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Full text of "Histoire d'Espagne depuis le premiers temps jusqu'à nos jours"

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ïriîivERsiTY  or  MICmGAX 

HENRY  VIGNAUB 
UBRARY 


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HISTOIRE 

^    D'ESPAGNE 


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PABIB.   —  TVPOGHâPHII  Dl  HINIl  PLON. 


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HISTOIRE  ^  "^j 

DESPAGNE 


[  PAR  CH.  ROMEY 


TOME  QDATSIÈHE 


PARIS 

FURNE  ET  C-,  LIBRAIRES-ÉDITEURS 

BCB   SAII«T-A!IDlA-DBB-»IIT9,    W 

1888 


3,q,l,ZDdbv"GOOgIe 


iS\ca-y\^Li^     L^'^, 


&•'-. 


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HISTOIRE 

DESPAGNE. 

DEUXIËHE  PARTIE. 


CHAPITRE  TREIZIEME. 

AT^ncment  d«  ■obunincd.  —  DIO<ér«nd*  «a  btubdiilei  tl  d«i  miliUlM.  — 
Donble  gaenc  eoplrc  l«i  Vinkl  et  la  Gdlcleiii.  —  DihiU  ds  HaaM  Cl  D|é- 
d»i  pat  OrdoBloi  \",  toi  des  Ailnrlei.  — Diaptcttl  réTglledo  Mobh  el  de 
loa  B\i  Abdtllab  Hahsmmca  tien  Lopia,  vali  de  Tolèdr.  —  fiaertei  qnl  en 
ioni  la  sdIIs.  —  Alliance  de  Hou»  ii*tc  lc«  IfiTirrRll.  —  Ordoniui  iMteba 
contre  Honu  el  le  dir«Jl,  —  RaprUe  de  TolM*  pir  l'émtr.  —  NonTcUe  ir- 
rnplion  muitime  dei  Normand*  en  Galice  et  en  Andalonale.  —  Snccéi  d'Ot~ 
doniui  daa*  rEipaene  orientale. — VIclHllndoB  de*  ■ofalmaot  din»  cette 
goeire.  —  OoorrudiTenei.  ^CommCDcemenl  de  la  réTolle  d'DiAoDn, — 
Tout*  l'Eepaene  orientale  le  ditacbe  de  Cordone.  —  HtMacre  de*  Uataimtat 
dîna  lei  cbamp*  d'Alcanii.  —  SnccJi  diien  de  la  pierre  contre  Bahoun 
•t  les  chritieni  do  nord  de  la  Pèninanle.  —  BalalUe  de  Hoolbah-el-Yehoad. 

—  Hort  d'Ordonlni  à  OilUo.  —  AT^nement  d'Alfonie  III.  —  Conuneiice- 
menl  de  aon  Hpit.  —  Bea  inerres  contre  lu  Vaieona  et  contra  le*  Arabea. 

—  AUlance  d'Alfanie  avec  le*  NaTarrali.  —  Bataille  d'Aybar.  —  Horl  d'Omar 
bon  Ha&onn.  —  Pali  «Btre  Albnie  et  ■ohammed.  —  tTineoMM  dlTcn.  — 
M orl  de  HiAaliiined. 

Dc«!3  t  8W. 

A  Abd  el  Bahman,  deniième  de  ce  nbm  et  quatrième  émir 
de  la  famille  des  Ben;  Ommjah  en  Esp^ne,  fat  donné  poor 
taccewenr  son  fils  Mohammed  sarnommé  Abon  Abdallah, 
leqnel  fut  proclamé  à  Cordone  le  6*  jour  de  la  lune  de  rabieh 
première  de  l'année  238  (26  août  852).  H  était  Agé  de  trente 
ans  et  donnùt  les  plus  belles  espérances.  Sa  ferreor  reli" 

IT.  1 


424526 

,z,;i.,C00g[c 


2  BlSTOptE  DESPAGSB. 

giense  était  eitrème.  Ce  grand  zèle  n'étouffait  pas  cependant 
chez  M  tontes  lumières  et  tonte  tolérance,  an  moins  va  ce 
qui  tondiait  «ox  dissidence  non  fondamentales  de  l'ifla- 
misme.  Dans  les  premiers  mois  de  son  règn^  il  s'éleva  une 
qaereUe  entre  les  imams  et  les  fakhis  de  la  métropole  de 
Cordoae  et  le  hafit  (c'était  le  nom  qu'on  donnait  aux  docteurs 
qui  conservaient  dans  leur  mémoire  les  références  tradition- 
nelles de  Is  sonnait  et  s'y  foadaieqt  poQf  lever  les  dontcs 
dans  les  questions  difficiles)  Abon  Âbd  el  Rahman  el  Baki 
ben  Hatchalad  :  ce  savant  avait  étudié  eu  Orient  sons  les  plus 
fameux  docteurs  de  cette  époque,  disdples  de  l'imam  Ahmed 
ben  Mohammed  ben  Sanbal,  fondateur  de  la  secte  des  baa- 
balistes,et  il  professait  à  Cordone  les  doctrines  de  cette  secte. 
Les  principes  de  Ualek  régnaient  en  ce  temps  presque  ex- 
clusivement en  Espagne,  et  les  malékites  étaient  en  posses- 
sion des  principales  comme  des  moindres  charges  des  mos- 
quées djéma  (cathédrales).  Tons  les  desservans  de  celle  de 
Cordone  s'élevèrent  contre  l'enseignement  dn  haut  Baki  et 
représentèrent  à  l'émir  (cb^  de  la  religion  autant  que  chef 
de  gaerre  et  juge  souverain  de  ces  questions)  qu'il  y  avait 
danger  à  tolérer  cette  exposition  différente  dn  Koran;  que 
la  mosqnée-djéma  de  Cordone  suivait  des  traditions  soute- 
nues par  mille  trois  cents  docteurs  on  à  peu  près,  tandis  que 
le  hafit  et  ceux  de  son  école  n'en  pouvaient  opposer  que 
deux  cent  quatre-vingt-quatre ,  sur  lesquels  il  y  eu  avait  à 
peine  dix  de  renommés  et  faisant  autorité.  Mohammed  vou- 
lut que  les  deux  partis  plaidassent  leur  cause  en  sa  présence, 
et  après  avoir  attentivement  écouté  les  accusateurs  et  l'accusé 
en  leurs  explications,  il  jugea  que  tes  différence  d'opinion  des 
hanballstes  n'altéraient  point  l'essence  de  la  loi  et  n'avaient 
lien  de  contraire  à  la  sunnah  (tradition  reçue)  >.  n  reconnut 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAPlTftX  TREIZIIHE.  3 

d'aiUeois,  ^ans  le»  doctrioeq  de  Baki,  de^  principe! notabla. 
et  utile?,  qui  toqcbùept  «q  nqi  but  de«  QCtiow  bufo^voc* 
selon  le  tnabométûpie,  et  il  ça  mfs^t  m  çoi^aéqiieacti  la 
prédication  et  l'enaeigoeiaeBt.  he^  vwtnf  (^  Qolù  ifiTablèrent 
aussi  à  l'émir  d'on  salataire  exemple ,  et  l'intéressèrent  en 
favear  de  ses  doctrines.  Cfn^t  innsi  qoe  U  Kcta  de^  tmtba- 
listes,  après  celle  dea  malé^te»,  acquit  droit  de  booi^eoi^ie 
parmi  les  Hasolmans  ^sgagnjoiB  *. 

Le  zèle  de  l'émir  vonlat  cependant  le  ngoaler  dè>  l'auT^T- 
tare  de  son  règne  en  favenr  de  Diea  et  <  de  ta  religion  vé- 
ritable »  par  une  gncrre  contre  1(»  cbretient. —  Désirant,  d»t 
la  cbroniqne  arabe,  propager  l'islamisme  aux  frontières  et  con- 
tenir les  nouTemens  et  l'iaqoiétade  qa'y  causaient  Ips  chré- 
tiens de  Galice  et  ceox  dn  pays  des  Franka,  il  cbargea  le* 
walis  de  Mérida  et  de  Saragosse  de  rassembler  leoiq  (foopes 
el  d'entrer  dans  ces  pays.  Du  cdté  des  Franis  leurs  ^rmes 
furent  victorienses  \  ils  franchirent  les  Pyrénées  oqentales  » 
et  pénétrèrent  jusqne  dans  le  pays  de  Narbonne  qn'iU  rava- 
gèrent; les  peuples  fuyaient  de  toutes  parU  à  l'approche  des 
MusnlmaiiB  vainqueurs  ou  s'efforçaient  d'apai^r  leqr  fureur 
par  l'offre  de  tout  ce  qu'ils  possédaient.À  la  frontière  àe  Ga- 
lice ils  combattirent  avec  des  succès  Yariés,et  le  -wall  Mousa 
ben  Zeyad  el  Djédzaï  fut  vaincu  près  de  Hisn-Albeîda  (la  for- 
teresse d'Albeïda)  par  les  chrétiens  qui  s'emparèrent  de  cette 
forteresse  et  passèrent  an  fil  de  l'épée  les  MusnlmvtB  qui  la 
défendaient^.  Le  vainqueur  de  Monsa,  que  ne  nonuuent  point 
les  cbroiuques  arabes,  était  le  roi  des  Asturies  Ordonius, 
qui  avait  saccédé  à  son  père  ïlamire  en  850.  Il  revenait  de 
guerroyer  contre  les  Vascons  et  de  les  réduire,  si  l'on  en  croit 
Sébastien,  lorsqu'on  l'avertitqu'ane  armée  d'Arabes  se  dispo- 
sait h  l'arrêter  au  pauage.  Ordogne  n'hésita  pas  à  marcher 


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4  mSTOIB£  d'eSPAGNIE 

incontinent  contre  ent,  les  attaqua,  les  TÛnqnit,  et  leur  prit, 
ainsi  qne  vient  de  noos  l'apprendre  la  chroniqoe  arabe,  nne 
forteresse  à  l'extrême  frontière,  récemment  élevée  par  le  gé^ 
néral  Honsa,  et  h  laquelle  il  avait  donné  le  nom  d'Âlbéîda  (la 
Blanche). 

Cette  défaite  des  Vasalmans  eat  les  suites  tes  plus  graves 
pour  l'empire  ommjade.  Le  général  Moosa  dont  nous  par- 
Ions  était  d'origine  gothique.  Né  chrétien  il  avait  embrassé 
le  mabométisme  par  ambition  et  avait  fait  nn  chemin  rapide 
Bons  le  précédent  émir,  père  de  Mohammed.  Le  Goth  mnsnl- 
man  avait  par  cela  même  de  nombreux  ennemis  i  Cordone 
auprès  de  l'émir.  Ils  surent  habilement  profiter  de  ce  dé- 
sastre militaire  pour  le  perdre.  Voyant  l'émir  profondément 
affligé  de  la  perte  d'Albéida,  ils  calomnièrent,  an  dire  même 
d'an  aatenr  arabe,  Vadjémy  vaincu  ;  c'était  le  nom  qne  les 
Arabes  donnaient  anx  hommes  de  race  étrangère.  Hs  l'accn- 
sèrent  de  trahison.  Le  roi  des  chrétiens,  direot-ils  &  Hofaam- 
med,  a  sédoit  le  fils  des  chrétienB;  il  se  l'est  lié  par  de  vils 
toaités  et  l'a  corrompu  par  des  présots.  L'émir  prêta  l'oreille 
à  ces  propos  et  destitua  de  son  commandement  Monsa  ben 
Zeyad  el  Djédzaï,  wali  de  Saragosse,  et  son  fils  Lopia  ben 
Honsa  qni  l'était  de  Tolède  '. 

Ce  fut  le  signal  d'une  confnûon  générale.  Blessés  de  cette 
mesure,  et  se  confiant  à  l'affection  des  peuples  de  leurs  pro- 
vinces, Mousa  et  son  fils  nouèrent  alors  de  secrètes  intelli- 
gences avec  les  chrétiens,  non  avec  les  chrétiens  des  Asturies 
ou  de  Galice,  mais  avec  ceux  de  Navarre  et  de  Vasconie,  en- 
clins h  s'aDier  avec  les  Arabes  pour  peu  que  cela  pftt  servir 
an  maintien  de  leur  indépendance,  et  les  deux  vralis  levèrent 
l'étendard  de  la  révolte.  Presque  toutes  les  villes  de  leurs 
gonvememens  se  dédarèrent  pour  eux;  Saragosse,  Tudèle, 
Haesca  et  enfin  Tolède  entrèrent  dans  leur  parti  :  dans  cette 

>  C«ad«,  ubi  inpra. 


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derniëra  TÏUe  Lapas  organisa  tontes  choses  pour  la  défense) 
et  Homa  et  son  fils  se  virent  tout  d'abord  à  la  tète  d'an  parti 
tmnàdable. 

L'alliance  de  Hoosa  avec  les  Navarrais,  bien  qn'on  manr 
gae  de  témoignages  explicites  à  cet  ^ard,  est  cependant  hors 
de  doute  pour  qniconqce  sait  démêler  et  recoDstitner  le  passé 
avec  les  foibles  élémens  que  fournissent  les  chroniques. 

Elle  fut  même,  à  ce  qa'il  parait,  si  étroite  qu'il  leur  jfféla 
main-forte  dans  leurs  contestations  avec  les  rois  franks  d'ou- 
tre Pyrénées  qui  n'avaient  pas  encore  renoncé  à  toute  pré- 
tention sur  eux.  U  tourna  ses  armes  contre  ces  ennemis  éloi- 
gnés au  moment  même  où  Mohammed  attaquait  son  fils 
Lupus  dans  Tolède.  H  passa  les  monts,  fit  de  grands  ravages 
dans  les  comtés  de  la  Gaule  méridionale  attenant  aux  Pyré- 
nées, et  fit  prisonniers  dans  cette  expédition  aventureuse 
àwa.  docs  âe«\ascona  orientaux  relevant  dn  royaume  d'A- 
qnitaine,  l'un  appelé  Sanction  et  l'aotre  Epolon.  Gharles-le- 
Chauve,  menacé  et  vaincu  sur  ses  terres,  demanda  la  paix 
an  wah  victorieux  et  l'obtint  à  force  de  présens  '. 

Cependant  l'armée  d'Andalousie  assiégeait  Lnpns  dans 
Tolède.  L'écrivain  arabe  fait  confusion  quand  il  dit  que  Je  roi 
de  Galice  envoya  de  grands  secours  à  Lupus  :  il  y  avait  sans 
doate  un  très-grand  nombre  de  chrétiens  dans  le  parti  de 
Moosa,  mais  c'étaient  des  chrétiens  dn  pays  même,  des  chré- 
tiens mosarabes,  tout  an  plus  des  chrétiens  navarrais  et  vas- 
oons. Lupus  tomba  d'abord  dans  une  embuscade  de  l'ennemi. 
Voulant  on  venir  aux  mains  tout  de  suite  avec  les  révoltés 
qu'il  pensait  pouvoir  réduire  par  un  coup  d'éclat,  et  suppo- 
sant avec  raison  qu'Us  ne  sortiraient  point  de  leurs  rem- 
parts pour  tenter  le  sort  des  batailles  sans  nécessité,  l'émir, 
qni  commandait  son  armée  en  personne,  s'avisad'nn  strata- 
gème conna  pour  les  attirer  hors  de  leors  murailles,  stnAa- 

I  Sctipi.  Kir.  Franc. 


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6 

gème  fréquemment  employé,  et  qui  cependant  réoBsiggait  tou- 
jours; il  fit  cacher  une  partie  de  son  armée  dans  nn  Iwie  éçtâi 
et  sombre,  noD  loin  de  Tolède,  et, arriTant  avec  peu  de  troa- 
pea  et  de  cavalerie  en  Tue  de  la  ville,  il  battit  la  campagne  Bur 
la  rivb  gauche  du  Tage,  feignant  deft  craintes  et  de  l'inquié- 
tnde  et  tte  B' arrêtant  nulle  part.  Le  walî  de  Tolède,  pensant 
que  ce  n'était  là  que  l'avant-garde  d'une  armée  encore  éloi- 
gaée,Tonlut  profiter  de  l'occaston  et  fit  contre  eux  une  sor- 
tie avec  on  corps  de  troupes  composé  de  Husulmans  et  de 
chrétiens  plus  que  suffisant  pour  battre  cette  avant-gahie. 
Les  troopa  andalonsiennes  engagèrebt  sans  vigueur  de  lé- 
gères etcàrmoacbes  et  se  retirèrent  peu  à  peu.  Cenx  de  la 
ville,  excita  par  cel  avant^,  se  mirent  à  la  poursuite  des 
ennemis  qut  cohtinaèrent  leur  retraite  jusqu'à  Wadacélète  : 
c'est  ainsi  qu'on  nommait  le  vallon  où  l'emboscade  était  dis- 
posée. Là  se  tenait  prête  la  cavalerie  de  Cordoue,  sous  les 
ordres  d'Heecham  ben  Âbd  el  Aziz,  tiadjeb  de  l'émir  :  elle 
fondit  Sur  eux  de  tontes  parts  et  obtint  on  plein  avantage  : 
huit  nulle  chréUeiu  et  sept  mille  Musulmans  du  cdlé  des  ré- 
voltés restèrent  sur  le  champ  de  bataille  '. 

Cet  avantage  pourtant  ne  lira  point  à  conséquence  pour 
la  réduction  de  Tolède.  Ldpns  et  ceux  qui  purent  s'échapper 
du  combat  rentrèrent  danS  la  cité,  et  repoussèrent  toute 
transaction,  bien  i|ile  l'émit  letU:  fit  offrir  l'oubli  du  passé, 
poiUTU  qu'ils  consentissent  &  fte  rendre  à  sa  merbi.  £n  Vain 
il  essaya  d'emporter  ia  place  avec  toutes  ses  forces  réunies. 
Voyant  que  le  siège  serait  long,  dit  la  chroniqoc  à  laquelle 
nooB  empruntons  ces  détàils,rémir  retbama  à  Cordoue,  lais- 
sant le  commandement  de  l'armée  du  siège  à  sou  fils  El  Mon- 
dhir  qni,  sortant  à  peine  de  l'enfance,  fusait  alors  ses  pre- 
miërei  arines  et  taiDntt^t  des  itlbllhatibni  btites  tnilitairefl. 
Près  de  lui  étaient  placés,  en  qottlité  de  ytasyih,  Abd  el  Helek 

1  Conde,  e.  18;  Boder.  Tolet.,  BM.  AnbniD,  c.  SO,  F-  S>%. 


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CHAHTSE  TiiMiTimfit  7 

ben  AbdallalLaboa  Herwan  et  Hescham  ben  Abdelamj  gé- 
néraux éprouvés  dans  les  guerres  passées,  tout  civiles  que 
sacra»'. 

Aùui  que  l'étnir  l'aTait  pressenti,  c'était  ta  le  commence- 
ment d'une  guerre  qui  ne  devait  pas  finir  de  Sitôt,  d'obb  de 
ces  goerrel  complexes  et  intenniiuibles  dont  l'Esp^ue  sem- 
ble avoir  eu  de  tout  temps  le  privilège.  Le  siège  de  Tolède 
avait  été  entrepris  vers  la  fin  de  l'année  854.  L'année  suivante 
il  dorait  encore.Monsa  cependant  était  maitrë,&  le  bien  pren- 
dre, d'un  royaume  assez  considérable,  formé  du  plateau  de 
l'Espagne  centrale  que  domine  Tolède,  de  ce  qu'on  a.  appelé 
depais  le  Guadalaxara,  de  la  Rioja  et  de  presque  tont  l'Ara- 
gon.  Il  avait,  &  ce  qu'il  paraît,  des  alliés  non-seulement  en  Na- 
varre, où  nous  savons  qu'il  en  avait  certainement, mais  eUcore 
enBiscaje,  dans  la  Bardulie,  et  sur  la  rive  droite  du  Tage, 
au  moins  JuBqn'^  la  hauteur  de  Talavél?a,  et  il  grossissait  et 
fortifiait  tons  les  jourB  «on  parti.  Sa  puissance  s'était  éten- 
due de  telle  sorte,  dans  l'est  de  l'Espagne, qu'il  put  envoyer  en 
655  de  nombreuses  troupes  au  secours  de  son  fils  assiégé.  Le 
siège  cessa  alors  d'être  tenable  pour  les  troupes  andalouûen- 
nes,  et  le  fils  de  l'émir  le  leva  dans  les  premiers  mois  de  cette 
année.  Il  divisa  cependant  son  armée  en  trois  corps,  et  leur 
fil  prendre  leurs  qnartiera  à  Calal-Rabah,  à  Talavéfa  et  à 
Zurita,  places  fortes  an  milieu  desquelles  Tolède  est  située, 
et  d'où  il  faisait  de  fréquentes  chevauchées  cdntrc  la  ville  ; 
mais  Lupus  repoussa  toujours  victorieusement  ces  nllaqucs, 
et  son  père  étant  venu  en  peirsonnc  prendte  part  à  cette 
guerre ,  ils  remportèrent  rénhts,  sur  les  trotipes  de  l'émib, 
les  pins  déciù&  avantages;  une  fois,  ils  mirent  les  assiégeaus 
en  déroute ,  les  ponrsnivirent  avec  le  plus  grand  succès,  et 
fir^t  prisonniers  deux  de  leurs  chefs  principaai,  l'un  ko- 
raischite  appelé  Ebn  Nàmaz,  l'antre  ayant  nom  El  Borth 


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■$  mSTOmi  DESPAGHE. 

(Alporz)  arec  mn  fik  Aieth, probablement  Abd  el  Anz*. 
Ces  gaccès  et  ceax  qu'il  avait  ens  en  Gaule  et  dans  l'Espa- 
gne orientale  enflèrent  tellement  l'oif^eil  de  Honsa  qn'il  prit 
alors  ouvertement  le  titre  de  troisième  roi  d'Eipagne'.IXQ 
l'était  en  effet,  régnant  on  à  pea  près  snr  le  vaste  territoire 
que  nous  avons  décrit,  confinant  à  l'est  tuix  possessions  des 
Franks  dans  les  Pyrénées,  an  sud  et  à  l'onest  aux  pa;s  mu- 
sulmans demeurés  fidèles  à  l'émir  ommyade,  et  enfin  du  côté 
du  nord  aux  vallées  navarraises  et  vascones,  réfractaires  au 
joug  du  roi  des  Astnries.  Avec  ces  derniers  pays  il  avait 
formé,  avons-nous  dit,  une  étroite  alliance,  et  si  étroite, 
qu'il  avût  donné  sa  fille,  musnlmane  on  chrétienne,  on  ne 
sait,  à  l'homme  qu'ils  reconnaissaient  pour  chef,  nommé 
Garseanus  (Garcia  dans  le  langage  moderne  des  Espagnols), 
nom  que  l'on  voit  dès  lors  fréquemment  dans  les  chroniques 
et  qui  n'était  peut-être  que  la  corruption  de  l'ancien  nom 
romain  Gratianus.  On  ignore  pourtant  les  particularités  de 
cette  alliance,  et  l'on  n'en  sait  même  quelque  chose  que  par 
Sébastien  de  Salamanque,  qui,  incidemment,  qualifie  Garsea 
le  Navarrais  de  gendre  de  Mousa  ^.  Hais  c'est  là  nue  indica- 
tion suffisante.  On  trouve  d'ailleurs,  sur  ce  personnage  si 
brièvement  mentionné  par  l'évëque  historien,  quelques  dé- 
tails vraisemblables  dans  les  chroniques  postérieures.  C'é- 
tait, à  ce  qn'il  paraît,  un  ancien  comte  de  Bigorre,  connu 
sons  le  nom  d'Enecho,  dès  l'enfance  accoutumé  aux  combats 
et  aux  incorsiouB  de  gnerre.  Dans  ces  temps  de  troubles  il 
avait  su  prendre  un  haut  ascendant,  d'abord  snr  les  popu- 
lations pyrénéennes,  ensuite  sur  les  babitans  des  plaines  de 
la  Navarre,  et  avait  fini  par  fixer  son  séjour  parmi  eox  à 

■  Bi  Childalt  daoi  qaldcm  migoos  IjrinDoi,  nnnm  ai  ([Ciuira  Alkorsil  Do- 
mine ll>enilMl,(llnm  ndlltem  nomlne  Alpon  cam  BUo  sao  Aielh (Bebul. 

Salm.  Cla.,  aam.  Stt). 

1  VtM,  ob  (inUa  Tklorin  ciumdi,  Untum  in  toperbi*  intnroail',  uli  e  à  inb 
tsTllun  rtgem  lo  Hlipinli  ippellirl  prMceperil  (Ibid.,  I.  c). 

3  Sebtii.  Silm.  Cbr-,  nam.  M. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAPITBI  TBSIZIEIU.  9 

Pampélane.  A  cause  de  sa  braToore  &  la  guerre,  il  avait  été 
samoDunë  Ârista.  En  basqae  comme  m  grec,  ce  mot  vent 
dire  le  pins  Taillant,  le  premier'.  C'est  là  tont  ce  qa'on  en 
sait,  mais  c'est  quelque  chose,  et  il  importait  de  recoeiUir 
iâ  en  passant  ces  traits  épars  de  lumière  qai  jettent  le  plos 
grand  jour  sar  les  or^nes  politiqiies  de  la  Navarre  j  car 
ce  ftit,  selon  la  plus  grande  probabilité  historiqne,  le  petit- 
fils  de  ce  gendre  de  Housa,  de  ce  Garsea  Ënecho,  mort,  ainsi 
gne  nons  le  verrons  tont-à-l'henre,  en  combattant  contre  le 
roi  des  Astories  Ordonios,  qoi,  selon  l'expression  du  moine 
Tigila,  s'éleva  roi  à  Fampelone  dans  l'année  de  l'ère  espa- 
gnole 943  (905  de  J.-G.)''- 

Parvenu  à  ce  comMe  de  gloire  et  de  puissance,  Hoosa 
étendit  alors  de  tons  cAtés  les  linùtes  de  sa  domination,  de 
manière  à  inquiéter  vivement  le  roi  des  chrétiens  astoiiens, 
déj&fort  irrité  contre  loi  ponr  son  alliance  avec  les  Navarrais 
qui  depuis  qnelqne temps  affectaientl'indépendance.Envain 
l'émir  de  Gordone  avait  réuni  tons  ses  efforts  contre  ce  puis- 
sant adversaire.  H  était  réservé  à  Ordonius  d'en  délivrer  les 
OmmyadM  de  Gordone  en  même  temps  que  la  chrétienté 
astarieone.  Voyant  que  Monsa  était  entré  dans  la  Bioja  et 
avait  élevé  là  nue  cité  on  forteresse  qu'il  avait  appelée  Al- 
belda,  (ainsi  du  moins  l'assure  l'évëqne  de  Salamanqae  qui 
écrivait  presque  dans  le  temps  même  où  les  événemens  se 
passaient),  Ordonius  marcha  contre  lui  avec  une  armée,  et, 
divisant  cette  armée  en  denx  corps,  destina  l'un  au  siège  de 
la  dté  et  l'antre  à  combattre  l'ennemi,  qui  avait  dressé  ses 


I  Cma  Ciilelia,  Lcgio,  RsTarra  Tirifi  Aribiuii  iDcuriloniboi  TuliNBlDr,  Tir 
tdTeitlt  ex  BlgorrlcB  comiiita,  belUi  cl  Iscnnibu  «b  InfantU  »niBlii,qDl 
Enacho  Toubilnr,  el  qui!  wpcr  la  prcltl*  AriMi  (Ay>i"ro(J  «eiianiina  diMbalDi, 
(I  In  PTretitel  parUbui  moribituT,  cl  pott  »i  plioi  ItiTirra  deiMBdaiu,  Ibl 
plurima  bcll»e<uft  (Rod.  ToEcl.,  de  Bab.  Btap.,  1.  t,  e.  SI). 

1  AddiUo  de  Rcgibn*  PamplloneMibat  [  1  !•  fin  de  la  Chroniqae  Albaldanic, 
Etpaa.  gagrad.,  i.  uii,  p.  *es)  :  —  In  ara  dcgcciliii,  idrrcxit  la  Pamiillnaa 
Rai  RonilBe  Saocio  Ganaanli. 


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lO  tamttABtt  D'sspAGiOf. 

tenta  inr  le  mont  IiatiirBo,DOil  loin  de  ClaTJjo.Les  chrétiens 
otttnbatlirent  avec  nn  iocroyable  acharnement,  toërent  près 
db  dix  mille  ennemis,  mirent  les  antres  en  faite  et  pillèrent 
letkr  camp,  dans  lequel  ils  trooTèrent,  entre  autres  riches  dé- 
twaillel,les  (fféséns  prédeol  qne  Mouea  renùt  de  recevoir  de 
Charles-le-ChaoTe.  Le  géUdt«  et  l'allié  de  Hoasa,  Gaiseanus, 
demenra  parmi  les  morts ,  et  Mousa  Ini-mëme, trois  fois  blessé, 
he  dut  la  lie  qu'aux  soins  d'an  ami  qu'il  avait  parmi  les  vain- 
^eorA  eux-mêmes,  et  qui  lui  prêta  un  cheval  pour  se  sau- 
ver*. Honsa  ne  mourut  point,  comme  on  l'a  crujde&esbles- 
itirejs  ;  U  se  sau^'h  dans  r£st»gne  Orientale  où  deux  de  ses  fils. 
lBmaëIetFortan,conmiandaient,l'an  k  Saragosse  et  l'autre  à 
Tadèle,  et  t'y  midntint  indépendant,  quoique  avec  moins  d'é- 
blat  et  de  puissance  qu'auparavant,  jusqu'en  870  qu'il  périt, 
ainsi  qne  iioQs  le  verrons,  dans  Saragosse  assiégée  par  El 
ïtondhir.  Quant' à  son  fils  Lupus,  le  gouverneur  de  Tolède, 
il  rechercha  de  te  momelit  l'amitié  d'Ordonius,  l'obtint  et  lui 
fat  constamment  on  fidèle  allié.  Stais,  malgré  les  secotirs  qu'il 
en  reçut,  11  esteya  vainement  de  se  maintenir  dans  Tolède. 
La  ville  ca|HtnIa  (859)  et  tupns  se  rendit  dans  les  Asturles 
jlrès  de  son  nouvel  ami  le  roi  Ordonius'. 

Pendant  que  Uohammed  replaçait  ainsi  Tolède  sons  l'an- 
tohté  de  CïordoQe,  les  barbares  Xadjoudjes,  pour  parler 
cbitune  les  ^ironiques  arabeSj  renouvelèrent  leurs  conrses 
Sur  tes  cfttes  de  la  Péninsule.  Ils  se  firent  battre  d'abord, 
cOmmb  à  leur  précédente  expédition.  Bar  les  côtes  de  la  Ga- 
lice, pdr  PétnU,  eomte  de  l'une  ded  villes  ùiarltiihes  de  la 


I  Ip»itrA(UoiiM)lcr  gUdio  coaroBini,  HmlTlTM  eiMlt,  inallDmqae  Ibl 
bdlicl  «ppiralui,  iIts  si  mniieri  que  el  C«rolat  ni  Francaniin  dlresenl,  per-  j 

didlt,  <l  nanquam  poUe*  effcctem  iriciorla  hibalt  (  S«bisU  Silm-i  mua.  M).  —  I 

lp*lm  Uni  jicalo  TalnBnlom  «b  «mlco  qoonduB  è  doiItIi  leram  cognoultot 
ralueHlTiliim,eLlnliitiarilaeiuiiictegqocMe(iiblitnin(Chr.Alb«M..iiBm.60). 

1  Compuei  CondB,  «.  48,  el  V*t  chranlqnct  dt  EtbuUen  d<  6«Uiimhi)bc  b1 
dg  l'Anon^ne  d'Albiïdi. 


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fïpilUTBH  TBKIZIKHS.  1 1 

OHitrée,  peut-être  de  Brigailtiamt,  mais  moins  complètement 
qa'iU  ne  l'avaient  été  par  les  généraux  de  Bamire  en  844. 
SanB  donte  Hb  s'arrêtèrent  pen  à  ces  rivages  panires  qni  ne 
leur  offraient  qne  de  maigre  déponiUes  à  enlever,  et  ils  pas- 
sèrent avec  soixante  vaisseaax  aox  câtes  d'Andalousie,  où  ils 
avaient  déjà  Mt  nne  si  benreose  irruption.  Us  7  débarquè- 
rent et  coororent  les  terres  de  Baya,  de  Cartama,  de  Malaga, 
de  la  Badaya,  ainn  qne  lea  fertiles  campagnes  &  l'occident  de 
Bonda, faisant  par  tons  ces  pays  le  ravage  des  tempêtes,  dit 
la  cfaroniqne  mnaolmane'.  Ils  n'osèrent  s'avancer  beaucoup 
h  l'intérienr,  mais  ils  brûlèrent  les  villages  voisins  de  la  mer, 
et  détrninrent  beaucoup  d'édifices  et  de  vigies  élevés  sur  ces 
c6tes  par  les  soins  des  derniers  émirs;  ils  pillèrent  entre  autres 
la  mosquée  de  Djésirah-Albadrah  (l'Ile  Verte),  que  l'on  appc- 
lùt  MesdJid-al-Bayath  (la  Mosquée  des  Bannièree)  parce  que, 
dit  El  Edris,  au  temps  de  la  conquête  Thàreq  y  réunit  pour 
le  Conseilles  bannières  des Unsalmans^.Mobammeâ envoya 
sa  cavalerie  contre  eux,  et  ils  se  rembarquèrent  et  passèrent 
aux  rivages  d'Afrique,  où,  selon  Sébastien,  ils  envahirent  une 
ville  qu'il  appdle  Nachor  et  firent  un  grand  carnage  des  Ghal- 
déens*.  Ils  tournèrent  ensuite  leurs  voiles  vers  les  lies  de 
Hajorqne,  de  Minorque  et  de  Formentera  (Iviça),  qu'ils  sou- 
mirent atix  mêmes  dévastatiotis,  entrèrent  dans  le  BfaAue, 
poussèrent  jusqu'aux  mers  de  la  Grèce,  sans  doute  de  la 
Grande-Grèce  {Sicile,  Malte,  Gozzo,  etc.),  et  revinrent  hiver- 
ner sur  les  câtes  d'Espagne,  d'où  leurs  barques  chargées  de 
richesses  et  de  dépouilles  de  tontes  sortes  reprirent  le  che- 
min de  la  Scandinavie,  an  commencement  de  l'an  860  (246 
del'h^ire)^. 

I  Kim  (empori  (Ordoolt)  Lordomanl  (rie]  Kernm  Tcnlcotei  In  6(U*dB  ma- 
itlindl,  k  PtlTO  comité  Inierhcll  inol  (Chr.  Alb«ld.,  nom. 60). 
1  Coude,  c.  t». 
1  n  BdrEl,  rt»  cUmkl,  p.  36. 
*  SchMt.  Salm.  Chl.,  0,  ». 
i  Coide,  c.  19  ;  Mnrpby,  c.  S  —  Le  Cbronliiae  de  GibuUea  el  Iw  Anitei 


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'*  ttlSTOIBE  DESPAGKE. 

De  ion  côté,  enhardi  par  les  Boccès  qa'U  Tenait  d'obtenir 
«ontre  Honaa,  Ordoflo  porta  la  guerre  plus  avant  qu'elle  ne 
l'aTait  encore  été  depoia  ÀlfonBe-Ie-Calholiqae;  il  attaqua  les 
Arabes  aa  sud  du  Duero,  leur  prit  un  grand  nombre  de 
villes  et  de  forteresses,  entre  antres  Coria  et  Salamanque, 
dont  il  fit  {Kisonniers  les  gonTerneors  que  l'éTéqae  Sébastien 
appdle  Zetb  et  Hozeror  (860)  :  tous  les  hommes  de  guerre 
qu'il  trouva  dans  ces  deux  villes  fnrent  passés  an  fil  de  l'ëpée, 
et  il  ne  fit  grflce  qu'aux  femmes  et  anx  enfans,  qu'il  amena 
«n  captivité  dans  les  Astaries'.  Il  est  probable  qn'il  ne  fit 
aucun  effort  pour  conserver  ces  deux  places  que  son  fils 
devait  rendre  définitivement  plus  tard  à  la  dominatioa  chré- 
tienne, et  qu'après  en  avoir  fait  raser  les  tnnrailles,  il  les 
abandonna.  Mais  ce  double  coup  de  mam  hardi  prouvait  de 
quoi  étaient  capables  les  compagnons  du  jeune  roi,  et  il  est 
certain  que  dès  lors,  des  bouches  aux  sonrces  du  Duero,  la 
domination  moanlmane  fut  Bériensement  ébranlée,  et  qu'il 
ne  fut  plus  guère  possible  aux  Arabes  de  la  rétablir  solide- 
ment an  nord  de  ce  fleuve.  Les  entreprises  d'Ordofio  ne  se 
bornèrent  pas  là.  On  lit  dans  la  Chronique  Albeldense  que  ce 
roi  belliqueux  étendit,  avec  l'aide  de  Dieu,  le  royaume  des 
chrétiens;  qn'il  peupla  Legio,  Asturica,  Tudo  et  Amagia, 
releva  dès-lors  les  murailles  d'un  grand  nombre  de  places 
anciennement  fortifiées,  an  sud  des  Aaturies,  et  fut  à  plnnenrB 

da  SilDl-B«rllD  TCDdenI  couple  cdduiig  11  mil  de  eei  nonnllei  enlrepriiei  dM 
piritii  aorcunds  :  —  llernm  Hordommi  plraia  per  hsc  tttafon  «d  noitr*  lil- 
tori  periencrDDt.  Delodi  In  Htspulun  pirreMninl ,  omD«mqae  ejui  mariii- 
matu  Elidla  Igneqna  pr«danda  dluiptieniiit;  n  Inds  mvi  trioijeeio  N«chor 
dTlIaUa  HaDritanJK  loTUerant,  Ibiqae  maltlladlnem  Chaldeartun  eUdio  ta- 
larfCctrnnt,  IMoique  Uajoricam,  Fcrmenlellain  gt  KinDiicam  fnialM  adercur, 
gladio  eu  depopnlaTeranl.  Fotica  Gmciam  adiactl  ,  poit  iriennfani  io  palriam 

laam  (oiil  rcTBril  (  Bebtlt.  Salm.,  Clir.,  num.  M). Pirata  Dinornin  looga 

marlf  clrcniln,  loMr  Hlapanlu  TldcUcsl  et  Africain  niiiganlei,  Hhodaniiiii  in~ 
■redtDntnr  (Annal.  SctUd.,  ad inn.  a»9;  et  Chron.  de  6etl.  Hartlununoniiu). 

■  L«tdiréllen*ét«DdlrenlleBrt  algaradeiJniqiTaaienTlnn*  de  Balaauqne 
•t  de  Coria  el  Tainqnltant  le  «ait  da  calle  frontière  Zffd  ben  KbaMn,  11(  Coadc, 


>;,l,ZDdbyG00gle 


repriBes  TaiiiqDeiir  des  Sarrasins'.  Cependant  il  ne  cMnbsttit 
pas  toa|onn  contre  eox  avec  an  ^al  bonbenr.  Ia  prise  de 
CorU  a  de  Salanunqoe  effraya  l'émir  d'Ândalonsie,  et  il  en- 
voya contre  les  chrétiens  son  âls  El  Mondhir  &  la  tète  d'nne 
nombreuse  armée.  ïl  Mondhir  se  mît  en  marche,  et,  sur  lei 
bords  du  Doéro,  ayant  rencontré  les  dtrétiens,  il  divisa  aou 
innée,  noos  disent  les  mémoires  araba,  en  cinq  parties,  sa- 
Toir  :  en  avant-garde,  deux  ailes,  centre  de  bataille  et  arrièr&^ 
garde,  âisp(»tion  qui  formait  Tel  khamis  des  Arabes.  Ce  mot 
signifiait  proprement  les  Cinq  Parties,  et,  symboliquement,  Is 
Main  et  l'Armée.  Ces  cinq  parties  se  nommaient  en  arabe  el 
iiiocadénia(raTant-garde),elcalb(lecœar),eImaïmana(VaîIe 
droite),  el  mûssara  (l'aile  gauche),  et  el  sakab  (l'arrière- 
garde)>.G'est  dans  cet  ordre  qu'il  attaqua  l'armée  des  chré- 
tiens. Hobammed  el  Rantfair  menait  l'avant-garde ,  El  Mon- 
dhir loi-niftme  commandait  le  corps  principal  ;  ils  vainquirent 
les  chrétiens,  en  tuèrent  un  grand  nombre,  et  dispersèrent 
lear  armée.  £1  Mondhir  leur  reprit  pluùenrs  des  villes  et  des 
forteresses  dont  ils  s'étaient  rendus  maîtres,  et  sans  doute 
Coria  et  Salamanqae^.  Vainqueur  d'Ordoniua,  El  Hondhir 
tourna  ses  armes  contre  les  chrétiens  do  nord-est  de  la  Péuin- 
snle  qui  avaient  prêté  main-forte  au  rebelle  Housa,  passa 
FÈbre,  et,  par  l'Alava,  entra  dans  la  Haute-Navarre.  Arrivé 
devant  Pampelnne,  il  en  ravagea  les  campagnes ,  fit  main  basse 
sor  les  vendanges  et  les  moissons,  repoussant  tout  ce  qui  se 
présentait  pour  loi  faire  résistance.  H  n'est  pas  dit  expressé- 
ment, tOQtetois,  s'il  prit  la  ville  même,  et  il  est  probable  qu'il 

1  Cbr.  Atbeld.,  nota.  t». 

1  Tonfonr  be»  Sald  «Flllon,  duu  Condi,  c.  4i.  —  Le  mot  <l  khmùt  eil  de- 
TMUMpiCool  *oi»  la  forme  qn'emplolc  C«Dde  d'alehonrix  (  prononct  darcmenl, 
k  U  latliM)  pour  armit ,  el  on  le  rcIroaTo  fréqoeiiiaiciii  ion»  ettle  tormt  daos 
1m  tIcdi  dDcomeoi  eapagnali,  dnil  qoa  le  mot  «Ino^alu,  ptrelUemcnl  inbo 
(ilBifaill*)  et  ilenifitnt  la  méma  chota,  le  umpemcDt,  l'timic. —  La  dernUre 
in  dénomlDatloM  rapporUaa  d-daMot  te  reltouT*  dan»  fetpagae]  el  dan*  l( 
portagalt  loni  In  foimai  uigt,  ingo,  rtfo^a,  aie, 
)  Conde,  l,  c. 


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14  stsToniE  d'espagks. 

s  la  prit  point.  Hais  il  parait  certtÙD  qu'il  s'empara  de  trois 
rteresses  aux  enTirons  de  Fampeliine,daQ8  l'une  desquèl- 
I  il  fit  prisonnier  on  homme  de  guerre  da  nom  de  Fortu- 
08,  nn  cbréUeu  fort  puissant  et  fort  courageux  qu'on  appç- 
Lt  Fortoan,  dit  une  chronique  arabe,  qa'il  amena  avec  lui 
ptif  à  Cardoae  (peut-être  nn  fils  de  Uonsa,  ou  un  petit-fils, 
:  de  Garsea  et  de  la  fiUe  de  Uonsa)  ;  quoi  qu'il  en  soit,  ce 
irtoun  demeura  Tii^^t  ans  à  Gordoue,  après  lesquels  il  fat 
ndu  à  ses  foyers,  loi  et  ou  grand  nombre  de  ses  compa- 
lons  d'un  rang  inférieur.  Un  auteur  dit  qo'Ël  Mondhir  lui 
ndit  la  libère,  et  que,  libre,  Fortonn  demeura  volontaire- 
entàCordoue,  etparvintàVàgede  126  ans'. 
En  l'année  249  (8C3— 864)  les  chrétiens  de  Galice  et  des 
jrrénées  d'Elfrank  firent  des  incursions,  pillèrent  les  villes, 
ccagèrent  les  campâmes  et  emmenèrent  captifs  les  Musol- 
nns  de  la  frontière.  Mohammed  ordonna  aux  généraux  et  aux 
ilis  des  provinces  de  rassemblerlenra  troupes  ponr  la  gnerre 
inte  ;  cette  résolution  fut  publiée  dans  toutes  les  chaires 
Espagne,  et  les  bannières  se  réunirent  dans  les  capitainies 
lur  marcher  au  premierordre'.On  n'apprit  pas  sans  crainte, 
[^rdoue,la  nouvelle  que  le  roi  de  Galice  était  entré  eu  La- 
miie  et  courait  le  pays  de  Lisbonne  ;  qu'il  avait  pillé  les 
lies  ouvertes,  avait  brûlé  Cintra,  et  avait  emporté  de  ce 
lys  un  butin  considérable  de  captt&  et  de  troupeaox.Mais, 
ant  que  Mohammed  fût  en  état  de  marcher  au  secours  de 
tte  province,  le  roi  chrétien  était  rentré  dans  ses  monta- 
leg.  L'émir  partit  néanmoins  avec  la  cavalerie  d'Andalousie, 
i  bannières  de  Mérida  se  joignirent  à  lui,  et  il  entra  avec  son 
mée  sur  les  terres  de  Galice  jusqu'à  Sanctyac^.  C'est  la  pre- 

On  lil  diDS  Harpby  (c.  S  )  :  —  en  247  (Sei  )  aubtiniiiad  Bl  sne  loTailou 
'  1«  l«rritolre  de  Puaptlime,  labjugna  ddi  (rinde  parlis  du  piy«,  prll  pln- 
nn  forlareuei  el  Bl  priionnlei  Forlonn,  Trète  du  roi  (deqaeliol?),Icqael 
U  ciplU  t  Cordone  pendant  il^l  bm. 
I  Conde,  c  19. 
I  ContnctioB  inb«  d«  S«whM  /aeoUu,  d'ot  le  Stnliteo  dei  bptgMli. 


>;,l,ZDdbyC00gIe 


mière  fois  qu'on  trouve  ce  nom  dons  le4  q^ivolflct  aisbef. 
Les  cbréliens  firent  pea  de  résistance,  il«  w  retirJxçnt,  «t 
K  renfermèrent,  comme  de  coutume,  du»  dea  fortecOH» 
placées  sur  des  locbers  inacceasiblefl,  et  Hi^tUBnKd  im 
rerint  par  Talavéra ,  renvoya  b  cuTalede*  de  ltféd4a  pu 
Salamanqae ,  et  coQtînna  sa  marche  avec  celle  d§  Gordonfl 
par  le  pays  de  Tolède  ;  qnelqaes-nna  mettent  cette  expédi- 
tion en  l'année  247  (861-862),  et  d'antres  en  249  (863-864), 
ce  qui  parait  plnacertain  '. 

A  la  frontièra  d'Slfrank,  pour  paxler  comme  les  Anbefl, 
on,  plus  précisément,  dans  les  haatesTaUées  delà Cinea,  de 
l'Essera  et  de  l'Ara ,  dans  les  pa^s  qoi  ont  formé  depuis  le 
haut  Arag<H),  prenait  en  ce  temps  naissance  ane  rébellion 
qni  devint  d'une  grande  importance,  et  qa'on  ne  B'expliqne 
biefi  qo'ea  se  rappelant  la  composition  des  armées  qoi ,  soc- 
cessivemeat  wm  la  conduite  de  Thâreq  et  de  filonsa,  firent 
la  conquête  de  la  Péulnsole  et  se  la  partagèrent.  On  sait 
que  les  Africains,  on,  si  on  Vaime  mieux,  les  Berbers,  qui 
araient  le  plus  contribué  à  cette  conquête  sous  le  premier  de 
ces  chefs,  furent,  dans  la  distribution  de  la  terre  conquise, 
les  plnB  mal  partagés,  exclus  des  pays  les  jrfus  fertiles  de  la 
presqu'île,  et  relégués  en  quelque  sorte  aux  limites  extrêmes 
de  la  conquête  à  l'est  et  an  nord  comme  au  poste  le  pins  pé- 
rilleux et  le  plus  diffiôle  à  garder.  Les  tribus  berbères  s'é- 
tablirent surtout  «1  grand  nombre  dans  l'Espagne  orientale 
et  dans  les  hautes  reliées  des  Pyrénées.  L'injustice  du  pre- 
mier partage,  jointe  aux  haines  de  race  qui  déjà  séparaient 
profondément  les  Africains  des  Asiatiques,  fit  dèa-Iors  des 
premiers  des  ennemis  jurés  et  iiréconciliables  des  seconds , 
qu'ils  considéraient  comme  des  oppresseurs.  Il  n'y  avait  donc 
rien  moins  qu'homogénéité  entre  ces  peuples  que  l'Europe 
désignait  whib  le  nom  commou  de  Samains,  Tons,  on  dn 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


16  BinOtBE  D'tiSt>AGIlK. 

moini  le  plni  grand  nombre,  étaient,  il  est  \rai,  de  race 
•ânitiqae,  mais  de  croyanceg  dlTenes;  beancoap  profet- 
stient  le  mahomâismfi,  nne  partie  le  jadaîfline;  d'antres 
étaient  encore  idoUtres  od  sabéens.  Selon  beancoap  d'eth- 
nc^raphes,  les  tribus  africaines  convertieg  on  non  an  maho- 
métisme,  qui  avaient  si  résolument  opéré  la  conquête  aons 
Thflreq,  descendaient  des  Arabes  Ronschjtes  diassés  de  l'Yé- 
mm  par  les  Arabes  Qahtbanjtes,  auxquels  ils  en  avaient  dis- 
puté la  possession  plnsieurs  siècles  avant  la  Tenne  de  Ma- 
homet. Béonies  un  moment  ponr  s'emparer  de  l'Espagne, 
toutes  ces  tribus  avaient  porté  sur  le  sol  conquis  les  haines 
ijpi  les  animaient  les  unes  contre  les  autres  dans  leur  primi- 
tive patrie.  De  là  ces  diviiions  qui  étonnent ,  ces  luHes  si 
multipliées  et  si  fréquentes  entre  des  hommes  qn'on  s'ima- 
gine à  tort  nuis  par  la  double  communanté  de  race  et  de  re- 
ligion. Bien  de  tout  cela  n'existait  en  effrt.  Et  cet  état  de 
cboses  était  d'autant  plus  indispensable  à  rappeler  ici,  qu'il 
rend  seul  raison  da  rapide  crédit  qu'un  homme  intrépide  et 
oonrageux  obtint,  presque  sur-le-champ,  chez  ces  popula- 
tions parmi  l»qaellea  il  n'était  point  né. 

Cet  homme  se  nommait  Hafsonn.  Il  était  né  dans  l'Anda- 
lousie, de  la  race  sinon  proscrite,  du  moins  exclue  des  avan- 
tages immédiats  de  la  conquête.  Il  étmt  d'origine  païenne, 
de  race  obscure  et  inconnue,  disent  les  chroniques  arabes'. 
Le  tableau  qu'elles  font  de  ses  commencemens  est  fort  som- 
bre :  —  Cet  homme ,  raf^rtent-elles ,  vivait  du  travail  de 
ses  mains,  à  Bonda ,  dans  le  canton  de  Baya.  Mécontent  de 
son  sort,  il  passa  à  Tordjiella  (Tmxillo),  pour  y  chercher  de 
quoi  vivre.  N'y  trouvant  point  de  ressources ,  il  se  fit  voleur 
de  grands  chemins  avec  quelques  comp^nons  dont  sa  va- 
leur le  rendit  le  chef.  Il  réusta  anx  kaschefs  (découvreurs) 
qui  le  poorsoivaient;  lui  et  ses  compagnons  s'acquirent 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAPITRE  TBEIZmfB.  17 

beaacoiq>de  eQébnté  dans  cette  vie  d'areotores  et  de  périls. 
Us  se  reDdirent  maîtres  d'El-Ohanrerah,  chAteaa  de  k  con- 
trée ping  connn  sons  le  nom  de  Calat-Yabaster.  En  250  [864] 
chassé  d' Andalousie,  U  passa  avec  ses  bandits  aox  frontières  des 
franks,  c'ert-è-dire  dans  les  yallées  centrales  des  Pyrénées. 
Les  Africains,  qui  la  plupart  étaient  juifs,  se  trouvaient 
concentrés  dans  ces  vallées.  Ce  fat  parmi  eux  qa'Haftoan , 
jnif  peut-être  lui-même,  chercha  son  point  d'a[^m.  Us  le 
reçurent  dans  une  des  principales  forteresses  de  cette  fron- 
tière qu'occupaient  leors  tribas,  h  BoathAh-el-Yehood  (Roda 
des  Juifs)  où  il  établit  son  quartier-général.  Bouthàh-el-Ye- 
houd  était  on  château-fort  presque  inexpugnable  à  cause  de 
l'aspérité  de  sa  position  au  sommet  d'un  amas  de  rochers 
qu'entourait  une  rivière  '.  Les  chrétiens  ne  tardèrent  pas  h 
se  joindre  b Im.  —  «Les  chrétiens  de  ces  montagnes,  dit  la 
chronique  moKolmane ,  voyant  le  saccës  des  premières  che- 
rauchées  de  ce  bandit,  re<jterchèrent  son  amitié;  et,  réunis 
pour  la  désobéissance  et  la  rébelUon,  se  confédérèrent  ceux 
d'Aïnsa,  de  Ben  Avrare  et  de  Ben  Asqoe  (Benavarre  et  Ve- 
nasqne),  et  ils  conrurent,  impétueux  comme  les  torrens  qui 
descendent  de  ces  montagnes,  jusqu'à  Barbastar,  Wesea  et 
Hfraga  (Balbastro,  Hoesca  et  Fraga),  soulevant  les  peuples , 
leur  offrant  secours  et  protection  contre  leors  walis  ;  et  ra- 
vageant en  même  temps  les  campagnes,  brûlant  les  villages 
et  les  bourgs  qui  refusaient  d'emliraBser  leur  querelle*.  ■  Ils 
occupèrent  ainsi  différentes  forteresses  dn  pays  jusqu'au  can- 
ton de  Lérida.  Le  vrali  de  Saragosae  était  en  ce  temps  un  des 
fils  de  Housa,  on  peut-être  Housa  lui-même  ;  il  n'encouragea 
ni  ne  contraria  le  mouvement  des  rebelles.  Le  caïd  de  Lérida, 
nommé  Abd  el  Helek,  fit  mieux ,  il  embrassa  le  parti  d'Haf- 
soun  et  loi  Mrra  la  ville  qu'il  commandait  :  d'autres  caïds  de 


>;,l,ZDdbyG00gle 


18  œsToniE  u'espagre. 

forterenes  moindres  soivirent  cet  exemple.  De  telle  torte 
qD'HafsoQD  seTÎt  bientôt  à  la  tête  d'nn  parti  considérable  et 
'  en  possestioQ  d'nn  assez  grand  nombre  de  places  et  de  for- 
teresses. Les  Husolmans  de  la  contrée  mécontens  de  l'émir , 
to\u  ceux,  Juifs  on  cfarédens,  pour  qoi  la  guerre  était  nne 
ressource,  Tinrent  loi  offrir  le  service  de  leurs  armes  et  de 
lenrg  chcTanx.  La  révolte  s'étendit  en  peu  de  temps  sur  tonte 
la  rive  gauche  de  l'Èbre,  et  Hafsoun  courut  les  bords  du 
fleure  à  la  tête  des  siens,  rançonnant  tout  ce  qui  ne  se  dé- 
clarait pas  contre  Cordoae.  te  goOt  ou  le  besoin  do  pillage 
le  poussa  même  plus  loin,  et  plus  d'une  fois  il  passa  le  fleuve 
à  la  banteor  d'AlcanJz,  vers  les  fertiles  campagnes  couvertes  de 
riches  aldeas  qui  avaient  autrefois  tenté  la  cupidité  des  chefs 
franks  envoyés  par  Loois-le- Débonnaire  an  siège  de  Tortose. 
Le  succès  de  cette  audacieuse  levée  d'armes  d'Hafeoun,  le 
bandit,  l'obscnr  ouvrier  de  Bouda,  dans  le  voisinage  de  la 
province  de  Saragosse  et  des  vallées  du  bassin  supérieur  de 
l'Êbre,  qui  déjà  méconnaissaient  l'autorité  de  Cordoue  ou  y 
répugnaient,  causa  de  vives  inquiétudes  à  l'émir,  et,  ne  pou- 
vant envoyer  nulles  troupes  contre  le  rebelle,  tout  occupé 
qu'il  était  avec  son  fils  de  repousser  les  entreprises  de  plus 
CD  plus  hardies  des  chrétiens  vers  le  Dnero,  il  résolut  du 
moins  de  s'assurer  de  la  neutralité  du  clief  de  l'empire  frank 
dont  la  frontière  gothique  touchait  à  celle  de  son  propre 
empire,  et,  vers  8G3,  il  lui  envoya  des  ambassadeurs  avec 
des  préaens  magnifiques,  porteurs  de  lettres  où  il  o^ait  à 
l'empereur  la  paix  et  son  amitié  ».  Charies-le-Chauve  ne 
rejeta  point  ces  offires  :  il  envoya  à  son  tour  des  messagers 
à  Cordoue  pour  y  fixer  les  dauses  de  la  pacification  ;  et  ces 


t  CirolDi,  f  m  kil.  noTtmbrls  legalpn  Hahomal  ngii  SirriMiioram,  com 
nignlj  «t  miiUii  mnngribiu  >c  lilterli  de  pica  el  tedrre  imlciU  loqneutibn» 
Mlamnl  more  lucepit ,  qaem  cnm  honore  et  dabllo  ulwiaDta  u  snbsidlo 
Dsceuario  In  SIlTaoeclU  ciiiule,  opporlnciini  iBmpnf  que  r«iu>Ui  bonoriGei 
•d  regcH  imn  poiiei,  ppetlri  dUptuuii  (AnuL  Bertlo.,  id  ud.  ses). 


>;,l,ZDdbyC00g[e 


CHAPITRE  TREIZnoa.  |9 

mussagerB  en  raTinrenl,  lear  miSBion  accomplie,  amennut  des 
chameans  chargés  de  lilières,  de  tentes  de  guerre,  d'<?loffes 
de  dirers  genres  et  de  parfnms,  qoi  furent  miB  aux  pieds  dn 
pctit-£l8  de  Charlemagne  à  Compiègne,  comme  témoignage 
des  bonnes  et  lo;^ aies  dispositions  de  Mohammed  '. 

Pendant  ce  temps  Haftoon  mettait  à  profit  le  loisir  qn'on 
loi  laissait.  Il  s'attachait  les  populations  belliqueuses  âa  cen- 
tre de  la  chaîne  des  Pyrénées,  et  troaTait  des  auxiliaires 
jnsqae  de  ce  côté-d  de  ces  montagnes,  chez  les  libres  peu- 
plades des  Quatre-Vallées,  confînant  an  Sigorre.  Mohammed 
conçat  alors  des  craintes  séiienses  des  progrès  dn  rebelle,  et 
sentit  combien  il  était  devenu  nécessaire  de  les  arrêter.  Il  fit 
on  appel  aux  Syriens  et  ani  Arabes  d'Andalonsie,  et  se  ren- 
dit, à  latûle  d'une  armée  déjà  considérable,  à  Tolède,  où  il  la 
grossit  encore  ■,  en  même  temps  tous  les  hommes  de  guerre 
de  Valence  et  de  Marcie  eurent  ordre  de  s'aBSEmhler,  et  se 
mirent  en  marche  vers  l'Èbre  bous  la  conduite  de  Zéïd  beii 
Khasem,  petit-fîls  de  l'émir.  Leur  réunion  devait  s'opérer 
sar  les  bords  de  l'Èbre,  et,  une  fois  opérée,  ces  forces  de- 
vaient marcher  de  concert  à  la  recherche  d'Hafsonn,  et  lui 
reprendre  on  à  nn  tous  les  châteaux  dont  il  s'était  emparé 
de  l'autre  cdté  du  fleuve. 

Incertain  de  pouvoir  repousser  des  forces  si  considérables, 
Hafooun  eut  alors  recours  à  la  ruse;  il  fit  par  lettres  sa  sou- 
niissioa  à  l'émir,  prenant  la  terre  et  les  cieux  h  témoin  que 
tout  ce  qu'il  avait  fait  n'était  qu'artifice  pour  confondre  plus 
sûrement  les  ennemis  de  l'islam  eu  tournant  contre  eux  ses 
armes  à  l'improviste;  que  rien  n'était  perdu;  que,  si  l'émir 

I  Carolof tntnt  CompcDdium  ciict  kal.  jnlii  mliinni  Alibomel,  regia  Sar- 

racBDorain,  qnl  ■nie  hyemeni  ad  n  TeDcroI,  muDErtlam  ïum  pluiimii  el  mtxlmia 
donli  persuoi  miHostdeuiiidemrcgeinuiù  bODOrIflcâ  Temillll  (Aiuiil.  Bgrilii., 
),  t.).  —  Carolna  miaii»  ium,  quo*  prccadepll  inuD  Cordabam  >d  HahoniBi 
dlreietit  cum  niDllii  donii,  cenelii  TldeliMl  IccU  at  paTilIoDei  gniiBlIbui, 
ciimdlf«nlB«iierlipiiiDfsclmallliod«niiicali*  In  CompcDdl»  retlplt  (And. 
Bincniirl  Btmeuti,  ad  ma,  ses). 


>;,l,ZDdbyG00gle 


20 

Tonlait  loi  prêter  le  aecoon  des  tronpes  de  Valence  et  de 
Mnrcie  qui  marchûent  contre  loi,  H&boiui,  il  sarprecdrait 
lei  chrétiens  dans  leurs  poMesàons  aa  sud  de  la  Sègre,  et  j 
anéantirait  leor  puissance  ;  protestant  d'aillenrs  qn'il  n'avait 
jamais  cessé  d'Atre  un  bon  et  nneère  Hasulman.  Il  fit  de  si 
belles  promesses  enfin,  et  d'un»  grand  air  de  bonne  foi,  qne 
l'émir  cnit  toat,  et  promit  à  Hafsoun  de  loi  donner  le  goa- 
Tcmement  d'Huesca  et  même  celai  de  Saragosse,  dès  qn'il 
aurait  réoni  sons  t'antorité  de  Cordoae  les  pays  qn'il  se  van- 
tait de  pouvoir  j  ramener  d'nn  senl  coup,  s'engageant  de 
son  cdté  à  l'aider  de  ses  forces  dans  cette  entreprise.  Aussitôt 
Mohammed  fit  prendre  à  stm  armée  la  route  de  la  Galice  pour 
se  réunir  à  celte  qui,  sons  les  ordres  d'.El  Houdhir,  7  com- 
battait contre  les  chrétiens,  et  il  chai^ea  Zâd  ben  Khasem 
de  l'eipédîtion  projetée  de  concert  avec  Ha^nn  ;  lai-m6mu 
reprit  le  chemin  de  Cordoue. 

Les  troupes  que  conunandait  le  petit-fils  de  Mohammed, 
Zâd  heu  Khasem,  fireul  peu  après  rencontre  de  celles  d'Haf- 
soun  dans  les  champs  d'Alcaniz,  entre  le  Guadalope  et  le 
Martine.  Elles  campèrent  sans  crainte  près  de  celles-ci,  les 
regardant  comme  des  alliées,  et  ZéJd  ben  Khasem  fat  traité 
avec  beaucoup  de  conûdération  et  de  marques  d'amitié  par 
Hafsoun  et  les  siens;  mais,  dans  la  nuit,  pendant  que  les 
soldats  de  l'armée  de  Valence  et  de  Mnrcie  (Syriens  et  Égyp- 
tiens) étaient  à  reposer  sans  d^ance,  ceux  d'Hafsonn  et  d' Abd 
el  Melek  tombèrent  sur  eux,  et  es  avaient  déjà  massacré  le 
plus  grand  nombre  avant  qu'ils  eussent  pu  se  mettre  en  dé- 
fense :  peu  échappèrent  à  ce  carnage.  Parmi  ceux  qui  sac- 
combèrent  des  premiers  fat  le  jenne  wah  Zâd  ben  Khasem, 
qui  périt  en  combattant  vaillamment  avant  d'avoir  accompli 
sa  dix-huitième  année  (252-866)  '. 

Lorsque  l'émir  apprit  cette  nonvdle  à  Cordouç,  il  fat  tnii». 

I  Gondc,  r.  m. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAPITBE  TBTTTrèwW-  21 

porté  de  fureoT,  et  il  appela  sor-le-champ  tons  ses  «hefo 
nûlitains  à  une  guerre  à  mort  contre  le  rebelle  Hafuon. 
El  Mondhir  (at  lai-même  rappelé  des  frontières  de  Galice 
poor  mener  h  fin  cette  gaerre  de  yengeonce.  Il  parcourait 
l'Ala^a  arec  son  armée,  lorsqu'il  reçut  les  dépêches  de  boq 
père.  Il  en  fit  aussitôt  donner  lecture  à  tonte  son  armée,  qui 
partagea  la  colère  qu'elles  respiraient  et  demanda  à  marcher 
incoutineiit  contre  le  rebelle  coupable  d'une  si  noire  perfidie. 
Les  pins  Taillans  d'entre  les  Syriens  et  les  Arabes  d'Anda- 
lonùe  composaient  l'armée  d'El  Hondhir.  Il  les  mena,  tout 
bouiUans  encore  de  colère,  contre  les  rebelles,  rassemblés 
et  tenant  alors  leurs  quartiers  dans  les  vallons  et  an  miUeu 
des  rochers  de  Roathàh-el-Yehoud,  ce  nid  du  perfide  Omar 
bcn  Hafsoun,  comme  l'appellent  les  chroniques  arabes.  Là, 
on  en  lint  aux  mains  ayec  acharnement.  Les  comp^^es 
d'Hafsoun,  Gommoadées  par  ce  chef  et  par  l'intrépide  Abd 
e]  Helek,  sontinrent  vigoureusement  l'attaque  des  soldats 
d'El  Kondhir;  mais,  malgré  l'avantage  des  lieux,  la  victoire 
resta  aux  Musulmans  Tâédis.  Abd  el  Melek  a' échappa, blessé, 
avec  cent  vûllans  compagnons,  et  se  renferma  dans  le  fort 
de  Bouthàh-el-Yebond  ;  mais,  le  lendemain,  El  Mondhir  fit 
investir  la  forteresse  de  tons  cdtés,  et  telles  étnent  l'ardeur  et 
la  soif  de  vengeance  dont  ses  tronpea  étaient  aotanées,  qu'elles 
forcèrent  les  tours  de  ce  lieu,  r^uté  jusque  là  inacces^Ie, 
et  7  pénétrèrent  de  toutes  parts.  Panni  les  braves  qui  les  dé- 
fendirent jusqu'à  la  mort,  la  dironique  arabe  nomme  Abd 
el  Mel^,  qui  tomba  couvert  de  blessures  :  El  Hondhir  fit 
trancher  la  tète  à  son  cadavre.  D'antres  se  précipitèrent  du 
haut  des  rochers  pour  échapper  à  l'épée  des  vengeurs  de  Zéïd 
ben  Khasem,  etmime  'ûm  s'appdaient  eux-mêmes.  Le  jeune 
émir  enT07a  la  tète  du  malhenreux  Abd  el  Melek  à  son  père, 
comme  le  plus  beau  trophée  de  sa  victoire  ;  et  la  prise  de 
Routb&b-^-Yehoad  entraîna  bientdt  la  soumission  de  Lérida, 
d'Aînsa,  de  fraga,  de  Baltania  et  de  plusleors  antres  forle- 


■  C,.;,l,ZDdbyG00gle 


?2  BisTOmB  d'esfagne. 

resscs.  HaCsoun  n'osa  prolonger  cette  lutte  inégale;  il  se  réfugia 
dans  UQ  des  plus  inaccessibles  escarpemens  des  Pyrénées, 
dans  les  montagnes  d'Ârbe,  après  avoir  distribné  ses  trésors 
à  SCS  amis,  et  leur  avoir  promis  de  reveuii*  parmi  eux  dès 
gu'il  en  jugerait  le  moment  veau  ^.  Ainsi  fut  réduite  la  pre- 
mière révolte  d'Hafsouu.  On  peut  ju^er  de  l'importanoe  qu'y 
attachaient  les  Arabes  Yémiénites  et  les  Syriens  par  les  réjouis- 
sances avec  lesquelles  on  célébra  à  Cordoae  la  défaite  du  ban- 
dit. £1  Mondbir  y  fut  reçu  avec  des  acclamations  de  triom- 
phe ;  l'émir  distribua  des  armes,  des  vétemens  et  des  cbevaux 
à  un  grand  nombre  de  jeunes  Ândalonùeus  i^ui  avaient  fait 
leurs  premières  armes  en  cette  occasioa,  et  ce  jour,  nous 
dit-OQ,  fut  pour  toute  la  population  ou  jour  d'allégresse  et 
de  fëte^.  On  ne  célébrait  point  ainsi  les  victoires  ordinaires. 
L'année  même  où  Mohammed  remportait  ce  brillant  avan- 
tage snr  Hafsoun  (866  ),  mourait  à  Oviédo  le  roi  Ordonius, 
apr^  nu  règne  d'nu  peu  plus  de  seize  ans.  Ce  roi  avait  mé- 
rité les  éloges  qu'en  font  les  deux  chroniques  contemporai- 
nes^.  Il  avait,  en  effet,  étendu  l'empire  des  chrétiens  en  Es- 
pagne; il  avait  fait  bâtir  de  nombreuses  forteresses  au  sud 
des  monti^ea  qui  servaient  d'euoeinte  au  royaume  de  ses 
prédécesseurs.  Le  premier  il  avait  remis  en  état  quelques- 
unes  des  villes  romaines  qa'Alfoose  l"  avait  détruites  et  dé- 
mantelées près  d'un  siècle  avant  lui,  et  (pu  les  Arabes  avaient 
renoncé  à  conserver,  soit  parce  qu'elles,  étaient  trop  expo- 
sées aox  cours»  de  l'ennemi,  soit  qu'ils  en  bronvasseut  le 


■  Cuud«,  c.  U2. 

1  lbid.,1.  c. 

1  Kininiiro  dcfanelo  Ordnnlai  Ollu*  ejni  «nccMiIl  la  rtgauia,  micnn  poteo- 
Um  ilquc  inodraUa  Tnlt,  —  GTlUtH  dMartu,  et  i|ulbu  AdeTanwi  ini)at  Cl»!' 
di!osi:iecerat,iilerepa^laTil,i<lcsl,  ludcm,  Asloncam,  Lseioio»  cl  Amajim 
pllrkiam  (Sebatt.  Salm.,  Chr.,  nom.  Wl).  —  Uta  clirisUonorum  regnum  cum  Del 
jOTUnliie  tnipUiTll.  Lrgioneoi,  AHailcua,  ilmol  e*m  laAe  at  Amaefa  {repnlt- 
lil;  mnlUque  cl  «lia  cuira  muDiTil(Ctar.  AlboUL,  Bon-  6Û).— AdTertoï  Cbll- 
iaun  aspiuimi  pralintui  est,  cl  triumphavil  in  primordto  rt^a\  Bui(ScbasL 
Chr.,  D.  SK).  —  Saper  StmceoM  tUlor  t«plw  «xUlIt  ( Clir.  Albria., d.  60 }. 


3,q,l,ZDdbvG00gIe 


CHAPTT&S  THBIZIÈUE.  23 

séjour,  trop  aa  nord,  iDcommode  et  triste.  Saccédant  à  deox 
rois  qui  avaient  relevé  et  assis  sur  des  bases  solides  raventa- 
reux  établissement  de  Félage  et  d'Alfonse-le-CatiioligDe ,  il  fut 
leur  digue  continuatcar.  Fendant  son  long  règne  Alfonse-le- 
Cbaste  avait  redonné  quelque  vie  aux  élémens  de  civilisation 
recueillis  dans  les  Asturies,  à  la  hâte  et  comme  an  hasard, 
après  la  conquête.  Sans  parler  du  culte,  qui  avait  été  l'objet 
principal  et  conune  la  dernière  fin  de  son  administration,  les 
lettres  latines,  l'étude  des  pères  de  l'église  hispano-gothique, 
cdUe  du  droit  selonlecodedesWisigothSjavaient  été  remises 
en  honneur  :  c'était  conserver  ou  du  moins  empêcher  de  se 
dissoudre  et  de  se  disperser  les  r^tes  de  l'ancienne  politi- 
que et  de  l'ancienne  culture  échappés  au  grand  orage  qui 
avait  frappé  et  détruit  l'œuvre  sociale  des  Wisigoths  dans  la 
Péninsule.  Après  lui,  Bamire,  d'humeur  belliqueuse  et  par 
quelques  c6tés  féroce,avait  excité  et  satisfait  par  ses  guerres 
continuelles  l'ardeur  militaire  des  Asturicns  et  des  Galiciens. 
Ordogoe  avait  participé  du  caractère  de  l'un  et  de  l'autre  de 
ses  prédécesseurs,  et  gouverné  avec  sagesse  le  royaume  qu'il 
avait  défendu  avec  vigueur.  II  le  laissa,  à  sa  mort,  agrandi 
d'un  tiers,  et  sinon  plus  ooi  au  dedans,  du  moins  plus  re- 
douté et  plus  respecté  au  dehors. 

JuBque>-Ià  cepeodaut  le  royaume  des  Asturies  n'avait  pas 
exercé  en  Espagne  une  înfloeoce  égale  à  celle  de  l'émirat 
de  Cordoue^  mais,  à  la  mort  d'Ordogne,  son  fils  Alfonse 
monta  sur  le  tr6ne  d'Oviédo,  et,  sous  ce  roi,  qui  régna  qua- 
rante-cinq ans,  la  puissance  chrétienne  fit  les  pins  rapides 
progrès,  et  balança  bientôt  la  puissance  musulmaoe  dans  la 
Péninsule. 

Alfonse  n'ébût  âgé  que  de  dix-huit  ans  lorsqu'un  parti 
nombreux,  composé  des  oncieus  serviteurs  de  son  père,  le 
porta  à  la  royauté,  et  il  en  reçut  tons  les  attributs  selon  la 
coutume  gothique,  à  Oviédo,  le  6  mai  866.  Hais  il  était  à 
peine  nommé  roi  qu'un  compétiteur  s'éleva  contre  lui  pour 


>;,l,ZDdbyG00gle 


24  msiKHRE  d'espagsb. 

lui  diSpater  la  coaronne.  Les  foDCtioiu  de  comte  de  Galice 
étaient  alon  des  pins  considérables  de  l'état  en  raison  de 
l'importance  de  cette  province,  pleine  d'nne  population  bel- 
liqaense  et  ënei^qoe.  Mes  mettaient  cetu  qui  les  exerçaient, 
poor  pea  qu'ils  se  fassent  concilié  les  esprits,  sar  la  même 
ligine  à  pea  près  qœ  le  roi  d'Oviédo,  bien  qu'ils  en  fussent 
nominalement  dépoadans.  Un  certain  Fraela,  qui  en  était 
revêtu  à  la  mort  d'Ordogne,  de  famille  royale,  c'esl-à-dire 
d'une  des  principales  familles  de  l'état,  d'une  de  celles  chez 
lesquelles  se  choisissaient  les  rois,  crut  sons  doute  avoir  plus 
de  droits  à  la  royaute  que  le  jeune  et  imberbe  fils  du  roi 
mort.  Il  fit  valoir  ses  dnBts,  soutenu  des  magnats  de  Galice 
eu  opposition  avec  ceux  des  Astnries;  il  marcha  à  la  tète 
d'une  armée  sur  Oviédo,  où  les  magnats  astnriens  n'osèrent 
soutenir  ouvertement  le  roi  qu'ils  avaient  fait,  s'empara  de 
la  ville  et  du  palais,  et  s'y  installa,  pédant  que  son  jeune 
compétiteur  cberdiait  son  salut  dans  un  des  nombreux  châ- 
teaux que  son  père  avait  fait  bâtir  à  l'est  et  an  sud  des  mon- 
tagnes de  Pelage.  On  ignore  ce  qni  se  passa  à  Oviédo  pen- 
dant la  royauté  de  Fmela  ;  on  sait  seulement  qu'elle  fat  fort 
courte.  Les  électears  palatins  d'Alfonse,  qni  n'avaient  aban- 
donné qu'en  apparence  leor  élu,  se  conjurèrent  bientôt  et  ne 
laissèrent  point  régner  son  rival;  ils  le  tuèrent  un  jour  dans 
le  palais  ;  on  ne  nous  dit  pas  antre  chose  de  oe  meurtre.  Al- 
fonse,  rappelé,  revint  prendre  possession  de  la  royaote  avant 
d'avoir  atteint  sa  dix-nenvième  année  '. 

Ce  ne  fat  pas  la  seule  épreuve  réservée  au  commencement 
du  règne  d'Alfonse.  Quelques  historiens  placent  vers  S67 
une  insnrrection  basque  bientôt  suivie  d'une  seconde  :  d'a- 
près le  récit  de  ces  historiens,  dans  la  première  Alfonse  rem- 
porta on  fiùble  avantage  et  fit  prisonnier  le  cbef  des  Tascons 

*  El  Miii  pul  RDlto  temporc,  [p«e  Froilue  tiruno  cl  InliailD  xegt  i  Qde- 
Ubu  BMliH  priaeipii  OtbU  inierfcçto,  Idem  gloTluo*  pqii  n  CaiUlU  teT«n!- 
lor.....  (Cbr.  AllMld.]> 


i.vGoogIc 


25 

on  Biskaïeiu,  qn'il  fit  enfeFiner  dans  an  cachot  à  Oviêàa'. 
Privés  delenr  chef,  les  Vasques  cessèrent  d'alwrd  tonte  résis- 
tance, et  le  roi  d'Oviédo  cmt  avoir  soamis  la  Vasconie.  Mais 
h  peioe  avait-il  qnitté  le  territoire  des  trois  républiques  (c'est 
ainsi  qae  les  Basques  désignent  les  Yascongades  confédérées*) 
que  les  Biskaïens  élurent  on  nooreau  jaon,  celui  qoe  les 
montagnards  désignent  encore  sons  le  nom  de  Jaon-Zouri^, 
le  Seigaeur-Blanc,  sans  qo'on  sache  pourquoi  il  avait  reça 
ce  snmom,  et  prodamèrent  de  nooveau  leur  indépeadance 
ions  le  chéue  de  Gnemika.  Alfonse  irrité  envoya  de  oonveaa 
une  armée  ponr  fttire  la  conquête  de  la  BiAaie.  Cette  armée 
mardiait  sons  les  ordres  d'Odoaire  ;  elle  rencontra  les  Tas- 
GonB,ajontc  la  tradition,  dans  un  lien  qui  alors  s'appelait  Fa- 
dura,  à  peu  de  distance  de  Bïlhao.  La  bataille  qui  s'y  donna 
fut  terrible  :  les  Yascons  remportèrent  une  victoire  complète, 
avec  l'aide  de  leur  àlUé,  ganctius  Estiguiz  Ortuoins,  seigneur 
de  Saran^,  qui  trouva  la  mort  dans  la  bataille.  Odoaire, 
ajonte-t-on,  resta  enveloppé  dans  le  massacre  de  ses  troupes^ 
et  les  misérables  débris  de  l'armée  royale  se  virent  poursni* 
vis  jusqu'aux  portes  d'Oviédo.  C'est  de  cette  bataille,  dtmt 
ne  parlent  point  encore  sans  enthousiasme  les  Biskaïens,  que 
reçnt  son  nom  d'Arrigorriaga  la  plaine  aride  et  rocailleuse 
où  elle  eut  Iieo,àcause  du  sang  asturien  dont  elle  fotroagie. 
Arrigornaga  signifie  en  lai^e  basque  le  diamp  des  pierres 
rouges.  Les  petits  eofans  de  la  montagne  chanteat  encore 
après  neuf  siècles,  dit-on,  l'hérolde  qu'inspira  cette  victoire 
au  bardes  euskariens.  Le  Jaos-Zoorï  ne  fit  rien  depuis  sans 
consulter  l'assemblée  de  la  nati<«i,  et  ■  c'est  de  cet  infant 


■  BjlonMa  TwA,  qui  concf  lUorum  TtdatwUir,  («no  liBcian  Mcam  OvMo 
\       >\tn.tll(f^t.  Simpirl,  p.  338 J. 

,  >  A1aT«,  Galpuiuia,  Biikaic.  —  Tooi  ceci  tU  écrit  DniqnrineDl  d'ipHi  IM 

I       tudiUsoi  buquM,  DODi  dsToiu  CD  iTcrlir,  b(  non  nr  Ici  dsonùci  cl  Ibi  doci)- 

aco*  de  CUttoIre  poilliTc,  «utqaali  wnli  noa*  *|«iil«u  fol  poar  noire  pirl. 

>  Lm  bpiKDol»  rtppallaai  Caria. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


26  taSTOIBB  D'BSPAfiKB. 

don  Caria,  mgaear  de  Yiscaye  (c'est  ainsi  qae  Garibay  ap- 
peQe  le  Jaon-Zouri  des  montagnards),  qne  l'on  tient  conimn- 
nànent  pour  premier  seigneur  de  Biscaye,  ne  faisant  ancun 
compte  de  ses  prédécessenr»,  gn'on  dit  qne  sont  degcendos 
les  grands  et  illustras  cheràliers  de  l'éclatant  lignage  de  Haro 
qui)  pendant  tant  d'années  et  aveo  tant  d'autorité  et  de  re- 
nommée, f osent  «àgneur»  de  Biscaye".  »  Depuis  ce  moment 
les  Vasccms,  à  ce.  qu'ils  disent  eux-mêmes,  jouirent  de  leurs 
Foeros  et  forent  gouvernés  par  jies  seigneurs  particuliers, 
jusqu'à  ce  qne,  >  régnant  en  CastiUe  et  Léon,  pour  parler 
CBCore  comme  Garibay,  don  Enriqne,  deuxième  de  ce  nom, 
le  Seflorio  de  Biscaye  ait  été  donné  à  son  fils  Jean,  lequel 
geâorio  est  tonjoun  demeuré  incorporé  depuis  à  la  couronne 
deCastille».  . 

Venons-eamaintenant  à  l'histoire  positive,  à  celle  qui  s'ap- 
puie sur  les  textes,  sur  les  monumens ,  et  non  snr  la  tradi- 
tion toujours  suspecte.  Alfonse  III,  à  ne  consulter  que  ce 
genre  de  preuves,  eut  deux  fois  à  combattre  les  Voscons  sou- 
levés contre  lui  après  qu'il  eut  repris  la  royauté  à  Oviédo. 
Il  fit  contre  eux  sans  doute  ses  premières  armes  avec  des  suc  - 
oës  variés.  Il  les  oontraiguit  et  les  humilia,  dit  la  chronique 
contemporaine  j  elle  eût  été  plus  explicite  si  le  roi  asturien 
les  eût  sérteusemeut  subjugués.  L'histoire  positive  n'infirme 
donc  pas  de  tout  point  ce  que  rapporte  la  tradition  sur  la 
bataille  .d'Anigorriaga,  et  notis  ne  la  qualifions  pas  de  fa- 
buleuse ;  seulement  on  manque  de  preuves  hi&toriqnes  pour 
l'affîrmer  ;  nous  n'avons  pas  mm  plus  la  date  précise  de  oes 
deux  révoltes  des  Vascons ,  bien  que  tout  porte  &  croire 
qu'elles  eurent  lieu  dans  les  deux  premières  années  du  rè- 
gne d' Alfonse. 

Ainri  c8  roi,  qui  devait  se  sigualer  sortont  par  ses  campa- 


:,.;,l,ZDdbyC00gIe 


CHAPITHB  TREIZIÈHE.  37 

gnes  contre  les  Arabes,  ût  l'apprentissage  de  la  gaerre  et  & 
MB  âépeitl  peut-être  contre  les  chrétiens.  Ce  ne  fat  que  dans 
la  troisième  année  de  son  règne  qa'il  eot  occasion  de  se  me- 
Borer  pour  la  première  fois  avec  les  Uiuolmang.  On  était  &l 
868.  hiibreê  de  toute  gaerre  civile  depuis  866 ,  la  plnpart 
d'entre  ceux-ci  conùdéraJent  ce  repos  comme  coapable.  La 
gaerre,  par  où  il  devait  périr,  était  la  loi,  I9  nriceasité  de 
ce  peuple.  Mohammed,  qni  avait  quelque  goût,  à  ce  qu'il 
semble,  ponr  les  arts  de  la  paix  et  ponr  les  plaisiFSf  tont  zélé 
Mnuilman  qn'il  était,  eût  préféré  le  séjonr,  de  Cordone  à  la 
guerre  sainte,  n'eùt-ce  été  que  ponr  s'y  mienx  préparer.  Mus 
l'esprit  guerrier  dn  prophète  semblait  avoir  soufflé  sur  la  na^ 
lùm.  On  prodamait  les  maximes  dn  Koran  sur  la  guerre  dans 
toutes  les  chaires  des  mosquées.  On  sait  qn'eUes  respirent 
VenâiouMaame  le  pins  exalté:  «  Grands  et  petits,  marchez  à 
la  goetre  stùnte,  dii  le  prophète,  et  consacrez  vos  jours  et 
vos  richesses  i  la  défense  de  la  foi.  Il  n'est  point  pour  vous 
de  sort  plus  glorieux  '.  ■  —  >  Celai  dont  les  pieds  se  cou- 
vrent de  poussière  ponr  la  cause  de  Dieu,  dit-il  antre  port, 
Dieu  le  préservera  du  feu  de  l'enfer.  >  —  La  mort  ret^e  en 
combattant  les  infidèles  était  pour  eux  l'écheUe  dn  paradis^ 
On  lit  dans  le  saint  livre  :  —  ■  I4e  dis  pas  qne  qeox  qui  ont  été 
tués  pour  la  cause  de  Dieu  sont  morts  j  ils  sont  vivans  et  re- 
çoivent leur  Bourriture  des  mains  du  Toat-Poissant'.  x  Et 
ailleurs  encore  :  —  ■  Inhumez  les  martyrs  comme  ils  sont 
morts,  avec  leur  habit,  leurs  bleesures  et  leur  suig.  No  Ks 
lavez  pas  ;  cor  leurs  blessures,  an  jour  du  jugement,  aoront 
l'odeur  dn  musc  \  -  Mohammed ,  cmtre  son  gré  peut-être, 
céda  à  œt  eatridoement.  Il  ordonna  une  expédition  contre 
la  Galice.  Jusqu'ici  nous  n'avons  vu  la  marine  musolmane 
aux  prises  qu'avec  les  lies  OB  ^  pajs  rivecoin»  de  la  Hédi- 


>;,l,ZDdbyG00gle 


38  HOTtHBX  D'ESPAGin. 

temnée.  Mohammed  soogea  le  premier  à  l'employer  contre 
les  chrétieus  da  nord  de  la  presqu'île.  Il  fit  rassembler  nue 
flotte,  et  l'enToya  vers  lea  côtes  de  la  Galice.  La  flotte  partit 
avec  un  bon  vent  et  arriva  en  pen  de  temps  à  sa  destinatiDn; 
mais,  sur  le  point  d'aborder  vers  l'embonchare  dn  UMo, 
rite  essaya  one  tempête  qui  dispersa  ses  vaisseanx  :  qoel- 
quefr4in8  allèient  se  perdre  dans  la  haute  mer,  la  plupart 
forent  jetés  à  la  cUe  et  s'y  brisèrent.  À  peine  no  petit  nom- 
bre de  ceux  <pii  les  montaient  parvint  &  se  sauver,  et  de  ce 
■ombre,  fat  l'amiral  Abd  el  Hamid  ben  Ganim ,  qui  s'en  re- 
tonnta  par  terre  à  Cordone,  non  sans  péril  de  tomber  entre 
les  maias  des  chrétiens.. 

Informé  de  cette  entrepriBe,  le  roi  d'Oviédo  prit  h  son  tour 
l'offensive.  Il  passa  le  Duero  et  occupa  Salamanqae,  par- 
courut la  terre  de  Lnsîtanie,  qu'il  ravagea,  et  asrîégea  même 
la  ville  de  Coria ,  djDut  son  père  s'était  déjà  une  fois  emparé, 
i  quelques  fieues  à  peine  des  bords  du  Tage  '.  Le  désastre 
de  la  flotte  et  ces  succès  des  chrétiens  furent  regardés  à  Cor- 
doue,  par  les  plus  vertoeoi  et  les  plus  rigides,  coouae  des  chfl- 
timens  dn  «tel  pour  le  manque  de  zèle  et  de  fervear  dans  les 
pratiques  religienses ,  et  pour  la  condoite  des  Musulmans  qoi 
s'occnpaient  de  frivolités  et  de  plaisirs  plutôt  que  de  la  pro- 
pagation de  l'islamiane.  D'antres  disaient  que,  dans  le  service 
deDieUjOnnedevaîtpoint  chercher  les  voies  les  plnsconr^ 
tes  afin  d'évitor  les  fatigues,  et  qoe  c'ét^t  pour  cela  qae 
Dieu  n'avait  point  voulu  rendre  hearense  cette  eipédition 


Alfonse  cependant  ne  put  ni  oonserver  Salamanqne  ni 
prendre  Coria.  Sur  le  bmit  de  ses  attaques ,  les  vrali»  de  la 
frontière  réunirent  leurs  hommes  de  guerre  et  dâivrèrenl 
d'abord  ces  deux  villes,  pois  cherch^«nt  à  prendre  leur 


:,.;,l,ZDdbyG00gle 


cHAivrbË  TREtm&itË.  29 

revanche  sur  Iw  terres  du  roi;  mais  il  semble  qo'ils  «'7  laiA- 
sèreot  entraîner  trop  a'vant.  —  Ils  y  firent  beaaconp  de  in- 
tin  et  de  captifs ,  dit  ta  chroniqae  arabe  ;  mais ,  en  se  reti- 
raot  avec  ces  captifs  et  ce  batin,  ctonposé  en  grande  partie 
de  tr»Dpeaia  qn'ils  faisaient  paître  avec  beaaconp  de  séca- 
nte et  de  négligence,  ils  tarent  attaqaés  à  l'imtNTOviste  dans 
d'étroits  défilés  où  la  cavalerie  ne  pouvait  manœuvrer ,  et 
entièiement  cnlbnt^  et  battus'.  Ces  nouvelles  trooblèreat 
la  joie  des  Mosnlmans  d'Andaloosie  et  consterbèrent  les  dé- 
fenseurs des  frontières,  la  chronique  arabe  en  fait  l'aven. 
Ainsi  Alfonse  se  retira  dans  sa  capitale  avec  tous  In  hon- 
neurs de  la  goerre ,  probablanent  avec  on  riche  butin  et 
certainement  avec  bon  nombre  de  prisonniers.  Ce  dernier 
genre  de  richesses  n'était  pas  alors  h  dédaigner,  et,  outre 
qae  c'était  marchandise  qui  pouvait  se  vendre  sur  les  diver» 
marchés  de  l'Europe ,  on  matière  k  rançon ,  le  roi  en  pon- 
▼ait  doter  les  églises  et  les  couvens  qui  s'élevaient  de  tontes 
parts  en  même  temps  que  les  forteresses  ;  on  employait 
aussi  utilement  les  captifs  à  la  culture  et  an  défrichement 
des  terres.  Les  compagnons  du  roi  en  avaient  chacun  leor 
part,  qu'ils  «mployaient  aux  mêmes  travaux,  ou  vendaient 
à  leor  profit.  C'était  la  loi  da  temps;  et  pendant  phuieurs 
siècles  encore  Hosulmans  et  chrétiens  useront  ainsi  de  leurs 
prisonniers  '. 

Dans  le  même  temps  (S68)  les  Musnlamns  faisaient  one 
Tiùne  tentative  contro  la  Navarre  et  Pampelane,  la  princi- 
pale ville  de  la  contrée.  Les  uralis  de  cette  frontière,  que 
les  Arabes  qualifient  toujoors  de  frontière  des  Pranks,  à. 


I  Coade,  ubi  iDpri. 

I  KDcore  1  la  fln  du  treUJémt  liècleian  évfqae  deCoimbrein  Putng»!, 
ATlBcri  d'Ebrird,  né  da  ce  edlè-cl  dn  Tjriaiu,  foodant  »  Qngrcy,  m  Hao  Mt 
EtpanliBC  eu  Sipanfaitc,  an  mODUlfra  de  fille*,  le  dou  pour  cent  relfeleaiei,  et 
InirdDBiu,poDTlnTilllerleiir9  umm  etponrleieMitedeleiir  mtiwB,  mbcm- 
Uln  nombre  de  Krfi  HrrMlni  [  «ctti  Hrracenl  ).  L'itle  de  fvndaUM  «il  d* 
l'an  isns. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


30  ttlSTOIBE  D  ESPAGKE. 

came  de  son  TOirinage  et  de  ses  rapports  avec  la  Gaule 
fraDke,Ishak  ben  Ibrahim  el  Okaïli  et  Zéi'd  ben  Roustam, 
eatreprirent  sans  froit  le  siège  de  Pampelune.  Ils  s'étaient 
empara  de  qaelqaes  tonrs  des  jharailles  et  serraient  la  ville 
de  fort  près,  nous  dit-on,  quand  l'amTée  de  beaucoup  de 
troupes  d'EIfrank  forçji  ces  généraux  à  lever  le  camp  et  à 
le  retirer  vers  l'Ébre'.  Garsea,fils  du  geodre  de  Moosa, 
commandait  probablefoent  la  place ,  et  les  prompts  secours 
qu'il  reçut  du  versant  septentrional  des  Pyrénées  prouvent 
à  quel  point  s'étaient  déjà  confédérées  et  unies  les  popula- 
tions de  ces  montagnes  qui  devaient  bientôt  former  un 
royaume  moitié  gaulois  et  moitié  ibérien,  également  indépen- 
dant de  ses  voisins  de  la  Gaule  et  de  ses  voisins  de  l'Ibérie. 
Cette  eipédition  avait  fort  probablement  pour  objet  de 
punir  Garsea  et  ses  NavarrEùs  des  secours  qu'ils  avaient  pré- 
tés  et  prêtaient  encore  aux  chefs  musulmans  de  l'Espagne 
orientale,  qni  méconnaissaient  l'autorité  de  Cordoue,  et  que 
l'on  s'apprêtait  à  faire  rentrer  sous  cette  autorite.  Wons 
voyons  en  effet  qu'au  commencement  de  l'^née  suivante 
(869),  M«>hammed  fit  rassembler  les  troupes  d'Andalousie 
et  de  Mérida  et  envoya  son  fils  El  Mondhir  contre  Saragosse, 
que  maintenait  séparée  de  Cordoue  le  wali  qui  la  comman- 
dait*. Ce  vali  est  nommé  Monsa  par  les  chroniques  mu- 
sulmanes, et  â  ce  n'était  le  vieil  antagoniste  de  Slohammed 
lui-môme ,  c'était  assurément  un  de  ses  fils.  On  a  donc  tout 
lieu  de  croire  que,  malgré  la  prise  de  Tolède  en  859,  Sara- 
gosse était  toujours  demeurée  aux  Housa.  Kl  Mondhir  arriva 
devant  Saragosse  dont  le  wali  fit  fermer  les  portes  :  il  s'ar- 
rCta  vingt- cinq  jours  devant  la  place,  et,  pour  ne  point 
perdre  de  temps,  passa  à  la  frontière  d'Elfirank,  c'est-à-dire 
m  Navarre,  coorat  et  ravagea  la  terre  d' Alava,  prit  des  troa- 


>;,l,ZDdbyG00gle 


cbapithb  THHzriant.  à[ 

peaux,  puis  revint  ao  siège  de  Saragoase  ■.  HaUi  ses  luccès 
en  Navarre  et  dans  l'AIa^a,  qui  relerait  de  la  coaronne  des 
Astaiùs,  ne  dnrent  pas  être  fort  grands,  puisqu'on  n'en 
fait  pas  pins  de  brnit  que  cela  dans  les  cfaronîqnes  mneiil- 
nunes.  EL  Hondhir  demeura  dans  l'Espagne  orientale  jus- 
qu'en l'année  de  l'hégire  257  (870)  :  il  redoubla  de  vigueur 
BQ  aiége  de  Saragosse  ;  mais ,  pendant  le  siège ,  mourut  le 
naU  Housa,  non  sans  qu'on  soupçonnât  qu'il  avait  été  âran- 
glé  dans  son  lit;  la  ville  se  rendit  bientât  après  (870). 

Malgré  la  mort  tragique  de  Housa  et  la  réduction  de  Sa- 
ragosse, la  population  de  Tolède  se  souleva  en  cette  même 
année  pour  la  trentième  fois  peut-être  depuis  l'avènement 
des  Ommyades  en  Espagne,  et  choisit  pour  wali  le  fila  de 
ce  Lopia  ben  Honsa  qui  avait  été  éloigné  de  ce  gouvernement 
lors  de  la  prise  de  Tolède  en  859.  Abdallah  Mohammed  ben 
Lopia  était  nu  général  courageux  et  expérimenté  dans  les 
affaires  de  la  guerre ,  de  l'aveu  même  de  ses  ennemis.  IL 
avait  longtemps  séjourné  dans  les  Asturies  avec  son  père, 
et  les  chrétiens  favorisaient  aes  desseins  et  aa  râiellion''. 
Averti  du  monvemeut  et  de  l'émeute  des  Tolédans,  Moham- 
med fit  rassembler  les  troupes  d'Andalousie,  et  il  se  mit  en 
marche  Ini-méme  avec  la  cavalerie  de  sa  garde  pour  le  pi^s 
de  Tolède  :  les  habitans  étaient  disposés  h  résister  et  à  se  dé- 
fendre opiniâtrement;  mais  leur  chef  prudent  ne  voulut  pas 
aventurer  sa  sûreté  en  restant  dans  les  murs.  Sachant  quelle 
nombreuse  armée  accompagnait  l'émir,  il  prit  le  prétexte  de 
faire  une  reconnaissance  de  ses  forces  pour  sort'r  de  la  cité, 
et  il  envoya  pea  après  quelques  cavaliers  pour  conseiller  anx 
principaox  habiteus  de  faire  leur  sonmiseion  à  l'émir,  ce  que 
eeux-ci  ne  firent  pas  sans  beaucoup  de  répugnance.  On  rap- 
porte qae  le  mena  peuple  —  ■  la  populace  et  les  gens  gros- 


>;,l,ZDdbyG00gle 


ii  mSTOIRS  d'espaghi. 

àa»  ■  —  voDlamtt  mettre  en  pièces  les  eavoyés  d'Abdallah 
Sbfaaimned  ben  Lopia,  pour  le  eomeil  qu'ils  lear  donnaient 
de  se  roidre,  tant  ils  avaient  de  haine  et  devaient  avoir  de 
grieb  lé^times  contre  le  gouvernement  de  Cordone;  car 
les  peuples  ne  se  soalèTent  pas  sans  canse  avec  cette  per- 
nstance  et  cette  énergie.  On  parlementa  et  l'on  convint  de 
la  reddition  de  la  ville,  mais  l'on  n'7  reçut  l'émir  qu'à  la 
condition  qu'il  s'interdirait  tonte  recherche  dn  passé  (871)  '. 
—  On  trouve  un  passeqge  étrange  dans  la  chronique  musol- 
mane  dont  noos  avons  tiré  ce  rédt,  et  qui  est  en  même  temps 
tme  sorte  d' esquisse  des  assemblées  miUtaires  des  Hnsnl- 
nuns  :  —  •  Parmi  les  généraux  dn  si^,  dit  cette  chrom- 
ée, plnsiears  conseillaient  à  l'émir  de  faire  détruire  les 
murailles  et  tes  tours  de  la  cité  pour  ôter  désormais  aux  ha- 
bitans  l'occasion  et  les  moyens  de  révolte  que  ces  fortifica- 
^ons  leur  offraient;  mais  Dieo  ne  voolnt  pas  qu'nn  â  sage 
«onseil  fût  écouté.  (Le  chroniqueur  écrivait  sans  doute  ces 
lignes,  empreintes  d'un  si  amer  regret,  dans  le  douzième 
siède,  lorsque  Tolède  était  devenu  un  boulevard  contre  la 
puissance  de  l'islam.)  Khasem  Abou  Zéïd,  fils  de  l'émir  et 
-wali  de  Sidonia,  fnt  celoi  qui  insista  le  plus  sur  cet  avis. 
Hais  Hescham  Ahou'l  Walid,  £1  Asbadji,  Abou't  Khasem  et 
Ahd  el  Bahman  Abou'I  Motaref ,  fils  anssi  de  l'émir  Moham- 
med, soutinrent  l'opinion  contraire,  qui  prévalut'."  —  L'é- 
mir s'arrêta  quelqaes  Jours  à  Tolède,  et,  après  avoir  réglé  ce 
qui  convenait  à  la  tranquillité  de  la  dté,  il  retooraa  à  Cor- 
•done,  où  il  fut  reçu  avec  de  grandes  démonstrations  d'allé- 
gresse. 

Il  faat  placer  vers  ce  temps  les  rapports  nouveaux  qu'Al- 
lonse  établit  entre  les  Navarrais  et  tes  Astariens.  Tout  ce 
qu'on  en  dit  est  extrêmement  probable.  Uais  rappelons  d'a- 


t  CoBdf ,  e,  U1, 
1  IbM.,  l.  c 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAPITSE  TBXIZIXIIE.  33 

bord  ici  qoelqaes  faite  qae  l'impocsiitilité  de  tout  rapports 
i  la  fois,  d'une  histoire  aossi  complexe  que  celle  qae  bous 
écriTODS,  noua  a  forcé  de  laisser  en  arrière. 

Ifons  avons  vn  qae  les  I^avarrais  do  -versant  occidental  des 
Pyrénées  s'étaient  affranchie,  dans  la  vingt-quatrième  année 
de  ce  fiècle,  de  la  domination,  on,  si  l'on  veut,  du  protecto- 
rat des  rois  franks.  Après  avoir  battu  les  troupes  de  Lonîs- 
le-Débonoaire  en  824 ,  et  avoir  fait  prisonniers  les  deux  com- 
tes envoyés  contre  eox,  desquels  ils  retinrent  parmi  eux  , 
connue  on  s'en  souvient,  et  trùtèrent  avec  conûdération  et 
amitié  celai  qai  était  de  leur  sang,  selon  l'eipreBsion  de 
l'anonyme  astronome  (cauid  affinitate  sanguinis),  ils  n'avaient 
plos  eu  affaire  en  aucone  façon  aox  rois  de  la  race  de  Charle-* 
magne,etUsétaientdemearésdan8  une  situation  mixte,  rat- 
tachés, à  ce  qu'il  semble,  en  partie,  par  la  nécessité  d'une 
alliance  inlérieure,  à  la  monarchie  des  Astories.  Cependant, 
bientôt  après ,  la  Vasconie  gauloise  s'était  détachée  elle- 
même  de  l'empire  fraok  ■;  et,  vers  836,  les  deux  Tasconies, 
en  d'autres  termes  les  deux  Kavarres,  avaient  formé  une 
confédération  contre  Pépin,  roi  d'Aquitaine ,  qui  menaçùt 
directement  celle  des  deux  qui  jusque  là  avait  fait  partie  de 
son  royaume.L'àme  de  cette  confédérationfut,  nous  dit-on,un 
nommé  Aznar,  probablement  le  même  qui  avait  été  fait  pri- 
sonnier donze  ans  auparavant,  et  que  te  biographe  anonyme 
de  Loois-le-Débonnaire  appelle  Asinarios.  Cet  Aznar,aa  dire 
d'une  chronique  franke,  moumt  en  cette  année  836  d'une 
mort  horrible,  qu'elle  ne  spédfie  pas  autrement;  mais  son 
frère  Sancios  Sancii  poursuivit  l'œuvre  commencée,  et  soutint 
après  lui  l'ind^ndance  de  la  Navarre  contre  Pépin,  non,  à  ce 
qu'il  semble,  sans  beaucoup  d'énergie^.  On  ne  saurait  dire  si 

■  Omnii  doKlTeTitiaobll  ViKonla. 

I  Aicutlf,  dUrtorl*  Tticoiil»  comH,  qiduU  illquol  uuoi  ■  PippiBO 
dMchcnl,  borribiU  noria  IdIctIII;  rrnarque  llHos  Sanclo  Sindl  Buidcn  i^ 
flgncm  B«tnilB  P^M  ocnip«Til  (AdoiL  9«nlii.,  «d  ■■»-  SSS). 

IV.  3 


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34  msTOULE  d'bspagite. 

le  geadre  da  masalinaD  HoQsa,GarseanQB  Eoecho  Arista,  que 
nous  avtMii  tu  périr  en  combattant  contre  le  roi  Ordooius 
d'Ori^o,  était  de  cette  famille.  Qooi  qa'il  ra  sût,  c'était 
maintenant  le  fila  de  cet  Arista,  Garsea  Ganeanos,  qni  goa- 
Temsât  la  Navarre.  Il  était  comte,  exerçant  l'autorité  d'an 
roi  à  Fampelune.  Et  c'est  dans  ces  circonstaaceB  qne,  dftes- 
pérant  de  ponvoir  sonmettre  Garsea,  Alfonse  forma  avec  lui 
en  870  nne  alliance  politigne,  et  qne,  pour  la  mieux  dmeo  • 
ter,  il  épousa  Sninena,  fille  du  comte  gaUo-navarrais  '. 

Les  dissensions  intérieures  qni  survinrent  peu  après  dans 
les  Astnries  favorisèrent ,  à  ce  cp'il  parait ,  les  entreprises 
detf  ArabeSj's'il  est  vrai,  comme  nous  le  croyons,  qu'il  inille 
placer  vers  ce  temps  la  rébellion  des  frères  ou  des  parens 
d' Alfonse  ,  dont  parle  la  chronique  de  Sampiro  :  • —  *  le 
frère  du  roi,  nommé  Froûan,  à  ce  qu'on  rapporte,  dit-elle, 
convaincu  d'avoir  médité  la  mort  da  roi,  se  réfugia  en  Cas- 
tille.  Hais  le  seigneur  roi  Alfonse,  avec  l'aide  de  Dieu,  le 
prit  et  Ini  fit  crever  les  yeux,  ainsi  qu'à  ses  frères  Nnnnus, 
Veremnndns  et  Odoarius*.»  Veremnndns,  cependant, quoi- 
que aveugle, parvintàs'échapperd'Oviédo,  et  àse  faire  nne 
souveraineté  indépendante  à  Astorga,  où  il  se  maintint,  dit- 


1  C'eitdnmalDSctquBnaaipioBTB  «saciblenRiaco,  E*pafitSa|rtdi,t.  ilin, 
c.  19.  —  Voidnottalorilés:  —  Ron  miltopoil,  dit  Sampiro  (Cbr.,  c.  I},  uot- 
v«nuil  SiUUb  (  t'ut-i-dira  U  KaTarre  Gioloiis  (odI  enllén  ;  1>  ««na  e«t  kl 
bien  déleinJoË  pir  ce  qnl  inil  )  simul  corn  Punpilonl  cauil  cognalioiiit  fecom 
■Hoclat  DXOiïin  ai  lllorom  prOMpïù  gCDeris  accIpisDB  DDiiiIne  Xeraeni.  —  On 
n«  aannlt  d'alIkeiiTi  admettie,  pu  ploa  inr  la  fol  da  Sampiro  qua  ibt  lelle  de 
Hiilua  al  do  Haadao,  que  Snmena,  lemmo  d'AlfoiwIU,  (ni,  coauDa  la  diaest 
cet  denileri ,  u  une  priocBMe  tianfilBe  ■  Alla  oa  kept  ds  Clurlea-le-CliaDTe 
•ae*  dante,  on  lonl  *o  moin*  da  la  familla  de  cal  empemir.  n  aérait,  l'il  iuii 
nfcaaaalre,  facile  de  proarer  qaa  cette  aiacTtion  contraria  loDtet  lea  donoées 
poiitiTca  da  l'hlatolre. 

2  In  b!i  dlebui  Ccaïai  recii  namlae  Fro'ilaaiu  (ul  facnnl)  necem  ragig  dalrac- 
UDtfaafDgilad  CaiLellaoï.  Bax  ijnideni  Domiaus  AdereiuDa,  adjulos  a  Domino, 
cepileum,  al  pro  (ail  eauaà  arbarU  ocuUti  aoos  tratrei  ilmul,  Froilanitm,  Hitg- 
nuB  «Uav,  et  VerHoandiini  «t  OdMrInn  [Saoïp.  Cbr.,  n.  S  ), 


>;,l,ZDdbyG00gIe 


CttAJi^nB  TBKlZIBint.  35 

on,  penâmt  wpt  au,  aaos  doute  avec  1«  «eooon  et»  Arabes, 

et  faisant  cange  commune  avec  eax  contre  Alfoue  <. 

Dsof  cet  dreoDStoDces,  la  goem  eatre  1m  Arabes  et  les 
Atbirieiu  reprit  use  aooTeUe  iateneit^.  fki  l'année  259  {te 
norembre  872  à  octobre  873),  El  Mwdhir  fit  une  enU4e  sor 
les  terres  de  Galioe,  et  combattit  contre  les  chrétieiiB  avec 
une  fortane  Tariable  ;  an  passage  de  la  mière  Sahagtm, 
qoise  Fend  dans  le  I>iiav,il  leur  livra  une  sanglante  bataille 
danslaqiidle  périrent  beaoeoap  de  braves  de  Gordone  et  de 
SéviUe,et  beaoeoap  de  ceux  de  Tolède  et  de  Hérida>.El 
HoD^iir  se  tint  presque  tonte  l'année  sur  cette  frontière  et 
y  fit  de  merveilleux  faits  d'armes.  Le  peu^^  de  Galice  est  le 
plus  sauvage  et  le  plus  aguerri  des  peuples  chrétiens,  nous 
dit  VhUtorien  d'El  Hondhir,  et  il  ne  se  passait  guère  de  jour, 
à  ce  qa'ilnoosKpprend,qa'iln'yeâtde  très  vives  eecannou- 
ches  entre  les  deux  partis. 

I^es  choses  demeurèrent  dans  le  mèpie  état  jusqu'en  874; 
mais,  en  cette  année,  l'Esp^ne  souffrit  une  horrible  sèche- 
reSK-,  et  non-seulement  l'Espagne,  mais  encore  l'Afrique, 
l'Egypte,  la  Syrie,  et  l'Arabie  elle-même,  forent  frappées  de 
cefléan.LaHeUte,  la  mère  des  cités,  poor  parler  comme  l'é- 
crivain arabe,  fut  abandonnée  de  ses  batntaiB,  et  il  n'y  resta 
personne  poor  le  service  de  la  ^labah  qni  demeura  fermée. 
Do  ce  cAté-d  du  détroit  les  sources  et  les  ruisseaux  tarirent  : 
la  terre  ne  porta  ni  f  mits  ni  moissons  ;  la  disette  et  la  femine 
furent  plus  grandes  encore  que  dam  la  sécheresse  de  844  ; 
et  il  en  résoUa  une  maladie  géniale,  offrant  tons  les  carac- 
tères de  la  peste ,  qui  centupla  en  peu  de  mois  le  chiffre  ordi- 


■  AsMtfciB  **nl>  *t  p«  miMB  (BMf  tTrautidan  RMiit,  Anlm  iMan  fai- 
b«w(BMnplT.  Cbr.,1.  c). 

1  Coude,  c  SB.  —  Aprèi  cBl  iTBu,  DOBs  ne  IrnoH  uni  umpls  da  ra  qu'oral* 
le  cbranlqDBur  :  — Lcl  cbréllïiu  ^TODTJreot  un  II  ■ffrSM  ttrnitt,  dil-il,  qu'il 
har  fallni  plu  de  oue  Joan  ponr  «niemr  Itnri  moru  { Ibid.,  L  c). 


>;,l,ZDdbyC00gle 


36  H0TOIBE  DESPAGm. 

naire  des  mort»,  rartoat  dam  les  proTîncei  méiidionalefl  de 
la  pnwqa'tle. 

Ces  calamités  emptehèrent  de  meltre  des  années  sor  pied, 
et  l'on  ne  revint  pas  de  tàUA  de  cette  affreuse  crise.  Fendant 
Imgtanps  il  ne  se  fit  pas  d'antre  guerre  que  celle  qu'exigeait 
te  maintien  des  frontières.  En  l'année  263  (876 — S77)  cepen- 
dant, El  Mondhir  entra  de  nooTeau  en  Galice,  mais  il  en  fat 
reponssé  :  Alfonse  le  ponrsoiTit  et  pénétra  à  son  toor  sur  les 
terres  de  l'ennemi.  Il  prit  d'abord  le  chAtean  de  Deza  (Lanza, 
à  ce  qu'on  croit),  puis  la  ville  d'Atienza.  Il  chassa  ks  Hu- 
snlmans  de  Cmmbre  et  la  penpla  de  Galiciens.  Dans  la  même 
campagne  et  avec  le  même  bonheur,  il  s'empara  de  Braga, 
de  Porto,  d'Anca,  d'Emini,  de  Visen,  de  Lamego  et  de  quel- 
ques antres  places  de  la  frontière  musulmane  ^  :  il  poussa 
même  plus  loin,  jusqu'aux  dernières  limites  méridionales  de 
la  Lusitanien.  Dans  l'une  de  ces  expéditions,  il  fit  prisonnier 
Abou'l  Walid,  alors  hadjeb  de  Mohammed  (cotu«I«  Spania  et 
Mohatnat  régis  ayruiliariut  Abuhalit)  qui  se  racheta  des  mains 
du  roi  au  prix  de  mille  sous  d'or  {mUUa  auri  solidoi)  ^.  £1 
Hondhir,  à  ce  qu'il  parait,  quoique  repoussé,  avait  rapporté 
de  sa  première  expédition  beancoup  de  dépouilles,  de  cs^ûà 
et  de  troupeaux-,  mais  ces  avantages  des  Musulmans  ne  s'ac- 
quéraient pas  sans  de  grandes  pertes  et  beaucoup  de  fatigues, 
de  l'aven  même  de  leurs  historiens  4;  et  ils  étaient  d'ailleurs 
peu  de  chose  comparés  à  ceux  dn  roi  dirétien  à  qni  restaient 


*  Canlbriim ,  ib  Inlmldi  pniirimr  ,  ««nuTlt,  at  GiUadt  po«l«  popoUTil 

(Ghr.  Albeld.,  n.  61} UrbM  qnoqna  Sradurenili ,  PotlacàitmiM,  Aaccn- 

àla ,  Eminsnati,  Veicnal* ,  tlqDe  Lamccciuli  à  chriiUtoii  popoiiotar  (Ibid., 
n.  flS). — Noua  retroDTeniiii  ccpcndiol  qnalqaMuiDieiptuMnl  (Terei  Gond*, 
c.  fli  el  61)  Lamagv  •!  VlMa  *a  pontoir  dti  Arib«t,  tptf,  pu  conttqDBnt, 
■TilaDt  dft  lu  reprendra  dau  rinteriille. 

1  laUiH  Ticterla  Canrimll,  BcItaiilantU  et  cmtan  LaiiMnlB  limitM  ,  gU- 
dio  et  fana  eounmpi*,  naqae  Enuritam  aique  frata  intrli  areniaTlt  et  du- 
lmlt[Cbr.AlbaUl.,B.6SJ. 

>  Ibid.,  l  c. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAPITBE  TEEIZIÈIIB.  37 

des  TÎUefl  et  des  contrées  entières,  qn'il  peuplait  de  chrétienB, 
et  qoi,  pour  redevenir  musolmaues,  deTsient  être  recoit- 
qnises  i  la  pointa  de  l'épée. 

Ce  Alt  anssi  dans  le  même  temi»  qne  le  rebelle  Omar  ben 
Hatonn  choisit  le  moment  de  se  remontrer.  —  Le  perfide 
Omar  ben  Ha&onn  qni  s'était  réfugié  sons  la  protection  des 
chrétiens  d'£lfeink,dit  la  chronique  mnsolmane,  c'est-à-dire 
en  Navarre,  leur  avait  offert  son  vasselage  et  des  tribnts, 
comme  aussi  de  mettre  en  leur  puissance  les  cbàteanx  de  la 
frontière.  Avec  leur  secours  il  venait  de  s'emparer  de  nonvean 
des  nombreuses  forteresses  situées  sur  les  bords  de  la  Sègre. 
Il  retierait  d'eux  le  titre  de  roi,  il  leur  payait  tribut,  et  ven- 
dait les  dtés  ani  ennemis  de  l'islam' .  On  ne  prit  point  d'abord, 
à  oe  qu'il  semlde,  des  mesures  contre  lui  (876 — 877).  H  Hon- 
dhir  était  occupé  à  la  frontière  de  Galice,  c'est-à-dire  entre 
le  Doero  et  les  montagnes,  avec  les  troupes  de  Hérida  et  de 
Tolède.  Il  j  passa  l'année  265  (de  septembre  878  à  août  879) 
tODt  entière.  Dans  une  de  leurs  précédentes  expéditions,  les 
chrétiens,  sons  la  conduite  d'AIfoose,  s'étaient  emparés  d'une 
petite  dté  nommée  Zamora  sur  le  Duero;  ils  l'avaient  agrandie 
et  fortifiée.  £1  Mondhir  y  mit  te  siège  en  cette  année,  et  il 
l'avait  déjà  réduite  à  l'extrémité,  nous  dit-on,  quand  il  eut 
avis  de  l'arrivée  du  roi  de  Galice  (c'est  ainsi  ^le  les  Arabes 
désignent  toujours  les  rois  des  Astories)  qui  venmt  avec  one 
iHHnbrense  armée  an  secours  de  la  place.  Les  Arabes  font 
dans  leurs  chroniques  un  aveu  hnnuliant  à  l'oceanion  de  ce 
si^;  il  faut  les  laisser  parler  eux-mêmes.  On  rapporte  qu'il 
y  eut  à  ce  ùége,  disent-ils,  une  éclipse  totale  de  loue.  Lorsque 
El  Moodhir  rangea  ses  Husolmans  en  bataille  pour  marcher  à 
la  rencontre  du  roi  de  Gahce,  beancoap  de  soldats,  timides  et 
raperstitieux,  refusèrent  de  combattre,  et,malgré  la  valeur  et 
l'exemple  de  leur  jeune  émir  et  des  généraux  ses  oonipagnons, 


>;,l,ZDdbyG00gle 


38  HBTCHIB  DESPAOHI. 

il  se  fat  ^  potable  de  les  déterminer  à  fure  leur  deToir  et  i 
CMdnttre  en  bniTei;  ce  ne  fnt  pu  Bans  beaaconp  de  peine  qae 
les  caïds  de  l'armée  parvinrent  à  les  ramener  sans  désordre 
de  devuA  les  ennemis ,  et  an  gnoA  nombre  de  notables  cava- 
Imk  périrent  à  cAté  d'El  Hondhir  en  s' efforçant  d'arrêter  l'im- 
pAoonté  des.cèrétiens*.  De  pareib  traits  sont  rares  dans  rhift- 
tmre  des  Arabes  andalonsiens,  et  il  devait  y  avrar  à  cette  lâcheté 
apparente  on  excessive  des  caoses  qa'on  ne  s'explique  pas. 
Les  c^ironiqaes  chrétiennes  fixent  le  lien  de  la  bataille  à 
Polvorana,  sur  le  flenve  Urbicns  (Orttiego),  l'an  des  afflneng 
de  l'Eda  qoi  se  jette  dans  le  Daero  à  quelques  lienes  aa-des- 
soBsde  Zamora. — *  Gomme  El  Mondhir,  disent-elles,  ooorait 
avee  Ebn  Ganim  à  la  tête  de  deux  nombrenses  années  de  Sar- 
raaiiis  les  campagnes  d'Astnrica  et  de  Legto,  ce  dernier  ca- 
pitaine rencontra  le  sdgnenr  roi  Alfonse  dans  nn  lien  nommé 
Potroraria,  sur  le  flenve  Urbicns;  on  en  vint  aux  maiiui,  et 
Alfoiue  tna  près  de  quinze  mille  hommes  à  l'ennemi.» — £1 
Hondhir,  qoi  marchait  contre  le  chàtean  de  Snblanda  nou- 
vellement restauré  et  fortifié  par  Àtf<Hwe,apprit,  le  jour  même 
qu'elle  eut  lien,  la  déroute  d'Ebo  Ganim,  et  qu' Alfonse  mar- 
chait contre  loi.  Il  ne  l'attendit  point,  et,  avant  l'anbe  du 
jonr  suivant,  il  leva  le  pied  avee  son  année,  évitant  ainsi  la 
reneoQtred' Alfonse*. Peut-être  fot-il  déterminé  à  cette  faite 
par  l'hésitation  et  le  pen  de  valeur  de  ses  tronpes.  Quoi  qu'il 
en  soit,  ce  récit  des  chrétiens  pourrait  bien  être  le  plos  vrai. 
Ce  fat  en  cette  année,  selon  Sampirus,  qn' Alfonse  réduisit 
Astorica,  et  ccmtraignlt  l'aveo^e  Veremundns  à  s'enfuir  diez 
ses  alliés  les  Sarrasins'.  Ce  n'est  donc  pas  sans  raison  que 
nous  avons  placé  vers  la  cinquième  année  du  r^ne  d'AIfbnse 
la  révolte  de»  frères  on  des  paréna  de  oe  roi  :  bîm  que  d'ail- 

I  CoDdg,  C.  Bd. 

1  Cbr.  Atbsld.,  notn.  es. 

*  CtBcas  Tari  id  SursceoM  fngili  tanc  edamutl  m  Aitoricim  (  Suaptrl 
Cbr.>mBin.S}. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAnrRE  TBEIZIEICE.  ^9 

tears  la  chroniqae  de  Sampinu  u'indigae  pas  même  d'anc 
manière  apprûiimative  la  date  de  ces  événemenB,  la  place 
qa'ils  oocapent  dans  son  récit  ne  laisse  là-dessus  aucun  doute. 
A  la  suite  aussi  de  cette  affaire  de  PolToraria,  fut  conclue 
entre  les  Arabes  et  les  chrétiens,  par  les  soins  du  général 
Abou'l  Walid,  une  trêve  de  trois  ans  '.  Conde  ne  mentioime 
pas  cette  première  trêve  de  878  ;  il  parle  bien  d'une  trêve 
entre  les  Arabes  et  les  chrétiens,  mais  par  la  place  qu'elle  tient 
daus  BOQ  récit,  il  semble  la  mettre  à  la  Un  de  l'année  881 ,  ce 
qoî  est  évidemment  une  erreur. 

Vers  l'expiration  de  cette  trêve,  le  jeudi  22"'  jour  de  la 
lime  de  schavral  2Gà  (25  mai  881)  la  terre  trembla  avec  un 
bruit  épouvantable  et  des  secousses  violentée  qui  firent  crouler 
beaucoup  de  palais  et  d'édifices  magnifiques.  Le  fait  parut  si 
exti'aordiniùre  et  eut  de  tels  effets  que  les  historiens  nous  eu 
ont  conservé  le  lédt  détaillé.  Des  montagnes  s'affaissèrent, 
disent-ils,  des  rochers  se  déchirèrent  ;  la  terre  s'ouvrit  et  en- 
gloutit des  villages  et  des  coteaux  ;  la  mer  se  retira  et  s'éloi- 
gna des  côtes  :  des  lies  et  des  écueils  disparurent  dans  les 
eaux.  Les  peuples  abandonnaient  les  villes  et  fuyaient  dans 
les  campagnes,  les  oiseaux  sortaient  de  leurs  nids,  et  les 
bétes  féroces  épouvantées  quittaient  leurs. tannières  et  leurs 
cavernes  dans  un  trouble  ineiprimable  et  couraient  les  cam- 
pagnes en  hurlant.  Jamais  les  hommes  n'avaient  vu  ni  en- 
tendu rieo  de  semblable. Quelques  villes  des  càtes  méridio- 
nales  et  occidentales  de  l'Espagne  furent  presque  renversées 
tout  entières.  H  parait  que  ces  calamités  frappèrent  les  esprits 
d'un  effroi  superstitieux,  et  servirent  de  texte  à  quelques  dis- 
Goors  d'opposition  contre  le  gouvernement  de  l'émir  et  de 
son  fils,  qui  alors  se  mêlait  autant  des  affaires  civiles  que  de 
la  conduite  des  armées.  Tontes  ces  choses,  dit  on  écrivain 


I  Dtlnde,  iiapertiiM  Abuhilil,  pro  liibn*  (ddIs  p(i  In  uttiMqae  ttga  Tull 
(  Cbr.  AUwId.,  Dum.  S3  }. 


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40  msTOifiE  d'xspaghe. 

mnsnlnuua,  infloèrent  tellement  bot  l'esprit  des  hommes,  et 
snitout  de  l'ignorante  moltitade,  qa'El  Hondhir  ne  put  réns- 
ar  à  leur  persuader  que  c'étaient  là  des  choflea  naturelles, 
quoique  peu  fréquentes.  Il  eut  beau  dire  que  la  terre  trem- 
blait pour  les  Musulmans  comme  pour  les  cbréUens,  pour 
les  bétes  féroces  comme  pour  les  animaux  paisibles,  et  que 
tout  cela  n'avait  aucune  espèce  de  rapport  avec  les  actLong 
des  hommes,  le  peuple  s'obstina  à  j  voir  le  doigt  de  Dieu  '. 

Ce  fut  tout  juste  au  moment  où  ces  désastres  frappaient  les 
populations  musulmanes  de  l'Andalousie  qu'expirait  la  trère 
de  878.  De  son  côté,  Omar  ben  Hafsoun  avait  reparu  plus 
puissant  que  jamais,  et  renouvelé  ses  alliances  dans  l'Espagne 
orientale  avec  ceux  d'Elfrank  et  des  monts  al-Bortat.  Les  en- 
nemis d'Allah,  dit  encore  la  chroniqae  musulmane,  se  réuni- 
rent en  foule  innombrable,  descendirent  de  lenrs  montagnes 
et  coururent  le  pays  jusqu'à  l'Èbre  :  à  Xudèle,  les  walis  de 
SaragoBse  et  d'Huesca,  qui  voulurent  s'opposer  à  eux,  furent 
vaincus  par  cette  multitude  infinie'. Ils  firent  part  de  leur 
défaite  à  l'émir,  et  l'appelèrent  à  leur  secours.  Mohammed, 
excité  par  le  péril  de  cette  impétueuse  irruption,  se  mit  ans- 
^tôt  en  marche  avec  toute  sa  cavalerie,  et,  ayant  réuni  ses 
troupes  à  celles  d'El  Hondhir,  marcha  à  la  recherche  des  con- 
fédérés. Les  Ard>es  racontent  cette  campagne  avec  quelque 
complaisance.  El  Mondhir  menait  l' avant-garde,  et  Moham- 
med le  corps  d'armée  principal.  L'aile  droite  était  conduite 
par  £bn  Abd  el  fiouf  ;  l'aile  ganche  par  Ebn  Koustam  j  l'ar- 
rière-garde  par  le  wali  de  Sidouia,  Abou  Zé'id,  fils  du  souve- 
rain; ce  demierétait  père  de  ce  Zéid  ben  Khasem,  qui  avait  péri 
dans  les  champs  d' Alcaniz.  Les  confédérés,  instruits  du  nom- 
bre et  de  la  qualité  des  troupes  de  Cordone,  craignirent  d'en 
venir  à  une  bataille,  et  se  retirèrent  dans  leurs  montagnes  à 


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CHAPrntI  TBBIZIEIIB.  41 

mwches  forcées.  Maii,  en  cette  occasloD,  dit  fièrement  l'ëcn- 
vûa  arabe,  les  montagnea  firent  ponr  les  Mnanlmani  comme 
des  plaines  :  un  matin,  à  l'heore  de  l'anbe,  £1  Hondbir  dé- 
cotirrit  le  camp  de  ceïa  d'Elfrank,  et  ils  étaient  n  près  qa'il 
oe  leur  était  pas  possible  de  refuser  la  bataille.  Le  combat 
s'ei^gea,  le  jour  étant  déjà  leré,  avec  une  impétaosité  et  une 
valeur  égales  de  part  et  d'antre;  mais  les  HnsalmaBS  ne  tar- 
dèrent pas  à  enfoncer  et  à  colbater  ceux  d'El&ank  ;  le  carnage 
tut  a£freox  en  cette  jonmée,et  les  champs  demeurèrent  coo- 
verts  depadarres  et  arrosés  desang.Ha&oui  fat  blessé  mor- 
tellement; le  TOI  des  chrétiens  (c'est-à-dire  le  dief  de»  Na- 
varrais  indépendans,  qni  ne  prenait  pas  encore  ce  titre)  et 
ses  principaux  compagnons  restèrent  morts  sur  le  champ  de 
bataille'.  Il  s'agit  ici  de  Garsea  Garseanns,  fils  de  Ganea 
Enecho  et  sans  donte  de  la  fille  de  Hoosa.  C'est  le  fils  de  ce 
Garsea,  mort  an  combat  d'Ajbar  en  882',  qae  nons  verrons 
s'élever  roi  à  Pampelnne  en  905,  et  qui  marque  le  Téritatde 
commencement  des  rois  navamàs'. 

Ce  fut  là  la  célèbre  bataille  d'Ajbat  on  d'Ayvar,  nommée 
ainsi  parce  qa'elle  fat  livrée  en  nn  lien  appelé  Lammbe,  dans 
le  val  d'ÀTvar,  à  quelques  lieues  de  Pampelune.  Mohammed 
vainqueur  retourna  à  Cordooe.  El  Mondhir  demeura  sur  la 
frontière  jusqu'à  l'hiver  (fin  de  l'année  882);  nons  verrons 
tout-à-l'henre  ce  qu'il  y  fit. 

Pendant  que  ces  guerres  occupaient  toutes  les  forces  de 
l'émirat,  Alfonse  ne  restait  pas  inactif  de  son  oAté  :  la  trêve 
étant  expirée,  il  entra,  en  88 1 ,  sur  les  terres  des  ennemis,  prit 
Nepza,  passa  le  fleuve  Anas  à  dix  milles  de  Mérida,  et  s'avança, 
sans  rencontrer  d'opposition,  jusqu'au  mont  Oxifer,  que  l'on 
croit  être  une  branche  de  la  Sierra- Horéna  :  là  seulement  il 
rencontra  l'ennemi,  auquel  il  toa  quinze  mille  hommes  séloa 

I  Cmde,  t.  M. 

3  yig*t  d-d«TtBi  p.  0. 


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42  nncai  i>'BVAaBi. 

lef  niif ,  ànq  nittfl  leloa  In  aatrei;  après  qaoi  il  rentra  vie- 

torieoz  dam  sas  montagnes.  Âlfoiye  avait  pénétré  pins  loin 

fttr  les  terres  maanlmanes  qa'aueon  prinoe  chrétien  ne  l'a- 

TiitfiàtaraDtlni'. 

Tont  oepeodaot  n'étùt  pas  terminé  dans  l'Espagne  orien- 
tde  par  la  bataille  d'Aybar.Hafsonn  s'en  était  retiré,  il  est 
vrai,  oonTUt  de  blearares  graves  qni  devaient  amener  sa  mort 
■loelqaes  mois  après,  mais  son  parti  était  Tivace,  comme  noos 
le  verrons  :  c'éuàt  aoe  guerre  de  triboa  à  tribus,  où  des  in- 
térêts de  famille  n'étaient  pas  seulemHit  en  jeu  ;  c'était  une 
goerre  de  peuple  à  peuple,  qu'envenimaient  et  éternisaient 
des  rivalités  héréditaires  de  religion  et  de  Inen-ëtre  ;  nne 
guerre,  par  conséqoent,  qui  ne  pouvait  JGjoir  que  par  l'ex- 
tinction des  causes  qui  la  {HVdulsaieDt,  par  l'oppresaion  ou 
l'extermination  de  l'un  des  partis  par  l'autre,  ou  par  la  sé- 
paraUon  des  Intérêts.  Ces  intérêts  de  peuples  étaient  person- 
nifiés, en  quelque  sorte,âan8  ces  grands  noms  de  rebelles,  les 
Mousa,  les  Hafsoun;  aussi,  quand  l'un  manque,  voyons-nous 
reparaître  l'autre; et,  bien  que  chacun  d'eux  combatte  au 
fmd  pour  loi  et  les  siens,  ponr  sa  tribu,  pour  son  entou- 
ra, nons  les  retrouvons  toujours  unis  contre  l'ennemi  com- 
mun, contre  le  Byrien  et  l'Arabe  oppresseur,  qui,  de  Gor- 
doue ,  s'efforce  de  dominer  tontes  les  tribus ,  tontes  les 
<av7anGes,et  les  veut  soumettre  à  un  pouvoir  unique  et  sou- 
verain, à  un  seul  roi  comme  k  nn  seul  dieu. 

Omar  ben  HafsouQ,  sorti  mourant  du  combat  d'Àybar,  où 
avait  succombé  son  ami  le  comte  chrétien  de  Fampelune, 

t  Voici  fn  qqels  termci  U  cbrODiqne  llbeldaue  rend  compte  ds  caiM  oipi- 
dilion  :  —  Poslea  Rei  Doit«t,  Sirrieonli  Inferau  bellDm ,  cxerclivo  mat It,  el 
Spaalm  latrsTlt  tab  ut  Dccccsti.  Slcquo  par  pTOTlnciim  luIMbIb,  Cuira 
do  Ncpu  piBdtDdo  pargent,  lam  Tacam  anmlna  Inntiio  ad  Bmerita  flaea  «it 
progrcMul  :  et  decimo  milllarlo  id  Kmeritam  pcrceni,  Aaun  flaTlom  traucon- 
dll,  »t  «d  Oïlferum  moDlem  pairanil  :  qnod  nnllni  (Uls  cum  prioMpi  adiré 
tanurll.  Sad  et  boe  qaidfm  glorioso  oi  Inlmlcli  trlomphiTlt  ■tcdIh  :  nun  In 
eodem  mania  xt  ciplta  aapUna  noicmitor  eaie  iDierTecit.  Slcquo  ladt  princep* 
loiWt  com  Ticioria  icdam  rOTerlIlur  regiaiD  (nom.  M). 


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CHAHTU  TRElzmiE.  43 

Gafua,  fllf  de  Ganea  Ënecho,  s'était  retiré  parmi  ses  com- 
pagnons des  Pyrénées  centrales,  vers  le  picda  midi,oiirMi 
dît  qu'il  moamt  peu  après,  en  883  ^ .  Hais  les  M oosa  oommaa- 
daient  tonjonrs  sur  l'Ébre  :  Ismaël  ben  Monsa  tenait  Sara- 
geme,  son  frère  Forton  ben  Btonsa  Todèle;  l'an  et  l'antre, 
cfarétienB  oa  non,  étaient  grandement  amis  d'Alfonse,  qoi,  à 
ce  qu'il  paraît,  lenr  arsit  donné  un  de  ses  fils  à  élever  :  El 
Bfondbir,  qui,  ainn  qae  nons  l'aTons  tu,  était  resté  dans 
l'Espagne  orientale,  ajvès  la  bataille  d'Àybar,  pour  y  ponr- 
snivre  et  y  anéantir  les  rebelles,  assiégea  Ismaël  dans  Sara- 
goese,  mais  vainement  ;  il  se  porta  quelques  jours  après  sur 
Tadèle,  où  était  le  frère  d'Ismaël,  Forton  ben  Housa,  sans 
plus  de  succès.  Mais  il  ^tgna,  à  cette  eipédition,  un  allié  im- 
portant et  singulier,  Abdallah  Mohammed  ben  Lopia,  petit- 
fils  de  Monsa,  et  fils  de  ce  Lopia  bai  Monsa,  anoen  gouver- 
nenr  de  Tolède,  qtd,  à  caose  de  ce  fils,  avait  pris  le  surnom 
d'Aboo  Abdallah  Mohammed^.  Gomme  son  père  Lopia 
ben  Monsa,  Abdallah  Mohammed  ben  Lopia  avait  été 
jusqu'alors  l'ami  des  chrétiens;  mais,  par  jalousie  de  ce  qoe 
le  roi  des  Asturies  avait  confié  l'éducation  de  taa  fils  Or- 
donins  à  ses  oncles  Ismael  et  Fortnn,  il  fît  alors  la  paix  avec 
Cordoue,  et  lui  prêta  le  secours  des  hommes  d'armes  qui 
dépendaient  de  M,  on  ne  sait  à  quel  titre ^.  Avec  ces  renforts 
d'hommes  et  de  chevaux,  £1  Mondhir  attaqua  le  roi  des  As- 
turies sur  les  terres  qu'il  avait  acquises  au  sud-est  de  ses 
montagnes,  et  qui  ont  ont  formé  depuis  la  Vieille-Castille  ; 
il  attaqua  le  ch&teau  de  Cellorieum  (Celloricum  Castrum), 
mais  il  y  perdit  beaucoup  de  monde  et  ne  pat  l'emporter. 
Vigila  Semeniz  était  alors  comte  dans  l'Alava  :  l'ennemi  es- 

I  Cond«,E.  u. 

1    Ibld.J.C. 

s  Tone  Ibibdclla  ipa*  qui  KobuBat  Ib«D  Lopl,  qnl  lemper  ootlrr  fueril 
imlm,  «lest  al  piler  cjoi,  ob  ioTldlin  dg  lol*  llonibu,  col  Sei  SUiud  mum 
Ordonlan  td  cmndam  dcderil,  coin  Cordobculboi  pieen  IMlt,  Ittrilunqie 
nann  IB  btftem  Mtma  nlilt  (Cbr.  A1b«ld. ,  Bitm.  BT  }. 


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44  nffromx  d'espaghi. 

Baya  d'«n|iorter,  h  l'extrânitë  de  la  GasbUe  (  Jn  extretnii  Ca$- 
tetlœ)  xm^  chàteao  qu'on  appelait  Ponte-Gorbtun,  il  Ini  livra 
r&gsant  pendant  trois  joaia  j  mai»  là  encore  il  perdit  beanconp 
de  monde.  Didacos,  fils  de  Badeiick,  était  comte  dn  pays  des 
Gh&teaia  {cornes  m  Castella),  disent  les  latins,  dans  le  payt 
d'Aldw  et  àe$  Châteaux,  disent  les  Arabes.  Le  senl  diAtean  de 
Sigeric(C<M(rttm  Sigerieî)  que  le  gooTerneor  avait  abandonne, 
n'étant  point  en  état  de  s'y  défendre,  ne  présenta  ancnne  ré- 
sist«noe&ElVoDdbir(gutanoneratiidAue>trenuéinum(ui»)'. 
Le  roi  des  Agtories,  cependant,  attendait  l'ennemi  dans  la 
ville  de  Léon,  que  depuis  qaelqae  tern^  il  avait  tirée  de  ses 
mines  et  solidement  fortifiée.  El  Hondbir  chargea  le  général 
Abon'l  "Walid  de  l'y  surprendre  ;  mais  qaand  celni-d,  niar- 
chant  sur  Léon,  apprit  qn'Alfonse  y  avait  réoni  tue  bonne 
armée,  et  qa'à  la  distance  de  quinze  milles  il  ent  découvert 
les  premières  gardes  avancées  des  chrélieDB,  il  changea  de 
projet,  passa  l'Ëzla  (Flumen  Ettora),  brlUa  qoelqnes  forte- 
resses de  la  contrée,  et  finit  par  se  mettre  en  observation 
dans  an  champ  appelé  Alcopa,  sur  le  fleuve  UrMcns  :  de  là, 
il  mvoya  un  message  au  roi  pour  lui  redemander  son  fils 
Abon'l  Ehasem,  alors  prisonnier  dans  le  camp  des  chrétiens. 
Abon'l  Walid  envoya  au  roi,  pour  en  obtenir  ce  qu'il  dev- 
rait, le  fils  d'ismaël  ben  Moosa  et  on  antre  membre  de  la 
même  femllle  des  Honsa,  que  la  chronique  nomme  Fortum 
Iben  Alazela  (sans  doute  Fortnn  ben  el  Adhel),  tons  deux 
otages  dt»  Arabes  :  il  accompagna  cet  envoi  de  riches  pré- 
sens, et  Alfonse,  se  laissant  toucher,  rendit  Abon'l  Khasem  & 
son  père.  Cela  fait,  l'armée  mahométane  reprit,  an  mois  de 
septembre,  le  chemin  de  Cordone ,  d'oii  elle  était  partie  au 
mois  de  mars.  Le  roi  chrétien  rendit  immédiatement  à  la  li- 
berté, sans  rançon  aucune,  les  deux  Beni-Kazzi  qu'il  avait 
Kfus  d'Abou'l  Walid  en  échange  du  fils  de  celui-ci  >. 


Ï-- 


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CHAPITBE  TREIZIËHB.  45 

Réduit  à  ses  senlea  forces,  Abdallah  ben  Lopia  ne  sospea- 
dit  point  poor  cela  IcB  hostilité  contre  ses  pareng;  loin  de 
là,  et  malgré  l'hiver  même,  il  marcha  sur  Saragoase  dans 
le  desBon  de  l'enleTer  à  l'alné  de  ses  on(jes,  lamaêl  bea 
HoQsa,  qui  en  avait  ftùt  son  quartier-général.  Averties  de  la 
marche  d'Abdallah ,  les  tronpes  de  Sanigoue  ae  portèrent  à 
■a  rencontre,  bod>  la  conduite  de  leur  gonvemeur,  et  l'on  en 
vint  aux  mains,  d'après  le  seul  aatenr  qui  ait.tena  note  de 
ces  faits,  dans  on  Uen  montoeox,  h  cinq  milles  de  Saragosse. 
Ben  Lopia  tomba  avec  les  siens,  dès  qu'il  les  eot  rencon- 
trées, sur  les  compagnies  de  soq  oncle,  les  chargea  avec 
violence,  et  parvint  à  les  mettre  en  faite.  Dans  le  désordre 
qui  suivit,  on  des  cousins  germains  de  ben  Lopia,  nommé 
Ismaël  ben  Fortnn ,  tomba  de  cheval  ;  son  oncle,  dn  même 
nom,  Ismaël  ben  Uoosa,  s'arrêta  pour  le  secourir,  et  tons 
deux  furent  faits  prisonniers  :  beaucoup  d'autres  membres 
de  leur  famille  restèrent  aux  mains  du  vainquenr.  n  les  fît 
chaîner  de  chaînes  et  conduire  à  Beccaria,  château  fort  à  lai 
appartenant.  Lni-mâme  il  se  présenta  devant  SaragoBae,  qu'il 
larprit  sans  donte ,  et  il  y  entra  sans  conp  férir  avec  des 
paroles  de  paix.  De  là,  il  envoya  des  ambassadeors  à  Cm- 
done,  comme  s'il  eût  fait  tout  cela  dans  l'intérêt  et  pour  le 
service  et  la  gloire  de  l'émir  ;  mais  comme,  dans  sa  réponse 
celai-<i  demanda  la  remise  de  la  ville  et  des  prisonniera 
Abdallah,  h  qui  cette  façon  de  profiter  de  sa  victoire  déplut, 
mit  ses  parens  en  liberté  et  fit  de  nouveau  cause  commune 
avec  eux.  E  reçut  alors  de  l'un  la  forteresse  de  Valterra  (Fa^ 
terrœ  Castnan),  sans  doute  Salvfûierra;  de  l'antre,  Tudèle 
et  le  fort  de  Saint-Estevan  {Caitrwn  Satwti  Stephoni)  :  Sara- 
gosse lui  resta  aussi  à  titre  de  conquête,  et,  à  ce  qu'il  semble, 
dn  consentement  de  ses  oncles  et  de  ses  connus  ' . 

uc«p«rBt,ialidentqD«iiiiiciiiiii«preUad«dll(Cbr^AIIiald.,iDD.TO).— Vdjm, 
pom teniremambl* dn  r£dt, Itniime chionlqnejoco  cJUto. 

1  rrHT^urntUqi  Ipii    (dl(  )a  cbroBlqne  AlbcldtBiB,  fai  tcriTlil  lar  ht 


>;,l,ZDdbyC00g[e 


46  mSTCHKx  d'ispagïïB. 

AMallah  ohtàtit  par  cet  nrraDgement  vue  au»  belle  Ma- 
Tenineté  sur  l'Èbre  rapérienr,  dont  TiidÈle,  après  &ara- 
gotse,  était  la  place  la  ploi  importante;  maû  il  eat  U  affaiie 
à  deux  ennenûB  plu  dangeretu  que  ne  pouvaient  l'être  ws 
oncles  :  à  l'émir  de  Cordooe ,  anqœl  il  arait  refnsë  obéiB- 
sanoe,  et  an  roi  des  Astnrïes,  dont  il  avait  d'abord  qailté  le 
service  pour  s'unir  aux  Musulmans.  Les  comtes  cbrétiens 
de  la  Bioja  et  de  l'Alava,  Didacua  et  Vigila,  psi  l'ordre 
d'Alfonie,  l'attaquèreat  les  premiers  et  le  malmenèrent  m- 
dement,  à  ca  qu'il  paraît  :  ils  l'inquiétèrent  par  des  incur- 
siMS  et  des  combats  continnds.  Abdallah  demanda  la  paix 
avec  de  vives  instances  aa  roi  cbrétien  qu'il  avait  trabi,  sans 
que  jamais  Alfonse  la  loi  vonltLt  accorder,  ni  l'admettre  su 
nombre  de  ses  amis.  H  ne  se  déeonn^ea  point,  et  il  travail- 
lait vainemoit  à  l'obtenir,  lorsque,  dans  le  printemps  de 
l'année  983,  une  nouvelle  armée  de  Cordoue,  comme  pré- 
cédemment c<Hnmandëe  par  El  Hondhir  et  Abon'l  Walîd , 
investit  de  nouvean  Saragosse,  boulevard  des  possessions 
du  chef  révdté.  £Ue  ne  s'arr^  que  deux  jours  au  siège 
de  la  ville  ;  mais  eUe  en  ruina  le  territoire ,  brûla  et  arradia 
partout  les  maisons  et  les  arbres ,  et  non-seulement  elle  en 
agit  ainsi  dans  les  campagnes  de  Saragosse,  mais  encore 
^ns  tontes  les  terres  des  Venikazi  (  Beni-Kazà  )  :  c'est 
ainsi  que  la  cbroniopie  chrétienne  désigne  les  membres  de 
la  poissante  et  nombreuse  famille  de  Housa  ben  Zeyad  cl 
Djédzaî,  le  Gotb  renégat'.  Le  fils  de  l'émir  ne  s'arrêta  point 
ea  si  beau  cbemin  :  il  entra  dans  le  territoire  de  Degium 
(Honjardin),  relevant  dn  roi  Alfouse,et  le  dévasta,  mùg 
sans  pOBvoir  s'emparer  de  cette  place  ni  d'aucun  antre  chA- 
tean  des  chrétiens  :  après  quoi  l'armée  de  Cordoue  fit  les 

CBirafttiM  mCmsi  ôb  fijintnanl)  iIcdiI  Mm  «epsnt,  et  obllDolt  et  «btinel 
(Chr.  Albeld.,iii]Bi.71). 

1  C'ctiptr  errenrqag  Fcrrarai  prend  »aom  daf«nlllcpotiri>DtMmd1i(iiniD( 
{TWtWit,  nu.  (èntr.  dUviBiW)  <•  n,  p*n.  ir,  »•  t\it]t ,  p.  We). 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAPITBX  TBUZlilIK.  47 

m£ine8  connes  et  les  mêmes  tentatives  que  boqs  }fù  {lvdhb 
déjà  TU  faire  contre  Gellorïcam,  Pont»-GorTO  et  Gaitro- 
X-eriz  (Castmm  Sigerioi),  avec  moins  de  miooèi,  peatrttn, 
qne  la  première  fois  \  car  les  gooTemenn  de  «es  tFois  ob^ 
teanx,  Vigila,  Didacoi  et  Nnonioa  (Vda,  Diego  7  Naâo),  le 
repoasaèrent  avec  perte ,  et  le  refoulèrent  hors  des  limites 
de  la  Castille.  Bejeté  en  quelque  sorte  malgré  lui  mr  les 
ËmitM  de  Lérai (Legionensea  tenninoB),ily  œtra  m  mois 
d'aoAt,  et,  ayant  appris  que  le  château  de  Sublantia  (Sol- 
lanzo)  était  pour  lors  dëpoorm  de  défenseurs,  il  traversa 
l'JE^a,  marcha  tonte  la  nuit  pour  -le  surprendre,  et  le  soi» 
prit  eo  effet  avant  que  les  troopes  ehrétiennes  7  fuBBmt 
arrivées  ;  mais  U  en  tronva  les  maisons  vides  et  déponrvnes 
de  Vivres.  Ne  ponvant  on  n'osant  7  attendre  l'arrivée  d'Al- 
fonse,  il  battit  en  retraite  par  le»  châteam  de  Goiau»  et  de 
Zeja,  non  sans  détnûre,  dans  sa  marche, .plnsieurslwnrga- 
dee  et  deoz  églises  chrétienneB,  dédiées  aux  saints  Faenndos 
et  ïrimitivns  ;  après  quoi  le  gros  de  l'armée  s'en  revint  en 
Espagne  par  le  port  dit  de  Balatcomalti^.Le  général  Ahon'l 
Walid  demeura  senl  avec  quelques  troupes  snr  cette  frontière, 
non  pour  continuer  la  guerre,  mais  ponr  n^der  la  paix. 
—  «  Pendant  qu'il  était  sur  les  limites  de  Léon,  dit  la  chro- 
nique d'Albeïda ,  Abou'l  Walid  adressa  plusieurs  fois  des 
paroles  de  paix  à  notre  roi,  qui,  de  son  oAté,  a  envoyé  au 
roi  cordouan,  dans  le  mois  de  septembre,  un  légat  dn  nom 
de  Dulcidins,  prêtre  de  l'église  de  Tolède,  avec  des  lettres 
de  créance  :  d'où  il  n'est  point  revran  encore  présentement, 
novembre  courant*.  'Jai  petit-fib  de  Mousa,  Abdallah, 

*  ...  Steqn*  rclrA  r«T«nl  pcr  portiMD  qoi  dicllnr  BtliUoniiIll  lu  ^nlua 
rereni  «unt  (Chr.  Albcld.,  n.  nt  ],  On  ignare  qa*l  port  ce  pcoi  tut. 

I  Ipie  isro  AbQhalil  dnin  in  temlDoi  IsfloiuiiiM  fuU,  Ttrbi  plan  pro  pMe 
Nfl  noitro  dlmlt.  Pro  qno  cUim  «l  r«i  noiterUgitam  Boailne  Daleldlim,  To- 
laiaiiB  nrbii  pr«b7((tiiin,auii  Bpbloilt  id  CordabenHiB  rcgem  diniilt  ■qplM»> 
brio  mciiM  :  nnde  adhsciHqvs  non  Mt  merfiw  noitnbrl»  dlmirHilo  {IkH.» 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


48  HDTmU!  D'ESPiOla. 

n'arait  poiat  oené,  à  cette  même  époqae  (norembre  883  ),  de 
•oUidler  la  paix  dn  roi  des  Asturies,  et  le  moine  d'Albrââa 
ooiu  l'qipraid  dans  les  tenues  saivaiis,  par  lesqnels  il  ter- 
mine et  condat  aa  chroniqne  :  ■  Le  snsnommé  j^babdella 
De  M  lasse  ptnnt  d'eDToyer  fréquemment  des  l^ts  à  notre 
roi,  pour  loi  demander  paix  et  grâce  à  la  fois  ;  mais  à  présent 
lacondosion  sera  telle  qa'il  plaira  &  Dien'.  > 

C'est  donc  k  ce  point  qu'en  étaient  les  négociations  de 
paix  de  l'émir  d'nne  part,  et  d'Abdallah  ben  Lopia  de  l'an- 
tre, avec  le  roi  des  Astnries,  an  moment  où.  l'aatenr  de  la 
cfaronjqne  Albeldense  finissait  de  l'écrire.  De  la  paix  avec 
Abdallah,  nous  n'avons  plus  d'antres  indices  que  ceox  qu'on 
pent  tirer  dn  silence  des  antenrs,  qui  ne  parlent  pins  d'an- 
cnne  guerre  entre  lui  et  le  roi  chrétien.  Quant  an  traité  de 
peux  avec  Cordone,  il  parait  avoir  été  l'objet  de  négociations 
Bérienses  et  longues  ;  car  nous  avons  vti  que  Dulcidins,  pré-: 
tre  de  Tolède  et  plénipotentiaire  spédal  dn  roi  des  Astnries 
ponr  cette  négodation,  parti  pour  Gordoue  an  mois  de  sep- 
tembre 883,  n'en  était  pas  encore  de  retour  au  mois  de  no- 
vembre auquel  s'arrête  la  narration  de  l'anonyme  d'Albeïda. 
Ce  fut  probablement  en  décembre  883,  on  an  commence- 
ment de  l'année  suivante,  qae  dut  être  conclue  et  signée  la 
paix  entre  les  deux  nations ,  (qirès  mûre  délibération  des 
danses  du  traité,  et,  à  ce  qoe  tont  indique,  avec  pleine  sin- 
cérité de  part  et  d'autre.  Entre  antres  clanses  on  stipula ,  et 
ceci  est  bien  de  l'esprit  da  temps ,  que  les  chrétiens  ponr- 
rai^t  emporter  de  Cordone  les  restes  de  saint  Euloge  et  de 
sainte  Leocricia'.  le  fait  est  qu'il  n'y  eut  pins  de  guerre  de 
ce  c6te  pendant  les  deux  ans  et  demi  que  régna  encore  Mo- 
hammed, ni  sons  les  deux  règnes  saivans  de  ses  deux  filg 


■  SaprtdielDi  qsoqni  AbabdelU  hgiloa  pro  ptca  et  graUt  nfU  noiUi  laplo* 
dlrifecB  non  duloll  :  «ed  idboc  pnfKtam  «rit  qo»!  Danlao  plicuetit  (<Cbr. 
Alb«ld.,BiuB.Te). 

i  BUcB,  Biptfi.  St|T.,  (.  uxTii. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CH&FITBZ  TBXIZI£HE.  49 

El  Hondbir  et  Abdallah,  dont  le  premier, il  est  vrai,  fut 
fort  court,  de  deux  ans  à  peine,  maiB  dont  le  second  dura 
juqa'en  l'année  912.  Ce  fnt  dans  l'année  même  où  fat  con- 
clue cette  pùx  qn'El  Mondhir  fat  déclaré  asaocié  à  l'empire, 
et  reconmi  fDtnr  soccesBeor  de  Bon  père  par  les  principanx 
de  l'État,  réonû,  à  cet  effet,  à  Cordone  (en  l'an  270  de  l'hé- 
gire—883)'. 

Zainora,Toro,Simaiica8e('nombred'aBtreB  Tilles  an  nord 
dn  Dnero,  demearèrent  alors  aux  chrétiens  et  commencèrent 
à  prendre  qœlqae  consistance.  La  possession  de  l'ÂIava  fut 
aussi  assurée  an  roi  d'Oriédo,  et  Alfonse  profita  du  répit  que 
lui  laissait  la  poix  pour  j  multiplier  les  diàteaux  (  Castella) 
d'ob,  depuis,  la  Castille  a  tiré  son  nom.  Un  cMate  de  cette 
contrée,  par  anticipation  et  mal  à  propos  appelé  par  plusieurs 
Uftioriens  comte  de  Castille,  Didaeus  (IMego),  peupla  Ters 
ce  temps  par  l'ordre  d'AUoiAe,  €t,  sans  doute,  forUâa  Bur- 
gos,  qui,  depuis,  a  joné  nu  r^le  si  important  dans  l'histoire 
d'Espagne  >. 

Pour  la  défense  des  côtes  astnriennes  menacées  par  les 
Normands,  Alfonse  fît  construire  après  la  paix,  eu  884,  sur 
un  des  rodiers  les  plus  élevés  de  la  côte,  voisin  de  l'Océan 
cantabriqae,  le  château  fort  de  Gaozou,  dont  les  ruines 
sdbuBtent  encore  à  une  lieue  de  Gijon.  Ce  château  renfer- 
mait une  église  on  une  chapelle  dédiée  an  Sauveur,  comme 
celle  d'Oviédo  ;  elle  fut  consacrée  par  tvots  évégoes,  Sisnand, 
d'Iria-Flavia  qui  ne  s'appelait  pas  encore  £1  Padron^,  Naa&- 
tau  de  Coïmbre,  etBeccared  de  Lugo.  Plus  tard,  en  905,  le 
loi  donna  ce  ch&teau  k  l'église  d'Oviédo  :  on  conserve  la 
diarte  da  donation  du  château  de  Gsuzon  aux  archives  du 

1  Gonds,!.  S7. 

1  Popnlnll  BortM  nfdacni  momi  par  niuâtlnin  t«sU  Altoml  (  Chr.  Bdt- 
(•M.,  ara  occccun— 88B,Kip«fl.  Siyr.,  1.  um,  p.  SOT].—  Dn  taira  cbron^ 
qae  naiMU  tilt  dedanxtnc —  PopaliTil  DUicni  wmM  Bnrsvt  M  Olnraa 
[Annal.  Cmaptai.,  an  Kcccn,  IMd.,  f.na), 

9  TllUPMmL 

ïv.  4 


>;,l,ZDdbyG00gle 


50  msToiHB  d'zsfagik. 

chapitre  de  cette  ^lise  '.  n  fit  élever  nu  antre  château  dan» 
Oriédo  même,  attenant  à  celai  qa'il  habitait,  car  le  palids  de 
ces  rois  était  tont  tfunpiement  nne  maison  fortifiée,  snr  le 
frontispice  dnqnfll  il  fit  placer  nne  pierre  avec  nne  assez 
longue  inscription  qni  s'est  anssi  conservée.  Cette  inscription 
noos  apprend  qu'AIfonse  armt  déjà  en,  en  ce  temps,  de  sa 
femme  Séména,  deux  fils  ;  plus  tard^lorsqu'il  fit  donation  de 
ees  ieta.  châteanx  &  l'église  métropolitûne  de  la  capitale  des 
Astaries,  il  snbstitiia  ipiinque  natisit  duo&uf^tM  pignore  tMtis, 
parce  qoe, lors  de  la  constraction  des  denx  ch&teani,  il  n'a- 
vait qne  denx  fils,  et  qn'il  en  avait, lors  de  la  donation,  le 
20  janvier  905,  cbns  la  trente-nenvième  année  de  son  règne, 
dnq,  qa'il  nomme  dans  l'acte,  soroir:  Garsea,  Ordonios, 
GondisalTOS,  Itoîla  et  Baniminu,  qni,  àVexception  da  der- 
nier et  de  GondisalTus,  alon  archid^icre  d'Oriédo,  forent  ap- 
pelés à  régner  après  Ini*. 

Le  loisir  qne  lai  laissait  la  paix  avec  les  ArabeH  permit  à  Al- 
fonse  de  fonder  encore  plosienrs  antres  chAteaox,  et  nn  grand 
nombre  de  monastères  et  d'églises  :  Bisco  en  a  donné  le  dé- 
tail^.  Mais  ce  ne  furent  pas  là  les  seules  occupations  du  mo- 
narque chrétien.  Vers  S84,  dans  le  même  temps  qne  Dida- 
cos  peuplait  Borgos,  un  chef  de  gnerre  nommé  Hanno  se 
révolta  contre  le  Toi,et  cssi^  de  lui  ôter  la  vie  aVec  la  cou- 
ronne: ses  projets  forent  découverts,  et  on  châtia  le  coupable 
à  la  manière  dn  temps  :  on  lui  creva  les  7eox  et  ses  Inens 
furent  confisqua;  le  roi  les  donna  à  l'église  de  Saint-Jacques. 
n  enrichit  la  même  église  des  i)ien8  d'un  antre  rebelle  ap- 
pelé Herméoegild,  et  de  ceux  de  la  femme  de  cet  Hennéne» 
gild,  nommée  Hibéria,'  qui,  après  la  mort  de  son  mari,  es- 

■  Uira,Bip»B.S«cr.,l.m<rii.ii.SSO. 

>  tf»  Uittamn  nx,  ailut  OrtenU  neU,  qurlu  U  saccai^oiiB  regnl  C«U) 

A4«fMN,  WU  GWn  MBlugt  BM  SNMM  KBÙMtM'  »■)  filill  DULril  GinM, 

Oidimio,fl«>dlMlTo,oi'eUni)arcMdl«cMo,FNlU,Bwliitra,nKlinHcirl«a)^le. 
(IUd.,Lc.) 
I  Btoc^  B^ASifi.,  I.  nsm. 


:,.;,l,ZDdbyG00gle 


cBAPrrBz  theizième.  SI 

laya  d'dter  Js  vie  m  roi  (en  S85).  Nous  ^utom  dvu  lei 
biatoiiou  du  tempi  U  meoliqii ,  nais  nm  l'npIicfitiaEL  de 
cee  Nrott»  obitinéeB  et  firéqoeotes  qai  troQMèF«nt,dè«  iKm 
début,  le  règne  d' Alfonse,  et  fum  ne  bow  en  donne  à  oooiut- 
tre  les  caoïes,  qai  ùmàenX  t^r  aa  caractère  personnel  «t 
aux  prétentionfl  da  roi,  à  ce  qu'on  peat  conjecturer. —  <•  L'an- 
née luivante,  diseid  brièvement  les  c^roBÛpieB  espagnoles 
qpi  n'oublient  pas^  malgré  la  paix,  qn'il  y  a  un  pwple 
pmMant  au  sud  des  Asturies,  l'année  soiTonte  inonnit 
Mohammed,  roi  de  Cordoue,  afvès  m  règne  de  près  de 
trente-cinq  ans.  Son  dis  Almundar  loi  succéda,  qni  n'en 
r^;na  que  deux  :  il  périt  en  combattant  contre  un  de  ses 
goirremeors  rebelles.  Il  est  poor  soccesseor  son  ft^re  Ab- 
dallah'. <•  C'est  lA  tout  ce  ipa  nous  auiriuu  de  l'Espagne 
arabe,  ù  noua  n'avions  reranrs  uix  historiens  nationaux  de 
cepeu^e. 

Vers  890  s'éleva  en  Galice  on  antra  rebdle  pins  fumida- 
ble  que  les  préoédens,  à  cause  de  ses  alliances  :  il  s'appelait 
Witiia,nom  goth  comme«dnid'Hennâiegild;ilsatiaainte- 
nir  sa  râ)dlion  plusi^nn  années;  et  il  fallut  pour  le  réduire 
qn'AUonse  ^voydt  contre  Ini  une  ai^née  eonsidérable.'Wi- 
tiza,  ^t  prisonnier,  fut  amené  an  roi  ;  mais  on  ignore  quel 
di&timent  il  eut  k  subir.  On  ignore  de  même  le  châtiment 
qui  fat  infligé  à  un  autre  rebelle  qai  s'éleva  presque  dans 
le  même  temps,appcU  Sarradoo,  et  à  sa  femme  Sandina.  Les 
chartes  par  lesquelles  le  roi  donnait  aux  églises  les  tÂens  coq- 
ggqnés  SOT  ces  rebelles  sont  tes  seuls  docnmens  qni  nons 
instruisent  deleor  rébeUion. 

Mais  il  nons  &ut  ici  revenir  aux  Arabes.  Vers  la  An  de 
Vannée  883,  dans  laquelle  ïl  Mondhir  fat  associé  à  l'émirat, 
Ealeb  ben  BafiKinn  renouvela,  avec  les  chrétiens  des  Pyré- 
nées, les  entreprises  de  son  père.  La  araf  de  la  vengeance 

■  Ckra.  Tw.  iBllf. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


52  msTontz  d'e^aohk. 

animant  oei  peuples,  le  rebelle  descendit  avec  ses  paittsans 
mr  les  terres  de  Bordja,  dit  la  chroniqae  arabe,  du  haat  des 
montt^tD^  de  Jacca  où  était  leur  repaire;  ils  firent  des  cour- 
ses sur  la  me  gauche  de  l'Ilnv,  et  les  compagnons  da  re- 
beUe  le  WHomaieDt  Boi.  —  Dès  qu'on  sot  ces  noaTèOes  à 
Cordoœ,  £1  Atondhir  se  mit  en  marche  arec  la  caTolerie  de 
Tolède,  qoe  rassembla  le  général  Walid  ben  Abd  el  Hamid  ; 
ils  prirent  le  chonin  de  Valence,  parce  que  les  algarades 
des  rebelles  s'étoidaient  snr  tout  le  cours  de  l'Ëbre.  Lors- 
qu'ils apprirent  l'arrÏTée  d'£l  Mondhir  qui  marchait  contre 
eux,  ils  se  retirèrent  dans  leurs  montagnes.  El  Mondhir  a'ar^ 
réta  à  Tortose,  et  chargea  le  vali  £bn  Abd  el  Hamid  de  dé- 
fendre la  frwtière  et  d'observer  les  insurgés.  Gelui-d  les 
combattit  avec  des  succès  variés  pendant  tonte  cette  année 
270  (dn  10.  juillet  883  au  27  juin  884).  L'année  suivante 
(884 — 885),  il  remporta  snr  eux  quelques  avantages,  occu- 
pant les  forts  situés  sur  la  &ègre,la  Cinca  et  les  antres  riviè- 
res qui  se  rendent  à  l'Ébre  ;  mais,  au  passage  de  Hisn-Xériz, 
ayant  vaincu  quelques  bandes  chrétiennes,  commandées  •  par 
des  seigneurs  des  montagnes  d'Elfr^,  partisans  d'Ëbn 
Ha&oon,  ■  il  s'adiama  inconsidérément  à  leur  poursuite,  et 
donna  dans  une  embuscade  où  l'armée  des  Musulmans,  se 
trouvant  cernée  de  tous  cAtés  dans  une  étroite  vallée,  fut 
complètement  mise  en  déronte;  Ebu  abd  el  Hamid  tomba, 
percé  de  coups,  au  pouvoir  des  ^memis.  Les  restes  de  l'ar- 
mée vaincue  se  réfugierait  dans  les  villes  voisines  de  la  fron- 
tière, et  beaucoup  de  chefs  arabes  demeurèrent  captif  chez 
les  dirétiens.  Ceci  se  passmt  à  la  fin  de  l'année  272  (mai  on 
juin  886)'. 

Les  affaires  qui  survinrent  à  Cordoue,  et  notamment  la 
mort  de  l'ânir  Mohammed  qui  arriva  en  cette  année,  empé- 
dièrent  de  donner  suite  à  nette  guerre,  et  Kaleb  ben  Hafeoun 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAPITOK  TBEIZlàlIE.  53 

se  tronra  maître,  à  l'avènement  cl'E3  Mondhir,  d'ane  partie  de 
l'Espagne  orientale,  de  toDte  celle  qui  confinait  anx  poB- 
Besàom  des  Franks  et  des  Gotha  dans  la  Catalogne.  Abdallah 
ben  Lopia  était,  de  son  côté,  m^tre  de  Saragosse  et  da  reste 
de  cette  portion  de  la  Péninsnle. 

Telle  était  la  flitoation  de  l'Espagne  quand,  après  un  règne 
contesté  de  trente-daq  an8,Mohammed  mounit  dans  le  mois 
de  safar  de  l'année  273  (jniUet— août  886).  Il  était  né  en 
207 1  :  il  arait,  par  conséquent,  un  peu  plus  de  soiiante-cinq 
ans. 

La  chronique  arahe  rend  compte  d'une  manière  assez  sin- 
gnlière  de  la  mort  de  Mohammed.-  lies  pins  grands  éTéne- 
mens  comme  les  pins  frivoles,  dit-elle,  l'écroulement  d'une 
montagne  comme  le  balancement  et  la  chute  d'une  feuille  de 
saule,  tout  provient  de  la  volonté  divine  et  arrive  comme  il 
est  écrit  BUT  la  table  de»  étemels  décrets.Un  jour  qu'il  venait 
d  e  s'égajer  dans  ses  jardins  en  caosant  avec  Hescham  heu 
À.bd  el  Aziz  ben  Kaled,  waU  de  Jaen,  et  sou  pins  intime 
confident,  l'émir  se  retira  dans  son  appartement,  se  coucha 
pour  prendre  du  repos,  et  fat  saisi  de  l'éternel  sommeil  de 
la  mort,qai  dérobe  les  déhcesda  monde,  arrête  et  termine 
les  soucis  et  les  vaines  espérances  des  hommes.  Ceci  arriva 
le  soir  du  vingt-neuvième  jour  de  la  lune  de  safar  273  {le  di- 
manche 4  août  886]>.  «  —  Mohammed  avait  eu,  de  ses  diffé- 
rentes femmes,  cent  enfans,dont  trente-trois  lui  survécurent; 
deux,  ainsi  que  nous  le  verrons,  régnèrent  après  lui,  £1  Mon- 
dhir et  Abdallah.  Son  secrétaire  intime  était  sou  fils  Abd  el 
Helek.  On  rapporte  conune  un  tnùt  caractéristique  de  cet 
Omm;ade,et  qni  jette  un  jour  assez  net  snr  plus  d'nn  événe- 
ment postérieur,  qu'il  doimait  la  préférence  anx  Syriens  sur 
les  Arabes-Vélédis.  dans  les  emplois  et  dans  les  copseils^. 


:,.;,l,ZDdbyG00gle 


54  msToiBi  d'espaghi. 

Nom  TerroDi  lei  trista  £raitt  qne  prodnislt  cette  pr^étebee 

•OQS  le  second  de  «es  successeurs. 

Comme  soa  père  et  ses  aïeni,  MohaiAlhed  était  poète  et 
bon  poète;  oc  a  conservé  qoelques-nnes  de  ses  compositions 
dans  le  rocneil  intitolé  les  Jardiru  d'Ahmed  ben  Faradji.  Il 
avait  une  belle  écriture,  talent  fort  estimé  des  Arabes  :  on  lit 
dans  les  masimes  d'Ali  :  ■  Apprenez  à  bien  écrire,  la  belle 
écriture  est  une  des  clefs  de  la  richesse.  >  Il  était  aussi  fort 
versé  dans  les  sciences  exactes,  et  il  égalait  s'il  ne  surpassait 
ses  aïeux  en  libéralité,  en  énergie  et  en  éloquence;  on  cite 
surtout  avec  éloge  les  vers  où  il  décrit  une  de  ses  ex- 
péditions de  guerre'. 

n  avait  pour  les  savans  la  même  prédilection  que  son  pbrc. 
Sous  son  règne  mourut  à  Gordoue  Yabyah  ben  el  Hakem  el 
Gazeli,  l'un  des  hommes  de  lettres,  d'état  et  de  guerre,  les 
plus  remarquables  de  ce  siècle,  et  dont  nous  avons  déjà  plo- 
ùenra  fois  entretenu  nos  lecteurs.  Il  avait  été  émir  de  la  mer 
de  Syrie  (Bahr  el  Scham)  an  temps  de  l'émir  Hescham  et  de 
son  fils  El  Hakem,  avait  été  envoyé  en  ambassade,  sons  le 
règne  d'Abd  el  Bahman  II,  à  l'empereur  des  Grecs  et  à  diffé- 
rens  rds  chrétiens,  et  avait  toujours  été  fort  estimé  pour  sa 
douceur,  sa  prudence  et  son  esprit  supérieur.  Les  vers  où  il 
décrit  une  tempête  qu'il  éprouva  en  mer  lors  de  son  voyage 
en  Grèce  sont  fort  célèbres  en  Orient.  Sa  mort  fut  très  don- 
lonrense  à  Mohammed;  mais  il  avait  accompli  sa  carrière, 
dit  son  biographe,  puisque  quatre-vingt-quatorze  atts  avaient 
passé  sur  sa  tète.  Ô  était  né  en  effet  en  l'an  156  de  l'hi^îre, 
l'année  même  de  l'intrusion  d'Abd  el  Hohman  ben]!IIoawîa  (El 
Daghel)  en  Espagne. 

■  Vayti  CoDdB,  c.  ST, ol  Abnn Uekr  (ta  Ciiirl,  I.  ii,  p.  » )  (  —  Hlliaiiiet,  dit 
Abon  Bckr,  qol  fortitndlne,  liberaliule,  comiUM ,  dleendl  copia ,  ilqu  pottld 
M  calcnUlorll  bcDlUla,  n\i  k  reget  Iode^  lopenTtt.  praUa  t  h  p«p«tntt  ipta 
cinalBB  dHtri|iiit. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAPITRE  QDATORZIEHB. 


Bc(M  d'SI  lloiidliir.  —  Bon  Trére  AbdilUh  Imi  laccjde.  —  TraoblM  «1  ■nMNi 
d»  M  rign*.  —  CoBtlBaïUon  de  la  e**rT«  tf  HibaiiB.  —  fimnci  d'indtlca- 
ita.— Bii<dl«  dMll*d<lkd«lJtb._HMtdBr*IaédMSI«d«l'«mit — Ca- 
nctiraatcODdnlMd'iUidclBilimui  cl  lladbatbr,  antii  BU  de  l'éatr.— tda- 
«tUon  dn  petil-flli  de  l'émir,  Abd  el  RjknuD ,  depnti  Abd  «1  tUbman  lU,  «1 
Raur.— Ile»  dtaignt  Mmme  neceaiear  daMDiïeid.  — Ifarld>AbdaHtb — 
GlloatlM  rcapeeUTB  daa  pceplM  M  de«  racea  ea  B^agM  1  t'aifHmcBt  d'Abd 
el  ^«iiinan  m,  —  Aperçu  iteinox. 


£1  Kondbir',  qui  avait  été  reconna  fatur  soccessear  de 
son  père  deux  ans  aaparaTant,  n'était  qoe  le  deuxième  filB 
de  Mohanuned  ben  AM  el  Bahman;  il  était  né  l'an  229  de 
l'hégire  (844),  et  il  avait  on  frère  nommé  Abdallab,  né  l'an 
338>.£1  Houdhù  k  tronrait  aux  bains  d'AImeria  lorsqu'il 
apprit  la  mort  de  Mohammed,  n  se  hdta  de  T«toamer  à  Cur- 
doae,  et  fat  prodamé  émir  le  jour  même  des  fonérailles  de 
son  père  (le  troisième  jonr  de  la  première  lone  de  rabieh  273 
— 7  aoAt  886).  Il  était  somommé  Âboa  el  Hakem.  On  rap- 
porte qoe,  dans  b  cérémonie  des  funérailles,  le  hadjeb  Bes- 
cfaam  ben  Ahdèlarà  s'attira,  par  la  manifestation  trop  viTe 
de  ses  regrets  et  de  son  attachement  à  Hobimmed,  l'inimitié 
de  son  snccesseor.  Ce  hadjeb  était  nn  personnage  distingné, 
qui  avait  été  tendrement  aimé  de  l'émir  précédent.  Hoham- 


I  tm  ehnolipiean  ehiiUeni  la  nemnail  tenr-t-toar  Almoadar,  AUaaiidUr, 
Htnlmandir,  InuB nadir. — Froprtmeal  Uftndrdt  icdre  El  llDDdjlr,car  ce  D'ett 
paa  aTM  nn  dAad  naît  atee  nn  diol  que  ce  noia  l'icrlt  en  irabe;  mili  le  ton  dn 
(  y  étant  praaqw  Inrarcapinile,  on  penl  Ogarer  iMei  bl«D  la  pronondatlon 
arabe  ea  éctiTUl  £1  IfaBdUr^  e'eal  «tail  que  l'Ëcrll  Coude,  Hutqn'il  rénnll  l'ir- 
ItcU  an  ■•«  i  la  manière  eipqnats,  n^en  fonnanl  qn'nn  eenl  moi  niu  la  forme 
AlaMwdblr.  —  lodwlch  de  Tottdt  (EU.  Irabnm, e. SB)  krU  Alnuindlt  aani  t. 
e4  Caidanue  Almanilr. 

I  Toje*  CadrI,  Bibl.  Bitpan.-Arab.  —  Conde  commet  nne  erreur  en  rabanl 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


56  HisTtHBB  d'espagih. 

med  en  feiaait  le  pins  grand  cas  ;  il  l'avait  nommé  vali  de 
Jaen,  et  c'était  loi  qui  avait  fait  bâtir  Kédina-Ubéda  ainn  que 
la  plupart  des  forteresses  de  la  contrée;  enfin  Mohammed 
l'aYait  fait  son  hadjeb,  parce  qn'il  rënnissait  en  loi  seul,  dit 
£1  Bazi,  les  qualités  de  tons  les  cavaliers  de  son  temjH .  Qnand 
£1  fttondhir  arriva  d'Almeria  pour  se  faire  proclamer,  à  peine 
descendu  de  cheval  et  encore  en  hahit  de  voyage,  il  entra 
dans  la  salle  préparée  ponr  la  cérémonie,  les  vètemens  ra  dé- 
sordre et  toot  froissés  de  la  ronte  :  le  hadjeb  Hescham  se 
leva,  tenant  le  Uvre  de  la  Proclamation,  et  en  commença  la 
lecture:  mais,  venant  àparler  de  Mohammed,  les  lannes  et  les 
sangiots  embarrassèrent  sa  langue  ;  de  telle  sorte  qa'ou  en- 
tendit à  peine  ses  paroles  et  qDe,dan8  son  tronble,il  recom- 
mença à  lire  ce  qu'il  avait  déjà  la.  El  Hondhir  le  regarda  avec 
colère,  et  les  assistang,  qni  virent  ce  regard  terrible,  ne  don- 
tèrent  point  qa'il  ne  fût  une  menace  de  mort.  On  en  avertit 
Hescham,  dont  la  donlenr  redonblant  s'exhala  avec  pins  de 
vivacité  encore  :  il  accompagna  le  cercneil  jnsqne  dans  le  sé- 
pulcre, où,  dans  son  désespoir,  ôtant  son  manteau  et  son  tur- 
ban, U  s'écria  en  pleurant  amèrement  :  ■  0  Mohammed!  que 
■  mon  Ame  soit  avec  la1îenne,car,  àcausedetoijje  le  pres- 
•  sens,  one  coupe  mortelle  m'est  réservée.  ■  Hcsdiam  con- 
tinua  cependant  d'exercer  les  fonctions  de  hadjeb  près  du 
nouvel  émir;  mais  lui-même  n'attendit  plus  rien  de  bon  pour 
lui  de  l'avenir. 

Pendant  qu'El  Hondhir  prenmt  ainsi  possession  de  l'émi- 
rat à  Cordone,  Kaleb  ben  Hafsoun  continuait  à  dominer  dans 
l'Espagne  orientale.  On  ne  sait  par  quelles  intrigues  ou  par 
quelles  transactions  il  parvint  même,Tcrs  ce  temps,  â  7  do~ 
miner  seul,  à  l'exclusion  d'Abdallah  ben  Lopia  et  des  antres 
chefs  de  la  paissante  famille  de  Mousa  :  il  est  certain  du  moins 
que  les  historiens  ne  nous  parlent  plus  de  ceux-ci  ;  soit  que 
Ëhn  Hafsonn  les  eût  vaincus  et  mis  à  mort,  8<Ht  qu'il  s'en  fût 
{ait  de  fidèles  et  subalternes  alli^,  ils  ne  jouèrent  plus,  dam 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CBAHTBX  QCATOBZlîaiE.  57 

les  affairet  de  l'Espagne  OTÎentale,  qu'on  r61e  secondaire.  6a- 
rt^^Oflse  et  Unesca  se  rendirent,  an  fils  â'Ha£soim,  dit  la  diro- 
niqœ  arabe;  il  se  fit  maître,  à  l'aide  de  ses  montagnards,  de 
presqne  tontes  les  terres  qn' arrose  l'Èbre,  sor  l'one  et  l'aor 
tre  rive,  à  l'exception  de  Tortose  :  là  il  rassembla  dix  mille 
cheTaox,  sans  compter  nu  plus  grand  nombre  d'hommes  de 
pied,  avec  lesquels  il  pénétra  josqn'aa  pays  de  Tolède,  où, 
par  de  secrètes  intelligences  avec  les  dirétiens,  il  se  ménagea 
l'entrée  de  la  cité;  il  y  fut  reçu  anx  acclamations  dupenpie,  et, 
reconnn  roi  par  les  Tolédaos,  il  mit  garnison  dans  les  châ- 
teaux du  Tage  dont  il  s'empara,  menaçant  par  là  d'assez  près 
la  puissance  de  l'émir  pour  lui  causer  les  plus  -vives  inquié- 
tudes. £1  Mondhir  ordonna  incontinent  le  rass^oblement  des 
bannières  d'Andalousie  et  de  Mérida,  et  il  envoya  en  avant, 
avec  un  corps  choisi  de  cavalerie,  Hescham  ben  Abdelaziz 
contre  lequel  il  noorrissait  nue  haine  secrète  depuis  la  scène 
que  nous  avons  décrite  précédemment,  mais  dont  la  réputa- 
tion de  bravoure  et  d'habileté  remporta  en  cette  occasion;  ce 
général  arriva  h  marches  forcées  aux  confias  de  Tolède.  Ebn 
Hafsoun  cependant  remplissait  de  ses  troupes  les  fbrteresses 
d'Udès,  d'Webda,  d'Alarcon  et  de  Conca,  tandis  qne  l'en- 
nemi poussait  vivement  le  si^  de  Tolède  :  il  sentit  qu'il 
avait  besoin  de  nouveaux  seoours,  et,  pour  gagner  du  temps, 
il  proposa  à  Hescham  ben  Abdelaziz  de  lai  livrer  la  place 
et  de  se  retirer  dans  tes  quartiers  de  l'Espagne  orientale, 
moTenoant  qu'on  lui  fournît,  pour  le  transport  de  ses  bles- 
sés et  des  vivres  qu'il  atait  dans  les  magasins  de  Tolède,  des 
mulets  de  bAt  et  quelques  chariots  attelés  de  bœufs  ;  il  loi  fit 
dire  qu'il  était  venu,  trompé  par  de  mauvais  Musulmans  et 
par  les  chrétiens  de  Tolède;  qu'il  était  maintenant  détrompé 
et  proposait  avec  sincérité  cet  accommodement.  Hesdiamben 
Abddaziz  cmt  à  la  sincérité  de  ces  propositions,  et  intercéda 
.  près  d'El  Mondhir  pour  qae  ce  que  demandait  Ebn  Hafsono 
lui  fût  accordé  j  il  ir<^ait  dans  mt  arrangement  un  moyen 


3,q,l,ZDdbvG00gIe 


58 

henrmx  d'éviter  une  guerre  oÏTile  longue  et  lan^aate,  et 
dont  l'iHae  était  donteoie  :  toat  tA  dcHio  r^lë  en  Mué- 
qoenee;  les  mulets  da  bAt  et  les  diarioti  furent  livréa  as  re- 
bdle,  qui  traitait  de  paimnoe  à  paiwanGe  ayec  l'émir,  poii- 
qoe,  dioiB  ce  traité  mèine,  étaient  réservés  toos  ses  droits,  on 
A  l'on  vent  ses  prétentionB,  ior  l'Espagne  orientale,  lloe 
grande  partie  des  troupes  qo'Ebn  Hafsoon  arait  à  Tolède  en. 
sortit,  mais  >  ce  fin  renard  d'Babonn,  ■  comme  l'appelle  la 
chronique  arabe,  fit  cacher  dans  la  plaœ  l'antre  partie,  non 
moins  considérable,  et,  avec  leurs  mulets  et  leurs  chariots 
chargés  de  malades  et  de  prorinons,  lui  et  les  siens  eurent 
l'air,  comme  ils  l'avaient  promis,  d'abandonner  la  ville,qai  fat 
anssitôt  occiq>ée  par  quelqnes  IroiqMS  d'Arabes  andaloosieiis, 
et  placée  sous  le  commandement  d'un  wali  dévoué  aui  Om- 
myades.  Alors  Hescham  retonma  à  Cordoue  près  de  l'émir, 
se  félicitant  d'avoir,  par  on  bonheur  et  one  faveur  spédale 
de  Dieu,  terminé  ainsi  cette  guerre  civile,  qui  menaçait  d'être 
longue  et  cruelle;  mais  le  malheureux  hadjeb  comptait  sans 
la  perfidie  de  son  adversaire .  A  peine  Kaleb  ben  Hafsoan  eotr 
il  appris  le  départ  des  troupes  de  Cordoue  et  l'approche  de 
ses  auxiliaires  montagnards,  qu'il  reprit  hardiment  l'offensive: 
an  moyen  des  intelligences  qu'il  avait  &  Tolède  et  des  troupes 
qu'il  y  avait  laissées  cachées,  il  y  entra  bientôt  de  nouveau,  et, 
i  la  tète  de  ses  rades  compagnons,  il  s'empara  avec  une  égale 
ftcilité  des  châteaux  qui  garnissaient  ta  rive  gaoebe  da  Tage, 
rétablissant  ainsi  partout  son  autorité,  et  se  fusant  plus  f<nt 
qu'il  ne  l'avait  été  jusque^  dans  l'Espagne  centrale. 

La  nonvcUe  de  ce  hardi  mouvement  d'Hafaoun  remplit  El 
Mondhir  d'indignation  et  de  colère,  et  il  s'en  prit  au  loyal 
Hescham  ben  Abdelaziz,  première  dupe  du  rusé  Ebn  Haf- 
soan, et  qn'il  haïssait  d'ailleurs  comme  nons  l'avons  vu  ;  il 
le  manda  devant  lui,  et  lui  dit  avec  colère  :  «  C'est  toi  qui 
m'as  conseillé  cette  trêve,  toi  qui  as  aidé  à  la  perfidie  du  re- 
belle ;  ta  mourras*  aujourd'hui  pour  que  d'autres  apprennent 


>;,l,ZDdbyG00gIe 


I  QDATtStZliaiB.  59 

h  être  prndens  et  ftTisés.  »  Pais,  saiu  égard  pour  les  serriceg 
paaéfl  dn  hftdjeb,il  lui  fit  trancher  la  tète  dans  la  conr  dn 
palais  (le  26  du  moii  de  schaval  273  —  25  mars  887).  Bes- 
cham  fot  fiTetnent  et  géDéralement  regretté  &  Cordoae,  car 
il  avait  été  tonjoars  et  également  bon  et  a&ible  poar  les 
grands  et  pour  les  petits,  dit  son  biographe  '.  La  vengeance 
de  rétnir  ne  s'arrêta  pas  là  :  elle  s'étendit  aux  denz  flig 
d'Hescbam,  Omar  et  Ahmed,  'waUs  de  Jaen  et  d'Ubéda  :  iJ 
leur  ftta  leurs  gonTememens,  les  fit  enfermer  dans  ane  toor 
et  confisqua  leurs  hiens.  Telle  était  la  Jostice  distribatJTe  de 
ce  temps. 

Incontinent  £1  Mondhir  donna  aax  caïds  d'Andalonsie  et 
de  Mérida  l'ordre  de  réunir  leurs  bannières  et  de  le  rejoindre 
&  Tolède  ;  et,  dè«  le  jour  «uivant,  il  partit  avec  les  troupes 
de  ta  garde ,  emmeoimt  en  sa  compagnie  son  frère  Abdallah , 
le  plus  brave  et  le  pliu  «avant  de  tons  les  fils  de  l'émir  Mo- 
hammed, dit  la  chronique  arabe. 

.  Sur  le  brait  de  sa  marche,  les  partisans  d'£bn  Ha&oun 
n'osèrent  point  venir  à  sa  rencontre  ;  les  ans  se  tinrent  ren- 
fermés dans  Tolède,leB  autres  dans  les  forteresses  de  la  pro- 
vince de  Tolède,  l'émir  chai^ea  son  frère  Abdallah  dn  siège 
de  la  place,  et  loi-méme,  avec  un  camp  volant  de  cavalerie, 
il  se  mit  à  la  poursuite  des  rebelles  et  de  leurs  auxiliaires  :  il 
les  combattit  avec  des  succès  balancés  eu  différentes  occa- 
sions; pour  l'ordinaire  il  battait  et  culbutait  les  compagnies  de 
guerriers  qui  osaient  se  mesurer  avec  les  cavaliers  de  Cor- 
doae qu'il  commandait,  tous  gens  d'élite  et  les  plus  vaiUans 
de  r Andalousie.  H  parvint  à  les  chasser  de  qnelques-nnes 
des  forteresses  qu'ils  occupaient  aar  le  loge,  brûla  quelques 
villages  où  les  chrétiens  se  retranchaient,  ce  qui  donne  à 
penser  qae  les  popnlatioDS  indigènes  ou  romùnes  étMent 

<  IM  AlnwA  bea  HohnuMd  el  Bfd,  ffiM.  du  Badjtbf  d'bp^M,  dtu  Coude, 


>;,l,ZDdbyG00gle 


pour  Ebn  Hafiloiui,oa  easayalmt  de  profiter  de  ces  trooUes 
pour  se  Mostraire  à  la  domination  de  Cordoae;  et  la  guerre 
contimia  aiiiù  plos  d'une  année,  ne  se  passant  goère  de  jour 
ga'il  n'y  eût  qnélqae  escarmottthe  on  qnelqoe  rencontre  plus 
oa  moins  importante.  Âa  commencement  de  l'année  275,  £1 
Hondhir  était  encore  occupé  à  cette  guerre,  et,  avec  des 
tronpes  fraiclies,  il  courait  le  pays,  cherchant  l'occanon  d'en 
venir  à  onc  batiûlle  déôsÎTe  arec  Hafaonn,  qoi,  de  son  c6té, 
éfitùt  habilement  la  rencontre  des  tronpes  andalonsiennes, 
lorsque,  en  jour,  à  la  tête  senlem^t  de  qnelqnes  compagnies 
de  ses  plos  braves  cavaliers,  il  découvrit  nae  nombreuse 
armée  de  rebelles  campée  non  loin  de  Hisn-Webde,  an  pied 
de  la  hantenr  que  domine  cette  forteresse  :  sans  considérer 
leur  nombre  et  l'avantage  de  leur  position,  il  se  jeta,  avec  sa 
bravoure  et  son  ardeur  accoutumées,  sur  les  ennemis,  qnî, 
d'abord  snrpris,  firent  un  mouvement  de  retraite,  mais  gni, 
presque  aussitôt,  se  retournant  nombreux  et  pressés,  enve- 
loppèrent les  cavaliers  d'Andalousie,  et  les  culbutèrent  ru- 
dement :  £1  Mondhir  tomba  dans  la  mêlée  sons  les  lances 
ennemies;  toute  la  petite  tronpe  des  cavaliers  d'Andalousie 
prouva  le  m^e  sort  et  demeura  accablée  par  des  forces  si 
supérieures.  Ainsi  périt,  dans  la  seconde  année  de  son  r^e, 
et  dans  la  qoarante-sizième  de  son  Age,  El  Mondhir  ben 
Mohammed,  sixième  émir  d'Espagne  de  la  race  d'Omm^ah 
(à  la  fin  de  la  lune  de  safar  275— juillet  883)  <. 

La  nouvelle  de  la  défaite  et  de  la  mort  de  l'émir  parvint 
bientôt  an  camp  de  Tolède;  elle  y  répuidit  la  consternation. 
£1  Mondhir  avait  été  nn  homme  dur  et  cruel,  mais  rade  et 
vaillant  à  la  guerre,  et  il  fut  vivement  regretté  de  ses  com- 
pagnons :  la  plupart  avaient  suivi  ses  drapeaux  et  avaient  été 
témoins  de  ses  exploits  ;  ils  l'avaient  TU,dè8  sa  première  jeu- 

1  Son  tigoe  fat  S'm  m,  onia  moi*  «t  Tingl-doq  |odm,  i'tftië  IM  Ttpporli 
ordiDiim  dei  ierittloi  orieniini.— El  Ubobl  (duu  Conde,  c  S9)  dit  qu'il  réfMi 
âmn  ui  MdM  qoiu*  |oan. 


i.vGoogIc 


CHARtBE  QUATOBZlfaCE.  61 

«ne,  sDoflrir  les  fetigaes  de  la  gaerre  avec  gaieté,avec  va- 
leur, arec  mie  Cermeté  inaltérable  :  en  ancrme  occasion,  en 
«DCDD  dai^er,  dit  mq  biographe,  on  ne  le  vit  changer  âe 
vis^e:  il  était  futrémement  frogal  ;  il  ne  se  distingaait  point 
dei  chefil  sabaltemes  par  ses  Tètemens,  par  ses  armes  on  m 
trane;  sa  tente  n'était  ni  plos  grande  ni  plos  ornée  que  celle 
des  antres  'waUs,  et  ne  s'en  distinguait  qne  par  la  bannière 
parttcalière  de  sa  race  et  les  insignes  de  son  rai]^ '.  Son  frère 
Abdallah,  qui  commandait  le  siège,  donna  ordre  aoz  walis 
de  le  continner  et  partit  pour  Gordoue,  accompagné  d'un 
corps  de  cavalerie  particnlièrement  dévoaé  A  sa  persoDoe. 

II  y  arriva  joste  an  moment  où,  bot  la  nouvelle  de  la  mort 
de  son  Ërère ,  le  «Hiseil  des  priudpanx  (le  meschouar)  s'é- 
tait assemblé  pour  aviser  anx  mesures  à  prendre.  Abdallah 
se  présenta  an  conseil,  dont  tons  les  membres,  dit  la  chro- 
niqae  arabe,  se  levèrent  à  son  aspect  et  le  proclamèrent  émir, 
loi  jurant  fidélité  et  obéissance  sans  réserres  ni  conditions, 
car  telle  était  la  manière  d'entendre  le  ponvoir  chez  les  Ara- 
bes, une  fois  conféré.  Le  i^emieT  acte  d'Abdallah  fat  nn  acte 
de  piété  fraternelle;  il  fit  transporter  à'CoTdone  le  corps  d'El 
Hondhir  et  vonlot  qa'on  fit  à  son  frère  des  funérailles  di- 
gnes d'nn  émir,  et  il  cbai^ea  son  frère  Taconb  de  les  diri- 
ger. Les  historiens  masnlmans  nooS  ajqirennent  qu'Abdal- 
lah avait  une  belle  figure,  le  teint  blanc  et  coloré,  de  grands 
jeux  biens,  la'  taille  mo^eime,  mais  bien  proportionnée; 
qa'il  eicellait  aux  exercices  da  c6rps  comme  le  premier  des 
Abd  el  Rahman  et  plaisait  par  là  beaocoap  aux  jeunes  Cor- 
dooans.  n  était  né  de  réponse  la  plus  aimée  de  Hoham-> 
med,  Atharah,  pour  laquelle  il  eut  toujours  beancoap  de 
tendresse  et  de  respect.  Dès  le  premier  jour  de  son  règne  il 
fit  mettre  en  liberté  les  deux  fils  du  hadjéb  Hescham  ben 
Abdelaziz,  ainù  qoe  leur  maître,  célèbre  parmi  les  lettré^ 


>;,l,ZDdbyG00gle 


(a  anTomi  d'espagio. 

de  cette  époque,  Bjébîr  bea  Gûth  de  Libla,  et  il  leur  fit 
rendre  leurs  binu.  Cette  géoéreiue  conduite  IqI  condlia 
particulièrement  le  peuple  de  Cordone,  où  les  fila  d'Bei- 
cham  étaient  fort  aimés,  tit  fut  fort  ap{daiuiîe,  «ÙTant  l'ait- 
teor  qui  est  ootre  prindpal  guide  pour  ce  règne,  de  tous 
les  premien  de  l'état,  hauts  dignitaires ,  vàlis  et  généraax 
de  ^eInIÙre^  £1  Hoodhir  arait,  le  jour  même  où  il  fut  tué, 
donoé  l'ordre  d'empaler  les  deux  fils  d'Hescham;  Abdallah 
ne  leur  £t  pas  seulement  grftce,  il  donna  à  Omar  le  goD- 
Temement  de  Jaen  qu'avait  en  son  père,  et  fit  Ahmed  capi- 
taine de  la  caTalerie  de  sa  garde.  Gela  seul  indiquait  on 
changemoit  de  poUtique;  mais  ce  changement,  cet  acte  de 
dànence  honorable  et  qui  trandiait  ai  heoieaaement  avec 
les  procédés  faroadtea  d'Ël  Mondhir,  entraîna  cependant 
les  plus  graves  conséipienGeSi  et,  s'il  plot  au  peuple  de 
Gordoae,  il  déplut  à  la  funiUe  m£me  de  l'émir,  et  sartont 
à  l'aJué  de  ses  fils,  Hohamni£d,  vali  de  SéviUe,  que  des 
ditféreuB  de  jennesse  et  de  galanterie  avaient  rendu  ennemi 
des  fils  d'HeschUD  ben  Abd^aiù. 

Le  mécontent^neofrqne  la  nomination  d'Omar  et  d'Ahmed 
h  ces  postes  itqpoctans  excUa  dana  la  famille  de  l'émir  fut 
mAnifi  m  grand  qu'il  se  manifesta  aosutdt  par  des  actes  et 
une  révolte  :  l'émir,  en  ^et,  avait  à  peiqe  tout  disposé 
'  pour  reprendre  et  poursuivre  la  guerre  contre  £bn  Haâtoun, 
dans  laquelle  £1  Mondhir  avait  péci,  lorsqu'il  apprit  que  son 
fils  aîné  Mohammed,  et  ses  libères  El  Asbadj  et  Khas^n  s'é- 
taient lignés  contre  lui  dans  le  sud  de  l'Andalousie  avec  d'au- 
tres -walis  et  caïds,  et  faisuent  la  guerre  au  -wali  de  Jaen , 
Omar  ben  Abdelaziz,  depnis  peu  de  jours  réinstallé  dans 
son  gouvernement.  Cette  nouvelle  loi  fit  craindre  qne  son 
fils  rebdle  n'entavinAt  dans  son  parti  tout  le  pays  de  Xérès 
et  de  Sidonia,  dont  les  valis  étai^t  ses  oncles,  et,  par  un 

E«n*,  wiUm  7  cradUlM  (Conte,  c  W). 


>;,l,ZDdbyG00gle 


esprit  de  riraltté  indifidaellfl,  enuemU  de  l'ânir  lear  frère  : 
aÎDsi  menacé  de  denx  cbléA  par  Haboon  et  par  son  fil»,  et, 
pour  BiDii  dire  entre  denx  feox,  le  BmTel  émir  partagea 
setforcet:  il  B'empraMa  d'oivoyer  à  Sérille  le  plw  âdi^  de 
■M  filB,  Àbd  el  Bahnm,  iiuwMmé  d^«i>  El  Hodhaffer, 
moins  poiur  oombuttre  son  frère  aîné  Mohammed,  que  pour 
ad.oacir  et  rameuOT  cet  esprit  inquiet  et  sopeslie ,  dit  l'éori- 
ysja  qtB  senl  mérite  d'être  soin  pota  tout  w  règne';  et 
lui^oême  sediqtoia  à  partir  pour  le  pays  de  Tplède.  Hais,  près- 
qœ  en  raémt  te^ts  et  par  nn  jUchenx  conoonrg  de  circons- 
tances (dans  leqœl  cependant  on  ne  saurait  reconnaître  rien 
de  craoerté,  et  qui  n'étût  que  rcewre  du  hasard  on  plntAt 
de  la  force  des  choses  dans  nn  état  socîbI  dont  la  tiiba  était 
l'élément  prindpal),!!  reçut  aris  de  denx  nonTeBOS.  moare- 
mesH  inBorrectUinDels ,  qn'(Hi  nons  rapporte  wa  nous  ea 
dévoiler  les  caMest  l'un  dn  wali  de  LiBbonne,  l'antre  du 
eadi  de  Hérida.  Le  premier,  da  nom  d'Abd  el  Wahel),  avait 
pris  les  snnes  contre  les  valis  de  Lamego,  d'ÂUandica  et 
d'Alfereda,  qai  gardaient  la  frontière  dn  Dnero ',1e  second, 
nommé  Sool^raan  ben  Anis  ben  El  Bag^  et  qai  jonera  on 
rdle  singulier  dans  la  snite  de  cette  histoire,  cadi  de  Vé- 
rida,  en  arait  chassé  le  irali,  et  s';  était  &it  ,w^  â)dépei>- 
dant  k  sa  place ,  à  la  sttHe  d'nn  sonlèvemeDt  populaire  exdié 
parlaiensafareiir.Ahddlahebai^si  le  waair  Abon  OQunan 
Obéid  Âllah  Abon  Abdtdi,  qm  avait  été  précepteur  de  am 
fils ,  de  la  rédaction  dn  premier.  Prêt  à  maroher  contre  To- 
lède ,  il  se  réserva  à  Ini-même  le  t^Âtiineat  pins  faoOe  da 
second  ;  il  surprit  Hérida  avec  de  noqdHeuses  troupes,  et  le 
cadi  rebelle  Ini  ayant  demandé  grâce,  il  lui  pardonna,  ainsi 
qu'à  ses  complices ,  en  considération  de  sa  jeonesse  rt  de  ses 
talens ,  dit  la  chronigue  :  noos  verrons  ta  effet  qae  le  jenne 


>;,l,ZDdbyG00gle 


t  BI&tOIBt  D'ESPAâim. 

belle  n'en  manquait  pas,  «artoat  pour  la  poétie  épigram- 
itiqae. 

Le  plm  grand  ennemi  d' AMallah  cependant  était  Hafsoan , 
njonra  maître  de  Tolède,  et  contre  leqnel  af  ait  été  préparée 
xpédition  qni  Tenait  de  chAtier  en  passant  le  cadi  Souléïman 
Q  èl  BagAh  de  Hérida.  AMall^  pounnivit  aa  marche  Ters 
Tage ,  SOT  les  bords  dnqnel  il  rechercha  s  vivement  Haf- 
on  (qoi ,  fidèle  à  sa  tactique  ancienne ,  évitait  avec  soin 
•n  venir  à  ooe  bataille  rainée,)  qn'U  parvint  enfin  à  le 
rprendre  dans  nne  plaine  décoaverte  où  la  cavalerie  de 
rdooe  fit  merveiUe  ;  mais  ce  succès,  conune  tant  d'autres, 
décida  point  de  la  fortnne  de  Tolède ,  encore  moins  de 
le  d'Ebn  Ha&oon ,  dont  les  intelligences  et  les  possessions 
tendaient  an  loin  dans  l'Espagne  orientale  et  le  long  de  la 
Edne  des  Pyrénées  :  la  guerre  se  poursuivit  dans  l'Espagne 
itrale  avec  des  vicissitndes  diverses,  mais  sans  avantages 
EâsifB,  et  le  peu  de  succès  des  nidations  d'iJid  el  Dali- 
m  el  Modhafier  avec  son  frère  Hohanuned,  qni  ne  l'avait 
I  même  daigné  recevoir  à  Sérijle  et  n'avait  répondu  ni  à 
lettres  ni  à  ses  conseils,  obligea  sur  ces  entrefaites  Ab- 
lah  à  laisser  la  continaation  de  cette  guerre  h  ses  lieute- 
is,  pour  entreprendre  en  personne  la  réduction  de  son 
.  Ainsi  toat  semblût  seconder  la  fortune  de  Hafsoun,  qui, 
adroit  politique,  songea  dès  lors  à  étendre  ses  intelligen- 
jnsqu'en  Andalousie,  et  à  y  recruter  des  partisans.  Une 
irense  nouvelle  vint  tempérer  cependant  la  douleur  que 
air  avait  d'être  obligé  de  recourir  aux  armes  contre  son 
pre  fils  et  d'abandonner  la  guerre  contre  Hafsoun;  il  ap- 
t  le  succès  de  l'expédition  de  Lusitanie  contre  le  wali  ré- 
té  de  Lisbonne.  Abon  Othinan  Obddallah  el  Gamri  s'é- 
;  rendu  maître  de  la  place  et  j  avait  rétabli  l'antorité  de 
lir;  il  avait  fejt  même  chose  à  Xilbe,  Biseo  et  Cdimria 
ves,  Visen  et  Colmbre),  doçl  les  walis  avaient  suivi  le 


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CHAPrmX  QUATOttZIEICE.  65 

parti  de  celai  de  Lisbonne;  et  il  en  envoyait  des  tânoigna- 
ges  irrécusables,  selon  l'us^  da  temps,  c'est-à*dire  les  têtes 
coupées  des  tralis  rebelles .  Celle  d' Abd  el  Wabeb  de  Lisbonne 
fnt  préientée  la  première  à  Abdallah  et  saccessivement ,  avec 
les  cérémonies  d'nsage,  celles  des  malheoretix  compagnons 
d'Abdel  Wabeb '. 

£a  Andalousie  cependant  les  affaires  se  compliqaaient 
d'une  manière  étrange;  la  confusion  était  partont.  Le  midi 
de  l'ËBp^ne  était  deveou  le  théâtre  de  Inttes  et  de  divisions 
innombrables;  jamais  encore  les  nvalités  des  tribus  conqné- 
ranteSjles  divisions  des  r^^ces  pressées  sar  cette  terre  à  moi- 
tié africaine,  n'avalent  éclaté  avec  cette  énergie  et  produit 
plus  de  complications  singulières,  malheureusement  inexpli- 
quées pour  nous  dans  leurs  motifs  spéciaux.  Le  fait  toutefois 
qui  domine  tonte  cette  bistoire  se  démêle  nettement ,  même 
dans  le  réât  confus  de  Coude.  Noos  l'avons  plus  d'une  fois 
indigné  ;  i(^  les  évënemens  le  démontrent  jusqu'à  l'évidence. 
.  IVons  parlerons  par  conséquent,  avec  qaelqac  détail  de  cette 
gQcrre  d'Andalousie,  si  complexe.et  û  longue,  mtùs  en  mémo 
temps  si  instructive,  et  oâ  iqfpi^aissent  (bien  qa'encore  as- 
sez confusément,  grâce  au  peu  de  clarté  des  récits  arabes) 
des  causes  et  des  origines  ignorées  jusqu'ici. 

Cette  guerre  d'Andalousie  fut  des  plus  complexes,  comme 
nous  venons  de  le  dire:  ce  ne  furent  pas  seulement  en  effet 
les  chefs  militaires  de  sa  famille,  son  fils  Mohammed,  ses  frè- 
res El  Asbadj  et  Abou'l  Kbasem,  qa'eut  à  y  combattre  Ab- 
dallah :  à  la  faveur  du  soulèvement  de  Mohammed  et  sans 
faire  cause  oommnne  svec  loi,  vingt  chefs  s'étaient  leva , 
dans  ce  qu'on  a  appelé  depuis  Grenade  et  Jaen ,  contre  Gor- 
doue;  vingt  tribus  avaient  profité-des  dissensions  de  la  fa- 
mQle  d'Ommyah  pour  chercher  l'indépendance;  et  Ealcb  ben 
Halboun ,  héritier  des  haines  et  de  l'ambition  de  sou  père , 


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ti6  HISTOIItZ  DESPAfinE. 

avait  su  se  créer  de  loin  on  parti  parmi  ces  tribtu.  Le  fait, 
bien  qae  l'histoire  n'en  dise  pas  les  cames,  est  certain'.  Or, 
c'était  on  nommé  Obeïdatlab  bea  Ommjab,  samommé  EL 
Salath ,  qni  (^tait  l'agent  d'Hafsoan  dans  le  pays  de  Jaen  ;  ce 
chef  astncieut',  dit  la  chroniqne  arabe,  ligné  avec  Sonar  bea 
Hambdoom  el  Kaûi,  qui  disposait  de  sept  mille  hommes, 
s'empara  dea  hauteurs  de  Samontan  aa  pays  de  Jaen.  Souw 
el  Kaïû  était  nn  des  chefs  les  phia  poiasaus  des  tribas  de 
rAndalonsie  orientale  et  l'nn  des  plus  redoutables  ennemis 
de  la  faction  des  Syriens  de  Cordone,  dont  les  Ommyadea 
étaient  les  chefs,  et  qa'il^  ftivorisaïent  à  l'exclouon  de  toutes 
les  autres;  il  avait  fondé  on  agrandi  on  grand  nombre  de 
Tilles  Ml  snd  et  à  l'oQest  du  Xéoil,  nommément  Alhamrah, 
Baeça,  Mankhesa,  Jaen  et  Gnadix.  Les  forteresses  élevées 
par  loi  et  par  les  antres  chefs  des  révoltés ,  dans  les  mon- 
tagnes de  Grenade,  forent  nommées  Al-Bordjêla  (Châteaux 
des  aUiés)j  et  de  ce  mot,  corrompu  pae  les  Espagnols,  s'est 
formé  le  nom  d' Alp^jarras ,  que  psrtent  anjoard'hni  ces 
montagnes'.  Sooar  ben  Hambdoum  cl  Kaïsi  se  mit  à  la  tète 
des  tribus  mécontentes;  les  partisans  de  Yésid  ben  Tahyah 
ben  Sookâlab ,  ânir  des  Arabes  ^ ,  et  la  faction  des  Maonli- 
(Uns  (hommes  de  sang  mêlé),  très  poissante  par  ses  ridies- 
ses,  au  dire  du  chroniqueur  que  nous  suivons  ici,  se  joignit 
à  eux;  ils  avaient  à  leur  solde  environ  six  mille  hommes, 


■  Toj.  Cende,ces. 

1  Coida  Hpandut  Indiqae  un*  aain  orlfiae ,  H  ptéttiid  qu'Alpnjirru  (•" 
Bagicharra)  tbdI  dira  monUfnei  d'iierbe»  el  de  paiorHE"-  M.  ilt  S*ei  prn- 
cbalt  pour  la  première  orlcTne. 

3  Amir  do  loi  Ârcbei,  dll  Cando,  c  62.  —  Penl-tlra  ce  mat  d«ilsne-l4l  Id 
tpèdalenent  ceux  dïi  Arabei  qui  éuienl  litai  det  liibui  orrantM  dn  dèiert,lei 
Aribei  paileun,  qui,  eni  aaul,  dDTSDt  fournir  un  conlingent  eonsldénble  î  la 
((«qBilB.Cest  duBialiiieaqa«p«siililaMfuiIorl«aLiIIiMparliieili  Fr.  Jota 
de  BOBU,  VuUtiai  da  lingoa  arabica  en  Portugal,  au  mot  Alane  (Àlarabi), 
p.  18  dal'id.  de  laso.  — nLa  palaira  AlirTC,  aioDle  aoa  £dlt«ur  Fr.  Joie  da 
8tuoAaU)iilalIcinr«,hemnltoiiHd(  «Dire  DOa  cornu tlgnifictfOsi  d»  rmlIcOf 
bnio;  c  Mim  iitoMt  ;  ctmcMno  hum  aUrre.  ■ 


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CEUFtlBE  qUATOBZIEHK.  67 

tant  anbef  qae  chrétietts,  dont  ils  grouirent  ies  rangs  des 
sept  nùDe  compagnons  qu'avait  déjà  sons  les  armes  £1  Kaîû. 
kne  ces  forces  Us  s'emparèrent  de  Cadoaa  et  s'arancèrent 
fort  srant  dans  les  campagnes  aasuddaGnadalqnivir.Gaood 
hm  Abd  el  Gafir,  vali  dn  pays  de  Jaen  ponr  l'émir  de  Cor- 
doae,  marcha  oontre  enx.  Les  deux  armées  se  rencontrèrent 
et  engagèrent  on  cosibat ,  dans  leqoel  Gaoad  fnt  vainen,  per- 
dit sept  mille  hommes  et  tomha  lui-même  entre  lea  maîni^  des 
rebelles  ainsi  que  plnnenrs  chefs  distiognés  de  son  armée; 
ils  fuient  emmenés  prisonniers  dans  le  nonveaa  fort  de  Gar- 
nathah,  au  conchant  de  Médina-Elbira,  dît  la  chronique 
arabe  *.  Ce  sont  là  peut-être  les  véritables  commeacemens 
de  Grenade,  c'en  est  do  moins  h  première  mention  sérieu- 
sement historique.  L'épitbète  de  nouveau,  donnée  en  cette 
occasion ,  par  l'écrivain  arabe ,  au  fort  qm  a  été  le  berceau 
de  Grenade,  sembla  indiquer  que  nous  en  avons  trop,  peut- 
être  ,  avancé  la  fondation ,  en  la  plaçant ,  sur  la  foi  d'écri- 
vains orientaux  plus  modernes ,  sous  le  règne  du  premier 
des  Abd  el  Bahman. 

Cette  première  victoire  des  rsbelles  fut  célélu^  en  vers 
par  Saïd  ben  Sonleïman  ben  Gondhi,  un  de  leurs  chef$'i  le 
chant  qu'il  composa  à  cette  oocaoon  respire  au  {dus  baut 
degré  ces  passions  de  tribo,  causes  évidentes,  bien  que  l'his- 
toire et  l'ouvrage  de  Coude  en  particulier  prennent  si  peu  de 
soin  d'y  innster,  des  fréquentes  guerres  dviles  qui  troublé* 
rent  dès  f  ongine  l'empire  des  Husolmans  en  Espagne. 

Nous  ne  connaissons  ce  chant  qqe  par  la  veiwon  de  Gonde  ; 
il  fat  composé  sans  doute  quelques  instans  après  la  bataille; 
en  Toid  la  traduction  : 

s  Déjà  la  pousnère  que  soulève  notre  marche  remplit  leur 


1  Cooda,  e.  8S. 

3  Said  bsD  SoolelnuD  ban  Goadhl  Italt  d'ans  fkcUoB  de  BTrlsni  d«  Klurtn 
jubU«dnilep«pdBJua(lqnt'inlaal  tosjoar*  éli  oppotéi  usSfilfMd* 
£«rAPDc,  BulwiTcmeul  tiTorfii)  P  ar  lei  Oaioyi*»- 


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68  mST01B£  D  S^AGIOE. 

armée  de  terreur  ;  eOe  s'élève  en  épais  noage  et  tout  le  ciel 
en  est  obscurci. 

<  A  la  rencontre  de  nos  lances,  timides, ils  tonment  le 
dos.  Ces  lances  altérées  de  leur  sang  s'en  abreavent  :  épon- 
"vantés,  ils  f nient;  l'espace  lenr  manque:  pâles  et  sans  ha- 
leine ils  tombent  bientôt  sons  nos  mains. 

>  Interne  Sonar  :  il  te  dira  comment,dans  le  fort  de  b 
mêlée ,  les  ëpées  indiennes  abattaient  les  têtes  et  dépouillaient 
les  porteurs  de  turbans  de  leors  ceintures  et  de  leurs  ome- 
mens. 

»  Interroge  les  Beny-Alhamrab  :  ils  te  diront  comment, 
qaand  vint  leur  tonr ,  ils  se  précipitèrent  comme  des  mon- 
tagnes dont  les  cimes  élevées  s'écroulent. 

°  JÀf  Dieu  dâroisit  ceux  gui  avaient  quitté  nos  banniè- 
res; et  snr  eux  roula  la  meule  des  batailles  avec  une  si  ter~ 
rible  violence  qu'il  n'en  resta  pas  un.' 

>  Ainsi,  les  fils  d'Adnan  et  de  Kakhtan  s'attaquent,  lut- 
tent, B'étrdgnent:  ils  nous  combattent  par  de  vils  stratagè- 
mes; mais  nos  cavaliers  et  nos  piétons  coiifoodcnt  lenr  espoir. 

a  Le  ploB  vùllant  des  Kaïs  noos  coiomande  :  son  épée  dé- 
goutte de  sang  et  ie  promène  dans  la  mêlée  à  une  incompa- 
rable hauteur'.  » 

Enhardis  par  ces  avantages  les  rebelles  se  répandirent  dans 
toute  la  province  et  occupèrent  Huescar,  Jaen  ,  Raya,  Ar- 
chldoaa  et  tout  le  pays  d'EUnra  jusqu'à  Galat-Babab  ;  par 
là  ils  communiquaient  avec  Kaleh  ben  Hafooun.  Cette  prise 
de  possession  eut  lieu  vers  la  fin  de  l'année  de  l'bégire  276 
(mars  on  avril  890).  Irrité  de  ces  succès,  Abdallah  partit 
alors  de  C(Hrdoue,  h  la  tête  des  troupes  d'Andalousie  et  de 
la  cavalerie  soldée  de  sa  garde;  il  donna  le  commandement 
de  l'infanterie  et  des  archers  à  Abd  el  Itahman  ben  Bedr  Ah- 
med, général  fort  habitué  aux  montagnes,  et  particoUère- 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CSAPrniZ  QD&TOBZUblE.  69 

ment  à  cellet  de  Bonda  et  anx  Alpajarras.  Ce  déploiement 
coniidéiiible  de  forces  ne  fut  pas  vain  :  l'émir  avait  d'ailleurs , 
aBsore-t-on ,  juré  de  ne  rentrer  à  Cordone  qu'après  avoir 
détruit  •  ces  hordes  de  bandits  >.  Il  entra  avec  son  armée 
sur  les  terres  de  Jaen,  où  qoedqaes  compagnies  des  rebelles 
Tinrent  à  sa  rencontre  ;  Abd  el  Babman  bcn  Bedr  les  dispersa 
et  les  ponrsnivit,  pendant  qa' Abdallah ,  poussant  vers  le 
Md  y  marchait  h  la  recherche  de  Sooar  ben  Homdoun ,  qui 
l'attendait  an  pied  des  Âipujarras  avec  les  enfaus  d'Elbira , 
d'Alhamrah  et  de  Geroathah,  réunis  à  ses  Arabes-VélédiB  :  la 
bataille  se  donna  près  du  Darro;  les  rebelles  eurent  le  des- 
sons. Souar  blessé  fut  fait  prisonnier  et  amené  devant  l'émir 
vainquenr,  qui  loi  fit  trancher  la  tète  et  l'envoya  à  Cordone 
avec  la  nouvelle  de  sa  victoire  (juin  on  juillet  890).  L'émir  - 
des  Arabes  Yémémtes,  Ebn  Sonkèlah,  fut  tné  dans  cette 
rencontre  qa'on  appela  la  bataille  de  Médina -Elbira.  Le 
même  poète  qui  avait  célébré  en  Ters  éner^qaes  la  première 
victoire  de  Sooar,  Saïd  ben  SoDleïman  ben  Goadhi,  fit  sur 
sa  mort  une  sorte  de  chant  funèbre .  Eu  voici  quelques  tnûls  : 
*  Dans  les  montagnes  d'Elbira  s'est  brisée  l'épée  de  Sonar, 
l'épée  qui  a  fait  prendre  aox  femmes  de  Cordoue  de  tristes 
fétemens  de  deuil,  l'épée  qui  a  fait  vider  tant  de  fois  anx 
partisans  d'Abon  Sidqni  la  coupe  des  affreuses  agonies. 

