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HISTOIRE
DES
RÉPUBLIQUES ITALIENNES
DU MOYEN AGE.
TOME VU.
MICHBL-AHei.
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HISTOIRE
DES
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DU MOYEN AGE
PAR
J. G. L. SIIONDE DE SISIONDI.
NOUVELLE ÉDITION.
TOME SEPTIÈME
FURNE ET O, LIBRAIRES-ÉDITEURS
55, RUB SAINT-AMORB-OES-ASCS ;
ÏREUTTEL ET WURTZ, LIBRAIRES
17, RCK DB LILLE.
>I840
l
HISTOIRE
DIS
RÉPUBLIQUES ITALIENNES
DU MOYEN AGB.
nmmïiHHiHHiuniUiiêiiiHHigsiiummi
CHAPITRE I.
Suite de la guerre des Turcs; leurs ravages dans la Gamiole et le Friuli;
ceux des Vénitiens dans la Grèce et FAsie^^Mineure. — - Révolutions
de Chypre qui réduisent ce royaume sous la dépendance de la répu-
blique de Venise.
1468-1473.
Panl II n'avait point Yonla, pendant son pontificat, con-
server la paix qp» son prédécesseur avait établie en Italie ;
mais il songea moins encore à défendre la chrétienté contre
les invasions tonjoursplus menaçantes des Tares. Un des prin-
ctpanx motifs qa' avait cas le conclave pour arrêter son choix
sqr lui, avait été sa naissance vénitienne^ On avait cru que son
afifection pour sa patrie, que Finfluence de ses parents, de
ses amis, seconderaient les intentions de r Église, qui voulait
raUier toute la chrétienté à la république de Venise, pour re-
vu. 1
2 HISTOIRE 0£S aiPUBUQUES rtMUBSUES
pousser en commit tes OttomaiiB* Ob avait tu Pie II prêt à
monter sar la flotte da Tienx doge, et Ton avait compté qae
son soccessear s'accorderait mieux encore avec le premier ma^
gistrat de la république où il était né. Mais Paul II, incertain
dims ses rapport avec sa fatrie, fut, pendant F expéAtion de
Ckdé^mi, sur le point de se déclarer contre eUe; et lorsque
ensuite il contracta une étroite alliance avec les Vénitiens, ce
fut pour satisfaire sa propre ambition, en détournant à son
profit les armes qn'U» employaient contre les Turcs. II. ne nuisit
pas moins à leur cause en dirigeant contre les hérétiques de
Bohème les forces de Mathias Gorvinus, leur unique allié.
Msthias^ Corvinu» était fils da grand Jean Hnniades, qui
avait été vingt ans le bouclier de la Hongrie. Ladislas de Po-
logne, qu'il avait fait roi, lui avait, en retour, donné la di-'
gnité de waivode de Transylvanie. Pendant la minorité de
Ladislasle Posthume ou l'Autrichien, que Frédéric III rete-
nait captif dans sa cour, Jean Huniades avait gouverné douze
ans le royaume comme régent et capitaine général. Un mois
avant sa mort, il avait encore, en 1426» repoussé Mahometll
qui attaquait Belgrade ^ . Ladislas le Posthume, fib d*Alb^
d'Autriche, loin de se montrer reconnaissant envers la famille
de ce grand homme, jeta, lorsqu'il parvint au trône, Mathiaa
Gorvinusdans un cachot à Prague, et fit mettre son frère àmort.
Gorvinusfttttiré de prison au boutde deux ans,parGeorgePodié-
brad, an moment dielamorta«bited« LadisIfBiS^&Piragaev le 23
nov<aid>se 1 iSH ; ilasvait mw£^h»fm au pkds et asx nanui
lKW8qu*il fot j^poelamé i^ de Hongrie i la plaça de Ladisbs, e»
mfme temps qw6^i;g9 Çodîi^MnidfutprQdaméroidB Bohème*
fléponaaia fille dftcedfiwn^îoteeséBoxsooverainSyi^
dew nations^ ce^miaissanltti^ se montrèDent également digne»
*9p9ê^el à» ihttn. B. V, c. 1, p. 6d6. — Thomas BbendorffeHde Baselbàch» Chron^
Âm^imh u IV» ar «•; -« ^ «HfHi dm' «»m. m v, «» tiv p* ^ •
DU MO\Ë» AGE. 3
ÛU tfôtie ^ . I6 thgûfe de Mathiai Corvintis fut dès lors signalé
JNir des Tictolreé aussi MUantes (}iïe celles de son père. En
1462, il reôoavrat Jaieza, capitale de lai Bosnie, et il la défendit
f aânée soivànté contre Mahomet II '. La guerre s* étant dès
lors aticùnée entre les Ténitiens et 1^ ïurcs, Gorvfnus con-
tracta ttne étroite alliance avec là république, et celle-ci Ini
fit passer chaque année cent miUe ducats, pour défrayer en
partie ses armements ^. Lé roi de Hongrie porta ses armes
tour à totir dans la Rascie, la "Valachie, la Croatie, la Transyl-
vanie ; il y remporta de briâantes victoires sur les musul-
mans, et pluB encore sur les princes chrétiens leurs vassaux.
Lé bruit de ses victoires ayant donné au pape une haute idée
de la puissance de Mathias Gorvinns, la cour de Borne le sol-
licita de tourner ses armes contre un ennemi qu'elle redou^
tait moins que les Turcs, mais qu'elle haïssait davantage ; c'é«
tait 6eorge Podiébrad, i^i de Bohème. La secte de Jean Huss
était toujours fort nombreuse dans son royaume ; et Podié^
brad, élevé sur le trône par les suffrages de sa nation, était
obligé de ménager des sectaires qui faisaient son plus ferme
appui. La coiir de Bome ne lui reprochait point de partager
leurs opinions, mais seulement de ne pas vouloir sévir contre
eux. Pour écarter tout soupçon d'hérésie, il avait offert de dé-
clarer solennellement qu'il ne croyait pas nécessaire aux fi-
dèles de recevoir le sacrement sous les deux espèces ; et on
lui avait répondu que sa déclaration ne suffisait point, s'il
n'àutorii^t l'archevêque à punir sévèrement cetix qui donne-
raient ou recevraient la communion sous cette forme. « Qu'il
« déclare expressément, ajoutait le pape, si le bras séculier
« exéeutera les sentences de l'archevêque, pour punirles prê-
« 1res ^favorisent tes erreurs ; n on lui donnera toute as-
i ^^Ugel4er Ehfen. B. V, c« XU, p. 644, TAomai Ebenâxir§eH tlfi Baselboeh, CAivm
Austr. L. IV, p. 889. — ^Spin^iàer Sluren, B^V, o^ ]^VUi« p. 734, — \Ronfiniu nier.
9ttgari€ar. Deçà Ul^ L. IX, p. 533.
!•
4 HISTOIRE DES REPUBLIQUES ITALIElfNES
« sistance réelle et actaelle pour réduire à robéissance dtt
« siège apostolique tous ceux qni dévient, et pour extirper
« toutes les hérésies * . » Jamais le roi de Bohème ne voulut se
se soumettre à ces conditions ; jamais il ne voulut livrer aux
tribunaux ecclésiastiques Rockizane, archevésque scbismatique
de Prague ; et ce refus de se joindre aux persécuteurs, consi-
déré par Paul II comme une rébellion odieuse contre l'Église^
attira enfin de la cour de Rome une sentence de déposition.
George Podiébradiut condamné, le 25 décembre 1 466, comme
coupable d* hérésie, et déclaré déchu du trône de Bohème ^.
Ce trône fut offert à Casimir, roi de Pologne, qui ne voulut
point r accepter '.Peu de mois après, une nouvelle excommu-
nioatlon atteignit tous les sujets demeurés fidèles à Podiébr ad,
et tous ceux qui lui prêteraient aide on faveur, En même temps
tous les princes chrétiens furent dégagés de tous les serments
qu'ils pouvaient lui avoir prêtés, et de tous les traités conclus
avec lui ; enfin Rodolphe, évèque de Lavenza, fut chargé de
prêcher une croisade contre la Bohème *. G* était Tannée qui
suivit 1^ mort de Scanderbeg ; la Macédoine venait d'être mise
à feu et à sang, et la Bosnie envahie ; et cependant le pape
allumait, sur les frontières même de la chrétienté, une guerre
civile insensée, qui favorisait les progrès des Turcs. Mathias
Gorvinus se laissa séduire par l'espérance d'une nouvelle cou-
ronne ; il déclara en 1 468 la guerre à George Podiébrad, son
allié, son beau-père et son libérateur ; il dégarnit les frontières
de la Hongrie, pour dévaster et conquérir la Bohême ; il aban-
donna les Vénitiens dans la lutte où il s'était engagé de con-
çert avec eux. Pendant sept ans il continua ses attaquesimpo-
litiques, non plus contre Podiébrad, mort* en 1740, mais
1 AriieiUiel modiuêupefreductione Regta Bohendœ in veram ÀpoUolicœ se^it ob^
dienikun^ Ketpontîo ad tertium paragraph. PauU li Uber Brevium» Anno T«, p. iSo.
— RaynaUU Awai, BccUs. 1471, $ iT-26, p. 294. — > Splegel der Ekren, V. Rnich.,
XIX capitel, p. 744.— > fUxgnaUUk Annal, Keeles, I4<e, S 26-80, p. i8S. — JaeohI, Car^
din* Papieii«f«. L. VI, u i^usd» epUiola m. — « haynaîdi Annal, 1467. S 8, p. i86.
DO MOYEN AGE. 5
contre Uladislas, fils da roi de Pologne, qne les Bohémiens
lui avaient sobstitné ; et tandis gn*!! consumait yainement ses
forces dans ce combat, Mahomet II firappait la chrétienté de
conps désastreux ' .
' L'événement cpii cansa le plus de terreur aux Italiens fut
une expédition conduite par Hassan Bey, chrétien renégat et
pacha de Bosnie. Il avait été appelé en Croatie, par un gen-
tOhomme de cette province qui voulait se venger de son
frère ; il y pénétra, au mois de juillet 1 469, avec vingt mille
chevaux, avant qu'on y eût fait aucun préparatif de défense :
huit mille chrétiens qui s'étaient réfugiés dans une ville de
Croatie furent passés au fil de l'épée; trois mille furent ré-
duits en esclavage. L'armée turque, poursuivant ses succès ,
traversa la Carniole qu'elle ravagea; elle avait déjà pénétré
jusqu'à ceiit soixante milles dans l'intérieur des terres, et die
n'avait plus qu'une petite journée de chemin à faire pour se
porter sur Trieste ou sur les frontières du Friuli , et pour
entrer en Italie. Mais les vainqueurs, se trouvant suffisamment
chargés de batin et embarrassés de captifs , retournèrent sur
leurs pas, sans avoir entrepris de s'emparer d'aucune place
forte. Dix-huit mille chrétiens avaient été massacrés , quinze
mille étaient emmenés en Turquie pour être vendus comme
esdaves; les vieillards ou les enfants n'avaient point été épar-
gnés, toutes les moissons avaient été brûlées, tout le bétail
que les Turcs n'avaient pu emmener avait été égorgé, et l'on
eût dit, non qne des ennemis, mais que des furies avaient
dévasté le pays *. Les Turcs, pour rentrer en Bosnie, avaient
à traverser un fleuve que le cardinal de Pavie nomme £m-
pratia '. Il avait été tellement grossi par les pluies, que leur
• > Ronfinbu fter. Vngar, Deçà IV, L. n, p. 574. BaytuUdi Amial. EceUs, 1468, S 9tP' i<5-
— Dlugoss, Mi9L Polon, h. XIII, p. 46S. — > Commenu Jaeobl, Card. Papiens, L. VU,
p. 449. — Ejasdem eplstoia S94.— 4nitaL Eceles, 1469, $ i4, p. w%.^Splegel der Bhren
ûtt Enhauses oesterreieh, Bach. V, eapitel XIX, p. 7S3.— > Fugger nomme celte riyière
Caracanne. Elle lépare la Bosnie de la Croatie. Spiegelder Ehren, p. 753,
6 HISTOIRE DES BJÉPUBLIQUES ITALIETTIÏlIS
armée fut obligée ie s'artét^r }f^\% jopf*s cwir 3» bords avai^t
da pouvoir kt passqr. Pendaqt œ temps il aurait été facile do
tirer iioe juat^ vengeance de leur barbarie» et de recouvrer de
leurs mains les captifs et le butin qn*ils emm^aient; maicf
c'était just^iuept la saison oui les ^opgnûîs et les Aatricbiefis ,
J^issaut leurs frQUtières découvertes , rayageaieot la Bohême.
Ittatbiaa Corvious disait sdors prisonnier Yictorin son b?au-
£cère, fils de George Podiébrad^ et il recevait h Qlmutz les
couronnes du rayaume de Bohême et du marquisat de Moravie,
qu*il croyait avoir concpiis * .
La république de Venise » qqi avait; vu avec effroi rann^e
turqfie s'approcher de ses fifoiitiàres^ de terre ferme, n'avait
garde cependant d'attaquer les musulmans de ce côté : elle
aurait craint de leiff ^nseigu^ ainsi le chemin par lequel ils
pouvaijHit pénétrer jusqu'au miMeu de l'Italiç. Ce n'était que
par iqer qu'elle voulait combattre les ipfidèles. Nicolas Gani)le|
qjf^ ayi)it fifCG^é ^ Jacques Loredano dans le commandement
des troupe^ véni^tiepues en Qrèce» rassembla une flotte de
viug4;-six galèreci à Kégrepont» avec laquelle , après avoir me*-
^cé idusiecMrs il^ de la iper Egée, il surprit la ville d'Éno mt
le golfe Sa^nique, où il entra par escalade. Il ne parait point
que les Turcs eussent une garnison dans Éno ; c'était une ville
ixminiercante , as^z riche , et habitée uniquement par des
Greçp. EUe fut abandonnée au pillage, et après en avoir
épi>ouvé toutes l?s horreurs , ^ fut réduite en cendres : les
lieux Sfiints ne furent point épai^nés, les religieuses enfa^mées
dans des couvents que les Turcs avaient respecta furent
abandonnées ^ la brutalité des soldats 9 deux mille captifs fu-
rent emmenés à Négrepont : parmi eux on voyait plusieurs
respectables matrones grecques réduites en esclavage ; enfin ,
un butin très considérable enrichit les soldats ^. La nouvelle
^ Bonfinim, Ber» Ongaric, Deçà iv| L. IT, p. SS7. — AnnaL Eulet. 1469, S lO,
p. 202.~s Comment iacobi Gard, Pop L. Vil. p. iiX—Ejuni.KpMokif. d« 227, p. aa?.
û^ifanè à'Èao fat pmiée à Rone, ea lotee twpa 4ie «die
d'un anuailage reo^^arlé giir les b(Srét^p]ee4e B<rt)£iiie) et le
pape ojrdomu des «etkws de grâces drasUw ksleitples pev
ces benreiix sooeès ^
Qookpie les punîmes des Vi^aitieiis déMtowH; piefRine
nniqa^Brat les sojets cbrélieBS de Mafaoïnet H , w red<Hitid>le
moaar^e était résolu à ne pas souffrir daviuitage de pftifHles
ÎQSQltes. Le S août 1469, il pr(>Q0D6e à CScmstantiBOplei et il
fit F^ter dans tontes les moeqciées de son ei^^rei le veen
suivant : « Moi, Mab<»net, fils d*Ainurath| soltMi et gonveiv
« neur de Baram et de Radunaël j #efé per le IMen eiq[HP^e ,
« phoé dans le eerde dii solml^ eonti«rt de gloire par-dearas
« tops les empereur» /hevreuK en tonte eboee, rëcNmté des
« mqrtelsi puissant dans tas ernm 9 ffar les prières des saints
« qui mal en xM , et du gvtad j^pbète Mahomet^ emp^wr
« des fsapeveiirs et jnnoee des pnteees )qpn exisKtit dn levtat
« an eoudiant; je cornets an Ôîen nui^ne 9 orltetenr de UMite
<> ebose^ par mon vcra et mon serment» que je ne verfiii point
* le scNtnmeil de mes yeux, que je ne mangerai point de ^voses
« détNtes , qctô je ne ipeobiMrelierai point ee qui est i^trédUe,
« qee je ne toodierai point h ee qui est hetni qde je ne dé-
« tonmerai pomt mon visage de roeeident h rorient , si je nfe
« vraverse^ ne foule auK pieds de mes ehevani^ \» die!» des
« nntioi^, ees dieuK de hm , d'idrën » d'efgent , dV on de
é peinture^ <pe les diseiptes du cybi^irt sa sont f^its âb Iml»
« miins; je jure cpie j'extcvumerai tonte leor iiiiqinté de Ih
*^ir. 4nt- SahelUcOi BUi. Vmetœ* I)eca III, U V|IT, f. 30?.-*4;«d. N^m9ifi»Q* P* i<27.
*" ^ ilona/. Ecoles, Raynaldi. i469, $ 12, p. 303. Les commentaires du cardinal de Pavic
finissent à la mort du cardinal Carviual, en 1469, peu de mois après la prise tf £no^ l)s
forment en sept livres la eontiouation de ceux do Pie II. \a récit ^t l'espédition et 4e )a
mort de ce pontire est d'un grand intôrél : dans la suite oq trouve encore des (ails |>ien
observés et des détails curieux ; mais le cardinal 4e Pavie était \fim 4'avoir pour lu ré-
daclion et la disposition du sujet, et pour l'art de peindre les honunea et les lieux« un
laleol eofoparable à celui de Pie H. Dans i'éditioa in-f^iio, Frwicfort» IÇi4« ce c^ounei)-
taire occupe les paies 35M$4»
s HISTOIRE DES BiPUBLIQUES ITALIEimCS
« face de la terre , da levant an ooachant , àia gloire du IMeii
« de SabaoQi , et da grand prophète Hahomet. Et pour cette
« cause , je fais savoir à tous les peuples circoncis , mes sujets
« qui croient en Mahomet ^ à leurs chefs et à leurs auiiliàires ^
« s*ib ont la crainte du Dieu fondateur d^ del et de la terre,
« et la erainte de ma puissance invincible, qu'ils aient à se
« rinidre tous auprès de moi, le septième de la lune de rama-
« dan de cette année 874 de Thégire (1 1 mars 1470), obéis-
« sant au précepte de Dieu et de Mahomet , dont le premier
« par sa providence , et le second par ses prières , nous assis-
« feront sans aucun doute ^ • »
' Siff cette invitatîMi de Midiomet, une armée formidable
et une flotte comme les musulmans n*en avaient jamais mis
e^ mer, se rassemblèrent à Constantinople. Les Latins
exagéraient toujours sans mesure la force des armées mu-
«ulmaneft; ils se préparaient ainsi une excuse pour leurs
déftttes , on plus de gloire dans leurs succès. Dans cette occa-
siffin , ils ne parlent pas de moins de quatre cents vaisseaux
scKEtis de l'Hellespont, le 31 mai 1470, et de trois cent mille
hommes qui s'avançaient de Xhrace dans la Grèce ^. Encore
qu'on réduise faifiniment ces nombres , toujours eeltHl sûr que
l'armée de Mahomet était de beaucoup supérieure à tout ce
que les Vénitiens pouvai^t lui opposer. Nicolas Ganale,
luaairal de ceux-ei , était à Négrepont avee trente-cinq galères.
Quand <m lui rapporta que la flotte turque avait paru près de
Ténédos, il s'avança par le canal qui sépare Lemnos et Imbros,
4
1 CatiSnoUs Papienês Epktola 380, p. tn, — nayndtdl annales Beeies, un, $ it,
1». SIO. — s Franeitci PhUelphi^ L. 32, EpUtoia ad Bemardum JustManum, -^ Anlo-
Bio d» aipalu^ dans les Annales de Plaisance, assure que les Turcs, entre leur Sotte et
lenr annto, avaient soo,ooo combattanis. AnnaL Placent. T. XX, p. 9W. Mais les annales
des Turcs n'Indiquent nullement une armée très formidable. « Mahomet, y est-U dit, ne
« pouvant supporter une longue oisiveté, s'achemina, par terre, vers t'Euripe, tandis
« qu'il envoyatt Mahmud, pacha, avec une flotte qui portait douze mille hommes. » Jn-
nales Twcîel LtvmeUtolL T. XVI, p. 958. — Demetrius Cantemir, Hlsu Oth, L. Ul, c. I,
S ss, p. lio. Coriolanus Cepio lui donne i!ie,ooo hommes. De Kebue Venetis, L. I, pt 34i.
DO HOTER Âùn. 9
fit sl> «ivoya àevÊOiX loi IiMiut Loreâsao avee dix gdèras ,
pour recxmnaitre les enneniis. Il kii ordonnait de ne point
ériter la bataille a*ik n* avaient jpâs plus de soixante Yoîles ,
ear MHQtt&oie ne tordendt pas à ^cffiir an aeooon de son ayan
gaide , et il eroyail avee eonfianoe qn'il battrait les infidèles,
pomru que oenx-d ne fussent pas pins de denx contre un.
JHais si les Tnrcs a^aimt ph» de soixante Taisseanx , il or-
donnait de faire force de Toiks et de rames pour les éviter * .
Bientôt Loredano et Canale Ini-mèoie déeoomrrat ta flotte
nrosahoane, cpn couvrait tonte la mer. Les Tnres, qni pour la
preaière fois faisaient Fessai de lenr marine , sentant leur in*
fériorité. poor la mMiceuvre et la petitesse de leurs vaisseaux,
avaient compensé ce désavantage à la mam^ dea barbares,
en redoublant lenr nombre. Les Yémtiens cmrent of ayoir
d*autjne parti à prendre que edui de la fuite ; profitant de l'ob-
scurité de la nuit, ils se mirent à couvert derrière l'Ile de
Seyrm , tandis que ks Turcs y faisaient une deaeente pour la
teoci^er et la brftler. Ganale prévit alors que cet arm<mient
^ait destiné contre Négrepont ; il envoya trois galères, avec
le plus de vivres qu'il put rassembler, à Ghalds , captale de
rile : peu de jours après il en envoya deux autres encore ; mais
al(»s il n' était plu» possible d'entrer dans le détroit , les Turca
en avaient fortifié tous les passages.
L^'fle d'£ubée ou de N^epont s'étend le loi^ des côtes de
la Thessalie, de la Béotie et de l'Attiqiie, par une longueur de
cent quarante milles : elle n'a nulle part plus de quarante ou
moins de vingt milles de largeur, et son drcuit, allongé par
beaucoup de sinuosités, est de 365 milles. Les villes nombreu-
ses dont elle avait été couverte autrefois étaioit alors presque
tontes détruites. Celle de Négrepont, ou Ghalcis, demeurait
seule sur pied, au bord do détroit de l'Ëuripe, à rendrmt où
i Jf . ânuUbeilkOi Beea Ifl, U vui, r. 907, t».
10 HISTOIBE DES fiiPUBLIQUXS ITALIEnVES
il 9 ie mcim 4» teigaitr. Lfiigi (Mtù commandiôt dans oette
ville ceimne aapitaiae, Jean BoDânmieri comme prDTéditBor,
et Paol Smso eoaime poAMtat ; une faible gakniioili était soas
le^n orâzes» «T«e quelques s<Ale8 Yâiitiâis. Cependant Ma*^
bomet II arriredsiiA la Béotie, tis-à-^vie de Négrèpont, aT«e
son «rm^ de terre, qne Labeliieiis, le pins modéré des La^^-
tms, dunfl son cateul, porte à œnt vingt mille hemmes. La
flotte tnr^e s'était d^à emparée dn canal, et die avait dier*-
cbé jt en fermer l'entrée avec des ebalaes arrêtées à des vais*»
seaux coulés à fond, de pkpe en place * . Dès que le «ittimfut
airivé en vue de Tlle, tas Turcs s'efforcèrent de lier, par un
pont de bateaux, l'Ëubée à la Béotie ; et après quelques eom*
bats vaiUftmmeiit soutenus par les halntants, ce pont fut étU'^
bli devant l'église de Sàittt-^Marc, à on miUe de distance de la
villi^'; Aussitôt le siège fut eommaicé, plusieurs batteries
furent ouvertes, et l'on regardait alors l'activité de l'artillerie
tDiqu0 eomme prodigieuse, perce que chaque boiiehe à feu
tirait contHB les murs einquante-cinq coups par jour»
Cependant cm avait porté à Venise la »suvdle du siège de
Négrepont et du danger que courait cette ile ; elle était re-
gardée comme le chef-lieu de toutes les colonies militaires des
Yénitieiis dans l'Arohipel. Le sénat fit armer avec précipita^-
tion tout ce qu'il avait de galères, et à mesure qu*elles'étiieiit
prêtes, il les envoyait joindre Niooilas Gtmule, en lui donnant
l'ordre de tout hasarder pour délivrer Négrepont. De son
côté, Crirolamo Hôlint qui, avee le tita*e de duo, goufternait
Candie pour la république, avait envoyé à la fkitte sept gros-
ses galères chargées de vivres. Aptes avoir reçu ces renforts,
l'amiral vénitien pouvait se ordre en état de se mesurer avec
les Turcs. Il n'y avait plus de temps à perdre pour délivra
les assiégés. Trois assauts leur avaient été livré» sueeessive-
1 F. PMlefphi EpisL ad Federtcum Crbintui eamitem. L. XXXII. ^* Jf. Ant Sabeh
lico. Deçà lli, L. VIII, f. 908. — Àtidr^ ifavagierû, Storia VmiMimuL p. HM.
DO MOTEIV AGE. It
ment, \^ 35 joîpi le W jpm «t le ^ joUlet^ ; et qpMfQe'tes
y4aiti§B8 dierohasfleDt à ifenepwraiger» en affiimiat qoe
16|QP0 Torp» aveieot été tnée inm lesdepx oremimB mna%
et 5,000 i^aus le troisième) les pertes 4e9 aw^gés, dont le eal«^
eal était mieiuL avéré, deveonient poar eai ploa ^ùrayaatie.
Nicolas Capfdfi, poussé par w Tent favorable, et seomdé per
les courants, rompit enfla les chatoes qui loi fermaieat Vea^
trée de f Earipe, et parât le 1 1 juillet en vue de la TîUe, de la
flotte turque, et du pont, dont il n*était plqs qu'à un mttle.
Les assiégés, au comble de la joie, se crurept délivrés. Maho*
p^t, erfiiganut de vpir le pont coupé, et de se trouver enfermé
dans nie, fut, à ce qn*on assure, sur le point de l'enfnir.
])fais Gauale n'avait été sni^i qœ per qniitan^ galères et
dem^ vw^e^Qx \ H jmVim quelque mffleutendu, avait anrtté
totttlere^te desn flotte ^ à»i^m de rs^ripe. Cependant
sçn pilote , CandiîaoQ, et d?uic caiHtainea de; voisiseau, les frè*
rçs PizzauiiaQi, T ei^hortaient h veqif donner contre le pont i
ils se croyaient assurée de le rompre, h rçâde du courant et
du vent qui les seccundaient, et ils redoutaient peu la flotte
turque riingée derrière le pont, dans un lien trop étroit pouv
mancpnvi^r. Mais Canale manqua d^ résolution : il défen At h
son pilote de passer outre jusqu'à ce qu*U eût été rejoint pav
le i^tade sa flotte, à laquelle U envoyait message sur message
pcpr la presser. Pendant qu*il Tattendait vainement, lllabo*
met II avait livré un quatrième assaut, et en même temps U
avidt^it #ppcoeheraa flotte des mors, du e<ii^ de Songo «lia
Zueeoa, ies assiég^^ ataieait les yeux tonjour» ftx# sw le
lieu <rii il^ evaient vu paraître les voiles vénilievme^, dont
TimmobiUté les désespérait. Cependant ils se défendirent e^y^o
une extrême vaillance, jusqu'à ce que la nuit sé|[>aràt les
combattants. Au point du jour, le 12, le combat recommença^
< Marin Samito^ Vite de* Dwhi d* Ve^tezia» p. ti90.
12 HISTOIRE DES REFUEtlQUES ITÀLIEfinES
et les assiégés apposèrent toujours la même résistance. Déjà
les brèches étaient praticables ; des soldats tonjoars nouveaux
se présentaient à Tattaque, et les Ghalddiens étaient accablés
de fatigue. Vers la deuxième heure du jour, ils furent re-
poussés des murailles ; mais comme toutes les rues étaient
baoîeaâées, ils continuèrent à se défendre dans la Tille, jus-
qu'à la mort du dernier d'entre eux. Tous périrent, car le
féroce Mahomet avait fait publier dans son camp qu'il en-
verrait au suf^lice quiconque aurait épargné un seul prison^
lÂev âgé de plus de vingt ans^ . Les cadavres, rassemblés sur
la place de Saint-François et sur celle du Patriarche , furent
ensuite jetéâ à la mer.
Pendant que cette effroyable boucherie durait encore, le
reste de la flotte vint joindre Ganale ; mais il était trop tard ,'
lesétendards de Saint-Marc étaient arrachés des murdlles, la
ville était perdue, et les soldats des galères découragés. Les
Yénitiens ressortirent en hâte du canal de l'Euripe, frémissant
de douleut et de rage d'avoir laissé détruire sous leurs yeux
une colonie si importante. Deux des commandants vénitiens
qui étaient dans Ghalds étaient morts les armes à la main ;
Pattl Erizzo, le troisième, s'était enfermé dans la dtadelle ; il
la rendit sous condition d'avoir la tète sauve. Mahomet or-
donna qu'il fûtsdé par le milieu du corps, ajoutant, avec une
atroce plaisanterie, qu'il n'avait garanti que sa tète, et qu*il
la lui laissait^.
La douleur que causa la perte de N^repont à. Venise fût
accompagnée de la plus violente indignation contre Nicolas
Ganale. Loin d'encourager ses soldats au combat, il avait re-
tenu des guerriers plus ardents que lui, et il s'était refusé à
i Jf. 4. SabeOico. Deçà DI, L. VIII, f. 209. — Andréa Kmfogiwf, Storia vmezlana.
p, i 128. — Cnwii Turco-Graciœ HUtor.poUtich, 1, p. 25. — Sansorino, Del origine
ê impero de* TurcM, L. Il, f. I6T. — « Annotes Ecclesiaitici. I470, S «2-36, p. 210. —
M.Ant, SaàelHeo, BiaL Veneta, Deçà III. L. VIII, f, 208-209. — UaHn Sanuto^ nie de
Duchi di Veneiia» p. 1190.
ou MOYXn AGC« 13
tenter de rompre le pont de TaiSBeaox des Tui^c8> au moment
où il aurait pu sauver ainsi la ville. Son ooorage n'avait jua-
qu alors jamais paru douteux dans les combats ; mais on pré-
tendit que, dans cette occasion, la présence de son fils sur la
flotte lui avait inspiré une crainte inaccoutumée. Après la
chute de Ghalds il ne fit rien pour réparer Taffront que Yé^
taidard de Saint-^Marc avait reçu. Cependant Jacques Yeniero,
et d'autres encore, lui avaient amené de si puissants renforts,
qu'il avait enfin réuni cent galères sous ses ordres. Cet arme-
ment était bien plus redoutable que celui des Turcs, lorsmèisie
que la flotte de ceux*ci aurait été effectivement composée de
quatre cents vaisseaux, comme le rapportent plusieurs Msto**
riens. Le sultan avait réuni tous ceux du commerce, tous ceux
qui pouvaient lai servir de transports, et sa flotte mal aguerrie
ne sayait ni manœuvrer dans les batailles, ni obéir anx si^
gnaux, tapdis que les Yéoitiens étaient les plus hardis de la
Méditerranée, parce qu'ils en étaient les plus habiles.
Après la conquête de Négrepont, la flotte ottomane se retira
vers les Dardanelles, et Nicolas Ganale la suivit jusqu'auprès
de Sdo,- là, il assembla un conseil de guerre, et sur l'avis de
ses capitaines, il s'abstint d'attaquer les Turcs qui se croyaient
déjà perdus. Il revint ensmte à NégrqK>nt qu'il tenta dé re-
prendre ; mais l'attaque des troupes de débarquement n'ayant
pas été bien combinée avec celle des galères, il fàt repioussé
avec perte. Pendant que cette action durait encore , Pierre
Hocéogigo, que la république avait nommé pour le remplacer,
arriva auprès de lui. Mocéoigo déclara que, jplour ne point
déranger, par son arrivée, des plans combinés d'avance , il
était prêt à combattre sous les ordres de Gauàle, si cdlui^ci
voulait renouveler l'attaque. Ganale s'y refusa, tout e^déda-
rant que si Mocénigo voulait combattre , il était prêt à servir
sorts lui. Tous deux semblaient redouter la responsabilité d'une
entreprise trop périlleuse ; tous deux refusèrent de tenter la
14 HISTOIIl£ DES BÉPtN^lQUfiS ITALIJËK^BS
fCKrtune; mais Moeéoigo ayant yakieriiefil offert à son ptéSé^
eesseiir une ooeasion de se réhal»lit6Py prit le eoimiiaiiâeniiebt
de la flotte, déploya la commission dont fl étidt éb^gê pa le
eonaeU des Bix, fit arrêter Gènale , et FenT<^a ehargé dé fers
à Yemse; afiiès quoi il ramena ses vdsseanx âatfft lès ports
dé la Morée poor y passer t*faiver ^.
Nieoifts Ganalé ne draieora pas safis apologiste : le pape
Paul II écnirit au doge de Yemse ponr le jastiflèr ; ï^rançois
Pbikliiie^, anctuel sa haute réputation litlâ*airé dovmaity en
politique, un crédit presque égal à celui que Pétrarque ayait
exercé dans le siède précédent, composa aiissi une apolqgiede
ee géÉéral. Ganale fut néamnoini relégué à Porto-Orûéroponr
le veste de ses jours.
La conquête de Négreponteausa dans la éfarâienté tm dÈtoi
UBiTersel. Jusqu'alors les Yénitiéns avaient paru maHres de la
mer. QÉdque supéribi^ que le nouante ou une forcé bitutale
pût donner aux Turcs, 6n les avait vus arrêtés par le moindre
caîmL Un brae de mer semblait une barrière insurmontable
pour lés étendard» du croissant. Encore que la conquête de
FUlyrie les eût rapprochés du cesftre de la dvilisation, on sup-
posait tou^mrs qu'as seraient arrêtés par la double chaîne des
montagnes ^ûi se présenteraimt à eâx avant qu'ils pussent
entier en KaHe , et Ton ne songeait pas même au danger de
eettelMgae étendue éà côtes, deptds Beggiode CkMbre jusqif à
Yenise , d'oè Ton avait partout à la portée de la vue' éeè
y&jn mmidnlans. CSomme ces côtes n'avaient pas été insultées
depaisr k x* siècle, on les croyait à l'abri de toute atteqifee. La
créatioii suibite d'une redoutable marine musolifiane apprit à
tous les pays baignés par la mer que leurs portes étaient ou*
vertes à un conquérant résolu à détruûre le ùége de la religion
cbxétieQne >. Ferdinand, dont tes états n'étaient séparés delà
1 If. ànu BabeiUeo* i>«ca III, l*. IX^ f. 209-3iO. — Mdrea NavoQUro^ Slorta Ven^*
sioiio. p. ii!i8.— C^rio/ontu Cepio, De rébus Feheilt. L. I,p« 3ii.-J Antonio di Rlpafto,
m MOYEU AGE. 13
KoiqUie que patf nu cnal de doase UeoM de krgjenr, fut à
jiiBte titre le pins eCbrayé; Mab(»iiel Ini a^iôt commnniqaé,
atec «ne «rrogiBee iniiiltBiite» sa Tîefecûre de Négrepout, le
priajBt de s'en réjoair avee M. Le roi de Naples répondit
qu'une iriotoîre remportée sor des ehrétiais, ses affiés^ ne pou-
tait ètie poor M nne oeeasion de joie,' qu'il ne pouvait con«
serrer d'aoÉlîé pou sa hautesse tandis que sa foi était en
dango* ; qu'il ne manquerai pdnt aux besoins de sa religion,
et qu'il dônneiait ordre à sa flotte de se joindre aux Vénitiens
pour oooJiattre les Ottonums * .
. Bessariim, «irdinal de Nke, l'un des pk» illustres parmi
ces Grecs qui avaient assisté aux conciles de Ferrare et de
Florence, invitait déjà les autres Grecs , ses compatriotes , à
s'enàûD loin de cette Itatte où 3s ne* pontaîent plus trouver
de sûreté ^. Cependant il avât aussi adressé une exhortation
^toqmalto aux princes de cette cMirée, pour leur montrer le
danger affreux cpn les menaçait '. Le pape Paul II, qui savait
^fst Mahomet eu voulait personnellement à lui et à son ffiége,
s'adressait à tous les états chréti^is pour s'^orcer de les réur
nk. Gaiéaz Sforsa venait d'attaquer les seigneurs de Gorreggio ,
et de lem: enlever BrescdQo; Paul le supplia de poser les
anneS) et de ne pas poursuivre davantage ces petits princes ,
doni» les autres fieft étaient sons la proteetion du duc de Mo-
dèae *. Les Yénitâens faisaient sur le Mineio des travaux qui
donnaient de l'inqui^de au marquis de Mantoue, et qui ra-
valent engagé à recourir à la garantie du duc de Milan; Paul If
kur écrivît pour les presser de sedériist^ d'une «treprise qui
pouva^ troubles la paix de Vltalie '< V(m avons vu qu'il re-
AnnaL PlaeentittL T. XX, p. 829. — ^ Lei deux lettres sont rapportées dans Gaernieri
Semio, Crouica d'Agobbio, T. XXI, p. ioi9. -^ * Lettre du cardinal Bessarion à un abbé
Besseflon. Apud Raynaldwn, AnnaL Eecles. 147«.— > ibid,, S 24, p. 213, et S 29, p. 214.
^ maia Pouft Hi if septemMt 1470, in Ubra Brevium, Anno septimo. p. S.— Sanna/di
Annai, S 89, p. 2i9, — * /n Ulnû Br^vitoH, et ttpud sutynatduBh S 40, p. Sir.
16 HISTOIEE DJS8 BEPUBI.IQVE8 ITALIENNES
nonça lui-même à ses projets d'enyahissementaor le territoire
de Rimini, et à sa yengeance contre Ferdinand. Tl ne négUg^
point non pins les moûdâres potentats: Louis,. marq[ais de
Mantoue, GniUanme de Montferrat, Àmédée IX de Sayoie, ka
Siennais , les Lnc(iaais, le roi Jean d'Aragon à qui la Sicile
était sonmise. Il réussit enfin à engager leurs ambossadeara à
renouveler la ligqe d'Italie aux mteies conditions sous: les-
quelles elle avait été conclue à Venise en 1454> et confirmée
à Naples le 26 janvier suivant. Cette alliance de tous les états
d* Italie pour leur défense mutuelle fut publiée à £ome le
22 décembre 1470) et célébrée en chaque lieu par les fêtes du
peuple * .
1 47 1 .—Paul II avait aussi tourné ses vues versrAUemagne;
il approuva, le Hjanvier 1471, la paix qui venaitd* être ccmdue
entre Mathias Gorvinns et Tempereur Frédéric III, qui tous
deux excités par lui avaie; s^Drétendu à la couronne de Bohème,
et se l'étaient disputée pd^ ^ armes ^. Il envoya François,
cardinal de Sienne, qui fut uepuis Pie III, à la diète convo-
quée à Batîsbonne pour le 25 avril 1 47 1 '. Il le chargead'une
double mission : d'une part, le cardinal devait hâter les se-
cours nécessaires pour préserver l'Allemi^e d'invasions sem*
blables à celles qui venaient de dévas;ter la Gamiole et la Ga-
rinthie ; de l'autre, il devait empêcher les princes de l'Empire
de prendre quelque résolution favorable à George Podiébrad«
La mort de ce roi de Bohême rendit vaine cette partie de la
mission du légat ^.
La première séance de cette diète, dont on attendait de si
puissants secours, ne fuf tenue que le 24 juin. L'évêque de
Trente j parla le premier : ce fut lui qui exposa aux princes
les ravages commis par les Turcs sur les frontières d'Allema-
1 naynaldi Annal. Eecles. liTO, S «3* P* 217. -* * PauU U. UherRrevfum, Aimo fil.
V'U'—tUiynaltUAnnaL Eeeles. 1471, S i> P* 221. ^ > SpUgel der Ehren, B, V, c, XX,
p. 1S7. -> * Baynaldi AnnaL Ecclesp 1471, S 3. p. 221.
M} yoVEM AGI. 17
gue, dorairt les deox préoSdttntea stuiées *. Le cardioal de
SieBoe, qui avait vëcu en AUemftgne avec son oncle Pie II, et
qui aHmaiasait tou let intéreto de cette contrée, parla à Bon
tour BTflc besacoap de fmre, poar engager les Allemands k
dtfudre la patrie oommane*. Le lendebiam, PaolUoroàno,
nBfhflguMJwn' des VAiitient, B'adnssa à la nation germanique :
- Deppîa plua dedeaz oeata ans, dit*!!, les Vénitiens ont com-
■ menoé à &ire la guerre snx Tores : ils ont soQtena senis
• rt8iirlDntpeiKlBntle8liiiUdeiDiërMannéeB,,learBconetante8
- (Atsqo» en Thnee et en lUjrrie^ Ils se sont présentés seuls,
> eoBiine les dtfenaratB de la «brétienté, et cependant dans un
. da^cer oomstun & tous, ils se troarent abandonnés par le
■ reste des dirétiens. La poissance de Fennemî s'est aecme
- pendant le somawU de l'EBrc^. PUit à Diea que celle-d,
• eçse réreiUant, fAtencore àÀesftrte pour lui résîslor! Cet
. eniiami t'aTUioe égaLem^ pM^' \rie , par la Panoonie,
- et par le go^' ÂdriatlflAË^I* "^ ^ espérer de sûreté ni
■ Bor la tcarre ni Bor; la InV- -Qne les Allouands voient enfla
. queUeestl'espèoei^fl^iGrredontik sont BHuacés. Les TÎeiU
- larda sont maSbacré^^^^ei^aats étranglés ; toos ceox qui,
- rédoils eaeleliyftg^'jK^ventébremia&priXjSontentralnéa
« par lea barbares^poun être vendus dans le fond de l'Aàe;
- les temito sont bà£^ avec leurs prMres qa' on j enferme;
■ tous 1 re on des arts sont détroits
- par k nt, ajonta-t-il, il n'y a point
■ lien ( rru qae les Allemands ap-
•> ptvtei veclaquelleon doit défendre
■ sa vie s Vénitiens ont encore nne
• flotte iS semées snr toutes les oôtee
a-del'i t-dnq mille hommes servent
• aousl rdinand joindra vingt-trois
)8 HtSÏOnB DES ofiPDB^QtltB ITiXIElIBES
• galères aux soix&Dte qu'Us ont d^à; lerestede^taUepM'-
■ tern aiBéoaeQt lfiiirfloUe&ceat'niigtTAiieseaiix;ù lesjUle-
> loaadB les secondent par terne avec aatant de Tigoenrf
« bientôtilsserODt iHmt 4e danger, et le reste delà dirâtituitâ
■ doneiacni gtiraati <. *
Dans onea^resétnceoDlnt à.U diète des lettres idceB*
sées par les états de Cdnliole . Dam tout le pays ouvert, j était-
il dU, il ne resbùt ^lui auoub temple ni anooiie itmiea de
oUUratean. hbs Mdavret dss enfante et des fieiUaids.^iBeles
Taras aT«i«at égorgés, parce qu'ils ne trouvaient poûit A les
▼«idre* n'ayaient point enoore été enaerdis, «t coiïompaieDt
IW par leur paanteor ; at cepesdaiit çr^ de vingt uûUe cvptàîB
àvaiaat Aé entevéade wtte eeide province. Le» Turcs j aTaiant
fortifié quelques plaoes, oil ih mettaifsit «a sitrebé leur butin,
aprè8«T(Hr dévasté tout le vwtàn^. D'antre port, ou bU^nssi
des lettres reçues de Strigooifi et des magnats de BMigiie :
elles anooDQùaQtquerwméedes Tores, partage en deux^eorps,
menaçi^ tes finwtÀNts des ehrét^,; l'un avut pris la ponte
de la Carni«te« et entrait eu Allém^e. par les états de Fré-
déric ni i l'autre s'était arrêté Bf^ {a gave, et il paraissait
vouloir 7 établir un pout et vue foUere^, podr étendre d« là
ses ravives dass la Hoogiie. les Hougnùe «joataieat q«e d»-
pnis i»ntai)sib oosibatlflieDt oHitre 'les Turca, qve leur
nyanme ébût ^lisé d'bo y
TÛent des Kooun étranj h
lef^^teiaps les attaques d'i j
^'its oombUtaiait autani ir
«oi-BteiM ; «t que, qneq Si
au daagar, ils ne périnée è
renpereur et aux princes le
ttwmradtnt les ptemiera à déeoàtert ^ils succombaient ; el
qa'nprèa tout» e'était à celui qae le titre d^cmperenr mettait
à la tète de lu réptiblîqiie ehréttenne, à se ranger le premier
parnii les défbnseiM de la chrétienté *»
Hais ort «nperear était loin de répcMidre par son zèle à ce
qir*oftdennûidaiitdjelm. Pendant qa^on délibérait, la Gamiole
était déTastée; et il ne feôsait rien ponr la défendre, rien pour
U Teogop ^ $ 8 ^e songeait point à secourir ses alliés et ses
vrâitts» mtis'il demuidait seulement à la diète delui accorder
él% vriSiê honnies, dont lé quart fftt decavalerie, pour garder
ses pro|^«s firontières ' ; bientôt même il n'en voulut plus
qa$ ^putte mffle, jeffrayé sans doute de l'obligation que lui
fanpcflerait unearmée plus nombreuse, celle de s'engager dans
\mb guerre j^tis active, comme aussd peut-être de la néces*
site de k dtfrayer taudis qu'elle traverserait ses états. Après
de très hmgnes dâSiérations, la diète décida enfin, dans sa
iéaiice du 19 juillet, que Vempire entier contribuerait en pro«
porticm de ses revenus , en sorte que chaque millier de flo-
rins de capital fournirait et entretiendrait un cavalier. On
aniimiça aux légato et à Tambassadeur véniHen que cette levée
pourrait produire deux cent mille hommes équipé» et entre-
teniiB. Ils vendirent, avec défiance, à un calcul si exagéré,
^e quàtefr-^iigt Hnlie faxmimes, si on pouvait les obtenir, suf-
findent de veste ^. Mms il éti^ bien décile de mettre à exé-
eeftsou im décret «ossi vague, et de sdgn^ une pareille réparti-*
tion cbiBS diaqué état de l'empire ; toute ^activité de l'empe-
reur le phlsaililiâlieux et le plus accrédité j aurait à peine pu
sofflie. Trédéric flZ n'y songea senlement pas ; déjà il n'était
plus occupé que de sa rivalité avec l'électeur palatin '. La
< lo«t. Ant. Campani Bpistotar. L. tl, n« 13. -^ Jacùhi CaFdinaU PapienHs* epi9toL
SU, p, T16. — Raynat€U AnnoL Eccles» i47i, S n, p 238. — * DUtgoss. Histor» Polo^
nicm. L. Xlil, f». 4V6. — > Spiegel der Ehren. h. V, c. XX, p. TS9. — * Raywddi ÀnnaU
iicctes, 1471, S 13, p. 3:^3, — * Sf^gtlderBhnn. B. V, e. XX, p* T6i.
V
20 aiSTOlAlS DES AÉPUBLIQUES ITALIimKfS
diète fat transférée à TTnremberg ; aucane de ses ordèimaiioed
ne fat exécutée^ et rÀllemagne, la Hongrie et FltaHe forent
abandonnées sans défense à la farenr des Tares ^
Panl II avait chaîné le cardinal de Sienne de solUdter la
diète de Batisbonne, ponr qd'elle déclarât la guerre aox Bo--
hâniens anssi bien qa*aax Tares '. Il repoussa même, comme
nne calomnie, la snppositton qu'il eût jamais consenti à
quelgae accord avec Podiebrad, si ce monarque avait vécu '«
Les délibérations des Allemands, à Végard de la Bohème, ne
furent suivies d*aucun effet ; mais If atbias Gorvinus^ roi de
Hongrie, à qui le pape avait accordé: la couronne de Bohème,
poursuivait sesprojets de conquête dans ce royaume. LesBohé-
miens, plutôt que de se soumettre à lui, avaient offert la royauté
à Uladi^as, fils du roi de Pologne, qui vint se mettre à leur tête.
En même temps, Casimir, son père, appelé parles mécontents
de Hongrie, vint attaquer Gorvinus dans ses propres! étâ^ et
s'avança jusqu'à Nitria, où il soutint ensuite un siège ^; Aidsi
donc, loin queles Hongrois fussent assistés par le restede la ehié-
tienté, le pape les affaiblissait par une diversion puissante^ et
les Polonais par une invarion redoutable. La eainpagnecoQlre
les Turcs ne fut cependant point aussi désastreuse ponr laiAnsé-
tienté qu'on aurait pu le craindre. Les Musulmans avaient
achevé, sur les firontières de Sjnnie, au passage de la Save, les
fortifications d'une citadelle, qu'ils nommèrent dans leur laiH
gue Sabatz ou l'Admirable^. Mais Mahomet ne'eonduisit, celle
année, aucune expédition par lui-même, et celles de ses pachas
étaient beaucoup moins redoutables. H parut même avohr
quelqué^ pensée de faire la paix avec les Yénitiens. La veuve
1 Campama, Ub. Tl, Epist. 22. ~ Baynalài, S 13-14, p. 223. — > Lettre de Paul /i,
du 9 avriL Uber Brevium^ anno VU, p. 12s. RaynaldL S 26, p. 32S.— * Bref de Paul 11^
du 2S juin, ibid, $ 28, p. 226. — * Bonfinius, Berwn Ongariearum, Dect IV, L. Ui,
p. i90. — DlugoiH Bist» Polon. L. XIII, page 47i. ~ • BonfinUtt, Rer. Vngar, Dec IV,
L. II, p. S83. — Spiegel der Bhretté B. v. c XX, p. 763.
nu MOYEU AGE. . 21
II, fiUe de Geoijge Bulkoiifitz, denuer despote de
Servie, s*off|it jKmr en être médiatrice ; et deux ambassa-
deurs vâûtieiiB, Kîeolas Gocco et François Gapello, forent en-
voyés aapinës de Mahomet, Ce monarque avait été informé des
.armements de la ligue, et il voulait les ralentir par une né-
gociation : c'était dans œ but seul qu'il avait appelé les dé-
putés vénitiensà la Porte, et il les renvoya sans rien conclure * .
. ' Ce n'était pas au reste parmi les Européens et les chrétiens
.seuleipent que Paul U et les Yénitiens avaient été chercher
des auxiliaires contre les Turcs; une négociation beaucoup
plus extraordinaire était entamée entre eux et Hassan Bèg,
ou Ussua Gassan, qui avait conquis la Perse , en 1 468 , sur
les descendants de Timour, et qui y avait fondé la dynastie
du Mouton Idanc ^. Un frère Louis de Bologne, de Tordre
d^ 3aintrFrau^, se rendit par Gaffa auprès du conquérant
.de la Perse, pour l'exciter à faire valoir les droits de cet em-
.pire, qu'il renouvelait, sur la Golchide et Trébisonde, et pour
Im proopiettie en mime temps les secours des occidentaux
dans ^une guerre contre les Turcs. Ussun Gassan s'engagea en
effe^dlaosla cwfédération qu'on lui proposait; il écrivit à
'Pwl II une lettre emphatique et d'un style oriental , pour
.luiproniel;|re sa coopération. AiNrës avoir pris pour lui-même
les Utiles les i^s. pompeux, il en accorda aussi au pape de
txès ffli^ifiques.; l'annaliste de l'Église y a vu une confes-
.akm de la g|>aQdejttr des pontifes arrachée à un infidèle par
lafoi^ de la vérité ^. Le défi qu'Ussun Gassan envoya peu
de t^mps i^rès à Mahomet II était tout symbolique. L'am-
bassadeur persan versa devant le trône du sultan un sac de
mîUet, qu'il balaya ensuite : ainsi le balai d'Ussun devait
< M. ànU SabêUiço, Deçà III, U IX, f. 310, T. — Andr, «amgiero. T. XXjn, p. IISO.
^^€4^9141^. Cepio. L. 1, p. 342,^*> Vpyes d'Herbeiot, BibLoihéque orientale, au mot 9xun
Basson Beg» Vh upirée des orieotaux se confond avec le C. Le nom turc d'Uivii, de
nêrne que c^lui de Al Thayi, que lui donnant les Arabes, >reut dire le long, — > ta let-
tre est rapportée jUznaL Ëccles, i47iy S 48^ p^ 229.
22 HISTOIRE DES RÉPUBI/1QUE6 ITALIENNES
^mpàtUgt maémmt tôvte la ^littltilQès de V&tmiè ètUWjane.
Jfahflmet réptedît dans le même style; aprè» liToir f ait éteii'»
4re le millet de nouTeaii, il fit app^fter dés potAed l|ttl le
mai^èreiiti « Dis à ton iBattiie^ atibassaédttr, ajduta-^il, que
« coflune mes pontes ont mangé sén millet^ ^insi mes janls^
« saires mai^nmt ses beiigers de TairtaKé, d(Mttil« ^M faire
« des soldats ^ »
Le pape, qai arait provoqué les Pèrtttnl œiilre ks Totcs,
jM pnt pas T(rir la snite de ees knenaees mntllelleB$ 11 mon^
rat, comme noas l'aYoïtt vn an ^i^hapifre pMMdent^ ite % jitàU
kt 1471 ^. François delà Bo'vftre de SaTonne, qnè Phid n
amt tire de rordi^e 4e iSaint^Fi'an$o& AoUt il était «rfl»$iiEd,
et qn*il avait Aôt cardinal de Sàint-Pierite àd Mi^to» !ni ftrt
ilônnépoor enccessenr, le 9 août 1471, sons le ëMn de
Skte lY '. La RoTèare était alors d^ de dnqnanteHsept ans ;
il était sorti de la plus basse classe; mais, Aepcàs son «tatta-
'ti(Hi, il cbereha à cdif ondre son origine aTec ecfle de lË noMe
maison de la fioYèredeTnrin,qni poviâSt le même noua q^ne
loi. dette liaison ayant répondn à ses atttaees, ii féemapensa
sa ioondesoendance par deox ebapean de eardinanx^-. Ce
pape, qni saerifla ensnite «eandaleimemeni les fntânâtt 4e
rÉgysé à la grandenr de sa fafidHe, et qui) evmane le )re-
marqne MàediiaYel, « montra le preitrîer tMt ce que ^ùt ait
« ion sonTerain pontife , et comiiient beaneenp de ^boees
« qn' on appelait auparavant dès erreurs pon^^ièSeiA 4la^ ea-
« ehéessoos l'antolrité pontiflcde', » parut, dans ks p^Ëttlera
mois de son règne, tout occupé des intérêts "publics, et 4e la
«
1 Marin Sanuto, Vite de* ducM, p. iiOT. — > La mort subite de Paal II, qni paraît
afolr été eausée par des ttélons mangés en trop grande tttwnâanbe, fût prise par Mis
Bombrenz enmmiapour on Jogemeot dn eiel. Guemieri Bemio, l'Iiistorien d'Ago6bio«
^tenntee aa namtloB à l'aimée foiraiite, raconte, coniiae on fait constant, <iue ce
^fleltat étranglé par les diaUes. On troara, dit-H, son corps font noir, étendu p*r terre,
et II porte de aaebflmbrerennée en dedans. Cnmiea dPâgohbio. T. XXI, p. 10)1.^* Mo*
nn'ûk stefano tnfnwMu L. l|l,P.fl,p. iilS. -^'^âmtoXM EetleiUùM- UTi, S>i«-V^
p« 333. — s MaechUwelH, Utarte, T. Vil. p. M-
r
nu liOTEX AOBv iS
déiiBie d^ k €l»ëlieiiité. Il m amitim nAme 4iq^ à acH
eoadcv àla Bohême une pacjfi4alioE o« «ae tuftve, pont itf-
qBr?ard«pla0 gEandiiw fonet à opposer «m: Itew^» Mais
tenais qtffl s'cmtapilt d'apaiwr ces traoUt» Ao^^, pea
i^M fattat qp'me gîMifB orale allniBée daa lo didhiâ d«
£«■96 ne eqidinigBlt la £^p«faliqii6 4e Jmmk dhFker «m
loffoo, pour fiiire ffeipedter mb firoulièDas.
JtÊÊm d'£|te iliit «oort lo 30 imAI, nMnnod'iin moto aprt»
le pontife ^ ïawt fait doc de lonaro. Cet aimitfde pfi&oo
ne lainaii pôioi deufento} il omit pun tnilev areo une
igàie pvédUfctioa ma aoiMa etim fiiire. Le premior, lH->
cotai d'BsIe, était ib légilime 4^ liMnel, pnédéoenenr ei
fièrede BonOy et bAlard eeenBoloi; le eecoad, Henmle
d'ftte, «mtfih légitime dç Keohis lU, pèi« de Bano. Lo
dratt-de oooooisloiu mal étaUi doue la maiMni d'Brtow oomt-
Uaitafapp^erà la coaromie dwido qne oeliii entm ko piin«'
eosfpd était en état de gouverner. Pami Ie»en^ts de Ni-
coke m, ko deiÈK bAterdo ataie^it pâmé aérant les don llk
MgttkMs, nniqmment parqe que oeax-^oi, nés doKidiiHHk de
Salnéee, étaient encore en bas Age à kmort de kv père. Le
flb'doLkmuri, né d^m l^jittne nnriage arree une princesse
de Geneagno, ayùt peqr k mfime raisoB Ipit plaee à son
•ndeBorso. Mak à k mort de «dernier, Kookeet Herecde
élaiaittons deaxégakmenten4ge^goaviesner«.Leo droite
de Tnn et de Fautce paiaiBSijGâenit ^vz.. Ni rinstttntion dos-
dneliéfl de Modèae et de Bej^ par rempereor, si oefie dn
duché de Ferrare par k pape, n'aToienil déttdé ente eox, et
Borso Ini-mtaoïo ne e'était pas déekré daTantage. Lon^Eie sa
nudadls fit préinoir une prochaine ouTertore de k eqceesnmi,
ko denx prétendants cherdièEent à a*en^parer des iienjE fiwlB,
pour être en état de dicter la loi; en même temps ils s*assa-
* Dèploma opni Baynaldum, 1471, $ 77, p. 231,
24 HISTOIRE DES BEPUBIJUJl/ES ITALIENKES
ïèrent d'alliances étrangtees; jHerciile, le fteaskaCj se rendit
maître de Gastel-^NoYO sur le Pô, et y établit beauooop fiCtn-^
fàntmBj d'autre part, il demanda rassiiitanee d^ Yéniti»tts>
dans les armées descpids il- ayait sarvi. La Seigûenrie de Ye^
mse fltien effet approcher de Ferraretcois galères, deux faste»
«t soixante-dix barquesy tandis ip'elle assendda pcàsdeqniBie
mille hommes dans, le Polésine de -Rotigo. Nicolas, de son
côté, s'était fortifié dans le palais inême dn doé, oili sea'amis
Tinrent le joindre. En même temps il ai«ît sollicité le» secoms
de Lpnis de Gonzagne, son. bean-^frère, et de Gidéià Sforza ,
doc de Milan. Le dernier arat rassesÀIé qmam JoMe
hommes dans le Parmesan, ponr favoriser le fils de Lionaâ ;
mais la mort dePanUl dérangea les projets de Chdéaz. Il ne
yonlnt pas s'exposer à entrer en guerre avant de eonnalire
quelle lierait la politique dn nonvean pontife. Kioolas, consterné
de cette immobilité et de l'approche des Yémtîens, se rendit à
Mantone auprès de son beau-frère , pour réveiller le tHe de
ses alliés. Pendant ce temps Borso mourut; Hercule ^Ira
dans la capitale avec une suite de phis de deuX' mille liwimea
mmés; il fut proclamé duc de Ferrare et de Modène ; plusienra
des partisans de Nicolas, forent tués jdans les rues , etceluiM»
Ijfêfut plus, aux yeux du vainqueur, qu'un exiléet un rebelle*.
Le 24novembre suivant^ plus ée qostre-vingtagenMlshommes
on boargeois de Ferrare ^ qui s'étaient attadiés à Nicolas, et^
qui l'avaient suivi dans son exil, furent condamnés à mort
par contumace. Plusieurs d'entre eux, étant toxobés ensuite
entre les mains d'Hercule, furent pendus ^.
Cependant, la succession de Ferrare ne .causa qu'une in»
quiétude passagère, tandis qu'elle assura à la répidriLique nn
voisin qui lui était absolument dévoué, 1 472. ~ D'autre part.
* Dforfo Ferrarese, T. XXIV. Her, f r. p. 230. ~ Cio. Bait. Pigna, Storla de' Princfpl
étUte, L. VIII, p. 783. — Cronicadl Bohgfo. T. XYIII, p. 788-789. — * Diorto F«mz-
^M. T. XXtV, 336-238.
mr KOTEN AG£» 25
tmnottiFeao doge, Rkolàs Trono/fdt donné pour sacoesseor
à GhiMoi^e Moro, qoi était mort le 9 novembre * . Tranquille
sor son intérieur , Yeniae 8*^orça de tirer parti des diffé-
rentes négodations qni rayaient occupée tois l'année précé-
d^Eite, et d'attaqoer Mahomet II avec des forces redoutables ,
de tous les eài/b à la fois. Catherine Zeno àTait été envoyé
dans r hiver à Ussnn Gassan , pour lui annoncer Tarmement
des Vénitiens, et demander sa coopération ^. Le roi de Peànse
était en même temps excité par sa femme qni était chrétienne
et fiUe du dernier empereur de Ttébisonde. Il entra en Géor-
gie ATCc trente mille dievaux ; il massacra un grand nombre
de Tores et enleva un btxtm considérable ; mais, à la réserve
de Tocat, dont il s'empara, dans la province de Siwas, en Ar-
mâiie, il n'assiégea aucune forteresse, et il retourna dans son
pays sans avdr fait aucune conquête ' .
D*ai]rtre part, Piàrre Hocenigo, assuré que le grand Sei-
gneur dégarnirait l'Archipel, pour s'o][)poâer à l'inyasion des
Persans et défendre ses provinces d'Asie, partît dé Modon où
il avait passé l'hiver. U embarqua beaucoup de Stradiôtes ou
1 MofinSanuto, p. 1195. ~ Andréa Navagiero, p. il 30. — * Caiherino Zeno avait une
sorle de paroolA aTOc Usnin Cassan, <ni du moins arec sa femme Despina, fille de David
Comnéne, empereur de Trébisonde. Despina. avait une sœur mariée à Nicolas Crespo,
doc de la mer i£gée. Les cinq filles de celles-ci avaient toutes épouse des nobles vénitiens :
l'àlnée, fetame d'on.Gomaro, tai mère de Catherine, reine de Chypre; U troisième, Vio«
lantc, fut femme de Catheriao Zeno. Ussnn Cassan , qui avait près de soixante-dix an •
avait vécu dans une rare union avec sa femme, toujours demeurée chrétienne, et il té-
moigna A Calberiuo Zeno toute raffeetion d'un oncle et d'un ami. Pétri Bizarri Bistor.
Berum Persicarum. L. X, p. 261. Ce même Catherino Zeno fût ensuite renvoyé parCssua
Gassan au roi de Pologne, puis A tous les princes chrétiens, pour les réunir contre Ma-
homet U. U Tiatta la ^our de Casimir, roi de Pologne, en 1474. Dagloss. Hist» Poionicœ.
L. XIII, p. S09. Ces négociations sont l'objet d'un traité de CalUmachns Ezperiens, De
Mt quœa Venetii tentata strnt, pro Persis ac Tartaris contraTweos movendis ; traité
imprimé A Francfort, i60i fin^foL, necVaUtotredePersede Bitarro. GalUmadras Ex-
periens, attaché comme historien au roi de Pologne, eut lui-même une grande part à ces
négociations. Il fait connaître aussi le chemin suivi par Catherine Zeno, p. 408. — *iAn'
dreaUaVûffiero.T. XXIH, p. iiZi.—Duglofs, HisL Pohnieœ. L. XXllI, p. 481. D'après
Cantemif^ ce ne- fot pas Usstm Gassan, mais son général Tusuflche Beg, qui prit Tocat,
•t fut ensuite battu. Dem, Caniemir, L. m, e. 1, S 35.
26 HISTOIRE DES JUÊPITBtIQfTES ITALIEN li ES
de iKriMflte grecs & Napoli de Romanie, et vint ratagér Hfty-
lètie et Dâos ^ . Les Stradiotes commençaient alors à faite nne
partie essentidlé des années Ténitiennes ; tingt ans de malheur
et d'oppression arasent forcé les fireos à reprendre des habi-
tudes milttakes. Ils avaient appris à former nne cavalerie lé-
gère, armée de ibondiers^ ôa lances et d'épées ; an tien de
enirasses, ils ganûssaient lenrs vêtements d'nne grande qnan-
lité de eof<Mi , ponr amortir les eonps ; lenrs rapides cheVanx
pouvaient fournir les plus longues courses; la vigueur dé ces
cbevan3i fit bientôt reoomudtre le mérite de la nouvelle milice.
IjOS hommes, à knr tour, trouvèrent moyen de se distinguer.
Cenx de la Morée , cft surtout du vcnMnage delfapoli, furent
les plus esiûnés » et le mot grec qui signifie soldat doneura le
nom pr^pra de cette oivalacie légère'.
Mocénigo résolut cette aamée de porter ses armes rera
TAflie, habitée prtesqœ miquement par des musulmans, pîu-
tât que vero les îles <et le tx)nti|ient de Bomanie, où tas dire-
tieQfi fojcmaient toute la population. La guerre maritime,
Iwaqa'eHe se fait entrn àoBOi flottes, est la plus âohle de
toutes, parce qu'elle ne compromet la vie et la richesse que
de ceux qui de part et d'autre se sont destinés au combat ;
mais les ravages d'une flotte sur les e6tes sont, au contraire,
presque toujours souillés par une honteuse pirs^terie ; ce n'est
pas au souverain^ mais au peujde; ce n'est pas au Soldat, mais
au bourgeois, qu'on cherche alors à nuire. Le but des eiçé'
ditions maritimes est la destruction, non la conquête; les
marins préfèrent la surprise au combat, ils attaquent ceux
qui sont hors de lenrs gardes , et s^enfoient à rapproche des
ennemis ; ils s'accoutument ainsi à un mâlange odieux de
crainte et de cruauté. Par quelques épouvantables dévasta-
tions que les Turcs eussent mérité des représailles , on nç
» ' »
1 Naua^ero. p. tiS2.^ QaHol Cepia» h. l».p. 313. — * St^«u»t«$» jr. M^ SiOeh
Uco. Deçà lli, L. IX, L 3ii.
DC MOTSH A«B. 27
peut &'iat4£fiS9Gr4 f iiwfAi dicéti^ii 911 prMiet nii dueal; de
t^mffGB^ po«r chaque tM» de «msalfliBii qu'en hû apporte,
.gmtîflcatipii qui fit massacre pluMim oenttwiea de Groea,
pov Yjeoi^ eaanite leur» tètes cesyne enlevé» «nx nuual*
mans^Oa m peut s'intéresser à la flotte de Mecéaigo, lors^
qa*d]e lait nn dâ>anin6a(imt prts de Perganle, fimir enlofer
da batin snr les mdheareu paysans, et des trouées de tèles
plus l^onteax eneore ; lovsqa'eUe porte ensuite ka mèoies n*
Yages dans la Carie, aatonr de Gnide, pus-sur la o61e oppû<-
aéeàrUedeGoa*» Aans ces eipédUliws de pîratefie, la aede
eboeef ni intârasae encore, ce sottt ces^noms antrefoisiasienYï
^n'on ne pronence jamais aans rëvemer lesonyânir 4a triem-
phe des aits, de la poésie, der^éganeeet dnigoùt; mois lors«-
ftte<ses noms ne reparaissent daas riiîslûiffe «que pour nens
aiq^rendre coiniMnt ces yiUes «iitî^aea fnrait «ntei^ésa par
des l)arbares à d*^autres basbaras -; knqpe anrtont e'cat le
fienide le plos civilisé cpd s'efforce de les défemina, A le peuple
le plus faronefae jqpi dé&nd encore œa antiques mannmeKlB
die la dvilisiiilÎAn n une profoivde tristeise a'attadie nx&stea
de cette horrible guerre.
. Pierre Hocéttigo avait àf^h étenèlu ses ravages sur ;une
^grande partie ^de l'Asie Minenoe, et il avait .enlevé un grand
npmbce de Ujbeê mosuluMMS, lorsque^ le i& jom 147%,
Seqoesens vint le.jaindre près du cap Mallia, avec disniq^
galères napolitaines» Peu après, le eurdinal Olivier Gafaifo
foi «m^ aussi, dix-neuf galèires du pi^. L'un *et l'autre
général déclara que , nonobstant le rang supérieur de son
-pouveraîn , il avait oindre -d' obéir an .généralissime vénitien,
^t de témoigner ainsi la reccmnaissanee des chrétiens ponr la
république qui soutenait seule la cause commune '.
«. jr. 4^ SàbHUtea. aecaiB, l. k, r* sii.^^ CeHokona Cepto/DeSd». veneiu. h. T,
,p. M8. ^ s y. À» aabéinea* Dmé DI, L. K, f. ait. -*> nayneldi âmuiL Eeeks. 1473,
Voiaierrani DUxrWm Romonum. T. XXiii. neKttaL^. 90»^€9rtoitamiee^. L. I,p. 346.
28 HISTOIRE DES BÉPOBtIQUBS ITALIENNES
Les divers hit^riens de cette gaerre ne s*acoorâeiit pas
SUT la force de la flotte chrétieime ; mais le calcul lé phis
modéré la porte à quatre-vipgt^aq galères. Les Tares , ce*
peadant, ae s<»tireDt point des Dardanelles à sa reneo&lre,
en swte qn'nn. armement si considérable, et qui coûtait an
pape seul, i^iui de œnt mille florins , n'eut d'antre râmltat qne
de ravager cpclqaes Tilles de l'Asie flfineore. La première que
les Latins attaqoteent fut Attalée, on SataUe, ville riche de k
Pamphilie, vis-À-vis de Tlle de Chypre, qnî servait de mar-
ché anx l^;yptiens et aax Syriens. Soranso franchit avec dix
galères la chaîne qnitomait le port, et s'en rendit maître.
Xes toonpes de débarquement, ccMklaites par Maliftaro, s'em^
payèrent de la première enceinte de mors qui ^ntoorait les
teiboargs. Ces fanbonrgs furent piHés, aussi bien que leport^
et une grande quantité de poivre, de cannelle , de gérofle et
d' enclos fut transpodée isur les galères. Mais les murs inté-
ri^ors de la ville fnreat défendus avec vigueur ; on. ne pouvait
les attaquer sans^ artillerie, et la flotte chrétienne n'en portait
point. Ifoeénigo fit ravager la Pamphilie aussi loin que ses
troupes purent s'étendre; puis il fit mettre le f ai aux fan-
bomigsjde Satidie, et il ramena sa flotte à Bhodes*. Il y trou-
va l'ambassadeur que Ussun Gassan envoyait au pape et aux
Yéuitiens^. Ce Persan rendit^compte aux généraux chrétiens
des euccès de son mettre ; il avait pris aux Ottomans Tocat,
ville du Pont, sur les frontières de T Arménie, et il envoyait
demander aux Européens de l' artillerie, sans laquelle le Soj^
ne pou vmt assiéger d' autres vilks ' •
, La flotte vénitienne, ayant renus à la voile, vint ravager
Tantique lonie, vis-à-vis des rivages de Chios. On n'y trouva
t M; Ant Sabemeo, De» iil, U IX« f. 812, v». -<> Oorfolomu O^pio. L. I, fi. S41; —
« P. Cammaeld^ Bi»u de Venetis eontfa Tmeos. p. 409. — s Jr. J. SabeltUo. Deçà ni,
L. IX, U 21S. — aaoogieroy Storla vmesiana. p. U32. — > ÀxmaL Turdci UundavU.
T. XVI, p. 259. CariaA Cepio, L. h P- 348* .
00 UOm AGB* M
point f ennemis à combattre ; mais les chrétiens arradièreat
les tigaes, et brûlèrent les oliyiers de ces riantes campagnes ;
et le légat paya cent trente-^^pt ducats, pour autant de tètes
qu*on lui apporta sur sa galère. Tons les malbenreux qu'on
enle? a de leurs chaumières, ou qu'on trouva cachés dans ks
bois, furent yendus comme esclaves * . Après cette expédition^
Bequesens quitta, devant Naios, la flotte vénitienne, et ra^
mena les galères de Ferdinand à Naples, pour y passer rhiver«
Hais tfocénigo et le légat voulurent profiter de ce qui restait
encore de la belle saison, pour étendre plus loin leurs ravages,
tis prirent des informations sur l'état de Smjrne. Cette ville,
la {dus riche et la plus commerçante de l'Ionie, est située au
fond d'un golfe, et ellen'avaitpoint vu d'ennemis depuis long-r
temps ; aussi les Turcs n'avaient pas en soin de relever ses mu-
railles, ou de les faire garder. Le 13 septembre 1472, Mooé*
nigo parut à l'aube du jour devant Smyme; ses troupes, dé*
barquéesavec célérité, plantèrent leurs échelles contre les
murailles, et les attaquèrent aussitôt. Les bourgeois effrayés
se présentèrent bien sur leurs raines pour les défendre^ maii
ils étaient si peu accoutumés aux armes, et tant d'anciennes
brèches étaient demeurées ouvertes, qu'ils ne retardèrent qn0
de peu de moments l'entrée des soldats ou des marins. Lesba*"
bitants, voyant la ville prise, s'enfuirent avec des cris lamen*
tables ; les femmes, avec leurs enfants dans les bras, se fét^r
gièrent dans les temples et les mosquées ^ quelques hommes
défendaient encore les toits et les terrasses de leurs mais^s ,
un grand nombre furent taillés en pièces, d'autres enlevés
comme esclaves ; les femmes surtout furent poursuivies , elles
furent arrachées de leurs temples, d^onorées, et ensuite ven-
dues. Les vainqueurs ne voulurent point distinguer les églises
chrétiennes des mosquées , ils feignirent de croire tous les ha-
1 M. ânt. Sabellico, Deea lit, L. IX, f. 2i4.
30 HISTOIKE DES fâWBUtQfJtS ITALUSHITES
bttantft mosulmans, pour les traiter tons avec la même ri-*
gaemr ; et cependant même aujourd'hui près de la moitié des
habitants professe encore le christianisme, après être restés
si longtemps sous le joug des Turcs. Balahan, pacha de lapro-
-«tace, averti du débarquemait des Vénitiens, accourut pour
les repousser arec ce qu*il put rassembler de troupes; 11
fut lui-même mis en déroute. Les vainqueurs, à leur rentrée
dans la ville, y mirent le feu, et en peu d'heures Tantiquepa-»
trie d'Homère fut réduite en cendres. On ne porta sur les vais^
seaux que deux cent quinze têtes ; les soldats avaient trouvé,
dans cette ville opulente, à se charge d'un butin plus profi-*
table ; il fut vendu à l'enchère, et partagé entre les soldats et
les matelots ^
En revenant du sac de cette ville, les Vénitiens débarqué-»
rent encore à Glazomène, sur l'isthme de la péninsule qui
ferme le golfe de Smyme ; mais les habitants effrayés s^étaient
réfugiés dans les montagnes, et l'on ne trouva guère à enlever
que des chameaux et du bétail. Les galères, profitant alors
d'un vent favorable, firent voile vers Modon ; l'amiral véni-*
lien passa l'hiver dans la Morée, et le légat du pape, Olivier
Garafià, revint en Italie. Il fit son entrée à Rome le 23 jan-*
vier de Tannée suivante. On conduisait dans la ville douze
diameaux montés par vingtrcinq Turcis, qu'il avdt réservés
en vie pour orner son triomphe : il fit aussi suspendre devant
les portes du Vatican dés fragments de la diatne qui fermait
le port d'Àttalée ^.
Les ravages des Vénitiens dans l'Asie Mineure étaient ven-*
gés par les ravages des Turcs dans les possessions vénitiennes;
i J«i 46toilB ^QB 4oiiae8«b#ilieo iur 09116 flsapagiw ^»pm ni , U iX, p. Si4^
tirés d^iae relation élégamment écrite en latin , «t divisée en trois Urres» par Cortolao
Cepio, Halmate qui commandait nne des galères de Mocénigo et qui ne quitta point l'ex-
pédition. EUea été imprimée 1556, A Bâle, in- fol, à la suite de Laonicus Chalcocondytes,
p. 341-968.— AotfRoltfi JRna/. Eccles. 1472, S 43 jp. 244. — ^SUfono Infessura, Diario
Romofio.p. 1143.
nu MOttU AGt. 31
et dans oet échange 4e fAreolé et dé brigandage, il est dM-*
cile de reconnaître qad était le peuple le plus barbare, quel
étsôt celai que les preoitos outrages avaient provoqué à user
de représailles. lies villes de l'Albanie, qui étaient demeurées
aux Yénitiens dans l'héritage du grand Scanderbeg, voyaient
le^u: territoire dévasté régulièrement deux fois par année, anx
approches de la moisson et de la vendange, jusqu'aux murs
de Scutan, d'Alesâo et de Groia ; mais ces courses rapides de
cavalerie n'étaient suivies d'aucune attaque régulière * .
L'aj^arition du pacha de Bosnie dans l'état vénitien causa
bien plus de terreur. Après avoir traversé rapidement la Car*
niole ou l'Istrie, il entra , an milieu de l'automne, dans le
jfrinli. La cavalerie turque parvint au commencement de la
nuit sur les bords de l'Isonio, et aussitôt elle entreprit de le
passer à gué« La cavalerie vénitienne, oant<mnée sur aes bords,
se rassembla en hâte, et repoussa vivement an«^là du fleuve
les pruniers musulmans qui l'avaient traversé ; mais quoique
restée maîtresse de son bord, die céda à aoii tour à une ter*»*
jnenr panique, et se retira avant la fin du jour dans l'tle de
Cervia, formée par deux bras de rivière, devant Aquilée. Les
Turcs passèrent l'Isonxo an lever du floMl, sans rencontrer
aucune résistance, et ils se répandirent dans les ridiescampa*^
gnes du Friuli. 1473. — ^L'incendie de toutes les maisbos et de
toutes les granges qu'ik trouvaient sur leur chemin, avotit
de loin U reste des habitants de se sauver dans les lieux forts.
Les portes d'Udine, capitale de la province, étaient encom«-
Jbrées par les familles des pajraans fogitife, leurs diars et lenr
bétaiL Les églises âaient remplies de femaies suppliantes, les
murs garnis de citoyens mal annës ; et n les Turcs atvaieiit
pQuasé 0IIS leîa leur cavalerie, la vilk aurait pu être |ifise
dans sa première terreur. Mds ils s'arrêtèrent à trois milles de
1 M. AnL Sabeltico, Deçà III, L. IX, f. 2i3.
\
33 ttlSTOniE D2S BEPCUIQUIS ITALIENNES
difitaiifie) et s'ea retOQrnèreBt ebn^jés de batiB, ebassaat âé«
Vant enx des troupeaux d'esclaves.
Tandis qoe Pierre Mocéaigo, retteé pendant l'hiTer à Na-^
poli de Bomanie, s'occopait de mettre sa flotte en état de
oommencer vigonreusement la campagne prochaine, on
jeune Sicilien, nommé Antonio, que les Turcs avaient fait
prisonnier dans Tlle d'Enbée, et conduit à Gonstantinoplej
s'échappa de cette ville, et vint se présenter à l'amiral véni-^
tien. Il lui demanda un bateau et quelques compagnons ré-
solus, s' engageant, avec leur aide, à mettre le feu à la flotte
turque, an milieu de laquelle il avait passé à Gallipoli. Il dé*
clara av<nr vu dans cette rade cent galères qui, n*étaint point
gardéâi pédant la nuit^ seraient aisément détruites par un
seul incendie* Mooénigo comMa de louanges le jeune homme^
et lui promit les plus magnifiques récompenses. Il lui fit
donner une barque chargée de fruits, avec quelques mate^
lots les plus résolus de sa flotte. Antonio s'annonça aux Turcs
comme un marchand de fruits, et remonta sans difficulté les
Dardanelles : quand il fut parvenu à Gallipoli, il commença
à vendre ses fruits aux soldats; et comme il ne leur causait
aucune défiance, on lui laissa passer la nuit auprès delà
flotte. Il en profita pour mettre le feu aux vaisseaux les plus
près de lui; mais de prompts secours l'empêchèrent deV)onti^
nuer et , le forcèrent de s'enfuir lui-même sur sa barque, à
laquelle fincendie s'était aussi communiqué. Le feu l'obligea
d'en sortir, pour se « cacher avec ses compagnons dans le
premier bois qu'il, trouva le Icmg du détroit. Il laissa sa bara-
que à moitié consumée au Iteu oè il était (descendu, et eUe
fit découvrir sa retraitei en sorte qu'il fut arrêté avec ses
eompagnons. Le sultan voulut le voir, et il Im demanda s'A
1 M, AntSabeUico. Dec« iTl, L. IX, f. 314. Cet hiilorlen était lul-mSme enfermé dane
Udine au moment de Tapparition dea Tores. — Guemieri BemiOt Stor. à^Agobbio.
p. 1032.
Dt MOYEU AGE. 33
avait reçu quelque injure qui 'pût le porter ît^e y^geanoe
aussi toTcéiïëe. «' Aucune, répondit âèrement Antonio, .mais
k je t'ai reconnu 'pour l'ennemi cpmipun des chrétiens ^ mou
« exploit est és&ez glorieux, et il le serait davantage si j'avais
« pu brûler ta tèté comme j'ai brùl^ tes vaisseaux. » Le Turc,
pea touche du courage de son ennemi, le ût scier par. le mî-
fiea du corpi» avec ses compagnons. Le sénat de Venise ne
voulut pas que tant de résolution demeurât sans récompense.
Ne pouvant plus rien faire pour lui, il donna, ,une dot à sa
sœur et une pension annuelle à son frète * . . ; . . , ■
Cependant Pierre Mocénigo reçut de Ye^nis^e l'ordre de m/et-
tre en mer, et de suivre dans la proQbçdnç^ çam|)^if€{ Iqs in-
dications que lui donnerait UssunCif^fWi. .t'^ml).assad|eur ^f^
celui-ci avait resserré son alliance avec les Vénitiens ; Josa-
phat Barbaro, homme , avancé en . ^e, qui, parlait. bien, la
langue pecaane, avait été chargé de' le reconduire; à $oa maî-
tre, et d'offrir au sophi, au nom du. sénat de Veoisey de ri-^
diBS prâenis de vases d'or et d'étoffes de Vérone. Il menait^
avec lui trois galères chargées d'iine grande; qiia^tjité d'avtîW
lerie, et eent artificiers commandés par Thomasd^Imola, qfûé
h république mettait au si^ryiçe ,4q- i^Quyeraiiji. da ia Perse» >
C'était par les côtes de la CiUeie^ de la ' Syrie du'ils i&6im^\
talent se rendre auprès de lui : ils dievaiçnt j trwvear deu«^
frères, princes de Caramanie, déjà dépouillés eu partie pat
Mahomet, mais qui défendaient encore contre lui lé reste 0e
leorsétate^
mOdi AmtwL Eccles, 1473, S 2> p. 248. — * M. Ànt. SabelUco, Deçà iifl, t^ a', f. 3i5, ?<>•
~ GoHoL Cepio. L. m, p. 361.
lies premiéce» eomBunuoicaiioas diploiMUqiieB des VénlUetts àHreé lâi'Telrse sont un"
événement remargnablo dans l'histoire déi Toyages, et par conséquent dans celle de
Tesprit humain; elles ouvrirent aox observations des Occidentaux des régions inconnues;
elles mironi en rapport des peuples toujours séparés ; eHes jetèrent dé premières lueurs
sur la géographie jusqu'alors si conftise, et elles commencèrent en quèlqtte sorte la pé-
riode dans laquelle nous virons anjonrd'hui , cette période dont le caractère le plus'
frappant est le rapport établi entre tous les peuples de la terre>.
TU, 3
34 HISTOIRE DES REPUBLIQUE^ ITALIElilTES
Pour oaTriry par cette route, la communicatioQ ayec V^ii
Cassan, Pierre Mocénigo se dirigea d'abord vers FUe 4ô Chy-
pre. II avait alors quarante-cinq galères Yénitienn.e{^ ; ^eux
galères èes chevaliers de Bhodes, et quatre du roi de Chypre
vinrent se joindre à lui. Avec cette flotte il fit voile vers Séleu7
(Âè, qu'un des princes de Caramanie assiégeait. Pyrametb, le
plus âgé de ces deux frères, était dans le camp d'Ussun Cas-
sàù,' le plus jeune, Cassan Beth, donna rendez-vous aux
Ténitiens à un mille de distance de Séleucie, auprès d'un
temple ruiné. Il expliqua à Victor Soranzo, qui fut epyoyé
vers lui, que la Caramanie, dévouée à sa famille, était cepen-
dant retenue par Mahomet II dans la crainte et la dépen-
dance, à l'aide de trois forteresses situées le long de la mçir,
vis-à-vis des rivages de Chypre, savoûr : Sichesio, Séleucie et
Les aventures de ces premiers voyageurs en Orient ont été consignées dans des rela-
tkMis originales qui nous ont été consenrées. Elles sont tradaites en latin et imprimées à
la suite de VBisloria Rerum Persicarum de^F. Bizarro. La première est celle de Josaphat
Barbaro, qu'on peut rcigarder comme un modèle de talent, d'observation, de justesse
d'esprit et diatérét (p. 458 et suivantes). Barbaro, après la prise de Séteude par ttoce-
iiigo, reconnut l'impossibilité de pénétrer en Perse avec tout son cortège. Il laissa en
Oréle les présents dont la république l'avait chargé pour Ussun Cassan ; il prit congé à
Séleucie de ses eompatriotes ; et, malgré son âge avancé, il s'aventura avec l'ambassà-
deur'de Perse, et une suite très peu nombreuse, au travers de ces pays barbares. De
TaMe/'il su^it la route de la Petite-Arménie, et ensuite du pays des Curdes. Son petit'
oortége fût attaqué ehei ce peuple de brigands ; l'ambassadeur persan, son compagnon
de voyage, fut tué ; son secrétaire et deux hommes de sa suite le Turent ^ussi. Rarbaro
l'ut grièvement blessé et dépouillé dé tout ; son courage ne se démentit point cependant;
il continua son Toyage, et il trouva enfin Ussun Cassan A Tauris. Ce monarque îe teiiùi
avec magnificence, et ne cessa dès lors de lui montrer les plus grands égards pendant
oitaq atis qu'il le retint près de lui A la mort d'Ussun, en 1488, Josaphat Barbaro revint
à Venise par Alepet la route des Caravanes, qui traversait des états soumis aux Mame-
lucks et au Soudan d'Egypte.
Pendant ce même temps, la république avait envoyé au^si deux autres ambassadeurs
au so'phi, par d'eux chemins différents: l'un, Leopardo Bettoni, se rendit auprès de lui
par Trébisonde, mais il n'a rien ^rit ; l'autre, Ambroise Contarini, prit sa route par le
oord de l'Europe, pour éviter plus sûrement tes embûches dçs Turcs, et nous avons sa
relation. Contarini partit de Venise le 33 février 1473 ; il se rendit d'abord A Francfort
sur l'Oder, où il arriva le 39 mars; il traversa ensuite la Pologne par rosna , Lublin et
mbvie ; il était le i» mai dans cette dernière viUe, et le 16 à Gaffa, d'où il s'embarqua pour
la Colchide et les bords du Phaze. Ce fut dans la Géorgie et la fliengrélic qu'il eut le plus
A souffrir de la tyrannie des princes et du méchant caractère des peuples; enfin, il
Oorfco {Sikin, Sdflfti, Coffco), ta ta Sintt fenaieBt guni-
«on, ^t doat tel CwwuMii ae poavaknftfle jmAre maîtres
Hm artittemi HMénigo aniir^BPt WÊttnmêimat «es lefte»
ijsisesi «t il les fendit à Cqenn Beth^ ^^Miès «wir f ooeé les
gurmens tmfMi à Mptoler. Cette ftmièie mpénUon aen*
Uaîl; 4etmranirrif tase eoauauuncatlett iaeile Moe Ussim Ckh
saa'*
P^Mbiit oe temps, ee mmaeqne s'étmt at aooé par rinné-
me JQSfa'aa ym»m(^ de TirAisoode et 4ii ngramM 4a Peat,
aTecttOB armée que, malgré ta «alento «xtaitapvts dm La«
tiiBS, oonsdewiis évalwsr eati« qnaimite mOle«t» tsntaii pl«a«
smiute^du miBe Immmes. Mahomet II miadmit è sa rea*-
oBQtr^ aprec dix miUe ^issaires, dii mUe gardes de lacoor,
yimgjtmUeimtmiim fttreate mitt».aiiiîlîaiiim*Aiee«esjiDmBSy
Matwmet s'emfwa de CmmàÀMmti «udviitijnr, soi* }e flewfe
Iifqiie^.GliaKliacatli, hagMerbey deitomaniajcmmatmdaitaeg
entr» Vi 25 liiUlet, par VJ^atàf^ ûam \m éun «tUmno C«p4m nitii il •• ml «tlBindre
ce souverain qu'à Ispahan, «u mois de noTembre dç la même année. Il passa l'hiver au-
près de lui; il prit de justes renseignements sur la puissanoe du souverain de la Perse,
qiiç .(906 les écrivains lalina M plaisMam à 9»atte«r ; il rpQQBPUt «16 m pan» p^ 9011-
yait pas tirer à beaucoupprès le parti qu'elle en attendait, et que dans la bataille de Cara^
Issar, Ûssun Cassan commandait tout au plus i quarante mille bommes, presque tous de
caTaj^. Après avoir raeue|lli (oas '^formiitions,, qqi pouvaient ftv«ir uiM» iraiMle ii»-
fluence sur la république de Venise, il se mit en chemin au commencement de juin 1474
pour rentrer en Europe. U revint par la même route, avec des dangers et une fatigue
i^Oiiis^usqu'ap^ bords du Pl|aze. Mai^tii, il «ppHtfwoç uo§ davivnr profoui» !|im>1q0
Turcs, soupçonnant les relations des Occidentaux avec les Ferais, veillaient sur tous les
tàààiSaâ, ec'IUf avalent fermé 'la route qu'il comptait suivre, en s'emparant de CafTa.
CpnUni^ nfi tjt pti» alori gueila VoMxwfo p«r.lii<|ii4llp \\ ,p4t mtrer WSH^pe* A<»^
bfoinisant chemin 4u travers (le la Médie,il parvint jusqu'à Derbent sur,la mer Caspienne;
il y pana 'Fhiver au raUteu de pauvres pèèfaeurs ; Il en repartit le 6 avril i4^5 poor A.'s-
ii^i^afk, viffe aUM» dépendai^te desTartar««; il ii9kvar9J|lejpit.#^ris^;^pE(#1aM4ki^
côvîe, luttant sans cesse avec la misère et la faim; le 26 septembre enÛn, il fit son
entrée à Moscou, où le grand-duc lui avança de l'açi^ent sur le créait de la république
dë'Vedise. Mais'coniarini ne put p<is repartir de cette capitale avant le ^1 Janvier i47g.
Passant par Smolensko elTfokj, ou il retrouva le roi Casimir^ ,par wàrçovie, Francfort-
sur-rodêr et Nuremberg, il arriva enfin à Venise le iQ avril 1^76, après u;i,de8 vojaj^
les plus hasardeux i^ui eussent jamais été entrepris*— ^ kl, Ml» SattelUco, Skofià ili, 1^. l)^»
r. 216, yo. — CaUbmachns Bxpèrictts ik ^^nmin Qdmu.Twrcofif p. 409.^Corio/» CepiOt
U tl, ^, 352. ^i jnmUs Sullanorwn Omanidarumj ab ipuis Twrcis memorue pro^^Hé
36 HISTOIBE DEff BaÉKTMJlQtXS' ITALIEISNES
avau^gaide ? Il «e Iîi6iitft Mmi^ii^es Pekàns a^ant deVj;^
are arttendti: fies'trôupeft^' attâ^^ avec knpétùositë, fùrétU
c^fttKedy let l^til^io fat lttil>iâjliis<^ |»feibier cfao($?^Mâ(iii
eolmne tesiPc»8ttii8 pootB^ ts^ reûoôiiti^
renlHle dyrps de'ba«dllei qfte -^fiiÉiiitidiât Iffi^ artec ëes
trois flli, BajaMl; Mnstttpha et 6em. Le sultan profita du dés-'
ordre des vainqueurs pour les attaquer. Ussun Gassan se dé^
feodit aTfc vigueur; la mêlée fut longue et^sruelle; Cependant
Dautli-i^adia, lie^érbèy de Natolie, qui commandait une
dé» attés , aTttttf ^Mt avamer son artilterie , jeta le désordre
psotni les-PârÉiniB, peu accoutumés aux armes à feu. Un des
fited'UiBsun Gassan fat tué, et«a tète fut présentée à Mahomet.
UaBoa prit la fcôljB, et se relira avec une partie de son armée
dans Ibs montagnes de rAnnénie. Son camp fut pillé; ks
eqptift qo'il-avait eidevés fnrait délivrés , et Mahomet*, après
celte ielotante victoire qui assurait ses frontières, rentra en
triomphe à Gonstantinople ^ .
Moeénigo, arvant d'être instruit du sort de Taillé de la ré-
publique, avait attaqué différentes places dans l'Asie Mineore.
Il assiégea d'abord Myra dans la Lycie; Aiasa Beg, comman-
dant de la province, rassembla quelques troupes musulmanes,'
et s'ava&fa pour délivrer la viHe? il fat battu et tué dans le'
coiùbat. Ikyra se rendit alors aujic Yénitiens^ qui accordèrent à
la garnison et ala: habitants la permission de se retùrer; ittais
ils pillèrent et brûlèrent la viUe. Mocénigo effectua ensuite an
débai^^ieinent devant Physsos dans la Carie, dont ^il Tatâgea
les environs. H y reçut un message de Catherino Zenp, ambas-
sadeur aiyrèsd' Ussun Gassan , qui l'invitait à se rapprodier'
etLeunelûvlo editL Byzaniin. T. XVI, editio Venet, p. 2S8. Parisiens, p. 33o. Lm La-^
Uns donnent SSO,000 hommes A Mahomet II, et SSO,000 A tnun Cassan. Démet, Cahtemir, '
L. III, c. 1, S 27. — i Annales Turcid, Byzanu veneia, p. 258. — M. ânt, SabeUieo»
Deea lll, I. IX, f. 9i7, y*. — ÀtmaUs Eccles. Rayn. 1473, S 8« P- 240. Cette défaite
d^Mun Gassan fut représentée comme une Tictoire aux Polonais, que Galherioo Zeno
voulait engager dans une ligue générale contre les Turcs, Dlugoss. VUt, MonUms* '
UXm,p.498, '
0O MOin AiO^B* )7
de la GUicâe» pour pouvok aa hmm mwaé^ te monaïque
persaB. U élait revenu à CaryeQ» lonqu'U reçut «n nouvcnot
owfrîep de Zesio , qui Im luiM&Qait la déftdfte du sopfai elaa
leb^te eu Armépe ^ -
Pendant toute -cette fiNmpf^Qe^ Mooâugo avait agi seuL
Tandîft qu- fl était en Cilide^ l' arehevâque deSpalatro, nouveM
l^tda I)f&pe, loi avait bien fait dire qu*iL Tiendrait le joindie
avec dix galères^ 8*il croyait que ranûtnl vénitien voulût en-
treprendb^ quelque çbose potn: le bénéfice de la cbréticnté^
Maia ce mewage blessa MooénigO) qui erograit avoir déjà bemir
coup fait pour la eanae coBunnne,,et;il refuaa itdà (aBeQniii.of**
fertfit d'aaasimaavaiaegirAiee. D'aîlleium «on atbmtwm eommM**
çaît à être dicdaraîte.par Ifi.alfaices de Chypre; Jcriccédît qa*ii
s'aiFOgeait d^àdim cette ,tte.éteïtd*une.pliiiSiliante.iiiipar«
tance pour la république que toutes lesjMnqiièlûifttll.arat'
tentées jasqu'dorsi et il oeivoultttpoiAl^reiittnaltentavae les
derniers Lusignan, être g^é par nn. légat dn^pape^ qui lui
rqproehepait toute entr^nae ânagèro iia.gjacvre des
xisres»',
L'Ifefde Chypre qui^ en U 9 1 , aurait été ddulée ai génrfreu-
semant par Bicbardf Gcoar^der^Xiion h fini deLosignan, comme
dédommagement ûbl royaume de lérnsalem, s^était eoBscin^
dàsliw»jwM|u'en t45&,.dAns]iideiiee|idaiioeJégitime de .cette
iUafftfomaison. Janua lU ',. le foateroèpkedes rois, de Chypre
dQ ç^te famiUa ^ ^éhiit un pri^ee^elféttiné ^ qui. n'avait vécu
qpet{Km*^le j^^usîr. Sa.preBHèreImmey delà maison de'
lii9vMî6PT4t^ â^' «191^ mu «sdiis^ soppçon. de poison ;, la ise*
cqoA^* BélèDeiEteléolQ|mrétQitiftit«iG«teçqneida^
ql^.gonvervMât d^spçtiiqii^iii^iit sçift mari, JllleXêvait, engagé
à rétablir le culte grec dans rUe , acte de justice et de pru-
,1, .».^ >,\, . \W - ,1^; .] .:i. \cr-r .1». iik» .AMc'V.v. i^v, r»o .' ■ s •>;■« , v .;
noiii ^e Jai^us, dan» l«.n^u6QOk\d!rj4.n«i«n«i« ^veDsûlide.^ jilii'wuw (l^anl4e fi«i {«iocea
à Gt^oès, Janua^ après la brillanie expédition de Cataui et de Frégoio. .>j<: ;
3S HISTOIRE DES KâPimitQITES^^ ITALI£II?9IÏ£S
èemm qtie kb Lafins hii i^eprocfitiént éomme im (rime. lt&%(
autant ell6- gouYemût Jana», atitafltéllè était gouverné; parr
«a BMirioe, qui Y^iak k më^tomf fap son fils. Le roi avait en
nne fille de sa première femme , nommée CbarMie ; )l'n^eh^
avait point de ta fteoimdej mtHs )V avait eà aassi, d'une de ses
mattressè^ 99 flte itomitié Jae^iues. Charlotte, héritière ppé^
somptive dii myaume, tbî mariée h Jeapnr de Porttigal, âts du
dae de G^vtnbre, et pi^imfila de Jean P*. Le prince partiigais
ex<nla la jalMSié» du fila de^ la nonrriee; après" de violentes
quordlas entpe mx, il périt att- 1457 S erôn le etUt^eâiîM^
sonné. Le trionjrtieiilSQlUmt dd flh de Tandmtiêé àe fut'cè-
peBfdant pafs long». J«oq[treify le bâtait d^ Janns, le tna de sa
nain^ moins pour déli^f^r ebari&tte' de son insoIeMe que
pour s^ôovrir à Idi-intaie» le obemin dâf tiélie, en se dâSiiisant
d?im favori <baigfraax^.'
Jamis: destina- «suite s^ fSHetl^cmk àd 8«rvcf}e, aseond fils
âa duc Lonta, (pii avait épatMéUtrihmémo' um prineassa dïy^
priote; HMis Jatius moowràvafft d^avMi^ pn'effëctt^r oa m$*
riage. Louis arriva cependant à Nicosie, capitale du royatfftie ;
il*épof»a <Ih8rtolté le 7 octobre 1 ih% et it f«t cKJu^onné^a^ec
les titres dir roi da Chypre, de Jlînfsedenr et d^ÂttOétàff '.
L*inlenftioti dé Snam avait été de t^ftare^ ontr^ sm Mârd
Parles ordres, etilMtckaltÀaMtraràievédié dd'Il^ pre^
nrière prâatdre dd ror^afome. Ifeàl, pât^affia poitttqt]^ ifnpftn'
dente, Cbarlotte^préviiitla cour de Bonië contre son fl^re; et
Pempèeka^d'obtehiaecaki^éfiâMafr^/Ac^l^ irrité, sttDBtl#a
auprès do soodan^ d^l^pie, dMlla» vbk^ Gbypre se ref^n*
nalMsi«B( feadataîtM; ii^ Idi démàndH^' poto^ Iti^iitifirà
tage d&Eikt père. L'atairtagedn sesteest, atrx yeM dés'MÎi*-
1 Bnguenand de Morutrelet, Chron, vol. III, f. 74. ^ > Cammentarii pà),Papœ IL
L. Tltl, p. ItS-ita;— > àUÊtinenL F^Pr L. Vfi; p. m. ^ ^tdehenort, BUt: généal
dé lamtiaom-ée'Sao^fe, T. Il, p. lis. •** àmuâêê 0»/MiMl.\JlÉ9iiâltff. 1419, S >V
p. S».
DU MOTXir AGE. 39
SQlmaDS, bien plus important, dans la succession , qae celui
de Itt Intimité. B^ailleurs, le soudan voyait aveq presque ail-
lant de défiance que Mahomet II un prince de F Occident, et
du sang français, s'établir au centre de la mer de Syrie. Les
Chypriotes, de leur côté, préféraient un Lusignan né dans
leur pays à un souverain étranger. Melec Ella donna donc à
Jacques, avec la couronne royale, une armée de Mamelucks
pour soumettre Tile de Chypre. Jacques fut reçu sans diffi-
culté dans Nicosie ; il prit en peu de temps les places de Si-
gour,Papfaoset Limisso, mal défendues par des gentilshommes
savoyards; il assiégea Louis et Charlotte dans Cérines, et, à Ift
réserve de cette forteresse, il se rendit maître de tout le
royaume ' .
Louis de Savoie était un prioce indolent et sensuel, mais
Charlotte était douée d'une activité remarquable. ËUé quitta
Cérines pour aller demander des secours à tous les princes de
FOcddentv En 1460, elle se présenta au pape Pie IL « Cette
« femme, dit-il dans ses Mémoires, parait âgée de vingt-quatre
« ans; elle est d*une stature médiocre; ses yeux sont pleins de
« feu, son visage ja.une et pâle, son langage caressant ; il coule
« comme un fleuve, avec Tabondance propre aux Grecs. EDé
« est habillée à la française, et ses manières sont dignes du
« sang royal '. » Ce pape, touché des instances de Charfotte,
•t persuadé de son bon droit, lui promit sa protection. L'ordre
dés chevaliers de Saint- Jean se déclara aussi pour eÙe ; il fui
accorda un asile à Hhodes, ainsi qu'à sou mari'; et ce fut dé
c^te lie qu'elle fit partir des convois de vivres et de AiuMtions
^oor Gérinesi et qu elle entretint des correspondances avec les
Éléeoatentff. Enfin les Génois, qui possédaient encore qudT*
ques places fortes en Egypte, entre autres Fàmaigonste , em*-
brassèrent aussi ses intérêts. Ce fut aux yeux des Yénitiejis
1 Quichenon, Bist. généalog. p. 116. ^ C&mmeniarU FH Papœlh t. VII, p. 177.—
s Comment. PU P«p« IL h. VU, p. 179.
^0 HISTOIRE DES I\£PU^UQUi;S ITALIENItES
une raison si^ffisante pour s'engager Iddos le piirU:OQ]atrQire.
Marco Cprnaro, gentilhomme vénitien, exilé- de sap^tne
cl ^^bli en Chypre , s*ét^i,t lié d'upe étiroite mmtié.c^vfip Jaç^
quès^ bâtard de Lusignan, Ù.lui fournit T argent n^ce^ii^
pour faire la guerre , d'abord avec ses propres fonds , qa*il fû-
sait valoir dans le coiQmerce , ensuite avec ceux de ses çompa*
triotes. Il 1 aida aussi constamment de ses conseils; il le seconda
surtout dans le siège de Gérines , qui se rendit à Jacques à la
fin de Tannée 1 464 ; et dans celui de Famagouste , qui ouvrit
ses portes la même année, après avoir résisté trois ans * • Jac-
ques, se trouvant alors maître de toute File de Chypre, essaya
de nouveau de se faire reconnaître par le pape, mais il ne pat
y réussir. Bebuté par tous les princes chrétiens , il s'adressa
i M arc Cornaro , pour contracter par son aide une alliance
avec la répubU^uci de Yenisfi. Marc avait un^ . nièc§ remaiv
qnable par sa bea,uté ; c'était Catherine, fille d'A^ffi-é Cor*
f(aro: ii l'offrit en mariage à Jaoqnes de Lusignan, avec ume
dot de cent mille ducats , en stipulant que Catherine serait au-
paravant adoptée pour fille par la république. Cette ^égoqiar
tion fut entamée vers 1* année 1 468; après d* assez Ipng^ dél^^
r^alfiançe fut acceptée dçs dou^parti. Catherine Gomaro, fut
^olennellepeut déclarée fille de Saint-Marc^ elle fjift Jnfpée
f^ gorocgr^tion, ,en 1471>.en prjésence du. doge et, 4^ |a ,Seir
jl^f^^oriç ; e|lej^ut accçpipagpée^^ cooime reine, jysqu'à ^ flott^»
{^ie doge {dans Icf Bucei^taMre ,, yais^au de lét^t d^tin^
apxj^wd^.cérâmy()^i€aB|[.et;^^^^ partit. ensuite pQujr Gh]ipV9
avj^ jgp;ia|^e ^galères gpoecpi^ Jérôme Diédo *. . , .,:
. , Jjw!qB«es,d^ lïfpsww nm% W^tracté , par e^^tte ^JlMascft»,*»
rglftîjojïi «qgnljère, d<B gf^iJ^e de la. république, sç coflip^arta
i^ou^^^jg^nt aff^lm^çs^ et ep ami fidèle* Sea por^ f urcf^t
1 Baynaldi Annal. Eecles* 1464» S 71* p. 169.—* Blarin Sanuto^ Vite (U* DU€hi.p. 1195.
DU MOYVR AÇB. 41
^itstamment oorartB ami flottes . des Yéqitieiift ; fleB.aUianeet
oa 8ç» inMti^ ^^vent déteniimées et du»
k^ guerre oootre lee Tnrcs^ il ïwr^ envoya des renforts propor-
tionoés à la richesse et à la population de ses états* Cependant
S y amit à peine deux ans qa'il était marié , loraqpi'il monnit
le. 6 jcna 1 473. Il laissa sa fenMvie grosse , et pwisop^testiment
il inslitna pour son héritier, d*i|boi:d VenlMAïqai naîtrait d'elle,
et, à B<m défaut, Janus, Jean ist Charlotte, ses trois bâtards * .
Les Chypriotes, qui avaient combattu aveoftehamement eonire
Charlotte pour qu'elle ne port&t paa la courotine à. un prince
étiranger, virent avec nne profonde diOQlenr qneieuii affection
pom* Jacques les avait réduits à se soubi^ttre k M.veuve , plus
étrangère encore au sang des I^osignaa que le prince de Savoie
ijpîïb avaient repoussé. Leur j^écootentemciit .éveilla leur
défiance, et ils soupçonnèrentNÇo^maro eliSJisurcoBemho., Tun
onde, et Vautre cousin de la ^reine^ d*atoir jsmpOispnné son
mari^.
L'ardtevéqne de Nicosie , le coiate de. Zaplana et le> comte
de Zaffo ses frères, le seigneur de TripoU , et Biu» de IMinî ,
étaient à la tftte dn parti qui repoussait Je joug d*une reine
vénitienne et de ses conseikkM réDitietis '. Us sî adressèrent
secrètement à Ferdinand, roi 4e IHaplei»; ib. lui olMtant de
faire .épouser Ghuiotte , fille ^nalo^le de. Jacqiiea,.>à xibn
Akmzo, fils naturel de FtsrclinMd v de 4estiner laïqooitolme^de
Chypre à ces deux enfants qui étirent encore «i te» ègje^, el de[
eopservw, jusqu'à leur majorité, rindépen/fanGedn.rbyamne,
s<(us Ja protection du roi de.Napks ** Cepœdantileahsnits
d,*^»nfoisonnanent qu'ils avaient accrédités exdlèreÉt an
. i^ .:■ ' ' • '■■' :••'■.;.:■
1 1^ ^twMkl «ft 4a 14 Juin tin, McA^noti, jfislt 94»^ p^ i 19» — GcHûL ^^o^
L.')i,' p. '357. — * Annal Ecoles. Haynald. 147S, S 3« P* ^*^ — ' Èlarin Santaoy rite
dtf IMaat^p. 1199. — ^ Don Alonto, que tes Gkyprtotey youMent recoonatcre pour
héritier préôompttf de la conronne, avec le litre de prince de Galilée, n'avait que six
ani « d'après Nnagiero» Giannone n'en parie point; il n'indique que deux fil» naiurela
deF«s^|inandtdoo9eiirieM<MiQ^«-U(9C«aM0.J^.I^9WI^^ v
il HISTOIRE BTSÀ' ftÎBF^B'LtQtfÉ^ ITALIEimES
«milèV^iiieflt, èsm leqael André Comaro, Marco Beirik> et Te
inédea» en mi fm^ent' tnés p^r le peuple farieux. Les éi^
évp parti , qui n'établit point encore prêts à défendre leur îù-
dépendimee , et qtil savaient lisi'iiofte véiiMenne dans ces pa-
rages, s'eftereèredt de calmer cette insurrection qui les ccfiri-
promet-tatt, et dé l^etcnser ànx yeùx^ éfes Ténitiens. Un jogfe
de Venise éttfit ^abti à Nicosie, ponr juger les procès qui
snrvensdéiit entre ses compatriotes ; ils allèrent auprès de lui ,
pour renouveler leur promesse de demeurer fidèles à' la reine
Catlœrine , au fils qui naîtrait d'elle , et à la rëpuBlique de
Venise, fte cnvtayèrent à Tamiral Pierre Moeénigo une pro-
testation semblable, et ils le supplièrent de ne point punir tout
le royaume pour un meurtre qui f^aK à des ressentiments
partioalîers ; ils aecuf èrent Bëmbo et Cornaro de concussions
qui les avaient rendus odieux , et ils dissimulèrent leni^s soup-
çons de* poison, qui semblaient compromettre la république
elle-même ' .
Pierre Moeénigo parut ajouter foi à ces protestations;' ce-
pendant ii crut eonvenabte d^assurer le crédit dé la jeune reine,
en étaianit ans yeux des Gbypriotes^ teiite la^ puissance des
VfénHiens. Il s'approcha de nie' avec sa flotte , et il se trouva
àlfieom liffsque la reine mit au jdur r enfant qu'dfe portait.
&t enfant fut t^iu sur les fontâ baptismaux par le générAlis-
flitaie et lus provéditeurs vénitiens , et il reçut lé noih de son
père. Af»^ avoir séjonrné quelques jours en Cftyf^ré', Moeé-
nigo continua ses ravages sur les côtes de la Lycie , de la Carie
et de lar^CilioieL Tl reçut sur sa flotte des ambassadè^i^ dé la
reine Charlotte qui s* était établie à Bhodes , tandis que son
mari, Louis de Savoie, vivait dans la mollesse à Ripaille, au
milieu de ses maîtresses. Charlotte , au nom de Tandennet
alliance de son père avec les Vénitiens, au nom de ramitié qui
< M. Ant, SsÊ»lUcù. Dec» m; L. X, r. sis, t. — Oorlùhmuâ Cepio. L. m; p. S6é.
q^ ne ouvrit appftvUnir <f«*à. ^Ua^ gi riiBia*pa{kltK da bàtaitf
ma ÊEèie Aaif eiilot*ée par lavHtttage d» mm, k monl de Jafe-
fftm ét%ajà.j dMt9tUe> te -rëtHbHf) êtm tow M^dMiH^. 1I<h
«énîga loi répondit 4piH «raH? nfOMn^ Jaeqfoei àt LaOgtiaia ,
nonfédéiédè la FépuUiqiie deVeaine', c^mtiM poMniseorlégi-
tMM à» xmj^xme de Ctiypra; que ki« reyantiuig M 0e trans^
WKfMmaJ^ims mlfim lemtomnvAm lë§ale», ar d'après h» fègles^
qi^ôasididanii Iffi procte^ nurii ptr<la ^«vtii etlenamea; qoé-
tfëtUt aioffltpief Jadqiie» avait «an^fi Ma dO'Chypra et sur
oHè^at 8ar ks Oéama ; qae la veoTe^et le il^-di oemefiai^cifie
dfape^li dJEbopioada. les senk sauv^epaioft de oitie Ik , el qae la
jépôiriiqqiBf, lei» a^viit adnpiMp eeaoM Ma citftota, saiiratt-lfesr
J^fVtaM eependiinl Moeângaf al averti ^ae- d» naayaaux*
maiiiftnieirta a^aieilt éotaté à Nioesée ; il dépèeha ameitM; à \t
FfSKieifittiierÎDa, paiir^lns prmpettre une pimsaitle asiffitàmce ,
ee mtea C^iolan Gépia qui a écrît rhsateire de oetla uuè*
r»gftfhi £cii>de jonra appësi, il la M umnt fMr Victon Saniitta»,
proYé^enr^ avec- boit golte», et enfin il atrita l»«]BêiJi0
«née latnala de s& flotte. Il timva la rave dôpoidaéetle'tMli'
aotol^i èéjMiér da sm fttft, foa Ita Giïjpmtea \wial0M
éieiw i|p»4irè»im>t plrivie de^ la garde dès forteraMetf elp dt
la- daqpMMpa^da tréiwr, et «epenfléal obHgéa pv ae§ eniMN-
laifl^ flUatQiit'pap Ics.Gatateneiqw JMfOês avait iqq^ésdiBii
lefi^i^ftmM, à;dtfclai«r qn-elte étàil'atnitbiitè) et^a6loat'8J!)ét«it
: A{»te'te ^)0>;fil la aavdii^e^ 6fa^e estla.ptu)^ gvMdaf
4i»iÏMf derlK ^fâditarraaéa : eUei r eovtaaa aeni qmrtrèNwmto
f. 216. y. — Cor<o/. Cepiç» L. II, p. 3S7. •*' Andréa Navagiero.p. lia».— Corio/ Çepio.
44 HISTOIRE DES UPUBUQUl»' ITALIEIWES
miU^ dmis sa plii$^ grande longueur^ soitantë dans M l&§mt^
et jim de quatre cents de cireonfér^ee. Située ortre-le. 3&T
et le 36^ dçgré de latiliide, elle jouit d'un dimat détieieiix ;
elle produit .en abondantee le vin, F huile, le blé, et leeniTs»
(pà jBL reçu sou nom d*eUe* Sa position entre la Syrîe^ rÉgjfte^
et l'Asie ]M(inenre. semble rappeler à joindre le eommeocue Je»
plus actif aux riches productions de son soL An tenips de sa*
liberté, on y avait compté quinze républiques floiisBânles;
mais cK>us le gouTemement des empereurs, et «ipsnite^sMsi
celui des rois de la maison de Lusignan, on avait vu dédiiim^
infiniment sa populaticm ^t sa richesse. La tyrannie féodale»
des barons, la souveraineté rédamée parlessouduisd'iÉgjfptey*
et les privilèges exdusi£s des Génois et des Yénitiena, qpx
voulaieut réservée le .commerce pour eux seuls, eppèchÉéedt
rétablissement dans rUe d'une bonne lé^lation, de lapaix
et de la sûreté. Cependant la conquête de l'tle de Chypre
était encore une entreprise qui demandait des forces consi-
dérables ; et Pime Mocénigo, qui n'avait qif un petit nonriire'
de troupes de dâuirquement sur sa flotte, voulut, avant de
rien tenter, s!en jurocurer davantage. Il envoya des trun^porls
à Candie et en Morée, pour y rassembler tout ce que les Yé-
nitiens avaient de troiqws disponibles. Six vaisseaux^ qui*
p(Hrtaient beaucoup de stradiotes et de fantassins, les débar-»
quêtent par;sM ordre à Famagouste. A l'approche de cette
nouvelle anm^e, l'archevêque de Nicosie et les comtes de
Tripoli s'cjE^irent. Mocénigo, au nom de la reine, changea'
les ccMumandants de toutes les forteresses; il y introduisit
ensuite des capitaines et des soldats vénitiens, avec un bôn^
némbrç d'àrchèrs de CSifèto; ^1 punit de pdnes capitales tous
céiixquîavai^eo part ^au dernier soulèvement; il poursmvU
ceux qui étaient en fuite ; il exila ceux qu'il regardait seule-
ment 4somme'8aBpeet8y et, sous prétexte de rétablir et tf affer-
mii* ràûtorif^ delà reiae, il réduisit Tile entière à une èim^l
DU MOYSH AXStt:
4&
lae dépendanee des Yéniticns, et il effraya tons leurs ennemis
parla terreor des supplices* .
La reine cependant perdit son fils un an après sa naissance,
œ qui la rendit toujours plus étrangère à son royaume. Le
24 mars 1474, le sénat de Venise lui donna pour conseillers,
OQ plutAt pour tuteurs, deux nobles vénitiens, Louis Gabrielli
et Ffanoesco Hinio ; le commandement de tous les gens de
guerre fut confié à Giovanni Soranzo avec le titre de provédi-
tear général. Le sénat de Yenise nomma aussi les comman-
dtttits particuliers de Famagouste et de Gérines, et il ne resta
pins à la reine, protégée par cette ambitieuse république, que
la vaine pompe de la royauté '.
1 A9dr. iMmfQQino, Slmia fennUma, p. 1140.**- M, AnL Sabettleù. Dmi 111, L. X,
f. 219. — Cofiol, Cepio. L. 111, p. S62.—> ilndr. Navagiero. p. ii4i.— Gfo Bau. Pigna,
Storta de Prindpi éP Este. L. Vlll,p. iBi.^Vitœ Romanor. Pontif. T. III, P. H, p. i063.
filieooe ée Lnslgiiaii, qai écriyit l'histoire de Chypre an tièeie eoTiroa après ees évétie-
menls, aitriboe au poison la mort do Jacques-le-Posthume, aiissi bien que celle de son
père. A l'en croire, ce tul par un enchaînement de crimes que la république de Venise
se défit des deniiert Lusignan, et s'empara de leur royaume. Ses accusations ont été ré-
pétées par les Savoyards, dont les ducs, après la mort de Louis et de Cbarlo(te« prirent
le Ulre de roii de Chypre (Guichenon, UitL genéaU de la mtûion de Savoie, T. Il, p. 1 2i );
et l'axHMiMi de i'Jîilise semble admettra ces iaonlpilîonB. Aaynalt^i, wtmn, i4T^ S ^U
P. 263.
• • I
■■•1 ••
46
HISTOIRK Dl^ fgSmmAVW ITALIERHES
CHAPITRE If.
(auront d« Mëdici^ «uecède pu crédit de son père sur 4t répulilifiie
florentine. — Faste et ambition des neveux de Sixte IV ^ première
eampagne de Julien de la Rovère, qui depuis fut Jules II. — Progrès des
Turcs ; premier siège de Scutari ; siège de Lépante ; prise de Caffa.
14B»-i47S.
Jasqa'icf nous avioas vu la république florentÎDe ne placer
au oentce de touten les négoeiatkim, diriger tons les événe-
ments, demeurer tout au moins partie dans tontes les révolu-
tions, dans toutes les guerres importantes qui troublaient
ritalie. Mais sous Tadministration des Médicis, Florence cessa
de tenir ce rang élevé ; elle se laissa oublier dans la balance
de r Italie; les révolutions des états voisins s'enchaînaient
Tune à l'autre sans qu'elle les dirigeât, ou fit effort pour les
retenir; et après avoir passé en revue ces grandes scènes de
la politique, nous sommes obligés de retourner en arrière
pour chercher ce qu'elle faisait pendant ce temps-là dans son
administration intérieure. Nous la trouvons alors languis-
sante par la mauvaise santé de son chef, ou affaiblie par l'ex-
trême jeunesse de celui qui lui succède; nous la voyons par-
ticiper aux misères des régences et des minorités, et nous
copfieyom comment, avec ce changement d'esprit, fla force a
àù 8*éYanouir.
1469. — Il fallait qae l'ancien amour des Florentins pour
j^a liberté fût bien affaibli , pour que la mort de Pierre de
Médicis ne causât point de révolution dans la république.
ï)éjà Gosme l'ancien, après avoir fondé scm autorité sur la
supériorité de ses richesses, beaucoup plus que sur de grands
services, l'avait transmise à Pierre son fils, comme une pfir*
tie de son héritage. Mais Pierre était parvenu à un âge où
la répubUque pouvait sans honte lui obéir. Ses infirmités
l'avaient rangé de bonne heure parmi les vieillards ; il était
peut-être plus considéré et moins craint par cela seul qu'il
ne pouvait guère partager les passions des autres hommes. Sa
retraite habituelle à la campagne, la peine et la lecteur avec
laquelle on le transportait en Utière, dans un temps où l'on
ne voyageait qu'à cheval, donnaient une apparence de di-
gnité à celui qu'on ne manquait jamais de consulter comme
un oracle dans toutes les occasions importantes. Lorsque
Pierre mourut, il ne laissa pour chefs à sa famille que ses
deux fils, dont F aine, Laurent, n'avait pas vii)gt-mi ^s*« Il
était contraire à F honneur de la république quei de vénéra*
blés magistrats, vieillis dans les emplois publics, respectés de
l'Europe entièrie, et accoutumés à en diriga: la politique,
fussent considérés comme les simples partisans de deux jeu-*
nés hommes dont les prétentions étaient démenties par la
constitution et toutes les lois de l'état, dont les services étaient
nuls, dont la naissance était inférieure à celle de tous leurs
rivaux, dont le mérite personnel n'avait encpre pu être re-
connu. Cependant ceux qui avaient gouverné Florence au
nom de Pierre, firent taire l'amour da leur i^yp, w mé^se
une ambition digne d'une àme élevée, pou^r n'écouter «uf
s ti était né le itr juiTier i4M,
' •»
46 HISTOIBB DES- RÉPÔBLtQTJEâ ITALIElV^fiS
des infeérto ëttoità, Téspint^é parti, et Tivressc de la victoire.
Ds Yonlarent conserver les abus d'un gouvernement de fac-
tion, parce que c'étaient càx qui en profitaient. Le crédit
personnel des jennes Sféiftieis ne devait l'emporter sur le leur
propre qu'à une époque qui leur paraissait encore éloignée,^
et ils croyaient plus facQé de tenir leur parti réuni sous un
nom ancien que d'élever ostensiblement à la première place
ceux même qui roccupaient en effet.
Les dtoyens qui gouvernaient alors réellement Florence
étaient Thomas Sodérini , frère de ce Nicolas qui avait été
exilé dans la dernière révofution ; André de Pazzi, qui fut fait
chevalier par la république en février 1 468 , pendant qu'il
était gonfalonnier de justice^ ; Louis Guicciardini , Mattéo
Palmièri et Piéride Minerbetti. C'étaient eux qui, pendant les
douloureuses maladies de Pierre de Médicis, avaient dirigé la
Seigneurie, et qui s'étaient emparés de l'autorité du peuple
pour élire les magistrats ; c'étaient eux encore que Pierre de
Mëdicis , lassé de leur insolence et des vexations qu'ils exer-
çaient sur tous les citoyens, avait menacés de faire rentrer
dans les bornes de l'état civil, en rappelant les émigrés.
Aprte sa mort , ilà se concertèrent pour continuer sous un
vain nom une junte qui leur assurait la distribution de touties
les places et la disposition des finances de l'état. Les ambassa-
deurs, accontcunés à traiter avec Thomas Sodérini, les citoyens
qui savaient depuis longtemps que leur fortune dépendait de
sa fliveur, lui rendirent une sorte d'hommage, et s'empres-
sèrent de lui faire visite, dès qu'ils apprirent la mort de Pierre
de Hédids. Mais Sodérini craignit d'exciter la jalousie de ses
«Modes et d'affaiblir son parti , en acceptant ces marques
extérieures de respect. Il renvoya les dtoyens qui lui faisaient
viâte aux jeunes Médids, comme aux seuls chefs de l'état ; il
* Oonaca di Uonardo MorelU. T. XIX. DeHz, Emd. p. IS5»
hv MOYEU AGli:. 49
Hssembla dans le couvent de Saint-Antoine tons les hommes
qni avaient le plus d'influence dans la république ; il leur
présenta Laurent et son frère, leur recommandant de oonser-
yer à ces jeunes gens le crédit dont leur maison avait déjà jpui
pendant trente-cinq ans ; et il les avertit qu'il était bien plus
fadle de maintenir un pouvoir affermi par le temps que d'en
fénder un nouveau ^ .
Les Médicis reçurent avec modestie les marques d'attache-
ment et de considération qu'on leur donnait au nom de la
république ; et pendant plusieurs années ils n'essayèrent pas
d^attirà* à eux une autorité qui n'existait ostensiblement que
dans les magistrats, et qui ne pouvait être exercée seorètement
sur oeux-Kâ[, que par des hommes dont les longs services et les
taknls reconnus assuraient la considération. Pendant sept ans,
Flo^noe conserva une assez grande paix intérieure ; les Mé-
dids, partagés entre leurs études et des goûts de jeunesse,
tantôt accueillaient dans leur maison les hommes les plus dis-
1 MaochiateUL U vtl^ p, s». ^ Seipêone Aaùnibfatù. L. XXIII, p. io«. — io. Uieh.
Bfuli. L. V. p. 103-1 Od. ~ KMurdl di Loren%o di MedieL p. 4 S. U, RofooO ( Ufi ofUn
fOÊMù. diap. m, p. 183) révoque en doute eette interTeoUon de Sodérioi, parce que
LorenzQ, dans ses Bleordi, ne raconte poinl qu'il dût aux bons offices de ce citoyen
PautoHlé qu*U exerça sur sa patrie. M. Rosooé suppose que le souvenir des serrices ren-
dus par h fhmiUe Lorenxo, ses aUlanoes étrangères, qui cependant étalent un tort aux
yeux des Florentins, et son immense ricbesse, deraienl suffire pour lui faire recueillir
sans difficulté une autorité si vivement disputée i son père. H. Roscoé, trompé par la
proportion variable du florin i la li? re, fUt, au reste, une forte erreur sur cette richesse,
lorsqu'il évalue le florin d'or à deux shilHnfs et six pences, au liea de dk qull valait
réellement. À ce compte, la fortune de Médicis n'aurait pas monté i trente mille livres
sterling de capital, ce qui sûrement n'aurait pas suffi pour acheter la liberté de Téiat le
plus riche de FEurope. Mais M. IUmoo0, oomma tons les biographes, tourne toute l'a-
vantage de son héros ; U recule de cent ans la première apparition d\in Médicis dans
VBuioire floreniine. Ce fut au siège de Sc3rperia,en 1S51, non en 1251, comme il le
rapporte p. 8. U rehausse tous les servioes de la Csmille ; il atténue ou passe sous silence
ses forfaiu ; il dissimule enfin l'esprit indépendant et ombrageux des Florentins, qui
éuîeut encore bien éloignés de plier volontairement sous le Joug d'un prince, encore
qu'ils laissassent ébranler leur liberté par une fsetlon.
