent tantostfors de la nef, et
s'en coururent par mi le sablon , et commencierent à
acener les batiaus qui devant la ville estoient. Dui ba-
tiel s'esmurent por venir vers eus ; et quant il furent
pries del sablon , li chevalier traisent les espées pour
chacier la menue gent arrière, car ' tout voloient entrer
es batiaus. Quant chil des batiaus virent la mellée de
chiaus qui sour tierre estoient , il n'osèrent avant aler,
por chou que il doutèrent * que tant n'en i entrassent ^
k'il ne '" noiassent avoec eus : si s'en repairierent. Uns
priestres et uns garçons qui là estoient, quant il virent
De. — ' N'i. — " Ne s'i sot. — "* O. uns seus n'en e. — ' Qui par
mi s'en. — « L. f.-il moult. — ■ Qui — ' Doutoient. -- ' Entrast.
— •° Qu'il les.
156 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
que chil des batiaus n'osoieiit avant venir, il saillirent
en la mer ; si s'en alerent à no vers les batiaus. Chil
des batiaus les atendirent et les misent ' ens : ensi fu-
rent chil doi sauvé. Onques puis chil del sablon ne so-
rent tant achener que uns seus en ' vausist venir. Et
cjuant il virent chou, il s'en coururent celé part ù la
nés Huon de Bove estoit pechoïe^ si i troverent ^ dou
mairien, s'en aporterent à lor nef, et le coraraencie-
rent à refaire et à recarpenter. Che virent chil de la
tierre tout plaineraent; et lendemain, chil qui sor la
tierre estoient ne virent poi[n]t de celé nef ne nule en-
segne qui ens euust esté ne nule autre arjneure ; mais
de la nef Huon de Bove virent-il assés d'enseg[nes] ,
comme d'omes noiiés, comme d'escus, comme de mai-
rien , et autres ensegnes assés. Les autres nés arrivè-
rent , auquantes à grant dolour , et auquantes s'en
repairierent à grant dolour arrière. La nés Gautier
Bertaut fu cachie par la tourmente jusques vers Dane-
marche; si se croisa Gantiers Bertaus et tout chiH
qui en la nef estoient, de paour. Puis arriva-il en la
tierre le conte Willekin de Hollande, ù il ot grant
paour ; car li cuens le haoit de mort por le conte [de
Los] cui cousins germains il estoit , qui la contée de
Hollande calengoit de par sa femej mais il eschapa
par engien. Chil qui eschaperent de la tourmente et
qui arrivèrent en Engletierre s'en alerent celé part ù il
sorent que li rois estoit ; et li rois en che point se
parti de Douvre ; si s'en ala vers Cantorbire , car nou-
vieles li estoient venues que li Norois s'estoient parti de
' Traisent. — ' En i. — ' Si t. — ' Et tiiit li cevalier
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 157
Londres et que il s'en venoient durement vlers lui, si
estoient jà venu jusques à Roveciestre.
Quant li rois vint à Cantorbire, si i[i]rent ' bares es
rues, ù il se baoit à desfendre, se si anemi venoient.
Si comme il estoit en cel ouvrage , li vinrent nouvieles
que Norois estoient jà venu jusques à Espringues % et
que il s'en venoient durement pour combatre à lui.
Moult s'esmaia li rois quant il oï celé nouviele, car poi
avoit gens enviers eus : il ne les osa pas atendre , ains
s'en fui de la ville de Cantorbyre et se traist arrière
viers Douvre. De l'autre part revinrent nouvieles " as
Norois que li rois estoit issus de la ville de Cantorbire
et si ^ s'en venoit combatre à eus. Et quant il oïrent
celé noviele, il ne l'osèrent atendre, ains se partirent
d'illuec et s'en fuirent arrière vers Roveciestre. Ensi
furent, sans cop ferir, desconfi '' li un et li autre. Li
Norois laissierent à Roveciestre Guillaume d'Aube-
gni , .i. haut baron d'Engletierre , et Thumas de
Moletone et Guillaume de Vefort^ et Guillaume d'E-
vrences ^ et Aubiert Guifart et bien jusques à .c. cheva-
liers , por garder le castiel et la cité ; si s'en repairie-
rent à Londres. Et ki dont fu liés? che fu li rois quant
il sot celé nouviele , des Norois qui en tel manière s'en
estoient fui. Il repris[t] cuer en lui-raeismes, si s'en
revin[t] à Cantorbire et passa outre jusques à An-
tonne % une ville qui siet defors la foriest des Caste-
gniers 9. Là sot-il primes la noviele de Huon de Bove et
■ Il fist faire. — ' Espringcs. — ' R. les n. derecief. — * El qu'il.
— ^ Issi f. d. — ^ d'Enefort. — ' De Yerences. — * Autone. — » Cas-
teiçniers.
158 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
des autres chevaliers qui péri estoient : dont il dé-
mena grant duell. Cel jour meismes que li rois vint à
Sauwis arrivèrent à Antonne ' entre Robiert de Bie-
thune et Bauduin d'Aire o grant gent; et lendemain
vinrent au roi, qui moult biel les rechut et qui moult
fu liés de lor venue. Lors commencha moult durement
li os à croistre ; car chil qui eschapé estoient de la
tourmente et arrivé par diviers pors , si comme la
tourmente les avoit chaciés, s'assamblerent ^ de toutes
pars ^ ù il sorent ke li rois estoit. Et quant li rois vit
tant s'ost creue et il vit k'ele croissoit tant cascun jour,
moult fu liés. Il s'en repaira à Chantorbire, si fieva
grant plenté des"^ chevaliers ki à lui ierent venu et les
reçut à homes por plus iestre seurs d'eus; et toz cels
qui en brief vaurrent iestre, il les mist en brief , et
chevaliers et siergans. Puis prist congié ^'aler] à Ro-
veciestre'', ù il cuidoit que si anemi fussent encore, et
bien trouva à son consel qu'il i alast. Lors fist ses gens
armer, et il-meismes s'arma de ses propres armes et
monta sor son cheval et s'en ala vers Roveciestre. Si
comme il s'en aloit , vint à lui Robiers de Biethune et
li dist : « Ciertes, sire, poi prisiés vos anemis, qui à si
poi de gent aies combatre à eus.)) — «Ha, Robiert!
dist li rois , je les connois trop bien : il ne font à pri-
sier ne à douter. Assés à mains de gens que nos n'aions
nos poriesmes-nous seureraent à eus combatre. Ciertes,
une chose vous puis-jou bien dire por voir : que je sui
plus dolans de chou que les estranges gens connistront
' V. à Autoue, a. à Sanwis. — ' Si sambloient. — ' P. et se Iraioient
celé part. — ''De ses. — '' Rovescestre.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 159
ore la mauvaistiéde celsde ma tierie, que je ne soie del
damage k'il me font. » Quant li rois ol chou dit, il s'en
vint à toute s'ost devant Rouveciestre. Et quant chil
de la ville virent l'ost, il coururent as murs et fisent
^rant samblant d'eus desfendre. Et quant li rois vit
chou , il fîst tantost ses gens apparellier comme por
assaillir. Ef chil [de la vile, quant il virent que les
gens le roi s'aparelloient d'assalir , il] se desconfirent
par eus-meismes et partirent des creniaus et s'enfui-
rent de toutes pars. Lors entrèrent les gens "" es portes,
et les commencierent à cachierparmi la ^ ville jusques
au pont ^ si vighereusement que il fisent toz les cheva-
liers ens entrer à force el castiel : dont li pluiseur s'en
fuissent volentiers ^ à Londres, se il peussent.
Li rois se herbrega en la ville, et fist ses gens logier
devant le castiel; si fist jeter ^ ses mangonniaus' à la
tour. Puis vint à Robiert de Biethune, si li requist
qu'il envoiast pour Guillaume son frère et le fesist
venir à lui , et il H feroit bien par son consel et par le
consel Bauduin d'Aire. « Sire, distRobiers, je le man-
derai volentiers; mais envoiés-li vos lettres avoec les
moies : si venra assés plus volentiers. )) Li rois fist
tantost ses letres faire, si les envoia en Flandres à
Guillaume de Biethune ; et il ^ ne s'atarga gaires apriès
chou qu'il ot veues les lettres le roi , ains s'aparella et
passa mer et vint au roi au siège à Roveciestre. En
cel point vint Gautiers Biertaus en l'ost , si crut bien
' Et manque dan.<; le ms. S. -G. — ' Les g. le roi. — ' Par la.
— ''P. cacierent. — ' S'en fussent v. alet. — '' Drecier. — ' M. por
îîeter. — ' B. Guilliaunies de Betune.
IGO HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
adont li os de .c. chevaliers, et chascun jour crolssoit-
elle molt durement. Quant li Norois qui à Londres
estoient sorent la noviele del roi qui si grant ost
avoit, moult s'esmaierent : bien virent que, se par
autrui n'estoient rescous, il ne se poroient rescoure
par eus-meismes. Estroitement parlèrent ensamble, si
troverent à lor consel que il envoieroient à ' Looys le
fin le roi de France; si li manderoient qu'il les se-
courust, et il le feroient roi d'Engletierre.
A clie message faire furent esliut doi conte : li uns
de ces deus ^ fu Sohiers de Quinchi ^ , ki cuens estoit de
Winciestre, et li autres fu li cuens de Herefort. Par
ces .ij. contes mandèrent li baron à Looys le fill le roi
de France ke, s'il voloit venir ^ en Engletierre sa cape
toursée , il li donroient le " règne en boine pais et le
feroient segneur d'eus. Cliil doi conte passèrent mer et
vinrent en France ; il parlèrent tant à Looys le fill le
roi , k'il lor ot en convent qu'il à la Pasque passeroit,
et maintenant i envoieroit tant de chevaliers comme il
poroit por aus aidier. Tantost manda Looys par France
tous les bacelers que il pot avoir, si s'en vint jusques
à Haidin ^ son castiel. Là fist-il requeste as barons de
sa tierre k'il li aidassent de chevaliers por envoiier
en Engletierre y et as pluisours proia-il que lor cors ^
meismes i alassent. L'aler otria Guillaumes li castelains
de Saint-Omer et Gilles li castelains de Biaumès et Hues
li castelains d'Arras et Wistasses de Noeville li jouenes,
qui fils estoit Wistasse de Noeville le boin chevalier, et
' A lor conseil à. — " Deus contes. — ' Quinci. — ^ S'il venoit.
— '• Tout le. — ® Hedin. — • Que il.
Eï DES ROIS D'ANGLETERRE. IGl
Gulllaumes de Winties ' , Ici moult estoit vaillans ba-
celers, et Hues Tacons, ki estoit uns des barons de
Flandres, et moult d'autres bacelers. Des François si î
ala Bauduins Bierthaus ^ et Gilles de Meleun , li cousins
au visconte, et Guillaumes de Biaumont, uns petis che-
valiers que on apieloit en sournon Pics-de-rat , et
pluisour autre dont Guillaumes ^ Piés~de-rat fu mares-
chaus. Lors^ s'en vint jusques à Kalais; là fist-il ses
chevaliers entrer en mer; bien en i ot .vij^^. A un
havene en Engletierre arrivèrent , que on apiele
Orevvele ; puis s'en vinrent à Londres, ù il furent
moult bien recheu et ù il puis démenèrent moult biele
vie; mais à grant meschief i furent, car vins lor failli :
si n'orent que boire se cervoise non , dont il n'estoient
pas apris. Tout l'ivier furent ensi. Devant chou .i. poi
que li François arrivassent, donna li rois d'Engle-
tierre à Robiert de Biethune, qui connestable* estoit
desost, la contée de Clare; car il ne connissoit pas
que li cuens i euust nul droit, ki à Londres estoit o
ses anemis ^. Robiers assés tost apriès s'en ala au cas-
tiel de Tonebruges , ù li cuens de Clare avoit sa gar-
nison mise. Tant fîst que il parla à cels dedens, et lor
dist que il li rendissent le castiel, et qu'il faisoient que
fol qui se tenoient; car il n'aroient jà nul ^ secours de
cels de Londres , et bien sieussent-il que li rois venroit
là o toute s'ost tantost que li castiaus de Roveciestre
seroit pris, et che seroittost. Chil respondiient que il
estoient .i. poi de povres gens et ke, pour Diu ', ne
' De Deuime. — ' Bretcaus. — ^ A. G. — ^ M. de l'ost. Loevs.
— 'A. encontre lui. — *" A'a. nul. — ' G., si.
I I
162 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
lor requesist chose qui à viloniiie lor tournast; sou-
frist lor pour Diu que il peuussent envoier jusques à
Londres au conte lor segneur, et mander que il les
secourust lendemain; et, se il ne's secouroit, il li
renderoient le castiel. Robiers lor otria, et il envoie-
rent tantost lor message vers Londres ; Robiers ' envoia
avoec .i. sien chevalier, qui estoit apielés Mikius' de
Bieles-Aises, et puis renvoia en l'ost Boidin de Haves-
kerque por gent. A son secours vint Jehans de Cysoing,
qui sa cousine avoit, et li bous de Puthenghien ^ o grant
gent, et Thierls de Sotenghien, qui mareschaus estoit
de l'ost, et pluisour autre. Et li messagier qui à Lon-
tlres erent aie * vinrent au conte et li contèrent "^ lor
message, et il ^ s'aati moult de secourre le castiel ; mais
il ne le fist ' pas : si fu li castiaus rendus à Robiert, et
il mist ens une partie de sa gent. Si ne targa gaires
apriès* que li François arrivèrent, dont je vos ai chi
devant dit. Et puis i renvoia Looys une autre estore de
.vi'^^. chevaliers en Engleterre, qui tant syglerent par
la mer qu'il entrèrent en bouche de Tamise et arrivè-
rent au pont de Londres; mais avant k'il arrivassent
fu li castiaus de Roveciestre pris, et li rois s'en estoit
aies viers Escoce.
Quant Robiers de Biethune ot le castiel de Tone-
bruges, il s'en repaira à l'ost; et li rois vint encontre
lui moult liés par samblant et li dist : « Sire cuens de
Clare , bien soics-vous venus. Vous m'avés ore emblc
' R. !. — ' Mikiels. — ' Plusengien. — * Ces cinq mots manquent
clans le tns. S. -G. — ' Et disent. — '' Messages al conte, qui. — ' l>e
secoiul. — ' A. cou.
ET DES ROIS D'AiNGLETEKlŒ. 103
le castiel de Tonebruges; mais vous nem'etnblerës pas
celui de Claie, ains vous mêlerai ens par le puing. »
Ensi parlant s'en vinrent à l'ost. Lors lisl ii rois moult
durement destraindre cels dou castiel ; li mineour
furent mis à la tour, si minèrent tant que la moitié de
la tour chaïj puis furent tout li chevalier ki dedens
estoient pris par force. Et li rois fist drecier les fourkes
defors l'ost, et dist que II les prenderoit ' toz; mais
li haut home qui o lui estoient li dcsloerent, et li
disent que che seroit maus à faire; car, se li lor re-
prendoient l'un d'eus, aulretel * li feroient faire. Li
rois les crei : si n'en pendi nul; ains se parti d'illuec et
s'en ala viers Biel-Veoir, un castiel Guillaume d'Au-
begny, qui rendus li fu. D'illuec endroit s'en ala-il à
Castiel-Frait, ki ert ^ le connenstable d'Eciestre, qui
encontre lui ot esté; mais il vint là à sa merchi, et li
rois li pardonna son mautalent par la proiere le conte
d'Eciestre, qui encontre lui ot esté ^, ki moult bien l'ot
siervi. Puis s'en ala-il à Wrevi^ic^ sa cité, qui encontre
lui s'iert révélée; si en fist toute sa volenté. Puis passa
outre jusques à Duramme ". Là eut-il en talent k'il s'en
retorneroit arrière, quant novieles li vinrent que li
rois d'Escoce li avoit ars le Noef-Castiel-sour-Tine :
dont il fu iriés, et en jura les dens Diu ' que jamais ne
s'en retourneroit si auroit vengié cel arsin. Lors s'apa-
rella^ comme por chevauchier sour ^ le roi d'Escoce,
si jura qu'il feroit le gourpisiel entrer en sa taisniere :
' Penderoit. — " A. fin. — ^ Pont-Frait, le castel. — ■* Ces cinq
mots manquent dans le ms. S.- G. — ^ A Euerewic. — '^ Dui-eaume.
— ' Bien. — ® L. s'a. li rois d'Engietere. — " Sor la tere.
IGi IJISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
chou disoit-il pour le roi d'Escoce, (jul rous estoit et
jouenes, qu'il ieroit par force rentrer en la tlerre
d'Escoce. Il s'en vint au Noef-Castiel-sour-Tyne , si le
trouva ars; mais li rois d'Escoce estoit retrais arrière.
Puis passa outre, si prist .i. castel c'on apieloit Tie-
fort; si le donna à Plielippon d'Oulecote, qui estoit
garde dou castiel de Duraume. A Norehem, .i. castiel
l'evesque de Dureaume, passa la rivière de Tuede ; si
s'en vint à Borewic ' et prist le castiel et la ville, puis
prist le castiel de DoraLar, qui estoit au comte Patris ',
un conte de la tierre le roi d'Escoche. Puis chevaucha
avant, escillant la tierre , juques à une ville que on
apiele Heduithone. Avant ne vaut aler, ains s'en re-
paira arrière; si arst et destruist ^ la ville de Berewic.
Puis s'en repaira viers Londres; si entra en la tierre le
conte Rogier de^ Bigot, k'il destruist molt durement;
car il le haoit môlt.
En cel point a vint une mervelleuse aventure k Lon-
dres. Li chevaliei' commenchierent à bouhourder pour
eus déduire : JofTrois de Mandeville, qui cuens estoit
tl'Assesse , ûi là o les autres ; mais il n'ot viestu ne
^vambais ne pourpoint. Uns chevaliers^ de France, ke
on apieloit'' Acroce-Meure, lassa courre vers lui d'un
tronchon ; 11 cuens 11 escrla , quant il le vit venir :
« Ha ! Crocemeure% ne me fier pas : je n'ai point de
pourpoint viestu. » Chil ne le vaut point laissler por
son crier, ains le feri si el ventre qu'il l'ocist : grans
deus en fu menés; mais onques 11 bacelers n'en fu fai-
' P.crcwic. — ' PaUic. — ' I), touic. — ' Le — ''' U. bacelers.
— * A. Guiliiaiimo. — ' <! Acvoce-Meure.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 1G5
dis. De celé aventure vint la nouviele au roi Jehan à
Fremelinjjliehem ', une forte maison le conte Rogier
le Bighot que il avoit prise, et il le conta tantost* Sa-
vari de Maulyon, à cui il avoit la terre celui donnée.
Apriès chou s'en ala-il asseoir le castiel de Glocciestrc%
si le prist; et d'illuec endroit s'en ala-il à Inghehem,
le castiel le conte Robiert de Ver; si le prist autres!. Cil
cuens Robiers de Ver estoit cuens d'Ausinefort; il vint
là à la mierchi dou roi , et li jura sour sains que il des
dont en avant le sierviroit loiaument; mais onques con-
vent ne li tint, ains li menti sa foi cora^me trechieres
que il estoit. Puis ala li rois jesir à une abbeye que on
apele le Watehen '^, à .vij. liues petites englesches de
Londres. Lors cuidierent bien chil de Londres avoir
le bataille u le siège, si furent tôt armé et orent lor
batailles devisées; mais li rois ns se combati pas à eus
ne n'asist la cité, ains le lassa à seniestre et s'en ala à
Windesores. Là li vinrent nouvieles de Looys le iill le
roi de France, qui assambloit grant gent sor la mer à
Bouloigne et à Wissant et à Kalais et à Gravelinghes :
par coi il s'en vint en Kent ; là entendi-il les vraies
nouvieles que ^ à Kalais estoit o grant chevalerie îîer-
vius'^ li cuens de Naviers, et avoit o lui " .c. cheva-
liers; Engherrans de Couci i estoit o tout .1. cheva-
liers ; si doi frère Thumas et Robiers , ki moult
estoient vaillant chevalier, i estoient o lui ; li cuens
Willekins de Hollande i estoit o .xxxvi. chevaliers; li
cuens de Rousy i estoit o .x. chevaliers ; Guichars de
' Au r. à Framelingehem. — ' T. à. — 'De Colecestre. — * A. ^V;l-
tehem. — 'JN. de Looys, qui. — ^Hervieus. -- 'Ne\ ers i estoit od lui oO.
IGG HISTOIRE DES DUCS DE JNOilMAWDIE
Biaiigeu i estoit o .x. chevaliers; li viscuens de Toraine
i estoit o .xiilj. chevaliers; Estievenes de Sansuerre i
estoit o .xij. chevaliers; Rohiers de Dreues ' o .xxx. che-
valiers; Jehaiis de Monmirail, qui sire estoit d'Oisy,
i estoit o .xiiij. chevaliers; mais .vij. en ot envoies
avant, qui ierent à Londres o les autres; Arnous li
cuens de Gisnes i estoit o .x. chevaliers, qui .v. en'
avoit autresi envoies avant; Daniaus li avoués de Bie-
thune, cpii d'outre mer ert novielement venus, i estoit
o .vj. chevaliers; mais .viij.^ en avoit envoies aA^ant.
A JMichiel de liâmes et à Bauduin de Biauvoir fu baillie
une"^ nés, ii il entrèrent; Hues de Miraumont et Ro-
biers de BaillueP et Gerars li Truie et Boidins de
Mètres et Maelins *^ ses frères i entrèrent o eus , et
moult d'autre chevalier; Robiers de Courtenay i estoit
o .XX. chevaliers. Autres haus homes i ot assés, dont
je ne sai pas le nombre quans chevaliers cascuns i ot;
il i fu Hues de Rumegny, qui moult estoit rices hom,
et Renaus d'Amiens et Thiebaus ses frères et Jehans de
Hangest ^ et Raous de Neele et Raous d'Estrées et Raous
de la Tourniele, qui moult estoit boins chevaliers, et
Hues Havès ses niés et Amaurris de la îonteniele et
Bauduins li chastelains de Lens et Aalars de Croisih^s
et si dol frère, Renaus et Jehans, et maint autre que
je ne puis pas toz nommer.
En la nef Looys entra Ours li chambrelens et li vis-
cuens de Meleun et Hues de Mal-Annoi ** et Raous
Plomlcès et pluisor autre chevalier. Bien esmoit-on les
■ Drciuvcs i estoit. — ' En i. — ^ .ix. — < U. gratis. • ' Baillucs.
— " Maiclins. -- ' Tlangiest. — * Mal-Ausnoi.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 167
chevaliers de l'ost h .xijc. % et bien i ot .viij'. nés.
Wistasses li Moines entra' en la nef le conte Looys ^
Chil Wistasses li Moines estoit .i. chevaliers de Bou-
lenois, qui moult avoit guerroie le conte de Bouloi-
gne ; tant le guerroia que il ala puis au siervice le roi
d'Engletierre , por chou que li cuens estoit deviers le
roi de France. Si le servi tant f[ue il * li donna les ylles
de Gernesée ; mais puis fu-il niellés au roi ; si le iist pren-
dre , et sa feme autresi , si les tint longhement en sa pri-
son ; por celé haine estoit-il venus à Looys, si s'estoit
molt penés de cel nfaire; maintes fois en ot la mer pas-
sée, comme chil qui moult en savoit. Nus ne kerroit les
mervelles k'il fist ne qui li avinrent par maintes fois.
En la nef entra aussi ^ uns clers qui frères estoit l'ar-
chevesque de Cantorbire , à cui li rois Jehans ot tolue
l'archeveschié de Chantorbire; Jehans de Longhetone
ot à non. Et chil Symons, qui entra en la nef ^, à cui
li rois Jehans ot aussi tolu l'archeveschié d'Evrewic ^
ù il dut iestre eslius; mais li rois ot desfaite l'élection :
par coi chil le haoit% et li grevoit quanques il pooit
par ses consaus et par ses paroles.
Del roi d'Engletierre me convient dire, qui à Dou-
vre estoit venus, ù il ot moult grant navie et moult
riche : bien valoit une de ses nés quatre des y Looys.
11 envoi a ses messages par consel '° à Looys , si li fist
requerre de paisj mais pas ne le pot avoir. Quant il
vit chou, il atorna " par le consel de sa gent que il
' .xii''. chevaliers. • — ' E. autresi. — ' N. Loeys. — < Que li rois.
— 'A. Sinions de Longhetone. — ^ Les vingt-quatre mots qui precècltnt
manquent dans le ms. S. -G. — " Ot toloite l'a. de Yerewic. — * il.
moult. — ■' Des aeis. — '" C. outre la mer. — " Il atira.
JG8 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
melsmes ses cors enteiiroit en mer, si s'en iroit h toute
s'estore devant Kalais, et là fcroit jeter ses ancres, si
ke 11 estores Looys ne poroit issir ilel port ; car bien
savoit que les petites nés que Looys a\oit ne se poroient
pas desfendre à ses nés, qui si gi ans estoient. Quant li
rois ot chou empensé à faire , une mervelleuse aven-
ture li avint ; caria a elle de l'Assention, encontre le
soir, leva une tourmente si grans que toutes les nés
durent estre froissies : si les ' convint fuir par diviers
havenes , por chou que à Douvre n'avoit se costiere
non ; lendemain furent si départies que li rois ne les
pot onques puis toutes rassambler ' . Lors s'en ala à
Chantorbire moult dolans et moult coureciés ^ de sa
mescheance, et sachiés que mescheance fu chou grans.
Lendemain de l'Assention , encontre le soir, entra
Looys en mer; si s'en vint syglant enviers Englet[ier]re;
lendemain, par le semmedi , arriva en l'ille deTanet;
ançois qu'il fust arrivés, chil qui sour la tierre estoient
coisirent l'estore de bien loing : lors mandèrent au
roi, qui à Chantorbire estoit, qu'il veoient venir Tes-
tore Looys. Li rois lor respondi que chou n'estoit pas
l'estore Looys, ançois estoient ses nés qui deviers Rou-
menel venolent, qui por la tourmente 1 estoient fuies.
Lors monta 11 rois, si s'en issi de la ville; mais il ne
vaut aler vlers Sauwls, ains s'en ala viers Iloumenel
encontre .1. cardonnal de Roume, qui là estoit arri-
vés. L'apostoles l'ot là envolic pour iestre légat d'En-
gletierre et pour aldler et conforter le roi , et por faire
justice de cels qui encontre lui estoient ne seroient"^.
' Si les eu. — ' V. 1 . — ^ Iries. — ' L. s.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 160
Et quant li rois eiicontra le legaiit, qui jà estolt '
viermaiis vestis et chevauçoit blanc palefroi , moult li
ijst grant joie. Teus est la cousturae des legaus de Rome
que , quant il passent mer, il doivent estre ensi faite-
ment atourné comme l'apostoles est , de yiestemens
et de chevaucheure. Li rois sot bien les voires nou-
vieles de Looys, qui arrivés estoit en l'ille de Tanet,
ançois que il parlast au légat; quant il l'encontra, tout
avant le salua et baisa et li iist l'ounour qu'il pot. Puis
li conta les nouvieles de Looys, qui arrivés estoit en
sa tierre à force ; si s'en plaignoit moult durement à
Diu et à l'apostole et à lui-meisraes, qui de par l'apos-
tole estoit venus en la tierre. Li legaus escumenia tan-
tost Looys et toz chiaus qui estoient en s'aïe, et puis
fîst commander par tout as hautes eglyses que il cies-
sassent par tout ù il ne ses gens seroient ; et si vaut
que toute la tierre qui à lui se tenroit fust entredite ,
et elle si fu puis.
Lendemain que Looys arriva fu li dyemences devant
la Pentecouste. Cil jour vint li rois à Sauwis; si coisi
l'estore Looys, qui arrivée" estoit deviers l'ille de
Tanet; cel jour meismes arriva primes li cuens de Na-
viers ^ et li cuens de Hollande et Mikius de Harnes et
Hues Havès et Guis de la Roche et Robiers Biertaus ^
et bien .ij''. chevalier. Lors pierdi moult li rois Jehans
le cuer ^ ; il cevaucha une pièce sour ° le rivage avant et
arrière, si Iist sonner ses trompes; mais poi esbaudi
ses gens , et poi les conforta [, moult fu de povre sam-
■ E. tous. — ' Aiivés. — ' Navers. — ' Bertrans. — ' Li r. lo cuer.
— ^ Par.
170 HISTOIRE DES DUCS DE WORMaNDIE
blant]. Quant il ot là une pieche este, il se parti d'eus
ausi comme à emblée, si s'en ala grant aleure viers
Douvre. Bien fu une liue loing ançois que li plus de
ses gens en seuusscnt ' mot. Robiers de Biethune et
Bauduin d'Aire et Gillebiers ses oncles et Gautiers
Biertiaus % quant il sorent que li rois en ^ estoit aies ,
moult lor desplot; il n'osèrent là demeurer, ains s'en
alerent apriès lui tout plourant, car moult estoient
dolant et irié; à Douvre le troverent moult descon-
forté. Lendemain s'en parti ; si laissa Hubiert de Bours,
qui justice estoit d'Engletierre, à Douvre por garder
le castiel, et Gerart de Sotenghien, o lui ^ grant plenté
de Flamens, et Pieron de Creon et Joudoin de Doe et
Huon Change ^ et moult d'autres chevaliers. Moult
remest boine garnisons el castiel; bien i ot •vij''^. che-
valiers et moult grant plenté de siergans, et vitaille
i ot à grant fuison \ Et quant li rois s'en ala , il com-
manda as Flamens que il fessissent l'arriere-garde.
par mi les Wans s'en passa , et li Wandois li lisent
tant de mal comme il porent. Tant erra que il vint à la
cité de Winciestre : là demoura une pièce; et là escu-
raenia li legaus Looys ^ par non moult durement et le
plus de ses barons toz par non autresi , et les Englois
par escumenioit-il trop durement. A Looys me con-
vient repairer, ki assés tost apriès chou que li rois en ^
fu aies fist ses gens passer l'aighe , qui tantost prisent
la ville de Sauwis et gaegnierent toutes les nés qui là
estoient; moult i ot gaagnié de vins et de vivandes et
• En seust. — ' Bertaus. -- ^ S'en. — * Od 1. od. — ^ Et II. Gancbe.
— ^ C. et moult sergans, et vitaille i ot moult. — ' L. tout. — " S'en.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE 171
de graiit marcheandises. Puis s'en ala Looys à Cantor-
bire, qui tant ne quant ne se desfendi. Puis ala asseoir
le castiel de Roeciestre, si le prist; là vinrent à lui li
chevalier qui à Londres orent este, et li baron d'En-
gletierre autresi ; si li firent liomage. De cliiaus Ici
bornage li firent vous nommerai-jou une partie : il li
fist liomage li cuens de Clare ; et Guillaumes li mares-
cliaus li jouenes , li fils Guillaume le maresclial ; le
conte de Pembroc et Hues li Bigos li fils au conte Ro-
gier, ki sa serour avoit; et Robiers li fils Gautier; et
Sohiers de Quinchi, qui cuens estoit de Winciestre; et
Guillaumes de Mandeville, qui cuens estoit d'Assesse;
et li cuens Robiers de Ver et moult d'autre.
Molt tost apriès chou que Looys ot recheus ses
bornages , se parti-il de Roveciestre ; si s'en vint à
Londres le joesdi en la Pentecouste , et fu recheus à
pourciession des canonnes de Saint-Pol. Li bourgois
de la ville alerent encontre lui, qui grant joie orent de
sa venue. Quant il ot esté en l'eglyse Saint-Fol, il ra-
passa Tamise; si s'en vint jesir à Lamée, à la maison
l'archevesque de Chantorbire, qui siet encontre le
sale de Wemoustier, d'autre part l'aighe : ià jnt-il
.iiij. nuis. En l'eglyse Saint-Pol ot .i. doyen que on
apieloit maislre Gervaise de Hobruges, par cui consel
li caiionne ne vaurrent lassier le canter pour le des-
fense le légat; mais puis en furent-il tout honni. Li
priestre des perroces ne vaurrent ensement ' ciesser,
qui puis le compererent moult cier. En toute Londres
n'ot eglyses ii on ciessast, fors seulement .v. Des * v.
' Autioment. — ' Do ers
172 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
lu li une l'eglyse de Wemoustier , l'autre celé de Saiiite-
Treuitc, la tierce ' de Saint-Martin-le-Yiel, la quarte
celé del Temple, et la quinte celé de l'Ospital. Li ca-
noniie de Berraoudesée et cliil de Nostre-Dame-au-
Front et chil de Saint-Bertremiu ciesserent puis; mais
riens* ne lor pot -valoir qu'il n'en venissent à^ anui.
Li capelain Looys ne li capelain as barons de l'ost ne
vaurrent ensement ciesser, ains canterent puis par
toute l'ost : dont maint home s'esmervellierent. Et en
cel segour que Looys iîst là ^ recliut-il à liomage ^ le
conte Rogier le Bygot et le remanant des barons, qui là
estoient. Puis envoia une partie des Englois et de ses ^
chevaliers qui à Londres orent esté, que on apieloit
par gabois Londrois , e[n] Sufone et en Norfonfpor
conquerre la tierre ; chil se partirent de lui , si con-
quisent Donewis et Lane, et moult d'autres castiaus ,
et moult i esploitîerent de lor besoigne. Au lundi, len-
demain de la Trinité, se parti Looys de Londres; si
s'en ala sour * le conte de Warende. Il trova le cas-
tiel de Rogate » tout wit , si le donna à Robiert de
Courtenay. Lendemain prist le castiel de Geudefort;
puis assist Fernehem, .i. castiel l'arche vesque '** de
Winciestre ; si l'ot lendemain. Puis s'esmut por aler à
Winciestre, ù il cuidoit le roi trouver; mais li rois
ne l'i atendi pas, ains wida la cité. Si s'en vint " vers le
Corf, si enmena o lui la roine sa feme et Savari de
Maulyon; il envoia Fouke "" de Breauté viers Ausine-
' L. t. celé. — ' Mais cou. — ^ N'en eussent. — "* Là manque. — ' A
home. — ® Et ses. — '' Sul'ouc... Norfouc. — ' Sor la terre. — ^ Ré-
gate. — "" L'evesque. — " Si se traist. — " Fauque.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 17;{
iort por garder cel pais. Chil Foukes ot esté povres
sergaus au roi ; fîus fii à un chevalier de Norraendie
de soignant; mais puis sier\i-il tant le roi et tant crut
ses afaires que il fu puis uns des riches homes d'Engle-
tierre; petis fu de cors, mais moult fuvaillans; puis
tint-il .vij. contées en ses mains. En ccl point que li
rois se parti de Winciestre, boutèrent foies gens le feu
en la cité; si en arst grans partie : cel feu virent }3ien
chil de l'ost Looys. Lendemain s'arma Looys, et fist
toutes ses gens armer et ses batailles ordener ' et les
fist chevauchier en conroi; si s'en ala viers Winciestre.
Trop vinrent bielement et cointement li François de-
vant la cité de Winciestre, qui jà estoit' arse priés de
la moitié; en ^ la cité ne troverent nul defois, ains i
entrèrent tout plainement ; mais li dui castiel se tin-
rent : li grans castiaus le roi et li castiaus l'evesque,
que on apieloit Wosvesée^. En cel liu ^ estoit Oliviers,
uns fils le roi de bas, qui escuiers estoit ^ Looys com-
manda à l'avoé de Biethune et à Bauduin de Bielvoir
que il s'alassent herbregier en la ville o tout lor ba-
taille por garder la cité, que chil des castiaus n'arsis-
sent chou qui remés i estoit à ardoir ; chil fîsent son
commandement, si se herbregierent en la ville o tout
lor bataille por garder la cité ', ù il orent puis mainte
ruiste bataille ** ; mais bien i sauvèrent lor hounour, et
moult i soufrirent de travail et de paine.
Looys se loga devant le maistre castiel , si i fist ^
• Ordena. — ' Qui e. — ' A. — ^ Volvesée. — ' En celui. — * E.
encore. — ' Ze.v liuit tnots précédents manquent dans le ms. S.- G.
— « Saillie. - ^ Si i.
174 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
geter ses perrleres et ses raangoiiniaus à la tour ; bien
i sist .XV. jours. Là vinrent à sa volenté li plus haut
home et li plus poissant d'Engletierre de cels qui de-
viers le roi se tenoient ; il i vint Guillaumes d'Engle-
tierre ', li cuens de Salesbieres, qui frères estoit au roi,
et li cuens de Warende , qui cousins germains estoit
al roi , et li cuens d'Arondiel ' et Guillaumes ^ d'Au-
bemarle, qui fu fils la contesse Hauwi , que Bauduins
de Biethune ot espousée : chil quatre devinrent home
Looys, et li pluiseur"^ autre o eus; et Looys les rechut
à homes , et lor rendi lor tierres. Puis vint SaA^aris de
Maulyon en l'ost par conduit, si osta fors del castiel
ses chevaliers que il mis i avoit, et fist ansdeus les
castiaus rendre à Looys ; puis s'en repaira au roi. Quant
Looys ot les castiaus, il donna la cité et le maistre
castiel , qui ot esté au roi , au conte de Naviers. En
cel point estoit mrareschaus de l'ost Adans de Biaumont,
que on apieloit en sornon Brostesinge ; mais Guillaumes
li jouenes mareschaus vint à Looys j si li dist que la
mareschaucie devoit iestre ses iretages, si voloit que il
li rendist. Looys li rendi comme chil qui ne l'osa las-
sier ; car , s'il ne li rendist , il en cuidast pierdre moult
durement les cuers as Englois. D'illuec endroit s'en
ala asseoir .i. castiel vers Portesmues, que on apieloit
Porceciestre ^ ; si le prist, et le redonna au conte de
Naviers. Puis vint-il asseoir .i. castiel ^ que on apie-
loit Odihem, qui seoit en uns biaus prés et pries de ^
bois , que li rois fist faire por lui déporter. A cel siège
' Longe-Espée. — ' D'Arondel. — ' G. li quens. — * Et p. -- ' Por-
cestre. — ® Castelet. — ' De biaus.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 175
manda Hues de Noeville, qui le castiel de Merlebiege
ot en garde, h Looys que, s'il vololt envoler de ses
ciievallers à Merleblerge, 11 11 renderolt le castiel et la
ville, qui moult lert bien seans. Looys envola , por cel
mandement, Roblert deDreues vlers Mîerleblerge; si
11 otrla que 11 castlaus fust siens, s'il le poolt avoir.
Gulllaumes 11 jouenes mareschaus clamolt le castiel de
Mlerleblerge , si se courecha moult de cel don. Il se
parti en cel point de l'ost, si s'en ala viers Gales; mais
clie ne fu pas par maltalent, ne adont ne se parti-il pas
del service Looys.
Robiers de Dreues s'en ala viers Mierlebierge, si
enmena o lui Engherran ' de Coucl son oncle et le
conte de Roussi et Raoul son frère " et Rauoul d'Es-
trces et pluisors autres chevaliers; des Artisiens i
mena-il l'avoé de Bethune et le castelain d'Arras et
celui ^ de Lens et Bauduin de Blauvolr et Aalart ^
de Croisllles et les deus frères de Mètres Boidin et
Malelin et pluisours autres. Bien ot .vi^'^. chevaliers en
celé chevaucle. Tant errèrent que il a Inrent à Mierle-
berge; mais il n'entrèrent pas el castiel, ains trove-
rent les portes moult bien fremées, et bien .xviij.
chevaliers, les hyaumes la clés, au defors ; et defors la
ville coislrent-11 gens à cheval, qui del bois issoient et
entrolent : lors cuidierent bien ke Hues de Noeville
les euust trahis, si ne furent pas adont del tout aalse ne
aseur ^ Engherrans ^ et Robers parlèrent ensamble, si
■ Engon an. — ' Et R . de la Tornele. — ' B. et le castelain. — * Beal-
veoir et Alart. — ^ Ces deux mots manquent clans le ms. S.-G. — "^ E.
de Couci.
176 HISTOIRE DES DUCS DE ^'ORMANDIE
de-vlserent que il retorneroient taiitost arrière ' vers
l'ostj mais puis lor aporta lor consaus que il se her-
bregassent en la ville et deniourassent celé nuit. Il
creirent cel consel, si se lierbregierent et demourerent
la nuit en la ville. Lendemain s'armèrent et montè-
rent sor lor clievaus, si s'en issirent de la ville et s'en
commencierent à repairier : si comme il s'en aloient,
envoia Hues de Noeville à eus; si manda [à Robert
et à Engerran] k'il li envoiassent conduit por venir
devant eus, et il lor renderoit le castiel. Il i * envoiie-
rent Robiert de Poissi , qui l'amena devant eus. Lors
le ramenèrent^ en la ville ^ si rendi Hues de Noeville
le castiel à Robiert de Dreues. Et quant che vint en-
contre le soir, derechief s'armèrent et issirent de la
ville; si s'en repairierent en l'ost; mais Robers de
Dreues lassa el castiel en garnison Jehan de Laisdaing ^
et .X. chevaliers o lui. Toute celé nuit chevauclerent,
si revinrent lendemain en l'ost. Li cuens de Hollande
s'estoit adont partis de l'ost, si s'en repairoit viers son
païs; il avoit la crois, si voloit atorner son afaire. Si ne
targa gaires apriès chou que li castiaus fu pris; et"
Looys s'en r'ala vers Winciestre, car il ot .i. parle-
ment pris entre lui et le légat en ces parties là priés de
Winciestre; Looys i envoia de ses gens qui parlèrent
à lui : assés i ot paroles dites; mais la pais n'i pot ies-
tre. En cel liu ù Looys ot atendu ses homes qui au par-
lement furent aie, se ^ parti de lui Hues Havès et grans
partie des Artisiens, ki s'en alerent^ grant aleure
' A. sans aUendrc. — Ml li. — ' Lors retornerent. — " Lcsdaing.
— ' Pj'is, quo. — '' F., se. — ' \indrent.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 177
vers ' Londres; là entrerent-il en mer % si siglerent
tant aval Tamise qu'il entrèrent en la meràgrantjoie.
En la mer les vinrent li Englois assaillir en ^ lor ba-
tiaus; mais il riens ne lor porent fom^faire , nins furent
moult durement rebouté arrière, etensi s'en revinrent
en lor païs. Apriès cel parlement que Looys ot eu au
legaut, qui Gales estoit apelés (mais je le vous avoie
oublié à dire), s'en vint-il à Londres; mais guaires n'i
demoura , ains s'en ala assés tost apriès asseoir le castiel
de Londres L II laissa le conte de Naviers et Robiert
de Dreues o grant chevalerie à Londres , qui , tost
apriès chou que il se fu partis d'eus , alerent asseoir le
castiel de Wlndesores : longhement i furent; mais poi
i esploitierent. Grant paour i orenf, si comme vos orés
chà "^ avant. Cil del castiel lor fiient mainte ruiste
saillie; deus fois cauperent le fleque de lor perriere.
Uns chevaliers d'Artois, ki estoit apielés Guillaumes de
Cerisi, i fu ocis, ki assés poi fu plains de maintes gens;
car molt estoit haïs.
Or oiiés avant de Looys, ki s'en vint à Douvre : quant
il i vint, il n'assist pas tantost le castiel, ains se her-
brega au cor de la ville en une prioré ; et ' de ses gens
se herbreglerent li pluisor en la ville et li auquant en
lor pavellons. Là se parti de lui li cuens de Roussi et
Jehans de Monmirail et Hues de Rumegny et li vis-
cuens de Torainne et moult d'autre chevalier : dont
mervelles apetisa li os adont. Par maintes fois issirent
chil del castiel fors des portes; il avoient une barba-
' A. — 'Es neis. — ^ Od. — ''De Douvi-e. — ^ I o. puis. — * O.
bien là. — ' H, en une prioiie qui siet au c. de la v.
12
178 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
caiic defors la porte, que Pieres de Creon ' ot h garder^
qui estoil close de m[ou]lt boin roulleis de caisne, et si ot
boiii ' fossé toutentour. Pieres de Creon, qui la porte ot
à garder, otensemeiit à garder la barbacane. Devant celé
barbacane venoient souvent cliil dou castiel tout armé,
si que chil de l'ost les veoient plainement. Souvent i
aloient traire li arbalestier Looys. Une fois i ala traire
uns arbalestriers moult preus, que on apieloit Perer-
naut^; si les aprocha tant qu'il li coururent sus, et il les
atendi ; si i remest pris , car mauvaisement fu secourus.
Et tost apriès chou s'en ala Looys el mont o toute s'ost,
si assist le castiel : une partie de ses gens fist demourer
en la ville por cels dedens del tout avironner, et en
la mer refurent ^ ses nés; et ainsi furent chil del castiel
de toutes pars ^ enclos. Lors fist Looys drecier ses per-
rieres et ses mangouniaus pour jeter à la porte et au
mur; si fist faire .i. castel de cloies moult haut, et un
cat por mener au mur; ses mineours fist entrer el
fossé, qui minèrent la piere et la tierre desous le
roilleis. Puis les fist assaillir as chevaliers de l'ost; si fu
tantost la barbacane prise. Uns escuiers que on apie-
loit Huart'' Paon, qui la baniere l'avoé de Biethune
portoit, i entra premiers. Pieres de Creon , qui la ba-
taille ' dut garder, en ot tel duel que onques puis ne
fu haitiés, si moru tost apriès. Chil Pieres fu fius Meu-
risse de Creon, le boin chevalier. Et quant li rois
Jehans " sot les nouvieles dou conte de Naviers et de
Robiert de Dreues, qui à poi de gent avoient assis le^
' Croon. — ' Et boen. — ' Ernaiit. — ^ Pi'ot-il. — ' G. dedeus
Lout. - *" Buart. — - Barbacane. — * R. d'Engleterre. — » Son.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 179
castlel de Wiiulesores, il assambla ses gens, si s'en
vint à Radinghes; puis passa outre et vint si pries
d'eus que il cuidierent bien avoir la bataille. Li Galois
vinrent par nuit traire en l'ost, si lor fisent moult grant
paour. Longhement furent armé por atendre la ba-
taille; mais il ne Forent pas, car li rois se traist ar-
rière je ne sai pas par quel consel, et à tant remest. Puis
vint li rois d'Escoce au siège de Dovre, por faire son
houmage à Looys; et Looys ala encontre lui jusques à
Cantorbire , et l'en amena en l'ost à ' Douvre h grant
joie. Lendemain fist li rois son houmage à Looys de la *
tierre de Loonois, puis s'en repaira en son païs; et li
cuens de Naviers le convoia jusques outre Cantebruges.
Li cuens de Naviers ^, qui deviers Looys s'estoit tour-
nés, se repenti de chou que il ot fait, si s'en ala au roi
d'Engletierre et li cria mierchi ; et li rois li pardonna
son mautalent moult boinement. Devant chou que li
rois d'Escoce venist à Douvre, estoit arrivés li cuens
del Pierche, qui vint au siervice Looys; mais je le
vous avoie oublié à dire. Puis arriva li cuens de Bre-
taigne, et Robiers ses frères s'en ala en France. Puis
mist Looys ses mineours à la porte ; si minèrent tant
que une des tours '^ caï, dont deus i avoit. Lors entra
une grans partie des gens Looys ou ^ castiel ; mais cliil
dedens les remisent "" hors par grant vigour, et puis
refremerent là endroit ù lor murs estoit chaûs, de
grans mairiens et de grans baus travesains et de grant
roilleis de caisne. Guichars de Biaugeu ' m.oru à cel
' Devant. — ' Sa. — ^ D'Aubeniarle. — '* Touretes. — ' Dedens le.
— * Misent. — ' Guicars de Biaiigin.
180 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
siège, si fu portés enfouir en sa tierre; maisançois'
moru uns chevaliers de Boulenois qui moult fu plains,
Jehans de la Rivière ot à non; chil fu autresi aportés
enfouir en Boulenois. A cel siège vinrent les nouvieles
d'Innocent l'apostole de Rome, qu'il estoit mors et que
li nouviaus apostoles estoit apielés Honorés. De ces
nouvieles fuLooys moult liés. Puis vinrent les nouvieles
de l'empereour Henri de Constantinoble , qui autresi
estoit mors en la lierre de Roraenie, en lu cité de
Salenyke. Chil empereres Henris fu oncles Looys de
par sa mère.
Tant sist Looys devant le castiel de Douvre que
trives furent prises entre lui et cels dedens : dont li
rois d'Engletierre fu moult dolans ^. Assés tost apriès
chou que il ot les novieles oies, li prist maladie, [et
il s'en vint od toute la maladie à .i. castiel l'evesque
de Nicole , que on apieloit Mevverc; ] si ^ moru. Si fu
portés enfouir à la cité de Winciestre ^ en la mere-
eglyse ; mais, ancois k'il morust, manda-il à Guil-
laume le mareschal , le conte de Pembroc , que il
m.etoit Henri son ainsné fill en la garde Diu et en la
soie, et por Diu li pria qu'il mesist consel en son
afaire, et Richart son puisné dU mist-il en la garde
Pieron de Manlay, qui le castiel del Corf ot à garder,
ù Alyenor la fille le conte Jolï'roi de Bretaigne estoit
emprisonnée. Chil Pieres de Manlay ot esté huissiers le
roi; mais puis crut tant ses afaires que il fu chevaliers
et connestables [dou castiel] del Corf, et si poissans
que il guerroia al conte de Salesbieres. La roine re-
' A. i. — ' Triés. — ' Là. — ^ Wilecestre.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 181
mest enchainte d'une fille en cel point que li rois
morut.
Henris, li ainsnés fils le roi, fu fais chevaliers tost
apriès le mort le père ; puis fu couronnés à roi , de!
legaut. Et Guillaumes li mareschaus fu eslius à iestrc
souvrains baillius del règne; Fouques de Breauté ot en
garde le castiel de Norantonne et le castiel d'Ausyne-
fort et Boukingehem et Herrefort et Bedefort et Clian-
tebruge et toutes les contés qui apendent à ces .\'i. cas-
tiaus, et deseure tout clie ot-il en baillie le contée de
l'ille de Wic de par sa feme : ctie furent .vij. contées
qu'il ot en ses mains. Robiers de Gaugi , qui siergans
estoit, ot en garde le castiel de Mewerc ; Hues de Bail-
luel ot en garde le Noef-Castiel-sour-Tine et grant par-
tie de la tierre sour ' le nort ; et Pieres de Manlay ot
en garde le castiel del Corf , si comme vous avés oï ; là
fu la plus grans partie del trésor le roi. Savaris de Mau-
lyon ot en garde le castiel de Bristou, si ot ses gens
ens mises ; il-meismes fu passés en Poitau ains que lî
rois morust. Engelars d'Atliies et Andrius de Clian-
ceaus orent en garde le castiel de Windesores, dont li
cuens de Naviers estoit partis et trais arrière. Hubiers'
de Bours ot en garde le castiel de Douvre , si comme
je vous ai piecha dit. Es Wans ot .i. siergant, qui par
sa proece fu moult sires des Wandois; chil guerroia
moult puis as gens Looys; apielés estoit Willekins
de Kasingliehem ; mais li François l'apeloient Wille-
kin des Wans, qui ne sorent noumer Kasingehem.
Molt fu puis chil renommés en l'ost Looys. Apriès
' Viers. — ' Wibiers.
182 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
clie ' couronnement don roi Henri , ki fu couronnés
en l'an de l'Incarnation .m. et .ij'". et .xvi. et qui n'ot
ke .X. ans quant on le couronna , se traist cascuns des
castelains que je tous ai nommés vers les castiaus que
il ot à garder; car grant doute avoient de Looys, qui
se parti tost de Douvre " apriès chou que la trive fu
prise entre lui et cels dedens , si s'en vint à Londres.
Puis passa outre ; si assist le castiel de Herefort , si
le prist et le rendi à Robiert le fill Gautier cui drois
che fu. Puis assist le castiel de Berkamestede , qui ren-
dus li fu ; si le donna à Raoul ^ Pioket. Puis prist le
castiel de Cloeciestre et celui de Dorefort + et celui
d'Ingehem et celui del Plasseis et Cantebruge et moult
d'autres fortereces. Le castel d'Orefort donna-il à
Gillon de Meleun, et Cantebruge à Symon de Poissi.
Si rendi le castiel d'Ingehem au conte Robiert de Ver,
cui che devoit estre, et le Plasseis au conte Guil-
laume de Mandeville. La cités de Norewis li fu ren-
*
due, et la cité de Nicole j mais li castiaus se tint, qui
estoit en la garde d'une dame que on apieloit ma dame
INichole, qui le devoit garder par iretage; et elle le
garda moult loiaument. Puis s'en revint Looys à Lon-
dres, si envoia Huon le castelain d'Arras à Nichole
pour garder le ^ pais , qui le garda moult vighereuse-
ment par l'aie des Norois , qui souvent estoient o
lui.
En cel point vinrent novieles à Looys de Joffroi de
Say, un baron d'Engletierre qui ot en garde la Rie,
• Le. — ' D. Tost. — ^ A Mol. — " Colecestre et c. d'Orefort
— ■ Cd.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. J83
une forte maison qui siet es Wans pries de Wiceneslel;
si l'a volent les gens le roi prise par engien : par coi
Looys s'esmut; si s'en ala celé part, et jut en son aler
en ' un castiel le conte de Warende (jue on apieloit
Leans". Puis passa outre; si ne vaut aler à la Rie, por
chou que il doutoit que vitaille ne li falist ; car la ville
seoit enmi les Wans, qui moult estoit fors. Si ne peust
vitaille venir à l'ost por les Wandois. 11 s'en vint à Win-
chenel% qui boine ville estoit et assés pries de la Rie :
un bracli de mer ot seulement entre deus, ki n'estoit mie
lés. Li bourgois de la ville , quant il sorent sa venue, ne
l'atendirent pas; ainsbrisierent toz les molins; si entrè-
rent en lor nés et s'en alerent à la Rie à Phelippon d'Au-
begny, qui là estoit à grant plenté de nés bien garnies
de gens armées, comme cliil qui la mer ot à garder de
par le roi. Li Wandois orent toz les pons brisiés et toz
les passages desfais, si comme Looys i estoit^ passés :
moult fu dont Looys à grant meschief ^ à Wincenesel.
Blé trouverent-il à grant plenté ; mais il ne savoient
comment il le peuussent maurre '". Longhement fu-
rent en tel destroit et que il lor couvenoit à mains
moeles maurre le blé dont il faisoient le pain^; car ne
poisson ne porent-il recouvrer. Grosses nois trouvè-
rent en la ville : clie fu lor plus haute viande. Souvent
prendoient trives à ceus des nés, ki moult mauvaise-
ment lor tenoient : teus jors fu que trois fois lor bri-
sierent les trives que donnés lor avoient, souvent ve-
noient à meismes de la tierre traire à eus. Quant Looys
'A. — ' Leaus. — ^ Vinceuel. — "* L. e. — ' IM. une grant pièce,
— ^ C. niolie. — ' Le p. qu'il inangoient.
184 HISTOIRE DES DUCS DE INORMAINDIE
vit che, il envoia ses homes ' à pie, qui par engien
passèrent les Wans à Londres et as castiaus ù si che-
valier estoient. Si lor manda que il le secourussent;
car moult estoit à grant meschief, et moult le destrai-
gnoient li Englois. Guillaumes, li castelains de Saint-
Omer, et Raous Plokès et Hues Tacons et Jehans de
Biaumont et pluisor autre chevalier, quant il oïrent les
novieles, s'aparellierent d'aler secourre lorsegnour; il
n'osèrent entrer es Wans por chou que il estoient '' poi
gent; si s'en alerent le grant chemin de Cantorbire. Puis
retornerent arrière, et^ s'en revinrent à Roumeniel;
d'illuec envoierent-il lor messageus en Bouleignois au
prieus del Wast, .i. moine de Cluigny qui baillius estoit
de Boulenois de par Looys ; si li mandèrent que il lor
envoiast toutes les nés ke il poroit avoir, car ^ Looys
lor sires estoit à trop grant meschief à Wincenesel. Li
prieus i envoia plus de .ij*=. nés, qui toutes prisent port
à Douvre, fors une seule, qui par le hardement des ma-
ronniers s'en vint à Wincenesel, ù elle fu bien venue ;
car Looys et si home orent grant joie des nouvieles que
chil qui ens vinrent lor aporterent , et moult prisie-
rent les maronniers qui si hardiement vinrent.
Chil qui à Romenel estoient, quant il sorent les
novieles de lor nés, ki arrivées estoient à Douvre, il
tornerent^ celé part ù il cuidierent entrer es nés por
aler secourre lor segnour ; mais il ne porent por le
tempieste, ki commencha moult grans, et li vens lor
venoit droit encontre : par coi il lor couvint bien se-
' S. messages. — ' Qu'il avoient. — ' P. tornerent à destrc, si.
— " A. cà. — ' S. iilrrciU tantost.
KT DES ROIS D'ANGLETERRE. 185
jorner .xv. jors à grant anui, ains qu'il se peuussent
mouvoir : dont il furent raoult iric. En celé qulnsaine
soufrl Looys maint grant mescief , et si home ense-
ment; car vitaille lor failli '. Un jor prist consel que
il feroit. Wistasses li Moines, ki là estoit, li dist :
(f Sire, se tous faisiés garnir une galie, qui en ceste
ville est molt boine et que je bien connois, car elle
fu jà moie, vos en poriés moult destraindre lor nés.
En ceste ville a grans nés, que nos avons gaegnies; si
ferai, se vos le loés, en une des plus grans un castiel
faire si grant et si mervelleus que toutes les gens le
regarderont à mervelle, et celle nef trahinera-on à
batiaus après la galie por li garder. » Looys dist que il
le looit bien et que clie li sarabloit biens "" à faire. Lors
fist Wistasses li Moines commencier le castiel sor la
nef si grant ke tôt le regardoient à mervelles , car il
passoit de grant ^ masse toz les bors de la nef de cascune
part. Puist fist drecier une perriere en une autre grant
nef por jeter à lor nés, et celé nés siuoit adiès la nef ù
li castiaus estoit fais. Sour le rivage ot Looys fait dre-
cier .ij. perrieres, qui jetoient priés outre le bras
apriès lor nés, dont il les destraignoit moult ^. Ançois
que li castiaus fust parfais, sorent li Englois la devise
Wistasse le Moigne par ne sai quelle aventure; si s'en
vinrent .i. soir o lor nés devant la ville , si emblerent
le galie et le depecierent toute voiant " les ielx as Fran-
çois , cjiii moult en orent grant ire. Looys [, qui moult
fu iriés,] demanda au visconte de Meleun comment
chou estoit que la galie avoit esté si mauvaisement
' F. trop durt>nierit. — - Boen. — ' P. g. - * Auques. — ' Devant.
186 HISTOIRE DES DUCS DE INORMANDIE
gardée et por coi il i aA'oit mis si povre gait. «Par
mon chief! distli viscuens, vostre home sont si affamé
que je ne truis qui gaitier yoelle, ne anuit ne trouverés-
vous ' pas quatre chevaliers qui gaitier voellent'.»
Looys respondi que il gaitera ançois il-meisraes que
on ne gait. Lors commencha moult durement à ten-
cier au visconte; et Wistasses de Noeville , li fils au
boin chevalier , et qui meismes estoit moult vaillans
chevaliers '\ dist à Looys : « Sire, li viscuens ne set que
il dist, qui dist que vous ne trouvères pas .iiij. cheva-
liers qui voellent gaitier por vous; si ferés .xl.» — «Par
mon chief î [dist li visquens,] me sire Wistasse, si
fach. Jou sai bien que je di : non fera : il ne les tro-
vera pas.» — (cPar mon chief! dist me sire Wistasses,
sire viscuens, si fera.» — «Me sire Wistasse, dist li
viscuens, querés-les dont; car jou ne les puis trouver.»
— a Volentiers , dist me sire Wistasses; je ^ gaiterai
o .xl. chevaliers anuit mais et demain au soir ^ et tant
comme lui plaira , et si ne convenra pas lui-meismes
gaitier. » Lors se parti Wistasses de Looys; si s'en vint
à son liostel et semonst toz ses amis et s'arma , et puis
vint devant l'ostel Looys o bien .xl. chevaliers, et
gaita celé nuit moult honnerablement : dont Looys li
sot moult boin gré. Lendemain vint li secours de de-
viers Douvre moult bielement et moult cointement.
Raous Plokès et Jehans de Biaumont vinrent devant o
lor nés; les nés des Englois les atendirent de si priés
que il cuidierent bien avoir la bataille. Une coge vint
■ Ne Uova-il. — ' Volsissent. — ' Bacelers. — '' Dist Ustasces : Jou
meismes. — * S. aiitresi.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 187
vers eus, ki grant samblant fist d'assambler ; mais
quant elle fu sour l'eur del assambler, elle guenci ar-
rière si durement tout à un fais k'ele couru par ml
.i. lonc batiel, si k'ele l'esfondra et noia tous cels qui
dedens estoient, si que onques puis n'en fu uns seus
veus. De celé chose furent li François moult lié. Les
nés des Englois se traisent arrière ; mais che ne fu
gaires loing , et li estores arriva toz ensamble à Win-
cenesel : dont Looys ot grant joie et tôt si home ense-
ment. Puis entra Looys o toutes ses gens es nés ; si s'en
ala h la Rie, et le prist tantost , et le trova moult bien
garnie de vins et de viandes , dont ses gens orent grant
mestier. Puis s'aparella de mer passer pom- aler en
France, si laissa Engherran de Couci son neveu en
Engletierre [por garder la terre], et li commanda que
il alast à Londres et gardast la cité, ne por riens ne
s'en meust ' . A la Rie laissa-il en garnison Bauduin de
Corbuel, qui de France estoit nouvielement venus
en ces nés que li prieus de'' Wast ot envoies. Puis
passa mer, et vint en France et 1 demoura jusques
apriès la Pasque; mais onques à son père n'i parla.
En celé demeure que Looys fist en France empira
moult sa besoigne ^ en Engletierre; car Guillaumes
Longhe-Espée, li cuens de Salesbieres, se torna en-
contic lui deviers lejouene roi son neveu, et Guillaumes
li ^ maressaus et pluiseur autre. Puis chevauchierent
moult li^ Englois par la tierre, et assisent moult de
castiaus^ et prisent; il prisent Fernehem et Odihem et
' Partesist. — ' Del. — ' Ses afaires. — '• Li jouencs. - ' C li.
— « A. c.
188 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
autres foitereces. En Fernehem fu pris Ponces de
Biaiimès, uns cheyaliers d'Artois ; si le lîst li evesques
de Winciestre jeter en sa prison , ù il li fist soufrir
moult de maus. Fouques de Breauté chevaucha sour
l'ille de Lisy '; si le prist, et Adan de Nuelli ' dedens,
• i. siergant Looys, qui moult estoit preus et vaillans;
baillius ot esté de Saint-Omer et d'Aire et moult bien
de Looys; car moult l'ot bien servi en Engletierre. Et
quant Looys sot ces nouvieles en France, ù il estoit,
il n'en fu mie liés. Deviers le tans ^ de Pasques seretraist
vers Kalais; mais poi mena chevaliers o lui. Un tre-
buket fist porter : dont grans parole fu , car à cel tans
en avoit-on poi veus en France. Le venredi devant le
jour " de Pasques , au soir, fist Looys ses chevaus eschi-
per, et il-meismes entra en mer .i. poi devant le jour
o ses nés. Les plus haus homes qui o lui passèrent
vous sai-je bien nommer : il i passa li cuens de Bre-
taigne et Robiers de Dreues , ses frères , et li cuens del
Pierce et li cuens de Gisnes et li avoués de Biethune et
li senescaus de Flandres , que on apieloit ïïellin de
W'averin, et li castelains de Biaumès ^ et Guillaumes de
Fiennes ' et Hues de Mal-Aunoi ^ et Raous Plonkès et
Raous d'Estrées et li viscuens de Meleun et Adans de
Biaumont et Jehans d'Oisy ^ et Florens de Hangest et
Guis de Merainville, li fils Ourson le cambrelenc, et
pluisour autre que je ne sai pas toz nommer; mais
sour tout '° n'i avoit-il gaires plus de .vij". chevaliers.
■ De Beaumeis, uns bacelers de Beaunieis. — ' D'Ely. — ' De Niilli.
— * Devant le mois. — ' Le mois. — ' Beaumeis. — ' De Fienles.
— * De Mal-Ausnoi. — » D'Oisni. — '° Entre tous.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 189
Lendemain au senraedi orent-il boln vent et ausi '
cole mer, que il aloient autresi seriement comme se il
fussent en .i. estanc. Ensi s'en vinrent-il syglant si
priés de Douvre que il coisirent lor loges tout plaine-
ment , qui encore estoient droites.
En cel point vint à Douvre Oliviers , li fils le roi
Jehan de bas, et VVillekins de ^ Wans, o lui ^ grant
gent ; si ocisent une partie de cels qui les loges gar-
doient. Puis boutèrent le feu es loges, si furent assës
tost arses. Et quant Looys et ses gens , qui par la mer
venoient syglant, coisirent les fumées des loges, il
n'osèrent arriver à Douvre por cels dou païs ^, qui tout
plaineraent pooient ^ traire es nés por la hautece des
faloises. Il guencirent vers diestre, si arrivèrent à
Sauwis et se herbregierent par la ville. Lendemain
arriva li cuens de Naviers a poi de gent. Puis monta
Looys, si s'en vint à Douvre et se herbrega en la prioré;
là sot-il les voires nouvieles del jouene roi et de ses
gens ^, qui avoient assis quatre de s«s castiaus [tout
ensamble] : celui de Winciestre et celui de Sushan-
tonne et celui de Mierlebierge et celui de Monsoriel ,
qui estoit castiaus au conte de Winciestre. Pour ces
nouvieles fist tant Looys à Hubiert de Bours que les
trives furent alongiesj puis s'en revint à Sauwis, si
retint o soi de ses mellors chevaliers et de ses ' mellours
maronniers; et les autres en lassa aler es nés, que il
toutes renvoia. Cel jor meismes vint à Cantorbire et
' Si b. V. et si. — ' Des. — ^ Od lui od. — '' De la terre. — * Por-
roient. — ^ N. des gens le j. roi. — ' Ces cinq mots manquent dans
le ms. S.- G.