■  Pour  venger  Souar  lui  seul  j'en  tuai  mille,  car  loi  seul 
valait  |das  de  mille  soldats.  Four  un  des  nôtres  mille  des 
leurs ,  c'est  encore,  lenr  faire  bon  marché  '.  > 

Or,  le  frère  du  guerrier  qui  venait  de  faire  cette  poétique 
oraison  funèbre  h  son  chff  et  &  son  ami,  poète  aussi,  fut 
chmsi  après  la  bataille  pour  le  remplacer.  Hais,  plus  vail- 
lant et  pins  hardi  que  sage ,  et  se  confiant  à  la  valeur  de  ses 
bandes  aguerries,  il  crut  pouvoir  descendre  dans  les  plaines 
et  les  prairies  qui  forment  la  Véga  de  Grenade  et  de  Loja, 


>;,l,ZDdbyG00gk' 


70 

oâ  il  fat  accablé  par  lea  forces  sapérienres  d'Abdallah,  qui 
l'attagaèrent  de  tontes  parts  :  le  brave  chef  tomba  grièTe- 
ment  blesse  anx  mains  des  soldats  dont  il  arait  percé  de  sa 
lance  et  toé  nn  grand  nombre,  et  fat  amené  devant  l'émir , 
qoi  en  usa  pen  généreosement  avec  Ini.  Abdallah  en  effet  ne 
se  contenta  pas  de  Ini  faire  trancher  la  tête,  selon  la  prati- 
que mnsnhnane ,  il  Ini  fit  auparavant  brûler  les  yeux  avec 
nn  fer  chand,  cnianté  gratoite  et  d'nn  vaincpienr  barbare, 
et  ce  ne  fat  qa'aprës  trois  jonra  de  tortures  et  de  souffran- 
ces, qu'on  loi  coupa  la  tête  :  trophée  sanglant  qui  fat  envoyé 
à  Gordoue  avec  la  aouvelle  de  cette  bataille'. 

Les  restes  de  l'année  vaincue  des  bandits,  comme  parlent 
les  chroniqueurs  onimyades,  se  réunirent  à  Elbira,  qai,  mal- 
gré tont ,  leur  restait ,  et  nommèrent  poar  leur  général  un 
chef  que  ces  chroniqaenrs  qoaUflent  eux-mêmes  d'homme 
illnstie  et  conrageox  :  ce  chef  s'appelait  Mohammed  ben 
Adhelia  ben  Abd  èl  Athif  cl  Hambdani  :  il  était  d'origine 
persane,  et  possédait  la  forteresse  et  les  terres  d'Alhama*. 
Moins  téméraire  qne  son  prédécessenr.ilse  r^ogiadansles 
aspérités  inaccessibles  des  montagnes  d'Autequera,  de  Gre- 
nade et  de  Bouda,  et  sut  j  déjouer  longtemps,  bien  qu'aveo 
peu  d'éclat,  les  vains  efforts  de  l'émir  pour  l'y  réduire. 

Bien  ne  lasse  d'aillenrs  comme  la  lenteur  de  ces  guerres 
de  montagnes,  et  il  parait  qne  l'émir,  après  ces  succès,  ne 
jugea  ni  convenable  ni  nécessaire  de  s'y  arrêter  davantage, 
et  reprit  le  chemin  de  Cordone.  Haftoun  était ,  au  fond , 
l'Ame  de  cette  révolte ,  et,  d'Hoescar  où  il  était,  il  animait 
et  secourait  les  révoltés;  mais  la  défaite  du  dernier  chef  et 
l'extrême  prudence  de  son  snccessenr  lai  firent  comprendre 
qa'il  n'y  avait  pas  Heu  d'espérer  là  on  soccis  immédiat.  Son 
agent  Abdallah  ben  el  Salath,  voyant  dispersés  et  mal  distri- 


B,  Il  Tina  iM  biiM. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAFITBE  QDATOBZlKltK.  71 

boéft  les  bataillons  destinés  à  cette  goerre  de  montagnes, 
nous  dit-on,  se  retira  avec  ses  troupes  prêt  d'EbnHabotta  à 
Haesear. 

Abdallah  ne  prit  point  part  en  personne,  bien  qoe  cela  eût 
été  d'abord  son  dessein,  à  la  gnerre  qne  le  prince  Abd  d 
Sahman  el  Modhaffer,  son  fils,  faisait  dans  l'Ândalonsie  oc- 
cidentale à  son  aotre  fils  Hohammed  et  à  ses  {rèrea  Khasem 
et  El  Asbadj  ;  il  rentra  dans  Cordoae,  et  se  contenta  d'en- 
voyer à  £1  Modbaffer  on  renfort  conùdërable  de  cavalerie 
pour  ramener  Hohammed  à  l'obéissance.  Séville  et  Carmone 
furent  en  peu  de  jours  enlevées  à  Mohammed.  El  Hodhaffer 
B'assara  de  ces  deux  places  importantes,  et  se  mit  aosûtôt  i 
la  ponrsmte  de  l'année  de  son  frère  :  il  l'atteignit  à  peu  de 
distance  de  SéviUe,  et  an  combat  ne  tarda  pas  à  s'engager 
SOT  l'Alxarafe  à  l'oneet  de  la  ville'.  On  y  voyait  aux  mains, 
dit  la  chromqae  arabe,  les  pins  nobles  et  les  pins  vaiUans 
cavahers  d'Andalonsie,  ceux  de  Xérès,  d'ArcosetdeSidonia, 
d'nne  part,  ceux  de  Cordone,  d'Ecija,  de  Carmone  et  de  Sé- 
viUe, de  l'antre.  La  bataille  devint  en  pea  de  momens  géné- 
rale :  de  part  et  d'antre  on  combattit  avec  la  pins  grande 
ardenr  ;  mus  la  victoire  resta  k  ceux  de  Cordone  :  Hohammed 
eut  son  cheval  tné  sons  loi.  Couvert  de  blessures,  il  ne  put 
se  dégager,  et  fut  fait  prisonnier.  On  l'amena  h  son  frère  qui 
fit  mettre  un  appareil  à  ses  blessures  et  le  fit  garder  à  vue 
dans  sa  tente  ;  le  frère  d'AMallah ,  Khasem  Abon  Zéid,  fut 
pris  ans^,  également  couvert  de  blessures,  et  amené  à  son 

■  Alurife  OD  AimCg  an  Mpignol.dc  ruraLs  al  Scbwif.  —  Od  donne  m 
Dooi  «o  tarritolra  iliaè  diu  la  loiiiuic  da  8tfllla,qDl,MnnBnf«al  i  dm 
dami-liena  h  paa  prti  d«  la  tills ,  inr  U  ri  Te  droila  da  fiudalqalTir,  forma,  en 
■''ileTint  lonjonra  Tan  l'ousit  peDdint  l'cipsca  de  bail  h  nanf  Henai,  un  dci 
dUideti  lai  plDi  reilllea  de  rBapopi*  mirUlonile.  lUIrana  dtl  Aljtnfe  en  oe- 
cnpe  h  pan  pri»  le  mlUan.  C'aii  an  nlien  da  aen  éliitUon,  va  panl-ètra  de  »n 
eicallCDce,  qne  Ui  A»be«  appelèrent  ce  diilricl  El  SebariF,  aienlSanl  proprc- 
manl  rtlèfntlon,  la  haataur,  le  lien  ilaTé,  el  par  eitenalon  le  terrain  fécond, 

aiaaUteni,  BiecllaDt.  —Vojei,  tnr  l'Aliarafa  da  Etrille,  Znfilga  ,  Aiuialcf  de 

SaTlUa.p.  4,  cal.  1,  al Bod.  Cuo,  Aitiemedadea,  (OL  SI». 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


72  HISTOIEE  d'eSFAGSB. 

nerea  Abd  el  Bahman  el  Modhaffer,  qui  le  fit  de  même  U!u- 
ter  et  garder  avec  soia.  Amenés  à  Sévilte,  Hohanuncâ  et  Klia- 
sem  7  forent  enfermés  dans  une  toor,  où  le  premier  monrat 
pen  de  temps  après,  de  ses  blessures  sans  doute  et  du  cha- 
grin de  se  voir  'vainca  ;  quelqueB-aiiB  disent  par  le  poison 
que  lui  lit  donner  son  frère  Abd  el  Bahman  sur  l'ordre  de 
son  père'.  C'ect  la  première  fois  qu'il  est  parlé  de  poison 
dans  l'histoire  des  Arabes  andalonsiens  ;  nous  verrons  mal- 
heureoseiaent  que  ce  ne  fot  pas  la  seule  application  qu'on 
en  fit  sons  ce  rè^e.  Stohammed  moorut  le  10  du  mois  de 
schawal  282  (3  décembre  89&)3.  Il  avait  alors  vingt-sept  ans. 
On  surnomma  populairement  ce  prince  infortuné,  de  la 
mort  qu'on  supposait  lui  avoir  été  donnée,  El  Haktonl 
(l'Assassiné)^.  Mohammed  laissait  un  fils  âgé  de  quatre  ans, 
nommé  Ahd  el  Bahman,  que  Dieu  réservait  à  de  grandes 
choses,  dit  l'historien  arabe,  et  que  nous  verrons  en  effet 
porter  au  pins  haut  point  la  gloire  de  l'empire  moBulman 
d'Occident,et  s'adjuger  le  prenûer  ouvertement  les  titres  les 
plus  vénérés  de  la  hiérarchie  musulmane,  les  titres  sacrés 
d'imam  et  de  prince  des  fidèles.  On  appelait  à  Cordoue  cet 
enfant  Abd  el  Bahman  ben  cl  Haktoul  (Abd  el  Bahman 
fils  de  l'AEsasùné),  dans  la  croyance  -où  l'on  étmt,&  tort  ou 
à  raison,  que  son  père  n'était  pas  mort  de  sa  mort  naturelle; 
sur  quoi  les  avis  des  historiens  arabes  sont  très  partages^. 
Par  cette  mort,  tout  le  pays  de  SéviUe  et  de  Cadix  rentra 
BOUS  la  dépendance  de  Cordoue.  AbdaUah  mit  de  nouveaux 
gouverneurs  à  Xérès,  â  Astepa  et  h  Sidonia.  Quant  &  son 
frère  Khaaem  Abon  Zéid,  il  voulut  lui  donner  le  gouveme- 
meut  de  SéviUe; mais  £1  Blodhaffer  et  d'autres  walis  fidèles 


■  Coiui«,  c  ei. 

'  A  tnlrt  Almolrapb  Tklua  et  inlcremplni  ul  (■ohunsUl 
Mbeidii  moi  gglts  SSS,  tnnoin  17  seoiu  (Culrl,  t.  u>  p.  aOOJ. 
*  CoDde,  1.  c. 
Vaj.  Condt,  c  «i. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAPITH<  QUATOnZliUK.  73 

s'y  opposèrent  et  il  demewB  oublié  et  prisonnier  sur  sa  pa- 
role'. 

L'Espagne  sarrasine  ne  fat  plus  alors  divisée  en  apparence 
qu'entre  trois  grandes  fcctioas  musulmanes ,  celle  d'Ebn 
Ha&oun  dans  l'Espagne  centrale  et  orientale,  d'Hoescar  à 
Tudèle,  celle  dn  chef  des  tribus  da  sud,  setgaeur  d'Albama, 
Mohammed  ben  Adheba  beu  Abd  el  Âthif  el  Hambdani, 
maître  des  baoteurs  méridionales  de  l'Àndalonùe,  des  AI- 
pujarras  à  Djebal-Tbâreq,  et  enfin  celle  des  maîtres  de  Gor- 
done;  mais  ce  n'était  là  que  ta  diviùon  politique  ^parente 
de  l'Espagne  sarrasine.  Hille  diviûons,  mille  focUons  sub- 
sistaient et  s'agitaient  sons  cette  apparence  :  ehocoa  tirait 
à  soi ,  si  l'on  peut  ainsi  dire.  Les  mœurs  cbevaleresqucs 
et  partant  individuelles  qui  devaient  prévaloir  dans  les  âgra 
siûviu»,apr^  la  gloiîense  mais  passagère  unité  du  Ebalifat, 
coounençaient  k  se  montrer  partout.  En  cette  même  année 
382,  nous  dit  le  cbroniqaenr  mosubuan,  par  soite  de  res- 
sentimens  et  de  rivalités  personneUes,  devinrent  ennemis  le 
wali  de  Garmone  Abd  el  Uelek  |>en  Abdallah  et  le  -wali  de 
Jaen  Omar  ben  Hescbam  ben  Abd  el  Aziz  :  ils  se  défif:rent 
en  duunp  dos,  et  Abd  el  Helek  tna  Omar  ben  Hescbam. 
Pea  de  joors  après,  £1  Hotaref,  SiB  de  Mohammed  ben 
Abd  el  Bahman  et  l'un  des  plus  jeones  frères  de  l'émir  ré- 
gnant, que  ses  nobles  qualités  plaçaient  au  premier  rang 
de  ta  jeunesse  et  que  les  lieo&d'ono  vive  amitié  attachaient 
anx  fils  d'Hescham  ben  Abd  el  Am,  attaqua  à  deux  milles 
de  Séville  et  tua  le  wali  Abd  à  Helek.  £1  Hotaref  ben  Mo- 
hammed était  waU  supérieur  de  la  province  de  Séville;  il 
donna  le  gouvernement  d'Abd  el  Udek  à  Ahmed  ben  Hes- 
diam ,  frère  de  ce  mâme  Omar  dont  il  avait  vengé  la  mort. 
Abd  el  MeJek  avait  un  fils  nommé  Herwan.  Dans  le  ramft- 
dhan  de  cette  même  année  fat  toé  violemment  dans  one  me, 


:,.;,l,ZDdbyG00gIC 


74  DSTODS  D'BSPAOHK. 

pendant  la  nuit,  le  prince  £1  Hotaref,  qui  arait  alora  vingt- 
quatre  ani.  On  soapçMina  Herwan  ben  Abd  el  Helek  de  ce 
meortre;  on  en  eut,  à  ce  qa'il  parait,  la  prrave  certaine  :  il 
fat  arrêté  et  demeura  enfermé  jniqa'en  l'année  284,  qa'il 
moDmt  dans  sa  prison  '.  —  C'est  ainsi  qne  chacon- s'éloi- 
gnait de  pins  es  plus  des  vrais  principes  de  la  civilisation 
et  que  se  formaient  chez  les  Arabes  d'Espagne  ces  mceors 
singoliëres  qui  ont  subsisté  si  longtemps  après  eux.  c  Le 
premier  objet  de  la  àvilisaUon  >  dit  excellemment  on  admi- 
rable écrivain',  est  de  mettre  la  protection  générale  de  la 
loi,  également  administrée,  à  la  place  de  oette  justice  sau- 
vage que  chaque  homme  se  rendait  à  lui-même,  suivant  la 
longueur  de  son  épée  oh  la  force  de  son  bras.  La  loi  dit  au 
sujets  d'nne  voix  qui  ne  le  cède  qu'à  celle  de  la  divinité  :  — 
La  vengeance  m'appartlentl  »  C'est  ce  qne  nous  cherdterons 
vainement  en  Espagne  pendant  encore  bien  longtemps. 

Cet  esprit  naissant  de  chevalerie  se  manifestait  alors  par- 
tout. Ou  se  souvient  de  Saïd  ben  Souleiman  ben  (îondhi, 
do  chantre  de  Sonar  ben  Hambdoun  et  de  la  bataille  d'El- 
bira.  Il  était  de  la  factiod  des  Haouliding  et  s'était  retiré 
près  de  Ealeb  ben  Ha&oon,  après  la  défaite  et  la  mort  de 
son  frère  dans  les  plaines  de  Loja.  C'était  un  très  brave  cava- 
lier, dit  la  chronique  arabe,etron  disait  de  lui  qu'il  avait  les 
dix  qualités  qui  distinguent  les  nobles  et  généreux  cavaliers, 
qui  sont  bonté,  vaillancç,  adresse  à  manier  un  cheval,  grflce, 
esprit  poétique,  bcan  langage,  force,  dextérité  h  se  servir  de 
la  lance,  h  manier  l'épée,  à  tirer  l'arc.  On  ne  sait  à  quel 
propos  il  eut  vers  ce  temps  un  différend  avec  Ëhn  Hafsoan, 
et  ausBitAt  il  le  défia  en  champ  clos.  Kaleb  ne  répondit  point 
à  son  cartel;  mais  Saïd  le  surprit  un  jonr  dans  son  camp,  l'at- 
taqua et  lui  fit  vider  les  arçons  :  Ealeb  tomba  de  son  cheval, 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAFITBI  HVÈ.rOBXIÈia.  75 

etSaïdraDTaittné,ditlainémediroiiiqae,Bi  les  amis  d'Haf- 
wran  n'étaient  interreDaB  pour  l'en  empêcher.  Ce  différend  - 
ramena  pea  après  Said  ben  Sonleimaa  boob  l'obéissance  d'Àb- 
dallab  :  au  moins  TÎnt-il  ^vre  parmi  les  siens  à  Ellnra,  sa 
patrie  ;  il  j  monrat  depuis  en  284  '. 

Les  chroniqaes  arabes  mentionnent  sons  l'année  285  de 
l'h^ire  nne  femine  qni  fat  générale  en  Espagne  et  en  Afri- 
que, et  si  cruelle  que  les  pauvres  se  dévoraient  les  uns  les 
antres  (expression  textueUe).  La  peste  s'en  suivit,  et  la  mor- 
talité fat  telle  que  l'on  enterrait  à  la  fois  un  grand  nombre 
de  morts  dans  la  même  sépultore  :  les  fossoyeurs  ne  pon- 
Taient  suffire  h  creuser  les  fosses  nécessaires  à  tant  de  morts, 
et  les  moribonds  se  rendaient  eux-mêmes  aux  cimetières  où 
l'on  enterrait  les  cadavres  sans  les  laver,  et  sans  aucunes  des 
prières  prescrites  par  la  religion  =". 

Cependant  la  pûx  régnait  toujours  entre  Alfonse  III  et  Ab- 
dallab.  Un  événement  militaire  vint  même  alors  singulière- 
ment resserrer  leurs  bons  rapports  d'amitié.  Il  y  avait  dans 
le  parti  de  Kaleb  ben  Hafeonn  tm  général  de  naissance  il- 
lustre (il  était  de  la  famille  même  des  Ommyades)  appelé 
Ahmed  ben  Moawiah  ben  el  Eithi  et  surnommé  Abou'l  Kha- 
Bémi.  —  "  Dans  ks  vaines  prétentions  des  princes,  dit  la 
cbromque  arabe,  il  avait  recherché  h  faveur  du  rebelle 
Hafaonn^.>  Ce  qui  semble  indiquer  qu'il  était  passé  à  Kaleb 


1  El  Awli,  poile  dei  Arabci  d'Blbln,  «niMe  l'appelle  db  icrlTiin  |de  w  di- 
lloa,  lit  de*  Tïri  pour  ■■  tomba  dont  Toid  U  IrnduclIoD  ; 

nid  repoM  CBlal  qal  marriMilt  Iti  piiiTrei  ibandonné*,  qui  Icar  prt- 
lait  MU  ombrigc  pMdul  VUt,  qnl  lenr  4oaD*l[  dd  abri  pendant  l'blTer. 

B  Un  peu  de  giian  1*  cacbe,  mais  c'eit  on  eaion  Senci  :  qu'il  aoit  lonjontt 
couvert  de  raiei,  el  qna  le  Jatmln  y  crolue  lanjenri  tpela .' 

»  D«pnli  qtte  Im  cbaaupa  produiMul  dei  Sein,  k*  bola  de*  hnSlet  el  le*  llen- 
TM  de  Fean,  depni*  qn«  le  loldl  luit,  il  lia  bommea  ni  lea  ginla*  a'onl  «n 
penonne  d'un  anui  noble  c«Mr  que  ce  Said  Ici  eueTell. 

>  OknMfd«auTns,unMnc<MMI«deinT'll>H!> 

3  CoDSe,  c  «s. 

>IMd.,Lc.  i 


>;,l,ZDdbyG00gk' 


76  msTomB  d'bspaghb. 

par  baine  et  esprit  de  Teogeance  contre  les  siens.  Ahmed 
ben  el  Kithi,que  les  chrétiens  appellent  on  ne  sait  poorqnoi 
Alchaman,  s'était  placé  en  pen  de  temps  an  premier  rang 
parmi  les  rebelles  et  Hafsoon  loi  avait  laissé  prendre  le  com- 
nuodement  supérieur  de  la  province  de  Xolëde  et  de  Tala- 
Téra.  Fier  et  vooknt  se  signaler  par  qaelqae  conp  d'éclat 
contre  les  chrétiens  pour  s'en  autoriser  pins  tard  dans  ses 
entreprises  contre  l'émir  de  Clordone,  fanatique  à  l'excès  et 
se  donnant,  dit-on,  pour  prophète^,  il  résolut  de  s'empara 
de  Zamora  et  de  poursuivre  les  chrétiens  à  outrance  au  nord 
du  Doéro.  U  conçut  mteie,  &  ce  qu'il  parait,  le  projet  de  les 
réduire  jusque  dans  leurs  montagnes^  et  de  s'en  faire  un 
instrument  contre  Gordoue.'Qu'il  agit  sncèrement  dans  l'in- 
térêt d'Hafsoun, c'est  ce  qu'il  n'est  pas  facile  de  savoir.Quoi 
qu'il  en  sott,  il  rassembla  vers  ce  temps  une  année  conùdé- 
rable,recmtée  sur  toutes  les  terres  des  r^>elles,  et,  à  ce  qu'il 
semble,  jusque  parmi  les  tribus  berbères  de  l'Afrique.  Haf* 
soutt  était  maitre  alors  de  Tarragone,  de  Tortose  et  de  Valence 
et  pouvait  par  là  communiquer  par  ses  flottes  avec  l'Afrique. 
Ahmed  réunit,  dit-M}n,  à  divers  titres  et  par  divers  mobiles» 
(A  de  tous  tes  pays  où  Haboun  avait  quelque  crédit,  une 
armée  de  soixante  mille  hommes,  probablemmt  peu  disci- 
plinée, mais  la  plus  forte  qu'un  chsf  de  rebelles  eût  jamaia 
eue  jusque  là  sons  ses  ordres.  Les  chrétiens,  en  paix  aveË 
Abdallah,  ne  gardaient  point  ou  gardaient  mal  leurs  firon- 
tières.  Ahmed  Abou'l  Khasem  y  fit  tout-à-coup  une  violente 
irruption  avec  ses  bandes  indiscipUnées,  pillant  indistincte- 
ment, dit  la  chronique,  les  villes  des  chrétiens  comme  celles 
des  Musulmans.  Au  bruit  de  cette  invasion  inattendue,  les 
chrétiens  s'enfuirent  vers  Zamora,  où  ils  s'enfermèrent,  ap- 
pelant à  eux  leurs  frères  de  tous  les  états  d'Alfonse.  Lea 
aâàa  eux-mêmes  qui  gardaieiit  la  froidiÈre  mnsolouuie  pour 

I  BuDpIr.  Chr.,  c.  14. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


(aUPmu  QUATOBOÈHE.  77 

l'émir  de  Cordooe  écrivirent  austitôt  an  roi  chrétien,  ■  s'ei- 
nuaDt  enrere  loi  de  ces  algarades  qa'ib  ne  ponTaient  em- 
pèdier,  et  qm  ne  Tenaient  point  d'eux,  non  plus  qne  des 
bcKU  et  lojanz  sajets  sonmiB  à  leur  sonTerain  '.  >  Abon'l 
Ehasem  de  son  càté,  suivant  l'usage  qui  commençait  alors  à 
s'iatrodoire,  écriTÏt  anui  an  chef  des  Âstmiens  arec  beaaconp 
de  Tanité  et  d'arrogance,-  le  menaçant,  s'il  ne  se  faisait  pas 
mosolman  on  son  vassal,  de  le  chasser  de  ses  terres  et  de 
loi  faire  souffrir  nne  mort  ignominieose  et  croelle.  Il  se  porta 
cependant  snr  Zamora,  devant  laquelle  il  mit  le  siège.  Les 
dirétiens  s'émnrent  et  prirent  les  armes  dans  tontes  les  pro- 
vinces, et  bientôt  Alfonse  parut  dans  les  campagnes  de  Za- 
mora à  la  tète  d'nne  armée  non  moins  considâ-able  que  celle 
de  l'ennemi,  avant  qne  celni-OL  se  fût  rendu  maître  de  la 
ptaee. 

Ces  deux  grondes  armées  ne  forent  pas  plal6t  en  présence 
qu'elles  engagèrent  un  combat  général  qoi  se  maintint  avec 
un  é^  acharnement  pendant  quatre  jours.  Le  dernier  jour, 
d'antres  disent  le  premief ,  la  cavalerio  berbère  abandonna 
le  champ  de  bataille  ;  les  Hnsnlmans  de  l'Eqt^De  orientale 
et  du  pays  de  Tolède  combattirent  néanmoins  avec  beaucoup 
de  fermeté  ain^  que  le  général  Ahmed  lui-mùme  qui  perdit 
la  Tie  dans  la  m^ée  :  lui  mort,  les  Musulmans  s'enfuirent  en 
désordre  et  les  cdirétienB  en  firent  un  grand  carnage  ^.  Dans 
la  fuite  périt  Abd  el  Bslnnan  ben  Moavriab,  f^re  du  précédent 
et  vrali  de  Tortosc.  Les  chrétiens  ^  avaient  emprunté  cet 
usage  anx  Arabes)  coopèrent  d'innombrables  ttHes,  qu'ils 


■  Gonde,  c.  6i> 

1  Coude,  e.  M.  •- L'antsar  dMene  le*  eattUen  irrluini  qnl  qnillètetil  In 
ptrlle  BTiDt  qu'elle  lût  lemilDée  loi»  le  nem  de  tôt  arra|i(K«i  t(rt«rf«i  (lei  ebtf* 
berbèm).  Onlii  deoi  U chrODlqne  de  Bimpinu;— loUruinb  en  DCccciim, 
eoneiegilo  eiercltn  inB;iio,  Arabes  Zemoriin  propenrunl.  Bttc  uidieni  lere- 
«bslmostex,  congregito  mt^no  eierella,  inUr  le  dliiilcuiIe*,ei>openDle  di- 
Yln*  tlementii,  dcletll  eoi  uiqoe  ad  I  Dternedonem  etiim  Akbimiii,  <|dI  pro- 
pheiA  eornin  dicrbainr,  Ibldeni  cornilt  et  pleTlt  Mrra  (  Sa^r.  Cbr.,  ■,  U). 


>;,l,ZDdbyG00gk' 


78  BisTOOtE  d'espagkk. 

douèrent  aox  crébeaDi  et  aux  portes  de  Zamora.  Cette  Tic- 
toire,  dit  la  chronique  arabe,  dertut  en  pea  de  jours  célèbre 
en  Espagne  soos  le  nom  de  journée  de  Zamora  (288-90I),et, 
bien  que  remportée  sur  des  Snsulmans  rebelles,  elle  effraya 
et  affligea  tons  les  Trais  croyans. 

L'iropreseion  de  donlenr  que  causa  la  déroute  de  Zamora 
parmi  les  contpiérans  fut  générale  et  lenr  fit  oublier  leurs 
inimitiés  et  leurs  rivalités  domestiques. Un  moment  elle  pamt 
devoir  amener  une  conOagratioa  générale  entre  les  chrétiens 
et  les  Musulmans.  Les  ferrens  sectateurs  de  l'islam  prêchaient 
qae  le  peuple  musulman  devait  s'armer  en  masse  pour  ven- 
ger la  mort  de  ses  frères;  mais  Abdallah,  loin  de  céder  aux 
instances  des  fanatiques  qui  lui  couBeillaient  de  s'arranger 
avec  Ealeb  ben  Hafsoun  et  de  déclarer  une  guerre  à  feu  et  à 
sang  aux  chrétiens,  envoya  le  général  Obeïdellah  cl  Gamri, 
qui  était  en  ce  temps  Trali  de  Lisbonne,  près  d'Âlfonse  pour 
l'excnser  et  pour  former  avec  lui  une  noavelLe  et  ploa  étroite 
alliance.  Le  vrali  rempUt  son  ambassade  à  la  satisfaction 
d'Abdallah,  et  conclut  une  alliance  offensive  et  défensive  avec 
Alfonse,  qu'il  eut  l'art  de  porter  à  profiter  de  l'avantage 
qu'il  venait  d'obtenir  à  Zamora,  et  à  poursuivre  les  partisans 
d'Bafsoun  qui  menaçaient  incessamment  les  frontières  de  son 
royaume. 

Feu  après  la  victoire  de  Zamora,  Alfonse  se  porta  en  effet 
sur  Tolède,  dans  la  résolution  de  la  prendre  :  mais,  conudé- 
rant  les  difficultés  du  siège,  il  s'empressa  d'accepter  une  forte 
Homme  d'aifient  que  lui  offrirent  les  habitans  pour  l'éloigner, 
et  n'y  persista  point  ' .  Il  reprit  la  route  des  Asturies  ;  et,  che- 
min faisant,  il  prit  d'assaut  un  château  des  ennemis,  appelé 
Qniuttîa-Lubel,  duquel  on  n'a  pas  d'autre  notice.  La  garnison 
en  fut  en  partie  immolée,  en  partie  foite  prisonnière.  A  Gar- 


I  la  liUi  dlibiii».  m  Toltlnn  ptncsiti  H  lUdam  k  ToleUaii  copioM  ma- 
lien McapU  (Sampir.  Chr-,  a.  14). 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CBAPTtBX  QbATOfiZikiB.  ?9 

tlon  On  Mclare  da  roi,  sans  doate  mi  des  priMiinlen  qa'U 
venait  de  faire  h  Qiiliiitia-Lii]}el,d'iin  nom  évidemment  arabe,' 
tenta  de  le  tner  ;  mais  son  lirojet  ayant  été  déconvert,  il  fot 
exécuté  arec  toate  la  famille  ' .  Le  motif  de  cette  dernière  ten- 
tative est  fiujile  à  concevoir  de  la  part  d'an  Arabe  mahométan 
dont  le  roi  chrétien  venait  de  massacrer  les  frères,  et  dont 
la  condition  mtaie  pouvait  exalter  an  plus  haut  point  la  haine 
oa  le  fanatisme. 

Jje  SDccès  des  négociations  d'Ahdallah  et  son  alliance  avec 
le  roi  chrétien  le  décréditèreat  tontefois  auprès  des  austères 
et  dévots  Musulmans  des  mosquées  de  l'AndalouBie,  et  la 
hardiesse  des  imams  et  des  khatehs  alla  dans  quelques  cités 
jusqu'à  omettre  son  nom  de  Iakhothbah,  conune  s'U  eût  été 
mauvais  Musulman  ou  excommunié.  Gela  fut  pratiqué  avec 
pins  d' audace  &  Sévîlle  où  le  prince  Ehasem  excita  ouverte- 
ment la  population  à  ne  point  payer  l'impôt  du  zékat,  et  fit 
sabstituer  dans  la  prière  publique  au  nom  de  son  frère  celui 
du  khalife  de  Bagdad  AI)ba8ûde,Motadhed-BiUah.ll  fallut 
sévir  contre  £hasem;  on  l'arrêta  et  il  fat  enfermé  dans  que 
prison  où  il  périt  peu  de  jours  après  par  le  poison  (290-903). 
Kbasem  ben  Mohammed  Aboa  Zéid  était  un  esprit  distingué, 
mais  dévoré  d'amhilîon;  il  avait  surtout  un  grand  génie  pod- 
tiqne,  et  on  le  connaissait  sons  le  surnom  d'El  Gourlan. 

Kaleb  ben  Haftoon  cependant  n'aspirait  pas  à  moins  qa'à 
s'arroger  les  prérogatives  et  le  titre  d'émir,  en  «'emparant  du 
siège  m£me  de  l'émirat.  C'est  ce  que  prouve  d'une  manière 
irrécasable  la  tentative  qu'il  Ht  alors,  à  la  faveur  des  troubles 
qui  agitaient  l'Andalousie.  De  Balay  (Baylen)  à  vingt  milles 
de  Cordoue,  où  il  se  trouvait  en  ce  temps  incognito,  il  se  ren- 
dit, pareillement  incognito,  à  Cordoue  même,  où  il  n'était 
pas  sans  amis  dévoués.  Si,  effectivement,  la  chance  eût  tourné 


I El  inde  rertniu  eepll  glidlo  cmUDob  (ptod  dldtnr  QnIaltU'LBlMl 

■iqiM  CwtUwB  *eaU,  «t  IbMMt  mnmm  «un  AJwMteo»  «un  fiUbnii  m- 
cUmrl  inidt|Wfnadcafli«TeniliiMKBir«^[ibld.,I.c.). 


:,  Google 


SO  msioûa  o'kspaghx. 

•Ion  tdoD  ses  etpérancei,  c'm  était  ^t  des  Oounyades  :  le 
mnsacie,  la  prossriptioD  des  amis  et  des  soutiens  d'Abdallah 
«usent  soin  le  triomphe  da  fils  da  bandit,  et,  de  Gordooe, 
il  eût  régné  on  prétendn  à  régner  sor  toate  l'Espagne  mn- 
snlmane  aa  même  titre  qae  les  fils  d'Ommyah.  A  l'aide  des 
hommes  de  sa  faction  qa'il  aorait  appelés  de  l'Espagne  orien- 
tale et  méridionale,  il  se  serait  facilement  sonmis  les  tiibns 
qrriennes  et  arabes  d' Andaloa8ie,et  il  anrait  donné  anx  siens 
tons  les  emplois,  tons  les  bons  pt^es  de  l'émirat,  à  l'excln- 
tton  de  ceux  qni  en  avaient  été  jnsqne-là  en  possession.  Dès 
lors  il  eOt  été  maître,  et  en  état  de  se  soutenir  à  son  tour 
contre  les  factions  nouvelles  qm  eussent  pa  se  fpnser  contre 
lui.  Tel  était  sans  donte  son  projet,  lorsqu'une  drconstancc 
nngulière  le  fit  découvrir  et  échouer. 

Le  lectenr  se  rappellera  que,  lors  de  la  dernière  révolte  de 
Mérida,  l'émir  avait  fait  grâce  à  l'anteor  dn  monvement,  à 
Souleiman  beo  el  B^âh,  qui  s'étvt  fait  Trah  de  la  place,  de 
cadi  qu'il  en  était.  Ce  Sooleïman  ben  el  Bag^iàh  était  devenu, 
depuis,  un  des  princîpauz  scheilis  de  Cordose;  mais  il  était 
resté  l'ennemi  acharné  des  OmmT^ades  et  particulière- 
ment d'Abdallah.  Lié  avec  Haftonn,  c'était  lui  qui  l'avait  ap- 
pelé k  Gordone,  loi  qui  avait  4ardi  une  conspiration  eu  sa 
faveur.  De  nombreux  écrits  contre  Abdallah  avaient  été  ré- 
pandus par  ses  soins  pour  prépaitr  les  esprits;  malheureu- 
sement, parmi  ces  écrits  était  nne  satire  piquante  et  spiri- 
tuelle de  l'ex-cadi  de  Mérida,  laqaélle  fit  plus  de  bruit  que 
tout  le  rrate  et  éveilla  l'attention  des  wasyrs  d'Abdallah. 
L'émir  ;  était  vivement  attaqué  et  7  était  désigné  par  le  so- 
briquet injurieux  d'£I-Himar  (l'Ane).  On  en  rechercha  vive- 
ment l'auteur  et  on  parvint  à  le  découvrir  :  c'était,  avons- 
nous  dit,  Sonleuuan  ben  el  Baghâh  lui-même.  On  l'arrêta  et 
on  le  condoisit  devant  l'émir,  qui  lui  reprocha  sa  conduite 
et  Ini  rappela  le  pardon  généreux  qn'il  lui  avait  déjà  une  fois 
jtccordé.  *  Ha  bienveillance  ne  t'a  f^hre  profilé,«nù  Soulc»- 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAFITHE  QDAIOBZliME.  81 

man,  lui  dit  l'émir,  aa  Txpport  de  la  chroniqae  de  Coide.  Je 
derralB  ta  iaire  empaler,  mais  il  n'en  aéra  point  ainù  :  je 
Tenxqne  tQTiTefl,etqae  tu  me  répéta  tesverg  quand  je  te 
laa  demanderai.  Je  les  prise  fort,  et,  pour  te  les  payer  ce 
qa'ils  Taleiit,pr^)are-toi  àreeeroir  de  mot.  trésor  mille  pièces 
d'or  pour  cfaacUD  :  la  somme  serait  plus  forte  si  ta  avais 
•chargé  l'Ane  davantage.  ■  -~  Tonché  et  ramené  par  la  bonté 
d'Abdallah,  le  poète  se  jeta  aox  pieds  de  l'émir,  et  loi  avoua 
tout,  la  conjuration,  les  moyens  des  conspiratenra,  ses  rap- 
ports avec  Kaleb  ben  Hafiwun,  et  finalement  que  celni-ci 
était  en  ce  moments  même  caobé  à  Cordone,  et  sur  le  point 
de  donner  le  s^al  de  la  révolte  à  see  amis,  sans  toutefois 
vouloir  indiquer  précisément  le  lien  de  la  retraite  d'Hafsoun. 
On  se  mit  anssitât  à  sa  recherche;  mais  l'arreststioa  de  Sooleï- 
man  M  ayant  .donné  l'éveil,  il  était  sorti  de  Cordone  en  costu- 
me de  mendiant,  avant  qu'on  eût  songé  même  à  le  rechercher. 
Échappé  à  ce  danger,  Kaleb  alla  se  remettre  bravement  à 
la  tête  de  ses  compagnies  de  guerriers,  dans  la  province  de 
Tolède,  et  de  là  porta  la  guerre  en  tous  sens  sur  les  terres 
tenues  par  les  partisans  de  l'émir.  Le  vraU  Abou  OUunau 
Obâdallab  ben  Ganm  le  contint  et  le  défit  en  296,  et  le  con- 
traint à  se  réfugier  à  Tolède  «t  dans  les  forteresses  des 
environs  de  Tolëâe,d'où  pendant  trois  ans  il  ne  sortit  point, 
mais  où  ansû  il  ne  fat  point  attaqué.  Le  sud  de  l'Andalonsie 
fat  dans  ce  ten^s-là  pacifié  paiAbd  el  Bahman  el  Modhaffer 
qui,  fier  de  ses  succès,  voulut  rq)rendre  activement  la  guerre 
contre  Tolède.  D  demanda  &  cet  effet  le  gouvernement  de  la 
province  de  Uérida  qu'avait  le  fidèle  et  brave  Obétdaliah 
ben  Gamri.  AbdaUah  répugnait  à  en  déposséder  ce  vieux  ser- 
viteur de  sa  famille  en  faveur  de  sou  fils;  mais  sur  les  ins- 
tances mêmes  d'ObéSdallab  ben  Gamri,  que  la  politique  sans 
doute  détermina  à  la  retraite,  £1  Modhaffer  le  remplaça  dans 
la  province  de  Hérida ,  et  le  vénérable  général  fat  fait  capi- 
taine des  Slaves  (SéUébis),  qui  lonaaieut  la  gvd«  scddée  et 


>;,l,ZDdbyG00gle 


89 

fwrstaimitfl  des  êadn.  À  dater  de  ee  jour,  £1  Hodbaffer  fit 
Doe  guerre  terrible  anx  partiBiiBS  de  Kaleb  ben  Haboan; 
fl  ponnolvit  les  insorgéi  avec  ob  tel  acbamement  qo'ils  n'o- 
saient pins  tealr  la  oanpagne  devant  loi;  il  ne  leur  faisait 
point  de  quartier: —  >TiDUSceaz  des  rebelles  qui  tambaient 
entre  ses  mains  étaient  anssitAt  pereéa  de  oonps  do  lance  on 
décapités.  B  était  dnr  et  sévère  à  l'etcès  en  oe  qni  conoenutt 
la  discipline  militaire;  en  sorte  gn'il  était  égolmoent  redootC 
des  ennemis  et  de*  siens,  ■  dit  nne  ohroniqoe  d*aillenrs  fmrt 
bienveillante  ponr  Inl'. 

A  flordone  «pendant  grandissait  le  jeone  Abd  el  Rahman 
ben  el  Maktoul,  petit-fUs  d'Abdallah  et  neven  d* Abd  el  Bah- 
man  el  Hodhaffer,  et  se  préparait  ravénêmant  fntar  de  ee 
jeune  homme  à  l'émirat  qn'occnpait  son  girand-père.  I<e  chef 
des  Slares,  le  irsli  Obfidallah  ben  Gamri,  l'anit  prâ  en  une 
vive  et  particulière  amitié,  et  s'en  était  déclaré  le  protec- 
teur, peut-être  par  dépit  contre  Abd  el  Bahman  el  Modhaffer 
d'aTràr  été  dépossédé  par  Ini  de  bob  gouTemement  de  la  pro- 
vince de  Hérida.  Abd  el  Bahman  ben  Mflhanuned  ben  Abd- 
allah el  Hakhtool  avait  en  ce  temps  (908)  {ffès  de  dix-neof 
ans.  Il  avait  de  bonne  heure  été  instruit  dans  lea  lettres  ho- 
iBÛnes  et  saeréee.  Dès  l'àgs  de  huit  Bsia  il  savait  par  ecNir  le 
Koran,  la  Sunuah  et  le  reeneil  des  histoires  traditionnelles  du 
mabométisme .  n  n'avait  pas  doozo ans  qu'il  maniait  avec  gràoe 
et  vigueur  un  cheval,tirait  de  l'arc  et  savait  se  servir  de  ten- 
tes les  anaes  de  guerre  mieux  qu'nn  cavalier  oensommé. 
Déji  il  s'était  gagné  l'affection  des  principaux  soheiks,  des 
walia  et  des  "wasyrs  qui  composaient  le  conseil  d'état  (le  mes- 
chouar).  —  «  Sa  grâce  et  ses  aimables  qualités,  dit  la  chroni- 
que arabe,  fusaient  les  déliocs  de  Gordone.  Al>dallab  seul  ne 
se  déclarait  pas  ouvertement,  de  penr  d'iuqoiéter  son  fils  El 
Modhaffer:  mats  eu  secret  il  aimait  l'eafant  d«  iOB  ûls  SIohaniH 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHinniK  QVAIXAZiàHE.  83 

ned  areo  qm  twdreue  toate  paterodle];  il  l'ëcontait,  m 
{faisait  aree  lui,  et  loi  aânuait  qoelquefiMS  àsê  éloges  en 
vera*.» 

Dm  œt  état  de  cliOHS,il  n'était  {mb  difficde  de  preaien- 
tir  qod  aérait  le  aoceesmir  d'AbdaUali.  Sa  mort  approdiait. 
JI  tonchait  à  la  Boixante-deazitoe  aimëe  de  son  Age;  mais 
{dus  qae  l'Age  les  chagrios  et  les  inquiëtodei  contiDoeUes  de 
•OD  règne  Taraient  aràablé.  £n  911  il  re^t  le  dernier  coap. 
Sa  mère  Atharah  numnit  a«  conuoencement  de  la  lune  deu&ir 
290  {Kptembre  91 1).  Il  avait  pour  elle  one  twârene  extrême, 
dcrat  l'hiitoirs  a  consacré  le  sonvenir,  et  il  pleura  sa  mort, 
dit  la  chronique,  avec  des  larmes  amères.  H  lai  iit  élever  un 
magnifique  ttxiibeaD,onié  de  sculptures  et  d'arabesques  d'un 
travail  ex<piifl,  dans  les  jardins  de  la  Bosafab,  et  l'on  célé- 
bra ses  fonéiailles  avec  une  pompe  ingénieuse.  Triste  depuis 
lors,  coatïDue  le  même  écrivain,  il  ne  songea  plus  qn'à  la 
mort,  et  il  fit  élever  nn  antre  tômbeaa  auprès  de  celui  de  sa 
mère,  destiné  à  recevoir  ses  propres  dépouilles  mortelles'. 

La  préceatîan  n'était  pas  inotile.  Par  suite  de  ta  trisbesn 
OMitlnaelle  et  de  sa  noire  mélancolie,  il  t*mba  graveount 
malade,  perdit  le  sommeil  et  l'af^tit,  et,  après  qoelqoes 
ioors  de  fièvre,  il  l^connnt  qqe  son  terme  approcfaait.  Nous 
avons  dit  qn'il  aimait  d'une  afièction  profonde  te  jeune  Abd 
ei  Bafaman,  son  peUt-flla,  dpnt  il  avait ,  à  oe  qu'on  croyait 
oommnnémeot,  fait  périr  le  père  par  le  poistm,  et  il  était 
viable  qu'il  délirait  avoir  cet  enfant  pour  snocessenr.BeB- 
taieut  les  prétenticyis  de  son  propre  fils  Abd  el  Babman  el 

I  Gonde,  c.  a. 

1  Duu  ce  lemp)  de  IHilnic  el  de  proronde  méleDcalte,  dil  tel  tetitaia 
(Cnd«,  E.  Vf),  II  fli  m  T«n  iKttlqBM  eéUbm  dans  la  illténlors  orleBlilt  si 
nmplli  d«  il  tWc*  hnigei,  qnl  eommeiMnil  tlpri  : 

■  N'aBteDd*-lQ  pu  ce  brnlt?  npldo  el  i^UoI  le)  illet  ■'■Tinee  le  tarma  (»ia\ 
tpA  lient  Iroinpei  tu  eipimeei. 

DRtTdt^opM,  d'oas  ouKbe  hlUT«,la  npade  chemlMr  titi  n  in?Tf«n 
n'j  demeure, tI«d  enlai  ii'ut  lUble, 

■  n  nani  prene  uni  noai  •rcrllr,  lau  sou  donner  ancan  llfMl,  el  mu 
fl'antttr  diM  M  cwne  II  •■nlie  loot  1  m  fin.  ■ 


>;,l,ZDdbyG00gle 


g4  OISTfHBE  D  ESPAGBX. 

Modhaââr,  son  comidice,  d'après  le  bruit  public,  dam  la  mort 
de  Hohammedjpère  do  jeune  Abd  el  Hahman.n  le  manda  an- 
piH  de  lai,  et  il  se  tronva  henremeinent  que,  cbérisBant  son 
nerea  antant  que  le  cbérissoit  son  père,  il  se  prêta  avec  z^ 
aux  desseins  d'Abdallah  snr  cet  enfont.  L'émir  rassembla  en 
conséquence  ses  wasyrs  et  ses  'walis,  et  il  désigna  ponr  fatnr 
snecessenr  à  l'empire  son  petit-fils  Abd  el  Bahman,né  de  son 
fila  fdoé  Hobanuned.  Far  cette  déclaration,  il  chargea  son 
fil»  El  ModhaHer  de  protéger  et  de  soutenir  le  jeune  Abd  el 
Bahman,  comme  s'il  eût  été  son  propre  fils  ;  et  El  Modhaffer 
accepta,  et  s'acqiûtta,  comme  nous  le  Terrons  par  la  8aite,loya- 
lement  de  cette  mission.  TJd  an  et  on  mois  après  la  mort  de  sa 
mère,  Abdallah  moumt  dans  on  accès  de  fièvre,  an  commen- 
cement de  la  première  Inné  de  rabieh(noveuibre912),  dans 
la  TingtKsnquième  année  de  son  règne  et  dans  la  soixante- 
deuxième  de  son  4ge.Il  laissât  onze  enfans  màlea  et  quatorze 
fiUes. 

Abdallah  était  né  bon  et  d'un  caraclèrp  facde,  faible  mtaie; 
mais  les  nécessités  politiques  de  sa  position  et  le  caractère 
particulier  de  sa  nation  l'aTaient  quelquefois  porté,  ainsi 
que  nous  l'avons  tu,  à  des  actes  de  cruauté  qui  ne  durent 
pas  le  laisser  sans  remords  :  tels  araient  été  les  traitemens 
qu'il  avait  fait  subir  notamment  an  clief  des  révolta  du  pa^rs 
de  Grenade,  Ssid  bcn  Goudhy,  à  son  fils  Uohammed,  à  son 
frère  Ehasem  Abou  Zéid.  n  faut  dire  aussi  qoe  jamais  chef 
d'état  ne  fut  plus  attaqné  et  de  plus  de  cdtés;  qne  jamais  les 
rivalités  de  race  ne  s'étaient  montrées  ayec  plus  de  violmce 
et  d'acharnement.  Mais  l'habileté  et  la  force  paraissent  à 
pacifier  autant  qu'à  contenir  et  à  vaincre,  et  le  fait  est 
qu'il  sut  punir  ses  ennemis,  plus  qu'il  ne  sut  les  rallier  et 
s'en  faire  des  partisans  dévoués. 

Abdallah  avait,  à  ce  qu'il  parait,  on  grand  penchant  à  la 
Tuilerie ,  et ,  poète  comme  l'étaient  tons  ces  hommes  singu- 
liers, il  excellait  particnUèrement  dans  la  satire  et  l'épi- 
gramme.  Ce  pencbuat  loi  fit  perdre  plos  d'un  ami,  et,  entre 


îiqilizDdbyCoOgle 


CHAFIIBE  QCATORZIJalE.  85 

antres, Tin  cbef  de  gnerre  illnstre,nn  de  ses  pins  fidèles  gerrt- 
tenrs,  Soulâman  benWènaflSonz  el  Berbéri,  célèbre  par  son 
tradition  et  sa  prudence,  antant  qne  par  son  caractère  libre 
et  sDStère .  Sonléiman  ben  Wénassonz  el  Berltéri  était  vasji  du 
palau  et  chef  de  la  cavalerie  de  la  garde  d'Abdallah.  Snivant 
l'usage  de  sa  nation,  £1  Berbéri  portait  nne  barbe  longue  et 
épaisse '.AMallab  avait  fait  autrefois  des  vers  contre  les  lon- 
gues barbes.  Un  jour  que  Sonléiman  était  chez  l'émir,  celni- 
d,  étant  de  bonne  homenr,  dit  la  chronique,  crut  pouvoir 
l'appeler  familièrement  d'un  nom  arabe  qui  revieut  à  Père 
des  barbes  on  des  longues  barbes  (Aboa  el  Schoareb),  et  loi 
récita  les  Ten  qa'il  avait  faits  contre  l'excès  de  cette  mode. 
Gela  choqna  le  vrasyi.  Il  s'était  assis,  en  entrant  chez  l'émir,  à 
la  manière  orientale,  comme  son  poste  lui  eu  donnait  le  droit. 
Sur  ces  plaàsaateries  d'Abdallah  il  ne  put  dissimuler  son  dé- 
plaiar,  et  après  l'avoir  témoigné  en  propos  assez  vifs,  il 
BPP°7i  ">  ^""^  ^  terre,  se  leva,  et,  sans  plus  de  façon  ni 
de  politesse,  se  retira  chez  lDi>.  L'émir,  à  la  fois  blessé  et 
fâché  de  cette  sortie  de  Wénassouzjie  fit  vainement  rappe- 

t  Lk  birbe  élilt  at  ut  «Dcore  chei  lu  Arabtt  une  mirqnâ  d'iulorlU  el  ds 
Uberlf .  Duj  la*  pTMnten  Icmpi  dn  mihoméllune ,  od  Mlénil  Molamcnt  que 
ht  jennta  g«aa  i  li  aenr  de  leur  Ige  db  U  porluient  point.  AnJaDrd'bDi  mime 
OD  ne  peimet  p»  à  od  iielaTe  de  1j  laiuer  crolln,  et  on  KoiDlmin  mirtè  «1 
pèn  de  tunille  ne  uorilt  *e  pTiMnlEr  bonorablement  uni  la  birba.—  «  htt 
Orlentini,  dll  M.  P.  Lebrnn  (Voyage  de  fir^M,  p.  UOJ,  ne  peaTeni  is  BgaTcr 
DB  homme  pnluint  un)  «i  barbe.  —  Qoelesl  Vtgt  de  Napoléon?  diiait  la  Qlt 
dD  acbab  de  Paras,  Abbu  1(ti«>  *  V.  Inberl  (Vojage  d'Amédie  Jiobert  «q 
Annénle  el  an  Perte];  ifnalle  a«t  m  Ofttn,  la  Ibime  de  aM  liaiU,  U  coalear  de 
fM  cIieTaDi?porl»-l-tl  nue  barbe  ipalfte?  —  Le  Jeane  piinca  perain,  ajonle 
M.  Lebnm,  lai  anppMali  ian>  doale,  d'ipria  la  lemminée  et  ion  pouTofr,  U 
plu  bells  barbe  de  l'Enrope.  a 

1  Aiy  b«n  Ahmad,  dan*  Caada,  c.  M>  —  Lei  parolei  qne  prononça  SonléïasD 
bea  WiBMiêùta  an  eelta  occulon  el  qne  rapporte  la  ebronlquenr  «ont  rematqai- 
blai  par  nn  tonr  ilnpillar  :— igl  nona  B'flioni  pia  il  wlaiBona  autru  Afrl' 
cabw,  dil-41,  at  qne  nooa  no  Tlnailona  pu  dans  cei  palali  arec  noi  loltliF*,  com- 
Uen  nona  soni  épargnerlana  de  dégobli  et  d'hamlIUllou!  HoIa  la  laniti  et  It 
bttnna  nona  aieoglenl,  at  nmi  n'achJTeroni  d*4lre  compUlaiiieTit  déiabugi-a 
q«  qnasd  nona  anrona  pria  place  dasj  nos  ttiolu  loBibetns.  U  Kpinnent 
l'urttanu  aotn  Hlitoe  «i  bm  iW«uim  cUmtrM.I  a 


>;,l,ZDdbyG00gle 


80  BOBTOIBB  D'ESPAam. 

1er  prèi  de  lai.  Le  fier  Beri>Are  demeura  infleùbilD,  «t  ne 
Toohit  pins  reprendre,  gaelqne  ùutaooe  qa'oa  loi  fit,  te 
jong  qn'U  oroit  briaé.  Il  reçat  même  luaeE  mal  l'enToyé  de 
l'éimr  àaxfi  de  le  ramener,  Mohammed  bm  el  Walid  beQ 
Gaiiim,'wuyT  da  meictLOnar  de  Goidoue  comme  fionlâman 
benVèiUMOiiB.  Lorsque  Eba  Ganim  se  présenta  chez  lai, 
il  deoieara  assis  sor  son  coossin,  sans  se  lever  m  loi  (riXnr 
de  se  placer  sur  son  estrade.  Ebn  Ganim  lui  dit  : — «Qa'est 
ceci ,  WèBassoos?  ta  oublies  que  je  sois  wasyr  da  conseil 
comme  toi.  Pourquoi  ne  te  lèves-tu  point  et  ne  m'ofCres-tn 
pas  one  place  sor  ton  estrade  avec  les  honneon  anzqœlB 
j'ai  droit?  >  Hùs  Wènasaonx  lai  rép(»dit  :  ■  Il  en  était  ainsi 
au  tonps  passé,  lorsque  j'étais  on  sot  esdave  comme  toij 
mais  à  présent  je  suis  libre,  «Home  tu  toîs  '.  • 

Dans  ce  refus  obstiné  de  l'Africain,  il  y  arait  qoelque 
diose  comme  d'one  protest^ion  de  race.  Un  mmiquo  de 
respect  h  u  penoDiM,  de  la  part  du  souTerain,  semblait  A 
WéuiSBoas  une  injure  à  sa  natùc.  Abdallah  était  fier 
du  sang  ommjrade  qui  coulait  dans  ses  Tdnes  et  le  laissait 
trop  voir  ;  il  ne  ménageait  pas  assez  les  susceptibilités  des 
tribus,  même  des  principales,  et  il  eontimiait  la  politique 
de  son  père,  gui  traita  toujours  les  Syriens  avec  une  faveur 
marquée.  Ce  fat  le  trait  distioctif  de  ce  règne ,  de  mettre  à 
nu  les  dissidences  et  les  lattes  secrètes  des  tribus  ^  elles 
édatèrent  paifms  jusque  soas  les  jeia.  de  l'ânir.Une  fois, 
une  contestation  s'éleva  entre  ua  iivasjr  sjricn  et  on  'Wa- 
syr  arabe  :  chaean  prétendait  que  sa  place  dans  le  conseil 
était  snpériemv  à  ceUe  de  l'antre  :  l'éQiir  déclara  que  toutes 
les  places  dans  le  conseil  étalât  égales,  que  la  aieime  seule 
était  distingnée  et  supérieure  ;  maïs  Abdallah  perdait  cette 
haute  impartialité  lorsqu'il  s'agissait  de  postes  létriboiés  en 
dehors  du  ewiseil,  et,  comme  •«  père,  il  ne  manquait  Ja-* 

■  CsDde,  c.  es. 


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CBiFtlU  QDATOUlteE.  87 

Mais  de  â<Miiier  la  piéfàmee  aux  STiitoM  Kir  let  Anbe» 
Vélédis'. 

Td  M  le  règne  trooblé  et  totumenté  d'AMsllob,  sep- 
tième ânir  de  Gordone  de  la  race  des  Herwaiu  ;  td  fat  ce 
règne  qai  précéda  le  ^lu  édatant  de  totu  cMix  de  cette 
d/naslte  en  Espagne.  Les  fanérailles  d'Abdallah  se  firent  le 
cinquième  jour  de  la  première  lone  de  raUeh  dé  l'année  300 
(20octobre  9)2).  le  même  joar  M  prodamé  AM  el  Bah- 
njau ,  fils  de  Uohammed ,  fils  d'Abdallah.  Abd  el  Bahman, 
troiùèmedanom,étaitAIa  flenrdeaon  âge;  il  axait  à  peine 
vingt-denx  ans.  U  aTait  le  temt  fort  blanc  et  les  yenx  biens, 
trait  siogolier  qni  fut  commun  &  plosienrs  des  Ommyades 
ses  prédécesseors.  La  mère  gai  l'enfanta  s'appelait  Marie  et 
ëtût  née  de  parens  chrétiens*.  A  la  gr&ce  et  à  la  beanté  da 
visage,  ik  l'éléganee  et  à  l'affoMlité  des  manières,  il  joignait 
la  di^té  grave  qoi  sieâ  an  chef  d'one  grande  nation.  Ses 
connaissances  et  son  esprit  étaient  également  remaniaables, 
et  tontes  ces  goalités  l'avaient  renda  sii^nlièrement  cher  an 
peuple  de  Gordone  qni  espérait  de  Ini ,  non  il  tort ,  comme 
l'événement  le  proora  par  ta  anite,  la  régénération  de  l'isla- 
misme occidental.  Ausi  le  contentement  fot-il  gâiéral,  tU- 
lait  les  vieaz  textes,  lorsqa'il  fnt  reconnu  et  prodiuné  émir 
des  Hnanlmani  sndalons.  La  prince  Abd  el  Bràman  el  Ho- 
dhaffer,  son  oncle,  l'aimait  comme  son  fila,  et  il  fnt  le  pre- 
mier qui  M  jura  obéissance.  Ce  serment  fnt  reçu  par  Abd  el 
Bahman  avec  des  marques  si  manifestes  de  tendresse  et  de 
respeetneuse  dignité,  an  rapport  d'mi  contemporain,  qne 
tonte  l'assemblée  en  conçut  les  pins  heureuses  espérances. 
Les  deux  premiers  éimni  du  ncnn  d'Abd  el  Bahman,  de  la 
race  des  Ommyades,  avaient  glorieusement  régné  sur  les 
tribus  mosulmaues  d'Espagne;  on  n'augura  pas  mwns  iMen 


>;,l,ZDdbyG00gle 


88  ■  HOTOIBE  D  BSPAOïni. 

à'Àbd  el  Bahman  in>.  Par  respect  poor  la  mémoire  de  «m 
aïeul,  il  prit  le  nom  d'Abdallah,  dit  la  dironiqne,  et  les 
peoples,  qni  mettaient  tai  Ini  leurs  'espérances,  Ini  donnèrent 
le  surnom  d'£l-Nassr-Leddin-Allah  (le  Défensenr  de  la  loi 
de  Dien),  anqcel  ils  joignirent  le  titre  d'ânlr-el-monménin 
(éqiÛTalant  à  émir  on  prince  des  fidèles  par  excellence,  et  à 
celui  de  khalife,  saccessear  on  ricaire,  8oa»-entendn  de  Uor- 
h<Hnet).De  ce  moment  les  khalifes  de  Gordoue  régnèrmt  an 
même  titre  et  avec  les  mêmes  prérogatiTes  qne  les  premiers 
khalifes  de  Bagdad,  dont  les  faibles  snccessenTs  avaient  pré- 
cipité l'empire  snr  la  pente  de  sa  décadence ,  et  réonirent  avec 
non  moins  d'antorité  qne  lenrs  prédécesseurs  la  royauté  an 
souverain  pontificat. 

Dn  tableau  de  l'aTénement  d'Ahd  el  Bahman  HI,  le  lec- 
teur doit  maintenant  reporter  son  attention  de  qoelques  an- 
nées en  arrière  sur  le  royaume  des  Astnries,  an  point  où 
nons  l'aTouB  laissé  après  la  tentative  d'Alfonse  HI  contre  To- 
lède en  907. 

Alfonse  était  alors  dans  la  tiente-bnitième  année  de  son 
règne.  Il  avait  cinq  fils,  que  nous  avons  nommés  ailleurs, 
tous  cinq  adultes,  et  Garsea,  qui  était  l'ainé,  avait  été  marié 
à  Huma,  fille  d'un  comte  des  châteaux  de  Castille  appelé 
Ifunius  Femandez.  On  attribue  à  G«rsea  nne  ambition  déme- 
surée, et  que  son  beau-père,  à  oe  qn'on  assure,  ne  fat  pas 
le  dernier  à  fomenter'.  Cette  ambition  le  porta  à  formra  une 


t  Od  ■  TMi  en  effet,  qn^enice  loi  lapt  darotert  éain  ds  eetu  dynuU«,  la 
premier  et  1«  qulrltee,  Abd  el  Rehraeti  I"  et  Abd  cl  Kabimii  U ,  •ureni  Is 
réene  l«  plot  brlllsut.  Celni-U  mqI  de  leur  srrlire-pclIt-Qli  Abd  el  Hahmaii  llf 
■urpaiu  lu  leart  en  grandeur  et  en  mieniQcance.  Abd  el  Kebmas  II  h>t  snr- 
nomin£,per  lei  chroniqueur!  du  dixième  et  du  oniième  dlde,  SI  Àoutâtt 
[celui  du  mlUen),  pitce  qn^Il  iTilt  r^é  entre  le  foodatenr  de  le  djnulia 
d«i  OnimTKdet  cd  Bipagne.Abd  el  Riibnun  I"fil  i>a;k<l(riDtrodaeleDr]et 
>-bd  el Kilunin  lU  El/faaT{}B  Détentear],  le  premier  qui  porU  le  titro  de 
kbgUre. 

>  Socsr  qaidani  ajiif  Hnnlo  Fredlntndl  Irrunldem  seuil  et  rebelUonem  pi- 
HiK (SunpiT.  Cbr.,n.  tt). 


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auptnffi  QDAtoi 

eoBJoration  eraitre  son  père,  conjoratioD  qui  n'allât  pas  à 
moins  go'à  loi  ravir  la  royauté.  Nonins  ne  fut  pas  le  seul 
appui  de  Garcia  dans  cette  entreprise:  la  femme  et  les  an- 
tres ejiiaiu  dn  roi  7  entrèrent  de  concert.  Qoelqae  cause 
grave,  que  l'histoire  nom  laisse  ignorer,  devait  les  y  oig»- 
gtx.  Ponr  qu'une  épouse  et  cinq  fils  se  lèvent  ainsi  d'an 
Gommnn  accord  contre  nn  éponx  et  on  père,  il  tant  assole- 
ment qn'on  motif  poissant  les  y  porte.  Qaoi  qa'il  en  soit, 
la  conjuration  n'était  qu'à  moitié  formée,  lorsque  le  roi  ai 
fat  averti  ;  il  fit  arrêter  son  fils  Garcia  à  Zamora  et  le  fit 
transporter,  chargé  de  chaînes,  et  enfermer  aa  ch&teaa  de 
Ganzon  dans  les  Âsturies'.  Cette  mesnre,  qui  semblût  de- 
voir sauver  Alfonse,  le  perdit.  £Ue  précipita  les  événem^iB  : 
la  ràne  et  ses  fils  se  déclarèrent  ponr  Garcia;  on  le  déUvra  : 
le  comte  Nonin»  Femandez,  Bon  beau-père,  leva  des  troupes 
en  Casljlle  eu  sa  faveor.  Ordonius  et  Froïla,  qui  avaient  tous 
deux  des  gonvranemens,  des  hommes  et  des  forteresses  à 
leur  disposition,  prirent  les  armes  de  leur  c6té,  et  une 
guerre  civile  s'en  suivit,  qui,  bien  que  sans  éclat,  ne  laissa 
pas  de  dorer  quelque  temps.  Ces  événemens  durent  se  pas- 
ser vers  907  ou  908  :  les  insurgés  tenaient  les  châteaax  de 
Gordon,  d'Alva,  de  Lnna  et  d'Ârbolio";  chaque  jour  Alfonse 
voyait  grossir  le  parti  de  ses  fils  et  diminuer  le  sien. 

11  reconnut  enfin  l'impossibilité  où  il  était  de  garder  la 
couronne  sans  répandre  beaucoup  de  sang,  et,  même  à  ce 
prix,  de  la  porter  sans  inquiétude  et  sans  danger,  et  il  prît 
alors  la  réH>liitioD  de  la  quitter  avant  que  ses  Ws  la  lui  dtas- 
sent.  Contraint  et  forcé  à  cet  acte,  mais  avec  toutes  les  appa- 


■  K(  lanleni  Zeiaoram  SUam  mum  GirtMiiiiDi  compreluDdit  et  tam  tîdc- 
tm  id  CMlrom  GnaionBin  doiit  (  Simpir.  Gbr.,  n.  ISj. 

1  Ces  cbltaani  rcl«*aliiil,  i  ca  qa'U  piidt,  de  U  relna  Btoina,  et  tfiitml  ilô 
fagdè*  pu  clle;ta  moini  le  Ui-od  linil  duu  ane  chronique  : —Fabrlciilt 
Ultra  In  conOnlo  Legianli,  uillcel  AllMin,Gord{ineia,  Arballnin,  LDaiDi,et 
tndidtl  CI  filio  »B0  GarHuio,  occalle  iDBgatui*,  ut  tycaïuilMcel  Matra  pt- 
Irem  [Ldcb  Todeu.  Oir.,  Biip.  Ulut.,  t.  nr,  p.  80  ]. 


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90  Hinoai  D*xoAUi. 

renoec  d'ima  abdication  Tolontalra,  il  anembla  dana  un 
bonrg  defl  ArtariM,alon  appdé  Boidw  (aDjonrd'hiii  Bedea), 
fa  famille  et  les  grands  do  royaome,  et  là,  e»  leur  préaenoe 
et  avec  leur  assentiment,  il  renonça  à  Is  rojanté  en  Uy&u 
de  tes  fils  '.  On  ignore  r^Kii|ae  préoiae  de  cette  abdication  ; 
mais  il  est  probable  qn'dle  ne  dat  gnère  «voir  lien  mdns 
d'nn  an  srait  la  mort  d'Alfonse.  On  pent  donc  en  fixer  la 
date  vers  909. 

Les  trtns  fila  aînés  dn  roi  firent  alors  entre  emt,  &  ce  ga'il 
semble,  un  partie  à  l'amiable  des  terres  précédemment  da 
domaine  de  leur  père,  et  tm  appelèrent  sans  donte  les  popu- 
lations à  reconnaître  et  à  sanctionner  ce  partage.  Garda  s'éta- 
blit à  Léon,  qui  dès-lors  devint  la  c^tale  dn  rojanme  de  ce 
nom;  Ordontns  ent  la  Galice  en  sonveraineté  indépendante, 
et  Froïla  demenra  &  Oviédo  avec  ses  frères  Gondisalvus  et 
Banimiros.Garcia, Ordonins  et Frolla  prirent  tons  trots  éga- 
lement le  titre  de  roi;'peut-étre  cela  avait-il  été  ainsi  convena 
entre  eux  avant  le  snccès  de  leur  conjnration.  Quoi  qa'il  en 
soit,  c'est  de  Vavénement  de  Garcia  qne  date  la  fondation  du 
ro;anme  de  Léon;  c'eat  à  son  père  qne  finissent  les  rtns  des 
Astoriefl  proprement  dits'.  Boderich  de  Tolède  désigne 
comme  l'&me  et  la  principale  cause  de  tons  ces  changemens 


I  La  chronique  de  SatDpiini  dit  loat  almplement  [nnia.  IS]  :  —  Blenlin  omnu 
aii>  Mgli,  tnur  M  co^nnUoDe  ficu,  p«ttun  tmum  BipalBrut  ■  ngM,  Baldei 
TlUam  ta  Attnilt  MBctdôalM. 

1  Le  ioj).umt  de  Ltoa  tat  toaié  en  900,  et  es  900  leDlcmenl.  ÀTint  celle 
âpoqne,  Aitbaie  ayali  bien  qnelqntfolt  diù  ms  ordonnencee  da  Léon,  mtl* 
uniJamelilaldoDncrlellIredecepiMe.C'eitàlnld'aUleura  qu'on  iutt  rede- 
Table  de  la  Teitaardion  de  la  TielUe  cUi  dei  lieloiuiilreg,  d«tcrle  et  inhabitée 
■on*  ICI  prMéïnsenrs.  On  eoniireal  mil,  daui  cet  état  de  ehoMi  ■  commanl  le 
coaunenlateDr  de  Barliu  (  t.  in  de  U  erande  édIlieB,  p.  IM  ),  peat  dire  en  par- 
liDt  do  rof iDine  ({ni  hit  le  parure  de  fivda  apié*  l'abdication  de  *an  pire  : 
— ElrejoadeLeon.qDeeraelpreetidneDie  jelqneeonaerTibBluprtragatlrai 
de  ta  monirqnla  jjoda.  Le  prenltre  nentiea  falilerlqne  qu'on  faate  dn  riens  de 
UOD  ne  Temonle  pai  nrfine  I  SOf>)  «Ih  cit  de  Ot>  (tôt-  espaft,  Si^. ,  I.  ziiTii, 
p.  «i). 


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CHApraBX  q/uktoBxdaa.  91 

la  noue  Xiliâia'.  GondisalTos,  bien  qa'ayaot  approuvé  la 
révolte,  demenra  simple  archidiacre  d'Oviédo;  Banimiros,  le 
cinquème  fils  d'Alfoose,  ne  recueillit  aoBsi  aacan  avantage 
direct  de  l'abdication  de  son  père. 

AlAtiue,  s^rès  son  abdicatim  de  Boides,  se  rendit  en  pèle- 
rinage à  Saint-Jacques  de  Gompostelle  >,  d'où,  après  qoelqne 
séjoiir,il  revint  à  Aatorga,  près  de  son  fils  Garcia,  duqnél  il 
obtint  la  pennissifm  de  marcher  à  la  tète  d'une  armée  contre 
lesMosnlmans  du  parti  d'HaUsonn,  qui,  tonjours  maîtres  du 
plateau  central  du  Tage,  inquiétaient  alors  les  frontières  des 
chrétiens.  Il  fit  contre  eux  une  rapide  et  heorense  campagne, 
ravagea  ienrs  terres,  et  revint  triomphant  à  Zamora ,  où  il 
tomba  malade,  et  moornt  peu  de  temps  après,  le  19  diécem- 
bre  910,  dans  la  clnquante-hnitième  année  de  son  ège,  et 
dans  la  quarante-quatrième  de  son  avènement^.  Ainsi  finit 
Alfonse,  troisième  du  uwn,  et  ramommé  le  Grand,  n  mou- 
rat  en  paix  avec  les  Arabes  andalonsiens,  et  laissant  le 
rojanme  chrétien  qu'il  avait  si  loi^çtemps  gouverné,  par- 
tagé entre  ses  trois  fils  premiers  nés,  qoi  régnèrent  après 
lui  à  peu  près  sur  le  dnqnième  des  terra  de  la  presqu'île. 
Voyons  nuônteiunt  qodle  était  la  situation  du  reste  de 
l'Espagne. 

Ba  Mavarre  régnait  avec  le  titre  de  roi  Smcius  Garseanïs. 
Ce  Sandns  n'avait  pris  le  titre  de  roi  de  Navarre  qu'après 
av«r  conquis  et  dmné  ft  le  Navarre  à  peu  près  les  limites 
qQ'dle  eut  depuis  comme  royaume  indépendant  i  il  fit  à  Ka- 
ld>  h&a  Mafooan  et  aux  Musulmans  rebelles  au  joog  de  Cor- 
dooe  une  guerre  fort  vive,  dans  laqnelle  il  gagna  sur  eux 
placeurs  villes.  C'est  ainsi  qu'il  tant  entendre  ce  que  le 
continuateur  de  la  cbroniqae  Albeldense'  dit  de  ses  guerres 

'  Hnlu  dlueinloiiti  ciatt  fait  rc^na  XlmiH  quN  faant  ImallBi,  «te  (l»d«r, 
Tel«.,daBabuHiipBnle.,l.  iT,  cie}. 
»CMi»»o™Uimli»a8»Bchiuihcobiijni«ptrrexit.....CStiapii.  (a«r.,B.il(). 


>;,l,ZDdbyG00gIe 


92  msKHBX  d'espaobb. 

contre  le»  Icoiaëlitefl  et  de  lei  saccès  ror  les  terres  des  E^- 
rasitu  '.  Sod  pouvoir  s'étendit  au  sod  de  l'Ébre  jnsqa'à  Na- 
gera :  de  Nagera  à  Tadèle  il  occupa  tontes  les  forteresses, 
précédeuunent  aa  pouvoir  dea  Maures  et  dea  Juifs  du  parti 
d'Ebu  Hafooun,  et  s'empara,  au  nord  et  à  l'est  de  ce  fleuve, 
probablement  jusque  vers  Aïnsa,  des  terres  auxquelles  rat 
commeuçait  à  donner  le  nom  d'Aragon'. 

Ce  fut  aussi  dans  la  seconde  moitié  du  neuvième  siècle 
que  fat  fondé  héréditairement  le  comté  de  Barcelone.  Rappe- 
lons rapidematt  les  faits. 

Nous  avons  laissé  Barcelone  ^  restituée  au  gouvernement 
du  comte  Aledram  en  850.  On  ignore  au  juAe  comluen  de 
temps  Aledram  eu  fut  comte  après  cette  restitutionj  on  n'i- 
gnore pas  moins  la  dorée  do  gouvernement  de  son  Buccesseor 
Odalrich.  Vers  858  cependant  le  comté  de  Barcelone,  qui 
comprenait  la  Catalogne  (Gotlialanie)  et  la  Septimanie ,  fut  di- 
visé en  deux  parts,  et  diacone  eot  son  comte  particulier.  Les 
Gotbs,  ou  si  l'on  veut,  les  CiAalans ,  reconnurent  pour  comte 
nu  des  leurs  nommé  Goifred  ou  Wifred,  né  à  Villefranche  de 
Gonflent  :  celui-ci  gouverna,  presque  dans  une  indépendance 
absolue,  jusque  vers  l'an  872.  Le  comté  n'était  cependant 
pas  encore  héréditaire.  Wifred  eut  pour  successeur  un  nom- 
mé SaJomon,  gaUo-frank  de  la  Septimanie,  p«it-4tre  de  Nar- 
bonne,  lequel,  à  ce  qu'il  parait,  fut  mis  à  mort  par  les  Gotha 
barcelonais  eu  884.  Ils  dioisirent  alors  on  chef  de  leur  na- 
tion, Wifred-le-Vela  (Pilosos),  fils  deWifred,  prédécesseur 
de  Salomoa.  Depuis  la  mort  de  Bemhard,  le  comté  de  Bar- 
celone avait  eu  ainsi  trois  comtes  et  avait  été  gouverné  par 
eux  avec  des  vicissitudes  peu  importantes,  jusqu'à  Wifired- 


■  Belllg«titar  idTcnii*  genU*  IcntaliUraiD  :  mallipUdur  tlrigei  gw^l  m. 
pcr  terru  StirBcgaonnn  (Addlt.  de  Kt(.  Punptl.,  n.  8TJ. 

I  Idem  Mplt  pcr  Cantabrlun,  ■  NiieniHa  arb«  wqne  id  TnteUm,  ornait 
cuira Dscnan  cnm  eutrf*  an^ie  UTrltoiliitt  Araioneue  upll  (  lliLd.,  1.  c). 

>  Vojai  d-4eT«Bi  (MB.  m,  p.  *"• 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAmBti  QDATOBZïha.  93 

fe-Yela  1  qnî,  le  premier,  en  jouit  à  titre  de  sonTerfàoeté  in- 
d^)eDdaiite,qaelqiies-tiii8  disent  par  coneesnon  de  Gharle»- 
le-f^unrre.  Âpres  avoir  fondé  le  monastère  de  Bippol  et  gon- 
Tfliné  vingt-buit  ans  le  comté  de  Barcelone,  Wifred  moamt 
eo  912. Son  fila  Hiron  loi  snccéda  :  Hironfut  le  second  comte 
de  Barcelone  à  titre  héréditaire,  le  hoitième  depuis  Béra  *. 

Ainsi  noos  voyons  naître  et  se  fonder  les  royaumes  qui, 
réonis,  formeront  on  jonr  la  fédération  monarchique  et  di- 
verse des  Espagnes.  Voilà  l'Ibérie  déjà  en  possession,  an 
commencement  de  ce  siècle,  de  maints  royanmes  chrétiens. 
Le  royaume  des  Astories,  celni  de  Galice,  celai  de  Iiéon,  sont 
nommés  :  la  Navarre  s'est  érigée  de  même  en  royanme.  Le 
principat  de  Catal<^e  est  constitué  oa  à  peu  près;  la  Gas- 
tiOlle,  l'Aragon  commencent.  Dn  cAté  des  chrétiens,  voili  les 
états  formés,  les  états  qui  vont  entrer  en  lice  contre  l'Isla- 
misme au  tUûème  nède,  non  sans  d'étranges  alternatives  de 
^erre  et  d'alliance,  non  sans  rivalités  et  sans  guerres  entre 
eux,  pendant  qa'O  ne  faudrait  voir  qae  l'ennemi  commun. 

La  religion,  la  poUtiqae,  les  moeurs  des  chrétiens  et  des 
H asulmans  d'Espagne  à  la  fin  de  ce  siècle  ne  se  peuvent  dé- 
crire, mais  s'entrevuent  dans  le  récit  des  gaenes  et  des  évé- 
nemens  qui  précédent.  Il  est  facile  aussi  de  se  faire  une  idée 
de  l'état  des  lettres  et  des  arts  chez  les  peuples  des  deux  re- 
ligions par  qaelques  traits  épars  dans  ce  récit.  Beaucoup  de 
moDumens  de  l' arehitectore  orientale,  arabe  on  manresqne, 
comme  on  voudra  l'appeler,  encore  sobsistans  en  tout  on  en 
partie,  forent  alors  commencés  ou  adievés,  qu'il  serait  trop 
long  d'indiquer  ici.  Noos  avons  d'aiDeors  marqué  en  passant, 
lors  de  leur  édification,  ceux  qui  nous  ont  paru  de  quelque 
importance  historique. 

Une  question  reste  à  éclaircir.  Quels  étaient,  vers  le  com- 


t  Voj.  Geili  Conti.  Birchioaeiuiitm,lfMidclUpoU,  e*  3;  «t  lf«rcalbrc< 
lip-,  L  n.  WD.  911  «1  SIS,  co).  S3I,  «te. 


>;,l,ZDdbyG00gIe 


94  BISTOIBB  d'eSPAGHE. 

menoement  du  dixième  aiècle,  les  idiâmM  d'an  canmon 
usage  dana  la  Péninsole?  qoelle  fat  leur  infioence  sor  l'ei- 
pagnol  proprement  dit?  de  qoeU  élémras  enfin  s'ett  formé 
eelni-ci?  en  apnçolt-on  qnelqaes  traces  à  l'époque  dont  aooa 
parlons?  Ceci  demande  quelques  ezpticatioos. 

les  longoes  qne  l'on  parlait  en  Espagne  an  commence- 
ment dn  dixième  nècle  étaient  n4Hid>iieniM.  L'arabe  et  le  latin 
paient  les  langaes  en  quelque  sorte  officielles  des  gonver» 
nans.Parmi  les  eonqnérans  cependant,  l'bébrea,  le  chaldécm 
et  le»  divers  dialectes  dos  langues  sémitiques  étùent  aosn 
fort  en  nsagc. Le  royaume  de  Valence,  une  partie  del'Aragon 
et  toute  la  Catalc^e  parlaient  le  par  roman  ou  provençal, 
né  de  ]a  corrnptioD  da  latin  sons  l'influence  des  barbares 
de  tara  germanique, Goths,Franks,  Bom^wgnoQB ,  Lom- 
bards, ete.  De  là  la  aimilitade  remarqnaUe  et  les  rapports 
singuliers  des  langues  parlées  an  sud  de  la  Loire  avec  les 
divers  patois  encore  aujoard'hui  en  nsage  dans  l'Italie  sep- 
tentrionale, jnsqu'anx  âxmtières  de  l'Istrie  et  de  la  Dal- 
matie.  Le  roman  on  provençal  était  connn  ao^  sous  le  nom 
de  langne  limoosine.  Lnitprand  fait  remonter  trop  haut,  ce 
nous  semble,  en  la  plaçant  sous  l'année  728,  l'existence  de 
la  lai^e  limousine.  H  ex^àre  anan  évidemment  le  nom> 
bre  des  langnes  que  l'on  parlait  en  Ësp^ne  an  temps  qn'îl 
désigne  (728).— ■  En  ce  temps-là  forent  »  Espagne,  dit-il, 
dix  laïques ,  comme  sons  Angnste  et  sons  Tibère  :  1°  l'an- 
cienne langue  espagnole  ;  2°  la  langne  cantabre  ;  3°  la  langne 
grecque;  4°  la  langue  latine^  5°  la  langue  arabe;  6°  la  lan- 
gue chaldàïque  ;  T  la  langue  hébraïque  ;  S°  la  longue  celti- 
bérienne-,  0°  la  langne  valencienne;  10°  la  langue  caîalane'.» 
—  C'est  assurément  trop  dire  :  on  ne  sait,  en  effet,  ee  que 

t  liccxxTin.  Eo  UmpOT*  fntrnnt  fn  BltpiDià  dwcm  lîngtigB,  al  lab  An- 
fulo  et  Tlberlo.i  VelDi  Hlfpui;n  CinubHM;  m  firMcaiiTLilina;  r  Ara- 
blM;Ti  ltU»a;in  Hebraa;  Tin  CelUbttlu;  ix  VilBDtlsR})L  CilbalanalM 
(  LnilpT.  Tlciti.Clii.,  p.  372,  éd.  de  IMO,  ad.  ami.  13»). 


>;,l,ZDdbyG00gle 


93 

le  chToni^ar  lombard  entend  par  l'wdeimQ  langoe  esgtr- 
gnole ,  non  pins  goe  par  la  langue  celtibéneane,  h  moins 
qae,  par  cette  dernière,  il  ne  veoille  déngner  l'idiâme  à  peine 
d^roaai  gai  eit  devena  le  castiUaiL  La  langne  ijwitabre  dé- 
ùgite  éndenunent  l'enskarieD  on  baaqœ.  Qoaot  h  la  langne 
Tulenciemie  et  à  la  langue  catalane,ce  neioDt  pas  deux  lan- 
gaoM  distinctes,  mais  deux  dialectes  d'une  même  lai^pie, 
deiLx  dialectes  du  roman,  le  plus  répanda  des  idiomes  qui 
SDccédèrent  an  latin  dont  ils  étaient  foimés'.  On  a  de  cette 
laïque,  telle  qn'on  la  parlait  alors,  nn  précieux  monument 
dans  le  serment  et  l'aDocation  des  fils  de  Louis-le-Dânu- 
naire,  rappelles  par  lïithard'. 

Dans  le  nord  de  l'Espagne  enfin,  et  dons  tons  les  pays  de 
domination  arabe,  l'influesoe  de  l'arabe  et  l'onbU  de  la  lan- 
gue des  BonmÎDB,  déjà  corrompue  on  du  moins  fort  déchue 
de  son  élégance  andenne  et  de  sa  propriété,  avaient  fait  naî- 
tre nn  langage  aonvean  rt  bien  informe  encore,  que  ne  par- 
laient sans  doute  que  les  classes  les  moins  lettrées  parmi  les 
descendansdes  Hispano-Romains.L'alt^tiondesmotStroD- 
bli  dn  véritable  emploi  des  déclioa^ns,  l'adoption  conti- 
nnelle  de  mots  noarcaux,  par  suite  des  rapports  forcés  qn'on 
avait  avec  les  Arabes,  tout  cela  donna  naissance,  dans  les 
pays  dirétiens,  an  nord  et  dans  l'on^  de  la  Péninsule,  à  nn 
langage  mixte  et  étrange,  tout  saturé  d'arabe,  bien  que 
foncièrement  latin  par  ses  radicaux,  et  par  là  d'un  carac- 
tère tout  à  fait  particulier,  n'ayant  de  rapports  avec  le  ro- 
man que  eenx  qaî  naissaient  dn  fonds  commnn  d'oiï  l'un  et 
l'autre  étaient  sortis.  G* est  cet  idiome  gui,  en  se  polissant, 


■  La  tercet*  leocni  inutUi  ds  lu  de  K^wIh,  ei  U  lenatlna,  ;  dmi  geoMtl 

^e  lodM poT  Kl  ta  qm  le  habtata  «a  Froeou,  y  lod«  ta  Gntaju,!!* 

Fttncia  GAilH,  y  !■  qna  agora  «e  babta  aa  il  principida  de  CalalaOa,  rejne  de 
Valeoda,  faUi  de  MiUoiea,  HlnoTCa,  tte.  (  Gupard  EkoUdo,  Hl(t,  d«  VileDcla, 
part.  i,l.i,c.  14,11.  I}. 

S  lUlbatdjBlU.,  Lin,c.tf, 


DiqllizDdbyGoOgle 


96  Histoiilx  D'tsPiiavt. 

est  deroin  le  castillan.  On  n'a  malhetireiuentent  de  cette 
langae  aneon  nomunent  écrit  antérieur  an  doonème  siècle*. 
ITnl  doote  qn'il  ne  soit  ^itrtf  dans  la  coropositlMi  de  l'idiôme 
castillan  des  élémens  qni  nom  édiappent  :  tant  de  peuples 
^  de  races  diverses  n'étnentpas  descendos  sur  cette  terre 
poor  se  la  disputer  sans  y  laisser  qoelqoe  c^ose  de  lenr  lan- 
gage conune  de  leurs  mœurs  et  de  leurs  idées.  Sous  les  Bo- 
mains,  les  populations  Indigènes  des  campagnes  [n'avaient 
pas  aussi  teHement  adopté  le  latin  (malgré  tout,  et  qsoi  qa'en 
ait  dit  Strabon,  qu'elles  avaient  perdn  jusqu'à  la  mémoire 
de  leur  propre  langue'),  qu'dles  n'eussent  retenu  qnelqœs 
vestiges  des  anciens  idiomes  que  parlaient  les  tribus  primi- 
tives qui  couvraient  le  sol  de  la  Péninsule,  autAieurement 
aux  premières  invanons  des  fifecs,  des  Phéniciens  et  des 
Carthi^ois.  De  ceux-ci  même  ils  avaient  dû  retenir  quel- 
que ciiose;  mais  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  les  deux  lan- 
gues génératrices  du  castillan  moderne  sont  la  latine  et 
l'arabe  ;  qu'il  a  pris  de  l'une  les  mots,  de  l'autre  le  génie,  et 
que  de  là  vient  le  caractère  singulier  qni  la  rapprodie  et  la 
distingue  à  la  f<HS  du  provençal  et  de  l'italien,  par  nn  fonds 
général  de  racines  pareilles,  et  par  des  idiotismes  et  des  tours 
d'ailleurs  tout-à-fait  propres  et  originaux^. 

1  Voj.  Aldrek,  Orlgcn  7  prindpia  data  langui  oaMIaBa,  etc.;  L  n,  e.  I. 

>  In  BomazuMTltu  inniroTin*!!  nnl  aB«  proprls  UnpiB  mwioriuiiKrTnl 
■mpllai  (SInb.,  L  ui,  c.  S). 

3  L'Acidémle  royile  ds  Hidrld  □(  ddu  Mmbla  pu  stoIt  Mt  noc  ihci  larca 
p«rt  origlailre  1  l'iraba  duu  la  fornutien  d»  Pefpscnd ,  lonqse  alla  dil,  d'ail- 
lann  fort  JodlcIiDacmeot,  dasi  U  prttae»  de  b  enmmilte  qu'alla  1  publiée  i 
la  fin  dn  ilècle  dernier  :  —  ■  La  lacgva  eaatellana  coniU  da  palabru  rcoicfu, 
BTtagu,  gôtkai,  irabct,  7  de  olru  laninu  d*  loa  qna  por  domlD*clon  à  par 
«omerclo,  bablUron,  6  fraqiltnuirDB  eitu  partei  :  pcro  prlnclpalmenla  abnnda 
ds  paUbru  latf nai  entaria  6  alteMdu  b  (  OruMlica  de  U  Lcnpu  CtaliUana , 
tapor  ItiRealAcadainta  Bipanola,  enel  prAlc^}. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAPITRE  QUINZIEME. 


Ctneléra  d'Abd  tf  Kabnum'  HI.  —  Kiptditton  conlio  le*  rebelln  dM  monli' 
eaud'EIblti.  — Il  jrend  les  titre*  dlnuii  et  d'fmlt  du  fldélei.  —  HoHda 
Girclal,!  Léon.  —  Son  frère  Ordoalni  II  Iniinccéds.  —  RenoaTallementdei 
hoMiltli*  «Dire  CMdoae  et  lei  fUu  chrélleni.—  Guerre  contre  Kileb  ben 
HabonnâfnirKapteneorientalB.^GaerreeanlreLtonel  laHiTine;  b*ull[ 
d«  ianqniri.  —  Eipédllion  d'OrdoCa  dtnl  la  Vinche.  Clreeljra  de  ee 
roi.  —  Sa  mort,  -i  PaciQcaiion  déÛDltive  des  moniaenes  d'Blblra  par  Abd  «1 
Satutuli  m,  ~  Siège  el  prlae  de  Tolède.  —  Régne  de  Froiln  II  à  Lion.  — 
Bègno  d'ALToiM  rV.'^lDlraoUatlon  de  Ramlre  IL — AErmions  alleinalU 
T«s  dei  chrttleni  el  de*  HmatmaDi.  —  BaUillB  d'Ouca.  ~  Trèfe  entre  la* 
denx  nation)..—  Inlerrentlon  d'Abd  Slhman  en  Afrique.  —Reprise  de  la 
gnerre  eutie  Bamlia  II  et  Cordoae.  —  BalaHIe  de  Zamora  ;  bataille  de  Siman- 
uis;priie  de  Zunora.  —  ÈTénemcna  dUen. —  Uort  de  Ramlre  1(.  —  Rùgnr 
d'OrdoBa  III.  —  ATtneaent  de  Saneb«-1e-Grai,  deniiéme  du  nom ,  i  Léon. 
—  Sea  ■lllances  aiec  11  naiarra  «t  «Tec  Cordoae.  —  Poils  diieri  da  règne 
d'Abd  el  Habfflu.  —  Son  amaar  ponr  les  lellres.  —  Sa  m«rt. 

)  De  911  IMi. 


L'histoire  do  règne  d'Abd  el  Bahman  III  et  des  royaumes 
dirétiens  de  la  FéuinBttle  dorant  ce  règne  présente  des  dif- 
ficultés qa'on  ne  peut  snrmonter  qn'à  force  de  patience  et 
de  travail.  Cette  histoire  complexe  et  multiple  constitoe  ce- 
pendant le  tableau  général  de  l'Espagne  à  cette  époqoe,  et  il 
faut  n'en  rien  omettre  ;  il  fant  snivre  et  expliquer  en  les  ra- 
contant ces  mille  faits  gni  se  croisent,  qni  se  contrarient  ou 
s'enchevêtrent  ;  il  faut  parler  de  la  îlavarre,  des  Astories,  de 
Léon,  de  la  Gabce'et  des  comtes  de  Castille  en  même  temps 
qoe  de  Cordone,  d'Abd  el  Bahman  et  de  l'Afrique  occiden- 
tale,qiii  va  devenir  une  dépendance  de  l'Uspi^e  musulmane; 
il  fant  enfin  tout  embrasser  et' tout  ^re  comprendre  d'une 
histoire  dont  jusqu'à  présent  on  n'a  montré  qu'un  cAté. 

Le  tableau  de  ce  règne,  qui  forme  une  des  époques  les 

plus  brillauteB  de  la  domination  arabe  ea  £sp^ne,  embrasse 

IV.  7 


>;,l,ZDdbyG00gle 


98  HISTOffiE  d'espagse. 

l'espace  de  qn&rante-nenf  ans  et  nn  jonr,  depuis  le  1 4  octo- 
bre 912  jusija'au  15  ocU>I»'e  961';  dans  cet  intervalle,  sept 
rois  se  sncoéderont  dans  le  récent  royaume  de  Léon  fcmdé 
par  Garcia,  sayoir  :  Garcia  I,  Ordonins  II,  FroOa  II,  Al- 
fmae  IV,  Bamire  II,  Ordonioa  III  et  Sancbo  I'"'  ;  sang  comp- 
ter les  rois  de  Kavarrc,  des  Aatnries,  de  Galife,  et  les  cotâtes 
de  Barcelone  et  de  Castille  avec  lesqaels  il  se  troorera  en  con- 
tact. Ce  sont  les  faits,  les  passions,  le  moaTcment,  en  un  mot 
les  hommes  et  les  choses  de  ce  tempS  que  nons  i^ons  passer 
en  rerae  dans  ce  chapitre. 

Ainsi,  l'Espagne  se  trouvait  divisée  comme  il  snit  Ion  de 
l'avënement  d'Ahd  el  Bahmaa  m  à  Cordone. 

An  nord,  les  eofans  d'Alfonae  ÏII  s'étalent  partagé  l'état 
Bonveaa  consolidé  par  leur  père,  et  en  avaient  formé  trois 
royaume  s  :  Garcia  avait  les  terres  situées  entre  le  Onero  et  les 
Astnries,  les  Champs  Gothiques  appelés  tlerra  de  Campos, 
et  siégeait  à  Léon;  Ordonius  commandait  en  Galice;  Froïla 
dans  les  Asturieg.  A  Pampeluoe  il  y  avait  an  roi  récent  nommé 
Soncho;  à  Barcelone,  un  comte  indépendant  qui,  en  913, 
se  nommait  Miron.  Quant  à  l'Espagne  musolmane,  elle  ne 
dépendait  point  de  Cordone  d'une  manière  absolae.  Les  fils 
d'Hafsouu  se  maintenaient  dans  l'indépendance  dans  l'Espa- 
gne orientale;  ils  étaient  maîtres  à  pen  près  des  campagnes 
qu'arrose  le  cours  moyen  de  l'Èbre,  sur  l'une  et  l'antre  rrn 
du  flenve.  Quelques  antres  chefs  de  tribus  refusaient  l'obâs- 
sancc.  Tolède  n'était  pas  non  plus  soumise. 

Tel  était  en  gros  l'état  de  l'Esp^pe  lorsque  le  pettt-flls 
tfAbdaltaho  prit,  à  Cordone,  les  rênes  de  l'émirat.  H  avait 
vingt-deux  ans.  I!  portait  cet  heureux  nom  d'Ahd  el  Bahmaa 


■  Ou  dB  00  sDi ,  a  ma<i  (Boliu  S  joais  an  complmt  comm*  le*  Arabu,  da  a 
da  nbUh  de  l'in  SOO  de  llicgireCSO 001.012)10  ïde  rmudfauSSO  (isoct. 

•M). 

1  CKd«BDt  «l  fulqnw  HUM  hUUri«M  le  tiwapwit  en  [i'anwlui  dctm 
^AbliUtï.  11»  PBt  afpii  trtdoit  le  moi  «,,.»  qid  doit  «'enlendre  pir  peiil-flli. 


>;,l,ZDdbyC00g[e 


CHAPITM  QiiraziiKi:.  99 

qa'snâflnt  Ohutré  d^  deux  de  ses  préddcessenrs,  et  qol  pa- 
raiwait  le  gage  d'un  règne  ^orieiu;  •  il  était  plein  de  grâce, 
de  beaaté,  et  de  cette  dignité  gniTe  qai  sied  aux  cheâi  des 
UBtioaif  ncHU  dit  la  cbroiiiqae  de  Coude  ;  il  arait  le  tdnt 
bhne  et  rosé,  les  yenx  biens,  le  r^iard  agréable;  mais  il  se 
distingnait  eneore  plu  par  la  bonté  de  soa  cœor  et  ses  Ter- 
Éoeoses  isclinatiom  ;  il  était  spirîtael,  plein  d'éradition,  pru- 
dent aa-delà  de  ce  qu'on  poorait  attendre  de  son  âge  ;  affable 
et  d'nneeonTenationpleine  d'intérAt'. "C'est  parceséloget. 
que  Gonde  commence  le  récit  de  ce  règne  d'après  les  anteon 
de  l'Esconal.  D'un  antre  cAté,  la  chroniqne  mannserite  inti- 
tulée Histoire  d'Espagne,  d'Ahmed  el  Makkarl,  ne  s'exprime 
pas  nUHnt  fastnensement.  C'at  alors  que  devint  émir  de  l'An- 
dalons,  dit-elle  à  pea  près,  le  grand  Abd  el  Bahman  el  Naasr 
Ledin  Allah;  Dien  M  avùt  donné  la  mtdn  Manche  de  Moïse, 
la  main  poissante  qui  fait  jaillir  l'ean  des  rochers,  qoi  fend 
les  flots  de  la  mer,  la  main  qui  maîtrise,  qnand  Dlea  le  Teat, 
les  élémens  et  la  nature  entière,  et  arec  laqoelle  il  porta  l'é- 
tendard de  l'islam  pins  loin  qne  ne  l'avait  fait  encore  ancan 
de  ses  prédécessears^ 

Son  premier  soin  fat  d'achever  la  pacification  de  l'Espagne 
mnsolmane.  II  l'entreprit  par  son  oncle  El  Hodbaffer. 

Les  fils  d'Hafirann  tenaient  tonjonrs,  comme  nous  venons 
de  le  dire ,  à  Tolède  et  dans  l'Esp^e  orientale.  Abd  el  Bah- 
man s'oceapa,  dès  les  prenders  mois  de  son  avènement,  des 
moyens  de  les  réduire  à  son  obéissance  ;  et  il  fit ,  pour  le  se- 
conder dans  cette  entreprise,  appid  aux  fidèles  comme  pour 
■axis  guerre  sainte.  L'ascendant  de  son  nom,  l'intérêt  qoi  s'at- 
tachait à  sa  fortune ,  ses  précoces  et  éminentes  qualités  au- 
tant qne  le  zèle  et  l'inlluence  de  ses  oncles,  ntlirèrent  &  lai 
d'innombrables  partisans,  qui  tons  se  présentaient,  selon 


1  n Mikkiij, m»,  mb. de  1«  WbL  ni.,v.  TM,  feU  88  M  mIt. 


>;,l,ZDdbyC00g[e 


100 

l'usage,  xne  lenn  armes  et  leurs  GheTam,  prêts  à  BoïTre 
leurs  chefs  où  il  leur  plairait  de  les  mener.  Us  (imTèrenl  en 
si  grande  fonle,  dit  on  de  ses  historiens,  qa'il  fallut  fixer 
le  nombre  de  cenx  qui  marcheraient  sons  chaqne  drapeau, 
afin  qae  tons  n'abanâonnassent  pas  leurs  laboura  et  les  soins 
de  leor  famille,  et  il  estra  an  pays  de  Tolède,  oix.  Ha£Kian 
était  poar  lors,  à  la  tète  de  goarante  mille  hommes,  formant 
easoDoble  cent  Tingt-huit  bannières,  ce  qui  donne  environ 
trois  cent  vingt  hommes  par  bannière.  Cette  armée  s'empara 
des  forteresses  que  tenaient  les  rebelles,  et  HafiMon,  n'osant 
tenir  la  campagne,  se  retira  dans  l'Espagne  orientale,  laissant 
&  son  fils  Pjafar  le  soin  de  défendre  l'importante  cité  qu'il 
possédait  au  cceur  même  de  l'Espagne,  boolerard  et  tqipoi 
de  sa  faction.  H  ne  parut  pas  convenable  an  nouvel  émir  de 
s'arrêter  an  siège  de  Tolède,  dit  son  historien,  parce  que 
sans  doute  elle  était  munie  de  provisions  suffisantes  pour 
pouvoir  soutenir  un  long  blocus,  et  il  préféra  diriger  les 
forces  qu'il  avait  rassemblées  vers  VEapagne  orientale.  Dès 
les  premières  marches  il  eut  avis  de  l'arrivée  d'Hafaonn  qui 
se  p(Hrtait  à  sa  rencontre  avec  une  nombrense  armée,  et  les 
guerriers  andalons  en  conçurent  la  plus  grande  joie.  L'on- 
cle du  jeune  émir,  El  Modhaffer,  rangea  ses  escadrons,  et  se 
chargea  de  diriger  l'ordre  de  bataille  et  de  commander  l'a- 
vant-garde  ;  il  donna  à  son  neveu  le  caitre  et  le  principal 
corps  d'année;  la  droite  au  wali  Abd  el  Bahman  lieu  Bedr; 
la  gauche  au  wali  Djéhoaar  ben  Abdallah  el  Hessami;  le  com- 
mandement de  l'arrière-garde  enfin  et  des  troupes  de  ré- 
serve an  vieux  et  vénérable  Obâd  Allah  ben  Gamri.  Les 
.  tronpes  d'Ebn  Ha&oun  étaient  supérieures  en  nombre,  mais 
moins  bien  armées  et  moins  bien  montées  qne  celle  du  jeune 
khalife ,  quoique  d'ailleurs  commandées  par  les  hommes  les 
plus  agnerris  et  les  plus  braves  de  l'^pagne  orientale  et  des 
montagnes  de  Tadmir  et  d'Elbira. 
.  :Le8  deux  années  se  rencontrera  ^tuaf  irae  vaste  plaii» 


>;,l,ZDdbyG00gle 


GHAPITEE  QTJmZliHE.  lOl 

([ne  rfaistoilen  arabe  ne  désigne  pas  aatrement ,  mais  qai 
parait  être  la  plaine  qui  s'étend  entre  Tolède  et  les  moota- 
gnes  de  Goenca.  Les  ëclaireora  de  l'nn  et  de  l'aatre  paili 
engagèrent  qnelqaes  légères  escarmoaches ,  et ,  s'étant  re- 
plia vers  les  corps  de  bataille,  les  deux  années  se  chargè- 
rent d'nn  commun  accord  avec  d'époiiTantahles  cris,  dit 
riùstorien  arabe ,  an  mUien  dn  brait  de8  trompettes  et  des 
dairoos^.  L'issae  du  combat  demenra  longtemps  incertaine; 
DLais  la  nombrense  caTalerie  d'Abd  el  Bahman  décida  da  snc- 
cfes,  renversa  et  mit  en  désordre  les  tronpes  d'Eba  Ha^on, 
et ,  aa  concher  da  soleil ,  elles  abandonnÈrent  an  Tainqaeor 
le  champ  de  bataille  qu'elles  laissèrent  convert  de  morts  et 
de  blessés.  Les  restes  de  l'armée  vaincne  s'enfuirent  pendant 
la  nnit,  laissant  sept  mille  des  lenrs  sur  le  champ  de  bataille. 
Le  combat  avait  été  des  pins  sanglans;  car  les  ennemis,  dit 
notre  historien,  étûent  Taillans,  et  des  pins  intrépides  an  mé- 
tier des  annes  ;  si  bien  que  ia  perte  des  vainqnenrs  ne  s'éleva 
pas  à  moins  de  trois  miUehommes. — Hafoonn  échappa  an  car- 
nage, et  se  réfugia  avec  des  forces  encore  imposantes  à  Hisn- 
Conca  (la  forteresse  de  Conca — Cueaca).  C'était  la  première 
fois  qne  le  âls  de  Mohammed  ben  Abdallah  se  trouvait  à  nne 
bataille  :  et  ce  champ  tont  couvert  de  cadavres ,  ce  sang  mn- 
snlman  répandu,  comme  si  l'islam  n'eût  pas  eu  d'ennemis 
en  Espagne  et  qu'il  n'y  eût  pas  eu  sur  les  frontières  do  vieit- 
les  déMtes  à  venger  sur  les  chrétiens,  remplirent  d'horreur 
le  cœnr  da  jenne  khalife ,  et  il  ordonna  qa'on  prit  on  égal 
soin  des  blessés  des  deox  partis 

Cette  victoire,  cependant,  ne  termina  rien.  Après  l'avoir 
remportée,  Abd  el  Bahman,  accompagné  des  principaux 


1  Lm  Arabet  ippcUtPDt  leai  (rompelle  da  eaam  «1  nuTal  on  ni  niryl,  probi' 
UcBeol  parcB  qu'elle  èuil  tille  orlgiDiIremcDl  d'Irolce.  —  Cs  nai  ail  d»- 
icnn  poTtogiU  tooM  U  ronne  euafil.  Je  Ui  dam  rKlocidarlo  de  SuM  Rom  da 
Vllnbo  :  AniOl,  eipecle  da  IrombeU,  liulTuiacnlo  muiM  da  mtUl,  de  qnt  m 
■ODcpt  wto  II»  gnem,  pari  eidUr  ot  ulmM  doi  eomliaWBMi. 


>;,l,ZDdbyC00g[e 


109  BUTomE  d'espags?. 

■cbeiks  des  tribu  andalomieimea  et  des  gteéranx  de  M  gaide 
particaliâre,  rerint  à  Cordone,  laùsaut  à  soo  eade  El  H»- 
dhaffer  le  loin  de  contùmer  la  guerre  contre  lea  Hafaonn- 
£1  8Iodbaffer,dit  lacbroniqaearabede  GtHide,  loomit,  dans 
cette  eipédition,  toat  le  pa;8  de  Tolède,  depnù  leti  venans 
■epteDtrionaax  d'El  Scharrat  (ta  Sierra  de  Alflarraz)  jiuqa'aa 
payi  de  Tadmir;  mail  il  ne  détruisit  point  lea  rebelles  et  la 
râ)ellion,  et  Tolède  et  plosienn  villes  de  l'Espagne  orientale 
oontinaèrait, malgré  toat,à ne  raooniiattrepMnt  d'antre  émir 
que  Eqleb  ben  Omar  ben  HafMon. 

Ces  évéoemens  marquèrent  les  deux  premières  années  dn 
règne  d'Abd  el  Bahman  III,  et,  comme  sons  venons  de  le 
voir,  il  ne  prit  part  qa'à  la  première  partie  de  cette  expédition 
contre  les  rebelles  de  oette  vivaoe  faction.  De  retour  à  Gor- 
done,  et  pendant  que  son  oncle  poursuivait  leur  réduction,  le 
jeune  émir  prit  quelques  mesures  de  gouvernement  qui  dis- 
tinguèrent d'abord  son  règne  de  celui  de  ses  prédécesseurs. 
En  l'année  302  (914)  il  fit  changer  le  coin  des  monnaies 
d'or  et  d'argent.  Jusque4è  ses  prédécesseurs  avaient  cou- 
serve  le  type  et  la  forme  des  monnaies  des  khalifes  de  Da- 
mas, et  celles  d'Espagne  ne  différaient  de  cdlca  d'Orient 
qne  par  l'indication  de  l'année  et  du  lien  où  elles  avaient  été 
frappées;  cela  s'était  pratiqué  josqne-là  ainsi,  tant  ponr  les 
dinars  (pièces  d'or)  que  pour  les  dirbcms  (pièces  d'argent)  el 
qne  pour  les  félonsaes  on  menues  monnaies  de  cuivre.  Abd 
el  Bahman  III  le  premier  y  Ht  placer  d'un  côté  son  nom  et 
ses  titres,  entre  lesquels,  dès  cette  année  302,  il  prit  celor 
d'imam,  on  de  prince  de  la  religion,  inhérent  an  kbalifat, 
et  dans  la  forme  en  usage  en  Orient  depuis  Hoavriab,  et  de 
l'antre,  selon  l'ancien  nsagc,  la  confession  de  l'unité  absolue 
de  Dieu,  et  de  la  mission  de  son  prophète  Mohhammed  Beçonl 

~  h.  Enflo  snr  l'orle  de  l'une  des  faces  étaient  marqués 
lée  et  le  lien  où  la  monnaie  avait  été  frappée.  Hais  il  nous 
arrêter  ici  on  moment  sur  ces  changemeni  importani 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAPITBE  QDrazàHK.  103 

qui  im|ffimàreDt  no  caractère  uoaveao  à  la  domioatioa  mn- 
salmane  en  Espagne. 

Nous  avons  dit  qa' aucun  des  prédéoessenn  d'Abd  el  Bah- 
nuui  III  n'avait  pris  le  titre  d'émir  des  fidèles  (Emir-al-Moa- 
méayn).  S'il  était  besoin  d'insister  sur  ce  point,  nous  n^pel- 
Im<H»  entre  antres  moanmens  l'inscription  de  SUrida  où  AI>d 
el  Rahman  II  prend  simplemNit  le  titre  d'émir  sans  antre 
désigoationi. D'an  antre  c6té  cependant,  l'assertion  d'Alranl- 
féda  qa' Abd  el  Bahman,  troisième  du  nom,  ne  prit  le  titre  de 
prince  des  fidèles  que  dans  la  vingt-cinquième  année  de  son 
xègae  '  est  démentie  par  pins  d' an  témoignage  matériel  et  par 
divers  passages  d'historiens  authentignes,  parmi  lesquels  il 
n'en  est  point  de  plus  explicite  que  le  passage  suivant  d'Ël 
Abar  : — ■  Le  maître  de  l'Andalons  £1  Nagsr  Ahd  et  Bahman 
el  Ommeyah,  a;ant  appris  à  qael  degré  de  puissance  s'était 
élevé  (en  Af  riqae)  Moez  le  Fathimite,  dit  cet  historien,  et  qu'il 
avait  pris  le  titre  d'émir-el-mooményngVoyant  d'iu  antre  c6té 
la  décadence  des  khalifes  de  Bagdul,omt  pouvoir  s'appeler 
comme  eux  émii^-monménTiijet  de  ce  moment  ilpritanssi 
le  titre  d'El  Nassr  (le  défenseiv)  qu'il  porta  jusqu'à  sa  mort, 
arrivéel'an  350  de  l'hégire^.  • — Ëbn  Sohnah,  dons  ses  Anna- 
les, dit  non  moins  formellement  :  •  Et  il  s'appela  £[  Pfassr 
Ledin  Allah  Abd  el  Bahman  ben  Mohammed  arec  le  titre  d'é- 
mir-el-monméuTU  qu'il  prit  dans  la  deuxième  année  de  son 
klialifat,  dans  le  même  temps  qne  déclinait  en  Orient  l'empire 
des  Abbasrides  opprimé  par  les  Turcs;  ses  prédécesseurs  ne 
s'étaient  appelés  qu'émirs  i.  >  Les  deux  historiens  sont  ci- 


I  Voyeici-deTinl,  t.  lu,  p.  4M. 

I  Vayf  I  Abonlfeda,  Aniulu  HoiliDid,  I.  ii,  p.  471. 

3  El  AbRr,  mu.  itabe  de  l'Edorlal.  . 

*  Qiual  tn  lémolcDifet  miUHelt  camUtuI  qn'tl  prit  m  t[trB  «nlériaurc- 
Mmt  i  ré|M>qiie  fliic  p«r  Abanlfédt,  Ils  ne  Kint  pM  molni  DombniDi,  cl  l'on 
ptBt  dicr  «Dire  intiet  rinuciptlan  d«  TaliT^a,  comm^morallTo  de  U  ftiDdalioi 
d'oM  loor  qa'Abd  el  BihBu  j  fil  «NUtoalrs  •■  «IT  (9JW),  oii  II  «"ippeUe  El 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


t04  msToiBE  d'espa&iœ 

plicitefl  BOT  les  causes  gai  engagèrent  Abd  el  Bahman  à  s'in- 
titnler  plus  pompeusement  qae  ses  prédécesseurs]:  tons  deux 
l'attriboent  à  deux  principales;  à  l'exemple  de  quelques-uns 
des  nouTeaux  âTuastes  qui  s'étaient  élevés  en  Afrique,  et  à 
l'abaissement  des  Abbassides  tombés  en  Orient  sous  la  dé- 
pendance de  la  milice  turque,  qui,  depuis  Motâz  B'Blah, 
faisait  et  débisait  à  sou  gré  les  khalifes. 

Dans  les  actes  officiels,  il  est  donc  hors  de  doute  que  Ira 
Ommjades  différèrent  jusqu'au  dixième  ûède  à  s'attribuer  les 
titres  des  khalifes  d'Orient;  mais  dans  la  pratique  ordinùre 
et  dons  les  rapports  ordinaires  des  fidèles  afec  l'émir  souve- 
rain, les  sujets  ne  se  faisaient  faute  de  lenr  prodiguer  les  ti- 
tres d'imam  et  d'émir  des  fidèles  :  si  donc,  dès  Abd  el  Bab- 
man  I,  ils  ne  prirent  point  ces  titres,  ce  dut  être,  non  par 
respect  ou  par  crainte  des  Abbassides  leurs  ennemis,  mais  par 
considération  pour  la  mémoire  de  leurs  aïeux,  par  respect 
religieux  peut-être;  et  ils  ne  changèrent  rien,  comme  nous 
venons  de  -lire,  au  type  des  monnaies  de  leurs  ancêtres, 
jusqu'à  l'intronisatioD  d'Abd  el  Bahman  III  '. 


nmr  L«dln  AUab,iiiiiiii  dss  fidèles,  clc>  —  AbonUMa  ut  <rtcc«rd,  tu  reits, 
née  Isi  «Dtiu  )anrc«i  gur  Ica  motifs  qui  détcnniinrBnl  Abd  clHahmiD  i  pris- 
drecu  dodtuux  tilreg  :  —  Peripscli  ImbtdllititB,  diHl  (AbnlMi ,  Anuloi 
lloilem.,  I.  II,  p>  tll),  Iricani  chillbtoi  et  Altdirnm  In  Africi  amoUtiana  m- 
ceniui,  qoi  TirJbng  aueti  chntiritam  Gtiam  ilbl  titalomqiie  £mir  el  Mimanin  lal 
Jarii  bclebmL 

■  Toateg  lea  monodei  Trappia  sd  Kapagns,  loit  ta  or,  acil  an  argent,  wit 
CD  cuiTre,  de  7»T  jaiqa'i  l'anaèe  de  l'h^lre  1T2  (788),  apparlieimaut  ta  pre- 
mier des  OlDinj(dei,  1  Abd  el  Babman  I , 

De  17E  (TSB)  k  130  (396)  1  ion  Dis  Heicbam  U  ; 

De  180  (896)  I  306  (811)  t  El  Hakem,  fils  d'Heicbam  ; 

Do  100  (321)  1  238  (8112)  i  Abd  el  Habman  II,  Bis  d'Bl  Uakem  ; 

Da  258  («B2)  à  STS  (sae)  i  Holiammed,  OU  d'Abd  ekRibmin; 

D«  27S  (886)  Ji  STtt  (888)  A  El  Mondbir  (an  01*; 

Da  27tt  (8B8)  Ji  SCO  (911)  à  Abilillab  son  frire. 

PandiDl  toat  es  temps,  H  ne  Tôt  rien  cbao^é  1  l'anclenae  fabrication  des  mon- 
naies tsnld'orqne  d'argeolelda  calrre  :  elles  demeurèrcDlsomblableg  dans  leur 
fiinne,  leur  type  et  lonr  légende,  et  loDtei  tenblent  STOlr  èlé  frappieB  dani  un 
Hnlet  mime  faOlel  des  monnaies,  la  lelia  da  Cordone. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


GHAPrniE  QDIHZIZIII.  105 

Àbd  el  BahmoD  UI  fut  donc  le  premier  qui  fit  mettre  son 
nom  et  ses  titres  sur  les  monnaie»  frappées  soaa  son  règne. 
D'un  côté  on  y  lisait  : 

U  n'y  a  pas  d'antre  Diea 

Qae  Diea  unique 

Et  sans  compagnon. 

Ces  mots  étaient  placés  au  milieu  de  la  monnaie  et  en- 
tourés d'un  orle  on  d'une  marge  dans  laquelle  on  lisait  :  An 
nom  de  Dieu,  ce  dirhem  a  été  frappé  en  Andalous  en  301 
(913). — Du  côté  opposé  il  y  avait! 

L'Imam 

ElMassrLedin 
Allali  Abd  el  Bàhman 
Éoùr  el  Sfonményn. 

C'est-à-dire  :  ■  l'imam,  le  premier,  l'aagnste  ''  'e  hant  dé- 
fenseur de  la  loi  de  Dicn,  Abd  el  flahman,  émir  qes  ûdèles.  » 
Enfin,  la  légende  inscrite  sur  l'orle  se  composait  du  verset 
solvant  (le  trente-quatrième  de  la  neuvième  goiirate)  : 

■  Mohammed  est  l'apôtre  de  Dieu.  Diea  l'a  envoyé  pour 
diriger  le  monde,  pour  annoncer  la  vraie  religion  et  la  faire 
prévaloir  sor  toutes  les  autres,  en  dépit  des  polythéistes.  > 

On  remarque  aossi  dans  les  momiaies  arabico-^pagnolcs, 
à  dater  de  ce  règne,  on  autre  changement  qni  ne  fat  pas  peut- 
être  sans  influence  sur  le  développement  de  la  puissance  des 
hadjebsjce  fntrintrodacllondelenrnom  dans  les  monnaies; 
on  le  remarque  du  moins  sur  la  plupart,  bien  que  ce  ne  soit 
pas  sur  tontes.  Ebn  Hayan  s'exprime  ainsi  à  ce  sujet:  ■  Et  il 
frappmt  des  dirbems  et  des  dmars,  tant  d'or  que  d'argent, 
avec  son  nom  et  celai  de  son  badjeb,  et  on  disait  la  khothba 
an  nom  de  celni-ci  dans  les  mosqnéea-djémas  d'Espagne.  » 
On  verra  pins  tard  l'usage  que  fit  £1  Mansonr  de  cette  pré- 


>;,l,ZDdbyG00gle 


106  mSTMU  DESPAÛNK. 

n^atÎTe.  Le  nom  da  hadjeb  était  (vdinairement  plaoé  lotu  la 
otHifeuioii  de  Vanité  de  IKen.  Coude,  qui  arait  à  aa  diqw- 
gition  un  grand  nombre  de  monnaies  d'or  et  d'ai^nt  d'Abd 
el  Rahman  m,  a  relevé  quatre  noms  d'hadjebe,  qoi  sont  les 
saivans  par  ordre  de  dateg  :  Mohammed,  Abdallah,  Ahmed 
et  Khasem  ;  il  en  a  va  plnsienrs,  dn  reste,  sans  cette  noor- 
Teanté,  une  entre  antres  de  l'année  340  (9&1  de  J.-G.)- 

La  diapotition  des  mots  et  les  omemens  étaient  pen  va- 
riés :  cependant  le  nom  et  les  titres  étairait  disposés  sur  la 
face,  tantôt  en  trois,  tantôt  en  quatre  lignes;  la  première 
toajonrs  composée  dn  seul  mot  AI  Imam,  le  prince,  le  chef, 
le  premier,  le  puissant,  etc. 

Ces  soins  tootefois  ne  l'ooeapèrent  pas  exclosivemcnt,  et 
tandis  qa'El  Modha£fer  continuait  la  gnerre  c(mtre  les  Haf- 
sonn  sur  la  frontière  orientale,  c'est-à-dire  vers  les  rives  de 
l'Êbre,  Abd  el  Bahman  se  porta  à  la  tête  des  hommes  de 
gnerre  de  Cordone  et  d'nne  partie  de  sa  garde  particulière, 
vers  les  montagnes  situées  vers  la  mer  an  snd  dn  Gnadal- 
qoivir,  contre  les  Arabes  indépendans  qui,  sans  se  rattacher 
précisément  au  parti  d'Ebn  Ha&oun ,  ne  laissaient  pas  qae 
de  refuser  l'obéissance  aux  maîtres  de  Cordone,  qoi  s'étaient 
attribaé  tous  les  avantagea  da  gouvernement  et  de  l'exploi- 
tation des  terres  et  des  richesses  de  l'Andalous.  Retranchés 
dans  les  sierras  d'ïSbira,  de  Somontan  et  de  Ronda,  nous 
les  avons  vns  braver  les  précédens  émirs,  et  ils  continuaient 
les  mêmes  incursions  sur  les  terres  des  partisans  da  pouvoir 
siégeant  à  Cordone ,  ne  laissant  pas  un  moment  de  reldobe , 
dit  un  historien  ,  aux  peuples  de  ce  pays. 

La  renommée  d'Abd  cl  Bahman,  et  sa  politique  de  man- 
Buétude  et  de  doucenr,  le  servirent  pnissanunent  dons  cette 
expédition  ;  il  faisait  par  sa  senle  présence  autant  de  coa.- 
qnëtes  que  par  la  force  des  armes.  Les  schcifea  de  plnsienn 
tribus  vinrent  d'eux-mômes  se  remettre  sons  son  obéissance 
et,  en  se  présentant  volontairement  k  aa  merci,  ils  Ini  de- 


>;,l,ZDdbyG00gle 


t07 
lat  àm  araiMi,  qa'ilB  juraient  d'employer  loyalament 
à  défendre  et  k  maintenir  leor  payi  dam  la  dépendance. 
AM  el  Babman  les  recéTait  aveo  bienveillance,  et,  par  d'ha- 
bilM  discours,  il  s'attacha  les  plos  diatin^és  d'entre  eox,  aa 
point  qu'ils  ne  Toolnrent  pku  quitter  son  camp,  et  tooIq- 
reot  être  des  premiers  à  partager  avec  loi  les  fatigues  et  les 
périls  de  la  gnerre.Cette  habile  coadnite  fit  plus  poor  la  pa- 
cification da  pays  que  n'eût  fait  la  force  des  aimes,  et  les 
prinoîpanx  partisans  d'Hafsoun  qoi  se  trouvaient  dans  ces 
contrées  vinrent  foire  leur  soumission  à  Ibd  cl  Rahmin  ;  il 
les  recevait  tons,  dit  Is  chroniqueur,  avec  sa  bonté  naturelle, 
oubliant  leur  rébellion  et  les  maux  qu'elle  avait  causés,  et  don- 
nuit  à  chacon  l'empld  qni  Ini  convenait ,  afin  que  chacun 
eontriboÂt  ainti  pour  sa  part  à  réparer  les  manx  et  les  rava- 
ges de  la  guerre  civile  et  de  la  discorde  des  tribut.  Parmi  les 
Bcheiks  les  plos  distingné^qai  vinrent  en  ce  temps  se  remet- 
tre à  la  merci  du  jeune  émir,  fut  le  wali  Ahmed  twn  Moham- 
med ben  Adebah  el  Hamdani  que  nons  avons  vu  général  de« 
rehdles  des  montagnes  d'Elhira.  Abd  el  Rahman  loi  fit  nn 
bon  accneU ,  et  lui  donna  l'alcaïdie  d'Alhama  ■  ;  nous  ver- 
rons tout  à  l'henre  ce  scheik  se  révolter  de  nouveau. 

Un  autre  noble  scheik  nommé  Oh^dallah  ben  Ommeyab, 
qni  était  maître  de  Cazlona,et  qui  avait  tmn  les  bannières 
d'Hafiraon  et  commandait  pour  lui  I»  troupes  d'Hue8car,vint 
également  se  présenter  à  l'obéissance  d'Abdel  Bahman, qui, 
ayant  égard  à  sa  noblesse  et  à  sa  valeur,  le  fit  wali  de  Jacn. 
Ce  ne  fut  pas,  comme  on  voit,  en  faisant  couper  des  tétcg 
qu'il  mit  fin  à  la  rébellion.  Après  avoir  visité  toutes  les  dé- 
pendances d'EIbira  sans  trouver  de  résistance  nulle  part,  et 
les  plos  pnissans  chefs  des  rebelles  s'étant  soumis,  ainsi  que 
plus  de  deux  cents  villes  fortes,  l'émir  retourna  à  Cordone, 
et  renvoya  dans  leqrs  foyers  les  scheilu  et  les  caïds  qni  l'a- 

1  Omi»,  t.  71 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


106  msTOiHB  d'espagbb. 

Talent  accompagné.  Son  entrée  &  Cordoue  fat  on  jour  de 
fête  et  d'all^rease  générale.  Un  an  loi  avait  snffi  ponr  cette 
pacification  (303—915).     ■ 

Les  historieiu  arabes  ne  parlent  d'ancnne  gaerre  entre 
les  Mosnlmiuis  et  lea  chrétieitB  dans  les  premières  années 
da  règne  d'AM  el  Bahman ,  et  il  parait  qne  la  ptdx  qui  avait 
si  loi^teiDps  régné  entre  Abdallah  et  Alfoose  III  se  contimia 
durant  tout  le  règne  de  Garcia,  c'est-Jt-dire  toat  an  moins 
jDsqa'^  janvier  914.  Une  chronique  chrétienne  parle  bien 
d'une  expédition  da  fils  et  soccesseor  d'Âlfonse  contre  les 
Mnsalmans  ;  mais  cette  espédition^  antérieure  d'ailleurs  à  l'a- 
vénement  d'Abd  el  Bahman  m,  fut  sans  doute  dirigée  contre 
on  des  gouTcmenrs  musnbnans  sonlevés  contre  Abdallah, 
et  n'iofina  point  snr  les  relations  subséquentes  des  Arabes 
et  des  chrétiens'.  C'est  anssi  certainement  an  même  temps 
qu'il  tant  rapporter  les  expéditions  militaires  d'Ordonins 
en  Bétique  dont  parle  le  moine  de  Silos,  puisqu'il  dit  ex- 
pressément qu'elles  eurent  lien  pendant  qn'Ordonins  com- 
mandait aux  Cialiciens  et  du  vivant  même  de  son  père,  c'est- 
à-dire  avant  l'entrée  an  khalifat  d'El  Nassr  Ledin  Allah". 
L'inscription  tumolaire  de  ce  roi ,  que  noos  rapporterons 
toat-à'l'faenre,  parle  de  ces  mêmes  expéditions  et  les  con- 
firme-, mais  ce  n'est  pas  nue  raistm  pour  1^  placer,  comme 
quelques  historiens, sons  le  gonvememeut  daUialife  Abdel 
Bahman  III. 

t  AdefoDio  defuDcIo,  Gitaetaui  fliiui  «ini  idcmmU  1b  regno.  PrJm»  uno 
regni  aal  msiEmnin  igmen  aggre^iit  et  ad  pensqnendoni  Aribei  propcitril  ; 
dcdit  UUDomloui  iicloriui,|pr«dMit,  i]iliil>iit,et  mulu  nuucipli  aecun  at- 
Iraiit,  Itunper  tegem  Ajolim  e'*d'o  <=CP"  ^'  *''"'>  **°''  ''°  ^'"'"^  V^  dlcltnr 
AUremalo,  negligcalia  cnsbiduia  anfu^t  [Sunplr.  Chr.,  Dum.  fh 

i  Slqaldem  dam  paler  idboc  Tiverel,  slipss  (rei  OrdoBlu)  Ggllideiuibu 
dominaKInr  colleclo  lotlu  proTlnda  «ncilD  Botlcam  proTinctun  p«[llt.  DcId 
TiKatli  eiMtiniqn»qiie  agtla  el  TiUis  [ncBiuiï,  primo  inipBW  Regel  ciTiUlcm, 
qns  jnter  occldentilct  amiies  barbirorom  nrbea  forliar  opnlinllorqae  ildcba- 
lar,  pugnando  cspii  :  omncique  bellilotei  Cb«ld>09  gladio  consomeiu,  cnm 
mulma  ngmero  captlTornn)  tpoUornmqne  sd  Vlceniem  reitisui  «l  orbcm 
(■oHcb.EIkiu.  Cbr.,p.  £M). 


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QUPITBK  QOinZlilIE.  109 

Abd  el  Bahman  in  comptait  quinze  mois  et  dnq  jotua  de 
risgae^  qaand,  daoB  la  ville  de  Léon,  par  suite  de  la  mort  de 
GaraaB,  fils  d'Alfonse',  m  réunirent,  selon  l'ancievi  usage, 
les  grands  da  palais  et  les  évèqoea  du  royaume  pour  donner 
un  BDccesseor  an  roi  mort.  Bien  qae  Garcïas  eût  des  fils, 
ces  espècM  de  certes  élurent,  le  19  janvier  914,  Ordonins, 
frère  du  défont,  qui,  déjà  roi  es  Galice,  rénnit  ainsi  le  gon- 
Temement  des  deox  royaumes.  Les  évËqnes  électeurs,  aa 
nombre  de  douze,  le  conronnèrent  et  sacrèrent  aux  acclama- 
tions du  peuple  vers  la  fin  da  mois  de  juin  suivant  ;  soit  que 
la  cérémonie  eût  été  différée  pour  la  rendre  pins  solennelle, 
soit  qa'Ordooius  eût  tardé  tout  ce  temps  h  se  rendre  à  Léon 
de  la  Galice  où  il  disait  sa  résidence*.  Qnoi  qn'il  en  soit,  Or- 
donius  qui,  déjà,  comme  roi  de  Galice,  ainsi  que  nous  Tarons 
vu  plus  haut,  avait  fait  la  guerre  aux  Arabes,  ayant  appris 
qa'on  alcaïde  nmsalman  nononé  Ahlapaz  {aomine  Àblapaz), 
s'avançait  avec  des  forces  conaidérables  sur  an  château  des 
bords  du  Dnero,  qu'on  appelait  le  cb&teau  de  Saint-Étienne^ 
(5ancft'£fepAam}  rassembla  nue  armée  et  »e  porta  en  toute 
hâte  &  sa  rencontre.  On  en  vint  ans  mains,  et  ]a  victoire  ûe~ 
meura  au  roi  catholique.  L'alcaîde  Ablapaz  (Aboul  Abbas  sans 
doute)  fut  tué  dans  le  combat  et  on  lui  coupa  la  téfe,  selon  l'u- 
sage barbare  que  les  chrétiens  commençaient  à  adopter .L'é- 
véque  chroniqueur  Sampinu  nomqie  encore  on  autre  chef 


I  Bex  TCTo  (Gtminn»)  rqcnnil  iddoi  Uci  neiuna  unom,  morbo  propHo 
daMult  ert  DCECGLn— 8l4(lbld.,  I.  c.).  — LidilsprécliflilalimaTl  dsCarclu 
M  le  trooTB  du*  aoton  hiitatlcD. 

1  Ad  Ordoninm  Cbriitl  belUgcmni  iDcceuia  regnl  dlTlni)  dota  perTsutt  ;  om- 
■n  ifqnidam  Hiipinl*  mipitt»,  rplMopl ,  ibbiUi,  tomllti,  prlmorci,ùclD 
Mlcmnltcr  gcnnill  looTCDla  cam  ■ccIsmaBda  «ibi  mdiUIuIi;  Impuiioane  il 
âlademileidDodeciiDpODliBcibi]ilii>allaiDTapilLaefoi><P*n]Dctaiul(|[aD>cb. 
Sflcu.  CbT.,  p.  ESS)—  La  tTAiia  f  tiil  doDC  lanjonri  électif.  —  Vajai  d'allleun, 
m  rftiénainenl  d'Oidoniol,  Bandoval  (Cinto  Oblipoi,  p.  ans  ;  Uorilai,  lib.  it, 
c.  S9,  el  Floral  (Eipafis  Sieiada,  t.  ht,  p.  ÀtS), —  Gartaino  morlno,  lïatct  cjni 
OrdonfDB  axpaHibni  Gatjccllt  TCii|cu,adeplti|  Hinprain,  dit  1«  Cbioulqu  de 
" >T«(Dan.lT). 


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110  mSTOIBB  Tt'tSPiUlfl. 

maboinétan  tàé  dans  la  bataille,  dont  le  nom  et  les  titres 
poornùent  fiiire  nattre  ta  pensée  qae  l'osole  dn  khalife  (El  Ho- 
dhaffer)  saccomba  ansn  dans  cette  mêlée;  mais  £1  Hodhafier 
ne  monrat  que  beanoonp  pins  tard,  et  il  ne  peut  être  ques- 
tion de  lui  dans  l'écriTain  chrétien  ^.  La  guerre,  ainù  com- 
mencée, continua  cependant,  et,  pea  de  temps  après,  les  Ara- 
bes et  les  chrétiens  se  reneontrèioit  de  nonveaa  les  armes  k 
la  main  dans  an  lieu  nonuné  par  Sampirus  Mindonia,  et  par 
d'antres  historiens  Hidonia,  Mîtonia,  Britonia,  et  même  Boin- 
donia".  Cette  fois  la  chance  fut  c(Hitraire  aux  cbrétiens,  et 
beanconp  tombèrent  sous  les  coaps  des  Andies  ;  il  est  même  fa- 
cile de  Toir,  par  le  ton  singulier  dn  chroniqueur,  qu'ils  furent 
entièrement  défait»  dans  cette  rencontre.  «  Ces  choses  ache- 
■vées,  dit  l'éTêque  historien,  le  roi  des  Cordonans  avec  d'au- 
tre» rois  agarénéens,  et  avec  de  nombreuses  troupes  de  Sar- 
raûns,  se  porta  de  noUTean  contre  le  seigneur  roi  Ordonius, 
et  Tint  au  lien  dit  Mindonia,  où,  en  étant  Tenus  aux  mains, 
beaucoup  d'entre  les  nôtres  snccombèrent;  car,  comme  dit 
David,  les  succès  de  la  guerre  sont  variables*.  -  Ces  évé- 
nemens  dorent  avoir  heu  i  quelques  années  de  distance,  et 


1  NoD*  «font  ruoDtt  cette  rencoDln  des  deni  peDplei  d'après  Simpin»,  qnl 
aousBcmbk  Ici  dleocdetaniecoiiSinM.  Voici  le  piuagc  mime  dn  chronlqufar 
04  ces  èiiMnmif  lont  rapparia: — ■■ptnmlDlcTimtgDic&CordDlMBse  uaaintm 
Aleaide  nomine  AbUpu  xd  CaatsUnm  ripe  Dorji,  qiiod  dicilur  S«aell  BtcpluDl, 
lenit.  Rex  vero  Ordaniui,bac  3DdleDS,ul  eritili  bEllIcosns,  migno  exïtcilo 
■g^egato,  UIdc  TeslInDS  pemxil,  el  dlmlcinllbai  ad  lDTiceni,ded[t  Dominas 
catholko  régi  Irintophnm,  Inlerrecil  et  dclevlt  eoi  asqae  ad  mlngentem  ad  pirie~ 
(im,  Ipinm  qnidem  agmea  cbid  saprodiclo  Alctide  cormU,  cjus  csplie  Irancato. 
Kllimsllam  Ibl  regem  G rusuin  iBlerftell  nomine  Almolerrap,  et  reTcrsiuestrex 
corn  meenn  trinmpbo  ad  aedem  satm  Legionensem  (  Seinpir.  Cbr.,  nnni.  17  }. 

2  VoTei  SandoTsi,  le  moine  de  Biles.Laeai  de  Tb}  cl  Bodorlcb  de  Tolède.--  tl 
PO  m'a  pu  ili  possible,  dn  reste,  de  ironret  d'niM  manière  cerUine  1  qaei  Hea 
de  la  Géographie  moderne  répond  ce  nom  obacor. 

>  Bis  pencUi  Itemm  tei  Cordobensla  enm  slili  Agarenis  reglbua,  el  cnni 
mltb  SaitiMDonim  exercillbos  contra  regem  dominua  Ordonlom  TOnlt  ad  lo~ 
nm  qnl  didlni  Mindonls,  el  inter  ee  dlmJeinlw  el  prvUnm  moicnlei,  corme- 
raM  IM  nnlU  «  nwMi,  al  Bt  al t  Darld  iTsril  «OBl  «Tenins  belil  (Sanpir,  Ghr„ 

PHI.U). 


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cBAPixu  Qtasaiact.  111 

HoaBcr07onBpoaToir  placer  le  demi»  vers  l'an  OIS.Halgré 
la  mention  cepeodant  que  foit  le  cbromqaenr  chrétien,  dans 
le  piiESf^  qui  précède,  da  roi  de  Gordoue,  le  khalife  ne  prit 
ancone  part  à  ces  gnerres,  et  en  laissa  toot  le  soin  à  ses  g6< 


Il  s'occupait,  en  ce  tonps,  otHnme  noos  l'aTons  tu  pins 
baot,  des  léiatme»  qui  marquèrent  le  commencement  de  SMi 
règne,  de  la  prédication,  de  l'organisation  des  mosquées;  il 
faisait  frapper  les  monnaies  où  il  prenait  les  titres  d'bnam  et 
d'Émir  d  HooBiéirfn;  il  transeriTsit  le  Koran  de  sa  main,  le 
commentait,  l'expUqnait  Ini-mème  am  fidèles;  faisait  bUir 
des  mosquées  oonvelles,  tant  à  Cordone  que  dans  les  autres 
villes  de  rÀBd^asiie,  et  faisait  embdUir  les  anciennes;  il  fit 
placer,  dans  cdles  de  Gordoue  et  de  Séfille,  des  fontmnes 
da  pins  beaa  marbre;  il  y  ajouta  des  cours  spacienses,  qn'il 
fit  planter  d'orangers,  de  myrthes  et  de  platanes,  et  il  fit 
réparer  le  grand  pont  du  GoadalqBiTir  qui  mène  Â  la  Mes- 
qoita.  L'intendant  qu'il  choisit  pour  la  direction  de  ces  tm- 
Taux  mérite  d'être  nommé;  c'était  Nass&r  Ahon  OQmian, 
idigne,  à  tons  égards,  mus  surtout  en  ce  qui  concernait  l'ar- 
(^tectnre,  la  distribution  des  eaux,  l'eutr^ien  des  chemins 
et  des  ponts,  de  la  confiance  du  khalife*. 

Pendant  qu' Abd  el  Bahman  s'occupait  de  ces  Choses  à  Cor- 
ilone,  son  oncle  El  Hodbaffer  Tirait  constamment  sons  la 
tente  dans  l'Espagne  orientale,  poorsniTant,  de  campement 
en  campement,  les  rebelles  du  parti  d'Ha&oun;  et,  Tcrs  ce 
temps,  le  khalife  en  reçut  une  lettre  par  laquelle  il  lui  faisait 
part  de  ses  aTantages  snr  les  rdbeUÙ  qui,  de  toas  càtés,  se 
léfogiaient  dans  les  montagnes,  et  osaient  à  peine  entrer  dans 
les  villages;  il  toi  mandait,  toutefois,  que,  pour  achever  de 
les  réduire  et  procurer  enfin  anx  peuples  repos  et  sûreté,  11 
serait  convenable  de  réaair  les  hommes  de  guerre  da  pays 


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112  BtStQIHB  p'ESPAGm. 

de  Tadmir,  et  de  les  poorgnÏTre  arec  opiniAtreté  sani  cmi- 
BîdëratioQ  de  doocenr  et  d'honumité  mal  entendaes.  Ceci 
•e  rapportait  à  h  ooatame  d'Aly ,  laquelle  défendait  que, 
«Ifliw  les  gaems  entre  UoniImBDfl,  on  cootinii&t  la  poonnite 
des  TainoDS  aa-delà  de  la  contrée  oà  le  combat  avait  étë 
oommencé,  que  l'on  toit  les  fngitib  hcnrs  du  champ  de  ba- 
taille, et  qae  l'on  fit  le  si^  rigoureux  des  places  pendant 
{dos  de  quelques  jours. 

L'émir,  persuadé  par  les  raisonnemens  et  la  politiqne  de 
sou  onde,  écrivit  aux  caïds  des  contrées  dépendantes  du  pa;s 
de  Tadmir  et  de  Valence,  pour  qu'à  l'arrivée  du  printemps 
ils  tinssent  la  cavalerie  et  les  troupes  de  la  province  prêtes  à 
marcher  et  à  soumettre  les  lieux  qui  étaient  encore  an  pou- 
voir àfA  rebelles.  Abd  el  H^tinutn  partit  bientdt  avec  la  cava- 
lerie d'ÀudaloDaie  et  entra  dans  la  province  de  Tadmir  ;  il 
fut  reçu  aux  acclamations  du  peuple  dans  les  villes  de  Hur- 
(âe,  d'Onhuéla,  de  Lorca  et, de  Kenteda.  H  visita  les  viUes  de 
la  côte,  £ldie,  Dénia,  Xativa,  et  s'arrêta  .qoelques  jours  à 
Valence  :  il  passa  par  M orbiter,  Nules  et  Tortose,  et  pattont 
il  fat  reçu  avec  de  grandes  démonstrations  d'allégresse,  n 
suivit  les  bords  de  l'Ébre  jusqu'à  Alcanith  (Alcaniz)  et  s'ar- 
rêta là  qodqne  temps  pour  j  recevoir  la  soumission  des 
scheiks  d'un  grand  nombre  des  principales  tribus  de  l'Espa- 
gne orientale,  que  diverses  circonstances  avaient  jetés  dans 
le  parti  des  fils  d'Hafsonn.  Il  en  partit  avec  une  nombreuse 
armée,  et  arriva  bientôt  devant  Saragosse.  Kaleb  ben  Haf- 
•oun  comptait  &  Saragosse  de  nombreux  partisans;  mais  le 
peuple  et  la  majeure  partie  des  habitons  se  déclarèrent  ponr 
l'imam  Abd  el  Bahman  el  ^assr  :  la  jeunesse  ouvrit  les  por- 
tes delà  place,  et  alla  se  livrer  sans  condition  à  la  merci  du 
khalife,  qui  la  reçut  avec  bonté.  Bientôt  se  présentèrent  aux 
portes  les  principaux  scbeiks  et  citoyens  qui  lui  offrirent 
avec  Boamisùou  les  clefs  de  la  vUle;  le  khalife  se  montra 
satisfait  de  leur  conduite  et  il  pardonna  i  tons  les  anciei» 


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GHAPIT&E  QUJKZIEHE.  ]  13 

partisana  d'Ebo  HafBoan  gui  se  troareraient  dans  la  TOIe ,  on 
qoi  -viendraioQt  se  mettre  à  sa  merci  dana  on  temps  fixé-,  il 
n'en  excepta  qn'Ebn  Ha&oan  lai-méme  od  ses  fils,  de  la  part 
desquels  il  exigeait  one  BOunùBsioii  spéciale  et  de  plus  gran~ 
des  sûretés.  Abd  el  Bahman  entra  le  jour  soiTant  dans  Sa- 
ragosee,  et  son  entrée  fut  nn  jonr  de  fête  ponr  les  habitans; 
il  s'7  logea  dans  l'aicaçar  et  s'y  reposa  qnelqnra  jonrs,  tant 
il  fat  satisfait  de  la  position  de  la  ville  et  de  ses  délicieuses 


Il  se  troavait  encore  dans  Saragosse  lorsque  Ebn  Hafsoan 
Ini  envoya deox  de  ses  caïds,  ponr  traiter  de  la  paix,  porlenrs 
de  paroles  de  coDciliation.  Le  khalife  les  reçut,  dit  le  chroni- 
queur, sans  apparat  ni  ostentation,  danfr  son  camp  sur  les 
bords  de  l'Èbre.  Le  caïd  de  Médina  Fraga,  qui  était  le  pins 
âgé  des  envoyés  de  Kaleb,  exposa  fort  dvilement  que  l'ëmii' 
HaEsonn  déùrùt  vivre  en  paix  avec  l'Anir  Âbd  el  Rahman  ; 
qn'il  regrettait,  comme  bon  Knsnlman,  le  sang  versé  dans  cf  s 
guerres  ;  qn'il  était ,  par  conséquent ,  tout  disposé  à  la  paix , 
pourvu  qu'Abd  el  Babman  voulût  bien  Ini  reconnaître  la 
tranquille  possession  de  l'Espagne  orientale  et  l'assurer  à  ses 
saccessenrs;  qu'à  ce  prix  il  se  chargerait  non-senlement  de 
la  défense  des  frontières  de  ce  càté,  mais  encore  d'aider  l'é- 
mir de  ses  tronpes,  chaque  fois  qu'il  en  serait  besoin;  il  (rffrit 
d'ailleurs  pour  prenve  de  sa  loyauté  de  livrer  sans  délai  les 
villes  de  Tolède  et  d'Huescar  et  tons  les  forts  qui  étaient  en 
son  pouvoir. 

Abd  el  Bahman  leur  répondit  que,  par  nn  excès  de  pa- 
tience, Jl  avait  souffert  qu'un  sujet  rebelle  et  fomentateur  de 
troubles  osdt  proposer  à  l'imam  et  émir  des  fidèles,  son  souve- 
rain, des  conventions  de  paix,  et  agir  comme  nn  prince;  que, 
sans  leur  qualité  d'envoyés,  il  les  ferait  empaler  ;  qu'ils  re- 
toaruassenl  à  leur  général  et  Ini  dissent  que  si,  dans  un  mois, 
il  ne  venait  se  soumettre  à  son  obéissance,  ce  terme  passé,  il 
ne  le  recevrait  pins  en  awwi  temps  ni  à  aucone  condition. 


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1 1 4  lUSTOntE  t)  BSPAfiHK. 

Et  lè-deuQB  U  congédia  les  caïds,  qai  s'en  retounièreat  peu 
satisfaits  de  leur  missioD.  Les  mesures  convenables  pour  le 
gouierasttiBBt  de  Saragoiw  ayant  été  réglées,  £1  Hodhaffer 
denKora  dans  cette  Tille,  afin  de  coutinner  la  guerre  sur  la 
fnmtière,  et  le  klialife  s'en  revint  k  Cordoae,  visitant  snr  son 
panage  une  grande  partie  de  l'intérieur  de  TEsp^oe. 

Haboon,  toutefois,  ne  se  tint  pas  pour  battu.  Instruit  delà 
réponse  bautaine  du  kbalife ,  il  n'y  eut  aucun  ^rd,  et  il 
chercha  à  renouer  alliance  avec  les  chrétiens  d'Ëlfrasi  et 
des  montagnes.  Sancho  régnait  à  Pampelune  ;  il  fit  ag^  sur 
lai  par  quelques-uns  de  ses  partisans  qui  vivaient  près  du  roi 
navarrais;  il  visita  les  forteresses  nombreoses  qu'il  avait  snr 
l'Ébre,  et  rendît  le  courage  et  l'espoir  à  ses  fils  qui  craignaient 
que  la  fortune  ne  les  abandonnât.  Après  tout,  il  lui  restait 
Tolède  et  la  plupart  des  forteresses  situées  sur  le  cours  su- 
périeur du  T^e,  et  il  pouvait,  sans  trop  de  jactance,  croire 
à  la  possibilité  de  soutenir  dignement  la  lutte  acharnée  com- 
mencée par  son  père. 

£aleb  ben  Haffonn  était  d'aqtant  plus  fondé  à  compter 
sur  l'appui  des  chrétiens,  que  leur  puissance  prenait  tous 
les  jours  plus  de  consistance  en  Espagne.  Pendant  que  les 
troupes  du  khalife  et  le  khalife  loi-méme  étaient  occmpés 
contte  Kaleb  dans  l'Espagne  orientale,  Ordonins  avait  porté 
la  guerre  avec  succès  jusque  sur  les  bords  du  Guadiana  ;  il 
avait  saccagé  et  démoli  tous  les  viUages  ouverts,  avait  fait 
force  butin  et  force  prisonniers,  qu'il  envoyait  iV  Léon  par 
détachunens,  eDchfdnés  deux  à  deux  ou  les  mains  liées  der- 
rière le  dos  et  sous  bonne  escorte.  Le  château  d'AIhapge  ou 
de  Montaoches,  car  on  est  en  doute  gur  ce  point,  fut  em- 
porté d'aïuot  et  détruit,  et  tons  ses  défenseurs  passés  au 
fil  de  de  l'épée  '.  La  terreur  qu'inspiraient  les  armes  des 
sauvages  soldats  du  Christ  rendit  facile  le  reste  de  l'expé- 

■  L«llaliMdeSUMdU:CwlcuiiCDliuubl,qiiDddlcilui  AlbiDEe^eldaBBo- 
duldi  ;  Culnua  C«dabrl,  ten  Houmi^Ii  (HoDtiMltwJ. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


cBAmta  ftvatàaa,  115 

dttkm  :  mr  le  bruit  de  leoiB  coones  dans  le§  campagnes  an 
nord  da  Gaadiaaa  et  dei  terribles  dëTatotioni  qu'ils  j  exer- 
çaient, In  lialHtani  de  Hérida  eui-mémes  s'effrayèrent.  Ils 
envoyèrent  des  dépotés  au  devant  d'OrdoDo  poQr  lui  de- 
mander humblement  la  paii  et  lui  offrir  des  présens,  qae  le 
cbroniqQenr  chrétien  qualifie  d'innombrables.  OMoilo  a.e~ 
cepta  leurs  présens ,  et  agréa  leur  demande  avec  d'aatant  pins 
d'empressement  qu'il  lai  eût  été  difficile  de  rien  tenter  d'a- 
vantageux contre  une  ville  protégée  comme  Mérida  par  de 
fortes  murailles  flanquées  de  tours  de  distance  en  distance. 
Pois,  victorieux  et  regorgeant  de  butin,  il  repasse  le  loge 
et  le  I>uflPo,et  rentra  dans  la  province  des  champs  Gothiques 
(ÏB  Campeglrem  Gothorutn  proumciom)  '. 

C'est  \h  évidemment  la  même  affaire  dont  parle  le  moine  de 
Siloa;  seulement  il  en  parle  avec  sou  emphase  aecoatnmée,  et 
nomme  quelques  chefs  mosolmans  de  plus.  Il  ne  se  contente 
pas  de  dire  avec  Sampims  :  Ordomua  interfecit  et  àelmt  eoi 
tuqw  ad  mingmtem  ad  parielem  ;  il  y  ajoute  tout  ce  que  l'i- 
magination peut  concevoir  de  plus  accompli  en  fait  de  car- 
nage'. Il  nomme  enfin,  disons-nons,  quelques  chefs  mosol- 
miaa  oubliés  par  Sampims,  Ulif  Abnlhabez  et  Hibeomantel 
entre  antres,  qu'il  qnalifie  de  rois  tris  nobles  parmi  les  Is- 
maélites ^. 

t  Cal  (Ordonto)  aaati  Enerltongei  cuni  r^e  earnm  de  Baddioi  «liliaie 
obilam  cxanolM,  cnt*l  proniqoa  piccin  obnlihu  p<Mia1*Ddo,  el  InnntncTiblIta 
manera  sbtolcniaL  Ipw  icro  *l«lor  et  piada  onstoB  in  CimpeilTcli  Gotbo- 
raiilpro''>»:liniT*iet(i[Dr  (Uonach.  SiLini.  Chr,,p.  IW). 

>  iliTorlini  m  tnibain  Miararniii  iniidll,  InstamqBa  ei  ili  itratem  heisM 
r«Ttor,  qnod  il  qili  ntromm  Imsitleitar ,  tal  iiiUUi  Htaronm  csBipDliN  eo- 
nateluTiprorcclo  pm  mnlUludlnt  uilaterum  noduta  QnineriK  excédent.  Blqnl- 
dMn  ib  IpM  Dorll  UtUire ,  qao  birbotl  culramalali  lunt,  naqae  ad  Culram 
AIbu  et  ParMotlM  omaM  moalai  et  collei  ■!  irlTai  el  a^oj ,  eiiniinei  Amar- 
rmatam  arctui  legcb*Dt,  adeo  ui  perpaoel  perKqntDlium  maDO»  eTadirem,  qui 
hbdUdid  Cordabenilom  Kg)  heeniDl  (Honareh.  BUeua.  Cbr.,  p.  ïOT). 

>  liBMUuram  neei  duoi  nobflei  cecldctant,  qaomn  nonlna  Abnlkialaraph 
elBlbaaB»MlBruil,  BMiaaelClirAliaUuhailneoden  loeooccybalt(lklu,, 
1.  e.)'  —  Kex  quoqne  mnlmni  TlBcliieorun  oonlDe  AbelnmUrep  iblcwldll, 
«I  «Ml  LftiM  <e  Tv;  4af  Ml  ilBfl  d'AkMl  ■•UMf  n  M  dHcrifc 


>;,l,ZDdbyC00gle 


116  msToiBx  d'esp&gnb. 

On  se  préoiVDpait  du  reste  assez  pen,  à  Cordonej  de  ced 
victoires  da  roi  chrétien,  et,  lorsque  Abd  el  Ralunan  el 
Naasr  7  tirriTa,  de  retour  de  son  eipédition  contre  Habonn, 
où ,  malgré  tout ,  il  n'était  parvenu  qn'à  recpnvier  Sara- 
gosse,  toQt  le  peuple  alla  an  devant  de  lui,  et.il  fit  son  ea' 
trée  dans  la  métropole  da  khalifat,  an  milieu  des  joyenses 
acclamatJons  d'une  population  immense.  La  joie  qu'il  en 
épronva  cependant  fat  tron)>lée  par  les  avis  qui  lui  arrivè- 
rent de  noaveaax  mouvemens  tentés  par  les  factieux  et  les 
rebelles  des  montagnes  de  Bonda.  Pins  de  cent  villes,  dans 
cette  contrée,  étaient  passées  sous  l'obéissance  de  Mohammed 
ben  Adheha  el  Hambdani,  récemment  surnommé  £1  Somor 
par  ses  partisans ,  chef  illustre,  dont  le  nom  s'e^t  rencontré 
déjà  plus  d'une  fois  dans  cette  histoire.  Aa  commencement 
de  la  révolte  des  Arabes  et  des  Maoulidyns  (on  Voalladoojis) 
sous  Abdallah ,  il  s'était  trouvé  an  nombre  des  chefs  de  ces 
factions,  et  s'était  distingné  entre  tons  par  sa  prudence  et 
son  humanité;  il  était  fort  aimé,  et  les  villes  du  sud  de 
l'Andalousie  avaient  tonjonrs  trouvé  en  lui'un  appui  et  nn 
défensenr  contre  les  violences  et  les  dévastationB,  de  quel- 
que part  qu'elles  vinssent.  Dans  les  derniers  temps  du  rè- 
gne d'Abdallah,  les  peuples  qui  le  reconnaissaient  pour 
chef  avaient  résolu,  à  sa  persuasion ,  de  se  soumettre  à  l'o- 
béissance de  l'émir  de  Cordoue;  mais  diverses  causes,  et 
entre  autres  la  mort  d'Abdallah,  avaient  empêché  ce  hbre 
retour  à  l'unité  de  la  part  des  adbérens  d'El  Somor.  El  So- 
mor, qu'ils  avaient  chargé  de  traiter  cette  afiaire,  revint 
ii  la  montagne  et  conserva  sur  ces  mêmes  peuples  une  sorte 
de  souveraineté  :  accoutumés  d'ailleurs  à  l'indépendance  en 
toutes  choses,  ils  ne  s'accommodaient  volontiers  que  d'un 
pouvoir  peu  exigeant,  et  El  Somor  n'exigeant  d'eux  que  des 
choses  facUes  et  peu  nombreuses,  ils  se  trouvaient  bien  de 
l'avoir  pour  émir.  Nous  l'avons  vu  d'ailleai»  venir  se  rat- 
tacher d$  lui-juéme,  fm  commencement  île  ce  règne,  aa  gou- 


>;,l,ZDdbyG00gle 


Ï17 

Teraement  central ,  et  recevoir  d'Âbd  el  Sahman  l'inveAi- 
tare  da  goaTemement  d'AIhama.  Mais  on  vitayr  étant  entré 
dans  les  TaUéea  de  la  Bierrania  de  Bonda,  accompagné  de 
nombrenz  soldats,  ponr  y  contraindre  les  habitans  à  payer 
l'arriéré  des  revenus  du  zékat  dû  par  cette  province,  cette  dé- 
monstration avait  blessé  les  fiers  Arabes  de  la  montagne  qoi 
s'étaient  révoltés,  avaient  attaqué  les  soldats  et  en  avaient 
tué  le  plus  grand  nombre.  L'insurrection  n'avait  pas  tardé  à 
s'étendre.  Les  principaux  scheiks  dn  pays  s'étaient  rénnis 
et  avaient  mis  alors  d'un  commun  accord  Ahmed  ben  Uo- 
bammed  el  Hambdani  à  leur  tête ,  et  l'avaient  forcé,  malgré  sa 
répugnance,  dit  la  chronique  arabe,  à  1^  conduire  et  à  les 
défendre.  Il  était,  comme  nous  l'avons  Ta,vrali  d'AIhama.  Il 
fit  immédiatement  fortifier  Baga  et  fiogiana,  Albucbera,Ta- 
gela  et  un  grand  nombre  de  forteresses  des  Aipnjarras.  Abd 
el  Rahman  fat  très  irrité  de  ce  qu'il  appelait  la  perfidie  d'El 
Somor.Ponr  chiltier  et  réprimer  ces  mouvemem,  et  pour  dé- 
fendre les  villes  fidèles  qae  les  rebelles  opprimaient  et  pil- 
laient, il  se  mit  aussitôt  en  marche  avec  la  cavalerie  de  Cor- 
dooe  et  les  troupes  d'Écija,  de  Bolcuna  et  d'AIgafdat;  et  la 
diligence  de  ses  généraux  fut  telle,  qu'ils  ne  donnèrent  aux 
rebelles  que  le  temps  de  se  sauver  dans  les  anfractnosités 
inaccessibles  de  leurs  montagnes.  Les  forteresses  les  plus 
importantes,  telles  que  Baga  et  Bogiana,  furent  occupées  par 
les  troupes  du  khalife,  et  les  rebelles  ne  se  présentant  d'au- 
cun côté,  l'émir  entra  à  Jaen  le  jeudi  quatorâème  jour  de  la 
lune  de  sehaban  de  l'année  306  de  l'hégire — 19  janvier  919. 
L'émir  conquit  dans  cette  campagne,  et  dans  la  ville  même 
de  Jaen,  un  poète,  qu'il  emmena  avec  lui  à  Cordone  ;  ce  poète 
B'a|^>elait  Aghiab  ben  Schoalb,  et  El  Nassr,  dit  la  chronique, 
l'attacha  h  sa  maison  et  se  plaisait  à  le  nommer  son  poète'. 
Fatigué  cependant  de  courir  à  la  poursuite  des  brigands  dans 

I  CDnde.e.  7a. 


3,q,l,ZDibvG00gIe 


lis  msTonut  n'MPian. 

kl  montagBM,  et  œtto  guerre  contre  des  factieu  toi  pmii- 
lant  peu  honorable,  il  t'en  revint  à  Cordoae  après  s'être  k- 
poaé  quelque  tempa  à  Jaen ,  laùunt  au  wali  de  Jaen  Labbi 
lien  ObéidaUah  le  soin  de  les  soumettre. 

Abd  el  Bahmui  apprit,  h  son  retour  à  Cordone,  d'henrensea 
nourelles  de  la  ftvntière  orientale  :  une  dépâche  d'El  Mo- 
dhaffer,  son  oncle,  lai  faisait  part  de  âiTcrs  avantages  rem- 
portés par  lui  sur  les  troupes  de  Kaleb  ben  Haftoun,  et,  ce 
qui  était  d'une  plus  grande  importance  encore ,  lui  appre- 
nait la  mort  de  oelui-d ,  arrivée  dans  nn  château  du  pays 
d'Huesca ,  vers  la  fin  de  l'année  306  ,  c'est-à-dire  dans  le 
courant  du  mois  de  mai  9)9.  Ealeb  laissait  deux  flls,  Sou- 
léiman  et  Ojafar,  héritiers,  dit  un  historien  arahe,  de  sa 
valeur  et  de  sa  révolte  obstinée.  Abd  el  Bahman,  ajoute  le 
même  tiistorien,  rendit  gràoes  à  Dieu  de  ce  qu'il  avait  di- 
minué le  nombre  des  ennemis  de  la  pûx  entre  les  Husul- 
mans.  Vms,  en  même  temps,  il  eut  à  déplorer  les  ravages 
d'un  fléau  qui  se  déclara  eu  Espagne  et  dans  le  Ma^[reb  :  la 
peqle  y  sévit  avec  une  effrayante  violence,  et  la  mortalité  fut 
telle,  que  les  vivans  se  lassaient  d'enterrer  les  morts.  On  fit 
ai  Espagne  des  prières  et  des  pénitences  publiques,  et  la 
foule  ne  sortait  pas  des  mosquées,  où  l'on  ne  cessait  pas 
d'implorer  la  miséricorde  divine.  Dans  le  Hagreb  et  dans  une 
partie  de  l'Anâaloosie  une  tempête  violente,  et  qui  dura  plu- 
sieufs  jours,  vint  ajouter  à  ces  maux,  et  arracha  un  grand 
nombre  d'arbres  et  de  maisons.  Ismaïl  ben  Boschaîr ,  chef 
des  prières  de  la  grande  mosqaéb  de  Cordone,' fut  une  des 
victimes  du  flean;  c'était  un  homme  illustre  et  estimé,  et  on 
l'enterra  avec  an  brillant  cortège  dans  la  Makbora  dn  ttai- 
hoarg  on  àmetière  des  al-Rayans  (des  Orangers) .  En  ce  ttéme 
temps,  l'émir  fit  cadi  de  Sîdonia  Scbalaf  ben  Amid  el  Canëni 
ou  de  Canéna,  homme  fort  célèbre  par  son  savoir  et  sa  vertu. 

Cependant  les  rebelles  des  montagnes  d'Elbira  comman- 
dés par  El  Somor,  dès  çpi'ils  avaient  appris  le  départ  du  kha- 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


CHAPITHB  QUIHZIÈHK.  119 

life,  s'étaient  enhardis  à  quitter  leurs  forteresses  inaccesri- 
bles  et  étaient  descendus  dans  la  campagne.  Le  vali  de  Jaen 
marcha  contre  eux  et  les  battit  d'abord  dans  nne  esearmon- 
che;  mais  les  rebelles,  feignant  de  prendre  la  faite ,  le  me- 
nèrent par  an  chemin  crenx  dans  nn  rallon  étroit  et  en- 
touré d'épaisses  forêts,  où  ils  se  retournèrent  et  le  battirent 
à  son  toor.  Flasiears  fois  les  troupes  d'Ël  Somor  défirent 
ainn  celles  du  khalife;  mais  la  nouvelle  de  <m  défaites,  h  ce 
que  nous  apprend  un  singulier  passage  de  la  chronique  de 
Conde,  ne  parvenait  point  à  Cordoue,  ou  du  moins  elle  j 
était  cachée  au  khalife,  auquel  on  disait  seolemeut  que  la 
gaerre  se  contmoait  dans  la  province  de  Jaen  «  avec  des 
snccès  Taries'.  » 

Conde  ne  parle  point,  sons  cette  année  308,  de  la  reprise 
des  hostilités  avec  les  chrétiens;  mais  on  lit  dans  Murphy  : 
— •  Dans  le  courant  de  l'année  308  (920—921  )  il  porta  ses 
armes  dans  la  Galice. Ordoao,fi1sd'Alonzo,  gonvemait  alors 
ce  pays  ;  il  demanda  du  secours  aux  Tfavarrais  et  aux  Fran- 
çais (et  à  ceux  du  Frani^jat),  et  fut  joint  par  Sancho,  fils  de 
Garcias,roideNaTarre;mai8EINas8rles  mit  en  déroule,  dé- 
vasta leur  pays,  s'empara  des  places  fortes  et  démolit  leurs 
citadelles^.  ■> 

C'est  lik,par  sa  généralité  même,  nn  assez  vague  récit.  Pour 
l'intelligence  de  beaucoup  de  points  subséqaens,  et  surtout 
des  relations  de  la  Navarre  avec  les  états  chrétiens  et  avec  les 
Arabes,  c'est  ici,  ce  nous  semble,  le  lieu  de  porter  nn  moment 
nos  r^rds  sur  l'état  présent  {eu  920— 921  )  du  royaume 
fondé  dans  l'ère  943  (905  de  l'ère  chrétienne)  par  Sancius 
Garseanis. 

Sancius  Garseanis,  selon  qaelques  historiens,  ne  régnait 
plus  ^  cette  époque  sur  la  Navarre.  Après  en  avoir  accru  le 
territoire  de  toute  la  «mtrée  située  entre  l'Èbrc,  l'Aragon  et 


>;,l,ZDdbyG00gle 


120  mSTCHHE  d'bipagke. 

le  GaD^,  contrée  qae  I'od  appelait  dëjà  commonément  Ara- 
gonie  oa  territoire  Aragoneiue,  Sancho,  dit-on,  en  avait  re- 
mis le  goarernement  à  son  fila  Garsias  (920)  et  s'était  fait 
moine.  C'est  là,  du  moins,  ce  qne  nons  apprend  Ferreras. 
•  Dans  ce  même  temps,  dit-il  (920  de  J--C.),  Don  Sanche  (on 
sait  qne  les  historieiM  espagnols  font  constamment  nsage  da 
litre  de  don  depuis  Boderich,  dernier  roi  des  Goths),  roi  de 
Navarre,  accablé  sous  le  poids  des  années,  de  ses  triomphes 
et  de  ses  gloriemes  fatignes,  se  sentant  attaqué  de  quelques 
infirmités,  se  retira  dans  le  monastère  de  Leyre,  et  laissa  le 
commandement  de  ses  troupes  h  Don  Garde,  son  fils,  à  gui  il 
avait  déjà  confié  le  gouvernement  et  la  défense  de  ce  qu'il 
avait  conquis  dans  la  Bioja'.>  Ferreras  s'appuie  ici  snr  nn 
diplôme  du  monastère  de  Leyre  oii  il  est  question  du  séjour 
que  fit  dans  ce  cloître  le  fondateur  de  la  royauté  uavarraise. 
Un  commentateur  de  Ferreras  fait,  toutefois,  assez  justement 
observer,  ce  nous  semble,  que  l'addition  du  moine  VigUa  à 
la  cbronique  Albeldense  faisant  commencer  en  905  l'intro- 
nisation de  Sandio  en  même  temps  qu'elle  lui  attribue  vingt 
aus  de  règne,  Sancbo  ne  pouvait  s'être  retiré  à  Leyre  d'une 
manière  absolue ,  avec  renonciation  définitive  de  sa  part 
au  monde  et  h  la  royauté  ;  qu'il  était  donc  toujours  roi  ea 
920 — 931  ;  qne,  seulement,  il  partageait  en  ce  temps  les 
soins  et  les  fatignes  du  gouvememeot  avec  son  fils  Garsias  ; 
en  d'autres  termes,  qu'il  put  Inen  passer  quelque  temps 
parmi  les  moines  de  Leyro,  peat^tre  revêtu  de  lenr  habit, 
soit  par  dévotion,  soit  occupé  à  des  fondations  pieuses,  selon 
l'esprit  du  temps,  mais  sans  pour  cela  avoir  formellement 
abdiqué  la  conronne  en  faveur  de  son  fils''. 


>  F«rterai,Btil.deEipaB.,eii;. 

1  Voyez  l'iclB  da  monutère  do  Leyri« ,  coDierTÛ  dani  celle  ibbiys,  cl  que 
dte  Moret,  dam  lei  iDTWtieaciaceg  sobre  el  Hayao  d«  NiT*rra.  — Voici  le*  pro- 
pru  lermci  de  l'addition  da  moloe  Vigil*,  dont  nooi  aTDU  dU  déiè  qaelqne* 
mou  aillenn  :  —  Id  »n  dcccciliii  (A.  D.  90»)  (dtcgxII  io  PampiloDa  Rex  no- 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CBAPITU!  QHraZDOIE.  121 

C'était  donc  emcore  Sancho,  fils  de  Garcia  (Sanciiu  fiareea- 
ois),  qni  r^aait  sor  la  MaTarre  an  moment  où  Ordoflo  avait 
été  attaqoé  par  Abd  el  Babman;  Sancho  avait,  à  ce  qa'il  seio- 
ble,  fourni  des  secoors  an  roi  de  Léon,  et,  poar  l'en  ponir, 
l'année  mosalmane,  avec  laquelle  El  Hodboffer  tenait  en 
échec  £bn  Hafsonn  dans  l'Espagne  orientale,  reçat  l'ordre  de 
■e  porter  sor  la  Navarre.  A  son  tom*,  Sancho  réclama  les  sé- 
conrfl  d'Ordo&o,  lorsqu'il  apprit  l'eipédition  projetée  contre 
loi  par  les  Arabes.OrdoSo  répondit  snr-Ie>champ  à  son  nppel 
et  le  joignit  Ini-mémeentontehftteaTecQnearmée.Les  trou- 
pes de  Léon  étaient  principalement  composées  d'Asturiens  et 
de  Galiciens  :  denx  évéqnes  endossèrent  le  harnais  de  guerre 
et  accompagnèrent  le  roi  en  Navarre;  c'étaient  Hennogius  de 
Tny  et  Dulcidins  de  Salamanque.  Us  ne  snivaient  point  seule- 
ment l'année  pour  y  remplir  l'office  ordinaire  de  ministres 
da  Christ,  mais  ponr  combattre  de  leur  personne  les  infidè- 
les '.  Ordoâo  avait  appelé  à  lui  les  comtes  de  Castille  qui,  en 
paix  pent-étre  avec  le  khalife,  ou  par  tout  antre  motif,  ne  ré- 
pondirent point  à  son  appel.  Le  roi  de  Léon  arriva  donc  avec 
son  armée  par  l'Alava  et  par  Sanveterre,  mais  sans  les  trou- 
pes de  Castille.  Les  Navarrais  et  tes  Léonais  réunis  marchè- 
rent à  la  rencontre  de  l'ennemi.  Ils  le  tronvèrent  campé  à 
Val  de  Janquera.  La  vallée  on  la  plaine  qui,  en  raison  des 
joncs  qni  la  convrûent,  s'appelait  Junquera,  est  située  entre 
Estella  et  Pampelune,  ou,  plus  précisément  encore,  entre 
Huez  et  Salinas  de  Oro.  Le  lien  que  Sampims  appelle  Mohis 

■iu  Sanefo  Carnula.  FIdal  Cbrisii  iaiepiigbiliierqae  TanersultHlnu  tail, 
piM  hl  omnibni  fidallbua,  mIi«Tlcoriqae  opprauli  OlhoUcIi.  BclIIgiTitor  id- 
icnui  geniM  IimMlIUnuDimnltlpUcUir  ilngei  e^**<'  >dp<i  lerru  Sturieeno- 
r«iB.I4«iii  laplt  per  CrnUbrlim  a  Noevreiise  urbo  niqoe  id  rnldun  omnla 
Cwin.  f«mm  qoiittn  Daten»eni  com  oppidi*  enncUm  poMedtTlt;  necnon 
cam  cutrii  omna  Unilarlnm  AnguneDiG  upil.  Df  blac  sipuliia  omnlbni  Blole- 
utti  XI  regnl  «ni  uuo  iiil(r»Tll  i  kdcoIo.  Scpallu  SaocU  Slepbanl  porlteo, rég- 
nât cam  ChTiila  In  pelo,  -~  G'iat  Unt  ce  qu'an  nll  «t  (ont  ci  qu'on  pent  dire  de 
Seoclae  Gineuil. 

)  Alnilqnec'flifll'oaaee,  dltaagBc't  VIlaMnclt  PclasIlTnirlTrlt,  p.  113, 


>;,l,ZDdbyG00gle 


124  BSTraBB  b'tstÈ&n. 

porta  la  guerre  bot  le  territoire  de  Pampelone,  parcourut 
le  plat:  pa^,  prit  et  rasa  leg  forts,  et  pénétra  jusqu'à  l'antre 
extrémité  de  la  province  (c'eat-jl-dire  joaque  de  ce  côté-ci 
d«  Pyrénées).  L'ennemi  chercha  en  Tain  à  l'arrêter  dans  les 
gorges  et  les  défilés  des  montagnes;  il  n' éprouva  aucun  échec 
dans  ces  passages  difficiles'.-  ^  Abd  el  Bahman  doit  s'en- 
tendre ici  figurémeut  pour  l'armée  de  Cordoue,  car  il  eat  cer- 
taÏD  que  le  khalife  n'assista  pas  même  eu  personne  h  la  bataille 
de  JuQqnéra,et  à  plus  forte  raison  ne  prit-il  point  part  à  une 
course  téméraire  et  pleine  de  hasards  sur  les  terres  des  Fraoks, 
nù  tout  insuccès  eût  été  de  nature  &  ternir  singulièrement 
3'honueur  dn  khaUfat. 

Le  silence  des  chroniques  arabes  qoi  ne  parlent  d'aucune 
guerre  entre  les  Arabes  et  les  chrétiens  à  cette  époque 
uoos  fait  accaeillir  avec  quelque  défiance  un  autre  récit, 
dont  les  écrivains  cbréUens  sont  seuls  h  taire  mention;  je 
veux  parler  de  l'expédition  d'Ordofio  dans  la  Tieille  Gastillc 
et  jusque  dans  la  Manche  et  A  quelques  journées ,  d'autres 
disent  à  une  journée  à  peine  d«  Cordone.D'après  Sampiro  qui 
rapporte  le  fait,  après  la  bataille  de  Jnnqoéra,  pendant  que 
l'armée  victorieuse  se  préôpitait  vers  les  Pyrénées,  Ordofio, 
avec  les  débris  de  la  râenne  et  quelques' renforts  avait  péné- 
tré jusque  dans  la  Manche,  an  coeor  des  possesùons  mnsol- 
maoes,  et  avait  porté  l'effroi  jusque  sur  la  frontière  orientale 
de  l'Andalousie,  entière  qui ,  à  ce  qu'il  parait,  s'appelait 
alors  Sintilia,  brûlant  les  villages ,  massacrant  les  habitans 
et  mettant  tout  à  feu  et  à  sang  sur  son  passage.  Entre  les 
boni^et  les  villes  qu'il  détruisit,  Sampirus  nomme  Castel- 
ion,  qui  peut-être  était  la  vieille  cité  phénicienne  Castulo, 
aujourd'hui  Caziooa,  et  encore  Palmam,  Eliph,  Sarmaléon, 


I  llQrph]>,  t.  S,  —  B»  vide  (Abd  el  Kibmin)  wir  an  Pimpclou,  eonqucrad 
Ihe  open  eoanlrjr,  to«k  ind  raisd  ihe  torli;  and  ; cnctrsded  la  tbe  olhcr  txtre- 
nt\j  ot  Un  land  :  tbe  enneiiir  oppoiiDg  him  apon  Ihe  nwmiltiiii  tti  dllDcall 
piMe*  onlj,  wlihoul  caulng  blm  tnj  Injurr. 


>;,l,ZDdbyG00g1e 


Hagnanàa,  villes  dont  il  est  imtwfitible  de  déterminer  ta  tà- 
tnation  précise ,  mais  qui  tontes  devaient  être  plus  on  moins 
voisines  de  l'Andaloiisie  '.  Après  cette  expédition,  qui  a  pam 
donteose  à  plosiears  historiens  espognoU,  paisqn'ik  n'en 
parlent  paB,OrdolLo  retourna  àLéon  par  Zamora,où,  dit  Ha»- 
dea,  la  joie  de  son  triomphe  fnt  noyée  dans  l'amertome  dont 
le  remplit  la  mort  de  sa  première  femme  Elvire  on  Geloïre, 
qa'il  aimait  de  la  plus  tendre  affection  >.  C'est  de  cette  El- 
vira,  nommée  Nonna  par  Sampims,  et  qni,  h  ce  qu'on  croit, 
était  galli^enne,  qu'étaient  nés  les  quatre  fils  d'OrdoSo,  San- 
cho,  Alfoase,BamireetGaraa,  et  une  fille  ^pelée  Ximâia. 
L'année  même  de  la  mort  de  PJnnna,  Alfonse  prit,  malgré  ses 
regrets ,  une  aouTelle  femme,  aussi  galllcienne,  appelée  Ara- 
gonta,  mus  qui  ne  lui  plut  point ,  dit  l'érëqne  chroniqueur, 
et  qu'il  répudia^ .  {fous  le  verrons  bientôt,  et  du  vivant  même 
de  cette  Aragonta,  prendre  une  troisième  femme  du  sang 
royal  de  Fampeinne.  Hasden  parle  seulement  de  ce  dernier 
mariage,  tant  il  a  à  cceor,  ce  semble,  de  ne  rien  inûnuer  qui 
poisse  ternir  le  moins  du  monde  la  gloire  de  ce  roi. 

Le  même  historien  attribue,  peut-être  avec  vraisemblance, 
au  dépit  que  lui  avait  causé  le  peu  d'empressement  de  quel- 
ques-uns des  comteff  des  cbAteanx  de  Gastille  à  loi  prêter  le 

■  Al  T«ro  prndictai  Rei  logltiiu  quateniu  bu  coolnlrei,  taigrapia  mitna 
ncTtiin,  lonit  (nai  componl,  «t  la  eoium  itmia,  qmm  didtur  fifnllIU,  *lni« 
rnaVlu  fedt ,  Itirim  dipopoUTll ,  elUm  cutclli  mnlu  Id  ore  gltiU  icpil.  «m 
■■lit  SuiDilMn ,  BIlph  ,  Filmido,  et  CuleUian  si  ■agnaDCitm  ArpradiT)!  :  ■(- 
qaldem  tt  lUt  molU,  quod  longnm  atl  pranalire,  Id  tanlam  ut  anloi  dici  gpi- 
tio  noD  perreDarll  Cordobim  (Simplr.  Chr.,  mua.  ID)- 

1  Saapttiu  la  noiiune  Noiid*  :  —  Blinde  rcmeani  cnm  mieno  Iritunpho  Zb- 
manm,  ioTanlt  Reginam  DonlMun  Honiuai  daraiulaiD ,  iz  qna  gsnnll  Adafon- 
Mm  at  Butimltam ,  cl  qajotam  habiiil  EaBdloiD  d>  trimnpho,  tantaia  gualtfit 
UiiIltlaïadcBeglaB  l(tbo(lbld.,I.c.).  Jlkl*  daoj  dUTénia  aciea  da  donatioDi 
elle  eat  appaU*  Gcloira  (on  Elilra  ta  ItBBtge  Taigairt,  at  qoelqDarol*  taérn»  Vi- 

Taca).  —  Hodeitcb  de  Teléda  lal  allrlbna  eipticilamcnl  deai  noma  :  Il  dll,  an 

parlant  d'dif  ;  HDDla-Domaa,  qnte  al  Galoira  alla  namlTia  i ocabalur. 
3  Allam  qDoqne  dailL  uioram  ex  parllbnj  Oallacl»,  nomiae  ArngDnlam.qna 

paiica  fuit  ib  aa  iprela,  qnla  neo  fiilt  lUI  pUcita,  «t  p«*lta  tcnuil  Inde  confcul»- 

B«ai  dJgnain  (Samplr.  Cbr.,  nom.  )B). 


>;,l,ZDdbyG00gle 


J26  msTOlBE  B^PAGBlK- 

secours  de  laam  armes,  la  haine  qn'iLconçnt  contre  eoz  et 
le  gaet-apens  dont  ils  furent  victimes,  mais  encore  avec 
une  partialité  évidente  ponr  le  roi  de  Léon  :  —  "  Loratpie, 
dit-il ,  Ordoûo  fut  un  peu  remis  de  ses  fatigues  et  de  la  don- 
lenr  que  lui  causait  la  mort  de  sa  femme,  U  se  reprit  à  son- 
ger au  désastre  du  val  de  Jnnqaéra,  dont  on  ponvait  attri- 
buer une  bonne  part  au  défaut  qu'y  avaient  fait  les  com- 
tes de  GastiUe  avec  leora  hommes  d'armes,  et  il  réaclut 
de  tirer  une  Tengeanee  éclatante  de  leur  refus  d'y  venir 
en  aide  aux  chrétiens'.  »  Il  semble  d'ailleurs  assez  vrai- 
scmbialile  anssi  que  l'espèce  de  ton  d'autorité,  de  seigneur 
à  vassal,  que,  plus  que  ses  prédécesseurs,  avait  affecté 
Ordofio  avec  les  libres  gouverneurs  des  châteaux  de  Cas- 
tille,  les  avait  indisposés;  d'autant  mieux  que  quelques-uns 
ne  relevaient  en  aucune  façon  de  la  royauté  de  Léon,  et 
avaient  fondé  de  leurs  deniers  et  pen{4é  de  leurs  hommes 
les  châteaux  qu'ils  gouvernaient  dans  une  pleine  indépen- 
dance, et  sur  lesquels  ils  n'admettaient  par  conséquent  per- 
sonne à  prétendre  on  à  exercer  la  moindre  souveraineté. 
Quatre  surtout  des  comtes  de  Castille,  les  plus  prépondérans, 
à  ce  qu'il  semble,  de  cette  époque,  Nunnius  Femandez, 
Abolmondar  surnommé  le  Blanc,  dont  le  nom- Jndiqne  évi- 
demment une  origine  arabe,  son  flls  DidacuB,et  Ferdinan- 
dUB  ÀDSorez,  s'étident,  par  les  motifs  qoe  nous  venons  de 
dire  ou  par  d'autres  motifs,  particulièrement  attiré  la  haine 
du  roi  de  I^n.  Ordoflo,  les  sachant  réunis  à  Burgos,  les  fit 
inviter  à  une  conférence  comme  pour  délibérer  sur  leurs  in- 
térêts communs  et  leur  assigna  pour  lien  du  rendez-vous  une 
ville  ou  on  bourg  appelé  Tejiare,  sitné  sur  le  fleuve  Carrion. 
Ne  soupçonnant  aucun  mauvais  dessein,  de  U  part  du  roi , 
ils  s'y  rendirent  avec  confiance;  mais  à  pdne  les  eut-il  en 
son  pouTOù'  qu'il  les  Ht  charger  de  chaînes  et  conduire  à  la 

1  llMdca,  I.  ui,«lt. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


C&AFITU  QtnK2lilllt.  IV 

Eojde  cité  de  Léon.  Qs  7  forent  jetéf  en  prinn,  et  r<Hi  ne 
tarda  pas  à  apprendre  en  CastiUe  qn'on  tes  y  avait  tons  qua- 
tre mis  à  mort,  sans  autre  forme  de  procès.  NanniuB  FenU- 
aandi  était  allié  à  la  famille  d'Ordofio  ;  c'était  le  beaa-père 
de  flou  firère  et  prédéoeneor  Garda,  et  il  était  aïeul  par  cod~ 
§égDent  dea  fils  de  ce  dernier,  qui,  du  reste,  n'élevèrent 
jamais aocnne  prétention  &  la  royauté'. 

Sampims  noas  apprend  que  sot  ces  eotrefoites  des  messa- 
gers da  roi  de  Navarre  vinrent  troaver  OrdoQo  h  Léon  ponr 
en  solliciter  de  noaveaoz  secoors.  Il  s'agissait  de  feire  rm- 
tm  sons  la  dominatioD  navarraise  Nagera  et  Vicaria,  qui 
en  étaient  sorties ,  soit  que  ces  deux  viUes  fussent  restées 
anx  mains  des  Arabes ,  soit  qu'dles  enssent  pria  parti  poqr 
les  oHutes  de  Caatille,  sur  la  nouvelle  de  l'indigne  traitement 
qu'on  leur  avait  fait  subir  à  Léon.  Un  mot  de  Sampiras  qoi 
appelle  Nagera  et  Vtcaria  les  villes  des  perfides  >,  semble 
favoriser  ce  dernier  sens,  mais  nous  n'oserions  le  décider. 
Quoi  qu'il  en  S(Ht,  il  est  certain  an  moins  que  Saache;  roi  de 
Navarre,  et  son  fils  Garcia,  associé  par  lui  à  la  royauté,  avaient 
le  plus  grand  intérêt  à  redevenir  mattres  de  deux  places  qui 
,  sont  comme  les  clefs  de  la  Navarre  ;  ils  ne  poovaisnt  espé- 
rer les  réduire  par  leurs  seules  forées ,  et  ils  demiandèrent 
des  secours  à  OrdoQo.  OrdoUo  leur  en  envoya  eSectivement; 


>  Olitxlt  naotio*  BaT|M  pto  comillbo),  qol  tanc  «imdem  lirrim  ragera 
tidtbaBiDi,  «I  tma  cl  rebcUci.  HI  aiuit  Na&ntiu  fredenindl,  AholmoDdai 
AlbD»,  el  clai  Bllai  THdico  M  FrediDiodoi  Anioril  flllm,  at  Teoerant  id  pik- 
(IninrefU  Id  riTuloqui  dlclinrGirrliin,Ioco  dicta  Tailtrc,  ai  ut  «U  bagiDpipba  : 
Cor  TepuD  et  camu  iqutnim  In  nBaD  PomlU,  nmllo  idenle,  eieapila  conii- 
Il«rit«  proprib,  ceplt  «m,  et  tIdcUu  at  uienilM  ad  Sedem  legi^  Leglomattm 
Mcom  iddQxll,  el  argailulo  circeila  Irudf,  at  Ibi  «m  neciiri  juHJi  (Simplr. 
Cbr.,  Hum.  I9)-  —  La  Uea  dm  gual-epeiu  ett  fort  diieriement  eiprlmi  diui 
le*  biitorlani  ;  Roderlch  de  ToUda  icril  Ttgnlart,  Ldgu  de  Toy  BigaUri,  le 
moine  de  SitM  Ttivlara;  Suipirm,  c4MUiBe  on  riant  de  la  lair,  Tcjlori,  el  duu 
qulqnei  codei  Taliar:  On  croît  qne  e'eit  (DJonrd'bDi  «I  Ttjar  on  lei  Ttjari: 

3 Nnnlil  Tenernnt st  Ubu  pMgtnl  m  BMtcr  «oprablDi  id  debal- 

landM  ubu  paifldDnm  .-  ba  Mai  Higin  el  VaEnen.  —  C'ait  alnil  ^ne  B*m- 
f\n»  BMme  Alufwiin  «1  Vicwla,  u^/nnSinX  H«}in  ci  Ve|«n. 


>;,l,ZDdbyG00glc 


128  Éatoms  n'apkast. 

il  -fit  mienx,  tl  partit  en  personne  ponr  la  Navarre,  h  h  tête 
d'une  armée,  et  il  ne  tarda  pas  &  remettre  ses  alliés  navar- 
rais  en  poueasion  des  deux  tîIIm  ga'ils  avaient  si  fort  à 
cœnr  de  reconvrer '.  Ce  fat  en  cette  occaaion  que,  pour  mieux 
sceller  leur  alliance  politique,  les  denx  rois  s'allièrent  par 
le  sang.  OrdofLo  éponsa  SantÎTa  on  Santla,  fille  de  Sanche  et 
SŒor  de  Garcia  >. 

La  campagne  dont  nous  venons  de  parler  fnt  la  dernière 
qn'eatreprit  Ordofio,  et  parait  devoir  être  placée  dans  l'an- 
tomne  de  923:  il  ne  fat  pas  donné  à  ce  roi  de  jonir  longt^nps 
de  ses  succès  et  de  ses  alliances.  Comme  il  s'en  retournait  h 
Léon  avec  sa  nouvelle  éponse  Domina  Sancia ,  k  mort  le 
Bivprit  oi  chemin,  et  il  expira  k  Zamora,  selon  toute  appa- 
rence à  la  fin  de  cette  même  année  923,  ou  au  commen- 
cement de  la  suivante.  U  avait  r^né  neuf  ans  et  onze  mois 
accomplis ,  si  l'on  compte  do .  jour  de  sa  nominatton,  ou 
neuf  ans  et  six  mois  seulement,  si  l'on  ne  compte  que  du 
jour  où  il  fut  sacré.  Son  corps  fut  porté  à  Léon  et  enterré 
dans  l'église  de  Sainte-Marie,  qu'il  avait  fait  construire.  Or- 
dofio fat  le  premier  roi  d'Espagne  qui  fut  enterré  àLéon^. 

>  B«i  Tero  lur  eeit,  dli  l'éviqna  Stmi^ro,  eau  mteno  «landiD,  et  pnpufil 
•>  opprtMll,  >lqae  ccplt  iDprMllctim  It*sinni,  qna  ab  anliqna  Trlcio  Toca- 
bilur.  —  Caf>li  AntenraiB  qnod  olim  Tricinin  vectbalnr,  dit  k  «on  Iodt  Bodoridi 
de  Tolède. 

1  Tddc  wrUlDi  Ml  Bliam  ejm  in  aiomt,  Domina  SaMlam,  eomcnlciiMa 
libl,  et  coin  msiia  vlcloria  *d  icdem  «Dam  Tenil. 

3  Vofai  (QT  ce  roi  Swnplrni,Cht.,i»iin.  19,  Florei,l.  xtiii,  p.  EIH,  Riaeo, 
Eapafi.  SigT.,l.iiiTT,lil.U,p.  iSl.Hudaa,  t.  m,  p.  ISS  eL  nfr.,  etc. — 
Lanqao,  dan*  le  xii»'  et  le  xlu"'  ilède,  fat  cODitniile  la  calbidrale  de  Léon  qui 
exiile  aajourd'bnl  ;  oD  prit  io[n  de  la  ménoire  de  ce  roi,  et  l'on  plafa  mr  IM 
man  de  la  prinelpala  cbipelle  deoi:  loierlplloe*,  oTee  md  biute  posé  aar  mt 
nma  en  marbre.—  Une  de  ta  deux  ipltaphea,  d'aJUcan  auei  longae,  rtounc 
rori  bien,  quoique  aree  an  pan  dtxagénllan,  l'hiilorre  de  la  T<e  d'OrdeSo  II, 
qai.aprés  toDl,  a  exercé  une  auti  erandeinllnenceinr  ladéTeloppemenl  de  la 
■DonarcMe catbollque  de  Uon^oMu  bdonnooiicl  : 

Omnibtu  eiemplnm  ill  qnod  Tenerabll*  l«mplnm 

Bel  dedll  Ordonlai  que  jaeet  Ipit  pini. 

Bnc  fcdl  Kdcm  qtun  ptin»  ftcerat  tOm 


>;,l,ZDdbyG00gle 


GHAPITBB.  QUIFZŒHl.  1 29 

Pendant  qne  cet  éTénemeos  se  passaient  chez  les  chrétiens 
et  ces  faits  de  gnerre  entre  les  chrétiens  et  les  Arabes,  dans 
les  montagnes  d'Elbira,  les  rebelles  continuaient  à  avoir 
l'aTantage.  Vers  ce  temps  le  wali  de  Jaen,  LebM  beu  Obél- 
daQali,  demanda  des  secoora  anx  caïds  de  Bnlcona  et  d'AI- 
gafdat  et  an  waË  de  Cannone  Ishak  ben  Ibrahim  ben  Sakr 
el  Okaîli;  mais,  malgré  ces  secours,  il  ne  pnt  tenir  longtemps 
la  campagne  ;  £1  Somor  le  battit  en  plnsieiirs  rencontres,  et 
fat  assez  henreox  ponr  snrprendre  Jaen,  après  avoir  dispersé 
les  tronpes  rénnies  des  denx  walis  Lebbi  ben  Obâdallah  et 
Isbak  el  Okaîli.  Ce  dernier,  qni  était  d'nn  grand  dge,  porta 
loi-même  ces  fâcheuses  nonvelles  à  Cordone,  où  le  khalife 
le  reçut  aussi  honorablement  que  s'il  fût  Tenu  lui  apprendre 
nne  victoire  on  la  soumission  des  révoltés.  Il  ordonna  tonte- 
fois  snr-le-diamp  tout»  choses  pour  avoir  raison  de  l'entre- 

VIrginI  honalo  ipim  ta]gtt  poutiBuln. 

Pâlll  Mm  ioali  :  par  Mmoliti  nrb*  Leelonti. 

Qiui«Din[ii  argo  Dci  gnll*  pireat  cl. 

Il  rsi  Alfadsl  pllrfi  inl  icitteki 

Prndenlar  et  Jnilc  regonin  gnbsniaiit 

TiliTerun  cepii. 

El  Anbet  apnd  eutram  Stncli  Stephtal  proilrtrll. 

BabJDgiTlCqDe  dbl 

LoutaDluD  et  BeilciiD  pioiindH 

El  larram  Anbnm  qan  SinelUim  dldtnt 

UiCDB  Unes  labcgf!. 

ADaetrnm  nplt  etVJcarlun 

Kt  oclBTO  (dodo)  te^  gni  imiD 

Cm»  lej  memlbni  completii 

Zamore  InOnnlbila  pcTcuuni 

Ab  hoc  wcdIo  nlcnTlt. 

8ra  DCCccLxn. 

Soi  l'ialK  ftcc  do  tombeta  était  écrit  : 

?rlne»pi  iste  nBcdnm  rai 

iDtac  occldeotilti  rortluimun 

El  opnlCDtllaiiniDt  Segel  cItIuIcid 

Iiltrfectli  babilaloriboi  dMiraill, 

J>«iniim  auninplD  tegall  iceplro 

FrlDcIpam  Gordaba 

TinttnmMcdvxlL 


>;,l,ZDdbyG00gle 


130  HtSttMllZ  d'bspagrb. 

prenant  £1  Somor;  lestronpei  de  Cordooe  se  rëonirent  et  le 
khalife  lai-m£me  partit  pour  Jaen  ;  il  mit  le  nége  devaiil  la 
place,  qae  lea  rebelles  ne  tardèrent  pas  à  M  abandooiur 
ponr  regagner  leurs  montagnes.  £1  Somor  parvint  à  se  ré- 
fogier  arec  ses  fidèles  compagnons  de  gnerre  dans  la  redon- 
table  forteresse  d'Alhama  dont  il  avait  été  nommé  wali  par 
.le  khalife  loi-mteie,  et  d'où  il  espérait  ponvoir  l<mgtempe  le 
braver  ;  mais  le  khidife  mit  son  honneur  à  anéantir  les  in- 
gorgés  et  leor  chef;  il  établit  son  camp  derant  Alharaa,  et 
jnra  de  ne  le  lever  qne  lorsqu'il  anrait  vu  à  ses  pieds  la  tète 
d'EI  Somor  ■ .  La  position  et  les  abords  de  la  place  semblaient 
inaccessibles  aux  soldats  dn  khalife;  néanmoins  il  fallait  vain- 
cre. Chaque  jour  un  nouvel  assaut  était  livré  à  la  place  ;  mais 
les  assiégé  se  défendaient  avec  un  courage  désespéré.  Le 
siège  menaçait  de  traîner  en  loi^ear,  et  il  y  allait  de  la  gloire 
du  khalifat  à  n'être  pas  trop  longtemps  tenu  en  échec  devant 
Alfaama.  Les  murailles  d' AÛiama  étaient  très  épaisses  et  flan- 
quées de  tours;  Abd  el  Bdiman  ;  fit  onvrir  one  brèche  avec 
des  poQtres  et  do  feu;  ses  soldats  entrèrent  alors  dans  la 
ville  où  ils  eurent  bientôt  le  deasos;  tons  les  hommes  trouvés 
vivans  dans  Alhama  furent  passés  an  fil  de  l'épée;  on  trouva 
parmi  les  cadavres  £1  Somor  mourant,  coavert  de  blessures 
et  à  peine  reconnaissdïlc.  Le  khalife  tint  son  serment  et  fit 
décapiter  le  vaillant  et  malhenrenx  scheik  à  demi-mort,  et 
dépêcher  sa  tête  à  Cordoue  avec  la  nouvelle  de  sa  victoire; 
cet  événement  ent  lieu  an  commencement  de  l'année  31 1  ou 
à  la  fin  de  l'annéepréoédeste  310,  c'est-à-dire  an  printemps 
de  l'année  de  l'ère  chrétienne  826,  dans  le  mois  d'avril  ou  de 
mai'. 

D'Alhama  Abd  el  Bahman  se  rendit  à  Grenade,  et  s'y  arrêta 
quelque  temps;  cette  vills  naissante  si  délideosement  située 


>;,l,ZDdbyG00gle 


entre  le  Dur»  et  le  Jéùl,  lei  jardiiu  pittof^qoei  et  la  fer- 
tilité admirable  de  aei  vallou  le  charmèrent  '.  U  y  fit  bâtir 
niie  Bfleqsâe-djéina,  plos  briilaiile  qoe  celle  qui  arait  «ervi 
JDSqoe-Ià  de  liea  de  rénnion  aoz  fidëks,  et  U  ai  nomma  cadi 
Ahool  fiagun  Aly  beo  Omar  el  Hambdeo,  de  [a  famille  des 
Merwana  Alguibes  de  Syrie.  C'est  à  dater  de  ce  temps  que 
lea  Arabes  comnifflicent  à  parier  plus  fréquemment  de  Gre- 
nade, i  ïanter  sa  aitaatûm  et  les  agrémens  de  son  séjour,  k 
loi  ]Hrâ£r  qadqœ  importance  pcditique  '. 

A|wès  la  mort  d'£l  Somor,  Les  habitans  des  Alpojarras  et 
de  la  SiCTTa-Kévada  perdirent  lont  espoir  de  râister  i  Vm- 
cendant  de  Conlooe,  et  vinrent  faire  leur  aoumisaioQ  entre 


1  «T.^.  èuit  iù(D  »pei>duii  don  d«  eeite  rtpauUo.  ei  d«  Mlle  fpl«.d«at 
dtloule  ;  M  n'ca  ponitll  pu  41r.  «tore  «ms  I«  poiLe  :  !»"""•'  *»" 


L'AIkMW*  Mrtoml  m  déemil  p.hit  tncore  Gmide,  PAIbtnbn  ait  AU  M- 
kaUer  le  potle  d'tdninllea  :  i      •»  hi 


Sànhi  MMle  HtoKnoi 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


1 32  HisTomi  ti'tspàast. 

les  mains  da  khalife,  dont  âésormais  ils  recononrent  h  pds- 

Banœ  et  1&  suprématie  temporelle  et  spiritoelle. 

Après  la  pacification  dn  midi  de  l'Espagne,  Abd  el  Rahman 
tonrna  ses  regards  yers  Tolède,  qui,  depuis  si  longtemps, 
était  entre  les  mains  da  fils  d'Hafsoon,  et  résolat  d'en  entre- 
prendre sérieoaement  la  rédaction.  Quelque  obstacle  profond 
s'opposait,  si  l'on  en  juge  par  la  conduite  qa'îl  tint  en  cette 
occation ,  à  ce  qa;il  prit  Tolède  d'assaut,  et  ce  fut  un  rioga- 
lier  privilège  de  cette  place  de  demeurer  musulmane,  mais'ou- 
vertement  en  dehors  de  la  juridiction  de  Cordone  durant  tant 
d'années,  aui  époques  même  les  plus  glorieuses  de  la  domi- 
nation des  Ommyades.  Les  moyens  qu'employa  Abd  el  Rah- 
man pour  réduire  Tolède,  et  surtout  le  temps  qu'il  y  mit, 
prouTcnt  la  difficulté  de  l'entreprise.  Dès  qu'il  eut  résolu  en 
conseil  d'en  reprendre  possession,  il  chargea  le  wali  Abdallah 
ben  laly,  qui  conmiandait  à  Zurita,  de  se  diriger  avec  ses 
troupes  par  Talavéra  et  CalatraTa  sur  Tolède,  et  d'en  dévaster 
les  campagnes.  Pendant  denx  ans  Abdallah  ben  lali,  trans- 
portant ses  campemens  d'un  heaànn  autre  sur  les  terrcsde 
Tolède,  ne  cessa  de  les  ravager  et  d'empêcher  lesTolédans 
d'y  rien  recueillir.  Djafar  ben  Haf sonn,  qui  défendait  Tolède  en 
personne,  considérant  que  si  l'on  mettait  le  siège  devant  la 
place  il  serait  impossible  de  la  garder  faute  de  provisions,  et 
que  l'on  ne  pouvait  recourir  aux  villages  environnans,  parce 
que  tout  avait  été  enlevé  par  Abdallah  ben  laly,  ne  voulut 
point  se  voir  forcé  de  se  livrer  à  ses  ennemiB,;et  sons  le  spé- 
cieux prétexte  de  secourir  et  de  défendre  le  pays,  rasseniblant 
toat  l'argent  qu'il  avait  ou  qu'il  put  recueillir  de  ses  parti- 
sans, et  lîùBsant  le  soin  de  défendre  la  ville  à  an  de  ses  plus 
Taillans  lieutenang,  il  en  sortit  avec  l'élite  de  ses  troupes  et 
quelques-uns  des  principaux  habitans  qui,  instruits  de  ses 
projets,  OTusentirent  à  le  suivre.  Djafor  essaya  d'abord  de 
tenir  la  campagne  avec  ses  compagnons  et  d'empêcher  les  dé- 
TasUMionsqDe  commettait  Abd^^  hep  Jtdy  sur  les  terres  de 


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CHAPTtBB  QimiZlÈlIX.  133 

■Tolède;  maiB  l'infériorité  de  ses  fon^  était  telle,  qu'il  dot 
bientôt  ériter  plat6t  qne  cherclier  la  rencontre  de  l'ennemi. 
La  troidème  année  enfin,  le  khalife  donna  ordre  aax  valis 
de  Mérida  et  de  Talence  d'envoyer  de  non\eaux  renforts  à 
^n  laly.  L'alcaïde  de  TabTéra,cdui  d'Uclez  et  celui  de  Cala- 
trava  forent  les  premiers  à  drewer  leurs  tentes  sons  les  mon 
mêmes  de  la  ville.  Il  fut  établi  on  camp  nombreux  du  côté 
d'el  gonf  ou  du  nord,  le  seul  par  où  la  ville  soit  attaquable, 
les  cani  dn  Tage  ne  l'entourant  point  de  ce  côté;  tandis  que 
du  cûté  ou  coale  le  fleuve,  elle  présente  aux  assiégeans  une 
ligne  inexpugnable,  le  mont  sur  lequel  elle  est  asmse  étant 
élevé  et  d'un  accès  impraticable.  Âbd  el  Bahman  jugea  alors 
le  mcHBont  venu  de  prendre  part  en  personne  aux  opération» 
-da  siège.  H  se  rendit  avec  l'élite  de  ses  scheiks  cordonans  et 
4  la  t£te  de  sa  garde  parliculiÈre  au  camp  de  Tolède.  Sa  pr^ 
senoe fit  avancer  les  travaux.  Ayant  observé  que  les  assiégeans 
tiraient  le  plus  grand  parti  de  quelques  vieux  édifices,  pro- 
bablement gothiques,  qui  s'élevaient  hors  des  murailles,  entre 
le  camp  et  la  ville ,  le  khalife  en  ordonna  la  destruction.  Tolède 
lut  ensuite  si  étroitement  pressée  du  côté  par  où  elle  était 
prenable  et  bloquée  si  soigneusement  dans  toute  la  longueur 
de  son  encrante  qne  baigne  le  Tage,  que  foute  résistance  fut 
bientôt  reconnue  impossible.  Entourée  d'un  camp  où  s'étaient 
rassemblées  les  meilleures  troupe»  de  l'Espagne  méridionale, 
affamée  d'ailleurs,  elle  dut  songer  à  se  rendre.  Ebn  Hafsoun, 
qui  était  rentré  dans  la  place  quelque  temps  avant  qne  les 
aleaîdes  de  Talavéra,  d'Uclez  et  de  Calatrava  en  eussent 
formé  le  tàé^  et  le  blocus  rigoureux,  chercha  lui-même  un 
fixpédient  ponr  se  tirer  de  ce  pas  difficile.  On  tint  conseil  ; 
les  plu  pmdens  furent  d'avis  de  s'abandonner  à  la  clémence 
du  khalife,  et,  pour  mieux  excuser  leur  longue  et  obstinée  ré- 
idstance,  ils  jugèrent  convenable  de  faciliter  oo  matin  la  fuite 
de  trois  ou  quatre  mille  des  pins  vaillans  défenseurs  de  To- 
iide  et  d'^  oayrir  aussitôt  jes  portes  à  Abd  el  Bahman.  Dja- 


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134  BKTOOUE  d'espabhi. 

far  M-méme  adopta  et  Bj^roaTa  cet  avis.  H  en  fit  part  A  Kl 
oompagnoni  et  les  eacooragea  à  le  siuTre ,  sans  ^m  de  dâai, 
dès  l'aube  da  lendemain.  Le  jour  n'était  point  leré  encore  ; 
toDt  donnait  dans  le  camp  dea  Arabes  ;  qoelqaes  chevaux 
Reniement,  éreillés  par  les  vagnea  bmissemenB  delateire  à 
l'approche  dn  joor,  bcmtisuient  à  l'entrée  des  tentes  ;  braque 
toDt-À-cosp  deox  mille  carahen  Bortirent  ùnpétaeoaement  de 
la  Tille, et  B'onvnrent  nn  passage  à  travers  le  camp  enneai; 
^aqœ  cavalier  portait  on  fontassin  en  eronpe,  ou  s'attacbant 
anx  sanglei  et  anz  étriers.  Près  de  quatre  mille  bommee  pu- 
vinrenl  ainai  i  s'échapper,  an  milieu  da  désordre,  det  ctis  et 
de  la  conâisiott  de  ce  bnuque  monvement;  qaelcpiGi-nns  k 
peine  demenièrent  entre  les  nutim  des  awiégeaiu.  ïont  k 
camp  fut  bienUM;  sooa  les  armes;  mais  lorsque  le  khalife  ap- 
prit qne  c'âaient  les  troupes  de  Djafar  qsi  s'étaifKft  enfuies  de 
Tolède,  il  défendit  qu'on  se  mit  à  leur  poursuite,  et  conçut 
l'eaptHr  d'entrer  faientàt  dans  la  place.  Cet  eq^ir  se  réaliu  ce 
)Onr-U  mËme  :  des  députés  vinrent  solliciter  la  ft*oa  des  ha- 
lMtans.Le  séjour  dans  Tolède  et  fa  sortie  des  troupes  de  Dja- 
hr  ben  Hafsonn  leur  servirant  d'excnse  et  de  prétexte.  ÂM 
èl  Rdunas  agréa  toutes  les  explications,  excusa  toat,  satinait 
de  l'of&e  qu'on  loi  faisait  de  lui  ouviir,  sur  l'heure,  les  pot- 
tes  de  la  ville, et  leur  promit  tiïreté  pour  Inus  persoBoeset 
leurs  imm.  Les  députés  r^tr^^ent  — ^V"'*»  dans  la  viUe  et 
ea  firent  ouvrir  tontes  les  portes  à  l'instant  même.  Le  UiaUCe 
y  entra  pu- Bat>-&acra(Bisagra),  h  la  tête  de  la  cavalerie  de 
«a  garde  et  entonré  des  scbeiks  les  pins  illustres  de  Cordow, 
Bo  Bdlieu  des  acofamations  et  de  rall^rease  feintes  on  sincè* 
res  de  la  pepulatiMt  sccoiotie  de  toutes  parts  pour  voir  smi 
cortt^.  L'enb^  d'Abd  el  fiabmaa  el  iNasar  Ledûi  Allftb  duis 
Tolède  eut  lieu  en  l'année  315  (927);  il  y  avait  plw  de  fiUr 
rante-deox  ans  que  Tolède  se  maiutraiait  hors  de  la  domina- 
tion des  Ommyades.  Âbd  el  Bahman  en  donna  le  gtmverne- 
ment  an  w«li  AbdtOiab  ben  laly ,  qui  avait  dirigé  .lM:pQiuiipBleB 


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CHipnBx  QuniziBa.  13$ 

opératkuis  da  ii^,et  s'ea  retooma  triomphant  à  Gotdooe 
  la  fin  de  cette  même  année  315'. 

Ordcâo  II  avoit  laissé  quatre  fils  de  ton  premier  BUriage 
avec  Domina  Nonna  on  Gelo'ira;  mais  awnn  ne  loi  fat  donné 
pour  successeur ,  et  les  âecteon  àTils  et  militaires  da  royaome 
iirent  passer  la  coaronne  à  Froila,  frère  du  fea  roi,  et  qui  ré- 
gnait déjà  dans  tes  A«taiies''.Froila  II  ne  régna  qo'an  an  et 
deux  mois  àLéoa,de  janvier  on  février  924  josqn'aa  com- 
mencement de  mars  925, qu'il  moamt  de  la  lèpre.Les  vieilles 
chroniques  considèrent  la  brièveté  de  son  règne  et  la  maladie 
dont  il  moarut  comme  on  diÂtiment  de  Dieu,  infligé  à  ce  roi 
en  raison  de  sa  conduite  envers  les  fils  du  noble  Olmund, 
qu'il  fit  mettre  k  mort  sans  raison  ni  motif,  disent-elles,  et 
envers  leur  frère  Fronimius,  évèque  de  Léon,  qu'il  envoya 
en  ail  ^ .  Ces  faits  peuvent  être  tenus  poor  certains,  étant  rap- 


1  RoH  iBililau  lar  ettt»  dite  qui  Mt  cilla  <{■«  donunt  lu  inbu  diH 
Coida  et  dm  lont  lei  ferlU  oï  Ot  pirleat  d*  catta  teddltlon  dt  TalMa.  Abail- 
féda  n'ai  pa*  molu  cipUdIB  11  dauni  :  -' Ibdcinhmui  IlMar,  dlUU  (t.  n, 
p.  Btll,  «ânmiim  HegirKSIBJ,  TolMdm  panre  nettotain  dtnlaru  obtldloM 
ptrdamalt,  malUi  tisiaiit  ralnli.—  Celte  date  d'alUciin  n'a  rlaa  qui  m»  l'ac- 
corde ayec  le*  ïhroniiaea  chTitienaei;  elle  l'aecordt  ir^  bl«a  «dmI  arac  k 
ridt  des  TbIIi  aDtérienn  ;  el  on  l'axpûqoe  pariïltement  copmenl  la  brais  at 
ni6l>i>f«t  bao  HaCtoBo  pnt  a«  BalBUctr  tiuqne-là  daM  Tolède,  ai  ronaarap- 
palla  comblaD  il  loi  tull  alaé  de  a'alUer  aux  ctarilleiu,  aai  contea  IndépendaDi 
qoi  l'élCTalent  «n  CutlUe,  el  d'en  reccTolr  dea  Hcoiin  ;  al  l'on  acnge  aartool  à 
la  poritlan  da  ToMde,  qnl  an  rend  la  d^Asaa  ai  facile,  at  au  goenci  et  an 
réiollea  qui  da  lOD*  c4lia  oacnpalulIakUlftl.NoM  MnipienoiM  nul.dana  cet 
étal  de  canie,  et  an  priaenee  de  texlei  al  prMi,  eoDunent  M.  Aichbatcb  (Gca- 
chichlc  ton  Omnaljaden  in  BpanleB)  a  cni  poniolr  ataneer  la  prlae  de  TMit 
da  dli  ana  ;  cile  «il  an  ne  paal  mieux  placée  an  tonlralte  ponr  la  Tralaanblance, 
pour  I»  triDeineat  qu'elle  ditermlne  ou  dont  elle  deiieot  l'accailan,  par  qoan- 
lilt  de  ralaona  htalorlqna*  anBa,  aooi  l'an  0S7,  où  la|plac«nt  d'illleuTi  Ici  lei- 
lea  les  plua  Irricutablei. 

1  Voyei,  dam  Rlico,  EipaOs  Seerada,  t.  ixirii,  p.  SU  ei  aalranlM,  un  acte 
n  tèie  duqnellleft  qnaliflt  :  Froïla,Bei  ialarom,  fiUoa  Adeibnil  III,  ele. 

I  Ptopler  paneltatam  TSro  diernm  nnllam  ilctoriam  fedl,  nnllaa  hoataa  aier- 
cnlt,  niai  qnod(utaDlnilianl)lilloiOlmuHll  noblUl  >inecnlpalriKldarl|uaail,cl, 
ui  dicnnl,  loalo  Del  jadido  feillDui  repia  carail,  quia  ^icopun  LattaMOKa 
Mmlne  FronlBlum  pof  t  «ccMoaut  Ihlm  abaque  cnlpa  la  ailUam  alill..,  et 


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136  mSTOIEB  D'ESPAQini. 

porta  par  la  cbroniqae  de  l'éfèqae  Sampiru,  la  plus  an-' 
denne  qui  aava  reste  sar  cette  épogue.  Qnant  à  ce  qae 
rapportent  les  lûstoriens  postMeors  sur  la  foi  de  Boderich 
Ximenez,  uToir  :  rétablissement,  soos  ce  règne,  des  joges  de 
Castille  Laïn  CbIthb  et  Nunios  Basora ,  qoi ,  pendant  nom- 
bre  d'années,  gouvernèrent  la  Castille  avant  qu'elle  s'érigeât 
eo  comté  indépendant,  cela  est  sajet  à  plos  de  diEficnltés, 
et  Hasden',ae  fondant  sor  le  silence  de  tons  les  historiem 
qui  ont  écrit  dans  les  trois  cents  années  qni  séparent  ce  règne 
'  de  l'existenoe  de  Boderich  Ximenes,  le  premier,  entre  tons  les 
historiens  d'Esp^ne,  qui  en  fasse  mention,Ta  jusqu'à  rejeter 
le  fait,  non-seulement  comme  contraire  à  la  vérité  historiqur, 
mais  encore  comme  impossible  dans  les  circonstances  données 
où  l'on  prétend  qu'il  s'est  passé.  Quoi  qu'il  en  soit, Froïlall 
n'entreprit  point  de  conquêtes,  n'eut  point  de  guerres  à  sou- 
tenir, ne  fit  rien,  en  un  mot,  qui  recommande  sa  mémoire  à  la 
postérité,  à  ce  n'est  quelques  fondations  pieuses  et  quelques 
dons  anx  églises  pendanl  qu'il  était  roi  des  Âstoriens'.  Le 
pins  remarquable,  comme  objet  d'art,  est  on  cofEret  formé 
de  quatre-vingt-deux  morceaux  d'agate  ent^iABsés  dans  de 
l'or  et  contenant  nu  assez  grand  nombre  de  mennes  reliques» 
donné  par  Froïla  à  l'église  d'Oviédo  en  910,  c'est-à-dire  la 
première  année  de  son  règne  comme  roi  des  Astnriens.  Ce 
coffret  se  voit  encore  aujourd'hui  en  assez  bon  état  de  conser^ 
vation  dans  la  Camara  Santa  de  l'élise  d'Oviédo  :  l'intérieur 
en  est  doublé  d'argent,  et  porte,  avec  la  croix  de  Pelage,  an 
^ed  de  laquelle  se  voient  les  quatre  figures  d'animaux,  at- 
tribut des  quatre  évangélistes,  une  inscription  votive  d'un 
caractère  et  d'un  goût  pen  différens  de  celles  de  ses  prédé- 


ob  toc  abnvltiam  «il  rtemu»  «i^i  m  bfaTlur  Tiiun  Qnlill)  et  plBBnf  lepni  de- 
caMll{g«mplr.  Chr.,  nom.  20). 

■  Hudfn,  HUL  Cril.  de  Eir'fi-i  !•  m,  p.  SOI.  i 

>  Va]r.  ttiMw,  E*p>a.  S«e'>>  >■  mTU,  p.  sei  el  *eq> 


:,.;,l,ZDdbyG00gle 


CE&prnii  QuuziÈiiB.  137 

cessean^.OntroaTedaiules  Astonea  an  aatrâ  floavenir  da 

règne  de  Froïla  II  :  c'est  une  inscriptioD  comméDOorative  de 
l'achèTemeot  d'one  voie  oaTerte,  régnante  Froila,  dans  l'ère 
060,  c'eA-ànlire  avant  que  ïroïla  fût  roi  de  I^n.  Cette 
iiiKription,qiii,de  même  qae  le  coffret  dont  nons  Tenons  de 
parler,  lobnste  encore  anjonrd'hoi,  a  été  décoaTerte  dans  les 
terres  de  la  commone  de  Somiedo,  à  on  qnart  de  lieae  de  la 
Riera,  et  sur  on  terrain  élevé  où  s'aperçoirent  quelques  ves^ 
tiges  d'an  ancien  chemin  éloigné  d'environ  quarante  mètres 
de  celni  qu'on  saitanjonrd'hai.  La  pierre  sur  laquelle  le  gra- 
Tear  a  travaillé,  présentant  de  nombreuses  Inégalités,  il  a  mal 
f  trmé  et  quelque  peu  trop  séparé  les  lettres  de  l'iusCTÏplion-, 
on  j  lit  pourtant  assez  aisément  : 

m  EEA  DCCCCLX  FUIT  FACTA  VIA  BXG- 
HAItTE   FaoïLA  CVM   VOIIACA  CORJUGE. 

Ce  monument  nous  éprend,  entre  antres  choses,  qu'en 
922 ,  la  femme  de  Froïla  s'appélùl  Urraca.  Les  documens  pré- 
cëdens  lui  donnent  pour  éponse  Nunilo  on  Nnnna,  ayant 
pour  surnom  Scéména  (JVuntto,  eognommlo  Seemma  en  la- 
tin barbare).  Urraca  était  donc  la  seconde  femme  de  Froïla,  à 
moins  que  ce  nom  d'Urraca  ne  fût  comme  celui  de  Scéména 
un  snmom  de  Nunilo.  Qaoi  qn'il  en  soit,  Froïla  laissa  trois 
fils  de  cette  dernière,  tons  nés  pendant  qu'il  régnait  dans  les 
Astnries,  nommés  Alfbnse,  Ordoûo  et  Bamire,  outre  un  fils 
illégitime  que  San^iro  appelle  Axenar'. 

■  r*icl  Mlle  InMTiplion  topiit  UpM  pu  Ucue  nt  l'origlMl  mtee  d'OTiédo  : 
Bucepliini  pUcide  ZDUiMt  1i<>c  ^d  bopore 
Del  qmod  oSkrnal  humll  ChrUII  FroIU  ei 
NuDllseopMmentoSewnen*-  Hoc  «pu 
ParfeelDiB  et  conceuton  e*l  mbcIo  SilTilori 
Ovelenll.  QaUqali  infene  hoc  donirti  iio»< 
Ira  prBsampwril,  folmliM  ditlio  tnletMl 
Ipea.  Operilum  eit  en  KCGCUviu. 
,   ' DDiliaxorci>inoBlBelluiilu)SDffliMB,eiqu*kHfiUMitaalt,Adfr- 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


138  HUTOOE  d'eSPACSK. 

L'année  même  de  l'intKHiiBatîoa  de  Frotia  à  Léon  ntoonit 
la  roi  de  Fam|ielime  SaiHsias  Ganeani,  Itùisant  le  royanme 
fondé  par  u  politique  et  par  >on  courage  à  son  fila  Garcia, 
■omommé  le  Trembleur.  Nulle  guerre  n'ent  lieu  entre  les 
Arabes  et  les  chrétiens  pendant  les  quatonemois  que  dura  le 
règne  de  FraQalI. 