Je vois, par la publication d'un nouvel ouvrage de M. Roscoë ( lUtutrations MstoH-
eal and cHticat of the Hfe of Lorenso, Loodon, 1822 ) » que eette note, et plus encore
le Jugement que j'ai porté de l'objet de son idolâtrie. Font blessé. Ûen n'était piug
loin de mon intention. Je n'avais d'autre but que de prévenir le lecteur contre cette
VII. 4
50 HISTOIRE DES REPUBLIQUES ITALIElfllES
tingaés dans les lettres et les arts ; tantôt amusaient le peuple
par les fêtes brillantes dont ils l'occupaient. 1471. — Ces
spectacles se multiplièrent encore , et le luxe redoubla au
printemps de 1 471 , lorsque Galéaz Sforza, duc de Hilan, Tint
à Florence avec sa femme Bonne de Savoie, sous prétexte
d'accomplir un tobu.
Galéaz 9 que sa vanité, son inconséquence et sa cruauté
rendaient d^à litôupportable à ses sujets, Toulut faire poii)|>e,
aux yeux de l'Italie, des trésors qu'il arrachait à ses peuples
par de crudles Vexations. Jamais yoyage ne fut entrepris
ayec )[ilus de faste. Douze chars couyerts de drap d'o^ furent
transportés à dos de mulet, au travers de l'Apennin, pour le
service de la duchesse : aucune route sur laquelle les voitures
pussent 'rouler, n'était encore ouverte dans ces montages.
Cinquante haquenées pour la duchesse, cinquante chevaux de
main pour le duc, tous caparaçonnés de drap d'or. ^ cent
hommâ d'armes et cinq cents fantassins pour la garde, cin-
quante estaffiers revêtus de drap d'argent et de soie, cinq
cents couples de chiens pour la chasse, et un nombre infini de
faucons précédaient le dnc de Milan. Sa suite, grossie par tous
. evpèoe d'eothoiuiaBiiie ^'ooi a reaiân|ii6 dans plus d'an biographe pour le héros au-
[ quel il a consacré ses veilles. J'aTsis, du reste» rmda à plusieurs reprises un juste hom-
mage i la vaste érudition, à ia cri|iqae et au goût deFhlstoriendeLorenzo. Jejui avais
. même payé ui| tri((ut qu'il lounift aqjourd'hui contre mol. Lorsque je traçai le tableau
de la liitécature italieiQine qui (Ut publié en itit, n'étant point encore parvenu dans mes
recherches historiques jusqu'au temps des Médicis, je crus ne pouvoir suivre de meil-
leur guide, pour le portrait de l>an»enl,que son célèbre biographe. D'après hii j'écri-
vis, dans la Uttéram^ 4u Midi, T.. II, p. n-40, ce morceau que M. Roscoë vient de
.reproduire, p. 1S9, de son nouvel ouvrage, pour me mettre en contradiction avec moi-
même. En effet, je ne connaissais point encore Laurent, comme j'ai dû apprendre à le
conoalire pQur écrire son histoira. La critique de M. RoscoS m'a donné occasion d'exa-
miner de nouveau les pas^agas de ce volume qu'il attaque avec quelque acrimonie ; ce%
examen n'a eu d'autre résultat que de 00 eonflrmer dans mes opinions et mes sentiments.
Cependant je ne listi0ierai point à chaque occasion le lecteur de cette controversé; soo-
venô^ craindrais d'avoir trop raison. Par exemple, dans le passage auquel se rapporte
cette note, conçoil-on que M. Rosooë vsenille, p. 9S, Infirmer le témoignage positif de
trois historiens, par le sHenoe de Laurent hd-méme, sur une anecdote qui lui était dé-
UTaotageusOy et dont le souvenir devait l'humilier ?
ises cpprtwiis.» fennait une trwpe de deaï miHè dietaux *.
Bea^jcent mille floriiit d'or «vaienft été eonsaecrés par lai à
.cette pompe iiueiuée \^ «vee la moitié de cette flomme, F îlé de
N^grepwt ral»ik étédéfeiidaepea de mois anparayant, et ne
serait point tombée entre les mains des Turcs. ^
.I,A0imt du Médleis lefat dan» son palais le doc dé tfilan ;
U d^ploi^ii h son tflnr sa propre tmagnileence, -pmr fifiter di-
gaern^tnuthAte si spiendîde. Moins d'oretdeffiamants étaient
^ étalés ^ Ms halnts et^dana^sespàlais ; mais la pompëxleé af ts
rempUfiât eeUe.daTppuleneevelile nondbre d'^antîqtfes mo-
nomej^tot deiaUsanx etdeetitiiesqpie>!ljaafe&t éttatttaf^m-
blés,,-.étemiM 1^ due de Milan'. La rëpnbfiqaé)' de son côté,
Ti^ali$i^4e. loue a^ec: 8on>liMi «t son ficèe dtb;feii. Tonte la
nqmbreiu^. suite dn.doelat logée et entretenne ant frais du
.ppblici,; .trois i3p^etaeles^a^:*és^ dans le genre des mystères,
f^r^t i^ocai^iYeBent offertaiaox/yeax des Isembards^Dans
l'^tiaedja-.SaintrEélix^.oo'iepiéieiita VAnnondafio^n dé la
^ Yi^rg^ f ,WX Carmas» . K Aiwensign 4a Ghrist^ ^et à l'éiglise^du
Saint^ïiiiprit^ la JDesosnte de l'Esprit saint sur les ApOtres.
Get^ dermère.fâtaiat troabtée par l'ineisncHftdtor église' ellé-
m^oie, Lest flambes qu'on y avait multipliées en ^goresde
bvigoeat A'attac^èrent.anxdéooratiiiu»^ et hs «onsoïkèrent,
,WQm: l^.qae.la dijorpente de fédiflee''. -Mais un dommage
JWeii plus iréelppnr rioreaeey fut la eonmnnieation des goûts,
du. JLa^Q^.desipUttsii» et des Tices d'une conr corrompue, la
cçwoiunicajilîion de son oin?até et de sa galanterie^ à une ré^
ppIdiQimqai.sa maintanait par ses mitears austères, Fécono-
niîe d0^«{)i}ela jde lamille, Taeti^téel le travail^ 'conÉtent des
jeune» gena« Ce fut pendantla ti# de Laurent de Médlds qu*on
Tit )ep Florentins se façonaerà la sorvitade; ils s'étaient soa-
nûs auparavant plus d'une fois à l'autorité yexatoire d'une
1 ÀnionU de Bipalta âmutl Placeniini. p. 9S9, «- * Scipi^ne AmuUratû, t. XXIII ,
p. lOS. * 9 iMtf.
V
52 HISTOIRE DES REPUBLIQUES ITALIENNES
faction yictorieuse ; mm le ressort des anciennes moears, sn-
périeor à tonte oppression passagère, ram^udt bientôt le règne
des lois. Lorsque la mollesse et le libertinage eurent succédé à
cette antique énergie, les Uédieistron-vèrent un grand nombre
de citoyens qui préférèrent le repos de l'obéissance à l'agita*-
tion du commandement ^ «
Une ^entreprise inconsidérée d'un émigré florentin ayait ,
peu de mois auparavant, rappelé l'existence et les intrigues
du parti qu'on ayait privé de sa patrie en 1 466. Tous les fils
d'André Nardi, qui avait été gonfalonier en 1446, étaient
exilés. Bernard, le plus jeune et le plus courageux d'entre
eux, essaya de renouveler la guerre en s' emparant de la ville
de Prato. Il avait dans c^e ville un grand nombre d'amûs^ il
en avait un plus grand nombre encore parmi les paysans de
Pistoia : il savait de plus que dans ces deux villes l'amour de
l'ancienne indépendance n'était pas éteint, et qu'on s'y plai-
gnait de l'injustice et des vexations des gouverneurs florentins.
Il communiqua son projet et ses espérances à Dioti^alvi Né*-
roni, que les émigrés regardaient comme leur dief , et il en
obtint l'assurance qu'il lui arriverait des secours de Bologne
ou de Ferrare, s'il pouvait se rendre maître de Prato et s'y
maintenir quinze jours. Sur cette promesse, Bemardo Nardi
rassembla, pendant la nuit du 6 avril 1470, une centaine de
paysans en dehors de la porte de Prato, du côté de Pistoia. H
fit ensuite demander au podestat d* ouvrir la porte à un voya-
geur qui était arrivé trop tard. En temps depmx on n'avait
point coutume de refuser cette faveur. Nardi se jeta sur celai
qui portait les clefs delà ville et s'en empara; il fit mtrer tous
ses compagnons et commença à courir les rues en appelant les
habitants de Prato aux armes et à la liberté. Il se rendit
mi^itre, sans résistance, de la personne du podestat César Pe-
A MacchhweUif Ist. L. VU, p. 8S«. — J, Mich. BrutU Lt V, p. U4.
BU MOYEU AOS. &3
tniod, da palais public et de la dtaddle; mais ancan citoyen
de Prato n'ayait pris les aimes en sa favrar : tons regardaient
ayec étonnement un mooTement tnmnltnenx quMls ne pou-
Taient compr^dre. La Seigneurie de Prato s'éteit assemblée ;
Bernard se rendit auprès d'elle pour l'eiborter à recouvrer
sa liberté, et à aider les Florentins à reconquérir la leur.
Mais elle répondit avec calme qu'elle ne voulait <f autre liberté
que celle dont elle jouissait sous la protection de Florence. Ce-
pendant on ayait eu le temps de remarquer combien était petit
le nombre des satellites de Nardi ; les Florentins qui étaient
dans Prato avaient commencé à se réunir et à s'armer. George
Ginori, chevalîer de Bbodes, se mit à leur tète; il attaqua les
factteux , en tua plusieurs , et fit prisonniers tous les autres.
Cette s^ition, qui fut apaisée en cinq heures, et qui n'avait point
causédedanger réel,fut punie avecune excessive rigueur. Nardi
et six de ses craipagnons eurent la tête tranchée à Florence ;
douze autres avaient.été punis du même supplice à Prato; plu-
sieurs étaient morts en se défendant, en sorte qu'à peu près tous
ceux qui avaient pris les armes périrent victimes de leur im-
prudence * .
1472. — Deux ans après, une sédition d'une nature plus
grave éclata dans la ville de Yolterra, à Foccasion d'une mine
d'alun qui y avait été découverte. Un Siennais, nommé Be-
nucdo Gapacd, l'avait prise à ferme de la magistrature de la
ville ; mais comme il paraissait tirer de cette mine un beau-
coup plus grand avantage qu'on ne l'avait supposé d'abord ,
et comme ce profit était recueilli i»*esque en entier par des
étrangers , les habitants de Yolterra voulurent se prévaloir
de quelques irrégularités dans le premier contrat pour l'annu-
ler *. Les intérêts privés et l'amour-propre blessé de quelques
1 me. UacchiavelU, L. VII, p. 330-336. — Scipione àmmirato. L. XXIII, p. 107. ->
FiUppo de Pferli, Comment L. III, p. 53.—/. M. Bruti. L. V, p. 107.— * Antonii Hyvani
Commentarlolas de Bello Yclaterrano. T. XXIII, Rer. Il, p. 9.
54 HISTOIRE DES RÉPUBLIQUES ITAUENNES
Yotterrans ayaient tellement aigri les esprits , qae ces qae-
rdleg sur k nûned'akui furent snhiés de batailles, de meur-
tres, de Texil de plusieurs dtoyens, et enfin d*ane révolntiôn
entière dans le gonyeraement monieîpai.'YoIteÉra tétait une
ville alliée plutôt que sujette dès Florentins relie s'était oldigèe
seulement à lenr* payer chaque année mille florins , qui ne* -
faisaient pas la diiièmB partie de son retenu , et ft Ire^yôit
tous les six mois un podestat de Ftorence/D^aitteurs laiùà^s*
trature de la yille ^kaift tirée au sort tous les deux mois, sui^
Tant l'anden usage des républiques italiennes : elle se goui^er-
nalt d'une manièm indépendante*; ille faisait et 'abrogeait ses
lois, et elle nommait an^ conmnodement 'd'une vingtaine de
châteaux situé» dans leiYolfeerrân. Bes déoemTirs, créés au mi-
lieu des dissensions'causées par la découverte de la mine d'a-
lun , tcouvèrenl fort mauvais quela'répubUque de Floi^tfce
s'ingérèt dans son administration , et eût fait rétablir en p6^
session de lainineles entrepreneurs qui en avaient été chassés
par lafiNToej Il&oublitoent;, dans leurs rapports avec les Flo-
rentina^lesi^ardaet lerespeetqneleursprédéceséeurs étaient
toujoura montrés à cet état protecteur : û» repoussèrent enfin
les conseils de Laurent de Médids, qui voulait leur faire com-
prendre leur imiMudénoe, et qui, blessé de cette arrogaiièe , '
opina ensmte à les soumettre, par les anfaes*. ' .
Les Toltarans avaient déjà envoyé des ambassadeurs à
plusieurs, puissances de l'Italie, pour demadder leur protec^
tion, et les éndgrés flcNrentins, qui cherchaient toutes les occa-
sions d'attaquer le gouvernement; leur promettaient de Far-
gent et des secours. Leur révolte édata enfin le 27 avril 1472.
Cependant. Thomas Sodérim voulait enéore tenter de conti- '
nuer les n^^ations. Ses rivaux préférèiient le parti dés
armes^ et ils forent secondés- par Laui^nt deMédicis, qdi
* Anionii Hfrani Comneniar. p. 14.
IHJ MOTKH AOB. 55
désirait signaler son administration par qqelqae exploil; miU- ,
taire. Ce n* est pas qu'il se rendit lui-même à Tarpnée,: elle,
s'assembla sans lui sous les ordres di3 Frédéric de Montée
feltro, comte d*Urbin, et bientôt elle rempoi^^ une Tktpjre
accompagnée de plus de honte et de regrets que d'honneur,.
Les Volterrans ataient rassemblé péniblement un mUUer dft
soldats; leurs avant-postes furent enlevés ayec faciUté] et
leurs antiques murailles, ouvrage étonnant des ÉtrnsqueSj.
furent ouvertes par Tartillerie. Ils capitulèrent vers le milieu
de juin, ving-dnq jours après le commencement du à4ge.
Mais un soldat ayant, au mépris de la capitulation, frappé
et dépouillé un des anciens magistrats de Yolterra, qui venait
de déposer son emploi, cet exemple de licence militaire f qt
aussitôt suivi par toute l'armée des vainqueurs. Yolterra fofi,
livrée an pillage pendant tout un jour; on n'épargna ni les édi-
fices sacrés; ni l'honneur des femmes ; le gouvernem^t muni-
cipal fut aboli; une forteresse fut élevée sur la place du palais
épiscopal, et du nmg d' aUiéèla ville f ut réduiteà oeloidesujetle * .
Les deux tumultes de Prota et de Yoltqrra troublèrent
seuls la paix dont Florence jouit sous Vadministratiqn dc^
conseiilei^ et des amis des jeunes Médicis. Déjà leur pçuvovr
était assez établi pour que les conjurations formées ççmtsçe
eux l'affermissent en échouant, au heu de l'ébranler. Mais à
cette même époque, l'homme qui devait se jnontrer l|Bur
ennemi le plus acharné, celui, qui devait promettre 4^ l'ap-:
pui à des bonspirations nouvelles, et lès sanctifier par ses
bénédictions, Sixte lY, était élevé au poste le plus âmnent
de la chrétienté. . , .
Le danger que les invasions des Turcs faisaient courir à
l'Italie, était si universellement senti, un si grand effroi avait
1 AmotÊU Hyvani Commentarlolus de Bello VokUemmo, T. XXIII, p. S-30.— Sdpione
ânantrato. L. XXIII, p. iii. — KaccMavelU istor, L, VII, p. S38"S42. Annaieê ForoH-
vienses. T. XXII, p. 331.
^6 HISTOIRE DES REPUBLIQUES ITAUENITES
frappé tous les esprits, qu'il n'y ayait pas dans le collège des
cardinaux un homme qui ne parût déterminé à employer
toutes les richesses de 1* Église romaine, aussi bien que toutes
les forces de la chrétienté, à combattre les barbares. Un non*
veau pontife, en montant sur le trône, y portait toujours ce
yœu' qu'il avait formé dans une situation moins élevée ; ses
premières congrégations, ses premières lettres étaient toutes
pleines de l'ardeur qu'il voulait communiquer à tous les fi-
dèles. Mais dès qu'il avait goûté quelque temps le plaisir de
commander, dès qu'il avait éprouvé quelque temps, d'une part,
la jouissance d'enrichir ses créatures , de satisfaire ses propres
goûts, ou ceux des hommes qui lui étaient chers, d'emidoyer
enfin les trésors de l'Église à contenter ses passions, non plus'
à défendre la chrétienté, tout son zèle se refroidissait, il trou-
vait des prétextes pour se dispenser de concourir à la croi-
sade que lui-même avait préchée, et ceux à qui il avait mis
les armes à la main, devaient s'estimer heureux s'il ne pro-
fitait pas del'occupation qu'il leur avait donnée, pour les atta-
quer dans leurs foyers et les dépouiller.
Ce refroidissement progressif, qu'on avait pu observer dans
Galixte III, dans Pie II et dans Paul II, devint plus frappant
encore dans Sixte IV. Depuis le pontificat de Nicolas Y, le
sceptire de l'Église était tombé successivement dans des mains
toujours moins pures, et cette dégradation progressive devait
avoir pour terme, à la fin du siècle, le pontificat scandaleux
d'Alexandre YI. François de la Bovère, élevé au Saint-Siège
sous le nom de Sixte lY, y était monté, à ce qu'on assure, par
des intrigues simoniaques. La voix du cardinal Orsini avait été
achetée par la promesse de l'emploi de trésorier ou camerlengo;
celle du vice-chancelier, par l'abbaye de Subbiaco ; celle du
cardinal de Mantoue, par l'abbaye de Saint-Grégoire * . De cette
> Stefano Infesntra, DiarUf Roimmo. p. Ii49.
DU HOTXlf AGE. 57
manière, le cardinal Bessarion, qui avait para d'abord réanir
le ploa de yoix, et le eardinal de Payie, qôi aurait également
honoré la tiare, furent écartés, non sans qu'ils entrevissent
eux-mêmes les intrigoes qni les avaient repoussés * .
L'Eglise entière avait retenti de plaintes contre l'avarice
de Paul II ; on l'avait vn accumuler les revenus des bénéfices
eeclésiastiqnes, qn'il laissait pendant de longues années san^
possesseurs ; on ne lui connaissait aucun favori, aucun faste,
ancune dépense ruineuse ; on savait que son goût était d'en-
tasser des trésors sans en faire usage, et on hà avait souvent
entendu dire à lui-môme que ses coffres étaient remplis de
sommes immenses. Cependant Stite lY déclara n'y avoir
trouvé que cinq mille florins ^. Mais la richesse subite de ses
neveux, et le luxe scandaleux qu'ils étalèrent aussitôt aux
yeux de tonte l'Europe, firent soupçonner que le trésor du
dernier pontife n'avait point été à l'abri de leur spoliation.
Sixte lY avait quatre neveux dont l'élévation rapide fut un
objet de scandale pour toute la chétienté. Léonard et Julien
qui portaient comme lui le nom de la Bovère, étaient fils de
son frère; Pierre et Jérôme Riario étaient fils de sa sœur. Des
bruits honteux attribuaient la naissance de ces derniers à un
inceste ; d'antres cherchaient une cause plus infâme, s'il est
possible, à la prédilection insensée de Sixte lY pour ces deux
jeunes hommes ; l'opprobre de ces accusations était univer-
sellement répandu ; les mœurs et la conduite du pape contri-
buaient aies accréditer.
Cependant tous les intérêts de l'Église et ceux de la chré-
tienté Paient sacrifiés an désir d'agrandir les neveux du pon-
tife. Léonard de la Bovère fut nommé préfet deBome ; il épousa
une fille naturelle de Ferdinand, et à l'occasion de ce ma-
riage. Sixte lY abandonna au roi de Naples le duché de Sera,
1 CardtnùU Paptensls epistola 3ds , p. 733, et apud tUtynald. AnnaL Beeies. I47i
S 66, p. 333. ^ ' VUa SixU IV, Platinœ tritfUto, T. ilf, P, fl; p. 10S7.
58 HISTOIRE DES REPUBLIQUES ITALIENIfES
Arpino et tous les fiefs qae Pie II aTait acquis à T Église pen-
dant la dernière guerre, et que Paul II ayait défendus si Ti«
goureusement. En même temps. Sixte remit à Ferdinand, non
sans exciter de violentes rédamations dans le sacré coUége, ee
tribut arriéré cpii avait fait craindre des hostilités entrele roi de
Naples et le Saint-Siège ^ H Ten dispensa même ^Favenir pour
le reste de sa vie. Il s'unit ainsi au prix de^ intérêts de son
église, par la plus étroite confédération ayec le gouyemement
napolitain. Julien de la Bovère, que Sixte lY fit cardinal et
qu*il enrichit de bénéfices ecclésiastiques, fut ensuite le pape
Jules II. Jérôme Biario épousa, par le crédit de son oncle,
Catherine, fille naturelle de Galéaz Sforza ^. Mais œ n'était
pas encore assez pour Tambition du pontife : il fit en 1473
acheter, pour Jérôme, par son ficère Pierre , au prix de qua-.
rante mille ducats d*or, la Ville et la prijicipauté d*ImoIa, ou
Taddéo Manfrédi , qui soutenait alors une guerre dvile contre
sa femme et son fils , avait peine à se maintenir \ ,
Quoiqu'un tel a^andissement des neveux du poptiîfe romain
fût encore sans exemple dans les annales de F Église, il pou-
vait jusqu'ici s'expliquer par la cupidité et l'ambition seules.
Mais la prédilection de Sixte lY pour son neveu Pierre Biario,
que àe simple moine franciscain il fit cardinal prêtre 4u titre
de Saint-Sixte , patriarche de Gonstantinople , et ard^vêque
de Florence, donna lieu de soup^nner des mptifo plus odieux,
à tant de faveurs. Pierre Biario, âgé seulement.de vingt*sdx
ans, n'était distin^é par aucun talent, par aucune vertu ; U
n'était encore connu de personne , lorsqpe, dès le cinquième
mois du pontificat de son,oncle, il fut nommé cardinal. « Dès
« lors, dit Jacob Àmmanati , cardinal de Pavie, il eut tout
* Vitœ Romanor» Pontif, T. III, P. II, p. 1059. — Card. Papiemis epist. 439, p. 790.
— AnnaL Eo^es^i^iX S M« P* ^T. — * Bêeron. (te ïïurselHs, Annal. Bonon. p. 90i. —
s vitœ Bonumor. Pontif. T. III, P.' II, p. 1060. — Hier, de Bwsellis^ Annales Bono-
nienses. T. XXIII, p. 900.
«=id
DU HOYin AGE. 59
« pouvoir dans la cqoi:. .Son lang et aojk faste dëpattèrent ce
< que croiront jan^ais nos nev^nZ) tant comme le sonrenir de
« ce qu^ont js^aiç y^ nos pères^ QnaB4> fl AU&it à la cour on
« qu'il en revenait ^ qne, mnltitnde 4*homme» de tout oidre et
« de toute , àîgpité raccompagnait, et aucun chemin n'était
« suffisant pour la fpule qui le précédait ou qui le snivait.
« Chez lui, ses audiences étaient bie» plus fréquentées qne
« celles du pontife. Lçs évêqnes, les légats, les .hoimnesrde tout
« rang , affluaient à toute beorç dans.sii maison. Il donna un
« repas aux i^nbassadeurs de France^ et jamais Tantiqnité,
« jamais les peuples païens, n' avaient rien connu de si somp*-
« tueux. Les préparatifs occupèrent plusieurs jours; tout Fart
« des Etrusques y fut recherché, y fut employé î le pay»en-
< tier fut épuisé de tout ce qu'il.avait de rar:e etde puédeux,
< et tout ini fait avec Ici but d^étaler un faste que lapostérité
« ne pût s\irpasser. L'étendue des prépfiratift , leur variété,
« les ordres des officiers, le nombre pics plats, \» prit de» mets
« qu'on servait , tout fut enregistré avec ^in par defr iospec^
« tenrs; toujt fujt n^is en vers, et irépandu avec profusion,
« non pas dans la ville seulement, mais danstoute Tltalief. On
« eut même soin d'en envoyer des exemplaires dans les pays
« ultramontains * • «
Peu de jours après ce repas, dont la splendeorsemUait
insulter aux vœux de pauvreté de Tordre deSaint^François ,
où le cardinal Biario ayait été #evé, Léonore d'Aragon, fille
de Ferdinand^ promise j|u due Hercule de |*errare^ passa à
Borne, j)our se.reqdre auprqs de son épou]^, accompagnée par
Sigismond ^ frère d'Herçide. Un fast^ p4us extravagant encore
fut déployé à. cette occ^için par le cardinal Biario ; un palais
tout brillant d'or et de soie fut éle'^é ^r la place des Saints-
1 Ptxptensis CardinaUê episiola 548. Ad Franciscum Gomagam Cardinalem- p. 83f .
— ÂMnal. Eccies. t474. S 33-23, p. 256. — Onofrio PanvinU}^ rUa di Slsio IV. AA ea^
cent Plaeentinœ, Ediiioveneta, nso, p. 4S6.
6Q HISTOIRE DES RÉPUBLIQUES ITALIimnES
Apôtres , pour recevoir Léonore. Tous les rases destines au
seryice de cette cour, et jusqu'aux ustensiles les plus vils,
étaient d'argent ou de Termeil * . Les fêtes succédaient aux
fêtes ; en peu de temps le cardinal Riario se trouva avoir dé-
pensé deux cent miUe florins, et contracté pour soixante mille
florins de dettes. Pour suffire à ces dépenses insensées , qui
égalaient ou surpassaient les revenus des plus riches souve-
rains , Biario avait réuni les prélatures les plus opulentes de
la chrétienté. Patriarche titulaire de Gonstantinople , il possé-
dait en même temps trois archevêchés , et un nombre infini
d'autres bénéfices.
Bientôt Pierre Biario voulut montrer à F Italie entière le
luxe qu'il avait d'abord étalé à Bome. Il se rendit avec une
pompe royale à Milan , où il arriva le V2 septembre 1473. Il
s'y présenta sous le titre de légat de toute l'Italie, que Sixte IV
lui avait donné. Il y fit assaut de magnificence avec Galéaz ,
qui comme lui s'enivrait de vanité. On crut aussi qu'ils s'é-
taient promis de s'assister réciproquement dans le projet ^ l'un
de se faire roi de Lombardie, et l'autre pape. De là, Biario se
rendit à Venise, pour y chercher, non pas seulement l'éclat
des honneurs qu'on lui décernait, mais encore la jouissance
de toutes les voluptés. On assure qu'il s'abandonna à tous les
excès, par delà ce que sa constitution pouvait supporter. 1 474 .
— Épuisé par des déBauches plus scandaleuses , mais moins
ruineuses pour les peuples que son faste , il fut à peine de re-
tour à Bome qu'il y mourut le 5 janvier 1474, après avoir
donné pendant dix-huit mois à l'Italie le spectacle d'un crédit
dont le scandale était jusqu'alors inconnu. Avec lui commença
le Népotisme, qu'on avait eu peu d'occasions encore de repro-
cher auparavant à la cour romaine '.
Sixte IV semblait avoir besoin d'un favori pour lui prodi-
1 Dtarto di Stefan, Infêssura. p. U4f.— Gio. Batt. Pigna. h. VIII, p. 7S9.— * Diarto di
Siefano Infessura, p. iH4. — Romanor. Poniificum vUœ p. 1060. — Bernard. Corto ,
.-^ \
DU MOYEN AGE. 61
guer toutes les richesses de 1* Église. Lorsqu'il perdit Pierre
Biario qa*il pleura amèrement, il se hftta de produire au grand
jour un autre de ses neyeux, que sa jeunesse avait jusqu'alors
éloigné de la fortune. Cétait Jean de la RovèrCy frère de Léo^
nard et de Julien. Sixte lY lui fit épouser Jeanne de Monté-
feltro, fille de Frédéric, comte d'Urbin, le plus distingué par
ses talents et ses yertus entre tous les feudataires de T Église.
Pour que cette fille d'un prince n'épousât p<nnt un simple
particulier, le pape détacha du domaine immédiat du Saint-
Siège, et donna en fief à Jean de la Rovère les deux Tilles de
Sinigaglia et de Mondario ayec leur territoire. Le consente-
ment du consistoire des cardinaux était cependant nécessaire
à cette inféodation, et il ne fut pas facile de l'obtenir. Le car-
dinal Julien, frère du nouveau prince, mit en usage les plus
vives instances pour persuader ses collègues ; le pape acheta
r un après l'autre leurs suffrages par de riches bénéfices, et les
plus rigides défenseurs des intérêts de F Église furent enfin en-
traînés par le vœu de la majorité * . Sixte lY voulut ensuite re-
lever la dignité du prince qu'il venait <f attacher à sa famille.
Frédéric de Montéfeltro, qui faisait prospérer son petit état,
passait pour un des meilleurs généraux de l'Italie. Il avait
toujours une bonne armée sous ses ordres , qu'il maintenait
comme condottiere en recevant la solde de quelque souverain
plus puissant. La situation de ses états dans le voisinage de
Rome rehaussait le prix de son alliance. Le pape, pour s'as-
surer toujours plus de lui, le décora du titre de duo d'Urbin
le 21 août 1 474, avec la même pompe et les mêmes cérémonies
qui avaient accompagné trois ans auparavant la nomination
de Borso d'Êste au duché de Ferrare^. Le gendre de Frédé-
ric passa bientôt lui-même à une nouvelle dignité : son frère
Bi$t. Milan, p. VI, p. 976. — * CardtuU. Papimu, eplst. SW'l»o, p. 8S8, 839. Let ciu-
tionf de Raynaldi ne le rapportent pas exactement pour ces épllres. 11 désigne cellet-ci
comme étant 688 et 889. — VUœ Bmnanor. Pontif. T. III, P. Il, p. |068.-.> Cardin. Pa-
62 ' HISTOIRE DES RÉPUBLIQUES ITALIENNES
I^nacd âant m^rt le 1 1 noif^mbre 1475^ il loi succéda ààM
la charge de préfet de %ome.
L'aotre Mrede la Bov^reyce cardinal Julien qui devait
ensuite^ dans uiï âge avaiicé , se montrer lé plus belliqueux
des pontifes, fit yen» le même temps son apprentissage de Fart
militaire dans Fétat'de TÉglise. La Tille de Todi fut la pre-
. nûèro scène de ses exploits: On avait vu se renouveler dans
eette viVe l'antique discorde' des Guelfes et des Gibelins, qu'on
aurait dû: croire éteinte après trois siècles de durée. Gabriel
Gastellani, le chef des Guelfes du pays, y avait été tué. Mattéo
. CanaH, chef des Gibelins, s* était rendu en quelque sorte souvo''
'. nalUide Todi. Toute là province tfëtait'soulevée à cet événe-
. ment,. et le souvenir d'axieiëïiiies ôtfeïi^ avait ranimé les
: Jwnos aTeeautaîit'de'ftiifetu* cpie si les deux'faetioh^
encore idispoté sur les di^ils de FEtnpire et de l'Église. Les
habitantstdeSpoléUe, lé^mte Giordâno Orsini, et le comte
.de PitigUano étaienj; accourus au seédtirs'du ^parti guelfe ^
-GioUÔide Yarano, seigneur de Gamérino, s'était déclaré pour
,1e parti f gibelin, ^u reste les senïhnéàts ^qtd avaient autrefois
dopmé 4Mrigine à ces factions éf aient èubliés par toutes deux,
et les Gudfes étaient si peu demeurés les châm]|)iôns des
droite de l'Égaie, qae le légat du pape embrassa là défense des
GibeUns. Il eûitra dans Tiôdi à la tèté de i^a petite armée : il en
«ibaasa les paysans qu'on y avait ihtroduits , il punit les sédi^
tieox par la prison ou l'exil, et il rsimena la province à la dé^
pendance entière du Sàint-^Siége. De Todi, Julien de la Bovère
CQBAoiût son armée à Spolette. Orsini ei Pitigllâno s'en rèti-*
rèrent à son iq[)proehe , et la ville ouvrit ses portes par capir'
tulation. Mais les conditions accordées auï habitants par le
eacdinal légat ne furent point observées ; ses soldats, en dépit
de lui, se jetèrent sur les citoyens et les pillèrent. lïéanmoins
piensis. effistolasts, p. 8S2.— Raj/no/dt annal, écoles, 1474, S 21, p. iM.-^VUœ honum
Poniif T. 111, P. If, p. 1062.
I
y
>\
I
y.
H
DU MOYEU AG£. 63
ee De furent pas les soldats que TÉglise punit ensuite de lear
indiseîpline : elle s* en prit aux habitants de Spolette, auxquels
le cardinal crut ne plus rien devoir, puisqu'aussi bien leur
ca^tulation ù'avait pas été observée. Plusieurs d'entre eux
furent jetéi^ en prison , d'autres furent exilés^ et leur juridic-
tion sur la province fut abolie * .
Il ne restait plus à Julien de la Bovère, pour terminer ,sa
campagne , qu'à soumettre Nicolas VitcUi, prince de Tipher-
; num ou Gttà di Gastello. Yitelli ne prenait d'autre titre qae
oAvi. de vicaire de la sainte Église ; il se déclarait prêt à obéir
. aux ordres du papô; cependant il medntenait, dans sa petite
• jBoaveraineté, une indépendance que ses ancêtres lui avaient
. déjà trsoismise depuis plusieurs générations. Il repoussa la
; forée par la force ; il remporta un avantage sur les troupes
du cardinal Julien, et il demanda en même temps des secours
^'imx Florentins. Ceux-ci ne voyaient pas sans inquiétude la
. turbuknee du pontife et de ses neveux, et cexïhangement dans
. le . goiiv^n^nent de l'Église qui semblait en faire une monar-
chie miMtaîre. Ils avaiéht encore lieu de craindre pour Borgo
San^^polcro, "nlle très rappi:ochée du théâtre de la guerre,
qu'ils s'étaient fait céder par les papes^ et qu'ils pouvaient se
.voir ravir. Ils y envoyèrent une petite armée commandée par
J^eiTd Nasi; en même temps, ils firent passer quelques secours
-à Yitelli, d ils excitèrent ainsi le courroux du pontife, qui ne
leur pardonna pas de l'avoir arrêté dans ses projets ^. Le car-
dinal, perdant l'espérance de soumettre Yitelli par la force,
lui accorda une capitulation honorable. Deux cents soldats de
l'Église furent admis dans Città di Gastello, ep »gnede sou-
mission ; mais le gouvernement ne fut point cbangié , et la
1 nomanor. Pontff. vUœ, T. 111. P. II, p. lOOt. — Ono^'io Panvéïo, VUa 4( SUtolV,
p.4Sî. — * Sdphne Ammirato, L. XXIV , p. 113. Ils envoyéreat en même temps une
ambassade à Louis XI, pour demander sa proiection. GonUnuaU de Monêir^Ut, , CAr*
Vol. Ul, X. m, ¥,
64 filSTOlRE DtSS A£^UBLIQU£S ITALUB1IJK£S
souveraineté de Vitdli ftit reconnue. Ce trdté , au reste , fut
-vivement blâmé dans le sacré collège. Les cardinaux les plus
vertueux étaient justement ceux qui mettaient le plus de zèle
à étendpe la domination temporelle de l'Église. Us avaient
espéré que Gittà di Gastello serait ramenée à la directe du
Saint-Siège, et ils considérèrent les concessions faites à Titdli
comme contraires à. la dignité et à la souveraineté du pape ^ .
Si les Florentins avaient conçu de Fiiiquiétude à cause des
mouvements de l'armée du cardinal Julien sur leursf routières,
ils avaient plus lieu encore de s'alarmer de la liaison intime
du pape et du roi de Naples ; Surtout depuis que ces deux
souverains s'étaient attaché Frédéric d'Urbin, qui jusqu'a-
lors avait été presque toujours capitaine de la république. Les
Florœtins avaient vu avec étonnement ce Frédéric se disposer
à faire un voyage à Naples, et ils avaient voulu le retenir,
persuadés que s'il se mettait une fois entre les mains de Fer-
dinand, celui-ci le traiterait comme il avait traité Picduino *.
Mais lorsqu'ils surent, au contraire, que le duc d'Uri)in était
accpeilli à Naf^es avec des honneurs infinis, et nommé général
de la ligue du roi et du pape, ils crurent qu'il était temps de
se mettre en garde contre l'ambition de ces redoutables voisins.
D'une part, ils nommèrent pour leur capitaine BobertMala-
testi, prince de Bimini; de l'autre, ils envoyèrent Thomas So-
dérini à Yenise, pour y conclure une alliance plus intime avec
cette république.
Les Yénitiens étaient alors plus pressés que jamais par les
armes des Turcs ; en même temps ils s'étaient compromis par
les affaires de Chypre, avec les deux plus puissants états de
l'Italie. Ferdinand espérait toujours faire obtenir la couronne
de ce royaume à son fils naturel don Alfonse, qu'il avait
fait adopter à la reine Charlotte, sœur légitime de Jacques,
1 Epiât, Card. Papienê. 570, p. 833. — Bof/naUl ânnoL 1474, S t7, p» 3M. -^ > Jiae>-
chiaveUi, h, Vir, p, 34S. — ' Sçipione Ammirato» h, XXIV, p. lis.
et qa*il avait fiancé à Faatre Chariotte , fille naturelle du
même Jaecpes. Tandis qoe les Génois, sojetsda duc de Milan,
ne pouvaient se consoler de la perte de Famagonste , et me-
naçaient d'attaquer Tile de Chypre avec les tronpes mila-
naises, pour recouvrer cette forteresse * , les Vénitiens , in-
quiets des prétraitions de leurs rivaux , saisirent avec em-
pressement Toccasion de se confédérer avec tout le nord de
ritalie.
La négociation fut conduite avec adresse à Milan, en même
temps qu*à Yenise ; et, le 2 novembre 1474, les deux répu-
bliques signèrent avec Galéaz Sforza une ligue défensive pour
le terme de vingt-cinq ans. Il fut convenu que chacune de ces
trois puissances entretiendrait, même en temps de paix, trois
mille chevaux, et deux mille fantassins sous les armes. Dans
une guerre continentale, elles devaient réunir entre elles vingt-
un mille chevaux et quatorze mille fantassins ; de telle sorte,
cependant, que lorsque les Vénitiens et le duc de Milan con-
tribueraient chacun comme trois, les Florentins ne contribue^
raient que comme deux. Enfin, dans les guerres maritimes, les
Florentins et le duc de Milan s'engageaient chacun à fournir
cinq mille florins par mois aux Vénitiens. Il fut convenu en-
core qu'on inviterait le duc de Ferrare, le pape et le roi Fer-
dinand à entrer dans cette alliance. Le premier, en effet, y
accéda le 13 février suivant, tandis que le pape et le roi
Ferdinand se contentèrent de donner des assurances générales
qu'ils demeureraient amis des parties contractantes, sans
vouloir prendre aucun engagement'.
Mais, quoique l'Italie se trouvât partagée entre deux ligues
rivales, qui s'observaient et qui cherchaient mutudlement à se
nuire, sa paix intérieure ne fut point troublée ; les négocia-
tions où se manifestait le plus d'animosité n'amenèrent pas de
« WUmBoaumgr^fiotMf. T. Ul« »iO, p« iMt.— «Gia. BMI»M0fM/ Stortadc* Mt-
€lfi ffKêti. U VUl, p. 1M,
Vil. &
66 HISTOIEB DES RÉPUBLIQUES ITALIEIÏIIES
r^ultat. L'histoire de Florence, pendant plusieurs a^nées de
suîte^ ne présente aucun souvenir ; celle de Milan est à peu
près Qullç : tous les intérêts, toute F activité des Italiens étaient
"k cette époç[ue dirigés vers le Levant. La guerre des Turcs oc-
cupait tous les esprits, et tenait en échec toutes les forces.
Seulement le pape, toujours plus aliéné des Yénitiens, se reti-
rjiit graduellement du combat. En 1472, la flotte pontifi-
cale avait secondé de tout son pouvoir celle de la répul)liciMe ;
l'année suivante, elle n'avait fait qu'une vaine parade dp sa
force dans les mers de Rhodes ; la troisième année, elle ne
parut plus dans cette guerre, à laçpielle le Saint-Siège était si
immédiatement intéressé.
Avant la fin de l'année 1473, Mahomet II avait envojé en
Mol<lavie une armée commandée par Soliman, beglierbey de
Bomanie. Le souverain qui portait le titre de palatin et vvay-
vode de Moldavie, était Etienne, digne successeur du féroce
Bladus Dracula. Mais ses effroyables cruautés étaient excitées
jpar Jud zèle religieux le plus fervent ; aussi Sixte lY, qui lui
envoya une partie de l'argent produit par les indulgences,
r appelait-il dc^as toutes ses lettres, son fils chéri, le vrai
athlète du Christ ^ . Etienne ne tenta point de livrer bataille
aux Turcs, pour défendre son pays; il le ravagea au contraire
devant eux avec tant d'activité , que les Musulmans, en avan-
.çant., ne trouvèrent bientôt plus aucun moyen de subsistance.
Après ^ue leur armée , épuisée par la faim et la maladie , eut
perdu son courage aussi bien que ses forces , le v^ay vode l'at-
taqua le 17 janvier, près du marais de Backovieckz , et la
défit ^entièrement. U eut ensuite l'atrocité de faire empalerions
ses prisonniers , à la réserve de quelques officiers généraux ;
et le même historien qui raconte cette barbarie , ajoute immé-
diatement ^ue, « loin de s'abandonner à l'orgueil après cette
1 Bulle de iaoTiw I47tf. In U^ BuUanmu L. XXIII, p. 9i. — annales EcçieiloêUel
.' %
P0 wxta àBm. êf
« Tictoke, il jeùiia gmtre joam m pam tt à fera , et qu'il flt
« publier dans toat s^ p^ji q/Bie peramme H'eèl l'audace de
« s'attribuer ^ Ini-mèine cet beoien saoeèe , mm que ehacua
« ^n rapportât la gleirp taut Mtièie à Aioi 1. » Le wayyode
continua la gp^rre |i0)dai)| 1^ 4w)i auftées Mviaiitee, san»
livrer de bataillç; ^ais sa qn^aleivi Ufère, yokigeani sans
cesse sur les flancs dp Tannée pusulnane, lui enleva des mil-
liers de prisonniers , qn'Étiwiie flt tous tfooroher vivants ou
emp^er '.
i Le beglierbçgr dg ^oykanie ayant rétabli son année , après
89 déroute de lU^dfiawoekz , wit an mamencgment de mai
1 474, mettre }e si^ devant Sentari , l'une des plus fortes
ville? que les yénitien« possédasseot dans l'Attuanie '. Les La-
tii|9 as^livent qqç Sp}imin afaît 90» ses ovdres siMianle mille
bowipea» connnqii^ lyw lui par sept sangîaks. Antoine Lo-
redano était chargé de la défense de Scatari , avee ke titres de
> L'hislorie» Mttbiis ll^tli«|ia| ét|^ «onliMKWiSi, «& fhiaoini #i€n«pfie, in
commeDoeineot du xvi' sièclQ. Chrotiic. Polon. Lib. IV, cap. w» tfajfnt^ ÀtmaL Eo^
ckê. 1474, S 10, p. aH« ^Andréa NavagierOj Storta Venezioua. p. U44. Btienne,
wajTode de Valachie et de ll9k|«|if^ e|i u» dsi ^k» IfeTORii 4e DhmoM, Mitorieii
polonais, ion conlemporain. Eq l46i; il avait t||tiça Mai^ CACVipp (h- 3UA^,
m ilSXflii 1469, S avait vaincu Pierre, ion compétiteur, et ensuite les Cosacmes Za-
poiovea, et il avait exercé sur les uns et les «iitree te plu» eC^oya|>les crusui^k le.
p. 445, 450. il avait ensuite fait la guerre A Radul, fils de Bl^dus Dncuto, wayvodB ^
B9f»iurahiB,etil Tavait forcée se jeter dans les bras des Turcs, p. ses, Sie. Enfin, sa
▼iptpise prés 4es o^rai^ de RapkowiecM et du Spu^re SerUd, sur le begliBrbey de Ro-
manie, le supplice de tous les captifs, et le ]eûne des valpqpeun t^ piH».«>»i '•'ffim
sgil ntOQléi avee les mêmes efrconstanees par Dhigoss et par Michovias. Ifi^i. Poiôn.
L. XUI, p. ^.-^Dmetm* CffUmir. L. ^k ^«S; 1^ S S|^ P- nu— *> aoyiefAïf mnalL
Bceles. 1496, $ 6 et 7, p. 265.^ ' Marinus B^rletius , le même ajiquel Dpu^deviH» la lA^
de SçfMrtpiteg, eonménce son Mstpire du second siège de Scutari, sa patrie, par u^e
bonne description de ce^e ni|te. Il noiis ypief^9iV|1le>eraifc éÎÉ ^snnée en gage à It
Seigneurie de Venise, par George Balsit^ch, seigneur épirote, contemppc^n d'A^vrai^lf
et df.^s^nAorb^; que la viSe^ ruioée par loi incursions précédentes des Turc», ne s'é-
tendait plus» çogof^e au^|«i:9^aim dpf dei9 oi^^fm^ Ul de krtiijiBi Ledriao» qui
M jetait autrefois dims la Bogiana, et qui baigne aujourd'hui Lyssus, et <|^be«cbe d^
te mer à dfK mU^ de diitane& Scutari était dés lors resserrée prés du confluent de cet
deux rivières, dans Teiiceinte Dénie qui servait de forteresse A eette ville, au temps <|e
*^ff^9mé^9m9in^ miimM. UwâMm, âê SeodhSM» exfUffmioiM. L. |, p, ^i..
cditio BaaiUetMU^ foU ISM. M cotam laïamek CAoloocondftar,
4*
68 HISTOtEB DES BéPUBLnjtJfiS ITALIERNISS
cafHtaine et comte de la ifille. Les mors deSeatari étaient fai-
bles ; ils furent UentAt enti^onverts par l'artillerie ; les Turcs
avaient alors dans cette arme nne grande supériorité snr les
chrétiens. Mais Loredano faisait élever des remparts de terre
derrière les murailles abattues, et trouvait des ressources dans
la situation avantageuse du terrain ; toutes les villes d'Albanie
ayant été bâties dans des lieux naturellement très forts. Le
provéditeur Ludano Boldù voulut introduire un renfort dans
la place ; sa petite armée fut mise en fuite. Les assiégés avaient
épuisé leurs provisions ; F eau surtout leur manquait , et la
faible ration qu*on donnait encore aux soldats , devait mettre
à sec dans trois jours la dernière dterne, lorsque vers le nnlien
du mois d*aoùt, Soliman donna un assaut. Il fut soutenu avec
vaillance pendant huit heures ; les Turcs y perdirent trois mille
hommes , et , en abandonnant enfin le combat , ils se détermi-
nèrent aussi à lever le siège * .
L* armée turque, qui avait assiégé Scutari, avait fait une
perte prodigieuse par les maladies qu'engendrait le terrain
marécageux où elle était campée. Sabdlico porte cette perte
à seize mille hommes. L'armée vénitienne n'avait pas mieux
évité l'influence du mauvais air. Gritti et Bembo avaient été
envoyés les premiers avec six galères à l'embonchuTe de la
Bogiana , rivière qui , recevant les eaux du lac de Scutari , se
jette à la misr entre Duldgno et Âlessio. Pierre Mocénigo était
venu «isuite au même mouillage, avec la flotte qui avait
soumis rUe de Chypre ; tous trois tombèrent successivement
malades, et fnrrat forcés de se faire porter à Cattiffo. Les ma-
telots et les soldats de marine furent plus exposés encore à
cette fatale influence. L'armée que Boldù rassemblait en Alba-
nie, et à laquelle se joignit Jean Czemowitsch avec plusieurs
braves Épirotes, ne fut jamais assez forte pour se mesurer avec^
t Uarimu Uévlettm^ De SeodMwi ««iwgfMMioM. L. U » p. tMi— >€onoliiMt<9epfo«
0» M. fenêionmi» L. lit, p. mt.
DU nom àBM. 6ft
lea Turc&i et tandis fa'elle attandiA; des renfarfai, la maladia
loi eideyait 1^ soldats qu'elle a?ait déjà. Enfiii les habitants
de Scatari , aussitôt que Tarmée mosulmane fut partie, eon*
lurent en foule sur les bords de la Bogiana pour se désaltérer ,
après une privation d'eau si lonj^ et si cruelle; mais un grand
nombre d'entre eux forent irictimes de l'excès de boisson qu'ils
7 firent; à peine aTaient-ils étanché leur soif, qu'on voyait
leurs mi^nbres se raidir, et qu'ils tombaient frappés d'une mort
subite ^
La république de Venise témoigna aux hruTes habitants de
Scutari, et à leur commandant, la reeonnaissanee cpie méritait
leur fidélité. Elle fit suspendre le drapeau des premiers dans
l'église de Saint-Marc , pour qu'il y demeurét en monument
de la constance de cette Tille , et ette créa ehevalier Antonio
Lorédano, qu'elle életa rapidement aux fonctions de proté-
diteur et de capitaine général '•
147â. — Pendant l'biyer qui suivit le siège de Scutari,
les Vénitiens cberdiàrent à faire quelque traité stcc les
Turcs; mais les prétentions du grand-seigneur furent trop
exorbitantes pour qu'ils pussent s'aeeorder avec lui. En même
temps ils demandèrent à leurs alliés des secours pour la cam--
pagne suivante. Le duc de Milan Içur paya fidèlement le sub-
side auquel il s'était engagié; le pape, au contraire^ après aToir
nommé dix cardinaux pour s'occuper de la guerre des Turcs,
se refusa à y prendre^ part. La république, irritée de cet
abandon, rappela l'ambassadeur qu'elle avait à Bome '.
La campagne de 1475 fut marquée par peu d'événements.
Soliman^ beglierb^ de Romanie, vint mettre le siège devant
Lépante, forteresse des Vénitiens, dans l'Étolie, à l'entrée du
& iMr. XauatUrOt Sêot, Venês, p. 1 14 t-i la. — CoHotowi ikpiù. U III p. 36S-S6a*
— Rayno/d. Ann. EceL 1474, S* <'. 13, p. 3S4.— «. A. SabeiUeo» Dect lU, L. X, f. 290-
331. — • À»^.Jfia»90i«n^Siar^ rm$*» p. tl4S.^II. 4^ SoMUco. PeMlU, k X» l« 3»2*
— > Andr. navagiero^ p. ii44.
7^ HISTOIRE DB9 ^PMtiUfClÈ ITALIENNES
gcAto dt ODriâthe« D«|mid loiigtem|[>8 lés indrs de cette ^ille
Q^ auraient point été répiktéêi et ib tôinbâient en rnitie; mais
flcm assiette «ut* des rotihérft iBsëâi^és , qtd la fermaient du eôté
un MTd j et qm sorm^Màit uti fioil éhfiteail , Idt tenait lieîi
d*OQTrag«i de Tai^. Entfè Isés fàthein et le t)6rt , les Vénitiens
ere^rest deb tosiës déitîère les brêëHès dès inurailles , et ils
If» appuyèrent de bontetajlis. Cinq cetiti ëheyto-légers Àaient
mtféB Aine la tille , et lélll^ fihéqbètitcâ isortie^ furent toutes
couronnées par des succès. Antoine Lorëdano occupait le golfe
ayee la ficttri vtÉnMéniie^ M it né laisÂSft lûân^tier lépahië ni
d^ tlvne^ m d'amw, fift ûë tmipëi tNiébes. Apres quatre
moiflid' ne attaqué iiitttte, Ékfliiilàii fëiSUinaissàùt qu'il n'àyait
Ùftfc eueim pn^i^^ M tMLxà à le'^f^ le sf%e <. A la fin de la
mtaie eampëgae, la flotte èttolàMle £t dikë ieiitatiVe sur le châ-
teft» de (koàMi ditnS rift de LëtnnoÉ j ëdn artillerie fit une
brèche aux murailles, mais rap^1rtec9ié dé Idrëdano âyec la
fVNte t^ti^iW ibr|k tel TlirW à se l^etiréi^ *.
Gependaiit la mtim ifinft, tine iSm AB i'ëpubiiqtiés ita-
lîeutes fat engagtts, iâéI^ (Èle; ûmii k guerre atec les
TttMr. lift «élude poiijtftfefif illi^fè (Jaffè en tfriinée, que
les anHâene BonuMiMIt ThêeéMêié; et ^UH tïËé, h plts puis-
saiHei db Imm ëeWkiM^ éWII SâM lé tàmM ié plus célèbre
deitovtle FoM^Ed«tf; Chfli^ dâbetfÉëë plmr dé detix siècles
SQis II ^mtfefWfmià êm «mm, afâit aèqtris une population
et me ri<MiSt qol r ^^Uldëftt pÉesqp à M
des Tartaree^ aà iaSMildes ttàiM dti(p>ll éette titîe était située,
aTafi nmÊÊta qife U ptmpBtiXS fafiMitk iiéleà^ ât ses pfo-
ptee si^ettf^ Ca#» éUÊk Hé inafebé âé tdthés léë {^odùctions
d«Kei«}leb beH^ tâf tm^ hè pëtféfëfiés, sëfaieùt demeura
sans valeur entre les mains des Tartares, si les marchands
géopia ne %'étmU préseatés peut les aebeter. Aueude âei
» m Jnà fléMttféJK héèà m^iklLkm.-^ ^wa^ero. j». iU6, Mais Û rapporta «i
alèse àVan im.— « *• JLSabelUeo. Deçà m. L. X, t 23^.
DU ÉOtïn AGE. ^1
joaissanoes dt U yiè, aucan ptodait de Fart des peuplés plus
ciyilisés ne parrenait dans ces déserts, autrement que par les
marchands d'Italie. L'Europe communiquait ayec TOriént
par l'entremise des Génois de Caff a ; les étoffes de soie et de
coton fabriquées en Perse, les denrées et les épiceries dcf
rinde, y parvenaient par Astracau, et lès mines da Caucase
étaient exploitées pour le compte de^ Liguriens. Lé kan leur
avait accordé des privilèges extraordinaires : il avait permis
que les magistrats génois jugeassent tous les procès dé seè
propres sujets^ jusqu'à une certaine distance de ïeùr ville; il
les consultait toujours dans la notniriation du gôuvetiièùir dé
la province, et il montrait une grande déférence pour foutes
les demandes de cette cité puissante. Le gouvernement de
cette colonie était composé d'un conseil nommé chaque année
par le sénat de Gênes, de deux assesseurs et dé quatre juges
des campagnes * .
Les conquêtes de Mahomet II et sa haine pour le * nom la-
tin avaient donné aux Génois de Finquiétude sur leur co-
lonie. La mer Noire était fermée à leurs vaisseaux, ou du
moins ils ne pouvûent traverser THellespont et le fiosphore,
qu en se soumettant aux avanies des Turcs. Ils ne pouvaient
«lYoyer par mer des soldats à Gaffa, et ils craignaient cepen-
Amt ^ «eHH^ placé ti'en eAt un pressait besottt. Gefto, ca-
pitaine d'une compagnie d'aventorierS) lemr offrit de eondaû»
pat terre en Gfim^ cet^ cottipagiâé qtil ^tit d'ëiiTircifa 6^
dncpante cavaliers, pourvu qu'on lui assaràt une paye pr»«
jKnrtimiiiëe à mm eipédilKm fl «fOetle, et qui le fMiraiil^sait
plus encore, à cause des ténèbres dont la géographie éta t
alors eift^loppée. En ^let^ «lefk» sétIM; d'It«lîë fttf lé fYWli;
il trayersa la Hongrie, une partie de la Pologne^ et epfin une
partie de la Petite-Tartarie ; «t après un tdyagë de ptaà de
1 9bertut FoHeia, Genuens, HUL L. IX, p. 696.
7.2 HISTOIRE DES REPUBUQDIS ITALIENIIES
dou^Ee GWto miUes, il amena ses cavaliers saiiift et saoli k
Gaffai
Ce renfort était peu considérable, et eependimt les magis-
trats de Caffa, jugeant de leur importance et de leur pouvoir
par les égards qu'on avait pour eux, avaient provoqué les
plus dangereux ennemis. A la mort du gouverneur de la pro*
vince où Gaffa est située, le kan des Tartares lui avait donné
pour successeur Eminécés (Eminachbi d'après Barbaro) ',.
que les Génois avaient reconnu. Son prédécesseur avait laissé
un fils nonmié Séitaces, qui pour s'élever à la place occupée
par son père, séduisit à prix d'argent les magistrats de Gaffa,
et réussit à employer leur crédit auprès du kan. Il fit tant
par leurs instances, parleurs menaces même, que Tempereur
tartare consentit à destituer Eminécés , et à nommer Séitaces
à sa place. Mais au milieu d'un peuple de pasteurs, l'autorité
du monarque était quelquefois peu sentie, et ses ordres pea
respectés. Eminécés, courroucé contre l'empereur tartare^ et
plus encore contre les Génois, s'associa deux autres chefs de
sa nation, Garaimerza et Aidar. Avec leur aide il souleva tous
les Tartares de la Grimée, et vint mettre le siège devant Gaffa;
en même temps il fit demander des secours à Mahomet II. Le
* ^mmrttta^ Origine e impmrio 4ê* Ttirthi, h. U> f. 461, y«« Uno «aire iMMal&vt en
Génois de Gaffa, pour augmenter leur garnison, avait eu un succès moins benrenx.
Oaleicio, Pundes magisurats de cette colonie, avait passé en Pologne en iMa, el ob*
mm du roi Casimir la permission d'y faire une tefée de cinq cent» .c»T«tter»; iMta
comme il les conduisait vers Gaffa, en U'aviersant les provinces russes qui dépendaieni
des Utbaaniens, ces soldats, mal disciplinés, brûlèrent le bourg de Bracsbnr.
Gsartoryski, seigneur de la province, les soivit pour en tirer vengeance» «t les
atteints sur les rives du Bug, il les massacra tous, A la réserve de Galeauo et des ei-<
toyens de Gaffa qui l'avaient accompagné. Dhigoêti Hitt» Potoniem. U XIII, p. 8it»
-r ' Joseph Barbaro, le même qui hit envoyé au travers de la Scyihie è Hnsawi Gasan,
raconte cette guerre d'une manière un peu confuse. Cependant son long séjour h CaÊU
Ole la Tawi, od il avait vécu comme marchand presque dès son eofince, si 6onuais<>
sapce de H langue tartare, et ses liaisons dans le pays» rendent sa relation im des bbo»
numenu les plus curieux du siècle. Elle a été recueillie par Jacob Gender d'Heroitiberg,
et imprimée à la suiie de VBitioire de Pern de P. JNsorre, Francfort, fR-/b/.» I6O1,
sur la prise deCaffia, v. p. 4S3.
ne w)Tni agb. 73
flottan, tooiowi empamé de faire nr les chréttiu me con-
quête nouTelle, envoya devant Gaffa la flotte considérable
qa*il avait préparée contre Candie. Le siège entrepris par les
Tartares avait déjà duré six semaines, lorsque Ahmed, qni
cimuaMiidiit cette flotte, jeta l'ancre devant Gaffa, le 1* juin
U7$y et planta ses batteries contre les murs de la ville. Les
lortificatioiis de Gaffii avaient toujours paru inexpugnables à
des armées tartares , qui ne les attaquaient qu'avec leurs
sabres, leurs flèdies et leur cavalerie légère; en peu de jours
VartiUerie turque y fit de lai^ brèdies. Pendant quatre
jour^ encore les habitants défendirent les brèches ouvertes et
praticables ; ils signèrent enfin une capitulation qui ne fut
point observée. Un grand nombre de sénateurs et d'andens
magistrats furent livrés au supplice; quinse cents enfants fu-
rent conduits à Gonstantinople, pour être élevés parmi les ja-
mssaires; le reste des Latins fut transporté à Péra, et la do-
mination des GéncHS sur la mer Noire fut détruite * .
Du côté de la Hongrie, Mathias Gorvinus ne répondait
poidt aux instantes soUidtations des Vénitiens, et ne tentait
aucune diversion importante. Cependant il prit cette année
la forteresse de SchalMitaE, qui menaçait la Sirmie, mais il ne
^& lAdtolw W0mmmui99 Imciui» Eque$ HlerotoL CarUnaHi Pàplemlê epist, mi,
pi» t78. -^Vbeniu FotietiL L. XI, p. «)7-6t8. P. Bixano. S. P. Q. Gen, HUt. L. XIV,
p^ zvi,^àto$Uno eiuttiHkmi^ âim. di Gencva» L. V, f. 2S6. ^ Ttveo-Grœdœ Hisu
foHi. L. I. p. 25.-^ BaynaAi. atnu ilTS, p. ses. Le kan on empereur des Tartares
éiaU atort Nurdowild, qol avait succédé en 1 466 à son père Eeiiger Gierai {Dlugoss.
BêiU PoHmieœ» L. xm, p. 408). U régnait encore en i4T8 (ibid. p. S66); mais son an-
Mvilé était asasK vaaà reconnue. Les liabitanu de Caffa araient engagé, en 1469, son
frère Meogili-Gierai à se réroller contre lui (Ibld, p. 438). Son antre (Tére Aidar avait,
an mépris de ses ordres, enTaM la Russie et la Podolie avec une armée tartare en i474
(tèid, p. »H), et les bourgeois de Gaffa s'étalent aeeootumés à se croire les arbitres
dea prinees tartares lenrs voisins. La conquête de la Bessarabie par Mahomet II, en 1474,
asait dû leur Ikire ouvrir les yeux sur leur danger. La prise de Caffa répandit dans
terni le nord nno consternation d'antani plus grande, que cette ville était le seul point
deeonBMnicatlon entre les Européens et les Persans, également ennemis des Turcs, et
que les chrélienftiCBlaiebt le besoin de se ooneerier avec les sectateurs d*All. (Dtugoss,
Uiêi> Pokm. U Xlll, p. 883.) Mengitt-Gierai, qui ftit trouvé par Admet Giedik dans les
74 HISTOIRE DBS SLEPÙBLIQUES ITALIENIIES
pôttà pas ses arines plus avant * . Jié ioutes parts, diez les
ihuâuliitiânâ comme chez les chrétiens, les peuples étaient
ëpuisés par une longue guerre, et aucun effort Tigoureùl
ii*antiohçait plus de grands événements.
mors d^ Câ^a; où tf tfitilt mis soi» là |)iroteêtioii des (lêooll, et (fiâ hçùt alort 9e
MalHMiiei II une armée rret Uqoelle il TaiBqait ion (jrâte, fibi le premier kan des Tartatet
qui reçut rmyestiture des Turcs, et qui fit réciter le nom du sultan dans les prières.
Demeiriùs CantenOt, BUtoire Ottomane. L. III. cbap. î. S* se, p. fit. -^ * Àtinal EccL
t47i, S 28, p. 99t.
Dti itotM Àês. 7&
tiiiii§iiiiiiiiiii§miinitimtmMtn»m<H
ÛHAtitilE tiL
Gc^ttratidè de Niediad d'B^è h tefraré, de lérôitte èeiitile à Gènes ,
d'OlsM, ViscoDti el Làmptigmoi à MOU. Réf oHiliWs ëàt» TÉtât de
Milan a|irès la mort de Gaiéaz SIforaa.
Mé-mi.
Tandis c(àe h guerre se ralentissait an dehors , et que ieè
éâtîérehts étais d'Italie ëtâieiii àiris pét Aéi aliiatices qoi 6ém-
blaiedt âëtoir garantir U paix feMrè etrt , leur cofastitiltion
hitériétit^e fat ébranlée conp sdi* c6np par plosiears oonsi^-
ratioiîs. Et trois ans , on en compta une à Ferrare , detix k
Gènêif tme à Milaii et une fl Florence. H semblait qdé le^ peu-
ples , fas énÛn de l'oppression soùs laqnelle il^ avaient gémi,
étaieiit paHônf détermiiiés à briser on indigne jong ; et par-
tout cependant fis retombèrent sonà lâ chaîne qui îei^ avait
accablai, tié ne fdrént ni le secret, ni la fidélité, ni la hardiesse
qôf! tâémqdérent àni conspiràtem*s ; io«s parvinrent à éxécnter
ce ^'iU avètiëfit projeté, àûctin n'éii tecneitiii le fitiit ; tant
il ékt difficile de Renverser iin goaveriiement existant, et tant
rhàbiMde de f obéissance dans dn {>eaple sootierii ta ptns^
sitncé deè tjràns inèmé les ptas odieàx. Il ù'esi j^biià isie
^MMàtë accâser t(ne ttatiOQ de faiblesse et de pàslllaifi-
76 HISTOIHE DES fiEPtJBUQCES ITALIKNNES
loité» en ndsoQ du joug qu'elle a snppoité. Lorequ'en voit des
milliers d'hommes obéir à un seul, contre kar mftërêt^ contre
lear sentiment, lor8qu'o^ les voit se soumettre à des eapriees
qu'ils détestent, ou devenir les instruments de passions qu'ils
ont en horreur , on ne peut s'empêcher de leur reprocher de
servir là où ils pourraient oonunander, et de ne pas mesurer
leurs forces avec la faiblesse individuelle de celui qu'ils crai-
gnent. Sans doute il serait heureux que ce préjugé s'établit
dans l'opinion , et que la honte s'attachât à tonte espèce de
servitude* Peutrètre les peuples feraienl^iis alors pour Ihon^
neur ce qu'ils ne font pas même pour la liberté. Cependant ils
ne serait point juste de condamner une nation en raison seu-
lement du* joug qu'elle a supporté. Il y a tant de puissance
dans l'organisation sociale, les forces de tous sont si bien di-
rigées par le despote contre chacun, que pour peu que odui-d,
ou que son ministre, soit habile, courageux et vigilant, il est
toujours à temps d'accabler ses ennemis découverts par les
bras mêmes de ses enn^oûs secrets; en sorte que la nation la
plus noble et la plus généreuse n'est pas assez forte pcmr se
défaire à force ouverte de son tyran. La seule ressource des
conjurations demeure au patriote, qui avec ses faibles moyena
personnels veut entrer en lutte avec l'homme qui dnpose de
la poUce^ de l'armée et du trésor. Plusieurs, cédant à une noble
répugnance, s'écartent de ces entreprises, parce qu'ils y voient
quelque apparence de dissimulation et de trahison ; tandis
que d'autres prétendent que l'extrême danger ennoblit les
moyens les moins relevés, et que l'assassin d'un tyran doit
avoir plus de bravoure que la grenadier qui enlève une batte-
rie à la baïonnette. Le préjugé des premiers cependant affai-
blit encore le parti des conspirateurs. Souvent il écarte d'eux,
au moment du danger, ceux qui, la veille, semblaient parta-
ger tous leurs sentiments ; et l'homme audacieux qpx s'est
rendu roi|;ane dea volontés de tout un penj^e, et l'instnttnent
de ses Tengeanoes, périt sar réchafand par ks mains de ceux
mtenea qu'il a servis.
L'histoire d'Italie, où les éyénements se pressent et efaccn-
mutait, où tontes les passions ont à lenr tonr nn libre essor,
où toutes les institutions se combinent de mille manières,
nous présente sons des faces yariées ces efforts des peuples et
dea indi?idus pour secouer le joug de la tyrannie. Nous y
Toyons tour à tour des révoltes onyertes et des conspirations \
nous y voyons conjurer tour à tour en faveur d'une race
royale, ou d'un scmverain regardé comme plus légitime, et en
faveur de la république ; nous y voyons toutes les luttes ,
oelle de la loyauté dévoua, celle de la fière noblesse et celle
de la liberté. Malgré les principes divers qui servent de fon-
dement à la pcditique de chaque homme, il n'y en a aucun
qui ne doive trouver dans le nombre une conspiration qui lui
paraisse l^itime ; il n'y en a aucun qui ne doive s'associer de
cœur à qudqu'une des entreprises tendantes à rétablir ou la
royauté de l'ancienne dynastie, ou l'aristocratie antique, ou la
liberté, ou le règne glorieux d'un grand condottiere, ou la
domination de l'Église ; il n'y en a aucun qui ose considérer
le pouvoir, quel qu'il soit , comme toujours également sacré ;
^ im sfflitiment plus libéral devrait lui apprendre que toutes
les conjurations méritent nn certain degré d'admiration, lors
même que le but que se proposent les conjurés les rend cou-
pables à ses yeux ; car dans toutes il y a un grand sacrifice de
soi-oièiBe à un intérêt plus relevé que sœ, un grand dévoue-
ment de sa personne à une noble cause, un grand et effroyable
danger bravé pour de lointaines espérances.
Entre les conjurations qui ébranlèrent l'Italie en 1 476 , la
première, il éclater fut cdle de Ferrare. Nicolas d'Esté, fils du
marquis Lionnd, vivait alors à Mantoue auprès de son beau-
frère; de nondM*6ux énûgré&de Ferrare l'y avaient suivi; ils le
regardaient eonmie le reprâientant et le légitime héritier de
28 HISTOIRE DEI^ |Lél>U:^lJ;^SS ITALIEliniES
la maison d^Este , et ils lui persuadaient que tout ^ fmfis^
parts^çf(|t \^m ^ttact^eppiei^t 0 leurs regrets. Dap^ ^tte cpn*
&^fi;Cç^j l^icola^ cherchait lea i^qjfeits de rentrer ê^ Verram» m
doutant pas que, s'il frandussait une fois les Tmnk de cette
yille , il n^ fÇlt aussitôt salué psjr topt le peuple msfsm Mm?
yerain. 1 476. — Le marquis de Mantpue, sm bedArfrèie, Isl
permettait de rassembler des soldats dans ses état^, et fialéav
àfo^z^^ toi^qurs jalqax de §es Toisins, enc<m qii*il ii*eût poîiil
de projets cp^trf^ miy Iv^ fournissait de l'argent , ^\ \a^ psor
mettait dfs seçoqr^. Cep^dant la ville de F^rigr^^ se trouiriâl
a^pidenteUeppient puyert^ ; on i^vai^ abattis une pstrlîe é&^
murs pur \<^ rebâtir sur un nouveau plan ^ Nico^ ^t i^
struit jour p^ jo|ir de ce qui se passai à la oour da spn, (m<te.
Il sut guc le r"^ septembre 1 476, Hercule F" sortirmt 4^ bww
heure de la ville pour se rendrç à sa maison de ^ekiguajpdQ)
et Ij^ pi.éme jour il arr|ve| de Mautoue à Ferrare avec>. çpq ^tmcr
seaux pprtant si^ c^nts hommes d'infanterie. U entra p^ te
brèche ^i^'on fsâsait aux murs en les rebâtissant, et il p^i^r
CQUri^t ai^Uàt les ruç^, en f^apt répéter deva^t Wî $m m
de guerre : La voile 1 £u même temps il promit au p^^rii^ djç
lui rendre l'abondance, tandis que la mauvaise admiimtratîoft.
d'Hercule avait augmenté le prix du blé ; 11 annmiyQa l'arrivée
d'^nc iprmée de quatorze mille hommes que le duc dfi Wsm
et le marqi^is dfi Mantoue lui avaient donnée pour le seconder»
et il iuvita sc$ concitoyens à prendre les a^mes, sans atteaflr^.
que des étrangers les cojitraignissent k reconnaiUre l^ur 14#r
tîme souverain. :
Don Sigismond, frère du duc, dès la premier^ n$^|ivelle
qu'il avait eu^ du tumulte, s'était enfermé en hâte a# ^t^f^
vieux , avec dona Léonore d'Aragoa, sa femme ; i«pi il ny
avait pas des viyçes pojifr t^oi^ îours. 9erci4Q^ à^. diii%
ipjfvî» «itaient «popoé VwV^ 41^9)^ <^°d^ noialfinM» %
DU MOTER AGE. 79
• # • »
Fçrrare^ ^renonçait déjà à Tespéranoe de reprendre oej^ yille,
et il rassemblait seulement ses soldats à Beggenta et à LogQ.
pour défeadre ces deux forteresses. Cependant aucun Ferra-
rais n'avait encore pris les armes pour se joindre à Nicolas.
Celui-ci ^ qui ay^it parcouru vainement toutes les rp/es ejff,
appelant le peuple à sou secours, commençait à perdre cou-r
rage. On avait compté les soldats ^ui le suivaient, et on mér
prisait leur petit nombre ; on ne voyait point arriver Tarm^
qu'il annoi^çait, et Ton n'ajoutait plus de loi à ses parjpjes.
Sîgismond, témoin du peu de succès de son adversaire , sortit
à cbeval du château , et appela à son tour les Ferrarais à la
défense de leur souverain. Il parcourut le Bojrgo del Jieone
et la grande rue de la Giuc^ecca, et tous leurs habitants s'ar-:
mèrent à sa voix. A mesure que Nicolas voyait le peuple f'a-
meuter, il abandonnait un quartier après l'autre, ^ans tenter
de combat. Enfin, reconnaissant que son entreprise était dér
sespérée, il sortit de la ville, traversa le Pô, et s enfuit avec sii
troupe. Biais les paysans , déjà soulevés contre lui , veillaient
à tous les passages pour T arrêter. Il tomba en effet entre
leurs mains avec la plupart de ceux qui l'accompagnaient, e\
fut reconduit à Ferrare. Le duc Hercule , son onde, lui fit
immédiatement trancher la tète, aussi bien qu'à Azzo d'Esté
son cousin ; vingt-cinq de ses compagnons daines furenf
pendus ; tous les ennemis du duc Hercule furent frappés d'ef-
froi, et sa succession, affermie la même année par la naissance
de son fils Alfonse, ne fut plus contestée * •
1 Warto Ferrarese. T. XXIV, p. 2S0-2Si. —Dimio Sanete dl àUegreiio AUegrettL
^, jXXIU, p. 116.— JQan-BapUste PigDi,qoi 4Mia, jw.aT3, t^ lUstoire 4m prtocw
d'Asie à Alfonse jj, la termiae au 'il juillet i476, par la naissaDoe du fils d'Hercule, qu^
fut depuis Atfoùè l. Il s'arrête cinq semaines avant la mort de Nicolas, qu'il regarde
mm doate hii-méme comme une taohe pour la mémoire d'Hercule. Pigna esi un flat-
.jlçvrde.içi j)niHWS« «t,ttB liittorien médiile ; loiite.la pnoBièn ptrtie de son histoire
jD'eit pas' moins Jalïuieuae que la gi^néalogio insérée presque à la même époque par
9einQi(«ieile.T«w>d«Mi€ttin.poaioM.lluftlMqittiN demliii iinw^ qui ooiiipraioeiit
Je» HMiÉii^^HJi i4il«».Miat 4fiio 9mA Kwm pot» I^OMhro «Mitt»; Qi tOM éorlla
M HISTÔtftË DfiS miPUBLIQUSS ITALnSNRES
lÀê ptemean moayements contre Galéaz-Marie Sforza, Sac
de Milan, éclatèrent à Gènes, et ils f nrent presque simultanés
avec la conjuration de Ferràre. Par le traité que Gènes ayait
fait avec le dac François Sforza, en se donnant à lui, cette
république, loin de renoncer à sa liberté, semblait l'avoir
affermie. Elle avait, il est vrai, admis dans ses murs un
gouverneur milanais et une petite garnison ; mais cette force
étrangère suffisait justement pour réprimer les mouvements
tumultueux des factions , et empècber ces révolutions , ces
convulsions fréquentes, qui dans les années précédentes avaient
épuisé la ville d'hommes et d'argent. D'ailleurs, le duc s'était
engagé à n'augmenter ni le nombre des soldats, ni les forti*
fications de la citadelle.
n recevait annuellement de Gènes un tribut de cinquante
mUie ducats, et cette somme suffisait à peine à la garde de la
ville et des forteresses. Non seulement il n'avait pas le droit
d'augmenter cette contribution, il ne pouvait pas même inter-
venir dans sa perception. Quant à la législation, à l'adminis-
tration de la justice, à tout le gouvernement intérieur de la
ville, il n'y avait absolument aucune part * .
Aussi longtemps que François Sforza vécut, ces conditions
furent religieusement observées. Galeaz, son fils , était trop
inconséquent dans tous ses projets, trop vaniteux et trop em^
porté, pour Tesptcter longtemps les lois auxquelles il s'était
soumis. GependttDt comme il n'était pas moins pusillanime
qu'arrogant, souvent il s'arrêtait tout à coup dans une entre-
prise injuste et offensante, et il cédait à la crainte, après avoir
bravé les représentations de son peuple. Les Milanais, auridUea
desquels il vivait, ne souffraient pas seulement de ses défauts
»
avec éUgance; lef éTéBemeatt des lulret parties de rgurofie, et sartom eeus qui se
rapportent à la maison d^Bste on Allemagne, sont introduits avec art, et lorsque la
gloire de la maisoadIBste n'y est pas eompromise, les faits sont jugés avee une asses
bonne critiqneet «lei dteparliiUA. ~ ^ AMmii 60m Qmment, Mr* G§mmu* ob
mno i«7«, oa mm^ i«T8, A«r, iiaUq. T. XXUI, p. 9«3«
DU MOTSH AGE. 81
epmme^ sooverfiiQ, mais de ses \ices domestiques, ât dftau-
die portait te trouble dans toutes les familles, et sa cruauté,
excitée par la moindre résistance, n*était satisfaite que par
d'affrenx supplices. A Gèoes, on était moins exposé à cette ty-
rannie de détail ; et quoique le contrat entre le prince et la
république fût violé, et que les Génois se regardassent en con-
séquence oomme dégagés de leurs serments, les plus riches re»
doutaient une révolution qui pouvait les ruiner, plus que les
abus passagers de pouvoir auxquels ils espéraient se soustraire.
Cependant la ville entière avait paru vivement blessée du
mépris que lui avait témoigné Galéaz, lorsqu'on 1471, il avait
passé à Gènes, au retour de son somptueux pèlerinage de
Florence. On avait préparé les fêtes les plus splendides, les
présents les plus magnifiques pour le recevoir. Il affecta de
rendre cette pompe ridicule, en paraissant couvert d'habits
misérables ; il refosa les logements qu^on lui avait préparés,
et il alla s'enferiner dans le château, ou il sembla se cacher
avec crainte. Enfin, au bout de trois jours, il quitta Gènes sans
ravoir annoncé et comme un fugitif ^ .
Après avoir excité le mécontentement de cette ville puis-
sante et peu accoutumée à supporter des mépris, Galéaz ne
songea plus qu*à F enchaîner de manière à étouffer en elle
pour jamais tout esprit de liberté. Le projet qu*il forma pour
y parvenir est remarquable. Au-dessus de Gênes, à l'extrémité
de la montagne escarpée qui sépare les vallées de Bisagno et
de Polsevera, était située la forteresse du Gastelletto, où le
duc de Milan entretenait garnison. Galéaz ordonna qu'une
chaîne de fortifications fût prolongée de cette forteresse jus-^
qn'lilamer. Un double mur, garni de redoutes, devait couper
la ville en deux parties égales, qui, toutes les fois que le gou-
verneur le voudrait, n'auraient plus aucune communication
1 ântonù GaiU de Ueb. Gemmi^ Çmameni, p. mn'^Vktrtl t^ttet» Gemtens,
Bittor, L. XI, p. 62S.
vil. 6
82 HISTOIHIS DBS HEPUBLIQUES ITALlEKIfES
entre elles, et pourraient être opprimées séparément. Déjà l'ali-
gnement des mars et des tours était tracé sur le terrain, et les
ouvriers^ 3ou8 les ordres du lieutenant du duc et en sa présence ,
commençaieat à creuser les fossés. Les citoyens frémissaient
du sort qui leur était réservé, mais ils ne faisaient rien pour
le prévenir , lorsque Lazare Doria ordonna aux ouvriers, au
' nom de la république, de suspendre un travail contraire aux
' lois et aux traités, et arracha de sa main les jalons qui leur
' servaient de règle. La foule applaudit ayec transport à cet acte
de vigueur; les ouvriers s'arrêtèrent, et le lieutenant du duc,
craignant un soulèvement, se retira dans le château ^ .
Lorsque la nouveUe de cet événement fot portée à Milan,
Galéaz Sforza éclata en menaces et en imprécations ; iY or-
donna que la ville de Gènes lui envoyât aussitôt huit citoyens
les plus distingués de Tétat. D'après la violente colère qu*il
avait manifestée, on ne doutait pas qu'il ne les destinât au
supplice ; au contraire, une terreur subite avait calmé son ir-
ritation : il les accueillit avec bonté, et les renvoya sans leur
avoir fait aucun mal. Cependant il avait rassemblé trente mille
hommes pour envahir la Ligurie. Résolu à ne point laisser
de chef aux Génois, il avait fait enlever , à Yada , Prosper
Adorno , et, sans accusation, sans examen, il l'avait fait jeter
dans les cachots de la forteresse de Crémone ; puis tout a coup
il renonça à son expédition, et licencia toutes les troupes qu'il
avait réunies.
Les diverses résolutions tour à tour embrassées par Galéaz
étaient toutes connues à Gènes ; On avait su toute la violence
de sa colère, et Ton n'avait aucune garantie de la durée de la
modération qu'il af&ctaîi. Aussi de toutes pails on achetait des
armes, on faisait des préparatifs de défense, et l'on s'encomra-
geait à maintenir la liberté, si elle était attaquée. Pendant que
1 p. Blsano/Sen. Pop» Q* Genuens, i^Utût. L. XIV, p. 3^. ^AgosUno hiutiiiHani,
JTUl. di Getwva. h. V, f. 32«. EB.
DtJ MOTSH A6S. 83
tout le peuplé attetidait les éténements avec endnte, Jérôme
Gentile, fils d* André, jeune négociant d* une fortune aisée, qui
n'ayait aucun sujet personnel de plainte contre le gouverne-
niait, résolut de s* exposer le premier, pour rendre la liberté
i sa patrie. Il rassembla chez lui, dans le faubourg, au mois de
juin 1 476, un grand nombre de gens arm^ : il entra de nuit
dans là yille parla porte de Saint-Thomas, doot il s'empara,
et il parcourut les rues en appelant ses coucitoyens aux armes
et à la liberté. Un grand nombre de Génois se joignirent en
effet à lui, et en peu de temps il se rendit mdtre de toutes
les portes ; mais il tarda trop à attaquer le palais public. Pen«-
dant ce temps, les sénateurs 8*7 rassemblaient sous la prési-
dence deGuido Yisconti, gouTerneur de la Tille. Ceux qui s'é-
taient joints d'abord à Gentile craignirent alors d'être con-
damna comme rebelles, par l'autorité qu'ils reconnaissaient
pour légitime ; ils s'évadèrent, à l'approche du jour, les uiis
après les autres. Gentile, né se trouvant plus assez fort après
leur désertion, se retira en bou ordre vars la porte de Saint-
lliomas où il se fortifia ^
Huit capitaines du peuple avaient été nommés par le^ sénat
pour chasser Jérôme Gentile de la ville. Environ trojs cents
bommes avaient pris les armes par ses ordres, et marchaient
* à l'attaque de la porte Saint-Thomas. A peine restait-il à Gen-
tile trente hommes autour de lui, mais c'étaient tous des sd-
dats déterminés; tandis qu'il n'y avait pas un de ses adver-
* taires qaà ne le combattit à contre-cœur ; aussi peu s'en fallut
' que les capitaines du peuple ne fussent fedts prisonniers ^ et
qM feor troupe ne fût dissipée. Sur ces entrefeites, les chefs
des arts et métiers s'oHHrent comme médiateurs ; Jérôme Gén-
* ttle necq^ta leur arbitrage, mais en arertissant ses compa-
»
1 AntonU Gatà De rebut GenMent. p. 9n.-^Vberti FoSeta GenuetU' ''Ul. L. XI,
it. 6^t.-P. Blzafii B^su GMmOt, t. XtV, p. 332.- Jfifôi/. CiminkuiL L. V» (.
229, L L.
84 HISTOIRE DES REPUBLIQUES ITALIENINES
triotes ^qu'ils ne tarderaient pas à regretter Foccasion qu'ils
laissaient échapper. Il demanda ensuite qu'on lui remboursât
sept cents ducats que ses préparatifs lui avaient coûté, et qu*il
avait déposés, dit-il, pour Tayantage de la république. Après
les avoir reçus des mains des trésoriers publics , il rendit la
porte aux capitaines du peuple, et il se retira ^
Lorsque la nouvelle de cette singulière capitulation fut
portée à. Milan, Galéaz témoigna beaucoup de colère de ce
qu'on remboursait à un chef de factieux l'argent qu'il confes-
sait lai-mème avoir dépensé pour troubler Tétat. Cependant
il confirma l'amnistie qui avait été publiée par le sénat ; et s'il
cachait le dessein de revenir en arrière sur cette grâce, il n'eut
pas le temps dé le faire. Galéaz n'était pas dépourvu de tou-
tes les qualités qui avaient brillé dans son père ; il entendait
fort bien la discipline militaire et l'administration civile de
son état; il avait su établir dans le Milanais uue subordination
plus rigoureuse qu'aucun de ses prédécesseurs. La justice était
rendue avec soin dans les tribunaux, et la sûreté publique était
maintenue par une police sévère. Galéaz avait de l'éloquence
dans les discours , de l'élégance dans lés manières , et quand
il le voulait, il savait réunir tous les dehors de la bonté à une
majesté imposante ; mais il joignait un faste extravagant à une
cupidité sans bornes : il avait dans le caractère une méchan-
ceté qu'il exerçait de préférence sur ceux qui avaient paru ses
amis; il se plaisait à les abaisser d'autant plus qu'il lefil avait
plus élevés ; jamais on ne l'avait vu constant dans aucune af-
fection, et l'on pouvait toujours présager d'avance la' chute
prochaine et lamentable de celui qui était le ^plus en &veur
auprès de lui, encore qu'il n'eût d'aucune manière provoqué
sa colère. Avide de tous les plaisirs des sens, se plaisant à bra-
ver les mœurs et les lois de la société, il portait la déscdalion
t Anlonli Gain De rebut Genuens, Comment, p. 26S. — Uberti FoHetm Genu9 nt»
BisL L. XI, p- 633.
DU MOmi AQE. 85'
ei le déshonneur dans tontes les familles ^ Ses débauches ne
le contentaient point encore, s*il ne savourait le désespoir des
pères ou des maris dont il avait souillé la maison. Il se plaisait
à les rendre eux-mêmes ministres de leur propre déshonneur :
il abandcmûait à ses gardes les femmes qu'il avait enlevées à
leurs maris, et il publiait ensuite; leurs outrages^.
Parmi ceux dans la maison desquels iSaléa^ Sforza avait
porté le déshonneur étaient deux jeunes hommes de famille
noble, Carlo Yisconti et Girolamo Olgiati, dont Vesprit avait
été préparé par leur instituteur à détester le jôug de la tyran-
nie. Ils étaient liés avec Jean-André Lampugnani, que le duc
avait injustement dépouillé du patronage de Tabbaye de Hi-
ramondo ^. Tous trois avaient suivi en commun les leçons
de Colas de Montani de Gaggio, Bolonais, qui, vers l'an 1 466,
ouvrit à Milan une école d'éloquence. On prétend qu^aupara-
vant il avait donné des leçons à Galéaz lui-même, et qu'il l'a-
Tait puni plus d'une fois avec la sévérité pratiquée dans 1* an-
cienne éducation. Galéaz, devenu souverain, voulut se venger
sur son ancien maître des châtiments de son enfance par une
peine semblable, et il lui fit donner le fouet sur la i)lace pu-
blique *. Montano n'avait pas besoin de cet affront pour dé-
tester la tyrannie. Nourri de l'étude de l'antiquité, il ne perdait
jamais l'occasion défaire remarquer à ses élèves que toutes les
yertus qu'ils admiraient dans les grands hommes de la Grèce
et^de Borne avaient été développées par la liberté; qu'une
, pf^trie libre encourageait tous les talents, tous les genres d*é*
iiergie 5 tous les. progrès de l'esprit , parce que toute espèce
4e grfuddeur dans ses dtoyens était toujours employée pour
» ,
1 ÀtUonii GaUi De reb..Gen. p. 268. — Bem. GoHo, aHU Mit P. VI, p. 982.—'* Al-
tegretiû AÛegretti, Diari Sanesi' T.XXUI.p. ill. — ^ MaechUwelU. L.VU,p. 840. ^
ÂUêgretat Uori SanesL T. XXUI, p. 777. — Biario Ferrarete^ T. XXIV, p. 254. Hais
Ripamonlius attribue à Visconii ce que les autres attribuent A Lampugnani. EUt. MedioL
L. VJ, p. 630. -; * Giùvio, élogi degU Voiftini Hlimru h' lU» P* tih — TiraJboschù
h. m. cbap. V, S 28, p. 98.
N
8& HI$TOIRE DES BiPUBLIQClSS ITALIJSHNfiS
raTmfage dé tous, tandis qa'sn tyran, jaloox de tonte fecœ
dont il ne disposait pas, s'occupait sans cesse à contenir, à téh
primer on à détruire des talents, une énergie on une profon-
dair de caractère qn*<m pouvait un jour toorna* cmitre Im ^ . *
NicoUis de Montano voulait que les jeunes gentiisluNnmes ,
pour se rendre dignes de la liberté, apprissent à commander
les années* Il avait engagé en conséqpience Olgiati et quelques
antres k faite Tapplr^itissage de l'art de la guerre sous Bar-
tfaâemi Goléàili. Les parents de ces jeunes gens , qui crai-
gnaient plus qu'eux les fatigues et le danger^ avcdent été outrés
de colère de ce qn^nn maître d'éioqpence avait fait de le»ps
fils des soldais. Montano , ballotté entre le <»*édit des parents
et celui de ses disdpLes , avait été tour à tour exilé puis ra^
pelé , emprisonné puis accueilli avee transport, et il devenait
plus cher à ses âèves par les persécutions qu'il avait subies
pour avoir voidn former leur âme autant que leur esinrit ^.
Galéas cependant avût mis le ^semble à la baine du peuple
par les supplices cruels qu'il avait récemment ordonnés. Il
avait fût entorer vivantes qnelquesHiiies deses victimes; il en
avait forcé d'autres à se nourrir d'excrémeâts fanmdns, et les
avait fait mourir lentement par cet eUfrojéiAe régime^ il avait
mêlé des plaisanteries féroces aux supplices qu'il ordonoaîtf il
avait comblé le déshonneur des femmes nobles qn'il avait sé-
duites, en les Uvrant pd^nement à la prostitution ' . Jéréme
Olgiati comptait une sœur autrefois chérie parmi les victimes
de la brutalité du tjran. Jugeant de rkritatton universeHe
par la fAeime , il re<Aercba Laœpugnani , et lui proposa jâe
mettre fin à une tyrannie insupportable, et de pwir Sf^ri»
de ses crimes. Bientôt ils s'associèrent Charles Yisconti, et ils
se lièrent par des serments mutuels. C'était dans le jardin de
1 MaetHameUL L. Vif, p. 34S.— fffterli» FoUêUl L. XI, p. 6S3.— ' TlraftofcM, SUfrta
deUa L0ttef, itoL L. IU« ehyp. V, S SS» p. 9M. — > Ios0pîa RipamontH Hist. MedioL
L. VI, p. 6W.
DU BiaY^N i^G£. 87,
la'baaîiîqiie'iie Smuitr Ambroisie, igiiffi t^irent lepr. pcomière^
coafëreaos, Xpas les détails de cet évéoemeat^ et, cejipii c^t^
bi€^ii plaa lâeinarquaUe, tous l^ sentimeots du priucipftl cou-»
juré SMN» iKHQj; fi^lemeot rcitrao^ par Olgiati loi-méiine.daps
unerelation qa*4 écrivit pea de jours après. « Au sortir de
« eetlecoB£ér6iiee).ra.eoote-t-il, j*eatrai dapsl^ temple, je me
< jetai «Ki çieds 4e la statue du saint poutife qu'on y révère,
« etîe biî adreasai cette prièipe : Grand samt Àmbjroise, sou-^
« iiende^êette vUle, je^pérunce et gckrdien du peuple de Milan,
« .^ Uipu^eit ,que te$ cmdtçy^ns, que tes e^fanU Qut formé
« p9ur repousser loin d'ifii la tyrannie, l'impure lé et deA dé--
« fauches monstrueuses^ ust digne de ton approbation, Âois-
« nous favorable ou milieu des hasards et d^ dangers ousc^
« quels mms nous ^^oposons pour la délivrance de la patrie.
« Après avoir prûé, je retourpai auprès de mes compc^uonsi
« et je les exhortai à prendre courage, les assurant qt|e je npie
« sentais plus rempli d*espérance et de force depuis que j'avais
« invoqué en faveur de notre entreprise le saint protecteur de
< mrira pataritt. Pendauri; ifis jours qui suivirent nous nous ex^r^
• ç&iDesàreaienmeav«c despcâguards pour acquér^
«ilUé^ nous Aecoutumer à T image du péril que nous allioos
«•farai».%.;.i. La dixième beure de la nuit avant le jour de
« -Smui-Étieniia, désigné pour! exécution, nous nousxasç^n-
« blêmes encore une fois comme pouvant ne plus uqus revoir,^
«^NQi»ar9ètàBM» rbeure ou nous entreripns ensepiUe dans Ici
« jtenple, h nÉJe< dont chaouaserait chargé, et tous k^ détails
« ée rcxécatioiiy autant qu'on pouvait prévoir des choses qui
« dépendaient en partie du hasard- Le lendemain, de grand
« mi^Uy Bons nous rendîmes dans le temple de Saint-Etienne ^
« no«a 8^[>plièmes ce saint de favoriser la grande action que
« nous devions accomplir dans son sanctuaire, et de ne point
« s'indigner si noUs souillions ses autels par du sang, puisque
« ce sang devait accomplir la délivrance dé la ville et de la
HISTOIRE 0£S REPUBLIQUES ITAUEUNES
« patrie. A la suite des prières qoi sont oonteiraes dans le
« ritaaire de ce premier des martyrs , nous en récitâmes ane
« antre qu'avait composée Charles Yisoonti; enfin nous'as-
« sistàmes au sacrifice de la messe , célébré par rarchiprètre
« de cette basilique ; puis je me fis donner les défis de la
« nunson de cet archiprétre, pour nous y retirer*. «
' Les conjurés étaient daus cette maison auprès du feu , car
an froid violent les avait fait sortir de l'élise, lorsque le bruit
de la foule les avertit de l'approche du prince : tétait le len-
éemain de Noël , 26 décembre 1 476. Galéaz , qui sœiblah re-
tenu par des pressentiments , ne s'était déterminé qu'à regret
à sortir de chez lui. Il marchait cependant à la fête, entre
rambassadeur de Ferrare et celui de Mantoue. Jean-André
Lampugnani s'avança au-devant de lui, dans l'intérieur même
dû templcf, jusqu'à la pierre des Innocents. De la main et de la
voix il éwtait la foule. Quand il fut tout près de lui, H porta
la maûï gauche , comme par respect, à la toqué queGaléaz
tenait à la main; il mit un genou en terre, comme s'il voulait
lui présenter une requête, et en mteie temps de la ditHte, dans
kqueUe il tenait un court poignard caché dans sa manche, il
le frappa au ventre de bas en haut. Jérôme Olgiati, au même
instant, le frappa à la gorge et à la poitrine, Charles Yis-
oonti à l'épaule et au milieu du dos. Sforza tomba entre les
bras des deux ambassadeurs qui marchaient à ses côtés, en
criant : Ah! Dieu! Les coups avaient été si prompts, que ces
ambassadeurs eux-mêmes ne savaient pas encore ce qui s'était
passé ^.
Au miunent où le duc fut tué, un violent tumulte s'éleva
dans le temple : plusieurs tirèrent leurs épées ; les uns fuyaient ,
*■ Ctmfeêtio Hieronyml OglUufmorienUt,apud tapanumUwn BUioria MedioL L. vi,
p. 649. —' Anton, Gain Be rebut Genuens» p. 269.'^MaechiaveUi Ut, L. Vil, p. 354.—
Vbertut FoUeta, Gen, tfixf.L. XI, p. 6)3. —AnL de nipalta. Annal, Placent, T. XX,
p. 9SS.— «oi*. Pamaue jUtonym. T. XXII. p. 94T. — Bhn, OovIù* P. VI, p. MO. Corio
6Uii don lui-même au nombre des pages qui suivaieni G#léai.
DU MOYB» AQE* : 89
d'antres ûccoondent , personne ne eonmôBSiit eikom^ «a le
but ou les forées dès conjurés. Mais les giurdea dn doc et ses
cwirtisans, qui avaient reconnu les meurtriars, s* animèrent
bieidftt à lénr poorsmte. Lampugnani, en Yoolant sortir de
f é^fise , se jeta dans un groupe de femmes qui étaioit à ger
noux ; leurs habits s'^igagtoent dans ses éperons ; il tomba , et
un écuycar nuiure du duc l'atteignit et le tua. Charles Yisconti
fiât arrêté nn peu plus tard, et fut aussi tué par les gardes du
doc. Jérôme Olgiati sortit de l'église et se présenta chez lui ;
Biaàs scm père ne voulut pas le recevoir, et lui ferma les
portes de sa maison. Un ami lui donna une retraite, où il ne
fot pas longtemps en sûreté. Il était , dit-il lui-même , suï* le
point d'en sortir, et d'appeler le peuple à une liberté que les
Ifilanais ne connaissaient plus, lorsqu'il entendit les vociféra-
tiams de la populace, qui traînait dans la boue le cor^ déchiré
de sont ami Lampugnani ; glacé d' horreur, et perdant courage ,
il «Itendlt le moment fatal où il fut découvert. Il fut soumis à
me effiroyable torture; et c'était avec le corps déchiré, et les
os disloqués, qu'il composa la relation circonstanciée de sa
conspiratiim qu'on lui demandait , et qui nous est resiée. Mais
oeftte espèce de confession écrite entre la torture et le supplice,
par l'ordre de ses juges, et ftous les yeux de ses bourreaux, est
animée de ce même courage, de cette même confiance dans la
justice de sa cause qui ont immortalisé les plus grands hcHaoaUes
de l'antiquité. Il la termine par ces mots : « A présent, sainte
« mère de notre Seigneur, et vous , 6 princesse Bonne! je vous
« implore pour que votre clémence et votre bonté pourvdent
« au salut de mon âme. Je demande seulemeut qu'on laisse à
^ « ce emrps misérable assez de vigueur pour que je piûsse con-
« fesser mes péchés suivant les rites de l'Eglise, et subir ensuite
« mon sort*. » '
1 Confe$$lo Olgiatk opud KtpcamniUmi* UiHw. Me<Ùo(ani, h. VI, p. ^0. ia GrœvU
90 < HISTOIBE pES JH&PUBUlQiUXS ITALIElinES
Olgîati éteît alors isg^de mng^réwt aa»^ il fut eondaquoë
^ ^re teiHiilIé^t eoafé vivant eaisoixieaux* iiiosSifiii de €€8^
atroGe$ douleurs, un prèt^ Tex^tiortaU àse repeotir. «* Jeaaia,
« i:^prit Olgiati , que j* ai mérité , par beauecKip 4e ùxAe» y ieas
<t tQunnanits, et de plu» grand» eaeoi^e, si biob faible 4xmf»:
» pouvait les rapptMter. Mai», quant à la belle aetiou fM>ur
« laquelle je h^uts , c'est elle /qui soulage b» couseieBoe ; ioia
« de croiiTjp que j'ai par elle mérité ma peine, «*esteu>dleqae
« je me confie pour espérer que le juge suprême me pardou-*.
« fiera am autres péchés. Ce s'est point une eupîdilé ooupald^
« qui mia porté à cette action , c'est le> seul désip d'6ter dm
» milieu de nous an tjrran que noss ne pouirions plus sup*
« porter. Loin de m'en repentir, ei je devais dix fois revivre
« pour périr dix fois dans les mêmes tourments^ je n'en ceoi';^
« sacrerai» pas moms tout ce que j'ai 4e sang et de forx:^ à
« un si noblç but ^ » Le bourreau, en lui arrachaixt la peau
de^deseuft la poitrine , lui fit pousser un cri ; mais il se reprit
aussitôt 4 « Cette mort est dure , diMl en latin , maïs la glœre
« en est étemelle! ifor^ acerba , fama perpétua, stabit velus»
« m^mmia faeti *. » .
1 47 7 . — Le fils aine du duc de Milan , Jean*4aléaz gfoirza ,
n'était aloÉ^s 4gé que de huit ans; il fut cependant s«»ninu<
sans auo^ie difficulté. Les sentiments de liberté que les tnm
conjurés avaient cru ranimer, n'existaieat plus dans le peuple :
psiBOBnê ne fit un mouvement pour nenverses m gouverne*-,
ment qui n'était plus en état de se défendre. Les députés de
tous les âats d'Italie vinrent complimenter la duchesse Banne
de Savoie , v«ive de Galéas , et lui offrir leur assistance peur
la maintenir sur le tràne, aussi bien que^son fils. Lepapa lui
• • •*
1 Anton. GaUi, De reb. Oenuens. p. 269. — Allegretto Attegretti, Diati Stmesi-
T. XXIII, p. m.-^Glovio, Elogio degU VominiUlustri. L. III, p. 180. — * Macchia-
vellL Im yil,'p. 3S». — Vberli FoUetœ Gemtena, Hiti. L. xr, p. 633. -r'AgosL Gtitê-
Unianiy Annal. L. V, f. 230. P.
DU MOTm A«Jt. 91
eiiTi^R denx oaMiiianx ebargéi âf^wammAet orax qii tw-
draîeiitciuser qiidqae révotatioii <dkiiis MNaB \ Boom t» mit'
en poflMfliîon dft larégxmee. JuMpi'akHrs le gottvernemenl était'
à pÔQfi.cibttDgé, car fine de tous les cooeeilg lîtait eooere
Geow oa PranfoiB.lKnoiijâta^ Gakdinns, liai avait été aeerétaîre
et eo&settlar de Ei»oçai8 filoozai et qui, aj^èa l'aToir servi mnc
QD£ fidâité rare , était demeuré premier ministre de son fils ,
et avait dégqisé , par son talent et ses v^ns , les oapriees et
les fiKtrodfigaiioes de ce tyran. Il avait pow frère ce lean Si-
monéta qui écrivit avec tant <1* élégance et inexactitude This^
toire de fraufois fiforza. Tous deux avrâat, en littérature,
une nép«tali(m presque égale à celle que lenr avait {«te leur
carrières politique. Us étaient en correspondance aveo tous les
savants deiltdie : ils avaient été les ministres de toutes les
griccs que les âeux ducs de Milan avaient répandues sur les
gens da lettres , et il reste eoeora dans la c(»'reqM>ndanee de
Fildfo^ dans edle de Dé0eBd)rio , et dans d'autres écrits de ce
»èelç y des monuments de la protection qu'ils accordèrent aux
études ^ .
Diantre part, Galéaz avait laissé cinq frères qui, pendant
la nÛBorité de son fijs, pouvaient Icurmer quelque. prétention
suc larégranci Les quatre promiers, Sforca, (tac de Bari,
Louis surnommé. leMawre, Octavien et Àseagne, avaient d^
exf»té ladé&aneede Galéaa, fit il les tenait éloignés de Ifilan.
Dàs^q&'ils. appûmaft sa mort, Os revinrent en h&te, et ils
s'eOocuèicBit dfttsusir une aoinrité à la^pidle l'aîné de leur
mais<m avait, diaaient*^ils, plas de droit qu'une femme et un
ndnietr&itmngers* Pour déguiser leur rividité, fls cberebè-
reot à faire^reiiiivre l'ancien esf^rit da parti gibelin. Us se dé-
clarèrent les protecteurs de cette fadion à laquelle la maison
*■ salle eB4aie du 8 des caL-de mtnu àmuUiEceies. iW^% I» p. U$. — .< srira6o«-
chii Stor» d^ia Lett. L. I,Gbap. I, S *j V- !>• 3lt« liécie.
9B HISTOIAE BfiSUPimUQUBS ITALIENNES
ISsemikt/aYiiit dû bob éiéfiatîon : ils aeciuèreat Ja diiDbemet
<!eeco SimMéta de partialité poar tes Guelfes,^ ib li» forcée
iie&t en eifet à se jeter dans leiuiB hras; car les £(iiiùllc8 au»
trefois diyisées par la querelle de l'empire et deT^Usev eetn-
servaîeiit leur ri¥alilé, eaeiNre que les caases de leurs haines
passées n'existasse^ plus. Pour cooeUier, s'il était possible,
les prétentions des frères Sforza et eeUes de la duchesseï il fat
convenu, sur la proposition de Louis de Gkmiagae, maripiiB
de Mantone, que le eonseM de régence serait eanposé par
égales parts de Guelfes et de Gibelins ^
Lorsque la nouTéllede la mort de Galéaz fut portéeà Gè-
nes, Jean-François Pallavidni, lieutenant du duo, assembla
le sénat pour l'engager à pcévenir par sa vigilance, les révokt-
tions que cet érénement pouvait exeiter. Huit capitaines dn
peuple furent nommés par la république, selon la coulume
observée dans toutes les drconstanees difficiles, et quelques
troupes Airent rassemblées pour contenir les mécontents ^>
Toutes les fedions de Gènes semblaient également inqia-
tientes de rendre à la république son ancienne liberté. lies
Sforza, pour les contenir, avaient eu la précaution de disper-
ser leurs chefs dans toute Fltalie. Prosper Adoroo était en
prison à Crémone, les Fieschi étaient retenus à !ltome sous la
surveiUance du pape, les Fr^osi et les autres bootmes puis-
sants exilés. Cependant leurs partisans, privés de direoteurs,
^ient partout en mouvement. Le 16 mars 1477, les amis
des Fieschi s'approchèrent des murs de Gènes: ils avmeot à
leur tète Jean-George et Matthieu, deux jeunes gens de celte
famille, les seuls que le gouvernement n'eftt pas éloignés,
parce qu*ils étaient à peine sortis de reafanee. Ces factieux
entrèrent dans la ville par escalade, du côté de Carignan '•
Os appelèrent le peu^e à la liberté^ et ils excitèrent ainsi un
* ^DioFbÊm Pameme AnoHifm . T. XXU, fi. 250. — > 'Anton. GalU Be rebm OmittHs.
p. 37<^. — v^U FotUtœ. L. Xl> p. 6M. -" * ^nioBd Gsltt De rekm Gemmnê, p. 271.
DU wiraii AOÊ. 98
la<Mfemmi asMs vif; mais ils ooiiinirent la même fatale qd
ttTaiftperda Jécàme Gentile peademoisaiiparavaiiil : ils Mii*^
tèfeat trop à attaq[aer le palais pablic. Ils alloieiit se voir
abandooDés y lorsqae Pierre Doria, éloiiffant toale jaloasie de
famille, exhorta eeax qui reatooraient à ne pas perdre me
oeoamon peut-être unique de rendre la ltt>erté à leur patrie.
Il sortit en même temps .des sangs du parti milanais ; ileft-
traiiia le peuple à le suivre ; la garnison se retira daito les
deux forteresses, et la ville, se trouvant en liberté, nomom
des magistrats populaires.
Déjà, sur la nouvelle de oette révolutkm, lUetto de Eies-
chi, en qui toute sa famille reconnaissait un chef, slétait
évadé de Borne pour venir se mettre à la tète de son parti, et
les Fregosi, d* accord avec lui, se rapprochaient de lemrpateie,
«ans oser cependant outrer dans la ville. La régence de Uilap
eom^t alors qu elle ne pouvait sauver son autodté dims Gè-
nes, que par im chef de parti génois.. ^rnonéta fit sortir Proi-
per Adorno de prison ; il loi offrit, au nom du jeune duc de
Milan, le gouveruemeht de Gàùes et le commandement de
l'aimée destinée à secourir les deux forteresses, pourvu
. qu' Adorno promit d'oublier complètement les injures qu'il
avait reçues, et de rétablir à Gènes, non point là souverai-
neté despotique du duc de Milan, mais la même autorité li-
mitée qu'un traité avait accordée à François Sforza. Prosp^
AdŒrno en contracta l'^igagement ^ Il se mit à la. tète d'une
armée d'environ douze mille hoiames, rassemblée par Robert
de San-Sévérino, Louis-le-Maure et Octavien Sforaa> et il prit
la route de Gènes.
Adorno, déterminé à condiier les intérêts de sa patrie et
-^Vberti Folietœ Genuens. Uistor, L. XI, p. 635. — P. Bizarro, S, P, Q. Gennem,
Biêt» L. XtV, p. zZi.^AgOêt. Gimttniani^ AnnaU di Genova. L. V. L 831. T.— ^ Ant9»
nU GaUi. p. 273. — Obéra FoUetm, L. XI, p. 638. — AU>. de BIpaUa, AtmaL Placent.
T. XX, p. 914. -^i;. BtmrfQ, U XIV. p. 34<h-r^0. GîmOniianU U V, d au. A* Sitarro,
dav e0 rèflit» iBMipe P. AdorM« eiGUvttnimi l9 lusMPe.
îM HISTOIRB Dis ftiPUBLIQtnSS rtALÎlSKKBS
oeuxdadwde Milan, ent besoin de ménagement infinis
-pmnr étiter nn combat déeisif ^ qui aurait rniné on son ptopre
pttti, on la liberté de la république II fit passer soïi frëré,
Gluiries Âdorno, dans la forteresse de Gastelletto, et il lui
: donna commission de descendre dans la ville, pour en chasser
ibletto de Fieschi àu moment où Ini-mëme serait engagé avec
les Frégosi dans tene escarmofiehé. Ses ordres furent exécutés
• avec précision. Prosper combattit lés Fregosi à Promontorio,
mais sans pousser ses avantages; et son frère il rendit Maître
de la ville et de la porte Saint-Thomas , qtd pouvait lui ouvrir
une communication avec Tannée milanaise ^ Ce fut alors
smtdut que Probper Adom6 montra sa modération et son
adresse : il fit demeurer les troupes dé San-Sévérino dans leur
«)»Mnp, et il enIrA seul dans la ville, avec les hommes de sa
iietion. Ceux-ci augmentaient en nombre à mesure qu*i[
' avançait ; les rues retentiraient deà cris de vive les Adorni
' €t l9$ Spinola ! et dans toute la multitude , personne ne pro-
nonçait lé nom du diic de Milan. Prosper, arrivé au palais,
dédara qu il accordait T impunité à tous ceux qui avaient eu
part aux derniers troubles ; il assembla le sénat qui le re-
connut polir gouverneui- ; il demanda un présent de six mille
florins pour les diefs de l'armée , et les citoyens, ijui s*étaient
attendus à des contributions bien plus considérables , payè-
rent avec plaisir cette petite somme avant le terme de trois
Jours ^. '
Ce fut le 30 avril que Oènes retourna ainsi sous la domi-
natibn limitée du duc de Milan. Bobcrt de JSan-Sévériiio y
entra sans iarm^, avec Louis et Octavien, oncles <ie Jean
GaléaZ) et avec leurs principaux officiers. lis en ressoHirent
presque aussitôt, et conduisirent leur armée au siège de Sa-
1 ^nlofi. Qam. p. 3T6.— Uberti Fo8»Ubl U XI, p. «t9. -i- * AfiPm. GOn Dei^eàûs 6e-
fUtfiM. p. 271. *^ VbmiFoUâêm. L...», p. mo, -^^ P^MMnVj ffMt« Mitf^irt. t. XIV f
p. 843< — "^Ml. GiusUnitua. L. V, (. 928. G.
0U MOYEU AGE. 95
Tiaione, château des Fieschi dans les Apennins. Pour faire
lever ce siège, Ibletto de Fieschi rassembla une troupe de
cinq mille paysans : Jean-Baptiste Goano venait le joindre
avec les habitants de la Polsevera ; mais San-Sévérino arrêta
ce dernier par des négociations trompeuses, et dissipa son
armée. Celle d'Ibletto reçut quelque échec et se retira dans
les montagnes. Savinione capitula ; Ibletto fit alors sa paix
avec les généraux milanais : une même activité, un même
goût pour rintrigue les disposèrent à s'associer, et Texpédi-
tion de Gènes étant finie, Ibletto accompagna San-Sévérino et
les frères Sforza à Milan * .
Les derniers étaient impatients de retourner à la cour de
leur neveu, pour disputer Tautorité de Gecco Simonéta. Ils
voyaient cet habile ministre exercer au nom de la dudiesse
Bonne une souveraineté absolue. La supériorité de ses talenls
et de son caractère soumettait tout à ses volontés. On avait
pris, sous les deux précédents princes, l'habitude de ne point
lui résister; d'aptre part, les frères du duc, qui annonçaient
seulement le désir de limiter son pouvdr, avaient peut^rêtre
formé le projet de supplanter et lui et son maître. On assure
que leur intention était de faire périr la duchesse et ses deux
fils, de donner à Louis-le-Maure le titre de duc de Milan, à
ehacQu de ses frères la seigneurie d'une ville, à Bobert de
San^Sévérino celle de Parme, et à Ibletto de Fieschi celle de
Gènes \ C'était pour exécuter ces projets qu'ils avaient mis
fin précipitamment à la guerre de Ligurie, et qu'ils avaient
ramené à grandes marches leur armée vers Milan. Mais Si-
monéta, qui les surveillait, fit arrêter, le 25 mai, Douato de
Gonti, leur agent principal et le dépositaire de tous leurs se-
crets'.
^Mum^€éUi..p^Vl^.^VbeHiFoUaœ. L. XI, p. 641.— P*Mxaff». UXV, p. 344.
f. XX, p] 9S4,
HISTOIRE DES REPUpiiIQUISfi ITALTEniCES
les frères Sforza étaient à table avec les astros diefc de
leur partie lorsqa'oa lear annonça T arrestation 4e Donato de
Gonti. Ils sortirent avec impétuosité de leur palais, appelant
le peuple aux armes. £n effet, une grande multitude se ras-
sembla autour d'eux, et Ifsaida à se rendre maîtres de Porta-
Tosa. Bobert de San-Sévérino et Octavien Sforza Toulaient
attaquer le palais, et s'attacher la populace en lui abandcm-
donnaatletrésor elles magasins de blé qu'il ecmtenait. Le
duc de Bari et Louis4e-){aure s'y opposèrent. D^à la du-
chesse, qui s était réfugiée dans la citadelle, avait promis de
remettre en liberté Donato de Gonti ; mais, pendant ce temps,
ses amis se rassembliâent autour d'elle, et ceux de ses beaux-
frères perdaient courage. Bobert de. San-Sévérinp, Iblâtto.et
Octavien «ssa^èrent de nouveau d'ameuter la populaee en
parcourant la ville, et. faisant criçyr : A mort les étrangers!
Mais les frères Simonola, qu'ils désignaient par ce nom, n'é-*
talent point odieux aux Milanais, et personne ne prit les ar-
mes. Le lendemain, tous ces chefs sortirent de bonne heure
de la ville par la porte de Verceil. Robert de San-Sévérino
et Iblettode Fieschi ne s'arrêtèrent point qu'ils ne fussent
parvenus sur le territoire d'Asti. Sur cette frontière mèm^i
Ibletto, accablé de fatigue, entra dans une auberge pour se
reposer, et il y fut arrêté. Bobert passa outre, et se mit en
sûreté sous la protection du due d'Orléans. Les frères Sforza
s'étaient échappés par des voûtes différentes. Octavien, dont
le caractère turbulent était le phis redoutable, périt au pas-
sage de l'Adda; on dit qu'il votilnt traverser la rivière à la
nage et qu'il s'y noya. D'autres n^isurent, au contraire, qu'il
fiit tué sur ses bords par des satellites de Simonéta, qui le
poursuivaient. Ses frères furcDt exilés par un jugement de la
régence de Milan, avec ordre de résider: Sforza l'aîné, dans
le duché de Bari dont il portait le titre ; Louis à Pise, et le
cardinal Ascagne à Pérouse. A cette condition, on leur pro-
M MMin AOB. 97
mit à daean une penskm de douze miUe doeats * . Le âxième
fiière, PhilÎM^fifem, demeart wnl à Milan : il n'ayait TOaln
prendre auemie part aux intrigaes de ses frères, et il a^était
rangé du parti de la doehesseet de Simoneta *.
Lorsqu'on a^ait annoneé au pape Sixte rv la mort de 6a-
Maz Sfonsa, il s'était écrié : « La paix de Fltalie a péri au-
« joar4*hui ayecloi' ! » En effet, cette puissance imposante
qui contenait dans le repos tout le nord de l'Italie, était dé-
troite; les états de Gènes et de Milan étaient de nouveau li-
nges anx fureurs des guerres dyiles : la longue alliance que
Franfims Sf<Mrza avait contractée avec la république florentine
était ébranlée ; le contrepoids que le duché de Milan oppo-
sait à l'ambition du roi Ferdinand de Naples, n'existait plus,
le cbapai^était ouvert pour de nouvelles combinaisons poli-
tiques, et nous allons voir ce même pape, qui se plaignait de
ce que la paix d'Italie était détruite, jeter les semences d'une
guerre nouvelle, et augmœter la confusion générale.
i AikeHi de Wpalia, ^muU. Ptaeeni- T. XX, p. 954-9S5. — Bern. Corio, ii|«(. Miim,
T. VI. p. 987. —itn/on Go///, De Hbus Gemms. p. 278. — * Anton, GallL p. 378. — -
— ' /of^M hipamontU. L. Vi, p. 650. — Bem» Corio. P. VI, 983*
til.
V. .y.*
96 HISTOIBI DBB BiFOiilIQUBS ITAUamilES
liiiiHitimit
CHAPITRE IV.
Conjuration des Pazzi.
1478.
La république de Florence devenait cliaqùe jour plus étran-
gère à la politique générale de l'Italie et de l'Eu rope. Elle ne
se mettait point en mesure d^arrèter lès projets ambitieux de
Ferdinand et de Sixte IV ; isUe ne secondait' point les Yénitièns
dans leur guerre contre les Turcs, les Génois dans le recou-
vrement de leur liberté, la duchesse régente de Milan , ou ses
rivaux, les frères Sforza, dans leur lutte pour la puissance
suprême. Les magistrats se succédaient à Florence, sans que
leur administration fftt marquée par aucun ïait important.
Le minutieux historien Sdpion Ammirati trouve à peine, en
six ans, à remplir quatre pages, et son silence atteste la lan-
gueur, la torpeur universelle*. Les deux frères Médieis, de-
venus des hommes faits, mettaient leur ambition à substituer,
en toute chose, leur autorité personnelle à celle de la répu-
blique 1478. — Les Florentins, se défiant des intrigues qui
I SeipliOM AvmtNttQf 8ior. Fior, L XXUI, p. ti t-u4.
a-
'.«^ • • •■'•'
mj itots)» ÂGfe. de
■ r^ vi; ;
»t BOtirtm les âeèfiobs, avaient icM obteiiir une
vUfffémMâon fiife ^)è, m fitlèâiit noinmer tMÛr té éôH léurà
nlBgtttràts; mais à teetlè fMteè é'âectibnk, te plilB âémocra-
%fatè ée toatcB, ks MMKds avaient stibstitné là plus arbi-
triiire éè «ottted Hs bBgafcbical. Us itoimiiaiént eux-mêmes
btnq âectéurs ou €tc(^piaft)n, et ceui-ci faisaient des gon-
faloniers et des prieurs, sans consulter le peuple, et sans qu'il
fVstM plû^ le moindre lien entre les inagistrats et ceux qu'ils
rein'âieiitideiit. Gdtmnë la Sdgnetuie était encore trop nom-
breuse potir être.înaintenue aisément dsins robéissaiioe, ils
avaient aiqjfliWIé le jpouvoir du gôufdldniel* dùx dépens dé
ses o<Aègues les prieurs, dont H u'étdit d'abord que le prési-
deot. Ite rtippiedaient seul à leuiil délibératiôtiâ, et Os l'enga-
geaient à domter de» àtûm au ntftà tfun bbl*ps qu'ils né
daigmeUt {Ans cdiiMter. Là k»)linliisiôti ub&Ordinairë,
qu'on noibmait batte, me dkfvaft, selon Ito Usageë antiques,
ètrft èréée q«e daits les lèmj^s de tt^tMe, pbbr sauver la ré-
pribliftie d'un grimd danget*; nxài§ tes ttrédicis l'avaient
obang^ en unoorpll pèrtnataèut, aûqiiëi ib attribuaient Tën-
seddHe 4es poutttta^ légbbtif, adkhitiistràtit et judiciaire.
Bien |dtas, ils la mettèâëat au-dessus de la souveraineté na-
ti<Mude eUe^oièBio; ëar ils M lAtHbu^ent des pouvoirs que
les pes|fles n'mst pôiùt délégués à leurs souverains. Ainsi, là
hi^ oondaomait sans procédtiireli tes individus âuspects aux
Médiois, eUeindistitttâit ttût mp«U ttés taies àrbilraifi^, eUe
portait des Ids MtirK^tiVës, die ag^vàlt leà sentence an-
cieoiieBy en simitielbtnt à de moûvétles peines ceili (|Ui h'a-
vJUteut'pÂnt odibmis de hotnreadx ttëlità; t^e diâpôâàil delà
totalité des ftMiuees de Tétët sàtt^ en ^ndrë compte. On lui
vit emplojnrHseitt hdtlefi^ifas à sauVer d'Uiie faillite ta mai-
sou de bmfBÊdqfle Tbomk de«; Pbkliiari dnigeait à Brugéd,
pour le compte de Laurent de M édîcis. D'autres sommes fu-
rent, eu d'autres occasioîlSy dët^ûf^éès âe même des caisses
IQO HISTOIRE DIS AÉPUBLIQU9S ITALIÊHKES
publiqaeSf pour les J)w>iiis du epoimme ide ces mêmes ebcfo
de rétat. Ils avaieat rim{aradeaoe de ..ccmtiaoer les gcimdes
spéculations -de banque qpi ayaient enrichi, leur aieol, tâfidis
^u4ls n'y donnaient aucune applicati(m, et qpi'ils en ignop-
raient les pi;incipes. Aus», leur tàfiX» et .]fpaae iuaipAcité les
auraient bientôt ruinés, si les deniers deFéiat u* avaient swvent
été appropriés à leur profit • .
Les Médicis, en marchant ainsi à la .tyiimnie» avaient ce-
pendant un parti nombrem dans Flocence : il i^tBfjt /oomimtf
d'abord de quelques citoyens d'anci^mes ffonilleisf^ -qui par-
tageaient ayee qux les magistratures et les revenus' pnUîi»,
et qui n étaient pas sûrs de conserver sans eux leur importance ;
ensuite de tous les gens de lettres, les poètes et les artistes^
que Laurent et Julien attiraient dans leqr musott) qu'ils oom*
blaient d'honneurs et de. présents, qu'ils élevaient jusqu'à
eui| tandis qu'ils prétendaient se séparer de tons les autres }
enfin, leur parti se composait de la basse populace, toujdtara
enchantée des spectaioles et 4es fêtes que lui donnaient les Jfér
dicis : elle ne s'apercevait pas qu'on la corrompait avec sou
propre argent, et qu'pn lui avait pris d'une main ce qu'on tàr
gnait de lui donner de l'autre* Mais d'autre part, malgré les
sentences réyolutionnaires qui depuis 1434 avaient frappé par
classes toutes les familles ancienne et illustres dciIlorieiQoe^
qui ay aient rempli l'Italie et la France d'exilés, et compris
dans les proscriptions tous les noms historiquesde la répiddi-
que, la masse entière de^ anciens citoy^s était encene . opr
posée aux Médicis. Des transports de joie uniyersela avaient
éclaté, douze ans auparavant,, lorsque quelque liberté avait été
rendue aux élections, et un morne abattement accompagnait^
depuis quelques années, l'établissement de la tyrannie.
Laurent de Médicis et son frèrp Julien n'étaient PH corn-
& l«lorlt iH CiWi CûmbU T« XXI. DeHis. emftt. p. i*).
• • !
DO Mcynn âge. lOl
pléllmBbt d'accord dans leur système d'administratioû. Lé
Èeconâf ^fim doux, plas modeste, plus disposé à vivre en égal
au milicn de ses concitoyens, ressentait quelque inquiétude
de la fougue, de rorgudl et des violences de son frère ; aussi
dierchait*U à rattéter par ses représentations *. Mais Laurent
voyant les faiiiilles des Bicci, des Albizzi, des Barbadori, des
Perozzi, des Strozzi, exilées dès 1434, celle des Maccliiavelli
en 1438, celles dl» Aedaiuoli, desNéroni, des Sodérini en
t4i96 ; eelfes enfin des Ktti et des Capponi, dépouillées de leur
anden- crédit, cherchait seulement à faire en sorte qu'au-
cune d^ëlles ne pût se rdever, qu'aucune autre n'acquit des
richesses oo une considération qui pût lut faire ombrage ; as-
suré qu'autant qu*il'ne laiss^ait point de chef à la multitude ,
il pourrait saoDS danger provoquer son ressentiment.
i Parmi les familles dont les Médicis pouvaient craindre la
rivafité, celie'des Pazzi tenait le premier rang. Les Pazzi de
Yal d'Amo , longtemps associés aux Ubaldini, aux Ubertini et .
aux Tai^ati, étaient d'andens feudataires gibelins, habituel-
lement en guerre invec la république florentine. Après que
ragraitdissement de cellé-d le^ eut engagés à quitter leurs for-
tâpesses potir venir vivre dans la capitale , ils continuèrent à
exdtcr la défiance d'une démocratie jalouse'; ils furent com-
pril( êtM la dàsse des magnats , et exclus de tous les emplois
pcr^Vordonnance dé justice. Mais lorsque Gosme de Médicis
eut diUMBsé, en 14S4, la noblesse populaire du gouvernement, '
il fltntil'la nécessité ât te fortifier par l'alliance de rancienne
nableMf. Dans ce but, il accorda à plusieurs magnats le privi-
1^ de rentrer dans la dasse du peuple. La famille des Pazzi
fut une de celles qui acceptèrent ce droit de bourgeoisie , jugé
^J. Michel BrutOj Hist. Florent. !.. VI, p. H3. Alfieri a tiié parti de cette opposi-
tion de caractôredana sa tragédie de la Conçiurasiione de' Passf.li.IUMeo« (lUttttmffOfff^
p. lot) oppose au témoignage de BnitOi et A la iradHiom flofentiM dont AMeti a fait
usage, des yers faits à la louange des deux frères par un poète A leurs gages; s'il
ayait vécu en IUlie, il saurait le erédlt qu'on y donne A df tels Ttrs.
|P^ HISTOIRE BE^ ^Bl]^l^|q[I3f$ ITALIlSlIIfES
pafr plosieui^ une d%«^i|tion« fit AviM fot» » 148®> ^
premier ^e'cettef vanille qi^i si^e^^t âf^Uft)^ Seigneui^. André
eut trois filç, Aptodne, Pierre e| jf^Qob; fua loi doxina dn<|
petits-fils, VwîW troi^i Çt J^^Whi l« IAb? i«PWi^ ^^^ wmari*
pas *. CeUe pomlircasçi maisoi) v^v'^iX pfis 9^)emwt été ad-*,
mise dans Vordre d^ p^upl^ par pft dAff^t, dte ^«tit aqm
pris les mœqrs d^ Iff hoqrgeoâsîe flQr§ntlPÇ« l^fem £||*étaieat
engagés i^w le commerce , çt lenr m^p de hanqw était nne
des plus ppI^ç» et des plw 9QB»id^î<ifl» 4« VltaBe. Bhm mmna
snpériçuçft ftçx ftfédicis cofnmfi marchand» qpe oamne gea-i
tilshoRim^, iU H>Y^^ BW ^mmi ROM SQ PMltaîr, de
détourner ^ Içpr Ryaptage le» imfm mVm>
Cpsme dç Jf^diçi» ayaU YPalft a'ftttechfi?, psc lea Henjj da
sang, cette feinJUe ni qombr^it^, |î |î(^fe et dwt le epédit
popyaît $trç ponr liP si ptilç op |(i dftngçrwx* II. awil fait
éppusar sa petitç-fiUe, Qlapchq, m^V d§ {laprent etde Jidian,
à Gnillauin? ^ç§ Eaw, fib d'A?i$Qiae et pçti^fito d'André ».