190 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
s'i herbrega la nuit. Lendemain par matin s'en ala
grant alem^e vers Winciestre, si ala jesir à mie abbeye
de nonnains, que on apieloit Meaulinges. Cel jor vin-
rent encontre lui li cuens de Winciestre et Guillaumes
de Dingefuell ' et maistre Symons de Longcthone et
pluisor autre Englois. Lendemain, au mierkedi, refist
Looys grant jornée, car il ala de Miaulinges jusques à
Geudefort; mais li carois n'i pot pas venir, ainsdemora
à Régate la nuit, et Gerars li ^ Truie, avoec cui l'arriere-
garde estoit. Cel jour vint Engherrans de Couci et li
plus des autres chevaliers, qui à Londres orent esté en
garnison, encontre Looys. Lendemain au joesdi vint
Looys à Fernehem % que il trova garni encontre lui.
Cel jor sot-il les nouvieles que li castiaus de Wincies-
tre estoit pris; et chil de Sushantonne et chil de Mier-
lebierge; mais chil de Monsoriel se tenoit encore. Et
quant Looys vint à Fernehem, il fîst assaillir le castiel,
si fu tost ^ li premiers bailes pris; mais li castiaus n'ot
garde. Cel jor vint li carois^ et lendemain vint li cuens
de Winciestre à Looys o grant chevalerie d'Englois ^ ;
si li requist que il li baillast de ses chevaliers, pour aler
son castiel secourre de Monsoriel. Looys, qui escondire
ne li pot ^, fist aler o lui le conte del Pierce et Symon
de Poissi et Huon de Ruet ' et Huon Cieret ^ et Guil-
laume de Fiennes ^ et les deus frères Ansiel '° et Bau-
duin de Biethune et un chevalier " qui fu fils le
' De Dinguefueil. — ' La. — ^ Frenehem. — * Tantost. — '^ O....
d'E. manquent dans le ms. S. -G. — ^ Osa. — ' Del Roet. — ^ Chie-
ret. — 'De Fienles. — '"Des Ansiel et Bauduin. — " Bietimc, .i.
baceler.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 191
conte ' d'Aubemalle, le boin chevalier. L'avoé de Bie-
thuiie 1 vaut-il faire aler , si li manda que il venist à lui
parler; et li avoés i vint'; si amena o lui Gillehiert
(leCopegni, un sien chevalier qui moult li desloa celé
voie. Li avoés l'encrei legierement, qui pas n'estoit à
celé fois de l'aler aaisiés : chou pesa lui; car volen-
tiers i fustalés, se il peuust, comme chil qui volen-
tiers servoit Looys. Quant il vit Looys % Looys li re-
quist que il alast en celé voie; et il dist que il ne
poroit. Puis en requist le senescal de Flandres et Huon
Tacon, qui autresi n'i porenf^ aler; car il n'en estoient
pas aaisié".
Lendemain ^ par matin se parti li cuens de Win-
ciestre de Looys o grant chevalerie d'Englois ; et de
cels d'outre la mer i mena-il jusquesà .Ixx. chevaliers,
que Looys li ot bailliés; si s'en vint à Monsoriel et
dessega le castiel. Et Looys, cel jor raeismes que li
cuens de Winciestre se parti de lui , se parti-il ense-
ment de Fernehem , et s'en ala vers Winciestre ; si
commanda à l'avoé de Biethune et au senescal de
Flandres que il fesissent l'arriere-garde, et il si firent;
si reçurent o eus Huon Tacon et Gerart le Truie et
Florent de Hangest. Li avoés de Biethune reçut o soi
trois chevaliers de sa tierre, qui à Londres orent esté
en garnison par sa proiere : che fu Wistasses de Hersin
et Jehans de Paska' et Jehans de Nue. Chil de Winde-
sores les poursiuirent le jor; mais il n'osèrent assam-
bler à eus, ne si pries aprochier que chil de l'arriere-
■ Le c. Bauduin. — ' I ala. — ' Q. il viat à cort. — * N'i voldrenl
pas. — ' INe porent. — ' Le dieniainne, — ' De Paschau.
192 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
garde les peuussent veoir; Il " s'en vinrent tout sauve-
nient à Winciestre. Li escuier des François, qui la
matinée alerent avant por les osteus prendre, trove-
rent des gens le jouene roi encore en la ville, qui
moult laidement s'en fuirent, quant il les virent °.
Quant Looys vint à Winciestre, il trova grant partie
del mur [del chastel] abatu par les " mineours. Li
cuens de Naviers , à cui Looys l'ot donnée, le fîst tan-
tost refaire au mius qu'il pot; par tout as pietruis del
mur fist mètre grans palis de kaisne, et les fossés
fist reparer chou qu'il pot. Por cel ouvrage demoura
Looys en la ville très le dyemence dusques au joesdi ,
que il fu jors de l'Assention. Puis s'en parti, si s'en
repaira viers Londres; et li cuens de Naviers mist sa
garnison dedens le castiel. Si comme il s'en aloient,
leur vinrent nouvieles de cels de Douvres, qui tenoient
mauvaisement les trives ; car les gens Looys qui devers
France venoient apriès lui et qui varrent arriver à
Douvre, furent cachié arrière et en i ot d'ocis. Li ma-
reschaus le conte de Naviers fu meismes priés ocis;
mais Hubiers de Bours les garanti à grant force. Por
ces novieles ne demoura Looys à Londres que deus
nuis, ains passa outre et s'en ala à Douvre et assist le
castiel. Le venredi devant le Pentecouste se loga sour
le mont devant le castiel; si fîst drecliier lor trebouket,
qui assés lor fist poi de mal. Lors commencierent moult
durement à faire maisons par tout. Lendemain, qu'il
se logierent, fu la velle de la Pentecouste; cel jor
meismes vinrent bien .xl. ^ nés des gens Looys devant la
■ Issi. — ' Q. il i vindrent. — ' Ses. — * .Ix.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 193
ville, qui totes vaurrent arriver; mais la mersfu grosse,
et li veus ^raiis, qui lor vint encontre; si les enchaça
arrière à Kalais toutes ensemble, fors seulement .v.
qui arrivèrent toutes ensamble ' à grant force. Le
lundi apriès s'en revinrent les nés qui à Kalais estoient
repairies, si s'en vinrent syglant viers Douvre ; si
comme elles s'en venoient, Phelippes d'Aubegni et
Nicoles Ilaringos en vinrent de devers Roumeniel '^ o
bien .iiij''*. nés, que grandes que petites; [si lor alerent
encontre] et bien orent .xx. grans nés toutes batellies
et apparellies ^ por combatre. Les gens Looys, qui
petites nés avoient, ne les osèrent atendre, ains s'en
fuirent arrière viers Kalais; mais .xxvij. nés i ot ki si
avant estoient venues qu'eles ne porent retorner, ains
les convint avant venir à ^ force et mètre en aventure.
De ces .xxvij. nés furent prises les .viij., et les .xix.
escliaperent à grant paour. Li maronnier et li sier-
gantki furent pris es -viij. nés furent tantost tout ocis,
et li chevalier furent jeté en prison èssantines des nés,
ù il orent assés de mal. Li Englois jetèrent puis lor
ancres devant le castiel et i demourerent tout coi , et
gardèrent la ville ^, que vitaille ne nus secours n'i ^
peuust venir à Looys par la mer. Puis envoia Looys
une partie de ses gens ardoir Hées et Romeniel, et li
Wandois les assaillirent; mais desconfi furent.
Ne ' vous voell ore plus dire de Looys , si vous
aurai dit que chil devinrent ki à Monsoriel alerent ;
bien avés oï qu'il le dessegierent. En cel point qu'il
' T. e. manquent dans le ms S.-G. — ' Ronienel. — ' Et moult
bien alornées. — ^ Y. avant par. — '' La mer. — ® Ne. — ' Se.
i5
194 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
i sejornoient et que li cuens faisoit raparellier " sa
forterece , qui emplrie estoit par les maiigouniaus ,
vint à eus Hues li castelains d'Arras, qui le castiel de
Nicole avoit assis o les Norois ; si lor requist que il
yenissent o lui jusques devant le castiel ; car, s'il i
venoient , chil * ne se poroient pas longhement te-
nir; car il estoit sour Teur dou prendre, et, s'il estoit
pris , bien seuussent-il que moult en seroit avancie
la besoigne Looys : auquant s'i acorderent et auquant
lie s'i vaurrent acorder. En la fin s'acorderent-il
tout d'aler i; puis s'esmurent tout ensamble, si s'en
alerent à Nicliole et se herbregierent par la ville.
Guillaumes li mareschaus , li cuens de Pembroc, qui
maistres baillius estoit del règne, et Guillaumes ses
fils et li cuens d'Eciestre et li cuens de Salesbieres et li
cuens de Ferrieres et Fouques de Breauté et Robiers de
Gaugi et tout li baron qui deviers le jouene roi se te-
noient et qui en cel pais estoient , quant il sorent celé
nouviele, il s'assamblerent de toutes pars et mandè-
rent toutes les garnisons; si s'en alerent viers Nicliole
apriès les gens Looys. La velle de la Pentecouste^ se
combatirent à eus et prisent la ville par force sour eus
et les desconfirent. Là fu ocis li cuens del Pierclie, et
li cuens de Winciestre fu pris et Robiers ses fils, ki
moult fu biaus bacelers, et Robiers li fils Gautier et
Guillaumes de Dodinfuell '^ et Gillebiers de Clare et
Guillaumes de Molbrai et priés tout li haut home des
Englois \ moult en eschapa petit. De cels d'outre mer
' Li quens de Wincestre f. ratorner. — " 11. — ^ De la Trinité. —
" Et G. (rOdiu-eefuel.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 195
n'en eschaperent que troi haut home : de ces trois fu
li uns Symons de Poissi , et li autres Heues li castelains
d'Arras, et li tiers Wistasses de Merlingehem, qui con-
nestables estoit de Boulenois. Hues Cieres fu pris ; mais
tantost fu délivrés par l'aie de ses amis k'il avoit en
l'ost. Des Englois eschapa li cuens Guillaumes de Man-
deville et li connestables de Ciestre et je ne sai quant
autre; mais che fu poi. En cel point fu li legas priés
d'illuec, qui moult fu liés de celé aventure. Puis pri-
sent jour d'iestre à Ausinefort tout ensamble, et d'il-
luec s'en iroient viers Londres, che disoient-il. Chil
qui eschaperent s'en alerent fuiant jusques à Londres;
moult furent lié quant il i vinrent. Celé nouviele vint
à Looys au siège de Douvre, là ù il estoit, le joesdi
apriès le Pentecouste. Lors prist consel à ses gens
ke il feroit : tout s'acorderent ke il s'en alast à Lon-
dres et mandast secors en France. Lors fîst abatre son
trebucet et s'en apparella ' d'aler. Puis li aporta ses
consens ' que il demourast jusques au dyemence et le
dyemence toute jour, por savoir se il oroit aucunes
nouvieles. Ensi demoura par cel consel jusques au
diemence toz cois.
Le dyemence fist moult cler en la mer ; lors regar-
dèrent viers Kalais, si coisirent moult de nés qui les
voiles avoient drecies : dont il furent moult esbaudi.
Lendemain, au lundi, vinrent les ^ nés syglant par la
mer moult bielement ; si en i avoit bien .vi''''. ; mais
tout estoient sergant u marcheant u maronnier : des
chevaliers n'i ot que .xviij. En une des plus grans
' Et s'a. comme. — ' Consaus. — ' Ces.
190 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
nés estoit Wistasses de Noeville et Wistasses de Lens
() lui , 11 oncles au castelaln, et autre chevalier. Ll En-
p;lois qui es nés estoieut, quant 11 virent venir l'estore,
11 levèrent lor voiles et s'en alerent en haute mer. Wis-
tasses de Noeville et 11 autre qui es nés estoient, les com-
menclerent à chacler ; assés les caclerent, mais pas ne
les porent ataindre. Et quant 11 ' virent que 11 acon-
slulr ne les porolent , 11 guenclrent arilere et s'en re-
palrlerent vlers Douvre. Quant 11 Englols les virent
guencir, il guenclrent autresi et se ferlrent en la coue
de l'estore; si 1 prisent .vllj. nés, et les autres arrive-
lent toutes ensamble h Douvre , et Looys vint encon-
tre sour le gravier; et quant 11 vit que si povres se-
cours 11 venolt , moult fu irlés. Cel soir prlst consel
({ue il lendemain s'en iroit vers Londres. Le soir fist
faire ses letres , et lendemain renvoia toutes ses nés
arrière et Gulon d'Athies et mi sien clerc ' kl malstres
cancellers estoit, qui ses lettres porta à son père et as
autres haus homes , à cul 11 manda secours. Puis arst
toutes les nés qui sour tierre estoient ^ devant le ha-
vene , si s'en ala jesir à Cantorblre. Le premier jour
de jung vint à Londres, si fu recheus k grant pourcies-
slon ^ ; puis se herbrega en la maison l'evesque et ses
gens se herbreglerent par la ville. De l'autre part vin-
rent 11 Englois o toute lor ost à Wlndesores; puis pas-
sèrent outre jusques à Estanes et jusques à Clertesée ';
si se herbregierent pai^ le pais tout seurement , car
bien pensèrent que Looys ne ses gens, qui poi creolent
' Il clioii. — ' D'A. eus, uns siens clers. — ^ Seoit-nt. — ' A p.
— '' Ccrleséf.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 197
les bourgois de Londres , n'oseroient la cite seule lais-
sier.
En che point arriva en Engletierre li archcACsques
de Sur, (pii d'outre mer estoit Aenus por sermonner
en France. Quant il oï parler de celé guerre , il passa
mer et vint en Engletierre por pais faire, se il peuust;
o lui passèrent .iij. abbé de la grise ordene : che fu
chil de Clervaus ' et cil de Cistiaus et de Pontegny.
Chil quatre vinrent à Londres; si parlèrent à Looys,
et puis parlèrent à cels de l'ost : tant firent que plui-
sours parlemens jousterent, ù les gens Looys parlèrent
as gens le jouene roi ; mais onques la pais n'i pot estre;
car Looys voloit mètre en la pais quatre de ses clers ,
([ue li legaus haoit tant que il ne voloit soufrir en nulle
fin que il i fussent mis. De ces quatre clers fu li uns
maistres Symons de Longhetone, li frères l'arclieves-
que de Chantorbire , et li autres maistres Gervaises de
Hobruges, li doyens" des canonnes deSaint-Pol; et li
tiers fu maistres Robiers de Saint-Germain, un clers le
roi d'Escoce ; et li quars fu maistres Helyes , uns clers
Tarclievesque de Chantorbire. Cil quatre fîsent mainte
mervelle ; car il sermonnoient au pueple de Londres
à une crois ki siet ' en l'atre Saint-Pol , et lor faisoient
à entendre que li roial estoient escumeniié, et que
Looys et si home estoient boines gens, et ke li apo-
stoles les escuraenioit à tort, et par droite raison le
mousterroient. Par cel outrage que il disoient et fai-
soient perdirent-il puis toz lor bienfices et furent clia-
cié fors de la tierre. Et quant la pais n'i pot iestre, li
' Cleresvaus. — " Ki doiens estoit. — ' Ki scoit.
198 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
archevesques de Sur et li troi abbé se partirent d'il-
luec et rapasserent la mer, et li roial départirent lor
ost; si se traist cascuns vers son pais ' . Puis envoia Looys
le visconte de Meleun o grant chevalerie vers Saint-
Edmont*, por tenser la tierre. En celé voie ala Wis-
tasses de Noeville , qui en toutes les besoignes voloit
aler, et [Hues Tacons et] pluisour autre. Chil fisent lor
chevauchie, si barroiierent la ville de Saint-Edmont
et gaagnierent moult proie par la tierre, et puis s'en
repairierent à Londres.
En cel point que celé chevauchie dut mouvoir, es-
toit ma dame Blance , la feme Looys , à Kalais , ù elle
assambloit toutes les gens ^ et "* les chevaliers qu'ele
pooit avoir, por envoier en Engletierre son segnour
secourre ^. Roblers de Courtenay i estoit venus por pas-
ser, et Mikius de Harnes et autre chevalier; mais en
trestoz n'en ot mie cent. Et en cel point que il apa-
relloient lor passage % venoient souvent li Englois
devant le havene traire à eus. Un jour en i vinrent
bien .iij'^ ; et quant li François les virent venir, il s'ar-
mèrent et entrèrent en lor nés et alerent encontre les
nés des Englois , qui ^ ierent adonques auques wides
de gens; si furent desconfites, et li François en gaa-
gnierent bien .vij", et les autres s'en fuirent par di-
viers havenes en Engletierre. Une nuit vinrent li
François par devant Douvre, ù il furent à ancre; et
' Pooir. — * Odmont. — ' Ces trois mots manquent dans le ms.
S. -G. — * Tous. — ' Por sen segnor requerre et secorre. — ** Que
celé ccvalcie dut movoir, estoit ma dame Blaace à Kalais, si que
devant est dit; et. — ' Qui manque dans le ms. S. -G., et la phrase
commence à Les neis.
ET DES ROIS iVAlNGLEIERHi:. 199
lendemain, quant il s'en cuidieient aler \ers bouche
de Tamise, lor leva une tourmente et une ra[je de mer
qui les enchaça arrière en Boulenois et en Flandres et
lor fist moult grans paours. Et puis que celé descon-
fiture fu, en sorent li roial assés tost la nouviele, qui
tost apriès che assamblerent lor ost à Ausinefort; et
puis vinrent à \V indesores et passèrent outre , et s'ale-
rentlogier par le païs plus priés de Londres qu'il u'euus-
sent fait à l'autre fois. Li legaus meismes ala gésir à
Kingestone, une ville qui siet à .x. lieues englesques
de Londres; mais une fois li vinrent nouvieles que li
François estoient issu de Londres, si s'en venoient
combatre à eus : par coi il monta sour .i. " palefroi,
si n'oublia pas ses espourons : onques ne fina de fuir,
si vint à Windesores. Puis parla-on de pais , si prisent
li roial parlement as gens Looys : par pluiseurs jours
durèrent li parlement; mais en la fin se départirent
sans pais faire. Lors vaut li legas que on alast asseoir
la cité; mais li baron nes'i vaurrent acorder ", ains se
partirent tost d'illuec. Apriès chou si s'en râlèrent
en lor tierres. Apriès che que il s'en furent aie , se
parti "^ Looys de la maison l'evesque, ù il avoit esté
à hostel; si ala manoir el maistre castiel por plus
estre aseur; mais ancois se furent torné deviers le
jouene roi entre le conte de Warende et le conte
d'Arondiel , si que li cuens de Warende manda à
Looys en la maison l'evesque, ù il estoit encore '", que
il ne se tenoit mais à son homme. Li cuens de Naviers
' Oture, ms. ^55. — ' Sou. — ' Ne s'i acorderent pas. — ' Poili ,
m.i. 455. — ' E. adonl.
200 mSTOlUE DES DUCS DE NORMAJNDIE
vint manoir en la maison l'evesque, quant Looys s'en
fu partis. Puis fist li cuens de Bretaigne une chevaucie
moult biele , ù les menues gens gaegnierent moult :
par coi il se loerent moult dou conte , quant il vinrent '
à Londres.
Uns moines de l'ordre de Cistiaus, qui estoit uns des
penanciers l'apostole, vint en cel point en Engletierre.
Tant i fu que il vint à Londres , si parla à Looys et
moult se pena de la pais faire ; mais onques n'en pot
à cief venir. La roine ' vint puis entre Londres et
Windesores à .i. parlement^ le conte de Naviers :
boinement parlèrent ensamble , et boinement se dé-
partirent sans pais faire Guillaumes li mareschaus li
pères , qui bien savoit la voire nouviele de ma dame
Blance, qui à Kalais estoit, ù elle se penoit moult
durement de faire ses gens passer por son segnour
secourre, se tràist vers Douvre j si mena o lui le
conte de Warende et Richart son neveu, qui fils fu
au roi Jehan : si l'ot ^ de sa cousine germaine , la se-
rour le conte de Warende, et ensi fu-il ses fds ^ et ses
cousins.
Le jour mon segnor saint Bertremiu se partirent
les gens de ma dame Blance de Kalais ; si s'en alerent
syglant vers bouche de Tamise. Priés i avoit de .iiij^''.
nés, que grandes que petites, .x. grans en i avoit, qui
toutes furent batellies : les .iiij. furent garnies de che-
valiers, et les .vj. de siergans, et es autres menues
estoit "^ li harnois et li marcheandise. En la nef Wistasse
' lieviiuUrnl. — ' La r. lueisine. — ^ Au p. encontre le coule de
AVindcsoics. - " Qu'il ol. — ' Fu-il i. le roi. — '' Kt es a. c.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 201
le Moine entra Roblers de Coin-tenay et VVistasses li
Moines o lui , et Raous de la Tourniele, 11 bonis che-
valiers , qui puis fu ocls el service Dlu devant la cité
de Toulouse , et GulUaumes des Bares, li jouenes ' fils
Guillaume des Bares , le boin chevalier et le bien en-
techié , et Nevelos de Canle % li fils aubailllu d'Arras,
et autre chevalier, tant qu'il furent .xxxaj. entre toz.
En l'autre nef garnie de chevaliers fu Mikius de Harnes,
et en la tierce 11 caslelalns de Saint-Omerj la quarte
fu la nés le majeur de Bretaigne \ ii grans masse de
chevaliers entra. Les .vj. nés de sergans furent moult
bien ba teilles et appareilles de combatre. Quant il
vinrent vers l'ille de Tanet, 11 roial qui à Sauwis es-
toient assamblé les coisirent ; si entrèrent tantost en
.xviij. grans nés, que il avoient, et en pluisours ba-
tiaus ; si alerent encontre. Hubiers de Bours ses cors
meismes entra en mer, et Richars 11 fils le roi et plui-
seur autre chevalier; et 11 cuens de Warende n'i entra
pas ; mais il garda * une nef de chevaliers et de slergans,
ù sesbanieres furent^. Tant syglerent 11 Englois qu'il
assamblerent à l'estore des François. La nés ù les gens
le conte de Warende estolt ^ assambla premièrement
à la nef Wistasse le Moine , ù Roblers de Courtenay
estolt'; sise combatirent moult durement. Tant se
combatlrent que .lij. autres nés vinrent aldler as gens
le conte de Warende : loi^s fu la nés Wistasse le Moine
avironnée de toutes pars. Durement les assailloient li
Englois et les ruoient de pierres et de cauch, dont il
' Li j. li. — ' De Chanlc. — ' De Boiiloingnc. — ' Garni, — ^ lercnt
cns mises. — * Estoient ens. — ' E. ens.
202 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
les esbleiiissolent toz. Tant les assaillirent que il les
prisent par force. Là fu pris Robiers de Courtenay ,
qui oncles estoit à la roine : frères fu sa mère la con-
tesse d'Angoliesme. Guillaumes des Bares fu pris o lui ,
et Raous de la Tourniele et Nevelos d'Arras et tout li
chevalier qui en la nef furent; et Wistasses li Moines
ot la tieste trenchie : si li trencha uns maronniers que
on apieloit Estievene Trabe ', qui longhement ot esté
à lui. Nulle des autres grans nés n'i fu prise; car elles
le gaegnierent par aler; mes des menues nés i ot-il
assés brisies % et grant ocision i ot faite de cels qui ens
furent pris. Que vous en diroie-je plus? grant descon-
fîture i ot, et longhement les chacierent li Englois;
puis repairierent arrière ' à SauAvis o lor prisons et o lor
gaaing, qui grans fu. Li chevalier furent mis en la ville '•
en bieles prisons , et la tieste Wistasse le Moine fu
fichie en une lance; si fu portée à Cantorbire et par le
pais por moustrer. Celé bataille fu faite par .i. joedi ,
le jour saint Bertremiu; et la nouviele en vint aprics
à Londres le semmediau soir moult tart, à Looys, qui
moult en fu iriés, si comme drois fu. Le lundi apriès
ala Robiers de Dreues par conduit à Rouveciestre
parler à Guillaume le mareschal , si fist tant que Ro-
biers de Courtenay ot congié d'aler à Londres parler à
Looys. Le mardi vint Robiers de Courtenay h Londres,
et Robiers de Dreues remest en liostages por lui. Tant
fist Robiers de Courtenay que il amena Looys devant^
la cité parler à Guillaume le mareschal et à Hubiert de
' Grave. — ' Prises. — ' Ensamblc. — '' Ces trois mois ma/iqu'-zit
dans le rns. S. -G. — '' Defors.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 203
Bours. Looys parla à eus , et il li orent en couvent
que il se peiieroient en boine foi de la pais faire, et
tele qui honnei able li seroit. Ensi s'en r'alerent-il viers
Wimiesores, et Looys s'en revint ' à Londres. La roine
vint en che pointa Windesores derechief, et li legas
o li ; et li baron s'assamblerent ' et orent moult grant ^
ost. Respons ne mandement ne fist Guillauraes li ma-
reschaus à Looys de chou que il li ot en couvent, dès
le mardi jusques au semedi. Quant Looys vit chou , il
manda toz ses barons, en cui il se fioit, privéement
en sa cambre ; si prist consel qu'il feroit. Il trova à son
consel que il devant le jour s'en issistde la ville et s'alast
combatre à eus o toute sa gent, car mius li venoit qu'il
se mesist en aventure c'a i estre si longhement ensier-
rés. Si comme li solaus dut finer et il se durent lever
pour els aler apparellier moult en haste à lor hosteus,
car il estoit jà nuis, vinrent unes lettres en la cambre
de par Guillaume le mareschal. Or oies que les let-
tres disoient : Guillaumes li mareschaus saluoit Looys
comme son damoisiel ; si li requeroit que il por Diu
donnast trives lendemain toute jour, et envoiast Huon
de Mal-Annoi parlera lui et l'autre consel le roi. Looys
meismes liut les lettres, et puis les dcspondi à sa gent; si
lor en demanda consel, et tout li loerent que il lefesist.
Si comme Looys ot trové à son consel, envoia-il
Huon de Mal-Annoi à ^ l'ost à la roine et as barons
et la trive donna. Hues de Mal-Annoi vint en l'ost; si
parla à Guillaume le mareschal, et tant coururent les
paroles que li parlemens fu pris au mardi , et si vaur-
' Repaira. - ' S'i a. -- ^ Et o. tf. — ■* En.
204 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
rent li roial que la tri\e fust alongie jusques au jocsdi,
Ccl afaire creanta la roine loiaument, et Gulllaumes li
mareschaus le fiancha et Guillaumes ses fils et li cueiis
de Salesbieres et li cuens de Warciide et li cueiis
d'Arondiel et pluisour autre haut home. Puis repaira
Hues de Mal-Aiinoi le lundi arrière à Londres, si
conta à Looys che que il ot trouvé. Lors manda Looys
tout son consel et les barons d'Engletierre qui devers
lui se tenoient, et les bourgois de la ville enseraent;
si lor en demanda consel. Tuit 11 loerent communau-
ment : par coi il ala lendemain au parlement, qui fu
en une ille de Tamise defors Klngestoune par deviers
Windessores , si que les gens Looys furent d'une part
l'aighe et li roial de l'autre part. Looys et ses con-
saus entrèrent en une nef; si se fisent nagier en l'ille,
ù il troverent la roine et le legaut tout vermel viestu.
Tant parla Looys à la roine et au légat et à Guillaume
le mareschal et à l'autre consel le jouene roi que la
pais fu devisée , en tel manière ke Looys devoit rendre
au jouene roi toute la tierre que il avoit conquise en
Engletierre, et si devoit jurer sour sains que il jamais
en Engletierre ne venroit por mal faire au roi : et par
tant devoit-il estre assaus et si home trestout, et toz
ses prisons devoit r'avoir; et deseure tout chou .x".
livres d'estrelins ' por l'arrierage de ses rentes que il
n'ot pas euues, et pour " la desconfiture de Nicole -vij"'.
mars : che fu .xvij'". mars par tout \ Ensi fu la pais
creantée; mais cel jour ne furent-il pas rassois, car
li evesque n'avoient pas lor chapieles illuec : si fu li
' .X'". mars d'c. ol. ' Eiirs puis. — ^ En trcsfol.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 205
parlemens repris * pour l'assolution avoir. Lors rcpai-
rierent li roial à lor herberges, et Looys s'en repaira
à Londres o ses gens. Lendemain au mierkedi revin-
rent à parlement d'une part et d'autre. Li legaus et li
evcsque se reviestirent de capes de soie et de mytres;
si fu Looys assaus et toutes ses gens ensement, fors li
quatre clerc dont je vous ai chi devant dit : cels cou-
vint par estavoir issir de l'ille , tant comme li assolu-
tions dura. Li legaus envoia à Londres le penancier,
qui autre fois i otesté, pour assorre les bourgois et les
auties qui au parlement n'orent pas esté.
Puis demoura Looys grant pieche en la ville tant
que la pais fu paralFremée, et puis' s'en ala ; et li
legaus et li baron le convoiierent jusques à la mer.
En son aler ot ,i. parlement à Chantorbire, ù Looys"
carga en penitance à Looys et à ses gens que , por
les pechiés que fais avoient en celé guerre, de toutes
lor rentes et de toz lor fourfais jugiés donnassent
• ij. ans le .xx.isme, et Looys meisme le .x.isme,
pour envoiier outre mer à aidier la tierre à sous-
tenir : et par tant auroient le pardon d'outre mer.
En cel point, vint la noviele enEngletierre de Pieron,
l'empereour de Constantinoble , qui cuens avoit esté
de Naviers et d'Auçoirre et frères [fu] Robiert de
Courtennay, que li Griu avoient desconfît et pris. Puis
passa Looys la mer, si s'en râla en France, et li baron
s'en retornerent; si firent par la tierre crier la pais
le roi , et les bois fisent couper de dalés les chemins
por les robeours. Adont ot moult grant pais par la
' R. à lendemain. — ' Et dont. — ' U li legas.
206 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
tierre, et fu sainte Eglyse moult doutée et moult hon-
nerée. Ll legaus \int en l'eglys[e] Saint-Pol de Lon-
dres, si fist peclioier toz les auteus et toz les calisses,
et toz les viestlmens fist ardoir ; si i fist mètre nou-
viaus,etnouviauscanoines imist; et les vies', qui canté
avoient sour son defois , toli toz lor benefisses ; et as *
prouvoires de la ville fist les perroces eschangier as
perroces ^ de Hupelande.
La roine passa en Poitau, si vint à Engoliesme sa
cité, qui ses iretages estoit; si prist les homages de la
tierre etfu puis moult dame d'Engumois. Elle guerroia
moult durement à .i. haut baron de la tierre, ke on
apieloit Renaut de Pons , qui bien se desfendi de li par
les fors castiaus qu'il avoit; mais as plains cans n'avoit-
il mie pooir à ^ li . Elle fist mariage de sa fille et de Hugon
de Lesegnaiî % qui fu fils Hugon le Brun , conte de le
Mâche % por avoir s'aïe. Puis desfist-elle che mariage ;
si le prist-elle meismes à mari : dont grans parole fu.
Au prochain esté qui vint apriès la pais dou jouene roi
Henri d'Engletierre et de Looys le fill le roi Phelippe
de France, vint li evesques de Nicole à plainte à
Guillaume le mareschal , de Guillaume ^ de Gaugi qui
ne li voloit rendre son castiel de Mewerc : par coi
Guillaumes semonst les os le roi, comme maistres
baillius del règne; si s'en ala sour Robiert de Gaugi,
et fist tant que li castiaus fu rendus à l'evesque. En
cel esté meismes fu assise la cités de Damiete de cres-
tiens : del roi Jehan de Jherusalem, qui fu cuens de
' Et les autres. — ' Et les. — ' Provoires. — < Wa.-ii pas force
viers. — ' Lesegnon. — ® De le Marce. — ' De Robert.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 207
Briene , et puis fu rois eslius de la sainte cité ' et del
Temple et del Ospital et del duc d'Osterrice et de plui-
sors autres haus homes. Meismement en cel esté ^int
la nouviele en Engletierre d'Othon l'erapereour de
Rome, qui mors estoit à Brusewic. Autresi fist-elle
de Symon le conte de Monfort, qui fu ocis devant la
cité de Toulouse. A l'autre esté apriès, moru Guil-
laumes li raarescliaus; si fu mis li jouenes rois en la
garde l'evesquede Winciestreeten la garde Phelippon
d'Aubegny. Guillaumes li mareschaus, ains qu'il mo-
rust, se rendi au Temple; mais je le vous avoie oublié
à dire, et des Englois autresi qui commencierent à
tornoier tantost que la pais fu, et tornoiierent moult
les deus premerains ans. Apriès chou que Guillaumes
li mareschaus fu mors, qui moru en l'esté, ot une
bataille le jour Saint-Jehan-Decolasse devant la cité
de Meate % ù li Sarrazin desconfirent les crestiens et
moult en ocisent et prisent : dont grans damages fu et
grans pitiés. Puis apriès chou, .i. poi apriès la fieste de
Toz-Sains , ot Dex pitié de sa gent ; si fu la cités de
Meate ^ prise par grant miracle. Celé nouviele vint el
quaresme apriès en France et en Engletierre; mais
ançois envoierent li bailliu d'Engletierre Phelippon
d'Aubegny et Alain Basset et l'abbé d'Estanfort et un ^
abbé de^ Cistiaus au roi de France por alongier la
trive, qui devoit falir à la Pasque; et li rois l'alonga
.iiij. ans moult boinement, ne onques denier n'en vaut
prendre ; et s'en euust-il euus dis mile livres d'estre-
' Les neuf mots précédents manquent dans le ms. S- G. — ' De
Damiete. — ' De Damiete. — * D'Estrafort, .i. — ' Del ordre de.
208 HISTOIRE DES DUCS DE NORMANDIE
lins, se il vausist. Apriès la Pentecouslc ' fii li jouenes
rois ' couronnés à Londres à grant joie.
En apriès le couronnement le roi , lendemain des
octaves les deus beneois martyrs et ^ apostoles saint
Pierre et saint Pol ^^ fist maistres Estievenes de Lan-
guetonne, qui arclievesques estoit de Cantorbire, le
cors mon segneur saint Tlmmas , le beneoit martyr ,
lever en fiertre ; si fu trouves toz entirs, et ses plaies
furent trovées " toutes freskes , et moult boine odours
issi de la ^ fosse. Clie dist l'estore que il fu nés par .i.
mardi [, et par .i. mardi fu sacrés à arcevesque], et par
.i. mardi recliut martyre : et por chou fu-il , par con-
sel, par .i. mardi levés en fiertre. A che levement fu li
rois et pries que tout li haut baron d'Engletierre; s'i
fu li legaus, qui Pandoufles apielés fu. Jou vous avoie
oublié à dire dou legaut Galon, ki partis s'estoit d'En-
gletierre très devant chou que Guillaumes li mares-
chaus morust , et s'en estoit aies vers Roume. Et chil
Pandoufles , qui la crestienté aporta en Engletierre au
tans le roi Jehan, estoit legaus d'Engletierre en cel
point ke li cors sai[n]s fu levés en fiertre. D'outremer
i vint ^ la roine Berengiere , qui fu feme au roi Richart
et ki ot en douaire la cité del Mans. Si i vint ^ li ar-
chevesques de Rains , et troi evesque de s'archeves-
chié o lui : chil d'Amiens et chil de Tournai et encore
uns autres. Si i vint ^ li cuens Robiers de Dreues et
Guis de Castellon, ki fu fils Gautier '° le conte de Saint-
' A la P. apriès. — ^ Li r. — ' Ces deux mots manquent dans le.
ms. S. -G. — * P., par un mardi. — ' Veucs. — * Sa. — " D'o. v.
' — * Si V. — 9 Si V. — '" Gauchier.
ET DES ROIS D'ANGLETERRE. 209
Pol , et moult autre haut home ' de France. Li baron
d'Engletlerre firent une grant courtesie ; car il lisent
[c]rier lor bans grant tans devant chou que deust ' ie
cors saint lever en fiertre , que nus Englois ne se her-
bregast en la ville, por chou k'il voloient que cil qui
vemoient d'autres terres là si hierbregassent. Par cel
ban convint toz les haus barons d'Engleiierrc logier
defors la ville, fors seulement Guillaumes le raares-
chal : chil se herbrega en la ville pour les estranges
gens garder , pour chou que riens ne lor raesesteust.
Li archevesques de Rains canta le lundi au soir les vies-
pres ; et lendemain, quant li cors sains fu levés en
fiertre, canta-il la grant messe. Che li fisent faire
entre le legaut et l'archevesque de Cantorbire , por
chou que il estoit uns des plus haus artiers^ del monde :
si le varrent m.oult honnerer. Che fu en l'an de l'in-
carnation nostre segneur Jhesu-Crist .31. et .ij<=. et
•XX. ans, el mois de jule, que li cors mon segneur
saint Thumas de Chantorbire , le beneoit martyr, fu
levés en fiertre; si i ot .i. legaut de Rome et .ij. ar-
chevesques et .XXV. eveusques et molt d'autres haus
clers.
Explicit des rois d'Engletlerre ^.
' H. del rengoe. — ' Que on dcvoit. — ' Arcevesques. — * Cetlc
ligne manque dans le ms. S. -G.
i4
APPENDICE.
ROMAN DE HAM.
Ne se puet lairc qu'il ne die
De la flour de chevalerie
Qui soloit errer par mi France.
Bien devés avoir ramembrance,
Vous qui cest romant escoutés,
Celui qui tant est redoutés ,
Carlon qui de Sesile est rois :
Il est humeles et s'est courtois,
Humeles à Dieu comme .i. aiguiaus,
Fiers comme lyons envers ciaus
Qui li surcuerent et mesfont.
Tout cil qui à lui afaire ont
Le prisent pour sa loialté
Et doutent pour sa cruauté,
Qu'il set moût bien faire .i. despit,
Et bien le set mètre en respit
Jusk'il en voit et lieu et tans.
Je vi le siècle de son tans
Si bon qu'il n'i avoit que dire;
Cil qui de Prouvence fu sire ,
Fauviaus de Susane vivoit,
Qui contre parccc estrivoit;
214 ROMAN DE HAM.
Car très s'enfance l'assali,
Et il si bien s'en desfendi
Que prouece en lui demoura ;
Tous mauvais visées devoura ,
Qu'il n'en demoura nul en soi.
Mon signeur Robert de Ronsoi
Vi-jou en ce tans en Paris ;
Preus fu et preus et bien apris,
Et courtois et bien entechiés
Et à tous biens faire adrechiés :
Convoitiés fu pour sa biauté
Et convoitiés pour sa bonté
En ces liens où il ne fu mie;
Tex n'en set mot, qui a amie :
Por cou doivent tout bien tirer
A bien faire et si atirer
Lour vie c'on les tiengne à buens.
Li rois Caries, qui dont ert quens,
En tous poins à lionnour tira
Et si son afaire atira
Qu'il est li plus preus au jour d'ui
C'on sace ; je n'en doue nului
Qui s'entende, qu'il m'en desdie.
Il fu preus en bacelerie.
Il fu larges et moût loiaus;
De menestreus et de liiraus
Estoit adiès ses ostex plains ;
ROMAN DE HAM. 215
Tous jors donoit-il à .ij. mai[n]s
As bons bacelcrs de valeur.
Prouece et larguece et valeur
Estoient par li seustenues ,
Qui ère sent povrcs et nues
Ne n'osent preudomme esgarder.
On devereit tous ceus larder
Qui le roy douent tex consex.
Que ses règnes demeure sens
Et Prouece en est forbanie.
Mesire Séjours s'esbanie
Par mi France et fait ses aviaus ;
Il va as chiens et as oisiaus,
Et puis boit et menguë et dort :
Perece li fait grant confort,
En tous peins li tient cempaignie.
Perece est li mix ensignie
Qui enques nasquist à nul jer,
A tiemeing mon signeur Séjour
Qu'ele le sert à son plaisir
De grans matinées jesir,
D'escondire quant on li rueve :
C'est celé qui trop bien se cuevre ,
C'est celé qui toutes sourmontc;
Entre li et se fille Honte,
Et Larguece et Prouece ensambic
Et Courtoisie , ce me samblc ,
216 ROMAN DE HAM.
Ont en France le cam[p] perdu,
Dont mont doivent esfre esperdu
Li rois et tout si bon ami.
Et s'il vous plaist {;ntendre à mi ,
Le voir n'en puis plus fourvoiicr.
On soloit venir tournoiier
En France de trestous pais ;
Les François en voi esbahis,
Qu'il ont perdu le bel mestier,
Diex, qui tant avoit de mestier!
Tant de gent en avoient preu !
Là se deparoient li preu;
Là sa voit-on as cans partir
U on devoit le sien partii-,
A cui devoit faire honour.
Li rois Phelippes à lui jour
Vint à Compiegne ou à Creel,
Maint chevalier blanc et vermeil
Faire assés d'armes devant lui ;
Ains mais n'oï parler nului
Que rois de France entrast en marcc.
Puis que ISoués entra en l'arce
Ne fu rois de France à tournoi,
Que nus sace, ne parler n'oi
Nului c'onques mais i venist ;
Ne cuic c'onques mais avcnist.
Ne jamais, je cuit;, n'avcnra;
IIOMAN DE HAM. 217
Et pour cou qu'il en souvcnra
Ciaus qui venront à nascion ,
Vous di qu'en l'incarnation
Avoit .xij*^. ans en conte,
Themoins celui qui fist ce conte,
Et puis .Ix. et .X. et .viij.,
N'i avoit plus ne jour ne nuit.
Que tant que vous avés oï.
Fix fu le bon roi Looy
Icil rois dont je vous recort,
Ou fust à droit ou fust à tort ,
Il desfend i le tournoiier :
Dont moût de gent dut anoiier :
Premièrement li glougleour
I gaaignoient cascun jour.
Et li liiraut et li lormier,
Li marissal et li selier;
Neis cil qui oevrent en gisant
Vont souvent le roi maudisant.
Par qui tournoi sont desfendu.
« Tout n'en soient-il desfendu ! »
Font cil qui vendent les bons vins ,
Et cil qui vendent les commins
Et les pertris et les plouviers.
Toutes gens qui sont de mestiers
Dicnt : « Amen! que Dix l'otroit ! »
Mains povres hom i gaagnoit
218 ROMAN DE HAM.
Qui orendroit vit povremcnt ,
Qui vesquist bien et larguement
S'on tournoiast si comme on seul.
Tes n'en seut mot, qui moût s'en deut.
Et ques gens sont chou? baceler :
Ce ne doit-on mie celer;
Cil i perdent plus que le tout,
De cou ne sui-ge en nul redout :
C'est aussi voirs comme Evangile.
Tes keurt orendroit à la vile
Et plaide et riote à sa gent,
Que pour avoir ne pour argent
Heure de jour n'i demourast.
S'il fust ensi que on errast.
Qu'il en aquellent mauvais pris.
Teus s'estoit à bien faire pris
Et metoit le cors à bandon,
C'on ne prise mie un bouton;
Ains sont devenu amparîier.
Vilain devienent chevalier,
Et chevalier devienent tel
C'a pau qu'il ne sont ménestrel ;
Dont je lour fai tous à savoir
Que chevaliers devroit avoir
Pris d'armes , ançois c'on séust
Par lui com fait non il éust ;
Mais il rn font tout autrement :
ROMAN DE HAM. 219
Preu sont très le commencement
Et vaillant très le premier jour.
Puis que cascuns est assejour,
Preu voelent estre tout cnsamble;
Mais j'en dirai çou qu'il m'en samblc :
On n'est pas par parole preu;
Chevaliers ne fait pas sen preu
Qui tant parole qu'il anuie ,
Que grans vens kiet à peu de pluie ;
Et chevaliers mal entechiés,
Ce voel-je bien que vous saciés,
Est en toutes cours regardés :
Biau signeur, si vous en gardés ,
Que Dix tous jentix homes doinst
Vivre si bien et si à point
Que nus en mal ne le repregne!
Et Dix doinst que li rois apregne
Comment ses roiames empire
De çou c'on tournoi en l'empire
Et France est serve : don[t] c'est diex.
Rois de France , il vous vaurroit mix
Que artisien et esterlin
Et couloignois d'outre le Rin
Fuissent en France despendu
Que çou qu'il i sont desfendu.
S'on osast plainement errer,
Jà li voiagc d'outre mer
220 ROMAN DE HAM.
N'en detriast ne jour ni eurc.
Li uns et li autres demeure,
Ce m'est avis, et dcmourra
Tant com Dix et li rois vaurra;
Et pour cou que siècles n'est preus,
Doi baceler, dont li mains preus
E[s]t preus et vaillans et courtois ;
Il sont de la marce d'Artois ,
Preu et vaillant et de grant pris ;
Si je les lo et je les pris,
11 i a bien raison pour coi.
Pour cou c'on ne va au tournoi
Et ke li siècles est perdus,
Les vi .i. jour si esperdus
Et si esperdus com mervelle.
Li uns à l'autre se conseille
Com bon ami et bon voisin :
«Certes, sire de Basentin,
Une cose vous conteroie
Moût volentiers , se jou osoie ,
Dont il me fait mervellcs mal ,
Dist li sires de Longheval.
Cis puans siècles riens ne vaut,
Honeurs et proece desfaut,
Larguece et courtoisie pert.
Je r vous di bien tout en apcrt
Que je vaurroie que li rois
ROMAN DE HAM. 221
Donnast congié dedciis un mois
D'aler as armes plalnemcnt.
Nous séjournons trop longuement;
Déliait (sans le roi ) qui il plaist !
Orgeus et felonnie en naist,
Plais et rihote cascun jour;
Por çou c'on est tant à séjour,
Toute joie tourne à déclin. »
Dist li sires de Basentin :
« Je sai auques que vous pensés;
Il a bien .iiij. jours passés
Que vous aies entour le pot,
N'onques ne m'en désistes mot;
Et si sai bien à coi ce monte.
S'il me de voit torner à honte
Et à anui , dont Dix me wart,
Ne sarés-vous jà faire eswart
Que je ne tiegne à men pooir,
Et ce poés-vous bien veoir :
Emprendés quanqu'il vous plaira.
Que mal ait qui vous en faurra !
Tant que je puisse trouver fin
Por mettre en gages Bazentin
Et Montauban et Ribercourt ,
Ui issé-jou de ceste court.
Ne vous faurrai de compaignie!»
Plus de mile fois l'en mercie,
222 ROMAN DE HAM.
Mes ire Aubers de Longue val
A dit : « Si me gart Dix de mal ,
Sire , sire de Basentin ,
Pour .ij.c. livres d'argent fin.
Se vous le me's aviés donné ,
Ne vous séussé-jou tel gré
Que de çou que me présentés.
Biau dous sire , or vous assentés
A çou de coi nous avons mut.
Vous veés que li siècles put
D'orguel , d'avarisse et d'envie ;
En n'est-on c'un petit en vie ,
Si se devroit-on entr'amer.
Je voi la voie d'outremer
Mètre en respit moût longuement,
N'on ne va à tournoiement,
N'on ne se set où avanchier.
Boin feroit , je quic , commencliier
Une feste ù on joustast;
Ne m'en caurroit qu'ele coustast , i
Mais qu'il alast à vo talent. »
— « Et je vous créant loialmcnt ,
Dist li sires de Basentin ,
Qu'ele ert criée de matin
— « Or wardés comment il ira. »
— « Je vous di c'on le criera
De par nous .ij. à Ham sour Somme;
ROMAN DE HAM. 223
Jà n'i ara nomme autre homme.
Ele ert criée en tous pais;
Ne jà n'en soiiës esbahis,
Li plus fors ert li commenchiers.
Il i enterra chevaliers
Par .iij. lances ; ensi sera :
Jà chevaliers n'i enterra,
Se par .iij. lances ne s'i met. »
Dame Courtoisie se met
En lour conseil moût maternent.
Corn celé qui moût povrement
Est à harnas venue à court ,
Que li pluisour li font le sourt ,
Tout cil qui aidier li déussent.
Se cil doi baceler séussent
Le biau secours k'ele leur fait,
Bon sanlant li eussent fait ;
Mais il la voient povre et nue :
Ele est à lor conseil venue ;
Si demandent que il li plaist ,
Et c'un petit parler les laist
Par amours , mais qu'il ne li grict.
A. ce mot entr'ax .ij. s'assiet.
Et leur connoist tout et descuevrc
Son convenant et toute s'uevre.
Et comment cascun le tient vil
Entre li et Doncr son fil.
224 ROMAN DE HAM.
Lors sont tantost on pios sa[ijlli,
Et se tienent à mal bailli
De la grant honte et du mcsfait
Que il li quident avoir fait,
De çou c'aiuloi ne se levèrent
Et plus bel ne le saluèrent ;
Mais trop l'avoient cîesconue,
Pour ce que ele est povre et nue :
Si l'en crient merci andoi.
« Biau signeur, foi que je vous doi ,
Moût bonement le vous pardonc.
Je vois souvent et près et lonc
Ciaus qui m'ont servie à mon gré :
Puis qu'il descendent du degré
Et k'il ont alievé le lour,
Che leur porte trop peu d'onnour
Et leur tourne cascuns le dos.
Des miens estes et je des vos,
Ne jà nul jour ne vous faurrai ,
Et saciés que je vous vaurrai.
Se vous volés ouvrer par mi.
Vous doi m'avés parti par mi
Vos cuers, vos cors et vos avoirs.
Je vous di bien que c'est savoirs
De celé feste commencier.
Sans plait, sans noise et sans tcucier.
Sera vo feste bêle et noble ;
ROMAN DE HAM. 225
N'ara dusk'à Coustentinoble
Boiirc ne cité c'on ne le sache ;
Et si vous pri que on le face
Savoir en le Haute-Bretaingne,
De coi li Graaus nous ensegne
Que li rois Artus en fu sires.
Encore i a en Salebire
Pieres que Merlins de sen tans
I assist par engiens pendans,
Et autres mervelles pluisours.
Là true[ve]-on les bons joustéours,
Les durs, les roides et les fors.
Lancelos, qui par ses esfors
Ot de maint chevalier le pris,
Et Gavai ns, qui fu bien apris.
Et cil de la Table Reonde
Qui furent li millor du monde,
Furent tout de Bretaigne né ,
Mais autre non li ont donné
Li Troiien qui le conquisent,
Qui Engletere à non li misent;
Là sont chevalier de valour,
Là sont moût de bon joustéour,
Là sont li chevalier hardi ;
Pour çou vous ramentoif et di
Que vo feste faciès crier,
Sans ensoingne et sans detriier
i5
226 ROMAN DE HAM.
(Cix qui en est sires et rois
Est preiis et largues et courtois :
On le nomme roi Eduiwart;
Or prions Dix que il le wart,
Qu'il vaut mix que je ne sai dire ),
Par mi Flandres et en l'empire ,
Et en Hainau et en Brebant,
Et par mi France tout avant,
Et en la tere de Champaigne;
De là verra bêle compaigne
De chevaliers bien acesmés,
Qu'il en i a de bien amés ,
Pour cou qu'il sont preu et vaillant
A nul besoing ne sont faillant ,
Ains vont pour lor cors avancier
A tous besoins au commencier;
S'est drois que du bien le bien die.
Envoiiés tost en Normendie
Et en Auvergne et en Berriu ,
Et faites crier de par Dieu
Vo feste au jour de Saint-Denise,
En tel manière et en tel guise
Que la roi ne fait savoir
A tous ciaus qui voelent avoir
Pris d'armes et joie d'amours ,
Que là viegnent tout droit au jour
Devant la roïne Genièvre.
ROMAN DE HAM. 227
Ne doit avoir le cuer de lièvre
Qui pour tel dame se travaille , t
Ains couvient c'au grant besoing vaille,
Et doit mètre cors et destrier
En aventure à escriier
Amors as dames hautement.
Et si vous voel dire comment
Vous ferés par tout à savoir,
Si ferés honour et savoir,
Que pour le roïne honerer
Amaint cascuns, sans demeurer.
Dame u pucele amaint o lui,
Que la roïne n'a nului :
Aine mais ne vint de son païs
A mains de gent; mais esbaïs
N'en soiiés jà, je vous desfent,
Qu'ele n'a que par. vij. fois cent
Dames, puceles, chevaliers;
Assés en faut de .iij. milliers,
Tant en seut-ele bien mener.
Il nous convenra bien pener
De li recevoir noblement
Et li et toute l'autre gent.
Et bien gardés que ne vous faille
Vins ne viande ne vitaille
Tele comme au jour appartient;
Et si vous di qu'il vous convient
228 ROMAN DE HAM
Doner ces .iij. jors à mengier.
Et che ferés-vous sans dangier :
Si donrés les .ij. jors premiers
As dames et as chevaliers
Qui dedens vo feste seront
Et à ciaus qui i enterront;
Ne jà nus n'i enterra
Devant que jousté avéra.
Pour veoir dames ne puceles,
Dont il i avoit mont de bêles ;
Et al tierc jour communalmenl
I entenrront toute le gent
Qui de lonc i seront venu.
Gardés qu'il n'i ait jà tenu
Postis ne porte à entrer ens
Vers nule manière de gens
C'aventures i amerront.
Li estrange qui les verront
Les esgarderont volentiers ;
II i verront .vij. chevaliers
Tous armés, les haubers vestus;
Il aront hiaumes et escus
Et seront tous .vij. d'un samblant ;
Sans faire nul félon samblant
Venront al mengier la roïne;
Il li diront tout son couvine,
Qu'il se metent en lor prison
ROMAN DE HAM 229
De par le Varlet au Lyon.
Après venra une pucele ,
C'uns nains i amenra ; et celc
Querra la roïne secours ;
Adont verres venir le cours
Chevaliers pour le secours faire.
Or atournés chi vostre afaire ,
Que n'en puissiés estre repris ,
Que haut afaire avés empris.
Prenés hiraus des mix sacans ,
Et faites jà crier as chans ,
A Warenes et à Noyon ,
Si haut que par tout l'oie-on ,
Si com nous avons devisé. »
— « Douce dame , qui avisé
Nous avés si courtoisement,
Dix le vous mire proprement !
Grant mestier aviens de vous. »
Andoi se metent à jenous
Et li prient que, s'il li plaist.
Pour Diu que jamais ne les laist;
Et ele lour a en couvent
Qu'ele venra certainement
Avoec la dame de Caieus :
Si en vaurra lor feste miex.
« Douce dame. Dix le vous mire
Qui sour tous est et rois et sire ! »
230 KOMAN DE HAM.
Sour lour paleffroi sont monté
Cil, qui sont plain de grant bonté;
Celé grant feste de par aus
Font crier à pluiseurs hyraus,
Par le siècle , amont et aval ,
Que li sires de Longueval
Et li sires de Basentin
Ont empris par lor bon destin
Une feste grant et pleniere ,
U gens de dy verse manière
Vienent et de dyvers pais.
De riens ne les voi esbahis,
Fors, sans plus, qu'il n'aient peu gent;
Moût s'ont atorné bel et gent
Le bel castel de Hem-sour-Somme :
Laiens pueent entrer maint homme
Et mainte dame h la carole.
Sarrazins dist en sa parole
C'un rommant i vaurra estraire ,
Selonc cou qu'il en vaura faire.
Oï avés des ïroiiens
Et du remant que Crestiiens
Trova si bel de Perceval,
Des aventures du Graal,
Où il a maint mot delitable;
De chiaus de la Reonde Table
Vous a-ou mainte fois conté,
IIOMAN DE IIAM 231
Qu'il furent de si grant bonté
Et de si grant chevalerie
Qu'en toutes cours doit estre oïe
La prouece et la vertu
Qui fu u vaillant roi Artu
Et es chevaliers de sa court.
Or vous pri que cascuns s'atourt
De biaus mos oïr et entendre ;
Et je dirai, sans plus alendre,
De toute le plus bêle emprise
Qui onques en France n'en Frise
Fust emprise, que nus hom sace.
On la crie en mainte place
Et en mainte contrée estraigne.
Séue est en la Grant-Bretaigne ,
Où les aventures avienent;
Et vous di que de là i vienent
Chevalier de grant bonté plains ,
Tex qui ne se sont mie fains
De querre les grans aventures;
Des grans lances roides et dures
Se juent sovent et déduisent.
Cil qui la roïue conduisent ,
Au Hem l'amainent avec aus.
Mesire Quex li senescaus
Est avoec celé compaignio,
Et si est la mix cnsignic
232 KOMAN DE HAM.
De toutes les dames qui soient.
Tout cil qui son nom nomer oient
N'ont garde de mal ne de fièvre :
Cou est la roïne Genièvre
Qui vient au Hem al assemblée ,
Et ne vient pas si à emblée
Que tous li païs ne le sace.
Je n'en mentirai, Dieu ne place!
De riens qui i soit avenu.
O la roïne sont venu
Privéement un peu de gent;
Ele n'amaine que .vij. cent
Chevaliers , dames et puceles :
Pour voir tesmoing c'onques plus beles
Ne mena li roïne en ost,
Fors c'une toute seule en ost :
Quant lieus sera, bien en porons
Recorder cou que nous vauron[s].
Or vous dirai de la roïne.
Qui onques n'ot as bons haïn[e].
Toutes gens le doivent nomefr]
Quant on est en péril en mer.
Bone est et bêle et onerable;
Gens deduisans et delitable
Maine en sa route, ù qu'el vo!s[e].
Sa gens se deduist et envoisc
En toutes les cures du jour ;
ROMAN DE HAM. 233
Si chevalier heent séjour;
Tous jours va par estrangc terre
Pour les grans aventures querre.
La roïne Genièvre amainent
Cil qui en nul point ne reniainn[ent] ,
Ains vont tous jors de marce en inarc[c] ;
Et ne va mie à fuer de garce
La roïne , quant ele muet ,
Ains amaine quanqu'ele puet
De compaignie recouvrer.
A paine saroit nus nombrer
Le caroi ne le grant atour
Qu'ele maine pour estre au jour
De Saint-Denis à Hem-sour-Somm[e].
A un mot vous devise et nomme
C'o li viegnent sans nule doute
Tex cent chevaliers en sa route
Qui tous jours sont prest de joster.
Combien qu'il li doie couster ;
Mais la roïne a grant anui
Qu'il a tout à point .i. an hui
C'une dame vint à Cardu[el]
Et se plaint de Bruiant d'U[el] ,
Un chevalier qui li toloit
Toute sa tere et la voloit
[A] voir à femme maigre li.
fL]a roïne pria merci
234 ROMAN DE HAM.
|Et qu]e li envoiast secours.
[Gart] Dix dame Sore d'Amours!
[Si] est biaus et preus et cortois.
|S'e]n présenta mais ains le mois
[L'c]n repenti s'il pcust estrc.
[Qu]ant la dame vint en son cstre,
[S]i le fist mètre en sa prison :
[D]e tant fist-ele mesproison ,
[Qu'e]nsi l'engigna et déchut;
[L]a roïne ne s'en perçut
[N]e nus chevaliers de sa court.
[M]at et dolant et mu et sourt
[S]ont du chevalier qui tant vaut,
[Qu]i à Hem-sur-Somm[e] leur faut,
[Qu'] Alise l'a en prison mis,
[Qu'ijl ne veut estre ses amis :
Pour cou en sa prison le garde.
Quant ele veut, si le resgarde,
Qui n'en veut autre cose faire ;
Il se lairoit ançois detraire
Un et .i. les membres du cors,
C'autre éust jà de lui depors
Que s'amie Sore d'Amours.
Ains puis ne sejorna .ij. jors
Sore d'Amours que ses amis
Fu pour tel cose en prison mis;
Ains a tant quisc la roïne,
ROMAN DE HAM. 235
Qui auques près est sa cousine,
C'a Ham-sur-Somme l'a trouvée.
[S]ore d'Amours toute montée
[E]st entrée dedens la porte ;
[S]ur un ronchin, qui dur le porte,
[S]'en vint entre li et un nain,
[Qu]i le conduisoit par le frein.
[Li] roïne estoit jà assise
[A] souper, et eut-on assise
[Un]o courone sur son cief:
[Li n]ains s'en va de cief en cief
Les tables tant qu'il vint as dois.
Mesire Ques dist que courtois,
Qu'il dist : « Pucele, Dix vous gart!
Dont venés-vous ne de quel part? »
Et la damo[i]sele respont :
« Dix et tout li saint de cest mont
Gart ma dame et la compaignie
Que çaiens voi à compaignie ! »
Et Kex li a dit derechief :
« Ma damoisele, par mon cief !
Saluée ne vous eusse
Se si vilaine vous séusse
Que ne me daignissiés respondre.
On devroit le chevalier tondre
Qui pour vous en péril se met;
De grant folie s'entremet
236 KOMAN DE HAM.
Qui vous n'autrui sert en manaie.
Et n'entendes pas que jou n'aie
Grant volenté de vous servir,
Mais qu'il vous venist à plaisir
Et que g'i séusse mon preu ! »
— a Mesiro Reu, mesire Reu,
Dist la roïne devant tous ,
Tous jors estes fel et estous
Et apparilliés de mesdire.
Laissiés la damoisele dire
Son message et cou qu'ele quiert
Et faites cou c'a vous afiert;
Si taisiés vo langue la maie. »
La pucele est emi la sale
Tout à ceval, H et son nain;
Et dist : « Roïne, je me plaing
De la dame de Hebrison ,
Qui tient mon ami en prison
Pour cou qu'il ne la veut amer.
J'ai .iiij. fois passé la mer
D'Escoche et de Norhombelande :
Or vous voi chi , si vous demande
S'il a en vostre court vassal
Qui viegne armés sor son ceval
O moi pour mon ami rescourre.
Roïne, vous soliés secourrc
Dames, puceles, chevaliers
ROMAN DE HAM. 237
Et tous cex qui il ert mestiers ;
Nus ne s'en partoit escondis.
France roïne, en fais, en dis
Avés le los et le témoins
En tous pais , et près et loins ,
Que de vo court ne se part ame ,
Chevaliers, pucele ne dame,
Qu'il n'ait aide, s'il la quicrt.
Or me dites cou qu'il en ert ,
France roïne , s'il vous plaist. »
Ma dame Genièvre se taist;
Quant pensé ot, si respondi.
Que toute la cours l'entendi :
« Damoisele Sore d'Amours ,
A moi arés-vous bon secours
Et as chevaliers de ma court. »
A ces paroles en acourt
Devant la roïne tes cent
Que tout se metent en présent
De celé besoingne furnir,
Coi qu'il l'en déust avenir.
Mais la roïne sans dangier
Lor dist : « Signeur, aies mengier :
C'o li n'en ira c'uns tous sens. »
Dont s'escria mesire Keus :
« Dame roïne , c'est mes drois :
Vostre barons , Artus li rois ,
238 ROMAN DE HAM.
Le me donna jadis en fief
( Servi l'en ai de grant relief),
C'avoir doi la jouste première
En vostre cornet, ù qu'ele afierc;
Se Dieu plaist, si Tarai demain.
Après le pucele et le nain,
Quel part qu'il voisent, m'en irai;
Le chevalier deliverrai
Que la dame a emprisonné. ).
.1. cor a hautement sonné
Uns chevaliers au piet du pont ;
Et li nains hautement respont :
« Or du corner à haute alaine.
Dame, dame, cil là amaine
Le chevalier emprisoné.
Que là hors a ce cors sonné :
Or verra-on se vostre cors
Nous pora faire nul secours.
Peu vous prise qui vient si près. «
— « Par foi ! dame, je sui tous près ,
Se de la roïne ai l'otroi. »
— « Mesire Rex, et je vous proi
Que vous souffrez dusk'à demain.
Entre le roïne et le nain
Demourront o moi toute nuit ,
Mais qu'il ne lour griet ne anuit. »
Une sieuc dame apcla :
1
ROMAN DE HAM. 239
« Dame , dist-elc , venés chà :
Ma cousine vous bail en garde. »
Et li nains dist que mal fu Tarde,
S'cle a autre garde de li.
La nuit demourerent ensi ,
Dusk'au demain que l'aube crieve :
Mesire Rex matin se lieve ,
Si tost comme il perçut le jour;
Si s'arme et monte sans sejor,
Et atendi es lices tant
C'uns chevaliers i vint bâtant
Des espérons sur un destrier
Grant et isnel et fort et fier,
Et se met d'une part des rens.
La roïne et toutes ses jens
S'en va as loges asseoir,
Qu'ele veut la jouste veoir
Du senescal mesire Keu;
Mais, s'il vous plaist entendre un peu ,
Je vous dirai d'une aventure
Qui tant est felenesse et dure.
Quatre puceles la roïne ,
Ce fu Marote et Engîentine
Si fu Cardonale et Plaisans ;
Mains chevaliers fu ressoignans
D'eles secourre à lor mescicf
Toutes voies en vint à chief
240 ROMAN DE HAM.
Li bons Chevaliers au Lyon ,
Qui de deus coses a le non :
Preus est et largues li bon sires ,
Ensi com je l'ai oï dire
Les aventures bêles.
Sachiés que les .iiij. pucceles,
Qui erent en prison au bos ,
Ne furent onques à repos,
Si vint cil qui li Lyons maine.
Un mois, n'en faut c'une semainne.
Furent laiens emprisonées
Celés qui sont si bêles nées;
De lour prison dire vous doi,
Qui les prist, comment ne pourcoi.
Il avint tout droit en septembre,
Par un lundi , très bien [me] membre ,
Que ces puceles cevauçoient,
Ensi que cevaucier soloient :
Sans nule compaignie d'omme
Erroient celés que je nomme,
Et fu par un matin bien main.
Pour le doue tans, pour le serain,
Cevaucent tout en pur les chiés ,
En blans quainses, sans cuevrecief;
De riens nule ne se doutoient.
D[e]vant clcs gardent, si voient
Une crois emi le cemin;
ROMAN DE HAM. 241
Unes lettres en parkemin
I ot pendues, qui disoient
Aventures qui avenoient
A un castel d'illueques près :
.vij. chevaliers i a tous près
De jouster à tous ciaus qui vienent.
Les puceles coies se tienent ,
Tant qu'ele ont les cris entendu ;
Après çou n'ont plus atendu,
Ains s'adrecent vers le castel.