Le  Bucoeaseur  de  oeloi-ci  fut  Alfonse  IT,  ûls  d'Ordogne  II, 
cpie  l'on  préféra  aux  fils  du  précédent.  X  peine  sur  le  trdiw, 
il  rappela  de  l'exil  l'évéque  de  Léon  Fronimiua  dont  Fro'da 
avût  fait  mettre  à  mort  les  frères|:  nul  hiitorien  n'ayant  ex- 
primé la  cause  de  la  rigueur  de  ï'roïla  enfers  cette  famille, 
OD  n'ayant  voulu  l'exprimer,  on  est  fondé  à  soupçonner  qne 
les  fila  d'Olmund  avûent  intrigué  sinon  conspiré  en  faveor 
du  fila  d'Ordo&o  contre  son  onde,  lors  de  l'élection  de  celui- 
ci  en  qualité  de  roi  de  Léon'.  Alfonse  IV  était  d'on  caract^ 
faible  et  mobile,  fort  ami  de  la  paix  et  tout  adonné  aux  prati- 
quai de  la  dévotion.  La  chronique  de  Bampiroa  ne  nous  dit 
|R«s^e  rien  de  son  règne,  et  n'attriboe  à  Alfonse  XV  nJTer- 
tos  ni  Tices  marqaés^Elle  nona  apprend  seulement  qa'il  aTait 
one  femme  nommée  Xiména,  de  laqnelle  il  ent  on  fils  qui 
reçQt  en  naissant  le  nom  d'Ordonios,  et  fat  surnomiBé  dans 
la  suite  Ordoflo-le-HanTais  (Ordomtu  Maltu  )  ;  noua  Tarons 
ailleurs  à  quel  sujet.  Vers  le  milieu  de  la  ciuquiëne  année  de 
son  règne,  Alfonse  IV  se  lassa  de  la  royanté;  il  (q)pela  près 
de  loi  son  frère  Ramire,  qui,  à  ce  qn'il  parait,  vivait  retiré 
dans  nn  petit  canton  de  l'Espagne  septentrionale,  appelé  le 


fODiDm,  OrdoDlDm  liTS  et  Rudmirum  :  el  e«DDii  Aienarem  (In  EindoTila 
AccemUte),  acd  oon  ei  l«gilimo  eauiaelo  (Sunpir.  Clir.,  nom.  SO). 

■  CaKe  coDJccInre  plelos  ie  Traticmblince  itl  Ittdtqoéfl  par  Ferrerai  (HIi- 
lorlt  de  Etpdli,  ad  ann.  ttSS,  nam.  4)  :  Ifuerto  Doo  Ordono  laé  iMltmado  pot 
Rey  «n  bermano  Don  Froila,  que  ei  ei  icgoodo  de  eits  nombre^  j  apenu  dfiô 
Il  corone,  qaut&ti  manda  qnllar  U  Tldi  a  lo*  bljoi  de  Olnundo,  caTÛlero  prl»- 
dpalialmo,  y  deaterrd  al  oblipa  de  Léon  Pranlmlo  an  hermono;  «1  moUvo  qas 
tuiâ  te  içaon  :  ta  dtecaire,  (né  bâter  taiinladg  «itoi  ciTelleroa,  j  ol  obUpo, 
coD  nia  pardtlei, poner  eielIrvnAiDanjilaHOihf jade  Don  Otdoflo. 


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139 

Viena,etabdiqBi  la  oonronm  ea  >a  fdTear  à  Zanumi  le  11 
oetotire  930,api:is  aroir  régné  cmq  ans ,  sept  mens  et  qoel- 
qœt  joan.  Banûre  vint  à  Zamora  prendre  poiKiBioa  do  r^ 
gne  afec  tonf  khi  cortège  de  magnats,  noiu  dit  Sampras;  oe 
qui  donne  h  penser  qn'il  exeerçait  déjà  qoelque  souveraineté 
dans  le  Tieno,  et  Alfonse  IV  se  retira  dam  le  monastère  de 
fiabagnn  snr  leflosTeCea,  où  il  prit  l'habit  de  moine'. 

IjCS  Arabes  noos  disent  qœ  le  rebelle  Djabr,  sf^ëg  la 
^iaede^ Tolède  (en  927),  sollicita  l'appoi  des  dirétiens,  fit 
tdliance  avec  eox,  lear  paya  tribut,  et  alla  même  jusqa'à  se 
reconnaître  pour  vassal  de  leur  roi'.  Toot  porte  à  croire  que 
Dja&r,  homme  habile,  ne  s'adressa  pas  directement  an  roi 
régnant,  Alfonse  lY ,  dont  l'incapacité  était  recosnne  de  tons , 
inai8àsoQfrëre,&eeBamire,qai,gonTemant  le  comté  indé- 
peadrat  de  Vieno,  rt  désigne  par  l'opinion  comme fatnr  sac- 
oesseur  de  son  (itee,daTait  tenir  un  rang  important  dès-lors 
et  disposer  de  qadqnes  fonea  -,lea  uégodations  de  Djafar  pu- 
rent, d'aîQears ,  dorer  qaelqtte  tempe;  et  pour  cette  époque  où 
beaucoup  de  choses  se  faisaient  avec  une  eitréme  lenteor,  ce 
n'est  pas  trop  de  compter  pour  ces  négociations  deux  ou  trois 
imaées.  Tout  c^  nous  mèQe,  avec  tonte  vraisemblance,  à 
rdkdication  d' Alfonse  IV  en  faveur  de  sou  frère,  et  à  la  sin- 
gnlière  inconstance  dont  il  fit  prrave,  en  regrettant  et  en 
revendiquant  le  trône  à  pdne  quelques  jours  après  l'avoir 
qi^tté. 

Bamîre  était  à  Zamora,  se  disposant  (peat-ètre  «or  les  sol- 
licitatioDS  de  Djafar),  à  porter  la  guerre  bot  les  terres  ma- 
sulmanes,  lorsqu'on  envoyé  vint  lui  annoncer  qu'Alfonse 
avait  quitté  son  dottre,  et  avait  repris  à  Léon  les  marques  de 


1  Vanlt  qnidam  Stnlinlm  lu  teoMinn  cnm  oniil  sicrdln  misntloram 
noram,  et  taceplt  nEBoin.  Fnler  qaldam  cju  propem  id  manuUrinm  In 
loeo  qd  dlcitu  DomiiN  SuKtot,  inp«r  crcpUlaen  «Irri  Mm,  wmMlmi  fit 


>;,l,ZDdbyG00gle 


140  -BKTMIX  D'tSPASa. 

la  Myanté  k  l'aide  d'un  parti  qoi  avait  favoMé  son  retoor. 
■  Le  roi  entendant  cela,  dit  âampims,  agité  par  la  colère, 
ordonna  qa'on  «nbonchât  les  cJairous,  qa'on  brandit  les  lan- 
ces, et  reprenant  en  tonte  hâte  Ifi  chemin  de  Léon,  il  fit,  sans 
relâche,  assiéger  la  place  de  jonr  et  de  nnit,  joaqu'à  ce  qu'il 
s'en  fût  emparé  ;  se  saisit  d'Alfonse,  et  le  fit  jeter  en  pristMi 
les  fers  aux  pieds*.»  Les  conûns  germains  d'Alfonse,  les'fili 
de  Fnula  II,  qoi,  à  ce  qa'il  semble,  exerçaient  une  inSoenoe 
Itarticohëre  dans  les  Astniies,  qne  leur  père  avait  gsnvemées 
|>endant  qnatorze  ans,  s'entremirent  en  faveur  du  roi  prison- 
nier; ils  firent  inviter  Bamire  à  venir  parmi  enx  pour  s'em- 
parer de  sa  personne;  mais  Bamire  ayant  appris  on  soupçon- 
nant ce  qa'ila  méditaient,  entra  dans  les  Astories  à  la  tète 
d'une  armée,  fit  prisonniers  les  trois  fils  de  Froïla,  Alfonse, 
OrdoSo  et  Bamire,  et  les  ramena  à  Léon  où,  les  ayant  fait 
jeter  dans  la  même  prison  qa' Alfonse,  il  leai  fit.  crever  à  tous 
trois  les  yenx  en  même  temps  qu'à  loi,  le  même  jour  M<es  his- 
tXMieDS  modernes ,  postérieurs  à  Boderidi  Ximenez,  racontent, 
à  la  suite  de  celui-ci,  beancoop  d'antres  faits  et  circonstances 
de  ce  r^e  dont  noos  n'avons  pas  vonlu  parler,  les  uns  in- 
vnûsemblableSjles  autres  entièrement  dénuées  de  fondement. 
Entre  ces  dernières,  il  faut  sortoat  placer  les  deux  amiée« 
de  durée  que  ces  historiens  donnent  au  siège  de  Léon  par 
Bamii«. 

En  Catalogne,  Miron,  comte  de  Barcelone,  était  mort  pé- 
dant qne  ces  événemena  se  passaient  oi  Léon,  laissant  trois 
fils  en  bas  âge,  Senie&ed,  qui  lui  succéda,  Oliva,  snmommé 


<  Qkc  •Ddleu  Bex,  ira  commetoi,  ioiiU  iotooMe  bnedalf,  Tlbrire  hulu, 
iMnim  LegloDem  remeiDi,  rullniu  obiedil  aiun  die  «c  nocM,  ugneqno  iUnm 
cepll,  •!'  compTeheninni  Jabet  cmn  erguinlo  ratrndi  (Bunplr.  Chi.,  nom.  11). 

1  Arte  quidam  heU  omiiEi  tntgDitet  Aitarleuiun  DBDliM  mlMrn&t  pro 
npr*dIclo  principe  Rinimlcù  :  IIIb  raro  Atlarlw  ioBreiiui,  ccpll  omnei  flUoi 
Ftsilinl  fritrli  Domliil  OrdoDJi  Regli,  Aderontnm,  Ordaniiiai,  at  Bjmimimm 
tMaiDtddaiJ[,parlterqaacDmfr«irainonpriAta  AdafsuD,  qai  etsutals  lana- 
btaiw,  MDiuili  :  el  omnei.  ilmol  1b  ono  dl«  orlian  oeolli  pr»t«pit  (lUd-,  1.  «.)• 


îiqilizDdbyGoOgle 


C&AFITU  QUDTZlfalI.  141 

Gabreta^'anqnd  fat  donné  le  prindpat  de  Gerrétanie,  et  Mi^ 
TODa  qui  ftitéTËqoede  Giroime.Seniefred,&lB  et  héritier  de 
Hiron  et  de  sa  femme  Ava,  étant  enfant,  son  oncle  Saniaire, 
comte  d'Urgel,fll«  de  Wifred  on  Goiffred  n,gonTerDa  h  sa 
place,  et  ne  cessa  qn'à  sa  mort,  arrivée  en  950,  de  gonver- 
ner  de  fait  et  h  son  gré  le  comté  de  son  neren.  Snniaire  fdt 
enterré  à  BippoU .  Il  avait  été  marié  à  Bichilde  et  il  en  avait 
en  ônq  fils,  dont  trois  seulement  loi  snirécorent,  Borrell, 
Ermengand  et  Hiron;  le  premier  lui  snccéda  dans  le  comté 
d'Vrgel,  et,  depuis  (comme  on  le  verra),  aussi  dans  celni  de 
Barcelone'.  Le  comte  qui,  dans  quelques  diplômes,  prend 
anssi  le  titre  de  marquis  ou  de  défengeor  de  la  Marche,  c'est- 
à-dire  de  la  frontière,  n'eot  occasion  de  la  défendre,  durant 
tout  le  temps  de  son  gouvernement,  d'aucooe  agression  des 
Sarranns.  Au  moins  V histoire  ne  fait-elle  mention  d'aucnne 
guerre  entre  ceox-â  et  Us  chrétienB,  à  laquelle  Snniaire  ait 
pris  part  dans  la  Marche  orieutale  de  l'Hispanie.  La  paix  pa- 
rait donc  avoir  régné  constamment  entre  lui  etlesvralis  des 
villes  DUisnlmanefl  confinant  à  la  Catalogne. 

Comme  toot  l'a  fait  pressentir,  la  guerre  prit,  au  contraire, 
peu  de  temps  après  l'élévation  de  Ramire,  un  caractère  de  vi- 
vacité remarquable  dans  la  Marche  septentrionale  des  pays 
chrétiens  sitnés  an  nord  du  Bnero.  A  peine  raffermi  sur  le 
trône  dont  avait  tenté  de  le' débusquer  celui-là  même  qui  te  loi 
avait  volontairement  cédé,  Bamire  se  souvint  qne  l'armée  avec 
laquelle  il  venait  de  réduire  son  frère  et  ses  cousins  avait  été 
originairement  assemblée  pour  marcher  contre  les  Arabes. 
•  Dès  qn'il  fut  sûr  de  son  règne,  dit  l'évèque  Sampinu,  il  as- 
sembla nn  conseil  composé  de  tous  les  magiâts  du  royaume, 
pour  décider  snr  quelle  terre  du  domaine  des  Chaldéens  on 
ferait  irruption;  l'armée  rénnie  se  porta  snr  la  ville  qn'on  ap- 


i:,Googk' 


1 43  flmtnu  D'BVAfln. 

pdie  Hagerit,eD  brila  les  morailles  et  en  poMt  let  biAifiiig 
an  fil  de  l'épée,  on  jour  de  dimimcfae  ;  aprdi  qaoi,  avee  l'^de 
deIHeD,leroi  rentra  Tictorienx  daai  sademeQre'.iC'efltla 
première  foia  qa'oD  entend  parler  dans  Vhiatoire  d'Espagne 
de  Madrid,  dont  le  géographe  de  Mallie  Edrisi,  an  doozièiile 
lièck,  écrirait  le  nom  Hagfalit,  et,  dans  qodqBes  munscrits 
Hi^Iirit  ■.  D'apris  les  récifs  arabes ,  Magerit  ne  fiU  pas  U  seule 
Tille  qne  prirent  les  chrétiens  ;  ils  prirent  aussi  et  détruisirent 
Xslayéra,  dont  ill  massacrerez  arec  une  bariiare  cmuité  km 
UMtaos,  hommes,  femmes,  enfans.  lie  wali  de  l>>IÈde  leva 
les  troupes  de  sa  prorince  et  marcha  contre  les  du^tiens, 
qii  se  retirèrent  vers  lenr  pays  chaigés  de  dépouilles  et  ré- 
pandant partoot  la  terrenr  et  la  dévastation  snr  leur  passage. 
Abdallah  bea  lal;  les  ponimint  raineroent  jas^'an  Doero. 
Cette  expédition  appela  bientôt  les  armes  mnsalmanes  con- 
tre la  Cailïlle.  El  Hodhaffer  fU  diargé  d'y  prarter  la  gaerss 
en  personne.  Magerit  étatt  préosément  sftxé  non  Itnn  des 
frontières  des  chàteuix  chrétiens  sor  lesquels  eierçaU  nne 
haote  et  presque  sonveraine  inflnenee,  à  cette  t^ioqne,  dont 
était  gouTemeur  génâral,  selon  l'eipanssioB  de  quelques  histo- 
riens  espagnols,  le  comte  Ferdinandus  GmidisalTi  ;  il  avertit 
le  roi  de  Léon  de  ce  moHTcment  des  troupes  musulmanes;  et 
Bamire  se  mit  incontinent  en  mardie  pcHir  rejoindre  les 
troupes  de  Castille.  Les  forces  réunies  de  Hasaire  et  de  Fer- 


n»  t^QMU,  «OHiUain  UUt  aaa  oiatilbni  nupiitDiH  r^l 
iDl,  qniUltr  Chaldaoniin  Ingtediielai  lerrun,  gt  coidunilo  eiardta,  p«r|e*i 
■d  clTluUa,  qoti  dieitiir  Higcrit,  conttagll  mnroi  ejui,  d  miximu  fcelt 
■Mit**  domlnica  di«;idjBTtBte  démentit  Dal,reTenHMtiDdo>iigim«atm 
ilclorli  In  ptci (Simplrl  Cbr., nnni.  22},—  U  clinnlqne  ds  Ctrdcaifda «ntor- 
ilèineil<cl«]dHen  paTlut^n  tnéme  tUt  :  «KegoAD.  Himlroiiiai»,  e  nrlA  A 
■adrld  e  prlKU  t  lidli  oncku  t*cai  cou  1m  Kocm  e  fus  BTCBIonda  (OMn 
eUM.B—  L«  molna  ds  Silat  «t  Liiu*  da  Tay  ■ppellinl  U  tIIIb  qne  ttcuget 
BaidIto  dut  M  pnmMie  npUlilDn  HoeerlU  (elTltu  quB  dlcllnr  kIie«l>o)i  il 
lodarlcb  de  Tolède  (1.  t,  c  e},  Hiirorllain. 

1  VlEnl  «aralu,  dit  Bl  BdrU,  la  clJmit  d'Al-BcIitcTat,  dam  lequel  lont  Ttlbyra, 
TritiUU,  Ib^ltt,AI)ulMKyTB,WtdiUadfan,ld7Ub,WaTdli«,ele.[tlBiirfi, 
IT»  eUiMt}. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


oaApnu  Qinmfaat.  143 

dinand  se  portèrent  enniite  an  âenmt  de  l'enneini.  L'oméé 
arabe  était  oampée  entre  Osma  «t  le  Dnero.  Ce  fat  là  qne  1« 
roi  et  le  comte  l'attaquèrent  et  la  battiroit,  à  ce  qu'il  semUe, 
complètemeatfâ'après  le  récit  de  Sampinis'. Suivant  lei  Ara- 
bes, l'aimée  d'El  Modhaffer  passa  le  Doero,  et  remporta  d'a- 
bord les  ploB  grands  avantages;  brûla  les  villes,  ravagea  les 
campagnes,  enleva  lés  hommes  et  les  troupeaux.  Les  peuples 
fuyaient  de  lenra  habitations,  abandonnant  toute  chose  pour 
aaaver  leur  vie.  Le  butin  et  le  nombre  des  captib  furent  si 
grands,  qne  le  général  musolman  ordomala  retraite^de  peur 
d'en  être  anbanassé,  au  eas  où  il  viendrait  à  rencontrer  les 
cbrâiens.  An  paasage  du  Duero  les  dkrétiena  parurent  en 
nombre  considérable.  Les  Hnsalmaos  s'en  égayèrent  sans 
doute;  car,  de  leur  propre  aveu,  ils  massacrèrent  lenrs  prison- 
niera,  pour  n'avoir  rien  à  appréhender  de  leur  part  pendant 
le  conÂat.  La  bataille  fut  des  plus  sanglantes,  et  les  Hosnl- 
nians  forent  vengés,  ajoute  ta  ohnaiique  arabe.  Les  diré- 
tiens  s'en  retournèrent,  laissant  un  grand  nombre  des  leurs 
tar  le  champ  de  bataille,  pour  la  p&ture  des  oiseaux  de 
proie  et  des  animaux  carnassiers*. Ces  faits  penvoit  se  pla- 
cer en  932  ou  933. 

On  anra  remarqué  sans  doute  gae,  par  les  récits  qui  pré- 
cédent, les  cbrâjois  et  les  Mnsnlmans  semblent  s'attriboer 
également  la  victoire.  Le  rédt  des  Arabes,  toutefois,  n'est 
point  si  explicite  qu'il  le  paraît;  ils  ;  disent  bien  qne  les  Hd- 
solmans  forent  veinés  et  qu'un  grand  nombre  de  chrétiens 


I  KurcHui  notH  ni>  al  obiUm  lUb  eiliil  la  hMoB  qoj  dicitut 

Oxmu DlrlM  JaTinle  demcotia  dcdlt  IIU  Domino)  rictoritm  :  magnam 

fittem  >z  ail  Mddlt,  nnlu  BtUlt  capliTonm  ucom  iddailt,  et  raTeniu  ert 
Ml  praprlun  fcdti»  Tldorla  magn*  (Stnpir.  Cfai.,  boib.  13). 

3  CoDds,  e.  13.— Jecioli  deioir  dltr  jd  UipraptcipirolaideUIndDcUaa 
dal'icadtmldaDMpagnolMrUdreoDtUiicefuqa'èprtteiiliDoulc  damaiMcra 
de*  priHutien  :  —  Al  paso  dd  Dneio  vtrecleron  loi  chrliUsDai  an  eanilderibla 
Bonaro,  7  Im  Hiifliinn,  pan  ttrgmignt  t  pcleu  ris  rtuto  de  ini  cntlTpf , 


>;,l,ZDdbyG00gle 


144 


t  Bor  Ift  [dace;  mais  le  seol  hit  de  leor  nbnite 
avoné  par  rhîcbmen  arabe,  bien  qne  motivé  Bar  l'excèi  du 
butin  et  dea  priaotmien  faits  aa  conunencemeat  de  la  cam- 
pagne, indicpie  de  qnel  côté  étaient  les  saccès  sérieux.  Noua 
en  croyons  donc,  en  cette  occasicm ,  l'éTêqne  d'Astorga  platôt 
qoe  les  chroniqaeiirB  de  Cordons,  à  moins  qa'ïls  ne  consi- 
dèrent comme  une  nctoire  le  massacre  de  leurs  priionnien^ 
dont  les  cadaTres  durent  aussi  servir  de  p&ture  aux  animaux 
camasûers  et  aux  oiseaux  de  proie.  Dans  sa  retraite  sur  le 
Tage,  El  Hodhafîer  TÎtdta  les  raines  de  Talavéra  et  fît  relever 
la  maraille  d'enceinte  de  la  place  qae  les  chrétiens  avaient 
démolie  dans  la  moitié  de  sa  longueur;  il  rentra  ensuite  à 
Gordoue,  où  an  récit  obscor  de  la  bataille  d'Osma,  habilement 
accrédité,  permit  de  la  faire  considérer  comme  une  victoire  et 
d'y  en  accueillir  le  héros  avec  des  acclamations  de  triomphe'. 

Qu'une  paix  oa  qa'ane  trêve  ait  été  conclne  à  la  suite  de 
la  bataille  d'Osma  ou  peu  après,  c'est  ce  que  ne  nous  dit  au- 
eone  chronique,  soit  arabe,  soit  chrétienne,  mais  c'est  ce  gai 
semble  extrêmement  probable.  Des  deux  côtés,  on  ne  nous 
parle  plus  en  effet,  pendant  an  certain  temps,  d'aucune  prise 
d'armes  eDti:«  les  deux  nations,  et  noua  ne  voyons  les  hosti- 
lités recommencer  entre  ÏÀaa  et  Cordoue  qu'an  bout  de  ce 
terme  à  peu  près  de  trois  années,  qui  d'ordinaire  ëtait  celai 
des  trêves  de  cette  époque. 

Le  fil  de  l'histoire  noas  conduit  à  parler  maintenant  da 
Hagreb;  et  il  nous  faut  ici,  avant  tout,  pour  l'intelligeDce 
des  guerres  qa'Abd  el  Bahman  fut  obligé  de  &ire  en  Afri- 
que, arrêter  un  moment  notre  attention  sur  la  situation  de 
l'Afrique  occidentale  dans  les  premières  années  du  dixième 
siècle,  et,  pour  plus  de  clarté,  rappeler  succinctement  les 
fiûts  par  suite  desquels  s'y  étaient  formées  les  poissances  qui 
j  dominaient  à  l'époqne  qui  nous  occupe. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CBApiTRE  QCtnzEiia.  145 

Deoz  djnaitiefl  l'y  étaient  élevées  dans  les  deroièm  années 
da  hoitièine  siècle,  les  Edrisites  et  les  Aghlabifes,  goi  te  Yé- 
taienteiiç[aelqnefaçonpartagée;et,dans  ces  derniers  temps, 
les  Fathimites  s'y  étaient  élevés,  à  lear  tonr,  par  la  nue  et 
l'habileté  à  on  degré  de  puissance  extraordinaire. 

Parlons  d'abord  de  l'origine  et  des  caoses  de  l'élévation 
des  Edrisites,  qni  régnèrent  le  pins  près  du  détroit,  et  è  l'oc- 
casion desquels  l'Espagne  fat  appelée  h  intervenir  dans  les 
affaires  de  l'Afrigne. 

n  nOQB  font  pODT  cela  remonter  à  l'année  1 45  de  l'hère 
(762  de  J.-€.).  En  cette  année,  l'imam  Mohammed  ben  Abd- 
allah, de  la  race  d'Ali, avait  pria  tes  armes  en  Arabie  contre 
le  khalife  Abon  Djafar  el  Mansour.  Mohammed  ben  Abd- 
allah était  arrière-petit-fils  de  Hoosséïn,  fils  d'Ali.  Vaincu 
près  de  Hédine  par  les  troupes  d'El  Mansour,  il  se  réfugia 
en  Nubie ,  et  ne  tenta  plus  rien  durant  le  règne  du  fils 
d'El  Saffith.  Mais  lorsque,  à  la  mort  d'El  Mansour,  son  fils 
El  Mahadi  prit  possession  du  khalifat,  l'imam  Mohammed 
songea  sérieusement  à  le  disputer  à  celui-ci;  il  se  rendit 
secrètement  à  la  Mekke  pendant  le  ramadhan,  tandis  que  la 
foule  des  pèlerins  était  réunie  dans  la  ville  sacrée.  les  hal»- 
tans  de  la  Hekke  et  de  Médine,  les  peuples  de  l'H^az,  les 
premiers,  le  reconnurent  et  le  proclamèrent  pour  lenr  In- 
time souverain.  Sa  vertu  et  sa  vie  eiemplaire  lui  avaient  fait 
one  renommée  et  mérité  le  surnom  d'El  Nassf  (le  Juste)  et 
d'El  teeqniyat  (le  Pieux).  El  Mahadi,  instruit  de  ce  mouve- 
ment, envoya  contre  lui  une  armée.  Mohammed  résolut  de 
lui  tenir  tète,  marcha  contre  elle,  et  lui  livra  une  sanglante 
bataille  à  six  milles  de  la  Mekke;  mais  il  fol  vaincu  et  périt 
en  combattant. 

Mohammed  avait  six  frères,  qui  tous  avaient  pris  un  r61e 

actif  dans  ce  mouvement  religieux  et  politique.  Ibrahim,  l'un 

d'eux,  succomba  quelques  jours  après  à  Bosra,  où,  avec  une 

poignée  d'amis,  il  avait  tenté  UQ  soulèvement  en  faveur  delà 

IV.  10 


>;,l,ZDdbyC00gIe 


146  HlSTOnc  D'ESFAGal. 

mtmB  caïue.  Yohjah,  Sonléïmui,  Koiisa  et  In,  «e  Hafeak- 
rent  ehacna  de  Mm  cAt^.  Haùs  il  était  réMiré  &Edrii,lepl(U 
jeune,  de  âfl\eiiir,  par  niite  taiata  de  cet  érénemeot,  le  foa- 
datenr  d'une  dynastie.  lustrait  de  la  mort  de  ses  denx  frèrei 
(en  l'année  169  de  l'hé^e — 785),  il  s'enfuit  avec  Km  fidèle 
affraacbi  Baschîd ,  passa  d'abord  en  Egypte,  oii  il  fat  ac- 
caeillî  par  on  zé\é  partisan  des  descendani  d'Ali,  mail  n'ou 
s'y  fixer  :  l'Egypte  était  alors  toat  entière  an  pooroir  des 
Abbaasides.  Telle  était  cependant  la  puissance  on  l'ascendant 
de  ce  grand  nom  d'Ali,  que  le  wali  d'Egypte  pour  le  kha- 
life, bien  qu'instmit  par  ses  espions  de  l'arrivée  d'Edris,  ne 
voulut  point  souiller  ses  maini  dn  sang  d'nn  descendant  du 
prophète.  Halgré  les  ordres  les  plus  rigoureux,  et,  poorcon- 
dlier  ses  opinions  avec  son  devoir,  il  fit  presser  Edris  de  quit- 
ter r%ypte.  Edris  partit  avec  Baschid  et  le  fidèk  partisan 
qui  lui  avait  donné  anle,  et  suivit  à  peu  près,  pour  arriver 
à  une  fortune  pareille,  l'itinéraire  qn'avait  suivi,  quelques 
aimées  auparavant,  l'onimyade  Abd  el  Bahman  ben  Hoavriafa, 
le  long  de  la  càte  africaine.  Edris  et  ses  compagnons  se  ren- 
dirent d'abord  &  Barcah  ;  de  Barcah,  ils  passèrent  à  Kurouan, 
et  de  là  dans  le  Hagreb  el  Aksa  (le  dernier  Occident).  Il 
paraît  que  ce  trajet  ne  fut  pas  peureux  très  facile: Baschid 
dut,  plus  d'une  fois,  déguiser  son  maître,  et  il  le  revêlait  le 
plus  ordinairement  d'nn  habit  d'esdavc  pour  le  soustraire 
aux  recherches  des  offîciers  abbassides  qui  commandaient 
les  principales  stations  dans  lesquelles  ils  étaient  contrainte 
de  s'arrêter  ;  ils  se  reposèrent  quelques  jonra  à  Tlemceo,  dit 
l'exact  historien  de  la  dynastie  des  EdriBites,et  de  là,  se  ven- 
dant à  Tanger,  passèrent  le  fieuve  Honlouya,  et  arrivèrent 
enfin  dans  la  province  de  Soûs  el  Adnâh  (Soùs  la  Prochaine), 
qui  s'étend  depuis  le  Houlouya  jusqu'au  Wad  Omm-el-Babieh 
et  qui  est  la  plus  fertile  de  tout  le  Hagreb'.Tanger  était  alors 

I  U  pirU«  lapérienrt  de  »tle  preiliwo ,  on  Boti  et  Aïu  (Solii  II  LolnUfsi], 


>;,l,ZDdbyC00g[e 


CEAprna  Qvaaba.  147 

le  dwMïM  dt  tant  )»  Hagreb.  Edris  oc  s'y  oiréla  qne  très  pea 
de  joan,  perce  que,  dit  bod  biographe,  il  n'y  trouva  pas  les 
nwTenfâ'aceomplir  ses  desseins,  et  accompagné  de  son  fidèle 
Basehid,  il  passa  à  WaUll,  fille  pea  populeuse,  mais  utnée 
dans  une  lîche  et  fertile  campagne'.  Il  fat  tris  bien  reça  par 
le  scbeik  Abd  el  Hedjid  el  Ewronbi,  qni  était  de  la  secte  des 
Kotaaelis*.  Le  bon  accueil  que  loi  fit  ce  wali  inspira  h  Edris 
tme  entière  confiance;  il  M  découvrit  qui  il  étùt,  et  le  siiième 
m<»Bde8onséjoarà'WaliIi,ÂbdelMedjid  assembla  safemitle 
et  les  tribus  (kaba'ils)  d'El  Ewrouba,  leur  présenta  Edris,  et, 
d'an  accord  ananime,  elles  le  proclamèrent  leur  émir,  dans 
la  lune  de  ramadhan  de  l'année  162  (788).  Les  Zénètes  et  les 
'attires  tribas  berbères  dn  Magreb  suivirent  cet  exemple,  et 
Edris,  se  voyant  en  force,  entreprit  diverses  conqnfttes,  sub- 
jugua toute  la  provÏBce  de  TIemcen,  celle  de  Tedla,  dont  les 
babitaus  étaient  la  plupart  chrétiens  et  juifs,  et  les  obl^ea  à 
entrer  dons  le  sein  de  l'islam;  il  continua  ensuite  la  conquôte 
de  toQt  le  Hagreb,  forçant  les  infidèles  chrétiens  et  juifs  à  se 
soumettre  h  son  obéissance,  se  rendit  maître  des  principales 
forteresses  oh  ils  s'étaient  réfugiés,  et  les  contraignit  à  em- 
brasser le  mahométiime.  Il  marcha  ensuite  contre  Tahart 
ponr  subjuguer  les  kdiaïls  de  Hagaraba  et  des  Ben;  Ya- 
fronn  ;  le  irali  de  celles-ci  se  rendit  par  accommodement,  se 
fit  HuBUlm&o,  et  fit  aussitAt  construire  une  mosquée. 

La  renommée  des  conquêtes  etdes  succès  d'Edris  arriva  aux 
oreilles  du  khalife  Haronn  el  Baschid,  qui  en  conçut  de  vives 
alarmes.  Il  consulta  son  ministre  fidjde  Yabyah  ben  Khaled 
et  Barméki,  et,  sur  son  conseil,  cootinae  l'historien  El  Ha- 
lim,  il  dépécha  dans  le  Magreb  on  homme  adroit  et  rusé, 
diaifié  de  le  délivrer  d'Edris.  Sool^îmaQ  ben  Djoraïs  (c'était 

dtt  El  BilliB,  l'èlend  dtpnii  la  DjAbal  el  Dérju  (aoua  aToni  m  qno  c'ait  le  non 
qM  iMphu  indanDat  trlbMdoiuiBieDlirAlte*,tii»ii'l  Belnd  Ndùd]. 

t  Vo;.  d-dST.,  t  ui,  p.  SKS. 

t  y»j.m  ua»lVBtrb*yot,KU. 9At*t.,  aie 


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148  msToms  D'ESPAOïn. 

Ifl  nom  da  penoimage  qa'îla  choimrent),  était  nn  fa(«iiie 
habile,  plein,  dit-on,  de  savoir  et  d'élfxpieDce,  et  il  rénant 
d'autant  pins  aisément  à  s'iosinner  dans  las  bonnes  grâces 
d'Ëdris  et  à  être  admis  dans  son  intimité,  qn'il  n'y  avait  alors 
parmi  les  babitans  dn  Hf^reb,  tons  gens  grossiers  et  ignorans, 
personne  avec  qui  il  pût  parler  arabe  et  converser  d'une  ma- 
Dière  agréable  sur  tontes  sortes  de  si]jets.Baschid,  comme  par 
instinct,  vit  d'abord  l'étranger  avec  défiance,  et  les  soins  et 
la  vigilance  dn  fidèle  affranchi  empêchèrent  longtemps  SoD- 
léimaa  d'accomplir  son  infâme  commission.  Hais  nn  jour  qoe 
celai-d  était  senl  avec  Edris,  il  lui  présenta  nn  ilacon  odorant 
qu'il  avait,  disait-il,  apporté  d'Asie,  et  qn 'Edris  accepta  d'au- 
tant pins  volontiers  qu'on  ne  trouvait  alors  dans  le  Hagreb 
aucune  de  ces  compositions  aromatiques  dont  les  Orientaux 
font  leurs  délices.  Le  ilacon  était  empoisonné  ;  Edris  le  prit, 
et  Sonléïman,  feignant  un  besoin  naturel,  sortit,  et  se  raidit 
en  toute  hâte  chez  lui,  oil  il  |Hit  un  cheval  et  s'enftiit  sur- 
le-champ.  A  peine  Edris  eut-il  reainré  cette  pommade,  qu'il 
tomba  évanoui,  et  le  soir  du  même  jour  il  moumt  sans  avoir 
pu  prononcer  une  parole.  Aussitôt  on  remarqua  l'absence  de 
Soulëimou,  et  ayant  appris  qn'il  avait  quitté  la  ville  par  des 
gens  qui  l'avaient  rencontré  déjà  lom,  le  fidèle  Baschid  soup- 
çonna sur-le-champ  la  vérité;  il  se  mit  aussitôt  à  sa  poursuite, 
l'atteignit  au  passage  du  flenve  Monlonya,  l'attaqua,  le  blessa 
et  lui  coupa  la  main  droite,  mais  sans  pouvoir  parvenir  à  l'ar- 
rêter. 

Edris  ne  laissait  pas  d'enfans  nés,  mais  seulement  une  es- 
clave enceinte  de  sept  mois.  Baschid  assembla  les  tribus  ber- 
bères, et  leur  proposa  d'attendre  l'accouchement  de  l'esclave. 
Si  c'est  un  enfant  mâle,  leur  dit-il,  nous  le  reconnaîtrons  pour 
notre  souverain  ;  si,  an  contraire,  c'est  une  fille,  vous  dispo- 
serez de  la  souveraineté  comme  il  vous  plaira.  Ils  ;  consen- 
tirent, s'engageant  d'avance  à  choisir  Baschid  lui-même 
pour  leur  émir,  au  cw  où  KeUiira  (c'était  le  ntiin  d«  l'e*- 


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i 


dave)  ^  mettrait  an  monde  one  fille.  Au  bont  de  deux  mois 
Kethira  mit  au  jour  an  g&rçon  qni  fat  nommé  £dris  comme 
Bon  père  (£dris  ben  Ëdria),  et  reconnn  chef  anpréme  des 
croyans  du  Hagreb,  sons  la  tutelle  de  Raschïd,  qol  dendenra 
ebargé  de  la  régence  et  de  l' éducation  du  jenne  émir  dorant 
■a  minorité. 

Ceci  w  passait  en  792.  En  803  Baschid  périt  de  la  main 
d'on  assassin  payé,  à  ce  ijae  tout  porte  à  croire,  par  le  woli 
de  Kaïrooan,  Ibrahim  ben  Aglab,  dont  noos  parlerons 
tout  à  l'heore.  Bien  qa'Edris  n'eût  gaère  qae  dooze  ans  et 
quelques  mois,  il  fat  reconnu  par  les  tribos  chef  suprême 
do  Magreb,  et  il  commença  à  gouTemer  par  Ini-raéme.  La 
renommée  de  ses  bonnes  qualités,  dit  l'higtorien  arabe,  attira 
bientôt  beaucoup  de  peuples  sons  son  obéissance.  Il  combla 
d'hoDnenrs  les  Arabes,  tout  en  traitant  les  Berbers  avec  dis- 
tinction; s'établit,  se  raffermit,  malgré  les  efforts  d'Ibrahim 
ben  Aglab,  et  contracta  alliance  avec  l'émir  de  Cordone. 
Seanconp  d'Arabes  quittèrent  l'Espagne  pour  aller  vivre 
dans  ses  états.  Il  s'attacha,  entre  autres,  un  Espagnol  cé- 
lèbre, Omaïr  ben  Massab  el  Azdi,  dont  il  fit  son  vrasir,  et 
Ahmer  ben  ftfohanuned  ben  Saïd  el  Kaïsi,  de  la  fomiile  de 
K^  Ghaïlan,  dont  il  fit  son  cadl  ;  ce  dernier  était  an  homme 
pieux  et  savant,  disciple  de  Malek  et  de  SoSan;  il  passa  en 
Espagne  où  il  fit  la  guerre  contre  les  infidèles,  et  retourna 
ensuite  dans  la  province  d'Advra ,  où  un  grand  nombre  de 
tribus  berbères  embrassèrent,  A  sa  sollicitation,  le  parti  d'Ë- 
dris.  Le  nombre  des  tribus  berbères  qui  vinrent  s'établir  à 
WaliU  fut  si  grand,  que  la  ville  ne  put  bientôt  plus  les  con- 
tenir. Ce  motif  détermina  Edris  à  fonder  une  nouvelle  cité; 


■  Dtni  le  minwctlt  aiabe  de  l'HiatoIre  de  Fii  lar  lequel  a  triTiIllé  CoBde, 
•1  qui  eit  malgUniDI  4  Parti,  ectle  «kIits  mi  appelfë  Kelblri  ;  mai)  dam 
d'iulm  boDiiM  Mpiei  lu  polnli  do  Un  èUnl  chingéi,  celle  lellre  «it  deTtaue 
■n  MH»,  et  le  ra  l'eit  conierli  ea  ta,  el  11  eo  Hl  iiiiDlli  Keau,  qui  e*l  lUHl  on 
Mmniiide  teiiim«(TO]ieiel-deTeBi,  I.  m,  p.  sta). 


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150  msToauK  d'espaokb. 

il  dK^t  d'abord  nn  lien,  en  appareace  agréable,  t<^b  de 
te  Sébone;  mais  ayant  remarqaé  qae  cet  endroit  était  exposé 
aux  inondationa  da  fleure  pendant  t'hiver,  il  changea  d'idée, 
et  fit  élever  sa  noarelle  Tille  dans  nn  autre  lien,  dont  il 
acheta  le  terrain  anx  Beri>ers  qoi  le  possédaient.  On  com- 
mença les  travaux  d'édification  en  l'année  192  de  l'hégire 
(807).  Cette  Tille  reçut  le  nom  de  Féz.  Elle  fat  partagée  en 
dïTers  quartiers  ou  sections,  séparés  par  des  murailles,  mais 
aartout  en  deux  grands  quartiers,  nommés,  l'un  Adwat  at 
Karavriin  (le  côté  de  Kara'wiis),et  l'antre  Âdwat  al  Anda- 
lousiin  (le  côté  des  Andalous);  dans  celui  d'El  KaraTriin  fat 
construite  la  mosqnée  principale  (djéma),  dont  ose  riche 
TeuTe,  nommée  Fathima,  fit  les  frais  ;  une  autre  femme  il- 
lustre, nommée  Haryem,  fit  ceox  de  la  mosquée  du  quartier 
Andaloosiln,  toutes  deux  sur  des  biens  dont  elles  pournent 
l^alement  disposer  et  qu'elles  araient  hérités  de  leurs  pères 
et  de  leurs  frères.  Depuis,  dans  des  temps  postérieurs,  on 
rendit  ces  mosquées  magnifiques.  On  raconte  qn'un  jnif, 
creusant  les  fondemens  d'nne  maison,  trouva  une  statue  de 
iemme,  sar  la  poitrine  de  laquelle  se  trouvait  cette  inscrip- 
tion :  ■  En  ce  lieu  étaient  les  bains  qui  avaient  duré  mille 
ans,  et  qui  forent  détruits  pour  7  âevcr  nn  temple  dédié 
au  service  de  Dieu'.»  Âbd  el  Halim,  parlant  de  la  fertilité 
du  pays  de  Fôz,  dit  que  les  ariires  fmitiers  des  vei^rs  qni 
sont  en  dehors  de  la  porte  de  Beny-Mossafyr  et  dans  les  cam> 
pagnes  que  l'on  nomme  Uerdj-Carcaf ,  donnent  deux  récoltes 
par  an,  en  sorte  gae  l'on  mange  des  pommes  et  des  poires 
nouvelles  en  été  et  en  hiver,  et  que,  dans  le  lieu  nommé  Hafe 
el  Hassara  (des  moulins),  hors  la  porte  appelée  Bab  al  Scheria, 

1  Voyez  Aboa  UoliammeLl  cl  Ssicli  ben  Abd  el  Hallm  el  OirBiU,  <>  )>■— Fu, 
dit  Aboa  Obtid  BckTl  de  Coidoao  (mia.  irab.  de  ta  Blb).  rof.,  d*  BtMl,  p.  163, 
171),  »e  compote  de  dem  illloi  bien  dlittnctei  doni  thienne  eit  entaurie  d'une 
cDuiole  de  man  ;  ellea  lont  léDirèe)  pir  plndenn  eiotni  d'esax  eoanntM 
*nr  Im  herdt  duqneti  loal  dot  taoallDi  et  dei  ponte  Le  cOU  ippeli  Adv*l  «1 
Sitowlin  oal  Jt  l'occident  d'Adwal  il  Andalonilln, 


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(HAPtrU  QDDIZltalE.  151 

l'one  de  eell«s  âo  quartier  d'El  Karawlin,  lea  récoUet  de  tm- 
ment  et  de  blé  se  font  quarante  joors  après  let  BemaiOes. 
«  J'ai  Ta  de  mes  jeox,  dit  A]>delHaliin,dea  terres  flemëes  an 
quinze  arnl,  et  moiswiuiéea  &  la  fia  de  mai,  en  sorte  que  dans 
qnorante-dnq  joon  dles  avaient  produit  nne  bonne  récolte, 
et  ee  fat  en  l'annëe  690  (dn  3  janvier  an  22  décembre  1291), 
qui  fut  appelée  l'année  de  la  sécheresse,  parce  qn'il  ne  tomba 
pas  une  gontte  de  ploie  pendant  qaatre  mois.  On  labonra  la 
terre  à  toat  basard,  et  il  plat  à  Dien  qu'en  si  peu  de  temps 
la  récolte  fiit  telle  qne  je  l'ai  dit.  * 

Edris,  après  avoir  b&tî  la  ville  de  Féz,  étendit  les  limites 
de  son  empire  par  d'benreuscs  c(Hiqa6tes,  et  mourut  en  l'au' 
née  213(828),  Agé  de  trente-trots  ans,  laissant  douze  enfians 
mAles,  d(mt  l'alné,  a^dé  Mohammed,  fat  son  successeor.  Il 
y  eut,  sons  le  lèpie  de  eelui-d,  des  (Uscordes  et  des  guer- 
res donusUqoes  qui  affaibUrent  la  puissance  de  l'état  ;  les 
enfaus  d'Edris  oonttauèrent  néanmoins  h.  régner  jusqu'en 
365  (975—976),  comme  nous  le  verrons  dans  la  suite.  Sous 
le  r^e  de  Yayhab,  fils  de  Hohommeâ,  cinqnième  éoûr  de  la 
dynastie  des  £drisites,fat  agrandie  la  mosquée  djéma  de  Féz, 
qui  devint  une  des  plus  brillantes  de  l'Occident.  Enfin  Tabyali 
ben  EdriSjbuitième  émir  de  cette  dynastie,  se  vit  assiégé  dans 
sa  capitale,  en  l'amiée  305  (917),  par  tes  troupes  d'Obeld- 
allab,  premier  khalife  des  Fathimites,  dont  il  convient  de  con- 
sidérer maintenant  l'élévation.Tahyah  ne  parvînt  &fairc  lever 
le  siège  qn'en  payant  one  grande  quantité  d'ai^ent  et  en 
s'obligeant  h  reconnaître  Obeldallab  comme  son  soaveraia. 
Ancnn  des  émirs  d'Espagne  ne  s' étant  trouvé  en  rapport 
direct  avec  les  Aglabites  de  Kaïrouan,  nous  n'avons  rien  dit 
jusqu'ici  de  leur  élévation  ni  de  leur  histoire;  mais,  arrivé 
au  moment  oii  ils  snccombent  pour  faire  place  à  la  dynoslie 
des  Fathimites,  avec  lesquels  l'Espagne  a  eu,  dès  l'origine  de 
leur  puissance,  de  si  graves  démêlés,  nous  croyons  devoir  la 
résumer  en  quelques  mots.  Ibrahim  ben  Agiab,  ou  plus  cor- 


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15X  HISTOiaE  d'espaghb. 

rectcment  ben  A^ab',  le  fondateur  et  le  chef  de  cette  dy~ 
Dastie,  était,  ainsi  que  l'indiqae  son  nom  arabe,  fils  d'AgUab, 
guerrier  distingué,  qui  était  passé  en  Afriqne  à  l'époque  où 
Mohammed  ben  £1  AschEUh  El  Ghazéï  ;  fat  envoyé  à  la  tête 
d'une  année,  en  761,  par  le  khalife  AbouDjafor  El  Hansour, 
à  la  fois  pour  contenir  les  Beri>en,  toujours  renmans  et  prêta 
à  se  révolter,  et  pour  surveiller  l'odieiue  dynastie  des  Ommya- 
des  qui  venait  de  relever  la  tête  en  Espagne.  Le  fila  d'Aghlab 
fit  wsm  chemin  en  Afrique,  parvint  à  des  grades  élevés,  et 
enfin  le  khalife  Haroon  el  Raschid  le  nonuna,  sur  sa  bonne 
renommée,  gouverneur  de  la  province  de  Eaîrouan.  A  peine 
dans  ce  poste, Ibrahim  ben  Agbiab  sentit  one  ambition  plus 
haute  encore  s'éveiller  en  loi;  il  aspira  secrètement  à  se  créer 
une  sonveraîneté  indépendante  dans  le  Magreb,  et  il  y  tra- 
vailla avec  tant  de  bonheor,  qu'en  juillet  de  l'année  800  il 
jeta  le  masque,  fit  substituer  son  nom  dans  la  khothbah  à 
celui  du  khalife,  et  se  tint  prêt,  s'il  était  nécessaire,  à  soute- 
nir sa  révolte  les  armes  h  la  main.  Il  eut,  en  effet,  à  les  pren- 
dre bientAt  contre  Hamdys  ben  Abd  el  Bahman  el  Kendy, 
qui  s'était  élevé  contre  lui  dans  Tunis,  et  contre  on  de  ses 
propres  lieutenans  qui,  par  un  coup  de  main  hardi,  s'était 
rendu  maître  de  Ktirouan  même;  mus  il  les  vainquit  tous 
deux,  et  régna  depuis  sans  opposition  jusqu'en  juin  ou  juillet 
812  qu'il  monrot  à  l'âge  de  cinquante-six  ans. 

Ses  deux  fils ,.  Abdallah  Abou  el  Abbas  et  Zyadetallah 
Abou  Mohammed,  se  disputèrent  sa  snccession.  Abdallah 
l'emporta  et  ne  régna  que  cinq  ans.  Zyadetallah ,  qui  lui 
succéda,  eut  un  règne  agité  de  dix-neuf  ans.  Ce  fut  sons  lui 
que  la  Sicile  fut  conquise.  Zyadetallah  en  confia  le  gouver- 
nement à  son  neveu  Mohammed  ben  Abdallah,  qui  se  rendit 
maître  de  Palerme  en  835,  et  en  fit  le  siège  de  son  gouver- 
nement, qu'il  conserva  jusqu'à  sa  mort  (851  )■  La  Sicile  de- 


*  Ce  nom  en  cITct  *'jciit  «^ 


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CHAPITRE  QtllfZiÈHS.  153 

meara  todb  la  dominatien  dea  Aghlabites  jusqu'en  avril  909, 
qu'elle  passa  aux  Fathimites. 

Son  frère  Abou  el  Akkal  el  Aghlab ,  troisième  fils  d'ftrahimi 
fondateor  de  la  dynastie,  fnt  proclamé  le  jour  de  la  mort  de 
son  frère  (  1 1  join  838).  Il  régna  jusqu'à  la  fia  de  février 
841 ,  qa'il  monnit.  Aboa  el  Abbas  Mohammed,  Aboa  Ibra- 
him Abmed,  Zyadetallah  Abou  Mohammed  el  Saghyr  (dont 
le  surnom  signifie  proprement  le  petit,le  dernier  en  ordre, 
mais  doit  se  prendre  ici  pour  le  jeane,  le  second),  et  Mo- 
hammed Ahou  Abdallah  ben  Ahmed,  deuxième  du  nom, 
que  son  goût  pour  la  chasse  aux  grues  avait  fait  Hurnommer 
Abon  el  Ghoranyk  (le  père  aux  grues),  gouvernèrent  le  Kaï- 
Tonan  après  Ini  jusqu'en  902.  Yint  ensuite  Ibrahim  II,  sur- 
nommé Abou  Ischak  <  ;  puis,  Abdallah  II  (Abon  el  AUns),  et 
enfin  Zyadetallah  III ,  surnommé  Abon  Nassr,  en  la  per- 
sonne duquel  se  termina  cette  dynastie,  et  à  qui  par  con^ 
qnent  eût  plus  particnlièrement  convenu  l'appellatioa  d'£l 
Saghyr,  donnée  à  sou  prédécesseur  Zyadetallah  U. — Le 
dernier  des  Aghlabites  était  parvenu  au  pouvoir  par  un 
parricide  (en  903);  il  en  fat  chassé  par  nne  révolntion  reli- 
gieuse qni  changea  la  fece  de  l'AÊrique,  et  alla  périr  miséra- 
blement à  Bamlah  de  Palestine. 

>  Un  Anhe  ptrl*  da  ce  detnlet  d'un  ion  dognller  propre  tnx  éerinlDi  de 
«atte  niUon  :  «  A  U  mort  de  Hahunmed  Aboa  el  Ghormyk,  dit-il,  le*  hibllani 
de  Kitroein  élarent  Ibrahim  bea  Ahmed.  DIaa  Ui  bd  punil  par  lei  InlniUces  et 
|e«  Teiatloni  dont  lei  luablt  cet  imlr,  et  qnl  tarent  teUei  qn'cn  la  lornemma 
le  HaDTaii,  ou  le  Fera  du  mal.  Au  cemmencemenl  de  eon  ci^ot  11  (al  boo  el 
obierTa  la  JDslice,  penduit  eaiiron  «pi  ani.  BienUll  aprèa  11  le  IIt»  k  Mi  pat- 
■loDi  cl  i  *ea  eDDemlt,  el  répendlt  plm  de  atnz  que  lou  cani  de  n  hmlUe,  U 
commença  pu  uiaiiliier  aei  compagooiu,  *w  tectilairea  et  «ea  propres  pareBi; 
el  il  fallait  mourir  jaiqu'aui  temmei  de  m  famille  ;  il  éloii  auaai  raln  qna  cniel 
et  aTare.  Il  dJaait  de  Inl-mème  daai  eerlaini  rer*  :  «  Noua  (ommea  det  aatree, 
SU  dea  èloUea  ;  nolra  aïeul  fat  la  lane  du  ciel  i  le  ■oiell  nam  douu  H  pnla- 
■aeie  innoence.  Qnel  antre  a'éMfe  t  celle  banla  el  céleite  noblcaM?  ■  Plftl  t 
Dian  qu'il  eùi  ifcu  sniai  peu  qne  1(  ctlibrlti  de  let  fera,  de  mtnie  qne  ««  dea- 
ceodancel  Halaion  règnafntloneeimauTaia  comme  ooe  nuit  d'hlTer,  pnUqa'Il 
r^aitiigi-BeDrant.clRq  iMliet  dlx-hnlt  iain.;iH««  OBcelaeiicslaiidiflne 


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154 

Ainn  les  Édrintes  et  les  ih^hlalritGS  araieot  régné  en  Afri- 
que, dans  l'indépendance  dn  khalifat,  en  toute  sonTeraineté 
oomme  les  Ommyadea  d'Espagne,  depuis  la  fin  dn  hnitième 
siècle  josqae  dans  les  premières  années  dn  dinème.  J'ai  pariié 
d'one  rérolntion  qoi  Tint  changer,  à  cette  époque ,  la  face  de 
l'Afrique:  cette  révolution  mérite  de  notre  part  la  ping  sé- 
rieuse attention,  car  ce  fat  elle  qui  attira  en  Afrique  les  ar- 
mes de  l'Espagne  mosnlmane;  ce  fut  par  elle  que  l'Espagne 
renonrela  tontes  ses  alliances  en  Afrique,  s'accontuma  kjea.~ 
voycr  ^  à  en  tirer  des  seconrg,  et  que  l'Afriqoe  s'acootuma, 
à  son  toor,  à  se  rendre  nécessaire  à  l'Espagne^  jusqu'à  ce 
qu'elle  put  s'en  rendre  mattresse.  On  sait  que  je  Tenx  parln- 
de  la  révolntio»  gai  amena  snr  le  trdne  cette  dynastie  de  kha- 
lifes, qui  jouèrent  on  rdie  si  important  en  Afrique,  et  que 
leors  prétentions  &  descendre  de  Mahomet  par  Fathima,  sa 
fille,  a  fait  samommer  les  Fathimites. 

■  Le  premier  de  la  famille  des  Fathimites  qoi  manifet^  des 
prétentions  à  la  dignité  de  khalife,  dit  Hakrizi',  fat  Obeîd- 
allah  Abou  H<diammed,  somommé  Hahadi  Billah,  fils  de 
Mohammed  Habib,  fils  de  Djafar  el  Monsaddak,  fils  de  Mo- 
hammed el  Maktonm  (te  Caché),  fils  de  l'imam  Ismaïi,  fils 
de  Djafar  el  SAdek  (le  Yéridiqae),  fils  de  Hcdiammed  el  Baker, 
,  fila  d'Ali  Zôn  à  A}>édm,  fils  de  Houssân  el  Sebt  (le  petitrfils 
dn  prophète),  fils  de  l'imam ,  prince  des  crojans ,  Ali,  fils 
d'Abon  Taleb. 

»  Telle  est,  continae  Malcrizi,  la  généalogie  que  produisait 
ObcïdoUah,  et  qni  âait  reçue  comme  Téritable  par  un  grand 
nombre  de  ses  partisans.  Mais,  d'an  antre  côté,  elle  a  pro- 
duit parmi  les  Musulmans  one  extrême  divei^nce  d'opinions. 
Les  uns  regardaient  la  généalogie  comme  authentique,  et 
soutenaient  que  Hahadi  était,  sans  aucun  doute,  le  descen- 


■  Maktlii,  KlUb  d  HaakiSk,  mit.  arib.  d«  1«  BIbL.  107.  878,  «  diu  h  d«i- 
cripiloB  i«VtçjfU,iim.  artb.  797. 


:,.;,l,ZDdbyG00gle 


cHAHTBi  qurazE^.  155 

dant d'Ali;  d'antres  loi refosEdent  àbMdnment  cette  qaalité, 
et  prétendaioit  qne  ta  génétdogie  était  le  prodnit  de  l'im- 
posture. Qaelqaes-ims  oUërent  jusqu'à  doimer  à  Hohadi  nue 
origioe  juive.  Au  reste,  ceux  qui  admettent  comme  ceux  qui 
rejettent  U  prétention  des  Fathimites  au  titre  de  descendans 
d'Ali,  diffèrent  extrêmement  d'opinion  sur  le  nom  et  les  on- 
ettres  de  Hahadi.  Bnivant  h  piapart,  Obêdallah  âait  fils  de 
Hosam,iilB d'Ali,  fils  de  Mohammed,  fiUd'Ali,  fils  de  Monsa, 
fils  de  Djafar  el  Sàdek.  ^ 

Cette  descendance  a  été  virement  contestée  par  nn  grand 
nnnbrede  docteurs  musulmans.  Abou  Schamah,  auteur  d'une 
grande  bistoire  de  Nonreddin  et  de  Saladin',  parie  d'un  livre 
qo'il  avait  écrit  contre  les  prétentions  des  Fathimites  à  descen- 
dre de  FaUiima  ;  l'onvrage  portait  pour  titre  ■-  •  Tr^té  oit  l'on 
dévoile  l'infidélité,  le  mensonge,  les  ruses,  la  fourberie  des 
enfans  d'Obeïd.>  Le  cadi  Abon  Bdtr  Mohammed  ben  Taïeb, 
dans  on  ouvrage  intitulé  :  •  Révélation  des  sccteta  des  Batyé- 
niens;  «un  autre  cadi,  Abd  cl  DjebbarBasrijdans  an  autre 
onvrage  intitnlé  :  •  Le  livre  de  l'authentiâté  de  la  prophétie,» 
et  beaucoup  d'autres  ont  écrit  aussi  des  ouvrages  contre  la 
prétention  de  la  famille  d'Obeïd  à  descendre  de  Fathîma. 

Hahadi  Obéidallah,  suivant  l'opinion  commune,  était  de 
la  tribu  de  Eetama,  l'une  de  celles  qui  habitaient  les  mon- 
tagnes voisines  de  Tèz.  Qoclques-nns,  cependant,  prétendent 
que  c'était  un  mage  qui  avait  quitté  l'Orient  pour  passer 
en  Afrique  où  a  était  inconnu.  II  s'y  acquit  queltpie  réputa- 
tion d'abord;  il  fil  ensuite  le  pèlerinage  de  la  Mekke,  et  pln- 
lieurs  s'attachèrent  k  sa  personne.  Ses  prédications,  l'asso- 
raoce  avec  laquelle  il  parlait  de  sa  famille,  rassemblèrent 
bientât  autour  de  lui  une  petite  armée,  avec  laquelle  il  prit 
Kranmm  et  contraignit  Zyadetallab  à  diercher  une  retraite 
eu  Orient  (907).  ha  puissanoe  du  Hahadi  ne  fit  plus  qne 

■  Hil-inlnâtUBitiI.  10}.  luuttMMlenimirDTOïa,taL  in,tedo. 


>;,l,ZDdbyC00gle 


156 

s'aecroitre  depnia,  et,  dès  908,  il  prit  les  titres  d'imam  et  de 
prince  des  fidèles,  et  se  dédara  le  chef  et  le  restaorateor  da 
khalifat  légitime,  da  seol  khalifat  qui  fût  selon  la  jnstice  et 
les  yrais  principes  de  l'islam. 

Les  premiers  rapports  dn  fondateur  de  la  nou'veUe  dynastie 
avee  les  Espagnols  remontent  ani  premiers  temps  da  rë^e 
d'Abd  el  Bshmau  m. Après  qa'Obeïdallahentfait  assasnner 
le  vaillant  Abonl  Abdallah  le  StAyTle  et  son  frère,  qni  loi 
avaient  conqoU  la  puissance,  il  écrivit  aoz  scbùks  des  prin- 
cipales tribns  da  Magreb,  pour  les  inviter  à  venir  sons  son 
obéissance.  Ce  fat  alors  aussi  qa'il  écrivit,  avec  beaacoap 
de  hauteor,  an  vali  Saïd  ben  SaUij,  qui  gonvemait  la  seule 
ville  que  les  Andalons  possédassœt  dans  le  Magreb,  la  ville 
de  Nokôr.  Il  Ini  mandait  de  subir  sa  loi  de  bonne  grâce,  s'il 
ne  voolait  pas  y  être  contraint  par  les  aimes  ;  et  il  finissait 
par  des  vers  dont  le  sens  était  : 

*  Si  vous  venez  doucement  à  moi,  j'irai  vers  vous  avec 
douceor  et  clémence.  Si  vous  voulez  que  nous  mesnrions  nos 
armes,  je  vons  vaincrai  aa  combat.  Mes  épées  victorieuses 
humilieront  les  vôtres'.  ■ 

C'a  été  toujours  la  manière  des  Arabes,  même  du  temps  de 
leurs  encontre*  qui  ont  précédé  l'islaiiùsme,  de  se  provoquer 
an  combat  en  vers,  de  relever  un  défi  en  vers,  d'écrire  enfin 
en  vers  sur  toutes  choses  et  dans  tontes  les  oonditioos  so- 
dalea.rn  poète  espagnol,  un  Andalon»,  au  rapport  d'Abon 
Obeïd  el  Bekri',  originaire  de  Tolède,  appelé  El  Akhmis,  fat 
cha^  par  Saïd  ben  Salby  de  répondre  à  l'insolente  provo- 
cation do  Mabadi;  ce  qu'il  fit  par  les  vers  snivans,  composés 
sur  les  mêmes  rimes  : 

«  Par  la  sainte  Kaaba,  la  vanité  t'aveugle,  Obeïdt  Ton 
ambition  t'a  fait  impie;  car  tu  n'es  qu'an  barbare  et  un  jm- 
postenr  qui  n'as  aucune  idée  de  Diea  ni  de  sa  religion  vâi- 

■  Coi>de,c.  TC.  —  ilbfd.,1.  c. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAPITBE  QDISZltelE.  157 

table.  N«B9  suiroiu,  quant  à  naoM,  le  droit  chemin  du  pro- 
phète, et  nooB  sanrcHia  confondre  ton  orgaeil,  avec  l'ùde  de 
IHea  ;  car  nocu,  Obeïd,  nons  ne  croyons  point  en  toi.  » 

n  ne  parait  pas,  cependant,  qn'Obeïdallabi  ait  exécuté  ses 
menaces  contre  le  -w^  de  Nokôr.  Halgrë  tout  ce  qae  cette 
r^nse  du  poète  andaloo,  si  insoltante  ponr  lui,  avait  de  pro- 
Toqnant,  1m  choses  en  demeurèrent  là  d'abord  ;  le  Hahadi 
aVait  fort  à  faire  ponr  fonder  sa  puissance  en  Afrique,  et 
•on  règne  eut  de  laborieux  conunencemena  ;  ce  ne  fut  guère 
qu'en  9 1 5,  lorsqu'il  eut  bAti  Almahadia,  qu'il  put  se  croire, 
avec  raison,  assez  affermi  en  Afrique  pour  songer  à  étendre 
M  domination  au  dehors'.  Après  s'être  essayé  d'abord  vaine- 
ment contre  l'Egypte,  il  se  tourna  contre  le  Uagreb  el  Aksa, 
où  ses  armes  furent  tout  d'abord  pins  benrenses. 

"ïiAyah  ben  Edris,  en  effet,  huitième  émir  de  la  dynastie 
des  Edriaitea,  assiégé  dans  sa  captale  en  305  (917), par  les 
troupes  d'Obeïdallah,  n'obtint  la  levée  du  siège  qu'en  payant 
one  forte  contribution,  et  eu  contractant  par  écrit  l'enRage- 
lœnt  de  reconnaître  Obcïdallah  ponr  son  souverain. 

Quatre  ans  après,  soit  que  ïahyah  ben  Edris  eût  réellement 
manqué  à  ses  engagemens,  soit  sons  prétexte  qu'il  y  avait 
manqué,  Obeïdallah  envoya  une  armée  dans  le  Magreb.Cette 
armée  vainquit  Yahyah,  le  fil  prisonnier,  et  s'empara  de  Fôz, 
où  l'émir  édrisite  dépossédé  fut  promené,  enfermé  dans 
une  cage  de  bois,  sur  le  dos  d'un  chameau. 

Le  général  d'Obeïdallah  qni  commandait  cette  armée 
s'^pelait  Hossalaj  il  était  de  la  tribu  des  Beny  Habonss,  de 

I  Ce  n'9«,  t  es  qn'il  parait,  qo'i  daltr  da  la  rondalion  de  JKtiludIi  qu'Obei- 
dilbb  wmbiB  compMr  loi-mSme  lar  u  fOrliuie.  «  El  Uahadj,  dluDt  Ici  hliio- 
tiuu  inbc*,  puMil  par  la  cdW  (nrWkji,  aperful  no  endrall  Kmblabla  h  dm 
pUninl*  unie  an  codiIdïhI  pir  nn  Tubme  tirait,  comma  la  main  ail  ioinu  an 
bru;  cal  eodrolL  lui  plut,  ai  U  ardooni  qn'oo  y  bSltt  pne  tUé  aTtc  ûet  mnia 
toïUBéi  et  DiDqote  da  tonrj,  al  de  grandta  porta*  de  bronie  dont  cbacDoo  peialt 
eaat  qulniani,  at  XI  Habadl  y  ètablli  md  armée.  Lea  IraraDx  rareDL  eommcDeéi 
le  HDiedl,  tlnet-dnqnièine  jonr  de  djoalkadi  305,  el  loraqn'll»  tarent  tenniuti, 
U  dll  ;  K  J«  pal»  piiiii|«ittD|  TjTrs  en  Mireli  en  Alriqv*.  • 


>;,l,ZDdbyG00gle 


lis 

Itxhubiah.  fsrtà  Im  offiouim  qui  l'araifink  le  mem.  MocMiAé 
dans  cette  campagne,  forait  nu  certain  Moasa  beo  Aboa  ta 
Lafija,  Kfaeik  distingué  et  paiaiaat  de  la  même  contrée. 
Mossala  ne  crut  pooToir  mieux  faire  que  de  nommer,  araot 
de  a'en  retoomer  ik  Hahadia,  ce  Houia  hea  Aboa  el  Lafiya 
irali  général  du  Hagreb  d  Àlua  ponr  le  Uialife  fathimite. 

La  ville  de  Fëz  fut,  toutefoii,  placée  sooa  le  commandem^tt 
particoUer  d'un  o»tain  Bybhan,âéToné  ji  la  cause  dn  Hahaâi. 
Pendant  quelque  temps  Byhlum  maintint  Féz  dans  l'obâ»- 
HnœdnkhaUfe  qu'il  servait;  mais  en  310  (922)  ËlHassni, 
fils  de  Mohammed,  fils  de  Ehasfan,  etc.,  Sis  d'Ëdria,  entra 
secrètement  dans  Fëz,  accompagné  de  quelques  chefo  illus- 
tres, et  s'7  fit  reconnaître  et  prodamer;  le  wali  Bybhan 
n'eut  cpe  le  temps  de  prendre  la  fuite.  Maître  de  Féz,  El 
Hassan  fut  en  peu  de  temps  reconnu  par  les  tribus  berbères 
delewâtabjde  Safar,deMadiouna,âeModainetdeBBMera; 
il  rassembla  une  armée  avec  laqnelle  il  se  porta  contre  Hoosa 
ben  Abou  el  Lafiya,  qu'il  rencontra  non  loin  du  "Wad  el  Moa- 
hen.Un  combat  saillant  s'engagea  entre  eux,  dans  lequel 
Honsa  perdit  deux  mille  trois  cents  hommes  et  son  jeune  fils 
Sabal,  Mais  la  trahison  d'un  wali  qui  s'empara  de  l'énriTTain- 
quear,  par  surprise,  daiu  la  nuit  même  qui  suivit  son  retenir 
ft  Fêz  et  y  appela  incontinent  Mousa  ben  Abou  el  Lafiya,  livra 
la  perso  nne  et  l'empire  d'El  Hassan  à  celni-ù  :  £1  Hassan  fut 
précipité  da  haut  des  marailles  du  quartier  d'El  KAraTviin 
et  monmt  trois  jours  après  dans  le  quartier  Andaloonin,  oii 
il  se  réfugia  à  demi  mort  dans  la  maison  d'un  scheib,  ami  de 
sa  famille.  El  Hassan  avait  r^é  àFéz  à  peu  près  deux  années. 
Mousa  ben  Abon  el  Lafiya,  aprte  s'être  rendu  maître  de 
Fêz  comme  nous  venons  de  Je  voir,s'empara  de  presque  tout 
leMagreb  el  Aksa  (313— 926). 

Ces  mouvemens  et  les  progrès  des  Fatbimitea  dans  le  Ma- 
greb  «1  Awsal  furent  vus  avec  inquiétude  par  Abd  el  Bah- 
man  et  par  le  diwan  de  Cordoue.  Le  développement  de  la 


>;,l,ZDdbyG00gle 


1S9 

Burine  du  Hahadl  dans  la  Méditerranée  ne  laÎMâit  pas  non 
plus  de  Icar  caoter  qoelqne  alanne.  Ce  fat  nr  ces  entrefiiitcs 
qn'arriv&reDt  à  Cordone  des  envo^éa  chargea  de  soUHàter  l'in- 
terrentioD  des  Eipagools  en  faveur  des  Edrii.  Abd  el  Bab- 
mao  yH  là  l'occasion  on  le  prétexte  qa'il  cherchait  d'inlerrenii 
en  armes  dans  les  affaires  da  Hagreb,  pour  y  contrébalau* 
eer  tes  progrès  dangereux  ponr  sa  paissance  qu'y  disaient 
les  Fathimttes.  Avuit  tout,  il  ex^ea  qn'on  lui  liTrAt.en  tonte 
flouferameté,  et  en  ^elque  aorte  comme  indemnite  prélimi- 
naire de  la  gBerre,Ie8  villes  de  Ceate  et  de  Tanger,^ns  le*- 
qnellea  il  mit  anssitAt  de  fortes  gamisoDs;  il  donna  ordre 
en  même  temps  au  wali  de  MaJi(H*qne  Djafar  ben  Othman  et 
à  El  Okaïly,  émir  de  ses  TaisBeanx  dana  la  Méditerranée,  de 
passer  en  Afrique  avec  des  forces  soffîsantes  ponr  y  tenir  télé 
au  besoin  aux  générant  do  Habadi.  Qaant  à  Hoosa  ben  Aboa 
el  Lafiya,  VhenreQx  occupant,  on  si  l'on  vent,  rasnrpatear 
da  trône  des  Edria,  Abd  el  Bahman  jngea  convenable  de  ne 
le  point  traiter  en  ennemi,  et  de  s'en  faire,  au  contraire,  on 
allié  intéressé  contre  les  projets  da  Fathimite.  Monsa  promit 
tout  ee  qu'on  voulat  anx  Espagnols,  qa'il  craignait  et  dont 
il  avait  besoin. 

Les  Edris,  cependant,  s'étaient  réfugiés  dans  Hidjar-el- 
Honsoar  (le  Rocher  des  Aigles)  forteresse  inaccessible  bdtie 
par  Hofaammed  ben  Ibrahim  ben  Mohammed  el  Ehasem  ben 
Edris,  et  si  élevée  qu'elle  se  cachait  dans  les  nnages. Monsa 
ben  Abon  el  Lafiya  les  7  assiégea,  et,  à  ce  qu'il  semble,  il  eût 
pn  les  y  réduire,  s'il  n'eût  avoué  que  son  dessein  était  de  faire 
périr  tons  les  Edrisites  ;  ce  à  qnoi  s'opposèrent  les  scheiks 
mêmes  et  les  principanx  officiers  de  aoa  armée.  •  Voudrais- 
tu,  par  hasard,  anéantir  jasqu'aa  dernier  reste  des  descen- 
dans  du  prophète,  et  les  faire  toer  tous?  Nous  n'y  consenti- 
rons point,  Ini  dirent-ils,  nons  ne  le  permettrons  point  ' .  ■ 

El  Lafiya  n^ligea  dès-Ion  le  siège  d'Hidjar-el-Nonsonr, 


>;,l,ZDdbyC00g[e 


160  msTomz  d'bspaabb. 


t  dcmnt  la  ^rface  soa  lieutenant  Aboal  Fatiuh  el 
Tétool;  avec  nûUe  cavaUen  pour  empét&er  les  £dmtes 
d'en  lortir,  il  «rendit  à  7tx  ra l'année  317  (929 — 930). 
A  F£z  HonsB  ben  Âbon  el  Laflya  gouvema  en  mattn,  fit  ftter 
la  vie  an  waU  da  quartier  des  Andalous  poor  le  khalife  fathî- 
mite,  et  le  donna  à  on  sdieik  dérooé  à  Ba  caose,  et  il  donna 
le  goayemement  da  quartier  d'El  Karawiin  à  son  propre  fila 
Hodin;  il  partit  ensuite  pour  la  prorince  de  Tlemcen,  et  la 
conquit  sur  l'édriaite  qui  la  possédait,  nommé  El  Hassan  ben 
Àbou  el  AïBch  ben  Edrii  el  Hassani;  £1  Hassan  se  retira  dans 
la  ville  de  Uelylab,  située  sur  la  côte,  près  de  l'entrée  dn  vad 
lIoulouya,et  s'y  fortifia  en  attendant  que  le  sort  eût  décidé  de 
la  fortune  de  sa  race.  Honsa  ben  Abou  el  Laûya  s'empara 
successiveueut  de  tout  le  Uagrd>  el  Aksa  jusqu'au  détroit,  au 
point,  qu'effrayé  lui-même  de  ses  succès,  et  craignant  de  ne 
ponToir  soutenir  seul  le  poids  de  tant  de  conquêtes,  il  les  mit 
sous  la  protection  dn  khalife  de  Cordone,  qu'il  fit  proclamer 
dans  la  khuthbah,  dn  haut  de  toutes  les  chaires  des  mosquées, 
à  Féz  et  dans  les  princ^es  villes  do  Magreh.Uoosa  se  dé- 
termina à  reconnaître  ainsi  spontanément  Abd  fi  Itahman  QI 
pour  son  souverain  dans  la  loue  de  schahan  320  (du  6  août 
au  3  septfflobre   32). 

La  pouvelle  de  ces  événemens  arriva  à  Hahadia,  et  Obâ- 
dallah  le  Schyyte  en  conçut  un  vif  dépit;  il  envoya  bientôt  ses 
généraux  avec  une  nombreuse  année  dans  le  Uagreb  :  Ha- 
mid  ben  Sobaïl,  son  heutenant,  combattit  avec  snccès  contre 
Honsa  ben  Abou  el  Laflya  qni,  vaincn,  se  réfugia  avec  ses 
troupes  dans  la  forteresse  de  Ain-Ischak,  au  pays  de  Tésoul . 
Hamid  marcha  sur  f  èz,  et,  avant  qu'U  y  arrivât,  Modin,  fils 
de  Mousa  ben  Abou  el  Lafiya,  prit  la  jFoité.  Hamid  entra 
à  Féz,  en  donna  le  gouvernement  à  Hamed  ben  Hamdam, 
et  s'en  retourna  dans  la  province  d'Afrique  (321 — 932 
on  933  ).  Mais  le  wali  de  Nokôr,  Ahmed  ben  Abou  Bekrl 
ben  Abd  el  Bahman  ben  Salby,  n'eut  pas  plutôt  connaiB- 
lanee  de  ion  départ,  qu'il  marcha  en  diligence  sur  Féz 


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CHAPITRE  QvmxàaiB.  161 

avec  aeg  Aiidaloua,la  prit  d'aisaat,  et  y  fit  passer  an  ftl  de  l'é~ 
pée  Bept  mille  soldats  d'Obeïdallah  le  Schyyte;  il  fit  ôterla 
vie  à  Hamed  el  Hambdani,  M  fit  couper  la  tête,  l'enToya  à 
Monsa  ben  Abou  el  Lafiya  par  son  fils,  qni,  à  son  toar,  l'en- 
voya à  Gordone,  pour  qu'on  la  présentât  au  khalife  comme 
on  bommage  à  sa  souveraineté,  en  même  temps  que  comme 
QB  témmgnagc  de  ses  «accès  dans  le  Hagreb.  Abd  el  Babman 
envoya  aussitôt  la  commission  de  gouverneur  de  Féz  à  Abmed 
ben  Bekri,  qni  demeora  dans  cette  ville  sous  la  protection 
da  khalife  de  Cordoue  et  de  Hoosa  ben  Abon  el  Laûya,  jus- 
qu'à l'arrirée  de  M aysour  el  Féthy,  général  d'Abonl  Khasem 
le  Schyyte,  fils  et  successeur  d'Odâdallah  el  fatliemi,  plu- 
siears  années  après. 

Les  nouvelles  de  l'benreuz  snccès  des  armes  d'Abd  cl 
Bahman,  dans  le  Hagreb  el  Afcsah,  causèrent  nUe  grande  joie 
en  Espagne  :  mus  elle  fut  bientôt  troublée,  à  Cordoue,  par 
les  avis  du  irali  de  Mérida,  annonçant  la  défection  d'Ommyab 
ben  Ischak  Abou  Yabyab,  dont  le  khalife  avait,  on  ne  sait 
pour  qocUe  cause,  fait  mettre  à  mort  le  frère,  Mohammed 
ben  lBchak,'waBir  de  son  conseil.  Ommyah  ben  Ischak  Abou 
Tabyah  était  caïd  de  Scbantarln  (Santarem)  '.  Pour  venger 
son  frère,  il  passa  sons  l'obéissance  du  roi  Badmir  de  Galice, 
roi  des  chrétiens,  entraînant  avec  loi  un  grand  nombre  de 
yaillans  Musulmans  des  frontières,  et  livrant  aux  ennemis  tou- 
tes les  forteresses  qni  dépendaient  de  son  gouvernement.  C'est 
Mosoudi,  écrivain  arabe  contemporain,  qui  nous  apprend  ces 

I  Totu  l«i  hittarlesi  Bipignale,  j  compiU  Marilen ,  fom  OmiUTib  ben  Uebit 
Aboayibjab,  déd^idinila  cfaronlqoe  de  BusflTQi  pir  l«  nom  d'Abolahla, 
«ill  de  StrcegoHc,  milerf  \e  leiie  ronuel  da  Huoodl  ei  iu  anlrei  écrlniu 
mbe*.  On  111  ta  cOèl  dans  Samplnu,  q«e  le  roi  aylnl  uumblj  une  innée,  u 
paru  aar  CauraDgiiiU ,  qui  eil  bien  Suesoua  (Rsuimini),  tODgregalo  eirt- 
tlla,  CatampMUm  peireilt^j  mili  ce  ne  pant  élra  ih  qa'aoe  fsula  de  eopiite, 
qal  enia  la  C»laraug»itaat  là  ob  l'éfeqne  hitUrlen  itiU  mil  SmiTitainigaiUm, 
Hou  inroni  lien  de  noai  conralDcie  plw  bu  qa'iincno  leita  ancien  n'i  tti  plni 
flchenKoient  dÉDsnri  par  dei  Tinlei  de  ctUe  nilar*  qaa  celni  de  l'iTêqne  Saob 
plru. 

IV.  11 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


169  VmmOE  DESPAGAf. 

particularité  Masoudi  eit  aoteor  d'en  ouvrage  iipportaiU,  ifl-; 
tstnté  :  Haurou^}  tl  Dsahab  ioit  Maaden  el  Djiouhar,  les  prai- 
ries d'or  et  les  mines  de  pierres  puétàtstae»,  bisUâre  univer- 
selle par  Abonl  Hassan  Aly  beo  el  Kluur  ben  W^  ittn  Abd  d 
Babman  bea  Abdallab  ben  Hasoud  el  Hadheli  Saheb  d  BeBoul 
el  Hasondi^  car  tel  eAt  k»  nom  en  aralw  i  il  Privait  vers  l'an 
33C  de  rbdgirc  (947  de  J.-C.}.  sops  le  khalifat  de  Hotliii 
Kllab ,  et  habitait  Fostat  en  Egypte.  Suivant  d'HedKlot,  il 
monrat  aa  Caire  (l'année  mdiae  de  sa  fondation  on  de  aoa 
achèvemenl) ,  en  349^derhégire,  de  J.-C.  957,  dix  ans  aprâv 
avoir  donné  son  ouvrage  Mfasondi  était  fort  instmit,  et  s'é- 
t«it  procuré  jusqu'à  des  notions  sur  les  rois  dn  Frandjat.  U 
parle  diins  son  livre  de  Clondié  (Clovis),  de  Tadri  (Thiear;), 
de  Dakbeïrt  (Dt^diert),  de  BouBoa(Bozon,  roi  d'Arlrâ), 
de  Bébyn  (Pépin-le-Bref),  de  Khalra  (Charle*),  de  Lodolk 
el  Bagvrir  (Lonis-le-Bègne),  et  termine  (à  l'an  332  de  l'hé- 
gire —  943  de  J.-C.)  la  liste  et  la  cbroniqae  des  rois  franlu 
par  Lodmk  (Lcoiis  d'Outremer)^.  C'est  cet  écrivain  estimable 
que  ncHHl  avons  particnUèrement  consulté  poor  les  faits  de 
ce  temps,  et  qui  nous  servira  de  guide  dans  la  relation  des 


1  Od  poMJde  deni  Iréi  bommanaRrlti  da  HoaroadJ  el  Diihab  de  Hntoudl 
à  11  BflilloCh.  roT.,  Ip-^ol.  n<>  083  et  ti»B,  tDcl«D  fond. 

.  1  HMondi  avait  puiri  le*  fonnaluincei  inr  l'bltlolie  ds  Fnnee  d*Ds  nu  llTtc 
qui  lui  éiait  lombé  entre  las  mdn»  iFoslit,  en  IMS,  Dt  dont'un  p'monnige  tmiu- 
nif  Gûdmar,6ï*qpB  d'une  tHIc  lilnéBinr  li  rrontiére  des  Fnnks,  nr(ltrailprê> 
«cnl  i  Bl  a«kem,  Bl»  d'i^d  el  ^fli«iaD,  millrt  du  pïji  dei  And»loiu ,  i  te  qnll 
noui  apprend  Inl-niiiiie.  HoDi  troDTOiti  eETectlTeraenl  doni  Thiilotre  qnVI  v 
■tait  Tera  celte  ipoque  un  tiêqae  du  nam  de  Godmtr  du  plua  eiiclemeiit 
Godemar,  qnl  pOD^sit,  bien  ({s'il  apparUDt  an  paya  dw  Tram»,  aïoic  ea  dei 
rapporta  aTee  Cordoae.  ■  Ll  pr^lncB  ecdfsiailiqne  de  KarboiiTie  .dil  l'anlear 
de  rnigtolre  de  Languedoc  [I.  n ,  p.  79),  outre  \e»  dix  dloc^ei  dont  elle  était 
compaàép  eti-d»çà  de»  pyrEaém,  en  comprenait  encore  (en  9S7)  quatre  lutrea 
•n-delli  de  cet  montagne!,  dani  la  Harcbe  de  l'Eapagn»,  Htotr  cent  de  Barce- 
tàhe,  de  Glronne,  dlTrgel  et  d'Attaonc,  asna  eomptir  t»\\ii  de  Fallhara  on  de 
Vlliagorça.  qui  dépendait  eu  quelque  niau<«re  de  cetnl  dUrgel.  Le  premier  de 
cet  quatre  tiègn  était  alon  renplf  par  WHIeran,  le  «seond  par  flodemar,  b 
irDltlJme  par  Wla«de ,  el  le  qatirléDM  par  Wadamir.  n  —  Vctbï  hmI  HirCN 
^prc PUp., p.  MT et ftii,et  NabJU., »Aum.KV,a.$l. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CB&PITBB  QUIHZIEME.  163 

gaerres  «t  des  combats  qui  vont  suivre.  Coodc,  h  ce  qu'il 
semWejiv  puisé  à  d'autre»  sonrccs,  cerlainement  moins  sùrei; 
noDB  l'aTons  néanmoïiiB  consulté  aussi,  et  quelqucfuia  suivi. 
Enfin  nous  n'avons  rien  admis  des  récits  des  Arabes  qui  ne 
pût  s'accorder,  an  moin»  à  la  rigaenr,  avec  ceux  de»  chré- 
tiens, OQ  plutôt  avec  celoi  de  l'évéqae  Sampirus,  qui  seol  ici 
les  représe^Oe. 

En  937,  on  pent-étre  an  commencement  dn  printemps 
9ZSi  Onunyah  ben  Iscbak  Abon  Yabyah,  par  les  motifs  qae 
nous  venons  de  dire  d'après  Masoudi,  avait  donc  fait  alliance 
avec  Ramire,  et  l'avait  engagé  à  faire  la  guerre  an  khalife. 
Sur  »on  invitation,  Ramire  était  descendu  de  ses  montagne», 
avait  franchi  le  Duero,  était  venu  prendre  possession  du  pays 
et  de»  iort»  que  lai  livrait  Abou  Yabyah,  et  avait  poa»»é  ses 
courses  dans  les  campagnes  de  la  Lusitanie  jusqu'à  Mérida 
et  &  Baâaioz.  An  retour, il  ravagea  et  pilla  les  campagnes  de 
làsbonne;  après  quoi, satisfait  de  son  expédition,  le  roi  chré- 
tien  avait  regagné  triomphant  sa  capitale  ■  .C'était  de  ces  fait* 
gae  le  waJi  de  Mérida  avait  donné  avis  à  Cordone.  El  Mo- 
dbaffer,  dans  ce  premier  moment,  réanit  les  guerriers  de 
quelques  tribus,  et  se  porta  vers  le  Buero;  mais  ni  le» 
chrétien»  ni  le  rebelle  Ommyah  ben  Iscbak  ne  se  présentè- 
rent contre  lui,  et  il  revint  par  Mérida  à  Cordone,  chai^  de 
(pielqucs  dépouilles  qui  firent  cooddérer  comme  heureuse 
une  expédition  qui  n'avait  été  marquée  par  aucune  rencontre 
avec  un  ennemi  sérieux.  Ommyah  beu  Iscbak  avait  pourtant 
été  laissé  à  Sftntarem  par  le  roi  Bamire,  à  la  garde  des  for- 


)  Poil  bac  Tira  BiDiralml ,  confreeito  neidla  ,  CMnrouEDMain  (  Id  Mt 
EmcrlluneuilBin)  perrsxil.  R«i  quldcm  SamccDorum  nomlae  Aboialili  ItegI 
■agno  niDlmira  coll*  intimlill,  el  omnPin  terrain  dlLionl  Ragii  aoslrl  inbju- 
(■Tlt.  Abderrteluun  Rtgl  sno  Gardaboiui  mentildt  ni,  et  Rrel  Caihollro 
ïun  omnibai  soit  *e  iradidil.  Rex  ip<c  noiWr,  dI  erai  forlii  cl  potcm,  amiila 
Culclla  Aboishia  qos  liebebat  {dT^iU  cdomnil,  el  llll  indiilil,  ci  rarcniu  cjl 
k^ODCm  atta  latfBM  TitiBrU  (  Sampir.  Cbr.,  aniD.  22).  —  CoapUM  nec 
fmt,  1. 16. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


t64 

resses  de  sa  province,  la  plapart  Bitaëes  gar  le  1^,  et  El 
Hodhaffer,  aa  lien  de  courir  ploB  Ipîn  qa'i]  De  fallait  et  jtu- 
qa'aux  bords  da  Doero,  comme  nous  le  dît  la  chroniqae  dd 
Conde  ' ,  aurait  pu  l'attaqner  sur  le  llié&tre  .même  de  sa  ré- 
bellion; niaia  il  oe  s'était  pas  senti  assez  en  force,  à  ce  qv'i] 
parait,  pour  le  tenter,  et  U  était  revenu  à  Cgpedoue  pour  y 
concerter  avec  le  khalife  et  le  diwan  les  moyens  de  venger 
les  déprédations  commises  par  le  roi  chrétien  josqne  soos  les 
murs  de  Mérida,  et  de  punir  le  -wali  rebelle  qui  avait  attiré 
ce  redoutable  ennemi  sur  les  terres  des  Musnlmans. 

En  l'année  326  (de  novembre  937  à  octobre  938),  te  kha- 
life ordonna  que  les  troupes  d'Andalonsic,  de  Hërida  et  de 
Tolède  se  réonissent  sur  la  frontière  de  Galice.  La  terreur 
s'était  emparée  de  la  Lusitanie.  Tous  les  penples  riverains 
do  Duero  retiraient  leurs  troupeani  des  hords  du  fleave,8e 
réfogiaient  dans  les  villes  et  dans  les  lieux  fortifiés.  Il  fallait 
imposer  aux  chrétiens  qui  inspiraient  des  darmes  si  vives. 
Sur  l'ordre  du  khalife  toute  l'i^pf^e  musulmane  se  mit  en 
mouvement  ;  de  tous  câtés  les  caïds  assemblaient  leurs  sol- 
dats. La  prédication  de  la  guerre  sainte  fut  mise  à  l'ordre 
du  jour  des  mosquées  ;  de  tous  c6tés  arrivaient  sous  les  dra- 
peaux des  hommes  en  armes.  Les  chemins  étaient  couverts 
de  troupes  et  de  matériel  de  guerre,  de  mulets  de  bdt  et  de 
charrois  chargés  de  provisions.  Le  rendez-vous  général  de 
l'armée  fut  fixé  à  Salamanqoe,  et  en  peu  de  mois  ta  ville, 
les  bords  do  Tonnes  et  les  campagnes  d'alentour  formèrent 
un  vaste  camp  où  figuraient  des  Musulmans  de  tontes  les 
provinces  d'Espagne.  An  commencement  de  l'année  327  les 
bannières  de  tontes  les  capitainies  étant  réunies,  les  vralis 
proclamèrent  l'eldjihed,  et  l'on  n'attendit  plos  qoe  l'arri- 
vée du  khalife  pour  commencer  l'invadon.  Abd  d  Bahman 
partit  alors  de  Cordooe  avec  sa  garde,  et  l'élite  de  la  ca- 


>;,l,ZDdbyG00gle 


coapitkb  QuraziÈMB.  165 

Valérie  andaloose.  Le  prince  El  Modhaffer,  son  onde,  par- 
tit en  même  temps  de  Mérida  à  la  tôle  d'an  corps  nom- 
breoi  de  cavaliers  de»  Algarvea.  Au  commencement  du 
mois  de  aafar,  c'est-à-dire  dan»  les  premiers  jour»  de  dé- 
cembre 938,  le  khalife  arriva  au  camp  de  Salamanque  avec 
le  cortège  de  ses  scheiks  et  accompagné  dn  diwan  de  Cor- 
done.  Il  Tiflita  et  reconnnl,  avec  son  oqcIc  El  Modhafter, 
les  nombreux  campemens  ou  doawarah  '  établis  aux  envi- 
ron» de  Salamanque  et  sur  les  bords  du  Tonnes ,  et  les 
encouragea  lui-même  à  la  guerre  sainte.  El  Modhaffer  et 
lui  réglèrent  l'ordre  et  la  disposition  des  troupes  pour  la 
campagne  qa'ils  méditaient.  L'ensemble  de  l'armée  se  com- 
posùt  de  plus  de  cent  mille  hommes  de  tontes  armes,  que 
l'on  forma  en  trois  division».  La  première  ftf  placée  sous  le 
commandement  d'El  Modhaffer-,  la  seconde  sons  celui  du 
ivbU  de  Badajoz,  Obéidallah  ben  Ahmed  ben  laly  ben 
Woheb  el  Gortbobi  (de  Cordoue);  la  troisième,  enfin,  fut 
coomiandée  par  le  khalife  Abd  el  Bahman  lui-môme  assisté 
des  walis  de  Tolède,  de  Valence  et  de  Tadmir  en  qualité  de 
liealenans. 

Il  avait  fallu  quelques  mois  pour  l'achèvement  de  tous 
ces  préparatUa ,  et  ces  dispositions  ne  durent  guère  être 
prises  qu'au  printemps  de  l'année  939.  Ou  se  rapprocha 
alors  de  la  frontière.  L'immense  armée  se  mit  en  mouvement, 
et  passa  le  Duero  sans  rencontrer  de  résistance,  à  ce  qu'il 
semble,  entre  Toro  et  TordesiUas.  Elle  se  répandit  au-delà 
comme  un  torrent,  faisant  sur  son  passif  le  ravage  des 
tempêtes.  Plusieurs  forteresses  des  ehrétiaiB  furent  rasées 
00  brûlées,  entre  autres  Bebat  et  Amaya;  quelques-uns  nom- 

■  DowKarak  oa  ilevari.  GolJni  Ici  déflnil  :  TfnlaTÎOTUia  orUailarit  ci'mt 
façmqHt,  qMlti  Scmila  habilare  (ulenl,  boorg  oa  rillige  compoié  da  lenlti 
TtBctoi  en  uTtle,  dml  ks  ScinlM  odI  eoalume  il«  faire  Kan  hibfUiioM; 
euipi  TDliiiu  dei  Bedonioiidnnl  lee  tnilM,  p'intèu  «n  rond, s'atHrent  da 

cM  de  11  Mckks  (du  kible). 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


tô6  atSTOOE  D'ESPAOïn. 

ment  aussi  Oima,  Aranda  et  San-Sstevan  de  Gormaz;  el 
après  ces  coorses  hearenies ,  elles  Tinrent  mettre  le  riége 
derant  Zsmora,  et  dressèrent  leors  tentes  le  long  da  Doéro. 
La  até  était  merreiUeoseroent  forte,  enceinte  de  sept  mu- 
railles, â'nne  solide  et  ancienne  stractnre,  ouvrage  des  rois 
(irécédeiu,  avec  de  doobles fossés,  larges, profonâB,etrénip)is 
d'eaa ,  et  die  était  défendae  par  les  pins  vaillana.  des  chré- 
tiens, nous  disent  les  Arabes.  Elle  résista  d'abord  aox  atta- 
ques d'Abdallah  ben  Gamri  et  du  vali  de  Valence  chaînés 
particulièrcnicnt  de  diriger  les  opérations  dn  siège.  Les  sor- 
ties des  assi^eans  pouvaient  peu  de  chose,  toutefois,  con- 
tre la  masse  des  tiraiUears  et  des  archers  artbea  qui,  au 
moindre  signal,  sortaient  en  fOule  de  leurs  tentes,  la  lance 
et  l'arc  à  la  mail,  et  les  poursniTaicait  montés  sur  des  cheiaax 
légers,  jusqu'à  l'entrée  de  la  ville. 

Le  roi  de  Galice  Radmir,  cependant,  avait  assend)lé  aussi 
de  son  cAté  une  armée  considérable.  Il  avait  réuni  les  hom- 
mes de  guerre  de  toutes  les  régions  sur  leiQuelIes  il  exerçût 
quelque  influence  ou  qn'il  lui  avait  été  donné  de  déterminer 
à  le  suivre.  Le  Trali  de  Santarem  Onunyah  ben  Iscfaak  Âbou 
Yahyah,  cause  preorière  de  cette  guerre,  faîBdl  partie  de  l'ar- 
méo  de  Ramire  et  commandait  on  corps  de  cavaliers  mu- 
sulmans qui  l'avaient  suivi  dans  sa  'tféfeotion.  Garcia,  roi  de 
Navarre,  et  même,  à  ce  qu'il  parait,  sa  mère  Teuda,  le  comte 
de  Castille  Ferdinandas  GundisalTi ,  tous  ceux  de  GaUee  et 
d'Albaskande  en  on  mot,  pour  parler  comme  les  Arabes, 
s'étaient  réunis  vers  Surgos,  pour  se  porter,  de  concert, 
contre  l'armée  qui  assiégeait  Zamora'. 

Instruit  de  leur  marche  et  de  leurs  projets,  El  Modbaffer, 
avec  sa  division  forte  de  quarante  mille  hommes,  s'avança  à 


■  Lca  nDLeuri  arabes  nommeDi  U  ni^ra  de  GucI*  da  Namre  (ray.  HakkHj, 
n-  704,  toi.  DO  veiso)  Thautbefi,  Toalkeii.  Et  Ih  erudei  aniulu  d«  SaloUGaU 
qui  la  ooramoal  Begina  Teïa,  ïonl  jutqii't  lui  aUrlboer  U  MttlW  i'UA  cL  Uf' 
mon  (tuyii  Sloonmenia  Uùiorlc  Gernuica,  l.  i,  p.  78j. 


>;,l,ZDdbyC00gle 


CHÀPITBi  QUUUiMB'  ™' 


h  lehoontré  des  chrtaenB,  initi  par  la  toWon  4»  « 
dait  le  khaHe  en  peMonne,  forte  d-trn  égal  nombre  de  «om- 
banam.parmi  le«iael.  était  TëUle  de»  caTallcre  de  Cordwie. 
AMallah  ben  Gamri  et  le  -mlll  de  Valence  turent  lalMé»  «wo 
Tingt  mille  hollmes  «m»  le.  mura  de  ïaiBora  pour  en  conu- 
nner  le  siège.  ^ 

Les  édaireuK  des  deui  armée»  se  rencontrèrent  sur  le» 
bords  d-nne  ri-.ière  qoi  conle  «rs  le  Dnero  (la  Pisuerga),  en- 
gagèrent nne  légère  escannouche,  et  se  retirèrent  chacnn 
ver»  leur  camp  respectif. .  Il  y  eut  le  jonr  «nivant,  disent  le. 
récils  arabe»,  une  éclipse  effrayante  «im  convril  la  Imnlère 
dn  soleil  d'une  obscurilé  jaunStre.en  plein  jour,  et  qui  rem- 
plit dhorrenr  et  deftrol  le  cœur  des  jeunes  gens  de  larméc, 
qui,  de  leur  ™,  n-ament  rien  vu  de  Kimblable  ■ .  ■  les  cbni- 
«ens  ne  sont  pia  moins  eipUcitea  sur  celte  circonstance 
qui  sert  i  faer  la  dalo  de  la  bataille,  et  Sampiru»  la  men- 
tionne expressément  ».  Nous  ne  dirons  rien  de»  prodige» 
eitra-natnrel»  que  rapportent  le»  cbronlqne»  espagnole»  pos- 
térieure» i  eUe»  sont  d'un  temps  où,  sur  le»  faitt  aneiebs, 
l'imagination  de»  écrirain»  se  donnait  yolontier»  carrière 
eaos  scrupule^. 

I  CaDdo,  c  80.  „      , 

1  PMlMAMBrrachnuD.rei  Coraobwilil,  ïum  nugno  .lerettn  BeptimuieM 
ptop«t«K.  Tooo  oïlïBdil  neni  ■Isboib  nnfn»»  '"  =«•'»»  *'  «i""™"  ^'  ""j  '" 
HnebEBslnpnlïanoiniiiidoper  iin«mlior«n(8»nipîr.  Chr.,inioi.  M).  I^ 
cnad«B  AnDBlei  do  Silnl-Gall  (ad.  ana.  839)  oat  aaiil  conatgnè  la  Tait  de  l  é- 
dlpaa  at  de  la  baUiae  ;  lealament  elïea  aa  Iniapcnt  an  metianl  l'une  la  m  mo 
lanTane  l'.mre,  el  en  allnb.a.l  la  ane.J.  J.  ..11.  l.nr.ée  1  U  t.lna  T.,.  de 
L.;,.  :  -  E»l„.l.  ..H.  I..1.  ..l  .1...  h.™  l..»'»  "••  •'  "■  7-  "  ' 
aaao  OilanLi  «ti.  In  0  tetla,  Inn.  20.  Ead.ni  dl.  Ln  .edan.  OaU,.  -  lan.in.- 
rabllia  ...rfln.  .m.....,.n.  a  ,..d...  i.lin.,  na-l" '•■"■  P""'"»  ""■■- 
!..  .„,  .M  .aa  marna,  ,1  ,..d„cl.,a  no,,»  .1,1  ."■  ••  (*■■■■•  Sanî.Il.n». 
H.i.,.,,  dîna  P„U,  1. 1 ,  p.  >8).  _  I.«n  U.lprand  (Blal.  Tamp.,  1.  ....  1  ) 
„„„la  anaal  la.  da.a  I.iU  a...  la.  min...  d..on.Un...  .1 U  «>.•  «..n  . 
,.'. ni  an  l.nr  d.  la  b.um.  :  _  Be.  In  »«,o,.  .ol  ..«na.  .1  ■"f  "'  "" 
l.n.  pu...  a.l  a.»,.ln,  >.iU  fela,  bo.a  dl.l  1...1..  Qn  «!•"'<•  "J""" 
«.,....  a  ladanùre  W  .b,l.ll..l..l«o  OalW.  1.  b.ll.  ..p."™  •"  C""» 
In  Muialorl.  B«.lpt.  fier.  IWlic. ,  1.  il,  p.  Ml).  .  .,  ,.  ™.l  .i  in,.,,. 

•  E,.  nccomxiii  (BS»),  m.  loi»  dl.  S.bb.  «.«m.  eil.Ud»  lail  al  In»»- 


>;,l,ZDdbyC00gIe 


168  HisTfMBE  a'ts?k6m 

Deex  jours  se  paasèrent  sans  qu'il  se  fit  ancim  moD\einait 
du  cdté  des  Husulmans  ni  de  celni  des  chrëtieiu  ;  mais,  le 
trusièmc  jour,  impatiens,  ies  Taillaos  généraux  des  Algarves 
rangèrent  leurs  bataillons.  El  Modhaffer  paroonrot  les  rangs 
et  les  anima  à  commencer  la  bataille.  11  prit  pour  M  le  com- 
mandement de  l'avant-garde  et  fin  centre,  et  donna  celui 
des  ailea  droite  et  ganche  aux  'MMb  de  Tolède  et  de  fiadajoz. 
Quant  au  Uialife,  il  fit  dresser  ses  tentes  et  ses  pavillons  sur 
une  émînence  d'où  l'œil  s'étendait  au  loin  dans  la  plaine,  et 
se  tint  là  avec  la  réserve  placée  sous  son  commandement,  prêt 
à  se  porter  où  il  serait  nécessaire  pendant  la  bataille,  an  cas 
où  les  Musulmans  viendraient  à  flécbtr. 

Le  soleil  était  déjà  haut,  qnand  la  bataille  s'engagea,  quoi- 
que dès  le  point  du  jour  les  deux  camps  eussent  commencé 
à  s'ébranler  pour  prendre  leurs  positions  dans  la  plaine, 
et  à  remplir  l'air  du  bruit  des  trompettes  et  des  clairons,  des 
cris  et  des  clameurs  des  deux  armées,  dont  les  pas  faisaient 
trembler  et  frémir  la  terre.  L'immense  multitude  des  chré- 
tiens se  prédpita  enfin  en  escadrons  serrés;  les  deux  ar- 
mées se  chargèrent.  El  Modhaffer,  monté  sur  un  cheval 
l^er  et  vigoureux,  parcourait  toutes  les  positlons,^aDimant 
les  Musulmans  an  combat,  et  lui-même,  à  la  tète  d'un  corps 
de  cavaliers  comme  lui  armés  de  l'arc,  de  l'épée  indienne,  et 
de  la  lance,  mais  se  portant  point  de  cuirasse,  attaqua  de 
front  le  centre  de  bataille  que  commandait  en  personne  le 
roi  de  Léon.  Les  chr^ens  soutinrent  le  choc  de  la  cavalerie 
musulmane  avec  ime  admirable  fermeté,  dit  l'écrivain  arabe 
contemporain  que  nous  avons  déjà  cité  plus  haut;  et  leur  roi 
Radmir,  avec  ses  cavaliers  bardés  de  fer,  enfonçait  et  culbu- 
tait tout  ce  qui  se  présentait  devant  lui;  à  ses  côtés  combattait 

(lit  plnrtmainrbMet  Tillat  etbominci  b(  bstlUi  et  in  tpto  msrlpiiiii»''«<cdit: 
cl  iD  Zimora  nnnin  barrium ,  et  ia  Carrlon  et  in  Clilro  Xerii,  et  in  BurgOï  c 
cuu,el  id  Birb!cicg,«i]uGiLiiida,eliDl>iiDl«catTV,ellDBara'aDelJna1lu 

pluilmu  i:giubu>ii(Clir.  hatçeas.,Bil  ktt.  Julii]. 


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CHAPITES  QDDIZnOIE'  IDV 

le  transfoge  Oaunjah  ben  Isdiak  sTec  on  escadron  de  ca- 
valiers miualmaiis,  et  il  frappait  ses  coreligionnaires  de  sa 
lance  et  de  ion  sabre  indien  comiûe  le  pins  acharné  de  leurs 
ennemis.  Les  Slusulmans  pliaient  déjà  sous  le  choc  de  Bamire 
et  d'Ebn  Ischak,  lorsqae  le  khalife,  venant  on  grand  nombre 
de  bannières  de  l'aUe  droite  mises  en  désordre.et  le  centre 
de  l'armée  cédant  le  terrain  à  l'ennemi,  s'élan'ça  à  h  tète  des 
cavaliers  de  'Gordoae  et  des  soldats  de  sa  garde  skve,  armés 
de  leurs  loi^nes  épéea,  et  dont  le  corps  était  protégé  par  de 
longs  boQcliers,  sor  le  flanc  de  l'armée  des  chrétiens,  qui> 
pressé  Tigonretuement  par  les  escadrons  que  conduisait  le 
khalife  en  personne,  fut  enfla  rompu.  L'effort  de  l'année 
ennemie  se  porta  alors  toat  entier  de  ce  côté;  de  toute»  parts 
la  bataille  reprit  avec  une  nonyelle  ardeur.  La  haehe  d'un 
montagnard  abattit  de  son  cheral,  près  da  khalife,  le  Tail- 
lant Ebu  Ahmed,  vrali  de  Hérida  ;  le  cadi  de  Valence  Djé- 
baf  ben  Yémen  et  Ibrahim  ben  Dawd  et  Gortfaoln  (Ibrahim, 
fils  de  David  le  Cordouan),  qui  avaient  fait  des  prodiges  de 
valeur  dans  la  bataille,  tombèrent  aussi  percés  de  coups  aux 
côtés  d'Abd  cl  Sahman.  La  victoire,  toottfois,  semblait  se 
déclarer  en  faveur  des  Uusulmans,  et  les  chrétiens  cédaient 
le  champ  de  bataille  et  se  retiraient,  bien  que  toujours  en 
combattant,  devant  la  vaillante  troupe  au  miUen  de  laquelle 
marchait  ie  khalife,  à  peine  armé,  monté  sur  un  cheval  blanc 
et  revêtu  d'mte  loi^ue  robe  et  d'un  bonnet  d'imam,  tenant 
ouvert  devant  lui,  sur  la  selle  de  son  cheval,  un  exemplaire 
du  livre  de  Dieu,  dont  il  récitait  les  passages  les  plue  pro- 
pres à  exalter  le  courage  des  combattans.  Mais,  tandis  qu'en< 
touré  des  plus  braves  officiers  de  sa  maison,  il  rétablissait 
ainsi  l'avantage  par  sa  présence,  la  nuit  vint  interrompre  la 
bataille.  L'avantage  de  la  journée  demeura  par  là  incertain, 
et  chacun  se  l'attribua  de  sou  côté'. 

■  C'««l  iBHl  te  qa'ont  lïil  lu  ^criTilu  im  deux  uUoni.  Les  Hnialmios 


>;,l,ZDdbyC00g[e 


170  mSTOnU  D'KSPAQItE. 

IiCi  Hiualmans  demeurèrent  sur  le  champ  même  db  ba- 
taflle,  cooTert  de  cadavres  et  do  blessés  etpirang  :  ils  y  dres- 
sèrent  lenrs  tentes  à  la  hâte  et  y  passèrent  la  nuit:  les  Tîvans 
reposaient  ainsi  coachés  an  milieu  des  morts,  attendant  avec 
anxiété  le  retonr  dn  soleil,  pour  terminer  la  lutte  engi^.  Les 
pertes  des  Hnsnbnans,  toutefois,  étaient  plus  considérables 
qne  celles  des  chrétiens,  et  si  ceux-ci  eussent  recommencé  le 
combat  le  jour  snivant,  la  victoire  se  fût  sans  doute  déclarée 
pour  eux;  c'est  au  moins  ce  qne  donnent  à  entendre  assez 
dairement  les  Arabes  cux-mômes  en  attribuant  le  salut  de 
l'armée  mnsolmane  an  conseil  qu'Ebn  Ischak  donna  an  roi 
Ramire,  dans  la  nuit,  de  q^  point  tenter  le  lendemain  la  for- 
tune des  armes  avec  nu  ennemi  fécond  en  ruses  de  guerre 
et  supérieur  en  nombre  aux  chrétiens.  Ramire  le  cfut  et  se 
retira.  «Ce  mouvement,  disent-ils,  sauva  les  Musulmans  des 
mains  de  Badmir,  et  Dieu  le  priva  ainsi  d'une  victoire  et  de 
la  possibilité  de  secourir  les  assiégâi  de  Zamora  ^  > 

I4CS  Arabes  font  enaoite  grand  bmit  de  la  prise  de  Zamora, 
an  moins  dans  l'auteur  accrédité  qui  a  tiré  des  mannscrits 
de  l'Escurial  par  pièces  et  morceaux,  cousus  bout  à  bout, 
malheureusement  sans  un  suffisant  esprit  de  critiq[uc,le  livre 
qu'il  nous  a  laissé  sous  le  titre  d'Histoire  do  la  domination 
des  Arabes  en  Espagne.  Mais  Coude,  selon  sa  coutume,  ne 


rcmponérent  udo  Tlcloite  complète,  dUenI  lu  Aisbcs  (dsna  Harphy,  c.  S). — 
Box  DOtlct  Cathallciu,dit  tMD  lour  Simpirus,  bœc  audletu,  illuc  (Id  est  wl 
BeptlmBDcam]  Ire  ditponlt  enm  nugno  eierciia,  st  ibidem  dlmicanllbne  nliD- 
lieem ,  dédit  Dominai  tlctoriam  Bagi  CilbaUco  (Cbr.  Saiopir.,  nain.  2S.).  —  Le 
bllcsl  qu'oa  te  bDlUIblon,  el  qua  les  pectei  des  deux  cOlfs  turent  couiidérablei. 
Qu&l  k  11  daiD  de  U  battille,  nom  mon*  pv  ka  Aribei,  à  n'en  pu  doawr, 
qD'«lle  eut  lien  dantlamDlid^KhcwaliST.le  troltléne  joar  iprèi  l'^clipM.  Or, 
l'Éclipti!  dont  fl  l'aill,  éclipse  de  loleil  centrile  ot  lolDle,  Tblblo  ou  Eorope ,  en 
Afrique  et  en  Asie ,  et  qui  dura  nna  beor»  enliàre ,  oal  lieu,  d'aprit  le*  cikoli 
asIrODomlqnes  dca  Bénèdielina  (TOyei,  dang  l'Art  de  V^rlUcr  l«a  Datei,la  Ghro- 
nologle  des  Éclipses,  p.  70),  I0 13  iulllot  030,  i  a  heures  cl  i/S  du  nulin;  donc  la 
balalllD  doit  Slie  Qièa  au  31  juillet,  qui  se  (ronvo  tiro  prècisimenl  le  prtmiei 
jour  du  mois  Indlqai  par  loi  Arabei; 
I  CoDde,  t.  80. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAFrmK  QOiHZfiiui;.  171 

nous  dit  pas  à  qui  appartient  le  récit  qu'il  nons  donne  -,  i* 
nous  laiMe  ignorer  s'il  est  d'nn  contemporain  on  d'nn  mo- 
derne, en  sorte  qne  noua  ne  pouTons  savoir  BOr  qaélle  au- 
torité repose  ce  récit,  ni  qnel  degré  de  irédit  il  mérite.  C'est 
là  malhenrensement  le  défaut  capital  de  l'oBTrage  de  Conde. 
Son  récit,  tootefoia,  contient  trop  de  particolarilég  curieuses 
pour  être  passé  sous  silence. 

Les  troupes  d'Abd  el  Eahman,  nons  dit  Conde,  ayant  vu 
partir  les  ennemis  et  rsconna  qu'il  n'était  pas  à  propos  de 
les  suivre  (nous  voudrions  savoir  dans  quelle  direction),  lais- 
sèrent quelques  détachemens  de  cavalerie  sur  les  bords  de  la 
rivière  et  retournèrent  au  camp  devant  Zamora.  On  donna 
de  rudes  assauts  à  ses  murailles  flanquées  de  tours;  mais  les 
asùégéb  se  défendaient  avec  une  valeur  extraordinure.  Ou 
n'avançait  ou  l'on  ne  gagnait  nn  pas  qn'au  prix  dnsang  des 
pins  braves  Musulmans.  La  présence  da  khalife  et  de  sou 
oncle  El  MpdhaEfer  animait  les  assaillans ,  et  ils  parvinrent 
h  ouvrir  une  brèdhe  et  à  renverser  deux  murailles  ;  de  nom- 
breuses compiles  de  Musulmans  s'avancèrent  alors  et 
trouvèrent  une  enceinte  étendue,  coupée  au  milieu  d'an 
fosse  large  et  profond  rempli  d'eau,  qne  les  chrétiens  défen- 
daient avec  on  courage  désespéré.  Il  ;  eut  alors  un  nuage 
épais  et  un  horrible  tourbillon  de  traits  et  de  flècbes;  les  Uu- 
Bulmans  perdirent  dans  ce  combat  plusieurs  milliers  de  sol- 
dats, qui  obtinrent  en  ce  jour  les  précieuses  récompenses  de 
l'cldjihed'.Les  bannières  des  guerriers  des  Algarvcs  et  de 
Tolède  s'avancèrent,  et,  jetant  dans  le  fossé  les  corps  de  leurs 
frères  musulmans  tués  h  l'assaut,  Us  en  formèrent  comme  un 


■  Noni  npp«ll«TOiu  ici,  pour  l'iiiUUtgeiice  deeepiiUEe,roplDiaDd«iHunil- 
Biaiu  m  IsB  mérites  da  li  guerre  ucrée.  Tons  caai  qnl  j  nceombenl  toDt  dei 
mirlyn  {ithoada),  el  e*BiMiit  le  peradtg  (d  djitta),  la  jardin.  —  «  Ne  dji  pat 
que  ceax  qui  ont  EU  taèa  foai  1*  MUa  da  Dlag  MBt  nsrli,  dît  IB  KorM  [loar.  ii, 

len.  la);  lu  soni  titum  ,  et  rifQiT«ni  lent  nanrritan  des  maini  du  Toni- 
PnUfuUB 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


172  msTonuE  d'espagub. 

potA  snr  legael  ils  paaèrent.  Les  chrétiens  ne  purent  rcsis- 
ter  à  tant  d'efforts.  Les  maraiUes  forent  escaladées,  les  portes 
doublées  de  fer  brisées,  et  sur  tontes  les  tours  de  Zamora 
Ilottèrent  bientôt  les  inûgnes  triomphaus  de  l'islain.  En 
possession  de  1r  âté ,  on  n'épar^ia  qne  les  fénmieB  et  les 
«nfons.  Ce  fut  là,  sdon  ce  réoit,Ia  célèbre  bataille  d'Alkhandii 
on  du  Fossé  de  Zamora,  aussi  fatale  aui  vainqueurs  qn'aox 
vaincus.  Cette  bataille  (ajoute  Conde  ou  l'auteur  qu'il  traduit, 
car  tel  est  avec  lui  le  doute  où  l'on  est  toujours,  de  savoir  si 
cest  loi  qui  parle  ou  un  écrivain  arabe,  et, dans  ce  dernier 
cas,  quel  est  cet  écrivain),  ainsi  que  celle  d'Abd  el  Rahman 
et  de  Badmir,  eut  lieu  dans  la  lune  de  schawal  327,  trois 
jours  après  l'éclipsé  qui  effraya  les  deux  armées  (comme  si 
les  deux  batailles  pouvaient  avoir  eu  lieu  le  même  jour)'. 
Masoudi  raconte  que  l'on  disait  de  son  temps  à  Fostat  en 
Egypte,  qn'il  avait  péri  dans  cette  expédition  de  quarante  à 
cinquante  mille  Musulmans. 

C'est  là  certainement  une  relation  qui  ne  mérite  pas  d'être 
entièrement  rejetée.  Elle  contient  pluùeurs  drcoostances 
vraisemblables;  mais  d'autres  aussi  trop  évidemment  à  l'bon- 
neur  du  khalife  pour  qu'on  ne  la  soupçonne  pas  d'avoir  en 
pour  objet  de  pallier  la  défaite  d'Abd  el  Bahman.  Il  fallait 
qne  le  plus  illustre  des  Ommyades  sortit  avec  tons  les  hon- 
neurs de  la  guerre  d'une  campagne  entreprise  avec  des  for- 
ces si  mnsidérables  et  avec  tant  d'appareil  et  de  bruit.  Et, 
je  l'avoue ,  la  relatioa  de  Conde  me  semble  avoir  été  faite 
par  lui  d'après  quelque  antenr  arabe  assez  moderne,  du 
douzième  ou  du  treizième  siècle  tont  au  moins,  jaloux  de 
l'houneor  des  anciens  khalifes  de  Cordoae,  et  écrivant  à 


I  El  remarquez  qDi-,pirertearcacote,Capde  marquai  la  marge  (t.  i,  p.  114} 
rni  93»  de  J.-C.  tomme  la  dulc  correspondanle  *d  mola  <Ic  sehnv»\  3Zï.  Or,  !e 
nteli  de  icliawil  esl  le  dixième  moi*  de  l'anDée  irtbe  ou  IslamiM  :  l'an  317  de 
l'hèclTe,  comaieti[aDt  m  18  octobre  03B,  BoiiMllle  18  odobra  9S9;  par  canié- 
qment  le  nwt»  do  «cbawai  S17  doii  ttn  lBdiqB<  do  9i  Inlllet  «a  IS  août  B39, 


>;,l,ZDdbyG00gle 


f!B*PlTHlt  QDinziiMB.  173 

lear  gloire,  qd  pen  parfois  aux  dépens  de  la  vérité.  Ce  qu'il 
ajoute  du  TOjage  et  du  séjonr  d'Âbd  el  Bahmau  à  Uérida , 
de  la  distribution  d'armes  et  de  cbevaiix  qu'il  fit  aux  scheiks 
et  aux  généraux  qui  a'étaient  distingués  dans  cette  campa- 
gne,  et  de  la  réception  qu'on  loi  fit  è  Gordone,  semble  écrit 
dans  le  même  dessein,  et  détourne  assez  bien,  en  effet,  l'at- 
tentJon  des  résultats  désastreox  de  la  journée  d'AlUiaudik. 
C'est  donc  dans  un  auteur  arabe  d'une  autorité  dontense 
que  Conde  a  puisé  les  élémens  de  sa  relation.  Masondi, 
au  contraire,  semble  avoir  été  mal  la  par  Ini.  Miasoudi  at- 
tribue iHen  une  victoire  à  Abd  el  Bahman,  mais  c'est  à  Si- 
mancas  oà  il  le  tient  pour  victorieux.  Après  la  bataille,  les 
Zomoriens,  dit-il,  firent  une  sortie,  et,  étant  ramenés  dans 
la  vUle ,  les  Musulmans  essayèrent  de  l'emporter  d'assaut  ; 
mais  des  milliers  d'entre  eus  forent  toés  après  avoir  franchi 
le  fossé.  Le  même  auteur,  dans  un  autre  endroit,  rapporte 
le  hit  qoe  nous  a  déjà  appris  la  relation  de  Conde,  savoir: 
que  Zamora  était  entourée  par  sept  murailles  très  épaisses , 
et  que,  dans  l'intervalle  qui  séparait  ces  murailles,  se  trou- 
vaient des  ouvrages  avancés  défendns  par  de  larges  fossés 
remplis  d'eau.  Les  Husolmans  s'étaient  emparés  des  deux 
premiers  remparts ,  lorsque  les  assises  les  attaquèrent  et 
leur  tuèrent  vingt  mille  hommes.  Le  nombre  des  Musulmans 
qui  périrent  dans  cette  eipédition  s'éleva  à  quarante  ou, 
suivant  quelques-nus,  à  cinquante  miUe  bommes.  Mais  on 
ne  sait  si  Hasoudi  vent  parler  seolement  de  la  perte  éprou- 
vée à  la  bataille  d' AlUiandik ,  ou  s'il  compte  dans  ce  chi^ftc 
les  tués  de  Simancas  et  de  toute  cette  campagne  '.  Ujuoodi 
donne  ainsi  conmu  positivement  perdue  par  le  khalife  eette 
célèbre  bataille  d' Alkbandik  (du  Fossé)  ".  Tout  ce  qu'il  ajoute 
ne  peut  laisser  aucun  doute  à  cet  égard: — Si  Badmir,  dU> 


>  AlkliUdck,«|kbuidik,lefoMi,)entriiicli«iinnt«iirt]>»CVo;.t.iii,p.«s^, 


>;,l,ZDdbyG00gle 


174  ÉtSTOnX  D'ESPlCKt. 

y, eût  tHumoÏTi  les  débm  de  l'armée  du  khalife, ilTeût 
pa  détroire  entièrement  ;  mais  Ëbn  Ischak  Vea  détoorna  en 
lai  faisant  craindre  ose  embaicade  on  quelque  retooi  de 
fortane,  et  en  M  ibisant  perdre  on  tempa  précieos  à  B'an- 
parer  dea  t«ites  et  des  snnes  des  HunUmaiu  '.  La  défaite 
Àa  kholife  à  Zamora  eot  liea  la  veille  de  la  fête  des  saints 
Jost  et  Pasteur  (imminente  feslo  sanctorum  Justi  et  Paslo~ 
ris),  c'est-à-dire  le  Inodi  5  août  839,  dix-sept  jours  après 
l'éclipsé,  et  quatorze  après  le  combat  de  finanças  >. 

Gommeut  accorder  maintenant  les  deuz  récits?  comment 
concilier  cette  perte  prodigiense  et  pourtant  attestée  par  les 
Uusulmans  eux-mêmes,  d'au  moins  quarante  mille  hommes, 
avec  la  prise  de  Zamora,  arec  les  bannières  de  l'islam  flot- 
tant victorieuses  sur  les  tours  de  la  cité?  Dans  le  récit  de 
Conde ,  on  nous  dit  qu'Ebn  Ischak  détourna  le  roi  fiadmir 
de  tenter  de  nouveau  la  fortune  des  armes,  et  que  les  chré- 
tiens se  Etirèrent  au  cr^uscule,  passant  la  rivière  par  dif- 
fércDSgoés.  Le  mouvement  du  camp  des  Arabes,  le  bruit  de 


>  Ce  rfclt  Ml  toal-i-bit  coDCotiDa,  bu  rwie,  k  celai  dM  chrAUeu,  int  que 
dani  ce  dernier  le  cUSre  de)  (nés  semble  eiagiri  du  plniai  doublé,  hIdq  11  eaa- 
tsma  :  -~  IJaaUlor  die  ii  lerlii,  hnniinetilB  FhIo  Sanctorum  lasti  cl  Psilorh  (ce 
ifti  noot  donne  le  K  latii),  del«M  mai  ex  eii  lxxx  mlllii  HiDroraiB  (!>anpir. 
Chr.,  nom,  sa).—  Lo  ciiToniqueui  cbrilieo  tàll  auul  s'ccheppcr  le  kbtWtt  i 
demi-mort  do  li  batailla;  ce  d«nl  ne  noni  dliCDl  rien  lei  Arobei  :—  Ipsc  vers 
Bel  Abdernchmin  nmiTiToi  ensit  (Ibid.,  I.  e.). 

1  Ualdea  «nJt  pour  lonle  celle  ilTBire  de  Iréi  fan  erramenl ,  «t,  comow  !■ 
plupart  des  hiilorlau,  il  canfond  le>  deux  bolailleg.doairDne  cul  lien  le  Sljuil- 
lel,  al  TinlH,  tqiuitotnJanr«d'interf«lle,le  SaoDl;  ce  qei  lient  i  la  riniie  io- 
terprilelJon  dei  quelqou  Hioei  de  Samplro  conMcrèei  t  eu  irènemens.  Simplro 
CD  elTct  no  dlE  pu  anlre  chose  de  la  bnlalUe  de  Simaneu  qno  ce  qne  noni  avons 
eMpIntbnai,pBBel30,  dans  la  noie.  Poar  qui  connaît  le  manière  de  ce  chroni- 
queur, el,  eu  génÉrol,  dai  chroalqnenij  de  celte  ifoqne,  cela  n'a  rien  de  inrpr*- 
nanl  ;  presque  jamoii  tli  ne  donnent  la  dote  du  itéoemena  qu'ils  rapporleni,  le 
plaiiauraDi  aiecnne  brlèTsK  et  nneiéchercitedéicipfrialfi.  Ce  qu'il  ajonle 
inmidlalaBieii,  comineBcaii  par  le  mot  i/tutlittr  (jDjti  la  note  précidenW),  m 
lapportecTldemment  1  un  autre  fail,  à  un  TgU  subièqueDl  (gualiIerBignlIianlde 
MhBO  qne,  de  1*  même  manière  que,  de  mËme),  c'eit-t-dire  t  la  bataille  de 
ZamoT*  on  da  Foaaé;  c'Cil  donc  cclle-d  el  non  la  bataille  de  Simanua  qai  h| 
)l«i  la  veilla  de  U  ttu>  de>  HiaU  iut  et  Pulenr. 


:,.;,l,ZDdbyG00gle 


CËAmsK  QcquiJaat.  I  iè 

l$ar#  trompette!  tpà,  méioe  aTant  qa'U  ttt  joor,  eorataient 
le  Téveil,le  sombre  immeiiM  des  testes  dressées  le  sur  pié- 
cédcDt  panni  les  moawnm  «t  ^  bannières  flottant  i  l'en- 
trée ,  que  les  chréti^iu  décoavru»t  de  loin  â  la  fevenr  de 
cette  clarté  douteue  qui  accompi^ne  le  créposcnle  et  qià 
leur  en  faisait  paraître  le  nCHBbre  plos  grand  encore,  toolfida, 
BOnx  dit-on,  ef&aya  les  infiâèleB,  qui  hfltèrwil  leor  retraite, 
et  s'éloignèrent  de  ces  catsjtagnes  funestes.  Hiù  pour  où  al^ 
1er?  ponr  se  disspndre  et  se  dâunder  chacun  de  boq  côté,  les 
Navarrais  vers  la  Navarre,  les  Galiciena  et  les  ABtoriens  ven 
leurs  montagnes,  les  LéooaÎB  yen  Léoo?  La  relation  de  l'écrt- 
vaio  arabe  semble  Touloir  le  donner  &  penser;  mais  il  est  peu 
probable  qne,  vcna  jasqne-là  a\ec  eoe  armée  presque  aussi 
considérable  qne  celle  des  Arabes  pour  seconrùr  Zamora 
qa'QHaiégeaieDt  les  Ismaélites,  il  n'eût  point  songé  à  se  tenir 
au  moins  quelque  temps  avec  cette  année  ou  partie  de  cette 
armée  dans  le  Trâsinage  de  la  place  assiégée  ponr  la  secourir 
eu  effet,  s'il  s'en  présentait  quelque  occasion  favwaUe. 

Tont  porte  donc  à  croire  que  tandis  que  de  retour  aa  eunp 
après  la  bidaille  de  finanças,  dont,  après  tout,  le  succès  éUit 
demeuré  incertain,  le  khalife  et  £1  Hodbaffar  pressaient  tI- 
Tcment  le  siège  de  Zamora,  Bamire  les  assiégea  en  qnelqni) 
façon  eux-mêmes  dans  lew  «onp,  peut-être  le  josr  màme 
do  grand  et  décistf  assaut  du  faiacox  fossé  qui  dfnoa  son 
aom  à  la  bataille,  et  que,  dans  cette  poùtion,  ils  furent  à 
le  fois  Tunois  et  Tainqueurs  comme  le  veut  la  relati<Ha  de 
Conde;  en  d'anjres  termes,  qn'Ss  s'emparèrent  en  effet  de 
Zamora  et  y  arborèrent  leurs  étendards,  mais  an  prix  de 
l'iaunense  perte  mentionnée  par  Itfaaoudi.  Hailrcs  alors  de  la 
ville  où  ils  étaient  entrés  en  nombre  immense,  une  partie 
des  leurs  put  songer  à  la  défendre  à  son  tour,  tandis  que  le 
gros  de  l'armée  et  que  le  khalife  et  £1  Modboffer  battraient 
en  retraite  vers  ^omanqne  sans  trop  de  honte  et  de  dés- 


>;,l,ZDdbyG00gIe 


176  bisTOms  oWAGin. 

Daos  cette  relation  qae  je  crois  le  pliu  près  de  la  vérité, 
tronTflnt  place  fort  conTenablemoit  les  conseils  d'Ebo  Iscbafc 
k  Bamire,  et  son  retour  à  Abd  el  Bahman  mentioniié  par 
toQB  les  historiena.  H  avait  pn  être  tonché  en  effet  de  tont 
le  sang  musolman  qu'il  avait  td  répandre,  il  avait  pa  ca 
ressentir  quelque  remords  en  songeant  qae  c'était  là  en  par- 
tie son  ouvrage,  et  ce  soitiiiient  avait  pa  dëtemûner  la  con- 
daite  qa'il  tint  dqmis  avec  le  khalife.  Après  cet  événement, 
dit  Mafioudi,  Ebn  Ischak  s'étant  séparé  de  Badmir,  demanda 
à  se  réconcilier  avec  El  Nassr;  qui  loi  fit  l'accneil  le  ping 
bienveillant.  Et  il  parait  même  que  le  khalife  le  réintégra 
dans  ses  anciennes  fonctions,  et  le  laissa,  dës-Iors,  à  la  défense 
de  la  frontière,  à  Zamora  même.  C'est  par  erreur  que  Conde 
ne  le  fait  rentrer  en  grâce  que  plus  tard  ■;  le  récit  de  Ma- 
soudi  et  va  passage  de  la  chronique  de  Sampiro  Im  sont  coi 
ceci  formellement  contraires. 

Bamire  cependant,  dès  qu'il  eut  appris  la  retraite  da  kha- 
life an  sad  du  Boero,  reparut  devant  Zamora  ;  il  ne  dut  pas 
éprouver  de  grandes  diMcuUés  A  s'en  emparer,  et  tout  fait 
présumer  que  Zamora  ne  fut  que  quelques  jours  aux  mains 
des  Arabes.  lia  plupart  de  ses  défenseurs  tombèrent  sons 
les  coups  des  soldats  de  Bamire,  et  il  est  probable  que  ce 
fat  là  qu'il  fit  prisonnier  Ommjah  ben  Ischak,  dont  les 
rusés  conseils  et  la  d^lection  avùent  sauvé  une  partie  de 
l'armée  da  khalife,  et  couvert  rhonnenr  des  armes  musul- 
manes. Bamire  le  fit,  pour  sa  défection  et  pour  sa  félo- 
nie, transporter  à  Léon  et  emprisonner  ^.  Les  chroniques 
dirétiennes  ne  nous  disent  plus  rien  d'Ebn  Ischak;  mais 
il  parait  qu'il  sortit  bientôt  de  sa  prison,  da  consentement 
de  Bamire,  ou  qu'il  parvint  à  s'en  échapper,  et  qu'il  rentra 


1  £tltni  ipis  Abolahii  roi  Agirenorum  Ibidem  ■  DMlril  coraprebenini  ut, 
lAgienem  «ddaclui,  cl  erguinlo  Iratnt  ;  qoii  nieiilltu  Ul  Domino  lUnimltti 
Jt«i|t,  comprebensM  wi  ncio  jadlelc  Del. 


>;,l,ZDdbyG00glc 


CHAFmtK  qomZKHC.  177 

KHia  l'obâHance  da  khalife  dans  les  mêmes  fonctùms  qu'il 
exerçait  saparsTant.  C'est  sans  doate  à  ce  second  retour  qae 
se  rapporte  ie  passage  de  Coude  où  il  est  question  de  loi  '. 

Là  ne  se  bornèrent  pas  les  saccës  da  roi  chrétien.  Denx 
mois  après  ces  événemens  et  ces  gaerres  plos  grandes  et  plos 
importantes  qa'ancnnes  de  celles  qoi  avaient  précédé,  en  ce 
qa'eUes  s'étaient  faites  par  masses  et  ayec  le  concours  et  le 
vœn  des  deox  populations  d'ane  extrémité  de  l'Espagne 
à  l'antre,  dans  le  courant  de  l'antomne  939,  Bamire  se  re- 
mit de  nonvean  en  campagne  avec  une  armée  (qne  Sampirus 
appelle  aneAzeipha,du  nom  arabe  de  l'épée,  saï/'  on  lâf)'. 
Il  se  porta  snr  le  Tonnes  qoi,  passant  à  Salemanque,  va 
se  jeter  dans  le  Dnero  par  la  rive  gauche,  et  peupla  de  ses 
soldats,  dans  cette  expédition,  un  grand  nombre  de  aies 
désertes  par  l'effet  des  guerres  et  des  troubles  précédens. 
De  ce  nombre  forent  Salamanqne,  Ledesma,  Biba,  Ia»  Ba- 
Aos,  AlhoDdiga,  Peûaranda,  et  beaucoup  d'autres  boui^  et 
forteressoi  dont  les  histoires  du  temps  ne  nous  ont  pas  con- 
servé le  nom^.  Ce  mouvement  ftit  continué,  et  c'est  de  cette 
époque  que  datent  plusieurs  autres  poblaâones  ou  repobla- 
eionet  importantes,  telles  qne  celles  d'Amida,  de  Boa,  d'Osma, 
d'Oca,  de  Coruila  del  Conde,  de  San  Estevan  de  Gonnaz,  de 
Sepnlveda,  et  de  cette  partie  des  Astnries,  dites  alors  de 
Sùnte-iuUenne  {Sancta  Julianœ),  dont  on  a  fait  les  Astéries 
de  Santillane.  La  plupart  de  ces  villes  et  de  ces  boorgs  font 
partie  de  la  Castille-Vieille,  et  c'est  ainsi  que  nous  la  voyons 
naître  et  se  former  an  milieu  des  inquiétudes  et  des  agitations 


I  Fcrreru  preitAe  mol  poar  no  Dom  iTIuiiiuiie  el  fill  aiartbn  Biinire  mbin 
le  géniril  Axelphi. 

1  Delnde  pMt  doM  rntniM  Aisiphun  (Id  ni  «itrcilu  :  freqaCDtar  enim  Me 
iDclari>«ipkamdldti«l«iD,  int  uirellaill}  td  rtpim  Tonnl  Ire  diipoïDll ,  et 
cUlUleidesertu  Ibidem  popiiUTJt;ba  nmt  Silmtntlu,  ledu  utlgoaCuira- 
tma,  L«tetm*,  Ripu ,  Btloeot,  AUundegi,  Famii,  et  Uii  plarinui  Cutelli,  qnod 
Dii|niaeftpiaMUre(Stmplr.  ÇbT.,Buin>SS). 

IT.  12 


>;,l,ZDdbyG00gle 


178 

d'DQ  état  HeU  doBl  la  goem,  la  goerre  ituemiiU,  U  gD«M 
dam  bontM  m  tacm  et  duu  toatet  ses  aeeeptiou,fMm6 1« 
premier  ââneat.Lare^oratioD,  on,  pour  parler  (dos  exad»- 
meot,  la  poblaeûm  (car  je  me  lertirai  désormsb  CréqaonmeDt 
de  ce  mot  dont  l' équivalent  maiiqae  dmis  notrt  liiigQe)d8 
ce»  différentes  vilies  est  attribuée,  par  nu  anùco  moDoment, 
A  divers  )>enonnages  on  chefs  de  gneneiSnstres,  doiftqiMl- 
qoet-ons  seolement  agiseûent  par  mandat  rojd.  La  plupart 
existaient  déjà,  et  ne  furent  qoe  relevées  et  reuxubiiites  : 
Boa,  fst  NdÛo  Hofiez,  Osma  par  Gonçalo  Tellez,  Oca,  Co- 
mûa  del  Conde  et  San  Estevon  de  Gormaz  par  G(mçfdo 
Femandez;  Septdvcda,  enfin,  par  Ferdinand  Goncalez'. 
Tdle  fut  l'origine  de  ces  comtes  de  Gastille,  dont  les  démêlés 
forent  dès-lors  si  fréquens  avec  les  rtns  de  Lécm. 

Les  historiens  modernes  qui  se  sont  si  étrangement  mé* 
pris  en  prenant  le  mot  Âseipha  pour  on  nom  d'homme , 
pour  celui  d'un  chef  arabe  qn'Us  font  envoyer  ^r  Abd  ri 
Bahnun  contre  Bamire  vers  le  Tormes,  tandis  qu'il  hnt 
entendre  le  passage  de  Sampiro  dOBt  nn  seas  entièrement 
contraire  ;  les  mêmes  historiens,  i^sons-nous,  ont  lié  sans 
aoeun  fondement  cette  prétendue  expédition  des  Arabes  h 
DU  mouvement  susnté  en  Gostille  par  le  comte  Ferdiaandus 
Gondisalvi  contre  le  roi  de  Léon,  et  ont  gratoitemoit  sup- 
posé que  le  comte  castillan  avait  appelé  à  sou  aide  les  Ara- 
bes qu'il  avait,  qu^œ  temps  auparavant,  oorabntUu  de 
eoïicert  avec  le  roi  léonais.  Ce  n'est  point  assurément  que 
de  telles  alliances  et  de  tels  diangemeas  ne  se  piodoiseot 
jamais  dans  le  cours  de  l'histoire  de  ce  pays;  ils  ;  sont  au 
contraire  très  fréquens;  mais  il  est  impos^le  de  citer  nn 


1  Tant  leinpai1«po;nliTllBodarl«u  Corn»  Amslam  etpapalivH  Aiiariula 
pirlibtu  SancUe  Jullann,,..  PopalETeranl  aalGm  ccmtiNunpiai  Knnlonli  Biii- 
dam,  it  Gnndiulini  TelUi  Oiomam,  et  GundiialToi  fcrdlnasdl  Aucim,  Clnuiam 
(t  Banclom  Slepbanniti  :  popoliTll  Ferdinaodoa  Gundlutii  ciTilalcm  qgc  did- 
tu  ScpiuapubUM  cnjB  Del  naOlo  (Bamplt.  Ctar.,  oun.  ssj. 


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tate  tant  tok  pêa  TakMe  i  l'appai  an  tait  ollégiié.  Ce  <|t^i| 
j  a  et  Mrtata  Mtikiinent,  e'est  qœ,  pea  après  les^véM- 
iBCM  que  QDiu  BTOBB  raj^KvtéB  pins  haat,  Ferdsaaad  fion- 
fdes  et  mi  antre  penonnage  nommé  Didacns  Htnio  (Bîege 
KnâBz  on  Hn&os),  qm  devait  armr  aussi  en  CaitiUe  son  g^m- 
Teraement  on  son  comté ,  se  dëdarèrent  contre  Bafflive ,  et  k 
Itfépatèrent  à  lui  Mre  la  gnene  par  des  motifs  ou  par  de» 
NHentimens  personnels  qa'auenn  éenvain  anden  n'a  expr^ 
mte.  Léon  mesives,  à  ce  qu'il  semble,  étaient  mal  pnoes, 
oit  le  tenpi  leur  avait  manqué  pour  faire  partager  ienrB  rfcs- 
sentimeos  aai  antres  comtes  des  châteaux,  et  les  faire  ^trer 
dans  leur  ligae  ;  si  bien  qn'avant  qa'ils  eussent  assemblé 
une  armée,  le  roi  tes  flt  surprendre  et  emprisonner,  l'on  à 
Léott ,  l'antre  dans  le  chàleaa  de  Gordon ,  d'où  ils  ne  sorti- 
rent qu'après  avoir  prêté  serment  au  rot,  sans  doute  de  ne 
plus  porter  ks  armai  contre  Itû.  La  paix  se  fit  si  bien  entra 
Bamire  et  Ferdinand  Gonçalez,  qoe  le  ffls  de  Kamûv,  qui 
régna  après  loi  iods  le  non  d'Ordonins  III ,  fat  marié  à  la 
SHe  de  FfSdiaaod  nommée  Urraea  '. 

Les  historiens  modernes  disent  gne  Kamira  eut  deux  fem- 
mes :  Urraea ,  la  première,  qu'ils  supposent  être  morte  en 
OSl ,  et  la  seconde,  Teresa  Floreutina ,  sœur  db  roi  de  ^a- 
Karre.  Il  parait  néanmoins  certain  qu'il  ne  fe^  marié  qu'à  la 
seule  Urraea,  qui,  au  rapport  de  Sampiros,  était  sœur  de 
Garcia,  roi  de  Navarre  ;  au  moins  n'est-il  fait  moition  de 
Teresa  Florentina  qae  dans  des  documens  douteux'.  Bamire 
avait,  de  sa  femme  Urraea,  deux  fils,  Ordonius  et  Suaiiw,qttt 


■  Ln  deu  camiM  n'araiest  pu  laUié  up«Ddi>l  d'étn  qulqu  Umpg  ig 
prlMW,  et  U  Uberti  puall  Uar  ncit  mQU  Boo-cNlNMBt  bd  muent  d«  fldillié 
in  rot,  nnli  encore  la  renoMUtian  i  tom  kar*  felau  ;  —  ■nlto  qnidso  lam- 
pote  Innuclii,  Jnramenlo  regt  dato^et  owii«  «*»  bibebanl,  cxlsnint  de  erg«i~ 
mlD.  ToM  Ordoniua  nuu  Regia  wrliln*  sat  Bilan  Ferdloudl  GiuidlialTl  fa 
ciiillla.  MMlM  UrracMB  (Smplr.  Chr.,  nva.  SS). 

*  PaDl-«tre  le*  nomi  de  Tereaa  FlartntlM  étatenl-Rl  nn  mmom  dTrraci  , 
SB  vita  vtri^— Qnut  1  toni  ce  qu'on*  dU  de  celle  TereM,  d«  1«  mOtea  de  Pu»! 


>;,l,ZDdbyC00g[e 


180  StBTODtE  DISFAOïn. 

Ini  SDCCédèrent  an  trône,  et  nue  fille,  GMra;  qoi  prit  Vbààt 
de  relJgienBe  :  à  l'occasion  de  la  cérémonie  de  cette  prise  d'ha- 
bit, Bamire  érigea  an  monastère  à  Léon,  dédié  sa  Sanvenr, 
jffès  do  palais  qa'habitaient  les  rois.  Bamire  fat,  selon  ('«prit 
da  temps,  on  grand  fondateor  de  monastères:  outre  celai  de 
San  Salyador  de  Léon,  il  fonda  en  diters  lieox  les  monastè- 
res de  San  Andres,  de  San  Gfaristoval,  de  Santa  Maria  et  de 
San  Hignel.  Les  denx  premiers  étaient  sitoés  snr  l'Ezla,  ce- 
lai de  la  Vierge  près  da  Daero  (c'est  Aniago  aujourd'hui), 
et  celai  de  Saint  Michel,  appelé  Destriana,  dans  le  val  de 
Oniia'. 

Je  m'arrêterai  un  moment  ici  sur  ce  nom  d'Urraca  qui  se 
produira  dorénavaut  fort  fréquemment  dans  cette  histoire. 
Morales  veut  que  ce  soit  nue  corruption  d'Aragonta  ;  mais  il 
semble  pins  natnrel  d'en  chercher  l'origine  dans  le  nom 
gothique  d'UIrics,  qui  a  pu  être  facilement  changé  par  nne 
prononciation  barbare  en  Urraca.  C'est  là,  ce  nous  semble, 
l'étymologie  la  plus  Traisemblable  de  ce  singulier  nom  par- 
ticulier à  l'Espagne,  à  moins  qae  nous  ne  la  cherchions  dans 
la  langue  arabe,  oil  Bouraka,  ifourra&a  (Vrraca,  par  la  SQp- 


pelBM,«D  Ueoiurd£rul  comme  ane  mlitftnonnt  qn'Uinci,  ce  doU  tUt  ona 
InTCBtion  dn  Inlil^c  tiède  ;  aDcoo  tcriTiio  eo  tlTel  ne  li  nomme  «Tant  Ko- 
dcrlch  Xlmenei  ;  eu  li  meDUaD  qui  en  Mt  hlte  duu  qnelqnei  exompUiru  de 
It  ebroiilqnf  de  Simplrni  n'eit  qa'ane  éridente  inlerpolallsn  moderna  et  dé- 
pliD^.  Urrau  lorTicul  1  aoa  auri  tuiqu'an  lundi  £E  Juin  de  l'annie  BS8  qu'elle 
moarnt  dlM  nn  monulire  où  elle  s'éull  mirée  eprèi  le  mon  da  Kunire.  EII« 
faleBtwtée  i  OTlèdo,dini  li  chepells  d'Altonie-lA-Chute  ;  Ions  falti  alMstt* 
pu  ion  èpliaphe  eonienée  à  Sin  Vieenle  d'Oiièdo,  oùnnuraTOuanou-nitaB 

{De  reqnieicil  famnla  Del  Urne- 
ce  el  csnT.  uot  Domlnl  Bmlnl- 
Tl  Pcindpti.  Et  oblll  die  n  leria 
hOM  II.  nul  kalead.  iullu  In  era 
■cccdiSSun, 
le  mM  abrité  comf.  ï^ia«  co^Ttua,  c^eH-è-dl»  didlM  *  DlHf  r«)l|iB(Mt, 
0»  qa'ell*  a'éull  Mie  depol»  «on  ieiiTi|e, 
I  Tayei  Stufii,  Oa-,  !»>>>•  *f- 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHARTU  QDnraàu.  181 

pKMnon  da  fr,  fit  en  écriraitt  à  la  latine  et  à  l'espagnole  où  l'u 
se  proDOOcetonjoars  ou),  aigHifie  resplendissante,  de  divenc* 
conlenn,  mQ.éa  de  blanc  et  de  ncnr;  ce  qni  pourrait  coDTenir 
atsev'bien  à  tul  nom  de  femme.  Les  Arabes  donnent  par  la 
même  raison  ce  nom  à  tont  ce  qoi  est  blanc  et  noir,  à  l'côl, 
à  la  cbèrre ,  an  canaid,  &  la  jàe  (Urraca  est  encore  aujonr- 
d'boi  le  nom  de  cette  dernière  en  »pagnol);et  la  montnre 
SOT  laquelle  Habomet  fat  transporté  an  ciel  est  nommée 
dans  le  Koran,  à  eaoïe  de  l'éclat  dont  elle  était  donée,  et  Bou- 
Tak.  Qaoi  qa'il  en  loit  de  cette  origine,  nous  verrons  en  son 
lien  qne  la  seconde  fille  d'Âlfonse  VIII  de  Gastille  et  de  l.éo- 
nor  d'Angleterre  manqua  de  devenir  reine  de  France,  parce 
qne  les  ambassadeurs  français  trouvèrent  trop  dur  te  nom 
d'Urraca  qu'elle  portait.  Philippe-Angoste  leur  avait  donné 
plein  .pouvoir  de  cbi^sir  pour  son  fils  Louis  celle  des  filles 
du  roi  de  CastiUe  qu'ils  jogeraient  la  plus  digne  de  son  al- 
liance, et  I^en  qn'Urraca  fût  plus  belle  qne  sa  sœor  poinée 
Blanea,  ils  loi  pi^érërent  ceUe-û  h  cause  de  son  nom;  cA 
c'est  pourquoi  elle  épousa  Lonis,  depuis  Lools  VUI,  et  fat 
la  mère  de  saint  Louis  '. 

Ce  fat  sans  donte  dans  le  mouvement  des  deux  peufto 
vers  le  Doero,  et  dans  l'année  qui  suivit  la  bataiUe  d'Alkhandik, 
qn'ent  lieu  la  rencontre,  dont  parlent  avec  orgaeil  les  Arabes, 
des  troupes  da  gouvemeor  musnlman  de  cette  frontière ,  Abd- 
allah el  Koralsclii,  avec  les  dtrétiens,  non  loin  de  Sanestefon 
de  Gonnaz  (San  Estevan  de  Gormaz).  Les  troupes  mnsalmanes 
étant  réunies,  disent-ib,  le  wdi  Abdallah  el  Koraïscbi  entra 
avec  elles  sur  cette  frontière;  ceux  de  Galice  se  portèrent  Ji 
leur  rencontre,  et  les  surprirent  engagés  dans  un  pas  difficile 
et  dans  ane  situation  telle,  qu'ils  étaient  eatonrés  d'un  cAté 
par  le  Doero,  et  de  l'autre  par  une  haute  montagne  et  des 
KMbtn  taillés  à  pic  ;  le  combat  était  inévitable,  et  il  n'y  avait 

1  Vo|Et*k  ptndc  ChronlqM  d'AirooM. 


>;,l,ZDdbyG00gk' 


d'eqMÎr  de  «Ut  pou  Im  HoMilnuRi  çpM  dtai  h  TkMn. 
iMallafa  «1  KoniHhi  éUh  om  de  ces  goeiTien  vdies  qtd, 
hKhi  le  géaù  de  kar  nition ,  chantent  la  gaerre  eft  mtatB 
tanjM  9«'ik  la  loot.  D  fit  dfli  Tera  capiteant  cette  idée  et 
.qu'il  réc^  aux  mm  '.  Aprte  qaoi  l'engagea  te  bettiUe  dans 
Uqnelle  1m  Mmilaiatu  demeurèrent  TainqneUVi  le  MBgde* 
ehrétrau  sDa  loniller  lee  eam  da  Daero,  e^oB  k  vœu  par  le- 
iful  El  Koraïsohi  temnnait  ks  fera;  il  s'MBpara  h  la  pointe 
de  r^pée  de  la  tsatereme  de  Saoofltefaa  de  GonAas,  «t  ZKev 
Mtt  le  BoadiTe  dea  ouonù  qo'il  7  taa.  Cette  TJeboire  de  Gor- 
mae,  «ouliiiae  le  narrateor  munlmaa,  Ait  remportée  en  l'an 
229,  c'est-i-dire  da  i  octi^ire  940  an  24  septeralve  941; 
mais  nou  doatons  fort  qu'Abdallah  él  Kordachi  ae  aoit  pwté 
eBmlte  aar  Zamwa,  et  autoot  qn'il  l'ait  prise ,  oomiie  le  Teat 
Vantear  que  nooa  satTODS  id;  boub  aoHpçonnons  totme  de 
qoelqne  exagération  ce  qa'il  dit  ploa  haut  de  la  bata^e  de 
Germai-,  nuis  enfin  0  n'y  a  rien  là  d'impoasiUe,  et  noas 
avons  era  devoir  le  rappoitea-. 

Que  Bamire  ait  ^[NFOnré  ▼en  oe  temps  quelque  maoYais 
saccèa  ou  qa'il  fUt  las  de  la  guerre,  crie  parait  œrtun  par  Is 
dteardie  ataK  qoe  new)  loi  soyons  faire  pan  après.  Les 
Arabes  parlent  formellement  en  el^  de  mess^ers  enToyéa 
par  le  roi  de  Léon  Badmir  àCudoae,  en  944,  pour  y  traiter 
de  la  paix.  Ces  mesa^ers  y  forent  très  bien  re^s  par  Abd  d 
Bahman,  et  l'oo  «onvint  d'ooe  triye  de  cinq  ans  entre  les 
de«x  peuples.  Le  khalife  envoya  salner  le  nn  Radmir  en  son 
B«n,  par  son  ^asir  Ahmed  ben  BaiM.  Ahmed,  d'ifirès  le 

I  Coule,  c  SI,  itkdDit  le*  T«n  dW  BohIkU  muim  il  nill  : 

De  an  tida  ntw  cero  Dusro .  Sel  olro  pefii  Ut*di- 

V  en  e)  *ihir  If  e^erln»  t 
BitluAle  4a  Daer»  «1  «p». 

CoUk-dire  :  n  d'an  dit  noot  enloure  le  nnsn,  da  l'anM  nu»  roche  eÉcerpie. 
Il  n'i  «  d'Iune  poullile  que  piir  la  Tlelntre  et  tTeepoir  qne  i»Bt  le  iiienr.  Q«e 
le  i*n(  dci  toBdilH  rou|tiH  lu  eanx  dn  Dnen>  vj 


>;,l,ZDdbyG00gle 


cMàrma  QmnzdMX.  183 

ntee  rapfiort,<e  nndtt  &  HédiBa  Leyonii,  capitale  de  la  6«- 
liée, dont  les  babitms  Boirt  cfarétiens  comme  œnx  d'El  Frank, 
de  la  KCte  H^LÎta  (e'eit-i-<lire  OTthodoxea),  et  l'en  revint 
satiifiût  d'avoir  va  le  roi  Badmir,  dont  les  grandes  c[ariitél 
MUqaeaBei  paraissent  avoir  frappé  les  Arabss  '. 

Pea  d'éréuemena  marqaèrent  «s  cinq  années  da  eAté  des 
Arabes.  En  Afrique,  Koosa  ben  Abon  A  Laflya  était  mort 
Sdèle  à  ses  engagemens  envers  le  khalife,  et  sa  mort  avait 
permis  anx  Edris  de  reeoarrer  nne  grande  partie  de  lenr 
anden  empire;  désaboséa  des  Espagnols,  ils  s'étaient  mis 
■oos  la  protection  des  Fatfaimites.  Le  khalife,  cependant,  ha- 
bitait moins  gae  jamais  Cordone.  En  937  il  avait  fait  élever 
à  cinq  milles  de  Cordone ,  en  descendant  le  Gnadalqsivir,  en 
l'honnemrde  sa  sultane  favorite,  suivant  l'opinion  commone, 
la  viBe,  le  palais  «t  les  jardins  de  Zahra.  11  avait  réuni  là 
tout  ce  qui  pent  flatter  les  désirs  de  l'homme:  quatre  mille 
trois  cents  colonnes  de  marbre  précieux  ornaient  son  palais; 
tons  les  pavés  de  ses  salles  étaient  en  marbres  de  différen- 
tes couleurs  artàstement  disposés.  Les  murs  étaient  pareil- 
lement revêtus  de  maîtres  différeos,  en  de  ee  stac  de  contoar 
vive,  dont  l'Alhambrah  de  Grenade  offre  quelques  Bur- 
veilleux  échantillons,  mais  dont  le  secret  paraît  perdu.  Les 
idafondi  éfment  peints  d'or  et  d'azor,  ornés  d'wabciques  , 
«n  rdief ,  et  de  ciselures  du  travail  le  {dw  délicat.  A  côté 
da  pdais  s'ét^daH  le  généndife  '.  Ao  aàlicu  des  jardins  et 
sur  une  hauteur  qui  les  dominait ,  et  d'ob  on  les  découvrait 
dans  toute  leur  étendae,  était  le  pavill<Hi  du  khalife,  où  if 
se  reposait  au  retour  de  la  dusse;  il  ^ait  sooleQU  par  des 
eoloimes  de  marbre  blanc  surmontées  de  chapitflMi  dotéa. 
Les  portes  en  étaient  d'ébèoe  et  d'ivoire.  An  milieu  d'un 


I  Coftde,  e.  sa. 

^  OoMnlih  on  filneriUre,  d«  fcnbe  D|«ul  il  Afyf,  jiraia  ie  rittfaliiM, 
Hm  et  flUimtt.  Ctit  wcore  l«  aiin  qn'o*  Jaona  k  .Circula  t  mu  pdili  M 1 
on  lirdln  titaét  1  Utitul  de  rAUunftnh  m*  h  MTM. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


bereeaa  attenant  i  ce  pavUloQ  était  placée,  dU-on,  une 
conqne  de  porphyre  avec  un  jet  de  vif-argent  qai  retna- 
bait  comme  ai  c'eAt  été  de  l'eau,  et  qoi  jetait,  aux  rayons 
da  Mleil,  un  éclat  éblonissant.  Dana  preagoe  toute»  les  sal- 
les il  7  aralt  des  fontaines  de  marbre,  de  porphyre  on  de 
jaqie,  de  formes  variées,  et  il  y  avait  notamment,  dans  la  salle 
dite  da  khdifiit ,  une  conqne  du  plus  beau  jaqie,  remplie 
d'ean ,  et  an  milieu  de  laquelle  était  un  cygne  d'or,  d'un 
travail  admiraUe,  fait  à  Gonstantiaople  :  aa-dessus  était 
sospendoe  nne  perle  magnifique ,  dont  l'ranpereHr  grec 
Iléon  VI  avait  fait  présent  à  Âbd  el  Bahman.  Un  hôtet  des 
monnaies,  des  casernes,  une  mosquée  complétaient  l'en- 
semble d'édifices  auquel  on  donnait  le  nom  de  Médina  al 
Zahra. 

Les  annalistes  arabes  disent,  comme  nous  l'avons  vu,  qae 
ce  fut  pour  plaire  à  une  de  ses  esclaves ,  d'une  beauté  in- 
comparable, appelée  Zahra  ou  Fleur,  qu'il  fit  bâtir  o^te 
ville,  et  que  ponr  cela  même  il  l'appela,  de  son  nom,  Médina 
al  Zohra,  ville  de  Zahra.  Mais  Médina  al  Zabra,  on,  soi- 
vant  l'orthographe  espagnole,  Hédiua  Azzahra  pent  tout 
aussi  bien  ugnifier  ville  des  Fleurs  on  la  Fleorie ,  que  viUe 
de  Zahra;  c'est  ainsi  que  la  mosquée  du  Caire  où  se  trouve 
la  bibliothèque  s'appelle  Mesdjid  el  Azhàr  (la  mosquée  des 
Fleurs)'.  £1  Schakiki  rapporte  dans  ses  annales  que  Médina 
Zahra  fut  fondée  ou  achevée  de  fonder  en  325  (936—937). 
«  £n  l'an 325,  El  Nassr  Leddin  Allah  l'Onmiyade,  dit  £1  Scha- 
kiki, fonda  la  ville  de  Zabra,  et  il  y  fit  mettre  quatre  mille 
trois  cents  colonnes  de  marbre;  chaque  jour  on  employait 
à  sa  oooBtraction  six  mille  pierres  taillées,  sans  compta* 

I  Le  mot  iikr*  ilgalBc  pioptcmcDt  Denr;  c'ut  tnul  dd  nain  d>  fspuDe.  Lm 
Eipnipoli  appelUnt  U  fleur  de  l'snnger  atar,  comme  qui  dlnll  1*  Otat  par 
•iCBUencci  lia  ont  ilnil  fait  piuar  1d  mol  iraba  dn  gkiérai  *a  pu-licBlIsri  la 
mot  gtoérlqu*  upagnol  fier,  feni,  ut  one  corripUan  do  ULin  floê  (fiere  1  l'a- 
blMlr  J  comme  d«iu  U  plupart  det  lingna*  de  l'occident  de  I'Ear«pe,  ptOTenftl 
fiou,  luUen  |lort,  angltl*  ftoutr,  Me.,  etc. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


185 

edles  qa'on  emploie  telles  quelles  dans  la  maçmnerie-,  an 
milkn  il  fit  âever  on  alcaçar  royal  (Juusr  (U  melek),  au  prix 
de  n  grands  trésors,  que  le  aeol  Diea  Très-Haot  pourrait 
ftire  le  compte  de  oe  qu'il  ;  dépensa.  Et  ce  fat  h  Zahra  qa'il 
transporta  l'hfttel  des  monnaies  (la  Zëkaht).>On  a,  en  effet, 
et  on  conserre  un  grand  nombre  de  monnaies,  tant  d'Âbd  el 
Bahman  m  que  de  ses  saceesseors,  frappées  à  Zahra  depnis 
cette  ëpoqae.  Noos  en  avons  deux  sous  les  jeux:  la  première 
porte,  sur  la  face,  an  milieu,  l'inscription  ordinaire,  aii^ 
disposée^  avec  le  nom  du  tudjeb  an  I>aB  : 

n  n';  a  pas  d'antre  Dieu 
Que  Dien  nniqae 


ot  snr  l'orle  :  an  nom  de  Bteo  ce  dîrhem  a  étë  frappé  à  Mé- 
dina al  Zahra  ea  l'an  328  (93d  de  J.-G.)-  De  l'antre  côté,  an 
miliea ,  on  lit  : 

L'iman  el  Nassr 

Leddin  Allah  Abd  cl  Bahman , 

Émir  des  fidèles. 

et  sur  l'orle  la  légende  religieuse  :  Sfohammed  est  l'envoyé 
de  Dien,  etc.  —  La  seconde  ne  diffère  de  la  première  qne 
par  la  valeur,  par  le  nom  dn  hadjeb  (an  lieu  de  Ahmed  il 
j  a  Khasem) ,  placé  de  même  sons  la  confession  de  l'nnitë 
de  Dien,  et  par  la  date  :  — An  nom  de  Dieu,  ce  dinar  a  &é 
frappé  à  Médina  Zahra  en  l'an  348  (9S9  de  J.-G.). 

Cette  description  peut  donner  one  idée  du  goût  des  Ara- 
bes à  cette  époque:  tout  était  délicat,  brillant,  mais,  &  ce 
qu'il  semble ,  d'un  édat  un  pen  fragile ,  dans  la  décoration 
du  palais  et  de  la  ville  de  Zahra;  et  c'est  là,  peut-être,  ce  qui 
explique  sa  complète  disparition.  La  place  qu'elle  occupait 
est  on  ne  peut  pins  précisément  indiquée  par  les  Arabes: 


:,.;,l,ZDdbyG00gIC 


186  Bunnz  n'tBUBXE.  , 

ette  étstt  à  cfaig  eoUIm  à  r<nieit  de  Cordwie ,  lar  le  Gnaâal- 
qainr.  Le  géogi^hc  £1  Edrii  la  place  daas  le  climat  d'Al 
Camhmwt  (de  la  campagne  da  Goadalkibir),  après  avoir  men- 
tionné  le  cdimift  d'Al  Sclurf  (de  la  hanteor  de  Séyiile) ,  sitaé 
eiitreEiehbilMetI^ila(BéTaieetIiiébU),  joaqo'à  l'Océan, 
dans  lequel  wat  Maakd-Higa-el-KaiBr  (Caitro-Harin,  près 
d'ÀyanuHite},  Médina  Libta,rnUpria  des  ajK»eiifl  (Mébla), 
Wdba,  l'antiqae  Oncri»  (aajomd'hiB  Boelba),  Djesirah- 
Schaltis  OB  l'Ue  d'Hoelba,  sitoée  en  ftce  de  la  triple  tm- 
bonchore  de  l'Odiet,  do  rio  Tinto,  et  da  m  de  Gmrteya,  et 
enfin  Djebal-Oyoan  (Gibndéon).  •  À  ce  climat  d'Âl  Scharf , 
dit-il,  confine  le  climat  d'Al  Cambania,  dans  leqael  se  trou- 
vait, entre  autres  dtâi,  Corthobah,  AI  Zahni,  Esdûdja, 
Biana,  Cabra  et  Alisdiana  (Lueeoa),  etc.)'-  — Malgré  tout, 
cependant,  les  minefi  de  Zabra  ont  échappé  à  tontes  les  re- 
cherdies;  on  n'a  pn  «a  déconvrir  ancane  trace,  et  l'on 
ignore  nÈms  l'époqae  de  sa  destraction,  buidis  qae  la  mos- 
quée de  Gordone,rAlcaçar  de  Séville,  celni  de  Ségovie,  qui 
sont  on  antéruurs  on  de  la  même  époqoe ,  ont  résisté  au 
temps  et  aux  révolntiong  des  hommes,. et  Bubsistent  encore 
anjoDrd'bni  dans  un  admirable  étal  de  conservation. 

On  a,  du  reste,  débité  snr  la  ville  de  Zabra  des  choses  fan- 
tastiques *.  Si ,  comme  on  le  dit ,  Abd  el  Bahman  fit  Mger 
noe  statoe  à  la  beUe  snltane ,  sa  favorite ,  ce  fait  eût  consti- 
tué une  vicdation  flagrante  de  l'esprit  du  mabométisme,  et 
nous  le  croyons  par  eoméqnent  peu  probaMe.  Ce  n'est  pas 
que,  dans  les  pruniers  taups  de  l'islam ,  quelques  person- 
nages n'aient  essayé  de  vaincre  ta  répugoanee  des  fidties 
pour  la  reprodncticm  de  la  figure  faamùne ,  reprodoctiiHi 


t  El  Edri»,  IT<°*  cllmil.  —  Rodericli  de  Tolède  pirle  aostl  de  Hcdini  Aliahn, 
«I  dll  qu'elle  eiltlatt  enutre  da  ton  l«api  :  —  Hfc  (Abderricbouii)  prKcpIt 
«AllMii  culroai  propa  Qniabt'v,  qottl  hodio  adb«  eiM  (BiiU  Artbmi., 

1  VoTCi  GncblcMe  d«r  Omm^liden  ia  ^nics,  t«d  Acdbacà. 


:,.;,l,ZDdbyG00gle 


CHAPTTBI  QCinZIEMZ.  187 

qui  leur  semblait  entachée  d'idoIAtrie;  mais  ces  euids  ont 
toujours  fort  peu  réossi  parmi  les  Trais  croyans,  et  Makrisi, 
dans  son  traité  des  monnaies ,  rapporte  une  anecdote  qui 
ne  peut  laisser  ancun  doote  &  cet  égard.  Uoairiah  avait  fait 
frapper  des  dinars  sur  lesquels  il  était  représenté  ceint 
d'sne  épée.  lin  de  ces  dinars  &ml  tombé  entre  les  mains 
d'nn  Tieillard  de  l'année ,  il  apporta  cette  pièce  à  Hoawiah 
et  la  Ini  jeta  en  disant:  Hoairiah,  si  nous  tronvions  ta 
monnaie  one  maoTaige  monnaie? — Je  te  priverais  de  ta  solde, 
répartit  Moawiah,  et  je  te  ferais  rerètir  d'one  robe  de  soie. 
— G'est-à-dù%,  soiTant  l'inteiprétatloQ  de  M.  de  Sacy,  je 
te  ponirais  de  ton  insolence,  et  en  même  temps  je  te  don- 
nerais extérieurement  on  tém<^nage  de  reconnaissance  pour 
cet  avis  ' . 

C'était  dans  les  casernes  de  Médina  Zahra,  situées  le  long 
da  fleoTS,  qu'habitait  la  gaide  particulière  du  khalife,  com- 
posée de  12,000bommes,  Savoir:  de  quatre  mille  Blares  (Sa- 
Uabis  ou  Seklebis),  qui  formaient  la  garde  intérieure  à  pied; 
de  quatre  mille  Africains  zénètes,  et  de  quatre  mille  Ânda- 
Ions  ;  ces  derniers  huit  mille  hommes  étaient  de  cavalerie, 
et  commandés  par  les  principaux  scbeilu  de  la  famille  d'Om- 
myah ,  par  les  parens ,  les  fils ,  tes  frères  et  les  neveux  du 
'  khalife,  et  par  les  S(^eiks  les  plus  puissans  de  Tahart.  Cette 
garde  était  divisée  en  compagnies  qui  se  partageaient  le  ser- 
vice; ce  n'était  qae  qnand  le  khalife  allait  à  la  guerre  sa- 
crée, qu'elles  servaient  tontes  à  la  fois.  Dans  les  deux  cam- 
pagnes ordinaires  d'été  et  d'automne ,  noe  partie  seulement 
de  sa  garde  l'accompagnait  ;  mais  il  emmenait  toujours  à  sa 
suite  un  certain  nombre  de  ses  femmes  et  de  ses  serviteurs  ; 
ses  vrasirs,  ses  &e<a^taire8,  des  savons,  des  poètes,  des  as- 
tronomes, faisaient  aassi  ordinairement  partie  de  ces  tour- 

I  Vojai,  >ar  l'homar  du  ■aiDlmuf  p««c  I*  npriKBUUOD  de  1«  dgan  bn- 
■mIm,  l'eufllleai  ooTrise  d«  H.  BelHod  iw  1m  IdtuIdu  dM  SarnilM  en- 
dcfl  du  Pjitatef ,  p.  MT. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


nées,  et  il  s'y  faisait  tODJoors  Boivre  de  ses  diauennetde 
ses  faacoimiers  ;  car,  aissi  que  ses  pères ,  il  aimait  unguli^- 
rement  la  chasse,  mais  moins,  à  ce  qa'ii  parait,  la  charae 
aa  conrre  que  la  chasse  anx  oiseau. 

Les  Slaves,  dont  il  est  &it  une  si  fréqneQte  mention  dans 
les  mannscritB  arahes  sous  le  nom  de  Saklabis,  duquel  pa- 
raît fitre  dérivé  le  mot  esclave' ,  étaient  originairement  cm  effrt 
des  esclaves  achetés,  de  race  esdavonne;  et,  à  cette  époqoe, 
soU  qa'ils  se  vendissent  etu-mêmes,  soit  qne  leors  ennemis 
les  vendissent  comme  priBomùers,  il  7  avait  des  Slaves  dans 
tons  les  pays  musolmans,  et  quelqaes-anB  s'y  élevèrent  par 
diverses  causes  à  un  degré  de  puissance  extraordinaire;  nous 
verrons  même  l'un  d'entre  eux  devenir  hadjeb  sons  le  suc- 
cesseur d'AM  el  Babman.  Tel  était  en  effet  l'esclavage  sons 
les  Arabes  :  chrétien  on  idolâtre,  possédé  par  achat  (mam- 
lonk),  on  fait  à  la  guerre,  lié,  garrotté,  vtnctuj  (aasyr),  l'es- 
dave  avait  toujours,  parmi  eux,  l'espoir  d'arriver  à  la  liberté 
et  h  la  fortune,  soit  en  se  faisant  Musulman,  ce  qoi  était  le 
plus  sûr  moyen  de  franchir  les  distances,  soit,  même  en  de- 
menrant  chrétien ,  par  qnelqoe  heureux  hasard.  Outre  les 
Saklahis  et  les  chrétiens  faits  prisonniers  à  la  guerre,  il  y 
avait  encore  nn  antre  genre  d'esclaves,  qui  parait  avoir  &é 
l'objet  d'un  commerce  considérable;  c'étaient  les  ennoqees.  . 
n  y  en  avait  toujours  en  on  certain  nombre  affectés  an 
service  da  harem  des  émirs  de  Cordoue  depuis  El  Hakem  ^  ; 
mais  le  nombre  s'en  étAit  de  beaucoup  accru  dans  ces  derniers 
temps,  et  les  princes  et  les  rich^,  parmi  les  Musnlnums  es- 
pagnols, avaient  adopté  l'usage  d'en  avoir  dans  leurs  mai- 
sous;  c'est  ce  qui  explique  l'étrange  commerce  d'eunuques 
alors  particuhèrement  exercé  avec  l'Espagne,  au  rapport  de 

*  EiclM«i[en  Usfw  proveoçale,  ttclato  cd  Mpignol,  ichiavo  «n  lulien, 
ttata  ta  SDglill,  (te 

>  Vojei  cl-dTint,  Mm.  m,  p.  S98. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


GBAPtTUt  QntnZi^iE.  189 

Liutprand,  par  des  marchand»  de  Verdon,  qoi  en  retiraient 
d'immenses  bénéficea^- 

Tels  étaient  la  situation  de  l'empire  ommyade  et  l'étal  de  la 
maison  dn  khalife  vers  la  trente-sepiième  année  de  son  règne. 
Le  brait  de  «es  guerres  en  Espagne  et  en  Afriqae,la  splen- 
deur de  sa  conr  l'aTaient  fait  connaître  aai  sonreraina  étran- 
gers, et  il  enlretenait  avec  plosienrs  des  relations  amicaleB. 
les  historiens  arabes  nons  ont  conservé  le  rédt  de  la  récep- 
tion qo'il  fit  À  Zahra,  en  949,  ans  envoyés  de  l'emperenr 
grec  Constantin,  fils  de  Léon.  Constantin  Porphyrogénète  (né 
dans  la  ponrpre)  écrivait  au  khalife  d'Espagne;  il  lui  de- 
mandait le  renoavellement  des  anciens  traités  d'amitié  et 
d'alliance  qui  avaient  existé  entre  leorfl  ancêtres  contre  les 
khalifes  de  Ba^ad.  ta  lettre  de  l'empereur  était  écrite  sur 
vélin,  en  caractères  d'or  et  d'azur;  elle  en  renfermait  une 
autre  sur  un  fond  d'aznr,  mais  dont  les  caractères  étaient 
d'ai^nt  et  qui  contenait  l'énumération  des  présens  destinés 
au  prince  mosulmaji.  Les  denx  missives  étaient  écrites  en  . 
grec;  la  première  de  la  main  même  de  Constantin, habile  et 
renommé  calligraphe.  Un  sceau  d'or,  da  poids  de  quatre 
mithkals,  représentant  d'un  c6té  la  figure  de  Jésus,  et  de 
l'autre  les  tètes  de  Constantin  et  de  son  fils  Bomanus,  la  fer- 
mait, et  elle  était  déposée  dans  une  bcdte  d'ai^nt  ciselée, 
du  plus  fin  travail,  sur  laquelle  on  voyait,  dans  un  cadre 
d'or,  le  portrait  de  Constantin  peint  sur  verre.  Cette  boite 
était  renfermée  eQe-méme  dans  un  carquois  doré(apparem- 
ment  dans  nue  boite  ayant  la  forme  d'un  carquois),  couvert 
d'une  étoffe  tissoe  d'or  et  d'argent.  La  lettre  commençait 
ainsi: — <>  Constantin  et  Bomanns,  adorateurs  dn  Sbssie,  tous 
deux  empereurs  et  souverains  de  Borne,  au  grand,  au  glo- 


:,.;,l,ZDdbyG00glc 


^  [Unipr.,  llb.  iT,  e.  S), 


190 

rienx,  «a  ludde  Ahd  el  Rahman,  le  khalife  r^atit  mr  le* 
Arabes  en  Eapague.  Poiue  Dieu  prolonger  sa  vie  I  > 

Dès  qu'il  fat  informé  de  l'aniTée  des  ambassadenrs,  El 
Nassr  Gt  partir  poor  la  frontière  Tabyah  ben  Mohammed, 
accompagné  d'nue  snite  nombreuse  pour  leur  &ire  cortège, 
et  lonqa'ils  a{q;)rochèreiit  de  Gordoae,  il  envoya  plnsienrs 
corps  de  troopes,  ayant  à  leur  tète  des  chefs  cUstingoés, 
pour  les  escorter;  puis,  les  deox  grands  eunaques  chai^ 
do  goavernement  dn  palais  et  qui  comptaient  alors  parmi 
les  pins  grands  officiers  de  l'état,  sortirent  à  leur  rencontre 
afin  de  lenr  montrer  tonte  la  oonsidération  que  le  khalife 
voulait  que  l'on  eût  ponr  eux.  Ils  furent  logea  au  palais  Her- 
van,  dans  le  faubourg  de  Cordoue,  oil  ils  demeurèrent  sans 
commnniquer  avec  personne.  Puis,  le  samedi  onâème  jour  da 
mois  de  rabyeh  première  (7  septembre  949),  les  portiques, 
le  vestibule  et  l'entrée  principale  dn  palais  étant  om^  de 
riches  draperies  et  les  troupes  sons  les  armes  et  dans  la  tenue 
la  plus  brillante,  l'ambassade  fut  conduite  au  pied  du  trône 
du  khalife.  Ses  fils  étaient  assis  à  sa  droite,  ses  oncles  à  sa 
gauche,  et  ses  ministres  placés  à  droite  et  à  gauche ,  selon 
leur  rang  ;  les  enfans  des  vrasyrs,  avec  les  officiers  inférieurs, 
occupaient  le  fond  de  la  salle,  revèbis  de  riches  costomes. 
Les  ambassadeurs  parurent  frappés  de  la  spleadenr  et  de  la 
magnificeDcc  de  cet  appareil,  et  présentèrent  an  khalife  la 
lettredeConstantin.Ponrleurfairehonnenr,  te  khalife  com- 
manda alors  aux  poètes  et  aux  lettrés  de  sa  cour  de  célébrer 
la  grandenr  de  l'islamiune  et  du  kbalifat,  et  de  rendre  à  Dieu 
des  actions  de  grâces  de  l'appui  manifeste  qu'il  avait  prêté  h 
sa  sainte  religion  en  humiliant  ses  ennemis.  Mais  poètes  et  let- 
trés fnreot  tellement  troublés  par  l'éclat  et  ta  majesté  de  ras- 
semblée, qu'ils  baissèrent  les  yeux  et  s'interrompirent  en  bal- 
butiant dès  les  premières  phrases  de  leur  disconn.  Parmi  eux 
se  trouvait  Abou  Aly  el  Kaly  de  l'IrAk,  hâte  dn  khalife,  sa- 
Tsirt  et  poète  renommé  :  le  fakib  Mohammed  ben  Abd  el  Barr, 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CBAmu  çiaaxàia.  lOt 

ebargé  par  El  Hi&em,  fils  ^aé  A'Abd  ek  Rafaman,  de  ftonoty- 
cer  Dit  duoDon  en  cette  oecatiDn,  l'étant  troiiTé  mal  an  mo- 
ment de  ^ler,  Aboa  Aly  el  Kaly  fat  invité  à  prendre  la 
parole;  maie  ni  lai  ni  persenne  ne  pat  venir  à  beat  de  pro- 
noncer plus  de  qaelqiKi  motl.  Un  jenne  homme  s'avança 
alors,  qui  n'avait  auparavant  ancone  réputation  de  poète,  et, 
mii  t'ètre  préparé,  improvisa  un  long  discours,  oa  plotAt 
on  long  poème,  avee  tant  de  facilité,  de  verve  et  d'éclat,  ^'il 
surprit  l'assemblée,  et  qoeles  étraogerB  regardèrent  ce  poète 
jusque-là  ipioré  comme  on  homme  sapAienr  et  consommé 
dans  ces  matières.  Ce  jeune  homme  se  nmnmait  Hondbir 
ben  Saïd,  et  le  khalife  fat  a  tatisfoU  de  loi  en  cette  occasion, 
qa'îi  lai  donna  anssitôt  ane  des  j^iaeipoIeB  dignités  de  la 
mosqnée  da  palais  de  Zahra,  et  loi  conféra  pen  qicis  celle 
do  cadi  des  cadis  de  la  grande  mosqnée  de  Cordone,  deve- 
nue vacante  par  la  mort  de  celui  qui  l'oeeupait  ;  Hondhir  ben 
Safd  remplit  cette  place  avec  éclat  jusqu'à  sa  mort,  et  laissa 
me  grande  réputation  de  {Hrédicateur,  d'écrivain  mMalistc 
etdepoète'. 

Après  s'être  arrêtés  quelques  jours  à  Gordoue  et  en  avt^r 
sdmtré  les  mervoilles,  les  ambassadeurs  grecs  prirent  congé 
d'Abd  el  Rahmon,  qui  envoya  avec  eux  à  GonstN)tino[de  le 
irasir  Hescham  ben  Hadil,  chai^  de  saluer  l'em^renr  et  de 
lui  offrir  quelques  présens  au  nom  du  khalife  des  Andalons. 
Ces  présens  oonsistaient  en  dievanx  andalons,  oniés  de  biîl- 
lans  harnais,  en  armes  de  Tolède  et  de  Cordouc  richement 
Csçonnées,  et  en  quelques  productions  partiealières  à  l'An- 
dsloosie.  Hesdiam  résida  près  de  deux  ans  &  Gonstaatiflople 
où  il  resserra  les  liens  d'amitié  qui  déjà  umssaîent  les  deux 
monarques,  si  bien  qu'il  en  revint  accompagné  par  de  nou- 
veaux ambassadeurs  de  Constantin ,  et  il  parait  que  le  khalife 

)  Lct  dfttfli  qn'oD  T<cnt  de  lire  mdI  tradnlu  d'Atmed  «1  Hikttrl,  idItI  fu 
MiirpbT,  c  S.  Conda,  1  qui  b  Mnuiliuiice  da  eattatear*  iniDgnJ,  coniiu  U 
MM  riHucBdlaHUnt  4«M  MpribM,  CM  fort  kteT  lor  MlU  MibMnS». 


>;,l,ZDdbyC00g[e 


et  l'empereur  entretinrent  tonjoars  ainsi  des  relatiou  ami- 
cales, malgré  la  distance  qui  les  séparait'. 
-  La  renommée  d'Abd  el  Bahman  était  telle,  à  cette  époque, 
que  des  ambassadenn  loi  étaient  esaroyéi  de  tontes  les  par- 
ties de  l'Europe  ;  il  reçut  notamment,  vers  ce  même  temps, 
des  ambassadeurs  do  roi  des  Ësdarons  qoi,  disent  les  Ara- 
bes, s'appdait  I>oiikon,'prenant  ainsi  son  titre  de  dac  pour 
son  nom  propre'  ;  de  celle  da  roi  d'ËIfrank,  d^riëre  les 
Pyrénées,  qui  s'appelait  Onketh  (Hogoes,  roi  d'Italie  et  de 
Provence),  et  de  celle  enfin  de  la  femme  d'an  autre  roi  d'ËI- 
frank, nommé  Kalra,  dont  les  étals  étaient  dans  l'est  de  ce 
pays.  Des  envoyés  da  comte  de  Barcelone,  qui  était  alors 
Snniaire,  accompagnèrent  à  Cordoae  les  ambassadears  de  la 
Teine,veave  de  Gbarles-le-SimpIe,et  mère  de  Louis  IV  (Loais 
■d'Outremer),  et  tons  revinrent  émerveillés  de  h  capitale  des 
JW  nsalmans  d'Occident  ^ . 

C'est  parvenu  à  ce  comble  de  gloire  H  de  paissance  gn' Abd 
«1  Rahman  fit  recomtaitre  son  fils  El  Hakem  poar  w&li  el- 
abdi  par  les  corps  réunis  des  grands  officiers  de  l'état,  les 
■walis,  les  wasirs,  les  katebs.  El  Hakem  était  l'alné  des  fils 
d'Abd  el  Bahman.  Il  avait  été  élevé  avec  un  soin  extrême, 
et  son  père  avait  prodigué  l'or  pour  loi  procurer  les  maîtres 
ks  meilleurs  et  les  pins  illustres.' C'est  ainsi  qu'instruit  vers 
94 1  de  la  grande  réputation  d'érudition  et  de  savoir  dont 
jouissait  en  Orient  Ismaël  ben  Ehasem  Abou  Aly  el  Kfdy, 
originaire  de  I^enar-Djerd  en  Djarbekri,  et  qui  à  Bagdad, 
où  il  avait  longt^nps  demeuré,  avait  obtenu  toute  la  fovenr 
des  Abbasûdes,  un  des  hommes  enfin  les  plus  savans  et  les 

I    C0Bd«,E.84. 

1  C'ut  (lui  qa«  lu  tcrlrtlu  orianliax  dn  mojtti  Ige.aDtcDdiDl  ippeler 
l«nliii,Ili«T<leFi«)icc  ïD  langue  Tolpirt,  l'ippcllBDt  dui*  leur*  CbTonlqoM 
KidefTm;  comme  «1  e'éuil  »n  nmn. 

1  Cille  relilien  le  Itouts  quelque  peu  itUitée  dRU  KDipbj;  «iiui,  c'ait  pic 
ercenr,  pir  eionplc,  qu'il  »  lu  (lui  l'inbe  It  relnf  C*Ut  *a  llea  de  U  relu» 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAPriRZ  QOniZIEHE.  193 

I  des  'deux  Iràks  (l'arabe  et  le  pcnan),  il  Vavtàt 
attiré  à  Gordooe  et  en  a\ait  fait  le  compagnon  d'El  Hakem. 
El  Kaly  lialiitait  avec  £1  Hakem  le  palais  de  Zahra,  oïl  m 
ranemblaient  les  lettrés  et  les  savons  les  pins  distingnés'. 

L'éducation  d'EL  Hakem,  ses  conDaiBSances,  son  amour 
poor  les  lettres,  non  moins  gne  l'affabilité  et  la  bonté  de  son 
caractère,le  rendaient  digne  du  trône  aaquel  il  était  appelé. 
Hais  El  Hakem  avait  on  frère  qoi  fut  offensé  de  ce  choix. 
Abdallah,  c'était  le  nom  de  ce  frère,  le  disputait  h  El  Hakem 
en  tatens,  en  »prit,  en  adresse  dans  tous  les  exercices  du 
corps  non  moins  qu'en  popularité.  U  excellait  dans  la  juris- 
pmdenceetla  poésie,  savait  l'astronomie  et  la  philosophie,  et 
avait  écrit  nne  histoire  des  Abbassides.  Entouré  d'une  sorte 
de  cour  et  gâté  par  la  flatterie,  Ahdallah  n'eut  pas  de  pdne 
h  se  laisser  entraîner  anx  conseils  d'un  ami  qui,  espérant  s'é- 
lever avec  lui  et  par  lui ,  lui  siégera  le  dessein  de  faire  chan- 
ger par  la  violence  les  dispontions  précédemment  prises  eu 
favenr  de  son  frère.  Cet  ami  était  ce  même  Ëbn  Abd  el  Barr 
qae  nous  avons  vu  demeurer  court  en  présence  des  ambas- 
sadeurs grecs  ;  c'était  on  ftdiih,  c'est-à-dire  nu  homme  en 
grande  renommée  de  dévotion  et  de  science;  il  rappela 
qa'Ahd  el  Bahman  I"',  le  fondateur  de  la  dynastie  des  Om- 
myades,  n'avait  pas  hésité  à  préférer  son  fils  Hescham  à  ses 
deux  frères  i^nâï  Souléùnan  et  Abdallahjà  cause  de  ses  qua- 
lités Bupérienres;  qu'Abdallah  était,  comme  Hescham,  supé- 
rieur à  son  frère  £1  Hakem  et  devait  lui  être  préféré;  il  par- 
vint à  gagner  quelques  wasirs  de  la  garde,  et  se  fit  fort  de 
déterminer  one  acclamation  populaire  eu  &venr  d'Abdallah, 
si  unanime  et  si  éclatante  qu'dle  ohhgerait  le  khalife  à  révo- 
quer ce  qu'il  avait  &ît,  ou  à  céder  lai-mème  la  place  à  son 
fils.  Ébloui  par  les  assurances  d'Ebn  Abdel  Barr  qui  lui  pré- 
sentaient tout  comme  facile,  et  enfin  poussé  par  la  fatalité 


3,q,l,ZDdbvG00gk' 


194  msTOiHE  d' 

de  loi)  étoile  plntM  qae  par  le  vice  de  «m  ceeQr,  dit  Abon 
Omar  ben  Afjf  *,  il  donna  les  matin  i  toat  ce  que  yeiAat 
faire  0tn  Abd  el  Barr,  hoaora  set  amis  d'one  forent  parti- 
colîère,le8  fit  nommer  par  son  crédit  anx  pins  bants  emplois 
dn  palais,  lenr  procnra  des  goorernemens  et  des  aloûdies, 
et  redonbla  d'aâabilité  et  de  bleoYcillance  pour  tout  le 
monde. Persomie  n'était  surpris  qn'îl  TÎntM  les  hommes  in- 
stmîts,  qae  rendait  recommandables  la  renommée  de  lenr 
esprit  et  de  lenr  érudition,  et  que  ceux-ci  fréquentassent  le 
palais  Herwan  qn'il  habitait  :  comme  son  frère,  AbdaDab 
s'était  toujoors  entouré  de  littérateurs  et  de  savans;  il  pro- 
tégait  surfont  les  poètes,  dans  l'art  desquels  il  exceUait  ;  les 
nombreuses  réunions  dn  palais  Herwan  n'inspiraient  donc 
aucnn  sonpçon,et  tout  s'y  préparait  dans  le  plus  grand  se- 
cret. Hais  Ebn  Abd  el  Barr,  moins  prudent  qu'il  ne  fallait, 
ou  peut-être  parce  qne  rien  ne  réussit  quand  la  fortune  est 
contraire,  dit  encore  en  vrai  Husnbnan  l'historien  Abon  Omar 
ben  A^,  ayant  confié  son  projet  avec  trop  de  fecilité  à 
quelqu'un  qu'il  voulait  gagner  à  son  parti,  celui-ci,  par 
crainte  on  dans  l'espoir  de  quelque  grande  récompense,  cou- 
rut tout  révéler  BU  klialife,  et  précipita  la  catastrophe.  D'ac- 
cord avec  son  oncle  £1  Modhaffer,  Abd  el  Bahmon  dépécha 
aussitôt  vers  le  p  alais  Merwan  un  des  warirs  de  sa  maison ,  à 
la  tète  d'un  détachement  de  ses  Slaves  à  cheval,  pour  arrêter 
et  lui  amener  son  flls  rebelle;  le  wasir  partit  dans  la  nuit 
muni  des  instmclions  nécessaires,  entra  an  nom  du  khalife 
dans  le  palais  Merwan,  qui  était  hors  de  la  ville,  surprit  le 
jeune  émir  dans  la  compagnie  du  fakih  Ebn  Abd  cl  Barr,et 
d'un  autre  personnage  qne  l'écrivain  arabe  appelle,  on  ne 
sait  pourquoi,  le  Seigneur  on  le  Maître  de  la  Bose  (Saheb  al 


I  Dini  EbD  UiTtD(TOT.Ccade,  c.  83J.  El  ceU  Ml  lont-l-bil  moialniD  :  — 
■  L'homme,  dll II  XoTi&,tiarU  md  urtiiucbiaa  eoD.Nooilat  montnnnu.ia 
Jontdeli  r^necllOD,  ao  Utr  onrert  (USoru,  wu.  iTn,  lotlMte  An, 
le  Vojite  ReciarM,  11"  r«rMt).  ■ 


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(aupmii  QuiHZitei.  t95 

Waid),  M  doit  le  nom  était  Abnwd  ben  AMalIah  ben  e1 
Attuff  :  il  lei  arr^,  et  ks  amena  léparéinrat  prisonniers  à 
Zalira,  ob  ils  forent  enfersiét  sans  oàmmomcation  entre  en. 
AbdoUab,  amené  anx  pieds  de  son  père,  et  interrogé  par  lui 
s'il  se  regardait  comme  offensé  parce  qu'il  ne  régnait  pas,  se 
tronbla  et  se  prit  à  pleurer  ponr  tonte  réponse.  Questionné 
nue  seconde  fois  hors  de  la  présence  de  son  père  par  deux 
itasirs  da  conseil  d'état,  il  avoua  tout  ce  qa'il  srait  fait,  et  ce 
qu'avait  fait  E2in  Abd  el  Barr  ;  il  avoua  qu'il  s'était  perdu  ponr 
ATtnr  écouté  les  conseils  de  celui-ci,  qui  lai  avait  suggéré 
son  taaesle  dessein  ponr  se  venger  de  s'avoir  pu  obtenir  la 
charge  de  cadî  des  cadis  des  mosquées  d'Espagne;  mais  il 
déclara  en  même  temps  ne  connaître  aucun  de  ses  compBces; 
il  intercéda  sorlont  vivement  poar  le  personnage  que  l'on 
avait  Bornoiomé  le  Maître  de  la  Rose,  qu'A  irffirma  n'avmr 
pris  anoone  part  au  complot.  Hais  ni  ses  pleurs  ni  sa  fran- 
chise ne  le  sauvèrent,  et  il  fnt  condamné  à  être  mis  h  mort 
dans  son  appartement,  le  jour  de  la  Pftqne  des  Victimes,  qn'il 
avait  choisi  ponr  l'exécution  de  son  complot.  Condamné  h 
être  décapité,  Ebn  AM  el  Barr  s'était  6té  la  vie  dans  sa 
prison.  On  dit  qu'El  Hakem  demanda  la  grâce  de  son  frère 
avec  les  plus  vives  instances.  <>  Les  prières  et  l'intercession 
sont  convenables  de  ta  part,  M  dit  le  khalife,  et  je  céderais 
h  tes  vcBux  et  au  penchant  de  mon  cœur  si  j'étais  né  dans  une 
condition  privée  ;  mais,  imam,  je  ne  dois  voir  que  la  justice; 
en  sorte  que  ni  .tes  larmes  ni  ta  dooleur,  ni  celle  de  tonte 
notre  maison  ne  peuvent  soustraire  mon  malheureux  fils  à  la 
peine  due  à  son  crime.  •  La  dernière  pensée  d'Abdallah  fat 
nne  pensée  d'humanité  en  faveur  d'EI  Saheb  al  Ward,  et  il 
éerivît  à  ton  père  :  ■  Se^pienr,  qu'un  innocent  ne  souffre 
point  de  ma  foute.  •  Le  malheureux  fut  tué  la  nuit  même 
dans  son  appartement,  et  enterré  le  jonr  suivant  dans  le  cime- 
tière de  la  Busafah  :  sa  pompe  funèbre  fat  accompagnée  par 
it»  frères  £1  Baksm,  Abdelaziz  Abool  Asbadj,  Abd  el  Helek 


>;,l,ZDdbyG00gle 


196  msTOIU  D'iSFiaHI. 

Aboa  Hohainined  et  El  Kondhir,  et  par  les  prmdpaax  Mcr- 
vanides  de  Gordoae.  Cette  mort  tragiqne  eut  lieo  eo  djoul- 
bedjah  337  (mai  on  juin  949),  ooie  ans  avant  la  fin  da  r^e 
à'JÂd  el  Bahmao  III.  En  cette  même  année  moaiiit  El  Mo- 
dbaffer,  oncle  da  khalife,  an  grand  regret  de  celui-ci,  qui 
l'aimait  comme  on  père  '. 

La  trêve  de  cinq  aua  entre  les  Hosolmans  et  les  chrétienB, 
fidèlement  observée  de  part  et  d'antre,  était  expirée  sur  ce» 
entrefaites,  et  Bamire  était  répara  en  de^  da  Doero.Les  ré- 
dti  dirétiena  disent  qa'il  prit  son  chemin  vers  Talavera, 
^dit  Bor  cette  forteresse,  en  maltraita  les  murailles,  livra 
bataille  à  l'armée  mosolmane  des  frontières,  loi  toa  12,000 
hommes,  fit  7,000  prisonniers,  et  s'en  retonma  yictoiieax 
à  Léon'.  Les  Arabes  rapportent  avec  quelque  différence  les 
faits  de  cette  canqiagne  :  Abd  el  Bahman,  disent-ik,  fit  pu- 
Uier  l'elâjihed  contre  les  dirétiens  :  on  assembla  les  ban- 
nières de  toutes  les  provinces;  on  appela  d'Afrique  le  gon- 
vemear  de  Fëz,  Mohammed  ben  el  ELhàïr  ben  Mohammed  el 
yafrooni  le  Zénète  avec  un  corps  d'auxiUaires  de  sa  nation. 
Le  khalife  n'avait  plus  £1  Modhaffer  pour  oondoire  ses  ar- 
mées :  il  en  chargea  Ahmed  ben  Saïd  Aboa  Ahmer,  nn  de 
ses  plos  vaillans  WBlis,qai  depnis  devint  son  hadjeb.Ahmed 
ben  Saïd  entra  sur  les  terres  des  chrédens,  les  chassa  de 
getmaniea,  et  les  poossa  jusqu'aux  montagnes;  mais  ce  récit 
semble  se  rapporter  à  une  campagne  quelque  peu  postérieure 


■  HonsiToiu  neonlé  )■  mari  (nglqut  d'AM«Uih  d'aprte  Rbn  Htyin  duu 
CokIc,  C.8S.  — ElShobj  l«  ricoDtspInibrltienciilctmolD*  à  riTinuge  dra 
putlMlnLireuiei:!' Abdillib.fllf  d'EIHuir,  dll-ll,  jenna  bomms  plein  d'iiu- 
tnicUoa  «t  da  Terlo,  fut  mi*  1  iii«rl  par  ordre  d«  md  pèra,  *t  cela  p*K«  4»'" 
tU]t  ilmi  cl  ntlmi  de  loot  la  monda  ponr  lai  aieeniDlat  tpialitéa)  comme  *i  Im 
mil  daTtiant  Ain  mécaDleni  de  Icnn  «arani  pu  cala  lanl  qo'lli  uni  boni  cl 
Man  éle*èi.  ■ 

1  Dedmo  dodo  aimo  regnl  au!  cdoiUIo  lalto  ,  bxbkIW  ^er*e*to  parreill 
BlbanmdllIaMm  Afarenomm,  qiue  dbhc  Talaiara  a  popnlli  vodUlur,  at  bella 
f  Dits  ocddil  Ibidem  »  Apirenli  m  mlllia,  ei  iiporuiH  >"  mlUli  upLlTonuu, 
•l  raTtnu»  ait  ad  proprla  eod  ilciaria  (Samptr.  Chr.,  niun.  SI), 


>;,l,ZDdbyC00gIe 


CHAnnuE  QniHziKini.  197 

à  l'expéâition  de  Bamire  contre  Talavera,  et  gui  eat  lien , 
selon  tonte  apparence, pendant  que  ce  roi  se  mourait  à  Léon 
C'est  ainsi  que  de  part  et  d'antre  on  tait  les  défaites  et  ne 
parle  qne  des  succès. 

LetmtinfoitpaT  Ahmed  ben  Sud  et  par  son  frère  AMel 
Melek  dans  cette  campt^e  fut,  dit-on,  des  plus  con^dëra- 
bles,  et  ce  succès  éleva  très  hant  la  renommée  des  dettx  frè- 
res, sortoat  de  l'dné,  Ahmed,  gni  obtint  dès  ce  moment  tonte 
la  fayenr  d'Abd  el  Bahmàn. 

Peu  après,  c'est-à-dire  vers  l'antomne  de  la  même  année, 
■oit  par  dévotion,  soit  par  tout  antre  motif  qne  noos  igno- 
ron8,Hamire  fit  nn  voyage  de  Léon  à  Oviédo,  d'où  il  ne  tarda 
pas  à  revenir  dans  la  capitale  dé  son  royaume,  atteint  d'nne 
grave  maladie.  Le  5  de  janvier  de  l'année  snivante,  sa  mala- 
die ayant  pris  nn  caractère  pins  sérieox,  il  se  revêtit  d'an 
batnt  de  pénitent,  et,  en  présence  d'un  grand  nombre  d'évé- 
qncs  et  d'abbés,  il  renonça  à  la  couronne  en  faveur  de  son 
fils  Ordonios, troisième  du  nom.  Bien  qu'AlfonBeïV,depais 
■a  sortie  de  son  monastère,  ait  r^é  quelque  temps  à  Léon, 
comme  nous  l'avons  vu  dans  l'année  931,  il  n'en  faut  pas 
moins  faire  commencer  le  règne  de  Ramire  II  de  l'^Mqne 
de  la  cession  de  son  prédécesseur,  c'est-à-dire  du  1 1  octobre 
930;  d'autant  que  par  là  seulement  se  trouve  justifié  ce  que 
dît  l'évéqne  d'Astorga  Sampiro,  savoir  qne  Ramire  avait  ré- 
gné diz-nenf  ans,  deni  mois  et  vingt-cinq  jours  an  moment 
où  il  abdiqua  ta  royauté,  le  5  janvier,  veille  de  l'Epiphanie, 
de  l'année  950.  11  ne  survécut,  à  ce  qu'il  paraît,  qne  peu  de 
jours  à  son  abdication,  et  fat  enterré  dans  le  cimetière  de 
l'église  de  San  Salvador,  fondé  par  lui  pour  sa  fille,  ainsi  que 
nous  l'avons  dit  pins  bant'. 


' 'we  OTfllam  ire diipoiDll,«l  lllnc  griTlIer  (Ub  ttpvlaTtt.  Ad  LegC*- 

m  [atcrrai,  ib  onuribot  epiicopli,  ibballbat,  Tilda  eihoTUiu ,  conteulo - 
n  ictBptt,  «t  tMp«N  ipparillonri  Dominl  Ipae  w  t^  proprio  motbo  B^n  „ 


>;,l,ZDdbyC00gIe 


198  rasTOou  DssPÀast. 

OrdoOo  III,  qui  ncoédi  h  ioq  père,  était,  commù  non» 
l'aTons  TU,  Biarié  à  Umca,  fille  de  Ferdioandai  Gimdiuln; 
il  ^tait  prodent  et  habile  i  la  gaerrei  maia  à  peine  était-il 
SOT  le  trAne,  qu'on  ooneamnt  se  leva  pour  le  loi  di^toter. 
Ce  ooncnrrent  était  Bandât,  awi  frère,  dt^ois  MnuHnmé  le 
Graf .  SanùDS  était  aoaai  un  habile  soldat,  qui  aTaît  fait  l'ap- 
prentiMBge  de  la  goeire  aom  ton  bdliqoenx  père  Bamire  U. 
Des  monnmms  poUiéi  par  Bargansa  oonatatent  qa'il  avait, 
en  945  ,  le  goaTernement  de  Bui^ai,.^  gn'il  le  conaena 
jusqu'en  950'.  Pendant  qn'il  eierçait  ce  gonTonenunt, 
sdon  tonte  apparence,  il  s'était  créé  un  parti;  et,  bien  que 
Ferdinandos  Gnndisalri  fût  bean-père  dn  rm  régnant,  il 
ravait  su  aettre  dans  ses  intérêts;  il  comptait  anasi  un  auxi- 
liaire puissant  dans  Garcia,  roi  de  Navarre,  son  grand-oacle 
maternel*,  fianeho  et  Ferdinand,  ehacon  à  la  ttte  d'une  ar- 
nïée,  et  par  des  (diemius  différens,  se  portèrent  sur  Léon 
en  953;  mais  ils  en  trouvèrent  les  cbemins  à  iMen  gar- 
dés, et  les  diffimltés  leur  parurent  si  grandes  k  surmonter, 
qu'ils  remmcèrent  à  lenr  projet  et  revinrent  sur  leon  pas 
dans  leurs  domaines.  On  dit  qu'irrité  de  la  conduite  de  son 
bean-père,  Ordoflo  r^dia  eo.  cette  oooason  sa  femme  Ur- 
racB,  la  renvoya  à  son  père  Femand  Gonçalez,  et  se  maria 
anssitét  avec  une  Galidome  nnnmée  Geloïra;  la  répudiation 
d'Uiraca  par  Ordofio  III  paraît  constatée  par  l'épithète  de 
nUeta  que  lui  donne  Sam^ro,  an  snjrt  de  son  second  tôt- 


«biinUt pnprl*  n«ibo  ieewali)  ei  M|MUni  (uii  In  tircopluca  JoiU  eo 

ricilun  nocil  Silnlorii  id  camuiLerluiii  qnod  contlnxll  fllia  au«  Domlnœ 
titloliB.  RcpuTlt  «i(«m  anncM  m,  bomu  a,  dla*  xxv.  En  dccccliiixtiu 
(Suapir.  Cbr.,  nnm.  M). 

I  Bergltui,  AnlienwUdfi  de  Eiptfii,  L  ii,  p.  S90  el  xq. 

1  Qaelqati-nEi  p>dhii  i  loTt  qnc  sioeho  6ult  &U  d'oDs  lecoade  fammc  de 
Bunlre  appclw  lercM  FlorenUai ,  KiDt  de  GtKia ,  rai  d«  NiTRirt  ;  noiu 
KTOiu  dimonlrt  ;TfeMuiimanl  qn«  B«nlHHn'«nl)*aaliqa'Bp«KBl«(«niia« 
■omiiiée  Grr*e*  ;  mil*  ceLU  Tcnune,  min  d«  Stocka,  éuU  d«  b  miiion  de  Ni- 
Tun  et  Unie  d«  Gudi,  i[nf  pu  Ik  étill  «d  eStl  pud-OBCle  da  EaDcha. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


CttAPlTU  QUISZIEIIE.  199 

rii^  avec  OrdoQo  IV ,  le  BlaavaiB  oa  l'Iatrui,  dont  dou 
parlertHis  toat  à  l'henre  ' . 

A  peine  l'entreprise  de  âanclio  fat-eUe  réprimée ,  qu'une 
autre  lemblable  fut  tentée  en  Galice ,  par  on  chef  et  pour 
de»  jonotifs  que  nous  ignorons.  Ordoâo  accoarat  avec  nne 
armée  et  assajettit  les  insorgés  gni  se  tonmireut  sans  l'exi- 
ger à  leur  Urrer  anenne  bataille.  Se  tronTaat  là  en  force , 
il  ne  Yonlnt  point  retonioer  à  Léon  sans  s'être  signalé  par 
quelques  tentatives  contre  les  Arabes  ;  il  entra  en  Luita- 
uie,  coomt  les  terres  mosnlmaoeg  jnaqn'à  l'einbonchiire  dn 
T^;e,  prit  et  saccagea  Lisbonne,  et  rentra  à  Léon  victcffieox 
et  avec  nne  loi^ue  suite  de  capti&.  Cette  expédition  dut  avoir 
lieu  vers  la  fia  du  règne  ^'OrdoiLo  III.  Les  Arabes  saar- 
dièrent,  &  leur  toor,  contre  la  Castille,  saccageant  tout  sur 
leur  passage,  depuis  San  Ëstevan  de  Gonnaz  josqu'anx  por- 
tes de  Borgos.  Léonais  et  Castillans  se  mirent  en  campagne 
sous  le  commandement  de  Fernaud  Gonçalez.  La  politique 
«u  la  nécesaté  arait  ramené  celni-ci  au  parti  dn  roi  de 
Léon.  Les  historiens  modernes  disent  qu'il  mit  en  faite  les 
Knsnlmans,  les  poursoivit  jusqu'au  Duero,  les  contraignit  i 
nne  btdaiUe  où  il  les  défit,  s'empara  de  lenrs  testes  et  de 
leurs  dievanx,  et  leor  fit  un  grand  nombre  de  prisonnien; 
■ais  c'est  de  quoi  nous  ne  trouvons  sucune  mention  dans 
Sampiro ,  qoi  n'eût  pas  mutqoé  de  cââxret  ce  sacoès  des 
.  Nous  y  tronvous  bioii  qa'Oidoûo  sut  en  cette 


■  B*mptt.  Chr.,  nom  M.  —  lia  piiuge  ta  It  aim»  ehroniqDa  (num.  Sa)  le 
4il  mtea  eiçKMteau  ;  nuli  on  n^poM  4M  ^Mt  hqi  lBt«rpo|ili«ii  'u  uolae 
de  Sliot,  linil  qng  |s  piMige  ob  il  «*t  qnwtloa  de  Gelaïre.Veld,  la  re*le,  ea 
enllsr,  le  pirteripbB  de  Stmptnu  GooMcrâ  tani  i  l'enlieprlia  ds  Eaiicba  qn'im 
dltene»  remmu  d'OrdiA».  Non*  JOMtlraa*  MDleaiesl  tntre  ptrenikéM  ca  qui 
pcDl  puaer,  quoique  tott  Triiiamblibia,  paiir  aroir  iti  aJauLé  «u  texle  pur  de 
l'éiêqne  d'Atlorgi  ;  —  Qoa  andilo  ftei  OrdoDliu  util  eiarclUlui  ilelil,  luaa- 
qac  clillalaa  detaouilt,  cl  TagiU  icaptrt  Tiadicaiil.  (Uiotam  propilim  nomlno 
Biraum,  «luB  fun  didt  towlUi  FfadtuuU ,  reilq^.)  Hti  wpiadiMb  rotn. 
emlboi  *d  propria  (tUun  doiU  atmtm  mmlm  Gtlaii*B,  u  %n  («uil  Vtra- 
miDdam  Kagam,  ^ol  podtigIcD*  tuli). 


>;,l,ZDdbyG00gle 


200  msTCHBB  d'espaorz. 

occasion  contraindre  par  la  penr,  bon  gré,  mal  grë,  le  comte 
i  eon  service  '  ;  mais  pas  on  mot  de  la  victoire  remportée 
par  Ferdinand  sar  les  Arabes.  Ceux-ci,  aa  contraire,  s'at^ 
tribnent  le  snccès  de  cette  campagne  ;  saccès  pen  conûdéra- 
ble,  ù  l'on  vent,  mais  démontré  à  mon  avis  par  le  silence 
même  de  l'évégae  d'Astorga  :  —  "  Dans  la  lane  de  safar  de 
l'année  343  (da  5  juin  aa  3  jmllet  954),  dit  la  chroniqne  de 
Gonde,  le  wali  de  Tolède  Obéidallah  ben  Abmed  ben  Yali, 
qui  s'était  si  fort  distingaé  dans  l'expédition  en  Âl  Gonf  de 
Badalyoz  et  de  ses  dépendances,  entra  snr  les  terres  des 
chrétieDS  qui  l'appelaient  le  caïd  Alaïna ,  à  canse  de  sa  va- 
leur, retira  de  ce  pays  beanconp  de  provisions  et  de  dé- 
pouilles, et  montra  bien  qu'il  é||ît  le  digne  fils  de  son  père 
Âbmed^.  »  — Ce  fot  dans  cette  campagne  en  Castille  que 
périt  l'émir  édrinte  Abonl  AJiscb,  venu  exprès  d'Afrique  en 
Espagne  pour  faire  la  guerre  aax  chrétiens.  Bédmt  en  Mau- 
ritanie à  n'exercer  qu'un  pouvoir  nominal  sons  un'  maître 
absolu ,  il  demanda  à  ce  maître  la  permission  de  prendre 
part  à  la  première  eldjibed  contre  les  infidèles.  Ordoâo  ve- 
nait précisément  d'exercer  les  déprédations  dont  nous  avons 
parlé  plus  bant  sur  les  terres  mnsnlmaneB,et  une  guerre  de 
représailles  était  résolue.  Aboul  Aïsch  passa  eu  Espagne  et 
y  fut  accueilli  avec  nn  de  ces  raffinemens  d'hospitalité  qui 
caractérisent  le  peuple  arabe ,  et  auxquels  se  plaisait  sor- 
tent le  khalife  Abd  el  Hahman.  D'Algésiras  à  la  frontière 
des  chrétiens,  c'est-à-dire  depuis  le  détroit  jnsqn'aa  Daero, 
Abonl  Aïsch  trouva,  à  chaque  journée  de  marche,  un  châ- 
teau constmit  exprès  pour  lui  servir  de  demeure  à  lui  et 
à  sa  suite ,  et  fourni  de  tontes  les  choses  qui  contribuent  k 
la  commodité  et  an  bien-être  des  hommes.  Mille  sequins 
d'or  lui  furent  comptés  pour  ses  menues  dépenses  de  cha- 

I  Fredluadw  TBr«  inpridleiyi ,  qui  uc«r  Bju  fnenl ,  T»l>a*i  noICMi  com 
lufao  mats  >d  «Judem  ■criillnm  propamit. 
1  Gondc,  c.  81. 


3,q,IIÎDdbvG00gIe 


CHlPmtl  QUIKZtÈHB.  201 

que  joar.  Le*  objets  de  comommatioa,  les  bardes  de  tontes 
sortes  aboDdaieDt  d'aitleors  dans  diacane  de  ces  stations. 
Les  journées  on  campemeos  d'Abonl  Aïscb  dans  ce  Tojage 
depnJs  Algésiras  fnrent  an  nombre  de  trente ,  et  cet  appa- 
reil Alt  observé  jnsqa'à  ce  qn'il  eut  rejoint  snr  le  Doero 
l'armée  dans  les  rangs  de  laqaelle  il  devait  saccomber'. 
— ■  Lorsqa'Abonl  Aïsch ,  fils  de  Kennotin,  partit  pour  l'Es- 
pagne dans  l'intention  de  foire  la  gneire  aux  chrétiens,  dit 
Abd  el  Halim ,  il  laissa  ponr  son  lientenant  dans  son  empire 
son  frère  El  Hassan  ben  Eennonn ,  et  il  monrat  dans  cette 
gnerre  des  cfarétiens  de  l'an  343  (954) ,  après  avoir  été  reçu 
par  Abd  el  Bahman  ainsi  qu'il  vient  d'être  dit.  Diea  Ini 
fasse  miséricorde!  ■  —  OrdoBo  monmt  l'année  suivante  à 
Zamora  vers  le  milieu  d'août  (955);  il  fut  enterré  à  Léon  dans 
l'église  de  San  Salvador,  près  de  son  père  Ramire.  II  laissait 
nn  fils  appelé  Veremundo»,  qui  r^a  dans  la  suite.  Il  avait 
r^né  cinq  ans  et  trois  mois  >, 

lia  mort  d'OrdoSo  ouvrit  l'acoès  du  trône  à  Sancho  V, 
son  frère,  qui,  comme  nous  venons  de  le  voir,  avait  montré 
quelque  impatience  de  l'occuper.  Pendant  nn  an  il  gouverna 
au  gré  des  magnats  de  Léon  ;  mais,  dans  la  seconde  année 
de  son  règne,  une  conjuration  lui  substitua  un  autre  roi. 
Femand  Gonçalez ,  ce  même  comte  de  CastiUe  qui ,  quelques 
années  auparavant ,  avait  secondé  les  prétentions  de  Sancho 
contre  son  frère  Ordofio  III ,  fut  l'âme  de  ce  mouvement. 
Il  y  avait  parmi  les  grands  de  Léon  on  fils  d'Alfonse  IV  (le 
Jlloine  ou  l'Aveugle),  écarté  par  Bamire,  et  qui  portait 
ce  nom  d'Ordoflo,  si  commun  &  cette  époque.  Femand 
Gonçalez  s'en  fit  un  ami,  lui  donna  pour  femme  sa  fille 
UrracB,  veuve  répudiée  d'Ordoflo  lU  ,  et  forma  le  j^jet 

>  n  KarUEich,  |t>  98. 

>  a«KTBningimltuiMTatn4iiiw  m.  Propilo  morbo  arbc  Zoaoradg- 
omU,  tt  Ufion»  tqwltu  fait  JnU  «hUb  mbcU  BalTilorli  kc<i(  Sireoplupim 
pttrli  m  iMinlri  nsl*,  en  scccaixnin  (ns— «Ut). 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


S03 

de  l'introniaer  h  hécm  aa  lieu  de  Sancho.Il  ;  reniait  mienx 
qa'il  n'avait  fiiit  lonqa'il  avait  todIq  y  iiUroniser  celoi-ci 
aa  lien  de  son  frèie.  Saïudio  fat  contraint  de  s'enfoir  de  Léon. 
Maîtres  da  terrain,  Gonçalez  et  les  magnats  réunis  élurent 
an  règne  Ordonins ,  quatrième  dn  nom ,  pendant  que  Sancho 
allait  chercher  on  aûle  à  Pampelnne ,  près  de  Bon  grand 
onde  Garcia '.  Garcia  le  refnt  bien,  mais  ne  lui  prêta  point 
le  secours  de  ses  armes  poar  reconquérir  Léon  ;  la  prudence 
loi  faisait  nue  loi,  ce  semble,  de  n'en  point  agir  autrement 
dans  les  circonstances  où  l'on  était.  Sancho  cependant  mit 
à  profit  son  exil,  qui  tonma  mieux  pour  Ini  qu'il  n'était 
fondé  sans  doute  à  l'espérer.  Depois  plusieurs  années  il 
était  sujet  à  une  infirmité  ou  à  nn  excès  d'embonpoint 
qai ,  peut-être,  n'avait  pas  été  étranger  à  son  expnlalon  du 
trône  ;  une  <^é^té  pesante  l'avait  rendu  inhabile  aux  exer- 
cices du  corps,  et  elle  était  devenue  telle, qa'il  ne  pouvait  ni 
Be  mettre  ni  se  tenir  à  cheval,  même  sor  les  plus  petits  che- 
vaux de  race  astarienne.  Cette  incommodité,  singulièrement 
désagréable  ponr  un  roi  de  ce  temps,  constamment  obligé  de 
payer  de  sa  personne, lui  avait  valu  le  surnom  de  Grassus'. 
La  renommée  des  médecins  arabes  était  telle,  à  cette  époque, 
que  toute  sa  famille  de  Navarre  lui  conseilla  d'aller  le  mettre 
entre  leurs  mains  à  Gordoue.  Le  voj'age  de  Sancho  dans  la 
capitale  du  khalifat  avait  d'ailleurs  un  objet  politique  :  celni  de 
mettre  dans  ses  intérêts  le  khalifè,si  faire  se  pouvQit,  et  d'en 


I  Adbo  DDO Kegni  inl  «xpUlo,  qiiid«mule,eMrciliu  eotiIuntian«hcu,ex 

Leg[Diie  cgreuu*,  Funpilanluii  pencDit Omnei  tuo  HtEnalei  fteci 

cjai,  cDDiJliD  luilo,  un*  cum  Frcdiatnda  comlta  Burf^nsl,  Rcecm  Ordoniam 
■«loin  clcgBrDDt  in  rcgno,  Adelfonif  Kegla  filinm,  qui  orbtlii*  tuerai  o<alU  cniii 
tnUlbiu  tuii.  FniUDindni  quldcni  caraei  dedlt  ai  flUan  luna,  nionm  rcUcUn 
■b  OrdoDio  RiBJmltl  Dlfo  {Somiiir.  Cht.,  num.  38). 

I  Perrsr»,  Hlit.  d>  Etpafia,  pitl.  if ,  p.  StO,  qualifia  à.'bj<Srojiitlt,  on  us  aalt 
pourquoi,  l'obèii lé  da  Bancho.  Don  Saoctao  ,  raj  da  Ltoo,  i)it.ll,  ia  halliba  «H 
Natarra  hluctaadiatiiao  deaM  bTilraptila,  qoo  le  laii*  loolll  para  todo.-^Oa- 
ribar,  plui  JQdiciBBi,  ••  taoUnla  da  dlia  que  It  maJIdIe  da  SÔcho  tlill  d'ètn 
Wop  graa. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHinrBE  Qvinzijtau-  203 

ohtCTiir  le  Kooon  d'une  araiée  pour  recoaner  Km  rojaume 
perda.  Garcia  d^pédia  dei  iuntwMadeBrg  h  Cordoae;  le  bot 
avoué  da  to;^  était  la  guérôou  de  Sancho  :  il  partit  dans  la 
compagnie  d'eaTO^és  cbwgés  par  le  roi  de  ]!TaTarre  de  traiter 
avec  le  klialife  de  l'alliance  et  dea  seooora  projetéB  pour  le 
réint^rer  dans  bb  royantë  à  Léon  :  la  propre  mère  dn  roi  de 
Navarre,  aieole  de  Ëancho,  Teoda  ou  Thenda,  selon  qnel- 
qnes-iins,  fat  anisi  de  ce  voyage'.  Sancbo  fat  reçu  h  Cor- 
dooe  avec  la  courtoisie  qoi  dirtiagaait  lea  Axabea  ;  et  Abd 
el  Bahmaa  le  fit  magnifiquement  Ic^er  dani  ton  pabda  et 
.  traiter  par  ses  propres  médecins,  qui,  an  moyen  d'na  breu- 
vage composé  de  sacs  d'herbe ,  firent  penlre  à  son  corps  l'ex- 
trême épâïMeor  d'où  loi  était  venu  ce  somom  de  CraBsas,par 
la  traduction  ou  l'équivalent  duquel  il  est  désigné  dans  tontes 
les  bistoires  d'Espagne,  où  il  n'est  jamais  nommé  qne  Saa- 
cho  el  Craso  ou  el  Gordo.Ët  non  seulement  les  médecins  du 
khalife  lui  itèrent  ainsi  la  pesanteur  qui  l'empêchait  de  mon- 
ter h  cheval,  mais  ils  lui  rendirent  encore  son  agilité  et  sa 
vivadté  premières'.  Cette' cure,  toutefois,  dat  exiger  qud- 
ques  années;  et  la  suite  des  événemens  prouve  que  Saocho  fit 
un  assez  long  séjour  à  Cordoue  avant  de  concerter  avec  ses 
hâtes  musulmans  les  moyens  de  regagner  ses  états^. 

le  wali  de  Fèz  écrivit  an  khalife  sur  ces  entrefiutes  pour 
loi  aj^rendre  le  succès  de  ses  armes  dans  le  Magreb  et  pour 
lui  demander  la  permission  de  coostrairo  le  ddme  de  la  mos- 
quée principale  da  quartier  d'Ël  Kara-wiin  à  Fèz, ce  que  le 
khalife  lui  permit  ;  il  fit  plus,  il  lai  envoya,  pour  aider  aux 


I  HAkiri,  nu.  arak.  de  U  BibL  nj.,  v>  tM,  I^  BO  t*. 