Laprent avait op ppe peUt|g}|e toipl^ miltfMie; U awl pow
principe dç les mip^r, op tp^^ ^^ pp}n§ d'»rç4to ïa^«f^rti«»r
ment de leur fprtupe j et PPIPW9 J[çp« d» Pwi fe»P»lrè»e d«
sa spBur, avait épQu^ la fillR qj | ppigp» Uériti^fi ?e Jean
Borroméi, çitQj^n iminçn^ém^ lîfib^, |>a|yaHPit fit renADft
une loi, à 1? p^qrt d? B^ltWTSPi^, p§r teawU§ tel »PT6U da
sexe mascpliq étaient pr4{^^ »px Qlji^ji dips^ VIlAntaga d'oa
père mort aft intemU ?t ^ 4Q«»ft è Ç^tte toi pp irffet l^étfOt
actif : en sprt^ QpçPa^ p^dit Vb^g^ # i^tiew-pèo^ cp»
n'avait p^^ i^rp P#$49{HI« 4^ I^WV BA tiiHtNn^Ot fia&VMfi de
sonupifpç^^pt'.
> Se^ioiM âmmirato. L. xxiv, p. us.— > tM. p. i !«.•*-/«• irieA. ai«il, nétt* FJ9f^
L. VI, p. 140. — s MaeehkttfelR, Marku E. Vllf, p. 86i.-*j«eope ffonli^ Ifl. F/or. L- 1«
p. Il, |1 rwMiHMt 4D« daioa laiapt eeftie toi était encore en Ttguenr. /. Midi. Bmu
L..VI, p. 118. U. aiMeei, diMinidlatt la nature préeiae de eette fqjtntice, prétend qu'elle
appurtiett é une épo<|iie oA lianient, encore Cort Jeune, était hors de sa patrie ; '^t il en
dopne poipr pmiirB eea plvaiee d'une lettre de Louia Met ft Laurent de Médicis, du tb
DU MOYE5 AGE. IQ^
^. ^ troi^ fils d'ADdré PDzâ, le seul cpii vécAt enowe^ éUjit
Jacp^^, q^ui n'avez point été marié. Il avait été, eu 14Ç9,
goitfaloniei; 4© jas^» Çt le peuple l'avait fait chey^er ;
niais dès l?^? t^'^rcnt de Médicis avait exclu tous les Pazzi de
la Seigneurie, à Vexception de Jean, beau-frère de sa sœur,
9P 9^.8^ UQÇ 8^u^ fois en 1471^ parmi les prieurs ^
tua iKâj w Ito iâHMHiii ftÉ firtte Mtohtima qmmtu porteua, «ecto cke tt dod
«.a]b)j|,çpiYfP^»5Q pcpealA) a(| aiiUare delja iua petizlone Duovameote affermau quello
« con c6e Pamico'df Val (TArno del Corno, v(ieva eètrare nelK oflo de! Rorromeo
elMsrieiMins'ttrTéHybQBietoeglipoHaleferiiiQ, <|iiâDdo nitD t^agKfagfle Blqr|ii«-
« col SQO p(piuiati}ZK.o- » JfB ne conD^^trends pas trop ces plaisanteries en langue l>aroqiie,
niais je doute' que M. Rôsco^ les comprenDe mieux qae'mof. A supposer cependant
qiill s^iMR idde Gfomnai Bistf Miéi, q«d VanOcoM VêidrAmo soitun piuô; pnrtè
Qit les paazi ay^ieiit été seigneurs dans le Val d'Amo ; A supposer aussi que ce^ murs
£ jardin k escalader,' cette serpette A tailler les Tignes, aient un sens figuré, et ne
QMMii l^aff allMHi'A 4m eip^jtlertef tr«s ré'tllei de jomes gens de dtx-sepc ««s,, «k
c;çre. s'anraiHI d'une enureprise où Laurent de Médicis aurait été de moitié avec rami
m Vai f Âf tio, et auraîi réussi, comme ion mariage, par exemple; non' ifé dépouiller
est ami, dom la péUtion, dit-il, a éié cenfirmée. 11 faut des divinations mieiix fooéift
pqur détruire le témoignage de deux historiens presque contemporains» et une loi
Ib'ngtetepk existante. On se tient bn gardb contre la (lartlàliié d'Un faétieiix quif Wit
Mm» di flCMMT à*m prince qoi éocit 9Êm sqd •ctlverain , «léne d'il» ci-
toyen <}ui veut relever la gloire de sa patrie; mais devait-on s'attendre à ce qu'A trois
cenlï ans et trois* ï^ent^ lieues de ' distance, tin babUe écHvain^ emploferaii- la pins'
>afcierti,w|iiiirt.ài» traoïpet laMnêmp avasi Me» que les «lire» aur riql9eriep«e« le»
droits et les vertus de son héros? Roscoê, Ufe of Lorenzo. Chap. IV, p. i8*i.
' Je ne ^ (iimrqubl M.^RoscOé prétend (iliustratiotUt p. tos) que je n'allégué poor
«ligtiâftetiftaolBctlié fOffSciiÉma Ampiiiato ellIL Bqioo, landls q«e|B aidais oeu-
vre Hacçhiaveili et Nardi, tous deux contemporains, tous deux précis dans leur té-
lÂoignagc' et abséttiméfit irrécusables. Je île comprends fias mièQx domiBell dic, p. io8,
0titm^ ffifmîvviietfi pdalr^ que l» lettre «pi'il * reprodiwie ae rappel;» à «quelk
guB autre transaction entre les Pazzi et les Borroméi, il croira toujours qu'elle suffit
pdfar^HtiAër Loi^éuzo; eomme si VchtHié dr ratéfânw, éitre doqùaMé nlUe Aàbi-^
tmu di;mie||i9)Ti9fe^ • 9^ fgnm^ A^ Vl^il*^ PMli Ae n'irai fetot, «omoDe il m» le
fmaeilie^exercer mon talent de deviner sur Burchiello, pour me préparer A la lec-
tm^'^èéM&tte lettre. Je ne comprends point, il est vrai, A quel fait aHusieir la plaiêa«H
•urto da tenerpecte, ni lui non plue; eials je eoeaprenda que Puld ftliei^ LaiireBi de
n'avoir pgs comfuis le péché décider Vomi du Val d*Arno contre Borroméi, et non
d'aider ud neteu de Borroméi A enlever A cetàmf ses droits. B^ailleorsil 7 a contre fa
mppo^jÊafi ## «- li0a«Q«^ wne pieiive ptos déeiaive* Veur que la letice de VjMf d»
^ avnl 44Qj^ se rapportât A la succession de Giovanni Borroméi, Il faudrait que celui-
ci Ifft morTÂ cette époque ; maisonWoltperle rrioraio quetGtovaoBf di Bér^cteéa^
ter rilippo Boriromei, était prienr de uberlé en mars elavru tin. — in DeUxte ^H
Emdit, T. XX, p. 407. — i Voyez le Priorato. Delix, Emdit. T. XX, p. Aei et iiiivanlei.
104 UISTOIHJS DES AEVtrBLIQOES ITAUENHEB
Cette exclasion était d*aatant plus offenâantey qu'il y avait à
cette époque neuf hommes dans cette famille en âge cf eker-*'
cer les magistratures, qu'ils tenaient le premier ifang dans h'
Tille, et que toutes les élections dépendaient nniquement des
Médids.
François Pazad , Vaine des beanx-fir^rès . de Bkffliclie de'
Médids, ne put supporter qu'un homme m wSl à la {daee
de la patrie, qu'il acctedât ou rrfiisàt eomme une lotwr oti^
qui appartenait à tous , et qu'il exigeât de la reconnaissaoce^
de ceux à qui il en devait, lorsqu'il se faisait fort de learcié^
dit, et qu'il s'enrichissait de letir argent. Il alla s'âaUir à:
Rome, où il avait un de ses principaux oomptoivs décerna
merce ; le pape Sixte lY le choisit pour son banquier^ de'
préférence aux Médids, et ce pontife, anssi bîea que mai>
fils Jérôme Biario, formèrent dès lors avec lui des rektions'
intimes.
Autant les dtoyens florwtins ressentaient de jalousie contni
la maison de Médids, autant Sixte IV et MrAme Kario nonn-
nssaient de haine contre elle ; ils la regardaient comme ap«.
portant un obstacle à tous leurs projets d'agnmdnenieBt/
SUte n'avait oublié ni les secours donnés à Nicolas YitelU,
sdgneur de Gittà del Gastdlo, ni la ligue formée dans le&orè
de l'Italie , ni les négociations entamées par Laurent pour
empêcher Jérôme Biario d'acquérir Imcria. iâ>ème, deain»
côté, craignait qu'à la mort du pape les Médids ne le éépofaiH^,
lassent aisément d'une souverainetéquiB'amaitplnB'd'Bppmji
Il désirait rendre à Florence sa liberté, pour se mettre ensuite
sons la protection de cette républicpie. François desPaan,* qui
voyait familièrement Sixte et Biario, «ivenimait leur hmné
en l'umssant à là sienne, et il cherchait avec eux k» moyena
de mettre un terme à une i]|surpation qui s'affermissait chaque
jour*.
OQ IlÔTBlf AÀE. ^ fÛS
^ L'hiKtoife passée ée la i^tmbliqQe né laissait' àxlCDû doaté
sur- le maoVai» smxUlê dé'tôtttes les tenCathres.d'émigi'és ; nnd
agroHîoD extéiieare, loin d'Aranler le gony^nemênt, Taf-
femniSHit'ett M dMnant oecittioti d*einpriaonner on d'eiiler
868 ennemis secrets, et d^employer les ressources de Fétat areer
pins dTénergie. La tentatite d'ime informe légale était tout
aiMBi iBUtfle ; quand on aurait troniré au milieu dé conseib
onTM9pns un homme assez courageux pour rédamelr , au'
nomémàam, le maintien de la liberté, son déTMiMieiit n*au«
ratt pradmfc aulro tliose que sa perte fmméAatè. Lès Héifids
n'étirieirtplaaBonmi»a«i lois, n'étaient plusjuatlciiiblftd'an*
eniiOMtvfll>SMUx, et tout recours contre eux n'atkrait wtn ifa^k
knr àéngner de nouvelles yictimes. Une levée de boucliers
était également impraticable ; la vigilance constante du gou-*'
ipcmesient aurait onpèefaé les Pazzi de réunir chez eux, en*
armes, les citoyens de leur parti, ou les paysans de leurs éanH
pegnci. 'Et quand encore on aurait pu dérober aux Médièis la
prtmîèrt connaissaaioé d'un rassemblement hostile, comnfé iU
étaâeBt aadti» du palais, des portes et de tous les lieux forts,^
c<«mie4es» magnats et les juges étaient leurs clients et leurt^
cnéatures^, toutes- les forces militaires de l'état et tout Fàppa-^
«ôbëeda jcfitioe auraient été tournés contre les insurgés. It
neifstBit <d«c d'autre parti à prendre à leurs ennemis que
ffihii^une oenjuralion, car ils se croyaient bien sûrs qu'a-
pnèB^^ple lea deac Médids aurafent été tués, les citoyens qui
tremUaient devimrt eux s'empresseraient de condamner leur
utéMOffe, et de reconnaître,' comme un acte de la yengeance
pid>liqoeji¥attentat de leurs meurtriers. L'exemple récent de
h:«iin8pâMion'de Milan, Idn de découri^r les conjurés,
pou?aib bnr inspirer de la confiance ; il a^t montré combien
S étsUfacOe-de se défidre d'un tyran ; et si le peuple de SBlan'
ne s'était pas soulcTé ensuite, on poutait alléguer qu'il re-
connaissait Galéaz Sforza, quelque odieux ^'ilfùt, pour son
10^ HISTOIRE Bl^ I^PpiU^Ilé ITAUENKES
ipnx«irfW { )ta«4i&4Pe }e^V(^m A*QW^iilM A^e amfer
9^yc^^(^Ê^t gi^ij^ wi <^iW9Dt d* on rrag mÂémnr «oi^ anti^.
ét^at pjjort, §ixt^ Vf lui clo^m popr wi«K»PWttr InutfiCNyiâlIr
yWi w^m% ^m im>h Salmti cpae les Médkia Aftknt lût
i^myfw pirélftU çVîte lui r^iQuriareot l iMwimft.de «m uth
Vpa d99. Testrai^^ais» de Tart iii{titak(i ra ItoUe, tjgo^t neqpM
Uû-méiKjie qaelqiue: réfmtatÎQn dans les ftram^ T«riiti tinter do
leeQUirer VautorDté tœ son père &tiét exei:«ëe aar Jtéxmam.
H éXitiX Y«m à Floraice, iqporè;» ayf ir teroniié le teoipA de; t»-^
Ylpe i«mr leQ^el U pétait engagé air^. te» Yëoil^Q», el H 3^
Pf^dt^t, cpjïtm^, il apprit w« l@^ FWi:ej%Viâ >^@ftiiî^.di^ v^
pj^gqr i^\e ifiltlQ, et il tjp^wRA 9âi afvm e^Ptee te rép ^Mip»
q^ifella: Q*ét(ai| pqfiM; %li^ ^ ^9i^ biiffiitiée, ChmrtaB di»
%^^i^ Pig9Ç^9>t t'^ de H77» fi^fira^ w 9i9iid MNii»»
d? ç^l^t^APifL %ux $iç,9Daifi) d^. <iw U r^elaa^ te pc^t^oKiri)
d^fmed^ttS QQi#a$téQ eaw^ 1^ pi^r^i «t ^(»HOie ilks tom-:
y^ («4 Pr#Vâ» à ^ d^{^i«> U s^ M\mi4é^k deiiBoiweltet
youlcHx: pqw c^la laî^w aUapie? qaq ga^ri^e me leurs frw-
tiftrfi«|^ Il« foiffièrept MpPtWft i^ ajhwdwpar son wûwpri»; la
t Maechmelli, L. VIIT, p. 359.— Sdpione ^fnmiralo. I . XXIV, p. 116.— Conjura-
i>v mum AG8. 107
fi^pii^fm^ 4t 9mw ^'m gank paa moios ma lif seMenti*.
nmt dç. ce qi90 fiurm^ Qiv «T<^t «mki ion temtoke était
partie dfif, é\^\^ flçN:«atînâ f . Pqpt s*Qn venger, elle eonlracta
90^ ^rqîte f|,liiHiw f^Y^e k P^PQ et le roi de Naples^, tandis
^e Six^t^ I Y, 4^ 8op c6t4f r^QiqUai une petite année bqf \ak
frooti^ |lQPçnHWA> aof»^ pp^testa iim^iB^ le oùàteau de
]ilontoi)fi9 ^ dç ppnir ^Qiii le çopitaipe qui menait de troubler
l*pai]^?.
Sur ces entrefaites, le projet de changer le gouvernement de
F]pr9iiç»pftrl§Qi|^uirtrf 4^ Médi^ h\ arrêté entre François
djBs; ^f^i ^ Jérôme rûa^îo ; iU 1« f^mmunic^bbnBnt i f arche-
véqi;e Çrituçois Salviati , qu^U^ wifwpt innté pcgr. des injures
réoeAtf^. : f^ ep effet ce V^A^ y eptre ai^c ardeur.. François
P{(z^i vfpf ^w^ À Flor^l^c^, p9ur mwêv 4 U oonjuratiMMi
spu pm^ Jq^» le chef de \% tonîUe ; ma)9 il y trouva plue
4ç dif(i<^i4téfi qu'il u*en avilit attendu. J[ean*$a()jkiste de lIon<*
t{|s^c$^, oonçlQ^ière 9^t acçç^^té m «»rvice du pape , et
<^^4^t 4e J^^roe Qi^rio, fu^ dâ|)|âch^ h mn tour auprèa de
ce viepi^ nu^gistrat, pg^r |f p^nuf^der- IttantesecoQ 8*étail
T^s^^ fn T<Acaj^ cfoaTf^ 4*^e ff^wle n^gfOciatiOA aimi Lan*
re^i:^ 4f^ liï^içiS) et ayapt t^ d(ippt H a^att en une andieneo
4^ pi^ qi^ avait Qfîfic\ to^tffl «eti forces pour appuyer là
ooDJunition ^« Ce iut çe^^ aoçç^pn 4o pApe an oompliQit qui
ei)|n^fi «api^n Jacp^ dçn Pas» ; \\ co^ps^^tit alon i s'en, lap-
{Mirler ji, ce qo^e spn ^e\^ ^ait k\uî; lui ^ Borne. En effet ,
Fra^çpis y ^tt pçtourné pow ipiiirif se9 projets, de concert
avec If .papç, l^ çpmt^ Biario e^ Vfi^Dpihasiadenr de ferdînand,
qi^i i^ s[qQ f^té p^o#ettait WQ pqi^mite eoopéi^alioa. Il fut
o^i^e^ ^9, sg^a pi!ét9;(t$L d;i^ttaqiMr Mmtanfi, nue armée
1 Setplone AmnOrato, L. XXIII, p. 114. — ITiueMiive/iï^ istor. L. Vil, p. 346.— > i4/-
^5^(ï?<lW. ^tei hw^' P* W. - ^ MacçkioMm. L. YIU, p. M4. - 4. Mich. Bnrfl.
L,'XI, p 146.
108 HISTOIRE D£5 BÉPUËLIQUES ITALIENHES
pontificale s'assemblerait dans 1* état de Pérouse ; qde Lorenzo
Giastini dé Gittà di tlasteUo, le rival de Nicolas TitelU, lève*-
rait des soldats, comme pour attaquer la famille c(e ses adVer*
saires ; que Jean-François de Tolentino, on des condottieri du
pape , paisserait avec sa troupe en Bomagne, et que François
désPazzi, rarcbevéque Salviati et Jean-Baptiste de Montesecco
reviendraient à Florence pour augmenter le nombre des con-
jurés , et trouver le moment d'accabler en même temps les
deux frères * .
Parmi ceux qui s'engagèrent à seconder Pazzi et Salviati ,
on comptait Jacques, fils de Pbggio Bracciolini, Técrivain cé-
lèbre auquel , parmi plusieurs autres ouvrages , nous devons
une histoire florentine. Jacques était aUteur lui-même de quel-
ques ouvrages d'érudition '. On y voyait encore deux Jacques
Salviati, l'un frère, l'autre cousin de l'archevêque ; Bernard
Bandini et Na^léon Francesi, jeunes gens pleins d'audace, et
tout dévoués à la maison Pazzi ; Antoine Mafféi , [prêtre de
Yolterra et scribe apostolique, et Etienne Bagnoni, prêtre qui
enseignait la langue latine à une fiUe naturelle de Jacob Pazzi.
Tous les membres de la famille de ce dernier ne prirent point
part au complot. Bené, l'un des cinq frères, fils de Pierre,
refusa avec fermeté de s'y engager, et se retira à la campagne
pour n'être pas confondu avec les conspirateurs '.
Le pape avait envoyé à l'université de Pise Bapbaël Biario,
neveu du comte Jérôme, jeune homme à peine âgé de dix-*
huit ans; et le 10 décembre 1477, il le fit cardinal. Son élé-
vation à cette nouvelle dignité devait être célébra' par des
fêtes. Les conjurés pensèrent qu'elles offriraient une occasion
facile de réunir Laurent et JuUen de Médids en un même lien
pour les tuer ensemble, car il leur paraissait essentiel que les
i iroecMovem. L. Vin, p* S66. — > w. Bneoê, Ufe ûf Lèmuô, Cbap. v, p. iw, <
note. — s MacchiavelU. L, yill, jp. MT. ^ j^UOmuâ , 0$njmÊt. PtKHmtm Commmi, "
p. 8-9.
DO lIOTBlf AGB. 109
deux firères fiissent attaqués m même temps, anttemfiiit la
mort de Ynn aorait.arerti l'autre de se mettre sor^^ses gardes»
Le jj^pe écrivit en conséqaenoe aa cardinal Riario de faire
tont ce cpelni ordonnerait rarcfaeyèqne de Pise, et peu après»
Tarcheyèque fit venir le cardinal à Florence. Jacob des Pazzi
Ini donna nn festin à sa maison de Montughi , à un mille de
la irille. Il y avait invité les deux frères Mé4ici89 mais Julien
n*7 Tint point. Il n*assista pas davantage à un festin donné
an cardinal par Laurent à Fiesole; enfin, l'on apprit qu'il ne
serait pas non plus à celui que Laurent destinait à Riario dans
sa maison de la ville, le 26 avril 1478. Ce fut alors seulement
qu'on résolut d'attaquer les deux frères ce méine jour à la car
thédrale, oh le cardinal Riario devait entendre la messe, et où
les Médids ne pourraient gu^ se dispenser d'assister ayec
lu! au service divin * .
François des Pazzi et Bernard Bandini se chargèrent de tuer
Julien. On regardait leur entreprise comme plus difficile,
parce que ce jeune bomme timide portait habituellement une
cuirasse sous ses habits : et on avait donné à Jean*Baptiste de
Montesecoo la commission de tuer Laurent. Montesecco s'en
âait chargé volontiers lorsque le meurtre avait dû s'exécuter
dans un festin; mais quand le lieu destinée l'entreprise fut
changé, et que ce fut dans l'Oise, et pendant la messe, qu'il
dût tuer un homme avec lequel il avait eu des rapports d'hos-
pitalité, il déclara qu'il ne se sentait point capable de joindre
le sacrilège à la trahison. Les scrupules de ce militaire eau*
flèrent le mauvais succès de tout le complot^ parce qu'entre
•les conjurés il ne se trouTa plus que des prêtres que l'habi*
tttde de vivre dans l' église rendit indifférents au lieu où ils se
trouvaient, et que T idée du sacrilège n'effrayât pas '. On fut
1 Maeehimem» L. Vin, p. 368. — SdplMe âmmÊHOo. L. XXIV, p. ut. — /. Mlehael
aniH. U VI. p« 118. — 8 Parnmper bmltaum esi, cum obtrineaiHlo canrenfio milei
ilohmni 1 iMiHaftis «Bfq»de, iMg»«|ieBe liiloooiMro«ttdeBiiU«mpeipetntu-
1
110 HISTOIRE DES siFITBI/fQÛlS ITALIEIIEES
doue réàtSti à reorettre te solii êbftkppé^ LftiifenFâh sfiiibè
apbstdiqiie^ AaMtoeàt YdlMto^ et à Étiè&fiëBHgikHil, cvttit
de Mootemarlè. Le Inoiiieixl ftt« fut (^tti ètt lë pi^e ëlevatk
VbQstie, led dent liétiiaes à f^odx MISéiëniieÂI la fMe, ef iifc
podrraiènl Toir lean ââ&as^fiB. Les dôches fle lè diésâè 9e^
taktit faire connaître atfx hmreB m^tirfe, éhargék (Tifttii^èef
le pAms pnbfio, Tbistent <tai Mcriicè. Vïïcébërè^iae SêlviàiSy
arvec les mens , et Jaoob , fib de Poggid BiiEKx»dIiiii, SëTaièift
se rendue maitfea de la Seiginenriey et la fdrëér (i'^^iteàT^
nor menrtf e déjà éiémfé * .
LeslooBÎarésétâeùt dans le têfli^, téi^iénA éf lè âltffiiM
y étëent arrhes, l'égMse étatt fileilXê Ûé inotMte,^ftl SërVîèe ii^
^nf était comiheneé, et Jtrlien ne j^iâèait ^fntcttftoM. PMàf-
«ois des Pftzad et BeméM Battdttfi i&èttm le obérer; fh M
persuadèrent que sa présence était nécessaire; éii iMlËe féU^
ils palssèvent, coinine eft plediSaitf atrt , lès Hfths antAfl^ de ^
oorp^^iponr^reconnattares'il atUt sa édirasée. Mais'J^ieb, ^
souffrait d'dn mttl de jambe, n^ieti^aft pHs M^ne tfHànîtf; &
a'vait knëiÊle , eokitre sa coaimne , qèitté son cdftettéad dé èVéite',
parce^'il fra^lpait sur Et jmtit nittlade. J\ffleii , <%^Àdant,
entraf dans l' église et s'aypibdÉa de raatèl;^'deiBi tohjitt^
étaiem auprès de lui, dbux âbf i^ tfll^f 8b dé Mû ffèft, èl'tt
fmile qai les entourait, leur doâiiaÉlI thi^|Hréieitë'ploa^ sék^i^
de f^i^ès les Médids. Le prêtre MH^â rh^lie , è«« MsÙnt
Bernard BaMtni frappa de Sdtt |i6iigttaM Jiflièù à' U poHrine.
Gehii^, a^rès aTotr fait quelques pas, toMfa par terre, f^f^tâ^
cols des PasBzi se* jeta sur Inl, et^ ht ftètppà à toôptr rëldotiSiléâ
ayèc'tant de' foreur, qii'en même téMfm'it se blessa Wî-ïlâèÉaS
gnèVenent'à la «uiSte. Ati teéme Ms«M, tes Aefkil '^fféti^
atfac^iént Laurent. Â'fttoine de Yoltërra, à)[)pliyant Ht iètfir
mm; delDde alk) UBgotidiliràhièipliMI», qA AmUHUHbr, oi'j^cé àtèérdôs, et bb fît lAÛnoi
saoronim toetnitn tueimnii — iNloir. Mtt ; De réta» Oéhiieni* T. XXfll; p. ^3. ^
M MMM Â0tfj m
ffÊOÛakfnst Éim épmlfii toaUtt lui fotUr tm ^oii(» dé pèigAAM
te&s te «M ) mais Laurent ae dégagea rafpidemeiift, 9 ébTelepj^
aoa hff» gamte de sen nuoiteaa dont il se fit ite bMdier, "9
timaoli^péei et t» détendit a V6e r aide de ie» ésût 6tiÉjeifB\
Av^M M Liiàrattt GavalcMiti. Le demier filt Mtesi^, LatiMoh
ïéM%lÉtAm6sûB îégtntemmt ad col , lofBqfM ki» dMt ilréiMb
fMttrMt iwcusage et s'oofaiMyt. BérattNl Bandini , an cà#>
ttmter hÉMM Jidien (|è'a menait de ftier, ooifrat vera Catirettt,
0t tua aw sa mate Fïrattçûâ»^ Nori ^i M borratt lé' ehemitf .
laitfeoA fféUàt référé dans la sacrifie a\ee ses atnitr. I^ofitien
éfi tÊfiOBSA h» pait&ê de brc«2e, tandis qcf AntoMeBidolfi su-
çait la Mesaare qae son patron avait récioe, et j mettait un
prmAàr a)i»pareil.
Gepe^dint lés Émis dés Hédids, épars dans le fémplë, sé
HÉÉsrflÉdAèrent Tëpée à la main (tevant les portes de 1k sacris-
tie ; ils demandèrent qu'on letir dùvrlt, et que Laurent àe mf t
è leur tète. GtM-^i 6i^aignût d'être trompé par tM érh^ et il
n'Use f(Mt oifVrir, jusqu'à ce que Sinnondi deUa^ Stufa,
jeuflfe honime qui lui était attaché, fàt monté par l'est^Hlier
de Foi^gue à a6e fenè^e d'où il poutait voir Fintérietir dé
Vé^m : d'autre i^aift, il reconnut Julien, dont Laurent ignd-
iMik le sort; il le vit baigné dains son sang et étendti ^Bit
te^pe^ de t-àùtipe) X s'attira qué èeùx qpii demandaient à éti^
ta^ étaient de^ yf^ tMt ûë& Ifédicis. Sur son rapport oiï
ImsÊ ifomik^ la psftë^ et Laurent se mit au milieu d^eux pbtif
figagiSBP sa maisè * V
Iiéa^i$<tti}IMs«n'àVèlMt point disposé' dé i^férts (fans l'iî-
f^ jiocir nftàtioer lecÉrs-^iefimes datfileur retraite, ii^e qui
]^»riMMëiâeiif^ B'àttr^ pas été tiBffiéile; ils avaient r^èrvé^
tMilé^ tÉttrs f orMi pdur se t^dre méttrés du palais public:
Bfc saftàieM, ëii eflët, qilé là miiltitiAe ne j^ge que sdr'âèr
' - \
^ OofiltfHU. FactUnœ OommeM. p. U «t 14. — Qommenmi di UrfUifpo^BftrHt^
L. IT^ p. 54.
112 mSTOIBB DJBS BSKVUqxm italieisiies
images grossières, et qu'elle reecnnaîtratt, poor d^^oi^aii!^
de Fantoritë souyeraine, les yainquears quels qu'Us fassent,
dès qu'ils seraient entourés des gardes de la Seigneurie, et
qu'ils siégeraient sur le tribunal. L'archevêque s*était renda
au palais ayéc les Salviati ses parents, Jacques Bracdolini, et
une troupe de conjurés d'un ordre inférieur, t;*oape cQmposée
surtout d'habitants de Pérouse. Il laissa à la première entrée
une partie de ses satellites, avec ordre de s'emp«r!er de la
porte principale dès qu'ils entendraient du bruit. U en con-
duisit d'autres avec lui jusqu'à l'appartement qu'hid)itait la
Seigneurie ; il leur donna ordre de se cacher dans la chancel-
lerie, pour ne point causer d'alarme. Mais ceux-ci ayant tiré
la porte sur eux, elle se trouva fermée à ressort, de manière
à ne pouvoir plus se rouyrir sans clef; en sorte que cette
bande de conjurés, la plus nécessaire de toutes à l'action, de-
meura dans l'impossibilité d'y participer.
Cependant T archevêque Salviati était entré auprès du gon-
falonier, et avait prétendu avoir quelque chose à lui commu-
niquer de la part du pape. Ce premier magistrat était alors
le même César Petrucci qui avait été surprjis à Pratp peur
Bemardo lïardi, et qqi avait couru risque d'être Xné dans
cette conjuration. Dès lors il était demeuré plus défiant. qu'an
autre : il remarqua que l'archevêque, en lui parlaçt,^ était
tellement troublé, qu'à peine les paroles ^'il balbutiait
avaient un sens. Salviati changeait sans cesse de couleur, il se
tournait vers la porte, il toussait comme s'il voulait donnée
un signal, et il ne réussissait point à màitrisçr son agitation.
César Petrucci s'élança lui-même à cette porte, il y I^Kmva
Jacques Bracdolini qu'il saisit parles chev^ox, q^'il rmy&em
par terre, et qu'il donna à garder à ses sergents. U apipela en
m^e temps les prieurs à se défendre : traversait avec enx la
coiâne du palais, il y saisit une broche avec laquelle il se mit
en garde à la porte de la tour, où la Seigneurie se retira.
DU MOYEN AOE.^ 113
ï^eYi«Faiit œ temps/ les sei^ents fermèrent les dii^rses portes
dés corridors du palais, et attagaèrent alors séparément les
conjurés, dont la plupart s'étaient d^à emprisonnés d'eiia-*
mêmes dans la cbancieUerie. Tons ceux qui ataient smvi
SaMati à F étage supérieur furent bientôt arrêtés ; ils furent
tons tués à r instant, on jetés viTantspar les fenêtres. Mais
Vautre bande de conjurés, qui était demeurée à la porte d'en*
trée^ s'^tài); saisie de cette porte ; et au moment du tumulte,
lorsque ks.alnis des Médicis accoururent en foule au pidais
pour piorter secours à la Seigneurie, les conjurés leur eu
fermèveat l'entrée, et soutinrent quelque temps une sorte de
«iége *•
Parmi ceux qui s'étaimt chargés de tuer les Médicis, les
deux prêtires qui s'étaient enfuis làch^oaent furent poursuH
VIS par les amis de Laurent, et mis en pièces. Bernard Ban***
dini, après que Laurent lui eut édiappé, lorsqu'il Tit que son
compagnon Françok Pazzi était blessé, et que le peuple sedé^
darait contré lui, comprit que la partie était perdue. Il ne
])àla]iça peint à sortir de la ville, et il se mit au9siftôt eu sâ<^
retë. François Pazzi, de retour chez lui, se trouva teUement
afAi&fi par k sang qu'il avait perdu de la blessure qu'il s'é-
tait fidte M^-mème, qu'il ne put pas se t^ir à cheval. Beno&r
çaM donc à parcourir la ville, en appelant le peuple à la li-
hettëj comme il avait compté le faire, il pria Jacob Pazzi, son
^cle, de le tenter à sa place. Jacob, malgré son grand âge,
«omit à la fête d'une centaine d'hommes ra8sem))Iés dans sa
maison à; cet effet, et marcha vers la place du Palais 6in invi*^
tant les cy^yens, auxquels l'occlusion de redevenir libres était
présentée, à prendre les armes. Mais persoime ne vint se
jcnnâre à Id, tandis que les, prieurs, du haut du palais qu'ib
œeupaient, lui lançaient des pierres. Son beau-frère, Serris-
t Ht^SeliiavelH. U vm, p. 373. -^ Cfmjumh PacUtMmCmnmeféê. p. 15. — Sdpiûne
Âmmirato, U XXIV, p. lis. — D/or. Pannense^T» XXll» p^ 278.
VII. 8
114 HISTOIRE DBS BÉHJBtIQUfiS fTALIEirilES
ton, qa*il r^aooiitra tseul dans ks mes/ loi reprodUa feiHi-
miiUe qa'il causait dans .Florence, et lui conaeilfat de 8ei*ettv
rer» Jaoob des Pazffl, fie reeevaiit de seeours d*ancitii cdléi
mwreha a?ee sa troupe yera une des portes dé la iSle ; il «a
eortil et prit la itmte de Bomagne * .
Laoreat, retiré ehee lui, n'aYdt prid aQOfme i^esùre pont
arrêter les conspirateurs > il a^ait abaildcHiné tsa Tengeam^ au
peuple : ette n*en fut que plus cruelle. Le goûfalonmër', Gésuir
Petrucdî irrité du danger qu'il avait couru, Ht peâdre aux
fenêtres du palais Tardievêque Baitiati, aTce son ficère, son
cousin et Jacob Bracdolini. Tons ceux qui TaTaiéiit suiti pé^
rirent également, à l'exception d'un seul qui s'était cachésons
un Humceau de bois. Lorsqu'on le décc^trit au bout de
quatre joiu«, on le regarda eomm^ assez puni par la^aim et
la peur qu'il avait éprouvées. Le peuple furieux était, de son
eôté, à la recherche de tous ceux qui avaient montM qndqiie
oppositiw à Tambition des Médicfs, ou quelque liaisoa if a«-
mitié avoe les eoujurés. Dès qu'ils lui étaient dénoncés, il les
mettait en pièces et traînait leurs eaiavines par les mes >;
leurs membres déchirés étaient porté» sur des lances ^lu^ies
divers qaartî»s de k ville, et cette soif fréilétiqae scmlilait'iBe
pouvoir Jamais s'assouvir. Le jeune cardinal Biario, qui fré-
tait p^int iiMtrait du complot, «Tétait sàuvi sur Tanlel^ ôtril
avait été d^ndu aveei peiné par les prêtres. Trançois Ptact ,
tiré du lit sur lequel sa blessure l'avait forcé de se jeter, fut
conduit au pdais, sans qu'on lui permit de reprendre ses ha-
bits^ et pendu ainsi è la même lEenêlre que rardbavé<p»« En
chemin toutes les injures du peuple ne purent lui arrachet un
seul uiot ; il regardait seulemeat d'un œit fisc «cs^ccmeitojraDS
qui retournaient à leur esclavage, et il soupirait '. Gutlfaume
des Pazsi s'était réfugié dans la maâaon de ^LmiMit mu
i Ma^eWotf. L VIH, p, t74.-~/. Mieh, BrutLt. Vf, p. 159.-* eovUmmwÙ Mîfèrit
L. ni, p. »S. •* * MacCkknfêUi, L. Vlii, p. 399.
bfPBH&^t et lies i]^m!p4<^d6 isalemiiMi BlamN^e Ké-t
dîm, JeiimvtoHit Beoé des Paw, qui a'iétait retN d'^Tapoii
k]^ çawpilgQç, poar np prendre aacune part à te réT<riptkHi,
Twliit acpmdant 9*eii6ite qoaod U mt qa*eUe a^nit Maté ;
mmj reooona 9011s f habit da pagrsan qu'il .avait reyéta^ il t§t
9.iPf&U ^t ïeaandiiit h Ftoiwae où iUatpfMa* JaeabdesSaazi
art 4g»lmmt arrêté par kq noiitagBanils à son paisage ida»
Apennins ; il les snpidia de la taer inniédiatmsiant » U ieiir
«Ifrit aai£«9^,foax:eâlaTOeiécomp»8e; maïs il ne pilles
fléçhir^et il fot panda ay^ sqa naTao Béné. ÇéMt 4^4 le
^ipatrième jmr d^^ la mnjipjnitîop, at pendant tout aa fipnpa
to poppteica s*!âtiuit ba^ée dans le sang. Plus de solianiMix
citox^is» aoiipables on suspects d'aTojir leQ part m oomplot»
avaient ^ nus en pièi^es^et lenrs membres, traînés dans, le»
i^ipos V. le cerpff de Jaaob das. Pamlnt soumis à ^qsiewara^
prisas à a^tte indigiijité : il aymt d'abord été entarré ^uw Ja
ftmtosm dasw anadtres ; mais» cjnmnaon prét^dU ravoirepi?
te^kdii Uaspbémar, à sa mort» babltude à laquelle il parais a]«foir
étéaiyat» on attrîbnfi Im pbnies violentes qui, «plvîrenjtl^ i^
wm te corps d'm Uwpl^émataor repo^tdans nne teKrç.aoxir
aaarée« Il an UA enlavé pwr.êtra ^tarré la long des mnra^
des enfants rarracbèrwt de nonvean de aetta saaondas^^n
twt} VOfv ^ tr^iiua^ ^oagtampsdans les rpes, avant dek jai;»
dana^i'i^io. l^au-tBaptîata deHontaiecoo eut la ttta timAéet
- ■ • " . • •■•..•
t . . . •
i 4ilegi;eUi «fiiire qiie, peaâmt tes jour* fluiyaiits, on fit mo«rir encore pins de deux
twnts personnes. Diofi Sane^t p. m.'
Jl, <«DfriMI i^ftlmiM ( lUÊM^atUMa^p» ut) qpjm cette Anvnr 4a peuple ne m'ait pas
(ùt refiopnat^e la conjurçtipn des Paszi pour une entreprise de raristocratie contre
i'elii 00 peuplé. Non, les citoyens, les marchands, tous ceux qui avaient quelque indô'
ptm^fmmét iMUne étalett tuaeWi i r^acieno» liberté. LWstorien Camfai apparteiuitt
é ces bons bourgeois, il est leur contemporain, et l'interprète de teurs sentiments ; il
âonne tQuJ^mrs a taureni le nom de tyran, et déplore le sort de Florence tombée sous
i#|gfr«||i|Ô» JM# M pppoUifie ,étatt attachée au^ ^lédicis. Je Tai dit dés le coipinencenieiit
de ce duipitre» p, |fH>; et cette populace, que je ne .cooronds point arec le peuple, quoi*
que 4e sois souvent réduit k rappeler du même nom, ne s'e^t montrée que trop emprei-
sée dans tous les pays à se ruer sur les vaFccus.
fit HISTOIRE VEÀ I^PIÏBtl<)l7E8 * ITALIEHHeS
aprèd on long interrogatoire, par leqael il fit cônnÀlIrè^tMtd
k part que le pape airait eoe à la conspiration. BemardBaii'^
dini, ne s* arrêtant point dans sa fuite, avait été eherdier mr
refi:^ à Constantinople, mm dans cette ville même LaoreM
de Médids eot le crédit de le faire arrêter. Le sultan- Ma<«
iMNttet ifle rendit, et Bandini, rentré à f I<Nrenee le 1 4 dé-
eenbre de Tannée suivante, fiit pendn aux fenAtres du J2ur«*
gdlo le 29 décembre 1479 ^
Les historiens florentins qai ont vécn>8ons les Médieii
<int fait des Pazzi le portrait le plus désavantageux. Bolitien
kor attribue tous les viees, même les plus incompatibles : ^m
les accuse en généi^al d* un orgueil excessif; François se laissûl
aveugler par la colère, et c*est dans cet égarem^itr qu'il se
btessii Iui*mêm6, croyant firapper^son ennemi. Jaeob était
adonné au jeu et à l'habitude de blasphémer ; c'était tf aUleura
un homme f<H*t charitable. Il consacrait une partie de^im re-
venu à secourir les pauvres et à enrichir les églises^ Pour ne
point courir risque d'envdopper dans'stm malheiur ceux qui
quiavinent eu confiance en luî^ il avait payé^toutes ses.dettest
la veille du jour fixé pour exécuter la conspirati<m, et41avait
C(ms^é à leurs propriétaires toutes les marchandises qu'il
avait en douane pour le compte d' autrui '.
Encore que les conjurés n'eussent pas réussi dtts desr
attaque, lasftnation de Laurent de Médîcia était toi^wi^lpi^
dangereuse. Les troupes assemblées dans la vallée du Tibrt
sons Laurent Ginstini, et en Romagne sous Jeau'-François de
Tolentmo, étaient déjà entr^^ sor le temU^m florentin; mm^
ayant appris le désastre des Pazzi , dles se retirèrent sans se
laisser entamer. Pendant ce. temps le roi fecdinaiid enioyait
t Strinatus apud Adimarum, in notts ad Conjurât. Paclianœ Commenté p. S6. -^
ânnaUB BononUnssê Mieronvmt de BurseOis. T. XKm, p. 9Of.C0t fatolorfni'léiioMtte
Bernardo di Randioo Baroncelli. En effet, Bandino est en Toscane cm nom de baptême;
tous lea aolres cependant prennent Bandini pour un nom de favUle. — * ifoccMovettl
L. TIII, p. 378.
DtJ MOYEU AGBk 117
ifmatres troapes qai ataient d^à passé le Tronto : il avait pu*
Miésmi allianoe avec le pape et la répsbUqae de SiMUie. Gette
ligne avait cboia pour général k doc d*Urbin, Frédérie de
HontâeltrO} et die venait de dédarer la guerre, non point
à la répnbliqne florentine , mais au seol Laiurrat de Médids ,
qaf elle ne vonlait^pas confondre âvee sa patrie. En même temps
le pape frappait la r^^liqne florentine d'anathème ,• si , dans
le courant dn mois , à dater du l^'' de juin, jour où sa bnlle
fnt publiée, elle ne livrait paa anx tribonanx ecclésiastiques
Laurent de Médicis , le gonfalonier, les prieurs et les huit de
la balie , avec tous leivrs fauteurB, pour être punis selon Fé-
uormité de leur crime ^. Ce crime étût celui d'avoir pcurlé les
mams sur un ecclésiastique* « Parce que les citoyens^ dit le
« pape, en étaient venus entre eux à quelques dissensions civiles
« et privées, ce Laurent, avec les prieurs de liberté, ete
« ayant tout à fait rejeté la crainte de Dieu, et se trouvant
« enflammés de fureur, vexés par une suggestion didMique ,
« et emportés comme des dnens à une rage insœsée, ont Sévi
« avec le plus d'ignominie qu'ils ont pu sur des personnes eo-
« el&iastiques. Gh douleur! oh crime inouï! ils ont porté
« l^irs mains violentes sur un archevêque , et le jour même
« du Seigneur ils l'ont pendu publiquement aux fenéties de
« leur palais ^» »
Le pape ne se dtfendit point d'avoir eu part à la conjura-
.tfon; il ne chercha dans aucune de ses bulles à repousser cette
accusation; les Florentins, au contraire, reconnurent leur
tort d'^avoir fait mourir l'archevêque de Pise et les prêtres
conjurés^ qui n'étaient justidables que des tribunaux ecdé-
ââstiqnés ; fis cbercbèrent à apaiser le pape en se soumettant
à ses censures , et Us rendirent la liberté au cardinal Riario '•
Cette modération leur fut inutile; le 10 des calendesi de juillet
> Butta ^xii IV, apud RaynaU» Armais Sccks* 147$, $ IQ, p. 37S.'*** Uid, % 9, p. 2IX
~ ' Scipione JUnmlralo, U XXlV, p. 12Q.
lis HISTOIRE DMA BXlHJBLiQUSS ITALUSnBÈS
une hou velle baU6 les frappa de pe&des plus gravés : eSe pi^hiiÉ
tout Gomméree avee eux à tons les fidèles, elle ronii^t leors
préeédentés alliances , elle défendit à frms lés états d*éb eon->
tracter avec ent de nbntdles , et eOe interdit à tcmt mBitaire
de se mettire à leur solde *.
Les Florentins cependant se préparèrent à repoosser par
les armes l'aitaqae dont Us étaient menae^^ et le ta }Qin 9s
tstébrefût, selon leur ancien nss^, les dééeaivirâ dé la giieh^*;
Ils adressèrent en même temps à tons les princes chrétiens viA
riécit de là conspiration ; ils réclamèrent par leurs aitnbassa-
deurs les secours du duc de BlSan et ceai de là république de
Venise, en vertu de leur aHiaoee ' . En même temps ils assem«>
blèrent à ï'Iorence un concile provincial de tous les prélats
toscans ; ils leur demandèrent une protestation contre la sen-
tence de Sitte lY, et un appel de Son exemtamunieation à un
iscmcile oacuménique *. Ils publièrent aussi la confession au-
thentique de Itontesecco, afin de àiettre hors de doute la part
qu'avait eue le pape à la conspiration, et ils envoyèi^nt cette
I^èee, avee leur appel, % tempereur , au roi de France et aui
principaux souverains de la chrétienté ^. Enfin, pour mettre
Laurent de Hédicis à l'abri d'enti^prises sembldldes à ceUe à
laqucUe il venait d'échapper, la Seigneûiie Itu accorda la't>er-
mission d'entretenir autour de sa personne une garde de douze
hommes^.
Les monarques de l'Europe pouvaient difficilement àppré^
1 ÀnnûL Eceles* 1478, $ 13, p. 279. — Ùiariwn Parinenae. p^ 279^ — ^ Les iit'6» far
gaerre Domaiét «lus eetie occa^ou Ittrem Laurent de'Mddids^ llioiiias SodArUB, Liwli
Galcdardioi, BoufsiaDi Gianfigliassi, Fient» Mnerbeta, 9tnaré anoocirol^Bâ^llolMrio
lioni, Gedo Serristori, AnUniio Dini, Nicolo Fedmi.'^'^d^ione âmmirato, L. IXIV, p i ào.
-^ s itaechliwellL h viii, p. 38S. — • H. RoseoS a publié cette protôfutiàii, quT peuU
être ne reçut Jaoïab la sanctioii formelle du condle toscan, àppend. n» 37, p. lU-iSS;
— a Elle est aussi publiée par M. tloscoë, n« 38, p. 154-1T3. M. F. H. Egerton a publié,
de son côté (Paris, 3S mars ISU, in-4o), une lettre de U Seigneurie de Florence à
Sitte IV, en date du 31 JuiHet ilrs. Cette lettre est noble, ferme, et d'un style fort Hé*
gant. « • SclpUme Àmntbraio, L. XXIV, p. 133.
*
DO MOTEH AGB. 1 ! 9
i^r ki motifs des dtoyems flormtiAs pour mettre un terme
à rnHupatioo de la maiion de Médioîs. Ils r^rdrient déjà
«8 deux, frères pomme dos souyerains légMmes ^ et mi oom*^
plot «entre eux le«r panteiit tiae attaque ei»atre la majesté
des trftoes. D' affleura, sans eiaminer les droits q^e poavaieDt
aToir les onqmrâi, la eondoite da pape, en i^aiBociant à eux ,
pcNir satisfalni la bame et la cupidité d'un note» qui passait
pour son fils, leur paraissait nécessairement scandaleuse. Aussi
le roi de France , 1* empereur Frédéric, les Ténitiens, le duc
de Milan, le duc de Ferrare , menacèrent^ls Kite lY de lui
retirer leur obéissance, s'il continuait à troubler la chrétienté
par une guerre injuste, louis XI renouvela les disputes sur
la pragmatique-sanction ; il voulut arrêter les aunates, puis*^
que les trésors qu'efies portaient à Rome ét^nent employés à
fsin la guerre aux chrétiens, non à les défendre contre les
Tares. Il dta même Sixte IV à un condle qu'il parla d'assem**
hier,, d'abord à Oiiéans, puis à Lyon , mais qui n'eut jamais
lieu*. Enfin, il envoya en ambassade à Florence rfaistorien
célèbre Philippe de Gomines, pour relever le crédit des Mé«
dicis pu* une promesse éclatante de protection^.
Les plus sages cardinaux voyaient avec douleur Fautorité
pontificale compronnse par l'inconsidération du pontife f mais
Us dSiPfnkM t^n plus important de la sauver que de con-*
traindre Sixte lY à écouter les consdls de la intidence et de
la justice* Sans une de ses dendèifes lettres', le cardinal de
Pavie écrivait au pape : « Je sais qdû vtent à noos, de la
« part du roi de France, un andnssadear fort estimé dans les
« âftok% do At fat éoVMiafesiott est touite pfeiae ^orgoril. H est
«^ iahargi^do'afMis retlMr l'^MissaMe daa Ffuttçais, «I dîen
« appeler à un eom^, si nous ne rëtoquolis pas les censures
• AnnaL Buleê. i4i», S 18, p. SI4. — * Uêm^ru et PhU,âe Caadna. L. VI, ch. V.
--ColUet, tinlv. des Mémoires. T. XII, p. 40.—* Le cardinal de Pane mourut le il sep-
ttniite Hn. ' •
V20 HISTOIAË 0JSS aÉMJBtlQUES ITALi£5If£!S
•( pixmoDoées oon^ les Florentin», A cem qoi ont toé J«3ien^
« ceux même qoi ont appronyé ce menrtfe, ne sont pas pa-
ît nîs; enfln si noos ne renonçons pas à la goerre que non»
« venons de eommenoer.*.. Gepeûdnnt que ponrrions-ndii»
« faire de pk» hontenx, qndle plus grande plaie, qoeUe
« mort plos crudie poarrions-^(«8 infliger à Fantorité de
« Bome^ que de révoqaer nptre senten^ce, atant même que
« Tencre aree laquelle die a été écrite soit sécbée? Le senl
« fléau que Dieu nous ait accordé pour notre eonservatioik
« tomberait de nos mains ; le bâton apostolique ne' coiràenre^
« rait plus de force pour briser Itis vases inutiles; la puis^
« sanee séculière aurait alors un rdàge contre les censures,
« et ce que notre faiblesse aurait abandonné une fois, notre
« courage ne pourrait jamais plus le recouvrer. «
. Le cardinal proposa ensuite au pontife de gagner du t^nps
par des réponses évasives, . de promettre qu*il admettrait les
Doraitins en grâee s'ils tânoignaient leur repentance; mais
de déclarer qu'il ne pouvait le faire que dans une assemblée
de tous les cardinaux, et que cette assemblée était impossible
pendant la peste ; de retenir, sous ce même prétexte de la
peste, le& ambassadeurs français dans un lieu éloigné de la
cour ; de suivre enfin l'exemple du roi de France, qui qud-
quefois avait différé un an entier avant de donner réponse
aux légats de Borne. « Si le roi» dit-^il, accède, eomme ïk cat
« probable, à ces délais, vofu mirez du temps pour atterrer
« les, armes de vos ennemis, et Dieu dans sa miséricorde nous
« octroie souvent des dâivranaes inattendueUf ri le roi n'y
« acquiesce pas, ce sera lui qui sera coupable et responsable
•^ de toutes les smtes de son impatieaoe.... Alors, ' qatd votre
« sainteté se confie entièrement en> Dieu ; celui qui règne
« dans les deux est plus grand que celui qui vit sur la terre.
« Le premier a soutenu ses prêtres dans de plus graves con-
ce tentions, il ne leur manquera pas dans un moindre .péril :
ou MOYEfli ▲GK.
131
« d'aiUean nos ennemis eombittraîent pour le péebë; eox
« Tondraient notre perte, et nous c»4iae noos imiksas €*«8t
« leur saint et lear Tie. Dans nne sitoation si disssemblable,
« et ^and notre caose est si juste, sans doute nous devons
« placer en Dien tonte notre espérance*. >
Les conseils du cardinal de Payie fj^nt snivis : Sxte lY
différa jnsqn'aa 27 janvier suivent d'accorder une première
audience aux ambassadeurs de France; alors même il ne leur
donna point une réponse positive; il leur dit qu'il diargerait
un légat de porter à Louis XI l'expression de ses sentîmiiits;
cependant il ajouta qn'il avait vu avec pdne ce monarque
prêter l'oreille à Laurent et à ses complices, plntdt qu'à cdui
qui n'a reçu son autorité que de Dieu lui-même, et qui n'en
doit compte qu'à lui ; car le texte sacré a dit : « L'orgoeillenx
« qui ne vent pas obéir à l'ordre du pontife qui rend un
« culte à ton Dien , doit mourir par le décret du juge. Ainsi
« tu ôteras le mal du milieu d'Israël ; le peuple, ea le voyant,
« rentrera dans le tremblement, et aucun ne s'enflera plus
« d'un vain orgueil '. » Et pendant que le p^pe paralysait,
par ses lenteurs et ses réponses ambiguës, la ligue qui sem-
blait se former contre lui, il poursuivait avec ^vigueur la
guerre qu'il avait entreprise en Toscane.
' 1 Cardin, Papien^'Bp. «9S, 16 Jalii 1478. — Ann. EccL 1478, S 18, i«, p. 274. «
^JbVM^S iaMi. UeU94 MT8, S tSi ts, p. ^ar»/ Jbe jrcMvto numw: r^itUtml,
lia HISTOIRE DES KÉPDtUQUIS tTAtOHIKS
iiHftmm'initt»ntniimtmnitiitM»»it8»
CHAPITRE V.
Criterre entre Siste IV ^ allié de Ferdinand de Naples, et les t^lorentioSé
— Gènes recouvre sa liberté.-^Suite et fin de la guerre de Yenise wet*
tre les Turcs.
1478.
1 478. -^ La condinte d'une conspiration demande toujoarë
un tertain degré de disisimnlation^ et même de faosseté ; le^
hommes contre lesquels de pareilles attaques sont dirigées se
plaignent souvent avec amertume de la perfidie de ceux qu'ilôt
avaient regardés comme leurs amis ; ils oublient leurs pro-
pres offaisea, parce que ceux qui 8*en sont vengà n'en té^
moignaient point de ressentiment» et il» demandait, qo'/tm
les attaque à visage découvert et à arme» égdifli^ tandis
qu'eux-mêmes s'enferment dans des forteresses, qn*îb a* en-
tourent de gardes, et qu'ils arment tout un peiqile pour se
défendre. Harmodins et Aristogtton , Pélopidas, Timoléoo,
Dion, les deux Brutus, tous ceux que l'antiquité a célébrée
comme les restaurateurs des libertés usurpées, dtssimidèreiit.
Mais, pour que le reproche de dissimulation n'entaehe pas la
r^utation des conspirateurs, il faut qu'un danger imBÛneiiti
un danger personnel les justifie. Ceux qui dirigent leurs coups
d'un lieu de sûreté, qui, pouvant combattre avec les armes
àa prinett, ont reeoors an poignard A» maatimt méritent
«eak ropparatoe qni éiSC tctoitibâr soi^ la H^eddëûtt. les VbxA
d tes Salmti anfsient pan glrattâs et dignes de respeet aux
yeux dès atidals rtfpiddicfldns de la Grèce et de Borne, 1cm
flième q«*98 enitorinàieitt ks M Mitis par de fansses caresses,
et que, les serrant dans leurs bras m signe tfanritié, ils éher*
thaient sens leors habits a ces tktimés dëf ooées portaioat
nne oniiMse} mais Siate lY qni bâitt les armes des conspira-
teurs, et Ferdinand de Naples qai fidl ataneer son armée
ponr les seconder , ce souverain pontife et ce monarque (fA
âaranlent eux^-mèmes la I^làtion sons la protectton de la-
qndle ils vivent, ne aaéritent pas plus d'estkne que les lâches
qm payent dfea meurtriers mereenaires pour salidifaire leur
vei^eanee. Toutes les ftns que te recours à te tinttcte publia
9ie est pessibte, te vindicte privée est Inlsrdite. Les vengeurs
des partkulters sont tes Iribunam, le tribunal des sottverahis
o'cBl te guerre. Les tribimaux sont impuissants pour défm*^
dce Mmumur, infliètes lorsqu'à fiixdrait détedue la liberté;
c^esfcpourqoui leglikvu a été rendu parropinion aux titoyens
pàut venger leur htmiieur dans des duels, aux vépuifiealiis
pour xueottvier lettr liberté dans des conspirutlMS légitimes.
iieadufliSi ooomeîtes conspirations, suAt imentits put* Tbon-
msor ans uraverakis, qui ont un auM juge dans le sort des
atans pdrtiqaes;
. ttiis i¥ uvail peut^ètredegnmdes pensées el de nobles
prufets pMT f iadépemlanee de VltaHe ; sans apprécier te H^
berté, fl côumiissHit te puissance des z^utttques, fl volitefit as-
sMer^à te péainstileteus tes moyens <fe repousser les atteques
dea^tiuttgem et des'biorbares, m -rémdssant la fiOmbardie à
fa Xosenae^ sous Tégidede goùv^num^nts que te oonfian<^
etf riumiiriiBgtiSU|èss'readissent jnéjfraatublesv ^Le plan qu'il
avait conçu dans sa tête, et que nous verrons se développer,
était digne d*un honune de génie, et mèatie d-mi ami vrai de
sOQpftys; WMS te cMwrttoediipape^eofvoBipttit ma^esptU^
et mUtàt 4e la fniuselé et de la perfidie à ses iMesotaeep**
tioDS» liicapable de éistfaigoer la yeite (f à¥co le( cânmë, totts
1^ moyens d'eiéogtiMi lai étaieBt indiffibeats^ et^ildédHMio^
rait ses projets piar tes-iBttniiiieQts doiitilifsisait ehok pdv
les aooompUr. Ainsi, lottt ea s'armant peurla'lSxeitéy'il se
rendait cxUeuxf aux o^nbUeaiiis rax-aiMines $ «n in w<{oant te
.peoycHr de rÉgUse, il scandalisait les eathelîiiaes; etènpr(H>
jetant Tindépradanee de Tltalie, il'rekpôsaife te ^mieriaDt
iuTasUms de rélranger.
. Sixte lY et Ferdinand s'étaient Réparés à la. gnelpre avamt
qne tes premiefB eonps fassent portés parûtes Pasztoonti^é tes
Médiaîs. Les J'ioventins, an contraire, n'avaient ^point enbon
d'^aimée, et il leor fallait on temps assez tengpoulrs'at former
une. On rassemblait pMr *^eni ea LombakUé tons les eapi^
tainesqni eberebalmtda ssrrice^ et on a*vmt engagé sous
teitfs diapeaox IHeoIas Onûni, oookte cte FitigHano;; Conrad
Orsiai, Bodolpbe de Gonzague, frère du inai^qtiis de Mailoue^
8(»deox fib^ et d^autres capitmnes. Quafât aux petits prteoes
de BcMDMgBe quifaisairat tous te méttwdecondotlim, SixtelY
avait prévenu les Florentins. U avait pris à sa solde Vri^
d^j dued'Urlm ; B^ertMatetesti^se^ur^e mÉûHi, cft
Gostanoo Sforza, s^;BeiBr de Pesaro. X'àravfeponlffîsatei
ainsi complétée, entra sur tes terres de la répabHi|Ue animis
de juillet, aveeceUe du duc dé GalalM ^ Les Fl<»]!l».tte'ne
pouvant teimr la campagne, distribuèrent teurs s^MaiS'daiis
tes Meux forts^ sur tes confins de T état de Bieniie et^li dùehé
;dUrl»i. Ils formèrent «ussi un cœà^^ an Poggio 'impériale ;
mais là on voyait autantdetfoopesind^^èndantesqa'iteftvlteut
de condottteri dans, leur armée ; aucun ne vwdidt reeotmtttre
l'autorité d*un autre : tes onires des coÉunisiaîxBs .nommés
1 50^ne immlraM. L. XUV, p. 131.
fw hr réjpoUi^ieéliûent mé{^^ ^aqae capitaine se croyait
au vamm T^gal as» bourgeois qui mégeûent dans le txm^
mlf il aurait cm manquer à son honneur s'il aTait <Aéi> mii
ffiiMswiiMteiaepts d'^nù homme que sa naissimee et son nmg
n'élevasMi^ pas ao^lessus de tons lea autres^
Les HoiciitiDSy ponr rétiddir la snbonlination, oHHrent an
dncdHafCBle ée-Serrarele commandement de knr armée,'
aveeune payedesoixantemlQeflorinsi qui se réduirait à qna*^
ranta. mille à la paixi Ib ne Tonlarent peint éeonter les con--
seils de la Seignemie de Yaiise, qni leur représentait qo*Iier-<
enle, ,ay«imt ^^Kmsénae fille de For^and, mettndt pen de
-vignemr à eomhattare AlCanse éo Galabre, son beaa«fràre *.
Bœeide hésita lui«-mteae asstea^ longtemps arant d'ace^tar leé
ofikwqni lui étment faitas, et ce ne fat que le 30 aoAt qa*il
signa soniraitéavec les commissaires florentiss^.
Gepmdant les hostilités avaient commenod dès le miUen do
juillet ; les ducs d'Urbin et de Calabre ayaient ravagé^ ai«e
nue extrême .ornante» la pastîe éa territoire fhmntiuqu'ila
avaient euTahie ; ils avaient asnégé soeoessivement ficndne^
la Castdlina, ebfttaau^fortà huitmiUesdefiienne,etRadda.C0S
troift forteresses avaient été défendues avec cmpsage; mais
tontes tra» avaient capitale sons cMdition d* oowiir lenra
pwtes auxeimanns si elles n'étaient pas seoonmes afant uii
tarme.donné; et l'armée floi»atine, instruite de cette caf»«
tnlation^ n'avait point osé livrer bataille pour les sauver^. laCS
enn^ma avaient prisensuiteMortaio; ils assiégeaient Brcdio,
ils menaçaient Caoabîano ) lorsque le Aie de Ferraore arriva
oifiu, le fi septembre, à Florence. Le 12, il aUa visfter le
eampf nu9s,. pendant ee telles même y Bualio se rmdaît aux
ennpmia presque ensa présence; et ceux-d, au mépris de ta
1 VâHn&nmfo, VUe tW Duchi di Venezia. T. XXII, p. 1909. — > SOpione ^mnOrato»
L. XXIV, p. 126. — > Diario Saneae diMteçretto AUegrettU p. 78S. — Orlando Mala*
vo/<i, S<oHa diS^eima. P. III, L. ui, f. 7).
)26 HISTOIBE DES BJÊraU^IQUili, ITAUEIINES
fsipUidatipa qipfîte v^mimx ngnée, [^aiait et biâiaiwi'iMi
château, eomme ils avaient peu aopajniTaat pillé et hrûlé eehn
4eSfldda^
Jusqu^à raffifée dn duo de f enraie^ ki Fkmukiim atûsKl
pa s* affliger de n'avoir potiit de dief ; ib ne tandtiwrt pu eiH
9Qite à se repentir d'en av«r choisi <» qui nmqiMâide latol
po de résotntioQ, si même il wtébBÔ^ pas en se<nt>tf aoonrd
avec leurs ennemis* On avait attendu le mmmùt&s6 parles
aitrotegoes pour Iqi remettre le bâton do ernnmandwmt x
e( censM^i l'avaient 4i£féré îasqu'aa 27 septontoe, àdix taeons
et demîe, on seize beores è rîtafienne. En afttondant.qoe le
jûommt fiiviorable fâA venu^ Herenle avait laissé, pnendie
Cacetnimo sons ses yenx , et il laissût assiéger Mbiito-6aB4o»
irina d^na le.vel de Chiana , nue des places les plbe impoM^
tantes de la fnmtière, pniafa'elle oonHDandaitL'esitrieée la
plaine d'Àrez») et de eidle do Gorkme t du ved d'Làmbra d:da
fel.d'Awo?.
Tinkèl lednc de Fernradispataili mcQ leseoamissatoeB flo*
rantina, Umàùt ame ses propres officierR ; il me tiooirait jaiseis
^'aneon Bcr i&t assee sûr ponr y asseoir son camp^; il teta^
sait de s'approcber. des emtemis, et il s'emfHnsMt de oonelnve
avec eux or amnstieeaox conditions les plnsdésa^NOitagenseei
Il consentit h oe qne pendant sa dorée îe dno d' UgUe conli'»-
mM les Jtrainau dn siège de SanrSovino. Cetarpielîoa s'étal
terminé à la fin d'oc|€tee» le doe de FeBreisa pcopoapi dero*-
piettosSannSovino en mabis tiesees poor donner le tempe do
^eeommmeer des négodatiopa; il snggéra enocwe d'antas
expédients ipû montraient Ions on la faiblesse deson cane^
bataille pomr délivrer les assiégés : ses farces ^ent œpen*
dant à peu près égales à celles des ennemis ; il avait sons lui
1 Seipfem Awiimlo. L. XMV, p. i97. — * IfrM. p. ttp.
DU MOYKR A«Y. 127
aeptinâle hymnes de caTalerie«t nx laiUe fantearia»; le dsifi
d'Urbîn aTût mil}e cayalien de ^m$ et deux mille SantasÛBa
de moins * . Enfin, San-Soyino se rendit le 8 novembre, prai*
qw^tm» les yeux dn duc de Ferrare; et ka enoemia s' étant
mis en (^puurtiera d'hiver entre Foiano , iJiQigDaiio et Asina*
hm(^ mt les fnmtîèies de Tétat de Sienne, il tenmoa de soii
côté 0^ hontense eampagne en logeant ses troupes entre
rOlmo etPoUicdano '.
Oq ne peat se défendre de qoelqtie surprise en voyant qoe
J4imrent ^de Médicis ne parut pcnnt dans le camp florentîn
pendant le cenrad^unegoerre où sa patrie n^était engagée qne
pour hd. U avait laissé Tannée éprouver les ineonvéoientSi
d*idKHrd de rin8nbordinati<m avant gqe le dne de Ferrare j
fût arrivé, ensuite de la défiance, et pent-étre de la tr^^isfm,
Al^jsa venue, sansessajtt d*7 rétablir Tordre ou d'en presser
les opérations. Le gouvernement, et lui-même peot^tre, nV
vait pas une grande confiance ei^i ses talrats mititakes ; mm
les commissaires que la répobyqneenvoyaît à Tannée n*^t»eBt
«probablement pas plus belliqueux qae loi. Lorsque le mani-
feste de BUte lY et de Ferdinand avait été porté à Ftoeneci
etqne Laurent s* y était vu désigné conme seul epo^ni de ees
deux souverains^ il avait eonvoqué uneenml de HifMfBU, eè
trois eants citoyens avaient 4të invités* Il leur a^eit dét&ijé
^*il était prêt à^se soumettre |i Texil, à la prisen, à la mort
même, «i sa patrie croyait defoîr le sacrifier « pour ee eous*-
tndre à Talta^pie àe ses ennemis, filais en même temps il leur
avait rappdé que leur prudenos et leur pwsévâranee si^ffiaairaft
seules pour r^ister à T orage et parvenir au terme des maux
dont <m les Bwnaçalt; Les Florentios, appelés à « eoneeil, fé-
' t On cmntncnçtit alon à compter la eat alerte par escadrons, oa sguaâre, le plus
aouvent de soixante-qninie hommes. Le duc dlJrbin en ayait cent neuf, et les Floren-
tins qnalns-Yingt-quaiorze. ùiarîum Parmense, p. 389.— *5cipiofie ^mmiVato.L. XXIV,
p. ISO. — ^//ègr. AUegretti, DUviSenesl. T. XXiii,p. T84.
V26 HISTOIRE DEft VtÈVmLlffOVà TTAJJEBmtS
pondiivilt à cette «teppeMatton généreiM eti^^eùpg^sM ^
consacrer leurs fortanes et leur^-ties à la défetasé de Lbnréiit
deMëdiois** ; , , .
Tandis que les décemvirs de la gaerre iUlsdent et nottiNilca
levées de soldats^ raflsemblaient'des nmBKIoM etvétafiIllsÀleiit
le matériel de T année, la république envoyait ses phkifh'ttbiles
négociateur» aux puissance^ dont eUè pOnvail éspéreir âes fto-
cours. Donato Acdaiuoli , Fnn des honùnes de lettres les phis
recratmandablesdu rièicle, avait été chargé dé Famlrassafle -de
France; mais il monrat à Milan avant d*avoir pn *£fe reiïdre à
sa destination , et €kiid* Antonio Vespucci lui fét donné ponr
snccessenr >. Cependant t^Mis les témoignagies d*aniitié qtlè
Louis XI avait donnés k la république florentine ne devaient
av<Kir aucun résèltat. Ce mimarque, vieux et malade, craignait
toujours que rfiurope ne s'aperçût de sa décadence , et n*^
vit mi pronottiede sa fin prochaine; aussi chterchàit-il % Tbc-
cuper par des négociations, à 1* étonner paf des menacés,' S lui
imprimer k pensée de sa constante avidité, et cependant il se
gardait en même temps de s'engager dans des entreprises qtf It
n'aurût plua ;Ia force de suivre '. liCs Siennais , ménagés en
vain pttT kS' Florentins', s'étaient déclarés ouvertement 'poui-
leurs ennemis. Les Lneqmi», toujours jaloux de kuru puissants
voisins, étaknt ausiri tout disposés à prendre parti ooMie eur;
et Horre Gaponî, fils de Néri^ qu'on kur envoya comme am-
bassjBdeur» eut la ;|Aos grande peine à ka retenir dttnr \k neu-
tralité par des concessions de tout genre *. Jean Senllvogtio,
qui occupait 4 Bologne à peu près k même rang que- Médills
r*'
> savane Ammbpio^ U XXrr.p» isa.— JfMcMotwUllfC. L. ViSi p. S8i«
M. RoseoC ne conçoit pas que Laurent, qui derait assembler ce conseil de Vdekkêti^
pût s'absenter de noreiioe; mais n n'y apasqnlnaeneaesdeFtorenceà San-Sovino, et,
durant une campagne de quatre mois, on poiucrail revenir de plat loin popr-fp^élor
au désordre on de l'armée, ou de la capitale. lUusir. p. 122. — '' Scipione Atmniraio.
U XXiy, p. 120. — i. Mich. Bw/i, «i»L Florent. L. V]l, p. 1S7.— > iranoircf dePhir
I lippe de Cominee. L. Vf, ebap. Vf J, p. »3. — * Scipimie ^mmiraio, U XXIV , p. 130. — >
MacchkwelU. L. Viii, p. S92.
BO MOTKR AGE. \^
à.Flor^ooe, deDimrait dans Finaetion y eneore qu^il Ittt alHé
de Laurent» Uanfr^di, seignear de Faenza, n'était pas plus
actif .• Les Yénitiens s étaient formellement opposés à ce que
ces deux seigneurs attachassent la prindpaufeé d'Imola, appar-
tenant à Jérôme Siario, pour qne la guerre ne s'allumât pas
en Romagnep
Toute l'espâraBoe de Sfédicis et des Florentins reposait sur
leur alliance ayec les deux, états de Milan et de Venise. Mais
les Yénitiens profitèsirat de ce que les alliés aTaient déclaré ne
faire la guerre qU'à Laur^it de MédidS) non à la république
florentine, et ils protestèrent qu'ils n'étaient point obligés à
défendre de simples citoyens dans leurs querelles privées.
D'aUleurs, ils étaient encore engagés dans une guerre ruineuse
ay^ le& Turcs, et cette année même une invasion formidable
les avait fait trembler. La régence de Milan secondait de bonne
foi le gouyernement florentin; mais le roi de Naples, pour
ôter i Laurent ce paissant auxiliaire, avait trouvé moyrai d'oc*-
Gupcff la duchesse Bonne d'une manière plus grave dans ses
psapi'es étals..
Ferdinand cmmuença d'abord par traiter avec Prosper
Adorno, qui était toujours gouverneur de Gènes au nom du
due deMiiaa, mais qui avait montré l'année précédente pres-
que iSiitaat da défiance de ses auxiliaires milanais que de ses
propres ennonis. Ferdinand lui offrit de l'aider à rétablir les
Géiuiis dans leur iudépendanoe, et lui «ivoya à cet effet deux
galères avec de grosses sommes d'argent. La duchesse Bonne,
avertie aussitét de cette négodation, chargea l'évèque de Gomo
de venir prendre le gouvernement de Gênes. Gelui-d arriva
dans la ville sans suite et déguisé , il assembla le sénat dans
l'église de San-Syro; il lui communiqua les lettres du prince
qui rappelaient Prosper, et le nommaient à sa place * ; il n'osa
1 Antonii GalU. De rébus Getmeiu. p. 284.— 0tar. Parmense. T. XXII, p. 2S1.--
OberL FoRetœ, Genuens, Bist, L. XI, p. 642. —P. Bizarro, But, Gem, I*. XV, p. S49.
VII. 9
130 HISTOI&B DS& BÉraSLIQUBS ITALIENNES
pMBt e^pend^tat ftûre cette déchration au palatepoUic, et de*
quj^ader riQvestiture avaut Ravoir rassemblé quelques sol^
^1^. Prosper Adoruo profila de ce délai j il appela à lai tous
ses parti&aus^ iou^ ceux m^ine qui, dans les factious eQuemies,
lui paraissaient attachés à la liberté de Gènes. Il leur fit créer
six capitaines du peuple, pris parmi les bourgeois et les arti*
sans, et changeant le titre de gouvernent contre oslui de.doge,
il proclama rindépendance de sa patrie * .
Cependant, la garnison milanaise n'occupait pas seulement
les forteresses , elle s était aussi retranchée dans les îles de
maisons qui en étaient le plus rapprochées, en sorte qu on fut
obligé de livrer dans les rues des combats journaliers. Les
fauLlles nobles paraissaient toutes favorables à la daminatibm
des ducs de Milaa. Les Soria et les Spinola s'étaient même
enfermés dans les forteresses pomr courir les mêmes chances
q/ae la garnisouw Ghacua de ces magnifiques palais^ qui méi'i-*
taiisnldéjà à Gênes le titre à^ Superbe-, était attaqué et défendu
a^v^ d^ r artillerie. Prosper Adorno invita» Bobert de San-Sé-»
vérino , alors réfugié à Asti, a venir se mettre à la tète des
Géoois> et.ltobert saisit avec empressement loccasion de com-
battre la régence de Milan j à laquelle il venait tout récemmetit
d'échapper. De son côté, Louis Frégoso, qui deux fois avait
été doge de Gênes , amena dans le port dé sa patrie sept gar
1ères napolitaines avec un petit nombre de soldats ^^.
La régence de Milan sentait combien il était important de
défendre Gênes avant que ses forteresses fussent enlevées par
1^ peuple}, et comme les chevaux ne peuveatJ oti*e que de peu
de ressource daçs les montagnes de la Ligurie, elle avait ras-
semblé une armée 6ù Ton comptait huit mille fantassins armés
-^^Mi4 CiuttiHkmàmU, V, f. 237, B.-*- 1 ^M. Galtt^Dereb, Genuens, p. ^t^.—Vbent
FoiUiœ» U XI, p. 643. — s Anton. Galii^De rébus Ganuem. p.386. — L'(>erit Foiieiœ ,
GcnueM. ^Utor. U 3U« p. 644. — ^nnal, PlaceuiUii ^uu du Hi^Ha. .T« XX, p. SU6. —
P. nmitro^ uiMt^fianueiié^ L, XV, p. 34», — a^^qhl Gmiioèoni* U v, f, 239^6. .
DU MOYEN AGK. 131
Se cuirasses coiAm^ tes gendarmes ^ sii mille hommes de
troupes légères, et seulement deux mille cavaliers « . Mais elle
eu donna imprudemment le commandement & Sforzino, âls
naturel de François P', due de Milan, qui n'atait ni les vertus,
m les taleiils de son père. Pierre-François Yisconti et Pierre
del Terme lui furent donnés pour conseillers; on reconnais-
sait le mérite de ces deux citoyens dans les affaires civiles, et
on se figura qu'ils seraient également propres à conduire les
armées *.
Bobert de San--Séyérino était au contraire un esprit tnrbii-
lent et factieux dans les conseils, mais un excellent homme
de guerre- Laissant derrière lui les deux dtadelles entre lès
mikins de la garnison milanaise, il alla porter ses lignes de dé-
fén«? dans les défilés les plus étroite des Apennins, à sept milles
de distance de la ville, et près des forts appelés les deux /li-
nieaux. Il y éleva à la hâte des fortifications dont la situa-
tion augmentait beaucoup Timportance. Son armée était peu
nombreuse, et la milice de Gènes en devait faire toute la force.
Pour être plus sûr de la réunir, il ^t lire devant le peuple ,
par lin reUgieux dominicaiii, une lettre qu'il prétehdit avoir
interceptée, par laquelle k duchesse de Milan annonçait à fé-
vèque de Gomo la prochaine arrivée de l armée qui venait te
ctelivrei^. pans cette lettre, on promettait à la garnisto de ré-
K^mpemer sa constance en lui abandonnant lé pillage dé
Gréneé pendant trois jours, puisqu'il était temps dé domptei*
c43tte ville turbulente que la misère seule pourrait rainener à
une obéissance passive ^. En effet, après éette teétùre, tout
ee qu'il y avait à Gênes d'hommes en état de porter les ariHes
nK^tk)nrUt se ranger sbus les drapeaux de Robert de San-Sé vé-
iteo. lient £^iii de lés partager en bàtâiUons sotunis à des of-
bommes. T. XXU. Aer. ItaL p. 3S2, et traal*i|Bi!éi,e0o.-£-«^mtl. «tMft 06rèèiil
Gemwtns. p. 299, -^ ' Mion. MIU Ir !« p. m*- — Vl^eHfu F<»^;«(«. Ih XI, p. M-
r
132 HISTOIRE DÈS BEPUBLIQUBS ITALIËISISE^
ficicrs expérimentés, et T organisation qu'il donna à cette nlî-
. lice régala presqae à la troupe de ligne. Il s'assura aussi de
r avantage du terrain, non seulement en face, mais sur les
flancs des Milanais, et il attendit leur attaque.
La bataille commença le matin du 7 août 1478, et conti-
nua peudant plus de sept heures avec un extrême acharne-
ment. Trois divisions furent successivement conduites à l'at-
taque des lignes occupées par les Génois, pt elles furent
constamment repoussées. Les Milanais ayant eu six cents
hommes tués et un grand nombre de blessés se déterminèrent
enfin à la retraite; mais ils s'étaient imprudemment engagés
dans des défilés d'où ils ne pouvaient sortir que par une vic-
toire, San-Sévérino ne permit point qu'on les suivit immédia-
tement dans les gorges des montagnes par lesquelles ils de-
vaient repasser. 11 craignit qu'ils ne fussent encore à temps
de se retourner, et que les milices qui s'ébranleraient pour les
poursuivre ne sussent point conserver leurs rangs. Mais lors-
que les Milanais se virent au milieu de ces dangereux défilés,
ils sentirent eux-mêmes combien il serait facile de les. y acca-
hier, et cette crainte suffit pour jeter le désordre parmi eux •
chacun voulut devancer ses compagnons pour échapper de ces
gorges redoutables; chacun jeta ses armes pour être plus
agile , et l'armée qui venait de combattre avec viullance ne
sembla plus être qu'un troupeau timide qui fuyait. Alors les
Grénois attaquant les Milanais par derrière ne trouvèrent plus
de résistance, les montagnards les accablèrent du haut des
rochers en faisant rouler des pierres sur eux. Les assaillants
s'attachaient surtout à faire des prisonniers pour les vendre
aux capitaines des galères du roi de Naples qui venaient d'en-
trer dans le port * . Cependant le nombre de ceux qu'on pou-
vait employer à ce travail était borné, tandis que l'armée mi-
» Oberttu FoUeta^ Genuens, Bi$t, L. XI, p. 046. — P. msuari, t^itt, Gammitt 1. XV,
p. 3M.<*-40O«/, &U9tinUmi. I*. v,f. w*
DU MOYEN AGE. 133
lanaise> presque entière, fat obligée de se rendre avant d'avoir
franchi toute la chaîne des montagnes. Les paysans ne trou-
vant alors plus d'avantage à faire des prisonniers, se conten-
tèrent de les dépouiller, non pas senlement de leors armes ,
mais de leurs habits et même de leurs chemises; et l'on vit
rentrer en Lombardie plusieurs 'milliers de soldats qui ne
portaient pour tout vêtement que des ceintures de feuil-
lages * .
La régence de Milan, renonçant à F espérance de soumettre
Gènes par la force, essaya du moins d*y exciter une nouvelle
guerre civile, en réveillant des partis qui semblaient assoupis.
D'une part, elle rendit la liberté à Ibletto de Fieschi; de l'au-
tre, elle engagea la faction des nobles à faire revenir à Gênes
Baptiste Frégoso , fils du doge Pierre. Les Milanais , assiégés
dans les deux forteresses, sians espérance d'être secourus, les
consignèrent à ce Baptiste. Quelques coups de canon ayant
annoncé à ses partisans qu'il en avait pris possession, ils s'ar-
mèrent dans toute la ville , et attaquèrent avec acharnement
la porte Saint-Thomas. Le parti de Prosper Adorno paraissait
y avoir l'avantage , lorsque Ibletto de Fieschi , qui avec tous
ses clients s'était rangé du côté du doge, prêta l'oreille à des
propositions qui lui furent faites de la part de Baptiste Fré-
gosé. Il se fit payer six mille florins pour abandonner la
cause des Âdorni ; moyennant ce prix il entraîna encore le
lieutenant du i*oi de Naples dans le parti opposé. Il était in-
différent à Ferdinand qu'un Frégoso ou un Adorno fût doge
de Gènes, pourvu que la ville n'obéit plus au duc de Milan.
Prosper, qui venait d'abuser de sa victoire en faisant punir
de mort , comme rebeller, quelques-uns de ses ennemis , fut
tout à coup abaiidonn)$ par le plus grand nombrei de seç par-
tisans. II. se vit obligé de sortir de la ville, le 26 novembre
' ; a ."A- 7, ,' ' ■ • ' . ' ■
1 Anton» Gain, De rébus Genuens» p. 391-392.— Dior. Pàrmense.T. XXII. p. 284,
1^ HISTOIBE DES |i|^PÇBLHlPE« ITALIEVliES
1478 3 v^ de ft* embarquer ifor luiegplèro de Kajiklc^n P^ 49
joui^ apjçè^, Baptiste Frégoso, déj& ei^ possession de tout^ le^ ,
fort^esaes, fut proclamé doge ^e Gène^ B%reconn\i ffaUJt\i^
les. partis.
Lorsque la régente de Milan avait envoyé son fermée d^^
\ç^ moptiignes d^ £îépça, elle avait ordofi^é ^ ^ifopzi^i), ^^i 1^,
commandait, de }a conduire en Toscane aussitôt V^'A ^^T^\
soumis les Génois révoltés, et de seconder de tout son pou-
yoir I^aurent de Médids. Ls^ défaite de ç^tt^ a^mé^ dé^wit
Içg esQér^nces dç L^i^rent, çX 1^ ré^olutian dç Q^^ia^ le i^^xms^t
çait epcofe d'une autre calamité. L^ marchands florentinf^
copipt^nt sjir laili^nçe du dpc de ULiliin , aeignieur dç ÇêneSt
avaient fait de çettç ville 1^ grand entrepôt de l6i;r commerça
marithne. Quatre galères chargées pour leur compte, dont U,
valeur s*^ev^t ^ plus de trois cent miiUe fl^ifts^ deyavçnt y
entrer sous pqi^ d^ jours. Si elles étaient saisie^ ^i confisquée^
par le nouyeaji gauverufment allijé de Ferdi^^pd, unç per^
si ponsidérable déxi^ouragisrait les Florentin», ^ leur ôterait Içiî
moyens de continuer la guerre, Laurent se ^U doup (Mfgé dç
ménager les Qénpiç^ ^^ risque ^e np^écont9ntpr la flucbe^s^ de^
Milan. I^ Seigneurie de Florei^ce féUcita Baptise ^régosQ-çuç
son élection, et lui offrit sop amitié, eu mé^q tpp^ .q^*el^
s'excusa aupr^ de Qani^ dg oes égçu-d^ forc^ ^ -die mqnti^jftl^
à ^es ennemis * .
Les uégoçiatiQç,^ d« I^wrenÇ de Médiç^ §ii(ec Vpai^ ^çgçfc
raient d'autant plus) d*impprt^p^ » qqp sca autres alîiéa 1^
offraient, inoin^ de res^UiTçps. Gjette répi^liqiic; d^vep^t ï^st
nique e^érauce, r^wq^Ç appui des flQP^U». Mai^, pep^t
tpute la preiQière a^née de la guerre» elle avMt ^ aÇfi^éq
1 Anton, GaiHy De rébus Genuens, L. II, p. 906-300. C'est la fin de ce peiU ourrage»
écrit tue eludAuc, itm élégance, ei m grand «moar pour ta liberté. r-DioriioR Par-
mente, 28T et 2»o, — VberU FoUetœ, L. XI, p. 647-S48. —AnnaL Placentini. T. XX,
p.9ST.^P. Msarro.L. XV, p. S59.— 4flr. &mUnUoU, L. ?, U 940.—* Seifisne Awimi-
rato» L. XXIV, p. 130.
DU MOY» AGE« 135
par 4es oaianniés qui loi AtMol îii8qtt*à la lumiMltté dé sc-^
Goarir les Hédtcis. La preittière et la plas redoalâUe éiâM
pommane à Teiiise et à Florence : c*ét«it la peste ; «tte parait
avoir été causée en Italie par une faiyasion de sautereHes. Aà
mcHs de jum 1478, aoe armée de ces redMtabtes faMdea
ooavrit trente milles de longoevr et cpialre de largear dans
les territoires de Sfontoue et de Bresoia. Le marqmts Loliisde
Maatooe employa des milUers d ouvriers aies taer, mais il ne
prit pomt la précaotioa de les faire eoterrer ensaite ; la con-
tagion, coQséquettce de lear déeomporition, se matitfesta ans-^
fiitôl * . Elle avait gagné la Toscane , ravagé Flor^Mie et aéù
territoire, et enlevé à la république plusieurs de ses offtders
les plds distit^ttés ; elle avait mdme forcé à abandonner sans
défense quelques-unes des forteresses, et parmi les deux armées
die avait, en un mois, enlevé plus de deux mille soldats^. A
Venise , la peste av^t éclaté avec tant de violence qu'on ne
pouvait plus rassembler le conseil des Prégadi ; tous les noUea
qoi le composaient s'étaient enfuis à la campagne. Dans ce
danger toujours imminent d'une mort hideuse, tous les calculs
d'une politkpie éloignée devenaient sans intérêt ; aussi les
Yéniti^B , loin de pouvoir fournir aux Florentins les sectnirs
d'hommes et d'argent sur lesquets ceux-ci avaient droit de
compter , ne réussirent qu'après de longs retards à assembk^
le sénat pour donner leurs ordres aux ambassadeurs qn'|l»
envoyaient à Borne. Ceux-ci furent chargés de représenter an
pape qt^il mettait en danger la chréttenté par là guerre qu'If
excitait len Italie; que c'était en quelque sorte faire cauèeedm-»
moue, avec le Grand-Turc, dont on pouvait à Imite heure
crahotd^ rinvasion ; que si le pape né se déntttint pas de cette
oondoite, la Seigneurie, d'aeeord a^ec Tempefelv et le^nn de
• DforiMm Parmense. T. XXil, |i. 980.— > Sdpkme AnmONOù» h, XXnr, p. i2S.«i>
Dior. Parmense. p. 289. - * -
VAS HISTOIRE DBS il£inO!»E«QtrS6 ITALIENNES
Fjrano^' lui ïetirerait ison obénstiiioe, et en appdler-att (te m&
iajiifites âéorelB à un concile M«r * » '^ ' ' '
L'aooosation, ^rtée contre le palpe;, 'de secrâder'leB ^Hrojets
40 MelMCBet II, n* était qae trop<>6miJhéé. lamaiBles pr^^^rès
des TwcsT'n* avaient wis F Italie dafn&nfa pltis grAvâ' ddoger ;
l'e»sledce die ¥siB&e elte-^même '«e InyEhraiit eoiapromise , et la
moindre di«rextâeo de ses forces poayliif la fbibe isnloeoinber
anx alta((ae»dtt grahd ennemi de la chrétienté. ' ^ " ' *
1475. — Les Vénitiens, épuisés pailles longs effotts ^'Is
avaieni déjà jEsdis, avaient, dès la fin 'de Tanhiée 1475, fait
ftdre à Df ahomet II des proposiUcyns de paix/Geluî^d atait
demandé que €roia f&i remise en ison ponvbir,' avec Ufws les
lienx foT^s qoe la Seigneurie avait acquis depuis le'commeti-
eementde la gueorre. Il réclamait de pins le paiemeM de ceiit
cinquante' mille florins pour une dette contractée par les
adminâstratenrs des mines d'alun, et pour un vol fait ^à ^m
tsèi fat la république avait en qudque sorte axflorisé. Ces
dures conditions ne furent point acceptées, mais etlèà donné-
Haut lieu de conclureun armistice de*ix mois ^V 1 WSJ-^ Pda-
dtat Taiinée 1476, les Vénitiens n' avaient «point »gi c^mire
les TntBs ; iten' avaient pascependant été i^ub inqniâcHles pour
leurs possessions du Levant. La reine Gbarlotte de <%ypr0,
eberduint toujours de nouveaux expédients pour rentrer dans
flon royaume, avait adopté don Àloneo, fils nature) d<f rèi
Ferdinand. Deux galères napolitaines devaient la prendre %
Modes, pour la conduire au Caire, où elle voulait solËdter la
proteetion du Soudan d' Égyptc; Le conseil dcs' Dix en ayant
eu avis, ordonna à Antoine LcHrédano, capitainè-^énéral de
ses galères^ d'enlever de Gbypre les trois fils natures du der-
nier roi, ausni bien* que sa mère Mariette, bous la gardis de
laqndle il les avait kôssés. Toos quatre Jurent «ondints à Ve-
> àn^, KavagierOf Sêar. Venez, p. 1198. -* > ifr. p. tiHk,
' DU HOTJm AOe. 137
: Bise, et retenu» sou» bonne garde* Ainsi la i^pnbli^e abà**
sait de la confiance qae le dernier des Lusignan avait reposée
en elfe^ on hn^méoie était un nsurpateur, et n'avait pn trans-
m^tre ancuà dffoit à sa veuve, ou ses fils naturel» «vnient le
mtaiedifoit ^e lui. Lorsqu'ilsse réunissaient à la reine Cbar-
lotte, Idniqne les fib légitimes et les bâtarde des Lusignan
odttfosdaieBt leure intérêts ensemble, ks prétentions de Ca-
therine Goman> et de la république de Venise devenaient
to«t à fait insoutenables * .
1476i -*^ ioL guerre arec les Turcs se renouvela en 1 477.
Aehmel, sangiak d'Albanie, vint mettre le siège devant
Crm»; atee huit mille chevaux. Les campagnes furent rava-
géea^et letr» haintaats s'enfuirent dans les montagnes , mais
la vâle éteàt tellement forte, bien plus par sa sHuation que par
diBS ouvrages élevés de main d'hommes, qu'elle pouvait défier
ks attàcfues des ennemis. Pietro Yettori y commandait, et
Fraûeesoo Contarini , provéditeur d'Albanie, était chargé de
eassetnldër une armée dans la province, pour faire lever le
^si^e. Penâant tout l'été, les habitants de Croia se dâfendl-
reat atee beaucoup de vigueur. A la fin du mois d'août,
Gontariiii parut à Alessio, avec deux mille hommes de cava-
leiîe 'tënitienne,' cinq cents chevau-légers, et une bonne in^
fanteiâe albanaise^ que Nioelas Dueaïni lui avait amenée. De
ti^ ttb'avançay la 2 septembre, dans la plaine, au pied de
ûraifty^queles habitants nommaient la Tirtmna^ et où les
•Turos avttent formé leur camp à quatre milles de la ville. Le
o^mbal' eatte ks d^ix armées s'engagea vers midi, et dura
jusqu'au soir sans que Tinfanterie vénitienne se détachât ja-
mais^ de la cavalerie pesante. L'une et l'autre opposaient aux
Turc» un rempart, que les charges redoublées de leur cavale-
rie ne purent ébrankr. A la fin de la journée, les Turcs s'en-
•n
139 HISTOIRE DES .iUEP»n[«|Q|DEa ITALIENNES
f Mirent h Mde abattue» alwndonuaot mêaie Im^emkf. Le»
habitants de Croi^ firent nm gorti^ ; ik reny^r^^Qiijt les d^ux
redoutes qui Jeur jfermaient le passage, fit >iareo4 partager le
pillage ^u camp ottoioaD, ou il^ tro^vèiieat di^çnmdes iscbc»*-
SCS et beaucoup de vivrez qui cçimi9.epçaîe¥tt 4 leq; xjiwiftlier^
Mais les Turcs, retiiTé^ sur Ij^s TOmi^^g^ea nroisiia^, yqyaiettl-
au clair de laluaç le dpsojidre deç yajuiqiieurs^ dw&œ m)^
qu'ils venaient d'abandonner. Bevepant plus rapidement «sh
core qu'ils ne s' étaient éloignés, ils fondireut sur les yémtiôns
qui se disputaient; lei^r butin; ils eu nta^âacrèreutleplus^^iid
nombre, ils trancbèrept la tête à Ck>ntariQi qpx ^tait toisibé
entre leurs mains; ils dissipèrent tput^ l'armée alba^ise, et
ils tuèrent plus de pillç hompi^s j^ ^ul wxp^ d£S tpoi^J^
italiennes S ...
On n'était point encore revenu à Venise de l' effroi cpi'avjaj*
causé cette déroute, lorsqu'au apprit au mois dVtoihre. <jue. te
pacha de Bosnie venait d'envahir le FriuU. Ccpcudaut la xé-
p^ublique, tirée de sa sécurité parla préc(Sdeate inva»on,a>.aJt
chargé le provéditeur Français Trou de foxtiSer cette fçw-
tière ; une chaîne de retrapjcl^emenjls ^vaU .é\â élei^^fiS
bouches de l'Isonzo» près d'A(juilée, Jusqu'à. Gorizia, Lesxli^
gués des fleuves avaient été mi^^si à profit pour cet puxrage ;
de longues courlijaes avaient été élevée^ eu tgrri^ rev^ueaidif
gazon,, et for^igées de place en place par di^s looipiwde^
bastions demêiue nature. Tous ces ouvragis^st^ideat étépl^u-*
tés de palissades, ou plutôt de troncs de saul^ viv^mlfi» et ^
serrés les uns contre les autres, qu'ilj^ ue I^tissa^ut aiiomi'pa»*?
sage. Ce retranchement, qui s'étendait su;* uuç buguçi^ ità
douze ou quinze i^illes, re^en^blpt au xs^m d'uQQ ^rt/^re^^
Deux camps avaient été également fortifiés dans l|g;s Ueux où
risonzo avait paru gué^We; Vuu à Gradisfc^ ii'w!w4Eîh
> M. Â. SabelUco. L. III, L« X. f. 228— ilfidb'. Navagierq^ p. iijlT^
g^O:. fi«iriw:epfiii, qui 9viâ( 9f fimt mt ^ fteuy^^, ibi?«H'
é|é fortifiée ^rec plos de «pûi encore* ; Gepoiiyino j^velto de
YéroQ^, ^JÎeQx eapitaine, qin fiy^l son fils et an' grand
iKNnbro de bn^vi» of fieîei» avtoiir de lui , avait été ehiurgé '
de garder ?es retrancbemepts, ay^ enviroD trois miHe fw-
tfjssiiis , et plusieurs cûjpps d^ hpyoi^ cavalerie : ainsi proté**
gés, ks ji^qt^taats du Friuli reposaient dans ^oe eaii^
sécurité.
Sfais les Yj^nitieas n-avfôentp^ pris d'as^ bonnes mesures
poiir i^ averli» d^vanoe des inpuvemeii^ de Tenneiai. UHk
soir du mois d\octobre, ils virent paraître 1^» ec^v(iJeri/e turque
ajitQnr 4e i^lui de leurs camp^ qui éjbait im^det» da fleuve,
avfi(^ qu'on leureèt aiiaoacé sa sortie de U^Bosn^î- La journée
était déj^ trop ayaocée pour ço^lbattre ; agi^si, de part et
d'^trfi) op se pn^ara à la bataille poiur le lçi\deiiiai;ii. Baos
cette nuit oij^rne, cependant, les Tures s emparèrent du pont
de (xOfizia^ sans qu'on en fût inforioé ^i^ camp de Gradiifika.
Par çç.fMHit le padia Mar Bçg, Âo^at Se^i ou plut^ Achmet-
Giedicje ^, fit piM^er un ini^Uer 4e chevaux aurdèl^ du âedve
tandis guç dans un autre endpoit ^ cav^lçrîe to^rqu^ njwX
découvert unedairière mv le bord opposé, traversa Vlsi^naû
à la n^g^ et'plaça une embasic;ye ^aos le lieu où^elle vwlaft
^Uii^r |es Y^tiens. Le lendemain, Aohmetfit passer TlamM
^ toii|9 ^m arasée, et vint offrir la bataili^ à Geronymo Nq-«
vellq, qpui Taocef^. Elle fut sout^D^e qui^ue temps avec
qpsex de courtage* Le fils de Geronjn^o^ qui commandait la
preipîère espouqi^C) repoussa vaillaipmettt les ennemis. Mais,
Bl^lg^ii^ les aveftissements de son père , qui se 4^ajik de
^g^r ifif^t4 à prendre la {^\% ij §e Xnm ^aiporter à l^w
t M. A. SabeiHeo. D. m. T.. X, f. 223. v. — > Demétrius Cdnteroir attribue cette
esi^^|di|^4 Afriimet çf^dick. L. lU, éti^ l» S ^; et H mip^rqof» qvQ 1^ lun» ^*^
bey, Amathey, Marbey, ne sont point Turcs. Fugger nomme aussi le cher de cette ex-
pédition Àchmet, sans dire que ce soit le visir. Spiegel der Ehren, Bueh. V^ cap. XXV,
p. 828.
t40 HISTOIRE DES BlÈPITÈLIQOES ITALIENIÏISS
poocsnile, et tomba daûs îemlHiscade qui hA tcvaKt été pré-
parée; son escouade j fat détruite en entier. La seconde qnt
le snirait làoha pied, et sa fcdte, aperçae jnsqae dads les
derniers rangs, mit en désordre tonte l*armée. Ghàctin ne
songea plus qu'à gagner un lieu de sûreté. La cairâterié ttir-
qne, terrible dans la poorsnite, éteàt sur le dos des ftiyard$, et
elle continua d'abattredes tètes jusqu'au-delà de Mëilsah. Oe-
ronjmo Novdiio fut tué dans la bataille, de ménle qnd son
fils, que Jacques Badoero, Anastasio Flâminio, ' et beaucoup
d'autres gens de marque. Les Turcs firent aussi 'un grand
nombre de prisonniers * . ,.;..»
• Cependant la cÉfralerie ottomane se répandit aussitôt' dans
toute la plaine qui est entre l'Isonzo et le Tagliamentb. Tout
oe que le feu pou'vait dévoi^r fut liTré aux flamiies. On Tojait
brûler en même temps les fourrages , les récoltes ,le^ bclis , les
fesme((, les villages et une centaine de maisons de campagne,
oa plHt6t de palais, appartenant à des nobles Téniliens. li'his-^
torien Sabellico , qui était alors lui-même dans un château , à
quelque distance dTdine , avait sous lès yeux cet inimense
incendie, qui du haut d'une tour paraissait pendant' la nuit
une mer de feu. Après deux jours dônn& âra i^Vage dd cette
plaine , les Turcs passèrent encore le TagBamentô , et incen-
dièrent aussi le pays situé entre ce fleuve et là Piàve: La nuit
on voyait de Venise même les flammés de ces incendies, 'et
elles y répandaient la consternation. On élut un prbvéàîteur-
général pour Tlstrie f on donna ordre à celui de TAlbanie de
se rendre dans le FriuH , on charçea le provéditéirf de lôm-
bardie d'assembler les milices dé Vérone , de Vicence et de Pa-
doue ; des nobles vénitiens furent députés à la garde de chaque
forteresse , et , le 2 novembre , une armée nouvelle se mit en
mouvement pour chasser les Turcs des lieux qu'ils occupaient;
> M. 4. SabeiUco. D. m, L. X, f. SS4, — Mort'it Samiio, VHe, T. XXIl, p. ms.
mai3 Us étaient reparUa d'eux-mton^ » «t tti Mm^ivefmèé
147^. -T- ïootea ks.iCQnqQAtea des XgMi avaisat été fvécé*
dées, paf;d^ ^fji^itioAS «(emblaUes à celle qu'ils TeiMii«Bt de
fair|e dai^ lef^ri^lJ- Us ruinaient te pays |iar leurs iucursmHi,
pl3nâwt,pUlsie^^p campagaes 4e s«iite>, avant de.son^r à y
faille d^$ établisçeme^ts* Si on las eût Umén pénétrer de non^
yeau dans, le nord de l'Italie, oesproyinces dévastées o'au*
raiefl,t bientôt plnS|4té ^qsoeptiUes de défenBe^et en peo d'an*-
néest les armes du .croissant auraien^t élé portées josqu'an oeeur
de la Lombardie. Les Yénitiens firent tout ce qui d^eadait
cr,eiix poqr.se mettre à oonvert de oe Qudbear^ Os avalent
rçconufi qu'ils n'avaient pas assez de cavalerie sur cette fron*
ti^rç;„ et ils y rappelèrent Charles de Montone, ^^de Braoeio,
au rçjtour de son expédition contre Sienne. Ils iortifiàrent
Gra^isk^ ,. ils. relevèrent les reinparU qui avaient^ été abatfeos;
ils enrégimentèrent vingt mille hommes de milices dans leurs
j^roxjjç^^a.de.tQrfe^d'erm^y. et ils distribuèrent tous leshabitairts
j^e Yenise. |sn compagnies, qu'ils obligèrent à s'exerœr msoi
^yolutio^,jipQ^Uîtaires/^» ,
, CpB^danl;. le si^ ^ Qroi^ avait toujours continné) et celle
yUle çoyq[unepçait à qianquer de vivr^« La république de Ye^
I|i^^£^)ajf]^|9d|if4epar.lp9janti^ét^ ritalie^ inquiéléepar
les i];i\|i;iç\i^. et l'^ambitioa du pape et de «on fils Jérôme Bia*
rio 3^ .craignit de n'être plus fissjçs puissante pcmr £<»rmer long*
tejD[^|.au)i: J)ar)>ares r^[Ktrée de la péninsule. EUe essaya de
nçni^ean d^'o(b^ir. la paix de Mahomet II. Thomas Hadipieri ,
prçv^ltenr dte la flotte^ fut autorisé, au mois de janvier 147ii,
^,s^.pepdre. lui-même à Constantinople^ pour (rffrir à la Porte
1a vUj^ ^e.Croia, l'ilç de St^Umèue, le bras de Maino dans le
:if ii ' " ' . . ■.
1 Andr, Navagiero, Star, Venez, p. 1I48. -- ir. iL SabtlUco» D. lU* L. X, f. 22S.—
iktarlo Pamtente. T. XXU, |i. 238. -- 1 4ndr, Wwagiero, T. XX1U« P. iii9. -r M, 4>
Sabm€9t &• Ulf I** X| f, »S.
.142 HIST0I1US nak kEf^tiqvii& rr ALumniss
iSék(9pdiÊXàÊBi tMs lefrattliies Uetix que la Seîgtiëdirlèf a'v&ii coù-
quis pendant la guerre ^ et cent mille dacats , an nom ae la
fÊfnm ûti aintifi^ tmite fiNjôélIe M àhntaet faisait dé^ l'éèlama-
titot. Toutes ces coâditionâ forent nci^eptéés pàv le sultan ,
mais il y joignit fôéSb d*nn tribot annuel de six înillé ducats.
M atipieri répondit qn*!! n-étidt pohit autorisé à te |)rômettre ,
et il. demanda , pour consulter ses coiiitoettantè , detii Mois à
éater du 15 avril. Pendant ce temps, on apprit à Venise que
le roi de Hongrie et le- rOi de lïaples avaient ti*aité avec le
grand-seigiietfr, et reoomin tontes ses ccfnqtiètei^. Ôh ne pou-
vait espérer aucone diversion dn feôté de la P^tise; tJssun
Gàfisan était mort ^ et ses qnati'è fis étatéîit dii^sés' entré eut.
Croia était réduite aux extrémitéi^, et ne pouvait plds se de-
fenidres Dans des circonstances aussi menâçatttels , le séiïdt de
Venise résolut, le 3 mai , d'accepter les codditiôns tlidtées ffar
les Turcs, qodque dures qn'dieb fussetit. Mais (Juand xm pôtîa
cette réponse à Mahomet , il dédara n*ôtré plus tenu pai^ Sa
parok. La situation des deux paires avait changé , disait-il ,
pensdant te temps qui s était écoulé ; il regardait €rôià tomme
déjà à lui , puisque aucun pouvoir humain ne pt/uSralf ptué la
8»iVm* ; et lâ les Vénitiens étaient résolus a acheter lâ paît par
le s^rilice d'une ville d'Albanie, c'étàM Seutari, et non pliis
Cri^, qu'ils devaient lui abandonner. Malipidri , h'ayant
ancim ordre relatil à cette detâsoidé nonvelfe , quitta Comtan-
linople sans avoir rien conclu ^ . * ^
Les habitants de Croia avaient soutenu le siège petidànt tin
im entier^ et durant les derniers tooië !ls avaient été Mdùtls'à
se nourrir des aliments les plus immottdeâ. Ils apprrreht éé-
pelidant que le sultan , précédé pàt le sangiak Soliman , et pdr
le beglisrb^ do la Roaaaiiîe , était arrivé devant S^mtiari avec
une nombreuse armée. Ils lui envoyèrent, le 15 juin, une
r
• * *
t
1 Àtt4r, Smtgicro. p. tus. . .' ^
JNJ mofnm a&x. 143
^éj^utatioa pour offfUr de se rendre à lui. Ik en obllMfefft ttt
^r^ $igG|é de la mmi «léme de Mahomet ^ pat leqgmel ee ïm-
narcpj^. s^opgfigeait à leur permeUre à tous^ de fie relirez avee
tûi4s leuxs bieu^^ s'ils n'aimaient oueax vivre dmi& Groôa eMs
sa j^Eoteetioa et assurés de sa faveur. Gotte atemative teof
étant offerte, tous déelarèreut qu ils woonctoraiMt à lesr pft«
trie^ et qu'ils. irai^ vivre dans le lieu que id Seigneurie dé
Venise leur assignerait. Cependant il» livrèrent leur forteresse,
et ils se. mirent sous la eonduile de fescoiite q«e le pacha
Aarou, oommandant du siège, leur donna. A peine farent^-
ils parvenui| dans la plaine , que œlui-ci ks fit cfaai^r de
fers y pour les conduire au §prand-sei{^eur. Mahomet, après
avoir réservé qu^ques prisoaniers de marque qui pou^ieflt
payer leur ramgon , fit trancher la tête à tout le reste. Ainfe^i
finirent les derniers des compagnons d'armes de Seanderbeg.
Sou peuple tout entier devait le suivre de bien près âan$ le
tombeau * .
Mahomet pepidant ce tempe aiksiégeait déjà Scotari^ mais les
bifbit^nts de celte ville y qui s étaient attendu» à soft attâiqQ^,
avaient tout prépaie pour une vigoœreuse défeûse. Tous ceux
qyiii n'étaient^. pas en état de porter les armes avaient été reti*^
vo^^ ^ la viM^^f ii n'y restait plus que seize cents citoyen»,
et )4^ux qe^t .ciiumaate femmes. La garnison était composée
de ; six centsi ¥)ldats. l^ provééiteur vénitien (âmt Anto^fito de
Lez2e. Mahomet avait dans son camp le beglierbey de Komadie ^
le ^fAgiâk Soliman , e^s plus grands officias de scnet empire.
Les pavillons de son armée couvraient toute la plaine de Scu-^
tari y tputes les pentes des montagnes ^ et Umt- le pays , aifôSi
loin* quç la vue pouvait s'éteiufare ^.
On avait attendu ï arrivée de Mahomet au camp musulman^
^Mdr, Havagiero. T. XXllI, p. iiiZ, -^ Marinus BarleiHu, De Scodrensi expugna-
iione, L. II, p. 399. — s AT. ^HL SobeUico* D. III, L. X, f. 23S. — Mar, Barleiius. De
Scodr» exp* L. ii» Pi 394«
144 HISTOIfiB DBS JiéwvmJUfiaA ITALIENNES
pour mYirii* lus» >pBeBùère& ioMxm eo&ÈÉe Scfitioi; éiiA^ le
sultsM^ , loi^. d^ msùlx ^^ à ses géoémsi^^de «ette déftircnce ,
leur re(MN)çb& de n* avoir pas fait plus de progrès. Une simple
enceiule de^muridUes fermait la Tîlle ,< et la redoutririte artil-
lerie des Turcs y oiiii9rit.bi0Dtôl w^é krge brèche. Cependant
la pente rapide du. temmi , et la dffîèdté dé gravir lai moia^
tagae, sur le haut de hMfaeUe la mur étail a^is^ suppléèrent
à la faiblesse des rempnrts* Les Turcs donnèrent- «m assaut à
cette brècbe le 22^ juillet; après un oomiiat obstti^ ils furent
repoussés avec beaucoup de perte , et aecablé» par les» pierres
et les feux d'artifice qu'on faisait pleuvoir snr eux *.
Mahomet fit alors dresser sas batteries contre une patiiedes
murs dont l'accès lui parut plus facile. Gomme ils nV.taieitt
soutenus par aucun terre-plein, ilsfur^it Inenlôtentr'ouYarts,
et le sultan ordoivia un nonvel assaut pocHr pour le 27 juilfet'.
Mais afin de profiter de Timmense supériorité de ses forces, M
divisa son armée, que les historiens vénitiens piMftent à qnatle^
vingt mille hommes, en {dusieurs corps qui devaieitt se sae-
céder sans interruption, et renouveler l'assaut, jnsqn à ce(|oe
les habitants de Scntari suecombassmt à tant de faligae. An^
tonio de Lezze, averti de cet ordre donné par F ennemi, par*
tagea également sa garnison en quatre brigades, qui devaient
se renouveler toutes les six heores. L'assaut cMumencft avant
le point du jour -, les janissaiiKs montaient à la brèche avee
intrépidité, au travers des pierres roulantes, des feux et des
flèches qu'on lançait sur eux ; ils firancbissdimt les ruineft.dca
murs, et s'efforçaient enso^ de gravir lelongdn rempart în-^
teneur qui formait la dernière enctinte. De aouvieaox as^
saillants arrivant toujours par dinrrière portaient ea quelle
sorte les fffemiers rangs, et les pomsaient par forée josqa'a«
8<mimet du rempart ; mais ils n'y arrivaient jaosais qiie trans-
DU MOVIEN AGB. US
piToéiéo <XNip8 ée bnoeB et d'ëpées ; avant d'avoir plu com-
battre eflEHuteKs, ils retombaient morts sur leurs camaradeSi
qiB ne fle déeoarageaiênt point. Mahomet , forieox de ren-
ocmtrer mut iénabuMo si obstinée , donna ordre Je oontinner
fattaque avec des troq» toujours nouvelles pendant toute la
niiîl, et pendant la moitié da jour suivant. Enfin, soit que
ses soldats^ febutés de tant d'efforts, rrfusassent de combattre
phis longtMips, ou que lui-même sentft l'inutOité de cet ef-
fr^able eamage, il fit sonner la retraite, après avoir perdu
un tiers de son armée ^ .
Le sultan , changeant alors en blocus le siëge de Scutari ,
s'ooeupa de rédmre sous son obéissance le reste de la pro-
vmee,^ afin d'ôter aux assiégés tout espoir de secours* Comme
la flotte Ténitienne aurait pu arriver jusqu'auprès de la ville ,
en remontant la Bogiana, il ferma F embouchure de cette
rlTière par un pont garni de deux redoutes. Il envoya le be-
gUerbey de Bommiie assiéger les divers châteaux du voisinage;
œfad de Sébenieô, qui appartenait à Jean Gzernowitsch , se
raadit sans combattre ,* la ville de Drivas fut prise le sixième
joar après f ouverture du siège. Jacques de Mosto , qui y était
proYéditeur, fut conduit avec tous les habitants sous les murs
de Scutari, où Mahomet lui fit trancher la tête , afin de faire
connaître aux assiégés le sort qui les attendait , s'ils ne se hâ-
taient d'apaner sa colère. La ville d' Alessio fut abandonnée ,
mais deux galères furent surprises dans son port, et deux cents
mamis qui les montaient firent enyoyés au supplice. La seule
forteresse d'Antivari brava toutes les attaques des Turcs. La
plus grande puiie de Tété ayant été consumée à la poursuite
de œs différents sièges, Mahomet confia le commandement de
Tarmée qui bloquiût Seotari à son visir /chmet Giedik, et il
retenraa àConstuatinq^ >.
t Ànârea ifavagiero, p. iiss.— MariimiBarleiit», De Scodmul expugnaUone^ L. O,
p. 4M-in. — * JN*. KmootÊfù. T, nsUf p. il 55. ^ ir. 4. Sabtlftco, Deea m, L. X ,
TII. 10
146 HISTOIBB DJSS BSPUBLIQUES ITALIERIfES
En naëme temps poor occuper aillears les for^ d^ Ifi r^ffU^
bliquc;^ Mahomet II avait donné ordre an p^içha ,d|^ Bç^nie
d* envahir de nouveau le Friuli, et Ton prétendit gne Iç roi de
Hongrie, à la persuasion dé Ferdinand de Naples,^ dojit il
avait épousé, en 1476, la fille Béatrix, accord^ ^p^x Turcs le
passage par ses états pour que cette diversion ejçnpêchàt les
Vénitiens de prendre part à la guerre de Tosç^u^e * ^ tp p§cba
de Bosnie parut sur les bords de llsonzo avec quinze mille
chevaux, mais il les trouva garnis par des mitices..^je(s^e^l4é^
sous les ordres de Victor Sor^^nzo, provéditeur de la province,
tandis que le comte Charles de Montone commandait les gen-
darmes enfermés dans le camp de Gradiska. Ce fut.en yaia
que le pacha provoqua Montone au combat : celui-ci, averti
par rexpérience de Tannée précédente, savait qu'il arrètjçrait
mieux les barbares en restant immobile. Les Turcs, après
plusieurs tentatives inutiles pour entrer dans le Friuli, tour-
nèrent du côté des montagnes de la Garniole et portèrent leurs
dévastations sur les frontières de F Allemagne ^.
Cette invasion avait eu lieu au moinent où la peste exerçait
le plus de ravages dans Venise, en sorte qu'on n avait pu
réussir à armer les barques destinées à garder rembouchure
de risonzo'. La guerre d'Albanie et celle du Friuli désolaient
en même temps la république ; les armements du pape et de
Ferdinand et l'invasion de la Toscane y causaient une nou-
vdle terreur ; enfin les affaires de Chypre donnaient aussi de
Tives inquiétudes , tandis que la contagion dans Venise ne
permettait pas même d'assembler les conseils. La reine Char-
lotte de Lusignan , après avoir sollicité le pape de la rétablir
dans son royaume, s'était enfin déterminée à passer en Egypte,
ce qu'elle n'avait q^ pu, ou n'avait pas osé faire l'année pré-
r. 22S, v«.— JfâfJititt BarletiuSj De Scodrerui expugnatione, L. lU, p. 434. — ^ Diarium
Parmeiue. p. 2«4. —> M. ^. StUfelUco, Deçà lll, L. X, f. 226. — ' Marin Sanuto^ ri«
(te' DiicAi di Vwesku p. t206.
i
Dû MOT» AG2. 147
cédehté. Le roi Ferdinand avait fait armer potir die quatre
galères à Gènes, qui devaient T escorter. En même teûips il
avait envoyé à Tenise an brigantin catalan , dont le patron,
qui se donn&it pour marchand , s* était chai^ d* enlever la
jeuiie Charlotte, fille naturelle de Jacques. Le conseil des Dix,
averti de ces manœuvres , fit enfermer, par une délibération
du 27 août 1478, les trois enfants de Jacques dans le château
de Padoue. La jeune fille ne tarda pas à y mourir, et ses
gardiens furent soupçonnés de T avoir empoisonnée. Un pro^
véditeor fut envoyé dant les mers de Candie avec dix galères ;
il atait ordre de veiOer au passage des quatre vaisseaux génois,
de les attaquer, et de se défaire dé la reine Charlotte, en ré-
pandant le bruit qu elle avait été tuée dans le combat * . Cette
flotte se grossit ensuite jusqu'au nombre de vingtnaept galères ;
mais Charlotte avait devancé son arrivée, elle était déjà par-
venue à Alexandrie , et le Soudan lui avait donné de bonnes
espSrances. Par l'ordre des Ténitiens, l'autre reine de Chypre,
Catherine Cornaro , envoya aussi une ambassade au soud^n,
pour lui offrir le tribut annuel du royaume, que jusqu'alors
elle n'avait point payé. Les deux reines chrétiennes plaidèrent
leur cause devant le souverain musulman de l'Egypte ; celui*
ci ne se prononça point, mais il paraissait pencher pour
Charlotte, et Venise pouvait s'attendre à une guerre nouvelle
contre les Mameluks, pour la défense d'un royaume qui n'é-
tait plus déjà qu'une colonie vénitienne^.
Les consdls de la république, frappés de tant de malheurs,
menacés de tant de dangers, hésitaient sur le parti qu'ils de-
Yâient, suivre , lorsqu'ils reçurent une lettre du gouverneur
de Scutariy qui rendait compte de la situation de la place.
Dans le dernier assaut, il disait avdr perdu huit de ses mdl-
leurs capitaines, avec un très grand nombre de soldats ; il ne
148 HISTOIBIS DES nÈV^SBUffOSB ITALIENNES
lai restait plus de tivres que pour quatre moii», et s'iliî'étaîl
pas promptement seeonra, il dédandt qs'Q serait réduit à ca^
pitoler. On eut beaueoup de peine à aBseod>ler le sénat di-^
spersé par la peste, pour lui faire ooniuÉfere ce* rapport; Bufin
il se réunît le 1 4 novembre, et après une discussion très vive,
il résolut de solder six mille cheyaux et huit mille fostasslns
italiens ; de soulerer f Albanie, à l'aide de George Gzemo-
witsch, pour joindre ses peuples I^lliqueux à Tarmée v^éni-
tienne, de rappeler le capitaine général Yenieri, qui était avec
sa flotte dans les mers de Chypre, et d'employer ainsi toutes
les forces de la république à faire lever le siège de Seirtari.
Mais, quatre jottrs après, le séiïatse rassemUà de nouveau, et
ce fut pour céder au découragement. Les militaires repiésen-
taient que la Bogiana étant fermée par un pont et par dent
redoutes, il était presque impossible d'y effectuer un éâ)ar^
quement. Les direoteure du trésKnr rendirent com|rt;e de^ son
épui^ment, et de la pauvreté universelle, coâséquenced'une
ffl longue guerre. D'autres faisûent saitKrque'Oi Fonrafqpéhâl
de Chypre la flotte de Tenieri, onperdraiH wtte iley'qui se
trouverait abandonnée aux intrigues de la reine GharMte, et
peut-être à l'invasion du Soudan d'Egypte. Plusieurs, ef«»
fjrayés des fréquentes (attaques des Turcs sur le Friuli', an^
nonçaient qu'on ne serait bientôt plus eumeBilre'pour ies re^
pousser. Les amis de Laurent de Hédiois * et ceux -^de -k
duchesse de Milan soUieitaieit leunr collègue» -de'temrîner la
guerre du Levant,' pour que Venise fût en état de se Mt^
respecter en Italie. Ils faisaient remarquer que les deux plus
puissants alliés de la république, les Florentins et les BOfah
nais, étaient obl^;és de recourir à «a protecfi<m, au lieu de
l'assister dans ses nécessités; que le roi Ferdinand était ou-
yertement enneim, qu'il s'était même engagé avec les Tdrcs
par un traité de paix et d'alUance ; que le pape, livré à ses
ressentiments, w parlait qu'avec menaces; que la xé^fià>^q/ie
DV HeiBM AiSB« 149
dbiCMneB» mfin» avait OMmencé des hostililâi contre ksYé
BËtieiuifc Dans wie silsatioii aussi dangereose, la paix avec les
XweafiârQt seolepoaydr sanver la rtf|iablique, et le sénat se
iéK>lot à accepter les condîtiaBB mêmes qœ Mahomet vou-
drait êktst*
Su eonséquonee de ces déUbérations, GioTanni Dario , so-
ceétaîra d'^t, fut emajé an trayers de I Albame à Gonstan-
tiaople; .11 troQ:va le sultan disposé à maintenir à peu près les
mâmes< cpnditioBSi qu'il avait proposées an commencement de
raiwée, 1479. -*- En conséquence, cet ambassadeur signa, le
26 janvier 1479» un traité de paix entre la Porte et la repu-
Uîque de Venise, en vertu duquel Scntari et son territdre
déliaient éice abandonnés au grand-seigneur } toutes les con-
quête» fûtes pendant la guerre, dans la Morée, rÀlbanieetla
Delmatie, davaiœt être restituées réciproquement. Les Véni-
tiens devaient payer an sultan cent mille ducats, au nom de
la ferme des dune, qui'avait fait banqueroute à Gonstantino-
pie au eommeneement de la guerre ; ils devùent payer de
plus.«n tribut aunnel de dix mille ducats; mais cette condi-
tion, qm pouvait paraître bumlUanite, n'était au fond qu'on
abonasmwt aux drmts et gabelles de Tempire ottoman ; car,
moyennant ce payement, les Vénitiens devaient jouir d'une
inmehise absidue pomr toutes leurs marchandises, dans tous
ks ^ts de sa hautesse. L'ambassadeur eut aussi l'adresse de
&i]ie.iiiBéi»r»aa traité que, si quelque état arborait les éten-
dards 4le Saintrliarc avant d'être immédiatement attaqué par
le suUW) cdni-ct reconnaitrait un tel état pour sujet de la ré-
poUK^pm, et respecterait son territoire, en sorte que les Véni-
tiens oonservèrent l'espérance de faire des conquêtes, par la
terreur même des armes musulmanes * .
£n conséqpience de ce traité, Antoine de Lezze, provédi-
1 Andr, Navaglero, Stor, Venez, p. Ii59~ii60.— DemetHiti Cantemly, L. III, cbap. I,
S 9^ — Catttmachut Experiewt Of renetlt c^nira Tuho9. p. it9.
l&O HISTOIRJS DES lÉPraUQUBft ITALIEïriiES
teor, sortit de Scotari avec quatre cent dnqaante hommes et
eept Vaquante femmes, qui seids «vaieiit snrtécn à ce«i^ge
meurtrier. Ils emportaient a^ee enx les reliques de leurs égK-
ses, les vases sacrés, l'artillerie, et ee qui restait de leurs ri-
chesses, lis passèrent ainsi au milieu dé 1* armée ottomane, i
laquelle ces braves guerriers parurent inspirer du respect * .
La république s'oigagea à pourvoir à leur subsistance; elle
voulait d'abord leur donner des fiefs dans File de Chypre ;
mais, comme ils craignirent Fair malsain de ce pays, elle les
distribua dans ses diverses forteresses, dont elle leur confia la
garde, et elle assura à chacun une pension de deux ducats et
demi par mois '. En mètne temps, la république fit consigner
aux officiers du sultan les m<mtagnes de la Chimère, Strimoli,
le pays des Haïnotes en Horée, Castel«BompanOy Sarafona, et
File de Stalimène. Tous les prisonniers faits par les Turcs fu-
rent remis en liberté sans rançon, et la paix fut jurée par le
doge , et publiée k\ Yeoiae avec une allégresse universelle, le
25 avril 1479, jour de Saint Marc évangâiste, afffèsqmnze
ans de la guerre la plus redoutable que la république eût en-
core soutenue'.
* M. Ani, SabelUco. Deçà III, L. X, f. 226, Te.-<-irariu. Barletivs, De Scodr. expugn,
L. III, p. 437-440. —S Àndr. Navagiero. p. 116I-11S2. — > Jo. Adizreitter, dans ses An-
nales de BaTière, ni|ypone les lotlies àm éoge, êa, 23 MtHer 1419, par ieiqiielltft cMoU
ci aDnooçait aux princes chrétiens la nécessité où il yéuit trouvé réduit de Caire la paix
avec les Turcs ; Adizreitter fait connattre en même temps l'effroi qu'on ressentit dans
teul renpire d'Allemagoe quand on sut que Mahomet il ne serait plus retMHi par Isa
armes de la répubUque de ^ûaite.l4nnûleê Soico? 0«n(U. P» II, h. IX, cap. ^ p. iS».
DU MOYEN AGE. 151
itM«ii»H§iii»t9»nii»ii»»tifnif»HiiHi»i
CHAPITRE VL
Six|el,y atljrç l«s S»ii)9fs eo Italie; leur Yictc^re.sur.le» Miton^fe à
GiorDico. *— 11 excite Louis-le-Maure à s'emparer du gouyemeipeat
de Milan. — Détresse de Laurent de Médicis:il se rend à Naples, où il
signe une pM^ qui compromet h'ndépendance de la Toscane.— Projet du
èhO) ê» Calabre ^ur Siettne ; révolution de eette république.
■ I rf i *
1478-1480.