Moût courtoisement et moût bel
Les a li portiers bienvegnies;
Et eles, com bien ensignies,
Le saluent courtoisement ,
Et li prient moût doucement
C'a son signeur parler les face ;
Et il respont : « Jà Diu ne place
Que je mece nul contredit! »
A son signor court et li dist
C'a la porte a .iiij. puceles
Trop durement plaisans et bêles,
Et que parler voelent à lui.
Lors ne remest laiens nului.
Homme ne femme, qui n'i voise;
Cascuns se deduist et envoise
Du présent que Dix lor amaine.
Toutes montées les enmaine
i6
242 ROMAN DE HAM.
En la sale, et puis les descent
Li sires niout courtoisement.
Et les fait servir bien et bel.
Il avoit dames ou caste) ;
Si les met li sire en lour garde,
Cascuns volentiers les regarde,
Et ce n'est mie de mervelle.
Cascune errament s'apareille,
Et li sires laver les maine.
Ne fu mie travax ne paine
D'eles servir et honnerer.
Riens enquerre ne demander
Ne lour volt dusc'on ot mengié;
Dont lour demande par congie :
«Damoisele, ne vous anuit.
Où reposastes-vous anuit ?
Et se demander vous osoie,
Volentiers vous demanderoie
Où vous aies en tel manière. »
Cardonnele toute première
Par le grès .vj. autres respont :
« Li mieudre dame de cest mont ,
La plus sage et la mix aprise
S'en vient au Han à celé emprise
Que cil doi baceler ont faite.
La vérités vous ert retraite :
Ma dame la roïne amainent
ROMAN DE HAM. 243
Cil dui baceler, ki se painent
De li noblement recevoir.
Se dire en voloie le voir
De la feste et de la besoigne ,
Vous le tenriés à grant mençoignc,
Conques tele emprise ne fu;
Très le tans le bon roi Artu
N'oï nus de tele parler.
Si nous fait la roïne aler
Ma dame Genièvre pour querre
Dames, or sommes en vo terre
Embatues pour vous priier
Que vous venés sans detriier
Vous et vo compaignie à court ,
C'ançois que ma dame retort
Pores au Hem joustes trover,
Où vous vous pores esprover
Se vous en volés entremettre.
Nous véismes ore une lettre
Ci de dehors à une crois,
Qui devise que nule fois
Ne veut nus jouste qui ne l'ait
En cest castel, en c'est mal fait
Se la grant feste est destorbée
Pour chl faire un petit de bée.
Ne le vous di pour nul despit ;
Mais metés ceste oevre en respit,
244 ROMAN DE HAM.
Si ferés, je croi, vostre preu.
Maint chevalier vaillant et preu
Venront jouster devant les dames :
Riens ne vaut feste où il n'a femmes^
Et là en ara grant plcnté.
Or m'en dites vo volente,
Se li venirs vous plaist ou non.
Cil qui sire ert de la maison
Respondi moût courtoisement :
« Damoiseles, moût sagement
Avés vo mesage conté :
En la dame a moût de bonté
Qui tes messages a o li;
Mais vous et nous avons....
D'aler au Ham à ceste fois;
Li alers vous est en defois,
Et nous aussi : dont il me poiso. »
De par ses compaignons li prie
Par amisté que il li die
La raison comment ce puet estro
Qu'il ne puet issir de son estre,
Ne nus qui ou castel s'embace.
« Damoisele, jà Dieu ne place
Que mençoigne vous en recort !
Maint chevalier vigreus et fort
Sont çaiens venu csprouver;
Mais qui en poroit un trouver
ROMAN DE HAM. 246
Qui me péust mettre à merci ,
Moi et vous et chiaus qui sont chi ,
A sa volenté en menroit
En tel prison comme il vaurroit.
Certainement je vous di voir. »
— « Ha , sire ! faites-le savoir
Au Ham, où ma dame sejorne,
Mate et dolante et mue et morne ;
Et pour cou que tant demourons. »
— ce Le matin i envoierons ,
Dist li sires, qui qu'il anuit. »
— «Ha, sire! pour Dieu, mais anuit. »
— «Damoisele, et je l'otroi. »
Un escuier apele o soi,
Si li a cargié le message.
Et il en fist à loi de sage;
Et quant la roïne le sot ,
Au plus tost que ele onques pot
Prie au Chevalier au Lyon
Qu'il voist délivrer de prison
Ses puceles ; et il si fist :
Lues que la roïne li dist,
S'esmut, que plus ni sejorna.
Un mardi, si k'il ajourna,
Estoit tous sens sans escuier.
Et cevauçoit un grant destrier
Bien fait et de membres délivres ;
246 ROMAN DE HAM.
Par parance valoit cent livres.
Armés estoit, bien m'en souvient,
De quanque à chevalier convient,
Si bien que riens ne li faloit;
Et quic et croi que il valoit
Tant que chevaliers puet valoir;
Mais il ne pooit joie avoir.
Que pas ne trueve cou qu'il quiert.
La roïne , qui hom il iert ,
Genièvre li envoie querre
Ses puceles en mainte terre.
Qui u castel sont en prison
Sans nule certaine raison ,
Si comme oï avés devant.
Gis chevaliers les va querrant ,
Que la roïne l'i envoie ;
Il se mist tost droit à la voie
Le jour de feste saint Jehan,
Et dist la roïne c'au Ham
Les amenast, s'il les trouvoit;
Et se il si bien se prouvoit
Qu'il les delivrast de prison,
Mais qu'il n'i éust mesprison ,
Il ne saroit jà demander
^ Qu'ele ne fesist commander,
Sauve s'onnour et sauf son droit.
Souffert a maint caut et maint froit
ROMAN DE HAM. 247
Li chevaliers pour des querre ,
Il s'enbatl en une terre ;
Si comme aventure le mainc,
Erroit tout droit en la semaine
Devant la feste saint Denis :
« Ha, las! dist-il, je sui honnis,
Jamais ne puis avoir honour.
Biau sire Dicx, hui en cest jour
Me voelliés conseil envoiier
De la besoingne que je quier,
Dont j'ai tant de travail eu. »
Devant li garde , s'a véu
.1. esquiier tout seul venant
Sour un roncin desavenant,
Trotant et maigre et dehallé.
Li chevaliers a tant aie
Qu'il a encontre le vallet;
Errament à raison le met
Li chevaliers et se li prie
Par amisté que il li die
Pour coi il a couvert son vis :
« Sire, dist-il, il m'est avis
Que vous estes des chevaliers
La roïnc, qui volontiers
Orroit enseugnes et noveles,
Je croi, de ses .iiij. puceles,
Que li tormens aproce et vient
248 ROMAN DE HaM.
Que la roïne avoir convient
Dames, puceles grant plenté.
Encore ai-ge hui esté
Ou castel où eles demeurent :
Mauvais sont si ne le seceurent
Tout li chevalier de la court, w
Li chevaliers au fraim li court,
Et dist : « Vous ne m'escaperois
Devant l'eure que dit m'arois
Où les .iiij. puceles sont. »
— « Sire, dist-il, cil qui les ont
Les vous renderont à envis.
Le pour coi j'ai couvert mon vis
Vous dirai-ge moût volentiers,
Que vous m'en sanlés chevaliers.
Li sires du castel du bois
Maint ci-devant, là où je vois;
Il a Ydone et Aiglentine,
Cardonale et Alixandrine :
Ces .iiij. sont en son castel;
S'i sont .vij. chevalier nouvel.
Qui tous jors sont prest de jouster.
Jà n'i quier mençoingne ajouster
A cose que je vous recort :
Maint chevalier vigreus et fort
Sont à eus venu esprouver;
Mais qui en poroit un trovcr
ROMAN DE HAM. 249
Qui tous les méist à merci ,
Les damoiseles qui sont chi
En poroit mener quitement.
Je n'os chevauchier autrement,
Que je ne soie ravisés. »
— « Biaus dous frerc , or me devises
Pour la sainte paterne Dieu
Eu quel endroit et en quel lieu
Je porai trover ces vassaus. »
— « Sire, si puissé-je estre saus,
Moût volentiers vous conterai
De leur estre quanques j'en sai.
Il sont orendroit ou castel ;
Onques nus hom ne vit plus bel ,
Que bien sai que g'i gui anuit;
Mais pour cou qu'il ne vous anuit,
Vous voel briément conter lor estre.
Vous tenrés ceste voie à destre
Tout sinplement , sans faire escrois ;
Devant vous venrés une crois,
Où il a un escu pendu;
Nepourquaut m'est-il desfendu
Que je ne me doi entremetre
Del ensignier, car une lettre
Peut à la crois, qui tout devise;
Et se vous un tout seul servise
Me voliés prometre à avoir,
250 ROMAN DE HAM.
Les puccles ferai savoir
Que vous les venés délivrer. »
— « Je vous en voel ma foi livrer,
Dist li chevaliers, biaus amis,
Sur quanques Dix a en moi mis
De loialté, que vous Tarés;
Mais que mon non pas ne sarés,
Se force ne le me fait dire. »
— « A Diu vous commant, biaus dous sire,
Je m'en vois faire mon message;
Or en ouvrés à loi de sage ,
Que haut afaire avés empris :
Dix vous en doinst honour et pris ! »
Li escuiers à tant s'en part,
Au castel vient; moult li est tart
Qu'il ait contées les noveles.
Trovées a les damoiseles
En un prael trestoutes .iiij. ,
Qui là alerent pour esbatre
Et pour lour anui oubliier.
A tant es venu l'escuier,
Qui lour dist lues que il les voit :
« Damoiseles, Dix vous pourvoit !
Menés joie , ne vous anuit :
Délivrées serés anuit,
C'un chevalier vi ore errant
Et me dist que il va qucrant
ROMAN DE HAM. 261
Quatre puceles, maint jour a;
Et sachiés que il me jura
Que son non pas ne me diroit ;
Et si me promist orendroit
.1. guerredon par serement,
Mais c'a vous venisse erramment
Pour ces noveles aconter. »
— « Biaus dous frère, ore aies monter
Et vous emblés hors de la porte;
Si saciés quels armes il porte ,
Et le nous venés tost redire;
Et s'il son non vous voloit dire,
Dites que nous li en prions;
Et, se Diu plaist, nous en irons
A ma dame par ses esfors. »
— <c Damoiseles, il pert si fors
Qu'il est, je croi, de grant bontés;
Et est si noblement montés
Et si armés que riens n'i faut.
Je cuic et pens et croi qu'il vaut
Autant que nus hom poet valoir;
Et quanques j'en porai savoir
Et apenre j'en apenrai ,
Et si tost com je revenrai
Orrés cou que j'arai trouvé. »
Son roncin a chil retrouve
Ou bos là où il l'arraisna ;
252 ROMAN DE HAM.
Onques nus hom ne l'arresna ,
Ains monte tost et tient sa voie ,
Après le chevalier s'avoic :
A la crois vient et si l'i trueve ;
Et li vallés, qui bien se prueve,
Le salue et li dist no vêles
Comment les .iiij. damoiseles
Le renvoient à lui arrière :
« Et pour Dieu! s'en nule manière
Lour vaurriés mande[r] vostre non. »
— « Et certes, mes amis, je non;
Mais tant dirés-vous Aiglentine ,
Je vieng chi de par la roïne ,
Et sui auques desconfortés. »
— (( Et des armes que vous portés ,
Sire, dites-moi le devis. »
— « Vallet, dist-il, il m'est avis
Que tu me bées à sousprendre.
Se tu veus mes armes aprendre
A deviser, eles sont d'or;
Et se tu vous sonner ce cor.
Le surplus t'en deviserai.
Tu vois c'unes armes d'or ai
A coquefabues vermeilles. »
— « Par foi, or oi-ge grans merveilles,
Fait li vallés; vous me mokiés:
(?est vilenie et s'est pitiés
ROMAN DE HAM. 253
Quant vous me dites tel ramprosne.
Je ne quic que desous le trosne
Ait homme qui tel escu port;
Et ne pourquant [je] vous aport
De ce castel teles noveles
Qui vous seront bonnes et bêles.
Les puceles qui laiens sont
Avoec eles un escu ont
Oïl il a une piere assise :
Vous n'arés garde en nule guise,
Tant que vous Tarés à vo col.
Or ne m'en tenés pas à fol,
Qu'eles vous voelent envoiier
(Mais qu'il ne vous doive anuiier)
Pour vous aidier à vos besoins.
Je ne sai homme près ne loins
Qui ne fust liés de tel présent. »
Et li chevaliers simplement
Li respont que jà ne lara
Duskes que délivrées ara
Les puceles , s'il le puet faire.
« Sire, quant je ne puis plus traire,
Dist li variés, je m'en revois.»
Erramment s'est férus u bois,
Si que de lui pert la véue;
Et li chevaliers a léuc
La lettre qui pent à le crois ;
254 ROMAN DE HAM.
Et puis i sonne par tel effrois
Le cor, si comme il me sanla,
Que tous li castiaus en trambla;
Et selonc cou qu'il ot apris
Et à la lettre et as escris
Se vaut au castel adrecier,
Quant il perçut .i. escuicr
Qui vers lui venoit cevauchant.
Le chevalier vint aprochant,
Qui tenoit l'escu embracié
Et avoit le hiaume lacié
Près de jouster, s'il éust lance.
Li escuiers vers lui se lance ,
Si l'en met une en sen goucet ,
Et puis à la voie se met
Vers le castel grant aléure;
Et li chevaliers l'ambléure
Le siut duskes devant le porte ,
Et voit un chevalier qui porte
Ses armes de tel appareil :
Blances, à un castel vermeil :
Tel furent tout si garniment.
Li chevaliers courtoisement
Mande au signeur de le maison ,
Sans orguel et sans derraison ,
Que les puceles li envoit ,
Qu'il n'a de riens si grant couvoit ,
ROMAN DE HAM. 255
Car Jenievre si li fait querre :
Quises les a en mainte tere,
Or set qu'elles sont ci encloses.
Dire voel à petit de gloses
Cou que li sires li rcmande :
Riens ne li prie, ains li commande
K'errant en sa prison se mete
Et que jamais ne s'entremete
De message à dame furnir.
« Moût en i coverroit venir
De tels vassaus», ce dist li sires.
Li chevaliers forment s'aïre
Quant il s'ot ensi mesprisier.
Or vous dirai de l'escuier
Qui as damoiseles revint;
Tout ensi comme il li avint
Lour raconta de chief [en chief] ;
a Par les iex qui sont en mon cief ,
Dist l'une , nous irons au mur,
Et soiions toutes asseur
C'est cil qui nous delivrerra;
Et saciés bien qu'il liverra
Tous ciaus de çaiens grant estour.
Montons lassus en celé tour,
Pour veoir son contenement. »
Toutes quatre delivrement
Montent as estres de la tour,
256 ROMAN DE HAM.
Et voient de très bel atour
Le chevalier qui les vient qiierre ;
Tout avant va celui requerre
Qui du castel estoit issus :
Se ses haubers n'est bien tissus,
Au sanlant qu'il fait de jouster
Il li pora moût bien couster.
Dient les puceles en haut :
« Au grant besoing voit-on qui vaut.
Dans chevaliers, se Dix me gart,
Tes gens prenent de vous regart
Que vous ares encore en garde. »
Li chevaliers à tant regarde
Et voit dames et damoiseles,
Assés de jones et de bêles.
Et oit les .iiij. qui si crient
Merci et doucement li prient
Pour Dieu que d'eles li souviegne :
« Damoiseles, coi qu'il aviengne.
Certes, j'en ferai mon pooir.
Si ke vous le pores véoir. »
Lors laisse le cheval aler.
Si k'il poet bien pour voir sanler
Tous cens qui l'esgardent venir
Qu'il set bien le lance tenir
Et l'escu porter en cantel.
Onques chevaliers en mantel
ROMAN DE HAM. 257
Ne fu plus noblement enclos;
Et sachiés qu'il n'ert mie clos
Li destriers dessus coi il sist;
Nule cose ne li messist
De cou que à tel mestier faut.
La lance porte droit et haut
Pour assener en mi le vis.
Cil du castel par grant avis
Li vint q[ua]nqu'il puet randonner;
Tes cox se vont entre-donner
C'ambedui lor lanches brisierent.
Celé jouste forment prisierent
Tuit cil qui esgardée l'ont;
Mais, Diu merci, nul mal n'en ont :
Tost sont à lor rens ravoiië.
Cil du castel ont envoiié
Au chevalier, s'il est tous sains;
Et il dist dechà le Toussains
N'averoit-il de tes cox garde.
Il se retourne et se regarde.
Et voit issir par mi le porte
Un escuier qui li aporte
Une grosse lance à plain poing.
Li escuiers dist : « Au besoing ,
Ce vous mand-on, voit-on l'ami. »
— « Ha! jentix hom, est-cou à mi?
Qui le me mande, di-le-moi.))
17
258 ROMAN DE HAM.
— « Ces puceles que jou là voi
Là haut sour celé tor à destre,
Ne sevent qui vous poés estre ;
Mais en vous ont moût grant fiance. )>
— « Vallet, baillc-moi une lance,
Si me salue les puceles;
Et Dix lour envoit tés noveles
Que mener les en puisse à court ! »
Li escuiers, ains qu'il s'entourt,
Voit qu'en l'escu se plante et joint;
Le destrier des espérons point
Et li fait la tere pourprendre ;
Et li autres, sans plus atendre,
Lues qu'il le voit venir, li muet
Quanques cevax porter l'en puet,
Si k'il fait la tere tranler.
Lour lances faisoient branslcr
Par fin aïr dusk'u sommet,
Que cascuns tout son pooir met
A son compaignon mettre jus,
Vraiement, et tex est li jus.
Al assanler tés caus se donnent
C'a poi que il ne s'entr'estonnent ,
Et brisent andui dusk'ès poins.
Cardoneuse escrie trest poins :
«Sire, que nous diiés vo non. »
Et il li escrie : « Je non. »
ROMAN DE HAM. 259
Mais tant fist que il l'enclina.
Aine dusk'à son renc ne fina,
Un vallet trueve qui li baille
Grosse lance et dist qu'il ne faille ,
Ce li mandent les damoiseles ;
Et lues qu'il entent ces noveles,
Moet de son renc et s'en départ ;
Et cil du castel d'autre part
Li revient quanqu'il puet d'eslais;
Mais vous n'oïstes onques mais
Tel mervelle ne tel tormente;
Et ne quidiés pas que j'en mente,
Que nul ot ou castel ou point
Que li uns contre l'autre point.
Lors s'entre-donnent si grans cox,
Li plus sages et li plus fox
En venra tart au repentir.
Du camp font le castel tentir,
Qu'il se sont grant entre-donné.
Ambedui sont si estonné
Qu'il ne sorent où il alerent.
Li hiaume des ciés lour volèrent,
Dont nus n'i ot blasme ne honte ;
Et par cou connut-on le conte,
Et fu cascuns près que pasmés.
« Or n'en doit mie estre blasmës
Nos chevaliers, dist Englentine;
260 ROMAN DE HAM.
Venus est de par la roïne
Jenievre, et je pens qu'il soit buens.
Ce poroit bien estre li quens
D'Artois qui dii nous vient rcquerre. ^->
Toutes quatre queurent à terre
Pour oïr s'il sont vif u mort.
Seur un ronchin isncl et fort
Ist .i. escuiers du castel ;
Sains les trueve, moût li fu bel.
Li vallés fu bons et courtois,
Il connut le conte d'Artois ;
Mais nul sanlant ne l'en moustra.
Tost et delivrement l'outra;
A son signor vint et li conte
Comment il a jousté au conte;
Et ses sires ne li dist mot,
Pour coi qu'il ne l'entent ni ot,
Si est-il du caup estourdis;
Et ou castel avoit toudis
Foudre et tempeste et tel tonnent,
Que on quidoit certainement
Que tout deust fondre en .i, mont.
Les tieules qui erent amont
Tresbuskoient toutes aval :
N'as autres joustes ne fist mal ,
Et s'en i ot plenté de dures;
Mais cil fina les aventures
ROMAN DE HAM 26!
Que li lyons a amené.
Laiens n'a homme demouré :
Hommes et femmes des fors vienent,
Fors les .iiij. qui prison tienent,
Que li sires tenoit se court
Que nés aler en mi sa court
N'osent-eles sans son congié.
Ainsi com cil qui a songié
Revienent cil de pamison.
Toutes les jens de la maison
Furent jà à eus acouru;
Et ont cascun si secouru
Qu'il ne caï ne cancela.
De quanques il peut se cela
Li quens, qu'il ne fust ravisés.
Li vallés fu bien avisés;
A son signeur vint de rechief
Et vit qu'il ot drechié son chief ,
Si li dist : « Sire, vous avés
Jousté (et si ne le savés)
Au conte d'Artois vraiement.
Je vous di tout certainement.
C'est il, que je le sai de voir.
Il est ci venus pour r'avoir
Les puceles, si les r'ara;
Contre vous conquises les a :
Or li rendes sans contredit. »
262 ROMAN DE HAM.
Li sires du castel s'en rit ,
Et vient au chevalier tout droit;
Se main devant son vis tenoit :
Pour Diu prie c'on li aport
Son hiaume sans plus de déport;
Mais li chevaliers du castel
Li dist : « Sire , s'il vous est bel ,
O nous herbegerés anuit;
Et pour Dieu, qu'il ne vous anuit,
Volentiers vostre non saroie,
Se demander le vous osoie. »
Et li quens li dist en apert :
« Mon parin ot à non Robert. » '
Et li chevaliers com courtois
Li dist : «Vous estes quens d'Artois;
Vers nous ne vous devés couvrir.
J'ai jà fait vo castel ovrir :
Vés chi vos clés, je les vous rent.
Sire, pour Dieu! menés-nous-ent
En tel prison que vous vaurrois;
Car il est bien raison et drois ,
Quant vous m'avés d'a[r]mes outré.
Anuit pores jesir ou tré
Que vous veés devant vos iex ,
Ou ou castel , s'il vous plaist micx.
Nous nous rendons, sauves nos vies,
Et nos armes et nos amies :
ROMAN DE HAM. 263
Du tout sommes en vo manaie;
Et se vous voilés dire naie,
S'irons-nous de par vous à court,
Et mouverons à terme court. »
A tant sont entré ou castel ;
Moût courtoisement et molt bel
Fu H quens iaiens rechéus;
Mais il se tint à decéus,
Que devant li, faces moillies,
Sont toute .iiij. ajenoillies
Les damoiseles qu'il vint querre.
De si haut comme il fu à terre
S'est d'autre part ajenoillies ,
De sanc et de sueur moillies ,
Tout si armés comme il estoit ;
Et dist qu'il ne se leveroit,
Se li aroient pardoné
Cou qu'il a voit tant demouré ;
Et eles li crient merci :
« Sire, delivrés-nous de chi;
Trop avons mes en ceste tour. »
Et il dist que jamais nul jour
N'en isteroit, s'el ne s'en issent;
De cou forment s'en esjoïssent,
Et ce n'est mie de mervelle.
Cascune d'eles s'apparelle
De li desarmer bien et bel.
264 ROMAN DE HAM.
Li ,vij. chevalier du castel
Li vienent tout merci criier,
Et dient que sans detriier
S'iront à court de par li rendre ;
Et se la roïue en veut prendre
Raençon, ele l'avera
Tant et plus comme ele en vaurra.
Et li quens as .vij. chevaliers
Respondi que meut volentiers
Soufferroit c'a la court alaissent,
Mais que de lui riens ne parlaissent ,
Qu'il n'avoit mie cose faite
Qui là déust estre retraite;
Et il disent que si avoit.
Les tahles metent à esploit
Cil qui entremetre s'en durent.
De cou qu'il mengerent et burent
Ne vous voel plus dire le conte.
Après souper mainent le conte
Les puceles dusk'à lour lis.
Là fu li joie et li delis
Quanc'on puet faire de parole ;
Là fu la petite carole.
Ce sevent-eles sans demour
Que demain mouveroit au jour.
En cou que li quens se déporte y
Es un chevalier qui aportc
ROMAN DE HAM. 265
Vin et touaille et gingcmbras;
Et li quens entre ses .ij. bras
Prent Cardonale, si ss'assiet :
Entr'eles mie ne messiet.
De moût de coses ont parlé ;
Assés tost sont coucier aie,
Et dorment dusk'à lendemain.
Onque ne sot lever si main
Li quens que tout levé ne fuissent
Cil du castel et qu'il n'eussent
Tout enselé les cevaus trais.
A pièce ne seroit retrais
Li congiés comment il fu pris.
Li quens, qui lie castel ot pris,
S'en départ grant joie faisant;
Cil que je compère au faisant
O les puceles s'en départ.
Li .vij. chevalier, d'autre part,
S'en vont au Ham rendre prison ;
Et li chevaliers son lyon
Commande c'avoec aus eu aille ,
Et il si fist sans nule faille ;
Mais ne vont mie tout ensanle :
Li quens tous seus, si com moi sanle,
O ses puceles tint sa voie.
Moût volentiers, se je sa voie,
Diroie quanqu'il leur avint.
266 ROMAN DE HAM.
Li quens d'Artois sa voie tint,
Je ne sai mie de quel endroit.
Li sires du castel tout droit
Le nuit de Saint-Denis départ
De son castel ; moût li est tart
C'a la roïne soit venus.
Tous armés, les haubers vestus,
Vienent tous .vij. en u palais,
Qui n'est mie vilains ne lais;
Maint tortin i avoit ardant :
Durement les va regardant
Tuit li chevalier de la court ,
Et li lyons devant eus court
Tous jours as pies de lor chevaus.
Mesire Quès li senescax
Se pourvoit de cou qu'il doit dire.
Cil qui des compaignons fu sire
Vint devant la roïne as dois;
Et li lyons , qui fu courtois ,
Devant la roïne s'estut
Tous cois, c'onques ne se remut ;
Sour le table mist son musel.
Et li chevaliers du castel
Salue la roïne et dist :
« Ma dame , sans nul contredit
Nous venons mètre en vo prison
De par le vassal au lyon. »
ROMAN DE HAM. 267
Et la roïne les retient
En manière qu'il leur convient
Oster lour hiaumes de lour ciés :
Erramment les ont deslaciés,
Si c'on les vit apertement ;
Et mesires Rex erramment ,
Et dist au signeur voiant tous :
« Certes, vous me sanlés moût dous
Et moût simples à vo resgart ;
Vous fériés jà moût grant cssart
En une bataille mortel :
Se tout vo compaignon sont tel ,
Vous estes périlleuse gent.
Du cors estes-vous bel et gent ;
Mais du surplus ne sai parler. »
Mesire Quex prist à aler
De l'un à l'autre et dist ses cox,
Et dist : « Vous me sanlés moût mox,»
Dist mesire Rex à l'un d'eus :
« C'est grans damages et grans deus
Que vous .vij. estes si cruel
Que par droite faide mortel
Vous a uns chevaliers conquis.
Par amours, qu'estes-vous chi quis?
Venés-vous femes demander?
Cil li set moût bien commander,
Qui volroit faire ses commans;
268 ROMAN DE HAM.
Et cis rous-là, qui est si grans,
Aroit tost fait un home cous;
Et cil là aroit tost rescous
Plain hanap de vin au besoing ;
Et cil là est venus de loing,
Qui si est magres et halles;
Et cil là est moût enfonsës
De car : je croi qu'il soit moût mous. »
Et si dist sour cascun ses cox
Mesire Quex, dont il fet mal.
La roïne et tout à ceval
Sont li chevalier devant li :
<c Dame , dist Quès , aiiës merci
De ces vassaus qui sont si preu;
Bien en poés faire vo preu,
S'aucune besoingne vous sourt. »
— ce Mesire Keu , à quoi qu'il tourt ,
De ma mainie les retieng;
Et si me doute moût et crieng
Qu'il ne se couroucent vers moi,
Pour le mal que dire vous voi.
Tout le monde volés biasmer. w
La roïne , pour desarmer,
Les fait mener en une tour ;
Et puis se metent el retour,
Et s'en vont al mengier seoir.
Moût volentiers les vont véoir
ROiMAN DE HAM. 269
Cil jone baccler errant ;
Et la roïne tout errant
C'on eut soupe, à peu paroles,
A fait comraencier les caroles ,
Qui durèrent près que la nuit.
Il n'est mie drois qu'il anuit
Avoec si noble compaignie ;
Car ele est si bien ensignie
Que nule honours en li ne faut.
Or revenrai à l'escafaut
Où ele monta pour véoir
La jouste. Que qui asseoir
Set bien ses cox et emploiier.
Mainte fois fist Keus enoiier
Se ses compains estoit armés.
Il n'en doit mie estre blasmés
S'il n'a la premeraine jouste;
Mais il li grieve et poise et couste
S'autres de li s'en entremet.
Car trestout son pooir i met
Pour sa droiture retenir.
Chevaliers véissiés venir
Tous armés ^ les chevax couvers.
Li huis des lices fu ouvers,
Si entroit chevaliers à masse ;
Trestous li mondes s'i amasse,
Aine n'en vi tant à nul marcié.
270 ROMAN DE HAM.
Li palic furent si carcié
Qu'il rompirent en plus d'un lieu.
La roïne à mon signeur Keu
Mande ke ses lances emploit.
Que li jours s'en va à esploit,
Et chevalier d'estrange terre
Sont chi venu pour lor pris quen'e.
Pour cou li mant qu'il se délivre.
Onques à forsené n'a yvre
N'oï tant de mervelle dire.
Ne s'en porent tenir de rire
Li chevalier qui l'escoutoient,
Néis les dames s'acoutoient
As fenestres de l'escafaut ;
L'une escrie : « Que que vous faut ,
Vous faut-il riens que nous aions?»
— « Dame, il nous faut .ij. compaingnons :
Vous un, et moi un d'autre part.
Ore dyable i aient part ! »
Dist la roïne : « Sire Quès, 1
Tous jours fustes et serés tés :
On ne se puet à vous déduire.
Che ne vous déust de riens nuire,
Que pour bien l'avoit demandé. »
La roïne ot errant mandé
Ses barons pour li consillier :
({ Signeur, chi vienent chevalier
ROMAN DE HAM. 271
D'estrange païs et de loins,
Et il seroit bien huimais poins
De faire cou c'on a empris.
Ne doit pas estre en mal repris
Se Quès ne jouste premerains :
S'il joustoit tout à daarrains,
Ne puet-il perdre sa droiture.
Si me doinst Dix bonne aventure,
Pour délivrer l'estrange gent
Vous doins un don et bel et gent,
Se vous le volés otroiier :
Or faites erramraent criier
Se chevax et chevaliers chiet,
Et au chevalier ne meschiet
Qu'il ne wide hors des arçons ,
As escuiers et as garçons
Se face aidier et relever. »
— « Ce ne lour doit mie grever,
Dist li sires de Raineval ;
Et qui ançois vient au cheval
Si voist jouster, s'il troeve à qui ;
Et si faç'on crier aussi
Que tout droit dames sont venu,
A tous ciaus qui ci sont venu, w
Ainsi le crie à haute vois
Cil c'on apiele Corbiois ;
Et Corbiois ot tel escout
272 ROMAN DE HAM.
Qu'il fu bien entendus par tout.
Lors véissiés ces gens frémir
Et ces chevaliers estourmir
Et courre armer dedens ces rés;
Mes encore est mesire Rex
Tous armés dès soleil levant;
Se ses compains ne vient avant,
Il n'ara pas les premiers cox.
Ne fu mie nices ne fox
Mesire Aubers de Longueval ,
Ains vint tous près sor biau cheval,
Et a un chevalier trouvé,
Bon joustéour, bien esprouvé,
Que asprement l'ira requerre;
Se son non me voliiés enquerre,
Bauduins castelains d'Arras ;
Et si vous di qu'il ne vint pas
Au Ham comme uns hom esbahis.
Que trestout cil de son païs
Vinrent de ses armes couvert.
Se le voir vous ai descouvert,
Doi et doi vindrent main à main.
Et vindrent le mardi bien main;
Mais la roïne et ses puceles,
U grant plenté avoit de bêles,
Ert jà montée ens escafaus.
Li castelains n'est mie faus ;
\
ROMAN DE HAM. 273
La roïne premièrement
Salue moût courtoisement
Et les autres de chief en cief.
Ne voel pas debatre mon cief
A dire quanc'on devisa;
Mais li castelains s'avisa
C'armer s'en iroit à l'ostel :
De cou li por-je bien los tel
Qu'il ala tost et tost revint.
Tele aventure li avint
Que li sires de Longueval
Est tous armés sour son cheval
Au bout du renc, ù il l'atent
Com cil qui gaires ne s'entent
Combien li blés vaut el marchié ;
Et tenoit l'escu embrachié
Sour un destrier qui n'est pas lais.
Devant les dames un eslais
Fait pour son ce val essaiier;
Ne vaut pas longues delaiier,
Ains repaire à son renc arrière.
Li castelains en tel manière
Fait un eslais et puis revient.
A cascun quanqu'il li convient
Baillierent cil qui les servirent;
Et si tost comme il s'entrevirent.
Qu'il furent prest, et cascuns muet,
274 ROMAN DE HAM.
Quanques chevax porter le puet
S'entre-vindrent à la roïne ,
Qui n'avoit pas à l'un haine;
Car ses frères estoit germains :
Vers le chiel en tendi ses mains.
Que Dix de mal le destournast.
•V.c. quidierent qu'il tonnast
Des grans cox qu'il s'entredonerent ;
Li tronçon plus haut en volèrent
C'uns hom ne ruast à le main.
De le lance le castelain
Ne remest une aune d'entier,
Et si n'i remest que froissier
En l'autre , que de tout fist pourrCc
Tost et droit font les chevax courre.
« Par foi ! ce dient li auquant ,
S'il s'entr'encontrent tant ne quant,
Il s'entre-creveront andoi. »
La roïne acena au doi
Un chevalier de grans bontés,
Qui sour un ceval ert montés
Em pur le cors sans arméure ;
Et il i vient grant aléure;
Gilles de Noeve-Vile ot non :
« Sire, pour Dieu et pour son non !
Alés-lor de par moi priier
Que il se gardent de cukier.
ROMAN DE HAM. 275
Si kier que cascuns a m'amour. »
— «Dame, Dix me doinst hui mal jour,
Dist-il , se je jà en paroil !
Il me tenroient jà pour fol
Se je leur aloie desfendre
Honeur à faire et honte emprendro :
De cou n'ere jou jà messages. »
Et li castelains comme sages
Vint à son renc le petit pas;
Mais encor n'i parfu-il pas
Quans ses compains ot jà sa lance;
La roïne fu en balance,
Qui le cukier voloit desfendre.
Li chastelains, sans plus atendre,
Prent sa lance et point le ceval;
Et li sires de Longheval
Li revint poignant à l'encontre.
«Or verres jà un dur encontre,
Dist la roïne. Dix le gart! »
Ele se tourne d'autre part.
Que n'a pas cuer del esgarder;
Mais Diex, qui bien le sot garder.
Les sauva, k'il ne se blecierent.
Andoi lour lances despecierent ,
Outre passent et tost revienent.
De la tierce lance k'il tienent
A la roïne grant paour,
276 ROMAN DE HAM.
Souvent prie le Sauvéour
Qu'il les gart de mal et d'anui.
Que vous diroie-je? Andui
Ont jousté si bel et si bien
C'on ne les puet blasmer de rien.
Des tierces lances s'entre-paient
Si grans cox que poi s'en esmaient
Les dames qui pour eus priierent;
De si près vienent qu'il froiierent.
Outre passent sans biecéure.
Mesire Kex grant aléure
Vint à la roïne et li conte :
«Dame, dame, chist m'ont fait honte,
Et vous grignor qu'il n'ont à moi.
Vous savés bien que avoir doi
Le première jouste en vo court :
Ce soit en lance que chiens court,
Qu'il m'ont ore desiretë.
Qui en diroit la vérité,
Jousté ont deboinairement.
— «Mesire Kex, certainement
Vous eussiés mix commencié ;
Le camp éussiés semencié
De vous et de vo compaingnon. »
— « Certes, dame, c'éusse mon.
Coi qu'il m'en déust avenir. »
— «Encore i pores bien venir,
I
ROMAN DE HAM. 277
Mesire Rex , s'u cuer vous maint. »
— «Vous en avés abatu maint,
Dient les dames par escar;
Quant la roïne entra u car,
Vous savés bien qu'il vous avint. »
Mesire Kex honteus devint ,
Si laisse la parole à tant;
Et li Sours de Seuni bâtant
S'en vint sour un destrier couvert ;
Et si vous di pour voir c'ouvert
Trouva les lices arrière,
Et ses compains en tel manière
Fu d'autre part pour lui atendre.
Quanques cheval peurent destendre
Se vont entreferir d'eslais,
Des escus percierent les ais
Et les grans pelâtes d'acier;
Grans cox se vont entre-dacier.
Entre Mahiu de Wallaincourt,
Qui bien et bel le ceval court,
Et le Sourt de Seuni jousterent.
Moût volentiers le regardèrent
Dames, puceles, qu'aspuïhes
Estoient lassus as puïhes.
Après vinrent doi baceler :
On ne doit nul bien fait celer.
Mais dire haut que cascuns l'oie ;
278 ROMAN DE HAM.
Mais Envie la langue loie,
Qui en déçoit mainte personne ;
Et H hiraus, s'on ne li donne,
Dist qu'il ne se puet acorder
A si volentiers recorder
Le bien fait que s'on li donnast;
Assés de tés en couronast
De qui il se taist et déporte ,
Pour cou que du leur riens n'en porte.
Vendent la proueche tel gent?
Nenil, ne seroit bel ne gent;
Mais il tesmoignent les biens fais,
Quant on leur a les biaus dons fais ,
En toutes cours plus volentiers.
Es-vous venu .ij. chevaliers
Devant les dames à leur rens;
De toutes manière de gens
Furent volentiers regardé,
Qu'il estoient si bel armé
Et si monté que riens n'i faut.
Les dames deseur l'escafaut
Demandèrent à ceus d'aval :
« Signeur, qui sont cil doi vassal ? »
Gilles de Noevile en Artois,
Qui tous jours a esté courtois,
Respont as dames : « Li uns est
Fiex le droit signeur de Hangcst.»
ROMAN DE HAM. 279
— « Li quès ?» — ic C'est cis eschekerés ,
Dit vous ai ce que vous querés ;
Sires en ert après son père.
Et Jehans mesire de Clere
A à non cil qui à lui vient. »
Cil de Hangest sa lance tient,
Que on li a bonne baillie,
Grosse et quarée et bien taillie ;
Mal baillis est s'il ne l'emploie.
Si s'estent que l'eskine ploie
Au destrier dessur coi il sist,
Riens qu'il éust ne li messit ;
Et ses compains, que je moût prise,
A erramment sa lance prise :
Si muet li uns ancontre l'autre.
Cd de Hangest, lance sour fautre,
Li vient moût bien et moût à droit.
La roïne le regardoit
Et les dames quemunement.
Li eschekerés noblement
Li vient de près, et haut l'avise.
Que vous feroie lonc devise ?
Toutes ses trois lances brisa,
Dont la roïne le prisa ;
Pour cou qu'il a si bien jousté,
De la roïne en ot bon gré
Et de tous ceus qui le regardent.
280 ROMAN DE HAM.
Après keurent cil ki l'esgardent
Et lour escrient : « C'est bien fait ! »
Es rens se metent sans lonc plait
Doi baceler de grant vallance;
Cascuns a cuevrechié u mance,
Qu'il sont bien disne de l'avoir.
Lour nons vous ferai assavoir,
Pour voir, se jou m'en entrepreng :
Boissés et Monnars de l'Aleng.
Andoi vienent si acesmé
Que moût des dames ont esmé ,
U des damoiseles, ce jour,
Que li uns joustasl pour s'amour :
Eles peurent bien voir quidier.
Lors véissiés ces rens widier,
Jens fourmiier de mainte part.
Cascuns de son renc se départ.
Et s'en vienent de grant randon :
Boissés mut tout à abandon
Qui boine amours li fait aiuwe ;
Et Monars de riens ne l'eskieue,
Ains li vient tost et près et droit,
Que mainte dame l'esgardoit ;
Mais d'une seule li souvient,
Et pense que il li covient
Faire cou c'au mestier afîert.
Bousset avise et si le fiert
ROMAN DE HAM. 281
Près de la gorge bien en haut;
Et Boissés mie ne refaut ,
Ains li donne parmi les dens.
Li tronçon volent sour les jens
De lour lances qu'il font brisier.
« Tés bacelers doit-on prisier,
Dist la roïne , et je le pris :
De lor mestier sont bien apris. «
Lour .iij. lances ont si brisies
Que jamais ne seront prisies
Pour faire chevalier secours.
Drieu de Morlaines tout le cors
S'en vint sour .i. destrier morel,
Tous armés, l'escu en cantel;
Ne li faut riens fors que la lance ;
Et li destriers sour lui se lance
Lues qu'il senti ses espérons.
Ensi comme nous espérons,
Guis de INueville est d'autre part,
La lance ou puing, et se départ
De son renc canqu'il puet movoir;
Et me [sire] Drieus, tout pour voir,
Li va chevalereusement
Droit après et hardiement
Com cil qui ne le crient ne doute.
Si près li vient que la gent toute
Dient : « Jà les verres cukicr. »
282 ROMAN DE HAM.
Et qui à droit vaurroit jugier,
Mesire Guis li vient si bien
Et si droit qu'il n'i faloit rien;
Et quant ce vint à l'aloignier,
Nus d'eus n'i daigna resoignier,
Ains brisent andoi dusk'ès poins.
Outre s'en passe, en l'escu joins,
Mesire Drieus et tost revient ;
De ses .iij. lances li avient
Si que toutes les emploia,
N'onques n'en caï ne ploia
Mesire Gis ne tant ne quant.
Ce tiemoignierent li auquant
C'ambedoi l'avoient bien fait.
Je vous dirai à peu de plait
Les joustes, que se [je] disoie
Que cascuns fist et devisoie.
Trop vous anuieroit, je croi.
Oiiés de mon signeur Gieffroy
De Clere, qui après jousta;
Mais à peu qu'il ne li cousta.
Que ses escus estoit malvais.
Mesire Willems de Biauvais
Li donna un cop si pesant
Qu'il ne volsist pour .i. besant
Que ses pelâtes fuissent hors,
Féru l'cust par mi le cors ;
ROMAN DE HAM. 283
Et Mesire Giefrois le quiert
Haut en la teste, et si le fiert
Par mi la gorge qu'il brisa
Sa lance : dont moût le prisa
La roïne et sa compaignic ,
Qui bonne est et bien ensignie.
Bien ont furni cou qu'il emprisent,
Tant que les dames les en prisent
Et dient qu'il ont fait biaus caus.
Mesire Quès li senescaus
Est armés desous l'escafaut,
Si tormentés que riens n'i faut,
Pour son compaignon qui ne vient ;
Et, d'autre part, il doute et crient
Qu'il ne li soit à mal torné :
Un peu a son ce val torné,
Et voit son joustéour venir;
Onques ne se pot astenir
Mesire Quex, ains s'escria :
« Ore est venus qui aimera. »
Et ses compains moût bien l'entent ,
Et voit et set que il l'atent
Et a longuement atendu ,
Et bien a le mot entendu
Que mesire Rex li a dit;
Et les dames sans contredit
Ont monsigneur Que escrié ;
284 ROMAN DE HAM.
« Mesire Que, se detrié
A detrié ore est venus.
Gardés que vos veus soit tenus,
Que déistes au commencier,
Que le camp fériés semencier
De vous et de vo compaiguon ;
Il n'est armés se pour vous non.
Or faites de vous le semence :
N'afiert pas que chevaliers menche
Devant dames de ce qu'emprent. »
Mesire Quex de duel esprent
Quant des dames ot tés ramprone :
« Pléust Dieu que desous le trosne ,
Dist mesire Quex, n'éust famé
Qui langue éust ! et maie flame
Vous puist les vostres embraser.
Tant estes prestes de palier
Et de dire cose qui cuit ! »
— - a Mesire Que, ne vous anuit,
Dist li nains, qui raout fu rebors;
Les femmes ont du poil de l'ours :
Femmes dient que dire suelent,
Et en ce font que faire voelent ;
Feme est li froumages buskex. »
Dont s'apaisa mesire Rex
Pour le nain, ki le dist si haut
Que les dames de l'escafaut
ROMAN DE HAM. 286
Et la roïne l'ont oï ;
S'en a Quex son cuer esjoï ,
Cor cuid-il estre bien vengiés.
« Nains, ki les dames laidengiés,
Ce dist Forteche, par mes ex!
Il ne vous en ert mie miex.
Mesire Quex dist son plaisir;
Si vous deveriés bien taisir,
Qu'il a tous jours sour nous ses cox. »
— «Gillart, vous n'estes pas si fox,
Dist Quex par moût grant aatine,
C'au gré ma dame la roïne
Ne diiés à vostre pooir ;
Mais se vous poés lieu véoir,
Par ceste teste que je port,
Il i aroit peu de déport.
Chevaliers estes bons et preus ;
Mais vous n'estes en cambre preus,
S'il i a cose qui vous haite.
Faus est qui contre vous i gaite :
Riens n'i vaut, ne gaie ne espie. »
— « Kex , vous ne me tiemoigniés mie ,
A ces paroles que vous dites,
C'on me pregne avoec les erites :
J'aim les femmes, et c'est nature.
Et Dix envoit maie aventure
Tous ciaus qui des femes mesdient.
ROMAN DE HAM.
Et bien aient cil qui en prient! »
A tant laissierent le tençon.
Mesire Kex prent un tronçon
Et va essaiier son ceval ;
Li bons Aubers de Longueval
Li va présenter un destrier,
Se du sien ne se puet aidier;
Et mesire Kex l'en mercie
Et dist qu'il ne 1' cangera mie,
Que bon le trueve, ce li sanle.
Toute li feste s'i assanîe
Pour la j ouste Kex esgarder.
Cil qui les rens durent garder
Les font si près del escafaut
Que les dames de là en haut
Poront véoir bien plainement
De cliascun son contenement.
Du compaignon mesire Keu
Me plaist que je vous die un peu :
Chevaliers est et grans et fors,
Bien fais et de membre et de cors,
Preus et vaillans de grant vaillance;
Il est tous près et tient sa lance,
Dont il pense à faire biaus caus.
Mesire Quex li senescaus
Ne targe plus, ançois li muet
Quanques chevax porter le puet.
ROMAN DE HAM. 287
Jehans des Jestes ses compains
Ne s'est mie atargiés ne fains,
Ains li vient et bien et à droit.
Mesire Rex pense, s'a droit,
Qu'il ira plus près qu'il pora,
Ou il ou ses cevax morra ,
A[ins] qu'il ne fâche son pensé.
Andoi sont si bien apensé
Que lour doi pensé sont en un ;
Et il i pert bien à cascun ,
Qu'il vienent près et droit et tost;
Et ne sont mie si repost
Qu'il n'i ait plus de .iij. milliers
De dames et de chevaliers
Et d'autre gent qui les regardent.
« Jà chuqueront, s'il ne se gardent, »
Dient cil qui venir les voient.
De riens nule ne se desvoient.
Pour coi ? pour cou que il ne daignent.
Des lances premerains s'ataignent
Et s'entre-donnent moût grans cox.
Mesire Rex li senescaus,
Pour les dames qui le moquierent,
Le quist de si priés qu'il cukierent ;
Et fist un encontre si dur
Que les dames desour le mur
Quidierent bien qu'il fuissent mort,
288 ROMAN DE HAM.
Qu'il sont andoi et grant et fort.
De cors, de pis et de cheval
S'entr' encontrent li doi vassal
Et rompent poitral et estrier;
Mais nus ne wida le destrier,
Et ne pourquant si laidement
Chukierent que certainement
Quida-on qu'il fuissent crevé.
La roïne en a moût grevé ,
Qui moût aime mon signeur Keu.
.1. chevalier vaillant et preu
Envoie pour savoir k'il font;
Mais lour gens remonté les ont
Cascun desseur .i. paleffroy,
Si n'en fu pas en tel effroi
La roïne comme devant.
Et mesire Kex vient avant,
S'a la roïne saluée.
Ele s'est contre li levée.
Car ele l'aimme et crient et doute :
« Où est , dist-il , ma dame Estoute
Qui m'a fait le camp semencier?
Se n'estoit hontes de tencier,
Je li diroie isnel le pas
Tel cose que ne dirai pas;
Et si dirai-ge ma goulée.
El ne fust hui si engoulée,
ROMAN DE HAM. 289
Si acesmée ne si cointc,
Roïne, s'elc n'éiist acointe.
Ele m'a fait le sens mari. »
— « Sire , que c'est pour son mari ,
Et si le devons-nous quidier. »
— « Si vous puist orc Dix aidier,
Roïne, que vous dites voir.
Se vous me faites esmouvoir^
Il ne vous en ert mie bel;
Déliait par mi le liaterel
Qui plus d'une autre vous queroit :
Tele est droite, qui tost querroit
S'ele estoit asprement requise.
On ne vous puet faire service
Ne c'a Dieu, qui à gré vous viengne,
S'on ne s'i afole u mehaigne.
Voir di, par saint Piere l'apostre!
Que l'amour de Dieu à la vostre
Volés-vous, femmes, comparer.
Les hommes faites comparer,
Ançois qu'il aient vostre amor :
Que Dix vous doinst toutes mal jor ! »
Mesire Kex s'en part à tant;
Et li quens de Clermont bâtant
Des espérons es rens se met,
Com cil qui moût bel s'entremet
Du mestier quant il l'entreprent.
19
290 ROMAN DE HAM.
A la roine congié prcnt
Que par .iij. lances le retiengne
De sa maisnie, et c'a li vicgne
Jouster un de ses chevaliers.
La roïnc moût volentiers
Et moût liemeut le retient ;
Mais ele doute moût et crient
Le péril, qu'il est moût haus lions.
Consillicr va à ses barons
La roïne , si fait savoir :
« Quele jouste voira avoir
Cis riches hom, dites-le-moi?
Il est frères jermains le roy
Et veut estre par sa francise
De mon ostel ; en nule guise
Ne vaurroie que il éust
Joustéour qui li despléust :
Si vous pri à tous et requier
C'on li envoit tel chevalier
Dont il se tiegne à bien paiiés.
Or pensés tant que vous l'aiiés,
Pour Dieu , et vous en avisés. »
— « Dame, il est pieça devises,
Dist li sires de Longheval ;
Faites querre amont et aval
Entre tous cens de vostrc ostel ;
N'en trouvères nul si tel
ROMAIN DE HAM. 291
Coin le sigiieur do Basentin.
Je vous di voir, par saint Quentin!
Il n'a plus preu en vostre court.
Or le mandés, à quoi qu'il tourt. »
Il fu mandés, et il i vient
Tous pres[t] de quanque il li convient ;
Et la roïne li commande,
Que par nul autre ne le mande ,
Qu'encontre le frère le roy
Voist jouster, et de tout desroi
Se gart, que ele li em prie.
Huars l'entent, moût l'en mercie
Et fait tout son commandement.
Lour lances prendent erramment
Et muevent sans plus delaiier.
Durement oïssiés criier
Mongoie! au conte de Clermont.
Les .iiîj. pies met en un mont
Li destriers seur coi il venoit.
Sa lance et son escu tenoit
Moût noblement et moût à point ;
Et Huars en l'escu se joint.
Et voit le conte qui li vient :
Amours, de qui il li souvient,
Escrie et Montauban moût haut.
Al alongier nus d'eus ne faut,
Ains brisent andoi dusk'ès poins.
•)92 ROMAN DE HAM.
Cascuns passe outre, en l'escu joins,
Et sont à loiir rens retourné.
Il sanloit qu'ensi fuissent né , ,
Si estoient-il noble et bel.
Cascuns tint l'escu en quantel,
Et s'esmuevent sans plus atendre;
Quanque cheval puecnt destendre
Se vont grans cox entre-paiier,
Moût durement font esinaiier
Lour gens à la lance seconde.
Mangouniaus ne piere ne fonde
Ne descoche plus radement
Qu'il venoient, certainement,
Au tiemoing de chiaus qui i furent.
Les tierces lances si coururent
Et de si près et de si droit
Que, se li renc fuissent cstroit,
Li cheval fuissent encontre;
Mais la roïne avoit mandé
Ses chevaliers qu'il ne chucaissent,
Et de celui plus se gardaissent.
Qu'il ne li fesissent desroi,
Pour çou qu'il est frères le roi ;
Et il venoit si radement
Et si chevalereuscment
Que tous li mondes l'en prisa.
Toutes ses .iij. lances brisa
ROMAN DE HAM. 293
Seur le signcur de Basentin.
Des lances maint félon tatin
I ot départi et douné.
Ensi que [je] vous ai conté ,
Entra ens li quens de Clermont;
Seur les escafaus là amont ,
O la roïne en va seoir
Et dist bien que , s'il puet véoir
Se cil qui sont venu de hors
Voelent grever par lour effors
Ne la roïne ne sa gent ,
II ne lour ert ne bel ne gent;
Ains joustera , à quoi qu'il tourt.
Es-vous un hiraut qui acourt
Et escrie : « Wuidiés les rens ! »
Regardés fu de maintes jens
Uns chevaliers , c'on nomme ensi :
Mesire Wistasse de Sisi.
Cis jousta encontre Ridel ;
Un mot en dist courtois et bel
Mesire Gilles à sen fd :
« Ridel , Dix vous gart de péril
Entre ti et ton compaignon!
Il est preus et de grant renon ;
Et saces tout certainement
Que pour ,C.M. mars d'argent
Ne 11 lorras du renc plain pié. »
294 ROMAN DE HAM.
Cascuns tint l'escu embracié.
Et s'entre-vienent sans faintise.
Cil de Sisi sa lance brise ,
Desous le gorge l'assena ;
Et Ridiaus tel cop li donna
Que sa lance froisse et esmie.
Longuement n'atargierent mie ,
Ains revient cascuns à son droit
Mou[t] cointement et moût à droit;
Des autres lances s'entre-quierent
Hantes, hiaumes, et s'entre-fierent
Moût grans cox et moût merviileus
« C'est là uns jus moût perilleus,
Dist uns vilains qui les regarde :
D'ex et des autres soit Dix garde ! »
Des tierces lances véissiës,
Se garde vous en préissiés ,
Qu'il les portoient droit as iex ;
Mais une tel faute vaut miex
Que de ferir bas et brisier :
Qui bien fait, on le doit prisicr.
Ridiaus ses .iij. lances brisa,
Dont la roine le prisa;
Et cil de Sisi le fist bien ,
Nus ne l'en doit blasmer de rien.
Cil vint après, que je le vi,
Li bons Robers de Montigni
ROMAN DE II AM. 295
Encontre Guillaume d'Aunoi ;
Cil ne vinrent pas par daunoi ,
Ains s'en vindrent par grant effors ;
De chevax , de pis et de cors
S'eutr'encontrerent li vassal.
Saciés de voir qu'il me fist mal
Quant je vi l'encontre si dur.
Les dames de dessus le mur
Quidierent qu'il fuissent crevé :
Si leur en a forment pesé,
Que la jouste fu dure et fors.
On quida bien qu'il fuissent mors,
S'en eurent aucune gens duel.
Mesire Engherrans de Bailluel
Se met es rens, plus noirs que fer;
Ce sanloit li maistres d'infer
Ensi comme fu aournés;
Contre lui vient bien atournés
Li bons Pierars de Fonconcourt ;
Mais ses chevax , qui bien li court ,
Ne l'osa onques aprocier,
Tant le séust poindre et brocier;
Et si metoit tout son pooir,
Si que bien le porent véoir
Tout cil qui estoient entour.
Lors jura que si fait atour
N'aroit jamais jour de sa vie
2<)G ROMAN DE HÂM.
Mesire Engherrans, qui envie
A de bien faire en tous bons licx;
Et si croi-je, si m'aït Dix,
Qu'il fu fix du plus cortois homme
Qui fust entre Londres et Rommc.
Moût de gens le tienent à preu;
Sires fu de Tou[rjs en Vimeu,
Et en Escoche ot-il grant terre :
Bons pour tournoi et bons pour guerre
Fu mesires Wistasses de Tours.
Acesmés de très biaus atours ,
Vindrent après dui baceler;
Lour non ne font mie à celer :
Li uns ot non Driex du Plaissié;
Ne vint mie le col baissié,
Encor l'ait-il petit et court.
Cil qui sire est de Hamalaincort ,
Qui contre lui sanle gaiant,
De son renc se part à itant ;
Hamelaincourt ! dist quanqu'il puet;
Et mesire Driex li remuet
Quanqu'il puet traire du destrier.
Andoi vienent sans espargnier;
De cors, de cevax et de pis
S'entrencontrent : si en fu pis
Lor cevax, ot si les grevèrent
Que onqucs puis ne relevèrent ;
ROMAN DE HAM. 297
Li monsigueur Drieu fu frols mors.
Nus des chevaliers de sen cors
Ne fu ne bleciés ne malmis :
Joie fu à tous ses amis.
Cil doi jousterent bien et fort ;
S'on ne les prise , c'est à tort.
Après vint Driues de Praiiaus,
Chevaliers vigreus et loiaus,
Montés seur .i. très bel cheval;
Mesire Robers d'Oineval
Mut contre lui, sans plus atendre.
Quanque cheval peurent destendre
Se vont grans cox entre-ferir,
Et si fu par moût grant aïr;
Outre passent et puis recuevrent ,
De lor escus si bien se cuevrent
Que li uns ne fist l'autre grief.
Aigres, qui bien en vient à cief ,
Jousta à Huon de Coufflans;
Aigres ne 1' queroit mie es flans,
Mais en la teste ou en la gorge ;
Et li autres crioit saint Jorge !
Quanqu'il pooit à haute alaine.
Aigres, qui bien le ceval maine,
Li vcnoit tousjors rés à rés
Ou de la gorge ou de son nés :
Onqucs plus bas ne l'assena ;
298 ROMAN DE HAM.
Et cil de Coufflans se peu a
De bien jouster al mix qu'il pot ;
Se fîst tant que bon gré en ot.
Li Aigres si bien le maintint,
De ses .iij. lances ne retint
C'une entière, ain[sj les brisa totes.
Es rens se met par mi les routes
Mesire de Ghines li quens,
Certes, qui est vaillans et buens
Et moût a araé le mestier.
On li envoie .i. chevalier
De son aaige , bon et preu
(Li rois ne fait mie sen preu.
Qui desfent l'aler au tournoi ).
Pour voir vous di en boine foi,
Biaus cox fiert de l'espée et donne.
Mesire Symons de Beronne,
Bacelers très bien enteciés,
Vers le conte s'est adreciés,
Montés sour un destrier morel ;
Et li cuens li vient bien et bel ,
Tout escriant : « Amours, amors ! »
Je ne sai homme de ses mours
Qui mix face son avenant ,
Qu'il sont andoi si avenant
Et si kcurcnt bien leur chevaux
Que cascuns fist comme vassax ;
ROMAN DE HAM. 209
Et ont de lor lances brisies
Tant que leur joustes sont prisles
De moût de jent, si com moi sanle.
Tantost vinrent jouster ensanle
Doi baceler de bon reuon :
Guillaumes a li uns à non
De Blosevile ; et ses compains,
Qui de venir droit ne se faint,
A à non Jehans de Jumelés :
De ses .iij. lances fist asteles,
Qu'il est vigreus et volentieus
Et à tous biens faire ententieus.
Mesires Wautiers de Sorel
Seur .i. moût bel destrier morel
Moet contre Pieron de Bailluel ;
Mais, puis que je geu en mailluel ,
Ne vi cbevalier mix venant.
Bien fist cascuns son avenant ,
Qu'il brisierent bien et à point.
Dagras de Bourc se plante et joint
En l'escu , qu'il jousta après ;
Mais ses compains li vint si près,
Que peu fali qu'il ne chuca.
Pieres de Molaines ala
Bien et cbevalereusement
Tost et près et hardiement ,
Que Sollars ses oncles cstoit
300 ROMAN DE HAM.
Près lie li, qui l'amonestolt ;
Et il en fist bien çou qu'il dut :
Grant cop donna et grant reçut ,
Et brisa deus lances u trois ;
De lonc pot-on oïr l'escrois
Des grans cox k'il donna Dagart.
Pierars en fist bone sa part.
Li sires de Monmorenchi
Vint après ceste jouste-chi
Contre le signeur de Moroel;
Mais je ne vi onques de i'uel
Chevalier plus à droit venir.
Tex cox se vont entre-ferir
De lour lances seur les blasons
Que de lour lances font tronçons
De la première et puis de l'autre;
S'en vint laiens lance sur fautre
Quanqu'il puet du cheval sacier.
Qui véist l'escu cnibrachier
Monsigneur Bernart de Morel ,
Si me doinst Dix çou que je vocl ,
Il li déust bien souvenir,
Qui l'esgardast en son venir.
Cist vient chevalereusement
Où tout abandonnéement
Venoit de cors et de cheval.
IN'aloil mie qucrant aval
ROMAN DE II AM. 301
Son compaignon ; mais tous jors haut :
Ti'ois lances brise, riens n'i faut.
Il le fist bien, si coni moi sanle.
Après eus jousterent ensanle
Mesire Guis de Saleri,
Cil de Maignelers contre li,
Qui a non mesire Raous;
Il ne poroit estre saous
De faire honour et courtoisie.
Ses trois lances a emploies
Et bien et bel, je le tiemoins,
Qu'il les brisa duskes es poins;
Et ses compains ne fali pas.
Après s'en vint enesle pas
Cil c'on nomme Mahieu de Trie ,
Courant, que plus ne se detrie.
Contre Renaut de Mont-Alban.
Il n'en ot mie trois au Han ,
Mien escient, plus biaus de lui.
Il estoient moût bel andui ;
Et Basins est jones et grans
Et est de tous biens faire engrans;
Il est grans et s'est biaus et fors,
Bien fais de membres et de cors,
Blans et vermax est-il assés,
Les cheviaus blons recercelés,
Et s'a les iex vairs et rians,
302 ROMAN DE HAM.
D'euros eu autre fourmians ,
Biau front, biau nés et bcle bouche.
Celé qui est plaisans et douce,
Nature, n'i oublia rien;
Et Proueche , je vous di bien ,
L'a retenu de son hostel :
De chou li porte bien lox tel
Que jà eu cambre ni en sale
Parole ne bonne ne maie
Ne vous dira, s'on ne l'araine.
Lance ot de sap, non pas de fraisne;
Et vint contre Mahieu de Trie.
« Montauban ! » hautement escrie ,
Et Malîieus crie : « Dant-Martin ! »
Basins li donne tel tatin
C'a peu que tout ne l'estona.
Et ses corapains li redonna
En la pane de l'escu haut.
De lour .vj. lances nus ne faut :
Dont moût de gent sont mervillié
Que cil qui se sont travillié
Et sont tenu preu et vaillant
Aloient plus souvent faillant
Que li jone homme et li novel.
Un mot en dist et bon et bel
Mesire Gilles de Roisi.
Basins jousta à lui aussi
ROMAN DE HAM. 303
A Saint-Scpurcre en Alomaigne;
Mais voiant toute le compalngiie
Basins si grant cop li donna
Que seur le cheval l'enversa,
Et s'est-il vaillans chevaliers.
« A foi ! honnis soit cis mestiers ,
Dist mesire Gilles adonqucs,
Que cil qui riens n'en firent onques
Sont vaillant dès le premier jor :
En cest mestier n'a point d'onnour. »
Bien fist Basins son avenant,
A tant ès-vous esperonant
.Ij. chevaliers qui jouster voellent
Si com li autre jouster suelent;
Met chascuns la lance sur fautre ,
Et muet li uns encontre l'autre.
Muis d'Avaine ot li uns à non,
Pieres de la Maie-Maison
Ert nommés cil qui à lui vint.
Se li vient au plus droit qu'il puet;
Et li autres, dès cou qu'il muet,
S'apense qu'il le fer[r]a haut.
A l'assanler nus d'eus ne faut ,
Ains ont brisié bien et à point.
Cascuns passe outre et tost rapoint.
Et sont délivré bien et bel.
304 ROMAN DE HAM.
Durement crient li hirel :
« Hiencourt li chevalereus!
De chevaliers vaillans et preus '
Muis d'Avaine a esté estrais.
Gar que de toi ne soit retrais
Ne vilains fais ne vilaine evre ! »
L'escu embrace et si s'en cuevre
Et met en aventure tout ,
Et ses compains sans nul redout
Li revient moût hardiement.
S'il éust cheval à talent ,
Mais il estoit un peu eskieus.
Et Mui[s] d'Avaine vers les iex
Au plus droit que il puet l'avise.
Que vous feroie lonc devise ?
Il se sont noblement passé ;
N'i a celui qui n'ait quassé
Hiaume u escu ains qu'il s'en tourt.
A tant ès-vous de Maiencourt
Le Foisseu qui es rens se lance ;
Ains c'on li ait baillié sa lance,
Fu ses jousteres d'autre part.
Je quic c'on le nomme Pierart
De Cenevieres, c'est ses nous.
Audoi frapent des espérons
Quanques ceval pueent alcr;
Grans cox se vont cntre-donner,
ROMAN DE HAM. 305
l^or lances brisent et revienont;
Des autres lances que il tiencnt
Font tronçons , asteles et clices.
Les dames qui sont sour les lices
Regardent le Fosseu venir,
Qui moult bel se seut contenir
Et de la lance et de l'escu;
Son compaignon a si féru
De la lance sour son blason ,
Ne li demoura c'un tronçon
De sa lance, et de l'autre après
Se sont entre-venu si près
C'andoi ont dusk'ès poins bri[si]é.
Le Fosseu en ont moût prisié
Les dames qui erent lassus,
Que très par mi les fors escus
En sont andoi entre-blechié.
Après sont as rens adrecié
Doi , ki bien fisent la besoigne :
Mesire Jehans de Couloigne
Et mesire Mahieus de Ver,
Voir vous dirai à l'autre ver.
Il jousterent et bien et fort.