I  JiiHii*iini**nldi,  mmUmU  Dmnklii.aiia  cnm  eoDicua  iviiBCDllHi  Gtt- 
(tud  Bc(i«  ad  K«seM  CardabeoMoi  AbdemcimiD  ira  tu*»  wt. . . . .  Banclui 
qaMtn  m  au»  «wat  cimiw  ulmli,  ipal  iRirenl  herbun  lUBlBrait,  cl  craul- 
(■dlMMiaiu  ■bfl^«nwt*Te«r*<^,«L*dFritilunl«TtUit]«MtnUniiTulM- 
(■>■■ (Sinplr.  Gbi.,  1. 1.). 

*  VMn  à  ùaui«m»  ra  WS,  U  n'n  n^i^  •"  «"*'>  >o«i*  !»<■  *•  TemM 
t«Dt  k  llMBM,  1  II  ttu  d'oM  tmiAt  tnbe,  qu  ir«U  lu  enTiron  ipita. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


204  BiSToms  d'bpaqhi. 

traTAtu,  une  forte  lomme  prâerée  snr  le  cânqaième  dei  dé- 
ponillei  rappcMlées  de  l'expédition  de  Galice;  od  agrandi 
donc  cette  mosqaée,  on  abattit  l'ancien  ddme  et  l'on  plaça 
i  U  âme  de  la  nouvelle  eonpole  l'épée  d'Édria,le  fondateur 
de  l'état  de  Féz.Gea  traTanx  forent  acherés  en  955.  En  cette 
Béme  année  les  troapes  d'Abd  el  Rahman  oecapèrent  Tlem- 
cen,  et  il  y  fat  proclamé  comme  protecteor  des  Édiis  > . 

Le  khalife  d'Espagne  le  troarait  ainn  mi^tre  d'one  grande 
portion  de  la  Haoritanie;  mais  ai  quelques  tribus,  les  tribos 
zénëtes,  par  exemple,  depuis  l'origine  de  la  conquête  con- 
verties  au  mabométiane,  lui  étaient  tontes  dévouées,  les  tri- 
bus berbères  proprement  dites,  juives  on  idolâtres  encore  >,  et 
les  tribus  schiites  qn'ObâdaUah  avait  rangées  sous  le  drapean 
des  Fathimites  et  fanatisées  pour  lacansed' Ali,  telles  que  cel- 
les de  Sénbadja  et  de  Kétamah,  d'origine  kaktanienue,  refu- 
saient l'obéissance,  ou  marquaient  diaque  année  par  quelque 
révolte  leor  répugnance  k  subir  le  joug.  Les  Berbers  sur- 
tout passaient  du  kbalife  orthodoxe  de  Gordooe  an  khalife 
Bcbismatiqae  de  Kaïronan,  selon  leurs  intérêts  dn  moment, 
avec  nne  facUité  qui  justifiait  leur  réputation  de  ne  garder  an- 
cnne  parole.  Dans  cet  état  de  choses,  le  conquérant,  qui  tenût 
obstinément  à  sa  conquête,  fit  déployer  la  plus  graude  ri- 
gueur pour  maintenir  dans  le  devoir  ces  remuantes  tribus  no- 
mades chez  lesquelles  nos  soldats  retrouvent  en  Afrique  les 
mêmes  qualités,  les  mêmes  mœurs,  le  même  costume,  les 
mêmes  vices  et  les  mêmes  vertus  qui  les  distingnaioit 
au  temps  dont  nons  écrivons.  Aussi,  le  gouvernement  d'Abd 


1  On  lit  d>u  la  féogtipha  Obild  Bakri  d«  Cordon*,  écriTiln  « 
lri«  p«a  pottMMt  i  caU«  ipoqna  :  — «  Da  eUleta  d«  Ban-HaânooD,  dua  r««- 
p(w  de  trob  loon,  o%  airlT*  t  nnc  Idole  da  picrra  appelée  Itnak ,  tU^te  tnr 
le  eonimM  d'une  colline.  De  no»  ionia  encore  (c'eet-lpdlr*  dm*  le  «uUlèiM 
•Ude  de  l'kètire,duw  lequel  Obttd  àuintl},  lonta  lei  ulb»  beibjm  fnf 
hiblUal  aax  enTlrana  oUrenl  à  cette  Idola  dei  ucriBcat,  lel  adreiMU  dei  pria- 
nt ponr  obtenir  U  piérlHn  de  lenr*  milndlw  «t  Ini  etulbnent  VêtenimtaUA 


:,.;,l,ZDdbyG00gle 


CHAFinui  Qoinzinn.  205 

el  Bahman  ;  âait-il  d'une  léTérité  inexorable,  et  souvent 
exceasiTe,  inrUiot  en  ce  qoi  toocbait  aox  matières  de  re- 
ligion. Un  trait  soffira  poor  en  faire  jager.  Un  prophète 
s'était  ëlevé  dans  les  montagnes  de  Gontera,  qui,  comme  lAte- 
bomst,  se  disait  envoyé  de  Dien;  il  avait  m  se  faire,  par  ses 
prédications,  nn  grand  nombre  de  partisans  parmi  les  tribut 
berbères  qui  vivaient  dans  ces  montagnes.  Sa  religion,  qui 
n'était  que  l'islamisme  déponillé  de  son  trop  de  cérânonici 
religieuses  et  d'interdictions,  s'était  facilement  introduite  cbez 
ces  mdes  et  ignorons  montagnards,  que  les  prédications  des 
plus  éloqoens  docteurs  musulmans  n'avaient  pu  tirer  jus- 
que là  de  l'idolâtrie  vague  et  mêlée  de  terreur  qui  a  toujours 
fait  le  fond  du  sabéisme  des  Kabaïls  africaines.  Uamim, 
c'était  le  nom  de  ce  prophète,  n'exigeait  de  ses  sectaires  que 
deux  prières  par  jour,  l'une  an  lever  du  soleil  et  l'autre  à 
son  coucher,  avec  trois  prosternations  seolement  à  chaque 
prière.  Il  leur  avait  fait  un  Koran  en  langue  berbère,  el  une 
prière  fort  courte,  dans  la  même  langue,  qu'il  leur  imposa 
l'obligation  d'apprendre  par  G<eur,  et  de  répéter  avec  une 
simple  inclination  toutes  les  foisqu'ils  en  éprouveraient  le  be- 
soin. Cette  prière  était  ainsi  conçue  :  >  Seigneur,  délîvre-DOus 
du  péché,  toi  qui  nous  as  donné  des  yeux  pour  voir  le  monde; 
retire-nous  du  péché,  toi  qui  as  sauvé  Jouas  du  ventre  de  la 
baleine,  et  Moïse  du  sein  des  eaoï.  -  En  se  prosternant,  le 
soir  et  le  matin,  ils  devaient  prier  pour  le  salut  de  Hamim,  de 
son  compagnon  Yaghlaf ,  et  pour  celui  d'une  femme  nommée 
Téliat,  quahfiée  de  magicienne  par  l'historien  musulman, 
et  qui  suivait  et  prêchait  la  doctrine  d'Hamim.  Us  étaient 
dispensés,  du  reste,  de  cette  foule  de  pratiques  et  d'obser- 
vances dévotes  qui  surchargent  l'islamisme:  du  pèlerinage 
de  la  Mekke,  des  purifications  par  l'eau  (alwado),  et  il  leur 
permettait  de  manger  de  la  chair  de  truie,  sous  prétexte 
que  le  Koran  ne  prohibe  que  celle  de  porc.  Ce  n'était  U  au 
fond  qu'un  islamisme  réformé,  et  ramené  &  sa  pins  simple 


3,q,l,ZDdbvG00gIe 


expRHîflii.et  Hudm  n'était,  tipti»  toid,  ^'lia  bérëùarqae, 
mais  c'ëtmt  no  héréiiarqM  dont  la  poiMUoe  paorait  dër»» 
nir  inqoiétaBte,  qni  ne  s'était  pis  attira  nolement  les  hamn 
mages  des  popnlatioiis  de  Gomera,  mais  à  qù  oa,payait  déjk 
la  dime  des  findts  et  de  tons  les  pTOdniU  de  la  terre,  an  dé- 
triment da  khalife  anqoel  elle  rercoait.  Les  géaéamx  qui 
OMDBiandaient  poar  oelni-d  dans  le  Uagr^  airétèreot  H»- 
mim,  et  l'on  ferivit  le  détail  de  tonte  cette  affaire  à  Abd  el 
Sahman.AM  el  Hahman  ordonna  anx  fakihs  africains  de  se 
réunir  dans  l'Alcacar  de  Mesmondali  ponr  examiner  la  doc- 
trine dn  nonvean  prophète;  c'était  leur  ordonner  de  la  c<hi- 
damner  ;  les  fakihs  n'y  manquèrent  point,  et  déclarèrent 
Hamim  on  hypocrite  charlatan;  on  rendit  compte  i  Ahd  el 
WaiiTniin  de  cette  dédaratim,  et  il  donna  l'ordre  de  mrïtre  ft 
mort  le  faux  prophète;  Hamim,  crucifié  comme  Jeans,  fat 
déca|Hté,et  sa  t£te  envoyée  à  Cordone'. 

Cet  exerdce  violent  de  la  sonTeraineté  marquait  assez, 
dans  ceux  qui  se  le  permettaient,  la  volonté  ferme  de  s'é- 
tablir en  Haoritonie,  malgré  les  Fathimites.  Le  ivpprodie- 
ment  des  tronpes  de  ces  deux  puissances  ennenùes  ne  poa- 
vait  manquer  d'amener  bientdt  une  e(^Bion  entre  elles.  Le 
développement  de  la  marine  des  Africains  était  aussi  on 
sujet  d'inquiétude  pour  Cordoue,  et  nu  événement  impréva 
fit  vers  ce  temps  éclater  la  guerre  entreles  denx  kh^es. 
Toici,  d'qtrès  les  écrivains  arabes,  le  récit  des  faits  dans 
tonte  leur  simplicité  et  avec  tous  leurs  détails  : 

Un  gros  vaisseau  espagnol,  qu'Abd  el  Rahman  avait  fait 
construire  à  SéviUe  pour  transporter  des  marchandises 
d'Espagne  en  Egypte  et  en  Syrie,  rencontra  dans  sa  naviga- 
tion, auprès  de  la  Sidle,  tin  vaissean  d'Afrique,  sur  lequel 


>  TiiT«i  n  Kirlueb,  ^  88,  t«,  et  I»  S9,  —Voyai  «Dcore  DombiT,  Oeublckta 
iv  ManriUiilfelUD  KtniiBe,  p.  i,  pirUlU,  eU.  —  C(iDa«(c.  T9)  dll  i  Un  qu 
BudnbienpkU.  . 


>;,l,ZDdbyG00gk' 


CB&PmiK  QUIKZIÈlfE.  207 

fiait  un  eUToyé  de  Hoezz  teddin  Allah,  portent  de  dépMiM 
pour  le  vaH  de  cette  lie.  Le  capitaine  andalons'  engagea  on 
combat  arec  le  Davire  africain,  le  Ttûnqait,  s'en  empara, 
continua  son  voyage  .vendit  ses  marchandises  à  Alexandrie, 
y  prit  an  nouveau  chargement,  et  revint  en  Espagne.  Ins- 
truit de  la  prise  de  son  vaisseau,  Hoezz  fit  sortir  de  ses  ports 
et  de  ceux  de  ScQe  des  navires  armai  qui  donnèrent  la 
dusse  à  ceux  d'Espagne.  £1  Hassan  ben  AIy,-wali  de  Sicile, 
commandait  les  vaisseaux  de  Uoezz  ;  ayant  reconnu  près  de 
la  côte  d'Espagne  le  gros  vaisseau  de  Séville,il  le  poursuivit 
avec  ses  navires,  entra  avec  lui  dans  le  port  d'Almena, 
s'en  empara,  ainsi  que  du  chargement  du  gros  vaisseau, 
brûla  tons  les  petits  navires  marchands  qui  s'y  trouvèrent 
après  les  avoir  dépouillés  de  leurs  cargaisons,  et  s'enfnit 
content  de  sa  prise  et  de  sa  vengeance.  Cette  nouvelle  causa 
DU  grand  déplaisir  an  khalife  de  Cordoue,  et  il  y  avait  lieu 
eu  effet  d'être  politiquement  chagrin  de  cette  hardie  agres- 


<  Cande(  c8tt)  TippeUa  >l  arra»!  a)Ml«iiu.  — XaPoctagil,  c«  aol  ('mIcod- 
UTTt  dam  cati*  acopllon  parlicnlléro  de  patron  (ou  da  afltaiae)  d'ao  nit Ira 
Burcband  de  pau  d'Importance.  U  *leat  da  Ta rbe  itsba  roua,  tire  fin  clier, 
eliolil,elil(!iilSc  proprameoleber.inriilendaatoD  gatlTariHardeilactqaecktHe, 
d^un  paaple,  d'one  malion,  d'une  tribu.  Pir  une  charte  de  Slchard  11,  lol  d'An- 
gleterre, lia  1K8C,  qae  rapporta  Rjoier,  l.  ru,  fal.  tt2l,  on  apprend  que  Varraii 
n'était  pa*  on  premier  orScier,  on  da  motni  un  Iréa  bani  panonaige  daw 
ta  hièrarchte  dea  eakérea  royalaa  porUiEiiMi,pal*i|a'il  j  eat  dit  qu  leroi  de 
Portotal  :  Hitlet  Domino  Regl  Anglla  decam  ealeaa,  ipiiaa  Somlnl  noMil 
Dominl  Begti  Porlngalla  aompUboa  et  expantla,  bnie  annslli  :  Ttdellcet  :  de 
no  palrono,  Iribui  alealdlbii*,iei  atraiili,  dnobu  «arpenUrlls,  oclovel  d«eiBi 
marlniriii,  triglnia  baiettariii,  centom  at  quater  ilginll  remlgibua,  et  dnobui 
aectanela,  In  qnalibel  galearum  prKdlctirnm.  —  ED  eapagnol,  arrajra:,  arrnc:, 
mrrait,  altalfie  cofut.priiutpi,  pr(a««,ehet  milita  ire,toBTeniaur,  Mmmandinl, 
dUB  le  lena  propre  de  l'arabe;  11  eat  da  ptua  fiAquent  uMge  en  celle  aceepliou 
dant  lei  Chronlqaei  du  doailjme  et  du  treliUme  ilèda.  On  Ul  dan*  la  Cbronl- 

qtte  d'AIfonae  le  Sarail  (c.  M}  :  -<  Sdiaron contra  lot  aiTd|acai ^  al 

«rrofM  da  llalap,qBe  era  cantnrlo  del  re;  d»  Graoada, aMgl4l«i y 

foeroB  f  eneldoa  al  hemuna  del  rej  ^  Granada,  j  cl  nrraya*  y  loa  lloroa  que 
Tenlan  een  allot.....  L'arrayaa  de  Halaga  ilalt  le  gonTernear,  le  préaideal,  le 
UealMiKl  lit  roi  en  qBalqua  aorte  da  laliBa,  et  lu  iirayMM,  lei  fttaittt 


>;,l,ZDdbyG00gle 


208  EisTOnu  d'iwagiu. 

non  ;  mais,  wlon^Ia.  chroniqoe  arabe,  le  khalife  n'en  fut  pas 
senlement  contrarié  par  de»  raisons  poliUqaes  :  il  r^^retta 
-vÎTement  la  perte  de  la  cai^iaiaon  dont  il  Tient  d'être  parlé 
pane  qa'elle  se  composait  d'an  grand  nombre  de  jeonea  filin 
belles  et  instruites  à  chanter,  achetées  snr  les  pins  renommés 
marchés  de  la  Grèce  et  de  l'Asie  '.  Âhd  et  Bahmon  arut 
àlon  ponr  hadjeb  cet  Ahmed  ben  Saïd  qm  s'était  si  fort 
distingué  dans  sa  dernière  expédition  contre  les  chrétâens  de 
Galice  ;  il  proposa  an  khalife  de  tirer  nue  vengeance  exem- 
jilaire  de  l'agression  d'£l  Hassan  ben  AI7,  et  se  chaînes 
de  la  tirer  en  personne.  D  raBseinbla  lesTaisseanx  des  côtes 
d'Espagne,  et  se  rendit  à  Waran  (Oran)  avec  nn  grand  nom- 
bre de  gens  de  gaerre  ;  il  rallia  les  tronpes  andalooses  qai 
se  troDTaient  dans  le  Magreb,  et,  ayant  réuni  vii^-ciuq 
mille  chevaux,  il  entra  dans  la  province  d'Yfrikya.Et  Hassan 
ben  Aly  vint  à  sa  rencontre  et  accepta  sar-le-champ  la  ba- 
taille; mais  les  Andalous  vainquirent  et  mirent  en  fuite  les 
Kabaïls  de  Sènhadja  et  de  Kétamah  qui  formaient  le  gros  de 
l'armée  d'El  Hassan,  ponrsoivirent  les  Africains,  et  cou- 
rurent le  pays,  brûlant  et  dispersant  partout  les  donwarah 
des  Kabaïls  dévouées  anx  FathimiteB,  josqu'aox  environs  de 
Tooifl.  Dèft-lon  Tnnis  était  une  ville  renommée  ponr  son 
opulence,  fmit  de  Boa  commerce  étendu  avec  l'Ocddent,  et 
elle  était  surtout  habitée  par  un  grand  nombre  de  riches  né- 
gocians  juifs.  L'espoir  du  pillage  anima  les  Espagnols  et  les 
Zénètes;  ils  assiégèrent  la  place  par  terre  et  par  mer;  car 
Ahmed  ben  Saîd  avait  eo  soin  de  faire  seconder  ses  mouve- 
mens  par  une  flotte,|le  loi^  de  la  c6te  afiricaine.  Les  habitans, 
voyant  le  danger  qui  les  menaçait  d'être  pris  d'assaut,  et 
n'ayant  pas  l'espoir  d'être  seconms,  demandèrent  à  capi- 
tuler, et  offrirent  nne  forte  somme  d'argent;  Ahmed  ben 
Saïd  en  exigea  nne  pins  forte  eacore,  et  ils  fnniit  contraînti 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAPITBI   QUIHZIEHE.  209 

de  ae  livrer  à  sa  dùcrétioii.  Ahmed  profita  de  sa  bonne 
fffirtnne;  0  prit  d'eux  des  étoffes  de  tout  genre,  des  bijoi^, 
de  l'or,  des  pierreries,  des  vëtemens  de  laine  et  de  soie  pour 
les  denz  sexes,  des  armes,  des  chevanx  et  des  esclaves  en 
nombre  eonsiâérable  :  tous  les  vaisseaux  qui  se  tronvèrent 
dans  le  port  devinrent  aussi  sa  proie  avec  lenrs  cai^isons  ; 
il  les  fit  partir  de  conserve  avec  les  siens,  et  ramena  sa  flotte 
pins  que  doublée  à  Séville,  chai^  de  cet  immense  botin. 
Xes  richesses  recueillies  dans  cette  éclatante  eipédition  de 
vengeance  furent  telles  qu'après  le  prélèvement  dn  cin- 
quième appartenant  an  khalife,  et  l'équivalent  du  vaisseau 
de  celui-ci,  pris  par  £1  Hassan,  la  part  qui  resta  an  hadjeb 
fat  à  elle  seule  immense,  sang  compter  tout  ce  qui  fut  dis- 
tribué aux  généraux,  aux  arraez  et  aux  soldats  qui  avaient 
pris  part  à  l'expédition  :  en  sorte  que  tous  furent  satisfaits, 
Audaloufl  et  Zénëtes;  le  khalife  fit  de  grands  honneurs  à  son 
hadjeb  Ahmed  ben  Saïd,  et  il  lui  fixa  un  traitement  de  cent 
mille  pièces  d'or  par  an  '. 

Ce  fut  probablement  au  retour  de  cette  expédition  qu'Ah- 
med fit  au  khalife  ce  présent  prodigieux  dont  les  éoivains 
arabes  noua  ont  conservé  le  détail  ;  selon  Conde,  ce  présent 
fat  offert  à  Abd  el  Bahman  an  retour  de  l'expédition  d'Ahmed 
en  Gahce;  mais  il  est  plus  vraisemblable  qu'il  fut  prélevé,  au 
moins  en  grande  partie,  sur  les  objets  qui  loi  étaient  échus 
en  partage  lors  de  la  distribution  du  butin  provenant  dn  pil- 
lage de  Tunis.  Quoi  qu'il  eu  soit,  les  écrivains  arabes  fu- 
mèrent avec  complaisance  les  objets  que  Saïd  offrit  au  kha- 
life, savoir  :  quatre  cents  livres  d'or  pur  de  Tibar;  la  valeur 
de  quatre  cent  vingt  mille  seqoins  en  lingots  d'argent  ;  quatre 
cents  livres  de  bois  d'aloèsjdnq  cents  onces  d'ambre  gris; 
trois  cents  onces  de  camphre  ;  trente  robes  de  soie  blanche 
brodées  en  or,  cent  dix  vestes  garnies  de  fourrures  de  mar- 

I  Candi,  c.  8«. 


3,q,l,ZDdbvG00gIe 


210  msirau  n'sspjiain. 

Ire  fine  da  EfaMiMBD;  quarante-huit  capançooB  eo  oret«n 
aoîe,  fabriqua  i  Bagdad,  et  traTailUi  avec  la  plas  rare  par- 
fectioB,  pour  parer  le«  cheraox  aoi  joors  de  processions  et 
da  eérâBonies  pabliqaea  ;  qnatTe  milliers  de  soie  en  éehe- 
Taux  ;  trente  tapis  de  Perse  ayant  chacan  vingt  oondéei  de 
longnear;  cent  petits  tapis  poor  la  pri^;  qnime  nonkhas 
en  soie,  lorte  de  t^is  travaillés  ^alemmt  des  denx  oùté»; 
huit  cents  innnrai  en  fer  bmni  pour  chevanx  de  combat; 
mille  boucliers  et  cent  mille  flèches;  qainse  cbevwx  arabes 
de  la  pins  belle  espèce  poar  lerrir  de  montore  an  khalife; 
cinq  anb«s  ooaverts  de  housses  de  parade  en  Telonn  de 
l'Irak,  et  quatre-vingts  antres,  équipés  et  dressés  ponr  la 
guerre,  poor  lei  officiers  de  la  soite  do  prince;  vingt  mules 
avec  leurs  selles  et  leurs  housses  traînantes;  quarante  escla- 
ves mâles  enfin  et  vingt  jeunes  filles  revêtues  d'habits  somp- 
tueux. Une  pièce  de  vers  de  celles  que  les  Arabes  appelaient 
Cassidah  accompagnait  ce  don  magnifiqne;  qui  pmt  donner 
une  idée  de  l'opulence  des  chefs  de  J'Espagne  musulmane  i 
cette  époque*. 

Pendant  que  oed  se  passait  en  AIriqne  et  h  Cordone,  l'in- 
fluence du  khalife  s'eierçait  parmi  les  chrâleni  d'une  ma- 
nière éclatante.  Kous  ne  parlerons  pas  de  ses  démêlés  avec 
les  comtes  de  Barcelone  et  les  montagnards  de  l'Ar^^tHiie. 
<  Ahd  el  Rahman  ne  négligeait  point  la  défense  des  fruitières 
de  l'Ëepagne  orientale,  dit  un  auteur  arabe*. Les  chrétiens 
des  montagnes  faisaient  d'impétaenses  et  rapides  excnrsioiis 
qu'on  ne  pouvait  empêcher,  tant  elles  étaient  courtes  et  inat- 
tendues; mais  les  vralis  de  Saragoase,  d'Huesca,  de  Fraga  et 
de  Taraiona  entrèrent,  par  ordre  dn  khalife,  sur  les  terres 

I  CclM  épnmittUaD  Mt  Induite  liltértlNB«Dl  de  l'tribe  d'Ebo  KhiUetu  ; 
uea*  an  itom  cesftviU  ta  relMIn  ntt  h  ifidl  de  Ceade,  aDqBel  MM  itou 
rcetitaé  iBalcmcDI  qOBlqnu  iralu  qu'il  btbII  eni  dSTeli  oégtifir  et  qui  noai  oat 
■Bnblé  eincléridlqiui. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


GRAPITpJ!  QmilZI^.  %H 

ie»  cfarAieiu  à»  montagnes  et  eauèrent  de  graiids  âomiE»- 
ges  à  ces  infidèles.*  Ce  n'étaient  là  qne  d'heoreaBeB  eysai- 
mondies  de  frontière  qni  ne  tiraient  ftmX  à  conséquence;  npm 
Toalons  parler  de  l'iuâqence  réelle ,  dîplomatiqae  et  guer- 
rière, qne  Us  révolotiona  intérienres  des  états  chrétiens  dn 
n«rd  de  la  PéninsQle  l'appelèrent  à  exercer  sur  ces  états. 

On  se  souvient  des  moti&  gui  ^raient  amené  Saocbo  le 
Gras  i  Cordone  en  956  ;  il  ;  avait  recouTré  la  santé  et  son 
sgilité  prenière,  comme  nous  l'aTons  tu  >  et  il  ;  était  en- 
eore  vers  l'époque  ojï  le  cours  des  événemens  nous  a  conduits. 
Dans  se  long  séjour  parmi  les  Arabes,  il  s'était  instruit  de  leur 
langue  et  de  leurs  mœnrs,  il  avait  gagné  l'amitié  et  les  bonnes 
grâces  d'Âbd  el  Bahman,  et,  lorsqu'il  eut  eDtièremeDt  repris 
force  et  Tigueur,  grâce  aux  médecins  du  khalife,  il  manifesta 
pins  -vivement  le  dénr  de  recouvrer  aurai  «m  rojanme  usurpé 
et  d'en  chasser  l'uBurpatenr,  OrdoAo,  l'Intrus,  qni  régnait  eu 
sa  place  h  Léon  ;  il  en  écrivit  à  son  grand'onele  Garcia  de  Na- 
varre, et  traita  de  celte  affoire  si  bien  avec  le  divran  de  Cor- 
done, qu'il  en  obtint  IneatAt  une  année.  L'tùstmre  n'a  pas 
pria  no1e,pa8  i^s  i^ez  les  Arabes  qne  chez  les  chrétiens, 
des  termes  et  des  conditions  du  traité  qui  ne  put  manquer 
d'être  conela  en  cette  occasion  entre  le  roi  chrétien  détrôné 
et  l'émir  tout  puissant.  Hais  il  parait  certain,  par  divers  indi-r 
ces,  que  ces  conditionB  forent  loin  d'être  onéreuses  ou  bonû- 
liantes  en  quoi  que  ce  fût  pour  le  premier,  et  n'impliqnèrent 
de  SB  part  qu'une  alliance  sincère  avec  le  khalife.  L'armée 
arabe, dont  celui-ci  confia  la  conduite  au  roi  chiélien,  partit 
pour  Léon.  Ordoûo  IV,  l'Intrus  ou  le  Mauvais,  s'était,  h  ce  que 
tout  indique,  rendu  odieux  aux  populations  sor  lesquelles  il 
régnait  par  les  violences  et  les  excès  qxti  lui  oot  vain  l'on  des 
deox  sunionus  par  lesquels  il  est  cmina  dans  l'histoire,  et  3 
joignait,  i  ce  qu'il  semble,  la  lâcheté  à  ses  antres  quaUtés 
mauvaises.  II  n'attendit  pas  même  les  approches  de  l'armée 
arabe,  et,  m  seul  bruit  de  sa  marche  sur  I^p,  dans  le  bot 


>;,l,ZDdbyG00gle 


2l2  msTOIftE  D'SSPAGHX. 

swoaé  d'y  rétablir  Sancho,  il  en  partit  précipitamment,  de 
DOit,  en  fictif,  et  te  réfagia  dans  les  Astnries,  oit  il  s'étslilit 
en  roi  avec  les  partisans  qoi  loi  restaient  encore.  Sancho,  ce- 
pendant, à  la  tète  de  l'armée  musulmane  chargée  de  le  réin- 
tégrer dans  ses  pouvoirs  à  Lécm,  s'avançait,  assDjettisBaQt  par 
les  armes  les  villes  qui  refusaient  de  le  recevoir,  et  traitant 
avec  la  plus  grande  mansuétude  celles  qui  se  livraient  sang  ré- 
nstance.  Nul  excès,  nulle  violence  ne  marqua  la  marche  des 
troupes  arabes  :  les  places  fortes  s'empressaient  de  se  rendre, 
les  villes  et  les  bourgs  ouverts  accueillaient  Sancho  comme  nn 
libérateur  :  de  ville  en  ville,  et  d'acdamations  en  acclamations, 
il  eut  bientAt  gagné  Léon,  oii  un  parti  nombreux  l'attendait, 
et  de  là  le  reste  du  royaume  de  ses  pères '.  Relancé  jusque  dans 
les  Astories  par  son  heurenx  rival,  Ordonins  ^la  chercher  un 
anle  avec  sa  famille  à  Borgos  où.  gouvernait  son  beau-père 
Femand;  il  espérait  7  trouver  feveur  et  appui ,  il  n'y  trouva 
pat  même  un  refuge.  Soit  que  Femand  Gonçalez  fût  alors  ab- 
sent, comme  quelques-uns  le  croient, soit  que  ses  dispositions 
fussent  changées  k  l'égard  de  son  gendre  par  des  motifs  que 
l'hiMoire  nous  laisse  ignorer,  Ordofio,  très  ma)  reçu  à  Bnr- 
gos,  se  vit  enlever  sa  fenmie  et  ses  enfans,  et  fut  contraint  de 
se  réfugier  sur  les  terres  musulmanes  où  il  vécut  encore  quel- 
que temps  malheureux,  et  mourut  ignoré  on  ne  sait  en  quel 
lieo^. 


I  CondUon  luill  com  Sirnwni*,  ladltet  ad  Kesaorn  tlbi  ■blahun  paircni- 
rM,  n  q«a  ajcctoi  faBral.  Beruani  Gontnba  coin  InDnmenbill  axercliD,  partit 
Laglonem  :  al  nbl  larram  Regnl  ml  InlraTlt ,  et  ab  Ordonlo  aadllDm  fkill,  sx 
Lïgtana  per  noctam  fogil,  al  Ailnri»  Inlrarll,  et  Rcgomn  qoo  iUe  canift  Sin- 
clDi  injeapll.  loE>«unt  Lrelanem  edonall  oame  R«piuiii  palrnm  aDorDiD 
[Saiaplr.  Chr.,  num.  26). 

1  IJaelqaei  hlaWileDi  préUndant  que  Feni*iid  Gsofalci  éull  ibiaot  de  Bar- 
(M  IgTaqoe  OrdoOa  IV  }  chercha  ua  »I1b.  Onlil  ia  nialiu  diu  lei  Annalsi  da 
CompDlLelle  qua  la  roi  de  RiTarre  élonl  an  guerre  aiec  Feroand  le  Dl  prl- 
aonnier  t  CirneBa  an  MO  avec  les  fili,  et  lai  ea^oja  Loua  prlionnlen  k  Pimpa- 
lnDe(TaTei  la  Tambo  Hegra  un  AddiI.  Compolal.,ad  anii.  MO;.— Sopridlctua 
quippi  Ordcplui,  dll  Samplro,  ab  Aiturlii  prolectna  ,  BDrgai  perTeolt  :  Ipauin 
miK  Bnrfentai,  niilleTe  ablaM  eam  Bllla  duabu,  i  CaaUlIt  f ipnleranl ,  M  ad 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHApmtB  Quuizma.  213 

n  est  fait  mention  de  ces  éTénemens  dans  l'hiBloire  à'tA- 
pagne  d'Ahmed  el  Makkari  '■.  ■  Sancho,  dit-il,  qni  avait  été 
trahi  par  les  Galiciens,  était  petit-fils  de  Tada,  reine  de  Na- 
varre. En  347  (958—959)  celle-ci  Tint  elle-même  troiiTer 
El  Nassr  dans  le  bnt  d'obtenir  la  paix  ponr  elle  et  son  fils, 
ainû  que  pour  imptorer  son  appni  en  faveur  de  son  petit-fils 
Sancbo,  afin  de  le  mettre  en  état  de  vaincre  ses  ennemis,  et 
de  reconquérir  son  royaume.  Les  denx  rois  aocompagnaient 
la  reine  et  furent  reçns  par  £1  Nassr  avec  les  plus  grands 
honneois.  La  paix  fut  accordée  à  Garcia  et  à  sa  mère,  et 
une  nombreuse  armée  envoyée  avec  Sancho  loi  restitua  son 
trdne,  les  Galiciens  ayant  abjuré  l'obéissance  qu'ils  avaient  -' 
promise  à  Ordofio.  Sancho  fit  témoi^er  an  khalife  toute  sa 
reconnaissance  par  des  ambassadeurs,  et  il  adressa  à  ce  sujet 
des  lettres  aux  peuples  voisins,  dans  lesquelles  il  se  lonait 
da  khalife  autant  qn'il  se  plaignait  de  Fëtdinand,  auquel  il 
reprochait  sa  trahison  et  ses  mauvais  procédés.  £1  Nassr 
continua  de  protéger  et  de  rendre  de  bons  offices  à  Sancho, 
tant  qu'il  vécnt  '.  > 

Abd  el  Bahman  devint  par-là  le  médiateur  des  chrétiens, 
dont  il  avait  été  jusque-là  l'ennemi,  et  se  trouva,  pour  lors, 
en  paix  avec  tonte  l'Espagne.  Au  dehors,  il  était  également 
en  paix  avec  les  autres  états  infidèles,  et  il  leur  envoyait  et  en 
recevait  des  ambassades,  dont  il  est  fait  mention  plus  d'une 
fois  dans  les  chroniques  de  sa  nation. 

Parmi  les  ambassades  qu'Abd  el  Bahman  reçut  des  princes  , 
ses  contemporains,  il  n'en  est  point  p«nl-étre  de  plus  eu- 
rieuse  que  celle  qui  Ini  fat  envoyée,  sur  ces  entrefaites,  par 


Urruu  SarricenorDiD  lllum  direxerunl  ;  ipM  qnldcm  ramiDen)  Urraei  Domine 
■lia  )e  foclirit  viro,  Ordonlo*  (dhac  Tidani  InUr  Stirieenoi  m«uil  at  ejn- 
Unda  iNBBu  parM>Wil  (Simplr.  Cbr-,  num.  26). 

■  Mu.  arabs  de  ta  Bibl.  rof.,  d°  to4. 

1  Ce  rtdl  ■  ité  iMéré  pir  Karphy  dio»  «a  compilBaon;  mili,  comme  k  ion 
ordioeire,)!  ■  IrtTilllt  inr  no  maaaKrll  iltéri  de  lUIlIliriiCeqiilsinlrodall 
dent  Ml  ridl  U  plu  élrio^  confulon  de  noms. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


114  oumaB  urspagia. 

OUioii  I",  roi  de  Germanie,  depuis  emperear  d'AUenugiiB, 
et  ninioiiimé  le  Grand'. 

Àbd  el  Babman  avait  été  obligé,  on  ne  sait  pour  qoelle 
eanse  poUtiqne,  de  M  enrojer,  qoelqaei  années  anpararant, 
des  messagers,  portenrs  d'one  lettre  adressée  aa  grand  chef 
de  l'Alamaule'.  Cette  lettre  contenait  qaelqnes-nnes  de  ces 
expressions  familières  aox  Mosleras  sur  leor  religion  vérita- 
ble, sur  la  grandenr  da  khalif&t,  fondé  en  Occident  poor  j 
exalter  la  f^oire  de  Diea,  en  hnroiliEuit  ses  ennemis  et  en  ren- 
versant la  eroix  du  Christ  sons  ses  pieds.  Ces  expressions, 
trop  fortement  figurées,  avaient  para  à  Othon  injnrienses 
an  diea  des  chrétiens,  et  il  avait  retenu  pendant  trois  ans 
les  envoyés  da  khalife  en  Allemagne,  sans  vooloir  riai  con> 
dnre  avec  enx'. 

Cet  état  de  choses,  cependant,  exigeait  ane  solution,  et  le 
NH  résolut  enfin  d'envoyer  one  ambassade  àCordone,moins, 
à  ce  qa'il  semble,  pour  y  traiter  d'objets  politîgaes,  qoe  poor 
répondre  à  cette  partie  de  la  lettre  d'Ahd  el  Rahman  où  il 
était  mal  parlé  de  la  religion  chrétienne.  Le  frère  d'Othmi, 
le  savant  Bnmo,  archevêque  de  Cologne,  se  chargea  de  cette 
réponse;  il  l'écrivit  dans  la  langue  même  qu'avait  employée 
le  divran  de  Cordone  en  s'adressant  au  roi  germain,  c'est-à- 
dire  en  grec,  langue  intermédiaire  entre  le  latin  et  l'arabe; 
ce  qui  donne  &  connaître  qu'on  mtendait  et  écrivtût  le  grec 
à  peu  près  couramment  parmi  les  lettrés  da  khalifot  ;  et  il  y 
prod^i;aaît  les  injures  à  Mahomet  dans  nue  proportion  gni 
dépassait  de  beaucoup,  ce  semble,  la  mesure  de  celles  qu'Abd 


■  OtboD,  m  de  Henri  l'OIieUnr,  tTill  èli  élu  roi  d«  Geraunle  eaUe.— Plu- 
(ienn  Biileun,  DDlanunstit  1«  biiiorlani  eec1£»lullqu«B,  De  loi  donnent  le  DOm 
d'emperearqu^aprisqn^ltcuiflâcparoBDèparlepapc  tttn  XQi  Bonrt.en  962. 

1  Bnir  cl  Alimaollu.—  Lm  Arattcf  dAtigniIsnt  fonient  par  le  mol  AlsmaDT», 
1  celtE  époqne,  lea  «U(*  occIdenUai,  y  comiirit  l'IUlis.  ■  ■.■  Tille  ie  B«m«,  dit 
Aboalbiage,  fait  partie  de  rAlunaDle.u 

I  Veyti,  daoa  le*  Acti  Suctenim  Ordlnii  SancU  Bensdicll  de  HdiiUoD,  t.  t, 
p.  4D4,  la  relaliaa  du  nain»  de  Gorie  ob  ce*  bili  wol  rapportti. 


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COAmU  QDDIZlitlfB.  315 

d  Bahman  mai  adreaéet  aa  Chriit.  Il  feSimt,  pour  pwter 
cette  lettre,  nn  homme  conngeax ,  que  n'effrayaMent  ni  la 
longoear  ni  lei  périli  da  voyage,  ni,  gartont,  la  colère 
on  lei  re{xréaaiUei  da  khalife  dont  on  arait  ai  longtemps 
retena  les  ambaasadeim.  Jean,  moine  de  Gone,  s'offrit  de 
lid-mëme,  dana  l'eipoir  da  martyre,  dit  éne^iqnement  le 
relation  de  ton  ambaHade,  écrite  par  mt  disciple  et  nn  ami 
de  ce  moine'.  On  lui  adjoignit  on  antre  moine  de  la  même 
abbaye  appelé  Garamannu^.  Les  denx  moines  ambaHadeors 
partirent  dans  l'appareil  le  plus  modeste,  mais  mnnig  cepen- 
dant d'&BWz  riches  prêtons  ponr  le  khalife,  prétens  a^etés 
aax  frais  de  leur  abbaye;  ce  qni  noos  confirme  dans  l'idée 
qne  l'objet  de  l'ambassade  était  plntdt  religienx  que  p(di- 
tiqoe.  De  l'abbaye  de  Gorze  à  Vienne  en  Danphiné  ils  flrrait 
leur  ronte  à  pied.  De  là,  s' embarquant  sar  le  Bhône,  ils  ga- 
gnèrent la  mer,  et  te  rendirent  par  cette  voie  jnaqn'A  Bar- 
celone. Tonte  la  Catalogne  en  deçà  de  l'Êbre  était  alors  dn 
domaine  des  chrétiens,  et  la  première  ville  donnant  entrée 
dans  les  états  dn  khalife  par  cette  frontière  était  Tortose.  Ils 
envoyèrent  avertir  le  gonvemeor  de  Tortose  de  leur  arrivée 
et  de  l'objet  de  leur  voy^.  Le  gomemenr  lettr  donna  la  per- 
misrioD  de  passer  ootre,  les  fit,  traiter  avec  les  plos  grands 
égards,  et  conduire  à  Gordooe  défrayés  de  tout.  Arrivés  enfin 
dans  la  ville  royale,  ils  y  forent  reçnt  avec  bienveillance  et 
l(^ét  dant  nne  maison  éloignée  de  denx  milles  dn  palais  du 
khalife;  on  ne  tait  t'îl  s'agit  ici  dn  palais  de  Zahra.  Là,  trai- 
tés avec  nn  Inxe  tont  royal,  et  pouvant  faire  librement  usage 
de  tont  ce  qni  s'ofiraît  à  eox,  ils  furent  néanmoins  retenus 
fort  loi^temps  malgré  eux  dans  une  sorte  de  captivité 
somptueuse  3. 

■  JohuiMi  MM  oflkrl  ip«  Battïtlt. 

*  Lafld  iwt,  aiBbo  Atniaww  meuchl,  aUeiiDlnr,  fiiiminnu  et  JokntiM. 

*  BÛctBODUa  VMianlM,  «pladwlH  diebtu  imtnntBr,  donsc  BSDtfu  TortoMB 
■!■•■•  (ft.  la  primt  nfti  ttmcvwraa  ent.  Dn  mbUmo  cm  pnperin 


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2t6  HISTOIBI  d'eSPAGHK. 

S'étast  informés  poorqaoi  os  tardait  ai  toi^itempa  à  ks 
admettre  en  la  présence  du  roi ,  il  lear  fut  répondu  que  les 
ambassadeurs  de  ce  même  roi ,  ayant  été  détenus  trois  ans 
en  Germanie ,  ils  le  seraient  à  lenr  tonr  trois  fois  autant , 
c'est-à-dire  neuf  ans,  avant  d'être  reçus  par  le  khalife  '.  La 
vérité  est  que  le  kbalife  voulait  effrayer  les  légats  par  cette 
perspective  d'une  détention  de  neuf  années ,  en  attendant 
qn'il  eût  pris  nn  parti  sur  la  focon  dont  il  les  traiterait.  Ij 
avait  été  instruit,  dès  avant  l'arrivée  de  Jean,  du  contenn  do 
la  lettre  d'Othon,  en  ce  qui  concernait  le  prophète.  Or,  nne 
loi  formelle,  qui  figuK  encore  dans  le  Code  des  Ottomans, 
prescrivait  la  peine  de  mort  contre  tons  ceux  qni  se  permet- 
taient d'insulter  Mahomet  dans  leurs  discours  :  •  Quicon- 
que ,  dit  la  loi  musulmane ,  profère  des  blasphèmes  contre 
Dieu,  contre  ses  attributs,  contre  son  saiut  prophète,  con- 
tre le  livre  céleste ,  sera  mis  à  mort  sans  rémission  ni  dé- 
lai >.  »  La  loi  n'exceptait  personne  de  sa  rigueur ,  et  le 
prince  qui  souffrait  que  l'on  parUt  devant  lui  de  Mahomet 
en  termes  irrévérens  était  coupable,  et  devait  être  traité  à 
l'égal  du  blasphémateur.  L'auteur  de  la  relation  de  l'ambas- 
sade insiste  curieusement  sur  ce  point,  qni,  en  effet,  était 
déciùf ,  et  justifie  la  conduite  que  tint  le  khalife  en  cette 
occasion  3. 


rwfgnal,  itqae  (doiniMiii  copUm  procniit ,  donBc  velodiu  rcgi  Cordoba  mm- 
tlgtide  excepllose  aonim  par  tlngulu  clTlIitaa.Vsl  locidtgoo  ragii  nandilnm 
Ml  bonorlBtentli.  Tandem  Cordabim  rsglim  arbsm  d«dacll,  à  piUtla  domol 
qiMbdam  dDobu*  tkte  miUlbni  diiUni  cii  «il  dclegtla  :  obi  reeiflco  lain  ,  omal- 
bna  Mlun  pralar  nnin  nbibltti  p«r  noDnalliM  dlsi  coactt  lanl  remoriri. 

' Dlclnm  eu  qali  priai  nlul  ■  tcge  noilro,  triennla  crant  ddeoll,  *» 

Icrtanmm,  IdtUnovemaniuM,  «ondlctnmeiMupeclD  neia  ■billDeri. 

3  Hoandgea  d'Obaion,  Tabl.  de  l'Bnip.  OU.,  t.  ti,  p.  SU. 

3  Lei  euiiD  tun  ImprovacablUi  «ni  coaatrlnpt,  dI  qood  a«mcl  uliqailai 
omnl  el  gsDll  ptnflinm  eal,i»illa  unquun  licaal  modo  diusUli  p'rlqnfl  modo 
Tci  popglgaqnc  tcDcnlnr  fanoit  DmDJiqaa  titmgrEaal  Igladfo  fsrllnr.  SI  qnid 
■b  iDferlotibiu,  Bet,  d  qnld  Kcx  Ipie  commiieril,  chdcId*  io  eam  pupoloa 
inlmadierlii.  Eia  ia  Icgibiu  primnm  dimmqns  cit,  no  qnli  ia  rallgioiiem 
Mram  qold  nmqnun  tudiwl  loqui  :  enjoa,  al  lii  exIriDïW ,  Dutk  iDletcedente 


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CHAFITHS  QCmZISlIK.  217 

Cette  cmidaite,  oo  reste,  parait  avoir  été  déternûnée  autant 
par  la  crainte  que  par  le  zèle  reUgienx.  Le  biographe  de 
Jean  de  Gone  nooB  dit  en  effet  qne ,  sur  le  broit  qtd  le 
répandît  qne  le  khalife  allait  recevoir  l'envoyé  càrélien  por- 
teor  de  la  lettre  blasphématoire  d'Othon,  les  grands,  les 
primats  de  Cordone  s'émurent  et  contraignirent  en  quel- 
que façon  le  souverain  à  soivre  les  antiques  et  les  pltis  sé- 
vères lois  de  l'islamisme,  dont  il  se  serait  sans  cela  peut-être 
philosophiquement  dispensé ,  dont  il  ne  se  aérait  pas,  tout 
au  moioB ,  préoccupé  avec  un  zèle  si  eitréme.  L'ardeur  de 
leur  zèle  fat  telle ,  qu'ils  se  portèrent  eux-mêmes  au  pa- 
lais d'Abd  el  Bahman ,  et  que  leur  visite  prit  jusqu'à  nn 
certain  point  le  caractère  d'un  tumulte  et  presque  d'une  sé- 
ditioD.  Relenns  dans  hê  premières  cours  do  palais  par  les 
gardes,  ils  demandèrent  à  transmettre  par  écrit  lenrs  do- 
léances au  khalife  (car  l'accès  jusqu'à  sa  personne  était  très 
rare,  nous  dit  l'écrivain  bénédictin;  tontes  choses  M  étaient 
communiquées  par  lettres  qu'étaient  chargés  de  lui  porter 
des  officiers  Bpéciaux,nommé8  par  le  moine  biographe  Sdavos 
aibiculatios)  ;  et,  à  ces  doléances  écrites  des  primats  de  Cor- 
done, dans  lesquelles  on  faisait  ressouvenir  l'imam  El  Nassr 
Leddin  Allah  de  son  titre  de  défenseur  de  la  loi  de  Dieu  et 
de  son  devoir,  devoir  dont  on  craignait  apparemment  qu'il 
ne  fût  prêt  à  se  relâcher,  le  khaUfe  répondit,  également  par 
écrit,  que  rien  de  ce  dont  il  Ini  était  parlé  n'était  venu  à  sa 
coDnaîBsance  ;  sinon ,  que  des  légats  lui  ayant  été  envoyés 
par  on  prince  ami ,  son  fils  les  avait  reçus  dans  sa  propre 
maison ,  sans  qu'il  fût  instruit ,  quant  à  lui ,  du  motif  par- 
ticulier pour  lequel  ces  légats  étaient  venus.  Par  là  fut 
apaisé  le  tfunnlte  des  primats  de  Cordone  accourus  au  pa- 
lais. Hais,  dans  la  vérité ,  dit  nuvement  le  bénédictin,  il  était 


>;,l,ZDdbyG00gle 


218  mStOIBI  D'iSFABn. 

iiutniit  de  tont,  et  il  avait  ea  Becrètemeitt  eonnainanoe  4t» 
paaugei  mjnrieox  &Hah<niiet  gne  contenait  la  lettre  da  raie 
Germanie  ;  maia,  ajoate-t-il,  par  la  crainte  des  siens,  U  diw- 
mnîa ,  comme  on  vient  de  le  voir,  snr  tonte  cette  affaire  ■. 

Pendant  qoelqaes  jours,  11  ne  fat  pas  sans  cr^te,  à  ce  qu'il 
semble,  et  il  demenra  irrësola,  ne  sachant  qaél  parti  prendre 
an  sujet  des  ambassadeurs  germains.  Le  seul  expédient  enfin 
qui  loi  pamt  propre  à  tont  concilier  fat  de  recevoir  l'ambai- 
sadenr  chrétien  sans  les  lettres  dn  roi  de  Germanie.  Hais  il 
MIait  qoe  Jean  voulût  bien  s';  prêter,  et  Àbd  el  Bahmim  sa- 
vait, de  source  certaine,  que  telles  n'étaient  point  les  disposi- 
tions actuelles  de  celui-ci.  Néanmoins,  on  pouvait  espérer 
qu'il  se  laisserait  persuader  aux  nombreuses  raisons  poUtiqjaea 
et  religieuses  qui  exigeaient  de  sa  part  cette  coadescertdfflice, 
et  le  khalife  donna  commission  à  un  juif,  nommé  Hasden, 
de  se  rendre  anprès  de  Jean  pour  1';  engager  ;  mus  Jean  allé- 
gua les  devoirs  de  sa  mission  ;  Hasdeu  eut  beau  le  presser,  et 
lui  montrer  le  danger  de  sa  persistance,  le  moine  tint  bon,  et 
ne  se  rendit  à  auenne  considération  homaine.  On  espéra  que 
la  retraite  le  réduirait,  et  on  le  laissa  pendant  un  temps  à 
ses  médltatioDS  solitaires,  dans  la  seule  société  de  son  com- 
pagnon. 

Aa  bout  de  quelques  mois,  on  évèqae,  sans  doute  l'évéqne 
mosarabe  de  Cordone,  vint  le  viMter.  Cet  évégue  était  apé- 


■  Told  !•  tuiuga  da  moUa  deGoruiui  Mll«  émenU  olletrchlqne  etthéo- 
cnlIqaE  dei  primaU  de  Cordone  :  —  lUqne  prlmalei  Inlcr  ga  con^lio  hftbilo, 
■I  DtrDm  jn  Bollllam  rtgli  et  Itm  Tcnerlat  dliqnlnnla»,  abl  parum  M  com- 

parlnm  babcnl  pcr  M  regain  «Ulaant  anpei  bo«  perqalTeDdiiin PrJmorlr' 

bu  argo  lllii  pilailuni  paieoUbui,  cam  rtgl  inpcr  boe  per  Dnntloi  luteBa- 
■lucMt  (D«m  KcceuQi  id  eum  Ipiom  rariulmai,  et  nlll  miiniam  quid  In^naril 
nnlloi  :  lanlom  lluerii  par  SclaToi  eubtenUrioi  «nia  parranotor},  llla  nihll 
eoram  ad  ae  parlalam  reacrlbit  :  imlcl  legaloi  libl  mluoi,  coaqoe  fllium  iduib 
ia  domo  propria  percapUie ,  DCcdDmque,  il  qufd  tttemot,  reulliie.  lu  ta- 
multai  Itlamm  icdgtni  caU  V»m  pro  certo  |uii  rumor  ai  txaa  Tea«nl,  at  mlMla 
clim  nnnlllf  icra  ciia  cospireril  ;  nd  Hnora  «Boroo  lallMr  k  oaiem  tap- 


3,q,l,ZDdbvG00gIe 


t  chai^  ^BT  le  khalife  d'employer  toate  ion  élo- 
qnenoe  à  disMuder  Jean,  s'il  était  pooeiUe,  de  son  projet  de 
préseoter  les  lettres  de  rranpereiir;  ces  lettres  ponvant  de- 
veslr  an  sujet  de  discorde  et  de  coHision  oitre  les  deux  pen- 
ples,  et  pouvant  obliger  le  khalife  à  des  aévéeiiét  qu'il  aurait 
r^p>et  d'ïmidoyer  envers  le  l^t  d'un  ami. 

On  trouve,  à  propos  de  cette  entrevue,  dans  le  précieux 
doeoment  qui  tert  de  baM  à  notre  récit,  les  plus  curieux  dé- 
tûls  flor  l'église  chrétienne  de  Gordone  bous  la  domination 
mosslmane.  Comme  l'évéqne  mosarabe  dont  nous  venons 
de  parlfff  s'ex^HÎmait  en  latin  avec  facilité,  un  colloque 
s'établit  entre  Jean  et  lui,  dans  leqnel  ils  parlèrent  d'abord 
de  toutes  sortes  de  matières.  L'évèque  arriva  enfin  au  vrai 
sujet  de  sa  visite,  et  lui  fit  part  de  la  volonté  du  khalife  de 
ne;recevoîr  l'envoyé d'Othon  qu'avec  ses  présena '.  Qoe  veux- 
tu  que  je  fasse  des  lettres  de  l'empereur,  dit  Jean?  N'est-ce 
pas  principalement  pour  les  remettre  que  j'ai  été  envoyé? 
Parce  que  lui-même  (le  khalife)  noua  a,  le  premier,  envoyé 
des  blasphèmes Noos  le  réfatons>. 

On  démêle  assez  bien,  au  milieu  même  des  phrases  tron- 
qiées  et  des  nombreuses  lacunes  du  texte,  la  réponse  de  l'évé- 
que espi^nol. Ta  ne  sais  pas,répondit  l'évëque, sous  quelles 
conditions  nons  vivons.  L'apôtre  nous  défend  de  résister  aux 
puiflsauees....  Ce  nous  est  une  consolation,  dans  une  aussi 
gruide  calamité,  qu'il  nous  soit  permis  de  vivre  d'après  nos 
propres  lois....  Les  plus  fervena  observateurs  des  lois  du 
obristiauisme,  gràes  à  ces  concessions,  sont  vus  d'assez  htm 
œil,  tandis  que  les  juifs  sont  on  objet  d'horreor.  Ce  temps-ci 

I  lUo  tanc  diseidepLe,  pMt  iliquoi  meniu ,  epticopui  qnidtin  JobanucBid 
eot  mlMoi  Ht ,  qnl  poiWmalU  maliia  conTtbDlitloiill  rogiU  «1  raddiu  (ul  (il 
iDtcT  fidtici)  colloqntt,  mindilum  regli  mbliifeit,  ni  com  mnoerlbni  lolDm- 
nodo  In  MiMpecla  rc^>  «dTenlâDl. 

*  Qnid  «rgo,  labanau  ait,  ds  lillcrli    Impsntoriti?  nonna  avam  miiime 

ciDu  UrectM  nm?  qnli  IpM  bluphunu  prMmIalt DealnisntIbDS  »nfn- 

talsr. 


:,.;,l,ZDdbyG00gle 


220  mSTOIU  DBSPAOHZ. 

exige  que  noai  tenions  la  ocoidnite  qii'<m  nom  vwt  tenir, 
d'autant  que  nons  noua  àbsteniHU  de  rien  fiùre  de  dommagea- 
ble à  la  religioD.  £n  tout  le  reste  nous  noos  monlnma  obëïa- 
sans  et  soumise  C'est  poorquoi  il  sera  mieux,  je  crois, que 
ta  retires  et  supprimes  entièrement  cette  lettre  qui  peut 
soulever  ici  les  pasiions  contre  toi  et  les  tiens,  sans  né- 
cemté  aucune  '.  Jean  fat  un  mcanent  ébranlé  par  la  réponse 
de  l'éTëque,  mais  il  ne  ae  démentit  point.  Gomment,  dit-il, 
peux-tu,  toi  qui  te  présentes  comme  un  évéque,  tsaii  de  pa- 
reils propos?  Car  enfin  n'es-ta  pas  confesseor  de  la  foi,  n'as- 
tn  pas  été  élevé  à  ce  haut  rang  pour  la  défendre?...  £t  ce- 
pendant, par  respect  homain,  tu  t'écartes  de  la  vérité  ;  loin 
d'eng^r  les  antres  à  la  prêcher,  ta  te  Boastraû  toi-même 
ît  ce  devoir;  il  eût  été  mieux  assurément,  et  d'un  homme  plus 
véritablement  chrétien,  de  souffrir  les  angoisses  du  besoin, 
qne  d'accepter  d'un  eoneoù  une  noorritore  préjudiciable  an 
saint  d' autrui  ^. 

Jean  adressa  ensuite  des  reproches  A  l'évéqae  mosarabe 
sur  certaines  pratiques  de  son  ^lise.  Gomment,  lui  dit  Jeaa, 
ponveï-Yons  vivre  comme  vous  foites  ?  J'ai  ouï  dire  que  vous 
vous  soumettez  à  ce  qu'il  7  a  de  plus  odienx  à  l'église  catho- 
lique, à  ce  qu'elle  réprouve  et  r^arde  comme  la  4^ose  la  plus 


■  Ule  uL  bttc  Iwat ilt,  nb  qot  coadltlone  tgunu,  pauaUi  id  bac 

deio "dilioBi.  BeriaUn  p«lMUli  TUb»  problbemnt,  ApoMoll  tutoin.-,. 

Solitll  qaod  in  Itota  MlunlIiUi  milo,  TldtriDt  obtenitorai  colant,  el  aiBplw- 
iBDlar, iIipDl Ipiomm coDTlcln  d«lectiDlar,  comladMM  penllni  eihorrunl. 
Pto  tempore  Igîlur  hoe  Tldamar  ttntre  MMlIli  al  qnit  nligloitli  bdUi  intcrlBr 

1  Code  libl  mallo  taliui  nniic  d«  bli  ntlearfl,  el  «pittolun  ilUm  otnatno 
■npprlmtrc  qaun  Mndabiin  Ubl  tmUqoe ,  nalU  IniUaM  dbcmiIIiU  ,  paruldi»- 
liuiiniim  conclure. 

3  Johinnei  paalaliim  commotlor  :  Aliun,  Inqnlt,  qouo  te,  qui  rlderb  ep]êto- 
pni,  bnc  proterra  decneril.  Cam  ili  eclm  Fldcl  uiBTlor,  ejoiqaa  t«  gndaa  mI- 

■lor  polucrlt  «liani  deroniarem; limora  bnnuno  ■  TiriuU  ,  prndjcuda 

Dtdnm  allai  conpaacerc,  acd  née  te  Ipaoïn  opportebit  aabdnccr*;  et  mellbi 
0  tnerat  hamlnem  chriitiannm  famia  grare  farn  diapendlnm,  qDua  clbia 
m  CMUOcitrl  BaDUUwu. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CBAMtÉÈ  QOINZlàlIB.  Ht 

eriminette  ;  j'ai  onl  dire  que  tous  êtes  circoncit,  contraire- 
meut  à  la  senteoce  de  l'apdtre  :  Si  voua  êtes  circoncia,  le 
Gbriat  ne  Tiendra  point  an-devant  de  Tona  ;  et  qne  tous  tdoi 
abstenez  de  même  de  certaines  viandes,  parce  que  leore  doo- 
tenn  les  défendent'...  Hais  loi,  c'est  la  nécessite,  dit>-il,  qui 
nous  contraint.  Car  il  ne  nons  serait  point  loisible  autrement 
d'habiter  panni  eux.  Et,  après  tout,  ce  qne  nous  disons  a  été 
tùt  par  nos  aieox,  et  nous  vient  de  loin  par  une  tradition 
déjà  vieUIe,  et  nons  l'avons  toajoun  ainsi  pratiqué  '. 

Jamais,  dit  Jean,  je  n'approuverai  cela,  qne,  par  crainte  on 
par  amour,  on  fesse  antre  chose  que  ce  qui  est  ordonné^.  II 
ajoata,  d'ailleurs,  quelques  mots  aigres,  et  finit  par  persister 
dans  sa  résolution  de  ne  point  paraître  devant  le  khalife  sans 
les  lettres  de  l'empereur.  Quant  à  ceUeg-d,  m  quelqu'un,  dit- 
il,  objecte  quelque  chose  A|ce  qu'elles  contiennent  de  con- 
forme à  la  véritable  frâ  catholique,  je  soatiendrai  le  con- 
traire publiquement;  pour  Vamonr  même  de  la  vie,  je  ne 
manquerai  point  an  témoignage  de  la  vérité  i. 

Gela  fat  rapporté  secrètement  an  khalife,  D  passait,  sni- 
vant  le  narrateur  chrétien,  ponr  un  homme  fin  et  rnsé,  et  ne 
négligeant  aucun  des  moyens  prt^res  i  agir  sur  l'esprit  des 
hommes.  H  laissa  encore  s'écouler  quelque  temps  sans  rien 
tenter  auprès  du  moine,  comme  pour  lasser,  par  la  solitude 
et  l'ennui,  cette  volonté  qui  se  montrait  si  rebelle  ;  et  de  m^e 
qu'on  emploie  diverses  sortes  de  machines  de  guerre  contre 

'  Titt  s.  Johmol*  ibb.  Gariiiiu.,  p,  40T. 

t  Al  IIK  :  N»ceuilu,  Inqoil,  nof  coulriDSil.  Run  lUtar  cia  eolublundl  Ba- 
bil copia  Doa  UHL  Qain  «t  i  majoribui,  loDEJqa*  inllqnli  Irtdllnm  abKna- 
tDinqae  lu  ItMiniu. 

>  KoDqDam,  Johamiu  Inquit.Id  ipprobcTcilm,  ut  mila, ■■nare  tsI  bTore 
niorUlI  iriniBredi«nlDt  «Ututi 

*  Kiro  HCC  fine  epiiUU  lmp«r«loiii,  nalliu  Inéa  dcmpiig  tel  commnUllt 
■■qoeid  uiiQia  iplcein  UlUtli ,  eom  conrciiluiii  ci  il  qnid  conin  sa  qnlgqat» 
obUlTOTïtll,  qiHe  iinn  «t  ciibollu  Bdcl  ttrtméi,  ci  dlTinni  ad  bac  aucru 
abicDBrii,  piiun  ittiilam;  nec  Iptlui  uaore  tIU,  (b  «iciuUopB  larittUt  dlf. 


>;,l,ZDdbyG00gIC         


232  HISTOIU  D'fSPUn. 

une  «Uide  oumiUe  (je  me  »Bn  îà  d'ine  oompaniacm  em- 
ployëe  par  ouii  giiideeBoeEéa^,deBâaieilToiilateBia;er 
de  tou  kl  mayeoA  pour  força  qette  fermeté  de  cœar  qoi 
l'étoimait'.Aa  bont  d'on  joiois  oa  de  û  &  sept  Bemainea,  de 
BOOTeanx  meaagen  forent  envoyés  de  la  p«^t  da  roi  auprès 
de  leaD,  pour  s'inftNrmer  de  ses  dispoiitioBB  prëieates  \  mail 
^B  le  trooTèietf  inâtranlaile  duu  ses  volontés.  Le  khalife  lé- 
Hlut  alon  d'arcir  nJMo  de  cette  obitioée  conataDee  par  la 
t»Teiir;aaDpoùitpariuie  tenmirqai  touchât  peiscMutdle- 
laeiit  k  l'ttaojé  chrétien,  aii-des8as,conune  sa  condoite  le  dé- 
mootrait,  de  tonte  faiblesse  à  cet  égard  ;  mais  par  une  crainte 
généieuse,  en  loi  montrant,  comme  imminente,  une  persé- 
colion  générale  des  chrétiens  dn  royanme  d'Abd  el  Befanum, 
motivée  sor  ses  refus,  et  dont  loi,  Jean,  serait  la  cause,  et  il 
loi  fit  remettre  en  ooBSéqaenoe,  on  certiun  joar  de  diman- 
che, une  hittre  piàoe  de  mcoaces'.Vdoi  comment  notre  Iro- 
graphe  raconte  la  chose  : — Il  étaU  permis  aox  chrétiens,  les 
jours  dn  Seigneur  seulement  ou  à  certaines  fêtes  prindpales 
de  notre  rrii^n,  telles  que  la  Hafifité,  l'Epiphanie,  Pâques, 
l'Ascension,  la  Fentec6te,  la  Saint-Jean,  la  fête  des  epdtres 
et  de  quelques  autres  grands  saints,  de  se  rendre  &  nne  église 
i^tuée  hors  de  la  ville,  sons  l'invocation  de  Saint-Uarlia,  et 
voisine  du  palais  qu'habitaient  les  légats  d'Othon,  et  de  %j 
rendre  en  quelque  fa^n  processîonneUement,  puisqu'on  noos 
dit  que  douze  gardiens ,  qu'ils  iq^witaieut  Sagiones,  Ira  re- 
conduisaient ensuite  de  l'égUse  à  la  ville^.  Jean  avait  ob- 
tenu depuis  longtemps  la  permission  d'accompagner  ces  diré- 


I  Et  tsnquai  mnro  praTilIdo  dl>ena  irtebDpnltii  miefaiDii,lli  flrnilMtem 
yecUti  ejo*,  a  qao  p«cto  dirclor,  nrlil  coaralere. 

1  Dl»  qDidiin,  qnn  domlnlca  ent,  ri  apiitolim  pleoim  mlmniai  mialt. 

>  Bb  nlm  laoUm  dlebni  Domlilcli,  ml  il  qna  ftiia  noitrc  relielonia 
«nU,  mnlmi  Naulli  Domiof,  EpIptaiDlorom,  Fuchn,  Aiceuiionii,  Penlccaa- 
M,  mmU  JohiDDli,  Apoito^onun ,  in[  Homluatonuii  «rani  iiDCloruiB ,  ad 
irclr^mi  iiniliimii.  qun  «rai  in  tamore  mdcU  IUtllDl,parmlttebiiilar  acc»- 
d«n : cofWdlbw  Un:IJidBdw)decii>i,qn»iMfloDMToc>Dt,  »  d»dDC«Mbafk 


>;,l,ZDdbyG00gle 


tiens  i  l'égjiie  deSunt-Hartiiihorf  dennon;  or,c(niuneil 
t'y  rendait  ce  joar  de  dimuidie,  en  la  compagnie  de  Ma  oo- 
itligionnairefl,  duu  le  trajet  même  on  mawager  lai  remit 
une  lettre,  renurqnable  par  M  graudear  (elle  était  écrite  snr 
OBepeandeoMMibm  de  ferme  eaiTée),et  contenant  les  mens- 
ces  dont  nous  avona  parlé.  Le  rédt  da  ntoine  biographe  est  id 
tronqué  commB  on  pent  le  voir  daas  la  note,  «a  baa  de  cette 
page,  oii  noua  Ifi  rqiïodoiiiBU  avec  tonteB  Mt  huones  ;  et  toot 
ce  qa'on  en  peut  comprendre ,  c'est  qoe  Jean  ne  w  laissa  toa- 
dier  m  par  ces  ««intea  ni  par  ces  nteoBces,  et  peniata  daas 
sa  résolatkm  de  snlTre  en  boat  les  ordres  de  son  roi«  qaoi 
qn'ilpût  advenir'. 

Il  fallait  cependant  sortir  de  ce  pas  diffîole.  Qaelqaea 
chrétieiu  mosarabes  demandèrent  alora  à  délibérer  avec  Jean 
des  mojens  de  se  tirer  de  cet  embarras;  il  penaa  qae  le  aeol 
étûl  d'raivojer  un  messager  à  Otfarai  ponr  l'instruire  de  l'état 
de  l'affoire,  et  lui  demander  de  aonvelles  instmolions.  Le  kha- 
life, à  qni  l'on  fit  part  de  cet  expédiest,  t'approoTa;  mais  il 
«'^iasait  de  troaver  qoelgn'on  qui  ne  s'eGb-ayèt  point  d'«n 
si  long  Toyage.  Les  concnrrens,  à  ce  qn'il  parait,  ne  forent 
pei  DombrBox,  pnisqoe  le  khalife  fiit  obligé  de  faire  publier 
qne  quiconqne  se  présenterait  pour  aller  rai  Gennaaie  (dit- 
tifmdrait  nne  (avenr  spéciale,  et  reoerrait  an  retonr  toutes 
sottes  de  présens*. 

n  j  avait  an  pdais  d'Ahd  el  Bahraan  lU  on  laie  appelé 
Becemnndas;  iLétait  l'un  des  kattte  (secrétaires  dn  kalife) 


>  CoB  ario  M  DoBlnlct.ad  «cdMl«n  yrMcmUMt,  In  ipM  UUmk  cpliioU 

•I  patiMla  Ml,  et  qota  cbirUi  iiMg»iMd«  (nan  qsulri  p«UU  larrctlt  au) 

■a  ncioram  qm»  Mndebat  aTOcarclur,  ialerJm  dUiulil..,..  ai  lUTaiiarlum 

laMearcoi,  ni  r«t«lTU,  Icrrentia  qncdam powanl  loTeolt,  bm  nmqaain 

alUi  lia  le  nlUi  inrariliM  pariMun 

>  Bit  Ngl  nanlialit,  accBpUqme  conillio,  at  k  pradinleancgaala,  qucrl 
InkMr  qala  ilcr  unlm  TaUat  ainnnerc  :  cnm  tarw,  aot  1ère  nnllu  palan  « 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


224  BISTCOBE   D'espaGKE. 

très  versé  danl  tes  langues  latine  et  aralie,  et  d'ailleors  er- 
cellent  chrétien  '.  Voyant  là  one  occasion  de  s'élever,  il 
demanda  à  conférer  avec  l'envoyé ,  afin  d'apprendre  de  lai 
plnsienrs  cboses  qa'il  lui  importait  de  savoir  avant  de  pren- 
dre aocnne  détermination,  quel  était,  par  exonple,  le  ca- 
ractère p^WMinel  d'Othon,  s'il  était  modéré  et  dément, 
facile  OD  non  à  la  colère,  et  snrtODt  s'il  voudrait  venger  la 
détention  de  son  ministre  en  faisant  soUr  aa  nouvel  envoyé 
pareille  détenticm.  Le  moine  l'asBara  qu'il  serait  bien  reçu, 
«t  promptement  congédié,  et  lai  o^t  des  lettres  pour  son 
abbé;  ce  que  Becemund  accepta  avec  reconnaissance.  Ins- 
truit de  la  sorte,  il  retourna  au  palais  disposé  A  accepter 
l'ambassade;  il  y  mit  toutefois  une  condition  :  l'évéché 
d'Hlibéria  était  pour  lors  vacant;  il  demanda  qo'on  l'en 
nommât  évéque,  et  le  khalife  ne  fit  point  difficulté  d'accorder 
è  Reeemand  sa  demande  ;  ce  qui  prouve  deux  chosesvl'une 
<qoe  l'on  pouvait  arriver  de  pldn  saut  dans  l'église  mosarabe 
de  l'état  de  laïc  à  l'épiscopat  sans  passer  par  les  ordres  in- 
termédiares, et  l'autre  que  les  évâqnes  eux-mêmes  étaient 
nommés  par  les  monarques  musulmans. 

La  vie  de  saint  Jean  de  Gorze  ne  nomme  point  l'élise 
d'Illibéris,  et  nous  dit  seulement  qu'il  y  avait,  par  ha- 
«u<d,  en  ce  moment,  une  é^^ise  chrétienne  sans  évëque, 
et  que  Heoemond  obtint  d'y  être  nommé  par  le  khalife  '. 
IVons  verrons,  tout-à-l'heare,  sor  quelle  autorité  nous 
nous  fondons  pour  désigner  la  ville  dont.  Hecemnnd  obtint 
si  fadlement  et  n  singulièrement  l'évéché. 

<  Tindem  eilUIt  inlcr  ofBcliia  palilfni  ofRcit  Kccemnadoi  qDldini  idprlme 
catboliciu,  al  Mticrit  opllme  lim  noitronun,  qnam  ijMlui,  Inler  qaos  Tembitar, 
lloea*  iTiblcs  iMlmctiu  ,  qal  Unlnni  1d  rtgia  hsbebal  offldi ,  ut  diraraortun 
fira  nBciuttillbai ,  ad  paUtlnm  eoecaTKDllnin  naila  axlra  «udiiji  [qoli  lllt«rti 
omnei  ibi  querimoDln  *el  oum  il|»iBtDT  el  TMleDinlnr],  hic  ooula  iafcmt, 
1lldEmq>«  rupoiWB  icripU  nf«rra(  ;  plarciqag  efdem  «lii  criai  officia  dalet«tl. 

1  Hli  iUe  allettui  pakitiniu  rspeteni ,  ic ,  il  ilbi  qa«  postalcl  denlu,  lUneH 
ItTOTel.  KtcUiU  fort*  ïllqua  yim»  tocuu  eni  epUwpo  :  bue  uanaf  «|u 
yeUl  blMTli.  Fwll*  obtwiim  :  ttipH  «i  Uiço  epiicopM  npeale  proMull. 


:,.;,l,ZDdbyG00gle 


CBAsrnx  QDinziiau.  225 

Béoémniid'  coni&cré  ^èqœ  et  mani  de  s»  iiutnictin» 
se  mit  en  chaiim,et  en  dix  semaines  arriva' à  Gone,  mo- 
nastère sitaé  SOT  nn  petit  roissean  de  ce  nom ,  non  loin  de 
la  ville  de  Metz,  où  il  fat  très  bien  reçu,  comme  ansù  par 
l'évéqae  de  Metz,  Adelbero,  qni  le  retint  près  de  loi.  On 
était  dans  le  mois  d'août,  et  révéqae  s'arrangea  pour  qu'il 
demeurât  là  pendant  l'aatonme  et  la  saison  d'hiver,  afin  de 
l'accompagner  ensuite  jnsqn'à  FranUort  où  se  tenait  la 
cour.  Us  s';  rendirent  ensemble,  et  Récânond  obtint  fad- 
lemeot  de  l'empereur  ce  pour  quoi  il  était  venu;  si  bien 
qu'il  était  de  retour  à  Gorze  dans  les  premiers  joara  du  ca- 
rême, n  en  partit  pour  retourner  en  Esp^ne  vers  le  di- 
manche àsê  Sameanx ,  accompagné  du  nouTel  ambassadeur 
qu'Othon  envoyait  à  Abd  el  Rahman.  Ce  nouvel  ambassa- 
deuT  était  chargé  d'un  écrit  de  l'empereur  par  lequel  Jean 
était  automé  à  supprimer  la  première  lettre,  cause  de  tout 
ce  débat ,  et  à  presser  son  retour  par  la  conclnsî<m  d'un 
traité  de  paix  et  d'amitié  qni  ndt  fin  aux  incursions  des 
brigands  sarrasins  sur  les  terres  de  l'empire '.Nous  dirons 
tout  à  l'hoire  ce  que  c'étaient  que  ces  brigands  sarrasins 
dont  l'empereur  se  plaignait  h  Abd  el  Babman  j  et  l'mi 
Terra  que  c'étùt  demander  à  celni-à  plus  peut-être  qu'il 
ne  pouvait  lui-même. 

Bécémund  avait  été  nommé  à  l'évécbé  d'IUiberis  m  957, 
à  la  fin  de  l'année,  on  an  commencement  de  la  sulTante, 
dans  laquelle  il  partit  pour  l'Allemagne.  Dans  le  même  tenqia 
florissait  lintprand,  diacre  de  Pavie,  qui  avait  été  secré- 
taire de  Bérenger,  roi  d'Italie,  et  qni  vivait  en  esil  h  la 
oonr  d'Othon.  Bécémnnd  et  Idutprand  vinrent  à  se  connat- 
tre  et  se  lièrent  d'une  vive  amitié;  ce  fut  Bécémund  qui 
engagea  le  premier  Lintprand  à  écrire  l'histoire-  des  cho- 

*  lahinni  de  prloritiiu  rapprimendli  reKTibiliii,  Ualnm  cDm  donli  procédât, 
•ndcilUm ,  putmqne    de   toTei Ution*  Iitroocaloraii 
paeio  caitaciti,ndlMia;BeiMl<itttedWtDr.,.   .     . 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


136 

M*  UM  ea  lav^  pv  les  empereurs  et  les  rois  les  eon- 
tenpoaviiui.Iâatprand  im  soQTlnt  qu'il  derait  à  l'évègoe  d'Il- 
Ubois  eette  idée,  et  c'est  cet  oaTrage  oommenoé  h  Frankfort 
ivingt  milles  de  Majence,  sons  les  yenx  de  son  ami,comine 
Liatprand  noofl  le  dit  lai-mème  quelque  part,  qa'il  lui  dé- 
dia desx  oa  trois  ans  plus  tard,  qoand  ii  l'eut  acheré  d'é- 
crire; c'est  par  ees  rapports  de  ninas,  de  beoz  et  de  temps, 
que  nous  savons  aa  juste  le  oom  de  l'élise  dont  avait 
été  nommé  évèqne  rex-secrétaire  â'AM  el  Bduian. — L'i- 
dentité, en  effet,  da  Bécémondns  de  la  vie  de  saint  Jean  de 
Gone  et  da  Raimandns,  évëqne  d'niiberis,  à  qni  Lin^rand 
a  dédié  son  Historia  Rernm  ab  Europœ  imperMorièus  et 
regilnu  gettarum  ,  ne  saurait  être  dooteose  ;  tont  concourt 
à  la  démontrer,  et  l'on  ne  s'expliquerait  point,  sans  la  ren- 
contre fortuite  de  ces  deux  personnages  à  la  cour  d'Othoa 
par  le  conconrs  de  cîrconstancoi  qne  je  viens  de  ^re,com- 
ment  anralt  pa  naître  l'amitié  vive  qui  les  lia ,  et  qni  respire 
dans  la  dédicace  adressée  avec  tant  d'eSotion  de  cceur  par 
le  diacre  italien  h  l'évèque  andalons  '. 

le  Bonvel  amlussadeur  d'Othon  était  de  Verdun  et  s'ap- 
pelait Dudon.  Charge  de  son  mandat  et  de  nouveaux  pré- 
sens,  fi  se  mit  en  route  avec  Bécémnnd,  et  tous  deux  arri- 


>  Voilà  deux  «M,  Ban  irii  chsi  père,  dit  Llntprud  i  K4ciinuid,  f  oa  m 
peu  de  gtate  me  bit  dUrinc  da  rtpoBdre  à  It  deminde  pit  laquelle  ,!■  mt 
|NHili  d'éolia  M  fae  fal  pu  m* olr,  aen  arec  donu  paar  l'aTOlr  appris  d'as- 
Inil,  mali  STei:  ceillUde  poDt  l'ayali  tb  de  msa  propm  jeux,  ds  «  qM  tM 
roi)  et  lu  emparean  oui  btt  par  toale  l'Europe:  (Biennlo  isgeDil  panitata 
feilUoDem  Inim,  P(tH  eirluliii*,  dlMoH,  que  teU»  Karep*  me  Impeidoran 
Begninque  bcU,  «IflBt  qol  aoBaBdltn  diÂliu,HdTlii<ne  cerliu,poiiaree«nk- 
pellebia....)  —  Lei  precnleri  mou  de  la  didicece  lopl  :  —  Ad  lèrtreDd  hI^iwiit 
UfiaoBi,  dTtqoe  de  rigiltt  d'UUberli,  plein  de  tonte  lalotalé,  Uglpraml,  dla- 
c»  Ae  l'éfUM  de  Peile,  blem  aa-deHau  de  «aa  mMui.HlalsCaaTereM* 
laUnaqna  MMtltalli  pleno  Domiso  Baimanda  fllll>eriUM>  EeeleaiN  eplacopa 
LinlpraDdni  Iklwiuli  EccleilB,aaU  non  meiltU,leTlM*,aalDUm.) — L'onnage 
de  Llntprand  «  Ué  pnbM  ploalenn  fofi,  entre  aolre*  arec  beaaconp  de  cairae- 
Uhu  •!  da  tota  par  Maïaurf,  dini  hd  ptod  recueil  det  Snlploref  Rcmm  lu* 


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cBAsmM  Qvazdaa.  S37 

Tènot  h  Cordone  aa  oonuneBCWwt  de  jain  959.  Le  non* 
T«ni  légH  H  |Mrésenta  amlUt  ati  palais,  deioBitdirat  «• 
dionee: — £a  anoane  façon,  s'écria  le  khalife. Qae  ceux  qui, 
àtm  ces  derniers  temps,  oirt  soatena  ce  difCénsut  ae  présen- 
tent les  premiera  arec  lenrs  offrandea  et  Iforg  mandats.  he& 
astres  se  présenteront  Ensuite.  Aucun  d'eux  ne  verra  cer- 
titounent  mon  visage  avant  le  moine  résoln  qoi  m'a  tenn 
tête  si  longtemps  '. 

Cela  dit,  il  manda  Jean  en  sa  présence.  D  y  avait  trois 
ans  &  pen  près  qoe  oe^-ù  attcmdait  ce  moment.  Peu 
a*  en  fallnt  qn'nne  nouvelle  âiffimlté  ne  vint  enooro  le  re- 
tarder. Les  vasirs  envoyés  par  le  khalile  auprès  du  moine 
lorrain  le  trouvèrent  ks  dieveox  et  la  barbe  incultes,  oon- 
vert  d'an  vtteraent  grasûer,  apparemment  de  la  robe  de 
son  ordxe,  et,  à  ce  qa'U  parait,  aasea  mal  en  point.  Lui 
ayant  représenté  qu'il  ne  poavait  paraître  devant  le  khalife 
qu'il  n'tAl  auparavant  fait  traidre  et  mettre  ai  ordre  sa  cbe- 
Telnre,  lavé  son  eorps,  et  revètn  on  h^it  plus  oonvena- 
ble,  il  répondit  qu'il  n'avait  point  d'babits  de  rechange.  Il 
fallut  encore  en  référer  an  khalife. Croyant  sans  doute  que 
le  moine  manquait  d'argent  pour  s'en  procurer,  Abd  el  Rah- 
man  s'empressa  de  lui  envoyer  dix  livres  d'argent,  somme 
annrémeut  assez  considérable  ponr  qu'il  pût  s'acheter  de 
beaox  habits,  tels  qu'il  les  fallait  pour  paraître  décemment 
aux  jeas.  du  roi;  car  oe  n'est  point  l'usage  de  cette  nation, 
dit  le  bénédictin  biographe,  de  se  présenter  aux  audiences 
royales  sous  des  vètemoig  grossiers.  Jean  prit  la  somme  ; 
mais  il  l'employa  tout  entière  an  soulagement  4es  paovres, 
peiuaut  que  ce  serait  mieux ,  ajoute  naïvement  son  historiu , 

I  Caa^BS  nncumno**  wuiti»i>alu)T«Unt  ltrDiapaT«,Kn,  noqaafiu», 
laqjiltj  Md  foi  UtaD  Unto  unpoM  pfolmmuit ,  can  prforltau  prUnnin  pro- 
cedanl  uiiBailbDs  t«I  mandatlt.  iBda  HUDdl  ordtMc  Infcnplnt.  Rra  bl  on- 
Mlno  iMbta  nBmild<buK,nltl |itw MnMbBin  Ulnn UDtl  lenpsrlj  p«illiii< 


>;,l,ZDdbyG00gle 


238  EQSTCHBI  D'ZSPlâm. 

qae  de  la  dépenser  «i  Tfttemena  inutiles.  H  reodit  toatrfoii 
mille  grAoes  au  roi  de  sa  moniflcieuce,  et  de  ce  qu'il  avait 
daigné  s'occuper  de  lui  à  ce  point.  Je  ue  méprise  point  les 
dons  royaux,  dit-il,  mais  je  ne  saurais  me  présenter  que 
dans  les  habits  de  mon  ordre....  Gela  fut  rapporté  sa  kha- 
life, qui ,  cette  fois,  s'écria  :  —  Qu'il  vienne  comme  il  vou- 
dra, couvert  d'un  sac  si  bm  lui  semhie,  Je  le  verrai,  et  je 
ne  l'en  recevrai  pas  moins  bien  '. 

Au  jour  fixé  pour  la  réception,  h  plus  grande  pompe  fut 
déployée  pour  foire  honneur  à  notre  moine'.  Sur  toute  la 
route,  depuis  la  maison  hospitalière  jusqu'àla  ville, 'et  ensuite 
de  la  ville  jusqu'au  palais  royal,  se  pressaient  les  dlfférens 
ordres  de  l'état^.  Ici  étaient  des  hommes  à  pied  avec  de  gran- 
des piques  plantées  en  terre  devant  eux;  Ià,d'aub«s  hommes 
h  pied,  agitant  des  javelots  et  des  dards,  les  brandiSBant  dans 
leors  mains,  et  faisant  semblant  de  s'en  porter  des  coups 
entre  eux*.  D'un  c6té  marchaient  des  guerriers  couverts 
d'armures  Itères,  montés  sur  des  mnlesjde  l'autre,  des 
cavaliors  pressant  leurs  chevaux  de  l'époon,  et  les  fiàmnt 


1  lu  cnoetlt  «iplatla ,  lofatmiM  [  triom  ]  iim  f»te  insornai  cUmUIi  tolaUi, 
n|lii  miiid«tai  «pparan  contpedibu.  Coai  t  legtUt  ei  Okentsr,  si  «rlno 
detonfo,  coTpon  loto,  tmIc  laailore  w  ippnarel,  stl  nfUt  «on^oclibu  ft*- 
faBltnimn  ;  lllwit»)  rcnncrsl  :  nll  illl  Don  cl  TwUom  iHUtoria  nilHMa ,  ncfi 
naallaM.  111a  moi  deceu  Itbnt  ei  mlttlt  nommortun.....  qnlbu*  dMoalcr  oci- 
lli  regii  ladoereloT,  coaqnlreTal.  Ron  taim  fH  ciMC«ntti,iittlUbablUirac<l* 
aipKUbU  prBfraUreliir.  JohtnDM  prlno  eanctiliu  nlntm  twdporet,  UndOB 
coflUnt  nnl  paaparam  td  neUiu  eu«  axpaodl,  gr*tiu  miBlBcenU»  nci* 
reddtl,  qaad  lal  Um  wlllcltw  cmo  dignitu  ill.  Dalode  rapaniBMi  ■«BMht 
dltnoa  HibjDD^l;  Kcgti,  iBqoieiu,  dou  nan  Mporaoi,  leilM  vecà  lUu 

qmtm  qn.....  pronoa  ma colorit lUqiuioaiit hoc  T«gl  rdato 

CoifUnlcm  tninnn  c«bbomo.  Skco  qnoqve  Indatai  ri  tsbUL....  Tldabo,  «i 
■aiplln*  nlbl  pbeabll. 

1  Poil  hoc  die  pTNl»,  qot  prwMBUDdni  ant,  ippantu  omni  ftaen 
exqnliilai  id  pompioi  rcflem  dcaonitrandini  eueriint. 

I  TluB  touiii  (b  boipUio  fpMnun  niqae  t»  dritiUM,  et  <dU  Hqn»  ad  ^- 
liUam  ntlan,  Ttrii  falïe  l>U  ontlDci  coMilpabui. 

•  HIe  pedUci  bulli  huno  tIanlM  daDilt,  lonse  indi  [buUllk  qavdun  M 
rilHlilt  ilbianM)  mua^  «i^Muilet,  («Iniqac  amimtê  ftenluxt». 


>;,l,ZDdbyC00g[c 


CHAPTEBi  qumzijaa.  229 

earander  et  bondir  de  mille  manières'.  Dans  cette  marche 
ce  qui  étonna  le  plus  l'Eunbamdenr  chrétien  et  les  compa- 
gnm»,  ce  forent  des  Hanres  qoijTerètns  d'nn  aocoatrement 
extraordinaire,  leMTraiinktà  des jeox  T&rié8,et  allaient  faisant, 
le  long  da  chemin,  des  suits  et  des  contorsions  effroyablet. 
C'étaient,  selon  toute  apparence,  des  denrischs  de  l'nn 
des  quatre  ordres  qui  existaient  alors'.  L'osage  était  dès  oe 
temps  qu'il  7  eût  toujours  qoelques-xuis  de  ces  moines  à 
dévotion  exagérée  à  la  suite  des  armées  mnsnlmanes,  et  ils 
étaient  un  des  omemens  obligés  de  toutes  les  cérémonies  pu- 
Uiqoes.  Us  aocompagutrent  les  ambassadeurs  jusqu'au  pa- 
laiq  au  milieu  de  leors  danses  et  de  leurs  couTnlsious  déTotes, 
en  criant  probablement,  solvant  l'niage  des  moines  maro- 
kains  actoels :  ya  AIIoA  (à  Dieul),  ya  flou (6  celui  qui  es! 
JehoTah),i/a  )u)JA(6inatGl],  ya  Aiâ(6viTantI),  ya  ftayyoutn 
(ôexistantf),  ya  kaftAar(ôTeDgenrl).  On  était  au  temps  do 
solstice  d'été,  la  sécheresse  étùt  extrême,  et  de  la  ville  au 
palais  ces  Hanres  ne  cessèrent  de  soulever  bous  leurs  pas 
une  poosaière  incommode^. 

A  l'approche  do  palais,  les  principaux  dignitaires  du 
Uudifat  vinrent  au-devant  de  l'ambassadeur  chrétien  et  de 
ses  oom^i^nons*.  Jnsçie  dans  le  parvis  extériearaawnt, 


1  Pralar  bo*  nolls  qalduB  cdbIcvI  qwJim  (noatan  lii(ld«nlM}dalDde 
cqDilw  uklribu  eqnN  Ib  (rtmita  M  (nhtalUlioaa  Tlrfi  MBdUntM, 

I  11  r  ■  *n)aBrd'hQl  lnnt«-deDx  prlndpiDi  ordra  moDUtlqsM  puml  Iw 
■Mnlcuni  dM  dlTiTtM  iMtef  orlhodoie*.  11  n'7  cd  iTxlt  q<i«  qoUta  an  diilteM 
•lécle.MTidi:!*  Iw  KirhnDji,foBdii  pu  le  icliclk  BvIwm, motl  k  Diiddin 
ru  d«  l'Utile  149  (TM}i  9°  Iw  tàfBtajê,  bndia  pu  Ibrilitm  Sd'Bcm,  mort 
h  Danu  en  lU  (TTT);  3°  loi  BeitUD}!,  tandi*  ptr  Bajiild  el  BeituDj,  de 
DJébal-BHUm  «g  Syrie,  mort  diiu  ceU«  tIUb  en  361  (874)  ;  et  <■  ettfln  lu 
Sikiljt,  doDl  l«  rondiUBr  tai  Slrry  Bikaly,  vott  k  Beeded  en  ISB  (907),  mtm 
t»  Uiallbt  de  lïakUB  B'UUIi  Atwi  aolunimed  Alj  ben  HoUbed. 

1  Kanri  pralerea  In  tonna  luollta  BMtroi  exlemnlei,  Ita  rarili  proladlb, 
qaa  mwUI*  nlraeulo  «rblttabanlnr,  ttlnne  niiainin  palTcnilBnia,  qneni  per 
tt  ip*a  qmqae  lempoiii  tlcciiu  (nam  loliIlllDin  eral  Mlittun}  mU  candUral, 
*d  ptUUoM  perdscnniar. 

*  ObTU  pncaiM  qalqne  proMdanU 


>;,l,ZDdbyG00gIe 


le  fvré  étiàk  Morert  des  tajrii  les  plu  pr^etlt^  On  eon- 
itàtàt  Jean,  è  tnven  une  longue  mite  de  Mlles  magni- 
fiques, et  on  l'introduisit  enfin  dans  l'aïqiwtaDeat  oà,  sem- 
MaMe  à  nn  diea  {qutui  tatm&n  quoddam  ),  te  Uulife  se  dé- 
TolMst  te  pins  qn'U  ponvait  aux  i^uds  de  ses  sojets.  Des 
Voiles  et  des  tentnras  d'mie  riditMe  égale  eonyraient  de 
tontes  porta  les  i^afonds,  les  ninndllea  et  te  pavé  de  cet  ap- 
'  partementJCétait  an  fond  de  cette  sorte  de  sanctoaire  qne 
te  khalife  résidait,  oondië,  tes  jambes  croisées,  k  la  manière 
orientale,  snr  nn  trtae,  on  [dntdt  snr  nn  Ht,  qne  l'art  et  le 
Inxe  avaient  rendn  ansri  magnifique  qu'à  lenr  avaif  été  donné 
de  le  faire;  car  c'est  nn  usage  de  ces  peuples,  dît  notre  an- 
tenr,  contraire  k  celui  des  antres  nations  qni  osent  de  sl^es 
on  de  ebidseS,  scdt  qu'ils  prennent  lenn  repas,  soit  qa'ils 
donnent  des  audiences,  de  demeurer  aceronpts  tja  des  lits, 
les  jambes  croisées*.  Lorsque  Jean  fat  arrÎTé  près  de  lui,  il 
loi  tendit  te  main  et  lui  en  présenta  U  partie  intérieore  (la 
paoïne)  à  baiser,  honnenr  qn'il  ne  feisait  qne  rarement  et  aux 
idoB  grands  personnages,  tant  étrangers  qno  de  ses  états>. 
n  lai  montra  ensuite  de  la  main  nn  tàège  qui  avait  été  pré- 
paré pour  loi,  et  Ini  fit  signe  de  s'asseoir.Après  nn  long  si- 
lence observé  des  deux  parts,  le  khalife  prit  la  parole  le 
premier.  11  parte  des  caoses  qni  l'avaient  obligé  à  retarder 
B  Imgtemps  cette  aodience;  Jean  lui.  répondit;  et  ils  enient 


i  iDlpio  UmiDe  eiwriort.piTlmentmn  omoe  tipetUrai  pradodiil&lf  int 
palUU  ilrilDiii  arat. 

ï  Bbl  (d  cnbtcDlnin,  qoo  wx  MOUrtni ,  çomI  nnnen  qnaddan,  noUIj  int 
rtrU  MeeHibiii  Tclfdtbil,  pcTTcntnm  cit ,  cndlqne  IntoUUi  eueti  laUntoIbu* 
DbtccU,  >qni  pirlellbui  pcilmmil*  rsflaebint.  Sei  fpM  thoro,  Im»  ï»tai  po- 
iwil  m«enlfico,  »«eamb*b«l.  Reqno  mlm  more  gentlinu  cttanrinn  wBI»  ant 
*ellfi  idlaiilar,  lad  leclli  tU«  ihorii  eonoqaaDlci  vel  edcnlu ,  croribu  dm 
■Ilerl  tmpailllf  Inciunbant. 

)  rt  Igltar  lobuDMcorun  idinlt,  nuranm  Inlernê  ogeaUpdun  proteadlt. 
OkdIo  nalli  i«l  asoTam  lal  gilruaonun  admltM ,  mliiorfba*  qnfbiuqae  u 

medlacrtbu  non forli  amluU,  et  qnot  praïUiliorl  CXCipIl  pompl ,  plJniioi 

ncAlun  iperlt  oaenlandin. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


QOAPiTBB  Qunzdna.  231 

floionble  on  entretien  dans  leqad  le  khalife  te  montra  poU^ 
agréabk  et  bon  an  point  de  captiver  «on  interioentear,  mal- 
gré toutes  ses  prérentioni  de  chrétien  et  de  moine.  Comme 
celai-d,  après  avoir  remis  les  présens  dont  il  était  porteor, 
demanda  nue  pennissira  de  départ,  le  khalife  se  récria  fort 
là-denm,  et  ne  promit  de  Ini  accorder  cette  permiision  que 
lorsqpi'ils  se  aéraient  vns  plus  souvent  et  aoraient  appris 
à  se  mienx  connaître.  C'était  traiter  Jean  d^ement,  d'égal  à 
^al,etliii  faire  honneur  dans  la  véritable  acception  dn  mot; 
il  7  fol  sensible,  et  s'inclina  en  ngoe  d'assentiment.  Les  an- 
tres légats  ftirent  alors  introdoito,  et  Abd  el  Bahman  reçut 
leurs  présens;  mais  il  cmitinna  à  traiter  Jean  avec  nne  favettr 
marqaée;etlerédt  dp  son  disciple  resinre  en  cet  endroit'un 
sentiment  bienveillant  ponr  le  khalife  des  Hnsnlmans  anda- 
ktns,  qui  témoigne  assez  de  la  grâce  et  dn  bon  esprit  qn'il  dé- 
ploya dans  tonte  cette  première  entrevue  ^ 

Le  monarque  mnsnlman  gagnait,  à  ce  qu'il  parait,  à  être 
TU  de  près,  et,  l'ambassade  congédiée,  Jean  de  Gorze  rfflitra 
an  palais  qu'il  habitait,  un  peu  revenu  du  préjugé  qui  lui 
avait  Mt  considérer  jusque-là  les  Musulmans  comme  des 
barbares.  Il  eut,  peu  de  temps  après,  un  nouveau  sujet  de 
s'assurer  qu'Abd  el  Hahman  en  particulier  était  loin  de 
mériter  cette  épithète  alors  prodiguée  anz  Arabes.  Gonfor- 
mânent  à  ce  que  le  khalile  s'était  promis,  il  fit  rappeler  près 
de  lui  le  moine  lorrain,  et  eut  avec  Ini  nn  second  entretien, 
qid,  ponr  être  familier,  n'en  roula  p»  moins  sur  les  plus 
grandes  questions  d'état.  Le  monarque  arabe  s'informa,  par 

>  Kcgs  kti  in  mslUin  (nlluD  dellMto,  ptntlbmqna  bddi  eempellradl  p«- 
nnta,  miinarB  imperatorU  pTlmam  cxetpi  ^ottuliTil.  Qdo  facto,  redltitt  ludol- 
psKnn  i  yaatlgto  afeNemllJtei  admlrau  :  QnMMdo,  laqilt,  bat  Un  repao- 
lloa  flerf  poult  dlTsUto,  Unto  Umpori*  i|i«lla  alterntruB  axpccUriîHodA  tIi 
tM,  iu  abnuapcmBr  l5iioll?nane  lalerlm  mnluo  lanal  toupecta  potiU, 
pmBqaodduacivnlUo  mmllam  faDlrumqua  apCToll, luram  tW  !>■  nn' 
iBlettla  coDErMabilnr.  lala  in- 
m.  Hf  J*kwM  (HCB- 


>;,l,ZDdbyG00gIC  __ 


mSTCHBE  DXSPA&HX. 


232 

exemple,  avec  un  soin  extrême,  de  la  pnimiice  â'Othon,âe 
ses  richesseï,  de  la  force  et  da  nombre  de  sH  soldats,  de  sa 
manière  de  foire  la  guerre  et  des  eoecès  qa'il  j  avait  em.  Sur 
tont  cela,  le  moine  loi  ayant  répondu  qa'il  ne  connaissait  pas 
de  sooTerain  qui  pût  s'égaler  à  l'empereur,  sartOHt  en  fait 
d'armes  et  de  cheranz,  le  khalife  ne  s'en  focha  pmnt,  et  loua 
Jean  de  sa  franchise  et  de  son  courage,  n  entra  toatefois  en 
discussion  avec  lui  sur  différens  sujets,  et  blâma  même  for- 
mellement sur  un  point  la'  politique  et  la  conduite  d'Othon 
qui,  selon  lui,  n'avait  pas  su  retenir  dans  ses  mains  l'auto- 
rité tout  entière,  et  avait  laissé  impunie  la  révolte  de  son  gen- 
dre et  de  son  fils  *,  lesquels,  pour  nsorper  l'empire,  n'avaient 
pas  craint  d'y  appeler  les  Hongrois  qui  le  ravageaient'...  A 
ce  moment  où  sans  doute  il  allait  parler  des  autres  peuples 
qui  joignaient  leurs  dévastations  à  celles  des  Hongrois,  parmi 
lesquels  comptaient  des  Sarraitins  venus  d'Espagne,  s'arrête 
malbenreusement  la  relation  de  notre  auteur,  laquée  ne 
nous  apprend  point,  par  conséquent,  ce  qui  fat  décidé  au 
sujet  de  ces  Sarrasins,  qui  depuis  tant  d'années  commet- 
taient des  déprédations  sur  les  terres  de  l'empire. 

C'était  là,  autant  an  moins  que  leur  renommée  personnelle, 
ce  qui  avût  amené  des  relations  entre  l'empereur  et  le  kha- 
life j  c'était  aussi  en  partie,  comme  on  l'a  vu,  l'objet  de 
l'ambassade  de  Jean  de  Gorze  près  de  ce  dernier.  D  était 
naturel,  en  effet,  de  regarder  les  courses  des  fiarraùns  dont 
il  s'agit  dans  l'intérieur  des  terres  de  l'empire  comme  auto- 
risées sinon  comme  ordonnées  par  les  kfaaUfes,  et  de  leur 
demander  d'y  mettre  fin.  Les  habitans  du  bassin  et  de  la 
rive  gauche  du  Bhône,  les  peuplades  alpines  de  la  Provence, 
du  Daaphiné  et  du  Piémont,  que  fatîgaiùeiA  les  incursions 


1  Coand  «t  LUénlr 

' Dlnnutn  seocTO  Ipiiai  «elom  Ml.qnlBUodpn  pwSdiHn  lob- 

dacto,  pBbUeim  tyrannidem  uair*  enim  exaniilt ,  td  hoc  al  csoUn  «xurMm 
OnEntOB  per  nsdU  qaaqo*  recirariiin  iwnn  dcpopoltadun  InudmeriL... 


>;,l,ZDdbyC0pgIe 


CBAPiraB  (iDinztBME.  233 

continuelles  de  ces  bandes  pillardes  venoes,  à  ce  qu'on  sa- 
vmt,  da  paya  célèbre  appelé  l'Espagne,  où  régnait  tut  pois- 
sant monarque  de  lenr  religion,  considéraient,  non  sans 
apparence  de  raison,  ce  pays  comme  le  foyer  et  le  centre 
d'où  partaient,  avec  l'agrément  on  par  l'ordre  exprèaj  de  ce 
monarqne,ces  hardis  et  terrildes  agressenra.  Jamais  cepen- 
dant tes  khalifes  n'avaient  prot^  ces  colonies  d'aventuriers 
dont  l'Ëarope  méridionale  et  centrale  était  infestée,  depuis 
le  golfe  de  Sàint-Tropès  jusqo'aa  lac  de  Constance,  depois  le 
Bhôue  et  le  mont  Jora  jnsqa'aox  plaines  do  Hontferrat  et  de 
la  Lombardie.  Or,  c'est  ici,  je  crois ,  le  lien  d'en  dire  quel- 
ques mots,  ou  plotM  d'en  retracer  à  grands  traits  et  rapide- 
ment l'histoire  poticnlière  '. 

Leur  {wemier  établissement  sor  les.côte8  de  Provence  re- 
monte au  règne  d'Abdallah,  et,  quoi  qn'en  aient  pu  penser 
quelques  autenrs.Unefutnnltementencouragé  par  cet  émir, 
à  qui  même  il  est  douteux  qu'il  ait  été  d'abord  connu. 

C'était  au  temps  où  la  guerre  civile  occupait  de  tous  côtés 
l'aïenl  d'El  Nassr,  an  plus  fort  de  la  révolte  des  fils  d'Haf- 
Boun.  Vingt  Sarrasins  partis  d'Espagne  sur  un  fir^e  navire 
furent  poussés  par  la  tempête  an  fond  d'un  golfe  de  la  côté 
de  Provence,  vers  laquelle  Us  s'étaient  dirigés,  à  ce  qa'il 
semble,  dans  des  vues  de  piraterie  ".  Ce  golfe,  qui  portait 
alors  le  nom  de  golfe  de  Sembracie,  s'est  appelé  depuis  le 
golfe  de  Grimaud  ou  de  Saint-Tropèa.  Us  y  débarquèrent 
sans  obstacle  et  sans  être  vus.  Le  pays  lenr  était  entièrement 
inconna;  à  tout  hasard  ils  surprirent  pendant  la  mût  le 


■  Hou  dnon*  i  H.  Kclniod,  déjà  ri  iiniTtBI  citi  pir  nont,  b^Dconp  de 
reiiHi|iiEin«iii  piédenx  m  toalg  calM  ptrlle  dsi  tntuioiu  muiiiliiuiiH.  Haiu 
■TOu  racberchè  d'aillion  penoDiwItomMI,  d(Bt  un  Ttctnt  Toyiee,  lel  incci 
da  DM  Sirruliu,  puHcoUèNinent  duu  lu  hante*  et  duu  le*  buta  Alpei, 
dau  la  Tillèe  de  Sue,  le  Montfemt  et  Je  eomit  de  lUee,  k  Aeqol ,  t  Veieell,  i 
C*h1,  «  dui  dlTer*  Bonuidre*  de  l'IttUe  nbilplH. 

>  vjgiiui  Untom  Baneenl  Unire  ptm  es  Hlipuli  «cnH).  B«leBl«i  Iiinc 
lenie  dcUU  nnt  (Llatp.,  L  i,  e.  1}. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


tl4  BSnnU  D'ttTiâlIB. 

vilkgfl  le  1^  rapproché  de  la  o6te  rt  âi  nuggaerimit  le« 
babUaia.  Le  jonr  veim,  h  preanière  dioM  qui  frappa  lerm 
regarde  fat  nn  boig  épaii  et  d'tm  aqwct  sombre,  qvà,  com- 
nençant  à  pea  de  diitaaee,  inr  le  tirage  même  et  aatoar  do 
golfe,  M  répandait  an  Ma  nr  lea  huteon  qnf,  de  cdté 
da  Dwd,  le  eoaronnait.  De  ee  même  cAtë  ces  hanlenrs  Tont 
le  pnAeHgeMt  et  s'âerant  Ie>  onei  aihdeMtH  des  autres 
pendant  l'e^Mce  de  [da^eon  fienee,  et  fermât  eonulie  tm 
rempart  eirtn  te  mer  et  les  |daines  de  la  bnese-Prorence 
qa'dies  domtnetit.  Le  Toyaganr  qoi,  de  R^ju,  se  dirige  >or 
BrignoHes  par  le  May,  "ndanban  et  le  Luc,  les  ToJt  appa- 
raître sor  sa  gandie,  (Aargeant  l'heriMni  de  lear  masse 
noirâtre.  Ce  fiit  là  qœ,  dès  lenrs  pramène  eonrses  de  re- 
eonniHSiimoe,  nos  vingt  pimtes  mnsolmans  songèrent  ft  s'é- 
tablir. Aseim  liea  n'était  pins  favondde  à  un  étaMinement 
commencé  par  nn  anad  petit  nombre  d'hommes, et  avec  de 
si  petits  moyens,  dans  des  vues  de  ptllage;  et,  dn  premier 
conp,  à  ee  qn'U  parait,  ils  comprirent  tont  le  parti  qn'ils 
ponrraient  tirer  de  ces  montagnes,  do  sommet  desquelles 
on  apercevait  à  la  fois  la  Alpe^,  lee  plos  fertiles  campagnes 
de  la  BMse-ProTence,  et  plosieon  ttes  de  la  Méditerranée  ■. 
Us  y  élevèrent  nn  camp  provisoire  oit  ils  se  retranchèrent 
pendant  qne  qaelqoo-nns  d'entre  enx  allèrent  chercher  dn 
secoors  et  des  renforts  parmi  lenrs  compatriotes. 

Ces  seconrs  et  ces  rcnfinls  ne  tardèrent  pas  à  lenr  arriver. 
Le  bruit  de  la  position  faiexpognable  qn'on  venait  de  dé- 
courrir  et  l'espoir  à'j  fonder  une  redoutable  colonie  de 
pirates  de  terre  et  de  mer  suffirent  pour  attirer  près  des 
premio^  dâMrqoés  va  grand  nondire  d'aventnriers  de  leni 
nation*.  On  se  mit  ft  l'ouvrage,  et  en  peu  d'années  Is  colonie 

■  Qal  pIraiN  bdoI*  cgNMi,  «StaBïM  dim  iogreul,  CbiMlMlM  (pnh 
dolarl)  Jneulul,  Iscnmqia  MM  frupilau  tauJIWBt ,  wwleB^ue  ■■Bm  tH- 
l«l*  cstaMmUm  eOBtn  TfetaM  g«M«i  rthtlua  punat—.  (LMpt.,  1.  c.) 

1  Llaipnal  u  pirle  fftlMrd  que  d*  cast  ftiMMtw  q«C  )««n  cvaipalitala* 


>;,l,ZDdbyC00g[e 


CHifITBS  QIOItZIBliH.  335 

fiit  exeliuiTanent  m^treise  de  ces  mcntagnet  qu'elle  coanlt 
de  nhàlbeana.  et  de  retraochemeciB.  Les  historiens  du  temps 
donneat  aa  principal  de  ces  chAteanx-  le  nom  romaia  de 
FraxinetiBn,  signifisot  lien  pl&nté  de  frênes  :  les  Arabes  l'ap- 
pdëimt  eOi-iBAines  el  FrasclHiiat.  Il  ne  cntlt  plus  de  frênes 
dms  le  Toimiu^  dn  gttfe  de  firimaud^  mais  il  est  probable 
qa'aa  fond  da  golfe  il  ;  ea  avait  un  bois  d'où  avait  tiré  son 
nom  le  bameoB  dont  les  Svraùu  aTaient  massacré  les  habi- 
tam  la  nuit  mèifle  de  leur  arriTée.Ce  FrazinetQm  devait  être 
plutdt  ooe  retrute  de  péobenrB  gaUo-romains  de  Fréjns' 
qu'on  village  proprement  dit.  Quoi  qa'il  en  soit,  les  Arabes 
s'en  étant  rendus  maîtres  par  le  massacre  des  habitau,  et 
ayont  appelé  de  son  nom  el  Froscbinat  le  premier  retran- 
chement qa'fls  ;  avaient  élevé,  transportèreqt  SDccesrive- 
ment,  selon  toute  apparence,  ccnom,  de  poste  en  poste,  par^ 
toat  où  ils  âevërent  depnis  des  forteresses  et  des  chAteanx, 
et  le  donnèrent  à  la  plupart  d'entre  eui,  les  distingnant  sans 
doute  les  uns  des  antres  par  qnelqoe  épîthète  caractéristi- 
que selon  le  géiiede  leur  langue  '. 

Le  viUagel  actuel  de  la  Garde-F^ainet,  situé  k  l'entrée  du 
massif  de  montagnes  qui  entoorent  le  gdfe  de  Grimaud 
dn  côté  du  nord,  de  telle  sorte  qu'il  domine  par  sa  position 
le  Seal  cheidia  frayé  par  où  l'on  j  puisse  pénétra  de  la 
plante,  réptmd,  suivant  l'i^inion  commune,  à  l'ancien  Fraii- 
f»t;maia  il  est  {dus  {nvbable  que  ce  n'était  là  que  la  tâte  de 
défense  de  cet  ensenble  de  forteresses  et  de  tours  dont  les 
Sarra^na  avaient  couvert  ces  montagnes,  et  que  le  v^itable 


leur  enTOjltcnl  pooi  ■'Infonutr  d«  la  yitUé  :  —  Accanllnm  complDrei  in  Bïi- 
pinlui  Dnnllat  dlrljaBl ,  loemn  Uadinl,  Tldnuqns  gentei  nlhlll  lo  h«berg 
proiotUnnt.  Cinlom  danlqui  UotnmiDOilD  Sarticani»  hcdih  moi  ndacant,  qui 
nram  ni  balai  cipctcnl  umtlDaem  (LIatp.,  I.  c), 

1  Foroni-Jalll. 

*  n  «ilile  m  aOït  pInaUnn  liiax  d«  ca  nain,  sa  d'au  dddi  pln(  ou  moliH  tp- 
ptocbani,  CD  Daapblaé,  «d  BiToIa,  «n  Piim«al,  qui  loof  piltiamt  «Tolr  letTt 
de  pUM  d'uma*  on  de  forteniK  aaz  SinHlu. 


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236  msTomE  d'ewaghb. 

Frasefainat  était  «ttoé  A  une  demi-liene  &  pen  près  da  rivage, 
là  où  s'aperçoivent  encore  des  Testées  de  iarj^  fossés  crc«- 
gés  dans  le  roc,  sur  la  miHitagne  appelée  pittores^aernuot 
par  les  babltans  du  pays  Nostra-DamadeHiramar'. 

Dès  qu'ils  se  forant  reconnos,  et  qae  leors  Lgncs  de  dé- 
fense forent  assoréee,  les  Sarrasins  commencèrent  à  faire  des 
désertes  et  des  conrses  dans  les  campagnes  de  la  Basse- 
Provence;  ils  s'éloignaient  pea,  dans  les  premiers  temps,  de 
lenr  bonlerart,  se  contentant  de  piller  le  plat  pays,  et  se  leti- 
rant  dans  leurs  rttraaehemens  dès  qa'ils  avaient  rançonné  les 
seigneins,  on  enlevé  les  femijies  et  les  troupeaux  des  paysans 
do  voisinage.  Peo  h  p«i  leors  forces  s'acerorent;  des  relations 
s'établirent  entre  eox  et  qBclqoes  aôgnenrs  de  la  contsée; 
ils  se  mélèrept  anx  querelles  des  maîtres  féodàox  du  pays, 
prêtant  leor  alliance  tantdt  rnn,tantM  à  l'aotre,  ù  bien 
qa'ils  devinrent  en  pea  d'années  les  arbitres  de  cette  portion 
de  la  Gaule  qoi  faisait  alws  partie  do  ro^ume  d'Arles,  et 
où  régnait  à  ces  conmiencemens  l'anarchie  féodale  la  plas 
effrénée'.  La  bmsqoerie  de  leors  attaqoes^  les  scènes  de  inl- 
lage  et  de  croanté  qa'ils  renouvelaient  iacessasunent,  répan- 
dirent ao  loin  la  terreur  de  leor  nom,  et  les  choses  en  vin- 
rent à  ce  point,  dit  LiaQuranâ,  que,  suivant  la  parole  de  leor 
prophète,  on  seol  homme  en  ponrsoivait  millej  et  qoe  deux 
en  mettaient  en  foite  dix  miUe^.  La  rdigion  avait-elle  quel- 
qoe  part  à  ces  miracles  de  bravonre,  on  bien  le  seol  goAt 
do  pillage  animait-il  ces  Musulmans?  Pour  si  barbares  qa'on 
les  tienne,  ils  étaient  avant  tont  dévots  à  Mahomet,  et  poor 

1  nDirc-Dime  de  UlrenuT. 

1  Inlore*  Praftoclkltum,  qol  <1U«  comedinnl,  tidDorom  la*ldl*  ctcptl  \alta 
■œ  dIwidaiB,  tUu  lUam  Ingnlirc,  iubgMnti«m  iipcrc,  et  qnldqold  in*U  «xc»~ 
llurl  potuil  bcers.,...  (Linlpr.} 

3  8««iBiitiliqa«,  «iletmInaM,  idlTelIqBl  hdDBl.Tr«p)direJ*m  tIcUm  m- 
tera  t*iil«s,  qioniia  Mtondui  ProphtUm  horun  anoi  perHqQBbttqi  aille, 
M  duo  hpmlBt  dccen  milUa. 


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C3ULPITU  QimiZlillEj  237 

eux  non  moins  qae  ponr  leahiéros  deB  CToitadei,la  lelig^n 
arait  sanctifié  les  périls  et  les  violei^ces  de  la  gnene.  £t  qne 
ne  pouvaient  en  effet  des  hommes  pénétrés  de  ce  verset  fameux 
do  Koran  qti' avaient  toajonrs  à  la  boache  lenrs  chefs  mili- 
taires : — «Si  TOUS  êtes  vin^  décidés  à  vaincre,  vous  vaincrez 
deux  cent»  infidèles,  et  si  vous  êtes  cent,  voos  en  vaincrei 
mille  M  « 

Lonia,  fils  de  Boion,  anx  mains  de  qui  était  te  royaume 
d'Arles  an  commencement  dn  dixième  siècle,  laisiait  aa  ha- 
Bird  le  soin  d'y  entretenir  l'ordre  et  la  paix,  tout  occupé  qn'il 
était,  ao-delà  des  Alpes,  de  sa  qnereUe-.avec  Bérenger  ponr 
(a  possession  dn  royaume  d'Italie.^  roi  Louis  était  de- 
venu si  poissant  en  ItaUe,  qu'il  pnt  se  faire  conronner  em- 
gereuràBomele  21  février  901  par  le  pape  Benoit  IV;  mais 
son  ambition  ne  tarda  pas  à  Inl  devenir  fatale.  Fait  prison- 
nier quelques  années  plus  tard  par  son  compétiteur,  Béren- 
ger  Ini  fit  crever  les  yenx,  et  se  fit  à  son  tour  couronner  em- 
perew  par  le  pape  Jean  IX.  Profilant  de  l'absence  du  roi  et 
sprtoat  des  dissensions  qui  régnaient  entre  les  seigtaears  ^o~ 
veoçaoi,  les  Sairasins  qui,  pdr  leurs  propres  forces,  dit  Idnt- 
prand,  pouvaient  peu  de  chose,  jointp  à  l'un  des  partis,  dé&ti- 
saient  l'antre,  et  leurs  forces  s'aocroissantpar  là  chaque  jour 
c«  aussi  par  les  recrues  qui  laur  Tmaient  d'Espagne,  ils  fini- 
rent par  tourner  leurs  anoes  avec  avantage  contre  cenx-ljk 
mémetf  qn'ils  avaient  d'abord  défendus,  e^andërent  leur  puis- 
sance sur  le  commun  désastre  des  uns  et  des  antres'.  ïels  fu- 
rent les  commencemens  de  ostte  painance  sii^golière,  qni, 

<  El  KortD ,  unr.  tiii,  t,  68.  —  Llntprud  o'iTâlI  pas  bho  ptéwolM  1  la 
mtnioire  au  pualM  dn  Xnrui,  il  il  an  a^an  pea  tttgttè  h  mdi  cl.inrtoal  lei 
alTaU  dab  la  puHga  tltt  par  dddj  ï  la  Doie  précédante.  Hflf  rioerglque  TCiMt 
du  piopbâle  «1  d'nn  pienler  qui  t'y  cono*»  et  d'on  hiblla  poUUqDe,  qui  lali 
ce  que  l'anlhaiMiaima  peut  fairt  falie  ani  honimM. 

'  Quid  ie<(ur?6arT9c«Dlqnum  hoc  lafi  Tlribni  mlnima  poueni, tlUran  ■■- 
lertui  mil)»  pattli  debcllaaiM,  iilifque  copias  ax  BItpiàia  ■«nper  a<M|«l, 
fMi  ttUai  dertodeie  vldtbaatnr,  modli  omnibu  bMqnanluf. 


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m  HKTOBS  a'ssfàatft. 

peadant  prit  é!im  ^èelc,  fut  l'effroi  de  l'Italie,  du  ViéiOa^ 
de  la  Sarde  et  de  la  Saisie. 

Dès  906,iI>frvuAÙBSentlMAlpei,  et  s'empvent  de  l'ab- 
baye de  NoTBlëw,  Btoée  à  la  descente  da  petit  Uont-^ni^ 
gsr  la  6iii^diîa,  qui,  da  pied  de  la  chapelle  des  Transis,  va  ae 
jeter  dans  la  Doria  A  l'est  de  Sose.  L'dibaye  de  NoTalèse  était 
riche  et  célèbre';  mais  les  moines,  ayant  été  avertis  de  la  mar- 
che des  Sarrasins,  avaient'ea  le  temps  de  s'enfuir  et  de  faire 
taransporter  leur  trésor  et  leur  bibliotbècpie  à  Tarin;  les  ea- 
vahissean  mtualmans  ne  tronvèreot  an  monastère  que  deA 
moines  d'an  grand  êffi,  qui  n'avaient  pn  soivre  leurs  comps- 
gnons;  ils  tes  accablèwit  de  coups,  pillèrent  l'abbaje  et  les 
métairies  voisines,  brûlèrent  les  églises  à^  environs,  maHa- 
crèrent  nne  partie  de  la  popolation,  et  poursoivirent  l'antre^ 
qui  avait  pris  la  faite  et  s'était  réfagiée  dans  les  montagnes; 
ils  l'atteignirent  entre  Sose  et  Briançon,  non  loin  du  monastère 
d'Oah,  et  j  firent  de  ces  fugitib  on  peuple  de  martyrs'. 

Dès  ce  moment  les  Alpes  ne,  cessent  d'être  infestées  par 
qnelqae  coïps  de  Sarrasins  ;  ils  en  tiennent  les  passages  ;  ils 
commencent  à  rançonner  les  v(9figeurs;  ils  agissent  de  toat 
point  en  Occident,  tn  cœiv  de  l'Europe  de  Cbariranagne, 
oonmie  lenis  fràres'Bédouins  aux  confins  de  l'Idumée  et  dans 
les  vallées  voisines  de-  la  mer  Morte.  Lé  Hésumt,  le  Mont- 
ferrat  sont  en  proie  à  leurs  ravies.  Ils  prennent  Âccpiit 
ils  rançonnent  Casai;  ils  pousseat  leurs  courses  jusque  dans 
le  voiùnage  de  Pavie.  ^b  foçt  Iwra  leurs  chevau,  ués  peut- 
être  BOUS  le  eiel  de  l'Ao^otsie  on  dans  les  campagnes  de 
Barcelone,  dans  les  eaux.du  Tanaro,  de  l'Âdigc  et  da  Ptt. 

i  Cehbefrlmiun  oUm  (ult,  dll  Hurflorl  (I,  ti,  pari,  n,  p.  GST  ),  RotiUcIbiim 
a  KoHitcriuiu  fo  nUt  HgnÀw  id  itdlcea  Hoctls  CIdUII,  nunc 


la  Hovahia,  In  labilptna  iCtb  pcdemonUM  nçlone  iltum. 

>  Pl«bi  martjruiii.  Voyei  KlTaDtelig,  Uldciuli  escleil»  Cl»rtiriam,  AoguU 
Tawliionan,  ITM,  pac«  *  «»  P-  »"!■  —Voyei  farloai  ie  Chroniciw  Honial. 
HoTtL,  dui  ilant«rl,  U  il,  ptrt.  u^Db  TiOTafloii  de  l'ubbijt  it  HonliK  «I 
namiv  duu  lou  If  s  dM»Hi. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


Vtaitw  d«  I9  cànmiom  de  l'abl»;»  d*  H»nUM  nomte 
qn'aa  de  kh  iutclei,Toaé  w  métier  âe«  mum,  f«t  fut 
piisoimier  atm  sa  gaite  par  cm  herdi»  egreHeon  eu  por> 
tei  de  Verccil,  dons  on  beù  de  la  iondictioB  de  la  ^ille, 
Oa  l'avait  averti  de  l'anivée  def  bariiaiet;  auii  il  aTsit  re- 
fuié  d'y  citHie,  tant  il  aarait  l^u  1M71  âoigné  4/»  frwtièree 
dnPiéiiMHit'. 

La  Snine  eat  bientôt  son  tour.  En  839  b»  SuraiJnB  yé-  ■ 
nètrent  dassle  YalaisiibrenTeneot  rabbajed'AgaoïUiila 
ee  oautonnent  en  940  an  pied  da  Bumt  de  lapitar,  le  Houe 
JoTÏs,  dont  on  fait  Moatjonz,  depoie  le  grand  Saint-Beniard. 
Frodoaid  nj^rte  qu'en  cette  année  des  pâerini  qni  se  ren- 
daient à  Borne  parlée  A^  ne  psrent  paner  otitre,  lôen  qoe 
réimii  en  caravane,  h  eaow  d«  Saitaiini  qni  occnpaieDt  le 
bmig  et  te  monantoe  de  8aint*llMrice*.  C'eat  à  ce  aajet  que 
Ijutprand  a'éerie  et  «poetniphe  eb  ven  le  moBt  Saint-Ber- 
nard:— «H'eet-^lpaa  étonnant  que  tnlaiaea  périr  leehominee 
pieux,  et  qae  tu  prMes  on  aiile  au  marfinTM>  qa'on  appelle 
Maures,  à  ces  hommes  qui  prennent  plaiair  à  répandre  le 
sai^  des  hommes  et  qoi  ne  Tirent  qpe  de  rapinefl?  Malheor 
à  toi  I  Poisses-to  être  consumé  par  la  foudre  du  ciel,  on  fra- 
cassé en  nùUe  pièces  et  plongé  dans  le  ehaos  étemel^!  ■ 


I  Oildim  mllei  hll  mtmt  ptIrncUi,  qui  eiiem  ex  Hnrbui  Hinrldnn.VcT- 
calUt  pnpcntut  id  ubani  «BdliMl  aunqaç  «drEUliuit  B*rt»raiain;  icd 
dl*tubt  cTïdcn,  qBiDtl  piocnl  iLwul  à  flnibw  aoiUl*.  Dam  Irai  par  neniiii 
qnaddim  d  Jure  lpilueiTiUUi,Mblld  luiUiul  Inum  [iUdIic  mnllltadlnci 
BarracaMrna.  Tinennl  |«m  la  flnibiu  L^ris.  i^vk  ptoUnu  eanfllgnnt  «t 
MOcUBtnr  «X  «nqM parte  (Cbr.  HdtiI.,  I.  t,  e.  8}. 

3  C^lemiiwwiilitiiWttÉdii  S^towi  g—  »<MWn  m«t«t, rwtrUiar, 
•mM*  mmm  iwiUii  1  fluiwuli  ;  »*e  potall  A^at  tranilra  proptor  SurM»- 
Mt,  fal  TlMB S.  Htnridi  MnH**na> (Pi«*mn,  air.,tluB.Mo}. 


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240 

he  Mnrenirde  œs  invanouB  est  coniaeré  par  oue  imerip- 
tioD  du  commoiœnient  do  onxièiDe  siècle  (selon  tonte  appa- 
reDcedel010),qtii  sobsiBte  encore  aDjoord'hni  dans  l'église 
d'nn  petit  village  nommé  Saint-Pierre,  sitné  entre  Uartign; 
et  Sion,  à  la  descente  da  mont  Saint-Bernard;  l'inscription 
est  en  vers  latins,  probalilement  de  la  oMnpoûtion  de  l'évè- 
qne  de  Genève  Hago,  anx  swns  dogael  on  devait  l'éreclÛHi 
del'égltBe  de  Saint-Pierre'. 

C'est  ainsi  que  de  leur  jdace  d'armes  de  Provence  les  Sar- 
rasina  se  répandirent  en  tons  sens,  an  long  et  au  lai^,  â  la 
droite  et  à  la  gandie  des  Alpes,  dans  la  Bourgogne  trans- 
jnrane,  dans  l'Italie  sobalpine  et  jnsqae  dans  la  Bhétie*. 
Mais  c'est  prïndpalement  en  Provence  et  dans  les  Alpes  Go- 
tlennes  qu'ils  exercent  une  domination  véritable  ;  ils  y  lèvent 
des  tributs,  ils  les  soumettent  à  une  dépopolation  périodi- 
que de  leur  jeunesse  des  dbnx  scses;  ils  épousent  les  femmes 
du  pays  et  menacent  de  s';  établir  à  demenre  fixe.  Tont  ce 
qui  leur  ^résiste  est  abattu  ;  Fréjns  est  attaqué  en  940,  Toulon 


IgH,  Ou  a  CSTB  Mnbel  toapic*  Imco. 
Vwtlt  l>  hue  ?^kB  imlUB  Dwrtis  IU« 
Hogoiranl  (H»ew  QrtM  pmt  Jdrtw  im 


nlanr  tnifal*  da  m  tcmpi  d« 
gloire,  oii  U  France  complaît  cent  Ironts-troli  d^iilemwu,  m  nambra  dM- 
qneU  élall  la  dèpulunent  da  Slnplan.  Vojet  Btdtlner,  DeicripUoD  du  diparle- 
imhI  do  Slmplon,  Sion,  ISIS,  p.  1S4. 

1  Mortnlibiu  lotarea  efidem  SarrMcnit  in  udem  irri ,  dlKurrtliant  hoc 
lllncqae,  depned«lll«i  et  TutulcB  enncUi  praiinei»,  qoa  In  flrcnlln  too  fte- 
nnt,«cllLcM  BnigyndluD,  [UtUm  ,  «l  cèlerai,  qn«  proiimJDru  Tid«butBr 
(Chr.  Hoouiorii  Noiallcitniii,  L  it, c.  i).  —  Vojei,  iomi  Spncher,  ChranlcM 
Kb«ll>,  p.  68  et  1»7 i  RullM,  HfilOtrp  ^(  iipJW'/  h }h  P-  ■"• 


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CBAjfvnat  QonznHE.  241 

la  mime  année;  ila  détruisent  l'église  cathédrale  de  Mar- 
seille; il»  mettent  Âix  à  feu  et  à  B&ng'.  Les  voilà  presqoe 
aux  portes  de  la  capitale  da  royaume  d'Arles,  et  menaçant 
le  Langnedoc  d'une  attaque  par  ses  frontières  orientales. 

Ces  mouTemens  affligeaient  aurtoat  la  Provence  depnis 
qne  Hi^^aes,  comte  d'Arles,  chargé  da  gonvemement  du 
royaiane  d'Arles  au  nom  de  Louis,  fita  de  Boson,  &  qui  Bé- 
renger  avait  fait  cstner  les  yeux,  était  passé  en  Italie,  sur 
l'appel  da  pape  et  des  piinces  du  pajs,  pour  y  recevoir  la 
couronne  royale  doLombardie.  C'âait  an  homme  de  tète  et 
de  cœur,  énergique  et  hardi,  en  qui  les  Lombards  avaient  mis 
tonte  leur  confiance,  et  qu'ils  avaient  reçu  et  coaronué  A 
Milan  au  miliea  des  fêtes  les  plus  brillantes^.  H  régnait  eu 
Italie,  non  sans  compétiteurB,  mais  avec  assez  de  fermeté  et 
d'intelligence, lorsque  les  déprédations  de  plus  en  plus  aada- 
ôeases  des  Sarrasins  le  rappelèrent  en-deçà  des  Alpes.  Ayant 
résola  de  les  chasser  du  ïraxinet,  il  prit  des  mesures  éne^- 
qnes  pour  n'en  point  entreprendre  vainement  le  siège;  il  fit 
demander  à  Constantioople,  à  son  allié  et  à  son  beau-frère 
Bomain,  des  vaisseaux  et  du  feu  grégeois,  afin  que,  tandis 
qn'il  assiérait  le  Fraxinet  par  terre,  une  flotte  l'in- 
vestit du  c6té  de  la  mer  et  empêchât  tout  secours  d'y  arri- 
ver d'Espagne,  soit  en  hommes,  soit  en  munitions^.  On  était 
en  944.  La  flotte  grecque,  entrant  dans  le  golfe  de  Grimaud, 
fit  joner  le  feu  grégeois  contre  les  navires  sarrasins,  et  les  li- 


•  GalU*CbtiilUiu,Ui,p.  eOG. 

1  Bi  raUon  da  cMIa  rtwpUon,  on  dit  insore  «gtoBrd'bui  proTerblilemcal  en 
Praveace  ponr  :  élra  bira  rt(a,  «ilri  rifit  eemaui  la»  ni  Bugmtt. 

3  QBUBabrem  Hnpi  lai,  caniiliaiccopUi,  nnnUiM  CoDaliBUBopallm  dirlgit, 
roBon)  Impïnlorem  Romlniun,  ni  nlTM  tlbl  cwn  ^mca  IfiiD  trlninilUt,  qao* 
ehelindrlipiiciOHimoneGractcsenomliuni.flociniein  eiiinfccit,ul  dom  1er- 
reitrl  tlinere  Ipw  ril  dcitmendam  tender«l  FraiInBlum ,  um  pirlem,  q«i 
miri  mniiilnr,  Orncl  obtidsrtnt  DMltlo,  eommqne  DBTti  sxurcrent,  w  no  as 
niipanli  TkUM  ei«,  nit  copUmni  lobiidU  pmcninnt,  dlIlEcnUuimc  pioYcdl-. 
r«Bl(U*lpr.,I.T,C.4}. 

IV.  16 


>;,l,ZDdbyG00gle 


ni 

vra  tons  aat  flammes  an  grsoA  effnrt  dea  dâfemem  eu 
Froxinet;  dans  le  même  temps,  Hagaes  avait  ceimneBeé  ses 
op^tfoDB  contre  la  place*.  AtUgaés  aian  Tigouenteme&t 
par  terre  et  par  mer,  les  Sarraains  abandonnèreiri;  la  défense 
da  chftteaa,  et  se  retirèrentaur  lea  monta  Toigins,  qui  de  leur 
fléjoar  taat  encore  aajoord'liui  nommég  montagnei  des  Usa- 
res.  Hugues  les  aTÙt  là  &  «a  discrétiDn,et  tl  eût  pa  alsâneat 
les  y  faire  priBonniers  ou  les  y  achcTer,  s'il  n'eût  pensé  qu'il 
-valait  mieux  s'en  faire  d'atiles  alliés  oontre  ses  ouieinis.  Il 
était  tout  juste  en  ce  moment  menacé  das  attaquas  de  Béren- 
ger,  son  compétiteur  à  la  royauté  d'Italie.  Ce  fut  poarqaoi, 
dit  Liutprand,  et  par  le  pins  mauvais  cons^  qu'il  put  soi- 
Tr«,  il  traita  avec  eox,  et  tes  rétablit  dans  tontes  leurs  posi- 
tions du  Fraiinet,  à  la  seule  condition  qu'ils  se  posteraient 
en  grand  nqpbre  dans  les  montagnes  qui  séparent  la  Suisse 
de  l'Italie,  afin  d'en  défendre  l'accès  aox  troupes  de  Béren- 
ger,  eu  cas  où  elles  tenteraient  de  s'y  ooTTir  un  passage.  Ce 
nngnlier  traité  ne  saurait  être  mis  en  doute,  et  Liatprand  le 
rapporte  en  termes  exprès". 

On  peut  penser  û  no^  Sarrani»  snrent  tirer  avantage  de 
cette  nouvelle  alliance  et  trï  leur  paùsance  s'en  accrut  :  ils 
prirent  possession  des  principaux  passages  des  Alpes;  ils  y 
élevèrent  des  tours  et  des  atalayas;  ils  y  étaWrfflit  des  camps 
entourés  de  muraifies  :  leurs  retranchemens  de  Bonda  et  de 
r  Alcaçar  de  &égovie  peuvent  donner  une  idée  de  laa  mani^ 


■  Rex  îUijfle  Bago ,  con^cgato  cicrcilo,  cluilboi  p«r  TjrrbcaDm  man 
directli  ad  FruliBetom,  tcrreltri  Ipie  eo  itioïtv  persil.  Qno  dam  Gracl  perT^ 
Dltinl  igDc  pTDlecto,  Biriicctiorum  DtTei  mox  omne*  enrant. 

I  Sed  ït  lei  Ftailnctni  jD|rcliiil,  StrreuDM  omiisa  In  moDUm  ManniB 
fngen  compDllt  :  la  qao  cm  clreamudaudo  upcn  poiisl,  if  to  bne,  qatM 
promplnnu  khh,  non  impcdtret,  Rei  Bngo  Banngtrtnin ,  ne  eoIlMlll,et  u 
Snefli  e>  tx  Frencia  coplla  anpn  le  frraerBI,  ilbiqae  reBOo™  ufcrret,  inaii- 
mé  llmnll.  Inde,  dod  boDO  contiUo  tccepto,  ad  proprla  moi  rimllll  :  ipi«qua 
Mm  Strraccaii  bac  ratiana  Inlll  (cedni,  qI  In  montlbu,  gui  SucTlam  aup» 
lUUUB  diildnnt ,  lUrEUt  :  ol  il  roitt  BeTraggriot  «incltiua  pcr  eoi  dncere 
«tUat,  tiiBdn  «am  omnlawte  praUbcniil. 


>;,l,ZDdbyG00glc 


dilbriiAar  1h  hou  tfevés.  Ili  impetènat  de  là  dei  triboti, 
czigèndt  dei  nufooi,  K'aSiènnt  arec  qoelquat-os*  dei 
gnuMb  {Bodstaten  dM  tbIMm  voisinei,  aoxquli,  owame  on 
PfOTnee,  ili  prétèivnt  on  Tcndiient  le  WGonn  ds  ^Bun  ar- 
Mfi'i  et  radooUèrent  enfin  de  hirdieMB  dans  lemt  expédi- 
tbaa  m  lu  tenM  des  àoéàBo».  Us  oontiiMèreDt  autoit  à 
ranfoiuier  1m  pâeiini  qii,  de  la  f nooe  et  de  la  SoîMe,  ae 
rendaient  à  Borne  par  les  .Alpei.  Frodoard,  qui  bodb  a  déjà 
pailé  d'one  caravane  de  pèlerins  d'ontre  mer  (  c'nl-à-dire 
de  la  Glande-Bretagne},  gaoloù  et  antres,  arrêtée  et  mal- 
traitée par  ha  fiarnsins  dans  mè  montagnes  ea  940,  nous 
le  dit  formeUemeot  sons  l'année  95 1  ■;  et  il  donne  à  joger  par 
là  qa'Us  étaient  maîtres  de  tOBta  la  partie  ooctdentde  de  la 
ohatoe  d«  Alpes,  de  la  iner  de  ^«Tenee  an  lae  de  Genèr*, 
et  jnsqn'an  grand  SalaV-Bemard.  Da  golfe  de  Grimand  an 
Léman,  en  effet,  ils  avaient  établi  de  sononet  en  sommet 
de  ees  soitM  de  redontes  qne  nous  avons  nranmées  ptns  bant 
atalajas,  d'on  mot  espagnol  rigniOant  lien  élevé,  tonr,  ^né- 
rite,  redMrte  on  poste  ntiié  snr  qnelqne  Anlnenee,  d'oli  des 
sentinelles  peovent  voir  an  Idn  et  dominer  de  l'œil,  soit 
«  vaste  borizon,  soit  oœ  gorge  dnis  tonte  sa  profondeor. 
An  mojen  de  feax  disposés  on  allâmes  d'one  certaine  ma- 
nière pendant  la  nnit,  et,  pendant  le  jonr,  avee  de  la  fomée^ 
les  Arabes  foisaioit  de  là  des  signaux  donnant  à  conntitre 
aa  loin  le  nsmbre,  les  manœnvrei,  la  nurcbe  on  la  retraita 
des  ennemis;  ils  étaient  très  baisles  dons  oe  genre  de  télé- 
grapbie,  et  c'est  de  leur  mot  attalaà  qu'est  vain  l'atalaya 
des  Espagnds^.  Une  fois  établis  dans  ces  montagnes,  dit 


I  Vojti  lut  D.  Boavait,  (.  n,  p.  B. 

1  biTiMnl  nMinn  Alploin  dMldntei,  I  tlitoribu  Raoua  peUBilbn*  irl- 
bDtnoi  KclpIoBl;  el  lie  «M  tr*Bilrc  permltlaot  (Frodoardi  Chr.,  «nn.  MlJ. 

1  Gb  n«  ctl  laul  portaftl»,  ttn*  «actm  chMcemeiit  d'Oithos^ipbt.  VoyM 
ft.  J«tad«Souii,VMtlEb»di  Udeo*  itibtp,  stc  — AtUUl  e»  ud  dériTt  dri 
T«b«  tnbi  uiM,  d«  U  bBitiine  HtlugiltoB,  ilpilfl*ni  r^irder  lo  loin,  di- 
ctnrii  h  iintftê,  tic 


>;,l,ZDdbyG00gle 


244 

Lio^rand,  Ut  répaodireiit  le  sbi^  d'one  li  grande  qavàité 
de  chrétieiui  qui  allaieiit  Tinter  les  tonlieaax  des  tncnbea- 
reox  apMret  aaint  Pierre  et  saint  Paul,  qoe  ceioi-là  Hul 
en  sait  le  nombre,  qui  a  écrit  leurs  noms  dans  le  livre  de 
Tie'.Liu^trandtqai  attribue  leannomeanx  BDccèiaa  tnut^  - 
da  Fraxinet,  goiumande  fort  le  roi  Engo  d'aTOW  épaiçié 
ces  ennemis  qui  n'épargnaieiit  personne .  D  apostnpbe  aièDki 
k  ee  sajet  ce  roi  en  termes  assez  vifs,  et  loi  re^oche  d'a- 
TOir  dé&nda  son  royaume  par  des  moyens  entachés  d'ioi- 
qaité>. 

Ters  ce  temps  ils  franchissent  eax-mèmes  le  Saint-Ber- 
nard et  s'arancrait  josqn'aax  portes  de  la  ville  de  Saint- 
Gall,  près  da  lac  de  Constance,  n  fant  lire,  dans  la  grande 
chronique  de  l'abbaye  de  fiaïnt-Qall,  le  rédt  de  «ette  cu- 
rieuse agresùon^.  Les  Arabes  avaent  dressé  nu  camp  vo- 
lant aux  portes  mêmes  de  la  Tille;  ils  eu  exploraient  et  dé- 
Tastaieut  les  euTirons.  Accoutoraés  à  la  guerre  de  moi^- 
gnes,  ils  les  parcouraieut  arec  la  l^èreté  des  chevreuils^. 
Ce  qu'ils  couToitai^t  surtout,  c'étaient  les  trésors  de  la  ri- 
die  abbaye.  Hais  eUe  était  intrà  muru ,  et  ils  ne  se  sen- 
taient pas  assez  en  force  ponr  en  tenter  l'attaque  k  main 
armée.  Comme  de  dépit  et  par  braTade,  ils  percèrent  de 
lenn  flèches  plusieurs  moines  qni  aTaient  en  l'imprudence 
de  sortir  du  couvent,  n  arriva  cependant  malheur  cette 
fcHS  à  ce  corps  de  Sarrasins.  Un  doyen  de  rd>baye,  "Wal- 
ton  (c'est  le  uomque  lui  donne  la  chronique),  restant  de 
venger  les  injures  faites  à  ses  frères,  et  la  mort  de  ceux 

■  %a  TCTo  loco  eonatitntl  qatm  nnUiinim  Cbriftitiiatiun  «4  B«lonim  ApoM*- 
lotnm  Pctri  et  F»1i  llmiDi  UtUMontinin  MDgniDem  rudarinl, llle  iclt  soIm 
liDniirDm,qul  corum  DanllM  lenit  KripU  in  llbro  TlTemJaiD  (Llalp.,  |.  t, 

1  pw  qium  inique  tlbi  Ses  Bago  Tcennm  detBnder*  coniri»,  elc,  (Ibld., 
Le). 

1  StBGU  Gdl.  Gbr-,  dau  Paru,  i.  n,  p.  iet, 

*  .....CoinciprltfocBUpruiiiaDtetpïtcuireriDI. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


GBurnut  qtnnzizia.  245 

â'«iitre  eux  qn'aTaient  taés  les  barbnres.  H  se  tint  prêt  et 
stteiràit  une  occasion  ^vorable.  Or,  an  jonr,  ayant  surpris 
DOS  agresseurs  endormis,  il  les  ehaqiea  radement  à  la  tête 
de  çaelqaes  hommes  réscdiu,  et  en  tna  le  pins  grand  nom- 
bre. QnelqDefl-ons,  ayant  été  faite  prisonniers ,  forent  ame- 
-  nés  &  l'abbaye,  mais  ils  refosèrent  de  manger  et  de  boire  y 
et  se  laissèrent  tons  monrir  de  faim^. 

Telle  était  la  stoation  des  Barrasins  dans  l'Europe  centrale 
et  mkéridiiHiale  lors  de  l'ambassade  de  Jean  de  Gorze  à  Cot- 
dooe.  La  coltmie  dn  Fraxinet  étut  toajoon  lenr  arsenal , 
leur  point  d'appoi,  on,  comme  parle  un  historien,  leur 
rqiaire;  mais,  à  partir  de  ce  temps,  leurs  affaires  allèrent 
en  déclinant,  en  Smiw,  en  France  et  en  PrOTence.  Us  fo- 
rent chassés  en  960  du  mont  de  Jupiter  par  Bernard  de 
Henthone ,  depnis  canonisé  et  dont  ce  mont  prit  le  nom. 
Befonlés  de  poste  en  poste  pendant  l'espace  de  qninze  ans, 
dépossédés  BnccesnTemmt  de  leurs  forteresses  et  de  leurs 
chAteanz  de  l'intérienr,  il  ne  leur  resta  bientôt  plus  qoe  le 
Fraxinet,  qoi  snocomba  enfin  à  son  tour  sous  les  ÔFforts 
de  Guillaume,  comte  de  Provence,  en  975.  De  la  condaite 
de  Gibalin  Grimaldi  à  ce  siège  prit  son  nom  de  Grimaad 
le  golfe  où  avaient  été  jetés  en  889  les  vingt  Sarrasins  qui 
forent  les  fondateors  de  cette  colonie  *. 


t  Qal  Unan  Ipti  aiiBdaetre  dm  blbm  lolmlu,  omnw  perlaniK  <lkka~ 
lurdl  IT  cuni  S.  G*IU,  c.  IS). 

1  H.Rdimd  die  on  carirax  pUMB«  l'une  clurls  dp  lempi ,  pnbUée  par 
D*«  aarlMU  (AmpllMltt*  C*UmiIo,  t.  i,p.  Sto)  id  mjti  du  piiUfe  d«i  Urrw 
(l«T«MWt  TMMtec  pir  l'intlira  «pnWon  dei  BtrruiM  da  galb  d*  Grlmind  : 
U  y  «'1(11  d'nw  *11«tciUdb  relatiia  k  ca  partage  emlra  on  idpienr  da  HanatUe 
■ammi  Podi  da  Fot  et  Galllanma,  Tleomls  da  Mita  TiUe  :  —  Ciim  ge«i  pitiiia 
hiaet  t  BMlboa  lala,  TldtllMI  de  Fnilnelo,  eipolii,  et  tern  tolonaMli  a<BpU~ 
Mt  TMtIrl  et  ■  ealloribo*  coll,  nnmqidwpie  ueniidiuii  pTeprltm  tlrlalam  lapie- 
bal  lamm,  tranigredleDa  lennliio)  id  nam  pmenloncBi.  Qaipropter  ilU  qil 
(eiaBilaraa  Ttdebintnr  atie,  altercaliaiM  ficU,  implafCbant  le  «d  laTieain, 
raplaiilee  tairuo  ad  poue,  Tldelicel  WDlebiiu  Ticecomea,  «I  PodUoi  da  roiili. 
fi«l  PoatlaipergMi  ad  comllan,dlilte):a  Donna  coiiM,eeeelerra  mIuUmI 
«TlDCBlapt|iMi|Miiiitndlu«ftBwelM4oBatl4Mfe(la:  idM  rofanini  nt 


>;,l,ZDdbyC00g[t' 


34« 

G'egt  ainn  qae  I«s  Samdiu  allèreat  l'affidbUMaiit  pea  A 
pea,  et  dûparareot  toat-i-Mt  dn  kA  (pançaù  «prèB  la  prtn 
da  Fraxiitet,  an  mtnm  comme  bandes  nattantes ,  Isnaiit 
toutefois  dans  la  langne,  doni  les  mcmn,  et  «arfont  dau 
les  noms  de  lieni,  des  trasei  Dombreaset  de  leur  sé}oBr  od 
de  leor  passage.  Ces  traces  se  ntronrent  sortant  dans  nos 
Alpes  françaises,  en  Danphiné  et  en  ProTcnee,  oft  la  tra- 
dition da  pays,  d'aceord  arec  l'Usteiire,  les  signale  dans  on 
très  grand  nombre  de  localités;  ooos  c^eroBS,  entre  aatres, 
HoDt-Horin,  dans  la  Tallée  d'Onk;  Mont-Haur,  ojt  B 
reste  des  Tcsti^  de  leers  rdrandieiiuns;  Pny-Hore,  as- 
dessDS  de  6ap  ;  Pay-de-Hanre,  montagne  Toisine  de  eette 
TiUe;  le  forrait  de  Sarrann,  aossî  dans  le  Toisinage  de  la 
même  TiQe;  les  fortifications  de  Hdtoa,  les  œonlj^es  de 
DoriHm,  les  ch&teaox  de  Ttiéiis,  de  Çaint-Etienne  d'ATan- 
çon,  des  Orres,  le  fort  Qaejras,  la  B&tle-HoDt-Baléon ,  les 
tours  de  Bosans,  qni  présentent  le  caract^  des  atalajas 
dont  noos  parlions  tont  à  l'henre,  la  tonr  de  Malmort,  bi- 
tie  SOT  la  pointe  d'on  rodLer  dans  le  Dévala;,  le  vallon  sar- 
rasin, dans  le  diocèse  d'Annecy;  enfin  ,  plnsienn  Fraxinet 
pins  on  moins  modifiés  en  proDondati<Hi,  le  village  de  fïo- 
n^,  aux  environs  de  Hoetane,  en  Maorieniie  ;  Freinnières 
désigné  dans  des  actes  latins  da  doozLème  et  dn  trdnème 
Biède  sons  le  ntHU  de  Eraxenaria;  Fraaûneto,  bourg  ntné 
à  peu  de  distance  de  Casai  dans  le  Hontferrat,  de.  Pent- 
ètra  La  nom  delà  fartareiss  ds  Fenestrelles  n'est>-il  loî-méffle 
tfoe  I4  eoiTHptim  da  nom  de  FrasoeoedeUam  mentionné 


pergu  lIKe  al  nlttoi  terarinM  intor  oppidt  «l  cuti*  cl  tarnu  MBetuilaH; 
Bcai  ta*  p«t«tlill«  «et  lamlMra  ai  «ilMlgM  dMiibwM  foiatut  libl  fiatt- 
Ina  fOerlI.  Qaod  IH»  ot  «Ddlfll,  MMaHH  ;  «t  m&Ubuo  HCudcBi  [a  lati  eqnli 
pemxll.  CoBiqM  rsiiMl  Inb*  IIiim  wltodra  TiUa,  o^t  loqBlrerc  noialit 
■onllBiB,  it  coanra  Talltan  al  KUnai  al  fMitliw-  —  (TiM  )t  u*  imt» 
Su  m4mi  mmUMaatt  et  ta  riTiUtit  qd  uMmp»^»ma  Sa  ph"  aa  pta< 
M  Bfpa|M  la  r<Hae<M>  4m  mrea  cawN*ti  wH'liimiti 


>;,l,ZDdbyC00glc 


CHàPITHI  QUIHZIÈIII.'  347 

pu  11  difooiqw  de  l'alduye  de  Norslëtt*.  Je  n'uÊenâ»  af- 
finiur  qœ  le  nom  de  qaulier  dei  Samitiu  donné  par  1h 
babitans  àz  la  capitale  da  eomté  de  ITice  à  on  quartier  de 
leur  Tillfl',aoit  un  téatoign^eda  séjour  àmaÎD  armée  d'im 
eorpa  d'Ard>ei  dans  Niée  mème^  il  j  a  plaUt  lien  de  croire 
que  m  ami  fut  donné  an  quartier  où.  forent  placés  les  pri- 
sonniers sarraiins  après  la  prise  da  Fraxinet. 

Je  ne  dirai  rim  non  plus  des  usages  ^  des  idiotismes  orien- 
taux de  Boz  et  d' Arbign;^,  villages  sit  aés  entre  Boorg  et  Lyon , 
parce  qu'il  est  dootma  qœ  lear  fondation  remonte  à  l'époqne 
dont  il  s'agit  id^;  mais  je  rappellerai  nn  nsage  qai  témoigne 
des  anciens  rappoMs  de  nos  SarrasinB  avec  les  peuplades 
alpines  de  la  Ganle  méridionale.  Il  s'agit  da  siège  simulé 
d'an  fort  en  planches  et  garni  de  feuillages,  par  la  défense  et 
la  prise  duquel  la  jeunesse  de  Biez,  dans  les  Basses-Alpes, 
eélUire  la  fdte  de  1&  Pentecôte.  Las  défenseurs  du  fort  qu'on 
appelle  les  Sarraûns  (lotu  Sarraijm)  portent  des  étendards 
verts  et  des  cocardes  vertes  ;  la  couleur  est  à  noter  :  c'est 
celle  de  Habopiet.  Quant  spx  assiégeans,  Us  sont  habillés  en 
honasards  ou  en  fentassins,  et  ils  portait  les  couleurs  na- 
tionales. Les  Sarrasins  défendent  pendant  denx  jours  lear 
fort  contre  les  duétiens  qui  s'en  emparent  le  mardi,  em- 
mènent leurs  prisonniers  hors  de  la  ville,  et  y  rentrent  avec 
eux  poor  faire  an  bon  repas^  le  lendemain,  vainqueurs  et 
vaincus  vont  rendre  grAoe  à  saint  Hjuimin  4. 

I  Gtai.  KaDHL  Nof  tlidraiii,  du*  Murataii,  L  u,  put.  Il,  p.  JU. 

•  Cm  d«aK  ttlligii  lUMt,  MbD  loata  ■ppirtnee ,  partit  hoi  flcari  IV 
d«  HiBriiqnei  clUMlt  ri^ifM  par  PhlUppc  lU. 

*  Htm  »M«  plD*  Mqûamnt  tmfWjt  la  moC  lorrMjH  dtoi  la  rtdl  Sa  cm 
IvTitioiu  qna  p*rUnt  aiBBiRi,  parte  qne  c'hI  calil  qa'anpIalaM  eontlBDaUB- 
Mant  In  AcriTaiaa  qd  as  parlaai.  Lai  AratiH  o«  ••  teat  d'ilBeait  tamak  d^ 
altoèi  aai-nCnai  par  ee  nom  ni  pat  aocan  da  ceai  qie  lear  donaant  lia  icrl- 
TilM  ckrtUaH  qal  IM  appéUtnl  taar  *  tour  Agareal,  IfaafI,  FBaal,  lana»- 
Ula,ttc.  —  Mana  aTooa  dll  dijl  qnalqoa  Ehoaa  da  <a  mat  dom  TorlelBg  a 
►•■■eai^i  «ceapé  lai  mtou,  cl  fin  •  m  qi'U  Udt  cd  ufage  bien  ayail  lUIia- 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


348  msTomK  d'b 

Da  réoît  de  cm  ooorses  de  nos  Sarraiiiu  A  travers  l'Eo- 
Tope,  il  noiiB  font  maintenant  passer  aux  éTéoemens  qai  nux- 
gaèrent,  en  Afrique,  la  fin  du  règne  d'Abd  el  Ral^Dan  III, 
antenne  duquel  nou  tonchona.  Noos  en  sommes  restés  des 
rapp(»1s  de  l'Espagne  avec  la  Mauritanie  à  la  prise  de  Tu- 
nis  par  le  hadjeb  Ahmed  ben  Saïd.  L'andadense  entreprise 
da  hadjeb  snr  une  ville  aussi  voisine  de  Kaïronan  que  l'était 
Tunis  appelait  natorellement  les  représailles  dn  khalife  fathi- 
mite,  et  il  résolut  de  se  venger  de  eette  agression  en  portant 
la  guerre  dans  le  Magreb  el  Aksa  qui,  oomme  nous  l'avras 
va ,  s'était  mis,  quelques  années  auparavant,  sons  la  protection 
des  khalifes  sumûtes  de  Cordone.  Hoeez^fils  d'Ismaïl,  qna- 
trième  khalife  de  la  dynastie  des  Fathimitea,  était  alors  sou- 
verain de  Kaïronan,  émir  d'Yfrikya.  Il  envoya  contre  le  Ha- 
greb  son  général  Djehwar  el  Boum;,  le  Bomain,  selon  Abd 
el  Halim,  le  Slave,  selon  Léon  rAMcain',&  la  tète  d'une 


ni«t,e((IJi  le*  prauiir*  liéclci  de  Dolre  in(TDyBid-d«Tin(,  (.  m,  p.  S).  Lu 
Gnet  CD  tSri  nnctirlulcnt  pntlcallèrUBSDl  dli  Ion  U  pirUs  de  PAribie 
qfd  VéUnd  Tart  l'Orient, du  Umllu  da  pi;*  dw  H>b«Uié«ai  ioiqn'tD  lolfa 
P«rdqnB,  du  nom  de  Saraka  ou  payt  dM  Sirruiiii.  ^kptxa.  Xu^a  'Afa-Ciw 
fJtTii  T9UC  NaCsTiugiiE  :  si  liituTTic  îtpuKnei ,  dit  £llaiiDe  de  BjUBce.  Or, 
pour  1m  Rabithfeiu,  lai  aotrai  Arabu  qui  habltalant  Tira  l'Elt  poDvtlevt  être 
de*  5cAaraJtir(HHi(plorlel  de  Âc^rJiy,  crieolaljet  la  paji  de  Mni-cl  étie  dë- 
aiené  par  le  nom  d'£l  Scharkga ,  ilgnifltnl  rorlenl  en  aribe  ;  d'où  la  SÀ^ uct 
d'BUaDDe  da  B  jiaïkM.  D'an  «aire  cdti.  Il  ne  me  icmble  pat  mohu  nitnrel  de 
Taire  déi-irer  ca  mot  de  l'araba  SarOji  (ad  campai  duertoniTe  pertlneni)  phi- 
rlel  Sahttr<^Ki,  >ltnUlant  an  penpla  de  paatean.|U  eat  iré*  hdie  de  conceiidr 
U  eorrapUon  da  Sahri^mi  en  SaractiU.  Qnol  qn'll  en  mil,  c'cil  par  Ici  Greei 
qae  ce  mal  •  tiê  d'abord  employé,  par  lee  Greci  qnl  aTileni  en  In  premiera 
d««  rapport)  iTee  les  Irlbu  nomade*  de  l'irabi*  Ff  trée  et  de  l'Arable  Déeerts, 
te  wtargi»*  loUlmiMi  ;  c'ut  d'enx  qa'll  Ml  paili  loi  Latloi  pour  Tenir  fuqn^i 
noaa  ;  et  cela  rend  eilrtaiement  probable  l'nne  oa  l'entre  dn  étjnologie*  qna 
DOW  propoiona.  —  Qaant  i  l'opinion  aeion  iBqaella  lu  Sarrulni  aaraleiil 
tiré  l«nr  wHn  de  Bar*,  femme  d'Abraham ,  opinion  qne,  inr  l'anlortii  de  lalni 
JicAme,  a  reprodnlte  un  peu  lieéremenl  Ermoldni  Klgelliu  (  1. 1,  t.  IIIS),  et  qui 
a  aa  qnelqne  conn  au  inoTan-tge  (TOTai  le  Gloualra  de  Dneange,  an  mot  qui 
noua  occnpe),  on  ne  iinrait  a'y  arrêter,  et  elle  Implique  contradiction  aiac  la 
descendance  d'fnastl,  Bl>  d'Agir,  |iniralemenl  allrlbnèe  tnx  Arabe*. 
<  Dt  nation  icUaTa  (GIothi  Leesa  ArrUuo,  Dctcrlltione  dell'  Alrica.,  ptrte  i. 


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CHAPrnuE  QDiHziÈiiK.  24d 

grosse  année  composée  de  vingt  mille  hommes  de  cavalerie, 
tirés  principdement  des  kabaïlft  de  Kétamah  et  de  Senhadja, 
n  lai  ordonna,  dit  rbistorien  spérâal  de  ces  gneires',  de 
sobJDgDer  tout  le  Hagreb,  de  l'avilir  et  de  l'abaisser,  d'en 
déposer  les  scfaeiks  et  les  princes,  d'exercer  enfin  sur  eox, 
drâs  son  expédition,  les  pins  grandes  violences  et  les  pins 
iangnes  craantés.  Et  en  effet  Djehirai:  partit  de  Kaîronan  et 
prit  la  roBte  dtt  Hagreb  en  l'an  347, bien  résolu  de  remplir 
sa  misdon  an  gré  de  son  maitre.Yaal;  ben  Mohammed  el 
YafroaB7,ëmir  de Is  triba  des Bény  Yafronn,  et  le  heatenant 
da  khalife  andalons  en  Maaritanie,  ramassèrent  tons  les  hom- 
mes en  état  de  porter  les  armes  de  la  triba  des  BényYafronn 
et  de  celle  des  Zénètes,  et  marchèrent  contre  Djehwar.  Les 
deoz  années  se  rencontrèrent  dans  le  voisinage  de  la  viHe  de 
Tahart".  Avant  le  combat,  le  général  Djehwar  fit  faire  une 
distribntioa  d'argent  aaz  che&  de  fiétamab,  qni  Ini  répondi- 
rent de  la  mort  dn  (dtef  des  Zénètes,  Yaaly  ben  Mohammed  el 
Yafrouny.  Une  ardente  rivalité  de  tribu  -existait  entre  les 
combattans.  Le  combat  s'éohaaffait^,  on  cooimeaçait  h  s'é- 
chauffer, Iwsqae  les  cheb  de  Kétamah  dont  il  vient  d'être 
parlé  semblèrent  n'avoir  pins  qa'on  bat,  et  s'acharnèrent 

e.  13}.  —  Lion  ippall«  Is  giotnl  du  kluUre  Khilte  Gehur,  nom  qui,  ptododcé 
à  riUlfcnae,  riponluMiMeniU  niaar  Bophonlque  il>  l'arabe  DJehirir. 

t  Abd  el  HiKm,  dam  la  Karlai,  f  HB. 

*  n  y  a  dcDi  Tlllea  de  «  nom  an  Abiqne  (Tahart  an  Taharat),  qui  toalei 
deai  ippatUenncnt  li  la  parlls  da  l'Afriqas  leptculrlonalB  qae  le*  Arabei  ap- 
pellanl  El  Hagreb  «1  Aouiaalh,  PATrlqne  du  mllien  ;  la  pranlAra,  Tibsrt  la 
Haala  (I>h«rt  Allab),  Ml  liisée  par  39  degrés  BO  mimitea  de  loDglIiide,  el  S» 
degri*  da  liUlade  nord  ;  ta  «aconde,  Tahart  la  B»Me  (  Tahart  SafaUhJ,  «il  k 
38  degrte  de  loDeltode  loiii  U  même  lalllnde  que  la  première. 

>  FêhiaiitI  ■!  Aarl.  —  L'expreuion  fiUmiat  tl  harb,  le  combat  i'écbapF- 
bll,  H  rencontre  i  chaque  pai  dam  loi  ricila  de  baUUka  det  Arabei.  —  lU 
emploient  aiuil  an  grand  nombre  de  mélaphem  pour  eiprimar  le*  dilFérentei 
pbaae*  d'un  eonbat,  «I  bien  qae  nnlle  langue  n'eat  pinl  rictaa  qne  ta  leur  en 
•xprewlODa  propre*  à  rendre  loni  ce  qol  conMme  laa  ebote*  de  la  (nerre.  J'ai 
dilk  dit  alUenn  qoe  l'épte,  «I  talf,  ayalt  taDl  de  ay nooTmea  dana  leur  laotne, 
qu'un  de  lenn  ierhalni  (Tait  compoai  ud  lltie  lest  eipréa  U-dcHM,  inlllult  : 
£mu  «I  Sa<r(det  RoBi  da  Vtfé»), 


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9M 

p«HW0HeMai  flMdre  le  ehel  dei  Zébbtii.  Tad;  MBtiiit  kw 
choc  avea  UrmUé;  naii  ili  le  jmpiiMid  tamme  U  n'tmi 
qu'on  petit  nombre  detHnuaitfoiiTdeliu,lefiraattoiriier 
de  eheral,!*  l'aoeablèreM  kku  Ici  eaapi  de  lenra  Ikkm. 
L'un  d'eax  abt  iimitrtt  pied  h  tvne,  lui  mi^  ta  tite,  H 
il>  ta  poitènat  à  Djdnnr  qm,  dans  ta  jote  que  lui  cmm 
ce  prétest,  fit  doimer  one  grosee  aoraiBe  d'ingent  h  aes  bû- 
Bâvblea  Oean  meroeaalni  qa'AJid  el  BtMm  qualifie  de 
sehdki  et  d'énin  lea  {des  illnetrei  (on  ki  plu  nobks)  de 
la  tribo  de  Kétamah  ■ .  L'ex-eaeliTe  van^eeiir,  doid  w  trie»- 
I^  préparait  l'Matanle  fbrtone,  «'empraeia  d'envoyer  ta 
tMe  d'Taalj  &  S(m  maltN,ttoeB  ben  lawâ,  qai  ta  fit  pmee- 
ner  par  toate  ta  Tlfle  de  Kaïrooan  «i  beat  d'ooe  pàqne.  La 
tribu  des  Beny  Tafroun  anH  pria  ta  Mte  aniiltôt  aprèa 
aroir  pearda  son  dief ,  qnd^pie  e^rt  qa'eAt  fait  poer  ta  oûn- 
tenir  le  fita  d'TaaljjTarreiui  el  Tafronni  bcm  Y aaly  bon  Ho- 
banuned.  Djehivar  Tainqnear  ae  dk^ea  nir  fiedidniessa  oà 
s'était  ëleré  et  établi  l'osorpateHr  HoÉianuBeâ  ban  el  Tli&, 
snniommé  WésAooX  ben  Haymoan  ben  Uédénur  el  Dafaii  on 
et  Tjbari,  qui  avait  piii  le  titre  de  Uulife,  se  faisait  appder 
émir  al  Heomenin,  et  nftme  El  Btdidùr  iiUali,  et  faisait 
battre  monnaie.  Ce  Mohammed  bea  el  Fath  faisait  voir  no 
grand  zèle  pour  ta  jnstioe  etpoorta  maiotieBdetasamuih; 
il  était  zélé  partisan  de  ta  secte  de  Malek,  qui  est  restée  do- 
minante en  Afrique,  eranme  idle  le  fat  en  E^agoe  pendant 
tonte  ta  dorée  de  ta  domipation  des  Arabes*.  Djehvrar  se 


I  AbdalHaUm.,!»». 

1  Hou  iTont  MaTent  fàilê  et  cet  iBim  uai  an  dooner  U  blopipUe.  Cft 
qa'oi)  BD  (lit,  HD  re«te,  Ml  peu  de  choi«.  —  Llmtm  (on  chat  de  l'aBS  da>  qni- 
Ire  isctM  orlhodoiM  do  iMDiiJnuuilime)  Malck  Abon  Abdallah  ban  Aoat  èull 
nalir  de  HUlne.  Il  monrat  dam  l'amita  119  de  Itiglte  (na).  Ab«DlfUa  le  ftli 
masriT  no  an  al  Ebn  Xhallekaa  den  au  plu  U)t.  Il  y  a  un  é(al  diaatBllmenl 
parmi  lea  aslcnn  araba*  nr  fmai»  da  aa  naltianee  :  qaelqnca-nH  la  font  imI- 
tTerutWid'aDina  t'aaW;d'aBUea  anlln  an  H  M  enM.Dnliaaa  maDUcrlt 
d*  M>  cMpf  de  )nrlipradeBE«,  isUWU  Mwtt*,  wt  MBtrrt  t  U  BtbUolbèqn* 


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porta  «mtn  M,  et  l'aiiiégea  dans  BeâjdmeMs,  «a  eaiitale. 
Cette  Tille  ariit  été  fondée  par  Suétone  FEmlia  q^oi,  le  pn- 
jnier  de*  géoénnx  nnuaina,  Booi  le  règne  de  Claude,  pénétra, 
Ten  l'on  41  de  ].-€.,  aU'deUde  rAtlu,et  Tùnqait  les  tii- 
boa  barbare!  (oa  berb^«t)  de  la  Maoritanie  dans  la  plaine 
<pu  traTerae  le  fleave  ZyC.  Pour  étendre  et  aunrer  la  doBt- 
nation  romaine  sor  cette  r^oa  reeolée,  Suétone  Paolin  fit 
jetw,  tpr  le  duunp  même  de  u  vietoire,  lei  {ondemou  d'nn 
campromùn  dont  ildit:,$i{}t7(um  miUesl,  e'eit  mon  acean, 
ou  mon  Bigoe,  lequel  est  devena  une  Tille,  et  s'est  appelé 
tour  à  toor,  par  eormptioaT  HgiUuraest,  Sigîloiest,  iigH- 
ueiie,  gigilmessa,  et  ei^n  SedjebnBiBa  ou  Sedjehnessa  dans 
la  booehe  des  Arabes. — La  proTince  ou  belad  de  Sedid- 
mesia  s'étendait,  à  l'époque  de  l'expédition  de  Djebvtir, 
comme  8111010411111,  le  long  da  fleure  Eyz,  de  la  Ttdlée  toî- 
sine  de  4^ers  el  On^B,  en  courant  ven  le  sud  l'espaee  de 
cent  milles  itaUent  (d'après  Léon  l'Africain)  josqu'anz  con- 
fins du  désert  de  iybie;  die  était  peuplée  de  Zénètss,  de  Sën- 
badjah  et  de  Hiiranli ,  et  la  eqiitaie  surtout  en  était  ri<die  et 
florissaute,  et  eoraptatt  un  grand  non^re  de  marchands 
enridus  par  le  commerce  de  l'or,  qu'ils  tiraient  de  Tibar  et 
du  pays  des  nègres  h  traTcm  k  Sahara'.  C'était  plus  qu'il 

da  rKicnrlil,  el  Cuiri  l't  dicrll,  I.  u,  p.  4ftl  d«  m  BlbUolliKA  Arablco-HIipi- 
alctBfcnrlibBali. 

1  Vej.plnauilii,!.  Ls. 

1  QaMta  dtU,  dit  Léon  l'AfrlMlo ,  i  «dlilcal*  In  ui«  plmnri  «o^t*  '1  Ûume 
Zb  d'Uitoma  maiiU  dl  belia  Bi  ilM  mara,  Mme  incbar  le  ne  i«ie  qnalcbo 
puta  (FAnba  d«  Giauds,  ^m  le»  lUUti*  «pptlèreBt,  d^ufi  u  Boartnioa  tu 
cbriiUiBlNM,  GioiM  laoM  ô/Heww,  ictiTtI  t  c««l  ta  Mmamcnieiit  da  Uiilémc 
liêcle],  e  qnando  II  MicomelUnl  InlioroDo  n«ll'  Africa  fa  loegstu  ■  cErL<  il- 
gsari  d«l  tarait  dl  X«biu,  qaail  dorirana  fin  d>e  lofcf  le,  Bglaol  dt  Tii&n  de 
Lvnlna* ,  (Û diMMcU.  Ira  ti^e,UUt  ca>biienBcaH,e  fil  ImbIMIOTi  rlcchl 

pn  U  trtfllca  chi  h«Ta*«na  In  Icna  de  HegrJ al  prfHDic  4  latu  iotIdiM, 

•  corne  habbEuno  delto,  Il  popolo  il  ridniM  ad  habllara  par  U  uflalll  a  tarrl- 
tMi«.  le  vi  Hn  tUl«  lelte  aiafl  dl  ceMlau,  dl(  Lion  an  llniMUl ,  mal  eutello 
datio  Maaiia,  mu  doote  Ten  1*89;  pea  *préi  tiolr  ftfi  obU|i  de  qolUei  Gra- 
nule, m  pauie. 


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m^  msrooM  D'BSPAOïmt. 

n'en  fallait  ponr  tenter  Djehw.  H  pressa  Tivement  le  nége 
de  la  ville,  s'en  empara,  fit  main  basse  sur  toutes  les  richesKS 
qo'U  pat  7  trooTer,  se  saisit  da  Schakir,  et  le  fit  mener  de- 
vant loi,  lié  et  garrotté,  jas(iiHi  devant  Féz, qu'il  avait  réfloln 
d'assiéger  et  de  prendre  ansri  (349  —  960).  Djehwar  ^ta- 
qaa  Fte  de  toos  les  cMés  pendant  treize  jours,  et  finit  par  7 
entrer  d'assaut  le  guatornème.  Là,  comme  partout,  il  exerça 
de  cmelles  violences  :  une  partie  des  habitans  de  Fëz  M  pas- 
sée au  fil  de  l'épée  ;  il  se  saisit  dn  gouverneur  ponr  les  Om- 
myades  Ahmed  ben  Abon  Bekr  el  Zeneti;  la  ville  fat  livrée 
an  pillage,  et  on  grand  nombre  de  maisons  en  forent  dévas- 
tées et  abattues.  Djehwar  7  entra  à  neuf  heures  du  matin,  le 
jeudiSOderamadhan  349  (13  novembre  960).  II  pcarsaivit, 
sans  perdre  un  seul  jour,  par  tonte  la  Hanhtanie,  les  troupes 
des  Hervanides,  s'empara  des  villes  et  des  châteaux,  et  les  tri- 
bus et  les  familles  des  Zénètes  s'enfuirent  devant  Im  jnaqa'en 
£q>agne.  U  ne  respecta  qu'un  petit  nomlve  de  villes,  for- 
mant les  étals  de  l'émir  édriùte  El  Hassan  ben  Kennoon,  que 
celui-ci  s'empressa  de  mettre  sous  la  protection  de  Hoes  et 
de  sauver  en  reconnaissant  le  Fathimite  pour  scm  souverain, 
pendant  tout  le  temps  que  Djehvrar  7  demeura  la  terreor  ré- 
gna dans  le  Magréb,  et  il  n'eu  partit  ponr  retonmer  près  de 
son  maître  Hotze  el  Oba7d7,  qu'après  avoir  soumis,  snbji^é 
et  rempli  de  sang  et  de  cruautés  tous  les  pa7B  du  H^reb,  en 
avoir  tué  les  défenseurs,  et  avoir  fait  retrancher  de  la  khothba 
le  nom  des  princes  ooun7ade8  de  la  maison  de  Herwan,  et  7 
avoir  fait  rétablir  celui  des  Abydiens,  au  nom  desquels  on  fit 
la  pri&re  dans  toutes  les  chaires  des  ntosqnées  de  Haniitanie. 
Le  général  Djehvrar  arriva  à  Mahadia  menant  avec  lui,  caj^t 
et  revêtu  de  l'habit  des  esdaves,  Mohammed  ben  Abon  Bekri 
el  yafrouDi,  émir  de  Fëz,  et  quinze  des  principaux  schdks  de 
la  ville.  Mohammed  ben  e]  Fath  de  SedjebDessa  ornait  aussi 
son  triomphe.  11  les  faisait  porter  devant  loi,  sur  des  cha- 
meaux, dfôis  des  cages  de  bois,  coiffés  de  grosners  chapeaux 


>;,l,ZDdbyG00glc 


de  feutre,  d'où  wnlaieDt  des  contes  poor  exâter  les  risées 
de  la  moltitade.  Il  les  fit  ainsi  promeoer  par  les  mes  et  les 
marchés  de  Kûrooan;  après  qaoi  on  les  porta,  tonjonn  dans 
le  même  oostome,  à  Hahadia,  où  ils  forent  emprisonnés,  et 
périrent  pen  de  joon  après  dans  lenrprison,non  sans  qa'oD 
soupçonnât  Djewhar  de  les  y  avoir  fait  étouffer'. 

Ces  fàflhenaeB  uonvelles  ne  laissèrent  pas  d'inquiéter  -me- 
ment  Abd  el  Bahman,  et  accrurent  l'amertume  de  ses  dia- 
gEïni,  car  il  pleurait  encore  la  perte  de  son  onde  El  M<h 
dhaffer,  celle  de  son  fils  et  celle  de  son  hadjeb  £bn  Seïd, 
récemment  éproarée.  Pour  réparer  ses  désastres  en  Afrique 
et  y  tirer  vengeance  de  ses  ennemis,  il  fit  préparer  une  nom- 
breuse flotte,  et  y  fit  transporter  des  troupes  qui  ne  tardè- 
rent pas  à  y  relever  l'honneoT  du  khalifat.  Les  généraux 
aadalouft  ne  troorèrent  presque  point  de  résistance  dans  le 
Hagrcb,  si  ce  n'est  devant  Fèz  et  devant  un  certain  nombre 
de  places  fortes;  ila  recoavrèrent,  à  la  pointe  de  l'épée,  les 
villes  et  les  forteresses  perdues,  s'emparèrent  d'assaut  de 
Féz,  oii  ils  firent  un  grand  carnage  de  ceux  de  Eétamah  et 
de  Senhadjah,  et  subjngnèreut  tont  le  pays  de  Féz  jusqu'à 
rOcéan.Daua  tontes  les  chaires  des  mosquées  du  Magreb  on 
prodama  l'imam  de  Cordoue  Abd  el  Bahman  III ,  émir  et 


<  Tajci  le  Kirt»  d'Abd  «1  Hillm,  t°  80.  —  Velti  csnunenl  Léon  l'ilrluln  t»- 
eoDMlici)nqDtUdaH*p«bp*rl«|ii]iTalde  llpeii;— HBliïmpod'ElulnCilKa 
•  poDteBce  di  qnelti  uu,  eui  «lUrgaroira  1  loro  rspil,  e  crEbb«  la  iMli  loro 
in  Unlo,  chel  delio  Ctlita  nunilà  ud  *do  »c)iUto  e  eoBiJtllarg ,  Il  cul  Boaw 
fa  Gehoar  di  nalloa  Khtar*  coa  sMudlailiiio  aatcrdlo  larao  poneali  :  U  qgalc 
■equIilA  toiu  11  Darbcria  a  li  Nnnldla,  a  procrdatle  per  lulno  tiu  proylncU 
dl  Soi,  TlKOlcndo  i  Irlboil,  a  l'otile  d«'  dalll  ngnl.  11  ch«  Iktio  luTCBdo,  al 
•no  ilgnor»  rllornA,  si  qoala  ilpcae  In  maAo ,  l'oro  e  lotio  qaello  cb'^ll  dl 
qnciti  ptcBf  haTSTi  In llo  (Leone  Africuo,  dall' Afrlca,  park  i,  c.  IS). — Ce  tnl 
et  m^ms  DJanhai  qnl  conquit  l'Eejpte  ponr  laa  lihalItM  Falblmltet,  a(  fonda 
leCtlre(KIKahtraJ  ansea  poar  la  dércDie  da  li  napTalle  CflDqatla  :  —  Faca 
adanqne  cdlfiFarr  ddi  citU  lalla  clrcoadaU  dl  mura-,  alla  qnale  pOH  DDn« 
llchtiri  :  la  qntlla  poscia  par  l'Baropa  la  dalla  Chalro.  QnciU  dl  glonia  In 
fUtrno  a  dl  borgU  a  d'habilatloni  di  deatro  •  d''lDlonio  i  lia  uneiMDdo  pcf 
fl  Iitl«  Bod»,  Âe  in  tBilc  le  pnll  del  mondo  nn'  «Un  iliolk  bm)  ti  Iniii 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


Monmeb^,  ht  grand  conteotement  des  peuples  de  ftotu  M 
destribiu  zénttes.  L'émir  édrùlte  Hassan  t>e&  Kennoan  ar^, 
comme  dods  I'htods  dit,  échappé  à  l'or^,  en  s'empnMant 
de  w  soomettie  et  de  prêter  smoeiit  anz  Aèjdieng  ;  mais  mlM 
ajHTès  le  départ  de  Djehwar  ponr  l'T&Jljah,  il  Tùla  ce  aer^ 
ment  imposé  par  la  force,  et  se  remit  sons  l'obâssance  éd 
Ualife  onuDjrade  ;  il  f  t  rétaldir  le  nom  d'Abd  el  Relunan 
dans  ia  prière,  et  j  fit  joindre  celai  de  son  fils,  le  wali  él 
ahdi,  oa  saccesseur  désigné,  El  Hakem  el  Mostanulr,  quoi- 
que ce  ne  îta,  qu'avec  doolenr  et  &  regret,  dit  Abd  el  HaUm, 
et  par  la  crainte  ^'il  avait  d'eu'.  Conséqaence  natorelle 
de  sa  position  intermédiaire  entre  les  deux  khalibts  riranx. 
CesMtsnons  mènent  josqn'en  l'année  961,  dans  laqneUe 
Abd  el  Bahman  III  monrat,  et  complètent  le  rédt  des  éré- 
nemens  de  ce  rè^e. 

Que  à  nous  jetons  maintenant  mi  coup  d'œil  général  sur 
cette  époqae  et  sar  le  caractère  particnlier  d' AM  el  Sahman, 
noas  serons  surtout  frappés  dn  mâange  de  bien  et  de  mal, 
de  vices  et  de  vertus,  de  cruauté  et  de  mansnétade,  d'élé- 
gaace  parfaite  en  certaines  cboges,  et  de  grossiëre  barïwie 
en  certaines  antres,  qui  se  montre  en  tout  ce  gnl  s'y  fil,  et 
chez  tons  les  hommes  de  ce  temps,  même  chez  les  toeillenrs 
et  chez  les  pins  cultivés,  entre  lesquels  Abd  el  Bahman  mé- 
rite peut-être  la  première  place. 

Au  premier  aspect,  Iti  débonnaireté  8end>le  avoir  fait  le 
fond  du  caractère  d'Abd  el  Sabman  ;  il  était  grand ,  gâiéreaz, 
magnifique  ;  bon  envers  le  peuple  et  les  pauvres;  facile  et 
indulgent  ponr  ses  serviteurs.  L'historiographe  des  cadis* 
rapporte,  à  ce  sujet,  ime  anecdote  curieuse,  qui  prouve  que 


>  Abd  el  BdEm,  dini  le  IirUt,  f  80,  Teito  ;  c.  18,  p.  M  e(  wq.  de  li  tro* 
tacUoD  p  oTlngiiie  d«  Konn.—  TXoat  d'itoiii  iroiiTé  oalle  pirl  daoa  ht  fonr- 
«wletUro  de  Hlenenid«HMIiMBlHrU,futCoDdc(c.  n^deuelBIBuiU, 


>;,l,ZDdbyG00gle 


le  khalife  était,  eoilune  la  pltipart  des  lunnmes,  dâumé  dès 
qa'il  avait  ri. 

Ao  nombre  des  quatre  cadit  dn  conseil  do  grand  cadl  de 
Cordone  était  un  certain  Bohalb  ben  Hoonia  A  Andalonsi, 
selon  tot^  apparence  d'Origine  chrétienne  on  gotbiqae.  H 
était  baveaf  de  vin  et  de  la  secte  de  cent  de  l'Irak.  On  con- 
naît le  goût  des  HtuidmanB  pour  les  cachets.  Sobalb  en  avait 
on  sor  lequel  étaient  gravés  ces  mots  :  Ta  àlimê  koul  gdib 
koun  vnmfé  &i  5oft(û&,  toi  qni  connais  les  choses  cachées, 
sois  propice  à  ftohaïb!  Or,  an  jonr  qa'il  avait  bu  dans  la 
maison  da  hadjeb  Monsa  ben  Hodhéîra,  dit  tout  simplement 
le  oarralenr  arabe ,  quelques  mauvalB  plaisans  parmi  les 
convives  prirent  son  cachet  et  en  eCacèrent  le  haut  de  quel- 
ques cataclires,  de  telle  sorte  qu'on  7  lisait  :  Ya  alimé  ftoul 
ahib  koun  toou^  U  Sohatb,  toi  qni  Connais  les  buveurs  de 
Tin,  sois  propice  à  Sohaïb!  Le  cadi  ne  se  douta  de  rien,  et 
se  servit,  comme  auparavant,  de  son  cachet.  Quelques  dépê- 
ches ainsi  scellées  étant  tombées  entre  les  mains  da  khalife, 
il  les  remarqaa,  et  ^t  à  Sobaïb  :  >  Sohaïb,  ta  bois  du  vin, 
et  ton  cachet  lui-même  en  fait  fol.  •  Le  codi  changea  de  cou- 
leur, s'étonna  de  voir,  sor  son  cachet  l'aven  de  sa  taale,  et 
dit  &  £1  Nassr  :  ■  Seigneur,  je  ne  sais  comment  cela  s'est  fait, 
mais  j'espère  que  Dieu  me  pardonnera  ma  faate,  et  que  ta 
la  pardonneras  toi-même  h  celai  qui  est  ton  esclave.  Dieu 
est  grand  et  miséricordienx.  '  Le  kbaliiè  sourit,  et  ne  des- 
titua point  Sohaïb  de  sa  charge,  dont  il  s'acquittait,  Su  reste, 
avec  zèle  et  jastice,  et  où  il  s'était  fait  aimer  de  tous  par  soa 
anstère  équité. 

Le  même  homme,  entendant,  qui  montrait  cette  charmante 
indulgence  ponr  ane  fante  répatée  grave  parmi  les  Musal- 
joans  ',  n'a  pas  laissé  de  marquer  sou  règne  par  plusieurs 


1  Rmi  «Bfgtu  ocottOD  d'tUbUt  Juf  1»  ch^n  nliaat,  i  ftopoi  i'na»  «n 
nnw  ffll  Hdu«,)M  tMUMu  vtl>d»M  di  numboa  «a  M]«>  dn  lia. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


256 

actes  de  omelle  rigueor,  néceHsires  oa  non  :  nons  avoua 
va  conuneut  il  avait  fait  étooffer  on  décapiter  son  fils  Abd- 
allah dans  son  propre  palais  i  conunent  il  avait  fait  cm- 
ctfier  auu  pitié  le  prophète  Hamim  des  montagoes  de  Go- 
mera.  Fréquemment  des  vrasyrs  de  son  conseil,  des  che&  de 
gnerre  éminens  avaient  été  mis  à  mort  par  son  ordre,  sans 
antre  forme  de  procès  ;  témoin,  entre  antres,  le  sappUce  da 
wasjr,  £rère  du  caïd  de  Santarem,  Ommjah  ben  IschdL,  sap- 
pUce qni  détermina  la  défection  de  celui-ci  et  son  alliance  avec 
Bamire  II.  Il  faut  mentionner  aussi  le  martyre  de  ce  jeune 
enfant  de  Tn;,  neven  d'Hermogios,  moyennant  la  liberté  du- 
quel, son  oncle,  fait  prisonnier  à  la  bataille  de  Junqnera, 
avait  racheté  la  sienne  '.  Pelage  entrait  à  peine  dans  son  ado- 
lescence et  il  était,  depuis  près  de  trois  ans,détenn  h  Cordoue, 
«ans  que  ses  paréos  eussent  bit  aucune  démarche  poar  sa  ré- 
demption, lorsque,  sur  ce  qui  lui  en  fut  dit  par  quelques  of fi~ 
ciers  de  sa  maison,  le  khalife  voulut  le  v(nr.  Cette  eatrevne 
entrains  des  conséqoences  fatales.  Âbd  el  Bahman  traita  l'en- 
fant &vec  bonté,  l'invita  à  se  faire  musulman,  et  lui  fit  là-de»- 
sas  les  offres  les  plus  séduisantes;  mais  tout  fut  inutile,  et  Pe- 
lage s'emporta  jusqu'à  proférer  des  injures  contre  le  khalife, 
et  peut-être  jnsqu'à  le  frapper.Il  faut  lire  le  récit  de  ces  faits 
dans  l'écrit  d'un  ennemi,  d'un  chrétien  contemporain,  de 
Baguel,  prêtre  de  Cordoue".  *  Enfant,  dit  le  khalife  à  Pé- 
1^,  d'après  cette  relation,  je  t'éleverai  aux  plus  grands 
honneors  de  cet  empire,  si,  reniant  le  Christ,  ta  venz  reccm- 


>  Cet  entinl  porUit  le  nom  da  fondiMai  di  la  llbcrli  de*  Ailariu,  fort  cob- 
man  à  cette  ipoqne,  et  qni  «'toiTtlt  FeliflD*  el  le  [iroiioii$ill  Pelagloiu,  dral 
on  t  fait  plu  tud,  pir  comptlon  et  eoBtitcUon,  Peliyo  et  Piyo,  dobii  cocon 
■njaard'buirott  utJtèjeaEafi^e.  Le  denier  reetpirtiealitremeiU  en  Oelice  et 
BD  PorKgil,  dIi  noire  iilot  n'eil  pd  sulremenl  daigné  qne  lonj  le  nom  de  ma 
Pajo.  Ou  comple,  duu  11  première  de  cm  prOTloeei  leale,  prii  de  TinBUdaf 
^lliei  os  boarp  de  ce  nom.  Vorei  UIko,  Igleiii  de  Tajr,  p.  120. 

1  Vojei  B«tliel,  Vlli  T*l  Pualo  S.  Pelagtl  martyiii,  deni  l'HiipiDU  UlMtnla 
de  Scott,  t,  IT)  p-  MS-  —  !•■  relelion  de  Ktfnel  lontalttil  Dani  ptraît  tnlt  ili 
/irupie,  *t  Intarpslte  nïna  tl  et  U,  p*r  Monii*,  mb  idilcw. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAPITRE  QtnnziEHK.  257 

Dattre  notre  prophète  pour  le  ma  prophète.  Ta  Tois  k  qoel 
degré  de  grandeur  et  d'opulence  est  parvena  ce  rojaame.  Je 
te  comblerai  de  ridiesses,  je  te  cooTrirai  d'or  et  d'argent,  de 
riches  Têtemens  et  de  bijoni  précieux.  Tu  choisiras,  pour  te 
servir,  parmi  les  esclaves  de  ma  maison,  cenx  qui  seront  le 
plus  à  ton  gré.  Je  t'offre  des  palais  à  habiter,  des  chevanx 
pour  ton  ns^e,  et  toutes  les  délices  qu'on  goûte  ici.  De  plus, 
je  tirerai  de  prison  qui  tu  Vopdras,  et  s'il  t'est  agréable  que 
tes  parens  Tiennent  habiter  celte  contrée,  je  leur  conférerai 
les  pins  éminentes  dignités'.  • 

Pelage,  à  ce  que  'noos  dit  Bf^oel,  était  d'une  grande 
beauté.  De  cette  beauté  de  l'enfant,  et  de  l'empressement 
du  khalife  à  vouloir  se  l'attatdier,  les  chrétiens  se  sont  trop 
hâtés,  ce  nous  semble,  d'inférer  une  accusation  grave  con- 
tre Abd  el  Bahman,  accusation  à  laquelle  ne  sauraient  don- 
ner un  caractère  de  certitude  historique  les  deux  on  trois 
circonstances  de  la  relation  de  Ragnel  si  hardiment  inter- 
prétées par  quelques  commentateurs.  Dans  les  paroles  du 
khalife,  rapportées  plus  haut,  parait,  en  effet,  un  grand  zèle 
pour  la  conversion  de  Pelage  ;  mais  ce  pouvait  n'être  là 
qu'une  manifestation  du  prêtre  on  de  l'imam  musulman. 
Pelage  n'y  répondit  qn'avec  hauteur  et  colère.  Le  khalife 
n'insista  point,  comme  pour  montrer  qu'il  n'entrait  pas 
dans  ses  vues  de  forcer  la  conviction  du  jeone  homme, 
'  et  fit  Que  démonstration  comme  pour  jouer;  sur  quoi  Pe- 
lage le  traita  de  chien,  et  se  jeta  en  athlète  dans  la  lice,  dit 
l'historien  de  sa  passion,  aimant  mieoz  mourir  pour  Jésos- 


■  Pner,cnBdl«  1«  haaorla  fticibna  nbliiubo,!!  Ciriitain  nagtre,*!  noilnini 
irineria  propheUm  nrnin  «ae  dlcen.  Honm  qnilibiu  qHuUiTO  polluiiir 
iccai*  Tldei  ?  lDiDp«r  idduntibl  dobctoudi  iiuri  rel  trianti  eopiam,  tnim 
•pUbiu,  omunetiK  preliou.  Soiseï  prsur»  Ubl  qBilun  ei  hli  tjraDcalb  •!•- 
t«Tli,  qat  iBif  «ri  Totnm  morlboi  fuUDlotar  :  Md  «I  corlu  offcrim  id  babltan- 
dmn,  eqnoa  ad  Dte  ndnm ,  daUdai  ad  (rnndom.  Fom  et  de  careare,  quantM 
ptUeiii,  cdncui,  al  parenllbni  «lUin  loli  1b  bue,  il  TOlnai*,  Mtjtoatn  idT*- 
Mlla  tmmeoau  dlguIltMi  Matann. 

IV.  17 


>;,l,ZDdbyG00gle 


258 

Cbrist  ^e  de  Titre  dans  les  pompes  et  les  ADTres'  do  dé- 
mon'. 

Le  khalife  le  fit  ramener;  mais  il  parait  que  Pelage  aggrara 
sa  foute  en  blasphémant  hautement  £l  à  plusieurs  reprises 
contre  Mahomet.  On  regrette  le  dénouement  de  ee  drame , 
et  il  eût  été  bien,  en  raison  de  son  âge,  de  ne  pcûnt  livrer 
cet  enfant  au  fer  do  bourreau  ;  mais  Àbd  el  Rahman  n'eut 
point  assez  de  bonté  on  asset  de  courage  pour  cela,  en  pi^ 
sence  de  la  loi  terrible  qne  le  biographe  de  Jean  de  Gorze 
a  si  énergiquement  formulée  dans  la  vlation  de  l'ambassade 
du  saint,  et  le  sang  d'an  enfant  sooilla  son  règne,  et  mit 
dans  sa  vie  un  souTenir  qui  parait  lui  être  demeuré  tou- 
jours importun. 

Le  martyre  de  saint  Pelage  avait  eu  lien  le  26  juin  963 
de  l'ère  espagnole,  925  de  J.-C.,  dans  la  treiûème  année  dn 
-  règne  d'Abd  el  Bahman.  Il  fit  grand  bruit  parmi  les  chré- 
tiens, et  fat  célébré  près  de  cinquante  ans  plus  tard  eo 
Allemagne  par  la  religieuse  saxonne  Hroswita,  qui  rendit 
son  nom  célèbre  dans  la  dernière  moitié  du  dixième  siècle 
par  ses  poèmes  et  ses  drames  latins  ".  Le  poème  de  Pelage, 
qui  figure  parmi  les  œuvres  de  HrosTrita^,  a  les  qualités  et 


'  Inlerti  cnm  eain  )ociilirltaT  Bai  Ungfre  vcllel  :  ToU«,  unii,  laqnltMDclM 

PcUgiDi;  nDmqDldmc  ttmiltm  lyli  tiîieiDiDaitiiii  eiisUmaa? Et  torleniapi- 

let[r*m  w  (thlttan  conitltall,  eligcu  difne  pro  Chrlito  mori,  qaant  lorplUt 
cdio  diabolo  tlyett,  et  tMl»  Inqulnul  (R(e<u>>  TH.  Tel  Ptu.,  p.  MB}. 

1  Le  mirtjra  ds  rearinl  Pilae»  fi[;iiTe  itcc  une  trreat  gTSTe  dani  le  marljtft- 
lot«  romain,  r^lmprimi  à  SilamaBqac  en  ^tS^.  Le  Ilsn  do  mlrlyre  j  tu  InAi- 
qni  comme  ajeat  itt  Léon  :  —  Apnd  Le^onem  Hlipanla  dTiUteoi  laneli  Pa- 
laefl  idoleKsntaliiqDl  ob  confoadonem  fidei  (on  a  Tn  qne  ee  ne  (ta!  pu  nnlqu- 
menl  pont  aela,  pnûqne  1*  profaidon  pnbliqoe  dn  dulMIaBlnM  éUK  parfalle- 
mtnt  permiae  cbai  lei  ATabu)|nnii  AltdemueBlStmcenonBreglifaretplbai 
femli  membralim  prvclani ,  iiiiri;rinin  imani  glorioat  caniinnaïa'vlt.  — 
nianmoln*,  dam  le  mari]'rologe  de  Galetlnina,  Impriné  i  ▼ralaa  en  187s,  <a 
Ut  bleu  :  CordabB  S.  Febgii  inattjrli,  elc.  —  L'enaar  n'ulate  pu  dîna  Bara- 
■ina  :  aenlemeol  II  a  en  tort  de  inrfBtNilr  te  fi>rHpihu  fimù  mrmbraUtt  prm- 
■inai qai  TCBcUdiaarleteitade tagoel. 

1  iMprinée*  t  nnremberg  m  tsoi,  e(  rMnpitatM  i  VltUmb^g  nw  ce 
titre  ■■  BtvifrttbM,  Illnattla  Tirgiola  nalloiie  eerountcM,  génie  Saionln  ortie,  la 


>;,l,ZDdbyC00g[e 


GBUPmti  Qmnzdaa.  359 

les  d&ots  de  ses  antres  onvrageB ,  et  n'a  d'ailleurs  neone 
Talent  historiqae.  La  première  phrase  de  l'argninent,  k  elle 
senle,  iiçpliqae  une  méconnaifisance  grosà^  des  &iu.  £lle 
porte  qd'AbdrahemeD,  c'est  ainsi  qne  Hrosvita  écrit  le  nom 
d'Abd  el  Rahman,  tyran  de  Hanritanie,  de  la  secte  des  Sar- 
rasins, étant  passé  en  Espagne,  7  fit  livrer  an  supplice  tons 
les  dirétiens,  à  l'exception  de  ceux  qoi,  par  crainte,  con- 
sentirent^  à  entrw  dan»  sa  religior^.  Elle  attribue  des  idoles 
aux  Mnetymans  de  Qordone,  fait  un  prince  Rdculier  de  l'é- 
Tfiqn&  Henoogios,  oncle  de  Pelage,  le  prend  poor  le  père 
dc.celni-ci,  et  accomule,  en  an  mot,  les  errenrs  et  les  cir- 
constances miraculenses.  C'est  ainsi  qu'elle  consacre  pln- 
àenrs  Tçrs  à  la  fable  selon  laqnelle  (es  chrétiens,  ayant 
adictë  à  très  hant  pris  à  des  pécheurs  an  GaadalqoiTJr  une 
tête  qo'ib  primaient  être  celle  du  saint,  rëpronvèrent 
par  le  fen,  et,  ne  lui  en  Toyant  recevoir  ancune  atteinte,  re- 
connorent  k  ce  signe  certain  que  c'était  bien  la  tête  sacrée. 
Néanmoins  le  poème  de  Hroswita  est  intéressant  pour  nous 
comme  témoignage  de  ce  que  l'on  pensait  de  l'Espagne  et 
de  nos  Arabes  andalonsiens  dans  les  pays  germains,  et  histo- 
riquement, on  peut  en  inférer  la  profonde  ignorance  où 
l'on  était  à  leur  égard  vers  la  fin  dn  dixième  siècle,  principa- 
lement en  ee  qui  concernait  leur  religion.  Nous  y  troufons 
aussi  quelques  vers  sur  Cordoue,  qui  prouvent  la  haute 
idée  qu'on  en  avait,  à  cette  époque,  dans  l'Europe  centrale, 
idée  qu'on  s'y  en  était  faite  probablement  sor  les  récits  de 
Jean  de  Gorze  et  de  quelques  rares  voyageurs  négocians , 
pour  qui  l'Espagne  arabe  devait  être  alors  ce  que  loTbibet 
ou  le  Boutan  soi^t  aujourd'hui  pour  nous'. 

HdduICtIo  OudMhaimnul  qnondun  reUfllMa  Mccrdolii,  Optn,  WlUmbcin 
SHonaiD  iTlï,  -  C'«»t  pu  enenr  que  It  t[lr«  ports  1707. 
1  V«iclletT«ri  deQrMwlU  lar  Cordnae  : 

PntlÏB  artUa.]»  hkil  dann  Acu  Mil 


>;,l,ZDdbyG00gle 


260  HISTOOtB  D'UPAâRB. 

Quelles  qu'aient  pu  être  d'aiUears  1«6  taches  de  ce  rfr- 
gae,  il  en  foat  reconnaître  la  grandeor.  11  tant  reconnaître 
qae  la  protection  et  les  enconra^[»neii8  accordés  par  Abd 
el  Bahman  anx  lettres  et  aux  sdcuces  ei^%ut  la  plus  grande 
influence  sur  les  progrès  qu'elles  firent  alors  eu  Espagne. 
La  poésie  surtout  prit  un  essor  remarquable,  et  elle  était 
cultivée  par  les  premiers  'd^nitaires  de  l'état,  par  les  cadis, 
par  les  généraux  d'armée,  par  les  coQselUers  du  khalife,  et 
par  le  khalife  lui-^néme.  Coude  rapporte  en  effet  dés  vers 
d' Abd  el  Bahman  en  réponse  à  une  kassidé  qui  lui  fut  adressée 
par  Ismaïl  Abou  Bekr  ben  Bedr  ben  Zyadi,  à  l'occasitm  de  ses 
derniers  succès  eu  Afrique  ■ .  Cet  Innail  ben  Bedr  avait  un  des 
principaoi  gonvememens  de  province;  il  était  wali  de  SéviUe. 
Hoosa  ben  Mohammed  ben  Saîd  de  Gordone  qni  composait 
des  vers  impromptus,  rimes  ou  sans  rimes,  avec  fatalité  et 
élégance,  remplissait  les  plus  hautes  fonctious  au  paliôs  de 
Zahra.  Ahmed  ben  Abd  el  Helek  Dilooz  Bat^,  conna  par  de» 


ikuu  mm 

^  Héoivitx  PuiId  s.  PeUgll ,  etc. 

U  prifkce  da  paime  oa  dg  la  puilon  de  iilm  Pilita  tn  qds  ptUr«  dêa 
laqntltfl  11  S*I«DM  BtMWlU  a  mil  plniiear*  LralU  qui  db  te  cUcdi  poliit  ei 
aKfUnPB  amouieii  an  plu  lendrc*  de  TEipapiDle  luta  Ter«M  de  Utm. 
PtmSMllo  BraiwllbtE  In  PcIi^iub. 
ladrU  Pellgl,  BU^  loRtHtw  OrMI, 
Et  txmt  nfunUt  mUu  ta  Mnli  HgU 
Bopki  BrwilUiiiB  bJU  pitute  mlKUio, 
tu,  UU  ntlKtndcToU  moUt  bBdl^ 
qtm  it  ■cutnl»,  emm  ipu>qM  tntsR  rroaw. 
Eine,algalai 


Lepoimecnllcr  i«  compowdB  quatre  cent  qsatreheiimJtTM  de  ronne  léoBlat, 
coiBBe  IM  précUeii*. 

1  CandB,  c.  M.  —  Lm  Anbei  appellent  kuildi  us  poème  qnl  db  doit  pu 
utmprandre  molna  da  trente  ver*  oa  diatiquc*.  Uohadlhal, poète  inltrlenr  i 
1  'IiUedHhm.  pane  po>r  ïtre  rioTBBtenr  d«  cette  tonot  i»  poUc. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


CHAPITBX  qoinziEUE.  261 

^pigrammes  piquantes,  était  un  Toillant  général.Nous  avons 
rapporté  aillenrs  des  vers  da  général  commandant  la  frontière 
da  Duero,  Abdallah  el  Koràïschi. — Djehwar  Abou  el  Hazam 
ben  Obéidallah,  anssi  général  d'année;  Abd  el  Bahman  ben 
Bedr  ben  Ahmed,  affranchi  de  l'émir  Abdallah,  grand-père 
d'  £1  Nassr,  capitaine  d'une  prudence  consonunée;  Obâdall^ 
ben  Ahmed  ben  Taaly,  gnerrier  renommé  qui  vaioqnit  lea 
chrétiens  dans  on  des  engagemens  préliminaires  de  la  grande 
expédition  de  939,  qai  se  termina  par  les  sanglantes  batailles 
de  Simancas  et  de  Zamora;  Djftfar  Ahonl  el  Hassan  ben  Kas- 
sUat,  scheîk  d'une  des  principales  tribos  de  Séville,  ont'  toas 
laissé  des  ouvrages  poétiqnes  qnî  témoignent  de  la  snpériorité 
de  leur  esprit. 

Dans  l'histoire  on  nomme  Abd  el  Haadi  heu  Abbiba,  et  Ab- 
dallah Aboa  Hohammeâ,  fils  da  lihalife,  dont  nous  avons 
raconté  pins  haut  la  fin  tragique.Le  premier  est  auteur  d'une 
histoire  extrêmement  détaillée  de  la  vie  de  ce  même  khalife, 
histoire  dont  il  ne  reste  malhearensement  rien;  le  second 
composa,  oatre  divers  opuscules  et  des  poésies  fort  estimées, 
une  histoii^e  des  khalifes  abbas^des  snccessenrs  des  Ommjades 
en  Orient.  La  grammaire,  la  langue  furent  ansâ  cultivées  avec 
zile  et  passion  ;  et  les  divers  écrits  qui  restent  de  ce  temps 
sont  d'une  pnreté  de  langage  et  d'une  ridiesse  de  tours  et  d'ex- 
pressions qni  ne  le  cèdent  qu'à  celles  du  Koran  lui-même 
C'est  à  ce  point  que  le  savant  Casiri,  si  versé  dans  la  connais- 
sance delà  littérature  arabe,  ne  trouvant  aaeun  indice  de  la 
patrie  d'Abou  cl  Abhas  Abon  el  Hassan,  dont  il  existe  à  l'Es- 
curial  un  livre  important  en  dix  volumes  (c'est  une  sorte  de 
bibhothèque  universelle  des  lettrés  musulmans),  conjecture 
qu'il  était  espagnol  sur  l'eiiictitude  et  la  propriété  de  son  lan- 
gage '.  Abd  el  Bahman  ne  «avait  pas  senleraeut  ^précier  le 
mérite  littéraire;  il  faisait  rechercher  avec  soin  les  savans  et 

1  To;.  Ctdrl,  BIbl.  Anb.-Htap.-Btcnr.,  1. 1, 1.  c. 


>;,l,ZDdbyG00gIc 


362  HISTOIBI  d'ëspaonk. 

les  lettrés  pour  les  élever  box  pins  hautes  dignités  de  l'em^re. 
Ainsi,  nous  voyons  sons  aon  règne  le  granunairien  Âbd  el 
Waheb  Abon  Woheb  ben  Hiâuiiiined  de  Tolède  chargé  tUi 
reooavrement  général  dss  revenos  dn  Zékltat,  chai^  <pi  re- 
venait à  celle  d'un  ministre  des  finances  de  nos  jonrs.  Âbd  el 
Waheb  Bviit  été  goavemeor  de  difEéroites  places  impMtanbB 
eoos  ks  trois  prédéoesseuTS  d' Âbd  el  Bahman;  il  était  très  versé 
et  très  eiaet  dans  l'administration  et  l'économie  des  deniers 
publies;  mùBjqooique  fort  occapé,  il  n'en  avait  pas  moins 
coatume  de  tenir  chez  loi  des  conférences  oii,  comme  dans 
les  proBiàns  assemblées  dont  est  sortie  l'Acadânie  française, 
on  diecatait  les  difficultés  et  les  plus  fines  élégances  du  lan- 
gage ;  il  mérita  par  là  d'être  cité  avec  éloge  dans  la  biUiotbô- 
qne  des  grammairiens  célèbres  d'Abon  Bekr  el  Zébeïd.  Âbd 
elWaheb  monrat  vers  le  miliea  da  règne  4' Âbd  el  Bahman. 
On  cite  après  lui  qnatre  grammairiens  non  moins  distingués  : 
le  cordonan  babija  ben  fraîghonn,  très  profond  non-seule- 
meut  dans  sa  langue,  mais  en  tontes  sortes  de  connaissances, 
comme  le  prouve  son  ingénienx  et  savant  dictionnaire  ency- 
clopédique décrit  par  Casiri  dans  le  tome  l'''  de  sa  Bibliothè- 
que arabico-eq»gnole;  Eemal  Eddin  Abon  Yahyab,  qui  écri- 
vit qnatre  volumes  de  commentaires  sur  la  grammaire  arabe  ; 
le  savant  Cordonan  que  nous  avons  nommé  plus  haut,  Abon 
Bekr  el  Zébéîd  ben  el  Hassan,  aatenr,  comme  nous  l'avons  dit, 
d'une  Bibliothèqne  historique  des  grammairiens  illustres, 
aussi  démte  par  Garari,  et  d'un  abrégé  dn  célèbre  dietionnmre 
intitulé  ^ïn  (la  fontaine  ou  la  source);  et  enfin  le  laborieui 
et  savant  Abou  el  Hassan  Aly  ben  Ismaïl,  plus  connu  sous  le 
n<HD  de  Âben  Seyra,  auteur  d'un  vocabulaire  des  plus  émdits, 
divisé  en  vii^t-qnitre  volumes  ou  parties'. 


1  Vojei,  pour  tooi  cm  biU  tl  inr  loni  eu  aaiU)  pBrtlculiénmenl  «u  le 
mirlle  Iftténira  d'AbdtUib  iboo  Hobinnied  b«D  Abd  cl  Bahtnin  b1  Nuit, 
AboHBekr  il  Kod^,  lutli  wrici,  dini  Caiirl.  t  n,  p.  BO,  M,  38, 40,  47,«b., 
et  C«Dde,  c.  01  CI  m. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


CHAPITHE  QOtRZIElIE.  363 

Bans  la  protection  et  les  secours  qa' Abd  el  Bahmau  aeeor- 
dùt  aox  lettres,  il  était  secondé  avec  on  lèle  extrême  par  son 
filsElHakem^qni  faisait  rechercher  à  grands  frais  les  meil- 
leurs onvrages  composés  non-seolement  dans  la  Péninsiile, 
mais  dam  tons  les  pays  oîi  l'on  parlait  et  écrivait  l'arabe. 
Les  relations  d'Abd  el  Hahman  et  d'£L  Hakem  avec  Abonlfa- 
rage  méritent  snrtout  une  mention  spéciale. 

Aboulforadj  AU  ben  Hoosscïn  el  Isfahani  était  lui-même 
de  la  race  des  maîtres  de  l'Espagne;  il  descendait  de  Merwan, 
quatrième  khalife  de  Damas  de  la  dynastie  des  Onunyades  '. 
m  k  Isfohan  en  l'an  284  de  l'hégire  (887  de  J.-C.},  il  avait 
été  transporté  de  bonne  heure  à  Bagdad,  s'y  était  fixé,  et  y 
avait  cultivé  les  lettres  avec  nn  talent  qui  n'avait  pas  tardé 
à  le  placer  an  premier  rang  des  docteurs  et  écrivains  arabes. 
Par  Bonvenir  de  son  origine  peut-âtre,  Abonlfaradj  avait  re- 
cherché de  bonne  heure  l'amitié  de  ses  arrière-petits^onsins 
d'Espagne  ;  il  correspondait  avec  eus,  et  leur  faisait  passer 
secrètement  tuns  ses  ouvrages.  El  Makkari  nous  apprend, 
dans  son  histoire  d'Espagne,  qn' Abonlfaradj  adressa  à  £1 
Hakem  un  exemplaire  du  plus  connu  de  ses  livres  (le  Kitab 
el  Aghàniy)  avant  même  qu'il  l'eût  publié  dans  l'Irak,  et 
qn'El  Hakem  reconnaissant  s'empressa  de  lui  envoyer  une 
somme  de  mille  pièces  d'or  de  la  plus  forte  valeur,  équivalant 
à  peu  près  à  mille  quadruples  d'Espagne  d'aujourd'hui  '. 
Abonlfaradj  fit  mieux  encore  :  il  composa  tout  exprès  pour 
les  Ommyades  son  Histoire  générale  de  leur  commune  famille, 
intitulée  :  Traité  de  la  généalogie  des  enfans  d'Abd  Schems  ^. 


■  EtDoii,  comms  la  prélïDd  CaDd«,  da  Hervanll  dcrofcr  khotirede  cède  race. 
Bbn  6obiil,din«  im  AddiIci  (Hn.dg  l'EtcurlalJ.doBDa  lei  nomi  al  la  des- 
ccpdance  de  cet  lllulre  tcrlTttn,  qa'll  nomme  Abonibrw)]  el  Iifihaal  ben  Honi- 
mId  ben  llahmm»d  ben  Ahmed  ben  elHallam  benAbdelRihmanbenlfervaB 
ben  El  Hakem  ben  Alaaben  OmmTab.Alaa  tlsIU'atDi  dM  onie  Slia'Ommjab, 
*D«lic*  dei  oue  bruchta  de  cette  famille. 

la»kkul,aM.  arab.  701, 1. 1,  t>9B,  T>. 

'  Abd  Bchemi  était  le  pite  d'Otninyab,  qnl,  far  la  bnte  renoninilt,  en  qnet- 


>;,l,ZDdbyG00gle 


264  HiSTomz  d'e^aghk. 

Parmi  les  ouvrages  qui  forent  ainsi  saccessiTement  adressés 
par  Abonlfaradj  à  Abd  el  Bahman  et  à  El  Hàkem,  il  en 
est  quelques-uns  dont  les  titres  ne  laissent  pas  d'intéresser, 
en  ce  qu'ils  donnent  à  conntdtre  quels  genre»  de  sujets  trai- 
taient préférablement  les  écrivains  arabes,  et  étaient  en  pos- 
session d'exciter  l'intérêt  ou  la  cnriosité  du  public.  Tels 
noua  semblent  être  les  soivans,  savoir  :  Traité  des  jeun»  Mes 
esclaves  qui  ont  cultivé  la  poésie  ;  —  Xrdté  des  monastères  ; 
— Traité  des  prétentions  des  marchands  ;  —  Becueil  composé 
uniquement  de  chansons  ;  — Vie  de  Djahadah  le  Sarmécide  ; 
— Relation  de  la  mort  tragique  des  Alides  ;  —  Recueil  d'airs  ; 

—  Traité  des  connaissances  littéraires  des  étrangers;  — 

—  Triûté  des  combats  des  Arabes,  renfermant  le  récit  de 
dix-sept  cents  batailles;  —  Traité  où  sont  pesés  avec  justice 
et  impartialité  les  vertus  et  les  défauts  des  Arabes  -,  — Traité 
de  la  science  généalogique;  —  Traité  de  la  généalogie  des 
Beny  Schcïban  ;  —  Traité  de  la  généidogie  des  enfans  de 
Moballeb  ;  —  Traité  de  la  généalogie  des  Benou  Tbaleb  et 
des  Benoa  Kilab  ;  —  Traité  des  jeunes  pages  qui  ont  cultivé 
la  musique,  etc.,  etc.  Hais  c'est  surtout  son  Kitab  elAghAniy 
(livre  des  chansons  ou  des  chants)  qoi  rendit  Aboulfarage 


qaa  wrte  pttriarcile,  qa'11  l'èUEl  acqulie  parmi  toi  Koraiiehtlei ,  mëciu  ds 
donner  ton  nnm  i  •■  deieendaace,  liqaflle  te  dlrl»  en  onie  bnDcbw  iitan  de 
iGB  onze  eoriii),  pot UBt  chacun  an  nomdttlii  dn  nain  d'un  de  wt  frirea,  Mfof r  : 
Alu,  AboD-Alu,  AUil ,  Aboa-Alali,  Amron  ,  Abon-Amrau  ,  Birti ,  Abon-Bacb, 
Vofjan,  AboD-Sotjan,  at  Alawit.  Moawiah,  le  premier  kbalirs  Omm^ade  de 
Dimaa,  Atail  Olâ  d'AboQ-Sofian  fili  de  Harb,  S»  etnèalogie  l'tcrit  «n  arabe  de  1> 
■OTie  :  HoawJah  ban  Abon-Soffan  ben  Hirb  ben  Ommyoh  bcn  Abd  Schéma , 
c'eii-i-dire  Hoawiah,  Bla  d'Abou-Sotian,  Bli  de  Harb,  flli  d'Omm^ah,  &la  d'Abd 
Bcbem*  (aerrlleordu  Soleil).  Abou-SofTan,  gardieo  du  drapeau  aacré,  gtatitr- 
lluioiD  dea  Korvichltea ,  et,  comme  parle  U.de  Sacf ,  l'un  dea  dkemvira  de  Ia 
UeUe,  d'abord  ennemi  acharné  de  Habomel,  «mbratia  l'Ialamlime  lor*  de  la 
prlie  de  U  HelLke,  le  «eodredi  *i  taDTler630.— Onoi'jah  bea  Abd  Schéma,  pat 
Ahd  Hinll,  Koisi,  KèLab,  Howrab,Kaah,  Loowai,  Oaalab.eU:.,  remontait  ioa- 
qu'à  lamaei  el  t  Abraham.  Abd  Schéma,  lila  d'Abd  Héalt  el  pire  d'OmnyaU, 
clalt  Mr«  d'Haichem,  waebe  de  la  ramiUe  de  Mahomet  el  dea  Abbairidla, 
Haicham  Mant  père  d'Ahd  el  Nolhaleb,  lequel  i  aon  tout  le  tnl  d'Abd^Uk  et 
il'Ahbu,  le  premier,  pire,  et  le  ««cond  oncle  dn  prophète. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAPITHE  QCraziZlIE  265 

célèbre  ea  Asie,  en  Afrique  et  en  Europe. — >  Le  kadi  Aboal- 
foradj  Isfabaoi,  dit  un  historien  espagnol  en  parlant  de  ce 
livre  ',  est  aatenp  d'un  ouvrage  intitulé  al  Aghûnyi,  dans 
lequel  il  s'est  attaché  à  réunir  les  histoires  des  Arabes,  leurs 
vers,  leurs  généalogies,  leurs  combats,  les  évéuemens  qui 
concernent  leurs  dynasties.  H  a  pris  pour  base  de  sou  travail 
le  recueil  de  cent  chansons  fait  par  des  mnsiàens  pour  le 
khalife  Baschid.  Sur  chacune  de  ces  pièces  il  a  rassemblé 
des  détails  de  tout  genre,  et  a  réellement  épuisé  la  matière. 
Ce  livre  est  vraiment,  pour  les  Arabes,  un  livre  essentiel,  gui 
ofin  en  on  seul  corps,  sur  tous  les  genres  de  poésie,  d'his- 
toire, de  musique,  et  sur  les  antres  sciences,  tous  les  détails 
intéressans  connus  à  cette  époque,  mais  qui  se  trouvaient  dis- 
-  séminés  dans  une  foule  d'ouvrées.  Ce  recueil,  auquel,  sous 
ce  rapport,  aucun  autre  ne  saurait  être  comparé,  est  le  mo- 
dèle le  plus  parfait  que  puisse  se  proposer  un  amateur  de  lit- 
térature. »  Aboulfaradj  parle  Ini-mâme  Jie  son  livre  comme  iï 
suit  :«Le  kitab  al  Aghânij  a  pour  auteur  Ali  ben Houssaïn bcn 
Mohammed  Eoraïschi ,  l'écrivain  (el  kateb),  connu  sons  le 
nom  d'Isfehani,  qui  a  pris  soin  d'j  réunir  tout  ce  qu'U  a  pu 
trouver  de  chansons  arabes,  tant  anciennes  que  modernes.  Il 
s'est  attaché,  pour  chacune  de  ces  chansons,  à  désigner  l'au- 
teur des  vers,  celui  de  la  musique,  etc.»  — Ce  recueil  devint 
le  manuel  des  Arêtes  andalouBiens,  et  ElHakem  II,  dit-on, 
en  fit  faire  sous  ses  yeux  plusieurs  coines,  dont' il  écrivit  cer- 
taines parties  de  sa  propre  main  *. 