1 479. — La paix des Vépitiens avec les Tares mettait ï f ta-
lie à cotnrett de l'ioTasioa la plus redoutable de tootes; elle
iufiaîlMoesflefftOii dwger qui jamais a' avait été plus pressant,
et die amratt dft être pour ses diyerses puissanees an mcdlf de
eon&mm et de repos. Cependant la noaTelle en fut reçue par
hî plnptirt d'entre dies avec consternation. Aveuglées par
lenr jalousie, elles n*y virent que le rétablissement du crédit
de la puissante république qu'elles redoutaiait. Elles compri-
rent que désormais Y enise pourrait employer sans partage ses
forces en itaHe , comme die faisait avant 1463. Le roi de Na*
pies et la république de Gènes, qui lui avaient témoigné leur
inimitié, craignirent son ressentiment; la dudiessëde Hilàti ,
le duc de Ferrare , le marquis dé Mantoue et les petits princes
U2 HISTOIBB DES, fiâ^TOUQyBS ITALUBNRES
de J^ojmgiie , cpaiq^ aUiés de YeuMie, 9*aCaigèieitf se<arèiti-
ifij&atd^ Toîr diimrojier Jenr împorbiiiee. Tfmimt te gnmrechi
Leyant, le sénat les avait ménagés- avec uoBoîn eKtième; à
jurésent leur tour était ^enade lui moMtiier ide la déféienee.
Mais le pipe swtfxat , à la nouvelle de 4»tt& paix » Be^put dis-
aioiiiiler son ebagrâ et spa indignati^ar Iw ^ a'amit piû
aqçicipe part à unct gpierre ^'il a{fte)^t saiarée^^ il prétencBt
qpie dei!i chrétimis n'avaient pu la terminer sans tanfaiff la duré-
tieuté. Jl aiinoQ«a à FËurope ^'il avait akcsttàflU). entamé
d^ négodations aveo le roi de Franoei, f encreur frédérie lil,
et Maiiwilien son fils > ùac de Bourgogne; ^le mm but élut
de to'miner la guerre de Flerenee, et de toutaer^x>ntre les
Turcs les armes de tout l'Occid^t ^ . C'était sur oes entre-
foites , disû^-il,y que .les. Véoitieni^ avaient abandopipé la «a«se
commune ^. qu'ils avaient signé la paix, et qu'iU s'7.étmeat
eng^éa par seiment. « Non contents de cette désertion, ajon-
«. tait-il dans une nouvelle bulle, flsse sont rendus |^ emi-
« pibles encore; ils n'ont pa& rougi d'alfimerea. Mtiie pré-
« i9^ce, en présence de nos vénérables frëses ks eanfinwix,
« des ambassadeurs de l'empereur, dn rû , du duo de Mflan ,
« des pçâats, et d'une gicande.multîtadO'de obrétien», qu'As
« observeraient fldèl^aent lenr traité avec ka méeréanta, et
/c opt'ito n*y porteraient aucune atteinte^. » Eniefi^^tana les
efforts du pape pour engi^fer les Yénitiens à secotaunenoer la
guerre. avaient. été inutiles.. ' h ,->' -.
Sixte IV étaitoepwdantfiHrt éloigné de la penaée^de lémMr
les cbrétiens , ou de hm faii» ioroM? uno iîgueî contre- les
Turcs. L'wibition s'élait.«ecroe enJui avec l'Âgetf k pesaion
de la guerre et de rinti:^;ue>s'4tait*e»q^ée.de! seiiième; la
CQ^x», la haine ot le désir d'augmeidw 1» jpmMitQer do Je*
14T8, S 39, p, 977. — « BuUa SixU IV, 16 kal, septembris 1479. Ap.. UaynaU. S li $
P«I91. >
mi MKnrn aok. 153
iK^aeuii^t la MBî*. Il anraâl'TMla entraiiierles yénitiens
dans ée ix)airdles hoitilités , poor les afifidUir et pour priver
lea Floventioa de toar appui. De la même manière il voulut
«troubler l'état de Ifitan, égidement allié des Médids; et, pour
y féammtr il^i'aèrassa è un peuple plun religieux, plus docile
à sa Toîx» et pin» disposé que ne Favaient été les Yéuttiens à
faire d^endreles tois de la morale puMique des décisions
ariMtrains de ses prêtres. Il engagea les Suisses à vider les
limMuts» qui les unissaient au duc de Milan , et à détourner,
ftaat une puissante invusion, les secours que Laurent de Médids
pouvnii attendre de la maison -Sforza.
• Depuis deux ans environ, les vendeurs tf indulgenoes s*é-
liinBi répandus en Susse, à Foeeaslon' d*un jfMU, et ils
«miait trouvé cheE les bonnes gens qui habitaient les Alpes ,
wm fermeté de foi , une confiance aveugle dans le pape, un
enipDessemmt à se dépouiller de tous leurs biens pour acheter
ÛBH ^àees spirituelles dont les Italiens , témoins des désor-
drca de la eonr de Rome , étaient fort éloignés. Un tribunal de
^pialro*vingts à cmt prêtres ftit établi en Suisse, pour distri-
bner les indidgenees de la bulle, et décider dans les cas don-
teiEiç >et Borne apprit avec étonnement combien d'ai^nt elle
pouvait rrtirer de ces oanlons qu'elle avait regardéaf comme si
, pau?«i»;iilbds l'attention de Sixte lY étant attirée* sur lès
Sinsses, il remarqua bientôt dans ce peuple quelque chose
qui^l'intâretuait {Ans encore que le commerce des indulgences.
1478j>*^II oompritrqnd parti il pourrait tirer, dans les guer-
rotdu 8Bλt*fiiége^ de pareils fidèles et de pareils soldats; il
ieuriuavioya un drapeau rouge béni de sa main, et il les
ekhôrtaà'so souvenir quecTétait leur devoir de ne point épar-
gner leur sang pour la liberté de FÉglise. Son légat , Guido
de Spoleto, évêque d'Anagni, fit convoquer une diète à Lu-
cernè; et Ui, dans une séance secrète , le T' novembre 1478,
154 HISTOIRE DES MÉPDBIrf^fil ITALIEIÏI9ES
il profMMs aux êamm da s^rader an :pttrti. nottbniDx 4e^ no^
Me» et de ^borargeois de Mitan^ qui dëflimîQDt^rétd^ niie
répuUique-^n Lombardie. U ne »' agîssMli' (dus qoe»d' écarter
on eofaoït peu propre à goaTefner^ qai était aléi» «bel de^la
matôoa Sforza, et 4ixte IV lecur offrait^ peor rtfoen^nflie' de
oeHe eipédition^ k partage des kBinaise» tvésefé mMmés^^ism
lea ebàteaox de Pam^ de MHan^^ Gmd& ajMtait^ <Qette offre
eeUe de dix mille dooat» par année , poiff f acîUief kws a«i»e-
mmtSi Oepeadant-les dépoté» des caatons ceirfédérés ne^peu-
Teient prendreiinedétermkialion aussi importante sans f ^e^
sentittient da peuple y» et la:ebefle n'étaitpaa de' «nature à M
être commnniqnée * ; aussi le légateberchait-il simnltanément
à.êxciter'le re68eâtinœ9>t:4es paysans , tandis» qaf il'e<Hniiiani-
qnaib à kws chefs- ses pn^^ts politiqoes.iLa diète se sépara
sans tien conelure } mais le méflontentefliBnl el lai hdne d#t
hommes d*iJr!< contre > 1er lËhoais awe«it^> éekrté ^ ^ Jer légBÈ
réussît eofiiD à alhimer une goàrre entre la SmsBe.«t-.}aIjam-
hardie 9 à Foeoaimi d!nn bot» de ch&taignianB daner^la -f^Xtêe
LeTantiûe> dont la propriété était oouleslée ^«^ .
UneanctenBeci^itulatioiilftait, dès Tannée 1467^ Ies*8aiaM)s
à>lftmais(m Sforza; par f habileté de Geeeo Smoneta, eUe
anait été r^ieaTelée le iO jniUet 1 477 antre ieanifia^az i^itee
cantons. L'ancienne avait reçn qaelqae»/modiAsations^)^'les
arrérages dnsaox Suisses araient été payés^ et tootes-ks d^
putes de frontières avaient -été terminées^, lomquef feadaat
Télé de 1478, dessojeto milasais eonpèisefft <[nelqnaflr aibires
dans un bma qne les Suisses prétendaient leur .aipputaiir ;
Cecco Siasonéta, apprenant rirrîMion des gens df Sri, «ârit
de laine visiter les lieux par dea aièfties, et si le» draîtfées
Suisses était reconnu , de payer des dédommagements. Mais
1 Jo. Mutler Gesekiehte der SekwelM, Bueh. v, cap. II , p. 1T4..— * IMA p.-i76«
* Ibid. cap. H, p. 149.
DU MOVBM A6S. 1§S
F^ê^e dTAnàgni réitant à rendue îniMe la modëratiM de ee
iri<Aii et sage miiii^hre ; il panint égalenirat h étonffèr les ite-
préfient&tiotl6 pttdilqûes des oantoas de Zoiicb et de Bame.
le eaDttm é'Vti dédara la gaerre an dae de Milan ; il somma
ses «dliés die kii "envoyer les secoors 8ti{)(ilës par les traités de
la confédération, et tons les eantons , qaoiqa'à eontre-o«ar,
firent mareheiP \é» eontingent. Une inrniée de dix niHle eon-
fédérés passa le montSaint-Gothard an moisdenovembré 1 478,
comme la neige oommençait à le ooai^rir. Un bérant d'armes
était allé défier le dne de Ifikn ; et le comte Hatsilio Torelli,
arec nne am^ de dix^bcrit mîHe homme», attendit tes Susses
sur leur %o(itière *• Cependant een-d commenceront à ra-
"Tagér leterrileire d'Iragna ; ils poussèrent jnsqn'à Bdlinsona
dont ilS' prirent d'assant' la prenrière eneeinle; il» égaraient pu,
avec la même fadUté; s'empti»^er de la seconde^ si leiuns ^efe
eai-mèmes n'avaient craint d*exposer an pillage nne idlie qni
sèTTail d^^ÉftrepAt à lenr commerce. Les confédérés tvat«r-
sèrent ensnite le Généré, montagne qni sépare les deux lac»,
et ils menacèrent Lngano. Mais après aToir eitmjé la Lom-
hardie par nne confie apparition ,*comnie un hiver très ri*-
goorenx s^nnonçait déjà snr les Hautes* Alpes, ils les repas-
sèrent' avant qne des nages trop profondes les rendissent
absotmnent nnpTali^d)1es ^.
' Les Suisses n avaient laissé dans la vallée Levantinequedenx
ceÉlS'*liommes foomis par les cantons d*Uri\ de Znrich, de
Lneerae el de Sclnvttz ; et la milice de la vallée qui se joignit
à cette faible garnison ne passait pas qnatre cents hommes.
Le comte lIai«iKo T^elH crot pouvoit' détrmre aisément cette
peifte troupe, et s'emparer de Giomico, forteresse qm serait
» .
1 Mulier Gesehiehte der Scftweb. Baeh V, cap. II, p. iTT. ^ Martum Parmeme,
T. XXH, p. 390. MoUer a éerit BoreUi «ii lioa de Toielli; erreur eonniite seatoneiit
WÊ$ 4oiite»eMreeoplBai aes propaes^ doM flMUBMrttea* ««» * JtouàtttftoP^iSaMfctohi^ é»
SchweisL Bocb V, cap. II, p. 178.
} $Q HISTOIRE DES BiPlIBIiiqtPES ITALIEMEES
deyffliTO U çM au passage da Samt-Gotbard» U s'^aymsaijfUH
qu'àPoleggio ayecenwonqpnzemiUe hommes. flewriTre^or^-
commanjdant de Giornico, se retira à son appiXMhe,5.inais
il eat soin en même temps de détoamer. le Tém ào spft )it> et
de Vépancher sur tes praiâe^ qni ocoopentleloiid de.oette
yallée. Le froid très ^if d^ la naît ohaiigea aqssîtûit .tout <:»
bassin en un seul miroir de ^aoe. Iies.SiBS8es, retirés sur lea
hauteurs, â' étaient pourvus de crampons; ik attendirent qw^
la cayalerie milanaise se fdt eng^igée siir cette glace polis»
avant de r attaquei:» Tandis que les chewnx tpmbaieiit àehtMfoa
pas, que les hommes apfayés sur leurs lances avaient pein^
à deme]Brer debout y ces montagnards fondirent sur emi, .p«w
conrantanssi lestement cette plaine de glace qu'ils auraient p»
faire^nne prayrie. Les Milanais ne pouvaient faire usi^e d'au-^
cane de l^ors armes, ils reculaient, ils voulaient ftiir ; mais tes
ch^vi^uxqui s'abattaient sous jbux obstruaient touslespassages«
Plus de quinze cents d'entre eux furent tués, le nombre. de»
prisonniers f qt considérabte ; une bonne art^rie^ demeiiH^
entre les mains du vainqueur, servit à garnir les rempartii
de Giornico , et un riche [butin fut partagé wtre les sol^.
dats<.
1 479 . — Cependant Gecco Simonéta souhaitait ,siiieèrciin«nt
la paix, et il ût rouvrir la négociation : ceux d'entre les.caxi*»
tons où les villes sont souveraines i)ie désiraient pas moinsigue
M de mettre fin à une guerre qai troublait leqi: cQmmecçe»
Us contraignirent enfin tes habitants d*Uri à te modératiani
le bois contesté fut cédé aux Suisses; quelques, milliers de flo^'
rins leur furent payés en dédonunagement , et la bonne bar**
monie fi^ rétablie entre les deux états. Mais cette ooiirtejexr
pédition rehaussa le crédit des Suisses dans toute l'ItaUe , et
s MuUer GêsehMe, Biich V, cap. U, p. iSL^-JUar. Parmmue. T. XUIi p« l9ik<-<
ÂUferu d€ 9iptUtaj Ann,Pl0C€Hi4 T* X3L, p. 0S».^Mrii. CêrtOf^iarie MUam^, VU
p. Ml.
DV fiCOYEK AGE. 157
angt&^tâ) mit yeux dn pape ^te IV, le prix qa'fl atlalcihait
àleor allhmee*.
' IVaatresiiitrigaesdo pontife avaient suscite en même temps
die» eniMcmis xtomestfqnes à la régenee de Iffilah et aux Tloren-
tins. ISlrte avait attife dans la Luniglane Robert de San^Sévé-
rino, Lodis Wté^osb et Ibletto de Fieschi ; et tandis que ces ca-
]^taines , avec des tfbnpes génoises , planaient des châteaux
avt Malespuia et attaquaient Sarzana ^, les frères Sforza),
CÊftàts du jeune duc , quittaient le lieu de leur exil , parcou-
raient la Toscane dans un appareil menaçant, et venaient en-
fin sa réunfa' à San-Sévérino ^. Les Florentins, alarmés de voir
paoradtre ces nooreaux ennemis, appelèrent à leur solde plu-
dieuneondottiéFi renommés. Chartes dé Hôntone et Dâphobe
de TAnguUlara leur furent cédés par les Véiiitietts. Robert
Màlatesti, seigneur de Rimini, Gostanzo Sforza , seigneur de
P^ro, et run des Hanfiredi, sei^enr de ForS, quittèrent
les drapeaux du pape pour passer sous les leurs '*!'
Plus r esprit militaire renaissait en Italie, plusle gouvememcnt
fk>rMthi éprouvait d'inconvénients à y demeurer absolument
étranger. Le duc de Ferrare, général de la république, avait été
chargé de repoUsser San-Sévérino, tandis que ses adversaires, les
ducs dUrbinet de Galabre, étaient restés dans leurs quartiers
d'Inter. Il le fit en effet, mais avec tant de lenteur, avec tant
de mollesse, avec une A grande défiance d* un ennemi beaucoup
pkfs fUble que lui, qu*il mit trois semaines à parcourir la
cMedePiseà Sarzancj qui n*a pas plus de cinquante milles de
longueur t jamais il n'atteignit, jamais il n'entrevit seule-
ment San-Sévérino, à qui il laissait toujours prendre deux ou
tr^ marches d'avance sur lui. Et après cette expédition , où
^MuiUfGeêchlehie. nnch V, cap. II, Jb. p. i$2. ^Diar» Parmense, p. S03. — * Sci-
pkme dnmdrato, L. XXIV, p. i3f. ^ Alb, de mpaUa, Ann, Plàcenu p. 958. — > Le
9K,iai»iafv, Mof. Panuns. p. m.-^Se^'» émmirutoi h\ XXIV, p. IS),— * Sctpione
^nuntaiQt L, XXIV, p. 183«
il. ne t'était pardonné aacMpde huée, il revint avec la
mâme le&tear se placer sur ke frontières de fiienoe: Le due
Heronlejde Ferraro n'aurait osése p^nnettre'«Qe'00Ditiiite
Msai honteuse s'il avast eo à en rendre compte 'à vm 9>aveiv
jiemrat militaire^ niais il était pen toocbé de» r«pteehesquei[KHi'>-
Yalentlui adresser les Médieis, avec leur oonaeilde^morchands * •
A ronvertare de la campagne, mi désorihe inatt^tida fai-
blit encore l'année florenline. On y vojeit rénnis le tomie
Charles de MonUme avec ses soldats» dernier reste de l'école
de BracciOi son pare, et Gostanzo Sforza^ avec des s^dats de
l'école de Sforza Attmidolo, son aSeid. Leur rivaiilé datait
déjà de près d'an siècle, et la meurt de leurs chefs, le^chang^
ment de toute leur organisation, auraient -dft y mettre «m
terme» Cependant il fut impossible de les fairocombattre soue
les mêmes drapeaux. Des querelles yiolentes, des défis, (ie6
du^s, faisaient craindre une bataille générale entre les déni
troupes. On fut obligé, de les diviser^. Montœie, avec Bobert
Malatesti, fut envoyé daus Tétat de Péronse^ sa patrie, oà il
espérait trouver des partisans; en effet, vme vingtaiirede
châteaux se soumirent à lui ou à son fils Berai^dino ; nuùs
mort, survenue à Cortone. le 17 juin, détruisit toutes les
pérances que les Florentins avaient mises en M'.
L'autre armée, que commandait Hercule d'£ste) fut ploa
malheureuse encore ; pendant la prooiière partie de la eam-
pague, elle demeura dans une honteuse oisiveté. Hercele
l'ayant laissée, le 10 août, sous les ordres de sonirère Sigîs**
moud, pour retourner dans ses états , eHe fut surpriee le
7 septembre au Poggio impériale, par le due de Gdbbre, et
mise dans une entière déroute, presque sas^i avoir combattu^.
1 Sctpione AmnUraiQ» L. XXIV, p. 134.— maHum Parmaue. f . 30S. — * HoecAio-
velUj istorU. L. VllI, p. 394.-*' Sci^ione àmmkrato. L, XXIV, p. I3«.— « IHA. L. XXIV,
p. I3S.<- itfegfMtto ^UfiçHta, marU) Sanese, T. XXUl^p. 789. •"^. Mkh* Mfi^ffitl.
Flor\ L. VU, p. 170,
W IfOTn A*K. 1 6d
Jbfs s|i#t€AQ:i de Poggi-Bonzi et de Colle di Vid d^Eda acrâ»
t^HigAt oeii^çodABt les NapolitaiBs; ils soutinrent F un et Tautre
m M^ obfl^iiié* Mais comme les Florentins ne firent «aaun
e^^^l^mr 1^ d^vceri tous deux durent se rendre avant la
fiiv4c^ ta . AWnyAgae. Gelni de CoUe capitula le. dernier , le
14 noyeii^brfi, ipt après cette cenqaéte le duc de Calabre mit
8%tQ0iipeB m quartiers d'iâvec * •
^i deux campagnes «lalheureosefilâminlaient le poumir de
l^pxeiit de Médûps, et loi fusaient entreroir sa ruine pro-
di^auie, il était encore plus alarmé des révolutioiia qui^ dans le
«ème tcmpS) renversaieot la puissauee de son plus fidèle al-
li^JiQbert de San-SéTérino, après seu expédition deLuni*
ipie^ 9* était retiré dans tes montagnes qui sont entre Parme
ef f éti^t de, Gênes». Là, il avait placé son camp près de Borgo-
djhValrdîrTarOy de manière à menacer tour à^ tour les FIo^
raiit^is et la duchesse de Milan. Les béaux-frères de cette du-
obçase étalent auprès de San-SéTérino, et son eamp était le
%^ de leurs secrètes intrigues. L*un d*eux, le doc de Barij
Hioarat subitement le 27 juillet, et l'on soupçonna les deux
aniitrf^ de i\mm eoi(>oifionné^.. Moins d'un mois après cet
éi;éi^^meii,t» Louis SGcum, qui lui succéda dans le duché de
Bariy parut tout à coup avec SaUrSévérino et son armée
dey^ut Içs pprtes de Tortonci qui lui. furent liyrées le
23 apût^/^. U en .prit possession au nom du duc Jean Galéaz^
SQRmeveUj et de la du^esse JBoane elle-même ; il déclura
qu'jJi étaM^ ti^ir serviteur à T un et à Tautre; que l<»n de pren-
4f ^ J|es ai^mes oojajtre eux, il ne s'ayançak que pour les délî*
yi;er detleprs eon^^ûs, et. surtout de leurs, ministres infidèles.
•lï^.JB^Wl^ toujours di^po^ à rcfcter sur les ministres les
maux qu'ils souffrent, secondaient avec joie une révolution
1 ScipUme Anmiraio. L. XXIV, p. iAi.-^AUegr^ttQ AUegreUU p. 78». — > JHor.Par-
mnse, p, 315. — ^Ib. de Kipalui, 4nn* PUtceai, Pi,85ft.,— 8 Âioi*, ffamfim^^ 9* aie
- Bernard CoHOj Bm. uilan, P. Yl, p. 992.
160 msioiiuB DJBS timwuÊfjion irALiBBNBs
qui ne semblait pas dirigée contre lear isonv^rwi. Tons tes
lieux forts s'empressaient d'envoyer lears clefs à Loms Sforza.
Un historien contemporain assure qoe qaarante^eux diâ--
teanx se rendirent à loi en an même joor ^ . Mais cequi était
plus important encens, un parti toat fermé le favorisait d^à{à
la cour de la dodiesse. Cette cour était partagée en deux
factions. D'une part, Geooo Simonéta, plus souverain que
ministre, exerçait un pouvoir confirmé par cinquante ans de
faveur, sous trois règnes successifs; son fils Antoine, son
frère Jean, son ami Orphée deBicavo, et tous les vieux oob-
seiliers, la plupart élevés sous Iui> le r^ardaient comme leur
chef et leur oracle. D*Mtre part^ Antoine Tassini, nourri
dans la faveur de la nouvelle cour, s'était formé un parti
de tous les envieux du ministre, de tous ceux qui espéraient
s'agrandir paf un changement. Tassini était un Ferraraisde
la plus basse origine, placé d'abord comme valet de chambre
auprès du due Galéaz. De là il avait passé au service de la
duchesae; il s'était tellement emparé de son esprit, il lui avait
inspiré tant de confiance, et peut-être d'amour, qu'elle ne
voulait plus consulter que lui dans les affaires d'état. Le
chancelier Simonéta ne voyait pas sans dépit s'élever sur ses
ruines cet indigne rival. Tassini, blessé peut^tre des mépris
du vieux ministre, avait conçu pour lui une haine implacable.
Dans l'espérance de le renverser, il avait formé quelques liai-
sons avec les beaux-fières de la duchesse ; et lorsque Louis-
le-Maure parut à Tortone, Tastâni persuada à Bonne de le
rappeler à sa cour. « Le parti que vous prenez, lui dit Simo-
« néta, quand il en fut informé, vous coûtera Ffempire et à
« moi la vie' ; » et cette prophétie ne tarda pas à se vérifier.
Louis Sforza entra à Milan le 8 septembr.e; il protesta aussitôt
qu'il y arrivait comme serviteur de la duchesse, et son gar-
1 Atb. de Rlpaita, âmiaL Piacent. T. XX, p, 9S9.-:-< Uaffchktv^lUf UU L. vm, p. 403.
— t^n* CoriQj Uui, MiUm^ P. vi, p. 991,
Dîl MOYEN ACE. 161
dien le plus fidèle ^ j mais dès le 1 1 , Geooo Simonéta fat ar-
rêté ayec son fils, son frère, et toas ses amis^.
Simonéta, transféré an chAteau de Payie, y fat d'abord
traité avec\beaneoap d'égards;^ mais,, an mois d'octobre,
L6ai8 Sforza lai envoya an de seg secrétaires, poar Tavertir
qae, s'il voalait recoayrer la liberté, il deyait l'acheter en li-
yrant environ cinqpiante mille florins gn'il avait chez des
banquiers à Florence. « J'ai été incarcéré d'ane manière illé-
gale, répondit Simonéta; ma maison a été pillée, on m*a
abreové d'ontragès : telle a été ma récompense ponr avoir
servi Adèlement et avec zèle Tétat de Milan. Si j'ai commis
qoèlqoè fante, qifon me pnnisse ; mais fa fortnne qne j'ai
amassée par un travail honorable et nne longue ëbonomic, ^
passera à mes enfants. Dieu m'a fait asisez de' grâces etn
prolongeant ma vie jusqu'à ce jour ; à pirésent, je ne désire
plus que la mort^. » Dès lors, SimonéWftH; traité avec uae
^cessive rigueur ; il fdt soumis à une indigne 'toi*tûre, pour
lot arracher la confession de crimes dont on ne le soupçon-
niât même pas : sa femme, qui était de la maison Tiscpnti,
devint folle de désespoir; et, le 30 octobre .1480, il eut là tête
tranchée au château de Pavie ^.
' ■'■ '* •.■""...'•■' 'I.,'*'
La prédiction que Simonéta avait faîte à ta duchèsf^e se vé-
nfia de tout point, et Tassmi, qui l'avait , supplanté, n*eut
pas longtemps lieu de s'applaudir de son triomphé. Dès le
7 octobre 1480, Louis^le-Maure fit déclarer majeur son ne-
veu Jean-Galéaz-Marie ; il prétendit que ce prince, qui n'était
encore âgé que de douze ans, était déjà en état de gouver-
ner, et, sous ce prétexte, il ôta à h duchesse Bonne tonte
part aux affaires. Le même jour, Antoine ïâs^ni fut arrêté
> Wù\mi Famênêe.T. xxn,p. fo8.'-'*XMtfl'p«Sl9. ^^liHii:p, im'^wmaM.
Corlo. P. VI, p. 993, 994. — ^ Albert, de Bipalia. AnnaL Placent- p. 961. — Dior, Par^
metise. p. 3S4. — nernard. Corlo, p. 99T. Gorio était présoDl et actear dans maéréiie-
ments, mais il ne les raconte pas de bonne foi, pour ménager la réputation de Lonis-le-
162 HISTOIBE DES REPUBLIQUES ITALIENlfES
et emprisonné w çMteitu de Porta-2k)]l)bia :. le père de Tqi^
^inî^ Gal^riel» qui.ayaijt été fait conseiller ducal, fut afrété en
môme temp ; tons àsm^ dépouillés de leurs Wns, furent
exilés du duché de Milan* La duchesse Bonue^ irritée et W-
miiiéç, sortHi le 2 npyembre, de Milan, pour se retirer à
Yerceilj elle s'établit, ensuite à Abbiate Gra$sQ^ où elle yécut
absolument éloignée des affaires ^
Laurent de Médicis, si malheureux dans ses deu;^ pre-
mières campagne , si malheureux dans ralliance sur laquelle
il avait le plus compté , ne perdait point courage ; cependant
il. cherchait en Italie même , et hors de l'Italie y des. secours
contre la ligue puissante qui F attaquait. Dé opncert 4vi^ \es
Vénitiens, il songea à ranimer T ancien parti d'Anjou, poor
Topposer dans le royaume de Naples à la puissance exce^iye
de Ferdinand. Les ei^voyés des deux républiques allèrent jsol-
liciter en Lorraine l'héritier du vieux roi Bené. et ils le trou-
vèrent empi^essé h s'çn^ager dans les intrigues et les guerres
d'Italie , pour faire revivre des prétentions qui dpunaiqnt plus
de lustre à sa mfiison.
Le vieux Benéj comte de Provence , le rival d'AIfonsp et
de Ferdinand» vivait encore. U mourut en Provence seulement
l'année suivante, le 10 juillet 1480; mais il avait survécu à
toute sa descendance masculine , et il était parvenu à un âge
oti il n'avait plus ni la force ,. ni la volonté de troubler per-
sonne. Son généreux fils Jean, duc de Galabre, était mort en
1470 y il avait laissé, dç son mariage avec Marie de Bourbon,
deux fils, dont rainé,iÇ[ui portait aussi le nom de Jean, ne lui
survécut que peu, de jours ;. le plus jeune , Nicolas , mourut
en 1 473, à l'âge de vingt-dnq ans , sans avoir eu d'enfants '.
Conduit une fille de René , Yolande , avait été mariée à
1 4lb, éettipaiiOf âtm* PlaunL p. oei.— DiâHuni Pannenie. p. 3SJ. -« fiern. Corio,
Sist. di MiUmo. P. VI, p. 998. -< MtffichUwelU, Est. l, VIII, p. 403. — * Contln. <U
Moiuireku Vol. ni> t. IT4.
ttr vomi jGt' '143
9àry, oomte^de Yiodemond;, «t toi ftnit porté to»le9 âroits
ée '4m, mère à ta Lorroliie. Oe^oe maiiafe , raq^l Bené n'avait
«oiSMAli cpi'à «aalK-cœBr, et ^^Mr modu^i;»* «a liberté , était
né BffiEié II , dae ée liorraiiie , çai, jwrlammrt^^Btt oonaiiia
ïean et KioBias, «deDeiiait aiuai rhéritier de toutes les préten-
Usas de la naisoBt d' Aii|oa sur le royaume de Naples. Le ^eax
Bené, il est yfai, n'avait jptAtA pardonné à son.pettt-fUs sa
oaiisaice éa sang de Yandemoat ; 41 avait lait «n testament,
le 29 jmUet 1474, pour le ftnstrer de son héritage^ et y appeler
fihasies dn Kaine , fils d'un imtre Charles ^ eomte du Maine ,
son pins jewie tfrère * . Les prétentions que Charles YIII fit
valoir {pins tard sur le iDjanme de Napies, lui iveiiaient de
Charles do Maine; ce prince ayant, le 10 décembre 1481,
^naBa de sa niort,.iégné tons ses dnHts à LcHiis XI.
Ibiis le droHides gens ne reeonnatft point dans les monar-
cpias le peonroir'de régler ar Utraifement la aocoessioti de leurs
étals,- cette sucosssian est fiiée paroles lois de chaque peuple ;
et jlordre immoaUe établi par Fhécédité est le seul garant des
laoïuirehies eentre4es goenes civiles. Aussi, ne voit^on le.pli^s
seuflrent de panas testaments qpie lorsque le'eontrat entre le
miverain et son peuple est .rompu par une conquête , et que
lemonarque d^fKissédé ne transmet ^us cpi'nn vain titre à ^s
^herbiers. Le royaume de Napks était un fief féminin , et tant
qn'il refait an descendant en ligne directe du dernier sou-
^W'Sin, les eoUatéranx n'y pouvaient Avoir aue^n droit. Les
VÉœitiens, ks florentins ettonterUalie, reocmnaissaient dans
Bené II l^ritier de la maison d'Anjou ; e*âNSt h^ Utre qu'ils
loi' offraient de Faiderà reoonqnÉobrile.rosyanme deN4|^s,iet
'ilsletronvaient difposé, de son eàté, à les assister de toutes
«esdfofees.
Pendant qu'on sohnât.poar euaL.en.Lornniie ces jnégo^-
) Concte. de Manunlet. Vol. m, f. iST, t«.
164 HISTOIBB DKS 'ttBlràuqUIflr ITALIElïlHES
et du' ddb 3't^ltià \ mi adtemdrts , ém Mvertara» iaMMr
'dues : àt^ pacifltt1i<m. Xouk^le^lispi» foinmènB ^ Ifi régent; de
WilaûVqû^flf ÀTalt crù'800 «im^nivn'jr étail»^paA ébratiger.
Dejpiiis que Louis kvait'ràiisï Ins'r^toes ilutigootariiemHit , il
avait rêyètu lêsi ' iseutiikiieiitt de se^ prédëenséurs ; il voulait
sauver Tltirërioe'; dbàf raWaheé loi tMWoèitf et laldélÉeher
àe Venise; il voulait de mémefdétaelier^le ni de Kapka do
papëy'él il vi^ioiit dlSjàf'èiJttl^^xi dèa^tsmiiap Le
24 ' 'novembre V 011 trètaipbtfe vintanaboçeràfFIotoeiice, où
Foo be s*^ attendait îtitiliëmént; qo^une'ttitae'fivait été signée
entt^ lé rtii de Nàp9éë ;^ le'ptt(ie et la tépaliliiiae y pour tcaiter
'àel4^àil-»^:"-'> ''•' ^' --^ '" ''•• :- i/. ' . V ..-.
Ferdinaild lî'iiivlitt 'MMkn^ iHttBiwittmerit, ^pemmnéL ooBtre
laàréht de^^ liMieib ^ la- ^mre qu*il fan ftôsail élnit polrement
p6lit!<{iié^il fMvâiit la'termiMr sana rancune^, dèa^œ d'^pi-
ti^ir pMjeËs^^agrandiffiémeiit se pféaentuent à^liii. Mi^ttre de
lilSflfiBr«^î«iâfcftiale) il diMrât étepdiiasonpwTOirduJ^ritaiie
' sûpériédre:'DëJà la tévotdtim^ilQbin loi. avait idbmié une
grâtïâb InJhv^cé «ttr'laiL«)Btitfrdae;;ia^1répiild^ de Cîtees
était presque dans' w^d^peoideiicè ;: le> doc de Calais
sur éë&é de Si€MMie:âi»^r6jats<qQe semblait favorâcr'»ajpnis-
' fisiiit pai^ti , et il poimùt sT-attiMi^e à oecpiVaitant .pende mois
cet ëtàt rèeotiVlM' volontaiiiemiMt' sa aoBivecanw
venait d6âé'{)0int'à ferdinand^e poorniflnre:, de «onpevt avec
Siktè !▼; tine go^rre dont Jcelin^fei awaM'WQnla^^l^ inoins
'pé[fté^^ MfiMtis. Il valait lÉiienx'poor lè nii^8éer<Ibiiaice
' soiÈiihigfè à on g0ttV6meBiBntiqn''affaiWîssâit h Jiained'uii>parti
nainbÉ'Mit/ tandlsf que les «Napiûitaifla pittdndsnt i|»ed en
Toscane d*one manière stable, qo'ils 7 attendraient lestévéne-
mentâ', et' sin*tmit Itttmort duvptettfe^ Lesfdis|^0BitftaQ8 de
tScipioneiinmiraio. U XZIV, p. ii2.''MegrettoÀU€i!HtH,DlariStme9L T. XZin,
. . im mmmijÊ^Mf '. .. . . 165
«farte IVi^aiMÉ^âlwliiiB^ftdîfféripl^^
do mal mèmiË'iBfaiûé^mknwifa^:Mnim^ JF^TAP^.) jutant
ffle dci gqprodwfr W^.den aaftWWif <» ':(S9l Ui »^»it resfis.il^. toute la
chrétienté ; 41 M ippQtailijl^iKdwiwr^^ Ip ipeartre
de tow ks*«i0iadA Jécânte^JEUiiriPi nii^iiQoeès scandaleux qoi
avait révélé à rSarope lean conq^lote, ni la terreur ^u jeune
endinal, fli^n^nerveii^iOii }*av«yi!,fÂ>lwéi49;^pi:9VRPV)^^
tira» qoHl'imttnitt h la pm.; toyit^. c^Ue^ cp^'il osa 4icter
étaient siNiveraJH^fKBMa^tt^Qffi^ Yi^njpâtiiffi^ I^aprei^t et
le» FlorwtinSrbidîasent iu»# .ehiipfB))^:, cA q|i'ÂKfo|^#^^^t <1^
meseespoiir to àsom de uDWia ^ ^iewl 9iArt&i4«A^ If pon^
joratioa dieis P^Ti^i; il yoiilait^qiie ja.]:^iiUÛ(|E|e,^(^Q^i^^^ soy
lenn^ement p^^doii à T^feSs^, W!?^ «vw iaJ^tfi»^t4. ^i^f , Rer-
AAiMniM ainnndtiiiii ^^ l^^yjihmrAiTnn A't jIa OAa iiiiAlimii ¥1 vaiiIaII' au lin
Cfpndaot ^.Mtn«ti<|^ (de^ill^^iàfl MJLoinRqB^iD^
oaHtpw les i<NB|». plus d«QgeiW)p«ri,I|k.yi%>^tl9^,d'iiQe
qù Majait^ogâ^ éfB eMpa^ m^mm ^m\^^ ^snt d»-
ferleraNM; il» «raioit fi9rt^fWPCMfÉr«meii(J(^r|);»^ges4uiii
lnfpé.4Mi» JI«liPl|7i( kA jkK riM8il^9HPf«;)^ çgi^iifB^ti^p des
IrieoB des m»pçhmidn Ûij«fe9)i^^.q^)a..:s$jip^y^.ifi^^9(^;
ehaean sentùt que la guerre n'était aoatmue que pour la dé-
fétase desMédidg, qu'éttl était 4ta«ilgère ara Trais intérêts de
î' I 1 > \' ', M . . ,M , •*
' . ■ ' •' .1 • f ^
1 Scipioiie âmmimto. L. XXIV, p. 13(>. :
I6d HISTOIRE DBfl^ MÈPWLÊ^I» ITALIEN» ES
l'état : ciiaetifl tMIait y intttre fift ; et Jérôme Mcveli , t|iii
passait poor an des amis et ded partlsènET les phis aéléa des Hé*
dicis , dit à Laurent en plein CMStfl : « Notre Title ot au-
« jounf hai fatigaée, elle ne veut pins de goerre^ elle ne Teat
« plus demeurer interdite et eicommuniée pour détendre TOtre
« crédit * . » '
Dans ces droonstances difficiles , Laurent de Médide prit
une résolution en apparence hardie , et qui cepeudant étAlt la
seule sage, celle de se rendre lui-même auprès de Ferdinand,
de connaître ses dispositions secrètes, et de les mettite à profit
pour négoder aTcc lui ; d'arrêter les plaintes des mécontents
à Florence par l'espérance d'une paix prochaine, et de prou-
ver en même temps à TEârope qu'il n'était point le tjran de
sa patrie, puisqu'il osait, comme un autre citoyen, se mettre
entre les mains des ennemis, sous la simple garantie du droit
des ambassadeurs. Le sort qu'avait éprouvé Rcdnino à cette
thème coui* de Naples donnait lieu aux partisans de Laurent
de célébrer le courage avec lequel il s'exposait à un traitement
semblable, et néanmoins il ne courait point le même danger.
Picdnino, seul chef de son aimée, ne laissait liprèà lui ni états
ni vengeurs; sa mort n'avait coûté à Ferdinand qu'un enme
et non des combats. La république de Florence, au contraire,
aurait survécu tout entière à Lauihent ; elle aurait montré plus
de feMe pour punir les mettttifers de ee ^wy^ tttustre qm
pour le défendre, et Ferdlntmd m'aurait recueilli d'autre froit
d'Une trahison que là honte de ravoir ccMumise. Laurent, il^
vite par le duc de Gakbfe et leducd'Urbin à Ihire ce voyage^,
ayant reçu de Naples l'assurance fn'ii y serait bien reçu ,
fit convoquer, le S décembre, p«r le goitfÉhMiielr, un ccAitiéil
1 Jœopo tfatâi, Utw. Fier» L. L p. t2. — i. Mîch, BrutU L. VH, p. iTS. — > la
lettre de Laurent, da 6 décembre, à ces deux dues, nous a été coosenrée par Hala-
Tolti. Storia di Siêuna. P. III, L. IV, f. 79. Hédicis déclare qull entreprend ce voyage
•oai lenn auipleei et par lemn oonp^s , et II leur recommande a^s intérftta çd soi^
abienee.
DU MOYEN AGS* 167
de MkUMi, pour lear oommumqiier ses intentioiis * . U partit
le même jout , et le suriendemain il écrivit de San*Mimato à
la Seigneurie pour prendre congé d'elle. Dans sa lettre, il se
représentait comme une Tictime qui s* offre en sacrifice pour
détourner le courroux de puissants ennemis '• A son arrivée
i Pise , il y trouva de pleins pouvoirs des décemvirs de la
guerre pour traiter au nom de la république; ses partisans
s'avaient pas osé les demanda au conseil des Cent, de peur
d'y rencontrer de Topposition '. Une galère de Naples Fat*
tendait à Li vourne par les ordres de Ferdinand, et le capitaine
le reçut à son bord avec les plus grands honneurs.
1480. — L'arrivée de Laurent de Médids à Naples fut un
triomphe; le second fils du roi, Frédéric, et son petit*fils Fer-
dinand vinrent le recevoir au rivage, et le monarque lui-même
parut se croire honoré par l'arrivée d'un pareil hôte ^. D eut
avec lui de longues conférences sur la politique de l'Italie. Hé-
dicis fit connaître au roi le traité déjà entamé avec René II de
Lorraine, par lequel ce duc s'engageait envers les deux répu-
bliques à conduire six mille chevaux en Italie pour combattre
la maison d'Aragon '. U lui oonununiqua aussi les offres de
Louis XI y qui paraissait tour à tour vouloir faire valoir ou
les drmts de la maison de Lorraine, ou les siens propres sur
le royaume de Naples. Ce monarque, par son activité, par ses
if^odalioiis compliquées, par sa poiitiqoo mysiérieuse, faisait
«lors illusion à toute l'Europe sur le dédm de sa santé. L'in-
vasion française qui renversa quinze ans plus tard le roi de
Naples de son trône, sembhiit défi le menacer. L'appui que
Ferdinand trouyait dans la cour de Rome était trop incertain
pour être mis en balance avec ee danger. Le ]Mipe était vieux
^ SeftOùM AmnUjntO', t. XXty, p. 143. ^ * Extat apud Roseoe, lAfe of Lortnzo. T. I,
p. 296. — ' Epistola BarthûL Sealœ^ apud Rotcoê. Àppemtix XXX, T. Ul, p. 174. —
* fàhH im VUa Lauremii, p. 34. ^ < 4t¥ir. ffmKiffiicrOf Stor. ¥0^0%. p. tiOS-^ScipioM
àmmiKUo, L. XXIV, p. t44.
I
166 HISTOIRE DES UPUBLIQDJES ITALIENIIES
et maiacle, et s*il ryenait à moufir* son aBccessepr pmtrwL\ âtre
aiifltt empreBsé cpifr lai; d*;agnindir ses propres BÇYeùx^ ^et sa
jeter, poor cela daps un parti opfKMé^cpii loi o^rirait les dé*
poiiilles de Jiérôme Biario et' de ses amis. Mais Laurent de Mé^
dids, en préseatant à Ferdinand ce tableau de l'Europe, con-*
mt<^*il était plnsfodleàla républiqueflorentine de se venger
qne de se défendre. Il convint que, lorsqu'une fois elle aurait
appelé les «Itramontains en Italie, elle ne serait plus maîtresse
d'arrêter leur in^pétuosité, et qu'elle souffrirait probablement
antant que Ferdinand lui-même d'une *j|;aerre où la Tos«
cane deviendrait leur place d'armes. L'intérêt de Ferdinand
et des Florentins était trop conforme pour qu'ils ne dussent
pas préférer nue fidèle alliance à une guerre sans but. Il imr
porbiit à tous deux égalemen); ^de maintenir en paix l'Italie,
< ji'^ fermer l'entrée ^ux Turcs par les Vénitien^, aux Français
,-jBf^ k^ 4^? 4^ W^^^.î . d'afferinir le gouvernement d.e celui-ci,
qo^e la djernière révolution avait ébranlé; de surveiller au coi^*
trâirej'j^uibition et les progrès de Venise, qui, depuis qu'elle
av^it recouvré h, paix sorsa fr(mtiia?e orientale, pouvait seule
^cter dçs içk^ à^ ^^ vqîsûis } (^fin, .de contenir l'esprit turbu*
Mu\ i^ s^p^fim, jgous; assurer ^, son B^ Ja pos^pi^ d'une
pçtit^ pri^ç|p§u|é, avait compromis l'Italie entière par le» plm
fwestes49jtrjgi|^ *,..., .,
. Oes^^f^fdd^raitifini n'étaiept pas nouvelles pour F^r^iand,
^ e)^ fiç^ i|]K|iffejs;fl^ ^r loi. Cependant, ou rayait laoy-
,t<unpi^ (f^tiietepp.de jla l^ainq ef jd^ mécontentement que Laa^
jé|it,ftji{W^,j^cjt0:i^.yi^)fenee4^ pomptej: çur l'alUan^
4eî;<^i«}K^.f|^ jpiirti, fl Ipi ^iqpojrtait de savoir si j.es Flprc|ntiii«
ne sépareraient pmnt leuios intérêts des siens. Dans ce but»
Fardmand retint Laurent hmgteoq^ aapiès de lui, et il ok-
serv^^ jpigq^ôsepçnt^en même temps si son absence faisait
» . •!', 'v. - ."* '4 •* ' 1 • . .' \ • .' Il > I • r «
i joannis Kieh, Anrtli iriii. f/qt. l. vu, p. tT6.
nattrei^âqve num^ement. Les éimemis de jïëdicis. prirent
cette occasioo pour témoigner hautement les.craintes sur son
s(Nt :, Us raj^pélaient la mort criièlle de Piccinino, espérant
faire naître au roi la pensée de traiter de même leur adver-
saire.. En nième temps ils s* opposaient aVeç obstination, dans
les conseils, à toutes lès demandes de ses amis^ et ils déplo*
raient le. dort de la république, engagée dans cleux guerres à
la fois pendant que son chei| était absent , car le jour même
où Laurent était parti àe Florence pour traiter avec le roi de
Napks, Augustin, fils de Louis Frégo^, au mépris de la trêve,
s* était emparé pair surprisé àe la ville de Sarzané, ique son père
avait vendue à û répjabliqne'fldrèntine plusieurs années au-
paravant * . ,
Enfin, Ferdinand consentit à signer à Naples, avec Laurent
deMédids, le 6 maifs 1 48Ô, un traité de paix entre son royaume
et la république florentine, il exigea que les membres restants
de la famille des Pazzi, qu'on retenait prisonniers dans la tour
dé.Yolterra, quoiqu'ils ne fussent .point entrés dans la conju<^
ratioQ, fuissent remis en liberté $ que les Florentins payassent
au due de Galabre, 'son fils^-à titre de solçle, un^fomine l^***
auelle 4e soixante milte florins. Deson cMé. il promit la tes-
titatioa^ile^ yilles et fort^r^faes.pris^ aux FlorentinÇtPeadftnjt
la guf^i et les deux gçavei;]Diçpa^tE( se rendirent liants des
ét^i Tfia de Fantre^. Quelqî^ o[^siti9Q qoc^ 1^ pftpe eût
(iip^irijée à cette ii^o^çii^on, quelque m^ntenteRient qi]^*p
témo^^t de n*avdr pas été consulté, quelque empro^^eweojt
cp*il marfuàt poor s*dlier à la république de Venise, puis-
¥>^' Aie «fait à se phmdre aussi bien que lui du noMuiqoe d*é-
gardsidp ses précédebts alliés^ so laissa comprendre dans le
Wtéds I^[te f et les lnwlitités^ si^q^dues Tannée préeé-
'» -' Id , <«•■ \— ; » '.. .•• ,'. ..... , . , . . ,
^ «fie^e 43mmtfii: Uy xm^Pf M^RTT.m^ mmm^*^ 9^.9!a,,-^ UofichkiwM,
'OC. Hw^, U I» p. 13*
i7Q HISTOIBE DES AflPUBLIQUISS ITALIEIflfES
(}ente paroiie tréye, ne se renonvelèrent point * . La paix fot
aussi publiée à Sienne le 25 mars 1480 '.
La paix que Laurent de Médicis avait obtenue augmenta
son crédit à Florence ; il y fut reçu à son retour comine le
sauveur de sa patrie. II mit à profit cette reconnaissance du
peuple ppur consolider son autorité. Il fit çréer^ le 12 atril,
i)ne nouvelle balie, mais avec l'intention dç n'en plus créer
à revenir, car le nom et l'autorité révolutionnaire des b^lies
contribuaient à rendre odieux le pouvoir des Médids. Il fit
donc attribuer è un corps permanent dans Tétat cette autorité
supérieure qu'il voulait conserver. Ce corps fut un conseil
nouveau de soixdnte>dix citoyens qui devait être consulté sur
toutes les affaires avant tous les autres. Les gonfâloniers
devaient y être adnûs à mesure qu'ils sortiraient d'office, à
moins qu'ils n'en fussent exclus à la majorité deâ Toix.. Le
conseil des soixante^dix commença un nouveau scrutin d'é-
lection pour composer les magistratures à venir, et il ki durer
quatre ans ce scrutin, afin de conserver plus longtemps dans
la dépendance ceux qui briguaient les emplois. En même
temps il employa les deniers de l'état à payer les dettes con-
tractées par Laurent de Médicis '.
Laurent , que la postérité a décoré du nom de Magnifique,
tandis que ses concitoyens et les écrivains de son temps ne
lui donnaient cette épithète que comme un titre d'honneur
commun à tous les princes qm n'en avaient pas d'antre, à
tous les condottieri et à tous les ambassadeurs , Laurent mé-
ritait le surnom dont une erreur l'a mià en possession ^. La
* JaeoM yolatenmi, lAortum homàmxm, T. 9^]U|t«9. j<mu — ^ 4ll^m9t$fi éUftm^i,
puxr. SanèiL p. 799. — Orland, Malqvolti. P. 111, L. IV, f. 76. -~ ' Istorie ai Giovanni
Cambi. Delizie degtlErudiU. T. XXI, p. 3, s. ~ ^ M. RoscoC (lUustmtionSf p. 91), pour
Dtfre YQir ^e c» Q'est pas ia mvA» poMérM, «nH iw»i |Bf eo^mo^t^u 4e Umt»i
qui l'oot décoré du nom de MagnifiQue, cite rautorité de Fabbroni eo i7t4 , et de Pl-
gDoUi eo 1813- J'en appelle au contraire aux lettre* et aux autres pièees reprodoitas
par M. RoseoS luîHoéne dans 'son Appeodix. 0 f verra que Laurent nM pdlkt appelé
parées eenleuiporaiBt ioHHËo U MtfBfMfioê, eoaMieil IM àd noaJeMi, tasts If IM-
DU MOItR âi»B. 171
WH^aiêomùd étail dam m politise autant que dans «on oh
racttee : il aimait à donner Tidée d'une rieheaa infinie, poop
rehaafiser aimi ropinion qu*on aTait de son pouToiF ) il ne
mesurait îamaia son faste anr fM» reyenna : pendant son s^onr
àNapies, apcèa une gnerre ruinease ponr aa patrie eomme
pour lui , tantôt il distribua des dots à une foule de jeunes
feaunes de Fouille et de Galabfe qui aTaieut recouru à sa
mUniicoace , tantôt il déplofra aux yeux des Napolitains, dans
tes achats, dans sa suite, dans ses équipages, toute la pompe
fuse richesse qui n* avait rien de réel : toujours il toulut
âoimer et éblouir * •
lie traité de paix qui eonsofidait sa puissance ne laissait
pas d'exposer sa patrie an danger le plus redoutable quWle
fiAt jamais couru. Ferdinand s*y était détenniné, surtout pour
donner le temps an duo de Calabre d'afferour son cré^t dans
Sienne, et de réduire cette ombrageuse répuUique h une dér
pendanoè àfasoloë de la oouiDntie de JNaples. Ce projet avait
déjà âé secrètement entrelenn par le roi Alfonse , lors^
qu'il Tint en Toioane en 1 446 ; il avait été repris en 1 462, et
ea 14âc6 ; môs jamais il n* avait paru plus près de son exé-
CQtion que lorsque Laurent, sacrifiant sa patrie è aa sAn^
persounellé, et! intérêt des siècles à celui du moment, avait
esQsenti à j donn^ les mams en recherchant la paix , que le
dac de Calabre désirait phis q^e lui.
Sienne av«t consacré par ses ïm l'existence de tous les
partis qui l'avaient successivement dominée $ et ses citoyens
se trou¥aient avisés en plusieurs lundres , qpi élaiient plutôt
des factions, et qui portaitot tous le mm de MontL hd pre-
nikr^^ celui qui avait excité la plus constante jalousie, était
9nifieù harentô, et qn'en loi a^ranant la fwrale «a enfilole l%x|»r6aiioa maq^flee t^,
oa voêîra magraficenta^ préclfément comme en s'adrenant aux généraux de la répn-
bHqw ou au duo d'Orbin, ou comme Politien appelle la femme de Laurent magnifiea
172 HISTOIRE 0ES A^ptmcniinss^iTALixiiirEs
eehii dai uofiles-, aWtrëfois propMétaiFer dfc itoiBà tetevilMf0.
On les ayàit saccessiTemcél privas de toàt^ fsari f^
et^eiclus en même temp^ de toutes lei^ isiàffàïrv^meê;^he «AU
vant était le Jfon^da^neiifj qat formait S Sienne an^ liofalesse
populaire, telle à peu presque ratait étéàiFtetencc^ J6ills:3es
ÀllHzzi et de lear parti. C'étaient des hoinit^'itt qùif^n"*
éiennes richesses, aeqtnses pàrlé'comiiierrié'jri(taiéntt«88tiré
aossi un ancien crédit, et qni e&' démentaient $n'|)DSsè8sion
par un droit héréditaire. L'ordre on le' jfdBMlel^ dotisfe était
plus immédiatanent en ri\^té âTeâroçluiTdBS nen&HiétBitde
même composé de riches marchands , et 'i>iCétlEe tépoiiiie Si
Comptait dans son sein eilvihm qpiatre :ceite ihoiniitiea'pro^*es
à entrer dans les conàeils , mais que la jâicnûe dJa< ^paierm*
ment en tenait cràstaknmént écsotâs: 'Le 'reste. ^de^ bnitidn
était partagé entre les deux ôrdiès baMontsf {{dtEtf nènveanx,
des ré formùteut&<eVdui peuple. ^' '; ?:.>•. ^
Depuis le 27 novembre 1 403 ^ une coflitioii^'ekistait *enlre
trois de ces ordres, les neuf, les r^rmateurs ètie peli)^e. Ils
étatent ^séuls admis au gouvernaaienty'et lesdèui autres e&
étaient exclus. La Seigneurie était composée de neuCpilènrs,
iTois de chaque Mont, et un gonMoùier de jlusltice foimi
tour à tout* pfar chaque ordre ^ . Cette Itoriùe 'fié gonirernement
s'était niaintënoé avec pIusde^^aMité qu'aucàne ies^^têcé-
dentés, malgré les tentatives que Plé It, qui était H^lë'Sten-
nais, dfe la nîàison Piccolomini, âvàil faites ponir la renverser.
Ce pape avaft démandé qù^ on i^fabltt dans tbûille^' droits de
cité les nobles et le Mont des douze ;^ on lavait eh 1438 rejeté
sa deiùaiiidë; mais on^Vait éti mèmfé tempts cherché à le Satis-
faire lui-même ^ en admettant lés mëmbreg de là tauâlle Pic-
colomini dans l'ordre du peuple. L'année suivante on avait
même donné une part dans les emplois publics à Tordre des
i Qrlando MalavoUi, Stàriadi Sienna. V. U, L. X» f. 104, '
. BU moitm AGB. 173
ïrar^aiblloiit àmàÊue^y et dès kmort de Pie II, «n 1464,
.«HualfitiWBiitéj/dp iiioli^MÉa/ileÉiioUe» dl^onpeiiraiqa^ ne
km iiiraitu^tpMiéBjfa'èlàjAllkitotMri pope ^.
> %q|giifciW|Widepte «|ie#^fctoettè.cptd«sioBy ks&ièmiais
n*fti«tat (AfiMiUta'jde seiisiiflDtir d'èlredemeiuré&vtlaohésli
(S^qiiJiiBi^ffgihimt^^ de.IeoFgeKvtnieiiient Les trois
&cliknft/TâBAies.:pii^^ ayoir confondaleiiiii intâiéts
9iitr«.idlflS9.¥adiBi|^atl9Btioa AViit étéaMs équitable: pour que
.1^ xiidissses.priTifed et la popiilcdïom s'augmenta^seDt innUe-
imsat, Sim»ti»'wjmt de palais soii^tiieu , qui montraieat an
iD6me,temi^4fi0>piogsèi de ropntence et eeox d/» arts et dn
go&t; .la lépnbliqoe arait éprouvé peu d^ commotions inté-
nciD^j ^te^'éialt. engagée dans peu de guerres an dehors;
«t 4001900 éelipaéoipur l'éplat de Flqsence y sa poi^»antè yoi-
nne> qui eansaitanx donnais ooe eonatante défiaiioe, eUe^eon-
mf^ à re:(téneiir Thonnenr de son indépa^dance, au dedans
Ja paâ et lALproapârité» n ^
>H«îs rexifltenee de deux partis fiurmés en debmi 4ugou-
va:nelneiM. étaiCioéeessairemeat daBgei«ose.p(^ répôbli-
. q|ie. Gétaîl parmi eux que les étranges qui youlaient l'asservir
vetfudntsArs.de tron^ver des partisans'; c'étaient/eB& quek duc
deiCalatore faisait agir» eux qu'il cherchait à faire rentfeaor dans
la Seigoeum^ Il demanda d'abord le rappel de tonsioeuxqui
avaient été exilés en 1456 ^4. F ayant pu l'oltenir, il sona.la
disjQQide entre les trois, ordres qui gonvernaienit en «omntnn ;
il^ amut deux contre le troisième ^^t, le 22 juinféSO, les
ditoyens des neuf et du peuple prirent les lurmes. Ils furent
. 8emidés»par le^ soldats du duc de Galabre, qui occupaient la
: plfice publique. Un conseil général , d'où ils écartèrent tous
' CQpxjqial Jne joni^ étaient. pas déTOués , et.qui se trouva cepen-
. I ùi^^mdù MakmUL P. iHp u iv^ r. ««1 «1. -^ « iM..r. «i* «^ > iM. u i»^^ * JMd.
174 HISTOIRE DES Wâï^ÊUmbkB tTALIEWaHES
nidtt ]x>Qr jwMdi ie Ifeint des i^étonnÉteeit^s <éil ^wv«tm-
«i6at , mr la ]vopositîsiit «pii tin AU faite par té gonfaHanisr
de justiee ^ Cette violente révvkitioii , «pd frappait lira liées
•des oitojreÉsée la ^r^iyuÉiiKqoe, tet les é^nittiÉt d*<inie |»iirt à
la soHveraîDelés dont Ms élntiiil mi fKNsesâoa depiis soixante-
•Ax^rqft ans, awt^ préparés avec taiitde se0Pet,^dt«iée»lée
avec tant de promptânde, qu'elle s^aoèemplit UM effosiM de
smg. Le dae de Cakdire , qoi f avait dirigée et somennê avec
ses soldais, s'hélait eependant âil^é de Sienne le jonr ^in'sîffle
s'effectnait, pon* vMilcpe pas :aoMSé d'agir en maâtre dans la
répablique ; «nnds à son retow il a^alt été Feça par les ^min-
veaiUL nagiatrats , tonmie te iAmAAWwt de rètat. U était con-
yeftn aiiee eux de fcrmer nn Mont nociTean poiir remplacer
celai des t^f ormateiKs , et partkôper pour tm tâ^n anx han-
nears pnbKes. Cet enrâre nenvean, anquel ondcom le nom 4e
M(mt dès agrégte, fateon^Miséd'^n certfdn nombre de gen-
tilshommes , connos poar lear dé^onement ao dnede Galabre,
et de ploffleuFs membres soit Ad Mont des donsse , soit de celai
des r^rmerteors, qa*iine amibition privée détachait de leurs
confrères; enin , des familtes qoi avaieiEt été exelneB en 1456
da Mont des neuf et de celai du penple , poor avoir vonla , de
concert avec Jacqaes Piccinino , somnettre la république an
roi Alfonae. Ainsi les cinq andens ordres avaient eoaooura à
la formation de Tordre nouveau ^.
Le gouvernement] qui venait d'établir la violence était en-
touré d'ennemis; il avait toujouns (Uns besoin du duedeCa-
labre pour se soutenir, et il se rendait aussi toujours plus dé-
pendant de ses volontés. De mauvais citoyens qui se flattaient
d'amasser plus de richesses , d'exercer plus de pouvoir, de
satisfaire plus aisément tous leurs vices, sous la proteetion d'un
DU ifOTEll iOE. 175
tpm ^m daaa leur pairie woore Iib»e, avaMot Um ealcalë
lorsqu'ils avaient compté que la oonséqiieiioe 4e cette révola*
tioD serait de forcer en peo de temps les Sieimais à se donner
eox-mémes au due de Gaiabre. Toat ce qu'il y avait à Sienne
d'ands de la liberté était frappé de terranr ; la crainte n'était
pas moins grande à Flovfnee. Si l'aecpisitîon que le roi de
Napltt avait faite, vingt ans auparavant, de qnelqnes miséra-
bles ehàteaux dans la Maremme toscane, ayait causé tant d'ef-
froi , comment espérer de sauver la liberté de Florence , tine
Ibis que l'état de Sienne tout entier serait entre les mains d'un
aossi redoutable voisin? Hais un événement inattendu, qui
gUsa de terreur le reste de rit^Uie, délivra Sienne et Florence
d'un asservissement presque inévitable,, ra rappelant le due de
Calabre , pour défendre ses propres foyers.
**tm^
176 HISTOIRB DES . BÉPtlBUQCES ITAUEmiES
mimmimuîtiHHnmtmi
« f t
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• »
CHAPÏ^RE Yïl.
.1 . «'.i- •■ -;- fir i.Ji ^VC -•'»'
- ' ' * ' ■ f
Mabolbe^ 11 s'emptre d'Otf^le$; SixtflV afT^yé- faii ia^piUraveo les
Flqrentios, et le duc de Ç^labrç qiiit|e£ie^Q^ ^pur dél|;;rer;Otraiite.
— Mort, de Mahomet 11^— Nouvelle guerre aJluipée dans toute l'Italie
par Sixte IV^ pour le duché de Ferrare.'ll passe d*uD paril à iiautre,
^iBêiîri^fin.de<^bagriiidélat$àix. ' * ' ' ' ''
î.
« ' '!
) ,'f',' *■ 'j* ".','♦".!
1480-1484.
1 480 . — Mahomet II ne faisait jamais la paix avec un prince
chrétien que pour en attaquer un autre avec plus d'avantage;
aussi comptait-on que durant son long règne il ayait sabfagué
deux empires, douze royaumes, et plus de deux cents cités.
Dans Tannée 1480, il prépara deux expéditions eu même
temps: Tune, sous la conduite du pacha Mésithès, Grec d'ori-
gine, et issu des Paléologue, était destinée à conquérir Rhodes
sur les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem ; mais le grand-
maitre d'Âubusson repoussa glorieusement les Turcs , qui ,
après avoir assiégé la capitale du 23 mai au 22 août, furent
contraints de se retirer avec perte * . L' autre armée de Mahomet
1 Eplatola PeM itÀubusson ad Pontificem. IS septembris 1480. Êtaynaldut, 3-iS,
p. 986. — JaeoM Volaterrani Dior, Roman» p. tOd.^^nnaL Turdei LetmeUwU»
p. 2SS. •— Dlorfwit Pamense. p. 344. — TurconGnecto But, poAr. L. I, p. 36
DO ItOYBlI AGB. 177
i;e rasgiQildait à la Yaknupijs, 000s le&ovdras deâon grand^viair
Aehmet-Giédik, oa le Bricke-lknt, natif d'Albanie. Une flotte
de cent vakseaox mt la prendre à bord ; celle des Vénitiens ,
qoi éUôt de soixante toiles, 1* escorta conune ponr 1* empêcher
d'entrer dans le gelfe ^ , et tont à coop les Turcs débarqoèrent
iiir k o6te d'Italie » près d'Ojtrante» le tendredi 28 jniUet ,
après aToir traifersé la mer Adriatiqae, qai, dans ce lien , n'a
pas pins de cinquante milles de largeur.
Les l^abitants d'Otrante ^ quoiqu'ils ne fussent nullement
pEëparés à cette attaque, défendirent avec ligueur leurs mu-
raSÎes; mais ib n'étaient pas en état d'opposer une longue ré-
sistitnoe ; beaucoup d' artillerie et de macjiines de gueiœ lurent
débarquées par Achmet-Giédik; de larges Inrèches furent bien-
tôt ouYcrtes, et la Tille fut prise d'assaut le 1 1 août 1480 s
La population s'élevait , dit Sanuto , à vingt*deux mille âmes ;
douze mille habitants furent massacrés dans la première fu-
reur de la victoire ; mais les enfents qui pouvaient être ven-
dus avec avantage, et les hommes faits qu'on crut assez
riches pour en tirer une forte rançon y furent réduits en es-
clavage ^. L'archevêque et les prêtres y objets de la baine des
. TuiQB , fureDft soumis à d'affreux supplices, et tous les genres
'd'eyibrages et de profuiations furent prodigués au culte des
r chrétiens ^«
' i tfôMn Sanuto. THe de'Ùuchi di Vtnet, T. XXII, p. 1213. — * DemeMus Cûn-
ternir, L. |U, cbap. 1, S %% p. ut. — > Marin Sanuto^ ViUOt' DuchL T. XXII, p. iSiS.
Cependant Giannone n'estime qu'à 800 le nombre des morts. L. XXVIU, inirod. p, 102.
-^^ Jaeob f9iatenwtlt Dlar, Boman. L. II, p. 110. Diariwn Parmense. p. 346, 3(3-,
Deux cent iriBgt um. après ces éréDomenis, la légende s'en est emparée, et 7 a mêlé
Bon merveilleux. François-Marie d'Asti, archevêque d'Olraote en 1700, a écrit que huit
tents martyrs prëférék«nt le supplice à l'abjuration, et que, conduits au lieu où ils de-
vaieit mourir, te Ténérab||B Antonio PrimaklL, demeuré ehef du clergé après la mort de
l'archevêque Etienne, eut le premier la tète tranchée ; mais que son corps, au lieu de
tomber sans vie, resta del)out, malgré tous les efforts des Turcs pour le renverser, el
t^û continua, par ses gestes, à exhorter ses compagnons de malheur à la constance,
Jusqu'à ce que tous eussent subi le même supplice ; alors, et après eux tousi il con-
sentit aussf à 80 coucher parmi les morts, Francuci Maricc de Asie in memorabUibus
vu. 12
178 HISTOIRE DÉS ^PUBLÏQÛISS ITALLEUIXES
Cette attaque inattendae, et qui rem^it l'Italie sd*e£&of^
avait été ménagée par les ^é^tiens. Les ItistorieBS de la Té-'
pabtiqae ne di^imnlent point qu'après h pidx entre Iiaurent
de Méfias et le roi de Naples, leur patrie envoya deux am-
IrnssadeutB, Vnn en pape, 1* autre au grand^seigiifeur , pour
eouoerter la ruine de 'Ferdinand. Sébastiano Gritti detuit in-
viter Mahomet II à reprendre les provinces de FltaMe méri-
dionale qui avaient rélevé de Fempire d*Orient *. Zaebarie
BarbaTo devait proposer au pape de prendre à h. 'solde eom-
mune de sa république et du Salnt-8i^e, et de nommer capi^
taine-^général de leur ligUe, Bené II de Lorraine, qu'ils invi-
teraient à passer en Italie^. Il est probable eependrâit qae les
Téaitiens n'flvmeiit pas communiquée l^xte IV le projet de
l'nttàque des Turcs sur Otrante, projet dangereux pour le
Saint-Siège ; mais Ferdinand, qui ne doutait pas de rinimitié
de Sixte. lY, le soupçonna if avoir 'attiré sor lui Tinvasion
des mmqlmaiis, et loi fit dire au mois d'aoftt, par son ambas-
«adeur, que, s'il n^obtenaitde l'Église de prompts et putesants
secours, il traiterait avec les Turcs, et leur donnerait passage
parses étals pour ae rendre à Rome^.
L'effrcn de Sixte lY fut extrême à la nouvelle de celle in-*
vasien : il hésita s'il if abandomiermt poba, Boute et l'Italie
pour chercher en France un refuge. Il savait que Midioiiiet
en voulait au siège de la reUgion chrétienne, et que lui-même
et son clergé seraient exposés à d'affirei»: supfffieos, s'ils
tombaient entre les mains des Tares ^. Il j avait encore loin,
il est vrai, d' Otrante jusqu'à Bome; mais on pouvait redou-
ter un second débarquement sur les c6tes de la Marche, et
Ton assure en effet que les Turcs firent cette année une ten-
Vgdruntinœ Ecdesiœ Epiiome. I. H, cap. IT, p. ii. — In Burmannl Thesauro Aniiç.
et Histor- ualtœ. T. XI, Pars Vlll.~i Andr. Kavagiero, Sior, Venez, T. XXIII» p. iif5.
-^urofiti Sanvtio. p. 12II. — AWen. de Ripalta, Annal Placent. T. XX, p. »6i.—
* Itarin Sanuto, Vite de* DucM» p. I2i2, — ' Ibid, p. 1213. -« * RaynàUU ^wiaL EC"
cl^. 1490,$ 19, p. 389.
OO MOI» AGdB. 179
latiite.poiir f^Uerle.trégar de IJallrette^ D*aiUear8 les nausul-
maoSy «kmt la» constantes victoires ^^ent ébloui TËorope,
comptaleat nlors en Italie mèue des partisans, qui parais-
«aieot prètsè se joiadre à eux |M»ur briser le joug de leurs
prêtres et de fleurs princes. Bientôt ie bruit se répandit que
Mahom^ II, pour profiter du mécontentement des barons de
Ni^esy arait iait j^rocIaniOT à Otraate qu'il accorderait une
eiemption d'impôts pour dix ans aux pays conquis , qu'il
n'imposerait ensuite d'autre tribut que celui d'une piastre par
tète, qu'il laisserait les chrétiens suivre leurs lois et leur re-
ligion, comme ils le fusaient à Constantinople, et qu'enfin il
avait pmi les cruautés excessives exercées piur les vainqueurs
d'Otrante. Qmn;ie cents soldats de Ferdinand passèrent, au
mois de février 1 48 1 , à la solde des luro^, et l'on craignait
h défection de toute la province^.
Cependant Sixte lY adressa aussitôt des bulles à tous les
princes dirétiens, et aurtout aux états d'Italie, pour les
cKhortar à faire la paix entre eux, et à tourner leurs armes
' centre l'eanemi de la religion. « Si les fidèles du Christ, di-
« 8ait-i-il,si les ludioas surtout veident défendre leurs champs,
* IfiMPs maônn^, leurs femmes, leurs enfants^ leur liberté,
« leur vie; s'ils veulent conserver œtte foi dans laquelle nous
< avons été baptisés, et par laqud]^ nous avons reçu une
« nouvrile naissance, c'est le moment d'en oxare nos paroles,
« de saisir leurs armes et de marcher à la guerre. Que les
« piiiB élo^nés du royaume, de Sicile ne se Qgurent point
«qu'ils sont en sûreté; s'ils ;. ne vont pas au-devant des
« Tores pour les combattre , ceux-ci arriveront bientôt jus-
« qu'à eux'. >»
Ferdinand se hAta de rappder de Toscane le duc de Cala-
> Sur la foi secdement de Tursellinus. ^istoria Laureianœ MdU. L. II, cap. IV. Agud
aoinafit S ss , p. 293. — * ùioflum Panowse. p. W^ 3M et ptusim, — > Raynaldi
Àimal. Eccles, 1480, $ 3i, p. 990.
12*
ISO HISTOIBE DES REPUBLIQUES ITALlEIlKlâ
r
bre; et il le sollicita^ par les plus pressantes instances, de ne
pas tarder à Tenir à son aide. Ce dac sortit de Sienne le
7 août» non sans exprimer le profond regret avec lequel il
abandonnait an projet nourri longtemps par sa famille, an
moment où rien ne semblait plus pouyoir en arrêter TexécQ-
tion. Comme il partait, les magistrats de Sienne loi rendirent
les plus grands honneurs j mais tous les bons citoyens que
comptait encore la république se sentirent avec joie délivrés
d'un joug qu'ils croyaient déjà inévitable ^ Le duc de Galabre
passa le 10 septembre à Naples, où il incorpora dans son
armée un grand nombre de gentilshommes qui s'y étaient
rassemblés. Il reçut aussi un corps auxiliaire de dixHsept cents
fantassins et trois cents cavaliers^ qui lui fut envoyé par son
beau- frère Mathias Gorvinus, roi de Hongrie. Il continua
ensuite sa route vers la Fouille. Acbmet Giédik avait été
rappelé par Mahomet, et Ariadeno, auparavant gouyerneur
de Négrepont, commandait à Otrante une garnison de sept
mille cinq cents hommes. Il avait étendu ses dévastations
dans toute la province, et menacé Brindes d'un si^^. Mais
l'arrivée du duc de Galabre le força de se renfermer dans
Otrante, et bientôt après, Galéaz Garacdolo, ayant conduit
devant le port une flotte napolitaine, ôta aux assiégés la com-
munication avec la Turquie^.
L'effroi de l'invasion. des Turcs avait enfin déterminé le
pape à se réconcilier avec Florence ; mais même dans cette
réconciliation, que les circonstances le forçaient à désirer, il
laissa voir toute la hauteur de son caractère. Douze ambas-
sadeurs, les plus illustres et les plus accrédités parmi les ci-
toyens qui gouvernaient alors la république, furent nommés
au commencement de novembre, pour se rendre à Rome. Ils
y entrèrent sans pompe, dans la nuit du 25 novembre, et per-
1 Orîando MalavoHL P. III, L. V, f. ^9.'~ÀltegreUo AUegretii» p. wi» -» * OtaiinMc
Utoria civlU. h. XXVIU, iDtroduct. p. 603. — > ibid, p. 603.
DU MOYEN AGE. 181
sonne de la famille du pape on des cardinaux n*alla aa-de-
Tant d'eux. François Sodérini, évèqne de Yolterra et chef de
la légation, exprima le surlendemain, dans une audience se*
crête, les r^ets de la république, sa soumission aux juge-
ments du pape et son désir d*ètre réconciliée à TÉglise. Les
eonditions de la paix furent débattues ayec les cardinaux dans
plosieurs conférences : lorsqu*enfin tout fut réglé entre eux,
les députés furent iuTités à se rendre à la basilique de Saint*
Pierre, le 3 décembre 1480, premier dimanche de l'avent.
Après qu'on les eut fait attendre quelque temps sur leporti-^
qae, le pontife \int au-devant d'eux avec ses cardinaux; on
lai dressa un trône en avant de la prindpale entrée, dont les
portes demeurèrent fermées : les ambassadeurs, la tête nue,
se jetèrent alors tous à ses pieds, et, après les avoir baisés,
ils restèrent à genoux, confessant qu'ils avaient péché contre
l'Église et contre le pontife, et implorant sa compassion en fa-
veur du peuple qui les envoyait. Louis Guicdardini, vieillard
septuagénaire, parla au nom de tous, mais à voix basse et en
italien. Un notaire apostolique lut ensuite la formule de con-
fession et les conditions de la paix. Alors le pontife, ayant
imposé silence, prononça ces propres paroles : « Yons avez
« péché, mes fils, premièrement contre le Seigneur Dieu no-
* tre Sauveur, en tuant cruellement et criminellement l'ar-
<" chevèque de Pise et les prêtres de Dieu ,* car il est écrit :
« Vms ne timcherez point à mes oints l Vous avez péché
« contre le pontife romain, qui exerce sur la terre les fonc-
« tions de N. S. Jésus-Christ, car vous l'avez diffamé dans
« l'univers entier. Vous avez péché contre le saint ordre des
« cardinaux, en retenant malgré lui un cardinal légat du
• Saint-Siège apostolique. Vous avez péché contre tout l'ordre
« ecclésiastique, en retirant vos tributs au clergé de votre
« territoire ; vous avez été la cause de beaucoup de rapines,
« d'incendies, de pillages et de maux infinis, en n'obéissant
'.?'
182 HISTOIBE DES REPUBLIQUES ITALIENNES
«point à nos ordres apostoliques. Blût à Dieu que dès le
« comineiicement tous dissiez Tenus à nous, le père de tos
« âmes! alors nous n'aurions point recouru aux armes de la
« chair pour Tenger les injures infligée^ à 1* Église. Certaine^
« nement c*èsi à r^et que nôos àTons séTi^oontre tous; ce-
« pendant nous aTons dû le faire pour ^hoBnem^ de Tiq^os^
« tolat dont nous sommes diargé. Mais à présent, mes fite,
« que TOUS reTenez aTec humilité, nous tous reeerons ea
« grâce dans notre sein, nous tous donnons rahaoliition dès
« erreurs et des excès que tous ayez oonfessés. Ne péebez pas
« daTantage, me&iïhyne faites point comme les chiem, qui,
« après avoir été punis, retournent, à Imrs turpitudes.
« Vous aTez éprouTé du reste là puissance de TÉgUse, et tous
« dcTCZ saTOtr combien il est diùr d*opposer sa tète au bou«
« cher de Dieu, ou de Touloir briser sa cuirasse * . «
Après aToir ainsi parlé, le pape prit des baguettes des
mains du grand-pénitender, et en frappa> légèrement les
épaules de chaque ambassadeur, qui à chaque coup baissait
la tète, et répondait par les Tcrsets du psaume Miserere mei.
Domine I Après cela, ils furent de nouTeau admis au baiser
des pieds, et bénis par le pontife qui, relcTé sur son trône,
fut reporté au grand autel. Les portes de F église furent ou-
vertes, et les ambassadeurs y entrèrent orée tous les assis-
tants ; mais aux conditions du traité stipulées d'aTance, le
pontife ajouta, comme pénitence^ que lesElorentins arma-
raient à leurs frais quinze galères pour faire la guerre aux
Turcs ^. Ainsi se termina la guerre née de la conjuration des
Pazzi, et tel fut Torgueil aTec lequel le. pontife punit d* être
demeurés en Tie ceux qu*il n*aTait pas réussi à faire assas-
siner'.
1 Jùeobi Vùlatemml^ iMaritan Romanum. L. H, p. iH. —Baynaldi ànn^L Scetef,
1480, S 40, p. 394. — * Jacoli VoiaierranU Diar, Rom. L. II, p. 114. — BaynaUL Ann.
Ecel U80, S ^> 29*- — ' •'«c* Vûiaterr,, 0lar» fym* p. iis. — Seipiànê àmminuô.
DU MOYEU AGE. 183
Les Horentiafl profitèrent ausn de Teffroi de Ferdinand,
et da besoin qn*il avait d*eux poqr se faire restituer les for-
teresses qne le due de Çalabre avait occupées en Toscane»
Ferdinaiid s* était engagé envers la république de Sienne, à Ijui.
céder tontes les conquêtes faites sur les Florentins, qui se^
raient en dedanp d*un rayon de quinze milles pris des mars
de la ville. H avait en effet consigné aux Siennais Mpnte»
pomenichi, la Gastellina et San-Polo ; mais il avait conservé
sous les ordres de PrenzivaUe Gennaro, gentilhomme napo*
litain. Colle de Yal d'Eisa, Poggibona^, Poggio impériale,
Monte San-Savino, et d* autres places moins importante^.
148 1. — A la) fin de mars 1481, il fit livrer aux Florentins
tous les lieux que Gennaro occupait, et bientôt après il si-
gnifia aux Siennais Tordre de restituer aussi les conquêtes où
eux-mêmes avaient mis garnison. Un vif ressentiment rem-
plaça dès lors à Sienne T affection qu'on 7 avait conservée
' pour la maison de Naples * •
Le pape, qui avait ordonné aux Florentins de concourir à
la défense de T Italie contre les Turcs, voulut 7 contribuer
aussi. Il fit armer une flotte dans le Tibre, et il fit choix pour
la commander de celui de ses prélats qui était le plus propre,
à la guerre maritime. C'était ce même Paul Frégoso, arche*
vêque de Gênes, si redoutable comme chef de parti, que noiu^
avons vu se vouer à la piraterie lorsqu'il sortit de la ville
où il levait régné. Sixte IV le fit cardinal au mois de mai de
l'année 1480 ^, et lui donna m printemps suivant le com-
mandement de s^ galères. Paul Frégoso vint joindre Galéazi
Garaccioli devant Otrante. Déjà le redoutable grand- visir
Achmet Giédik avait rassemblé à la Yalonne vingt-cinq mille
hommes^ qu'il allait transporter à Otrante, pour continuer la^
L. XXIV, p. 146. — Nie. MaechiaveUi, L. VIII, p. 4lQ. io. MUh. Bruti- L. VIT, p. 184.
-- « Oriando MaUwoUu P. III, L. V, f. 79. --AUegreiio Allegretiu l>iari Sanesi, p. aoa.
'^Diar, Parmense. p. 368. — * Jacobl Volaterrani, Diùr, Roman, p. 122^
184 HISTOIRE DES REPUBLIQUES ITALIEKIÏES
conqa^ë de Tltalie, lorsqu'il reçut la nourelle db là mort de
Mahomet IT, sarvaiue le 3 mai 1481, près de Nicom&fie,
mort que suivit au bout de quelques mois la guerre civile qui
éclata entre ses fils Bajazet II et_ Jem ou Zizim^. Âchmet,
abaudonuaut alors tout projet de conquête sur le royaume de
Naples, conduisit son armée au secours de Bajazet, encore
qu'il eût à craindre le ressentiment de ce prince pour une
ancienne offense. Il parut devant lui avec son dmeterre at->
taché au pommeau de sa selle ; car il se souvenait qu'il lui
avait dit : « Si tu deviens sultan , jamais je ne le tirerai pour
« ta défense. » Mais lorsque Bajazet, l'appelant son père, Fin-
vita à oublier les fautes de sa jeunesse, Achmet Giédik com-
battit les ennemis du sultan avec sa valeur accoutumée : le
16 juin 1482 il vainquit Zizim à Serviza, près d'Iconium; il
le poursuivit dans la Garamanie, et il le força enfin à se ré*
fugier à Bhodes ^, Ariadeno , laissé dans Otrante à la tète
d'une garnison qui ne pouvait plus recevoir de secours, se
défendit néanmoins avec un grand courage, et remporta plu-
sieurs avantages sur le duc de Galabre qui l'attaquait; [mais
il accepta enfin une capitulation honorable qui lui fut offerte,
et il rendit la place le 10 août. Plusieurs des bataillons turcs
qui la défendaient passèrent au service du duc de Galabre,
et on les employa dès lors utilement dans les guerres d'Italie^.
La nouvelle de la mort de Mahomet II avait été rapidement
portée à Venise, et le doge Mocénigo la communiqua le 29 mai
à tous les états d'Italie *. Tous la regardèrent comme délivrant
la chrétienté du plus grand péril qu'elle eût encore couru;
tous donnèrent un nouvel essor à des passions que la crainte
1 Cette guerre civile appartient à Fannée sulrante, Bajazet ayant commeiieé par ac-
complir le pèlerinage de La Mecque, pendant lequel il mit son fils Corcud à la lêie de
Fempire ottoman. DemetrUu Cantemir. L. m , chap. U, S i é 5, p. 136. — > MmaUê
Twcld, LeunclavU. p. 3S9. — > EpisioUi Ferdinandi ad Xisium, de ldnmt9 recuperalo,
Jttcobi Volaterranl Diarium p. 146. — Giannone^ istor, civile, L. XXVIII ^ p. 6U. -^
* Orlando UaUwoUi, P. III, U V, f. 79, •» ^acob Volaterranl. L. Il, p. 1S4.
DG HOTEVr AGS. 185
avatt joflqo'iddrfi comprimées. Mais Sixte IV, pkis qae tons les
autres, se regàlrdant déBOnnûs comme mis à couyert du seul
danger qui pftt 1* atteindre sar son trône, ne contint pins dans
aucQoe borne «on ambition , ses projets de vengeance et les
pasâons turbulentes qu'il avait été quelquefois forcé de dis-
simuler, n commença par rappeler la flotte qu'il avait en-
voyée à Otrante, sous les ordres de Paul Frégoso : il ne vou-
lot pmit permettre qu'elle profitât des guerres civiles des
Tares pour tenter des conquêtes en Orient ^ C'était plus près
délai qu'il voulait employer toutes ses forces, et il destinait
la Romagne entière à devenir l'apanage de son neveu favori.
Dès le 4 septembre 1 480 , il avait ajouté la principauté de
Forli à celle d'Imida que possédait déjà Jérôme Riario. Pour
la lui donner, il l'avait «nlevte à la maison Ordélaffi qui l'a-
vmt possédée c^t cinquante ans. Pino des Ordélaffi, le der-
nier des princes de cette famille, venait de mourir, destinant
son héritage à un fils naturel qu'il laissait en bas âge. Ses
deux neveux, Antoine*Marie et François-Marie, fils légitimes
de Galéotto, frère de Pino, prétendaient, peut-être à plus juste
titre, â une principauté dont l«ir onde avait voulu les exclure
en les exilant. Sixte lY se porta pour juge de leur débat, et les
dépouilla tous deux au profit de son neveu, sans qu'aucune
poissance voi«ne osât réclamer contre cette criante injustice 3.
II ^voya ensuite ce même neveu à Venise pour resserrer l'al-
liance qu'il avait conclue le 1 1 mai 1 480 avec cette puissante
république^ et pour méditer avec elle le partage de nouveaux
état» 3.
Pour subvenir aux guerres qu'il avait soutenues, aux guerres
bien plus importantes encore qu'il projetait pour suffire au
loxe extravagant de ses neveux et à celui de sa propre mai-
»iiiwff. ifavagiero. p. ttc». —jaeob, Vofaterr, p. H8-I52. — > Jaeob. YolaterranU
tHar, Kom. L. II, p. m. — mar, Parmense, T. XXII , p. 345. — Marin SùmUo, Vite
^Dnehl dl Venezia, p 1211. ~s Jacobl Volaterrani, Dior. Roman, p. i40.
1 86 HISTOIRE DE» BiPDBL»|UE6i ITALIENEES
soD) Siite IV avait besoin de toates les Fessoiurees de la fisea*
lité, et il soumettait à ce systèane son adiiicDi8lratijO& eeqié'-
siastiqae autant qoe la sécalière. Il rendit T^énaox à peu près
tous les emplois de la eour apostolique, il en annonça le pm
d'avance^ et il le fit ocfnnaitre publiquement * • Il Tendit aussi, ,
mais un peu pins en secret, poui^ ne ps^ ^e accusé d^ simo«-
nie, les plus ridbes bënéfiees, et même qnelques Qhftp^W)l. de-
eardinanx ^. Ilpoussa plus loinqu'au<^n de ses pné^oesseurti
le soandale da commerce des indulgenees. D'autre part il e^->
torqua de l'af^aoïtde ses^ sujets de Borne, comme souverain
et non plus comme prdtre; il soumit le commerce des grains
aub plns^ cruel monopole. An moment de la récolte, fl achetait
tous les blés de ses étate au prix fixe d'un ducat le rubbio :
lorsque sei^ magasins étaient remplis^ il causait des famines
artifimelles, tantôt par des ventes considéimblefr qu'il faisait
aux Giénois, tant6t par des passages de troi]qpes. Il ne laissait
sortir aucun blé de ses magasins^ jusqu'à ce que le cours du
marché se fftt élevé à quatre on* cinq ducats le ruld>io. Alors
il fixait lui-même le prix de ses grains, et ne penpettait plna
aux boulangers, souspdne de priscm^ d'em]^oyer aucun antre
blé que le sien. Souvent, par ses manœuvres, le pain manqua
tout à fait dans ses états. Alors ii achetait à bas pm des blé»
de Naples de la plus mauvaise qnalité, et il forQsyt à n'en con-
sommer aucun antre. On fut pluftd'une fois réduit à se noor--
rir d'un pain noir qui, pw son odeur inleete, annonçait la
corruption du grain dont il était fabriqué , et l'on, attribua à
cet aliment les maladies pestilentielles qui dés(4èrent Rome,
presque chaque année pendant tout 1& règne dis Sixte lY '•
Jérôme Riario cependant éttùt arrivé k Venise.; il y avait!
1 Raphafil de Voltem en a conservé la liste avec les prix, que Raynaldos publie
d'après lui. Ce dernier ose mâme Jeier» A oelte occasion, un léger l^iAine sur le pape.
Annal. Eccleên i48l, S ^» P» 336. ^ * HiaxiQ Uomano diSufano. Infes9urn^ T. Ul„
P. II, p. 11&8. — s Ihid. p. 1183-1184.
DU MOYBH AGE» 187
été reça avee deS'boiiiiearS'infliiis , et il lovait été i«$erit m
livre d*<Hr de la: noblesse yénitieDoe ^ Il Tenait proposer à
eette répnbIiq[ue.d*attaqQer à frais eommims on prinee yoisÎDi
et depactager ensuite entre eux les oonqiiôtes qn*il6 feraient
sur kd; la* Seignaorie âoit d'autant; pins disposée à entrer
dans oes projeta . ambitieux, que le pape étût vieux,, que smi
saoeesseuE pouvait avoir une politique différente, et ne point
songer, à défendre Jérôme Biario, tandis que la répiddique ,
forte de son immortalité, pouvait espérer de recueillir un jour
tout le fruit des combats qu'ils livreraient ensemble. C'était la
Buiison d'Esté que le pape proposait de traiter comme il avait
traité l'année précédente les Ordelaffi. Les Yénitkns avaient
vu avec jalousie Hercule d'Esté épouser Léonore, Me du roi
Ferdinand. Ge mariage, il est vrai, ne l'avait pas empécbéde
combattre son beau-^pèa'e dans la guerre de Florence ; mais
alors mtoie il- s' était rendu suspect d'une entente secrète avee
ses ennemis. Ferdinand, toujours irrité contre Venise, pouvait
trouver dmis les forteresses de son gendre des points d'appui
poor porter la guerre jusqu'au centre des états de terre^fierme
delà n^ublique. GeHe-ci, d'autre part, avait étendu sa do-
mination jusqu'aux frcmtières du duché de Milan; pour, la
porter élément jusqu'à celles de Toscane, les états du due
de Eerrare devaient Mre envahis ; et comme une partie de ces
étatsrelevait; delempire, l'autre de Téglise, les confédérés cpn-
'Vinrent que la république de Yenise s'emparerait des praniers
on de Modàne A de Beggio, et céderait à. Jérôme Biario les.se*
conds, ou le duché de. Ferrare ^ •
Les Yéoitîens cherohment des sujets de querelle an duc de
tïïmm pcoir commencer la guerre concertée avee Jérôme
* Jacobi Volaierrani, niarlum nomanvm, p. i AZ.'-MacchUweWj Istorie. L. VIIï, p. 4 U.
-^^ Petrl Cijrtiœl Clerîcl Aleiiensis, De bello FeiraHensi, T. XXI, p. it«3. L'aotetir
v^t i Venise pendam to«ie eette guerre. — ATic MacMaifelU, L. Vlll, p. 4i4.— Marin
Sanuio^ Vite û€ puchi. p 1214.—». Ant, Sa&ci/ico. Deçà IV, L. I, f. 22».— Bcm. Corto.
^•vr,p.iooi»
18à HISTOIRE DES REPUBLIQUES ITALIElirNES
Riario et le pape. Ils avaient avec lai quelques contestations
sur retendue de leurs frontières, et se faisant justioe par eux-
mêmes, ils avaient bâti troi^ redoutes sur le terrain même da
duc. Us nommaient un juge vénitien qui résidait à Ferrare
avec le titre de vidame, pour rendre justice à ceux de leurs
sujets qui habitaient les états de la maison d'Esté. La juridic-
tion de ce vidame avait aussi donné lieu à des différends entre
les deux gouvernements. Enfin, la république, comme sou-
veraine des lagunes , prétendait avoir droit au monopole du
sèl ; elle ne voulait point permettre aux habitants de Ferrare
de recueillir celui même qui était déposé par la mer sur leur
territoire, et elle se plaignait, comme d'une infraction aux
traités, de toutes les tentatives des sujets de la maison d*Este
pour profiter de leurs marais salants. Le duc de Ferrare, sen-
tant sa faiblesse, avait offert de donner au sénat satisfaction
entière sur chacun de ces griefs. En même temps, il avait in-
voqué la protection du pape, son suzerain, ne sachant pas en*
core qu'il devait le regarder comme son principal ennemi.
1482. — Cependant, quelques efforts que fit Hercule d'Esté
pour apaiser les Yénitiens et se réconcilier avec eux, il ne put
éviter que la guerre lui fût déclarée le 3 mai 1482, au nom
du doge Jean Mocénigo et de la république de Venise, comme
au nom du pape Sixte lY et de Jérôme Biario , seigneur de
Forli et d'Imola. Dans la même ligue on vit encore entrer
Guillaume, marquis de Montferrat, la république de Gènes,
et Piérre-Bfarie de Rossi, comte de San-Secondo dans Fétat de
Parme. D'autre part, le roi Ferdinand, le duc de Milan et les
Florentins, après avoir inutilement tenté de détourna Sixte lY
de cette guerre injuste , rappelèrent leurs ambassadeurs , qui
partirent de Rome le 14 mai. Ils' déclarèrent qu'ils défen-
draient le duo de Ferrare , et ils admirent encore à leur al-
liance Frédéric, marquis de Mantoue ; Jean Bentivoglio, chef
de la république de Bologne, et la maison Golonna, qui reçut
DU MOTER AG£. 189
gârniâoa napolitaioe dans ses flefis de Marino et de Genazzano,
presque aax portes de Rome i.
L'Italie se trouyait ainsi divisée en deux grandes lignes : la
guerre éclata partout en même temps, et elle fat d'autant
plus ruineuse pour les peuples , que de plus petits seigneurs
ayaient été admis à T alliance des grandes puissances. Dans
Tétat de relise, les Golonna sortaient de leurs chftteaux-forts,
pour porter le ravage dans les campagnes voisines; et les rues
mêmes de Borne étaient souvent ensanglantées par des com-
bats. Les SaveUi s'étaient joints à eux , tandis que les Orsini,
n^éooutant que leur antique haine pour ces deux maisons,
avaient embrassé la cause du pape. A peu de distance de là,
les Florentins avaient rétabli , les armes à la main , Micola3
Yitdli dans sa seigneurie de Città di Gastello, et en avaient
chassé Lorenzo Giustini, créature du pape, qui, pour se ven-
%&c , ravageait les campagnes. Enfin le duc de Galabre , qui
avec l'armée napolitaine avait voulu porter du. secours à son
beau-fr^eje duc de Ferrare, s'était trouvé arrêté dans l'état
de B<»ne par T armée pontificale ; et il contribuait de son côté
à dévaster le patrimoine de Saint-Pierre^. En Homagne, Jean
Bentivoglio se trouvait , avec les Bolonais , opposé à Jérôme
Biario ; Ibletto de Fieschi , descendu des montagnes de la
Ligurie, ravageait les frontières milanaises ; Pierre-Marie des
Rossi , auquel les Vénitiens accordaient un subside annuel de
vingt mille florins pour troubler le gouvernement de Milan
dans l'état de Parme, portait la désolation autour de ses nom-
breux châteaux. Il soutint dans Torre-Chiara, Noceto, Berceto
et Preda Balda, des sièges obstinés, et lorsqu'il mourut à
Torre-Chiara, le V' septembre 1482, à l'âge de quatre-vingts
^ PeM Cymœi,.De bello FerrtaienH, p. ii 95-1201. -^JacoH VoUuemmi, Wat. hxh
mon. p. i7i-i7ii.<-iMfirio Homaiio diStefanolnffssura. T. UI, P. U, p« ii49. -> * Soi"
Pfone Ammirato. L. XXV, p. 149. — Andr, EliwagierOy Stor. Veneu, p. iiTi. ~ Aie,
MticchiaveUk K VUI, p. iie.—mariodi Homa, del«ouàodi UrnUporto.!. III, P. II,
«C. UqL p. 1071.
jr^
190 HISTOIRE DBS BEFtJBLIQUlS ITALIENUXS
ans y il fat remplacé par son fllsGoido deBoÉn, qûiiMiitra
pour la mènie cause la même obetîiiàtion et la même orateur * .
Mais la guenre prhieipale était cependant eelle qui ae faviait
isur les frontières du.Ferrarais. Elle présentait, par la nalaie
du pays, un genre de diffiooltés que les soldats smè peu aeco»-
tumés à surmonter. Presque toute la campagne lâknée cntse
Bavenne , TeflJse et Ferrare, est coupée par d'innoaibndides
canaux, ou inondée par des eaux stagnantes. Tous les fltnves
qui descendent du Taste amphithéâtre quetomentrApe&nin
et la longive chaîne des Alpes se rémûsseatà reoLtrémitéde
la mer Adriatique. Le gracier et le Iknon ^*iis «eulralnent
îles montagnes rehaussent lemt lit, enoembrent leur embouh
dHfure, les forcent à se couper par des milliers d'Ues, et les re^
versent enfin dans de castes lagunes, qui ont trop pen de
fond pour qu'on puisse les franchir dans des lialeanx , et qui
sont cependant; U*op .inondées pour que des iMmunes oq dés
:^Taux putesent s'y engager. La route de Bdogne à Eerrars
tnnf^^^une partie de ces marais, et là même Vœil n'y dé*
couirre point de limites ; d'aoti«s, bien plus oonsîAértdbtes,
«^étendent auHlessoos de Roirigo, autour deStesola, d'Adria,
de Gomacdno, petites bittes qui, comme Venise, Sr'élèYent an
i Lt gnerte de Plefre-llarle de Rossi est racontée avec une^flttUdleuse ndoiAie duii
tel }oiiniaude Pamoy coniKHés paruo ptrtiMa de ceUftinMMMi(a8P.ifa/. T. XXII,
p. 379-898). Ces Joarnaux flniisent avec rannée 1482. Ils sont écrits dans nn latin bar-
bare, remplis de contes populaires, et de circonstances ninatieases sur l'admiiiistrft-
iioD de la iusiioe ; mais Us font assez bien connaître Tanarcbio des pays gpuvei;Bé8 an
nom du duc de Milan, les brigandages continuels auxquels ils étaient exposés, et fim-
possibilité où étaient les Citoyens d'y obtenir aucune Justice. Tons ces détails échap-
pent à llûsioire, parce fuHls ne sont relevés par aucun grand irait, parce qu'^acuBa
vertu, aucun sentiment généreux ne réveille l'iniérét dans ces petites villes, une fois
qu'elles ont perds leur liberté; mais lorsqu'on a le courage de lire josqi/au bout de
pareils Journaux, on reste convaincu que le silence des bistoriens sur le sort des peu-
ples esdavasninâiqae ni leur bonheur ni leor sûreté. Les Partnsians éprouvaient, à
cette époqoe, tons les troubles de la république la iita» laetieuse, sans en dtredédooar
mages par aucun sentiment noble et étevé, eans avoir uno volonté qui fAt à «s, aans
oéritor «aQn -que Pblktorien, en voyait tours asiiffranocs, s'aMélâl pour iei rap-
peler.
DtJ MonSN AGE. 191
nâHed àm eaot. Les iles formées par T Adige, le Vày le Tàrtara,
6D&t appelées des Poléshies. L'ane des plus grandes et des
plQ6 fertiles est celle de Sovigo , qui est baignée en même
tefiips par l' Adige et Id P6, et eoopée par de nombreax ca-
TLMt. Laeonqnétede eesPdésines, la conquête de ces grosses
biMiTgades qoi hélèrent an milieu de ces immenses marais,
étâtH une entreprise rîi^Uèrement difficile ^ . Les Vénitiens la
tentèrent sous là direction d'nn général qn*on aurait dû s'at-
tendre à Toir dans le parti opposé.
rhomme qu'Us mirent i la tète de leurs armées fut ce
même Robert de Sati-*Sévérlno, qui, moins de trois ans aupam*
timt, avait, par son heureuse hardiesse, plaeé Louis-le-Maure
à la tête de la i^nce de Milan. Soit qu'un si grand service
foi inspir&t des prétentions exagérées, soit que le régent de
Hâan troQTêt toute reconnaissance onéreuse, Robert de ftam-
Sé^âîno f ut déclaré rebelle, le 27 janvier 1482, aussi lûen
^t ses «ept flis, tous en état de porter les armes. Il occupait
alors le chàcteau neuf de Tortone; il en sortit avec quatre-
vii^ imvaliers et un grand nombre de gens de pied ; et, s'pu-
vrant un passage au travers d'une petite armée milanaise qui
^nait l'assiéger, il gagna les montagnes de Gênes ; de là il
s'empressa de passer à Venise, pour offrir ses services à une
îépoblique qui faisait la guerre à son ingrat assodé ^.
San-SéVérino ne démentit point sa r^utation dans cette
campagne difficile, encore que la nature du terrain ne lui
permtt ni marches rapides, ni batailles, ni actions d'éclat.
Pour attaquer les Polésines, il employa tour à tour les ba-
teaux et ï infanterie ; tantôt il formait des tranchées tivec des
fagots, au travers des lacs du Tartaro, entre Legnago et Ro-
^igo; et c'est ainsi que plusieurs de ses capitaines is*empa«
rèrent de Mellaria , de Trécento et de Brigantino ^ ; tantôt il
* Jf. Ant, SabelUeo. Deçà W, L. I, f. 230-231. — * Alberii de tUtpaUa^ Annai, Placmi,
T. XX, p, wu^^ SabelUco, Deçà IV, L. i, f. 23i« v,
192 mSTOlEE D£S EfPUBUQUlSS ITALIEKBISS
faisait ayanoer par les bouches du Pô de petite bàtimepto^ipi
demandaient peu de fond ; c*est ainsi qpae Damiaao lléro i^
Adria, qu'il pilla avec une extjréine cnioutë, et dpst il mat-
sacra une partie des habitants. Les soldats de la républîQae»
longtemps engagés dans ]a guerre contre les Tores, appor-
taient en Italie les habitudes de férocité qu'ils aTcâait contrae-
tées dans ces combats à outrance. Bamiano MorQ prit enecHEe
Gomacchio, et emporta de force les trois redoutes que le dnc
de Ferrare avait fait élever sçr le Pô, à P^bosellft ^
Le commandement de l'année que la ligue avait envoyée
dans le . Ferrarais pour défendre le due H^rwle» avait été
confié à Frédéric de. Montéfeltro, di|0 d'Url^^ Mais, sait
que ce capitaine illustre fût affaibli par l'âge, ou^'il eédàtÀ
la supériorité de San-Sévérino, il parut avoir du4ésavwtPgc
dans toute la campagpe. Au reste, quoique les deux arm^
fussent nombreuses, de part et d'autre on ne 1^ fttiagur qie
par corps détachés , pour de petites expéditions^ Ghaqiie
parti, séparé de tous les autres par des maraûi, ou .par 4w
canaux et des rivières, sur lesquels on n'avait point encore
l'art de jeter promptement des' ppnts,, devait se, eoiidiiire
d'après ses propres convenances, et sans suivre un p^ gé-
. néral. . ; .
Dans cette guerre, le fer des ennemis était moins redouta-
ble que le climat meurtrier qu'il fallait . braver au milieu des
marais. Aussi la mortalité fut effrayante parmi 1^ soldatf ,
parmi les paysans employés aux corvées, et même pansai les
officiers supérieurs. Les Vénitiens seuls perdirent trois géné-
raux en che&, Pierre Trivisani, Lorédano et Damiano Moco.
On assura que les fièvres pestilentielles avaient emporta plfs
de vingt mille personnes entre les deux armées ^ .
Le dnc Hercule lui-même tomba grièvement malade, w
> Sabellico, Deçà Iv, L. L f, 232. — * IbHll, U 333, t..
DD MOYEN AGE. 193
dMMnent où H aurait en besoin de toute sa force et de toute
sa. présence d'esprit pour se défendre. Cependant sa femme,
LéoQore d'Aragon, suppléa par son courage à tout ce qu*on
devait attendre de lui. Elle Youlait réyeiller le %èle de ses su-
jets pour la maison d'Esté, par tous les moyens qui pouvaient
agir sur leur imagination, et elle essaya aussi de l'enthou-
siasme rd^;ienx. Elle fit venir de Bologne un ermite, qui,
dana ses prédications, encourageait le peuple à combattre,
comme dans une guerre sacr^. Cet ermite prêcha huit fois de
suite devant une assemblée toujours plus nombreuse. Lors-
que les Ferrarais commençaient enfin à s'animer par ses dis-
cours, il déclara qu'il allait créer une flotte de douze galions,
qui mettrait en déroute l'armée vénitienne occupée au siège
de Figbemolo. La ville entière écouta cette promesse avec
étonnement : le bon ermite seul ne doutait pas d*avoir le
pouvoir des miracles. Au jour fixé, il déploya du haut de sa
diaire, dans la cathédrale, douze drapeaux surmontés de
croix, sur lesquels étaient peints Jésus-Christ, la Vierge et
quarante saints. Il descendit alors au milieu de son troupeau ;
il fit porter ses drapeaux devant lui, et sortit de la ville, ac-
compagné par tout le peuple. Il suivit la rive droite du Pô,
pour arriver au camp de la Stellata, d'où il voulait adresser
un sermon à Bobert de San-Sévérino, campé sur la rive op-
posée. Tout le long du chemin il avait chanté des oraisons et
des antiennes, auxquelles le peuple répondait. Frédéric d'Ur-
bln, en voyant arriver cette étrange procession, se prit à rire;
il comprit qu'il n'y avait aucun parti à tirer d'un homme
aveuglé le premier par sa crédule superstition, et qui comp-
tait, pour obtenir la victoire, sur ses images miraculeuses,
non sur l'enthousiasme qu'on lui demandait de communiquer
aux soldats. « Mon père, lui dit-il, lesYénitiens ne sont point
« possédés du diable ; au lieu de les exorciser, retournez à
« Ferrare, et dites à madame Éléohore que c'est d'argent,
vu. 13
194 HISTOIRE DES ^PUBLIQUES ITALIENNES
«^ d*airtiUerie et $i'|i.oxpines, non' de pri^r^, gijie upps ayqps
« besoiq pour chasser le9 eaiiemis. » L ermite, I9 tête basse,
s'en retourna à Ferrare avec ses drapeaux ' . Cependant Fi-
gheruolo fut pris le 29 juin, après cincjuante ^pors de çiége?.
Leudénara et la Badia le furent aussi^ ^^ovigo enfia| c(^pit4le
du Polésine, et ancien patrimoine de 1^ maison 4^^!p' .^
rendit à son tour le 17 août'. . . ,
Sur ces entrefaites le duc de Galabre était ^ntf^ da^sl^lat
romain, avec V armée napolitaine (ju*il yopiailj coi{(]uire à.
Ferrare. Le pape lui avait d* abord opposé Jérôme Biario,
qnUl avait nomm^ ^onfalonier de TÉglise; mais ne se ^ant
pas pleinement à la capacité de son neveu, il avait de^ns^n^j^
aux Vénitiens et obtenu d'eux Repart Malatest^ ^ui i^tqit
venu renforcer son armée avec deux mi^e cpa^re çepts €^67
vaux, et qui en avait pris le commandemefit. Malatesti passait
pour un dés meilleurs généraux du siècl^ ; il forç^ 1^ duc de
Calabre à accepter la bataille le ^i août, à Gampo-liiof.to
près de Vellétri^ 11 avait dans son aqnée J.ean-Jacquf^ ^}9Pr.
nino, iils de celui que Ferdinand avait fait périr d*une ma-
nière si perfide; il T appela à la tète de ses troupes : il lui dit
qûé le moment était venu de venger la mort de son père, tué
en trahison par son hôte ; il lui confia en même temps le couçi-
mandement de l'aile droite, qui devait la preiaj^e attaquer
les Napolitains. La valeur et le ressentiment de pccinino, et
des soldats de son père qu'il avait avec lui, contribuèrent
beaucoup à la victoire*. Elle fut vivement dispu^^jj on
combattît de part et d'autre avec un acharnement peu cpip-
mun dans les guerres d'Italie; plus de mille morts demeurè-
rent sur le champ de bataille, ce qui était beaucoup poyr des
« Marin SanutQ. Vite de' MuM di Vene%ia. p. 1318. -^< Peiri Cyrnœi De bello Fer'
rariemi. p. 1202. — Andréa Navagiero, Stor. Venez, p. ii74 — ^ib. de Rtpalta^ Ann.
Plùeent. p 966. — Jf.'-^. SahelHco. Deçà IV, L. I, f 233. — * i^arin Sanuio.p. 1220.—
* AUf. de MpqUa. Min. Ptoc«nili|l. T, XX, p. 967.
armées peu nombreasea, f\ des copibaUaDto. tout revêtus fid
fer. Enfin, les Napplitain^ fièrent mis çp c^oijite; le duc d«
Calabre fut çauvé j^ar les Turcs qu*il avait pris ^ son service h
Otrante, et qui combattirent vaillammi^nt pour hii ) vkfM
Bobert Malate^ti lui fit un grand nombre de prif^piersi
parmi lesquels se trouvèrent trois cent soixante g)Bnti)shomn
laes * . Quçlqu^ compagnies de Turcs fuijçnt a^ussi enveloppées,
et posèrent les arçiea ; bientôt on les leur rendij^ pour les fmff
entrer au service du. pape; elles furent 4ès Ipf^ employées i|
fiome pour contenir }e peuple dans les fètjBs et les cérémonM^
l^iibliq[ues, et il ne parait point qu'on ait essaya de les con**
vertir^.
Ensuite de la victoire de Campo*BIor.to, p|usieuf«i d^ çl^^^
teaux des Colonna, où les Napolitains avaient gfirnis^Oi forint
repris pari* armée de rÉgUse ; mais on ne permit pas à Bobert
Malatesti de pouESuivre longtemps aes avantages : rappelé à^
Rome, il y mourut le 10 ou le U septembre', mo^ns d'un,
mois après sa victoire^ et le comte Jérôme Biario fut violem-;
ment soupçonné de l'avoir empoisonné. Ce comte et toute la.
çoor de Rome ne dissin(iulèrent point la jpie qu'ils éprouvaiei^t
de cette mort. Aucune récompense , disait Riario,. aauraij;;
parii suffisante à l'ambition de Bobert, el cepx àqii^ il avjsiit
rendu service auraient dû porter tput le {)oi4$ de^ ^n arrp';-
g^çe. On lui éleva cependant unç statue de brp^ze à Bome, .
avec lés, mots de César, Veni^ vidi, mci, pour insfçmption. Mais»
en mènoie tçmpf Jérôme Biar|o s'approcha de Bimini, pour.
enlever cette ville à la maison, Mfilatesti, Bobert, qui était âgé,
de quarante ans lorsqu'il mourut ,, n'avait point d'enfants de,
•
^Diarium Romanum, Stefani infesêurœ, T. m, P. H» p. 1156. (Cette partie est en
latin.; Diario di homo^ del ^uUo di lHaalàpBHQ. T. U1».P. II« p. lOTT. ^JQC Vokae^
rani, Diar. Roman, p. iiif-^^eiHCynMiDp fisifo F&rari^ns. p. 19^4— 4ii((f'. Ifth'
voajçrQ p. ti70.r- tfqriiii Sanutç. p. 12^. --. M, 4. nubtUlco, Du IV, !.. i,f. aii» -«
^lOM Amfniri^o, U XXY^p^ (il.— 4(qAQ/UiKe/tt, U Vl^, p. iâ7« — * MoN* dH^
^oiQio di Nantiporto. p. 1OT8-108I.
tV
t96 HISTOIRB DES BÉPUBLIQUK ITALIEHIIES
sa femme, fille de Frédéric, doc <f Urfcin. Il laissait sealemenit
im filB natord, Pandolfe, aaqael il destinall sa soccession,
d'après le droit reçu dans la maison Mafailesti, oùrhéritage
ayait presque tonjonrs été transmis de bâtards en bâtards. En
mourant , il confia ce fils à la protection de son bean-père le
doc dUrbin, quoique cehii-ci commandât l'armée ennemie.
Mais, par une singulière fatalité, le duc d^Urbin mouirot le
menue jour à Ferrare , en recommandant à son gendre la dé^
fense de sa famille, et lui demandant son amitié pour son fils
GuidTbaldo, qui deTait lui succéder. La femme de Robert
reçut en même temps, à Bimini , la nouvelfe de la mort de
son père et de son mari , et die trouva dans les Florentins,
que ce mari Tenait de combattre, une protection contre r%lise
pour laquelle il avait vaincu *.
Tout semblait prospâ*er à la ligue du pape et des Vénitiens ;
4;ar, pendant que le duc de Galabre était battu à Gampo^Mor*^
to, Robert de San-Sévérino avait passé le Pô devant Fetrai^e;
il avait fortifié le pont qu'il avait jeté sur le fleuve, et il s'était
emparé du parc que Borso d'Esté avait formé et entouré de
murs, à un mille de sa capitale. Cette enceinte , plantée de
bosquets charmants, coupée de canaux et de pièces d'èau , et
remplie de bêtes fauves , avait été dévastée par les enneâiis.
Entre elle et le pont , ils avaient élevé un fort , dont les bas^
tions et les ravelins étaient entourés de larges fossés, en sorte
que les assaillants étaient protégés par une citadelle, dans leurs
déprédations, jusqu'aux portes de la ville >• Les Florentins,
découragés par tant de mauvais succès; semblaient prêts à se
retirer de la ligue. Gostaozo Sforza, qu'ils avaient appelé pour
être leur général, n'avait jamais pu se résoudre à sortir des
t MacehiaveltL L.VIir, p. 4i9. — 56fp{one Ammirato. L. XXV, p. 153. ^Jacohi Vo-
iatetrani Dior. Homan, p. it9, -^Andr. Navagiero, Slor. Venez, p. iiTT. — Stefano
infenwa, Dlar. Kontan. p. iiS7.— Santtfo, Vite de* mehi. p. 1234 — Diorio Hanumo
àeiNvtùlê di «amipoHo. p. lois. — àlUgf» ^ttegretti Diari SanesU p. 8ii. — * tf. A,
SoMAco. D. IV» L. I, f . 23f , T.
.00 HOUH A0S. 197
loars de Pësaro * • Mais pendant que les Vénitteni se oroy aient
assarés de partagée bientôt leors cooiiuâteB, le pape «TaHKléjà
esatamé une négooîatkm secrète atec Ferdinand. Le 1 4 octo-*
hre , il lui envoya à Naples le cardinal de ^int*Pierre ad
mncula..li âemble qu'il se sentit alarmé de T agrandissement
des Yéaiti»s sur les frontières de Tâiat de l'É^îse, qu'il com*
prit que, leur ambition ne respecterait pas longtemps le traité
de partage négocié avec eux , et peut-^étre aussi que Jérème
Biario avait déjà éprouvé de kur part quelque mortificatioQ.
Duiomos parut^il empressé de détruire l'ouvrage auquel il
avait travaillé jusqu'alors avec tant d'ardeur. L'une et l'autre
armée apprit avec un ^al étonnement qu'une trêve avmt été
coneloe, le 28 novembre, entre le pape et Ferdmand. £lle fut
bientôt suivie d'une paix signée à Rome, le 1 2 décembre, dans
la <;hambre même du pape. Ce traité de paix portait la garimtîe
de l'état du duc de Ferrare, la restitution de toutes les eon*
([oètes faites de part [et d'autre, une alliance |pour vingt ans
entne tontes les parties contractantes , alliance dans laqu^
les Vénitieiis eux-»mémes ^raient admis, pourvu qu'ils y aooé»
daseent avant l'expiration de trente jeurs ; enfin un snbside
aanuel de quarante mille florins d'or, que les alliés devaient
payer en commun au comte Jérôme Riario , à titre de soldée.
Les différends entre les Florentins et le pape étaient r^oûs à
l'arlHtrage des ambassadeurs d'Espagne ^.
Sâte lY mit, à l'acoomplissement des conditions de cette
nouvelle alliance, la même impétuorité avec laquelle il s'étut
^agé dans la précédente. Il écrivit immédiatement au doge
devise, pour le sommer d'accéder à la pacification de
f Italie, de restituer ses conquêtes, et de s'abstenir de tour-
menter davantage la ville de Ferrare qui relevait du Saint-
^Scifione Anmirato. L. XXV, p. iss. — * Jacob, voltuenanï DUv. Boman. p. i8t.
"WaHodiSiomadelNoiaio diNanUporto.t. ^il, P. II, p. f090.*-jraecMave^/<. L. Vlii,
p. 4!».— Marin Sanuio, Vite de' Duchi p. 12!15.
198 HISTOIBE DES RÉPUBLiQUES ITALIENlilES
iSitége, et qtte Sixte ptenait sous sa protection immédiate ^ .
Efr même temps, il écrivit au duc de Ferrare pour l'assurer
que sa réconciliation était sincère ; il écrivit aux Ferrarais
pour les exhorter à une vigoureuse défense, aux Bolonais et
à Jean Bentivoglio, pour l'es exciter à soutenir la maison
tf Este ^. Avant de pouvoir recevoir une réponse du sénat de
Yenise, il permit au duc de Calabre de traverser le territoire
de FÉglise pour se rendre à Ferrare, et il lui laissa engager à
sdti service Tirginio Orsini, et plusieurs autres capitaines,
^i étaient auparavant dans F armée de FÉglise, et qui par-
tirent dé Rotiié le 30 décembre ^. 1483. —Enfin, le 10 jan-
"Wer 1 483, iladrè^ë à Fempercur et à touls les princes deFÉu-
fope, une sorte de manifeste contre les Yénitiens ; il les accusa
ff une coupable obstination à continuer ta guerre ; il promit
dé les en punir par toutes les peines ecclésiastiques en son
potitoir ; et en è^et, le 10 juin suivant, il frappa les chefs de
la tét>ubliqtte d'excommunication, et tout son territoire cFin-
lerdlt^
' Lès Yénitieiis virent avec autant d*indigna(ibû que de sur-
prise le pape punir en eux, comme un crime, ta guerre même
à laquelle il les avait encouragés, et ^à'!l avait soutenue de
oobcert avec eux. Ils rappelèrent de Rome feur ambassadeur,
Frienïçois Diêdo, et ils se préparèreAlS seuls à tenir tète à toute
F Italie '. Un congrès de leuré ennemis avait éié assemblé à[
Criâbotiè, 1è dernfèr jour de février, sons la présidence de
François de Gonzague, <;ardina{ de Mantoue et légat du pape.
Mj s'étaient réunis^ Ns duc de Éalabre, fe duc de Ferrare,
Louis Sforza^-td-lÉta^, régentf de Milan, avec dieux dé ses
frètes i Laurent de Hédiéis, Jean BentiVo^o, të mat'quis dcf
1 Episiolœ Poniiftcis apud Petrum Cymcntm» Dêbello Ferrar. p. 1209, 1210. — Andr,
Navagiero, Sior. Venez, p. U79. — > AnnaL Becles. Haynald, 1482. S i7, 18, p. 309.
— s Stefani infeetwœ Dior. Boman, p. U7i* ^* BuUa excommÊaOeaiionie op. ÊOff-
naUL 1483, S 9-iôy p. 319. -- • Jmd, Nwtaai&r^ p. 118Q. — Martn Semim* it <flt9* —
If. Ant. SabelUco. D. IV, L. II, f. 2M.
DU MOYlSn AGE. 199
Maîitoae, lean*Jacques TriYuhdo, et plusieurs capitaines
moins renommés *. On y aurait proposé d'envahir en même
temps les domaines de la république, du côté du Slilanais, du
Mantouan et de la Romagne. Hais il était reçu à tette époque
qu'on pouvait faire la guerre pour le compte de ses allî^, sai^s
^y engager en son propre nom, et ni le duc de Milàn, ni le
marquis de Mantoue , ne voulurent entrer les premiers en
hostilités directes avec les Yénitiens, en sorte que la diète se
sépara sans avoir rien conclu. Cette réserve n'empêcha pas la
guerre de s'étendre aussi sur les frontières qu on avait voulu
préserver. Bobert de Sari-Sëvérino entra dans le Milanais , le
12 juillet, espérant y réveiller le zèle des partisans de la du-
chesse Bonne. Louis-le-Maure ût, à son tour, ravager les ter-
ritoires de Bergame et de Brescia \ mais Tune et l'autre expé-
dition n'eurent aucun résultat ^.
Cette guerre, dans laquelle on voyait engagées les pre-
mièrés puissances de l'Italie, était soutenue de part et d'autre
avec une mollesse, avec une lâcheté qui contraste, d'une ma-
nière bien frappante, avec les guerres que les Français de-
vaient bientôt porter en Italie. On n'y voyait ni batailles
générales, ni sièges de villes; on n'attaquait jamais q^ue de
faibles châteaux , et les escarmouches mômes étaient peu im-
portantes. Les deux armées s'enfermaient dans des retran-
Qhements à peu de distance l'une de l'autre; elles se mena-
çaient et ne s'attaquaient point; elles attendaient dans leur
camp la mortalité, conséquence inévitable du climat malsain
'des bouches du Pô, et elles n'osaient pas braver la mort ,dans
les batailles. Le peuple de Ferrare, accablé par leti logements
des soldats, les contributions et le pillage, paraissait ne vou-
loir plus faire de sacrifices pour la niaison d'Esté ; et cépeu*-
^ Stàipion^ âmmitaio. L. XXV, p. ihl.-^Alb. de Ripalia, Annal. Plac. T. XX, p. »fo.
•^Bern. CohOy 8ior. MiL P, VI, p. ioo4. ~ > Andr» Navagicro,Slor. Venez, p. 1184.—
^etri Cyniœi De bello Ferrar, T. XXi , p. 1219. — H. A. SobeUÛo, 0. IV, L. H. f; 237.
"SÔO HISTOIRE 0£S ldbt7BX.IQtT£S ITALUSniiBS
dant rien ne fài^it prévoir la fin cTune g^aerre qni n'étsût
dgnalée par aocun exploit glorieux. Le due de Galabre avait
potté le ravage aatour de Brescia, et les Milanais autoor de
Bergame; le marquis de Mantoue avait pris Asola, châteaa
sur le fleuve de Ghiesa, qni avait appartenu à ses ancêtres.
Dans Tétat de Parme, les Bossi ne pouvant pas résister plus
longtemps aux forces supérieures qu'on dirigeait contre eux,
s'étaient enfuis vers ks montagnes de Gènes ; de là ils avaient
passé à Venise ; et le sénat, pour les dédommager des fiefs
qu'ils avaient perdus, leur avait assigné une solde ecmsidérable.
Mais ces petits succès de la ligue qui se faisait appeler sainte,
parce qu'elle avait le pape à sa tète, n'apportaient aucun sou-
If^ement au duc de Ferrare. L'ennemi était toujours campé
ma portes de sa capitale, et ses sujets avaient été deux ans
de suite privés de leurs récoltes. San^Sévérino cependant
n'avait jamais osé planter ses batteries contre les anurs de
cette ville; le duo de Galabre, d'autre part, avec une araiée
fort supérieure, n'avait su, ni amener les Vénitiens à la ba-
taille pour faire lever le siège, ni attaquer la redoute bâtie
entre le pare et la rivière. Il manquait alors à l'art de la
guerre les moyens d'arriver aux opérations décisives; on
n'attaquait que ce qui n'était pas défendu, et on ne savait ni
forcer l'ennemi au combat, ni ouvrir les murs d'une place
dans laquelle il s'enfermait * .
La guerre semblait se faire en Toscane avec plus de m(d-
lesse et de lâcheté encore. Les Florentins n'avaient d'autre
ennemi qu'Augustin Frégoso, iiouveau seigneur de Sarzane,
quelesGéncHs mêmes ne secondaient pas ouvertement. L'armée
destinée à le combattre était considérable ; elle aurait suffi de
reste pour emporter Sarzane après un si^ qui n'aurut fa
être long ; elle ne l'entreprit pas même, et elle se borna à de
> M' AnLaabetUce* 0. IV» L. Il, r. 239.
DU MOYJBH AGK. 201
ittuérables escannoacfaes ^ . Les Seilui» avaient (xwKtraot^ al-
liance avec les FloroDtias; ils n* avaient pliw; pour epo/omis
que leurs émigrés, qui s' étaient enfermés dans Monte-Ileggiolû;
mais ils essavèrent vainement de les j forcer ^. On aurait dit
que les soldats italiens ne connaissaient plus d'autre moyen
pour entrer dans une place qne d'attendre patiemment le dkh
ment où leurs ennemis en sortiraient.
Cette manière de faire la guerre dut paraître Inen étrange
à Bené U, duc de Lorraine, que les Vénitiens appelèrent cette
année en Italie pour prendre le commandement de leur armée.
Leur traité avec ce prétendant au royaume de Naples, qu'ils
voulaient opposer à Ferdinand, fut signé le 30 avrU, ou, selon
d'antres, le 9 mai 1483. René s'était engagé à leur amener
quinze cents èbevanx et mille fantassins, et on lui avait promis
une solde de dix*sept ducats et deux tiers par mois pour
chaque lance, composée, suivant l'usage de France, de six
bemmes à cheval. On y avait ajouté une gratification de dix
mille ducats par année pour la table du prince '. Kené ne par-
vint à Venise qu'après avoir perdu beaucoup de temps et sur-
monté beaacoup de difficultés dans sa route. Le pape, averti
de sa venue, avait menacé d'excommunication tous les princes
d'Allemagne qui lui accorderaient un passage , et le duc de
Lorraine fut forcé pour avancer à plusieurs négociations et à
plusieurs détours. Il y avait peu de temps qu'il était dans le
camp vénitien, et il avait eu à peine le loisir d'étudier ce sys-
tème de guerre si différent du sien, lorsqu'il apprit la mort
de LooisXI, roi de France» survenue le 30 août 1483. Gomme
ce monarque avait cherché à lui enlever la succession de la
maison d'Anjou, en dictant des testaments injustes à son grand-
père et à son grand-onde, Heoé retourna en hàle dans ses
1 Sdpione âmmirato» L. XXV, p. 1S6. — * tbid. p. IST. — Attegretto AUeqretttDiari
Smeti. p. SIS.—* Marin Sanulo, XXIf» p. i7M.^Andr. BavagierOj Stor. Ven. p. U82.
-f eiri Ct/rnai De beUo Fenar. p. 1311. — H. i. SabelHea. D. iv, L. U , f. 336, y.
202 HISTOIEE DES HÉÏ'UBLiQUÊS ITALIENKES
_ • • • •
états pour chercher à recouvrer, pendant la minorité de
Charles YIII , ce que la poUtique de Louis XI lui avait fait
perdre • .
Une autre guerre était soutenue avec plus dû vigueur par la
république deYecise; c'était celle que loi faisait le pape au
moyeri des foudres de TÉglise. Sixte IV avait publié, le 24 mai,
à la fête de la Pentecôte, une bulle contre Yenise, par laquelle
il ordonnait à tous les religieux de sortir sous trois jours
de cette ville excommuniée. Le conseil des Dix en lut averti,
et il fit surveiller tous ceux qui arrivaient de Borne pour ar-
rêter cette bulle entre leurs mains. Il mit sous la responsabi-
lité des curés toutes les affiches qu'on pourrait trouver aux
portes de leurs églises, et il ordonna au patriarche et à tous
les ecclésiastiques vénitiens de remettre aux inquisiteurs d*état,
sans rouvrir, toute bulle qui leur serait adressée pat le Sâint-
Siége. Cet ordre fut scrupuleusement exécuté ; rexcoinmant-
cation encore cachetée fut transmise au conseil des Hix ^ar te
patriarche, sans qu*aucuu Vénitien en eût connaissance ^. Èe
conseil ordonna à tous les cardinaux et prélats qui relevaient
de la Seigneurie , sous peine de saisie de leurs bénéfices , de
s assembler à Venise, le 15 juillet, eu un concile provincial. En
même temps il remit à Jérôme Landô , patriarche titulaire de
Constantinople, un appel au futur concile délai sentence d'ex-
communication. Le patriarche, faisàcft droit sur cet appel,
suspendit Finterdit, et envoya au pape lui-même une citation
par-dévrfnt le concile futur. On trouva des hommes détermi-
ués qui affichèrent cette citation sur le pontSaint*Âuge et aux
portes du Vatican et de la Rotonde. Cette lîardîesse cependant
coûta la tie aux gardes de nuit, que le ^ape fit ]|[)endre, pom*
nie ravoir jpas prévenue ' . Tous les pVêlres vénîtienà qtiï étaient
à Rome furent rappelés sous peine de perdre leurs bénéfices ,
* ** *
» Andr. Kqvagiero. p. ii86'.--«. 4. Sabellico.h. IV, L. Il, f. 937, y. -^s iiufr. m-
vaçiero, p. 118S.— If. A, SabeUico, D. IV, L. II, f. 237, v.— ^ Andr» Navagietô, p. 1184.