Or me plaist que je vous recort
D'une jouste moût mervilleuse,
Qui moult fu dure et périlleuse;
Li uns ot non , que je bien sai ,
20
306 ROMAIN DE HAM.
Bauduiiis de Saint-Nicolai ,
Et li autres Flamens de Mous :
Ce fu cil qui jeta par mon s
SoQ compaignon et son ccval ,
De caup de lance tout aval
L'abati devant la roïne ;
Et li vilain de pute orine
E[n]trent ou renc pour ex vooir.
Monsigneur Flamenc font caoir
Lui et son cheval sans déport ,
Que pour .i. peu que il n'a mort
Un sien varlet et mehaignlé,
Peu ont li vilain gaaignié.
Qui l'ont abatu sans raison :
Pour cou vous di-ge que nus boni
Ne doit emprendre tel mestier,
S'il n'est montés sur bon destrier :
C'on est lues du feble abatu.
Lors se sont es rens embatu
Doi baceler que nommer voel :
Mesires Jebans de Moroel
Et Mahieus de Monmorenchi ;
Cil jousterent , que je le vi ,
Moût cointement et moût à droit.
Mesire Jehans li venoit
Tout aussi comme à soubaidier ;
Ne quic qu'il éust chevalier
ROMAN DE HAM. 307
A Hem si jone mix joustant.
A tant ès-vous cspouronnanl
Monsigneur Pieron de Wailli,
Qui n'a mie à bonté failli,
Ains est du cors bons et vigreus;
De son aaige est-il moût preus.
Qui à lui jousta au matin ?
Ce fu Jehans de Saint-Martin ;
Bien jousterent, si com moi sanle.
Après vint li sires de Chanle,
Bien acesmés de biaus adous ;
« Certes, cis est et biaus et dous, »
Dist une dame qui fu haut.
Ses rens fu près de l'escafaut
Moût plus que le jet d'une piere;
Et mesire Jehans de Piere
Part de son renc et mut à li.
Or se tenra bien pour fali
Jehans de Chanle , s'il ne brise.
Quant il ot que dame le prise ,
De son rench se part tout huant :
Amours, amours! va escriant.
Et ses compains plus n'i demeure;
Trois lances brise en petit d'eure
Jehans de Canle , et puis s'en part.
Mesire Nicoles Donchart
Et Jehans de Fenieres muevent;
308 ROMAN DE HAM.
Nule si fort lance ne trucvent
Qu'il ne froissent tout et esmicnt ,
SI ke néis les dames dient :
« Cil de Fenieres l'a bien fait. »
Doi autre muevent sans lonc plait.
C'ainc n'i ot noise ne tençon :
C'est Nicoles de Barbençon ;
Et Jelians d'Icre, qui moût bel
Porte son escu en eau tel
Et moet contre son joustéour.
Li auquant curent grant paour,
Pour çou que cascuns vint si droit,
Qu'il ne cukaissent ; car estroit
Ert li rens là où il couroient.
De si près vinrent que il froient,
Lour lances brisent et astelent ,
Et des grans cox lour estincelent
Par fine dcstrece li oel.
Mesire Robers de Moroel
Vient contre Jehan de Carrois;
Bien acesmés de biaus arrois
Vint jouster mesire Robers.
Se la gorgiere et li haubers
N'éust son compaignon tensé,
11 li éust, je cuic, passé
Par mi le gorge fer et fust,
Que jà arrestés ne li fust.
ROMAN DE II AM. 309
Mcsirc Robers se maintint
Moult bien , et après lui en vint
Li bons castelains de Biamés :
Je pens et croi qu'il fust amés,
Ou de damoisele ou de dame ,
A cel jour, se il n'éust famé ,
Qu'il estoit montés bien et haut.
Les dames deseur l'escafaut
Dient qu'il est moût biaus en armes.
Il prent l'escu par les enarmes
Et muet contre Gerart de Canle ,
Qui sour son hiaume ot, che me sanle,
Oisiaus vis en une gaiole.
Lanche roide, ne mie mole,
Ot cascuns mise en son goucet.
Li uns et li autres s'esmet
Quanque ceval pueent porter ;
Grans cox se vont entre-donner,
Que lour .vj. lances sont froissies.
Les dames qui sont apuies
O la roine, dient bien
Qu'en ceste jouste ne faut rien ;
Bien vienent si com venir doivent.
Cil qui en armes se perçoivent
Dient et tiemoignent ensanle
Que mesire Gerars de Chanle
Est bacelers de bon afaire,
310 ROMAN DE HAM.
Et si ne me doi-ge pas taire
QUe Gillars de Nuevile dist
Que li castelains, se il vit,
Ne puet falir qu'il ne soit prcus.
Après cens en revienent deus
Qui bien coururent lour .iij. lances :
L'un connue par ses connissances
Qu'il fu fix le conte de Ghines;
Pour voir temoing que il est disnes
De porter mance u cuevrechief ;
Il jousta , se vint bien à chief ,
Contre le seigneur d'Aveluis.
Es lices entra par mi l'uis
Mesire Amaurris de Saint-Cler
Contre un angle riant et cler,
Qui portoit l'escu Nevelon
Qui de Molains a le surnon.
Li angles venoit noblement
Tost et près et hardiement ;
Et ses trois lances emploia
Si c'onques lance n'en ploia.
Après vint une jouste dure
De Lunés et de le Couture,
Et sont andui nommé Jehan ;
Mais cascuns ot si grant alian
Des grans cox qu'il s'cntre-donerent
C'a peu qu'il ne s'cntr'estoncrent;
ROMAN DE HAM. 311
Moult longlicment lor en fu pis.
De chevax, de cors et de pis
Vint cil de Luners assanler.
Si k'il vous péust bien sanler
Qu'il ne doutast vie ne membre
( Si me souvient-il bien et membre
D'un bon enfant de le Couture),
Vie et membres , cors et cheval.
Si eskieut Dix men cors de mal ,
La jouste fu bêle à véir ;
Mais cle fu dure à sentir.
Aimcrs de Noevile errant
S'en vint sur un destrier corant
Contre monsigneur Engherran
De Bailluel, qui jousta au Han
Primes an guise d'un malfé.
Andoi vienent plus escauffé
Que doi lyon u doi lupart;
Cascuns en fist bonne sa part.
Mesire Guis de Tor de Mence
Jousta après, que je n'en mence,
De fors lances, grans et plenieres.
Gilles ot non de Cenevieres
Ses jousteres et ses compains.
Mesire Girars de Moilains
Et Jehans de Mêles jousterent.
Qui moût grans cox s'entre-donerent.
312 ROMAN DE HAM.
Ensi que la roïne estoit
Es eskafaus et regard oit
Les bons joustéours et les fors,
Si voit venir par de defors
.liij. puceles d'un sanlant;
Lour palefroi furent ambiant ;
Et sont si bien faites de taille.
Je ne quic mie que j'en faille.
Qu'aine plus bêles véist nus hom.
D'un sanlant et d'une façon
Sont vestues au fuer d'esté;
Blans cainses bien menu ridé
Ont vestu, qui bien lour avienent.
Devant le clievalier s'en vienent
Qui du castel les délivra ,
Et toutes .iiij. lour livra
Gros fremaus et grosses afiques.
Arrestés est dehors les liches
Li chevaliers qui les amaiue;
Ma damoisele Sueffre-Paine
A apielée, et ele i vient;
Et ot vestu, bien m'en souvient,
Une cape d'un cuevrechief :
(iros ot envolepé son cief;
Ganne ert et noire et de grant taille.
Mesire une lettre li baille
Seelëes d'un miréoiu",
ROMAN DE HAM. 313
Et dist : « Vous irés sans demour
A la roïne, qui là haut
Est assise en cel eskafaut.
Bien la connistcrés seur toutes,
Ains que soiiës outre les routes.
Se mesire Kex vous perçoit,
A la roïne trestout droit
Vous merra pour vous escarnir;
Mais de tant vous voel-jou garnir
Que ne respondés tant ne quant. »
Sueffi'e-Paine s'en part à tant
Et vient à la roïne droit;
Et mesire Kex orendroit
Estoit venus au chevalier,
C'on desarmoit sur son destrier.
Si avoit-il grant cop reçut.
Cil qui premerains se perçut
De Sueffre-Paine, ce fu Quès;
Encontre li s'en est aies,
Et dist : «Bien veigniës-vous, pucele.
Or me dites, estes-vous celé
Pour qui tant chevalier sont mort ?
Par ceste teste que je port !
Vous n'en r'irés pas sans ami , .
Se vous volés entendre à mi.
Que vos grans biauté me déçoit. »
La damoiscle s'aperçoit
314 ROMAN DE HAM.
Que Kex le mokc, si se taist;
Près de la roïne se traist ,
Si l'a hautement saluée ;
Et la roïne s'est levée,
Qui moût est bonne et lionerablc :
«Dame, vés-ci le bonne Orablc
Qui une lettre vous aporte ;
Puisqu'ele entra dedens le porte,
Le m'a-on hapée trois fois
Pour sa biauté. w — «Taisiés-vous cois,
Mesire Quès, dist la roïne :
Tant estes de maie doctrine
Que tous li mondes vous ressoingne ;
Mais il est drois qu'e[s]pinc poingne
Et que maie langue parole.
Il n'est nus qui jamais vous tôle
Vostre usage, que si est viens.
De castiier cat qui est vieus
Ne puet nus liom venir à cief. »
La damoisele de rechief
Commence son message à dire,
Et dist: «Roïne, faites lire
Geste lettre que je vous baille ,
Que il convient que tost m'en aille. »
La roïne prent en sa main
lia lettre et huce .i. capelain,
Qui li devise mot à mot ;
ROMAN DE HAM. 315
Et lues que la roïnc l'ot
Que li Chevaliers au lyon
Li proie qu'en tout guerrcdou
Le retiegne de sa maisuie,
S'en est la roïne si lie
Qu'ele ne set que devenir : -
« Damoisele, faites venir
Vostre signeur, que Dix honnourt! »
— «Dame, saus les drois de no court,
Est mesire à vous demourés. »
— « Dame Dix en soit auourés ,
Dist la roïne , qui le gart ! »
A tant la pucele s'en part,
A son signeur vient, si li conte :
«Sire, là sont et duc et conte
Là il vous m'avës envoiie.
D'un chevalier fui convoiie
Dusk'à ma dame la roïne.
Ne sai se ce fu par haï ne ;
Mais il me requist de m'amour.
La roïne, pour soie honnour.
Se dreça lues qu'ele me vit;
Quant ele ot entendu l'escrit.
Sire, que je li aportai ,
De la joie me confortai
Qu'ele fist de vostre venue.
Vous et vo gent est retenue ,
316 ROMAN DE HAM.
Se vous estiés .iiij. milliers.
Joustes .iiij. de chevaliers
Moût felenesses et moût fort,
Cevax et espaulés et mors
I vi par mi ces rens jesir.
La roïne n'a nul désir
Si grant comme de vous véoir. »
Son lyon commande à mouvoir
Li chevaliers et ses puceles.
.Ij. et deus s'en vont, comme celés
Qui plus bel cantent que seraine.
Après le lyon, qui les maine,
Vienent les puceles à court.
Tous li mondes encontre court ;
II i a trompes et taburs.
Es lices entrent par mi l'uis ,
Si ordené que riens n'i faut.
Les dames deseur l'escafaut
Voient le vassal au lyon,
El ne regardent se lui non
Et son lyon et ses puceles;
Et de teles armes comme eles
Fu li chevaliers adoubés.
Devens les lices est entrés
Prest de jouster, ne li faut riens.
«Par le cief saint Jehan d'Amiens!
Dist Forterece, cis est vassaus;
ROMAN DE HAM. 317
Et, si puisse-jou estrc sans,
Je ne vi onques de mes iex
Nul homme qui rcsanlast mix
Monsigneur le conte d'Artois. »
A l'uis des lices se tient cois
Et atent tant c'on li envoie
Un joustéour, s'en a grant joie.
Pour cou c'o les dames ira
Tantost que jousté avéra :
Autrement n'i puet entrer nus
S'il n'a jousté, mais que li dus
De Loeraine seulement;
Cil vint dès le commencement,
Ançois que il éust jousté.
Li chevaliers a tant esté
A l'uis des lices contreval
Que li sires de Longheval
Se met es rens de l'autre part ;
Et li escrie qu'il se gart ,
Au plus hautement que il puet.
Li Chevaliers au lyon muet
Quanqu'il puet traire du destrier.
Amours ! commence à escrier
Mesire Aubers de Longueval.
Or les gart Dix andeus de mal ,
Qu'il vienent près et tost et droit,
Et li renc sont auques estroit!
318 ROMAN DE HAM.
Bien le sevent et bien le voient,
Et en courant les dames oient,
Qui pour aus prient doucement.
Bien et chevalereusement
Vient li Chevaliers au lyon :
Tel cop donne son compaignon
Que sa lance froisse et esmie,
Li bons Aubers ne se faint mie ,
Ains li donne tel cop et paie
Que ses lyons forment s'esmaie
Pour cou qu'il oï tel effrois.
« Et Dix aide ! sainte crois !
Dist la roïne à cex d'entour,
Jetés-nous à honeur du jour :
Ci a joust[e] pesant et dure. »
Sour leur palefroi l'ambléure
Vont après les .iiij. puceles,
Qui tant par sont plaisans et bêles ;
Cascuns volentiers les regarde.
Le signeur qui les a en garde
Ramainent à son renc arrière
Et le servent en tel manière
Tant qu'il a ses lances courues :
« Sire, qui nous as secourues
De tristeces et de dolour,
Quant fait nous avés tele onnour
Que vous nous avés amenées
ROMAN DE HAM. 319
En la court où nous fumes nées ,
Moût en est vostre pris créus.
Se mes conseus estoit créus ,
Dist Gardonale, vous iriés
A ma dame et nous i merriés :
Dès ore estes de sa maisnie. »
— (f Ce conseil ne refus-je mie,
Dist li quens d'Artois; alon-m'ent. »
Il descendi isnelement
Et fist le[s] pucele[s] descendre ;
Se 's enmaine, sans plus atcndre,
A la roïne, qui fu haut
Montée deseur l'escafaut.
Il le salue comme sages,
Et li dist: «Dame, vos messages
Vous amaine vos chevaliers,
Com cil qui feroit volentiers
Cose qui vous venist en gré.
Si comme vous me veés armé,
Dame , à vous servir me présent. »
— « Sire, .v.*' mercis vous rent
De l'ounour que faite m'avés.
Ore aies , si vous desarmes
Et revenés o nous seoir;
Si pores les joustes véoir,
Que j'ai moût à vous à parler.
Et s'il vous plaist o vous mener
320 ROMAN DE HAM.
Ces puceles, eles iront
Et volentiers vous serviront,
Que vous l'avés bien desservi.
Tout cil puissent estre asservi
Qui mes puceles ont fait grief!
Par les ex qui sont en mon cief !
Ele ont eu bonne prison,
N'il n'i a nule mesproison.
Li chevaliers qui les retint ,
Bêle aventure li avint
De celé compaignie avoir.
Or vous ai conté tout le voir ;
Mais il fu ançois desarmés ;
Si n'en doit pas estre blasmés
Li chevaliers, dist la roïne :
Il ne le fist pas pour haine
C'a moi éust ne pour despit.
Or metons ceste oevre en respit,
Si saçons que ce puet là estre.»
Par devers les tentes à destre
Voient en air une capele,
Qui à merveilles estoit bêle ,
Et venoit en air vers les tentes.
Pluisour metoicnt lor ententes
A adeviner que c'estoit ,
Et c'estoit li dus qui venoit
En tel manière cmprisonés.
ROMAN DE IIAM. 321
Li qués dus? or le me nommés.
C'estoit li dus de Locraino,
Qui ne pooit en nule paine
Estre hors de celé prison,
Se par .iiij. puceles non;
En cel manière i estoit mis.
Tant s'est de venir entremis
Qu'il est en lices embatus;
Et là endroit fust abatus
Ses pavillons par les puceles
La roïne, qui moût sont bêles;
Et fu armés moût richement :
Ses couvretures purement
Et sa chote et ses .ij. bracieres
Furent, ç'oï dire, plus cieres
De .v*^. livres de tournois.
Il éust fait moût que courtois
S'il éust celé povre gent
Donné aucun commencement ;
Donné li fust à grant honour.
On li envoie .i. joustéour.
Bon baceler et de grant pris,
Sage, courtois et bien apris
Et loiaus et bien enteciés.
Il est drois que son non saciés :
C'est li bons Wautiers de Foulloi.
Je vous di bien en boine foi
21
322 ROMAN DE HAM.
Qu'il est plus preus que je ne tli.
Meslre Wautiers atendi
Le duc tant qu'il fu atournés ;
Et li jours estoit ajournés
Si biaus que Dix l'avoit ou prendre.
Quant mesire Wautiers vit prendre
Le duc sa lance et son escu,
Si n'a lores plus atendu ;
Ains prent cou qui li a mestier
Et point des espérons d'achier
Contre le duc, qui bien li vient.
Li bons Wautiers sa lance tient
Grosse et roide , et si en avise
Le duc que il le froisse et brise ;
Outre s'en va et puis revient.
De l'autre lance li avient
Si qu'il le brise dusk'a[s] puins ;
Et li dus est en l'escu joins
Et fiert le signeur de Foillois :
Tel cop li donne que par poi
Qu'il ne li fist desaourer,
Wautiers en doit Dieu aourer,
Qu'il ne se mut ne cancela.
De l'autre lance l'assena
Mesire Wautiers en l'escu ,
Si qu'il s'en a moût peu falu
Qu'il ne li a fraint et perchié.
ROMAN DE HAM. 323
Ambedoi ont tout depechié
Le bos c'on leur mist entre mains.
Il m'en convient passer à mains
Du duc, pour cou que riens ne mist
A le feste, et dedens se mist
Le premier jour c'on i jousta;
Mais je croi bien qu'il l'oublia ,
Car il est larges et courtois.
Li quens de Clermont et d'Artois
I donna cascuns .ij.*^ livres
Ciaus de le feste tous délivres :
Ce fu courtoisie et honuour.
Es rens se metent sans demour
Doi baceler de bon renon :
Raous d'Estrées a à non
Li uns, est fix le marissal
De France, que Dix gart de mal!
Et li autres a non Wautiers
De Halin, si est chevaliers
Bons et vaillaus , de grant afaire.
Quanqu'il pueent de chevax traire
Se vont grans cox entre-donner. ,
Cascuns sot si bien assener
Que je ne sai auquel atendre.
Quanques cheval poeent destendre
S'en revienent doi d'autre part ,
Qui en fiscnt bone leur part ;
324 ROMAN DE HAM.
Ce fu Mahieus de Waiilaincourt,
Qui à Mahieu de Waudricourt
Donna tel cop en mi le pis
Qu'il li en fu longuement pis.
Ce cop virent plus de .v. cens.
Es lices ot assés de gens
Qui cuidierent qu'il fust crevés;
Et, comment que il fust grevés,
Sa lance brisa duskes u puing.
La roïne le vit de loing
Qu'il ert pasniés sour son ceval ,
Si li en fist mervelles mal ;
Mais ensi le doit li mestiers.
Adone véissiés chevaliers
Jouster à .v. rens u à .vj,
Sour un très bel destrier assis
S'en vint Jelians de Castenai :
Ce poise moi c'autretel n'ai
A toute la cornue sele.
Mesire Guillaumes Donsele
Muet des espérons contre li.
Andoi brisiercnt, je le vi,
La tierce lance et la seconde.
Une pucele bêle et blonde
Devant le roïne s'en vint,
Et chevauçoit, bien m'en souvint,
Un blanc roncin magrc, sans sele;
ROMAN DE HAM. 325
Et vous di c'une dainoisele,
Qui moût estoit et bclo et blance,
Portoit à sen col une lauce
Et une espée d'autre part;
Et uns nains fel, de pute part,
Aloit derrier lui chevauçant
Sour .i. maigre roncin bauçant,
Qui la feroit à cascun pas
U es espaules u es bras
D'une corgie de neus plaine.
Ses amis si vielment le maine
JEt pour itant la despisa,
Pour cou, sans plus , qu'ele prisa
Les bons chevaliers la roïne".
Li malvais nains onques ne fine
De li ferir et laidengier.
Ensi siuoit le chevalier
La pucele que je vous conte;
Et, pour li faire plus de honte,
Oïssiés escrier le nain :
«Aies avant, dame putain,
Orde ribaude, orde loudiere!»
Ne passe pas qu'il ne le fîere.
Et ele pleure et crie et brait;
Nus ne l'ot qui pitié n'en ait :
Tous li mons entour aus s'amasse.
Li amis le pucele passe
326 ROMAN DE HAM.
Devant ma dame la roïne,
Si ne le salue n'enclyne;
Si est armés de hiaume u cief ;
' Et la pucele son mescief
Sueffre et endure moût corecie.
De duel mener s'est enforcie,
Tant que la roïne l'entent ;
Et la roïne son cief tent
Hors as fenestres et esgarde
Le nain mal vais, qui mal fu arde!
Ke la pucele bat et fiert ;
Et la roïne li enquiert
Son affaire , et ele li conte :
« Ha , dame ! toute ceste honte
Ai-ge pour vous et cest anui.
Il a .xij. semaines hui
Que mes amis ert à l'ostel;
Si parloit-on et d'un et d'el,
Tant c'on parloit de chevaliers;
Et dist qu'il saroit volentiers
Se vo chevalier sont si preu
C'on dist en je ne sai quant lieu;
Et je li dis qu'en tout le monde,
Si comme il dure à la reonde ,
Ne poroit-on millours trover,
S'il savoient où esprouver ;
S'ot de ce mot si grant despit
ROMAN DE HAM. 327
C'ainc ne me volt donner respit
Tant c'on éust mise ma sele.
Onques mais nule damoiselle
Ne fu menée à tel vieuté.
Roïne, ailés de moi plté,
Qu'il a juré son sairement
Que jamais n'irai autrement ,
S'ara uns de vos chevaliers
Jousté à lui; et li premiers
Qui la jouste demandera,
Sachiés qu'il me deliverra.»
Un chevalier ot là endroit
Devant la roïne tout droit,
Très bien armés et bien monté;
Et portoit .i. escu bulle
De geules et de fin argent
A une bende, bel et jent,
Voire et à .v. quoquilles d'or^
Et séoit sour .i. cheval sor,
Qui bien sanloit chevax de garde.
Et la roïne le resgarde ;
Si li demande et si li prie
Qu'il voist , et si ne le laist mie ,
Au chevalier qui les desprise.
Et il a une lance prise,
Si a fait celui asavoir
Qu'il se gart, si fera savoir,
328 ROMAN DE HAM.
C'a lui joustera orendroit.
Li chevaliers va à son droit,
Et s'amie li sieut le pas,
Et li nains très par mi les bras
De l'escorgie frape et fiert;
11 fait bien çou c'a lui affiert,
Et dist : «Putain , aies avant.
Vous ares jà vo cuer dolant ,
Quant Robillars de Coupigni
Abatera devant vous chi
Celui qui en péril se met.
De grant folie s'entremet
Qui pour vous jouste à tel vassal.»
Cascuns laist courre le cheval
Et point des espérons d'acier.
Et s'en vienent sans manecier
Et se donnent moult très grans cols.
Sour les escus qu'il ont as cols
Convint les lances peçoiier,
Et tous jours convint convoiier
La damoisele son ami ,
Et li nains tous jours après li
Ferant, frapant à cascun pas :
«Loudiere! ensi n'ira-il pas
Corn vous quidiés, mais autrement :
Vous serés demain malement.
Que vous ires à pict et nue ;
ROMAN DE HAM. 329
Vous n'i scrcs hui secouriuî
Pour cose nulo que je voie. »
Fuiant s'en tornent à la voie
Et sont à !or rens revenu;
Ains puis n'i ot resne tenu ,
Ains fait cascuns le mix qu'il puet.
Li nains et la pucele muet
Contre Wautier de Hardecourt ,
Et mesire Wautiers li court
Sur son renc et si bien l'avise
Que dusk'ès rens sa lance brise ,
Et li autres chevaliers faut ;
Et dont dist la pucele en haut,
Si que ses amis l'oï bien :
« Encor n'ai-ge menti de rien. «
Dont sot-il bien qu'ele vaut dire :
De courons et de duel et d'ire
Art li chevaliers et esprent;
La lance méismes reprent
Dont il avoit devant fali,
Et dist, se il n'abat celi ,
Qu'il pardonra son maltaleut
S'amie et del amendement
Ert en ma dame la roïne.
De son renc part par aatine;
Et mesire Wautiers le voit,
Qui moût grant desirier avoit
330 ROMAN DE HAM.
De ia pucele délivrer :
Si laisse le cheval aler
Et li abandonne le frain ,
Et fiert le chevalier à plain
Moût pesant cop et moult estout ;
Et li autres, sans nul redout,
Le quide ferir; mais i faut,
Qu'il porta se lance trop haut :
Or fu délivre la pucele.
Errant oste la damoisele
L'espée c'au col li pendi.
A celui qui la desfendi
Vient la pucele, si li tent;
Et li chevaliers erramment
Li dist : «Pucele, vous irés
Avoec le quel que vous vaurrés.
Soit o moi u à vostre ami ;
Mais li nains demourra à mi
Qui vous a tenue si court;
Si l'emmenrai o moi à court. »
A tant s'en va pour desarmer;
Et cil qui ot osé blasmer
Les bons chevaliers la roïne ,
Onques ne cesse ne ne fine.
Si vint où la roïne estoit;
Et de si loins comme il le voit
Li dist : « Ma dame, jou gabai;
ROMAN DE HAM. 331
Par mon orguel monter qiiidai ,
Jà ne quidai homme trouver
Qui me péust d'armes outrer;
Non fi-ge onques ailleurs que ci.
Ma dame, si vous cri merci,
Que vous me pardonnes vostre ire
Et voelliés vo chevalier dire
Que m'amie et mon nain me rende. »
— «Sire, dist Quex, Diex m'en desfende
Que il vous haut la damoisele
Pour faire cevaucier sans sele
Et pour faire batre à vo nain ;
Et ne pourquant se de vo main
Volés plevir et fiancier,
En loialté de chevalier,
Que pour ceste oevre pis n'ara ,
Moût courtoisement en fera
Ma dame cou c'a li afiert. »
Sa foi i met, et on le quiert,
Si l'amaine-ou li et le nain
Et le chevalier main à main
Qui délivrée l'ot du mal.
Et furent tuit .iiij. à ce val;
Et la roïne et Kex fu haut
As fenestres del escafaut.
Si dist Quex ainsi faitemcnt :
«Damoisele, certainement
332 ROMAN DE HAM.
x\vons vostre meskief véu.
Assés de jens ont liui séu
Cornent cil lueques vous menoit
Qui pour s'amic vous tenoit ;
Mais comment que fuissiés s'amie ,
Il vous menoit comme anémie.
Or estes hors de son dangier :
Prendés lequel c'avés plus cier,
Ou r'aler avoec vostre ami ,
Ou estre avoec ma dame chi,
Qui vous tenra à grant honnour. »
La damoisele sans demour
Et sans nul conseil demander
Courut son ami acoler.
Et voiant tous l'acole et baise,
a Ci ne voi riens qui ne me plaise ,
Cou a dit Kex li senescaus,
Que plus ferés femes de max
Et de hontes et de vieutés,
Plus ara à vous d'amités
Et en ferés mix vo talent. »
A la roïne congiet prent
Li chevaliers et la pucele.
Ma dame la roïne apele
Le senescal à une part :
« Mesire Kex, se Dix me gart,
Huimais ert tans de tables mètre :
ROMAN DE HAM. 333
Or vous en aies entremctre ;
Jà ert tans de huchicr as kex.
Nous verrons une jouste u deus,
Ançois que nous voisons à court. »
Li bons Mahieus de Hiencourt
Voit que Williaumes des Granges vient
Encontre lui : si li convient
Jouster à lui, et il si fait,
Enprès de lui son escu trait
Et prent du reuc la milleur part ;
Et ciex des Granges , d'autre part ,
En prent aussi tant comme il valt.
Li uns paie et li autres saut;
Et des autres la[n]sces se fièrent
Et si asprement se requièrent
Ne lour est lance demourée
Entière qui ne soit froée ,
Si que li pluisour de la court
Dient que cil de Hiencourt
Mesire Mahieus l'a bien fait.
En un renc novelement fait
Sont doi chevalier embatu ,
Qui se sont si bel esbatu
Que tous li mondes en dist bien.
Je n'en mentiroie pour rien
De ceste, ains dirai [lej voir ;
Nule milleur n'i pot avoir,
334 ROMAN DE HAM.
Par le tiemoing monsigneur Reu.
Mesire Willaumes de Careu
Et Jehan le Bailluel le virent;
Et si tost comme il s'entre-vinrent,
Laissent les fors cevax aler.
A droit dire et à peu parler,
Tes cox se sont entre-donné
Que li tronçon en sont volé
Plus de .xl. pies de haut.
Après eus braient cil liiraut
Quanqu'il pueent à haute vois :
<f Par ci gaste de gaste bois ! »
De la seconde lance après
Li vient cil de Bailluel si près
Qu'il froe et brise tout ensanle ;
Et ses compains, si com moi sanle,
Le fiert si que sa lance brise.
Lues a cascuns une autre prise;
Et s'en vienent sans manecier
Frapant des espérons d'acier,
Al plus tost qu'il pueent venir;
Tes cols se vont entre-ferir
Qu'il sanloit que foudre et tcmpcstc
Fust cascun kéu sur la teste.
Des grans cox k'il se sont donné
11 sont andoi si estonné
Qu'il ne scurent qu'il lor avint;
ROMAN DE HAM. 335
Aussi fist-il encore à vint
Que je moût bien vous nomeroic.
Après jousta INJahieus de Roie,
Qui sires est de Garraegni,
Et contre Jehans de Soisi ,
Qui si bien vint et droit et tost;
Et mesire Maihiex, tantost
Qu'il ot sa lance, prent la sicue,
Et tel cop que tout le desjeue;
Li a donné à bonne estrine
De la lance en mi le poitrine;
Puis prent un autre, si le fiert
Haut en la gorge où il le quiert.
Que toute le froe et esmie.
Cil de Soiri ne fali mie,
Ains a brisié duskes es poins,
Outre s'en passe en i'escu joins;
Et ont .ij. lances recouvrées
Grosses de sap et bien ouvrées ,
Si s'entre-fierent es blasons
Et font de lour lances tronçons,
Et passent outre tout monté.
Venu est de moût grant bonté
Ces .ij. enfans, qui ont brisié
Si bien que il en sont prisié.
Après jousta uns cbevaliers.
Qui bien jousta et volentiers;
336 ROMAN DE HAM.
Jake du Bos l'oï nommer.
Son compaignon n'en puis blasmer,
Monsigneur Jehan de Faï :
De ses .iij. lances n'i fali
Nés une seule, ains les brisa.
La roïne à tant avala
Des loges et va ou castel.
Par ces loges braient cil liirel :
« Qui veut mengier si viengne à cort
Nus n'i verra qui s'en retourt ,
S'ara et mengié et béu
Et le plus bel atour véu
C'onques fust à court de roïn[e] ;
Ne de corde ne de caïne
N'i ara huimais pont levé. »
On trompe l'iauwe, et ont lavé
Et se vont au mengier seoir;
De toutes pars puet-on véoir
Vins et viandes mètre as tables.
N'i oïssiés romans ne fables,
Mais parler d'armes et d'amour.
Les caroles dessi au jour
Durèrent, que peu s'en fali.
Un peu se coucent , s'ont dormi
Les dames et li chevalier;
Puis oent messe et vont lacier :
De coi il ne font pas que fol.
ROMAIN DE HAM. 337
Et niesirc Guis de Saint-Pol
Vint sour un grant destrier morol
Contre le signeur de Sorel ;
Et la roïne ert jà alée
As escafaus, qui esgardée
A lour jouste moût volentiers.
Mesire Guis trestous premiers
Vient contre monsigneur Gerart ;
Et il li revient d'aulre part ,
Com cil qui gaires ne le crient.
D'une grosse lance qu'il tient
Le fiert grant cop sor son escu ,
Et mesire Guis l'a féru
En la teste de son lupart.
De lour lances font mainte part
Que, de sis qu'il en aporterent,
Si noblement s'en déportèrent
Que nule entire n'en reniaint.
Che virent bien maintes et maint;
Mais ne m'en caut , quant je n'i perc.
Mesire Gerars de Bouberc
Vint jouster à un chevalier
Bon et vigreus et fort et fier.
Et bien est tailliés pour avoir.
De son non vous dirai le voir :
Jehans de Feujeres a non.
Andoi metciit à abandon
■l'X
338 ROMAN DE HAM.
Cors et chevax, et ont brisii'
Si bien que moût en sont prisié.
Jehans de Barres vint après
Et Jehans de Coing H fu près,
Qui à rencontre li revient.
Cascuns une fort lance tient ,
Et keurent .iij. fois sans falir.
Après ceus véissiés venir
Deus chevaliers près de jousfer,
A qui que il doie coustcr,
Je sai bien que li uns ira
Plus droit à l'autre qu'il pora,
Quoi qu'il li en doive avenir.
Jehans de Boscais voit venir
D'Eselinghehem Alenart;
Des espérons hert celé part
Où niiex le quida encont[r]er.
Ains que li uns puist l'autre outrer.
L'a cil de Boskiaus si féru
En u comble de son escu
Que sa lance froisse et derront.
\À doi cheval le compcrront,
S'il s'eutr'encontrent poi ne granf,
Que cil de Bosqiaus est cngrant
De faire quanque à lui afiert.
De l'autre lange le refiert
Grant cop et dur sans espargnier;
ROMAN DE HAM. « 339
Et Alcnars, sans ressoignior,
Li vient près et grant cop li donne,
Com cil qui dou tout s'abandonne
A bien pour avancier son cors.
Cil de Boskiaus par grans effors
De la tierce lance li vient
Si près que par force convient
Qu'il cukent u voisent froissier.
Sa lance sot bien emploiier
Jehans du Boskiaus, que Dix gart !
En un renc, ki fu d'autre part,
S'entre-vinrent doi chevalier;
Cascuns sache de son destrier
Quanqu'il en puet traire et avoir.
Lor nous vous ferai asavoir :
Li uns a non Gilles d'Oisi ,
Et cil qui en vient contre li
A non Jelians de le ïournele.
Tex cox se donnent qu'en astele
A cascuns d'eus sa lance mise,
Et cascuns r'a une autre prise
Et les rebrisent de rechief ;
De l'autre l'autre (sic) lance droit u cief
S'eutr'encontrerent front à front :
Cil de la Tournoie derront
Trois lances, c'onques n'en fali,
Et aussi fist Gillars d'Oisi.
340 ROMAN DE HAM.
Eu un rcuc, qui fu lés et biaus.
Vient mesire Mikix Coupliaus
Près de jouster, s'il trueve à qui.
Mesire Jehans d'Espagni
Prent sa lauce, encontre lui va;
Grant cop et pesant li donna ^
Et a brisié et puis revient.
De ses .iij. lances li avient
Si qu'il n'en fali ne coula.
En un renc, qui fu par delà,
Est" venus Gerars d'Escaillon»
Et on le dist son compaignon;
Eues k'il le sot, sa lance prent.
Soillars de Morlaincs le prent;
Ses oncles est, et il ses niés.
Contre l'autre s'est adreciés
Pieres de Morlaines molt bien ;
Cil d'E[s]caillon de nule rien
Ne le doute, au sanlant qu'il fait.
Il s'entre-vienent, sans lonc plait,
Droit et tost et hardiement :
Cil de Morlaines fièrement
Et asprement le va requerre ;
Ses .iij. lances rue par terc
Et par tronçons et par esclices.
Adont s'enibat dedens les lices
Li vidame de Pikigni,
KOMAN DE HAM. 341
Cil de Siiint-Maat contre li,
Con nomme monsigneiu' Renaiit.
Cascuns porte sa lance haut ,
Bien et ccvalereusemcnt.
Li vitlamc premièrement
Li fiert tel cop qu'il Tcn esmaie,
Et li autres tcle li paie
Q'il ne puet riens sour li clamer.
« Ceus ne doit-on mie blasmer,
Dist la roine , qui n'a tort.
11 m'est avis en mon recort
Que li vidame vient mont bel ;
Il porte l'escu en cantel
Si bel que on porter le puet,
N'il ne se craule ne remuet ,
Dist la roïne, tant ne quant.»
Des espérons vienent bâtant
Andoi plain de grant volenté.
A vidame si aventé
Son ceval que li sans en saut ,
Et fiert si monsigneur Renaut
Près de la gorge qu'il depiece
Sa lance et en fait mainte pièce ;
Et de la tierce s'entr'aquellcnt
Et s'entre-fierent si qu'il moellent
Lour blans haubers du sanc des cois ;
N'onques pour cou ne f'u descors,
342 ROMAN DE HAM.
Aiiis eu fil pais dedeiis la court,
Li bons Jchans de Harcourt
Muet contre Adan de Cardounoi;
Tes cax se donent c'ambedoi
En eurent assouffrir assés.
Cascuns en est outre passés,
Et sont à lour rens revenu.
Cascuns met à point son escu
Et son hiaume et point le ceval.
Lors véissiés le Cardon nal
Bel venir à son compaignon ;
Tel li donna sour son baston
Que sa lance ne pot durer,
Ains le fîst li baston froer.
Et cil de Harcourt le fiert
Haut en la teste où il la quiert ,
Q'il ne vaut pas ferir le crois.
Des lances ont fait tel escrois
Comme il convient à tel mestier :
A la tierce lance brisier
Mist cascuns paine quanqu'il peut,
Mesire Reu bon gré leur seut
Qu'il firent bien à ce bcsoing.
Après jousta Wautiers d'Antoing,
Ansians de Chevreuscs à li.
Trois lances c'onques n'i fali
Brisa cascuns, c'oy conter.
ROMAN DE HAM. 343
Après ces .ij. ala jouster
Cil d'Oleliain Escarboniaus.
Li jours estoit et clers et biaus
£t li solaiis rcsplendissoit
Qui en ces armes rcluisoit
Eu l'or, en l'argent, en l'asur.
Mesire Kex desur le mur
Et voit comment cascuus le fait.
Escarboniaus es rens se trait
Et part de sen lenc canqu'il puet;
Cil d'Oleliain contre lui moet
Quanqu'il puet traire du destrier.
Escarboniaus sans manecier
Li donne un cantel del escu,
Et li autres l'a si féru
Qu'il li a son escu quassé.
Erramment sont outre-passé,
Et puis reYien[en]t sans demeure.
Trois lances brise en petit d'eure
Carboniaus, qui Dix doinst honuor!
Auques estoit en mi le jour
Quant Carboniaus s'en départi.
Mesire Gieffrois de Milli
Jousta lors à .i. chevalier
Bon et vigreus et fort el fier,
Mesire Walerans a non
De Lusscbourc ; mais ne savon
344 ROMAN DE HAM.
De lour jouste qu'il en avint.
Après [.ij.] autres en revint,
Que je vi jouster bien et fort ;
Si me plaist moût que j'en recort
Cou que je sai de voir et vi.
Mesire Mahieus d'Espegni
Et Gossuins de Saint-Aubin
Jousterent, que moût grant tatin
S'entre-donent tout pour véoir
(On doit le bien ramentevoir
Et tout le mal doit-on celer).
Sachiés que cil doi baceler
Jousterent bien et fort et dur;
Il jousterent devant le mur
Près des dames , que g'i estoie.
A tant ès-vous Driuon de Roie
Et Henri de Soiri en vient.
La roïne, bien m'en souvient,
Pria pour eus de cuer entier,
Qu'il sont moût jone chevalier;
Si prie à Dieu que il les gart.
Et mesire Drius d'une part
Se tint par devers le castel,
Et tenoit l'escu en cantel
Moût noblement et moût à point.
Le cheval des espérons point
Encontre ll(;nri de Soiri ,
ROMAN DE HAM. M'y
Et il s'en vient encontre li
Quanqu'il en piiet venir d'eslais;
De loiir escLis percent les ais
Et passent outre vistement.
Des autres lances vraienient
Ne sai-ge mie le certain ;
Mais niesire Drieus tout à plain
La tierce lance froisse et brise.
Et la roïne niout l'en prise,
Et les dames qui sont entour
Dient que Dix li doint onour,
Qu'il fu fiex de chevalier preu.
Mesire Jehans de Brimeu
Quanqu'il puet es rens en acourt
Contre Jehan de Fouconcourt ,
Et Robers contre lui se lance ;
Et tint l'escu et tint le lance,
Qui bien h avient à tenir.
Quanques chevax en puet venir
S'esmoevent andoi sans déport,
llobillars jousta bien et fort,
Et bien jousta cil de Brimeu.
Ne demoura après c'um peu
C'uns autres est es rens venus,
Con apiele Adans de Blemus;
Encontre li vint Enghcrrans
De Rove, qui moût est engrans
346 ROMAN DE HAM.
De iiîotro son cors à honcur.
Es rens se lance sans ticniour
Espris de boine volenté
Et le hiaume en son chief planté,
Et s'est en son escu moulés
Autressi corn s'il i fust nés :
Riens qu'il éust ne li messist.
Au destrier sour coi il se sist
A fait ses espérons sentir,
Si s'entre-vien[en jt sans nicnlir
De si près qu'Engherrans a mise
Se lance en pièces et le brise ;
Et 11 autres n'a pas fali ,
Ains li donne, que je le vi,
Moût pesant cop et moût estout.
Ains que courut eussent tout,
Furent-il des dames prisict
Pour cou qu'il ont si bien brisiet.
A tant ès-vous de Manicourt
Le maisnant qui es rens acourt,
L'escu au col, le lance es pons;
Et ses compains li moet de Ions,
C'on nomme Jeban de Cantens ;
S'en a li maisnans grant desdens,
S'il ne muet aussi tost comme il.
Encore en ot ou parc tel mil
Qui sevcnt bien se je di voir.
ROMAN DE HAM. 347
C'ançois [Jchans] péust avoir
Sa lance mise, s'en départ
Li maisnaus, et cil d'autre part
Li vint moût bien sans ressoignier.
Quant vint as lances eslongnier,
Li uns brise et li autres faut,
Que li maisnans porta trop haut :
Se li fall en mi les iex.
Mais celé faute valut miex
Qu'en tel lieu péust-il brisier,
Si bien l'ai-jou oï prisier;
Mais ses autres lances brisa
Li maisnans, dont bien le prisa
La roïne, qui Dix honnourt!
Es-vous l'oncle de Frieucourt
Qui moet encontre Adan Gourlo :
Grans cox se sont entre-donné ,
Que cascuns est vigreus du cors ;
Et li oncles est grans et fors,
Si prist une lance quarée
Et donne Gourlé tel farréc
En mi les dens qu'il l'a brisie.
N'onques Gourlés, je n'en ment niio ,
N'en cancela ne ne s'en mut.
De sa lance fist cou qu'il dut ,
Qu'il donna l'oncle un cop si granl ,
Si nialaisu et si pesant
348 ROMAN DE HAM.
Qu'il on ot mont à soustciiir.
De l.i tierce lance venir
Les véissiés moût volenlicrs :
Li oncles jouste de leviers
Et li autres de grans tineus ;
Si s'entre-douiient ambedeus
Si grans cox que lor doi ceval
Et il méismes eurent mal.
Et apriès vient en un biau renc
Mesires Pieres de Houdenc
Contre Jehan au Bois-Giriaunic :
Cascuns ot Tescu et le hiaume;
Lour lances premières s'en vont ,
Et si grans cox donné se sont
Que il ont dusk'ès poins brisié.
Moût durement en ont prisié
Mon signeur Pieron de Houdenc.
J'oï tesmoignier en un renc
Qu'il estoit uns des bien joustans;
jMais on ne puet mie tous tans
Estre souvenans de cascun
Amonter ensi un et un
De .ix. vins joutes qu'il i ot.
Je n'en mentirai jà de mot
De Hotcri , qui jouster vient.
Ses compains, que bien m'en souvient
Est du cors vigreus et vassaus;
IIOMAN DK II AM. 349
Il gaaignoit tous les covax
En cel point que on tonrnoioit.
Jelians de Gannes venir voit
Hosteri l'escu enbracié,
S'a errant le cheval brocliié.
Et s'entre-fierent en s escus
Mont grans cox et niout malostrns ;
Bien ont jouste et bien ont fait.
Je ne voel pas tenir lonc plait
De cascun ne k'il lour avint.
Li sires de Caeu s'en vint
Contre le signeur de Cramailles,
Onques n'en derrompirent mailles
De lour haubers : che fu lour preus.
Dont commanda mesire Kex
G'uns hiraus criast sans arrest :
«Or est venus Gaste-Forest!»
Et il s'cscrie à haute vois :
« Chi vont li gastéour de bois ;
Cist feront jà de bos essart. »
Li sires de Caeu se part
De son renc noblement et bel;
Sour un moût bel destrier morel
S'en vient contre sen compaignon.
A.ndoi vienent de grant randoii
Et portent lour lances si haut
Que li uns et li autres faut.
350 ROMAN DE HAM.
S'en sont inout durement courcié.
A l'autre cop sont esforcié
De venir tost et près et droit ,
Et portent leur lances si roit
Que li fer sont entr'encontre;
Cascuns a duskc ou poing froé,
N'en n'a li uns l'autre féru
Ne en liiaume ne en escu.
De l'autre lance r'ont failli ,
Si s'en tienent à mal bailli
Pour lour femmes qui sont en haut
O la roïne en l'escafaut;
Mais nus ne jue ki ne kiet,
A ce mestier souvent raeskiet :
Tous nos amis gart Dix de mal !
Mesire Aubers de Longue val
Voit que iour gent sont trop cargië,
S'a tost un escu embracié
Et jure Dieu et tous ses sains
Que, tant qu'il ait les membres sains,
Ne faurra nus , quex que il soit.
Au bout du renc se tint tout droit
Et fait de son cors estandart,
Et voit venir de l'autre part
Un chevalier qui moet de loing,
G'on apele Wautier d'Antoing :
Bon chevalier, preu et hardi.
ROMAN DE II AM. :}5I
Mosirc Aubers muol contre li
QiKuiqu'il puet, ce; piiet-on savoir.
Se dire vous en voel le voir.
Il viencnt issi radement,
Si près et si hardiement
Que de venir sont-il prisié.
A[n]dLii ont diisque ou puiiig l)risi(>
Et fait .1. froisséis si grant
Que toutes gens, petis et grans,
Quidierent que u castel fust
Kéue la sale de fust,
Ne nus d'eus ne s'en desajue.
<cHa, douce mère Dieu, ajue!
Dist la roïne. Hui en cest jour
Gardés mon frère et mon signour
Et soiiés garde de celui
Qui jouste aussi encontre lui ,
Qu'il ne lor meskiece de rien.n
A lor rens vienent bel et bien ;
Et lues qu'il sont remis à point,
Li uns et li autres se joint
En l'escu et se vont ferir.
Et saciés que de lor venir
Se tcnoit cascuns apaiiés.
ïex cox se sont entre-paiiés
Dont li uns des .ij. se douta
Plus, je cuic, (juc il ne voira.
352 ROMAN DE HAM.
La tierce lance si près vont
Que casciins brise, et si en font
Sentir les fers preus de leur cars,
Que nus des deus n'estoit eschars
De bien ferir à son pooir.
T.es autres joustes à véoir
Laissoient mont de gent pour eus.
De si près vinrent c'ambedeus
En orent à souffrir assés.
Mesire Aubers li est passés
Si près que froiier leur covint.
Et au froiier si leur avint
Que cascuns fu forment bleciés.
Che voel-je bien que vous saciés
Que lor jouste fu bien loëe ;
Mais la cavole ot desnoée
Mesire Aubers de Longueval ,
Ne pour angoisse ne pour mal
N'en fîst sanlant dusk'à la nuit.
«Dame, dist Kex, ne vous anuit;
Vos frères l'a mix fait de moi :
Encore ne sai-je ne voi
Que ses chevaus soit riens grevés. »
— «Certes, Quex, vous fuissiés crevés
Se vo pensée ne fust dite.
Que l'eure puist estre maldile
Que fustes si mal cnteciés!»
ROMAN DE HAM. 353
Par mi les rens est acîreciés
Aigres contre Willaunie de Liere;
N'i a nul d'ex qui haut ne fiere
Et qui ne brise, ce me sanle.
Et mesire Jehans de Canic
Muet d'autre part sans atargier
Encontre un vighereus chevalier;
Gis de Nuevile est ses drois nons.
Andoi frapent des espérons
Quanques chevax poet randonner,
Et se vont si grans cox donner
Que li tronçon volent amont.
Li bons Jehans de Pereumont
N'atarge pas, ains muet d'eslais;
Sour .i. cheval qui n'est pas lais
S'en vient plus radement qu'il puet ,
Et Raous d'Estrées li muet
Moût noblement et bien l'avise.
Que vous feroie lonc devise?
Jehans de Peremont li donne
Tel cop c'a pau qu'il ne l'estone ;
Et li autres pas ne l'espargne :
Tout autressi comme une escargne
Li a percié l'escu du col.
On doit tenir celi pour fol
Qui à si fait mestier se faint.
Li uns l'autre si bien ataint
23
354 ROMAN DE HAM.
Que je ne sai auquel atendrc.
Quanques cheval pueent destendre
En vi .ij. autres revenir;
Coi qu'il doie l'un avenir,
Il en fera bien son devoir,
Certainement le sai de voir.
Jehans de Jumelés s'en vient
Tous près de quanque il i convient ,
Si acesmés que riens n'i faut.
Je ne quic mie que il haut
Son cheval sans lance brisier.
Et de tant se puet-il prisier
Qu'il jouste à .i. bon baceler;
Son non ne voel mie nommer,
Willaumes du Huerle a à non.
Andoi metent à abandon
Cors et chevaus, et cou est drois.
Je vous di que li Gumelois
Li vient sans querre nul déport;
Li cheval sont près de lor mort ,
Se li uns ne tire son frain.
Li Jumelois le fîert à plain
Tel cop que je croi qu'il fîst mai
Au chevalier et au cheval.
Cil du Huerle pas ne se faint ,
Li Jumelois r'a si ataint
Que des dens li a fait salir
ROMAN DE HAM. 355
Le sanc; mais toutes, sans falir,
A mises Jelians de Jumelés
Sour lui ses lances en asteles.
Lors vi venir tout eslaissié
Monsigneur Guion du Plaissié
Sour un destrier fort et isnel ,
Et portoit l'escu en cantel
Et la lance tenoit à point;
Biau broce le ceval et point ,
Et fu des escafaus si lonc.
Et muet contre Jehan de Loue ,
Un chevalier devers Pontieu ;
Mais il le trouva mal bontieu,
Que cis qui preste doit ravoir ;
Mesire Gis tretout pour voir
Li presta .i cop mervilleus,
Grant et pesant et perilleus;
Et cil de Lonc bien le reçut :
Il se tenra bien à déçut
S'il ne li rent ceste bonté.
Il sont ambedoi bien monté,
Et revienent sans atargier.
Mesire Gis sans espargnier
Li vient et tost et radement ,
Et le fiert si très durement
Que le cheval fait canceler
Et se lance en tronçons voler
356 ROMAN DE HAM.
Assés plus haut que un[e] toise,
Jehan de T.onc forment en poise ,
Et moût se tient à mal bailli
De chou qu'il a .ij, fois failli;
De la tierce lance l'assené
Haut en l'escu deseur la penne.
Si k'il qu'il (^sic) le brise et le derront.
Mesire Gis fiert plus amont ,
Par mi la gorge tel li donne
Que peu faut que tout ne l'estone;
Mais cil de Lonc l'ot si féru
Que très par mi le fort escu
Li a fait les costes doloir.
Après ces en vi .ij. mouvoir.
Ri bien jousterent, je le vi :
Mesire Engherans de Rugi
Et Pieres l'Orible jousterent;
Et à ciaus dedens ne contèrent
Que .ij. lances, que je bien sai
Qui les brisa ; je le dirai :
Che fu li sires de Rougi.
Li autres de honte rougi
Pour cou que ensi li meskiet ;
Mais nus ne jue, qui ne kiet.
Tel i a de chiaus qui falent,
Tel qui sont preu et qui moût valent ;
Mais ensi le doit li niestiers.
ROMAN DE HAM. 357
Es-voLis .ij. autres chevaliers.
En un renc qui n'ert mie seus
Muet mesire Hcrnous de Fosseus
Encontre Bernar du Plaissié.
Andoi muevent tout eslaissié
Quanque il pueent à grant eslais;
De lour escus rompent les ais
Et froissent lances et debrisent ,
Tant que les dames les en prisent.
Li quens d'Artois fu là en haut
O les dames sour l'escaffaut,
Et voit venir à grant effors
Chevaliers tous armés des fors
Pour joustcr à ceus de la court.
Sans plus dire, li quens s'en court,
Si s'arme et monte et vient es rens ;
Pour çou qu'il est de ciaus dedens,
Se tint par devers le castel.
Sour un destrier fort et isnel
Fu bien montés et noblement
Et fu armés si richement
Que nus n'i savoit c'amender.
A la roine demander
Congié s'en va qu'ele li laist
Jouster encore, s'il li plaist;
Et la roine li otric
Moût volontiers , et si li prie
358 KOMAN DE HÀM.
Que s'il s'en voloit déporter
Et venir o li déporter,
Que moût bon gré li en saroit
Et durement lie en seroit
Pour le péril qui estre en puet.
Li quens, sans plus dire, s'esmuet,
Le lance u puing, l'iaume lachié.
Et tint son escu embrachié
Contre son pis, et muet d'amont
Contre Pieron de Bueffremont,
Qui bien lour vient, ce m'est avis.
De lour lances en mi le vis
S'entre-donerent sans déport.
Le bien fait se je je (^sic) le cort,
Nus ne m'en doit mal gré savoir;
Mais je n'en puis" le grasse, avoir
Des malvais et des mesdisans.
Certes, qui vivera .x. ans.
Pour envieus faire crever
Verra-on le conte grever.
De tes coses empera-il.
«E, Dix! chis jours, quant venra-il.
Qu'en viens morront à destrecc ? »
— « Ce sera tost, ce dist Fortrecc,
Que mesires li quens d'Artois
Est si largues et si courtois
Et si loiaus et si entiers
ROMAN DE HAM. 359
Et tant aime les chevaliers
Qu'il n'en penra en nulc terre,
Soit pour tournoi ou soit pour guerre ,
Qu'il ne truist compaignie assés,
Car il ne fu onques lassés
De tous biens faire, ne jà n'ert :
11 tait bien çou c'a lui affîert.
Sarrasin , et je te requier.
Si com tu m'aimes et as chier,
Que tu dies de cascuu bien;
Et s'aucuns fait aucune rien
Qui face à taire et à celer,
Tant soit de povre baceler,
Di le bien et si lai le mal :
Tout cil qui sont bon et loial
T'en ameront et tenront cier. »
— « Veés là homme bel chevaucier,
Dit Gillart de Noevile, et bel. »
Li quens met l'escu en cantel ,
Qui bien et bel en set sen roi.
Cil de Beffremont à desroi
Li vient encontre d'autre part;
Et li quens, lues qu'il se départ,
L'avise à ferir en es dens;
Et cil , qui est de grant apens
A chou c'on li a ensignié ,
N*a mie le conte cspargnic,
360 ROMAN DE HAM.
Ains li donne ens en mi l'escu;
Mais de tant com jou ai vescu
Ne vi si grani cop recevoir
Sans cors de chevalier mouvoir.
Et li quens grant cop le refiert
En mi les dens, où il le quiert;
Si s'en passe outre, et ont brisié :
Ghe cop ont moult de gent prisié.
Des tierces lances s'entr'estonent
Si k'il les brisent et arçonnent,
Et volent lour hiaumes des ciés :
« Dix gart nos amis de mesquiés !
Dist la roïne, je l'en proi. »
— « Dame, dist Fortreche, j'otroi
Que li sires de Basentin
Ait la jouste par bon destin
A landegrave qui clià vient.
Saciés de voir qu'il li convient
Avoir chevalier de valour :
Mandés vo conseil, dites-lour
S'il s'i voloient acorder. »
— a Je ne m'en quier jà descorder,
Dist la roïne ; or les mandons, »
La roïne tous ses barons
Fait mander amont et aval
Par le signeur de Raineval;
Et par Fortrecc s'acordcrcnt,
ROMAN DE HAM. 361
Que chi doi ensanle joustorcnt,
Si lour a-on fait asavoir.
De tant a fait Huars savoir.
Que la roïne en mercia
De l'onnour que faite li a ,
Que landegrave est un [s] grans sire.
Et si est d'un pais, c'oi dire.
Dont li bon joustéour sont né.
Les trompes ont .ij. mes sonné.
Si a-on fait les rens widier.
Pour voir vous di et sans cuidier
Que li renc sont et lonc et lé.
A .iiij. trompes sont aie
Querre Huart de Basentin ,
Qui s'arma en un bel gardin.
Il vint droit de devant la porte,
Biau tint l'escu et biau le porte,
Et biau talonne le cheval ;
.1. eslais a fait contreval
Pour assaiier se riens li faut.
La roïne fu là en haut.
Qui bonne est et bien ensignic;
O li ot bêle compaignie
De dames et de damoiseles
Plaisans et avenans et belcs,
As fenestres des escafaus.
Mesire Kex li scncscaus,
362 ROMAN DE HAM.
Qui à sa jouste fu blechiés,
A moût bien les reus aclreciés ;
Et il et autre qui s'empaignent
JMonsigneur Huon eu aniainent
Devant le porte du castel.
Et landegrave bien et bel
Fait .i. eslais et puis revient.
Li sires de Basentin tient
La lance, et si a le renc pris
Com cil qui bien en est apris;
Et landegrave sans targier
Bâtant des espérons d'achier
S'en part lues qui le vit niovoir;
Mais qui dire vaurroit le voir,
Li sires de Basentin vint,
Ce virent bien .v*". et vint,
Si droit, si tost et si à point,
Et si bel broce et si bel point
Que chascuns volentiers le voit;
Et landegrave li venoit
A la manière d'Alemaingne.
Montauban escrie s'ensegne,
(jil qui porte les flours de lis;
De lui véoir est grans delis ,
Si vint-il bien et tost et droit;
Il mi-parti le renc si droit
Que nus boni ni séust coisii-
ROMAN DE HAM. 363
A paine, tant éust loisir,
A l'alongier se sont ataint
Et sour Tescu et sour le taint
Moût grans caus et moût mervillcus;
Li encontres fu perilleus
Et la jouste pesans et dure.
Retourné sont grant aléure;
Et remis lour escus à point,
Li uns encontre l'autre point
Quanqu'il puet traire du cheval ;
Aucune gent faisoit moût mal
De chou qu'il venoient si droit
Que, s'il eussent renc estroit,
Cukié eussent malgré aus.
Qui oïst braire ces hiraus
Et Landegrave et Montauban;
On n'oïst pas crier à Han ,
Si i estoit la noise grans.
Huars, qui moul estoit engrans
De faire bonc sa partie,
A fait ne sai quante partie
Des .iij. lances qu'il aporta;
Si cointement se déporta
Que cascuns qui le voit Ten prise.
Il ont la tierce lance prise
Et s'esmuevent de grant randon ;
Mais nient très plus que doi brantloii
364 ROMAN DE HAM.
Pucent durer encontre fu
Ne pueent durer lour escu.
Là où des lances s'entr'alalngnent
Tes cox se donnent qu'il s'en plaignent,
Ou soit en haut u soit en bas;
Mais cascuns ne l'entendoit pas;
Et si sage-jou certainement
Que jousté ëust autrement
Cil qui porte l'escu d'argent,
Se ne fust pour aucune gent
Qui li priierent au mouvoir,
Que je le vi et sai de voir,
C'a son pooir ne chucast mie.
Et il dist: «Foi que doi m'amie!
S'il s'en garde, je m'en tenrai;
Jà pour cukier ne m'en venrai.»
En covent l'ot, et il le tint,
Puisqu'il en ot oï le tint
Que la roïne le voloit;
Si s'en tint et si s'en doloit
C'atourné ne li fust à mal.
Devant les dames, à cheval
S'entre-saluent et s'en vont.
Dieu de lassus loé en ont
Les dames qui ne sont blecié.
Doi autre se sont adrecic
Ou renc dont il se sont parti :
ROMAN DE IIAM. 365
Mesirc Henris de Soi ri
Et Jehans de Noevile viencnt.
Qui grans lances et grosses tienent;
Et s'entrevien[en]t sans plus dire.
Cil qui de nule riens n'ert sire,
Ex-de-fer si grant cop li paie
C'aucuns des autres s'en esmaie;
Et cil de Soiri le refiert,
Bien fait au Hen çou qu'il i quicrt;
Mais Ex-de-fer a si brisié
Que les dames l'en ont prisié;
Mais Forteche le consilloit.
Or se gart bien cil qui le croit >
Qu'il ne fera jà se bien non ;
Or ne soit nus qui die non :
Preus est et larges et loiaus.
Encor ne voi-ge nul de ciaus
De Noevile qui le rataigne;
Prouece et larguece se baingne
En son cuer, sans jamais partir.
Par saint Estene le martir!
Se j'estoie de France rois ,
Avoec moi porteries la crois
Là ù Dieus fu crucefiiés.
Rois de France, bien vous fiiés
En lui , se le poés avoir :
Vous ferés et preu et savoir.
3Gt) ROMAN DE HAM.
Quant Eus-de-fcr s'en fu tomes,
Mesire Engherrans de Mainnés
Se met es rens, que je bien sai ;
Mesire Jehan s de Douay
Vient contre lui de quanqu'il puet;
Et mesire Jehans li muet
Bien et chevalereusement ,
Et li vient tost et radement
Et li quide donner es dens.
Il i avoit assés de gent
Qui sevent bien comment il fu.
Mesire Engherrans a falu ,
Et ses compains aussi fali :
Dont se tienent à mal bailli
Tout li païsant de Mainnés.
L'autre lance li est aies
Si bien comme on puet, sans brisier;
Ore l'oiissiës mesprisier
A ses voisins moût durement.
Moût bien abandonéement
De la tierce lance revint ;
Ensi faitement li avint
Qu'il le brisa duskes es poins.
Es rens se met en l'escu joins
Jehans de Dompiere Montel
Encontre Tolart du Haitiel ,
Un chevalier de bon afaire.
ROMAIN DE HAM. 3G7
Quanqu'il poeent de chevaus traire
S'entre-vienent et ont brisié
Lour lances, si en sont prisié;
Mais Jehans de Dompicrc ouvra
Coni jcntiers cuers, qu'il envoia
Un paleffroi le baccle[r] :
Ce ne vous doit-orn mie oublier (sic) y
Ce ne doit-oni mie cheler,
Mais le bien dire en toutes cors.
A tant ès-vous venu le cors
Monsigneur Henri de Soiri ,
.1. bon joustéour contre li ,
Qui moût grant cop li a féru :
Cou est Pieres de Montagu,
Qui bien conta, ç'oï conter;
Trois lances, tout sans mesconter,
Brisa et bien et radement.
Bien et chevalereusement
Se met es rens Maliius de Vi
(Je le tiemoing, car je le vi )
Contre Bretoul de Houdencourt.
Li uns et li autres acourt
Quanques cheval pueent ferir.
En mi le comble del escu,
Si k'il li a f[r]ait et rompu,
Et froisse sa lance et esmie;
368 ROMAN DE HAM.
Et li autres ne fali mie,
Ains a brisié et si revient ,
Et muet et brise dusk'à poins.
Outre s'en passe en l'escu joins
Et s'en revient devant la porte.
Carboniaus vient, qui H aporte
Une fort lance bien taillie ;
Turiaus li avoit baill[i]e.
Et mesire Mahieus le prent.
Ses chevax la tere porprent ,
Lues que les espérons senti.
Si grans cox que bien le senti.
En a son compaignon donné :
A peu qu'il ne l'a estonné.
A tant s'en partent ambedoi.
Mesire Wautiers de Foeiioi
Vers la porte se met es rens,
Et moet encontre sen contens
.1. baceler de bon renon ,
Huet de Haluin ot non.
Il s'entrevien[en]t de grant force;
Tout autressi comme .i. escorce
Ont andui lour lances brisies;
Et sont lor joustes moût prisies ,
Qu'il n'ont ne fali ne coulé.
Et .i. autre riens lonc et lé
ROMAN DE IIAM. 369
Est venus li quens de Clcrmont,
L'escu au col, le hiaumc u cief :
« Sire , Dix vous gart de mescliief ,
Dist la roïae, et tout si saint!
Ne puet laissier que ne les aint;
Et le commande au Saint-Esprit. »
Je r truis lisant en mon escrit
Et si l'ai oï tesmoignier,
En la feste n'ot chevalier
Miex venant que li quens estoit.
Cil qui encontre lui venoit
Et qui mouvoit de l'autre part
Apele-on mon signeur Erart
De Braine, je le sai de voir.
Li quens fait son ceval movoir
Et le commence à aventer,
Et puis laisse le frain aler
Et fiert des espérons d'acier;
Et li autres, sans atargier,
Li vient bien et hardiement ;
Et li quens issi durement
Le fiert qu'il le fait canceler
Et se lance en tronçons voler.
Outre passent tost et isnel ;
Et li quens, l'escu en cantel,
S'em passe devant la roïne,
24
370 ROMAN DE HAM.
Si le salue et si l'encline ;
Et ele li rent son salu ;
Et a au conte tant valu
Que les dames de cief en clef
Boute cascune avant son chief.
Et danioiseles ensemcnt ;
Se r saluent moût doucement ;
Et il les regarde et remire,
Et dist: «Dame, Dix le vous mire
Et grant honnour vous puist venir!
Riens ne vous puist mesavenir!»
Le cheval tourne et si s'esmuet,
Quanques chevax porter le puet
S'en va des espérons broçant,
Et ses compains li vient à tant.
Grans cax et rades s'entrc-donent ,
Lour lances brisent et arconent ,
Que li plus longue, sans mentir,
N'avoit pas une aune d'entir.
A tant li quens s'en retourna ,
Et la roïne se tourna
As fenestres del escaffaut ,
Se li a escrié en haut
Qu'il se voist desarmer à tant;
Et il si fist. Es-vous bâtant
Deus chevaliers près de jouster.