Un  poète,  dont  nous  avons  déjà  parlé,  Ismaïl  ben  Bedr 
ben  Ismaïl  ben  Ziad!  Abon  Bekri,  wali  de  Séville ,  affranchi 


)  Bba  KtaaldODii.iiiM.  anbe  da  U  BIbl.  ray.,  t»  SST,  rcclo. 

>  AhoD'l  Pirid]  AU  ben  BoomsId  UMubI,  c'»t-k-dlre  Dtirf  dlifahin  (  on 
Mit  qae  lu  ArabM  o'oDt  polol  de  p,  ni  qae  e'M»  UalAt  lY  <t  WdWI  ta  »  qgt  y 
nppli*Dt  ),  ht  t\ni  i  Btedid,  «'y  fiin  et  -j  moani  1«  marcredl  1<>»  Joiu  du 
moli  da  dloalbedj«b  SM  (IB  noTeubre  96?)  agi  de  prii  de  qnitre-Tlagtj  ta*. 
A  M  nMTl,  Abniliridl  léfM  loo*  ■««  llTrMlBIHtkam.VOTgi  Goode,  c.  M. 


>;,l,ZDdbyC00g[t' 


266  aiSTOIBE  D  ESPAGHE. 

de  grAce  des  OnuDyades,  suivant  la  chroniqae  de  Coude,  fit, 
le  joar  de  l'aTéoement  d'£l  Mostanssir  Billah,  une  pièce  de 
vers  en  son  honoeor ,  qa'on  troare  dans  les  Jardins  d'Ah- 
med ben  Faradj.  Abou  Bekri  fat  nomma  en  cette  occasion 
rawi  ou  narrateur  (nouTelliste  en  qaelqne  façon)  dn  khalife. 
Son  emploi  près  d'EI  Haltem  couistait  h  loi  raconter  en  vers, 
et  dans  on  style  épique,  des  avealnres  de  gnerre  on  d'amour, 
semées  de  circonstances  clwTaleresqaes  '.  Parmi  les  hom- 
mes célèbres  qui  illustrèrent  la  fin  du  règne  d'Abd  el  Bah- 
man  III  et  le  commencement  de  celui  de  son  fils  El  Hakem, 
il  faut  compter  au  premier  rang  ce  même  Ebn  Faradj  que 
nous  Tenons  de  nommée  II  s'appelait  Ahmed  ben  Mobom- 
med  ben  Faradj  Abou  'Amroa  el  Djaheni  (de  Jaeo)  et  il  fat  le 
premier  d'entre  les  poètes  arabes  d'Espagne  qui  composa  dans 
le  goût  oriental  des  poèmes  épiques.  Par  le  petit  nombre  de 
vers  de  lui  que  nous  a  conservés  £1  Dhoby  dans  sa  Bibliothè- 
que arabe-espagnole,  t>n  peut  juger  qu'il  se  distinguait  sur- 
tout par  l'élévation  du  style  et  par  l'él^ance  et  le  choix  des 
mota.  n  a  composé,  cotre  les  Jardins  dent  noua  avons  si  sou- 
vent parlé ,  beaucoup  d'autres  ouvrages ,  parmi  lesquels  on 
distingne  les  annales  d'Espagtie  et  les  entreprises  des  Om- 
myades,  divisées  en  Quatre  volumes.  Il  mournt  à  Gordoue 
d'une  attaque  de  goutte,  suite,  dit-on,  de  son  goût  poux  \a 
vin,  à  la  fin  de  l'aiu^  368  de  l'hégire  (970)  *. 

L'auteur  d'un  traité  de  géographie  fort  remarquable,  in- 
titulé: Les  Histotret  des  tempt,  les  Routes  et  les  Empires^y 
Obaïd  Btàri  de  Gcidone,  «émble  avoir  aussi  tqppartenu  à  ce 
r^oe,  ou  tout  au  mains  avQir  eommenci^  à  s'y  faire  connaî- 
tre. Mais  de  tons  les  écrivains  hispano-arabes  de  ce  temps , 
celui  qui  réclame  ici  la  mention  la  plus  étendue,  par  k  haute 


1  Coiid<,c.8S. 

1  DibL  Artb.-aiip.  d'EI  Dhobl,  in  Ctiitl,  t.  u 

s  Km.  uib.  da  u  Bibi.  ro|r->  >*  ooo- 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAPtlSK  QUINZIÈME.  267 

place  qa'il  tient  dans  La  littérature  orientale ,  est,  sans  con- 
tredit ,  Aboa  Omara  Ahmed  ben  Mohammed,  connu  sons  le 
nom  d'Ebn  abd  Babbihi.  £bn  Khallekan  loi  a  consacré  un 
article  dans  sa  bio^phie  des  hommes  célèbres;  mm  son 
principal  ouvrage,  intitulé  le  Collier  Unique,  jest  son  meilleor 
titre,  et  bit  mieux  juger  de  lui  que  tout  ce  qu'en  ont  pu 
dire  les  admirateurs  de  son  talent.  Va  excellent  exemplaire 
de  cet  oarrage  important  a  été  récemment  retrouvé  au  Caire 
par  M.  Fresnel,  et  a  servi  de  base  à  un  travail  de  cet  orieur 
talistc  sur  l'histoire  des  Arabes  avant  l'islamisme  '.  —  £n 
l'année  328 ,  dit  £bn  Kallektui,  douze  jours  avant  la  fin  de 
la  première  lune  de  djoumada  (1"'  mars  940),  mourut  le 
célèbre  Cordouan  Ahmed  ben  Mohammed  ben  Abd  Rabbihi, 
élégant  et  docte  poète  de  ce  temps,:  il  avait  vécu  sous  quatre 
émirs  de  la  race  d'Ommyah,  Mobammed,,£l  Mondhir,  Abd- 
AUah  et  Abd  el  Bahmau  el  Nassr.  Ses  compositions  faisaient 
les  déUces  de  Cordoue  et  l'honneur  do  l'Andalousie.  £1  Ha- 
kem  en  fit  un  recueil  choisi,  divisé  en  vingt  parties,  ayant 
chacune  un  titre  particuher,  comme  :  le  Ciel,  les  Étoiles, 
l'Aurpre,  le  Jour,  la  Nuit,  le  Jardin,  la  Mue,  l'Amour,  le 
Repentir,  ta  Chevrette,  etc.  Il  était  né  le  10  de  ramadban, 
246  (10  novonbre  860),  et  il  attendit  la  mort  quatre-vmgt 
nn  ans,  huit  mois  et  huit  jours*.  Tabyah  ben  Hondaïl,  l'nn 
dea  poètes  distingués  de  cette  époqoe,  raconte  qu'il  s'adonna 


I  Lei  norcesui  d'Ebn  Abd  Babbihi,  dODt  H.  Ftetael  a  publié  la  Iraduclîtn, 
«ODt  eilnlts  de  1*  âkx.MpUJma  Hctloo ,  latiLal^c  :  Stconde  pirtt  ;  Journéet  tt 
•MiinIrM  d«(  Atattt.  ■  La  iuri«leDi  anr  k  fol  duquel  Ebn  Abd  lubliikl 
racaate  1m  fjlla  cantgona  dau  ce  cbapilre,  dit  H.  Freanel,  «11,  en  géuinl,  le 
UTial  el  coDMienclïdi  Abon  Obeidah  llimlr,  Bla  de  Haothanna,  ai  on  l'anDce 
110  d*  l'taigire  (de  J.-Ç.  tss),  qui  tiBail  ne  ridu  d'Aben  Amf ,  SI*  d'Klela,  aè 
tu  81  de  l'bieiie  (de  J.-C.  681),  ol  d'enlrea  fiadlU,  leiqaeli  Isl  iTalcDl  eoz- 
mïmet  ceçae  de  rouât  ou  oarrsteuri  plaa  «Dclem.  Le  nom  d'Aboa  Obeideh 
pille  iMartmest  une  grende  inlorité  eux  iradillou  rapportéu  pir  Kbo  Abd 
Babbihi.  ■  Abon  obeïdah  aaiiuT  aTill  éli  eT«c  Annaï  l'nn  dee  priceplenri 
thargti  de  douer  de»  le«ODt  d'hlelolrv  an  khallh  Blaronn  gl  BaHbld. 

3  Bba  Kbrinekan,  dane  Csnde,  c.  81. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


268 

lai-mème  à  la  poéne  poar  avoir  été  témoin  des  honneors  fu- 
nèbres qa'on  rendit  à  Ebn  Abd  Eabbibi'.  L'école  d'Ebn  Abd 
Rabbihi  avait  été  la  nuùson  da  célèbre  vaâr  et  favori  d'Abd 
el  Bahman,  Abon  Afamer  Ahmed  ben  Saïd  :  les  portes  ai 
étaient  ouvertes  à  l'élite  des  poètes  et  des  savans  de  Gordoae, 
et  c'était  le  rendez-vons  des  plus  illnstres  personnt^es  de 
l'Andalonsie.  Une  seale  maison  le  dispatait  à  celle  d'Abmed 
ben  Said;  c'était  celle  da  cadi  Ebn  Zarb  où  se  tenaient,  h 
des  jonrs  fixes  de  la  semaine,  des  conférences  littéraires  et 
jmétiqnes  fort  fréquentées.  Ebn  Thaalaba,  Ebn  Asbadj,  et 
beaacoap  d'antres  hommes  de  lettres  alors  célèbres  étaient 
de  ces  réonlons,  auxquelles  asRstaient  Mohammed  ben  Hoa- 
ytiah  el  Koraïschi,  Abmed  ben  el  Hotharef,  le  wazir  Ebn 
Saïd ,  Hooslema  ben  Kha&em,  et  les  fils,  les  nevenx  et  les 
frères  do  khalife.  Les  conférences  des  hommes  appliqués 
aux  sciences  physiques ,  à  l'astronocùe ,  an  calcul ,  se  te- 
naient plus  particnlièremenl  chez  le  vrazir  Issa  ben  Ischak , 
et  chez  Schalaf  ben  Abës  el  Zahram,  célèbres  tons  deox 
par  leur  savoir  dans  les  sdences  natorellcs,  dans  la  phy- 
sique, dans  la  chimie,  et  par  des  traités  de  médecine  men- 
tionnés avec  les  plus  grands  éloges  en  divers  ouvrages  de 
leurs  compatriotes;  ils  étaient  tous  deux  médecins  d'Abd 
el  Rahman,  et  leur  bienfaisance  était  telle,  que  leurs  mai- 
Bons  étaient  ouvertes,  jour  et  nnit,  aox  paavres  qni^eniùent 
les  consulter  ^. 

Telles  étaient  à  cette  époque  la  renmnmée  littéraire  de  l'Es- 
pagne et  la  célâ)rité  de  ses  poètes,  qa'on  recherchait  en 
Orient  les  Jardins  d'Ebn  Faradj  de  Jaen,  composés  excluà- 
vement  de  vers  et  de  kassidés  de  poètes  andalous,  de  préfé- 
rence au  recueil  du  même  genre  d'Abou  Bekr  ben  Davrd  el 
Isfahani  intitulé  les  Fleurs ,  oii  étaient  recueillis  les  meil- 


>;,l,ZDdbyG00gle 


cHAPints  QtnnztiHE.  269 

leurs  morceaux  de  poésie  de  l'Orient  '.  Un  des  haUtoés  de 
la  nuàson  d'Ahmed  bea  Saïd,  qui  avait  récemment  Tteité 
l'ÉgTpte,  la  Syrie  et  les  Iraks,  y  racontait,  an  rapport  da 
même  auteur,  qu'étant  &  Fostat,  dans  on  cercle  de  poètes  et 
d'émdits  de  diTcrs  paye,  où  l'on  faisait  des  lectures  et  s'en- 
tretenait agréablement ,  l'nn  d'entre  eux  7  Int  et  lui  donna 
nne  kassidë  à  la  louange  de  l'Espagne  qui  se  terminait  par 
les  traits  snivanB  :  ■  Dis-Doos  donc  qaelqaes-ons  des  beaux 
Ters  de  ton  Andalousie.  C'est  par  l'oreille  qoe  la  poésie  se 
commoniqae  h  l'âme,  et  l'exalte  ou  l'émeat.  Dis-noos  donc 
qaelqaes-ons  de  ces  beanx  vers  que  la  renommée  noua  a 
vantés.  Le  fer  dérobe  son  édat  dans  le  fonrreaa;  l'étoile  ne 
brille  point  an  ciel  sons  le  nuage;  sous  ses  feuilles  la  rose 
ne  charme  ni  les  yenx  ni  l'odorat.  Hontre-nons  le  glaive  nu; 
chasse  le  nnage  qni  nous  dérobe  an  ciel  l'éclat  de  l'étoile; 
écarte  les  feuilles  de  la  rose,  afin  que  nous  poissons  à  la 
fois  la  respirer  et  la  vtnr.- L'Espagnol  avait  la  mémoire  fort 
ornée,  et  U  leur  récita  des  vers  de  différens  poètes  de  son 
pays,  qui  .hirent  répétés  et  applaudis  de  tons  les  as^stans . 
Quelques  Égyptiens  s'écrièrent  cependant  :  »  Où  trouver  entre 
les  poètes  andalous  un  homme  comparable  à  £1  Hassan  ben 
Heni?  >  Sans  se  déconcerter  l'Espagnol  poursuivit,  et  leur 
récita  les  plus  beanx  vers  de  la  longue  kassidé  d'El  Gazali 
Tahya  ben  El  Hakem  sur  son  voyage  à  Constantinople ,  si 
bien  qoe  tons  les  auditeurs  transportés,  sons  en  excepter 
nos  ^yptiens,  s'écrièrent  tout  d'une  voix:  ■  Dorr  El  Has- 
san !  Dorr  El  Gazali  t  ils  ne  se  le  cèdent  en  rien  l'on  à 
l'autre.  ■ 

A  tout  prà  Abd  el  Babnun  voulait  que  Gordoue  mérit&t 
et  conservAt  son  vieux  renom  de  centre  de  la  religion,  de 
mère  des  savans,  de  lumière  de  l'Andalonsie,  et  il  y  ap- 
pelât les  hommes  iUostres  de  tons  les  pays  musulmans;  dii 


:,.;,l,ZDdbyG00gle 


370  HISTOIBE  DKSP&Gftt. 

verses  raisons  partientières  anuent  empêche  Aboidfinidj 
de  se  rendre  près  de  ees  anière-petitB-coasinB;  Bagdad  le 
captiratt,  Q  7  avait  ses  affections,  H,  à  ce  qa'il  parait,  i) 
n'aurait  pa  virre  l(Hn  de  ces  bords  fortonés 

Oà  Zéphir  règlie  et  qoe  )e  Hgre  nrose. 

Hais  Abd  el  Rohman  fat  plus  heureux  près  de  quelques  an- 
tres savans.  Nous  avons  nonunë  déjà  Ismaïl  ben  Khasem 
Abon  Aly  el  Kah,  né  à  Kala,  hameau  de  Uéuardjerd  en  Diai^ 
bekr.  Bien  qu'établi  à  Bagdad  depuis  303,  ce  qui  lui  avait 
valu  le  surnom  d'Ël  Bagdadi,  et  fort  aimé  des  khalifes  ab- 
bassides,  particulièrement  de  Badh;  Billah,  fils  de  Hokta- 
der,  qoi  le  consultait,  dit  la  chrooiqae  musulmane,  dès 
qu'une  mouche  volait  sur  lui  ',  Abd  el  Bahman  sut  le  sé- 
duire et  l'attira  en  Espagne  en  330 ,  oîi  il  le  combla  d'bon- 
neurs  et  le  cbai^iea  spécialement  de  l'éducation  d'El  Hokem 
Bou  fils.  Dans  le  même  temps  vivait  le  célèbre  poète  Tou- 
souf  ben  Haaroun  el  Eeudi,  de  Bameda  en  Algavbe,  qui  se 
lia  d'une  amitié  particulière  avec  le  savant  Aiinéuien.  H 
faut  anssi  rappeler  ici  ce  jeune  poète  ignoré  que  nous  avons 
vu  tirer  de  leur  embarras  les  lettrés  assemblés,  et  Abon 
Aly  el  Kaly  lui-même,  lors  de  la  réception  des  ambassa- 
deurs grecs  an  palais  de  Zahra,  et  dont  l'improvisation  bril- 
lante fit  aussitôt  la  fortune,  £1  Mondhir  ben  Saïd  el  Bélouti, 
de  Fohz  el  Bélont,  près  de  Cordoue,  et  Abdallah  ben  Yon- 
nès  el  Morédi,  aussi  d'un  des  hameaux  voisius  de  la  même 
ville.  Les  lettres  et  la  poésie  n'étaient  pas  cultivées  avec 
moins  de  succès  dans  les  provinces  éloignées  de  l'action  im- 
médiate du  khalifat,  et  l'on  cite  deux  poètes  fort  distingués 
de  l'amébe  (0  n  gouvernement)  de  Ségovie,  l'un  nommé  Edrîs 
ben  Yémen,  et  surnommé  El  Sabini,  du  nom  de  sa  patrie 
Cariat-Sab7n,ain«  appelée  du  grand  nombre  de  sapins  qui 

I  Dan  Candfl,  c.  Sa 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CËAPrrai  gcnzoME.  271 

j  croissaient;  Ebn  Déradj  de  Cordone  pouvait  seul  égaler  le 
mérite  de  ses  poésies:  l'autre  était  Abd  el  Rahman  ben  Oth- 
Dum  el  Oscbami,  de  l'ancieDiie  OBcbama  (Osma),  qoi  se  dis- 
tinguait dans  cette  province  par  son  ^prit  et  son  éradition. 
Tons  denx  moarurent  avant  Abd  el  Bahman.  En  340  (951), 
mourut  à  Cordoae  Khasem  ben  Asbadj  el  Baëni  (de  Baëna), 
illDstre  ansai  par  son  savoir,  et  qui  laissa  nn  grand  nombre 
d'oDvragee  lus  et  admirés  dans  tontes  les  académies  d'Orient 
et  d'Afrique.  Il  était  fort  méditatif,  et  ou  raconte  qu'il  ne 
prononça  pas  une  seule  parole  pendant  les  denx  deroières 
années  de  sa  vie'. 

Il  nous  reste  à  dire  nn  mot  des  monumeuH  de  l'arcbitec- 
ture  arabe  sons  ce  règne. 

Le  tempe  oa  la  main  des  hommes ,  plus  cruelle  que  k 
faux  du  temps,  comme  parle  un  historien,  a  détruit  la  ville 
de  Zahra,  le  principal  édifice  dû  as  goût  d'Âbd  el  Bahman 
pour  l'architectare.  Mais  là  ne  se  bornèrent  pas  ses  coub- 
tructiouâ  ;  on  lui  doit  aussi  la  fbndrtion  de  l'arsenal  (dar-el- 
saaat)  de  Tortose  en  333  (944)  ;  la  construction  d'un  grand 
canal  d'arrosemeut  et  d'un  magnifique  abreuvoir  à  Ecija 
en  338  (949);  celle  d'une  très  belle  mosquée-djéma  à 
Tarragone,  et  d'nn  nombre  inSm  d'alcaçars.  Par  Bon  or- 
dre enfin,  en  346  (958)  la  principale  cour  de  la  grande 
moequée  de  Cordoue  fut  ornée  de  fontaines,  et  l'on  ;  plaça 
rinscription  suivante  ep  treize  lignes  gravées  eu  lettres 
d'azur  sur  une  table  de  marbre  noir  :  ■  Au  nom  de  Dieu 
clément  et  misjMcordienx,  Abdallah  Abd  el  Bahman,  émir 
des  fidèles,  soutien  de  la  loi  de  Dieu  (dont  Dieu  prolonge 
la  règne  I)>  fit  construire  ce  bassin  et  pourvut  à  son  entretien 
pour  r^nbelUssement  de  ce  lien  consacré  A  Dieu,  mu  par 
Boa  zèle  pour  l'invocation  de  Dieu,  afin  que  l'on  j  exalte 
eA  célèlnre  sm  nom,  eq>érant  mériter  par  là  les  précieosea 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


Û72  aatoïBE  d'espaauz. 

rémanérationB  de  la  gloire  étemelle.  Cet  onvrage  fut  adie- 
Té,  avec  l'aide  de  Dieo,  en  la  lone  de  djonlhedjoh  de  l'an- 
Dée  346  (mars  958),  par  les  mains  de  aoa  serriteor,  waâx  et 
hadjeb  de  son  palais  Abdallah  ben  Bath,et  de  l'architecte 
SaJid  beuÂyooh'.  >  Cette  cour,  appelée  anjoard'hni  Patio  de 
los  Naranjos,  était  alors  plaatée  non-seolemeat  d'oratigers, 
mais  de  palmiers,  mais  de  jasmins,  mais  de  bosquets  de  myr- 
tes, de  bals  et  de  roses,  qui  la  remplissaient  d'ombre  et  de 
fralchenr;  des  eàox  Tires  y  serpentaient  panni  les  flears  et 
les  plantes  grimpantes;  image  des  délices  du  paradis  de  Ma- 
homet. 

Vers  la  fin  de  sa  -vieiAbd  el  Bahman  ne  sortait  pins  de  son 
palais  de  Médina  Zahra.  Nous  avons  décrit  les  merreilles  de 
ce  Versailles  des  khalifes  y  les  jardins  en  étaient  snrtout  l'objet 
d'une  cnltareparticulière.Les  arbres  et  les  arbustes  de  tontes, 
sortes  et  de  plusieurs  latitQdes,le  figuier,  le  palmier, la  vigne, 
le  platane ,  le  peuplier,  l'orai^r ,  le  citronnier ,  le  cactus,  le 
figuier  d'Inde,  l'agave  et  les  fleurs  les  plus  rares,  7  croissaient 
disposés  avec  art  par  les  la  Qointinie  et  les  le  Nôtre  du  temps. 
La  dironique  arabe  nous  parle  des  délices  de  ces  jardins,  de 
leurs  ombrages  frais,  de  leurs  bosqnets  et  de  leurs  berceaux 
où  la '?igne,mariée  à  l'oranger  et  an  dattier,  laissait  pendre  ses 
grappes  noires  ou  jaunissantes  parmi  les  oranges  et  les  dattes '. 
C'était  là  qa'il  passait  la  plus  grande  partie  de  ses  jonmées 
avec  ses  femmes,  ses  fils,  ses  poètes  et  ses  esdaves.  Depuis  la 
mort  du  hadjeb  Saïd,  iln'avait  pas  voulu  prendre  d'antre  had- 
j  cb  que  son  fils  El  Hakem,  sur  lequel  il  se  reposait  des  soins 
et  des  embarras  du  gouvernement.  La  chroniqoe  arabe  nomme 

1  Voj«i  le  iBiie  >rib«  dB  celt»  IntcripUon  diniCanda,  tom.  u,iil.  d«U  S~' 
pirtie.  —  L'iittan  ÂUak  da  es  texte  lignifie  bien  l'Imoéatioa  de  Dlen  coomis 
oD  le  lit  dïDi  la  traduction  ci-dtuoi,  mili  plut  proprement  l'appel  1  niea, 
l'anDance  qui  as  hit  do  baul  an  mesquin  pour  rappeler  an  peupla  lei  ben- 
res  de  la  priire.  C'est  falidtn  dea  andem  Norlsque*,  tradoit  MmmDDfanept 
•n  capignolpar  el  peTfutno  optrgon,  Il  pabllcaKoU  oa  le  ban. 

1  CoDda,  c.  87. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CBAPITIIE  QCIHZdaiE.  273 

parmi  les  fenuoes  avec  lesquelles  il  aimait  sortont  à  s'entrete- 
nir dans  les  dernierB  mois  de  rs  vie,  Hozna,  qui  chantait  elle- 
même  les  kaesidés  qu'elle  composait,  et  qai  rem[dissiiit  en  ce 
temps  près  dn  khalife  tes  fonctions  de  secrétaire;  Aîescha,  fille 
d'Ahmed,  ben  Eadim  de  Cordone ,  dont  £lm  Hayan  dit  qQ'elle 
fat  la  ploa  ctjaHte  femme ,  la  pins-  beDe  et  toat  ensemble  la 
plos  instmite  ^  son  siècle;  Saiiya,  fille  d'Abdallah  el  Bayi  (de 
Raya),  extrêmement  belle  aussi,  et  poète;  enfln,rescIaTe  Nooï- 
rat-eddio',  qui  1!  amusait  ^fir  ses  saiUTes  et  par  ta  grâce  de  son 
esprit  et  de  ses  mmiîères* .  Il  faisait  aussr  presque  tous  les  jours 
appeler  près  de  loi  un  homme  avec  lequel  il  s'était  d'aiUears 
souvent  entretenu  avec  plaisir  à  diverses  époques;  cet  honune 
s'appelait  SouIeMan  ben  Abd  f  1  Galir  el  Fîresch>,  personnage 
d'un  esprit  singulier,  qui  avùt  été 'autrefois  {^aud  batail- 
leur, mais  quii  touché  de  L'écrit  de  Dieu,  menait  alors  une 
Tïe  ascétique  et  retirée;  11  était  austère  à  l'excès,  méprisant 
le  mondej  ne  portant  qn'ua  habit  de  laine  grossière  fixé  à  la 
ceinture  par  une  corde  de  jonc;  il  marchait  pieds  nus,  et  ha- 
bitait d'ordinaire  les  cimetières,  où  on  l©T(^ait  pleurer  sou- 
vent de  longues  heures,  seul,  la  tête  dans  ees  mains^  La  gra- 
vité de  sa  dânarche,  de  son  maintien  et  dé  sa  conversation 
avait  quelque  chose  d'effrayaqt',  tH'  ou  l'avait  sumommé  £1 
Mouo^im  (le  Triste).  C'est  ce  personnage  qui  avait  coutume 
de  répondre  à  eeuz  qoi  (m  deinandaient  comment  il  se  por- 
tait:— 'Comment  pent  se  porter  oelai  qui  a  le  monde  pour 
demeure,  et  lUis  (le  diable)  ponr  voisio,  et  dont  toutes  irâ  ac- 
tions, toutes  les  paroles  et  toutes  les.pensées  s«nt  écrites'!  • 


I  coDde,  (.  m. 

I  LM.||iuutnun),Toii£t  k  la  rleucéliijaeeiicaiilamplitlio.caïuplsnt  qgatre 
•naeiDli  do  rame  (roy,  Cooit,  c.  87),  malr  :  Iblb,  cl  Donnli,  el  Ktt»  et  el 
HeiH,  c'eiV4-dlK  )■  Dfiblo,  le  Btnde.l'Apf  élif  et  l'Amsur.  lli  oU  hll  11-deUH 
quitte  Ter*  stabei  qne  Ici  msrtbouU  de  qnelquM  coDltiei  lépélenl  cDcore  tn- 
jonrd'hul,  el  dont  talc)  1*  iridncUon  :  ' 

QiiM  titt«t  ardwn  ■'illunniit 

IV,  .  18 


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274  BISTOIBX  D  BSPA6in. 

Par  esprit  de  pénHenee  et  par  ressouTeitir  d'une  vieOle  amitié, 
AM  A  Bahnum  passait  chaqae  jour  plusieurs  beares  avec  \m. 
L'extrtaae  dërotion  da  solitaire,  d'iùlleurB,  n'était  pas  une  dé- 
ToGon  stérile  ;  il  fidsaft  le  bien,  et  s'occupait  sana  ee^e  d'ap- 
porter des  secoprs  aux  paarres  et  da  consoler  les  atfigés. 
Bien  qa'attacbé  aa  deniier  point  anx  pratiques  extérieures  et 
aux  choses  de  forme  de.  la  religion,  il  était  pénétré  fortranent 
de  ce  passage  da  Koran  : 

■  La  religion  nç  consiste  pas  à  rtgarder  l'orient  ou  l'ocâ- 
dent;  mais  les  fldfeles  sont  cepx  qm  croient  en  Diea,  au  der- 
nier jour,  aux  angee,aax  écotares  et  an^  prophètes,  qai  don- 
nent lenr  bien,  poor  l'amour  da  Seigneor,  aox  orphelins, 
aux  pauvres*  anx  voyageurs;  qni  tiennent  leurs  mgagemeas, 
qoi  sopportent  arec  coniage  les,  afflictions  de  l'adver^té. 
Ceox-là  senis  connaissent  la  vérité,  et  soidTraimciri;  pienx.» 
Abd  el  Bahman,  qui  connaissait  sa  charité,  l'avùt  choisi  ponr 
l'agent  de  ses  bonne»  œnrres,  et  secoarait  un  grand  nombre 
de  pauvres  familles  par  son  intermédiaire'.  Dans  l'aotomne 
96 1 ,  le  khaMfe,  bien  qu'il  ne  parût  que  l^rement  indisposé, 
tomba  dans  une  mélancolie  profonde,  et  ne  parla  plos  gne 
leslannesanx'jeuxà  ceox  ^  lui  prodiguaient  leurs  soins,  et 
anxqnels  il  témoignait  tonjoars  la  même  bienveillanœ.  C'est 
dans  an  de  ces  momens  qae,SHivant  la  chronique  de  Conde, 
il  fit  à  donleïman  ben  Abd  el  Gaflr  l'aven  célèbre  qu'en  re- 
cherchant bien  tous  les  momens  d'une  pure  etparfoile  tran- 
quillité d'esprit  dont  il  avait  joni  pendant  les  cinquante  années 
de  son  règne,  k  peine  pouvait-il  compter  quatorze  jours  de 
parfait  bonheur'.  D'antres  prétendent  que  cet  aveu  fat 
trouvé  après  sa  mort  dans  le»  papiers  da  khalife,  émt  de  sa 
main  dans  les  termes  suivans  :  >  t'a  régné  cinquante  ans,  et 


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CHAPmUI  QDISZIÈIIB.  275 

mon  lègne  a  été  tonjours  paisible  on  TictorieDi .  Aimé  de  mes 
sujets,  redooté  de  mes  ennemis,  respecté  de  mes  alliés  et  des 
plos  grands  princes  de  la  terre,  la  richeese  et  les  honncnrs,  la 
puissance  et  le  plai^,  j'avais  tout  à  soohait  :  ancon  bien  ter- 
restre ne  me  mampiftit.  J'ai  compté  avec  soin  les  jours  où  j'ai 
goûité  tm  bonheur  sans  mélangç;  je  n'en  ai  tronvé  cpie  qua- 
torze ' .  »  Ce  f nt  dans  ces  di^oâtions  d'esprit  et  de  cet  état 
de  mélmcolie  platjôt  que  de  souffrances  que  l'ange  de  la 
mort,  dit  la  chronique  musulmane,  le  transporta  de  ses  ri- 
ches paYÏlIoDS  de  Hedina  al  Zalira  aux  demeures  étemelles, 
dans  la  nuit  do  mercredi,  5°"  jour  de  la  lune  de  ramadhan 
de  l'année  350  (15  octobre  961),  à  l'âge  de  soiiante-douze 
ans ,  après  un  règne  de  .cibquante  ans,  six  mois  et  trois 
jours  3.  n  avait  commencé  k  régner  à  l'âge  de  Tii^deux 
ans.  Son.  corps  fot  porté  à  Cordoiue  deux  jours  après,  dit  le 
même  historien,  accompagné  d'une  foule  immense  qui  plea- 
rait^en  s'écriant  :  "  MoQs  avons  perdu  notre  père,répée  de 
l'islamisme,  l'effroi  des  superbes,  le  protecteur  des  pauvres 
et  des  malheureux!  ■ 

El  Nassr  Leddin  Allah  mourut  ainsi  au  plus  haut  degré  de 
la  gloire  et  de  la  puissance.  On  dit  qu'il  laissa  dans  son  trésor 
cent  mille  miUions  d'espèce- Il  avait  réglé  ses  revenus  de  la 
manière  suivante  :  un  tiers  était  destiné  i  son  armée,  un  autre 
à  ses  bdtimens,  et  le  reste  était  tenu  en  réserve.  Le  revena 
annuel  de  l'Espagne  tapt  des  villes  que  des  villages,  montait, 
dit-on,  à  cette  époque,  à  cent  millions  quatre  cent  qnatre- 
vin^miile  dinars;  à  quoi  il  follait  ajouter,  dans  les  années 


1  El  Nikkni,  I.  c. 

>  KviuM  place  »  moTl  ;diiu  l'anoic  0!(9,  ripondasl,  dlull,  à  Fin  SBO  ds 
fbèglre;  noli  Hiiiina  l'ul  trompé  comme  U  lai  irrlTe  plu  d'ans  Toli'dMu  m* 
etlcnll  Teltlifl  i  la  coTtctpoDdaDce  ds  l'ère  chrSlienDl  el  de  l'ire  namlmaiw.  - 
D'HarbeloI  lai  doane  i  lorl  (otiant^qnaMne  au.  Nona  complou  nona^mime, 
gomne  on  fait,  «d  aon^  lunalroa,  de  onie  lonra  pin*  conries  qae  loa  anniai 
soUfre*!  doet  eluqae  *omme  d*  irenltr-deui  fgale  «FproiliaaliTnneDl'lrcDtt* 
troll  Miiif  N  illuallM. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


276  HisTonui  d'espaose. 

marqaées  perdes  campagnes  contre  teschrétîeiis,tantAtdi)q 
cents,  tantôt  six  cents,  et  qoelqarfois  jusqu'à  faiiit  cent  niiUe 
dinars  provenant  dn  Iratin  enlevé  snr  l'ennemi,  outre  le  cin- 
quième de  ce  butin  alKmdonné  anx  soldats, et  qui  n'Èùàt  pas 
inscrit  sur  les  registres  de  son  txésor. 

Le  contraste  de  cette  hante  prospérité  avec  l'avea  qv'on  a 
lu  d-desBUS  a  inspiré  à  un  histoQenaïabe  les  réfiexiODS  dot- 
Tantes  :  — >  Homme  sensé,  vois  combien  e^t  petite  la  portifta 
de  tMmhenr  réel  que  le  monde  pent  procurer,  même  dans  les 
situations  en  apparence  les'  plus  faeurëdsee.  Le  khafife  El 
Nassr,  le  favori  de  la  fortune,  dont  le  rang  éminent  n'ent 
point  d'égal  comme  la  prospérité,  n'a  troaré,  dans  le  cours 
d'un  règne  de  cinquante  luiSj  B^t  mtns  et  trois  jours,  que 
quatorze  jours  d'an  boah«ur  sans'nnages.  Louange  h  cdni 
qni  possède  la  gloire  et  la  puissance  étemelles!  Il  n'j  a  dé 
bon  et  de  parfoit  que  lai  <.  » 

I  Bi  Hikkari,  I.  c.      ' 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


CHAPITRE  SEIZIEME. 

ATéacnuit  M  cuaclited'BlHakeiD.-'EipèdilioaeaCMlill».—  Ordce  daionr 
4a  UiUfe  i  «etie  oruifon.  -^  Prit*  de  Sta  BiteTn  da  Gormii ,  di  Slmin- 
Ms,  da  Cauci,  d'OaaUf  de  Glonla  Bt  do  ZunorB.  —  OrlgiiiB  ol  commBDce- 
mgiH  dn  comii  ds  CutUlc'.  —  Sdec^i  dw  ;  Ironpa*  nmiolmaDM.  —  Fiita  de 
Cdahorri  at  de  Calabii. —  Anb«utdci  UooiiiBi  «t  CHiliUinM  1  CordoDe, 
•~  Faixcoodae  eDtralciCbTélIsniBi'.lBi  HUalmaïu.  —  Aalru  reliiloud'U 
Uakcin  «tcc^  Gbrètleu. — Pin  datignt  daSinchol^  Gru;  IronblM  bd  Gi- 
Uca;  BmpolioiuiiimBnl  BlmotldaStncho.  — Aiénament  de  ion  flli  Smlre  lll> 
—  OpIoleM  dst  HnialiDaiii  en  gèninl  el  de/HiMiiliiiBiia  d'BipagDt  bd  pirll- 
eaVer  imt  Vouy  du  i\tt,  —  DibuM  d'El  Hikem  i  cb  iDjel.  —  Gnarre  d'A- 

ft-lqoe.  —  DjBwUe  daf  Beny  ZiirJi lIortdB  Fbtiiid  GodiiIbi  k  BnrgM. — 

liiniiiODlatJTl«urBder«DylreOiBniTtde;MTHi*,  pontet  BtèciJT«lni  *au 
la  rigne  d'Sl  Hikem  11. 

<i     Da96ll97E.     D 

-  Le  lendemain  de  la  mcat  d'EI  Nassr  Leddin  Allah  Abd  el 
Rahmaà,  le  troÏMème  jour  de  la  lune  de  ramadhan  350  ■ ,  fot 
proclamé  émir  el  moantényn  son  fils  El  Hakem,  déjà  Agé 
de  qaarante-sept  ans;  d'autres  disent  qo'il  avait  quarante- 
huit  ans,  denx  mois  et  denx  joors;  le  long  règne  de  son  père 
avait  embrassé  les  plus  belles  années  de  sa  jeunesse;  ansBÎ 
Abd  el  Bahman  loi-méme  avait-il  coatome  de  lai  dire:  — 
«  Mon  temps  se  prolonge  et  osnrpe  sur  le  tien.  >  Il  était  de 
petite  statare,  mais  d'un  extérienr  noble  et  agréable,  bien 
qu'il  fût  loin  d'avoir  la  majesté  et  l'imposant  maintien  de 
son  père.  La  cérémonie  de  son  installation  au  palais  de  Zahra 
se  fit  avec  lue  pompe  extraordinaire,  et  il  7  reçut  le  swment 
de  fidélité  des  offidera  et  du  peuple  assis  sur  un  trdne 
placé  daoB  k  centre  de  la  eoor  dorée  de  l'Est.  Ses  ttètes  et 
Bes  GOnaîns  entouraient  le  trftne  ;  venaient  ensuite  les  cafi- 
taines  des  gardes  tant  slaves  qu'andalons  et  africains;  les 
vrasyrs,  les  kadis  et  les  khàtebs  étaient  en  face, revêtus  d'ha- 
bits blancs  en  signe  de  denil.  Les  gardes  slaves,  rangés  en 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


278  msnHEE  d'kspabhk. 

deax  Aies,  entoaraient  la  grauâe  salle,  tenant  d'one  nuio 
lear  épée  nne,  et  de  l'aatre  lenr  large  bonclier;  les  esclaves 
noirs,  Tètns  de  Uanc,  formaient  denx  autres  files,  portant  la 
hache  d'armes  sur  l'épaole  :  dans  la  cour  extérieure  étaient 
les  gardes  andaloos  et  africains  avec  des  hahits  magnifiques  et 
couverts  d'armes  brillantes.  Ses  frères,  les  walis  et  les  géné- 
raux lai  jurèrent  obéissance  sans  réserve  ni  conditions,  et 
les  astrologue  rt  les  poètes  lui  aBuonoèroit,  dans  leurs  pré< 
dictions  et  leurs  vers,  la  pontisastion  des  prospérités  du  règne 
de  son  père'. 

L'uD  des  premiers  actes  de  son  ganvemement  consista  à 
choisir  nn  badjeb,  et  son  choix  tomba  sur  Djdfar  el  Selleby, 
l'an  des  meilleurs  hommes  de  guerre 'et  des  plos-ricbes  de 
ce  temps,  qoi  lui  présenta  le  jour  de  sa  nomination,  paimi 
d'antres  présens,  cent  mamlooks  emvpéBns  (du  Fr&adjal) 
montés  snr  des  chevaux  d'nne  l^èreté  remarqaaide  et  armés 
de  tontes  pièces,  c'est-à-^lire  d'épées,  d'épienx,  de  boneUers, 
et  coiffés  à  l'indienne.  De  pitu,  trois  eeot  vingt  cottes  de 
mailles  de  différentes  sutesitroîs  cents  casques  de  mAme 
forme;  cent -casques  indiens  en  fer;  cinquante  casqoea  in- 
diens ^ts  en  bois,  quelques  casques  européens  »pp^  at- 
tasfditana,  trois  cents  javelots,  «ut  boucliers  de  SnUanie,  dix 
oottes  de  mailles  d'argent  doré,  et  cent  eomea  de  buffles 
dorées,  servant  à  sonner  la  trompette  '. 

Buivant  les  traces  de  son  père  dans  sa  conduite  privée  et 
son  gouvernement,  £1  Hakem  fit  mettre  sur  les  monnaies  d'or 
et  d'argeid:  qu'on  frappa  dès  son  avènement  son  nom  avec 
l'oi^iaste  titre  d'imam  et  d'émir  des  fidèles,  et  ao-deasous  ce- 
int àe  son  hadjeb,  qoi  était  uissi  préfet  des  différœa  hôtels 
des  monnaies  de  l'empire.  On  remarque  seulement  oette  diî- 
férenee  dans  les  monnaies  de  son  père,  que  jamais  le  nom  dn 


<  CoDde,  c.  88. 
^   1  El  Uikkiii,  nut.  u*b.  d«  li  Bibl.  roj.,  a"  7M,  f>  60. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


hadjeb  ne  s'y  trouTe  da  même  c6té  que  celai  de  l'émir,  tan- 
dis qae  dans  celles  â'£I  Hakem  il  est  constamioent  placé  aa- 
dessons;  et  même,  quand  le  nom  du  premier  ministre  était 
an  nom  composé  comme  Âbd  el  Bahman,  par  exemple,  on 
le  divisait  et  l'on  en  plaçait  la  première  partie  aa-dessos  et 
la  seccmde  partie  aa-dessons  da  nom  et  des  qualités  de  l'i- 
mam  régnant^. 

Noos  connaissoDE  déjà  El  Hakem;  nons  savons  qae  tes  let- 
tres forent  sa  passion  dominante.  Dès  sa  pins  tendre  jeunesse 
il  n'avait  pas  de  plus  grand  plaisir  que  de  se  procnrer  les 
livires  les  pins  rares  snr  les  arts  et  les  sciences,  les  plus  élé- 
gaos  recueils  de  poésie  et  d'éloquence,  et  toute  espèce  d'en- 
vrages  et  de  mémoires  relatifs  à  l'histoire  et  à  la  géographie. 
II  n'épargnait  ni  soins  ni  argent  pour  celaj  il  en  faisait  venir 
de  toas  les  côtés,  et  il  avait,  dans  toutes  les  villes  principales 
de  l'Afrique,  de  l'Egypte  et  de  la  Syrie,  dans  l'Irak  Aral»,  et 
dans  le  pays  de  fars  (la  Perse),  d^  ëpûssaires  expressément 
chargés  de  recueilhr  les  ouvrages  qui  s'y  puhhaient;  il  en 
rempht  le  palais  Henran,  tellement  qa'on  n'y  voyait  que  des 
livres  ;  aucun  prince  musulman  ne  mit  aotant  d'ardeur  que 
celoi-d  h  en  rassembler;  il  avait  toutes  les  généalogies  des 
trihus  arabes,  d'Arabie  et  d'Afrique,  avec  leurs  ramifications 
et  leurs  migrations  ;  son  palais  était  ouvert  À  tous  les  hommes 


'  J'ai  ta  m  pouuiJoti  dk  mtdilllB  uni  dile  («loa  Vaufe,  portut  Is  m 
d'un  ii*dJ«bipp*léllMlcl  Ribmin  dUpoii  de  it  nunUre  «olvuils  : 


flncliiaBi  aotret  monuilai  portent  ; 


>;,l,ZDdbyG00gle 


280  HISTOIRE   DESPAGHB. 

instruits  et  spiritaelR,  et  il  chargeait  les  plas  fiavans  et  lee 
mdlleurs  critiques  d'entre  eux  de  lai  procurer  des  prodactions 
DOnvelles  et  choisies.  C'est  ainsi  qu'il  avait  eu  Egypte  Abon 
Ischak  Mohammed  heu  Yousoof  el  Scheïbaui,  en  Syrïe  Abou 
Omar  Hohammed  ben  Yonsonf  hen  Yakoub  el  Eendi,  et  à 
Bagdad  Hohamiiied  beo  Thaarau.  Il  réunit  aussi  et  logea 
dans  son  palais  les  meilleurs  copistes  et  les  hommes  les  pins 
haMles  dans  l'art  de  relier  et  d'orner  les  maanscrits  de  des- 
sins et  d'arabesques  des  plbs  vives  couleurs,  et  il  en  forma 
la  collection  la  plus  précieuse  qu'on  eût  encore  vue  dans  les 
pays  de  domination  mosalmane,  sans  ea  excepter  Bagdad, 
où,  cependant ,  lee  desceudans  d'Haaroun  el  Baschid  avaleat 
amassé  d'inestimables  trésors  intcUectuels.  Sa  bibliotfaëqne, 
qui  se  composait  de  près  de  400,000  volumes,  était  clamée 
dans  on  ordre  spécial  par  sciences  et  connaissances .  Xx&  saUes 
ou  al  maacens  (m^asios)  en  étaient  désignées  pat  des  insciip- 
tiona  indiquant  le  nombre  de  volumes  qui  s';  tronvaient,  et 
de  qoelles  sciences  on  de  quels  arts  ils  traitaient.  Le  Catalogne 
formait ,  suivant  Ebn  Haiyan ,  quarante-quatre  volumes,  et 
fii^  feuilles  de  chacun  de  ces  volumes  étaient  remplies  seu- 
lement par  des  titres  de  poèmes.  Il  eu  fît  entreprendre  un 
autre  dans  lequel  le  titre  des  ouvrages,  le  nom  des  auteurs, 
leurs  g^iéalogies,  le  lien  et  l'année  de  leur  naissance  et  de 
leur  meurt,  étaient  not^  avec  beaucoup  d'exactitnde  et  de 
critique.  La  plupart  de  ces  notices  étaient  l'ouvrage  d'El 
Hakem  loi-méme,  et  avaient  été  relevées  seulement  par  des 
copistes,  car  il  était  peu  d'ouvrages  importans,  parmi  les 
400,000  volum^  qu'il  possédait,  dont  il  ne  connût  le  sujet 
et  dont  il  n'eût  écrit  en  tète  la  géaéak^e,  la  naissance  et  la 
mort  de  l'antenr*.  Les  loi^^iee  lectures  et  les  veiUes  avaiei^ 


■  Cn  llTrci  TCiUreDl  ditti  l6  ptliii  ll«nrui  à  Cordesc,  (uqn'cn  tUft  ds  11 
illli  ptr  1m  Barben  :  Is  hidjab  Wulh  «n  fli  ilon  «Dlarar  al  Tendre  dd  grud 
iuiinbfa,Ml«i«atafatplIU  atdlipanilUpTliadaliplMa. 


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GHAFTTKI  SEIZIEHE.  281 

affaibli  s&  vue,  et  U  dat  renoncer  à  son  occupation  fayorite, 
dans  la  crainte  de  devenir  aveogle.  Aussi  était-il  on  des  hom- 
mes les  plus  instruits  de  son  temps.  Ses  connaissances  en  bio- 
graphie, en  histoire,  en  génédogie  étaient  sortont  prodigieu- 
ses, et  il  avait  écrit,  avec  beaoconp  'd'étendue  et  de  soin,  les 
généalogies  des  AniDes  de  tontes  les  triboff  passées  en  Espagne 
depuis  la  conquête.  Il  avait  pour  aide  dans  ces  utiles  travaux 
et  dans  ces  difficiles  recherches,  son  secrétaire  intime  Ghaleb 
ben  Hobanuned  ben  Abd  el  Wahéb,  surnommé  Aboa  Abd  el 
Salem,  qoi  dressa  par  son  ordre,  an  rapport  d'£l  Bazi,  le  rHe 
de  tons  les  peuples  d'Espagne,  et  qui,  selon  l'otage  des  Ara- 
bes, était  en  même  temps  qu'un  écrivain  habile  un  général 
brave  et  expérimoité.  Hais  le  savoir  n'était  pas  la  senle  qua- 
lité qu'on  pût  louer  en  El  Hakem  ;  il  était  libéral  dans  ses 
manières,  plein  de  douceur  pour  ceux  qui  l'approchaient, 
actif  dans  les  afhires  et  plein  de  ^cérité;  zélé  croyant  d'ail- 
leurs, et  rigide  observateur  des  précepte  dn  livre  de  Dieu; 
mais  ami  dn  bien,  juste,  droit,  sensé,  sage  et  sMgnenx  do 
boas  choix,  comme  le  prouve  celui  de  son  premier  hadjeb 
et  de  tous  ks  généraux  qu'il  employa  dans  ses  guerres,  tant 
en  Espagne  qu'en  Afrique. 

Devenu  émir  ou  plntAt  imam,  grand  pontife  à  la  fois  et  con- 
dncteur  des  fidèles,  car  telle  était  la  prérogative  des  khalifes: 
ils  réunissaient  la  royauté  au  souverain  pontificat,  et  l'I- 
mam Ajnir-al-Uoamenyn  était  le  pape  tout  ensemble  et 
l'empereur  des  croyansj  El  Hakem  ne  fit  plus  'des  livres  sa 
principale  occupation,  et  ne  leur  consacra  plus,  ainsi  qu'à 
la  conversation  des  savans,  que  les  momens  qa'il  pouvait 
dérober  aux  affaires  graves  de  l'état.  U  ne  neigea  point, 
néanmoins,  sur  le  trône,  d'encourager  les  gens  de  n^rite, 
et  d'inviter,  comme  avait  fait  son  père,  les  savans  les  {Ans 
renommés  d'Orient  et  d'Afrique  à  venir  s'établir  en  Espa- 
gne. Obligé  d'habiter  Médina  Zahra,  il  laissa  à  son  frère  Ab- 
delam  l'administraticm  de  sa  tnbliothèque,  et  chargea  son 


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3S2  Bisions  D  nMam. 

frère  £1  HoDdhir  da  1010  spécial  des  saTaiis  et  des  aeadé- 
miea.  Il  passa  ainsi  les  prenûers  temps  de  son  règne  à  Mé- 
dina Zahn,  joaifisant  avec  plos  de  tranquillité  qae  son  père 
des  dâicee  de  ces  jardios.  Il  aimait  alorB  la  belle  esclave  Ba- 
dina (Pùàble  oa  Placide),  et  il  la  nonuoait  l'heureuse  étoile. 
Il  ne  parait  pas  qu'il  edt  dès  lors  épotisé  cette  Bohbéiya  (Au- 
rore), qui  devint  sa  fonme  favorite  et  fpii  fut  mère  d'Hea- 
cham,  son  sncces&eur.  Il  avait  aossi  dans  son  intimité  et  sa 
foiniliantâ  Mohammed  ben  Yoosouf  de  Gitdalhajar^,  qni 
écrivit  pour  toi  l'histoire  d'Espagne  et  d'Afrique,  la  vie  des 
émirs  et  des  hécps  mosalmans,  et  phisienrs  histoires  parti- 
eolières  de  villes  importantes,  telles  que  celles  de  Oudran, 
de  Tahàrt,  de  Téoès,  de  Sedjehnessa  et  de  Kakor.  Son  poète 
fomilier  était  alors  Hohi^Dmed  ben  Yahy ah  samommé  El  Ka- 
lafateh.  Le  persan  Bchaboor  qai,  quoique  jeaoe  encore,  était 
déjà  merveillensemeDt  ijostruit  et  joinssait  d'nne  renommée 
méritée,  vint  s'étabfir  à  Gordoue  snr  ses  instances,  et  le  kha- 
life le  nomma  officier  de  sa  chambre ,  litre  qui  équivalait 
assez  bien  à  c^ni  de  chambeUau  '. 

Jusqu'en  0Ç3  M  Hakem  vécut  ainâ  tout  occupé  de  l'ad- 
ministration intérieuie  de  son  empire.  Il  était  en  paix  avec 
le  roi  de  Léon  Saocbo  que  son  père  avait  contribué  ft  réta- 
Uir  roi  dans  sa  capitale.  Hais  Sancho  n'était  pas  nn  de  l'Es- 
pagne entière;  il  ne  l'était  pas  wâme  de  tous  les  paya  àaé- 
tiens  au  nord  da  Doero ,  et  nous  savons  h  qnél  degré  de 
puissance  s'était  élevé,  parmi  les  comtes  dés  châteaux,  oelni 
qui  s'appelait  alors  Ferdinandas  fiundisalvi  (Feman  Gon- 
zalez), n  parait  que  d^ois  la  mort  d'El  Nassr,  Ferdinand 
avait  tenté  quelque  moavegieQt  sur  les  terres  mosulmanes, 
avait  pillé  les  campemeiu  rt  les  douvruahs  des  tribos  ara- 

<  SebafeMrwBAipMt««pnnDB{tatli*p«naiie.  CHtUStpOTdtrbliMn 
utdgnne.<4Hltq4a  1m  AritMn'oat  point  d«j),  (Tut  ^nil  qa'Bl  Uriiidana 
U  lUlfmB  iBtlIon  Ss  wn  premier  aimai  (!■  18,  racto),  ippcUe  'fiem  al  BndI  la 
PonH,  nd  iw  la4M,'doU  0  lil  lut  qatMloa  itm  Im  UmÔCim  i'Alnn4r«. 


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CHAPITBB  SEIZIÈU.  283 

bes  meraines  da  Duero,  et  meiucé  de  porter  de  ce  cdté  la 
dominatioa  ehrétieiine  jnsqoe  sar  le  cootb  supérieur  da 
T^.  H  j  faisait  des  coarses  et  des  ohevaachées  contmael- 
les,  prenait  le  blé  recueilli,  les  montODS  élevés  par  les  Ara- 
Ites ,  en  sorte  qne  le  paj?  était  derena  insapportable  à  ceax 
qni  l'habitaient.  Ce  fut  pour  mettre  nn  terme  à  cet  état  de 
choses,  qn'BQ  352  (963)  £1  Hakem  publia  l'eldjihed  on  la 
goerre  sacrée  contre  les  cbrétlens  de  Caetéylja,  et  qne,  pour 
b&ter  les  préparatifs  de  l'eipëdîtion ,  le  khalife  se  rendit  loi- 
méme  à  Tolède. 

£t  ce  fut  aoBEi  à  l'occoiion  de  cet  eldjihed  qn'Ël  Hakem  dé* 
dara  les  deroirs  des  Mnsnlmani  qui  vont  à  la  guerre  sainte, 
dans  on  ordre  da  jour  qni  est  noe  bonne  fortane  ponr  l'his- 
torien, bien  qu'il  rappelle  celai  qoe  lot  à  l'armée  arabe  as- 
semblée dana  les  campagnes  de  la  Mekke ,  et  prête  &  partir 
pour  la  conqaëte  de  la  Syrie,  le  premier  snccessenr  de  Ma- 
homet, le  khalife  Aboa  Bekr. 

■  C'est  one  dette  de  tont  boa  Hnsalman,  dit  El  Hakem, 
que  d'aller  en  eldjihed  contre  les  ennemis  de  notre  loi.  Les 
ennemis  seront  requis  d'embrasser  l'islam,  hors  le  cas  où, 
conmie  maintenant,  ce  sont  eux  qui  commencent  l'invi^ion;  en 
tont  autre  cas  on  leur  proposera  de  se  faire  Musulmans  ou  de 
payer  le  tribat  que  doivent  uons  payer  tous  les  infidèles  de 
nos  états.  Si,  dans  les  combats,  les  ennemis  de  la  loi  ne  sont 
pas  deux  fois  plus  nombreux  que  les  Musulmans,  le  Hnsal- 
man qui  fait  Itrcombat  est  un  infâme,  et  pèche  contre  la  loi 
et  coatre  notre  honneur.  Dans  les  invasions  de  pays,  oe  tuez 
ni  les  fenunes,  ni  les  enfans,  ni  les  vieillards  sans  force,  ni  les 
moiiKS  qui  mènent  nue  vie  reUrée,  à  moins  qu'ils  ne  nous 
fassent  du  mal.  Ne  tuez  m  ne  prenez  ceux  à  qui  vous  aurez 
{ffranis  sûreté,  et  ne  violez  pas  les  conditions  et  arrange- 
mens  qa'ils  anront  obtenus.  Si  on  général  a  accordé  sAreté, 
que  tons  l'observent.  Tout  le  butm,  après  le  prélèvement 
da  quint  qui  nous  appartient,  sera  partagé  sur  le  champ  de 


>;,l,ZDdbyC00g[c 


284  msTOHUE  despagni. 

bataille  ménie,  ou  emplacement  da  combat  ;  le  eavalier  aura 
deux  parts  et  le  piétoa  one.  Quant  aux  proTtôons  de  bouche, 
prenez-en  Boivant  vos  besoins.  Le  Masolman  qni  reconnaîtra 
dans  le  butin  ({aelqne  chose  qui  lui  appartient,  jurera  devant 
les  cadis  de  l'armée  que  cette  chose  est  à  lui,  et.  on  la  lui 
rendra  s'il  la  réclame  avant  le  partage,  ou  bien  onlni  en  don- 
nera la  juste  valeur  si  c'est  après  le  partage.  Les  généraux  au- 
ront tout  pouvoir  de  récompenser  ceux  qui  servent  dans  l'ar- 
mée,lors  même  qu'ils  ne  seraient  point  gens  de  guerre, et  qu'ils 
seraient  d'une  autre  croyance;  il  en  sera  de  même  pour  ceux 
qui  feront,  soit  pendant  le  combat,  soit  hors  dn  combat,  quel- 
que exploit  remarquable  et  important.  Ne  pourront  venir  à  la 
guerre  sainte  ni  se  porter  à  la  garde  des  frontières,  quel  que 
soit  le  mérite  de  cesexpéditions,cenxqm,  ayant  leur  père  et 
leur  mère,  n'auraient  pas  la  pemùsàon  de  tou&  deux,  sauf 
dans  le  cas  de  nécessité  subite,  car.  alors  le  pnndpol  devoir 
est  d'accourir  à  la  défense  du  pays,  et  d'ob^  à  l'i^pel  des 
walis.» — Il  fit  publier  cet  ordre  par  les  généraux, et  «a  fit 
donner  lecture  dans  les  différons  corps  qui  de  toutes  les  pro- 
vinces s'étaient  rënnis  à  Tolède  pour  l'eldjihed'. 

Dans  la  campagne  qui  suivit  ces  préparatifs,  le  fort  de  San 
£stevan  de  Gormaz  tomba  au  pouvoir  d'El  Hakem,  qui  en  fit 
raser  les  murailles  jusqu'au  sol.  Il  s'empara,  avec  l'aide  de 
Dieu,  dit  toujours  le  dévot  higtohen  musulman,  de  Sedmanca, 
de  Ganca,  d'Oschama  et  de  Clnnia,  et  les  détruiàt  ;  il  marchi 
ensuite  sur  Zamora,  y  bloqua  les  chrétiena,  leur  livra  de 
uonkbreux  assauts,  et  y  entra  enfin  de  vive  force;  bien  peu  de 
ceux  qui  la  défendaient  p^arvinrent  à  s'échapper.  El  Hakan 
s'arrêta  à  Zamora  avec  toute  son  armée,  et  en  abattit  les  mu- 
railles. Zamora  devait  appartenir  dès  lors  à  cette  ligne  des 
châteaux  situés  dans  le  voisinage  du  cours  supérieur  du  Duéro 
et  dn  Tage,  dont  Ferdinandns  Gundisalvl  était  l'Ame  et  le  chef. 


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tmumÈ  sEiziiia.  â8S 

laUte  et  lebnB.ElHakem  qui,  sons  son  père,  fi'AVait  pmnt 

cherché  les  occarâons  de  ae  distingaer  à  la  goenre,  revint  à 
Cordooe  content  d'avoir  moatré  qu'il  n'était  pas  sealement 
nn  émir  sage  et  pradent,  mais  aosBi  un  général  expérimenté 
et  conrageax  ;  et  c'est  aux  acclamations  de  triomphe  qoi  l'ac- 
cneUlirent  à  son  retour,  qu'il  prit  le  nom  d'EI  Mostanssir  Bil- 
lah  (celui  qui  ae  confie  au  secours  de  Diea,  qni  est  fort  par  la 
confiance  qu'il  a  an  secours  de  Diea)'.UDe  joie  toute  nationale 
attendait  £1  Hakem  à  son  retour  à  Cordone.  Pendant  qu'il 
était  occupé  à  son  expédition  sur  le  Duero,  la  tribu  Schaza- 
radj ,  l'une  des  plus  noble»  et  des  plua  ancienues  de  Médine  et 
l'une  de  celles  qui  avaient  fourni  le  pins  grand  nombre  d'An- 
$àts  on  auxiliaires  aux  premières  entreprises  de  Mahomet,  était 
venue  habiter  l'Espace,  et  s'âalt  établie  h  Cordone  et  dans 
les  campagnes  des  environs''. 

Que  le  nouveau  khalife  ait  battn  le  comte  castillan  danii 
cette  expédition  et  pris  les  villes  que  nous  avons  nommées. 
plus  haut  d'après  les  auteurs  arabes,  il  ne  parait  pas  qn'oui 
en  poisse  douter,  malgré  le  silence  de  Sampiro,  qni  n'écri- 
vait que  l'histoire  des  rois  de  Léon  et  négligeait  tout  ce  qui. 
était  on  paraissait  étranger  à  cette  histoire;  mais  Boderichi 
de  Tolède,  mais  Lucas  de  Tay,  confirment  tont-à-fait  le  ré- 
cit des  Arabes,  et  nomment  les  mêmes  villes  que  les  chroni- 
qaeoTB  de  Cordone,  y  compris  Zamora.  Seulement  ils  don- 
nent, pour  allié  ou  potir  condnetear  aux  Arabes,  marchant 
contre  LiCastiUe,nu  comte  castillan, nimunéVela, qni, blessé 
des  prétentions  souveraines  qu'affectait  Ferdinandos  Gundi- 
salvi  BUT  ses  pidrs,  à  cause  de  ses  richesses  et  du  grand  nom- 
bre d'bommes  d'armes  qu'il  entretenait  à  son  service,  avait, 


(  AboalTéda  le  nominc  El  Hounlitcr  Billib  (celaf  qni  complc  lar  la  ptoicc- 
liDD  de  Dl«u)i  Badariïh  da  Tolèdi  AlmaïUc*^  BIII«  (d«[«iidcDi  le  cnm  Dm). 
EoUd  d'BsrbiloC  dit  qu'on  loi  donoa  le  «nmom  d'EI  MotUkar  BilUb,  lignldiDl 
bIcD  éUbll  de  Dt«n. 

1  Coodt,c.  89. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


gnelgoe  tempB  anparaTant,  easayé  de  loi  r^sUr  î  yiàaai 
dane  la  lotte  et  expulsé  de  la  terre  des  Chéteanx,  Tela  avut 
cherché  on  asile  à  Cordone,  tt,  une  goerre  ajant  été  i^solne 
SOT  ces  entremîtes  contre  la  CastiUe,  il  avait  saiâ  arec  em- 
pressement l'occasion  de  cette  gneire  pour  se  vengar  de  son 
ennemi;  dans  les  divers  combats  livrés  aux  chr^ens  par  les 
Arabes  dorant  leur  expédition  -victorieuse,  Tela,  i  ce  qo'il 
parait ,  s'était  montré  t«rrible  k  ses  coreligionnaires,  et  en 
avait  impitoyablement  toé  le  ^os  qu'il  avait  po'. 

Noue  avons  beaucoup  parié  de  Ferdinandus  Gondisalvi  et 
da  comté  de  Castilie  sans  bien  fixer  lenr  origine  commune. 
Comme  c'est  celle  aussi  de  la  conronne  de  Castilie,  qui,  par  sa 
réunion  avec  la  couronne  de  Léon  et  en  prenant  le  pas  snr 
elle^,  a  formé  la  monarchie  espagnole,  nous  allons  snccincte- 
ment  rappeler  les  faits  et  établir  sûrement  notre  point  de  dé- 
part pour  l'appréciation  et  la  meilleure  intell^ence  des  ftûts 
snbséqaeos. 

>  V07.  loder.Toltt.,  de  K«b.  Bitp-,  I.  t,  c.  13.— Gun  dm  fottet  dlciM 
eomei  isriiten,  ilil  Lucu  de  Tu;  (Uitp.  illoat,,  t.  ir,  p.  SU}  uperant  SintMml 
Gonnai  et  Baplimmu*,  et  Ssptem  PDlilenci  •!  malut  ttrigti  et  boiTMid*! 

perpBlriTernDl  In  lerr*  chrltLIiDcinim.  Bttl  cnm  Sarraceoli VbIi,  Bobilb 

Cutellanui,  qol  proplet  tludjclam  eipaliiODii  iub  a  CwMla,  bomtollalla  iu- 
memor  (taddabat  crudcliMlme  chriallonaa.  Eo  temporo  cepecmil  Bairaceiil  Za- 
moniUjM  lobierUiruDt  eam.  — Rcmatqnaoa  »d  pouaul  qui  Lncat  d«  Tuf  dit 
nbtinqueVeUiuait  IréicrneUcoient  lea  cbiètient.an  os  pcMplDicnwUmuBnl, 
il  l'oD  Tent,  mail  non  pli»  crncUcmeot  que  ne  le  biaileot  Ici  Maauliagiiia  eiu- 
mèaiM,  »  coKioe  la  Itaduil  un  rèceni  hiaiorien.  —  Ce  Vêla  (coDiracitoii  ds 
ViglU)  dcTail  Un,  hIdd  toale  apparaoee,  lapeUl-BU  d«  Vlglla,  conu  d'Jina 
ioni  Alfonee  111  (de  8S0  i  910),  dont  11  «il  ttil  pluiienr*  fois  oinUon  dan*  U 
Chronique  AlbeldeDM  :  1  Vlgil*  S«meuli  eral  Innc  comei  io  AlaTa  (anm.  6SJ  ;  n 
«IpaUqoe  dJebw  (len  882)  à  camitibtu  Cutella  et  AUia  Dldaco  et  VIeUc 
raullti  penecutloDH  et  pognaa  idem  AbabdeU*  auilionit  (■■m,  73),  eu.  • 

1  On  a  toujonri  DOUDii  la  Caiillle  aiast  Lten,  mail  iré«  ptobablemcDl  uu 
j  allBcher  une  idée  (onnello  de  aupriiDBUe.  On  Ul  d«u  lea  aimoiriM  tccordiM 
■  Cfarialophe  Calontb  «pria  U  dècaoTerie  de  l'jUairlqw  ; 


>;,l,ZDdbyC00gle 


lia  province  qtd,  do  temps  des  Gotbs,  s'appelait  GanUdirie, 
et  formait  le  duché  de  ce  nom ,  embrassant  toat  le  terri- 
tmre  q&i,  des  Astories  de  SantUlane  on  de  ftantander,  s'étend 
Tersle  midi,  entre  le  Pisoerga  et  les  limites  oodâentales  de 
la  MaTarre,  de  l'un  et  de  l'iittre  c6té  de  l'Êbre  et  des  monts 
Idobèdes  insqa'aa  Dnéro,et  h  laquelle  les  écrivains  dn  hoi- 
tième  ùècle  donnèrent  plos  tommnnément  le  nom  de  Bar- 
dn]ie,'commença,  dès  les  premières  années  da  siëde  ^vant, 
h  être  appelée  Castella ,  des  nombreux  chflteaoi  (  en  latin 
castella)  qu'y  avaient  élevés  les  dirétiena  depuis  ks  pre^ 
mièree  courses  victorieuses  d'Alfouse  le  catholique  on  loin 
et  an  large  des  Astnries.  Ce  fut  là,  comme  noas  l'avons  dit 
déjà ,  l'origine  certaine  de  ce  glorieux  nom  de  Caatille  qui 
depuis,  s'étendant  an  sud  des  terres  qui  l'avalent  porté 
d'abvrd,  et  franchissant  la  Sierra  de  Gnadarrama,  s'appliqua 
snceessivement  aux  territoire^  de  Jadraque,  de  Gnadalajara, 
d'Almonadd,  de  Mondejar  et  de  Tolède  jusqu'aux  entières 
de  la  Hanche  et  de  l'Estramadnre,  marchant  du  même  pas 
que  la  eonqoète  chrétienne  et  progressant  comme  die  avec 
"■les  siècles'.  —  L'année  760;  dans  laquelle  Alfonse  com- 
mença à  conquérir  et  à  peupler  les  bourgs  de  la  partie  sep- 
tentrionale de  la  Castille  Tieme  et  à  }^  cantonner  ses  soldats 
et  ses  prisonniers,  est  l'époque  véritable  non  pas  de  la  fon- 
dation du  comté  mais  de  l'établissement  des  comtes  de  Cas- 
tille, c'est-à-dire  de  rétablissement  de  gouverneurs  placés 
par  le  roi  avec  ïé  titre  -de  comtes,  selon  rancien,D8e^  go- 
thique, dans  les  forteresses  et  les  diàteanx  qn'il  taisait  éle- 
ver SUT  cette  frontière  extrême,  d'ailleurs  désolée  et  ai  par- 

>  L'auemble  dei-ptyi  iQxqntlt  Ait  dnpf  d'ibord  le  nom  da  C*iUlla  coop»- 
B«II  I'AUt*  •(  In  praiincu  aclnsiki  do  Bniyw  et  de  Gorli.  U  ett  détigoi  ^r'i 
ie*  Tleiile)  chiite*  iailDe*  dnoiiljaia  el  dndaailèmeiiJclBtDDilBiioin  d'JIasa 
ttCasUlla  Tttula,  Ln  Ateboi  l'ippeblentd*Mleai<DieleBip)  Upatê^ÂMa 
ttàt*  cU/mm;  (  AUba  woa  ALkuUh}.  —  Leson  de  CuMJI»  FftM  (CmUIU 
Tiaii}  «M  MMt  *  U  putle  de  cMle  pniilire  CtttUla  iIIb^  k  l'anat  dei  nom 
UnbèdM. 


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386  BISTODtl  DESj^AOHB. 

tie  déswte,  doat  Pétras  son  père  aratt  été  dac  dans  les  der- 
niers temps  de  la  monarchie  des  Gotha ,  et'qne  les  Arabes 
désignèrent  d'abord  sons  le  nom  de  Djalékja,  de  même 
que  la  provipce  de  ce  nom  sitoée  à  l'odest  de  la  Fàiinaaie'. 
Des  premiers  comtes  des  châteaux  de  cette  province  pen- 
dant an  siècle  entier,  il  ne  nona  est  parvenn  aucona  notice 
aatbentiqae;  car  on  ne  salirait^' arrêter  à  ItmantiônqiiefdDt 
quelques  historiens  de  Sanche  Mtarra  on  Hedana,  t^era- 
valier  castillui,  qui,  selon  leor  récit,  serait  passé  de  la  Cas- 
tille  espagnole  dans  la  Gascogne  f  ranke  avec  le  titre  de  comte 
ou  de  gouTemeur  en  819.  Un  certain  Hodétjch,  doqt  nons 
ne  connaissons  d'ailleor?  ni  le  père  ni  Ja  famille,  comme 
nous  l'avons  dit,  mais  probablement  d'origine  gothique,  à  en 
juger  par  son  «om,  egt  lepranier  personnsge  fignraut  avec 
le  titre  de  comte  dans  les  Chroniques  castillanes, sons  le^gne 
d'Ordonins  I",  flli  de  Ràmlra  I".  C'est  S  M  qu'est  attribuée 
la  conquête  on  la  population  d'Amà;a,en  860>.nous disons 
la  conquête  ou-  la  popnlatiota  à'Awkja,  parce  qn' Amayâ ,  ai  l'on 
en  juge  par  son  nom,  derait  être  de  fondation  arabe,  et  cKtt 
être  conquise  par  le  comte  Bpdericos^  C'est  aujourd'hui  une 
très  petite  ville  située  à  dix  lieues  et  demie  au  nord-ouest  de 
BurgoB,au  pied  d'une  haute  cpllineiet  dimée  en  deox  quar- 
tiers, vers  la  naissapce  du  rio  Fresao,  qui,  coulant  du  nord 
an  sud  au  travers  de  ces  deux  quartiers)  va  fle  jeter  dans  le 
I^nerga,  près  d'un  bomg^  ou  pa£blo,  comme  on  dit  en  £^ 


'  '  L'Alii*  piiKit  «toir  CD  d«f  comlMpirlkiiUcnToTlpoUmii  itdliifMUda 
t»a.%  de  Cutllla,  ait  li  fin  da  nemième  ilèclc  et  jntqnfl  du*  Itiecondg  miillU 
dn  dlxlèmg,  qna  Feroan  GoduIïi  bu  «xpalu  Velt,  el  la  (otmdi  proiiiblMMcal 
}n  çiji  que  ccluJ'd  goDTenDil.  '    ■ 

1  lDeriDCCCCxcTiiipopDliTfiBiid«rUiiic«iiiMAuKla,dhciifl«iAiiiulciC«n- 
plntBDie*  (diDi  Flot»,  l.  siui,  p.  SlO).  L«  CbroDiqaa  de  Bnrgo*  cl  lei  AbbiIw 
de  Campotlelle  dltaui  ftuul,  la  prcmlùrc  ;  Era  occccicnit  popaliTlt  Rodsricu 
MOKi  Amilam.pn  niDdiiDin  legli  Ordonii,  et  Ici  lecoudei  :  Krs  nccccicna 
ropnlaTlt  Rodetleai  com»  AmilaiA  mandato  Ordonll  Regii  (lbld.,1.  t.,  p.  SOTel 
»S). 


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CHAprmi  sxizàaa.  289 

pBgne,appdé  Cœtrillo  de  rio  Pisoei^.  le  gouTenuDunt  de 
Bodericb  dora  ao  moins  ûx  années,  de  860,  oùnoos  le  voyons 
asùster  à  la  prise  de  Talamanca  par  les  tronpes  chrétiennea  et 
peupler  la  ville  d'Amaya,  jusqu'à  866,  qo'il  réprima  la  lé- 
bdlion  soscitée  dans  les  Astanes  par  le  comte  Fraela  de 
Galice  contre  le  nonvean  roi  Âlfonse  III,  fils  et  snccessenr 
d'OrdoSo  I".  Ce  ne  peat  être  d'aillenrs  que  par  noe  faute  on 
transpoûtion  de  copiste  qae  l'anteur  des  Annales  de  Tolède 
fait  peupler  Amaja  par  Boderich  en  882,  et  fonder  Borgos, 
par  une  anticipalioD  de  dix  ans,  cd  866,  par  celui-là  même 
qoi  fut  le  snccessenr  immédiat  de  Boderich'.  Après  Bode- 
rich, fut  comte  en  Cagtille  son  fils  Didacos  Boderici  (  Diego 
Bodrignez)>;la  plupart  des  historiens  depnis  le  treizième  siècle 
loi  donnent  le  snmom  on  le  nom  pati^onimiqne  de  Porcellos, 
Boit  qu'on  le  crût  descendant  de  l'ancienne  famille  romEÛne 
de  ce  nom,  soit  qn'il  fût  natif  de  Forcelis,  bourg  de  Castille, 
ce  qni  paraît  le  plus  vrusemblable.  La  fondation  et  la  popula- 
tion (pohlacion)  de  Barges,  gne  tous  les  historiens  lui  attri- 
buent, date  suivant  la  chronique  d'Albéida  et  les  Annales  de 
Complntnm  de  882,  el  suivant  le  Chronicon  Bnrgense  et  les 
Annales  de  Compostelle  de  8843.QueIques  écrivains  assignent 
à  tort  une  origine  allemande  à  ce  nom  de  Bui|^  qui  est  pnre- 


>  AnulMTolAdanoal,  dauFlorei,  I.  xiin,p.  ESS.- PobU  «1  Ctnde D.  DUgo 
à  BnrgoB  e  Oïlanii  en  ncccc.  —  Pobtd  el  Conde  Hodrlgo  Amaya  ira  dccccu. 

s  Diâieu,flll(uBod«ricl,Grat  cDmwlB  CMi«ll<,dit  U  UironlqiiB  AlbeUesM, 
c  6V,  CD  pui«Dl  d'itiaenieiii  toIiIiu  de  l'anBée  930  de  Vin  d'Aipigae  (881  de 
J.-C.)'  lUe  Domme  aiual  lliiiilD,fil*  de  Mnonlnt, qoi,  comme  nauriToni  tq 
«■•oiilleD,fltud«Mit  do  cUlua,deSii«rich(CMUoZerliJ,  Ttenehâlui 
gothlqae  ijo'il  comiMiidall,  et  l'abandomu  aox  amahliHDn  iinuliu,  pUM 
qo^ll  manqiull  de  moysnt  de  dérenae  ;  —  Culmm  quiMpie  Blgtrlcl  ob  ■dieiildni 
SamcenoruBi  H uslo ,  fillm  KnnnU,  eremam  dlnlill,  qnja  aoa  ■ 
■Uaniiè  DiiBltiiin  (Ibid,,Le.).  Hais  elle  mil 
)  Végari  de  Didacni  Roderict, 

3  Snb  eraDCCCcn  popaliTlt  corne*  Dldacui  Borp»,  et  OTtrna  (  Ano.  Com- 
pl«l.,  dani  Florei,  l.  uiu,  p.  ElO}.  —  Snb  en  dccccsui  popalirit  iargo» 
DIdacDi  comei  per  inuid«liii]i  TegU  Alfonii  (Omideon  BnifeBM,  p,  BOT,  HAft> 
pal.  CompDii.,  p.  SIS). 

IV.  19 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


290  mSTOIBE  d'espagsk. 

ment  lirtin,  et  c'est  sans  l'appui  d'aocnne  aotorité  qa'ik  attri- 
baent  la  fondation  de  cette  ville  &  an  pâerin  allemand  de  race 
illa8tFe,qa'llsnonuDentI!InnninsBelchiaâaE,  et  qui  se  serait 
marié  à  Sala,  flUe  dn  comte  Didacns. 

Cette  fable,  inventée,  à  ce  qae  toat  indigne,  vers  le  milieu 
du  treizième  siëde,  est  cependant  passée  dans  l'histoîie,  et 
Hariana,  Ferreras  (snivis  en  cela  par  Florez'  ),  n'ont  pas  man- 
qné  de  donner  ponr  successeur  à  Didacos  son  prétendu  gen- 
dre Tfonnins  Belchides,  et  ensuite  à  oelm-ci  rfonnios  lïunni 
Rasora  et  GandisalTos  Nnnni,  c[u'ils  sappoeeat  père  de  fer- 
dinandus  Gundisalvi^.  Ce  qui  étonne  seulement  à  bon  droit 
dans  cet  arrangement  généalogique,  c'est  qu'on  n'ait  point 
remarqué  qn'il  n'y  avait  pour  tout  intervalle  entre  l'année 
884,  dans  laquelle  commandait  en  CastUIe  IHdacns  Bode- 
rici,  et  l'année  933,  dans  laquelle  était  déjà  certiiînement 
comte  de  ce  pa;s  Ferdinandns  Gonâisalvi,  que  guarante- 
nenf  ans,  et  qu'il  était  au  moins  difficile  qn'cnssent  pn  Tivre 
et  gouTcmer  l'un  issa  de  l'antre  en  si  peu  de  temps,  Dldscus 
Boderici ,  son  gendre  Nunnius  Belchides ,  son  petit  -  fils 
Nonnios  Basura,  son  deuxième  petit-fils  GaodlsalTas  IV'un- 
nii  et  son  arrière  petit-fils  Ferdinandns  Gandisalvi,  for- 
mant ensemble  pour  le  moins  quatre  générations.  L'in- 
vraisemblance on  mienx  l'impossibilité  est  pïns  grands 
encore  ai  l'on  considère  qac  les  patrons  de  ce  système 
placent  l'éléralion  de  Nnnnias  Basura  (qu'ils  donnraft  ponr 
père  à  Gnndisalvns  Ferdinandi)  en  924,  pendant  qu'il  est 
prouvé,  par  divers  docnmen^,  que  ce  GnndïBalvns  était 
déjà  comte  en  Gastille  en  912,  c'est-à-dire  douze  ans 
avant  celui  qu'ils  appellent  son  père  3.  Ce  qui  est  certain , 

1  FlDm,  EipaS.  S»gt.,l.  xiti,  GbdmIo^b  deli>iCandMd«Cu(IIIi,p.AS. 

1  DlM  11  forma  eipa(polB  ^^*  noms  loot  dcreDol  Nnflo  NuSeï  Busr*,  Gog- 
mIo  on  Oonçilo  NnSei.tt  Fcrnto  Gaii;alei,  c'eit-i-dira  Nnnius,  fil*  de  NudIm 
llanin  (larDom),  BnndlailTiu,  Gli  de  Huanliu,  et  Fwdlntnduj,  lili  de  Gnndlut- 
Tn  (Hannliu  KnBBli,  fimidlHlTiu  Knoiiil  et  Ferdlouidiu  fiondiiilTl,  «ni  ob- 
jandaflllH]. 

*  8ib  en  PGCca.  (ns)  popvUTll  VbbIo  IfauU  Roda ,  «  SaDMlT»  TeU* 


îiqilizDdbyCoOgle 


c'est  qne  tous  les  moDamenshU(toriqoes,jii9qae  ters  le  milien 
dn  tniziètne  dècle,  noa-senlement  n'antorisent  point  h  io- 
férer  la  suite  des  premiers  comtes  de  CasliJle  donnée  par 
Florez,  mais  ne  contiennent  pas  même  les  noms  de  trou 
d'entre  enx,  Nonnios  Bdchides,  Nonnias  Basnra  et  Gundi- 
salTQB  Ifannu .  H  7  est  bien  qnestîon  de  Nannias  Nannii  ;  mais, 
déj&  comte  en  912  d'après  les  Annales  Complatenses,  il  ne 
soiraît  être  identifié  avec  Nnnnins  Basnra,  leqsel  ne  fut 
élevé,  sidrant  le  propre  dire  des  aatenrs  da  système,  &  la 
dignité  de  comte-jni^e  de  Castille  qn'en  924. 

Quel  fat  donc  le  père  da  célèbre  Feman  Gonzalez?  Far  le 
témoignagne  exprès  de  divers  dipl6mes  et  par  son  appellation 
même  nous  saroos  qo'il  était  GondisalTi,  c'est-à-dire  qne 
son  père  s'appelùt  Goadisatms.  Or,  à  nons  nons  rappelons 
les  noms  qne  la  chroniqoe  de  Sampims  et  les  Annales  de 
Complatam  donnent  aox  fondatears  on  aux  restaurateurs 
d'Osma,  d'Anca,  de  Clonia  et  de  Sac  Estevan  de  Gormaz  ',  il 
ne  peut  7  avoir  donte  qu'entre  Gundisalros  Telliz  et  Gondi- 
salTus  Ferdinandi.  Ce  nom  de  Ferdinand  toutefois,  qui  fut  û 
fréquemment  donné  aux  descendans  de  cette  famille,  est,  ce 
nons  semble,  na  indice  fort  propre  à  faire  conjecturer  qne  le 
père  de  Feman  Gonzalez  fut  Gonzalo  Femandes,  plutôt  qne 
Gonzalo  Telez.  L'bistoire  nous  dit,  comme  nons  venons  de  le 
voir,  que  Gcmzalo  Femandez,  sons  le  règne  de  Garcia,  fila 
d'Alfonse  m  et  premier  roi  de  Léon,  peupla,  eu  912,  Auca, 
Clnnia  (depuis  Comila  delConde],et  San  Estevan  de  Gormaz; 
un  autre  document,  relatif  au  monastère  de  Silos,  nous 


OMii,  •!  GnsfilTo  FcrniDdci  Co»  (A»'  dîna  11  ChrenlqQt  de  CirdiA},  «l 
OoDla,  et  S.  SicpbBTiaDi  («CDi  floTltilD  Domlnm  (AddiI.  CompInL,!.  c).  Vojfi 
aiual  U  ibronlqae  de  S«mp<ro  (nnin.  2S),  qui  meDlloiiiie  lenra  nonu  diin  toole 
■•nr  pnreli  lellne  prlmlllTc  :  PapaltTeniiit  comss  Ifannliif  Minteafi  liodim 
et  GondlMltai  TelUi  Oionim ,  et  GuodliilTiif  FerdiiiBiidl  AauoB ,  CIoDUn, 


I  VojMbMl»rréeU«M«. 


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293  msTOJU  D  BsPAOïn. 

le  montre  exerçant  encore  les  fonctions  de  comte  en  9(9  *■ 
or,  ce  sont  là  des  dates  d'après  lesquelles  on  peat  avec  toote 
Traisemblance  le  tenir  poor  saccessenr  de  Didacas  Boderid, 
et  pour  père  de  notre  comte. 

I<e  saeceseeur  immédiat  du  comte  Gonzalo  Femandez  ne 
fnt  point  cependant  son  fils  Feman  Gonzalez,  bien  que  ce 
soit  lA  ce  qu'assurent  généralement  les  historiens  modernes, 
comme  si  le  comitat  eût  été  dès-lors  héréditfùre,  mais  bien  on 
antre  Femsndei,  appelé  Mnnnins  Ferdinandi  (Nnflo  Feman- 
dez), probablement  frère  de  Gondisalvus,  à  oe  qae  semble  in- 
diquer son  nom  petronimiqne.  Il  parait  avoir  été,  comme  ses 
denx  prédécesseurs  et  ses  aaeeeâeenis,  spécialement  comte  de 
Bnrgos  ou  des  Burgosiens  (Aurç/entiutn  cornet).  Dans  le  méuke 
temps  étaient  comtes  en  Cast3lle,de]^aGe8  dont  l'histoire  ne 
noas  dit  pas  le  nom,  avec  des  prérogatives  à  peu  près  égales 
à  ce  qu'il  semble,  Aboimondar  Albus,  sou  fils  Didacos,  et  Fer- 
dinandus  Ansorli,  dont  nous  avons  raconté  la  mort  tragique 
en  parlant  du  règne  do  roi  de  Léon  Ordonias  II,  qui  les 
fît  mettre  à  mort'.  La  fin  du  gouvernement  de  Nunnins  Fer- 
dinandi doit  être  conséqnemment  placée  vers  la  fin  de  l'an- 
née 922, on  au  commencement  de  la  suivante,  qui  fot  la  der- 
mère  du  règne  d'Ordo&o  II,  dont  l'emprisonnement  et  la 
mort  des  comtes  castUlans  et  la  guerre  qui  s'en  suivit  contre 
Najera  et  Vegnera  furent  les  dernières  actions.  L'histoire  est 

t  TcpEl,  Coroiilei.  da  Sbd  BtniU,  t.  it,  «Kritnra  SA,  t.  4S7. 

*  Vajci  ct-dtTiDt  p.  121,  Doie  t,  la  puMg*  da  Bunptra  d'iprèi  leqoe]  amt 
atoni  icrli,  Lo  molna  ds  SilM,  iè\h  ph»  modcrM,  racoDte  la  thost  ci  niHiaie 
lei  qaatrs  comtai  eis(lllan)  comme  il  lait  : — Bquidein  rax  Ordanlai,  ot  eral 
proTidui  et  parfectni,  dlreiil  Bargii  pro  comlUboa,  qui  inae  etmdem  tcrram 
ragare  Tidebantor.  Bl  annt  Hnulai  FcrDaodi  Abolrnoodar,  Albuj  M  sans  fiUoi 
SidacDi,  et  FerBBDdDi  Anioril  flUni  :  Teneniiil  ad  InncMm  regli  ia  riro  qtii  di' 
cilur  Cam'vnlOïD  dlcto  TtttiiaTt,tl  nt  «il  ■  Biographe,  cor  rcgii  cl  ntmaa^va- 
riMi,  f»  noau  i>c«iNi,-Bullo  tclenic,  aicepllt  caDcllIarlla  propriit,  cepit  eo*  et 
mIcmUm  ad  wdem  BegUln  LegianeDaein  lecam  adduiil,  et  ergislnlo  carccrîi 
Inidi  Jtualt  (Hokackl  Wleuii  ChroDJcon,  nom.  IX).  —  Ltt  qnalra  comie*  bodi 
nommian  eepapio)  Nnfia  FeniaDdei,  Abobnondvr el  Blasco,  Dl4^  Abobnaii- 
dani  (Ble  d'AbolmaBder]  «t  Fcrautda  Anuirei. 


3,q,l,ZD;JbvG00gIe 


CHAPITHE  SEIZIÈHE.  393 

d'iùllenrs  muette  sur  ce  qae  faisait  alors  Feman  Gonzalez  et 
ne  nous  dit  pas  nn  mot  qni  paisse  noas  faire  penser  qa'il  prit 
parti,  soit  en  faveur,  soit  contre  les  comtes  rebelles. 

Qa'il  Yécnt  cependant  en  Castille  à  l'époqae  de  la  rébel- 
lion dont  nous  venons  de  parler  et  même  dès  auparavant , 
cela  est  démontré  par  un  acte  de  donation  en  fiivenr  du 
monastère  de  Silos,  portant  sa  signature,  celle  de  sa  femme 
Domina  Sanctia  et  celle  de  son  frère  Banimiros  ■ ,  et  il  est 
extrêmement  probable  qu'il  fut  donné  pour  successeur  à 
Nunnins  ïerdinandi  en  923  par  OrdoUo  U  lui-même.  Ce- 
pendant on  ne  voit  point  son  nom  mentionné  avec  le  titre 
de  comte  avant  l'année  932,  qu'il  envoya  des  messagers  an- 
près  de  Bamire  II ,  fils  et  successeur  d'OrdoÛo  n,  à  Léon , 
afin  de  le  déterminer  à  prendre  les  armes  contre  une  puis- 
sante armée  musulmane  qni  marcbait  vers  la  CastUle;  H 
l'on  ne  saurait  dès  lors  le  placer  avec  certitude  dans  le 
catalogue  des  comtes  castiltans  qu'à  partir  de  cette  année 
932  >.  Noos  avons  vu  que  sous  le  règne  même  de  Bamire  II, 
il  fut  déposé  de  son  gouvernement  et  emprisonné  à  Gw- 
son  conjointement  avec  un  antre  onnte  castOlan  appelé  Di- 
dacus  Hunio  (Diego  Hnfioz),  comte  d'une  ville  dont  le  nom 
ne  nous  a  pas  été  transmis  par  l'histoire  ;  qu'il  recouvra  la 
liberté  peu  de  temps  après ,  devint  beau-père  du  fils  de  Ba- 
mire, Ordonins  m,  qui  succéda  à  son  père,  et  sut  si  bien 
manœuvrer  dans  la  lutte  d'Ordoflo  et  de  Sancho ,  qu'il  de- 
meura dès  lors  à  peu  près  indépendant  entre  la  Navarre  et 
Léon,  fondant  de  la  sorte  et  léguant  à  son  fils  et  à  sa  posté- 


I  Voyu  Tepei,  CoroBlti,  nbl  npra,  et  1 1,  Mcril.  M,  f.  sï. 

>  Uoraato,  dut  KO  Une  Inllla»  :  RMIdu  UUorleu  de  lu  tnt  prefiMlu 
TwcOd(adM  AUte,  GuipaicM  j  Viiaj»,  parle  m,  Midild  I80T,  ■  pablU  di- 
van KlM  d'ob  11  apperl  qna  dé)  9SB,  FerUD  Gooialei  exerfalt  ane  aoalanl- 
neli  eD  quelque  hfea  iadépandute  an  CutiUa;  fan  de  gc*  actea  (de  WfA) 
perla  tlulmira  rai  ID  LaglMie  et  ee«lu  FerdlMudo  in  CeileUa  (p.  ias);Man 
■■tTede«T;K«tBaal«leflafr<iiBL«gleMetEoailUFeTdinudl  OvndlHlTei 
UCMM^MAtaM(p.lBT), 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


394  BisixmE  d'espagni. 

rite  ce  comté  de  Castille  qui  eet  devenu  on  royaame,  et  le 
plus  prépondérant  entre  les  royaoïnes  chrétiâis  de  la  Fé- 
ninsale,  moins  d'an  siècle  qirès  loi. 

Tds  étaient  l'origine,  le  chef  et  la  situation  de  ce  naissant 
état  lorsque  £1  Hakem  II  y  porta  la  .guerre.  Frécédemmcnt 
Ferdinaudaa  Gondisalvi  avait  en  quelques  démêlés  avec  la 
IfaTarre.  n  ^vait  été  battu  et  fait  prisonnier  avec  son  fils 
Garda  (Gacsea  Ferdinaadi),  par  Garcia,  roi  de  Navarre  (Gai^ 
âa  Sanctii),et  avait  été  amené  captif  à  Pampelone'j  maissa 
captivité  n'avait  pas  été  de  longue  dorée,  et  dans  ces  der- 
nian  ten^ ,  à  ce  qu'il  semble ,  le  danger  commun  les  avait 
Témàs. 

là  gnent  entre  la  Castille  et  Cordone  ne  se  borna  pas  ce- 
pendant au  moavemens  dont  on  a  In  le  détail  plus  haut.  Aa 
printemps  de  l'année  964  le  vasi  et  secrétaire  d'Ël  Ha- 
kon,  Gbaleb,  fit  par  ses  «rdres  une  impUon  dans  la  CastiUe , 
rencontra  et  mit  en  déroute  l'ennemi  :  puis,  l'armée  de  Gba- 
leb entra  sur  les  terres  de  Ferdinand  et  les  dévasta.  Garcia, 
nù  de  Kavarre,  ayant  enfreint  les  conditions  du  traité  qu'il 
avait  conclu  avec  £1  Hakem,  nons  dit  la  cbroniqae  arabe, 
oelai-d  envoya  contre  lui  Àttadjibj,  gonvwnenr  de  Sara- 
gosse,  qui  k  battit,  ainsi  que  l'émir  de  Castille  son  allié  : 
les  deux  émirs  chréUens  se  réfugièrent  à  Coria,  et  les  trou- 
pes musulmanes  ravagèrent  tout  le  pays  et  se  retirèrent.  £1 
Hakon  dirigea  ensoite  contre  Barcelone  ,  pndiablemeot 
dans  l'autonme  de  la  même  année ,  une  armée  commandée 
par  £bn  Ahmed  et  Attadjiby.  Tout  le  territoire  d'alentour 
fnt  mis  au  pillage  et  dévasté;  il  en  fut  de  même  des  étals 
du  oonde  de  Gastéylya  où  pénétrèrent  £bn  Hescham  et  Gha- 
lèb  i  la  tète  d'un  autre  éorpa  de  troupes.  Hais  parmi  les 
avantages  qoe  remportèrent  les  généraux  de  frontières  d'El 


1  Kn  McccuTiii  (BMJ  IbU  uvtu  mmm  F.  OmuIiI  U  fllU  «Jm  !•  Aunia 
•  rcEB  Ganli,  al  iruinlHU  Uloi  In  PiapIUlt  (Flwu,  I.  Stm,  »•<!«)• 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAPnBZ  SEIZIÈIIE.  293 

HaLem  dans  ces  diverses  campagnes ,  il  fiuit  sartont  eomp- 
ter  la  prise  de  Calahorra  en  Navarre  par  Gbaleb, ville  qu'El 
Hakem  reliàtit  et  fortifia,  et  qaî  devint  l'asile  le  plus  avancé 
et  te  boalevart  de  rialamisme  sur  le  haat  Ébre.  Catnnia  (ou 
Catobia)  située  dans  le  voisinage  d'Hnesca,  fut  aossl  priae 
et  conservée  par  le  gonverneor  de  cette  place:  c'était,  à  ce 
qu'il  parait,  on  magasin  et  nn  dépôt  d'armes  et  de  numi- 
tions  important,  et  l'on  y  trouva  de  l'argent  monnayé  et 
des  provisions  de  tout  genre,  sans  compter  les  chevaux,  les 
bœufs,  les  montons  et  les  prisonniers  qn'on  y  fit  '. 

£n  354  (965)  aucun  traité  de  paix  encore  n'avait  suivi 
ces  envahifisemeos  successifs.  Gbaleb  entra  de  nouveau  dans 
la  provint^  de  Castéylja  de  concert  avec  Attadjib;  et  Kba- 
sem  ben  Dhilnoun  ;  il  j  prit  la  forteresse  de  Gormaz,  que  les 
cbrétiens  venaient  de  relever,  et  subjugua  tout  le  pays  qui 
en  dépendait.  Dans  la  même  année  les  vaisseaux  des  Nor- 
mands reparurent  sur  l'Océan,  et  ils  ravagèrent  tout  le  pays 
autour  de  IJsbonne;  mais  le  peuple  étant  sorti  de  la  ville 
pour  leur  offrir  la  bataille,  ils  se  rembarquèrent.  El  Hakem 
envoya  des  officiers  pour  mettre  en  défense  les  cdtes  de 
r Andalousie  et  des  Algarves  menacées,  et  son  amiral  Abd 
cl  Behman  se  disposait  à  sortir  du  Goadalquivir  &  la  tête 
d'une  flotte,  quand  arriva  la  nouvelle  qne  les  Normands 
avaient  été  repousses  par  les  tribus  armées  sur  tous  les 
points  de  la  câte  où  ils  s'étaient  présent^'. 

Ferreras  rapporte,  avec  doute,  il  ett  vrai,  sous  cette  année 
965 ,  une  bataille  dans  laquelle  Ferdinand  Gonzalez  serait  de- 
meuré vainqueur  des  Musulmans  après  lenr  avoir  tué  quinze 
mille  hommes  an  siège  de  Sépulvéda  ;  mais,  outre  que,  contre 
sa  coutume,  il  ne  cite  là-dessns  aucune  autorité  ui  ancienne 
ni  moderne,  les  circonstances  mêmes  dont  il  accompi^;ne  son 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


29S  HI&TOIKE  D'BSPAam. 

récit,  le  rendent  dès  le  débat  ioadmissible.  ■  Alhagib,  dit-il , 
qui  fat  depuis  saniommé  Àlmanzor,  saivant  les  histoirea 
arabes  d'après  lesquelles  Loois  de  Mannol  en  a  fut  mention 
dans  son  histoire  d'Afrique,  possédait  la  faveur  d'Albacan, 
roi  de  Cordoae.  Voyant  que  le  comte  Feman  Gonçalez  avait 
peuplé  et  fortifié  Sépalvéds,  qui  était  fort  en  deçà  du  Duëro, 
et  servait  de  ce  côté  de  limite  aux  états  des  chrétiens  et  des  Mo- 
snlmans,  il  forma  le  projet  d'enlever  cette  place  au  comte  de 
Castllle,  et  se  mît  en  campagne  à  la  télé  d'une  puissante  armée, 
afin  de  réduire  par  là  la  dominatioa  des  chrétiens  dans  ses  li- 
mites anàennes.  Le  comte  Feman  Gonzalez,  sitdt  qu'il  en  fat 
instruit,  se  bâta  de  réunir  tous  les  hommes  d'armes  de  Gastille 
poiirs'opposeràl'ennemi,etles  assises,  s'étaat défeadas  va- 
leureusement pendant  quelques  jours,  donnèrent  le  temps  au 
comte  d'arriver  avec  ses  troupes  avant  la  prise  de  la  ville-,  il 
fondit  tont-à-coup  sur  les  Hahométans,  en  tua  quinze  nulle, 
et  contraignit  le  reste  à  lever  le  siège  et  à  prendre  bonteose- 
ment  la  fuite,  en  abandonnant  tons  leurs  bagages  '.  •  Oh  Fer- 
reras a  pris  cette  relation,  il  ne  le  dit  pas,  contre  sa  coutume, 
ainsi  que  nous  l'avons  remarqué  déjà  ;  et  en  effet,  il  n'eût  pa 
citer  aucune  autorité  tant  soit  peu  ancienne  à  l'appui  de  cette 
victoire  de  Feman  Gonzalez,  qu'il  ne  loi  fait  sans  doute  rem- 
porter ainsi  sur  El  Hansour,  par  un  anachrotiîsme  de  plus  de 
dix  ans,qne  pour  flatter  l'orgneil  castillan,  ou  ne  point  rester 
en  arrière  de  ses  devanciers.  C'est  quelque  chose  cependant, 
et  il  faut  en  savoir  gré  à  Ferreras,  d'avoir  rejeté  malgré  toat 
l'apparition  renouvelée  de  la  bataille  de  Clavijo  de  l'Apôtre 
saint  Jacques  Zebédâ  aux  Castillans,  et  les  antres  circonstan- 
ces merveilleoses  dont  Harana  assaisonne  le  rérit  de  la  fa- 
meuse bataille  imaginaire  que  son  beau  style,  comiDe  on  est 


'  FarMrw,  HltL  da  Eip«a«,  (I.  it,  p,  S*t).  — Di6  dt  repente  lobre  ta» 

HikenaluM,  defiAUBde  qatoee  »U,  hMUkdolat  ItTUiUr  H  litlo ,  hait  tetpe- 
■eMe,  T  d«)u  Wte  d  Tifife. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CBAPITBS  sKcnÈm.  297 

convena  d'en  parler,  a  popularisée  en  Espagne  soos  le  nom 
de  bataille  de  Piedra-Hita. 

Effrayé  cependant  da  progrès  des  armes  mosalmanes  et  h 
la  sollicitation  peut-être  du  comte  Feman  de  CaBtille,Sanelio 
envoya  sur  ces  entrefaites  one  ambassade  à  Cordone.  Dam  le 
conrant  deVanoée  354  (da  6  jan'vier  an  27  décembre  965),  dit 
une  cbroniqae  ^abe  ',  arrivèrent  k  Cordoae  des  enyoyés  dn 
xoï  de  Galice  et  des  seigneurs  de  Castéylya,  lesquels  Tenaient 
prier  El  Hakem  de  Tooloir  bien  faire  la  paix  arec  eux.  H 
était  naturellement  pacifique,  et,  satisfait  de  cette  démarche, 
il  leur  accorda  ce  qu'ils  désiraient,  non  sans  les  faire  traiter 
magnifiquement  à  Hédina  Zabra,  suivant  les  nobles  traditions 
de  son  père.Ces  envoyés  demeurèrent  émerveillés  de  la  beauté 
de  cette  réndence,  de  la  richesse  et  de  la  splendeur  de  l' Alca- 
çar  royal,  non  moins  que  de  l'affobilité  avec  laquelle  le  kha- 
life les  recevait  et  s'entretenait  avec  eux  dans  les  jardins  de 
son  palais.  Lorsqu'ils  repartirent  pour  leur  pays,  El  Hakem 
envoya  avec  eux  un  wasr  de  son  consdl  chargé  de  dépèches 
pour  Sancho,  et  de  lui  présenter  en  son  nom  deux  beaux 
chevaux  arabes  richement  hanucbéa,  deux  épées,  l'une  de 
Cordone  et  l'antre  de  Tolède,  et  deux  faucons  du  plus  haut 
vol=*.  Presque  dans  le  même  temps  les  comtes  de  Barcelone, 
de  Tarragone  et  de  quelques  autres  places  de  l'Espagne  orien-  , 
taie,  demandèrent  le  renoavdlement  de  l'alliance  qui  avait 
exista  entre  eux  et  le  père  du  khalife,  et,  selon  l'usage  du 
temps,  accompagnèrent  leur  demande  d'un  présent  com- 
posé de  vingt  jeunes  Slavons  ennnqaes,  de  dix  cuirasses 
slavonnes,  de  deux  cents  épées  dn  Frandjat,  de  vii^  quin- 
taux de  martre  nbeline,  et  de  cinq  quintaux  d'étain^.El  Ha- 
kem condnt  avei;  eux  un  nouveau  traité,  dans  lequel  il  sti- 


1  DaMGonde,  «.st. 

1  Ikld.,1.  c. 

S  Blllakkiri,MM.anb.4*ltinil.  NT- ■*««,(•«,  nno. 


bj  Google 


298  mSKHBX  D  ISPAOni' 

pula  toatefois  qu'ils  détroiraieat  certaines  forteresses  bâties 
SOT  la  froDtière,  et  qui  înoommodaient  les  Masolmaos,  et  de 
plus,  qu'ils  s'efforceraient  d'empêcher  les  aatres  chrétiens  de 
dépouiller  et  de  tridner  en  captivité  les  Hasalmaas  des  fron- 
ti^«s.  D'aotrea  ambassadeois  arrivèrent  de  lA  part  de  Sanche, 
roi  de  NaTorre,  avec  plnsiears  comtes  et  évèqaes  pour  solli- 
citer la  pBix,qai  loi  fat  accordée  malgré  les  délais  et  la  mau- 
vaise  foi  dont  il  avait  fait  preaTe^  La  mère  de  Boderich, 
filB  de  BUasch  (Velasco),  le  ccHUte  le  pjns  poissant  dans  l'oaest 
de  la  Galice,  conlinoe  le  même  historien,  vint  aussi  à  la 
ooor  d'El  Hafcem,  qui  envoya  i  sa  rencontre  ses  principaux 
offidem,  et  loi  accorda  la  piùx  qu'elle  sollicitait  en  &venr 
de  son  fils.  La  contiesse  était  montée  snr  nne  mule  dont  la 
bride  et  la  Belle  étaient  chaînées  d'or,  et  la  bonsse  faite  de 
soie  brodée  ea  or.  Quand  elle  {)rit  congé,  le  khalife  lui  donna 
une  seconde  audience  solennelle,  et  qaoiqa'dlee&t'déjèire^ 
de  riches  présens  à  son  arrivée,  il  lui  en  fit  de  noaTeanz,  non 
moins  riches;  à  son  départ'. 

Ici  les  historiens  arabes  nous  donnent  qnelqnes  détails  de 
phénomènes  physiques  qoi  peuvent  n'être  pas  sans  iutârét 
pour  la  sôence.  Dans  la  nuit  du  mardi  28  de  la  loue  de  red- 
)d)  (19  juillet  966),  il  parut  sor la  mer  une  flamme  on  jetde 
lumière  semblable  &  nu  vaste  incendie  (suis  doute  une  aorore 
boréale)  qui  brilla  pendant  une  partie  de  la  unit  du  plus  Tif 
éclat,  et  Calait  presqas  la  clarté  dn  jour.  II  j  eut  dans  ce 
même  mois  écUpse  de  soldl  et  de  loue  ;  l'éoUpse  de  lune  eut 
lien  dans  sa  quatorzième  nuit  (la  unit  dn  4  an  i  juillet  9S6), 
et  le  soleil  se  leva  éclipsé  le  fing^huitième  jour  de  la  même 
lune  (19  juillet  966)3. 

L'aaUwHwde  du  nu  de  Lé<m  à  E  Hakem,  que  nous  venons 


■  Elllikl(ut,iiblnpri. 
1  Ibid.,  L  c. 
1  CandB,c.M. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


de  TOIT  a^  de  concert  arec  celle  des  comtes  ou  sdgnears 
de  GastiUe  (Dayfe  al  Castéylya),  coDune  les  appdle  la  dkro- 
niqae  arabe,  dans  le  bat  d'obtenir  la  cessation  des  bostilités 
entre  les  Hnsalmaos  et  les  chrétiens  d'Espagne,  et  qoe  cette 
même  chroniqne  place  expressément  eu  l'an  354  de  l'hégire, 
c'est-à-dire  dans  l'aimée  islamite  qui  se  compte  da  6  janvier 
aa  27  décembre  965,  parait  n'avoir  rien  demandé  an  kha- 
life d'étranger  à  ce  but  politique.  Cep«idantle  succès  même 
de  cette  ambassade,  si  gracieusement  accueillie  à  Hedina 
Zahra,  en  prOToqoa  une  seconde  dontrobjet,  cette  fois, fat 
ploE  religîeax  que  poUtique  '. 

Aussitôt  après  avoir  été  réintégré  dans  sa  royuité  de  Léon, 
Sancho  avait  épousé  Domina  leresa  Ximena,  Me  du  comte 
de  Monzon  Ausur  Femandez,  et  sœur  d^  quatre  comtes  de 
Honzon  Fernando,  Gonzalo,  Ënriqae  et  NuQo  Ansnrez.  De  ce 
mariage  il  avait  eu,  eu  962,  un  fils  qni  reçut  le  nom  de  son 
lieUiqueax  aïeul  Bamire,  et  que  nous  verrons  succéder,  en- 
fant encore,  à  son  père,  soos  le  nom  de  Bamire  ÏII.  âancbo 
avait  eu  entre  une  sœor,  da  nom  de  Getoïra,  religieuse  an 
monastère  de  San  Salvador  de  Léon,  fondé  par  son  père.  Du- 
rant son  séjour  à  Cordoue,  le  roi  de  Léon  dépcfflsédé  avait  en 
occasion  d'apprendre  dans  tous  ses  détails  le  martyre  de  l'en- 
fant Pél^,  mis  ft  mort  par  l'ordre  d'Abdel  Babmantrrate- 
quatre  ans  auparavant.  Il  eu  avait  parlé  à  sa  femme  Teresia  et 
à  sa  sœur  Geloïra,  qui,  voyant  l'heareose  réossite  de  la  der- 
nière ambassade  envoyée  à  £1  Hakem,  et  animées  da  désir 
d'avoir  les  reliques  da  saint  enfant,  conseillèrent  à  Sancho 
de  les  &ire  demabder  à  Cordone.  Sampùn  attribue  formelle- 
ment à  la  femme  et  àla  sœur  duroi  l'idée  de  cette  demande''. 


I  V«lrllor*Ui,l.  iTi,  e.44. 

1  Kex  Tiro  Sudui  ulnlin  Inllt  caulUiun  au  corn  lonn  *u  6eMn  «I 
larwU  aiglu.Bt  BuntlM  miUaiM  wA  àiitaHam  CardDbui;Bt  piumt  cot- 
p«u  MMtl  Fd«fll  MtrlTTii  qd  Minn<«in  lewfeMt  11  dlébn  Ordonll  pTfndpfi 
Mb  res*  AiriHUi  lllrrriih^m  m  aoecaum  (Sti^r.  Chr., ara.  H). 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


300  msTOiBZ  d'espaghk. 

Ce  conseil  fat  Baivi  par  Sancho  btcc  plaisir,  la  circonstance 
y  prêtant  d'ailleors  merreilIeasemeQt  comme  ou  Ytent  de  le 
Toir,  et  il  envoya  de  nonveatix  légats  à  Cordoue  dans  la  ctaa- 
pagnie  de  l'évèqae  de  Léon  Velasco  chargé  expressément 
de  la  demande.  Aucun  to^te  d' autorise  à  croire ,  comme 
qaelqaes-nns  l'ont  écrit  mal  à  propos  ' ,  qae  la  même  de- 
mande eût  été  faite  antérienrement  an  père  d'El  Hakem,  et 
que  celui-ci  l'ait  refusée  :  c'est  là  nne  sapposition  gratuite 
que  les  historiens  ont  copiée  les  ans  des  antres, et  que  dé- 
ment le  texte  de  Sampiro  qui  place  d'une  mamëre  préd.^ 
le  départ  des  ambassadenrs  pour  Cordoae  dûs  la  dernière 
année  da  règne  de  Sancho,  et  leur  retour  à  Léon  dans  la 
première  de  celui  de  son  fils  et  snecesseor  Ramire  IIT, 
qui  répond  h  l'an  967  de  J.-C.  '  :  A'ob  il  suit  qne  cette  der- 
nière ambasssade  ne  saurait  être  rapportée  conTenahlenaeat 
avant  l'année  966 ,  et  ne  saurait  l'être  h  pins  forte  raison 
soos  le  règne  d'Àbd  el  Rabman  m,  mort  en  961 .  Sampiro 
dit  effectivement  qne,  tandis  qne  les  légats  dans  la  com- 
pagnie de  l'évéqae  de  Léon  Velasco  allaient  où  ils  étaient 
envoyés,  le  roi  Sancios  sortit  de  Léon,  se  rendit  en  Galice 
et  la  soumit  toat  entière  josqu'aa  fleuve  Dnrins^.Or,  c'est 
dans  cette  expédition  de  Galice ,  dont  il  nons  faut  mainte- 
nant parler,  qae  Sancho  perdit  la  vie  en  967. 

Quelqnes-uns  des  comtes,  marquis  oa  ducs  de  la  province 
de  Galice  (dans  l'acception  gothique  de  ces  divers  titres)  s'é- 
taient ,  à  ce  qu'il  parait ,  ligués  vers  ce  tempe  avec  l'ériqae 

I  Hiriuu  citre  talTM,  et  dlnn  faltlotlaui  modarM*,  TOfei  liucUiKb, 
Guchichte  àtr  OmmtljidnlnSptDlcB,  etc. 

1  Dite  coDflriDéc  par  lei  Anulsi  it  Compoilall*  qui  plterait  égalemant  U 
iriuUUoD  du  corpi  d«  Hint  P«l«(«  da  CordttM  i  Léon  «n  sel  (p.  SIS  )  :  — 
Incra  DccccLuin  mirtïTium*  «M  S.  PeUtlw  in  CordobfielinMiaTlnM- 
btnm  wt  corpu  Bini  de  Cordob»pcT91ulDBepiKoptUB,«lTaMiidiluBsMho- 
BOTiOcc  apod  Ltglonem. 

I  Et  dnin  leptM  «ni  tum  T«ltM»ne  L«ttomenil  e^icapo  lUae  pr»  pace,  «t 
IpélMCorporaMiicU  FaUtUndMrant,esrMiiMXmS«Bclul,«Slon,T«Blt(îal- 
iMdun  >  at  edooiBil  «un  wqu  id  lailui  DeiU  (Samplr.  Cfar.,  nm.  BT). 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAflIBl  SBl2lilll.  30  i 

ûe  Gompostelle  pour  la  soustraire  à  la  dommation  de  Léon. 
Les  deux  pins  puissaiis  d'entre  ces  seigoeois  aspirant  à 
l'indépendance,  s'appelaient  Sodericos  Velasconi  on  VeUsci 
et  Gondisalms  Sancdi  (Rodrigo  Velasqaez  et  Goozalo  San- 
chez  en  espagnol).  Qoant  à  l'éréque  de  Gompostelle,  c'était 
pour  lors  un  certain  Siseiiand,  de  noble  race  gothique, 
pins  soldat  qu'évêque,  fils  d'nn  comte  de  GaUce  illustre 
nommé  Herméoegilâ ,  qui  venait  de  mourir  léguant  à  ses 
héritiers  des  làens  immenses.  Ce  Sisenand,  au  retour  de  San- 
cfao  à  Léon ,  avait  obtena  du  roi  la  permission  de  faire  for- 
tifier Compo^teUe  ponr  la  mettre  à  l'abri  des  courses  des 
Normands  qui  venaient  de  se  remontrer  sur  les  parages  de 
la  Galice,  et  il  avait  si  bien  fait  que  son  ûége  éjàscopal 
avait  pris  l'aspect  d'nne  véritable  forteresse;  il  l'avait  fait 
entourer  de  mnraillea  flanquées  de  tours,  de  lai^  ciroon- 
vallations  et  de  fossés  profonds  remplis  d'eaa.  L'histoire 
l'accuse  d'avoir  opprimé  le  peuple  pour  ces  travaux,  d'a- 
voir opprimé  son  éghae  pour  élever  des  palais  i  son  usage 
et  pour  édifier  des  monastères,  notanmieat  ceux  de  Cinis, 
de  Sobrado  et  de  Caneta,  d'avoir  enfin  détourné  les  rentes 
ecclésiastiques  pour  en  faire  des  largesses  aux  siens  immo- 
dérément et  sans  compter.  Les  faits  snbséqnens  démontrent 
aussi  qu'il  y  avait  alors  en  Galice  un  jenne  enfant  de  roi 
pour  lequel  la  faction  i  la  tète  de  laqueUe  étaient  les  per- 
sonnages qne  nous  venons  de  nommer  parwt  avoir  tra- 
vaillé en  secvet  ;  nous  voulons  parler  du  fils  d'Ordoih»  III 
de  Veremundus  ou  Vermude,  qui  n'avait  point  succédé  à 
père,  mais  qne  nous  verrons  régner  h  Léon  après  le  fils  de 
Sancho  sons  le  nom  de  Bennude  II,  et  qui  fat  le  père  dn 
chroniqueur  Sampirus,  évêque  d'Astorga,  une  de  nos  prin- 
dpales  sources  ponr  l'histoire  de  ce  temps  jusqu'à  la  fin  du 
règne  de  Ramire  III,  où  s'arrête  sa  chronique.  Veremundus 
aion  que  les  mêmes  faits  le  démontrent  encore,  possédait 
de  grands  biens  en  Galice  et  il  était  d'nn  âge  qui  permet  dç 


>;,l,ZDdbyC00g[t' 


303  aiSTOIHS  d'esfagsb. 

lui  sapposer  dès  Ion  nn  parti  formé ,  oo  commençant  &  in- 
trigaer  en  ea  forenr,  le  même  qoi  devait  le  porter  à  la  royauté 
([oelqnes  années  plus  tard  (en  982]  '.  Ces  causes,  et  d'an- 
trea  encore  peut-être,  qoi  échappent  &  notre  appréciatioa 
à  la  distance  oà  nons  sommes  des  événemens,  étaient  ce  qui 
appelait  Saneho  en  Galice  an  moment  dn  départ  poor  Cor- 
done  de  l'ambassade  à  la  tête  de  laquelle  était  Velasco.  San- 
eho passa  les  mont<;  et  soumit  la  Galice  Kps  trop  de  pdae, 
à  ce  qn'il  semble,  jusqu'ao  fleuTe  Durios,  ainsi  que  nons 
l'a  dit  déjà  Sampiro.  Gompostelle,  malgré  ses  fortifications, 
ne  résista  point  au  roi  et  lui  onTiit  ses  portes.  €ela  s'expli- 
que par  la  haine  qu'inspirait  Sisenand  an  peuple  qu'il  avait 
ehai^  de  travail  et  d'impdts.  Les  violences  et  l'insoumis- 
sion de  l'évêque  obligèrent  le  roi  k  quelque  sévérité,  et  il 
le  déposa  et  mit  à  sa  place  Bosendus,  saint  personnage  dont 
noos  aurons  occasion  de  parler  dans  b  suite  de  cette  his- 
toire*. 


1  Vtrirainih*  dntlt  «Tolr  de  dh-tept  1  tlngt  uuengGTitlleal  TT*t  qiini 
nlt  ni  ipi4a  U  répadUtlom  a'DrtMa.UU  da  ttntm  0«m>lw,  pir  Ordofc  lU  [d« 
900  kSKS)  d'une  tDlnèpoaiBnanunêeGtloire:— Aliimdiiillaiorem  Domine 
Gclolnm,  «x  qna  pnnlt  Veramandsia  R«scid,  qol  podigrieoi  hït.  Maidea  le 
enril  ceptDdmt  fili  aon  d'OHenlu  UI ,  nitl»  d'un  mue  OTdojilw ,  Ib  ds 
Frolla  n  ;  ce  qui  eipllqaneli  uiez  bi«D  M  pTipandiruce  «n  (iillc«,  et  cam- 
nepL  II  y  ■lalt  dai  poueulom  consldénblci. 

1  Vold  le  enrleai  el  IdbiImu  puaige  d«  U  cfanulfae  it  CMipMttlhi  ok  Lbh 
cetUUMDtreltUi.Qaoiqa'eDill  dit  Floni.U  n'ja  rlanli  qae  dslréepUo- 
■Ible.  —  Posl  Bertnlglldom  SliueDdui  lim  diacouLiii  ardlne  fancliu,  Xenendl 
comltliailiii,lnoi4ineiii  loco  ttatU  td  coiuMritnr  epiMOfai.  fflcBDblIlbH 
artu  uaiftlibDi  coin  pitentom  eeliUadlBa  diTm*nmqoe  opoleoUi  «BltiCDiliB 
ciwllaretur,  lat  ordinii  iiiuaemor,at  ceiiailicacBDtDrMeipfn  cm»  RageSincIo 
■eeepto  aonillto  proptet  boititllalll  dlrim  •artunqne  InWTfiDDeia  HennaiioniD , 
ac  Vrandamlimi  pr«danun  diipendlo  GalladUB  lapeaffltlenliua,  De  farte  Be*- 
tlssimi  Jocobi  ApoiioU  Tcnerabile  corpui  ab  illanim  boatlnm  accnpailene  anblia 
optretar,  llrgfta  arehllecli*  mnnfDïentta,  ac  pleblbiu  Ubort  ImpUdli*,  elrcom- 
qwkqaa  eom  iociim  lanctoni  nmvlamj  tDrriDmqae  mnallloiie  ec  prefcodli  fat 
lotDm  toull  aqna  ciTcamtuM,  Dl  locua  aanctni  tutni  ratai,  soinaiopeTe  dogi 
prKCtpil.  Sed  CBm  nlmluni  aiacallTie  cl  païen*  eral,  tamilla  EccImIb  ion  op* 
praatioiM  fanpoilU,  nt  a»  Palati*  et  Hanagtarla  alla  ,  Cialentam  ac  Bopetatint 
CanelamqoBairtniieceDdeTtDltMt  Dpcaeeeleiieetlcif  Dtalo  dlalribenda  paranll- 
hn  iocDDcmifTct  InmAderite  brflnlar,  el  cnni  cnncte  itfl  Buda  mU  II*- 


i.vCoogIc 


CBAFITBt  SEIZlildE.  303 

El  Hakem  Toulnt  iaaietaer  étranger  à  cet  diffîntidB.8on 
caractère  natorellement  pttdfiqoe  1'^  portait  ' .  C'ait  ainsi  que, 
lorsque  ràit  i  Cordone  eeXta  ambassade  d'un  caract^  sin- 
gnlier  doot  parle  Hakkari,  h  la  télé  de  laquelle  était  la  mire 
de  Boderich,  fils  de  Bilveh  (Telasoo),  El  Hakem  reçnt  par- 
faitement la  comtesse,  mais  n'entra  point  dans  les  rewenti- 
mens  fondés  on  non  de  son  fils,  et  snrtoat  ne  lenr  prêta  aocon 
secoon.  De  ce  moment  même  tontes  ws  pensées  aonlrièrait 
consacrées,  antant  qde  la  dignité  dn  fehali&t  le  permettait, 
«a  à  renonveler  les  andetmes  trêves,  on  à  Tirre  ai  paix  arec 
ses  voisins,  et  U  entretint  des  relations  d'amitié  areé  la  pin- 
part,  sans  jamais  prendre  parti  ponr  les  nns  contre  les  antres. 
En  ce  temps-ld  (dn  27  Aécembte  965  an  Ifi  décembre  966), 
nous  dit  à  ce  snjet  une  chronique  mosnlmane,  Thirent  À  Cor- 
done beanconp  de  pnissans  personnages  de  TEspagne  orien- 
tale et  des  montagnes  d'Kl  Frank,  de  DJalékya  et  de  Castéylya, 
et  tons  étalent  bien  et  hononblement  accneillis,  par  soite  de 
la  justice,  de  la  bonté  et  da  noble  caractère  d'El  Hakem  : 
qaelqnes-nns  de  ces  cbrétiens  demandaient,  dans  l'intérêt  de 
leurs  factions,  qne  le  khalife  dédarât  la  guerre  am  antres 
chrétiens,  et  beanoonp  de  son  conseil,  ainsi  qne  les  walis  des 

rent  ,  tmft  ib  ta ,  et  1  Dotnlnli  lad  Esnctl  naiillM  ftalt  nt  tctliplcerel  tt  m 
emeaiUreti  lad  ifali  taperbiu,  ei  «Ul iinguinli  eril,  «nendirl  fanlcmpail.  Bit 
n«I«  clnuMiiln  rtTelïUi,  illam  eepit  Suciu  »«»,  Uneriqne  prac^in  ;  cofu 
lofo  wnct[iiiiDDS  Tir,  el  lllnitrl  copuiioDoproEenlIai,  Bodulndut  la  icde  jlpo»- 
tollct  Tiii  leTtlntepiKopu  (Chion.  Irlem,,  nain.  9). 

■  LekLalireElHonstuuslTétaltfartimldclipili.dHiiDecbrODtqiie  trsbs, 
el  il  cbetchi  t  U  cftnienel  btcc  \r»  chrélieni,  milgri  queiqnet-nni  de  itt  walij 
de  hoDllèrs.  On  riconte  que  Ita  censella  qn'll  at*jt  coalama  de  donneT  à  ion  SU 
Heictiam  finliukDt  tgoioan  par  «etle  iBcommindilloD  :  n  Rb  fUiporm  la  gnmo 
MD*  D£ceuilé.lliliitteiu  U  pali  jioor  ton  bonbcnr  el  celai  de  te*  penplei,  el  ne 
lire  ion  épie  qna  coDire  lei  IbÎdiIu  :  quel  plafilr  j-t-ll  t  envfbli  et  t  ditralra 
dM  tIUbï,  à  ruiner  del  éliU.el  k  porlet  le  d^l  •)  la  mari  «ax  nltémlt^  de 
U  lerre^.GonTeiDelegpenplfi  en  paix  et  «Tec  J aille e,  une  te  lalwer  tblanlr 
par  le*  hniMi  nuiimei  de  U  Yaulli  :  qne  la  Jnillce  loll  comme  «m  eau  tos- 
Joan  claire  et  limpide  ;  nudère  tei  yeni  ;  mêla  nn  frein  4  l'ardear  da  lea  di- 
airi  ;  coBBe-iel  en  Dlea,  et  la  utlTeiu  née  tirénlit  an  patilble  (erBS  it  tct 


>;,l,ZDdbyC00g[e 


304 

frontiàres,  dëaiTaieiit  des  ooeaeàonB  de  niptore,  c'estrà-dîre  de 
monremeat  et  d'avauoenienti  mais  El  Hakem  leur  répon- 
dait par  ces  paroles  du  livre  de  Diea:  ■  Sojezfid^ies  à  garda- 
Toa  traités,  car  Diea  tous  en  demandera  compte  ^.  ■ 

Après  la  dépositioQ  de  KBeuaiid  à  Compostelle,  Sancfao  ne 
voyait  plus  d'ennemis  onverteaiait  difdarés  contai  loi  qu'au- 
delà  dn  Daero,  où  Gandisalvos  8ancii  avait  levé  une  année, 
et  semblait  se  préparer  à  réàster;  il  passa  le  HinbOjS'aTaneaot 
vers  Gonzalo^*;  ceimoaTement  parât  assez  redoutable  an 
eomte  pour  l'engager  à  faire  mine  de  se  Boomettre,  on  platdt 
de  voïdinr  traiter  avec  le  roi  ;  il  loi  envoya  des  l^ats  et  Ini 
donanda  nne  entrevue  ;  an  mtnns  est-on  fondé  à  l'inférer  du 
passage  de  Sampiro  relatif  à  cet  événement  j  mais  cette  de- 
mande cadiait  un  pi^.  L'entrevue  eut  lien  eu  effet,  on  ne 
Dons  dit  pas  où  ;  et  Gonzalo  fit  servir  au  roi  un  fruit  em- 
poisonné auquel  celui-Gi  n'eut  pas  plutôt  goûté  qu'il  se 
sentit  défaillir  et  tranùr  ;  l'^et  dn  poison  le  aaisit  an  cœur, 
mais  sans  le  tuer  &  l'henre  même.  Moitié  par  gestes,  moitié 
par  des  parole»  entrecoupées,  Sancho  eiprima  le  désir  d'être 
sur-le-champ  ramené  à  Léon;  mais  le  troisième  jour,  il  mourut 
,  an  monastère  de  CastriUo,  en  Riba  de  Miaho  ^. 


■  Coid<,c.90. 

1  MtfdBU  rappelle  Iré*  bien  Goni«lo  Siitchai,el  bob  pu  Gooiilet,  cMine 
l'onl  fiil  qaalqaet  hUtorlsni  maderiui.  (Votm  cl-d«(ut  p.  S90,  note  S.] 

3  CMtrumHInel,  injoard'hnl  S.Huiide  Cutrallo,  *arle»  rlrei  da  HlmhOii 
qatlre  lisueteaTlron  iQ-deHoni  d'OrcnH  (Tofeills  Chronluin  Irienic,  D.  10). 

te  leite  otI^urI  de  Simplra  perla  :  —  Que  «adlle  GnudlulTai  qui  cdd  cnl 

ulltB  DurnsD  illnd,  cangregato  migne  esntlm,  Tenil  tuqae  «d  ripam  Ipalns  ■■- 
min»,  dclndâ  miuli  nanlili,  et  conjDritione  hcU  ne  eioWerel  tributam  ex  IpM 
lerrs  quam  tencbil,  caUlde  ■dTcni»  RcfemcoslUnl,  Tenenl  pocnla  illl  in  ponta 
^ireill  :  quod  cum  ^ilnuol  BeT,  lensil  cor  laDin  immuutom;  tileoter  ihdhI- 
Mjm,  fetllDDicœpilremeare  ad  LegloDein  :  In  IpioUiaere  die  tertio  Titam  But- 
ait (Bunplr.  Chr.,  ddoi.  31).  —  L'auteur  du  Chronlcon  Irlenia  aioate  qoelqoea 
FraiU  h  cf  récit  qui  en  iclalrenl  qnelqnu  clrcanilaDcei  :  Stoaliu  Tera  m.... 
f  um  ForlDgiiUDail  reglonli  Comlllbai  lab  fnrtmeDti  tIdcuIo  6rmm  paell  fœdaa 
coDitliuili  qaldam  GnndUalTua  Coniul  Inier  celer*  dlTenarnm  epolaminferealB, 
païUferi  lensDi  ponlo  lorecta,  patavil  loiDineDdam  e>cti&eircananleiit«r  dt- 
r«it,ett.  (Chr.  Irlenl.,  nnin.  10,  p,  eOB). 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAPTTBX  snziba.  305 

Cette  dernière  drconstance  peut  faire  snpposer  qoe  l'en- 
trerne  eut  lien  phis  près  da  Minho  qne  da  Donro,  proba- 
blement dans  la  province  actuelle  d'Sutre-Donro-e-Hioho  ; 
sans  cela,  je  veax  dire  à.  l'entreToe  eût  en  lien  même  en-deçà 
da  DoDi«,  dans  la  province  de  Tras-cs-Hontes,  par  exemple, 
le  plus  ooort  chemin  de  cette  province  à  Xjéon  n'eût  pas  été 
de  renuHiter  vers  Orense,  pour  passer  de  là  à  Léon  par  les 
rives  da  Sil  et  Poente  de  Santo  Domingo. — Ainsi  finit  Sancbo 
le  GraB.  Son  corps  fat  transporté  à  Léon,  et  fat  placé  près  de 
celai  de  Bamire  II,  son  père,  dans  les  c^Teaax  de  l'é^^  de 
San  Salvador.  Il  avait  régné  dooM  ans  et  on  mois ,  de  la  moitié 
d'août  955  à  la  moitié  de  septembre  967  (à  part  l'intervalle 
de  l'marpalion  d'Ordoûo  IV,  l'Intrus  on  le  Mauvais,  qui  oc- 
cupa Léon  trois  ans  et  demi  &  peu  près,  depuis  les  derniers 
mois  de  956  jusqae  dans  les  premiers  mois  de  960). 

Noos  avons  dit  que  l'année  même  de  sa  rentrée  à  Léon , 
Sancbo  avait  épousé  Domina  Térésa  Giména,  sœur  da  comte 
de  MonzoaFerdinand  Ansurez ,  et  fille  par  conséquent  d'An- 
gur  Ferdinandez ,  comte  de  la  même  ville  ^.  Dans  l'acte  de 
fondation  de  Véglise  ou  aUwye  de  Husillos ,  qui  nous  ap- 
]n%nd  quelle  était  la  famiUe  de  la  femme  de  Sancho,  de 
m&ne  que  dans  un  autre  diplôme  de  l'église  d'Oviédo,  de 
l'ère  1014  (976),  elle  est  nonunée  seolement  Tarasia  ">  ;  mai» 
dans  un  autre  acte  de  donation  de  la  même  église,  de  l'ère 
1016  (978),  son  fils  Ramire  III  dit  qu'il  fit  la  donation  dont 
il  7  est  question  du  conaratement  de  sa  mère  Gimëna^;  elle 
se  nommait  donc  aussi  Giména.  Il  semble  d'après  cela  que 
ces  noms  de  Giména  et  d'Urraca,  si  ctH&muns  alors  et  depuis 
en  Espagne,  n'étaient  pas  de  simples  appellations,  mais  des 
somoms  donnés  aux  fenunes,  en  raison  de  quelque  drcons- 

■  Vojn  l'icts  de  foDdcUoD  de  Tt^lm  on  whbtj»  de  HniUtoi,  d*u  Vonlte, 
1.  3.TI,  c.  44. 

»  TaneU  ganittis  Bulmiri  Rerli,  Ub.  SeOu  Oitl.,  ^  ts  b. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


3m  msTcnu  D'upâotat. 

tance  partiealière  de  leur  caractère  oa  de  leur  beauté  ;  et  cela 
expliquerait  astsez  bicB  pourqaoi  ila  étaient  si  irëquenuoent 
donnés,  dans  le  Biède  sortoat  où  Tirait  la  mère  de  RamiielU 
ù  des  femmes  ajant  déjà  on  autre  nom  d'une  forme  latine 
ou  germanique  '.  Ou  trouve  quelques  antres  ootices  de  la 
reine  Térésa ,  femme  de  Sancbo ,  dans  divers  act^  de  fcm- 
dation  ou  de  dotation  d'égbses  de  ce  temps,  dans  un,  entre 
aubes,  rapporté  par  Bei^anza,  où  l'année  de  l'ère  d'Espa- 
gne qui  répond  à  960  de  J.-C,  date  de  oe  diplôme,  est 
désignée  comme  celle  aussi  4u  retour  de  Sandio ,  de  Cor- 
done  à  Léon  '.  Or,  comme  la.  reine  y  est  nommée  avec  eoB 
mari,  il  soit  de  là  que  Sancbo  avait  épousé  Térésa  l'atmée 
même  de  ce  retour  en  960.  Bamire  dut  naître  de  leur  union 
l'année  suivante,  on  au  plus  tard  dans  le  cirarant  de  962, 
SampiruB  et  le  moine  de  Sfloe  lui  donnant  dinq  ans  lors  de 
la  mort  de  son  père  en  967. 

Le  fils  de  ce  roi  traitreus^ment  empoisonné  en  Galice,  Ra- 
mire,  bien  qu'à  peine  Agé  de  cinq  ans ,  comme  nous  venons 
de  le  dire ,  fut  néanmoins  donné  pour  successear  i  son 
père,  sous  la  tutelle  de  sa  mère  Térésa  Giména  et  de  sa  tante 
Géloïra,  relig^use  du  monastère  de  San  Salvador  de  Léon  ; 
ce  fut  dans  les  premiers  mois  de  cette  r^nce  que  revint 
de  Cordoue  l'évéque  Velaseo,  et  que  se  fit  par  ses  soins,  de 
cette  ville  à  Léon,  la  traiwlatj<m  du  corps  de  saint  Pelage, 
en  vertu  du  dernier  traité  contracté  avec  El  Hakcm  ^. 

La  même  année,  ou  plus  exactement  sur  lea  entrefaites 


■  Voyei.pogr  lo  nom  il'Drriu,c«  que  Douf  en  itoiu  dit  précMemnNDl, 
p.  180. 

1  Bctfiaii,  I.  i,p.  aiS.— Tojei  bhhI  S»idOT*l|Ciaca  (HiiJiiiM.p.  149,  «IFa*- 
dieio  de  Salugaii,  m  et  00. 

1  SiDcio  difdnclo  Bllns  ejiu  Binimlni*  bibent  •  ntllTilite  udm  t  tnsccpit 
ngBDU  p«irU  lui, contlneDi  m  com  comlUo  aegliM,el  inlUa  «us  Dobum 
GolorlB,  DcD  ileToia ,  et  prndeDiIsslpitt.  fi«biiit  paccin  cnm  Bunoeata  ,  et 
corpui  »Dcll  FeUell  miniTis  ex  «i«  rcccplt,  el  coin  rdifioill  qiwcopli  in  cItI- 
lUa  t^ODCBil  tDiBDUiU  <Suiplr.  Gbr.,  non.  SB}. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


207 

mtaies  del'âeetioil  de  l'enfant  Ramire  à  Léon,  Tévéque  Sis- 
nand,  que  Sancho  avait  banni  de  son  évécfaé  de  Gompoetelle , 
en  vint  reprendre  possession  à  main  armée.  A  la  mort  du 
roi,  dit  la  chronique  d'Iria,  Sisnand  se  mit  en  liberté  {sol- 
mlur)f  et,  dans  la  nuit  de  la  nativité  du  Seiguenr,  entra 
chez  le  bienheureux  Jacques,  c'est-à-dire  à  Compostdle,  en 
armes* et  revèta  d'une  cuirasse'.  Noos  ne  saTons,  ajoute 
l'antenr  de  la  chroniqae,  devant  lequel  des  deux  autels  (ce- 
lai de  saint  Jacques  ou  celui  de  notre  Seignair)  il  fit  sa 
prière,  ou  même  s'il  la  fit'.  L'épée  à  la  main  cependant,  il 
pénétra  violemment  dans  le  dortoir  où  l'évéqne  Bndesind 
était  i  dormir  avec  les  antres  seigneurs  ses  compagnons  K 
Sisnand  s'approcha  de  sou  lit  et  en  souleva  la  couverture  h 
moitié  avec  la  pointe  de  son  épée;  réveillé,  l'évëque  Bnde- 
sindns,  homme  saint,  mais  craintif  et  timide,  reconant  son 
rival  et  comprit  les  motlfe  qui  l'amenaient  à  pareille  heure, 
à  la  vue  de  cette  épée .  nue  qui  menaçait  sa  poitrine  ;  il  se 
leva  sur  son  séant,  non  sans  rappeler  à  son  ^ressenr  le  mot 
da  Christ  pro|diétisanf,  à  qui  se  sert  de  l'épée  qu'il  périra 
par  l'épée  ^  ;  puis,  «aas  disputer  plus  longtemps  un  siège 
épiacopal  revendiqué  de  la  sorte ,  le  saint  évéqne  prit  ses 
habits  et  s'en  alla  dans  son  monastère  de  Cella-Nova,  mo- 
nastère qu'il  avait  fondé,  xlont  il  était  moine  et  d'où  l'avait 
tiré  le  roi  Sandio  pr>ur  le  mettre  à  la  place  de  Sisnand  Ion 
de  la  dépoùtion  de  (»lni-ci ,  et  il  y  vécut  tranquille  jusqu'à 
sa  mort  arrivée  dir:  ans  après  ^.  Quant  à  Sisnand,  il  occupa 


I  Ad  Dbiliui  Bagi*  fflinuKIni  Mlillur,  el  In  Ttipcte  Naulii  Dfil  td  B.  Jieobnm 
veall,  IndalDi  «nnii  el  tbonee  (Chr.  Irlsni.,  e.  II> 

1  Blneidmu  Dtrom  tnts  iliirs  DnUnem  [turlt,  an  dob (Ibid.). 

>  Tracla  cdm  itilcnUt  inlriTlt  dormilarium  abl  Radwladat  tplicopas  cnm 
■liii  Dflli  ciMnioribu  dormieiu  fatabnl (ItddO 

4  Sed  cuin  ipielila  euli  tooptctoriniii  loparta  leTurct,  Badcilndiu  eptacopu 
Tir  sanclu  aipMgehclDi  t\  limldai  maledliil  el  dtc«ni  :  Qui  gladio  operablior, 
gUdio  pciiblu 

5  IUd.,«t  (taw  kf  Bo)liMll«U«,  Ml.  Tit.  BuMl.  Rad«ilBd,  Mc 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


30R  msToniB  d'espaoni. 

quelque  temps  encore  le  siège  où  il  s'était  ainsi  rétabli  à  la 
poiote  de  l'épée  dans  la  nuit  de  Noël  967  ^  mais  il  périt  en 
effet  par  l'épée,  comme  le  lai  avait  prédit  Bndesind,  an  com- 
meacement  de  la  deuxième  année  da  règne  de  Ramire  (969). 
1  Ed  cette  année  les  Normands ,  noos  dit  Sampiro,  ajaat 
abordé  en  Galice  avec  nne  flotte  de  cent  navires  sons  le  com- 
mandement d'un  de  leurs  rois  nommé  Gnndered,  et  ayant 
porté  le  ravage  et  la  mort  autour  de  saint  Jacques  l'ApAtre, 
tnèreut  l'évëque  dn  lien  nommé  Sîsnand  et  ravagèrent  tonte 
la  Galice  jusqnes  aux  monts  ou  Alpes  d'Ecebrarînm'.  >  Les 
monts  ou  Alpes  d'Ecebrarînm  sont  les  montagnes  qui  bor- 
nent au  nord-est  le  district  de  la  province  actnelle  de  Lugo 
appelé  El  Cebrero,  montagnes  cpuvertes  de  neige  comme 
les  Alpes  pendant  qaatre  mois  de  l'année,  dans  nne  étendue 
de  trois  à  quatre  lieues  de  long  sûr  nne  lieue  à  peu  près  de 
laige,  et  anxqueUes  les  premiers  lialntans  du  pays,  les  Galls, 
avaient  donné  sans  doute  ce  nom  celtique  d'Alpes,  qui  sub- 
sistait encore  dans  le  pays  ^  la  fin  do  dixième  siècle,  et  que 
révi^qne  d'Astoi^  leur  a  conservé. 

La  chronique  d'Iria  est  plus  explicite  encore  sur  la  mort 
de  notre  évèque  batailleur  Sisnand.  Le  jour  de  la  Mi-Caréme, 
nous  dit-elle,  voilà  que  se  présentèrent  à  lui  des  messagers  an- 
nonçant que  les  Normands  et  les'  Frisons  et  un  grand  nom- 
bre d'ennemis  arrivant  de  Joncarinm  (le  port  de  Junqueira), 
et  se  portant  sur  Iria,  emmenaient  en  captivité  tons  ceux, 
hommes  et  femmes,  qu'ils  renconlraitnt  sur  leur  chemin,  dé- 
vastant et  dépouillant  la  province.  Ce  qu'ayimt  entendu,  l'é- 
vèque  Sisnand,  comme  un  furieux,  et  couvert  de  ses  ar- 
mes, courut  après  eux  jusque  dans  Fomelos,  oil  les  ayant 


■  Addo  n  neol  sul  (RaolBiri]  c  cloues  KortminDoroBi  aim  nge  ii»  nondae 
Gandercdo  Increiw  >unt  ortie»  GallKcia,  ol  ilrigu  molUi  hciecWi  In  gyr» 
HDcU  Juobl  ApoilDlI  eplicopom  loct  ipilni  glidlopcmneniDt.noiniiie  SIidrd- 
dnm.ac  taUip6iU«ci(Ç)deTuUTenDt,ii»qaeqD(iperTFMr!iBl»dAliM*ino9lN 
Ectbiirii  ClbW.).  ,    .  .... 


>;,l,ZDdbyC00g[c 


CIUPITRB  SEIZIÈÏU.  30'J 

rencontrés  et  s' étant  jeté  sur  enx ,  il  trooTa  la  mort  au  mi- 
lieu de  leur  année  '. 

Pendant  nne  année  encore  ces  Normands  ravagèrent  la  Ga- 
lice, 7  rançonnèrent  les  riches,  chargèrent  leurs  vaisseanx  de 
dépouilles  et  d'esclaTea  \  et,  des  ports  de  cette  province,  les  en- 
voyèrent à  plusienra  reprises,  à  ce  qu'il  semble,  vers  lea  points 
'  de  la  mer  occidentale  où  dominaient  des  hommes  de  leur 
race.  Il  ne  paraît  pas  toutefois  qu'il  entrât  dans  leurs  plans 
de  8' établir  en  tïalice  &  demeure  fixe,  à  l'exemple  de  cette 
troupe  d' aventuriers  de  leur  nation  qui,  sous  leur  chef 
Bolf  ou  Bollon,  avaient,  entre  895  et  9 12,  fondé  un  état  puis- 
sant dans  la  province  des  Gaaies  appelée  autrefois  IVeostrie, 
et  qui  fut  appelée  Normandie  de  leur  nom.  Depuis  qu'ils 
étûent  devenus  puissance  territoriale  et  qu'ils  s'étaient  alliés 
par  des  mariages  avec  les  derniers  rois  f  ranks  de  la  descen- 
dance de  Charlemagne,  les  Normands  de  la  Normandie 
avaient  renoncé  à  leur  ancien  métier  de  pirates  et  commen- 
çaient à  oublier  leur  langae  pour  ne  parler  que  la  langue 
roBiane  on  française.  Leurs  propres  compatriotes  ne  les  appe- 
laient pins  guère  que  Français,  Romans  ou  "Walles,  comme  le 
reste  des  habitans  de  la  Gaule*;  mais  le  Danemarck,  h  Nor- 
wège,  la  Frise  et  les  Flandres  rego^eaient  d'hommes  qne  le 
goAt  des  expéditions  maritimes  entraînait  h  chercher  for- 
tune de  ce  côté.  Pendant  tonte  la  seconde  moitié  du  dixième 
EÔècle,  des  pirates  de  race  Scandinave,  danois  ou  norwégiens, 
renonvelèrent  leurs  pillages  et  leurs  dévastations  sur  les  cô- 
tes de  la  mer  Atlantique,  des  rivages  de  l'Aqaitaine  aux  riva- 
ges de  l'Andalousie,  et  l'Ustoire  nous  montre  encore,  sous  le 


1,  et  ECU*  mnlta  inimleanun  Tcnlcni 
w  In  lUnars 
Lo  indito  Bpll- 
MiMlai,  tt  Ib- 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


310  OffKHBE  D'ESPAOIB. 

r&gne  da  dac  GaDlanme  IV  d'Agaitaine,  nne  troape  de  ces 
loaps  de  mer,  en  partie  chrétiens,  en  partie  païens,  prenant 
terre  sur  la  cAte  da  Ba»-Poitoa,  et  la  soameltant  aa  vieux 
droit  qu'ils  nommaient  Strandhug  ou  presse  des  Tivres,  pre- 
nant les  troupeaux,  tuant  les  hommes,  et  ne  se  rembarquant 
qu'après  avoir  livré  aux  flammes  les  villes,  les  cbùteaux  et  les  . 
bourgs,  enlevé  an  grand  nombre  de  prisonniers,  et  fait  un  dé- 
sert des  églises  et  des  monastères  '.  La  Galice  ét^itsoomise  aux 
mêmes  ravages  à  l'époqae  oi!i  nous  en  sommes.  Les  dépréda- 
tions des  Normands  autoar  de  Saint-Jacques  de  Gompostelle , 
(car  Us  n'osèrent  pas  en  entreprendre  le  siège),  et  jusque 
sur  les  terres  qui  ont  formé  depuis  l'Enbre-iDoaro-e-Mialio, 
tqipelèreot  à  la  fin  l'attention  des  anciens  maîtres  du  pajs  ; 
les  principaux  comtes  de  la  région  voisine  du  Daero  s'émn- 
rent  des  progrès  de  cet  ennemi,  qui  devenait  chaque  jour  plus 
menaçant;  ils  levèrent  leurs  hommes,  et  mirent  à  leur  tête  le 
plus  paissant  d'entre  leurs  purs,  savoir  ce  même  duc  ou  con- 
sul Gonzalo  Sanchcz  que  noua  avons  tu  empoisonner  le  roi 
Sancho.  "  Le  comte  Gundisalvus  Sanrâonis  donc,  nous  dit 
Sampiro,  au  nom  du  Seigneor  et  en  l'honnenr  de  saint  Jac- 
ques l'Apôtre,  dont  ils  avaient  dévasté  la  terre,  alla  au- 
devant  d'eux  avec  une  armée,  et  ravagea  aussitôt  la  batoille. 
Le  Seigneur  lui  donna  la  victoire;  il  les  fit  ,tous  périr  sous 
le  glaive  ensemble  avec  leur  roi,  et  brûla  leur  flotte,  aidé  de 
la  clémence  ^vine".  » 

'  InSntl*  mnllludo  Horlinintiofaiii  ei  Dinenindi*  el  Tre»cb»  legloM 

•mil  coDâdeniu ppBkrnnt  pariain  Aquliuknm,   lait*    Vittattnm 

lerminoi,  «l  ilcot  inllqui  parenlei  eorom  FaGiDl  Aquilaolta  ruri  dcpopaliU 
•QDt,  tu  et  latt  mlxtlm  Cbrlitia^,  mliUm  Paguil,  BoilrM  tIcm,  euuUa,  el 
clTlUtM  eoMll  tanl  fiimmti  eombnretB,  •tpopnlBmclirU<l»ii^(Mro  aiw- 
beran  *t  capllTira  ,  el  EcdulM  D«l  et  monulerti  dnerUre  (Aq»IL  KM., 
trag.,  p.  80)- 

î  Com«i  iuqae  CwiaiMlTW  Siiielonii  In  bobIm  TttmltX  el  tant»*  nact) 
lawbl  ApostoU,  co|w  ttmiB  aeTuUnrnnl ,  Mltil  cinn  «iwdUi  migtw  A- 
*lim  illli,  et  ïœpil  pr«llari  tum  nUi.  Dedil  I1U  Domlnni  Tlcloriun  ,  M  oinMH 
B«ntcni  Ipiaia  limul  cnni  n%t  MO  (Gnndcredo)  (lldlo  talwfeclt,  «««e  duf« 
florun  leoo  cremtvll  dltlia  ■djatoi  cleincDlli  (Btinplr,  Chr.,  nom.  38). 


>;,l,ZDdbyC00g[c 


CHAPITRE  SKEElilIE.  311 

Cet  évéoffatmt  se  passait  en  969.  Deux  ans  auparavaiit, 
dans  le  même  temps  que  le  fils  de  Sancho,  Bamire,  était  ëleré 
h  la  royaot^  de  Léon  à  l'âge  de  cinq  ans,  altération  et  déro- 
gation notable  à  l'ancienne  contnme  et  à  la  loi  gothiques, 
Borrel,  comte  d'Urgel,  snccédaît  à  son  frère  aîné  Saniefred, 
mort  sans  enfans,  enssi  bien  dans  le  comté  de  Barcelone  qae 
dans  le  marquisat  de  Gothie.  Borrel  gouTcrna  le  comté  de 
Barcelone  environ  vingt-sept  ans,  de  967  à  993  ^.  Il  s'était 
marié,  étant  comte  d'Urgel,  avec  nne  Ledgarde  on  Liedgardc, 
probablement  de  famille  franke  on  gallo-franke,  et,  depuis, 
en  secondes  noces,  avec  Àimenide,qni  sarvécatàson  mari, 
n  ent  trois  fils,  tons  trois,  à  ce  qn'il  semble,  de  son  premier 
mariage  :  Raymond  gni  Ini  succéda  dans  le  comté,  Armengol 
on  £nnengand,  que  les  Arabes  appellent  Armtngoud,  à  qui  il 
céda  les  états  d'Urgel,  et  Bonafilia,  abbesse  du  monastère  de 
Saint-Pierre  de  Earcelone,  réédifié  par  les  soins  de  Borrel'. 

Dans  la  troisième  année  du  règne  de  Bamire  III  de  Léon, 


1  Sm  prMécMHUt  aTiIeml  M  : 

I.  B«ri,  Entrai  foliin  HTTtce  dei  Fnnki,Mml«d'liuoiieBtdeKinrcM, 
la  premlsr  qn«  Lonli-Ie-DtlwiiBiln  itabUt  cmdIb  t  Btrcslone  tptit  la  priia 
d«Uplace,deÉUiS10. 

U.  Bcnbard, Frank, caiBlBd'AiUDM,d«ManreH et  de RonulUoD, de 630 1 
83L 

U.  MtaiictrI,lUadaBvuleli,danilBS<; 

UL  Bcnkaid,  p«wUMeonaetaii,d*8Se  tSH; 

IV.  Alednn,  ds  BU  i  SUS. 

T.  WllïedoDGalfr«dI,{oili  daCsiifl«nl,eaittlad'AiiioiMMd«llinN«,da 

SSBiSTS. 

Tl.  SaIoDM&,6aI)o-Frank,dfl8niSB«. 

VII.  fiiiUnr»dU,IUi  defiBibcdI,Mnitad«flimM,a'ABiime,delIiu«n, 
d^rgalideBerga,  dsPeralada,  dellbagOTia,  daCudaiM,  daB«MlD,d'Aiapa- 
riaactdsPallan,  i]sSS«à«19. 

TUL  MiroD,  au  de  Gallfred  11,  eomle  de  Glronoe,  d'Anaone,  de  llaBtew,  de 
Berga ,  de  Peraladi,  de  Gerdeeoe,  de  Baealii  el  d'Amporlai ,  de  &12  k  9S9. 

IX.  BimiBire,  fila  de  GulITred  U,  conte  d'Drgel,  de  Pellan,  d'AnMoe,  de  llaii- 
na*  al  de  Sibisoiia,  da  9S9  è  91S0. 

X.  Seoiorred,  Sii  de  tUiOD,  eomte  d'AuiOM ,  de  IfanraM  et  de  KohiIUMi  de 
WOiDST. 

1  V«y.  la  lleaach.  BtrlpuL  Chren.  CmU  Comit.  Barclo. 


>;,l,ZDdbyG00gIc' 


312  msTOIBE  D'iSfiaVE. 

par  la  raort  de  Garda  II,  snmommé  le  Trembleor,  s'élera  k 
la  royauté  Davarndse  de  Pampelnne  le  fils  de  Garcia,  Sandio, 
denxième  aussi  do  Dom,  et  gnatriëme  roi  aatlientigae  de  T4a- 
varre  '.  C'est  ce  roi  Sancbo  qae  les  annales  de  Gompostelle  et 
les  meiUeors  docamens  histprigaes  font  r^ner  soixante- 
qaatre  ans  et  hnit  mois,  depuis  le  mois  de  juin  970  jos- 
qu'aa  mmsde  février'  1035,  contrairement  à  ce  qu'en  rap- 
portent les  historiens  espagnols  modernes.  Un  â  long  règne 
permit  à  Sandio  d'étendre  ses  possessions  antour  de  lui,  de 
l'un  ^  de  l'autre  côté  des  Pyrénées,  et  d'aller,  en  quelque 
sorte,&  la  rencontre  delà  Gastille,  de  la  Galice  et  de  l' Aragon, 
pour  y  créer  des  souTerainetés  à  ses  fils,par  alliance  ou  con- 
quête ;  en  sorte  que,  par  la  grandeur  de  ses  actes  et  ])ar 
l'étendue  de  ses  domaines,  il  mérita  le  surnom  de  Grand,  et, 
selon  quelques-uns,  le  titre  d'Empereur,  que  jusque-là  aa- 
cnn  roi  chrétien  n'ayait  porté  en  Espagne.  Il  est  probable  que 
Sancho,  lorsqu'il  fut  élevé  à  la  royauté  de  Pampelnne,  n' était 
guère  plus  flgé  qae  le  roi  de  Léon.  Au  moins  pantltra-t-il  en- 
core dans  tonte  La  tigoenr  de  l'âge  an  commencement  du  siè- 
cle suivant  ;  ce  qui  doit  le  faire  supposer  enfant  à  la  mort  de 
son  père  en  970.  Antérieurement  à  la  fin  de  ce  àède,  San- 
cho épousa  Urraca,  mère  Intime,  selon  tonte  apparence,  de 
ce  Ramire,  premier  roi  d'Argon,  auquel  le  moine  de  Silos  et 
tons  les  historiens  postérieurs  attribuent  la  qualité  de  b&tard. 
£n  secondes  noces  le  roi  Sandio  de  Navarre  prit  pour  femme 
la  fille  dn  comte  Sancho  de  CasUlIe,  fils  de  Garda  Ferdinan- 
dez,  appelée  par  les  nus  Mnnnia,  et  par  les  autres  Geloyra, 
mais  ploB  communément  la  Mayor,  parce  que  tel  était  le 


1  RoiuplitODiI»tiiarlilBfiucia,fllideStMh<iI,alf«MBdroldcniTam, 
enarOfUrta  qna  U  Cbroniiina  Albddtnie,  d'iiM  p«ri.  Oit qatlrifii*  plaida 
gaannle  «H  (dub.  M,  p.  IBO),  al  qae  la*  AiMlai  da  CoBipottalla,  d'astre  pari, 
lot  doBiwDt  brnslIaBMDt  gnuaDtc-diiq  api  de  rts"*!  **  '*  '""'  bob^I'  d«M 
l'ire  aTiii  (VTO)  :  —  Pott  qnain  (SaBdon  Oareùa],  BItai  ^oa  m  Ganlaa  ra- 
guiii  aula  xixiT  M  aUit  era  mtdi  {AamiL  CoBpMt.,  p.  Sta). 


:,.;,l,ZDdbyG00gIC 


CHAFiTBi  aizàns,  313 

samom  de  ton  mari  ;  de  ce  mariage  naquireot  denx  fils  qoi 
tons  deux  furent  rois,  Garcia  de  IJavarre,  et  Ferdinand  de 
Castille  et  de  Léon,  auxquels  quelques  diplômes  d'une  au- 
thenticité douteuse  ajonteut  uu  autre  ûls,  Gundisalvus,  roi 
de  Sobrarbe  et  de  Bibagorza,  et  une  fille  appelée  Giména. 
Nous  parierons,  sous  leurs  dates  respectives,  des  faits  et  ges- 
tes de  ce  roi,  qui  mérita  le  nom  de  Grand  en  effet,  autant 
qu'aucun  des  fondatears  des  royaumes  chrétiens  de  la  Pénin- 
sule. Noas  n'avons  voulu  marquer  ici  que  le  point  de  départ, 
et  en  qoelqae  sorte  le  tronc  généalogique  de  cette  paissante 
'  maison  de  Navarre  destinée  à  réunir  la  Castille  et  Léon  soos 
un  seul  roi  sorti  de  son  seiuj  à  une  époque  où  le  principe  de 
l'hérédité  monarchique  semble  prendre  faveur,  et  s'établir 
partout  sahs  conteste.  Ce  roi  porta,  comme  nous  le  verrou» 
dans  la  suite,  le  titre  de  roi  des  Monts  Pyrénées  et  de  Tou- 
louse,'. 

Cette  même  année  970  mourut  à  Bnrgos  le  fameux  comte 
de  Castille  Feman  Gonzalez,  qui  avait  causé  tant  d'inquié- 
tudes aux  rois  de.  Léon,  et  tant  de  fois  troublé  la  paix  de  la 
Péninsule.  Nous  avons  précédemment  dit  quelle  était  sa 
filiation  probable,  et  raconté  de  lui  ce  qu'on  en  sait  par  les 
témoignages  contemporains  ».  Suivant  l'opinion  commune 
des  historiens  espagnols,  il  naquit  à  Bui^os,  d'une  famille 
de  Goths  et  de  Franks,  fut  marié  &  Sancha,  fille  du  roi  de 
Navarre  Garcia  le  Trembleur,  fut  père  de  Garcia  Ferdinan- 
dez,  et  fut  enterré  au  monastère  de  Saint-Pierre  d'Arlanza, 
dont  il  était  le  fondateur.  On  tient  par  tradition,  à  Burgoa, 
que  la  maison  qu'il  habitait  était  an  lieu  oii  s'élève  le  monu- 
ment triomphal  qui  subsiste  encore  en  son  honnenr  dans 
l'ancienne  capitale  dn  comté  et  du  royanme  de  Castille,  et 

■  Bex  PrnBMniiii  moBlinm  et  TohM*  (dm  ton  fpIUpht  e(  dau  «Ue  do 
MD  Bli  PardlMBd,  chei  Tgpu,  CoroniM  d*  U  Ordcn  de  Sao  BenJto,  I.  r,  fui. 
ISt  al  *M|.). 

1  Tôt.  d-dat,,  f.  les  cl  utf. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


314 

snr  lequel  on  Ut  une  inscription  latine,  qm  ne  sanrait  £tre 
d'un  siècle  fort  recnlé.  Cette  inscription  porte  en  effet  :  •  A. 
feman  Gonzalez,  an  libérateor  de  la  Castille,  an  duc  (on 
an  gtoéral)  le  plus  illnstre  de  son  fflède,  père  de  grands  rois, 
et  son  citoyen,  poor  l'étemelle  mémoire  de  son  nom  et  la 
gloire  de  la  ville,  a  été  élevé  ce  monoment  sur  la  place  même 
qo'occnpait sa  maison'.  ■  Or,  il  e»t  évident  qne,  pour  qn'm 
parUt  dans  l'inscription  des  grands  rois  issns  de  Fernan,  il 
fallait  que  ces  grands  rois  cassent  existé.  L'inscriptioD  est 
donc  moderne;  mais  elle  ne  dit  rien  de  trop,  et  est,  du  reste, 
CD  nn  latin  fort  par,  mérite  qne  n'ont  point  les  denx  ^pita- 
pbes  également  latines  dn  monastère  de  Saint-Pierre  d'Ar- 
lanza,  où  il  est  dit  de  Feman  Gonzalez  qn'il  domptç  VAMqae 
et  l'Ësp^ine  ;  que  sa  femme  Dofia  Sancha  le  tira  denx  fois  de 
prison;  qn'il  fut  invaincn,  etc.  Les  moines  de  Saint-Pierre 
d'Arlanza  ont  certainement  composé  ces  deux  éj^taphes  dans 
l'intérêt  de  leur  couvent  vers  la  fin  du  treizième  âècle,  ainsi 
qa'nne  antre  en  langae  castillanne,  d'one  date  plos  moderne 
encore  >.  H  en  a  été  de  Feman  Gonzalez,  héros  très  i^ 


t  Voici  riMcrlptloD  orlfiBKlfl,  telle  qa'oa  U  Ut  lu  le  Mde  qil  mUeat  l«s 
oear  pjrrunldH  dont  w  ce 


AD  nuT*  nonmi 

■T  TUU  «LOUA 

KHMOKUK  impiTiaiiiM- 
1  Novi  nppoTlODi  Id  sne  da  cta  épllsphu  qoi  peut  danseT  nao  ldé«  di  lom 
MipielaDctiH  monté  (Ion,  cl  commcDian  conccTilt  lai  «ocUcit  béni  da  l'è- 
poqne  ob  nou  en  mhbibw  de  mile  hlitolte,  qnclqaea  ilcclM  t  peine  *prii  eu. 
Cclla  cpitipba  m  Ut  à  SilnuPierrc-d'Arlanii,  prit  dn  mal(r«-*Btal,  (or  nn  ton- 
boin  de  marbre  inpporlé  par  du  lioni  : 

Tiicn  roETiHUira 
aAentHuiTïOTi  coati 


>;,l,ZDdbyG00glc 


CHAFFtBB  SKiTTitinc.  315 

d'aîllenra,  comme  da  fameaz  Cid,  Rodrigae  Bay  Dîaz  de 
Bivar,  dont  les  écTÏTains  contemporains  font  à  peine  mention , 
mais  dont  les  historiens  modernes  racontent  des  prodiges, 
et  d'une  manière  d'autant  plus  circonstanciée  qne  l'auteur  a 
vécu  plus  loin  de  son  héros.  On  n'avait  point,  avant  la  fin 
dn  treizième  siècle,  inventé  les  hauts  faits  et  les  aventures 
qne  l'on  a  depuis  attribués  à  Ferdinand  Gonzalez,  et  qui  rem- 
plissent les  inscriptioos  dont  nous  venons  de  parler  ;  et  ses 
os  n'avaient  point  encore,  à  cette  époque,  l'étrange  faculté 
de  s'agiter  dans  son  tombeau  et  de  rendre  des  bruits  et  des 
sons  divers,  à  l'approche  d'une  guerre  ou  d'une  bataille  '. 
SI  nous  ne  rapportons  pas  ici  Thistoire  fabuleuse  de  Fer- 
nan  Gonflez ,  ce  n'est  pas  que  nous  l'ignorions.  Nous  savons 
font  ce  qu'on  en  raconte,  et  ses  exploits  prodigieux  contre 
les  Maures,  et  son  vœu  de  saint  Millau,  et  sa  captivité  en 
Navarre,  d'oii  le  tira  sa  femme  Sancha,  et  »irtout  le  fonde- 
ment ridicule  sur  lequel  quelques  historiens  ont  prétends 
établir  l'indépendance  de  la  Castille,  à  savoir  que  le  comte 
Tendit  on  cheval  et  un  faucon  au  roi  Sancho  (vers  965)  à  un 
prix  très  considérable,  à  condition  qne  si  le  roi  ne  s'acqoit- 


OBiiT  qn  nnT  ■■&  m. 

C'Mt-t^Ire  :  a  OnlqaB,  trtt  fort,  atgaanbat  conle  ,  çnerrlar  inTiiocii, 
il  fol  élcTÂ  1dii[d'«ii  titra.  U  dompU  li  Libja  ei  l'Espaene ,  tldi  par  Ivi 
cknDTi  dM  *n|M.  Par  m  Tertn,  pgr  1i  força  cl  laa  irmei ,  Il  affrancbli  et  w 
Momll  la  Cuttlle.  Da  ton  iiDg  lua  dei  béroi  (dei  ulrai)  de  U  Gaole ,  de 
l'ADgleterra  at  dai  Gotfai  Tianl  la  llpjée  ilinilce  qal  occape  le  rojaDine  d'Iepé- 
tle.  II  monrat  dani  l'6re  n  [date  faaue,  qui  répoad  t  l'an  963  de  I.-C.}.  n 

'  VojeiTepet,  CoronlM. 


>;,l,ZDdbyC00gle 


316  HISTOIRE  D  XSPAGDE. 

tait  pas  da  paiement  aa  temps  porté  par  leur  convention,  la 
somme  donblcraît  chaque  jour  ;  si  bien  que  le  roi  n'ajairt 
pas  payé,  la  somme  devint  si  grande  qa'il  aima  mieni  dis- 
penser le  comte  de  la  foi  et  hommage  aoiquels  U  était  tecn, 
que  de  le  payer.  C'est  là  évidemment  nne  invention  du  temps 
des  romanceros,  qui,  ne  manquant  point  d'un  certain  attrait 
romanesque,  a  paru  à  qnelqoes  historiens  propre  à  embellir 
leurs  récits  ;  mais  que  MoralÈs,  Moret,  Abarca,  Don  Lniz  de 
Salazar,  Masdeu  et  Mariana  lui-même  avec  tons  les  écrivains 
doués  de  quelque  critique  ont  rejetée  d'nn  commun  accord. 
Feman  Gonzalez  toutefois  passe  à  bon  droit  pour  le  fonda- 
teur du  comté  de  CastiUe,  en  ce  sens  qu'il  en  réunit  les 
comtes,  à  un  titre  oa  à  on  autre,  sons  l'autorité  qn'il  s'attri- 
bua, égale  h  pen  près  h  celle  d'un  roi,  et  fit  de  Burgos,  relevé 
de  sa  dépendance  de  Léon,  la  ville  prépondérante  et  à  quel- 
ques ^rds  dès  ce  temps  la  capitale  du  comté. 

En  paix  avec  les  chrétiens,  El  Hakem  pat  se  livrer  sur 
ces  entrefaites  &  ses  goûÇs  d'ordre  et  d'organisation,  et  s'oc- 
cupa de  réformes  intérieures,  d'une  réforme,  entre  antres, 
importante  et  diffîcile,  au  sujet  du  vin  et  des  hqueurs  fortes, 
dont  l'usage  et  l'abus  étalait  alors  fort  communs  parmi  les 
Musulmans  espagnols.  Hais  avant  d'aller  plus  IcàD.  voyons 
quels  sont  les  principes  de  l'islamisme  à  ce  sujet. 

Nous  lisons  dans  le  livre  i,  chapitre  v  de  la  m"  section  du 
code  religieux  des  Musulmans*  :  (Des  boissons  prohibées.  Es- 
chribé),  les  dogmes  soivans,  et  le  récit  des  motifs  religieux 
et  politiques  qui  les  firent  établir  : 

>  Le  vin  et  en  général  tontes  les  liqueurs  qui  peuvent 
enivrer  sont  interdites  au  fidèle  d'une  nutniàre  abeoloe  *. 
Cette  défense  est  de  précepte  divin,  comme  le  prouvent  dif- 
férens  passage  du  sacré  Koran. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


<•  Xe  goût  qu'avaient  pour  le  vin  qaelqaes-nns  des  dis- 
dples  du  prophète,  dit  le  commentateur  à  propos  de  ce  pré- 
cepte de  la  loi,  donna  lien  à  cette  proscription.  Un  jour 
l'Apdtre  câeste,  pressé  par  le  zèle  d'Omar,  qne  scandali- 
saient tODs  les  jours  les  eicès  crapuleux  de  certains  disci- 
ples ,  s'adressa  à  l'Étemel  pour  connaître  sur  ce  point  sa 
-volonté  divine  ;  il  reçut  dn  del  cet  ayeth  ;  «  Si  l'on  t'inler- 
>  roge  BOT  le  vin  comme  sur  le  jeu,  réponds  qne  l'on  et 
v  l'aotre  sont  de  grands  péchés,  nonobstant  les  avantages 
*  qu'en  retire  le  public;  mais  qne  ces  avantages  ne  sont 

■  rien  en  comparaison  dn  péché  * .  ■  Cet  oracle  ne  fit  rentrer 
dans  le  devoir  que  quelques  -  uns  des  disciples.  Comme 
tous  les  autres  continuaient  k  vivre  dans  la  débauche, 
Omar  s'adressa  alors  au  ciel,  en  le  priant  de  manifes- 
ter ses  ordres  d'une  manière  plus  claire  et  plus  précise.  Peu 
de  jours  après ,  le  prophète  reçut  ce  second  ayeth  :  ■  Ne 
laites  pas  la  prière  Namaz,  lorsque  vous  êtes  dansl'ivresse'.» 
Ce  nouvel  oracle  n'ayant  pas  produit  plus  d'effet  qne  le  pre- 
mier sur  l'esprit  de  ceux  qui  étaient  les  plus  passionnés 
ponr  le  vin,  Omar  s'adressa  encore  à  Dieu  avec  de  nouvelles 
instances  accompagnées  de  gémissemens  et  de  larmes  ;  et 
c'est  alors  qne  le  del  prononça  cet  ayeth  terrible  :  «  0  vous, 
»  croyans,  sachez  en  vérité  que  le  vin,  le  jeu,  les  idoles, 
•>  sont  des  abominations  suggérées  par  les  artifices  du  âé- 

■  mon  :  abstenez-voas-eu  ponr  votre  bien,  pour  votre  sa- 
-  Int.  £n  vérité,  c'est  par  le  vin  et  par  le  jeu  que  l'esprit 
>  de  ténèbres  vent  vous  armer  de  haine  et  d'inimitié  les  nos 
.  contre  les  autres.  C'est  par  là  qu'il  vous  détourne  de  Dieu, 


I  Bn  «rtbe  :  ■  ICMloanck  *a  e)  kbaror  v'el  nuïHcr  ktml  flhhoimia  lulm  k^ 
biT  va  ntnifr  el  In-niH  v'  •Mln.ouhanma  akb«r  min  Daflhoami.  ■  -~  On 
plDa  ciaclcmaDl  panl^lra  qne  ci-4cMDa  :  a  lia  l'Inlerraceraal  aar  la  i1d  el  Im 
)aBi  de  baiard;  répondt-leiiT  que  l'un  et  l'anlra  procnreDl  bMaconp  da  mat,  et 
qnalqne  bien  k  l'bnmaniit.  ploa  de  mal  que  de  bien,  a 

1  »  We  U  lekarrib,  ou  MUib  v'  enioim  tonkeiri.  ■ 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


31  s  ffiffom  D'ixiftM, 

■  de  la  prière,  de  la  méditation.  Qne  ne  vons  en  abstoie^ 

■  TOUS  '  1  ■  Le  dispositif  de  cet  ayeth  ne  laissa  plus  aocna 
doate  SOT  la  nature  da  vin ,  qoi  dès  lors  fut  rel^é  dans 
la  classe  des  choses  immondes,  et  aocnn  disciple. n'osa  pins 
en  faire  ast^.  Depuis  cette  époqne  le  prophète  ne  cessa  pas 
non  pins  de  fulminer  contra  le  vin  et  contre  tonte  liqueur 
qoeleonqae:  ■  Celui  qui  boit  du  vin ,  dit-il  m.  joor,  est  ab- 

■  solnment  comme  celui  qui  adore  les  idoles^.  » — «lie  vin, 
•  disait-il  encore,  est  la  mère  des  abominations'.» — «Au 
-  moment  oiï  l'homme  prend  eu  main  un  verre  de  cette  li- 

■  qnenr,  il  est  frappé  d'anathème  par  tous  les  anges  du 

■  ciel  et  de  la  terre  *.  > 

Malgré  ces  prescriptions  formelles  et  bien  connues  des 
pieux  Musulmans  de  l'Andalousie,  par  suite  de  le  manvaise 
coutnme  et  de  la  licence  introduite  en  Espagne  par  les  Persans 
(ceux  de  l'Irak),  l'nsage  du  vin  était  devenu  libre  et  comme 
permis.  Le  vulgure  et  même  les  fakihs  en  buvaient.  Dans  les 
fêtes  de  l^miille,  dans  les  festins  de  noces  (walimaa),  il  en  était 
servi  sans  façon  aux  convives  qui  en  usaient  ouvertement 
avec  one  scandaleuse  liberté,  pour  parler  comme  la  chro- 
nique arabe  de  Conde,  On  cultivait  particulièrement  la  vigne 
dans  les  provinces  maritimes  de  l'Andalousie,  sur  le  littoral, 
à  Xérès,  à  Pajarète,  à  Malaga,  mais  plus  particnhèrement 
encore  dans  les  campagnes  de  la  Handie,  terre  friable  et 
légère,  merveilleusement  propre  à  cette  culture.  Aujourd'hui 
encore,  bien  que' justement  renommée  pour  ses  vins  de  li- 
queur, l'Andalouàe  est  surtout  fertile  en  huile,  et  c'est  la 
Manche  qui  est  en  possession  de  lui  fonniir  ses  vins  de  table 

1  Ta  «TTBi^'  ^'  l"'Dâ  unBDoa  ionem  el  khamr  *r'«l  maiMcr,  v'i  I  lauub,  w'd 
cilim,  otc, 
3  Scbarab'  et  khamr  ke  ablil'  al  vcasaa. 
1  El  Lbauir  u  omm  >1  khsbaïu. 

sodJeoQl  kadh'cnn  iiied  khtmr  ait  jedlbb'i  luclibi  méUI  ]u- 


3,q,l,ZDdbvG00gIe 


cËAmu  flEDsntt-  319 

ordiDaires.  Le  TOyagenr  qui,  de  la  Caroline,  tqiBsaiU  à  l'est 
les  montagnes  de  Cazorla,  où  prend  sa  source  le  Gaadalquivir, 
descend  vers  l'ouest  danft  la  vallée  du  fleuve,  s'étonne  en  arri- 
vant à  Bajlen  de  ne  voir  qu'une  immense  campagne  plantée 
d'oliviers;  le  vert  sombre  du  feuillage  de  cet  artffe  donne  nn 
aspect  lugubre  à  tmite  U  contrée.  Plus  loin  la  vallée  s'em- 
bellit et  revêt  on  aspect  enchanté;  le  ciel  est  clair  et  bien, 
l'agave  et  plusieurs  plantes  des  r^ons  tropicales  croissent 
en  liberté  sur  le  sol,  l'aloès  s'épanouit  au  bord  des  chemins; 
mais  toujours  l'olivier  abonde. L'huile  est  la  principale  ri- 
cheSEe  du  pays;  nulle  part  la  vigne  n'est  cultivée  en  grand; 
maie  chaque  année  de  longues  filra  de  mulets  traversent 
la  sierra  pesamment  chai^  d'outrés,  et  viennent  apporter 
à  Bajlen,  «înid  que  dans  une  grande  partie  de  l'Andalouffle, 
les  produits  superflus  des  vignes  de  la  Hanche;  ils  rappor- 
tent en  échange  ceux  de  l'olivier,  moins  conuBons  en-deç& 
des  montagnes.  An  temps  des  Arabra  déjà,  il  en  était  aiusi. 
£1  Hakem,  religieux  observateur  de  l'abstineiue,  en  télé  Hu- 
Bulman  qui  savait  son  Koran  par  cœur,  s'inqniéta  de  voir 
les  précepte»  ou  au  moins  les  recommandations  formelles  du 
prophète  et  les  explications  approuvées  du  Koran  méconnues 
en  nn  point  de  cette  importance,  et  il  assembla  ses  haLems 
et  ses  fakihs  pour  tenir  conseil  avec  e«z  sur  les  causes  de 
l'abus  qu'il  voulait  réformer.Depuis  plus  d'un  si£cle,depuis 
le  règne  de  Mohammed  I,  cànquième  émir  de^Cordone  de 
la  race  d'Omm;ah  ',  qui  parait  avoir  été  lui^nème  grand 
bovenr  de  vin,  le  reUchemeut  des  crojans  sur  œ  cha- 
pitre était  en  qnslque  sorte,  passé  en  loi,  et  l'opinion  s'é- 
tait accréditée,  par  l'influence  peut-être  de  l'émir  Mohammed 
Ini-^nème,  qœ  Lee  Musulmans  espagnoIs,vivant  dana  un  pa;s 

■  V07»  d-dSTUi,  ibip,  im»*.  —  Hobunmed  1,  fili  at  «aceeMaar  d'Atd 
elKabiun  ll,*t  père  d'Kl  Moadhli  at  d'AMiUah,  qui  ruapUreol  l'émlru 
aainlol  UIM  *l  BibBUBUIiri|iu,cDiiimt  M  l'iTacn  MB  Ueo,  de  SUS 


>;,l,ZDdbyG00gIe 


320  affiTotsE  d'espagiiz. 

de  f roatiëre  «t  de  gnerre  sainte,  et  se  trouTaut  en  latte  orati- 
nnelle  avec  les  ennemiB  de  l'islam,  pouvaîeDt  oser  da  vin,  parce 
qne  cette  boisson  augmente  les  forces  et  la  valenr  des  gens 
de  gaerre,  et  les  prédispose  an  combat.  On  a  va  que,  mtee 
chez  nn  fonctiomudre  d'an  ordre  éleré,  le  kadbi  Sclioaïb, 
dont  les  fonctions  n'avaient  rien  de  militaire,  Abd  el  Bab- 
nun  m  avait  excnsé  l'infraction  de  la  loi  à  l'égard  dn  vin. 
La  plupart  des  docteurs  consulta  par  £1  Hakem  prétendicpnt 
qne,  par  les  moti&  qu'on  vient  de  dire,  l'nsage  dn  vin  était 
licite  en  Espagne,  pays  de  frontière  et  de  combats  incessans, 
qu'on  nommait  la  maison  de  la  guerre  sainte  (darddjihed), 
et  qne,  par  conséquent,  il  n'7  avait  lieu  à  rien  changer  à  l'an- 
den  état  de  choses;  mais  £1  Hakem  impronva  wb  opinions, 
et,  en  haine  de  l'abus,  dit  l'auteur  musulman  qui  nous  a 
instruit  de  ces  particularités,  il  d^ndit  la  vente  poUique 
du  vin,  et  rendit  nn  décret  qui  ordonnait  d'asrracber  les 
v^es  dans  tous  les  pays  d'Espagne  soumis  h  son  autorité, 
sauf  le  tiers  des  ceps,  dont  il  permit  la  culture  pour  eu  re- 
cueillir le  fruit  en  grappes  dans  leur  saison,  le  faire  sécher 
ou  eu  composer  divers  sirops  salutaires  et  permis,  faits  avec 
le  moût  exprimé  ■. 

11  faut  que  le  lecteur  se  reporte  maintenant  et  nous  suive 
dans  cette  Afrique  septentrionale,  sur  laquelle  le  deruier  kha- 
life de  Cordooe  avait  ranon  exercé  une  domination  véritable, 
du  moins  établi  sa  suprépiatie  spirituelle,  on,  pour  mieux 
parler,  sa  so^ralneté.  Jusqu'en  973,  la  paix  s'était  maintenue 
parmi  les  tribus  divisées  d'intéréts.de  race  et  de  croyances  qui 


>  Conde,  c.  M.  —  L'autoar  mb«  nona  appraod  qa«  I«i  11 
boTilent  DOB-ualemenl  le  Uumr  ou  Tin  roup,  miii  eacort  la  lahU  om  tfk 
clair,  ie  nfbid  ou  tIp  de  4«tM,  eclal  de  Hgnei ,  le  utairab  oa  tId  cnll,  le  tcto- 
r(b  moubuir  on  fin  éfM,  qne  lei  Bipagnoli  appellent  v>iu>  eo»  cfftcMi.M 
plnileun  aaiK)  boiMODi  enlTrintoi,  lonlM  renlrant  din*  la  ulieoile  dei  boli- 
MM  problbéH,  en  télé  detqaellet  fuit  pleet  le  Tin, qnillflt, connue  bow 
TiTou  Tn,  pir  le  prophèie,  de  mira  dei  •bwntBiUoM  n  dN  btimtei  (mm* 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


CHAPITBK  SSIZIEMt.  321 

bobitaient  les  plus  fertiles  campagnes,  soit  à  demeore  fixe 
dans  des  villes ,  soit  à  la  manière  des  Nnmides  et  des  Bédouins  par 
tribus  et  campemens,  transportant  leurs  tente*  et  leurs  pavil- 
lons  d'nn  lieu  à  un  antre.  Mais,  en  cette  année,  quelques 
moaremens  surrenns  parmi  les  tribns  de  ce  pays  y  rappelè- 
rent les  armes  des  Ândaloos,  et  c'est  présentement  ce  dont  je 
dois  parler. 

Un  eoup-d'œil  jfeté  sur  le  théâtre  de  la  guerre  et  sur  les  di- 
verses dynasties  qui  se  disputaient  à  cette  époque  la  posses- 
sion des  deux  Hagrebs  éclairera  d'un  jour  nouveau  les  évé- 
nemens  qui  vont  se  dérouler  à  dos  yeux. 

Nous  avons  marqué  rapidement  ailleurs  la  décadence  de 
la  maison  d'Edris ,  et  dît  comment  El  Hassan  ben  Eeu- 
noun  avait  tour  à  tour  cberché  l'alliance  des  khalifes  om- 
myades  de  Gordoue  et  des  khalifes  fathimites  de  Kaïroean. 
Lorsque  Fèz  eut  été  remise  sous  l'autorité  des  Andaloos,  après 
l'expédition  de  Djehvrar,  El  Hassan  ben  Kennoun  avait  fait 
restituer  dans  la  khothba  le  nom  du  khalife  andalou,  et  il 
s'était  maiotena  dans  la  dépendance  d'El  Hakem  après  la 
mort  de  sou  père,  plutôtpar  o^nte  de  sa  puissance  et  de 
son  Toi^nage  que  par  affection  ou  confiance,  parce  que  tel- 
les étaient  tes  nécessités  de  «a  situation.  £1  Hassan,  en  effet, 
s'était  formé  une  petite  souveraineté  à  demi  indépendante 
dans  la  vallée  da  fleuve  Luccus  qui,  des  montagnes  de  Go- 
méra,  coule  vers  le  couchant  à  travers  les  provinces  d'Azgar 
et  de  Hasbat,  après  avoir  formé  plusieurs  grands  lacs  pois- 
sonneux,etva  se  jeter  dans  l'Océan  près  de  iarrache  (El  Ara- 
yisch).  Bassra  on  Bassora,  et  non  Biserta ,  comme  le  dit  Conde , 
ville  située  à  une  très  grande  distance  de  celle  qui  nous  oc- 
cupe, était  sa  capitale.  C'était  une  vilU  peu  considérable,  mais 
favorablement  située  dans  nue  plaine  entre  deux  montagnes, 
à  quatre-vingts  mille»  à  peu  près  de  Fèz,  et  à  vingt  de  Kassr- 
el-Kibyr  vers  le  midi.  Bâtie  par  Mohammed,  fils  d'Edris  ben 
£dris,  fondateoi  de  la  ville  et  de  l'empire  de  ¥iz,  elle  fut  nont 

1T>  21 


>;,l,ZDdbyG00gle 


322  msToiBK  d'espaohi. 

ïiiée  Bassra,  cd  nuimoiro  de  la  Sassra  de  l'Arabie,  où  fut 
tué  AU,  l'un  des  aucètres  d'Edris'.  Ses  campagnes,  arrosées 
par  le  fleuye  Luccos,  étaient  Burlont  fertiles  en  grains,  et 
foornissaieiit  amplement  aux  hesoiuR  des  tribus  réunies  sons 
la  domination  d'EI  Hassan  ben  Kennoui.  Bassra,  à  beaucoup 
près  moins  grande  et  moins  célèbre  que  Féz,  moins  riche  an.'si 
et  moins  peuplée,  mais  importante  enoorf  par  sa  situation, 
était  d'ailleurs  habitée  alors  par  on  peuple  civilisé,  et  remplie 
de  mosquées  et  d'écoles,  de  docteurs  et  de  savans,  comme  tou- 
tes les  Tilles  où  dominait  le  génie  arabe  proprement  dit'.  Cet 
état  de  choses  cessa  à  lachâte  flEI  ïTassay,  le  dernier  de  la 
dynastie  des  Edrisites  qui  exerça  quelque  souveraineté  en 
Afriqne,  et,  au  temps  de  Léon  l'Africain,  il  ne  restait  pins  de 
Bassra,  ainsi  qu'il  nous  l'apprend  loi-méme,  que  des  raines, 
que  quelques  pans  de  mors  debout,  et  quelques  jardins  con- 
servant les  traces  d'une  ancienne  fertilité,  mais  abandonnés 
et  improductifs,  faute  de  culture  et  de  soins^.  C'est  aujour- 
d'hui un  assez  gros  bontg  de  l'empire  de  Marok,  exclasive- 
ment  habité  par  des  Arabes  laboureurs. 

lies  États  de  l'édrisite  El  Ha&soa  beu  Kennonn  se  compo- 
saient ainâ  à  peu  près  de  toute  la  vallée  du  fleuve  Lnccus, 
et  d'un  certain  nombre  de  forteresses  échelonnées  sur  la  cûle 
jusque  vers  Ceuta.  Tout  le  reste  da  Kagreb  el  Aksa  et  la  plos 
grande  partie  du  Magreb  el  Awsat  jusque  Tcrs  les  frontières 
actuelles  de  la  province  de  Coustantine  étaient  occupés, 
comme  aujourd'hui,  par  desKabilehs  de  diverses  races,  les 
nnes  berbères,  les  autres  arabes,  dont  les  chefs  avaient  mon- 


I  E  tonoiDliuUBunliimeinorii  dl  Bagn,  cliU  di  FeliM,doi«roBcciM 
Btll  qDiTlD  poDilBn  dnppo  Utbomclio,  cbe  hi  il  biHaolo  df  Idrli  (Leone 
AfHb.dcll'Africi,  p.4T). 

1  Fb  bIIi  mollo  batte  kibilaltcfamiu  dl  lunpll,e  gll  htbiutori  hroM 
nomiDl  dt  guKIiMinio  ipirllo  (Ibid.,  I.  c). 

1  Hb  col  fine  delU  hiDJelti  d'idrii,  i  atmlel  (auurouo  e  roiJoirono  It  dui. 
Ben  Ti  riwueOBo  )■  pU  I  »«rl ,  •  qneicfac  fUrdlM ,  »m  «alTtegio  e  mbh 
jicim  fratlo,  perche  i  In»  leircot  pin  non  il  UTonne  (Ùld.). 


>;,l,ZDdbyC00glc 


CttAHtRE  SEIZIÈUE.  323 

tii  tottjonrâ  tme  grande  versatilité,  et,  reconnoissaDt  tantôt 
h  souTeraineté  des  FatbiniileR,  tantôt  celle  des  Omm^ades, 
araient  attiré  alternativebient  contre  eux  les  armes  de  ces 
deni  maisons.  An  moment  dont  il  est  question  ici,  la  prière 
9e  foisût  dans  les  principaux  centres  habités  da  pays  au  nom 
dn  khalife  de  Cordoae  £1  Hakem  ben  Abd  el  Bahman  Abou 
Hescham  d  Hostanssir  Billah. 

Abonlféda  appelle  cette  ctAe  montneuse  et  non  moins  si- 
nueuse, accidentée  de  golfes  profopds,  qni  s'étend,  en  passant 
par  Alger  et  Bondjéjah  (Boii^e)  jnsqDe  vers  Bone,on,  comme 
il  dit  non  tont-à-fait  exactement,  ce  semble,  l'espace  de  ce 
continent  des  bords  dnqael  on  aperçoit  de  loin  l'Andatos, 
El  Adwah,  la  Terre- Hante,  la  Terre- Éminente.  -  Ce  pays 
comprend,  poorsnit-il,  le  Magreb  el  Avrsat  et  le  Hagreb  el 
Aksa  (il  fallait  dire  -.  et  partie  dn  Magreb  el  Aksa).  Plus  loin 
est  rAfrikiah,Tis-à-Ti8  de  laquelle  sont  l'Ile  de  Sicile  el  les 
grandes  terres  qu'on  appelle  laFraacaet  l'Italie; mais  delà 
on  ne  peut  pas  voir  l'Andalos*.  » 

C'est  àjcette  limite  aussi  que  s'arrêtait  l'influence  des  Om- 
myades,  et  que  commençait  celle  des  Fathimites.  Le  maître  de 
Katronan,  d'Âlmahadia  et  de  Biserta,  le  seigneur  de  la  place 
où  fat  Carthage,  Moezz  Leddin  Allah  Abon  Témin  Sfaad  ben 
Ismajl,  quatrième  khalife  de  cette  dynastie,  avait  élevé  la  for- 
tnne  de  sa  maison  an  plus  haut  degré  de  la  puissance*.  A 
l'aide  de  son  général  Djebwar  el  Boami,is8u  d'une  race  étran- 
gère à  la  race  arabe,  comme  l'indique  son  samfHu,  Hoezz 
venait  de  conquérir  l'Egypte,  dont  la  capitale  était  alors  Fos- 
t  ai.  Djdiwar  avait  élevé  à  côté  de  l'ancienne  ville  une  ville 


■  TrBCtni  Jlls  toQUaSDlli,  i  ïujoi  jwitnbui  emlDiii  prcnpicilDr  alAndaloi, 
■ppellatar  contincni  El^Aduih,  (erri  cmiDeni,  ilqoa  hic  inctu  cauipcebCDdlt 
Kl  UagTEb  el  AtiiI  el  El  Uigrcb  el  Akii  :  poiro  Afrlkcsh  «i  adTErgo  opponltoT 
loialn  SIkiICH  et  l«rrM  a«gD«  Frincla  Kilicel  et  Italie;  led  îadi  dod  erninn* 
proipldlur Andal(u(Abouir.,lr.  di  Gtgnler), 

1    Motii  Ltddln  AUih  «Tiil  nteiiè  I  ion  pire  bmijl  H«bmv  nilik  fa  Ml 


>;,l,ZDdbyG00gle 


noDTelle  à  la  fois  pins  belle  et  plus  vaste,  à  laquelle  il  wait 
donné  le  nom  arabe  d'Al  Cabera  (la  Yictorïense).  Il  j  a^ait 
cinq  ans,  en  972,  qoe  Djehwar  eifearait  jeté  les  fondemeos 
sons  l'boroscope  on  ascendant  de  Mars,  i  qoi  les  astronomes 
arabes  donnent  l'éjHtbète  de  Gaher  (Taingneor,  conqoérantj, 
lorsque  Hoezz  résolut  d'y  transférer  sa  résidoioe.  Ce  sera 
de  là  désormais  qoe  Moezz  et  ses  descendons,  les  kbalifes 
d'É^Tpte,  gonTemeront  leor  immense  empire,  et  exerceront, 
entre  les  khalifes  de  Gordone  et  les  khalifes  de  Bagdad,  cette 
puissance  qoi  inquiétera  les  premiers  et  s'agrandira  surtout 
anx  dépens  des  seconds.  De  ces  trois  khalifats  ennemis,  celui 
des  Abbassides  prêtait  plus  que  celui  des  Ommjades,  en  effet, 
le  flanc  anx  attaques  des  Fathimitesi  depuis  longtemps  il 
était  entré  dans  sa  période  de  décadence.  Les  Turks  le  domi- 
naient. Le  Roran  ayait  été  prêché  à  ces  barbares  qui ,  des 
pipeaux  et  des  versans  de  l'Imaûs,  s'étaient  jetés  sur  les  ter- 
res musulmanes  comme  sur  une  proie;  ils  l'avaient  adopté, 
et  ils  avaient  formé  dès  lots  cette  milice  à  la  solde  des  khalifes 
d'Orient,  qui  présida  à  leur  décadence,  «t  par  laquelle  devait 
se  consommer  leur  mine,  plusieurs  siècles  plus  tard,  il  est  vrai, 
mus  à  la  suite  d'un  nombre  presque  infini  de  rérolntions  san- 
glantes et  d'osorpations,  àla  prise  de  Bagdad  par  les  Tarta- 
ressonsk  conduite  d'HouIagon'.  Gomme  uous  ne  parterons 
plus  guère  des  Fathimites  après  Moezz,  disons  en  deux  mois 
que  Moezz,qui  mourut  en  996,eQt  de  sa  descendance  dix  suc- 
cesseurs jusqu'à  la  mort  de  Adbed  Leddin  Allah  Abdallah, 
dernier  khalife  de  la  maison  d'Obéïdallah  le  Schjyte,  mort  le 
lOderamadhan  5G7  (ll7l).Les  Abbassides  snbsbtaient  tou- 
jours sous  la  tutelle  de  leurs  grands  officiers  du  palais,  qui 
ruinaient  en  leur  nom,  et  qui,  à  la  faveur  de  leur  fùblesee, 
s'étaient  fait  de  leurs  provinces  des  royaumes  indépendans, 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


CHinTRE  SEIZIÈME.  325 

oîi  le  khalife  n'était  recomiTi  qae  comme  chef  de  la  religion. 
Noareddin,flls  de  Zeoghi,  ai  célèbre  dam  l'histoire  des  croi- 
8adea,r^ait  en  Syrie  A  cette  époqae,dan8  la  dépendance  no- 
minale des  ImamB  de  la  race  d'Abbas  qoi  râégeaient  à  Bagdad. 
Laissons  ici  parler  les  historiens  arabes  :  ■  Sur  la  fin  de  la 
dynastie  des  Fathimltes,  dit  Ëbn  el  Athir  ',  tonte  l'aotorité 
était  entre  les  mains  des  'wasirs,  qnî  prenaient  le  titre  de  snl- 
thans,  et  le  prince  donnait  cette  charge  à  celai  qui  aTait  assez 
de  force  pour  s'en  onporer.  Scbaoar,  après  avoir  été  ainsi 
chassé  par  ]>argam,  Tint  trouTer  Nonreddin,  fils  de  Zengbi, 
qni  régnait  en  Syrie,  et  implora  son  secours.  Nooreddin  en- 
voya en  Egypte  Schirakonh,  onde  de  Saladin,  et  Schaonr  fat 
rétabli  dans  sa  dignité.  Les  Franks  étant  ensnite  entrés  en 
Egypte  à  la  sollicitation  da  wasir  Sdiaoor,  Noureddin  envoya 
de  nonvean  Schirakonh.qoi  les  obligea  de  se  retirer;  mais 
ils  7  rerinrent  et  assiégèrent  le  Caire;  alors  leur  trop 
grande  paissance  obligea  Nooreddin,  dont  le  khalife  Adhed 
avait  imploré  le  secours,  d'envoyer  son  général  Schirakouh 
en  Egypte  pour  la  troisième  fois.  Les  Franks  étaient  décam- 
pés alon.  Schirakouh  fut  reçu  avec  honneur  par  le  khalife 
Adhed,  mais  Schaonr  fat  tué  par  Saladin  et  par  les  autres  émirs 
de  l'armée  de  Syrie.  Adhed  donna  la  charge  de  Schaonr  à 
Schirakouh,  qui  moumt  la  même  année.  Saladin  lui  succéda 
dans  la  même  charge.  Enfin,  l'an  567  de  l'hégire,  1171  de 
J.-C,  Saladin,  par  les  ordres  dé  Nooreddin,  fit  rétablir  la 
kothba  pour  les  khalifes  abbassidcs,  ce  qoi  était  faire  recon- 
naître leor  antorité  en  Egypte.  Le  khdife  Adhed,  malade, 
ignorait  sa  dépoûtion,  et  moorot  qDelqoe  temps  après.  Sala- 
din devint  le  maître  de  toute  l'Egypte.  Les  Fathimites  avaient 
régné  pendant  deox  cent  soixante-douse  ans.  ■ 
Avant  de  quitter  l'Afrique  pour  passer  an  Caire  près  de  son 
t  Djehwar,  Hoezz  voulut  laisser  assurée  derrière  hii 


>;,l,ZDdbyG00glc 


326 

sa  dfflniiutioii  dans  ITfirik^ra  et  leMBgrd),etilmTestitdn 
commaQâemeDt  de  cette  partie  de  scm  empire  va  certain 
Toosouf  ben  Zeîri  et  son  fils  Balk^  ben  Tonsoof  el  Zeîri. 
ToQsonf  avût,  aoos  le  père  de  Moezz,  f<uidé  la  ville  d'As- 
ebir,  dans  l'intérieur  des  terres,  aa  sod-onest  de  Eaïronan, 
et  il  exerçait  là  nue  grande  infinence  sur  les  tribns  qu'il 
a¥ait  réunies  antoor  de  lui. 

Nous  saTODs  que  l' Afrique  septentrionale  était  alors  habi- 
ta par  cinq  penples  principanx,  les  Uasmoodes,  ks  San- 
hadjes ,  les  Zénëtes ,  les  Hav&rah  et  les  Gomérah ,  subdivisés 
en  six  cents  branches  on  tribns,  suivant  la  généalogie  afri- 
caine d'£bn  Bakou ,  qne  Léon  avait  lae  plusieurs  fois  du- 
rant son  séjour  en  Afriqne  '•  I^es  Masmoad^  habitaient  la 
partie  occidentale  et  mériditsiale  de  l'AUas,  c'est-à-dire  à 
peu  près  les  plaines  et  les  vallées  qui  forment  les  provinces 
de  ftous  (8ons-el-Aksa ,  Sous  la  lointaine)  et  le  Marok  propre- 
ment dit.  Les  Gomérah  habitaient  les  montagnes  de  la  Uau- 
ritaiùe  qui  avoisinentle  détroit.  Les  Zénètes,  les  Hawârahet 
les  Sanhadjah,  habitaient  plus  avant  dans  les  terres,  snrtoat 
ces  derniers  dont  on  retrouvait  des  branches  r^andnes  à 
de  grandes  di^nces  derrière  les  diverses  cbatnes  de  mon- 
tagnes auxquellea  on  donne  le  nom  d'Atlas. 

Balkyn  et  son  père,  quoiqu'ils  ne  fasseqt  pas  de  leur  tribu, 
avaient  acquis,  par  des  causes  que  nous  ignorons,  nn  ires 
grand  ci^t  sur  Içs  Sanlia^job ,  véritables  Numides,  tou- 
jours prêts  à  combattre,  et  voleurs  déterminés  au  hevÀn.  On 
peut  juger  par  ce  que  J^éon  l'Africain  dit  d'un  reste  de  ce 
peuple  qui  habitait  de  son  t«nps  les  montagnes  de  Zii,  daos 
le  voisin^  de  Fèz,  ce  qu'il  pouvait  avoir  été  au  temps  dont 
nous  parlons.  «  Les  montagnes  de  Sz ,  dit  Léon ,  sont  une 
ehalne  de  quinze  froides  et  âpres  monti^es  >  qui  pr«nnent 
leur  nom  de  la  rivière  de  Ziz  qui  ai  sort,  et  bom^  la  ^w< 

■LeoneAtrlr.,  dMirii.  dstrAMcs,  p.  i,  vcrto. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHATmtx  snzâHK,  327 

viace  de  Fëz  do  c6\é  de  l'orient.  HIes  commencent  vers  le 
conchant  à  la  prorince  de  Tedia,  da  rojaame  de  Harok,  où 
la  montagne  de  DédÏB  le  sépare  de  celai  de  Fëz,  et  s'éten- 
dent jusqu'aux  confins  de  Mésétalza.  La  province  de  Sedjel- 
messa  les  borne  an  midi,  et  an  nord  les  plaines  d'Edecsen 
et  de  Garegra;  de  sorte  qu'elles  ont  cent  milles  (eariron 
trente-cinq  lieaes)  de  longoeoi:  do  levant  au  concliant ,  sDr 
environ  quarante  milles  ou  quatorze  lieues  de  large.  Elles 
sODt  peuplées  de  Zanaga,  vaillans  et  barbares,  endarras  au 
froid  et  à  la  neige.  Une  tunique  ou  chemise  de  laine  kur 
couvre  le  corps;  au-dessus  ils  portent  un  manteau,  et  au- 
tour de  leurs  jambes  des  haillons  entortilles,  attachés  avec 
des  cordes.  £n  tonte  saison  ils  vont  la  tète  nue.  Ils  ont  de 
nombreux  troupeaux  de  brebis  et  beaucoup  de  mulets  et 
d'Anes;  mais  ce  sont  les  plas  grands  voleurs  et  les  plus 
grands  meartriers  dn  monde,  toujours  en  guerre  avec  les 
Arabes,  dont  ils  vont  enlever  la  nuit  les  troupeaux  dans  la 
plaine.  Une  partie  de  ces  montagnards  va  vendre  de  la  laine 
et  du  beurre, dont  ils  ont  en  grande  abondance,  k  Sedjel- 
messa,  qui  est,  comme  j'ai  dit,  une  portion  de  la  Mumi- 
die  '  ;  mais  ils  n'y  vont  que  quand  les  Arabes  de  la  campa- 
gne sont  retirés  dans  les  déserts;  la  plnpart  da  temps 
cenx-d  les  assaillent  avec  de  gros  corps  de  cavalerie  et 
les  battent  et  leur  reprennent  leurs  larcins  ;  ils  sont  tou- 
tefois pleins  de  courage  et  d'intrépidité,  et  jamais  dans  les 
combats  ils  ne  consentent  à  se  rendre  vivans.  Leurs  armes 
sont  des  dards  qn'ils  ne  lancent  jamais  en  vain  ;  quand  ils 
n'atteignent  pas  l'homme  ils  atteignent  le  cheval^  et  toa- 
jours  ils  tneut  l'un  ou  l'autre.  Us  portent  aussi  l'épée  et  le 
poignard;  ils  combattent  à  pied  et  battent  toi^otvs  les  Ara- 
bes dans  les  montagnes,  comme  ils  en  sont  battus  dans  la 
pliùne  h  cause  de  leur  cavalerie;  mais  le  commerce  les  oblige 

■  UMifarit8«cMnitM,qBl,pMMac«i;i'[Ml«nii«,deDMetilicbiai*. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


328  msTOifix  d'bspaghe. 

qaelqoefoifi  à  faire  des  trèveB.  De  nos  jours  ils  prennent  des 
saof-condmts  des  Arabes  et  ceux-ci  d'eox,  et  ils  se  livrent  aiors 
avec  sûreté  &  lenr  commerce.  Tontes  les  caravanes  qui  pas- 
sent par  ces  montagnes  leur  paient  tribut  par  chaque  charge 
de  diamean,  et  toat  ce  gni  passe  sans  on  sanf-condoit  de 
Icor  part  est  détroussé'.  -  Les  tribns  qoi  babitent  les  mê- 
mes lieux  ne  sont  pas  plos  avancées  qu'an  temps  de  Léon  : 
il  7  a  deux  de  ces  montagnes  (Aden  et  Aroncanez),  qui  ont 
des  mines  d'argent  dont  on  ne  tire  encnn  profit,  et  l'cm  y 
voit  encore  les  raines  d'nne  ville  (Calaat  ben  Tabila) ,  dont 
les  mors  sont  de  bois  lié  avec  du  plAtre  et  où  il  ne  de- 
meure plus  que  qnelqnes  pauvres  gens. 

Tds  étaient  les  terribles  auxiliaires  de  Yonsonf  ben  Zeïn', 
les  BOQteneurs  barbares  de  la  légitimité  du  fathimite  El  Hoeez 
en  Afrique.  Un  émir  non  moins  puissant  qae  Yoosoof  ben 
Zrïri,  Djàfar  ben  Ali  el  Andalousi,  exerçait  dans  le  pa^s  de 
Zàb  une  souveraineté  analogue  sur  d'autres  tribns ,  en  qualité 
de  vrali  ponr  les  Ommyades  d'Al  Massjla  et  de  Calaat  Béni 
Hammad,  les  deux  villes  principales  de  la  contrée.  «  Al  Ma»- 
syla  est  située  dans  une  plaine,  nous  dit  le  géographe  arabe 
El  Edris,  au  milieu  de  champs  coltlvés  dont  les  prodactions 
excMent  les  besoins  des  habitans.  Les  Berbers  qui  babitent 
cette  plaine  sont  :  lesBenou  Berzal,Ies  Bandah,  les  Havt&rah, 
les  Sadrat  et|  les  Mezana.  Al  Hassyla  est  commerçante,  biai 
peuplée,  et  b&tle  sur  les  bords  d'nne  rivière  peu  profonde  oii 
se  pèche  une  sorte  de  petit  poisson  couvert  de  raies  rouges, 
d'une  espèce  particulière  à  cette  contrée,  et  qu'on  vend  à  Ca- 
laat Béni  Hamad;  les  deux  villes  d'Al  Massyla  et  de  Calaat 
Béni  Hamad  sont  éloignées  de  douze  milles  l'une  de  l'antre. 
Calaat  Béni  Hamad  est  une  des  villes  les  plus  conàdérables  de 
la  contrée  ;  elle  est  riche,  popnlense,  remplie  de  beaux  édifi- 
ces et  d'habitations  de  tonte  espèce  ;  on  j  trouve  de  tout  en 

•  Lmm  AIMe.,  p.  m. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAPITBE  SEIZIÂHE.  329 

abondance  et&  bas  prix.  Elle  est  sitaée  sur  le  penchant  d'an 
moQticnle  d'un  accès  difflcile  et  entoaré  de  mnrs.  Ce  monti- 
cole  s'appelle  Takarbest;  an-dessous  est  une  forteresse  qui 
domine  tonte  la  plaine'.*  C'était  de  c«câté,à  ce  qu'il  semble, 
la  limite  des  dernières  possessions  et  des  derniers  points  for- 
tifiés relevant  des  khalifes  de  Cordone. 

L'itinéraire  de  Tlemcen,ponr  partir  d'un  point  bien  connn, 
à  Al  UesByla  de  Zah  était  alors,  d'après  El  Edris,  comme  il  suit  : 

De  Tlemcen  à  Tahart,  quatre  journées,  savoir  : 

De  Tlemcen  &  ladara,  boui^  situé  an  bas  d'one  montagne 
ob  se  troave  nne  source  d'eau,  une  joomée. 

De  là  à  Nadaî,  petit  bourg  situé  dans  une  plaine  oh  sont  des 
puits  peu  profonds,  nne  journée. 

De  là  à  Tahart,  deux  journées. 

De  Tahart  à  A'ber,  petit  bourg  situé  sur  les  bords  d'un 
ruisseau,  une  journée. 

De  là  à  Darast,  bourg  petit,  mais  où  se  trouvent  des  champs 
cultivés  et  du  bétail,  une  joamée. 

De  là  à  Marna ,  petite  ville  entourée  d'une  muraille  en 
briques  et  en  terre  et  d'un  fossé,  deux  journées. 

De  là  on  passe  au  boui^  d'Ebn  Hodjhir,  habité  par  des 
Zenata. 

De  là  à  Aschir  Z^ri  ou  Zeyri,  nne  journée. 

De  là  à  Sétif ,  puis  an  bourg  de  Han,  situé  dons  une  plaine 
sablonneuse,  ime  joamée. 

De  là  à  Al  Massyla,  une  journée. 

On  laissait  amsi  Aldjécayr  Béni  Hesghanah  (Alger)  sur  la 
gauche. 

liCs  tribus  qui  haMlaient  entre  Tlemcen  et  Tahart  étaient, 
d'après  le  même,  les  Benon  Medyn,  les  Wartaghyr,  les  Zeyri, 
les  Wartid,  les  Hani,  les  OumauTva.les  Sendjasa,  lesGhamda, 
les  lalouman,  les  WarmaksiK,  les  Tadjyn,  les  Waschkan,  les 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


330  msTCHBX  D'mpioin. 

Hagjinwa,  les  Benon  Baschid,  les  Tamtolas ,  les  Hâian,  les 
Bakara  et  les  Timam.  >  Toates  ces  tribas,  dit-il,  sont  issues 
de  Zenata.  Maîtres  de  ces  plaines,  ces  peuples  changent  sou- 
vent leurs  campemens;  cependant  ils  possèdent  des  demeores 
fixes  ;  ce  sont  d'ailleurs  des  cavaliers  dangereux  pour  la  sûreté 
des  Toyigenrs.,... Voici  la  généalogie  des  Zenata,  telle  qu'on 
la  rapporte.  Zenata  était  fils  de  Djana;  celni-ci,  fils  de  Dharis 
00  Bjalont  (Goliath),  qui  fat  tué  par  Dawd  (David),  sur  qui 
soit  la  paixl  ;  Dharis  était  fils  de  Lévi,  fils  de  Nefha,  père  de 
tous  les  Ne&a'wa  ;  Nefha  et  Ehn  leyi  aiaé  étaient  fils  de  Ber, 
fils  de  Eaîs,  fils  d'Elyas,  fils  de  Hodhar.  Les  Zenata  étaient 
originairement  des  Arabes  de  race  pore  ;  mois,  par  suite  des 
alliances  qu'ils  ont  contractées  avec  les  Hasmondis  letus  roi- 
fiins,  ils  sont  devenus  eux-mêmes  Berbers^.  • 

La  ville  d'Al  Massyla  avait  été,  au  rapport  d'El  Ëdris^  , 
restaurée  par  les  soins  d'Ali  ben  Andaloo^  (aïeul  très  pro- 
bablement de  Djàfar  ben  Ali  el  Andalousi ,  son  foavemeor 
au  moment  dont  nous  parlons) ,  sous  le  règne  d'Edris  ben 
Edria,  dans  le  mime  temps  qa'Edris  ben  Edris  fondait  la 
ville  et  le  royaume  de  Féz.  AbonUéda  se  trompe  on  son  tra- 
duel«ur  Gagnier,  car  je  n'ai  pas  en  ce  moment  le  texte 
arabe  sous  les  yeux ,  en  attribuant  la  fondation  d'Aï  Has- 
syla  au  grand  père  de  Hoezi ,  à  £1  Kaïem  Bîllah  Mohammed 
le  Fathimite,  qui,  dit-il ,  l'appela  Al  Mobammedia.  El  Kaïem 
Billah  Mohammed  le  Fathimite  ne  fit  qn' embellir  Al  Massyla, 
oit  il  allait  passer  quelquefois  la  belle  saison  ;  et  c'est  aasà  ce 
que  je  suis  persuadé  gn'a  voulu  dire  Aboulféda;  ce  savant  écri- 
vain  met  entre  Costina(Constantine)  et  AlHassyla  dix-huit 
milles  de  ^stanoe  occngées  par  one  chaîne  de  montagnes 
(on  nue  montagne  contiaiie}  ^<  AI  Massyla  était  de  beaucoup 
antérieure  même  à  Ali  ben  el  Andal<His  son  re^aitrateor 

>  El  Edrii,  ni»-  Gllmit,  r'>  icEt. 

1  Ibid.,Lc 

1  Al  KallM  Blllal)  TlUiMnlU,  dit  Aboallidi  d«M  14  UllMiba  *»  «inlWt 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAI^TRE  SBl/lBtfK-  331 

sons  Ediis  beo  Edria.  Bâtie  par  les  Romains  aux  confina  de 
la  Namidie ,  les  indigènes  en  prirent  possession  à  la  chute  de 
l'empire,  et  elle  fnt  successiTement  conquise  par  les  Vanda- 
les, par  les  Grecs  et  par  les  Arabes  jusqa'à  ce  que  l'Hispano- 
ArabeAlibenel  Andalonsi  y  vint  fonder,  sans  donte  par  l'or- 
dre de  l'ânirËlHakeml",  on  de  ces  centres  de  prédications 
an  moyen  desquels  la  politique  des  Ommyades  eut  toujours 
soîD  d'agir,  sur  les  triboe  arabes  et  berbères  du  nord  de  l'A- 
frique. Al  Hassjla  derint  par  la  suite  fort  panvre ,  et  les 
Arabes  en  sotunirent  les  babitans  à  leur  payer  la  moitié  du 
produit  de  lenrs  terres.  Léon  l'Africain  raconte  que  passant 
par  cette  ville  il  eut  grand  peine  à  y  trouver  assez  d'avoine 
poar  nourrir  les  douze  cbcvanx  qu'il  montait  avec  sa  suite  '. 
Telles  étaient  les  positions  respectives  des  deux,  kbalifats 
en  Afrique,  lorsque  Balkyn  ben  Zeiri  et  son  père  résolu- 
rent de  faire  proclamer  Hoezz  ben  Ismayl  Leddin  Allab 
dans'tont  le  Hagreb,  comme  l'avait  fait,  à  la  fin  do  règne 
d'Abd  el  Rabman  III,  Djebvar  el  Boumi.  Djàfar  ben  Ali 
el  Andalonsi  qui  commandait  en  Afrique  pour  les  Menrans, 
comme  nous  l'avons  dit,  wali  d'Al  Uaseyla  de  Zàb',  réunit 
quelques  tronpcs,  et,  dans  une  escarmondie,  tua  le  père  de 
Balkyn ,  Yousouf  be4  Zelri.  Mais  ce  succès  ne  fit  que  rele- 
ver la  fortune  du  fils  de  Zeïri,  Balkyn,  et  les  walis  zénètes, 
craignant  que  Balkyn  ben  Zeïri  ne  voulût  venger  sur  eux 
la  mort  de  son  père,  cherchèrent  à  s'emparer  de  DjAfar 
pour  te  lui  livrer  et  par  ce  moyen  l'apaiser  et  gagner  ses 
bonnes  grâces.  Djàfar  l'apprit  et  passa  en  Espagne  oîi  £1 


cendldllUeiTUiiiB. 

Co9liD«in  el  HmtIbd 

deole,  et  erreur  eonildènble,  d*DS  ce  ptsu^  d'^AbnltUdi,  qnani  i  U  diilinca 

■arqnfe  milr»  let  dMx  tHIm. 

■  LeiMieAfrIc.,  duerlt.,  p.  OS. 

>  CiilpirnDB  errinr  lypogriphlqne  ud*  doute  qu'on  lit  dan»  Condo,  en 
dm  BDdToiii  diffèreti*'(c.  M  ei  e.  SS),  Sati  el  Ertb;  an  lien  d'il  Muiylah  de  ZSb 
que  peclaMiaps  nog  ninuicriLi. 


:,.;,l,ZDdbyG00gIC 


333  msToms  d'espagetk. 

Bakein  l'accacillit  comme  on  ami,  et  dès  lors  les  araires 
d'Àfi-iqne  appelèrent  toate  l'attention  du  diwaa  de  Cordoue, 
accontamé  d'aillears,  dit  an  écrivain  arabe,  à  riacoDstance 
et  à  la  perfidie  des  scbeiks  zénètes  non  moins  qu'à  celle 
des  scbeiks  des  antres  tribns. 

Ud  des  premiers  cependant  à  seconder  Balkyn  dans  ses 
entreprises  contre  les  Ommyades  en  favear  des  Fathimites , 
fat  l'émir  de  Bassra  El  Hassan  ben  Eennoan  l'éârisite,  et  le 
premier  acte  qni  saint  ce  changement  de  parti  fat,  comme 
à  l'ordinaire,  la  sappression  djn  nom  d'ËI  H^m  dans  la 
kothba.  Une  première  armée  eoTO^ée  contre  El  Hassan 
sons  les  ordres  d'nn  général  de  la  famille  des  ATerwans 
nommé  Hohanuned  ben  el  Kbasem,  et  composée  des  troupes 
de  Tadmir ,  d'Elbira ,  de  Raya  et  des  AJgarres ,  s'embarqaa 
et  passa  d'Algésiras  à  Genta  en  rabieb-el-atral  362  (dé- 
cembre 972).  —  El  Hassan  avait  rénni  anprès  de  lai,  ^  prix 
d'or ,  on  noml[ire  conàdérable  de  schedks  berbères  des  dif- 
férentes tribus  qui  confinaient  à  ses  états,  dont  la  Tâialité 
était,  à  ce  qu'il  semble,  la  passion  et  le  mobile  dominant. 
Il  s'avança  ft  la  tète  de  cette  armée  confuse,  dont  le  gros 
était  composé  de  Berbers  h  cheyal,  contre  les  troupes  d'An- 
dalonsie,  et  fdt  assez  heareox  pour  les  battre  complètement 
en  on  lieu  appelé  el  Fobos  Béni  Massradj ,  à  peu  de  dis- 
tance de  Tanger.  Mohammed  ben  el  Khascm  el  Uerwan  pé- 
rit en  combattant ,  ainsi  qn'i^  grand  nombre  de  cavaliers 
de  son  armée,  dont  une  partie  se  réfugia  à  Tanger  et  une 
autre  partie  alla  se  renfermer  dans  Genta.  Les  émirs  réfu- 
giés dans  cette  dernière  place  réclamèrent  des  secours  à  Cor- 
doue, et  El  Hakem  donna  des  ordres  immédiats  poor  la  râi- 
nion  d'une  nouTelle  armée,  qui  ne  tarda  pas  de  se  trouver 
rassemblée  dans  les  campagnes  de  Cordoue.  Le  khalife  char- 
gea de  cette  expédition  Ghaleb,  qui  avait  été  son  maître 
(moola),  Bumommé  Baheb  Gharouba;  c'était  on  veillant 
homme  de  guerre  en  mèoae  traips  qu'on  luMiuiie  d'âat  [don 


>;,l,ZDdbyG00gle 


tîitk.tmtni  sxmhti.  333 

de  finesses  et  de  roses,  savant  d'ailleurs  et  poète  comme  l'é- 
taient tons  ces  Arabes.  Et  Hakem  Ini  dit,  en  le  congédiant 
an  moment  du  départ  :  >  Ta ,  ô  Gbaleb ,  mais  sache  que  je 
ne  te  permets  de  revenir  que  vaingneor  ou  mort;  le  bnt  est 
de  vaincre ,  ta  connais  les  gens  à  qui  ta  as  à  faire  ;  n'épar^ 
gne  point  l'or  s'il  le  faut ,  pour  mener  à  bien  ton  entre- 
prise. •  n  semblait  lui  dire  par  là  :  achète  les  chefs  berbè- 
res, je  t'ai  donné  beaucoup  d'or  poar  cela. 