J
IK) Moteh âg£. i!03
«t le pape opposa à cette sommation on éâit en tettu duquel
les prélats et les prêtres qui qulttefbient Borne pourraieitt ôfre
vendus comme esclaves * .
Cette lutte violente avec le chef de TÉglise n'attirait plus
aucun blàmtesur leà Yënitions. L*emp6rtement de 8iite IV,
ses injustices, son aveugle tendresse pour Jér6me Biario, que
toute ritalie regardait comme lin fils, et comme un fils né
d'un inceste , avaient détruit tout le respect que les peuples
portaient à la tiare. Tous les genres de scandale s'attachaient
à sa conduite; ou le voyait toujours entouré de jeunes favoris
auxquels on ne connaissait de mérite que leur figure, et aux-
quels il prodiguait les trésors de TÉglise. Cette année même,
le 19 novembre 1483, il offensa le sacré ooliégë eh acoordanl
révècbé de Parme et le chapeau de cardinal à iin jeune homme
qui n'avait pas vingt ans, et qui, sorti du plm bas lieuy avait
été d'abord page do comte Jérôme, ensuite valet de chambre
du cardinal de Saint- Vital. Sixte IV, frappé de sa beauté, lé
prit pour son valet de chambre, entassa sur lui les plus riehetS
bénéfices, le fit châtelain du château Saint-Auge , et le porta
enfin au faite des honneurs ecclésiastiques. Cependant le car-
dinal Jacques de Parme se trouva être un jeune homme d'tiil
bou caractère, même de bonnes mœurs, et sans autre défàlït
qu'une extrême ignorance *^.
1484. — Dans l'année 1484, les ravages de la guerre s'é-
tendirent sur de nouvelles provinces : les Vénitiens vouluretiri
faire sentir son poids à Ferdinand, qui jusqu'alors n'en avait
point souffert. Us armèrent une flotte de trente-tine galères ,
dont ils donnèrent le commandement à Jacques Marcello ; Us
l'envoyèrent dans le golfe de Tàrente, ou Marcello vint atta-
quer Gallipoli. Cet amiral fut tué vers la fin de mai, daoos un
« 1 Andr. NQvagiero, p. 1184.-^ Stefano InfesHtra, Dkario Romano^ p. ii&.<WAco6.
VoUerranif Dior, Sbnmm, p. i9i. — tuiphael VoUmramu apnd HaytuM* ilM^St^*,
p. 336. . ' ' .
toi HISTOIRE BfiS BÂPUBtlQUES ITALIISNNES
4e$^&sâaiils qpi'il donna à la place ; mais le même jour elle ca^
pitula entre les mains de son successear Bominiqae Malipiéri.
GdliiHâ ferMfia avec soin sa conquête ;. il soumit ensuite les
cb&teanx «t les petites villes du Voisinage. Au mois de juin, il
s'^empara également de Policastro et de Geri en Galabre^ ses
sidMUitB, accoutumés à te guerre des Turcs, traitaient avec une
affreuse bati>arie les pays qu*Qs ravageaient, et cependant leurs
conquêtes causaient d'autant plus d'inquiétude à Ferdinand»
que, connaissant le mécontentement de ses barons, il craignait
sans cesse de les voir s'unir aux étrangers pour secouer son
autorité * .
La guerre se faisait en même temps dans Tétat de Borne
avec un redoublement de fureur. D'une part, Nicolas Yitelli ,
abandonné par les Florentins, avait été chassé de Gittà di Gas-
tdlOj et Lorenzo Giustini avait été rétabli à sa place; de T autre,
Skte iV et Jérôme Biario avaient poursuivi les Golonna avec
on acharnement pour lequel on ne voit point de motif poli-
tique. Biario rejeta toutes les offres d'accommodement qui lui
furent faites par ces puissants seigneurs. Lorsqu'ils propo-
sèrent de remettre au pape foutes leurs forteresses, Biario ré-
pondit qu'il ne voulait y entrer que par une brèche qu'il au-
rait ouverte avec son canon. Des écrivains postérieurs ont
donné pour motif à cette guerre la possession du comté de
Tagliacozzo, que la maison Orsini réclamait de la maison Go-
Icmna ^; mais il n'en est point question dans les journaux du
temps, et tout indique dans la conduite de Jérôme Biario un
ressentiment personnel. La moitié des palais de Borne furent,
pendant l'été , souillés par des massacres continuels ; le pape
fit brftier un grand nombre de mes, parce que quelques-uns
de leurs habitants lui étaient suspects. Le palais du protono-
1 Andr, Wavagiero, Stor. venes» p. ii88. — Pe&i Cyrruei Be beliOFerrar, p. nttr.
— ÀtmaL PiaeentM, p. 97S. — If. A, SabelUeo, D. IV, hi II , f. 2M, t. — * /o. Jriett.
Bma, L. VIII. ^ Bannald. Annai» EccUs. 1484, S i4, p. 3S4.
D17 KÔtÈJI AGK. $0&
taife, LoQis Golonna, et celui du cardiiial de la néae fainffle
forent livrât aux flammes par son ordre. Le protonotaire, ar-
rêté dans le premier, ne s* était rendu que sur la M de Vir-
ginio ûrsini ; et Yirglnio, en le conduisant en prison , eut
beaucoup de peine à empêcher Jérôme Biario de le tuer. On
n*aTait aueune confession à exiger de lui, car il n'y arait rien
eu de secret dans sa conduite ; cependant le pape ordonna qu'il
Ait livré à là torture seulement pour rendre son suppliée plus
cruci i et cette torture fut si atroce, que, quand ou l'en retira,
il n'avait plus que pour peu d'heures à vivre. On prévint son
agonie en loi traAdiant la tète. Pendant ce temps, la Cava,
Marino , et tons les fiefs de la maison Golonna furent conquis
par Jérôme Biario * .
Eu Lombardie, la guerre ne faisait aucu9 progès ; la ligue
avait une grande supériorité en cavalerie , et elle en profita
pour faire ravager les territoires de Bergame, deBrescia et de
Vérone jusqu'aux portes de ces trois villes ^. Mais ces opé-
rations ne paraissaient point pouvoir amener encore la déli-
vrance du duc de ï'errare; et celui-ci, épuisé par le séjour de
tant ^'armées, soupirait après la paix, à quelque condition
qu'il pût l'obtenir. La ligue, qui avait été formée sans moti&
solftsants, était divisée par mille intérêts divers, et Ton pouvait
prévoir sa prochaine dissolution. Le pape , dans toutes ses
guerres, n'avait d'autre but que l'agrandissement de Jérôme
Bidrio; il méditait alors de nouveaux projets sur la Bomagne;
il voulait assurer à ce fils chéri l'héritage de Bobert Mala-
teéti et celui de Gostanzo Sforza , tons deux morts à son ser-
vice. Le second avait été emporté par une maladie le 17 juillet
1483, et son fils Jean, héritier de la principauté de Pésaro,
> Sterano Infessura donne de très longs détails sur cette guerre, p il 58-1182. Voyez
nasijQcobi VoUerrani Dlar. Roman, p. 196-198. «- Diarto di Roma del NotaUK diUfan-
tip&ftQ. p. lOM-iMf; — s ifieûL fÊocdOmem, L. Vllt, p. 423.— Pe/W Cyrnçsi De beUq
Ftrrw. p. a2f4-i3i«. '^ ifarM SanutQ.p. t339.
é^it encore ei^f aqt ^ . ^m cettc^ posciesaioi^ M pouvait Atre
assurée à Riai^ja qp? (lar le coQ&euteiDieQt dea V^éidliens et des
Florentins ; Sixte lY, qui le seQtait, entra avec eax dans quelr
ques négociatipns secrèl;ias pour faire une paix tout à son airaa*
taçe.
D'a;Utre part^ Alfonse» duc de Çalabre, avait eik oeeasidn dt
Toir clairement, depiûs que la guerre de ferrare'!* avait ap*
pelé en Lombardie, que Jean Galéaz Sforza, duc de Mflao,
auquel sa fille était depuis Ipngtçmps p^oviiie en mariaige,
n'avait aucune part au gouv^n^ement d« son propre dtMhé,
quoiqu'il fût déj[à en âge d'y prétendise; tandis que J'amlâ*»
tieux Louis-le-Maur^, oncle 4^ ^ duc, s'anrogeait. seul tonls
r autorité. Alfonse en avait témoigné son méconleiiteiiienlt
avec quelque vivacité, à Louiscrl^-^JU^^ore ; et œlmMS, coiice-
vant une défiance secrète dç son allié, se rapproehaift des Yé^
nitiens^. De levir côté , le;s Flgrentinis., qui depms longteia|M
contribuaient à la guerre, n'eu pouvaient espérer ancaa
avantage, et n'y avaient aucun, intérêt réeL Tandi&cpi'oii les
épuisait d'hommes et d'argept pour soutenir une aimée éloi-
gnée, on laissait ravager leqrs fron^èces par le$ troupes cpii
occupaient Sarzanç; op ne I^ui; permettait pdnt de Kappelep
en Toscane le comte de Pitiglianq , celui de leurs capitaine»
en q^ui ils avaient le plus de cpnfiance,, et on les saicriiait ei^
toutes choses ^ Ipurs alliés. Ainsi, il u^ restait plus d'eQsemr
ble entre le& coalisés; chacun d'^x ^t prêt h se détacher
de tous les autres. Le marquis Frédéric de Mofitooe tenait
encore réunie cette ligue prête à $e dissoudre, paQ la eonsid^
ration que lui assurait son âge et son habileté supérieure;
mais il mourut le 15 juillet, et l'atné de ses. trois fils^
Jean-François II, qui lui succéda, n'était Agé que de dix-
huit ans'.
t Jaeobi voUêrrani Mar, Hfnnan* T. XXUI, p. 198. -<• ^liie, IfoMMove^a, U VUI*
DU MOTim AGB. ^Q7
Les y^ptiens, qu<»<|ae plus faibles que leurs idlîéSi avaieot
le gr^d avantage de faire mouToir toutes leuf s forces par
une seule volonté: ils avaient encore celui d* avoir mis à la
tète de lears armées Bobert de Sau-Sévérino, qui çq montrait .
homme d'état autant que général. Robert abandonna les né-
gociations déjà coiûmenoées avec le comte Biario, s'attapb^ ^
Louis-le-Maure, qu'il regardait como^e bien autrement puis-
s^nt*. Son intelligence avec lui causa d'abord assez d'inquié-
tpde à la Seigneurie, pour que le doge fit au conseil des Dix
1^ proposition d'arrêter San-Sévériuo. bientôt, cependant, ce.
général montra qu'il avait su démêler les vrais intérêt^ de la.
république, au;» bien que les siens. Une diète, a§sem^lée k
Ba^uolo, prit connaissance, le 7 août, des articjeç dont il
était déjà oonvenu avec Louis-le-Maure, et elle les accepta le»
même jour . £n vain le légat du pape et Jérôme -l^iario voulu-
rent troubler la négociation, parce qu'elle ne contenait, eu.
faveur du fils de Sixte lY, aucun des avantage!^ qui lui
avaient été précédemment promis ; en vain ils déclarèrent
que la Seigneurie, après avoir offensé séparément chacun des
oonfédérés, s'était enfin attaquée à Dieu lui-même, lorsqu'elle
avait méprisé les admonitions et les interdite du pape, et ,
lorsqu'elle avait saisi les bénéfices ecclésiastiques. Par cette
conduite, ajoutaient-ils, elle s'était rendue à jamais indigne
d'obtenir la paix 2. Les autres confédérés ne voulurent pas.
continuer plus longtemps des hostilités dont ils n'attendaient
ancun avantage; et, malgré les succès qu'ils avaient rempor-
tés, ils permirent aux Vénitiens de gagner plus par la paix,
qu'ils n'auraient pu perdre parla guerre.
Par le traité de Bagnolo, le duc Hercule d'Esté fut obligé
à rétablir la république de Venise dans toutes les prérogatives
qu'elle avait précédemment exercées à Ferrare et dans son
dDrbni>l*Mitre an eorote de Oorfzia. — t Andr, Navagiero, p, US9. — > IbUi. p, 119a,
• ... .i ... •
2(N) HISTOIRE DES RÉPUBLIQUES ITALIENRES
diitrict; à Im céder en même temps la Polésine, et tout le
leftitoire de Bovigo. Les autres conquêtes que les Vénitiens
RTaient faites sur le duc de Ferrare, detaient être restituées à
oduird douze jours après la paix. De leur 'côté, le duc de
jlfilan et le marquis de Mantoue devaient rendre aux Téni*^
tiens tout ce qu'ils avaient conquis sur eux. Les villes que les
Vénitiens tenaient dtans le royaume de Naples, devaient être
remises par eux à Ferdinand au bout d*un mois, et celui-ci
leur confirmait en retour tous leurs privilèges mercantiles
dans ses états. Toutes les parties contractantes s'engageaient
enfin dans une ligue commune pour la défense de leurs états
respectifs, et Bobert de San-Sévérino était déclaré capitaine
général de cette ligue. A ce titre, il devait recevoir une solde
de eent quarante mille ducats, dont cinquante mille seraient
payés par le duc de Milan, cinquante mille par la Seigneurie
de Venise, et les quarante mille restants, répartis entre le
pape, le roi de Naples, les Florentins et le duc de Ferrare * .
Les plus faibles entre les puissances d'Italie se trouvaient,
par ce traité, sacrifiées aux plus fortes : le duc de Ferrare de-
vait renoncer à des provinces qui faisaient Tancien patrimoine
de la maison d*Este, et auxquelles les Vénitiens n'avaient au- '
cun titre : aussi ne se soumit-il pas à ces conditions sans un
extrême ressentiment ^. Les Bossi , comtes de San-Secondo
dans l'état de Parme, que les Vénitiens avaient engagés à
prendre les armes contre le duc de Milan , demeurèrent dé-
pouillés de leurs fiefs. Le marquis de Mantoue ne s'était en-
gagé dans la ligue que pour recouvrer Asola et les autres
châteaux que les Vénitiens lui avaient enlevés ; mais après
s'en être rendu maître , il était obligé de les restituer'. Les
> Andr. KavagierOyStùr. Venez, p. 1190. — Martn S^muto. p. 1233. — m. A. Sabei^
Heo, D. IV, L. II. r. 241. — DUoio Romano diSiepJumo Infesstira, T. III, P. H» p. iiao.
— Bern. Corio, UisL Milan, P. VI, p. 101 4. — « Diar, Ferrar. T. XXIV, p. 277. —
* De betto Fenariemi, T. XXI, p. 1218. Ce petit ooTrago, d'uD prèire eorso, dérooé n
inlér^ des Flareoliiis n'étaient pas plus ménagés par le trtàU
de paix çi'Us ne F avaient été pendant la guerre. On ne sti-
pulait rien ponr eux y et Sarzane ne leur étut pas rendue.
Cependant le pins mécontent de tons était mcore le pape ;
longtanps il avait espéré enrichir son fils , on des dépouilles
du duc de Ferrare , on de celles des Vénitiens. Il s*était en-
suite rédoit à lui faire assurer les petites principautés de Bo-
magne, qu'il ne doutait pas qp'on ne sacrifiât à wm ambition.
D (xwuptait surtout que Jérôme Riario aurait le rai^ que s'é-
tait fait attribuer San-Séyérino, que ce serait lui qui
serait nommé général de la ligue , et ce rang et cette solde
deYsaent le dédommager des prétentions auxquelles il était
forcé de renoncer.
La nouvelle d'une paix qui répondait si mal à ses projets
ambitieux , f ut un coup de foudre ponr ce turbulent pontife.
Il était déjà tourmenté par des douleurs de goutte , elles tom-
bèreat aussitôt sur sa poitrine. Les ambassadeurs qui appor-
taient les conditions de la paix de Bagnolo furent introduits
auprès de lui le mercredi soir 12 août. Après qu'on lui eut
fait lecture du traité, il se récria, sur ce que les avantages
qu'on lui accordait étaient si inférieurs à ceux qui lui avaient
été offerts à lui-même par les ennemis. « C'est une paix de
« honte et d'ignominie que vous m'annoncez, leur dit-il;
" elle est pleine de confusion et d'opprobre , et elle amènera
duc de Ferrare, quoiqu'O ?éeût à Venise pendant la guerre, contient beaucoup de délaiis
•ur It premidrd campagne : Il est plus court sur la seconde, et tout à fait incomplet
nir la troiiièoiOb ILfinil à la paix.
C'est aussi à la paix de Bagnolo, le 7 août i484, que finissent les Annales de Plaisance,
eompoBOM par Antoine et son fils Albert de Ripalta. Ces deux bommes avaient quelque
part an gouvernement municipal; mais c^étalt dans une ville sujette, où aucun sentiment
ne les attachait à un parti plutôt qu'à Tautre ; aussi tous leurs éloges sont-ils toujours
pour le vainqueur, et la déclamation ou la pédanterie prennent-elles la place de tous
les sentiments nobles et élevés. Les deux Ripalta paraissent avoir été estimés dans leur
pays comme d'habiles rhéteurs ; ce qui donne une assez mauvaise idée de Tétat des
lettres à Plaisance. Les Annales d'Antoine s'étendent de l'an i40i à l'an 1463, qu'il mou-
rut. Albert a continué dés cette époque jusqu'à 1184. Ces Annales sont imprimées. Her,
i(al,T.XX, p. 859-978.
VU. , 14
910 HISTOIRE BES ^^VI^^iqOM ITALIERITES
« avec le tem^s bieo plus de mal qae de biea. Je de puii, mm
« filial!} KapBKimver 9i ia^ir^. f K4aaflibfttaatABim4fa|>er«-
cçvant que le yieillard, affligé par cette DOuveUe, perdait ses
forces, et semblait accablé d'angoisses, que sa langae même
paraissait s'embarrasser, lai direat qu'ils espéraient trcMiTer
une autre fois sa Sainteté plus tranquille» mais qu'ils la
priaient , en attendant , de bénir une paix qui ne poa-
Tait plus être changée. Le pape, dégageant alors sa main
goutteuse de Vécharpe qui la soutenait, fit cm mouve-
ment que les uns prirent pour un refus , d'autres pour une
bénédiction des ambassadeurs, ou de la paix elle-même. Mais
il ue parla plus, et il mourut daus la nuit suii^wt», k jeudi
13 août, peu après minuit, ne pouvant supporta? de laisser
en paix eette Italie que pendant son règne il avait constam-
ment tenue en guerre 2.
1 Jacobi Volaterranl Dior. Roman, p. 199. Ce journal finit avec la vfe de Sixte IV.
L'auteur, qiii était scrii^e apostolique, donne des détails souvent curieux sur les cérémo-
nies religieuses, sur la ^ur, et même sur les sermons des cardinaux, dont il rapporte
presque toujours une courte analyse. U était attaché à Sixte IV, et il se montre en géné-
ral partial pour lui : cependant U ne réussit guère à déguiser les vices de son patron.
Ce journal est imprimé. T. XXIII. fier. liai. p. 87-200. — 9 Dior. B/oman» Jaeobi
Yolaicrrani. p. aooi — Dlario det Noiaio di flaniiporio. p. 1088. — Diario di Siefano
infenwro, p. 1183. -^ RaynatfU Ann, Eceles 1484, S 18-21, p. 388. ^ Armai. Bono'
niens. Fratr. BieronynU de ïïurseUU, T. XXIII, p. 904. — MaechiW). UU L. VUI ,
p. 437.— Scipione Ammlruto. L. XXV , p. 162.— «ofte Sanuio, fite de'DuchL p. i234.
Ce pape « qui' tint Tltalle presque constamment en guerre , aimait lui-même les spce*
tacles sanglants ; dans les derniers mois de sa vie il fut deux fois averti que des soldats
de sa garde à ptod étaient convenus de se battre à outrance, conune ou l'appebit, é
tieccato cMuso, pour quelque querelle survenue entre eux, et qu'ils avaie^i Uit choix
pour cela d'un lieu écarté k la campagne. Il leur fit dire qu'y Ydûiaii être témoin de leur
combat, qu'Us se batlis6^&t donc au bas de ir'escalier de son pelais;, dais l&plâdBkdè^Sàiii^
Pierre, et qu'ils se gardassent de commencer avant qu'il leur eu eût donné- Inêinflae
le signal de sa fenêtre é l'heure fixée ; et, lorsqu'il vit que les combattants étaient prêts ,
ii étendit sob bras , leur donna sa béuédiciHHi, fit le:«lgsM» de la orolx, «t ka hivîia à
commencer. Dans le premier et le plus long de ces deux duels, l'uu des combaitam8.ftit
tué sur la place, après avoir auparavant donné et reçu déjà beaucoup de blessures;
dans le second dueU les combattauti furent ioua^ Uessés si grièvement, qu'ils ne purent
pas continuer jusqu'à la mort de l'un dea deux, et qu'on fiit obligé de les empof 1er. La
pape, dit le journaliste de Rouie, prit beaucoup de plaisir à ces combats, et témoigna
le désir d'en voir d'tuirM. Sieftm» infûâtura^ Mflrto Aenkmo T. III, P. U, fter* Uoê*
p- UM*
©fr Éèhnùf aÔe: ^ i
H mut
CHAPITRE VIIL
âwyçd d'iMwotiit VIII; ce pape fak écfittér k gnëriv flMNr FènimaD(<
et ses baroQs* — Le cardÎMl Paul Frégosoy doge de Gènes. — Con-
quête de Sarzane par les Florentins. — Anarchie et pacification de
Sienne. -^ Conjurations contre Jérôme Kiarie, et contre Galeotto Man-
frédi.
1484-1488.
la ôonstitutioQ politique' de F Église romaine a ^ît pas
établie sur des bases très assurées. Les droits et lés préroga-
tivesdu pape, des eardinaux, des évèques, nayaient point
des limites ai^z reconnues pour empêcher fout cohflit de
jaridicfion. Cependant cette constitution, dans son ensemble,
éïaut cette diine monarchie tempérée, et non rfun état des-
potique. L'autorité du pape était balancée, non seulement par
celle des conciles, états-généraux de T Église qu'on n'assem-
blait que rarement, mais encore par celle des cardinaux, dont
lé collège permanent devait être irrévocablement le conseif
des pontifes, en sorte qu'il était censé concourir à toutes
leurs déterminations importantes. Le papç tes appelait tou**
212 HISIOIBB DJK JIBPUBUQUXS ITALIEHIIES
jours ses frères; il insérait dans toates ses bulles, qaelqae*
fois même sans les aToir consultés, la formulé, diaprés le conr-
$eil de nos frères, pour donner à tout ce qu*il ordonnait
Tautorité du sacré collège.
Mais à la fin du xv^ siècle, lorsque l'élection successive de
plusieurs pontées entachés de vices honteux ébranla le cré-
dit du Saint-Siège, et amena enfin la révolution qu*on vit
éclater au commencement du xvi^ siècle, l'Église put i*econ-
naître que les droits réciproques de ses représentants n'étaient
point suffisamment établis, ou assez sagement balancés. Ja-
mais on n'avait mieux senti que sous Sixte lY le besoin de
limiter l'autorité du pontife par celle des cardinaux ; jamais
on n'avait plus éprouvé combien l'influence d'un maavais
pape sur le sacré collège devenait irrésistible, s'il voulait em-
ployer toutes les ressources qu'il pouvait trouver dans Tin-
trigue et la séduction. 11 pouvait accroître indéfiniment le
nombre de ses conseillers, ei s'assurer toujours ainsi de la
majorité des suffrages ; il disposait seul de toutes les grâces
ecclésiastiques, et tous ceux dont l'âme n'était pas à l'épreuve
des séductions de la richesse et des honneurs, se rangeaient
bientôt de son côté. ïlnfin, la violence même lui était per-
mise; la personne des cardinaux n'était point à Tabri de ses
vengeances ; on les avait vus plus d' une fois excommuniés,
emprisonnas, soumis à la torture, envoyés même au dernier
supplice, par des ordres arbitraires, seulement pour avoir
voulu défendre les libertés de leur collège ; et l'idée de la sou-
veraineté du pape était tellement confondue avec celle de
l'autorité de l'Église, que des théologiens de très bonne foi
justifiaient ensuite ces violences, et affirmaient comme une
maxime incontestable qu'aucune opposition, même celle du
corps entier des cardinaux, n'était légitime contre aucune des
volontés du pape.
Cependant ce pontife souverain, qui exerçait stir tous les
DU MOYEN AGE. 213
* ♦
cardînanx'bne atitoritë si illimitée, était, après tout, leur créa«
tare. S'il les nommait pendant son règne, enx à lenr tonr
nommaient son successenr ; et comme on ne parvenait guère
à la tiare que dans un âge avancé, les élections du souverain
étaient plus fréquentes dans la monarchie de T Église que
dans aucune autre monarchie élective. D'ailleurs le pouvoir
pontifical pouvait être souvent affaibli par les infirmités
de rage, tandis que le sénat des cardinaux, composé en
grande partie d* hommes exercés dans les affaires et les intri-
gues, réunissait les qualités propres aux aristocraties, la con-
stance, la sagesse, Texpérience et l'esprit de corps. A chaque
yacance du Saint-Siège, le conclave, avant de nommer un
nouveau pontife, ne manquait jamais de poser des bornes à
sa puissance, de corriger les abus par des lois nouvelles,
dimposer des conditions au candidat, et de les confirmer par
des serments. C'est par cette même marche que les capitula-
tions avaient peu à peu restreint l'autorité des empereurs
d'Allemagne, et que les correcteurs à la promission ducale
avaient anéanti les prérogatives des doges de Yeuise. Chaque
vacance du trône de Pologne avait de même été signalée par
quelques conquêtes de la noblesse sur les rois ; et comme les
cardinaux renouvelaient leurs t^entatives avec la même cons-
tance, maisplasfréquenmient encore; comme ceux qui étaient
les plus considérés dans la chrétienté, qui jouissaient de la
plus grande réputation de v^u et de sainteté, étaient aussi
ceux qui mettaient le plus d'importance aux privilèges de
leur corps et aux libertés de l'Église, on aurait pu s'attendre
à ce que le gouvernement de la cour de Rome devint abso-
lument aristocratique.
Mais les bornes de l'autorité royale étaient affermies par
les serments des rois, et l'on-fut forcé de reconnaître, sans
doute avec étonnement, que cet acte religieux ne ciHiservait
aucune efficace sur les prêtres. Une des préNigatives que les
2)4 HISTOIRE Dm fâ^fXi^X^V^ ITALimmES
pipe^ ef'^t^ieid; ^ttribaéeo, et qq'ik dëf(nHiiâaii a^ee le ffiliid
.d'c^sti^afioii, était celle de délier 1^ fidèles, des sernMats
qu'ils ayaient prêtés imprademmept ; et dans une. religkm
qui admet des yœux éternels, peut-être étai|;*il nëccMsaîre' de
reconnaître dai^s TÉgUse un pouvoir qui pût ^i relever. Le
pape avait ^reçu a^ non) dg Bien les engagements pôa sons
serment eirver^ spn %Hse; lui seul, et juge et partie, poii-
yait en (li^penser. Biei|tô:t il orut avoir d^^ même ie droit de
disspqdf e |es sça^ments qui lient les hommes entre eux. On le
vit rctpprQ, dfî son autorité, tantôt les pactes et les altianees,
tantôt 1^ Sjenxuents de fidélité des sujets aux souverains, tM-
tôt les nermeats de garanties des souvepâins aux sujets. Par
ce droit qu/il prétei^dit inhérenl; à ^o^ siège, U se diapessa
lui-n^ème le premier de tout cp qu'il ^vait promis. A«ta»t
lei9 concljayes fuFei^t soigneux, d^n^tquf le xv^ siède, d'exiger
de cbacun de^ membres du sacré collège le serment 4:*0bser-
ver les pact^ convenus, s'il venait à 6tre désigné par le Saîm-
Esprit, autant les papes mirent de constance à annuler par
leur autorité suprême les ser-menta qu'ijp ^sôent prêtés
pomme cardinaux, et qu'on avait cppepdant t^oujoiirs eut soin
de leur faire renouveler au moment de l^up <90uronn^n.nl.
Dès l'ann^ 1353, Innpcept YI ayait mèine éfeat>lî, par me
constitution, l^e scandaleux priacipe qia'apcun engageai!^
aucnii serment prêté d^^^^aa^ SP pouvait lipintoc l'aftlorité
poptiÇcale; parce que les cf^rdiuaiix, lôpsque l'Église était
I^vée de son pasteur, n'avaient plus d*aiitve autorité ^pie oeHe
d'en cré^ un no^vew- Ce pfincipe est représenté eoBune
jqne des lois invariables ^ 1* Église, p^Bsop api^ifistf» i, qui
écrivait au xvii" siècle ; il est encore ei| i^igamii! oo}ow*
tfhui.
Cette constit9tio& esf; fpnd^ t^ i)u sophisme. Pw wporte
t Bavm^ ém lipfA *Hf* t^''' Xl^;«t llfti,| «(.T, X», ii.8fl.
• 09 BOmi MGE* ils
■4
tfm ttsè^mâimm n'aient pas le droife d'imposer'!» «mait ,
oetei qsi l'a piAbi Tohoitaifeneiit n*» a pas motea^oontrailé
pw d^ligaiâoa; ainsi ne ToalQt-«n potnl admetine sans omi-
tfistotiaos, mAiHç è la fin du xv^ fdèele , diaiis la déprairation
où 1a cour de Borna était tombée, le piindpe kiunoralcpii-aii-
Iwisaît le pai^npe dn chef de. la religmi. Les prélats «gnalés
par Ifiars laoûères, lettr piéié et leurs aœors s étaient faavle^
ment prononcés coalre ee seandalei Jacques Ammaaatt , «est-
dînai de Pttiâe ; Beasarion) oardinal de Mîee^ Jean Garrigal ,
cairâinal espagoolv airaisnt^cMstawneBl infeqaéles serments
prêtés par Paul H avant d'étee pape ; et le dernier s-fétait kn*
paortalisâ au jreui.: de TÉgUse par sa courageuse et inâbroi-
U^ oppofitioii à la eonstitirtioii qui de^Kail les annoter i.
. . Mais I#. sénat des carcUnaux se ressentait des yices de oshti
qpir^TaU seul le ppuyoir d'en ébre les menbres; il fallait qne
des papes tels qa0 Paul II et l^te lY eossasit rempli le saecé
(QoUé^ delenrs^^eréalnres pour qu'on pût vm eminte des
âectioBS telles que selles dlnnooeat YIII et d'Alexandre Y^.
i 4^4.— Bile conctevepwsfSGnpuJefii qui s'assembla à la mort
de Çixie I Y voulut à son tour imposer des conditions au pape
qu'il alkit éUr^ les cardinaux s'oocopèneat bien plos de leurs
intéi^ts pemmpel&qaede eonx de rJÉe^se. Us exigèrent atant
tout Tai^^mentMion ddeuvs propres revenus. Aucun parmi
e»^ ne devait avoir mcHns de quatre mille florins de rente, et
<^te somme devait leur être (complétée par la chambre /apos*
tolique si leurs bâiéfiuses eceléipastiques ne rendidenbpas tant.
Us. demandaient de plus, qu* aucun d'eux ne p£^t être Imppé
par deft.cۉasures., par une excommui^tiou ou uu jugement
eciniîne),.si la swtence qui le condamnait n'était sanetionnée
par les deux tiers des voix* dans le sa^ collège. UnedjFHMfp
pins ,impoi!tfuite .^oore fui oelle par laqndle ils limit^eiM;
< Coardiu. iktpimsi» EpisL 183. -^ntnituMé JMi. JEeel. 1464, Sst^t F* ^*
SI 6 HISTOIRE MSt IB/ÈPWmQCSS irALIEHlfES
ImvwmÊbte àtvîn^qliaçâ^.' Le pape fetar ne 'derîate faire lla-
4;iltie promotion jwqm*àêetpi'ilg fassent réâiiite an-de^ous de
ce nombre; il ne ponvait de plos décorer du chapeau auciin
boDiniei&gé denudns de trente ans; il [ne pontait prendre
qa*an- séol oaidinal dans sa famiDe^ tom ceux qu'il élèverait
i cette rfminente dignité devaient avoir été reçus auparavant
doeteôrsen théologie ou en droit, à la réserve des seuls fils on
nei^aax de rtris ; et ces derniers même devaient faire preuve
d*une instmction oompétœte. Enfin, le pape devait désormais
ne gWTamer plus que de concert avec les cardinaux, et dans
tontes les occasions importantes, surtout lorsqu'il s* agirait d'a-
liéner qadqne fief de l'Église, ses bulles ne devaient avoir de
force qu' ratant qu'elles seraient sanctionnée par les detix
tiers des suffrages dans le sacré collège i. Si les deux con-
atitntions qui contenaient toutes ces ccmditions étaient deve-
nues la loi de FÉglise, peut-être la cour de Borne ne se sendt-
^ pas oondnite avec moins d'ambition et de hauteur ; mais
sans donte sa politique aurait été plus prudente, et ses chefs
n'auraient pas donné, par leurs moeurs, le scandale qui devait
héter la réformation.
A]^ès que tous les cardmaux se furent engagés par serment
À observer tontes ces conditions s'ils étaient appelés au trône
pontil^cal, ils allèrent aux suffrages. Des intrigues fort actives
et de libérales promesses avaioit dé|à préparé TâecUon 2, et
les sq^rages se rénnirent en faveur de Jean-Baptiste Cybo,
Génois, eardinal^prètre du titre de Sainte-Cédle, qui fut pro-
clamé le 29 août 1 484, sous le nom d'Innocent TIII K Dès le
jour de son installation, il confirma, par un nouveau serment,
le tndté fait avec les cardinaux, et il s'engagea, sous peine de
parjure et d'anathème, à ne s'en point absoudre lui-même,
et à ne s'en point faire absoudre par d'antres^ Cependant ,
' Dlario di Borna del Moiaio di tfmUtpwtOy p. loti •
, . W wnfW MB. SI7
4ès qp'il se.fieDlitiiiU«x afCënm sur Mi^tvAiei il tWHtm flou
traité et ses deux sermeats, comme eoBtraiva an ilroit ila
Saiut-Siége^
Mçiis lonocent YIII devait la ttave à ao grand nombre de
traités secrets fiûts avec chaciia des eardiiianx ; et eeitXHsi ,
dont Texécution devait être immédiate, furent (dbaerf es avec
pUis d'exactitude. Gdui entre les membres du eondaye qui
Favait servi avec le pins d'aetivité et de «èle était le eerdînal
Julien de Saint-Pierre ad vincula , qui fut depuis pape, sous
le nom de Jules II. Ce prélat guerrier avait demandé pour
récoippense, non des bénéfices eedésiastiques, mais des forte-
resses. Il en obtint plusieurs en effet, et pour lui-même, et
pour son frère Jean delà Bovère, que Sixte IV avait fait prince
de SinigagUa et préfet de Borne. Ce même Jean fut nomtné
par limocent YIII capitaine-général de l'Église; en sorte que
le pouvoir et la faveur de la cour de Borne ne sortirent point
de la maison du précédent pontife. Tous les autres cardinaux
obtinrent les prélatures et les abbayes pour lesquelles ils
avaient vendu leurs voix. Les écrivains du temps n'hésitent
pas à taxer de simoniaque une élection préparée par ces mar-
ché^ qu'on ne put tenir secret» 2. Hais un panégyriste d'In-
nocent YUIy en rapportant ces mêmes libéralités, les donne
pour preuves du cœur reconnaissant du nouveau pontife ^.
Innocent YIII ne ressemblait pas au pape qu'il remplaçait;
et cepaidant la comparaison avec un homme aussi odieux que
Sixte lY ne lui fut pcnnt avantageuse. Faible, corrompu, sans
caractère, sans vues profondes ou suivies , Innocent fut tou-
jours gouverné par d'indignes favoris , et son administration
fut souillée par tous leurs vices. Il avait eu sept enfants natu-
1 RayntUduSf Annal Ecoles. 1484, S *U P* S40.— * Stefùno tnfuiwoy Diario Ronumo.
p. 1190.— Lettres de Guid' ADtonio Vespvcol à Laurent de Ifédicb, où il racoote à quel
prix le cardinal Julien avait aclieté pour J.-B. Cjbo le vote de chacun de fea collègues.
âpwi Bà9€oi Jvpend, n« 44. T. iv,:pk 7. — > OHoMa paiwino, rue àe Pmtifici.
p.4d#.
918 HISTOIRE D» JtiiffpSNJQUIlS ITALI£»N£S
f^ 4e {NH^n^nte tofuies) €t il dmim le softodile, ooareM
pour XtgiWf â« le$ jreecMUMâtne paMi^pieineat» L'aloé de 8^
fils y que sa petite taille fit 4ésj^oer par le nom de Fraiicee-
cbettq, âeviut^en^ite la tige des dacft de Massa et Carram de
)it K^^iftpn Gyba* U&e desfiUe» dlnaocenl était mariée à un
|mi\gBiev qu'il ebarge^ dea fioano^ de la courl ka «otraa ne
jooeqt wenii rdledatis Thiatoire i. Ce ne fut plos Tambitioii
p^ la pasBîpp da la guerrei mais l'airanee, la déhauebe^ et une
Tonalité. dâ)^¥(tée qui caractérisèrent la nouvelle conr. Inno*
cent YH{ ùX ppu 4e jsial par lui-même, mais il laiasa toatfura,
et son indjolence ne lut pas moins fatale aux peB{4» i9«te la
turbulepice de 9m. pré4éce9aeu?.
Le roi de Napleç, Ferdinand , témoigna beaueoup de joie
de Télectiou du cardiwl Jeaa*Bapti»te Cybp; il le regardait
comme une créature de ^n pève et de.lairmème. fin effet,
Çy^y qnoiqi^e Génois, a^ait été élevé à la eouc d'AUmee,
et il avait reçu de Ferdiniind sop premier évéçfaé^ celui d' A*
jKialpbi K Mais les. papes ont rarement montré de la reeojmoaiB*
sanpe aux souverains qui commencèrent leur fortune ; aooveiit
U^ désirant fair^ sentir I^ur i|(myeau pouvoir à ceux de qui
ils ont dépendu , ou bien ils. se ble^o^t de ce^ que le respect
ne succède point assez t6}; au top de bi^ip^veilkmce et de pit»-
tection.
La haine^qui avait éelaté contre Fecdîoaid dïtns le royaume
(}e N^plea, lorsqu il était moi|té sur le trône, ne s'était point
éteinte pendant son long règne* On reoennaiasait Tkabileté
de sa poUt^oe, la vigueur avec laquelle \l maintaMitaon au^
torité, ro|[:dre et la justice qu il faisait observer dans ses états ;
m^is on X^m^isu^ m i*evaocfae d'une esteèine «latice^d'une
cruauté impitoyable, et surtout d'une mauvaise foi, d'uneper-
^die dont ses vassanx avaient été victimes, au^si bt^ (H^ j^
< iHartù dl RiMo di Stêfimo Ênfu»wn> p. iiil.— OnofHo tarvfn» ne paOè ffftb éts
deux atnés. p. 466. — * Baynaldi AnnaL Reekt. 1484, S i7f P* Mi.
'ârasgerg. Ii*aiiimatité que les îlapolitiiiiis cônservëient dans
leor cœar contre Ferdinand redcynbla lorifiie son fils alnë ,
Alfense, duc de Galabre , oommeiiça à' le remplacer daas les
soins da gouvernement. AKonse portait à f eioès tons les vioes
qa*avait em son père. * Mu} bomine, ditPbiUppe de Gomincï,
" n*a esté plus oruel que lui , ne {dus mauvais, ne pkis vieieuz
« et plus infect, ne plus gourmand que lui. Le père estoit
« plus dangereux, oar nul ne se oongnoissoit en lui ne en son
« courroux ; car en faisant bonne chère , il prenoit et trafais-
« soit les gens. . . . Jamaiis en lui n j a^ôit grâce ne misérioorSe,
« comme m'ont c<mté ses prochains parents et amis ; et jamais
« n'avoit eu pitié ne compassion de son pauvre peuple, quant
« aux deniers. Il faieoit toute la marchandise du royaume ,
« jusquesà bailler les pourceaux àgarderuu peuple, et les leur
" fai30tt engraisser pour mieux les vendre.^ S'ils mouroient,
« falloit qu ils les payassent. Aut lieux ou croit l'huile d'o-
• live, comme en la Fouille, ils Tacbetoient, lui et ^ou fils, à
« leur plaisir, et semblablement le froment, et avant qu'il fét
« meur, et le vendoient après le plus cher qu'ils pouyoîeut.
^ Et si la dite marchandise s'abaissoit de prix, contraignoient
« le peuple de la prendre; et par le temps qu'ils 'vonloient
« veuidre, ncd ne pouvoit vendre qu'eux i . »
Gfss monopoles avaient resserré l'amitié et la confiance entre
Ferdinand et Sixte lY ; ils s'entendaient pour fouler en «on^
mua leurs peuples, et faire de vive force un eommmrce ruineux
pour leurs sujets. Innocent YIII en arrivant au trône fit
pesser t» trafic scandaleux ; mds en m^ne temils il rompit
les relations d'amitié et de bon voisinage que Sixte avait for-
mées ; il réclama avec hauteur le trU>ut pécuniaire que le
royaume de Kaples devait au Saint-Siège, révoquant la grèi»
accordée à Ferdinand de convertir ce tribut, pendant sa vie,
t Métnoitte» de PkiHppe de GomiiiM. L. Vll»^dhipii XW. O^iliotf «t é^ UêmMnt
pour rHUtoire de Fronce. T.JUa^ 9, 9Mi,'
990 HISTOIBB DEd ttEMBLIQUlSS ITALIEIINES
en la préseBtafkm d'une hfiquenée^. Iltéihoigna onvertement
mot méoontentemèiit de eette maiisoii d' Atagon à laquelle il
deyait sa grandeur ; il fit valoir la suzeraineté du Saint-Siège
mt lero^naunie; il imrita le^ barons napolitains à porter par-
devant lui leurs plaintes contre Ferdinand, et il s^éfablit en
quelque sorte juge des fifférends entre le monarque et ses
sujets.
1485. — Un acte de -violeûce exercé Vannée suivante par
le due de Galabre fournit au pape 1* occasion de donner car-
rière à toutes ses prétentions. La ville d'Aquila , dans les
Abruzzes , profitant de sa foirte pcHrition au milieu des mon-
tagnes, de la ricbesse de son territoire, et du grand nombre
de ses habitants, s'était mise en possession, sous la protection
des rois deNaples, de presque tous les privilèges d'une répu-
blique ; elle ncmunaît ses magistrats et levait ses impôts elle-
même ; elle ne permettait point aux troupes royales d'entrer
dans ses murs, et elle concluait de sa seule autorité dés traités
et des alliances, mèH[ië''avec les ennemis du roi. C'est ain^i
qu'elle était alliée de la maison Golonna, dont les fiefs
s'étendaient dans son voisinage. Cette alliance n'avait point
été détruite par la guerre que Ferdinand avait faite aux Go-
lonna , de concert avec Sixte IT ; et comme Innocent VIII
avait reçu dans ses bonnes grâces cette maison puissante , et
diwcbait à la dédommager par tout son crédit de la persé-
cution qu'elle avait éprouvée, les Golonna donnaient à la ville
d'Aquila un nouvel appui à la cour de Borne 2.
La famille des Lalli , comtes de Montorio , exerçait dans
Aquila , depuis plus d'un siècle , et dès les temps de la pre-
mière Jeanne , une autorité non moins grande que celle des
Médicis à Florence. Son chef était alors messire Pierre Lallo.
1 UaynaMi ànn, Eceles. i48S, S ^9 P- 358. — * Une colleclion des hiitoriens orl-
giiMNix d'AqiAa a été publiée par Maratori. Antlq. ItaU Med. JEvi» T. VI, p. 48S-10S3.
'■'DlartùBmiùmo dtStefmotnfesaura*p, U9i etii9i.
DU HOTttl JUSSk Ul
I<e duo deCMabfiByaywt k desoda de d^^poîUir ^ haljttmi
de tiouçlepu» privil^g^, jjagMQpateiMble detespliter avattl
toat ^e leur premieir mdgistnit Alfomei avait oafitpnné à Ci^
Tità di Glùeti rarmëe qa*il avait ramena de k gn^rre de
Ferrare ; il invita le .oomte de Montorie à s*y lendve aupràe
de lui, pour traiter des affaiiea de la provinoe. Le eomte aV
vait pas même eu la pennée de noire an gouvernement, en
sorte qu'il vint an. rendez-vous sans aneune défiance, hd duc
de Galabre le fit arrêter le 28 juin. 1485 1. Il obUgea la eom*
tesse, sa femme, à se rendre à Naples, etil fit en nAme temps
filer vers Aquila dçs troupes, qui y entrèrent par petits déta-
cheynentSy et. qui se troovènent. maltresses delà place avant
que les habitants en eussent conçu de la défiance. Cependant
les. magistrats d' Aquila adressèkrent au duc des instances resr
pectueuses pour qu'il ea retirât se&.troupes, confonnément à
leurs piivil^j;e3« Ils les répétèrent à plusieurs reprises, et tou«*
jpui!S sans succès. ; enfin, le 25 octobre, ils donnèrent ordre à
toute laboui^oiaie de prendre les armes ; ils attaquèrent dans
les rues Les soldats ni^politains , ils en tuèrent une partie , ils
mirent le reste.en fuite, et dédaraat alors* que le roi Ferdi-
nand avait perdu toute souveraineté sur eux^ pour en av<»r
abusé, ils se donnèrent à l'Église, sons condition qu'elle pro-
t^eàt leur liberté 2.
Innocent YIII ne fit aucune difficulté d' accepter l'offre des
habitants d'Aqqila ; il prit sous sa protection le comte et la
comtesse de Montorio; il fit passer, par les fiefs des Golonna,
des soldats dans l'Abruzae; il sollicita les baipns du royaume
a s* engager, pour défendre leur liberté, dans une confédération
gs^érale , dont il voulait être le chef , et il se. prépara à la
guerre* Bientôt il apprit que Ferdinand , pour faire oubUer
le mécontentement et l'insurrection d' Aquila, avait remis, le
* Antiq. ital. T. vj. Cronaca AguUana. S 70, p, 929..-? IfoodUavetti. L*. VUI» p. 4M.
— * Cronaca àgùiUma, S 73> P« 934»
292 HISTOIRE D£S fés^WOJMJSfM ttALIlSlfll]»
16 no^(!BstiÛxi ^ le conte dé Ifemovi» en liberttf v i4[>i^rfttQë^
eng^dwft.sesiiitéKètfu Lcipi^.^îflkà^oo tfeiglimfff^
te féliciter 9 mai» U. ne lenonga ppiat à see pvéj^Mifji êé
giierre^.
Eumèm» tempft fa'Iomeeiit TIU Mlïdtait Jss^ Mmxu» fit^
pQlitauur.de prendce.left^rBieftMiitreleir noi^eelté^leli ki^
vitaity àKai^es^ à um «sfoniUée de «» pnrleiieÉft^ Tveto
gxsinds seigneurs walemeiiftosèsreRfc s'j$rouiFer^ fo eottteée
Fûndi, le duc d* Amalfi, et te prince de Tarefite ; tov» te» àiF-
très r^Qsèrentrde se mettre entre tel mexEtt daret, ^mmééê
qae s* il les tenait imefois, il.leavferaittrad^f à tons fa tète'«
Au liai de se rendre à Naples, as s'assemblerait ebes tednc^
de Melfi| dans la idUe de même nom, sons prAi^ite d'asaieter
aox noees de Trajan Garaociid/Oy sm flis. On ^ dttu» ee
coi^èa le graad-^mtral du i^yaorne, Ànteme est SÊtk-9i9éh
rinO| prince de Salerne ; te grand-oeonétaUe» &em éA
BalzP), prince d'Altamcura; tegrandrs^néohal, Viepee de Gne-
vara>. mar^nis del Yasto ;. Jérdme SmSé^énmf^ prince de
Bi^iga^BO } André-Mattliieu AcqnaviiFa). dno d' AtrL^ te dne
de Metfi, celui de Q[ard«, les. comtes de Lamâa, deMélitev de
Nolà, et une foide de moindres gentilshommes. Ges.seigiieQ«s
étaient résolus à ne pas souffrir datantage Tcq^resBtendnnS'
laquelle ils languissaient. Ils étaient entrés en ocNrrespondnace-
avec Innocent YIIÏ; ils avaîénît aussi des intdMgences ni^c
deux confidents du vieux roi, d.ont te duc de (Jatebre étiA ja^
loux, et qu'il youlait perdre : Tun était François Cnfi^h^
comte de Sarno, gui avait administré, les déniera do »»i. Ains
son commerce de monopole ; f autre, Antoine PétnM^i^ qu'il
avait fait son secrétaire. Tous deux avaient amassé à te- eem*.
de grandes richesses, qui tentaient la cupidité d'Alfonse^.
1 Lettre d'Ionoceot viii au comte de Montorio poar le féliciter sar le recouTrement
(te. M liberté; AAnàL icwite». 14M, $ 4i, p. S58.— * maria di Stefano infesmra. T. m,
P. Il, p. ii9a.«-> Giannone, {«laria cwiU del Regtêo dk âTopoO; fi,SXVttl, ft f, p: «iT.
09 mon» A0S. iii
^ CaHm-mf mmnti$nai% le méootttentâtienl 9e toUté la Ao-
UisBe, m^doola pat que fasBemblée de MeM ii'éMiitlt à nîië
rAelUoBb* Il'vwilat. done prévenir leê tMikux par la rapidité
de ses attaques. U tXMDba à TimproTiste sur le- eomté de Nota ;
ils'MQIMm de tous kt lieux forts, il y Hurprii la femme et M
deuK fils dtt oomlt, qa'il envoya prisonmers à Nâpies. Soii
iatention #ait d*éi$raa»rde mèmetai autres mécofitënts atant
9a*ils eussent réuDî leurs forces } mats la rébellibn, aecâérée
par eelte violence, ëdata en môme temps dans tout le
rqsMOBe, ette due de Galabre Alt obligé d'nserde pins grands
méfiagemeats avec des e&neads pli» nombreux qa*il ne s'y
était i^Amada.
Efteore que la guerre eM éclaté, ni le roi, ni ses barons,
ai le pafpe ne se trouvaient prêts pour le eombat ; aussi l'on
e^Bmeiifa de toutes parts à négocier, plutôt avec l'intention
de gagner du temps, ou de de -tromper les uns les autres, que
deseréooBoHier. Des ambassadeurs de Ferdinand se présen-
tèrent à la fin d'aoAt, à Fl<M^rce et à Milan, poqr demander
à eos deu£ états les secours qu'ils étaient obligés de fournir,
d'après 't9ur tnélé d^aUianee^: Louis gforza, dont la politique
terlmivie semblait n'avoir d'autre but que d'étonner et dé
coalonére ses fdKés, évita quelque temps, et par plusieurs
suMeffages", d'énoncer ce qu'il voulait faix^. Mais la républi-
que florentine, entraînée par Laurent de Médicis, promit au
roi une vigoureuse assistance. Elle ^e chargea d'attaquer le
pape dans les états mèûie de F Église, tandis que Ferdinand
combatipait centre seisl barons. Sforza s'étant enûn rangé au
mêffiie patti, ils prirent en commun à leur solde le comte de
Pitigliano, le seigneur de Piombino, et tous les capitaines de
la maison Orsini ; et dès le mois de novembre ils attaquèrent
Innocent VIII^.
i
> Sf^one Ammttato. u XXV, p. i69*— »iMtf« u XXt, p. m.
224 HI8T0IEB DES 'JKfiPUBIiIQOBa^ iTALIBNnES
la pape, deaoa cAté amt cbercbé deS' attkii^eed eltiaBS le
reste de l'Italie, et en France. Pour. s*atta^er les Yéaitieiis^*
il les avait relevés de toutes les censaces. pronoBeées eoixtf^
eux par Sixte lY ^ Il avait voulu leur persuader cpie le mo»
ment était venu de se viager du roi de Naples; .maifi astte
sage république, à peine reposée de ses précédentes guerres^
ne trouva point qu'elle eût d'assez fortes raisons poulr s*enga«- .
ger dans, de nouvelles hostilités. Elle se contenta de eéder an
pape son général, Bebert de San-rSévérino, qui passa. au ser^
vice de l'Église avec deux de ses fits et ti^nte^deux esca-
drons de cavalerie ^« Innocent offrit en même temps à
Bené II, diic de Lorraine, qu'il regardait comme repnésentant
de la maison d'Anjou, l'investiture du royimme de Naples. Il
ne doutait pas de trouver ce prince prêt à teoter une entl^e-*^
prise qu'il ]i]^eait glorieuse. Mais Bené était alors même
obligé de plaider à la cour de France contre le testament de
son grand-père qui l'excluait de sa succession. H ne put ob-
tenir du roi qu'un misérable secours de vingt mille francs en
argent, et de cent lances, pour tenter la conquête d'un
royaume auquel Charles YIII prétendait lui-même ; et comme
il ne voulait pas appauvrir la lorraine pour une guerre doof
il n'attendait peut-être pas de grands succès, et qui dans
aucun cas ne serait favorable à ce duché, il renonça à son
expédition^.
Cependant F^dinand avait fait déclarer à ses barons qu'il
était prêt à écouter leurs doléances^ et à réformer les abus
dont ils se plaignaient. Ceux-ci avaient nommé le prince de
Bisignano pour exposer leurs griefs; mais, comme ils avaieet
alors l'espérance dêtre soutenus par le pape, les Vénitiens et
1 BuUa Innfic, vm, ai^. Raynald. i485, S 45, p. SS9. — And. Wavagien). p. it^f. -^
s M.Jnt. SabeUico. Deçà IV, L. ffl, f. 243.— Dlorio dl Roma del Notaio di BantiporiOi
p. 1098. — Diario Fenarese. T. XXIV , p. «f7. — 8 phU. de Comines, L. VU, chap. I,
p. 135, T. XII. IMm. pour VHist, de Fraooe. . .
DU Horjm AOS. 335
• r
le â|io Vipié, fà firent ,aa roi des deiQiWâpB 4|Q'il8 çfigraifq;^
eux^méiiD^ aWloment idaçceptables. FcpÛnaàd régbi^d^i
ga'il é^ p^% à signer la paix aux, conditions que .léfi IfaTona
prof^saient; et son second, fils^ Frédéric, se rendit à lenir
aiBembWe ayec cette acceptatioi| |»leinê et .entière. L'extrême
dÂonnaîrêté deFerdinand,. loin dé faciliter la n^ôciationi
glaça d'efCroîleA coitfédérés,^ ils Yeconi^i^rent «sèment rinten*
tkm de leqr maftré^flê tout^ ac^^^r, de tout jorer^' çt de né
respecter aoen de is^ s^r^Èp 4>,<^Çter li^ paix
anxcondîtioqs qp*e^-^ei|[}^i^^^ ils offrirent
la ooqfOQiie à Ffé^!^ ^' Ani^^^* • 9^^^?^!^^ \^PI^ ^1^^
pour les ^ur accorder. ,Ge prin(^,aTj^^t j^^iré,^!^ ses T^*
tas, aptant. de bienmlli^fKpi; et dé rpsp^l, t^j^e ^n^ ifrère de
méfianoe^de haiue, é*iia7aitétô^)hént|e
il aurait tans doute saiivé la ipiaison d*Afagoi^^d^^ fiK>rt^q[ij^.la
menaçfiîi ;. péis . il ne pouTait accepte^ de» prop^iUçns cou-
pablesi iet il aima mieux demeurer {jnsounier d^^^i^e^^^ que
dBrég;ner sureuxï.. ' ... [ ' ". , \,' ^ */ r..r.\
Le v€i aVait ji^ que le pairt^.np|nbre^|fQJ?i^ f^^ Ijoi^
8*il coi^euçait à faire la guerre ,. se détennweraijt ausâldt à
di|s n^esures vigoureuses, tandif q^a. ^'il continuait à ^é^çic^^
le respect pour rautorité royale arrêterait tous feft^effoi^ de
o^te li^ mal affermie,, e.i ^ discorde ne: tarerait jgas ^ s'y
iatroduire. Il donna doue à spn ^Ijit-lpiU, j^rdjuand;^ 1^?^
de Capooe • une arii^ d'observation , cWgée seulement de
ccHftenif les rebelles, tandis qu'il i^itl^ gluf {j^ande (ksitie de
w^ fonees sous les ordres du dnc: de Galabre,, qui wtrcha sur
Borne pour s'y réunir au cpoite (le Piti^Iiano et eux Orsini,
siridésparleducdeHilianetlesFloimtins^ •,,
Aucune action d'éclat ne 9gn(dax^^,g{Ufjri['e;^
Ssa-Sévérino voulut s'ouvrir un passagp aip lâ|^Ters,,4^, jetais
^ GIOJiMoiie, Ulwla eML L. XXVm, c. I, p. 513. -*- ■ fM. p. él4.
326 HISTOIBB DBS BÉPUBLlQUÈà ITALIJSNIIISS
de relise pôiir aller se joindre^ dans lé royaume de Naples,
aux barons qiii Fattendàient. Lé dnc de Galdbre, avec M
Orsini, ^rif & tâche de Tarrèter ^ tes Florentins; tonjotiiii
ients à se mettre en mouvement, n'agirent avec 'c[nelqae vi^
guettr qtf au commencement de Tannée sniranle. 1486. —
Alors ils étendirent leurs négociations daiis toutes tés irillés Ae
rÉglise qui confinaient à leur territoire. Les Ëaglioni devaieilt
faire révolter Pérouse et y rétablir le goùveriiétbéiit tét>ribli-
cain; les fils de Nicolas l/ltélliy qui venait de iliobri'r, de-
vaient, avec leurs partisans, recouvrer la seigneurie de Città
di Gastello ; Jean des l&atti devait feire valoir les droits de sa
famille sur Yiterbe ; les iilles d'Assise, Foligno, Mohtéfaîco,
Spolète, Todi et Orviète recelaient de même chacune un pÂMi
qui traitait avec les Florentins 2. Aucune de ces conjurations,
tt est vrai, n'eut une heureuse issue ; mais le )[)àpe qui en avait
connaissance en conçut une extrême inquiétude. 11 fut oblfgé
de Aviser ses forces pour contenir toutes ses vilïes dans h
devoir, et il ne put point donner aux barons napolitains fës
secours qu'il leur avait promis.
Cependant les deux armées du duc de (îalabre et de San-
Séverine, qui s'étaient longtemps menacées, se rencontrèrent
enfin, le 8 mai 1486,au pont de Lamentana. Un combat s'en-
gagea entre ces deux corps de cavalerie , mais avec it peu
d'ardeur militaire qu'on assure qull n'y eut personne ni de
tué ni de blessé. Comme le duc de Càlabre enleva des prison-
niers à Bobert de San-8évérino(, et le repoussa du champ de
bataille, il fut supposé avoir reinpor'té la victoire '. H s'ap-
procha ensuite de Home ; et les Orsini qui lui étaient dévoués,
jetèrent la ville dans une extrême confusion, car autant la
guerre était peu meurtrière pour les soldais, autant elle était
redoutable pour les -peuples.
M Motn AOB. 227
U Ameet de tôM Tétat de fÉglise, la dévastation deé
eampagHeiif la ruine de la viUe eUe-mtaie, inspiraient d^à ait
bifa}e Innocent YIII dn repentûr de a'ftre engagé dans nne
latte an-doMis de tes forées. Après avoir allumé nne guerre
imprudente^ il n^avait pris ancime mesure pour la soutenir ;
il se défiait de tous également, et, dans son indécisioni il lais-
gnil édiapper ses dernières ressources. Iiaurent de Médieto
angnirata encore son irrésolution et ses craintes^ en faisant
tomber mifera ses nains de fousses lettres de Robert de San«
Séfi^no, qià devaient faire apprâiender une traUson de sa
part^. Les cardinaux (Raccordaient à presser le pape de termi*
Dâf «ette faerre ruineuse : le seul cardinal de la Balue, comme
Français^ se trouvait ea opposition avec tout le sacré collège;
n rsppdait les démardies faites par la cour de Borne auprès
du roi de France, et il protestait que le pape ne pouvait sans
désbomiear abandonner une entreprise qui avait déjà mis là
franw entière sous les armes. Le vice-chancelier Rodéric
Boifia lui répondit avec tant de violence, qu'on eut peine à
smpèdier les deux cardinaux de se battre ^.
FsMfinandet Isabelle , rois d* Aragon et de Castilte» cher-
diafa^t par leurs ambassadeurs à rétablir la paix du midi de
l'Italie. La réunion de ces deux antiques monarchies leur avait
doBué «ne grande prépondérance dans la polîliqoe de T Eu-
rope. Ferdinand était roi de Sicile, et il avait par conséquent
un iaJbMlt dnrect à écarts du royaume de F autre FerdinancF,
soa cousînvles prét^dants français qui pouvaient iâ>ranler sa
propns dM^aiation. D'autre part, il avait à craindre pour la
Sidie Finvasion des Turcs, qui auraieiit pu faire ainsi une
dâvenion à la guérie qfïîl portait daos le royaume musutanan
1 Haynaidl AnnaL Bceles. 14S«, S 16 , p. S68. — * Rodôrie Borgia s'derii que le Saint-
Pére De «tevait pas ôcouier les propos d'ua ivrogne : le cardinal de La Salue répondit à oetio
fiMMè pv des attaques pltts directes encore «or les mctors , la naissaoce e( la foi du
^mrén»^ xm mdcrétot tUftagnol. iiéfam ïnfmura, ï>iario Homtm. T If^ P. |||'
14!
\ T
228 HBIOIEB DE$ JUEBUBLIQUm ITALIEHNES
9!f^i^mf4]&Jf^^^ k«l]6iteientrek]pape et
fe i]:pi^ 46 J^^tt|i%«i I«'4^4q90#O.Tied(^^Fc^^ de Boxas
Ti|iK9^^ À ïtp«^ 9(mi x^o^^x.^ »l?lud .tiLidi: îli^lqirept miim par
paror^t^ ^fdempflt (wp^es^i d'wwplser J^oPrijftédîalion >•
W ^f^B^^kWfi^ ÇÉgji«Çj|§ teil^t J^^»§l,i«3^f0p ^09 «es
^|fï;^««55fli>^ j»Wff*PW$iiWF;^^ jWTOWtolfti^e, (l'Église,
efuKîv^«f.(4'4W%.Ç*i rti?W. tes bs^fPi ittoelleft>qiii «vmœij
foiî.ftft ï^p^,|ipiïuijagg4filp»w^Çeftv^l$^
9?!??^ JÏPî#.?fl»"filî.WÇ^^^ ^-r^gW?^ PftP $«l§ ville.ojQi.ces bar
irQJ(i^,,fl^w^tj?pçi^.(^ du tribRt qp^'il recoïiiiaissait
^evpjf 1^^ ffi,(5Qp^nta pap Ae^i^iiner à tons
jMî^,,^awBS,\a>jq^ ai^ensi^,4ç yçiiir M xewlrje hommage à
l^^lffti 4].,]efff^]^T^ df resj^.daiis lepirs /forteire$»6s au
TOlîçiïj4çkflT^_xa^^ 4oBp? çepepdapt poTO firaotS
de leur sûreté les ]B)i» jd^^llgOR ej,j4e fiasi^te^fe diicde Mite»
et X?ur!çnt deM^c^^Cç tÇ?tî^tJ[pi tt'*Y,aijt po^M^mmu-
j^(l^ém^^€fa:^ïil^^ Il ftQût, à RQme^etpjiblifJ
., fies :deuf , çoWi4?i)iti^ 4eaF?r4iRapd, qoi.avaiept c»tratom
ayçc 1^, rebelle? fluf^ ?çcr^ coçr^spofii/*^Wv»\étoient
expfiçjteWQt .oofigi^a, d^s î^iteaité, Anssl^ Feidiiiand, .ao
;roomeçt Ail res»t, Ifi 3l>pi>,ç, la. floweUe xtei^.sig^
de la, paû[^ pour jaêiiev dans le .cœur 4e pe^ sqjetsja lenssiir 4
T?aR^W% fit-il,arrêtm-,;Françoi8 Çto^ cmi» 4e Sa^Bo;
Jes jcoçites 4e Çahnpla etde.PqlicasJro m S^iAnUm»JPé^
tnicdi son secrétaire, et deux de leurs confidents. Leurs biens,
A Aos^ïiâlctt Anntû. Vecles. i486, $ i-s, p. $69^-* Stefa^a Jnfe^tii^frû^lii^rt^fim^
^.1211. — Mfio delHùUOù 4i i(mtlp<frtp. p. il08.r^iKiifi|^;
l4»p.MI. ' • ■ • -
0iiiioiitateQt, dtuni, & trdii oent mOle dMAis;fateat étàtà^;
ely peu de jours aprèé, on fit ]^rir tout^ èè» f^ridtinmers dttnft
^e eraek suppIioe& ^ Iie$ buroiis^ l|til hVaièât étô ki jgQett«
ETee'le roi, se cfareptdambe ttonieikt alAËadbiiûéi iaes 'vtitt^
geanees par le tridté de. paii, •<» pemb^èlre' par une wHqMoii
honteose: de» poiisàiiees ÀDèmes ^ayaiait'gtfaiitMeiirsÉ*
retë. Le grand aéndehal, Pierre de tkiétara, imbiArat 'dé» dtoiu^
kmr de ravilissement bà était tenMsba'palrtivÂtttOK^
San-Sévérino^ piinoè de SaleraB, «Anoàlsisaîlt Ifot» Fttrdifiiaid
poar se fier jamais liAiiypasBaéii Frâoee^ «1^ àptto'de Migs
efforts^ 31 réussit «ii^n hj.^nmtarixâ t6i%QW<^; lies antrelk
barons, retirés dans leurs teires, fbrmt méM^ ^qàe^^
temps oMore ]^arle'roi^i«i^i)»chefchèraitalof9.àiS6 penba-
det que leiir eatd»e n'ëtaif potnl; ïa moine quecdllti dit emtUi
de.Sâ)na.etdePétraoci.<:i •: ■ ' m» ,m'.*1.; ■ -> %{ iu-i^.^ ,'iv
Cependaiit Ferdin^ind^ après «'ètafe^^assttvë qoé le tM "d^Ës*
pag»B, ie duo de )Mirànfet Lauréntodq Xédieis; ne^tièndrainnt
poûjkt la ma&n à Texécatiob de : iefl[ protiessesj' ne tabdâc pias à
les Tîoler tontes efiCroiitâiicnt^ Jl >fiienti<éi:'«ir:mGlisicte i4sep-
tembro dans Aqnila^ ce même eomter .delHqnlorio (paf il^atàit
faitark^t un an auparavaiit,^ muâsn^ldepnîs' s était ièniièh
rement déi^ àM. Ls.ebnite'ttindM'l Fimprqviite Anries
soldats d'Bpmocent.YIH'j iliinr tiA aiie^pavtie, el «ontraigÀit
le reste à la fdte. U fit mettre à Inort rarchididcfe^ (Atef»dlà
par&'df l!ÉgUsej et représentant du papèâans A^ittf^^eifln
4 scvniaM;^ Si»ns téitm^ cette :v$Uft èf antoiriténijiale'tv!' >^:
1^ Iwc^DS: n'éi^biqppèMkt pas longMnpff ^dod plii^lt la. per*
fidie duwi;tLe^jp/îoeb)lmi op, te^ dtantresiie HO' juin
^imt» Qfit «Rjèterll^ l^inpeB tf ili^^ et tde iftsigatto^
les aies de Hdft: et de Jïurdo, les ^smM&ét Movc<me, de
* AtmaU NapoiUmi dl Haimo. T. XXUI, p. 398. «- s MimolfU de PMI, de Comtnes
U iqr, «|M|L: II» p* |W.--* t,8»/lnie Utfèemai Df»h H Jkww. Tr Uf, ^. U^ p. I3i4. -
*^mkUAmua.Eeckê.i4M6t$i9iP.9if»> h
986 mSTOIRB D» tt£pem%USS ITALISlfHES
^ianrja$ de Milita, de NoHi^ et i^nears antres gentils^*
jboniiiies. On prétend que toas ees «eign^org for^t immé-
diatement égorgés, et que leurs eorps, cousus dans des sacs,
&rent jetés à la m&t. Mais Ferdinand, ponr contenir leurs
partisans j Tonlnt faii« erâre qa'il Retenait tonjonrs ces
fMrinœs cdmme otages, et il eut srnn de faire porter dhaqne
jour des provisions à leur prison. Peu de temps api^, on
arr^ enoore leurs femn^s et leurs enfants, et tous letirs
biens forent confisqués. La princesse de Bisigmino réosMt
seole à s'enfoir ayec sa fanitUe. Le roi fit périr en même temps
Marin Itozono, doc de Soessa, qui, depnis vingt-cinq ans,
languissait dus ses cachots ^
Le roi n'ayant pins rien i craindre de ses barons, se dé-
gi^ea de toot reste d*égards ponr le pape. Il continua à dis-
poser, sans le consulter, de tous les bén^ces ecdésiastiqoés
de ses états; il refosa k tribnt annnd qn*il s'était engagé à
payer, et loisqae FéTÊqne de Césène fut envoyé par Inno-
eent YIII anprès de lui, ponr tédamer sur ces deox objets,
Ferdinand répondit qn*il connaissait miedi ses propres sojeti
qne le pape, et qu'il savait mieux «que lui qaels tttdent ôenx
cpii étaient dignes d*avaneement. Il ajoota qu'il ^it sans
ai^gent, et que d*aillenrs il avait Imnt fait de dépenses pour
f Ég^, qn*ii avait mérilé de jmnr d*nneptns longue eleisip-
tîon encore *•
Bobert: de San-Sévârino sachant tpm le traité de paik ne
contenait ancnne dame en sa Saveur, se mit en mardie pour
r^agner, avec sa cavairaîe, le territoire de Yemse , déterminé
à s'ouvrir un diemin à la pointe de l'épée. Il ayaft ^é^
passé Todi et le boncg Saint-S^nlere, lorsque le duc de Ûi-
labre se mit à ses troasses:; oe doc, qui enconragetA à la ré-
sistance tontes les villes dont San-Sévérino s'approchait,
1 &mtumê, itu eir. U ixvm, e. I , p. nt. « * Stt/Ino titfmma» mm apM*
p. 121t. — BaynaUU iiuioL Eeeles» UV^ ( tl»p, U%
r
DU MOYBir AGE. ^3^
ÇQQijEnenc^ Jl^i^^tô^ à £Bgn^ des marches sar Ipi, ^esQ BeQr
tivoglio et les Bolonais fermèrent enfin le passage an ^nérd^
^Q papjç, et eelai-ci fut obligé d'abandonner tons ses bagages
et la plus grande partie dé son armée, tandis qu'avec cent
chevau-légers seulement il échappa à ses ennemis et rentra
sur le territoire de Venise ^
Jamais le Saint-Siège n* avait fait une paix plus honteuse
qae celle gue venait de conclure Innocent YIII. Sans avoir
éprouvé aucune ^ande déroute, aucun .revers qui pût mo-
tiver tant de faiblesse, il avait sacrifié le général qui était
venu à son service de T autre extrémité de Fltalie : il avait
abandonné tous ses engagements avec Bené de Lorraine et la
cour de France^ il avait fait traîner dans les cachots et périr
dans les supplices des hommes qui n'étaient coupables que
pour avoir soutenu son parti, et qu'il s'était engagé solennel-
lement à fléfendre. Il perdait le tribut du royaume de Naples,
et la présentation aux bénéfices, que le Sàint-Siégè distri-
buait auparavant dans ce royaume ; et pour comble de lionte,
tous ces outrages lui étaient faits en contradiction ouverte avec
un traité solennellement juré, et annoncé à toute l'Europe,
sans qu'il osât en témoigner aucun ressentiment, inno-
cent YIII qui fit quelques faibles tentatives pour se faire
payer par Ferdinand, n'en fit aucune pour sauver les mal-
neoreuses victimes de leur attachement au Saint-Siège. Il
n'en conserva pas moins des relations de bon voisinaige avec
le roi dé Naples; il n'invoqua point la garantie des média-
teurs du traité de Borne, et bientôt il se jeta entièrement dans
les bras de l'un deux. II sentait sa propre faiblesse, il avait
besoin de trouver de la' force, il désirait être conduit et se
confier en aveugle, et il choisit pour son confident et son
goide, celui en qui il venait de trouver F opposition là plus
^ 8dpkme âmmiraio. L. XXV, p. i76. — M. âmU SabelHeo, D. IV , L. ni , f. S4S. ▼.
233 EISXOIBB DÉS BÉKiBUqiIBS ITALISniIS
yig«lfêàn : ttmieài. àsité^m, ttSM^ lé sùmor de Pfer-'
dioanâ^ " . . ' ' ( ■■.,':_
Ce cbef câèbre i^' U répabiiqne floraitine aVak rebeoiià^
DD jnete miécontciiteiaeDl dàns.le conseil méine dès ^^aitte,
cpill' avait créé, lorsqu'il avait tooId engager Florence à se^
conder Fen^nand dans une opprésàon injuste, et à ^e bronîller
arec rjË^lise, dont l'inimitié était tonjours redoutable. Son
histimen, Valori, assure qbe jamais il ne déploya tant féto-
gncmce, que dans ]» discours qui persuada ses collègneBi.
jamais anasi il n'avait en liesoin de plus d'artifice que dans
cette obcasiDa, où il yonlait faire sacrifier Tavant^ comme les
principes de la répnbliqàe k son intérêt personnel. Laurent
réassit à procurer à m famille' l'amitié (te Ferdinand en M
rendant service, et celle d'Innocent Vfll en l'intimidant;
mais' ni inn ni tantre n'étaient les vrais alUés que devait
déàrçr îlorence; ni'fnn nî fantra ne ponvaienlproinetlre
d^ la constance dans leors affections, on de la sdite dans lenr
jwlitique. Florence était'cfécbue de sa grandeur depnik qu'elle
avait abandonné le s^aUsmedes Albizzi, et qu'elle ne. faUait
pins cause commune avec tous les ^iiples libres. Les Médîcîs,
iiumiifc& de n'être considérés ilans les autres répnb'Dqoes qoe
éôiaùne de sim'pliea citoyens, manifestaient de là jalousé contre
Denise; ils inspiraient de la défiance à Gènes, & Lacques c£ h
Soime; ils mettatient enfin tont leiij' art à maintenir un esprit
de.riTdii£ entre leur patrie et les villa ifcres. D^'lprsFlo-
rencé.'n'éat jpTàs de partisans héréditidres dans le rçsie de
l'Italte'; ' '" ' e son alÙahcé dépendait des. inlrigûeé
sécr^ !< ii';élie i4it wiabte comme Irà liitiârèti
oinvm À s princes ; ceux qui soufraient pioor la
cuue'là' n'éâi^ient idiiB asçni^ de ses secours;
la^amù'^ é songèrent plnîs dès lors à veiûr à son
■ VUh te (Îm ImvMii. ^ u. ir- BAfcM . «f» •/ MMW. A WM. T. n, «h. VL
f.n.
uâe/qi^aafÛAi q^ sentiniiii èoÀtfift pàif «^ lij^
fvSnp ' ^
' La Tïitiitè de ïiàumit de ttâlids, aa Gototraîré, a^it flattée
bbtâi liés fois qa*U^traitait aVee des princes; FerdiÀand avait
pour liaâtbm les égards réserVés ani soave^ins. Son flisPierre
^t aloeaeilli àvee bien plni de respect, aiox nécèà d'Isabelle
JTAragon avec ïèan ûûéàz^ qae lés ambassadeurs de la i^pa«
bUqaen limoeént YIII , de son bôté , ne s^alIiàH J^ <1 FIo*
renoe, mais aiix îlédicis. Son Û% ÎPraucâicbèttb CytKi/époiite
Kadeleitie, fille de Laurent et deChtrisiie Orani. Clalrisse fut
i cette oocasion reçue avee pompe à la cour de Home , aàssi
bien que son père Yirginio Orsini, qui depuis ' te tommen*
eement de ce pontificat avait étié en gderre avec lé Satnt-Srégc :
tons les Orsini, qtÀ avaient été persécutés avec nfcbaràetnc^t,
forent rappelés àla faveur et à la tonto-piiissàncè dani Some.
Enfin, le pape promit; au frtire'dë sa bélïe-fille, aa second fils
de Laurent de Medicis, un cbapeaii'de cardinal. Gelàï ^ptit la
fortune ëommençdit ainsi devait être un jour le pape Léoii'X;
alors ii était encore' enfant, et jamais la première dignité' de
rÉglise n'avait été obtenue dans un ftgè atissiteiidbel' Le ma-
riage de Francesdiettip Gybo et dé Madeleine dé Médici^në se
célébra q[u*en novembre 1497, et là 'cdnéécràtibn dé ^eUn' de
Médic&'fiitdifféréejùsq(à*Âico r4i62^.
Laurent dé Hédi^ était' à peiné récblÂilié aveti Y^Ë^^
qu'il rendit à' Innocent 'Tlïïn^ service émihént en 'tënhmÎEin^
houiiintblément pour lui unie petite guerre, qui inéâà'^it^d* être
sm^ie^dé grands désastres. Là ville dOsimo, dans l'a Marche,
avait éprouvé une révolution, à la suite de laqiièlié cHl^e avait
seooàé la domination de rÉgfisè , et BoeôoUno Gozzoni , l*un
Mefim iR/iMfHra. T, ui , P. U » p. 1211.^-. martôdi mm M KouOê <U nmtiportOn
-•^*
^4 HISTOIHS DES H^PpUfJOQpVS ITALIENHBS
de ses dtoyei^, s'en était fait déclarer seigneur. Ce ije^t
'verain , abandonné à ses seules forces , aurait été aisément
ramené à Tobéissance envers le d^ apostoUqoç ^ mais vers
le même temps , Bajazeth II y demeuré vainqueur dans les
guerres civiles des Tnrcs , avait repris le desséip de pénétrer
en Italie. Des poignées d'aventuriers mxisulmans ayaieat fait
plusieurs ^soentes dans la marche d'Ancdne ; ils avaient es-
sayé de surprendre Fano, et ils avaient trouvé , dans les états
du pape, des corresjpondants et des partisans , comme ils en
avaient trouvé dans cenx de Ferdinand i. Boccolino, ^ui ne
pouvait guère espérer de former des alUances en Italie , fit
offrir à Bajazet II de tenir de lui la ville d'Osimo en fief ; il
lui envoya son frère à Gonstantinople, tandis qu*un agent du
sultan vint à Venise pour suivre cette négociation. La ville
d*Osimo est située à quelque distance àja .rivage, et Inno-
cent YIII j pour supprimer une révolte qui pouvait avoir
de si funestes conséquences, avait envoyé immédiatement
dans la Marche le cardinal Julien de la Bovère, qui javait
coupé les communications de Boccolino avec la mer. II l'as-
siégea ensuite dans Osimo, place assez forte, et qui se défendit
avec vigueur : si la garnison turque qu'on y attendait était
entrée dans ses murs, il est peu probable qu'on eût jamais pu
chasser ensuite les Husulmaos du sein des états de TÉglise^.
Laurent de Médlcis interposa sa médiation pour terminer cette
guerre dangereuse : il envoya f évèque d' Arezzo à Boccolino,
et il lui.persnada de vendre au pape la ville d*0^imo, pour la
somme de sept mille florins. Boccolino vint ensuite à Flo-
rence , QÙ il fpt bien accueilli; mais, lorsque de là il se ren-
dit à Milan, .il fut arrêté à son entrée dans ,cet|^ j^ernière
ville, et pendu sans jugement, et sans égard pour la pro-
* ROMo^r IÀf)8 ofLorenw. Chap. VI, p. *$«. «^ * SUfano tnfnsÉam IHêrto Uomimo*
p. ms. -^ Marin Smmo, fiu û^ DucOl p. iUL-^haynaU, ânnàL ÊSxi: i4é9, $ Si;
p. STl.
M MOT» AOl. 235
teetkm de Médicis, m pent-êlare t^réa ta OMmtenee fleèpèle ^
Il m rottait pLoB en Italie d* wtro gaerre qae celle e&tre les
r^mbliquei de Florence et de Gtees; elle n^ayail pmiit été
terminée j[Mur le traité de Bognolo, en 1484 ,* elle ne le fut
pojiit par celui de Borne eo I4â((. Le premier avait laissé
Ma Florentins le droit de poarsmvre f^ les armes k restitu-
tion de SiTzane, qu'Augustin Frégoso leur avait enlevée :
dans ce but ils avaient pria à leur solde le eomte Antoine de
tfardano, et Ruiuccio Famèae, et ils les avaient envoyés dans
k Lnnigiane, dès le mois de a^tembre 14842.
1484* — Gênes se trouvait alors avoir poor doge ce même
Paul Frégo90, son archevêque, qui s*étaii assis deux fois, en
i464, #«r le trône <kical, et qui s'était voué à la piraterie,
loraqu*!! avait été forcé d'en desèendre. U était rentré dans
tt pairie, en 1 479, avec le reste de sa famille. Son neveu, Bap-
tiste, avait été décoré par Siite lY du chapeau de cardinal, et
d)(u^ du oommàndemeut de la flotte envoyée contre ks
ïura». Mais ni ces hCHmeors, ni le rang qu'il occupait dans
l'Éi^Use et dans sa patrie, ni le crédit qu'il conservait sur le
doge Baptiste Frégoso son iae«en, ne suffisaient encore pour
satisfaire l'ambitieux archevêque* Il accuaa Baptiste, auprès
des obefs de sa fiiction, de dureté, d'arrogance et d'injustice,
il prétendit que ce doge était «n n^ociation avec l'empereur;
pour lui soumettre Gênes, et la tenir ensuite en fief de lui ; il
*8(igf^no Jn/UMuni* p. lUT. ^ Boyiia/iL annal, K9eU$. i4t(l^ S Y, p. 181.
11. RoMoë a prouvé par la pQblicaUon d'une lettre de Laurent A l'ambassadeur flo-
rentin A Rome , que son héroa s'était employé avec léle A faire lanir par le pape , au
moim Ivttga^à l« ilatB «In ts août 14», les prowwaai faltos A Bocooiloo. (iKpiiir. p. it2«
Àppend. p. 140.) Mais il ne deyait pas s'en prendre A moi du soqpçon queJ'aTais incl-
deinmenitlaiisé peser sur HédielB ; les paroles de l'annaliste de l'Église llneulpaient bien
davantagfB. Ad arui confugiendum fiiU» Itaqm Laurentiu» Hedieeut, etc... Qidbtu de-
UnitHs ÙleeeM» tynmmu ad Laurenthan FtorenUcm perrexit , uM Uutte habUm est;
û*MÊMêkm껧i «n» tfMit aeeMw... jteMo jwttfiMp eotum spca Moa; prMNio, iilnii-
faM iMpfNdto alfê€bÊ» ctf . ftayiaid. tWli S T.^li«- papian ««naartria 4iir ParekAfetda
Vatican , ifue VaAnaliste die A l'appui de an rédii, ae font pas aoeaisiM» pou moL
818 BISrOIBS DK.ttiifliWfiiQrai- ITALIigniES
BdnAtoeidê faotimx â m «rdrai^ ot ié d«g»^l80à*«M«iiétk]it
Tend liû reMtdi» «Tîsitè j^ l^«ridlMiècbé^'>le a&'ïcwinbii^ 1483^
âe dëptiser la eoQn^nofe doèale^^iet îl^néi ki imôit ftffmbéirW
fft'iq^rte'ifètre faitUv]wlefaM»iel1#Aiitér^^
PaQl FrégOBo ayant asBemUé ttâ oMiéâlrde «iDift^'OMto^^
teycaBy M fit pgocliûp«r doge de GéqeS' par leots tetfMges^ V
CecM de faotieua^ habile et wtrépmutt^'Iétait iki 4m
plus redoutable» adTeniiretf'gpie'leaSlor^tiiW'piiM^
GOBtrerdam-leiHrs^iitDqprise «w<iSai»Aae.'€e >à*éta}t j^iÉi à
AugdBtia FMgèMseol q[a'i]> de^ttitdlqpaterf la petite ViHe
dont ils rédamaient '- k soaverâ&eté, -iBaift ""'eâi dege, «él * te
même temps à k Jbattqtie de j^tttî^ieeit^. 4ktte eoiDJuigiii
de oommeMe -, aoui prétexté d^admiUititc % 1 9e?eniia dai
cr^àaeimi de'rtftal:de Gétiei^,- aftaii im gotnrchàtàfièi^ ^repré-
«ebtatlly on trésor^ une araiiéeèt im- sj^Btème de ^Ubevié et
d'adnimistratiûabien mpâîeai' k ael«d de k irépcdHiqiie'aa
liiSka de laqaaUe elle était-iiirtitaées.. AngfutoFv^goBbi
qui ne s'était pa» senti assez fiort peni* défendre seul Séâatmef
imôteédéà <ette lNmqae«toaS:8esd[ioîië/
La jMiàqàe de gaint-Gooi^ possédait ëgakmbdt lé iàrt
joh&teaiide Piétra^Santa, i}m eedimand^ le passage de k I^
nie^iiieç iseà ^^(Mèaâxk de Morââee A Sarzittié^Ce^bàiléaii «et
situé dans une plaine fertile, couverte par des bois d'oliyienii
mais re0sm^<mtrel0s^tnof^tâgn|^ la tner. Lâs eatt^'qm
ne peuvent j.troayer . m éoôqjieinent ^iujpSwit ^ y £o|^qènt
cpidiques maraiB qui rendent cette eampagne très mat-
>ame. Piâxa*^ aT^il ^ baiie au im* ^ijée^ par on
tJKptiite BrégCMo 4i écrit liiiHnaaftnMiloto64e cette rèroteii»»»! gwite iiMMip»
:«riBiiM et dei tIom hoBleiiz ^ ipn eiiele« dane wmâifTû.De FouU et Dietk.mifaM'
.Mtt.frfifb€rëFoMct.L. Xl,p.0M.^40^ mustMaU ÀmuUL L. V, f. Hl, F* -<* A
Mzonv, ai«t# Omtceiif, L. XV, p. SM.-: t /Tic* JHiCiMmeftt«l«lir«L. VIU»p.i98.
bOJcppB^ «mane sam
daj^^B^iii}^ l^m^ie^O jgliep^:%^^l6$.<}<^iioift4 neiroulaieiifi pas
<x)pœcfi9§r^^^^ W altaqnantioette <(^rtafie^e. Mm
un coiiTCN^ , ffi^ ibi^ai^t eacorlé^ qu'iSisnon^ofaieiit àlettr'ah^^
m4e, et qql ]^i^nuû|;; ck^ ks amr» <tepFietraTSaiitta^ fat pillé
par la ga^^Dîwm. ])^ lors ik se erareat en droit' d'assii^ger oa
chftteaii) et )a guerre an Uea de «r'étcejdirigée^ftte eonfre Aq^
gustin FrégQ3f, deviiit p«b)iqQe eutre les ^x états^ Les
GéïKMi» de Içnr oftt($, envoyèrent Gonstafltiut Doria, avec nnè
flofte de dix galbes e^ ^pia1a?i^Tai8se«ix rends poiiv porisr le
ratage à liToame, à Yack), et snr toutes les eAfees de Tosetme^.
ie mAu:^. jiir de PiétraJ4Saiita raidit très, meurtrier le
si^ de cette petite Tille, qui avait été ratreiNri9 dans la saison
d^ fièvres. Il y avait e^ pea d'actions miHtaiim, lâs batferiéB
^'étaient pointeneo^ p^iitéesdevant les mnrS) elt dé|à lestrcôs
eq^i^nes des Florentms^ les comtes de PMgUano et de Map-
eiaiio, et Banncdo l^rnèse étairat malades; la plupart de
le^t^t SK^dats éjt9içnt bors d*état de faire, ammii serriee. Ils
.étaient sur le point, le 10 octobre, de lever le si(£^?, ij^rsqifiB
les FJotetitins envoyèrent à kar armée des renforts .eoDS^dl^
ral^, avec trois noavefinx commissaires. Genx-ci s^effoeoè^
rent de faire comprendre anx soldats qae, ûàm tût. c^mat
jàimA et fié^vreux , Tantomne était bien plutôt la saiséa de
ecmimencer que de terminer la campagne. Ils les engagjarent
d9qa4jdemeqrOTenoared0vant Piéà*arSanta, etles 21 et 32
* Ifie. MaeeMovetU. L. VIII, p. 4SI. — Sdpione Ammirato. L. XXV, p. las. — /. Miph,
SrufL L»>Vin« p. 199. ^9 VberH Féttetœ Qènueiu. Bku L. XI , p. 651. ^ P. Bizarro^
!•* X?« p. va^'^ àgfM» e^MoKA ÂHMà, U V« f. 811. -^ > 5c4>tone immiralq.
L.XXV,p.l«8«
338 msTOiBS Dm ftirajbLtQtJifiè tTAtmiiËs
octobve^ ils les eéttâo^rireiit à Fattaqaede deax rràdiites qn'ftl
ailevteent, roue au SaUo àlaCérmm, l'autre dauslatallée de
CùTvara. La garnison a? ait jnsqii' alors conservé one commit**
nication avec les montagnes an moyen de ces redoutes. Gep^^
dimt le comte de Mardano fut tné dans une de ces lattaqueS^
les trois bonveanx commissaires, Gniedardinî, Gîan-Fîgliazzl
et Pucci, forent attefaits par U flètreiépidémiqne, et l'on fdt
oUigéd'en envoyer on nonvean, Bernard delllérè, pour les
remplacer. Il arriva an camp le 2 novemlm; la garnison éttSi
d^à aux abois; un assaut ta% Hvré à k place le 5 novembre^
et tes Florentias demeurèrent maîtres d'un bastioù. Alors Lau-
rent de Médieis, qui ne s'approdiàit gnèHB des camps aussi
longtemps qu'il y avait quelque danger, accourût à câlii dei
assiégomts pour recevoir la capitulaliDn de Piétira-^Baâta ; die
fiit «gnée le 8 novembre ^
Les Florentins cependant avaient pris à leur aolde ifix-hoit
galères catalanes , «eus les ordres de Requesens et de Y illa<-
Marina ; ils avaient formé un parti parmi les ânigrés génois
ennemis de Paul Frégoso, et ik voulurent attaqiser ce doge
dans sa capitale. Bernard éd Méra eut beaucoup de pAne à
tenir réunie F armée qui avait pris Piétra-Santa, et qui étaft
affaiblie et déconri^ par des maladies tocyours rmiâfsbantes.
Il se pr^Nirait cependant à continuer la campagne, lorsqu'fl
apprit que les émigrés géimk avaient été défmts le 22 décem-
bre ; alors il céda aux sdUidtatioàs de ses soldats, et illes mit
en quartiers d'hiver s.
1 4Bô. — Louis^le-Maure, régent de llijian, et k pape, of-
frirent aux deux républiques leur médiation : ik pro|K)sèrent,
ou de laisser aux Génois la possession de Sarzane, et^éiox Fi0«-
rentins celle de Piétra-Santa , ou d'échanger ces deux pkces
T. mzarro. L. XV, p. gtf* -ig^i* 6|N«0aM«i« Vi Um..^* Scipitm mmtm»^
X. XXV, p. IW,
l^hne contre Taiitre, poar que chaque république i*eiitrftt dans
8ë8 andeiiiiesi propriétés. Les Génois, dans la première stlppo*
Bliion, demandaient que les Florentins évacuassent SarzanellOi
fdrtéresse bttetiatitè à Sarzane^ quMIs posëédaiettt toujours.
Cetii-d ne roulaient le ftire qu'autant qu'ils seraient rem-
boursés du prix d*a<ihat qu'ils avaient payé à Frégbso pont
toutes deux. Ces prëtentiotis, quoique opposées, ne parais^
Mèût pas bien diffidles à accorder; aussi, pendant tonte Tan-
née 1485, les hostilités demedrèrent-elles suspendues, d'autant
plas que la guerre de NapTes et de l'Église attirait d'un autre
côté rattention et led forces des Florentins ^ Mais les nou-
velles n^ociations entamées par le pape furent infructueuses;
te trdté signé par son entremise fut rompu, les deux peuples
s'accusèreùt mutuellement de mauvaise foi, et dé nouveau ïh
recoururent aux armes ^.
1487. — Vers la fin de mai 1487, les Génois surprirent là
forteresse de 'Sarzanello ; mais ils ne purent se rendre maîtres
du ch&teaa où les Florentins s'étaient réfugiés. Florence en-
voya en hâte tous ses condottieri sur cette frontière : c'étaient
le comte de Pitigliano, le seigneur de Piombino, celui de Faenza
et les Orsini. Leur armée rentra le 13 'avril dans Sarzanello,
à Xeàn-Loùis de Fiesque , qui commandait les Génois, y fut
fait prisonnier avec un de ses neveux^. Pitigliano entreprit
aussitôt le siège de Sarzane ; il bfttit trois red))utes entre cette
ville et la Magra; il ouvrit une batterie de huit bombardes,
^i fit au corps de la place une brèche praticable, et il allait
ordonner un assaut, lorsque Laurent de Médids, averti que
les habitants étaient sur le point de se rendre, accourdt pour
recevoir leur capitulation : elle fut signée le 22 mai 1487, et
îarîtiée victorieuse prit l'engagement de respecter lés pro-
priétés des bourgeois *.
^ ^^ione Ànmirato, L. XXV, p. i6Y. — « iM, p. 17S. '^VbefU rùUetœ. U Xl«
P« m,«. s ScipiOfie 4lillll|r«(0. L. XXV, p, t7«« — * IbU, p. 179. -« Và9HI folHttk.
S49 BBionui i>î# sfs^usfiffpii^^ trALiEBrifss
la tenni&er par une bonne pais^ Laurent de Uiédida w laissa
oa^un millier de soldats à Sarzane , et il s'unit à Ixmia^le-
Mapre pour décider. Paql Fr^;aso à f^oqnfiçttre de wayw^
fiénes an ;due de J^j^.iQnc^^ V Âge ^ancé 4n i^anjiipjil Fré-
goso oçHBmençàt à cidnieir .sça pa»^na>, la dopl^e dîpiité
d* archevêque et de d^ge n*ayût pu te f4^ rfnonc^r au jcaroe-
tère d*^ c^ef de fiitfjfiix* Son fila; natai^l Fc^pi^Of mar-
chait, comme lui, entopré de han4Hs fçeQuluinés ikpjm&t
toutes!^ lais. pwr satisfaif)e #ea^|||djr^ ,^é|ii^vi(^^»^<^
despiii, nouveUement ijQa|iti;ki.à;.GéW c^ dés-
onUirçs, avait fait arr^Tbp^9i|aFjri$gf^ Le carfljinaly 9[a «op
filSy.p^epant la défense de,leurp^eoty,fijreiit assassiner Angp
Gi^^|ildi|.jl*im 4es décemYÛSj.etlobie Ijoi^^ Ennoiéme
temps ils «itrèi^nt en] traité avec Loujb^le-Maiv% pour loi
fomn^ttre i^Cf a<^ Pf^^ ^ff^^Wi 4 ^U^P> accordées
;ayeC|l^)içliiçi|^,ds ^an, s^^X ii:S9|iTen|;,tvio),ée99 «nais ils cher-
chèrent dws cet aeçpr4^;^^ garantie Kour l(BQur,faimiUe"qn'as
ne: pouvaient tronvev pofir, l^ur pati;ie. I^^fijlïe n^nr^Ie du
dernier duc, Glaire Sfona, vedye de Pierre 4el Terme , fiit
donnée en ma^ag^ à ErégqnîsOy fils .de Tardi^^ife; leuis
poc^ f curent câéhrées avec qn faste royal à Hilan^ an mois d^
juillet 1487,. en pféseuf^ des jui^baf^sa^eç^ de la république.
Ainsi, laliberté de Gèn^ al|a^ .être sacrifiée par un marché
hontcpi^ aU'Otfu^iage 4^^^
Maisl*al)ûipçiB.<te Paul ]B'r4g()so avec le duc de ^an exdla
la défiance de ,todsl^ Cretois, et le» ennemis du dpge profi*
tèrent de cei dispositions puhjiiifuès pour se i^éunir «contre lui.
Iblétto et Jean^-Lquis de Fiesqn^ deux frères qpx avaient ^'-
tribué à sa grandeui:, se préparèrent à aj^attre Tidol^ qu'ils
L. XI, p. 6S9. « > Vb, Fottetœ BUU Genveta, L. XI, p. «S4. — s Djofto del *Motulo ai
fiantipario.p* i|05. '^BanhoUSmatenof Commenude rebui GcHuent» 7* XXIV. sur.
ital. p. 518.
: 00 mon» A6B» 241
^tdèst âevé : ib s'adressètent à ^ptirte Frésoso, qae le car*
dioal, son onole, reteDaït en exil àam le Frinli, après ravoir
trahi et cbaasé da palais ducal doq ans auparavant. Î\b s'a*-
droBsèrrat aussi à Jean et Augustin Àdomo, chefs de la fac-
tion opposée, qui vivaient à Selva dans la retraite, et ils con^
.vinrent avec eux du jour où ils attaqueraient à 1* improviste
le doge qu*ib détestaient tous ^
1488.—' Jean^^Louis de Fiesque s'enfonça dans les mon«
tagnes pour, armer ses vassaux, et joindre à leur troupe tous
les soldats vagahpnds qu'il pourrait re<»ruter. Ibletto, diargé
de diriger des rassemblements dans les faubourgs mêmes de
^ènes, cacha ses intrigues sous, l'appareil de festins conti'
nuels,^ d'une dissipation qui frappait tous les yeux. Le doge
le fit interroger sur les soldats qu'on voyait autour de lui.
lUetto répondit que c'étaient d'Midens compagnons d'armes
qû profitaient de ce que l'Italie entière était en paix pour
venir passer, dans la joie quelques jours avec lui. Cependant
r inquiétude que PaulFrégoso avait manifestée fit comprendre
i Ibl^to qu'il n'avait pas un moment à perdre. Le même
soir, au mois d'août 1488, il surprit la Porte-aux^Chèvres,
près de Saint-Étienne, et il s'y fortifia avec une centaine de
soldats; il fit en m^e temps avertir de son entreprise tous
ses associés, et il les fit prier instamment d'accourir aussitôt
à son aide. Paul Frégoso crut devoir attendre le jour avant
de venir l'attaquer; il ignorait et les force» dé son ennemi et
les dispositions de la ville, et il ne voulait pas tirer^ des sol*^
dats de s^s forteresses, au risque d'en affûblir la garnison,
au moment où Ton songeait peut-être à les surpi^ndre : ce
délai assura le succès des conjurés. Avant le jour, Jean-Louis
de Fiesque entra dans la ville avec la petfte armée qu'il avait
rassemblée dans les montagnes. Augustin et Jean Adomcf y
s Barlh, Senaregœ Comment, p» SU» — Vbert, Fottetœ, L. XI, p. MS*
▼u. 16
242 HISTOIBE D88 HnmUJQUBft ITALIENNES
antoèreat de kar eèté^ avec tonte leur ftatien depuis long^
temps ^primée. Baptiste Frégoso n'avait pas héâte è s*idlicr
avec ka pins andeDS anneBiis de sa aiaisan, pour se wenger
^h perfidie de son ciicle. Lenr anoée éteit d^à isit :sapé>-
Tîeuce à. eeUe dn doge; au point dnjovr elle Tint TsMafoer
an palva-pnldie ; et PanlfTeccmnaissant trop tard^ne le dâai
d*ane noit avait causé sa mine, s'enfuit avec son fils dans la
eitedeUei tandis 'que soil ami Paul Doria retordait la marche
des assaillants pardbs propositions artificienses, et le éécof
Imt ainai an poignard de Baptiste Fr^joio, qni ne nBapimot
^e vengeaiiee K
^ Ijesemieaiisda cardinal 9 midtres du palais publie, dior*-
ebètient à donner une tant» nonvdle à la répnUique. Us ne
voulurent pas nonmier de doge; cette dignite suprême urait
lévmBélarivalilé des AdoRii et desFregosi; elle anniit aussi
mécontenté: les Fiesquesi fiie leur noUesse exclnaît d'nne
ma^tratnré populaire* Le sénat choisit donc douze eilojens,
qu'il nomma d'abord capîtakies, et ensuite néformaleinrs de
la république de Gênes. Les eheb des deux factions popu«»
laires, cfUE de toutes les. familles noblesi et ceux qui, è^nl*^
que titre que es fèt, jouissment de la conftanoe de knri
eondtojena» se taronvèr^it réunis dans ce nouvean conseU^»
Le preoûer ordre donné par œs magistrats Ait odœ d'at?
taquer la forteresseu Le cardinal ne s'était pas contenté de
l'occupa; fl avait anssi logé des soldats dans les mainans
voisines, il en avait chassé les habitents, il avait coupé hû
rues par des barricades, et il s'était mis en étet éfi mmiaàc
un siège qui pouvait être long« Les coad>ats livDés.airinnr de
cette forteresse réduisirent Ciênes à la {dos effrayante déso->
lation. Chaque pidaîs était à son tour attaqué et défendu avec
de l'artttlene; quand l'un ou l'antre parti élmt eUîeé^de
1 Batth. Senofegct De rehut Gtn, p. 5t5. — lOberL FoUetœ. L. XI, p. ass. •- * Barik,
Senareçœ, p. sil.
BU MOT» A6K. 243
t'éraeaer, Û y mettait k feu en se retirant; sa vâbmi^
«iMBl^its et de rtneeiidie, <m iroyail les habitants, les lamnês
€t les enfimls dispster an soldats qui les pillaient leors
meoblCB et letà^ rtebessei. Chaque jear la dévestatiott s'éleà*
dâit plus loin ; et oette o{ya^te dté y n renommée par sa
ttagnifieenee, saiiblait menacée d'être rasée par ses propres
titoyènsi^.
Pendant qne œs combats se [plongeaient, fes magistrate
a'ftiMnt adressés au pape leur compatriote , dont ik implo^
rtrent la médfatien, et au roi de Branee Charles YIII, anqnel
ils offrirent k seigneorie de leur tille, aux mteies oonditionB
«RKqnelles son père Pavait possédée. D'autre part, Paul Fré-
Ifioto avait «jkmtandé des seoours au dno de Milan ^ .qui fit
ataiic(^ irers la Ugurie Jean^François de âan^SéTérino, comte
de Gaîoxso, ik de Robert, qui était mort rannéé précédente.
Eu mâme tempe des ambassadeurs milanak mrrivèrent anssl
4 Gènee, et Imr médktton fni aeeeptéa par les denz partis,
ils pioposèinent de partager k république entre les Adorai
et ks FttégOtt ; de^ eéder aux prami»»' SaTonne, areo Ictate la
rMè«e4e PKmmt; de eonserver «ni seconds frênes et la ri*
Tttre de ImmA^y de reconuattre enfin la sncemneté du dnc
dé Mflan sor fane et ^sac f aotre partie^. Cette proposition,
H\Â sacrifiait k gloire et' re^tènce même de la nation à
FaTantage des che& de pa^ti, fut rojetée par tons deux, mais
tfie augmenta leur défiance réciproque. Baptiste Fr^oso
cepenèanî était odieux et suspect à Louis4e-^Maure , et ks
ambassadeurs milanais traTaiUaient en secret à détacber de
hA' ses nouveaux aesodés. Ik réussirent en effet à obtenir
^on k leur sacrifiât. Baptiste fut aan^èté dans k maison
même d'Augustin Adomo, où il s*étalt rendu sans défiance.
On k Al menter s»r une galère, et partir pour Aniipoli dans
> C7*erf. F$li9tm> L. Xl« p. âM.^Hortfc. Senaregtt. p^ ki9' P. Bizqeri, l>. XV, p. 303.
^^VberL Folietm, L. XI/ p. 6ST. *- Bori/i. Senategœ, p. 5|7,
16'
244 HISTOIUE DES HEPUBUgiTES ITALIENNES
le Fridtîl; c'était le knéme liea d'eûl'tfûù 11 était )*ef^B peu
de fiemain^s auparavant; Les autres cheft avaient donnélear
consentement aux nouvelles propasUioiis des ambassadears
milanais. Augustin Adorno devait txercst pendant dix ans
r autorité ducale dans Gènes, avec le titre de lieutenant du
duc de Milan. Ibletto et Jean-Louis de Fieschi devient être
conservés dans tous leurs honneurs et tout leur crédit. Le
cardinid Paul Frégoso d^vmt abdiquer la dignité ducale, et
consigner aux Milanais le Gastelletto et toutes ses forteresses.
En retour, on lui promettait une pension annneUe de six
mille florins, et on en pnMnettait mille à son fils Frégosino,
jusqu'à ce que le pape leur eût assuré, en bénéfices ecclésias-
tiques,, un retenu égal à 4»tte somme. A ces concKtiooSi on
permettait à Paul Frégoso de demeurer à Gènes, pourvu ^'il
s'y renfermât dans ses fonctions ecclésiastiques ; maïs 11^ eut
tirop d'orgueil pour vouloir obéir là où il avait commandé.
Eh sortant du Gastelletto, au mois d'octobre i486, il monta
avec tous ses effets sur deux galères qui lui étaient préparées;
elles fièrent jetées par une violente tempête sur les rivages de
Corse; l'une y périt avec tout ce qu'elle portait^ l'autre,
après avoir perdu tous ses agrès, échappa, comme par mi-
racle, à la tempête, et vint déposer Paul Frégoso à Givitta-
Yecchia, d'où il se rendit à Borne, qu'il ne quitta plus jusqu'à
sa mort survenue le 2 mars 1 498 K
' La république florentine n'avait pas lieu de s'apj^Midir dt
cette révolution, à laquelle die avait contiâ)ué, en <xmtiii«iant
une petite guerre sur les frontières de la Ligurie. Le duc de
Milan ne fut pas plus tdt mettre de Gènes, qWil témoigna son
réglât de la perte de Sarzane et de. Piétra-Santa, ^t qu'il
songea aux moyens de recouvrer ses deux villes ^. Mais Lau-
rent de Médieis, persistant dans sa défiance de toutes les ré-
• 1 Vbertus FoHet. Genuetu, Bitt. L. XI, p. 667. — Barth. S6iifif«ffie« T.' XXIV, p. Stft.
— P. Biiarro. L. XV, p. S«6. — * SeipUme âmmtrato- L. XXVl, p. iS2.
mi MOTEX AGE. 245
poUkpies^ redontttt m^il&les iatrigaes et les 6omi4oto d*Qi|
posée Mn voism, que Texemple de liberté «t d'indépendanoe
qae des cttoyens ponraieiit ^Bner aux Floventins. D^à Pé-
roase^ Bologne et Gtees ne pouTaiesl pins lai causer ce genre
d'inqniétude. Yenise. était .toi]yoni8 regardée comme nne puis»
sanoe ennemie ; enfin les denx républiqoes qni partageaient
avec Horace la souTeraineté de la Toscane perdaient cha**
qae jonr de leur importance. Cdie de Lacques semblait met-
tre tons, ses soins à se faire oublier ; on ne la yoit presque
jamais nommée par aucun des écrÎTainsdu siècle, et comme
son gouTemement, par une jalouse défiance, a empAcbé la
pabUeation de tous les historiens nationaux, on s'aperçoit à
pdne de son existence. Celle de Sienne oocapait alors plus
tristemrat .la renommée ; elle consumait ses forces dans son
propre aôn.
Depuis que le duc de Calabre était sorti de cette Tille, en
1480,. die avait toujours été en proie à une effroyable anar«
cbie.' Des! démagogues furieux aTaient tour à tour exilé, pros-
crit, précipité des fenêtres du palais, ou fait périr sur L'écha-
faud tous ceux qae leur naissance, leurs talents, leurs services
avaient rendns éminents aux yeux de leurs concitoyens. Les
ordr^, ou Monts des neuf, des douze, des réformateurs, des
gentilahommes, tour à tour, en butte à la persécution, avaient
été tantôt exclus de toute part au pouToir suprême, tantôt
abo&, tantôt .proscrits. La république, en 1482, n'avait plus
voala reeonnaltre que l'ordre du peuple, auquel on avait
réum tous les autres ^ Vais cette sage résolution, qui devait
iaire disparattre une di^nelion pnq^re seulement à perpétuer
les troubles, avait été abolie, en 1484, par les démocrates
eu^mêoies. Ils avâent voulu séparer de nouveau de leur
corps tons eenxqui avairat quelque prétention aristocratique,*
k « ,
1 OrldiKfo |ralat>o/<^ 5ioria 41 Sima. p. UI, L. V, r. 86, V. .
246 HISTOIRE DES IlÉFUBLIQUES ITALIEIXÏIES
poar taire de leurs droits abûlis oh titre d'elGlnsioq^ et; TêUt*
blissémei^t de cette oligarchie, tOQte roturière, a?ait ^été ne*
cofnpagné de nouveaux massacres i. Le upiohre des «xifés de
Sienne était chaque jour pins grand. Us ne Tivèâiait plus
isolés dans leur hannisseinent, ils se réunissaient en troQpês
iormidabies dans les états voisins, ^ îb effirayoieat le go«H-
vernement révolutionnaire, par leins tentattVes eontinnelleB
pour rentrer dans leur patrie, ou par force ou par surprise*
Laurent de Médieis était aUié de ce gonvememeiit anardiique.
Il avait fait renoncer les Florentins à leur aprî^meiaciaxime^
de ne chercher jamais des amis que parmi ceux delà justice,
de rhonneur et de la liberté. Ses traités étaient toujours <fi€té9
par Tintérét du moment, par la jalousie, par le éésàr d*afbi^
hlir ses voisins, par la politique e^fin, dont les vfies sont
Lien courtes à côté de celles de la morale. Il avait siEieriflé, en
J 482, les émigrés siennaiis, maîtres du Mûikte^B^;gicnii, qui,
privés tout à coup de ses secours, avaient été contraints dV
bando^er oe château à leurs ennemis > ; et il avait ooisdif;
le 14 juin 1483, une ligue pcn^r vingt-cinq ans, ap nom des
Fl<>rentins, avec la popnla^ee qui tyrannisait Sieime^j inais
les. émigrés n'en avaient pas moins cherché à s'emparer tan«
tôt du château de Saturnia, tantôt de la viUe de Chinai, tan^
tôt de la bourgade de San-Quitico.
Ces émigrés signais citaient de tous les partis, de tons les
Monti, suivant le langage consacré à Sienne. Plusiieurs de
ceux qui avaient été envoyés en exil les derniers, stvaiMt en
part à la proscription, au supplice même des premières vicii*
mes. Le juste ressentiment qui les tenait divisa faisait l'es*
pérance des oppresseurs de leur patrie. 1487. — liste s^^
tireht : ils mirent de côté tout souvenir d'offenses que le sort
^vait déjà vengées, et ils priren^t la résolution de se réim^
1 OrUmdo MalavoUi^ Sloria ai SUna. P. III, L. V, f. 93.—* Ibld. f. zl^^àlUçr.
Allegreitl , Dlari Sanesi, p. Ai|-Sl3. — > Oriando ValavoHt^ L. V^ t, $i^ v.
Du.B^ra ÂGE. . 247
0(mti«le8 8èuls.eimantejdûiitoiiiie doive point oublier lâlfer**
£BÎt8,.oeiULqai «mt toujours tout j^uifiaftats. Nid(^ Boi^hesi
et!!Iëit P^dydi tignèreni à Bome^ au nom de Tordre des Neuf^
k paix aveo liaureut ft Ooid^Aixtoiiiù Bomiii^i, représeu*
tanli du Mont dea réformateurs. Eo même %emj^ Léonard,
fib de Baptiste Bellanti^ aussi de l'ordie des Ifeuf, dont le
paie avaglt péri sur fédiafaud^ signa à Pise la paix avec Bar«'
tfaâeim Sozzini et Nixsolas Sétérini du Mont des Dou^e, qui
avaient contâbué à. œs exécntionfi oroeUes. Tous ensemble
s'engagèrent à n'agir plus que de oonqert pour FaraOïtage de
tous les exilés, et à n^avoir plus d'autre but qne^ celui d'af-
fruictiir leur patrie du joug.de la tyrannie sous laquelle cite
gémissait, i»
^ Les émigrés se réunirent alcrs^ à Staggia, sur Teitrème
frontière florentine. De là ils partiifent, te 21 juillet (487,
atec cent fantassins, prisi k leur solde, et un petit nombre de
eavsliers, que le capitaine Bruno de Grémone eommÉndait.
Au fiea de suivre la grande' route, ils s'enfbneèrent dans les
bois par des chemins déteoirnés. Cepsndant on atait eu avis
à fiienne de leur entreprue, et Ton arait envoyé à la décoiJH
^^ei^ ua grand nombre de déteqh^pentir qui s' avancèrent jus*-
qoe^très près de Staggia, et s* assurèrent qu'on n'y entendait
aucun bruit. Ils avtûent auparavant battu tous les bois pcèé
de Sienne, et ils n'y avaamt rien découvert. Ces édaireurs
ievini^t èane à lu ville, et rapportèrent au gouvernement
qu'on avait donné une tmms^ alarme^ et qu'il n'y avait d'en«
uemls nulle part. Uq accide^ lidicule avait dérobé à leur
rashercbe la petite tnoupe des ânigrés; ceux-ci avaient ebargé
smr un mulet les lastraments dont ils comptaient se servir
pour enfoncer la perte t ce mulA s'échappa dans les buis, et
entraîna à sa suite tonte F armée, fort fein du cbemin qu'elle
^ Oriando Valavchi. P. lU, t. V, t. n.
248 HISTOIRB DES BiPl^LIQCES ITALIEnS£S
deVait poursuivre. I^imiIetfateDifiaalf^tapitÀdeuxlicfiiRs
d'une course fatigaute» et les émîgi^>e|^rir«nt le cbeuÉu^ dp
Sienne, non sans craindre qiie ce retard ne fit inan^aei! leur
entreprise;. il fatau contraire la\catt9e de leur «oecàs; Toutes
les patrouilles <^taient rentrées, les garctes extraordinaires
ayaient été relevées, les gardes de nuit dormaient, k^nsqne celle
poignée de conjurés arriva un peu avmit le pcMut du jour à la
porte de Fônte-Branda. Ceux qui les attendaient sur le mur
leur descendirent des écheUes de cordes; trente d*eiitBe eux »
rendir^at maîtres de la porte et rouvrirent an reste de la troupe.
Mais on avait promis au capitaine Bruno qu*ana»tdt ^'il
aurait planté son ét^idairdi dans la ville, de nombreuses:
bandes de mécontents viesidraient se joindre à lui ; personne
cepèndanJ; ne paraissait, et ce ccmdottîère découragé n'joaait
s'avancer dansles rues. Les épûgrésJes pai^eoururentiNfiesq^
seuls, en ratant les noms des Véndy dft peuple^ de la liberté
et de la paix. Peu de gens venaient k leur aide^ personne
d'aiitre part ne s'armait pour leur résister. Le gouvarB^neat
était trop détesté pour qu'on. vouUlkt lé défendre, il était tri^
craint pour qu'on s'armât contre lui. Un de ses ehefs, Chtis-'
tophe de Gukluccio, trompé par la voix de eaix qui l^app^
làient et qu'il prit pour ses partisans, se livra Itti-mème aux
émigrés qui le tuèrent. D'auti^ au nonibre de quarante seu-
lement, se rassemblèrent à Gamporeg^io ; ils auraient suffi
cependant pour chasser les émi^^t^ eeux-«i étant dispersés
dans les rues d'une grande ville, et découragés par l'abandon
où ils étaient laissés; mais lorsque les partisans du gouver-
nement se virent en si petit nomlMre, ils n'osèrent rien eatre^
prendre. Plusieurs d^^entre eux rentirèrent furtivement dans
leurs maisons, et posl^înt les armes pour, a' être responsables
de rien ; et les chefs, se voyant abandonnés, s'enfuirent hors
la ville. Ainsi deux pdtgnées d'hommes se disputaient la pos-
session d'une cité puissante et belliqueuse. Chacune connais-
DU MOYCR ÀG£. 249'
sam^r sa propfe fatMesse-, et ignoraiit odle âé TeBiiéiai, se
croyait perdue. Enfin, après plnsieiirs oonrses, les divers partis'
d'émigrés se réianirent de nouveau sur- la place ; leur frôupe:
se trouva forte de quatre-vingts hcMumes, et ils aanëgèrent le;
palais. Matteo Pannilini, capitaine du peuple, abandonné par
tous Ms gardes y s'était enfermé seul dans la grande tour,
n 8*7 défendit quelques heures, au bout desquelles il fut
^Ugé de se rendre prisonnier,^ et de livrer aux émigrés le
siège du gouv^n^nent. La révolution qm leur rendait leur
patrie fut ainsi accomplie, presque sans effu8i<m de sang i.
Gomme la révolution de Sienne avait été Touvrage de tous
les ordres, tous furent admis d* abord à partager l'autorité
suprême. On voulut que la république fût gouvernée par»
quatre monts, dont cbaenn donnerait quatre-vingts consdl-.
lers au conseil général. Les ordres des gentilshommes et des
Douze ne furent compté^ chacun que pour un djend-^mont ; les.
l^euf, le peuple et les réformateurs étaient les trois antres ^.
Ce partage était sage et conforme à peu près au nombre dé
citoyens que chaque mont avait {«écédemment choisi, sous le
nom de risedutij pour exercer les magistratures; mais il ne
fut pas longtemps observé : une balie, composée de vusigt-
quatre citoyens, fut autorisée à exercer pendant cinq ans un
pouvoir dictatorial, et le nouveau gouvernement de Sienne,
comme celui qu'il avait remplacé, crut ne pouvoir établir^
8<^dairement son autorité qu'en privant ses ennemis du droit
de cité, eii les exilant ou les envoyant même au supplice s.
1488. — Dans cet intervalle de paix générale pour l'I-
talie, les républiques ne furent pas seules à éprouver des ré-
Tolotions intestines; les petites principautés furent à leur
tour troublées par des conjurations, et l'on crut reconnaître
t Orkmdo MaUwoUL P. UI, L. V« f. w^93. — àlUgretto Alkgretti^ Diarl SanesL
T. XXIII, p. 832.— Sie/ono Infessura, Dlario di Atimo. T, AU, P. Il, p« i^n.-** Oriondo
Malauolti. P. III, L. Vf, f. 94. — * i&icf. f. 95.
350 HISTOIHB DES |t£pUBUQIIES nAXJKHUXS
dansceUea qui édirïièEirat «n Bomagfia, en 1488^ là «consé-
^puBDoe des intrigoes de Laniretit de Ifédio}») et lé rësseatH
meut d* an homme qui poorsaivaîti après de toagoes aimées,
la/veageance de irieUles offenses ^ .
Ce Jérôme Biario, fils ou neveu et farori ie Sixte IV, qui
dk ans auparavant avait étéràme de la conjuration des Pazzi,
s'était retiré, après Féleetion d'Innocait YIII^ daùs sa sou-
veraineté de Forli et d'Imola. Il était andsi é^néoré dépo^-
taire du diàtean Saint - Ange ; mais sa femme remit cette
forteresse aux eardinanx, le 2â aoAt .1484, moyennant le
paiement d*ane grosse somme d'argsat ^. Cette princesse ,
qui était fiUe naturelle du dernier duc dé Milan; avait con*
dlié à Biaorij» la protection de la maison Sforzâ. D^âutre part,
Julien de la Rovke, cardinal de Saint-Pierre, tout puissant à
la cour d'Innocent YIII, se faisait une affaire de défendre le
prince de Forli son parent. Aussi les nombreux ennemis qu'il
s!était faits pendant le pontificat de Sixte lY , ne tentèrent^
ils poûit contre liii, d'attaque» ouvertes, mais il est probable
qu'ils ne furent pas étrangers à une coi^spiration formée dans
sa maisim. Ceceo del Orso, capitaine de . ses gardes, Louis
Panasero et Jaeques Bonco, ses officiers, résdlurait de se dé-
faire de Im, encore qu^on ne leur connût d'autre motif de
nessentiment que celui de n'avoir pu obtenir de lui leur solde
arriérée, tandis qu'ils étaient poursuivis pour le paiement de
leurs probes cmitributkms.
< If. Roscoë {Uhuir, p. 196} affirme, sur rautorité de PignoUi, qae les cootempo-
raiii8.ne8eupçeBBéfrBnk jamais Lorenso d'être entrédans la coBjnraiioB Contre Riario;
tous deuise trooipenl. La chronique de Maria Saaute^e j'avais eitéê» écrite jow pw
jour, s'exprime ainsi : A di sedlci d'Aprile s'intese. Suit le détail de l'assassinat: Qiietia
tiiiova écrive aiki ê^gn9rim Marc9 Barbu Podeaû e CopUano di Êavennit, e st âiceva
eh^era stala opéra di Lorenzo cte* Medici , e di Giovanni BemivogUo , per dore gu^le
terre al eignor Fràneeschetto dbo^ ftgiiuolo di papa Innocenzo VUl, eh* à çemero
det dette Lefeneode^ mediei. Seript. Rer. Ital. T. XXH, p.- n4i. On toit «pi» fseeiisa-
Uott es» présent»! pee l'autorité effieidto fat plus toisine, deitz jours après révéa^ment,
^ * Stefam inf^entra Diarlo Bomano* T. lU, P, n. Rer. Itak p. iiat.
DU MO¥Eil ÀOE. ' 25 1
£e f4 avril 1488, pendant ledlnep ded geiis de (RfariOy les
trois Ciotijilrés entrèrent dans m chambre, sous prétéite de M
{MOFter de leim fonctions, et Vj ayant trocité senT, iË le poi*
gnardèrent, se partagèrent ses habits, et jetèrent par la fenè-'
treeon corps dépoailM. Lapopnlaee, appelée par em à se ven-
ger #e son tyran, traîna ce corps par les chereux an travers
de tonte la ville. Catherine Sforza, sa veuve, et ses enfants,
farem immédiatement arrêtés, et la dtaddlè dans laquelle
commandait nn lieutenant fidèle i Biario fut sommée
de se rendre. Cependant les conjurés écrivirent, lé Id avril,
à Laurent de Médicis, pour lui annoncer qu^s T avaient ddi-^
vré de r homme qui méritait le pins sa hune, et pour lut de-
mander des secours^.
Le commandant delà citadelle, sans se laisser effrayer paf
tes cris de la populace ou lu mort de sonmattre, refusa del' ou-
vrir aux assiégeants, s-il n'en recevait Fordre de Catherine
ifùfzû elle-même, après qu'elle serait mise en Bberté. Celle-ci
offrit de son côté aux insurgés de déterminer lé châtelain i
céder à une fottnne inévitable ;' elle ne demandait pour ceM
que de lui parler. CSômme on gardait ses enfants en otage, on
ne fit pas difficulté de la laisser entrer date lé fort. EHe n^
fut pas plus tôt inttodtiite, qu'elle fit tir^r sur l6s assiégeants.
On menaça ses fils du supplice, elle répondit : « Si vous les
« tuez, f alun fils à Imdla, j'en porte un autre dans mon sein,
• qui grandkont pour être les vengeurs d'un sembhible
« crime^ ; »^et la populace, intimidée, n'exécuta point sa me-
maX/o»
* Leur lettre est imprimée dans Hoscoê, Appendix, b* 7t, p. loi. Marin Sanato ae-
euse fbnneileroent Laurent de Médicis d'avoir été TiDstigateur de cet attentat, p. 1244.
— > Bofle, Dlciionnalre erUiqw<, au mot Sforsa (Catherine), prôte A celle prlneesie
une réponse immodeste , devenue célèbre ; et il a pour lui les autorités de Macchiavelll ,
h. VMf, p. 448 ; do J^ M. Brut&^ h, tVl, p. fkz\ et do iittnUoH, àfmaH'iirttaett, d'après
M» «hronHioe 4»atioserift> da Bologne; naia Ba^^Ie^ qui aimait le seandale', n^ point
fvAé-àÊSéàt, benucouf» pin» natnnH'et l^aiiooa{>plas lionnéie, de la plupart des his^
toriens conliemporainsv-til» qw Slf/tafiiori»y^jr«ww,qii'it eennaîssairbien, T^IU,. r. !I^
2^2 HisTome des téwiOMgciîst italiernes
Les mmctéem de Jé^ôine ttaria awentutis^ haftoré" la
protectioa d'Inaoeent Vin ; et oe pape, espénmt par leur
aide lecoaTier lasanTeraineté d'çae Yiile importanle, a^ait
ordonné an goaTemenr de Gési^ de leur condqTO toot ce
qu'il pourrait rassembler de soldats, et tonte :8on aidâlerie.
Enmêmetmps, Loois . Sf orza envoyait au seeoafs de sa
nièœ une armée milwaîae, qu'il airait d^à rasscanblée de con-
cert avec Jean BentiTo^o ,si|r les frontières de Bomagne.
Cette armée^ entrée dans Forli;par la dtadelLe^ tomba, à Ymr
proviste sur les soldats de TÉgUse, et les fit tous priaoBiiiers.
Six des plus notables d*entoe eux eurent la tète .tranchée,, et
furent eoupâi .en nuuroeaux, par ordre de Bergainino, le gé^
néral milanais. Le gouTemeur de Géiène et le reste de se»
soldats furent ensuite échangés contre les .fils de Jérôme Bta-
rio, que ce gouTorneur avait fait conduire dans sa forterasse/
Les conjurés se réftigièrent à Sienne, ayec tons leurs effet»
prédeux. Catherine Sforea fat chargée, comme tutrice de ses
enfants, de gouverner la prindpauté de Forli; et le pape In-
nocent YIU, toujours prompt à entreprendre une chose har*-
die, toujours effrayé de la scMitenir dès qu*il repeontuiit de
la résistance, n'osa pas^se plaindre ^n traitement qu'avaient
éprouvé des soldats qui n'avaient fait qu'exécuter ses or-
dres ^
Mais les conspirations se succédaient en fiemdgne avec upe
effrayante rapidité. Le 29 avril, OctavîenBiario, jeune fils du
comte Jérôme, avait été proclamé seigneur de Forh et d'I-t
mola, et le 31 mai, Galéotto Manfredi, seigneur de Faenaa,
perdit la vie par les mains de Françoise, sa femme, fille de
Jean Bentivoglio. Celle-ci, qui se croyait abandonnée pour
ner. lud, p. 1230. ^ Allegretto àUegretti , Diart Sanni, T. XXIII, p. 833. ^ Bienm. de
Bursellis Annal, Bonçn, p. so7. — Renard. Corio, Storie UUan* P. VI, p. â08S. — iMorto
FerrareseiT. XXIV, p. 380. — lOconlanxe. dl THbalde de'BoêHt Déliai» étgU flratf.