Combien qu'il me doie couslcr,
ROMAN DE HAM. 371
Vous dirai de cascun lo non :
Gauchiers d'Autreche, ce dist-on,
Est li uns des deus apelés,
Et li autres si est nommés
Mesire Jelians de Fenieres.
De grosses lances et plenieres
Et fait présent son compaignon.
Andoi montent à abandon
Vie et membres , cors et chevax ,
Et fist cascuns comme vassaus.
Bien le firent et bien brisierent,
Tant que les dames le prisierent.
Li eschekerés, sans plus dire,
Qui de Hangest est hoirs et sire,
Se met es rens par bon destin
Contre Robert de Wa vérin,
Qui bien li vint et bien li mut;
Et li autres, si comme il dut,
Brise ses lances et s'en part.
A tant ès-vous de l'autre part
Un Avergnas monté moût bel ;
Et muet contre Robert Burnel ,
Qui moût hardiement li vint.
Buridans de Waulaincort vint
Au bout du renc la lance u puing,
Et Nicoles li muet de loing
Des Amoises, c'a lui jousta;
372 ROMAN DE IIAM,
Mais à peu qu'il ne li cousta,
Que Buridans de Waulaincour!
Le tint de .iij. lances si court
Qu'il li brisa sour les costés.
Ains que ses hiaumes fust oslés,
Vinrent doi autre ou renc anionl :
Chc fu Jehans de PeremonI ,
Qui à Henri de Basclc muet.
Au mix que il set et qu'il puet
L'avise es dens, et se li donne
Tel cop c'a poi qu'il ne l'estonne;
Et li Bascles passe et le fiert.
De l'autre lance le requiert
Jehans de Peremont si haut
Qu'il brise; mais li Bascles faut
Et de la tierce le rassenne
Haut en l'escu deseur la penne.
Si k'il le fait desaouer.
Li Bascles en doit Dix loer
De chou qu'il ne li mcsavinl
Que mesire Jehans li vint
Hardiement et bien et tost ;
Et li Bascles, se ne n'ai tort,
Li vint chevalereusemcnt.
Haubers de Hangest noblement
Est venus jouster à celui ,
Qui Dieus gart de mal et d'anui '
ROMAN DE HAM. 373
Cou est GauchicTs de Castillou ,
Qui muet et met à abandon
Cors et cheval sans espargnier ;
Et mesire Haubers ressoignier
Ne le daiugna, onques ne vaut :
Li uns paie, li autres saut.
Bien s'entre-quicrent anibedui;
Encor n'i sai-ge j ouste d'ui
Miex fournie que de ces deus.
Dont s'escria mesire Kex
Et dist à chiaus qui oï l'ont,
Q'en cest siècle deus coses sont
Dont maistre sont li aprentis.
Je ne pens pas cstre ententis
A savoir que cascuns brisoit,
Pour le vespre qui aprochoit;
Mais cil doi jousterent si bien
C'on ne 's en puct blasmer de rien ,
Ains en a cascuns d'eus bons pris.
Adont fu si li pas pourpris
C'on joustoit à plus de .vj. rens,
Et cil dehors et cil dedeiis
Couroient si espessement
Que je ne sauroie comment
Retenir de cascun le non.
Uns bacelers de bon renon
S'en vint armés devers la court :
374 ROMAN DE HAM.
Che fu Jehans de Hargicourt
Contre Jehan de Lin-de-Buef.
Trois lances brise mains de nuef
A .ij. lances qu'il fist le jour.
Es rens ii'estoit nus asscjour.
Pour qu'il vausist joustes avoir.
Or véisslés Boiset mouvoir,
Wautiers du Heurle contre li ;
Mais je ne sai li quès fali.
Après vint Lois de Biaugieu ,
Je ne quic pas, par les sains Dieu,
Qu'il éust au Ham miex joustant.
Des espérons s'en vient bâtant
Sour un destrier bien fait de cors,
Et muet contre un de chiaus detors :
Ce fu Robers de Waverin ;
Et s'entre-donnent tel tatin
De lour lances à tout les fers
Que la main senestre et les ners
Ot mesire Lois brisie,
Sa j ouste éust esté prisie
S[e il] fust tous sains deraorés :
« Nostre Sires soit aourés,
Dist-il , de quanques il m'envoie ! >;
Erramment s'est mis à la voie
Jehans de Vilers, sans targicr
Brocc des cspcions d'acier
r
HOMAN DE HAM. 375
Encontre Willaunio de Gistele;
Tel cop li donne qu'en astcle
A mise la lance qu'il tint,
Et de l'autre si li avint
Qu'il la deffroisse et debrisa.
A la tierce jouster ala
De cors, de pis et de cheval.
« Tes bacelers gart Dix de mal !
Dient les dames sour le mur;
Il a jousté et bien et dur.
Et cil de Gistele li vint
Moût bien. » Et après jouster vint
Drieus de Salive et Boursaus
De Mequelines, qui les saus
S'en venoit sour .i. bon destrier.
Andoi vienent saus manecier,
Et s'entre-fierent es escus
Si qu'il les ont frains et rompus ,
Et brisierent, bien m'en souvient.
Willaumes de Loques en vient
Encontre Jehan de Soiri ;
Grans cox et rades, je les vi,
Se sont andoi entre-donné.
Cil de Loques en ot bon gré,
Qu'il brisa .iij. lances d'alce.
A tant ès-vous sans demorée
Boiset, qui es rens s'cmbati ,
376 ROMAN DE HAM.
Cil de Habuiii contre li ,
Qui a non mesire Wautiers.
De lour fer et de lour acier
Faisoient salir le cler fu.
Geste jouste molt bone fu ,
Si ne la doit-on pas celer.
Après joustent doi baceler :
Jehans de Fransieres a non
Li uns et est de bon renon ,
Bons bacelers, preus et vassaus;
Sour .i. destrier les menus saus
Vient jouster à Rogier d'Englume.
Petit s'en faut c'on n'i alume,
Que la nuis durement aproce.
Le destrier des espérons broce
Mesire Jehans de Fransiere,
Et fiert l'autre de tel manière
Qu'il cancele et se desajue.
«A, douce Mère Dieu, ajue!
Dient se gent, hui en cest jour
Nous eskievés de deshonour ! »
La seconde et la tierce brise,
Jehans de Fransieres em prise
Et la roïne et sa gent.
Qu'il a jousté et bel et gent.
Pour la nuit qui vient et aproce ,
Pieres de Houdenc point et broce
ROMAN DE HAM. 377
Le destrier encontre Boisart
De Relengues ; mais il fii tart,
Si que ne sai k'il leur avint.
Daulés de Wavegnies vint
Contre Engherran de Gheulesin :
L'uns donne l'autre tel tatin
Qu'il fièrent et brisent ensanle ;
De lour trois lances, ce me sanle,
N'ont nule entière retenue.
Pour la nuit qui tost est venue,
Se haste cascuns quanqu'il puet.
Li sires de Maruel s'esmuet
Sour un niout bon destrier de pris,
L'escu par les enarmes pris,
Encontre Monart de Laleng.
Nus hom ne doit avoir dcsdaing
De jouster à ce baceler.
Monars de Laleng laist aler
Le cheval sur coi il se sist;
Biau fu armés et bien li sist ,
Biau tint et le lance et l'escu ,
Et sont andoi si bien venu
Que je ne sai lequel prisier.
Leur trois lances oï prisier,
Et fiscnt si grant froisséis
Qu'il sanloit que li hourdcis
Fust tous froissiés et abatus.
378 IIOMAN DE HAM.
Bridons s'est es rens cmbatus
De Baillct les grans galos
Et muet contre Robert d'Euglos ,
Si le ficrt soiir le hiaiime amont
Qu'il l'a porté tout en un monl
Le cheval et le chevalier.
Lors véissiés rens commenchier
Par tout et aval et amont.
Mesire li quens de Clermont,
Qui molt est et frans et courtois,
Et mesire li quens d'Artois
Viencnt à la roïnc haut,
Qui encore est sour l'escafaut,
Qui voit les joustes et esgardc
Et ne s'en donna onques garde;
Si les voit à jenous à terre,
Et dient : « Dame, pour vous querrc
Somes venu, s'il ne vous grieve. »
La roïne en estant se lieve
Et les salue et lour dist tant :
« Biau signeur, à vostre commant ;
Huimais est tans d'aler à cort. »
Kex li senescaus devant cort,
Et fait tant alumer torlis
Que il sanloit que tous ospris
Fust et li castiaus et li pars.
Dont véissiés de toutes pars
ROMAN DE HAM. 379
Or la roïno gens mouvoir;
Mais qui dire vaurroit le voir,
Puisque la roïne s'en vint,
I ot-il joustes plus de vint
Dont je ne sai conte tenir.
A la candeille vi venir
Jouster Garin de Montagu ;
Mais s'il joustast de fer agu,
Robert Burnel éust blecié :
Si a-il son cop adrccié ;
Mais, Diu merci! il n'ot nul mal.
I.a roïne est venue aval ,
Si entre es cambres et s'atourne;
En petit d'eure s'en retourne.
Si corne-on l'iauwe et ont lave.
Ne quist mie palais pavé
La roïne pour asseoir;
Mais là où ele pot véoir
Plus grant plenté de chevaliers
S'ala seoir, et li mengiers
Vient as tables, c'on 1 aporte.
Et la roïne se déporte
A la compaignie qu'ele a ;
Mais en une pensée entra
Dont moût de gent sont merviilic,
Et s'en ont assés murmillié;
Mais nus n'ose parler à li.
380 ROMAN DE HAM.
Ele pensa et fii cnsi
Plus d'une lieue à tout le mains,
Et tint en une de ses mains
.1. petit kenivet agu.
En ce pensé ù ele fu
Rist et demaine moût grant joie.
11 n'i a ame qui le voie
Qui n'en soit liés et esbadis;
Et pensent, puis que ele a ris.
Que n'a chose qui li anuit.
Lors a li quens de Clermont dit
Et il et mesires d'Artois,
Comme sage et comme courtois
«Dame, vous avés peu soupe
. . . . gneur que
te qu'il n
m qui or ,
ques ni
ince nul .
dens ces .
Pleust ore à Dieu . . .
Péussons estre e . . .
<( Dame , dist Kex . . .
Vous repoés aler m
Es escafaus w . . . .
Qu'encore joustcr . . .
Et cil dcdens et ci . .
KOMAN DE HAM. 381
Doi et .ij. mue
Adont s'csmue
Plus de mil ca
Cil dehors ont
Par anui que cla
Et voient que
Et se li jours d
Saroit-il jo
La nuis le
As tentes
Li estran
Et Quex a
Giles ser
Après re
Se lieve
La roïn
Se lieven
Et vont e
De blan
Et puis si
La roïn
Carole
Qui deme
La roï
Une
Mais
Quant
382
ROMAN DE HAM.
conseil p . .
r pour le . .
saus fil a . .
main m .
ne soupe . .
que je le d .
uant on et dormi
rt comme courtois
ont et d'Artois
la roïne
tout lor covine
ent tout ensanle
com moi sanle
u mix joustant
ns haoit tant
s au mengier
ns dangier
poi de gens
ue .iij. cens
eles
es noveles
ne sai
dirai
istée
ustm
ROMAN DE TIAM 383
. . lient
. ement
ourcs
. oures
es
ers
[Sa]rrasins en un petit livre
[M]ist les joustes qu'il vit molt dures;
[Et] si i mist les aventures ,
[D]ont vous avés oï de bêles,
Des chevaliers et des puceles
Et du Chevalier au Lyon ,
Qui bons est et de grant renon ,
Et tout l'afaire qui i fu;
Et la roïnc qui là fu
Li commanda et si 11 dit
Que, s'il en faisoit un bel dit,
Qu'ele li paieroit si bien
Qu'il ne s'en plainderolt de rien ,
Et feroit à sa gent palier.
384 ROMAN DE HAM.
« Tu ne t'en dois mie csmaiier,
Dist li sires de Basentin :
Je sui pièges, par saint Martin!
S'ele m'en prie tant ne quant. »
— « Sire, je m'en tieng bien à tant;
Mais je ne vous refuse mie ,
Que vous are's et crouste et mie,
Je pens et croi , encore au wen. »
Ci fine li Remans du Hen ;
Et Sarrasins, s'il l'en est miex,
Dist que boine part i ait Dix.
Explicit le Romant du Hen.
I
INDEX GÉNÉRAL.
A.
Aalvrs iiE Croisii.es , page i66,
ligne 23 ; p. lyS, 1. 17.
Aalis ( fille de Baudouin, comte d'Al-
bemarle, et de Hawyse, sa femme),
p. 109, 1. ag.
Aahras (chef-lieu du département du
Pas-de-Calais) , p. 44 » I- 22 , 25.
Abbeviile (ville du département de
la Somme), p. 5f), 1. 22.
Acre (ville de la Syrie, sur la Médi-
terranée), p. 86, 1. 8, II, i3, i5,
24; p. 87, 1. 4.
Acroce-Meure (chevalier de France),
p. 164 , 1. 23, var. 7.
Adaks (le premier homme), p. 4o,
1. 18.
Adaks Chieres (châtelain de Ber-
gues), p. 128, 1. 8.
Adans de Biaumokt , p. 174, h 17;
p. 188,1. 23.
Adaks de Blemus , Roman de Ham ,
p. 345, V. 25.
Adan de Caruonnox, R. de H.,
p. 342, V. 3.
Adan Gourlé, R. de H. , p. 347,
V. 16, 21, 23.
Adan de Nuelli, p. 188, 1. 5.
Aelis ( fille de Richard, duc de Nor-
mandie , et femme de Renaud ,
comte de Bourgogne), p. 5i, 1. 4-
Aigres, R. de H., p. 297, v. 18, 20,
24; p. 298, V. 4.
AiGROLERs ( Harald à la Dent-Noire,
roi de Danemark), p. 3i, var. 7
et 8.
AiNNr.-.,p. 1 33, var. 7.
AiQUADRE ( saint ), p. i5, var. 6.
Aire (ville de l'ancien Artois, actuel-
lement dans le département du Pas-
de-Calais), p. 120, 1. aS; p. i4o,
1. 2, 8; p. 142 , 1. i5; p. 147, 1- II ;
p. i58, 1. 4; p. i5g, 1. 20; p. 170,
1. 5; p. 188, 1. 7. ■
Al.vins ( surnommé Barbe - Forte ,
comte de Bretagne), p. 18, 1. 3 ,
8; p. 20, 1. 26 ; p. 21 , 1. I ; p. 26,
1. 2.
Alain (comte de Bretagne, fils de
Geoffroi et d'Edwige), p. 56, 1. 11,
i5 ; p. 57, 1. 8, II.
Alain ( fils de Geoffroi, comte de
Champagne), p. 5i, 1. 9-
Alain Basset , p. 207, 1. 24-
Alart df Croisilles, p. 175, var. 4-
Alemaigne (pays de l'Europe), p. i,
1. 10; p. 27, 1. 12; p. 68, 1. 2;
p. 71, 1. 6; p. 90, 1. i; p. 91, 1. 5;
p. 92, 1. 6. — R. de H., p. 3o3, v. i.
Alemaijngne, r. de H., p. 362, v. a f .
Alemans ( Ixibitants ou natifs de l'Al-
lemagne), p. 38, I. II, 12, i3,
var. 4; p. 88, 1. 10 ; p. 90. 1. i, 3, 5.
Alenars d'Eselingheuem, r. de h.,
p. 338, V. i5; p. 339, V. I.
Alençon (chef-lieu du département
de l'Orne), p. 96, 1. 17.
Aleng , r. de H., p. 280, v. 9.
Aliène (le pays des Alains) , p. i,
1.14.
Alienor (duchesse d'Aquitaine,
femme de Louis VII , puis de
Henri II), p. 81, 1. 9, 16, 26; p. 83,
1. 3; p. 89, 1. 2 ; p. 93, 1. 9.
Alienor (fille de Geoffroi, comte de
Bretagne, et de Constance, fille de
Conan) , p. 83, I. 6 ; p. 180, I. aS.
Ai.hierk (rivière du royaume des
Pays-Bas), p. 8, 1. 11, et var. 3.
Almetrus (sainte), p. 9, 1. 5.
Alnk (rivière de Normandie), p. i5,
1. 6.
Alvré (Alfred, fils d'EtheIred et
d'Emma), p. 56, 1. 21, var. 5;
p. 60, 1. 6, 12, aS ; p. 61, 1. 5.
AniAURRIS DELA FoNTENIELE, p. l66,
1. 22.
25
386
INDEX GÉNÉRAL.
Amaurris de Saint-Clek, R. de H.,
p. 3io, V. i4-
Amiens (chef-lieu du département de
la Somme), p. 24» !• i4; P- 38,
1. 14 ; p. 39, 1. ai ; p. ifif), 1. 19;
p. 208, 1. a5. — R. de H., p. 3i6,
V. 26.
ASIMANETES, p. 62, 1. 2. ,
Aimmauri, p. ^o, 1. 26.
AnroisEs , R. de H. , p. 371, v. 27.
Andelbourc, p. i3(i, var. i.
Amiei.u (rivière du département de
l'Eure), p. i3, 1. i ; p. 36, 1. 22,
23; p. 91, 1. 14.
Anoei.is (petite ville du département
de l'Eure), p. 96, 1. 27; p. 97, 1. 3.
Andrius de Chanceaus , p. 181 ,
1. 20.
Akdrius ue Kavegny ( André de
Chauvigny), p. 9^, 1. 3, 18.
Angevins (habitants ou natifs de
l'Anjou), p. 77, 1. II,
Angiers (chef-lieu du département
de Maine-et-I/oire) , p. 108, 1. i3.
Ango (Anjou , province de France),
p. 40, 1. i5; p. 63, 1. 27; p. 71,
1. 5, 8 ; p. 72, 1. 23 ; p. 93, 1. 2 ;
p. 96, 1. 4.
Angoliesme (Angoulême, chef-lieu
du département de la Charente) ,
p. 202 , 1. 4-
Anies, p. i33, 1. 20.
Anjo (Anjou), p. 73 , 1. 3 ; p. 93,
1.27.
Anjou, p. 69, 1. 18.
Ansiaume (Saint Anselme, archevê-
que de Canterhury) , p. 67, var. 7.
Ahsiaus DR Chevreuses , R. de H. ,
p. 342 , V. 25.
Ansiaus de Rousleks, p. i33 , 1. S.
Ansiel de Biethune, p. 190, 1. 25,
et var. 10.
Anthenor, p. 2,1. 8.
Anthioce (ancienne ville de Syrie,
dont elle était la capitale), p! 65 ,
1. 14.
Antiaumes (Athelstan), p. 7, 1. 7,
28; p. 10, 1. 27; p. 20, 1. 19.
Antïaumes (évêque de Chartres),
p. 1 2 , var. r .
Antïau.vîes (archevêque de Canter-
hury, connu sous le nom de saint
Anselme), p. 67,!. 24.
Antoing (honrg de Belgique, pro-
vince du Hainatit , à une liene et
demie de Tournav, sur l'Escaut),
R. do H , ]). 342, V. 24; p. 35o,
v. 2().
Antonnk (« une ville quî siet defors
la foriest des Castegniers »), p. 157,
1. 25 ; p. i58, 1. 3.
Anwiers (ville de Belgique), p. 88,
var. 8 ; p. 89, 1. 7.
Aquilée (ville d'IUyrie), p. 87, 1. 16.
AyuiTAiGNE, p. 81, 1. 10.
Aquitaine, p. 83, 1. 2.
Arches (Arques, village du départe-
ment de la Seine-Inférieure, antre-
fois chef-lieu du comté d'Arqués
ou de ïhalou), p. Sg, 1. 12 ; p. 62,
1. 27; p. 89, 1. 17; p. 93, 1. 7;
p. 95 , 1. 20 ; p. 96 , 1. 21.
Ardembouuc, p. i34» 1- i5.
Argentuel (Argentan?), p. 58,
1. 27 ; p. 120 , 1. 10.
Argentuem (Argentan, ville du dé-
partement de l'Orne), p. 58,
var. 10; p. 72, 1. 27; p. 120,
var. 2.
Arnoul d'Audenarde, p. i39,l. 25 ;
p. i54 , h 21 , 23.
Arnous (premier du nom, comte de
Flandre), p. 23, 1. i3, i5, 19;
p. 24, 1- 2, i5, 19, 23;p. 25, I. 11;
p. 36, 1. 6, i3, 24 ; p. 38, 1. a ; p. 44 »
î. 20, 23.
Arnous de Landvst, p. i34, 1- 25.
Arnous ( « li cuens de Gisnes » ) ,
p. 166, 1. 6.
Arondei. , p. 174, "var. 2.
Arondiel (Arundel , vi'le du comté
de Sussex), p. 174, 1- 7 5 P- ^99'
1. 26 ; p. 204 , 1. 5.
Arragon (province d'Espagne),
p. 3,1. 7.
Arras, p. 119, 1. 23 ; p. 142, 1. 12 ;
p. 160, 1. 27; p. 175, 1. 16 ; p. 182,
1. 23; p. 194, 1. 3; p. 195, 1. 3;
p. 201 , 1. 6 ; p. 202 , 1. 5 ; p. 272 ,
1. 16.
Artisiens, p, 175,1. i5; p. 176,
I. 28.
Artois ( province de France), p. 177,
1. 17; p. 188, 1. 2. — R. de H.,
p. 220, V. 8; p. 260, v. 4, 11; p. 261,
v. 21 ; p. 262, V. i5 ; p. 266, v. i ;
p. 278, V. 24; p. 317, V. 4; p. 3i9,
V. 8; p. 328, V. 9; p. 35", V. 10;
p. 358, V. 25 ; p. 378, v. 1 1 ; p. 38o,
V. 12 ; p. 382 , v. 9.
Artus (Arthur, roi de Bretagne),
p. 109, 1. 19. — R. de H. , p. 23i ,
V. 5 ; p. 237, V. 27 ; p. 243 , v. 7.
Artus (fils de Geoffroi, comte de
Bretagne), p. 83, 1. 6 ; p. 91 , 1. aS ;
p. 92, 1. 24; p. 93, 1. 1,7, 10,
INDEX GÉNÉRAL.
387
ir, II, a3, 29; p-94, 1.6; p. (jS,
1. l5, 22, 24, 2fi, 2Ç).
Arve (riviore de Normandie, qui sé-
pare les d. parlements de l'Eure et
d'F.ure-et-Loir), p. 49, l- i5, 18.
AssESE (Essex, comté d'Angleterre),
*p. 145, var. 2.
AssEssE (Essex), p. ii5, 1. 18;
p. 145,1. i4; p. 164, 1. 21; p. 171,
1. 12.
Athies, p. 181 , 1. 20 ; p. 196, 1. 17.
AuBEGKi (Bauduins d'), p. 104, 1- 14;
p. 157, 1. 17; p. 19}, 1. 7.
AtJBEGNY, p. t63, 1. l'i; p. i83,
1. i3 ; p. 207, 1. ]o, 24.
AoBEGois (Albigeois), p. 122 , 1. 2.
AUBEMALLE, p. 88, 1. l4 ; P- 97î I. 21 ;
p. loo, 1. 5; p. log, 1. aS; p. 1 1 1,
1. 25; p. ii5, 1.7; p. 191, 1. I.
AuBEMARLE, p. 88, var. 5; p. 97,
var. 4; p. 174, 1. 7; p. 179,
var. 3.
AUBERS DE LoNGUEVAL, R. de H.,
p. 222, V. I ; p. 272, V. 10; p. 286,
V. 5; p. 317, V. 24; p- 3i8, v. 8;
p. 35o, V. 16; p. 35i, V. I ; p. 352,
V. 10, 17.
AuBERT ( comte de Vermandois ) ,
p. 44,1. 28.
AuBIERT GlIIFART, p. l57, 1. 20.
AucoiRRE (Auxerre, chef-lieu du dé-
partement de l'Yonne ) , p. 1 1 ,
J. 20; p. 52, 1. 8; p. 2o5, 1. 24
AucuERRE (Auxerre), p. 1 1, var. 1 1 ;
p. Sa, var. 3.
AuDEMER (château de Normandie),
p. 97, 1. 28.
AuDiusARDE (ville de Belgique, pro-
vince de la Flandre orientale),
p. i34 , 1. 20 ; p. 1 5 4, 1. 21, 23.
AiiDEMBouRT, p. i34, var. 7.
AuFRiKE ( Africjue ), p. i, \. 6.
AUFRIQUE, p. 3, 1. 6.
AuMANETHHs, p. 62, var. a.
AuNoi , R. de H., p. 295, v. 1.
AusiNEFORT (Oxford), p. i65, I. 8;
p. 172,1. 27;p. 195,1. 10; p. 199,
1. 6.
AusYNEFORT (Oxford ) , p. 181, 1. 7.
AuTONE, p. 157, var. 8; p. i58,
var. I.
AuTRECHE,R. de H., p. 371, v. 2.
Auvergne (province de France),
R. de H., p. 226, v. 19.
AuviEWGNE, p. 20, 1. 22; p. 81, 1. 19.
Avaike, r. de H., p. 3o3, v. 17;
p. 3o4, v. 4, i3.
AvALON ( ville du département de
l'Yonne ) , p. 5a , 1. 10.
AvELUis, R. de H., p. 3io, v. 12.
AvERGNAS ( Auvergnat ) , R. de H. ,
p. 371, V. 21.
Ayglos (Harald à la Dent -Noire,
roi de Danemark), p. 3i, I. 27,
28; p. 32 ,1.8; p. 33, 1. I.
Ayse ( Asie), p. i, 1.^5.
B.
Baieuwes (Bayeux, ville du dépar-
tement du Calvados), p. lo, var. 3 ;
p. 54 , var. 6.
Baiewes (Bayeux), p. 98, var. 2.
Baillet , R. de H., p. 378, v. 2.
Bailloel ( Bailleul, ville du départe-
ment du Nord), p. 127, var. 3.
Bailluel (en Flandre ), p. 127,!. 10;
p. 128,1. g; p. 14 1,1 .6; p. ifif», 1. i3;
p. 181, 1. i3. — R. de H., p. 295,
v. 14 ; p- 299, V. i5 ; p. 3i I, V. i5 ;
p. 324, V. 3, i4.
Baillues ( Bailleul en Flandre ) ,
p. i6fi, var. 5.
Baingnaet (nom d'un château de
Londres appartenant à Robert
Fitz-Walter), p. 119, var. i.
Baisses (l'un des assassins de Guil-
laume Longue-Epée), p. 25, var. 5.
Baliebt (comte de Poitiers), p. 12,
1.9.
Barbeflue (Barfleur, ville du dépar-
tement de la Manche), p. 68, 1. 6.
Babbençojv , R. de H., p. 3o8j v. 7.
Bardous, p. 59, 1. 22.
Bares, p. 201, 1. 4 , 5 ; p. 202, 1. 4-
Barres, R. de H., p. 338, v. 3.
Bascles , R . de h. , p. 372 , v. 8 , 12,
i5, 19, 23.
Basektijs (village du déparlement de
la Somme), R. de H., p. 220, v. iS;
p. 221 , V. 9 ; p. 222 , V. 3, 23 ;
p. 23o, V. 7 ; p. 291 , V. I ; p. 293,
V. I ; p. 36o, V. i5 ; p. 3fii, V. 14 ;
p. 362 , V. 8, i5; p. 384, v. 2.
Basins, r. de H., p. 3or , v. ar ;
p. 3o3 , v. i5, 27 ; p. 3o3, V. 3, 1 r.
Basset, p. ao7, 1. a4-
Baudes 1,1 Cors ( l'un des assas.sins
de Guillaume Longue-Ej)ée), p. 33,
1. 12.
388
INDEX GÉNÉRAL.
Bauuuin (Baudouin IV, comte de
Flandre), p. 5i , 1. 5; p. 55, 1. y.
Bauuuin (Baudouin Y, comte de
Flandre), j). 55,1. i i ; p.fii, 1. 14.
BAUniTiNs ( frère d'Evrait Eadous
et d'Arnoul d'Audenaide), p. iS/J,
1. 24-
Bauduiks Biekthaus, p. ifii, 1. 4.
Bauduins (châtelain d'Airas), R. de
H., ]). 272, V. 16.
Baudijiîîs d'Aiue, p. i4o, I. I, 8, jy,
p. 147, 1. 11; p. i58, 1. 4; p. i4(),
1. 20; p. 170, 1. 5.
Bauduins d'Aubegjvi , p. 104, i. 14.
Eauduin de Biethuke (plus tard
comte d'AIbemarlepar son mariage
avec la comtesse Hawyse), p. 88,
1. i3, 20, 21 ; p. 97, 1. 20; p. 100,
1. 4; P- 109, 1. 28; p. III, I. 25;
p. Il 5, 1. 7; p. 174, 1. 8; p. 190,
1. 25 ; p. 191, \ar. i.
Bauduin de Biauyoir, p. 1G6, 1. 11;
p. 175, 1. 17.
Bauduin de Bielvoib, p. 173, 1. 19.
Bauduin de Cokbuel, p. 187, 1. 17.
Bauduins de Nuef-Port (chevalier
au service de Ferrand , comte de
Flandre), p. 126, 1. 27; p. 127,
1. 14, 22 , 25.
Bauduins DE RiviEBEs , p. fÎ2 , 1. 10.
Bauduins de Saint-Nicolai, R. de
H., p. 3o6, Y. I.
Bauduin l'empereour de Constan-
TiKoBLE (Baudouin I", d'abord
comte de Flandre sous le nom de
Baudouin IX), p. 104, 1. 7; p. 127,
1. 4.
Bauduins li chastelains de Lens,
p. 166, 1. 23.
Bayoes (Bayeux), p. 14, 1. iH; p, i5,
1. 7 ; p. 17, ]. 26; p. 20, 1. 10; p. 2 I ,
1. 6; p. 45, 1. 12 ; p. ()9 ,\. i.
Bayeus, p. ^2 , 1. 16.
Bay'ouse, p. 112^1. 27.
Bazentin ( village du département
de la Somme), R. de H., ]>. 221,
V. 23.
Bealvais (Beauvais) , p. 6g, var. i.
Bealvoir , p. 175, var. /■.
Beaumeis (Bcaumetz, ville du dé-
partement de la Somme), p. 188,
var. 1,6.
Bedefort (Bedford, ville d'Angle-
terre, capitale du comté de ce
nom) , p. i8i, 1. 8.
Beessin ( pays qui est autour de
Bayeux), p. 69, 1. 27.
Beffremont (village du département
des Vosges ) , R. de H. , p. 3Sg ,
v. 21.
Beneoit (saint), p. ii , 1. 26.
Bercieres, p. 102, var. 4-
Berengiere, la feme le roi Rr-
CHART , p. 87, 1. 17 ; p. 208, 1. 22.
Berengiers (Juliael Béienger, comte
de Bretagne), p. 18, l. 4, 7; p. afi,
1. I.
Berewic (ville du Northumberland),
p. ir.4 ,1. 14 , var. I.
Berkamestede (Berkhampstead, ville
du comté de Herts), p. 182, 1. 10.
Berjmondesée (Bermondsey), p. 172,
1. 4.
Bernai (ville du département de
l'Enie), p. f)2 , 1. 21.
Bernak du Plaissié , R. de H.,
p. 357, V. 4-
Bernars (surnommé de Rouen ou le
Danois), p. 26, 1. 22, 25; p. 27,
1. 4; P- 32, 1. II ; p. 33, 1. 12, 14,
16, 21 ; p. 35, var. 2.
Bernars (comte de Senlis et oncle
de Richard I'^"" de Normandie),
p. 29, 1. 5, 10, i5; p. 3o, 1. 9;
p. 3 1,1. 14, 19; p. 34,1. 11; p. 35,
1.7.
Bernart de Morel , R. de H. ,
p. 3oo , V. 20.
Bernart de Saint -W^aleri (père
de Mathilde, femme de Guillaume
de Brayouse) , p. m, I. i5.
Beronne, r. de H., p. 298, v. 17.
Berriu ( Berry, province de France),
R. de H., p. 22fi , v. 19.
Bertaus (le chambellan de Gremi-
nes, et son frère), p. 128, var. 2;
p. i54, 1. 16; p. i56, 1. i8, 19;
p. 170, var. 2.
Bertrans, p. 169, var. 4-
Berteau , p. 73, !. ifi.
Bertremiu (Barthélémy), p. 200,
1. 22 ; p. 202 , 1. 19.
Bethune (ville du département du
Pas-de-Calais), p. 175, I. ifi.
Betune, p. i52, var. 7; p. i59,
var. 8.
BiAMÉs (Beaumetz , ville du départe-
ment de la Somme), R. de H.,
p. 3o9, v. 3.
BiAUGEU ( Benujeu, chef-lieu de can-
ton dans le département du Rhône),
p. 166, 1. I ; p. 179, 1. 28.
BiAUGiEU (Beaujeu), 11. de H., p. 874,
Y. 10.
BiAUGiu (Beaujeu), p. 179, var. 7.
INDEX GÉNÉRAL.
389
BiAUMÈs (Beauinetz) , p. i6o, 1. a6 ;
p. i88 , 1. 2, 21.
BiAUMONT, p. 6i, 1. 26 ; p. 70, 1. 9 ;
p. 102, 1. 17 ; p. 161, 1. 5 ; p. 174 ,
1. 17; p. 18/Î, 1. 7; p. 186, 1. 2(1;
p. 188, 1. 24.
BiAUVATS (chef-lieu du département
de l'Oise), p. 10, 1. 12, ifi; p. 34,
I. 18; p. 39, 1. îi3; p. 54, 1. 27;
p. 88 , 1. 24. — R. de H. , p. 282 ,
V. 23.
BfAUvoiR, p. 166, 1. 1 1 ; p. 175, 1. 17.
BlELES-AlSES, p. 1^)2, 1. 8.
BiEi. - Veoik ( « un castiel Guillaume
d'Aubegny»), p. i63, 1. i 3.
BiELvoiR , p. 173, 1. 19.
BlERCHIERES, p. I02, 1. I7.
BiER CosTE-FiERRÉE (grand seigneur
de Danemark), p. 5 , 1. 7.
BiERNARS ( comte de Senlis et oncle
de Richard I" de Normandie ) ,
p. 19, 1. 10; p. 29, 1. 6.
BiEHNARs ( surnommé de Rouen ou
le Danois ) , p. 19, 1. 18; p. 35 ,
1. 6.
BiERNEVAL- souR - LA - Mer ( village
du département de la Seiue-Iufé-
rieure), p. i5 , 1. 10.
BiERTAUs (le chambellan de Grerai-
nes , et son frère), p. ia8, 1. 7;
p. i33, 1. 27 ; p. i34, 1. 14 ; p. i59,
I. 27; p. 169,1. 24.
Beertiaus, p. 170, 1. 6.
BiERTREMiu DE RoiE (chevalicr de la
cour de Philippe-Auguste), p. 120,
1. 6.
BiERTRANS (Bernard le Danois), p. 19,
1. 9, II.
BiETHUNE (Béthune, ville du dépar-
tement du Pas-de-Calais), p. 88,
1. 14 ; p- 92, 1- 7; P- 'OO' ^- 4;
p. 104, 1- i4; p- 128, 1. 3, 20,
28 ; p. i3i, 1. 22; p. i32, 1. 7,
26; p. i33,l. 23; p. i34, 1. a,
18; p. i35, 1. 9, i4; p. 140,
1. 1, 7; p. 141, 1. 9, 16, 24, 27,
28; p. 142, 1. 3 ; p. 147, 1. 10, i3 ;
p. 148,1. 27 ; p. i52,l. 28 ; p. i53,
1. 7, 10, 12 ; p. i54, 1. afî; p. i58 ,
1. 3, 21 ; p. i59, 1. 17, 24; p. 161,
1. 17; p. 162, 1. 24; p. 170, 1. 4;
p. 173,1. 19; p. 174, 1. 9; p. 178,
1. 22 ; p. 188 , 1. 19 ; p. 190, 1. 26 ;
p. 191, !. I, 20, 23.
BiETUNE, p. 190, var. 11.
BiGuox, p. i65, 1. 3.
BiGOs, p. 164» 1- ï6; p. 71, 1. 19.
Blance (femme de Louis VIII, et
mère de Louis IX, rois de France),
p. 83, 1. 21 ; p. 91, 1. i3; p. 198,
1. 12, var. 6; p. 200, 1. i5, 23.
Blangi, p. 75, 1. 27.
Blas (surnom de Johannice, roi des
Bulgares), j). io4, 1. 9.
BI.AVETI^s, p. i34, 1. 2.
Blavotijvs , p. i34, var. i.
BiEMUs, R. de H., \>. 345, v. aS.
Blois (chef- lieu du département de
Loir-et-Cher), p. 54, 1- 10 ; P- 82,
1. 22 ; p. 104 ,1. II.
Bi.osEviLE, R. de IL, p. 299, v. 7.
Bon^iNs DE Haveskerque (chevalier
de Flandre) , p. i Sa, 1. 25; p. i53,
1. 23; p. 62,1. 8.
BoiDiNs DE Mètres, p. 166, 1. i3 ;
p. 175, 1. 18.
BoiNNË- Ville (village du départe-
ment du Calvados), p. 98, var. i.
BoTSARS DE BoURGUIELK , p. l38,
1. 21.
BoisART DE Relengues, R. de H.,
p. 377, V. I.
BoisET, R. de H., p. 374, v. 7;
p. 375, V. 27.
Bois-GiRiAUME, R. de H., p. 348,
V. II.
BoissÉs, R. de IL, p. a 80, v. 9, 19;
p. 281, V. a.
Boloigne ( boulogne-sur-Mer, ville
du département du Pas-de-Calais),
p. 80, 1. 17.
BojNEHEM ( château de Flandre ) ,
p. 141, 1. 2a.
BoiVENT, p. 54, h 23.
BoRBORc (ville du département du
Nord), p. 127, var. 5.
BoRGiELE (Bourghelies, village du
département du Nord), p. i38,
var. 9.
BoiîEwic (Berwick on Tweed, ville
du comté de Northumberland ) ,
p. 164, 1. 9.
BORGOIG3NE ( provincc de France ) ,
p. 55, 1. 27.
BoRs, p. ia5, var. 5.
Bos,R. de IL, p. 336, v. i.
BoscAis, R. de H., p. 338, v. 14.
BoscART, p. 70, var. 5.
BosKiAUs, R. de H., p. 338, v. 19;
p. 339, V. 5, 10.
BosQiAUs, R. de H., p. 338, v. 24.
BoTHOîf («qui cucus estoit ») , p. ao,
1. II.
BoTow, p. lo, I. i3 ; p. 17, 1. i5.
390
INDEX GÉNÉRAL.
BoiinFRC, 11. de H., p. SSy, v. 21.
BoucH.vKs (comte de Melun), p. 5i,
1. i3, 18, 24.
Bouchakt de Monmorencx, p. 70,
BouKiNGEHF.n ( Buckiiigliam , capi-
tale du comté de Bucks), p. 181,
1.8.
p. i3a, 1. 28; p. i34, 1- 10 ; p. i4r,
1. 9; p. i53, 1. 26, 28; p. i54, 1. 4,
12 ; p. 1 55, 1. 8 ; p. i5fi, I. 7, i3 ;
p. 157, I. 27. — R. de H., p. 345,
V. 27.
BovENT, p. 54, var. 4-
Bovines (village du département du
Nord), p. 144, var. 3.
Boulenisiens (Boulonnais), p. 74, Braibamt (province de Belgique),
1. I, 5 ; p. 75, 1. 20
BouLEîfissiEjNS (Boulonnais), p. 73,
1. 19.
Boulenois (province de France, dont
Boulogne-sur-Mer est la capitale) ,
p. 59, 1. 27; p. 76, 1. 12; p. 167,
1. 3 ; p. 180, 1. 2, 4; p. 184, 1. i4;
p. 195, 1. 4; p. 199,1. 3.
BoiiLEiGNois (Boulonnais), p. 184,
1. la.
BouLoiGNE (Boulogne -sur- 3Ier) ,
p. 59, 1. 27; p. 64, 1. 23; p. 69,
1. 22 ; p. 71, 1. 20; p. io3, 1. 20 ;
p. 129, 1. i4; p. i3o, 1. II ; p. i3t,
1. 17, 20, 27; p. i32, I. 23; p. i33,
1. 25 ; p. i34, 1. 7; p. i35, 1. 17;
p. i36, 1. 3; p. 137, 1. 7; p. 141,
1. 8; p. 144, 1. 10; p. 1^7, 1. 4.
BouLoiNGNE ( Boulogne-sur-Mer),
p. 201, var. 3.
Bourg, R. de H., p. 299, v. 20.
BouKDiAUS-soR- Gironde, p. 108,
1. 16, iH, 23.
BouKGEGNON (Bourguignons), p. 3y,
1. i3 ; p. 52, I. 5.
BouRGHiELE ( Bourghelles, village du
département du Nord), p. i38,
1. 22 ; p. i'^9, 1. afi.
Bourbourc-sour-le-Mer ( ville du
dcparlement du Nord), p. 127,
1. 1 1.
B0URGHEGN0N ( Bourguignons ),
p. 52, 1. 10.
B0URG01GNE (province de France),
p. 12, 1. 9; p. 5i, 1. 4; p. 52, 1. 3,
p. 108, 1. 9, 20, 26
p. i54, 1. 9.
Braine, R. de H., p. 369, V. i5.
Bkaiouse, p. 1 12, 1. 4? 7j 10 ; P' ii4>
1. 22 ; p. 1 15, 1. 3.
Brandis (Blindes, actuellement Brin-
disi , ville d'Italie dans la Terre
d'Otrante), p. 87, l. 12.
Braybant (province de Belgique),
p. i54, 1. i4-
Brayouse, p. III, 1. i3; p. ii3.
1. 5.
Breauté ( bonrg du département de
la Seine-Inférieure), p. 172, 1. 27;
p. 181, 1. 6; p. 188, 1. 4 ; p. 194,
1. 16.
Brebant (province de Belgique),
R. de H., p. 226, V. 7.
Bremulb-lès-Mortemer (lieu dans
les environs de Neufchàtel, dépar-
tement de la Seine -Inférieure),
p. 63, 1. 2.
Bretaigni: (province de France),
p. 3, 1. 4; p i3, !. 16, 20; p. i4»
1. 21 ; p. 17, 1. 23 ; p. 20, 1. 26 ;
p. 26, 1. 2; p. 43, 1. 25; p. 47, l. 16,
19 ; p. 5o, 1. II, 26 ; p. 56, 1. 1 1 ;
p. 57, 1. 8 ; p. 63, 1. 24 ; p. 70, 1. 7;
p. 83, l. 4 ; p- 91» !• 25; p. 92, 1. 24;
p. 93, 1. 8 ; p. 94, 1. I ; p- 143, 1. 4;
p. 179, 1. 20; p. i8o, l. 25; p. 188,
I. 17; p. 200, 1. 2 ; p. 201, 1. 10.
— R. de H., p. 225, V. 18.
Bretaigne (nom d'un cousin de Ro-
bert de Béthuiie), p i33, 1. 22.
Bretaingne (Bretagne), p. 5i, var. 3.
Breteaus, p. 161, var. 2.
BouKs, p. io3, 1. 12, 19; p. 104, 1. 18; Brethon (Bretons), p. 17, 1. 20;
p. 125, l. 17; p. 170, 1. 10; p. 181, p. 26, 1. 4
ï. 23 ; p. 189, 1. 2 ) ; p. 192, 1. 21 ;
p. 201, 1. 16; p. 2o3, 1. I.
BoLKSAus DE Mequelines , R. ne H.,
p. 375, v. i3.
BoussKT, R. de H., p. 2S0, v. 27.
BoUTAVANT, p. 91, 1. 6.
BouviNEs (village du département
du Nord), p. 144 ,1. 14; p. 145,
1. 10.
BovE (village du département de la
Somme), p. 129,1 i5; p. i3c), 1. 12;
Breton, p. 17, 1. 22 , 24; p- 23, 1. 19;
p. 28, 1. i3 ; p. 3o, 1 2 ; p. 4». 1- 3o;
P- 49 > 1- 17; P- 5o, 1. 12 ; p. 56,
1. 17.
Bretoul de Houdencourt, r. de
H., p. 367, V. 21.
Bretuel ( ville du département de
l'Eure), p. 63, 1. 3.
Bridous de Baillet, r. de H.,
p. 378, V. I.
Briene, p. 207, 1. I.
liNDEX GÉNÉRAL.
391
Brimeu (village du département du
Pas-de-Calais), R. de H., p. S/JS,
V. l3, 22.
Bkistou (Bristol, -ville du comté de
Gloucesler), p. (19, 1. 10; p. 77,
1. iH, 28, var. 5; p. 79, 1. i3; p. 181,
1. 18.
BiuwERHE, p. 117, var. i.
Brostesinge (surnom d'Adam de
Beaumout), p. 174, I. iS.
Brostewic , p. ii5, 1. 8.
Brouchars (Bouchard, comte de
Meluu) , p. 5i, var. fi.
Bruges (ville de Belgique), p. 126,
1. 19; p. i3a,l. 12, i5; p i3H,
1. 14, 24.
Bruiant d'Uel , R. de H., p. 233,
V. 23.
Bruiere, p. 117, 1. 7.
Bkuîj ( surnom de Hugues , comte
de la Marche), p. 206, 1. ifi.
Brunof l'archevesque de Cou-
LOIGNE, p. 39, 1. 19.
Briisp.wic (Brunswick), p 207, I. 5.
Bhiistou (Bristol), p. 77, 1. la.
Bkuuiekb, p. 117, 1. 10, ifi.
Bruuieure, p 117, I. 3.
BuART (nom de l'écuyer qui portail
la bannière de l'avoué de Béthune),
p. 178, var. (i.
BuEFFKEMONT (village du départe-
ment des Vosges), R. de H., p. 358 ,
V. 10.
BuESMOLiNs (château de Normandie),
]). 70, 1. ifi.
BuENE- viLLE-soR-TouKE (village
du département du Calvados ) ,
p. 97, 1. 28.
BuRii)Aj.s DE Waulaikcort , R. de
H., p. 371, v. 24 ; p. 372, v. 2.
Burins (frère de Hrolf ou Rollon , et
fils de Bier Coste-Fierrée [Côte-dc-
fer] ), p. 5, 1. 8, 1 1, 19.
BuRNEL, R. de H. , p. 371 , v. 22 ;
p. 379 , V. 9.
Bygot, p. 172 , 1. II.
c.
CAAM(Caen, chef-lieu du départe-
ment du Calvados), p. 61, 1. 21;
p. 64, 1. 29; p. 69,1. I.
Caeu (Cayeux, bourg du départe-
ment de la Somme), R. de H.,
]). 349, V. 11,21.
Caieus ( bourg du département de la
Somme), R. de H., p. 229, v. 24.
Calebot, p. 8fi, 1. 12.
Cam (<]aen), p. 97, 1. 27.
Cambray (ville du département du
Nord), p. 92, 1. 5, i3.
Campaigke (Champagne, province
de France), p. 8H , 1. i5.
Cande (Sainte), p. 63, 1. 19.
Canle, p. 201, 1. 6. — R. de H.,
p. 307, V. 25; p. 309, V. ii;
p. 253, v. 5.
Cantebruge ( Cambridge ), p. 182,
1. i5.
Cantebeuges (Cambridge), p. 179,
1. i3.
Caktews , R. de H. , p. 346, v. 23.
Cantorbire ( Canterbury , capitale
du comté de Kent) , p. 48 , var. 4 ;
p. io5, 1. 27; p. 140, 1. 3, 5, 21 ;
p. i56, 1. 28; p. i57, 1. 3, 12,
a5; p. 167, 1. i5; p. 171, 1. i;
p. 179,1. 10; p. 184, 1. 10; p. 189,
1. 37 ; p. 196, 1. 21 ; p. 20a , 1. 17 ;
p. 208, 1. 6; p. 209, 1. 14.
Cantoebyre (Canterbury), p. 63,
1. II ; p. 157, 1. 10.
Carbomaus, r. de H. , p. 343, v. 20,
22 ; p. 368, V. 7.
Cardon ALE (suivante de Genièvre),
R. de H. , p. 339, v. 24; p. 365 ,
V. 3 ; p. 3i9, v 4-
Cardon N AL , R. de H. , p. 342 ,
V. 10.
Cardonkoi , R. de H. , p. 342, v. 3.
Carduel (Carlisle , capitale du comté
de Cumberland ), R. de H., p. 233,
V. 22.
Careu , R. de H., p. 324 , V. 2.
Cables (Charles 1*% comte d'Anjou
et de Provence , dernier fils de
Louis YIIl , roi de France, et de
Blanche de Castille), R. de H.,
p. 214, V. 18.
Caroges (château de Bretagne, sur
le Coisnon), p. 56, 1. 14
Carrois , R. de H., p. 3o8, v. ao.
Cassel ( ville du département du
Nord), p. 127, var. 4-
Cassiel (ville du département du
Nord) , p. i39, 1. 22.
Cassiel - souR - le - Mont ( ville du
département du Nord), p. 127,
1. II.
Castegniers (forêt), p. 167, 1. 26.
Castetgniebs (forêt), p 167, var. 9.
392
INDEX GÉNÉRAL.
Castel-Eraut (Châtelleraut, ville du
département de la Vienne), p. 102 ,
1. lî.
Castel - Gaii-lart ( château de Nor-
mandie, situé au petit Andeli, dé-
partement de l'Eure), p. 88, 1. a6 ;
p. 96, 1. 27; p. 97, 1. I.
CASTEL-RoirsET , p. io3, var. 7.
Castellon, p. (12, 1. 14 ; p. 208,
1. 27.
Castenai, R. de H., p. 824, v. 17.
Castiaus-Gaillars (château de Nor-
mandie), p. 98, I. 22.
Castiel-Baigjvart (château de Lon-
dres appartenant à Robert Fitz-
Walter), p. 119, 1. 1.
Castiel-Frait (Pontefract, York-
shire), p. ifi3, 1. i5.
Castiel-GaillakTjP. 97,1. 5 ; p. 102,
1. 27.
Castiel-Gontier en Asgo( chef-
lieu d'arrondissement du départe-
ment de la Mayenne ), p. G3, 1. 27.
Castiel-Raoul, p. 95, 1. 5.
Castiel-Roufet, p. io3 , 1. 26.
Castilldh , R. de H., p. 3y3, v. 1.
Cenevieres , R. de H,, p. 3o4, v. 24 ;
p. 3ii, V. 23.
Cerisi, p. 177, 1. 18.
Cerisy (abhaye et bourg entre Saint-
Lo et Bayeux), p. 61, 1. 21.
Certesée ( Chertsey, dans le comté
de Surrey ) , p. 1 96 , var. 5 .
Cestre, p. 107, var. 3, 5.
Chalemont ( Talmont en Poitou ,
bourg du département de la Ven-
dée), p. 102, 1. i5.
Chalon ( ville du département de
Saône-et-LoIre) , p. 52, 1. i3, 24.
Champaigne ( province de France),
p. 9, 1. 10 ; p. 5 1, 1. 8; p. 81, 1. 14,
i5; p. 82, 1. 21. — R. de H., p. 226,
V. 9.
Chanceaus, p. i8r, 1. 20.
Change, p. 170, 1. 14.
Chanle, p. 201, var. 2, — R. de H. ,
p. 807, V. 10, 19; p. 809, V. 26.
CuANTEBHUGE (Cambridge), p. 181,
1. 8.
Chaniorbire (Canterburv ), p. 48,
1. 11; p. 67, 1. 24; p. 80, 1. 27 ;
p. 100,1. 8;p. io5, 1. 21, 24;
p. iio, 1. 5, 6; p. 125, 1. i3;
p. 140, l. 19 ; p. i49, h 20 ; p. i58,
î. 12 ; p, 167, 1. 16 j p. 168 , 1. i3,
ao; p. 171, 1. 21 ;p. 197,1. 17, 21;
j). 2o5, 1. i5 ; p. 209 , 1. 19.
Charies lt Simples (roi de France) ,
p. 5, I. I ; j). 12, 1. a4 ; p. 20,
1. 22, 23.
Chartres (chef-lieu du département
d'Eure-et-Loir) , p. 5 , 1. 3 ; p. 12 ,
1. 6; p. 39, 1. 10; p. 41 , I. 2, 4,
16; p. 49, 1- 12 ; p. 81, 1. i5;p. 104,
1. II.
Chastellon , p. 187, 1. 2.
Chavegny (Chauvigny, ville du dé-
partement de la Vienne), p. 95,
1. 18.
Ch AVEiGJVi (Chauvigny), p. 95, var. i .
Chekus ( Cnut , roi d'Angleterre ) ,
p. 48, 1. 20; p. 49, 1. 2, 6; p. 56,
var. 6; p. 57, 1. 14 ; p. 60, 1. i.
Chevaliers au lyon, R. de H.,
p. 240, v. I ; p. 245, V. 19; p. 3i5,
v. 2 ; p. 3 1 7, v. 2 1 ; p. 3 1 8 , v. 5 ;
p. 383, V. 19.
Chevkeuses ( ville du département de
Seine-et-Oise), R. de H., p. 842,
V. 25.
Chères ( châtelain de Bergues ) ,
p. i35, 1. 4.
Chieres (châtelain de Bergues),
p. 128, 1. 8 ; p. i33 , 1. 21 ; p. i35,
var. 3.
CniERET, p. 190, var. 8.
Chinon (ville de la Touraine , dépar-
tement d'Indre-et-Loire), p. 84,
1. 16, 17 ; p. io3, L II, 14 ; p- io4,
1. 2, 17; p. 108, 1.7, 8, 21; p. 109,
1. 2 ; p. 143, 1. 21.
Chioc (château de Flandre), p. 55,
var. 4-
Chiot (château de Flandre), p. 55,
1.19-
Cieret, p. 190, 1. 24.
CiERTEsÉE (Chertsey, ville du comté
de Surrey) , p. i9fi , 1. 26.
CicESTKE (Chichester, capitale du
comté de Sussex), p. 70, 1. 19.
CiEREs (châtelain de Bergues), p. i33,
var. 8 ; p. 195, 1. 4-
CiESTRE (Chester), p. 62, 1. 9; p. 70,
var. 9; p. 98, 1. 24 ; P- io3, 1. I ;
p. 195,1.7.
CisTiAUs (ordre religieux), p. 11 5,
I. 10; p. 197, I. 8 ; p. 200, 1, 6;
p. 207, 1. 26.
ClaRE ( bourg du comté de Suffolk),
p. 145, 1. i3; p. 161, \. 18, ai;
p. 162 , 1. 27 ; p. 168, 1. 2 ; p. 171,
1. 7; p. 194 , 1. 26.
Clere, r. de H., p. 27g, v. 4 > p- 282,
V. 20.
Cleeesvaus (ordre religieux), p. 197,
var. I.
INDEX GÉNÉRAL.
393
Ci-ERMONx, R. de H., p. 9.89, v, a/» ;
p. agi, V. 17; p. 293, V. 5 ; p. 323,
V. 9; p. 869, V. 2 ;p. 378, V. 9;
p. 58o, V. II.
Clf.kmo>'t (en Auvergne, chef-lieu
du département du Puy-de-Dôme),
p. 11,1. 32.
C1.EKVAUS (ordre religieux) , p. 197,
1. 8.
Cloeciestre ( Gloucesler), p. 182,
1. 12.
Cluigny (Cluuy, chef-lieu d'un ordre
religieux), p. 184, 1. i3.
Cluijvgki (Cluny), p. 70, var. 8.
Clygki (Cluny), p. 70, 1. i8, 21.
CoEKi , p. 49, var. 8.
Coing, R. de H., p. 338, v. 4.
CoisNON (rivière qui sépare la Nor-
mandie de la Bretagne), p. 17,
1. 22; p. 56, 1. i3, 17.
CoLECESTKE ( Colchester , ville du
comlé d'Essex), p. i65, var. 3;
p. 182 , var. 4-
Coi.EMOKT , p. 70, var. 7.
Coi.evviue( ville de Flandre), p. 141,
1. i5, 19.
CoMEs (Godwin, comte de Kent),
p. 60, 1. 19.
Co!»ipiEGKE (ville du département de
l'Oise), R. de H., p. 216, v. 17.
COJVAIKS LI DUS UE BkETAIGKE ( Co-
nan II), p. 63, 1. 24-
CojsNAiKS (Conan II , duc de Breta-
gne), p.63, 1. 27; p. 64, 1. 3.
CoNx.AiNS (Conan III, dit le Gros,
duc de Bretagne), p. 70, 1. 6
Coanains (quatrième du nom, duc de
Bretagne, surnommé le Petit),
p. 83,1. 4-
Constance ( femme de Robert, joi
de France), p. 55, 1. 26.
Constances ( Coutances, ville du dé-
partement de la Manche), p. 98,1. 2.
CONSTANS d'EnGLOS, LI CUENS DES
COUSTENTINOIS, p. 69, 1. 3.
Constant (Toustain , comte de Cou-
tances), p. 59, 1. 5.
Constantinoble (Constantinople) ,
p. I, 1. 1 3; p. 82, 1. 25; p. 91, 1. 29;
p. 104, 1. 8, i3 ;p. 127, 1. 4 ; p. 128,
1. 5; p. 180, 1. 8; p. 2o5, I. 23.
CoNSTENTiN ( Coteutin ) , p. 3 , 1. 3 ;
p. 32 , 1. 19 ; p. 47» 1- y ; !'• ^5. 1. 5.
CoNsxi^NTiNois (natifs ou habitants
du Cotentin), p. 23, 1. 21.
CoiiLEMOKT ( château de Norman-
die), p. 70, 1. 16.
CouNoc ( Connaught , l'une des qua-
tre provinces de l'Irlande ), p. lia,
1.21.
CouKïR AY (ville de Belgique), p. 1 34,
1. 20; p. 187, 1. 6, 9, 18, 20, 2$.
CousTANCE ( sœur de Guillaume, roi
de Sicile , et femme de Henri , em-
pereur de Rome), p. 85, 1. 14.
CousTENTiN (Cotentin ), p. 62 , 1. 11.
CousTENTiNOis ( geus du Cotentin),
p. 3i, 1. 1 ; p. 33 , 1. 2 ; p. 43, 1. 8 ;
p. 59, 1. 3.
Coi'EGNI, p. 191, 1. 4-
CoK (Corfe, Dorsetshire ) , p. 96,
var. 2.
CoRBiE (ville du déparlement de la
Somme), p. 24 , 1. i5.
CoKBiE (Corbeil, ville du départe-
ment de Seine-et-Oise ), p. 56, l. 5.
CoKBiois, R. de H., p. 271, v. 26, 27.
COKBUEL, p. 187, 1. 18.
CORCON , p. l44 , 1- 19-
CoRF (Corfe, châleau du comté de
Dorset à 120 milles de Londres),
p. 96,1. 8; p. 100, 1. 27; p. 114,
1. a-i ; p. i52 , 1. 22 ; p. 172, 1. 26 ;
p. 180, l. 24, 28; p. 181, 1. 16.
CoRMEiLLEs (bourg du département
de l'Eure ), p. 61, var. 2.
CoR.MELLYEs ( Comieilles, bourg du
département de l'Eure), p. 61, i. 25.
CosME (saint), p. i55, 1. 3.
CoucHi (Coucy-le-Châtel, commune
du département de l'Aisne ), p. 29,
1. 10, 1 4, var. 2.
Couci (château de Picardie), p. 29,
1. 3 ; p. i65, 1. 24; p. 175,1. i3,
var. 6 ; p. 187, 1. 1 4 ; P- M), h 10.
CouFLANs, R. de H., p. 297, y. 19;
p. 298 , V. I.
C0U1.01GNK (ville des états prussiens),
p. 39, 1. 19; ]). 68,1. 4.
CouLoiGNE, R. de H., p. 3o5, v. 20.
COUPIELE, p. 128,1. 10.
CouPiGNi, R. de H., p. 328, V. y.
CouPLiAus, R. de H., p. 34o, v. 2.
CouRTENAY (bourg du département
du Loiret), p. 166, 1. i5; p. 172,
1. 21; p. 198,1. 1 5 ; p. 20 1 , 1. I ,
23 ; p. 202 , 1. 2 , 24 , aS, 27.
COURTENNAY, p. 2o5, 1. 25.
Courtoisie (personnification), R. de
H., p. 2i5, V. 27 ; p. 223, V. y.
CousTANCES (Coutances), p. 4y,l- ^o-
CousTENT (Coutances), p. 56, 1. i6.
CousTENTiNOBLE ( Coiistaiitinople) ,
R. de IL, p. 225, V. 1.
Couture, 11. de H., p. 3io,v. 23;
p. 3ii , v, 7.
26
394
INDEX GÉNÉRAL.
Cracfergu (château d'Irlande),
p. 112, 1. 36; p. ii3, 1. 7, 9;
p. 114, I. 19.
Chamailles, R. de H., p. 849,
V. 13.
Grave ( nom du marin qui trancha
la tête à Eustache le Moine ) ,
p. 203 , \ar. I.
Creel (Creil, ville du département
de rOise), p. 29, 1. i4- — lî. de
H., p. 216, V. 17.
Creeil (Cieil), p. 2g, var. 6.
Creoit, p. 170, 1. i3; p. 17S, 1. 1,3,
23, 2fi.
Crestegny, p. 62 , 1. 8.
Crestiens (Chrétien de Troyes),
R. de H., p. 23o, v. 21.
Crockmeure (nom d'un chevalier
de F^rancc qui tua Geoffroy de Man-
deville), p. 164, 1- 25.
Croisiles (village du département du
Pas-de-Calais), p. 166, 1. 23.
Choisilles ( village du département
du Pas-de-Calais), p. 175, 1. 18.
Croon , p. 178, var. 1.
Cypre (Chypre, île de la Méditerra-
née), p. 86, 1. 9, II.
Cyrai , p. 62 , 1. 23.
Cysotng (village du département du
Nord), p. 162 , 1. 9.
D.
Damien (saint), p. i55,l. 4-
Damiete (ville de la Basse-Egypte),
p. 2of>, 1. 27 ; p. 207, var. 2, 3.
Dagart, r. de H., p. 3oo, v. 6.
Dagras de Bourg , R. de H., p. 299,
V. 20.
Dan (ville de Flandre), p. 124,
1. 27; p. i3o, 1. 18, 25; p. i32,
1. 4» 8, 10; p. i34, 1. 23 ; p. i36,
1.8, II.
Danaus (Troyen, fils d'Anthénor),
p. 2,1. 8.
Danemarge (Danemark, royaume du
nord de l'Europe ) , p. 3, 1. 18.
Danemarche (Danemark), p. i,l. i4;
p. 5, 1. 4 j p. 18, l. 26 ; p. 19, 1. i5 ;
p. 3i, 1. 7, 26; p. 41, 1. 6; p. 47»
1. 25, 27; p. 48, 1. 19, 21 ; p. 49,
1.9.
Dakiaus (nom de l'un des fils de
Guillaume , avoué de Béihune ,
puis avoué lui-même) , p. 1 4'^, 1- 4 ;
p. 166, 1. 8.
DaNIaUS de m a alises, p. 107, l. 2 1.
Daniels (nom de l'un des fils de
Guillaume, avoué de Béîhune),
p. 128, var. i.
Danlés de Waveguies, r. de H.,
p. 377, V. 4.
Danois (habitants ou natifs du Dane-
mark), p. 3, 1. 8; p. 4 > 1- 25 ; p. 5,
1. 4; p. 7, 1. 27 ; p. 8, 1. 17; p. 9,
1. 12, 25; p. 10, 1. 3, f>, i3, 32 ;
p. 12, 1. Il, i5, 21 ; p. 17, 1. i5 ;
p. 3i, 1. 23 ; p, 32, 1. 3, 5, i5, 23,
37; p. 33, l. 9; p. 4i, 1. 7» 25;
p. 42, 1. 7, 8, 21 ; p. 43, 1. 5, 10 ;
p. 47, I. 21 ; p. 48, 1. 3, fi, 7, 18,
var. I.
Dan-Martin, p. io3, var. 5.
Danois (nom de l'un des fils de Guil-
laume, avoué de Béthune), p. 128,
1. 4-
Dantfront en Passois (Domfront,
ville du département de l'Orne ) ,
p. 72, 1. 27.
Dant-3Iartik , p. io3, 1. 20.
David li prophètes (David, roi des
Juifs), p. 44, 1. 6.
Davis d'Escoce , p. y6, 1. \6.
Decolasse (surnom de saint Jean-
Baptiste), p. 207, 1. i6.
Dhnfront, p. 98, var. 3.
Denis (saint), p. 14, 1. 26. — R. de
H., p. 233, V. 14 ; p. 247, V. 5;
p. 266, V. 4.
Denise (saint), p. 14, 1. 18; p. 121,
1. 22. — R. de H., p. 226, V. 21.
Deregnau (maison fortifiée de Lille),
p. 189, 1. 4j i3, 18, 22.
Dereignau (maison fortifiée de Lille),
p. 189, var. I.
Despensiiîr , p. 70, 1. 2.
Deu (Eu, ville du département de la
Seine- Inférieure ), p. 465 1. i3;
p. 58, 1. i4; p- 62, 1. 5.
Dewime , p. 161, var. i.
Dingefuell, p. 190, I. 5.
DiNGurpiiEiL, p. 190, var. i.
Dive (rivière du département du Cal-
vados ),p. 82, 1. 2, 10; p. 62, 1. 3.
DODINFUELL, p. I94, 1. 26.
DoE , p. 170, 1. i3.
DoL (ville du département d'IUe-et-
Vilaine), p. 5o, 1. i3.
DoMBAR (ville d'Ecosse, comtéd'Had-
dinglon), p. 164, 1. 10.
INDEX GÉNÉRAL.
395
DoMPiERE, R. de H., p. 366, v. 25 ;
p. 367, V. 4.
DoNCH.vRT , R. de H., p. 307, v. 26.
DoNER (fils de Courtoisie, personni-
fication), R. de H., p. 223, V. 27.
DoKEwis (Dunwicl), dans le comté de
Suffolk), p. i55, 1. 7; p. 172, 1. 16.