Ghaleb  n'eut  garde  d'oublier  les  conseilB  de  l'imam,  ainsi 
qae  nous  l' allons  Toir  toot  à  Hieare.  Il  partit  arec  nn  grand 
train  d'armes  et  de  chevanz,  chargés  de  munitions  et  d'ar- 
gent monnayé,  à  la  fin  du  mois  de  schaval  362  (fin  juillet 
973).  Le  brait  du  passage  de  ces  troapes  se  répandit,  et  El 
Hassan  ben  KennouQ  abandonna  sur-Ie^diamp  Bassra  sa  ca- 
pitale, en  retira  son  harem  et  tons  ses  trésors  et  les  fit  frans- 
porter  à  Hissa  Hidjar  al  Nosonr  (le  Château  du  Rocher  des 
Aigles) ,  forteresse  inacessible  située  dans  le  Toisinage  de 
Ceuta.  Ghaleb  passa  cependant  la  mer  d'Alhadrà  à  Al  Kassar 
de  Masmoada.  Là  U  trouva  £1  Hassan  ben  Kennoun  campiî 
avec  ane  annëe  considérable  composée  de  Berbers  de  tou- 
tes les  tribos ,  et  l'on  combattit  de  part  et  d'antre  pendant 
plusieurs  jours  avec  des  succès  variés.  Mais  Ghaleb ,  confor- 
mément aux  conseils  de  l'imam,  ne  se  contenta  point  d'em- 
ployer les  armes  contre  El  Hassan;  il  savait  un  moyen  tout 
paissant  d'action  «ur  les  émirs  berbers  dn  Uagreb  qui  fai- 
saient la  principale  force  de  l'Édrisite  :  il  y  eut  recours;  il 
gagna  donc  à  force  de  présens,  tranchons  le  mot,  il  acheta 
la  plupart  des  émirs  africains ,  dont  beaaconp  abandonnè- 
rent le  parti  d'El  Hassan  et  passèrent  dans  celui  des  Om- 
myades.  Ceux  qui  quittèrent  ainsi  l'armée  de  l'émir  de  Bas- 
sra furent  si  nombreux,  qu'en  moins  d'ane  nuit  tous  ses 
cavaliers  étaient  disparus,  à  l'exception  d'une  troupe  fidèle 
composée  des  cavaliers  de  sa  propre  tribu ,  avec  laquelle  il 
jngea  prudent  de  se  réfugier  aussitAt  dans  la  forteresse  da 


>;,l,ZDdbyC00g[c 


334  BtSTOIBB  D'ESPAGAI 

Rocher  des  Aigles,  asile  ordinaire  des  Ëdrisites  quand  ils 
étaient  trop  Tivement  poursaivis.  Ghaleb  l'y  ponrsniTit  et 
l'y  bloqua  étroitement;  plus  le  rocher  était  inaccessible,  moins 
il  était  facile  i'j  introdaire  des  maaitions  et  des  vivras,  et 
en  peu  de  jonra  ceux  d'El  Hassan  se  troaTèrent  épui- 
sés. L'eon  vint  h  manquer  avant  tont  le  reste.  Bédoit  mix 
abois ,  El  Hassan  ben  Eennoun  demanda  quartier  an  géné- 
ral d'El  Hakem  pour  sa  personne,  sa  famille,  ses  biens  et 
ses  domestiques;  promettant  à  ces  condiliong  de  se  remettre 
entre  ses  mains  et  de  l'accompagner  à  Cordoue  où  il  irait 
faire  sa  résidence.  Ghaleb  lui  ayant  juré  ce  sauf-conduit,  El 
Hassan  descendit  de  son  rocher  avec  sa  famiUe  et  sa  suite, 
et  Uvra  la  place  h  Ghaleb  qui  eu  prit  possession  an  nom  de 
son  maître  (moharrem  363  —  octobre  973)  '. 

Ghaleb  rendit  compte  au  khalife  de  ce  succès,  qui  fut  fort 
célébré  à  Cordoue;  il  coi^nna  ensuite  la  réduction  du  Magreb, 
s'empara  de  toutes  tes  forteresses,  et  chasea  du  pays  tons  les 
partisans  des  Alaonyyins  (des  Alides  ou  descendaos  d'Ah};  oe 
nom  appartenait  aux  Ëdrisites  à  meUIenr  titre  assurément 
qu'aux  descendans  du  foarbe  Obetdallab,  qoi  régnaient  main- 
tenant sur  la  plus  grande  partie  de  l'Afrique  musulmane,  du 
Magrd)  el  Awsat  aux  frontières  de  la  Syrie.  Dans  sa  tournée 
victorieuse,  Ghaleb  ût  exécuter  t^us  les  Alcaydes  de  la  tribu 
de  Sanbadja,  dont  il  put  s'emparer.  Il  s'arrêta  (pielques  jours 
àFéz,  où  il  laissa  pour  gouverneor  dms  le  quartier  des  Al- 
Earavriyyns,  Mohammed  ben  Ah  ben  FËssous,  et  dans  celui  des 
Audaloos,  Abd  el  Kârym  ben  Ibaalah".  Il  quitta  Féz  pour 

I  Bl  Kartu.,  rol.SE  — CoDde  racoDiB  li  prife  d'il  Huiin  el  dn  fort  da  HM]»n 
Hoiom  par  Gbalcb  rtcc  quelqne  diflïrence  :  —  D'apièi  Ici  ga^iliou  ds  pu 
qoi  crojiienl  aux  augaiei  ol  i,  l'istrologle,  dil-il  (c.  01],  on  psniiadi  k  Ghalfb 
qnail,  dam  nn  ccrlain  délai,  11  na  premil  puis  Rocbar  dei  Alglel,  Il  périrait 
alDll  qne  loole  aoo  armét.  Le  Irrine  «pprachait.  Et  GbaUb  propou  i  l'iialr  Bl 
Bausn  DD  arrtDgemeDt  qae  celui-d  accepta,  parce  qa'll  i«  Irouialt  ridait  1  la 
dernière  etiitmllt,  etc.  Hat'  noua  eroyopi  qa'ji  fmt  a'en  tenir  au  (elle  orlflntl 
deraotaBianlie,  lelqael'Mitd'alUMnialTi  MeaiatlDtHbiy. 

1  n  K«nw,  teL  sa,  WM, 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAFTtBE  «kmiailt.  335 

retounicr  en  Espagne  arec  ses  prisonniers,  qni  se  compo- 
saient d'£l Hassan  bea  KeDnoiiit,et  de  pins  de  sept  cents  mem- 
bres de  sa  famille,  le  dernier  jour  du  mois  de  ramadhan 
3G3  (23  join  974),  et  se  rendit  d'abord  à  Ceola,  pnis  à  Aldjé- 
sirah  Alhadra,  où  il  séjonma  qoelgne  tempe  ponr  attendre 
les  ordres  da  khalife,  qni  accorda  à  £1  Hassan  et  anx  siens 
la  permisàon  de  Tenir  s'établir  à  Cordone,  et  ordonnaqn'on 
fit  à  Ghaleb  une  réception  triomphale.  U  alla  Ini-mémc  à 
cheval  au-devant  de  son  général  et  de  son  hôte  prisonnier, 
qae  recommandaient  son  infortune  et  son  nom.  £1  Hassan, 
dès  qn'il  aperçât  le  khalife  £1  Hakem  s'avançant  avec  sa  suite, 
descendit  de  cheval,  et,  &  son  exemple,  tons  les  scheiks  de  la 
famille  d'Édris,  et  s'homilia  aux  pieds  du  khalife,  qui  lui  ten- 
dit la  main,  et  l'invita  à  remonter  à  cheval  ;  après  quoi  ils 
entrèrent  ensemble  &  Cordoue,  et  marchèrent  escortés  de  la 
moltitude  qni  se  pressait  sot  leurs  pas  jusqu'au  palais 
Monghéith,  que  le  khalife  Ini  fit  donner  pour  demeure.  Les 
scbeiks  et  les  cavaliers  des  Bénis  £dris  furent  logés  dans  d'au- 
tres maisons  principales.  £1  Hakem  fit  inscrire  £1  Hassan  et 
les  siens  sur  le  rôle  de  ses  pensionnaires,  après  leur  avoir  fait 
distribuer  de  magnifiques  habits  et  de  grosses  sonimes  pour 
frais  de  premier  établissement,  et  l'on  raconte  qu'il  dépen- 
sait pour  sept  cents  cavaliers  ce  que  l'on  donnait  d'ordinaire 
à  sept  mille  *. 

El  Hassan  et  les  Edrisites  demeurèrent  à  Cordone  jusqu'en 
365  (975);  mais  na  différend  qui  survint  à  cette  époque  en- 
tre l'émir  déchu  et  le  khalife  amena  le  départ  du  premier 
de  la  manière  que  je  vais  dire.  On  verra  que  ce  n'est  pas 
d'hier  que  les  petites  causes  produisent  de  grands  effets. 

L'ex-émir  avait  dans  son  trésor  nn  morceaa  d'ambre  d'une 
beanté  et  d'une  grosseur  extraordinaires,  qui  avait  été  trouvé 
sur  les  bords  de  l'Océan,  entre  Larrache  et  le  détroit,  do  temps 

'  AM«I  fUlmêtm€êwit,e.*». 


>;,l,ZDdbyG00gle 


336 

qa'il  exerçait  son  empire  snr  cette  côte.  El  Hakem,  en  tyant 
entenda  parler,  vooiat  le  voir,  et  le  donanda  à  £1  Harâsa, 
non  sans  loi  offrir  d'ailleurs  une  indemnité  préalable,  éqù- 
Tslente  à  la  valeor  de  l'objet.  Mais  El  Hassan  s'excusa  et  ne 
TOnlnt  point  céder  son  morcean  d'ambre,  d'nne  grosseur  en 
effet  bien  remaniaable ,  s'il  est  Trai  que  son  propriétaire  ^'en 
servit  en  gnise  de  traversin  '.  Le  khalife  s'offensa  de  ce  refus, 
et  s'en  vengea  plus  sans  doute  qu'il  ne  convenait  à  la  ma- 
gnanimité d'un  khalife.n  fit  dépouiller  El  Hassan  de  tous  ses 
biens,  y  compris  le  précieoz  morceau  d'ambre  ;  il  saisit  même 
avec  empressement  cette  occaiion  de  rompre  avec  le  reste  des 
Alides,  pour  se  délivrer,  dit  formellement  l'anteor  de  l'his- 
toire de  Tèz,  des  dépenses  qu'il  s'était  imposé  de  faire  pour 
eus ,  et  il  les  expulsa  de  Gordoue  avec  leur  chef,  et  les  exila 
eu  Orient,  oti  des  vaisseaux  partis  d'Alméria  les  transportè- 
rent vers  la  fin  de  l'année  975.  Les  Alides  exilés  se  rendirent 
de  Tunis  en  Egypte  près  de  Hoezz,  qui  promit  h  El  Hassan 
de  le  rétablir  dans  ses  droits  et  de  le  venger;  ce  qui  n'eut  lien 
que  beaucoup  pins  tard ,  et  lorsque  déjà  £1  Hàkem  était  mort 
depuis  longtemps ,  parce  que  sans  doute  ses  forces  lui  étaient 
nécessaires  eu  Egypte.  Hoezz  écrivit  cependant  à  l'Émir  cl 
Honméuyu  d'Espagne  nue  lettre  hautaine,  où  il  le  menaçait 
de  toute  sa  puissance,  et  le  traitait  d'usurpateur  des  états  du 
Magreb;  mais  les  choses  en  demeurèrent  là  eAtre  les  deux 
khalifes,  et  l'Afrique  septentrionale  se  maintint  jusqu'à  la 
mort  d'El  Mostanssir  dans  ht  dépendance  de  l'Espagne,  dans 
cette  dépendance  un  peu  vague  et  incertaine  qui  a  .toujours 
caractérisé  la  soumission  des  peuples  de  ce  pays. 

Nous  avons  dit  déjà  que  le  livre  d'après  lequel  nous  ve- 
nons de  raconter  la  chute  da*demier  émù  du  Magreb  de  la 
race  d'Edris,  était  l'histoire  de  Fëz  et  de  Harok,  connue  sons  le 

1  CondaapBMi  lousiilcncecttltciiMiuliiKe,  qiieD'(|>«tpliii^l^||<wni 
VoyM  le  lUDiucrit  vibe  de  l«  Dlbl.  nj.,  fol.  m. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CBAFITEE   SKTzrîrMB  ^^j 

nom  de  petit  Kartas.  I*  nom  de  Bon  aatem-  eet  Abon  Moham- 
med el  Saieh  ben  Abd  el  Halim  el  Gamati  >.  C'est  de  Ini  aussi 
qne  doos  tiierona  l'histoire  des  Almorandes  et  celle  des  Al- 
mohades  ".  Le  titre  de  l'onviage  est,  soivant  Bombay  :  Aïanù 
al  motrii  al  terliu  f  akhbari  nulotit  il  magrib  tilarOh 
mtdinaH  fat.  C'est  le  véritable,  ai  ce  n'est  qn'il  j  manqne  le 
mot  rouodA,  qn'il  faut  rétablir  conformément  à  on  fragment 
de  Fétis  de  la  Croii,  qni  existe  à  la  BibUotbèqne  de  Paris.  Ce 
titre  se  dimaj  en  qnatre  incises  bien  proportionnées,  et  mar- 
quées par  la  rime  ainsi  qu'il  suit  : 

Alanis  al  fflotreb 
Ronadli  Bl  kanas 
ïi  aUibar  molonk  el  Hagt«& 
We  tjgikh  medinali  fas. 

Ce  litre  signiSe  i  la  lettre  :  le  eamarade  qni  donne  un 
concert  dans  les  jaidins  du  papier:  de  Ihietoire  des  rois  du 
Hagreb  et  annales  de  la  ville  de  Féz. 

Les  derniers  événbmens  qni  marquèrent  le  règne  d'H 
Hakem  n  furent  tons  d'ordre  et  de  prévoyance  intérieure, 
n  nomma ,  eu  cette  année ,  capitaine  de  sa  garde  andalouse 
Djâfcr,  ais  d'Othman  Abou  el  Hassan,  son  hadjeb  qui 
l'année  précédente  était  revenu  du  gouvernement  de  Ma- 

m.  Ol.  0.  TychMD  (AtaMkriii  Hltlorii  Honttjg  AribojD   o  iW  thn  Va 
Zoana.  Lm  rechanhiida  Hoen  (HEtL  doi  S«bgr«DDi  rnihnmaUnoi  qoereln 


ll.»ri«al.J  D.  p«„„.  „,„„  „„„  ^„j,  ^  ,,  n«,"wiZ    «cW 
Il  ctiul  qne  ports  Doln  minuBcill  da  U  bibliothéani  o.UomIb 

lonhiti.  al  Hfuwahhtita    A»  ».a. -i    w       ... 


—  1— r """—"""'l'iuBUDIDIlOUItaiigiKUoiitl,, 

'  Al  Morabtti,  al  Nuwahhlds,  on  mltni  il  Maufalihn.  /u.  v^u 


22 

>;,l,ZDdbyC00g[e 


31)8  msToniE  D'àpAOns. 

jorka,  et  cadbi  de  la  mmqaée  pjéma  de  Cordone,  le  docte 
gëvillan  Ahmed  ben  Abd  el  Helek  hen  Hesdram,  conna  dans 
Is  littératare  orientale  Rons  le  nom  d'El  Hokon;;  il  arait  déjà 
été  préseiOé  deux  ftns  poor  cette  chai^,  et  n'avait  point  été 
admis;  il  était  du  cowdl  d'état,  et  y  jonissait  de  tonte  l'e:^ 
time  do  Ibalife,  anqnelil  arait  présenté  on  onvrage  profond 
traitant  de  la  p<ditic[iie  des  princes  et  des  maximes  â'nn  bon 
goaTemement,  divisé  en  cent  livres,  et  qn'U  avait  cnaposé 
en  compagnie  dn  savant  Obeidallah  el  Hoaïtt;  cet  oavrage 
fat  si  agréable  à  El  Hakem,  qn'il  les  nomma  tons  denx  mem- 
bres dn  Heschonar,  et  ce  fnre'nt  de  dignes  collèges  da  sa- 
vant cadhi  Ebn  Zarbi,  qui  les  présidait,  n  donna,  à  Zafara, 
nue  belle  maison  an  célèbre  historien  Ahmed  ben  Saîd  el 
Hamdani,  qni  s'occapait  d'écrirf  l'hifAoire  d'Espt^ne.  "Le 
khalife  dosna  également  une  maison  près  dn  palus  à  Ton- 
sonf  ben  Haaroun  el  Ramédi,  appelé  Abou  Àhmar,  Vnn  des 
poètes  les  plus  distingués  de  ce  temps.  Il  avait  fait  pour  £1 
Bakem  deux  poèmes  remarquables ,  l'un  sur  la  chasse  et 
l'antre  sur  la  cheTalerîe.   , 

GoBde  rapporte ,  an  sujet  de  ce  poète,  nn  récit  qœnoas 
conserverons  tout  entier  *. 

Abou  el  Walid  bep  el  Fardi  ri^porte,  dit-il,  qn'Ei  Ba- 
médi  racontait  lui-même  ce  qni  anit  :  je  sortis  nu  joor  après 
la  sala  dn  djonma  (prière  du  vendredi),  et  je  passai  le  fleuve 
de  Cordoae;  je  me  promenais  dans  les  jardins  des  Seni 
Merwàn,  oil  je  rencontrai  nue  jenne  esclave  :  de  ma  vie 
je  n'en  avais  vu  aocnne  donée  d'aotant  d'éclat  et  de  beanlé 
qu'elle;  je  la  salnai  et  elle  me  répondit  avec  beaucoup  de 
grâce ,  car  elle  n'était  pas  seolement  affoble ,  mais  aussi 
pleine  de  mérite  ;  le  son  de  sa  voix  avait  tant  de  douceur , 
qu'il  charmait  l'oreille  et  s'insinuwt  par  là  jusqu'à  l'an», 
en  sOTte  qne  sa  grâce,  sa  voix  et  ses  discours  subjvguèrent 


>;,l,ZDdbyG00gle 


ORAftTSB  SEintarB;  ^.t9 

non  cœnr.  Je  "bA  dis:  ponr  Alkh!  ponrrai-je  l'appeler 
«Bor  oa  mère?  EUe  me  répondit  mère,  si  tu  veux  ;  je  lui 
dis  alors  :  de  grâce  ponrraî-je  savoir  comment  on  te  nomme? 
elle  me  répondit  :  on  me  nomme  Halewa  :  ce  fut  dans  une 
bearease  fadàh',  lui  dis-je,  qae  l'on  te  donna  nn  nom  si 
don^u  C(Hnmc  Vhenre  d'AIazar  approchait ,  elle  retourna  iV 
la  cité-,  je  saivis  ses  pas  et  A  l'entrée  do  pont  elle  me  dit  : 
pour  Allah!  marche  detant  oo  derrière,  car  cela  Fera  mienx 
et  plos  conrenable;  je  Ini  dis  alors  :  et  sera-ce  là  ponr  mn 
courte  félicité  ma  dernière  conversation  avec  toi?  et  elle  ré- 
pondit :  non  certainement  si  fn  le  veux  :  eh  bien!  qannd, 
lui  dis-je,  aorai-je  le  bonheur  de  te  rencontrer?  chnqwc 
djonma,  dil^elle,  dans  le  même  lieu  et  à  la  même  heure; 
et  là-dessus  elle  s'en  alla.  Ebn  Ahmar  continuait  : 

On  n'a  pas  besoin  de  me  demander  si  je  fus  exact  le 
djonma  suivant,  qui  me  parut  tarder  un  an  à  arriver.  Je 
me  rendis  par  le  pont  aux  jardins  de  HerwaQ  où  je  ta  rcn- 
c«ntraî;  elle  me  parut  pins  belle  que  la  première  fois.  Nous 
nous  salndmes  et  notre  confiance  s'accrut.  Mous  retournâ- 
mes à  la  ville  et  en  me  séparant  d'elle  je  M  demandai  : 
quel  prix  demanderait  ponr  toi  ton  maître  si  la  cupidité  le 
portait  à  le  vendre?  elle  me  répondit  ;  trois  cents  milkak 
d'or  :  ce  n'est  pas  beaucoup,  me  dis-je  h  moi-même.  Sur  ces 
entrefaites  je  fus  obligé  d'aller  h  Saragosse;  je  visitai  le  gou- 
verneur Abd  el  Bahman  ben  Mohammed;  je  lui  présentai 
une  kas.'ùda  de  vers  bien  connue,  où  je  décrivais  les  char- 
mes de  la  belle  Halewa  ;  je  racontai  auTvali  mes  aventures. 


■  I.I  FaiIi>Aéliil«h«ilFt  llnialDun*  d'Bfiwgiie  nDeKledomrBttqD»  I*  Saionr 
da  II  iwbuDM  d'im  eobni  intla  od  rcnslle  pour  lui  donocr  Bon  nom  ;  on  iniii 
noe  pièce  dgbililll  l'iieure  il'AdobDi  du  jour  précédent;  la  familk  s'oucinhlait 
■I  raî«a1  DU  le  pèro  de  l'ecrant,  InToiiiigDt  te  oain  d'Allah,  lai  disait  è  rarellle  lu 
MB  qa'iVdenlt porUr;  tOM  buii|mI«iiI  di  U  bâte  tnéatt  eo  donpaient  inx  puK 
TrM|lN  tidivs  BD  pcuinii  en  outre  le  poil,  cl  rndoiiDaieDt  lepoidicnor  ou 
•■  «rgant  par  «idbdt  de  Dfta. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


340  mSTCMEK  D'KPAaXK. 

et  il  mefît  préseot  des  tnns  cents  mi&alH  d'or,  mrlesqaels 
je  ne  dépensai  qoe  les  trm  de  roate  :  je  volais  en  retour* 
nant  à  ma  cbère  Cordooe,  à  mes  tant  désirés  jardins  de 
Mervran;  mais,  ô  tristesse!  je  ne  troarai  plus  de  traces  de 
ce  que  je  cherchais.  Voyant  mes  espérances  dépoes  je  me 
disposai  à  partir  poor  ma  patrie;  mais  otname  je  pi^enois 
congé  d'an  ami  enr  sa  porte  (on  verra  par  la  snite  do  récit 
qoe  cet  ami  n'était  antre  qoe  le  célèbre  savant  Abou  Aly  et 
Kali  dont  nons  avons  si  souvent  parlé),il  me  fit  entrer  dans 
sa  maison ,  me  ctmdoisit  dans  son  appartement  et  me  fit 
asseoir  sor  emi  estrade  :  il  se  leva  bientàt  pour  vaqner  à 
ses  aflaires;  pour  moi,  je  n'avais  pas  osé  regarder  avec 
curiosité  nne  femme  qui  se  troavait  là,  oonverte  de  son 
voile  ;  mais  elle-même  se  leva  A  la  h&te  et  levant  son  voile 
dit  :  Est-il  possible  que  ta  ne  me  connusses  déjà  pins?  et 
je  fus  alors  ébloui  de  la  beauté  de  cette  même  Halewa.  Je 
m'écriai  tremblant  :  càel!  que  vois-je  et  qu'est-ce  que  j'en- 
tends? Ne  disiùs-tu  point  que  tu  étais  esdave  d'un  tel?  — 
Il  est  vrai,  répondit-elle  d'une  voix  troublée;  et  elle  allait 
poursuivre,  mais  son  maître  arriva  ;  eUs  se  tut  et  moi-même 
je  restai  muet;  et  afin  que  ma  pAleur  ne  trahit  point  l'état 
de  mon  âme ,  je  demandai  A  Dien  de  raffermir  mm  cœur , 
et  sous. prétexte  d'une  indisposition  subite  que  j'éproavais, 
je  pris  congé  et  je  sortis  de  la  maison.  C'est  en  cette  occa- 
sion que  je  composai  ime  kassida  de  sept  chansons  k  cette 
belle  esclave.  Autant  elle  {dut  à  mes  amis,  autant  elle  in- 
disposa le  maitre  d'Halewa,  et  ce  fnt  la  cause  de  mon  mal- 
heur et  du  sien.  £1  Hakem  désira  voir  cet^  femme  tant  cé- 
lébrée; sachant  qu'elle  était  dans  la  miùson  d'Abou  Aly 
elKali,  il  parvint  à  la  visiter  pmdant  la  sala  du  djoomi,  le 
jour  màne  qui  avait  été  fixé  pour  la  réception  de  l'envoyé 
dn  roi  des  chrétiens.  Ce  jour-là  prêchait  dans  la  mosquée 
Djéma  de  Cordoue  le  cadhi  Hondhir  ben  Saïd  el  Bélouti, 
ainsi  appdé  d'un  homeaa  vcHsin  de  Cordonc  que  l'on  nom- 


>;,l,ZDdbyC00g[c 


CHAPITBE  SBlzmiE.  341 

mait  Fohos  el  Bâont,  hommo  éloquent  et  doné  â' une  voix 
sonore;  le  khalife  ioTïta  le  cadhi  à  prolonger  son  eennon 
pendant  l'entrée  de  l'envoyé  des  <4irétiens,  sachant  que 
AImhi  Aly,  maître  de  la  belle  esclave,  ne  manquerait  pas  de 
demeurer  dans  la  mosquée  josqu'à  la  fin  comme  h  l'ordi- 
naire. Le  cadhi  le  fit  tdoù ,  et  ce  fut  peut-être  avec  malice 
qa'il  dit  à  la  fin  de  son  sermon  :  mon  discoars  a  été  loi^; 
aajoord'hni ,  parce  que  je  n'ai  point  parmi  mes  auditeurs 
la  jeunesse  ennemie  des  longs  sermons ,  que  l'imam  émir 
èl  Momnénïn  retient  comme  reléguée  dans  one  senle  partie 
de  la  ville;  et  si  ce  n'eût  été  à  cause  du  khalife  (dont 
Dien  prolonge  le  bonheur  et  le  règne!),  moi  aussi,  qui 
sois  curieux  des  choses  nonvelles  et  extraordinaires,  je  ne 
serais  pcnnt  demeuré  en  ce  lies  où  il  ne  reste  presque  pins 
personne. — De  cette  visite  résultèrent  des  resscntimens  et  de 
la  jalousie  :  le  poète  El  Samedi  tomba  dans  la  disgrâce  du 
khalife,  et  l'esclave  dans  celle  de  son  maître,  dont  El  Ba- 
médi  perdit  l'amitié.  Aboa  Abmar  el  Bamédi  fut-il  mis  en 
prison  pour  le  criine  qu'on  vient  de  voir?  on  ne  sait;  mais 
Honuddi  rapporte  qu'il  écrivit,  étant  en  prison,  L'éloge 
d'El  Hakem,  ainrâ  que  le  livre  des  oiseaux ,  où  il  traite  de 
lenr  nature  en  vers  élégans  ,et  qui  est  terminé  par  des  sup- 
pUcatitmB  an  piinoe  Hesdiam,  afin  qu'il  voulût  bien  in- 
tereéder  près  de  son  père  m  faveur  du  pauvre  poète  pri- 
sonnier, et  qndques  expressions  (dtecures  de  cette  prière 
penvent  donner  à  penser,  en  effet,  qu'il  j  fut  mis  pour  ce 
siaguliBr  sajet  >. 

Ters  ee  tempe,  pour  complaire  h  sa  femme  favorite  Soh- 
béja,  mère  d'Hesdiun,  on  célébra  avec  beaucoup  de  magnifi- 
œnoe  i  Gndone  la  reconnaissance  et  la  proclamation  d'Hes- 
cfasm,  cm  qualité  de  vrali  el  ahdi,  quoiqu'il  fût  encore  très 
jewkD.  On  convoqua  les  valis  das  prineipales  capitaimes,  les 


>;,l,ZDdbyG00gle 


342  B1S1XHBI ,  D'eSPAGMI. 

wasin,  les  khatebe,  et  tons  les  fonctiomuires  d'un  otdre 
élevé,  et  il  f  eot  à  cette  occasion  des  fêtes  et  des  réjouissances 
dans  tontes  les  villes  de  l'eiB{Hre.  Les  peètea  sortoat  célébiè- 
rent  à  l'envi  le  khalife  lettré  et  poète  lainmâtae  qui  les  pro' 
logeait.  Coude  ccmtient  à  ce  sujet  une  longue  énnmération 
de  ceux  qui  vinnut  à  Cordone  ea  cette  circonstance  ;  il 
nomme  A.boa  Ahmar  el  Bantédl  qui  obtint  sa  grâce  et  sortit 
de  prison  le  jonr  même  de  la  cérémonie,  et  parle  de  plosiears 
écrivainâ  non  moins  distinguéB,  bien  qu'ils  habitassent  les 
provinces.  De  ce  nooUire  était  £bu  Walid  Youonss ben  Âbd- 
allab ,  cadhi  de  Badfijoa  ;  sur  la  renommée  de  sa  vertu  et  de  ses 
taleos,  le  khahfe  le  fit  venir  h  Gordooe;  mais  bientôt  fatigué  du 
bruit  et  des  vanités  de  la  capitale,  il  demanda  la  permission 
de  se  retirer  dans  une  solitude  de  l'iJgarbe  ;  c'est  là  qa'il  écri- 
vit ses  ouvrages  ascétiques  et  du  mé[ais  des  choses  huniaines. 
L'EQûrani  Ëbn  l»a  el  Gnanl ,  tpâ  arrivùt  d'Égjpte  et  d'an- 
ges pays  de  rOiifuit  où  il  avait  voyagé  par  ordre  d'El  Ua- 
kem,  montra  aussi  dâtis  cette  eircoaetanioe  aeu  mérite  et  sa 
gratitode  envers  le  khalife;  il  loi  préaenla  sa  géographie  et 
une  description  en  vert  des  eavitoos  d'Elbir*.  £n  cette  même 
occaùcm  te  distinguèrant  deux  illnsbCs  émdils  de  Guadaiha- 
jara,  Aluned  ben  Schalaf  bén  Hohsnuned  b«n  F4NABW1  elUa- 
dyonni,  et  Ahmed  ben  MooBa  ben  Tanki ,  Itaqaela,  «[«te  av<ûr 
étudié  dans  leur  patrie  avec  le  fiunesK  Waheb  ben  HasBén,  et 
à  Tolède  avec  AbdelBabman  ben  lesft  braModare^j,  étaient 
allés  en  Orient,  avalent  été  en  Égjpla  «t  h  Hekka,  et  vcnaiont 
d'arriver  à  Cordone  avec  El  Sadek  ben  Schalaf  ben  BtàHJl  d0 
Tolède,  hafaituit  de  Bu-gas,  qni  venait  de  viotor  le  temple 
d'Âlaksft.  On  applaudit  tes  vers  d'ibryùm  ben  âchalra  AbMi- 
Ishak,  Bumommé  Abon  el  Ariiadj ,  de  Séville,  déjà  oH^brt  par 
ses  poésies  descriptives,  et  ceux  de  Soulèlman  ben  Batal  de  Bb^ 
dajoz,  connu  sons  le  nom  de  Alen  Gondi,  parce  quabcMMwqp. 
de  ses  productions  commençaient  par  ces  mots,  signifiant: 
yenx  fortunés!  On  vit  aussi  se  distinguer  par  des  piWTéQ  ^1^- 


>;,l,ZDdbyC00gle 


chafube  sEizùlfE.  343 

tantes  de  lear  esprit  SooleïinaQ  ben  Schalaf  bea  Âhmer,  snr- 
nonuoé  £bn  Gamroa  de  Gordoae,  qui  avait  été  cadhi  d'Eâja, 
et  vivait  actaellemeat  à  Cordooe  dans  le  Khaxtdek  oa  fosaé 
do  faobooi^  de  Aradjedjila,  et  que  le  khalife  fit  vrasir  de  son 
conseil  i  et  Yahya  ben  Hescham  el  Merwàni,  et  le  docte  poète 
de  Gordoue ,  Yahya  ben  Houdhéil,  et  Youonas  bea  Mesoad 
de  la  Bosafa  de  Gordoue,  auteur  de  la  Deaoription  des  Jar- 
dins, et  Yoisch  beo  Saïd  de  Baeoa,  qui  traiiscrivait  avec  une 
merveillmBe  élégance  Les  poésies  qui  obtenaient  la  préférence 
et  la  Batteuse  approbation  d'ËI  Hakem.  L'éruditioQ  et  la  poésie 
jouissaient  en  ce  temps  d'une  telle  estime  en  Espagne,  que  les 
femmes  mêmes  s'y  adonnaient.  Les  biographes  arabes  nom- 
ment avec  complaisance  plusieurs  de  ces  fcnunes  distinguées, 
et  font  une  mention  toute  spéciale  de  Uaryem,  fille  d'Âbon 
Yakoub  el  Falsoli  de  Xilbe,  qol  donnait  des  leçons  d'érudition 
et  de  poésie  aux  jeunes  filles  des  plus  illustres  familles,  et  jouis- 
sait d'une  grande  célébrité  à  Sévllle.  De  son  école,  dit  un  de  ses 
biographes,  sortirent  quelques-unes  de  ces  grâces  qui  faisaient 
les  délices  des  palais  des  princes  et  des  grands;  Badhyia,rnne 
d'elles  qu'£l  Hakem  avait  surnommée  l'heureuse  étoile,  af- 
£rauchie  d'Âbd  el  Bahman  el  Nassr,  qui  la  céda  à  son  fils, 
faisait  l'admiration  de  ce  temps  par  ses  vers  et  ses  él^autes 
histoires  ;  apris  la  mort  d'£l  Hakem,  elle  voyagea  en  Oiieut 
ets'attiraputoutlesapplaudissemensdes  connaisseurs  et  des 


A  l'eiemple  du  khalife  les  walis,  les  wasirs  et  les  scheikhs 
prÏJKipaax  de  la  captale  et  des  provinces  prot^eaient  les 
savauB,  honoraient  les  lettrés,  et  ne  laissaient  échapper  ao- 
cone  occasion  de  leur  montrer  le  prix  et  l'estime  qu'ils  M- 
Baieot  de  leurs  taleos.  Tel  était  le  goût  de  ce  temps  pour  les 
choses  littéraires  qu'on  faisait  réàter  une  soura  ou  ou  mor- 
ceau de  poésie  inédit  devant  les  personnes  qu'on  voulait  bien 
recevoir,  comme  on  leur  présente  aujourd'hui  le  café  ou  le 
sorbet.Le  cadhi  de  Cordone  Uohammcd  ben  Ischak  ben  SéUm 


>;,l,ZDdbyG00gIe 


344  HISTOIRE  d'espaghs. 

était  on  homme  aastère,  mais  docte  et  a&ble;  El  Khaeem  ben 
Àsbadj  el  Baéni  raconte  qae  le  cadhi  YoaonaB  rapportait  de  M 
le  trait  «livant  :  Ebn  Safaran  el  Schéïbam  demearait  à  Cordone 
SOT  les  bords  da  fleave  dans  le  cpiartier  des  fontaines  (Ad vat 
el  Aïonn);  il  arriva  qne  le  cadhi  Ebn  SéIim,ëtaQt  sorti  à  die- 
val,  fut  snipris  par  h  ploie,  qui  l'obligea  à  entrer  avec  son 
cbeval  dans  le  dHiliz  (le  vestibole  on  la  cour)  d'El  Schéïbani  ; 
celni-ci  sortit,  le  pria  de  descendre,  et  le  fit  entrer  dans  sa 
maison  ;  après  les  complimens  d'usage,  et  l'aToir  fait  assefnr 
snr  son  estrade,  El  Scheôbani  donna  quelques  ordres  et  une 
jeane  fille  entra,  on  Koran  à  la  main.  £1  Schrïbani  loi  or- 
donna d'en  lirs  tme  sonra.  Les  Mnsolmans  divisent  le  Koran 
en  1 1 4  sooras  ou  chapitres  fort  inégaux ,  chaque  sonra  en  di- 
verses hizbés  on  sections,  et  celles-ci  en  un  certain  nombre  de 
scbaras  ou  petites  divisions  de  dix  vers  ;  le  vers  alcoramqne  se 
nomme  aléya  :  au  commencement  de  chaque  sonra  ae  trouvent 
le  titre,  le  nombre  de  vers  qu'elle  contient  et  la  mention  si 
elle  a  été  publiée  à  la  Mdike  on  à  Hédine  ;  le  Koran  est  la 
lecture  par  excellence,  et  c'est  encore  un  emploi  dietingaé 
que  celui  de  mokri  on  lecteur  du  Koran  dans  les  mosquées  ; 
on  7  lit  d'une  voix  élevée  et  selon  de  certains  principes,  et 
l'on  appelle  cette  ntanière  de  lire  tala.  Ïa  jeune  âUe  dit 
nue  schara,  elle  chanta  ensuite  quelques  vers,  d'une  vmx 
douce  et  avec  tant  d'intelligence  et  de  grâce  que  le  cadhi 
en  demeura  charmé;  sans  être  aperçu  il  tira  une  bourse  «t 
la  glissa  sous  son  siège.  La  plaie  ayant  cessé  il  remwda  sm 
hôte,  prit  congé  et  remonta  à  cheval.  El  Sdiéïbani  l'ayant 
reconduit  rentra  aossitàt  et  trouva,  sous  l'estrade,  une  bourse 
contenant  vingt  dohlas  d'or  >. 

Un  autre  passage  rapporté  également  par  Ckmde  ■  peut 
donner  une  idée  de  ce  qu'était  une  réunion  de  savans  k  cette 


I  KlKlui«at>«BAilMdltiBMnl,du(CaBde,c 
ï  UM.,  i.  e. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAFTTBB  SEIZIÈME.  345 

époqne,  et  comment  on  ^employait  le  temps.  Je  laisserai  par- 
ler l'anteor  arabe. 

Ahmed  ben  Saïd  ben  Kaathir  el  Aneàri  de  Tolède,  docte 
fakih  de  cette  TÎlIe  et  fort  riche,  7  jonissait,  dans  oe  temps, 
d'une  grande  considération.  On  raconte  de  Ini  qn'il  avait 
fWDtmne  de  réunir  chez  M  jnsqn'à  quarante  unis  affection- 
nés aox  belles-lettres,  tant  de  Tolède  gne  de  CalatraTa  et 
d'antres  Tilles.  On  se  réonissait  pendant  les  mois  de  novem- 
bre, de  décembre  et  de  janvier,  dans  nne  grande  salle  dont 
le  parqnet  était  convert  de  tapis  de  laine  et  de  soie  et  de 
eonssins  magRifiqne8;les  murs  étaient  tendns  de  tapis  et  de 
draps  ouvrés.  Il  7  avait;  an  miliea  de  cette  salle,  nn  groK 
cylindre,  de  la  haiitenr  d'un  homme,  plein  de  charbon  alla- 
mé,  aotonr  doqoel  on  se  rangeait  à  la  distance  qui  convenait 
à  chacan.  On  ouvrait  la  séance  par  la  lecture  d'one  hizbé  ou 
section  du  Koran,  ou  bien  par  celle  de  quelques  vers,  que 
l'on  commentait  ensnite.Les  lectures  continuaient,  el  ehacnn 
apportait  là  son  tanbut  d'idées.  De  temps  en  temps  cependant 
on  suspendait  la  conférence,  et  les  domestiques  de  la  maison 
apportaient  des  parfums  que  l'on  brûlait  on  distribuait  aux 
membres  de  l'assemblée,  et  de  l'eau  de  roses  pour  leore  ablu- 
tions. Peu  après,  vers  le  milieu  du  joor,  on  servait  un  repas 
assez  simple  consistant  en  viandes  de  chevreau  et  de  mou- 
ton, et  en  qaètqnee  autres  mets  apprêtés  à  l'huile,  anxqucls  ' 
on  jo^nait  du  lait  caillé,  dn  benrre,  des  olives,  des  gâteaux 
el  des  bonbons  varife,  quelques  fruits  secs,  des  oranges  et 
des  dattes.  Pendant  les  plus  courtes  journées  de  l'hiver,  Us 
passaient  la  phis  grande  partie  du  jour  h  table,  tout  en  cau- 
sant et  en  dissertant.  Ces  conférences  doraient  jusqu'à  la  fin 
de  janvier,  et  avaient  Heu  tons  les  ans.  Ancun  habitant  de 
Tfdëde  n'égalait  en  générosité  le  fakih  Ahmed  ben  Saïd,  bien 
qu'il  s'y  trouvAt  des  gens  très  riches ,  et  tel  était  son  dévoue- 
ment h  la  science  et  aoz  lettres,  qu'il  logeait  dans  sa  maison 
et  pensumnait  plosieius  taooimes  fines  k  la  cnltnie  de  l'es- 


>;,l,ZDdbyC00glc 


346  RBTOU  D'BWAOn. 

prit,  dont  qidqaeB-ans  suit  devenus  câ^reB  dans  la  littë* 
rature  orientale,  le  khalife,  joste  appréciateur  du  mérite, 
le  DMnnu  préiet  de  la  joridiction  de  Tolède  ;  mais  Taïsch  bea 
Mobammed,  cadhi  de  la  mâoie  juridiction,  le  lit  assassiner  par 
envie  de  sa  renommée  et  de  sa  popolahlé.  Le  nwortrier  en- 
tra ches  lui  on  jour  qu'il  était  seul  \  Ahmed  bea  Saïd  était 
occupé  i  lire  dans  son  Kwan;  il  devina  pourquoi  cet  homme 
venait,  et  il  loi  dit  :  Je  sus  ce  qui  t'amène;  remf^Us  ta 
commisûon  ;  Dieu  est  au  ciel,  qui  voit  tout  et  pèse  tout. 
L'assassin  l' étouffa ,  et  l'fHi  répandit  le  bruit  qu'il  était  mort 
d'un  accident  naturel.  Ebn  HayTan  dit  qu'il  fat  (ûnai  ansa-ssiné 
dans  nn  voyage  qu'il  &  &Saatarem,eb  403(10123  ■.  U  laissa 
un  fils  nommé  Saïd  ben  Ahmed,  qui  fut  cadhi  de  Tolède,  et 
qui  mourut  en  1069.  C'est  en  parlaat  de  Saïd  ben  Ahmed 
et  de  ceux  qui  lui  ressemblaient  qu'Ahoulfarc^,  l'auteur  des 
Dynasties ,  a  dit  :  •  Ils  n'ignoraient  pas  que  cens,  qui  travail' 
lent  au  pn^;rès  de  la  raison  sont  les  élus  de  Dieu,  et  les  meU- 
leors  et  les  plus  utiles  serviteurs  de  l'Être  Saprème  :  la  vile 
ambition  des  Chinois  et  des  Torks  peut  se  vanter  de  l'indostrie 
de  leurs  mains  ou  de  leors  jouissances  sensuelles.  Ces  habiles 
ouvriers  doivent  rongir  cependant  en  voyant  les  hexagones 
et  les  pyramides  des  cellules  d'une  mche  d'abeilles.  La  féro- 
cité des  tigres  et  des  lions  doit  épouvanter  ces  hommes  bra- 

'  ve> Uajs  les  maîtres  de  la  sagesse  sont  les  flambeani  et 

les  législateors  du  monde,  et  sans  eux  le  genre  hnmain  retom- 
berait dans  l'ignorance  et  la  barbarie'.  - 

El  Hoetaussir  mit  tous  ses  soins  h  donner  à  son  fils  onï- 
que  (c'est  ainsi  que  tous  las  dncumens  arabes  qualifient  le 
111s  ie  Sohbéya,  Hescham),  les  pins  doctes  précepteurs  que 
l'on  put  trouver  en  Orient  et  en  Ocaident;  il  rechercha  en- 
tre autres  pooi  cet  objet  l'on  des  eavans  dont  noua  avons 


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CHAPnitE  SEiziiu:.  347 

parlé  dans  notre  chapitre  précédent ,  Aboa  Bekr  el  Hassui 
el  Zébeïd',  originaire  de  Séville  et  habitant  de  Cordoue, 
disciple  de  Ekasem  bea  Asbadj ,  de  Saïd  beo  Fabloun  et 
d'Ahmed  ben  Sud  pour  la  langue,  et  d'Aboa  Alj  el  Bag- 
dadi  pour  la  poésie  :  ce  Zébeïd  était  l'homme  le  plus  doote 
que  l'on  connût  alors  dans  la  langue  arabe  et  sa  grammaire; 
il  Alt  spécialement  chargé  de  l'enseigner  à  Heacham.  Il  com- 
posa divers  ouvrages  très  curieiu ,  et,  comme  noas  l'avons 
dit  d^à,  l'abr^  da  célèbre  dictionnaire  intitulé:  Aïu  (ia 
FoDtaioe  ou  la  Sonrce).  Il  fat  aidé  dans  ce  travail ,  d'après 
les  ordres  du  khalife,  par  le  capitaine  de  la  garde  Moham- 
med ben  Aly  Iloosson  et  par  Abou  Âly  el  Bagdadî.  £1  Zé- 
beïd fat  préfet  de  la  juridictiou  de  Cordoae  et  occupa  di- 
vers postes  importans  sous  le  successeur  d'El  Hakem.  £1 
Kkasem  ben  Asbadj  de  Baena  enseignait  an  txOax  khalife  im 
iùstoues  traditionnelles;  Uohammed  ben  Ehateb  el  Lezdi,  ^ 
l'histoire  Uttéraire  et  la  versification^  et  enfin  £1  Thoboi  de 
Zàb  (de  [Diobnah ,  viUe  africalae ,  sijtuée  à  l'est  d'Al  Mass;- 
lah  ;  dans  la  direction  des  monts  Aonras) ,  était  chargé  de 
lui  faire  comprendre  les  poésies  les  plus  célèbres  de  la  lit- 
térature orientale'. 

Aucon  mooaitgie  masulmaa,  ai  l'on  en  excepte  Haaroun 
el  fiaschid  et  Abd  el  Bahman  lU ,  ne  fit  plus  de  cas  et  ne 
prit  plus  de  soin  qa'£l,Hakeffl  des  hommes  qui  cultivaient 
le»  lettres  et  les  sdeocea  3.  C'est  ainsi  foe  ceox  gae  nous  ve- 
nons de  uommei:  oocopatent  presque  tous  des  postes  éii^aens 

>  SanwmenUert'éccU  i^oaBtkf  KsfaUUMdb*nelbwab«AM«llili 
bcD  Ucihad]  «1  T.èbéiii. 

1  Coa<e,c.U. 

1  Vin*  ooiii  HliBihraa  ftwan  MCelltHiM  WdvqtaqM  ^ttMt  ta  jt/mlt 
CtTOibibail;  pTMnIl*,  honoribua  impliMimij  comnliill  :  quorirn  ilio*  rarim 
Bbpinluran  tmitUbDi,  tUot  blitorita  id(  niianll  ml  UltsnrlB  conacribaadA 
dBllgebai;ldqDa  ucunllni  flcnl  nrbigm  prahcUi  calcTornmqaa  loeonuii  rac- 
lorlboi  Bagoilom  d«b>i  et  certlorai  qauque  notiilM  cnm  id  ■ailqnlutDm  mo- 
nnmeiiu,  inm  ad  (kmlUaniiii  origtiiea  el  iMminit*  perUpuilw  <lillfepi>i  tx 
iDCotU  axqolrarcDt  nlticDdaïqne  turireot  (Ebn  cl  Abar,  daua  CuiTi,p.  Mij. 


>;,l,ZDdbyC00g[c 


348  aiSTMBE  d'espaghb. 

dans  l'étid;  le  perBan  Schaboor  entre  antres  était  goaverncor 
de  Badajoz  ;  Hohamined  ben  AM  el  Wahed ,  de  Jaen  ;  Bm 
pjeh'war  était  batt-el-maal  on  préfet  de  U  trésorerie  ;  Ahmed 
ben  Saïd,  préfet  on  grand  jnge  de  U  juridiction  de  Tolède; 
Alidallah  ben  el  Hakem  el  Eonâschi,  général  d'armée'.  £1 
Hakem  ne  B'occnpait  pas  arec  moins  de  zÈle  de  toat  ce  qui 
poQTait  contribner  à  la  prospérité  générale.  Il  fit  réparer  anx 
frais  de  son  trésor  particnlier  les  mosquées  et  les  metuîls  on 
bdtellerifH  publiques,  entre  antres  l'ancienne  «A  célèbre  hA- 
tellerie  de  Libla ,  nommée  Henzil  Haschémia  ;  il  fît  constmire 
des  fontaines  dans  les  villages  et  sur  les  grandes  rontett ,  et 
rétablir  partout  les  ponts  et  les  aqneducs  endomma^  >. 

Tons  les  genres  de  travaux  utiles  étaient  encouragea  soas 
son  règne.  Il  fit  immatriculer  les  peuples  de  ses  états,  et  il 
y  avait  en  Espagne,  dans  la  seule  Espagne  mnsnlmane*B' en- 
tend, six  grandes  villes  capitales  des  eapîtaînies, quatre-vingts 
villes  très  peuplées,  trois  cents  villes  de  troisième  classe,  et 
des  hameaux,  dea  villages,  des  châteaux  et  des  fermes  en 
quantité  innombrable  :  il  7  en  avait  jnsqo'à  douze  raille 
dans  les  seules  terres  qn'arrose  le  Gnadalqoivir.  Qaelqaes 
auteurs  disent  que  l'on  comptait  à  Goidoue  deux  cent  mille 
maisons,  six  cents  mosquées,  cinquante  hospices,  qoatre- 
vingts  écoles  publiques  pour  le  haut  enseignement,  et  nenf 
cente  bains  pour  le  peuple.  Les  revenus  aminels  de  l'état 
montrent  à  donze  mflfions  de  nnthJils  d'or,  sans  compter  les 
redevances  du  tétat  qui  te  payaient  en  fruits.  On  explcàtait 
beaucoup  de  mines  d'or,  d'argent  et  d'autres  métaux  ponr 
le  compte  dn  khalife,  et  qaelqaes-unes  ponr  le  compte  des 
particuliers  dans  leurs  propriété  :  celles  dea  montagnea  de 
laen,  de  Bulebe  et  d'Arorïie,  et  les  mines  des  montagnes  da 
Tage,  dans  les  Âlgarves  (l'Algaibia  d'Espagne),  étaiei^  fort  ti- 


>;,l,ZDdbyG00gle 


34d 
ches.njaTaitdesiniiMS  de  pierres  précùniaes,  dm  de  TakMit 

ahmar  OQdiamaiitroDge,c'estleDom  qaeles  Arabes  donnaient 
au  robis,  du  cAté  de  Béja  et  de  Halaga.  Oo  péchait  le  corûl 
sur  les  cAtes  de  l' Andalousie,  et  des  perles  sur  celles  de  Tarra- 
gone.  Pendant  la  longue  paix  qne  snt  conserver  El  Hakem, 
ragricaltnre  fat  enconragée  dans  tontes  les  provinces  d'Es- 
pagne ;  on  constroisit  des  cananz  d'irrigation  dans  les  plaines 
de  Grenade,  de  Morde,  de  Valence  et  dans  l' Aragon;  on  éta- 
blit des  bassins  on  réserroire  pour  l'arrosement  (albaheras), 
et  l'on  fit  dÎTerses  plantations. d'espèces  exotiqaes,  suivant 
qa'il  eonvenait  aa  sol  et  an  climat  des  provinces.  Sons  le 
fchaltfiit  pacifique  d'EI  Hakem  en  on  mot,  ponr  parler  comme 
on  de  ses  historiens,  les  lances  et  les  épées  forent  converties 
en  hones  et  en  socs  de  charme,  et  des  Hnsnlmans  inquiets  et 
avides  de  combats  il  fit  de  paisibles  labodreors  on  des  ber- 
gers, lies  pins  illustres  se  faisaient  honneur  de  cultiver  leurs 
jardins  de  leurs  propres  mains,  les  cadhis  et  les  fakihs  étaient 
devenus  campagnards. 

La  vallée  et  l'ean ,  que  le  seul  mot  toad  ou  j^ouod  (s/uad 
écrit  à  l'espagnole)  exprime  pour  les  Arabes  ',  la  vallée  et 
l'ean,  en  possession  de  tout  temps  d'éveiller  en  eux  des  idées 
^[Téd>les ,  les  attirèrent  plus  vivement  qne  jamais.  C'est  de 
cette  époque  qne  date  la  grande  culture  de  la  haate  Anda- 
lousie et  des  vallons  reculés  de  la  Sierra  Moréna  ;  ils  por- 
tent partout  des  traces  des  travaux  des  Arabes  ;  la  plu- 
part des  usages  et  des  procédés  d'agricoitare  employés  dans 
cette  province  sont  encore  tout  arabes;  le  cheval  est  partout 
le  compagnon  du  libre  aldéano  aodalou.  Partout  où  il  ; 


1  Wad,  ouad  Ott  Gusd  t'écrit  «n  artbs  itm  un  imw,  db  «Icf  at  on  dai. 
Gaad  oa  wid,  ipi'oa  prowiiice  qnaUiaeToli  oned,  m  prend  pour  nns  itllta,  la  Ht 
d'uM  livltTa,  U  lit Itre  mima(TaTei  Collai}.  Le  w  inbe  InItUI  cit  ardf~ 
n«lt«meTil  dûnei  en  g»  pal  IM  Eipigaoli-,  ilûi,  pont  al  woAw  [l'ablnliM],  Ib 
dfMat  atgaaioi  pour  madaf,  pi,  wadaJI«iM  (Mlnvw,  tan  sa  Uana  qn'on  ntl 
nifit4$ifiti»1»m  pepr  eiopScliir  4>>'<l9  nd'esTniuil),  Ciui'fajIiniHittc. 


>;,l,ZDdbyC00g[c 


350  mSTOntl  D  BSPAfilR. 

avait  de  l'eau  et  quelque  Tégétation ,  l'Arabe  s'établissait  et 
tirait  de  la  terre  le  meilleur  parti  possible.  Dans  les  plus 
étroits  vallons,  là  même  où  ne  se  trouvait  que  le  lit  d'oo 
torrent,  il  élevait  des  ponts;  il  faisut  jaillir  du  sol  l'eau  vive 
qn'il  recelait  ;  il  en  formait  des  misseanx  ;  nuûs  il  étùt  sur- 
tout &  l'aise  pour  pea  que  le  torrent  conservât  toute  l'aonée 
quelque  cooraut  d'eau.  C'est  ainsi  que ,  non  loin  de  Ba;- 
,len,  en  marchant  vers  l'ouest,  le  voyageur  tronve  un  pays 
très  pittoresque ,  où  tons  les  lieux  portent  des  noms  ara- 
bes. La  route  serpente  entre'  des  rochers  sauvi^;es  et  bien- 
tôt on  descend  dans  une  petite  vallée  où  coule ,  au  milieu 
de  gros  cûlloux,  nn  torrent  nommé  l'Herrumblar.  II  fait 
toomer,  auprès  d'un  beau  pont,  portant  encore  l'empreinte 
de  son  origine  arabe,  nu  moulin,  qui  se  trouve  là  pour  ani- 
mer le  paysage  le  plus  agreste,  le  plus  silendenx,  le  pltn 
triste  qu'on  puisse  voir. 

Dans  pluàeurs  parties  de  la  Sierra  Moréna  se  retrouvent 
des  sites  et  des  vestiges  semblables.  Sur  des  hanteors  soli- 
taires où  à  peine  aujourd'hui  on  rencontre  quelqae  sauvage 
gardien  de  troupeau,  vfitu  des  pieds  à  la  tête  de  peanx  de 
mouton,  et  vrallant  sur  ses  onwlles  l'escopette  au  côté,  dans 
les  plus  profondes  anfractuosit^  de  la  sierra,  quand  ou  s'a- 
ventnre  à  y  pénétrer  en  quittant  les  sentiers  battus,  on  est 
agréablement  étonné  de  trouver  par  intervalle  quelque  ou- 
vrage de  la  main  des  hommes.  On  est  étonné  surtout  de  voir 
ces  restes  perdstans  de  beiges  écroclées  depuis  des  siècles, 
que  l'industrie  des  Arabes  avait  élevées  sur  les  flancs  de  pentes 
formidables,.où  le  temps  n'a  pu  entièrement  les  effacer  encore. 
Des  milliers  de  lieux,  maintenant  incultes  et  déserts,  conser- 
vent dans  ces  montagnes  des  traces  d'une  ancienne  culture  et 
de  l'emploi  des  procédés  agricoles  des  Arabes,  que  l'on  peot 
pérNuptoirement  rapporter,  ce  nons  semble,  à  l'époque  d'H 
Hakem.  Ce  fat  aussi  sous  El  Hakem  que  les  transmigratimis 
bis-annuelles  d'une  province  à  l'autre  des  bibus  qui  con- 


>;,l,ZDdbyC00g[c 


CHAPTTbK  acirdaa.  351 

•servaient  l'undenne  manière  de  Tivre  des  Beda^s  et  qni  ste 
livraient  partictdièremeDt  au  soin  des  tronpeanx,  se  régula- 
risèrent et  reçurent  une  espèce  d'institution  pnbliqae.  C'était 
un  usage  immémorial,  parmi  les  Arabes,  oii^nairement  no- 
mades et  pasteurs,  de  changer  ainsi  de  pâturages  et  de 
eampemens  avec  les  saisons  ;  ils  portaient  an  printemps  leurs 
tentes  k  pins  on  moins  de  dbtance  des  lieux  ofa  ils  s'étaient 
établis  en  automne  pour  donner  aux  herbages  le  temps  de  rc 
renouveler,  etfaabiter  pendant  la  tnii<Sfa  ou  saison  d'été  les 
contrées  fratcbes  du  nord  et  de  l'est,  et  pendant  la  mesta  ou 
quartiers  d'hirer  les  campagnes  tempérées  du  midi  et  de 
l'ouest,  imitant  ainsi  les  grues,  pour  emprunter  la  eompa- 
T^Bon  da  nnri  arabe  Damir,  lesquelles  font  leur  mésaifa 
dans  rir&k  ou  la  Chaldée,  et  leur  mesta  en  ^^ypte  et  dans 
les  pays  du  couchant.  La  plupart  des  usages  que  les  trihns 
arabes,  vouées  &  ce  genre  dévie  pastorale,  avaient  introduits 
en  Espagne,  et  des  privil^^  dont  elles  jouissaient  ponr 
leurs  troupeaux  se  sont  conservés  dans  ce  pays  presque  dans 
tonte  lear  intégrité  primitiTe  :  c'est  ainsi  qu'alors  c<mime 
aujourd'hui  d'immenses  troupeaux  de  brebis  passaient  au 
mois  d'avril  des  pâturages  de  l'Estramadore  et  de  l'Andalou- 
àe  aux  p&tnrages  de  Molina  de  Aragon,  et  revenaient  au 
mois  d'octobre  dans  l'Andàlonsie  et  l'Estramaclure.  C'est 
l'origine  de  la  mesta.  Ces  troupeaux,  ainsi  que  leurs  pasteurs, 
se  nommaient  moedinos,  errans  et  transmigrans,  et  Conde 
conjecture  que  c'est  de  ce  nom  dtéré  qu'est  venu  celui  de 
mérinos,  donné  aux  troupeaux  qui  changent  deux  fois  par 
an  de  pâturages  *. 

On  trouve  des  détails  intéressiras  sur  les  tronpeani  qui 
ont  conservé  cette  manière  de  vivre  à  l'arabe,  pour  parler 
eomme  le  docteur  Conde,  d^ns  l'introdnf^on  à  l'histoire 
naturelle  et  à  la  géograf^ie  physique  de  l'Espagne  de  Guil- 

>C«»de,cM. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


352  msscoBZ  d'ksfagse. 

lamne  Bovles  '.  ■  H  ;  s  en  Espagne  deux  espèces  de  bre- 
bis, dit  Bowles;  celles  de  la  première  espèce,  dont  la  laine 
est  commune,  passent  lenr  vie  où  elles  naisseiU;,  ne  chan- 
gent point  de  pètnrages  et  refiennent  tons  les  soirs  à  la  ber» 
gerie;  les  antres,  dont  la  laine  est  fine,  voyagent  deut  fois 
tons  les  ans ,  et,  après  avoir  passé  l'été  sur  des  montagnes, 
descendent  dans  les  parties  mâridionales  dn  royaume,  telles 
qae  la  Hanche,  l'Estramadonre  et  l'Andalousie.  On  a{^Ue 
cette  seconde  espèce  brebis  ambulantes:  soÎTant  le  calcul 
qu'on  en  a  fait,  elles  pearent  monter  aa  nombre  de  cinq 

millions Pour  l'ordinaire  nu  tronpeaa  est  composé  de  dis 

mille  brebis,  dont  le  soin  est  confié  h  nn  maître  bercer.  Ce 
maître  berger  doit  être  an  homme  actif,  connaisseur  en  pâ- 
turages et  an  fait  des  maladies  d'nn  tronpeaa.  H  a  sons  ses 
ordres  ciaqnante  bergers  qni  ont  des  gages  proporlioimés  et 
cinquante  chiens  qni  veillrait  à  la  garde  du  tronpeau.  Le  maî- 
tre a  quinze  cents  livres  par  an  et  nn  cheval.  Quant  aux 
bergers  subalternes,  les  premiers  ont  trente-sept  livres  dix 
sous  de  gages ,  les  seconds  vingt-cinq  livres ,  les  troisièmes 
quinze  livres  et  les  derniers  dix  livres.  On  leur  donne  en 
outre  à  chacun  deux  livres  de  pain  par  jour  :  <»  en  donne 
antaut  ponr  chaque  chien  ;  mais  d'un  paifi  d'une  qnalité  in- 
férieure. On  permet  à  ces  beigérs  d'avoir  quelques  chèvres 
et  quelques  brebis  en  propre;  mais  la  laine  en  appartient 
au  maître  dn  troupeaa ,  et  ces  bergers  n'en  peuvent  voi- 
dre  que  la  viande  et  les  agneaux;  ils  peuvent  paiement  dis- 
poser dn  lait;  mais  ils  ne  savent  pas  en  tirer  parti.  En  avril 
et  en  octobre  on  donne  trois  livres  à  chaque  bei^er  pour 
son  voyage  à  titre  de  gratification Quoique  ces  trou- 
peaux ambolans  se  dispersent  dans  différentes  provinces,  il 
est  inutile  de  parler  de  ce  qui  se  passe  dans  chaque  tron- 


>;,l,ZDdbyG00gle 


pua  en  particulier,  parce  qa'ils  saiTcnt  tons  le  même  ré» 
gime.  Quant  à  moi ,  c'est  Bar  la  montagne  et  à  HoUna  de 
Aragon,  en  été,  et  en  Estramadonre,  en  hiver,  qoe  j'ai  le 
plos  observé  ces  tronpeaox,  parce  que  ce  sont  là  les  cantons 
où  ils  se  troQvent  eu  plus  grande  quantité.  Molina  est  à  l'o- 
rient de  l'Estramadonre  et  de  la  Manche.  La  montagne  qui 
est  ^tuée  au  nord  de  cet  endroit  est  le  point  le  pins  élevé 
de  l'Espagne.  Holitia  abonde  en  plantes  aromatiques,  et  on 
n'en  trouve  pas  nne  seale  snr  la  mont^ne. — Les  bergers,  en 
arrivant  à  l'endroit  où  ils  doivent  passer  l'été,  commencent 
par  donner  ans  brebis  aotant  de  sel  qn' elles  en  veulent.  Pour 
cet  effet  les  maîtres  des  troupeaux  leur  donnent  vii^-cinq 
quintaux  de  sel  par  mille  têtes  de  brebis.  Ce  sel  est  con- 
sommé en  moins  de  cinq  mois,  parce  qu'on  ne  leur  en 
donne  ni  lorsqu'elles  sont  en  route  ni  pendant  l'hiver.  Pour 
donner  le  sel  anx  brebis  on  nettoie  cinquante  on  soixante 
pierres  plates;  on  y  étend  le  sel-,  on  7  fait  passer  les  bre- 
bis petit  à  petit,  et  chacune  en  lèche  la  qaantité  que  bon  lui 
semble.  On  répète  souvent  cette  opération  et  on  a  soin  de 
ne  point  les  laia^r  pattre  ces  jonrs-là  dans  un  terrain  de 
pierres  calcaires.  Après  qne  ces  bretùs  ont  mangé  leur  sel, 
on  les  conduit  dans  un  terrain  ai^lenx,  et  comme  ce  sel 
lenr  ouvre  l'appétit,  elles  dévorent  tout  ce  qu'elles  rencon- 
trent et  retournent  au  sel  avec  encore  plus  de  voracité.  Lors- 
qne  lenr  pâturage  est  calcaire  on  mêlé  de  chaux,  elles  man- 
gent moins  de  sel  à  proportion  de  la  chaax  qni  s'y  trouve... 
A  la  fin  de  septembre  les  brebis  ambulantes  se  mettent  en 
marche  pour  aller  dans  des  climats  pins  chauds.  Leur  route 
est  réglée  par  les  lois  de  temps  immémorial.  Elles  passent 
librement  par  les  communes  des  villages;  mais  comme  il  est 
indispensable  qu'elles  traversent  des  terres  cultivées,  les 
propriétaires  sont  obligés  de  leur  réserver  nn  passage  de 
quatre-vingt-dix  pieds  de  large ,  où  ces  pauvres  animaux 
sont  forcés  d'dler  très  vite;  ils  font  qqelqnefob  six  &  sept 
IV.  23 


>;,l,ZDdbyG00gle 


334  HItHHBI  DEIP&Gini. 

lieaee  par  joar  pour  arriver  dans  des  endroits  mmos  ëtnrits 
où  ils  tronveot  h  pattre  ;  après  qaoi  ils  ralentissent  lear 
marche  et  ils  se  reposent.  Dons  les  cantons  iocnltes  les  bn- 
bis  font  ordinairement  deux  lienes  par  jour,  suivant  ton- 
jonrs  le  bei^er  et  broutant  le  plus  qu'elles  penveat  sans 
s'arrêter.  Lenr  \o;age  depuis  la  montagne  jnsc|a'&  l'inté- 
rieor  de  l'Eslramadonre  est  d'environ  cent  cinquante  lieaes, 
qu'elles  font  à  pea  près  en  quarante  jours.  —  Le  premier 
soin  dn  bei^r  est  de  conduire  les  brebis  dans  le  p^rage 
où  elles  ont  brontë  l'hiver  précédent,  et  qui  en  a  vu  naître 
la  majeure  partie.  C'est  une  précaution  qui  ne  donne  pai 
grand'peine  au  pasteur,  puisque,  quand  bien  même  il  ne 
conduirait  pas  les  brebis  dans  cet  endroit,eIIe&  s'y  rendraient 
d'elles-mêmes  par  la  grande  sensibilité  de  leur  odorat,  à  l'aide 
duquel  elles  reconnaissent  leur  terrain,  quoiqu'il  n'y  ail  rien 
à  l'extérieur  qui  le  distingue  des  terra  d'alentour;  et,eQ  sof- 
posant  même  que  le  bei^^  voulût  les  faire  aller  plus  l<na, 
cela  ne  lui  serait  pas  facile.  Arrivé  à  sa  destination,  ce  berger 
commence  par  pratiquer  des  parcs  où  les  brebis  passent  la 
nuit.  Pour  cet  effet,  il  plante  plusieurs  pieux  en  terre,  et  fixe 
et  lie  ces  pieux  entre  eux  avec  de  grosses  cordes  d'esparte, 
qui  vont  d'une  extrémité  à  l'autre,  afin  que  les  brebis  œ 
puissent  ni  s'écarttr  ni  être  dévorées  par  les  loupe  :  les  chiens 
veillent  an  dehors.  Les  bergers  se  construisent  ans^  une  ca- 
bane avec  des  branches  d'arbres  liées  avec  un  peu  de  terre; 
en  conséquence,  et  pour  qu'ils  puissent  faire  le  feu  dont  ib 
ont  besoin,  la  loi  leur  permet  de  couper  une  branche  de 

chaque  arbre Peu  après  lenr  arrivée  aux  quartiers  d'hi- 

Ter,  les  brebis  commencent  à  mettre  bas;  c'est  le  temps  où 
dles  demandent  le  plus  de  soin,  et  c'est  ansâ  alors  que  les 
bergers  ont  le  plus  de  peine  :  on  sépare  les  brebis  qui  sont  sté- 
riles, et  on  les  conduit  h  l'endroit  où  l'herbe  est  la  plus  mau- 
vaise, réservant  la  meilleure  pour  celles  qui  sont  pleines  ;  et 
iiineBate  qu'elles  mettent  bas,  on  Jes  conduit  dans  «d  antre 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


CHAPTTBB  gEIzdHS.  355 

caDton  oicore  meîllenr,  qa'on  résene  à  cet  effet.  Lfia  agneatix 
qui  naissent  les  derniers  sont  également  conduits  dans  an 
canton  séparé  ob  l'herbe  est  plos  délicate,  afin  qn'ils  7  crois- 
sent pins  Tfte,  et  que  devenns  anssi  forts  qne  cenx  qni  sont 
Bés  avant  eoi,  ils  poissent  également  entreprendre  le  voyage, 

et  g^ner  les  pàtarages  d'été An  mois  d'avril,  qni  est  le 

temps  où  elles  se  mettent  en  marche  ponr  regagner  la  mon- 
tagne, les  brebie  témoignent,  par  divers  mouvemens,  le  désir 
qu'elles  ont  de  partir,  et  il  fant  que  les  bergers  aient  grand 
soin  qn' elles  ne  lenr  échappent;  car  on  en  a  va  des  troupeaux 
entiers  s'écarter  à  deux  on  trois  lieues,  tandis  que  le  berger 
donnait.  Ces  brebis  prennent  tonjours  le  chemin  qni  les  con- 
duit le  pins  directement  vers  leurs  p&turages  d'été'.  <• 

Je  reviens  à  El  Hakem,  dont  cette  digression  nous  a  trop 
écartés,  et  j'y  reviens  ponr  terminer  l'histoire  de  son  règne 
comme  je  l'ai  commencée,  par  l'éloge  des  qnalités  privées  et 
da  goût  littéraire  de  ce  khalife,  l'an  des  plos  instruits  et  des 
mdUearsdecettedynastie.Pendantnnrègnedeprèsdequinze 
ans ,  £1  Hakem  gouverna  l'empire  avec  sagesse  et  bonté ,  et 
l^na  à  ses  peuples  le  sonvenir  d'un  prince  religieux  et  bien- 
faisant, ami  de  la  paix  et  des  lettres.  !Vous  avons  parlé  en  com- 
mençant ce  chapitre  de  l'amour  d'El  Hakem  pour  les  livres.La 
bibliothèque  fondée  par  ses  soins  dans  le  palais  Herwan  du 
Tivaat  de  son  père  s'accrut  encore  sous  son  règne  et  s'éleva, 
selon  quelques  auteurs,  au  chiffre  énorme  de  six  cent  mille 
volumes*.  Il  n'était  point  alors,  dans  tout  l'Occident  chré- 


I  Voyei  d'illlcan,  lor  Iw  iu*gci  «1  lei  tbni  de  U  Hcita,  ce  qn'en  od[  ialt 
JotbIUdoi  (iDFanna  d«  U  Sacltdad  «cnpABlca  de  Midrid  ■!  tc*1  j  lupre^ 
ConiEJa  da  €»(ilU  «n  et  cipedltnle  de  tel  Agratii ,  Uadrid,  18W),  el  Cabirros 
(GwUi  Mbri  IM  obaticuloi  qoe  li  n*lari1e»,  la  oplDiao  y  \u  leyei  opoDM 
à  la  felicidad  pliblici,  Mcrilu  il  MAot  Doa  Giipir  ds  JoieUiiioi,  Midrid, 
1820}. 

1  Qnonim  (Codlcum)  UnU  conflnxeril  copia,  al  il  icriplorlbul  flde*,  biblio- 
Ibacm  r«gti  <11o  htooiI  le^cHDta  TolomiDani  milllsaccreTeril.qua  doa  niai  qu- 
dr«(iiiUqaaliuiTliigfnUmola  cauloflt  nt«nc\i»BlviiCËiM,l,U,f,3S}taalt 
fu  Bba  AUwini,  f.  «M). 


>;,l,ZDdbyG00gle 


tien,iuie  seule  biMratbèqoe,  soit  DKNoaeUqDe,  sut  royale,  qni 
ocMDf^t  on  Dunbre  approchant  de  T4diiBtes,et  les  {dos  eoa- 
sidéraUes  ne  e'éleraiait  gnère  aordeesos  de  trente  à  qua- 
rante mille.  Richard  de  Bori,  érèqne  de  Doiiiam,  dianodier 
et  grand  trésorier  d'Angleterre  sons  Édooard  m,  an  commen- 
cement dn  quatontième  siècle,  c'est-A'^iFe  phu  de  trois  eiè- 
des  pMtérieaiemeot,  en  posEédait  ioocHnpanblemeQt  moins 
dans  la  bibliothèque  oélâire  qa'il  amassa  arec  tant  de  pc✠
et  de  smn,  ainsi  qa'il  nous  l'apprend  loi-mime  dans  aiHi  traita 
de  l'amoar  des  livres,  tntitalé:  PM/oMftIton'.  L'évéqne  an- 
glo-normand y  définit  les  livres  en  termes  gniensseut  chanaé 
£1  Hakem  :  — «  Ce  sont,  dit41,  des  midtres  quinons  instmiseiit 
sansvei^  et  san;  féroles,  sans  colère  et  sans  intérêt.  Si  Tons 
les  allez  troDTer,  ils  ne  dorment  point  ;  si  Tons  les  cherches, 
ils  ne  se  cadimt  point.  Os  ne  murmurent  point  de  vos  faates, 
et  ne  ricaneot  point  si  vons  restez  coart>.  »  D'excellentes 
copies  des  traductions  des  aoteurs  grecs  faites  à  Bagdad  par 
l'ordre  d' El  Mamoun  et  sous  le  kbalifat  d'Haaroun  el  Basdiid, 
se  trouvaient  dans  la  bibliothèque  merwanienne,  et  les  philo- 
sophes arabes  se  formaient  alors  à  Cordoue  sur  les  ouvrages 
d'Aristote,  les  médecins,  sur  ceux  d'Hippoerate  et  de  Galien, 
et  les  géographes  sur  les  écrits  de  Ptolémée.  On  j  avait 
Eudide,  Archimède,  Appcdlonios  Fei^aeus  et  Aristarqae  de 
Samos  traduits.  Mais  Aristote  surtout  jouissait  dn  plus  grand 
crédit  parmi  nos  Arabes  andalousiens,  et  c'est  par  eux  qu'on 
en  connut  d'abord  quelque  choHe  de  ce  cMé-ci  des  Pyrénées. 
L'Almageste  de  Ptolémée  a  été  traduit  sur  une  version 
arabe  tirée  d'Espagne  avant  que  le  texte  grec  Mt  coona 
en  Europe.  Les  ouvrages  sur  les  mathématiques  et  sur  la 
physique  abondaient   ausà  dans   la  bibliothèque  merwa- 

■  Imprimé  po«r  la  pramitra  tait  1  Spirs  •■  MBS. 

1  Hi  «ont  m*tUtri  qnl  d<u  luirmiDt  iIds  rlrtii  Bt  brulU,  iIbb  cbotara,riM 
ftaalt.  Et  iccEdli,  non  darmlDiiii  il  inqurHi,  noD  st  (liMoadunt.  Kn  slmar- 
'■»rMii,il«b«cTMinrUniiMiieMlDiii,it  tpiorM. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


CHAnTRB  snzÙMi.  357 

menne;  mais  les  recaeils  de  tutb  paraisBent  avoir  été  l'ob- 
jet de  la  prédilectioD  particulière  du  khalife.  La  poéùe  en 
effet  l'oocnpa  jusqu'à  ses  derniers  momeDs ,  et  il  n'étmt 
pas  senlfliDent  juste  apprécdateur  dn  mérite  des  gens  d'es- 
prit, il  était  Ini-mème  très  bon  poète ,  et  il  reste  de  lai  des 
vers  qu'il  adresua,  au  rapport  d'Ebn  Ha^itm,  à  sa  femme  fa- 
vorite Sohbeya,  mère  d'Hescham,  à  l'occasion  de  son  départ 
pour  la  campagne  de  San  Estevan  de  Gormaz.  Abon  Alj  d 
Hassan  ben  ÀTonb  et  Honbayer  el  Djlémi  les  n^portent,  à 
quelques  Tariantcs  près,  dans  leurs  grands  répertoires  poé- 
tiques*. La  poëùe,  ainsi  que  nous  avons  eu  plus  d'une  fois 
occasion  de  le  remarquer  déjà,  était  un  goût  inné  chez  k* 
Arabes,  et  qne  l'éducation  ne  fit  que  fortifier  et  étendre 
parmi  eoi.  Elle  datait  en  Arabie  de  bien  avant  l'islamisme, 
et  elle  y  fut  cultivée  depuis  avec  encore  fioM  de  passion  et 
de  eèle. — «Apprenez  la  poésie  à  vos  enfans,  dit  le  prophète  ; 
elle  ouvre  l'esprit,  elle  embellit  la  s^e6se,étle  rend  hérédi- 
taires les  veitoB  héroïques'.  *  La  poésie  devint  dès  lors  h 
base  de  l'éducation;  elle  se  trouva  mêlée  à  tout,  et  devint 
l'auxiliaire  de  tous  les  antres  progrès. 

Ce  fut  vers  le  commencement  du  règne  d'El  Hakem  et  la 
première  année  du  comitat  ou  du  marquisat  de  Borrel,  que 
Gerbert,  moine  d' AuriUac,  vint  étodier  en  Espagne  près  d'no 
évéqne  d'Ausone  nommé  Hatton,  auquel  étùent  connus  les 
livres  de  mathématiques  des  Arabes,  et  qui,  par  l'étude  de 
ces  livres,  était  devenu  le  premier  mathématicien  de  l'Ocd- 
dent.  Gerbert,  qui  fat  pape  dans  la  suite  sous  le  nom  de  Syl- 
vestre n,  fit  de  tels  progrès  sous  ce  maître  dans  les  mathé- 
matiques  et  la  physique  expérimentale  qu'on  le  traita  de 
sonâer  à  son  retour.  C'est  à  lui  qu'on  attribue  géoéralenaent 


t  V*i«i  Csade,  c  M. 

I  H.  Jw.  de  HuBHcr,  Snciklspadiad*  UeHmtKU  d«r  WJi»B»eb«nea  d»r 
Vrinit,  Uipiic,  taot,  xk.  i,  t.  »■ 


>;,l,ZDdbyG00gle 


358  nsToiM;  d'b&pagbk. 

l'introdaction  en  France  des  chiffres  arabes  et  des  horloges  à 
balaocier.PflDdaiit  atm  séjour  en  Catalogne,  Gerbeit  montra 
beaticoup  de  cette  KctÎTité  d'esprit  qoi  devait  le  porter  anx 
postes  éminens  qa'il  occopa  depuis  ;  il  accompagna  Borrel  k 
Borne  en  972,  et  prit  part  aux  démarches  qoe  Hatton  son 
midtre,  qui  était  du  voy^.fit  auprès  du  pape  JeanîIII  pour 
en  obtenir  l'érection  de  son  siège  épiscopal  d'Ànsone  en  égUae 
métropolilaiue  indépendante  de  rtarbonne.  Jean  XIII  rmdit 
une  bulle  à  cet  effet,  mais  h  laquelle  l'évëqoe  de  Narboone 
résista  si  bien,  qne  les  choses  en  demeurèrent  là,  sans  qm 
jamais  Hatton  ait  porté  d'autre  titre  qoe  celni  d'érèqoe  '. 

Hogaes  Gapet,  roi  des  Fraiiç8is,et  l'impératrice  Théopbanje, 
femme  de  Nicéphore  Pbocas,  élu  par  l'armée  empereur  des 
Grecs  en 963,  s'attachèrent  suceesslTement  Gerbert  à  soa  re- 
tour d'Espagne;  le  premier  le  chargea  del' éducation  de  son  fils 
Bobert,  et  la  seconde  le  cboiàt  poor  son  consâller  intime  et 
pour  compagnon  de  ses  voyages.  Ce  fat  étant  devenn  arche- 
vAqae  de  Beims  par  la  faveur  d'Hugues  Capet,  qne  Geriiert 
établit  la  première  hoiioge,  dont  le  mouvement  fût  r^lé  par 
QQ  balander,  qu'on  eût  encore  vue  en  Europe,  autre  importa- 
tion due  aux  Arabœ  d'Espagne.  Ce  genre  d'horloge  M  le  seul 
eu  usage  en  Europe  jusqu'en  1650  que  Hujghens  inventa  le 
pendule.  Dans  ces  hautes  dignités  Gerbert  n'oublia  poiat 
l'Espagne  où  il  avait  passé  les  plus  belles  années  de  sa  vie 
dans  l'intjmité  de  Borrel  et  d'Hatton.  Dana  une  lettre  k  l'abbé 
de  son  ancien  monastère  d'Aurillae,  et  dans  une  antre  i 
Bonafilioa,  évèque  de  Girone,  il  parle  d'un  ouvrage  sur 
l'arilhméUque  publié  par  un  Espagnol  nommé  Joseph*. 
Dans  une  antre  lettre  à  Lupitus  de  Barcelone,  il  le  supplie  en 


I   Tof.  Mftci,  Hlipan.,  idiDB.  ■Dprldictuin. 

1  Giralda  ibbatl  aDriliandil  ,  eplii.  iT  :  _  De  maltiplieitioi»  el  dlrUioB* 
DDawrDrDmUballiima  loicpb  bliptDo  cdltnm  abhu  GMnitrtai  psBNTMre- 
lli|ill,«|af  cicmpUr  fa  commaM  ili  rogaiow  (Otrbarll  apbioln,  eplit.  IV. 
G«r«Uo  ibbcll  ■nrllIiMUl).  —  DelmaltiplluUnw  rt  AtMai*  auMtoraB 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAPITRE  SEIZIEIIE.  3&9 

pra  de  mots,  mais  avec  les  plas  vives  instances,  de  loi  corn- 
maniquer  on  traita  d'astrologie ,  qne  celui-ci  avait  traduit 
de  l'arabe'.  Dans  denz  autres  lettres  il  témoigne  à  deux  re- 
prises et  à  deux  personnes  différentes  le  désir  qu'il  a  de  re- 
toamer  en  Espagne.  «  Je  te  dirai  en  confidence,  écrit-il  dans 
l'one  &  l'abbé  Nithard,  qne  j'ai  hâte  de  partir  d'ici,  soit  pour 
me  retirer  au  palais  impérial  d'Othon,  soit  pour  retourner 
dans  ribérie  que  depuis  si  longtemps  j'ai  quittée',  x  ^*  L'Ita- 
lie, dit-il  enfin  dans  une  antre,  où  maintenant  je  vis,  est  pleine 
de  guerres  et  de  tjrans.  Je  ne  vois  de  remède  pour  moi  qne 
dans  la  philosophie,  et  pour  la  pouvoir  goûter,  il  est  nécessaire 
qne  je  retourne  à  ce  que  je  quittai,  et  reprenne  le  chemin  de 
rEspagnejSnivantceque  me  conseille  monaniit'abbéGnari- 
nos;  Ik  je  me  consolerai  par  les  lettres  de  ma  souveraine 
l'impératrice  Théophanie  (jDcmittia  mea  Theophania)  digne  de 
tout  amour  et  de  tout  respect.  Là  ne  viendront  pas  me  trou- 
bler les  inquiétudes  dont  les  Français  remplissent  l'Italie'.  ■ 

El  Hakem  mourut  le  2  de  aafar  366(29  sept.  976).  En 
comptant  son  règne  depuis  la  mort  de  son  père,  il  dura  en 
années  lunaires  arabes,  non  seize  ans  et  deux  mois  comme  le 
dit  Boderich  de  Tolède,  mais  quinze  ans,  cinq  mois  et  trois 
jours,  et  en  années  solaires  quatorze  ans,  (mze  mois  et  qua- 
torze jours. 

n  serait  nécessaire  de  s'étendre  beaucoup  pour  rappor- 
ter les  vertus  et  la  grandeur  d'âme  de  ce  savant  prince  et  la 
prospérité  de  l'Espagne  sons  son  règne  (dit  Conde  en  finissant 
l'histoire  de  ce  khalife,  ou  plus  certaioement  l'antenr  arabe 
qu'il  traduit);  sa  vie  s'écoula  comme  les  songes  agréables  qui 

JoMph  nplaiia 
AichUplKapu 


—  Lteat  ipnd  la  nolU  mai  rial 
■niu,  HbiUUi  Umms  m  iflUilUMi  lu  m*  addncil  la  te  eauBdarc,  da  la  pra- 
mm*n.  llaqaa  Ubrast  da  liU«t>|li  IrimUlaB  >  te,  mkhl  palanU  dirite,  et  •! 
VM  Bil  TolM  !■  lacamptiMiloMM  ladabliaU  npatea. 
>  IbM.,  apiii.  15. 

i^iii.,p.m«(*c4. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


360 

ne  laissent  qne  d'imparfaits  sonveiiirs  de  lenis  illosions;  il 
monrnt  à  Zabra  le  3  da  mois  de  safar  de  l'atmée  366 ,  âgé 
de  soixaate-trois  ans,  dont  il  «vait  régné  quinze  ans,  cinq 
mois  et  trois  jours.  Son  corps  fut  accompagné  d'une  mnl- 
,  titnde  infinie  accourue  de  tous  les  idllages  voisins  pour  assis- 
ter  à  ses  fanérailles,  et  il  fut  enterré  dans  le  dmetière  de  la 
Bousafa  où  depuis  longtemps  il  avait  fait  élever  le  caveaa 
funérùre  destiné  &  recevoir  ses  restes  mortels.  Son  fils  Hes- 
cbam  fit  la  prière  pour  lui,  descendit  dans  le  tombeau,  et  en 
sortit  sans  pouvoir  contenir  ses  larmes'. — Il  avait  raison  de 
pleurer,  cet  enfant  ;  car  avec  son  père  était  descendu  dam 
cette  tombe  tout  l'avenir  de  la  race  d'OinmyBh,.et  une  prison 
splendide  allait  recevoir  comme  nue  proie,  pour  ne  le  pins 
lAcher,  le  fils  d'EI  Hakem  n,  vainement  surnommé  comnke 
par  antiphrase  El  Houwa^iad  Billah  (le  protégé  de  Dieu). 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAPITRE  DIX-SEPTIEME. 


AvtDaanil  ffEMchtm.  —  filéTilloD ,  gouToniemaBl  «t  tipMIlloM  du  fcc 
mlar  niDlttre  on  bidlab  loprlai  Bl  Hidkiut.  —  Sa  polillqae.  —  Sti  um^t. 
gaei.  —  ÈUtiHoii  ^e  Bermnds  II  k  U  royiuii  par  !«*  comlei  gilieïeu.  -~ 
enarra  clitle  nlT«  l«a  Galicien*  at  lei  Lionii».  —  BlégE  «1  priaa  da  Lton  n 
d'Aaloria  par  Bl  HaiMoar.  —  Mort  d«  Bamlte  III.  —  Suit*  de  aoccJi  da  gèné- 
t(l  iDDinlDaii.  —  Coanci  en  CaiUlle  et  dan»  rEipagne  oiicntitc.  —  PHm 
de  Barcelona.  —  AolVe*  eonnaa  da  hadjeb  ;  ion  cnlrie  <•  Galice-  —  Priie 
cl  pillage  de  SalDt-Jaeqnc*  da  Conpoalelle.  —  NoaTallai  eipMIUsne'ea  Ca»< 
llUa.  —  Balillle  de  CalaUBaior.  —  Oébite  et  Dort  d'El  Maneonr.  —  Aparfaa 
Bteérat».  —  Htvallen  TstpMllTB  dai  luolidaM  el  dei  «lirtUeni  1  l'enlrifi 
dn  eniMme  alècla. 


La  pompe  faa^re  d'El  Uakem  étant  temûDée,  on  pro- 
clama son  fils  Hesdiam,  alors  Agé  de  dix  ans  et  quelques 
mois;  il  ëtpit  fils  unique  d'El  Hakem:  sa  mère  se  nommait 
Sobbeya,  et  il  fut  somommé  El  Hoawayiad  Billab,  l'aidé  ou 
le  prot^  de  Dieu  :  sa  reconnaissance  solennelle  fat  célébrée 
eDprésenced'nngranân(Hnbredewali8,dekadhis,  devazirs 
et  antres  principaux  miiùstres  de  l'état,  le  lundi  cinquième 
jour  de  la  lune  de  sahr  366  <.  La  lecture  de  l'acte  d'inau- 
guration Alt  faite  par  le  hadjéb  Djàfar  ben  Otbman  el  M ous- 
ehafy,  somommé  Abou  el  Hassan  el  Berberi,  qui  avait  été 
wali  de  Hayorque  soot  le  règne  d'El  Nassr,  puis  waàr  du 
conseil  d'El  Hakem ,  et  enfin  badjeb  du  même  prince.  Les 
faits  subséquens  donnent  à  connaître  qu'U  j  avait  en  ce  teaaps 
plusieurs  badjebs  comme  il  y  avait  plusieurs  'wazirs. 

Parmi  ces  derniers  se  trouvait  on  homme  que  je  dois  main- 


>;,l,ZDdbyG00gle 


362  BiSTOiu  d'iwagke. 

tenant  Mre  conDuitre,  et  qui  ya  occaper  la  scène  tont  entier  : 
cet  homme ,  qn'El  Hakem  avait  élevé  da  poète  de  kadtù  à  otini 
de  vazir,  s'appelait  Mohammed  beo  Abi  Ahmer  el  Hoaferi; 
il  était  natif  de  Torasch,  près  d'Algésiras,  ce  qtii  l'a  Aiit  eai- 
nommer  par  gaelqoes  historiens  £1  Torascfai.  II  était  né  dans 
ce  hamean  voian  da  détnnt  l'année  mtme  (939)  de  la  grande 
débite  des  Hnsnlmans  h  Simancas,  comme  ai  Diea  ai  avait 
voqIu  faire  naître  le  fntor  vei^ar  dans  le  temps  même 
qae  les  Masalmans  la  soufErirent*.  II  avait  par  conséquent 
trente-sept  ans  lors  de  l'avènement  d'Ue%ham  an  khalifat 
en  976  ^.  Il  était  de  plos  secrétaire  intime  de  Sobbeya,  qae 
nons  ne  croyons  pas  devoir  sommer  avec  (kmde  la  sultane 
Sohbeya,  ce  titre  n'étant  point  de  l'époque,  et  il  était  tm. 
grande  favear  auprès  d'elle.  Par  quelles  vertus  on  par  quels 
vices  Mohammed  ben  Abdallah  ben  Abi  Ahmer  el  Hoaferi 
avait  gagné  si  fort  les  bonnes  gr&ces  de  la  femme  favorda 
d'El  Hakem  II,  l'hisbùre  ne  nous  l'apprend  point,  et  elle  se 
contente  de  nous  dire  qu'il  s'était  attiré  l' estime  d'Ël  Hâkem 
et  de  Sohbeyt  par  sa  bonne  mine  et  smt  mérite.  La  bairte 
faveur  seule  dont  il  jouit  est  on  fait  certain.  Quelques  cir- 
constances de  fomille  avaient  contribué  aussi  h  le  mettre  en 
crédit  :  il  descendait  d'Abd  el  Melek  de  Wnith,  oonpagnoa 
de  ThAreq.  Ba  mère  nommée  Boriba  (Clara,  Glaire)  appar- 
tenait à  ooe  des  {dos  illustres  familles  de  la  Pàiinsole  :  elle 
était  filk  de  Tafaya  ben  Zakariya  el  Tbéuiaà,  «omoauné  Etu 
Bartal^  8«i  père  Abdallah  ben  HohaBuned  ben  Abdallah 
ben  Abi  Ahmer  M<diammed  ben  el  Walid  ben  Yélid  ben  Abd 


1  G'Mt  t  tMl  qiM  r«Dt«ar  d«  l'irUde  Alutnior,  i«  rBpcydopédle  NoaTeDe, 
doDue  à  lloluinnitd  ban  Abi  Ahmer  Tiii|t-clnq  tu  1  l'arfiiMieBi  d'Hawhun. 
G«  D'at  pai  11  tcDl«  NTcnr  qo'oa  ramarqua  dui  ett  irlldi,  dont  11  ekt  tU 
bi«D  àdtelnr  ^na  h  Rit  eluift  M.  d'ATtue,  dut  bb  rtcocil  li  inpMUal  et  il 
bleu  lUI. 

3  Bbm  a«}Ua,  «uM  Cmd«,  e.  W. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


el  VeleV',  finmommé  Abon  Hafs,  fakih  distingaé,  avtùt  &i6 
particalièrement  honoré  par  le  khalife  El  Nassr  Leddin  AUah  ; 
il  airait  fait  le  saint  pèlerinage  de  la  Mekke  (El  Hadj);  c'était 
un  homme  inetroit,  disciple  de  Mohammed  ben  Omar  bea 
Loubyba,  de  Ahmed  ben  Dj&led,  de  Mohammed  ben  Eothéis 
el  Elbirani  (d'EIbira),  et  da  célèbre  Mohammed  el  Bedji  {de 
Béja).  Comme  il  relournait  de  la  Mekke  en  Espagne,  il  tomba 
malade  à  Tharabolos  (Tripoli  de  Barbarie),  et  monrat  à  Bon- 
kéda  -vers  la  fin  da  r^e  d'El  Nassr".  Étant  fort  jeune, 
Mohammed  ben  Abdallah  vint  étudier  &  Cordone,  où  il  se 
distingua  surtout  dans  la  poésie,  cet  indispensable  complé- 
ment de  l'éducation  arabe.  A  la  mort  de  sou  père,  Moham- 
med était  parmi  les  jeunes  serviteurs  du  khalife;  nous  avons 
dit  qn'El  Hakem  le  distingua,  et  le  fit  snccessivement  kadhi 
et  wazir  dn  conseil.  Sohbeya,  à  ce  «pi'îl  parait,  le  distingua 
pins  encore,  et  le  fit  son  secrétaire,  et  ensuite  son  majordome 
(moukédem);  ce  fut  l'or^ne  de  sa  haute  fortune.  La  mère 
d'Hescham,  considérant  l'extrême  jeunesse  de  son  fils  à  son 
avènement, chai^ea  delà  direction  des  affaires  de  l'état,  avec 
le  titre  de  premier  hadjeb ,  ce  Mohammed  ben  Abi  Abmer, 
devenu  si  célèbre  sons  le  nom  d'AImanzor,  qui  n'est  que  la 
forme  espagnole,  non  sans  quelque  altération  d'orthographe 
et  d'euphonie,  du  snmom  arabe  d'El  Mansour  (le  Yictorieux, 
le  Défenseur),  qu'il  ne  tarda  pas  à  mériter. 

Nous  voici  arrivé  à  une  des  plus  grandes  en  même  temp^i 
que  des  plus  curieuses  époques  de  la  domination  musulmane 
eu  Espagne.  D'an  c6té  on  khalife,  nn  Imam,  qui  n'est  imam, 
qui  n'est  khalife  que  de  nom,  qu'on  ne  connaît,  qui  ne  se 


■  Lm  UtMtltu  4nib«i  e«p«giwli  m  prodalHiit  da  Urot  idb  eclta  liBialo- 
tic  qui  l'inrélt,  camna  «n  loll,  i  cllnt  de  ici  sienx  qal  pUH  cl  l'éMbUt  en 
Bapi|iie  Ion  de  1*  conquête.  Toiu  lai  tuutt  éuleal  aitpano-Anbu ,  al  Abl 
AbmBr,  il  l'on  en  jagi  pir  le  furnom  d'AbiDéritei  donna  dé*  Ion  lai  mem- 
bru  d»  Il  tuDlll*  d'El  HiBianr,  en  tnl  le  plu  lllailre. 

->  KbnHi7Un,KbnBif]i[ellb*F«jadituMC«id*,Lc. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


304  msTOOtl  D  BSPAan. 

manifeste  que  par  certains  actes  offttàd»  de  la  puissanea  soa- 
veraine,  par  l'inscriptiou  de  son  nom  sur  les  monnaies,  par 
la  mention  de  son  titre  dans  la  prière  et  les  actes  pablies, 
menant  one  existence  mystérieuse  dans  la  solitaire  captivité 
de  son  palais  de  Zahra,  oà  sa  mère  et  son  premier  ministre 
le  font  vieillir,  soivant  l'expression  da  poète,  ■  dans  one  lon- 
gue enfonce.  >  De  l'antre  nn  badjeb  tout  paissant ,  faisant 
tout,  dirigeant  loat,  gouvernant  tout  d'une  manière  absoltie, 
à  ce  point  que  c'est  loi  qui  semble  le^averain  et  non  le  mi- 
nistre. Grand  homme  de  guerre  qui  soutînt  et  moia  tout 
par  la  guerre,  El  Hansour  flt  en  vingt-eiz  ans  dnqnante-desi 
expéditions  contre  les  chrétiens  ;  et ,  comme  dit  un  aateur 
arabe,  dans  ancnne  son  drapeau  ne  fut  abattu  ni  son  ^trmée 
ne  tourna  le  dos  '.  C'est  ce  tableau  da  gouTemement  et  des 
expédititms  de  Mohammed  ben  Abi  Ahmer  £1  Aaosoar  que 
je  dois  id  retracer,  et  pour  lequel  les  documeos  heureuse- 
ment ne  font  pas  défaut. 

Voyons  d'abord  ce  que  noua  en  dit  le  moins  mal  informé 
des  historiens  généraux  d'Espagne,  d'après  les  documens  pu- 
bliés par  Gasiri  dans  le  tome  second  de  sa  Bibliotbèqae  Arabe- 
Espagnole  *. 

■  Le  régent  suprême,  chargé  par  la  reine  Alstd»  de  la 
tutelle  du  nouveau  prince,  fut  stm  ins^e  majord^ne,  cava- 
lier de  la  descendance  de  Ahmer  et  natif  d'Algesras,  appelé 
avant  sa  fortune  Hohamad  Almuaferi,  et  plus  connu  depuis 
sous  le  titre  d' Alhagib ,  comme  qui  dirait  vice-nn ,  et  par  le 
surnom  d'Almanzor,  c'est-A-dire  en  castillan  le  défenseur. 
C'était  on  honmte instruit,  poUtiquebalnle  et  plein  de  sagacité 
en  même  temps  qne  vaillant  homme  de  guerre;  mais  sujet  aux 
faiblesses  de  l'ambition,  qui  est  l'ombre  dont  s'obecurdseeut 
les  plus  graades  vertus,  ^  l'écueil  où  échouent  les  bommes 


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CHAPtTU  lEiziiin.  365 

les  plus  forte.  Pour  eoaTrir  sataot  qo'il  était  en  Ini  la  pasâm 
qui  le  dominait,  il  donna  à  la  monardiie  une  apparence  de 
républiqne,  fonnant  nue  jante  de  sënateors  qui,  dépendant 
uniquement  de  Ini  sent,  paraisiBient  prendre  part  an  gonver^ 
nement  tsa  quaUté  de  ees  compagnons.  Il  apaisa  au  conuDen- 
eemoitlea  tronbles  de  l'empire,  et  ent  soin  de  gagner  les  cteors 
de  tontes  les  classes  du  peuple,  satisfaisant  chacna  selon  ses 
passions  on  ses  b^oins ,  exemptant  les  paovres  des  taxes  et 
des  tribste,  traitant  les  grands  et  les  riches  en  égaux.  Voyant 
en  quel  honneur  les  lettres  étaient  tenues  parmi  les  Ara- 
bes, il  tes  encourageait,  visitait  les  écoles,aBai8taitaux  leçons, 
écoutait  les  professeurs,  et  leur  accordait  aide  et  proteetimi 
dans  leurs  projets.  Deux  fois  par  an  il  allait  ^  campagne 
contre  les  dirétiens,  et  presque  chaque  fois  il  s'en  revenait 
Tûnquenr,  tantôt  leur  gagnant  des  batailles  et  tantôt  leur 
prenant  des  villes  et  des  forts.  Une  fois  en  CastiIle,To;ant  que 
les  nôtres,  retranchés  snr  un  mont  couvert  de  neige,  s'y  for- 
tifiaient pour  empêcher  son  retour  à  Gordoue,  il  fit  dresser 
ses  tentes  dans  la  plaine  avec  la  plus  grande  sérénité  d'Ame, 
décidé  à  y  passer  tout  l'hiver;  puis  il  se  mit  à  faire  de  là  des 
excursions  continuelles  et  de  grands  d^ts  dons  les  parties 
accessibles  des  cootràs  voisines,  ai  bien  que  les  Castillans 
eux-mêmes,  pour  qu'il  s'en  fôt,  sentirent  la  nécessité  de  lui 
oavrir  le  passage,  et  même  eurent  à  lui  payer  (dit  Rodertcb 
Ximenez)  la  Valeur  des  semailles  qo'il  avait  fait  faire  snr  leurs 
terres.  Il  fat  snpérieur  h  presque  tous  les  illustres  hommes 
de  gnerrepsr  la  réunion  de  la  sévérité  et  de  la  démence,  deux 
qualités  si  nécessaires  k  tout  général,  et  qu'on  rencontre  si 
rarement  réunies.  Il  minait  par  le  fer  et  le  feu  les  villes  qui 
lai  résistaient  ;  mais  jamais  il  ne  permit  qu'on  fit  la  moindre 
o^e&se  à  qui  se  rendait  volontairement  &  lui.  De  toute  prise 
ou  botin  il  foisait  toujours  deux  ports,  dont  il  cédait  Tune  aux 
soldats,  et  employait  l'antre  en  dépenses  d'utilité  publique, 
ne  prenant  poor  sa  part  que  la  gloire.  Sa  dernière  compare 


>;,l,ZDdbyG00gle 


366  aiSTCHU  D  BffAfifn. 

fat  contre  les  chrétiens  qui  tenaient  Tolède  assiégée,  etc.* 
Masdea  dit  en  gros  d'£l  Hansour  ce  qu'on  en  vient  de  lire 
d'après  Aboa  Bekr  £1  Kodalj  ;  Abou  AMallob ,  El  Honuâdi , 
Ebn  £1  Abu-  et  Boderich  de  Tolède  '. 

Cette  rapide  flagaisse  noos  montre  Mc^ainmed  sons  um 
jour,  comme  on  voit, assez  fovorable.  Ancon  historien  diré- 
tien  ne  manque  k  louer  pIoB  on  moins  le  héros.  Coude  Inï- 
mème,  dans  la  compilation  de  qtfi  les  faits  parient  sonveot 
contre  le  badjeb,  réfutant  avec  raison  une  erreor  chronolo- 
giqae  de  Déguignes*,  qui  fait  déposer  Hescbsm  par  son  pre- 
mier ministre enran399derhégire  (1008),  c'est-À-dire  plus 
de  six  ane  après  la  mort  de  celui-ci,  loue  surtout  beanconp  ¥1 
Manaonr  de  sa  fidélité  à  Hescham,  comme  si  elle  n'eât  pas 
été  ane  nécessité  de  sa  silnatioa^.  Or,  nous  allons  voir  ce 
qu'il  faut  penser  de  cette  âdélité  par  ce  qoe  Conde  toi-même 
noos  dit  des  premiers  temps  d'EI  Mansonr. 

Hescham,  nons  dit-il,  tant  à  caose  de  son  jeone  Age  que 
par  soite  de  son  penchant  naturel,  ne  songeait  qu'à  ses  jeux 
et  &  ses  innocens  plaisirs,  ne  sortait  point  de  son  palais  et  de 
Rcs  délicieux  jardins,  et  ne  désirait  point  d'autres  distractions 
et  d'antres  divertissemens  qui  loi  étaient  inconnus  ;  il  était 
dans  sa  retraite  toujours  entouré  de  jeunes  eselares  de  son 
âge,  qui  étaient  enfermés  avec  lui  et  ne  ctHnmaniqnaient  avec 
personne.  Scbabour  le  Persan,  qui  avait  été  chambellan  d'EI 
Hakem,  et  qui  était  venu  de  Uérida  pour  la  prodamation 
d'Hescfaam,  voulut  loi  parler  avant  son  départ  ;  mais  Sobbeja 
le  dispensa  de  sa  visite,  d'accord  avec  le  hadjeb  Mobammtà, 
et  il  partit  aussitàt  pour  l'Algarbë,  et  les  autres  walis  pour 
leurs  provinces.  Le  favori  sot  dès  le  commencement  gagner  la 


I  Aboa  Bekr  •IRaa*ï,VMllltericB,lD  Ciiiri.p.  MetSO;— Abon  Abdillih, 
nnoBlIdl  M  Ebn  «I  AhiT,la  lbid.,p.  SOS  el  SOS;— Roder.  To)el.,  HiH, 
Aribim, cSl,  p.SB. 

i  tllit.  du  «an»,  1. 1,  p.  StfS. 

»  Caaii,  BUUiia  it  II  dtwtBKtM,  bIc,  en  t)  prtUct. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


OUPRBS  SElZlfcMB.  367 

bvenveUlance  des  hommea  paùsans,  tant  k  Cordoae  qtte  dans 
les  provinces,  en  leDr  rendant  de  grand»  honnenrs  et  en  les 
traitant  avec  beaacoap  de  coartoisie  et  d'affabilité  ;  il  mon- 
trait anx  savans  one  estime  particulière ,  et  admettait  dans 
sa  maison  ceux  qni  se  distinguaient  par  lenr  esprit  et  leur 
érudition  ;  il  cherchait  &  rendre  ses  obligés  et  à  forcer  à  la 
reconnaissance  les  gens  en  crédit,  de  quelqne  classe  qu'ils 
fassent,  et  josqn'anx  infidèles  et  aux  ennemis.  Dès  la  pre- 
mière année  de  son  gonvemement  il  Toolnt  se  signaler  par 
d'illoslres  entrepiieee,  et  il  prévint  les  valis  et  les  généraux 
des  frontières  qn'il  songeait  à  rompre  la  trêve  qu'il  avait 
avec  les  chrétiens.  Cette  noavelle  fut  très  agréable  ta  vul- 
gaire des  Hosolmans,  et  on  n'entendait  que  des  louanges  da 
hadjeh  Hobammed  et  des  annonces  anticipées  de  ses  futures 
victoires. 

Une  des  premières  mesures  qoe  prit  le  hadjeb  H(diammed 
l)ea  Abi  Alimer,  ce  fat  de  conclure  un  arrangement  et  la  paix 
avec  l'émir  de  Zanhaga  Balkyn  ben  Zeïri,  qni  courait  tes  pays 
du  Hagreb,  et  avait  mis  le  si^e  devant  Médina  Cebta  ponr 
venger  la  mort  de  son  père  Zeïri  ben  Ménàd,  qoi  avait  été 
tné  dans  un  combat  par  Dj&far  ben  Ali,  émir  d'Ël  Hassilab  de 
Zâb  ponr  £1  Hakem  :  ils  conclurent  lenr  arrangement  en 
cette  année  366,  et  Balkyn,  levant  le  siège  de  Cebta,  se 
relira  aussitôt  dans  l'Yfrikia.  11  parait  que,  par  cet  arran- 
gement, Balkyn  s'engagea  à  foamir  aannellement  à  £1  Uan- 
soor  un  certain  nombre  de  cbevanx  et  de  soldats  berbers, 
moyennant  certaines  conditions  et  à  an  certain  prix,  et  que 
ces  troupes  étrangères,  à  la  solde  du  badjeb,  servirent  effica- 
cement à  fonder  dès  lors  sa  grandenr  naissaute.  Le  hadjeb 
Aboa  el  Hassan  Djàfar  ben  Otbman  el  Honscbafy,  Abou  Bekr 
el  Lonloni  et  quelques  antres  de  leur  parti,  se  récriaient  et 
monnaralent,  non  sans  sujet  ni  sans  de  bonnes  raisons,  de 
ce  que  Mohammed  ben  Abi  Ahmer  foisait  la  paix  avec  les 
^nenùs  les  pins  acfaaniés  d'£l  Hakem  et  déclarait  la  ^oerre  à 


>;,l,ZDdbyG00glc 


366  HlftTOtU  o'tsusiin. 

ceax  de  Galice  et  d'Elfrank,  qui  avaient  pendant  tant  d'années 
été  fidèles  au  traite  condo  avec  le  khalife.  Dans  le  même 
temps  Djdfar  bea  Aly  el  Audaloori,  émir  d'Et  Massylâ,  étùt 
assiégé  dam  El  Kassar  el  Ocèb  par  les  Beriwrs  et  il  écri- 
TÎt  à  Mohammed  ben  Abi  Ahmer  pour  lai  demander  des  se- 
cours, en  le  prévenant  qae  à,  dans  an  certain  délai,  il  n'était 
pan  secoam  ainsi  qn'il  le  demandait,  il  serait  forcé  de  livrer 
cette  forteresse.  H  envoya  ses  dépêches  par  son  wazir  Ahd 
el  Walid  ben  Djehvrar,  qui  était  dans  les  bonnes  gr&ces  do 
hadjeb  Mohammed  ben  Abi  Ahmer  :  lorsque  Mohammed 
reçut  ces  lettres  il  avait  déjà  fait  son  arrangement  avec  Bal- 
\.yn  ;  il  ne  prit  aucun  soud  du  sort  de  Djâfiu-  ben  Aly,  et 
la  reddition  d'El  Kassar  el  OcAb  servit  de  prétexte  pour  per- 
dre ce  vndi ,  dans  la  disgrâce  duquel  fut  enveloppée  toute  sa 
famille  '. 

Aa  commencement  de  l'année  367  (979)  cependant,  le 
hadjeb  Mohammed  beu  Abi  Abmer  partit  pour  visiter  les 
frontières  de  l'Espagne  orientale,  donnant  l'ordre  aux  iralis 
et  alcaydes  de  ce  pays  de  tenir  leurs  troupes  disposées  poar 
faire  chaque  année  deni  incursions  sur  les  terres  des  chré- 
tiens, tantdt  d'un  cAté,  tantôt  d'un  autre  :  il  alla  ensuite  k 
Saragosse  et  visita  les  frontières  des  montagnes  d'Elfnnk, 
donnant  les  mêmes  ordres  aux  soldats  de  cette  province. 
Remontant  l'Èbre  ensuite,  il  passa  h  la  frontière  da  Daero, 
où  il  fit  avec  les  troopes  de  Mérida  et  de  Lusitanie  une  incur- 
sion de  recoonaissance  en  Galice,  ravageant  les  campagnes  et 
brûlant  quelques  villages ,  sans  trouver  de  résistance  nnlle 
part  :  il  prit  quelques  captife  et  des  troupeaux,  et  retonania 
à  Cordoue  content  de  la  visite  qn'il  avait  faite  et  des  henretix 
sDccès  de  ces  premières  algarades,  qoi,  ayant  été  aussi  im- 
prévues que  rapides,  n'avaient  pu  être  empêchées  et  n'avaient 
amené  aucune  collision  sanglante  entre  les  Musulmans  et  les 


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369 

dirétiens.  En  cette  même  année,  on  acheTa  à  Ezija  an  aque- 
duc qae  Von  y  construisait  par  ordre  de  la  mère  d'Hescbam, 
et  l'on  grava  »ar  la  pierre  une  ins<»iption  ainsi  conçne  : 

■  An  nom  de  Dieu  clément  et  miséricordieux ,  la  princesse 

■  (amiral  onmara),  que  Dieu  rende  puissante!  mère  de  l'émir 

■  des  Fidèles,  le  favorisé  de  Dieu  Hescham  (dont  Dieu  pro- 

>  longe  terègoe!),  a  fait  construire  ce  canal (ozequia),  espé- 

■  rant  mériter  ainsi  les  grandes  et  précieoses  récompenses 

>  de  Dien;  il  fuk  achevé  avec  l'aide  et  le  secours  de  Dieu,  par 

■  les  soins  de  son  serviteur  et  préfet  (amyl  saheb  el  scbarta), 
•  cadhî  des  peuples  de  la  cora  (ou  contrée)  d'Ezija,  de  Car- 

■  mona  et  des  dépendances  de  ce  gonvemanenl,  Ahmed  beit 

>  Abdallah  ben  Uousa,  en  la  dernière  lune  de  rabieh  de 
-  l'anoée  367  (nov.  ou  dèc.  977).- 

A  kl  fin  de  cette  année  débarquèrent  à  Aldjézira  Alhadrfl 
les  tnupes  de  cavalerie  que  Balkya  ben  Zeïri,  oouformément 
aa  trailé  conclu  à  Ceuta,  envoyait  pour  les  guerres  contre 
les  chrétiens  ;  Bjàfar  beu  Aly,  étant  arrivé  avec  ces  troopes, 
fat  mis  eu  prison,  et  le  badjeb  Mohammed  ben  Abi  Ahmer 
loi  fit  bientôt  après  couper  la  tête,  qu'il  envoya  à  son  ami 
Balkyn,  lequel  la  reçut  comme  Je  plus  précieux  cadeau.  Les 
parens  et  amis  de  Djàfar  regardèrent  cette  justice  précipitée 
comme  le  signal  d'une  attaque  contre  eui,  et  comme  le  com- 
meucement  des  vengeances  et  des  rivalités  du  badjeb  Moham- 
jued  '.  Il  s'attriboait,  au  reste,  sur  tonte  chose,  dès  ce  temps, 
une  autorité  absolue.  Ziad  ben  Afl^h,  qui  avait  été  affran- 
chi d'El  Nassr  et  était  maintenant  Saheb  al  Médina  de  Cor- 
done,  rendit  nue  sentence  de  mort  contre  Abd  el  Melek  ben 
Hondhir,  convaincn  de  graves  délits  en  fait  de  dérèglemens 
de  jeunesse  ;  la  sentence  ayant  été  soumise  avant  son  exé- 
cution au  badjeb  Mohammed  ben  Abi  Ahmer,  il  la  révoqua 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


370  B»R^  n'tSPUOÈ. 

en  cette  Boaét  367,  et  Ziad  monint  aa.  «HmnenoeiiUDt  dfl 

l'aoQée  BOivuite'. 

Tele  furent  les  commenceioeiis  d'El  Mansoor  d'après  la 
ebromqoe  de  Ccmde.  Ahmed  el  Makkari  les  mamte  à  «m 
toar  comme  il  soit  '  : 

A  El  Hakem^  dit  £1  Makltari,  soecéda  son  fils  Hescbam,  sor- 
iMHnmé  El  MoawayiAd,  alors  Agé  de  dix  ans.  Mats  Hobaœmed 
ben  Abi  Ahmer,  qo'El  HakMD  sTaït  élevé  da  poste  de  k^dtti 
à  celai  de  wazir,  pr<^la  de  sa  pontioA  poornsorper  le  poa- 
Toir  an  préjodice  da  jeane  Heacfaam.  Aidé  d'idwrd  de  Djftfar 
d  Honsdiafy,  l'an  des  hadjebs  da  jeane  khalife,  de  Gbaleb, 
goaTemeor  de  Médina  Sélim,  et  des  ennaqttes  da  palus,  il 
commença  par  feire  tner  El  Hoagfaira,  frère  d'El  Hakem,  et 
le  dépositaire  de  l'autcnité  d'Hescham.  L'historien  £bn  el 
Athir  dit  qo'El  Mongbira  fat  mis  à  mort  poor  avoir  'aspiré 
aa  trdae  :  il  fallait  bien  un  prétexte  ;  pais  £1  Mansoar  mit  li 
discorde  entre  les  grands  offiders  de  l'état  qni  prirent  les 
armes  et  se  détruisireot  matœllement.  Qaelgoes  Yemémens 
rappelèrent  à  propos  l'entrée  en  Espagne  avec  Tàreq  d'Abd 
el  Melek,  ancêtre  d'Ebn  Abi  Ahmer ,  l'un  des  {wrsonntiges 
les  plos  disUngaés  de  sa  tribu,  et  qni  prit  une  grande  part  it 
k  première  conquête  de  la  FénioBnle.  Ebn  Abi  Abmer  prit 
soin  de  relever  cette  circonstance,  et,  ayant  forcé  Hescbam 
de  se  placer  sous  sa  totèle,  il  défendit  aux  wazirs  d'appro- 
cher de  la  personne  du  prince,  si  ce  n'est  à  de  certains  jours, 
où  il  leur  était  permis  de  saluer  le  khalife,  à  la  conditiâi 


>  Nom  iTont  hiqiitiiimaDi  clU  Abmed  «I  ll*kk*rl.  l'Hutofre  d'Etpa^M  It 
ect«uMir{M)i.  «nbc  dtla  Bibl.  to;.,  onm.  704  )  wL  to  ethl  ana  de*  plu  ;nt- 
cieiMN  Mtrccs  où  II  rail  pOMibla  da  poiair.  El  Makktrl  ■  écrit  in  commenca- 
■aat  dn  dlx-t«ptlèM«  tiàela.CeM  dire uMi  qu'il  ne  p«ut  ht ra  TtainwDiiBleiiU 
poar  lei  lempg  inelena.  CependanL,  eomma  c'tult  sa  bas  eipril,  at  qg'il  • 
tàfi  v»*e»  pour  iob  IriTall  d'an  grind  nombre  de  donmein  l[pioréi  on  Otd- 
dent.  Il  mtrllo  d'èlre  aérlciiMmanl  comullè.  (Tait  uu»l  ce  qua  sont  H»H  UU, 
fia  (|ac a'*  pa  faire  Conie(TOjeiMprtficc,iBfinB). 


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cààpmk  TSn-stvTtkME.  37 1 

ds  Se  retirer  sar-le-champ  sans  loi  parler.  11  gagna  les  soi* 
datfi  par  des  lai^esses,  les  savans  par  des  places,  et  étonffales 
séditions  par  la  force.  Bientôt,  sans  l'aatorisation  do  khalife, 
on  plntdt  A  son  insa,  il  envoya  des  troupes  contre  certain»  offi- 
den  de  l'état  qai  conspiraient  contre  loi  et  votilaient  s'oppo- 
ser aux  progrès  de  son  ambition,  et  il  les  dépouilla  de  leors 
charges.  Puis  il  les  arma  les  ans  contre  les  antres,  jusqu'à  ce 
qu'il  les  eftt  détraits  entièrement.  Il  exdta  ensuite  le  hadjeb 
El  HooBcbafy  DjAfar  ben  Otfaman  contre  les  eanoqnes  sla- 
TODS,  et  celui-ci  les  fit  eipulser  dn  palais  an  nombre  de  hait 
cents.  Bientôt  après  il  contracta  alliance  avec  Ghaleb,  général 
du  dernier  kh^ife,  en  époo-sant  sa  fille  :  jamais  on  n'avait  dé> 
plojé  en  Espagne  pins  de  pompe  que  dans  cette  cérémonie.  Il 
sëdniut  par  ses  flatteries  et  ses  artifices,  fit  mettre  k  mort  ou 
M  soumit  par  la  violence  tons  les  personnages  dont  il  ponvait 
craindre  qnelqne  chose  on  qui  marquaient  parmi  les  cbefe  des 
Arabes.  Ainsi  débarrassé  de  tous  ceux  gui  auraient  pu  s'o^ 
poser  &  sa  toute  puiasance  dans  le  gouvernement,  il  tourna 
ses  vues  sur  l'armée,  et  j  plaça  ses  créatures  en  foole,  près- 
que  tontes  tiré»  des  Berbers  et  antres  peuples  dn  continent 
de  l'Afrique.  Quand  toutes  ces  mesiv«s  eurent  été  prises,  il 
dépouilla  par  le  fdt  Hescham  de  tonte  participation  au  gon- 
veroement;  le  kbelifat  continua  de  subsister  de  nom,  mais 
pour  la  pins  grande  gloire  et  la  grandeur  personnelles  du 
premier  ministre.  Alors  U  renouvela  la  guerre  contre  les  infi- 
dèles, ôta  anx  Arabes  les  postes  les  plus  élevés,  en  gratifia  les 
Berbers  qu'il  avait  fait  venir  d'Afrique, et  agit  en  tout  comme 
s'il  eût  été  en  possession  de  la  souveraineté.  Il  bfltît  pour  lui- 
même  une  ville  qu'il  nomma  Azzahira,7  renferma  ses  trésors 
et  en  fit  un  arsenal  ;  puis  il  prit  le  titre  de  Hadjeb  et  Man- 
8oar,etne  s'exprima  plus  que  dans  la  style  d'un  monarque. 
Décrets,  proclamations,  ordonnances,  tout  fut  promulgué  en 
son  nom;  on  pria  pour  lui  dans  les  mosquées  en  même  temps 
^e  pourIekfaalîfe;ets(mnom,inscrit  spr les  monnaies;  ftit 


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372 

grave  sur  le  ftceaa  de  l'état.  Il  créa  de&  ministm,  remplit  Vwf- 
mée  de  Beriters  et  de  Slamlonks,  et  s'cntoara  d'une  molti- 
tode  d'escIaTes  et  de  gardes  poiir  assurer  son  poDToir,  et  éca- 
ser  tout  oompétitenr  qoi  oserait  le  loi  dieputra.  En  un  mot, 
il  ne  lussa  à  Hescham  d'autre  prérogidiTa  qne  celte  d'ttre 
nonmië  dans  les  prières  publiques  et  sur  l«  oMHmûes,  avec 
les  vains  titres  qu'il  loi  abandonnait  '. 

BeprenoDN  cependant  le  récit  ciroonstanôé  des  choses  et 
des  guerres  de  cette  ioléressaote  époque  avec  les  tranquilles 
développemeos  qui  conviennent  à  la  narraticMi  historique. 
°  De  toutes  les  manières  d'étrire  l'histoire,  a  dit  notre  maître 
à  tons,  la  plus  atîle  est  de  raconter  les  faits  '.  > 

Parvenu  à  la  suprême  puissance  par  les  moyens  qu'on 
vient  de  voir  £1  Haosoar  organisa  toute  efaoae  pour  porto- 
deux  fois  chaque  année  la  terreur  et  le  ravage  sur  les  terra 
chrétiennes  an  nord  dn  Duero ,  mais  surtout  dans  ce  coin 
de  terre  qui  s'avance  entre  les  monts  Idubèdes  et  la  chaine 
centrale  du  Gasdarrama,  et  qui  formait  l'extrémité  orien- 
tale de  la  Castella.  Dans  l'état  de  faiblesse  où  se  tronvaient 
leb  royaumes  et  les  comtés  chrétiens  de  la  PéDinmle,  par 
suite  des  disscDsions  qui  les  travaillaient,  lorsque  chacnn 
tirait  à  soi,  il  était  bcile  h  El  Hansour  de  trouver  des  alités 
parmi  les  chrétiens  eiu-mèmes,  et  il  n'eat  garde  d'7  man- 
quer. Un  dironiqnenr  chrétien  nous  a  révélé  ce  secret  de 
la  pc^iliqne  du  hadjeb  si  conforme  au  génie  du  temps  ea 
général  et  au  génie  des  Arabes  en  particulier  :  — '  Ce  qui  le 
servit  beaucoup  en  cela,  dît  le  moine  de  Silos ,  ce  furent  ses 
largesses  et  sa  libéralité,  par  lesquelles  il  s'attacha  mi  grand 
nombre  d'hommes  d'armes  dirétiens ,  et  sa  manière  de  reo- 
dre  la  justice,  qu'il  avait  toujours  pins  chère,  ainsi  que  noos 
l'avons  appris  de  la  bonche  de  notre  p^,  et  qu'il  reodwt 
avant  tout,  si  l'on  peut  ainn  dire,  quand  elle  intâtesait 

<  XI  Utkkttl,  Hn.  irab.  df  )*  Blb).  nj.  ii°  TM. 


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CHAPmtE  DIX-SEPTÙME-  373 

les  chrétiens.  D'ordJDÛre,  lorsque,  dans  ses  quartiers  d'hiver, 
quelque  sédition  s'élerait,  pour  apaiser  le  tomalte,  il  ordon- 
nait plutôt  le  supplice  d'un  barbare  que  le  supplice  d'an 
chrétien'.» 

Les  guerres  qne  Gt  El  Hansonr  aux  chrétiens  pendant  qu'ils 
étaient  ainsi  divisés  entre  eux  et  en  proie  aux  dimensions 
intestines  furent  nond)reuiieK  et  très  Bauglautes  ;  mais  nous 
ignorons  les  particularités  de  la  plupart.'En  gros  cependant, 
d'après  les  chroniques  et  annales  chrétiennes  écrites  le  plus 
près  de  son  temps,  il  s'empara,  en  984,  de  Léon,  d'Âstorga  et 
de  Gormaz  ;  il  se  rendit  mattre  de  Simancas  en  984  ;  en  986, 
quelq;iies-uns  disent  auparavant,  il  entra  dans  Sépnlvéda;  en 
987,  Âla  fin  de  juin,  il  détruisit  Co'imhre,qne  les  Arabes  réé- 
difièrent sept  ans  plus  tard  (en  994)  ;  en  989,  le  8  de  février,  il 
prit  Atienza  ;  en  août,  Osma;  en  septembre,  Alcoba  ;  en  990, 
le  2  de  décembre,  Montémayor;  en  994,  le  17  de  jnio,  an 
jour  de  samedi, San  Eatevan  et  Goruila  del  Conde  (Cluuia); 
en  995,  Aguilar.  Dans  tontes  ces  courtes  et  ces  algarades,  El 
Hansonr  répandit  le  sang  cfarétien  à  Ilots,  fit  d'innombrables 
prisonniers  et  des  dégfttp  infinis  parmi  les  populations  et  sor 
les  terres  par  oh  il  passait  '. 

Voyons,  quant  k  nons,  le  détail  de  ces  guerres  «t  de  ces 
expéditions  d'après  les  écrivains  arabes.  Ils  suppléeront  heu- 
reusement aux  lacunes  des  chroniques  et  annales  chrétiennes 
SOT  beaucoup  de  faits,  et  notamment  sur  deux  faits  importans, 
dont  la  mémoire  a  été  conservée  (sans  date  précise)  dans 

I  AdjaTtlwt  in  bac  fictA  barbiroruin  B(  tircHw  FCMui.qnt  noit  nodlcM 
chrtilliDonm  mllltei  libl  Ul«iaril,  cl  loiUlii  *d  Jodlclnm  raciendim,  quu) 
llin|ii  I.  Ht  ptttrao  nUln  didlilmat,  pra  omnlboi,  *l  Cl»  ni  dtccm,  cUrm 
cbrlirïinia  Cànm  babocrlL  Ad  boc,  il  In  blbcrnU  illqaa  wdlUo  wirMnr,** 
■•dandam  inmnllam  poltu  de  birbaro  qaim  de  ehrUItu»  (uppllclgm  iiNiebi- 
Ur  (Msueb.  Silrni.  Cbr.,Bara.  10). 

1  Vojci  Maïucb.  SlIcH.  Cbr.,  nom.  »  «1 71  ;  —  Cbr.  de  Colmbr*,  p.  3»  M 
338  ;  —  AbmIbi  Camplal-,  p.  SU  «t  313  ;  —  Cbr.  Csaplut. ,  p.  SIS  et  316  ;  — 
rbroalcon  de  G«rdtei,p.  9T1  i— AiHl.  Talcd.,p.9S3tl3S3;—  itCbr.lo- 
tiMDDK,  p,  (T. 


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374  HISTOIBE  D'KSMGn. 

quelques  docomens  d'uae  antheDticîté  nondontease  ';  je  tchz 
parler  de  la  prise  de  Lëon  et  de  Baînt-Iacqaes  de  Compo»- 
telle  par  El  Hansonr.  Ces  deax  évèneinens  sont  rapportés  par 
les  historiens  moderoes;  mais,  comme  ils  manquaient  de  base 
chrooologiqae,  ils  les  ont  placés  à  pea  prëSL  aa  hasyd  sons 
des  dates  que  rien  ne  saurait  autoriser.  >0d  ks  retroarera 
dans  la  suite  de  ce  récit  mis  eu  leur  lieu  sur  le  témoignage 
des  Arabes,  et  éclairant  l'histoire  des  chrétiens  an  lien  de 
l'obscurcir,  comme  chez  les  hjstoriens  qui  n'ont  point  con- 
sulté les  sources  musulmanes. 

Nous  venons  de  Toir  que  Mohammed  ben  AM  Alimra 
employa  la  fin  de  976  et  toute  Yànaée  977,  c'est-Vdire  an 
pen  pins  d'un  an, à  raffermir  sa  puissance,^  à  écarter  ses 
compétiteurs ,  et  à  préparer  toute  chose  ponr  les  projeta 
qu'il  méditait.  Ses  expéditions  contre  les  chrétiens  dans  cet 
intervalle  se  bornèrent  à  sa  tonmée  de  reconDaissance  aux 
frontières  an  printemps  de  977,  et  h  son  agression  en  Galice 
dans  l'automne  de  la  même  année  ;  mais  cela  même  faisait 
pressentir  que  le  hadjeh  suprême  chercherait  dans  la  guerre 
une  base  à  sa  grandeur.  Il  ne  comm^ça  cependant  sea  ex- 
péditiooB  sérieuses  que  l'année  siÛTante. 

An  commencement  de  l'année  ïslamite  36S,  c'ert-à-dïn 
dans  l'automne  de  978,  Mohammed  partit  avee  la  cavalerie 
africaine,  celle  d'Andalousie  et  les  troupes  de  Méiida,  et 
il  entra  en  Galice  ;  il  vainquit  les  chrétiens  qni  vinrent  à  sa 
rencontre,  en  fit  un  affreux  carnage,  enleva  beaucoup  de 
dépouilles,  prit  une  très  florissante  jeunesse  des  deux  sexes, 
et  retourna  vainqueur  à  Cordoue  oii  il  fat  reçu  avec  de 
grandes  démonstrations  d'allégresse.  Ce  fut  à  cette  occasion 
qu'il  fut  surnommé  El  Mansour,  illustre  vainquenr,  prO' 
lecteur  du  peuple  musulman,  défenseur  aidé  de  Dieu,  etc. 
11  répartit  le  butin  de  son  expédition  entre  les  soldats,  sans 

1  Voy.  Vrpci,  Coronic*,  L  m,  fol,  SSI.  ' 


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COAPIXRE  DU-SEPTUSHE.  375 

antre  réserve  qoe  le  cinquième  (te  khonm)  on  Lot  de  Dieu 
qni  revenait  au  kbalife,  et  Vatafa  on  droit  de  choix  qoi 
appartenait  anx  généranx,  tant  sor  les  priBonoiers,  homme» 
et  femmes,  qne  anr  les  tronpeanx  de  tonte  espèce  ;  il  renon- 
Tda  l'ancienne  oontame  de  donner  nn  baoqnet  anx  tronpes 
après  la  victoire  ;  il  parcourait  Ini-mème  les  chambrées  des 
compagnies,  et  sa  mémoire  était  telle  qn'U  connaissait  par 
leurs  nnns  tons  ses  soldais  ;  il  retenait  la  généalogie  de  ceux 
qui  se  ifistingnaient,  les  invitait  à  sa  table,  et  leur  faisait  un 
bonuenr  portûmlier.  Ce  fut  par  cette  adnnte  conduite  qu'il 
devint  l'idole  des  soldats,  et  qu'il  s'entoura,  non  d'une  armée 
dévouée  à  l'idanùsme  et  obéissant  à  nn  chef  parce  qu'il  cm 
était  le  représentant,  mais  d'une  armée  dévouée  à  nn  homme, 
chose  inooïfi  encore  parmi  les  Arabes.  Depuis  ces  premières 
încoraions  contre  les  chrétiens,  Mohammed  el  Hansour  prit 
l'faalntude  de  &ire  secouer  avee  beaucoup  de  soin,  chaque 
fois  qu'il  reveiiAit  du  champ  de  bataille  à  sa  tente,  la  pous- 
jàère  qui  se  trouvait  sur  ses  habits,  et  il  la  gardait  dans  une 
cassette  faite  exprès  ;  il  voulait  que,  quand  l'heure  de  sa 
iDort  serait  sonnée,  on  le  couvrit  dans  son  tombe^de  cette 
poussière  ;  dans  tontes  ses  expéditions,  il  faisait  porter  cette 
caisse  avec  beaucoup  de  précaution  parmi  les  choses  les 
plus  précieuses  de  srai  équipage'. Â  son  exemple,  deux  des 
plus  illustres  souverains  de  l'islamisme ,  Konreddin  et  Ti- 
mourf  et  un  des  sultans  les  plus  célébrée  de  la  maistn 
d'Otbmui,  sultan  Bajeâd,  au  rapport  de  H.  de  Hammer, 
firent  de  même  soigneusement  recueillir  la  poussière  qui, 
dans  Irars  campagnes,  s'était  attachée  à  leurs  vètemeus, 
■  afin,ditSeadeddineuparlantdu  dernier, qu'il  pût  embui- 
Ber  sou  torabeaD-coDune  avec  du  muse,  par  la  bonne  odeur 
de  la  guHTe  sainte,  et  détoumer  ainsi  de  lui,  suivant  la  tra- 
ditiou,  le  feu  étemel. 'Beadeddin  ftit  aUnàon  U  an  câ^irc 


>;,l,ZDdbyG00gle 


376  msitHU  d'kpàgre. 

Torset  da  Koran  :  ■  Celni  dont  les  pieds  se  confient  de  pous- 
sière dans  le  chemin  de  Dieu,  Diea  le  préserve  do  fea'.  • 
.  En  cette  mAme  année  368,  sur  la  fin  répiHidant  aa  pritt- 
temps  de  979,  an  retour  d'une  expéditi<»i  sor  la  frontière 
de  r  Espagne  orientale  où  il  avait  été  aussi  heureox  qae  dans 
lesprécédenteSjlalibéralitéd'ElHanaoorenTers  les  hommes  de 
guerre  qoi  l'avaient  mivi  fut  excessive,  et  beaucoup  plus 
grande  que  les  antres  fois,  en  sorte  que  le  wazir  chargé  de 
percevoir  ce  qui  revenait  au  khalife  ^nr  son  cinquième  ou 
lot  de  Dieu,  ne  reçut  que  fort  peu  de  diose.  Le  hadjeb  Aboa 
el  Hassan  DjAfar  beo  Othmao  cl  Mouscfaafy  l'ayant  appris 
comme  préfet  de  la  trésorerie,  il  dit  h  ses  vrazirs  :  —  •  Il  me 
parait  que  les  excurùons  du  ha^j^  Mohammed,  bien  qu'elles 
soient,  comme  disent  ses  amis,  fort  glori«taes,  aooi  en  réalité 
bien  peu  utiles  et  bien  pep  profitables  à  l'état,  puisqa'il  ne 
lui  revient,  de  l'inquiétude  où  elles  le  jettent,  qoe  des  pertes 
de  troupes  et  de  cavalerie  ;  notre  bon  émir  El  Uakem  s'y  en- 
tendait nûenx.  •  Le  propos  fnt  cpipporté  au  premier  Boinîstre. 
U  était  dangereux  et  peu  sAr  en  ce  temps-là,  dit  le  ehroni- 
qucor  i^ulman,  de  n'être  prànt  l'ami  d'El  Mansonr.  Aboa 
el  Hassan  Djâfar  l'apprit  à  ses  dépens.  El  Mansonr  loi  fit  si- 
gnifier l'ordre  de  se  rendre  en  prison,  et  le  destitua  de  tous 
ses  emplois  an  nom  du  khalife  ;  renfermé  dans  nne  tour  des 
murailles,  ses  biens  fur«it  «nfisqués  au  pn^t  du  fisc,  et  il 
ne  tarda  pas  à  moorir  obscurément  en  prison,sans  qu'on  ait 
jamais  luen  su  par  quel  genre  de  mort.  Le  bruit  conrot  ce- 
pendant qn'Et  Mouschafy  était  mort  de  la  fièvre  et  du  chagrin 
que  lui  avait  cansé  sa  destitution  qu'on  colora  des  {dus  graves 
motife'. 

Conde  rapporte  id  nn  fait,  qui,  Uen  que  ne  se  rattachant 
qu'indirectement  à  l'histoire  d'El  Hansour,  jette  quelque  lu- 
mière sur  les  mœurs  et  la  manière  de  vivre  de  cette  époque. 


3,q,l,ZDdbvG00gIe 


377 

Je  laisserai  parler  le  cfaroniqneor  :  —  £a  ce  tanps-Ià,  dit-il  ', 
MaroD  (il  faut  sans  aacoQ  doute  lire  ici  Menran),  Henvan 
donc,  arrière-pelit^fils  da. khalife  Abd  el  Bahman  el  NaK>T, 
connu  sons  le  nom  d'EI  Tholâk,  jenoe  homme  de  stiize  ans 
fort  instruit,,  et  d'un  grand  talent  en  poésie,  blessa  mortelle- 
ment son  père  pour  la  cause  que  voici  :  Ce  jeune  homme  avait 
été  élevé  dans  son  enfance  avec  une  jeune  enfant,  fille  d'une 
captive  chrétienne  esclave  de  son  père  ;  ils  s'aimaient  d'abord 
connue  des  enfans,  mais  su  grandissant  leur  enioar  s'accnit 
an  point  qn^ls  ne  pouvaient  vivre  l'un  Rans  l'autre  ;  Abd  el 
Bahman,  le  père  de  Heman,n'en  savait  rien,  et  quand  il  crnt 
la  cboee  convenable,  il  sépara  la  jeune  fille  de  la  compagnie 
de  son  fils.  Cette  séparation  augmenta  la  passion  mutuelle  des 
deux  amans  ;  Herwan  parvint  h  s'introduire  furtivement  un 
soir  dans  les  jardins  où  avaient  coutume  de  se  divertir  les  es- 
claves de  sm  père  à  l'entrée  de  la  nuit;  il  décida  la  jeune  fille 
à  s'expatrier  avec  lui;  et  ils  fuyaient  ensemble,  lorsque,  par 
inaUienr,au  moment  où  ils  allaient  franchir  les  portes  du  jar- 
din, Abd  el  Bahman  les  rencontra  et  s'opposa  à  leur  pas- 
sage. La  nuit  était  close  :  le  hardi  et  fol  amant,  sans  considé- 
rer que  celui  qui  s'<^posBit  à  sa  sortie  ne  pouvait  être  que 
son  père,  lui  passa  son  épée  an  travers  du  corps  :  aux  cris 
d'Abd  el  Bahman  ses  esclaves  accoururent,  la  jeune  fille  s'é- 
vanonit,  et  Merwan  fut  pris  et  désarmé.  Le  préfet  de  la  justice 
urgente  ou  des  flagrans  délits  le  fit  mettre  dans  nne  tour,  et 
le  kadhi  des  ïadhis,  après  aVoir  éclaire!  ce  tragique  événe- 
ment et  pris  connaissance  des  faits,  n'osa  prendre  sur  lui 
de  porter  contre  Mervran  la  peine  des  parricides  ;  Merwan 
était  de  la  maison  d'Ommyah  et  consin  du  khalife.  Le  kadhi 
des  kadbis,  en  l'absence  d'Ël  Mansour,conBuIta  la  mère  d'Hes- 
cham  et  le  jeune  khalife,  et ,  en  considération  de  la  jeunesse 
de  Merwan  et  de  sa  méprise,  ils  le  condamnèrent  à  une  déteu- 


>;,l,ZDdbyG00gle 


378  msToms  OBSPAGiiE. 

tioD  d'aatant  d'années  que  son  Age  en  marqaùt'.  Loraqoe 
El  Mansonr  fatrereon  de  Calice,  il  témoigna  k  Hesobam,  dit 
la  même  chronique  en  terminant,  qu'il  srait  jngé  en  jeons 
homme  et  en  amant,  et  non  en  père.  Hervan  demenra  en- 
fenné  josqu'en  3S4,  et  composa,  pendant  aa  détention,  mi 
grand  nombre  d'élégies  et  de  chansons  d'amour  qui  loi  Taln- 
rent  une  grande  célébrité  parmi  les  poètes  andalous*. 

Quelques  événemens  particaliers  ou  chevaleresques  mar- 
quèrent encore  ces  commencemens  de  l'administration  des- 
potique d'El  Mansour.  A  la  fin  de  cette  année  368  (  join  oa 
juillet  979)  Àbd  el  Helek  ben  Ahmed  ben  Sejd  Abou  Her- 
Tran,  gouverneur  de  Tolède,  tua  en  doal  Ghaleb,  beau-père 
d'El  Hansour  et  alcayde  de  Médina  Sélim  *;  Ghaleb,  dont  nous 
avons  déjà  parlé  à  plusieurs  reprises,  était  an  homme  brave 
et  rasé ,  de  race  slavone ,  qui  du  rang  d'affranchi  étût  monté 
sous  Hescham  aux  postes  les  plus  éminens  de  l'état.  Abd  d 
Helek  fut  destitué  de  son  gouTemement  pt  El  Mansour  mît 
à  sa  place  Abdallah  ben  Abd  el  Aziz  ben  Mohammed  ben  Abd 
el  Aziz  ben  Ommyah  samommé  Abon  Bekr  ;  c'était  nu  cava- 
lier, dit  la  chronique  arabe,  jouissant  de  tonte  la  faveur  de 
la  mère  d'Hescham,  et  extrêmement  riche  ;  il  avait  dans  te 
pays  de  Tadmir  de  grandes  propriétés  et  beaucoup  de  ha- 
meaux; on  dit  qn'il  possédait  plus  de  mille  fermes:  il  fut 
appelé  par  les  chrétiens  dans  leur  langue  Pierre  Sèche  (PAn 
Sicca),  à  cause  de  sa  dureté  et  de  son  naturel  avare.  Ce  fat 
aussi  un  de  leurs  plus  rades  ennemis,  et  on  des  gonvemears 
de  capitales  qui  secondèrent  le  plus  efficacement  El  Hansour 
dans  ses  guerres  bis-annodles  contre  les  chrétiens. 

Ces  gnemn  an  reste  étaient  tout  le  secret  de  la  puissance 
d' El  Hansour.  Sa  politique  fut  dès  lors  de  combler  de  ridiesses 
ses  soldats,  et  surtout  les  Berbers,  de  les  récompenser  de 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAPirai  DU-sEpnàHS.  379 

tontes  manières,  en  même  temps  qn'il  les  contenait  par  nue 
sorte  de  terreor  dans  la  plne  rigonreuee  diecipline.  Les  hom- 
mes de  pied  et  les  chevaux  qn'il  tirait  de  l'Afrique  faisaient 
la  principale  force  de  ses  armées.  Le  bruit  de  la  hante  faveur 
et  des  avantages  dont  joaissaient  en  Espagne  cenx  de  leurs 
compatriotes  qni  s'attachaient  ft  la  fortune  d'El  Hansour  en 
dëlemûnait  annuellement  nn  grand  nombre  à  porter  leurs 
armes  et  leurs  chevaux  de  ce  côté.  Plusieurs  s'y  fixaient  après 
•voir  pris  part  h  quelques  nnes  de  ses  campagaes  de  prin- 
temps et  d'automne,  et  il  en  avait  formé  une  sorte  d'armée 
permanente  et  soldée,  toute  dévouée  à  ses  intérêts,  dont  une 
partie  le  suivait  dans  tontes  ses  guerres,  et  aux  chef^  de  la- 
quelle il  prodigoait  les  riches.ses  et  les  propriétés.  A  une  revue 
qu'il  passa  à  Cordoae  dans  les  premières  années  de  son  gon- 
vernement ,  on  dit  qn'il  réunit  deux  cent  mille  cavaliers  et 
six  cent  mille  hommes  de  pied  ;  mais  c'était  là  une  revue  gé- 
nérale des  forces  musolmaoes  en  Espagne,  une  revue  de  tou.1 
les  hommes  de  guerre  des  tribus,  et  non  d'une  armée  disci- 
plinée et  permanente  comme  nos  armées  modernes.  Chaque 
printemps  et  chaque  aatomne  nue  partie  seulement  de  ces 
hommes, cenx  qni  habitaient  du  côté. où  il  dvalt  résolu 
de  porter  la  guerre  le  suivaient,  et  grosdssaient  les  quel- 
ques milliers  de  cavaliers  berbers  on  andaloua  qui  étaient 
à  sa  solde  et  avec  lesquels  il  était  parti,  se  dirigeant  tantôt 
àur  Un  point,  tantôt  sur  un  autre,  au  nord ,  à  l'ouest  ou  à 
l'est.  Le  territoire  de  la  Castille  an  nord  du  Duero  et  la 
Galice  toutefois  étaient  pins  fréquemment  que  l'Espaguc 
orientale  lobjet  de  ses  attaquer ,  bien  qu'il  eût  résolu,  dit- 
on,  de  faire  une  guerre  éternelle  ahx  tdirétiens,  et  qu'il  ne 
pensât  pas  h  moins  qu'à  subjuguer  tous  ceux  qufportaient 
ee  nom  dans  les  limites  de  la  Péninsule  des  deux  mers 
aux  Pyrénées'.  Tout  adoré  de  iics  soldats  qu'il  était, et 


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380  HUTtHBE  d'bSPAGHE. 

tùen  •qa'il  ttt  appelé  l'ami  des  braves  et  des  vaiUaos,  il  n'en 
était  pas  moins  d'aoe  aésétUé  excessive  en  toat  ce  qui  coa- 
CMnait  la  discipline  militaire.  On  raconte  ploùenrs  anecdotes 
snr  la  rigidité  avec  laquelle  il  faisait  observer  l'obéissance 
rigoureuse  qu'il  avait  introduite  dans  son  armée.  Suivant 
£1  Hakluri,  non-seulement  ses  soldais  se  montraient  immo- 
biles et  soumis  dans  les  rar^,  lorsqu'ils  étaient  passés  eu 
tevue,  mais  encore  c'est  h  peine  si  l'on  enteodait  un  cheval 
bennir.  Un  jour,  ayant  vu  briller  à  contre-temps  one  épée  & 
l'eilrémité  de  la  ligne,  il  fit  amener  le  coupable  devant  lui. 
Interrogé  sar  la  cause  de  cet  acte  d'inattention,  oelni-câ 
cbercha  à  s' excuser  en  disant  :  qn'ayatit  montré  son  épée  h 
son  camarade,  elle  était  sortie  dn  fonrrean  par  hasard.  El 
Mansour  déclara  que'  l'afhire  était  d'une  tifie  nature  qu'elle 
ne  pouvait  admettre  d'excuse  ;  il  (Abonna  de  décapiter  cet 
homme  et  que  Rs  tête  ftt  portée  devant  tons  les  rangs,  et  il 
publia  en  même  temps  une  proclamation  à  ce  sujet  '. 

Lui  et  son  IIU  aioé  Âbd  el  Helek  payaient  d'ailleurs  bra- 
vement de  leur  personne  dans  ces  guerres  singulières  si  sou- 
vent renouvelées.  Abd  el  Uelek  était,  au  comaKocement  de 
ce  règne,  parmi  les  jeunes  serviteurs ,  paroù  les  pages  en 
quelque  sorte  (doncéleê)  du  khalile  ;  mds  son  père  lui  cfmfia 
successivement  divers  onplois  dansl'armée,  et  il  l'enuDenaU 
avec  lui  dans  ses  expéditions  et  ses  ipcnrsions  sur  les  terres 
des  chrétiens,  afin  de  l'accontumer  de  bonne  heure  aoxexer- 
ciees  et  aux  fatigues  de  la  guerre.  Abd  el  Melek  donna  en 
diverses  occasions,  comme  nous  le  verrons  par  la  soite,  des 
preuves  signalées  de  sa  valeur  et  de  son  adresse  dans  les 
armes,  et  s'acquit  panai  les  Mnsolioans  andalous  la  répu- 
tation d'iui  habile  et  valeureux  cavalier'. 

On  ne  conoait  point  les  détails  et  l'objet  particulier  de 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAPITU  UlS^SfeltllHB.  38 1 

cbacnne  des  expéditions  d'El  HAUboot  contre  les  ctirâtienR  ; 
les  aateors  arabes  cependant  nous  ont  conservé  la  ménuHre 
de  qoelques-nnes  des  particnlarités  qni  les  marquèrent,  di- 
gnes en  e£Fet  d'échapper  k  roobli. 

Ib  racoQleat, par  exemple,  qn'nne  fois, en  Gaslille, tandis 
que  les  armées  mnsnlmane  et  chrétienne  cunpées  en  face  l'nne 
de  l'antre  s'obserraient,  héàtant  à  commencer  le  combat,  "EU 
Mansonrse  prit  à  rêver. — >  Combien  crois-tu  qae  noas  ayons 
de  vaillans  caTaliers  dans  notre  armée  ?  >■  dit-il  à  nn  de  ses 
plDs  braves  chefs  nommé  Moschafe.  Hoachafa  lui  répondit  : 

*  Ta  le  sais  bien,  toi.  »  El  Hansoar  ajouta  :  ■  Penses-tu  que 
nous  en  ayons  mille?  >  Moschafa  répondit  :  -  Pas  autant.  - 

•  Y  en  a-t-il  ciqq  cents  ?  •>  dit  El  Mansonr.  Hoschafa  répéta  : 
«  Pas  autant.  »  El  Haosoor  lui  dît  alors  :  ■  Y  en  a-t-il  cent 
on  même  daqnante?  »  Hoschafo  Inl  dit  :  ■  Je  n'ai  de  con- 
fiance qu'en  trois.  »  En  ce  moment  sortit  du  camp  des  cbré- 
tiens  un  cavalier  bien  armé  monté  sar  nn  beau  cheval.  D 
s'avança  vers  les  Musulmans  et  leur  ma  :  <•  Y  a-t-il  quelqu'un 
de  vous  qui  venille  se  mesurer  avec  moi?  >  Un  cavalier 
masdlman  se  présenta  aussitôt  contre  Ini.  En  moins  d'une 
heure  le  chrétien  le  tua,  et  s'écria  :  •<  T  en  a-t-il  quelque  autre 
qni  se  présente  contre  moi?  >  Il  vint  un  autre  Musulman; 
ils  con^ttirent  moins  d'une  heure,  et  le  chrétien  le  tua  de 
même,  le  chrétien  s'écria  :  *  ¥  en  a-t-il  quelque  autre  qui 
vienne  contre  moi,  ou  même  deux  ou  trois  ensemble?  »  Et 
aussitôt  parut  un  brave  Musulman  que  le  chrétien  renversa 
aussi  d'un  coup  de  lance.  Les  chrétiens  applaudirent  par  de 
grands  cris  et  de  vives  acclamations.  Le  chrétien  retourna 
à  son  camp,  changea  de  cheval,  et  reparut  monté  sar  un 
cheval  non  moins  beau  que  le  premier,  couvert  d'une  grande 
peau  de  héte  féroce,  dont  les  pattes,  nouées  sur  le  poitrail 
du  cheval,  laissaient  voir  leurs  ongles,  qui  semblaient  être 
d'or  (sans  doute  parce  qu'ils  étaient  dorés).  El  Hansour  dé- 
jendit  que  personne  s'avancAt  contre  lui.  Il  appela  Mob- 


>;,l,ZDdbyG00gle 


382  msTMRB  d'espaghi. 

diafft  et  lai  du  :  ■  N'as-tu  pitot  tu  ce  qa'a  1m\  w  chrâkii 
tOQtfl  la  joarn^?  >  —  >  Je  l'ai  m  de  bks  yeax ,  répowlit 
Hosehafa,  et  il  n'y  a  ea  dans  toat  oed  ancune  magie.  Mais, 
par  Diea  !  l'isfidèle  est  un  très  boo  eaTaliw,  tandis  qne  nos 
Sfnaalmans  sont  îBtîaiidéB.  ■  —  'Dû  fkatH  eoimrts  de 
bonté,  s'écrïa  El  HaDBonr.  ■  Là-dessos  leccraiiw  ntonté  snr 
mn  TÎgooreax  chenl  conTerlde  la  riche  pém  de  bète,  s'aranfa 
et  dit  :  •  y  a-t-il  quelqu'un  qui  Tienne  contre  moi?  <•  Alon 
El  Hausonr  dit  :  ■  Je  vois  bien,  Hotiehafa,  la  Térité  de  m 
qtie  ta  me  disais,  que  j'ai  &  peine  trois  Taillam  caTaliBrs  dans 
toate  mon  année  :  si  ta  n'y  vas  pas,  mon  fils  ira,  on  bien 
j'irai  moi-même,  car  je  ne  pn^  pins  sonffiv  cela.  ■  Alors 
Uoschafa  loi  dit  :  •  ^Ta  Terras  promptemeiit  sa  fête  à  tes 
pieds,  ainsi  qne  cette  belle  peau  riche  et  hérissée  qui  sert 
de  housse  à  son  cheval.  >  —  -Je  l'espère,  dit  El  Mansonr, 
et  dès  oe  moment  je  te  la  cède,  afin  que  tu  t'en  fosses 
par  la  suite  on  pconpeax  ornement  pour  aller  an  combat.  ■ 
Aossitât  Hoschafa  alla  contre  le  chrétien  et  celnl-d  lui 
demanda  :  ■  Qui  es-tu?  Quel  rang  tiens-tu  parmi  les  nt^Ies 
Musulmans  ?  >  Hoschafa,  brandissant  sa  lanoe  et  nur(!hant 
Eurlai,lai  répondit  : — «Voici  ma  noblesse,Toici  ma  lignée*!- 
Les  deux  cavaliers  combattirent  avec  beancoop  de  valeur  tt 
d'adresse, se  frappant  de  rudes  coups  de  lance,  faisant  toor- 
ner  leurs  chevaux,  avançant  l'un  contre  l'autre  ou  recalant 
avec  une  admirable  dextérité  ;  mais  Moschaft  qui  était  plus 
jeune  et  {dus  l^r,  et  en  même  temps  mieux  reposé,  maniait 
son  cheTal  aTec  [dus  de  prestesse,  et  porta  dans  le  côté  de 
son  adversaire  on  coup  violât  de  sa  lance ,  dont  celni-cà 
tomba  mort  de  son  dieval.  Hoschafa  sauta  à  bas  du  âen, 
coupa  la  tète  de  son  ennemi,  dépouilla  le  (âieval  de  la  peaa 
qui  le  convrait,  et  retourna  vers  £1  Hansonr,  qui  l'embrassa 
et  fit  prodamer  son  nom  par  les  monezzins  de  l'armée.  Le 


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C&APltU  CtX-SEPTlfeUÏ.  383 

signal  ayant  été  donné  là-deesuB  les  deux  armées  engagèrent 
nue  sanglante  bataille,  qu'interrompit  bientôt  l'arrivée  de  la 
unit.  Le  lendemain  les  cbrétiens  ne  Toolurent  pas  retourner 
an  combat;  ils  opérèrent  leur  retraite  an  point  da  joor,  et 
£1  Hansonr  revint  triomphant  à  Gordooe  '. 

C'était  nn  nsage  immémorial  parmi  les  Arabes  de  commen- 
cer ainsi  les  grandes  batailles  par  àes  combats  singoliers.  Le 
combat  de  Bedr,  qui  fonda  la  paissance  de  HafafHnet,  bien 
qu'il  n'eût  de  son  cAté  qu'un  peu  plus  de  trms  cents  hommes, 
tant  ansto  que  mohadjirs',  fut  marqué  par  trois  combats  de 
ce  gntre:  Otba,ao  des  chefe  de  l'armée  mekkoise,  accom- 
pagné de  son  frère  Schéïba  et  de  son  fils  Walid,  sortirent  des 
rangs  et  défièrent  les  Hosnlmans  au  combat  aingnlier.  Trois 
jeanes  gneniers  se  présentèrent  :  ■  Qui  étes-voos  ?  ■•  leur  de- 
numdèreat  les  tenus.  —  <  Nous  sommes  des  Ânsàrs.  >  — *  Ce 
n'est  pas  à  toos  que  nous  voulons  avoir  affaire.  ■  Pois  l'an 
des  Konuschites  cria  :  •  Stahomet ,  envoie  contn  nous  des 
hommes  de  notre  triba.  >  A  cet  appel,  Mahomet  dit:  <  Va, 
Obéida,  fils  de  H&ritfa;  va,  Hamza,  fils  d'Abd  d  Hottaleb  ; 
va,  Ali t  fils  d'Abon  Tdleb. -Les  trois  Musulmans  désignés 
s'offrirent  à  l'instant  anx  champions  ennemis.  Geux-d  renoo- 
velèrent  leur  question:  ■  Qui  ètes-vons?  >  Hamza  répondit: 
■  Je  suis  Hamza.  >  Ali  dit:  «Je  suis  Ali.  >  Obéida  :  ■  Je 
suis  Obeïda.  —  «  A  la  brame  heure ,  dirent  les  Koraisdiites , 
-vous  êtes  dignes  de  vous  mesurer  avec  nous;  vous  êtes  nos 
pairs;  c'.est  vous  que  nous  voulions.  "  Obâda,  qui  était  le  plue 
ê^  des  trois  Musulmans,  se  plaça  en  face  d'Otba;  Hamza 
devant  Scheïba,  AU  devant  Walid,  et  le  oondiat  commença. 
Dès  le  premier  choc,  Hamza  et  Ali  to^vnt  cbacon  leur  ad- 

t  Cwtc,  c.  9t. 

■  Auln,  >Dilllilr«i,  Holudjiti,  eampignau,  non  da  U  fuite  oui*  de  réml' 
ptlIoD  (hadjlr*;,  fmlertDi  de  ■■  compigale  de  Hahomet ,  émltnM  par  eicd- 
lence,  wm-eaienda  da  U  Mekke.  —  En  par  mbe  le  plaricl  iTutMr  Ht  uh- 

D,.;,l,ZDdbyG00gle 


384  mSTOIRB  ÙtSPA&Vt. 

Tersaire.  Otba  fat  grièvement  blessé  par  Obeïda;  mtùs  celui-ci 
eut  la  jambe  coapée,  et  resta  étenda  par  terre.  Haniza  et  Ali, 
s'élapçant  sur  Otba,  l'acheTèreot  à  coups  de  sabre  et  empor- 
tèrent leur  compagnon  Obeîda.  Âlois  la  masse  des  Koraîsc^- 
tes  se  mit  en  mouvement  et  fit  une  attaque  générale'.  »  — 
Les  dépouilles  qui  provenaient  de  ces  sortes  de  combats ,  an 
moins  depuis  l'islamisme,  avaient  nne  destination  autre  que 
celles  qu'on  recueillait  sur  le  cbamp  de  bataille:  eUea  appar- 
tenaîmit  an  général  des  Musulmans  et  il  avait  le  droi^  d'en 
faire  ce  qne  bon  loi  semblait,  soit  de  les  garder,  soit  de  les 
donner  an  vainqueur,  soit  de  les  joindre  an  butin  commun'. 
Le  trait  qne  nous  venons  de  rapporter  est  placé  par  les 
historiens  arabes  en  l'an  370  de  l'hégire  (do  )6  juillet  980  au 
5  juillet  981).  £1  Mansour  se  trouvait  an  pays  de  Galice  en 
vue  d'une  puissante  année  de  chrétiens  de  Galice  et  de  Cas- 
tille  en  l'année  370,  nous  disent  ces  historiens  eu  commen- 
çant le  récit  de  la  rencontre  marquée  par  le  chevaleresque  inci- 
dent que  Moschafa  fit  tourner  en  l'honnenr  des  armes  mnsol- 
manes  ;  elle  peut  donc  être  placée  dans  l'antomne  de  980,  oa 
«n  printemps  98 1 .  Nous  pensonfi  qu'elle  dut  avoir  lien  |da- 
tôt  dans  cette  dernière  saison,  et  que  c'est  an  commencement 
■àe  l'hiver  précoce  de  l'année  précédente  que  doit  être  placé 
un  incident  non  moins  curieux  dont  Masdeu  nous  a  dit  un 
mot  précédemment,  d'après  Roderich  de  Tolède.  Comme  il  a 
négligé  placeurs  traits  du  rédt  de  Rodericii,  qui  nous  pa- 
raissent caractéristiques  et  intéressans,  je  crois  devoir  repro- 
duire ici,  aussi  littéralemmt  que  je  le  pourrai,  le  récit  même 
de  Roderich  Ximenez  : — ■  Une  fois,  dit-il,  comme  il  (El  Man- 
sour) venait  de  dévaster  les  terres  de  la  Gastille,  et  qu'il  se 
disposait  à  s'en  retourner  h  cause  de  l'hiver,  tes  chrétiens 
s'établirent  dans  le  passage  des  montagnes  (par  où  il  devait 


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CHAPITRE  DIX-SEPTIÈBIl.  385 

passer  pour  s'en  retoarner),  aidés  dans  leors  projets  par 
l'épaiBseur  des  neiges  y  et  lai-mèiDe,  comprenant  qae  le  pas- 
sage lui  était  fermé,  planta  son  camp  dans  la  plaine,  et  avec 
les  bcenfe  pris  dans  les  coorses  précédeates,  ayant  fait  remonter 
ses  charrues,  fit  labourer  et  semer  la  terre  autour  du  camp. 
Pois,  tant  par  des  courses  que  par  des  tueries  sur  les  terres 
des  chrétiens ,  il  les  désola  de  telle  sorte  qu'ils  résolurent 
de  demander  grâce,  et  de  délivrer  le  passage  qu'ils  occu- 
paient, afin  que  l'armée  d'El  Mansour  pût  le  traverser,  et 
ils  lui  offrirent  de  plus  un  dédommagement  pour  leur  la- 
bourage et  leurs  semailles  perdues;  ce  qu'El  Uansonr,  oon' 
par  nécessité  mais  par  un  effet  d^  sa  clémence,  accepta,  et  il 
s'en  revint  de  la  sorte  à  Cordoùe  ^.  - 

Dans  son  séjour  à  Gordoue,  peudant  l'intervalle  de  ses  cam- 
pagnes, El  Hansour  ne  négligeait  rien  de  ce  qui  pouvait 
lui  gagner  Ift  faveur  populaire.  Comme  tous  les  cbefe  de  génie 
qai  comprennent  la  portée  des  lettres,  il  recherchait  la  société 

I  J«  mtlt  ici  pour  dix  ralioiu  le  Icilo  de  Rodsrieh  Mat  Fntisr  :  —  Cnoi 
quidam  ike  Cuicll*  larmliKi*  daruuiMl,  «LbyMiill  IiwibiIb  proponctei 
temeiTe ,  CbriiUipl  In  raenliuRi  tranilla  r«*Ul(runl,  qaoi  upcrilas  niflatik 
odjOTibal;  «1  Ipis  latelllssni  Irtnillam  prapcdltom,  Id  pliDltla  cidr*  Bill, 
et  cum  bohni  pr>da ,  artlra  InitagraTil,  Mmloa  Urrn  mandani.  IbIctIb 
■nlMÉ  lot  iacDralbna,  ot  loi  cadlboa  chriitlamiriiia  palliai  defasUTll,  al  co- 
fercnt  bDiiibo*  anppUcara,  el  tapoditam  iranaliiuii  cipeilire,  ni  ^tmamor 
«ifrellDi  pgrlTaaalral,  «t  eltam  pro  a[rleaLlnra  el  i«ni<de  prcliom  oblolaraBt; 
qiu»d  Almanior  oon  Deceultale,  aed  platalli  elancBlii  aetaplaTll,  el  aie  Cof- 
dybam  ut  raTaraa)  (  Bodar.  Tolal.,  Uial.  Arabom  ,  c.  SI,  p.  SS  el  aeq.]. — 
Bien  da  plni  almpla  aaaaréiDaiii  et  da  plui  clatr  qae  ce  récit.  Un  fcrlTaln 
l'est  raDcontrd  ccpandamt  qnl,  da  ce  roDdi,  ipréi  arolr,  Il  ait  Tral,  cbancè, 
de  ion  aalorllé  el  poar  la  commiHlilè  parllcullirci,  cegtrent  «a  eogererUtiT, 
a  tirt  la  cODclailan  formalLa,  dotmaKqnemant  axprlmte,  que  r  I»  chrillcnl 
»  étalant  obll|:ii  (aa  icmpi  dM  taeirea  d'El  Hanaonr)  de  Urrer  aux  Arabai 

■  les  iiKH  de  lenra  &»nMBnei,  psar  acbtier  t  ce  prix,  at  tanfeot  mime  1 
a  prix  d'argent,  le  droit  de  eultlTer  lann  terrai  et  da  recnallUr  lanri  récolte*.  ■ 
XI  l'on  ne  aaaratt  aa  tromper  inr  llnlanlton  de  l'écrlraln  autaor  da  celle 
phrate  ,  pnliqne  inr  le  nut  récoltai  qnl  la  termine  eil  nn  ligne  de  note 
appujé  de  la  citation  inlianie  (en  troti  endroila  altérée]  de  Itoderlcb  Xlmenai  : 

■  Toi  Incaralbna  el  lot  c»dlboi  ïhrisliaiiaruBi  palriaa  deTwtaftt,  ni  eoterenlor 
hOitlbni  loppllcare  at  Impeditnm  Iranailnm  eipedira,  m  AlBoniorli  (XeidlBi 
irandrel,  et  ailam  pro  igrlenllara  et  aemine  prettnm  oblulcnnil.  » 

IV.  25 


>;,l,ZDdbyC00gIC 


386  BISTfHlE  D'KSPiClIK. 

des  hommes  dont  le  talent  ponvait  serrir  ses  vastes  Tnvjets. 
n  continuait  en  cela  la  pollliqae  des  précédens  khalifes  dont 
il  avait  nsorpé  les  prén^tives.  Pen  avant  sa  mort,  £1  Ha- 
kem,  sar  la  recommandation  d'un  de  ses  wazirs,  gonverneur 
de  Ceuta,  avait  appelé  k  Gordoue  on  savant  nommé  Abdallah 
hen  Ibrahim  cl  Ommyah,  originaire  de  Sidonia,  mais  établi 
depuis  fort  longtemps  en  Egypte.  Abdallah  bea  Ibrahim  ar- 
riva sur  les  entrefaites  mêmes  de  la  mort  da  khalife;  il  n'osa  se 
présenter  an  palais,  et  par  snite  fnt  errant  et  pauvre  qnelipie 
temps.  El  Mansonr,  averti  de  sa  situation,  l'en  tira  anssitôt,  le 
nomma  membre  du'meschouar,  et  pen  de  temps  après  loi 
doitna  la  charge  de  kadhi  de  iaragosse.  C'était  nn  des  honunes 
les  pins  doctes  de  ce  siëcle,inaie  de  la  secte  de  ceux  de  l'Icâk, 
et  on  le  surnomma  dans  son  gouvernement  Oufre  de  l'Èbre. 
On  se  raillait  aussi  de  son  avarice  et  de  sa  ténacité'.Sohbeya 
dans  le  même  temps  sentait  la  nécessité  de  s'attirer  les  respects 
dn  penple  par  des  constructions  et  des  travaui  d'utilité  géné- 
rale, et  elle  fit  élever  à  Gordoue  une  magnifique  mosquée  qui 
fat  appelée  de  son  nom  JUesdjid  el  Sobbeja,  et  plus  commu- 
nément mosquée  de  la  mère  d'Hescbam  (Uesdjid  el  0mm 
èl  Hescham).  £Ue  préposa  à  cette  construction  Abdallah  ben 
Sajd  ben  Mohammed  ben  Batbri ,  qui  était  saheb  el  kharta 
de  la  ville,  et  avait  la  charge  spéciale  des  réparations  de  la 
grande  mosquée". 

Bien  cependant  n'interrompait  le  cours  des  expéditions  bis- 
annuelles d'El  Mansour.  En  371  (de  juillet  981  à  juin  982), 
il  fit  une  iucursioD  snr  les  terres  de  Galice  avec  des  troupes 
de  pied  et  de  cheval ,  nombreuses  et  choisies  ;  le  wali  de  To- 
lède Abdallah  ben  Abd  el  Aâz ,  successeur  du  meurtrier  de 
Ghaleb,  accompagna  El  Mansour  dans  cette  expédilloD;  ils 
ravagèrent  les  campagnes  des  chrétieos,  assiégerait  ZaBwni 


>;,l,ZDdbyG00glc 


CHAPrru  rax-fiBPTÙHB.  387 

et  la  {Rirent  d'assant,  occupèrent  d'antres  forteresses,  et  plas 
de  cent  villages,  et  ealevèrent  des  troapeaui  et  des  prison- 
niers des  deux  sexes  :  El  Hansour  fit  démanteler  tontes  les 
Tilles  fortifiées  qoi  tombèrent  en  son  pouvoir,  le  bntin  fait 
dans  cette  camp^ne  fat  si  considérable  que  les  chariots,  les 
mnlets  et  les  chameanx  manquèrent  ponr  le  transporter  à 
Gordoae,  et  qn«  cbaqne  soldat  en  revint  cbai^.  £1  Hansour 
fit  sa  rentrée  dans  la  capitale  da  kbalifot  d'Occident  précédé 
de  pins  â«  neuf  miUe  prisonniers  attachés  avec  des  cordes 
par  groapes  de  cinquante.  Abdallah  ben  Abd  el  Aziz  rentra 
de  son  cAt^  à  Tolède  avec  quatre  mille  caplife ,  et  l'auteur 
arabe  que  nons  suivons  en  ceci  nous  dit  qn'il  avait  pendant 
la  roule  fait  couper  la  tête  à  un  égal  nombre  d'infidèles  sans 
exprimer  le  motif  de  cette  sanglante  exécution  ' .     "': 

Nons  savons  qaelles  causes  facilitëreifl;  d'abord  les  succès 
d'El  Hansonr  parmi  les  chrétiens  ;  une  révolution  intérieure, 
sur  laquelle  je  dois  ici  m'arrëter  un  moment,  vint  Uvrer,vers 
ce  temps,  le  roj^inne  de  Léon  tout  entier  aux  envahissemeus 
du  hadjeb. 

Les  comtes  de  Galice  n'avaient  jamais  reconnu  sincèrement 
le  pouvoir  de  Léon;  nous  les  avons  vus  résister  à  Sancho  I"*; 
la  minorité  de  son  fils  fut  ponr  eux  one  époque  presque 
d'absolne  indépendance.  On  en  peut  dire  autant  des  autres 
comtes  des  provinces  :  tons  profitèt^nt  de  la  minorité  du  jenne 
roi,  ponr  se  dérober  plus  on  moins  à  son  autorité'.  Jusque 
vers  982  cependant  aucun  ne  lui  refusa  ouvertement  l'obéis- 
sanra;  mais,  en  cette  année,  les  choses  changèrent  de  face, 
jtamire  venait  d'atteindre  sa  vingtième  année;  il  voulut  faire, 
à  ce  qu'il  semble,  acte  de  souveraineté;  il  se  montra,  il  parla, 

1  PMt  mortem  latloi  (SiacU  Regii)  ,  ul  In  (ail  Dcgotio  eTeolr»  lolcl,  comllc* 
qui  pTotiacilt  prne»!]!,  illl  r«piin  Impcriom  p)ai  joito  ptrpeiium  id  nu- 
MorliBrcTOcuilea,  *lli  uDbltiou  imptriisudl  afatqBe  jnpi,  muDliiontiiM- 
IrapMcMM,  bnlra  Sandl  Bcgl«  filto,  adfaac  tCDerii  iniit  dcIHD,  fu^p 


>;,l,ZDdbyG00gle 


388  msTontE  dbspaghe. 

il  menaça  peat-ètre;  il  était  plein  d'emphase,  menteur,  el  doué 
d'une  liabileté  médiocre ,  an  dire  d'an  dtroniqDeor  eanemi , 
et  il  en  vint  à  contrister  par  paroles  et  par  actions  les  comtes 
de  Galite,de  Léon  et  de  GastiUe;  si  bien  qne  les  premiers 
conspirèrent  contre  loi,  et  élurent  an  roi  da  nom  de  Tere- 
mnndus;  nous  avons  parlé  ailleoK  des  caoses  qui  avaient 
donné  on  parti  à  ce  Veremund,  qui  fnt  sacré  dans  l'églùw  de 
Saint-Jacques-l'ApAtre  dans  les  ides  d'octobre  de  Vère  HXX 
(15  octobre  982)'.  Sarle  bmit  de  ce  qni  se  passait  en  Galice, 
Bamire  assembla  une  armée,  et  se  porta  contre  son  cempéti- 
tenr;  les  deux  rivaux  se  rencontrèrent  sur  les  limites  de  Léon 
et  de  la  Galice,  en  un  lien  dit  Portella  de  Arenas,  dans  le  dis- 
trict actuel  de  Uonterroso.  Ils  combattûent  avec  achar- 
nement depuis  le  lever  jusqu'au  eoticher  do  s(dâl,  avec  de 
grandes  pertes  et  sans  avantage  marqué  de  part  et  d'autre  ; 
en  sorte  que  chacun  prit  le  parti  de  s'en  retonroer  dies  soi, 
Bamire  à  Léon  et  Bermude  à  Compostelle  ^.  El  Hansour 
courait  alors  sans  bnt  bien  marqué  les  terres  chrétiennes  des 
bords  du  Duero,  et  Bermnde,  à  s'en  rapporter  à  un  passage 
de  la  chronique  d'Iria,  ne  fut  pas  sans  rechercher  l'appui  du 
général  musulman,  et  sans  l'engager  lui-ménw  à  toamer  ses 
armes  contre  Léon  ^.  Cette  (^ironique  d'Iria  est  la  seule  à 
exprimer  le  fait  formeUement;  mais  ces  sortes  d'alliances  sont 
si  fort  dans  le  génie  de  cette  époque,  et  celle-ci  concorde  si 


<  Rax  Tcro  Rtnimirul  cam  UHt  elaliu  el  falilloqaui  at  ia  modiea  •ciiDlJi 
pciUui,  uBplI  comliM  Ga11>d«  bi  L»e:'°'<''  ''  CiiMlln  Cielii  «criicr  ac  irirblf 
conlrliUri.  Ipil  quldcni  comilu  lilla  meié  rarodln  callidé  adTaMiii  «nm  cofi- 
laterunl,  at  Ratcm  iIIuid  nainln«  VeramuDdnin  iafti  la  ercxeroM,  qai  fall 
ordinatni  1d  tede  S«dc11  Jscobi  ApMIoli  tdibM  oclobrii  ara  au  (Sampir.  Chr-, 
num.  tOj. 

1  Sunpir.  Chr.,  I.  c. 

3  Vercmuudiia  vero  prorectDi  ell  antaa  ad  Almeaar  R«g«H  magnani  lau*- 
litamm....  Toca*it  al  pstiilld  nt  al  no  ad)nIori<i  poMel  rw^wraiw  RagaaiB 
antiin.quoddiretal  allqncd  aenlilam  al  cuntcau  ininmera 
iDdiDfl  TWiilDll  euiR  Ttgoa  au»  (Cbrfnic.  Irim*.,  niiin.  IS.V 


>;,l,ZDdbyC00g[c 


CHAPITRE  I)I&-SBPTEÈUK.  381) 

bien  avec  les  ftits  sobséqaens,  qne  noua  croyons  pooToir  l'ad- 
mettre sans  aucune  difRcutté,  d'aatant  pluR  que  l'évéqne  de 
Compoatelle  était  pour  lors  un  certain  Pelage,  fils  de  ce  comte 
Boderich  Yelasquez  dont  nous  avons  vu  la  mère  venir  solli- 
citer à  Gordmu  l'apfm  d'Ël  Hakem  contre  le  roi  Sancho  '. 

Tont  porte  donc  à  croire  qne  Bermnde  contracta  alliance 
en  cette  occasion  arec  £lKransonr,flt  que  celui-ci  n'entreprit 
sa  première  expédition  contre  Léon  que  dans  l'intérêt  appa- 
rent de  Bermnde.  Le  jenne  Bamire  st  porta  à  la  rencontre  da 
général  arabe.  Les  historiens  mosalmans  sont  d'accord  avec 
les  chrétiens  sur  presque  tons  las  points  de  cette  algarade. 
£1  Hausour,  difient-ils,  lorsque  l'automne  fut  de  retour,  passa 
de  nouveau  le  Duera  avec  Abdallah  ;  ils  coururent  les  fron- 
tières du  royaume  de  Léon  sans  qne  les  chrétiens  s'opposas- 
sent à  leur  passa^  ni  «e  pr^ntassent  pour  les  combattre. 

Ils  s'étaient  «ependant  rassemblés  en  grand  nombre  sons 
les  ordres  de  Bauùre,  et  ils  sBivaicBt  de  loin  et  observaient  les 
Musulman*)  du  hent  d^  montagnes  qu'ils  occupaient.  L'expé- 
rience prouva  en  cette  occa.<noo  aax  Husolmans,  dit  la  chro- 
nique arabe  de  Gonde,  qu'ils  ne,  devaient  pas  mépriser  le  peu 
de  force  des  chrétiens,  qui,  quoique  peu  nombreux,  étaient 
vaillans  et  agnwris. 

Bi  Hausour  avait  divisé  son  armée  en  deux  corps  campés 
dans  une  vallée  h<he  en  pAbirages  sor  les  bords  d'une  rivière 
(I'£zla),le  long  de  laquelle  s'étevaieat  des  avenues  de  penpliers 
on  les  Arabes  laissai«it  n^ligemment  pattre  leurs  chevaux, 
comme  s'ils  eussent  été  hors  de  la  portée  de  leurs  ennemis. 
Les  chrétiens  profitèrent  de  cette  occasion,et,  descendant  tont 
à  coop  de  leurs  positions,  tombèrent  impétueusement  sur  les 
Husolmans  en  poussant  lenr  cri  de  guerre.  Tout  le  camp 
fut  rempli  d'épouvante  et  de  confusion  ;  les  pins  courageux 
coururent  aux  armes  et  se  mirent  en  défense.  Mais  la  mnlti-r 

I  V»itt  tl-4«T.,  p.  30S. 


3,q,l,ZDdbt-G00gIC 


390  msTcaa  n'wsrAAm. 

tade  se  mit  à  fuir  ÎDconsidéreiiuneDt  sbils  aa¥Ùr  oh,  se  pr»* 
sant  et  se  culbataot  elle^Déme  dans  sa  f  uit«.Les  cbrétfens  s'mi- 
parèreat  de  la  sorte  du  premier  camp;  lœ  fuyards  de  ce  caa^» 
portèrent  la  terreur  dans  le  second;  c'était  dsnscèlm-ciqa'El 
Mansonr  avait  sa  tente.  Il  ea  sortit  aosûMt,  ;a|oala  k  cheval,  et 
coonit  à  travers  le  camp  dans  la  dlKCtion  des  cbrétiens,  ap- 
pelant par  lear  nom  ses  plos  vaiilans  officiers.  C'est  ici  que  se 
placent  et  que  manqaentdans  le  récit  des  Arabes  ie  mouvement 
et  le  beau  désespoir  dont  parle  le  moine  de  Silos.  Voyant  la 
bonté  des  siens,  il  jeta  de  dépit  à  teire,  en  signe  de  honte  et 
de  désespoir,  dit  le  motae  de  Silos,  le  torboD  on  le  casque 
d'or  qui  convrait  ordinairement  sa  tète,  ipie  sessoldats  ne 
purent  voir  ainsi  dianve  et  nue  sons  émption  et  sans  se  pres- 
sa autour  de  lui;  et  il  les  Mitratna  de  la  sorte  tout-Crémissans 
c(Mitre  les  dirétiens  qu'il  miten  feUefleur  enlenntain^  une 
victoire  qu'ils  regardaient  comme  asaarée-  Un^ear  ^tatk  le 
girand  général  enflamma  see  soktata  fut  telle  qo'ils  s'empor- 
tèrent à  sa  suite  à  la  pouranite  des  ohrétieBs  jusque  sons  les 
murs  de  Léon  (Héd^  Léjonis);  et  ils  y  seraient  entrés,  au 
rapport  des  chrétiens  comme  à  celui  des  Arabes,  ai  une  bour- 
rasque qui  survint  tout  à  coup,  mêlée  de  neige  et  de  grële^ 
ne  les  eût  obli^  à  suspendre  le  combat  et- à  songer,  à  la  re- 
traite par  la  crainte  de  l'hiver  ' .  La  pliq)art  des  lùtoriens  es- 
pagnols, trouvant  Umention  de  ceci  dans  Bodcrich  Ximenez 
et  Lucas  de  Tay,  sous  la  robriqoe  du  roi  Bomude, mettent 
cette  action  après  la  m  wt  de  Bamire  ;  mais  le  témo^nage  for- 
mel du  moine  de  Silos  l'emporte  naturellement  ici  sur  tont 
antre  témoignage  postérieitf ,  outrequ'on  pent  assez  bien  s'ez- 

I  FertDr  cnim  Almioiar  boc  signum  calnnniB,  dum  miii  pu^tTilHDl,  *iuf 
millllbai  osteDders  qogd  d«poiltD  anreo  gslero,  quo  (Uldaè  cipnl  lïgïbit 
boml  CDiD  cilnmnlt  rettderct,  qaciD  dscBlKlnro  iMcnlfS  mililcs  harbarl,  ■!- 
leroi  illerl  cobortames,  naiiroa  nndiqne  tatpi*  "m  fremiiu  circniDTanluii, 
■Iqna  Teni  iln  eoi  1  torgo  perur^nlEs  per  médias  diilalii  portas  inlar- 
niili  irraerant,  niai  tngem  oii  eam  Inibloe  banc  dlrlmarel  lll«in  (MoDach. 
»l»a.Obr.,naD.  71)'  CI.  par  In  Arabri  dani  Coodp,  c.  OT. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


coyiTBi  rax-opniHK.  391 

pUquer  eommeitt,  faisant  immédiatemeiit  dater  le  règoe  de 
Bermade  de  son  intronisatioD  à  Santiago,  le  15  octobre  982, 
les  deox  historienB  mentionnés  ont  pn  raconta  comme  appar- 
tenant à  ce  règne  des  faits  qui  réellemeat  appartienneot  à  la 
fin  de  celui  du  roi  contre  lequel  Bermude  s'était  élevé. 

L'intervalle  des  campagnes  d'El  Mansonr.  était  toujours 
marqué  par  quelques  soios  donnés  aux  choses  d'utilité  gêné- 
raie.  Il  Ot,  dans  l'hiver  de  cette  même  année,  réparer  les  mu- 
railles et  les  fortificaticHis  de  Hakéda  et  de  Wakasch  ■  par 
l'ardùtecte  Fath  ben  Ibrahim  el  Omm;ah,  surnommé  Eha  el 
Kaschéri  de  Tolède,  célèbre  par  les  connaissances  qu'il  avait 
acquises  eu  Orient  :  il  avait,  pea  auparavant,  élevé  à  Tolède 
deux  grandes  mosqnées,  celle  de  Djébal-Bérida,  et  celle  d'Âl- 
Sabèdjyn.  A  la  fin  de  cette  année  partit  pour  l'Orient  Ehor 
l^f  bBD  Uerwan  el  Ommjab  el  Sahari,  ainsi  appelé  de  Sahars 
Haïwath,  village  de  l'Algarbe  d'Espagne,  l'un  des  hommes 
les  plus  doctes  de  sa  famille,  qui  n'était  antra  que  celle  même 
qui  était  en  possessiou  de  foanur  des  émirs  à  L'Espagne  ma- 
ralmane  depuis  AM  d  Rahman  I'"'  '. 

On  ignore  ou  do  moins  on  ne  nous  dit  pas  expressément 
ce  qu'El  Hansour  fit  l'année  suivante  983  ;  mais  11  est  pro- 
balilie  qu'il  l'emidoya  tout  entière  à  prendre  du  pa;s,  à  éta- 
bfir  des  colonies  à  la  fois  mihtaires  et  pastorales,  suivant 
l'usage  des  Arabea,  sur  la  frontière  du  Duero,  à  s'avanceF} 
à  s'impatroniser  au-delà,  au  nord  du  fleuve,  dans  la  direo- 
tîoD  de  Léon,  comme  il  avait  feit  en  982,  lorsqu'il  avait  porté 
les  armes  de  ce  côté  dans  la  même  vue^.  C'est  dans  cet 
intervalle  qu'eurent  lieu  sans  doute  les  rapports  d'El  Hau* 

I  Haqnadi,  ville  à»  \»  prOTlncs  ds  Tolède,!  B  Itiaei  da  Toltdc,!  de  Til>- 
Tcn  >t  (S  de  Hidridj  Wikttch,  tofoord'hal  Hoecu,  Tille  de  U  mtae  proTloce, 
à  4  lleDe*  eniIrOD  de  Tolède. 

I  Cond«,l.c. 

3  QaldqoM  Infiia  proTlDclim  tDler)*eet  ferra  el  'Igae  lavMlBi,  nlnArat 
SBpet  rlpui  flmnlsl*  Bilule  id  bellaedm  Leglanem  nrlKm  cMtrt  flill  (Monieli; 
elleai.  Cbr. ,  p.  SIC]. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


392  HISTOUB  {>  ESPAGKE. 

sonr  avec  'Boiitade  dont  parie  la  cbromqae  d'Iiia' ,  et  la 
guerre  civile  de  deoz  années  entre  les  Léonais  et  les  Gali- 
ciens dont  il  est  fait  mentioD  dans  Lucas  de  Toy,  et  qui  ne 
laissa  point,  d'après  cet  historien,  d'être  sanglante  et  fatale 
anx  deox  partis  *. 

Tonte  cette  année  983  (  comprenant  la  fin  de  l'année  372 
et  le  commencement  de  l'année  373  de  l'hégire^)  se  passa 
ainsi  en  préUminùres  de  campagne  et  à  multiplier  les  postes 
et  les  donwarahs  arabes  snr  le  Daéro,  l'ËzIa  et  le  Pisnei^, 
dans  le  bnt  avoné  d'agir  contre  Léon  :  la  destruction  de 
cette  capitale  fut  dès  lors  la  pensée  fiie  d'Ei  Hansonr,  et,  sur 
le  bruit  de  ces  préparatifs  formidable,  les  cbrétiens,  dit  l'a 
chronique  musulmane,  enlevèrent  tontes  leurs  ricbesses  des 
Yilles  d' Astorica  et  de  Léyouis ,  ainsi  que  de  beaucoup  d'antres, 
et  Kc  retirèrent  dans  les  montagnes  avec  leurs  familles  et  leurs 
troupeaux;  c'est  ce  que  nous  apprennent  ausn  les  chroniques 
chrétiennes*;  an  printemps  suivant  enfio(de  l'année  islamite 
373 — printemps  de  984)^,  El  HaDsour  mit  toos  ses  camps 
en  mouvement  et  vint  assiéger  Léon  avec  des  forces  considé- 
rables et  un  grand  nombre  de  machines  de  si^  constmitas 
tout  exprès  à  Cordoue  sur  le  modèle  de  celles  des  Bomaios. 
Les  historiens  arabes  insistent  beancoup  iei  sur  la  force  et 
l'élévation  des  murailles  de  Léon,  flanquées  de  tonrs  et  dé- 
fendues par  defiportee  de  bronze  et  de  fer  dont  chacune  sem- 
hlait  être  une  forteresse^. 

■  Varsid-dertnt.p.SSS.noleS. 

>  Pet  duoi  lOBoi  coDttnuM  foier  Lf cloMoMi  at  Gallacn  InlMlIaiun  ballua 
ftll,  qn»  «i  h<i  el  lUii  inamyerlbilM  corrawual  (Luc  Todeoi.,  p.  S6). 

1  E72,  commsnçiDl  le  111  Jaln  SS£ .  BnliHik  le  IS  |aln  985,  al  313,  ComnaD- 
fut  la  illola  083,  BDluall  le  S  juin  984. 

*  Honicb.  SiJeu.  Clir,,  1.  e. 

s  L'tDD^e  i«liinile  ÔT5  ambrauail,  comme  nom  Tanoni  da  l«  Toir  dm  I* 
DDle  précédente,  l'Inleriilta  du  11  juin  833  *u  !  juin  ftSI  i  le  prinlamps  d« 
cette  MD^e,  iMaLloBiif  pti  lai  Arabei  comoia  ajant  Tu  la  dulruGliuD  de  LévD, 
ripaud  pat  cauitcijueiit  aa  priotempa  do  I>S1,  «irilalils  data  du  li  piite  de  I* 
capital*  da  rojriiana  de  Lion  par  El  llaHout. 

G  Cvnde,  c.  07. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


CHAPITHE   DIX'SEPTIÈHE.  303 

El  Mansoor  disposa  le  siège,  et  livra  pendant  cinq  jours  de 
rudes  et  continaels  assauts  aui  remparts  qu'il  faisait  battre  par 
les  machines  et  engins  à  la  romaine  dont  il  avait  ea  soin  de 
se  manir;  le  ciaquième  jour  qaeltpies-unes  des  portes  com- 
mencèreot  à  s'ébranler,  et  des  brèches  fareut  onvertes  eu 
divers  endroits  des  marailles.  Pendant  trois  antres  jours  il  fit 
donner  des  assauts  simnlés  du  cdté  de  l'occident,  tandis  qu'il 
préparait  nne  attaque  réelle  au  midi.  Ce  fut  par  là  qu'EI 
Mansour,  fatigué  de  la  résistance  de  ces  vaillans  chréliem 
(c'est  l'historien  anbe  qui  parle),  entra  le  premier  duns  Léoo, 
l'épée  à  la  m(rïn,  â  la  tête  d'one  compagnie  d'élite,  renversant 
tout  ce  qu'il  reocontra  sur  son  passage  ;  il  taa  de  sa  main  le 
brave  alcayde  des  chrétiens,  qui  tons,  à  son  exemple,  mouro- 
reut  en  combattant.  Ou  acheva  d'emporter  la  ville  à  la  nuit 
tombante,  et  les  Musulmans  veillèrent  les  armes  h  la  main 
durant  toute  cette  nuit;  le  jour  suivant  la  ville  fut  mise  au  sac- 
cage;  les  chrétiens  qui  s'obstinèrent  à  se  défendre  furent  mas- 
sacrés; ceux  qni  se  rendirent  furent  faits  prisonniers.  El  Man- 
sour fit  commencer  la  destruction  jdes  murs  de  la  ville  ;  mais 
comme  cette  démolition  était  difficile  et  fatiguait  outre  mesure 
ses  soldats,  il  en  laissa  k  demi  ruinées  les  tours  et  les  portes. 
La  ville  d'Astorica  (Astorga)  éprouva  le  même  sort.  Elle  fnt 
défendue  avec  opiniâtreté;  mais  ses  défenseurs  firent  de  vains 
efforts  :  Dieu,  dit  le  chroniqueur  musulman,  brisa  de  sou  bras 
tout  puissant  les  fortes  muraiUes  et  les  grosses  tours  auxquelles 
ils  se  confiaient.  El  Hausour  détruisit  aussi  eu  passant  la 
ville  de  Sedmauca,  et,  satisfait  de  ses  avantages,  reprit  le  che- 
min de  Gordooe,  accueilli  par  des  acclamations  de  triomphe 
dans  toutes  les  villes  par  lesquelles  il  passa'. 

Tel  est  le  récit  des  Arabes.  Les  chrétiens,  non  moins  expli- 
cites, méritent  aussi  d'être  écouté::. 

Le  uioiuc  de  Siton  se  préKenlc  le  premier  par  ordre  de  dates; 


>;,l,ZDdbyG00gle 


il  ne  donne  pdnt  de  détails  sor  la  piise  de  tiéon  et  se  eantttite 
de  dire  qu'après  la  tentative  vaine  de  l'automne  de  9à2  la  Teo.- 
geance  on  la  colère  divine  permit  qoe,  pendant  douze  années 
consécntives,  El  Hansoor  envahit  les  terres  des  chrétiens,  prit 
Léon  et  quantité  d'autres  villes,  détruisit  l'élise  de  Saint- 
Jacqaes  et  celle  des  Saints  Martyrs  Facundvt  Primitivns  avec 
une  foule  d'antres  qu'il  serait  trop  long  de  nommer^  qu'elle  lui 
permit  eniln  de  profaner  audaciensemént  les  lieux  sûnts,  et 
de  rendre  le  rojaume  entier  subjugué  son  tributûre'.  Hais 
jLucas  de  Tuy,  écrivain  postérienr,  il  est  vrai ,  ajoute  à  cette 
brève  mentioa  quelques  circonstances  qui  S'accordent  asseï 
bien  avec  le  récit  précédent  ;  il  commence  par  écarter  du 
théâlre  de  la  guerre  le  roi  Verenumdus,  qui,  dit-il,  accablé 
de  sa  goutte  et  ne  pouvant  s'opposer  aux  progrès  du  barbare, 
s'était  retiré  à  Oviédo';  puis  il  raconte  le  âëge  et  la  prise  de 
Léon  avec  des  parUcularités  qu'on  a  tout  lien  de  croire  vraies 
et  dont  l'histoire  doit  prendre  note.  Bermiide  toutefois,  aînà 
que  je  l'ai  marqué  précédemment  d'après  la  chronique  de 
Compostelle,  goutteux  on  non,  et  il  est  probable  qu'il  ne 
l'était  pas  encore  an  point'de  ne  pouvoir  tenir  snr  un  cheval, 
loin  d'être  opposé  à  £1  Sfansour,  ne  fût-ce  que  de  cceor, 
comme  on  peuxrait  l'inférer  des  quelques  mots  que  Lacas  loi 
consacre,  faisait  ceitainem^t  tout  an  moins  des  vceux  pour 
le  succès  des  armes  du  hadjeb  tournées  contre  son  rival,  et 
l'on  peut  être  en  doute  d,  aii  lieu  d'être  alors  retiré  à  Oviédo, 
regrettant  de  ne  pouvoir  combattre  te  barbare,  empêché  qu'il 


■  Cal  (ilBuniorl)  linaB  ItIu  iHIa  la  pwtanm  lintiia  UcbbUibi  dodSl, 
ol  pcr  xu  Eonllnnoi  (aoi»  GtariaUiaeroB  Ûat»  lotidem  ylcUina  «Rrcdltw,  at 
LcglonEK  el  calerai  cItIIiIu  Mpgret,EcclEilani  Srnctl  Jicobl,  ac  SiadoraB 
Uartyrom  Ftcnndl  it  PrimlilTl,  ut  isparini  pratlbiTl,  tnm  iltia  complaribo, 
qms  loDtam  ■■(  ciprlmen ,  dntmereii  qMiqa*  met*  (md  LgmeTaiio  poUattM, 
postramo  omoa  resBiim  albl  aBbaciom  tribnt«riam  focercl  (Hopach.  SIIm*. 
Clir.,  nnm.  Tl). 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


CHATITBB  DEE-SEPTiÈlfE.  395 

en  ^tait  par  sa  maladie  (fiodragica  agriladine),  il  ne  figiurait 
poiul  en  personne  dans  le  camp  de  celni-ci  ;  ce  qui  n'est  pas 
douteux  au  moins,  c'est  qa'il  y  avait  dans  le  camp  d'El  Hau' 
sour  marchant  contre  Léon  on  certain  nombre  de  comtes 
chrétienH,  à  ce  qae  toot  porte  à  croire,  da  parti  de  Bermade'. 
Il  semble  consëquemiaent  que  c'était,  Don  Veremond,  mais 
Bamirelllqui  s'était  retiré  à  Oviéd«,ODpeDt-ëtreàSahagDn, 
avec  les  reliques  dfS  saints  et  tout  ce  qui  avait  pu  être  emporté 
des  richesses  Bccomalées  par  les  rois  précédens  à  Astorga  et 
àLéoD'.Quautaa  défenseur  de  Léon,  Lucas  de  Toy  le  nomme 
Guillelmos  Guodisalvi,  et  loi  attribue  la  qualité  de  Galicien, 
ce  qui  semble  en  faire  naturellement  un  comte  du  parti  de 
Bermude.Mais  il  était  après  tout  possible  qu'un  Galicien  fût 
au  serrice  de  Bamire,  d'aatant  plus  qu'il  s'agissait  ici  sortont 
delà  défense  de  la  chrétienté  espagnole.  Ce  défensear^qn'il  se 
nommât  finillaume  on  non,  était  un  vaillant  homme  deguerre, 
de  l'aveu  même  des  Ârtbes;  gravement  malade,  il  se  fit  con- 
Yiir  de  ses  armes  et  porter  en  litière  snr  la  première  brèche 
ouverte  dn  côté  del'ocddent;  il  fut  combatta  Ih,  sons  ses 
ordres,  pendant  trois  jonrs,  et  les  Arabes  perdirent  un  grand 
nombre  d'hommes  dans  les  divers  assauts  qu'ils  livrèrent  par 
cette  brèdie;  le  quatrième  jour  enfin  les  Barbares  donnèrent 
l'assuit  près  de  la  porte  méridionale  :  juEqne  ]k  tons  leurs 
efforts  avaient  para  porter  sur  le  point  occidental  des  murailleu 

1  R«i  «Earenns  coi  pemeD  «rai  Alaunwr,  mu  eon  flUo  tno  Adtaickfaet 
al  Gum  cbriillanls  comUibu*  aialaiii,  dùpoistniiit  TCniia  at  daairuere  et  ds- 
popsbre  Laglooenu  n^enum  (Pelagii  OtbI,  Chr.,  p.  468). 

1  Cam  tcio  ladiTiMcpl  al  coguoiiiHDt  LcEiaôaiiaM  «t  AitatlceuM  ciT«i 
ilUm  pUglm  Tenlurats  lupar  aot,  cspmiinl  o«h  r«(na),  qa«  eranl  tapolla  In 
LcgIODB  «I  AstDTica,  nna  cara  corpora  S.  Pclagil  Bajtjili  el  Inlraierant  Aita- 
Tiaa,  et  In  OTeto  In  ecclei.  S.  Harin  dlgolMlme  >ep<IJeniBt  m  (  Pclagll  Oial. 
Chr.,  p.  tes).  —  Lucu  ds  Tdj  m»i  ceUe  traulatloa  aprii  la  dciituciion  da 
Lion  «t  d'Allorgl  :  —  VisieDlei  auum  Ailnrei  LitloMin  takront  carpui 
HDctl  Petogii,  eltorpora  regDm.qoa  erint  In  iatiiiica,;riiululsri]nt  Otbiub. 
Mulia  eUam  Hncloron  corpora  et  dMlruclii  ChtlattaDoram  dfiuiibui  0t«- 
lam  dtiala  lant  et  Mpnlb  (  Lae.  Tnd.  Ckr.,  p.  fl7). 


>;,l,ZDdbyG00gle 


39S  HISIOIHB  D'eSPAGHZ. 

qu'ils  avaient  réosHi  à  entamer.  Cet  assaut,  habilement  pré- 
paré, fat  heureux,  et  les  Barbares  se  prédpitèrent  dans  la 
ville  dont  ils  prirent  euBsitdt  possession;  le  comte  Gnilletmus 
Gnndisalvi  fut  tué  sons  les  armes  sur  la  brècbe  où  il  s'était  fait 
porter  dans  sa  litière,  par  les  Sarrasins  suivant  Lucas  de  Tay, 
de  la  propre  main  d'EI  Uansour  suivant  la  chronique  arabe 
de  Gonde,  qui  ne  le  nomme  point  par  son  nom  d'ailleurs,  et 
ne  fait  que  le  désigner,  en  l'appelant  le  brave  alcayde  des 
chrétiens". 

Tout  ce  rëcit  de  Lacas  de  Tuy  est,  comme  on  voit,  toat-à- 
fait  conforme  è  celui  des  Arabes,  et  il  parle  de  la  destruc- 
tion de  Léon  Jt  pea  près  dans  les  mêmes  termes  que  lenrs 
historiens;  la  circonstance  de  l'attaque  aimnlJe  de  la  porte 
occidentale,  tandis  qu'El  Hansour  songeait  à  diriger  tons  ses 
efforts  contre  la  porte  du  snd,  prête  surtout  un  grand  orédit 
à  la  narration  de  Lucas  de  Tuy,  et  peut  donner  à  pmser  qu'il 
a  décrit  son  eiége  de  Léon  d'après  d^  mémoires  arabes  '. 

Le  reste  de  la  relation  nous  montre  £1  Hansour  présidant  i 
la  destruction  de  la  ville,  hisant  abattre  jusqu'en  l^urs  fonde- 
nens  les  portes  massives,  ouvrage  des  Bomains,  et  ruiner  les 
tours  des  murailles.  La  citadelle,  située  près  de  la  porte  orien- 
tale et  munie  de  très-hautes  et  très  fortes  tonn  construites 
en  pierre  de  taille,  fut  aofisi  détruite  de  fond  en  comble.Il  ne 


1  CoiMi  Grillalmni  GandiidTl  GillNeu,  qal  *d  defcntlogeni  CbriiUinllatif 
sMem  K  coDialerat  cItIIiU  cDm  BfavtiiliiiB  «grourM  ei  ladiiiwl  f nod  eral 
ttctt:  irruplio  [scilleel  mororam  IrrapUo  Jnxit  porlim  ocddMtilBn),  fedtM 
■mil  Indol ,  el  [n  leeu  td  locom,  nbl  inariii  «fat  luITasiui,  dcfcrri  :  nbl  pcr 
ini  dlH  adeo  fnll  farlilar  dinilcatam,  nt  mutli  milita  SarfaecurDin  occambe- 
TCnl  <d  «idern  lo«a.  Qnarta  auleoi  die  fortlMt  pngDaDlUiPi  baibarii  alji  trrap- 
tlo  racla  nt  jnxla  portam  neridlonBlcm.  Dclndé  iirueDlibui  birliarii  cifitai 
eipla  bM.  Comea  aulf  m  flalllalmiu  GandUald  In  eo  loco,  nbl  Jacebit,  amilMt 
iSarracsnIa  acrliDau((Lat.Tudcni.Chr.,p.  8t).  —  CaolU,C.9l. 

1  Boatrich  flc  TolWa,  qol  >Yai(  psiséanl  mime»  aonrcai,  mcnllonns  août  la 
rircomian»  dunl  il  ilaiil  d'élru  psri*  :  — In  parla  occIdenLalf  prima  jrraptio 
l«u  ruh,  qiiiria  tlle  po»i  hoc  arcDnda  Irropllo  jaiia  porlam  DivridlODalen 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


CBAprnuB  DiJi-akPniau.  397 

Tonlot  loiuer  ddwat  qu'âne  eeale  toor  de  la  porte  septen- 
trionale (  qoi  encore  aajonrd'hDi  subsiste),  afin  d'apprendre 
aux  siècles  fntore,  suivant  l'expreasion  de  l'historien,  quelle 
ville  c'était  que  Léon,  et  la  gloire  d'El  Hansour  &  qui  n'avait 
pu  résster  une  place  aussi  forte '.Tous  ces  détails  sont  d'ail- 
leurs confirmés  par  deux  documenbauthentiques,  l'un  d'Al- 
fonse  V,  dans  lequel  il  est  parlé  des  bleus  de  deux  chrétiens 
faits  prisonniers  en  cette  occasion,  Salvator  et  Jnlianus,  fils 
de  Nunnins,  et  l'autre  d'une  abhesse  appelée  Flora,  qui 
raconte  comment  les  Haoret  détruisirent  la  ville  sansy  laisser 
pierre  sur  pierre,  et  emmenèrent  en  captivité  les  viei^^es 
consacrées  à  Dieu  de  son  couvent'.  La  destruction  de  Léon 
fut  suivie  de  celle  d'Eslonza,  de  Sabagun,  de  Coyauca,  wi- 
jonrd'hui  Valeuda  de  Don  Juan,  et  enfin  de  celle  d'Astoi^a, 
la  seconde  ville  du  royaume;  mais  il  ne  parait  pas  que  cette 
dernière  ait  eu  à  souffrir  d'aussi  cruelles  atteintes  que  Léon, 
et  £1  Mansonr  n'en  fit  qu'à  peine  endommager  les  tcars^. 

>  En  ce  qui  concerne  l'époque  de  la  chute  de  Léon,  dit  Mas- 
den,  le  moine  de  Silos  et  Pelage  d'Oviédo  insinuent  qu'elle  ar- 
riva deux  ans  avant  la  mort  de  Bermnde,  dans  l'ère  1035,  et 
je  pense  qu'il  faut  adopter  cette  date,  pensant  qu'il  n'en  est 
point  d' antre  qu'on  puisse  admettre  avec  plus  de  fondement^  u 
Mais  il  n'est  pas  exact  de  dire  que  les  deux  historiens  men- 
tionnés placent  la  prise  de  Léon  dans  l'ère  1035:  sans  doute 

I  TuDC  Bel  AlmiDior  jmill  porUa  ipiiui  ciitlilii,  qnn  openi  mirmorco 
erinl  conilraclB,  k  hiniluncntil  detlral,  sttami  tnurornm  âlrneca  pramplt. 
PtcltBtlim  dcalToi  ucBm  i  ran^imeBtli  JuiU  porUm  orienlileni,  que  lUiMl- 
mitetforkiMlmittarTlbni  tapldef)  mt  maniM.Handitlt  tuntsid  porlim  Mp- 
taplrioailcm  DDim  Tcllnquats  Inncm,  ut  kcuIi  tular*  «oCDMcercnt  qaaoUm 
tpiB  dHlruxaril  eltluiem,  cbdi  «mnei  aU«  maroniin  lorrea  brs  iUlu*  fatrinl 
aLlUadlDis  (Luc.  Tad.  Chr.,  p.  SI}- 

>  Rtoco,  EiptO.   Sier-t  >■  liXTi,  iiutrorncBiB  InileDlon,  iatir.  10  et  U, 

p.  10  (t  ta. 

I  FMt  h«c  barbKof  Mpit  A*lorlcim,sl  tsrrea  illim  *)iqatBlBlam  pn>c<pl~ 
UvlL  [lbid.,1.  c).  —  Lbi  Anbci,  comme  od  *  pa  ll  Tolr,  le  loat  ItiMi*  qucLqus 
peu  aller  t  «agtnt  calie  dtnUtH  dMlroclien. 

*  IlMd«a,  i.  III,  p.  STt, 


>;,l,ZDdbyG00gle 


398  nsnriu  D'BWiAin. 

il  a  bieB  fallu  que  le  passage  dn  moine  de  Silos,  qui  sirtoat 
importe,  ait  paru  insinaer  ce  que  dit  Uasdea,  puisque,  po^ 
l'avoir  oitenda  de  la  aorte  cne  première  fois,  tooa  les  biato- 
rieos  ont  invariableiBeDt  placé  la  prise  de  Léon  dana  les  der^ 
nières  années  da  dîiième  siède';  cen'eet  point  toatdais  A 
la  prise  de  Léon,  mus  bien  à  celle  de  Gompostdle  que  se 
rapporte  la  date  da  moine  de  Silos;  pour  qnicMiqne  le  lira 
attentivement  il  ne  saurait  y  avoir  doute;  et  il  est  âOBBOt 
qoe  Mssden  ne  l'ait  point  entendu  ainsi.  Quant  i  Pelage  d'O- 
fiédo,  outre  qae  sa  chronique  est  postérienre  k  cdle  du  moine 
de  Silos,  et  que  par  cela  seul  elle  mériterait  moins  de  crëanoe, 
elle  ne  rraifenne  rien  d'ailleors  qui  antonse  l'assertioa  de 
Maâden,  et  je  ne  sais  comment  il  a  pn  en  iuToqoer  le  témoi- 
gnage. Le  récit  de  Pelage  d'Oviédo,  en  effet,  est  en  tertnes 
toat-à-Mt  généraux,  et  la  date  qui  le  termine  porte  évidem- 
ment sur  ce  dont  il  vient  d'y  être  immédiatement  parlé,  et  non 
sur  la  mention  antérieure  de  la  prise  de  Léon,  mention  qui  se 
trouve  mêlée  k  celte  de  beaucoup  d'autres  faits  de  dates  cer- 
tainement fort  divOTses. 

Je  ne  rappellerai  point  eo  note  le  passage,  trop  long  d'ail- 
leurs, de  Pelage  d'Oviédo  ft  ce  sujet  :  on  peut  le  lire  dans  le 
xiv™' tome  de  l'EspaSa Sagrada  de  Florez, p.  466  et soiv. Mais 
je  ne  saurais  m' empêcher  de  rapporter  le  passage  tout  entier 
du  moine  de  Silos,  d'après  lequel  Masdeu  a  cm  pouvoir  s 
hardiment  placer  la  prise  de  Léon  en  997. On  y  verra  qne  la 
prise  de  Léon  n'y  est  pas  màme  espiimée,  qu'il  n'y  est  ques- 
tion que  de  l'envahissement  da  royaume  de  Léon  nommé  à 
[Hropos  des  calamités  que  les  chrétiens  eurent  à  souffrir  aa 
temps  d'El  Uansour,  et  que  l'ère  1035  y  est  appliquée  for- 
mellement à  la  destruction  de  l'église  et  du  tombeau  du  bien- 
heureux Jacques  l'Apôtre.  Je  suis  fâché  d'être  obligé  d'entrer 
H  souvent  en  distmssion  avec  mes  devanciers;  mais  dans  nue 

1  BafMl,eaaN,  aiH7,«lc 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


CHAFTHUt  DlX-SEPTtfadl.  399 

hisU^  oil  tOQt  est  à  rétablir  et  à  refaire,  ma  conscience  me 
dit  que  je  ne  saurais  trop  invoquer  l'antorité  et  l'appui  des 
teites,  surtoat  quand  il  en  a  été  abusé,  ou  qu'ils  ont  été  mal 
interprétés  et  cités  &  faux  comme  en  cette  occasion-ci  *. 

Tout  s'eiplique  et  s'encbatne  dans  cette  donnée.  Après  le 
combat  de  Portella  de  Arenas  entre  Bennude  et  Bamire, 
combat  qui  ne  saurait  être  plus  Traisemblableaient  placé 
qn'aa  printemps  de  983,  Bamire  revint  à  Léon,  d'où  la 
crûnte  d'une  attaque  de  la  part  des  Arabes  établis  sur  la 
frontière  méridionale  de  son  royaume  lui  fit  transporter  le 
trésor  royal  et  les  reliques  des  rois  et  des  saints  dans  les  As- 
turies  :  sa  crainte  ne  se  réalisa  point  dans  l'aotomae  de  celte 
année;  mois  les  douwarahs  et  les  campemens  arabes  s'étaient 
tellement  rapprochés  de  Léon,  que  l'on  put  dès  lors  considérer 
la  place  comme  bloquée;  et  c'est  ce  qni  explique  la  durée  de 
presque  une  année  que  Boderich  de  Tolède  et  Lucas  de  Tuy 
donnent  aii  siège  de  Léon'.  Le  général  arabe  vint  Ini-mème 
enfin  au  printemps  suivant  assiéger  et  prendre  la  vlUe  ainsi 
que  nous  l'avons  vu.  Une  seule  difficulté  se  présente  contre 
cette  restauration  chronologique  ;  c'est  le  chiffre  de  seize  ans 
attribué  par  le  moine  de  Silos  à  la  durée  du  r^e  de  Ba- 
mire III;  ce  chiffre,  à  partir  de  967,  ne  saurait  nous  mener 
au-delà  de  982;  il  existe  toutefois  dans  le  chartnlaire  da  mo- 


I  Valel  l«  puHge  du  molai  d«  Silos  diM  lODtg  ud  InUgrlU  :  — Bei 

eoram  (  Satraecnoram  )  nomm  qol  faliom  ilbl  fmpoinli  AlMwiMr.qnilii  noD 
■DiM  rult,  Dtc  fatomi  efII,  eodiUIo  Inito  cimi  Sitncmlf  tiiUBuiinii,  el  cun 
onnl  e«D[i  IimieUiaruiii,  inlriTll  Qnu  ChrlBiUporuai,  ei  cvpit  4eTMUia  multi 
regnoroin  Mcuin,  «Iqae  eladio  liacid«re.  Hac  lant  rtgtt  FrincoTnin,  reeDam 
PMDplIoDinK,  rtpiDm  allun  LegloDniH.  DeTitUtlt  qaldfmelTluiM,  eutdl*, 
Daiiiamqae  tcrrani  dapapdlitii,  utqofqao  pamnlt  ad  partei  ntrlllmu  oecl- 
dcDttlii  Diipinl»,  cl  Gillada  cliilalem  In  qui  Eorpnt  Bull  Jicobl  Apotoîl 
lamnltiHin  eat, dcitroilt.  Ad  ispolehinin  fero  ipoiti)II,ai  lllnd  fringani,  Ira 
dlipoiMrat  ;  tad  Urrltm  rcdlll  :  EeelMla* ,  BMaailaita ,  pikaUâ,  trtgU,  alfse 
^u  cramiilt,  artaisiT  (Hanacb.  Sllana.  Cfar.,  DUB.  B8). 

1  AlauaMr  capUoniLctlODÛ  fetTOBUr  (uiilaHdsun/ira  par  «Mf  «IrwMAai 
lapoiuHM,  «le,  (RoOv.  T<M>,  L  v,  c  IVJ.  —  Pe  mm  JUkw  4ê  Ivj, 


:,.;,l,ZDdbyG00gle 


400  BISTMBZ   DESPAOn. 

nastère  de  SahagOD,  najoard'hui  au  ponvoir  de  La  n 
lite  de  celte  ville,  trois  diplAmes  aatbeotiqaes  où  l'on  trouTe 
la  preuve  que  Ramire  III  vivait  encore  et  prenait  le  titre  de 
roi  de  Léon  vers  la  fin  de  984';^d'oi:i  il  est  permis  d'inférer 
que  Ramire,  exilé  de  sa  capitale  ruinée  par  El  Hansoar,  cher- 
cha on  refuge  à  Sahagun,  où  il  continua  de  prendre  les  titres 
de  SB  royauté,  mèiqc  après  la  perte  de  son  royaume,  et  deux 
ans  encore  après  le  courouBemeot  de  son  compétiteur  Ber- 
mude.  à  Santii^.  La  plupart  des  historiens,  négligeant  l'in- 
tervalle qui  sépare  t'iatronisation  de  Bermude  de  la  mort  de 
Bamire,  ont  fait  dater  la  fin  du  règne  de  l'un  et  le  commen- 
cement du  règne  de  l'autre,  du  jour  de  la  consécration  de 
«elui-ci  dans  l'élise  de  l'apôtre  Jacques,  le  dimanche  1 5  oc- 
tobre 982';  et  c'est  ce  qui  explique  pourquoi  le  moine  de 
Silos,  tout  en  nommant  Ramire  à  propos  des  dernières  atta- 
ques d'El  Hansour,  ne  donne  que  seize  ans  de  durée  à  son  rè- 
gne, et  comment  Pelage  d'Oviédo,  Roderich  Ximenez  et  La- 
cas de  Tuy  ont  été  conduits  h  placer  la  prise  de  Léon  sons 
le  règne  de  Bermude,  qu'ils  considèrent  comme  régnant 
depnis  la  mi-octobre  de  cette  année  982.  Bamire  m  monrut 
donc, non  &  Léon  en  982,  comme  on  l'écrit  communément, 
maiSfà  ce  que  tout  indique,  à  Sahagun,  À  la  fia  de  l'année  984 
on  an  commencement  de  la  suivante,  après  la  destruction  de 
Léon,  qui  fut  telle,  que  Veremundus  ne  put  s'y  venir  instal- 
ler, et  que  la  restauration  n'en  fut  faite  par  son  fils  et  succe»- 
seur  ALfoDse  V  que  pltis  de  vingt  ans  plus  tard.  On  ignore 
si  Ramire  laissa  des  enfans  après  lui  :  on  sait  seulement  qu'il 
avait  pris  pour  femme,  quelques  années  auparavant,  &  l'âge 
de  dix-huit  ans,  une  Sancha  nommée  aussi  Urraca,  dont  on 
ne  connaît  point  la  famille;on  ne  pent  douter,  dit  Ferreras, 


1  Vttjat  BtatDrit  de  Sibigao,  p.  U  «t  <B.  — Lb  prcmhr  de  cm  «Mm  eU  da 
■ai,  la  lecoud  du  M  iulD  «I  le  IroUlèm»  du  8  MpUmbre  9M. 
1  T«T.  BiDiplT.  Chr.,  pnin.  S9;  Houcb.  Blleiu.  Cbr.,  nuin.  «T,  st  cI-d«T. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


CHAPiTBB  ea.-8EFniaa.  401 

pnùqn'on  la  choisit  poar  fenime  do  roi,  qu'elle  ne  fût  d'une 
des  principales  maisons  royales  d'£spsgne  <  ;  la  conséquence 
parait  nn  peu  forcée;  il  est  Traisemblable  toatefois  que  San- 
cha,  ainsi  que  son  nom  semble  l'indiquer,  était  de  la  maison 
de  Navarre.  Quoi  qu'il  en  soit,  Bamire  IIl,  fils  de  Sancbo  I"', 
monrat  à  l'âge  de  Yingt-deux  ans,  et  eut  pour  successeur 
Bermnde  le  GalicieD,  surnommé  le  Podagre,  qui,  selon  toute 
apparence,  d'abord  protégé  par  £1  Hansoor,  ne  tarda  pas  h 
se  brouiller  avec  lui,  et  à  s'attirer,  comme  nous  le  verrons  par 
la  snite,  la  col^  du  terrible  badjeb.  Ramire  fut  enterré,  sni- 
.vant  Boderich  Ximenez,  dans  le  monastère  de  Destriana, 
dédié  à  saint  Hichel". 

El  Hansoor  chercha  vainement,  après  la  prise  de  Léon  et 
d'Astoi^,  à  étendre  ses  conquAtes  du  côté  des  Asturies  et  da 
Bierzo^;  il  j  trouva  des  châteaux  imprenables  ou  qni  lui  eus- 
sent coûté  d'innombrables  efforts;  on  nomme  entre  antres  les 
chAteaux  d' Alva,  de  Lnna  et  de  Gordon  i.  Uariana  dit  tout  le 
contraire,  à  savoir  que  ces  châteaux  furent  pris  et  brûlés  par 
£1  Hansonr^;  mais  il  j  a  long-temps  que  nous  savons  que 
Mariana  a  le  privilège  de  faire  l'histoire  &  son  gré;  il  lui  fal- 
lait cela  peut-être  pour  arrondir  sa  phrase,  et  les  poètes  de 
son  pays  sont  tout  disposés,  ce  semble,  à  contiuaer  d'appren- 
dre l'histoire  d'Espagne  dans  l'ouvrage  du  théolt^en  d'AI- 
cala,  sans  doute  parce  que  la  poésie  vit  de  fictions'*. 

t  Fsrrani,  fllM.  de  EipaS.,  1,  it,  p.  SI». 

1  Hod<r.  Tolet-iBerum  io  Ultp.  Gt)t.,l.  T,  c.  12. 

1  EiAiMriu,  GiUadun,  et  Beiiiim  non  lninTtl(PclaBll  Ofoltiui  Cfar., 
nnm.  S). 

'  CuUlii  qa«(Um ,  idlicct;  LoDiin ,  Alnin  ,  GotdoD«m  capere  nan  poliiil 
(Ibid.,  1.  c.].  —  Lncu  ds  Tdj  ijodM  Aibollam  (  Luo  Tadenali  Chropican 
HDDdl,  f.  87}. 