T. XXUI, p. 340. — t Hiorio ûi Stefano infetsura. p. 1210-1390^
«tie nfateesse, et qp^esonAre jalowie déTOrcdt, feignit
d*ètre malade, et invita Galéotto à venir la voir. Trois assas*^
fflos étaient eacbés aous son lit, un quatrième s'âanea snr
Manfiredi ^an moment où- il entrait auprès d'elle.- Mais comme
6è seigneor. était d*ane forœ et d'nne agilité remarquable, il
itait sur le point de ^terrasser son advwsaire avant qoe les
assassins 8<»tis de dessous le lit se fassent relevés, lorsque sa
femme, pendant la lutte, s'âança hors du lit» saisit une épée,
etla lui «plongea elle*mème dans le tnAa. Elle prit ensuite ses
«nfantstavee elle, et se réfugia dam la forteresse ^
Jean Bentivoglio, père de Franeesca, princesse de Faen2a,
élait alora à Forli, avee . Bergamino, eommancbnt de Tannée
flttlanaise: .Tous deux acoowurent anssitAt à l'idde de cette
épouse dimindle, et ils entrèrent sans réirïstanee dans Faenza.
Gepandasit les habitants dé cette ville étaient attachés à la
fam&le deJfanfredi, et ils avaient vu Tassassinat de Galéotto
ai^C; horreur. Les courageux paysans du val de Lamone se
rendirent en foule dans la ville; les uns et les autres soup-
çQimaieiit Bentivoglio ou Bergamino de vouloir s'empareir de
kor principauté ; ils les attaquteent aveC' ftireur. Bergamino
fot tué dans le, combat, et. Jean Bentivoglio fut fait pri--
soonier.
Antoine Boscoli, commissaire de la république florentine
auprès de Galéotto Manfredi, était alors à Faenza. Les in-
surgés loi témoignèrent les plus grands égards, et lui deman-
dèrent la protection de son gouvernement. Lès Florentins
n'avaient pas vu sans une vive inquiétude s'ouvrir des négo-
ciations entre Galéotto Manfredi et les Vénitiens, [ pour la
vente de Faenza. Par T acquisition de cette petite principauté,
Venise serait devenue limitrophe de Florence, et le gouver-
1 Stefano infesiwta, Warto tomano, p. isfi.— Hleron. de BufselHs Annal. Bonon,
p. 90T. — marto Femvese. T. XXIV, p. 210. ^ Mich, Bmto. L. VIII, p. s(4. — Pétri
fiemdi, Htol. Veneta, L. I, p. lO.
iM HISTOIRE DJSS HBiraMQjOBS ITALUBlIlIlS
nement des Médids devait <»*aindre le toidiiag^ de cette pok^
sauce maie. . Aufsi tonte Taratée ^Oi nTait élé, gartemMfe à
Sarzaae fat envoyée en grande hâte au secoure de f aenza sons
les ordres du comte de Pitigliano et de Raaacoio Famèsel
Elle arrêta les Bolonais^ qtû s*armaient de leur oMé pour la
délivrance da^ chef de leuir répoUiqucL Jean Bentivo^o fut
retenu en otage à ModigUana, joa<|a-à. ce que fofâre fût ré*-
tabU dans la principauté qu'U avait pi!abaldéme&l yoidu ea^
vahir , Sme dtoyens^ d<Mit huit étaient de Taenza, ^t huk du
Tal de Lam(me) tarent chai^ de la r^ftce, et de la tatdk
du jeune J^orr^ de Manfredi. Lot«que qs gpUYémânent Ait
établii ,B0ntiv0gtijo fut reinis exi liberté, aprèa avote eu mie
entrevue avec. Laurent de Médias à GafEa^kiolè. 8» iite lui
fut rendue ; et cette révolution, en mettant f aàizà «ous la
protection de^ Fiorctitias, augmenta leur inflilence en Soiiia<*
gne ^ OeUe de Forli né lœr avait été guère moins utile* Peu«
dant les troubles que la mœ't deJérdme Biario avait etdtés^
les Florentins avaient recouvré Pian Galdolî, que œ aeigneur
leur reteaatt injifôtement ^. Us rébsôrrait peu après à fi^
épouser à sa. veuvje Jeaa âe^;MédifiiSyi8Bd d'up Icare du CSonne
l'ancien» et pèns d* au Mtre Jeaa de, Médieb, devenu câèlMre
dans les guerres d'Italie par sa valeur , sa fârocké, et L'atta^
chement qu'eurent pour lui les bandes noirt». Miaî FurU et
Imola se trouv^ent sous la dépendance d'un. lfélâKcu»,^.€a-^
tbenne Biario entra dans cette f amiU^ loÂnifi que sou psenier
marjl avaîl voulu détruire. e;
, 1 SelpUme âmminito. L. SXVI, p. 183. ^Bo^co^^ UfR of Lofoaù d^ Jfedk^
èhap. VIII, p. 174. — l)iari Sanesi ai Allegretto AllegrettU p. 823. -^ * tdcordanu tU
III <n* •
BO WWtR AOC* 1S5
Wîii^uimttumiiimiiiiitîiiH^îmMitm
CHAPITRE IX.
la reine tlatheriiie Comaro abandonne Pile de Chypre aux Vénitiens. —
- Etâto à Rome. -^Bepos apparent de toute Fltalie. -— État de l'Europe^
^ et pronostics. de «ouveaux orag^. -^ Mort de LaureBt de Médidsr et
. d'iABoceat YIIL
X
I488-148â.
lid répabKqae de Yenise n'atait ^oulu prendre aacilM
part aui petites guerres qA avaienl agité l'Italie pendant
la période précédente. Innocent VIII avait fait dKfienHé de
la relever des oensures que Sixte IV avait si injustement pro-*
neneéès contre elle ; il atait Toain lui imposer des eondi*^
tions onéfeuseti, l^treindré à ne point se mtier des présen-^
tations aux bénéfices , et FempAcher de lever anenn iknpôl
fiiir les gens d'église *. II est vrai qu'Innocent YIIl aban->
donna ensuite ces prétetitions , lorsqu'il essaya d'engager lat
république dans la guerre de Naples ; mais les Vénitiens ,
âYeftis par une récente expérience , du peu de fonds qifiU
pouTaient faire sur l'alliance de Rome , ne Toulurent dott-»
> Andréa Wavogiero, Stor, Venez. T. XXUI, p. 1192.
.266 HisToiitB DES mssmauBqpoÊA italibrkes
n^ aaoïHie assislaBoe aux emotenû de Fer^aad, qaelqoe
resseQliaâieQt qa'ils oteaeryMaflBt. contre M pour k goente
de Fetrare. Ils eenimaèrent à mamtenk contre le pa^
Findépendance de lears prérogatiyes ecdésiastiqnes. Véwé*
cbé de Padoue, aoqael ite voabdent faire passer ïérèqmB de
Bellfina, ayant été donné, en 1485, par la cour de Bonie an
cardinal de Yérone, non flenlemend; ils Ini refosèrent la pos*
sesBion de ce nonvean siége^ niais ils le forcèrent à y rœofH
cer, en saisissant ses antres rerenns^ Lear ambassadeor à
Borne , Hermolao Barbare , ayant obtenu dn pape Iimb-
cent YIII le patriarcat d'Aqnflée, le cœiseil des Dix témoin
gna plus de reraentiment encore de ce qne cette nomisHilion
importante s'était faite sans i^endre son aids. Niiarépn-
tation dn non^ean paUîarche, le prenûer littératenr de Ye-
nise, et pent^tre de l'Italie, ni le rang distingué qn'ocen*
pait son père dans l'état, ne les dâr<^rent l'un et l'antre
à des censures sévères, et à une humiliation qui causa bieU'^
t6t la mort de tous denx ^. Pendant la guerre de Naples
enfin, les Yénitiens empêchèrent le pape de lever, pour la
soutenir^ un décime sur leur derg^, et ils s'opposèMit atec
la même femtôté à tout emin^ement sur leucs dreitS'.
. Cette gnerre de Naple^, qui ne dura que peu de mois,
aurait probablement ravagé longtemps l'Italie , si, les Yé*
nitiens ament toiAu y prendre part, et s'ils avaient mnâ
rétabli l'équilibre entre les deux partis* IQ^ntôt îb.eufmt
lieu de s'applaudir d'y être demeurés étrangers, Iprsqii'ib
se trouvèrent engagés sur les frontièries d' Italie , dans . une
autre guerre qui pouvait devoir plus dangereuse, fiigis-
mond, comte du Tyrol, l'un des ducs d'Autriche ,. ataH
des prétentions opposées èk celles de la Seigneurie,, sur les
limites de ses états dans le comté d' Arco et le Gadorin , et
1 Andr, NavaoUrOf Slor, Venez, p. 1193^—* Pétri Bembi Renan Veneumm Historié,
U I, p. 16. in Thesauro Antiq. UuU T. V,, P. I.
DU MOYEIV AGE. 257
sur les droits aux mines de fer de œ dernier district. Dé-
terminé & les faire iraloir par les armes , il fit saisir , en
1487,tofus les marchands vénitiens Tcnns à la foire de Bolsano^
ainsi qne tons les fers traTaillés à Cadoro ; en même temps 3
dëclafrala guerreà la république dé Yetiise. Sept mille fantassins
et cinq cents cheyaoi allemaiids pillèrent et brûlèrent le
district de Bovérédo ; ils assiégèrent dans le cbâtean de cette
Tille Nicolas de Mnli qni en était goaTcmenr, et celni-d
ne se rendit qn^àprès tuie 'vigooreose résistance i. Les Vé-
nitiens opposèrent d*abord à cette inTasion Jules-GîSsar de
Yarano, seigneur dé Gaméiiho ; ik mirent ensuite à la tête
de leur armée le même Bobért de Sàn-Sévérino , qni les
avait conunandés avec tant de succès dans la guerre de
Ferraré. La mort de ce vieux général, qui avait eu une
part si active à toutes les révolutions de Tltalie, fut l'évé-
nement le plus remarquable de la guerre du Tyrul. Après
avoir remporté quelques avantages sur les î^llemands, 3
tomba dans une embuscade que les ennemis lui avaient dres-
sée. 11 y fut tué, le 9 août 1487, auprès de VAdige qu*fl
voulait passer pour assiéger Trente s. Les Vénitiens se reti-
rèrent à Serravalîe; et, coupant toute communication avee
TAlIémagne, ils forcèrent bientôt les Tyroliens à demander
une paix nécessaire au soutien de leur, industrie. Elle fut
conclue le 1 4. novembre de la ménïe année, moyennant la
restitution de tout ce qui avait été conquis de part et
d'autre^.
Vers le même temps, la seule apparence d'une guerre tur-
que servit de prétexte à la république pour soumettre à sa ju-
ridiction immédiate Tile de Chypre, qui, depuis la mort de
1 Andr. NavgUefo» ator. venez, p. U94. ^ PêtH Mmèl Ugr.Wen, L. I, ^ s. .«
Spiegel dey Ehren. B, V, c. XXXIV.^. 89T.~* And, llauàgiero. p. 1195.— Peiri fiemdi.
I**!» p. 9. — Sphegel der Ehren, B. V, c XXXIV, p. MS. — > dnd, «avoglero* p. ii96.
^ sufano infeteum^ Dior. Romoit. p. 121 T. — Mario Ferrarese^ T. XXIV, p. 379. »
l^riBemM.l..l,p. 16.
Yii. 17
ââS HISTOIRE DES RéP|23)UQUE& ITALIENNES
-Taiqiif» âe LuÂgPft^^ n'était réeUpiaent|)bB9 <jpi*«)9]^mfie
^éoiti^ane.. Uemp^re^r tu)rc» Bajaz^th ^^ avait. préparé dèè
;aa 1486 ima fort^ armée pour attaquer Cait-Bai» 30udAn
d* Egypte, fit le spudan, gui sentait tout le danger que courait
..on royaume, si les pprts d'une ile située en face de ses Hvages
. -talent entre les mains de ses ennemis, avait demandé àlà reine
,/a|bçrine Gomaro de se. mettre en état de défense, La répu^
.vlique lui avait envoyé immédiatement cinq cents stracUotes de
. Ilorée et trois cents archers de Candie pour garnir s^ forte-
i.«ess(Bsi.
1 488. — Cependant 1* expédition turque fut différa juaquep
,^488. À cette époque, une armée (|u'on prétendit forte de
*uatre-vingt mille hommes vint attaquer le soudan en Pales-
ine. Comme e^e traversait la Carwmnie, après s'être empa-
rée des villes d'Adéna et de Tarse , elle fut défaite au mois
i'ao^t par les man^lucks au pied du mont Aman, dans ce
<^ème défilé d'Issus déjà illustré par la victoire d'Alexandre.
(ia flotte ottomane fut dispersée et en partie détruite par une
llempéte, et le Turc renonça à l'invasion de VÉgypte,^.
Pendant cette courte guerre, François Priuli avait protégé
^es rivages de l'île de Chypre avec vingt-sept galères. Lors-
^"û la vit terminée, il crut pouvoir ramener sa flotte à Vie-
iiise, et il était déjà arrivé en Ist^ie quand il reçut Tordre de
retourner d'où il venait. Le sénat , en abusant de Tautorité
qu'il avait usurpée en Chypre, avait rendu son joug odieux
0t aux peuples et à la reine j il savait que celle-ci souffrait avec
impatience son excfnsion absolue de toute part au gouveraé-
ment, la sévérité des ordres qu'on lui donnait, et la défiance
qu*on témoignait d'elle. Il avait vu les Chypriotes prêts à se
sacrifier pour Charlotte de Lusignan , pour Louis de Savoie ,
pour Alfonse, bâtard de Naples; pour quiconqjie enfin aurait
« Andr» ifavagiero, Stor. Tenez, p. 1193. ^ * Ibld, p. 1197. -> Raynaldi Annolet
JSce/t». 14U,$ «vp. t89.
W MOYn AGI* Si»
ngaân à len? reyamiie m» antique indépendance eikiir aurait
fait recoaVrer leur rang parmi le» peuple» Kbres. la première
guerre maritime pouvait rendre aux Chypriotes celte Uberlé ,
et ijâ étaient prêts à s'adresser aux infidèles euix-mèmes pour
f obtenir, si aucun état chrétien ne voulait les protéger. D'ail-
leurs^ la reine était encore îeune, elle était beUe, .elle pouvait
porter une riche dot à un nouvel époux ^ on disait qœ Fré-
dérici second fils de Ferdinand, la demandait en mariage 9 et
si elle avait des enfants, tous les droits qiie la république pré^
tendait avoir accpiis par elle se seraient trouvés anéantis* Les
jurisconsultes vénitiens soutenaient qjm le fils de Jacques de
Lusignan avait hérité de la couronne de son père ; que comme
il était mort en bas Age, sa mère avait hérité de lui ; qu'enfin
leur république hériterat de la mèi»{ parée qpe eeUe-â avait
été déclarée fille de Saint-Mare. Mais si eUe s^ remariait^ tous
ks efforts qja.'ils avaient fiûts^pour établir lei^ droits de Ca-
therine n'auraient servi qu'l^ confirmer ceux d*ua second mari -
et de nouTcaqx enfant». •
Geoi^ Comaro, firère de la reine, fut donc envoyé en Chy-
Ip sur la flotte de François Prioji). Le. conseil des Dix, dont
les ordres redoutables l'empcNrtaient sur to#e considén^ion
de parenté ou d'ambition personnelle, l'avait chargé, sur sa
responsabilité, de ramener sa spenr h Venise. 148&. — La
flotte étant arrivée devant l'île de Bhodes, Comaro se rendit
auprès de Catherine le 24 janvier 1489 ^ 11 lui coiniBliniqiia
les ordres dont il était porteur, il lui fit sentir sa dépe<idanee
et la nécessité de ce dernier sacrifice, oonséqueuce de tous les
autres ; il calma autant qu'il put sa doul^r et ses regrets ; il
lui fit comprendre qu'il sermt inutile de justifier sa eonduitto
auprès du conseil des Dix conmie eUe voulait le faire,* ptûsque
personne n'y révoquait ea doute son innocence; enfin, il <^
1 4ndr, Navagiero, Stor, Venez, p. n97. — Pétri. àenU^ Hittor, fenet* U I, P <«•
17*
260 HISrOlBB DEft BÉPUBtlQUSS rTALIENITES
fiât cTdie la promesse d'une entière soumission aox vo-
lontés de k république. Aussitôt il en dépêcha la nouvelle
an capitaine fg^étal , qui s^était arrêté à Almizza, et qui,
sur cet atis, entra dans la rade de Famagonste le 2 fé-
vrier 1489 «.
Ge fut le 16 dd même mois que la rrine prit congé des ha*
bitants de lïicosie. Us versèrent des torrents de larmes en
perdant avec elle jusqu'au simulacre de leur indépendance. Ib
se voyttent privés de leur seule protectrice, en même temps
qu'Us perdaient les avanti^^es pécpmaires qu'uin^cour assurait
à'ieur ville en y répandant qudque argent. Catherine, acoom-
pagiiée par -son frtoe^ par Tun des conseillerB et par le pro«
véditeur^e Ttie, escmrtée par tonte la noblesse chy^ote et
par un corps de cavdeife, s'achemina vers Famagonste. £2le
ftH reçue sdp lès galères de Venise avec un respect et une
pompe royale; elle profita de cette cérémonie publique pour
reeemtttander ses sujets à la sdgneurie de Venise par l'organe
du comte de Zaffo , son cousin , et pour réclamer en faveur
des Chypriotes k conservation de leurs lois et de leurs priti-
léges. Dès le 26 février, Fétendàrd de Saint-Marc flotta sur
le palais de Franagousle et sur toutes les forteresses! La reine
cependant ne partit avec la flotte que le 1 4 mai. Le 6 juin
eDe arriva à Venise , et le 20 du même mois , le château d'A-
solo, dàus lé Trévisan, lui fiit donné en souveraineté pour le
reste de sa vie, avec un revenu de huit mille ducats. La petite
cour de la rdne de Chypre à Asolo a conservé quelque célé-
brité dans les lettres par les dialogues de Bembo. La fiction
élégante des Asolani représentait apparemment les manières
de cette cotir, et l'on doit- croire que Catberine oublia,
au milieu de propos d'amour et de galanterie, dans des en-
tretiens alors à la mode sur la m^physique du sentiment ,
•
1 ânir* navagicro, Sior* feues, p. 1 19S»
DU Morra Aox. 261
te peines , les floueis et les huimUatioiis de sa senritnde
rojale *.
La même année un autre ëvënanent , également lié à la
politique du Levant et aux entreprises desTurcs^ fixa l'atten-
tion de r Italie. Jem ou Zizim ^, fils de Mahomet II , frère et
rival du soltan Bajazeth II , fit son entrée à Bome ^ et vint se
mettre sons la protection du pape. Il avait fait valoir, pour
Buccédar à son. père , une prétention souvent mise en avant
par les princes grecs de Byzance* Il était porpbjrogéiiète, ou
né pendant qae son père était sur le trône, et il se croyait par
là sapérieur à son frère atné , Bajazeth, qa'il disait n'être fila
que d'un particulier. Cette vaine distindion était suffisante
pour tentçr le sort des armes dans un état despptique, où
aocon droit n'est réel s'il n'est fondé sur la force* Mais la
force manqua à Jem ; Taincn en Asie en 1 482 dans un combat
sanglant 9 il fut obligé de s'embarquer en Gilicie, de se réfu-
gier à Bhodes, et d'y implorer la protection des chevaliers de
SaiBt-Jeon^. Ceux-d n'osèrent pas conserver sur les frontières
mêmes de l'Asie un hôte qui pouvait attirer sur €|ux tout^ les
forces du grand-seigneur ; ils l'envoyèrent en iPrance, et le
firent garder soigneusement en Auvergne , dans une comman-
derie de leur ordre. Bajazeth II leur offrit des sommes im-
menses , des reliques sans nombre , des privilèges inouïs pour
se le faire livrer. Les princes chrétii^ns ne furent pas tellement
dépourvus d'honneur que de consentir à cette indignité ;
^ iA<fr. itmfaglero^ Stor, Venez, p. il 90. Od aurait pu s'attendre à trooyer beaucoup
^ déiaUs sur la rdvolutioa de Cbfpre dans l'histoire de ee ivdme Bembo, dont nous
coaunençoBS Ters cette épo<|ue à faire usage. Mais il est,, au contraire , d'une eoncision
estrème. L. I , p. i3. Sa politique ne lui permettait jainais de s*étendre sur un éyéne-
meni d'où pouyait résulter quelque blâme pour sOn gouyerneqient**- * Jern» en turc,
est le nom d'une sorte de raisins eiquis. Jemm est un nom magique appliqué d'ordinaire
^ Saloffion. Démétrius Cantemir est incertain entre Jes deux étymologies , et il remarque
qu'aucun autre Turc n'a jamais porté ce nom. ZIzim , dU-il, est un mot corrompu jiar.
les Européens. L. Ill, chap. II, S 6, Noie.— > Rpywildi Ànnat. jSccfe;f . 1492, S 3ft, p. 312*
^ TitraHirœckcBiit.polilica. L. I, p. Z^^DciMIflw Cçniemir. L. UI, cbap. Il, S 7
«t8,p. 133.
262 HISTOIRE DISS HÉPUBLIQUES ITALIENNES
•
maik fl aeràit ififficiïe d*expltquér par des motif â honorables
pourquoi ils ne permirent jamais à Jem de se rendre auprès
de Cait-Baî, soudân d'Egypte^ qui? se trouvant engagé dans
une guerre acharnée avec Bajazeth , le demandait poiir don-
ner du crédit â ses armes ; pourquoi ils lé refusèrent égale-
ment à Mathias Corvidus , roï de Hongrie , qui espérait faire
par son entremise une diversion dans les états de son ennemi.
Sixte IV écrivît au grand-maitre de Rhodes et à Louis XI,
pour les exhorter à retenir Jem en France, et né point le laisser
partir. pour les armées où on Tappelaits. Innocent VIII refusa
également de confier ce prirfce à Ferdinand, roi d* Aragon et
de Sicile ; à l'autre Ferdinand, roi de Naples ; à Mathias Cor-
vinus, au Soudan et au prince de Caramanie; mais en même
temps il avait demandé avec instance qu'on lé lui livrât à lui-
même, pour être assuré, diâàit-il, qiie Jem ne passerait pas
lés frontières des Turcs sans être appuyé par une ligue de
toute la chrétienté ^.
Dé son côté, Bajazeth avait envoyé à Charles VIII de nou-
veaux ambassadeurs pour qu'il promit de retenir Jem en
France. A cette condition , Bajazeth lui offrait une pension
très considérable , et il garantissait à la France la souverai-
neté de la Terre-Sainte, après qu'elle aurait été conquise sur
le Soudan d'Egypte par les armes réunies des Français et des
Turcs. Mais Charles VIII , d*accord avec le grand-maitrQ
d' Aubusson, avait déjà cédé aux sollicitations du pape, et Jem
était ei^ route poiir ^opiç^.
Il y fit son entrée le 13 mars 1489; tl était à chevttl, le
turban en tété, entre François Cj^p, j^ts du pape, et le prien;
d* Auvergne, neven da grand-maître d'Aubussoû, et ambassa-
1 Gait-Bai , le ptas liabfle et le ptas renommé des soudans de l'Egypte, était Circassieit
d'orfgiiie, et son nom est tartare. CtUt, en celte langue , veut dire confenion : et Hd,
riche. DemeMu» Cantemir.h, 111, ehap. U, f. — * AnnaU Eecles. fin; S 36, p. Zit, —,
s Ibid. I48S, S U et 12, p. 3S1, -a- \ iM. 1489, S 1» P* 393.
DV MOYB» AGJS. 261)
deur de France. Un aïkibassadeor du soadan d'Egypte étaiï
alors à Rome, pour solliciter les princes chrétiens de s'allitt
avec son inàftre contre Bajazeth. Il alla aussi au-devant d^
Jem : dès qu il le tU, il descencfit de cbeyal, et il se prostern**
à terre; trois fois il baisà la terre en s^ataiiçant vers lui : i*
baisa les pieds de son cheval, et le suivit ensuite jusqu*à son
palais ^ - ;.
Le lendemain, le pape assembla le consistoire pour j rece^
Toir Jém daùs une audience publique. Yaioemcut ce princ^
avait été^averti des respects que les monarques chrétiens reri-
daient à leur grand pontife; il ne voulut point abaisser devant
lui r orgueil du sang ottoman. La tète couverte de son turban\
que les Asiatiques ne déposent point, et quMls regardent
comme un symbole de leur religion , il traversa la salle san:
s'incliner, il monta sur le trône où était Innocent, et Tem*
brassa en appliquant ses lèvres sur F épaule droite du pape;
signe d'amitié plutôt que de respect, qu'il donna ensuite l
tous les cardinaux. Son interprète dit au pape qu*il se ré'
jouissait d*ètre en sa présence ; qu'il se recommandait à lui',
et qu'il aurait du plaisir à conférer plus en secret avec lui sui.
leurs int^èts communs. Le pape répondit en l'exhortant î
avoir bon courage, puisque c'était pour le bien de sa noblesse
(titre que la cour de Rome jugea convenable de lui donnei* ,
qu'il était eonduit dans cette capitide^.
Ce plus grand bien de Jem , qu'il devait trouver dans sot
séjour à Rome, n'était qu'une honorable prison. Bajazeth K
payait chaque année, d'abord au roi de France, ensuite à In-
noccAit YIII , quarante mille ducats pour la pension de sot
frère. La jouissance de cette rente n'était pas le moindre déc
1 Diario di Stefano Infeisura. p. I2?s. — * marium Bwehardi apud Eatinaldùy
Annal, ÈccL 1489, S 2 él 3, p. 393.— S/e/"ano Infessura, maria dltiàma. p. lias.— Maf»
Sa^iito, Viu df^*pwhi di Vènezïa, p. 1244. - ÙiaHo Romano del Koudo di KantipOH\
M106. '
^4 laiSTOIRB 0££î,^irp»^9]CffK ITALIEIflfES
motif s^ j^qi ^yfà^i ^i^xifàï>^Mnoçmt à ^mméBS^j(p» lefi
lui fùï, remis, et, à acheter en, quoique jiQjrte le ((HiiiâeateipeBt
du grim^-auLÎtrçi 4 -^^baasiou, eo, loi^i^qjwt ua chapeau de
cardinale Bajazeth cepçndapt, ne se regardant point comme
Hssez assuré dç sou frère par $a captivité, chercha les .mojens
de le faire périi:^ Un gentjibojmne (ie la Marche d' Ancône,
nommé Christophe Macrino dcl Gastagno, prit avec Bajazeth
rengagement demppi^onner une fontaine qui senrait pour la
table d'Innocent et de Jem ; le.poisQu ne devait foire effet
qu'au bout dé cinq jours, mais le malfaiteur fut découvert,
au mo^ de mai 1490, avant Texécution de son crime, et il pé-
rit dans un horrible supplice. D*wtres tentatives de même
nature furent qgalemeot douées,, et la vie tout, au moins
de Jem fut mise en sûreté 2.
[ Il n'était pas diffipilc de trouver à Rome des hommes «psèts
à commettra, des actions jaiyssi exécrables ; jamais la ville
n'ayait été remplie de plu5 de scélérats, ou troublée par plus
de crimes. ]Les meurtriers marcliai^t la tète levée, aans avoir
satisfait ni la famille dont ils avai^^t versé le sang) m la
justice. J(4|s pi^pç oi^.seis minces Içur vendaient des bnUes de
ré;nisi»ony par:lesqi,i^l|es .leprs offenses, et celles d'un nomr
l)rç déterminé de leurs oomplioçsb,^ent abolies; et lorsqu'on
reprochait a^ vi^-camérier cette lîénalité de la justice,' il ré-
pondait en parodiant les paroles ^ l'Évangile : L0 S^neur
ne veut, pçi^t, tfi^ n^rt du péchqw,^ mais plu0t qu'U page et
qu%vive\ , . ; . .
Ifi clergé 4Q9nait aja peuple 4^ €)xepples si «^da^ux,
, qu'Innocent y II][i se vit ol^ligé dq r^o^vç^er) le t) .anil l^Kft,
une. cpnstitutiioii. (|e Pie ll^p^r laquelle il était interdit anx
t JMorto m StefoMO infeuwra, p. i334. — * AnnoL Bceiet^ 1490, S 5, p. 49t. ^ SHarto
di.SUfiu^o ïjif€9wra. p. 1 2Si. — ' K| «innn nnel InttffTogaralar itoecamiffiriiis qvore
de delliMÎtteDlibuB nbh'fltik'et jQftliUa, sed peeuniA exigeretur, respondit me pr^meute
videlicet : Deiu non vult mortem peccatoHt, seA magis ui solvat €l tfUwL SUfimo
|N/!M««ni,' IMoHd'Bomano. p. 1226.
M Jtomi AOÈ. ses
prttfcs cfe tailr des boadieries , des auberges » des maisons
de jeO) des maisons de prostitntioii, de se faire, ponr de l'ar*
gent, les entremeltears et les agents des courtisanes. Si,
avertis par trois fois, ils n'abandonnaient pas cette "vie hon-
tei^, le pape les prirait du droit de décliner les tribonaut
sécnliers, et d'inToqqer le bénéfice du clergé dans les causes
criminelles où ils pourraient être compromis U
Innocent VIII n'avait point donné de prindpauté à sa
nombreuse famille, mais il partagea entre ses enfants les im-
menses revenus de F Église; il en accorda surtout la plus
grosse part à Francesebetto Gybo, son fils aîné. C'était Fran-
cesehetto qui, pour amasser plus d'argent, avait rendu la jus-
tice si ind%nement vénale. Il convint en 1490, avec les juges
du pape, que la cour apostolique ne recouvrerait le paiement
qae des amendes inférieures à cent cinquante ducats, tandis
que tontes celles qui passeraient cette somme seraient à son
furofits.
Poar ajouter encore à l'ignominie dont la vénalité de la
jnsticQ couvrait la cour de Rome, Dominique deYiterbe,
seribe apostolique, de concert avec François Mâldente, fabri-
^oi^ent de fausses bulles, par lesquelles Innocent permettait,
pour de l'argent, les désordres les plbs honteux. H90.. — La
fraude cependant fut reconnu^, les deux faussaires furent
arrêta; leurs biens confisqués rapportèrent douze mille du-
joats à la chambre apostolique. Les parents des coupables
espéraient encore les racheter de la peine de mort. Maître
Aentile d^.Viterbe, médecin, père du scribe apostolique, ofbit,
jpar r entremise de Francesebetto Gybo, cinq mille ducats pour
sauver la tète de son fils ^ c'était tout ce qu'il possédait. Mais
|e papç répondit que , comme il j allait de son honneur, il
ne. pouvait lui faire grâce pour moins de six mille ducats;
< OênéOmiù a/mi nagnatdum AmaL Ecctes. 14IS, S 21, p. 392. — Celle de Pie U
était da 7 mH M6S.— >* SUfano Infestuta ^ Diario Bomoiio. p. 1232.
y^
266 HISTOIRE DES REPUBLIQuicS ITALIENIIES
et, cotùme on ne put trouver eette somme, les deux fenssaites
furent exécutés * .
te dérèglement des mœurs des papes, le partage des tré-
sors de r Église entre leurs enfaiïts naturels , avaient presque
cessé d*ètre des objets de scandale ; en effet, ce n'était pas de
pééhés seulement , mais de crimes que ks derniers pontifes
avaient été accusés. Le clergé tout entier semblait s'être cor-
Irompu à leur exemple, et les écrivains contemporains pré-
sentent le tableau le plus hideax du débordement des prêtres.
£n voyant les ministres de la religion si universellement dé*
criés , on serait tenté de croire que «ette religion elle-même
n avait plus aucun pouvoir, et qUe les prêtres qui lin voquaient
encore , ou les souverains et lés peuples qui la maintenaient
par leurs lois, n* étaient que d'effrontés hypocrites qui tra^-
quaient dii christianisme pour leurs seuls intérêts. Mais , si
l'on examine de plus près les passions qui agitaient Tltalie,
on les préjugés qui régnaient toujours, on s'aperçoit bientôt
que la religion n'avait rien perdu de son empire, encore
qu'elle eût été absolument détachée de la morale. La croyance
que le pape et ses prêtres disposaient seuls des clefs de l'enfer
^ du paradis ne s'était naliemeat affaiblie ; l'horreur ix)ur
toute opinion i&dépendante en matière de foi, opinion aussitôt
taxée d'hérésie, était toujours universelle,- et la justice de Dieu,
pervertie entre les mains des hommes , n ^tait plus invoqnéid
que comme garantie de la croyance, non de la probité et cfe
l'honneur.
Ce fut dans ce siècle dépravé , ce fut sous le pontificat de
IKxte IV, l'instigateur de tant de crimes, que Tiiiquisitiun fat
mtrodnite en Espagne, et que ce tribunal de sang reçut une
jurisprudence bien plus formidable et bien plus atrœe que
c^ qui l'avait rég^ trois siècles aupiûravant^ àùis »a pre*>
> 5(^0110 Infessuroj DIfirio homano, p. 1299. * Baynaldi Antmi» ^c^ i490> $ 32 %
p. 402.
Dt MOYEN AGE. 267
lûière institution contre les Albigeois. De i 478 à 1 482, les t|i*
banaui étaljis en Castiile pour exammer la foi des nouveaux
convertis firent brûler deux mille personnes ^ un nombre de
prévenus beaucoup plus grand eticore périt dans les cachots ;
d'autres, et c'étaient ceux qui furent traités avec le plus d'in-
dulgence, furent marqués d'une croix couleur de feu sur la
poitrine et sur lesiépaules, déclarés infâmes et dépouillés de
tous leurs biens. Les nouveaux tribunaux ne pardonnèrent
pas même aux morts ; leurs os furent arrachés de la sépulture
pour être brùlâ, leurs biens . confisqués, et leurs fils notés
d'infamie. Ceux qui avaient dans leur famille le sang de
quel(}ue Maure ou de quelque ^uif fuyaient de cette terre de
ph)scrîption, et dans la seule Andalousie, cinq mille maisons
fhrent abandonnées.^ Cent soixante et dix mille familles jui-
ves, faisant ensemble huit cent mille individus, furent ainsi
chassées du territoire de l'Espagne ; et cependant le plus
grand nombre dissimula sa religion pour conserver sa patrie,
tandis qu'une foule d'autres furent réduits en esclavage, et
vendus sous la lance du préteur^.
« Cette sévérité dans ta punition des apostats néophytes de
« la race juive, dit Raynàldus, Tannaliste de T Église, Assura
« auprès des âmes pieuses la plus haute gloire à Isabelle,
« reine de Castiile ; queiqûes-ùns cependant la calomnièrent :
« on répandit que ce n'était point pour venger l'injure de la
« divinité offensée, mais pour rassembler de For, pour accu-
« mnler des richesses, qu'on avait apporté tant de sévérité
« dans ies jugements. La reine elle-même ayant témoigné la
« crainte que cette accusation n'eût été portée aux oreilles du
« potatife, Sîxte lY écarta de son àme tout soupçon formidable
1 Marinœut Siadw , De rébus BupanUe. L. XIX, c. 22, p. i9i,^ÀnnaUs Ecete-
9i4ttt. tUiynaldi, 1493, S 47-48, p. 328. — Mariana^ L. XXIV, c. XVII, p. 106.
-^ > MarUma^mstorta de las J5<paitiu. L. XXVI, c. I, p. |42. -^ Aoyti. 4nn, 1492»^ 3,
p. 408. .
20^ HISTOIHS DBS wiP^SUÇfJfS fTALI]SllH£S
« jçt ^landît à 9a piété par sa lettre da 25 féwier^ 1483 *. »
Les écrivains ilaliens da xv'' àècle, de même que ceux «ta
XVII®, ne parlaient jamais de ces pcrsécations^ sans en «p^
prouver hautement le principe. Les pkis modérés» les pins
humains se contentaient seulement de blâmer les détails de
rexécution. Ainsi Barthélémy Senarega, historien de Gènes,
qui vit plusieurs milli^^ de jni& s'arrêter dans cette ville,
et qui fut touché de leurs souffrances, nous donne pur
son récit une juste mesure des opinions des hommes les {dus
philosophes et les plus tolérants de ce siècle. « La loi de leur
« bannissement, dit-il, parut louable au [Ncemier aspect, poi^
« qu'elle cons^vait rbonnenr de notre religion; mais die
« contenait peut-être en soi tant soit peu de cruattté, si da
« moins nous considérons les }uif& comme des hommes ^xéés
« par la divinité, non comme des bêtes féroces. On ne pouvait
« voir sans compassion leurs calamités ; un gruid nombie
« d'entre eux périssaient de faim, Sjurtout les en&nts en bas
« âge ou à la mamelle ; les mères, se soutenant à peine, pqr-*
« talent dans leurs bras leurs nourrissoBS affamés et périssaient
« avec eux; plusieurs soceombaient au froid, d autres à la
« fi|oif; le mouvement de la mor et k navigation à laqpidle
« ils n'étaient point accoutumés, aggravaient toutes leurs
« maladies. Je ne dirai p<»nt avec quelle cruauté, avec qudle
« avarice ils étaient traités par leurs conducteurs. Plusieurs
« furent noyés par la cupidité des matelots, plusimus fmwnt
« forcés de vendre leurs fils, parce qu'ils n'avaient plus de
« quoi payer le nolis ; ils arrivèrent à Gènes en f<M^ grand
« nombre; mais, on ne leur perpiit pas d'y demeurer long*
» temps, car, d'après d'anciennes lois, les jmh voyageurs n'y
« peuvent séjourner plus de trois jours. On les laissa eepai*
« dant radouber leurs vaisseaux, et se refaire pendant quel-
« ques jours des sofif f ranoes de la naYigatfofi. Vocâ les auriez
« pris poat des spectres : ils étaient mmgres, p&les, les yeux
« rentrés; ils ne différaient des morts que par le monvement,
« qaoiqu^ils ne se soutinssent qu'à peine. Un g;rand nombre
« d'eWe eux moururent auprès du môle, car ce quartier,
^ entouré par la mer, était le seul où Ton permit aux juifs
« de se reposer. On ne reconnut pas tout de suite que tant de
« malades et de mourants devaient apporter la contagion ;
« mais au printemps on vit paraître beaucoup d'ulcères qui
« ne s'étaient point manifestés en hiver, et ce mal, longtemps
« caché dans la ville, fit éclater la peste Tannée suivante ^ •
Ce n'était pas seulement en Espagne que ce nouveau zèle
de persécution était excité par les prêtres ; le clergé d'Italie
sWforçait de rivaliser, dans ses sanglantes vengeances, avec
celui d'au-4elà des Pyrénées. Chaque année on faisait circuler
quelque nouvelle histoire d'un enfant chrétien que des juifs
avaient volé, et qu'ils faisaient périr lentement sous le couteau,
le jour de Pâques, en buvant son sang à la ronde ; et par ces
contes effroyables on communiquait au peuple la même fureur
contre eux^. A Florence, frère Bernardino d'Asti, franciscain,
prèdia contre les Juifs pendant une partie du carême de 1 487.
Il recommanda qu'on eût soin d'envoyer tous les enfants de
la ville au sermon qu'il vouMt t)rècher le 1 2 mars : quand il en
eut rassemblé entre deux et trois mille, il leur dit qu'il faisait
chœx d'eux pour être ses soldats; il leur commanda d'aller
prier chaque matin le Saint*Sacrement dans la chapelle de
révise, pour qu'il inspirât aux hommes faits la sainte résolu-
tion de chasser les juifo ; pour cela ils devaient dire trois Pater
noiter et trois Ave Maria à genoux. Le matin suivant, tous
Qf»mfaxAs a' attrouperont en effet dans l'église, et lorsqu'ils
I .
7
1 Bartholonuel Senaregœ De rébus GenuensUnu. T. XXIV, p. fSi. ^ * Raynaldi
Asm. Ecoles. A Trente , en 147S , S S7 ; dans la Marche , en 1476, S 20 ; A Mégalopolis ,
en 1492^ S 9 , et |Nu«lm. — GonUnuateur det Cftronlgiief ^ Mûiutréieu VoL UI, f. I9f .
%10 HIStOIRS Ul^ t^ftJfit.lOtlBS iTAtlENlirËS
en sortirçEi^ ce fut pour mettre aa pfllage le quartier dçs
juifs. Là Seignearie eut Ic^ùcoup de peine à les arrêter; elle
Youiat réprimander le prédicateur^ qui répondit que les or-
res de Dieu étaient supérieurs à eeux des magistrats, et que
rien ne 1* empêcherait de dirç dans la ebaire ce qu'il croirait
'convenable au salut du peuple. On fut forcé de le faire sortir
de la \ille, au grand scandale de 1* écrivain qui nous a trans-
mis la connaissance de cette anecdote ^. Frère Bemardîino alla
terniïner le carême à Sienne^ où il s'effor^ d' ameuter dé la
inême manière lé peuple contre lès juifs 2.
Au mois d'avril 1492, un père Francisco, Espagnol, s'ef-
força d* exciter à Naples une persëcùtioii semblable contre les
juifs. Après avoir vainement épuisé toutes le^ ressources de
son éloquence, et devant la cour et devant le peuple, il tenta
aussi dé faire parier les morts; il fit apparaître rpmi>re. de
saint. Gataldus, patron de la ville de Tarente, qui avait vécu
au V* siècle ; il fit déterrer une cassette où il avait enfermé dès
prophéties écrites sur des lâmës de plomb, dans lesquelles la
ruine du rovanme de Naples et la mort prochaine du roi
Jetaient prédites, s il ne se hâtait d'expulser les juifs de ses
(états; et cbinme Ferdinand ne lui ctdnnait point assez de cré-
dit, il occupa la cour de Rome et lltalie entière de ces pro-
phéties, qu'on prétendit plus tard avoir été réalisées par fexr
pulsion de la maison d'Aragon dû trône de Naples 3.
En même temps les tribunaux ecclésiastiques retentissaient
d'accusations de sorcellerie, et le spectacle de malheureux pé*
rissant dans les flammes, comme magiciens bii comme bérétir
ques, devenait chaque jour plus fréquent^.
Les dominicains ne voulaient point consentir à ce que le
t Bieordanze di TrUfoidù d$ i^sH. ÙeL Brùd, T. XXIH, p. 238. -^ ■ ÀÏÏegréiià MU-
çretti , Mario Sanese, p. 823. — > Joviatnu Pontantu de Sermone. L U , cap uH.
p. 1628, -^ Aàyle^ DiciiftnnairÉf critique ^, art. Caialdtu. — Mémoires de PtUUppe de
Comifi^» Iff yfl, chai). Xiy»^. 213. ^—^ On èa iroui^ràU difficitëineni un exemple piua
effroyable (^9 celui de (a penéciitioh iil'Arraa en 1459, icomré leé malheureux accusés 90
Vn IfOTKV AGI, 971
I
J^ypîr k4î|1 prtt oonmiiasaniee de leurs fei^inm, fwm qoe
ce fût à loi seul à les exécuter. Innocent YIII écriTaiti le
30 afiptembr^ 1486» à Tévèque de Bresda : « Notre fils chéri,
« frère Àjitoiae de Bresda, inquisiteur de Thérésie en Lom->>
« bardiei ayant condamné quelques hérétiques des dçux se^es
comme impénitents, et ayant requis les officiers de justiee
ae Bresdft d'exécuter ^ sentence, nous btous appris nvee
étonnement que ces offiders avaieqt refpsé de r^dre jus»
tice, et d'exécqter les jugements de la sainte inquisitioni
si on ne leur donnmt connaissaïuse du procès. En eon^é*
quence, nous tous commettons et vous ordonnons par les
présentes , de mander et d'enjoiqîdre aqx officiers séculiers
de la Tille de Bresda, dexécuter les procès que vous aurei
jugés, sans appel, et sans les rcToir nulijen^eot, .d^ps le terme
de six jours après qu'ils en auront été légitimement requis,
« sous peine d'excommunication et de toutes les crasures eOi-
vaudoisie. Voici comme Monstrelet la nconxe. Chroniques du rçi Charles flL Vol. Ul,
t. 84;
,« B|| eetl9 «Hiée, en .la Tille 4*Arraf , au payi d'Artois , advhit un tonibla cas et p^-
« loyable, que Fod nommait vaiuioisie , ne sçais pourquoi. Mais Ton disoii que*ce esloH
« aucunes gen«, hommes et femmes, qui de nuict se transportoient, par vertu du diable,
« d^ places oil ils étoieoi, el aoudainement ae trouvoieot en aucuns lieux aniére de
« gens, es bois ou es déserts, là où ils se trouvoieni en très grand nombre hommes et
« femmes ; et trouvoieni illec un diable en forme d'homme, duquel ils i^e veoii^pt jfima|^
«le visage: et ce diable leur lisoit ou disoit ses commandements et ordonnances, ^
« comment et par quelle manière Ils le dévoient adorer et servir. Puis faisoit par
« chacun d'eux baiser son derrière, el puis il bailloit â chacun un peu d'argent, et fina-
« Uement leur adroinistroit vins et viandes en grande largesse , dont ils so repaissolcut :
« el puis tout à coup chacun prenoit sa chacune ; et en ce poiul s'esiaiDdoit la lumière,
« el oognoissolent Tun l'autre charnellement ; et ce fait , tout soudainement se relrouvoil
• diacun en sa place , dont Us étoienl partis premiërrment.
« Pour celte folie ftirent prins et emprisonnés plusieurs notables gens de la dicte ville
« d'Arras , el autres moindres gens , fenunes folieuses , et autres ; el furent teUemeni
« géliénés, el si terriblement lormentés, que les uns confessèrent le cas leur être ainsi
« advenu , comme dilest , et outre plus eonfessèrenl avoir vu et eognu en leur ^ssem-
« Mée plusieurs gens notables, prélats, seigneurs et autres, gouverneurs de bailliages
« et de villes ; voire tels , selon commune renommée , que les examinateurs el les jugea
« leur nommoieni , et mettoient en bouche , si que par force de peines et de tormens
« ils les accusoient, et disoient que voirement ils les y avoient vus ; et les apc^ns ainsi
«t nommés étalent tantôt après pris et emprisonnés , et mis k Ta torture • \M ei si tr^
272 HISTOIBX DEâ AéPUBLtOtnss italieiines
« clésiartiqoes, qu*iU encourro&t par leur seule désobéissance,
« sans nouvelle promulgation 1. »
Ainsi ce ne fut ni la barbarie du moyen âge, ni un zèié ax^
dent et entbousiaste,dans un temps où la religion échauffait tou-
tes les âmes, qui allumèrent les bûchers de ^inquisition. Cène
fût pas davantage la nécessité de défendre TEglise contre les
progrès des novateurs, comme d'autres Font supposé. Les
persécutions les plus furieuses, les plus implacables, entre
celles qui souillent rhistoiire du clergé, sont antérieures de
quarante ans aux premières prédications de la réforme ; elles
sont contemporaines du plus grand, développement qu'aient
reçu les lettres, la philosophie, la culture de la raison hu-
maine, avant cette époque mémorable; elles datent aussi du
moment où la cour romaine était arrivée au^dernier degré de
corruption, et elles sont la conséquence nouvelle et effrayante
ûa système de compensation que cette corruption même avait
fait adopter aux croyants. Aux yeux des Sixte IV, des Inno-
cent Tin, des Alexandre Vï, on effaçait la tache du mms
par la rigueur avec laquelle on préservait la pureté de la foi.
Une ^rsécution suffisait pour laver la honte de mille parjop
res, de mille impuretés, de mille forfaits. Ceux qui dans leur
« loBguement, et par tant de fois, que confesser le feur convenoit ; et furent ceux-ei
« qui étoient de moindres gens , exécutés et brûlés inbumainement. Aucuns autrea plof
« riches et plus puissans , se rachetèrent par force d'argent, pour éviter les peines ^t
« les hontes qu'on leur faisoit, et de tels y eut des plus grands , qui furent prêches et
« séJuits par les examinateurs, qui leur domioientà entendre, et leur proraettoieat,
« s'ils confessoient le cas , qu'Us ne perdroient ne corps ne biens. Tels j eut que sooC-
« frirent en merveilleuse patience et constance les peines et les torraenç , mais ne tou-
« lurent rien confesser à leur préjudice et ne fait ici à taire ce que plusieurs gens
« de bien cognurcnt assez, que cette manière de accusation ftit une. chose q^
• trouvée par aucunes mauvaises personnes , pour grever et détruire ou déshonorer*
« ou par ardeur dé convoitise, aucuaes notables personnes, que ceux haioieni de
« vieille haine. »
Cest à cause de ce soupçon que l'historien ose cette fois en parler avec liberté. À
chaque année presque on trouve l'indication de persécutions semblables dans un lieu ou
dans un autre; mais les chroniqueurs les regardant comme justes et saintes, ne les
rappelaient ordinairement que par un seul mot. — < BuUartum Bonumum. innocin-
tH vm Cotutiiutio dednuu àvud Baynaid, AnnaL Eecks. UMf S S7, T. XIX, p. 377.
DU MOYEN AGE. 273
jeanease on leur âge mûr avaient cédé à la fougue da tempé^
rament, ou aux farears de Tambition et de la yengeance,
pouvaient se faire tout pardonner, ai, dans le dernier déclin
de leur vie, ils allumaient des bûchers pour les juifs, les Mau-
res et les hérétiques. Cette affreuse morale, dominante en Es-
pagne, prêcbée en Italie, soutenue dans toute la chrétienté
par les bulles des papes, s'étendait rapidepient vers les pays
moins édaiiés. U est difficile de prévoir quel aurait été le
terme de cette progression effrayante, si la révolte d'une par-
tie de FÂllemagne contre la tyrannie de Bome n* avait, après
une longue lutte, forcé les papes à renoncer u cette intolé-
rance sanguinaire, qui était devenue pour eux le but unique
de la religion.
A peine le collège des cardinaux, si zélé pour maintenir la
pureté de la foi, remarqua-t-il le parjure du chef de l'Église,
lorsque, au mois de mars 1489, Innocent YIII, au mépris de
ses serments, ajouta six nouveaux cardinaux au consistoire,
encore que ce collège ne fût pas réduit à moins de vingt-qua-
tre membres; au contraire, l'annaliste ecclésiastique approuve
cette conduite, parce que les conditions imposées par les car-
dinaux pendant que l'Église est privée de son pasteur, sont
annulées par une constitution d'Innocent TI. Mais ce même
annaliste Baynaldi, toujours si dévoué au Saint-Siège, se ré-
crie sur ce que, « par un honteux exemple de mépris pour la
« discipline ecclésiastique. Innocent YIII avait nommé car-
« dinal le fils adultérin de son frère, et le beau-frère encore
« enfant de son propre bâtard ^ » La seconde de ces élec-
tions qui excite l'indignation du plus orthodoxe des servi-
teurs de l'Église, est celle de Jean, fils de Laurent deMédicis,
qui fut ensuite Léon X. Il n'était en effet âgé que de treize ans,
et le scandale de donner à l'Église un si jeune prince était
' ^mmu. Eulen. Roynoldi. 1489, S 19« P. MO.
vil. 18
274 HISTOIRE DES BÉPUBLIQinSS ITALIElîlïES
un de ceux contre^Ui^qels la serment d'Innocent .YIII anraît
dâ Icf mettre en garde. Il sentit cependant quelque hontû
d^tine étectiofi désapprouvée par plusieurs membres du sacré
collège, et il imposa poîur condition au jeune Itfédicis TobU-
gation de ne point prendre sa décoration nou^Ue, et d^
ne j[)oint ^enir & âome pour siéger dans le consistoire, avant
que trois ans se fussent écoulés^ et qa*il eût atteint sa seizième
années
L'alliance intime entre Laurent de Médicis. et Inno-
cent YIII, conséquence de la faiblesse du pape, établissait
ainsi sur de nouveaux fondements la grandeur de la mai-
son de Médicis. Cependant Laarent appesantissait chaque
jour davantage le joug que portaient ses concitoyens t an
ocmunencement de Tannée 1489 , il osa punir avec Une inao*
leiice révoltante te gonfalonier Néri Cambi, qui venait de
sortir de charge^ pour avoir lui-même maintenu les droits
de sa magistrature , et admonété ^ sans consulter Laurent ^
quelques gonfaloniers de compagnies qui ne s'étaient, pas
rendus à leur devoir. On trouva une telle conduite trop
orgueilleuse vis-j^-vis de Laurent , prince du gouvernement,
et ce nom de prince, jusqu'alors inconnu à une cité libre,
commença à être prononcé dans Florence 2.
La conséquence de ce cbangemeut fuit d'ôter ^ Fhistoire
de Florence tout mouvement et tout intérêt. Toute la po-
litique de la république fut concentrée dans le cabinet de
Laarent de Médicis, et se trouva par conséquent ensevelie
^.jumaL KcéUs, e» Burchardi DiarOs. 14»9 , S 21 , p. 397» — Ittoric di &wanni
Cambl, T. XXI, p. «S. -- La cérémonie de l'envoi du chapeau et de la cooséfiratiou de
Jean de Hédicis se fit dans l'abbaye de Fiésole, le 9 janvier 1492. Sdpi^HA -iiiiinira/o*
L, XXVI, p. 186 i et, plus en détail , Haicoi, Ufe of Lorenzo, Appendix . S 6&.— Roscoe
a reproduit aussi une lettre fort sensée de Laurent à son fils, mr ses devoin et sa con-
duite dans le sacré collège , où il se trouvait le plus jeune , non pas seulenaoni daa
cardinaux présenta, mais de tous'ceux qui y avaient Jamais été. ibid S 66. T. IV, p. 89.
—s Se^ne AmmfratQ^ U XXVI , p. I84-186. — uiorie di Gio- Gambi. T. XXI, p. S9.
Cet historien était fiU 4u gonfalonier Neri Gambi , admonesté dans cette occasion*
DU MOUBN AGE. 376
dam le gilenoe et le geeret< Ses penëgymtee ont toit ^*i|
aveit tenu la balance de T Italie; qu'il ayait empêché Inno^
eent YIII de faire la guerre à Ferdinand,' après Tavoir
exeommunié en 1 489« et déclaré déchu du trône de Naples^i
qu'il ayait empêché le duc de Calabre de prendre, lea
armée à la maini la défense de Jean Galéaz Sforza, 8on gen*^
dre, ocmtre Louie-le-llaure; qu'il avait enfin été constamment
le garant et le médiateur de la paix en Italie, Cette action
continuelle de Laurent de Médtcis cet possiUe, elle n'est point
improbable, mais il n'en reste aucune trace dans les historiens
flwentÎBS. Cette république, autrefois le centre de toutes lei^
négaeiations de l'ItaUe, semblait devenir, étrangère à tous les
grands intérêts de cette contrée. Ses annales sont vides. Sct«*
fÎMi Ammfrale passe raindement sw les noms de plusieurs
genfakmiers sans marquer leur administration par aucun
événement 2. Les autres historiens se taisent -également sur
eelte époque; ils ne se smtaient plus entraînés à écrire ï histoire
lorsque les intérêts de la patrie n'étaient plus ceux de
ebteun^.
Dmis œ silMce universel, un fait presque domestÀipie fiM
1 AnmaL Mcelet, Raynaldi, 1489, $ S ei o» p, 394. — * Sdpione àtnmiraio, L. XXVI ^
p. 184-185.—' M. Koscoë me reproche avec un redoublement d'amertume (lUustr. p. i67),
mon dédain povr les négoc^Uoni seerèiet de Laurent à la cour d'Innocent Vill. 11 pvfaSt
un long fragment de Fabbroni destiné à en rendre compte, et partie de la correspondance
de Laurent ayec J. Lanrredini , ambassadeur de la république à Rome. La nature du
orédlt ^e laorent Mérçait é Rome par le martige de sa fille avec le fils du pape, Id
Imt de cesiiégo«tations, par lesquelles il voulait déterminer innocent viil à abandonner
les barons napolitains , protégés par TËglise , aux ?engeances de Ferdinand ; leur ré-
MiHat, la tyrannie du roi, le désbonnesr du pape, et t'aeounuiUllOD dis beaiiomip #•
bénéfices ecclésiastiques dans la maison de Médicis , me paraissent mériter des éloges
moins pompeux. Je vois dans cette correspondance des intrigues plus ou moins habiles,
Jvn'y tréuvé plus l'intervention- honorable et firanehe de la république en faveur de loua
les opprimés , telle que nous l'avons vue dans le siècle précédent. Au reste , J'ai dit
seulement que ces négociations étaient ignorées des historiens florentins ; et ce t'est
i»i seiAMMM deSfiipione âdumirato, qui tvail les archives pnbliqoes à M disposilkpe ,
mais de Gio. Cambi, de Uooardo Morelli et de Tribaldo de KossI , tous trois contem-.
ftorstns, et qui tous trois font sentir dans quelle ignorance des affaires publiques étaiem*^
«lors laissés les citoyens florentins. Dans la oolleotioo Deiitie degU EnUUul^ UX-XXlil.
S76 nisToniK des ntstmiquovÀ rrALiEifiïss
rattèntion. Laiarat de H^ds, tonjoan engagé dans le cota>'
merce qn*il nepratiqoait point lui-même, et qu'il n'entendait
point, airait remis ses affaires à des commis et à des agento
établis dans diverses places de 1* Europe. Cçux-ci se regar-
daient comme les ministres d'un prince; ils éUdaient dans leurs
comptoirs un luxe ridicule, et ils unissaient la négligence à la
prodigalité. La fortune brillante que Gosme arait laissée à ses
petits-fils fut dissipée par ce luxe insensé ; mais pendant long-
temps les obligations des receveurs delà république couvrirent
le vide que laissaient les opérations de banque. Tous les re-
venus de Fétat étaient distraits par ces anticipationa^ ilsavaient
passé tout entiers entre les mains des commis de la maison de
Hédicis , et ils étaient dissipés comme le reste de la fortune
de cette maison avant même d'avoir été perçus. Le moment
vint où ces opérations mineuses ne purent pas être conti-
nuées plus longtemps, et U vint au milieu de la paix qui aurait
dû ramener l'aisance dans les finances de la république. Le
13 août 1490^ la Seigneurie et les conseils se virent obligés
de nommer une commission de dix-sept membres pour réta-
blir l'équilibre entre les monnaies, les gabelles et toutes les
finances de la république. Telle était la corruption dans la-
quelle cette noble cité était tombée, que cette commission ne
rougit pas de faire faire banqueroute à la patrie, pour sauver
les Médids de la banqueroute. La dette publique , dont l'in-
térêt était fixé à trois pour cent, fut réduite à ne rendre qu'un
et demi; et la défiance ajoutant encore à cette rédaction, les
luoghi di faonte^ ou actions de cent écus , qui se vendaient
vingt-sept écus avant cet édit^ tombèrent à onze écus et demL
Les fondations pieuses qui avaient été faites par la république
et par un grand nombre de familles pour payer des dots aux
fiUes à marier, furent supprimées ; on en promit seulement
r intérêt au bout de vingt ans, à raison de sept pour cent ^
t ittcfle di Gkw» ComUi, T. XXI , p. S4.
BU uorm A0£. 277
Pen après, ces magistrats, qni se fiûsaient nommer les rèfor*
mateurSf décrièrent les monnaies qui étaient en coars, déda»
nmt qu'ils ne les recevraient plus dans les caisses publiques
que pour un cinquième an-dessous de leur yaleur. Cependant
la Seigneurie continuait ensuite à les donner elle-même en
paiement au cours du marché , en solrte que ce décri fut une
maniée frauduleuse dTaugmenter d'un cinquième les revenus
de l'état, sans faire porter de loi à cet effet par les seuls con-
seils qnf eussent le droit d'étabUr des impôts ^ La fortune de
Laurent de Médids ayant été ainsi sauvée aux dépens de la
patrie, il sentit Timprudence de la laisser davantage dans un
commerce ruineux , et il enq^loya les capitaux qui lui étaient
rendus à acheter de vastes fonds de terre ^.
Les annales de Bologne, république longtemps alliée de Flo-
raiee, et qui avait tenu en ItaUe un rang presque égal , ne
présentaient de même plus aucun intérêt, depuis qu'un citoyen
puissant a^vait abusé du crédit que'sa famille avait acquis par
de longs services , et s'était emparé de tout le pouvoir. Jean
des Bentivogli occupait à Bologne, dès l'an 1 462, précisément
le même rang que Laurent de Médicis occupait h Florence.
Comme lui, il était entouré d'artistes et d'hommes de lettres
distingués, qui, par un édat d'emprunt, faisaient illusion aux
BolonaÎEf sur la perte de leur liberté. Gomme lui, il alliait sa
fanôlle aux maisons souveraines : Annibal, l'aîné de ses quatre
fils, avait épousé la Me d'Hercule, duc de Ferrare^. Yiolante,
l'une de ses sept filles, épousa, en 1 480, PandolfeMalatesti, sei-
gneur de Bimini, et nous avons vu une autre de ses filles, Fran-
çoise, femme du prince de Faenza , qu'elle assassina. Gomme
Médicis, Bentivoglio donnait au peuple des fêtes splendides ,
et lui présentait, en dédommagement des droits qu'il avait
perdus, l'éclat et le spectacle d'une cour. Comme lui encore ,
* Scipione Ammirato. L. XXVI, p. i85. — Slacehiavelii, i . Viii, p. 448.-^ > Annales
Bononienses Hier, de BurHiHt. T. XXIU, p. iNM. — > ibiO. Pé M8.
278 HISTOIRB DES REPUBtîQUeS ITALIENNES
il ornait sa résidence d*ëdifloes somptaetiX) de palais, de tem-
ples, dont la construction remplit seule les annales de Bolo-
gne 1. Bentivoglio l'emportait sur Médicfs par la vertu mili-
taire; il pouvait conduire lui-même ses armées, il faisait faire à
ses fils le métier de condottiere, et il n'était pas obligé de s en
lier uniquement à des bras mercenaires pour la défense de son
état ; mais Bentivoglio était inférieur à Laurent par les talents
personnels. Il n'avait point ce goût , isette élégance qut ont
fait oublier dans Médicis Toppressetii* de la république floren-
tine, pour ne voir en lui que le protecteur des lettres. Il n*a-
Vait pas non plus cette facilité de caractère, cette douceur
dans le commerce intime de ses familiers qui assurèrent à
Laurent des amis distingués, dont le témoignage'notis fait il-
lusion encore aujourdfaui.
La grandeur de Bentivoglio excitait cependant autant de
jalonne à Bologne que celle de Médicis à Florence ; la famille
dès Bfalvezzi, comme celle des Pazzi dans rautre république ,
ne pouvait Se résigner k descendre au rang de sujette après
avoir joui de l'égalité. Jules, fitedeAlrgilio Malveezi, et Jean,
f^ilippe et Jérôme, fils de Baptiste Malvezasi, ourdirent «oe
conjuration pour tuer Jean Bentivoglio. Ils furent découverts
le 27 novembre 1488, avaiit d'avoir tenté f exécution : pl«i-
«ieurs d* entre leurs associés s'^bappèrent, aussi Men que Jé^
rdme et Philippe Halvezzi^ amis Jean Mal vez«i, Jacques Bar*
zellini et dix-huit de leurs complices firent pendus ; tous les
membres de cette fanâlle nombreuse furent exilés dès le matta
suivant , encore qu*ils n'eussent aucune eotmaissanee de la
conspiration , et leurs biens furent confisqués. Jusqu'à Aeax
religieuses qui étaient an couvent de Sainte-Agnès en fnrent
tirées pour être transportées à Modène , parce qu'elles p(»r-
taient ce nom odieux ; et la conjuration des Mahezzi , em
Atmah Bùnmaemm Mien d» awwSLi. lU'itly itoe-at
DU MOYBfl AGE. 279
causaAt la ruine d^une mcosou qni,. par son icrédit et se; ri*
ehesses, occupait le second rang à Bologne, ne servit qu*à
augmenter la puissance de ceux contre qui elle av^it été di-
rigée *.
La ville de Pérouse, qui longtemps avait tenu on rang dis*
Ungué parmi les républiques de Toscane^ n'était pajs exempte
de troubles à peu près semblables, encore qu*e11e eût perdu,
avec son indépendance, sa population et son antique opq-
Ienc0i Toujours divisée entre les deux factions des Qddi et des
Bagtioni, leur guerre civile s'était terminée, ^n 1489^ par
rex41 des premiers, aussi bien que de tout ce qui restait de la
famille de Braccio de Montone^. Ces exilés, secourus par le
dm d'Urbin, et assurés de l'assentiment secret d'Tono*
cent VIII, trouvèrent moyen de rentrer dans Pérouse le 6
juin 1 49 f , à la quatrièmje heure de la nuit ; ils comptaient
sur les intelligences qu'ils croyaient trouver dans la yille. Ils
forent ao contraire à peine découverts que tous les citoyens
les attaquèrent avec acharnement. Une cinquantaine d'émi-
grés rentrés furent tués dans ce combat; une centaine d'au-
tres , déjà couverts de blessures , furent faits prisonniers et
pendus incontinent. Le protonotaire Fabrice et un autre prélat,
nommé Rodolphe , chefs principaux de la faction des Oddi,
fareut massacrés; et le pape^ apprenant la défaite du part^ qu'il
avait paru favoriser, ne fit point de difficulté d'accorder anx
fils des vainqueurs les bénéfices des prêtres morts dans cette
déroute ^.
Eo&i, la. ville de Gènes n'était pas alors plus libre que 1^
antres républiques auparavant ses alliées. La révolution du
mois d'octobre 1488 l'avait soumise au duc de Milan, et Au-
gustin Adorno la gouvernait en son nom ; mais , comme un
Infesswa, Diarlo di homa, p. 1323. — * Stefano Infettura, Dlarto di Roma, p. ISSS.
—s ibid. p. 1387.- OrioiMfo Hùtmfom,8torki diSUmu P. lU, L. VI, f. M.»
280 HISTOIRE D86 BÉFUBUQimB' ITALIXimS
parti hml pea anparaTant inYoqaé la proteclton Aa roi de
France en lui offrant la Seignearie de Gônes, Loois-le-Maore»
pour oondlier ses prétentions avec celles de son puissant voi-
sin, avait demandé à tenir Gènes comme un flef mouTant de
la cooKmne de France, et Charles YIII Ten SYnit investi eu
effet en 1490 à cette condition ^
Les autres états de 1* Europe, distraits à cette époque par
des guerres intérieures, exerçaient peu d'influence sur la po-
litique italienne ; aussi le repos qu'on goûtait à la fin du quin-
zième siècle, ce repos si favorable aux lettres et aux arts , et
que tous les Italiens ont célébré pour l'opposer aux guerres
longues et sanglantes qui allaient bientôt commencer, n'était-»
il point le fruit de la politique, mais le résultat d'un ^semble
de circonstances qui ne pouvaient pas durer longtemps. La
France, d'où Torage devait bientôt fondre sur l'Italie, n'était
pas encore prête pour la guerre qu'elle méditait. Charles YIII
avait déjà conçu dans sa jeune tète le projet de conquérir le
royaume de Naples, projet qu'il exécuta ensuite avec un suc-
cès si disproportionné à ses forces ou à ses talents 2. Mais la
rivalité entre la dame de Beaujeu, sa sœur, gouvernante da
royaume, et le duc d'Orléans; la guerre contre le duc de Bre-
tagne et celle contre Maximilien, fils de Frédéric III, qui par
sa femme avait hérité, de la maison de Bourgogne, occupaient
alqps la France par des intérêts trop pressants pour qu'oa
pût prévoir qu'elle quitterait tout à coup toute autre pensée,
et verserait toutes ses forces sur l'Italie.
Maximilien, qui devait à son tour y porter la guerre , tan-
tôt comme rival , tantôt comme allié du monarque français ,
était alors uniquement occupé de ses démêlés dans les Pays-
Bas. Au mois de juillet 1477, il avait épousé Marie , héritière
t fiorfh. Senaregœ De rébus Genuem. T. XXIV, p. S2S. — Philippe de Camiues^
memolHe. L. VU, eliap, ui, p. isi .— • PhiUppe de CerniHee, Vtmoveê^ L. vu, chap. v,
p. IS8.
00 nom Aos. S84
deBoiirj[0|p»i;UraYaitpeiAiftk38BMnl4M, «tdètlom
seft 89jet8 avaient comiiiencé à lu cojsMIiet lat^lgeiieede ses
états, et le droit d* élever 8oa fils Philippe. MuimilieD folleitt*
prisoniûcr pendant neuf mois à Bruges, et à eette époque, fl
songeait pea à faire Taloir les droits de roi des BomahiB qtffl
avait acquis en 1 484, ou à deseendre en Italie pour protéger
Innocent YIII, oomme cdoi-ci l'y invitait ea 1490 ^
Frédéric III, son père, arrivé à une gnuide vieittesse, ébBk
loin de montrer, après cinquante ans de règne, ane vigueur
qu'on avait vainement attendue de lui dans ses jeunes années,
n n'avait «su ni repousser les Turcs, ni se faire aimer des Alle-
mands, ni maintenir les droits de sa .eouionne* S'eogageant
dans des guerres injustes avec Mathias Gorvinns, le héros de la
Hongrie , il n'avait pus mieux défendu contre lui son propre
héritage. L'Autriche était envahie, et il errait de ville impé-
riale en ville impériale, bu de couvent en couvent, vivant anx
dépens de celui qui lui donnait l'hospitalité ^.
Mathias Gorvinns, roi de Hongrie, qui seul avait eu la f^oire
d'arrêter Mdiomet II au milieu de ses conquêtes , et d^avoîr
sauvé peut-être la chrétienté, s'était trouvé plus mêlé à la po^»
litiqoe de Tltalie qu'aucun de ses prédécesseurs, si l'on ex-
cepte liOuis-le-Grand de la maison d'Anjou* Son alliance avec
Venise, son mariage avec Béatrix d'Aragon, fille de Ferdinand
et beUcHBoeur d'Hercule, duc de Ferrare , son obâssancé aux
volontés du pape et ses ferres avec l'empereur avftient mbl^
tiplié ses rapports avec les Italiens ; mais il mourut le 5 avril
1 490 ^. Ginq prétendants se présentèrent peur disputer sa
> 4111101. EceMasL BaynalàL i490, $ S, 8 et 7, p. 498. — SpUgei der Ékren. B. V,
e. XXXa , p. 988 ; c. XXXV, p. 878. — * SpUgei iUr Bkren âêr Bnluuiie$ wm Oeêter-'
reich. B. V, c XXXI, p. 928. — Fuggèr compte cependant yingt-six guerres difTérenles
d» ce souToraiii. iMd. B. V, c. XU, p. 1078. — ' Bon/ittti» « de reOus HutigaHcis. D. IV,
L. VIII, p. 878.— ilfifia/. Eecles. 1498, S 10 et 11, p. 399. -^tiarin Santuo, Vite de*
âueM di Venetia, p. i247. -^tHarlo Femrese, p, 7»i.-^8pkgelder Bhren. Bucb. V,
cap. XXXVIII, p. 1023.
182 HISTOIRE DES BÉPUBLIQUBS ITALIENNSS
eouronne. Je«i Gomans, son bàtord, éXmX entre eux eeloi
ipii, par L'héritage de plus de vertus, sembMt y avoir le plus
de dcoits. NéanmniDS, Uladislas, roi de Bobéme et fils da roi
de Bojogpe, lui M préféré. Cette élection amena Je déchire-
meot 1JU9 la Hongrie. Les Allemands^, les Polonais, les Turcs
et leamécoatents hongrois. s*en disputèrent les provinces; tous
les temples ebrétiens furent mis en cendres jusqu'à Waraddin ;
k Croatie et la Transylvanie furent ravagées en i 491 , et Scha-
batz^ le boolci^arà de la cbrétienté, fut assiégé par les mnsul-
mana. Albe royale et Scbabatz ne tombèrent point cepen-
dant iui pouvoir des Turcs; mais Paul de Einitz, qui les délivra
Tannée soi vante , eottllla sa victoire en exerçant sur sei» pri-
sonniers d'effroyables cruautés 1.
En Angleterre Henri YJI avait mis, ^cn 1485, un ternoe à
la tyxaunie de Ridiard III ^ et il dierchait à affermir une au-
torité «ncore mal reconnue.- En Espagne, Ferdinand et Isa-
belle, rois d* Aragon et de Castille, aequérai^it bien plus ra-
pidement que tous ces souverains un pouvoir plus étendu, et
un r^utatien européenne, ils avaient obtenu à la cour du
pa{ie«n crédit qa'on n'avait vo exercer par aucun de leurs
prédéoesseui;s; et toutes ies puissances de F Italie tournaient
OND^ammeat les yeux vers F Espagne. A cette époque même
ils )ti;aieat les fondements d'une puissance bien plus vaste :
Qiinstapfae Colomb découvrait pour eux, en 1 492, le Nou-
vem-Mmde, tandis que les Portugais étendaient leurs éta-
blissements sur toutes les eètes d'Afrique, et qu'en 1486,
fiartbélepi Diaz Jfrancbissait le cap de Bonne^Espérance.
Mais toutes les forces, toutes les richesses des souverains
d'Espagne Paient diirigées (oontcte Je wj/ma» éê^^mnêéBy
dont la ccmquète ' était, à cette époque , l'objet jupiqçe 4e
leur ambition. La capitale seule de ee deinier mywii des
«
> am^lMf , nef. aungar.ltectiy^ L. II, p. 7i7. — innaf. SceUt, 4^91, S lA»^ 4o$.
-Spiegel der Ehren. B. V, e. XXXVm, p. lOM.
0D Monii AGC. 283
Maiireii en Espagne, ce t&yev d^ûù lei^ lumières , \eA artt et
les flcieBoee asiatîqoes et des anciens s'étaient répendns snr
rOcddent^ comerrait encore 8<m indëpendaûee. L' attaque de
Ferdinand et d' Isabelle étê^ considérée par les Latins
eamme Qoe gueire Mcrée, eneohBqnfil ne s'agit point, ponr
les chrétiens, de recouvrer des Heni: consacrés A là religion,
cMi»Be M Syrie, on de ee défend retsootré l' invasion des bar-
bares, oomme en Grèce et en Hongrie ; mais au contraire de
dHMwr on poople pins civilisé que ses agresseurs d'une dé-
mettre qn*il occupait depoHs hvàt tients ans. La chute du roi
Beabdil et la piise de Grenade, le 'i'janvier 1492, furent
céMlNrées dans tonte TEorope comme le tfiompbe de la chré^
tienté«.
Ceflt ainrf qëe tout se préparait pontr une ère nouvelle,
non pas dans f Europe seule, mais dans le monde entier. Les
i^igionsde f Orient et de rOcddent, rapprochées par une na-
vigation jusqu'alors jugée imposable, Tenaient se lier à !^£u-
fope, comme au centre de la puissance et de la dvtfisatiou.
Les oatioBS s'éprouvaient dans de dernières guerres dviles,
et développaient ain^d des forces qu^elies devaient bientdt
towner ou dehors. L^Bspagtie, la fra6ee, f Allemagne, l'An-
gleterre, allaient arriver sur le champ de bataille, comme des
citoMes, arec lesquels les puissances qui jusqif alors avaient
cru tenir la balance de T Europe ne seraient plus en état de
luttttr. Le temps était venu où f ancien ordre de choses de-
vait «bander; la liberté des petits peuples s'était suceessive-
nentaoéantie^ tous les princes d^one même nation qui , au-
taefdis indépendants, n'étaient finis que par les liens relâchés
dsiaJéadaltté^ jetaient tombés du rwgderiyaux éti HMmarque
à «riai 4e ai^els. La focce <qp'& avaient d longtemps dépen-
sée ke «M contre les autres, pour satisfanoe leurs propres pas-
> Voyez f lur les C6t68 de l'Italie à celte oeeasion, BarthoL Senaregm, De rebut Se^
nuent, p. 531. — ânnaL Eccles. BaynalA. 1493,5 U^ 3| P* 4iM.
284 HisTOiBE DES MKPmuVJn italiehhes
^11$, pour défiiràre kors Ar«il8 oa lenr oifioeil^ fli lUaiâit
la psodSfuar éom les ordres d*aii msâtrei Ib attaient cfiansiier
aa loin la gorare que â longtemps ib avaient trouvée à leur
porte. Les armées allatMt compter autant de nûttiers de aoI«-
dats qu'elles en eomptiôenl auparavant de centaiiies; les
guerres avaient prendre wm caractèsè Bonveau de féroeité;
parce que les peuples qui^^attaientoonifailtre différenieat ab*
solament de ooututtes, de mœiurs, d'opinions, surtout de
langage; en sorte que la prière ne serait plus entendue,
que la pitié n'ébranlerait plus les Ames. Le ressentimeut de
Imigues privations dans de longues marches, de longs eaaipe*
ments, de longues maladies, allait endnrdr le cceor édR guer-
riers. Les hôpitaux militaires, dont Teiistenoe avait été ja»»
qu'akH*s inconnue, allaient bientôt consomme»* plus de sddats
que le fe? et le feu; et cependant les batailli» devaient rougir,
en peu d'années, le sol italien de plus de sang qu'on n'en avait
versé pendant tout le dernier siècle. Tout devait prendre un
caractke plus fort, plus sévère; tout pr^^ût à des révolu-
tions plus douloureuses, à des secousses plus violentes, et il
ne dépendait pmut du géme d'un homme de retarder ou
de hâter une crise que la nature des dioses rendait néoes*
saire.
Les Italiens, qui virent tout à coup suocéder ce boidever*
sèment de leur patrie à une période de calme, de richesses et
d'éclat dans les lettres, attribuèrent le cfaangemeut dont ils
ressentaient les effets am hommes qu'ils avaient connus. Bs
firent honneur à Laurent de Médids d'avoir mamtenu ^i
paix l'Italie^ parce que la grande invasion qui la bouleiveffia
n'eut Uen que deux ans après sa mort. Ils aceusteeni Louis-
le-Maure*d'avoir, par son ambition privéeet parla ph» fausse
politique, livrée patrie à ces étrangers qu'ils nommaient
barbareSj parce qu'il renouvda l'invitation qui leur avait été
adressée déjà vingt fois, dans ce siècle et le précédent, de
00 râomss am. id&
prendre part anx guerres d'ItaHe. Mais Laurent âe Héffids
n'aTaît point eavpèdbé Louis XI de dicter an vieQx roi René
flOQ testament da 22 joillet 1474^ en faveordo eomteda
Marne, ou de dieter à oehii-ci son testament du 10 décembre
1481» enfaveorale la coaronne de France. Tontes les pré-
tentions des rois françus aaroyanme de Naples avaient donc
été préparées de longue main, donze ans arant la mort de
Lanrent. Ces prétentions ne pouvaient amener de guerre, ni
pendant qpi'un roi vieux, malade, timide, avare, soupçon-
neux, occupait le trône, ni pendant la minorité de son fils.
Le. moment était cependant si bien venu où une telle ambi-
tion deviendrait naturelle à la France, que trms de ses rois,
différent» par leur caractère, par leurs talents, par le sang
même dont ils sortaient, Charles YIII, Louis XII et Fran««
çms I*'', S'7 livrèrent avec une égale ardeur. Laurent de Mé-
dias n'aurait point pu les arrêter si sa vie s'était prolongée
jusqu'à l'âge qu'il pouvait naturellement atteindre. Il ne
pouvait non plus prévenir la réunion de toutes les couronnes
d^Espagne entre les mains de Ferdinand et d'Isabelle j la
réumon des héritages de Bourgogne et d'Autriche dans celles
de Maximilien. Il n'avait point suscité aux premiers la guerre
de Grenade; au second, la révolte des Flamands, et Une pou-
vait 8*attribuer le mâite ni de leur activité ni de leur
repos.
Il n'y aurait eu qu'un seul moyen de sauver l'Italie, c'é-
tait de suivre le projet des républicains florentins que Gosme
dé Médieisfit échouer; de maintenir la vépubliqiie de Milan
lorsqu'dle recouvra sa liberté, en 1447; de partager ainsi la
Lombardie entre deux puissants états libres. Milan et Venise;
de com^rver entre eux l'équilibre par le poids qae Florence
et la Toscane mettraient dans la balance ; de les réunir par un
intérêt commun toutes les fois qu'il s'agirait de la défense de
la Ubertéet de 1 indépendance italienne; de les appuyer par
386 HISTÔtUË DES Aip|rBt.tQt7l:S ItALriSNIfES
raliiattee 4ea Suisseï, sékm le prqet qae Sixte IV eommuni*
qaa plus tard aux cantons ; de réunir ainsi au, beaoin tea ri-
cbf»aea.de Florenœ et.de Milan, les flottes de Venise et de
Gênés et la milice indomptable des Suisses, pour la cause de
la liberté. Alors oette daine de république aurait présenté
aux puissances étrangères une barrière que ni Charles YIHj
ni Maiimilieo, ni Ferdinand et Isabelle n'auraient jamais pu
renverser. Mais ce projet, que les Albizzi auraient été dignes
de former, que Néri Gapponi ooaçut et soutint airéc fermeté,
que Sixte lY renouyela, échoua par 1* ambition perspnnelle
de Gosme et de son petit-fiis, qui, pour être les premiers d*
toyens de leur patrie, et pom* élever leur famille à un pouvoir
souverain, avaient besoin de rallianee d'autres piinces et non
d'états libres. Dans k même esprit, Laurent tint toujours
Florence éloignée de son antique alUance avec Venise; il ins-
pira au peuple un esprit de défiance et de rivalité contre
cette grrade république, au lieu de maintenir cet ancien ac-
cord qui avait arrêté tour à tour Hastino de la Scala, Berna-
bos, Jean-€raléaz et Pbilippe-^Marie Visconti. Si l'Italie fut
perdue par une erreur de politique, c'est à Laurent qu'elle
dut sa perte plus qu'à Lonis^e-lfoure»
Ce dernier, tuteur ambitieux de son neveu qu'il voulait
détrôner, lieutenant d'un deii|pote et aspirant à la tyrannie,
était fait pour sacrifier tout à son intérêt personnel. Ce n'es^
pas à de tels hommes qu'il faut demander des v^i;us publi-
ques, et tout ce qu' cm pouvait attendre de lui c'était qu'il œl-
culàt juste. Use trompa, il est vrai, lorsqu'il recourut à l'aide
des étrangers qui devaieut bientôt l'écraser; mais son erreur
n'était pas nouvelle. Depuis le premier Charles d'Anjou, au
milieu du xiii^ siècle ; depuis Philippe et Charles de Valois,
les papes, les barons napolitains^, les Toscans, les Lombards,
les Vénitiens, tes Génois, avaient tous tes dix ans appelé les
Français en Italie. Louis I, Induis II, Louis lU, de la secradi
^•1
DU MQTSli AW. MT
maison d'Anjou; Bené l'ARciw^ aon fih Jeta, d«e de Ga^
labre, et René de liorrame, a^aioat chaenn, à ploaîewrft ie<^
prises, tenté la cofnquète du royaume de Naplas «veo dee ar»
mées françaises^ Dans les dix derniàres aunéeS) Rané II awb
été deux fois appelé par les Vénitiens, et deux feia par la pape.
tkni fois aussi, presque dans la mAme période) k» Cténaia
({'étaient offerts au roi d^ France. Enfin^ lanoeent VIII> Vtaaà
et le confédéré de Laurent de Médias, a^t de nouveau dé-
claré la guerre à Ferdinand de Naples, au mois de 8epÉtind>re
1489, comptant uniquement sur Tappui de Charles VIII qu'il
appela à son aide ^ ^ et ce fut la noncbalanee da Gharias, non
les persuasions de Laurent, qui forcèrent enfin le pape à la
paix, le 28 janvier 1492, lorsqu'il \\i que fss brafil et sea
balles, seules armes qui eussent été employées pendant trcns^
ans, n'ayaient point suffi pour attiser les . Français en
Italie.
Ferdinand néanmoins, dans la crainte de yoir coAn s*ef«
fbctuer cette invasion dont il était sans cesse menacé, renou-
vela, par oe dernier traité^ à peu près toutes les conditions de
son précédent accord avec le pape*. Il promît de remettre
en liberté les fils des banms qu'il avait fait mourir ; il
pr^tnit de payer le tribut jmnueL auquel il s* était son*
mis ; il promit enfin de ne point troubler dans son royaume
fexercice de la juridiction ecclésiastique. Il envoya son petite
fils Ferdinand, prince de Gapoue, rendre bomùiage au pape,
^ celui-ci investit de; nouveau le jroi de siui tayamne, comme
d un fief relevant de F Église. Innocent fixa Tordre de la sac-
cession, en y e^ppelaut le duc de Galabre, et^ a* il mourait
ayant son. père, le prinoe de Gapoue ; enfin il reçut le ser-
inent du roi. La bulle qui terminait oe différend est du 4 juin
* aps^atfi ânnaL ticeles. il89i S 7, 8, 9, p. 394. — Diario Romono 4i St^fuiQ mfu-
388 HISTOIRE DES REPUBLIQUES ITALIElfNES
1492 ^, et le 15 juillet saWant, Innocent YITI mourat avant
d'avoir en le temps de voir Ferdinand fansser tontes ses
promesses, suivant son usage ^. Innocent YIII souffrait de-
puis longtemps de plusieurs maladies, et déjà le 27 septembre
1490 un évanouissement de vingt heures l'avait fait passer
pour mort. Pendant sa léthargie, son fils Franceschetto Cybo
voulut s'emparer du trésor pontifical, puis de Jem, qui ha-
bitait dans le palais même du pape ; mais les gardes de l'un
et de l'autre s'étaient opposés à ses tentatives ^. Les cardinaux
qui étaient alors à Kome s'étaient rendus de grand matin au
palais et avaient commencé l'inventaire du trésor. Quoique
Franceschetto Cybo eût depuis longtemps détourné une partie
des richesses de l'Église et les eût envoyées à Florence, les
cardinaux trouvèrent encore dans la chambre apostolique
des sommes immenses dont ils confièrent la garde au cardinal
Savelli. Mais sur ces entrefaites le pape revint à lui ; et dès
qu'il sentit renaître ses forces, il renvoya tous les cardinaux
1 Diploma apud Ba/nald, ^nn. 1493, $ il, 19, 13, p. 409-410. — D/orio dt Stefano
infessura. T. m, P. II, p. 1940. — * Istorie di Giovanni Cambi. T. XXI, p, 7 1. Le
IMorio Komano du Notaire de Kaniiporto finit à la mort d'innoceot Viii , T. ii, P. Il,
p. 1108. Muraiori, en le faisaol imprimer, a touIu l'opposer au journal d'Etienne In-
fèsBora, qui prend la qualité de secrétaire, acriba, du sénat et du peuple romain. U
▼oui qu'on réfoque en doute les médisances-d'Infessura sur Sixte. IV et Innocent VHI ,
parce qu'on ne trouve rien de semblable dans le Journai du notaire de Kantiporto* Mais
pour dire vrai, on ne trouye, dans ce journal, ni cela ni autre chose, sauf la dalo
toute nue des éyénements. Les plus minutieux, comme les plus importants, sont éga-
lement indiqués par une courte phrase ; le notaire ne met entre eux aucune différence.
« Le 15 mai, dit-il, le cardinal de Médicis fut fait légat du patrimoine ; le 16, le due de
« Ferrare parlh de Rome, et s'en alla ; le 96, l'ambassadeur de Venise entra i Rome avec
M beaucoup d'honneur ; le 27, le prince de Gapoue, fils du due de Caiabre , entra é Rome
« en grand triomphe, entre le cardinal de Bénévent et celui de Sienne; il mena avec
« lui beaucoup de seigneurs , et logea au palais du pape ; le 29, le prince alla yisiter les
tf cardinaux, en commençant par le yice-chancelier; » et tout son récit est dans ce
style. Certainement on ne peut opposer de bonne foi le silence d'un journal écrit do
cette manière à l'autorité d'une histoire ralsonnée et circonstanciée , où l'on voit la
volonté et le sentiment de l'écrivain. Le journal du notaire de Nantiporto est imprimé
T. III, P. Il, p. 1071-1108. Celui de Stefano Infessura se trouve dans le même volume,
IK 1109-1252. Hais Muratori a supprimé des détails qu'il a trouvés trop scandaleux pour
Sixte IV. Le même journal se trouve sans lacunes dans EccardM , ^itu Med, M^. T. Il»
Upsi», 179S. — * MoHo di Stefan, Infettura, p. I28S.
lA'JHEfiT TJB M.:e:£iI:C!3.
no mnâ àùi. 289
eh lent daunt qa*il espérait encore lear sorrivre à tous K
1492. — Dans sa dernière maladie. Innocent YIII se
laissa persuader par on médecin juif de tenter le remède de
la transfusion du sang, souvmt propoaé par des charlatans,
mais qu'on n'arait jn8qu*al<M*8 jamais éprouvé que sur des
animaux. Trois jeunes garçons, igé& de dix ans, furent suc-
cessivement , moyennuit une récompense donnée à leurs
parents, soumis à l'appareil qui devait faire passer le sang de
leurs veines dans celles du vieillard et le remplacer par le
sien. Tous trcHS moururent dès le commencement de l'opéra-
tion, probablement par l'intrediK^on de quelque bulle d*air
dans leurs veines, et le médecin juif prit la fuite plutôt que
de s'essayer sur de nouvelles victimes^. Pendant la maladie
d'Innocent YIII, et dès le milieu de juillet,. 1^ malheureux
Jem, dont la tête avait été mise eu quelque sorte à l'enchère
par Bajazeth II, fut enfermé, par ordre dés cardinaux, au
château Saint-AngCv II était regardé comme une pai*tie im-
portante de l'héritage du pape futur.
Laurent de Médicis ne vit point la mort dlnnoceut VIII,
ou la scandaleuse élection de Roderic Borgia, qui lui succéda
sous le nom d'Alexandre YI. Atteint d'une fièvre lente qui
se joignit à la goutte, héréditaire daus sa famille, il s'était
retiré, presque dès le commencement de Tannée, à Garreggi,
sa maison de campagne, pour se mettre entre les mains des
médecuis. Ceux-ci semblèrent proportionner leurs remèdes à
la richesse, plutôt qu'aux besoins de leur malade ; ils lui fi-
rent prendre des décompositions de perles et de pierres pré-
cieuses qui n'arrêtèrent point les progrès de la maladie. Lau-
rent, entouré de ses amis, mourut entre leurs bras, le 8 avril
1492, avant d'avoir accompli sa quarante-quatrième année ^.
t Dlariodi Stefan, Infesêura. p. I38i. — * Ibid, p. 1341. — RaynakU ànnùL BccUi.
1492, S 19, p. 4 lu ; ex VoUiUrrano, L. XIUI, et oHis. — > MaçchiaunUi, L. VIll, p. 447.
^Scipione Ammirato* L. 3LXYI, p. 189.
Vil. 19
H^ HISTOIBB DmWWmUfiU ITAUERNES
Qivdte que M rbubiteté de Umemt âe MédMi 4ms \m
affaâredt ^ A'e^t pas comme IioiMie>4*ébil ^'it pietit «être
^busé au rang des ptos grands tommts dpni Fltaëd^ sa -glft^
rifia^ Taiit dfhcomeiyr n'e^ rést^nré qvik osos foi, éki?nl
leurs Tues ao-dmns de ïintérèt personnel ^asaniefÉti par k
toavsil de leor yie, la paix, la gloite ou la liberté de Ibop pays.
laixreiit poursoiTÎk^ «a eontrûre, presque^ tiNÔoi»s» anaintH
tique tout égeïstft; il soutint par des eiésuâonif^ saagglâaAss
un pouvoir usurpé ^ ^ il appesantit chaque jdir u» îoog éé^
testé sur une Tille librcy il enleva aux laagilrtrata té^ilÙMs
l'autorité cpie leur donnait la consitiUitioa, et il déliiwaa<8ss
concitoyens dte cette carrière publiqpie dans laqaatte, «faat
lui, ils avaient développé tant de talents. No«S!V«mK»^iâaDs
la dernière partis de cet oaviuge , les conséquenosa fuaesfes
1 H.Ro8coé a )agé à propos de faire eontre moi, à l'occasion de celte phrase, une
sortie si Yiolenle, que Je n'ai que le choix d'en rire ou de m'en fâcher. Je demande la
permlsiloD de m'éD tenir au premier parti ; c'est le public qui rirait, si , nouTeaux pa-
ladins , nous entrions dans le champ clos pour assigner le rang et la gloire, non de nps
belles , mais d'un ancien usurpateur des libertés de son pays , qui n'est pas le nôtre. '
La dénégation de M. RoscoS me force cepeedant A justifier ma phrase, que Laurent
soutint par dea êséeuttom sanglanteê un pouvoir usurpé, en récapitulant Içs (a^
sùlyants t
Ih 14M, quttid Lanreot n'aralt que dix-huit ans, et que son père Tivail encore,
comme celui-ci était retenu au lit par sa maladie, ce fut Laurent qui traita avec Li^a
Pittî; quatre des' plus Ùlustres funilles de Florence, et un grand nombre de celles du
seeond rang fUronl exilées, et une imposition de cent mille florins Ait leré^sur le puii
Yaincu. Sdp, AnmUr, L, XXIll, p. loo.
En 1467, le 13 et le 20 juin , la balle nommée par les Médicis offrit deux mille florins
tfe récompeose à qui lui apporterait la têle de UioUsalvi de Kérone Kigi, IfAiigaio Ad-
tinori, de Niccolo Sodérini , ou de Gian Francesco Siroizi, chefs de quatre familles illus-
tres ; le double A qui les livrerait vivants. Lion, 3!orelUj p. j83.
En i46t, le illl de Papi Orlandi eut la lAu tranchée poujr le complot de Peseta» un
Néroni fut déclaré rebelle, un grand nombre d'autres furent jelé^ en priaon.om coft<'
fines.
La même année, Frineeico Ai BrisiglieUa avec quinte de ses associés enreni Ja tête
tnnehée ou fiirent pendus , pour le complot de CasUglionchio. Scip. Mmnir^ T. M »
p. 104.
En 1470, peu après la mort de Pierre de Médicis , et depuis que Laurent était demeuré
seul chef de l'état , Remardo Hardi eut la léte tranchée à Floreoce ; six de ses associés f
furent périios, quaterie antres ftirfAI pendus é Prato , pour le coinpioi de rraio Aioe.
Ifore/R, p. 1S9.
m;'
iè flan andMioii , cft du reiiTerseinlient dés institàtiond natfo-
Mles. Une iBtIe désastreuse se perpétua pendant trente-bu(t
aos entre la ffaitiilte de Laurent et sa patrie, et elle ne ^
tenoiiMt 40^ par Télddissenient de la tyrannie d'Alexandre
delMdidSi
Cependant il ne serait pas joste de ^t^pôolller Laurent Se
liMieis< ^*ime glaire qat les nëdes ont reconnue. C'est par la
|iMie«timi aolÉfeet éeMMe qtf il àeoorda aui arts, aux lettres
et4 laphUasoplite, c(u'il mérita d'attacher son nom à Tëpo-
qœ la plus brBlasie de VMstoIre littéraire italienne. Par la
pMBptttodB et la perspieadté de son esprit , par la flexibilité
èiiMi takHl, par la ehaleur de son àme , il derint le chef et
tofromoteor d-mae asseeialion de grands hommes empressés
à faimicewdtve-ieg luttres et le goAt. Il était fait pour tout
eoBoatlFe ^ tonl apprédw, tout sentir. Il montrait une égale
tk 1^71, Wanceico Keronî fût déclaré rebelle (condamné à mort par contiunace). Sc^>
iMm.UXXlII,p. 110.
E« 1472, pour le lumulte 4e Yoltecra , la oayiUiUlloii AU y^sHée , la .vVto itiHée , Mi
privilèges supprimés , ne segtU ancor deila terra loro morte tt^uorninL,» di ad pero é
èm taatre. ïÀon. tftfivlB, p. i89.
En i47a^ époque de la conjuratioa des ^aisi, pli|i d^ denx Mplp ^l^p^Utm^ "Ni
à mor(, pour Yeoger Julien de liédicis. Mari Sane^ p. 7t4.
m i4T9, Dsràardo di lUndino fut ramené de Turquie pour être pendv le M avril.
Uon,MorelU,^»x9%, >
Bn i4Si, Jacob Frescobâidi, Amoretto BaldovinelU , et Piero Baiducci , accusés d'une
MoreVa «oi^lufaiiM oaatre Ijurent , lurent pendus le i S juin aux fenêtres du Bargelto.
Uon^ MoreUl,, p. t9S. -- Sdp. Ammir. T. 111, p. Ha. i
En 148S, les émigrés floreuiins s'éunl rassemblés en armes dans l'état dé Sienne ,
quand on sut qnHIs avaient trouvé rhospitalitô à Satumia, ^ti ^erUiQ a Rlena Ortma,
contexza di Soana, e a Guido Sforxa, conte di Santaftore, clèe eisenéo loro vidni
«' ingegnassero levarseli dinanzt Scip. Amm. T. lU , p. iS8. Je laisae i M* RoscoC le
MÀB d'expliquer la commission que Laurent faisait donner i sa belle-aœar,pour èviuur
In dangers de la force ouverte. .
En if«5, entreprise des émigrés florentins sur San-Quirico, oïlk pltisieuiy d'nolKe api^
tarait taés. Scip. iimmir- T. lll, p. 169.
Le 24 octobre , Francesep Frescobaldi eut la tête tranchée i FloEOMe. Ltnn* Uot^iUs,
p. w.
H cit prefbable que cette liste n'est point «neorei complète; mais elle suffit •ie.pena^t
pour }astmer mon allégation. Quant i M. Rofco«, l'ifDom s'tt j a là ^êê» 4i aai«
pour le satisfaire.
19*
â&2 HisToiBB i»;^.|ii^i;fyi;isiq|f rrAiiiBinixs
iiptitode aux artet dont il rassemblail y dont il mnltipliait te
^eCs-d'.œuvre ; à la poésie, à laquelle il. rendait rancâenne
harmonie de Pétrarque; à la philosophie, qui reçut dans sa
.maison une Tie.nouvelle par l'étude approfondie des Plato-
niciens *• Laurent n'était peut-être un homme supérieur, ni
oomme poëte, ni comme philosophe, ni coipnie artiste; mais
il ayait un sentiment si Tif du heau et du juste, fu'il mettait
sur la voie ceux qu'il ne pouvait pas suivre lui-même. Aussi
la profondeur de pensées de Politien et de Pic de la Mira»-
dolcj le génie poétique de Marullo et des Puld,, l'érudition
de Landino, de Scala et de Fidno, font-elles une partie esseu-
tielle de la gloire du protecteur auquel ils durent presque
l'existence. Nous avons cru qu'à une époque aussi chargée
d'événements, il fallait détacher Thiatoire politique de celle
de la littérature du Midi ; et c'est dans m antre ouvrage que
nous avons cherché à donner quelque idée du mérite littéraire
de Laurent. MM . Ginguené et Boscoe ont rendu un hommage
plus brillant au génie de cet homme extraordinaire. Us l'ont
pr(%tenté au mîKen de ses amis, des illustres littérateurs dont
il était chéri ^; ils ont fait ressortir ainsi les charmes de son
caractère, sa facilité, son enjouement, sa constance et sa ma-
gnanimité. Mais pour s'attadier si viv^nent à lui, il faut
quelquefois admettre avec complaisance les fraudes pieuses
de ses amis et de ses adulateurs ; il faut surtout détourner
ses regards de l'antique Florence , et oublier si Ton peut ce
< Macchiavetn, Wor. L. VIII, p. 449. —* M. IlOBCoë a imprimé, Append, % f 7,T. IT,
p. 132, une lettre touebante d'Aoge Politien, du 17 juin i492, dans laquelle il raconte
les derniers moments ei la mort de Laurent Les amis de Laurent, dans la douleur fré-
nétique qun leur eausa sa mort , tuèrent le médecin Pierre Léon! de Spoléle , qui l'avait
traité , ou du moins le menacèrent si violemment , qu'il se jeta lui-même « de désespoir,
dans un poils , à San-Cenragio. Keordanxe ai Trtbaldo dé' Rossi , De/. Emd, T. XXIU,
p. 975. — Scfpione Anmirmo, L. XXTI, p. \yi,^AUegretto Alieçreui^ DlariSimesL
T. XXIII, p. ftSS. — Marie di Giot*. Gambi, T. XXI, p. 67. — Rhne di Jacopo Sonne-
MTO mUa motte di Pler. Uone medieo. -^ Hoscoe, Appendix, S 78-79.
M HOTIOI À6B.
293
qu'elle avait été aux joars de sa vraie gloifé, te qu'elle
fut durant là dictature de Laurent , ce qu'elle devint après
luii.
1 Lliiflloira florentine de Maeehiayei fluit en i493, à la mort de Lanrent de Médicis;
mail aei firagmenta Matoriquef , lea décennales , et soitont les leilras qaH éerivil peii-
dmit sen légations, nous tenriront eneore de guides pendant jneo grande partie de l'espace
qui nous reste à pareourir.
VUMoIre fitffentbte de i. tOehet fttifo, sirant véoMen , qni féeut de isig à ISM,
gnH anasi à la mort de JLaneent de Médicis, après avoir commeneé à ceHe de Cosme
rancten. ( Hurmannvi , Thuaunts ÀntiquUai. et Hisioriar, ItaHœ, T. VU! , P. Il ,
p. i^fé.) On met Bruio dans les premieie rangs parmi fes Msiovtons do xti« aiède;
BMis jo'ieal uniquement, à cause de l'élégance de son langage. Il avait yécu à Lyon parmi
lea émigrés florentins, ennemis de la maison de Médicis,' et il adopte en général leura
leniiiiientB et leurbainet cependant H ajoute très peu de Ciits A cens que nous oonnais-
sonft d^ Ses autorités sont MaçcMovel , les Commejiiairea et les Uttwee du earditmt
de Pavle, et la vie de Laurent de Médlcix par Ifieoku Vahri. Il discute leurs opinions,
et dtoislt entre éOes ttws peu de oriiiqoe; et letlengvéiaeours dont H a panemé sa
Mfratkm sont des ampUficationi de ce^ de MaecUviely auxqueif il a fait perdre leur
couleur originale.
>,
.( >
39i4 HisToiBE DO aàrvaui^wt italushnes
HHHnHnuîiiiiiutmiHi^imiiimiHHHi
€«ÂPiTRE X.
Considératioos sur le caraotère et les rév^ii^ns du xv« siècle.
Dans le cours de cette histoire^ nous avons déjà invité deux
fois nos lecteurs à s'arrêter avec nous, pour mesurer de leurs
regards l'espace que nous venions de parcourir ensemble.
Après l'année 1363, nous avons cherché à leur présenter un
tableau du xiii* siècle, et, après l'année 1402, un tableau du
XIV®. Avant de reprendre notre récita nous leur demanderons
d'embrasser aussi d'un seul coup d'œil le xv® siècle, pour se
faire une idée précise de ce qu'était l'indépendance italienne,
de ce qu'était l'état social de toute la contrée, au moment où
s'engagea la lutte effroyable qui priva l'Italie de son indépen-
dance, et qui bouleversa son état social.
Si nous ne nous sommes pas cru obligé de choisir notre
point de repos à l'époque précise de la fin du xiii* et de celle
du XIV* siècle, nous avons plus lieu encore de nous en dis-
penser en rendant compte du xv* ; car, peu avant la fin de
ce siècle, il se présente à noqs^ au point où nous sommes. p^Q^
D9 nom JJ&M. »5
TMMis, «ne de ces époques impoitttitesqm paitag6iitl'àîrt«Ke
iii dettx.pério4es doat te oarsetère est abaoloBoent 4iffëre»r)
qA tenumeiit en quelque sorte les révofartions {uréeédentes et
cpà en oammenceot de lumydles poar «l'entres causes et aYec
tfaiHres passions. Noos avons va jusqu'ici les temps q«i ap^
psrtenàient proprement ao moyen âge : nons entrons dans la
i^olution qai fit saccader à sen ergmisiitioa antique oeiie
des temps modernes, qui mêla tes nations jusqu'alors séparées»
qjai les fit dépendre les unes des antres, et qui leur donna des
intérêts dont jusqu'alors elles n'avait pas même eu con-
naissance.
Jusqu'à la mort de Laurent de Médids, sorvemeen 1492,
^[loque à laquelle nous nous sommes arrêtés dans k eba-
pHre précédent, la nation italienne donnait, si ce n'est des
loto, du moins des leçons et des èxeia^es à tontes ies antces.
Seule civilisée, elle confondait le reale i}es peuples européens
KOQs le nom de Barbares, et elle commandait lenr respeet.
ËHe n'avait point^enda «ur eux son empire; maiSicUe n'avait
peint enbi lâir joug. Qndqnes seoveraims étrangers s'étainnt
assÉs, il est vrai, sur le tr6ne de Naples, maïs auparavaat Us
étaient devenus Italiens : quelques années ultramoi^îne^
avaient traversé l'Italie, mais dles s'étain^ miaes anparavMrt
^ h solde des souverains de la eonirée. La prétention d'asaer*
"rir l'Raiîe n'avait jamais été <oimée par aucun des «iriMal
^i 7 avment porté la guerre; jamais ies pespks n'avaient
«onçula crainte de cette servîtade, jamais Us n'avaient pu en
soupçonner le danger.
Mais en 1494, tous les peuples Hmitroplies, jakiax delà
prospérité de l'Italie ou avides de ses d^KmiUes, oosuneu*
cèrent en mâtne temps l'invasion de cette ridie contrée : des
années déva^trices sortirent de la France, 4e la SnisK, de
f Espagne et de l'Allemagne, et pendant près d'an demi-
âède dles ne laissèrent aucun repoii aux mattaeureox Italicna^
HT.
398 HISTOIRE DES. JU&mUUHIUW ITALUCNlfES
fU/^ po^tèfonl; te lei:. et le £ea> jqsqa'ai^x ciineftlês plifa^reo^
lées de l'Apennin, et jnsqpt'anx. idiyagea 4e8 4eax.pi»ii^ b
pe^te et la£»mine maidiè^entavee elle&:.to.nwèi«i.l9.dai4eiir
et la mort pénétrèceat 4ans lea palais, les plus sompUiâw
comme daps^es^c^baneiilesplas.écartéei}; jamais^tw
£raaoe$. n>iraiept accablé J'hvmiaiiité« jam^ np^ aqg^i.gi^nde
partie diç ia populatiooL u oyait été 4étinuiite:pfir I«^,g)ienre,. Jks
ipotif^ différents mettaient .9^ax..pQmb(^tajQ);s^ ]^%.i9mes„& jla
main, m^is le lésaltatde Aevrs jÇoinHt^ étaij;tpiÛQWste;9»$^lie,
Chaque ia?aaion pourçUie gainait les lorl,ifi(;^Uqw^ 4^4* lUP^*
détruisait ses richesses, et faisait .disparaître ^a popif}|i;l^;;^,.ge8
diters gouyern^^uts ,8Ç.p»rtegwie^t enXvi^J^ïlmçi^4l»
puissances étrangërep ;. ib^ s'intéwKiaiwt, A Jl^W. W9^lsa» ca
onblianileor piopr!e4todinée.: ils;i;ie.WF«ipiit.pa8iieiui)[^r«.^pie
leor existence mtoiQ était misp m }W tM iU ^QlPWt i^^JQg^
comme pnx an.vfioqn^iir». cirant d'a^Ciir.iCprQpnis<qne,f)Mie
pcavait être asser^vi^f ' • ..... ^>. .„;. o ,i .„ ,
C'est vers,la.fin4a xv^ sièale .qn^ pAl^epw» m.lVNsUloe
sorte AU point le.plos. éieté4e. la cwrière.qne^im^.paCQou-
rons, nous ta donnaoQs tpat entière», et mw y^jf^om L!)mtoire
de ritaliese diYiser..en ses différentes,. périodes^ If^-si;^ |^^
miers si^dea qui s'écoulèrent, dfipfm le^j^enTçrç^iQettt; 4^ l'em-
pire d'Occident préparèrent, par le n^élmg/s^ ,^^, peuples
barbares airec les peuples dégénérés de^'jtïilie^ 1« m^tipn nou-
velle qui devait su€scé4er aux Bom^ips, ,))ans Je im^, aièqle,
cette nalioin conquit. sa lib^rj^f el|e .en, joujit d^iis. le xjçii'' et
le XI v'', en y joignant toute li^ gloire que pouvaient lui assurer
les vertus, 1^. talents, les sç(Ut la pl41pS9pbie et le goût; elle
la laissa 8(3 corrompre dap^ le xv%.et ^lle perdit.^. mime
temps, son anciemie vigueur. F^ès^'au .4eflai-siècle d*inne
gu^re effroyable détruisit alors ça prospérité » aujéaptit sf»
moyens de défense, et lui ravit çnfiu..spn indépendance.. Ap|is
cette ggerrcx.qni fprpif^a Iç.sqjgt pi^indpfl de ces derniers
n^ôMmé»; pt^éé trôb'sièdes se flottt pattigs dam'ltt fiervitiide,
Findôletiéisf, ftl iflOlteise et TouMî. ♦ . .
Ii^iSk|u*iiii6'iiat!on est niidhlgttmiie et ttetene' eu nàèitie
ttmpSy (fh 66t totijotfrs '^pbsé % attribuer ses malheors à ses
tfcës,"tMfdiâ[ qo^il set^it éoû^ent ptiott Jittte d'attribtief ses
tfcë^^ éesrtiàlhcftrfâ. On dïtkii que la'compafision est pour
ilous'nn 'senftiment trép péaiblé, et (fat uous sakinoos avide-
Aient tontes les l'aisons,' toud les prétextes par lesquels nous
pDuVons nôuè dispenser de plaindre les autred. Sans doute
aussf , cHfacicm veut éviter de prendre pour soi-même, pour ses
compatriotes et son pays la leçon et l'exemple des grands
nAlbetit^ pdbficb : on aime mieux s'en éroire à F abri en se
persuadlmt qi^on ne commettra jamais les fautes qu*on relève
dànftl^' autres ; et lorsqu'on aecuse tme nation d'être dégra-
dée tm di-oit trouver 4à garantie de la gloire de sa propre
nàtioli. w Le peUj^e qui a pu témbe)^ sous le joug de là ser-
« vitnde, disent aujourd'hui les vainqueurs , le peuple qui la
« is^uppoi^ la mérite. Ceux qui n^ont pas frémi à rapproche
^ dé f étâ*e(nger y ceux qui n'ont pas senti que pour le repous-
^ seril fallait sacrtfiei* ses Mefas, m vie et celle de ses enfants,
« sont faits pour demeurer sons la loi ; ils ne sont point dignes
* de 'compassion, car jamais une nation généreuse n'aurait
« %iiîA un pareil sort. «
Ge|>énâant l'histoire n'enseigne point aux hommes tant de
confianœ ; elle nous montre que si les vertus sont nécessaires
h l'existence des nations, elles ne suffisent point seules pour
la garantir ; que la constitution la plus sage est encore un ou-
vragé humain ; que comme œuvre de Thomme elle contient
en elle-même de nombreux germes de ruine ; que même au
sein de la liberté, de la vertu publique, du patriotisme, on a
vu éclater les excès de l'ambition ; qu'on les a vus précipiter
ané nation dans l'abus de ses fdrces et dans l'épuisement qui
eu est la suite ; qu'enfin, nous ne faisotts pas seuls notre desti-
SOS HISTOIRE D» tREraiMQI» ITALIKNRBS
et que nous compreiwiis 600s le aoin de faawni i^aree qa'dl^
ne idépeodMt pas 4li bomi pâment seadie inetito toM nm
Lattilioii suiglitte est pmt^élsie aiijofird'biii ee^'ét«itl«
iiftUoaitaiiMiieilf firtroîs sièokfl^ De mème^dte a^ibetcAéht
liberté avant toiiade» œtceB.hieiiSy et cdoi-tt eeai Ma deiHié
1008 to iMitos^ tàd màme, ^la liberté d-esfirk \m « dMaé
rempice de la pbiloMipbie :et de&letties; de m^ae^ httberM
d'actions 4ui adonné ll^apb^dipi eomoBAree >et r#p»h»«^yde
mème^ la pui«aaiiae de UopÈDdon sor son ^repi» ^ènveme*
meot lui a donné la prééaiiBeaoe eiur tous tes antres^ 6t*4*a
placfe aa centre de la poiiliqiie ean^éenne; ^maiepar wn»«
bien de*efaaiioeBr.Ai]^tenneii*a*4;-ellepas été«iir ]e ^m de
perdre le bonheur dent elle jeait aa}Ottffd'h«iy et de Hnnher
plos i;M»,p^s&ir^^te que l'Italie ! Quel «avait sM son «ort « la
reine Sfaiie aidait iiéfiafkis lea^gtenipa, cuisi elle avril taÔBsé
des «nfoats 4e Philippe II ;. si ^Étisabothayaa; . aeeefftéiiHR des
noodHDeta épou & oatfaoliqMea qut^! offrireni*è elle ; 4»*Ghailes I
n*a>ait ipm ^ «i imprudeat^.Gharles II si <vil f Jacques ii si
iosensé? €oittbiâa de fois «rtreUe dà^eon<ealiit.a«i TeMtS'et
mx tempêtes 4oi diasipèreiit lesiflolles de ees.e&neiDîe, tandis
qa'ils poQYaient détruire les sknaes? Gomb»ea;da#i8>rMtra^
vaganee de eenx^in elietistiaieBA âa perte iaiia-t^e^4du8
salutaire qae sa ^prepre prodeo^e? Ck>ad)ien defeâs fi'ai4*«Ue
pa^ été seeoai^tte {)ar une : beureasA destiné^ tocsqneeea salui
n*était d^à plus^dAUS- ses proipres msûia?
Si les Italiens^, dtt-pn souveut, ayaiwt fermé» À r^eMnpIe
des aptres niitioo^.dè TËoi^pe), iHieseode et fortemwavehîe,
s'ils axaient renoncé à la discorde insensée de tleurs fé6ta
é\Bt»j si au lieu de oonseryer lew» louées les uns contre les
autres ils les avaient toutes tournées au. ddiors, ils aivûent été
pbis qug «priants pour i^^nmesar lesiârangers^dst anjseooup
BU ilQTigi iM>«& SM
viKiit 4b «Mm dMi0'lM;.Maiy0ii^ îb awmiit Muré lew
prospérité iatériwP0»«vec leur Mëpend^Me* X âîi 9q poor-
mit dif0 ^utMi M tei ItoUtn» atti^M; lait fxm»^ les fif)Mi-
gw^ r Italie aarait miIh le sort da TSipftgiie ; et ce sort n'est
9SS{4w4wae4'<eimeiqiie'laleiNPi. A r^pof«s, en effet, ou
omm«Mèrenfcles«)aeiTes^u^ TËspa-
j^viittpftmiirat divisée «irtseim n#mhre d'étetolxttiieeiap p\m
Qopsidésfibl^ (Mmpfarit «Mère eiaq ioxiMrchieBÎDiiépeAdajiles
qt •ewstuimeiit 'emcwâes l'âme 4e i'entre : ^ertles de GaBtîlle«
d'.iifiigWiy.de Na^Bvce, de SortogRl et de «Gfenade.i Ce fat
Cbsi4fls*^^iîBt qui je posmier anteait qofttoe 4e ees cinq mo-
iBiapnobies» iwame^ fiit lui^m }e pfemîer «utijiig^ l'Italie.
Caltaiiiiiiyoaeoâlfcaiatti: Ei^gnols lear liberté : lear» oonMi-
tnt^xas ne ^setroni^At {iÂbs asaee Austes fM^ eoiiteiiir -un
mMaf^gw fû ^sauplojait oestre ses ntjets 4e l'un de ses
roy^iumes les eméss 4e Vautre, li'agneellore, les manofae-
^fiss^ te^MBMMree fiirart «tewés d' Bapa^ie par 1* advwaistra-
tioB YMrfei^ fniMeoédaawc «iic»eues<A sagto laie désunies.
ifis.i0iiliiQe8 {privées lurent idélruHes, la séeumté des «dtf^eais
dii^paiHit^ ^>popiilatieQ im% eméaatie : tous les oliQe^'qfie des
buBmee se ^seat ppepeeée 4ebleiiir par l'élabëBsemefït 4e
l^ordi^sattidviQreDt perdus, et l'iwlépeiidanee de ]a >naHm ne
fatj^aîat assurée 4mx depuis de sa liberté, ^ns le rj^ne de
QttaUHHQoint, 4fiute ^rjEepague retentil de plaintes de^e^Que
Jeanoe^taffait iporlé à tun wuT^ain .ébranger rbéptsge denses
pères, et 'de o&'^pie les fispaguols étaient fony^no^ .par des
Flamands. Sous le rè^e de Bhilippe II, les Aragonais., les
Bodiigais, Jes Navarrais, et les Maures de ^^reuade ne^ plai-
gnirent ipas aT.ee moins d'fyiiCËrtume du gouYtsrnf nient des
GastiUans. Les autres peuples de T Europe les regardàieut,
il^e^ lumi, las .uns et les autres eomme également Espagnols ;
euX'qai.obâssaieQt, ils regardaient leurs maitres commeétran-
gars -. ?ees maître» étai^t-étraugers pour ea&par les mfisuiiis ,
300 HI8TOIBB DBS ftiMmt;KtD£d rTALUSNliSS
les lois, le langage, les haiûeé hâ'âBtatit^'; et h'pasâfttetdr
de leur jong fit éclater de frâttféatës téVMtc». ' ' '
Cette réunion des inonarcUîës espa^ôles'flornïa;^tt' est'vrM;
une puissance redÔbtaOble podi* lés ittMg^ts; et (âîè défendit
contre eux la péuinstÉle. Satis douté; mais tié fttt'lëearâse'diM
projets gigantesques de la maiton d^Autrïdie, de'^èt édiasf'de
ses forces qui dépassa encore ses ressoti/t;és, ^'I6ée( guerres ef-
froyables et toutes inutiles dans lesquelles ëllëfùt én^gëcf,
de la haine qu'elle elcita ëoutre elle dtiùs tmtë rSat6][)e, «t
de r affreuse ïnisëre à laquelle elfe réduisit lès Espagnol. tJlïe
ambition démesurée imèHe eïdîtt déS 'teMers ^léiâë^àrës , ^
tandis que l'Espagne n'avait jamais Vu, au teiâp^tità éBè'étètft
divisée en petits étàti; , d*àritiéè éMngère frstncMr impttné^
ment ses frontières , toutes ses capitèllei^ furëùV bbligées'ffbù-
vrirtour à tour leurs portes aux aritiées françaises et aïk-
glaises pendant la gùeite'de la succession d'EÉspa^e. '"
Si les Italiens n'avaient formé qu'une' settte inonai'ehits, qui
peut répondre qu'ils n'eusâetit été ottéonl^Uéfaiits tittoon^tidS?
Cependant, l'une et l'autre carrière mette priesqUé*t^1ei!i&eM;
à la servitude. Ce n^'est paà païf les fôreès d'uiitt seUé^ lirffiùh
que l'Italie fut subjuguée. Pendant plus d'un demisiëôlé âte
fut attaquée et dévastée en méine temps par les'lTspaigubtt, les
Français, les Flamands, les SuisséÉf^, lés AnemstUds; M'Hoù*
grois, les Turcs et les Bàrbaresijpies. Auèuhë organisation uaté-
rieure n'aurait pu la rendre égale en forcé à tbùs Icés'peûpli»
à la fois. Loin d'être alliés, ils étaient, il est Vra3, énnëtnis les
uns des autres ; mais le vainqueur profita dé tout Te màl'^'a'
vaient fait les vaincus. Cbarles-Quint et Philippe II ftirent
servis par lesFrançais, les Suisses et les Musulmane ailtaiiit que
par leurs propres sujets, Allemands ou Espagnolsi Eu "ruinant
l'Italie, les premiers l'avait rendue plus facile à' coiï<|uéHr,
plus impuissante lorsqu'elle aurait voulu secouer le joug. Tdtts
ces peuples vinrent se combattre sur' lé sol italien : maSs si les
4iweQt ismmmcé par jfttre craqaérante , qui sait si
leurs premiers tevers n'aiir^ent «pas attiré sur leurs bras les
QiéiBea ennepûa, et n'auraient pasâié suiirls des mêmes partages?
' SL Im Itftliws n'avaient formé qu* uno seule monarchie, qui
pipt. r^^^ondre ansa, qn'nne guerre d^ n!aurait pas ouvert
hmrs £rQnttèi«s à l' étranger ? Les guerres miles qui naissent
d'une sniH^pespiovi contestée sont un fléau inhérent aux mo-
narcbies, héréditairi^s « dles ne sont peut-être ni moins fré^
quen)£s, ni, moins ruineuses qqc^ celles qui naissent des âee-
tioQs conjtestées dws les moiwcbies électives* La France seule
en est demeurée presque à fabn^. parce que la loi salique y a
mmpttfilél«^qn^ti9n,de droit sur l'hérédité ; mais, en revanche,
combien (fe guejrare^. civiles y sont nées du droit contesté de la
i^égence? I>*4illi?urs, la question essentielle de l'hérédité des
lemmes était si pemJ.écidée ponr.ritalie,, que c'est justement
par elles «que le^ étrangers ont prétendu acquérir des droits
snr ce pajSt X^ guerre de. Charles YIII dans le royaume de
I(apiles, c^lle ide Lotiis XU dans le duché de Milan, furent en-
Jki^prisies pQur,, soutenir des droits de succession dans une mo-
naipt^bi^- Vu p.4rti nombreux; crut cçs droits légitimes, et s'arma
PO^ilf^, défendre ; ce psjrti crc^t faire, son devoir en ouvrant
Içs fpj^rie^sQS de l'état au^ armées étrangères. On enseigne
àus; §uj^ts y dftus une monarchie, que leur loyauté consiste à
défendra la jyign^ légitime de leurs rois, et à la rétablir sur le
taç^e^ au péril même de l'indépendance nationale. Si les ducs
de Mile^n pu les rpis de IHaples avaient réussi dans le x V" siècle
h réunir toute l'Italie sous leur souveraineté , la question des
droi^ de la seconde maison d'Anjou ou de ceux de Yalentine
yisçQpti ne s'en serait pas moins présentée au xvi^ siècle^ et
U; .pajcti angevin , le parti français, au lieu de ne se montrer
qn^ dans le royaume de Naples et le duché de Milan, aurait
,pris 1^9 armes dans toute l'Italie sur une question qui aurait
ilit^re^ tous les Italiens.
HISTOIRE Dtt mÈVtméUpifÊ ItALllSHBES
H est 4» l-esBene» éet flMrambîM de dMftièf îiMMtfttiméM;
d68 diwteisiv dles aaxélnmger»; â eetée fés^ûisètteft réflti*
Miqiies-ile'iie nteonnatfcre aocnn droit snr elles que i^tn qili
partenbda leenire nème de la nation. Dans h» motiardiië» où
lasuneaMion dm ftumes est admise, on ne donne "pas èîn ma*-
rifige nne saute prinoesse du- sang Toyal qoi ne {misse atypétet
HB joan m Ta^tiie kaélraiigera à botter dn trône. Biins cdleS
eù>la suootsiàm est Hmitéa aoit MMes^ le daâgei'^est mcJitidre,
et il BeconiBieiia& qa» l^NKpfvner ftn&ittshé edflëttë «e 6*odTe
régner sor nu tpône étranger. lAlnsl les màisoi^ d'Anjou, de
N2«plaB el de Hongrie eotasertèrent pi^ ië d^ùi'centè &(ns nn
droit éyentne) à la sttoeesslon'de France. La maison de Bonr-*
bon->Naf?arre es acqnit pins tard nn séttiMàbVé , niais IteilA
ne possédait pas le rojanme de lllaTarre l<M!i3qn^il parvint à la
couronne de Franee,^ en soite ^il n'appela' pas les Natm^ais
à dominer snr les Français. Les bvanehei^ italienne et eépagnole
de la maison de Boorbon ont de mdme anjimrtf hni, ef définis
nn sièeie, des droits étenMels à Iwiiueoessicin d^ France^ et tes
renooeiationa de^ees^danx malasHl», tià réndaiilt eea'dlrofts don^
toni^ ajouteraient ^osre'ffav dangei^s d\ine goel^rè dvife et
d*une invasiiMi étrangère poui^ tes Mre valoir, si jamais Iti
suceessîou venaîl à s'ouvrir. Gomment donc FétèMIsEiemént
d*une saule monanbie en Italie aufv^t^it garanti F indépen-
dance italienne, tandis fue les* guérie mdmes qtti aliénèrent
r asservissement de l'Italie eorent tontes ponr origiue tes pré-
tentions héféditairea qu'admet sent le r^Mne monarcliiqne?
C était bien moins en renaissant l'Italie en un seul empire,
qa*en conservant ses républiques, qn'mi pouvait espérék^'de
sauver son indépendaisee : si du moîns on les avait en même
temp» unies entre elles par un lien fédÉretif, Ou par ées al-
lianoes temporaires^ mais eonformes à lemmlnté^Ms, ees al-
lianoes aurasent sufâ pomr repomuser les étrangers, et non
pour les attaquer chez eux; elles anvaient préasrvé h» Ha^
via umwm AQM^ an
lieQsd^ égaremeotode leur pr#pie amUtioa, -ooBnB ioPat-
taqoQ de leurs eoneims. Une sépol^ae Cidéreti^w ne saarait
a$jsez compter sur laaioa df se» membecs pour demir ooin**
qoérante ; eUe ^appe à tooa les prétextes . de gaerve que
donnent aox rois la demande de la dot d* use filk , on edle de
rhéritage d*iiA aïeul éloigné i et lorsqu'elle est feroée à pren-
dre lies arnies ponr sa dëf ense^ elle tron w des re88«Niree0 qu' elle
n'aurait plos si elle était gouvernée noneDcbiqo^nènt.Yenise,
avec une population de deux miltions deux cent mille àmea, a
tnit r^effi^i/^ sa puissanee jusqu'à, la fin du xvin* âèele, Uen
ixûeox que le rojraume de Naples avec. six miUions d'habitants.
L'occasion se présenta de rétabtir la république milanaise au
nùUea du :«^y^ aiède* et de l'unir à celles de Yernse et de Flo-
fm^y pettt<-ètrei k eelles de €rènes et des lignes snîsaes^ pour
ladéfenise de la liberté. C'est lorsque ce mcmient f«t manqué
q^'on peut dire que l'Italie fut perdue. .