DoNFoRT EN Passois ( Donifiont ,
ville du département de l'Orne ) ,
p. 98, 1. 3.
DoNSE (ville de Flandre), p. 137,
1. 16.
DoNSELE, R. de H., p. 324, v. 20.
DoREFORT, p. 182, I. 12.
DoRK.vis (château de Normandie),
p. 5o, var. 11.
Dou.vY ( ville du département du
Nord), p. 127, 1. 10 ; p. i36, 1. 27,
28. — R.de H., p. 336, v. 4.
DouvRE (ville et port du comté de
Kent ), p. 48, 1. i5 ; p. 64, 1. 25 ;
p. 71, 1. 27; p. 123 , 1. 26, 27;
p. 124, 1. 3 ; p. 127, 1. 23 ; p. i3o,
1. 4, 6; p. 140, 1. 3 ; p. i53, 1. 3, 5,
27; p. i56, 1. 28; p. 157, 1. II ;
p. 167, 1. 22 ; p. 168, 1. 10 ; p. 170,
1. 3, 9, II ; p. 177, 1. 20, var. 4;
p. 179, 1. 10, 18; p. i8o, 1. 12;
p. 181, 1. 23; p. 182, 1. 6 ; p. 184,
1. 18, 24; p- 186, 1. 25; p. 189,
1. 4, 6, 12, 17; p. 192, 1. 19, 23 ;
p. iy3, 1. 6; p. 195, 1. 14 ; p. 196,
î. 9, 12; p. 198, 1. 26; p. 200,
1. 17.
Douvres, p. 192, 1. ifi.
DovELiNjvE (Dul)lin, capitale de l'Ir-
lande) , p. 112, 1. 12.
DovRK (Douvres), p. 17g, 1. 8.
Dreues ( Dreux , ville du départe-
ment d'Eure-et-Loir), p. i43, 1. 5,
II , 19; p. 144, 1. 24; p. 145, 1. I ;
p. 166, 1. 3; p. 175, 1. 5, 12; p. 176,
I. i3, 16; p. 177, 1. II ; p. 178, 1. 28;
p. 188, 1. 18; p. 202, 1. 22, 26;
p. 208, 1. 26.
Dreuwes, p. 143, var. 3; p. 166,
var. I.
Drikncourt, p. 70, var. 7; p. 89,
1. 17.
Drieu ou Driex du Plaissié , R. de
H., p. 296, V. 14, 21; p. 297, v. I.
Drieus de Morlaiwes , R. de H.,
p. 281, V. 12, 22 ; p. 282, V. 8.
Drieus de Roie, R. de H., p. 345,
V. 7.
Driues de Praiaus , R. de H. ,
p. 297, V. 7.
Driuok de Roie, R. de H., p. 344»
V. 16.
Drius de Roie, Pi. de H., p. 344»
V. 22.
Dukoe, p. I, var. 3.
Durabime (Durham) , p. i63, 1. ai.
DuRAUME (Durham), p. 164, 1. 7.
DuREAUME (Durham), p. i63, var.
6; p. 164, 1- 8.
DuvELiNE (Dublin), p. 112, var. 3.
Dymoe, p. I, 1. i3.
E.
Ebar (évêque de Bayeux), p. 10,
1. 21.
Ebalt (comte de Poitiers), p. 12,
var. 2.
Ebrax, p. 21 , 1. 27.
EcESTRE (Exeter, chef-lieu du De-
vonshire), p. 148, var. 2.
EciESTRE (Exeter), p. 148, 1- i , 6,
21 ; p. 149, 1- II, 16; p. i63, 1. i5,
18; p. KJ4, 1. i5.
Eduiwart (roi d'Angleterre), R. de
H. , p. 226, V. 3.
Ely (ville du comté de Cambridge),
p. 188, var. 2.
Emme (femme de Richard I", duc de
Normandie), p. 43, 1- i4-
Emsie (fille de Richard P"" et de Gon-
nor, depuis reine d'Angleterre),
p. 43, 1. 21 ; p. 47, 1. 4; p. 4g,
1. 7.
Engebierge ( lu reine Gerberge ,
fille de l'empereur Henri 1""^ ,
femme de Louis d'Outremer ) ,
p. 28, 1. 10.
Engelars d'Athies, p. 181, 1. 20.
Engherans de Rugi, R. de H.,
p. 356 , V. 16.
Engherhan de Gheulesin , R. de
H., p. 377, V. 5.
Enghekran le come d'Abbeville,
p. 59, 1. 21.
Engherrass de Bailluel, r. de
H., p. 295, v. i4 ; p- 296 , V. I ;
p. 3ii , V. 14.
Engherrans de Bove, r. de H.,
p. 345, V. 26; p. 346, V. II.
Engherraivs de Couci (oncle de
Robert de Dreux et neveu de
Louis VIII), p. i65, 1. 24 ;
396 INDEX GENERAL.
p. 175, 1. t3, 27; p. 176, 1. 9; p. ao8, 1. 14, ifi, 19, ao; p. 209,
p. 187, I. 14 ; p. 190, I. lo. 1-2,7, ^^■
Engherr.vns de M.mnnés, p. 366, Englois, p. 5,1. 28; p. 6, 1. 6; p. 10,
V. 2, 12. 1. 25; p. 11,1. 3; p. 48, 1. I ; p. 63,
Englentine, K. (]e H , p. 239, v. 23 ; 1. i3, i4 ; p. fi4, 1. 9, 12, 24 ; p. 71,
p. 259, V. 27. ]. 23, 24; p. 72, 1. i6; p. 73, 1. 12;
Emglès (natif d'Angleterre), p. 6, p. 148, 1. 26; p. 149, 1. 9 ; p. 170,
1. 18 ; p. 47, J- 10. 1. 23 ; p. 172 , 1. 12 ; p. 174» 1- 23;
Engleterk ( Anjrlcterre, grande île p. 177, 1. 3 ; p. 184, 1. 5; p. i85,
de l'Océan Atlantique), p. i63 , 1. 23; p. 186, 1. 27 ; p. 187, 1. 7, 27 ;
var 8. — R. de H., p. 2 2 5, V. 21. p. 190, 1. 6, 20 ; p. 191 , 1. 14 ;
Engleterre, p. 10, 1. 27; p. 84, p. 193,1. 20; p. 194, 1. 28; p. 195,
var. 3 ; p. 162 ,1. 19 ; p. 178, 1. 6 ; p. 196, 1. 2, 9, 26; p. 198,
var. 8. 1. 18, 22 ; p. 201, 1. 20, 28; p. 202,
EiVGiETiERE , p. 6, var. I ; p. 27, I. i3 ; p. 207, 1. 12 ; p. 209, 1.4-
1. II ; p. 90, var. 8. Englos, p. 69 , 1. 3. — R. de H.,
Engletieree, p. 6, 1. 6 ; p. 7, 1. 7; p. 378, v. 3.
p. 9, 1. 4; p- Il , 1. 4 ; P- 18, 1. 9; Englume, R. de H. p. 376, v. 12.
p. 20, 1. 10, 19; p. 21, 1. 2 ; p. 43, Ekgolesme (Angoulême, chef-lieu
1. 21; p. 4/» !• 3, i3, 20, 22; du département delà Charente),
p. 48, 1. 3, 7, 19, 25, var, i; p. m, 1. 5.
p. 49> 1- 4; p- 56,1. 20, 28; p. 57, Engoliesme (Angoulême), p. 206,
1. i4; p- 60, 1. 2, 7 ; p. 63, 1. 8, 10, 1. 9.
30, 23; p. 64, 1. I, 20, 24; p. 65, Ejngonnois ( Angoumois, ancienne
1. 3, 11, i5; p. 68, 1. 7; p. 69, 1. 8, province de France) , p. 91 , 1. 21.
14, 16 ; p. 70, 1. i3, 17; p. 71, 1. 2, Engorran i)e Couci, p. 175, var. i.
8,10, 18,27; P- 72? 1- 10, 22, 26; Engumois (Angoumois), p. 206,
p. 73, 1. 10; p. 76, 1; i3, 19, var. 7; 1. II.
p. 77, 1. 4» 10, 22; p. 80, 1. 16; Envie (passion personnifiée), R. de
p. 81 , 1. 17, 28; p. 82, 1. 26; p. 89, H., p. 278, V. I.
I. 3, 7 ; p. 96, 1. 6, 25 ; p. 98, 1. 12, Erart be Braijve, R. de H., p. 36g,
19; P- 99» 1- io> 22; p. 104, 1. 16; V. 14.
p. lofi, 1. 9 ; p. 108, 1. 3, 10 ; p. 109, Erkinghehem, p. i38, var. 3 ; p. i39,
1. 4, 12, i5, ig, 20 ; p. iio, I. 22, var. 8.
27 ; p. m, I. 2; p. ii3, 1. 19; Ernaut (un des arbalétriers du
p. 114? 1 20, 21 ; p. 1 15, 1. i5, 19, prince Louis ), p. 178, var. 3.
27;p. 116,1. 27; p. 1 18, 1.7;p. 120, Ernols (Arnoul I^"', dit le Vieux,
1. 1, 16, 22 ; p. 121,1. 4, i3, \6, 27; comte de Flandre ), p. 23, var. 3.
p. 122,1.9, II, i5, i6;p. 123,1. 17; Erkols de Lahdast, p. i34, var. 6.
p. 124, 1- 6, 20, 21, 26; p. 125, 1. 2, Ernoui. d'Audenarde , p. i54 ,
7, 10, 16 ; p. 126, 1. 7, 23 ; p. 127, var. 8.
1. i5, 20, 23; p. 128, 1. 16; p. i3o, Erkous (Arnoul 1", dit le Vieux ,
1. 10; p. i3i, 1. 5, i5, 18; p. i34, comte de Flandre) , p. 29, I. 17.
1. II ; p. i35, 1. 26; p. 139, 1. 24 ; EscAiLLON , R. de H. , p. 34o, v. 11,
p. 1 41, 1. I, 2 ; p. 142, 1. 27; p. 143, 18.
1. 24 ; p. i44> !• 3, 17, 23, 24; p. 145, Escarboniaus, R. de H., p. 343,
1.4, 8, 10; p. 147, 1. r5; p. i5i, 1.4; v. 2, i3.
p. i53, 1. 12, 22; p. i54, 1. i3; EscAucE(Nor\vège), p. i, 1. i4; p- 5,
p. i56, 1. 26; p. 157, 1. 18; p. 160, 1. 22.
î. 9, i4, 24; p- 161,1. 10, 16; p. 167, EscATiT (fleuve qui prend sa source
1. 6, 22; p. 16S, 1. 16, 27; p. 170, en France , passe en Belgique et se
1. II ; p. 171 , 1. 4 ; P- 173, 1. 4; jette dans la mer du Nord, en Ho!-
p. 174, 1. 3, 4; p. 179, 1. 16; p. 180, lande), p. 8, 1. i4; p. 88, 1. 25.
1. 14 ; p. 182, 1. 28 ; p. 187, 1. i5, EscHAUT, p. 8, var. 5.
23 ; p. 188 , 1. 8 ; p. 197, 1. 3, 6 ; EscHocE , p. 79, 1. 8 ; p. 109, 1. 20;
p. 198, 1. i4, 25; p. 200, 1. 7 ; p. ii3, 1. 9.
]). 204, 1. 8, 21, 22 ; p. 2o5, 1. 22; EscocE (Ecosse , royaume de la
p. 206,1. 20; p. 207,1. 4, 22, 23; Grande-Bretagne), p. 76, 1. 16;
{
INDEX GÉNÉRAL.
p. 77, 1. m; p. 78,^1. 1 1 ; p. ifSa,
1. 33; p. i63, 1. 23, i(i ; p. 164,
1. I, 3, 4; p- i79il- 8, 18; p. 197,
1. 20.
EscocHE (Ecosse), p. 164 > !• ïi-
— R. de 11. , p. 236, V. 2 1 ; p. agfi,
V. 8.
£S£LII(GUEH£SI , R. (le H., p. 338,
V. i5.
EspAiGNE (contrée de l'Europe),
p. 3, 1. 5, 6; p. 43, 1. 7; p. 81,
1. 24 ; p. 83, 1. 20 ; p. 91 , 1. 2.
ESPAIGNOL, p. 43, 1. II-
Espagjvi, h. de H., p. 34o, v. 4-
EsPEGNi, R. de H., p. 344 > v. 6.
EspRiNGES, p. 81, 1. I ; p. 1 57, var. 2.
EvKART (fils d'Ethelred, roi d'An-
gleterre) , p. 48, 1. i4-
EsPRiAGUES, p. 157, 1. 6.
Estampes ( ville du département de
Seine-et-Oise), p. 12, 1. 2; p. 81,
1. II.
Estâmes, p. 149, 1- 23; p. igfi, 1. 26.
ESTAKFORT, p. lOO, 1. 24 ;p. l4ïîl- ^>
p. 207, 1. 24- ,
Estexe (saint Etienne), R. de H.,
p. 36S, V. 21.
EsTiEvEME (S. Etienne), p. 6i, 1. 21 ;
p. 62 , 1. i3, i4 ; p. 64, 1. 29.
EsTiEVEîiEs, EsTiEVEKON (Etienne,
comte de Blois, puis roi d'Angle-
terre), p. 72, 1. 17, 24 ; p. 73, 1. 9;
p. 76, 1. 10; p. 77, I.i7;p. 78,1.2;
p. 79, 1. i3, 20; p. 80, 1. II , 14,
32 ; p. 146, 1. 3.
ESTIEVENES DE LaKGETHONE, p. IIO,
1. 23.
EsTiETENEs i)E LakguetojVke (ar-
chevêque de Canterbury), p. 308,
1.6.
Estievenes lt cuens de Bouloigne,
p. 64, 1. 23.
Estievese Trabe (nom du marin
qui trancha la tête à Eustache le
Moine), p. 202, 1. 8.
Estrafokt, p. 207, var. 4-
.307
Estrées, p. 166, 1. 20 ; p. 175, 1. i4;
p. 188, 1. 23. — R. de H., p. 323,
v. i5 ; p. 253, V. 17.
El HE (Epte, rivière du département
de l'Eure), p. i3, 1. 4> n ; P- 4o,
1. 7, 14, 17, 19-
Ethiopien, p. 43, h 12.
Eu (ville du département de la Seine-
Inférieure), p. 4^' j var. 6; p. 62,
1. 3, var. 5; p. 102, 1. 10.
Euerewic (York), p. i63, var. 5.
EuRAS Li ROIS d'En gletierre, p. 63,
ho.
Eure , p. 12, 1. 16.
EuRius (l'un des assassins de Guil-
laume Longue-Epée),p. 25, var. 4-
Europe (l'une des cinq parties du
monde), p. 1, 1. 7, 9.
Eus ou Ex-de-Frr , R. de H. , p. 365,
V. G, 10 ; p. 366, V. I.
EuwAKs ( Edouard-le-Confesseur ) ,
p. 56, var. 7 ; p. 57, var. i ; p. 60,
1. 18.
Eves ( montagne près de Chartres ) ,
p. 12, 1. 17.
Evrars ( Edouard - le -Confesseur ),
p. 56, 1. 21 ; p. 57, 1. 3; p. 60, 1. 3,
16, 18 ; p. 63, 1. 21.
Evrecin (district dont Evreux est le
chef-lieu), p. 70, var. 11.
EvREiscES (Avranches, ville du dé-
parlement de la Manche), p. 157,
'■ '9-
EvR EUS (chef-lieu du département de
l'Eure), p. 10, 1. 20 ; p. i4 , 1- ï6>
p. 37, 1. 19; p. 40, 1. 25; p. 41»
1. 18; p. 54, 1. 6, 27; p. 62, 1. 6,
7, 16 ; p. 70, 1. 25.
EvREwES (Evreux), p. 10, var. 6;
p. i5, var. 5.
EvREwic (York), p. 167, 1. 18.
EvROLERT (Evroult), p. 62, 1. 35.
Ewart ( fils d'Ethelred , roi d'An-
gleterre), p. 48, var. 5; p. 63,
var. 4-
F.
Faï, r. de H., p. 336 , v. 3. du comté de Kent , avec une ab-
Faloise (Falaise, ville du départe- baye de l'ordre de Cluny, fondée
ment du Calvados), p. 53, 1. 16; en'1147, par le roi Etienne), p. 80,
p. 98 , 1. 3. 1. 26.
Fauque de Breauté, p. 172, var. 12. Fekieres, R. de H. , p. 307, v. 27 ;
Fauviaus de Susane , R. de H. , p. 3o8 , v. 4; p. 371, v. 5.
p. 3t3, v. 23. FERNEHEM(Farnham, ville du comté
Farversent (Faversham, petite ville de Surrey), p. 172 , 1. 22 : p. 187.
398 INDEX GÉNÉRAL.
1. a8; p. i88, 1. i ; p. igo, 1. i3 , Fleke (La Fléclie , ville du dépar-
17; p. i()i, 1. 19. tenient de la Sarthe), p. 65, 1. 8.
Fekrajis (fils du roi de Portugal), Fi^orens de Hangest, p. 188, 1 a/J ;
p. 127, 1. a ; p. 19.8 , 1. a5 ; p. i36 , p. 191 , 1. 23.
1. (î ; p. 137, var. i. Foelloi , R. de H., p. 368, v. 17.
Fekkieres , p. 58, 1. 12; p. 19/1, FoiLLois, R. de H. , p. 3aa, V. 19.
1. 16. FoissEu DE Maiencourt, R. de H,,
Fkscamp (ville du département delà p. 3o4 , v. 20 ; p. 3o5 , v. 5, i4-
Seine - Inférieure ), p. 2, 1. 24; Fojvteniele , p. i6fi,l. 22.
p. ao, 1. 8, 1 1 ; p. 43, 1. 25 ; p. 45, Fomtekoy , p. 62, 1. i3.
1. I , i3; p. 5i , 1. 3 , fi; p. 53, 1. 5, Formeseles, p. i33 , var. 6.
22 ; p. 55, 1. 28; p. 56, 1. 26; p. 62, Forteche , R. de H. , p. aSS, v. 5 ;
1. 19. p. 3fi5 , v. 12.
Fl■sc\^'s, p. 2, var. 10. Forterece, R. de H., p. 3 16, v. 27.
Feujeres, r. de H. , p. 337, ^* ^^- Fortrece, R. de H. , p. 358, v. 24 ;
Firnles (Fiennes, village du dépar- p. 36o, v. iq, 27.
tement du Pas-de-Calais), p. 188 , Fosseus, R. de H., p. 357, v. 3.
var. 7; p. 190, var. 7. Fouconcourt, R. de H., p. 345,
Fienmes, p. 188, 1. 2a; p. 190, V. i5.
1. a5. FouKEs deBreauté, p. 173, 1. i.
FiRSAC (château de l'archevêché de Fouques (fils de Guillaume, comte
Saltzbourg, dans lequel Richard I*"^ deBlois), p. 54, h 20, 23.
fut détenu), p. 87, 1. aS. Fouques (Francon, archevêque de
FiAMEWc (natifs ou habitants de la Rouen), p. 9, 1. 6 ; p. 16, var. 3.
Flandre ), p. 25, 1. 20 ; p. 55, 1. 20 ; Fouque d'Ajvjou , p. 69, l. 18.
p. 129, 1. 18 ; p. 137, 1. II ; p. i4o, FouLLOi, R. de H., p. Sai, v. 2fi.
1. 1 1 ; p. 141 , 1- 18 ; p. 148, 1. 3 , Fouques DE Breauté, p. 172, 1. 27;
4 , 18 , 20 ; p. 149 , h 10 , 25 ; p. 18 1 , 1. 6 ; p. 188, 1. 4; P- i94>
p.i5o,l. 19,21; p. i5i,l. 3; 1. i6.
p. 170, 1. 1 3, 18. F0URMESIELES, p. i33, 1. 19.
Fi-amems deMons , R. de H., p. 3o6, Fourré, p. 3a ,1.17-
v. 2 , 9. Fraîwelingehem ( Framlingham ,
FtvNDRES (contrée dont la plus ville du comtéde Suffolk), p. i65,
grande partie appartient mainte- var. i.
jiant au royaume de Belgique), France, p. 2, 1. 17; p. 3, 1. 19; p. 5,
p. 8, 1. 25 ; p. i3 , 1. 14 ; p. ^3 , 1. i ; p. fi , 1. 8, 19, 20 ; p. 7, 1. i3 ;
1. la ; p. 24 , 1. 2; p. 27, 1. 23 , p. 9, 1. 1 3, 18, var. 6; p. 11, 1. 16;
29; p. 28 , var. 2 ; p. 35 , 1. 23; p. i3, 1. 17, var. 8; p. 14 , 1. 4, 7,
j). 36 , 1. 2 , fi , 19 ; p. 37, 1. 23 ; 20, 26; p. 16, 1. 20, 26 ; p. 18,
p. 40, 1. 16; p. 44» 1- 21; 1. 12; p. a3, 1. 12; p. 26,1. 5;
p. 5r, 1. 6; p. 55, 1. 10 , la , 17; p. 28, 1. 19 ; p. 3i, 1. 14, 17, 20,
p. 61, 1. 14 ; P- fi3, 1. 9; p. 82 , 26, var. 5; p. 32 , i. 4i fi»ii;
1. 14, 16 ; p- 89, 1. 2 ; p. io4,l. 9; p. 34, 1. 8, i3; p. 35, 1. 3, 22;
p. 120, 1. 23 ; p. ia4, 1- 26 ; p. 126, p. 36, 1. 7 ; p. 4o» 1- 9 ; P- 41î l- n»
1. 8, 19, 21 ; p. 127, 1. I, 3, 6, ri, aS ; p. 4'^ > 1- 5, 11 ; p. 43, 1. i5 ;
20, 77; p. 128, 1. I , II , i3, 18, p. 44, 1. 27; p. 46, 1. 20; p. 5o,
21 ; p. 129, 1. 21 ; p. i3o, 1. 29 ; 1. ifi; p. 5i, 1. i4; p. 52, 1. 5 ;
p. i3i , 1. 23, 27; p. 1 3 a, 1. 24 ; p- 54, 1. 6 ; p- 55, 1. i, 10, aS ;
p. 1 33 , 1. 26; p. 1 34, 1. 3 , 7, 19, p. 58, 1. 21 ; p. Sg, 1. 1, 16; p. 61,
26; p. i3fi , 1. 10; p. i39 , 1. i5 , 1. i5 ; p. 73, 1. 4; p. 77, 1- I ; P- 81,
20; p. 140, 1. 9, i3; p. 141 , 1. 2 , 1. 7, 2 3, var. i ; p. 82, 1. 2 , 8, i5,
4, 5, 6, 26; p. 142, 1. 8, 20; p. 143, 17; p. 83, 1. 7, 22 ; p. 84, 1. 3, 22 ;
1. 26 , 27 ; p. 144 î 1- 9 ; P- i5i , p. 85, 1. 18 ; p. 86, I. 5; p. 87, 1. 3,
1. 1,4; p. i52 , 1. 27 ; p. i53, 1. 7, 10; p. 88, 1. 2 , fi ; p. 89,1. 11, 12,
28; p 1 54, 1. 7, 8; p. i59, 1. 23; i5, 18, ao; p. 90, 1. 8, 23, 27 ;
p. 161, 1. 3; p. 188, 1. 20; p. igi, p. 91, l. 12, i4, 18, 27, 28 ; p. gS,
1. 10, ai; p. 199, 1. 3. — R. de H., l.ao;p.96,1.4,5, 19, 20, a5;p.97,
p. 326, V. 6. 1. 12, 24 ; P- 9S) !• 12, 14, 3 1, 23 ;
à
INDEX GÉNÉRAL.
399
P- 99» '• 2, 4, 31, 37; p. loo, 1. I,
la, i4 ; P- lo'» 1- i5, var. 3 ;p. 102,
1. 27; p. io3, 1.7; p. 104, 1. 2, 6,
7 ; p. io5, 1. 2 ; p. 108, 1. I ; p. 109,
1. 5, 9; p. 111,1. i5; p. 119,1. 34,
25, 27 ; p, 121, 1. I ; p. 123, 1. i4;
p. 133, I. 6, 32, 27; p. 124, 1. 19 ;
p. 126, 1. 7; p. 127, 1. 7 ; p- 128,
I. 12 ; p. 129, 1. ifi ; p. i3o, 1. 30;
p. 1 3 1, 1. 6 ; p. i32 , I. 19; p. 1 33,
1. 5 ; p. i35, 1. 10 ; p. 137, 1. i ;
p. 139, 1. 23 ;p. i4i, î. 5; ]). 143 ,
1. I ; p. 143, 1. 31 ; p. 144, 1. 8,
19; p. 145, I. 2 ; p. i54, 1. 7;
p. i59, 1. 8, i4, 17, 20; p. 164 ,
1. 22 ; p. i65, 1. 19 ; p. 167, 1. 7;
p. 1 79, 1. 2 1 ; p. 1 87, 1.14, 1 8, 20,
32; p. 188, 1. 9, i3 ; p. 192, 1. 18;
p. 195, 1. 17 ; p. 197, 1. 5 ; p. 2o5,
l. 26; p. 2of) ,1. 21 ; p. 207, 1. 22 ,
35; p. 209, 1. I. — R. de H.,
p. 2i3, V. 4 ; p- 2i5, V. 12; p. 316,
V. I, 7, 21, 23 ; p. 219, V. 20, 21,
34 ; P- 33i, V. II ; p. 32 3 , V. 17;
p. 365, V. 32, 23.
François ( natifs ou habitants de
la France), p. 10, 1. 5, 7, g, 23, 25
p. 12, 1. 2 , 18, var. 6 ; p. i3, 1. 12
3 1, 24 ; p. i4> ^3r. 2 ; p. 18,1. Il
p. 19, 1. 12, i3 ; p. 20, 1. 23, var. 6
p. 31, 1. I, 4 > P- 3i, 1. 31 ; p. 32
1. 14, 33, 24 > ^5, 27; p. 35, 1. 8
p. 38, var. 4 ; P- 39, 1. 8, 1 3 ; p. 4".
1. 22 ; p. 42 , 1. 39 ; p. 59, 1. 4;
p. 83 , var. 1 ; p. 85, 1. 34 ; p. 1 34,
1. (S, i3 ; p. 144» 1- 5 ; p. i()i, 1. 3,
16; p. 1(12, 1. 17; p. 173, 1. 12;
p. 187, 1. 6; p. 192, 1. 2; p. 198,
1. 30, 23, 2(i; p. 199 , 1. 12 ; p. 201,
1. 21. — R. de H.", p. 2i(i, V. 8;
p. 226, V. 8.
Frakquf. (archev«?qwe de Rouen),
p. 12 , 1. 25 ; p. if), 1. 5.
Framsieres, r. de H., p. 376 , v. ifi,
33.
FV.emei.inghehf;m ( Framlingliani ,
ville du comté de Suffolk), p. i65,
1. 2.
Frejvehem (Farnham, dans le comté
de Surrey ), p. 190, var. 3.
Frieucourt, r. de H., p. 347, v. i5.
Frise (province de Hollande) , p. 8,
1.9-
Frise, R. de H., p, 23i , v. 11.
Frison, p. 63, 1. 9.
Frisons, p. 8, 1. 1 1.
Froi-Mantiel («une maison qui
siet sor un tiertre et au cor d'une
foriest »), p. 147, I. 25.
Froit-Mantel, p. 147, var. 7.
Frontevraut , p. 83, I. 28; p. 84,
1. 20 ; p. 90, 1. 17.
FuRNES (ville de la Flandre occiden-
tale), p. 127, 1. i3 ; p. i34,l. I, 17-
G.
Galerant de Muelant, p. 49,1-33 ;
p. 5o, 1. 3 ; p. 70, 1. 1 1.
Gales (pays de Galles) , p. 109, 1. 20;
p. III, f. II ; p. 175,1. 9.
Gales, Galon (nom du légat du
pape Innocent 111 en Angleterie),
p. 177, 1. 7; p. 208, 1. 16.
Gales de le Coupiele, p. 128,
1. 9,
Galois ( natifs ou habitants du pays
de Galles), p. m, 1. 20; p. i48 ,
1. 13 ; p. 179, 1. 3.
Ganche, p. 170, var. 5.
Gannes, r. de H., p 3 19, v. 3.
Gant (ville de la Flandre orientale),
p. 126, 1. 19 ; p. i35, 1. II ; p. i36,
1. 25 ; p. 142, 1- i4-
Gakin (frère hospitalier, confident de
Philippe-Auguste), p. 130, 1. 5.
Garin de Montagu , R. de H. ,
p. 379, V. 7.
Gar.megni , R. de H., p. 335, v. 4-
Gascoignb (province du midi de la
France), p. 3, 1. 4 > P 81, I. 19.
Gaste-Forest, r. de H,, p. 349,
V. 17.
Gastine, p. i35, 1. i ; p. 137, 1. 22.
Gauchiers d'Autrecue, lî. de H.,
]). 371, V. 2.
Gauchiek le conïe de Saint-Pol,
p. 208, var. 10.
Gauchiers de Castillon , R. de H.,
p. 373, V. I.
GaUGI, p. 181, 1. 12 ; p. 194, 1- 17 ;
p. 206, 1. 22, 25.
Gaore , p. 139, 1. 25.
Gautier, p. 97, 1. 6.
Gautier ('fin Gautier,» Fitz-Walter),
p. 1 15, 1. 26; p. 117, 1. 21, 23, 28 ;
p. 1 18, 1. 5, i3, 21, 24, 38 ; p*. 119,
1. 7, 18, 26 ; p. 120, 1. 29; p. 134,
l. 28; p. 125, 1. 9; p. 145, 1. II ;
400
INDEX GÉNÉRAL.
p. 171,1. 10; p. 182, 1.9; p. 194
1. 25.
Gadtiers ( archevêque de Canter-
bury), p. loi, 1. 7 ; p. io5, 1. 21
p. 106, 1. 27 ; p. iio, 1. 4-
Gautieks (chevalier de Bouchard
comte de IMelun) , p. 5i , 1. i5, 24.
Gautiers (clerc de Flandre, prévôt
de Saint-Omer, et cousin germaii
du châtelain), p. 116, 1. 8.
Gautieks Biertaus (frère de Gilles
Bertaut, chambellan de Gremines)
p. i54 , 1. i4; p. i56, 1. 17, 19
p. i59, 1. 27; p. 170, 1. 5.
Gautiers d'Anies, p. i33, 1. 20.
Gautier de Chastellon , p. 187
1.2.
Gautiers de Fourmesieles, p. i33
1. 19.
Gautieks de Gistiele , p. i32, 1. 7
17, 18, 21 ; p. i33, 1. 28 ; p. i34
I. 16.
Gautiers de Sothengiejv (père)
p. i54, 1. 19.
Gautieks de Sothengien (fils)
p. i54, l. 17; p. 1 55, 1. II.
Gautier le cokte de Saijnt-Pol
p. 208, 1. 27.
Gauvoie, p. I i3, 1. 4-
Gavai]vs (neveu d'Arthur) , R. de H.
p. 225, V. i5.
Gayet (époux de l'une des bâtardes de
Henri l", roi d'Angleterre) , p. 70
h 8.
GaYK, p. 144, l. 21.
Gemeges (Juraièges, bourg du dé-
partement de la Seine- Inférieure
où se trouvait une célèbre abbaye )
p. 2, 1. 25 ;p. 9, i i; p. 14, 1- 20
p. i5, 1. 8; p. 17, 1. 18; p. 22
1. 6; p. 62, 1. 17.
Geihesies (Guernesey, l'une des îles
normandes de la Manche), p. 67
1. 2.
Gexeves (Gènes, ville d'Italie), p. 3
1. 8.
Geneviere, p. 2, var. 9.
Gknievre, R. de h., p. 226, v. 27
j). 282, V. 4 ; p. 233, V. 4 ; p- 237
v. II ; p. 243, V. 10; p. 246, V. 10
Gekues (Gênes) , p. 3, var. 5.
Gekars de Bouberc , R. de H.
p. 337, V. 21.
Gekars d'Escaillon , R. de H.
p. 340, V. II, 18.
Gekars 1,1 Truie, p. 166, 1. i3
p. 190, 1. 9; p. 191,1. 22.
Gerarï , R. de H,, p. 'S3y, v. 8.
Gerart de Calebot , p, 86, 1. 11.
Gerart de Canle, r. de H., p. 309,
V. II, 26.
Gerart de Soteughien , p. 189,
1. 26; p. 170, 1. 12.
Gekberge ( femme du roi Louis
d'Outremer), p. 28, var. 3 ; p. 3g,
1. 10, 18.
Gekbianie (ancien nom de l'Allema-
gne), p. i,ho.
Geknesée (Guernesey, l'une des îles
normandes delà Manche), p. 167,
1. 8.
Gervaises de Hobruges (doyen des
chanoines de Saint-Paul), p. 171,
1. 24; p. 197,1. 17.
Getheie (le pavs des Gèles), p. i,
1. i5.
Geudefort ( Guildford , ville du
comté de Surrey) , p. 172, 1. 21 ;
p. 190,1. 8.
Gheulesin, r. de H., p. 877, v. 5.
Ghille (fille de Charles-le-Slmple ,
supposée femme de Hrolf ), p. i3,
var. 1 1 ; p. 16, var. 4 ; p. 17, var. i.
Ghines (Guines, ville du département
du Pas-de-Calais), p. i4i, var. 3,5.
— . R. de H., p. 298, V. 8; p. 3io,
V. 8.
Ghiselins de Havesquekke,p. i33,
var. 9.
Ghisle (fille de Charles-le-Simple ,
supposée femme de Hrolf) , p. 12,
var. 10.
Ghistiele, p. i32, var. 4-
GiEFFRois DE MiLLi , R. de H. ,
p. 343, V. 23.
GiEFFRoY DE Clere , R. de H., p. 282,
V. 19 ; p. 283, V. î.
Giejveges ( Jumièges, bourg du dé-
partement de la Seine-Inférieure ,
célèbre par son abbaye), p. 14,
var. 7.
GiERBiERGE (femme de Louis d'Ou-
tremer), p. 34, 1. 2.
GiLEs , R. de H., p. 38i, v. i3.
GiLLAiN (fille de Charles-le-Simple) ,
p. 16, 1. 21 ; p. 17, 1. 5.
GiLLARS DE NUEVILE , R. de H. ,
p. 285, V. 10; p. 3io, V. 2; p. 359,
V. 18.
GiLLARs d'Oisi , R. de H., p. 339,
V. 27.
GiLLE (fille de Charles-le-Simple) ,
p. 12, 1. 26.
GiLLEBERS (comte d'Eu) , p. 58, 1. i4.
GiLLEBiERs (bâtard de Henri 1", roi
d'Angleterre) , p. 70, 1. 4-
INDEX GÉNÉRAL.
401
GiLLEBiERS ( oncle de Baudouin
d'Aire ), p. 170, 1. 5.
GlLLEBIERS DE ClARE, p. ig^, 1. 26.
GlLLEBIERS Lï FILS AU CONTE DE
Clare, p. 145, 1. l3.
GiLLEBIEKT DeBoURGHIELE, p. l3g,
1. 26.
GiLLEBiERT DE CopFGNi (chcvalier
de l'avoué de Béthune) , p. 191,
1. 3.
Gilles Biertaus («li cambrelens de
Gremines»), p. 128, 1. 7; p. i33,
1. 27 ; p. i34, 1- 14 ; p- i54> !• 16.
Gilles de Meleuîî , p. 161, 1. 4;
p. 182, 1. i5.
Gilles de Cenevieres, R. de H.,
p. 3ii, V. 23.
Gilles de Noeve-Vile, R. de H.,
p. 274, V. 24; p. 278, V. 24 ;
p. 293, V. 21 ?
Gilles d'Oisi , R. de H., p. 339,
V. 16.
Gilles de Roisi , R. de H. , p. 3o2,
V. 26 ; p. 3o3, V. 7.
Gilles li castelaius de Biaumès ,
p. 160, 1. 26.
GiLLioN Bertaut ( chambellan de
Gremines), p. i54, var. 4-
GiNossE (Géfosse , sur la Seine , entre
Vernou et Bonnières), p. 4 '5 1- 8.
GiRARSDE Mol AXAS, R.deH.,p. 3ii,
V. 25.
GiRART Talebot, p. 86, var. 5.
GiROjvDE ( fleuve de France , formé
par la réunion de la Garonne et de
la Dordogue), p. ii, 1. 17; p. 108,
1. 16.
Gis de Nukville, R. de H., p. 282,
V. 12 ; p. 353, V. 8.
Gis du Plaissié, R. de H., p. 355,
V. i5, 23 ; p. 356, V. 8.
GiSELINS DE HaVESCIERQUE, p. l33,
I. 21.
Gisîf ES (Guines, ville du département
du Pas-de-Calais), p. uji ,1. 12,
i5, 23 ; p. 142 , 1. 7 ; p. i6ô, I. 7 ;
p. 188,1. 19.
GisoRS ( ville du département de
l'Eure), p. 77, 1. 6; p. 87, 1. 8;
p. 89, I. 20.
GisTELE, R. de H., p, 375, V. I,
I I.
GiSTIELE, p. l32, 1. 7, 17; p, l33,
1. 28 ; p. i34, 1. 16, 17.
GLOEciESTEE(Gloucesîer),p.83,l.i i;
p. i65, 1. 5.
Glos, p. 5g, var. i.
GLour,iESTRE(Gloucester), p.69,1. 1 1;
p. 91, 1. 20.
GoDEFRoi (Gis de Richard I", duc
de Normandie , et de Gonnor) ,
p. 43,1. 19.
GoDEFROI LE DUC DE LoUVAING,
p. 6y, 1.21.
GoDiN (Godwin, comte de Kent),
p. 63, 1. 16.
GoFRois (Geoffroi, fils de Henri II,
et comte do Bretagne par son ma-
riage avec la fille de Conan), p. 83,
1. 3.
GoiSLAiN - FoNTAiîfXE ( châtcau
d'Huon de Gournay ) , p. 92 ,
var. I .
GoMEs (Godwin, comte de Kent),
p. 60, 1. 8, var. 5 ; p. 61, h 8.
Go.iiMES (Godwin, comte de Kent),
p. 61, 1. 2.
GoMMoR (Gonnor, maîtresse de Ri-
chard P', duc de Normandie ),
p. 59, 1. 10.
GoMOR (Gonnor, maîtresse de Ri-
chard 1" , duc de Normandie) ,
p. 43,1. 18; p. 58, 1. 19.
Gonnor (maîtresse de Richard I"^,
duc de Normandie), p. 58, var. 9;
p. 59, var. 4.
GoRNAY, p. 92, 1. 3, II, 17.
GosL A iN-FoNTAiNNE (château d'Huon
de Gournay), p- 92, 1. 2.
GossuiNS DE Saint-Aubin , R. de H.,
p. 344, V. 7.
GouNiL (Gunild, femme de Henri,
empereur d'Allemagne) | p. 49 >
1. 10.
Gourlés, r. de H., p. 847, v. 16, 21,
23.
Graal (le saint Graal), R. de H.,
p. 280, v. 24.
Graaus (le saint Graal), R. de H.,
p. 225, V. 5.
Granges, R. de H., p. 333, v. 6,
II.
Grant-Brbtaigne, r. de H., p. 23i,
V. i5.
Grvvelinghes (Gravelines, ville du
département du Nord), p. 124,
1. 19, 2 4; p. 125, var. i; p. 14 1,
1. 19 ; p. i65, 1. 20.
Gremines (en Flandre), p. 128, 1. 7;
p. i33, 1. 28; p. i34, 1- i5; p. i54,
1. 17.
Grente-^Iaisnill , p. 62, 1. 23.
Grentes-Maisnil, p. 62, var. 10.
Gresteigni, p. 62, var. 6.
GuiCAKs DE Biaugiu , p. 179, vai. 7.
27
402
INDEX GÉNÉRAL.
Gluchaks ue Biaugeu, p. i65, 1. 28;
p. 179,1. 28.
GuiFAKT, p. 137, l. 20.
Guillaume (surnommé le Roux, roi
frAngleterre, fils de Guillaume-le-
Conquérant et de Mathilde ) , p. 61,
1. i5 ; p. 65 , 1. 2 , ij , i5 ; p. 67,
1. 18 , ao.
Guillaume (fils de Foulques, comte
d'Anjou), p. 69, 1. 19.
Guillaume ( fils de Guillaume de
Normandie , frère de Richard II ,
et comte de Soissons), p. 46, 1. 26.
Guillaume (fils de Richard I", duc
de Normandie et de Gonnor ) ,
j). 43, 1. 19; p. 4G , 1. 12, 17.
Guillaume Bruuiekre ou Bruiere ,
^ p. 117, 1. 2, 7, 9, 16.
Guillaume u'Arches (fils de Ri-
chard II et de Poppe ) , p. 59,
1. 12, i3, 24; p- 62, 1. 26.
Guillaume d'Aubegny («• .i. haut ba-
ron d'fhigletierre» ), p. 157, 1. 17;
p. i63, 1. i3.
Guillaume d'Aunoi, R. de H.,
p. 295, V. I.
GuiLLAUMEUEFoRs(deuxipmeépoux
d'Hawyse, veuve de Guillaume de
Mandeville), p. 88,1. 18, 19.
Guillaume de Gaugi , p. 206,
1. 22.
Guillaume de Paci (époux de Ju-
Ivane, bâtarde de Henri I«', roi
d'Angleterre), p. 70, 1. 8.
Guillaume d'Evrekces, p. 157,
1. 19.
Guillaume Gayet (époux de l'une
des filles bâtardes de Henri I" ) ,
p. 70, 1. 8.
Guillaume, ri fu moines a Fes-
CA3IP (troisième fils de Richaid II
de Normandie et de Judith, fille de
Conan-le-Tort, comte de Rennes ),
p. 5i, 1. 3.
Guillaume le fill Obert, p. 63,
J. 5.
Guillaume le fill Rogier de Mon-
TEGJSY, p. 58 , 1. 17.
GuILLAU.IIE LE MARESCHAL, LECOKTE
DE PeMBROC, p. 110, 1. 2; p. 180,
1. 19; p. 181, I. 5 ; p. 187, 1. 25;
p. 19 1, 1. i3; p. 200, 1. i3 ; p. 202,
1. 23, 28; p. 2o3, 1. 7, i8, 19, 28 ;
p. 204, 1. I, 17; p. 206, I. 22,
24; p. 207, 1. 7, 10, i4; p. 208,
I. 17.
GuiLLAUMEs ( bâtard de Henri I",
roi d'Angleterre), p. 70, 1. 3.
GuiLLAUMEs ( comte de Mandeville),
p. 88, 1. 16.
GuiLLAUMES ( de Grandmenil ou
Gentemesnill ), p. 62 , I. 24.
GuiLLAUMES (fils Cadet de Geoffroi
Fitz-Peter, grand -justicier d'An-
gleterre), p. 1 1 5, 1. 2 5.
GuiLLAUMES (fils de Guillaume de
Fors et d'Haivyse, veuve de Guil-
laume de ]\Iandeville) , p. 88,
1. 19.
GuTLL\UMF,s (surnommé Adelin, fils
de Henri I" et de Mathilde d'E-
cosse), p. 68, 1. I, 5.
GuiLLAUMES (fils de Henri II et d'E-
léonore d'Aquitaine , mort enfant),
p. 81 ,1. 21.
GuiLLAUMES ( frère de Robert de Bé-
thune), p. 147, 1. II, 12; p. 169,
1.18, 24.
GuiLLAUMES LI avoués DE BlETHUNE,
p. 128, 1. 4; p. 141 , 1. 27 ;p. 142,
1. 3.
GuiLLAUMES («li cuens de Mortuel ,
li fils le roi Estievenon » ) , p. 80 ,
1. 14.
GuiLLAUMES ( Longue-Epée , fils et
successeur de Hrolf) , p. 10, 1. 19;
p. 17, 1. 6, 14, 27; p. 18, 1. 27;
p. 22,1. i ; p. 23 , 1. 17 ; p. 82,
1. i3, 22.
GuiLLAUMES DE SezILLE , p. 83,
1. 23 ; p. 85, I. lo, i3.
GuiLLAUMES DES RoCES , p. 93, 1. 26,
29; p- 94, 1- i4; p- 95, 1- 7' 23 ;
p. 96 , 1. 2.
GuiLLAUMES LI DUS DE PoiTIERS,
p. 20, 1. 16.
GuiLLAUMES (surnommé le Bâtard,
puis le Con(|uérant, septième duc
de Normandie , fils de Robert et
d'Harlette), p. 5y, 1. 19, aS; p. 58 ,
1. 7, 21 ; p. 59, 1. 10, i3, 16;
p. 61, 1. i3, 20; p. 63, L II, 23,
25 ; p. 64, 1. I , 18, 27.
GuiLLAUMES d'Aubemarle ( « qui fu
fils la coiitesse Hauwi , que Bau-
duins de Biethune ot espousée » ) ,
p. 174, 1. 7.
GuiLLAUMES DE BlAUMONT ( SUF-
nommé Pied - de - Rat ) , p. 161 ,
1.5,7.
GuiLLAUMES DE WlSIES , p. l6l ,
1. I.
GuiLLAUMES LICASTELAINS DE SaIKT-
Omer, p. 160, 1. 25; p. 184,
1. 5.
INDEX GÉNÉRAL.
403
Guillaumes 13E Bjloseyile, R. de
H., p. 299, V. 6.
Guillaumes de Brayouse ou de
Braiouse (père), p. m, 1. la,
i3 ; p. 112, 1. i\, 7 ; p. 1 15, 1. 3.
Guillaumes de Brayouse ou de
Braiouse (fils ) , p. i 12 , I. 8 , 10,
27; p. ii3,l. 5;p. 114, 1. 22.
Guillaumes de Cfuisi (chevalier
d'Artois), p. 177, 1. 17.
Guillaumes de Di^gefuell, p. igo,
1.4.
Guillaumes de Dodinfuell, p. 194,
1. 26.
Guillaumes de Fiejvjnes, p. 18S,
1. 21 ; p. 190 , 1. 24-
GuiLLAUaiKs de Mandeville (comte
d'Essex), p. 171, I. 12; p. 183,
1. 17; p. 193, 1. 6.
Guillaumes de Maulyon , p. 102 ,
1.14.
Guillaumes de Molbkai, p. 194,
1. 27.
Guillaumes de Moubkay, p. i45,
1. 19.
Guillaumes d'Engletierre ( « li
cuens de Salesbieres , qui frères
estoit au roi»), p. 174, !• 5.
Guillaumes de Saiut-Omer («frè-
res le castelaiii » ) , p. 1 28, 1. 6.
Guillaume des Bares ( « le boin
chevalier et le bien entechié»),
]>. 201, 1. 5.
Guillaumes des Bares ( «li jouenes
fils Guillaume des Bares, le boin
chevalier et le bien entechié » ) ,
p. 201, 1. 4» P- 202, 1. 4-
Guillaume de Vefort , p. 157,
1. 19.
Guillaumes d'Odijvgefuel, p. 194,
var. 4-
Guillaumes Donzele , R. de H.,
p. 324 , V. 20.
Guillaumes d'Yprs, p. i33, 1. 21.
Guillaumes li maueschaus li joue-
jvEs («li fils Guillaume le mares-
chal »), p. 171 , 1. 8; p. 174, 1. 18;
p. 175, 1. 7 ; p. 194, 1. 14 ; p. 204 ,
I. 3 ; p. 209, 1. 8.
Guillaume Loague - Espée ( frère
du roi Jean , et comte de Salis-
bury), Ji- 159,1 lo; p. 174, var. i ;
p. 187, 1. u3.
Guillaumes, ki cuEjiis estoix dz
Blois, ]i. 54, I. 10, 25.
Guillaumes li fies Robert , p. ()i ,
1. 24.
GUILLIAUMH AcROCE-MeURE, ]1. |64>
var. 6.
GuiLLIiUMB DeBrMOUSE, p. 112,
var. 2.
Guilliaume de Majvdeville, p. 88 ,
var. 6.
GuiLLiAUMEs (frère de Robert de Bé-
thune), p. 147, var. 3 ; p. i59,
var. 8.
GuiLLEMiN ( <> le frère Guillaume le
mareschal , le conte de Penibroc » ),
p. I lO, 1. I.
GuiMEGEs (Jumièges, bourg du dé-
partement de la Seine-Inférieure,
célèbre par son abbaye), p. 2,
var. 1 1 .
Guis d'Abbeville ( comte de Pon-
thieu, connétable de l'armée fran-
çaise), p. fi3, 1. 16.
Guis DE Saint-Pol, R. de H., p. 337,
V. 1,7, i3.
Guis DE Saleri, r. de H. , p. 3oi ,
v. 5.
Guis DE ToR DE Mejvce , R. de H. ,
p. 3 II, V. 20,
GuioN d'Athies, p. 196, 1. 17.
GuioN de Poktiu , p. 59 , 1. 26.
Guio>- DU Plaissié, r. de H., p. 3.55,
V. 5.
GoiossE ( Géfosse en Normandie ) ,
p. 41,1. 24.
Guis (évêque de Soissons ) , p. 34,
1. 18.
Guis de Castelloj) (a ki fu fils Gau-
tier le conte de Saint-Pol «), p. 208,
1. 27.
Guis DE Merainville («li fils Our-
son le Cambrelenc»), p. 188, 1. 25,
Guis de Nueville, R. de H., p. 281,
v. ly ; p. 282, V. 2.
GuMELOis, R. de H., p. 354, v. 18.
Griu (Grecs) , p. 2o5 , 1. 26.
Gysors ( ville du département do
l'Pilure), p. 65, 1. 12.
H.
Habuin , R. de H., p. 876, v. ï. Haewi (femme de Baudouin, comte
HvEwi ( fille de Richard 1=', duc de d'Albermale) , p. 109, var. 4.
Normandie, el de Gonnor), p. 47, Haidin (château de Louis, llls de
var. 7. Philippe-Auguste ), p. 160, 1. 22.
404
INDEX GÉNÉRAL.
Hainau (province de Belgique), R.
de H., p. 226, V. 7.
Hainfroi, p. fil, var. 3.
Haitiel, R. de H., p. 366, v. 26.
Halthn (bourg du département du
Nord), R. de H., p. 3fi8, v. ai.
HABi-souR-SoniME (ville du départe-
ment de la Somme), R. de H.,
p. 225, V. 27; p. 235, V. 2 ; p. 24-5,
V. i5 ; p. 245, V. 7 ; p. 246, V. 19 ;
p. 265, V. 19; p. 272, V. 18;
]). 374 , V. 12.
Hamalaincort (village du départe-
ment du Pas-de-Calais), R. de H.,
p. 296, V. 17.
Hamelai]ncoukt (village du départe-
ment du Pas-de-Calais) , R. de H. ,
p. 296, V. 20.
Hamon , p. 6g, var. 10.
Han (Hara-sur-Somme) , R. de H.,
p.242,v. 24;p.3oi,v. iS;p. 3iî,
V. i5; p. 363, v. 17.
Hangest (bourg du département de
la Somme), p. 166, 1. 20; p. 188,
1. 24; p. 191, 1. 23. — R. de H.,
p. 278, V. 27; p. 279, V. 6, 16;
p. 371, V. i4; p 372, 1. 25.
Hangiest (bourg du département de
la Somme), p. 166, var. 7.
Hantone (Southampton, ville et port
du Hampshire) , p. 60 , var. i.
Harcourt ( bourg du département
de l'Eure) , R. de H., p. 342 , v. 2 ,
i5.
Hardecourt (bourg du département
de l'Eure), R. de II., p. 329, v. 8.
Hargicourt ( village du département
de la Somme), R. de H., p. 374,
v. t.
Haringos, p. 193, 1. 8.
Harjnes, p. 166, 1. II ; p. 169, 1. 23;
p. 198, 1. 16 ; p. 201, 1. 8.
Hasteks (pirate du Nord), p. 2, 1. i5;
p. 3, 1. I, i3, 14, 17; p. 4, 1. 7,
12, i5, 19; p. 5, 1. I ; p. 6, 1. 27;
p. 9, 1. 10, II, i4, 16, 18, 23, 25 ;
p. 10, 1. 3.
Hastingues (Hastings , dans le comté
de Kent), p. 64, 1. 5.
Uaubers de Hakgest, r. de H.,
p. 372, V. 25 ; p. 373, V. 4.
Haute - Bretaingne , R. de H.,
p. 225, V. 4.
Hauy (OUe de Richard I", duc de
Normandie, et de Gonnor) , p. 43,
1. 21 ; p. 47, 1. 17.
Havès, p. 166, 1. 22; p. 1G9, !. 24;
p. 176, 1. 27.
Havescierque ( village du départe-
ment du Nord), p. i33, 1. 22.
Haveskekque ( village du départe-
mentdu Nord), p. 52,1. 25 ; p. i53,
1. a3 ; p. 162, 1. 8.
Havesquerke (village du déparle-
ment du Nord), p. i33, var. 9.
Ha VI (femme 1° de Guillaume, comte
de Mandeville; 2° de Guillaume
de Fors ; 3° de Baudouin de Bé-
thune, comte d'Albemarle), p. 88,
1. i4, i5; p. ii5, 1. II.
Havy (femme de Baudouin, comte
d'Albermale), p. loy, 1. 28.
Haubieks (château du duc de Lou-
vain), p. 88, 1. 26.
Hauwi (femme 1° de Guillaume,
comte de Mandeville ; 2» de Guil-
laume de Fors ; 3" de Baudouin de
Béthune) , p. 88, var. 5 ; p. 174»
1. 8.
Hay.mon , p. 69, 1. 25 ; p. 70, 1. i.
Haynau (Hainaut, province de Bel-
gique), p. 8, 1. 9; p. 104, 1. 9;
p. i34, 1. 20.
Haykou (Hainaut), p. 8, var. i.
Hebkax, p. 21, var. 9.
Hebrison, r. de H., p. 236, v. 17.
Heuijv (château de Louis, fils de Phi-
lippe-Auguste), p. 160, var. 6.
Heduiïhojîje ( Hadington, ville d'E-
cosse , chef-lieu de comté , à six
lieues d'Ediuburgh , sur la Tyne ),
p. 164, I. i3.
HÉEs(Hayes, dans le comté de Kent),
p. iy3, 1. 24.
Helie DELA Fleke (comte du Maine),
p. 65, var. 3.
Hellin de Waverin (sénéchal de
Flandre), p. 188, 1. 20.
Hely (Ely, ville épiscopale d'Angle-
terre , située dans le comté de Cam-
bridge ), p. 60, 1. 12.
Helyes («uns clers l'archevesque de
Chantorbire» ), p. 197, 1. 20.
HE3r-souR-SoMME ( villc de la Picar-
die), R. de H., p. 23o, v. i5;
p. 23 1 , V. 2 -1 ; p. 232, V. 5 ; p. 233,
V. i4 ; p- 234, V. 14 ; p. 243, V. 16 ;
p. 307, V. I.
Hek (le Ham-sur-Somme) , R. de H.,
p. 365, V. 9; p. 384, V, 9, 12.
Henri (duc de Saxe), p. 83, 1. i4-
Hekri (évéque de Winchester, frère
du roi Etienne) , p. 72 , var. i ;
p. 78, 1. 14.
Henri (fils de Geoffrol Martel, comte
d'Anjou, et plus lard Henri H,
INDEX GÉNÉRAL. 405
roi d'Angleterre), p. 69, 1. 19; comte de Kenl), p. fi3, 1. i3, i5,
p. 73, I. 3; p. 76, 1. 24, var. 7 ; 18, 21 ; p- 64 f 1- 5, 6.
p. 77, 1. I ; p. 78, 1. II ; p. 79, 1. 8, Hekbehs ou Hierbiers de Fubnes,
a5, 37; p. 80, 1. 6, 12, 18; p. 81, p. i34, 1- i> 17-
1. 3, '.7 ; p. 82, 1. 4, 19 ; p. 83, 1. 9, Hkhbert del Mvns, p. 65, var. 4-
16, 19, 23; p. 84, 1. 4,5, i3, 14 ; Hekbieus ( deuxirme du nom, comte
p. i52, 1. 10. de V'ermandois ), p. 18, 1. la ;
Hejxri de £ascx.e , R. de H., p. 372, p. 20, 1. iH, j4 ; p. 2 1 , 1, 10.
V. S. Herefort (Hercford), p. ii5, 1. 5.
Henri de Cgnstaittinoble (empe- Hkrefokt (Hertford), p. 160, 1. 12 ;
reur d'Orient), p. 180, 1. 8, 10. p. 182, 1. 8.
Henri de Soiri, R. de H., p. 344 > Heriveus, p. 62, var. 7.
V. 17, 27; p. 365, V. 1; p. 367, Herkinghehen , p. i38, 1. 8.
•V. II. Herlewin (comte de Ponthieu et de
Henri de Wieles, p. 61, 1. 26. Montreuil), p. 23, var. 4-
Henri-ee-Mareschai., p. 120, 1. 7; Herluin (comte de Ponthieu et de
p. 137, 1. 3 ; p. 144, 1. I. Montreuil), p. 23, 1. i3, 27; p. a4,
Henris (dit l'Oiseleur, empereur 1. 10, 12, aS; p. 32, 1. 7, 12, 18,
d'Allemagne), p. ai, 1. 7, i5 ; p. 34, 21, 25.
1. 3. Hermans li cuens de Ruem, p. 32,
Henri (troisième de ce nom, empe- 1. 3.
reur d'Allemagne), p. 49, 1. II. Hernous de Fosseus, R. de H.,
Henris ( cinquième du nom, empe- p. 357, ^- ^*
reur d'Allemagne), p. 68 , 1. 2; Herrefort (Hertford), p. 181, 1. 8.
p. 69, 1. 14. Hersin (village du département du
Henkis (Henri VI, empereur d'Al- Pas-de-Calais), p. 191, 1. 25.
lemagne), p. 85, 1. i4; p. 87, Hervieus ou Hervius ( ili cuens de
1. i3, 27 ; p. 90, 1. I. Naviers») , p. i65, 1. 22 , var. 6.
Henris (fils de Guillaume-le-Con- Hervius (l'un des assassins de Guil-
quérant et deMathilde, plus tard laume Longue-Epée), p. 25,1. la.
roi d'Angleterre sous le nom de Herviux, p. 62, 1. i3.
Henril"'), p. 65, 1. I, var. I ; p. 67, Hf.udoiers ( évéque de Beauvais),
1. 18, 20; p. 68, 1. 5, ai; p. 69, p. 34, '• 17-
1. 14, 19, var. 4 ; P- 71 î !• I j 7; Heuuernesse , p. ii5, var. 3.
p. 72, 1. 4, 7; p. 146, 1. I. Hkudré ( Ethelred, roi d'Angle-
Henris (fils du roi Jean, et, après terre), p. 57, l. 16, var. 3.
lui, roi d'Angleterre sous le nom Heudré , fils d'Ethelred, roi d'Au-
de Henri III ), p. m , 1. 6; p. 1 52, gleterre), p. 56, 1. 21.
1. 22 ; p. 180, 1. 21 ; p. 181 , 1. 3 ; Heudrenesse , p. 1 15, 1. 9.
p. 182, 1. I ; p. 206, 1. 20. Heudres (Ethelred, roi d'Angle-
Henris ( Henri I", roi de France, fils terre ) , p. 47» !• 3, ao ; p. 48, !• 5,
de Robert et de Constance), p. 55, 24 ; p- 49, 1- 5, 6.
1. 25, var. 6; p. 58, 1. 20; p. 59, Heues ou Hues li castelains d'Ar-
1. 19; p. 61, 1. 14 ; p. 62 , 1. 26. RAS, p. 160, 1. 26; p. 182 , 1. 23 ;
Henris (roi d'Angleterre du vivant p. 194» 1- 3 ; p. 195, 1. a.
de SOU père Henri II), p. 81, 1. 22, Heuhi.e, R. de H., p. 374, v. 8.
29; p. 81, I. 5, II, 26; p. 84, HiENcouRT, R. de H., p. 3o4 , V. a ;
1. 6. p. 333, V. 5, 19.
Henris de Bvilluel, p. 128, 1. 9. Hierefort (Hereford), p. 63, 1. 8.
Henris ( Henri II , comte de Chain- Hobruges, p. 171, 1. ^4 ; P- I97»
pagne), p. 86, 1. i5. 1. 18.
Henris LI dus de BouRGOiGNE (oncle Hollande, p. i35, 1. 18 ; p. i36, 1. 4;
de Robert, roi de France), p. 52 , p. i56, 1. 21 , 24 ; p- i65, 1. 27 ;
1. 3. p. 169, 1. 23; p. 176,1. 18.^
Heraus (Harold au Pied-de-Lièvre, Honoré (pape, successeur d'inno-
fils de Cnut, roi d'Angleterre), cent III), p. 180, 1. 6.
p. 60, 1. a, II. Honte (personnification), p. 2i5,
Heravs (Harold, fils de Godwin , 1. 2 5.
406
INDEX GÉNÉRAL.
HosTEKi OU HoTERi , W. de H., p. 3<jS,
V. a5; p. 349, V. /(.
HouDAiNG ( Houdain , bourg du
département du Pas-de-Calais ) ,
p. 143, 1- i3.
HouuENC, R. de H., p. 348, v. 10,
17; p. 376, V. 37.
HouDEKcouRT, R. dc H., p. 367,
V. ai.
HuARs DE BASEMn» , R. de H.,
p. 291, V. 12, 22 ; p. 36i, V. 3, i4;
p. 363, V. 19.
HuART Paon (ccuyer qui portait la
bannière de l'avoué de Béthune),
p. 178, 1. 22.
HuBERS ou HUBIERS DE BoURS (gOU-
Terneur du château de Chinon, puis
grand -justicier d'Angleterre ) ,
p. io3 , 1. 12 , 18; p. 104 , 1. 18 ;
p. 125,1. 17 ; p. 170, 1. 10 ; p. 181,
1. 22 ; p. 189, 1. 23 ; p. 192, 1. 21 ;
p. 201, 1. 16 ; p. 202, 1. 28.
HuBERs ou HuBiERS Gautiers ( ■< qui
archevesques estoit de Cliantor-
bire»), p. loi, 1. 7; p. io5, 1. 20;
p. 106, l. 27 ; p. 110, 1. 4-
Hue, p. i32, var. 7.
HuEDES ou HuEDON ( comte de Char-
tres ) , p- 5o, 1. 18, 19.
HuERLE, R. de H., p. 354, V. l5, 25.
Hues ( frère de Robert de Grente-
Maisnill ) , p. 62, 1. 24.
Hues («li cuens de Saint -Pol»),
p. 8S, 1. 4; p. ïo4, 1. 12.
Hues ( « li fils au conte Raoul, ki eves-
ques estoit de Biauvais»j, p. 54,
1. 26.
Hues (« li inareschaus de France » ) ,
p. 18, 1. II.
Hues ( « qui puis fu cuens de Cies-
tre»), p. fi2,l. 9.
Hues Baruous, p. 59, l. 22.
Hues Capes (ûlsdeHugues-le-Grand),
p. 44, 1. 26, 29.
Hues Cieres ou Huojv Cieret ,
p. 190, 1. 24; p. 195, 1. 4.
Hues de Bailluel (gouverneur de
Newcastle et d'une grande partie
du nord de l'Angleterre), p. 181,
1. i3.
Hues de Boves, p. 12g, 1. i5; p. i3o,
1. 1 1 ; p. i32 , 1. 27 ; p. 1 34, 1. 10;
p. i4i)l- 9; p- i53, 1. afi , 28;
p. i54, 1. 4» 1 1 ; P- i55, 1. 7; p. i56,
1. 7, i3; p. 157,1. 27.
Hues DE LA Bretaigne («uns cou-
sins Robert de Biethuue»), p. rJ3,
1. a2.
Hues DE Lachi , p. iia, 1. 9, 27;
p. ii3, 1. 7.
Hues de Mae-Anaoi , p. 166, 1. 27 ;
p. 188 ,1. 22 ; p. 2o3 , 1. 22, 26,
27; p. 204, 1- (i.
Hues de Miraumont, p. 166, 1. 12.
Hues de Mont-Fort, p. 58, 1. 12.
IIuES DE NoEviLLE ( gouverncur du
château de Marlborough), p, 175,
1. 1 , 25 ; p. 176, 1. 8, 12.
Hues de Rumegnt, p. 166, 1. 18 ;
p. 177, 1. 25.
Hues Havès, p. ifi6, 1. 22 ; p. 169 ,
1. 24; p. 176, 1. 27.
Hues li archevesques de Rdem
(prédécesseur de Robert, Gis de
Richard I" et de Gonnor), p. 44 >
1. 17.
Hues li Bigos (fils de Roger, comte
de Norfolk), p. 171, 1. 9.
Hues li cuens deChalon (Hugues,
évêque d'Auxerre et comte de
Châlon- sur- Saône), p. 52, 1. i3,
18.
Hues li Grans (duc de France, comte
de Paris, mort à Dourdan le 16 juin
956), p. ao, 1. i5; p. 21 , 1. 10;
p. 23, 1. i4; p- 29, 1. 7, 12, i3,
18, 20, 25, var. 4; p- 3o, 1. 6, 18,
i9;p. 3i,l. i,io,i3,i7;p.33,
1. 25, 26; p. 34, 1. 9; p. 35, 1. 6,
i4, 21; p. 36,1. 3; p. 39, 1. 3, 6;
p. 43, 1. i5; p. 44 , 1- 26.
Hues ou Huon de Gornay, p. 92,
I. 3, II, 17.
Hues ou Huon del Mans (Hugues P%
fils de David et comte du Maine),
p. 49» "iar. 10; p. 5o, var. 4-
Hues Tacons ( « ki estoit uns des
barons de Flandres»), p. 161,
1. 2; p. 184, 1. 6; p. 191 , 1. 10,
22; p. 198, 1. 7.
HuET DE Haluin, Pi. de H., p. 368,
V. 21.
Hughes de Surgieres ( vicomte de
Chàtelleraut , frère d'Hugues le
Brun , IX"^ du nom , comte de la
Marche), p. 102, 1. 11 , 24.