S  MiriaDi ,  Biitorli  ecnanl  de  KipaDa,  I.  vin  ,  c.  9,  p.  E8S  cl  BBS. 

e  Vajei,  dmi  U  GicbU  de  Mtdrid  da  as  inTenibra  1838,  un  arlkle  inll- 
loMs  El  Pidre  Jun  ds  Mariant  ■  lignf  A.  L.,d*iii  leqacl  S.  LiiU,  je  «roli, 
noM  >  toii  rbonDeor  de  l'aceaper  de  nout  i  prapo*  de  \»  iraductloo  upagnale 
de  Mira  hlitolie  qoe  pablU  H.A.  Ser^BU  t  Btrcelooe;  H.  Ll*u  y  proTciM 
Il  aH  tdnilTilloD  HP!  bonlN  poar  le  jilnile  hEtlorlen. 
26 


>;,l,ZDdbyC00gIC 


402  RisrosHE  d'e^agkb. 

D'ordinaire  les  expédittons  d'£t  HanBoiir  étaiait  rapides 
et  heoreoses,  et  ne  l'occnpaieDt  qu'une  partie  des  mois  du 
printemps  et  de  l'autoimie.  Le  reste  de  l'année  sa  maison 
était  à  Cordoae  comme  une  académie  où  les  poètes  et  les 
-saraos  étaient  reços  avec  la  plus  grande  biatTeilIance.  De 
ce  nombre  étaient  en  ce  temps  Obeïda  ben  Abdallah  ben 
MasBémaï  Àboa  Bekr,  de  Hàlaga,  aatenr  d'nne  histoire  de 
la  poéde  et  des  poètes  arabes  de  l'Andalonsie,  ainsi  qne  de 
ploBienrs  antres  ouvrages  importons  ;  il  fit,  pour  obtenir  ooe 
audience  du  wazir  d'El  Mansonr,  Ahmed  ben  Soaïd  ben 
Hézam ,  des  Ters  impromptus  pour  lesquels  le  irazir  loi 
donna  cent  dinars  d'or  et  la  libre  entrée  de  sa  maison  à  toate 
heure.  On  Toyidt  ausa  dans  la  maison  d'Ël  HauBour  Abd 
ti  WAriz  ben  So^an,  poète  illustre,  et  chef  en  ce  moment  ds 
l'école  poétique  de  Cordoae.  £1  Mansour  établit  une  aca- 
démie pour  le  haut  enseignement,  une  sorte  d'université  oa 
d'école  normale ,  où  ne  siégeaient  que  des  houimes  déjà 
connus  par  des  ouvrages  utiles,  par  des  travaux  d'érudition 
ou  des  poésies  d'un  caractère  élevé.  li  visitait  souvent  en 
personne  les  médrésehg  (écoles  supériHires)  et  les  collèges; 
il  s'asseyait  parmi  les  élèves  sans  permettre  que  les  coors 
fussent  iaterrompus  à  son  entrée  on  à  sa  sortie,  et  il  réecHU- 
pensait  les  maitres  et  les  âèves  les  plus  distingués,  mX  par 
des  dons,  soit  en  les  appelant  aux  empois  de  mokiis  et  de 
khatebs  (lecteurs  et  prédicateurs  du  Koran  dans  les  mos- 
quées)'. 

Tont  cela  assurait  d'autant  la  prépondérance  et  l'autorité 
do  hadjeb.Hescham,  toujours  renfermé  dans  le  palais  et  les  jar- 
dins de  Zahra,D'apportaitaucun  obstacle  à  l'exercice del'auto- 
rilé  absolue  de  son  premier  ministre.  Personne,  comme  nous 
l'avons  dit,  ne  pouvait  le  visiter  sans  la  permisùon  de  sa 
mère  on  du  hadj^  Hohanmied.On  pcnt  se  bire  une  idée  de 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


CHAPITU  Dix-ssmànE.  403 

sou  esiâaTage  par  le  cérémonial  observé  à  sou  égard  lorsqu'il 

se  rendait  h  la  grande  mosquée  posr  la  célébration  de  le 
Pàqoe  et  des  antres  fêtes  principales  do  mnsnlmamsme.  Il 
ne  sortait  de  la  maksoura  (c'est  ainsi  qa'on  nommait  une  tri- 
bune construite  un  peu  an-dessos  du  parqoet,  dans  la  partie 
prindpale  de  la  mosquée,  et  entourée  de  grilles  dorées,place 
réserrée  aux  émirs),  que  Imrsque  tout  le  peuple  avait  quitté 
la  mosquée.  Il  en  sortait  alors  eidooré  de  sa  suite  et  de 
sa  garde  et  rentrait  dans  son  palais  sans  pouvoir  être  abordé 
ni  presque  va*. 

L'administrati<m  de  l'état,  le  soin  de  sa  fortune  et  ses 
gaerree  contre  les  ehrâiens,  avaient  jusque-là  occupé  pres- 
que eidusivement  £1  Manaour;  maïs  l'année  même  où  le 
royaume  de  Léon  avait  été  réduit  h  rien,  il  reçut  de  l'Afri- 
que des  nouvelles  qui  appelèrent  vivement  son  attention  de 
ce  c6té. 

D^uis  l'an  365  comme  nous  le  savons,  £1  Hassan  ben 
ILenncHin  l'Édrirâte  vi^t  en  Egypte  près  du  khalife  fatbi- 
mite  £1  Hoesz  Nazar  .ben  H&ad.  En  373 ,  Nazar  ordonna  à 
son  lieutenant  Balkyn,  qui  commandait  en  Afrl^e  en  son 
nom,  de  favoriser  El  Hassan  dans  la  revendication  du  royaume 
de  ses  pères.  El  Hassan  arriva  &  Tunis,  où  Balkyn  le  reçut 
avec  de  grands  honneurs,  et  le  mit,  conformément  aux  ordres 
de  son  maître,  à  1»  tète  de  trois  mille  cavaliers.  Quelques 
kabilehs  de  Beriwrs  le  suivirent  aussi  volontairement.  Il  en- 
tra avec  elles  dans  le  M^reb  et  fut  proclamé  dans  plusieurs 
villes.  El  Hansour  ne  pouvait  voir  ce  mouvement  de  sang- 
froid  :  il  envoya  anssitât  en  Afriqne  son  frère  Abou  el  Hakem 
Omar  ben  Abdallah  ben  AbiAhDier,'wazir  du  diwan  deCor- 
doue,  auquel  il  donna  le  gouvernement  du  M&greb  et  de 
ses  dépendances. 

Les  armes  andaloa-mosulmanes  forent  moins  heureuses 


>;,l,ZDdbyG00gle 


404  HIBTOIHZ  DESPAOn. 

aa-delà  [ctu'eu  deçà  da  détroit.  Dès  qn'El  Hassan  fat  tas- 
troH  de  renvoi  de  ces  troupes,  il  vint  à  leur  rencontre 
et  les  attaqoB  an  moment  de  leur  dëbarqnement.  Les  deux 
partis  se  lÎTrèrent  une  aanglaote  bataille  sdt  les  oAtes  mê- 
mes de  la  mer  ;  mais  les  Andaloos  forent  défaits  par  El 
Hassan ,  et  se  réfugièrent  dans  la  ville  de  Ceata,  où  l'émir 
édrisite  les  bloqna  étroitement.  Omar  fit  savoir  son  éobee 
à  Gordooe,  et  le  badjeb  s'Mnpreasa  d'envoyer  son  propre 
fils  Abd  el  Melek,  déjà  fort  rraommé  malgré  sa  jeaneKC 
pour  ses  talens  militaires,  an  secours  de  son  oncle  Omar  '. 
Nous  verrons  tout  à  l'henre  qoe  le  fils  d'El  Hansoar  fot 
pins  benrenx  qne  sim  oncle  en  Afriqae,  et  y  consomma  la 
cbûte  définitive  de  la  maison  d'Édris. 

Ces  guerres  de  Musulmans  à  HusnlmanB  n'interrompaient 
point  le  Goors  des  eipéditions  bis-annnelles  da  hadjeb  ni 
de  ses  ravages  périodiques  sur  les  terres  des  dirétiena.  En 
374  (  automne  de  984  ),  il  acheva  de  miner  le  royaume 
de  Léon  :  ce  fut  alors  sans  doute  qu'il  prit  les  villes  de 
Gormaz,  de  Coyanca  et  de  Zamora  >;  et  le  printemps  suivant 
(985)  loi  vit  entreprendre  une  expédition  qui  aseuni  la  su- 
prématie guerrière  des  Musulmans  dans  la  presqu'île  des 
Pyrénées  ;  il  tourna  ses  annes  contre  l'Espagne  oiientale. 
n  partit,  disent  les  chroniques  arabes,  avec  l'élite  de  la 
cavalerie  de  Cordoue,  et  prit  sou  chemin  par  Elbira,  Baza, 
Lorca  et  Tadmir  ;  il  s'arrêta  dans  cette  dernière  ville  pour 
y  attendre  l'arrivée  des  troupes  et  des  vaisseaux  des  Algar- 
ves  appelés  à  le  seconder  dans  les  opérations  militaires  qu'il 
méditait  contre  la  Catalogne.  Les  écrivains  arabes  noos  par- 
lent avec  complaisance  et  détail  du  séjoar  d'£l  Hansonr 
à  Tadmir.  Il  y  fut  logé,  nous  disent^ls,  dans  la  maison  de 
l'amil  ou  amel ,  c'est-fc-dire  du  gouverueor  on  capitaine- 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


ClUPiniK  DlX-SEVriÈME.  406 

géoéral  de  la  province,  Ahmed  ben  e!  Khaleb  bea  Dadjïm  ', 
qui,  pendant  Tingt-trois  joars  (je  me  sers  des  propres  ex- 
pressions de  rémvaîn  arabe)  donna  splendidement  à  manger 
à  tons  les  cavaliers  et  généraux  qui  accompagnaient  le  bad- 
jeb,  ainsi  qu'à  tonte  la  cavalerie  et  à  tontes  les  troupes  qu'il 
eondnisait;  il  ftt  donner  à  tons  des  hymens  et  un  condier 
commodes,  et  aax  prindpanx  des  lits  rîcbement  couverts 
d'étoffes  {védenses  d'or  et  de  soie  :  tons  les  matins  le 
bain  d'El  MauMnr  et  de  ses  principaux  vrazirs  était  apprêté 
avec  de  l'eaa  de  roses,  et  les  mets  les  plus  délicats,le8  fruits 
les  pjto  ram  et  les  arômes  les  plus  estimés  de  l'Orient  leur 
étaient  prodigués.  Quand  El  Hansonr  fut  sur  son  départ, 
et  qu'il  demanda  te  compte  des  dépenses,  il  apprit  par  les 
iVBiirs  chargea  de  ce  soin  que  tout  s'était  fait  aux  frais 
d'Ahmed  ben  el  Khateb.  U  l'en  remercia  bu  nom  de  l'armée 
et  du  khalife,  et  dit,  an  rapport  d'Ebn  HsTian,  en  présence 
de  ses  généraux  et  de  ses  cavaliers  prêts  k  se  mettre  en  mar- 
che: — ■  En  vérité,  Ahmed  ne  sait  point  traiter  les  geds  de 
guerre,  et  je  me  garderai  bien  d'envoyer  par  ici  des  trou- 
pes d'eldjihed,  qui  ne  doivent  avoir  d'autres  b^ges  que 
leurs  armes  ni  d'antre  repos  que  les  combats.  Un  homme 
d'un  caractère-  aussi  généreux  tontefob  n'est  point  fait 
pour  n'être  qu'un  ctmtriboahle  vulgaire;  et  aussi,  au  nom 
de  notre  seigneur  l'ânir  Hescham,  je  l'affranchis  de  tout 
impAt  pour  toute  la  durée  de  sa  Tie.>  Ommyah  ben  Ghaleb 
el  Horori ,  ainsi  appelé  de  Moror  sa  patrie,  un  des  poètes 
qa'El  Mansonr,  en  conquérant  letM,  menait  d'ordinaire  A 
n  suite,  célébra  en  vers  la  générosité  d'Ahmed  el  Tsdmiri, 


'  Va  tain  ècriitln  iJoDle  1  cm  nomi  uui  d'Abon  Onui  «1  Uiiin,  ei  Ail  %at 
MIM  gipMtlton  élill  li  vlDEl-IrotiMma  d'El  MiBMdr  contra  Ici  chrMltM. 
Toat  t'accordml  à  doDD«r  i  Ahmed  le  Ulr«  d'imcl.  La  tmal  éull  la  p>aT«r- 
B«Br  ttoènl  (taitmator)  d'ane  provloM  on  d'uc  JuridlcUoD,  d<*l(o4«  m 
«nba  pu  le  aon  d'iaili}*. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


406 

A  qui  restèrent  ies  sornosoB  d'El  HondAyTf  et  é"Ei  9ikyj 
(l'Hoepitalier  et  le  Libéral}'. — Coade  aocumak  les  taies 
relatifs  à  cet  épisode  des  guerres  d'El  Hanaoar  ;  Q  «d 
donne  ja-ujn'à  qiutn  versions  différentes,  savoir,  oeHes  des 
denx  historiens  qne  nom  sTons  snivia,  et  cellbs  de  deax 
aateara  anonymes  qui  paraissait  assez  modernes,  verHons 
qu'il  place  à  la  snite  les  ânes  des  autres,  t 
et  simplement  sur  ses  extraits  originaux  des  n 
bes  de  l'Escurial.  La  plupart  de  ces  extraits» font  put»  de 
la  bibliothèqne  de  notre  Société  AsîUiqae  de  Paris  ;  noni 
possédons  nons-mème  la  copie  d'one  partie,  et  nous  nous 
soaunes  ccmvaincn  que  CcHide  n'a  fait  qae  traduire  et  ooodn 
IwDt  à  bout  les  quatre  versions  dont  il  s'agit,  que,  d'après 
le  litre  de  son  livre,  il  se  réservair  sans  doute  de  fondre 
historiquement  en  un  seul  récit.  Trois  de  oes  veràons  sont 
à  peu  près  conformes.  Une  seule  est  d'un  caractère  parti- 
calier  qui  nous  engage  à  la  reproduire  ià  :  — «On  np- 
porte ,  dit-elle ,  que  dans  cette'  cAmpagne  de  Mobanuned 
hea  Abdallab  ben  Ahi  Abner  el  IbnBOur,  Abon  Omar 
Abmed  ben  Kbateb,  saroomdlé  à.  Robjol,  partit  avee  lui 
de  Cordooe,  et  l'hébergea  dans  sa  dudsoq  à  Horcie,  lors- 
qn'Ël  Hansonr  se  roidait  à  l'expéditioD  de  BaïcdoDe  avec 
sa  suite  et  son  année,  et  qa'M  Haxin  recnt  «bez  lui  tous 
ses  principaux  ofiiciers  et  Ebn  Sohaïd,  préfet  d'el  Sadaka. 
Le  fils  d'Ahmed,  nommé  Âbon  et  Asbadj  Honsa,  hébergea  k 
fils  d'El  Mansoor  aina  que  see  cavaliers  dans  leor  voj^; 
augsi  eorent-ils,  h  cause  de  cela,  la  franchise  des  drnts 
aux  portes  de  Gordoue,  que  leur  aoontlèrent  les  Merwans; 
aujourd'hui,  cette  illustre  famille  est  peut-être   méprisée 

■  D'tprèi  EbDBajian,  diiufOBHi*la<radMAUlunsrii,et  AboaBtkr  AluMd 
ban  Sajil  «t  Fayiiilh  diu  loa  Bitib  cl  Ibir  (Urra  du  iréDemeM  rciUTqM- 
bleOi  il  cililc  d«  ce  dprpi«r  onvngt  noe  Indattlon  en  bôbrca  dml  use  tâfit 
Ml  «pire  noi  ntaini. 


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CHAFOIK  DVt-tXPTjkliÉ.  407 

et  fit  du»  lobBcnrité  et  1&  panTret^  comme  de  mia^nbles 
Âlarabes;Diea  lésait'.  » 

£1  Maneoor  T^tmit  chemin  Msant  tontes  les  troupes  et  la 
cavalerie  de  Valence,  de  lortose  et  de  Tarragone,  et  Brriva 
bientôt  dans  les  campagnes  de  Barcelone.  Borrel,  comte  de 
Barcelone,  roi  d'Elfrank,  comme  l'appelle  l'historien  arabe, 
Tint,  &  ce  qu'il  parait,  au-devant  de  lui  avec  des  troupes 
dont  le  nombre  ëtait  double  de  celui  des  Musulmans.  Hais 
la  valeur  de  ceux-ci,  dit  leur  historien,  aidée  de  l'expé^ 
rience  d'El  Hansour  et  du  secours  de  Dieu ,  l'emporta,  et 
Us  mirrait  en  déroute  ce  ramas  de  montagnards  et  de  gens 
grossiers  qui  ne  se  battent  jamais  bien  quand  ils  sont  à 
portée  de  qudqUe  refuge,  et  qui,  selon  leur  coutume,  se 
renfermèrent  en  désordre  dans  Barcelone;  les  Uosulmans 
les  7  assiégèrent  avec  tant  de  résolution  et  d'ardeur  que 
Borrel,  n'espérant  aucun  secours  de  Lothaire  dont  il  rele- 
vait féodilement,  s'enfuit  par  mer  pendant  la  unit,  à  la  fa- 
venr  de  l'obscurité  qui  empêcha  les  vaisseaux  des  Algarves 
qni  gardaient  la  cdte  de  l'apercevoir.  Deux  jours  après  la 
Tille  se  rendit  par  capitulation,  sous  la  condition  que  les  ba- 
bitans  auraient  la  vie  sauve  en  payant  le  tribut  de  sang  par 
tête  (6  juillet  985).  £1  Mansonr  pourvut  à  la  sûreté  de  la 
frontière  et  s'en  retourna  à  Cordooe  par  l'intérieur  de  !'£»- 
pagne".  Les  chroniqueurs  catalans  et  les  Franks  sont  tà-des- 
BOB  d'accord  avec  les  Arabes,  et  ne  font  par  conséquent  que 
confirmer  la  relation  de  ceux-ci^. 

1  Coiida,  e.  W.— Kl  Firlkdli  fixe  le  dipirt  d'El  Mibudi  de  Coi^one  B  nul  WH. 

3  Ibfd.,  1.  E. 

t  Hd|u  tare  (emporibn*  (Boralll),  peccill*  gxi(«Dllbai,  BuchiBODi  bo> 
billHliiMilTltu,hea  proh  dolor!  ■SirraccnUdeTUUUett  alqae  ««pM.  Pmu 
lut  hae  dira  pulllviitli  tmxa  InMTDiiloiiti'dimliilea  kccclxiit  (  Hnueb. 
UTlpull.  G«iu  Camlinm  BircInoneiMlnn,  c  T}.  —  Vojai  iniil  GhroniceB 
BircInaneniiDin  prlmum,  p.  SIS,  et  GhroniMn  iMniidiim,  p.  Ets.  —  Onclinm 
■nlrci  docDincM  chrétirm  pliceal  la  priae  de  BireeloDe  un  an  plH  Urd,  es 
)nlllet  9m  (TOTBi  dul  Dem  Bonqsel,'l.  II.  p.  S];  na<«  la  dale  donnée  par  le* 
Arebei  rtpmdani  eudemeni  i  telle  qa'm  ttmtt*  Barttnée  itn  In  «eau 


>;,l,ZDdbyG00gle 


40S  'BISTOIBB  D'CSPAGHK. 

El  Mansonr  conduisait  toujours  ea  personne  ses  gnenes 
contre  les  chrétiens;  il  agissait  par  ses  lieutenans  ou  par 
ses  fils  m  Afrique.  Hoos  avons  laissé  dans  ce  dernier  pays 
le  frère  d'El  Hansonr,  Omar  lien  Abdallah  ben  Ahi  Abmer, 
assi^  dans  Geuta  par  l'édrisite  £1  Hassan  ben  Kennoiui. 
Hais  El  Hassan  apprit  Inentàt  ^'Abd  el  TSdA^  fils  sîné 
da  hadjeb,  rimait  contre  Ini  avec  des  tronpes  d'élite,  et  il  se 
r^arda  dès  lors  comme  perda  :  entrainé  par  de  mauvais 
conseils,  suivant  Abd  el  Helim,  il  résolut  de  se  mdire  au 
poav<Hr  de  ses  ennemis.  Il  envoya  en  conséquence  an  mes- 
sager à  Ceota  pour  demander  on  arrangement  et  une  sanve- 
gturde  pour  lui  et  sa  Camille,  imanettant  à  Omar  qu'il  irait, 
sa  demande  aecordée,  se  mettre  de  lui-même  à  la  merci 
da  khalife  Hescham.  Omar  lui  accorda  sa  demande,  loi 
envoya  un  sanf-conduit,  et  écrivit  auaeitAt  à  son  frfeie  £1 
Hansonr  '  pour  rinformer  de  ce  qu'il  venait  de  faire.  Ce- 
lui-ci, sans  s'expliquer  davantage,  enjoignit  à  Omar  de  faire 
incontinent  partir  £1  Hassan  ponr  Cordone;  El  Hassan 
passa  en  Espagne  ;  niais  £1  Hansonr  ne  tint  point  la  pa- 
role de  son  frère,  et  envoya  à  la  rencontre  de  l'édrisite 
déobu  un  émisaire  chai^  de  le  tuer  en  chemin,  oe 
qui  fut  fait;  l'émisBaire  lui  conpa  la  t£te,  et  msevelit  le 
corps,  puis  s'en  revint  i  Cordoue  avec  cette  tète  coapëe , 
comme  pour  témoigner  qu'il  avait  fidèlwnent  exécnté  sa 
commission.  Le  meurtre  d'EI  Hassan  eut  lien  dans  le  nuns 
de  djoumadah  el  awai  (sept,  ou  oct.  985)'.  Il  avait  ré- 
gné en  Hanritanie  seize  ans  la  première  fois,  de  347  (958) 

C«iWm  BmlBonewlBin  da  moios  ie  RlypoU  oe  MsnU  UIémt  ancan  «OM 

.il."ï°r,.''  "^^  ""'''  (*"*">  "  """  '^"  *''"'  "•■«•«'«■S  nKli  pnUqiM  Omr 
«TlU^r  °^  «'"a»"»"  ««»  Abi  Ahmer,  il  éuU  ftan  m  bm  «mI- 

'.^.prL"r'w7'i;^'^v/'î-  "!■  ':■  -  ""^''  ""■  '-•  ••■  "»  ■  "«"■"  «**■ 


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CH&PnBI  DU-SIPTÙIE.  409 

i  "364  (974),  et,  la  seconde,  un  an  et  neof  inoiB.  De  ce  mo- 
ment cesu  le  poaToir  des  Alides  dans  le  Magreb,  et  ils  bo 
dispentevnt.  (^elqœs  nns  se  filèrent  dès  lors  h  Cordooe 
et  forent  mfitnbres  da  divan  o(»flme  représentant  dn  Ha- 
greb.  De  ces  Alides  sortira  pins  tSrd  on  Ali  ben  Hammond 
el  Andalonsi,  que  noos  Terrons  arriver  à  l'émirat  en  Espa- 
gne, et  y  relever  sa  maison. 

On  raconte  qn'à  l'instant  ob  fat  taé  £1  Hassan,  il  s'éleva  un 
vent  violent  qui  emporta  son  bonmons  de  dessos  ses  épau- 
les, si  bien  qa'oQ  ne  le  retrouva  Jamais  plus  depuis  ".  L'his- 
torien de  Féz,  Abd  el  Halim  el  Gbarnati,  fait  d'aillenrs  du 
dernier  des  Éirmtm  un  portrait  peu  flatté  :  El  Hassan,  fils 
de  Eennoon,  était,  dit-il,  selon  ce  qa'en  rapporte  Ebn  el 
BayiAd,  inhumaîn ,  cruel,  téméraire,  endurci  de  cœur  et  peu 
compatissant.  Quand  il  s'emparait  d'un  ennemi  ou  de  quel- 
que voleur,  il  le  faisait  étrangler  on  précipiter  du  haut  de  la 
forteresse  du  Bocher  des  Aigles,  qui  était  bI  haute  et  bâtie  sur 
vn  rocher  ai  escarpé,  qoe  le  patient  était  mort  longtemps  avant 
d'avoir  atteint  le  niveau  du  sol".  Par  la  mort  d'Ebn  Kennoun, 
fut  terminée  dans  le  Hagreb  la  dynoatie  des  Édris,  qui  avait 
commencé  le  jour  delà  proclamation  d'Édris  ben  Abdallah  ben 
ei  Hassan  à  Walili,  le  jeudi  7  de  la  première  lune  de  rolneh 
(rabi-el-awal)  1723.  Leur  r^ne,  de  cette  proclamation  à  la 
mort  d'El  Hassan  ben  Kennoau  dans  le  djoumadah  375,  fut 
de  deux  cent  deux  ans  et  daq  mois  lanaires.Leurs  ét^  s'é- 
taient étendus  dans  les  premiers  temps  de  Sons-el-Aksa  à  W&- 
ran,  et,  dans  ce  temps-là,  la  cs(Htale  des  Édrisites  était  Féz; 
mais,  placés  entre  les  deux  puissantes  dynasties  rivales  des 
Obeadjs  d'Yfrikya  et  des  Merwans  de  Cordone,  ils  tombè- 
rent vers  la  fin  sous  la  domination  de  ceux-ci,  et  ils  leur  cé- 


■  BlK«rUi,raL6S. 

1  ibM.,i.c 

'  G'wt  pu  erreur  qu'oa  Hi  <iu  Coade  IIS. 


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410 

dènnt  f  te  et  II  majnm  partie  de  l'aneieii  territoire  dn 
royaume.  En  dernier  lien,  oomme  uona  raT<H)STQ,Et  Bw- 
san,  le  dernier  dee  rois  im  Megreb  de  cette  maison,  ne  posBé- 
dait  pins,  des  anàens  états*de  ses  pères, que  qael^pies  Tallées, 
entre  antres  la  vallée  oJlétftt  aitoée  sa  capitale  BaBsrft,et  qaet- 
qnes  forteresses,  telles  qne  Aiml  sor  b  cMe,  et  Hidjar-^ 
Nosfioar,  dont  nons  avons  à  sonvent  parlé,  près  dn  détroit  '. 
•  C'est  ainsi  gne  leor  r^^e  fat  retranché,  dit  AM  d  Halîm  en 
terminant  son  chapitre  consacré  k  l'éBiir  El  Hwsan  ben  Ken- 
notui  :  la  perpâXiité  du  r^e  et  rimntôrtalité  appartienoeot 
à  Dieu  seul;  il  n'y  a  qne  loi  de  véritdtle  owftre  et  seignenr, 
et  il  n'j  a  que  loi  d'adorable  ■■  • 

Kattre  àpbn  près  de  tont  le  Magrd>  elAk3a,QMaiuoiir 
nomma  son  fils  Abd  el  Helek,  qni  prit,  &  l'occasion  de  sa 
campagne  d'AMqoe,  le  enmom  d'El  Hondhaf»  (Vbenreoi 
vainqneor),  gonTemenr-générat  pour  les  Herwans,  avec  le 
titre  de  hadjeb,  de  brates  lenrs  possesdons  en  Afrique.  Ahd 
el  Helek  fit  construire  en  arrivant,  po«f  rembelliasevrat  de 
la  grande  mosqnée,  nne  Alcoba  on  diapetle  avec  une  cou- 
pole soutane  par  des  colonnes  an  milien  de  la  grande  coor 
où  était  i'almenara  on  l'almeinareh  (le  phare,  la  lanterne,  on 
la  petite toor,  au  hantdelaqnelleonhii«ela]BntenK))^.L'al- 
coba  était  d'ordinaire  nne  chapelle  basse,  voûtée  on  dntrée, 
bâtie  dans  les  grandes  conrs  des  mosquées,  et  ainsi  nommée 
de  l'uabe  lto^a,  voûte,  cintre,  grotte,  caverne,  onvrage  fait 
en  arcade,  chapelle,  etc.,  d'oh  l'espagnol  eoba,  ema,  et 
ctM&s  on  eueva;  il  s'entend  ansâ  de  eette  espèce  de  1 
cintrés  et  bas  soob  lesqnets  s'enterrent  en  Afrique  les  s 


■  ziK*ru*,roi.es. 

1  ntM.,  L  c 

*  D'ab  la  mol  miniraL  —  llmaun  (  ttinur,  aloMn  ),  ilM  on  U«n  de  U 
lomlire  ;  ilpum  diu  IM  chamliu,  prlndpilemaDt  pour  mBrqacr  lu  HdKci. 
Jfgnni,  linteriM,  pbire,  da  Tarb«  itibc  iwir.  Il  brilla.  Il  raplendltjil  •!- 
r>l'*  MhI  ■■  cbindellcr,  bb  T<lllolr,  lyckMiehu,  cMuTcMtnMr. 


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CBAPTRU  IHX>9SmilCB.  41 1 

bonts,  (A  aniqvelB  tl  ;  a  w^Dairement  mi  oratoire  (n^rab) 
annexé.  C'est  anssi  la  portion  de  la  tente  qni  renferme  on 
lit  à  coocber,  d'où  notre  mot  alcôve'. 

■  Les  Orientaax,  dit  M.  Beinand,  sont  presqne  tons  info- 
toës  de  la  magie,  de  la  sorcellerie,  de  l'astrologie,  de  la  ca- 
bale et  des  antres  seieBces  occultes.  Cenx  mêmes  qui  n'7 
croient  pas  n'osent  henrter<]e  préjngé  général,  et  agissent  le 
pins  souTent  comme  les  antres^. >Abd  el  Melek, sans donle 
pour  se  confonner  à  l'esprit  de  son  temps  et  de  sa  nation,  fit 
placer  snr  la  etme,  on  plutôt  snr  la  Toûte  eitérienre  de  la 
noovdle  alcoba,  divers  talismans  semblables  à  cenx  qm  étùent 
autrefois  snr  la  eonpole  de  la  chapelle  du  mibrab.  On  sait 
qne  le  mibrab  est,  dans  les  mosquées,  le  lien  destiné  à  indi- 
quer la  direction  de  la  Kaaba  de  la  Mekke,  vers  laquelle  les 
MoBolmans  doivent  se  tonner  ponr  faire  leurs  prières.  Ces 
tdismans  furent  placés  sur  une  barré  de  fer  an-dessns  de  la 
eonpole,  et  l'historien  de  Fèz  les  décrit  comme  il  mit  :  l'un 
dtùt,  nom  dit-il,  le  préservatif  du  rat  (el  barz  el  fèr),  au 
moTBn  duquel  jamais  rat  ne  se  montra  dans  la  mosqnée,  ou 
s'il  en  entrait  qndqn'im,  il  ne  pouvait  manquer  d'être  aossf- 
tAt  découvert  et  tué  ;  l'antre  était  cdui  du  scorpion  (de  l'a- 
(sr&b);et,parBon  influence,  s'il  entrait  qaelqoe  scorpion  dans 
la  mosquée,  il  demeurait  comme  gelé,*et  périssait;  et  il  y  a 
de  ceci  des  témoins  dignes  de  foi,  tels  que  le  ftkih  Ebn  Hfta- 
roun,qai  en  vit  un  tomber  d'entre  les  vétemens  d'un  croyant 

I  L«  mol  te«la  oa  keba  «H  égilMtnt  httrm  *mi  U  foma  hakaiak,  da 
kàb,  TQÛter.  On  db  la  reDcontre  cipaDdini  qa'naB  Kole  foU  dant  l'KcrilDr* 
(d«Di  lu  IfombrM,  cbap.  tit,  t-  8}  :  ■  St  l'homma  d'Iitiël  tIdi  derrière  !■  ul- 
ta|e(d«  UlaHe),  «tc.p'lleat  Iradiill  dagi  I*  Terflon  eTeci]ae  de»  Ssptiole 
^r  tic  t)t  it^ff  o(,  diBa  11  ibmbTe,  ou  plnlAt  prti  dn  foyer  on  de  l'iira,  préi 
d«  U  cbanlite  (tk/tnit).  Dn  mol  inbe  kota  Tleoiienl  inasl  probiblemenl 
lai  DBU  coope  copHjVmieapax,  déforma  redenda, para  Itbtr,  «u  lillu  lalix, 
f^hra,  et  le  mot  aapignol  copa  peur  la  ttte,  la  tonn*  d'un  cbapasii.  —  Taclan 
camcralnm,  dit  Scbalteni,  qao  leclni  clrcDindiliir,  loce  ipnd  EnrapWM  cllin 
ratepU  ab  Htapanfa. 

>  Rehiaad,  moBimaDï  «nbn,  pentM  tt  itir»,  1. 1.  p.  80. 


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412  BUTOUE  d'BSPAO». 

«uqnde  il  s'hait  athu^é  et  demenrra  eans  moDremeiit  par 
terre,  jnsqa'à  ce  qu'on  l'eût  tué-,Ie  talùman  du  scorpion  avait 
la  figure  d'un  oiseau  toiant  en  son  bec  la  figore  de  la  qoene 
d'un  acorfMon.Le  talisman  delà  colonne  de  métal  jaune  avait 
la  figure  d'un  haja  ou  serpent,  et  l'on  ne  vit  jamais  aoeon 
serpent  dans  la  mosquée.  C'était  là  la  sdence  des  génies. 
X'ofHuion  qu'il  existe  une  eqtèoe^e  démons  et  de  mauvais  e»- 
prita  occupa  sans  cesse  à  toarmento'  les  honunes  est  très 
commune  encore  aujourd'hui  en  Orient;  ces  écrits  ou  gâaies 
peuplent  l'eau,  la  terre,  le  feu,  l'air,  les  astres;  ils  visitent 
les  habitations  des  hommes  pour  lenr  noire,  soit  invisibles, 
«oit  sous  la  forme  de  certains  animaux  malfiusaos;  et  c'est 
précisément  pour  se  garantir  de  leurs  atteîntcs  et  pour  conju- 
lee  leurs  malignes  infloeaces  qu'on  emploie  les  amuMtes  et 
les  talismans'.  Abd  el  Mdek  &l  aualâ  construire  un  hospice 
dans  le  quartier  le  plus  sain  de  Fèz,  et  le  fonniit  d'eau  ao 
moyen  d'oD  canal  alimenté  par  le  Wad  el  Hassan,  qui  ooole 
hors  de  la  viUâ  près  de  la  porte  de  for  (Bab  el  Hadid).  n  ilt 
faire  aussi,  pour  la  mosquée-djéma,  une  minbar  ou  chaire  en 
bois  d'ébèue  (ouAb),  richouent  sculptée,  et  pwtant  cette  in»- 
cpiption:  '  An  nom  de  DieuiCléHient  et  miséiÎDWdienx,  que 
Dien  bénisse  Mohammed  et  les  râens  et  leur  donne  nue  foticUié 
par&itel  Le  khalife  victorieox,  épée  de  l'islam,  serviteur  de 
Dieu,  Heficham  el  Houwayiad  Billah  <>  (dont  Dieu  proli»^  le 
t^el),  a  Mt  faire  ceci  par  les  mahis  de  sbn  hadjeb  Abd  el 
Melek  el  Moudhafer,  fils  de  H(diamnied  el  Mansoor  beu  Ain 
Abmer  (que  Dieu  répande  ses  grtces  sur  lui  !),  et  cela  dans  la 

*  Voy.  le  mol  unalBlle  diu  U  Mhl.  Orlanu  d«  d'Bwbrinl.  —  Le*  «■■• 
lallu  anb«*  ont  piuétti  lûtqae  cbai  U*  oigat  da  BinéBil  (Kciimd,  I.  i, 
p.  eO).—  H.  Rsliuud  BD  «  m  sn  T«np  d«  ce  piyi  portint  1«  Diot  *talw  hutt, 
Fréierrilir.  Lu  Haln  ont  douai  le  non  do  grit-ftit  i  bh  mtIm  d'inidoUM, 
dont  l'nMge  t'eil  rip«Bd«  on  Amiflqao  el  dani  Una  1m  p*jt  ek  let  nictea  qbI 
6ié  IriupliDtii. 

I  En  (ubD  .1  cl  Imin  el  HinMur  $eir  al  l*t*D  Abd  Jtlith  HMcbtn  el  Mo». 
«■TlidBlUib.  » 


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CHAArtli  DR-SBPtlblB.  41} 

deniiëre  hue  de  djonmadah  (djoamodah-el-akher)  de  l'an 
375  (octobre  on  novembre  985)  '. 

Après  nvrnr  apaisé  ainsi  par  son  fils  les  troubles  da  Magrebi 
en  la  même  année  375,  El  Mansoar  fit  nne  incarBion  ant 
finmtières  de  Galice,  coanit  le  pays,  assiégea  et  prit  d'assaaf 
Médina  Coyanca,  on  U  reprit,  s'il  est  vrsi  qu'il  s'en  fût  empai^ 
déjà  l'année  précédente,  conune  nous  l'avons  dit  d'après  le» 
dinmiqaes  chrétiennes;  il  détroisit  les  murailles  de  eettff 
place,  et,  à  l'aide  de  qndqnes  principaox  chrétiens  qui  étaient 
auprès  de  lui  comme  réfugiés  par  snite  de  leurs  querelles  in- 
testines, il  fomenta  leuK  discordes,  entra  sur  leors  tares  jus- 
qu'aux rivages  maritime»  de  la  Galice,  et  pilla  l'élise  de  Za- 
koum^d'où  il  emporta  de  grand»  ridiesses".  Qaelle  était 
cette  égtiBc  de  Zakonm,  c'est  ce  que  je  ne  saurais  dire,  à 
moins  que  Coude  ne  se  soit  trompé  snr  la  lettre  finale  de  ce 
mot,  et  n'ait  pris  nu  (in  mal  formé  pour  un  mtm,auqoeï  «as 
oe  pourrait  être  Sacos,T>etit  village  de  Galice  situé  dan»  la  ju- 
TidicUon  de  SanUago  ;  car  nous  ne  saurions  admettre  que  ce 
poisse  être  Santiago  même,  les  Arabes  le  désignant  fort  clai- 
rement ainsi  que  tout  ce  qui  s'y  rattache  par  Scbaiit  TA  on 
SchanI  Yakoub,  Kenisat  Schant  Yakoob  el  Atiya,  etc.  3,  _ 
El  Maosour  courut  et  ravagea  dans  l'aotomne-de  ecltemème 
année  les  terres  de  Nabarra  et  les  montagnes  albasknenses; 
à  son  retour  a  châtia  les  habitaus  d'Oschma,  d'Alcoba  et 
d'Atincia  qui  s'étaient  révoltés,  et  s'en  revint  à  Cordoue- 
chargé  de  dépouilles.  Ce  fut  à  cette  occasion  que  l'érndit 
poète  ZeydetallA  ben  Alyloi  prfceuta  son  kitab  el  Hemâm 
on  livre  de  la  mort.  £1  Hansour  nomma  dans  cette  expédition 

I  CeU«  iucripUaD,  tiHt  qn*  lei  déUib  tiMOtn  wr  lu  eoMlndioii* 
ffAbd  al  H«l«k  bsa  el  «aiMar  i  F*i,  mm  uaa  induction  pare  «i  limpls  du 
paUl  Karlu,  p.  3S  il  S6  du  mis  otiElnil  da  Mire  GlbltolUqaa  nilloula. 

*  Gande,  e.  08. 

»  Vojim  El  Edria,  t-  clhaai.  _  Li  riritre  tllU,  qoi  pat»  t  dcDi  Item*  a« 
ni  d*  B(n|l*,;o,  «it  «ppalta  par  B  Edrii  mIit  ickani  ValioBt, 


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414 

cAdhi  de  T<dède  le  vali-echoori  de  Gordoue  Alunad  ben  d 
Hakem  ben  Mohammed  et  Ahmerii  ocmna  sons  le  bobi  de  Ebn 
Lébàne,  de  ConWae,  homme  instruit  et  d'une  grande  oëlé- 
biité,  et  mit  à  sa  plac»  Ahmed  ben  Ahd  el  Abi  bea  Fand) 
ben  Abi  el  Honbéb,  Gordooan.  très  ^rudit,  qui  avait  Hé  pré- 
ceptBDT  de  son  fil8  Alid  elH^ek'. 

Abd  el  Helek  âait  de  retoor  en  Andaionsie  k  l'arrirée  de 
son  père,  et  les  fêtes  de  victoire  de  l'on  ae  confondireift 
presque  avec  les  £ètes  naptiaks  de  rautre.Pea  aprte  la  tam- 
pagoe  victorieose  d'£l  Manaoar  ai  Galice  et  en  Tasconu  ea 
efiét,  an  printemps  de  986,  les  noces  d^Bcm  fils  Abdel  Meleà 
avec  la  jeaua  Habibé,  sa  petite-fille  >,  fore^  célébrées  à'Cor- 
doue  avec  nne  pompe  indteontomée  :  il  y  eut  à  cette  occa- 
sion des  réjouissances  publiques  auxquelles  toutes  les  daBaca 
de  la  population,  y  compris  les  -chrétÎBns,  fuient  conTÎëes; 
El  Hansonr  distribua  &  ses  gardes  des  armes  et  de  ricbes  vè- 
temens,  et  fit  faire  des  aumônes  aux  paivres  des  ZaouwiyaB  : 
c'étuent  des  hos^Hces  pour  les  pauvres  de  prof eeaiai, pla- 
cés chacun  sous  le  gouvernement  d'un  ynkel  ou  oiajor- 
dome,  qui  prenait  scnn  de  son  entretien  et  de  sa  police  aux 
frais  del'état.  Le  hadjeb  poussa  la  munificence  josqii'à  ma- 
rier et  à  doter  de  ses  deniers  nn  grand  nombre  d'w[d)elines 
pauvres,  et  les  récompenses  furent  prodiguées  aux  poètes  qui 
célébrèrent  en  vers  les  mérites  et  les  vertus  des  époux  -.  Abou 
Hafs  beu  El  Scaledja,  Ëbu  Abi  el  Hëbab  et  Abou  Taher  el  As- 
tourkoni,  furent  ceux  qui  se  distinguèrent  le  plus,  et  qu'Ël 
Mansour  récompensa  aussi  le  plus  maguifiquemeut.  X<a  céré- 
monie du  muiage  eut  lieu  dans  le  palais  et  dans  les  jardins  de 
l'Almunia,  contigus  aux  palais  de  la  Zahriya,  et  dont  le  kha- 
life fit  présent  à  Ei  Mansour,  quand  celui-ci  lui  demanda  la 

I  Coade,  c.  SB. 

1  Hsbibi  éull  fllle  d'Abdallah  ben  Yahyah  beD  AU  Ahmer,  et  de  Boriha 
fins  d'il  HanMar^  die  était  bIcm  pu  MBséquenl  «t  i  U  bit  peLiie  cmujm 
d^AM  «I  Mttek. 


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4t5 

pennifisùm  d'y  câtfbrar  les  noces  de  son  fik.  L'Almmia  fat 
depnis  appelée  l'Âlaméria,  do  nom  de  ses  ooaTeanx  proprié- 
taires. La  fâte  £at  splendide,  et  telle  qa'on  n'en  arait  œeore 
TU  de  parciUe  à  Cordone  ;  tons  les  jardins  étaient  iUsminés  ; 
dans  les  bosquets  d'orangers  et  de  mjrtn,  [Hrte  des  fon- 
taines, sur  les  bateani  ornés  de  banderolles  qoi  couTraient 
les  bassins  remito  d'ean  limpide,  des  chœurs  de  nnsioieiis 
et  de  voix  chantaient  les  loQanges  des  nonveanx  muiési  des 
jennes  fiUes,  armées  de  Mtons  d'ivoire  et  d'in-,  gardaient  le 
pavilkm  de  la  beQe  épousée  ;  nuds  l'épcox  parriot  à  pénétrer, 
qauBd  la  Doit  fut  vemie,  i  l'aide  des  épéee  dorées  de  ses  amis, 
malgré  la  ooungeose  opposition  des  jennes  filles.  La  fête  dora 
tonte  la  nuit  et  tout  le  jour  Bnivant,  qui  fat  sanetifié  comme 
la  veille  par  les  anmônes  et  les  bonnes  œuvres  ^. 

C'est  vers  le  tempe  même  où  ceci  se  passait,  en  986,  qoe 
Maiiana  place  l'histoire  on  plntAt  le  roman  des  sept  Infons  de 
Lara  on  de  Salas,car  les  deux  noms  leur  sont  attribués,  et  il  y 
a  en  Castille  nne  ville  appelée  Salas  de  loe  Infantes  où,  selon 
la  tradition,  existe  encore  la  maison  qu'ils  habitaient.  Ils 
étaient,  suivant  l'inventeur  de  cette  histoire  lamentable,  de  la 
lignée  même  des  comtes  de  Castille  comme  ne^eox  de  Gnstios 
Gonzalez,  frère  de  Nnnmus  Basera.  Le  comte  qui  gouver- 
nait alors  la  Castille  était  Garcia  Femandez,  fils  du  fameux 
Feman  Gonzalez.  L'aventure  des  Infans,  quoi  qu'il  en  soit 
de  leur  origine,  est  racmttée  comme  il  suit  par  la  plnpart  de» 
historiens  :  ils  disent  qne  les  sept  frères  se  troorant  présens 
à  Bui^os  aux  noces  de  leor  oncle  maternel  tMj  Telasques, 
SMgneor  de  Villaran ,  avec  dofia  Lambca,  d'une  des  princi- 
pales maisons  de  Briviesca,  celle-ci,  se  tenant  ponr  «Censée 
d'an  différent  qoi  survint  entre  Alvaro  Sancbez,  un  de  ses 
parens,  et  Gonzalo,  le  cadet  des  sept  Infens,  lui  fit  jeter  par 
tin  esclave ,  en  signe  de  mépris,  no  morceaa  de  concombre  qui 


>;,l,z,dbyG00gIC' 


4)6 

m  troQTtit  là  par  hasard  tout  trempé  et  flonillé  de  sang.  Câait 
en  ce  tempe-U^^t  Mariana,  le  plus  grand  affront  et  l'iDJine  la 
plos  atroce  que  l'on  pût  Mre  jt  nn  Espagne.  Hariana  génfr- 
Tslise  comme  wi  voit,  et  se  met  à  ma  aîae  ;  il  n'oohlie  qn'one 
chose,  i  savoir  de  qoos  dire  où  il  a  |Hria  oe  qa'il  noos  déUte 
là.  Grt  afboDt,  l'irffeasé  le  vengea  SOT  le  champ  en  donnant  la 
mortàresdive  dans  ks  brasmùneade  diAa  Laml»«  oà  il 
s'était  réfugié.  L'époosée,  hien  qn'elle  n'eAt  de  raSaon  de  se 
plaindrp  qoe  d'ello4nénie,  demanda  vengeance  à  son  ^nox, 
wm-seDlement  contre  Tanteor  de  ce  mairtre,mais  anssi  eontn 
le  père  et  coaHn  les  frères  de  Gonzalo,  comme  si  d'être  de  la 
même  famille  les  avait  faits  tons  coupables  delà  même  Cuite. 
Pour  cmtenter  sa  femme,  Ba;  Telasqnex  attoidit  one  occa- 
sion hvoraUe  :  il  comment  par  intéressa  ks  Hanses  étaUb 
dans  le  voisinage  de  ses  terres  h  ses  projets  de  vengeance,  d, 
de  concert  avec  eui,  il  dressa  nne  embuscade  aox  sept  Infn» 
ses  conâns,  assez  loin  de  Lara  et  de  Salas,  s'il  est  vrai  qoe  ce 
fût  dans  la  campagne  d'Araviana,  près  d'Almeoara,  i  la 
descente  da  Mont  Cayo  (  le  Cannas  dee  andeus);  emboB- 
cade  dans  laquelle  il  réossit  à  tes  attirer,  et  où  tons  les  sept 
eoccotnbërent  avec  Nonains  Sahdns  Irar  goavemrar.  Avant 
«eti,  Bu;  TdasqoeE  s'était  déjà  vengé  de  leur  pÈre  appelé 
Gonzalo  Gostios  en  l'envoyant  an  roi  de  CoMone,  sons  pié- 
teite  d'nne  ambassade.Mariana,  qni  cherche  la  vraisemblance, 
nous  dit  qn'on  pria  très  instamment  oe  roi  ■  par  des  Irttrea 
écrites  en  arabe -de  vouloir  bien  faire  tuer  Gonzalo,  mais  qœ 
le  prince  mnsnlman ,  respetAant  les  cheveux  blancs  et  la 
vieillesse  d'au  homme  si  considérable,  ou  touché  iutériMi- 
rement  d'un  sentiment  d'humanité,  ne  vonlat  point  tremper 
ses  mains  dans  son  sang,  et  crut  que  c'était  assez  de  le  faire 
mettre  en  prison,  œ  qui  fat  exécuté.  Les  tëles  des  sept  frères, 
apportées  à  Cordoae,  furent  mises  sous  les  yeux  de  leur  père, 
qni  les  reconnut  à  peine,  tant  elles  étaient  altérées  et  défigu- 
rées par  la  mort.— La  captivité  de  GoDsalo  Gastioe  cependant 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAFITBE  DU-BEPTIEIU  417 

ne  parût  pu  loi  avoir  été  fort  pesante  :  on  ne  gardait  pas  fort 
étroitement,  à  ce  qa'ii  semble,  à  Cordone,  ni  avec  beanoonp 
d'exactitnâe  le  prisonnier  dans  sa  prison.  L'entrée  en  était 
ouverte,  A  certaines  henres  da  moins,  à  la  sœur  dn  roi  (do  roi 
de  Cordone);  si  bien  que  notre  bon  vieillard,  dont  les  cheveux 
blancs  avaient  paru  mériter  grâce,  en  eut  un  fils  appelé  Mu- 
darra.  Peu  après,  Gonzalo  GnsUus  obtint  sa  liberté,  et  l'on 
ne  nous  dit  pas  bien  poàtivement  ce  qu'il  devint.  L'enfant 
dont  il  vient  d'être  parlé  grandit  cependant,  et,  à  l'âge  de 
quatorze  aos,  par  le  conseil  et  à  la  persuasion  de  sa  mère 
(saur  du  Toi  de  Cordoae),ilalIa  en  Castilla,  où,  à  l'aide  de 
quelques  amis  et  partisans  de  sa  famille,  il  vengea  la  mort 
de  ses  frères  en  ôtant  la  vie  à  Bny  Velasqnez  et  &  doiia 
Lambra  qui  fut  lapidée  et  brûUe  ensuite;  tontes  choses  qni 

.  4^mrent  si  méritoires  au  comte  de  Castille,  qu'après  avoir 
faiî  baptiser  Hudarra,  il  l'arma  chevalier,  et  que  sa  marâtre 
«loiia  Sancha  Velasquez,  mère  des  sept  Infois,  le  déclara 
béritier  de  la  seigneurie  de  Lara,  et  l'adopta  pour  fils,  avec 

■  la  cérémonie  la  pins  ridicule  du  monde,  cërémoaîe  que  Ma- 
riana  déclare  toutefois  être  bien  mémorable ,  encore  qn'nn 
peu  grosfflère  :  —  *  Sa  marfttre,  dit-il,  ayant  résolu  de  le 
prendre  pour  fils ,  usa  de  cette  cérémonie  :  elle  le  fit  entrer 
dans  la  manche  d'une  chemise  fort  ample,  qu'elle  tira  à  soi  de 
façon  &  ce  que  la  tète  sortit  par  le  collet;  elle  le  baisa  ensuite  an 
visage,  an  moyen  de  quoi  elle  l'agrégea  à  sa  famille  et  l'admit 
pour  son  fils  '.>  Ce  Maure  baptisé,  armé  chevalier,  et  adopté 
comme  nons  venons  de  le  vcur,  renouvela  en  CastUle  la  fa- 
niiUe  des  infortunés  Infms,  et  fut  la  sondie,  suivant  la  tra- 
dition, d'une  des  pins  illustres  familles  d'Espagne,  celle  des 
Hanriques  de  Lara,  dont  quelques  uns  furent  en  effet  assez 

*  Sa  mtdruU  mnclU  d>  IsmtUe  por  bljo  niA  dMli  orcmonti  :  mcitùlv  pnr 
la  mnc*  ie  odi  ddj  anchi  camUi,  J  mcAIï  1>  t>b«a  por  el  c(b«ioa  ;  diila 
^1  en  «l  rottro,  MB  qM  It  puA  t  IH  lïmilU  J  ttt\bil)  por  tn  bila  (Hiciiui, 
I.  TUI,  t.  »). 

w.  27 


>;,l,ZDdbyG00gle  _ 


4 1 8  msToiu  D'ispioin. 

illaatres  pour  ponvoir  ae  passer  de  cette  origine  durileresipie. 
La  grande  chronique  castillane  publiée  A  Valladolid  par  ïlo- 
rian  d'Ocampo  est  le  docantrait  le  plus  anden  où  il  soit  parié 
des  sept  Infans  de  Lara  '.  Ce  n'est  pas  malhearensemeat  la 
seule  aventnre  romanesque  on  Mmleose  à  laqoBlle  ait  prMé 
cF^t  cette  chronique;  malgré  le  nom  qn'dlt  porte,  elle  est 
remplie  de  fables  et  de  traditions  populaires  placées  cfartmo- 
logiquement  an  hasard  on  an  gré  de  ses  aatears,et»e  fait  pas 
pins  autorité,  pour  les  temps  anciens  de  l'histoire  d'Espi^^, 
que  ne  le  font  chez  nous  pour  les  temps  de  l'histoire  de  France 
antérieurs  à  Charles  le  Chauve,  ou  même  à  Hugues  Capet,  nos 
grandes  chroniques  royales  de  Saint-Denis  es  longue  vul- 
gaire. C'est  dans  la  grande  chronique  castillane  qu'on  troare 
ansâ  la  fable  de  la  toar  d'Hercule  h  Tolède,  et  les  amours  de 
b  Gava  et  du  roi  Bodericfa  :  quant  à  Mariana  il  n'a  en  garde 
de  contrôler  le  moins  du  monde  le  récit  de  la  mort  des  sqA 
Infans,  et  il  y  a  ajouté  an  contraire  tout  ce  qu'il  a  pu  imaginer 
de  mieux  pour  la  rendre  pins  vraisemblable  >. 


1  GtûDlei  ganeril  d*  Bipiai,  ValUdsUd,  IWH,  da  t'UmfU. 

1  H  eiiila  plofienn  rèdli,  dini  lu  romincerM,  de  li  inglqtK  iTCnlnn  des 
«pt  InhDi ,  ei  il  CD  u\  an,  enire  iDtrci,  dint  Icqael  le  roi  ds  Cordane  doit  U 
MBor  ht  iMBlla  piT  GCDuta  GaiIlM  p«âdol  w  oi^tllè  Mt  aonaé  H^w 
Mr;ceqal  icciue  daai  Is  cbronlqntar  nao  IgnoruM  complèlr  dci  chocet 
ds  te  t«inpt.—  Lu  meillenn  tcrlTijiu  «t  lei  niBlllcDn  rrltlgan  eipigaali 
rsiattVDl  d'illlann  comms  non*  l'iianlim  Am  Ultm  d»  Lira.  Lm  ïdltevi 
ds  It  griBdc  édiUon  de  HarUni,  pabllét  k  ValtMe  «n  1TB7,  Mcsnpa^teal 
le  ricit  da  jtiulte  hlitorlen  de  le  Dole  iDlianle  (t.  m ,  p.  £36)  ;  —  n  nsn- 
tru  Mcrlisr»  m»  MttniiblM  lienen  por  iTentnru  uballereii;»  U  dcstredidi 
tanerle  de  lo*  InbalM  de  Lue,  lu  enoni  de  D.  Goauta  Gettio  cob  U  iBbMi 
de  CArdoTi,  Il  adopcion  de  Undirrt  Gooialei  bijo  de  estoi  burUu  amom, 
j  qui  Mit  bcroe  InHgiDirio  bif«  lido  Ironu  nobiKilma  del  Ui]i|e  de  le« 
■UnriqDee.  Séria  deteDemoi  demeriada  bteer  dematfiadM)  4«  lai  Obala, 
7  nMbo  mu  prodacir  lu  irpHnealoi  cea  qoe  le  detTueu,  qae  paede*  vat 
lu  lectoru  en  lei  op.  Il  7  11  del  libro  11  de  It  Hiilorla  de  la  eaaa  de  Lara, 
del  emdlla  Biliiir,  anoqne  por  reipeto  t  la  ■nlIgUeded  do  la  alreTS  eaU  «•- 
celeate  geneeloBlila  t  aegir  el  incew  de  loi  lieie  Inlkatci  de  Lan.  D.  Jaaa 
de  Ferrera*  IraiA  uablea  lepiradanenle  de  eate  nnnhi  en  el  Un.  Xfi,  cip,  zir, 
f.  9»  de  !■  Blil'df  BiiMiU.  11 


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CHAFiniK  Dn-«tPTDaB.  419 

Balkjn  bfB  Zeîri  cependant,  sitôt  qa'il  ént  appris  la  mort 
d'El  Hassan  ben  Kennoiu  et  le  départ  d'Abd  el  HelelL  du 
Kagreb  el  Aksa,  7  était  rentré  an  nom  da  khalife  faUii- 
mite,  et  s'était  onparé  de  Fèz  et  des  priadpales  forteresses 
do  payB.£l  BCansoor  s'était  empressé  d'y  envoyer  des  troupes 
qui  étaient  rentrées  dans  Fèz,  on  da  moins  dans  le  qoartier 
des  Àndaloas,  d'assant  et  de  Tire  force  :  l'antre  moitié  de  la 
Tille,  (iacée  sons  le  commandement  de  Mohammed  ben  Omar 
de  Melùnez,  avait  tena-bon  qaelqne  temps  ponr  les  Obeydys, 
muijgîé  les  efforts  dn  général  El  Scaledja ,  chai^  par  El 
Mansour  de  diriger  cette  campagne,  qui  ne  pnt  s'en  em- 
parer que  l'anoée  suivante  en  renaissant  ses  troupes  à  celles 
do  Bcheik  beri>er  Aiwa  B^iasch  de  Hagbrawa.  Béanis,  les 
Beitiers  et  les  AndaloiiB  entrèrent  d'assant  dans  le  quartier 
des  Rarawiyns  et  s'»)  emparèrent;  le  goQverneor  Moham- 
med ben  Omar  de  Mekinez  périt  en  combattant  aux  portes, 
et  la  khotbah  fot  dite  de  nonvean  an  nom  de  l'imam  El  Han- 
sonr  Abdallah  Hescham  el  Monvajriad  BiUah  l'Ommyade  de 
Cordoae. 

La  politique  aodalouse,  dans  l'impoisBance  où  étaient  les 
khalifes  d'Espagne  d'exercer  une  domination  absolne  en  Afri- 
que, consistait  è  conserver  sor  le  pays  une  souveraineté  nomi- 
nale, on,  plus  exactement,  spirituelle,  une  sorte  de  demi-suze- 
raineté qui  n'était  pas  sans  rapports  avec  ce  qu'on  entendait 
par  ce  mot  dans  les  pays  où  existait  alors  le  féodalité.  Un  dief 
du  pays  parait  constamment,  dans  l'histoire  dn  Magreb,  in- 
vesti de  la  soaveraineté  temporelle,  moyenoant  l'hommage  et 
le  tribut  rendus  à  l'on  on  à  l'antre  des  deux  khalifes  rivani  : 
c'est  ainsi  qu'eu  377  (987)  un  certain  Zeïri  ben  Atiya,  de  la 
tribu  de  H^hrawa,  qni  avait  été  nommé  émir  des  Zéoètes 
en  368  (97S),  et  qni  s'était  empressé  de  témoigner  un  grand 
zèle  pour  les  intérêts  du  khalife  Hescham  et  de  sou  hadjeb 
£1  Mansonr,  se  rendit  à  Féz  pour  y  fixer  sa  résidence,  et 
pour  y  curcer  la  souveraioeté  ww  le  hautpiolecUnt  da 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


420  msTiuu  d'espaoiib. 

liadjéb  des  Andalons.  Dans  cette  position  Zelri  hea  kùjà 
étendit  sa  domiQatioQ  sur  tOQt  le  Hagreb,  agrandit  et  raf- 
fermit son  empire  sur  les  tribos  aonudes,  non  moins  qne  sor 
celles  qui  habitaient  des  villes  ;  il  profila  des  discordes  qui  di' 
visaient  les  sdieiks  des  difiérentes  tribus  dont  se  composait, 
alors  comme  anjoord'lini,  La  popolation  de  l'Afriqae  septra- 
trionale j  il  les  fomenta  au  besoin.  La  rivalité  de  deoxmembm 
d'une  même  famille  coubibaa  surtout  vere  ce  temps  à  l'ex- 
tension des  ponvoin de ZcSri  bea  Ati;a«ar  les  deux  Magrd», 
toujours  au  non  et  dans  l'intérêt  apparat  du  khalife  om- 
mjade  de  Cordooe.  Abou  el  Bèhàr  ben  Zéiri  ben  Hénàd  de 
Sanhadja  ayant  pris  les  armes  contre  son  neveu  Hansour  ben 
Balkjn  ben  Zeiri  ben  Héoàd,  qui  avaU  succédé  à  son  père  dans 
le  gouvernement  de  l'Yfrikya  pour  les  Obeydjs,  avait  &ùt 
proclamer  dans  la  khothah  le  nom  d'Hescham  el  Houvrayiad 
et  de  son  hadjeb  £1  Hansoor,  et  leur  avait  envoyé  son  ser- 
ment d'ob^Esance.  Dans  ses  lettres  de  soumission  il  annonçwt 
qa'il  venait  d'enlever  aux  scheiks  dévoués  ou  assermentés  aux 
fathimites  les  villes  de  Tlemcen,  de  Wdran,  de  Tennis,  de 
Scahlfah,  de  Schaltal  et  de  Hahadyah ,  ainù  que  les  mon- 
tagnes de  Ladoiz ,  et  une  grande  partie  du  pays  de  Zib. 
A  peine  ces  nonveUea  forent-dles  arrivées  à  Cordooe,  qu'El 
Hansonr  envoya  un  messager  à  Aboul  BèhAr,  chai^  de  lai 
remettre  un  diplôme  de  wali  du  pays  qu'il  venait  de  con- 
quérir, et  un  présent  consistant  en  une  veste  d'faonneur  et 
en  quarante  mille  dnoBts.  Aboul  Bèhàr  resta  deox  mois  sooa 
la  dépendance  que  lui-même  avait  «Perchée;  après  quoi, 
changeant  tout  à  coup  de  bannière ,  il  retourna  aux  fathi- 
mites qn'il  avait  quittés.  Informé  de  cette  inconcevable  incons- 
tance, El  Mansonr  s'en  indigna  et  écrivit  à  Zeiri  ben  Attya 
qn'il  lui  transmettait  le  gouvenument  des  états  d'Abou  cl 
Bèhàr,  et  qu'il  eût  en  conséquence  à  let  faire  rentrer  sous 
son  obéissance.  Zeïri  ben  Atiya  partit  de  Fez  h  la  tête  d'une 
nonibr^ise  année  de  Zénètes  et  d'autres  Berbeis;  il  entra  dans 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


eau>iTHi  ttn-sEnéMB.  431 

les  ïiWTiBces  d'Aboa  el  Bèhàr,qai  s'enfuit  deTant  Inî  etsUa 
joindre  sod  nerea  Hansonr,  fils  de  Balkya,  aïtaDdonnant  à 
Ztâri  ses  terres  et  ses  domaioeB,  sans  même  essayer  de  les 
défendre,  Zeïri  prit  possession  de  Tlemcen  et  de  toat  ce  qoe 
possédait  Aboa  el  B«hdr;  il  étendit  de  toat  côté  sa  domina-' 
tion,et,  b' étant  rendu  maître  de  la  Maaritanie  presque  entière, 
dcpnifl  Soûs  el  Aksa  joBqn'à  Zâb ,  il  fit  part  à  El  Mansonr 
de  ses  saccès ,  et  Ini  ^pivoya  de  ridies  présens  pris  sur  le 
tnitin  qa'il  avait  fait  dans  cette  campagne,  savoir  :  deox 
cents  dieTooi  de  race,  cinquante  grands  chameaux  de  chai^ 
et  de  course,  mille  boucliers  de  cuir  de  Lamta  (Lamta  était, 
saiTant  l'interprétation  de  Moura,  le  nom  de  la  tribu  qui  se 
Uti*  la  première  dans  le  Magreb  à  la  fabrication  des  bon- 
diers  de  cnir  ');  plusienrs  chaînes  d'arcs  et  de  flèches  d'Ei- 
zàn,  des  chats  civettes  de  Lamta,  des  girafes,  une  grande  va- 
riété d'animaux  et  d'oiseani  rares  du  désert,  mille  charges 
de  fruits  de  tonte  espèce  et  plnsieurs  ballots  d'étoffes  pré- 
denses  tissnes  de  la  plus  fine  laine  do  pays».  El  Mansonr, 
charmé  de  ces  présens,  en  témoigna  sa  gratitude  à  Z«îri  en 
le  confirmant  dans  le  gouvernement  dn  Magreb,  tant  en  son 
nom  qu'en  celui  de  l'émir  des  croyans  Hescham  ben  d  Ha- 
kem.  C'est  ainsi  qu'à  la  dynastie  des  Edrisis  succéda  cdle 
des  Zeïris  dans  le  Magreb,  ainsi  nommée  de  ce  Zeïri  ben 
Atiya,  qui  en  fonda  ta  puissance.  -  Le  premier  émir  des  Zé- 
nètes  en  Mauritanie,  dit  Abd  el  Halim,  fut  Zeïri,  fils  d'AUya, 
fils  d'Abdallah,  flls  de  Tyadla,  fils  de  Mohammed,  fils  de 
Ehezar  d  Zenaty  el  Maghrawy  el  Ehezari.  Il  fut  émir  de 
Zenata  l'an  368  (978)  ;  il  fm  étabU  et  demeura  de  cette  sorte 
en  Mauritanie  faisant  la  prière  au  nom  de  Hescham  El  Moo- 
wayiad  et  du  grand  maître  de  sa  maison  El  Mansonr  jusqu'à 
ce  qu'il  se  fût  rendu  maître  de  tontes  les  terres,  tant  des  lau- 

I  UvawÈ,  Rtii.  dm  Sobennoi  qae  nfnnto  H  Vnriupli,  p.  1». 
»  N  XarUi,  r.  M,  '       ' 

DiqilizDdbyGoOglc 


422  Bnioiu  D'BPAan.' 

des  qae  des  grandes  campagnes  enltirées  dn  Hagreb.  H  prit 
possession  des  deux  villes  de  Fez,  et  ses  généraux  £1  Sfsaledja 
et  Abon  Beyiasch  j  entrèrent,  pois  il  y  Tint  ^irès  eux,  et  s'y 
établit  en  377  (9S7)  *.  >  l'es  princes  de  cette  dynastie  famA 
distillés  dans  la  suite  en  Haghravis  et  ¥afroanis^  seton 
qn*ils  appartenaient  à  la  femille  des  Magfaravra  on  k  eelle  des 
Benon  Yafronn.  Haghrava  et  Yafronn,aatears  de  ces  deox 
familles,  étaient  frères  germains,  et  tous  deox  fils  de  Yadyn, 
sixième  descendant  de  Zoiata.  £llei  formaient  donc  deux 
branches  d'nn  même  tronc,  et  c'est  ponrqad  on  donne  amn 
anx  Zélris  le  nom  de  Zénètes.  Nom  verrons  tont  à  rbeare 
qne,  bien  qne  scenrs,  les  deux  tribus  forent  ennemies,  et  qne 
le  chef  des  Benon  Tafronn,¥ali  ben  Yadwab  el  Ya£pooni  qoi, 
dans  le  même  temps  qne  Zeiri  ben  Atiya  avait  été  ptoàamé 
émir  d'nne  portion  des  Zenètes  eu  978,raTÛt  été  de  non  o6té 
destribnsqni  halùtatoitlaTilleetles  campagnes  de  Lewatdi 
dont  il  s'était  emparé ',  nons  verrons,  dis-je,  qne  ce  Yali  en- 
leva F£k  à  Zeiri  pendant  un  voyage  que  cdoi-à  fit  en  Eq»- 
gne  en  992,  et  fat  le  pins  dangereux  comp^tenr  de  aa  do- 
mination dans  le  Magreb. 

Noos  passerons  rapidement  snr  les  campagnesd'El  Mansonr 
contre  les  chrétiens  dans  les  années  qoi  snivirent  la  prise  de 
Barcelone,  sur  celles  an  moins  qui  n'offrent  aucunes  parti- 
cularités remarqu  ables.Nons  consignerons  ici  toatefoislamen- 
Uon  on  le  relevé  des  faits  immédiatement  sohséquens  d'après 
les  sources  tant  arabes  qne  diéttennes.La  Castille  oeeopa  d'a- 
bord de  uouveau,aprÈs  cette  campagne, les  armes  du  h&djeb, 
probablement  an  conuoencaneut  de  986;  il  prit  et  pilla,  sans 
avwr  à  livrer  de  bataille  sérieuse ,  Sepulveda  et  Zomna  ^; 

■  Bl  KatUl,  p.  88. 

iibid.,p.ffir>tMq. 

I  In  ira  MUIT  (sas)  prandlderaDl  (  HiDrl  )  Bsdpnblkt  (Annil,  Csapl^, 
p.  SU).  —  In  en  mit?  prindidcraBi  Zanioram  ,(ibld.,l.  c} —  Prlsieros 
MoFM  à  SrpulTfsa  m  muit  (AnulM  Tol«diDM i, p. ses). — la  cnaxii* 
pnididgrnal  Zarnonm  vi  idibni (c*Wia  dfiideruitv). 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


CHAPmX  DIX-SEPTmiK.  42) 

le  brait  d'an  lowieiiieiit  du  peuples  qui  habitaknt  les  vallées 
orientales  des  Pyrénées  pour  recouvrer  Barcelone,  occapée 
depuis  le  miliea  de  l'année  précédente  par  des  tribas  musul- 
manes insuffisantes  pour  la  peupler  et  presque  pour  la  défen- 
dre, lui  fit  tourner,  selon  toute  ^parence,  sans  désen^iarer, 
ses  pas  vers  la  Catalogne,  où ,  malgré  sa  renommée  d'invin- 
cible, il  éprouva  leonoi  de  se  voir  enlever  par  les  Franks 
la  ville  dtmt  il  avait  &it  la  conquête  sur  eux  dumob  d'une 
année  auparavant.  Il  retourna  en  376  aux  frontières  de  I'ëb- 
pagne  orientale,  disent  les  chroniques  musnlmanes,  et  com- 
battit contre  ceux  d'El  Frank  qui  âaient  descendus  en  grand 
nombre  de  leurs  montagnes  (les  montagnards  d'El  Frank, 
c'est-à-dire  des  P;frénées,  sont  mentionnés,  malgré  tout,  avec 
une  sorte  de  haine  et  de  terreur  par  les  écrivains  arabes); 
il  les  vainquit,  pourvut  à  la  sûreté  de  la  fnmtière,  et  revint  à 
Cordone  chai^  de  dépouilles;  il  était  accompagné  dans  cette 
expédition  par  Mohammed  ben  Abi  Hoossam  el  Tadmiri , 
honune  vertneox  et  austère  qui  avait  longtemps  voyagé  en 
Asie  et  en  AMque;  mais  ce  qui  n'en  d^nenre  pas  moins  cons- 
taté, c'est  qn'£l  Mansonr  ni  Mohammed  ben  Abi  Honssam  el 
Tadmiri,  malgré  les  succès  qoe  l'historien  muHdman  attrttine 
i  leurs  armes,  ne  parait  sauver  Barcelone  qoe  reocniqait 
Borrel  fti  cette  même  année,  et  à  qui  elle  demeura  désor- 
mais '.  La  prise  de  Barcelraie  par  £1  Kansonr  avait  en  Uea 
Boas  Lotbaire,  avant-dernier  nâ  de  la  race  de  Cbariemagne, 
dans  la  vingt-unième  année  de  son  règne;  peu  après,  Lo- 
tbaire était  mort  (leSmars  986),etaTait  en  pour  socceaseur 
son  fils  Louis  qui  mourut  le  22  jmn  987.  Dans  l'intervalle 
Borrel  s'était  adressé  à  Louis  pour  lui  demander  du  secours* . 


(SHt.  CoHll-  BirdD.,  ipiid  Une*,  p.  na). 

1  C'ctlca  qDt  Doiii  iiprend  diw  leure  d«  G«ilwrt  à  Geraidni,  ifaUd'Aa- 
tUIm,  dû  11  ut  dil,  an  m  lM|*|t  difidlw  p«rUc«Uat  à  jHin  mdw  margMit  t 


:,.;,l,ZDdbyG00gle 


424  ttiSTonti  d'espâOhi. 

Lônis  mort  *  s'accomplit  ai  France  la  réT(datioa  mànorablft 
qui  fit  passer  la  ro;aaté  de  la  maison  de  Cbariemagne  à  Ik 
maison  d'Ha^oes-le-Grand.  Les  s«gnearH  et  les  ducs  d'outre 
Loire,  et,  h  pins  forte  raison,  d'entre  Pyrénées,  se  montrèrent 
pen  empressés  à  reeomiaitre  la  MUTeraineté  de  res-dnc  de 
FrancCjHagaes  Gapet;  Borrel  néanmoins,  tonjonrs  loormeaté 
par  le  voisinage  des  Sarrasins,  toojoars  apiw^endast  El  Han- 
soar,  parait  M  avûr  aussi  envoyé  nne  ambassade  vers  le 
«Hmneneement  de  son  r^ne  ponr  en  requérir  des  secoors, 
mais,  à  ce  qn'il  parait,  sans  le  reconnaître  ponr  roi,  an  mmuft 
si  l'on  en  Jnge  par  la  lettre  asses  obscure  qoe  Capet  fit  écrire 
i  Borrel  en  son  nom  par  Gerbert.  Cette  lettre  nons  montre  les 
affaires  de  la  marche  d'Espagne  sons  an  jour  asaes  curieux, 
et  semMe  indiquer  qne  Borrel  n'était  pas  sansqnelqiie  vdl&té, 
en  ces  temps  de  troubles  et  d'anarchie  féodale,  d'ériger  flon 
comté  en  souveraineté  Indépendante'. 

Hagnes  Gapet,  fils  de  Hi^nes-le-Grand,  fnt  sacré  i  Berna 
le  3  juillet  987.  Les  seigneors  du  Langoedoe  et  Borrel  lai- 
mème  hésitèrent  qndqne  temps  encore  entre  le  prétendant 
Charles,  duc  de  la  Basse-Loiraine,  «nde  du  précédait  roi, 
et  Hogoes  Gapet^il  existe  des  actes  de  quelques  seigneurs  de 
la  province  de  Nartwnne  où  les  mots  régnante  Htigme  smit 


—  Dere|«  LuilDTicBqulilul>MturwtitatlUf,atia  •xarciiH  miliim  lorrall» 

lalnrni  sil  (Gtrberl.  cplil.  71). 

■  Quoi  qu'il  en  aoil,  TOld  calts  l«llre,  i  ploi  d'un  tlire  retMrqntbla  ;  c'tst  It 
tll>dMépttrci  de  Gerbert:  — QbU  mlHCicordU  Domlni  pt«T*aieBi  r«(DaB 
FrancDTum  qulBlJuimnm  aobit  coDtallt,  T«ilr«  laqnleladlal  qunprlmBiB 
■■bTenlre  lUIulniu  nstllla  et  inxillo  nottronim  omniam  Bdeltom.  SI  tift 
Sdam  lollait  Dobi»  soilrliqoe  inteMHaribai  pcr  laumoBUiM  dUiUb  c«b- 
tarTtte  TalUt,  ne  rorlé  Tcilru  pirlci  iJennte*  Ttni  ipe  naalil  wlitif  delada- 
nnr,  m*i  «t  eiercttom  noetnin  per  Aquitenlim  diffkMra  caeMTeriU^cvB 
P<mU  ad  ooi  naqaa  proparate,al  el  Bdom  pnwliHB  coDBrBslii  «I  tIm 
•xwciiti  neceutrie*  doeetili.  Qbi  Ib  pnte  li  ton  laaVDiUt  ftobitqu  podM 
obadira  dekgiilli  quim  IimiNilli,  legtLo*  «d  ws*  niqM  1b  PbkIu  diilgllc,  ^«1 
et  not  d«  Teiln  Gdelliiie  lailHceni,  ei  tm  de  notlta  «dTCnta  cerlliiiBiM  rad- 
d«Bl  (Script,  aar.  Frudc,  t,  u  d«  U  mUmUob  de  PnclMMe). 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


CHAPiTBE  Dn-szprdaiE.  435 

aecompagnés  de  gérante  Corolo.  Borrd,  à  tout  prendre, 
parait  s'être  nmitré  dkhiis  récalcitrant,  lùeii  qu'encore  avec 
restrktioD.  Il  eiiste  dans  le  chartolsire  de  l'égliBe  de  Barce- 
lone im  Tienx  dipl6me  donné  le  16  des  calendee  de  novembre 
onno  prtffio  rtgnantt  Vgo  magma  vel  rex.  On  remarque  au 
reste,  «iiMt  qoe  Marca  en  a  fait  l'obserTation,  la  ploB  grande 
variété  dana  les  notes  dtrandogiqQes  de  ce  temps.  La  formule 
la  plus  fréquente  est  régnante  Bugone  rêge,  on  régnante  Hu- 
goM  magno  rege.  On  lit  dans  ploBJenrs  tontefois  régnante  Vgo 
dtiee  vel  rege,  et  dans  qaelqoefr-imesyfron#  rege  qui  dudvm 
fuerat  àitx.  Tels  forent  les  premiers  rapports  de  la  portion 
de  la  Pâiinstde  qoi  avait  jusque  là  relevé  des  deseradans  de 
Oiariemagse.aivec  le  chef  de  la  troisième  race  on  des  Capé- 
tiens, dont  la  descendance  s'est  perpétuée  jusqu'à  nous  '. 

El  Mansoor  fut  pins  heoreux  (377 — 987)  en  Galice  qa'il 
ne  l'avait  été  l'année  précédente  dans  l'Espagne  orientale;  il 
rav^^ea  la  contrée,  oecnpa  Hédina  Coiimria,  arriva  jusqu'à 
Bantjak,  c'est-à-dire  jusqu'à  une  des  égUses  ou  &  on  des 
botffgs  de  ce  nom,  si  nombreux  en  Espagne,  enleva  force  dé- 
poniDes  et  force  eaptib,  et  s'en  retourna  victorienx  à  Cor- 
dose  par  Talavera  et  Tolède  >.  La  prise  de  Goïmbre  est  indi- 
quée par  les  chrâiens  sons  la  mCme  date  qne  par  les  Arabes; 
maie  ils  ajootentà  ce  qne  ceax-d  nous  ea  disent  qu'elle  de- 
meura sept  ans  déserte  et  abandonnée;  après  quoi  les  Ismaélites 
la  repeuplèrent  et  l'habitèrent  jusqu'à  ce  que  la  prit  le  roi 
donFernanden  1064,  comme  nous  le  verrons  en  son  lieu  ^. 


Hl'tnét  «», c.  3  (I.  tT,  p.  H»),  Mpu- 
•rtluaill—  rMurfMkle  nrloal  tmi  la 
Sa  :  —  Pot  mmfu  da  L«U  IV,  rcy  de  Frawlt ,  bIUbo  da  la  Itosa  C>nUh, 
foéalacKipan  mimU*  oaiMt  Bbe*  CaHl«,q«eM  BB(tdo.«B  UemM  par 
cl  mu  de  JbUo,  da  qalaa  daidtDdi  H'  caallBHdt  •aceuioa  Baaatra  Cilhalka 
Maaaru  don  FMpa  QnlBle,  qoa  DIm  gHrda  j  pracpara  (t'èdlUaa  Mt  da 
ITW). 
1  CoBda,  c.  M. 
*  la  «a  MUT  (MT)  •cceplt  ALatnar  CaliDbrifn  m  kilcidw  jqUi  (  Gkr«- 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


426 

Ofl^Snotece  qn'EI  Manaoïir  fit  en  988;  ni  IM  AnbnHi 
les  dirétieas  ne  nous  en  inatraiaent;  rnuB,  ea  reT8iiche,leB 
ans  et  les  antres  mentHHinaat  sous  l'année  9S9  la  prise  de 
trois  Tilka  bot  la  fr«tière  de  GasttUe.  El  Mansonr,  nous  di- 
sent les  ArabeSfConnit  en  cette  aimée  1m  frontièreB  de  Cas- 
tille  et  de  Galice,  brAla  et  détruisit  Oschnia  et  Alcoba,  être- 
Tint  par  AliDeia,  dont  il  abattit  les  moniUea'.  Ces  trois  tïUu, 
irfacées  sor  la  limite  des  deux  daminati<»iB,  reneanent  fré- 
qnerament  dans  le  récit  des,  Arabes,  et  paraisBent  avoir  été 
plnàeors  fois  prises  et  reprises,  démantelées  et  restaurées 
donnt  «es  vingt-cinq  ans  de  goerrea  incessantes,  dont  la 
GastUle  ent  &  sootenir  sa  bonne  part,  et  ne  fnt  pas  la  éa- 
nière  à  souffrir  cradlemoit,  surtout  dans  le  voisiiiage  de 
la  âontière  des  Mmntmans  où  étaient  {séciséaient  ûtnëei 
Akoba  (aDJonrdlmi  Alcobillas),  Osma  et  Atioua  dans  la 
provinee  aetadle  de  Soria. 

Près  de  la  borne  où  chaque  état  commence 
Adcod  épi  n'est  pur  de  aang  bomaia. 

a  dit  le  grand  chansonnier.  Hais  junais  linite  de  deox  doù- 
nattons  ne  ftit  le  Uiâttre  de  cfHnbais  plos  aehamés  ^  de  pins 
terribles  déraalatioos  que  ne  le  fnt  alors  oet  angle  de  terre,  e» 
figure  de  coin,  qne  ÊaaamA  en  se  joignant  les  monts  Idobè- 
des  et  le  Cnadarrama.  Car ,  à  qnelqnes  éternda  ravages 


ntcon  ConlmbriMiue  i.dint  Flotw,  I.  xim ,p.  Ht*).  — Tertio  fciLfnU  11- 
minioT  BtDinet  ctpll  ColImbrliB  et  ilcat  ■  mallii  MalbM  ■odlflBii  a«Hili 
rail  VII  annli,  pcwlM  rendieeiTenini  Mia  bauellUi  at  Udumobi  am  (  Or. 
LniiU,  f.  «CM).  —  En  xsif  M^t  Alnuuor  AbenauMi'  C«HHbriMi  rfnl 
qaldua  Slimi  :  Ml  daiMcu  inb  Tn.  PmIm  cadrant  «dUcan  IDut  Bm- 
iiii«)il«,M  htMUnmUn  UU  mbU  ui.  nclode  apit  iltam  an  nmii 
PentDdM  Tin,  kalendw  AufoM  en  moi  (ION)  (Cfer.  CMlnb.  UU,  iMd.,  f 
SM).  , 

>  C«ide,e.  M.— BraMnni(Mt)pmdH«raatnHrlAt«MW«». !■■««« 
ADfiuU  prandIdanRt  Miori  Ou»,  el  Akdw  Id  nenHoctobii  (au.  CcMfL 
p.  Ml).— CobBiidI  pir  1«  AdmIm  TaledioM  (p. ses), et p«  tettmmtUMt 


>;,l,ZDdbyG00gle 


*  caàpnsi  va-sSBtéta.  427 

qu'elle  semUAt  Aévoaée,  la  CastiUe  était  cependant  en  pro- 
grès, et  en  étiùt  arm^  du  moioB  pour  lors  à  s'appuyer  au 
sud  sur  les  coolreforts  de.  la  grande  chaîne  dont  le  Sooio- 
sierra  est  le  point  calminaiit.  Ce  n'était  plus  un  tout  petit 
recoin  de  terre  que  la  CastUle,  comme  au  temps,  dont  parle 
une  vieille  chanson  espagnole,  qu'Amaya  était  sa  capitale  et 
Fitero  sa  limite. 

Harto  era  Caslilla 
PeqneBo  rincoa 
Qnando  Avaya  era  la  cabeza 
Y  ntero  d  mojon  ■. 

SniTaitt  sa  conttuBe,  le  hadjeb  était  aocompagoé  dam  cette 
expédition  par  deux  célèbres  po^ea  hi^auo-arabes,  Abon 
Ahmer  Ahmed  ben  Dérad|  el  Castali  ou  de  Castalla  (Gazorla), 
notaire  ou  greffier  (khateb)  do  dinan  al  Ata,  ou  caisse  des 
gens  de  guerre,  et  Abou  Herwan  Abd  el  Melek  brai  ^dris, 
plus  connu  dans  la  littérature  orientale  spus  le  uam  de  Ehn 
Hariri'.Bemarqoonsen  passant  le  titre  delà  f<meti«iadmi- 
nistratiTe  qu'exerçait  le  premier  de  ces  poites,  fiba  Déradj 
el  Castali:  nous  savons  que  le  mot  diwan  exprimait,  par 
exoeUaaee,ceqDe,  dansle  langi^  polttiqne  et  diptonatiqne 
moderne,  on  appelle  cabinet,  dans  l'aee^lioB  de  caUnet  des 
Toileries,  par  exemide  i  il  signifiait anan  un eoaseil,  un  comlM, 
an  bureau,  oonuM  nous  disons  leltnrean  de  la  goerre  oo  le 
bureau  des  finances,  et  s'appliquait  k  tons  ceux  de  l'admi- 
oistration'puUiqoe,  7  compris  les  bureaux  de  penepticm  où 
l'on  recueillait  les  taxes  ou  impAts  mis  snr  les  marchandi- 


1  VoT»  BtDilo  KoBUja,  Hwwrlu  de  la  AcidaBU  de  li  Hlitorii,  t.  m.  — 
Hooi  iTODi  p*rlé  d'JiBCji,  p.  2Sa.— Fltera,«a,  Mloa  roMkofripbe  Boderne 
(■lyiratùnu  dnmpltl),  llcto,  Haro  del  CutlUo ,  Tilla  Msalir  da  RfpiAa,  d'iprû 
ïliaako,  proiluU  de  VnrEOi,  p«M«  de  Culroieiii. 

>  Gond*,  c.  W. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


t28  msToms  ù't&pAtmt. 

Bes'.  Le  dimn  de  l'ata  était  le  bnreBa  de  la  solde  on  da  don  *f 
«ar  toUe  âait,  dans  tes  piuniers  tonps  de  l'telainisme,  langni- 
AcatioQ  propre  de  ce  mot  ata;  il  s'entoidait  de  la  paie  des 
tronpes  en  campagne  on  en  pays  ennemi,  et  signifiait  litté- 
ralement le  don.  Abonlféda  s'en  sert  en  parlant  de  l'établisse- 
ment de  la  solde  par  Omar».  Makrisi,  dans  sa  description  de 
YÈgyplB,  dit  que  l'usage  des  Uialifes  onunjades  et  abbas&i- 
des,  osage  qui  remontait  à  Omar,  était  de  faire  fùre  la  per^ 
ceptioD  des  revenos  provenant  des  impAts,  et  de  les  foire 
«■suite  répartir  entre  les  émirs,  les  gonTemeors  et  lies  sd- 
datR,  en  proportion  de  leors  grades,  ce  qni,  dans  les  premiors 
temps,  s'appelait  sis,  le  doa^.  L'^  se  fiùsait  mi  nom  dn 
khdife,  et  l'osage  d'appeler  ainsi  la  paie  des  soldats  s'était 
oonserré  eo  Espagne  sons  les  khalifes  andaloos,  comme  le 
proave  le  titre  de  kbateb  al  divan  al  ata,  donné  plus  hant 
par  le  chroniquenr  mnsolman  an  poète  £ba  Dhéra^  d 
Gastali. 

Les  Arabes  ne  nons  parlent  point  des  expéditions  d'El 
Hansoftr  dans  la  Péninsole  poidant  les  années  090,  991 
et  992 ,  et  les  cbrétiem  ne  mentionnent  sons  ces  années 
«ocone  prise  de  ville.  Si  donc  El  Hansonr  fit,  duis  le  prin- 
temps et  dans  l'antomne  de  chacnne  de  ces  années,  ses  ez- 
péditicms  Mcontomées  contre  les  idtrétiens,  en  vwlà  tâx 
SOT  lesquelles  nons  n'avons  anenne  notice.  La  rébdlion  de 
Sancho  Garcei  oontre  aon  pèie  Garda  FHnandes ,  comte 
de  Castille,  marqoa  en  CastiUe  l'année  990,  et  ea  Galice 
Gondisalvns  Hoiendici  se  sonleva  oontre  Bermnde,  à  pen 
près  dans  le  même  temps.  Ces  deox  rébellions  étaient-dles 
soseitées  par  El  Mansoar?  rien  ne  le  prouve  historiquement  ; 

)  D'ob  le  mot  daHM,  •!  divn,  ■!  dlgNUi,  mIh  l'ftttbofripbe  cipt|Mtt, 


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1  AbBlfkdi,  AnsilM  HnDamid,  U  l,  p.  S». 
*  lUkrbitthwrtpl.  de  l'IejrpM ,  I.  c, 


mus  cela  est  après  tout  vraisemblable.  On  c'a  sarla  pre- 
mière que  deux  conrtes  uoticeg,  tirées  des  petites  chroniques 
que  Florez  a  {riacées  à  la  fia  de  son  vingt-troisième  volume 
{dmmicoMi  pequeUos)*. Sor  la  seconde  un  meilleur  docn- 
ment  nous  éclaire,  c'est  l'acte  de  donation  de  la  Puerto-Maria 
et  du  lien  dit  Becellns  ^te  par  Bermnde  à  l'église  de  Saint- 
Jacques,  dans  l'ère  1031  (993)';  ce  pr^eux  document 
nous  apprend  toutes  les  particularités  de  cette  révolta  sur 
laquelle  on  ne  trouve  rien  dans  les  autres  sources  historiques  : 
comment  des  esclaves  on  des  serfs  du  roi,  au  nombre  de 
trois,  dont  l'on  s'appelfùt  Hatita,  probablement  arabes  et  in- 
fluens  près  de  quelque  tribu  établie  dans  le  voisinage  da 
théâtre  de  la  révolte,  s'étant  enfuis  près  du  rebelle  Gundisal- 
Tus  Menendid ,  celui-ci  s'était  foit  leur  roi,  et,  persévérant  dans 
sa  snpeihe,  avait  refusé  de  les  faire  rentrer  au  service  de  son 
seigneur;  comment,  tandis  qu'il  se  rendait  en  Galice,  Bermude 
fit  arrêter  et  mettre  en  lieu  sûr  le  flls  de  ce  même  Gnndisalvus, 
appelé  Bndesindus,  qui  lui-même  et  de  la  même  manière  lui 
était  rebdle,  afin  d'obtenir  par  lui  le  retour  de  ces  esdaves 
fngitife;  comment,  lorsque  Budesindus  ftit  en  prison,  il  en- 
voya des  sapplians  an  roi  pour  en  obtenir  sa  liberté,  avec 
promesse  qu'il  se  rendrait  ansùtôt  près  de  son  père,  et  ra- 
mènerait lui-même  les  esdares  au  roi,  à  condition  que  s'il 
faisait  cela  il  serait  délivré  et  que  sinon  il  rentrerait  lui-même 
dans  sa  prison.  Ces  promesses  forent  d'ailleurs  cautionnées 
par  trois  notables  d'entre  les  hommes  qui  reconnaissaient  la 
rojanté  de  Veremondus,  savoir  Didacns  Bomanz,  Pelagins 
Henendid  et  Qdi  Didad,  qoi  s'engagèrent  à  payer  au  roi  denx 
cents  sons  d'or  au  cas  où  Budesindns  ne  ramènerait  pas  les 

■  Kn  axiTin  (mo)  rcbelliTltqnB  Sanclu*  Ginli  «d  ptlrtm  nam  comllem 
Oanb PernandM  aiaii  l«ri*  TnUM]aBll  (Aanl.  Couplai.,  p.  Eli],  —  Ktv«l6 
S**cb«  MB  !■  liïrt*  i  n  pwlre  el  CoBde  Gard  FaruDdei  en  aiiTUi  (Anu- 
It»  ToladinM ,  p.  SSS). 

)  V*|nnntM,  Bi^tlUS*tndi,l,uS)P.S8l. 


>;,l,ZDdbyG00glc 


430  mSTOIEX  O'XSPAGni- 

esclaves  aa  jour  fixé  et  demearenùt  près  de  son  père  :  Bude- 
aindas  ratifia  lai-iD.ëDie  la  couTeotion  de  ses  gsrans;  il  fit 
plus,  il  s'eogagea,  au  cas  qu'il  se  dédierait  et  ne  ramènerait 
point  les  esclaves  ou  ne  rentrerait  point  lai-mëme  dans  sa 
prison,  à  perdre  sa  \ille  de  Portumaiînns,  sitaée  au  bord 
du  Minbo,  avec  tontes  ses  richesses,  apanages  et  rerenas.  Il 
pot  se  rendre  ea  conséqaence  près  de  son  père;  mais  il  ne 
tarda  pas  à  foire  savoir  qo'on  pouvait  faire  de  sa  ville  ce 
qu'on  voudrait,attendu  qn'il  ne  rendrait  point  les  esclaves  ni 
ne  rentrerùt  dans  sa  prison.  Les  garans  acceptés  s«  présen- 
tèrent cependant  aa  jonr  m^rqaé,  mais  sans  les  esclaves  eb 
sans  Budesind,  et  le  roi  ajourna  josqa'à  trois  fois  l'assemblée 
pour  leur  donner  le  temps  de  tenir  leor  promesse,  qu'ils 
ne  purent  remplir.  Contraints  de  s'exécuter,  ils  rassemblè- 
rent en&u  les  dea^  cents  sous  d'or,  ou  plutôt  en  apportè- 
rent an  roi  la  valeur  représentative  eu  vases  d'argent,  en 
brides,  sans  doute  du  même  métal  et  d'im  travail  précienx,en 
chevaux  et  en  manteanx  de  laine  on  de  soie.  Toutes  ces  chosee 
ayant  été  mises  à  la  disposition  da  roi,  les  dits  garans  le  firent 
prier  par  les  comtes,  par  les  premiers  ma^trats  et  les  guer- 
riers du  royaume,de  leur  rendre  ces  objets,  et  de  recevoir 
d'eux  en  échange  la  ville  de  Portmnarinus  qui  leur  avait 
été  laissée  h  eux-mêmes  par  Bndesind  pour  couvrir  leur 
caution.  Ce  qiie  le  roi,  mu  par  un  sentiment  d'équité,  leur 
accorda,  et  iis  dressèrent  par  étrit  l'acte  de  cette  cession  de 
k  ville  de  Fortumarinus  au  roi ,  qu'ils  confirmèrent  en  plein 
concile,  en  présence  de  tons.  C'est  cette  villé,en  la  possession 
de  laquelle  il  était  depuis  une  année,  dont,  par  l'inspiratitHi 
de  la  grœ  divine  et  pour  le  salut  de  son  dme,  Bermnde  fit 
cession  à  Dieu,  qui  la  lui  avait  donnée,  et  à  saint  Jac^es 
l'Apôtre,  par  l'acte  dont  ce  qui  précède  est  traduit  la  ]4apart 
du  temps  littéralement.  Il  ajouta  à  la  d<Hiation  de  Puerto-Harin 
celle  d'une  autre  ville  qu'il  tenait  de  ses  aïeux,  appelée  Becelli, 
aujourd'hui  San  Pedro  Becelle,  située  sur  une  colline,  daas 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


cSAPrtBi  rax-sxPTiiiiE.  431 

nne  cftmpagoe  fertile,  sar  la  rive  droite  du  Ferrarias  (ilo  Fer- 
reira)  qui  fonne  là  an  coude,  et  l'entoure  an  n(Htl  et  au  sud 
en  coulant  vers  le  Minho  où  il  débouche.  Bermnde  o^t 
Becetfi  à  Dieu  et  à  boq  eaint  apAtre'  avec  tant  le  territoire 
renfermé  dans  ses  anciennes  limites,  avec  les  hommes  qoi 
rhabitaient,  avec  tous  les  serrices  et  revenus  qu'il  en  reti- 
rait précédemment,  ordonnant  par  te  même  acte  que  toutes 
ces  choses  fussent  et  demeorassent  désormais  k  saint  Jacques. 
Il  apposa  de  pins  à  cette  donation  la  formule  d'UMthëme 
des  rois  goths  :  Si  quelqu'un  s'étevait  contre  cet  acte  de 
aons,,et  tentait  de  le  détruire,  qoi  que  ce  puisse  être,  qu'il 
Boit  excommunié  et  damné  dans  l'enfer.Faitle  deuxième  jour 
des  ides  d'avril  de  l'ère  1031  (12  avril  993)  ■.  — Sor  cette 
époque  obscure  et  de  transition,  c'est  là,  oe  noos  sonble, 
nn  document  tont-à-fait  notable,  et  qai  noua  en  aj^rend 
{dus  qoe  les  plus  longs  récits  de  Hariana. 

C'est  aina  que  l'élise  de  Saint-Jacques  allait  s'enridiis- 
sant  et  étendant  sa  juridiction  sur  les  terres  du  voianage. 
Déjà  tpielqnes  années  auparavant  (en  986),  Bermnde  l'avait 
dotée  de  tons  les  biens  d'un  certain  Sarraeenns  qui,  à  sou 
baptfime,  fat  appelé  DonùnietH  ftn  baptitmo  Don^nicm  fwet- 
tatui  ett  ),  lequel,  fait  prisonnier  à  la  prise  de  Simancas  en 
983,  souffrit  peu  après  te  martyre  à  Cordone,  tqiparemment 
comme  renégat ,  selon  la  loi  musulmane,  et  dcmt  Bermade 
nous  raconte  l'histoire,  avec  quantité  de  détails  cnrieux  et  de 
particularités  qui  font  revivre  l'époque  sons  nos  yeux,  dans 
le  privilège  de  donation  de  ses  biena  à  Véf^aa  de  Saintr 
Jacques*. 

Le  Puerto-Harin  dont  il  s'^t  dans  le  diplôme  de  Bei^ 
mnde,  de  l'an  993,  se  c<HDpoae  aajoord'bni  de  deux  bourgs 


■  CoisparM  sTcclBlcilt  arleiBil  i)»i«P*ppeBdlcB,llDlBdDTalBaw.- 
lMtMrlBjnec"iJ>croli,  coiniBe  naD*,dlpie  d'ans  pirlkuli^reallfirtlai. 


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432  HlktCHU  tt'nPlfiHt. 

sitoés  sur  l«e  deux  rives  opposées  da  Minho:  un  assez  beim 
poDt  de  dix  arcbee,  d'ime  solide  architeetore,  bien  qu'on 
peu  détérioré,  sert  de  commoDication  aoz  habitans.  La  par- 
tie aitaée  SOT  Is  rive  droite  appartenût  n^pière  aox  cher»- 
lien  de  Saintr-Jean-de-JérofialeiB,  à  qui  elle  fat  concédée 
lors  de  l'abolition  de  l'ordre  dea  Tenqdiers,  ses  pranLers 
propriétûresj  c'était  le  obef-Ueo  de  la  oommanderie  de 
Pnerto-MariD,  et  les  commandeoia  de  Saint-Jean  y  posaé- 
daient  aa  fort  beau  palais,  où  étaient  leeardùves  de  lacun- 
manderie,  mais  qoî  malheareusemeDt  ton^  tons  les  j<mn 
en  mines.  L'autre  partie  de  la  ville,  appelée  de  Saint-Piocre 
(San-Pedro  de  Poerto-Harin),  est  située  bot  la  rive  gandie 
du  fleave,  ^  étend  sa  joridiction  sur  six  paroiffies,  ssw^: 
San  Martin  y  Ban  Hamed  de  Castro,  San  Salvador  de  las  Cer- 
tes, Sonta-M aria  de  Francos,  Santiagode  Laje  et  fian  }aan  de 
Loyo.  C'est  de  cette  partie  qu'il  est  tptestion  dans  le  d^pUnc 
de  Bermnde.  Le  ebapitre  de  Santiago  y  exerce  encwe  la  plu- 
part des  droits  conférés  par  ce  diplôme,  et  il  7  possède 
une  cajfr4nlla  où  s'étaldirent,  lors  de  leur  institution,  les 
chevaliers  régnliers  de  Saint-Jaoqnes  du  couvent  de  Lojo, 
dont  les  ruines  subsistent  encore  non  loiii  de  1'^^  de  las 
Cortes. 

Dans  le  même  temps  El  Mansour  s'efforçait  de  rattacher 
de  plus  en  ptns  l'Afrique  à  l'Espagne.  Zeïrï  ben  At^ia,  font 
en  continnant  de  foire  fiùre  la  prière  an  nom  de  l'émir  Hes- 
chom  et  de  son  badjeb  dans  l'anciNi  royaume  des  édriàtes, 
j  consolidait  chaque  jour  sa  puissance  et  préparait  ainsi  l'a- 
venir de  sa  dynastie.  Ses  parens,  ses  amis  et  ses  serntans, 
remplissaient  tous  les  emi^ois,  commandaient  dans  toutes  les 
forteresses;  les  tribus  alliées  de  sa  famille  ou  qui  s'éloiait 
dévouées  à  sa  fortune,  avaient  élevé  leors  tentes  et  leurs  pa- 
villons autour  de  Féz,  et  campaient  dans  les  vastes  et  fertiles 
campagnes  qui  l'environnent.  La  puissance  du  nouvel  émir 
était  deïenue  t^le  en  un  çiot,  qu'El  Mansour  en  conçut  quel* 


>;,l,ZDdbyG00gle 


GBAPmUt   DIX-SEPTIÈHE.  433 

me  ombragCt  «t  Toolat  loi  fure  sei^  sa  d^peadaDce-,  bow 
prétexte  de  VhoiAtrer  il  lai  conféra  an  nom  du  khalife  Hea- 
cham  le, titre  de  wali  de  Gordooe  et  l'appela  ea  Esp^ae 
(382—992).  Zeîri  ne  se  douta  de  rien,  et  se  rendit  ausùtdt 
en  Andalousie  aux  ordres  d'£l  Honaoar,  laissant  le  gonver- 
nement  du  Uaghreb  à  son  fils  Hoezz ,  anqoel  il  ordonna  de 
résider  à  Tlemcea.  Il  désigna  d'ailleurs  pour  sahd>  du  quar- 
tier on  de  la  Tille  des  Andalons  de  Féz,  Abd  el  Rahman  ben 
Abd  el  Rérym  ben  Thaalaba,  et  pour  sabeb  de  la  Tilte  des  Ko- 
ravijns,  AI7  ben  Hobammed  Kasem  ben  Aly  ben  E^aasous,  et 
nomma  kadhi  des  deux  villes  le  docte  fakib  Abou  Mohammed 
Kasem  bea  Abmer  el  Lezdi.  U  partit  en&uite  pour  l'Andalousie 
accompagné  de  trois  cents  cavaliers  des  plus  illnstres  de  sa 
tribu ,  et  d'autant  d'écayers  à  sa  iolde,  formant  sa  suite  et  bob 
domesUopie,  et  muni  de  nouveaux  présens  qui  surpassaient  en 
maguificcnce  tous  ceux  qu'il  avait  faits  jusque  là,  saveur  :  de 
bijoux  prédenx,  d'oiseaux  rares,  dont  un,  entre  antres,  pariait. 
alberberi,  de  civettes  mosquées,  de  chameaux  et  de  cavaleii 
sauvages,  de  belles  panthères  et  de  grands  lions  de  l'AtUiï 
et  du  Bélèd-el-Djérid  renfermés  dans  des  cages  de  fer,  sans 
compter  nn  grofid  nombre  de  mulets  de  bÂt,  chargés  de  dattes. 
choisies  d'El  Zarfdn  et  de  noix  grosses  comme  des  tasses  *-. 
£1  Hansonr,  averti  de  son  arrivée,  lui  fit  faire  une  maguifiqn» 
réception,  le  fit  loger  avec  sa  famille  et  sa  soite  dans  le  cbd. - 
teaà  de  Djàfar  le  hadjeb,  qui  avait  été  confisqué  au  profit 
de  l'état,  et  dans  d'autres  dépendances  royales,  et  le  fit  traiter 
avec  les  plus  grands  honneurs .  Ze'i'ri  et  Mansoar  cependant,  ^.jn 
milien  de  ces  politesses  et  de  ces  cérémonies,  ne  tardèrent., ,M|g 
à  se  prendre  en  haine  l'nn  l'autre.  Ils  en  vinrent  à  s'cSMuser 
et  à  se  brouiller,  dit  l'historien  de  Féz,  parce  que  RUlAreiiQ. 
ment  denx  génies  puissans  et  superbes  comme  ceox-ci  s'aooor^ 
dent  mal  et  ne  peuvent  vivre  ensemble'.  Ii'appareB  tenibla 


>;,l,ZDdbyC00g[c 


434  BHKMBB  D'ZSPAfin. 

cpi'E]  Htmsoor  emi^orait  comme  le  meillenr  moyen  de  goa- 
Tememrat ,  h  ta^a  dont  Hescham  était  traité  par  lai,  tout 
indisposa  Zeïri ,  et  fl  oonçat  dès  lors  une  aversion  j^rofcnde 
ponr  le  hadjeb  ondaloos.  Celoi-râ  eut  l)ean  à  wa  tour 
combler  Zeïri  de  ^^sens,  il  eut  beaii  lai  conférer  le  titre  et 
la  qaaËté  de  wazir-kibir,  on  de  lieutenant- général  dans  le 
Maghreb,  Zeïri  sentit  avec  colère  la  nuûn  de  fer  da  despote,  et 
se  tronTa  pins  humilié  et  plus  effrayé  que  flatté  des  bonnNirs 
dont  il  était  l'objet.  Aussi  ne  qaitta-t-il  pas  l'Espagne  sans 
plaisir  et  se  Mta-t-il  de  gagner  l'Aftiqoe  pour  y  respirer  en 
liberté,  dès  qu'on  érénemest,  grave  d'aillen»,  lui  en  eut  fourni 
le  prétexte.  Nons  avons  parlé  du  chef  de  la  tribu  -des  Beuoa 
Tafironn,  de  Tali  Tadwah  el  Tafronni;  nons  avons  (Ut  qu'il  était 
émir  des  LeTrdtab  et  des  Benou  Yafroun  comme  Zeïri  l'étak 
des  Zénètes  de  Hagbrawah  et  des  tribus  qne  ceux  -  ci  ]bî 
avaient  assujetties  par  les  armes.  Fëz  était  depuis  longtemps 
l'objet  secret  des  vœux  lunbitieox  de  Tadwah  el  Tafrouni,  et  il 
n'avait  pas  tardé,  en  l'absence  de  Zeïri,  à  s'en.rendre  maître. 
Bemarqnons  la  manière  dont  se  déplace  la  puissance  diez  les 
fieuplesDomades  orf;anisés  en  tribus  :  El  Hoezz  ben  Zrîrî  étatt 
passé  &  Tlemeen  sor  t' ordre  de  son  père;  il  avait  été  suivi  par 
les  tribus,  vivant  soos  la  tente,  qui  faisaient  la  principale  force 
des  Zeïris,  et  qui  naguère  s'étaient  groupées  autour  de  Tèz, 
lorsque  Zeïri, choisissant  cette  ville  pour  sa  capitale,  était  venu 
irianter  sous  ses  murs  la  tente  royale,  continuant  la  vie  du  Bé- 
éoain  aux  portes  mêmes  de  la  cité  dont  ses  lieulenans  occii- 
■paient  les  palais  ;  et  cela  avait  suffi  pour  mettre  Yadwafa  lien 
Yaly  en  état  d'eniever  Féz  aux  deux  commandons  que  Zeïri  y 
sv^t  laissés.  Cette  révolution  s'était  accomplie  peu  après  l'ar- 
rivée de  Zeïri  à  Cordouc.  Instruit  de  ce  qui  se  passait  dons  ses 
■états,  U  demanda  aussitôt  la  permission  de  se  porter  à  leur  dé- 
fense; et  El  Mansoor  et  Zeïri  se  quittèrent  avec  toutes  les  ap- 
parencea  d'une  inaltérable  amitié  ;  mais  ce  denùcr  ne  fut  pas 
^lôt  débwçiué  ÀTangerqne,portant la  main  à  sa  t«te,  a  dit; 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


«36 

«HainteBint  je  wit  que  ta  «  à  moi.*  H  MaM>ipait  oa<r«te>- 
nratk)  pmde  «M  qu'il  faisait  du  titre  de  waàx'^ibirqBe  loi 
avaiteoDléréEllIaBBoart.etqiielqo'im  l'ayant  appelé  ainn: 
■  Diea  te  eooloiide,  s'éeria  Zrïri,  iraâr  t  D<Mi ,  par  Dieu ,  mail 
émir,  AI»  d'émir.  >  n  ne  cachait  point  non  plus  oomlàen  il 
étaft  méomiteot  d'El  Mansoar,  et  comUra  il  l'avait  trooTé 
aa-dcasons  déu  renommée,  jnsqne  tt  qa'il  s'étonnait  qa'on  le 
souffrit  an  poste  où  il  s'étùt  placé.  •  S'il  ;  avait  nn  honmie 
ea  Eqmgne,  disait-il,  El  Hansonr  ne  serait  pas  longtemps  ea 
qu'il  Cit.  » 

Zcûi  tootefiùs  ne  manifesta  point  autrement  d'abord  la 
hnne  qu'il  portait  à  El  Mmaonr.  La  politique  lui  conseillait 
de  dissimuler,  alors  sortcmt  qu'un  enn^i  s'était  oavertemait 
«nparé  de  sa  capitale,  et  il  se  porta  contre  Tadwab ,  avecleqnd 
il  en  vint  aussitôt  aux  mains.  Yadwah  était  nn  très  brave 
gBerrier;  les  lubilehs  de  Yafironn  étaient  anssi  très  vaillantes; 
mais  Zeîri  ben  Atjia  eut  le  dessus.  Il  vainquit  Tadwali,  défit 
ses  troupes  pris  ée  Féz  et  le  tua  en  combattant  :  selon  l'usage 
il  lui  coupa  la  tête  et  l'envoya  à  El  Mansonr;  car  il  jugea 
prudent  d'agir  tonjonis  sous  la  stuiv^arde  de  Cordone, 
et ,  bien  qoe  redevenu  maître  du  Haghrd»  comme  auparO' 
vant ,  et  plm  soUdement  peut-être,  Q  fit  maintenir  dans  la 
Uiottiba  le  nom  d'El  Honsonr  avec  cdui  d'Hescham  jusqu'à 
une  meîllenre  occasion. 

C'est  alors  qu'il  se  bâtit  une  nouvelle  capitale  plus  an  cen- 
tre de  ses  âits,  Ouedjdidi,  à  deux  journées  au  sud-ouest  de 
Tlemcen.  Il  ISmioara  de  murailles,  la  fit  flanquer  de  tours  et 
de  portes  fortifiées,  et  y  fit  construire  une  Rossbah,  semblable 
à  une  citadelle,  où  il  déposa  toutes  ses  ricbcssea  et  ses  trésors-, 
il  la  peupla  de  tribus  dévouées  et  en  fit  sa  demeure  royale 
Laconstrucliond'OuedJdah  ne  fut  achevée  que  dans  lemok 
de  redjd)  384  (du  10  août  au  8  septembre  994);  et  l'on  con- 
çoit qne,  pendant  qu'il  était  occupé  de  ces  travaux,  il  ait  soi- 
censément  dissimulé  ses  scntimeus  secrets  &  l'égard  d'El 


>;,l,ZDdbyC00g[e 


43Ç 

Mfuisoar ,  smtiaieDs  qu'il  laisana  bientAt  éclater  avec  toste 
la  -riolence  qui  caractérise  la  race  dont  il  était  issu  ^.  Onedj- 
dah  existe  encore  ;  elle  fait  partiç  des  villes  de  la  régence- 
d'Alger  BODmises  à  la  domioation  française  entre  la  IlifiMet 
leOœd-Maloaya,  et  est  coanoe  de  nos  soldats  sons  le  nom 
d'Oacfada.  C'est  la  Goagida  de  Léon  rAfrifiUQ  dont  il  dit  :■ 
•  Goagida  est  une  trè«  ancienne  ville,  bâtie  par  ks  Africains 
dans  une  vaste  plaine;  elle  est  à  quarante  milles  à  pea  pria  de 
la  Méditerranée  vers  le  midi,  et  (Mxsqne  à  la  méiM  distance 
de  Tlemcen.  Vers  l'occident  et  vers  le  midi  elle  est  bornée  par 
le  désert  d'Angad;  ses  campagnes  B(»t  très  fntiles,  et  Ja  ville 
même  est  partagée  en  deox  par  aae  rivière  qni  j  passe  >.* 
Léon  nous  apprend  encore  que,  de  son  temps,  après  avcnr  été 
très  ricbe ,  Ouedjdah  ne  comptait  plos  qae  mille  cinq  oentt 
musons  habitées,  que  la  langae  des  babitans  était  nne  langoe 
aMcaine  antiqae,  et  qu'à  peine  on  petit  nombre  savait  parler 
l'arabe  corrompa  en  usage  dans  les  villes  de  ctite  partie  do 
Maghreb';  indication  qui  pentnons  faire  comprendrede  qatHe 
race  étaient  les  compagaons  de  Zrïri  et  ce  qu'il  était  Ini-mème. 
Les  évënemena  dn  Maghreb  et  ses  donUes  ganras  annaelles 
dn  printemps  et  de. l'automne  occupèrent  £1  Mansonr  jus- 
qu'en 955  sans  trop  d'éclat;  il  avait  pris  toutefois  en  994  Avila, 
Glunia  et  San-Ëstevan,  forteresses  prises  et  reprises  des  nût 
liers  de  fois  durant  cette  période  critique^;  mais  c'est  à  tort, 
et  contrairement  k  la  véritable  chronologie,  comme  nous  le 
verrons  tout  à  l'heare,  que  Conde  place  au  printemps  de 
384  (994)  la  prise  de  Saint-Jacques,  de  Conpostelle.  La  Gasr. 


1  El  Kart»,  f.  94. V". 

*  Leone  AfricaiM,  iT*  parle,  c*p>  B. 

3  La  lln^DS  lOTo  i  afrltana  inlica,  e  pacht  lono  che  wppiDO  ptriare  l'anbleo 
carroUo  ail'  niaiira  de'  eillidlni  (Ibid.,  l.  <-.). 

*  Vojei  posr  AtIU  Kederich  de  Tolède  (de  Beb.  Bt)f.,  \.  t,  c  M] ,  n  pow 
iHdeas  aoini  la  cbroiilgve  de  ConplHUiinCpeg.  816):  — loenantu^aM) 
preDdlderinil  VatiTi  S.  Siepbuiuii,  cl  Cidnltra  die  HbbiU  xt  bel.  jolli  (17  J«ta 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


CHÀPITHE  SBmÈKB.  437 

tiUe  parait  tcnàr  attiré  particolièremeot  les  annes  du  hadjeb 
dans  cfd  derniers  t^aps.  Eo  l'année  385  (995)  El  Hansour 
partit  de  Gordône  pour  aller  courir  les  terres  des  chrétiens 
sur'  la  frontière  d'El  Schark  (la  fixintière  orientale) ,  noos  di- 
sent les  cfaroniqaes  arabes  :  il  était  acompagné  dans  cette  ex- 
pédition par  le  -wazir  Abd  el  Ifelek  Al>oa  Herwan,  honunc 
de  boa  conseil  et  fort  eipérimenté,  par  Aboal'  Ola  de  Hos- 
sodI  et  par  d'autres  illastres  généraox.  El  Hansonr  se  ren- 
dit aux  frontières'  avec  tant  de  célérité  qu'avant  que  les 
dirétiens  eossenl  appris  son  départ  de  Cordone,  il  était  déjà 
SDT  leurs  terres.  Sur  le  bruit  des  ravages  qa'il  y  exerçait, 
le  digne  fils  de  Feman  Gonzalez,  Garcia  Femandez,  comte  de 
Castille,  appela  à  son  aide  le  roi  de  Navarre  son  parent.  Il  ne 
parait  pas  que  Bermude  soit  intervenu  dans  cette  expédition. 
Les  chrétiens  des  monts  Albaskenses  et  ceux  de  Galice  (  Usée 
de  Castille  )  avaient  réuni  leurs  forces ,  disent  les  Arabes  ,  et 
avaient  rassemblé  leurs  hommes  de  tous  les  cAtés  ;  ils  étaient 
commandés  par  Garschya  Abou  Schandja  ben  Famand,  brave 
guerrier  et  roi  de  cette  partie  des  moub^es  de  la  presqu'île. 
Le  fils  de  Garcia,  Saucho,  qui  s'était  révolté  contre  son  père 
comme  nous  l'avons  vu ,  était-il  rentré  sous  son  obéissance  et 
lui  amena-t-il  ses  hommes  en  cette  occasion?  C'est  de  quoi 
an  passage  de  Boderich  de  Tolède  pourrait  faire  douter  *. 
Quoique  l'intention  des  chrétiens  ne  fût,  à  ce  qn'il  panûssait , 
qae  d'empêcher  les  marches  des  Hosulmaus,  et  de  gagner  du 
temps  pour  réunir  toutes  les  troupes  qu'ils  attendaient,  ils 
fuient  attaqués  par  la  cavalerie  musulmane,  et  un  combat 
s'engagea  qui  fut  soutenu  jusqu'au  soir  avec  la  même  vi- 
goeor  de  part  et  d'autre.  La  nuit  sépara  les  eombattans  ;  mais 
l'ardeur  avec  laquelle  la  lutte  s'était  engagée  annonçait  qu'elle 

>  r«»<>ii  MStf  Ginl*  Ftidiaradl  ull«  fencpiiMi  (dtniiiiiaaH  S«rnM< 
■•TMàlaCotelI*},  tutniBbiltitB  pgl*>(a«,  Itctigcniiii*  InEiiBctfllIiiiii  tm 
dtrlu,  «Htmi  pro  ;UrU  mort,  eus  AtiblbnidvcartiTit  [Kedar.  Tohi.,  de  Ssb. 
■top.,  I.  *,  «.  !•). 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


438 

senùt  reprise  plus  terrible  le  kodemûn.  El  IfaBsoar  Méic|M 
l'ordre  de  bataille  poor  le  joar  soiTOBt.  I«ft  chréti»»  i'i|t- 
poyaicnt  sur  des  boateors  oii  ils  avaient  l'avaDU^  :  le  haAjA 
commanda  à  la  cavalerie  d'éUte  et  aux  arohors  gui  deraieiA, 
dîs  l'aube  du  leDdemaiD,  commencer  U  babùUe,  de  eonibaUnt 
en  se  retirant,  afin  d'attirer  les  ehrétienB  dans  la  plùne.  Le  sbir 
de  ce  même  jonrfdt  marqué  par  on  incMeat  poétique,  tout- 
^fait  Belon  le  génie  du  temps  :  nn  des  lettrés  qtti  soiTiienl 
l'année,  Saëd  ben  el  Hassua,  se  préaraita  i  l'entrée  de  la  time 
royale  du  hadjeb  »  avec  nn  cerf  attaché  par  une  «orde,  wt- 
qod  il  avait  donné  le  nom  de  Ganâa,  et  récitant  des  vers  oJi 
il  prédisait  la  victoire  pour  le  lendemain  et  la  prieedu  chef 


■  T(«  esclave  (disait  le  poète  vonluit  parler  de  lui-oiëme), 
qne  ton  bras  a  soulevé  de  terre,  et  que  tu  as  fi^  «aoUre  socw  k 
pluie  de  tes  Inenfaitt,  t'amène  ce  cerf. 

>  Je  l'ai  nommé  Garcia,  et  je  te  l'amène  avac  ane  corde  au 
coa,  afin  qu'il  te  eoit  nn  prérage  de  ce  qui  arriven  en  e2iiet 
suivant  m&u  pronostic. 

-  Qnc  si  tu  rcç«s  oc  présent  d'an  finMt  serdn,  je  regarderm 
cela  comme  la  plus  inàgne  favenr  qn'il  smt  donné  h  nn  hom»e 
tûcnfaisant  et  libéral  de  me  faire  ■-• 

£1  HansonracceptalQcerf  etle8venaTMÎoie,et&'eat^e- 


[n  leato  ctnniaa  «oeoniulito,  a  ^ao  dct^. 


■  BartM  (M  ipauB  Ismim)  qt 
T««U,  M  4DMa  pruU  (tei 

>  QMBMMiuTlOutiMBittmlUoqitdaM  eameon  tmciM,q««tdlk«t  !■ 
eo  (np,  m  «MBf  u  Oani»)  In  iftclim  hI  omImiIo  ■*§. 

>  Hnai  boc  li  frante  Mnaa  UMpttti,  T«paUbo  M  fplwildiMtavH  bcacft- 
clma,  qmai  Urglrl  qun(  (boe  m(  qauf)  fir  beneflcM  et  HbtralU  (Abalftaa, 
C  n,  f.  BR).  »— Il  T  •  daat  le  UUn  de  U  indeeUsa  V 
le*  a<  Boti  OBire  Stnmi  «t  Cmmt  qo*  qaUtan  p 
ter  diBt  l'uabe.  U  n';  t  due  etUe  tai  _ 
qakUli  «ne  ■'■Utlbae  SnM  bso  al  Buïu  d'e*cbT«  oa  de  unlteni  [iM] 
«UMMT,  «t  le  MH  de  rtointl  doat  U  t'iflt  {kji). 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAPrtBE  DU-SBPTifcU.  439 

tint  nue  partie  de  la  nnit  avec  ses  émirs  des  dispoeitioBs  k 
prendre  pour  le  combat  da  lendemain,  afin  de  rendre  fadle 
l'accomplissement  de  la  prédiction  da  poète.  Dès  le  point  da 
jour  il  fit  sa  prière,  appelant  le  secourB  de  Dieu  sar  les 
armes  mn^lmanes;  il  parcoorat  les  divers  corps  de  l'armée, 
et  fit  sonner  la  charge  :  les  Mnsnlmans  engagèrent  la  bataille 
aa  bmit  des  trompettes  et  des  clairons.  L'air  fnt  obscnrci  par 
des  toorbillons  de  flèches  et  par  les  flots  de  poussière  que 
sonlcTaient  les  pas  des  chevaux  arabes  et  berbers  marchant 
à  l'ennemi  :  lescondncteors  de  l'avgnt-garde  (al  mokadems), 
ainsi  que  cela  était  convenu,  opérèrent  leur  retraite  comme 
cédant  malgré  eux  le  terrain  anx  ennemis  :  ceux-ci,  animés 
par  cet  apparent  avantage,  desceodireot  de  leurs  hauteurs  en 
poussant  d'effroyablestfïris,  qui,  an  rapport  d'un  Arabe  qui 
parait  avoir  pris  part  à  la  bataille,  retentissaient  dans  les 
vallées  environnantes  ;  mais  tandis  que  l'avant-garde  des  Mn- 
sabnans  semblait  être  dans  un  entier  désordre ,  et  le  centre 
de  bataille  sur  le  point  de  prendre  «Hifusément  la  fuite,  la 
cavalerie  de  l'arrière-garde  et  des  ailes  de  l'armée  musulmane 
attaqua  les  cèrétiens  sur  les  deux  flancs,  et  quoique  leurs  gé- 
néraux et  leurs  cavaliers  combattissent  avec  la  plus  grande 
valeur,  l'ardeur  du  pins  grand  nombre  des  soldats  à  pied  fut 
abattue  par  qette  attaque  imprévue;  dans  leur  tooble  ils  se 
débandèrent  et  s'enfuirent  de  tons  côtés  poursuivis  par  la 
cavalerie  :  le  carnage  fut  grand  et  le  nombre  des  prisonniers 
immense,  mais  important  Bortont  par  la  qualité  des  personnes. 
Garcia  Femandez  en  faisait  partie,  snivant  la  prédictioa  poé- 
tique qu'ai  avait  faite  la  veille  SaSd  ben  el  HasBan,comme  s'il 
eût  été  admis  (dit  l'écrivain  ismaélite)  à  lire  dans  les  tables  cé- 
lestes ce  que  le  Dieu  haut  et  tottt  ptûssant  avait  décidé  avant 
le  tempe  dans  les  décrets  étemels  de  sa  providence  <.  Parmi 
dne  les  princspanx  caraliers  ebréticas  eaptib*  arriva  prison- 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


440 

Dîer  le  nri  des  chrétieiis  Garcia ,  continae  le  même  écrivain , 
mais  ëI  gravement  blessé,  qa'il  monrot  pea  de  jours  apris  (le 
cinquième  joati  snlTaot  les  annalistes  chrétiens),  malgré  la 
«Hns  empressés  qa'El  Marisoor  lui  fit  donner  par  ses  méde- 
cins. Cette  bataille  mémorable  eut  lien  dans  le  mois  de  rabi- 
el-akber  365  (da4nuùau  f  juin  995)seloD  tes  Arabes'.  Les 
Annales  de  Gomplntnm,  il  est  vrai,  placent  la  mort  de  Garda 
au  lundi  29  juillet  995,  et  par  conséquent  la  bataille,  si  elle  eut 
liMi  cinq  jours  arant  la  mort  du  comte,  an  25  du  même  mois*. 
Hais  les  annales  de  Gompostelle  et  la  chronrque  de  Borgos 
paraissent  préféraUes  en  ce  que  le  mois  qu'elles  indiquent 
correspond  an  mois  de  rabi-el-akher  donn^  par  les  Arabes. 
D'après  elles,  nous  tronTons  pour  la  date  de  )a  bataille  le  35, 
et  pour  celte  de  la  mort  du  comte,  le  tO  mat  995  ;  elles  nous 
apprennent  de  plus  que  le  théâtre  du  combatfot  entre  Alcocat 
et  Langa^.  Le  corps  de  Garcia,  à  ce  qu'il  paraît,  fut  transporté 
à  Cordoue,  et  proTÏBoirement  déposé  dans  l'église  appelée  dn 
Trois-Saints  :  les  Arabes  nous  dteent  qu'El  Mansour  le  fit 


t  Abuirsdi,  Abb*Im  MMkmicI,  I.  it,  p.  asS;  Coude, c.  lOD,  «le. 

1  In  (Tt  xxtiui  pTcisTrini  Mimii  Cooda  C*nl.FnMDd«i,et  fBJI<iUlM«fu 
dis  II  fori»  Il  lui.  AoBiutl.  —  Cei  dalu  lonl  cxiclct  el  uuanaja  p(r  lo  ni- 
molrtw  inbei,  dUCondc,  chjpitre  100.  Condc  n'a  pw  It  msin  bcnrenieen  fait  d* 
chranoloela.  Oh  i-t-ll  m  qna  ■  cci  diu*  rnivai  axiclci  el^onanaiM  par  tct 
mtaoint  tnbtt?  t  roarl'a&née,  ooi.nuia  noo  ponr  la  ml*.  Le  dt*  a  fcri* 
IT  tal.  Juf.  corrajpDDd,  en  alTat,  m  lundi  SB  do  moli  da  JDlllet;oi,  Conde  loi- 
ntme  donne,  d'tpré*  lei  Anbet,  le  inoli  de  redjeb  Beconde^MBiBia  tyanl  «■  la 
b«uilla  ot  tul  pria  Garcia,  «t  ce  noia  ialamlie  h  couple,  pour  ranote  sas  da 
rbéElra,  comme  noua  FaTona  marqDé  pin*  lunt,  du  4  mai  an  I"  JdId  ImImItc- 
ment.  Il  faadntt ,  dana  aon  prApte  récit ,  df onmadba  el  akher  (  ae  eompUBl  ea 
eetta  asDée  dn  S  anGO|alIlM)peBr  qae  ce  qa'H  dit  fdt  parlis«Dl> 

3  Era  MTiiiii,  loto  die  lai  kalend,  JaDuaiii  (laga  tanll)  captai  et  laacaaW 
(omu  Gansa  Ferdlnandi  In  ripa  de  Dorlo,  el  t  dte  mortna*  fnli,  el  dactM  tùH 
ad  Coidobam,  et  Inda  addocUa  ad  QMlitMB  (Chr.  BnrpM.,  p.  SM).  —  tn 
HXSSTU  (ftft  HixinO,  TDi  lulaDda*  Janaarii  (lege  [onli)  eapiu*  el  lascealM 
fuit  corné*  Ganfa*  Ferdbtaadl  k  Sairacenli  Iniar  Alcocat  ot  Langa,  In  rlba  de 
nodo  :  «t  qnlnUdie  nortna*  fait,  M  dactoi  adCordoban,  et  «^oUn*  iaaue- 
iDi  1res ,  el  Inde  dsctna  fait  ad  CaradlcDun  (  AbhI.  Cospoeid.,  p.  SU).  — 
Noua  ne  dlroaa  rien  d'u  tteni  blflorleo  qal  praad  la  S  d(o  kalaoda*  et  t^ 
peu  la  8  )ala.  , 


>;,l,ZDdbyG00gle 


aupmti  Dix-sEPTifaïK.  441 

mtXtxe  avec  des  parfums  dans  mt  coffire  bien  travaillé  et  m- 
velopper  d'an  riche  drap  fearlate  et  or,  afin  de  l'envoyer  à 
ses  chrétienB,  et  que  lorsqoe  ceux-ci  vinrent  le  chercher, 
ajqHirtant  de  riches  préeens  ponr  le  racheter,  El  Mansoor  ne 
Toolat  rien  accepter,  et  le  fit  condnire  josqa'à  la  frontière 
avec  ime  escorte  pour  lui  faire  honneur  ' . 

Cette  conrtoi«e  cbevaleresqne  n'empêchait  pas  El  Han- 
Boor  de  poursuivre  ses  expéditions,  et  de  mener  l'empire 
comme  il  l'avait  monté,  par  la  guerre  et  par  la  surexcitation 
des  arts  et  de  la  religion.  Dans  le  mois  de  Bcbawal  de  la 
même  année  que  fut  défait  et  tné  Garcia  Femandez  (du 
28  octobre  au  25  novembre  995),  il  vainquit  de  nouveau  les 
chrétiens ,  nons  disent  les  chroniques  arabes  '  ;  mais  ce  fat 
cette  fois  snr  les  terres  de  Léon,  contre  lesquelles  il  n'avait 
point  directement  armé  depuis  plusieurs  années.  Après  sa 
dëfeile ,  le  roi  Bermond  de  Galice  envoya  des  andiassBdenrs 
prèsd'El  Hanaoar  ponr  concerter  avec  loi  un  arrangement, 
(fui  œ  put  être  immédiatement  couda,  à  ce  qu'il  semble,  puis- 
qu'on des  vrazirs  du  divan  de  Gordoue,  Ayoub  ben  Ahmer 
de  Djésirah-SchaUis,  dut  accompaguer  les  envoyés  chrétiens, 
afin  de  traiter  avec  le  roi  Bermond .  Les  plaies  commencèrent 
et  empêchèrent  El  Hansoar  de  poursuivre  son  expédition , 
«t  il  revint  jl  Gordoue,  où  il  fat  re^  avec  de  grands  témoi- 
gnées d'allégresse.  Ayoub  ben  Abmer  ne  tarda  pasàrevenirde 
SOD  ambassade  auprès  du  roi  de  Gidice,  mais  El  Mansbor  ne 
goûta  point  le  traité  qu'il  avait  fait  avec  les  infidèles,  «t,  ayant 
conçu  des  soupçons  contre  loi ,  il  le  fit  inearoérer;  le  hadjeb 
ne  lui  raidit  pobit  la  liberté  tant  ^'il  vécut  ;  ce  ne  fut 
qu'après  la  mort  d'£l  Mansour  que  son  fils  Abd  el  Helèk 
tira  de  i^son  Ayoab  el  Djésirah-Schaltisi'. 


■  AtenlfUba,  1. 1.;  Cosdt,  aU  Hfn. 

3  CoBdi,  I.  c. 

1  Coade,  c.  100.— Ce  «tiii  iUil  de  U  baille  u 


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442 

Garcia  FenutodcBc  était  bean-pèrc  de  Bernmde }  car  dmu 
voyons  constaBU&eDt  ces  familles  privil^:iées  de  la  forUme 
s'allier  entre  elles  jusqu'à  ce  qu'elles  se  soient  toutes  absoi- 
bées  en  une  seole.  Il  résalte  de  divers  docomens  que  U 
femme  de  Garcia  Fernandez  s'appelait  Ava,  et  qn'il  en  eut 
trois  eofane,  savoir  :  Sancho,  dont  nous  venons  de  parler,  et 
qui  lui  succéda  dans  le  comté  ;  Gcloïra,  qui  fut  femine  de 
Bcrmode,  et  Urraca,  qni  prit  l'babit  religieux  dans  le  rnonu- 
tère  de  Saiat-Càeme  et  Saint-fiamien  de  Covarrubias  S  Quel- 
ques hlstorieas  retardent  jasqu'eB  794  la  rébeilicn  de  Sandia 
Garoez  ctnitro  son  père,  auquel  cas  elle  se  lierait  encore 
mieux  avec  la  venue  d'El  Ibnsoar  en  Castille  :  il  n'est  gaire 
probable  toutefois  que  Sandio  ait  livré  aux  HoBulmaos  les 
jdaccs  que  ks  chroniques  castillanes  nons  disent  qn'iis  pri- 
rent, tellw  qu'Avila  •  qni  couMuençait  à  se  peupler  ■ ,  Glunia 
d  San  Estevan'.  Ce  que  disent  la  plupart  des  historiens 
^pagnols  que  Garôa  Fernandez  se  trouva  dans  la  dnniôre 
bataille  â'£l  Mansour,  dont  il  sera  parlé  tout-à-1'heorc,  est 
ai^^  de  faux ,  par  les  faits  mêmes  que  nous  venons  de 


Doux  ans  avant  la  mort  du  comte  Garcia  Femandei  de 
Castille,  en  993,  était  mort  en  Catalc^oe  le  comte  Borrel, 
auquel  succédèrent  ses  deox  fils  Raymond  et  Ermengaad,  le 
premier  dans  le  comté  de  Barcelone,  et  le  second  dans  cehn 
d'Urgel.  Koos  vemms  que  le  OHute  de  Barcelone  eier^  la 
Eonveraîneté  à  peu  près  vingt-cinq  ans,  qu'il  fot  narié  ame 
Ërmesenda,  deJa  maison  des  comtes  de  Garcassonne,  qi'il 
acheva  de  restaurer  U  cqiitale  du  oomft  ravagée  par  la 

■  V«T.V«PW,Con>Blc«d«8nBedlO,  L  I,  «ktII, 8, M.  Bt, «le, «t  Un 
ttptÊ»  BagnÙM,  L  xxiTii  inilr.  e, 

iCaaqnE  liter  pilremelfitlameiuldUeordi*conciUU,SuneMir<MMBl^ 
ImpeUw  babtwrunt,  ni  Culell*  unainoi  iDTiiaalct,  AboUm,  qmm  popnUrt  e«p»- 
ru,  dMlraurant,  ClanluB  «i  MactaB  SUpbw^  ooMpvul,  emiat  at  htta- 
dia  In  pilib  «ivicenUi  CRod«r.ToUt.,de  lab.  Hdp.,  1.  c).— AoMt.  C«nv>*l-' 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAHntl  JHX-&IPTlÈia-  443 

Arabes  sous  son  prédédesscDr,  ety  moarnt  cd  1017,  lidssant 
on  neiil  fils  appelé  Béranger.  Lg  comte  d'Ui^t  Ermengaud, 
appelle  le  Cordouan,  parce  qa'il  mourut  près  de  Cordone, 
nous  verrous  comment  par  la  suite,  gouverna  son  comté  pen- 
dant dix-huit  ans,  de  993  à  1010,  année  de  sa  mort,  et  eut 
ponr  fils  et  snccessenr  Ermeugaud  II.  An  temps  de  ces  deux 
comtes,  en  990,  moarnt  Oliva  Gabrcta,  comte  de  Bcsalu  et  de 
Cerdagne,danB  la  soixante-deuxième  année  de  son  goavemc- 
ment.  Il  laissa  trois  fils,  nés  d'ËrmcDgardo  sa  femme,  qui  loi 
survécut,  Bembard,  Oliva  et  Guifred.  Bernard,  appelé  Tail- 
lefer,  et  par  eontractioa  Tainfer  (icitidmi  ferrum),  succéda 
à  son  père  dans  le  comté  de  Besalu,  et  l'occupa  l'espace  de 
trente  ans  accomplis'.  RaTmond  et  Ermengaud,  non  plus 
que  Bemliard  TaiUefer,  n'eurent  aucune  occasion  de  se  me- 
sofcr  avec  les  Arabes  jusqu'après  ta  mort  d'El  Hansour,  et 
la  Calaiogae  se  remit  sou  leur  gouvernement  des  secousses 
et  des  dévastaticms  précédemment  souffertes. 

Les  docnmens  srait  muets  sur  les  gazwas  d'£l  Hansour 
eu  996i  mais  ea  997  eut  lieu  la  plus  célèbre  de  tontes  celles 
du  badjeb  ;  nous  voulons  parler  de  celle  qu'il  dirigea  contre 
Saint-Jacques  de  Compostelle,  h  l'instigatioa  des  comtes  chré- 
tiens de  la  Galice  méridionale.  Noos  trouvons  toutefois  dans 
Gonde,toutau  commencement  de  cette  aaiiée,lamentiond'uDe 
antre  expédition  qui^ffécëdacelledc  SainUacqoes,  expédition 
d'un  caractère  eii^ialier,  et  faite  dans  nu  pays  et  dans  une 
saison  qui  indiquent  qn'nn'  grand  intérêt  l'avait  motivée. 
Dans  le  moisdesafar  187  (du  12  février  au  12inars  997)  El 
MansouT ,  dit  l'historien  arabe ,  courut  et  ravagea  les  terres 
d'Aloba,  et  distribua  i  ses  troupes  tout  le  butin  qn'il  fit , 
y  compris  la  part  qai  revenait  an  khalife,  sur  raulorisation 
ex^we  que  l'imam  Hesdia»  lu  en  avait  dtmnée  pour  cette 


>;,l,ZDdbyG00gIC         -^ 


444  HIST(»EB  ù'KSfA&m. 

expéditiOD,  ea  eonsidératioti  de  ce  qu'elle  avùt  lirai  pendant 
la  saison  du  froid  et  des  ploies  '.  Contre  qui  était^e  dliigée 
et  poar  quelle  cause  entreprise,  dans  des  circonstances  si  fort 
endebon  des  hobitades  da  h&djeb  et  de  ses  hommes  de  gaerre? 
c'est  de  quoi  les  rares  monumens  qui  nous  restent  sur  l'histoire 
de  la  Navarre  et  de  laVasconie  à  cette  époque  ne  nous  instrui- 
sent point.  Noos  savonsenrevancbe  parfaitement  qae  la  grande 
expédition  connue  dans  les  fastes  militaires  des  Arabes  sons  le 
nom  de  gaewat  de  Schaiit  Yakoub  fut  provoquée  par  les  comtes 
de  Gabce  rebelles  à  Bermude  comme  ils  l'avaient  été  anx  r(ÛB 
précédens,  et  à  la  tite  desquels  étak  ce  Roderich ,  fils  de  Yé- 
lasco,  dont  la  mère  était  venue  solliciter  les  seconrs  d'El  Hakem 
contre  Soncho  le  Gras.  La  même  cause  continnaitd'emplojer 
les  mêmes  moyens.  Bermude  avait,  quelque  temps  aaparaTant, 
remplacé  le  turbulent  évéqne  de  Compostelle,  Pelage,  sncces- 
senr  dn  turitulent  Sisnand,  par  Pierre  de  Hosonce,  moine 
vénérable  et  plan  des  verbis  de  son  état  ;  il  n*en  avait  pas 
falln  davantage  ponr  mettre  le  père  de  Pelage  à  la  tête  de  la 
coalition,  et  poorle  décider  Rappeler  El  Hansonr  eu  Galice*. 
Hais  je  laisserai  raconter  cette  campagne  tont  entière  par' 
rbistorien  musulman  £1  Makkari,  dont  le  récit  n'a  jusqu'ici 
été  ni  traduit  ni  même  consulté  par  personne,  et  qui  donne 
sur  cette  expédition  célèbre  lee  détails  les  pins  circonstandés^  :  ' 
>  Gaswat  d'El  Hansonr  contre  la  ville  de  Schant-Takoub, 
le  point  le  pins  recnlé  de  la  Galice,  et  le  principal  sonctuairB 
des  chrétiens  de  l'Àndalons  et'  de  la  portion  de  la  grande 
terre  qai  7  est  contignë.  Son  église  âàit ,  dans  leur  opinion, 


■  Caait,  c.  101, 

3  Inlorat  Rnderlcw  Valiiqni  ei  ptUr  pratill  aplteopl  eom  cMcrli  m 
larra  hitn*  StrTMCMnun  coin  due  aoram  AlneiM  ta  ptHM  iMM  Inxtt  (Slit. 
CompMt.,  1. 1,  c,  3,  ODm.  G). 

'  le  croli  daTclr  m'antorlaei  la  «1  codroll  du  non  de  M.  Baluod  ;  c'Mt  à  1* 
cncIniMQblieMiicsdeceHnatorieDUUilcfDefedaii.dapMTvCrdoaBM  wm 
tradacUoD  d«  I*  nItUop  d'El  ll*kk*rl  BMl»|«iqa'*ii  Kiwpvla.  - 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAPTTU  UlX-SBPnÈUK.  445 

«0-  4o*est  la  Eaaba  pour  nous.  Us  jninDt  par  elle  et  ils  s'y 
fendent  en  péleriBage  des  contrées  de  Borne  et  des  pa;s  ao- 
deli.  Letombeaa  qa'ilsy  visitent  est,  â&ns  leor  opinion,  le 
tombeande  Yakoob  l'apAtre,  l'on  des  donze,  et  celai  d'entre 
onxqai  était  le  plus  aimé  d'Isaa'  (snr  notre  prophète  et  sur  loi 
soit  le  salât  et  la.  paix  I  )  :  ils  l'affilent  même  le  frère  d'Isaa 
parce  cpi'il  était  tonjonrs  avec  M;  Jacob  dans  leor  langue  est 
la  mtane  cboae  qne  Yakoob  ;  il  était  évéqœ  de  Jémsalem.  U 
se  mit  à  parcoarir  la  terre  appdbnt  les  hommes  à  la  religion 
jnsqa'Ji  oe  qu'il  arriva  dans  ces  contre  âoignées  ;  ensuite  il 
letooma  en  Sjrie,  etil  7  moomtâgé  de  cent  vingt  ans  s»- 
laires.  Ses  disciples  enlevèrent  son  oorps,  et  l'enterrèrent  dus 
cette  ^lise  qui  était  le  lien  le  pins  recnlé  où  tl  eût  pénétré'. 
■  Aucun  des  princes  de  l'islamisme  (BColonli  el  Islam)  n'  avait 
osé  se  diriger  vers  ce  pays  ni  y  pénétrer,  à  cause  de  son  abord 
diffidle ,  de  l'aspérité  de  son  sol  et  de  son  élfflgnement.  El 
ManBOOT  choisit  oe  point  pour  son  expédition  sacrée  (gas- 
wat)  de  la  saison  d'été,  en  l'année  387  ,  et  partit  de  Cordoœ 
le  23  de  djonmada-el-akher  (3  juillet  997);  û'étatt  sa  quarante^ 
hoitième  gazvat.  U  prit  son  chemin  par  Coria.  Quand  'A 
tôt  arrivé  dan»  la  ville  de  Gbalyda  (probablemeot  Gallegos, 
bonif  royal  sttoé  à  mi-cbemin  do  fort  de  la  Conception  k 
Almeida.campo  de  ÀigaOan,  àtroislimesàpenprèsdeCindad 
Bodrigo),  il  fat  rejoint  par  un  grand  nombre  de  comtes 
(konamès,  pinr.  arabe  do  mot  latin  eomts)  soumis  à  s(»i 
autorité,  avec  leurs  hommes,  et  dans  le  plus  bel  équipement. 
Ii'armée  passa  outre,  et  ils  se  mirrait  en  roote  ponr  participer 
à  sm  incursion  (  il  y  a  ^oprement  dans  l'arabe  poor  faire 
leur  'moghawiaa).  Or,  El  Mansoor  avùt  fait  construire  une 


>  El  HaUtri  idopl«  Id,  wioine  on  toU,  od  da  meioi  icceptc  la  irtdlUou  p». 
pnblreeDBipignedufayactd»  Jicqati  Zitiiitl  dtnilaPiniHnle.Voj.cl-deT. 
i.  Il,  ■pp«i>'tee  su,  p.  HI4. 


>;,l,ZDdbyG00gIC  


flotte  duis  le  Ubd  appelé  le  dutean  d'Afaoodanh  (Kam  Ak*- 
dmfeg),  port  des  Aigarve8(algfaarbdAndaloM).Il«>awBlMi 
garnir  les  TaisBeBDX  d'un  grand  nombre  de  gemâe  mar<Adi 
pliuieara  oorpe  d'infanterie.  De  plos  ils  Aûent  dui^  de 
proTtaiflos  de  bcmche,  de  mnnilïonft  ^  d'armes.  La  flotte 
arriva  à  fior^al  snr  le  fleave  iqipelé  Dw^ra;  elle  entra  dam 
le  fleaw  jusqu'à  l'endroit  qn'Kl  Blansonr  aToit  fixé.pow  te 
passage.  U,  El  Hansonr  fit  ctHistniire  à  l'aide  de  cette  flotte 
on  pont,  pTÈs  de  la  forteresft  mii  se  troaie  en  cet  endroit. 
OndébarqiialesaptHVTisionnemoasdacAtédfl  l'arma,  qnï  pu 
là  put  vivre  dans  l'abondance  joçfa'an  moment  qu'elle  entn 
sur  le  HOl  eluiaBÎ.  EOBnite  El  MaUBoor  se  remit  en  marcbe, 
se  dirigeant  vers  Santiago;  il  traversa  des  r^ons  à  une  gnuadi 
disUoce  les  ones  des  antres.  Il  traversa  nn  gcand  nondMt)  da 
rivières  «msidérables  et  de  canaux  (khalidj)  où  itnuHrtait 
l'eao  de  la  aier  V«rte(dBabr  al  Akbdbar).  Ensnlto  ramëe 
pénétra  dMU  de  mt^siflqus  pUiites  du  pajTB  de  Failti»  et  SB 
le  territoire  Toiôn  ;  pois  elle  arriva  devant  nne  mttUagne 
très  âev^  et  d'on  accès  très  difficile  où  les  guides  ne  poa- 
vatent  être  d'aacoa  secours.  £1  Hansonr  ordonna  de  reeonrir 
au  fer  potur  eteoser  des  cbeoùnE  et  pour  aplani  la  voie,  et 
l'armée  se  fraya  nn  passage.  Après  cda  on  traversa  bi  irnbn 
de  Hinia  (Wadi-Myniat),  et  les  Kusulmans  se  déployèrat 
dans  de  vastes  {daines;  lesr  armée  s'avança  jasqu'aa  taaaat- 
tère  de  Sta-Cosme  (Oeyr  Kosnan)  et  à  la  plaine  de  Bdboioa 
snr  la  mer  envinmnante;  ils  prirent  la  fortereaae  de  Schant 
Bélayeh  (Ban  Payo  près  de  la  ria  de  Vigt^  qu'ils  pUi^<eat,  A 
s'avancèrent  jusqu'à  une  Ile  de  la  mer  environnante  où  s'étaient 
rérugiiis  un  grand  nombre  d' babttans  de  lacontrée;  ces  babitans 
farentfaitscapti&.L'arméeparvintiasqn'à  la  montagne  de  Hé- 
raHjah  (presqu'île  de  Morazzo)qui  touche  par  la  plupart  de  «ea 
odtéa  à lamer  environnante.  Ils  cbaft^rent  de  la  montagne  ks 
personnes  qui  »'y  étaient  réfugies,  et  s'enricbirvQt  de  batiu* 


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GâApmx  Dix-SEmiMi.'  447 

Ensaite  les  Bbisulmans  traTersèrent  on  caoal  dans  des  en- 
droits qd  leur  étaient  in^qaés  par  les  guides  (sans  doote 
la  ria  de  Ponteredra);  ils  franchirent  le  nahr  Ayalah  (rio 
Ulla),  et  entrèrent  dans  des  plaines  vastes  et  très  bien 
cnltivées;  pais  ils  armèrent  dans  un  lien  d'entre  les  lienx 
sainte  de  Takonb,  on  des  endroite  pour  lesquels  les  chrétiens 
avaient  une  grande  dévotion  (probablement  £1  Fadron).  Les 
gens  pieux  d'entre  eux  s'y  rendaient  des  contrées  les  plus 
éloignées,  telles  que  le  pays  des  Kophtes  et  le  pays  des  Nu- 
biens. Les  Hnsulmans  rasèrent  ce  sanctuaire,  puis  ils  arrivè- 
rent devant  la  ville  de  Saint- Jacques.  On  était  alors  an  mer- 
credi2de  schaaban(10  août997);  les  Musulmans  trouvèrent 
la  ville  vide  d'habitans.  Us  s'emparèrent  des  richesses  qui  s'y 
trouvaient,  détruisirent  ses  édifices,  ses  remparts  et  son  église, 
et  en  effacèrent  les  traces  ;  mais  El  Hansour  plaça  auprès  du 
tombefui  des  hommes  chargés  de  le  garder  et  de  le  préserver 
de  toute  atteinte.  L'église  formait  on  édifice  solide  et  il  fut 
rasé  an  point  qu'on  n'aurait  pas  eoupçoimé  qu'il  amâ%  existé 
la  veiUe.  Après  que  le  pays  eut  été  dévasté,  l'armée  arriva  à 
l'Ile  de  Scbant-Mankas  sur  les  bords  de  la  mer  environnante 
(SanCosme  de  Hayanca,  donnant  son  nom  h  la  presqu'île  for- 
mée par  les  deux  rias  de  la  Coruûa  el  de  Betanzos);  c'est  un 
lieu  oiï  aucun  Musulman  n'était  arrivé  jusque  là,  et  qu'au- 
cun pas  n'avait  foiilé  si  ce  n'est  celui  des  gens  dn  pays.  A  par- 
tir de  là,  les  chevaux  n'eurent  plus  la  faculté  de  se  mouvoir. 
El  Mansonr  ordonna  donc  la  retraite  en  se  dirigeant  vers  la 
contrée  occupée  par  Bermond,  fils  de  Ordon,  (parLugo  sans 
doute),  qu'il  livra  au  pillage,  jusqu'à  ce  qu'il  eut  atteint  les 
provinces  des  comtes  alliés  qui  étaient  dans  son  armée 
(konamës  al  moahydyn),  dont  il  fit  respecter  le  territoire.  H 
arriva  dans  sa  marcbe  devant  le  chAteau  (tuissr)  de  Balyka; 
(nous  avons  quelque  raison  de  croire  que  c'est  Yallecos,  à  peu 
de  distance  d«  Cindad  Bodrigo);  là  il  se  fit  piéeeoter  tous  leg 
comtes,  chacun  sniTsut  son  rang;  il  les  babilla  ainsi  que  lean 


>;,l,ZDdbyC00g[e 


448  MBTIHBB  DESCAAHL 

hommes,  ft  les  Tenvoya  dans  leur  paye.  En  même  tcn^ 
il  écrivit  de  Balyka  une  relation  de  ses  Ticloires.  n  fit  dirtri- 
bner  dans  cette  campagne  soit  aux  princes  dirélieiiB  (nudook 
al  roiim)  soit  aox  HosolmanB  auxquels  il  Toolait  lAnnign^y 
sa  satia&ctioD,  2285  |nèces  d'étoffe  de  soie  ordinaire  de  tonte 
espèce; vingt-onvètemensdelaine de Ianier(peat-étre  d'ootre- 
mer),  deux  Tëtemeas  d'ambre,  orne  siklatonns,  qninie  nia> 
scbats,  sept  n&nats  ou  sémats  de  soie,  deux  habits  de  soie 
grecqne  (ronmi,  de  Constantinople)  et  nne  foonure  de  fakdi 
(de  belette,  muttella  fenaria,  vulgà  fauvinia). 

■  L'année  entière  arriva  à  Gordooe  chargée  de  batin,  et 
après  avoir  convert  l'islamisme  de  gloire.  On  n'avait  troiné 
k  SehantTakonb  qa'im  scbeik  d'entre  les  moines  rabbAns  qn 
était  «ssissar  le  tombeau.  On  Ini  demanda  ce  qu'il  faisiùt  U; 
il  répondit:  Je  vis  avec  Jacques.  El  Haneoor  ordonna  de  le 
respecter^.» 

Hurpby  abrège  évidemment,  en  l'altérant,  le  récit  d'Kl 
Hakkari  :  *  Dans  sa  quarante-huitième  expédititm  omitre 
les  infidèles,  dit-il,  il  prit  la  ville  de  Saint-Jacqoee,  à  l'ex- 
trémité de  la  Galice,  où  ancna  prince  musulman  n'avait  en- 
core pénétré  avant  loi .  Les  Européens  professent  ponr  l'élise 
de  cette  ville  une  vénération  égale  à  celle  des  Musulmans  pour 
la  Caaba,  parce  qu'ils  croient  que  le  corps  de  saint  Jacques, 
frère  de  Jésus-Christ  et  évëqne  de  Jérusriem,  a  âé  inhumé 
dans  ce  lieu.  Almansur  partit  de  Gordoue  pour  cette  expé- 
dition te  samedi  23  du  mois  de  jumadi,  en  387,  et  ayant 
équipé  nne  flotte  et  rassemblé  des  provisions  à  Oporto,  il 
se  dirigea  sur  cette  place  par  Coria,  et  arriva  devant  Saint- 
Jacques  le  mercredi  second  jour  du  mois  de  shaaban  [to 
août).  Il  trouva  la  ville  abandonnée  par  tous  les  habitans, 
&  l'exception  d'un  vieux  moine,  qui  était  assis  sur  le  tom- 
beau de  saint  Jacques.  Les  Musulmans  s'occupèrent  à  ras- 

I  El  Haklurl,  mn.  ntb.  da  U  DtU.  royale,  n*  TOI,  fbl.  IM  ti  wIt, 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


CBAPTIBE  MX-SZPTIÈIIB.  449 

sembler  du  batin;  pais  ils  abattirent  les  mors,  les  maisu» 
et  l'église,  mais  ils  respectèrent  le  tombeau,  qni  était  d'an  tra- 
vail achevé,  et  le  vieux  moine,  qui  forent  épargnés  l'oa  et 
l'antre  et  sauvés  par  la:  volonté  d'Almansnr.  De  là,  il  s'avança 
avec  son  année  vers  Vile  de  Saint-Mabalas  (sic),  le  point  te 
jdos  éloigné  atteint  jusqu'à  ce  joor  par  les  Hosuhnans.  Al- 
mansnr  parconmt  alors  te  territoire  de  Bomond,  fils  d'Oi- 
d0Ûo,  et  le  dévasta,  jnsqo'à  ce  qa'it  atteignit  les  terres  dès 
comtes  confédérés  qui  suivaient  ses  enseignes.  II  fît  respec- 
ter leurs  possessions,  et,  &  son  arrivée  à  la  forteresse  de  Bolkia, 
leur  distribua  des  récompenses,  ainsi  qo'à  ses  officiers,  et  les 
renvoyadiezenx'.  • 

Dans  on  antre  endroit,  £1  Makkari  nous  dit  qn'El  Han- 
sonr  voulut  que  les  captife  dirétiens  portassent  tes  cloches  de 
Saint-Jacques  sur  leurs  épaules  jusqu'à  Cordoue,  pendant  un 
espace  de  près  de  deux  cents  lieues  ;  il  j  entra  en  tri<»q>be 
précédé  de  quatre  mille  prisonniers,  filles  et  garçons,  et  de 
nombreuses  charrettes  chargées  de  l'or,  de  l'aident  monnayé, 
et  de  tous  les  objets  précieux  pris  sur  l'ennemi  durant  ta 
campagne  :  les  cloches  furent  suspendues  dans  ta  grande 
mosquée  pour  y  servir  de  lampes  ;  elles  y  demeurèrent  jusqu'à 
ta  prise  de  Gordoue  par  sftint  Ferdinand  qui,  à  son  tMir, 
les  fit  reporter  en  Galice  sur  les  épaules  des  captif  musul- 

Conde  place  la  prise  de  l'église  de  Saint-Jacques  trois  ans 
.plus  tôt^sans  indiquer  d'uUeurs  ni  le  mois  ni  le  jour;  mais 
son  récit  sec,  écourté,  et  fort  évidemment  d'un  annaliste 
mal  informé,  ne  saurait  oondure  contre  celui  d'£l  Hakkari 


I  Horph}, CI. — 
freni  plu  >ucaDe  iBctofie  cupbuiqDa  ■' 
rapporlBut. 

I  SI  Kikkarl,  mu.  iribs,  n'IOS,  fui.  81.— CanQnni  pirllodcrkb  dcTolMs  : 
CBi>>p*>uialDom  liiil|9Biu  Tklorla  xcuiq  lolii  el  to  Maïqolu  Cordobcul 
pro  bmpidibu  callociTil,  qna  loago  knipora  ibi  fattuoi  (Ksdrr.  Talcb,  it 
llcb.Hlip.,1.  T,c.l6}. 

IT.  29 


>;,l,ZDdbyG00gle 


qui  porte  tons  les  caraetères.  d'ime  rdibon  i^iuûre  éerilo 
d'après  les  méiaoireB  de  qadqoe  officier  de  l'expéditHm,  A  ee 
B'eit  SOT  la  relation  qpt'Il  Hansoar  en  rédigea  M-rnèm»  dam 
la  forteresBe  de  Balyka '. 

Ainsi  donc  on  peut  snÎTre  sur  la  carte  avec  El  Makkari, 
povr  nr«fâ  dire  étape  par  étape,  la  man^e  d'El  Hansonr  ven 
Compostalle.  De  Cordone,  le  premier  noyan  de  l'armée,  les 
cavaliers  d'élite  se  portent  sur  Goria,  et  se  grossisBent  sor  b 
route  de  tons  les  hommes  en  état  de  porter  les  armes  des  pro- 
-vinces  de  Hérïda  et  de  Tolède.  Une  flotte  part  fàmnltanément 
da  ob&tean  d'Aboudaaës,  port  des  Algarres^jpoamie  de  tout 
ce  qui  peat  rendre  la  'vie  da  soldat  pins  doace  en  campagne, 
chargée  de  troupes  et  d'approTisionnemens,  aTe6r<H>dre  de 
faire  v<Ble  Ters  l'embo^ichare  da  Doero.  Elle  entre  dans  le 
flenTe  jusqu'à  luliea  fixé  d'avance  poorle  Tendec-Toos  gé- 
néral de  tons  les  centingens.  Là,  elle  trouve  El  Hansour  et  son 
armée  gro  ssie  à  GaUegos  des  troopes  des  comtes  chrétiens  qni 
l'ont  appelée;  on  passe  le  Dacro  ;  da  Duero  an  Minbo,  et  du 
Hinho  &  rUlla  >  l'armée  soit  le  littoral,  et  si  près  de  la  mer 
qu'elle  a  souvent  h  traverser,  pour  faire  plus  prompte  roirte, 
les  canaux  où  remontent  ses  eaur,  et  qui  marquent  d'anses 
prtrfoDdes  toute  cette  c6te  maritime  de  la  Galice;  enfin,  San- 
tiago pris  et  saccagé,  on  s'avance  jusqu'à  U  presqu'île  de 
Blayanca,  formée  par  les  deux  rias  de  la  Corufla  et  de  Betanzos 
y  Sada  qui  l'environnent.  C'est  là  que  les  chevaux  ne  pnroit 
plus  tenir  pied,  et  c'est  de  là  que  s'effectua  la  rdraite-vers  Cor- 
doue  par  les  terres  du  roi  Bérémond,  selon  toute  apparence, 


I  Nosl  Rfou  tapporlt  aillears  le  païuec  du  moiae  de  Slloi  qni  met  fOnari- 
icnenl  li  pri»  de  Com^itellB  en  9OT,  d'iccord  w  œU  «toc  El  Nikkirl,  el  p« 
coDitqneniBTMUiirpbT.TalCTè  ttort  tnmpoini  péril.  AKhbK*  (Q«hi»tble 
der  OmmelideD  von  Spanien).  —  Vojrei  ei-d«T»iil,  p.  5»e,  in  fine,  «tp.  3>», 
notai. 

1  Abouiredka  pirie  dam  u  gtcigrcpUe  da  cUlnn  d'Alandtséi  (noiu  dei oM 
M  r*M«ipumBl  t  M.  Kebund}  al  le  plioe  diu  om  «ituiioii  q«f  TtfomA  *  Vtm- 
tréeda  rlaStdo,  quiMleiiedmtblwledeSétnbd. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


CHAPITBI  HX-«KPTIJalK.  451 

Gomaie  hobs  Tstoiu  dit,  k  tniTers  la  prorince  de  Lngo.  La 
presqu'île  de  Mayanca  est  oertainement  le  point  le  plas  éloi- 
gné atteint  par  El  Hansoor  dans  le  nord-onest  de  la  Pénin- 
sule, et  c'est  à  tiHt  qu'on  historien,  confondant  le  nom  de 
Bonkal,  qui  est  l'ancdea  nom  latin-ganlois  d'Oporto  (Portos- 
Calle)  arabisé,  avec  le  nom  du  cap  Ortegal ,  a  ern  pouvoir 
le  faire  aller  jusque-là,  à  cette  véritable  fin  de  la  terre  d'Eu- 
rope. 

.  D'après  les  historiens  espoçiols  modernes,  El  Mansonr  ae 
porta  sur  Santiago,  entra  dans  la  ville,  la  livra  an  pillage,  fit 
abattre  nne  partie  de  l'^hse  du  saint  ap6tre,  et  il  eût  détruit 
jusqu'à  son  tombeau  si,  par  l'œuvre  et  la  volonté  doTout- 
Puicsant,  il  ne  se  fût  lui-même  apaisé  etcoDlmn  dans  sa  fureur. 
-Le  saint  toutefois  ne  laissa  pas  de  châtier  l'insoltefoite  à  son 
temple  :  ks  infidèles,  eu  s'en  retournant  chargés  de  dépouilles 
et  traînant  à  lenr  suite  de  nombreux  prisonniers,  eurent  à  souf- 
frir d'nne  djsaenterie  qui  les  fit  mourir  en  chemin  par  cen- 
taines et  millieiB,  en  sorte  qu'un  petit  nomln«  seulement  put 
rentrer  à  Gordone.  Lucas  de  Tu;  ne  parle  point  de  cette  fa- 
meuse djssenterie  qui  fait  les  délices  de  Mariana;  mais  il  dit, 
ce  qni  après  tout  parait  vraisemUable,  qne  le  roi  Bermndo 
envoya  des  piétons  agiles  et  en  grand  nombre  goi^  aidés  du 
secours  dn  bienheureux  Jacqnes-l' Apôtre,  ponrsnivatent  et 
tuaient  les  Sarrasins  par  les  montagnes  de  la  Galice,  à  la  ma- 
nière des  troupeaux  '. 

Par  un  anachronisme  Mngulier,  presque  tons  les  historiens 
d'Espagne  (je  veux  parler  des  modernes  qni  ont  suivi  les  er- 
remens  de  Hariana),plAcenten  cette  année  on  dans  la  suivante 
la  femeose  bataille  où  fiit  défait  et  à  la  suite  de  laquelle  monrut 
El  Haosour,  et  attribuent  l'honneur  de  sa  dé&ite  an  roi  Ber- 


<  Sh  wileai  VerMnimdiu  mUlV«aiUi  i(I1m  ,  el  npedllM  plrrimoi ,  qni , 
•dlDti  laxilio  BmU  Jicabi  ApMioU  pcr  manusi  GiUeciM  StmceDoi  nera  p*> 
cttdan  itBddibanKLpc.  Tnd.  Ckr.,  p.  8».} 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


452  HiSTomB  D'xsPAOïn!. 

mode  le  Goutteux,  événemeot  qui  n'arriva  que  cinq  ans  plas 
tard  et  après  la  mort  da  roi  podagre,  sons  le  rè^e  de  son  fils 
Alfonse  V.  Bennndene  potqae  faiblement  contenir  la  toate- 
pniasance  da  hadjeb,  et  se  contenta,  comme  nous  Tenons  de 
le  voir,  de  le  harceler,  ne  pouvant  le  combattrfi  i.  force  oa- 
Terte.  IL  fit  de  son  mieux,  d'ailleurs,  pour  r^>arer  les  désas- 
tres causés  par  l'ennemi,  et,  aussitôt  qu'il  le  put,  avec  l'aide 
de  Dieu,  il  fit  réédifier  l'élise  de  Saint-Jacqnes,  et ,  à  ce  qu'il  pa- 
rait, avec  plus  de  luxe  qu'auparavant  '.  Pluaieurs  mtHiaineos 
témoignent  de  sa  soliiiâtude  pour  l'amélioratioa  matérielle 
des  villes  de  ses  domaines.  On  ne  saurait  nier  cependant  que  le 
rigne  de  Bermode  n'ait  été  des  pins  malheureux.  La  ruine  de 
Léon  en  marqua  les  commencemens,  et  le  reste  ne  fut  qu'une 
suite  de  revers  et  de  défaites.  Ce  fut  de  son  temps  qoe  forent  ' 
détruites  les  meilleures  forteresses  et  pillés  les  plus  ricb«s  mo- 
nastères de  l'Espagne  chrétienne.  Cordoue  s'enrichit  de  lenrs 
dépouilles  et  de  leurs  trésors,  qu'il  avait  faiin  tant  d'années 
pour  amasser;  oiais  ce  n'est  point  une  raison  pour  pr«idi«  à 
la  lettre  les  invectives  de  Pelage  d'Oviédo  contre  ce  roi  mal- 
heareux,  qu'il  appelle  à  plusieurs  reprises  indiwawt  d  tTian, 
et  charge  de  crimes  et  de  vices,  JDsqae-là  qu'il  considère 
comme  un  ■chMiment  justement  mérité  de  ses  péchés  la 
goutte  dont  il  fut  affligé  vers  le  milieu  de  sa  vie,  et  qui  Im  a 
valu  son  surnom  de  Podi^re'.  Le  moine  de  Siloe,  qui  a  écrit 
bien  avant  Pelage  et  avec  plus  de  sincérité,  nous  le  peint  sous 
de  tout  antres  couleurs.  C'était,  d'après  lui,  on  homme  fort 
prudent.  Il  rappela  de  l'oubli  les  lois  de  Wamha,  et  ordonna 
qu'on  en  remit  en  vigaeur  les  dispositions  ;  il  aima  la  justice 
et  la  miséricorde,  et  s'étudia  à  réprouver  le  mal  et  à  snivre  le 


■  Rex  leii  VeremuDdui,  à  DcrmlDo  «djaiai,  cœpK  r 
SiDftI  Jacobl  In  mBilui  [Honacb.  SiLant.  Chr-,  oam.liB]. 

i  PrnhLDj  ni  (VereEmadBi)  (ndUcNinr  «l  lynonia  par  omnit  fall,  Prab- 
Un  atltmVareonDdumllBEEin,  pro  tBDtl*ace)acibiu,quagtull,  percoHll  eam 
PomlBuipodaptca  intlrmliilc  [Pcl*e-  Ora).  Cbr.,  omb,  0). 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAniBB  DIX-SEPTÙHK.  453 

bim  ^  Il  7  a  loin  de  là  à  ce  qœ  nous  disent  les  histonens 
qai  ont  snivi  Pelage  d'Oviédo.  L'honnête  évéque  descen- 
dait, è  ce  que  tont  porte  à  croire,  de  qndqtie  famille  ancien- 
nement ennemie  de  Bermnde,  et  il  en  a  ponrsniTÎ  la  mé- 
moire, ne  pouvant  faire  mieux,  ne  ponvant,  par  exemple, 
faire  comme  son  homonyme  de  Compostelle,  et  appeler  les 
Sarrasins  contre  lui.  On  bien  Pélagie  a-t-il  en  ceci  obéi  seule- 
ment k  quelque  baine  ecdésiastique  on  mieux  ëpiscopale 
contre  nn  roi  réformateur?  à  une  haine  semblable  à  cdledont 
a  été  poursuivie  la  mémoire  de  Witiza?  C'est  ce  qu'il  n'est 
pas  aisé  de  pénétrer.  Pelage  d'Oviédo  est  d'ailleurs  tellement 
coutumier  de  ces  falsifications  de  l'histoire,  qu'il  peut  bien 
avoir,  naturellement  et  pour  le  seul  amonr  du  meosonge, 
inventé  les  crimes  dont  il  charge  la  mémoire  de  Bermade. 
Les  accusations  de  Pél^e  portent  sur  divers  points  ;  mais 
il  insiste  surtout  sur  deux  persécutions  d'évfiqnes  ;  l'une  (il 
s'agtt  de  l'évèqnede  Saint-Jacques,  Atanlfe,  calomnié  par  trois 
serviteors  infidèles  et  livré  à  on  taureau)  est  un  anachroniMne 
grossier,  puisque  le  fait  appartient  au  règne  d'Ordoûo  I;  quant 
à  l'autre,  on  peut  attribuer,  au  moins  eu  grande  partie,  dit 
Masdeu,  au  génie  satirique  de  Pelage  ce  qu'il  nous  raconte 
dans  sa  chronique  de  Gudesteus,  évéqne  d'Oviédo,  qu'il  nous 
dit  avoir  été  tenu  en  prison  pendant  trois  ans  par  l'ordre  du 
roi  Bermnde,  jusqn'à  ce  que,  touché  des  calamités  publi- 
ques, et  par  une  vision  qu'eurent  quelques  saints  personna- 
ges, le  roi  se  fîkt  enfin  laissé  persuader  que  c'était  pour  le 
cb&timent  d'une  si  grave  faute  (celle  d'avoir  emprisonné  l'évé- 
qne)  que  Dieu  avait  afOigé  le  royaume  par  la  sécheresse  et  la 
femine  ;  et  en  effet,  du  moment  qu'il  eut  fait  rendre  ta  liberté 
an  prisonnier,  et  qu'illui  ent  restitué  l'église  d'Oviédo,doQt  le 
gouvernement  avait  été  confié  à  Xemenus,  évéque  d'Astorga, 

<  L«ccs  «  Bunbtno  Principe  coadîtii  OrmiTlti  Ccnonci  iparirc  jiiuil  :  ài- 
l«xll  nltcrlfordlim  et  ludkiam, rcptobm  niluFO  aludull  il  eligcrc  popuq) 
[Moaich.  SIlsBi.  Chr.,  nnai.sa}. 


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454 

Jésus-Christ,  dit  Pelage,  fitideavoir  (comme  pour  b 

eoD  contentement),  et  la  terre  donni^  son  froit,  et  la  faim  fat 

chassée  da  rojanme'. 

Les  divers  mariages  de  Bermade  ont  été  msBi  l'cAjet  de 
nombreoses  ooutroTerses.  La  nuiiTaise  foi  de  Pelage  d'Oriàlo 
n'a  pas  pea  contribué  à  obseoreir  oe  point  de  l'histoire  d'Es- 
pagne. Ce  qoi  pa^^  certain,  c'est  qu'il  n'eot  pas  pins  dedem 
femmes,  savoir  :  Yelasqoita  et  Etvira.  La  première,  suivant  le 
témoignage  d'nne  inscription  tomnlaire  de  S.  Salvador  de 
Deva,  relevée  par  Risco  dans  son  histoire  de  la  ville  de  Léon', 
était  fille  d'an  Bamire  qoi,  s'il  fnt  nn  des  rois  de  ce  nom,  ne 
pat  être  qne  Bamire  II  -,  et,  dans  cette  supposition,  Bermade 
et  Vélasqoita  étaient  consins  germains  an  seciHid  degré,  tous 
deux  étant  petits-neveux  d'Alfonse  in.  Sût  ea  rûson  de 
cette  parenté,  soit  par  tont  autre  motif  qne  nous  ignormis, 
du  vivant  de  cette  même  Velasqnita,  le  roi  se  maria  avec 
Domna  Geloira,  fille,  non  de  Garcia  Sanchcz  le  Trembleur,  roi 
deNavarre,  comme  le  prétendent  quelques  historiens,  mais  de 
Garcia  Fernandez,  ainsi  qne  l'atteste  nne  charte  de  dona- 
tion souscrite  par  cette  reine  en  faveur  de  l'église  de  Léon^. 
De  son  premier  mariage,  on  ignore  si  Bermnde  ent  des  en- 
fans  :  il  en  ent  deux  du  second,  Alfonse  V  etTeresa.  Pelage 
d'Oviédo,  dont  la  mauvaise  foi  est  proverbiale  en  Espagne,  et 


MOU  TiLttgTiiA  ■laïai  piolu  auiiMiiiieu. 
Vojw  Riico,  HiiU  de  U  cladtd  de  Léon,  p.  ÏSL 

1  BipiiliSagradi,  I.  sa,  KifplurK.Krîpl.  Il,  p.  «t2;  Bhca,  Espini  Sigradj, 
l.S4,iiU(rDineiiU  in5ieDiaia,iD>tr.  24,p.47T,  t.iKiTi,Ed.,iiulr.l,p.  I,  iaitr.  S, 
p.  S.  —  Il  «till«  «nul ,  dtna  la  ch*rlalilrB  ds  réalise  d'OrlMo  ,  ane  durle  tt 
donillon  do  l'an  99G,  coaSrniÉs  par  ell«  camme  il  lolt  ;  Geloira  Refitta  prolit 
CartBaiu  ( BOM  en  sTgni  tu  nDui-mêmeraripa*!],  et  udd  comme  le  prétend 
Nortlt*  (I.  iTii,  c.  It,  p.  2M)  :  GtUfira  filia  rtgii  B.  Garcia.  C'tit  PcrTviit, 
HBi  dente  IntolotiUftc.  de  Morale,  qui  a  induit  Korel  (  1. 1,  c.  3,  nuin.  16)  ■ 
dîT«  qne  celle  Bltir«  éltit  Bile  <lc  Gitcla  le  Trembleur,  rei  de  NaTirre. 


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CHAPITHI  DIX-BEPTUKE.  455 

qoe  cependant  la  plupart  des  historiens  du  pays,  avant  ces 
derniers  temps,  ont  suivi  en  œd  comme  en  tout,  assure  qu'il 
eut  trois  concubines  :  une  de  basse  naissance,  appelée  Velaa- 
quita,  que  qaelques  historiens  ont  confondue  avec  la  première 
épouse  du  roi,  qui  portait  le  même  nom,  et  deux  antres  qui 
étaient  sœars,  non  du  roi,  mais  sœurs  l'one  de  l'autre,  les- 
quelles ,  selon  un  priTil^  des  moines  de  San  Vicente  de  Fom- 
bejro,  qui,  sans  aucun  doute,  est  apocryphe,  s'appelaient 
EMra  et  Teresa.  De  Velasquita,  la  première,  on  dit  qu'il 
eut  l'infante  domna  Christina,  aïeule  des  iofans  deCarrion; 
d'Ëlvire,  l'in^t  don  Ordofio,  aïeul  du  comte  Bodrigne  Md- 
fioz,  et  de  Thérèse,  une  antre  infante  appelée  Elvire ,  qui  se 
fit  religieuse  dans  le  monastère  de  Santa  Marta  de  Tera  ;  mais 
ce  sont  là  des  notices  peu  certaines,  et  selon  toute  appa- 
rence des  généalogies  fabriquées  '. 

Le  r^ne  de  Bermude,  en  le  comptant  de  son  couronnement 
à  Santiago,  fut  de  dix-sept  ans  accomplis  ;  l'année  de  sa  mort 
fut  999,  et  le  mois,  suivant  les  meilleurs  calculs,  dut  être  un 
des  trois  derniers  de  cette  année,  octobre,  novembre  on  dé- 
cembre. Il  mourut  de  sa  goutte  qui,  pendant  de  longues 
aimées,  ne  lui  permit  point  de  se  servir  de  ses  pieds,  et  qui 
devint  si  douloureuse  sur  la  fin  de  sa  vie,  qn'îl  ne  pouvait 
plus  monter  dans  aucone  espèce  de  voiture,  et  se  faisait  trans- 
porter à  dos  d'homme  d'an  lien  à  un  autre'.  On  ignore  le 
lieu  de  sa  mort  ;  on  sait  seolement  qu'il  mourut  dans  te  Bierzo 
après  dix-sept  ans  de  règne,  et  qn'il  fut  enterré  &  Yalbuena, 
d'où  son  fils  AUonse  le  fit  transporter  depuis  dans  la  cathé- 
drale de  Léon,  oùseconserve  son  épitaphe,  conmie  aussi  celle 
de  sa  femme,  qui  lui  survécut  quelques  années  ^. 


I  Vojei  lï  d«HU  Tepu,  CoroDlca  de  Bio-Mnlle,  I.  t,  Rndwleh  i»  ToMs  «1 
Latu  ds  Toy. 

1  Itoqn*  delnnpi  BnUon  Tthicalnia  ucaBdara  poinll;  Hd  !■  bmaerii  liaMl' 
Itsm  bomlDom  da  loeo  id  toenn  gnUbKlar,  don  tIxII. 

3  Bt  secnoda  «M*  pod  uelphMB  (mbcU  J*mU},  ttrnt  BcriecHl  proprio 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


456  HISTOIBE  D'RSPAOnS. 

Le  fik  de  Bermnde,  Alfonse,  ciniiaièiiie  da  nran,  n'était 
Agé  qoe  de  cinq  am  lorsqu'il  fat  appelé  à  eaccéder  à  soa 
père;  il  fat  mis,  à  caoee  de  son  âge,  soos  la  tutelle  de  He- 
nendo  Gonzalez,  comte  de  Galice,  et  de  sa  femme  domna 
Mayor',  qoi  plus  tatd  le  marièrent  A  Gelo;ra,  dont  il  eot 
Bermade  in,  soccessear  de  bod  père  aa  trdne  de  Léon,  et 
en  qai  finit  la  ligne  des  anciens  rois  d'Oviédo  et  de  Léon 
issus  de  la  fille  de  Pelage  et  d'Alfonse  I"'  de  Cantabiie,  et 
Sancha,  qni  fat  mariée  à  Femand  de  Navarre,  fils  de  Saicbe 
le  Grand.  Noos  verrons  ^las  tard  les  conséquences  de  œ 
mariage.  Alfonse  fat  aussi  dirigé,  dans  les  premières  années 
de  son  règne,  par  son  oncle  Sanâas  de  Gaâtille,  frère  de  sa 
mère ,  et  par  celle-ci,  femme,  à  ce  qu'il  semble,  d'ezpéiieDoe 
et  de  caractère'. 


Bwbo  iB  cooflMtoM  DomlBi  «milll  ipiritnri.  Haenarlt  MMt  xtd.  Q«a  ée- 
functo,  AldebMn  Bllu  «lu,  bibgin  •  uUtIuu  (DdiM  T,  idaptiu  aal  rtf- 
pnm.cTl  msTll  (Hontcti.  Silans.  Cbr-,  p.  £0e].~  Id  Barlio  TiUn  Buidl,  t( 
In  VIllilMni  Mpallo*  tall,  M  po(t  •llqatDUi  lulM  inuttotM  «Wl^toMM. 
K«BDiTil  ■■Mm  iniM*  i*ii  (Peû(.  Otbi.  Cbr.,  aoBi.  *). 

Voici  MD  ipiUpha  UllB  qug  II  nppQiU  Horiléi  (Coronic*,  I.  I7,c^  tl}: 


DICK*H  DEO 


Ctltc  di  H  renia*  eit  bMoconp  pin  limplt  : 


I  AdcrMMii»<Uliii^a»(Ver«mnlidl),h*b«iui  mUTiUUiiu  mbu  «.faccguil 
et  wlBpMi  Mt  rtgnnm  en  Kiixm,  «t  ■otrittu  «it  ■  ctoilu  Mcnrado  6>*dl- 
mItI  II  t]M  Disra  comllUu  Donni  KatorsiD  G>11«di  (Pcl.  OiakChr.,  p.  tIB). 

1  Hnltti  Mt  MltDm  cl  qood  fol  laccMtBi  la  ragno  aïoniiii  et  pinotgn  nea- 
T«m...  Id  ledU  LegisBe,  nbl  conitltall  hernatoinBamtocimpeliUI,  «piacopl  et 
coiullei  Cutellt»,  Mb  G*lle«lK,  nec  Doa  *t  iilnrienie  HmiuiIdi  dnx  Galleeia 
qui  ligiriui  nwuf  et  Dulrii  meni  enl,  el  etiin  Uut  et  (djalnr  dmo*  Saneii» 
coBei  el  Benluli  mtê  OC*  Galolri  r«glB*  (dlpIAue  d'AlfoBK  t,  da  IS  tepl. 
lOtl,  Riicii,  Btfti  SigT-,  1.38,  p.  18). 


>;,l,ZDdbyG00gle 


457 

El  Kansonr,  upri»  sa  campagne  contre'  Santiago,  parait 
avoir  laissé  les  ohrétienB  qnelqoe  tempe  en  repos  ;  an  moins 
ancan  document  ne  nous  apprend-il  qu'il  ait  armé  contre  eux 
dans  les  deux  années  qui  soirirent.  Une  gaerre  sériense  en 
Afriqne,  à  laquelle  il  do  prit  point  part  toutefois  personnelle- 
in«it,  l'occupa  fortement  dans  cet  intervalle  et  dès  l'année 
même  de  sa  grande  expédition.  Nous  savons  dans  quels  rap- 
ports étaient  El  Haosoar  et  Zeïri  depuis  le  voyage  de  ce1ni-<d 
en  Espace.  Toot  le  tempe  qu'il  avait  été  occupé  de  la  cons- 
tmctiou  d'Oaedjdab,  Zeïri  ben  Atiya  avait  disàmnlé;  mais 
Ters  l'an  997  sa  haine  l'emporta,  et  il  fit  supprimer  le  nom 
d'El  Mansoar  de  la  ihotbah,  dans  laquelle  toutefois  il  fit 
maintenir  fidèlemait  celui  d'Hescham.  El  Stansonr  l'apprit 
au  moment  de  ses  préparatifs  pour  l'expédition  de  Santiago 
et  lorsque  déjà  il  l'avait  fait  publier  du  haut  de  tontes  les 
diaires  des  mosqnées-,  l'irrévérence  de  Zeïri  envers  M  ne 
pouvait  l'en  détourner.  Hais  il  envoya  le  général  Wadha  el 
FAthi  contre  Zeïri  avec  nn  corps  de  cavalerie  et  assez  d'argent 
pour  lever  aisément  one  armée  nombreme  dans  le  Maghreb 
parmi  les  tribus  ennemies  de  Zeïri  ben  el  Atiya  el  Ha- 
ghrawi.  Wadha  passa  à  Tanger  où  se  rassemblèrent  les  tribus 
de  Ghoméroh  et  de  Sanbadja  ainsi  qne  quelques  antres  tribus 
barbaresques  d'entre  les  Zénètes.  Le  génâid  slave  leur  distri- 
buadesarmes,  des  vètentens  et  de  l'ai^^t,  et  se  tronvabientM 
à  la  tète  de  nombreux  soldats,  avec  lesquels  il  marcha  vers 
Fèz,  où  était  en  ce  moment  Zeïri.  Gelni-ci  sortit  de  la  ville, 
et  vint  an  devant  de  l'ennemi;  les  deux  aimées  se  rencon- 
trèrent à  Wadi  Badat,  et  se  livrèrent  un  premier  combat 
sanglant,  qui  fut  suivi  de  plosients  autres,  non  moins  achar- 
nrâ  :  elles  combattirent  de  la  sorte  pendant  trois  mms  avec 
des  snccès  variés  jusqu'à  ce  qne  l'armée  de  Wedba,  qni  œ 
pouvait  réparer  ses  pertes,  réduite  et  affaiblie,  céda  au  nombre 
et  fot  enfin  forcée  de  se  réfugier  à  Tanger,  avec  de  grandes 
perles.  De  là,  Wadha  fit  savoir  au  hadjeb  sa  sitoation  et  U 


>;,l,ZDdbyC00gIe 


4s8  nsmoB  •'Rapian. 

itbndU  kl  Beeoora  iirieeaBÛTB  pcKu  Rwammancer  «B  ailaqiieB 
contre  Zeîri.  El  Bbneoarre^eetUooaTeUeàBOQ  reteor  de 
la  glorieuse  guwath  de  Bdunt  Yakoob,  et  eooiine  à  pàoe 
veaaieot  de  s'acherar  les  fêtes  de  victoire  ordtHiaèes  pow 
la  célébrer,  infatigable,  il  partit  aosntàt  de  Cordooe  et  se 
reodit  à  Algésiras  j  il  j  donna  rendez-vous  box  gneniers  dn 
capitainies  TtHsiiœB,  et  confia  le  commandement  des  troapes, 
qui  ea  pen  de  temps  s'y  trouTèrent  rassemtdées,  à  soa  propre 
fils  Abd  el  Melek  el  Modhafer,  auquel  il  ordonna  de  marcher 
contre  Zdri.  £1  Mansonr  demnira  qoelque  tempe  à  Algéâras 
afin  de  ponrToir  à  ce  qni  serait  nécesssaire ,  et  d'enrober  des 
renfnrts  à  sm  fils  ai  cas  de  besoin.  Lorsqne  la  noaTèlk 
dn  passage  d'£l  Hodhafer  arriva  h  l'émir  Z&ri  beo  Atiya,  il 
eut  des  craintes,  et  il  eavoya  ansaitdt  dts  âniesûres  pour 
demander  dn  Geconrs  à  tontes  les  tribus  issoes  de  Zénata-,  illoi 
arriva  des  troapes  de  BeledZàb,  deTlemcen,  deSedjelmessa, 
de  Habmyya,  et  de  tous  les  pays  occapés  p^  lee  Zénètes,  et 
avec  ces  raiforts  il  se  porta  résolument  à  la  rencontre  d'B 
Hodhafer  pour  le  combattre;  les  deux  armées  se  reocoatrèrent 
à  Wa^  Hoooan  non  loin  de  Tanger,  et  il  s'engagea  entre  elles 
une  bataille  dans  laquelle  on  combattit  des  deux  parts  arec 
un  égal  acharnement:  le  combat  dura  nn  jour  entin,  depuis 
le  lever  jusqu'au  coucher  do  soleil.  Vers  le  soir,  au  plus  fort 
de  la  mêlée,  s'avança  contre  Zâri  nu  jeune  noir  nommé  Sslem, 
dont  Zdri  avait  fait  périr  le  frère  ;  voyant  là  one  occaâoii 
iavoraUe  de  se  Tcnger,  Salem  se  jeta  snr  Zeïri,  et  le  frappa 
de  troto  coups  de  yatagban  à  la  gorge,  dans  l'intention  de  loi 
faire  sauter  la  tète;  on  accourt,  mais  on  ne  put  arrêter  Salea, 
qni  s'oifuit,  et  fut  trouver  Abd  el  Helek,  à  qui  il  apprit  qu'il 
vraait  de  blesser  Zôri ,  selon  toute  apparence  mortellement  ; 
sur  quoi  Abd  el  Helek  anima  les  siens,  et  ils  cbargèrent  leurs 
adversaires  avec  one  nouvelle  ardeor  ;  oeox-d ,  privés  de  It 
présence  de  leur  général,  et  le  croyant  mort,  se  débandèrent 
et  prirent  la  fuite,  et  les  Andalons  en  firent  nn  grand  carnée. 


C,.;,l,ZDdbyG0Ôglc 


CHAPITU   DIX-SKPTIÎHE.  '459 

La  cMiftnion  et  le  désordre  des  ZéuUes  s'âeaâit  jnsqa'aa 
quartier  où  l'on  panaait  les  Ueesures  de  Zâri,  qai  w  fit  forcé 
de  fair  avec  ses  principanx  cavaliers,  laissant  Bon  camp  an 
poavoir  des  ennemis,  tesqnels  s'emparÈrent  de  ses  richesses, 
tentes,  paTillons,  armes,  Ghevaiu,  chameaox,  et  tronpeaox 
inDombrables.  Zeïri  s'en  alla  tonjoors  fuyant  josqa'à  ce  qn'il 
arriva  au  lien  Donunë  le  défilé  du  serpent  (mâdiak  el  b&yya), 
non  Imn  de  la  Tille  de  Heknésah;  là  il  s'arrêta  et  fnt  rejoint 
par  les  notables  de  son  année  et  par  une  grasde  partie  des 
troupes  fagitives.  Il  j  demenra,  attendant  qu'il  se  fût  refait, 
pour  retourner  contre  Abd  el  Melek  âls  d'Ël  Vansour  -,  mais 
celui-ci,  informé  de  sa  résolution,  envoya  en  grande  diligence 
Wadha  el  Fàthi  avec  cinq  mille  chevanx  choi«s  de  son  armée, 
avec  lesquels  Wadboh  attaqua  de  nuit  les  campemens  de 
Zeïri,  au  lieu  indiqué,  et  te  mit  en  déroate  ;  ceci  se  passait  vers 
le  miliea  du  mois  de  ramadhàn  de  l'année  3S7  (19  ou  20  s^* 
tend>re  997).  Plusieurs  combats  eurent  heu  encore  entre  les 
partisans  de  Zeïri  et  les  troupes  de  Wadha,  mais  dont  tout 
l'avantage  demeura  aux  Andalons,  et  Wadha  fit  prisonniers 
environ  deui  mille  cavaliers  principaux  de  la  tribu  de  Ha- 
gbrava;  ce  fat  on  renfort  tout  trouvé  pour  Wadha  :  la  plupart 
de  ces  prisonniers,  séduits  par  les  promesses  et  les  dons  du 
général  d'£l  Hansour,  cnisentirent  i  être  incorporés  dans 
son  armée,  et  se  tournèrent  contre  Zeïri.  Parmi  eux  se 
trouvait  sans  doute  ce  chrétien  nommé  BaynKHid  originaire 
d'Âlby,  dont  il  est  parlé  dans  les^actes  desBollandistes,  qoi, 
fait  esdave  coaune  il-se  rendait  ai  pèlerinage  à  Jérosalem, 
plut  à  ses  maîtres  musulmans  par  son  air  martial,  et,  admis  k 
combattre  dans  leurs  rangs,  servit  tour  à  tour  les  divers  partis 
qui  le  firent  prisonnier ,  avec  la  même  vaillance,  jusqu'à  ce 
que,  étant  passé  au  service  des  ADdalous,  il  fut  délivré  près 
de  Cordone,  comme  nous  leverronsbientât,  par  lecomtede  Cas- 
tille  Sancho  Garcia  et  rentra  dons  son  pays  '.  Zeïri  battit  en  re- 

I  iBtcrea  Tcro  iDt«r  bot  tlqns  larbiriaol  iclo  pralla,  Bcrbirini  inpcrioiti 

D,.;,l,ZDdbyC00g[c 


460  HKTflBlB  d'EGPAOIU. 

traite  juMpie . devant  F<z  avec  DQ  petit  sombre  des  àens ,  dflos 
l'iDlentioii  de  s'y  défendre  taeon  ;  mais  les  habitass  loi  Ux- 
nèreot  leon  portos,  et  il  se  vit  coatramt  de  les  prier  de  lui 
rendre  ses  richesses  et  ses  fils ,  ce  à  quoi  ils  consentireat;  îli 
loi  fooniirent  de  plus  des  provisioDs  et  des  Mtes  de  cbai^ 
poar  les  traosporter  où  bon  leur  semblerait.  Zciri  s'enfttit 
vers  le  Sahara  h  l'approche  d'El  Ifodhafer,  et  s'établit 
dam  le  pays  de  Sanhadja,  tandis  qn'El  Hodbafer  arrivait  à 
Eèz  et  y  faiuit  son  entrée  sa  milieu  des  acclamations  de 
triomphe  des  Andalous  et  même  des  Karawyyns,  le  samedi, 
dernier  j<mr  de  la  Inné  de  schawai  de  l'année  387  (3  noTem- 
bre  997).  La  nocTelle  de  ces  snccès  qui  coaronnaieht  ooe 
année  déjh  à  glorienee  poor  l'islannsme  combla  £1  Haasoar 
de  joie,  et  il  Tootat  que  la  lettre  de  victoire  de  «m  fils  qm 
les  lai  annonçait  fût  lae  dans  les  chaires  des  grandes  moaqoées 
de  Gordooe  et  de  Zahra,  et  dans  cdks  de  tontes  les  {winci- 
pales  TiUes  de  l'Espagne,  tant  dn  c6té  oriental  qoe  da  cAté 
occidental ,  dit  Ebn  Abd  el  Halim.  (^  jonr-là  El  Mansoor 
fit  briser,  en  actions  de  grftoes,  les  fers  de  dlz-boit  cents  pri- 
sonniers chrétiens  des  denz  sexes ,  distribuer  des  anmADes , 
et  payer  lee  dettes  des  pauvres  et  des  nécessiteux'.  Onignore 
si  le  pont  de  Tolède  fut  rebdii  en  l'honneor  de  cette  victoire, 
et  comme  ponr  en  consacrer  le  souvenir  ;  an  moins  voyons- 
nous  dans  Gonde  on  passage  qni  aeaibie  l'indiqner,  savnr, 
qa'en  cette  mAme  année  887  tôt  reconstruit  lepontdeTolfede 
par  les  ordres  de  Molununed  bea  Abdallah  ben  Abi  Abmer 
El  Hansonr),  badjeb  dn  prince  des  croyans  Heseham  d 
Honvrayad  Billab ,  et  par  les  soin»  de  son  aervitenr  et  vranr 
Scbalaf  ben  Mohammed  el  Ahméri'.  IL  écrivit  cm  même  temps 
à  BOD  fils  et  loi  envoya  scm  diplAme  d'amel  du  Maghreb,  loi 

RiimnadDni,  EiicriilalerfMlii,  ipinlKae,  dapllciler  caplirnn  afalfUDiiM* 
Inquiilllonci  bI  ipii  qnoqDO  banoribllllar  >Dm  hilwrc  rcperaal,  ■cploi^iM  la 
pirllcaU  dsseare;  id  pMtriBuni,t  Siltacrnlt  Cardaba  Tint,  Ipinm  runai 
■■iicruDl  (Acl.  UDCl.  BiUdiKl.,  ntcMe  OEt.). 
■  Coadt,c.  101. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


CHAFTEBZ  An-npTliHE.  461 

racoEunandant  d'eiercer  le  poQToir  en  tonte  occasion  arec 
jnatice  et  bonté;  et  sa  lettre  fnt  lue  dana  la  chùre  de  ia  grande 
mosquée  des  El  £arair77ns,  le  dernier  vendredi  de  la  lane  Ûe 
djoul-kaada  (3  décembre  997)  >. 

Wadha  el  FAtbi  étant  rentra  en  Espagne^,  le  Maghreb  fat 
gonvemé  six  mois  par  El  Modhafer  avec  jostice  et  prudence. 
IssabenSaïd  leremplaça.et  fat  snbeb-el-kbarta  de  FèzJDS- 
qa'en  aa&r  389(janvieroaféTrier  999)qn'ilfatremidacéde 
nonvean  par  Wadha.  Ce  fat  soqs  le  gonTemement  da  fils 
d'£l  Mansonr  qu'on  constrnisit  les  mnrailles  de  Djébal-al> 
Mena,  sor  la  mont^^  de  ce  nom  située  à  l'orient  de  Ceata; 
ces  fortifications  s'exécntalent  par  ordre  d'El  Hansonr  qoi, 
dans  one  eonrte  excnreion  qu'il  avait  faite  en  Afrique  h  l'oc- 
casion de  ces  guerres,  avait  trouvé  très  convenable  le  plateau 
qui  est  SOT  la  montagne  y  et  ordonné  que  l'on  tiaiisportAt  la 
cité  SOT  cette  hauteur;  mais  sa  mort  arriva  avant  que  la  popu- 
lation y  fût  transférée;  die  demeara  dans  l'ancienne  en- 
ceinte, et  la  nouvelle,  qui  devait  s'appeler  Almena,  tomba  en 
raines^. 

Pendant  ce  temps,  Itàii  ben  Atiya  était  arrivé  an  pays  de 
Sanbadja,  qu'il  trouva  révolté  contre  l'émir  Baddys  ben  Man- 
sonr ben  Balkyn,  par  suite  des  discordes  qui  s'étaient  élevées 
aprte  lamort  de  son  père.  Zeïri  envoya  chercher  des  troupes 
chez  ke  Zénètes  et,  profitant  de  l'occasion,  il  envahit  le 
pays  des  Sanhadja,  le  subjugua,  en  chassa  les  troupes  de 
Baddys,  s'empara  de  Tahart  et  de  tout  le  pays  de  Zàh,  ainsi 


I  ToDtceqii'ouTlealdellr««>leDer"de  pirUe  clfrciqDi  lltlôriUnieal  In- 

dall  itt  p*gM  H,  H  et  ibItuIsi  du  muuKril  iribo  dn  pclll  Kirui,  dsil 

pou»  iTOBiil  MDteDt  patli,  et  iDiqncUf*  la  croll  deyalr  rcRTOfsr  Ici  en  groi, 

1  r.onda  DJouM  :  d  Afln  da  rdire  lu  gacrrc  lux  cfarilloni.  u  11  n'y  ■  pglnl  tcli 

diDi  l'iribc  i  il  T  *  icDlBineat  :  Ifidlu  t'iUiit  relira  en  Bip>|d«,  «le. 

3  Almeoi,  ilW  iBiituilble,  iifeilii  wKIti,  lieu  fart,  propre  1  repoDutr, 
•mpAcher  on  cohIcdIt  Im  ■tUqoet  on  i^uilotii  da  l'enDanil.  —  Parai  da  Chln- 
cboB,  Antiilcoran ,  Mm.  IS,  dil  :  Alolro  (da  loi  dDa  Sintligoi)  maUron  toi 
JodiM  detptdindolc  de  nni  «Imna  del  («mple  ;  y  cajrA  tIto  7  into. 


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que  deTlemeen,  de  Schdif  etd'Al  Maa^U,  fiisiiAfitiSRi 
prodamer  HaMbim  el  Bfoawayad  de  Conloiie;il«Ilai]idtn 
ensoite  le  aiige  dcTwat  Âsch^r,  cipiule  des  tribus  de  Sn- 
badja,  et  ce  fok  dersat  cette  ville  qu'il  tnmva  la  mort:  ajut 
oCHnbattn  tont  va  jour,  depuis  le  Ict^  jnqa'aa  ooiwber  do 
stdeil  aotaiu  de  ta  idace,  l'agitatioD  da  oombat  enTraiaa  les 
bleaeimifBehti  trait  biteslenoirSalem,  etii  enBiooHta 
1001.  Sonflls  Hmn  loi  succéda,  et  ne  tarda  pasàmber 
dans  la  domination  à  peu  prëa  enijëre  da  Maghreb  qn'mit 
perdue  son  père  pareute  desesdiffâvns  aveo  ElHaaMoi'. 
De  ce  oAté-dda  détrtnt,  &  pm  près  dans  le  nème  temps, 
El  Mansoar  arait  repris  les  b<ntilitéB  coBb<e  les  Atétieas.  £d 
l'année  390  (do  12  dëc^dire  999  an  39  noveaibce  1000} 
Conde  nous  le  nwotre  faisant  une  incorâon  dans  rSspegn 
orientale  (sic)  :  —  Les  cfarttienB,  dit-il ,  nardiirent  contre  liî 
avec  de  nombrensee  troapes  ;  mais  il  les  combattit ,  mstfait 
leurs  généraux,  et  leur  laissa  on  Ameste  sonrenir  de  le  babille 
de  HisD-Dherrera:  il  raTagea  le  pajs,  détn^Ht  les  forteresses, 
brûla  les  villages;  et  cette  terre,  naguère  très  peuplée,  de- 
meora  déserte;  car  les  infidèles  eni-mèmesiiicendîaient leurs 
granges  et  tout  ce  qn 'ils  avaient,  afin  que  les  nôtres  Dépas- 
sent en  profiter  '.  Conde,  selon  son  balntude,  ne  dte  pont 
l'historien  arabe  dont  ce  récit  est  traduit,  en  sorte  qœ  nov 
ne  savons  si  c'est  on  contemporain  qui  parle  on  tm  aeteor 
postérienr,  et  qn'il  nous  a  été  impossible,  dans  nn  cenrt  s^ 
jour  à  l'Escurial,  d'en  retrouvra'  le  texte  dans  les  mvmscnti 
originaux  de  cette  bibliothèque.  Quoi  qn'il  en  soit,  il  fai:^ 
évidemment  ici  Gervera  an  liea  de  Dhervera.  Qaelqne  pont 
diacritique  malencontreux  aura  sans  doate  tranpé  Crade, 
qui  aura  pris,  k  l'initiale  de  ce  nom,  an  sad  pour  on  dhai. 
La  Gervera  dont  il  est  ici  question  n'est  point  d'aillennli 

t  ftg,  H  M  mIt,  da  pelH  K*rlM,  Vojrex  la  petrB  précéd«Bt«, 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


Cerrcra  de  Cstdogne,  comme  le  croit  on  récent  historien: 
ceia  est  renda  érident  par  la  coarte  notice  des  annales  de 
Complotom  où  il  est  dit  qne  cette  défoite  fat  illilHe  par  les 
comtes  castillans  Sancbo  Garda  et  Garcia  Gtnnez.  Or,  il  eiiste 
prâiséraent  en  Gastille  nne  Gervera,  sitnée  dans  la  {vovince 
de  Soria,  à  six  heares  et  demie  de  marche  d'Agreda,  et  à  dix 
lienes  &  peu  près  de  la  capitale  de  la  proriDce,  hiqnelle  ré- 
pond on  ne  peut  mienx  à  la  double  iadioatioo  des  dironi- 
qaem^  arabes  et  des  chrétiens  '.    . 

Ijt  guerre  conttnna,  et  £1  Hoosonr  i»it,  cette  même  amée, 
Agoiiar,  dans  la  prorinee  de  Portns-Calle,  sur  le  rio  Borna, 
(pent-ëta  Arri&fla  ou  Pefiafiel),  et  une  TÎUe  de  MontemaTor 
probafoleaaaeQt  du  même  cMé,  dont  il  s'empara  dans  la  saison 
d'hiver,  te  2  décembre*.  L'année  Euivante  (1001)  ne  Ait 
marqnée  par  aucun  fait  de  goerre  notable,  on  du  moins  jugé 
tel  par  les  chroniqueurs  des  deux  nations,  puisqu'oi  ne  trouve 
chez  eux  rien  sons  cette  date.  Hais  il  n'en  fat  pas  de  même 
en  1002.  L'Afrique  pac^ée  par  la  mort  de  Zèïri,  Abd  el 
Helek  ben  ElMansour  s'était  attaché  par  des  traités  avantageux 

<  In  cri  aiTiTiii  (1000),  diicnt  lei  Ann*lu  de  Complnlnm],  fait  arniicada 
deCeMerKapsrCoDdBSinctnm  Ganta  «tGartI*  G«ni»(AaiuL  C«>Dp1.,p.Sll). 
Ca  qoe  lei  AhmIw  de  ToUdi  nptiMlDlKiit  ta  ewUll»  canuM  U  ntt  :  Fué  (ta 
cra  inpradicla  kuitiii)  U  arrancadi  de  Cepers  lobre  el  CODde  S.  Sancho 
Garcia  t  Garcia  Gomei  (Anoalei  Toledasoi,  p.  S8S).  —  Lei  Aimalei  de  Compln- 
(■m  aoDi  du  doBiMnc  altde,  et  tetUea  dtn*  une  laagM  dani-barbare  et  d« 
Itaniilieii,  qal  o^fil  déjt  ploi  da  UiIb,  et  n'eal  paa  cDcoie  de  rbpagaol,  ~  Ar- 
raocada  (TOf»!  Dncange)  expeditio  miltlarii,  Tel  raplMi,  dinplio.  Le  Dielion- 
■•Ir*  de  l'Aeadèfflle  e«p«tiMle  an  tnol  Jrrwuala  la  dèOiitl  tmpalte  vUtlenU, 
•rncbemeni,  dèrad Dément,  eDliTemenl,  amUie,  nuUio,  rie.  —  Dana  le*  lieni 
daeamiiD)  qst  Doni  occapenl  ce  moi  exprime  parUculJéremeDt  une  allaqae  tIo- 
lenta,  raetlon  da  le  priclpiter,  de  loaber  rademeot  nt  l'eannai ,  de  le  battre 
iplate  conturB.  On  III  daw  let  mêmei  Annale!  de  Complnlon  (p.  SU(,taM 
l'annéa  1060)  fuit  nrrancafiu  rex  Àtdefonnu  eum  no  ixireilu  (U  rel  Alfonte 
hit  détail  aiec  md  armée],  et  lUDnlIoenl  :  ert  vcn  (Ul  tlla  ■rrancada  niprr 
ZafiDiUMfiui.— Qnelqaebla  on  lit  dana  tea  chronlqnei  caitlUnM  :  Utit  JlMta, 
la  de  Cclei,  soni  entendu  arroncaJa  ou  demi»  deKoda  on  d'Ddea;ct  en  lalln 
jllumda  Oel»  pour  f>r>lHim  di  Oclci  (illitia  mal  accordé  d'ajllenra  ponr  illvd} 

1  Bra  axiiTiii  (1000)  eepit  AlmaBior  Gaateilam  Aquilar  qaod  «it  In  ripa  de 
Boom  ProilacUPOTli^aleul  (Cbr.  Ctmiatk.  un,  p.  Ul).—  If*  wnxrai  (IWO) 
Mplt  AlnHiMll«sl«M-ll«|«rMn  iiu  aoaM  DtCMdirli  (iliU.,Lc.). 


>;,l,ZDdbyC00gIe 


464 

Hmzz  bMi  Zelri ,  de  telle  Borte  qa'El  HanaMDr  pot,  es  eeUe 
aimée ,  faire  Tenir  da  Ma^ireli  de  nomlnreaseB  troapeB  de 
Beriiers à  cheral  destinées  &  faire  partie  derarmée  qa'ilntB' 
semblait  pour  marcher  contre  )«  chrétio»  :  la  plupart  débar- 
quèrent i)  Algésiras  ;  qoelqnee-nns,  venant  de  derrière  l'Atlas, 
s'étaient,  h  ce  qa'îl  seinble,  embarqnéB  à  Arsile,  et  vinrent 
prendre  tore  à  Santa-Btaria  dOksonoba.  De  leur  cMé,  le 
gonTemeor  de  Santarem  (SchanteTren)  en  Àlgarre,  1»  «alis 
de  Mérida  et  de  Badajoz,  rassemblèrent  tons  les  cavaliers  de 
leurs  goaTonemnis  respectifis.  Les  bannièrte  se  rénnireitt  à 
Tolède,  et  le  badjeb  di^osa  tontes  choses  pour  attaquer 
pinseamment  les  chrétiens  sur  leurs  domaines  de  Caetille.  £1 
Kansonr  avait  tonjours  en  une  aii^alière  propension  vers  ce 
pajs,  et  il  faut  dire  aussi  que  c'est  de  ce  cdté  qu'il  avait  tou- 
jours trouvé  le  plus  de  réâstance  et  la  victoire  le  moins  bwile. 
La  résistance  des  Castillans,  s'qtpuyant  d'ordinaire  sor  la  N»- 
varre,  l'avait  &tîgué  \  ils  avaient  tenu  bon  souvent  devant  ses 
armées,.etil  les  attaquait  maintenant  avec  la  résolnUon  de  les 
vaincre  une  fois  pour  toutes,  et  d'annraer  définitivement  la 
CastUle  aux  possessions  mosulmaues  riveraines  du  Dnero, 
comme  un  complément  indispensable. 

Le  bruit  des  préparatife  d'El  Maneour  et  des  renforts  for- 
midables qui  lui  étaient  venoa  d'Afriqne  se  répandit  et  émnt 
vivement  les  chrâiens.  Le  roi  de  Léon,  Alfonse  Y,  fils  da 
Bermnde,  quoique  dans  la  troisième  année  de  son  r^ne,n' était 
encore  âgé  que  de  hait  ans;  mais  il  avait  ponr  tuteurs  et  pour 
conseils  des  hommes  d'expérience  et  de  conrage ,  et ,  entre 
autres ,  Garcia  Sanche2  de  Castille,  frère  de  Geloyra,  mire 
d' Alfonse.  Sancho  de  Navarre ,  Sancbo  le  Grand ,  fils  de 
Garcia  le  Trembleur,  celni  dont  le  règne  se  prolongea  dorant 
«oixante-«Jnq  ans,  et  qui,  pour  sa  bravoure  et  son  intréfndité 
militaire,  fut  surnommé  Qnatre-Hains^,  était  gendre  de  ce 

)  CtniM  Itn  roçnoneai»  Tnn*n»>l*  s«imil  %tftta  Sinctiai»  qal  pra  Bfff- 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


CHAPrntx  Dfx-SBPTma.  465 

même  Saocho  Garcez  de  Castille  dont  £1  Hansonr  menaçait 
les  états  d'une  raine  totale  '.  Sancho  Garcez  n'eut  pas  de  peine 
k  faire  entrer  son  Devea  Alfonse  Y  et  son  gendre  Sancbo  le 
Grand  dans  son  alliance,  et  les  forces  de  Léon,  de  Castîlle  et 
de  Navarre,  se  rénnirent  pour  s'opposer  en  commun  aux  en- 
treprises d'Et  Maosonr.  11  j  arait  longtemps  qne  les  trois 
penples  n'aTaient  marché  de  concert.  Le  rendez-vous  général 
fat  marqué  non  loin  des  raines  de  Numance,  vers  les  sources 
du  Doero ,  dans  les  campagnes  situées  au-dessous  de  Soria, 
entre  cette  ville  et  l'ancienne  Clnnia  (Comâa  del  Goi^e),  dans 
ce  qu'on  appelle  las  Navas  de  Clnnia  y  Osma.  C'est  là  qne  les 
Léonais,  les  Castillans  et  les  Navarrais  joignirent  d'abord  teors 
drapeaux.  On  ne  pouvait  réunir  trop  de  forces  contre  le  redou- 
table £1  Hansonr.  Par  ses  liaisons  avec  les  comtes  d'outre  Py-  . 
rénées ,  Saucho  de  Navarre  était  en  mesure  de  les  appeler  à  cette 
espèce  de  croisade,  et  il  les  ;  appela.  Mais  il  nous  faut  dire  ici 
un  mot  des  rapports  du  roi  de  Navarre  avec  la  Gaule  méri- 
cUonale,  dont  il  tira,  à  ce  qu'il  semble,  d'importans  secours  en 
cette  occasion.  Le  pouvoir  de  Soncho  était  grand,  et  s'éten- 
dait fort  avant  k  cette  époqne  de  ce  côté-ci  des  Pyrénées,  au 

tl«  HrmnIUU  Quizinuiit  Toctbttar  (Ordo  niiiBirnin  Keg.  Pupll.,  nun.  !•}. 
— 8*n  p4r«  Ginlu  iTalt  m  le  rarDam  ds  TTtmeUctii  oa  de  Tmutleait  :  Qsod 
fB»da  nxMTM  pnIcBll  indlabil,  tbI  dcbabil  Id  pndio  ciparlri,  t  prioeipla 
lotutrenalabditad  patta*  uotUBtiHimiu  paniitabal  (Kadar.  Tole(.,dalab. 
Hlap-,  L  T,  c  ts). 

t  S*Mi«i  Kas...  ice^lt  oxoTem  Iccillinan  liffoua  Urraun  Bll«m  comllif 
Sinilo  da  CuMIl*  (Orda  Kif.  Pimpll.,  nom.  80].  — La  fondatanr  da  la  drnai- 
ila,  Saoclni  Ganaini*,  aTalt  tépti  ittoskmn;  fltna*  SaBnUoaii ,  md  Oii,  la 
TreiiibleaT,diDi  la  principe  ntn  walr«nM  Tnta,  da  MXi  970}anflBiiaiit  lar- 
reai  Saocbo  le  Grand,  intronlié  ealiBl  «D  «TO,  rigMr  laïqn'en  IMH.  Qielqa* 
axlraordlnalre  qoe  paralwa  un  il  lang  rigat  il  eat  iiieité  par  lai  plu  tadau 
mmucBi,  cl  ce  n'cal  gnére  qM  dapnl*  la  irai  li&ne  iMcla  qa'an  a  mit  deaxBaB- 
cka  It  où  II  n'en  hllilt  qn'nn.  —  Rei  etr«iaa,dlHnt  la  luiitai  de  Campaauna 
(pa(.  318),  retnaril  annU  iuit  al  obilt  en  vrai.  PoM  eue  racniTll  SaBdu 
flUu  ejw  auoa  lit.  Ui«  fail  tanar  cemllla  BandI,  et  oblil  ata  mliziu  (!««(). 
Conlmi  par  l'Ordo  lafoM  PuipUaMMim  :  lagMVU  laait  bST,  ai  obUt  an 
miui,  MM.  M. 

IV.  30 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


466  msTOiBi  D'BSPAOïa. 

moina  dans  cette  partie  du  pays  que  les  Btunains  avaient  tp- 

pelée  NoTempopalanie  et  seconde  Aquitiùne ,  jasqœ-là  que  am 

fils  Femand,  qui  devint  depuis  roi  de  Castille  et  de  Léon,  le 

qualifie  dans  &on  épitaphe  de  roi  des  monts  PyréDées  et  de 

Toulouse. 

L' épitaphe  est  ain^  conçae  ;  —  •  Ici  est  dëpoeé  SaDcàm,  roi 
»  des  monts  Pyrénées  et  de  Toulouse,  homme  de  tout  point 
"  catholique,  et  grand  défenseur  de  l'ÉgUse.  II  a  âé  traos- 
>  féré  ici  par  son  fils  le  roi  Ferdinand  le  Grand.  U  noonit 
0  dans  l'ère  1073  (1035)  *.  >  Sancho  est  qualifié  de  même 
dansl'épitaphe  particulière  de  Ferdinand  le  Grand  :  —  >  Id 
»  est  enterré  Ferdinand  le  Grand,  roi  de  tonte  l'Espagne,  fils 
"  de  Sanctins,  roi  des  Pyrénées  et  de  Tonloose,  etc.  ».  • 
'  Or,  il  semble  incontestable  que  Ferdinand  ne  donne  ici  A  soa 
père  Sanche  le  Grand  le  titre  de  roi  des  monts  Pyrénées  et 
de  Tooloose,  que  parce  qu'il  avait  possédé  les  Pyrénées  de 
la  Navarre  et  de  l'Aragon  et,  au-delà,  wte  partie  des  Gaules 
jusqu'à  Toulouse,  la  ville  prépondérante  alors  de  la  Gaole  mé- 
ridionale, dont  était  comte  en  ce  temps  GnUlaame  Taillefer, 


TBARILATT*     I 


Catie  *plUph«  eiiUc  t  SiJbI  Wdon  de  LèoD.Voj.  dm  totM»,  CacMiGa,ak. 
IT,  c.  18,  f,  tan;  ei  Vepw,  Coronie*  tevettl  de  U  Ordu  de  Bu  Buaàl»,  L  t, 
p. tsi. 


Dam  Vepw,  1.  c,  p.  ISl,  M  diw  SndoTal,  HbL;  del  ny  D.  FetafJ»  «1  I 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


aUPTTSB  DIX-SEPTikia.  4C7 

allié  de  88  famille  '.  H  7  a  plas  :  Gnillaorne,  comte  de  Toa- 
loose,  et  Baynond  II ,  comte  de  Bonei^ne,  qoi  dominaient 
«or  presque  tont  le  Languedoc,  ne  s'étaient  pas  pressa  de  se 
soamettre  à  Hngaes  Gapet ,  sairant  l'antear  de  l'hiatoire  de 
Languedoc;  et  il  est  poeàble  que  Gnillanme  Taillefer,  dans 
les  premiers  mom^is  de  l'usurpation,  on ,  pins  pIiilosophiqDe- 
ment ,  de  l'aTénement  de  Hngues  Capet,  ait  préféré  relever 
da  roi  de  Navarre,  son  parent,  qae  de  l'ei-dnc  des  Parisiens 
n^nère  son  égal,  et  ait  reconnu  Sancho  pour  son  suzerain. 
Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  coujectore,  il  pouvait,  à  titre  de 
roi  ou  à  titre  d'allié,  tirer  des  secours  de  cette  partie  de  la 
Gaole.  Sancho  de  Navarre  avEtit  de  plus  un  autre  allié  encore 
pins  intime  an  nord  des  Pyrénées,  dans  la  personne  de  GuiF- 
laume  Sandos,  dont  il  en  tira  certainement.  Briz  Hartinez 
produit  une  charte  de  donation  de  Sanche  le  Grand,  eu  date 
du  14  juillet  1014,  signée  du  comte  Sanciuê  GvilMmw  co- 
fnei  de  Ctutsamia;  Sandoval  en  rapporte  une  antre  du  22 
avril  1022,  pareillement  signée  de  ceGnillanme  Sanche  des- 
quelles il  appert  nettement,  pour  parler  comme  Pierre  de 
Marca,  que  de  «on  temps  il  y  avait  un  comte  particulier  de 
Gascogne,  nommé  Sanctius  WiUelmas,  fort  affectionné  aux 
intérêts  du  roi  navarrais,  puisqu'il  ae  trouve  si  souvent  à  sa 
cour,  et  qu'il  confirme  ses  actes  publics  par  sa  présence  et  par 
sa  signature.  De  pins,  ce  Guillaume  Sanche  était  marié  avecUr- 
rava,  fille  de  Garcia  le  Trembleur,  roi  de  Navarre  (laquelle 
suivant  la  conjecture  d'Oienbart,  lai  avait  apporté  en  dot  la 
Vasconie),  et  était,  par  conséquent,  beau-frère  de  Sancios  le 

1  Goillanm*  d«  TODlaiu«i»ilépou««  la  prcmièrM  ou  locoadei  noet»  nue 
Alla  de  la  (DilnB  do  IKiiirre.  (Votbi  CaWI,  Uiil.  du  eamici  do  Tolme.p,  im 
et  >uli.)— Que  Gullligois  TaUlaTerrùt  comu  de  ToolauM  dam  lea  denléreà  •>. 
néei  du  dlïlem*  •lèels  cl  dan»  lu  pramlérea  do  ODilèmc,  cela  a*t  bon  de  donu 
Voyei  Iw  d)  leiMt  cbmal^Dci  da  r AppMidIce  de  Caiel,  aitlr'anirat  i.  chronlq«e 
tomane  ayec porlraiu  (p.  ïlj.  On  y  111  :  .  fiailhem  eonls  tiu  de  ToIom,  raleat 
M  aoM  de  tas  pephle.  MHD«iiael  k  Mtalwncar  l'u  de  Milro  Mihw 
»£CCctiHXii.  Vitqeet  coule  uidhm.  ■ 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


468  auTontB  d'espaork. 