Aajresite, les petits états en Italie» comme ailleurs^ tendirent
v^i:s leur réunioA en .élatSs plus grands pendant tout le eonrs
du w"" $iè.ole. C'est la couséquenee natmelle de touiai les
ebi^Açe^ des guerres, des révolutîMis et desibérilages. Les sou-
verains de la France, de L'Ëipagne.et de L'Allemagne réunie-
saieQt.cbî^quet année de nouveaux fiefs aux domaines de leur
^^UTQpne <> les petits» prinees et les villes libres disparaissaient :
<^eudwt chaj6U0^ de ces nations était bien loin encore de
nobéir plus qu'à une seule volonté. La maison d'Antrictie,
divisée entre plusieurs branches , n'av^nt point encore acquis
la Hongrie et.la Babétne : elle ne l'emportait point encore, en
puissance sur la maison de Bavière ou sur celle de Sa«e , et
son accroissemrat, pendant le xv^ sièele^ avait è peine été
proportionné à celui des ducs de Milan. La Franoe ne comp*-
^t point eaeore parmi ses provinces l'Alsace, la Lorrame,*
^ Franche-Comté, la Boui^ogne, le Hainaut, ht Flandre et
r Artois. Le due de Brelagne était encore indépendant ; les
M4 HISIOIRB DJBB aiPDK.IQD£8 ITALUSIIIIES
imtres gnmds feodataires n'élaient rangés qo*à demi aoils
r autorité royale; la noblesse seule était armée, et lè peuple
était trop opprimé pour ajouter rieu à la force nationale. Des
guerres dviles ataient occupé chez eux les Allemands , les
Français et les Espagnols ; et personne ne soupçonnait en Eu-
rope qn*il existât une disproportion entre les forces et les
ressources* de ces diverses monarchies et des états d'Italie :
celle qu'établit tout à coup la supériorité de bravoure ou Fart
militaire des ultramontains n'était point irrémédiablu, car ils
firent longtemps la guerre àTCC des mercenaires qu'ils leyè-
rent en Suisse, et qui étaient tout aussi disposés à prendre la
solde des Italiens que celle des Français.
Bien n'annonçait à l'Italie^ rien ne faisait prévoir aux puis-
amees étrangères l'issue de la guerre qui s'alluixia à la Qn du
xV" siècle : aussi, loin d'accuser les Italiens de n'avoir pas
bouleversé toutes leurs anciennes institutions pour la prévenir,
doit*on leur reprocher plutôt de n'avoir pas assez ménagé
ces institutions anci^nes, de n'avoir pas assez respecté l'in-
dépendance de chaque état et la liberté de tous , et d'avoir
laissé s'éteindre ainsi le patriotisme qui les attachait à leur
cité, non à l'idée abstraite de la nation italienne. Après avoir
perdu leurs droits, ils furent moins disposés à faire des sacri-
fices à une patrie qui leur assurait moins de jouissances , et
ils ne trouvèrent plus en eux-mêmes l'énergie républicaine
qui les aurait sauvés, si quelque chose pouvait les sauver.
En effet, le vice essentiel qui, au xv'' siècle, minait le corps
social en Italie, c'était l'affaiblissement de l'esprit de liberté.
L'aristocratie faisait des conquêtes dans le sein des républî^
ques; puis le despotisme conquérait les républiques elles-
mêmes. Les cités, jalouses de leur souveraineté, n'avaient
donné aucun droit de représentation aux campagnes; ea
sorte que lorsqu'elles étendaient leur territoire, elles augmen-
taient le noinbre de leurs sujets, non celui de leurs citoyens*
DU MOYEN AG£. 305
La Bfierté leur paraissait un droit héréditaire dans les familles,
plutôt qu'un droit inhérent à la nature humaine; aussi ad-
mettaient-elles rarement des familles nouvelles à partager les
prérogatives des andennes , et à remplacer celles qui s'étei-
gnaient naturellement. La population de l'état s'accroissait,
mais le nombre des dtoyens diminuait sans cesse : cependant
les dtoyens seuls faisaient sa force, car les sujets d'une répu-
blique ne lui étaient pas plus attachés que les sujets d'une
monarchie ne l'étaient à leur prince.
Si l'on avait fait à la fin du xv® siècle le recensement de
tons ceux qui participaient ai la souveraineté dans toute l'Ita-
lie, on aurait probablement trouvé que Venise ne comptait
plus que deux ou trois mille citoyens ; Gènes, quatre à dnq
mille ; florence. Sienne et Lucres entre elles cinq ou six
mille, tandis que toutes les républiques de l'état de l'ÉgUse,
tontes celles de la Lombardie, toutes ceUes qui avaient existé
dans le pays soumis ensuite aux rois de Naples, avaient perdu
leur liberté : en tout, à peine seize ou dix-huit mille Italiens
joniâsaient pleinement de tous les droits de citoyen, sur une
population de dix-huit millions d'âmes. Un même recenso-
XDent en aurait peut-être donné cent quatre-vingt mille au
XIV* Siècle, et dix-huit cent mille au xiii<*. Cette diminution
graduelle du nombre de ceux qui avaient des droits dans leur
patrie, et qui étaient prêts à les défendre par d'immenses sa-
crifices, était peut-être la cause prindpale de l'instabihté des
gouvernements italiens, et de la diminution de leurs ressour-
ces. La liberté, qui avait d'abord été assise sur la base la plus
large, ne réposait plus désormais que sur la pointe d'une py-
ramide.
n faut une participation beaucoup plus universelle de la
natiob anx honneurs publics, pour réveiller l'enthousiasme,
animer le patriotisme, et mettre entre les mains des chefs de
l'état là force de chacun des individus. C'est seulement en
vu. 20
306 HISTOIBE DES RÉPUBLIQtlES ITALfEimBS
raison de cette participation réelle ou imaginaire de tocs les
habitants de Tétat à la souveraineté, que 1^ république»
acquièrent, ayec une énei^ si supérieure^des moyens d* atta-
que ou de défei^ dont ne sauraient approcher les monar-
chies qui les égalent en population et en richesses. La souye-
raineté d'une république sur tous ses citoyens , s'étend
toujours plus loin que ne saurait le faire celle du monarque
le plus despotique , par la même raison qu'on est plus maitie
^e ses propres mouyements qu'on ne saurait jamais l'être de
ceux d'un aqtre^ même d'un esdaye. Dans les temps de
calme, il est yrai, le prince absolu se permet un gngiid nom-
bre d'actes arbitraires qui sont interdits au gouyemempKt li-
bre ; mais autant il trouye alors de forces superfluei^, autant
il lui en manque au moment du besoin. Lorsqu'il Tondrait
réunir tous les efforts individuels y^rs le seul bqt de la 4^
fense nationale, il est obligé d'employer une partie de ses su-
jets à contraindre l'i^tre » et la moitié de ses forces se paralyse
d'elle-même. Un duc de lllilan aurait yu la révolte éclater de
toutes parts dans ses ét^ts, s'il avait chargé ses sujets, en
tem|fS de guerre, de la moitié seulement d^ fardeau que ks
Florentins s'imposaient joyeusement à eux-mêmes ; parœ qu'il
n'importait après tout que médiocrement à un IClanais d'or
béir à un Yisconti ou à un Sforza, plutôt qu'à un Français
ou à un Allemand, tandis que pour un Florentin il s'agissait
de commander ou d'obéir. Mais au mn^ siècle, lorsque clui'
que ville était libre et gouvernée populairement, ou aprait
trouvé le même pouvoir de résistance dc^ns chaque petit can-
ton de la Toscane. A la fin du xv% lorsque Pise> PistQiia,
Prato, Arezzo, Gortone, Yolterra, étaient soumises h la ré-
publique florentine, ces villes et leurs districts ne la servaient
plus que comme les sujets servent un monarque : les habi-
tants mesuraient leurs sacrifices aux avantages souvent dou-
teux qu'ils pouvaient attendre de leur obéissance , et la ré-
Dt MOYEU AGE. 307
{mbflque était encore heoretise 6*ils ne prenaient pas le
moment de son pins grand danger pour se révolter.
Dans le cours du xv^ siècle, Pise fut la seule république
do premier ordre ^ui tombftt sons le joug d*une république
rivale. Son asservissement priva r Italie entière de la popula*
tion,da commerce, de la naTîgàtion, de la valeur guerrière,
d'une de ses plus florissantes cités ; et cette conquête, loin
d'augmenter la puissance de Florence, la diminua, parce que
les Florentins ne surent pas ou ne voulurent pas faire entrer
les Pisans dans leur république ; 9s ne songèrent qu'à les af-
faiblir, à lés endiatner par des forteresses, à leur ôter tout
nlojen de se révolter : dès lors, toutes les forces employées à
gardw Pise furent retranchées de celles avec lesquelles ils
pouvaient se défendre. Mais si le nombre des cités libres n'é^
{m)uva presque pas d'autre diminntion, le joug qui pesait sur
ks cités sujettes fat sans cesse aggravé par le travail inseoK
sible de tout le siècle. Celles qui s'étaient mises d'elles-mè»
mes saus la protection des républiques plus puissantes n'a-
vaient point cru perdre ainsi leur ' liberté ; elles n'avaient
fait qde eontractor une alliance inégale qui n'avait point al-
téré leur gouvernement municipal^ qui souvent même les
avait d^vrées d'une tyrannie domestique. Seulement le pro-
grès du temps enlève à celui qui a peu, et ajoute à celui qui a
beaucoup ; les privilèges des plus faibles sont chaque jour
mcnns respectés , les prérogatives du plus fort se consolident
diaque jour davantage, par des abus qui se changent en
droits. C'est ainsi que la ville dominaiite devint une capitale,
que les villes protégées devinrent sujettes. Ce chmgement
s'opéra en même temps dans toutes les villes que les Vénitiens
arvaient enlevées ani tyrans de la Marche Trévisane, quoique,
en leur envoyant les cbrapeaux de Saint-Marc, ils leur «nnon-
çasseut qu'ils leur rendaient la liberté ; il s'opéra dans toutes
^celles que les Florentins avaient cofiquises en Toscane, dans
20-
308 HISTOIHE DES BEPUBLIQUES ITALIENNES
toutes celles des deox. rivières qai obéissaient aax GéûOis^
La liberté politique , oa la participation da peaple à la
BOaveraineté , avait diminué dans les capitales , parce qoe le
nombre des citoyens était toujours plus restreint ; elle avait
diminné dans les villes sujettes, parce que les privilèges de ces
yilUfi avai^t été considérablement réduits ; elle avait dimioùé
^nfin en intensité, s'il est permis de s'exprimer ainsi, parce
que les. droits de ceux qui étaient demeurés citoyens dans les
républiques indépendantes avaient été entamés ou circon->i
scrits, et que la souveraineté du peuple avait cessé d'être res-
pectée. Tandis que la république de Venise se soumettait
tûiqours plus aveuglément à une aristocratie jalouse, la liberté
à Florence, à Gènes, à Lucques et à Sienne, était exposée tout
au moins à demeurer souvent et longtemps suspendue. Les
Florentins laissèrent usurper à la famille des Médicis, pendant
le xv^ siècle, un pouvoir à peine inférieur à celui des rois
d'une monarcbie tempérée; les Génois précipitèrent leur
république, avec frénésie et à plusieurs reprises, sous le joug
d'un prince étranger. ; Lucques demeura trente ans^ sous la
tyrannie de Paul Guinigi ; Sienne se prépara, par une longae
anarchie , à la tyrannie de Pandolf e Pétrucci ; Bologne , qai
avait tenu un des rangs les plus distingués parmi les répu-
bliques itaUenues, se façonna peu à peu au joug des Bentivo-
glio ; Pérouse, qui avait brillé de presque autant d'éclat, après
s^ètre laissé ballotter par les factions des Oddi et des Baglioni,
abandonna enfin aux derniers un pouvoir souverain ; et tontes
les villes de l'état de TÉgUse, qui pendant deux ou trois siècles
s'étaient gouveirnées en républiques, perdirent jusqu'à l'ombre
de leur liberté.
Après même que les peuples s'étaient laissé priver de i'exe^
cice de leurs droits, ils conservaient encore quelque sentiment
d'orgueil national, lorsqu'ils reconnaissaient comme lenr pro-
pre ouvrage l'autorité à laquelle ils devaient se soumettre. Au
DO MOTEir AGE. 309
conmijencemeiit da xy« siède y la plapart des princes qui ré«
goaient dans les yflles d'Italie ayaient été élevés à la soave^
laineté par un parti formé entre leurs concitoyens : ils te-*
naient ainsi nominalement leur autorité du peuple ; et lors
même qu'ils n' avaient aucun égard pour sa liberté, ils con-
servaient du moins et dévètoppaient en lui son amour pour
rindépendanoe nationale. Tous les droits exercés par une
nation- sont d'une nature en partie métaphysique, et il n'est
pas fadle de les définir pour des esprits grossiers : aussi ne
faut-il pas s'étonner s'ils sont souvent confondus les uns avec
les autres. En effet, l'indépendance reçoit des Italiens le nom
de liberté ; les habitants dé Bavenne se disaient libres sous'
l'autorité de la maison de Pollenta , parce qu'ils n'obéinaient
ni an pape iii aux Véniti^is ; les Milanais se disaient libres
sons les Yisconti , parce qu'ils ne recevaient les ordres ni de
l'empereur, ni du pape, ni du roi de France. L'illusion même
que faisait encore un nom chéri attachait le peuple à la chose
publique ; et elle ne pouvait être détruite sans laisser voir h
découvert que le glaive seul donnait la loi. Hais le xv" siède
détruisit, pour la plupart des sujets des princes, cette illusion'
d'indépendance , . comme il détruisit le smtiment de liberté
pour presque tous les dtoyens des républiques ; et par œ
changement funeste, il ôta aux gouvernements leur caractère
national, et affaiblit toujours plus ritalie.
En effet , aucun siède ne fut plus fatal aux maisons prin-
dères de l'Italie , et ne détruisit plus de dynasties ; et cette
fatalité s'accrut encore dans les années qui s'écoulèrent depuis
l'époque où nous nous sommes arrêtés jusqu'à l'an 1 500. Les
premières années du siècle virent périr les Carrare de Padone
et les de la Scala de Vérone ; dles virent disparaître en même
temps tous ces soldats de fortune élevés par Jean Galéaz Yis^
conti , qui , à sa mort , s'étaient formé une souveraineté dans
leur ville natale , ou dans celle où ils étaient en garniismi, et
310 HISTOIEE DES liPiniLIQUES ITALIESVES
qm ne patent la défendre longtelaps. Les e&XHpàù» d'uo
antre soldat de fortune pins illustre qu'eux tons , de Fran^
çais Sforza, forent pkis fatales encore aux anciennes dynastie»
italiennes. Il a^ait dépooillé d* abord un grand nombre de
fendataires de l'Église dorant les guerres anxqyelks il dnt
son premier établissement dans la Marche d'Aneône : lorfr*
qn'ensoite il s'assura par les armes rhéiitaige de son bean-pkis,
et qu'il fit sueo&ler les Sforza aux Viseonti, û priva I9 lom*-
bardie tout entière , Inn des plus pnissai^ et des plus iasH
poPtanlB états de l'Italie, de l'illusion de la légitinûté, qui
dédommageait les sujets de la liberté qu'ils ayaient perdue,.
Tous les babitanls du duehé de Milan surent désormais qu'il»
obéissaient au pouvoir de l'épée, et qifê comoie elle seule leur
avait donné un miâtne ^ elle avait un érc^t égal.poinr le leiur
ravir;
Un second état monarchique, qui contenait à lui seid plus
du tiers ée la population italienne, le royaume de Napies,
avait de son côté, par la force des anses, changé de maltoe
au milieu du siècle. Le titre qu' Alfonse d'Aragon faisait Ta-
loir sur l'héritage de là seconde Jeaqne, lui paraissait à loi-'
même si douteux, qu'il priera fonder son autorité sur le drmi
de conquête : il considéra même cette conquête eomm^ une
raison si^kante pour disposer par testament du rojmoue de
Napk» en faveur de sda fib naturd Ferdinand, tmdis qu'il
laissait en héritage à sonirère et aux enfœts de eelui-d les
état» qu'il ppssédmt par un droit héré^aire.
Enfin^ au cmitre de l'Italie, des papes ambitieux, peu soru-
pukux et peu dignes de Hespect, relèverait par de» efforts
constants la monarchie temporale de l'Éghse, qui, au oom-*
mencement du xv^ siècle, était réduite à nue extrême lai-*
Messe. Mais, soit qu'ils aliénassent de nouveau^ en. favear de
leurs fils et de leurs neveux, les fiefe apostolkiues qu'ils r^
couvraient, soit qu'ils les réunissent à la directe de l'Église^
00 MOTra AjGB. 31 1
détachaJBgt égdenmt le people do km goiitveiMiiieiit, en
sotartitimatliiir propre autorité à edk qM les aneiMi cheb
teiriteat de kar pMrie; et ik laîaieie&t dans dHu}iie yriSit an
germe de méeoutentemenl, en ioi'ôtaQt) avee ea petite ooinr,
tom tes propiiétiferee, tem Ici rldiee, ton» kd luonflus actifiii
qoi pattôieat dam la capitale pont s'y attacter aa gouTeme^
ment» Alnri, tandis qae TolMenratear snperfieiel oonsidère le
xt<B siècle en Itidie comme pea [fertSe en rë^ohitienB; tandis
qoe tMs lea historiens ont célébré sa tranctnillité et 'Sa pros«
péritéy par oppositioa anx gœrres effroyi^bles qni Tinrent en--
snit^, un examen {Ans attentif fait déeôoTrir dans ce sièelè
messe les canëès premières de ces gnerreset de leors fmiestes
conséqaences. Gés eanses fctrent le rdAdiesdent do liai social
â*one extrémilé à l'antre de lltalie, TafCsibUssement dn pa»
triotisme, et la diffusion en tons lieux de germes de méeon^
t^tement.
Mais si l'Itdie n'avait pas été en effet minée an slède sm-*
vant, on n'aurait jamais reconnu que les événanento du
xv« »ède devaient produire cette mine. Les contemporains^
tout en regrettant sans doute plusieurs des institutions aux-
qucfies leurs pères avaient été attachés, n'eurent point heu
de se plaindre de calamités extraordinaires, et crurent plutôt^
^us doute, leur pays dans un état de prospérité croissante.
Ces mêmes révolutions qui changèrent le gouvernement de
presque tefutes les parties de l'Italie développèrent les pins
grands talents et les plus grands caractères, et récompense»
rent souvent glorieusement leurs auteurs. François Sforza ne
teofdt son pouvoir que des soldats, tandis que les Yiseohti
avaient reçu le leur du peuple ; mais ^orza était bien supé-
rieur aux Yisconti par la nohksse de ses sentiments , par ses
talents pour gouverner, comme par ses vertus militaires. Le
roi Alfonse était de mès^e étranger dans le royaume de Na*-
pies, et son usurpation ^drâte pouvait à peine donner nanh
3(2 HISTOIBE DES BEPUBUQUXS ITALIISIIIIES
8W09 à ua ponvittr légal ; amp» Alfonse était on grsad homiad
qm soeoédait à une fémaie faible, méprisable ei; ââM>rdée. II
inq^aitpar ee&yettM& dietaleresques de rootlM^Bsiaâneà toM
oeax qui rapprocfaidrat ; il était le plaa aidmt adonratenr
de ranttquité, le p^e des lettres, le fradateor de toates les
institutions qni dimnèrent de Fédat. à Naples. Nicolas Y dir
minna les libertés des citoyens romains , et Pie II réunit au
Saint-Siège les fiefis de plosieurs petits princes de Bomagne :
mais tons deu illustrèrent le Saiat*Siége par on amour pour
les lettres, un saToir, une éloquence, une libâratité qu'on ne
trouverait peut-être dans aucun de leurs pyédécesseur» ou de
leurs successeurs. Côme de Médids ébraoia la oonstituticm de.
sa patrie; mais ses projets furent si vastes, sa manière de
penser si âevée, sa magnificence si brillante, que la postérité
est encore disposée, comme ses eoneitoyens, à le nommer père
de celte patrie. Auoine période ne fut riche en grands bomt^
mes autant que le xv* sièele; et l'édat qui rayonne autour
d'eux semble se réfléchir sur leur fanûlle, «ur leur patne,
sur tous ceux qui furent soumis à leur autorité.
Le XV* siècle ne fut p(Hnt exempt de guerres ; cette cala-
nnté, la plus terrible de celles auxquelles la race humaine est
exposée, est peut^tre nécessaire aux sodées politiques pomr
leur conserver leur énergie: mais auxv* siècle, on observa dans
les guerres mêmes qudque respect pour l'humanité. Pendent
tout son cours, la ville de Plaisance fut la seule, entre les
grandes dtés dltalie, qui fut exposée aux horreurs du pil-
lage et à toute la cupidité du soldat. Aucune campagne ne
fut dévastée de manière à détruire pour de longues années
l'espérance de Tagricnlture ; les prisonniers furent traités
avec humanité, et presque toojoursrendos sans rançon, après
avoir été dépouillés ; les batailles furent peu meurtrières,
trop peu même sans doute, puisqu'dles réduisirent qudque-
fois la guerre à n'être plus qu'un jeu eirfre des soldats mer-
DO MOT» AGE» 313
c6Bak«, q«i évitataftt tétàprwfo^smi&at toate oomsîon de m
nnire. Hais personne alors n*aorait pa préymr que ces égards
HMitads exposeraient les Itatens à éd bonteoses déftiiles^
lonqa*il& auraient à soutenir le «èœ des antres nations. Leurs
troapes étaient sans cesse exercées, lenrs armes étaient de la
meillenre trempe, legrs chevaux de la race la plus Yîgon*
reuse* Les gemlarmes italiens qae François Sforza avait »*
voyé» à Louis XI étaient revenus couverts d*honneur des
gœrres civiles ée France. Les Yénitiens ne s'étaient trouvés
mdleinent inférieurs aux Allemands liursqu'ib avaient eu
quelques hostilités à soutenir contre les ducs d'Autriche : un
nombre infini de capitaines, tous Italiens de naissance, s'é*
talent formés dans les deux écoles des BraccescM et des Sfor-
zescbi ; ils s'étaient maintenus en exercice, et n'avaient jamais
déposé le harnais après aucun traité de paix, parce qu'ils
louaient alternativement leurs services à tous les états qui
avaient une goerre à soutenir; enfin ils avaient appinfué à
fâude théorique de leur métier toutes les lumièrep-de re-
prit le plus édaM. Sans doute, céhii qui, avant le xv* siècle^
aurait annoncé aux Italiens que leurs troupes ne tiendraient
pas un instant devant celles des ultramontains, aurait exdté la
nsée : on lui aurait demandé s'il croyait que les Barbiano^
les Garmagnola, les deux Sforza, les Bracrîo, les Caldora, les
deux Picdnini, les G<riéoni, les Matatesti n'avaient point
laissé de successeurs, et si les ultramontains avaient un seid
honnne qui entendit comme eux la théorie aussi bien que la
pràtique de l'art de la guerre.
Le temps des diefs-d'œuvre de la langue itdienne n'était
pas encore venu ; mais aucun siècle n'éprouva peut^^tre plus
d'enthousiasme pour les lettres que le xv«, et ne se sentit
niieuxsur le chemin de la gloire qu'elles peuvent assurer,
tandis que dans le reste de V Europe la noblesse se faisait un,
point d'honneur de ne savoir pas même lire, il n'y avait pas
314 HISTOIEB DES ftéPIHILIQD]» ITALUSHNBS
an deft prmoes, ptô an des capitaines^ pas nndcs gnmds d«
tojeQS de T Italie qui n*eùt reça une éducation littéraire, qui
n'étndlftt l'antiquité avec une sorte de passion^ et tpà ne«^s'at-
tachât à la gloire des héros du temps passé avec d* autant plus
d* ardeur qu'il aspirait plus à la gloire pour lui^aènie. Les
grands philosophes qui nsstanrèrent à cette époque tous les
monuments littéraires de l'antiqutté, les savants qui renouve-
lèrent la philosophie platonicienne, les poètes qiii réTeiUèrent
les muses italiennes, entrèrent tous dans les conseiis des prin^
ces ou dans ceux des républiques, et obtinrent, dans le gou<^
vemement de leur patrie, une influence à laquelle s'élèvmt
rarement les lettres.
Le dernier des Yiserati ^ le premier des Sfonsa ftirc»t
égitonent généreux euTcrsles savants qu'ils attirèrent à leur
cour. Ils y retinrent. Imigtemps François Filelfo, l homme du
siècle à qui sa profonde érudition, son travail infatigable, et
les nnlliers d'âèves qu'il avait formés, avaient procuré la
[dus haute réputation. Geceo SimonettA, secrétaire de* Fran-
çois ^oraa, son premier ministre, et gouverneur de ses en-
fimtB, était Imrmème un savant du premier ordre. Les conseils
d'Alfonse et la cour de Naples offraient le même mélange
d'érudition et de politique. Barthélémy Fazibn , Laurent
WaUa, et surtout Antoine Beecadelli, plus connla sous le nom
de Panfa(HfnHta, étaient an nombre des coi^dents les plus in-
times et des conseillers, les plus habituels du monarque. La
république florentine avait compté parmi ses seérétim:eB esk
chef Golluccio Saluttai, Léonard Arétin, ^ Poggio Bracdo-
Uni. Gôme de Médids mettait an nombre de ses prenuersamis
Ambroise Travarsari et Marnle Fkâo. Nicolas Y et Pie II ,
que la culture des lettres avait élevés jusqu'au Saint-Siège^
semblèrent vouloir consacrer à elles seules la souvermneté
qu'ils leur devaient. Flavio Blondo, PlatHia, Jaoc^ Amma-
nati, obtinrentles premières i^aces dans leur CMtoice. €ua^
DU MOYEU AGJK. 315
rkio et Jiean Aurii^a iurnèreat les eoiu» moiis pmssinte» de
Ferrare et de Mantoue, et forent chargés de TédueMioa^e
leuiis princes* Les Montéfeltro à Urbin, les MalartesU à Ximini^
changèrent en qadqae sorte leon palais en académies.
Ce fut par cette émulation constante entre de p6tit» états,
ce fat par ces foyers de lainières distriboés dans toutes les
provinces, que la cultare spirituelle de l'Italie fit en peu de
temps des progrès si rapides. Mais si to«rte la péninsule avait
été réunie en une seule nuHMrchie, cette émulation abrait
cessé à rinstant. Aycc une seule ca]^tale, les ItaUeps n*an*
paient formé qu'une seule école ; les mêmes préjugés, les mè^
mes erreurs, dcTcnus dominants par le talent d'on proies-
seor, l'intrigue d'une cabale ou la {Hrotectkm d'un mdtre, se
seraient répandus uniformément sur toute la contrée. On au«
rait era ne pouvoir penser, écrire, parler purement la langue,
qu'à Borne, par exemple, comme en France on croit ne pou-^
voir le faire qu'à Paris : la poésie italienne y aurait perdu de
son originalité et de sa variété; mais le dommage aurait suiv
toat été senti par les provinces^ qui, n'espérant plus d'illus*
tration, n'auraient plus eontribué aux progrès de l'esprit, et
en retour, n'en auraient point ressenti le bénéfice. Dans le
xv"" ^le, il n'y eut pas de dief-lieu d'un état indépendant^
quelque petit qu'il fût, qui ne comptât plusieurs hommes dis»
tinguéfi ) il n'y eut pas de ville sajette, quelque grande ^'elle
fût, qui en conservât un seul dans son sein. lise, malgré sa
décadence, était une ville bieu plus ridie, bien plus peaidée,
bien plus considérable qu'Urbin, que Bimini, que Pésaro;
toais Pise, une fois assujettie aux Florentins, -n'a plus produit
un homme marquant dans la Uttérature ou la politique, tan-*
dis que les petites cours de Frédéric de Montéfeltro à Urbin,,
de Sigismond Malatesta à Bimini, d'Alexandre Sforsa à Pé«
saro, rassemblaient chacune plaskurs philosophes et pla<^
sieurs littérateurs. Ferrare et Mcmtoua n'étaient peint supé«
316 HISTOIEE DES RÉPUBLIQUES ITALIEBIIES
xieaniB «t population à- Pairie^ & Parme el à Plaisance ; maur
aotour de la léeUence da gonternement daaos les premières
iFSleSj briUail toat le Ivstre des arts, de la poésie et de la
seienceç tandis cpM dans toot» le duché ^e Milan, la -ville de
mUan seule, possédait la même Castration. Le royaume de
If oiries éttit an exemple plus frappant encore de la dépres-
sion des provinces, lorsqu'une capitale s'élève à leurs d^ens.
Dans cebea» royaume qui comprenait seul un |iers de la na-
tkm italittuie) qui, plus que tout le reste de la péninsule,
étiût favorisé par la nature^ et qui n'ayant qu'une sente fron-
tière, et pobr voisin que F Égise, était moins exposé aux ra«
vagesde k fuenre qu'aucun autreétat de Tltalie^ là capitale
seule avait participé au mouvement qui dans le xv« siècle
avait ranimé la culture des lettres et de la philosophie. Mal-
gré la &veur d' Alfonse^ mal^ le crédit, des grands littéra-
teurs qui formèrent sa cour, aucun homme de talent n* avait
ouvert d'école dans les villes si nombreuses et si heureusement
situées de k Galabre et -de la Pouille. des provinces apparte-
naient enccMre à k barbarie y et jusqu'à nos jours elles ont à
peine ressenti l'influence de k civiUsalion européenne.
Les progrès de cette civilisation, partout où ik if étaient
ét^Eidus, avaiBit prodigieusement augmenté les jouissances
de la vie : les études du xv^ siècle n'étaient point tournées, il
est vrai, vers les sd^Kces naturelles, dont les résultats s<mt
applicables à- l'utilité pratique, mais vers l'érudition et la
poésie, qui n'offrent de jouissances qu'^à l'esprit. Cependant
l'habitude de l'observation d'une part, l'étude des anciens de
l'autre^ avaient dével<q[>pé plusieurs des sciences qui se pro-
posent pour but le bonheur des honunes. La législation avait
fait des progrès, k jurisprudence s'était édaircie, les finances
étaient administrées avec régularité, et l'économie politique,
quoique son nom même fût inconnu, n'était point outragée
perdes ré^ements absurdes, comme ette le fut sous les mains
mr MOYEN A6B. 317
des Espagnds après qae lltalie eat perda son iodépendance;
Les goayememeiits sa kissferent souvent «itr atner daM de
très grandes dépenses, et ils levèrent qnelqiialois des sommes
prodigieuses sur leurs ssi^eks : mais leor mavkre d'asseoir les
taxes n'aggravait pas la seuffranoe de payer Fimpôt lainaième;
elle n'étouffait pas le etmmu&Fee et n'écrauéft pas l'agri-
cokure*
Plus une histmre est débûilée^ plus eUe présente an grand
jour, lorsqu'elle est véridique, les erreurs et les souffirances
des hoaunes. Pent-ètre eelle de l'Italie au xv* riède aara«
t-elle laissé dans l'esprit du leeteur Fiapression de beaneonp
plus de inalheors et de crimes qoe n'en offire le plus souvent
ane contrée de même étendue dans le même eq^œ de tanps;
On se tromperait fort cependant si l'on en ooiiebiait que les
Italiens étaient à cette époque pins malheureux et plus vi-
eieax que leurs contemporains dans le reste de l'Earope^
qu'ils l'étaiait autant que leurs successeurs dans leur propre
pays* La vie privée des ItaUens, dans d'aussi petits états que
ceux qui composaient alors l'Italie, était toute en dehors, et
tous leurs nràlheurs étaient historiques. Chaque individu se
trouvait en contact avec la souveraineté $ et ses passions j ses
intrigues, ses vengeances, se liaient aux révolutions*de l'état
et aux événements publics. Dans les grandes monarchies où
les proirinciaux vivaient enveloppés d'une obscurité profonde,-
et dans les principautés modernes où l'état lui-même n'a
piHnt d'histoire, et où un e^iace infini sépare le souverain
d'avec le sujet, chacun souffre en silence sa part des calamités
puUiques, et cette part lui est infligée plutôt par l'effet des
nmuvaises lois que par les violences des hommes. Les malver-
sations des ministres subalternes ne réveillent point l' attention ;
les dénis de justice, les arrestations arbitraires ordon«
liées par un bailli ou un intendant, ne sont pas des événe-'
menlB historiques ; les crimes des particuliers sont du ressort
318 HISTOIRE DES sénmtiQuEs ITâLIEOES
dea inboiiaia sealement, et la raine- des famille, celle de
ragrienltare, du commeree et de Viiidastrie, est tout oa pins
mdlqpiée en masse par 1* historien, sans qu'il fasse jain(^is res-
sortir les infortmes indindnèlles. Pour comparer les souf-
frances du peuple français, au xy^ siècle, à celle des Italiens,
il fiiudraU que l'histoire du premiat» nous plantât, atec les
grandes réTolutions de k monarchie, toutes les injustices
éprouYiées dans le même temps par les bourgeois de Blois et
d'Angers, de Tours et de Bourges, et de tontes les autres
ailles du royaume ; qu*€^e nous montrât réiévation et la ruine
des fannUes priTées, les jalouses secrèt(É!, les intrigues cou-
pables par lesqudles les plus obscurs citoyeni^se supplantaient
tes uns les autres, et les crimes que les tribunaux punissaient
diez eux. Mais lorsqu'il n'y a dans les prorinces ni liberté ni
indépendance, de tds détnls sent sans intérêt comme sans
dignité : encore que les passions [nivées exercent tout leur
jeu dans le manoir du moindre baron, et dans la sphère d'ao-
tîTité du dernier ébhcTin, leur résultat n'affecte que les in-
divi^h», et ne Se rallie point aux destinées de la naticm ; au-
cune passion généreuse n'ennd)ht aux yeux des Tictimes la
calamité qu'elles souffrent en commun ; et l'histoire ne daigne
pas même nommer deux ou trois fois par siècle des grandes
^es qui , si elles avaient été libres, auraient fourni chacune
tant de sujets distingués aux études des moralistes.
Pour connaître si une nation est heureuse ou malheureuse,
si la masse des individus qui la composât participe à sa pros-
périté , si la gloire que recueillent ses chefs est stérile ou fruc^
tueuse pour elle, il faut examiner l'état de ses travaux, son
agriculture, ses manufactures , son conmerce; il faut se faire
une idée de la vie privée de ses diverses classes de dti^ens ;
il faut se mettre à la place du père de famille dans les divors
états de la so^été , et en lui voyant donner une carrière à
chaenn de ses fils , il faut se demander quelles chances de
su uam AGB. 319
«accès il Toit dcTaiit eu. En jageant F Italie tfaprès èes règle»,
Doos trouTons qa'aa xv« nède elle était parvenoe à un haut
Aegv^ depro&përité dont elle est bien redescendue de noe jours,
et nous demeurerons bien eouTainens qu'aucune contrée de
rSurc^ ne pouvait alors soutenir de comparaison avec elle.
Sous le rapport de l'agriculture, Mtalie était alors, comme
aojounl'hni, cultivée par des métayers qui, faisant tous les
travaux et toutes les avances, retenaient en paiement la moitié
des récoltes. Ainsi, tandis que dans le reste de TOccid^t les
paysans étaient encore attachés à la glèbe , ou tout au moins
soumis par les coutumes du vilénage à l'oppression de leurs
seigneurs^ ceux de l'Italie étaient lilnres; ils étaimt égaux aux
citadins quant aux droits civils ; ils ne dépendaient point du
caprice d'un maître; ils ne recevaient point de lui un salairie,
et qu(Hqu'ils ne fussent pas propriétaires, ce n'était que de la
terre et de leur travail qu'ils attendaient leur revenu. La fer-
tile Lombardie était, comme aujourd'hui, soumise à d'indus*
trieux assolements ; la culture du blé de Turquie et celle des
fournis y avaient fait admettre d'avantageuses successions
de récoltes : les eaux avaient été habilement réparties sur tout
son sd par des canaux construits à grandsfrais ; et ce système
d*arrosement, qui la couvre toàt entière comme un réseau ,
avait été complété par Louis-*le-Maure , qui avait donné son
nom à quelques-uns des ouvrages bydraul^es qu'il avait fait
construire. Les collines de Toscane étaient, comme aujour-
d'hui, couvertes d'oliviers et de vignes ; et pour que les eaux
n'en entrcdinassent pas le terrain , il avait été soutenu par
étages avec des murs sans ciment près de Florence, et avec
des tarasses de gazon près de Lucques.
Les historiens contemporains n'ont pmnt cherché à nous
peindre l'aspect du pays; c'estsouvent d'après des descriptions
de bataille, ou d'après les accidents dW campement d*armée,
que nou& arivons à connaître quel était l'état de l'agriculture,
820 HISTOIEE DES BEPUBLIQUES ITALIEnHES
oa le sort des paysans dans les temps éloignés de nom ; mais
si ces' ckeonstances détachées ne nons laissent pomt lien de
donter que Tltalie ne ]^^ntàt la même apparence qa'aojonr^
d'faai dans les provinces qoiont eonserré leur prospérité, elles
nons apprennent aussi que la campagne était encore eonTerte
de villages et de moissonneurs dans les proTinoes qui sont
aujourd'hui changées en dâœrts. La désolation s'est étendue
sur une partie considérable et autrefois infiniment fertile de
ritalie, depuis les rives du Serchio jusqu'à çeHes du Yultnrne.
Les ridies dunpagnes de Pise furent, U est yrai, ravagées par
4es inondations, et rendues, dès le xv® siède, insalubres par
ks eaux stagnantes, aisuite de là négligence ou de la jalousie
de la république florentine; cependant de puissants villages
animaient encore toute la côte qui s'étend de Livoome josqu à
FOmbrmie, et qui est aujourd'hui désolée. On peut juger de
k nombreuse population de l'état de Sienne et de la Maremme
siennoise par la quantité de nllages que le marquis de Mari-
gnan y fit ras^ dans le siècle suivant, et dont îi passales ha-
bitants an fil de l'épée. Les guerres des barons, feudataires de
rÉglise, font voir que la campagne de Bome contenait égale-
ment une population nombreuse ; les Golonna seuls y possé-
daient plus de villages popilléut au :xv* siècle que toute cette
province ne compte aujourd'hui de fermiers. Toute la province
maritime, il est vrai, ou, comme on l'appelle encore, toute la
Maremme , était réputée malsaine, mais non pas an point où
elle l'est aujourdhui. Flavio Blondo, en la décrivant sous le
pontificat de Nicolas Y, se conteUte de dire qu'elle n'est plus
de son temps aussi florissante qu'elle l'était du temps des Ro-
mains ; et lorsqu'il parie d'Ostie, il dit que cette ville ne jouit
pas d'un air très salubre parce qu'elle est située au b<»*d de la
mer ^ . Mais s'il avait dû parler de son état actuel, à peine la
t UaUa lUuitrala^ di Flavio Blondo j tradut. di Lucio Fauno, Venezia, 1S42, I11-8.
Uegione ill , foL 94. OsUe <itti , du temps dss Ronain , eomptah ao moini doqnaal»
ou MOYEIi AGE. 3'2l
langae lui anrait-elle foarni 'des termes pour peindre Tef-
frayante désolation du pays, et les effets de Tair pestilentiel
qu'on y respire.
Les paysans italiens j au xv^ siècle j différaient cependant
de oenx de nos jonrs, en ce qu'au lieu d'habiter au milieu de
leurs champs, où ils ayaient toujours une maison rustique, ils
vivaient presque tous dans des bourgades fermées de murs ;
de là ils se rendaient chaque matin à leurs travaux , et lors-
qu'une invasion ennemie menaçait leur sûreté, ils ramenaient
dans leur bourgade leur bétail, leurs instruments aratoires et
leurs récoltes. Les historiens, en rapportant plusieurs inva-
sions inopinées , ajoutent souvent que les paysans n'avaient
point eu le tonps de faire rentrer dans les lieux forts leur bé-
tail et leur fainille; ce qui montre que dans l'habitude de la
vie ils ne leur faisaient point abandonner les champs.
La réunion des paysans dans les bourgades nuisait sans
doute à la perfection de l'agriculture, et elle diminuait les
jouissances que leur famille pouvait retirer d'une terre fertile.
Hais lorsqu'on examine ces bourgades^ qui sont aujourd'hui
presque toutes dépeuplées, on trouve dans leurs maisons aban-
données depuis des siècles des traces de l'opulence de ceux
qui les habitèrent autrefois. Ces maisons sont pour la plupart
vastes et commodes; elles réunissent la solidité à l'élégance,
et elles donnent lien de <aroire que les paysans italiens, au
xv^ siède, étaient mieux logés que ne le sont aujourd'hui les
bourgeois d'une fortune médiocre dans les pays les plus pros<-
pérants de l'Europe.
De plus, cette réunion des paysans dans des villages fortifiés
qu'ils nommaient châteaux , leur donnait une importance et
mille tiabilants, no compte plus que trente habitants dans la bonne saison, dix dans la
mauvaise, et deux ou trois femmes. De tous les côtés, dans les campagnes, à dix 'milles
de disiancc, il n'y a pas un seul habitant, excepté à Porto, ville plus désolée encore
que ne Test Ostie;
322 ^lSTOIRE D£S RÉPUBLIQUES ITALIEIYNES
des droits politiques dont ils n'aaraieat pu jooir eif restant
isolés. Ils étaient chargés de la défense de leur pa^e ; et le
gouvernement leur avait confié pour cela des armes, un ivé^v
commun et une. administration régie par de.s magistrats de
leur choix. Il les avait ainsi mis en état de se défendre contre
un ennemi étranger ; mais en même temps il leur avait dmipé
les moyens de repousser les entreprises oppressives de tout
autre corps de Tétat.
Tel était le sort de cette moitié de la nation italienne qqi ,
par son travail, faisait ndtre tous les fruits de la terre. Si on
le compare à celui des paysans de la France, de T Angleterre,
de TEspagne et de TAllemagne, à la même époque, sans doute
on le trouvera infiniment plus heureux. Les pères de famille
étaient affranchis de tout esclavage, de tout vasselage domes-
tique. Ils n avaient d inquiétude ni sur les conditions de leur
bail, qui demeurait le même de générations en générations,
ni sur le paiement des contributions qui ne regardait que lem's
maîtres, ni sur celui du fermage de leurs terres qu*U§ acquit-
taient en nature. Ils pouvaient sans crainte élever leurs en-
fants dans Vassurance que le travail leur fournirait toujours
une abondante subsistance , et si leur famille ve^uait à s'#^
croître au-delà de ce que la culture perfectionnée de kur mé-
tairie pourrait employer de bras, ils voyaient toujours un em-
ploi, pour cet excès de population, daçs T armée, .dans te
clergé, et dans les professions mécaniques des villes.
Tous ceux qui travaillaient aux champs vivaient sur une
moitié des fruits de la terre ; on a donc lieu de croire qu'ils
formaient eux-mêmes au moins une moitié de la uaUon * . La
partie des récoltes que les métayers remettaient en nature à
1 Cette évalaatioD n'est pas une mesure fixe, mais un minimum. Tout le blé qui' est
porté au marché n'est pas nécessairement consommé dans les villes ; les paysans <yii 9»
cultivent que des vignobles et des oliviers en rachèlent une grande partie. Celte pro-
poniorf s'est augmentée depuis que les vastes terres à blé des Maren^atcs ei celles de la
PouiUe lont abandonna 4 ta d^olation. ta seule partie de la campagne iuUeone qfù
DtT MOTER AGB. 323
hnirs midti«9, était consommée dans Tes yilles, et elle y main-
tenait une antre moitié de la nation. Mais la condition de
•
cette seconde partie du peuple était bien différente de ce
qtt'eOe est anjourd^hni : an lieu de languir dans la fainéantise,
faute de pouToir trouver un emploi pour son travail, ou faute
d'avoir conservé ta volonté de travailler et 1* habileté dans
nu art utUç , œtte elasse prodinsait de» vdeurs commerciales
avec non lamm d'activité que la preoûère produisait des vaf*
leurs agricoles. L'Italie était encore le pays de l'Europe le
plus riche en manufactures : les soies qu'elle fournit en si
gtande abondance, les laines^ le lin, le chanvre , lés pellete-
ries, les métaux, l'alun, le soufre, le bitume, tous les produits
bruts de la terre qui doivent reoevM* du travail de l'homme
une nouvelle préparation avant d'être employés à son usage,
obtenaient ce dermer fini en Italie, et par des mains italien-
nes, avant d'être livrés à la consommation intérieure ou étran-
gère. Mais les maUèies premières fournies par l'Italie ne
suffisaient pas aux ateliers italiens; et c'était une des fonctions
importantes du commerce que d'en rassembler de nouvelles
sur les cdtes de la mer Noire , en Afrique , en Espagne et
dans les pays du nord , tout eoBame le commerce les distri-
■
buait (MEisuite au loin, après quun travail italien ea avait
augmenti^ la valeur. Ce travail était l'objet d'une oonstante
d^nande : fl suffisait au pauvre d'apporter ses bras au mar-
ché ; il était toujours sûr d'y trouver des eatrepreneufrs prêts
à les mettre à l'ouvrage, et à le récompenser en proportion de
son habileté.
Le géme des artistes ne doit sans doute pas êbre dmlonchi
avee le travail mécanique des manouvriers : mais les af ta
8oii aussi peuplée qu'elle Tétait au xv* siôcie , est celle qui rachète les blés portés au
iftarché; Ut diàiinutioa de la culture des grains, dans les pays aujourd'hui déserts , a été
proportiQonée à ia dépopulatioa des villes ; aussi quelques économistes prétendeiit-fls
qu'aujourd'hui les- quatre cinquièmes de la nation itaiieane apparlieaaent à la classe des
ettltraleurs.
21*
324 HISTOIRE DES RÉPUBLIQUES ITALIE1Ï19ES
étaient aussi une carrière profitable ; et même sous le poiot de
Tue de re'conomie politique, il ne faut pas oublier que le
môme pays qiii possédait les plus nombreuses papeteries et
les imprimeries les plus actives, possédait aussi le plus grâiid
aombre de (3es savants dont les livres devenaient un objet de
commerce dans toute 1* Europe ; que, non loin des carrières de
marbre blanc de Carrare , on des fonderies des Haremmes,
étaient les ateliers de statuaire des Bbnatelli et des Ghiberti,
ou la coupole admirable de Sainte- Marie Beparata , ouvrage
de Brunelleschî, à Florence; et qu'à côté des ouvriers qui tra-
vaillaient la toile, les pinceaux et les couleurs, on voyait naître
les Massaccio, lesGbirlàndaio, et tous les fondateurs des écoles
de peinture. Ainsi tous les travaux prospéraient à la fois, de-
puis celui du tisserand y condanuié à une opération toujours
uniforme, jusqu'à celui de l'artiste qui devait faire la gloire
de son pays. Dès lors le père de fainille qui ne léguait à ses
enfants que de la santé, de l'activité et du courage pour toot
entreprendre , les lançait sans crainte dans la carrière de la
vie.
Le commerce italien attendait , et payait souvent d'^âvance
tous ces produits de T industrie italienne , pour lés distribuer
ensuite aux diverses nations de la terre. Le temps n'était {ias
encore venu où les princes', jaloux de 1 indépendance de ces
hommes qui peuvent soustraire avec facilité leur fortune à la
tyrannie, armèrent toutes les vanités contre l'activité et fin-
dustrie mercantiles. Les ultramontains n'avaient pas encore
easeigné aux Italiens que le commerce dérogeait à la noblesse;
et les familles les plus illustres de Florence , de Venise , de
Gènes , de Lucques et de Bologne fournissaient des chefs aux
maisons de commerce , en même temps que des cardinaux à
rÊglise et des grands-prieurs à l'ordre de Malte. Tandis que
les hommes les plus considérés de la nation mettaient le tra-
vail en honneur, en donnant eux-mêmes rexemple de l'acti-
ou VLOYZS AGE. 325
Yité i qoMIs enseignaient à considérer T oisiveté comme un vice,
comme un déshonneur, et comme un délit contre la société ;
un comioerce qui embrassait la moitié du monde alors connu
Iqs formait eux-mêmes à la dextérité des habiles négociateurs,
aux connaissances positives des législateurs , et leur donnait
occasion d'étudier les éléments de la prospérité publique qu ils
devaient, conserver et accroître dans leur administi;ation.
D'autre part, des négociants, tirés d'un ordre aussi relevé de
la société, s'accoutumaient à porter dans leur commerce plus
de loyauté , des sentiments plus libéraux, des connaissances
plus variées. L'esprit appliqué tour à tour aux affaires pu-
bliques et aux affaires privées, en acquérait plus de souplessCi
et s'acquittait mieux de Tune et de l'autre de ses fonctions.
La quantité de travail qu'une naUon peut faire, la subsis-
tance qu'elle peut se procurer, et la population qu'elle peut
nourrir, se mesurent toujours sur la quantité de capitaux
dont elle dispose. Or, le capital productif qui appartenait aux
Italiens au xv° siècle, égalait peut-être celui de toutes les au-
tres nations de l'Europe réunies; et ce capital, confié à des
maiqs économes et industrieuses , n'était jamais laissé oisif.
Aujourd'hui le revenu annuel de l'Italie consiste presque uni-
quement dans cette moitié du produit des terres, que. les mé-
tayers remettent en nature aux propriétaires, et que ceux-ci,
par eux-mêmes on par leurs divers salariés, consomment dans
l'oiiâveté. Au xv® siècle il y avait parmi les propriétaires des
terres, un grand nombre de négociants, qui ajoutaient chaque
ai^née à leurs «capitaux productifs la partia souvent très cou-
âidérable des revenus de leurs possessions , qu'ils ne consorn*
Qiaieut pas oisivement. Ils augmentaient ainsi sans cesse des
capitaux dont le revenu annuel surpassait peut-être de beau-
coup celui des terres, Upe.pqpulatîou plus noxnbj:euse ppuyalt
donc viv^e sur, le même terrain avec uae aisance ,bQaucou{>.
plu^ grande. Tandis qu'au jourd'liui que partie considérable
Î36 HISTOIRE DES RjÉPUBLIQUES ITALIEHNES
des soles et des huiles de l'Italie, et même de son blé, sont
échangés contre des objets de luie; alors les objets de luie
^esque seuls étaient échangés contre de nouTcanx blés. Ào-
onne limite n^arrétait les spéculations du négociant, qui voyait
s- accroître sans cesse le fonds avec lequel il les entreprenait :
le pauvre était riche de son travail; le riche avait la certitude
d^ augmenter sa fortune par une activité nouvelle : Fun et
r autre pouvMcnt sans crainte voir croître une famille qui
tt* avait rien à redouter de la misère.
Au moment où r Italie sortait à peine d^ la barbarie , nom
avons fait remarquer la maftiëre glorieuse dont elle se présen-
tait dans la carrière des lettres ^ dos 4i^« Mais au xv* siècle
rhistoire littéraire et f histoire d«s arts ne sont pas mmns
importantes que Thistoire poiltiqu^e èlle^mlëme ; il faut donc
les abandonner à eeor t[tii en ont ïiaft Viobjef d'une étude par-
fidttlière. Sans ûa laytrerèti^ragev^'aii^^ésenté en raccourci mi
tableau de l|i; lïlt^aturé i<t^iieiln0y i^ùdis qu'une hkfoire
complète de èette iinémè littéi^tiaré: ét^^^ par tm des
plus illustres écrivaitiÉ die là Fr^hoe. Plusieurs autres <Hit traeé
les admirables progrès dé TaroMteofure, dé la sculpture et de
la peinture : on ne saurait ici ni en parler dignement en pea
de mots, ni en parler à fond, sans sortir de Tunité d*un sujet
historique. Ce n*est donc que comme preuve nouvelle de eetfe
prospérité, de ce sentiment de repos et de bonheur, répandus
dans la nation au xv* sièele , que j*en appellerai au progrès
rapide des arts. Sans doute lorsqu'ils furent parvenus à lear
entier développement, lorsque des hommes tels que Michel-
Ange, Baphaël , Titien , eurent été formés, les arts se soutin-
rent an XVI® siècle ; ils brillèrent même d'un plus grand éclat
encore au milieu des plus effroyables calamités. Les malheurs
n'éteignent pas toujours le génie ^ mais il faut un état de sé-
curité et de jouissance de la vie , pour allumer la première
fois son flambeau. Il Caut qu'une natipn regarde le présent
M?Hiai..
V
DU MOTEIT AGE. 327
avec confiance et ravenir sans crainte, pour ({li'ene associe
anx plaisirs fugitifs de 1* aisance la pompe éternelle des beaux-
arts.
Les monuments dont F Italie se couvrit au xV* siècle n'in-
diquent donc pas seulement qu'un sentiment délicat du beau
dirigea le ciseau, le pinceau ou Téquerre de ses sculpteurs, de
ses( peintres et de ses architectes illustres; F ensemble de ces
monuments fait encore connaître une nation pleine de confiance
dans sa force , d'espérance dans son avenir, dé satisfaction
pour ses succès passés. Ses temples surpassent infiniment en
magnificence et en solidité tous les plus célèbres de la Grèce;
les palais de ses citoyens remportent par leur étendue, par
l'épaisseur colossale de leurs murailles, sur ceux des empereurs
l'Otnains; les plus simples de ses maisons portent un caractère
de force, d'aisance et de commodité. Lorsqu'au jourd'hui on
pïircourt ces cités de Y Italie , toutes à moitié désertes , toutes
déchues de leur anciennne opulence; lorsqu'on entre dans ces
temples que la foule ne peut remplir, même dans les plus
grandes solennités ; lorsqu'on visite ces palais dont les pro-
priétaires occupent à peine la dixième partie; lorsqu on re-
marque les panneaux brisés de ces fenêtres construites avec
tant d*élégance, l'herbe qui croît au pied des murs, le silence
de Ces vastes demeures, la pauvreté des habitants qu'on en
voit sortir, la démarche lente, l'air inoccupé de tous ceux qm'
traven^nt les rues, et les mendiants qui semblent former'
seuls la moitié de la population ; Ton sent que de telles villes
ont été bâties par un autre peuple que celui qu'on j voit au-
jourd'hui, qu'elles sont le produit de la vie, et que la mort
en a hérité; qu'elles ont appartenu à l'opulence, et que la
mteère est venue ensuite; qu'elles sont l'ouvrage tfun grand
peuple, et que ce grand peuple ne se trouve plus nulle parti
Le luxe des rois peut quelquefois créer une capitale magni*^
fiqne , lors même que leu? nation esjt encore misérable ou
3L2& HISTOIRE DES EJ^UBLIQIIES ITALIENNES
demi'i'bilirbare, et qu'elle n'a atioin désir de prendre sur soa
nécessaire pour s'entourer d'une pompe dont elle ne jouit pas.
Cest Louis XIV et non la Franee, Frédéric et non la Prusse,
Pierre ou Catherine et non la Bussie, qu'on voit dans les pa-
lais de Paris, de Berlin , de Pétersbourg ; aussi les proyinces
reculées étaient-elles, à l'époque de ces constructions, d'autant
plus misérables , que ces capitales étaient plus somptueuses.
Mais la richesse et l'él^ance de l'architecture italienne sont
spontanées ; on lui trouve dans les villages le m^ne caractère
que dans les villes : partout elle est supérieure à la condition
des propriétaires actuels, partout elle leur offre des habitations
plus vastes et plus commodes que celles que la même classe
de la société occupe dans des pays réputés aujourd'hui très
prospérants. Les bourgades sans illustration d'Uzzano , de
Buggiano, de Montécatini, situées sur le penchant des collines
du Yal-de-PiTievole , si elles étaient transportées tout entières
au milieu des plus anciennes villes de France, de Troyes, de
Sens, de Bourges, en formeraient les quartiers les mieux bâtis;
leurs temples seraient faits pour orner les plus grandes villes.
Lors même que l'on s'enfonce dans les vallées des Apennins,
loin de toute grande route, de tout commerce, de l'abord de
tout voyageur, on y retrouve encore des villages où aucune
maison /nouvelle n'a été bâtie depuis le xv® siècle, où aucune
maison ancienne n'a été réparée, tels que Pontito, la Schiappa
ou YeUano, et qui cependant sont composés uniquement de
maisons de pierre et de ciment à plusieurs étages, et d'une
élégante architecture.
C'est ainsi que l'Italie presque entière, que son agriculture,
que ses chemins, que l'aspect donné à la terre par les mains
de l'homme , que l'architecture des villes et celle des villages
conservent des monuments de son antique opulence, d'une
prospérité sentie par toutes les classes, d'une activité d'esprit,
d'un zèle d'eptreprises qui étaient l'effet et qui devenaient dç
PU UOYXK AOS. 329
nouveau k eauRe du bonheur mtioDd. Celte opuleuee, malgré
toutes les révolutions dont nous avons reèdu ^xmifrte) subsistait
encore à la fin du xv^ siècle. Il ne nous reste plus qu'à voir
par quel enchaînement de calamités elle fut d^aruite, et par
quelles entraves T esprit de la nation fttt domptt^; en sorte
que, même après la cessation de la guerre, même après la fin
de tous les fléaux qui se sucoédèrent pendant un demi-siècle ,
le retour de la tranquillité, la jouissance d'une longue paix, h
laquelle les autres nations de TEurope portaient envie , n*ont
pu rendre à ritalie qu'une ombre de son ancienne félicité.
^
— "
330 HISTOIRE DES BéPUBLIQITES ITAtlEIinES
iniriniiHtimmtitttiit»»
CHAPITRE XL
Élection d'Alexandre Vi. — Projets de réforme de Jérème Savonarole;
vanité de Pierre de Médicis , nouveau chef de la république florentine.
— Louis Sforza invite Charles VIII à faire valoir ses droits sur le
royaume de Naples : fermentation de toute l'Italie; Ferdinand h'
meurt avant d'être attaqué.
1492-1494.
Les croyances religieuses et la politique contribuaient à
Fenvi en Italie à placer le pape à la tète de 'la confédération
d*états indépendants, entre lesquels cette contrée était par-
tagée. G* était surtout pendant le cours du xv® siècle que les
papes avaient élevé leur monarchie temporelle ; ils avaient
réduit la ville do Rome à n*avoir plus qu'un gouvernement
municipal : ils avaient substitué leur propre autorité à celle
du sénat et de la république ; et depuis la conjuration de Sté-
fano Porcari, ils avaient aboli les derniers restes de la liberté
romaine. Dans les provinces voisines, les papes avaient tra*
vaille avec ardeur à réduire la noblesse feudataire à Fobéis»
sance; et la violence avec laquelle les deux plus puissantes mai-
sons avaient été persécutées, celle des Golonna par Sixte lY,
et celle des Orsini par Innocent YIII, au eommenoement de
DO MOYETT AGE* 331
son pontificat, les araient affaiblies tontes dent. Presque
ton* les petits princes, et presque toutes les tîIIcs Mbres si-
tuées entre Borne, les états de Florence et ceux de Venise,
avaient été forcés à reconnaître Fautèrîté suprême du Saint-
Siège. Les princes de Romagne conservaient, 11 est vrai, leur
souveraineté sous Tautorilé de l'Église; maïs ils obéissaient
avec empressement au pape, qu'ils craignaient; et ils lui four-
nissaient dans toutes ses guerres de bons capitaines et de bons
soldats. Aussi les derniers pontifes s* étaient-ils montrés plus
guerriers que prêtres, et l'importance militaire de F état de
rÉglise avait-elle été mieux sentie.
IXailleura le pape, suzerain du royaume de Naples, direc-
teur du parti guelfe en Lombardîe et en Toscane, et chef su-
prême de F Église, ne mesurait pas sa puissance sur la seule
ëfendue des états soumis à sa juridiction immédiate. Au-delà,
et à une grande distance de ses propres frontières, if pouvait
encore gagner des créatures sans leur donner d* argent, faire
la guerre sans soldats, menacer et intimider sans forcés réel-
les. Aussi Fhistoire des papes était-elle peut-être la partie la
plufr easéntielie de Thi^toire d'Italie. Les révolutions des ré-
publiques, comme celles des monarchies, se trouvaient con-
stamment liées à celles de la cour pôntifrcale; et presque
toutes- les grandes catastrophes qui devaient ébranler Fltafie
avaient été préparées par les intrigues ou les passions des
prêtres.
1 492f. — Le commencement de la dernière période de la
liberté italienne, à laquelle nous sommes parvenus, le but de
ta longue guerre que les ultramontains devaient porter dans
toute la presqu'île, fut lui-même un moment de crise pour le
pouvoir pontifical ; car c'est alors que fut élevé sur la chaire
de saint Pierre le plus odieux, le plus impudent, le plus cri-
minel (te tous ceux qui abusèrent jamais d'une autorité sa-
crée pour outrager et asservir les hcunmes. Alexandre Yi fut
332 HISTOIRE DES RÉPUliLIQLES ITALIENliES
•
élu pwr succéder- à Ittoooeàt YIII. L^ scandale de la coor
dç RjQiiie» toigoors «roisMuit depuis oa deiiii**riède y n» poavtdt
pas arriver à un excès plus réyoltant; dès lors on le vit dé-
crpftre par degrés. Attooii éerivain ecdésiastkfae n'a osé dé-
fendre la. méjnoire de es pape, indigne dn nom de dirétien ;
et Fopprobrç dont il conTrit TÉgiise romaine pendant son
règne anéaatit oe respect religieux qui protégeait Tltalie en-
tière, et la Uym aux étrangers eosnme une pr^e plus faeilë à
saisir.
Innocent YIII était mort. le 25 juillet 1492; quelques jours
furent oonsao'és, selon Tnsage, à ia pompe de ses fonéraffles^
et le 6 août suivant les ^cardinaux e&trèarent an conclave pour
élire son successeur. Us se trouvaient réduits au nombre de
vingt-trois ^ « Chacun d'eux sentait son importance s'accroître,
cwune il vojatt dimioner le nmbre de oeux qui avaient
droit à siéger duis ce sénat; le partoge des nchesses, des faon-
neqrs, des ^principi^utés dont dispesait l'Église, leur était en
graille pfirtîe attribué^ chacun, en raison da petit nombre
de ses eemp^teurs, pouvait réserver, pour lui-même on pour
ses créatures, une portion plus avantageuse dans cette grande
loterie. Aussi, malgré rexpédence de Tinatilité de toutes>les
couditims imposées^ pendant la vacance du Saint-Siège, par
les cqndaves précédents aux papes futurs, les cardinaux, soi-
gnant avant tout leurs propres intérêts, ef engagèrent-ils par
serment à ce que celui d'entre eux qui parvkndrait à la tiare
ne .ferait point de prapotion nouvelle sans le oonsentement
de leur collège'^*
Tous les vœux sfi trouvaient d'accord pour eette première
résolution qui. pourvoyait àl! intérêt de to«s; mais dans F élec-
tion d]uf^ nouveau chef de l'É^e^ chacun prêta de nouveau
t
1 Slefano infesswa,Diario Aomano, T. III. Script, rer. liallcar. T. Il, p. 124S. —
AnnaL eccleslast. Raynaldi. 1492, $ 22, T. MX , p. 4i2. ~ * natjnatdi Annal, eccles.
1192, S «•, p. 414, « ^ ^ »
Dt ItOtJCR AGB. 333
Toreille aox conseils de son ambition priyëe oa de bû cupidité.
Le conclave n'était presque composé que de créatures d'In-
nocent YÏII et de Sixte IV ; et des hommes élus dans ces
temps de corruption ne pouvaient être doués de beaucoup de
désintéressement, ni de sentiments bien éleyés. Un seul d'en-
tre eux, Boderic Borgia, était d'une tréation beaucoup plus
ancienne ; et plus il avait vieilli dans les dignités de l'Église,
plus il avait pu y accumuler de riches^s. Il était fils d'une
sœur de Galixte III, et pour complaire à cet oncle qui l'avait
adopté, il avait quitté son nom de LenzuDli pour prendre celui
des Borgia. Très jeune encore, il avait été comblé par le vieux
Calixte de toutes les grâces qu'un pape peot accumuler sur
son neveu ; c'était à lui que le pontife avait résigné son pro-
pre archevêché de Valence en Espagne; il l'avait créé cardinal-
diacre le 21 septembre 1456, et en même temps il lui avait
donné la fonction lucrative de vioe-chancelier de F Église.
Sixte IV, qui avait employé Roderie Borgia daus plusieurs
légations, lui avait conféré les évêchés d'Àlba et de Porto.
De nouvelles missions, dans lesquelles Borgia avait fait briller
la dextérité de son esprit, lui avaient valu de nouvelles ré-
compenses*; et eu 1492 il réunissait les' revenus de trois
archevêchés en Espagne, et d'un grand nombre de bénéfices
ecclésiastiques dans toute la chrétienté. Les rtchesses d'uti
cardinal ont une influence presque nécessaire sur lés vœut
de ses collègues : comme il ne peut garder ses bénéfices en
parvenant au pontificat, il est naturel qu'il les répartisse en-
tre ceux qui ont le plus contribué à son élection ; et plus il
a été comblé lui-même des faveurs de l'Église, plus il peut
en distribuer à ses partisans, sans exciter les déclamations de
personne* Borgia, pendant près d'un deml^siècle dé prospé-
rité, avait amassé des trésors immense; et la nature lui avait
* OnofrlQ Panv'mo^ VUe <k* Pontefifih In Aless, F/, p. in, • . s.
334 HISTOIRE DIS HéVUBLIQUÊS ITALIEIHKES
eo inéme temps aecordé tons les talents propres. à en faire
usage pour seconder son ambition ; son éloquence était facile,
quoiqu il ne fût que médiocrement yersé dans les lettres; son
esprit, d'une flexibilité remarquable, était propre à toute
. chose ; n^ais surtout il était doué du talent des négociatioBS,
et d*une adresse incomparable pour condmre & ses fins l'esprit
de ses riyami^ * •
Borgta, qi)e ses inunenses richesses et son ancienneté dans
le coUége des cardinaui^ mettaient au premier rang entre les
candidats pour le Saint-Siège, paraissait, aux yeux des plus
sages même, justifier en partie ses prétentions, par les talents
distingués qu'il avait déjà déployés au service de T Église. Ce-
pendant ses mœurs auraient pu motiver de fortes objectioas
oontre lui. Déjà, sou^ le pont^cat de Pie II, ses débauches,
plus pardonnables alors à cause de sa jeunesse, Taviiient ei-
posé à une censure publique ^ ; il avait depuis pris une vm-
tresse nommée Vauo«ia, avec laquelle il vivait comité si elle
eût été sa femme j et en même temps il l'avait £ait épousa* à
un citoyen romain. U avait eu d'elle quatre fils et une filte,
que nous verrous ensuite prendre une part importante aux
affaires. On ne trouvait ni dans ses manières ni dans son lan-
gage la retenue d'un homme d'église. Mais le libertinage était
déjà monté sur le trône pontifical avec Sixte IV et Inno-
cent VIII, et le sacré consistoire n'était plus composé d'hom-
mes assez irréprochables pour que les vices d^ Boderic Borgia
fussent un motif suffisant d'exclusion.
Deux rivaux paraissaient pouvoir disputer la tiare à Bor-
gia, savoir, Ascagne Sforza et Julien de la Bovère : Asea-
gne, fils du grand ï'rançois Sforza, duc de Milan, était oncle
de Jean Galéaz, qui régnait alors, et frère de Louis-le-Maure,
qui, au nom de ce duc, gouvernait la Lombardie : il avait
^ Jaeobus Volaierranust Diarium Bomanum, T. XXlfl, Rer. I(. p. i30.*-ilfiiiat ecdet*
itayn. a92,S3&i L.XIX, p. iil,-^ < Ann(U. cççUii, 4492, $ '4i, p. 4U.
ou MOYra AOX. 835
été créé^ par Sixte lY, cardioal^diacre da tiUre des Mii&to Yito
et Moderto ; il < était, après Borgia, Tua des oardioaux les
plus riches en bénéfices ecclésiastiques ; et il était saotesu
par tout le crédit de son frère et des alliés du duché de Milan.
Mais après avoir fait quelques épreuves infructueuses de la
force de son parti, il aima mieux vendre son adhésion à aoft
rival qu'être vaincu par lui ; il traita avec Borgia, et se it
promettre la place de vice-chancelier qu'exerçait celai-d :
m retour, il lui assura toutes ks voix ilont il disppsait * .
Julien de 1& Bovère, fils d un frère de Sixte lY, cftEâinal-^
prêtre du titre de Saiut-Pierre ad vinc^la^ était l'autre can-
didat. Ses talents distingués, et le rôle important qu'il avait
joué pendant le pontificat de son onde, avaieiit réuni sur lui
plusieurs suffrages ; mais Boderic Borgia, en répandant l'ar-
gent h pleines mains^ sut gagner ceux qm paraissaient hésiter
eneore. Il avait envoyé, chez le cardinal . Asoagne Sforza,
quatre mulets chargés d'argent, sous prétexte de les mettre
eu s6];eté peiadant la durée du eondave. Ce^ argent fut em-
pk^é à aoheter les conscienoes incertaines. La vdix du car^
dioal-f atriarcbe de Yenise fut payée dnq miiUe ducats ; tou-
tes les autres furent mises à prix de la même manière ^ ; et le
samedi matin, 1 1 aolit, Boderic Bor^ fut pvociamé pape à
la majorité des deux tiers des suffrages^ sous le nom d'A-
lexandre YP •
Qq comiut presque aussitôt à quels mardiés honteux le
nouveau pape avait du son élection^ car om lui vit, dans les
premiers jours qui la suivirent^ payer les primes dont il était
conveuu. Il transmit au cardinal Ascagne ^orza sa dignité
lucrative de vice-chancelier ; il céda au cardinal Orsini son
^ JoseptU tdpamoniU Hist. wbit Medioiattt. L. V, p. 6S3. — * Stefano Infessura^
DUtrio RomcaiOj p, 1214:— > AaiuU, ecclen. ii$'2, p* 413* Onelques autres indiquent
eepeodam un jour dififéreaL Le jouroai de Sienne mei rél9Ciîoa,ftu lO août : AUegrmo
Allegmui, T. XXIU, p. 8i«. Onofrio Panvino^ au i«r.
A
3^6 HISIOIRS DES lUE^trfetlQDlSâ ITALIENNES
palaîB à Borne, avec les deux di&teauic de Monticdlo et éè
Soriano; il donna an cardinal Golonna Tabbaye de Subbiaco
a^ec tous ses châteaux ; an cardinal de Saint-Ange, révdebé
de Porto, avec son propre mobilier, qui était magnifique, el
sa cave, fournie des irins les plus exquis; au cardinal de
Parme, la ville de Ncpi ; à celui de Gènes, T église de Sainte*
Marie in Fia toto; au cardinal Savelli, F église deSaiute^^Marie*
Majeure , et la ville de attà-Gastellano ; les autres furent ré-
compensés en argent comptant. Il n'y en eut que cinq, à la
tète desquels on plaça Julien d^a Rovère et son cousin Ba*
phaël Biario, qui n'eussent pas consenti à vendre leurs suf*
f rages ^
Les Bomains célébrèrent l'élection d'Alesandre YI par des
fêtes qui auraient.été plus convenables pour le couronnement
d'un jeune conquérant que pour celui vd'un vieux pontife. Ou
eût dit qne le peuple*roi demandait à son nouveau souverain
de ramener sous son empire les nations autrefois soumises
par ses armes. La plupart des inscriptions qui décoraient les
maisons romaines, jouaient sur le nom d'Alexandre qu'avait
choisi Borgia ; si elles rappelaient de quelque manière la reli-
gion dont il était pontife, c'était en promettant au nouvel
Alexandre des victoires d'autant plus brillantes, qu'il était
un Dieu et non plus un héros ^. Cet excès d'adulation ne fut
point immédiatement démenti par les faits. Une effroyable
anarchie avait été la conséquence du règne vénal et effénaué
d'Innocent YIII ; elle s'était encore accrue pendant la létliar-
gie de ce pontife : deux cent vingt citoyens romains avaient
été assassinés depuis la dernière crise dç sa maladie jusqu'à
t Stefùno Infeuurn , Mar. 9ùm, p. 1244. — Fr, Guieciardini , Lib. I, p. 4. — Isi, di
Gtov. Cambl DeiU. EnuL T. XXI, p. 7i.
* CoMarft» wtogmi fuit, nune Borna est ntaxbntty ttxtm
tuçaot Akxmden tUe vir, Ute SMu.
BfhtiHa peirf PelphinU L. m, Kp. 38. — naynoMi Annal» wcUê, S 27, p. 4i4«
âàffiort*. Alexandre YI, qui youlait régtl^r, et gui savait se
foire cndiidre, imt aussitôt an terme à ce désordre, et rendit
la sûreté aux roes de Borne. Le senl cardinal de la Bovère ne
se laissa point sédoire par ce calme apparent ; Fapostat espa-
gnol, le Marrano, comme il appelait Borgia^, ne poayait lui
inspirer ancnne confiance. Il s' enferma 'dans le chàtean d'Os-
tiejosqn^au moment où il crut plus pmdent|âe s'éloigner
davantage encolle; et il n'assista point aux fêtes scandaleuses
par lesquelles le pape célébra, dans son propre palais, le ma-
riage de sa fille Lucrezia avel( Jean, fils de Gonstanzo Sforza,
seigneur de Pesaro '.
Le moment où l'Église romaine, dégradée par les vices de
quelques chefs du clergé, venait de mettre sur le trône un
pontife dont elle devait rougir, ne pouvait manquer d'être
marqué par les tentatives de réforme de ceux qui, plus sin-
cères dans leur foi, cherchaient dans la religion uu appui à
la morale, et qui entrevoyaient les funestes conséquences de
l'exemple donné à toute la chrétienté par un pape adultère,
peut-être même incestueux. Le sentiment religieux avait en-
core trop ^e ferveur et dp vérité à la fin du xv® siècle, et au
commencement du xvi®, pour que de grands scandales dans
l'Église n'amenassent pas de grandes révolutions. Ceux qu'une
iàdigùationr vertueuse éloignait d'un Sixte lY, d'uu Inno-
cent Vin, d'un Alexandre VI, n'en demeuraient pas moins
chrétiens; ils n'en étaient pas moins attachés à l'Église que
quelques-uns de ses chefs déshonoraient * ils attribuaient tous
les vices aux hommes et non au système ; et plus*ils voyaient
de désordres et de scandales, plus ils se faisaient un devoir
de chasser l'abomination du sanctuaire; plus ils étaient prêts
1 Stefano Infexsura, p. 1944. — * Les Espagnols appéHent Uammot les Maures con-
Tortis ; peu d'Kspagnols échappaient «lors'A ee reproche 4'apoitaaie. -* > i.e mariage de
LQcréce Borgia fut célébré le 9 et le 10 juin (499. infesswrot Dittrlo Rçmano, p. i'iifi«
^AUegrctto Aileg. p. 8Î7,
VU. :^!^
338 HISTOIRE DES BEPUBLIQUES ITALifillNES
à comprom^tce leixr TÎe pour une réforme qu'ils regordaieat
cojaime Fœuyre da Seigneur.
Le scandale de la cour de Ronpie n'était cependant encore
connu qu'imparfaitement au-delà des Alpes* Avant les guerres
des ultramontains en Italie, un respect profond couvrait d'ua
voilç impénétrable le palais de Saint-^ieçre à Rome, et il
n'eût guère ét^ possible aux réformateurs qui levèrent plus,
tard l'étendard dç la rébellion contre l'Église romaine d*ac-
complir leur ouvrage en Allemagne et çn France, qu'après le.
mélangç des cations. La même fdtreprise devait èjUre teintée
plus tôt en Italie, où les abus étaient plus tôt çonijius d,e tous ;
elle devait recevoir un autre caractère du peuple i^ème qui
commençait la réforme ; die devait éclater chez Içs Italiens
avec plus d'entho^usiasme, elle devait parler davajjitç^e à Ti-
magination et au cœur,' elle devait emprunter moins de se-
cours à la philosophie, et être marquée ||>eut-étre par une
nioins grande indépendance d'opinions religieuse^; mais en
revanche elle devait s'allier davantage à la politique. L'ordre
civil et l'ordre religieux avaient été en Italie ^aleme^t cor-
rompus, tandis que les principes constitutifs de l'un et de l'autre
avaient été également approfondis j^r une longue étu^e : l,e
réformateur devait entreprendre de porter la main à tous les
deux en mèi^e temps. Ces causes déterminèrent e^ effet le. ca-
ractère et les desseins de Jérôme Sayoï^arole, et ce précurseur
de Luther différa de lui autant qu'un ItaUen devait 4^férer
d'un Allemand.
Jérôme-François Savonarole était d'une illustre famiUç ori-
, ginaire de Padoue, mais appelée à Ferrare pa^r le marquis Ni-
; colas d'Esté. U naquit dans cette dernière ville le 21 septem-
bre 1452, de Nicolas Savonarole et d'Annalena Bonaccorsi
de If antoue ^ • Distingué de bonne heure dans ses études, qui
f ùeUa ttaria e deite geata del Padre Gipoiamo Savonarola, Libri iV, dedieaH a P.
UopùUio. Uf orno , tff3, !•, Ub. I, $ s, p. %,
DU MOTElt A68. '4Z9.
a^nieut ea gurtootla théologie ponr objet , il ae dérobi^ A sa
fiimille à F âge de vii^gt-trois ans, et ç'enfait dans le cloître des
religieux dominicains de Bologne; il y fit profession le 23 ayril
1475, avec une £eryeur religieuse,. une humilité et un désir
de pénitence qui ne se démentirent jamai$ * . Bientôt ses supé*-
rieqrs, recomiaisçant 1^ tal^atç di^tiogués du jeune domini-
Q^, le de8tiil^{?i|t à donneç des leçons publiques de philo-,
soj^ie. Savonarple, appel0 aipsi à parler en public, avait à
Iw^ çmtc^ les dé{m|s de son organe, faible et dur en même
t^qins, contre la maqTftise g^ce de w déclamation et contre
Ta^tlçmçpt de ses foc^ physiques , épuisées par unp absti-
oep^çe trop séyèrç.
On admira rén\4ltlo^d^ APtivequ prufe^seup, mais on né-
gligea l^ f^^icKlcsir lQf9qp(^ te m^m hoo^mç essaya de mon-
ter efi chaire; et Toq Qe pré^çyait guère alors le pouvoir que
spn éloquence deyaîl; biput^t 46q!iénr sur un {dus nombreux
auditoire ^. La fçree du talent et celle de hi volonté triomphé-
r^t 4® tous çps Qbstacles ; Savonarole acquit dans la retraite
les avantages que la natuire paraissait lui avoir refusés. Ceux
qiii avaient été cboqués de sa récitation en 1 482 purent à peine
le reconnaître, Iprsqu^en I4ii9 ils l'entendirent moduler à son
gré UQC yoéx harmonieuse et forte, et la soutenir par i^ne dé-
clamation nqble, imposante et gradeuse ^. Le prédicateur
lai-méme, craignant de s'eppcgueillir des efforUi quil avait
faits pour se perfectionner, rapporta au ciel ses progrès par
humilité chrétienne, et regarda sa propre métamorpliose
coi^me un premier miracle qui prouvait sa mission divine.
C'était dans Tannée 1483 qqe ga^vonc^role avait cru sentir
en lui-milm^ ç^tte iinpalsion secrète et propbétiqqe qui le dé-
signait coo^ime réformateur de F j^li^^e, et qui l'appelait à prê-
cher aif X c|ir^tiens la repentaucei en lejCf r dénonçwt par avancîe
1 nia di Savonaroia, Uh. 1, S 3, p. s. — * Ibid, Anao <I78. S 9, ]}* 13.— Anno (482,
S 11, p. 15. — > Fila di SavonarQla. S l», p. n, ' ^ >>
^2'
340 HISTOIRE DBfi lÙSPtmLIQUBS ITALtEIÏIIES
les cakmitég 4ont l'état et l'Église étaient égalemwtmaiiBoés.
Il commença en 1484, à Brescia, sa prédiealâoEi âar r-Apoca-
lypse , et il annonça à ses aïiditeôrfi que l^rs mors seraîenl
un joar baignés par des torrents de sang. Cette menace parut
recevoir son accomplissement deux ans après la mort de ^Sa-^
Tonarole , lorsqu*en 1 500 les Français, soud les ordres du duc
de Nemours, s'emparèrent de Brescia et en livrèrent les habi*
tants à un affreux massacre * • En 1 489, Savonarole se rendit
à pied à Florence; il y fixa sa résidence dans le couvent de son
ordre, b&ti sous T invocation de saint Marc : c'âait là qu'il
devait, pendant huit ans, continuer à prêcher lu rayonne jus--
qu'au moment où il fut livré au supplice, comme ses disci-'
pies assurent qu'il l'avait prédit lui-même.
Cette réforme, que Savonarole reomimandait comme une
œuvre de pénitepce pour détourner les calamités qu'il disait
prêtes à fondre sur l'Italie, devait changer les mœurs du monde
chrétien et non sa foi. Savonaeole croyait la disdpline de l'É-
glise eorr6mpue,il croyait les pasteurs des âmes infidèles, mais
il ne s'était jamais permis d'élever un doute sur les dogmes
que professait cette Église, où de les soumettre à l'exam^^
La nature même de son enthousiasme ne devait pas le lui per^
mettre; ce n'était pas au nom de la raison qu'il attaquait
l'ordre, mais au nom d'une iifêpiration qu'il croyait ssrna-
turelle j ce n'était pas par un examen logique, mais par des
prophéties et des miracles.
La hardiesse de son esprit, qui s'était arirètée devant l'au-
torité de l'Église, avait cependant mesuré avec moins de res-
pect les autorités temporelles. Dans toutce qui était Touvra^e
des hommes, il voulait qu'on pût reconnaître pour but Futi-
lité des hommes, et poçr règle le respect de irârs droits. La
liberté ne lui paraissait guère moins sacrée que la rdigion ; il
DO MOISII AGE. 341
H ii^^[<iii^€C«ime un bien mal acquis, et qu'on ne pouvait con-
^ server sans renoncer à son salut, le pouvoir qu^un prince avait
g usurpé en s' élevant dans le sdn de la république. Laurent de
pi Hiédicis était à ses yeux le détenteur illégitime de la propriété
,j des Florentins. Malgré les invitations réitérées de ce chef de
,j l'état, il ne voulut point lui rendre visite, ni lui témoigner
^ anenne défér^ace, pour ne pas être censé reconnaître son auto-
^ rite * ; et lorsque Laurent, au lit de mort, appela ce oonfes-
^, seur auprès de lui pour recevoir de ses mains l'absolution,
Savonarole lui demanda préalablement s'il avait une foi en-
tière dans la miséricorde de ]>ieu , et le moribond déclara la
i sentir dans son cœur; s'il était prêt à restituer tout le bien
qu'il avait illégitimement acquis, et Laurent, après quel-
que hésitation, se dédara disposé à le faire; enfin , s'il réta*
bljrait la liberté florentine et le gouvernement populaire de la
république ; mais Laureit refusa déddém^t de se soumettre
à cette oondition, et renvoya Savonarole sans avoiï* reçu de
Im l'absolution ^.
Si Savonarole avait cm devoir prêcher à Laurent de Hédieis
la restitution de l'anlorité souveraine à Florence comme celle
d'un bien mal acquis , il avedt de plus fortes raisons encore
pour engager Pierre de Médicis à se démettre de cette auto^
rite que odui-ci n'avait ni la force ni l'habileté de conserver.
Berre, Tainé des trois fils dé Laurent, n'avait que vingt-un
ans lorsque son père mourut, et sa prudence n'égalait pas
même ses «inées. Les lois fixaient, à Florence, Tàge oii l'on
pouvait exercer chaque magistrature, et elles avaient en gé-
néral fort reeulé oatte époque 2 les conseils dispensèrent Pierre
des conditions de Tàge, et le déclarèrent propte à recevoir
tous les honneurs , à es^cer toutes les magistratures de scn
père ^. Cette violation de la constitution était une conséquence
1 Storia di F, GfroUmù Savonarola, Lib. I, S 22, p. 35. — < ll/id. lAb I, S 26, p. 33.
• s Scipione Ammiralo, Storia FiorenL Lib. XXVf, p. 187.
342 HISTOIRE DEB RiPDBLIQUES ITALIEIINES
derasserrissementdeta Seigneurie; ihâis elle Hessà les Floren-
tins auxquels elle montrait lejongsoiis lequel 11sétaiisnttonrt)%.
Pierre, passfonné pour les plaisirs de la jeunesse, pour
les femmes, pour les eierdces du corps qui pouraieift le ïkire
brillci* à leurs yeux, n'occupait plus la république )|be lies
fêtes et dbs divertissements auxquels tout ioa teinp^ était koti-
sacré. Sa taillé était au-dessus de la ftibyënïie, sa poitrine et
très épaules étaient fort larges, sa forcé et son aSrlesse étaient
remlir^uéblbs. Il rassemblait à l'entour dé M les plus brillants
joueurs de paume de tout^ l'Italie; mais il ëttiit plus habile
qu'eux tbiis dans cet exérdoe, et danâ celix de la luttB et de
Téqùitation.Son élocutioii était facile, sa prononciation agréa-
ble et Èà toix barmoiiiëuse , tandis que soii père avait tou-
jours iiasiUé par une donformatiou défectueuse dé son organe.
Piore avait fait |dGS pn>grte remarquables dans les lettres
l^ilééques et latine» en suiVant les leçons d'Ange Politien; il
àVait de là facilité potir lm|[)toviser en vers i ^a cônvlBHÂlibh
était agréable et variée, mais son orgueil éclatait d'une Ma-
nière insultante tbûtes les fôi§ qu'il éprouvait qdël^ûé con-
tradiction. Ce vice de Mû caràétèré était te plus démînaitt ât
tous ; il avait été développé en lui par sa tnèré CîlaHce et sa
feAime Alfonàine, toutes deâx dé U famille Orsiiii : tes prin-
cesses romaines lui avaient apporté toute Fàrrogance dé fisur
maièon. Il prétendait ^e lA république fc^iit ftVéuglttiTéiii
8^ oi^dres, et cependant il regardait déutthe ali-d^ous de hit
le travail d'étudier lés atfaires pdblfqneft; il les àbanddnnaii
à ses familiers, à ses Confidents, et siirtbtit & Pîèrrë Bovizft) dé
Bibbiena, frère aiiié de ce Bernard que DMh X fit ensuite car-
dinal , et qui s' acquit un nom dans les lettrés. Pieriie de BiUUena
avait été secrétaire de Laurent, et Médicis, en hli accordant
sa confiance, mettait ce ^balteriie, né danà une province su-
jette, au-dessus des anciens magistrats de la république * .
) Jaeopo Èardi, Slorla FiorMtina. Lib. I, p. 15.
DU MOYEN AOS. 343
Moins Pierre de Médiois avait dé capacité pour gouyernér
^état, ptas il ressentait de défiance de ceux qui pouvaient
prétendre dans la république à un rang égal au sien. Une
àulré braiiche de la maison de Médicis commençait alors à
attiirelr sûr elle Tattention des Florentins : c'étaient les pètits-
fil dé Laurent, frère de Gôme F ancien. Lé plus jeune des
itètix était de quatre ans plus âgé que Pierre ; ils avaient suc-
cédé à la richesse que leur aïeul avait amassée dans le. com-
merce ; mais soit qu aucun talent distingué ne se fût développé
danà cette branche de la famille, ou que ses membres se crus-
^nt assez honorés par leur parenté avec les. chefs de F état,
on n avàît jamais vu ni Pier-Francesco, père de ces jeunes
^này m Laurent, leur aïeul, prendre part aux querelles [M)-
liti<|ues de Florence. 1493. — Pierre découvrit le premier deé
rivaux dans ses cousins ; il les fit arrêter au mois d* avril 1 493,
et mit en délibération s* il ne les ferait pa^ mourir : ses amis
obtinrent avec peine qu*il se contentât de lés faire sortir de
la vQle, et de leur assigner pour prison leurs deux maisons
de campagne. Mais le peuple avait regardé leur arrestation
comme tine Violation de ses droits ; leur mise eii liberté fut
pt)ttr lui un triomphe , il les accompagna de ses abciamations
et de ses vœux comme ils sortaient de là ville, et il fit sentir
tOQjottrs plus & Pierre que toute popularité lui échappait ^
Peut-être Pierre aurait-il plus facilement supprimé ces pré-
iniers Symptômes de fèrmentatioii , s il s'était hâté d'éloigner
de Florence celui qui donnait une direction à Tesprit populaire,
en rattachant là liberté à la réforme de l'Église et des mœurs.
Mais Jérôme Savotoarole ébranlait tous les jours un nombreux
auditdre par le développement des prophéties où il croyait
^ir l'annonce de la mine future de Florence. Il parlait au
peuple , au nom du ciel , des calamités qui le menaçaient ; il
^ Jaeopo Hardi, Sior, Fior. Lib. 1, p. 16. — CommenlaH di FiUppo dà' KerU. Lib. Ul,
P' S8.
1
344 HISTOIHE DES BEPUBLIQUËS ITALIEN »£S
le snq^pUaU de se couYertir : il peignait suooesBltetoe&t à-^es
yeux le désordre des mœurs privées, et les {Hrogrès da hixe el
de rimmoralité dans toutes les classes de citoyens , le désordre
de rj^lise et la corruption de ses prélats, le désordre de Tétai
et la tyrannie de ses chefs ; il invoquait la réfonne de tom
ces abus ; et autant son imagination était brillante et enthoa*
siaste quand il parlait des intérêts du del , autant sa logique
était vigoureuse , et son éloquence entraînante , quand il ré-
glait les intérêts de la terre. Déjà les citoyens de Florence té*
moignaient, par la modestie de leurs habits, de leurs discomrs,
de leur contenance, qu'ils avaient embrassé la réforme de Sa-
vonarole; déjà les ifemmes avaient renoncé à leur parure; le
changement des mœurs était frappant dans tonte la vflle , et
il était facile de prévoir que rinstruction politique da prédi«
cateur ne ferait pas moins d'impression sur ses auditeurs que
son instruction mcnrale ' .
, . Les prédications de Savonarole étaient appuyées par la me-
nace de calamités nouvelles et effroyables que des armées
étrangères devaient qyporter à F Italie : chaque jour en effet
ces calamités s'approchaient, et elles commençaient à devenir
visibles à tous les yeux. Les prétentions de la maison d'Anjou
sur le royaume de Naples avaient troublé Tltalie pendant un
siècle entier ;. ^a sorte qu'on ^tait accoutumé à tourner ses re*
gards du côté de la France , pour y diercher le signal des
orages qui menaçaient de détruire la paix; Depms vingt ans
le^ droits de la maison d'Aujou avaient été transférés au roi de
France; et l'on pouvait prévoir que lorsque le jeune prince
qui était alors sur le trdoe serait parvenu à F âge où il se
croirait propre à conduire les années, la gloire des conquérants
pourrait le tenter. On sei^it donc depuis longtemps que Fu-
* ComméHiari iU ser FiUppo de ClerU, V. 10, p. U. — Staria di Fr. GiroL Savonoroia.
Qii voisn AGB* 345
lUpiv ^ pw«HHiM9.de ritalio était nëeessoire, pow feiaoer la
porte de cetta contrée aux oltramontaiM. Cette unfon existait
dap» l6$. chartes publiques; elle a^ait entre antres été oon-
imaée parle traité de Bagnolo da 7 août 1484 , et par celai
à& Rome An 1 1 août 1480, qai étaient tMS deiUL en pleine
irigneur : mais elle n'avait point étouffé les rivalités secrètes
im souverains, les jalousies et les haines^ divisaient T Italie
en deux lactions rivales » et qui n'attendaient qu'une occasion
ponrédater.
Louis Sforsa, surnommé le Maure, qui gouvemi^t le duché
de Milan au nom de wa neveu Jean Galéaz , parmasaît sentir
plus qu* on autre » parce qu'il âait j^us rapproché des ultra-
montains , la néoessité de cette union des états de lltalie : il
voulait non seulement qu'dle existât réellement, mais encore
qu'elle, fût annoncée à toute TEurape avec une sbrte d^ ap-
pareil. L'élévation d'Alexandre Ylau pontificat Mpahit une
circop3tance favorable pour le- f aire ^ parce qu'à l'élection
d'uu nonveau pape, tous les états cbrétims ravoy aient à
Bome une ambassade solennelle pour M rendre Tobédiênce.
Le duché de Milan était uni par une oonfédération particu-
lière, renouvelée pour vingt- cinq ans en 1480, avec le
royaume de Napies, le duché de F^rare et la république
florentine : Louis-le^Maure proposa à ses alHés de faire partir
en même temps les ambassadeurs de ces quatre puissances,
d ordonner pour le même jour leur entrée à Rome, de les
faire présenter ensemble au pape , et de charger celui du rot
de Nifples de, parler seul au nom de tous. Il voulait ainsi
moptr^r au pape , aux Yénitiens et aux autres puissances de
l'E^cope, que leur union subsi^ait daua toute sa force, en-
gs^ger les deux premiers k s'attacher à eox pour la défense d^
iltalie, et faire comprendre aux autres que cette contrée n'a-
vait rien à craindre des étrangers. La vanité puérile de Pierre
de Médicis fit abandonner ce projet \ et en excitant la défiance
346 HISTOIRE DES lUBPUBLIQUES ITALIENlfES
de Lonis-le-Maore , elle le jeta dans une politiqaë toute
contraire'.
Pierre de Médicis était un des ambassadeurs nommés par
sa répabli(}ue pom* se rendre à Borne ; 3 voulait briller dans
cette oceaâion "solenbelle , en étalant aui yeuï des IKomaîns
et des étrangère lé§ trésors de pierres précieuses amassées par
son père, le luie dé ses équipages et F élégance dis ses livrées.
Sa maison avait été pendant deux mois remplie ife tàilleors,
de brodeurs et de décorateurs : tous ses joyaux étaient semés
sur les habits de ses pages ; un seul collier qiiMl fit porter à
•
Tnn d'eus était évalué à deui cent mille florins. Tout ce luxe
aurait été moins remarqué si quatre ambassadek solennelles
avaient diï faire en même temps leur entrée. l?ierre avait pour
collègue Gentile, évèque d* Arezzo , Tun des instituteurs de
Laurent de Médiels ; e*étfdt lui qu^il avait chargé de t)oHer
la parole, et Genttle ne sentait pas mcnns d* impatience de i'é-
mter le discours qu*ii avait comj)osé que Pierre défaire voir
«es livrées; Cependant , d'après le projet de Louîs^te-Sfaure,
r ambassadeur seul du roi de Naples aurait parM^. MèSicis ne
voulut point renoncer à toutes des petites gratifications d'à-
mour-propre ; il engagea le roi de Naples Ferdinand à retirer
sa parole déjà donnt£e à Ijoùis4e*Maure.C€fuiH!i senfft S son
tour sa vanité blessée de ce qu'4in projet proposé par lui » et
soutenu par des motifs plausibles, était si lé^rément aban-
donné ; tandis que le cré(Kt que Pierre venait d*exerter sur
Ferdinand fut pour lui un yMé i^et d'inquiétude ; il soup-
çonna et découvrit en effet Une ligue entre le roi et le lehef de
la répubUque florentine. Cette alliance , indépendante de celle
doat lui-^même faisait partie, aen^lait te menacer : la maison
de Médicis , de tout temps alliée des Sforza , était prête à les
1 Scipione Ammiratù* L. XXVI, p» IM. -^Frono. Bêleariî Comment, ter, CalHe. L. V,
P. 114, LugduBi, 1S2S, fol. ^> Ff. GtOedardi^U Ub, I, p. 6.->llfcoftiàifsb M Ttibabh
ée Aoxfi , DeUzie degU EruOiti, T. XXin, p. MO.
DU MOYEJf AGE. 347
Itbatidontie^ pour la maison H^ale S* Aragoti , et lin cbànge-
gement complet dans tout le systèiiie ^ôliii^ue de l'Italie pou-
vait s' eDSttiyire'.
BientAl de tfdttVèlles pretiVeS âe cette intelligence Uûgmen-
ttreilt Talàrihe de Lbais-k-Maiûré. >'ehitiiàbd et tîerre de
Hiédieis engagèrent Virginîo Orsini; |iài*eiit de l'un et de
rentre, ft aéhrter te§ ilefs d'Anguillàtà et dfe tervetri, qu'In-
bdtébt Vin l&THit ddhdés en souveraineté à i^ti fils Èrànccs-
clletto Cybè. Leùrflril fatfikéà quarante-quatre ihilic ducats,
À Sfédicii ^il fournit quarante niilte^. Leâ tieîfs des Ôi*sini,
fiitbés pour là plupart entre Hdijie, Viterbe et Clvita- Vecchia,
ksstliraieat la comiiinnicatioh dti rôi dé rtaples avec la repu-
niqae ibJfrëtitttté , et enchàinàtbiît leh quelque aorte le pape,
ffont le piitô pàistotkt féudatàiré Slait protégé, jusqu'aux portes
9b é9l câfillaft, tiS^ èès deoi plàâ pbissànts volàins. toiiis-le-
MàUr<e fit-iîènffr cfe danger â Aleiaiidt'e Vt ; \\ Vëiigàgea à
l^tusèrilaVeiité^érÂngttiflàrà Son lâons'elifement, S:mà lequel
ftb fièf dërÉélîsé ne pouvait )ètrl3 afigrté par uû feudàtàiré^
L6t]ls4ë-Màuré profita de fin^Wétudc ^uë cette négocia-
tion et les menaces de FeirAidatid et dé Pietr'ë de Médicis cau-
sàieM à Afexandiie VI, pour dindure àfec tùi et la république
fle VdHSè bne alliènce qdf servit de cdntre'^ôids à T ascendant
^ufë ^aràiAatt prendre la mulsoii d'Aragon; Celte alliance fut
tS^^ le 92 àvdl 1493, mùtgré l'ôppositioù du dôge de Ve-
nise', ^di tie pouvait se résoudre à accorder aucune confiance
iu ëàWetèftd'Alexâhdrè VI. Lé dilc Hérôrilé Illde Ferraré y
aeéSIa ^tt dé téifhps après, tandis qtaiô U répùbli^iCe de tienne
refusa d'T concourir *•
•«
tieè confédérés s'engageaient à mettre snr pied, pour le
> Sdploneâmmlfato, L. XXVI, p. i%9,^-* Âlleareito Attegretti, DtarlSatiesUT. XXIII,
p* 8tt. — * f>. Gtil0Ciiir«ttfil« Ub.- 1, p. 8» * adpîane Amnitato, Lib. XXVI , p. i89 —
^ ànOmifiiHfogimi^tStorUi ven^skma. T. XXSil, p^ 1201. — AUegreiio AllegreuU Dlari
Sanrsi. T. XXIU, p. 837.
348 HISTOIBE DES RÉPUBUQl}^ tTALIElIllK
maintien de la paix publique, une armée de vingt milk cbcr
vaux et de dix mille fantassins, à la4uelle le pape ooQtriboe-
rait pour un dnquièmei le duc de Milan et les Yéniticins
chacun pour deux dnquièmes. L'alliance cependant n'avait
aucun hut hostile, et tons les états d'Italie pouvaient y acr
céder s'ils le désiraient * .
Louis-le-Maure redoutait moins Ferdinand que son fils Air
fonse, parce qu'il voyait dans celui-ci le protecteur naturel
de son propre neveu, Jean Galéaz, dont il avait ^^wpé tonte
Tautorité. LÔrsqu'en 1479 Louis-le-Maure s'était emparé,
les armes à la main, de la régence de Milan, et avait sup-
planté la duchesse Bonne et le vieux Gecco Si^lonetfl, il avait
eu un motif plausible pour s'arrogçr tous les. pouvoirs de son
neveu Jean Galéaz : celui-ci était évidemi^ent trop jcpne pour
qu'on pût lui confier le gouvernement ; et encore qu'on l'eût
déclaré majeur à quatorze ans, op savait à MUan, CQmine dans
toutes les monarchies, que cette.formalité n'avait d'autre effet
que d'ôter f autorité aux tutenrs que la loi désigne, poiir la
transmettre aux favoris du jeune prince, ou à ceux qui s'é-
taient emparés du pouvoir en sou nom*
Mais quatorze ans s'étaient déjà écoulés depuis que Lonis-
le-Maure avait pris en mains les rênes du gouvem^uent. Son
neveu était parvenu à l'âge où sa raison n'avait, ptos rien i
attendre du temps; il était marié à Isabelle, fille d'Alfonse
et petite-fille du roi Ferdinand : « Ladite fille était fort ooura*
« geuse, nous dit Gomines, et eût v(d.ontier8 donné crédit à
« son mari, si^Ue l'eût pu; mais il n'était guère si^ et j^
^ Marin Sanuto, Vite dé* DuclUdi Venexia, p. 12S0. C'est par cel éTénement que se
lermipe cette volumineiiie chfoaiquB. Fendant let dernières années, elle est écrlu» lotir
par Jour d'une manière fort diiïuse, et elle contient beaucoup de faits hasardés; c'est
UQ registre des bruits puMics de Venise, bien plus que des événements. Son auteur, fils
de Léonard Saaiito , était sénateur Viânitien ^ et f ivait encore eu 1632. Munteii, qui a
imprimé ces vies pour la première fois. T. XXII Rer. liai, p. 4eo-i3$2, regarde la Chro-
nique vénilicnne, qu'il a aussi imprimée, J, ^\\S^ p l*?ll4t coviaie en étant UoontioM^
tioB par le même auteur. . .
DtJ ttOVElV AGE. à4d
é Yélaît ce qu'elle lai disait « ». En effet, la fortune, ôu V édu-
cation qu^on donne aux princes, avait servi T ambition de
lètiis-le-Maure. On accusa celui-ci d'avoir à dessein écarté
son neveti de tonte étnde littéraire, de tout exercice militaire»
de tonte instruction qui pût le rendre propre à gouverner;
de l'avoir^ au contraire, entouré de flatteurs dès ses plus
jeunes années, pour 1* accoutumer au luxe et à la mollesse ^.
Peut-être cependant ne serait-il pas juste de lui prêter le
dessein d*énervei* son neveu, tandis qu'il n*avait fait en cela
que suivre l'usage ordinaire des cours. Jean Galéaz, en avan-
çant'en âge, n'était point sorti de l'enfance : sa faiblesse, sa
pusillanimité, son incapacité, ne pouvaient se dissimuler à
ceux qui rapprochaieût'; et il suffisait à louis-le-Maure de
iftontrer le prince légitime^'pour se justifier de ce qu'il l'ex-
cluait rigoâreuàement de toute part à l'administration.
Isabelle d'Aragon reconnaissait elle-même Tincapacité de
9on mari; mais il lui semblait qu'à elle seule appartenait le
ditoît de te remplaxjer. Nourrie près du trône et dans l'espé-
rance de régner, elle prenait son orgueil pour du caractère,
et sa décision pour de l'habileté : elle aurait voulu gouverner
l'état comme elle gouvernait son mari. D'ailleurs la femme
de Louis-le^Maure, Béàtrix d'Esté, semblait avoir pris à tache
de rhumilier, en se mettant, en toute occasion, au-dessus
d'Mte; La pompe des habits et des équipages, l'affluence des
courtisans et la servilité de la flatterie entouraient sans cesse
Béatrix, tatrdis qu'Isabelle vivait solitaire dans le palais de
Pavic, qn elle y luttait en quelque sorte avec la pauvreté, et
les couches par lesquelles elle donnait un héritier à l'état
étaient à peine annoncées au public. Isabelle avait porté à son
père les plaintes les plus amères contre Louis-le-Maure, et-
Ferdinand fit demander, par ses ambassadeurs à Milan, qiie!
« Hémon-es de Philippe de Commines. liV. Vil, ch, n» p. 443. -^fpeMBen^ renm
ffnglwmn Hkiori^^ Lilk |i, p. ».
•j
5Q HISTOIRE DE^ |UfiraBtlQtJ£$ . ITALIERKBS
le jeune duc fût mis en jouifisance d'une anfori^ qm lut ap-
partraïut de droit * .
Loin de renoncer à l'administration du duché de Milan,
Loais-Ie-Maure commença dès, lors à cherfilier dc^ prétextes
pour s'asseoir lui-même sur le trône; I empereur Frédéric II(
était mort à l'à^e de quatre-vingts ans, dans la nuit du 19 aç
20 août 1493, cit son fil$ Ii{^ximilîen, qui lulayait 8ucpé4^
avec Ip titre de roi (^es ^oinains, éprouyait, dès le çovfijEUGt^çe^
nient de son règne^ qat çnU>^Tas daiits ses fiq^nçe^ qu'§ptcSr
tinrent jus(}u'if 1§ ^ii de &^ yip ^o^ désoftl^re ^ S4 pircijdîS^dîiiS-
Louis-Ie-]|d[saire lyi pffdt e{i mariage Biancbçi-Marie ga nièca^
avec une dot de quatre; çept millç ^Wfàts ^; niais en retour î|
demanda pop ^^i-m^m^ rinyestitore du dxxd/ié $le Ikf!^. Les
chanceliers impéri^iii^ trouYèrent aisément des pri^text^ pour
autoriser cette injiisti^. François Sf orza, e\ apj^ |pi Sf>n &&
Galéaz^ n avaient \m,iè^ obtenu^ Huyestiture iippérldf^; le
diplôme accordé à l^ojm 4^hira (ff^ les empereurs romains
s'étaient imposé |a loi de refuser la p^io^sf^ion l^^e d'un
fief à quiconque l'avait ^ip^lifl^^^t usurpa, et que pour o^tte
raison Maximilien av^H ^jeté les iitstanpes faitçis par JiOuis
Sforza en faveur de son ue^eu, elt i^vai^ plutôt réçQlu de le
choisir lui-même'. Cependant Lpuis ne se hât^ pas de pu-
blier ce diplôme ; il contii^ua fie se faire 9ppe|er- duc de Bari,
et il laissa à son nevjçu les |itref^ t^^^f 4H'U ^mspyait wd
la puissance et la pompe de la souveraincitjé.
L'ambition personnelle de J^ouis était j^^faHsp p^r la ré-
gence qu'il exerçait : il désirait^ il ^ ^v% ass^rpr à ses fils
r héritage du duché dç ^i\m, dç j^^^jé^:^;^ à cep^ d§ son
1 Josephi RipamoniH Uisu MediokmU Lib» Vf, p. 652. -- OFonc, QuiccioMUnL Lib. {»
p, D.— Scjpione ilihmiralo. Lib. XXVÏ, p. 187.-^ Pau£i JovU àiaior, sui temporti. Ub. I,
p. 8; editio basilee, fo). i»78. — CotIq de' Boémini, Stor, <U Qiqj^ 4oC(iitQ TrUmizio.
Ub. V, p. 198, ayol. in-4o. Milao, 1815. — * BarthoL Senaregœ de rébus Genuent ,
T. XXIV, p. 934. — 9 GuieOtmiini^ l«l. Ub. I, p. 34, 39, edIUo 4«; i«49. — ^t^ff Qfp«-
DU MOTEH AGB. • 351
neveu; mais il ne s* engageait pas sans crainte dans^ cette en-
treprise, où il devait s attendre à être traversé par le roi d»
Naples. Il connaissait assez le nouveau roi ^es. Romains pour
n'espérer de lui aucu^ secours ; il commeaçait à démêler la
versatilité du pape, c[u'il s'était d'abord flatté de diriger par
le crédit du cardinal Ascagne, soi^ frèrq ; il plaçait peu de
confiance dans les Vénitiens, de tout temps ennemis de sa fa-
mille ; les Florentins lui étaient GO^trai]:e$, çt ses sujets même,
de Lombardie pouvaient manifester tout à coup une violente
opposition à des projets qui tendaient à dépo^éder la ligne lé-
gitime de leurs princes. Dans cet embarras, Louis-le-Maure
crut convenable de cbercber au-delà des monts un adlié dont
il n'avait point encore pu apprendre à évaluer la puis^nce,
et il s'adressa à Gbarles VIII, roi de Franoq.
Charles yill avait succédé, le 30 août 1 483, % son père
louis XI, allié du père de Louis-le-Maure ; mais il n'avait
que treize ans et quelques mois lorsqu'il monta si^r le trône,
et Louis XI eu mourant avait confié le gouvernement du
royaume à la dame de Beaujeu, sa fille ainée, femme de Pierre
de Bourbon. Pendant dix ans d'une administration glorieuse,
cette princesse avait contenu les prétentions des princes du
sang, terminé des guerres civiles dangereuses, et soumis ou
réuni à la couronne des grands £iefs, auparavant indépen-
dants ^ . Charles VIII n'avait proprement commencé à gou-
verner par lui-mêmç que depuis l'année 1492. L'éclat d'une
expédition t)riUante, et la conquête d'un royaume, ont en-
touré ce monarque d*une gloire à laquelle la nature ou son
éducation ne l'avait point destiné. Tandis que la plupart des
historiens finançais l'ont représenté, dans les termes de Louis
de la TrémouiUe, comme « petit de corps et grand de cœur *, »
les deux meilleurs observateurs du siècle, Philippe de Co-
«
* ttém, de L. de la Trémouille , oh. VI et VII, T. XIV, p. I9T, — t iMd. ch. VUI, ^ 145,
tome XIV des MémoireB pour servir à PHiit. de France.
35^ HISTOIRE D£$ HEPUBtlQUËS ITALIENlIllSâ
mines et Gaicdardin en font le portrait lé plus désavantagent.
Le premier le dit « très jeune, ne faisant que saillir du nid ;
« point pourvu ne de sens, ne d'argent ; faible personne, plein
« de son vouloir^ pas accompagné de sages gens*. » Le se-
cond dit que « ce jeune homme, âgé de vingt-deux ans, et de
« son naturel peu intelligent des actions humaines, était
« transporté par un ardent désir de régner et d'acquérir de la
« gloire, bien plus fondé sur sa légèreté et son impétuosité
« que sur la maturité de ses conseils. D'après sa propre indi-
« nation et d'après les exemples et les avis de son père, il
«c prêtait peu de foi aux seigneurs et aux nobles de son
« royaume; et, depuis qu'il était sorti de la tutelle d'Anne
« de Bourbon, sa sœur, il n'écoutait plus les conseils de l'a-
« mirai, ou des autres qui avaient eu du crédit sur elle ; il ne
« suivait plus que les avis d'hommes de bas lieu, pour la plu-
« part attachés au service de sa personne, et qui n'avaient
« point été difficiles à corrompre^. »
La figure de Charles YIII répondait à cette faiblesse d'esprit
et de caractère ; il était petit; sa tète était grosse, son cou très
court, sa poitrine et ses épaules larges et élevées, ses cuisses
et ses jambes longues et grêles. « Dès son enfance it^ avait ét<$
« d'une complexion faible et malsaine; sa stature était courte,
« et son visage fort laid, à- la réserve de son regard, qui avait
« de la dignité et de la vigueur ; tous ses membres étaient
« disproporiionius, au point qu'il semblait plutôt un monstre
« qu'un homme. Non seulement il n'avait ancûne connais-
« sance des arts libéraux, mais à peine il connaissait les carac-
« tères de l'écriture. Désireux de commander, il était cepen-
« dant fait pour toute autr:e chose ; sans cesse oondmt par Tes
« siens, il ne conservait sur eux aucune autorité. Ennemi dé
.t si6TiaIro3 da Phil ipp e de Cominei, L. Vil, ProposiUoD , p. t28 ; el chap. V, p. K3,
M>tno ^U dc9 Mémoires pour $«rvlr à l'Hisl de Fronce. — ' Fr. Guici^wdini^ StoH^
Mb I, p. 19»
DU MOYEU AOS. 353
k.tpotjte.fdtigoud et de toata aifaire, larsqu'U essayait d'y don-
ner 6011 «ttentiptti fl M montrait d^ponrya de pnidence et
de jngioineiit, SI qod^M^ ohofie p«raLMit en loi digne
de lonangci, lor^pi'oa .la . ocMiaMérait de plus près, on la
trqnyi^t encore plus âgigiftée«4e la Tetin qne du vice. Il
avait de. findinaUoB à kgloiie; nuris c'était plus par im-
p4t9f>sil^ ipe par raison; il #ait Itfeléralv nais inoowidéré-
ment, sws mesure et sans diatînclliii ; il était qnelquetos
immuablo daaa m» Yoloatés> mais alora o*était plus par
obstination que par constanoe» et oe iqne plnsieun appe-
laient en lui bonté amnit bien phB mérité le nom d'insen-
sibilité anx injures» ou de&iblease tfâme*. » "Tel était
rhomme dont ks^cûraenstiinees finebt un eoiiqoérant, et que
la fortune «diai^aa de plus de gloiie qu*il' ne pouvait ^en
Louis Sforasa envoya en f ranœ CSiarles de Barbiano, comte
de Belgioioso, et le comte de CaiazBo, 'Sis aîné de Bobert de
9sn-Sévén&o, mort peu d'années auparavant, pour inviter le
roi Cb|rl0(^. YIU àse saisir de la oonroAne de Naples, qui lui
appartemût, à profiter des disposilloni favorables des sei-
gneurs, du royaume, lassés du jougdela maison d'Aragon,
età.s*i4^payerdes ressentimeiila Ai pape contre Ferdinand.
^n. m^e temps il Im ofbait une alHance intime, qui loi ou-
virait l'entoée de l'Italie. par la Zimibardie, et quilui assure-
rait la dppnnation de la mer par les poits de l'état de Gènes.
U flattait aussi sa vanité et sw aasbition par l'espoir de con-
quêtes plQsbriUantes enosce; et il lui faisait entrevoir dans
le lointain la soumission de la Toropide, et la déKvrance de
Cpnstantîno[de et de Jérusaiemy comme réservées à la valeur
française*.
^ Fp. ikHeeiar<IM, Lib. I, p. 43. — Sent. Orieettaiii de hetto itaUco Commentarlus ,
p. 91. — s fr. GuiceiardinL Lib. I, p. i4. — PauUJovU t^Utor. sui tenipor. Lib. I, p. a.
— Phil. de Comines , Bfémoires. Lib. VII , €h. m, p. ils.
vu. 23
354 HISTOIRE DES REPUBLIQUES ITALIETf9£S
Le ciNaite de Gaiaszo, dief de la branche bâtarde de la nlài'-
80B defiKQ'^Séyérmo, qui s'était distiDgaéè en Lombardie pair
de si rareÉ talents militaires et tailt d'babileté dans les intri-
gues pofiliqoes^ aVait irônté à' la eoxxt de France les chefs de
la brânohe aînée et légitime éè sa ihaisott, savoir, Antonëllô
de San^^Séivëriiio, prince de Salemé, et Bemardmo, j^rincede
Bîstgnano , qâi, après ardr échappé aftx persécutions âé Ta
maison; d'Aragon^ dierdiaient, de concert avec tons les émi-
grés dâ pactL d' Anioa, A attii^r les armes de là France dans
le royaoïM de Naf les. Trompés par les itlnsiotts auxquelles
las émigrés de tous les temps se sont toujours fiyrâsr, ils pre-
naient Ifimrs ressentimaorts pour la ttiesûre dto affections de
leurs compatriotes, et ils voyaient arec plaisir une guerre
étrangère leur Offrir dés chances ^e les* forces de lenr ptfh
pre parti ne présentaient plus. Ils secondèrent donc de tinA
leur pouvoir le cotnte de OsiinEO ^
De son c6té le coiftte de Belgimoso avirit préparéla i^és-
flite de ses conseils, par tmlsè te secrèies intrigues d*tfn ha-
bile courtisim. il avait reehervlié tous cent qui avuient le plus
d'influence sur Tesprit du roi; il avait corrompu les mis par
des présents^ les autires par des promesses ; il leur avait fiA
espérar dep fiefe et des emplois de confiance dans le royaume
de Naples, des titres à la eonr de Rome, des bénéfices codé-
jiastiques dans toute la «bréfienté. Il avait surtout séduit
Etienne de Yesc^ Languedocien, qui longtemps avait é^ sim-
ple valet de chambre du roi , mais qâi était devenu Sénédid
de Beaucaire; et Guillaume Briçonnet, d'abord mardiand, pu&
fermier de la généralité de Languedoc, ce qui Id faisait don-
ner le nom de général, et enfin évècfue de Saiùt*)lfaIo, en
même temps que surintendant des finances^. Gesdeux hom-
^ Phil. de Gomines. Lif. VU, cb. II, p. 138, 142; cb. lU, p. 190. — Pefri SemMi^iff.
venetœ. Ub. Il, p. 28. — ' Godefroi , Obsenrations sur l'Histoire do roi Charles Vllf ,
p. 038. Éàillo Paru. foL 1084. — Fr. GuicdanUnL Lib. I, p. i». — PmUi i9»IL Ub. t»
\
DU MOYEN AGE. 355
laeft, atecle^ «litres parYcsius^ 4i^laaditt«k«t h une estpé^
ditioQ qûteer dinmat des santie^ n^ateam: vers Topulmiises
«B» ksespùser autamt à la jsdoasie des grands. Ceux, aa ooû^
liiin, gpe iem nmg et lenr crédit héréditure altadiai^t
ffeis à la f raace qu'à la fortune du moviarqne, désiipprou^
mM une entreprise qui leur paraissait ofbit peu de tbanee
d'oùsueoèà (jfcarable, et qui demandait qu' au préalable lai^ance^
{Hmr^asBUrer ses frontières ^ achetât de ses voisins la pàit, ^t
flicfîiàt^des avantages certains à des espérances lointaines.
fiute^ après 'de longs éSb^Èj une convention fut eondue
etut^e le roi et les anltessadeurs de Ii0ui84e-Maure, par l'en*
trenâte de Briçonnet ^ du sénéchal de Beaucaire. Il lût <son*
venu ^e lorsque Outrles YUt passerait en Italie, ou qu'il y
ferait entrer son armée, le duc de tttlan lui accorderait le
iî^astogis diuis ses états, le ferait accoïnpagner k ses frais par
cinq cents loioiames d'armes, kd permettriât d^armer à Gèaeê
HiAait dte vaisseauk qu'il voudrait, et lui prêterait deux
cent mlUe-dtaoats, payables au moment de son d^rt de
j^nnea. D'^iutre part, leiroi s*oblige«t à défradre^contre tous
le duché de Milan, et l'autorité personnelle de Louis^ie»
ttèâmi à laisëer dans Asti, viMe ^^partenant atu duc
ÏCMrléass^ deux cents lanctô ik^nçatses, toufours prêtes à se^
cOQite la midson -Sforsm ; enfin, à gratifier Louis de la prf nci*
patuté 4e Tafente, après la conquête du royaume de Napies^
(:)es condlltons furent étendant tmues secrète^ pendant plu-
sieurs MMiis, et lorsque le brnit de la prochaine invasion des
français coiàmoiça à se répandre en Italie, Louis-le-M aure^
loin de contenir qu'il fât leur allié, s'efforça de persuader
MX ^ts itayens qu'H icdontidt autant qu'eux cetle invasion
deèerhates*.
Au meuient où Chyles YIII eut iréâolu de tenter la con-
•^ I». — PM. de Cdmfnes. Uv. VI!, ch. !Iï, p. il9. — * Fr, CuiccîardînK L. I, p. i^
}*»•
356 HISTOIRE DES REPUBLIQUES ITALIENNES
qaëte du royaume de Naples, il ne songea pins qa*à se rendre
les mains libres par des traités de paix ayec tons ses Toisins;
Jet pour les obtenir, il ne craignit pas de sacrifier les avantages
que la dame de Beaujen avait acquis par sa prudence, pendafit
le cours si glorieux de son administration. En prenant les
rênes du gouvernement, Charles YIII s'était trouvé en guerre
avec deux des plus puissants voisins de la France, Henri YII,
roi d'Angleterre, et Maximilien, roi des Bomains; en même
temps il était mal assuré de Ferdinand et Isabelle, rois d'A-
ragon et de GastiUe. Mais ces souvenons, quoique tous »mo-
mis.de la France, étaient fort mal unis entre eux. Charles YIII
fit ^chacun séparément des offres si séduisantes qu'il ne loi fut
pas difficile d'obtenir la paix. Le premier avec lequel il trmta
fut. Henri YII , qui avait débarqué à Calais avec une avméè
formidable : un traité fut conclu entre eux à Étaples , le 3
novembre 1492 ; le monarque anglais se.détaeha del'aUiimee
du roi des Bomains, et, pour prix de cette défection, il reçoit
de Charles YIII la somme de sept cent quai»it&-cinq mflie
écus d'or, comme remboursement des frais de la guesre de
BreU^e * .
La. guerre de la France avec le roi. des. Bomains semblait
devoir être envenimée par l' affront personne que Gburks Yin
avait fait à Maximilien : il lui avait renvoyé Maiguerite de
Bourgogne , sa fille, à qui il avait déjà promis sa main , et fl
avait épouié Anne de Bretagne , déjà ^cée à Maïimiliai.
Cependant la cour de France: réussit à apaiser le smveruin
autrichien par le traité de Sentis, du 23 mai 1493; èlto hn
restitua les comtés dcBoui^ogne, d'ArUns, de Charolais, et
Ja seigneurie de Noyers, que Charles YIII occupait é^
comme dot de Mai^erite. Ce prince s'engagea également
à rendre à Philippe d'Autriche, à sa majorité, < les villes de
1 Le traité d'Élaples eit rapporté tAxtuellement par Denys Godefroy. Obtav, tm
r^lêt, de Chariet VUl, p. e89-63Tt*- VeUy, HîbU de France, Te X, p. ST8> édition taHi«.
DU MOYBH AGE. 357
Hesdin, Aire et BéUiune sor lesqaeUefl Philippe aTait des
droits*.
Le troisième traité de Charles YIII fat plus désavantageux
encore. Son père, Louis XI, avait reçu du roi Jean d* Aragon
Perpignan , le comté de Roussillon et la Gerdagne , en gage ,
pour la somme de trois cent mille ducats. Les places fortes de
ces petites provinces étaient comme les clefs de la France du
côté des Pyrénées, et Louis XI en sentait si bien l'importance,
qu'il n'avait point voulu ensuite les rendre à l' Aragonais con-
tre la restitution de F argent prêté.. Charles YIII, au contraire,
les restitua gratuitement à Ferdinand-le-Gatholique, moyen-
nant la promesse que lui fit celui-ci de ne point donner de
secours à son cousin Ferdinand de Naples , et de ne point
mettre obstacle aux projets de la cour de France sur l'Italie.
Ce fut l'objet du traité de Barcelonne du 19 janvier 1493 ^.
Tandis que ces négociations devaient assurer la paix sur les
frontières de France, Charles YIII en avait entamé d'au-
tres pour préparer la guerre en Italie. Il y avait envoyé
quatre ambassadeurs, avec ordre de visiter tous les états de
cette contrée et de demander à tous leur coopération pour
£iire recouvrer ses justes droits à la couronne de France.
Perron de Baschi, dont la famille originaire d'Orviéto a depuis
donné à la France les marquis d'Aubais, était chef de cette
ambassade; il avait précédemment accompagné Jean d'An ou
en Italie , et il connaissait bien les intérêts de ses différents
princes. Baschi s'adressa d'abord aux Yénitiens ; il avait ordre
de leur demander aide et conseil pour le roi son maître. Les
Yénitiens répondirent qu'il serait présomptueux à eux de
donner des conseils à un prince entouré d'hommes si sages,
1 Le traité de Senlis est rapporté par Denys Godefiroi, p. 64o. — Philippe de Comi-
mes. L. VII, eh. IV, p. 153.— Velly. T. X, p. 38 1. — * Texte du traité dans Deoya Gode-
Aroi, p. 66%. — Guleeiardini But. Uh. I, p. 23. — Pauti JovU But. L. I, p. 16. -> Veiiy.
T. X, p* 382.
^58 HISTOIRE DES REPliBLIQUES ITALIEIfNES
qu'il serait impradent de lai proanetlrQ Ifittr a)de^ tandis qoHIs
avaient sans cesse à se tenir en garde contre les armes de
Tempire tare ; mais que Gliarks YIII ne éeyait pas mettre en
d<Mite rattachement et le à(iromn^wt de leur républiqœ à la
couronne de France. Par ces paroles équivoques , le sâiat
4^oyait se mettre à l>bri de toat reproche de la part des étals
d* Italie. Cependant il désirait secrètement rabaissement de la
maison d* Aragon, et il serait entré dans TaUiance de la France,
s'il n'avait pas craint d'être abandonné par elle, et d'avrâr
seul à soutenir tout le faix de la guerre * .
Perron de Baschi passa ensuite à Florence. Il avait alors
pour collègues dans son ambassade, d'Aubignj, le surinten-
dant Briçonnet et le président du parlement de Provence. Ces
seigneurs furent introduits dans le conseil des soixante-dix,
anquel on avait appelé sous le nom d'adjoints tous ceux qui,
dans les trente«quatre dernières années , avaient si^ comme
gon&loniers dans la seigneurie. Cette assemblée était ainsi
composée des hommes en qui la maiscm -de M édicis avait la
plus entière confiance. Les ambassadeurs demandèrent que la
république promit à l'armée française le passage par son ter-
ritoire, et* des vivres pour son argent. Mais le conseil, sous
rinfiuence de Pierre de Médicis , fut unanime dans la déter-
mination de demeurer fidèle à l'alliance de la maison d'Ara-
gon. Cependant, comme les Florentins avaient en France un
grand nombre de leurs plus riches établissements de com-
merce, ils se contentèrent de donner au roi une réponse éva-
£ive , et ils lui envoyèrent même à leur tour Pierre Gapponi
'Ct Çnid' Antonio Yespucci, pour chercher à conserver son
amitié^.
L'ambassade française n'arriva point à Sienne avant le 9
« Hémoires de Phii. de Comines. L. VU , ch. V, p. iss. — Andréa RwMgUro, Stw.
Venez, T. XXIII , p. laoï. — Peiri hemhl Biftor, Ver, t. Il, p. «i. — « Sdplone ^m-
mirato. L. XXVl, p 192-197. — Fr, Giticclardini. L. I, p. 25-39.
DU MOYElf AGE. 359
niai 1 494. Cette répobliqiie prote&ta de bob d^w de coMcnr er
une exacte neutralité ^ et elle fit sentir gae duis 8a faiblesse
elle ne pouvait , sans un danger extrême , se dtolarer par
avance entre des rivaux si redoutables * . Aleauindre Y I , qui
fut le dernier vers lequel sa rendireut le» and)a8saâears y leur
déclara qu* après que ses prédécesseui» avaient accordé Tin*
vestiture du royaume de Naples aux princes de la piaison d' A*-
ragon, il ne pouvait la leur retirer sans un jugement qui mit
en évidence que la maison d' Aqjou.y avait plus de dioit qu'eux.
Il chargea les ambassadeurs de rappeler à leur souverain que
le royaume de Na^des était un fief du Saint-Siège; qu'au pape
seul appartenait le droit de prononcer entre les compétiteurs
par voie juridique , et que vouloir se mettre en possession du
royaume par la violence, ce serait attaquer TÉglise die-
même '.
ferdinandi de sou o6té, ne qéglig^t point la veîe des né-
gociations : il envoya auprès de Charles Im-mème Camille
Pandone, dans l'habileté duquel il avait une grande confiance,
pour demander au roi de France de renouy^ler les traités
conclus précédemment avec Louis XI, loi offrir de soumettre
tous les différends à l'arbitrage du souverain pontife, et lui
laisser entrevoir même la possibilité de reeonpaitre sans com-
bat la couronne de Naples pour tributaire de la France '.
Mais toutes ces propositions forent repoussées par le présomp-
tueux Charles YIIT, qui donna aux aoi^assadçur^ napolitains
y ordre de sortir de ses états *.