Hughes l'archevesques ( «qui sires
estoit de Partenay»), p. 102, 1. i5.
Hughes li Bruns ou Huok le Brun
( Hugues, IX' du nom, sire de Lu-
signan et comte de la Marche ) ,
p. 91, 1. 21 ; p. 95, 1. 2, 9; p. I03,
1. 10; p. 206 , 1. 16.
Hugon de Lesegnan (Hugues, X"
du nom de Lusignan, comte de la
Marche et d'Angoulcme, « qui fii
INDEX GÉNÉRAL.
407
Gis Hugon le Brun , conte de le
Mâche»), p. 'io6, 1. i5.
Hcîf AUT ( frère d'Harold , dernier
roi anglo-saxon) , p. G'i , 1. 19.
Huoîi, p. i3o, 1. 12; p. i32, 1. aS.
Huoîf (de Basentin), R. de H.,
p. Sfia , V. 4-
HuoN (fils de Guillaume de Nor-
mandie frère du duc Richard II,
évéque de Lisieux), p. 47» '• 3-
HuoN Change, p. 170, 1. i4-
HuoN i)K CouFFLANS , R. de H. ,
p. 297, V. 19.
HuoN i)F, Rdet, p. 190,1.14-
HuPF.LANDE (contrée d'Angleterre),
p. 206 , 1. 8.
HvHE (endroit du Hampshire, près
de Winchester, dont il est comme
le fanhourg), p. 67, 1. 22.
Hyster (le Danube), p. i , 1. ii.
I.
Ingel le conte de Cottstances ou
DE CousTENT ( Néel de Saint-Sau-
veur, vicomte du Cotentin), p. 49,
1. 20 ; p. 56, 1. 66.
Inghehem (Ingham, château du
comte Robert de Vere), p, i65,
1. 6 ; p. 182 ,1. i3, 16.
Innocent li tiers (pape, élu le
8 janvier 11 98, et mort le 16 ou le
17 juillet de l'an 12 16), p. m,
1. I ; p. 180, 1. 5.
Irlande ( île de l'Océan , qui fait par-
tie de l'empire britannique), p. 1 1 3,
1. II.
Isabiei, (sœur de Galerant, comte
de 3Ieulan, dont Henri I*"^ , roi
d'Angleterre, eut une fille natu-
relle), p. 70, 1. 10.
Isi.E ( château de Normandie), p. 89,
1. 27.
IssoDUN ( ville du département de
l'Indre), p. i)5 , 1. 2.
IssounuN («V/É"w),p. 89, 1. 16.
Ithaile (Italie, contrée du midi de
l'Europe), p. 3, var. 6.
J.
Jake du Bos, r. de H., p. 336, v. i.
Jarelixs de F'ERr.tEREs,p. 58, 1. 12.
Jehan (saint), R. de H., p. 246,
V. 18.
Jehan au Bois-Giriaume, R. de H.,
p. 3.18, V. II.
Jehan d'Amiens (saint), R. de H.,
p. 3i6, V. 26.
Jehan de Cantens, R. de H., p. 346,
V. 23; p. 347, V. I.
Jehan de Faï , R. de H., p. 336, v. 3.
Jehan de Jherusalf.m (Jean de
Brienne, douzième roi de Jérusa-
lem, mort le 23 mars 1 237), p. 206,
1. 28.
Jehan de Laisdaing, p. 176, 1. 16.
Jehan de Lin-de-Buef, R. de H.,
p. 374, V. 2.
Jehan de Long, R. de H., p. 355,
V. II ; p. 356, V. 2.
Jehan de Soiri, R. de H., p. 375,
y. 21.
Jehane (fille de Henri II, roi d'An-
gleterre, mariée i". à Guillaume II,
roi de Sicile; 2°. à Raymond VI,
comte de Toulouse), p. 85, 1. 12;
p. 87, 1. 18; p. 122, 1. 10.
Jehane («qui fu fille l'empereour
Bauduin de Constantinoble et la
boine contesse Marie»), p. 127, 1. 5.
Jehan i.e Bailluel, R. de II. p. 334,
V. 3.
Jehans ( archevêque de Rouen , suc-
cesseur de Maurille ), p. 64 , h 22 ;
p. 209, 1. 17.
Jéhans (châtelain de Lille), p. i38,
1.9.
Jehans (fils de Robert avoué de
Béthune , frère de l'avoué Guil-
laume, et évoque de Cambrai),
p. 92, 1.7.
Jehans (frère de Gautier de Fourme-
sieles), p. i33, 1. 20.
Jehans ( Jean -sans -Terre, fils de
Henri II, et roi d'Angleterre),
p. 83, 1. 10 ; p. 89, 1. 4 , 8 ; p. go ,
1. i5, 17, 21 ; p. 91 , 1. I, 7, 8, 1 1,
12, i5, 16, i9;p. 93,1. 10, var. 2;
p. 94, l. 2,3, 9, 26; p. 95, L 21 ;
p. 96,1. 6, 22; p. 97, 1. i5;p. 98,
1. 18, 26; p. 99, 1. II, 16; p. 100,
1. 9; p. 1 01, 1. 12 ; p. 104, 1. 16;
p. io5, 1. 6, 23, var. 5 ; p. 109,
1. t4; p. m, 1. 9, 21; p. 112,
408
INDEX GÉNÉRAL.
1. 20, a4, 16; p. ii3, 1. 6, i3, ao,
27; p. 114, 1. 6, i5 , 17, 18;
p. ii5, 1. la; p. 119, 1. 5,
19; p. 123, 1. 2, 26; p. I2fi,
1. 24; p. 127, 1. 18; p. 144, l. 6,
i5 ; p. 145, 1. 4. fi ; P- ifi5, 1. i;
p. i6y, 1. i5, 18; p. 178, 1. 27;
p. 1S9, 1. 7; p. 200, 1. 19; p. 208,
1. 20.
Jehans de BiiUMONT, p. i84, 1. fi;
p. i8fi, 1. 26.
Jehans de Boscais, R. de H. , p. 338,
V. 14.
Jehaks de Brimeu, R. de H., p. 345,
V. i3.
Jehaks de Castenai , R. de H.,
p. 324, V. 17.
Jehans de Chanle, R. de H., p. 307,
V. 19, 2? ; p. 353, V. 5.
Jehans de Carrois, R. de H. , ji. 3o8,
V. 20.
Jehans de Coing, R. de H., p. 338,
V. 4.
Jehans de Couloigne, R. de H.,
p. 3o5, V. 20.
Jehans de Cysoing, p. ifia, l. g.
Jehans de Dompierre Montez,, R.
de H., p. 366, \: 25; p. 367,
V. 4.
Jehans de Douay, R. de H., p. 366,
V. 4,6.
Jehans de Fenieres, p. 307, 1. 27;
p. 371 , V. 5.
Jehans de Feujeres , R. de H.,
p. 337, V. 26.
Jehan de Fouconcourt, R. de H.,
p. 345, V. i5.
Jehans de Fransieres , R. de H.,
p. 376, V. 8, 16, 23.
Jehans de Gannes, R. de H., p. 349,
V. 3.
Jehans de Hangest, p. 166, 1. 19.
Jehans de Harcourt, R. de H.,
p. 342, V. 2.
Jehans de Harcicourt, R, de H.,
p. 374, V. T.
Jehans de Jumelés, R. de H.,
P- 3<J9> V. 9 ; p. 354 , V. 7 ; p. 355,
V. a.
Jehans de i.a Rivière (chevalier du
Boulonnais), p. 180, 1. 3.
Jehans de le Couture, R. de H.,
p. 3io, V. 23.
Jehans de i.e Tournele, R. de H.,
p. 339, V. 18.
Jehans de Longhetonk'( frère d'E-
tienne de Langton , archevêque de
Canterbury), p. 167, I. 16.
Jehans de Lunés, R. de H. , p. 3io,
V. 23.
Jehans de Mêles, R. de IL , p. 3ii ,
V. 26.
Jehans de Monmirail ( « qui sîre
estoit d'Oisy ») , p. 166, 1. 4;
p. 177, 1. 25.
Jehans de Mokoel, R. de H., p. 3o6,
V. 21, 25.
Jehans de Noevile , R. de H.,
p. 365, V- 2.
Jehans de Nue, p. 191, 1. 26.
Jehans de Paska , p. 191, 1. 26.
Jehans de Pereumont, R. de H.,
p. 353, V. i3, 20; p. 372, V. 7,
14, ai.
Jehans de Piere, R. de H. , p. 307,
V. 16.
Jehans de Saint-Martin, R. de H.,
p. 307, V. 8.
Jehans des Barres, R. de H.,
p. 338, V. 3.
Jehans des Jestes, R. de H. , p. 287,
V. i.
Jehans de Soisi, R. de H., p. 335,
V. 5.
Jehans d'Esvagni, R. de H., p. 34o,
V. 4.
Jehans de Vilers, R. de H., p. 374,
V. 26.
Jehans d'Icre, R. de H., p. 3o8,
V. 8.
Jehans d'Oisy, p. 88, 1. 24.
Jehans du Boskiaus , R. de H. ,
p. 339, V. 10.
Jehans fils Huon ( conseiller du
roi Jean), p. i3o, 1. 12; p. i32,
1. 28; p. i34, 1. 10.
Jehans mesire de Clere, R. de H.,
p. 279, V. 4-
Jestes, R. de H., p. 287, v. i.
Jherusalem (ville de la Palestine),
p. 5i, 1. 9 ; p. 57, 1. 17, 26 ; p. 62 ,
1. 22; p. 65, 1. 10, i4 ; p. 68, I. 16;
p. 72, 1. 7 ; p. 206 , 1. 28.
Jhesu-Crist, p. 14 > 1- 27.
Jhesu-Crix, p. 66, 1. 26.
JoFFRoi (troisième fils de Henri II,
et duc de Bretagne par suite de
son mariage avec Constance, fille
de Conan IV), p. 91, 1. 26; p. 180,
1. a5.
JoFFRoi (fils de Geoffroi Martel,
comte d'Anjou), p. 69, 1. 19.
JoFFROi DE Say («un baron d'En-
gleticrre qui ot en garde la Rie» ),
p. 182, 1. 27.
JoFFRoi Marchel ( Geoffroi le Bel,
INDEX GÉNÉRAL.
409
comte d'Anjou, ué le 24 aoiit 1 1 1 3,
mort le 7 septembre ii5i ), p. 69,
1. 17; p. 71, 1. 4; p. y':',, 1. 3.
JoFFKois ( Geoffroi I", surnommé
Griscgonnelle , comte d'Anjou et
sénéchal de France, mort le ai juil-
let Ç)8~), p. 40, 1. i5.
JoFFKors ( comte de Ciiampagne ) ,
p. 5i, 1. 7, 10.
ToFFROIS DE LbSEGJiON, p. Q/j , I. 9. 1 ;
p. I02 , 1. 12.
ToFFROIS DF. Manuevillf. ( Gls de
Geoffroi Fitz-Peter et comte d'Es-
scx), p. ii5, 1. 23, 25; p. iifi,
1. 28; p. 1 17, 1. 4i 5, 9, 12, i3, 20,
26; p. 118, 1. 8, 18, sa; p. 119,
1. 14, 17, 20; p. 121, 1. 7; p. 145,
1. l3 ; p. 164» 1- 20.
JoFFUois (premier du nom, comte
de Bretagne), p. 4"', !• if^; p- 5o,
1. 26.
JoFFROIS LI FEUS PlERRE ( jUSticicr
d'Angleterre), p. ii5, I. ifi ;
p. laS, 1. ifi.
.ToHANissF.s Li lii.AS (Johaiinice P',
ou Jean, dit aussi Calo-Jean, roi
des Bulgares, tué en 1207 au siège
de Thessalouifjue), p. 104, 1. 9.
.ToiF.L i^F.i, Maikk, p. 73, I. I.
JoiPKoi ( premier du nom, comte de
Bretagne), p. 5o, var. i3.
JoKGE (saint), R. de H., p. 297,
V. 22.
JoUDOIN 1)B DoK , p. 170, 1. i3.
J<iU Jeu^ws (Joli.innicc 1", roi des
Bulgares), f). 104, v.ir. i.
JuETF. (sœur, et non j)as fille de Geof-
froi 1'''', comte de Bretagne, et
femme de Richard II duc de Nor-
mandie), p 5i , 1. I ; p. 59, 1. 1 1.
JuLiiEN (saint), p. 107, 1. 14.
JuLYAîiE (fille naturelle de Henri \^',
roi d'Angleterre, et femme de Guil-
laume de Pacy) , p- 70, 1. 7.
.TujiELKs, R. de H., p. 299, v. 9;
p. 354 ■) V. 7 ; p. 355, V. 2.
.TiJMEi,ois (Jean de Jumelés), p. 354 ,
V. 22 , 2f>.
K.
Kalais (Calais, ville du département
du Pas-de-Calais), p. ifii, 1. 8;
p. i65, I. 20, 22; p. i(i8, 1. 2;
p. 188, 1. 11; p. 193, 1. 3, 5, i3;
p 195, 1. 24 ; p. 198, 1. 12, A-ar. fi ;
p. 200, 1. i5, 23.
Kaselyon (l'un des anciens royau-
mes de l'Irhaule), p. II 3,1. 10,25.
Kt^sixGUEHEM , p. 181, 1. 27, 28.
Kavegni (Chauvignv, ville du dépar-
tement de la Vienne), p. gS, 1. 4-
Kejvelion (l'un des anciens royau-
mes de l'Irlande), p. 11 3, var. 2;
p. J i4 > 1- 'o.
Kenflyon (l'un des anciens royau-
mes de l'Irlande), p. ii3, 1. 18;
p. ii4, 1. 9. ^
Kent (comté méridional de l'Angle-
terre) , p. 1 10, var. 4.
Kkus, Kex (sénéchal du roi Arthur),
R. de H. , p. a35 , v. 20 ; p. 236,
V. 6 ; p. 237, V. 23 ; p. 238, v. 22 ;
p. 2 3y, V. 7, 18 ; p. 267, V. 6, 19;
p. 2(S8, V. 17; p. 269, V. i4; p. 270,
V. 3 ; p. 272, V. 5 ; p. 276, v. 11 ,
21 ; p. 277, V. I, () ; p. 283, V. 25 ;
p. 284, V. 25 ; p. aSfi, v. 3, 8, 12,
18; p. 287, V. 4» 22 ; p. 288, V. 10,
17; p. 289, V. 23 ; p. 3i3, V. <i, i3 ;
p. 3i4, V. I ; p. 33r,v. aS ; p. 332,
V. 17, 26 ; p. 334 , V. I ; p. 342 ,
V. 22 ; p. 343, V. 7 ; p. 349, A'- i5 ;
p. 352, V. 20; p. 36i, V. 27 ; p. 373,
V. 10; p. 378, V. 23; p. 38o ,
V. 23.
KiNGF.sTOKE ( King'toH , daus le
comté de Surrey), p. 199, 1. 10.
KiîîGESTOUNE (idem), j). 204, 1. 12.
L.
LaChi (aujourd'hui Lassy, sur la Lacinari (roi de Suède), p. 5o,l. 10.
route de Vire à Aulnay-sur-Odon, Laisuaing (Laisdain, village du dé-
partement du Nord), p. iyf}, 1. ifi.
département du Calvados), p. 112
1. 9, 27; p. ii3, 1. 8.
Laci , p. 112, var. 2.
LiCiaiAX (roi de Suède), p. 5o, var. 8
Laciîtax (roi de Suède), p. 48, 1- 2'
Lambekiks de Rosebrf.che, p. i33,
1. 8.
Lambert (frère d'Herluin , comte de
Ponthieu), p. 32, 1. 7.
28
410
liNDEX GÉNÉRAL.
LamÉk (Lambeth, dans le comté de
Surrey) , p. 171, 1. 20.
Landast (villafje du département du
Nord) , p. i34 , 1- 35.
Landegkave (cri d'armes), R. de H.,
p. 363, V. 16.
Landri (comte de Ne vers par suite
do son mariage avec Mathilde, fille
d'Otte-Guillaunie) , p. Sa , 1. (>, y.
Lane, p. 17-2, 1. 16.
Langethone ( Langton ) , p. iio,
1. 2 3.
Languetonue (Langton), p. 208,
1. 5.
Lanson (Alençon, chef-lieu du dé-
partement de l'Orne), p. 64, 1. 11.
Lakguece (personnification), R. de
H., p. 21 5, V. 26.
Lkans (Lewes, dans le comté de Sus-
sex , château du comte de Wa-
renne) , p. i83, 1. 5.
Leaus (Lewes, château du comte de
Warenne) , p. i83, var. 2.
Leecestbe (Lcicester), p. 70, 1. 2.
Leeciestre (Leicester), p. 77, 1. i3.
Leicestre (Leicester), p. 7H, var. 8;
p. 78, 1. 12.
Leiciesïre (Leicester), p. 78, 1. 20;
p. 79, 1. 14.
Lens (ville de Flandre), p. 166,
l. 33 ; p. 175,1. 17; p. 196, 1. i.
I.ssuAiNG (Laisdain, village du dé-
partement du Nord), p. 176, var. <\.
Lesp.gnan (Lusignan, ville du dé-
partement de la Vienne), p. 2ofS,
L ifi.
Lesegjjon (Lusignan en Poitou),
p. 94, L 21 ; p. 102, 1. 12; p. 206,
L5.
Leseigkon (Lusignan), p. 9J, I. 4.
Leuciestre (Leicester), p. 76, 1. 18.
Leues ( montagne pris de Cliartres ),
p. Il, var. 5.
Liecelixe (comtesse d'Eu), p. ()2 ,
1. 2
LiEDE DE i,A Fleke (Hélic, seigneur
de la Flèche et comte du Maine,
mort en 11 10 , le 3 juillet), p. f>5 ,
1.8.
Liège (ville deRelgique, cheMicu de
province), p. i54, !• 20-
Libre, R. de H., p. 353, v. 2.
LrESEwiF.s (Lisieux, ville du dépar-
tement du Calvados), p. 47, var. i ;
p. Ivi, var. 4; P- 98, 1. I.
LiEsriîs (Lisieux), p. 47> 1- 2 ; p. 62 ,
1. 4.
LiESSEMNE (femme de Guillaume,
comte d'Eu, frère de Richard II ,
duc de Normandie), p. /\6, 1. 24.
Lii.LE (en Flandre, chef-lieu du dé-
partement du Nord), p. 127, 1. 10 ;
j). i36, 1. 27; p. 137, 1. 2, var. 4;
]). i38, 1. 8, 14; p. iSg, 1. I, 8, 21 ;
p. 144, 1. i3.
LiADEBONE (Lillehonne, bourg du
département de la Seine -Infé-
rieure), p. 80, var. 5.
LiN-DE-BuEF, R. de H., p. 374, v. 2.
Lire (abbaye de Normandie), p. 61,
var. 2.
LisLE (Lille en Flandre), p. i38,
var. 5.
LisY ( Ely, ville épîscopale du comte
de Cambridge), p. 188, 1. 5.
LocHiKES (Loches, ville dudéparte-
nient d'Indre-et-Loire), p. 89,
var. 3.
Loekaine (contrée du nord de la
France), R. de H., p. 317, v. 12;
p. 321, V. 2.
Loeys (fils de Philippe-Auguste, et
plus tard roi de France sous le nom
de Louis VIII), p. 161, var. /[ ;
p. 167, var. 3.
LoHERAijvE (Lorraine), p. 36, 1. 5.
LoHiEKs (Lothaire, fils de Louis
d'Outremer et roi de France ) ,
p. 22, I. 2; j). 34, L 16, 24;
p. 39, 1. II, i4; p. 40, 1. II ; p. 41,
1. 26.
LoHORAiNJJE (Lorraine), ]>. 36, var. 2.
Loire ( fleuve de France ) , p. 11,
1. 17, 23, 24.
Lois DE BiAUGiEU, R. de IL, p. 374,
V. 10, 20.
Long, R. de H. , p. 355, v. 11,18,
p. 35f), V. 2, 1 1.
Londres (capitale de l'Angleterre),
p. 48, 1. 12; p. 49, 1. 4; p. 60,
1. 11; p. 64» var. i5 ; p. 65,
1. 17, 27 ; p. 67, 1. 19, 23 ; p. 80,
1. 28; ]). 118, 1. 26 ; p. 119, 1. 1 ;
p. 147, 1.3, 9, 17, 18; p. i5o,l. 20;
p. 157, I. I , 22; p. i59, 1. 14 ;
]). 160, 1. 2 ; p. 161, 1. Il, 19, 25 ;
p. 162, 1. 3, 6, 12, 21 ; p. 164, 1. 15,
18; p. i65, 1. i4; p- 166, 1. 6;
p. 171, 1. 4» i6, 28; p. 172, 1. i3,
18; p. 173, 1. 9, 18, 27; p. 174,
1. 10, 14, i5, 19, 21; p. 177, L 1,
8, ip, it; p. 182, 1. 7, 32; p. 184,
I. 2 ; p. 187, 1. 16; p. 190, 1. 1 1 ;
p. 191, 1. 24; p- 192, 1. i4> 22;
p. 195, 1. II, 12; p. 197, 1. I, 9,
22; p. 198, 1. 10; p. 199, 1. 8, II,
IINDFA GÉNÉRAL. 411
1 2 ; p. îoi) , 1. 5, S , lo ; j). 20a , i3, 14» 17» M) » P- ^^^t '• 2» 6, 12,
I. 20, 24 ; p- iai, I. 4 ; p- 204, 1. 6 ; i5, 16, ly, 2(1 ; p. 206, 1. 20.
p. 2o5, 1.3,9; P- ^ol\ 1. 2 ; p. 208, Loovs (<<ki sires estoit de (^Jiartres et
I. 2. — R. de H., p. 296, V. 5. de lîlois, » tué en i2o5, devaatAii-
I uNDHOis (surnom des chevaliers de drinople), p. 104, 1. 10.
Louis, fils de Pliili])pe-AHguste , Looys (Louis, dit le Jeune, roi de
qui étoient aies à Londres), p. 172, France), p. 77, 1. 2 ; p. 81, 1. 7, 8,
1. 14. 28.
LoNGETHoiiE(Langton),p. 167, 1. ï6, Looys (Louis d'Outremer, roi de
var. 5; p. 190, 1. 5 ; p. 197, 1. ifi. France), p. 20, 1. 22 ; p. 21, 1. i, 3,
LoNGHK-EspÉE (surnom de Guil- ifi; p. 26 , var. 2 ; p. Sa , var. 5 ;
laume, comte de Salisbury, frère j). 33, 1. i, 8; p. 34, 1. 6, i() ;
du roi Jean), p. 129, 1. 10; p. 187, p. 35 ,1. 22 ; p. 43 , 1. i ; p. 44 ,
1. 24. I. 21.
LoNGHEVAL (Longueval, village du Loques, R. de H., p. 37$, v. 20, 24.
département de la Somme), R. de Louches (Loches, ville du départe-
Il., p. 220, V. 22 ; p. 275, V. 16; ment d'Indre-et-Loire), p. 89,
p. 290, V. 24; p- 817, V. 17. 1. i3.
LoMGUEVAL (village du département Louvain (ville de Belgique, pro-
de la Somme), R. de H., p. 222 , vince du Brabant méridional),
V. I ; p. 23o, V. 6; j). 272 , v. 10; p. 88, 1. 2 5.
p. 273, V. II ; p. 286, V. 5 ; p. 817, Louvaing (Louvain, ville de Bel-
V. 24 ; p. 35o, V. ifi; p. 352, v. 17. gique ), p. fig, 1. 21 ; p. i54, I. 20.
LooKo.a (Lennox en Ecosse.'*), p. 79, Louvre (château des rois de France,
l. 12. à Paris), p. 120, 1. 27.
LooY (Louis IX, roi de France), Lunrs (femme de Richard II, duc de
R. de H., p. 217, v. 9. Normandie), p. 62, 1. 20.
Looys (fils de Philippe-Aii»uste , et , Ldideboue (Lillehonne, bourg du
plus tard , roi de l""rauci' sous le département de la Seine - Infé-
nom de Louis VIII), p. 83, 1. 22 ; rieure), p. 80, I. i5.
p. 90, 1. 27; p. 91, 1. i3; p. 123, Lune (ville et port de Toscane),
I. 23 , var. 6; p. 187, 1. 5, i5, p. 3,1. 10.
22; p. iqi, 1. 5, i4; p. 142» '• 1, I'Ujsers , R. de H., p. 3i i, v. 3.
10; p. 143, 1. 27; p. 160, 1. 7, i3, Lunés, R. de H., p. 3io, v. 28.
17, 20; p. 162, 1. 18; p. i65, LuNi.oY (Lonlai-l' Abbaye, village du
1. 18, var. 5 ; p. ififi, 1. 2f) ; p. 167, départemejit de l'Orne), p. 62,
1. 10, 24, 25; p. 168, 1. 4j i^) 21, 1. 12.
22; p. 169, 1. 7, 10, 14, 19, 31 ; LussBBouRf; (Luxembourg, ville forte
p. 170, 1. 22, 24; P- 171» 1- ij M ) du royaume de Belgique, chef-lieu
p. 172, 1. 7, 10, 18 ; p. 175,1.3,4) de la province de même nom),
1 1 ; p. 1 76, 1. 22, 24 , 26 ; p. 1 77, R. de H., p. 848, v. 27.
1.6, 20 ; p. 178, 1. 7, 1 1, i5; p. 179, Lymoges (chef-lieu du département
1. 9, II, 14, 19, 22, 24; p. 180, de la Haute-Vienne), p. 90, 1. 8.
I. 7, 10, 13; p. 181, 1. 26, 29; p. 182, Lyon (l'animal qui accompagnait
1. 5, 22, 27; p. 18 3, 1. 8, 17, 18, 28; Lancelot du lac ?) , R.de H., p. 229,
p. 184, 1. i4» i5, 20; p. i85, 1. 3 , V. I ; p. 240, V. I, 9; p. 245, V, 19 ;
i 8, 20 , 27 ; p. 186 , 1. 5, 9, 30, 22 , p. afi5, v. 20 ; p. 266, v. 19, 27 ;
38; p. 187, 1. 9, 10, 22; p. 188 , p. 3i5, V. 2 ; p. 3 16, V. 8, 12, 19,
1. 6, 8, 9, i4; p. 189, 1. 10, 17, 28 ; 31 ; p. 817, V. 21 ; p. 3i8 , v. 5 ,
|). 190, 1. 7, 12 , i3 , 17, 20, 32; 10; p. 383, v. 18.
p. 191, 1. 8, 14, 16, 17; p. «92 , Lyojvs (forêt et château de Norman-
1.6, 8, 3 2, 17, 22, 29; p. 198, 1. Il, die, département de l'Eure), p. 71,
33, 26; p, 194, 1. 9, 31 ; p, 195, 1. 1 ; p. 77, 1. 6 ; p. 87, 1. 8.
1. i4; p. 196, 1. 12, 28; ]). 197, Lyke (abbaj'e de Normandie), p. 61,
1. 9, II, l3, 25 ; p. 198, 1. 3, 12 ; I. aS.
p. 199, 1. 16, 22, 27; p. 200, 1. I, Lys (rivière de Flandre qui se jette
8; p. 20a, I. 20, a5, 27; p. 2o3, 1. i, dans l'Escaut) , p. 44> 1- ^3 j p. i38,
4, ^, 9, 'D. 23, 25; p. 204, 1. 7, 1. 9, II.
412
INDEX GÉNÉRAL.
M.
31aalines (Alalines, ville de Belei-
que, province d'Anvers), p. 137,
1. 21.
Mâche (Marche, province de France,
bornée au nord par le Beiry, à l'o-
rient par l'Auvergne, à l'occident
par le Poitou et l'Angoumois, au
midi par le Limousin ) , p. 206 ,
1. ,7.
IMaelins (frère de Boidin de Mètres),
p. i66, 1. i/j.
Magdelaiwe ( chapelle de l'église
Notre-Dame de Rouen), p. 17,
1. 15.
Mahieu de Waudricourt , R. de
H., p. 824, V. 2.
Mahieus de Hiekcourt, R. de H.,
p. 333, V. 5, 20.
Mahieus d'Espegni, R. de H., p. 344;
V. 6.
Mahieus de Mowmorenchi, R. de
H. , p. 3ofi, V. 22.
Mahieus de Trie, R. de H. , p. Soi ,
V. i5 ; j). 3o2, v. 13, i4-
Mahieus de Ver, R. de H., p. 3o5,
V. ui.
Mahieus de Waulaikcoukt, R. de
H. , p. 3a4, V. I.
Mahieus ou Maihiex de Roie, R.
de H., p. 335, v. 3, 7.
Mahiu de Wali-aijscouht, r. de h.,
p. 277, v. 19.
Mahiu i.'£WAîiGEi,isTE (saint), p. i54,
1. II.
Mahius DE Vi, R. de H,, p. 367,
V. 19; p. 3fi8, v, 10.
Maielin de Mètres, p. 16G, var. 6;
p. 175, 1. 19.
Maience (ville du grand-duché de
Hesse-Darmstadt), p. 68, 1. 4-
Maiemcourt, R. de H., p. 3o^ ,
V. 19.
Maigneleks, r. de H., p. 3oi, v. fi.
Maine (province de France, située
entre la Brolagno, l'Anjou, la Tou-
raine, le ^'endônlois , le Perche et
la Normandie), p. 78, 1. i.
Mainnés, r. de h., p. 3ft6, v. 2, i5.
Mal-Anmoi , p. i6fi, 1. 27; p. 2o3,
1. 22, afi, 27; p. 204, 1- 6.
Mal-Aunoi, p. 18S, 1. 22.
Mal-Aussoi, p. 166, var. 8; p. 188,
var. 8.
Malderghiem (Maldeghem, hourg
de Belgique, jjrovince de la Flan-
dre orientale), p. i34, 1- y-
Mâle (maison de plaisance des com-
tes de Flandre, près de Bruges),
p. 182, 1. II.
Mâle- Maison, R. de H., p. 3o3,
V. 18.
Mal-Liojv ( Mauléon, ville du dé-
j)artement des Basses - Pyrénées ) ,
p. 143, var. I.
Mal-Pahxus , p. 38, var. 4.
Malpietruis (bois), p. 38,1. 10.
Maw (île de la mer d'Irlande), p. 118,
1. 3.
Mandeville , p. 88, 1. ifi; p. 11 5,
1. 24 ; p- 1 16, 1. 28 ; p. 119, 1. 14,
16, 20j p. 121, 1. 7; p. 145, 1. '3;
p, i64> 1- 20 ; p. 171, 1. 12 ;p. 182,
1. 18 ; p. 195, 1. 6.
Manicoukt, R. de H., p. 846, v. 19.
Manlay, p. 180, 1. 24, 26; p. 181,
1. i5.
Mans (le Mans, chef-lieu du dépar-
tement de la Sarthe), p. 18, 1. i4;
p. 49> 1- *3; p. 5o, 1. 9; p. 65,
1. 9; p. 84, 1. 14 ; P- 94, 1- 3;
p. 208, 1. 28.
Mansiel (Manceaux, natifs ou habi-
tants du Maine), p. 65, 1. 6.
Marce (Marche, province de France),
p. 206, var. 6.
Marche [idem), p. 65, 1. 12 ; p. 91,
1. 22.
Marche de Beessin, p. 69, 1. 27.
3Iarchel (Martel, surnom donné à
tort à Geoffroi le Bel, comte d'An-
jou), p. 69, 1. 17.
Mardecekus (Hardknut, roi d'An-
gleterre), p. fio, var. 4-
Mardechenus (Hardknut, roi d'An-
gleterre), p. 49, var. 4 ; p. 60, I. 17.
Mardocheus ( Hardknut , roi d'An-
gleterre), p. 49, 1. 8; p 60, 1. 14.
Margerit (« qui estoit rois de la nier
et estoit hom le roi de France» ),
p. 86, 1. 4-
Margherite (fille de Louis-le-Jeunc,
roi de France , et femme de Henri ,
roi d'Angleterre, deuxième fils de
Henri II), p. 8i, 1. 28; p. 8a ,
1. 3.
Marie (>■ la boine contessc ..) , p. 127,
1. 5.
Mariiles (Mamile, archevêque de
INDEX GÉNÉRAL.
413
Rouen , qui succéda à Mauger, dé-
posé en io55, et mourut en 1067),
p. 64, 1- 21.
Makkelines, p. iSy, i. 3.
Marlion (Mauléon, ville (hi dépar-
tement des Basses-Pyrénées) , p. 96,
var. I ; p. 100, var. 7.
Marote (l'une des quatre femmes de
la reine Genièvre), R. de H., p. aSg,
V. 23.
Makkoc (empire situé dans le nord
de l'Alriquc) , ji. 3, var. i.
MâBsuirxE (chef -lieu du départe-
ment des Bouches - du - Rhône ) ,
p. 3, var. 4-
Marsfxle [idem), p. 3, 1. 8 ; p. 85,
1. 8.
Marteaus (Martel, petite ville du
Quercy, maintenant dans le dépar-
tement du I-.ot), p. 82 , var. 6.
Martel (ville du département du
Lot), p. 63, var. 2 ; p. 69, var. 8.
Martiaus (Martel en Quercy), p. 82,
1. 27.
Martin (saint), R. de H., p. 384,
v. 3.
Martims (abbé de Jumièges), p. 32,
1.6.
Maruel (Mareuil, bourg du dépar-
tement de la .Somme ), R. de H.,
p. 377, V. 12.
Matel (Martel, petite ville du dé-
partement du Lot), p. 63, 1, 2.
Maudejsghien (IMaldeghem, bourg
de Belgique , province de la Flan-
dre orientale), p. i34, 1. 27.
Maughier (archevêque de Rouen,
fils de Richard II et de Pavie ,
frère de Robert duc de Norman-
die), p. 57, 1. 9; p. 59, 1. 8.
Maughier de Cohbie ( Mauger,
comte de Corbeil , oncle de Ro-
bert duc de Normandie), p. 56,
1. 5.
Maugier (archevêque de Rouen),
p. 57, 1. 18.
Maulion (Mauléon , ville du dépar-
tement des Basses-Pvrénées), p. io3,
1.7.
Maulyok [idem), p. 96, 1. 7; p. 100,
1. 26; p. 102, 1. 14, i5; p. 107,
1. 26; p. 108, 1. II ; p. 121, 1. 27;
p. 143, i. 1 ; p. i53, 1. 26; p. i65,
1 4; p. 172, 1. 27; p. 174, 1. 12;
p. 181 , 1. 17.
Maurilles (archevêque de Rouen),
p. 64 , var. 4-
Meate (Damielte, ville de la Basse-
Egypte), p. 207, 1. 17, 21.
Meaulimges (Mawling, dans le
comté de Sussex, pi es de Lewes),
p. 190, I. 3.
Mkause (abbave anglaise de l'ordre
de Citeaux), ]i. 11 5, 1. y.
Meausse [idem], j). 11 5, var. 4-
Mehaus (fille naturelle! de Henri I",
roi d'Angleterre, mariée à Ro-
trou II , comte du Perche), j). 70,
1. 6.
Mehaus (fille d'FAistacbe, comte de
Boulogne, et femme du roi Etien-
ne ), p. 78, 1. I ; p. 79, I. 16; p. 81,
1. 1.
Mehaus (fille de Bernard de Saint-
Valery, et femme de (iuillaum»' de
Brayouse), p. 1 1 1 , 1. 16 ; p. 112,
1. 4, 8, 27; p. ] i3, I. 4 ; p. 114,
1. 21.
Mehaus (fille de Henri \", roi d'An-
qleterre, et femme 1°. de Henri V ,
empereur d'Allemagne; 2°.deGeof-
froi le Bel, ou Plantagenet, comte
d'Anjou), p. 68, 1. i ; p. 69, 1. i5;
p. 71, L 6, 9; p. 72, L 22; p. 73,
1. 6; p. 76, 1. 6, 17, 22 ; p. 77, 1. I,
i4; p. 79, 1. 12, 19, 23, 28; p. 80,
1. 6, 12; p. 81, 1. 3.
Mehaus (fille de Malcolm , roi d'E-
cosse, et de sainte IMarguerite , et
femme de Henri I", roi d'Angle-
terre), p. 67, 1. 25; p. 69, 1. 20.
Mehaus (Mathilde, fille de Baudouin
comte de Flandre, nièce de Hen-
ri I"', roi de France, et femme de
Guillaume-le-Conquérant) , p. 61,
1.21.
Mehaut (fille de Richard \", duc de
Normandie, et de Gonnor), p. 43,
1. ?.2.
Mehaut ( « qui feme fu à l'avoué
Guillaume et mère Robiert de Bie-
thune») , p. 142, 1. 2.
Melaat (Meulan, ville du départe-
ment de Seine-et-Oise), p. 10, 1. 9.
Mêles, R. de H., p. 3i i, v. 26.
MeleUj» (Melun , chef-lieu du dépar-
tement de Seine-et-Marne), p. 5i,
1. i3; p. i4ii 1. 1'^, 28; p. 161,
1. 4; P- i6fi, 1- 27; p. 182, 1. i5;
p. i85, 1.28; p. 188,1. 23; p. 198,
1.4.
Mence, r. de H. , p. 3ii, v. 20.
MEguELi>Es , R. de H., p. 376,
V. 14.
MERAI^VILLE, p. 188, 1. 25.
414
INDEX GÉNÉRAL.
Mekane (Aléran, ville d' Allemagne,
et capitale du duché de Méranie,
qui s'étendait, dit-on, depuis le
Tyrol jusqu'à la Misnie), p. 91,
1/28.
Mère Diu ( la Sainte-Vierge), p. 14 ,
1. 17.
Merlebehge (Mariborongh, ville du
Wiltshire) , p. 116, var. 3; p. 117,
1. 20.
RIeki-ebekghr ( Marlborougli ) ,
p. i5o, var. 10.
Meklebiege ( Marlborough), p. 173,
1. 1.
MRRiEBiERGE (Marlborough), p. 176,
1. 3.
MlîHUNGEHEM, p. igS, 1. 3.
Meklins (personnage des romans du
cycle breton, auteur supposé de
prophéties), p. 68, 1. lo. — R. de
H. , p. 225, V. 8-
Metres, p. i66, 1. i4 ; p. 175, 1. 18.
Meulent (Meulan), j). 70, var. 6.
3Ieurisse de Creon , p. 178, 1. i5.
Mewerc (N'ewark , château de l'cvê-
que de Lincoln, et maintenant
ville du comté de Nottingham),
p. 180,1. 17; p. 181,1. j3; p. 206,
1. 23.
MiAULiMGES ( Mavvling , comté de
Sussex ), p. 190, 1. 7.
M1CHE1, (saint), p. i4, 1. 22.
MiCHIEL DE HaRNES, p. l66, 1. II.
M1D1.EB0URC ( « une boine ville ki
siet en Waucres») , p. i3fi, 1. 2.
Mierelebiurge ( Marlborough ) ,
p. 116,1. 2g
MiERLEBERGE (Marlborougli), p. 175,
1. 20.
MiERLEBiERGE ( Marlborougli ) ,
p. 1 16, 1. 2 fi : p. i5o, 1. 25 ; p. 175,
1. 5, 8, 12; p. 189, l. 21 ; p. 190,
I. i5.
MiEssiAEs (Messine en Sicile), p. 85,
I. 18; p. 86, 1. 3.
MiKIELS DE BlELES-AlSES , p. 162,
var. 2.
MiKIUS DE BlELES-AlSES , p. 162,
1. 7.
MiKios DE Harnes, p. 169, 1. 23;
p. 198, 1. 16; p. 201, 1. 8.
MiKix CouPLiAUs, R. de H., p. 34o,
v. 2.
Mii.M , R. de H., p. 343, v. 23.
MiRABiEL (château dn Poitou ; main-
tenant Mirebeau, ville du départe-
ment de la ^'ienne ) , p. 93 ,1. 9 ;
p. 94, I. I î, i5.
MiBAUMOKT (village du département
de la Somme), p. 166, 1. 12.
MiRMANDE (près de Valence, dépar-
tement de la Drôme ), p. 52, 1. a3.
MoiG^E (surnom d'Eusîache Buskes,
pirate boulonnais du xiii^ siècle),
p. i85 , 1. 24.
]\IoiL\iNs, R. de H , p. 3i I, v. 25.
I\IoiNES (surnom d'Eustache Buskes,
célèbre pirateduxiii^siècle),p. 167,
1. 2, 3; p. i85, 1. 5, i5 ; p. 201,1. 1,
2, 23, 26; p. 202, 1. 6, 16.
MoLAiNEs, R. de H. , p. 299, V. 24-
MoLAiss , R. de H. , p. 3 10, v. 17.
MoLiiRâi (Moi)tbiav, village du dé-
partement de la Manche, dont le
nom , dans la bouche des Anglais,
s'est changé en Mowbray), p. 194,
1. 27.
MoLETONE (Molton ou Moulton, dans
le Devonshire), p. 157, 1. 19.
l\IoL Ploket, ]). 182 , var. 3.
MoMARs DE Laleh-g, R. de H., p. 377,
V. i5, 18.
MOKFORT, p. 207, l. 6.
MoNGEU (le mont Saint-Bernard),
p. 70, 1. 23.
MoKGiu (le mont Saint-Bernard),
p. 70, var. 10.
MoKGOBORi (Montgomerv ), p. i45,
I. 22.
MoNGOMEKI, ]). 61, 1. 28.
MoNGOKBoi (Montgomery), p. i^\i,
var. 9.
MoKiOOK (Laou, chef-lieu du dépar-
tement de l'Aisne), )). 21, 1. 22;
p. 34, 1. 19.
MoN.MIRAlL, p. 166, 1. 4j P- 177»
1. 25.
MojriMOREACHi , R. de H., p. 3oo ,
V. 8 ; p. 3o6, v. 22.
MoKMOREACI , p. 70, 1. 10.
MoNiîARs DE l'Ai.ekg , R. de H.,
p. 280, V. 9, ai.
MoNs, R. de H., p. 3o6, v. 2.
Mons-de-]Mokgeu (les Alpes), p. 70,
1. 9.3.
MoNsoRiEL (Mount Sonel, tlans le
comté de Leicester ) , p. 189, 1. ai;
p. 190, 1. 16, 22; p. 191, 1. 16;
p. 193,1. 27.
Montagu, r. de H., p. 367, v. 14 ;
]). 379, V. 7.
-Mokt-Albak (Montauban, village du
département de la Somme), R. de
H. , p. 3oi, v. i5.
Montauban (village du département
de la Somme), II. de H., p. 221,
INDEX GÉNÉRAL.
415
V. a4; P- 291» V. 25; p. 3oi, v. i3 ;
p. 3tt3, V. ifi.
MoKTEBRoc ( Monteboiirg, l)ourg du
département de laManclie, où se
trouvait une abbaye de bénédictins
fondée j)ar Baudoin de Rivières),
p. 6i , 1. 10.
MONTEGNY, p. 58, 1. 18.
MoMEi., R. de H., p. 3fiti, v. 25.
MoNTiGNi, R. de H., p. 294, v. 37.
MOKT-FORT, p. 58, 1. 12.
MoNT-GoMERi , p. 61, var. 4 ; p- 'J'J,
1. 26.
Mo]VT-GoMEEi>", p. 58, var. 8.
Mont-Lehf.ri ( ^ioiitlhérv, ville du
département de Seine - et - Oise j,
p. 2, 1. 22.
MoNT-LooN (Laon), p. 27, I. 20, 27,
28 ; p. 28, 1. 23.
Mo«t-Saime-Katerike ( lieu près
de Rouen), p. 19, 1. 6.
MoNT-S.viJNT-MiCHUL (abbaye de Nor-
mandie, département de la Man-
clie), p. i5, 1. y; p. 43, 1. ^4;
p. 47; 1- 7-
Mont-Saïnt-Michiel (idem), p. 62,
1. 17.
MoREL, R. de H. , p. 3oo, v. 20.
Moretuel (Mortain, ville du dépar-
tement de la Manche), p. 62 , 1. 8 ;
p. 71, 1. 20.
Morlaines, R. de H., p. a8r, v. 17 ;
p. 3401 V. i4) 17, 22.
M0R0EL ( Morenil, ville du départe-
ment de la Somme), R. de II.,
p. 3oo , V. 10; p. 3o6, V. 21 ;
p. 3o8, V. i().
3I0RROC (Maroc, empire du nord de
l'Afrique), ]). 3, 1. 'J.
MORTEMEH, p. ()2 , 1. f^ ; p. ()3, 1. J J
p. fi(), 1. 2.
MoHTUEL (Morlain, ville du déparle-
ment de la Manche), p. 80, 1. i j,
i5 ; p 83, 1. i3 ; p. 90, 1. 21.
MouHRAY (Montbray, village du dé-
partement de la M.inche, dont les
Anglais ont changé le nom on
Mowbray), p. 1 45, 1. ao.
MousTEROEi, (Montreuil - sur - Mer,
ville du département du Pas-de-
Calais ) , p. 2 3, 1. i3.
Mur (ville de Flandre, à deux lieues
de L)an), p. i3o, 1. 18 ; p. i54, I. 5,
i3.
MuELAMT (Meulan, ville du déparle-
ment de Seine-et-Oise), p. 49, h 23.
MuELLvJvr (Meulan), p. 70, I. 11.
MuRSE (la Meuse, fleuve de France,
qui se jette dans la mer du Nord .
en Belgique), p. 21, 1. if>.
Muis d'Av.\rKE, R. de H., p. 3o3,
v. 17 ; p. 3o4 , V. 4, r3.
N.
Naktes (chef-lieu du département de
la Loire-Inférieure), p. i43, 1. 3, 10.
Navare ( pavs situé entre la France
et l'Espagne) , p. 86, 1. 2.
Naveks (Nevers, chef-lieu du dépar-
tement de la Nièvre), p. i()9, var. 3.
Naviers (Nevers), p. 52, 1. fi ; p. i65,
1. 23 ; p. 169, 1. 22 ; p. 174, 1. ifi,
26; p. 177, l. 10; p. 178, 1. 27;
p. 179, 1. i3, i4; p. 181, I. 22;
]î. 189, 1. 16; p. 192, I. 8, 14, 20;
p. 199, 1. 28; [). 200, 1. Il ; p. 2o5,
1. 24.
Nequise (Venise, l'une des deux ca-
pitales du rovaunie Lombard-Vé-
nitien), p. 87, 1. 17.
Neustrie (ancien nom de la Nor-
mandie), p. i3, 1. 2.
Nevelon de M0X.AI1VS , R. de H. ,
p. 3 10, V. 16.
Nevei.os d'Arras o« i)e Camle (« li
fils au bailliu d'Arras»), p. 20 1,
1. fi ; p. 202, 1. 5.
Nevers (chef-lieu du département de
la Nièvre), j). 52, var. i ; p. ifi5,
var. 7.
Niche (Nicée, dans l'.Asie-Mineure),
p. 58, 1. 2.
NicHOLE (Lincoln), p. 77, 1. 24, 27 ;
p. 182, 1. 23 ; p. 194, 1. 12, 20.
NicHOLE (gouvernante du château de
Lincoln), p. 182,1. 21.
Nicnoi,Es (fils de Richard III duc de
Normandie, moine de l'abbaye tle
Fécamp , puis abbé de Saint-Oucii
de Rouen), |). 53, I. 22.
Nicole (Lincoln), p. 180, L 17 ; p. 18/.
1. 19; p. 194, 1. 4 ; P- 204, I. 2fi;
p. 20fi, 1. 21.
NicoLEs DE Barbençoîi, R. de H.,
p. 3o8, V. 7.
NicoLES DES Amoises , R. de H. .
p. 371, V. 26.
NicotES Donchart, r. de h , ]). 307,
V. 26.
NicoLBs H^RI^■Gos, p. 193, 1. 8.
416
INDEX GÉNÉRAL.
NiGKL («li viscuens ne Cousteutin ») ,
p- 47, i-g; p- fi-».!. 10.
NioR, NroRS (Niort, en Poitou, chef-
lieu du département des Deux-
Sèvres), p. lor, 1. 15, var. 2 ; p. io3,
1. 8, 27.
Noef-Castiel de Driencourt, p. 89,
1.17.
NoEF-CASTIEL-SOUR-TlNE(NewCaStle-
upon-Tyne, dans le Norlhumber-
land), p. i(i3, 1. 33 ; p. 164, 1. 3 ;
p. 181,1. 14.
NoEF-PoRT , p. 1 35, 1. 2, var 4-
NoEvE-Vii.E, R. de H., p. 274,
V. 24.
NoEviLE Ew Artois, R. de H., p. 278,
V. 24 ; p. 3 n, V. 12 ; p, 359, V. 18;
p. 3fi5, V. 2, 18.
NoEviLLE, p. 160, 1. 27, 28; p. 175,
1. I, 23; p. 176, 1. 8, 12; p. 186,
1. 7; p. 196,1. 1,5; p. 198, 1.6.
NoiON (Noj'on, ville du département
de l'Oise), p. 2, 1. 19.
NoNENCouEx (ville du département
de l'Eure) p. 70, var. 7; p. 89,
1. 18.
NoRANTONE ( Nortliampton , ville
d'Angleterre, chef-lieu du comté
de ce nom), p. 146, 1. 19.
NoRANTONME ( Northampton , chef-
lieu de comté), p. 60, 1. 4; P- i47>
1. 2 ; p. i8f, 1. 7.
NoREHEM (Norham, dans le comté
de Durham), p. 164, 1. 7.
NoREwTs (Norwich, dans le comté de
Norfolk), p. no, 1. 11; p. 182,
1. 18.
NoRFONT (Norfolk, comté de l'An-
gleterre), p. 172, 1. 14.
NoRFOUc (Norfolk), p. 172, var. 6.
NoRHANSTONNE (Nortliauipton, chef-
lieu du comté de ce nom), p. 146,
var. 7.
NoRHOMBELANDE ( Northumbcfland ,
comté du nord de l'Angleterre),
R. de H., p. 236, v. 21.
Norman (homme du Nord), p. 2,
var. 5.
Noruant ( hommes du Nord , habi-
tants ou natifs de la Norman-
die), p. 2, 1. Il; p. i3, 1. 25;
p. 23, 1. 18; p. 25, 1. 20; p. 26,
1. 4 ; p- 27, h 20, 26; p. 28, I. ! 3 ;
p. 3o. 1. 2 ; p. 3i, 1. 18, 24, 26;
p. 32, 1. i3, 16, 23, 26 ; p. 33, 1. 4,
9, 25 ; p. 35, 1. 9 ; p. 37, 1. 7, ïo ;
j). 38, 1. 5, 8, i4 ; p. 3y, 1. 5, i4> i5 ;
p. 41, l. i; p. 42, I. 29;p, 48, 1. 9;
p. 49, 1. 17; p. 02, 1. I ; p. 53, 1. 3,
9 ; p. 58, 1. 26 ; p. 65, 1. 7 ; p. 73,
I. 19, 26; p. 74, 1. 4, II, 12, 16;
p. 75, 1. 25; p. 76, 1. 9, II, i5,
var. 2 ; p. 77, 1. i r ; p. 82, 1. i3 ;
p. 85, I. 23; p. 91, 1. 3; p. 97,
1. II, i5.
NoRMENDiE (grande province de
France, bornée à l'orient par la Pi-
cardie et l'Ile de France; au midi
par la Beauce, le Perche et le Maine ;
au nord, ])ar la Manche; au cou-
chant, par la Bretagne), p. 2, 1. 23 ;
p. 8, 1.25; p. 12,1. 8; p. i3,l. 3,5,i4,
16,20; p. i4,l- 21; p. 17,1. 25;p. 18,
1. i5; p. 2r, 1. 5; p. 22, 1. 3, 20;
p. 2 3, 1. 17; p. 24, 1. 5 ; p. 26, 1. 5;
p. 29, 1. i5,23;p. 3o, 1. 12, 17;
p. 3i, 1. 8, II, 20, 27; p. 32, 1. I,
5; p. 34, 1. 22 ; p. 36, 1. 4, 14,
17; p. 37, 1. 9; p. 39, 1. 14, 26;
p. 40, 1. 4, 8, 21; p. 44, 1. 23;
p. 47, 1- 6,8; p. 48, 1. 4> var. 2;
p. 49, I- I ; p. 5i, 1. 20; p. 52, 1. I,
7;p. 54, 1. 7, i8;p. 56,1. i5;p. 57,
1. i3, 24; p- 58, l. 26; p. 60, 1. 6,
i5 ; p. 61, 1. 17 ; p. 63, 1. I ; p. 64,
1. 18, 27; p. 65, 1. 5, 9; p. 68,
1. 23, 26; p. 69, 1. 7, 16; p. 70,
1. 14, 19; p. 72, 1. 26; p. 73, 1. II,
14 ; p. 74,1. i7;p. 75, 1. 24; p. 76,
1. 8, iS, 25, var. i ; p. 80, 1. 14 ;
p. 81,1. 5; p. 82, 1.6; p. 83, 1. 12;
p. 84, 1. iT, 23; p. 85, 1. 3; p. 87,
1. 7; p. 88, 1. 6 ; p. 89, 1. 10, 25 ;
p. 90 , I. 22, 23, 24; p. 91, h 4 »
p. 92, l.i, var. 6 ; p. 93, 1. 6 ; p. y6,
1. i5, 21 ; p. 97, 1. 16, 26; p. 98,
1. 22 ; p. 99, 1. 20, 26 ; p. 100, 1. i3 ;
p. 120, I. 9 ; p 173, 1. 2. — R. de
H., p. 226, V. 18.
Nouois (gens du nord de l'Angle-
terre), p. 148, 1. I, 7, 21, a4;
p. 149» 1- 12; p. i56, 1. 29; p. 157,
1. 6, 12, 17, 23 ; p. 160,1. 2 ; p. i8a,
1. 25; p. 194, 1. 4; p- 196. 1- ï5,
22.
Nostre-Dame (la chemise delà Sainte-
Vierge, conservée à Chartres),
p. 12, 1. i3.
Notinghkhen (Nottingham, chef-
lieu du comté de ce nom), j). 118,
1. i3.
Noués ( le patriarche Noé), R. de H,,
p. 216, V. 22.
NoYON ( ville du département de
l'Oise) , R. de H., p. 229, v. 12.
INDEX GÏ-NÉRAL.
417
Nue, p. lyi, I. 26.
NiiF.F-PoRT, p. 127, 1. 14, 22 ; p.
1. 10; p. i35, 1. 8.
NuEviLE, R. de H., p. 3io, v. 2 ;
28, p. 353, V. 8.
NuEvii.LF., R. de H., p. 281, V. 11).
NuELCORT (en Normandie) , p. 70, Nullt , p. 188, var. 3.
16.
NtTF.LLI , p. 188, 1. 5.
Nyoks (Niort, en Poitou) , p. loi,
1. 14, 21.
0.
Obert , p. 63, l. 5, (y.
Obiers (premier gouverneur de Guil-
laume-le-Kàtard), p. 58, 1. )5, 18.
Odihem (Odliiam, ville du Hamp-
shire), p. 174, 1. 27; p. 187, 1. 28.
Oedes «F, Chartres (Eudes, second
du nom, comte de Blois et de
Chartres), p. 49, 1. 12, 22 ; p. 5o.
1. 3 ; p. 5i, 1. ifJ, 17.
Oedon (fils de Geoffroy 1''% et, après
lui, comte de Bretagne), p. 47,
1. 19 ; p. 5i, 1. 9.
OiifEVAi., R. de H., p. 297, V. 10.
Oisi , R. de H., p. 33g, v. 16, 27.
OiRNi (village du département de
l'Aisne), p. 188, var. 9.
OisY, p. ifi'i, 1. 4; p. 188, 1. 24.
Olehain, r. de h. , p. 343, v. 2,
II.
Olein ( Knut , roi d'Angleterre) ,
p. 56, 1. 19.
Olein (roi d'Orkney) , p. 48, '■ 22;
p. 5o, 1. 10, 22.
O1.ENIS (loi d'Orkney) , p. 5o, var. 7,
12.
Oliviers (bâtard du roi Jean) , p. 1 73,
I. 17 ; ]>. 189, I. 6.
Orable, r. de H., p. 3i4, v. 6-
Orefort (ville du comté de Suffolk),
p. 182, I. i4, var. 4-
Orible, r. de H., p. 356, v. 17.
Orraine (Oikncy), p. 48, 1. 23;
p. 5o, 1. 10.
Orquenie (Orkney), p. 48, var. 9.
OsAïuG (« outre le Rin sour Muese »),
p. 21, 1. i5.
OsBERS (premier gouverneur de Guil-
laume-le-Bâtardj, p. 58, var. 7.
OsMONs (précepteur de Richard I""',
duc de Normandie), p. 28, 1. 8 ,
12, 20, a5.
Osi'iTAL (église de Londres), j). 172,
1. 3 ; p. 207, 1. 2.
OsTERRicE (Autriche), p. 87, 1. 23;
p. 207, I. 2.
Othes, Othon (deuxième fllsdeHenri
le Lion, duc de Saxe, et de l'aînée
des trois filles de Henri II et d'Éléo-
nore d'Aquitaine, élu roi des Ro-
mains à Cologne, et couronné à
Aix-la-Chapelle l'an 1198), p. 83,
1. 17; p. 88, 1. i3, 22, 27; p. 90,
I. 4, 6; p. 142, 1. 21; p. 144, 1. 7;
p. 207, 1. 4.
OrHOA (Othon dit le Grand, empe-
reur d'Orient , mort le 7 mai 973),
]). 34, 1. 4 ; P- 36, I. 2, 7.
Oclecote, p. 164, 1. 6.
Odks, Ourson li CHiM«REi,ENs ,
j). 166,1. 20; p. 188, 1. 25.
Paci (Pacv-sur-Eure, ville à quatre
lieues d'Evreux), p. 70, 1. 8.
Pakdoufles (légat du pape Inno-
cent III, en Angleterre), p. i23,
I. 20; p. 124, 1- 17; P- 125, 1. I,
9, i5 ; p. 127, 1. 24 ; p. 208, 1. i5,
Paon (écuyer qui portait la bannière
de l'avoué de Béthnne), p. 178,
1. 22.
Paris (capitale de la France), p. 10,
1. 10, i5, 17, 21 ; p. II, 1. I ,
var. 10; p. 29, 1. 7, t8, 25;
p. 33, 1. 2:1; p. 34,1. 8; p. 35, 1. 2 ;
p. 36, 1. 10, 17 ; p. 70, 1. 21 ; p. 81,
I. 8; p. 83, 1. 9; p. 91, 1. II, 18, 26;
p. iio, 1. 25 ; p. 1 15, 1. 3 ; j). 120,
1. 27. — R. de H. , p. 214 , V. 7.
Partekay (ville du département des
Deux-Sèvres), p. 102, 1. i6.
PASCHAU,p. 191, var. 7.
Paskv, p. 191,1. 26.
Passois (Passais, contrée du départe-
ment de l'Orne), p. 72,1. 2-;p. 98,
1. 3.
Patric, Patris (comte de Dumbar),
p. 164 , I. 10, var. 2.
Pavik (concubine de Richard II et
:>9
418
JiNDEX (JÉNÉRAL.
mère de Manger et de (iuillaume
d'Arqucs), p. 59, 1. II.
PB.iiijoiJRr, (Pcmbroke, comté du pays
de Galles), p. 97, 1. U2.
Pe.mbroc (Pembroke), p. iio, 1. a ;
p. 171, 1. 9 ; p. 180, 1. 20; p. 194,
I. i3.
Penrveskl (Pevensey, dans Is comté
de Sussex ) , p. 64, 1. 4-
Piîi'n ( femme de Hrolf et mère de
rîuillaume Longue-Epée, duc de
Normandie), p. 10, I. 18.
Prhlevai, (le Gallois, chevalier de
la Table-Ronde), R. de H., p. i3o,
V. 23.
Perche (pays attenant à la Norman-
die), p. 70, I. 6; p. 83, 1. 19.
Perci (bonrg du département de la
Manche), p. i45, var. 8.
Pere^iont, Pereumont (village du
département du Pas-de-C]alais ' ),
R. de H., p. 353, V. i3, 20; p. 3-2,
PEHERNâUT(arbalétrie^de Tarmée de
Lonis, fils de Philippe-Auguste),
p. 178,1. 8.
Phemppe de Flantjres (comte de
Flandre, oncle, par sa femme, de
Jeanne, fille de Baudouin de Cou-
sfantinople et femme de Ferrand),
p. 127, 1. 6 ; p. 128, 1. 26.
Phelippes (surnonnné le Hardi, fils
de Saint-Louis, roi de France),
R. de H., p. 216, V. 16.
PhELTHPES u'AUBEGNY, p. i83,l. i3;
p. 193, 1. 7; p. 207, 1. 9, 23.
Phelippes dk France ( Philippe-
Auguste, roi de France), p. 82,
1. i5, 17, 24; p. 83, 1. (S, var. 5;
p. 84, !• 3, 10, i3, il, 2(); p. 85,
1. 22 ; p. 86, 1. I, 27 ; p. 87, 1. 5, 14,
^7' '9; P- 91^ '• 3, 7; p. 102, l. 2fi;
p. 108,1. 6 ; p. 119, 1. 27 ; p. 2o(i,
l. 20.
Phelippes de la Gastise, p. i35,
1. I ; p. 137, 1. 21.
Phelippes 1.1 castelains de Mau-
denghien, p. i34, 1. 27.
Phelippox d'Oulecotk, p. ifSii, 1- ('•
' Il y avait aussi dans le H;iiiiaut un
château appelé Perreusinnnl , coustruit
dans le XH* siècle par Adam de VVallain-
roiirt. Voyez Gisleberli Montensis Han-
nntiies chronicon (Recueil des Historiens
des Gaules et de la France, vol. Xîll,
l>. 56n, A.)
PiEUARS de Cenevieres, R. de H.,
p. 3o4, V. 23.
PlERARS DE FoiICOTÎCOUBT, R. de H.,
p. 295, V. 19.
PiERCE ( Perche, pays attenant à la
Normandie), p. 188, 1. 19; p. 190,
1. 23.
PiERCHE (Perche), p. i45, 1. 19;
p. 179, I. 19; p. 194, I. 22.
PiERE , R. de H. , p. 307, V. 16.
PiERE (saint), p. 14, 1. 20.
PiERES (surnommé Maiiclerc, duc de
Bretagne et fils de Robert II, comte
de Dreux), p. i43, 1. 5, 6.
PlERES DE HoUDEMC, R. de H.,
p. 348, V. 10, 17; p. 376, V. 27.
PiEREs DE LA Male-Maison , R. de
H., p. 3o3, V. 18.
PiEREs DE MoLAijsEs , R. de H.,
p. 290, V. 24; p. 340, V. 17.
PlEKES DE MONTAGU , R. de H.,
p. 367, V. 14.
PiEREs l'Orible, r. de h., p. 35fi,
V. 17.
PlERES, PlERON DE CrEON , p. 1 70,
1. i3; p. 178, 1. I, 3, 23, 25.
PlERES ou PlEHOJV DE MaNLAY (gOU-
verneur du château de Corfe),
p. 180, 1. 24, 26 ; p. 181,1. i5.
PiEKEs DE Prataus ( gouvcmeur de
la ville de Rouen pour le roi Jean),
p. 97, I. 16 ; p. 98, 1. 7, 10, 17 ;
p. 99, l. i, (>, 8.
PlERES OU Pierres de Pom-Frait
(devin), p. 122, 1. 17; p. ia5,
1. 20; p. 126, 1. 4-
PlERON DE Bailluel, R. de H.,
p. 299, V. i5.
PlERON DE Bueffremokt, R. de H.,
p. 358, V. 10.
PlERON, l'eMPEREOUR DE CoNSTAN-
TiNOKLE (Pierre de Courtenav, élu
en 1216), p. 2o5, 1. 22.
PlERON DE Waili.i , R. de H., p. 307,
V. 3.
Pierre, p. ii5, l. 16; p. i25, 1. i(>.
Pierre (saint), p. 208, 1. 5.
Piés-de-Rat ( surnom de Guillaume
de Beaumont), p. 161, 1. (S, 7.
PiKEGNY ( Péquigny -sur- Somme ,
ville du département de la Somme),
p. 24, I. 17.
PiKiGNi (Péquigny), R. de H., p. 34o,
v. 27.
PiNiAUs, ]>. 97, var. 3.
Pi;.KEG.M (Péquigny), p. 24, var. 6.
PisE (ville de Toscane), p. 3, I. 9.
Plaisans (l'une des quatre pucelles
IINDEX GÉNÉRAL.
419
de la reine), R. de H., p. 339,
V. 34.
Plaissié, R. de H. , p. 296 , v. 14 ;
p. 355, V. 5 ; p. SSy, v. 4-
Plasseis, p. 182, 1. i3, 17.
Pjlokès, p. 182 , 1. II ; p. 184, 1. 6 ;
p. i8(i, 1. 26.
Plomkès, p. 166, 1. a8.
Pi,usEKGiEN, p. 162, var. 3.
Pois (Poix, ville du département de
la Somme), p. 67, I. ir.
Poissi (ville du déparlement de Seine-
et-Oise), p. 176, 1. ii; p. 182,
1. i5; p. 190, 1. 24.
PoiT.vu (Poitou, province de France,
hornée au nord pai la Bretagne ,
l'Anjou et une partie de la Tou-
raine, ;i l'est par la Touraine , le
Berry et la Marche, au sud par
l'Angonmois, la Saintonge et le
pays d'Aunis , à l'ouest par la mer
de Gascogne ), p. 3 , 1. 4 j P- '''
1. 25; p. 81 , 1. 18; p. 96, 1. 13 ;
p. TOI, 1. i3 ; p. 107, 1. 9; p. 108,
1. 9, 19, 24; p. 109, 1. 3; p. i43,
!. I ; p. 181, 1. 19; p. 206, 1. 9.
Poitevin (habitants ou natifs du Poi-
tou), p. 81 , 1. 10 ; p. 91 , 1. 24 ;
p. 945 1- 8, 17, 20; p. 95, l. 8, i5;
p. io3, 1. 9, 27; p. 104, 1. 4 ; p. 107,
1. 26; p. 108, 1. 12.