Grand  et  sou  tauncîer,  soit  pour  tont ,  soît  poor  partie 
eenlement  des  état»  qn'il  gotiTeniait;'car  il  était  comte  de 
Bordeaux  ea  même  tempe  qne  doc  de  tonte  la  TasctHiie , 
sans  doute  de  la  Vasconie  gauloise,  que  Glaber  déEdgoe  par 
le  nom  de  Navarre  '  ;  c'est  de  ce  Gnillanme  qne  parlent 
Adbémar  et  Glaber  dans  leurs  cbroniqnes,  et  Glabo  notam- 
ment ,  de  manière  k  ne  pas  faire  donter  qu'il  ait  pris  part 
h  la  bataille  dont  il  va  être  question».  Il  amena  en  effet  ea 
Espagne,  de  la  partie  de  la  Gaule  Aquitaine  qu'il  com- 
mandait, tont  ce  qu'il  put  lever  d'bommes  en  état  de  por- 
ter les  armes.  Les  prêtres  eux  -  mêmes  ceignirent  le  bau- 
drier et  endossèrent  le  carquois,  à  cause  de  la  rareté  des 
soldats,  dit  Glaber^;  et  une  armée  cbrétienne  pins  considé- 
rable qn'aucone  de  celles  qui ,  jusque  là,  avaient  tenté  de 
résister  à  El  Hansour,  se  réunit  sur  les  froutièreBde  la  Vieille- 
Castille.  Les  trois  peuplades  vascones  elles-mêmes,  h  l'appel 
de  Sancbo,  portèrent  jusque  dans  les  plaines  castillanes  leur 
étendard  où  dès-lors  se  voyaient  trois  mains  sanglantes  avec 
ces  mots  :  les  trois  n'ai  font  qu'une  (Irrnrakbat),  uni  aux 
étendards  de  Navarre,  de  Castille  et  de  Léon. 

Telle  était  l'armée  des  chrétàens.  Écoutons  maintenant  le 
récit  des  Arabes  : 

Les  HusulmauB  partirent  (probablement  de  Tolède)  divisés 
en  deux  corps  de  bataille;  dans  le  premier  était  la  cavalerie 
d'Andalouàe,  et  dans  le  second  celle  d'Afrique;  ils  conni- 
rent  les  terres  que  borde  le  Duéro,  sans  trouver  de  résistance 
nulle  part,  et  ils  remontèrent  le  fleave  jusqu'à  sa  source.  U, 
vers  an  lien  appelé  en  castillan  Galatailazor  (Kalaat  al  Mos- 

I  Nou  troiiToiiidiii)  AlnaiD,  Pin  tllaS.AbboBli  Floriun*!*: — Ufiall- 
leloBi  SractloaU  Blln*  BaH«tal>a«iain  Copiei,  ic  toilM  6iu*e««i»  dax  [>•>• 
qnci,  Ui,p.  SM). 

>  Inlil  enm  efi  (Sarnceoli)  prMlU  Wlllelmui  Dm  Nmn«  cop 
ciM  (Badol.  filibar,  I.  il,  t.  0). 

1  ToBC  Mlaa  ob  «urdUM  iwImum  atoftU  mt  nflMli  tt. 
iiwre  ■»»  beUfM  (lUd.,  I.  c). 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


GHAPITU  Dtl-SEPTlilIB.  469 

Boar  en  arabe,  la  hauteur  du  vautour  on  de  Tt^e  ^),  ils 
tronvèrcint  les  chrétiens  campée.  Lear  armée  était  partagée  en 
trois  almafallas  ou  grandes  âiviBions,  qui  couvraient  les  cam- 
pagnes de  leur  multitude,  semblahles  à  trois  immenses  essaims 
épars  de  sauterelles.  Lorsque  les  éclaîreors  musnlmaus  aper- 
çurent le  camp  des  infidèles  si  étendu,  ils  furent  terriSés  de 
leur  multitude,  et  ils  eu  donnèrent  avis  au  hadjeb,  qui,  avec 
ces  mêmes  éclairenrs,  reconnut  la  porâtion  des  enoemia,  et 
donna  ses  ordres  pour  la  balaille  :  il  y  ent  ce  jour-là,  entre 
les  éclaireors  des  deux  armées,  quelques  escarmouches  qne 
suspendit  l'arrÎTée  de  la  nuit.  Pendant  la  courte  trêve  qu'elle 
leur  accorda,  les  -walis  mosolmans  ne  goûtèrent  point  les  dou- 
eenrs  du  sommeil  :  inquiets,  et  balançant  entre  la  crainte  et 
l'espoir,  ils  r^ardaient  les  étoiles  et  le  ciel  du  côté  de  l'au- 
rore, et  l'arrivée  de  cette  clarté  rongeAtre  de  l'aube,  qui  réjouit 
d'ordinaire  les  hommes,  obscnrdt  alors  le  cœnr  des  gneniers 
timides,  pendant  que  le  bmit  des  trompettes  et  des  clairons  fit 
trembler  les  plus  courageux  et  les  plus  aguerris.  Le  hadjeb  fit 
saprièrederaube;Iesgéuéraax  se  rendirent  à  leurs  postes,  et 
rejoignirent  leurs  bannières.  Les  chrétiens  s'ébranlèrent  et 
leurs  escadrons  s'avancèrent  en  bon  ordre  :  la  terre  trem- 
blait sous  leurs  pas.  Le  cri  de  guerre  des  Musulmans  :  Dieu 
est  grand!  Dieu  est  grand!  (Allah  hou  Akhar!)  et  celui  de 
l'antre  camp  ae  confondirent;  le  bmit  des  tambours  et  des 
trompettes,  le  hennisBement  des  chevaux,  rësonnaient  dans 
lea  montagnes  environnantes,  et  le  del  semblait  s'écrouler  : 
la  bataille  s'engagea  avec  one  ardeor  et  une  bravoure  égales, 
et  fut  soutenue  par  les  deux  années  avec  une  admirable  fer- 
meté :  les  chrétiens,  sur  leurs  chevaux  couverts  de  fer,  com- 
battirent comme  des  loups  a%més,  et  l'on  voyait  de  tontes 
parts  leurs  généraux  exciter  leurs  soldats.  £1  Uansour  retour- 


<  In  loco  qitodun  qil  inblci  dtdtiir  CaliUniior,  Ittloé  «nten  dicilnr  Va|ln. 
m «lUtad*  (ao4.ITatet., 4«  lab.  Hl^., I.  t,  t.  n). 


>;,l,ZDdbyG00gle- 


470  vsvooB  d'bspiari. 

nait  de  tous  oàtés  son  gàtëreox  cheval  de  bdiâlle,  pmil  A 
ttii  féroce  léopard;  il  ^fooc*  avec  ses  cavatters  aadaloiu  ces 
guerriers  coaverts  d'armes  sanglantes,  et,  s' avançant  au  {Ans 
fort  de  U  mêlée,  il  s'indignait  de  cette  réaistance  inaeooatn- 
mée  et  de  la  faronche  valeor  des  infidèles  :  ses  géoéranx  fai- 
saient des  prodiges  de  valeur  :  plusieurs  fois  les  cavaliers 
africains  enfoncèrent  les  escadrons  pressés  des  chrétiens  ;  et  la 
poussière  qui  s'éleva  sur  toute  l'étendue  du  champ  de  bttailla 
obecarint  le  soleil  avant  l'heure  :  la  nuit  vint  enfin,  lA  s^tara 
les  combattans  sans  qoe  ni  l'nn  ni  l'antre  eût  cédé  on  ponce 
de  terrain.  Nul  ne  savait  eu  juste  queUes  pertes  il  avût 
faites,  ni  n'osait  s'idtribuer  la  victoire.  Retiré  dans  sa 
tente,  El  Hansoor  attendait  que  les  généraux  de  son  armée 
s'y  rénnissent  suivant  leur  coutume  :  voyant  qu'ils  tardaient 
et  qu'il  n'en  arrivait  que  quelques-uns,  et  ayant  appris  que 
la  plupart  d'entre  eux  avaient  péri  en  combattant,  et  que  les 
autres  étaient  blessés,  il  reconnut  tonte  l'étendue  de  la  perte 
qu'avaient  éprouvée  les  âens,  et  donna  l'ordre  de  lever  le 
camp  avant  le  point  do  jonr,  et  de  regagner  la  rive  gauche 
du  Duero  par  les  ponts  d'Àndalous ,  l'armée  marchant  en 
ordre  de  bataille  pour  le  cas  où  les  ennemis  viendraient  à  la 
poursuivre.  Les  chrétiens,  voyant  tes  moavemeoa  des  Mnsnl- 
maos,  et  croyant  que  c'était  pour  recommencer  la  latte,  se 
mirent  en  ordre  de  bataille  de  leur  côté  ;  mais,  quoique  lùen- 
tôt  oertaim  delà  retraite  des  Musulmans,  ils  renoncèrent  à  les 
poursuivre,  accablés  qu'ils  étaient  des  fatigues  du  jour  pré- 
cédent, et  à  cause  des  grandes  pertes  qu'ils  avaient  etu-më> 
mes  éprouvées.  «  Après  un  carnage  considérable  de  part  et 
d'autre,  la  victoire  resta  enfin  aux  chrétiens,  dit  Rodolphns 
Glaber,  mais  elle  leur  coûta  cher.  Les  Sarraàns  qui  survé- 
curent à  leur  défaite  cherchèrent  un  refuge  vers  l'Afrique. 
Kais  il  est  prouvé  que  les  chrétiens  perdirent,  dans  ces  com- 
bats jonmaliers,  un  grand  nombre  de  religieux  qui  avaient 
él^  entrées  sur  le  cbunp  de  bataille,  plutôt  par  un  senti'' 


i.vGoogIc 


CHÂPiTBX  DIX-SKPTIEHE.  471 

ment  de  diarittf  et  d'amour  poor  leurs  frères,  qae  par  l'at* 
trait  des  Taines  gloires  de  ce  monde'.  > 

El  Maneoar  se  seatit  si  abattu  et  si  chagrin  de  sa  défaite,  la 
première  qu'il  eût  subie,  qu'il  ne  prit  aucun  soin  deses  bles- 
sures; l'agitation  et  la  tristesse  de  son  esprit  les  env enimèrent, 
et  y  reconnut  que  son  heure  était  venue  :  ne  pouvant  se  tenir 
à  cheval,  on  le  mit  sur  on  brancard,  et  il  fit  quatorze  lieues 
porté  sur  les  épaules  de  ses  soldats  jusqu'à  Walcorari,  sur  les 
frontières  de  CastJlle,  aui  environs  de  Medîna  Sélim  ;  il  ren- 
contra là  son  fils  Abd  cl  Iklek  qoi  accourait,  envoyé  par  le 
khalife  Ilescham,  probablement  avec  quelque  renfort,  pour 
aviûr  des  nouvelles  de  son  père  ;  c'est  en  ce  lieu  qu'il  mourut 
le  lundi  trois  jours  avant  la  fin  de  la  lune  de  ramadhan  de 
l'année  392  (9  août  1002),  à  l'^e  de  soixante-cinq  ans  lu- 
naireu  *.  La  nouvelle  de  sa  mort  répandue  parmi  les  soldats 
les  frappa  de  consternation  :  tous  pleurèrent  le  glorieux 
général  qoi  les  avait  si  souvent  conduits  à  la  victoire,  et 
qu'ils  regardaient  comme  leur  père  et  leur  défenseur. 
Son  fils  Abd  el  Helek  el  Modhafer  prit  le  commandement 
de  l'armée.  On  transporta  le  corps  d'El  Hansour  à  Médina 
Sélim,  où  OD  l'enterra  avec  ses  propres  vétemens,  comme 
étant  mort  au  service  de  Bien^,  et  on  le  couvrit  de  la  pous- 
sière parfumée  qu'il  avait  recueillie  en  pins  de  cinquante 
batailles  heureuses  gagnées  contre  les  infidèles.  Toute 
l'armée  accompagna  son  cercneil,  et  son  fils  El  Hodhafor 

■  S«d  Id  lUk  dlDlIali  cnBktlbu  prallornoi  eoniUt  ehrlitUnon»  ralIgloMt 
plarti  oCEBbnlua ,  qui  potlu  ab  trtxtnm  durlUUi  imsTcn  nphbuil  dtcar- 
un,  qnim  propur  aUquim  glarlim  lindii  pompailea  (Bodelph.  GJibtr,  1.  e.}. 

iBlHomiïdlet  AbonrBekrelKodaij  (dau  Caiiri,  p.  aoi  et«)dUMIqBll 
mournl  od  l'ia  SSS  di  l'bi|ifa  ;  Aboa  Bckr  fixa  do  pinj  la  Jaar  da  h  mort  as  SU 
de  rinadhip  (1  (oBt  IDOl).— fiSuulBDilrei  èqolTalanl  IpeadachoM  pf«  t 
ei  ds  DM  tauit*. 

>ll  Hikkiil  (inlfl  par  MarpliT,c.S)dltqn'U(UHltloB)oan  parlât  dtoiaaa 
bae>te«  la  drap  daillaè  1  l'ausTallr,  Umo  d'an  «burre  eaeilU  el  roii  d>H  od 
cbimp  qui  loi  TeniJI  de  l'hMlH*  t»t9n»l,  M  BU  pu  ^  propraf  malst  da  wa 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


472  '     nSTOIHE  d'espagre. 

(qne  Dira  l'ait  en  sa  miséricorde  !)  dit  pour  Im  la  prière  des 
morts.  Ainsi  fot  ensevrii  El  Hanaoor  dans  la  glorieuse  potK- 
ùère  de  ses  batailles.  •  labumez  les  martjrs  comme  ils 
sont  morts ,  dit  le  Koran ,  avec  leor  habit ,  leurs  bles- 
sares  et  lenr  sang.  Ne  les  lavez  pas  ;  car  leurs  blessures, 
an  jour  do  jogemmt,  anrtMtt  l'odear  da  musc.  •  Sar 
son  tombeau  farent  gravés  quatre  vers  arabes,  da  mètre 
kanil,  dont  voici  la  tradaction  : 

Ses  actions  le  fereot  conaattre  son  histoire 

Et  ce  qa'il  fat,  comae  ri  ta  ie  voyais  de  tes  yeas. 

Par  AlUb  I  le  tenps  n'en  unfeaera  isatis  an  senUible. 

Ni  persoDoeqnl,  coauae  loi,  défende  dos  froodères  '. 

Telle  fat  la  fin  de  Mohammed  ben  Abdallah  ben  Abi  Ahmer 
£1  MaiLsour,  dans  an  âge  qai  pouvait  Ini  permettre  enoore 
-  les  longs  espoiis  et  les  vastes  pensées,  >>  el  lorsque  smpoa- 


PlMimn  anleBri  rippocUal  riptl^k*  d'BL  Hinnar,  utr'MUw  Atea  Tilh  hwi 
ScbiriT cl  RoDdi  dau  wa  inliè  de  TcnlSulion  contwié  k l'EwwkU  EUe  atU 
Induite  par  Cialri  comma  lliull  : 

Qatlii  llle  Tuli,  ecatt  douDt,  nua  iMoi  u  il  tptam  in  tit  onranc-  Alter  Ha- 
piDJB  dtfaBMr  linilit,  credc  miU,  nnpqnin  «itliarit. 

Dam  lOB  biiLaira,  Couda  donna  ds  celte  tpltipbe  limpla  at  dl^aa  aae  para- 
phraH  en  lari  qui  n'a  p«a  molu  da  buit  Tan  eaMilkni  poar  la*  ivalre  T«fa  ara- 
ltMdaFMialnil,camp«tie,t  ca  qa'll  >oaa  ippread,  paraon  ami  D.  Leaadn 
Vernand*!  Horalla,  d  qat  n'ca  Tant  paa  mieni  poar  cala  (tdjm  Coude,  c  IWJ. 
Lu  lar*  miiaoi  nom  larablent  prtKnblet  en  eeqa'lla  randaat  da  iBolu  leaeat 
«t  le  earacUra  de  l'orlrtaal,  k  qnglqnei  radondancei  prêt  : 


Ca  Mal  d'jillcnrf  loataon  cncon  ili  ven  cuilIteH  ponr  quilic  arabw. 


3,q,l,ZDdb|G00gIe 


CIUPITHE  DIX-SEPimUE.  4/3 

Toir  ëtût  affermi  et  ses  afCsires  an  pins  haat  poiot-  de  proa- 
périté.  Les  mémoires  arabes  sont  pleios  de  ses  louanges  et 
d'aoecdotes  dont  il  est  le  principal  eojet.  «  Le  hadjeb  Elm  Ab- 
dallah ben  Abi  Abmer  el  Hansour,  disent-ils,  avait  goarerné 
l'état  avec  gloire  et  avec  de  grands  avantages  poor  l'imam, 
pendant  vingt-cinq  ans.  La  reine  Sohbeja,  mère  de  l'imam 
Hescham,  l'avait -chargé  de  tontes  les  affaires  de  paix  on  de 
guerre,  et  rien  dans  l'état  ne  se  faisait  sans  son  consentement, 
en  sorte  qa'il  ne  M  manquait  qne  le  titre  de  khalife;  mais  en 
vérité  l'on  dnt  à  sa  prudence,  à  sa  valeur  et  à  sa  fortone 
de  grandes  prospérités  et  de  grandes  conquêtes.  Il  fut  toujonrs 
'Vainqueur  de  ses  ennemis;  il  iie~vit  aucune  armée  d'infidèles  on 
d'ennemis  qu'il  ne  l'enfonçât;  il  n'assi^ea  ancone  ville  on  for- 
teresse qu'il  ne  la  prit,  etil  étenditles  frontière  desHusnImans 
jusqu'aux  extrémités  de  l'Espagne,  d'une  mer  à  l'antre.  Pen- 
dant tout  le  temps  de  son  gouvernemeut,  la  félicité  de  l'état 
n'éprouva  aucune  interruption;  car,  par  la  crainte  qne  toat 
le  monde  avait  de  lui,  personne  n'osa  susciter  la  plus  légère 
étincelle  de  sédition  on  de  désobéÎK-sance.  Aussi,  de  son  temps, 
l'état  fut-il  si  florissant  qne  jamais  il  n'avait  atteint  nu  st 
bant  degré  de  grandeur  et  de  puissance.  Les  campagnes  viC' 
torieuses  qn'il  fit  'contre  les  chrétiens  dépassèrent  le  nombre 
de  cinquante,  si  bien  qne  leurs  rois  intimidés  l'envoyaient 
prier  de  leur  donner  la  paix  et  de  ne  les  point  achever.  Il 
était  né  l'an  327,  année  de  la  aan^ante  bataille  d' Al  Khandik 
de  Zamora,  et  le  Seigneur  choisit  le  bras  d'El  Mausour  pour 
venger  l'Islam  :  sa  mort  eut  lieu  à  la  fin  du  ramadban  de 
l'année  392,  aar  les  froutières  de  Castillc.  Lorsqu'on  apprit 
à  Gordone  la  Aiueste  nouvelle  de  sa  mort,  ce  fat  un  jour 
de  deuil  et  d'affliction  générale,  tant  dans  cette  cité  que  dans 
les  autres  de  l'empire,  et  de  longtemps  on  ne  put  se  consoler 
d'une  aussi  grande  perte  '.• 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


474 

Aind  qa'on  pent  le  pmeer,  los  chrétieiu  parlent  en  d£ 
toat  antres  termes  de  la  mort  du  hadjeb,  et  s'en  réjoÙGaent 
comme  de  la  chute  dn  pins  redoutable  de  lenrs  ennemis. 
■  Après  avoir  fait  des  chrétiens,  pendant  de  longues  années^ 
le  ploB  effroyable  massacre,  dit  te  moine  de  Silos,  Alman- 
zor  fut  enlevé  près  de  la  grande  \ille  de  Hëtina-CkBlim , 
par  le  diable  qni  l'avait  possédé  vivant  et  plongé  dans 
l'enfer'.  ■ 

Les  Annales  de  Compostelle  nous  disent  plos  brièvement: 

EnlIXL(1003J  mortutuestAlmon>r>. 

£t  les  Annales  de  Burgos  : 

£ra  MXL  monmts  est  Alnaazor,  et  sepattos  est  in  Infemo^. 

On  ne  saurait,  comme  on  voit,  concevoir  le  moindre  donle 
sur  la  date  de  la  bataille  de  Caktaûazor .  Les  anciens  docamens 
cbrétiens  concordent  là-dessus  avec  ceux  des  Arabes.  C'est 
donc  nne  errenr  notable  en  bistoire  et  en  cbronologie  qne  celle 
des  bistorieus  espagnols  qui,  depnis  Lacas  de  Tny  et  Roderich 
Ximenez  jusqu'à  ces  derniers  temps,  ont  tons  placé  l'époque 
de  la  bataille  de  CalataAozor  en  998,  et,  pour  être  eonsé- 
quens  dans  leur  erreur,  ont  cbangé  les  noms  des  princes 
chrétiens  qni  g^;nèrent  la  bataille,  nommant  Bermnde  an 
lieu  d'Alfonse  V;  Garcia  le  Trembleur,  de  Navarre,  au  lien 
de  Sanchfl  le  Grand,  et  Garda  Fernandez  de  GastiUe ,  an 
lien  de  Sancbo  Garcez,  son  fils.  Vainement  a-t-on  essayé  de 
justifier  ce  grossier  anachronisme  en  supposant  un  intervalle 
de  qnatrc  ans  entre  la  déroute  et  la  mort  d'ËI  Mansour; 
en  supposant,  en  d'antres  termes ,  qu'il  fut  vaincu  en  998, 

t  Siqnidem  un  (pln«Tr(iiemblsblaiDaDlxxiti),r«fBl  inna  poiiUDlUiehrU- 
IliDortun  borrirwM  iirtici  Almtaior  »  imnaal»,  qaod  aam  tItidImh  pwrtd»- 
i*t,lDlertaplui,  *pad  HMlDiinCcElImaHilnun  dTittlein,cl  in  interna  MpollM 
Ml  (MoMCb.  Silen*.  Cbr.,  Don.  71}. 

IBip.  S>gr.,(.ll3,  p.  SI». 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


CHAPITBI  IMX-SXPTIÎItE.  475 

et  mourut  de  dépit  quatre  ans  après,  en  1002  :  les  hiB-< 
toires  des  Arabes  noos  disent  toutes  qoe  sa  maladie  d'es- 
prit fat  violente  et  courte  ;  ce  qui  effectivement  dut  être 
ainsi  puisqu'il  n'eut  pas  le  temps  de  se  faire  transporter  4 
Cordooe.  U  serait,  d'aill^irs,  impossible  de  jostifler  la  pré- 
sence de  Garcia  Femandez  à  cette  bataille,  même  en  admet- 
tant la  date  de  998,  puisqu'il  était  mort  dès  995,  et  encore 
moins  celle  de  Garcia  le  Trembleur,  mort  vingt-hnit  ans 
auparavant.  Ce  qu'ajoute  Lucas  de  Tuj,  que  le  jour  même 
de  la  victoire  des  chrétieas,  an  diable,  sous  la  figure  d'an 
pécheur,  chantait  sur  les  bords  du  Gnadalquivir ,  d'une  voix 
donloorense  et  lamentable,  alternativement  en  chaldëen  et  en 
espagnol  :  à  CalataOazor  £1  Hansoar  a  perda  son  tambour, 
est  un  conte  populaire ,  il  est  vrai ,  mais  qui  témoigne  de  la 
singnlière  et  mystérieuse  idée  que  les  chrétiens  se  faisaient 
d'El  Hansour.  Suivant  le  commentaire  de  L'évèque  de  Tuy, 
les  mots  qne  chantait  ainsi  le  prétendu  pécheur  voulaient 
dire  :  à  Galatafiazor  Almansor  a  perdu  sa  timbale  on  son 
sistre,  c'est-à-dire  sa  joie  (ou  son  bonheur).  «  Les  barbares 
de  Gordoue  venaient  vers  Jui,  contjnne  Lucas  ;  mais  dès  qu'ils 
s'en  approchaient,  il  s'évanouissait  à  leurs  yeux,  et,  réappa- 
raissant aussitôt  dans  an  autre  endroit ,  il  répétait  la  même 
plainte.  Nous  croyons,  pour  nous,  que  c'était  le  diable  qui 
pleurait  ainsi  la  défaite  des  Sarrasins  ■ .  ■  Les  grands  caractères 
et  les  grands  événemens  ont  en  de  tout  temps  ce  privilège  de 
monter  l'imagination  des  hommes  aa  ton  des  prodiges:  l'his- 
toire des  peuples  de  l'antiquité  est  pleine  de  ces  fables  poéti- 

■  Ulnbile  Ni  dlclu  Ipu  dis  qat  li  CiniUaiiDr  inccabnil  Almtoior  quidini 
quaiî  piicitor  io  ripi  flumJDli  do  Guadslquiiir  quati  plaDgens  moda  ChaUlaico 
icrmone,  idimId  hlipinlco  climibil  dloDi  :  £»  Canttanazar  ptrdià  Almaïaar 
<IlMitar;ld  ait,  lo  CtniUnuor  perdidil  Almuior  tTmbilBm  ti*s  ililran, 
boctal,  lalKism  mam.  YBDlebiDl  ad  amn  barbari  Coidnban»»,  CLcum  appro' 
plBqnanDt  el,  etsiHKcabatabocnlIa  e«nuii,  cl  luram  Inalloloco  apparau  «a- 
dam  plangani  rapalabaU  Hudc  cicdlmoa  diaboliun  rut*a«,  qol  SarTUUionuB 
pItDgabtl  dajacUoMH  (Lnc.  Tod.  Cht.,  p.  as;. 


>;,l,ZDdbyG00g[c 


476  BISTOBK  d'ESPAGHE. 

qoes,  et  l'on  en  ponmit  dter  mille  de  cette  sooNe  féconde 
Bées  et  répandtus,  à  commencer  par  l'hiatoire  mjthcdoguiae 
des  héros  et  des  dienx.  C'est  du  reste  à  Lacas  de  Tnj  que 
nom  devons  la  connaissance  de  ce  fait  qae,  depuis  sa  défaite, 
El  Hansoar  ne  Toalot  ni  boire  ni  manger;  ce  qui,  joint  à  ses 
blessares  et  au  chagrin  mortel  où  il  était  de  se  tcht  vainca, 
précipita  sa  fin  de  telle  sorte  qu'il  moorat,  conune  nous  l'a- 
vons TU  plus  hant,  avant  même  d'être  arrivé  kHédina-Cœll'. 
Comme  la  pli^tart  des  Ommjedes  jnsqn'à  Hescham,  El 
Bbmsour  ne  fat  pas  seulement  un  général  dnqnante  fms  vie- 
torieui,  c'était  encore  on  po^  distingné,  érudit  et  savant,  et, 
par  goût  autant  que  par  politique,  mi  protecteur  éclairé  des 
lettres  et  de  ceux  qui  les  cnltivRieuL  Nous  avons  vu  qu'il  avatt 
coutume  d'emmener  toujours  avec  lui  duia  ses  expéditions 
deox  ou  trois  poètes,  avec  lesquels  il  seplaisait  h  s'entretenir. 
C'est  ainsi  qu'il  avait  avec  lui  A  son  expédition  de  Galice  pour 
la  conquête  de  Santiago  Abd  el  Hèlek  cl  Harizi  et  £ben  Déradj 
el  Kaschtali  (de  Gastalla);  ils  décrivùent  en  vers,  à  l'ombre 
des  tentes,  dit  l'écrivain  arabe,  lea  batailles  et  les  moaTemcm 
de  )a  conquête,  luttant  entre  eux  de  &dlité,  de  fécondité  et 
d'él^anee.  Dans  une  occasion  El  Harin,le  soir  même  d'un 
jour  marqué  par  un  combat  qu'il  avait  faUu  livrer  à  nn  gros 
de  paysans  galiciens  qui  s'étaient  portés  contre  les  Arabes, 
présenta  sa  composition  terminée,  et  El  Hansour,  ajant  dit  à 
Ebn  Déradj  :  ■  £t  toi,  en  feras-tu  autant?  ■  dans  la  noit 
même,  avant  le  point  da  jonr,  celui-ci  loi  présenta  nn 
poème  où  les  marches,  la  description  du  pays,  tons  les  ineidens 
de  l'expédition  et  le  dernier  combat  étaient  minutieosemmt 
bien  que  poétiquement  décrits.  A.  Cordone  la  maisou  du  bad- 
jeb  étdt  comme  une  académie  :  celui  qui  y  tenait  le  premier 
rang  et  proposât  les  sujets  qne  l'on  devait  traiter  était  le  docte 

■  Almanur  lalcni  ib  htc  dic  qm  isccubDlt,  doIdIi  eoHcSprc,  iniae  bibcn, 
gti«ii<tBi  In  tiiluup],  qD>  dkilar  Hedlatcclan ,  noitsai  etl,  rtibUMma- 
paliaiObld.,!.  cO- 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


CBAPITBX  l>IX-9XPnilfE.  477 

ItH^iim  ben  Nazar  el  Sar^oosti  on  de  Soragosse,  qne  l'on 
iqppetait  le  Halek  bea  Anas  de  son  âècle,  on  des  plos  savana 
monfti  de  la  moBqaée-djéma  de  Cordoae.  On  pent  juger  de 
la  libéralité  du  liadjeb  envers  les  gens  de  lettres  par  le  trait 
snivant  :  Saïd  ben  Othman  ben  Merwan  el  Koraïschi,  connu 
sons  le  nom  d'Ebn  Bélota,  Ini  prësenla  un  joar  (les  écaÎTaina 
arabes  en  ont  e<Hiservëla  date  précise  comme  d'un  éTénement: 
c'était  le  samedi  12™"  joor  de  la  lune  de  ramadhan  381) 
ane  kassidé  à  sa  louange;  c'était  nn  récit  de  ses  expéditions  et 
(le  ses  benreoses  victoires;  le  poète  Int  sa  pièce  chez  le  badjeb 
aux  grands  appla^flissemens  de  tons  les  assistans  :  elle  conte- 
ntùt  cent  vers;  le  lendemain  £1  Hansonr  envoya  an  poète  trois 
ooita  dinars  d'or  (trois  pièces  d'or  pour  chaque  vers). 

Attirés  par  la  renommée  des  savans  d'Espagne  et  sortent 
de  cens  de  Cordoae,  on  j  voyait  arriver  des  gens  de  tons  les 
paya,  tantd' Afrique,  d'Égjpte.deSyrie,  des  Iraks  et  de  Perse, 
qne  des  terres  de  Ronm,  d'Elfrank  et  de  Galice.  C'était  par 
soite  de  ce  monvement  qn'était  passé  en  Espagne  en  380  un 
poète  que  nous  conoaisscHis  déjà,  Said  ben  el  Hassan  el  Bébay 
connu  sons  le  nom  d'Aboul'Ola,  et  originaire  de  Diar  Hos- 
Bonl.  Il  avait  étudié  à  Bagdad  et  on  le  regardait  comme  lo 
meilleur  poète  de  son  temps;  ilétatt  doux,  affable  et  très  pré- 
venant: El  Hansonr  le  combla  d'honneurs  et  de  bienfaits, 
et  lui  assigna  nue  pension  pour  son  entretien  sur  les  foûda 
destinés  aux  geus  de  lettres,  ftmds  qui  souvent  étaient  ïnsuf- 
fisans  dans  seatuains  libérales ,  et  auxquels  il  ajoutait  alors  de 
ses  propres  deniers.  Cet  AbonVOla  était  fort  adroit  et  très 
délié  pour  obtenir  des  faveurs  et  des  récompenses,  an  moyen 
de  ses  louanges  et  de  ses  vers,  et  il  n'en  laissait  pas  échapper 
l'occasion.  Il  entra  un  jonr  dans  la  maghlisa  d'Ël  Mansonr 
avec  nue  soubrevesle  très  usée  et  trouée,  à  travers  laquelle  on 
Voyait  les  vétemeus  de  dessons;  c'était  nu  jonr  extraordinaire 
où  les  assistans  étaient  nombreux,  et  en  l'apercevant  en  cet 
état,  El  Hansonr  loi  dit  :  •  Qa'est  cela,  AbonrOb?  -  Et  celai- 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


478  HIBTOIBK  b'ESPAOn. 

et  répondit,  d'un  ton  himUe  et  lBinentid>te  :  -  C'ert  nn  pr^ 
sent  de  notre  soaTenÛD  (qoe  Dieu  le  conserve,  et  veoille  le  lui 
reodre!)  :  je  n'ai  pcnnt  depomreqne  j'aime  antant,et  e'ot 
poar  cela  goe  je  m'en  sois  vètn  aajonrd'faai.  <•  El  ManMor 
loi  dit  :  >  Tn  fais  bien,  El  Bébay,  et  ponr  que  tn  la  conserves 
noQH  t'enverronn  demain  d'aotreiiTétemenspour  la  remplacer; 
nooB  Tonlons  que  tn  poisses  l'épai^er  et  la  garder  comme 
elle  le  mérite.  ■  Saëd  ben  el  Hassan  dédia  an  hadjd)  phmeon 
ouTrages  ;  de  ce  nombre  étaient  le  Kitab  Foesoul  on  le  Une 
des  topazes,  le  Nooèdjr  Owa'l  Ghafàb,  on  expUcatifHi  de  l'on- 
vrage  de  Abon  Aly  et  Kali ,  un  livre  d^  proverbes  et  de 
ftbles,  an  traité  des  profondeorB,  nn  antre  des  escadrom, 
qui  plaisait  beanoonp  à  El  Mansonr,  et  d'antres  encore,  dont 
les  titnss  mêmes  se  sont  perdus. 

Les  écrivains,  les  savans,  et  les  poètes  qui  flenrirent 
sous  le  gouvernement  d'El  Mansonr,  forent  trop  nombresi 
ponr  que  nous  en  donnions  ici  la  nomenclature.  Noos  non- 
merons  cependant  quelques-uns  des  prindpanr,  et,  en  pre- 
mier tien,  te  célèbre  médecin  connu  sous  le  nom  vu^aire 
d'AbnIoasis,  dont  Coude  parle  sons  le  règne  d' Abd  el  Sahman 
ri  Nassr',  qui  fat  le  médedo  d'El  Huisonr,  an  r^iport  de 
Léon  l'Africain,  et  l'auteur  d'un  ouvrage  de  médecine  pra- 
tique semblable  an  Canon  d'Anonme,  (dein  de  ficîEnee  et 
d'observation,  que  les  médecins  arabes  consultant  encore 
aujourd'hui,  comme  nos  médecins  consultent  Hippooate  et 
Galien.  Le  nom  entier  de  cet  illustre  médecÉi  était  Kbalaf 
Abou'l  Kasem  ben  A1>1m3  d  Zabrawi,  o'est^-dire  de  Zibra. 
Il  est  était  né  à  Cordone  en  9)3,  l'année  même  de  l'avéK* 
ment  d'Abd  el  Bahman  III,  sons  le  règne  duquel  il  coa- 
meoça  à  fonder  sa  réputation ,  et  sut  prolonger  sa  vie  jusqu'A 
répoqnedelaguerredeCordooe,  en  1013,  qu'il  rnoomt Agé  . 


t  Conda,  c.  81.  —  CoDdo  le  mfnllonni^  «urloul  pour  i«  miiiDn  ourcrttu 
ytoTrM  M  fw  Iw  mIh  n'il  ■•■'  pf«d%Mll. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


479 

de  cent  et  an  ans.  Le  samom  de  Zahrawi  M  vint  de  ce  qa'ëtan  t 
médecin  des  khalifes  et  eDsuite  des  hadjebs  qui  en  exerebvnt 
la  pnîaBBnce ,  il  faisait  son  séjour  habituel  dans  la  résidenfle 
rojrale  de  Zahra.  Il  y  a  donc  identité  certaine  entre  l'Abonl- 
caBÏB  dont  on  parle  conunQnémeBt,  et  le  Kbalaf  hen  Ahbas  el 
Zahrawi  de  Gonde  (chap.  81),  qui  n'est  antre  Ini-méme  que 
l'Ëaaharagni  de  Léon  l'Africain*. 

Noos  ayons  dit  qae  les  onvrages  d'£l  Zahnnri  étaient  en- 
core aajonrd'hni  consnltà  avec  fmît  par  les  médecins  mu- 
Bulmans  :  nons  aarions  dâ  dire  qu'ils  sont  dignes  de  l'être 
par  les  médeciDs  de  tontes  les  écoles  et  de  tontes  les  facultés. 
£1  Zàbrayti  (on,  si  l'on  vent,  Abolcasis)  est  notamment  auteur 
d'nn  traité  sur  la  médecine  ttiéoriqae  et  d'un  traité  de  chi- 
rur^e  où  l'on  trouve  la  source  ou  l'indication  de  plna  d'une 
déoouTerte  heoreuse,  et  un  grand  nombre  de  procédés  utiles 
on  iiigénieux  de  nature  à  être  employés  aTantageusemeot  de 
tout  temps  dans  l'art  de  guérir.  C'est  ainsi  qae  de  deux  passa- 
ges de  ces  ouvrages  semble  résulter  que  la  hthotritie ,  qœ  nons 
tenons  pour  d'invention  toute  moderne,  était  connue  à  Cor- 
doue  dès  la  seconde  moitié  da  dixième  siëde.  Il  existe  du 
traité  sur  la  médecine  théorique  une  traduction  latine  qui  a 
eu  plusieurs  édîtions  (la  première  est  de  1519  :  c'est  celle 
que  j'ai  sous  les  yeux'};  on  y  lit,  sur  la  lithotritie,  on  sur 
une  méthode  tellement  analogue  qu'on  peut  sans  héôler  hii 


1  lHb«r«(Eil,  Bou  dit  ea  dernier,  rail  mMUeni  HibmtU,  CordidM  comIUuII, 
ei  proilmni  BmI»,  qii  conpotull  Ilbrum,  ilcat  data  Ath«iw  Id  arle  Mell- 
dna  BiUlHlmam  qohlUD,  qno  eilut  adtanc  boBeteBl  mtUd  MaMar.  Vlill 
«aléa  hbn  cealan  raam  ^1  dUII  raaa  BtlH  Cardato,  deBUMgln  nrè  un» 
qaadriataaUilnM  qntrlo  (ci  I.«m.  Afric.  Hm.,  de  Serlptoribai  Arabkit.la 
HoUll^o  blbUoibMiTlo  gnadiiHHJU),  p.  3M).  —  Cmi  d'illlnn  par  erreur 
qae  Betlloecr  mit  «■  ourge  :  Mortmu  À.  B.  «M,  ea.  Chr.  lOM:  tt  ■  oublié 
que  IM  usée*  IiImiIHi  toal  laaiircf.  L'trrear  Mt  plu  (nade  mmtm  ««m  b 
bio«npU«  da  Bteénl  BMareli  oè  l'on  Ul  MMrir  AbBaiMtli  m  IIOI,  )•  ■•  tiii 

U  UUe  en  Ml  :  AbvItMU,  Ubar  Iheoria  aec  bob  prtUc* ,  la-l*.  —  Ct  k'M 

l*  indneilM  «uele  da  Uire  mbe  qai  Mt  Bfart,  irio  II  caaWM. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


580 

donner  ce  mm  :  •  Acàpiatnr  instramentam  qaod  nomioant 
moskabar^ilia  et  suav iter  introdacator  in  Tii^am ,  et  volve 
Iqpidem  ia  medio  vesicte,  et  si  foerit  mollis  frangitar  et  exit. 
Si  Terô  non  exiTerit  cum  eis  qai  diumas,  oportef  iucidî  ot 
in  chiroi^a  detenoioator  '  ». 

Dans  le  traité  de  chirorgie,  Abou  el  Kasem  est  plus  expli- 
cite encore  :  —  •  Si  par  hasard,  dit-il,  la  pierre  était  d'un 
petit  Tolnnie,  et  engagée  dans  le  canal  de  l'nrètre,  où  elle  em- 
pêcherait l'écoulement  de  l'ariDe,  il  faat,  avant  de  recoorir 
à  l'opération  de  la  taille,  employer  le  procédé  qne  j'ai  décrit, 
qui  sonvent  dispense  d'y  recourir,  et  dont  moi-même  j'ai 
fait  l'exjiérience.  Voici  en  qnoi  consiste  ce  procédé  :  il  faot 
prendre  nn  instromeot  perforant  en  acier  qui  ait  cette 
forme  ^ci  se  trouve  dans  le  manuscrit  arabe  le  dessin  de  l'in- 
stroment)  :  qu'il  soit  triaugolaire,  terminé  en  pointe  et  em- 
manché dans  du  bois.  On  prend  ensuite  dn  fil  avec  leqaeL  on 
fait  nne  ligature  au  dessous  dn  calcul  pour  empêcher  qu'il  ne 
rentre  dans  la  vessie.  On  introduit  ensuite  le  fer  de  l'ins^n- 
ment  arec  précaution  jusqu'à  ce  qu'on  arrive  &  la  pierre;  on 
fait  alors  mouvoir  l'instrument  en  tonmant  et  t&chant  de  per- 
cat  la  pierre  peu  h  pen,  jnsqu'à  ce  qu'on  l'ait  traversée  de 
part  en  part.  Les  urines  s'échappent  aussitôt,  et  avec  la  main 
ou  aide  la  sortie  de  ce  qui  reste  de  la  pierre,  car  elle  est  bri- 
sée (ou  elle  a  été  brisée),  et  les  fragmens  s'écoulant  par  les 
urines,  l'oi^aue  souffrant  est  soulagé,  s'il  plaît  i  Dieu  tout- 
puissant*.» 

Il  est  facile  de  jnger  par  ce  fragment  du  degré  d'âévatkm 
et  de  sagace  culture  auquel  était  parvenue  la  médecine  chei 
nos  Arabes  de  Cordoue  dès  la  seconde  moitié  du  ditièiaB 


■lUbat  ihMrkanMwnpnUcKip.M. 
1  Mh.  anb«  n*  Mi,  fcnd  AubUi  ,  u-  pirllt,  c  80.  — U  r  ■  sne  IndactiOB 
€IcMm  d*  DM  onrn|a ,  par  la  dmlenr  ChtDBliic  pnbllic  foo*  ca  l[ti«  :  Abal- 
caiit,4aCMrar^a,atableècl  UlM,  Mrt  J.  Cbuilsf.  Oioiil,  ms,  S  TaL  !»• 


>;,l,ZDdbyG00gle 


CHAPITRE  DCL-SKPrniIl.  481 

siède'.  Les  antres  sciences  positives  n'étaieat  pas  caltnées 
avec  moins  de  bonhear  :  c'est  ainsi  que  l'on  a  de  ce  temps 
un  excellent  traité  de  médecine  Tétérinaire  de  Gharyb  ben  Saïd 
de  Gordoue  ;  dd  traité  de  botanique  et  an  traité  de  pbysio- 
logie  pathologique  par  Talyf  Àbon  Zakaryya  ben  Mohammed 
èl  Uoudy(AlmodaenB);  divers  ouvrées  sur  l'astronomie  et 
les  mathématiques  et  on  traité  de  chimie,  science  dont  le 
nom  même  est  arabe,  par  Hosiéma  ben  Ahmed  Abon  el 
Kast^  el  Maronf  el  Moghrjthy  (de  Madrid],  qai  moumt  en 
l'an  398  de  l'hé^  (1007),  sans  conqiter  un  nombre  infini 
d'OQTrages  d'utilité  générale,  tels  que  le  Traité  de  la  culture 
des  jardins  de  Mabroman  ben  Boreîd,  au  sujet  duqael  Coude 
rapporte  une  anecdote  assez  obscure  '.  Parlant  de  la  patrie 
de  Moslëma,  £bn  et  Kateb  noos  apprend  que  Madrid  n'é- 
tait pour  lora  qu'un  bourg  à  peu  de  distance  d'Alcala^  :  il 
est  bon  de  se  reporter  de  la  sorte  à  l'origine  des  grandes 
choses. 

Que  foerit  noslrl  si  qoxria  r^a  nati, 
Aspice  de  caanl  gtraninitHuqae  domam. 

Orid.  FuL.l.  III,  T.  17. 

Vers  la  fin  d'une  carrière  commencée,  comme  nous  l'aTons 
va,  par  les  proscriptions  et  le  meurtre,  El  Mansour  vieil- 
lissant s'adouùt  comme  Auguste  et  exerça  le  pouvoir  avec 
modération  dès  qu'il  put  l'exercer  sans  obstacle,  et  qu'il 
eut  abattu  ou  forcé  an  silence  tous  ses  rivaux;  non  qu'il  ait 
régné  sans  souci  et  sans  travaux:  son  histoire  fait  foi,  an 
contraire,  des  in&tigables  efforts  qn'U  lui  fallut  faire  pour  se 
maintenir  en  quelque  feçon  h  sa  propre  hauteur,  et  une  anec- 


1  lliBhTHim<Uorl|iiMnaDiiClnlorDMIerlUlrItciulidlctiu,HittilaRe«M 
■on  liTlf  Ml  coBtMIan  ;  dqEldcm  Ebn  Elkalib  >il  Hkgbrll  DTbmnlâiii  a«M  ab 
AlciU  DOD  loDfi  dlHlUm.  Hne  «ccedll  iptlw  rociball  «ommidUi  ntlo  (iMe 
Gariri,  1. 1,  p.  SIS,  eod.  M>). 

IV.  31 


>;,l,ZDdbyG00gle 


482  msTomi  d'espagrk. 

dote  non  traduite  que  je  trouve  dans  El  Kakkah  atteste  l'ol»- 
tinatitm  de  ses  vdlles  et  de  ses  labeurs  glorieiix.An  Dombre 
des  savans  et  des  poètes  dont  il  faisait  sa  société  habïtaeUe 
était  an  nommé  Sdiallah  :  "  Toici  ce  que  raconte  Schallah, 
nous  dit  El  Makkari  :  Je  dis  à  El  Hansonr,  one  nnît  qoe 
ses  veilles  se  prolongeaient  oatre  mesure  :  Notre  maître  vetUe 
depnis  trop  longtemps,  et  son  corps  a  besoin  de  pins  de 
sommeil,  et  il  sait  les  ïnconTéniens  qn'amëne  le  manqoe  de 
sommeil. 

»  El  Hansonr  répondit  :  0  Scballah!  le  prince  (at  mald) 
ne  doit  pas  dormir  lorsqne  les  sojets  dorment.  Si  je  vonlais 
dormir  tont  mon  saonl,il  ne  resterait  pas  dans  cette  grande 
TÏUe  un  seul  <eil  qui  pût  dormir  '.  > 

I  II  ■«kk«ri,mit.mt.deUBIU.r»7.,B°30ï,f.i(tt. 


FIN  no   TOWt  QUATHnEMF. 


>;,l,ZDdbyG00glc 


APPENDICES 


TOMES  111  ET  IV. 


3,q,l,ZDdbvG00gIC 


:,.;,l,ZDdbyG00gIC 


APPENDICE  L 

CODBTE  INSTRUCTIOM  SDB  L'ANNÉE  MUSULMANE  ET  LE 
CALENDRIER  DES  ARABES. 


Od  sait  qae.  Tannée  des  Arabes  est  lunaire,  embraEsant 
partie  de  la  fia  et  partie  dn  commencement  de  nos  années 
eommones  ;  elle  est  de  trois  cent  cioqoante-quatre  jours  avec 
une  année  intercalaire  tons  les  onze  ans  de  trois  cent  cîn- 
qnante-dnq  jonrs.  De  lA  vient  qne  le  commencement  en  est 
Tariable,et  rétrograde  chaque  année  de  onze  jours. Lorsque 
concoorcnt  l'année  commnne  arabe  et  notre  année  bissextile, 
ce  commencement  rétrograde  de  douze  jonrs  ;  en  sorte  qne, 
dans  nne  période  de  trente-quatre  ans,  le  commencement  de 
l'année  arabe  parconrt  tous  nos  mois.  Aussi  convient-il  de 
savoir  quel  jonr  de  quel  mois  commence  en  chaque  année 
le  premier  mois  des  Arabes.  Chaque  mois  se  prend  depuis 
l'apparition  d'une  nonvelle  lune  jusqu'à  l'apparition  d'une 
autre  nouvelle  lune.  Cet  intervalle  n'est  jamain  plus  long 
que  trente  jours  ni  moindre  de  vingt-neof;  ils  les  comptent 
ainsi  attemativement.  Mais  le  dernier  mois  djoolheâjah  a 
toujours  trente  jours  dans  les  années  intercataires. 

les  Arabes  avant  Mahomet  suivaient  l'année  lonaire  de 
leurs  aïeux;  mais  ils  7  avaient  ajouté  des  jours  supplémen- 
taires qui  les  tenaient  au  courant  des  autres  peuples.  La  ré- 
forme du  calendrier  arabe  par  Mahomet  (savoir  l'abolition 
de  ces  jours  supplémentaires)  fut  très  nulheureose'.  Leurs 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


4S6  msT(HU  D'upAon. 

mois,  rétablis  sor  l'ancien  pied  et  ne  cessant  de  courir  sans 
intercalation,  tombèr«it  sacoessiTemeDt  dans  l'hiver  et  an 
printemps  eomme  datu  l'été  et  l'antmiiAe,  et  ne  répondirent 
plos,  sniTant  la  renurqae  de  Degnignes,  aux  travanx  qai  se 
faisaient  m  aux  expédiliaBf  militaires  qui  s'entrqirenaient 
dans  certains  temps,  et  qai  étûent  en  ipielqae  façon  annmi- 
eées  par  le  nom  da  mois.  Les  anciens  noms  conaurrés  per- 
dirent leur  signiflcatioa  primitiTe.  Leur  troisième  mois,  par 
exemple  (rahi-el-airalQ,  qoi  s^oifie  celui  du  frmtemfs,  tombe 
à  présent  tantM  an  cœar  de  l'hiver,  tautàt  an  miliea  de 
l'été,  si  ce  n'est  en  aatomse.  H  en  est  de  même  da  mois  da 
pèlerinage  (djoolhedjah),  fixé  dans  l'orifpne  aox  approches 
dn  printemps,  et  mainteno  invariaUe  par  les  jours  interca- 
laires, et  qui  maintenant  tombe  tantôt  dans  nne  saison  tant^ 
dans  nne  antre. 

Les  douze  mois  de  l'année  arabe  se  produisent  dans  l'or- 
dre et  soos  les  noms  snlvans  : 

l«(d«30jMis).HalMmm.  7*  (dcSDJom). nfi4<*^ 

9*  («o»}<mn).  S*nr.  8<  (deSjonn].  SOÊkm. 

3<  (deMjaiinj-R>U-d-Awri.  0-  (de  aOjonn}.  RtBiAui. 

4*  Cde2»Join].IUlH.el-AUier.  10*  (de2»joiin].  SdMW^ 

6<  (à»aoi<m).  DtwmadMtiiwA  11*  (de  »Jo«).  qaaUad*. 

e*  (de  39Jinin).  Djouiii>da.d-Aklier.  12*  (de  19  joars).  Djovlbe^alu 

Ainû  que  nous  l'aTOUs  dit  pins  haut,  ces  mots  pareonroit 
tour  &  tour  l'échelle  de  nos  mois,  en  rétrogradant  chaque 
année  d'nn  nombre  de  jours  déterminé.  L'année  Iquaire  ara- 
biqne  dans  laquelle  eut  lieu  l'h^ire  on  la  ftiite  de  Maho- 
met de  la  HeUe  à  Médine  prit  commencement  dans  la  nuit 
da  1&  aa  16  juillet  623.  C'est  de  cette  date  qw  put  l'ère 
ishunto.  Ainsi  le  premier  nuris  des  Arabes  (liuâlarrem)  tranbe. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


487 

pour  lapremière  année  de  rhégire,da  I  ^  joUlet  en  1 3  août  622  ; 
pour  la  seconde,  da  4  joiUet  an  2  août  623;  poar  la  troisième, 
da  23  jnia  aa  22  joillet  624  ;  pour  la  quatrième,  du  12  juin 
an  1 1  juillet  625,  et  ainsi  de  suite,  en  reculant  tonjours  de 
onze  jours  par  année,  de  telle  sorte  qa'en  l'an  1 1  il  se  compte 
du  28  mars  ao  26  avril  632  ;  en  l'an  17,  du  22  janvier  au 
30  féfrier  638;  en  l'an  20,  du  20  décembre  640  au  IS  jan- 
Tier64l,etc.,etettran34,dD  21  juillet  au  19  août  654;  oe 
qui  nous  donne  trente-denz  années  solaires  pour  les  trente- 
trois  années  lunaires  plus  six  jours  qui  se  sont  écoulées  du  l 'i 
juillet  622  au  21  juillet  654,  c'est-à-dire  du  I"  moharrem 
de  l'an  1  de  l'hégire^au  1"  moharrem  de  l'an  34  du  même 
compnt. 

■  Si  l'année  des  Musulmans  était  la  même  que  ta  nôtre, 
dit  H.  Beinaud  (Honumem  arabes,  persans  et  turcs,  tome 
1"*,  pc^  84),  il  suffirait,  quand  on  vent  combiner  une  épo- 
que musulmane  avec  l'année  chrétienne  correepcmdante, 
d'ajouter  au  premier  nombre  celui  de  fax  cent  vingt-deux 
ans.  Hais  l'année  musulmane  est  Innaîre,  c'est-à-dire  qu'elle 
se  règle  sur  la  cours  de  la  lune  et  qu'elle  se  compose  de  tnns 
cent  dnqnante-quatre  jours.  La  nôtre,  au  contraire,  est  so- 
laire et  m  a  atviron  trois  cent  soixante-cinq.  U  résulte  de  là 
que  l'année  musulmane  est  [dus  courte  qne  la  nôtre  de  ouïe 
jonrs,  et  que,  chaque  fcûs  qu'elle  recommence,  elle  se  trouve 
à  une  époque  différente  par  rapport  à  nous.  —  Si,  dans  le 
calcul  qu'ui  a  à  feire,  on  se  coutsnte  d'une  simple  a^troxi- 
mation,  il  faudra  8Upi«imer  une  année  sur  chaque  somme 
de  trente-trois  années  mnsulmanes.  En  effet,  les  années  lu- 
naires Aant  de  onze  jonrs  pins  coortes  qne  les  années  solai- 
res, il  s'ensuit  que  là  où  uona  comptons  trente-deux  ans,  les 
Hosnlmans  en  comptent  trente-trois  (  U  X  33  <->  363). 
£n  compte  plus  rond,  on  retranche  trois  années  par  siècle 
(33  X  3  =  99);  un  exemple  va  rendre  la  chose  sensible, 
Suf^oBons  qn'on  trouve  sni  un  cadiet  la  date  1301  de  l'hé- 


>;,l,ZDdbyG00gle 


488  msTOiHE  d'espagioi. 

gire.  D'après  ce  qni  a  été  dit,  on  retrandieTa  trois  ans  par 
siècle,  et  les  1201  aimées  lonaires  se  troaveroat  rédoites  à 
1 165  années  solaires.  Si  I^d  ajoute  h  ce  dernier  nombre  ce- 
lai de  622 ,  espace  qui  s'est  écoalé  depuis  la  aaissance  de  J-C. 
jusqu'à  la  faite  de  Mahomet,  on  aura  1787;  c'est  prédsémrat 
l'année  chrétienne  qui  répond  à  l'an  1201  de  l'hégire.» 

■  Les  dates  musulmanes  se  marquent  en  chines.  Les 
chiffres,  k  la  différence  de  l'écritare,  qoi  se  lit  de  dnHte  à 
gaoche,  se  lisent  comme  les  nôtres,  c'est-à-dire  de  gaadie  à 
droite.  Koas  les  appelons  chiffres  arabes  ;  les  Arabes  les  S|i- 
pellent  chiffres  indiens.  Gomme  le  système  de  ces  chiffres  est 
absolument'  semblable  au  nôtre,  il  est  facile  d'en  reconnaître 
la  mardie.>(H.Beinaad  en  donne  le  tableau  atec  l'équÎTa- 
lent  (page  86  )  que  nous  ne  pouvons  rqprodnire  ici  :  le  zéro 
se  marque  par  nn  point.) 

'  "  La  seule  difficulté  ji  laquelle  tlonne  lim  l'unge  des 
chiffres,  dit  encore  M.  Bànaod,  et  qui  caractériw  la  ur- 
gence orientale,  c'est  qoe  quelquefois,  an  lieu  d'eiprimer 
la  date  en  entier,  on  se  contente  de  marquer  les  derniers 
chiffres.  Ainsi,  an  lieu  d'écrire  1243,  année  aitodle  (1828) 
de  l'hégire,  on  dira  243,  on  même  amplement  43.  Tant 
qu'il  n'y  a  que  le  millénaire  d'omis,  il  est  facile  d'y  sup- 
pléer. En  effet ,  comme  ce  n'est  que  postérienrranent  aa 
sixième  siècle  de  l'hégire  (donâème  de  notre  ère)  qu'on  a 
introduit  l'usage  des  chiffres,  il  est  évident  qu'il  y  manque 
quelque  chose  (la  plus  andenne  médaille  musolmaoe  pw- 
tant  une  date  en  chif&es,est  une  monnaie  des  princes  orto- 
kides,  de  Hisn-Eaifa,  en  Mésopotamie;  die  est  de  l'an  613 
de  l'hère —  12(8  de  J.-C.).  Hais  si  le  siècle  est  ansst 
<Hnis,  et  qu'au  lieu  de  1243  on  lise  43,  on  ne  sait  si  c'est 
pour  1243, 1143, 1043,  et  la  difficulté  ira  toiqonis  en  crois- 
sant'. ■ 

■  Iclumd,  I,  I,  p.  as  II  ST. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


489 

H.  BciBBod  renvoie  d'ailleurs,  dans  ka  cas  ordinaires , 
pour  la  rédnctioo  des  mois  et  des  jours  de  l'hégire  ea  mois 
et  en  jours  selon  le  calendrier  des  chrétiens,  aux  tableaux 
qui  ont  été  imaginés  pour  foire  concorder  les  deux  Ères. 
«  On  bonve  de  ces  tableanx,  dit-il,  dans  l'Art  de  vérifier 
Im  âaU$  et  dans  d'autres  ouTnges  imprimés.  • 

•  nous  avons,  quant  h  noos,  soivi  le  conseil  de  H.  Beinaud  ; 
nous  avons  fait  plus  :  les  tableaux  de  l'Ârl  de  vérifier  tes 
'date»  noos  a;rB°tp>i^">s°'fi'<»'u  et  les  tables  de  Hasdcu  trop 
oom^iqoées,  sans  cependant  être  assez  complètes,  nous  avons 
dressé  nons-ményï  pour  notre  usage, d'après  un  système  qui 
nous  est  particulier,  nn  tableau  complet  de  la  réduction 
des  années,  des  mots  et  des  jours  de  l'hégire  en  années, 
mois  et  joors  de  l'ère  du  Christ,  au  moyen  duquel  nous 
avons  etwverti  constamment  et  avec  certitude  le»  dates  ara- 
bes cm  dates  selon  le  calendrier  gr^orien,  comme  nous  con- 
tinnerons  de  le  fiùre  dans  tonte  la  partie  de  cette  histoire 
tirée  des  annales  et  chroniques  mnsulmaDes. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


BISTCHU  DSTADVE. 


APP£NDI€£  IL 


CHRONOLOGIE  DBS  ÉHJBS  ARABES  ET  DIS  BOB  CBRËTIENS 
DURANT  LES  PREMIERS  SIÈCLES  DB  LA  COHQUllTE  (VIU". 
IX"  ET  X-  SIÈCLES). 


KHAUFBS  SX  >AHU  91  QUI  OtmaUT  L'WUNK  DB  711  *  756. 


Wilid  ben  AU.ol  H«lek  b«n  Hemu  (Walid  I),  d<  fûH-  111  i  f^-     715. 

Sualeiman  ben  AM  el  Hdek,  de  féf .   115  i  oci.     717. 

Omar  bM  Abd«l  Alix  (Omar  II),  de  féi.    717  à  Té*.      ^M. 

YéHd  bon  Abd  d  Helek  (Yind  II),  de  fév.   7X0  I  Jmiv.  TM. 

HM«huibNAM«IHelefc.  da  jui.  TM  A  fir.    713. 

WaUdben  Ydtid  (Walid  H),  de  tir.    743  A  nril  7M. 

léiid  bea  Walid  (Yiiid  111),  d'aTril     TA4  A  lept.  TM. 

Ibrahim  ben  Walid,  dq  lepl.  TM  A  dot.    TM. 
Merlan  benHohunaMd  ben  Menrao  (Kenfaa  H),  de  bot.    TM  i  aodi  700. 


Abou't  Abbat  Abdallah  beo  Hohanuaed  el  Saffah,  d'aoAt  TSO  1  jnia  TM. 
Abou  el  Djlftr  el  HaiMNir  bea  Hobanmed ,  frè- 
re du  préoédut,                                             de  laia  TU  i  mai  TU. 
Il  régna  an  Orient,                                              d«  juin  TM  i  cet.  775. 

II. 

ÉUinS  ou  G0UTBa5EI]BS  DE  L'BSPAGNB  POUB  les  khalifes  D'ASIE  , 
DEFCIB  LE  COMHKnCEHBirr  DR  Li  CONQUÊTE  JDSQU'a  l'aH  138 
DE  L'HÉGIBE,  10"  Dtr  QOVVEBMBHBin'  DB  lOVtSODP  EL  FEHU. 

Va  fragment  de  Rasis,  analysé  platdt  qne  traduit  pur  Gaâri, 
contient  ce  qui  sait  sur  le»  premiers  émirs  d'Espagne  : 
■  L'EBpsgœ  avait  été  goavwnée  (pendant  les  quaniate- 


:,.;,l,ZDdbyG00gIC 


APPENDICE  U.  491 

einq  années  qui  s'étaient  écoulées  depuis  ia  conquête)  dit 
Ahmed', ainsi  que  le  racontent  nos  anciens,  pai  vingt  émirs 
oa  principaux  généranxdont  j'ai  déjà  rapporté  les  noms, 
mais  sur  l'époque  et  sur  la  durée  du  goUTernement  desquels 
on  trouve  entre  les  historienfi  quelques  différences.  Le  temps 
que  nous  leur  aiom  attribué  est  de  quarante-quatre  ans  et 
sept  mois;  encore  j  a-t-il  à  cet  égard  quelque  légère  dis- 
cordance dans  nos  mémoires.  Thàreq  ben  Zeyad  el  Saadfy 
entra  en  Espagne  et  commanda  seul  pendant  une  année; 
Housa  hea  Nosseir  el  Bekri  arriva  et  commanda  avec  son 
fils  *Mria»i«  environ  trois  ans,  et  l'Espagne  demeura  sans 
émir  pendant  près  de  deux  ans,  jusqu'à  ce  ^e  les  troupes 
cboiarent  pour  leur  chti  ou  général  Â>oab  ben  Habib  el 
Lakhmy,  fils  d'une  sœur  de  Housa  ben  Ncsecir,  lequel  com- 
manda pendant  six  mois;  El  Hborr  ben  Abd  el  Bahman  el 
Thakéfy  entra  en  Espagne  et  eonunanda  pendant  un  an  et 
s^  mois;  £1  Samab  ben  Malek  el  Khoulany  arriva  et  gou- 
verna» par  ordre  du  khalifeOmaT  ben  Àbdelaziz,  pendant  deux 
ans  et  s^t  moû;  Ambessabcn  Scbobim  el  Kelb;  arriva,  et  eut 
le  commandement  pendant  quatre  ans  et  près  de  dnqMHKs; 
Tint  eosuàta  Tabyah  ben  Batomah  qui  commanda  en  Espagne 
pendant  un  an  et  près  de  rix-mois  ;  ^odhe;fah  ben  el  Htitouss 
eut  bientôt  le  gouvernement  et  le  conserva  environ  six  mois  ; 
Othman  ben  Abi  Ness^  d  Djémy  eut  après  loi  le  gouver- 
nement et  commanda  un  an  et  près  de  six  mois  ;  El  Hhaïtam 
ben  Obéid  el  Kénany  eut  ensuite  le  gouveroemeat  et  com- 
manda environ  quatre  mois;  après  lui,  Abd  el  Rahmaa  ben 
Abdallah  el  Gbaféky  ent  le  commandement  et  gouverna  deux 
ans  et  près  de  sept  mois  ;  Abd  el  Melek  ben  Khotan  el  Fehri 
gOQvema  bientôt  après  et  conserva  le  commandement  trois 
ans  et  deux  mois;  ensnite  vint  Okbab  benel  Hedjadj  elSëlouIy, 
qni  gouverna  cinq  ans  et  deux  mois  ;  bieatAt  ^rès  lui  Abd 
olMeldLhen  Khotan  el  Fehri  s'éleva  contre  Okbab,  le  déposa, 

■  DutCuiri.p.  Slll,*td«MC«Bdt. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


492  msTinu  d'espaoni. 

et  gonvema  na  an  et  près  d'un  mois  ;  luentM  arriva  Bakdji 
ben  Basehr  à  Kaïsi ,  qui  comnuaida  enriron  nx  mois  ;  Thaa- 
laba  bcD  Salémah  el  Aamây  eut  ensaite  le  commandeineot 
et  goDvenka  près  de  dnq  mois;  bieat6t  fat  émir  Abon'l 
Khatfaar  Honssam  bea  Dhéràr  d  Kelbi,  qni  commanda  deux 
ans  et  huit  mois^Tbonéba  ben  Salémah  el  bjëzanti  euteosnite 
le  commandemait  et  gonrerna  an  an  et  quelques  mois,  en 
même  temps  qu'an  antre  chef  qai  commanda  neuf  ans  et 
onze  mois.  On  dit  qa'il  j  eut  encore  na  autre  dief  dans  le 
gouvernement;  mais  je  ne  connais  ea  réalité  que  l'Iiistoire  et 
la  succession  de  ces  vingt  :  Dien  le  sait,  et  11  n'j  a  de  gloire 
et  de  pouvoir  qn'eo  Dieu  tout  puissant  et  glori«ii.  > 

Rasis,  comme  on  voit ,  ne  nomme  point  Tousoaf  ben 
Abd  el  Bahman  èl  Fehri,  le  dief  qui  comman^,  selon  lai , 
neuf  ans  et  onze  mois,  et  selon  Ebn  HayyaB  et  Ahou  Bc^ 
ben  el  KooHijya,  neuf  ans  et  nmf  mois  senlesKut;  l'autre 
ehrf  désigné  dans  le  fragment  peut  être  Samaïl  ben  Hatim, 
qui  eut  le  commandement  coocnrrenuneot  avec  Yoosoof  el 
Fdiri,  ou  quelqu'un  des  deox  walis  provisoires  qui  se  troa- 
veut  omis  par  Bans. 

Voici  de  quelle  numitee  la  duronique  Abdeldenn  partage 
leur  gouvernement  bien  plus  inexactement. 

HH  BCNT  VOCES  AKiBUM  QCI  BUHAfUORT  IR  IMIIU. 

Sapnidictai  qnoqoB  Miu«  ibea  Moiar  ingnuu  Sjmuhui  ttg.  u.  i-  mefu-  lU. 

Abdolizii  ibM  Hn  r«g.  ui.  ii,  nwni.  Ti. 

Aiab  ng.  maa».  t. 

AUnr  reg.  an.  n,  mmf .  i. 

Zanu  reg.  id.  m. 

Abdtn-afaiman  rtç.  in.  i. 

Uodera  reg.  an.  i. 

lihia  raf.  aa.  i,  dmbi.  ti. 

HodiRa  r^.  Mcai.  ti- 

ADtam»  reg.  m«iu.  im. 

C«laîtBni  OMU.  I. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


APPBDDIGB  n. 

Ancaba  reg.  u.  iiii,iBeDi.  t. 


AhnUutar  Ibendimiri  Kg.  aa.  ii. 

Tauba  rog.  an.  i.neDi.  ii.  Sub  uno  ix*u  meoi.  ik. 

Hii  doeei  bme  principaïui  ini  «gdwat  tempiu,  quia  taceedabani  alii  aMii , 

pTMtt  datikalnni  erat  tbAmiraliMiuniDin.noniiallM  TSrb  vim  Haia  lermi- 

■aiil,  quouiqiM  Venibmmii  >n  SpaBiun  *«ii«raDt. 

La  chroniqae  semble  ensuite  eoDsidérer  Yoosoaf  comme  un 
Ommyade.  Elle  le  place  sous  la  rnbriqne  item  m  sont  qui 
RBORAVKKinrr  in  Gohdcsa  beoes  db  origihb  'Vbhibuheu, 
en  t£te  de  la  liste  des  Oramyades,  et  le  fait  règaeronze  ans  : 

Iniefreg,  an.  il. 

Abderrahamaii  ibcn  Havia  rrg.  ano>  xxxiir. 


Void,  d'après  nos  imtorités,  la  liste  cbronol(^^ae  des 
émirs  de  cette  période,  rectifiée  par  non;  «t  conforme  au 
rédt  qne  nous  ayons  fait  des  actes  de  lear  administration 
dans  le  volnme  précédent. 


Tbirtq  beo  Zajàd  el  S^tàlj, 

d-arril 

1)1  i  arnl  712. 

HooBM  bel  Noneir  ■!  Bekri  «1  Likhmj. 

d-»TriI 

112  i  aepl.  114. 

dewpl. 

1U  1  aoilt  115. 

Ajoub  bel)  Habib  el  Lakhni;, 

O'ïoût 

^ui  1  fttrii  m. 

El  Bhorr  bei>  Àbd  et  Rabnan  el  Thike^, 

d'sTril 

117  à  no..    718. 

El  Simah  ben  Maltk  el  Khoulanj, 

de  nof. 

718  1  nal    73t. 

Abd  a  Rahman  b«B  Abdallah  eKAafttT. 

de  mai 

m  1  no».  721. 

Ambeua  bcn  Schobin  el  Kelbj, 

danot. 

721  1  mai    72S. 

de  mai 

725  1  a<rnl  726. 

YahTah  ben  Salenah, 

d'wril 

7S6  A  «ei.    721. 

Bodheyra  ben  El  Hhïou  el  Kaùi, 

d-oei. 

727  i  a*  ril  728. 

Oïliaaa  beo  Aboa  Kea»  el  OjchaaT. 

d-an-U 

728  i  ocl.     130. 

El  Haium  bea  Obeid  el  Kenani. 

d-«>ei. 

720-4  ianT.  139. 

Mabommed  bea  Abdallab, 

dejaw, 

.  130  i  afril  150. 

Abd  d  Rahman  el  CbafeliT  (poor  U  S-'  foii). 

d-aïril 

150  1  ocl.    132. 

Abd  el  Nelek  benKboun  el  Pehri, 

d-oci. 

733  1  jam.  73C. 

Mbab  bm  El  Hedjadj  al  Sdoali, 

d.ju>« 

.  736  1  téy.    7U. 

>;,l,ZDdbyG00gle 


494 

Abd  «1  lidck  bea  RboUB  (poor  It  >•  fm*),  ie  jam.  741  t  a?rd  7tf. 

Baledji  bea  Baichr  d  K*i*f,  d'an-!!     ia  i  oet.    Ht. 

TlualibaiMB  Salenth  el  \imël;  al  DjéMo;,  d'oei.      74S  1  man  74S. 

Aboal  Kaibar  Honiam  bcD  DhJrar  el  Kelbi,  d«  mm  T43  i  lepi.  7U. 

TlKioéba  b«n  Salcnab  el  Djtonj.  de  sept.  74S  à  lepL  74fi. 

Ynuuoof  ben  Abd  cl  Rthnan  cl  Frhri,  de  *ept.  7«  i  mai    736. 

III. 

ÉHIM  ET  KHALIFES  OHVTADES  DE  COKDOVB. 

De  HerwBD  I"',  quatrième  kbriife  de  Damas  ée  la  d;- 
aaslie  des  Ommyades,  mort  ea  ramadhan  684,  étaient  issues 
trois  branches  illustres  d'Ommyades,  dont  deux  passèrent 
en  Vepagae:  ta  première  en  ta  persoBne  4'Abd  el  Bahmaa 
ben  tfoawiah,  premier  émir  indépendrat  de  Gordoue,qDi 
intronisa  cette  dynastie  en  Ocddent;  la  seconde,  en  celle  da 
brave  général  Abd  el  Helek  qui  vint  j  rejoindre,  avee  ses 
dix  enfaus,  son  oousin  issu  de  germain  Abd  el  Babman  I"', 
en  l'an  1 40  de  lliégire.  La  trasième,  qui  resta  en  Orient, 
produisit  le  célèbre  écrivain  auteur  du  Kitab  al  Agbanj, 
Abou  el  Faradj,dont  nous  avons  parlé  souh  le  r^e  d'Abd 
el  Babman  III  et  de  »on  filn  El  Hakem  '. 

'  On  paol  BcariT  lanr  comMane  tinéaloeie  eanme  il  mil.  itpnlâ  Abd  SchCHC 


B  Biha  «  IMrt  ■>  fft).  (BcwnMact  Nmaat). 


>;,l,ZDdbyG00g[c 


AirniHacs  n.  495 

Lee  émiiB  et  khalifes  de  Gordone  de  la  djnadie  des  Om- 
mjadea  forent  : 

Abd  «I  Rdvin  I,                              da  14  mai      156  n  20  Mpt.  ISS. 

BMCbam  1  (bM  Abd  d  Rihniu),        iu  30  tapi.    ?8S  u  S5  aTril  796. 

El  Btkem  I  (baa  Hetdun),               du  3S  iTril    T96  m  SI  mti  SSt. 

Abd  «[  HabaitB  II  (bcm  El  Hikn),      da  tt  mai      S«  u  19  «oac  83ï. 

HiAtauMd  1  (ban  Abd  el  RahmM),      da  19  toAt  .  853  an    4  «oAi  8S6. 

EIIIondhir(b«nHohKiHMd),  du  4  aodt  S86  a«  »  jnill.  888. 
Abdallah  (  ben  Mcdumnied,  trin  àa 

prMdaaO.  da  It  juill.  888  an  M  ocl.  <tl9. 
Abd  el  nahnan  Ul  (peiit-Gli  d'Abdal- 

lih,  premi»  khalife),                         dn  20  oct.      919  an  13  ocl.  961. 

El  HdennOMD  Abdel  K^niia),     d*  IS  oU.      961  an  39  «api.  »6. 

HMchunlI(WelHakaai)deaxfoi|,  d*  19  aepi.    »6  m  34  fh.  1009. 

et  An  21  jnill.  1010  an  «0  avril  lOlS. 


BOIS  BIS  «STUBIBS  OU  d'oTIÉDO. 

«Ug«[P«U|iBi.  M  espagnol  PeUjo),  df  718  i    737. 

Paiiia  son  fili,  de  7S7  à    739. 

Alfoniel  (le  Calholiqae)eeDdn  de  Pelage,  de  739  i 

Vnm*  I,  lili  d'Airoue  le  Calholique,  de  7S7  à 

Anrélio,  navea  d'AlfonH,  de  168  k    714. 

Silo,  gendra  d'AifoDM,  da  114  i 

Hanrtgat,  fil*  natorel  d'Airome,  de  183  i 

VenmDDd  Ion  Berande  (KDùcre),  Mnd'ÂartIio,      de  189  i    791. 

Alfonte  II  (le  Cbagla),  01*  de  Frtnla  I,  de  191  i    849. 

Katnire  I,  fil*  de  Bartunde  le  Diacre,  de  8*2  i     8.'!0. 

Ordoniu  I  (OrdoBo),  fila  de  Hamira,  d»  880  i 

AKoaaa  III  (la  Grand),  Bit  d'Ordotto,  da  866  i 

BOIS  SK  LÉOH. 

Gania,  fibd'AUbuem,  da  900  i    914. 

Ordolo  II,  aoira  flU  4'AlbMa,  da  «4  i    9U. 

rrotli  II  ^daa),  «la  tt4  à   HS. 


îiqillZDdb^GoOgk' 


496  Bmoiu  D'isMon. 

tHooM  IT  (la  NoiM  M  l'Kna^),  da    »U  t   9S0. 

Ranàre  II ,  de    930  1  8». 

OrdoIlD  I!I,  d«    9S0  i    ffiS. 

Sancbo  I  (  le  Grai),  de    «U  i   M. 

Ordob  IV  (le  Hinraii),  da    •!<  1    MO. 

SiDcho  le  Cm  (poor  U  dadxîèBM  foii).  de    960  i    SCI. 

KuDÎre  m,  de    967  i    9tt. 

Veranuad  oa  Bemnide  II  (h  Podigrg,  el  GolOMi),  de    889  1    999. 

AiroDse  V,  de    999  A  lOn. 
Vcrennwd  m  Bennde  lit,  en  qui  Gnit  la  ligse  det  raii 

de  ladMceedaMed'AUociM  taCaiholiqiM,  de  1017  L  1037. 

couru  SB  CUTILLB. 

FeneD  Gontalei  (Ftrdiundai  CnadiMln,  id  eil  BIi'w),     de    9S>  i    919- 

Gania  FMiwedei  (Ganea  FardinaBdi),  de    970  i    91). 

Sancbo  Ganei  (SaDoiBi  Ganeani),  de    995  1  lOM. 

Gann  Sascbei  (GarMa  SaDcii),  da  10»  i  1ML 

COMTES  DB  BtRCBLOHB. 

Borrel,  Db  de  Suniaire  (ix>*  eotou  de  Bareelow  :  poor 

cwxqm  pT^eédeai.Toirci-deT.  p.  511,  potel).  de    Ht  1    S9). 

Baymond  Blidv  Borrel,  de   ■MS  à  lOIT. 

Bé-iDger  Bh  de  lUjmoiid,'  de  IDIT  i  lOU. 

BOIS  SB  KAf IIHB. 

SiMho  t  (Abirea),  de    90!  i    9U. 

GanJa  la  TrenblMir  fèl  Tcrablow),  de    9U  *    970. 

Stncho  le  Graid  (el  HajorJ,  de    970  1  lOU. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


APPENDICE    III. 

INFLUENCE  DE  LA  LANGUE  ARABE  SUR  LA  FORMATION  DE 
L'ESPAGNOL;  —  DE  LA  LANGUE  DES  BERBERS;  —  EXPU- 
CATION  DE  QUELQUES  MOTS  ARABES  EMPLOYIÎS  DANS 
CETTE  E 


■  Les  étymol<%istes,  dit  Majatis,  troQveroDt  plos  à'étj- 
mologies  sur  le  territoire  e^agDoi,  dans  la  langue  latine  que 
dans  l'arabe;  pins  dans  l'arabe  que  dans  la  langue  grecque; 
phis  dans  ta  greeque  que  dans  rhébraïque;  plus  dans  l'hé- 
braïque que  dans  la  celtique  ;  plus  dans  la  celtique  que 
dans  la  gothique;  plus  dans  la  gothique  que  dans  la  punique, 
et  plus  dans  la  punique  que  dans  la  biscayenne  '.  ■  Le  fond 
de  la  langue  espagnole  est,  en  effet,  le  latin,  ainsi  que  vient 

.  de  le  dire  Mayans^  faisant,  comme  ou  voit,  la  pins  mince 
part  aux  origines  Inscajennes,  d(mt  on  a  fait  tant  de  bruit 

.  dans  ces  derniers  teinps;  mais  sur  ce  riche  fonds  s'est  su- 
perposé l'arabe,  de  telle  sorte,  que,  snivanl  l'expression  de 
Scaliger,  on  pourrait  faire  nn  lexique  des  mots  purement 
arabes  qui  se  retrouvent  dans  l'espagnol'.  C'est  ainsi  que 
tons  les  mots  du  dictionnaire  espa^ol  qui  commencent  par 
fit  sont  afbbes,  à  an  petit  nombre  d'exceptions  près,  de 
même  que  les  dénominations  géographiques  si  nombreusnt 
commençant  par  les  mots  Guad,  Médina,  Ben,  Béni,  Aldea, 
et  qu'un  très  grand  nombre  de  mots  et  de  aoms  divers,  tels 

.  que  bellola,  gland,  azofar,  laiton,  botija,  vase  de  capacité, 
candtJ,  chandelier,  barrio,  quartier,  bodat,  noces,  daifa, 
maltresse,  ztàuniy  sorcier,  zaquisami,  grenier  (Aorreum), 

t  HijaM  T  SUcar,  OrlglacB  de  ti  Itoçat  «»p«na1a,  t.  ii,  p.  r,1. 
1  Toi  por»  arablcn  mtet  <n  Biip«D<ii  rcpcrtoDlar,  nt  ci  illii  Jaitan)  texIcDll 
cODlIct  pottll  (Jo9.  Betllgcrli»,  Eplatolr,  «piil.  218,  «d  Ikbcuih  Fonitnam). 

IV.  32 


>;,l,ZDdbyG00gk' 


498  BISTOIRI  DBSPAOSZ. 

sarreuMtin,  brocanteur,  r^rattier,  etc.,«tc. —  Casiri'  donne 
an  catalogue  de  plantes  extrait  des  ceavres  d'Aboa  Xijarjj», 
où  se  trouve  l'origine  arabe  d'un  grand  nombre  de  noms 
castillans  d'arbres,  de  fruits  et  de  fleurs  dont  qnelqaes-QDS 
sont  aussi  français;  tels  qoe  algarrobo,  le  carroobier,  atfan- 
»igo,  le  pistachier,  ^mm,  le  jasmin,  albarieoque,  rabrictd, 
atgodon,  le  coton,  azafran,  le  safran,  alheli,  la  giroflée, 
açucma,  le  lis,  almoradux,  la  marjolaine,  albahaca  oa  ol/d- 
begoj  le  basilic,  aimes  ou  altntso,  l'alisier,  ttanten,  le  plan- 
tain, herbe  médicinale,  aswnaque,  le  samacb,  etc. 

C'est  dans  cette  lai^  mesare  qne  l'arabe  est  entré  dans 
la  formation  de  l'espagnol  moderne,  et  cela  se  conçoit.  Les 
Espagnols  qoi  habitaient  les  villes  an  pouvoir  des  Ar^MS 
s'accoDtamèrent  pea  à  peu,  comme  il  éOUt  natorel,  à  li 
langue  arabe,  qui  était  la  dominante;  aosà,  vers  le  nûliea 
da  neuvième  siècle,  comme  l'aasare  Alvams  de  Gordone  en 
3)arUat  de  son  pays,  snr  mille  chrétiens,  à  peine  en  troavait- 
«n  «m  qui  sût  écrire  une  lettre  en  latin'';  de  sorte  qne,  lors- 
qu'ils  devaient  écrire  ou  parler  à  quelqu'un,  ils  tombaient 
ordinairement  dans  deux  errears,  celle  de  changer  la  signifi- 
cation des  mots  et  celle  de  changer  les  terminaisons,  défauts 
dans  lesquel»  étaient  tombés  les  Gaulois  et  le»  Italiens  dès  le 
iempe  même  des  fieths  et  des  Lombards;  erreurs  toutes  natn- 
rdles  à  celui  qui,  trouvant  une  difficulté  dans  le  latin,  dienjie 
à  la  sormoQter.  De  là  ce  qn'on  •  appelé  les  lùrbarismes. 
Alvams  doos  apprend  en  revanche  qne  ses  compatriotes 
étaient  tons  fort  versés  dans  l'arabe  et  dans  la  connaissance 
des  livres  chaldéens,  et  qu'il  né  s'en  trouvait  gnëre  qui  ne 
snssent  écrire  et  composer  des  vers  en  arabe  avec  la  même 
délicate^iw  et  le  même  choix  de  mots  qne  les  Arabes  eox- 


I  Ciiiri,  t  I,  p.  SSSelHq. 

1  lia  nt  omDl  CbrliU  foilegio  tJi  ioTeniitar  ddhi  in  milleno  homiDBB  H- 
BCID,  qui  aaluMlariu  fratrj  powit  ralloDabililer  ditieers  llllent  (Alvinu  Clf- 

«lp1)»D*ï>,  Indlcpln*  liunlaMiii,  In  FIomi,  EipsH,  B*|r.,  i,  ii,  p.  Ht), 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


APPEnucE  m  499 

mêmes  '.  Les  Espagnols  gui,  en  s'habituant  h  l'arabe,  aviûent 
oublie  le  latin,  firent  comme  les  antres  peuples  qiiant  ani 
terminaisons  gai  rendent  la  langue  latine  si  difficile  pour 
cenx  qui  sont  accoutomés  à  nne  langue  dont  les  terminai- 
sons sont  invariables;  ils  rendirent  les  mots  latins  indéclina- 
bles, n'adoptant  qu'an  seul  cas,  le  plus  souvent  l'ablatif  sin- 
gulier, poêla,  clero,  dura,  brève;  et  quelquefois  le  nominatif 
sal,  elatnor,  atrox,  $enior,  que  l'on  écrit  aujourd'hui  atroz, 
senor.  An  pluriel  ce  fut  toujours  l'accusatif  :  poetas,  cleros, 
duroê,  brèves,  atroces,  seùores.  Et  comme  il  devait  résulter 
quelque  confusion  de  cette  uniformité  de  son,  pour  rendre 
clair  le  sens  de  ces  mots  on  adopta  des  prépositions  latines 
qui,  en  suppléant  aux  cas  latins,  marquèrent  le  rapport  des 
mots  entre  eux.  C'est  ainsi  que  la  préposition  de  marqua 
le  génitif,  la  préposition  ad,  dont  on  a  fait  à,  le  datif  et 
l'accusatif,  la  préposition  per,  dont  on  a  fait  por,  l'ablatif. 
De  même  pour  le  relatif,  dans  tous  les  cas  et  tous  les  nom- 
bres, on  prit  le  Quedes  Latins  tel  qu'il  s'écrivait  alors;  et  des 
pronoms  itle,  illa,  iUos,  illas,  on  fit  les  articles  el,  la,  lot, 
las.  ÉLipand,  évéque  de  Tolède,  quoique  fort  instruit  et  très 
pur  dans  son  langage,  fournit  des  exemples  de  cette  corrup- 
tion de  latinité  dans  la  lettre  qu'il  écrivit  vers  la  fin  du  hui- 
tième siècle  à  Félix  d'Urgel  ;  s'adressant  h  un  ami,  il  laissa 
natarellement  échapper  un  grand  nombre  de  ces  fautes  qui 
lui  étaient  devenues  familières  par  son  séjour  à  Tolède,  ville 
soumise  anx  Arabes.  On  trouve  dans  cette  lettre,  par  exem- 
ple, domino  Felice,  au  lieu  du  vocatif  domine  Félix;  sctente 
vos  reddo  pour  scientem   ou  seienles;  quia  imlrn  scriplo 

I  Et  reporilur  sbique  nameni  maliiplkca  turb».  qui  crudilé  cbsidaltai 
ttrborDDi  ciplicel  pompas,  <!■  nt  niBlrlié  erndltlori  ab  ipti*  gcBliboi  car- 
BiM,  et  aabllHlora  pnkhiiUdiM  Gnalci  cIbdidUi  uuiua  littcrc  coarclallano 
iletorent  :  et  JDili  quod  lingna  Ipiius  rcquiril  tdioiai,  qii«  omnei  tociIcb  apl- 
caa  GanuDBU  «badit,  et  cola,  rltfamici  ,  imà  at  Jpilui  cumpeili  taWticé 
DDlTcnl  ilphibell  IlileTB  p«i  Tailaa  dleiloucs  plDrlou  variaolM  iid«  fln» 
conflriDGQotDT,  <r«l  limill  apirc  [[bld.,t.  r.)> 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


500  aSTOOE  D'ESPAGin. 

aeeepi  aa  lieu  de  l'aceasatjf  vettrum  iiTJptum  dtrexitwbti; 
leriptum  parvum  de  fratrendlitatu  ^mu  le  génitif  fratrii  mi- 
litanis  ;  tgo  verd  direxi  epùtolam  tuam  ad  Cordoba,  aa  liea 
de  ad  CordiAam. 

'  La  même  inflaence  se  fit  sentir  de  bonne  heore  même 
dans  la  partie  de  l' Espagne  qui  demeara  en  dehors  de  la  do- 
mination den  Arabes.  On  a  va  combien,  dès  le  siècle  même  de 
la  coniinéte,  les  coaqnérans  et  les  conquis  s'étaient  mèUs, 
non  .seulement  dans  la  portion  de  la  Pénimale  enti^ment 
soumise,  mais  encore  dans  celles  de  ses  parties  qui  se  maintin- 
rent indépendantes  sons  les  premiers  rois  astoriens.  Il  suffîra 
au  lecteur,  pour  en  être  convaincu,  de  se  rappeler  ces  nom- 
breux captifs  que  le  second  de  ces  rois,  Alfoas»  le  Cathdi- 
que,  ramenait  dans  aesrtitats  a  cfaaqne  course  \ictorieuse  qu'il 
faisait  au-dehors;  c'étaient  principalement  des  femmes  et 
des  enfans,  auiqaela  ils  faisaient  donner  une  éducation  chré- 
tienne. Parmi  les  prisonniers  éttùent  des  hommes  d'une  foi 
encore  incertaine  ;  les  Berbers  n'étaient  pas  tons  musulmans; 
les  conversions  étaient  faciles  ;  des  motifs  d'intérêt  eo  dorent 
déterminer  plusieurs,  qu'acheva  le  zèle  des  prêtres  chrétiens. 
n  ;  a  plu^  :  qaelque  exagérés  qae  pniasent  paraître  en  général 
les  faits  attribués  aux  saints  espagnols  de  cette  période,  plu* 
menrs  ne  sortent  point  de  la  vraisemblance  et  paraissent,  mal- 
gré tout ,  dignes  de  considération  :  telles  sont  les  conversûms 
qu'on  attnbue  an  prosélytisme  de  saint  Victor ,  mar^r,  qui, 
fait  prisonnier  par  une  armée  musoimane,  convertit  par  ses 
prédications  un  ^rand  nomiffe  d'infidèles  à  la  foi  chrétienne, 
de  telle  sorte  que  les  émirs  de  l'armée  lui  fermèrent  vio- 
lemment la  bouche  pour  arrêter  Ja  contagion  '.  Ces  conver- 
tis, d'Eq)rès  ce  que  nous  savons  des  prescriptions  de  ta  loi 
musulmane  à  l'égard  des  renégats,  ne  pouvaient  demeurer 
parmi  les  Arabes  sans  sonf^ir  le  martyre,et  la  plupart,  qadie 

'  Btpaa*  Sicndi,  I.  iivn.  Appendice  iit,  ddid.  B. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


ApniHmcE  ui.  501 

qoe  fût  la  constance  de  leor  foi,  dorent  passer  sur  le&  terres 
des  clirétieiia  pour  éviter  l'inévitable  diÂlinieat  qui  eût  suivi 
lenr  abjuration.  Il  est  donc  cerlain  qu'il  y  avait  dès  ces  pre- 
miers temps,  parmi  les  chrétiens  les  plos  éloignfe  des  fron- 
tières musulmanes,  des  musulmans  convertis  et  que  les  rois 
asturiens  faisûent  élever  dans  les  principes  de  la  religion  du 
Christ.  De  ces  étrangers  devenus  chrétiens  par  conviction  ou 
par  nécessité,  les  uns  étaient  libres,  les  autres  cscluves  :  les 
libres  étaient  ceux  qui  s'étaient  convertis  sans  être  captifs; 
les  esclaves,  ceax  qai  s'étaient  faits  chrétiens  aprÈs  être  tombés 
dans  la  captivité. 

Les  esclaves  convertis  étaient  distingués  en  séculiers  et  en 
ecclésiastiques.  Alfonsc  le  Chaste,  comme  nous  l'avons  vu, 
donna  à  l'église  cslhedraie  d'Oviédo  des  mancipia,  tri  ul  cU- 
ricoi  (ocrtcantores,  achetés  par  lui  de  leurs  divers  maîtres, 
et  qui  ne  pouvaient  être  que  des  enfans  oD  petits  enfans 
d'esclaves  musulmans. 

Noos  avons  parle  des  Marecatos  ou  Hanrcgatos  des  Astu- 
ries,  qui,  encore  aujourd'hui,  présentent  tons  les  caractères 
d'une  origine  africaine  ou  arabe.  Plusiours  rois  asturiens 
eurent  eux-m^mes  une  origine  mixte. 

Hanregat,&Is  d'Alfonse  le  Catholique,  de  ierva  tamen  na- 
lui,  avait  pour  mère  une  esclave  arabe  mi  berbère,  qu'elle  fût 
on  non  convertie  à  la  foi  do  Christ.  Silo,  qui  régna  après  lui, 
était  né  pareillement  d'une  mère  étrange  ;  mais ,  à  ce  qu'il 
semble,  d'une  plus  haute  naissance  parmi  les  conquéransqnc 
lamèrede  Haur^t,  puisque  la  chronique  Albeldcnse  attribue 
à  sonintnenœ  la  paix  qu'il  eut  avec  l'Espagne, savoir  avec 
les  Mnsnlmaua  :  cum  Spania,  06  catuam  malris ,  pacem  Aa- 
bmt. 

Ces  hommes,  ces  femmes,  ces  enfans,  pariant  pour  la  plu- 
part la  langne  de  l'Yémen ,  dorent  exercer  certainement  de» 
lors  une  influence  considérable  sar  la  limgne  des  chréltcns 
qui  se  régéoéruei^.  Tout  coneoiinit  à  Mcroilre  cette  in- 


>;,l,ZDdbyC00g[c 


502  HBTMBI  D'nf  AQHE. 

flaence ,  et  on  la  retrooTe  partout  dans  les  monomeas,  dès 

la  seconde  moitié  du  siècle  même  de  la  conquête.  Les  noms 
propres  snrtoat  CD  portent  d'évidentes  empreintes.  Berganza' 
signale  dan!i  les  diplômes  de  ce  siècle  et  da  siècle  soivant  pln- 
sieurs  signataires  d'actes  de  donation  et  de  diplômes  de  tonte 
natare,  parmi  Icsqnels  plDsienr^  étaient  rcvétns  do  sacerdo- 
ce ,  dont  le  nom  e'tait  purement  arabe  ;  et  il  cite  entre  autres 
AyubjMai^an,  Abeza  et  Zaleiman.Ces  hommes  inspinùent 
une  cooilance  telle  qn'Ayonb  et  Sonleïman  furent  nommés 
juges  par  le  roi  Alfonse,  et  chargés  de  faire  l'inTentaîre des 
anciennes  possessions  du  monastère  de  Cardc&a.  Mais ,  avec 
ou  sans  noms  arabes ,  il  est  certain  que  les  musolmans  con- 
vertis abondaient  alors  jusque  dans  les  Astaries.  Ainsi  ,  le 
même  Berganza,  dans  le  diplôme  n"  vi,  rapporte  la  signa- 
ture de  Latn  converso  teslis. 

Dans  le  diplôme  de  Genadios  en  faveur  des  émûtes  dn 
mont  Bcrgidensc,  on  trouve  les  signatares  suivantes  : 

Fredisclas  conversns; 
Valdemarns  conversns; 
Daniel  conversus; 
Aspitîns  conversas-, 
Becimirus  conversas; 
Hiton  conversas  ". 

En  954,  la  charte  de  donation  qu'Oveco,  évôipie  de  Léon, 
fit  en  faveur  da  monastère  de  San  Juan  de  la  V^a*,.  fut  con- 
firmée par  deux  prêtres  arabes  chrétiens  dont  le  premier 
wgna  :  Meliki  presbyter  et  le  second  Zesanus  presbyter.  La 
donation  que  fit  Fronimius  à  Saint-Christophe,  en  9 1 7  ',  est 
soDScrite  par  Maruanus  (Merwan)  presbyler,  et  par  Zalam. 


I  BersaD»,  ADlieUedidu  de  Btpiila,  L  i,  p-  IW- 

I  Esp»n.  Sagr.  l.  a»i,  p-  *30. 

3  Ibid-,  I.  iixiv,  «icrlt.  lis,  p,  «IB  et  luii. 

*  Ibid-,  p.lWat«10, 


:,.;,l,ZDdbyG00gk' 


503 

(Salemah)  diaeoma.  Ce  mtete  Salemah  souscrit,  en  955 ,  on 
acte  d'Ordomus  III  :  Zalama  presbyterqui  et  notariés,  tout 
on  Zauft  (c'est-à-dire  David — Dawd)  en  sonscrit  nn  autre 
en  954  '.  lîons  tronviHis  successiTement  les  'signatures  Abol- 
haxa  (Abon  el  Aysch)  presbyter ,  Alaylre  (ElYàtrehy) pra- 
bytcr,  Hanni  (Henni)  pres^ter;  Kazsem  (Kasem)  pred^ferj 
Ayub  diaconat,  Margwm  diacoam,  Mahamudi  diaconus,  etc. 
Ces  noms  sofAsent,  je  crois,  pour  attester  qu'il  y  avait 
parmi  les  membres  du  clergé  chrétien,  dans  les  neuvième  et 
dixième  siècles,  beaucoup  d'Arabes  convertis,  lesquels  durent 
exercer  la  plus  grande  influence  sur  ia  formation  de  la 
langue  castillane.  La  plupart  de  ces  convertis  donnaient 
à  leurs  lils  d^s  noms  latins,  comme  on  le  voit  par  les  signa- 
tures de  Pelagiui  premier  t6«n  Zaute,  de  Odoarto  îben 
Gamar,  qui  ailleurs  signe  Odoarius  Gamarit,  de  CasteUwo 
U>en  Abdila,  d'Adaulfia  Am  Davi,  et  de  beanconp  d'autres. 
Quelques-ans,  ayant  pris  aa  baptême  des  noms  latins  ou 
germains,  donnaient  à  leurs  fils  des  noms  arabes  conune 
Auuadi  Fredinondt,  c'est-à-dire  Aswad,  fils  de  Ferdinand. 
H  n'est  pas  jasqn'aux  sceaux  des  diplômes  de  ce  temps 
qui  oe  témoignent  des  rapports  étroits  et  fréqoens  des 
Arabes  et  des  Espagnols  :  Berganza  donne  la  flgnre  d'un 
très  grand  nombre  dans  Tappeadice  dont  il  a  fait  suivre  ses 
documens  originaux  :  le  pins  ordinairement  employé  était 
le  chifiEre  arabe  cabalistique  (aldjifCr),  dans  lequel  se 
lisent  les  mots  doit  Allah  {Deui  exceUvi);  dans  quelques- 
uns  paraissent  quelques  lettres  latines  entre  les  arabes,  et 
très  souvent  une  on  plusieurs  croix ,  seul  signe  qui  bsse 
OHmaltre  que  ces  sceaux  qipartenaient  h  des  chrétiens  ^.  On 
employait  aussi  fréquemment  le  sceau  de  Salomon  et  qnet 
ques-nm  des  signée  alcoraniqnes  qui,  dans  certains  exem- 

■  EspiA.  8^.  t.  xiiiT,  p.  «tT. 
'  Ibid.,  p.  4M. 

M,Ilip.  HtMMf. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


504  BIST(»RB  d'ESP&GHE- 

plaires  da  Koran,  figurent  aa  liea  de  points.  Un  de  ces 
signes  accompagne  la  soscription  :  Peina  notavit  et  hoc 
signum  fecit. 

L'intervention  et  la  large  influence  de  l'arabe  dans  la  for- 
mation da  castillan  au  nord  même  dn  Daero  est  donc  incoD- 
teslable.  Elte  se  fit  sentir  d'abord  dans  lé  latin,  peu  de  tempe 
après  la  conquête.  On  n'a  qu'à  lire  les  chroniques desNIll*, 
IX'  et  X"  sièclas  pour  en  être  convaincu  :  partont  se  bbiù- 
festent  des  traces  de  l'influence  de  la  langue  des  Arabes  et 
dugënieoriental.Quelquesexemplefiferontniicux  comprendre 
la  chose. 

Dans  le  numéro  34  de  sa  chronique,  Isidore  de  Beja  dit  : 
Eoqw  preBlio  fugato  omni  Golhorum  exercitu,  qui  cnm  eo 
emuloater  fraudutmlerque  advenerant,  cee^U.  C'est  là  nne 
façon  de  parier,  on  plutAt  une  façon  d' employer  le  verbe 
qui  se  rencontre  très  fréquemment  chez  les  aateon  oriea- 
taox,  comme  le  savent  ceux  à  qni  cm  auteurs  sont  familierb. 
Quand  Isidore  dit  mittttur  ad  principah'ajussa,  il  ose  d'une 
expression  éqoivalente  à  l'expression  arabe  wali  <d  amer. 
IjCs  formes  orientales  abondent  à  ce  point  dans  Isidore  de 
Beja,  qu'il  nous  paraît  impoRsible  de  le  comprendre  et  de 
le  traduira  exactement  sans  être  versé  dans  l'étude  de  la 
langue  et  dans  les  habitades  de  style  de»  chroniqueurs 
orientaux. 

Ixs  locutions  arabisées  ne  se  rencontrent  pas  moins  dans 
la  chronique  d'AlbeSda.  Souvent  les  préoccupations  du  àao- 
niqaeur  sont  telles  quU  oublie  qu'U  est  chrétien  et  e^a- 
gnol  :  eonira  eos  sumpsit  rebellionem  t»  Âtturim,  dit-il  en 
pariant  de  Pelage  (nom.  50);  super  Astures  procurante  Mon- 
wza,  dit-il  même  numéro.  Num.  53,  la  sécheresse  des  pa- 
roles -^tono,  effU,  éqaivaat  h  la  phrase  usuelle  des  Ara- 
ws  .  Il  fut  vamqtteur. 

tipliwn  de  DlL^^i'^  ^'  ***  locuUona  arabes  vont  se  mnl- 
«  Plus  dans  les  chroniques  subséquentes. 


>;,l,ZDdbyG00glc 


On  sait,  par  exeinjde,qae  les  Arabes  prodi^ent  leartoDJODc- 
tiou  te  qui  se  prononce  vryy.'Le  même  abus  se  remarque  dans 
les  chroniqaes  espagnoles,  soit  latines,  soit  en  langue  vulgaire. 
Ain8i,onUldanslaçfaroniqaeBargense  :  Captmet  lanceatus 
cmnes  Garsea  Firdinandi  in  ripa  de  Dorto,  et  V  aie  mortuta 
fuit  et  duelut  fuit  ad  Cordobam,  et  indè  adductm  ad  Cara~ 
dignam.  Cett»  répétition  de  la  particule  et  est  tont  arabe, 
comme  dans  la  notice  suivante  :  Dtderunt  comili  SaiKtum. 
Stephanum,  et  Cluniam,  et  Osman»,  et  Gormas,  et  dcderunt 
«t  quinquaginta  ofrstdei  pra  Cattr(à)o  et  Meconia  et  Ber- 
langa.'—Les  loisotions  m  era  MCCCCLXXVIII  m  fuit  illo 
anno  iniqim  (Chr.  Complot.);  m  era  UXXI  pretididerunt 
Sedmaneat  ;  Fuit  arrancada;  Fuit  ta  de  Badajoz;  Fuit  ta 
de  iîoda,8ont  tontes  du  même  caractère. Un  exemple  suffira 
pour  loontrer  qoe  ce  cacactère  est  passé  des  chroniques  lati- 
nes on  qussi  latines  aux  chroniques  castillanes.  SatiA  flanui 
del  mar,  dit  la  chronique  de  Gbrdeîia,  é  inceniio  mtecAos  tn/- 
îoi  i  dbdade» ,  i  homes,  é  bestias ,  é  este  mismo  mar  tnc«Rdto 
pentu,  é  en  Zatnara  un  barrio,  é  en  Carrion,  é  en  Castro  Xeriz, 
é  en  Burgos,  é  en  Paneorvo,  é  en  Beldorado,  etc.  Tous  ces  ê  sont 
d'un  écrivain  fonné  dès  l'enfance  au  style  des  Arabes, 

Et  remarquons  en  passant  que  le  w  des  Arabes,  aoit  ïet, 
ï'é  oa  l'y  des  Espagnols,  prête  quelquefois  une  grande  force 
au  discours;  qu'il  est  tantAt  conjoncUf,  tantôt  disjonctif  et 
Iairt6t  parement  redondant,  et  que,  souvent,  on  n'a  point 
démêlé  le  vnû  sens  des  chroniqaes,  uniquement  feate  de  le 
bien  entendre. 

Il  nous  reste  à  dire  un  mot  de  la  langue  des  Berbers. 
Le  premier  écrivain  qui  en  fait  mention  est  un  savant  An- 
glais nommé  Jezreel  Jones,  dans  une  épitre  latine  publiée 
à  la  fin  de  l'ordùon  dominicale  de  Chamberlayoe,  éilitioa 
de  1 7 1 5.  ■  La  lai^e  des  Shîlah  ou  des  Tomazeght,  dit-il,  ou- 
tre les  plaines  de  Meesa,  de  Haltba  et  la  province  de  Dara 
ou  Dr&,  eet  en  usage  dans  plas  de  viogt  provinces  du  royaume 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


506 

de  Soùs  dans  la  Barbarie  méridioDale.  U  existe  da»  U 
^bsrie  diverB  dialectes  de  cette  langue,  qui  était,  avant 
l'arabe,  la  longae  [nimitiTe  de  la  Maaritame  ting^tane  et  cé- 
sarienne, et  qae  parlent  exclosiTement  anjoutd'hai  les  habi- 
tans  des  monts  atlantiqnes  de  Soùs,de  Dara  elde  Byfâo'.  • 
,  '  Cette  langae,  dit  à  son  toor  le  pranier  Français  gui 
l'ait  approfondie  ',  se  parie  depois  les  mantapies  de  Sons 
qoi  bornent  la  mer  océaae,  jusqu'à  celle  des  Olldé^s,  qui 
dominent  sur  les  plaines  de  Etirouao  dans  le  royaome  de 
Tanis.  Cette  Iangne,à  qndqae  petite  diïïërence  près,  est  ans» 
celle  que  l'on  parle  dans  l'ile  de  6irbeh,à  Moaastjr,et  dansla 
[dapart  des  bourgades  répandues  dans  le  Ssafahrè,  entre  an- 
tres daBB  celles  de  la  tribu  des  Ben;  Moçàb.  Les  peaples  qoi 
parlant  cette  langue  ont  divers  noms  ;  ceux  des  montagnes 
gni  ^tpartiennent  à  Marok  se  nomment  CbooUonhha  (ptauiel 
de  Ghillab);  ceux  qui  habitent  dans  les  plidoeade  cet  empire 
sons  des  tentes,  à  la  manière  des  Arabes,  se  nomment  Ber- 
bers,  et  ceux  qui  sont  dans  les  montagne^  ^partenant  an 
royaume  d'Alger  et  de  Tunis  se  nomment  Kabajlys  (c'est- 
à-dire  des  tribus),  et  Djebàlys  (des  monti^es  on  monta- 
gnards). 

■  Le  fond  de  la  langue  berbère  n'est  que  le  jai^n  d'an 
peuple  sauvage.  Elle  n'a  point  de  termes  pour  exptintei:  les 
idées  abstraites,  et  elle  est  oUigée  de  les  erniHUnter  de  l'arabe. 
Pour  eux^  l'homme  n'est  point  sujet  à  la  pacease,  à  la  nu»t, 
il  est  paresseux,  il  meurt.  Le  pain  n'a  pas  de  rondeur,  il 
est  rond.  Lear  langne  ne  leur  fonmil  que  des  termes  cmh 


t  Liii|U(btlben«iif6lumHe^t,pi«lcrpUBlUaill«MB,Hil(]i»a(pr*Tbt- 
cim  DuB  1(1  Drt,  in  plni  vlglBtt  tIgM  pr**iBcit«  ttfol  Sût  In  Bariuril  n«- 
rldionall.  MTenc  tingiin  hojai  diatar  diilecti  Id  Btrb«rU,  qo*  (ou  aribi- 
UD,  prlmitiam  Hinriianl»  Tingiitnp  tl  Caurleniti  proilndiram  HugMta 
ibi  obtlngerB,  «t  badlerouni  tDWr  allantIcOTam  SOt,  D(r>  el  Recho  moatiam 
liKolu  loliim  eicrcsntur  (Jeir«al  Jodm,  oraUoB  donlidcile  d«  ChamberUTin, 
Mil.  de  ITIS}. 

>  v*^iw,  dui  u  prtbce  <•  ■•■  TMtbnUin  berMn  mi«  faUli. 


biqillZDdbvGoOglC 


appeudice  in. 


507 


crets  ponr  exprimer  des  qualité  ooics  h  leurs  &ajets;  et 
c'est  autant  qu'il  en  faut  à  des  hommes  que  la  dévaslatiou 
des  plaines  oblige  h  vivre  isoUs  dans  leurs  montagnes,  et 
que  la  jalousie  et  l'intôrêl  mettent  toujours  en  guerre  avec 
les  montagnes  voisiees. 

»  Les  Berbers  n'ont  aucune  conjonction  qui  réponde  à 
noire  e(,et  leurs  parties  d'oraison  ne  sont  point  lices;  ponr 
dire  t7  bail  et  il  mange,  ils  disent  il  boil,  il  mange.  L'habi- 
tude leur  apprend  à  faire  des  phrases  coirtes  ponr  e:fprimer 
leurs  sensations,  bornées  presque  aux  seuls  besoins  des  ani- 
maux .  Ils  ont  cependant  le  ^ut  st  le  que,  wéin,  et  la  particule 
î,  répondant  à  notre  il,  qni  aident  leurs  narrations  et  les  em- 
pêchent d'être  obscures. 

>  Tous  les  mois  relatifs  aux  arts  et  à  lareligion  sont  em- 
pruntés de  l'arabe.  Ils  leur  donnent  nue  termïBaison  ber- 
bère, en  retranchant  l'article  al  et  en  mettant  au  conunen- 
cement  un  t,  et  ua  autre  (  ou  nit  h  la  fin.  Par  exemple,  et 
mukhal  en  langue  barbaresque  signifie  fosil.  Les  Berbers 
en  feront  te  mttkhait  on  te  mukhalnit,  Makas^  en  arabe, 
signifie  oiseau; ils  diront  lemakast  ou  lemakamit. 

"  Os  empruntent  aussi  de  l'arabe  les  épithètes  qui  leur 
manquent,  et  ils  les  babillent  à  la  berbive,  en  les  faisant  pré- 
céder de  la  syllabe  da.  Par  exemple  qadym  en  arabe  signifie 
ancien;  on  dit  da  qadym  en  berber;  raqyq,  maigre  en  arabe; 
daraqaq  en  berber,  etc. 

•  Ils  n'ont  point  maintenant  d'antres  caractères  pour  écrire 
leur  langue  que  ceux  des  Arabes, auxquels  ils  ajoutent  trois 
lettres  persanes  qui  manquent  à  l'alphabet  arabe,  le  tt^iym, 
le  jâ  et  le  guêf. . . .  Quoique  la  religion  de  ces  montagnards  soit 
l'islamisme,  il  y  en  a  très  peu  parmi  eux  qui  sachent  l'arabe. 
Les.  maraboaths  leur  expliquent  le  Koran  dans  leur  langue; 
et  les  prières  du  peuple,  comme  parmi  les  nègres  moBulmaus, 
se  bornent  en  général  à  la  profession  de  foi,  la  seule  chose 
nécessaire,  dans  leur  croyance,  pour  être  saqvé.  L'avantage 


bvGoogIc     """ 


508  HISTCHRX  DBSPiUïIIE. 

qa'ont  lears  maraboaths  de  savoir  na  pen  lire  et  écriie,etde 
parler  l'arabe,  lenr  donne  le  plus  grand  crédit,  et  ce  sont. 
eui  qui  commaadent  dans  la  plupart  de  ces  montagnes.  - 

C'eat  one  chose  bien  remarquaUe  que  cette  langae  pariée 
dHUs  toute  l'Afrique  septentrionale,  où  elle  est  coimae  sous 
le  nom -de  schillah,  le  mit  à  l'autre  extrémité  de  ce  conti- 
nent au  pays  de  Syoaah,l'ancieime  oa^  d'AmmoD  d'Héro- 
dote, c'est-à-dire  dans  deux  paya  éloignés  l'an  de  Vautre  de 
toute  la  largeur  de  l'Afrique.  Gela  a  été  constaté  par  divers 
voyagcara,  et  notamment  par  le  rapproahemcnt  qa'a  foit 
Harsdcn  d'un  grand  nombre  de  mots  des  deux  langues  eu- 
lièrement  senblablea,  ou  qui  ne  diffèrent  que  par  une  légère 
altération  euphomqne ,  c(Hnme  akhfé,  tête,  en  langue  de 
Syoaah,eItA^en  langae  deSchiltah;Duiin,/'9tu,daas  lapre* 
mière,  efou$  dans  la  seconde,  etc. 

Od  sait  que  les  Berbers  nomment  l'Atlas  la  montagne 
par  ezcelleiice,  Athraïr,  Aàtvraes,  Adref,  Adras,  Edrm-m, 
Aderim ,  suivant  les  diverses  prononciations.  De  là,  peut- 
être,  le  mot  même  d'Atlas,  altécé  de  bi  forme  Adr<is,pai 
exemple,  et  très  certainement  le  Dyrin  de  Strabon.  Le  nom 
d'Anunon  ne  me  par^t  être  lui-même  qu'nne  pronondation 
particulière  à  quelques  tribus  da  mot  eau,  ammon,  en 
berbère. 

11  est  faùle  de  se  rendre  compte  de  la  différence  ra- 
dicale de  l'arabe  et  du  berbère  par  le  rapprocbement  des 
mots  Boivans,  recueillis  au  hasard  : 

Abdlle,  bert).  Jim  ;  mb.  NaUd>-        CMcan,  B.  TTUmmery;  k.  Akb^ 
Agneau,  B.  limer  ;  Ar.  Kabsdi.  Honnoe,  B.  Jipa  ;  k.  Ra^oL 

Ane,  B.  JghitnU  ;  Ài.  lUnur.  Hiûle,  B.  Ttaiwar  ;  &■  Zeit. 

ChameH,  B.  Leoum  ;  Ar.  DjlmaL       OKtcs,  B.  JiUmmir;  A.  ZertlMMb 
Oeur,  B.  Ou',  ouroul;  Ar.  CUb.     '  Ofiriei,  B.  Taumoar;  k.  SdMlj»  <> 
ZeiUioan,  de. 

Le  berbère  n'a  c^tainement  exercé  qu'une  influence  (rè> 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


APPENDICE  m.  509 

faible  BUT  la  formation  de  la  langue  espf^ole;  on  en  retroiiTe 
entendant  qaelqaes  traces  incontestables  dans  plasieors  mots 
castillans,  tels-que  cAiw,  enfant,  de  atckiq,  petit  garçon, 
mema,  tsfçèee  particulière  de  chêne,  de  sin,  sain,  ztn, 
chône  en  beii>^')  mots  «poore  asjonrd'hoi  en  nsage  chez 
les  Berbers  d' Afrique.  Comme  d'aillears  il  est  hors  de  doute 
que  cette  langue  a  été  parlée  pendant  hait  siècles  dans  pln- 
siers  cantons  de  la  presqu'île  espagnole,  j'ai  t&ché  d'en  don- 
ner une  idée  sommaire,  et  de  jnontfer  surtout  à  quel  point 
elle  diffère  de  l'arabe,  avec  lequel  elle  est  Men  loin  d'avoir 
les  affinités  qu'on  lai  snppose*. 


RXPLICATION  DB  QCELQIJES  MOTS  ARIBKS  EMPLOTfjl  DAN»  I.R    COOtiS 
DB  CETTE  niSTOIRE. 

Abou,  père,  obf,  Béoitif.  Les.  noMS  coramen^nt  par,  ce  mot  abon- 
deot,  comie  OD  l'a  tu,  dans  lliiBtolre  d'Espagne  sous  la  donrinatlon  des 
Arabes. 

Omm,  imma,  amtaa,  mère.' 

JSfai,  Bis,  se  prononce  mnl  ben,  iim,  aben.  Aben  est  la  forme  es- 
pagnole, iToù  Aben  Stoa,  dont  on  >  fait  Ariceiine,  et  Aben  Rosrbd, 
ATerrois  ;  pinr.  Benoa  et  Bet^. 

Allah,  ïi\ta\Al{ah  afcbar.Dteu  gr^td,  Allah  tûalah,  Dieulrf-s 
taaat 


I  *Dlhiii>nEnt  i]«  («Ile  ItneM  péDtenI 
cenioIlcT,  1  dUiut  d'oiiTTign  fnDfili,  l'excgllaol  CfMUMNeal  lètlck  a%i 
■ftin*uii(  of  Ih  hnktr  lamgitaqe  ;  prtettded  ty  fouT  litltrt  on  ttrttrt  tly- 
molegiM  odreiuil  ta  Ike  pruiiUnl  of  lAe  .philoiophicat  lotielji  {  f.  Dupua- 
tnu,  wq.).  publié  i  Philadelphie  pnr  H.  Williim  H.  lIodewiD,  ^nctcn  consul 
d'ABétlqaeiAle«r,eHil  pldn  de  lefcnce,  dail  M.  Arlltida  Gniltaert,  ronna 
par  Ha  Iniill  liaporMil  lat  la  ealgaiitllMi  dn  nard  de  l'Arriiiae,  prépirr, 
dlt-oa,  ana  IradnttioB  lïa»çaiM. 


>;,l,ZDdbyG00g[c 


510  msToiBE  D'z^Aein. 

Islam,  rislatnisme,  la  retiglon  de  MahonM,  signifie  propretnett  ré- 
rignation ,  rés^ation  à  Dieu  ;  s'écrit  dans  1'onhi)gra[die  e^ugnele 
avec  l'artide,  alUlam. 

B'esm  Ellah  et  Bahmen  el  nafym,  formile  par  laquelle  conaeD- 
cent  ton  les  outrages  «otiUvaDa  depoii  le  Konn,  ei  tjm  sigmie  à  h 
lettre  :  Att  ooa  de  Dieu  le  misMcordievi  et  le  dtaML  La  plupart 
des  Boorafa  ou  ehapltreft  du  Koru  couieiicent  ainsi  Par  exemple 
la  112-*  :  "  Au  nom  de  Diea  clémeit  et  miBéricordieni,  dis:  Dieu  est 
unique,  Dieu  est  ëtenid;  jl  n'engentlra  pas,  et  n'est  pas  eogeaM, 
et  personne  ne  peut  lui  être  comparé.  ■ 

Jlfa  tchaa  Allah,  à  la  ToIentC  de  Dieu;  en  schaa  4llak,  »  C^  b 
vAtMA  de  Dieu. 

Soarah,  pas ,  degré,  échelon ,  narche.  La  iHvmibv  sonrah  on  son- 
rate  du  Koran,  intitulée  :  t  Celle  qui  ouvre  &.  qal  sonioet  fes  cœnrs  ■ 
conmence  par  les  mou  :  Alhamd  i'iltak  rabfy  al  alênùna.  Louange 
i  Dieu,  mittre  {ou  constmcieur,  auteur]  de  fonÏTenl 

Koran,  prononcei  Kour''cam,  avec  l'anicle  AUoran,  la  lednre. 

Uesijed-al-djéma  ou  sinpleaient  al  (0'énia(Qitli.  cqiagnole  al- 
jama),  mosquée  principale,  conseil  de  ville,  municipalité,  liée  d'assem- 
blée des  priDcipanx  membres  du  clergé  mostitman.  Mezquita  en  espa- 
gnol. 

Mimbar,  cbaire,  tribune  de  h  mosquée,  abnimbare  dam  CoMde. 

Imam,  priice,  celui  qui  marcbe  le  premier.  fAtl  de  la  prière  daw 
les  mosquées  [alimam). 

FakiA,  alfaqui,  docteur,  docteu  de  la  loi,  ataàtn  dn  dergt  oia- 
snlman. 

Al  catUU,  cadtd,  aicadl,  jnge  altacbé  am  mwquées  prindpalefc 
Cadki  al  codhâh ,  cadi  des  Cadii,  ou  caiid  '  ai  kébir,  grand  ji^. 
Les  Espagaols  ont  fait  û'al  eoMî  leur  'alcaide, 

Alcudia,  dcaldie,  territoire  et  juridiction  tïm  alcade. 

Mokri,  al  mokri  on  el  mokri,  lecteur  du  Koran  attaché  aux  OMS- 
quées. 

JVoufo,  docteur  de  la  loi,  seignenr. 

KaMy,  naître,  nom  de  la  djûiité  chez  les  Berbers. 

Moaé^in  [afmuede»],  sacristain,  moniteur  de  la  mosquée  on  bedeaa. 
celui  qui  crie  et  appelle  ii  la  prière  du  haut  de  l'almcinara  [mioarat) , 
tour  ou  phare  de  la  mosquée, 

KaM  {alcatib),  prédicateur  de  la  mosquée,  écrivain ,  secréBdr*, 

Hafit,  alkafit,  catéchiste. 


i.vGoogIc 


AFPEHDICE  m.  511 

Sid,  dd  écrit  i  l'opagnole,  «ignenr;  cidi,  sajydi,  mon  «dgnew; 
tidna,  Midouna,  et,  dans  U  proDOodatioD  aclnellc  d'Alger,  saledHo, 
seledsna,  notre  seigneur. 

Si^da,  zaida,  leKon. 

Xarife ,  noble ,  illostrc  en  espagnol  :  de  l'arabe  sckèrif  on  mieux 
Kharyf,  homme  haut ,  élevé ,  gnnii ,  noble,  do  mol  icharaf,  bauteur, 
eiévadon. 

Scheik,  vieillard,  chef  de  triba,  se^iKiir  dans  raccepUoo  dn  mut 
latin  ienior. 

Àmir,  émir,  cbef,  {ffioce  on  roi  d'une  portion  plus  on  BKrins  consi- 
dérable da  peuple  arabe  ;  il  répond  an  mot  princeps,  dux  ou  consui 
des  Latins.  Artùr  al  moaminyn,  émir  on  prince  des  fidèles. 

fVali,  préfet,  dépositaire  supérieor  dn  pçnToIr  central,  prœpositus. 

Akalde,  cayd,  atcaydj  plus  correctement  al  cayed,  conducteur, 
capitaine,  commandant  de  forteresse  ou  de  frontière. 

Amel  on  amil,  gouverneur  général  d'nne  proTincc  oo  mleax  d'une 
JnridlcUon,  d'un  district,  gabemator. 

Jmelyya,  Juridiction  de  l'omel. 

Kkafyfah,  libailfe,'vic^e,  lientenant  gi!néral  de  Tempire  d«n  Dieu 
et  Mahomet  sont  les  maîtres, 

At  seilfak  {acepha,  aceipka,  azeifa  sous  la  forme  eqwgnole),  as- 
sembinge  d'épées,  armée,  exercitus,  proprement  les  ipéts,  de  5a</ou 
seif,  épée.  Sal[  AUak,  l'Ëpéc  de  Dieu,  fidKa,ifx  tm  iitu,  surnom  de 
Kbaled. 

Foras  avec  on  sad,  ou  faratk  avec  un  tha,  cberal  rapide  ;  alfaraz 
en  espagnd,  cabatto  veloz,  alfaraces  au  pi.,  genêts,  cbevanx  l^ere, 
l'espèce  particulière  que  moi)tak  ta  cavalerie  légère  des  Hanres.  Leoh 
armatura  equi  apad  Maurost  D'où  alferez,  cavalier. 

MokaioM,  moiadem,  al  mokadem,  cbef  de  l'avan^ga^de,  comman- 
dant de  b-oUière.  En  espagnol  abnocaden,  aimocatm,  almouéen  : 
— 1  cl  que  fbé  gran  aimocatea  de  ï  cabello  y  de  h  pié.  •  dit  Catcales 
(  Lhtage  de  Aliaga] ,  proprement  cetni  qui  marcbe  devant,  en  avant, 
adelaittado,  de  kadam,  pied,  pas  :  Cadama  practsiit,  praivil,  valdè 
animosia  fuit.  Alfonse  le  Savant  a  emplt^é  ce  mot  dans  la  signlBcatloi 
àtadelaataéo  dans  son  traité  Del  ctiento  de  tas  estretUu  del  ochavo 
cieU}  :  El  dicen,  <i  la  quarenlB  y  dos  dildab  el  mocaden,  que  qoiere 
decir  el  lagarto  adelantero. 

Al  mokadema,  l'avant-garde. 

Sakah,  proprement  l'arrière-garde,  postrema  actes  exercilas.Soas 
la  f<HiiK  zaga,  anciennement  raga,  ce  mot  «gaiSe  en  equgnol  la  par- 


>;,l,ZDdbyC00g[c 


5 1 2  msTQmi.  D'BBP&Gm. 

lie  de  denttre  iSia  objet  qidcutqtie,  tergum,  panpmerior.—a  ae 
prend  aossl  adrcrtûalemeot  pour  derrière,  arrière,  retrù,  retrorsim. 
De  sakah  doit  venir  te  Terbe  sacar,  tirer,  par  la  ndson,  ce  nous  aea- 
ble,  QIC  ce  qni  est  en  avant  tire  à  soi  et  entploe  ce  qai  est  derrière, 
et  le  BDlntantif  fam,«igtiiÉaiit  l'action  de  lîié'  une  chose  (Ton  lien  ponr 
In  iniii^Mrter  dans  an  aatre,  traite,  transport  de  narcbandises,  eitrac- 
tion,  exportaiio,  exlrijctùt,  eoeclio,  H.  Dnbenx  (Chronique  de  Tabari, 
1"  partie,  piv-  3^9J>  peiue  qa'on  doit  ëgalenwnt  bin  -wair  de  sakah 
le  mot  portugais  resioea  qui  signifie  o  l'espèce  de  cfliodre  oi  de  ron- 

■  leawqjiefordielalaffleeBseretiraDtaprisaroirdéfeflémrlerhage, 
•  et  l'action  de  la  lame  qui  se  retire.  •  D'au  notre  mot  reisac, 

Ghaswat,  gkaswah,  expédition  de  gnerre  sacrée,  gazua,  gaaaa, 
gafua,  gacia  sons  la  forme  eqwgnole. 

El  àjihed ,  ol  t^jéhM,  la  gaerre  sacrée. 

AfmafatUi,-  tévmiaa,  eotpa,  assemblage,  par  extension  dinsioa 
d'ane  armée,  orthographe  et  prononciation  espagnoles  dn  mot  anbe 
moalU,  ptoriel  maaiuifil  on  moahâfail,  avec  l'arUcle  et  la  termnji- 
son  castillane  al  mahafaila,  àl  maaknfala,  consensiu,  conTenmi, 
chorus. 

Mcntzil  fmmfsa/],  pluriel  mendzil,  d'aînés  Golins,  locas  abi  qaU 
divertit  aut  sabstitilj  matsio,  daijiusi  veredarium  statio,  vulgo 
posta,  albergOj  ttiogo  dooe  si  trattengono  i  vianda«ti,allegio,  at- 
teria,  domiciiio,  giomata  di  catmno,  posta  [  vid.  GoL  ei  Aleninski, 
vQce  menzitl.  — Hôtellerie, endroit  où  l'on  atuche  les  chevaux,  po- 
soda,  parador. 

KkaradJ,  iribu,  impOt  ;  en  latih  corrompu  carraehitm,  coDU&ittioM 
pnbUquee. 

Atcabala,atcavala,  împût,  droit' sor  les  denrées,  veetlgal  pro 
venditiotàbta  ;  de  kabata,  al  kabata,  d'où  notre  mot  gabelle. 

Azequia,  aceqiiia,  de  sekia,  al  seiia,  canal  pour  conduire  les  eaux. 
puits  à  roaes,  madiine  à  arrosement,  d'où  probableneiii  le  mot  Italie» 
secchia,  vaso  di  legno  0  di  rame  per  cavar  acqaa. 

■  Acequiado,  «itooré  d'eau. 

Al  Bayda  (a/éoMu),  la  hlan(4e. 

Al  Abyad,  le  blanc. 

Fohs,fosch,  /'uj.lieg,  endroit,  iocw  omnis  kabitaïus,  Pokt  et  bel- 
tout,  le  hamean  des  chËnes. 

Dyn,  tUn,  al  ou  et  din,  eddin,  la  foi  que  l'on  a  pour  ce  que  Diea  a 
révélé,  la  religion  en  général.  D'où  les  noms  Koiireddin,  Inmiire  de  la 
religion,  Nassi  eddin,  défenseur  de  la  religion,  etc. 


>;,l,ZDdbyG00gle 


APPZKDICE  m.  513 

Djebal,  montagne,  Djebat  Tkâreq,  Gibrattaric  dans  lei  trts  Tîenx 
aitenrs  espagnols,  montagne  de  ThSreq,  Gibraltar. 

jtln,  fontaine,  ploriel  cdoim. 

Kitkran,  goudron,  d'où  éridemment  le  mot  provençal  qiùtran,  et, 
i  ce  qu'il  Mmble,  notre  mot  goudron;  l'espagnol  a  adopté  le  mot  tel 
quel  avec  l'ardde  alqaitran,  et  on  le  retrooTe  dans  le  portogais  sou 
la  forme  alcatrâo.  Ain  eU  kitkran,  la  fontaine  on  la  source  de  gou- 
dron, 

Alfana,  tUfane,  alfalna,  al-fainan,  ûefaln,  fort,  robuste,  avec  l'ar- 
tkte  al  le  puissant,  le  généreux,  nom  de  cheval  fort  en  osage  dans  le 
moyen  Ige  et  devenu  célèbre  dans  nn  des  pommes  de  chevalerie  lee  pins 
renommés.  Les  Téritables  descendans  d'Alfane  sont  les  cbevanx  qui  loi 


Car  la  pMtAité  d'Alhne  et  de  Bayard, 

Quand  ce  n'est  qu'âne  rosse,  est  vendue  au  huud, 

Pr<q>remeBt  cheval  orné  d'une  quene  longue  et  flottante;  en  général, 
fort  et  beau  cheval. 

Djébanat,  dmetiëre,  al  djebanat,  le  dmeiiËre,  atdjebanat  al  kaisr, 
le  dmetiëre  du  palais. 

Kassidak,  kassideh,  en  espagnol  casida,  poème  qui  ne  doit  pas  com- 
IH«ndre  moine  de  trente  vers  un  distiqaes.  Hohadlhal ,  poète  anlérienr 
h  l'islamisme,  passe  pour  être  l'inventeur  de  ceue  forme. 

Al  Sarradj,  \e  sdtier,  le  fabdcant,  le  fdMur  de  coiraases,  quelquefois 
aoni  la  forme  de  Zerrad,  d'où  Âbenserradj,  Abencerrages. 

Sahab,  taheb,  tahib,  offlder,  soldat,  domestique,  serviteur. 

Mohariz,  castos,  prsfëcms,  maharià  him,  prKfectns  ards,  il  com- 
mandante del  Castelto. 

Moahoiib,  mutiasib,  mohaseb,  exactor,  reddltor  rallonum. 

Atmoçabel,  almotacel,  en  portugais,  moderador  dos  peus  e  pre- 
ÇDS  e  medidas  dos  mantenimientoe.  Il  cotrespwid  b  Vadilis  des  Ro- 
mains et  à  leur  prœfectus  amwna.  L'Mmatacel  m&r  (c'est-à-dire 
tTuryor)  portugais  a  pour  mission  de  pourvoir  la  capitale  de  tous  les 
•pproTiBionneneBS  néceasairei,  de  veiller  i  la  propreté  des  mes,  etc. 
ïepes  [L  ni)  rapporte  noe  charte  d'AITonse  VI,  de  lû8i,  où  il  est  dit  : 
■  El  lestras  lendaa  nnllns  alvacil ,  neque  almaserifos  oeque  almoa^l 


Alvazil,  abiazir,  atoastr,  aluaiil,  aluacir,  atuacil,  foraet  diver- 
ses di  mol  arabe  wazir.  Ce  mot,  cbei  les  Arabes  d'E^ugne,  signifiait 
Vf.  33 


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514  aiSTCHBI  DBSPAfin. 

ninistre  d'état  oa  cooaeîUer  da  prince  (wuyr,  «éiir,  vinr).  cd«[  qui 
«st  il  ses  cOiés  OD  qui  reçoit  de  lai  qndqae  grScé  oa  bveur.  Selon  les 
moaDment  de  ta  monarclUe  portogalse,  c'éUùi  aussi  le  goaraiiear 
d'une  OD  de  plusieurs  viiles.  le  président  on  chef  d'une  proriDce  oa 
territoire.  Dans  un  scie  de  donation  de  l'église  de  Mollellos  bite  ai 
aïonastère  de  Lorrâo,  en  1101,  il  conste  qne  cette  égibe  lat  prise  aui 
Hinres  :  in  temporibus  Bex  Aifotui  et  alvasir  Domno  Sesnandi, 
imperatore  «osiro  (Elucid.,  Test,  de  LotïSo}.  Le  titre  d'alvasir  est 
eiiq)loyé  là  étideament  comme  synonyme  de  goBreniear,  gubemaior, 
imperator  de  Colmbre ,  et  on  le  retrouTe  appliqué  au  même  peraon- 
nage  dans  plotienrs  actes  sutuéqiienB  fort  curieux  :  dans  on  acte  de  do- 
nation d'Arooca,  de  1070,  il  est  dit  qu'en  ce  temps  gouTemait  in  Co- 
limria  Sesnandia  alvaiir;  dans  un  autre  qu'en  108S  était  dux  m 
Colimria  Sesnandua  atvazir;  dans  nn  antre  (LÎTro  Prcto  da  Se  de 
Coimbra,  f.  89],  de  1086,  on  loi  donne  le  titre  de  consid  de  Colmbre.  a 
i  Donaiiu  Martinia,  son  gendre,  cehii  de  proconnU;  dans  one  cbaiu 
de  Pedroso,  conserrée  k  runiverritë  de  Colabre,  il  eU  ^t  qu'elle  fat 
faite  en  1087,  étant  D.  Sesnandos  oteazir  de  Golalwe.  BnSn  nae  coa- 
lestalion  qae  les  moines  de  san  Pedro  de  Arooca  enreiH  aree  les  hé- 
ritiers de  l'église  de  SaintEtienne  de  MoMes  fol  portée  ante  atcazir 
Domno  Sisnando,  qui  Dominas  erat  de  ipsa  terra  ipsis  temporibiu. 
Et  sur  les  plaidoiries  des  parties  inToqoant  sa  jnsUce  :  jaisit  aioazir 
permmu  de  sao  Vigario  Cidi  Fredarlz,  qaod  dédissent  ipsos  fra- 
tresjuramentam,sicutLex  Gotfiorum  doeet,etc,..  Deindevemil  de 
Colimbria  et  de  Monte  Majore  de  iUo  senore  alvazir  eum  itto  reea- 
pito,  k  savoir  qu'à  un  Jonr  fixé  Justice  serait  raidne  aux  dî^>DlaBS;  ce 
dont  furent  chargés  Bet^mundus,  qui  est  vigario  de  aloaxir,  et  cidi 
Fredarlz  (Document  de  Arouca  de  1091).  0  existe  deux  autres  bo- 
nomens  de  Fedroso  :  l'an  de  1074  et  l'antre  de  1087,  dans  lesquels 
Sisnandus  slntitale  alvacir  et  s^gneor  Idominas)  de  Colmbre  et  de 
tonte  la  terre  de  Santa  Maria.  Nul  dôme  d'après  cela  que  le  mot  alfaiir 
n'eût  a1or«  la  haute  rignlDcaiion  de  gouTemenr  on  président  d'âne  vfle 
on  territoire ,  de  capitaine-général,  chef  de  la  Justice  et  magistrat  a- 
préme,  ne  relevant  dn  roi  que  ponr  un  très  petit  nombre  de  cas  ;  et  tel 
était  Taloaxir  Imperator  cansid  et  cornes  domnus  Sesnandus  rég- 
nante in  CoUmria. 

Hadjeb,  hadjibt  atkagihe  et  aUtagib  dans  Conde,  huissier,  pw- 
tier,  principal  officier  du  palais,  premier  ministre  à  Cordove,  fonclîaB 
<gni  répondait  à  celle  de  maire  dD  pabla  des  rois  frtmks; 


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APPENDICE  ni.  515 

Kabiteh,  iribn,  plar.  kabaïl.  En  transportant  ce  not  dans  notre  lan- 
gne,  disait  H.  Sylvestre  de  Sacy,  je  pense  qall  font  dire  aa  ptnrid  les 
kabiUhs  et  non  les  kabail,  comme  on  dit  les  iolians,  et  non,  k  ta  ma- 
nière arabe,  les  salatfyn;  mais,  sans  savoir  l'arabe,  il  nons  semble  qD*il 
estfarile  de  reconnaître  l'identité  des  mots  kabilek  et  kabail,  Bnrtout 
depuis  nos  récens  rapports  avec  l'Azérie. 

Bednat,  partie  d'une  tribn  habitant  on  canton  particulier,  les  tribus 
arabes. 

Bend,  bannière,  plnr.  Benoud,  en  esp.  bandera. 

Ain  yakout,  la  Fontaine  du  diamant,  profHVment  du  nibis  Uanc, 
et,  par  métaphore,  la  Fontaine  transparente.  Zàkoakit  en  bébreu 
(Job,  LUVItt,  T.  17). 

ÂsvBad,  açouad,  noir,  aboa  et  aswad,  pire  do  noir. 

AbyddA,  abtad,  blanc,  abou  et  abyâdh,  père  du  blanc;  wad  et 
abyadh,  Guadalabiad,  la  Rivière  blanche,  ffoum  el  abiad,  baie 
dont  le  sable  est  blanc  en  Ariiqoe. 

Kymia,  chimie,  al  kymla,  la  chimie. 

Beled,  belad,  veled  oa  vêlez,  sons  la  forme  espagnMe,  terre,  pajs, 
territoire  d'un  peuple. 

Médina,  ville,  cité. 

Karia,coTia,  atcaria,  village  de  peu  de  population. 

Aldea,  de  a(  et  deiat  on  dhyah,  aldfyah,  petit  endroit,  boui^,  ha< 
meaa,  pagus,  vicus.  Il  eiiste  en  Espagne  près  de  cent  iwurgs,  villes 
et  villiges  dont  le  non  commence  par  le  mot  Aldea,  sans  ctHnpier  les 
Atdehuetas,  an  nombre  de  plus  de  vingt-cinq. 

Dar,  habitation,  plur.  douwars  on  dowar,  aduar  dans  Conde. 

Gaad,  ou  JVad  (voyez  ci-devant,  p.  3fi9) ,  note  1 ,  Tormé  par  les  Ara- 
bes d'Espagne,  selon  Toliios',  du  latin  vadus,  ayant  â  pen  près  la 
même  signification,  gué.baitnre,  bas-fond.  Ce  mol,  toutefois,  n'est 
point  particulier  anx  Andalous;  c'est  ainsi  qu'on  trouve  à  la  descente 
du  Sinal  el  Ouadi  Momsa,  la  vallée  de  Uolse,  et  non  loin  de  Vttn 
{l'Hidjorat  des  Arabes)  el  Ouadi  Mokatteb  (  la  vallée  écrite).  On  sait 
aussi  combien  ce  mot  se  prodoit  fréquemment  chez  les  Hoghrebyns, 
partlculièrenentdanslesdénominadonsdesrivieresdupays;  nous  cite- 
rons le  Oaed  el  Roummel'qnî  coule  è  Constanlîne,  le  Oned  al  Hammam 
(rivière  des  bains),  le  Oued  Zeyioon  (rivière  des  Oliviers),  le  Oued 
al  Ham  (rivière  du  Carnage  on  du  Menrtre).  Ce  non  toutefbis  est  plus 
common  en  Espagne  que  partout  ailleurs.  Nons  y  avons  compté 

>  i.  T»U11  A*1nid*anlaMi  !■  AdniII  Bardiplrasii  Optra,  p.  SU. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


â(é  UI8T0IBE   D'tSPiÙTX. 

fdDs  de  dnqtUDte  rinères  comBeDçant  par  k  mot  ^tid,  onhogr^hié 
Caad  k  l'eapagnole,  dont  la  [daput  appuiienneot  à  l'E^ugne  sriridis- 
nale  et  occidentale.  Je  noanerai  ici  le  Goadabortona ,  dam  la  pro- 
liDce  de  Grenade;  le  Gnadabarbo,  en  Andaloosie  ;  le  Goadaira,  d«M 
la  province  de  Cordoue;  le  Gaadajira,  en  Esiraraadoitre;Je  Guad^foi. 
province  de  SévUle;  le  Gnadalaviar,  en  Aragon  et  proritce  de  Vateace  ; 
le  Gndalerra,  nn  des  afDnei»  dn  Zojar  en  Estramadoore;  le  Gocda- 
lemar,  même  province  ;  le  Gnadden ,  na  des  afflaon  de  r  Atondiel  ; 
le  Gnadalentin ,  en  Andalouaie;  le  Goadalete,  dans  la  pnniBce  de 
Cadii}le  Gnadalix,  archevMié  de  Tolèdej  le  GoadalJorce.daDs  U 
Serraala  de  Ronda  ;  le  Gnadalmei,  profince  de  Cordoue  ;  le  Gwda- 
lope,  en  Aragon,  l'un  des  affloens  de  l'Ëbre  ;  le  GuadalqaiTir,  qa'B 
suffit  de  nonmer,  ayant  pour  alDneiu  le  Goadayra,  le  Gudi^oK,  le 
GnadalbaUon,  le  Gnadalimar,  le  Guadarmena,  le  Gttadiana  meaiM'.  le 
Gnadatin,  te  Guadiel,  le  Guadii,  le  Gnadabaellato,  le  Gaadlalto,  le  Gna- 
dalen,  etc.  ;  le  Gnadalupejo,  l'an  des  afflneas  dn  Gnadjona  ;  le  Gnodane- 
nid.  affluent  de  l'Hoeie;  le  GuBdaaiei,  en  EsUamadonre,  affluent  du  Gua- 
diana;  le  Gnadaporcon.  dans  la  proTtnce  de  Groiade  ;  le  Guadariitf 
(Guaniioe), afllnent  de  l'Almn^el;  le  Gnadarrama.  dans  la  prorince 
de  SégoTie,  on  des  affluens  du  Tage  ;  le  Goadarramilla,  dans  la  pro- 
TÎnce  de  Cordoue  ;  le  GnaïUaro,  non  loin  de  Gibraltar;  le  Snadiana; 
le  Guadiana  mener,  aSIaent  dn  GaadalquiTÎr  ;  le  Guadiela,  na  des 
afflnens  du  Tage;  etc.,  etc.,  sans  compter  quantité  de  villes  et  de 
boni^  situés  dans  des  vallées  et  snr  des  cours  d'eaa  de  moindre  in- 
portance,  tels  que  Goajar  Fondon,  Gualavisa,  Goalba,  Go^ar  Alto, 
Guadalcanai,  Guadramiro,  Guadii,  Gnadilla  de  VUlamar,  GuBdiervas 
(Allas  j  h^as] ,  Gnadiamar,  Guadawqaies,  Guadasuar,  fil  Guada-Pero , 
GoadanuT,  Gaadalesl,  Guadaleno,  GQadalcazar.eic,  etc. 

Bair,  mer,  baftr,  la  mer;  Bahr  al  Roam,  mer  des  RonalRS,  la 
Méditerranée. 

DJesirah,  al  djesirak,  tie,  presqalle,  d'où  Algesiras,  en  face  de  Gi' 
braliar,  et  Aidra,  ville  de  la  province  de  Valence,  située  dans  uk  fle 
formée  par  te  fleuve  Xucar.  L'£^)agne  est  appelée  dans  les  écrinîas 
arabes  Djosirah-Andalous,  preaqu'Se  d'Andalons,  on  sînpIeBeni  at 
Andalos,  et  Andaloiu. 

Albuhira  ou  Atbafera,  marine,  cOle  marilime. 

Nahr,  ririère,  rio.  C'est  le  véritable  mot  arabe  pour  exprimer  u 
leuve.  On  lit  dans  El  Edris  Ni^-Yana,  au  lien  de  Wadyeaut  m 
Quaifyaiui. 

Gantara,  pont,  al-cantara,  le  pont,  ^otAlcaïUttra  et  AlcmanriUa. 


byCoOgIC 


APPENDICE  UI.  517 

Kassr,  Kastar,  chiteau,  palais,  al  kasir,  le  cbâteau,  le  palais,  iToCi 
atcazar,  alcaçar,  alcaxttriUo,  atcocer,  etc. 
'  Calaat,  càii^.  Cala,  Alcala,  forteresM,  élévation;  CaÀaat  Rebath, 
b  foiteresw  de  remltagé,  d'où  Catàtraoa,  Alcotea,  petit  cbâteau. 

Afa,  eaa,  atma,  l'ean. 

Scharra,  se/tarrat,  cUsckarrat,  ilem,  chaîne  de  noniagitefl,  sierra 
de  Gnadamina,  coimptlon  de  scharrat  al  fVad  al  Bamia,  de  rvad 
arramla,  rifière  on  vallée  de  saUe. 

Ramta,  aalHe,  en  espagnol  rambla,  terrain  satilonnenx. 

Hamar,  ronge  an  masc.,  an  tëmlnin  hamrah,  al  hatmah,  la 
Rotqie,  en  eap.  AUuanbra. 

Zamra,  vaàlpK  ei  bal,  zamtira,  dans  les  Tien  anUnn  espagnols. 

Kaisabaki  iassbah,  alcaçaba ,  citadelle,  enceinte  fortifiée. 

Bab,  porte,  al  Bab  at  Zokak,  la  porte  des  déliés,  le  détroit  ;  Bab 
al  aboaab,  la  porte  des  portes. 

Bab  el  Nassr,  porte  de  la  Victoire  (on  dé  la  Défense,  synonyme  de 
victoire  en  arabe). 

Bab  el  Haitid,  la  porte  de  Fer. 

Babel  Keblah,  la  porte  dn  Hidi. 

Bab  et  Scharkyah,  la  porte  de  VEaL 

Salant,  le  saint  (qui  se  prononce  chez  qoelqnes  penpies  salem  et 
lelim}.  Salam  alayk  signifie  saint  à  toi  (d'oik  le  mot  Salamalec),  b 
qooi  llnterlocntenr  répond  :  alayk  al  salam,  anr  toi  le  saint. 

Foras,  dieval,  al  foras,  le  ^eval. 

Alfawârii,  le  cavalier,  d'ot  alferez. 

Al  Jrab  al  Artba,  tes  vrais  Arabes;  al  Arab  al  Mostareba,  les  Ara- 
bes natorallsés,  d'où  Hostarabes.  Qoeltfnes-nna  font  venir  ce  dernier 
noi  de  mixtl  Arabibus,  mistarabes,  mosCarabes,  masar^>es, 

Nahlb  (alnakib),  c^itaine  de  cavalerie. 

Alferez,  celni  qni  porte  la  bannière. 

Alfaraz,  cavalier  portant  la  lance  et  r^>ée. 

Al  Hl4j  (ailùge  dans  CondeJ,  le  pèlerinage. 

Akbah,  akabak,.  descente,  colline. 

Alfaque,  en  arabe  al  fâq,  banc  de  sable  que  la  ai»r  fait  sur  ses 
twrdt,  syrtii,  d'où  le  Port  des  Alfaqnes  i  Tonbondinre  de  l'Ëbre. 

AlfùMJe,  on  alfange  en  eap.,  de  l'arabe  alkhandjar,  sabre,  cou- 
idas,  dnelerre. 

Ha^jr,  pierre,  hadjara,  plores;  TDod-at-hadjara,  on  guad  al  kad- 
jara  (Gnadalajara),  la  vallée  des  pierres.  Le  gkatn  a  prénhi  nr  (e 
djitk  dàna  la  proDondation  espagnole  de  ce  moL 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


SIS  tqsTOiu  d'bspagiii. 

Mers,  port,  mers  et  kibir,  k  grsDd  (KKt,  nWfi  d  tagkyr,  le  peik 
pou.  I«  E^wgnt^  &n>cUeiit  Mersatquibir,  Marî-al-qaivir.  et  q«)' 
qBcroi»  Mersalcabir,  et  Léw  l'AfrioiB  [L  V,  c  2)  UerxaUabir,  le 
port  de  la  cOte  d'Afrique  namné  par  les  Arabes  Neri  al  Kibir^  Mers 
et  Zeytoaa,  le  port  des  oUves. 

jitalaya  (joya  à-derant  p.  2UJ.  Oa  appelait  ansai  alalt^as  les 
hommes  qui  Teillaient  sur  le  camp,  les  r(vleFes8ea,  les  {dans  d'âmes, 
les  rhaieaai  (les  vigies,  les  Rvdes,  les  sentioelles  de  Jour).  —Lu  Ho- 
BaiDs  [voyei  Vegèce,  de  An.  milit.,  1. 1 ,  c.  35]  nommaiem  sculiaiorei 
ce  que  nous  appelons  aojoard'hd  sentiDeUes,  d'où  les  Espaginris  oet 
Wllamexcutecu;  il*  appelaient  aossi  lesrs  atalayasipeeuto, et  lem 
vigies,  gardes  on  sendjidles,  excutiivs,  quasi  hamùies  ex  cubili  sur- 
gentes.  — Han  resto  dit  antigu  «taia;aB,  dit  Soota  Bwa  de  Vîierbo, 
se  conserva  preseotemente  nos  Fadios  de  que  ■samos,  e  de  que  « 
S^nblicanos  Franceies  (Joaquin  de  Suu  Kosa  de  Viterbo  écrivait  ci 
i798J,  tirarSo  a  nova  maquioa  do  Telegrafo,  pela  quai  se  pose  vît  imn 
coDbodmieDtos  mais  importantes  à  cotwervaçfio  da  Fatiia. 

Âtogue,  azoque,  qne  Conde  écrit  20»,  se  trouve  onployé  dans  te 
vîenx  casiillaD  ponr  ei^mer  la  place  do  marché,  le  marché,  de  rarabc 
x>uk,  iok,  al  sok,  assokj  avec  l'aitide.  On  lit  dans  ■  los  ordonainieD- 
tos  ecfaos  por  el  concejo  de  Oviedo,  era  1383  (19^5  de  î.-C]  :  ■  Esu- 
blecieront  que  todol  pescado  tambiea  de  rio  como  de  nar,  qae  todo 
venga  al  aiogne  posar;  ye  vacese,  vaciesesiadiida.qniGrededrlodoeii 
aiogne.  ■  — Ce  mot  se  tronve  sofls  la  forme  d'azoche  dans  m  docoBeat 
plBB  corienz  encore  :  on  Ui  dans  le  Foero  de  Madrid  :*Totooaaeqw 
mesare  vel  firiere  con  pnno  aot  coces  k  vedoo....  ia  tabenu,  vel  il 
azocfae,  aot  in  carrera,  etc.  >.  Cervantes  a  emjdofé  ce  mot  son  oe 
Torme  pins  voisine  de  celle  adoptée  par  Conde  :  de  zoca  en  eolodra. 
En  portugais  on  appelait  anciennement  açoagui,  açougues,  les  liem  oi 
se  vendaient  et  s'achetaient  loates  oa  quelques  narcksodises,  A  açim- 
gagem  le  droit  qni  se  payait  pour  vendre  oa  acheter  qoelqae  chtw 
dans  ces  marchés. 

Axogae,  mercure,  argentum  vivian,  de  l'arabe  azowk. 

Xamar,  terme  de  l'ancien  espagnol,  a^joardliai  tiamar  miptks, 
en  italien  chiamar,  àt  schama ,  vocarit,  appellavit,  nominavit,  Bomem 
imposait,  mot  syro-chaldéen. 

Xaqae,  terme  do  Jea  des  échecs  (en  eq»guol  eljuego  dei  cytdre: 
ou  axedrez);  xatjaey  viate,  schak  mat,  el  rey  mirid. 

Generaiif,  Generalife,  de  Djenaih  al  Aryf,  Djenet  el  Aryf,  Jardia 
de  récréation,  Jardin  de  plaisaoce. 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


APPENDICE  in.  519 

Majo,  maja,  de  ma^ja,  mahha,  corpiu  boc  Qlae  eleganter  inorlt 
iDcesm;  mahh,  mahhah,  bnllantei,  resphmdor,  bennonira,  integridad 
de  algnna  cosa,  mahha. 

Zabaia,  ce  mot  se  tronve  écrit  ainti  dans  ^dqoes  actes  anciens  : 
Aestaatoaîobt,  lecoirde  bcEuf  tanné  et  conpé  poorseirlr  à  biredet 
chaiu3tires  de  toot  genre  ;  de  là  sabatyya ,  daassnre  Taite  de  cette 
sorte  de  cnir  appelé  jdbaf  ;  d'où  les  mois  eBp9gno\s  zapato,  zapalilla, 
zapatero,  soolier,  petit  sontier,  cordonnier;  le  mot  nabattié  poor 
cordonnier  (iou  sabattié)  dans  tons  les  patois  dn  midi,  et  enfin  les 
mots  français  savate  et  savetier. 

Zamarra,  àt  schamarra,  simarre. 

Zaraguelles,  sarawyl  en  arabe  ;  nom  des  larges  braies  k  la  maa  • 
resqtie  qne  portent  les  paysans  do  ro^anme  de  Valence. 

Âl  Scharkya,  le  cOté,  la  partie  orientale,  la  terre  située^  rorienl , 
en  equgDd  Axarqaia,  el  scharkiac,  soi  vriens. 

Al  Kebta,  le  midi. 

Al  Gouf,  le  nord. 

Al  Gharb,  l'occident,  te  cOté  occidental.  Al  Gharbyya,  la  partie  oc- 
cidentale  d'un  pays.  Algaravla,  dit  l'EIncidario  de  Santa  Boea  de  VI- 
terbo,  consa  de  ocddente,  à  qne  os  Arabes  duun&o  Algarbia,  E  por- 
que  a  antigna  Tnrdetanla  fltava  ao  Occideoie,  Ihe  cbanwrfto  Algarb, 
que  nos  corropUBeBU  diumos  Atgarve, 


Dt;,l,ZDdbyG00gIC 


HKTCMBB  D'tSfàam. 


APPENDICE  IV. 

CHARTE  D'ALBOACEH. 


•  tin  aatear  arabe,  dit  an  écrivain  moderne,  a  coDEerré 
une  de  ces  compositions  (entre  les  vainqaeors  et  les  Taincas); 
c'est  celle  qa'an  officier  arabe  nommé  Alboacem  Ibn  Moham- 
med Albamar  fit  avec  la  ville  de  Goimbre.  -  Hais  il  D'csîste 
rien  de  ^«nblable,  ni  dans  les  bistoriens  naticmanx  de  la  con- 
quête, ni  dans  ancnn  recueil  de  dîplomatiqae  arabe.  Ce  n'fut  . 
pas  on  antenr  arabe,  en  effet,  qoi  a  consené  Voidonnance 
de  Coïmbre  :  elle  faisait  partie  jadis  des  archives  de  l'ab- 
baye de  LorbAo,  en  Portugal,  et  a  étë  publiée  d'abord  dam 
la  Monarehia  Lwytana,  Lisbonne,  1609,  in-4°,  part,  n, 
p.  288 — 289;  ensuite,  avec  qoelqnes  incorrections,  par  San- 
doval,  Hiitoria  de  lo$  ct'm»  Obitpog,  Pamplona,  1615,  p.  88 
et  Boivantes.  U.  Bajnonard  enfin  l'a  reproduite  d'après 
Sandoval  dans  son  Choix  de  poétiei  originale»  des  Trouba- 
dourj,  Paris,  1816,  t.  i,  p.  il.  C'est  un  monoment  d'une 
assez  grande  importance  philologique  ^on  histoiïqoe,  et 
qui,  k  ce  titre,  mérite  d'occuper  nue  place  id ,  tHcn  que 
tout  semble  indiquer  qu'il  n'est  pas  à  beaucoup  près  anset 
ancien  qne  la  fausse  date  qu'il  porte  l'a  fait  croire  à  H.  Hty- 
nouard  (voyes  ce  que  nous  en  avons  dit,  t.  m,  p.  123  de 
cette  histoire). 

AADIKTlOtl  DE  LA  CBABTB  D'âLBOACBU. 

■  Alboacem  Itm  Mahomet  Albamar  Ibn  Tarif,  gaerrier 
puissant,  vainqueur  des  Espagnes,  dompteur  de  la  cavalerie 
des  Gotbs  et  de  ta  grande  ligne  de  Rodrigue.  Allah  m'ajant 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


ABVSanilCX  IV.  521 

mis  i  la  tète  de  la  nation  Nazarat,  et  m'a;ant  fait  gouver- 
near  de  Golimb  et  de  tout  le  territoire  entre  GoadaWa,  Hon- 
decom  et  Goadatha,  Bar  lequel  s'étend  mon  commandement, 
j'ai  ordonné  ce  qoi  sait  :  les  chrétiens  de  mes  terres  paieront 
le  double  da  trÛtat  des  Maures.  Les  églises  paieront  Tingt- 
cànq  pièces  de  bon  argent  pour  nne  égUse  ordinaire,  cin- 
quante pooT  on  monastère,  et  cent  pour  one  cathédrale.  Les 
dirétiens  auront  à  Colimb  un  comte  de  leur  nation  et  nn  an- 
tre k  Goadatha,  qui  les  gonvemeront  conformément  aux  lois 
et  coûtâmes  chrétiennes,  et  qoi  jugeront  les  différends  qui 
s'élèveront  entre  eux  :  mais  ils  ne  feront  monrir  personne 
sans  l'ordre  de  l'alcaïde  on  de  l'alvadr  sarrasin,  devant  le- 
quel ils  traduiront  le  coupable,  en  montrant  leurs  Ichs  :  l'al- 
caïde dira  c'est  bien,  et  on  tuera  le  coupable.  Dans  les  lieux 
peu  considérables,  les  chrétiens  auront  lenrs  jn^  qui  les 
gouTemeront  bien  et  sans  dispute.  S'il  arrive  qu'un  chrétien 
tue  on  insulte  un  Haure,  l'alvazil  on  l'alcaïde  agira  selon  les 
Ids  des  Maures.  Si  un  chrétien  fait  violence  h  une  vierge  sar- 
FBsine,il  se  fera  maure  ou  il  l'éponsera,  sinon  il  sera  tué; 
si  la  femme  est  mariée  im  tuera  le  coupable.  Si  un  chrétien 
entre  dans  nne  mosquée,  on  s'il  parle  mal  soit  d' Allah  soit  de 
Mahomet,  il  h  fera  maure  ou  il  sera  tué.  Les  évèques  des 
chrétiens  ne  diront  point  de  mal  des  rois  maures,  et  s'ils  le 
font  ils  périront.  Les  prêtres  ne  diront  la  messe  qu'à  portes 
closes  ;  s'ils  font  le  contraire,  ils  pueront  dix  pièces  d'argent. 
Les  monastères  qui  sont  sons  ma  juridiction  posséderont  en 
paix  leurs  propriétés,  en  payant  les  cinquante  pièces  susdi- 
tes. Le  monastère  des  montagnes,  appelé  LaniMo,  ne  paiera 
rien,  parce  que  les  moines  m'indiquent  de  bonne,  volonté 
les  lieux  de  leur  chasse,  qu'ils  font  bon  accueil  aux  Sarrasins, 
et  que  je  n'ai  jamais  trouvé  de  la  fausseté  ni  de  la  méchan- 
ceté dans  ceux  qni  demeurent  dans  ce  convent.'Aussi  con- 
serveront-ils leurs  propriétés  sans  éprouver  la  moindre  vexa- 
tiMi  ni  aoenne  v iolenee  de  la  part  des  Maures  :  ils  pourront 


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522  mSTOOlE  d'bspaghi. 

venir  à  Colimb  de  jour  et  de  noit  et  s'en  «lier  qaand  bon 
leur  semblera  :  ils  aoront  aassi  la  liberté  de  veadre  oa 
d'adieter  sans  aucune  rétribabon,  ponrva  qu'ils  De  sortent 
pas  de  notre  territoire  sans  notre  oonsentement.  Et  paiee 
que  telle  est  notre  volonté,  et  afin  qne  tons  la  conDatssenl, 
je  Ceùs  le  présent  sanf-condoit  qoe  je  donne  anx  (dirétiens 
afin  qa'ils  le  regardât  cnnme  nne  de  leurs  lois,  et  qa'ils 
le  montrent  toutes  les  fois  qne  les  Uauree  l'exigeront;  et» 
qnelqo'iui  d'entre  les  Sarrasins  refuse  de  s'y  conformer ,  il 
sera  jugé  jusqu'au  sang  et  à  la  vie  conune  un  cfarétien. Cette 
charte  de  justice  a  été  faite  l'an  772  de  l'ère  des  chrétiens, 
'et,  suivant  les  années  des  Arabes,  le  13  de  la  loue  de  djonl- 
bedja  1 47 .  Hoi ,  Alhoacero  iben  Mahomet  Alhamar  ihen  Tarifa 
sur  la  demande  des  chrétiens,  j'ai  signé  selon  la  coatume  '  O' 
et  ils  m'ont  donné,  pour  la  ratification,  denz  beaux  chevwu , 
et  j'ai  confirmé  le  tout. 


Alboacem  Ibeo  Hahnmet  Alhamar  Ibeo  Tarir,  t>ellator  rortis,  ^ncitor 
HispanianuD,  dominator  caballau^  Goâiornm,  et  magDz  Iftis  Rode- 
rid.  Qnoniam^tMw  constitiiit  ADa-Uelah  saper  g«ntetn  Naiarat,  et  fedt  Bte 
domiDalorem  CoHaib,  et  omni  terra  imer  Cftadahum,  el  Mondecaa.  a 
Goadadn,  per  obi  esfabte  meum  mandait.  Ego  ordiaan,  quod  dirb- 
tiani  de  neas  teirag  pectbn  dqilidter  qnam  Uanri,  et  de  ecdesiis  per 
àngnlas  nv  pesantes  de  bono  argento,  et  per  monasteria  pbiten  l 
pesantes  et  nqtesantes  pbcte>  cbnt  santés  :  et  lAristiani  habeau  in 
Colimb  sonm  condtem,  et  in  Goadatfaa  alium  comltem  de  std  gcnte, 
qid  manteneat  eos  Id  bono  Jnigo,  secundum  soient  bomines  christiani, 
et  isd  ooBfMment  riias  inter  OIos,  et  non  matabunt  honiDen  sine  Jossa 
de  akalde,  tm  ahiadle  ivraceM.  Sed  pment  illaiD  apbes  de  akaide, 
etBnHnbiiusiiosjtuKos,et  îDe  diceUt  :  bene  est,  et  matabunt  cdpi- 
tnB.  In  popnlationîbiiE  pairis  ponent  sues  judices,  qm  regant  eoe  b&è. 
et  sine  biiab.  Si  atitem  contingat  bomo  christianits  qnod  matet,  rel  iO' 
Juriet  bominem  Maunun,  alnadr  sea  alcaide  fiidat  de  îUo  secnudm 
juigo  de  Maoris;  si  diristiaDag  esfortjarerit  sarracenan  Tii^lnem  A 
Manrw  et.receiûit  iBam,  «ta  raaieu  eam;  si  fneril  de  uarilo  Mauat 
eian  ;  si  cbristianos  tiierit  ad  mesquidam  vd  dixoit  aale  de  Allah,  ve| 


3,q,l,ZDdbvC00g[C 


APPENDICE   IV.  â23 

Hahamet,  Bant  Hinrus,  sin  matent  emn.  ffig]»  de  cbrîstianit  non  male- 
dicantr^esHanromin.Bin  moriantor.  Presbyieri  non  facial  suas  niaeas, 
ni»  pords  cerraijs,  dn  pieten  x  pesantes  a^nti  :  monasteria  qnae  siint 
in  meo  mando  habeant  «la  bona  in  pace,  et  pechen  prxdictoa  l  pe- 
snntes.  MoDasterioin  de  Hontanig,  qid  didtar  Lanrbano  non  pèche  nullo 
pesante,  qaoniaiH  bona  lotentioDe  moutranl  bûU  loca  de  sub  venatit, 
E  fadunt  Sarracenis  bona  icolhbkia,  et  nuitqiiam  invenU  (abam, 
neque  malum  aDimum  ia  îUit.  qui  morant  ibi,  et  totas  snas  hxreditates 
possideant  cuni  pace,  et  bona  <]uieie,  dne  rixa  et  Eine  vexaiione,  neque 
ronciA  de  Hauris,  et  veniant  et  vadanl  ad  Colimbriam  cnin  libertate  per 
diem,  et  per  noctem,  qnando  meLus  velint  ant  noUnt,  emant  et  vendant 
sine  rscBo,  tali  paeto  qnod  non  vadaat  foras  de  DOetns  lems  sine  nostro 
aparaznio,  et  benè  velle;  et  qua  sic  Tolnmos,  et  nt  onmes  sdant,  bào 
kartam  salvo  conducto,  et  do  diristiania  nt  habeant  illam  pro  sao  Juq^, 
et  mostreot  cnm  Hanri  reqnisiveriiit  ab  illîs.  Et  ù  qois  de  Sarraceois 
non  sitA  observaverit  noMrum  Juigo  in  quo  fecerit  damnam,  componant 
pro  sao  aTere,  vel  pro  sua  rita,  et  sit  jozgo  de  illo  sicut  de  dirisdano 
nsqœ  ad  sanguinem  ei  vliam.  Fuit  facta  karta  de  jozgo  «ra  de  chris- 
tianis  DCCLXXU,  secnndnm  vero  annos  Arabom  CXXXXVH,  Lnna  XIH, 
DiilhiJa.Alboacemiben  Mahomet  Alhamariben  Tarif  rogata  diristiaio- 
raffi  finnaii  pn  more  '0*  et  dedonnt  pro  robore  du»  eqnos  oplimos, 
et  ^o  coDfinnaTi  totum. 
Extrait  de  la  MonarcfUa  husiianaàe  Brito,  ii,  part,  fol,  288 et  aeq. 


la  principale  différence  entre  Brito  et  SandoTal  cooùste 
en  ce  qne  l'an  porte  an  commencement  ^ominator  eabatta- 
rUs  Gothorum,  et  l'antre  domtnalor  Cantabria  Gottiontn  ; 
mais  cette  dernière  veràon  est  évidemment  faative,  puisque 
Sandoval  tradaisaot  dit  lui-même  (p.  89)  domador  de  la  cavat- 
leria  de  loi  Godm. 

Noos  avons,  à  l'exemple  de  H.  Baynonard,  souligné  les 
mots  du  texte  original  qoi  appartiennent  directement  à  ia 
langae  romane,  tels  qne  e,et,  conjoDction;  eiparte,  s'étend; 
pecten,  peitm,  paient;  pwAe,  paie;  cent,  cent^  aprei,  auprès; 
aeolhenza,  accueil,  etc.  Nous  y  avons  ajouté  caballaria,  for- 
eia,  eiforeiaverit.  —  On  remarqnera  la  manière  dont  le 
Wad  des  Arabes  est  reoda  dans  ce  latin  barbare,  manière 


>;,l,ZDdbyC00g[c 


524  HISTOIEB  D'EWAGHK. 

tout  &  fait  eonfonne  à  celle  adoptée  par  les  Cas&UuH  qui 
reodentletoau)  arabe,  comme  noiu  raToiisvu,parleslrttzes 
gtt  (prononcez  gou)  formant  un  b<bi  éqaiTolent  à  peo  jtie 
à  celui  da  toau ,  qui  se  prononce  qaelqaeft^  en  arabe  «Mmae 
one  espèce  de  donble  w  gattoral  on  aspiré.  Ainsi  Goadalna 
est  l'Alva,  fîoadatta, l'Agneda,  qui  ae  jettent,le  pranier  flans 
le  Hondc^,  et  le  second  dam  le  Daero,  an  nord-est  et  an 
nord  de  Coïmbrc.  Quant  à  la  date  de  cet  acte,  noua  ferons 
remarquer,  ce  dont  personne  n'a  eu  l'air  de  s'apecoeToir, 
que  l'année  1 47  de  l'bégire  s'est  écoulée  «itre  le  9  mars  764 
et  le  25  féTrier  765,  et  ne  saurait  répondre  par  ctmséqncait, 
comme  le  marque  ce  diplôme,  à  l'année  772,  soit  de  l'ère 
de  Jésus-Christ,  soit  de  celle  d'Espagne,  qni  donne  l'an  de 
Jésos-Cbrist  734.  — Ajoutez  trois  siècles  à  ceO»  date,  «t 
vous  aurez  poit-ètre  la  date  véritable  de  œt  acte,  aotboH 
tique,  à  ce  qu'il  semble,  en  quelques  parties,  altéré  évidea^ 
ment  et  fidsiflé  en  d'autres  :  on  sera  peu  smpris,  en  effet, 
qu'un  wali  arabe  ait  accordé  en  447  de  l'hégire  (1055)  une 
charte  de  protection  aux  halntans  de  la  province  de  C!oîmI»e, 
ai  l'on  se  rappelle  les  Ticissitudes  de  cette  ville,  prise  sur  les 
Arabes  par  Alfonae  le  CathoUqae,Teprise  par  El  Hansonr 
en  987,  inhabitée'  ensuite  pendant  sept  ans,  pnis  réédifiée  et 
repeuplée  par  les  Ismaélites,  qui  l'habitèrent  soiiantfr-^ 
ana,  jusqu'à  ce  que  Ferdinand  I,  fils  de  Sancho  le  Grand, 
la  prit  le  Vm  des  kalendes  d'août  de  l'année  1064.  (Voyez 
ci-devant,  p.  425,  m  /bw,  note  3.) 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


APPENDICE  V. 

DIPLOMES  ET  CHJUITES  DE  DONATION  ACS.QUEL5  IL  A  ÉTÉ 
RENVOYÉ  DANS  LE  COURANT  DE  CETTE  HISTOIRE  ;  EX- 
TRAITS ET  SFEQHENS  DE  CBRONIQUES. 


ntuE  mvnniABiin  ir  kbcslli  dicta  ,  a  rciib  TinminiDO  ii 

KCLUIA  a.  J&COBl  DOlfiNTDB,    KBA  1031    (993]. 


ID  iMMiIiM|Miri>etfilUetqHritwBaacti,ïpliiriiiiBqDideme>tDotiiiii, 
el  non  pwcia  aumet  decUramn,  eoqnod  fuglemnt  aeni  priacqHs  AMnini 
Venwid  qmmni  uns  noBiite  Hadia,  etalîidno.etcoDtatenmlBeiUius 
rdMlU  GuidiMiTO  Heneiidkl,  et  nisli  ipw  rex  pro  eis,  et  ipae  peretitit  In 
ftiqwrWa  sn,  et  notait  eos'reddere  ia  servido  domini  soi.  Dam  antem 
Tentaset  in  tema  Gallede  pneAtos  prlnceps,  mwdiTit  in  cmtodiain 
nitlcre  filiinn  ipsins  Gnndinlv]  DomiDe  Rodesindom.qid  et  ipee  sic  erat 
rebelll§,  et  rie  fecCTonl,  nt  per  ipsum  iptoi  servoe  (ogitiTOB  reciqfenssent, 
CnBqne  sederet  incostodia  BntïesiDdaa,  miBit  rogatores  qui  roguvnt  pro 
eo,  qnod  pei^net  ad  pairen  mam,  et  diicœt  ipsos  serroe,  et  si  po6§et 
bceneaBtt  aotatns,  et  ai  non,  btraretincnitodiaandeenerat.TalJDam- 
qae  modo  fidiarenuK  enm  Didacos  Rmam,  Pdagius  Henoidid,  et  CidI 
Didad,erattDDciifniapo6tbtroitaB,ntdeipso  die  «que  Inmedianie 
dmîaaetlpMeaemMetil  reniangiuetcnmejaparlarentieil§apf3dictidu- 
centoa  soUdoe,  et  Ipse  RudesindiB  roborafit  pladtam  fidejosnrilina  snia, 
m  si  renoisBet,  et  non  dndaseï  ipaos  aerroa,  ant  per  se  non  ntàsatt, 
iniraret  in  ipM  oModia,  perderet  villain  snam  Portiunarlni,  qax  est  in 
ripaHInel.concnnctiBopilMiietadJiUKtionibiisatqne  [Kvsationibns  sois. 
Pcneiit  ipse  ad  patrem  nan,  et  readsit  nantinm  qnod  fiMerent  de  qwa 
lilk  qiM  TCUeat,  qida  nec  ^aw  servoi  reddelMt,  nec  ad  cnatodiBiB  lenî- 
ret  :  «UMpie  Teniûent  ad  <Beai  aptnia  pladti^  jfficsemla  régis,  et  nec 
seiTos  dedenintQecRndealDdnn.niiitaTiteiarexplacitiun  biset  ter, et 
non  coiapleTCnuiL  CMMtricti  snnl  ipai  idfjonores,  et  dedemnt  illossdidoB 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


526  mSTOIBX  d'espagbb. 

fai  Taris  ai^ent^,  in  frenis,  in  eqiÙB,  in  paUiîs,  et  iuptereroBt  MUMraa 
DC'solidoniffl.IIzcoiiiDiaduminjiireregteriiiaBentBascq>tii,ragaTemt 
ipei  fidejmores  per  comités,  per  potestates,  et  milites,  qaod  redda^  ei« 
Rex  suH  opes  et  reciperet  ab  eb  ipsam  viUan  PorbUDariiB,  qnam  ipri 
in  pladto  robontam  teoebaDt.  Tudc  rex  miserkordia  motos  reddklît  eb 
snamcensum, et  fecenutteicartolamconccssionisipsiiis  villa!  Portomariiii, 
ei  roboravenmt  in  concilio  canciÎB  videntibiig  :  cnmqae  jam  jpsa  villa  essa 
in  jare  r^  possessa  per  annum,  dirina  gratia  in^iranle,  pro  reinedio 
aux  animx  concessit  ipsam  «illain  Deo,  qui  eî  eam  dedent,  et  S.  Js- 
cobo  ap(»tolo  :  sinml  «tiw  et  aliam  viltara  avonira  noatronm,  qum 
dicnnt  Recdti,  qiue  est  in  rq»  FerrariaE,  per  omnes  snos  tenniw»  aii- 
tiquoscmn  (Hnnibiis  hominibiu  la  ea  habitaotibus,  et  nobis  ratioDeB 
reddentibas.  Sic  eam  ctun  ista  aHa  villa  offerimns  Deo  et  sanctiB  qras- 
tolia  ejns,  nt  sint  eam  wnnibas  adJundioDibus  sais  seu  hominibie,  qvi 
fiolid  saqt  eis  scrrire,  qQoa  per  manus  na§iri  majorinj  Piniolt  TrnOini 
et  Gmidesindi  de  nosiro  daio  obdiraenuii,  et  nobis  serneront,  ab  ornai 
integritale  slot  cod  ipsis  viHis  qui  eas  laborot,  et  procnrent,  et  senipa- 
aedEScett,etstM  omnîa  isujam  Acta  Ipdm  ecde^xS.  Jacobi.  S  qais 
Giwb^  hoc  foctnm  noBtnun  »A  imunpendinn  venire  tenpiaverit,  qoisqnis 
fuerit,  sit  excommnnicatns,  et  in  infemo  dannalos.  Facta  Carta  Tes- 
tamenti  die  n.  Idos  Aprilis  era  nnllena  XXXI*. 

n. 

PBIVaBSIUll  TBRBHDNDl  BB61S  II 

In  grlIlBin  eccluia  GompoilellBnn  (  bi  Ambroiio  Morall,  1. 117,  opemn  di>f 
Eulogii). 

i  In  nomine  sanciz  et  individox  Trioitatis.  Dicendnn  est,  qnod  candis 
notiun  manet,  guomodo  Domino  permittente.  et  peccatÎB  ei^eadhoi, 
mucro  hogtiltsetcnldelitasiJliquonlm,sx^ieaB  scilicet  Hisnaelitica  geat, 
promovit  se  ex  Hi^niv  partibos  adversus  christianos.  Et  pergena  anaila 
venil  teque  ad  Septimaceosem  dvitaton,  et  caterratim  eam  dminvatta». 
atqne  in  arcu  et  sagitta  eam  obsdens,  dinipds  mnris,  et  aperta  jaoaa, 
imiit  in  ipsam  civitatem.  ,Et  Bicnt  smptnm  est,  qui  coatciit  wdtoa  et 
jniiiiimTohîla»  et  fadt  %tû%  «lioB  pro  eis,  et  sec  alio  loco,  nec  alîo 
modo  moritnr  homo,  {H-xta-  quod  positom  est  ;  gladio  vmdice,  a  bo- 
mlnnn  scelere  pnevaleote  qvos  ibi  cfirislianos  inveoit,  in  on  ^adîi  'attt' 


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527 

reiniL  Et  dInUaciThate  panel  qui  remaosemiu  ad  ^tudam  la  Cordubea- 
sem  urbem  ihicti  in  captivilatem  onere  catenarum  onnstii  atque  ferro 
vincti,  et  carcne  tra^,.dut)B  amios  et  dimidinm  ibi  per^enmt,  tendan- 
tes et  benedicentes  Deum  niiiim  et  TriDom  Bemper  TÎvnin  et  veraiD.  Et 
quoDiam  Deg  cura  est  de  omnibos,  naximo  de  eis  qui  positî  in  tribula- 
tione  ciim  spe  et  fidnda  Deo  animas  soas  sintol  et  corpora  in  benefaciis 
cojnmendant,  volnit  pielas  ^vina,  quomodo  jam  pnedestjnatlone  ordi- 
Daverat,  Oloruun  senunDis  et  latroribus,  et  etiain  temporaJibos  mails  finem 
impoDere.  Et  ut  ad  eom  cni  foroaluum  eibibuerant  ctim  palma  martyrii 
tripw&autes  venirent,  penmNlip6uiiityranaum,qui  eos  captivos  dnxerai, 
de  sqoalore  carceris  ipsos  ejicere,  et  glaïUo  interrectos,  saqnùne  proprio 
lanreatos,  ad  regM  cvelorum  et  premia,  atque  xtaia  nranera  à  Deo  iliis 
pneparata  coronandm  et  remonerandos  dirigere.  loter  qaos  fait  vu*  fell- 
dsùmos  nomine  SarraceDus,  proies  Joamùs  Todtatua,  qui  dimisit  here- 
diutem  et  cortes  m  civitate  Numantia,  quie  modo  Zamora  nimcDpatur, 
corn  nolhua  snpersdtem,  vel  hereditatiom,  aut  propinqanm  relinqaeret, 
qui  ipeam  hereditateui,  posaideret,  sed  lemanserit  sine  herede  et  sioe 
alicujua  série  lestamend.  Dum  starent  hsec  omnia  iutestata,  accepit  ea 
smisHimus  princeps  Ooinnus  Ranemirus  indeceuter,  et  teonlt  usque 
ad  obitum  suum.  His  eipletls  ^o  Deo  meo  trlno  et  nno  homlllimas 
priuceps  Veremondus ,  in  regno  parentum  et  avonua  meonun  nutn 
dlrino  pi€  electns,  et  solio  regni  coUoratos,  anlequam  q»  sancti  et 
electi  Dei  martyriuin  accipereut,  et  adhuc  tnisi  in  carcere  essent,  vtenni 
mibi  fait  moto  pétale  in  redemptionem  aolnue  meœ  eos  inde  redim««. 
Et  jam  Doodi  mel  in  via  erant,  qaos  pro  iUis  miseran,  quando  Ipsnm 
martyrium  consumatom  est.  Quando  taie  nondum  ad  aores  meas  per- 
Tenit,  quod  ipsi  sancti  jam  in  r^no  cœlonun  essent,  plaçait  sercnitati 
nwtrs,  ut  hereditates  ipsius  siqiradicti  martyris  Samceni,  qui  in  bap- 
dsfflo  Domlnlcus  vodtatia  est,  ecdesiam  facere  heredem,  quia  inutile 
et  inconveniens  crat,  ut  ille  esaet  lo  regi»  cœloram,  et  hereditatem  ejus 
posaderet  rustica  et  laicalis  conventio.  Ob  boc  ego  jam  sxpedictus 
princeps  Veremnndu»  propter  bonum  tesdmonium  in  amore  Dei,  et 
'  in  meooria  ipsios  supnulicti  martyris  Dominid ,  partem  aliqnam  donare 
decerno,  atque  in  perpebium  ad  habendum  concedere  mibi  visum, 
et  conveniens  est  loco  apostolico  in  leneradoDe  ipsios  Patroni  nostri 
apostoU  Jacobl,  oIh  nnnc  dilectus  Dei  Petros  episciqjos  prasulalum 
tenebaL  Sic  do  et  concedo  corlem  iotiis  in  dvîtate  nova  prope 
ecdedam  sanclx  Leocadix  In  omni  gyro,  «eut  eam  ipse  Banctns 
PominiaiB  obtiouit  cum  omnibus  ateneillbus,  caps,   tottolaribas, 


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528  mnoiu  D'isPAon. 

tt  loidia  ia  Kcroullg,  et  vineia  iiiue  senleniDl  tpri  cortl,  BfaioMfH 
sut,  ib  imegro  en  concedimos.  Et  aunioM  Integram  in  ndo,  ipm 
Acnat  Dwnbil  Garai*,  et  medietalea  In  alia  in  Tducs.  Et  U 
in  Tdlare*  qunun  poritonen  to  >tia 
viDM  in  Annie  et  alinn  fn  ripi  loalirii  DarU 
■biciUMitie  illos  lubviL  Et  aUna  bonnm  tn  Penlei.  Et  etiaa  encti, 
qnz  l|Mi  àomtà  deaervienDt,  lu  ex  Ua  parte  tanin  Dnij  terrai 
et  tImm,  et  oane  Boom  deldtna,  qnan  qwe  Ipri  cotli  tacnnmL 
AAoc  dudo  atqw  doBando  a^lidWB.  qnod  Ipà  corti  pcnbiift,  irfin 
qnui  Todtant  AkofMB  in  ripa  riToB  Arotoy  corn  omiilms  sak  pr«- 
tationitws,  qic  intu  et  foris  Hint,  cnpis  et  torcnlarib».  terris,  Tincb 
per  nos  certiarimoa  tembM».  Et  onnia  qam  ad  ^mn  villam  pcrti- 
nent,  Ant  Ue  eaa  obdnnit,  oin  bdïs  JogarSi  et  pucatiis,  qni  M 
ECrrlnnat,  et  nodo  tbi  aiDU  :  itn  et  pecallare  de  oribna,  uUcâaqne 
annt,  qoK  ipà  corti  desenterant.  Ouiia  nqn  tama,  qoK  reanuut 
jam  aàipU,  Jam  e^n^cut  tpotuiàco  loco  doaare,  uqoË  atoceden  ca- 
raviaana  in  nemoria  et  Teneratfame  aancli  Ufin  lan  iSsA  Dommd,  « 
babeant  inde  habltantea  et  Deo  aerrientea,  atqne  pv  einedw  ttes  et 
amos  maMkrfam  fllina  bôentea,  et  taorificia  et  otatiOMS  Deo  olfe- 
rtntea  temporale  Bubaldîoni  :  et  lUl  cnn  iaotto  D«  apaatulo  lacabo 
edam  in  perpétua  remnneratione  i  Deo  redplanl  coBktnn  preaabm 
InconTDlsam.  Si  qaia  lanen  (qnod  eaae  non  poteat,  nec  opottet.  et 
fieri  minime  credlmns)  advema  lune  leatamenti  seriem  ad  irrnmpen- 
dan  vd  Arnendnm  venire  temptaverit,  Bi*e  ex  progenie  vd  atirpe 
noatra,  aive  etiam  qniltbel  coaiea  vd  pontitex,  ant  qn^bet  potestas, 
hanc  bctionem  bIHngere  temptaverit,  qn>»q|als  fberit,  in  primls  a  cor 
pore  Cbristi  ait  extranena,  et  ambomm  careai  lumine  ocnlonim,  et  c^ 
Juda  Domini  tnditore  in  infemo  ait  damnatoa.  Facta  i  aeretteiMo  ei 
pio  i»indpe  Domino  Veremnndo  aerie  teatamemi  1111  Idos  Febmarii, 
ère  post  miUenam  teriia  sdlicet  et  dedma.  Veremondi»  Rex  confinaaL 
Sebûtiaoïu  epiacopoa  cont  GnodiBairoa  episcopaa  coof.  SaTaricoi 
«[riacopw  coaC  AmentariaB  qdaaqiui  cont  Peti^ioB  qdacopus  coal. 
Petrat^iact^oacoiit  FredeBaïklattMis.  Savarlcw  teatis.  Godotea 
teada.  Félix  leada.  Vimara  testfs.  Vuiioa  tcstis. 


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AFPZKDICK  T. 


COnx  GËIfÉUOGIQirE  inÉSIT  SUK  LA  HAUOIt  DE  HiTABRB,  Dl  LA 
PIN  DU  V  BI&CLE  CONseBTt  A.DI  AKHnES  DU  PBIBUBÉ  DE  SAUTA 
HARIA  DE  HBYA. 

1  Ordo  Domeniia  Regmn  Parapiloneiisiiuii...  ::::  oneco  cognomenio 
Aresia  geonit  Garaea  Enneconis,  et  domina  Assona  qui  fuit  oxor  de  Do- 
miDgo  Unza qui  teDoit  Boria  etTerrero  domliia...,  Onam  qni  fait  mor 
de  Gartea  Halo. 

2  GarseaEoneconisuïcepitnior domina fitiade...  et gennit  For- 

iniuo  GarseaDls  et  Sarda  (sic)  Garaeams  et  domina  Onneca  qd  fuit  nxor 
de  Aznarl  Galindones  de  Aragone. 

3  Fortmiio  Garseama  accepit  iiior  domina  Oria  GHam  de...  et  geualt 
Enneco  Fortnnlonls  et  Asenari  FortimioniB,  et  Belaaco  Fortonlraiia ,  et 
Lope  Fortanionis  et  domina  Eiineca  qui  fuit  uxor  de  Asenari  SaoEones 
de  Larron. 

h  Sancio  Garseanis  accepit  oxor,  et  gemiit  Asnari  Sandonis  qni  et 
Lama.  Anari  Saosoiiis  accepit  oxor  domina  Omieca,  Forttui  Ganea- 
nls  fllia,  et  gennit  Sanàon  Aman  et  domina  Tota  r^ina  et  domina 
Sanila.  Ista  Enneca  pwtea  accepit  régi  AlxleUa,  et  gênait  MalitKnat  Iben 
AbdeUa. 

&  Enneco  Fortnniones  accepit  loor  domina  Sanàa  Uia  de  Garsea 
Scemonis,  et  gennit  Fortnnlo  Enneconis....  et  domina  Amia,  qid  fuit 
oxor  de  Uunio  Garseanis,  et  d(»nina  Lnpa  mor  Sando  Lnpi  de  AreqniL 

6  Isia  domina  Samda  poslea  accepit  viram  domino  Galindo  comes 
de  Aragone,  et  gemilt  ex  eo  domina  Andregoto  regina  domina  de  Belai- 
quiia.  Isia  Belasqnita  Raboit  Timm  Enneco  Lnpix  de  Esti^  et  de  Zille- 
gila. 

7  Aman  Fortnnionis  accepit  oxor....  et  gennit  Fortnni  Asnari  qui  et 
cc^omento  Orbita  :  pater  Tait  de  Garsea  Fortnniones  de  Capanas. 

8  Belosco  Fortunioni  accepit  nxor  et  gennit  domina  Scemona  qui  fiiit 
uior  de  nge  Enneco  Garseanis  et  domina  Tota  nxor  de  Enneco  Hamo- 
nes  de  Lucentes,  et  domina  Sanûa  uxor  Galindo  Scemenonis  de  Pinitano 
Fortimio  Enneconis  accepit  nxor....  et  gennit  Garsea  Fortnnionia ,  et 
Enneco  Fortunitmis  et  domina  Saniia. 

9  Item  alla  parte  regum  I  ::::ar8ea  Scemenonis  et  Eoneco  Sceme- 

IV.  34 


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530  HwromE  D'npACm. 

lumis  frains  fooimi.  Me  Ganea  acnjdt  mor  Onnen  Rerdle  de  SM- 
coia,  et  genadt  Enneco  Ganeanb  ei  dondna  Saiizi&. 

10  Postn  accqiit  taor  domina  fiaâildis  de  PaUares  Boror  fUsiiniiid 
comids,  et  gaiott  Sanrio  Garseanis  et  Scemeno  Ganeanîs. 

11  EniiMO  Ganeaais  soeeptt  uxor  donin  ScemeH,  ei  ^ennit  Ganta 
BvMcoiUa  qui  Ut  ocdsoe  1b  Ledena ,  et  Scemene  itmeconis,  et  Por- 
tnio  Enoecinii,  M  Saniio  EmiecMÙg.  M  très  ad  CorAdiaBi  fagieranl. 
Eoram  aoror  foit  Garsea  EnnecoDÛ  de  Olza  iH»Edne  doilinaTatai. 

13  SceBeno  Gareeanis  acceph  aat  domina  Sanna  Aman  SHËtuis 
filia  ;  geonit  Garaea  ScemeotHiis,  et  SaniiD  Scemenonis  qû  baboit  niir 
doBÙnan  Quisilo  filis  de  domino  Garsea  conitis  BagiUeasis,  ei  «fia  BHa 
doBûiia  DadiMia  nxor  de  domino  Hma  Anari. 

13  Me  Garsea  SeemenoDis  ocddit  soa  naier  in  Galias  in  viUa  qui  i6- 
dan-  Laqo ,  et  ocdderuU  eom  in  Salena^  Jhoaimei  Belescones  et  Cor- 
ddle.  Me  Scemeno  GaneuiB  babnil  ei  ancilla  Glimn  Gamaans  qw  tH 
noflmB  in  Gordob*. 

U  Sanio  Garseanes  obtime  impentoT  aocejiHt  mor  Tota  hsnaii.d 
genolt  Garaea  rei ,  et  domina  Onneca ,  et  domina  Saïuia ,  et  domîH 
Giraca,  bac  domina  Belasqnita,  nec  non  domina  OtUta,  et  ex  andb 
baboit  alia  filia  domina  Lopa,  qui  Toit  mater  de  Pegemondo  de  Bigom. 

15  Domina  Onneca  fuit  uior  Aldeftmsi  régis  Legionensis,  et  geoA 
SDan  Ordonii  qui  est  mortuus  io  Cordoba. 

Ifi  Domina  Saniia  fuit  ixor  OrdonS  imperatoris.  Postea  babnit  linm 
Alvaro  Amunelliz  de  Alaba.  Demnmque  toit  uior  Frcdenando  conùtia. 

17  Domina  Vma  bât  nxor  domini  Banimiri  régis,  fruer  AdefoMi 
n^  et  Froila,  et  babnil  fiUos  dinnino  Sanao  rex,  et  donûa  Giloin 
Deonta. 

18  Me  Raniminis  ex  alia  nxore  Gailidensis  oominc...  habiâtGUini 
•  Ordonire^s. 

19  Domina  Belasquita  uxor  fait  domini  Homi  comitïB  Bischmensb, 
gennit  fiUos  Arenari  Momii,  et  Lupe  Homlx,  et  doiùna  Belasqniti. 
Postea  oxor  fait  domini  Galindo  filiom  fiemardi  comlâs  et  domiae  Tnte. 
Demumquc  babnit  Tiram  Fortunio  GaUndonis.  Garsiai  rex  cognoBoMa 
TrenKUoniBgenuitfegenSanctiiunqoipro  milide  strcnnitaie  Quatnii»- 


aO  Sanetiua  rex  ex  andlla  qnadam  ntdnlisaima  et  p«lchenima,  que 
hdt  de  Aybari,  genuit  Raniminmi  regem  cognomento  Cnmui,  qsm 
regni  particule  Id  est  Aragoni  perfédL  Delnde  acccpit  niorem  le^tÎBam 
regltian  DrracaBi  ffliam  conitis  Samfa  de  CasteDo,  es  ^a  gfemiSt  Fem-- 


>;,l,ZDdbyG00gIC 


531 

(hm  pri»  ct^tOB  CaMdle,  poitea  regon  L^odIb,  et  ex  et  genntt  re- 
gea  QmiiB  Nnwre.  bti  Santiiii  regnum  «bob  dUalarit  naipri  ad  On- 
tIib  PJtDfga,  'et  camitan  S.  4koK  ,  qnlxl  peregrini  per  dévia  Atebe 
dedinabant  timn*  HanronBn,  per  locam  dU  bodiè  est,  nae  obsUcolo 
currere  feàt  et  secunim.  Regnarft  umis  LXV  et  obit  era  HLXXn. 


BtTBâlT  DB  LA  CHROKIQUE  AXBBLDEmB,    ÉCRITE  Bit  ^, 


[Cbramteii  AOnMcDM,  editimiab  incato  ■ndoreera  n 
VigiU  OHHUctio  AlbaUdma  era  «mil  «dal  in  Codice  coadUoruni  Gotbico, 
qut  Ml  monasterU  S.  Martini  Albaitdeadi,  Mme  iranslato  îa  KMIoUmc» 
S.  Lmrtnm  Régit. 

Qironieon  Itoc  scriptum  est  aono  18  Adetonsi  augni,  Re^OveDtcaBiBm, 
tn  921  Od  M  anno  Cbriatî  88})  tnao  32  Habomat  Cordubenàs  SamtcenL     ■' 

FotU  s^tun  i  Dulddio,  SalmanUcenà  episcopo, qui  bUrfUit  conieaa- 
Uonl  CeapotteUan»  tst»  017,  qui  dmnùeonim  studlosuG  iovestigalor  «ppant 
ex  qiistola  Adabnui  teitii  ad  SetaasUaimin.  llaque  poiuit  eontinuare  tiûtorlam 
Sebasiiani  Salntaotieenûs  sui  pnecegmrig. 

VigUa  Tcro  moiudii»  AlbûMenss  looiiastaii  (nuDC  Ahelda  prope  Lvgro- 
iiiaB)istt  ChTogioa,  quod  dcdiiebal  era  92l,aniio  18  Adet)iiiâMagid,el  32 
Hakonat  totAiùieaàs,  addidit  luque  *d  eram  nnn  pnesertim  et,  ^aae  per- 
tioenl  ad  Rcges  'Pampcloonuca,  it  caialogiuB  regnin  OfcteniiiuB  mqoe  ad 
RaniminuB  latium. 

llaque  additio  Vigite  deâml  era  1014  (id  est  aono  Cbriiti  976)  aimo  6 
Sandons  Régie  Pampâcmatdi,  Dlu  Gmex  et  aono  10  Raninûri  lertU  Oretea- 
ûumH(«i>. 

llaqoe  4  folio  istins  Ubri  { Alveldauis}  didiar,  tune  ease  enm  1014,  d  ab 
ÎDcanulioae  976  et  sextnin  annum  Sandonls  Regû  -  ^  idon  bic  fisia  trau- 
crtbitur  ex  rodice  Alreldeiui  in  libro  S.  jËmiUani  condlloruin  io  i,  M.  SbrL 

Gtlam  lo  «xUce  lEiDiliaiM  loi.  304  «rat  boc  chronicon  :  sed  inde  diKaptam 
ed,  Klldo  tantnm  uno  faiîo  extremo.] 

ITEM  nOHINA  RtaVU  CATBOLICOKUII  LEGIONESSIDM. 

IfJ  Pelaglos  (destiDt  aliqu  apnd  Fbe,  rid.  p.  37  },  fflios  VerenaiHli, 
oepos  Raderid  HegU  Toletani,  Ipse  primua  ii^esmu  eu  is 
ABiaribus  noDtibQs  sob  râpe  in  atitrnm  de  Anseba, 
Delnde  filios  ejus  Fabila. 
Celode  Adefonms  gêner  pel^U 


:,.;,l,ZDdbyG00gle 


!  HKTOntK  DESPAGRI. 

PoA  iUan  frtler  eju  Fndlo. 

Deiode  AnreliiH  Ipost  Aareliian  Silo ,  Hrareettos  et  Vcrc— ■ 
du  deiiderantur,  de  qaibas  patt  praoiani  htatc  in  geurrt 
mentUmem  itatim  agit  aactor  i*  tndiDÛfw^. 

PoM  Ultra  AdefoBBQt  Gaaus,  qv  rnndavit  Oreto. 

Deiade  NepodaiHii  cognatw  r^  Adefiutn. 


Posl  lllam  filiua  ejos  Ordonins,  qni  aillait  Allnildt. 
Deinde  llliiu  ejos  Adefonrai,  qui  allblt  Ebrellos. 
ftS  Pott  illnin  flUoi  t^ta  Garsea. 
Deinde  Ûrdoniiw. 
Defnde  fraier  ejos  Froila. 

Dcinde  Sancius  filioi  Ordomi.  j 

Deinde  Adeftmstu,  qui  dédit  regnnn  »im  etcoarenil  ad  Dam. 

Pon  Trater  ejas  Raiieintnu. 

Deinde  (Ufiu  ejns  Ordonius. 

Drinde  S&as  Sandoms  HaneuinM, 


ITKH    IfOmitA   FAMPILDFEHHIDII  BBGON. 

Ànimadvertit  hic  Iterum  Jokannei  Vaztfuez,  vatare  spatiamt  ad 
oramqae  codicis  icriplam:  Dtc  à  pr^dictli  R^is   igooro    qnalet 
fuiise- 
&9  Sancio  Rex  Silos  Ganeanis  Hegit  regUTit  iwkm  u  [kic  in  mar- 
gtjie  notatum;  «n  dcccciliiii  tnqnoavit). 
Garsea  fllias  Sandonis  R^  reg.  an.  il  et  ampliu. 


ITKV   EXORDIVU  SAUtiCBIfOROM  SICCT  ILLl  BUmHAHT. 

82  Sarraoeni  perverai  se  putani  este  ex  Sam  :  Teritu  Agirent  ifc 
Agw-,  et  Isnuelilx  ab  Jnoaeie. 
Abraliam  gênait  Ismaeiem  ei  Agsr.  Ismael  gennii  Kaldar.  KaUir 
genoit  Nepti.  Nepti  garnit  Alhumesca.  Allminesca  gênait  £t- 
dam.  BIdano  gênait  Hnneher.  Munelier  gennit  Gidb.  Eidli 
genuil    laman.  Isnan  genidl  AutiUb  Aulilb  genuil  Atiawi. 


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IPPEHDICE  V.  533 

Adnsn  geauit  Hahat  Hahat  Komil  liiur.  Nlzsr  genitit  HnMar. 
Unldar  gtaxAl  Bindaf.  Bindar  gennit  Hotirik.  limirik  gennit 
Hamclk.  Hmnela  gennit  Kinana.  Kinaoa  gemnt  Helik.  Melik 
geatût  Pehir.  Fdùr  gennit  Galib.  Galib  geauit  JubeL  Jobei 
gennit  Mnm.  Momi  gennit  Kelib.  KeDb  granit  Cmtti.  Cnxlei 
gennit  Abdibnetet.  Abdilmeief  gennit  dans  lilio» ,  Eadm  et 
AbdiBcemii.  Abdiaceniii  et  Esdm  Iraires  fnernnL  Esdn  gennit 
Abdelnalnllb.  Abdehnntalib  genuit  Abddia.  Abdella  gennit 
Hnlmaat,  qui  pntatnr  k  mis  profelaii  esse. 
AbdisceHii  ftîrter  de  Esdn  genolt  Hunùa,  Bomeia  genuit  Abilat. 
Abilai  genah  Aecau.  Aecam  gendi  Maroan.  Haroan  gennit 
AbdelneUc  AbdeUi^  gendi  Iscen.  bcem  genoh  Havii. 
Havia  genidt  AbdeirthamaD.  AbderrabaBan  gennit  Ucem. 
Iscen  genob  Haecui.  Hkccan  gemdt  Abdonbamau.  Abder- 


8S  bte  MaboBut  regnavlt  ta  en  pradicta  Dccca  atqoe  pndiant 
cas  rege  Oretenae  itonUM  Adefonso.  DeUnc  pratemittendo 
M  nnnqnam  adjidendo  bobûib  lunaditarum  ;  divina  clemeii- 
lia  lodiGerenter  [id  eat  abtque  dilations)  à  noatrô  provindis 
pradictos  inus  maria  eipdlat  :  et  regnum  eomm  a  fidelibu 
ChriBii  poaridendiuB  perpetta  coocedaL  Amen. 

AVDITIO  nOlLS  MONACHI  III  tii.  HUV  DE  BEGlBrs  PAHPU.0HUIBiBD8. 

AlMqmi  lilDlo,  ipillo  Umen  iplcrniedio  timdk,  Mqnllar  (a  Codice 
Albeldaul  : 

87  In  en  bcccgxliii  gnrrexit  io  Panpilona  Rex  uomine  Saoclo 
Guwaois.  Fidei  Cbriati  îiuepanbiliierqne  veneraniisaimoa 
fldt,  pins  in  omnibus  fidelibn*,  niBericorsqne  optx^ssis  Ca- 
Aolids.  Qnid  mdta?  In  onmibns  operibos  optimns  perstitil. 
BelUgenitor  advereos  geatet  laouelilamm  :  muitîpliciur  strsges 
gesslt  mper  terras  SarraceDonm.  Iden  cepit  per  Cantabriam 
i  Nagerense  nrbe  nsqœ  ad  Taielam  omnia  castra.  Terran 
qnideK  Degensem  ctim  op[rfdit  cnnctam  possedivit.  Urbem 
nanqM  PampHoiienscm  ano  jori  tobdidit  :  nec  non  ctuo  cas- 
slrii  omne  lerrilorim  Aragonense  cqiit.  Dehinc  expnisie 
inuibos  Biotenatls  SX  regni  soi  anno  Migravit  è  fluxulo,  Se- 
pnltos  Sanct)  Stephani  portico  régnât  cnm  Christo  in  Polo. 
11^  flius  (jn  Garsea  Rex  reg,    an.  xl  (iege,  n|  supra  io 


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tmt.  A»,  pi  5».  et  «BidM.  Bai0UB  Ml,  M  oceWoMi 
■iltM  e0t  coMra  Svracawi  :  n  rie  decoriL  Timidadu  ot 
il  castra  SiKti  St^hul. 
Sapcnnni  ejni  m  In  |NUria  ^v  :  fUelicH  SBdo  ei  fruer 
^  Rniairai  :  «mi  salfet  De«B  OiripoUm  par  wriia  cw- 


SIKDHUHTE  VIBIBIITI  UA  TXllU   l^fJSt. 


EiTurr  DU  JnnaUs  ToUdmuu  II,  écutb  es  i2lt&. 

Esta  es  la  cnenia  de  hw  Moroa  àeide  Adan  tau  Aleundre,  r  Mil 
CLuxi  a&oa.  Lw  nnos  dteeo  ena  cnnta  ;  fa»  otros  iitiea  eata  om 
caenta,  t  mil  cci,n  a&oi.  Dcsde  que  Ib6  Hoe  hita  AlexaBOre.  ii  mSl 
Dccm  allM.  D««le  AlNvhaa  bal*  Alexawlre,  nll  dcccuU.  E  des 
qnaodo  toa  Adiw  ederon  de  Mlecre  (Egipto]  bâta  Aleundre,  mS 
ccciLTi  afloa.  Desde  David  hâta  Aleundre  bccu.  aAos.  E  de  itt- 
bocodoDosor,  qmndo  rfestniyiï  )os  Jodlos,  hâta  Alexandre ,  ccluu. 
B  desde  AleiBDdre  bâta  que  lue  poesto  L  C.  en  Cnn,  cccxui  aftos. 
hUt  Alexandre,  qnando  se  ayDotaron  Im  Motos,  é  flderon  esta  caenta 
los  qae  eran  estrelleros,  kcclitiii.  E  de  la  romeria  delperro  de  Ha- 
fomat  haata  que  estoa  estreDeros  ficieron  eaia  cnenu,  cccxlv  aûos.  ' 
E  desde  esta  cnenu  baia  aca,  son  cCLxxn  a&oa.  Sua  de  esta  caenta 
es  n  mil  dccciii.  El  contmainiento  de  la  En  de  loi  Horos  foé  en 
Jaeres  en  xt  dias  de  Jnlio:  è  en  esta  uion  la  era  dd  Arambre  avie 

DCLX  EfiOS. 

Afios.  Esta  es  la  generadoa  de  Kabmat,  como  fiene  de  Ulo  en  padre 

hala  Adao. 
HaftHnat  nadd  en  Meca,  è  qnando  on  xl  afios ,  conenad  i  pre- 

dicar  en  tierra  de  Arabia,  è  connnio  mnehas  gieotea  de  lu 

Idolas  a)  Criador,  mas  dod  i  tt  de  ditisto,  que  Ik«  oà* 

en  laTrinidad. 
Este  Hafomat  Ine  dUo  de  Abdala.  Abdalla  ftie  BOo  de  Hottlif. 

dd  liUo  de  Husei,  dei  fiUo  de  Hbdelmanef,  dd  'Étlo  de  Cocci. 

del  BUo  de  Qodeb,  del  fiUo  de  Horra,  del  fillo  de  Cab,  ID» 

de  Lue,  fiUo  de  Ga^  tUlo  de  Teber,  flUo  de  HeUcfa^filio  de 


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1008 
1053 


635 

Nader.flUoâeQniiKiM.UIodeOeciBa,  aUo  de  Modrict,  flUt 
de  Uet,  fillo  de  Moda,  fillo  de  Nizar,  fltlo  de  Haad,  flio  de  Dafl- 
mon,  GUo  de  Had,  flUo  de  MocavaD,  filto  de  Naor,  ffllo  de 
Tarée,  fillo  de  Joroeb,  fitio  de  Jimb,  fiUo  de  Nebit,  Ulo  de 
lUDsel,  fiUo  de  AbraldiB,  fUo  de  Tbare,  fillo  de  Habor,  flUo 
de  Zaaredi,  flUo  de  Ran,  OUo  de  Feat,  fitIo  de  Jmr,  GUo  de 
Zelach,  lilto  de  Arfaxat,  fiUo  de  Sem,  fiUo  de  Noe,  fillo  de 
Lamec,  fillo  de  Hanualen,  fillo  de  Edoc,  4Uo  de  Jaart,  fiUo 
de  QaeiMD,  fillo  de  Geeniz.  fillo  de  Sis,  fillo  de  D^r.  E  de^- 
pues  qae  fi«>  propbeu  blso ,  acabo  de  iiii  aAos ,  Tue  ■  U 
Romeria,  è  conienza  y  su  era,  è  acabo  de  dies  aiios,  oun- 
{dioM  su  TÎda  de  luii  anos.  E  fiio  eau  Oracion  Hafomat 
al  Criador,  que  la  diiese  lod  el  poeMo  :   »  £n  nombre  de 

•  Den  criador  de  loi  poblos,  Re;  del  dia  del  Jnido  :  A  U 
»  adoro,  i  II  me  damo,  goyanos  à  la  carreni  dereyla,  k  la 

■  TlUa  de  aquellos  à  que  dist  tu  gtorla,  è  noa  de  los  que 

■  sou  ea  ta  ira,  ni  de  los  deiternidos  Beminy.  MUeraiiones 

•  (lus ,  Domine,  super  otnnia  o/iera  tiuu  ■ 
Qoando  esu  Oradon  oto  fecba  Hafomat.  marid,  ë  desde  que 

aca  wa  ocxxii  aoos. 
Tarée  fe  Nocem  lialeroo  à  Audahiz,  era  (Arabara)  luuiii.  Fillos 

de  Abaumea,  parientes  de  Hafomat,  lidiaron  t  lincieron  ai 

Rey  Atbabei,  era  cuxii, 
AMeiTame  Adael  entrd  la  Aodaliu  era  ciimii. 
Hurld  AbDabnmer,  el  qœ  Uegd  cod  sn  poder  hâta  Saniii^, 

era  cgcliuxiii. 
LevaatoB  Abdejabar  sobre  Sancbol,  comio  Sancbol  média  man- 

zaoa  è  di<(  la  otra  média  i  sd  hermano  Abdclmelk,  ë  morid 

con  ella,  en  cccluutiiii. 
Murid  Adaler  padre  de  AlmeymuD  rey  de  Toledo,  era  ccccuv. 


FIH  DES  APPEHDICES  AUX   TOMES  lU  ET   1 


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TABLE  DES  CHAPITRES 

DU 

TOME  QUATRIÈME. 

CHAPITRE  TREIZIÈME.- 

-lu  tains.— 

ATéMWMt  da  Mnhjwndi  —  DlOtn^i  du  hinlMlUlM  el  dM  ntUUMf.  — 
Doubla  giNm  «onlre  Im  Frank»  g(  Im  edletaïu.  ~  DéTilu  de  II«m*  al  Dii- 
dialpiT  Ordonla  I",  roi  dM  AUariM.  — DligrtcaclTfTolMds  Hona  aida 
MW  il)  Abdallah  Mobunmad  bon  Lopla,  atall  da  ToUdi.  --  fineire*  qnl  ea 
Mot  la  laite.  —  Alliance  de  Hobm  aTa«  laa  HaTarrala.  —  Ordonlin  DUreha 
eoBira  IIoiim  at  le  déblU  —  Beprbe  da  TolMa  par  l'telr. . .  Paiea    i  i  10 

noBTelle  IrrnpUon  Btrltleie  det  HoraHUidi  en  Galice  et  en  Aad«laule.— Snectt 
d'OrdenlM  dan«  FBfpapie  ortenUle.  —  VlciMlIndea  de«  Vnenlmana  dm» 
celte  guerre.  —  Qnerre»  dlT«n«i. 10  i  lit 

CMnouoeamaBl  de  la  rifolte  d'HiboBB.—  Toute  l'BaMEoe  orientale  »e  dtUcb* 
de  Cordon.  —  MtHaera  de»  Hntalniant  dao»  In  champ»  d'Alcanli.  —  Sneci» 
dliera  de  la  pierre  contre  Baftonn  et  lea  cbritlena  dn  nord  de  la  Pfninlale. 
—  Bataille  de  Ronthab-al-Tebond is  I  12 

Mort  d'Ordonlo»  i  OtIMo.  —  Avénemaiit  d'Alfoue  Ifl.  —  Conmiencanii'nl 
da  (OU  régne.  —  8e»  gaerrat  contra  le»  Vatconi  «  contre  le*  Arabr*.  — 
Alliance  d'AIbnee  arec  lei  NaTirreb.  —  BaUllIe  d'Ajbir.  —  Hori  d'Omar 
ba>  HiftoDB.  —  Faix  entte  Alfbnee  et  Kohammad.  —  Arinenien»  dif  an,  — 
Mort  de  Hobaïamed ta  à  94 

CHAPITRE   QUATRIÈME. 


Sèsna  d^  Vondhlr.  —  Ses  triia  Abdallah  lai  •oecMe.  —  Tronble*  at  |mr- 
n»i»  t«  r«pe.  —  CoatlMMUon  de  U  gnerra  «rtfefkwp,  —  (lp«rTH  d'An- 


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538  Table  i 

dalMite.  —  MtoUa  «m  «h  d'AMdbh.  —  Man  d>  Tatoè   dei  flt  4a 
l'ifflir.—  Cmttire  M  nadnlu  ÇAbd  el  BahnNs  el  IfadbÇtr,  Min  Ikdi     ', 

riait. '. ;.-..,' kt  tn    i 

IdMiUsB  da  pMll-flb  de  rèmir,  Abd  al  Bitoaw,  daf^  AM  •!  Bikaia  III,  ri    , 
Itaur. —  n  Ml  détient  comme  «Dceeusar  de  ud  «laid, — Karl  d'AbddhIu— 
SilMllo*  re«pa«lha  du  pcoplM  et  dei  rice*  en  KfpagDa  k  VntmtmtBi  d'AU 
•I  lUhMta  m.  —  Aparfu  einimn SS  1  M    ; 

CHAPITRE  QUINZIEME. 

-  M  Mil  Kl. - 


CiraMira  d'Abd  al  labmi»  III.  —  XipHliioB  eaitra  In  rabalto  dM  m^u- 

(Mtd'llbln.  — Hprend  Ici  II  Ire*  dimun  al  d'imlr  «e*  fidèle* ■oiKi 

Gardl  I,  i  Léon.  —  Bon  trin  Ordonlv  II  lalinecéde.  —  ItmonToUamerthl 
iHMiUtti  enlre  Cordone  et  let  iuu  dutUemi 97  i  III 

Cnerre  covire  Kilab  ben  Batean  dni  PBipegne  orienUle.  —  fioem  catfit 
lÀet  et  liHiterTe^ïaUlHade  JanijaiTa.  —  EipHKiaB  dVrdello  dn*  l>    i 
MtDche.  Caraeltre  de  ce  toi.  —  Sa  mort tll  i  |9 

Pielficallon  déBollli't  dea  moDUene*  d^lblti  par  Abd  el  Bahman  III.  —  Sttp 
el  prl»a  de  TalMe.  —  Bè^e  de  Froilt  il  i  Lion.  —  Bé^ê  d'Alfoue  IV.- 
Intronlsalian  de  Ramlre  II.  —  Agretiioii*  •ÛentaliTe*  dei  chréliem  el  dM 
■aialmanh -BaU11le<F0»nia.'~TréTe  entre  lei  deux  Dallau....   I»  1  ■«    , 

Iplerientlon  d'Abdel  Rahman  enAtriqne.— Bepriie  de  la  enerreentre  Hiviretl 
el  Cardon*.  —  Biullle  de  Zainéra }  b'iUilIe  de  Stmencw;  prlte  deZamor*.— 
ÉTinenenidlTen.— HorldeBamlren.  — ftépMd'OrdoOolII..  lU  t  M 

ATénemenl  de  6aiiche-I».Ctaa,  deoiiéme  dn  nom,  t  Lion.  —  Sei  iIIIib» 
aiec  U  NaTtrre  et  arec  Cordone.  —  Faili  dtrer*  dn  t^ne  d'Abd  el  Bihn»- 
Son  amoar  penr  le*  lettrei.  —  Sa  mort Mi  1  tf 

CHAPITRE   SEIZIÈME. 


Afinemenl  «t  caractère  d'il  pakem EipédILfoa  en  Ceatllle.— Ordre  i()>* 

do  lihallte  h  cette  a««slan.  —  Prlie  i'  San  BiUTan  de  Goroai ,  d*  A»*' 
eu,  de  Cinei,  d'Oama,  de  Clonli  al  de  Zunera tn  1  V 

OrielKe  et  eommencemtna  dn  coniti  do  Caiillle.  —  Sactit  dei  iroopea  bvhI- 
mann.  ~  Prlie  de  Caldiorra  et  da  Caleble.  —  Ambiatadra  Itoaaitct  <* 
irdMia.  —  Paix  eonrlnc  entra  lei  ChrélfeM  et  lea  Hall- 


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tABU  vn  CBAPITBÈS.  539 

Avim  KtaUoM  iPtt  Itfcn  itm  Im  CbrMImi.  —  Fin  du  tiga*  *•  B*Bcba  le 
Gtm  ;  IraoblN  u  Galic*;  «mpoUoDagaMt  et  mart  ta  Stackf.  —  Aiiotmivt 
d«  MU  fili  Runlr*  111.  —  OpiolOBi  de*  MiiiiliiiaDi  an  lintad  «t  de*  ■■»!- 
■nana  d'Eip«tM  aa  particnllfr  inr  Poiaie  dn  tIb.  —  DiTaDia  dll  Hakcm  t 
ca  aatel.  —  Gaafrad'Atrlqae.  — DTuKiedMBeny  Ztirla. Mi  t  SI* 

Mort  de  Fenitn  Goaialf  i  i  Bnrioa.—  Sltoailaa  loiMaare  da  l'raplre  OsHyadc; 
MtaiM,  petteiat  ictlTaliia  uaala  rjfaa  d'EI  Hakemll. SIC  1  EM 


CHAPITRE  DIX-SEPTIÈME. 

-  DtlMkMal.- 

A^taernaal  d'BeKbna.  ^  tléradea ,  p>ii*«n*»enl  at  cxpèdtlloaa  da  pcr- 
mlar  mlaUtra  on  hadfab  iuprtHe  K  Hantanr.  —  8«  pollttqoa.  —  Sa*  eampa- 
BBea.  —  tittMItta  «•  Bai«ada  II  i  la  rejaBlé  per  lei  coaUt  pUdcH.  — 
GaerradTHeaBiMkeGalklMMUleeUoaali. 5M  i  ZM 

ttigt  «1  priM  de  Uoa  et  d'Atlorfi  par  El  MaaMar.  —  Horl  de  Rtailre  111.  — 
Saila  de  inccèi  dn  téatral  muialman.  —  CourHi  ea  Cwtille  el  diai  l'Ei* 
papie  ortenlale,  —  Priae  de  Bircalana.  —  Anlrei  eotmea  da  bedjab  ;  Ma 
eatrte  ta  Galice.  —  Priée  et  pillage  de  SalDl-Iacqaa*  de  Conpoi- 
telle un  1  469 

IfoDTellet  expèdilioB*  ea  Ceitllle.  —  Bilaille  de  Calaunaier.  —  IMbtte  tt  Botl 
d'EI  MsnioDr.  —  Ricll  dn  Arabet  tl  dea  chrilleai.  —  tiat  de*  Mleaeea  thei 
I«*Atabïid'B9Bca«irea(r^  da  onilime  liicle. tu  i  4Sa 


APPENDICES  ADX  TOMES  III  ET  IV. 

ArmMCB  I.  Caartt  iBUnciloa  *ar  VtwU»  uoaateiM  tl  M  oateadrier  du 

AraM WB 

Arr.  II.  Cbroaalotle  dea  tnln  anbu  et  dsi  rab  chtithaa  damt  Iw  premlen 

alèctee  de  U  eoaqB«te  (  Tni-*,  ii-  et  i*  aiiclei) 4M 

S.    I.  Ualirta  de  Daaua  de  qal  dépendit  napagna  da  711  i  IM  (Ooi- 

njadeiei  Abbaufdei] 490 

S.  II.  tnln  OB  goBtenenn  de  l'bpagae  poar  lei  UialirM  d'Aile  de- 

pati  |g  conaMBceneat  de  la  coaqatte  loiqn'k  l'ta  ISB  d«  rbèglre, 

10"*  do  BOBTeraemtat  de  TeaMoarel  Febri 4)0 

S.III.  ABlneiUulltaonuaTtdeadeCordoae 4H 

t.lV.  Hoiidei  Attnrleaoa  d'Oilido;— roii  de  Uea;  — mbIm  de 

CMUU«i— CMieiABarcelaMi  — raltdslliwn flW 


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4 


540  TAfiLB  MB 

App.m-'S.    ■-  1 

—  deliU 
S.   U.  BspltuU«B  d«  queigiMimou  ■nftM«4l«]4idin*l»e* 

MUaUiMK.  . 
Aw.IT.  DlpIteM  M  chirU*  de  donilloB  iBiqMli  11  ■  itimi»]4(bMlccM- 

rut  d«  cetti  UHain  ;  Bitnil*  cl  »p«diMBi  de  (kroKlqoM. . .    SU 
S.    I.  ilcIgitalidoiMiloii,  biUpir  B«niiDdell,d«ii1llM  dsPnerlo- 

Muln  al  de  RmcUI  k  l'igllK  i»  Sdat-hcqHi  •■  MB » 

S.  II.  PrlttlicedaniIBMBiidtn«fiTMrAabntaMt^iM,tMt*- 

nantldKlNdantTlTK  de  utsi  DamlnlqM  de  Z«M«ni m 

S.  m.  Codai  (tniilogiqne  imtâil  mt  ta  mataon  da  IlaTHra,  d*  ta  to  di 

X*'  flMe,  eoBMTTé  aux  trcMiea   da  prl«ari  de  Suu    Barii 

«eMera W 

S. IV.  KKlralUdetachiDDlqneAIbeldeii*a,icrll«eBS8B m 

S.  T.  BstnHidea  AiiMludc'roléd««BeHttUHi(AM«l«*TaMMM 

«•CnidM)  iCfllM  «BlSU Ml  j 


nn  DB  LA  TABLE  DtJ  TOME  QUATKIHIIK 


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