Poitiers (chef-lieu du département
lie la Vienne), p. «2, 1. <) ; p. 20,
1. 16, iS.
Poi. (saint), p. 208, 1. 5.
Ponces dh Biviihiès (chevalier d'Ar-
tois), p. 188, 1. 2.
PoNs ( ville du département de la
Charente-Inférieure), p. 2ofi, 1. i3.
Pont-i)e-l'Arche (ville du départe-
ment de l'Eure), p. 9, 1. 8 ; p. 97,
1 . 12.
PoKT dOkson (Pontorson, ville du
département de la Manche), p. 5o,
var. 2,
Pdntugny (Poiitigny, village du dé-
partement de l'Yonne , où se trou-
vait une célèhre ahhaye , qui est la
seconde fille de Citeaux, fondée eu
I II 4), p. 197, h 8.
Po]NT-Fk\it ( Pontcfract , ville de
rVorkshire , West Readiug ) ,
p. 122, 1. 17; p. 125, 1. 20.
PoNTiEi' (Ponihieu, contrée de Fran-
ce, eu Picardie), R. de H., p. 355,
V. 12.
PoNTiu (Pouthieu, contrée de France,
dans la basse Picardie), p. 8, var. 9 ;
]). 59 ,1. a6 ; p. 63, 1. 16 ; p. 108.
var. 2.
Puxr-OnsdN, Pont-Ourson (ville du
département de la Manche), p. 49,
1. 14 ; p. 5o, 1. 4 ; p. 70, 1. 16,
var. 7.
PoRCRCiESTRE ( Porchcsler, dans le
Hainpshire), p. 174, 1. 23.
PoKCESTKE ( Porchester ) , p. 174,
var. 5.
PoRTESMUEs ( Portsmouth , Hamp-
shire), p. 107, 1. 10 ; p. 174 , L '■»4-
PoRTiNGAL (Portugal, le plus occi-
dental des royaumes d'Europe),
p. 127, var. 2.
PoKTYG.^L (Portugal), p. 127, I. 2;
p. 128, 1. 22, 24.
PRii.vus (Préaux en Normandie),
p. 61 , 1. 2f); p. 97, 1. 17; p. 98,
1. 7, 10, 17, 21 ; p. 99, 1. 1,6, 9.
Pkaiiaus, r, de H., p. 297, v. 7.
Prouece (personnification), R. de
H., p. ai5, v. 10, 2().
Proueche (personnification), R. de
H., p. 3o2, v. 5.
Provence ( province du midi de la
France), p. 3, 1, 7.
Prouvence [idem), p. 3, var. 3. — R.
de H., p. 2i3 , V. 21.
Puthenghien, p. i6a, 1. 10.
Q-
Quentin ( saint), R. de H. , p. 291 , v. i , 11 , 14, 19 ; p. 285, v. 2,7,
V. a. n ; p. a86, V. 25 ; p. 3i3, V. 18;
QuÈSjQuEX (sénéchal du roi Arthur), p. 3i4, v. 11; p. 33i, v. 9, afi ;
R. de H., p. 33 1, V. 26; p. 20 5, V. 1 j; p. 352 , v. 24 ; P- 38 1, v. 12.
p. 266, v. i5; p. 267, V. 16 ; p. 268, Quinchi,Quinci, p. 97, 1. 6 ; p. i45,
V. 10, i3 ; p. 270, V. 20 ; p. 271 , 1. 12 ; p. 160, I. 1 1, var. 3; p. 171,
V. 5; p. 283, V. 10, 19, 27 ; p. 284, 1. 1 1.
420
IJNDEX GÉNÉRAL.
R.
Radeboi.ï (roi de Frise), p. 8, var. i.
Radufom' (château de Normandie,
à trois lieues des Andelys, dépar-
tement de l'Eure), p. g6, 1. 22, ai,
26; p. 1)7, I. i3.
Radif.l Bolekx (roi de Frise), p. 8,
1. 9.
Radingfs (Reading, Berks) , p. laS.
var. 4-
RvDiNGHF.s (Ueading, ville et abbaye
du comté de Berks , fondée par
Henri I"), p. 70, 1. 18; p. 71, 1. 3 ;
p. 179,1. 2.
Radingues (Reading, Berkshire),
p. 125, 1. 1 1 ; p. 127, 1. 18.
Radous ( frère d'Arnould d'Aude-
narde) , p. i54, 1. 22
Raimon de Saint - Gillk (Ray-
mond VI, comte de Toulouse,
deuxième époux de Jeanne , troi-
sième des filles de Henri II et
d'Eléonore d'Aquitaine ) , p. 83,
1. 25 ; p. 12 1,1. 28.
Ralmon (Raymond VU", fils du pré-
cédent, né au mois de juillet de
l'an 1197, mort le 27 septembre
1249)» P- ^3, 1. 25 ; p. 122, 1. 8.
Raiîjevai- (Renneval , village du dé-
partement de l'Aisne), R. de H.,
p. 271, V. 19; p. 3fio, V. 26.
Raimnaut (fils naturel de Henri P%
roi d'Angleteire), p 70, var. i.
R AI NN a UT (Renaud P'', comte de Bour-
gogne, mort le 3 septembre 1057),
]>. 5i, var. 2.
Rainnaut de Dak-Martin (comte
de Boulogne) , p. io3, var. 5.
Rmks (Reims, chef-lieu du départe-
ment de la Marne), p. 208 ,1. 24 ;
p. 209, 1. II. •
R AOLS Toute (sénéchal de Richard I",
duc de Normandie), p. 35, var. i.
Raoul (frè.-^e du comte de Roussi),
p. 1-5, 1. 14.
Raoul ("ki evesquesestoitdeBiauvais,
alias de Baieuwes"), p. 54, 1. 27.
Raoul de i.a Torsele, p. 175, var. a.
Raous ( frère de Richard 1" duc de
Normandie), p. 4^, 1. i4; P- 46,
l. 1 1, 23.
Raous de la 'Iourmiele, p. ifiH,
I. 20; p. 201, 1. 2; p. 202, 1. 5.
Raous db IMaignflers, R. de H.,
p. 3oi, v. 7.
Raous de Neelk , p. 166, 1. ao.
Raoul de Roe."»!, p. 49, !• 20.
Raous d'Estkées (fils d'un maréchal
de France), R. de H., p. 323, v. i5;
p. 253, V. 17.
Raous de Taovi (Raoul de Tosny,
fondateur de l'abba>e de Sainl-
Etienne de Caslellonj , p. 62, I. 14.
Raous d'Issodun (frère de Hugues-
le-Brun , comte de la Marche) ,
p. 95, l. 2.
Raous lt Torte (sénéchal de Ri-
chard l", duc de Normandie),
p. 35, 1. r,
Raous o« Rauould'Estrées, p. i6(\
1. 20; p. 175, 1. i4 ; p. 188, 1. 2 3.
Raous Pi,okès ou Raou.> Plomkès ,
Plonkès, p. 166, 1. 27; p. 182,
1. 11; p. 184, l. fi ; p. 186, 1. 26;
p. 188, 1. 22.
Raous Tasson (l'un des fondateurs
de Saint-Etienne deLonlai), p. 62,
I. 12.
Rasson de Gaure, p. ï3g, 1. 25.
Régate (Rogale, ville du comté de
Sussex) , p. 190, l. 9.
Relengues , R. de H., p. 377, v. 2.
Resiaîss, Rosiant du Hen, r. de
H., p. 384, V. 9, et dernière ligne.
Renaus (frère d'Alars de Croisille) ,
p. 166, 1. 24-
Renaus (l'un des bâtards de Henri 1'%
roi d'Angleterre), p. 70, 1. 4-
Rejvaus (maréchal de Champagne) ,
p. g, 1. 10, 24 ; p. 10, 1. 8.
Renaus d'Ahiiens, p. i6fi, 1. 18.
Renaut de Dant-jMartin (comte de
Boulogne), p. io3, 1. 19.
Renaut de Mont-Alban , R. de H.,
p. 3oi, v. 17.
Renaut de Pons (baron de l'Angou-
mois), p. 2oti, 1. i3.
Renaut df. Satnt-Maat, R. de H ,
p. 341, V. 2, 21.
Renaut d'Outkf.-Soone (Renaud 1"',
comte de Bourgogne), p. 5 1, 1. 4 ;
p. 52, i. 14.
Reniers Lonc-Col (Rainier 1", comte
de Hainaut), p. 8, 1. 8, i3, 14, 22.
Renols («li marechaus de France»),
p. 9, var. 5, la.
Rkonde Table (ordre de chevalerie),
il. de H. , p. 23o, V. 2fi.
INDEX GÉNÉRAL.
421
RiBERcouRT, R. de H., p. aai, v. -i/i.
RicMis (Ricliard I'% surnommé Cœur-
de-Lion, roi d'Angleterre), p. 84,
var. 2.
RiCAKS (Richard I", troisième duc de
Normandie, fils de Guillaume-
Longue-Épée), p. aS, var. 9.
RicH.viis (fils de Guill.'uime-le-Con-
quérant et de Mathilde) , p. 61,
1. 16; p. «7,1. i/f
RiCHARs (fils de Richard II et de
Judith de Bretagne, et duc de Nor-
mandie sous le nom de Ri-
chard III), p. 5 r, 1. I ; p. Sa, 1. 19;
p. 53, 1. II, 31 ; p. 6a, 1. ai.
RiCHARs (fils de Toustain Goz , vi-
comte d'Exmes) , p. 39, 1. 6.
RiCHARs (fils du roi Jean), p. iti,
1. 8; p. x5i, \. a3; p. 180, 1. a3;
p. aoo, 1. 18 ; p. aoi, 1. 17.
RicHARs (deuxième du nom, fils de
Richard I"^' duc de Normandie, et
de Gonnor), p. 43, 1. 20; p. 45,
I. 16 ; p. 4'^', '. 7; p- 47» 1- 8 ; j). 48,
1. 4i i5, a/J ; p. 49. 1. t3 ; p. 5o, 1. 9,
i5, 17, aS ; p. 5i, 1. 26; p. Sa, 1. i5 ;
p. 53, I. a, 3; p. 59, 1. 10; p. 62,
1. 19.
RiCHARs (premier du nom, fils de
Guillaume-Lougue-F.pée et troi-
sième duc de Normandie) , p. 20,
1. la; p. 33, 1. 9; p. a5, 1. 25 ; p. a(),
1. 4> 20, 27; p. 34, 1. 21, a6; p. 35,
1. 10, ai ; p. 3fi, 1. 4 ; p. 37, 1. 20 ;
p. 38, 1. 17; p. 39, 1. 5, i3, ao;
p. 43,1. i; p. 44, 1. a4, 39; p. 45,
1. i; p. 46,1. 6; p. 63, 1. 18.
RiCHARS (le troisième des hàtards de
Henri l" roi d'Angleterre) , p. 70,
1. 3.
RtCHARS (fils aîné de Robert archevê-
que de Rouen et premier comte
d'Evreux, auquel il succéda dans ce
comté en 1037}, p. (ia, 1. fi.
RicHARS (troisième fils de Henri II,
roi d'Angleterre , et roi lui-
même sous le nom de Richard I^"',
ou Cœur-de-Lion), p. 81, 1. 27;
p. 83, 1. I ; p. 84, 1. 1,8, tS, 31 ,
37; p. 85, 1. a, 5, II, i3, 19, a3,
26 ; p. 86, 1. 4» fi. 8, 1 1, 19. a7 ;
p. 87, 1. 4, 5, 9; p. 88, 1. 8, 9;
p. 89, 1. 5, i3, 16, a3, 26; p. 90,
1. 5, 7, var. 6 ; p. 91, 1. 4 ; p- 'Sa,
1. 1 1 ; p. 208, 1. 22.
RiCH&RS DOU PlERCHF. , p. l45, 1. I9.
RiCHART (Richard, dit le Justicier,
duc de Bourgogne en 888 , mort
en 921), (). 13, 1. 8.
Richaut, Rikaut (mère de Gautier
de Sotteghem le jeune , d'Ar-
nould d'Audenarde et d'Evrard
Radous) , p. i54, 1. 32, var. 9.
Ricmikrs (Richard l", troisième duc
de Normandie) , p. 20, var. 4-
RiDiAUs, RiDKL, R. de H., p. agS,
V. 19 ; p. 294» V. 5, 22.
Rie (Rye , ville du comté de Sussex),
p. 182, l. 28 ; p. i83, 1. 5, 9, i3 ;
p. 187, 1. II, 17.
RiENCoRT (endroit de la Normandie),
p. 70, 1. i5.
RiN (le Rhin, fleuve), p. ai, 1. 8, i5;
p. 3 1, 1. a; p. 88, 1. a3. -- R.
de H. , p. 319, V. 33.
RiOLS DEL Mans (vicomte du Cofen-
tin), p. 18, 1. 14, 32 ; p. 20, 1. 2.
Rious nv.L Mans, p. 18, var. 3.
RrsLE ( rivière du département de
l'Eure), p. 18, 1. 18.
Rivière, p. 180, 1. 3.
Rivières, p. 62, 1. 10.
RoBERS, R. de H., [>. 345, v. i6.
RoBERs («li cuens d'Eu»), p. 62, 1. 4-
RcBERs DE MoiVTiGKi , R. de H. ,
p. 294, v. 27.
RobersdeMokoel, r. de H., p. 3o8,
V. 19, 22.
Robers d'Oineval, r. de H., p. 297,
V. lO.
Robers, Robifrs de Biethune («11
ainsnés des fils l'avoué Guillaume,
fors .i. qui Danois estoit apielés,
qui s'en estoit aies vers Conslantl-
nohle»),p. 128, 1. 3, 20, 28 ; p. 139,
1. 5 ; p. i3i, 1. 31 ; p. i33, 1. 6, 30,
36 ; p. i33, 1. I, 23 ; p. i34, L 2,
18 ; p. i35, 1. a, 8, i4, i5; p. i4o»
1. I, 7, 10, i3, 17, var. I ; p. 141»
1. 9, ifi, 24; p. i4'-i I- 3, 6 ; p. 147,
l. jo, i3, var. 3; p. 148, 1. 27;
p. 149, 1. 9; p. i52, 1. 27; p. i53,
1. 7, 9, 12, 17; p. 1 54, 1. 26; p. i58,
1. 3, 21, 33; p. iSg, l. 17, ao ;
p. 161, 1. 17, ao ; p. i6a, 1. 5, 6, i5,
24; p. 170, 1. 4.
Robers, Robiers li fils Gvutieh
(beau-père de Geoffroi de Mande-
ville) , p. 97, 1. 5 ; p. II 5, 1. 36 ;
p. 117, 1. 21, 22, 28 ; {). 118, 1. 4,
ï3, 20, 24, 28; p. 119, 1. 7, 17, 36;
p. 120, 1. a8 ; p. lai, I. 3, i5, a3,
25, var. 2 ; p. 124 , 1- 28 ; p. laS,
1. 9 ; p. 145, 1. 1 ï ; p. 171, I. 10 ;
p. 182, 1. 9; p. 194, 1- î5.
-i22 INDEX GÉNÉRAL.
RouiiRT, p. 6i, 1. 35. RoBiEKs(roldeFrance},p. 5o,}. i5;
RoBr.Kx (comte du Maine), p. 65, 1. 9. p. 52, 1. 4, 7 ; J). 55, I. 10, a4.
RouERT (fils de Guillaume de Nor- Rosiers Biertaus , p. 169, 1. aj.
niandie frère de Richard II, et Robiers d'Alei^coi. , p. 96, 1. 17.
comte d'Exmes et dEu), p. 46, t>„„,„„,„ p ' L- i ■>
1 j- /' r * » KobieksdeB.ui-luel, p. 16(1, l. i3.
Robert (parrain de Robert II, comte ï^o^i^»». de Corçok (cardinal et légat
d'Artois, surnommé le Bon et le „ "^^ ^amt-Siegc), p. 144, 1. 19.
Noble, tué en 1802), R. de H., I^o«ie«s ue Coucr, p. i65, 1. aS.
p. '^62, V. i3. RobiersdeCourtenay, p. 166, 1. 15;
Robert Burkei-, R. de H., p. 371, V- '79» 1- 20; p. 198, 1. i5; p. 201,
V. 22 ; p. 379, V. 9. 1. I, 23; p. 202, l. 2, 23, 25, 27;
Robert d'Ekgxos, R. de H., p. 378, P- 2o5, 1. 24.
V. 3, R0BIERS DE Gauci (gouverneur du
RobertdeRoksoi,R. deH , p. 214, château de Newark pour Henri III),
V. 6. P- ï^i> '• 12 ; p. 194, 1. 16; p. 2o{),
Robert de Ros, p. i45, 1. 18. ^- 2^» "^^^^ 7-
Robert le Frison , p. 63, 1. 9. Robiers de Grekte - Maisnili, ,
RoBiERs, RoBiERT (Robert 1", dit le P- ^2> '• ^3.
Magnifique, fils de Richard II et Rosiers de Saint -Germain («un
de Judith de Bretagne, el duc de clersleroi d'Escoce»), p. 197,!. 19.
Normandie), p. 5i, 1. 2 ; p. 53, Robiers de Ver, p. i65, 1. 7, 8;
I. 14, 18; p. 54, 1. 2; p. 55,1. i5; P- 171» 1- i3; p. 182,!. 16.
p. 56,1. 1,2, 19 j p. 59, 1. 9; p. 62, Robiers Riols (l'un des assassins de
1.22. Guillaume Longue-Epée) , p. 25,
Rosiers (comte de Mortain, fonda- '• ^^■
teur de l'abbave de Crestigiiv), Robiert (archevêque de Canteibury),
p. 62, 1. 8. ' " P- 63, 1. II.
RoBiEHs (fils de Guillaume 1", comte Robiert Bertrau, p. y3, 1. 16.
deBellème et seigneur d'Alençon, Robiert de Dreues, p. 143, 1. 5, 6,
auquel il succéda en 1029), p. 54, 8; p. i45,l. i.
1. 19, 24. RoBERs ou Robiers de Dreues (fils
Robiers (fils de Richard I" duc de du précédent), j). i43, 1. 8, 11,
Normandie, et de Gonnor, arche- 18; p. i44» 1- ^4 ; P- >('6, 1. 3;
véque de Rouen et comte d'E- p. 175, 1. 5, 12, 27; p. 176, 1. 8, i3,
vreux), p. 43, 1. 20; p. 44, I. 18; i5; p. 177,!. 10; p. 178,1.28;
p. 46, 1. 2; p. 5o, 1. 23; p. 53, p- 179» 1- 21 ; p. 188, 1. 18; p. 202,
1. 6 ; p. 54 , 1. 5 ; p. 59, 1. 8. 1- 22, 26 ; p. 208, l. 26.
Rosiers (fils de Robert roi de France, Robiert de Glouciestre , p. 69, 1. 1 i .
et de Constance, et duc de Bour- Robiert de Montgomeri , p. 69,
gogne), p. 55, 1. 26 ; p. 56, 1.4- 1. aS.
Robiers (fils de Sohier de Quinci , Robiert dePoissi, p. 176, l. 11.
comte de Winchester), p. 194, Robiert de Ver (comte d'Oxford) ,
1. 24. p. i65, 1. 7.
Robiers ( l'aîné des bâtards de Hen- Robiert Haymon , p. 69, 1. 25.
ri I"), p. 69, 1. 23 ; p. 70,1. i. RoBiLLARs, R. de H., p. 345, v. 21.
Robiers (autre bâtard de Henri 1", Robillars de Coupigni, R. de H.,
qui fut sans terre), p. 70, 1. 4- p. 828, v. 9.
RoBiEKs (maréchal et duc de France), Roue, Roche-as-Moines (château
p. 14,1. 7, 10; p. 16,1.26. del'Anjou ?),p. 143, 1. 20; [). 144,
Robiers (nom de Hrolf après son bap- 1.2.
lêine), p. 14 , !• 9- Hoces , p. 94 , h 1 4 ; p- 95» )• 7. 23 ;
Robiers (Kobert II, dit Courte-IIeuse, p. (j(j, 1. 3.
duc de Normandie, fils de Gnil- Roche, p. 169, 1. a4-
laume-le-BAtard et de MalhiUle) , Rociele (la Rochelle, chef-lieu du
p. 61, 1. i5; p. 64, I. 19; p. 65, département de la Charente-Infé-
1. 4, 9, i3; p. 68, 1. 22 ; p. 69, 1. 3; rieure), [). 107, 1. 25 ; p. 108, 1. 12;
p. 72, 1. 7. p. 109, l ji.
INDEX GÉNÉRAL.
Ar.\
RociESTRE (Rocliester, \ille du comté
de Kent) , p. 171, 1. 3.
RoEM (Rouen , chef-lieu du départe-
ment de la Seine- Inférieure), p. ai,
l. 6 ; p. a5, 1. 32 ; p. 26, 1. ij ; p. Sa,
I. 8, II ; p. 33, 1. 12 ; p. 34, 1. 14,
26; p. 35, 1. 7 ; p. Sg, 1. 7 ; p. 40,
1. 20; p. 4i, 1- 17; p. 43, 1. 4, 24 ;
p. 46, 1. i5; p. 49» J- 20; p. 5<),
1.14.
RoET, ]). 190, var. 7.
RoG ATE (château du comté de Sussex),
p. 172, 1. 2G.
RoGiER (fils de Raoul de Rouen),
p. 49, 1. 21.
RoGiER DE BiAUMosT (fils d'Onfrol
de Vieilles et seigneur de Beau-
mont-le-Roger, sur la Rille, dépar-
tement de l'Eure), |). 61, 1. 25.
RoGiER DE Bigot , ou le Bighot ou
LE Bygot , p. 164, 1. i(i; p. i65,
1. 2 ; p. 172, I. II.
R0GIER DE jMontegny, p. 58, 1. 17.
Rogierd'Engluime, R. de h., p. 376,
V. 12.
ROGIER LI BiGOS, p. 171, 1. 9.
Rogiers de Gistiele, p. i33, 1. 28 ;
p. i34, !. ifi.
Rogiers de IMoisgobori, p. i45,l. 21.
RoGIEhS HE MoKGOMr.KI, p. f ) 1 , 1. 28.
RoGiFKSDE Mortemek (fondateur de
l'abbaye de Saint-Victor en Nor-
mandie), p. 62, 1. 5.
RoiE (rivière de Flandre), p. 182,
1.9.
RoiE (ville du département de la
Somme) , p. 120, 1. fi. — R. de H ,
p. 335, V. 3 ; p. 344 » V. 16.
Roisi , R. de H., p. 3o2, v. 26.
RoLLANS (officier qui portait la ban-
nière de Renaud , maréchal de
France) , p. 9, 1. 26 ; p. 10, l. 7.
RoLLEs (Hrolf ou RoUon, premier
duc de Normandie), p. 5, 1. 8,
10, 20, 24; p. fi, 1. 4, if> ; p. 7, 1- 3,
8, 1 1, 23 ; p. 8, I. I, 3, 7, 9, i(), 18,
20, 23 ; p. o, 1. 5, 6, 8, 12, ifS, 19 ;
p. 10, 1. 3, 9, i5, 18, 19, 23, 25 ;
p. 11, 1. 2, 3, 6, II, 1 5, 18, 24, 25 ;
p. 12, 1. i5, 20, 25;p. i3,1.3,ij,
ai, 23; p. 14, 1. I, 5, 8, 9, 24;
p. i5, 1. I, 26; p. 17,1. 4. ";
p. 19, 1. 17; p. 3i, 1. i3 ; p. 44,
1. 8; p. 62, 1. i5.
Rome (capitale des Etats de l'Eglise),
p. 3, 1. I, 14 ; p. 4, l. 21, 22,
26; p. 49, 1. 10; p. 83, l. 17;
p. 85, 1. i5; p. 87, 1. 19; p. 90,
1. G ; p. iio, 1. l(i, 18; p. 122, 1. 5 ;
p. I 2 3, 1. 12; ]). 143, i. 26; p. 144,
1. 18; p. i52, 1. i3; p. i(J9, I. 3;
p. 180, 1. 5; p. 207, 1. 5 ; p. 209,
1. 20.
RoMENEL , RomEjVIEL , RoUMEJVE/. ,
PiouMENiEL(Romney,danslecomté
de Kent), p. ifi8, 1. 22, 25 ; p. 184,
1. Il, 23; p. 193, I. 8, 2'j, var. 2.
RoMEME (Romanic), p. 180, 1. 9.
RoniME (capitale des Etats de l'Eglise),
R. de H., p. 29(), V. 5.
Rojvsoi (Ronsfjy, village du départe-
ment de la Somme), R. de H..
p. 2 1 4 V V 6.
Ros, p. 145 , 1. 18.
RosEBECKE ( Hosbecq , village du
royaume de Belgique, province de
la Flandre occidentale), p. i33,
var. 2.
RosnuKECHE (idem), p. j33, 1. 8.
Rougi, Rugi, R. de H., p. 35(> ,
V. 16, 21.
RûUME (Home, capitale des Etats de
l'Eglise), p. 168, 1. 26; p. 20S, 1. 18.
Rous ( Hrolf ou RoUon, premier duc
de Normandie ) , p. 5, var. 2 ; p. 7,
1. J7; p. 8, var. 8; p. 9, var. 8;
p. 1 2, 1. 3 ; p. 1 4 , var. 4-
Rous (surnom de Guillaume, fils puînc
de Guiilaume-le-Conquérant et de
Mathilde de Flandre , et roi d'An-
gleterre), p. (i5, 1. 16.
RousLERS (Roulers, ville de Belgique,
province de la Flandre occidentale),
p. j33, 1. 8.
Roussi, p. 175, 1. 14 ; p- 177, 1. 24>
RousY, p. i65, 1. 28.
RouvEciESTRE ( Rochcster, ville du
comté de Kent), p. 80, 1. 28;
p. 159, 1. 3 ; p. 202, 1. 22.
RoVECESTRK, RoVECIHSTRE, RovVS-
CESTRE (Kochester, comté de Kent),
p. 80, var. 7; p. 157, 1. 2, i5, 17 ;
p. i58, 1. i6, 20, var. 5 ; p. i5i;,
1. 26 ; p. 161 , 1. 26 ; p. if>2, 1. 22 ;
p. 171, 1. i5.
RuEiL (en Normandie), p. 58, 1. 17.
PiUEL, p. 97, 1. 5, 12.
RuEM (Rouen, chef-lieu du dépar-
temeiit de la Seine-Inférieure),
p, 9, 1. fi; p. 13, 1. 36; p. i4,
I. 8, i3; p. i5, 1. 5 ; p. 10, I. 25 ;
p. 17, 1. 12, 24 ; p. 18, 1. ifi, 27 ;
p. 32, 1. 4 ; p. 23, 1. I ; p. 37, 1. 19 ;
p. 39, 1. 20 ; p. 3o, 1. i3, 19, 20 ;
p. 32, 1. 3; p. 33, 1. 6, 21; p. 34.
424
INDEX GÉNÉRAL.
1. 25, var. a; p. 36, 1. i3, i6, 21, p. 97, I, 17, 19, 27; p. 98, 1. 5, 9,
23, 25, 26, var. 10; p. 37, 1. 4 ; 11, 16, i8, var. 6 ; p. 99, I. i, 7,
p. 38, 1. i5; p. 41, 1. 21 ; p. 44, i3, 14.
1. 18 ; p. 48, var. 2 ; p. 5o, 1. 23 ; Ruet , p. 190, I. 24.
p. 53, 1. 23, 27 ; p. 62, 1. 7, i5, 16 ; Rumegky (Rnmigny, gros bourg de
p. 64 , 1. 22, 28 ; p. 70, 1. 24 ; p. 82, France , dans la Thiérache, à detix
1. 4 , 7» 8 ; p. 83, 1. 1 , 2(S, 27 ; p. 88, lienes et au nord de Rosoy), p. 1 66,
1- 7; P- 90» 1- 19; P- 95,1- 17' 22 ; 1. 18; p. 177, 1. 25.
S.
Saine, Sainne (fleuve de France, qui
traverse Paris et se jette dans la
Manche entre Harfleur et le Havre),
p. 8, 1. 26 ; p. 9, 1. 2 ; p. II, 1. 16,
19 ; P- 19» 1- 3 ; p. 29, 1. 19 ; p. 3o,
1. 19 ; p. 33, 1. 7, II ; p. 37, 1. i5;
p. 5o, 1. i4; p. 01, 1. 22 ; p. 96,
1. 28.
Sains ( Séez , ville du département
de l'Orne), p. 61, 1. 28; p. 96,
1. 18.
Saint- Aubin, R. de H., p. 344?
Saint-Aubin ( Saint-Aubin-le-Cauf,
commune du département de la
Seine-Inférieure), p. Sg, 1. 20, 21.
Saint-Aychadre (abbaye de Jumiè-
ges), p. i5, 1. 8.
Saint-Beneoit-sor-Loire ( village
du département du Loiret, célèbre
par son abbaye de bénédictins
fondée en 623), p. n , 1. 23.
Saint-Bernakt des Mons-i)E-Mon-
GEU (abbaye du grand Saint-Ber-
nard dans les Alpes ) , p. 70, 1. 23.
Saint-Bertkejwiu (église de Lon-
dres), p. 172 , 1. 5.
Saint-Cain (Saint-Ouen, abbaye de
bénédictins à Rouen), p. 37, I. 19.
.Saint-Claik ( Saint-Clair-sur-Epte ,
commune du département de Seine-
et-Oise) , p. i3, I. 1 1.
Smnt-Clek, R. de H., p. 3io, v. 14.
Saikt-Clhis (Saint-Clair-sur-Epte) ,
p. 1 3, var. 6 ; p. 34 , 1. 1 5 ; p. 36 ,
1. 18; p. 42 , 1. 3o.
Saiat-Denis en France (ville du de-
portement de la Seine), )). 2, 1. 21 ;
p. i5, 1. 1 1 ; p. 62, var. 9. — ]!. de
H., p. 233, V. 14.
.Saint-Denis (fêle), p. 71, 1. i. — R.
de H., p. 266, V. 4-
.Saint - Ed.mont (Bury Saint Ed-
muiids), p. 198, 1. 5, 8.
Saint-Estievene de Gaam (abbaye
de bénédictins fondée dans la ville
de Caen par Guillaume le Conqué-
rant), p. 61 , 1. 21 ; p. 64, 1. 29.
Saint - Estievenk de Castellon
(abbaye de Normandie, fondée par
Raoul de Tosni), p. 62, 1. 14.
Saint-Estievene de Fontenoy (ab-
baye de Normandie , fondée par
Raoul Tasson et Hervieu) , p. 62 ,
I. i3.
Saint - Evrolert ( Saint- Evroult ,
abbaye de bénédictins , au diocèse
de Lisieux, à trois lieues de Laigle,
Orne ), p. 62, 1. 25.
Saint-Germain, p. 197, 1. 79.
Saint-Germain (lieu où les Fran-
çais, commandés par Renaud ma-
réchal de France et Hastings, comte
de Charties, entendirent la messe
avant de livrer bataille à Hrolf),
p. 10, 1. 5.
Saint-Gervais (quartier de Rouen),
p. 19, 1. I.
Saint- Jehan (abbaye de Chester),
p. 70, 1. 19.
Saint-Jehan (époque du couronne-
ment de l'impératrice Mathilde à
Mayence ) , p. 68, 1. 3.
Saint-Jehan-Decolasse (jour où eut
lieu devant Damiette une bataille
entre les Sarrasins et les chrétiens,
et où ces derniers furent vaincus),
p. 207, 1. 16.
Saint-Maart (abbaye de bénédic-
tins, à Soissons), p. 2, I. 20.
Saint-Maat, r. de H., p. 34i, v. i.
Saikt-Martin , R. de H., p. 307,
v. 8.
Saint-Martin (l'abbaye de la Ba-
taille, fondée à Hastings par Guil-
!aume-le-Conquérant), p. 64, 1 16.
Saint-Martin-ues-Ciians ( prieuré
de bénédictins, à Paris), p. 70,
1. 2..
Saint-Martin-x.e-Viel ( église de
Londres), p. 172, 1. 2.
Saint -MiCHiEi. (ville du départe-
INDEX GÉNÉRAL.
425
ment de la Manche), p. 5y, 1. 7;
p. 62, 1. 17.
Saint-Michiel des .iij. Pors (abbaye
de bénédictins, au diocèse de Rouen,
fondée par Robert, comte d'Eu),
p. 6a, 1. 4.
Saint-Nicolai , R. de H., p. 3o6,
V. I.
Saint-Oain (Saint-Ouen , abbaye de
bénédictins, à Rouen), p. 53, 1. a8,
var. 7 ; p. 62, 1. 16.
Saint -Odmont ( Bury Saint Ed-
munds ) , p. 198, var. 2.
Saint-Omer ( ville du département
du Pas-de-Calais), p. iiC, i. 9;
p. 120, 1. 24 ; p. 128, 1. 6; p. 141,
1. II ; p. 160, 1. 26 ; p. 184, I. 5 ;
p. 188, 1. 7; p. 201 , 1. 9.
Saint-Owain de Roem (Saint-Ouen,
abbaye de bénédictins, à Rouen),
p. 43, 1. 24; p. 53, 1. 23.
Saint-Piere de l\ Hyde ( abbaye
de bénédictins , près de Winches-
ter, où fut enterré Guillaunie-le-
Roux) , p. 67, 1. 22.
Saint-Pierre (célèbre abbaye de bé-
nédictins, à Juinièges, département
de la Seine-Inférieure), p. 2, 1. 26 ;
p. i5, 1. 8; p. 62, 1. 17.
Saint-Pierre ( abbaye de Rouen ,
extra miiros), p. 14? 1- 18.
Saint-Pierre ( église de Bristol ) ,
p. 69, 1. i3.
Saint-Pierre de Castellon (abba^ e
de Normandie, fondée ))ar Raoul
de ïosny), p. 62, var. 8.
Saint-Pierre-sor-Divii: (abbaye de
bénédictins , au diocèse de Séez ,
fondée par Lieceline , comtesse
d'Eu), p. 62, 1. 3.
Saint-Pol (ville du département du
Pas-de-Calais), p. 88, 1. 4; p. 104,
1. 12 ; p. 137, 1. 3 ; p. 208, 1. 27. —
R. de H., p. 337, V. I.
Saint-Poi, (cathédrale de Londres),
p. 171, 1. 17, 19, 23; p. 197, 1. 18,
23 ; p. 2ofi, 1. 2.
Saint -Quentin (ville du départe-
ment de l'Aisne), p. 2, 1. 20.
Saint-Sauveour ( abbaye de béné-
dictines à Evreux , fondée , vers
l'an 1060, par Richard comte d'E-
vreux ), p. 62 , 1. 7.
Saint-Sauveour (abbaye de Saint-
Sauveur-le-Vicomte , de l'ordre
de Saint-Benoît, fondée parNigel,
vicomte deCotenlin), p. 62, 1. « 1.
Saint - Sépulcre (à Jérusalem),
p. 57, 1. "27, 28.
Saint-Sepurcre en Alemaigne, r.
de H. , p. 3o3, v. i.
Saint-Sever (abbaye de bénédictins,
au diocèse de Coutances, fondée
par Hugues, qui fut plus fard comte
de Chester), j). 62, 1. 9.
Saint-Victor (abbaye de bénédic-
tins, au pays deCaux, à six lieues
de Rouen, fondée par Roger de
Mortimer), p. 62, 1. 6.
Saint-Vigor de Cerisy (abbave de
bénédictins , au diocèse et à quatre
lieues de Bayeux, fondée par Guil-
laume-le-Conquérant), p. 61, 1. 20.
Saint- Vincent (chapelle de l'autre
côté de Jumièges) , p. 9, 1. 3.
Saint -Waleri ( Saint -Valéry - sur-
Somme, port du département de la
Somme), p. 64» 1- 4-
Saint-Wandrille (abbaye de béné-
dictins, à une lieue de Caudebec,
en Normandie, fondée par Ri-
chard II ) , p. 62 , 1. 20.
Sainte-Genevieve ( abbaye d'hom-
mes , ordre de Saint-Augustin, à
Paris) , p. 2, 1. 21.
Sainte-Katerine (lieu près de
Rouen) , p. 19, 1. 6.
Sainte-Marie-del-Phé (abbaye de
Normandie, commencée par Ma-
tlrilde de Flandre , femme de Guil-
laume-le-Conquérant, et achevée
par Henri I", leur fils), p. 70,
1. 20.
Sainte-Marie de Lunloy (abbaye
de bénédictins, au diocèse du Mans
et à deux lieues de Domfrout, fon-
dée en 1026 par Guillaume Tale-
vas \", comte d'Alencon et du Per-
che) , p. 62, 1. 12.
Sainte-Marie de Radinghks (ab-
baye fondée par Henri \", roi
d'Angleterre), p. 71, 1. 3.
Sainte -Trenité (abbaye de béné-
dictines, fondée à Caen par la reine
Mathilde), p. fii, 1. 22.
Sainte-Treniié (église de Londres),
p. 172, 1. I.
Sainte-Trenité-el-Mont ( abbaye
de Rouen , fondée par Richard ,
ccmte d'Évreux) , p. 62, 1. 7.
Sainte-Trinité (abbaye de Canter-
bury) , p. iio, 1. (i.
Sainte-Trinité ( abbave de béné-
dictins à Fécamp ), p. 43, 1. 28.
Sais (Scez, ville du département d
3o
426
INDEX GÉNÉRAL.
l'Orne }, p. (h, var. 4; p. 96,
var. 6.
Sai.f.bihk ( Sallsbury, ville du Wllt-
shire) , R. de H., p. 325, v. 7.
Salehadins (Saladin , sultan de Sy-
rie ), p. 85, 1. I.
SâLENYKK (Saloniqiie, capitale de la
Macédoine actuelle), p. 180, 1. 10.
Saleri, R. de H., p. 3oi, v. 5.
Salesbieres ( Salisbury , ville du
Wiltshiie), p. 129, 1. II, 9.4;
p. i3o, I. 6; p. i3a, 1. 27; p. i34j
1. 8; p. i35, 1. 17, 26; p. 141, 1.9;
p. 144, 1. 9, 28; p. 148,1.2,4,19;
p. 174, 1.5; p. 180,1. 29; p. 187,
1. i\; p. 194, 1- i5.
Salesbires (Salisbury), p. 129, var. 5.
Salxnes-Corbuin ( lieu du départe-
ment du Calvados, à l'embouchure
de la Dive), p. 32 , 1. i.
Salive, R. de H., p. 375, v. i3.
Sansebourc (Saltzbourg, ville de la
Haute-Autriche), p. 87, 1. a5.
Sansuerre (Sancerre, ville du dépar-
tement du Cher) , p. i6() , 1. 2.
Samwis (Sandwich , ville et port du
comté de Kent), p. 48, var. r ;
p. 1 58, var. i.
S AHRASiKS (auteur du Roman de Ham),
R. de H., p. 383, v. i4; p. 384,
V. 10.
SaBRazin (nom donné aux Danois),
p. 4a , 1 i3.
Sarrazin ( Musulmans ) , p. 207 ,
1.17.
Sassoigne (Saxe, grand pays d'Alle-
magne), p. 1,1. 11; p. 36, 1. 2;
p. 83, 1. 14 ; P- 87, 1. 23.
Sauseborc ( Saltzbourg , ville de la
Haute-Autriche), p. 87, var. 8.
Satjveour (le Sauveur, Jésus-Christ),
R. de H., p. 276, v. I.
Sauwis (Sandwich, dans le comté de
Kent), p. 48, 1. 3, 10; p. 127, 1. 16,
22 ; p. 140, 1. 2 ; p. 1 58, 1. 3; p. 168,
i. 25 ; p. ifig, 1. 20 ; p. 170, 1. 27;
j). 189, 1. i5, 24 ; p. 202 , 1. i4-
Savaris de Maulyon, p. 96, 1. 6;
j). 100, 1. 26 ; p. 1 01 , 1. 7, 10, 13,
18, 28; p. 102,1. 14, 21,24-, p. ïo3,
1.7; p. 107,1.26; p. 108,1. II, p. 12 1,
î. 37 ; p. 122, 1.5, II ; p. 143, 1. I ;
p. i53, 1. a5; p. i65, 1. 3 ; p. 172,
1. 36; p. 174, '■ II ; P- 181, 1. 17.
Say, p. 182 , 1. 28.
Sébile (fille du comte Robert Hay-
mon, nièce de Robert de Monlgo-
iiierv, et femme de Robert, bAtard
de Henri 1", roi d'Angleterre),
p. 69, I. 34.
Séjours (personnification), R, de
H. , p. 2i5, V. II, 19.
Sens (ville du département de
l'Yonne), p. 11, 1. 19.
Senslis ( Senlis , ville du départe-
ment de rOise) , p. 19, 1. 9 ; p. ag,
1. 4 , 10, 14, 24 ; p. 3o, 1. 13 ; p. 33,
1. 32, 23 ; p. 34 , 1. 12 ; p. 35, 1. 7,
i3; p. 82 , 1. 14.
Seuni , R. de H., p. 277, v. 8, 21.
Sezile, Sezille (Sicile, grande île
de la Méditerranée), p. 83, 1. 23;
p. 85, 1. g, 10, 16. — R. de H. ,
p. 2i3, V. 8.
SiMOKs, Symons de Longethone
( frère de l'archevêque Etienne de
Langton, et chancelier du prince
Louis, fils de Philippe-Auguste ) ,
p. 167, 1. 17, var. 5; p. 190, 1. 5;
p. 197, 1. 16.
Sireborme ( Sherburn , château du
comté d'Oxford?), p. 148, 1. 6,
23.
Sisi ( Sissy, village du département
de l'Aisne), R. de H., p. agS ,
V. 18; p. 294, V. 3, 34.
SoHIER LE CASTELAIN DE GaNT ,
p. 142, 1. 14.
SoHiERs DE QuiMCi ( « qui cuens
estoit de Winciestre»), p. 97, 1. 6;
p. 145, 1. 12 ; p. 160, 1. II ; p. 171,
1. II. (Flores Winciestre.)
SoILLARS ou SoLLABS DE MoRLAINES
(oncle de Pierre de Molaines), R.
de H., p. 399, V. 37 ; p. 34o, v. 14 •
SoiRi , R. de H., p. 335, v. i5;
p. 344) V. 17, 27 ; p. 365, v. i, 8;
p. 367, V. 1 1 ; p. 375, V. 31.
Soisi ( Soisy, village du département
de Seine-et-Oise) , R. de H., p 335,
V. 5.
SoissoNS ( ville du département de
l'Aisne), p. 34, 1- 18 ; p. 47> '• i-
Somme (rivière de France, qui se
jette dans la Manche après qua-
rante-cinq lieues de cours), p. 24.
1. 17. — R. de H. , p. 232, V. 37 ;
p. 23o, V. i5 ; p. 333, V. 14 ;
p. 334, V. i4; p. 335, V. 3.
Sore d'Amours, R. de H. , p. 234,
V. 2, 33, a5 ; p. 335, v. 3 ; p. 337,
V. 14.
SoREL (village du département de la
Somme), i\. de H., p. 299, v. i3 ;
p. 337, V. 3.
SoTBKGHiEN ( Sotteghem , bourg du
INDEX GÉNÉRAL.
H7
royaume de Belgique, province de
la Flandre orientale), p. i3(), 1. 26;
p. i54, 1. 17, 19; ]). i55, 1. II ;
p. i6a , 1. 1 1 ; p. 170, 1. 12.
SoUAVE (Suède, royaume du uord de
l'Europe), p. 5o, 1. 1 1.
SoucHiE (ville de Flandre, à trois
lieues d'Atras), p. 142, var. 2.
Soucies (« une ville qui est à.iij. liues
de la cité d'Arras » ) , p. 1 42, 1- 1 1 ■
SouME ( Somme , rivière du nord de
la France), p. 24, var. 7.
SouRs DE Seum, R. de H., p. 277,
V. 8, 21.
Stievemes (Etienne, roi d'Angle-
terre ) , p. 72 , var. 5.
Stisac (nom du château d'Autriche
où Richard-Cœur-de-Lion fut pris),
p. 87, var. 7.
SuAiNS (roi de Danemark), p. 47»
var. 10; p. 48, 1. 17, 20, 25, var. 1 1.
Suave (Suède), p. 4^» 1- 22.
Suvvis (roi de Danemark), p. 47»
1. 27.
Sijeffre-Paiîîe, R. de h. , p. 3i2,
V. 20; p. 3i3, V. II, 18.
SuFONK ( Suiïolk , comté maritime
d'Angleterre), p. 172, 1. i/j.
SuroiJC (Suffolk), p. 172, var. 7.
Suhanstonne ( Southampton , dans
le Hampshire), p. i52, var. 5.
SuHANTONE (Southampton ), p. i53,
var. f).
SuK (Sour, ville et port de Syrie),
p. 197, 1. 4; p- 198, 1. I.
SuRGiEiiES ( bourg du département
de la Charente-Inférieure), p. 102,
1. 1 1, 24.
SuRiE (Syrie, province de la Tur-
quie d'Asie), p. 85, 1. i.
Sdsase, r. de h., p. 2i3, v. 22.
SusHANTONNE ( Soutliauipton , dans
le Hampshire), p. 162 , 1. '24;
p. i53, 1. 24 ; p- 189, 1. 20; p. lyo,
1. i5.
SyMON le CONTE DE MoNFORT ,
p. 207, 1. 6.
SY.niOAS I>E Berohne, R. (le H.,
p. 298, V. 17.
Syaions DE Poissi , p. 182 , I. i5;
p. 190, 1. 23 ; p. 195, 1. I.
T.
Table Reonde (ordre de chevalerie),
R. de H. , p. 225 , V. 16.
Tacons («ki estoit uns des barons de
Flandres»), p. 161, 1. a; p. 184,
1. 6; p. 191, 1. II, 22 ; p. 198, 1. 7.
Talebot ( gouverneur de l'île de
Chypre pour Richard Cœur-de-
Lion), p. 36 , 1. 5.
Talkmont (Talmont, bourg du dé-
partement de la Vendée) , p. 102 ,
var. 3.
Talevas (surnom de Guillaume l",
comte d'Alençou et du Perche),
p. 62 ,1. 12.
Tamise (fleuve d'Angleterre), p. 47,
1. 35 ; p. 65, var. 7 ; p. 162, 1. 20;
p. 171, 1. 20; p. 177, 1. 2; p. 19.,
1. 2 ; p. 200, 1. 24; p. 204, 1. 12.
Tancre (Tancrède , neveu et succes-
seur de Guillaume II , dit le Bon ,
roi de Sicile) , p. 85, 1. 10.
Tanet (Thanet , île dépendant du
comté de Kent), ]). 168, 1. 17;
p. 169, 1. 7, 22 ; p. 201, 1. i3.
Tanquere (Tancrède, neveu et suc-
cesseur de Guillaume II , roi de Si-
cile), p. 85, var. 3.
Tassons , p. 62, 1. i3-
Tebiple (église de Londres), p. 172,
1.3.
Temple (ordre religieux et militaire),
p. 123, 1. 27; p.207,1. 2, II.
Templiers (chevaliers du Temple),
p. 77, 1.7.
Tenecbray (Tinchebray, ville du dé-
partement de l'Orne), p. 69, 1. 3, 10.
Tenurchebrai (Tinchebray, ville du
département de l'Orne), [i. 69,
var. 2.
Teroldes ( gouverneur du jeune
Guil!aume-le-Bàtard) , p. 58, 1. 14.
Thalou (ancien nom du comté d'Ar-
que.s) , p. 59, 1. 14.
Thamise ( fleuve d'Anglelerre ) ,
p. 49, 1. 4.
TuEBvus (Thibaut I", dit le Tri-
cheur, comte de Chartres), p. 4'.
1.21.
Theroldes ( gouverneur de Guil-
laume-le-Bàtard) , p. 58, var. 6.
Thif.baus ( frère de Renaud d'A-
miens) , p. 166, 1. 19.
Thiebaus (Thibaut 1", dit le Tri-
cheur, comte de Chartres) , p. 3;;,
1. 10, 24 ; p- 4oi l- <Oj i5, 23, 26 ;
p. 41, 1. 3, i3, 28.
428
INDEX GÉNÉRAL.
Thiebaut de Chartres (« le frère le
conte de Champaigne»), p.Si, 1. 15.
Thieris de Sotenghiew , p. 162,
I. II.
Thoart (Thotiars, ville du départe-
raent des Deux-Sèvres), p. 107,
1. 27 ; p. 109, 1. 4-
Thoenis (Tosny) , p. fij), 1. 27.
Thoulouse (chef- lieu du départe-
ment de la Haute-Garonne), p. 121,
1. 28.
Thumas (archevêque de Canterbury
et martyr), p. 208, 1. 7; p. 209, 1. 19.
Thuj^ivs Chères, p. i35, 1. 4, 8.
Thumas de Couci , p. i65, 1. 25.
"^I'humas de Moletone, p. 157,1. 18.
Thumas l'apostle (saint), p. 4^, 1.5.
TiEBvUS DE BlAUMOÎIT, p. I02, I. l6.
Tieuslieres (Tillières- sur-!'Avre ,
bourg du département de l'Eure) ,
p. 49, V. 7. _
TiRELs (meurtrier de Guillaume-le-
Roux, roi d'Angleterre), p. 67,
var. 4-
Tiux-ieres ( château de Normandie
sur l'Avre), p. 49 > 1- 19, aS ; p. 5o,
I. 21 ; p. 58, 1. 22, 27; p. 63, 1. 3.
ToART (Thouars en Poi4ou) , p. 102,
var. 2; p. 107, var. 9; p. 108, 1. 11.
ToLART DU Haitiel, R. de H., p. 366,
V. 26.
ToNEBRUGES ( Tunbridgc , ville du
comté de Kent), p. 161, 1. 21;
p. 162, 1. 24 ; p- i63, 1. I.
TooNi (Tosny ), p. 62, var. 8.
ToR DE Mence, R. de h. , p. 3ii ,
V. 20.
T0RAINE , Torainne (Touraine,
province centrale de la France ) ,
p. 166, 1. I ; p. 177, 1. 26.
ToRQUAis, p. 49, !• 14 ; p. 5o, 1. 19.
ToRQUETi (beau-père de Guillaume
comte d'Exmes et d'Eu, frère de
Richard II duc de Normandie),
p. 46, ]. 25.
ToEQTTETiL Çidcni'), p. 46, var. 12.
TosTAiNS DR Glos (Toustaiu Goz ,
vicomte d'Exmes), p. 59, var. i, 3.
TouART (Thouars en Poitou), p. 102,
1. i3.
TouART (Troarn, bourg du départe-
ment du Calvados ), p. 62, 1. I.
TouKE (rivière de Normandie, qui
se jette dans la Manche), p. 98,
1. I.
Toulouse (chef-lieu du département
de la Haute-Garonne), p. 201, 1. 4;
p. 207, 1. 7.
Tournai, Tournay (ville de Bel-
gique , province de Hainaut ) ,
p. i38, 1. 24; p. 144, 1. i3;
p. 208, 1. 25.
Tournele, r. de H., p. 339, v. 18, 25.
Tourniele, p. 166, 1. 21; p. 201,
1. 2 ; p. 202, 1. 5.
Tours (en Touraine, chef - lieu du
département d'Indre-et-Loire),
p. io3, 1. 10.
Tours en Vimeu (village du dépar-
tement de la Somme), R. de H.,
p. 296, V. 7, 10.
Trabe (nom de celui qui tua Eustache
le Moine), p. 202, 1. 8.
Trie, R. de H., p. 3oi, v. i5 ; p. 3o2,
V. 12.
Troart (Troarn , bourg du départe-
ment du Calvados), p. 62, var. i.
Troie (ville ancienne de l'Asie-Mi-
neure), p. 2, 1. 10.
Troiien ( Troyens , habitants de
Troie), R. de H., p. 225, v. 20;
p. 23o, 1. 21.
Tronchieires (ville de Flandre) ,
p. i37, 1. 14.
Troncieres ( ville de Flandre ) ,
p. i37, var. 2.
Trovi (Tosny) , p. 62, 1. i4.
Truie, p. 166, 1. i3; p. 190, 1. 9;
p. 191, 1. 22.
Tuede (Tweed, fleuve du nord de
l'Angleterre), p. 164, 1. 8.
TuMAS Chieres, p. i33, 1. 21.
TuRiAUS, R. de H , p. 368, v. 9.
Tyreus de Pois (nom du meurtrier
de Guillaume-le-Roux , roi d'An-
gleterre), p. 67, 1. 10.
u.
Uel, r. de H., p. 233, v. 23.
UsTASCESDENoEVII.LE(lefils), p. l86,
var. 4.
UsxASciE (Eustache, comte de Bou-
logne) , p. 69, var. 9.
UsTASciEs DE Vessi , p. 1 45, var. 7.
UsTASSE DE Paci (époux de Julynne ,
fille naturelle de Henri P', roi d'An-
gleterre), p. 70, var. 4-
UsTASSE J.E COMTE DE BoUI,OIG^E,
p. 59, var. 6.
INDEX GÉNÉRAL.
429
Valhnciennes (ville du département
du Nord), p. i/ja, 1. a4'
Varlet au Lyon (chevalier au Lion ,
nom de l'un des chevaliers de la
Table Ronde), R. de H., p. 219,
V. 1 ; p. 3i6, V. 19.
Vassai, au Lyon {idem), R. de H.,
p. 266, V. 27.
Vefort, p. 157, 1. 19.
Vknisse (Venise, l'une des deux ca-
pitales du royaume Lombard-Véni-
tien) , p. 87, var. 5.
Veb, r. de H., p. 3o5, v. 21.
Verences (Avranches, ville du dé-
partement de la Manche) , p. iSy,
var. 7.
Vermendois (Vermandois, contrée
du département de l'Aisne), p. 44 >
1. a8.
Verneil (Verneuil, ville du dépar-
tement de l'Eure), p. 70, var. 7.
Vernoeil (Verneuil), p. 88, var. 3.
Vernons (ville du département de
l'Eure), p. 87,1. 8.
Vernuei, (Verneuil en Normandie),
p. 70, 1. i5.
Verviei> (Verneuil), p. 4^1, 1. ai.
Vervueil (Verneuil), p. 46, var. 10.
Vesci, p. 145, 1. 19.
Vessi, p. 145, var. 7.
Veuguessin le Normant (le Vexin
normand, pays que l'Epte sépare
du Vexin français et dout Gisors
est la ville principale), p. 91, 1. 3.
Vi, R. de H. , p. 367, V. 19.
Viame (Vienne , rivière du Poitou) ,
p. 109, 1. 3.
ViELS (surnom d'Henri I^% roi d'An-
gleterre), p. 146, var. I.
Vilers, r. de H., p. 874, v. 26.
ViLLE-DE-Diu (Villedieu-les-Poêles ,
bourg du département de la Man-
che), p. 70, 1. 25.
ViMEU ( contrée du département de
la Somme), R. de H., p. 296, v. 7.
ViNCiESTRE ( Winchester, chef-lieu
du Hampshire ) , p. 78 , 1. 1 3.
VoLVEsÉE (château de l'évéque de
Winchester), p. 173, var. 4-
Vrenuel (Verneuil en Normandie) ,
p. 88, 1. 8, II.
w.
Wailli (village du département de
la Somme), R. de H., p. 807,
var. 3.
Waimoustier ( Westminster), p. 65,
var. 7.
Wain, p. i44> var. 4-
Walerans de Lussebourc , R. de H.,
p. 343, V. 26.
Walingefort ( Wallingford , ville
dans le comté de Rerks , à 45 milles
de Londres), p. 64, var. 2; p. 80 ,
1. 8.
Waixaiwcourt , R. de H. , p. 277,
V. 19.
Wandois, p. 170, 1. 19; p. t8i, 1. 25 -,
p. i83, 1. 8, 16; p. 193, 1. 25.
Wans, p. 170, 1. 19; p. 181, 1. 24,
28 ; p. i83, 1. 1 , 7 ; p. 184 , 1. 2,
9; P- 189,1. 7.
WantejSIaumes ( évêque de Char-
tres), p. 12,1.7.
Waremje, p. 100, 1.23 ; p. 172, !. 10;
p. 174, 1. 6; p. i83, 1. 4; p. 199,
1. 25, 26 ; p. 200, 1. 18, 30; p. 201,
1. 18, 22, 26; p. 204, 1- 4'
Warenes, r. de H., p. 229, v. 12.
Wast, p. 184, I. i3; p. 187, 1. 19.
Watehem, Watf.hen (Waltham,
abbaye dans le comté d'Essex, à
douze milles de Londres), p. i65,
1. i3.
Waucres (Walcheren, en Hollande,
l'une des îles de la province de Zé-
lande, située entre les deux em-
bouchures de l'Escaut), p. 7, 1. 25 ;
p. 8, 1. I, 6; p. 1 34, I. 9; p- i35 ,
1. i6, 21, a4; p. i3H, 1. I, 2.
WAuniiicouRT (village du départe-
ment de la Somme), R. de H.,
p. 324, V. 2.
Waulaincort, Waulaincourt, r.
de H., p. 324, V. I ; p. 371, v. 24;
p. 372, V. 2.
Waui.ingefort (Wallingford, ville
du comté de Rerks, à 45 milles de
Londres) , p. ()4 » !■ n •
430
INDEX GÉNÉRAL.
Wautiers d'Antoing , R. de H. ,
p. 342, V. a4; p. 35o, V. 36.
Wautibbs de Foulloi, R. de H.,
p. Sîi, V. 26; p. 822, V. 2, 6, 12,
22, 25 ; p. 368, V. 17.
Wa.utieks de Habuin , R. de H, ,
p. 376, V. 2.
Wautiers de Halin, R. de H.,
p. 323, V. 18.
Wautiers de Hardecourt, R. de
H., p. 829, V. 8, 9, 26.
Wautiers de Sorel , R. de H.,
p. 299, V. i3.
Wautiers nu Heurle, R. de H.,
p. 374, V. 8.
Wavegmies (Wavignies , village du
département de l'Oise) , R. de H.,
p. 377, V. 4-
Waverin (Wavrin, village du dé-
partement du Nord), p. 188, 1. 21.
— R. de H., p. 371, V. 16; p. 374,
V. 16.
Wemoustier (Westminster), p. 65,
1. 17; p. 171, 1. 22 ; p. 172, 1. i.
WiBiERs de Rours, p. 181, var. 2.
Wic (l'île de Wight, dans le Hamp-
shire) , p. 181, 1. 11.
WicENESiEL (Winchelsea, ville du
comté de Sussex) , p. i83, 1. i.
WiELEs (Vieilles, petite commune
attenant à Beaumont - le - Roger,
département de l'Eure), p. 6i,
1. 26.
Wilecestre ( Worcester, où fut en-
terré Jean - sans -Terre), p. 180,
var. 4-
Willvume de Gistele , R. de H. ,
p. 875, V. I.
WiLLAuniE DE Liere , R. de H.,
p. 353, V. a.
WlLLAUMES DE Careu , R. de H.,
p. 334, V. 2.
WlLLVUMES DE LoQUES, R. de H.,
p. 875, V. 20.
WliLAUMES DU HuERLE, R. de H.,
p. 354, V. i5.
WiLLEKIN DES WaNS, p. l8l, 1. 27 ;
p. 189, 1. 7.
WiLLEKiNs (Guillaume I", comte de
Holiande, mort le 4 février i223),
]>. i85, 1. i8 ; p. i36, 1. 3; p. i56,
1. 21 ; p. i65, 1. 27.
Wii-lekinsdeKasikguehem, p. 181,
1. 2fi.
WlLLEfllS DE BlAUVAlS, R. de H.,
p. 282, V. 28.
WilmaumesdesGrangesjR. de H.,
p. 333, V. 6.
WiLLiAUMES DE WiNCIESTRE , p. 83,
1. l8.
WlLPES, p. i35, 1. 28.
WiMEs ( Wismes, village du dépar-
tement du Pas-de-Calais), p. i6i,
1. I.
WiMois (l'Exmois en Normandie,
compris dans le département de
l'Orne), p. 41, 1. 3 ; p. 78, 1. i.
WlNCENEl, WiNCHENEL (Winchcl-
sea , ville du comté de Sussex) ,
p. i83, 1. 8, var. 3.
WiNOENESEL ( Winchelsca , ville du
comté de Sussex ) , p. i83 , 1. 18 ;
p. 184, 1. 16, 19; p. 187, 1. 8.
WiNCIESTRE (Winchester, Hamp-
shire), p. 66 ,1. 28 ; p. 67, 1. 21 ;
p. 72, 1. 2; p. 78, 1. 14 ; p- 83,
1. 18 ; p. 107, 1. i3, 17 ; p. 129,
1. 12; p. 145, 1. 12 ; p. 148, 1. i5;
p. 160, I. 12 ; p. 170, 1. 21 ; p. 171,
1. II ; p. 172, 1. 28, 24 ; p. 178,
1. 7, II , 18; p. 176, 1. 22, 24;
p. 180, 1. 18; p. 188, 1.3; p. 189,
1. 20, 22 ; p. 190, 1. 2, 4, i4 > 20;
p. 191, 1. i3, 18, 19; p. 193, 1. 2,
6; p. 194, l. 28, 29; p. 207, 1. 9.
WiNDESORES OU WlNDESSORES
(Windsor, ville et château royal
dans le comté de Berks), p. i4o»
1. 6 ; p. 147, 1. 24 ; p. i65, 1. 18 ;
p. 177, 1. i3; p. 179, 1. 1; p. 181,
1. 21 ; p. 191 , 1. 26 ; p. 196, 1. 25 ;
P- 199» 1- 7» ï5 ; p. 200, 1. Il,
var. 3 ; p. 2o3 , 1. 4> ^ ; p. 204,
1. i3.
WiNSANT (village du département du
Pas-de-Calais, port encombré de
sable) , p. 60, var. 2 ; p. 71, var. 9 ;
p. 128, var. 8.
WiSMOis (l'Exmois, pays compris
dans le département de l'Orne ) ,
p. 46, var. II.
WissANT (village du département du
Pas-de-Calais), p. 60, 1. 7; p. 71,
I. 25; p. 123, 1. 25; p. i65, 1. 20.
WissEMOis (l'Exmois, pays compris
dans le département de l'Orne),
p. 36, I. 24.
WlSTASSK DE NOEVILLK (le ptTC ) ,
W3. 160, 1. 28.
ISTASSE LE CONTE DE BoUI-OIGNB,
p. 59, 1. 27; p.fiy, 1. 21.
WlSTASSES DE HeIîSIN , p. 191,1.25.
WlSTASSES DE LeNS, p. I96, 1. I.
WistassesdeMerlingehem, p.195,
1.3.
WlSTASSES DE NoEVILl-E LI JOUEMES
INDEX GÉNÉRAL.
431
(«qui fils estoit Wistasse de Noe-
ville le hoin chevalier»), p. ifio,
1. 27; p. i8(),1.7, 12, i4> i5, 17, ao;
Wi. 196,1. 1,4; p- 198, 1-5.
isTASSE DE Sisr, R. de H., p. agS,
V. 18.
WiSTASsEs DE Tours , R. de H. ,
p. 296, V. 10.
WisTASSEs Li Moines (pirate bou-
lonnais, tué le 24 août 1217),
p. 1^7, 1. 2, 3 ; p. i85, 1. 5, i5, a4 ;
p. 200, 1. 28; p. 201, 1. I, 23, 26 ;
p. 202, 1. 6, 16.
Wlpes, p. i35, var. 9.
WosENGUE («outre le Rin sour
Muese ■>), p. 21, var. 4-
WosvESÉE (château de l'évéque de
Winchester), p. 173, 1. 17.
Wrewic (York, chef-lieu du comté
de ce nom), p. i63, 1. 19.
Y.
Ydain (fille de Godwin , comte de
Kent , et femme d'Edouard-le-Con-
fesseur, roi d'Angleterre), p. 60,
1. 20.
Ydone ( l'une des quatre suivantes
de la reine Genièvre), R. de H.,
p. 248, v. 18.
Yojxe (rivière qui prend sa source
dans le département de la Nièvre
et qui se jette dans la Seine à Mon-
tereau), p. 11, 1. 20.
YpRE (ville du royaume de Belgique,
province de la Flandre occiden-
tale), p. lafi, 1. 9, i3, 17; p. ï33,
1. 21; p. 137, I. 25, 28; p. i38,
1. i3 ; p. 141, 1. 20.
Ybi-ande (Irlande, grande île de
l'Océan atlantique, qui fait partie
de l'empire britannique), p. 109,
I. ao; p. ni,l. 9, io;p. 112, 1. 9,
II, 16 j p. 124, 1. 6.
Ythalie (Italie, contrée du midi de
l'Europe), p. 3, 1. 9.
FIN DE L INDEX GENERAL.
ERRATA ET CORRKCTlOi^S.
Page 70, ligne 5, mettez un point après lierre
— 171 , ligne 8, ôtez le point et viigule qui se tiuiivc ici ;i la suite
de mareschal, et placez-le à la ligne suivante, après Penilmn .
— 194, variante 4i lisez d'Odingefucl.
— 197, ligne ig, lisez un.'s cleis.
— 199, variante i , le chiffre de renvoi de cette note iloit se lrou\ci-
dans le texte, ligne 7, après le mot outre.
— 200, ligne i3, mettez un point après le mot faire.
— 235, vers i5, placez un accent grave sur l'e de Qucs.
— 236, vers i4, lisez en mi, au lieu à^emi. Même observation pour
le dernier vers de la page a4o.
— 244» vers i4, il manque ici un mot.
— -lOQ, dernier vers, lisez Vassal nu lynn , avec une capitale Même
observation pour le vers 19 de la page 3i6.
— 346, vers 20, mettez un M capitale à maismatit.
— 371, vers 5, ne faut-il pas lire ici Feujeres, comme page 55^,
vers 26 , ou vice versa ?
— 577, vers i5, Laleng doit-il être écrit ainsi, ou avec une apo-
strophe, comme nous l'avons fait page 280, vers 9?
— 385, vers 19, il est peut-être sans importance de faire remar-
quer ici que, jxiur suivre le même sysîèmc d'orthographe,
Lro» doit prendre un petit l.
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