Dans le même temps, Ferdinand négociait aussi av^c le pape,
et obtenait près de lui plus de succès. Alexandre YI agirait
avec ardeur affermir la fortune de sa famille par des alliances
t OrUmdo iMwoia , Sloria di Siena^ P. HI , L. VI , f. 9 , y.^AlUgrUto AUeQHtil,
Oiari &u9«£Vp, 539.^« Fr> GuieciardinU U 1 , p. 3o« -r Baynaldi AnnaL wcle$, t494,
S 18, p. 432. — 8 #>, Gulçciardinh l. I, pu 2i.— PwÛ Jé^t'Ji. L. I, p. i».— ♦ Fr. Gide-
dardinL L. I, p. 27. ^
360 HISTOIRE DES REPUBLIQUES^ ITALIEIÏIVES
brillaiites. Il avait exigé que sa réconciliation avec la maison
d'Aragon fût scellée par un mariage ; et quoiqu'il se conten-
tât pour un de ses fils d'une fille naturelle d'Alfonse, fils de
Ferdinand, il avait d'abord éprouvé le refus de celui-ci. La
crainte des Français rendit l'orgueil d' Alfonse plus, traitable.
Don Geoffroi Borgia , le plus jeune des fils du pape, épousa
dona Sancia, fille d' Alfonse. Les deux époux n'étaient pas en-
core nubiles : cependant don Geoffroi passa en même temps
au service de la maison d'Aragon avec une compagnie de cent
hommes d'armes ; il vint s'établir à Naples pour y jouir de la
principauté de SquiUace , qu'il reçut à titre de dot avec dix
mille ducats de rente. En même temps le pape donna son con-
sentement à la vente des deux comtés d'Anguillara et de Ger-
vetri , qui avait été la première cause des bromlleries entre
lui et Ferdinand. Il obligea seulement Yirginio Orsini à en
payer une seconde fois le prix entre ses mains , et Ferdinand
fournit à Orsini l'argent nécessaire pour le faire * .
Ferdinand ne négligea point d'entrer en négociation avec
'Louis Sforza lui-même; il lui fit représenter que leurs deux
familles étaient unies par tant de liens de parenté, que c'était
comme entre parents et à l'amiable que leurs différends de-
vaient s'arranger; que si la fille de son fils avait épousé Jean
Galéaz, la fille de la duchesse de Ferrare, sa fille, avait épousé
Louis-lé-Maure; en sorte qu'il verrait toujours son arrière-
petit-fils dans l'héritier du trône, soit que l'un ou l'autre prince
conservât le duché de Milan ^. Le mariage de Blanche-Marie
Sforza avec le duc des Romains semblait annoncer que Louis-
le-Maure abandonnait l'alliance de la France, car on savait
que^ malgré le traité de Senlis, Maximilien conservait un pro-
Vï>. GtOc^ardini. Lib. I, p. 52. — Sfàpkme Anmifrato, L. XXVI, p. 192. — Ifaccfcto-
vèUl, Frammenli stor, T. lll, p. i. — » Celte duchesse de Ferrare, fille de Ferdioaml
et belle-mère de Lcniis-le-Maure , mourut le 1 1 octobre 1493. ûlarlo rerrarese, T. XXI?,
p. 286.
Dtl MOTra AGE. 361
ibnd ressentiment contre ChariesVIII'. Maïs Lonis-le-Maure
était désormais rédnit à s'abandonner à la destinée qu'il avait
provoquée, et à conrir tontes les chances de Talliance dange-
rease qu'il avait soUicitée. Après avoir éveillé T ambition et la
vanité du jeune roi, il ne dépendait plus de lui de les calmer.
Il ne pouvait même prudemment se séparer de Charles, ni se
jj^ver de son assistance , après avoir aussi grièvement pro-
voqué ses ennemis; aussi s*étudiait-il seulement à gagner du
temps pour ne pas être attaqué seul avant que les Français
fassent descendus en Italie ; et au lieu d'entrer de bonne foi
dans les propositions d'accommodement que lui faisait le roi
de Naples , s'efforçait-il de lui persuader qu'il n'avait aucun
arrangetnent avec les Français, et qu'il sentait mieux que per-
sonne tous les dangers qu'il courrait si les armées françaises
pénétraient une fois en Italie *.
Ferdinand prenait en même temps ses mesures pour se dé-
fendre par les armes. Incertain de la route par laquelle les
Français tenteraient leur invasion, il avait rassemblé, sous les
ordres de don Frédéric , son second fils , une flotte de cin-
quante galères et de douze gros vaisseaux pour leur fermer le
chemin de la mer, tandis qu'Âlfonse, duc de Calabre, auquel
la 'prise d'Olrânte avait donné une grande réputation mili-
taire, rassemblait sur les confins du royaume une armée qu'il
s'effcMTçait de rendre redoutable '. Mais la défense de Naples
paraissait surtout devoir être assurée par l'alliance de l'Église,
bien qu'Alexandre VI cherchât jusqu'au dernier moment à
profiter des inquiétudes et des embarras de son allié pour ar-
river à ses fins particulières. Julien de la Rovère, cardinal de
Saint-Pierre ad i^tncula, n'avait voulu à aucun prix se récon-
cilier avec Alexandre VI; il s'était retiré dans son évèché
d'Ostie, et il s'était fortifié dans le château qu'il avait bâti
* Scipfone Ammirato. L. XXVI, p. 103, — * MacchiaveUl, Frammenti storîci. T. lU,
p. 5. — Franc, Guicciarâinif Lib. T, p. 25, — « Scipfone Ammirato, L. XXVI, p. I9I.
362 HISTOIRE DES EÉPTJBI.IQtJ£S ITALIEIINES
dans cette lille , et qui sur tontes ses tours porte enocnre ses
armoiries. Le pape feignit de croire que Julien s'y nudnteBait
de concert ayec Ferdinand, et déclara qu'il retournerait à l'al-
liance de la France si cette ville ne Ini était pas {iTrée. Eu
Tain Ferdinand protestait que le cardinal de La Bovère ne dé-
pendait nullement de lui, et il invitait le pape à s'occuper Uieu
plutôt des ravages des Turcs en Croatie que de la g^ppisou
d'Ostie; un nouveau levain de discorde fermenti^t eutjre eux»
et le roi de Naples reconnaissait qu'il ne pouvait faire aucun
fonds sur un allié qu'il avait acheté à un si haut prix * .
Chaque jour la position du vieux Ferdinand paraissait de-
venir plus dangereuse; ses alliés ne songeaient qu'à lui vendre
chèrement la promesse de leurs secours , tandis qu'ils ne se
mettaient point en mesure de lui donner nue assistance r^Ue.
Ses ennemis n'avaient encore d'activité que dans les intrigueSi
mais ils avaient déjà anéanti cette confédération de l'Italie qui
pouvait inspirer de la crainte aux ultramontains. Depuis quel-
ques années , l'Italie avait joui de la paix plutôt que du bon-
heur; sa prospérité s'était accrue, mais ses désirs .n'étaient
pas satisfaits ; elle se confiait dans ses forces qui n'étaient pmnt
encore entamées, et elle nourrissait une envie secrète de cou-
rir des chances nouvelles. Avant que les peuples aient éprouvé
le poids des calamités de la guerre, des passions bien futiles,
l'inquiétude, la curiosité, le besoin des émotions vives, l'a-
mour du plas grand des jeux de hasard, les décident souvent
à provoquer les révolutions. Louis-le-Maure avait seul négo-
cié avec la France; mais d'une extrémité à l'anUe de la Pé-
ninsule , la moitié des esprits attendait avec iippatience une
invasion dont les mêmes hommes ne laissaient pas d'avoir
peur. Le duc Jean Galéaz Sforza lui-même se flattait que l'ar-
rivée dans ses états d'un roi, son parent, pourrait changer
< SciploM Ammiraio. U XXVI , p. lOi. — Ffonc, CtUcciardu^. lab. I, p. 26.
DU MOTBN AGE. 363
son sort. Le dac Hercule III de Ferrare, qui s* était associé
aux uégodationsde son gendre Loois-le-Maore^ espérait, dans
le trouble futur, recouvrer le Polésiue de Rovigo que là der-
iiière paix lui avait raid. Les Yéailiens désiraient voir humi*
lier la maison d'Aragon ; les Florentins, secouer le joug de la
QMdaoa de Médicis ; le pape, se faire l'arbitre entre les deux
potentats \ les nombreux ennemis de la maison d'Aragon dans
le royaume de Naples, se tenger de leur longue oppression.
On assure que Ferdinand, témoin de cette fermentation uui-^
Terselle, songea, malgré son âge avancé, à se rendre h Gènes
pour s'aboucher avec Louis-le-Maure, et lui faire reconnaître
4 quels dangers il exposait l'Italie et^lui*méme, en ouvrant im-
prudemment ses portes à un ennemi plus fort qu'eux tous. Il
comptait pouToir exercer encore l'ascendant de la raison et
4e la saine politique sur un prince dont il reconnaissait l'es*
prit délié et l' habileté supérieure ^ 1 49 4 . — Mais au milieu de
ees projets, un jour qu'il revenait de la chasse , il fut atteint
d'une manière inopinée par une affection catarrhale, qui le
mit en deux jours au tombeau. Il mourut le 2d janvier 1 494,
à l'Âge de soixante-dix ans, après un règne de trente«six ans,
laissant deux fils, Alfonse et Frédéric, déjà distingués dans la
carrière militaire , dont l'atné fut immédiatement reconnu
pour son successeur ^.
La fortune » qui avait favorisé Ferdinand pendant toute sa
vie par des dons qu'il semblait ne pas mériter, le servit en-
core en le retirant du monde au seul moment où sa mort
pouvait exciter des regrets. Sa naissance n'avait pas seulement
été illégitime, elle était assez honteuse pour que son père
n'^t jamais voulu en révéler le mystère, qui donna lieu aux
^ F/. Quiçclmtini. iib. I , p. 28. ^ MaeehkofelU , Frammenii sior. T. III, p. 4. —
* Fr, GuiceiardinU Lib. I, p. 2i.^PauU JovH Hist, Lib. I , p. 90. — Seipione Ammi-
rato. h, XXVI, p. 195. — PèrW Bembi Hlst. Ven. L. II, p. 24. -^Summonte, Slor. dl
aapoU. L. V, T. 111, p. SS9. — GUmnone. L. XXVlll. c. 2, p; 62i.
.1»
364 HISTOIKE DÈS HÉPUBLIQUEfi ITALîEIÏSES
conjectures les piaf opposées; et cette tache ne Tempècha
point de parrenîf sur un trône que les plus puissants mo-
narques devaient envier. Il ne montra ni une valeur bril-
lante, ni des talents distingues pour la guerre, soit dans les
expéditions dont il fut chargé par son père, soit dans les luttes
violentes où il fut engagé contre ses sujets rebelles ; et cepen-
dant il triompha de tous ses ennemis. Il n'avait hérité ni de
la franchise, ni de la galanterie, ni de la générosité, ni d'au-
cune des qualités aimables de son père Alfonse, encore qu'il
eût eu le bonheur de captiver toutes les affections de ce grand
homme. Il eut pour compétiteurs deux princes qui lui étaient
autant supérieurs par les talents que pas* tontes les qualités du
cœur. L'nn, lé comte de Yiane, wm neveu, disposait de tout
le parti aragonais ; F autre, le duc Jean de Galabre, de tout le
parti angevin. Ceux des barons napolitains qui n'avaient pas
embrassé Tune ou l'autre faction semblaient prêts à se ran-
ger à celle qui les délivrerait de Ferdinand; mais tous denx
échouèrent^ et Ferdinand régna trente^«x ans. Il fit périr
dans les cachots ceux qui avaient à plusieurs reprisés essayé
de secouer son joug ; et il affermit par des cruautés et des
perfidies une autorité toujours plus détestée. Les premiers
succès sont souvent l'ouvrage d'une fortune aveugle; mais
leur constance doit toujours être attribuée à une habileté qui
souvent nous est si odieuse, que nous ne voulons pas la re-
connaitre : telle fut celle de Ferdinand. Il n'eut rien de ce
qui caractérise les grands hommes, rien de généreux, rien de
noble ; mais sa prudence était consommée, et sa politique fut
rarement en défaut. Il réussit, comme les méchants réifôsis-
sent quelquefois, au mépris de toutes les règles de la justice et
de tons les sentiments moraux. Il régna longtemps, et il mou-
rut sur le trôné. Si ce fut là son but, il l'atteignit; mais il
régna détesté, il vécut dans la crainte, et Q mourut laissant
sa famille dans un danger pressant, au moment où cette pm-
DU UOYSR AGiB. 365
denee qu'on reconnaissait en loi^ en TaUiorrant, ponvait seule
sanver scm fib d'une ruine prochaine.
Ferdmand était d'une taille médiocre; sa tète était grande
et belle, àitouffée d'une longue chevelure de couleur châtain;
ses traits étaient agréables ; il avait le front ouvert, la figure
jdeine, la taille bien proportionnée. Sa force de corps était
extraordinaire : ayant un jour rencontré un taureau échappé
qui trai>veraait la place du Marché de Pf aples, il le saisit p«r la
corne et l'arrêta. Son esprit était orné; il possédait plusieurs
sciences, mais surtout la jurisprudence, qu'il regardait comme
néeessaire aux rois. Il parlait avec gcAce; en donnant au«*
dienee à ses sujets, il savût dissimuler tons les sentiments qui
auraient pu le rendre odieux, et il avait en général l'ait de les
renvoyer satisfaits. Ses cruautés, qui furent innombrables, ne
durent pas toutes être attribuées à la politique ; sa passion
pour la chasse lui en suggéra un grand nombre : ce fut par
les ordonnances les plus atroces qu'il pourvut à la conser-
Tation du gibicar réservé pour ses plaisirs, et il les fit exé-
cuter impitoyablement sur les malheureux paysans de son
royaume ^ .
i Sunmonte, Star, di WapoiL T. UI, tib. V, p. 54o, eâiUo in-io. Napoli, i67S.
366 HISTOiaS des ÊÉPCSLIQUES ITAtlERBES
«fH«-
CHAPITRE XII.
Préparatifs de défense d'Alfonse IL ^ ^"emlères attocfues èe6 Fratiçftiii
daDS Tétat de Gènes et ea Romagne. — Entrée dâ Glmto Ylli e«
Italie. — Pierre de Médicis lui livre toutes, les forteresses de h Tos^
cane» — Révolte de Pise; révolutioQ de Plorence^ esLii de Médicis.
1404.
Quelques-unes des grandes révolutions qui changent la face
du monde mettent en éyidence tous les pouvoirs de l'esprit
humain ; pour elles les combinaisons les pins habiles ont été
calculées dans l'attaque et dans la défense, tous les accidents
ont été prévus, tous les obstacles ont été fortifiés avec art par
les uns, tournés avec adresse par les autres. La fortune, qu'on
ne peut exclure des choses humaines, a du moins été corrige
par une constante prévoyance ; et la juste confiance en soi^
même, qu'on acquiert par le . déploiement de tontes ses fa-
cultés, se communiquant des chefs aux subordonnés, chacun
a fait son devoir dans sa place comme citoyen ou comme
soldat, chaque ordre a été exécuté comme il a été donné ; et
ceux mêmes qui succombent peuvent encore se vanter d'a-
voir été à la meilleure école et d^ la guerre et de la politique.
BU MOtEN AGE. 367
Mais d'autres révolutions tout aussi importantes dans leurs
résultats sèiit quelquefois accomplies par des moyens abso-
lument déférents : Timpéritie est opposée à Timpéritie ; la
fauté qui devrait perdre un parti ne le perd pas, parce qu'elle
est oonupeiisée par la faute plus grande encore que commet le
parti eontraire. Aucune prévoyance ne peut calculer les cban-
ces d'uïDe pardlie lutte, parce qti' on peut bien soumettre au
calcul les intérêts humains, mais non pas les folies humaines :
pour un parti sage, il y en a mille de déraisonnables, et l'empire
dé la fortune est prodigieusement étendu, lorsque renchaine-
ment même des idées s'y trouve compris. Le sort de l'Italie
ftat décidé en H94 par une lutte semblable entre l'incapacité
et rimpéritie : l'un et F autre parti, considéré isolément, sem-
blait ne pouvoir éviter de succomber ; et en voyant la con-
duite du rdi de France et de celui de Pf aples, il semblait (éga-
lement impossible à Charles YIII de faire la conquête de
l'Italie, et à Alfonse II de l'empêcher.
Deux heures après la mort de Ferdinand, Alfonse II, sui-
vant l'usage d'Itahe, avait parcouru à cheval les rues deNa-
pies et les six placés où seggi où se rassemblaient la noblesse
et le peuple pour concourir au gouvernement municipal ; il y
avait recueilli les applaudissements populaires, et il avait pris
possession de la couronne à la cathédrale, puis il s'était fait
donner la garde des châteaux ^
Le nouveau roi avait plusieurs fois commandé les armées de
son père contre les Florentins, les Yénitiens et les Turcs ,« il
Etait chassé les derniers d'Otrante, et cette expédition lui avait
valu une grande réputation militaire. Il joignait à cet avan-
tage celui de disposer d'un immense trésor que son pèi*e avait
rassemblé par son avarice, et que lui-même augmenta encore
par la levée d'une contribution extraordinaire fort onéreuse,
< Summonte, deU* istoria del regno e clttà di JtapoU» L. VI , cap. I , p. 4SI, 6dUik>
Napol. m-4«. 1675.
368 HisToinE djss bepubliquiss italierhes
à l'occasion de son ayénement au ti^n^ *^ JUfoiisç. i|T4|t
enfin la réputation d'exceller dans cçtte politique P^r^Ci.^Hl^
Ton suppose habile tant que le succès la cooronW!* «Ifosen*
« nemis, dit Philippe de Gomines , étaient tenps très, s^g^
« et expérimentés au fait de la gueiu:e ^ riches, ^t ^pcwinw
• de sages hommes et bons capitaines, et en fo^fn^fSffifk 4ft
« royaume '.» Mais toute leur réputation ne souttWt^soIqJtoQ^
prcmfere éprràve. ,^, ...,
En montant sur le trône^ Àlfonse dey ait s^ pi;^par^.à le
défendre contre l'attaque prochaine qui lui. était wmwo^ ; il
fallait pour cela, d'une part, s'appi\yer par qn Jbonsji^tème
d'alhânce; de l'autre, rassembler une année qipi ffii seule
tenir tête à l'ennemi ; car il ne devait pas s'attendre à ce
qu'aucun allié embrassât jamais sa cause avec pljQ£)de]i;igHU9iir
qu'il ne la défendrait lui-même; mt^s le nouYeaif ro| Pftpit
mettre beaucoup plus de confiance dans ses ^jégfiojspfff^ giie
dans ses armes.
Il envoya d'abord Gamillô Pandone, un de ses ,i;û^||^
de confiance, et le même qui revenait de I*çux4|k{is9f4^i|f|e.
France, à Bajazet II, empereur des Turcs, pour lui. c^jpr^s^t^
que Charles YIII annonçait ouvertement qu'iji ne çowdérfuit
la conquête du royaume de Napies que cpinme un,éçhfiIo{i
nécessaire pouf arriver à celle de l'empire d'Oriept; el) qu'ep
effet, ses ports sur F Adriatique, qui n'étaient ^parés q\t¥)Far
une journée de navigation de ceux de la MacédoinCi mi^,fois
entre les mains d'une nation aussi entreprenante et s^fssi bel-
liqueuse que les Français, pourraient faciliter les atta^esles
plus daîigereuses contre l'empire turc. AUoime d^D(ia^d{tît,/9ii
conséquence, six mille chevaux et autant de fantas|s|nfi tiircsà
Bajazet ; et il offrait de payer leur solde tant qu'ils serviraient
1 Piuft JovU BUtor, 3Ui tempof'is. Lib« I, p. s«« — * riillippc^dv Gottiaes, Mémoires.
L. VII, eli.v, p. les.
BtT MOtËlV AGE. 360
en Italie * . An bont de peu de mois, Pandone fat envoyé une
aeeonde fois à Bajazet; et le pape, Toolant; aussi traiter en son
nom, Im joignit Georges Bnceiarda, Génois, qn Innocent YIII
avait déjà chargé d'une négociation peu honorable avec
kl Porte *. Alexandre YI, qui dans ses bulles exhortait Char*
lea Tin à tourner toutes ses forces contre les Turcs, puisque
ki guerres avec un prince chrétien étaient indignes d*unmo«
narque qui prenait le titre de très chrétien et de fils a!né de
r Église', cherchait d*autre part à exciter les Turcs contre ce
monarque même. En même temps il accordait à Ferdinand-
le-GatboIiqae les produits des taxes de la croisade qu*il faisait
prêcher en Espagne, pourvu que ce roi les employât contre
les Français et non contre les infidèles^. Mahomet II n*aQrait
sArement point laissé échapper une occasion aussi favorable
de mettre le pied en Italie, et de réduire à une espèce de va»-
aelageun nouveau prince chrétien : mais son faible successeur
B'ëtendait pas si loin sa politique, il craignait de troubler soi^
ptopre repos; il se contenta de donner ordre au padia d'Aï-
btme de rassembler environ quatre mille s^ddats turcs à la
Talonne, et il ne prit aucune part à la guerre ^.
En même temps, Alfonse avait envoyé quatre ambassadeurs
au souverain pontife , pour resserrer avec lui Valliance con-
due par son père , et obtenir l'investiture de l'Église.
Alexandre YI , dont toute la politique consistait à mettre ef-
/ fnmtément sa fidélité à l'enchère, avait paru prêter roreiUe
aux propositions du cardinal Ascagne Sforza , qui , dans le
collège des cardinaux, soutenait le parti français, tandis que
le cardinal Piccolomini dirigeait le parti aragonais. Ce n'était
cependant qu'une ruse du pape, pour mettre ses concessionB
1 PmtHJmfU BisL nd lêmporU. Ub. I, p. 90. * Franc. Guleclardini Bistar. lib. I,
p. 34. — * Franc, GuieelaFdinU Lib. I , p. S0. — * BuUa Àkaaudri ad regêm Fvmtéêw,
• idu8 octobris 1494. Baunaldi Amud, S 16, T« XIX, p. 43i.— «iftwol. eeeles* Mai/itaUU
T. XIX , p. 432 » S 3l.-Ff. GtOfieUxrdini, L. I, p. S9, — * SêûHa fCMia, T. XXIX , ter.
ItaL p. S.
TH. 34
37Q HISTOIBE DES RÉPUBUQUCS rTALIEIllCES
à un phi« haut prix; et, le 18 aTîU 1494,iUoeaii^à4^)fi|iuie
des baUes d'iprestitiire pour le royaume de Naples ^ soiia les
çopditions auxquelles elles aTaieut été accordéon à 9fi$ priées
eesseurs*. . *
Le cardinal Jean Sorgia , fila du pape i ^t aitbevèqiw 4o
Montréal, avait été nommé légat à latêf^^ pQi«r |i| oMpmm
du couronnement d'Alfonse; il Tint recaeillir, po^r iaiMoUl^
les técomm»^^ aq W^ desqaeU^s ce monarque anit«iN4«
ralliance des ^orgia. On recojinaissait à Kapk» sepi pw4a
offices de I9 couronne ^ qpi , sqiTant le$ iibtitqtieas féodatei,
étaient des ministères à Tie, presque indépendaisi^ de Vwitmtéi
royale : Tup d'eux^ celqi de protonotaire, fut aceordé à G^«
fipoi Borgia, avec la prindpaD^té de Squillaoe, le comté d^ Ca*
ri^ti ^t, dix mille ducats de rente ; UQ autre » et 0e déduit ètoa
le premier qui deviendrait vacant, fut pfomb au âM datiaB*
d^e^ second fils du pape , avec la pHUcipanté deTficaiico,, lea
comtés de Ghiaramonte, Lauria et CArinola , et àome mXê»
ducats de rente; enfin, Ytrginio Orsini, qui apraU aégo^ m
traité, reçut en récompense un troi»ème dei ees graydi^oUbOM
de la couronne, et c'était celui, de grand connétable^ te filu9
éminent de tous ^. Des rentes ecdésiastiqijies dan» h royésme
furent en même temps assurées à César Bpfgia qoeson pèi«
véne^t de créer cardinal , en. faisant prouva, par de fatix 1^
moins et de faux sermeu.ts, qu'il, était fk légttîpaef #m en
tôyen romain, et capable d'exercer I^bs baujbes ^igu^tâ^ de l'É^
glise *. *
L'alliance de Pierre de Ifédida n'avait point M aclretéii' à
un si haut prix, sa vanité seule avait suffi poux W sédirive* Qa
croyait qu'Alfonse lui avait promis i» l'aide^ & ebangor mm
autorité sur Florence en une domination absolue , avec titre
t . '1 •
>af9mridl âmnal, eeeUê. i4M, $ SH» , p. 43r.— Siimmon/e, Stor, ai NppoU, Lib vu
99^ i^ Pr<M2» -r % S0<pfofi0 Àmmirai&. L. XXVI, p. 197.— Fr. GfflccfdfrifRl. L. I, p. S#.
tV MbTBN A6B. 37 i
âe {ffiiKi^àirlt * . Ed rëtôtar, Médids, par tttie èoiiywtioti àe-
critequi &*aTâit point été communiquée aux bonsèils de la
réimbliipiey attiit promis au roi de N aplës de recevoir la flotté
napolitaine dans le port de LiYOtii*iie ^ de faire pour loi des
k?^ de soldats eU Toscatie y iét dé résister à &ëiii àrtiiéé k
rÂtUtqae dm» Français a. Hëdids croyait ett biitté pottVôii^ ré-
pondre d«s répt|bU({tties de Aienbe et dé Lwâqûes^ qui se iroti-
ymmi comme eâtiatéëë dans lëâ états florétitins , et i^ui tiè
pôuTaient songer à suivre une ligne séparée de t)dlititj[uè. Al-
foQsë àYalt égalenlent étendu ses négociatiohs dn côté de ta
Bimiagne. Gésène était t^ntrée ^us F autorité iîiimédiàtë dd
pontife^ qui eti répondait ; f aëiiccl , principauté dd jéuné Âs^
ttHTéltanfrédi, était alors sous la tutelle dés FMëtilibâ; lUioU
•et Eorli^ qui appartenaient à OetaVien fiiàrio -, sons la tutelle
4e sa mèr«, la oélèbrè Catherine SfOi^zà, s'et^gagèrëilt dàùs là
ligue f moyennant an sobbide proniis par AlfOnsë et lés tflc^
rentimu Snfln Jean Bentitoglio^ sëigUèUr de Bologtié, étii-
braasa le même parti sbos des eoilditiôns sëinblablèà ^.
^Aiaai tonte f Italie méridionale paraissait uîiie par diië éédlë
i^aa60f et ne présentait plus qu'une seule frontière dés) Bbrci#
de r Adriatique à la mer TyrrhéuiéUne. La toséauë éi lë Bd-
louais étaient les seuls pays par lesquels les armééi^ fhâiiëâiâiëS
pensent s'ayancer yei^ Home et NapkâS; et Alfoo^é â'eUgâg^ea
à dâfeadre l'Un et Tautre par deui armées qui ôccupercÙeUtf
^na les défilés des montagnes, et tous les passage^ MMêé ÙJÊS
riyière». En même tempsj comme il étfiit déjà averti ^lie 1^
FraEt^nii» faisaient à Gènes de grands prépattttiis UiarïtiiUéiS^ et
comme U se souvenait que Jean^ àm de Gâlabfé , lef dérdiëf*'
dtis pmees angCTins , avait envahi par met* le réyaànté Qe
I<f Apies, AlfonsQ donna à don Frédérie^ mh ftb^i lé èdflfttiaU-^
dément dnae flotte de treiite-dnq| gialêft^^ dii-ttùlt ^ià6È
372 HISTOtaB DES niPUBLIQUES ItJLUEBfËÈS
yaisgeaox, et donxe b&timents plas petits, qui dot se rendre à
LiTOame pour attendre les Français aa passage , et leur fer-
mer le trajet de la mer inférieure, sMls voulaient le tenter * .
Pour régler de eoneert avec ses alliés la distribution des
forces de terré, Àlfonse se rendit le 1 3 juillet à Yiooyaro, près
de l^oli, où il avait donné rendez-vous au pape Alexandre YI
et aux ambassadeurs florentins. On assure que dans ce con-
grès Alfonse parla avec beaucoup d'éloquence sur la néces-
sité de sauver, par les efforts les plus vigoureux , non point
son trône, mais T indépendance de toute Tltalie, Texistence
de tous les états , le maintien des lois et des mœurs qui leur
étaient propres. Il fallait, disait-il, ou engager Louis-le-Maore
à renoncer à Talliance française pour rentrer dans les intérêts
italiens, on le forcer à descendre du trône, et à rendre Tau-
torité à son neveu '. Pour atteindre ce but, Alfonse offrait sa
flotte commandée par son frère don Frédéric , et son armée ,
composée de cent escadrons de cavalerie pesante, à ving^
bommes d* armes par escadron , et de trois mille arbalétriers
ou cfaevan-légers. A la tète de ces troupes , il se proposait.de
s'avancer par la Romagne , et de causer une révolution en
Lombardie avant que Louis-le-Maure eût reçu les secours
des Français'.
Hais ces déterminations vigoureuses furent renversées par
les intérêts et les passions privées du pape. Celui-ci voulait
profiter des forces rassemblées dans ses états pour se défaire,
avant tout, de tous SM ennemis. Il avait d*aborâ pressé le
mégd d'Ostie, pour se délivrer du voisinage du cardinal Ju-
lien de la Bovère qu'il poursuivait avec la haine la plus ar-
dente. La Bovère, qui savait bien le sort qui lui était destiné
sllVmbalt entre les nuiîns.de son ennemi, sfenlmt ei^
tfOstie te 2S avril h trois heures de niïU;, et se fit transporter
1 Selpione Ammlrato. U XXVI, p. 199.»* PauU JouUBisL sui ten^p^. iSb, I, p. 94.
— Smmnit, Stof. ai tlapoU» U5. VI, çap, I, p, 4^. . ^ Fr^ Giifppjqr^U. XU»..|;» «^ SS.
mj MOYEN AGE. 373
sûr un briga&tin, d'abord à Savonnei ensuite à Lyon, auprès
de Charles YIII * . Après qu'il se fut échappé, sa forteresse ne
fit plus une longue résistance. ^Jexandre YI voulait de même
employer les troupes napolitaines à écraser les Golonna. Pros-
per et Fabrice, deux cbefs de cette maison illustre, avaient
déjà acquis une grande réputation dans les armes, à la solde
da roi Ferdinand ; mais ils avaient conçu de la jalousie pour
les faveurs dont avait été comblé dernièrement Yirginie
Ôrsini, chef d'une maison rivale de la leur. Ils s'étaient
secrètement engagés à la solde de France; et jusqu'à ce
que le moment de se* déclarer fût venu, ils s'étaient retirés
dans leurs fiefs avec le cardinal Ascagne. Sforza, et ils cher-
chaient à gagner du temps par des négociations trompeoaeii
avec le pape et le roi de Naples*.
L'inimitié du pape contre les Golonna força Alfonse à divi-
ser son armée. Il renonça à la conduire lui-même . en Borna*
gne, et il en donna le commandement à son fils Fardinand;
maïs il en détacha auparavant trente escadrons de cavaleriCi,
qu'il garda sur les confins de l'Abnizze, pour couvrir Tétat
ecclésiastique et le sien; et une partie de ses chevauJégers^
qu'il donna à Virginio Orsini, avec deux cents hommes d'ar-
mes du pape, pour se cantonner autour de Borne, et tenir les
Golonna dans le devoir. Ferdinand, duc de Galabre, brave
prince âgé de vingt-cinq ans, également cher aux sujets et
aux soldats, devait s'avancer en Bomagne avec soixante-*dix
escadrons et le reste de la cavalerie légère, réunir à son ar««
méeles compagnies de gendarmes qu'avaient promis Biario et
Bentivoglio, tenter d'exciter une révolution en Lombardie, et,
> AuGidccfAHfelû' LU). ^ p. 29. >— tmh»U senarenœ , dtrebm Ùenu^ns. T. XXlV;
P 5S9. — Allegretto AllegreUi, Dlarl Saneti^ T. XXIU, p. «19. ^ Stefimo HÊftitufO^
Diario nomanOf p. 1257. C'est par cet évéDement que le termine le curieux journal
dinfessura, qui , au milieu de beaucoup de coûtes populaires et de beaucoop de nédi*
sauces , peint si bien le gouvernement pontifical au xv« siècle. Muratori l'a imprimé
avee 'quelques suppressions. T. III, P. II, Her, ItaL p. iio$-i259. Eckard Fa donné loal
entier. ^Tr. GuicciurdM Lib. f, p. 86.
^74 HISTOIRE DES^ |^PUBLff)U^ ITALIENIKES
gp'^ Vhiyer^ le c^çiniu de la RopAgoe.
liça It;aliçii^ ne guppç^en^t pas ^'^ p^t fw^e la guerre
pei\daAt VlilW^;, f^ ^*Us g^pâienf sj[x f^ois, ilst oç 4o(iM^^n^
Çfts ftV.Ç l'5\ttaqfle ^çç. ?rç^uçais, ea^rçfjri&jB nveç légèreté, ne
^at ^|ft(|oD^^ dp i9.ême'. J[çan-Ja^ue^. Tri,Tçlzio^ guelfe
ïjiUaipftia,^ \i^^ çqmtft d^. Pitig^ano, !d« 1^ maispn pre^ni, et Air
i9ft^ 4'Avaio%^ ww^pis 4^ Pescaire, f ttrei;it donnés powc con-
açiJÇiçips ^ajçui^ç priç^ce i^apolitain. Piçi^re de Hé4ici$; promit
4<^ ^ charger de \^ défense 4^ 1^ Toscane et des 4éfilés (}ie$
4p/?^i3^us ; çp^^is, avec, wue ieç^pi^évQyanoe inçoncevaUIe, il ft y
a|pj)ç\a polçt de ^roupps é^rang^es.
4^ \*ad$emblée 4^ Yic^yarp s'était trojuy^ 1^ yîeux c^nal
Paul Frégose, archevêque de Çlènes, qui avait joué si long-
t$]^,4%n& cette yilfe le i^ôlC; de çhe( des factieux. H offrit
mgf^^affifïç^jffif^ çli£^serdiç, sa patrie 1^ Adorui, ses adver-
saires, çt ^yeç, eu;x l^s Milajpais; iJ, projet; qifayec l'aide
4'6lyl^Ie^tp de ?iescl;â et de sa pnopre factioni, il se reodroit
^iséinent çxaître de la^ république, s* il poi^vaijij se présenter
dan3 l<ça nijers de Ligifrie, avec la, flotte n^poUv^nç,^ avapjb que
l^ gal^i;es du p^U con.tr^i:^ fussent çompV^t^a^eat arméçs,
el; qi^ la flotte fraoçaisiç f4t ari;lyée à Gè^es, Spn o|fce fatao*
(^\ft^;^\ la flot,te 4^ do», Frédéric, ayant pri^, ^ ^i:â to
^ipigi^^s génois, avqç. environ cipq millO; fenja^sins rassemUfb
4i^s rétgit 4e, ^pujçye çt, ^ UvQuynje,, se 4irigea vers ]a rivière
d«,te.xapt.».
l^ji^ Iç cardinal, Julien de 1^. Boyè^ ,. qui d*(^tie avait
pajss^ ^ Sayonne , sa ç^trip ,^ y ^ya.il; 4^uyert le^ intrigaes
liées par le cardinal Frégose dans toute la Ligurie ; il s*étfflt
hâté de se rendre à Lyon pour en avertir le roi Charles VIII.
• « iy. ÙtÊcdardini, Ltb. I, p. 3S. ^PauU JovH HisL mi tempo/U. L^ I, p. 24.-PbU-
de Comines. L. VU , çb. V^ p. 164. — * Pauli JoviiOiêt. êui temporis. Lib. I, p. 34.—
Ifranc. GÙicciardinL Ùb. I, p. 86. — OrUmdo MalavoUU P- Ul» 4 VI, f. 98.
DU MMtlt kiit. 31 &
l! ïkYM engagé i téire passer âent tfAlfé Snbseà & Grèneg,
pottr déjouer ces oomplofs : en mènbé iemps if fltâlt émplo ji
foilte^sott Aoquenœ et todte Tinipétaositë de sott ftme ardente
i prmet ïcé préparatifs de gtterrèf contre f'ttdife, 6t à dissiper
kRM fe» domtes et toutes leâ hésitation» de Cb^lèsr Yllf, dans
fetfpeit de bâter ainsi sft propre tengcfértfcè * .
Eit effet, Charles tllf , mti}grë todte^ ses lùétiaces, fnatgré
tmâes les négodations qui n'avaient eàrd'acrtfe hnt qcre sont
expédition d'Italie, étart eftCbre incertain, et sur h route qifii
hâ ceiDtieAdrait de prendre, et Sur fe^écùffion niébe de son
l^ojet. Cependant, presqtrédéterntfn^àatfaqnerle ^o^aume es
Ifopiespar mer, il fit passer a Gènes tOottargeAt dont il pou-
vait cBspeisier ; il fit prépater pottf hit-mêitte des ïogemeiïts
0|ileiMKde§ dans les palais des Spitiofaf et des Dor^a , e( îlf y
e»vo>ya son grand-é^jef, Pierre iVflé , ponf j teite armer
ime flotte puissante, tpé derait se rëunfr )k eetfe (fifùt artkntft
e« mitm^ teittps pcmt hA èi TiTIef ranebef éf à ittarseille'^. là'
prefiûère , qui ne iui^ rendif ensuite aucufi^ service, paftrce qu'^ff
aJNmikHiiift tonjft ses ^j^^ avec mima de légèreté qu'il W
a^mt fermés^ fet Ht plus TMgnifiqpie qu'on éÂt janv^is vue daéi
\e$^ miÊt» ée kt MpabHque de Géîte^. Ot^ j comptait âôvtté
g»i2.»ii»»«c rtran^port poar fa- caralerie, <bns h^qaé^
oâ< potfvaît Ibger quinze eents cbevaui^ ; quïitre-tin^-se^
tnmsporlË pl^s petife potfr F infanterie, dk-sept spéfonatés;
v>niglrâ*oi8 taisseailit du port de cinq cent sokantîe^, et vingt-
sfar- disr porH éé cinq oént quatre-vingts tbnnigaiix, une' gi'antife'
galbée qui portaM cent chevaux, trentb galfei'es ifrmèéir potilf '
Ite combat y enfin, la galère royale, dont Ib pbupe é^ait &téé\
el ^i était couverte fout entière d'un pavillon' de sbie^.
de rebuê Omimn^s |f. vÉsk ^ l>b. de eotohn»: & vii; dU v, fh len -^ * iMMrM».
fe^o; diê rébus Gemiens, T. XXIV, p. ùs. < : '
3^.Ç, HISTOIHE DES |f|^rii|N^9J9£S^,JiTALI]SNllES
Po^ pcpunaioder oç pirodigfteax «naaasKHl^Cliailtt VOM
ea^oy^dkk Çti^jjii^ avee la flotte franfaife son «puâuf le dac
d*prlé^p8^,.qi4 lut depuis JLpw XIL Cdoi-oi fit aea isASiée
dap» js^^ yi])e ]^ ^our mtane où la. flotte napolttaÎDe {larttt en
Tue dos côtes, de la Ligorie*^ tandis qa*AiiteHie de Bessey,-
baron de TricasteLet baiUi de Dijon, qui ayait été chah^ des
n^Qciation^ da roi avec les Scôsses, wiMrès demiids il iooisaiit
d'ua ^rond crédit ^ AV^^ait à Gènes les deux . mlk hommefr
d* infanterie qa*il avait levés dans les cantons^.
Ibletto. de ^Fiesd^i avait pdromis à Paal Fi^^oso dt à dos;
Frédéric d*Aragon /qpie tqqs sen partisans l'attendraient tMt
arm^ dan^ la rivière du Levant; il détermina done Ja flotte
napolitaine à se présenter devant Porto-Yénéré, petite irffie
en face de ^L^rici, qui coiwpAanâe rentrée da magsifîqae gidfe
de la Spézia*, lyiais. so^ prQpre> irère, Jean-*Iioais de Fies-
chi^.qai.^t attacl^é^ parti oootmret s'était rendaà ki
Spézia» ^et ayaijt exhorté les habitants de ces parages è d^nen-
rer, fidèles ^ la répul^ue ;.et Jiean-Jacques BaH» était «ntfé
dans la v\le niêaie.46 Porto-Yâaéré aveo quatcacents iantasi-
sins^. % qHé) de.t^e, op^te ville n'était défendue qae fiar
une loîsérable ^cein^t^ de muriaiUes ; cpidqnes corpa d^islan*-
terle j(^fipoIitai^Q esst^yècej^tdi^les attaquer, tandis qnelaflolle)
portanjt iin^ çedoutable aitill^ie^ entrait dans la rade, atten-
tait d* opérer un débarqaeuiieat sur. k plage même. Mms tafos'
les hfd)itants^ et JQsqa*aux^ femmes de Porh^-Yénéréy rféUiièKl
rangés avçc le^ soldats derrière les murs, «t réponses ^ent les
assaillants en faisant couler 4es piprreseiir eux» QMl|ne9
rocberi; ^ fleur d'eau avaiei^tëlié aatiqnement façonnés eir
forme de débarcadour sur le port pour la commodité des
t IHoi9il«Bt4il Wiipp6 d» CMttiiMi; Cif; va« cltaq». V;ik it'i, — « Fr*. CmcOarûinU
Lib..l4 p. j7vTr^ icy. B9kearH Cam/neni. fénm âaniMf. Ub. V, p. iî9.^ > SdgOone
Amn^mo^ S^ \%Xi, n. âo». — O^m FûHetm ^ish Gen^eru. IM xn, p. m, — i^us-
Uttionl Ann. di Genovu, Ub. V, f. 249.
« ' MruMn ÀOB. 3^7
t^dfe,; hB liibitiBrtB.«Mtait 6» floifit dé gttâner de soif ces
pier^ polies, q«i ft'ayaBfaieat anmiUea d^ime mer profottâé
et a^l^e. LeiMapoliUîiift s'en appnM^aieat dans les ohaloupes
deteani YAisasaia ; qaand ils se croyaient assez près, d'un saat
ils s élançaient >toal armés sar le rivage ; mais leors pieds ne
poiiyaifUdts^afibnnirsQrlapîeifeglissaBte; ibretombaientdans
la BMT^.et leor dinAe, pour enx si fatale, apprêtait à rire aux
défenseurs de Portô-Yénéré, et rdevait leur eoorage. Le com-
bat continua sept heores avec «n acharnement égal des deux
ports; enfin, à Tapprodie de la irait, don Frédéric rappela
ses troopes sur ses yaîsseaux , et il s*âo^iia d'une petite ville
devant laquelle il avatt commencé le cours de .sa mauvaise
fortune*..
Après oel échec, don FiMéric i^vint à Livoumeponr ra*-
fraldnr sa flotte et y embarquer de nouveaux soldats ; il en
repartitenviron un mois après, sur la m>aveIiequeGbatles VllI
s'était ms en roulç pour passer les Alpes. Le 4 septembre
Frédjâiic se présenta devant Bapallo, riebe bourgade, située
à peu près à égale distance entre Porto^Fino et Sestri di
Levante*; Comme elle n'était pas fortifiée, Louis-*le-Maure n' j
avait point mis de garnison , et les NapoUtatns n'éph)uvèfent
aupima diffici|lté à s'en emparer. Ils y mirent à terre Hyblètto
de Fiesobi avec trois mille fantassins et les émigrés génois, et.
ils 8*etttwrèrent proviiw«em»t d'une palissade. Celle-ci con-
8i8tsit.8enlement en grandes fourdies de bots plantées enterre,
sur lesqodles reposaient des scdives à bauteur d'appui. Il
n'^ lsUaî( paa davantage pour arrêter la cavalerie, et pour
inspirer de, la ainflanso aux bommies qui devaient défendre
ees faiUes barrières >•
^ Barih, Senaregœ de rébus Genumis* i»» MO. -^ MmpCI FûUetee OemMftff. Jriic.
Ub. XII, p. 6f I. — S Pauli JovU BUU sià Ump. Lib. I, p. t«. — Fr. GKiuUwdUa, Libw I,
p. 44.
^f9^ HISTOIBE DQ l^I>«ni«DBt italiebues
Uaift ni Sfoiù ni te duo d-Orléans B*arvaient rIntentiOn de
Iaktter toofs tnnenns se tortàêer à Bapano. Le premier atait
pria à aon cernée ïm mflt frères San^Sétérini, fihrda tieux
Buberl^ qvàf dan» te génération préeédente, arait en tant de
part «M névetetioDa. de te Lombardie, Sforza avait trooiré
panai eea frères ms {dus habiles conseillers et ses pfos bra-
ire» généraoï. U en ami ebargé denZ| Anton-Marie et Fra-
cassft, de te tféfiuMe de Oéses : le premier partit anssitAt ptrar
Sapulte par teeticimtn de terre, avec denx o«rfK»rtes detété-
ima et .ua eseadroo de eavalerie, tandis qne le due f OrtéEms
7 Gondw^t s* flolte, composée de dix-biiit galères et dbtfze
gros viaiocsam» sur tesqnds il avait fiât waofer les Sntec».
Don Frédéric n*osa point se laisser accnler dans le goHe de
Sapatto par nne flatta qoi remportaift sor k sfenne fmr
rhabilelé dete Manmavge et poor le eaMtoedes canons qa'elle
portait. Il priite terge, et laissa le duc d*Orléans achever sans
oisMstMle sani débavqqemeni. Les troupes veines pajf terre, et
adtett venoea par mer, avaient parconro à pen prèâ en même
tftsafsi an tiagt. miMeS' qui séparent BapaUo^ de Gênes. SDes
étoieni: amvé» devaaif te première vitfe* ptemems- he»M
aivaM tes» do- jour; Tioleatio» de leurs chefs était eepen-
dant de les. faire camper dbHS use petite plaine è pen db
diataMe da RapaUoy al éaiëtemfre te tendlësiaili pour aftff^
q«er. Mais te mêUbé entre tes^ soldbts vétérans db^ 9fhr2a
el te garde. dttBole da Gênc»^ ns' le peraiîl pas\ 1.68 premiers,
paur s*anuirer bipaste d'hmmenr au eeœbatf dtp temfemairr,
et ponft beavea m» mènie laaips^ tes^ annemià rewtoraw!» dhA^*
BaiMltei. visiiait taaoer tenas» lagemeoMs^ anscfr prts q(/^
purent de la ville. La garde ducale, aceeatuinéè* i tfrre'
dans une cité opulente, et à se faire remarquer par l'édat de
sm aiiaas^te riinhawa; diNWs4iabit»eb lUMdaK3»d6aa9]^«9^
ne*put souffrir qp'un autre corps d'armée prit la passoralb.
Elle se mit en marche pour établir ses quartiers dans le coort
1^ m>\m WM^ ss§
N%|)toti(aîns , jugeant à «e mcMi^cnwml qu'ail tWfMlQs cMa^
qo^> sortirent m*de?attt (tes aaftailfcmte ^ . '
lie eofphat ^'engagea dimU mm qnt èi pitft ni'd^aMN»' l^i
chefs T eussent ordomp^ ; tt fUt amutwa kireo hewoDiip d^«iÉMi>
nement : tuais Témalation entre les nations diTersesqnlseri
iraient da^^ I>iri(^ dâ (kir d'tMéaoa lui aouarat toÉii Vwvto-
t%ge^ fl'ç^lieurs. 9ai{h>tte^ s'approehAnt jusque tevtprte da
m^ge, foi^oyiiHk» I^apoVt«uwi. C'était lepiMiitf^eoaikiit db
c^te gu^pe teriihle ^ Ve«^ilt t|s iiMBiwaailrâiÉ«w piîMs me^
Iç& ^tali€^9;. U^ se firent reittaif«er bieik pbi% par iMirlérotité
(j^ par leiu: J^ayo^re ^ n^. «laleM^ili tes SlûmBk m ftre«t
PAS grà^. ^pi^ pnswB|jeir9 qaî «e reisMliirei»! à eikx » Ma toèraxt
1<» i^upiw^ d^ ^^^ <ivi s'étaie^ reiidm à knr^ alMa. Ih» tiih
P^cgPM^i^^D^ t^ pltii» les hMirge(^s àb Sapalto ^pm le»» tiv*
i^^s ^ ^tsy 1/ss pUlèceat daps waéi^i^i^ aaM étetbi^wai de
pa,i:*|i, et îlsipoiissèifeQi la^férocMé jasqa* 4. «i«i^aei« énxmriMlii
i^çilades.daôs VhôpIJali de ^vjUe. li^CrâMyis.mtes?iÉBenl'pM
p^i^^m^t e3;po^er ei^ iiettite> à leur «etam^, )eadé|»)aiiwiéa
ces m^^i^reus. ; lie pet^pte sonteigélua une TÎdp^nAés SwHtSr
et qe 1^ fat qa c^vec we pei^e ioÊsm qa^is^n MatiMi»paN
yin^à Vapatser^.
QuelqjM#B p^isonoieps d^ distinctioa ayaie^t Aft conduits à
Gi^s par Faro^ Ylotorieofie^ eiitce. aiilriis Ifégosinov ÈÊ»
j^Liwcel dncaa?dM;ml, JuIioOrsiiâet Oi!ll6tiid0>lPégoBe. ^yèklta
dl^ Ifif^bi, le priueipol chef du parti TiiÎB<»n, i^ enfuît aree
i^op, fd^ Holandinp, au teayersdesmôiitegnes:; Iras Ma dé
si4)e* U> ijat dépouiUjE^ pftR das bmgandl. Iiss^dea» pMBniè»
res fois les paysans du voisinage lui rendirent des habits ;
maia, la^ troisièine fois,, ilf se touma» ea^ siaii% wBSé smr fils,
avec cette trahqmflité imperturbable qni te caractérisait •
T. XXlv/p. 542. — Mémoires de Phil. de ComioQH, l^» VJl|,,c)i^ 1^», p,. 109*
.390 HISTOIEE DBS S£ptJBLIQUES ITALIEIilIBS
« ÂBioÉs, niohflls, teifonB-nous-ea âuxbabits de notre p^
« mier père, lui di1>-il ; autrement je Tois bien que cela ne fini-
« rait {ms * . » Don Frédéric, que le Tënt aVait retenu à distance
péûdflM tout le combat, ne put recueillir qn*un très petit
miÉbt^ de fugitifs, avec lesquels il s*en retourna tristement à
livoume'.
Pe&dtmt ce temps don Ferdinand s'avançait par la route
de RdflSagne kvec f intention de pénétrer dans Tétat de Parme,
d'appelei' les peuples à retourner sous Fautorité de Jean Ga-
léaZj tenr l<^tittie souveraih, et à secouer le joug d'un tyran
qui voulait les exposer à toute la furie des ultramontains.
MaisFerdBnand n*-avait âous ses ordres immédiats que quatorze
cents hommes d'arme^^, et environ deux mille arbalétriers ou
cfaevftuM^ers : apî^s même qu'il eut réuni à son armée celle
de Criiidr Ubàtdo , duc d^Urbin, les troupes des Florentins et
cdles que lui fournirent les petits princes deBomagne, cette
armée jd'fi^rès les calculs les plus élevés, ne passait pas denx
mille cinq cents cifirassiers et cinq mille fantassins'. De
son ieôtë Charles TEII; avant dé sortir lui-même de ses irréso-
lutîons, avait fait passer en Italie le sire d^Aubigny, de la mai-
sonStHart et de là branche de Lénox , avec environ deux cents
maîtres on cavaliers français et plusieurs bataillons d'in-
fanterie' stiiâte' qdi, descendus par le Saint- Bernard et le
Simploii, s^)£taient réunis à Verceil^. Louis-Ie-Haure se hâta
d'envoyer ces troupes dans les provinces menacées d'une in-
vasionf; il leur joignit Francesco San-Sévérini, comte de
Caiasaâo, avec environ six cents hommes d'armes et trois mSle
fantassins vétérans. Le comte de Gaiazzo prit une forte posi-
> BoFihoL Sentvegœ de rebui Gemtenê* T. XXIV, p. S42. — * pauR HvH ttUt. nd
temp, Lib. I , p. 28. ^ Fr. Guieciardinl. Ub, l, p. 44. r-SeiiHane Amndmto. L. XXVI^
p "iM. — Jacopo Nardi, Stor. Fior, Lib. I, p. 17. — BeUarùu^ CommenL M»^ GaiHc*
Lib. V, p. 130. — > Pétri Bembi BisL Venet. Lib. ^ « P 27. — So^ikWM Jnwiiraf*.
L. XV9\;y^:tm -^ ft, Ùtdcciardini. Lib.' t, p. 35 -^ * Philippe de Comines, Hémolreg.
Lit. VII, eh. VI, p. lOT, et noie , p. 482;
ticm à Fofisa Giliola, sar les frontières in Fermriais, et «Aflerm
de là les mouvements de Ferdinand ^
Ce jeane pridce avait eu à la fin de juillet «ne oonférenea
avec Pierre de Médicia à Gittà di CasteUo. Il avait wsmtotii»-.
versé le val de Lamone et fait de nombreuses le^éss ào-uH'
dats dans cette province belliqueuse. Tous les renforts «qa'il
pouvait attendre s'étaient réims à' lui ,; le moment semblait
donc venu d'attaquer l'armée du, comte de Cimazzo et du sire ,
d'Àubigny avant qu'elle eût reçu les renforts de Suisses et 4e
Français qui descendaient chaque jour des Alpes. Mais AU
fofise tl , en donnant à son fils une armée tout à fait!dÎ9proR
portionnée avec l'entreprise, dont il le chargeait, l'anuât en
même temps laissé dans une dépendance absolue des conseit-
Itn dont il Tavait entouré. Le premier d'entre eux, le oomte
de Pitigliano , devait sa réputation militaire bien plus- à la
prudence par laquelle il avait évité des revevs qu'à Taa**
dace qui assure des succès. Il insista, dans le conseil de gu^re^ ^
polir que l'armée de Ferdinand demeurât sur la défensive :
son infanterie , disait-il , ne pourrait jmmA tenir tête aox
Suisses, ni son artillerie être comparée, pour la rapidité de. la
mancéuvre, à celle des Français; enfin, sa gendarow^ lQ€én.
dait de beaucoup en impétuosité à celle des ultramontains ^,
Jean-Jacques Trivulzio au contraire, dont le caractère n'était
pas moins bouillant que celui de Pitigliano, était réservé, dé*
darait qn'Q avait combattu les Suisses à Domo d'Ossola, la
gendarmerie et rartillerie française en France, dans la guerre
du Bien public, et qu'il n'y avait rien dsms cette armée
qui dût étonner des Italiens; qu'il promettait la victoire si
lattaque était immédiate ; qu'il ne répondait point de la ré^
* Failli JovU Béêtw* iui tempt, Itb l , p: 99. — Franc. (Meciardlrii, Ub. I , {». 3S. —
Scipiofw jmmfraRAh ^. XXVt, p. 9M. — Frànû* ÉeletML CommenU rer» Gallic. Lib. V,
P- m^-^âtwMWH OrtceUariiy tfc BtUo itàttco, p. 38. — * PauU JovU BisU sm imp»
382 HisToiHJE D8S %ivo9uqvm rr aliène es
«îstMie û ïfm «ftendmi Fiffritée dB BWTeaiti «ttâe&s!»^.
Maû déjà la nouvelle des maaVaifl succès do àon Frédétic
^tKfât jeté ptiMiieii£8 des alliés dans le déciMinigiementët l'kré-
JipIlitiOQi Jeun BentiyogUo craigaail la Tengeànœ des Français
41 du dne de. MUw ft'il o^nâenlait à que guarre ûfiéDsive « et
le <0ii|8il de gàW» dédda qp'oa n'attaqpierait point ké ^sA^
Mttw d«i90lwn r^aiwSlîem«ats« Toot oe qu'Alfouse d'Ati^
i9»Qi: Bt^tMtemt d'Altimo, alors élève de Pit^UafiO, pûïeM
obtenir par. leurs instanoeé, fat l'envoi de trompettes au (x>lniè
.d# G«iwso pour U défier da anFtir en rase campagne. Clelai-^(!i
li^sm^ pas voHta rcnonoer à ses avantages pnar lirt&t h^
ta^Ue ) Ferdinaidd 9^ retira sonb les n^urs de Faenza^ d^rièrfc
nn lar^fe ennal alimenté par les eaux du Lamone, qni rendait
sa position très forte ; et oomaat il ai^t ^pie Charles Tllt
avait pfissé les Alpes^, -il résolut d'attendre^ sapa se mouvoir,
Is^ tproppiss allem^ndlis que son père faisait enfin, mais tfdp
tai^itsolder dao^fai. Smld)aetrÂQtrifibe« .
: Charles YUI s'était rendu à, Ljôn âVed tonte sa eotir pmî
sa ra|q|H*eie^ 4^ r It4li% , et il j avait passé Tété dans les
jputes et 1^ tourupiS) a^ ipilieu desquels Û,parai83ait.eQblM(É
totp ses p^jc^ts de ec^aqi^iesi IL avait dépensé, pour ïanmh
ment de sa flotte à Génes^ presque tout l'argent comptant dont
il poi^vait dispos^, fa d^nie de Beim^eu^ le dite de Bonrbmi
et presque tous les grands seign^ts Uàm^ie^t use enttef^iM
lointaine qni ne pouvait rien ajouter à la force réelle du
rojaume. Bri^nnet^ qui l'avait longtenips consefllée, n'^iMlt
plus ^ prendre la respoin^biiité ; le sénéchal âè Qeatteflârëf
qui la pressait avec ardeur , avait été vers oe mêmelemp» obligé
da s'#oignmrdu ? m^ parée qpi' un de ses domestiques était moirt
avec des sjmptômes de peste s. Les courtisans donnaient au
Mtooires. Ut. VU, cb. V, p. IM,
^17 «cym A0E. Sêi
> n»t àm emseiU oratrtdictmris, éelon ^aMh étdevt alMffâitt-
i veaie&t j^agnéa par l«fl agealB iki roi de Naples et par cenxda
i di|6 de Mitan :,Pierre de Médicia aiFMt Diéme«faM«hé à rmdre
oe demior suspect à la eosr de Fitmee, ea eochaiit un eatfyfé
I
t de Charles YIII û^m sod cidmel pendant une eenféreHee
F qonfideiitièHe ^*îl eot avec «n ambasMideiir dè-Isouteie^
i Maure ^ Ao mttieii de eea eraintes et de ces contfadielkms ,
I Gbarlea YIII abandoDoa plniiears ftnaaes pnajets que la pow*
I sijÉite de plaisirs le disposait toojottrs à oublier : Il avait même
I diWaé dweoptre'orAwàpkiBieogswÉiytffeufspartw
I tcwpea ; et; il les avait raj^léa à 1» eoiif lorsque le oarttnal
i^Hm éd lA Sovète^ i|iie sa hahioiiitplacaMe'eotitrer Alexan-
dre VI rendait plos ardent que per^omie pour rexrpécKfiôn
4'Itidte, purla an roi avec une bardieese qo^^aoeon' antre- bT au-
rait osé 80 p^meltre. Ghaites , dit-il^ se oMivriralt cte honte
s'il lenoiifmt il des préleotionrt proelanléea dam tonte 1* En-
rope, s'il ne retirait aoenn frnii des sMrMKOi qn'il avait fafts
par ses traités avee le roi dea Bamah» et ton d'Espagne ; s*il
abaadmtfiait les affié» el les soMatsqni'OaiÉlMitiiicM difà va-
lettreufi^nent pour lui dans la riifitee de Gène^ et' en Roma»*
fSfifi. Ctkarles YHI , ealrainé par Ttopétooslté: de eërdltoal
dont il respectait In hante dignité , dt sédnit par le» ftattertes
dn sénécbAl de Beaneanre qui de nouwao ponvâtt étrfin sfop-
proeherde kii, partit de Viemie en Danpliné te 23 t&^l 1 494;
il se dirigea par le mont Genèvre, et U traversa les Alpes sans
qoe personne songeât à loi en disputer le passage ^.
. L'année française était composée die trois miHe six eenfs
hommes d'armes, six mille arebers è piedsi levés en Bretagne,
six mille arbatétriers des provinces ié cœur é» là Franee,
huit anJk isaitassins gasoeos aiméa d'aeqsiÉbnBea et d'^es à
^ Fr, GuicciordUA Ub. I., p* 40. -^Battit Mtm B4h^ sfiA têmpm fOtun , p. 82. ^
SciWflrc^ am»iiam 4e beUoi XioUct. pi%i^^ Aiano» enieoMMMli» liHhl-, p4^^
PauU jQvii. Lib. 1, p. 31, ^ Pliilippe de Goniae», M^noim. Um im|^. Vf, f. tf«,
3Q4 HI8IOIBS DBi aiPnCIflïBI ITALIKHlfCS
dMx.wteiy et tait anik fkàum <m Att^natucte armi^ de pi-
ques et de halldMurdes ^ Un nombre considérable dé yalets
i^îvait riffmée, qui fat «mom grossie par le oontsngerit de
l40|ais*le-4laiife. LooMpi'dio trafWMt la 1V)Scâne, on y compta
saluante HHUebosnes^. Pamâ «es «hefe , on remarquait te
duc 4'0rlé(ùis, éepob Lnis KII, alors commandant de b
flQttaà€riniss;.le(kiède Veadftme, le comte de Mcmtj^sier,
Louis de Ut/Ofji seigMorde Luxembourg, Louis de là Tré-
moume et (dufliesrs avtittB dos pins grands seigneurs de
France. Le séoédial deBiBaoeaire el iesuf4atemfont Briçonnet,
éy^ue deJoint-Mak», eonfidents dn monarqiaev qti'ih soi-
Taient aussi, avaient ]dn8 de orMtt aii^rès de hii ^ue tons lés
seigneurs de sa cour ^.
Une iansiée Mssi DMBbreme aonÂt eu beaucoop de pdne à
tcaiYenw les Alpes» > si elle avait dft y raicontrer Un enneini;
mais le malheur de Fllalie avait voidn que le^ Piémont et le
Montferraty qui tous àau étaient gouv^^és par Aes^ grinces
absolus^ fussent tous dawL réduits à eet étiK; de faiblesse et
d'inciipacité an^qpisl une mîMVtté condamne une monarrine.
Cbarles-Jean*Amé» né le 24 juin 1488, était alors duc de Sa-
vçie; il n'aidait. que ncaf mœs Icursqu'îl avait succédé, le 13
mars 1489, au due Charles, son père. Blanche de Montferràt,
sa mère, quoique fort jenne, avait ditenu la tutelle, par la
faveur du peuple de Turin, au pi^odice de ses beaux-frères,
les comtes de Genève et de Bresse. Blanche avait bien conclu,
le 20 juin 1493, un traité d'alHance avec Ferdinand; roi de
Naples ; mais elle n'avait point osé ensintc provoquer Forage
sur ses états : elle fit ouvrir à Charles TIII toutes ses villes et
tous ses châteaux, et elle le reçut lui-même à Turin avec la
plus grande magnificence *. Marie, marquise de Ifontferrat,
t Mèiaoirci de Unilt de U TrèmouiNe. Ch. Viii, p. us, T. XIV des Héoi.— > Jmeopo
Ittardi Siat. H&n LU». I , p. ». ^ < Hém. de U Trémouille. Gh. Viu , p. 1S6. — Fr,
Gn^fidffrdinU Lib. I , p. 4«. — Beleariiu Comment. Biar. GalHe. U T» p. f 39. * *. G«^
eheBo», Wflk gteMe de la malMm de Satoie. T. Il, p. io«*tls.
m JlOmi: â0B. 385
tutrifiB è»iGff4kiw(iier7mi, oile 10 mM 14M, swvifrift'Biême
poUtiq^V .
Cx» deax.tégentes amwt para aux jeux de CSiaaies Yllt,
ruae à Tp];iiiy.,rai]trQ à. Casait oMéaa ée batocMp de dla-
inaote: 1q jooi)#,n4, qui w troni^ é^VMn^ier dftttf;ent,
ae l^ fit,prèter popr lea mettre^ea gage cIme des «sorien, et
lise. fit âaweT.dQippe mUedimito^w ka uns tsi autant sur
lesa^trea^ La 19 «joptiiiibre, il eiA»daasAati| Tffle dont
le doc d*Orléaiia «Yait covaerf é la jouveraiDeté^ oonane dot
de sa mère, YateoUiid Vipouiti. Caafelk qneLovia fHona vint
Iç joiqdre airecTsa femme et son bean-pàm, Hamlé d'Esté,
jdiic de Ferrare 3. Qçs prinoes ecHmaîasaient leapenekantB de
Charles YIII : ils iroulaient le captiver p«r «les v^dnplés ; et ils
jiTa^^nt Qpndwt a,vac ,eax,las dames mUanaiisa doKt la vérta
passait pour la moins sévène,.et/la beauté paor la plus sédni-
santel. Plns^ars jpmrs fuient donnés anx {rtaialrs et anx
létes; maja oes divertiasemants faaent ioterrompns par nne
maladie graiç dont le iroi fut attaim : anx poslnles dont son
visagç fa|; couvert, on jngea qw c'étaii la pelite^vércrfe. Ce-
pendant cette prennère «lampagne des Franfais en Italie ftit
aignaléç par rintrpdneiion en Saivpe d'«ne maladie pins
cruelle enoprei à laquelle le roi samUait a' étne- exposé plus
qu'à toute autre. U se nétaldit« en. assez peu de temps;
et il se dirigna sur Pavie, où ilint refu avec de gi^onds hon-
neurs^«
I^ fnalbeureux Jean Gdeaa vivait avec sa femme et ses
eirfants, dans le diÂteau de cette ville. Depuis quelque temps,
qn voyait sa .sauté déchoir d* une manière menaçante : les uns
' < Éèàvetiuti dé^ndlo Georgio. UisL Montls Ferrali. T. XXliï, p 756. — > Ifémoirai
de FliîL de Gontaet. L. VH^ eb. VU P- 1*6. ^ Fr, GuHcdardaiU Lib. I, p 4i. — < DUxrio
Ferrartse. T. XXIV. Ker, ItaL p. 3S8. — Fr. Guicciardini. Lib. I, P- 45* -^ OenumU Cr^
ceitwa de beUo ItaGco, p. l*,^^ Josephi Ripamontil Uht. urbis MediolanU L. VI,
I». 654. — Failli iùVU Bistor. lib. I , p. 30. -- << PauU JovU, Ub. I , p. 80. ->* fy. GtOù-
cimdM, Ubw f, p. 4S. ^Scipione Ammirato» h. XXVI, p. 199« ^Roseod, Vie de Léon X.
Chap. III, p. 186. — jlmoltfi» Fentmim Burdigai, de rébus Gmli, Lib. I, p. 4.
vu. 26
386 HISTOIEE DES BÉPUBUQim tTALIERirES
prétaDLdaient qu'il Tayait détruite par Talnu deA pUMrB es»
sens; d'autres soupçonnaient un crime là où ik yoyaient un
iûlerèt à le commettre, et ils accusaient Louis^e-Maure de lui
avoir fait administrer un poison lent. Les cotirtlBans français
ne purent point voir le duc ; le roi seul fut adiàiA auprès de
lui t ces deux souverains étaient eonsini igermainé et fils dé
deuï soeurs de la maison de Savoie. Cependant Gbarles YIII,
qui ne voulait en rien déplaire à Louis-le-Mauf e^ ne parla à
Jean Gal^aE que de choses générales, et toujours en prés^rice
de son oàcle i ; mais^ pendant tÊClte conversation, là dudiesse
Isabelle vint se jeter aut genoux du roi^ le suppliant d'èpàt*-
gner Âlfonse son père^ et son frère Ferdinand. Charles ré^*
pondit avec embarras qn'il s'était désormais trop avancé pour
pouvoir reculer; et il se hâta de qtitt£t une ville où il avait
sous les yeux une scène aussi douloul^usé, qu'il contribuait
encore à i^endre pins pénible. Il reçut de Louis-le-Haure les
subsides qui lui avaient été promis ; son armée f ira des arse-
naux de Milan les armes et les équipages qtâ lui diaénquaient,
et \\ continua sa route par Plaisance 2.
Lonis-le-Maure accompagnait Charles YIII ; mais , ayant
reçu à Plaisance ou à Parme la nonvdle que son neven se
itfourait, il retourna en hâte à Milan, pour recqeillir sa sue-
cession. Jean Galéaz Sforza expira le 20 octobre 3. £e séuatde
Milan, qui était composé uniquement des créatures dii Hafttre^
lui représenta que, dans les circonstances . critiques oà se
trouvait V Italie^ un enftint ^le '^tiq ans, tel ^lie detui «de ^ean
Galéaz, ne pouvait être chargé du gouvernemient; que l'état
ne pouvait tomber de minorité en minorité f qu'il avait be-
soin d'un souverain qui régnât réellement; quenfin^ Louis-
.^^ Hémoires de Pb. de Comines. Lib. vil, chap. VII, p. i77. Fr, GtUcciardhii Lib. 1,
'p. 48. — Bemardi Orlcettarii de Vello VaUco,p. 35. —* Pauli Jovii Hist «ni temp.
Lib. I, p. 30. — Arnold, FerrorAL Ub» I, p. 6. — > Lodovici CavUeUÙ Oemoti, Mnala,
T. iii. 7iie«à«rl <m(i9. Ka/. p. JH9.
fttt iionif AGci 387
le4taQfe était nécewaire à la patrie, et que le sacrifice €[Q*eIIé
demandait de lui était de monter sur le trône. Louis parut
fidre quelque résistance : cependant, dès le lendemain matin,
il prit le titre et les décorations de duc de Milan, et il pro-
teita même ea secret qu'il les recevait comme lui appartenant
en propre, d*après TinTestiture que Haximilien lui avait don-
née ^ Il se hèftaensaile de rejoindre 1* armée française, dont
il ne poayait s^ékigner sans qoelqne danger ^.
£a e£fèt, eeU» armée ayiat été frappée â*un sentiment
i'étfroi par la mort de Jean Galéae : cbacnn se demandait
ayeè mqaiétode comment le roi pouvait s'engager dans le fond
de r Italie, sans laisser derrière Ini d'autre allié qne ce même
doc qui venait de s'ouvrir le chemin du trône par le poison.
€iiaque aitioa des Mibinais devenait snspecte aux Français,
qu'on avait naaxè cesse entretenus de la fouf4)erie italienne, et
qm souvent usaient de iteuvaise foi pour se mettre en garde
contre celle qu*ils croyaient devoir craindre. Le duc d'Or-
léaoB, qui prétendait à toat l'héritage des Sforza, s'efforçait
de persuader à son oonsin que l'expédition de Napies serait
plus fàdie s'il 4)omnieDçait par conquérir le Milanais^. Le
pHuee d'Orange, le seigneur de Miolans, Pirilippe des Cordes
filés autres, qni regardaient la marche de l'armée jusqu'à
NafSes œnve trop dangereuse, prirent oeeasion de cette fer-
mefitirtioB pour presser le roi d'y renonce : mais Charles TIII
n'éeoutait4|nB l'obstination cpi'il prenait pour Tamour de la
glwe ; et scion qu'H en était convenu avec le non venu duc de
Milan, il prit la route qui de Pwnoid débouche dans la Luni-
giane, pour entrer en Toscane. Cette route passait par For-
Dovo et San-Tereasio, et elle aboutissait à Pontremoli, vlUe
^ FranC' GuicciardinU Lib. I , p. 49. ~- PauU Jovii BisL sui tempor, Vh, U , p. ST.
-^ Josephi Mpamoniii. Uist, VrbU. MedioL L. Vf, p. ^^i. — Pâtrifiem^ flisu Ven^ia^
L. Il, p. ^t. —Nwagiero Slorta Keitex. p. i20t; mais U pr6t« les «ophUmes à L(>VV9.t
ta ta réstelanM aa ténat — > Bvth. Senarcgœ de reb, GeniieiM. p.sis* ^1 re^^igi^i le
TOI à Villa, à peu <le dislance de Sariane «- ' Pauii JovH HUt. tui i§mp, Lib. 1, p. %
%
I
388 HISTOIRE DES EéPUBLIQDES rTALIENNSS
qai appartenait alors aax Sforza» eBe était doMtoobentièfe
en pays ami, et toujours à portée de la divisim qui ocoopait
Gènes, coikune de la flotte française. Ansst oonyenait-^eUe A
éyidemment aux Français, qa*on ne peut concevoir l'impré^
Toyaoce des Napolitains qui F avaient laissée JKgaraie, im por*
tant toutes leurs forées dans la Bomagne^
Le pape Alexandre YI et Pierre de Médicis avaient pris
l'engagement de fermer la Toscane aux Français. Mais si le
pape j Voulut faire marcber quelques tronpes, elles fureot
arrêtées par la rébellion des Ciolonna, qui, au moment où ils
apprirent rapproche des Français, rejetèrent ies ofires fcrilr
lantes qui leur avait faites Alfonse II, se dédarèrei^ sokkrfs
du roi de France, et s'emparèrent d*Ostie, où ils attendamit
sans doute la flotte frasçaise. Le pape, Idn de pouvoir en^
voyer des troupes en Toscane, fut obligé de rappeler celles
qu'il avait en Bomagne, pour les envoyer contre lès Gohmna,
sous les ordres de Virginie Orsini^.
La république florentine avait envoyé des anbassadeois à
celle de Lucques et au duc de Ferrare, pour les.eogager à ne
point accorder le passage parlears états à ceuxqai voudraient
envaUr la Toscane ; elle avait en même temps nommé des
commissaiies extraordinaires pour veiUerà la sûroté de l'état
Mais Pierre de Médids n'avait point voulu <^'oii. net des
troupes à leur disposition 3. Cependant une armée aussi nom-
breuse et aussi mal disciplinée que celle des Franfaia, poayaît
bientôt manquer de vivres dans une province, moutneosey qui
n'en fournit point assez pour ses propres baUtants* Il suffi-
sait, pour la réduire à une grande détresse, do lui «disputer le
terrain pied à pied, en profitant pour cela des nombreax
ehâteanx-forts qui commandent tous les passages. L'amée
t Bemofdi OrlceUatli de bello ItaUco. p. 37. eOitio FloDeniteii ift-4«* tTtS. anb no*
mine Londini. -* * Fr. GiûcciardM. L. I » p. 47. — PauU JwiL L. I « p. 33* — * M-
pione Ammirato. L. XXVI , p. so2.
DO MOTSK AGB. 389
desoeiidanit de PdabODolI, le long de la Magra» traTeraa ka
fiefs du marcpia Malespina. An miliea d'eux était située la
bourgade de Fitiziaiio, qui appartenait aux Florentins. Ce*
tait le premier pays ennemi dont Tarmëe se fût approchée.
Le marquis de Fesdino^o, n'écoutant qu'une jalousie de voi-
sinage, indiqua aux Français le eôté foible des fortifications,
et les moyens de prendre la forteresse. Elle fut en effet atta-
quée et emportée d'assaut : tous les s<ddats et une grande
partie des habitants furent massacrés, toutes les maisons fu-
rent pillées ; et cette première exécution militaire, qui répan-
dit une extrême terreur, fit connaître la différence entre la
guerre nouveile et les guerres sans effusion de sang qu'on
avait soutenues jusqu'alors ^ En même temps Gilbert de
Hontpenaier, qui commandait l' avant-garde française, sur-
prit, le long de la mer, un détachement que Paul Ondni en*
voyait à Sarzane pour en renforcer la garnison , et il ne fit de
quartier à aucun soldat^.
Sarsane était en quelque sorte la cM de la Lunigîane : on
nomme ainsi un rivage resserré entre la mer et les monta-
gnes, qui s'étend des frontières de Gènes jusqu'à Pise, sur
luie largeur qui ne passe jamais deux lieues. Sarzane était
uae viHe assez forte ; et sa citadelle, Sarzanello, passait pres^
que pour imprenable. Si l'armée française avait laissé cette
fortsrââse derrière elle, elle se serait trouvée ensuite arrêtée
par celle de Piétra-Santa , qui appartenait également aux
Floremins, et qui ferme le chemin dans un endroit où il est
plus étroit. Tout le pays pouvait être défendu de raille en
mifie^ Il ne produR que de l'huile; et il est si dépourvu de'
blé, cpi'H tire la moitié de ses vjivrea» à dos de nralet, de
lombardie : il est si malsain an conmiencement de l'automnei
* FHme* GnieelariM, Lib. 1, p. si. — Jae&po ika^ BU.. Flor. Ub. I, p. 17« —
* PauH jùvii Hist. ita temp. Lib. I , p. 31. — BarthoL Senaregœ de reb. Oeimem.
p. 544. — Beleartt Rer, GatUe. LA. v, p. iST.
990 HISTOIRS DE8 UPPBIWPIS ITALIEimES
Qi'mie wmée entière y senôt éétn^ m peo de «Mmaei
{Kir la fièvre. IieB capkaines français ssoMnient doue qoÈàr
que înqaîânde eo s'j eagi^oeant^ maie la pnsiUaniliiiié de
Pierre de Médieis se bâta de la disBîpw.
. L'eotrée 4^ ¥rm/çm en Toseaae, em rtfpandaat à Florenee
one terreur extrême^ fit éelater en même temiMi ttMie Pierre
àe Médids le méooiiteDtemeal qu'on avtô longtemps eom-
primé. Les Florentine âaieni attacha de 4eQt temps à ia
maison de Fr^mee; ils la Nigardaient <x>miiie proteetriee du
parti gneli^ et de la liberté : ils miirmiiraioit fa»itemeat de
ee que le chef de Tétat les aiiait enfagés daas nne guerre
contraire à leurs iatén^ts^ et les eitposait les premiers à tons
les dangers d'une qoerdle qui lenr était étmngère; les amèas-
wleucs florentins avaient été renvoyés de la cour de FÉmiee;
tous les aseociés, tons 4es eemmis des eNnsonsde osntneroe
4^ Médims avaicsit été ehaaaés de tout le rojraome : ims
cette riguenr n'avait point été étendue aux antres FioreUtinSi
comme ponr leur faire sentir f ne la France savait disttliigQer
entre eux et l'usor^^tenr de lenr libarté K On savaft ^pM
Laurent et Jean deMédicis, ces cousins de Pierre, qu'il avait
maltraités quelques mois anfiaravant, et qu'il avwt essmle
exilés à lenr maison de t^mpagne, s'étaient rendus an|Nnès 4ê
Çharlfô YIII, et qu'ils le sKdtieitment de renverser w gm^
vwnement odieux k la masse des citoyens ^. Le i^ivonr 4à
ee cbd vaniteux*^ qui u'^vait point vouki reeonnatlre de fi*
mutes, ae «trouvait tout A oon|i ne |>kis «reposer que smr mm%
Viesmée Médicas^ effrayé de la iemncMaftîen ânlârienre,
idont il voyait détentes faris léelaier Jles «arq uesi; effrayé 4e
la igpei^ étrangère, ^11 œ se ti^w^ml peint >en meesre de
àmminko, «Ub. XXvV, p. 186. — Fr. «julectardint. Lib. 1,4». 38. — PwiH JwH iNsf.
Lib. I, p. 32. — Jacobo «ariu Hist. Fior. 'Ub. j, -p. iS.
mvt^PMTf jfémi^t é» péd^F à Vomf^^ i^ ttm su pâîx «trep las
ffiivçfd^y irt d'imiter la «wdiiite qaa poa père ^voit temia
^Mm Ferdî^aM) condoite qQ*U iiyait si ^9u?6ot enteada lonei?.
U igT^orpit qiie popr iiQ|t^ ua grand iipQmie, il favl a?oir
9iw talmt pour luger des oircoastaiiq^ et mn ç^raotèpe iip^r
]^l»^pv Im danger». Piisfr^ d^ Médîcia ^t Ilopl9ll^r par la ré-
PM))U(|ye une oomb^eosa aipba^Me , dout il Uimt partie ,
av^ cpminission de ^ rendre auprès du roi d^ Pr^ni^e 9 et
d£ ^h^rc^ à Vapaifi^r, tfai^ 4Yfirt| 199 cb^ipiiip» ^*ii|i eorpa
dp timi cents jliQWDes» qne la répn|>lique envo^aV}; 4 Sarzane,
aya^ été surpris et wU e^ pièces, 0 n'osa pninjt a'ai^ni^,
ai^s sai^-ponduit , au-del^ d^ Piétr^^mnta. Quelques s^i-
gp^ar» d^ la couTy entre autres Briçop^et et de jpî^nnes ,
vinrent Yj chercher et le conduisirent dey^nt ^e T(>}y ]^ j/^fi^
J0aji» ^ù i*on commençât rtfta^piA ^ ÇarzaneUo K
pierre^ pour justifier la conduite /|Q*U a^ait j^we^ «n rn-
fn^nt au mi le p»mgf^ par la Xos/çapç ^ rappela ap^ tndté
ayeç FerdjinaAd , conclu dot consentement de Lonis XI Jteu-
in^me; il 4^«.ta quip, jns(Vi*ap n^Ofment />ù lef armées fra^-
^iai^ avaient péçéj^ré en Italie , tf n*jKCir|iit pn ^'éciart^ d^ ^Ç
jl^aité sans s'e^pqser à toute la vengeaj^ce des Âragonajùs.; fom,
jmff»^ 4^rxa9Jis U ne courait pl^i jie mé^w dai|«çr, il étj^
prêt |t pontrer tout §on dévAueni^eut ^ la maisQu de ^F^pfii^ 9§
l^ rosi^ en réponse h ce di30Oi^, luid^manda q^e les port^
de Sajr^ne jlui fussent ouvertes. JPierre 7 cousivUit iminédijtr
t^en,t j et; sans anémie cojit^iUtï^ ses coxnpagoons d'an^a^d^^
il doinna des ordres pour que Sarzane ^t S^rzan^ejOU) f ^fiSfg^
Uvréef» a^ roi. Qelui-ci, étonné de cette fa^Uté, d^wup4^ JàW
sitôt que Piétra-Santa » Ubrafratta , jPise et Livonme lid f u|k
sent également livrées* En faisant cette demande, les Français
> Franc, Guicciardini ^ist. Lib. I, p. 5^*— Sdpiùne Ammirato.L. XXVI, p. 208. —
PhiPippe de Coknines , Mémoires. L. VII, çbap. IX, p, i8S. — * ^ernardi OriceÛartt de
bello itaRco comment, p. S9.
392 HISTOIRE DBS llfiPÙ6ll«)bB6 ^ ITALUSIf NES
iiéïalleiidB^t ntilleme&t à obtenir oès (ibiees, da iteoinè^nis
dmner de grandes sùreCés pour lenr resâtoHon apMs lè pàs-^
sage dé Farmée ; mate Pierre n'en demanda attcmte t il connut
Terbalement que le roi s'obligerait à restituer les forteresses
de l\)scaiie quand il aurait acbe?é la conquête dh royaume
de Nafples ; que les Florentins lui prêteraient deux cent mflle
florins ; qu'ils seraient reçus à cette condition sous la pro-
tection du roi , et que le traité de paix entre eux et lui serait
rédigé et âgné à Florence. Sur cette simple convention ver-
bale , n&t ouvrir aux Français toutes les forteresses de Fétat
de Pise, non sans exciter le ressentiment de ses compagnons
d* ambassade 9 qui, n'étant arriviés qu'après lui, croyaient fidre
beaucoup pour le roi en lui offrant un libre passage au tra-
vers de leur état i.
Les Florentins, en recevant la nouvelle de la convention
deSarzané, furent plus irrités encore que leurs ambassadeurs.
Depuis longtemps ils accusaient Pierre de Médieis de se con-
duire comme seigneur, et non plus comme premier dtoyen
de Fa patrie ; de prendre des aks de maître que n'avaient ja-
mais affectés Laurent son père , ou Cosme son aïeul ; de né-
gliger entièrement de se rendre aux conseils ou de siéger avec
ses collègues, lorsqu'il était revêtu de quelque HÙt^tratnre^.
Hais on ne l'avait point encore vu fouler aussi complètement
aux pieds les lois de la république, ou prendre sur lui une
autorité qu'on n'avait jamais songé à lui déléguer. C'était lui,
disait-on, qui avait précipité sa patrie dans une gaerre con-
traire à tous ses intérêts, et lui encore qui, pour Ten tirer,
sacrifiait les conquêtes de plusieurs générations. Le parti de
la liberté, qui s'était successivement grossi de tous ceux que
t Wf, GtéDCiar^Uni, M. Ub. I, p. SS. — PauU JovU BUL tui iemports. Lib. I, p. Si*
— Scipione immInKO. tib. XXVf , p. 903. — iacopo Hatdi Bist* Ffor, Ub. I, p. il« -
Phil. de Gomines , Mém. L!b. VU, ch. IX , p. US. — Arnold FemmU» Ub. I , ^ •• -
• Pttttfi JwU BUL Lib. I, p. 31. — lacopo Kardi, Wb. I, p. 18. — Phll. de GottiMl*
thr. VU, cbap. vi, p. ni.
fi0 MQtjnr AdB. i9i
Pierre avùt rebntéB par son iiMolenee, et qui atait é%6 tout
récemmeat ranimé par les prédications de Sayonarotoi tindt
parti de ces éTénements pour montrer combien il est dange-
reux de donner nn dief à une Tille libre : sous sa domination,
on état perd bientôt la vigueur de ses armées, la prudence de
ses conseils, et enfin ses meilleures provinces ou son indépen-
dance. Mettons du moins, disaient les Florentins, nos calar
mités à profit ; et puisque Tarmée française doit traverser nos
murs, qu'elle serve au renversement de la tyrannie ^
Pendant que Tannée française se dirigeait vers Luoques et
Yers Pise, Pierre de Médicis, averti de la fermentation de
Tlormce, se hâtait d'y revenir, espérant encore contenir la
ville dans Tobéissance. Il y arriva le 8 novembre ; et après
avoir pris dans la soirée conseil de ses amis, qu'il trouva ou
découragés, ou aliénés de lui, il résolut de se rendre le len-
demain an palais, auprès delà Seigneurie. Ce palais était fermé,
et l'on avait mis des gardes à la porte, comme on le faisait
toujours dans les temps de tumulte. La Seigneurie résolut de
ne point recevoir la visite de Pierre de Jf édids ; elle lui en-
voya Jacob de Nerli, gonfalonier de compagnie, pour le lui
signifier, tandis que Lucas Gorsini, l'un des prieurs, s'arrêta
il la forte] pour lui en disputer le passage,! si cela devenait
nécessaire^.
Pierre de Médicis ne mit point leur constance à l'épreuve :
étonné d'une résistance qu'a n'avait jamais connue, U ne re-
courut ni aux prières ni aux menaces 4 il se retira chez lui,
pour appeler à son aide Paul Orsini, son beau-frère, avec les
gendarmes qu'il commandait : mais le message qu'il lui en-
voyait ayant été surpris, les dtoyens s'armèrent et se rassem-
< #>*. GiOcclardinl. Ub. I, p. si. — * SdpioM àmminao. fcib. XXVI , p. 204. —
Joe, Nardl. L. I, p. ai. -* Pauii jovii BisU h, I« p. 32^ ^ Fr, GidceiardinL b. I,
p. S5. — Héynoirei de PhU. 4e Comines. Ùv. VU, cbap. X, p. 191. — BelcœrU Commenu
Rer.GoOfcLib. V,p.l3t.
994 HJSTOIBB BlBS.f^f^VUMJf^K ITALIENlfES
blèrent siof h iil«tce du Và\m i pour être |ipêt9 à fi^l^r Iw
ordres de la Seigneurie. Cependant le ordinal Jea^ de Médicis
avait parcouru quelques rpes, suivi de ^pvijtemi^ d^ sa mai-
son, aumm^s 11 taisait répéter le cri A'wmm fte aa familte,
Palle l p^Ue l maia ee cri, autrefois si çhçr à la p^olaee» b'a*
Tait rasseipiblé aii^oiin de ses partisans. Le cardinal p*avajt pa
passer au-del^ du loiiieu de la rue des GabsaiaU ; ^ iimU»
parts on entendait des cris nienaçants pour les Kédl<â^. P'wff^
et son frère J^lieQ, déjà entourés des soldats qup leur wf^t
amenés Paul Orsîni, se retirèrent vers la porte Sa|)i'-(}aUa, et
essayèrent enonre, eu jetant de fargent au peiipi^? d*e9g«8^|P
les artisans qui habitent ce quartier 4 prepitoe les arnw «pur
eux. On ne leur répondit que par des uj^euaces; et Ifjus^tju'ilii
entendîresit sonner 1^ tocsin , ils sorlireat de h viUç, 4ç^
on referjua les portes après, eux. lie cardiufi Jem de Vi^iWf
s* étant d^uisé en moine franciscain^ se dérci» 4® fiojn pôta
au tumulte, et rejoignit ses deux frères dans les Apei^nii^s i,
Pierre de Médicis avait pris inconsidérément la CQUJte 4^
Bologpe, an lieu de s adresser au roi de France, auprès à^--
quel U.wrait probabl^nw^t trouvé protecti^Ov^^ |i(^a^4e
faxù Qrsini, qui le suivaient, atl^aqués par Jes pajrs^ns^ lie0^
l^ndèrenJ; presque tous; et Paul Orsi^ jugea lui- Aiêoie 4|uip
pour la sûreté de son beau-frère, il valait mieux ^^quioc^ ^
séparer. j[ie# JCédicis aiyinère^^; ecfieiulant à BfAofj/fn^ aans
nouvel ^tcddent. Vm lomque Pierre se pcéseaita à^fm f^-
tivogUo, sou allii^ et son ami, tcekd'nci, iétonné ^ j^ ff»
bpmme qui «içcupait le «léme Vaug fue lui renv^ ^ fv^
ment, im dit : « Si jamais m v^s r4M3âpte^Qa ^é^^n J^anfp.^^
« glio a étéfobas^ 4l? Bologne ^waf^e fum lèifi^^i^fifà^im
« de Florence, ne le croyez pas ; mais assurez plutôt qu'il s'est
1 istarie di GioV' Camhi, DeUx. Ervd. T. XXI, p. 78. — DUni S<m0si û^AlkçrettoAlU-
çretti, T. XXiii, p. 833. *- Bemardi OHceUartl de betto itoL p. 41.^
m won» A«iEi â95
<f Mt lattler en pièees par Mt dnfienis, ftniiM de lêiJËf' 0^
Jeun BeotivogMo ne seTait pas qu'il ne dépend souvent ni dn
prmce, ni do général d* armée, de tronver la mort qu'il eber-
fihe ; qu'après T avoir bravée longtemps, s'il «urvit malgré lui
à sa défaite, le désir de la conservation renrit dans le coeur
du phM vaillant) et qu'il s'y joint la seerète espérance que,
puisque la fortune s'est chargée seule de son salut, ^e le ré-
serve encore à des jours meilleurs. Son expérience le lui ap-
prit : te mMient du revers arriva aussi pour BentivogOo ; et
malgré sa résolution, il ne mourut point, mais il traîna ses
jours dans 1 exil.
La poputaiee de Florence pilla les maisons du chancelier et
êa provédKeur du nont-de-piété, qui dès longtemps étaient
aecuséi d'a^trir inventé les gabdles nouvelles, et les diverses
â^sfsiraioiis par les^ielles on avait augmenté les impôts. E3Ie
pfMIa encore les jardins de Saint-Mare, et la maison dn car-
dliM Jeaû k Saint-Antoiue. Des gardes placés au grand palais
des MéiMs, tu via Larga, pour le réserver au logement dn
roi 4e France, le eauvèreot du pillage dans ce premier mo-
ment. Mais les Français qui y furent logés s'emparèrent sans
jfiÊéeatÛB tout ee «pii tenta leur eupidité; et après lenr dé-
past la narte de i'samesbkaieiit fut vendu par aulorfté de jus-
tice. Ainsi fcmaaft dispevsées œs un^ifiqueB oatleclions de
âutares, et piemes gravées, de livres, que Oassie ^ Laurent
awaîwt recueillis, avec tant de ^fgetœ, dans lous les Keui
aà g'éteadalt leur eentmence ^.
Caâei^Mrmîe) après là luila des ttédîeis, reaUlt «a décret
|Hr les défllamr iiebeb», eanfisquer leurs Mens, <ft pronëltiTe
«n4*éèeimpen8ede einq miUe éaeti» à €priuonq«e tes arrête*
mft^«t id&4feux nik àquiem^^ appottoraol ieiir IMe. ïoutos
les familles exilées ou privées des bonneurs publics pendant
do Gominos. ë. VU, du XI, p. I9«. — fi. OrieeUartL p, «t,^.
396 HISTOIBE DES SjbnUVnSi ITALIEini]»
les soiunto ans qa'i»ritt.dttré rairtarikédBB Védkà»^ timmà
iré^b^QS ctons leurs droits : les tableaiïx qui ri^pdiâttit oo
les itfQiulaiiuiatioiis de 1434, ou celles de 1478 fv» fat £ODJ««-
ration des Pazzi, furent effaeés f et les deu]( &Iédicis> fils da
Pierre-François, rentrés dans leur patrie au moment eu leurs
cousins en sortaient , ne voulant avoir rien de comman avee
une famille qui avi^t affecté la tyrannie , firent effiaoer lea six
globes de leurs armes » pour y substituer la croix d'argent en
cban^ de gueules des Guelfes» et changèrent leur nom de
Médicis en cdfii de Popolani i. ^
Cependant le nouveau gouvernement se b&tad*envoj^ des
ambassadeurs au roi deJFrance, pour rejeter sur celui qui
r avait précédé la faute dune inimitié si contraire aux intacts
de la r|épnbUgue , et pour donn^ une forme pins autbenti**
que au traité condu si étourdiment avec Hédios. Il fit choix
de Pierre Gapponi , qui déjà y dans son ambassade à Lyen,
avait fait connaître combien les Florentins étaient impatioats
du joug qu'ils portaient^ ; de Tanai de Nerli, Pandolfo Roo"
cdlai, Giovanni Gavalcanti, et du père Girolamo Savonarola^
que l'on 4^ai^ea de porter la parole au nom de tous. Gelai-»
ci , rc^gardé par les Florentins comme doué du pouvoir des
mirades et des prophéties , leur semblait un avocat oétete
que la Providence leur envoyait pour les défendre.
I^ ambassadeurs florentins se rendtrwt à Luoques. oà
était le Toi; mais ite ne purent y obtenir audience,. 6t ib fiinnit
obligés de le suivre à Pise. Là, le père .Savonarde s'adoeasa
aumoufirque victorieux, avec ce ton d'autcnité qu'il était ao-
coutume à prendre vis^à-m de son audKtoke. Ge ji'étatt pont
le député d'une république qui padàit à un roi ,* cTélait l'en-
voyé de Dieu^ celui qui avait prophétisé k vœaedesFraaçaiS)
i Jaeopo Bwrdl BUt, Flùr. L. I, p. 38. — PmOI sopUBiii. UK I. p. St. — SdpiMit
Antmbrato. L. XXVI, p. 20l. — /«(• di GUw. Cambi. p. TO.-^ UèiaoiNf de PhiL deCom-
BiMf. Ut. VU, cliap».yi«,pte Af3.
foi en anât IcmgteoipB iMnacé les peuples comme éTun ilâia
câe^ et q«i s adressait à présent à celm qat la main divine
avait' eoÉdôit, pour Ini indiquer comment il devait terminer
r ouvrage dont la Providence Pavait chargé.
• « Viens» Ini dit4l, iriiens donc avec confiance, viens joyent
« et triomphant; car celui qui t'envoie est celni même qui
« pmir notre saint triompha snr le bm de la croix. Cepén-
« dant , éeonte mes paroles , 6 roi très chrétien ! et grave-les
« dan9 ton eoMir. Le serviteur de Dieu auquel ces choses ont
« été révélées de la part de Dieu...... f avertit, toi, qui as été
« envoyé par sa majesté divine, qu'à son exemple tu aies &
R faire imsérioordeen tons heux, niais surtout dans sa ville de
« Florence, dans laquelle, bien qu'il y ait beaucoup de pé-
« chésyfl conserve aussi beaucoup de seHiteurs fidèles, soit
« dans le siècle, seit dans la religion. A cause d'eux tu dois
M éiMUf^er la ville^pour qn'ils prient pour toi, et quMIs te
« seeondent daiui tes expéditions. Le serviteur inutile qui te
« spàrle favertit encore au nom de Dieu , et t'exhorte à dé-
« fendre de tout ton pouvoir Tinnocenee, les veuves, les pu-
« pUes, les malheureux, et surtout la pudeur des épouses du
« Christ qui sont dans les monastères, pour que tu ne sois
«•point cause delà multiplication des péchés; car par eux
« s'affaiblirait la gnmde puissance que Dieu t'a donnée. En-
« fin^ pour la troisiènse fois, le serviteur de Dieu t'exhorte au
ft Bom de Dien à pardonner les offenses. Si tu te crois offensé
<« par le peuple A»Nmtin ou par aucun autre peuple, pardon-
« ne-*lenr , car ils (mt pédié par ignorance , ne s^achant pas
« que in étais > l'envoyé de Dieu. Rappelle-toi ton Sauveur,
«qui, suspendu sur la croix, pardonna à ses meurtriers. Si tu
<c fais toutes ces choses^ 6 roi! Dieu étendra ton royaume tem-
« porel ; il te donnera en tous lieux la victoire, et finalement,
« il t'admetb'a dans son royaume ét^nel des cieux * . »
i Fttade/PtSatrofU0vfo. b, II, $6, p. 68, daleompcndio êtampaia^Uestte rtvekaionL
39B HISTOIRE DM lUifmUQtM ITALtBmi»
La répotatkm de SaTOBarole était à fém pmf^nuB jov^
qu'aux oreilles da roi de Fraiiee : il Mvit en loi qu'un hom
reUgieux ; «m discours lui pwut un sermoa «hi«iea, et «m
vouloir entrer en matitoe ^ il proont qpi*à son «ffilfie à Fle^-'
rei^ce il arrangerait toutes choses à la satîsfiiiAîau du peuide^
Cependant il avait défà pevté attôAto au traité woén avee
Pierre de Médids, et, par une démarebsineouHdéi^, il s'^^dt
jeté dans des eodiarras dont il oe put pins te tmr «vue
honneur^
U 7 avait déjà ^uatre-vingk^^sept ans qve la viBe do Rse
était tombée sous la donûuatîoa des FloroutiusSL Im Fmus
miraient pu sattendre à ce que^ dans les piMûègea auoées de
leur servitude, le vainqueur kor fit éprouva un reesMtittMt
qui durait encore , et une défiaoee qu*4mtasfeeaiît le soumnir
d'offenses récentes. Hais d' ratve part, ils 4BYaieiil espérer du
temps la fusion des deux états en un seuli puisque la prospé-
rité du pays conquis était néeessœre k edie és^^mmtmm.
Cependant tout la contraûra était arrivé : dans ks ttmé^qui
suivirent immédiatement la copqu^ l*adiuiiiislralio»A0ra[H
tine fut plus équitable qu eUe ne le devînt daus la suibi* Le
premier commissaire florwtin ^ivojé à Pise? Gino CmfjfOBi^
était un homme juste et modéré , et U avait jeherebé è ruim-
ner les esprits^ Lorsque, deux ans apoès, les fhumÉm^dttir
reut Pise à F Église , pour y raasemlri^r h isoMiie qui devait
terminer le schisme, ils eucent eu vue de praourae dis êimar
tages pécuniaires à cette ville^ et d'y rappdifsr aittûtai «jU^^eua
qui émigraient. C'était par la douceur ^^ Pistoïa awt é^
attachée pour jamais au sort de la r^btique flacentiBe , et
les Albizzi avaient assez de prudeuce pour pffofitru' de cet
exemple domestique. Mais la révolution de 1434, qui dtnàiuia
la liberté de Florence, diminua aussi la Ubérali^ de sa oour
1 Joeopo Wardi Ut, Fior. m. I, p. 23.^ « J)epoii le 9 ttgtthWilélS.
ni! mehtm âgé. S99
peuf^Ie TiéiiqHenr ëteie&t rédaito è 0I peu de chose , qnVn se
MiifMuraiiil ilix ^iieiis, il n'anmit plus yq aoctiii avantagé
dans sa eondMon, si ceoinsi n'aTaîent été privés de ces droits
civile tiix-^iftémes , qm ne devratent ^nais être enfreints. La
piiMiqtiè flcM^ntineà l'égard des villes sujettes fot réduite h nn
adage qui justifiait les magistrats de leurs fautes en les chan-
^saut e& »a»iiiies d*état. fi fHnî tenir j dteaienl41s , Pisuna
4$n6 Im sujétion pê/r ses fkctiôns, et Pise par ses fbrtêtBsses <•
îm FlorcMiiis hàtirent en efM dmx «itadelles h Pise , qui
pwpaMHidciit oommander la ville ; «t comptant sur cette diatne
Mil aaswée, ife almèreiit emdlement ée leur pouvoir. A des
iSÊpèl» '6ttift«nx ils joignirent des exactions privées, et les vo-
leitis de iMs les agents du gouvemenefift ; ils exclurent les
Pisan de toM emploi, de téfute fonction publique , même de
eéÊm ^i par les kte étaient réservées aux étrangers ; ils les
^ShtÊbÊOÊA Ma cesse par r^pKssion du Mépris, de la haine
ou de la dérision. Étonnés cependant 'de trouver dans les es-
prits ^fie tésiataftice proportiontf^ à tetle ^lence, et voulant
dwtpler ce qtt% appelaient F orgueil des ffeiins , ils réso-
lurent, pour les appauvrir, d*«tH:aquer en même temps leur
agHcKilture et leur 'commerce.
Tout le I>eltade ï Arno, exposé aux inondation^, et n'ayant
point vers la mer uû écoulement facile , avait été cependant
préservé des «MX atagnantes, et rendu au labourage et à la
salubrité, par F industrie et la constante attention de la ré-
publique pisme, peur maintenir tons les t^naux qui coupent
la pilaine. Ces canaux furent abandonnés par les Florentins 2.
Bientôt deaeant crout^ssantes infectèrent les campagnes par
I Vaechiaveili de* Discorsi sopra Tito Uvio. Ub. Il, c. 24 et 2S. Tom. V, p. 374. —
^ tes craintes des PisâDs é cet égard semblent démenties par Tinstitution de VVffizio
^ fossi , magistrature sanitaire chargée du soin des canaux, qui date à Pise de Tannée
HtT. Peut-être trouvait-on déjà alors que le mal causé aux Pisans par une basas
I^IcNiste éiilt Y^ftenftt éB«H»aiéiit pcr tour réitt.
400 HI8IOIRX DES , UàmjMXVJU ITALIEiniES
Ira» edialakms; les malaéies détouinrait la popnlaticMii , et
rendirent an désert les champs qne Thidastrie hmaioe loi
atait arrapbés. La ifiUe fiit à 8<HLlaiir dépeuplée par ks fièvrea
maremmanes; enfin les édifices et les palais soniptfifQx qoi
rayaient rendue superbe entre les Tilles dltaliei épconipèvrai
enx-màmes l'infliWM» dâétère de f hnmkKté et de la posnô»
ture.
D'autre part, Pise qui s'était âevée par le oemmefee, qai
avait cottvert la Méditerranée de ses flottes , et iatroteit des
premières en Ooeîdent les arts des Orientais, par ses cohh
mnnicatians jonmatières avee GoastMfttineple^ la g^rie et T A«
friqne, se trouTait soumise à radnnnisAii^iim jidMse d*«B
gouvernement de mareiMmds, qui croyaient s'enri^ir de toutes
les lurandies de oommeroe qu^ils lui étaient. Des lois intofdi^
rent aux Pisans les manu&ctures de soie et celles de laine r le
commerce en gros fut aussi réservé, comme on privilégo, ma,
seuls Florentins , et la ville fnt 9xgm réduite à un état de mi»
sère.et dépopulation qui faisait la honte de ses maîtres *.
Mais dans cet état d'abaiss^nent , 1* orgueil du nom pisai^
et Fanei^i amour de la liberté, n'avaient point été abandonnés
par les. généreux descmdants des citoyens de Pise. Les. gea-
tilshomm^, comme le peuple, étaient animés d*un méoie
sentiment; tous étidwt prêts à sacrifier poor la liberté une
I Cberti Folietm Cetiuens* Uist. Ub. XII , 667. — Fr. GuicciardUUt IsiCf. Ub. Il ,
p. 1*.
II Ihut considérer comme une conséquence de cette désolation A laquelle Pise avait
été réduite, le sileoce de ses historiens» non seulement pendant sa longue senritude,
mais mémo pendant la lutte soutenue avec tant de générosité et de constance contre
les Florentins, après avoir secoué leur Joug. Dans la collection de MuratorI, on ne trouve
aucun historien pisan après le milieu du xiv* siècle. Paolo Tronci,» et celui que nous
avons cité sous le nom de Marangoui, qui sont imprimés séparément, terminent tous
deux leur récit à l'année 1406, quoique leurs auteurs aient vécu dans le xvu - siècle. La
maison Rooeioui, A Pise, conserve dans ses riches arcliives, parmi un très grand
nombre de diplômes curieux , une chronique de Pise , écrite par un chanome Raphaâ
Roncioni , et dédiée au grand-duc Ferdinand II. Hais le soulèvement de 1494 occupe à
peine quelques lignes de la dernière page de cette chronique. A la chancellerie de la
ni et des liehenes qaHb estifliaieiA être à peiae à eox , p^
9W h Toknté arbitraire de leore maîtres pouvait les lenr
odrrer tf une heure ^ l'autre. A Ti^roehe de Charles YIII,
kura eq^énnees fÉreat reuonTelées avee artiflee par Lovis^le-
Hamfe^ qui se aouremit que Jean GaiéaK Yieconti) pNoner
due de lEUau, avait possédé Pise, et qui eq^érait JMkIre cette
ville à ses états, eu se faisant reodre Sanane et Piétra Sauta,
viHes qui avaient af^pMttteaa aux GâMris: Il n'avait pas suivi
le roi plos'loin que Sanaue; mais Galéaa de San*Sévériuo,
ïwm de ses eapitaîues les plus itfSdés, le remptacût à l'armée,
etil aida les Kaaas, dans le mooMUtlepfasseritiqiie, deaea
eoDseils et de totf^ son efédit à la eour ^
Enti^ksgeuaishMUtteipisans, Simosi Qriandi s'était Mt
waanpier par sa haine contre les Flonsntuia : c^était ehes lui,
c'était par sçn activité que tous ceux qpi avrieut été person-
uflUemciit offensés se réunissaient pour aviser au moyens de
se venger et de délivra leur patrie. CSomme il parlait avec fii-
cOtté hi langue traufaise, ses ecmeitoyans le dioisirent pour
invo^er la faveur du roi, et le supplier de dérober Pise à
un joug insupportable K Ses anus l'embrassèrwt cependant ,
et lui dirent un adieu qui pouvait être le dernier, au moment
oi,.se dévouant peur sa patrie, il se signalait à toute la ven-
geance des Floientins. U se rendit an palais des Médicis où
logeait Charles YIII ; et endunssant ses genoax, il fit mi ta-
eoBnuMolA on «a eonfenre une antre , èiileiiieot ■wiiteriie» et qri y fM éè^otée
par Paateiir Jaeopo Arrosti , le 26 ayril i«ss : la dernière guerre de Pise y est traitée lYee
quetifiie détail; mais c'est uoiquement d'après Guicciardini , GioTio, Nardi , et les his-
iortaBs florentins : il n'y « ni un Ctit nouveau» ni l'indication d'aucun mouTement d'ori-
gine plsaoe. Dans les mêmes archiTes enfin , on conserve les registres des seigneurs
Anxiani, de Pise ; ceux de chaque année forment un volume. On y trouverait sans doute»
an milieu de beaucoup d'innttUlés on d'affalrei privées , quelques renseignements cu-
rieux pour l'histoire particnliére de Pise ; mate comme presque chaque séance ett
écrite d\in caractère dtSérent, et avec beancoap d'abréviations, il Cuidraît un long
^vatl pour apprendre à les lire , et un travail bien plot long eneore pour les dépouiUer.
'^^ CuicdardinU Jsib. I, p. M. — Mémoires de Pbil. de Comines. Liv. VII, cb. IX, p. iS7
^ f>. Detearli Commmt* 1&' V, p. 189. — * PauU JwH HUt, nA Ump, Lib. I, p. 34.
fB. 26
462 HisTOiBS MB RinmuQas rrALuafirEs
MoM tftppêÊlL 40 Tmàexm» gruidew. de» nMM^ ^ M-
ireyable détresse à laquelle ito étineat rédmtB^ el ée 1» tjfaïuiie
eroelle qui les avait aioat accablés. Il se livra ^ en paito^i des
FjicM'eii&is j à toute la violenee de son ressealitiei^^ tï il fit
tféBm le roi et toute sa cour par le réeit^es ÎDJusIîees q«*il
disait aven éprouvées. B rappela à Charies .YIII qu'il s'était
anuoaeé à l'Italie eomme vaiant la dâivrep de toutes les ty-
numies sous lesquelles eUa gémissait* Ia pneadère Measien
4e nette à exéeutioB ses pvemesses se piésMtait pov lui à
Fise. S\k voulait petsua^toks peuples de sasiueAritéi, 0 dauait
se hâter de rsndre la ISierté aux Pisaus. Ce mot de ty^rté, le
seul que les Pisans qui avaieat suiiâ Orludi poiseat ooai-
prettdre de tout sou discoun , tat répété par epi ui^ee aeda-
amtlett. fèua lea geiitflsbMUBa»-4e CSMrles , ^tmtnés par
réh»queuee d*Orlaiid^ joiguiv^it leurs suppUcatious aux sieu-
MB>; et le loi, saus râlédiir davautage, sus songer qu'il Re-
posait d'une diese qid u'était point à lui, répondit qu'il -voulait
lotttoe qui était juste, et qu'il «eraii OMteat di^oi» ks K-
saus recouvrer leur Uh^rlé 1.
Aussîldt que la réponse do (Sbarles fut mmune^ )e «ri de
l4ve la nnaee, et vive la yberlé^retwtit4aQS toutesJe8ia<ms^
les soldais florenlius, lesdouamerft, les pereeptouio 4e oo«itoi-
kuttoBS, furent poursuivis, et forcés de s'enfuir de la vîHo :
les fions do marbio que le peuple désignait par le aoaa de
tnarzoechif et qui étaient âevés sur les portes et sur lea édi-
fiées pubHes, eu signe de l'autorité du parte gueUe et 4o la
république florwtine, furent renversés et jet^s d^inp. FArfiio;
et dix ettoyeus réunis pow ionner une smg^eurie fuiwt
^hfurg(£s de l'administr^tiop dç la république. r:puai9^|iite ^.
mu. UU I, p. as. ---iK eukdatâM. i^ l, Vi. f!#. — Ménoiifi de riût. 4e Confaet.
l..yil,e|i. IX, p. 19». it^ mfiMC Jnrnimo. l. imi^ iBi. m- -r ^omfi ^«i«t ut.
» MÊHm A0B. 403
'fSiii QaeMftiigeroiieoiitrB, c'était le 9 ncnreod»», joiir néme
^ \M WknMm traient reoouTré lear Mmté en chassaot les
MéiKdB, que las Pisam reeouinrèrettt aussi la kur, en eha»-
iimt la garaîBoii florentbie.
Cependant Gbatlei VIII semblait Msiler à se cMre lié en-
mn la MpBbliqne florentine par le traité qn'ayail négocié
Pierre de Hédicis. La ville de l'Occident la pins célèi^ poÉr
le eemmeroe et les riehesses tentait la cupidité dé sen armée ;
il aoNéf sain avee joie ans oeeasioii de renontder les àosti-
Hlés. Après kféU étaMi nne garnison française dans la fbrte-
Msae nedre de Pise, et avoir Uvfé la vieflle ann Pisani, il
'tf approchait de Elorenoe aveo son armée, sans donner de ré-
, pansai aia ambassadenrs de la rdpabliqne, el sans même von-
kàr- prwdie de d^eradnalion jasqul^à ce qu'H fût infimoé
en progrès de Ftt^mée que commandait d'Aubignj ep Bo-
magne, et des résolutions de Ferdinand qui lui ^it op-
posée
SfHi FeMBnand arvait montré du taknt pUIitaire iituM le
fihflîx des positions par lesquelles 3 avait arrêté les progrès
'df d'^nlfignjr. Milis an moonentoù les CUonnA avaient pris les
snneaaiBtonr de fiome, il avait èlé obligé dPaffaibiir son ar-
médi fmtemmywk son pèito lès ronfarts que ceM^d de-
mandait. Alionse a^ait joint ses troupes et celle que lui fan-
vojidt senr fis à celles du pape : il avait attaqué les Coloiine
avee vigâeiir, qnoiqae saais sneefes. Cependant Ferdhuuidne
arétaift pins tmqvé asseï de forces pour tenirtète à â*Ànbigiiy.
Il n*avi^ pu empêcher e^tav^ei de j^mdre le ebAleaii de
Mordano^ dans le oomté d*Iau)la, dont tous les habttants
f OnaM passé» m ii 4e l'épée^ Oette eroeUe enéeulton nitt-
taire glaça de terreur les petits princes de Bomagne , que
M^f^msA n'aTiit pkia U Iwea de protég» $ £«tbarine
' * 8et^. ÉmnOnto, t. xm, p. !IOS. «^ PatiH hvU, t. tl, p. U, -^ * PmH Jovji ÏÏUU
lib. U, p. 86. — Ff. tiui/wUxrmu Ub. I, p, »4. «- Jo^opo tfwNU, Lib. 1, p. 19.
20'
404 HisTonus iiis aéptiBUQiM iTALifamtt
Slitarza, la preitaière, traita fléparément arec d* AnlrigRy, el lui
oflvrit les états de son fils. En même temps on apprit enBd»
magné que Pierre de Hédids a?att livré à (Siaito YIII les
forteresses de Toscane : dès lors la p<)8itioii dn piioee arago-
nais n'était pins tenable; il fit sa retndte snr Rome, et son
oncle don Frédéric ramena sa flotte dans les poMsdaroyaimie
de Naples ^.
Charles Tltl, apprenant la retndte de don Ferdinand^
donna ordre à d' Anbigny de Tenir le joindre dotant Florence,
ayec sagendarmerie française, ses Suisses, et trois cents chevan-
légers dn comte de Caiazzo, tandis qn*il Kceneierait les hom-
mes d*armeé italiens à sa solde, aussi-bien que ceax du dnc
de Kilan. Charles YIII s'arrêta ensuite à la yiUa Pand#lfiai,
près de Signa, à huit milles de Florence, pour donnera d'A»-
bigny le temps darriyer, et faire son entrée d'une manière
plus imposante 3.
L'évèqne de Saint-Halo, Briçonnet, le sénéchal de Ban-
caire, et Philippe de Bresse, frère du duc de Satoie, tes inia
hommes qui avaient le plus de part à la fiiTem^ dn toi, lia H-
présentaient que Pierre de Médids ne s*étÂit pei^n qne par
les services qu'il avait rendus aux Français. Ses* ennemis ne
lui reprochaient rien avec tant damertume qne d'atidr livré
les forteresses de l'état , et ils n'avaient pris de la haitfiesse
que parce que Pierre s'était éloigné pour venir trouver le roi.
. Ces trois seigneurs sollicitaient donc ChariesYIII 4e rétabttr
Pierre de Hédids à Florence, et le roi lui dépêcha ei^ eCHètfem
courrier à Bologne pour l'engager à revenir. Hids- Ffisiiv,
mécontent du froid accudl que lui avait fUtBenlivogKo, avait
poursuivi son chemin jusqu'à Venise^; et lorsqoTil neçut le
r »
4 • ^ • - .
t Awa JùvH BUt. Ub. II, p. t^. — rr. GideekaéM. Ifb; f, p. S«-Mi. de CotthM.
Ut. vu, cbtp. Viii« p. 180. ^ * Franc GtOeelafdini. lib. 1, p. ST. -~ io€&pù Vmr^
Ub. I» p. 31. — ^ PauU Jovtt tib. Il« p. S5.-^fieleafff C&nmuHmimGÊlttcmmm, Ub. v,
p. 140.
^«
Ml nom AGI* ' 405
imaMige te foi| fl t^amt obligé de le oonunumqaer à la sd-
gMinie) pour lai demander conseil. Les Yénitiens jugèrent
qtt'en yétabliflsant les VéàSm à Florence, le roi tiendrait cette
iriUe dans nne pins absdae dépendance ; et comme ils com^
asençaient déjà à être inquiets de sa poissancci ils Toolurent
loi dter ce moyen de l'affermir. Ils conseillèrent donc à Pierre
de ne point se mettre entre les mains d*an monarqœ qn'Q
avait offensé; et pour être plos sûrs de sa docilité, ils Ten-
toorèrent secrètement de gardes qui ne le perdaient pas de
ToeK
Churles YIII, n'ayant point reçu de Bologne la réponse
qn'il en attendait , fit son entrée à Florence par la porte de
SaiHltiano lel7 novembre an soir. H fut reçfi à cette porte
sous un baldaquin doré que portait la jeune noblesse floren»
tine^ le clergé l'entourait en chantant des hymnes, et tout b
peuple l'accueillait avec toutes les démonstrations de l'amour
et de la jcne. Cependant Charles lui-même âait loin de cond-
déner cette entrée comme si pacifique ; il portdt la lancé sur
la iHiisse, ce cp'il expliqua ensuite comme un symbole de la
conquête qu'il faismt du pays; toutes ses troupes le suitaient
lesarpies hautes et en appareil menaçant; le langage étranger
rt l'impétoosité des Français, les longues hallebardes des
Suisses qu'on n'avait point encore vues en Toscane, et TartU-
lerie attelée, que les Français les premiers avaient rendue aussi
mobile 4iue leurs armées, inspiraient autant de terreur que de
eoriosité ou d'âonnement ^. Les Florentias , qui recevaient
4iveo inquiétude ces hêtes barbares dans l'intérieur de leurs
murs, m' avaient cependant pas négligé tout moyen de défense»
Chaque citoyen avait été invité à réunir dans sa maison de la
t #>. GtOedardM. lib. I, p. M. — Bemœrdi OrieettarU de beUo liafico comment.
p. H.'^* Wr^ GuicdardinL Ii]>. I, p. $S. ^Jacope «ardi Stor. Ub. I, p. SS. — paM
JûvH MUt, sul temp. lib. H, p. M. — Seipione âmmtraio. Ub. XXVI, p. 904. — îtt/orie
di&w^ ComM-T. XXI,p»M.-*Aiidré 4e U VigM, Journal de Chirlei Ttn > dmf
Geoffroi, p. 118*
4M HISIOIBS DES ljiPe»iâM|PH»,ITALIEH1iES
W^toMsmfttjmu^ 0I k-hm tuât ftiu m dtméê fwméàf
Imdre la Vàmhé ^ « la docbe d'alanne .renaît à aoiwn^
Lw ooBéattiarl à la soMa de la fépakMfO^ aweiit atsaiâi
appaléa à la yUle ayaa toaa km aoMfltoi «^ à aMé da faiy
■éa fraoçaiHe, qui aTaîl ^ aca tofainaali à KkiMMa 1 «m
a«tN Mnéa flTétaiC iaiwéa ea aaarel, al létaii pi4te à M
DèsquelaMifatétoUîdaMlaiNdaiadaaMédiaiaqiii lai
atait élé aiÉigBé paiir degaaivraf il owwneayi 4 trattor aiwa
les commissaires delà Seignearie. Mais ses premières demandes
aaasèrent ântent de sorprisa qaa d'effrai ) il déclara fiia fmîs-
qb'U était entré dasa la viUe atea la laaee sar la eoissa^ Fio-
ranaa étttt sa araqnète, qu'il s'en réservait la so^raralaMéi et
q«*H àe s'agissttt plos qae de savair s'fl jr rétablirai ks Hé*
dida pdor aiereer oeMe soii¥artâDeté eia aam novs^ on a*iiaoii«-
senliraft à déléguer aaii a&tarité à ta Bo^ieatfe aow riAqpaoN
tfon de éoDiiienkrsda rebelobgtte qti*il enteadati lid adjoindre^
hn Florèutiiis répondirent ^ arec une rospcetoeiioa fmtWÊM 1
qa*il8 avaient reça la roi eaittme lewr lidte ^ qa'ila o'ataieiil
{mbt vaola loi presorûre na cérémonial sw rap|»tostt éwe ie<*
quel il entrait che£ eax, mais lia'ils lai avaient oaverl kor^
fdrtes par respect et mm f&t forae, et qu'ite île lenancaréiciit
jMifiS, on pour M, on pour afficnn antre, à la nnflBdpa fid^
rogativé de knr indépendane en de ïkééc Mwrté ^
Qnelqne Soigné qn'on fM dé s'enteëdre^ ni fin ai f atitaa
^parti ne désirait en reair arux làaiifs. Les Fma^iâSi étotinéb da
la pôpifiation inacooatatiiée de FkreaCi^^ de cab ptdaîa ibassiAi
qni sëmldaient autant de forteresses, et da eoilr^je que ka»
tfyjiîïê ftttfieDt montré an seedaant k jdâg dea Médicis, ^è^
doutaient d'engager dans les rues un combat où ils seraient
aecal)lÀ dé pierres dû baut des toits et désTénëtrés; les Mo-
^ JacepolKardi^ Istor, Fior, Ub. I, p. 24.
Mwr 49 temps irt «tteadn ie mnmiA où il oeiaf îf»di#t. Ml >
rai de partir* Lee iwfitoMBB watiniiiiiflia «^ ^ J»^
i«i ttreit rédvit abs (Wétaitieiis à oœ demni4e d'afyeotj mm.
eiieâiâlteUfl«etiteiK/^bîtMte) <ia*«(rteqae lesecDétaine My{||i>
eHl fait JMtni» ée «» i|»'U déolare^t. ^tre TidtiiiiMw de «o»
mettre^ lierre Gappenî^ le premier des secrétairee flêreatioai
M anwAift ton papier dea AnaîaS} e( le déobiriaiiti il a' écria :
« Eh bîeo ! s'il en est ainsi, i^ous âonnerez V0s tFampettoSi eli
« mm sonnerons nos cloches. » En même temps, il sortit de
la ^uaaahm^ CaMe Mpteaaité et ee coQcaga latiflMdàitBBl le
roi et sa cour ; ils ^ttgèlretit qile le& Fiorentillb oyaient db
gnuidos nwMMiraeB piiis^ii^iis asaicBt parier si haut| et ils rap*-.
pelèrent Pierre Capponi. ils |tréâeiitèreilt âlu^ deb pi^posi*
tiens plus modérées, et elles forent bientôt acceptées. La prin-
xnpale était de fixer à cent vingt mille florins le subside par
lequel les Florentins devaient concourir à Tentreprise du
rojanme^de HiCaples. Cette somme était payable en trois termes,
doiU le plus éloigné devait échoir au mois de juin suivant.
D'auive part, le roi s'engageait à restituer les forteresses qui
lui avaient été consignées, soit lorsqu'il se serait rendu maître
de la ville de Mapks, soit lorsqu'il aurait terminé cette guerre
par m^e paix . ou une trêve de deux ans , soit enfin lorsque ,
pour quelque raison que ce f&t, il aurait quitté l'Italie.
Charles VIII stipula en faveur des Pisans le paidon de leurs
offenses, pourvu qu'ils rentrassent sous T obéissance des Flo-
rentins ; en faveur des MédiciSy la levée du séquestre mis sur
leurs biens, et l'abolition du décret qui mettait leur tête à
prix; enfin, en faveur du duc de Milan, qui réclamait au nom
des Génois la propriété de Sarzane et de Piétra-Santa; il exigea
que les droits respeetife sur ces villes fussent réglés par des
arbitres. A ces conditions, il déclara qu'il rendrait aux Flo-
rentins et sa protection et tous les privilèges de commerce
406 HUTOIBX m»rBiHflaJII|0« ITALISRHSS
dMit il8 jofdflBaient autrefois en France * • Ce traité ftit poMié ,
dais ia eafhécbmle de Tiorenoe , le S6 noTembre, t>^dant la
eâébration de la mené : les parties s'engagèrent par on aer-
ment solennel à T observer. Cependant d'Aobigny pressait le
roi de mettre à profit un temps prédeax; et deux jonrs après
la célébration de la paix, il partit ayec tonte son armée par
la route de Po^^nzi et de Sienne, soulageant ainsi les Flo-
rentins de la plus mortelle inquiétude qu'ib eussent éprouvée
depuis longtemps ^.
t joeopo Baedi, UL Flor, lib. l«p. ss. — Èemardi OrtceUarU Commeni. pw M. —
Fr» (kàccUardiuL Lib. 1 , p. 60. — PauU jovU BUL $ui temp, Lib. 11 , p. 38. — Sdpimœ
émaârato. Lib. XXVI, p. 30S« — * Jaeopo IfanH, Uf. Lib.l, p. m.^SdplOMg MmU
iwlo.L. XKSi , p, 999. -^ Fr. CukciVdM.lJt.1 tP,êi.^ PWAJ09lL Uk, U^p^S^^
— Philippe 4e GomiiMt , Mémoiret • L. VU, eh. XI, p. i97.
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i»itJtiHUuu»t»i»a»»itHin»j»HHW.*
( . •, .
CHAPITRE XIII.
Terreur el irréioliitionda pipeà fap|N^eche 4e GburleB TIII; ee momr-
que étire à Renie. -* AMtcalion el fuite d'Âlfonse II i dispersioa de
l'armée de Ferdinand II. — Le royaume de Naples se soumet à Char*
les vm.
1404-140».
1494. — ' Le pape Alexandre VI avait obtenu cette répu-
tation de prodenee et d'haMleté qae le monde accorde souvent
sans réflexion à cenx qui, s' élevant au-dessus de toute consi-
dâration de morale et d'honneur, ne se proposent que leur
seule utilité pour but de leur politique. Le vulgaire les voit
marcher vers l'accomplissement de leurs desseins avec une
hardiesse qui l'étonné; il demeure persuadé que ce n'est pas
sans une mûre délibération qu'ils^ ont osé renverser ces bar-
rières, que lui-même s'est accoutumé à respecter. Lorsqu'il
voit révoquer en doute les principes auxquels la grande masse
des hommes reste sounûse, et peser dans une nouvelle balance
les droits divins et humains, il s'adonne à une admiration
crédule pour celui dont la tête est si forte qu'elle s'élève au-
41* HISIOIBB DES JliP0Miftt»tITALira]IBS
dessus Ûe tous les pr^agés. Gepenàmili ces prindpes HMmmx
que le yalgaire a adoptés comme préjogés sont pour le phikN
Sophe Tessence la plus pare de la raison hnmainei le frmi le
pins parfait de ses méditations. De même que la Terla est
poar chaque individu le seul moyen d' attendre le bat de son
existence, d'arriyer à cette paix de fàme, fmtt oonstimt dn
déreloppement de nos facultés et dn perfectionnement de
notre être ; de même la morale est pdat* tonte société politî»
que, et pour tout gouvernement, la vraie, la seule voie vers
la prospérité publique et la conservation de l'état. La com-
plète coïDcidenoe de la morale avec l'intérêt bien Bitendu a
souvent été remarquée | oependont lorsqu'il s agit des indi^
vidus senlementj oet tiitérét peutèlre modifié de IébI ée.«MH
nièreft ^r les ^nmÈ\m0»i lés payions d» les «htteiM -èbn-
traires, qu'on ne peut point se fier à lui comme à nii guide
assuré ; mais son application à la conduite des nations est
tout autrement certaine, parce que plus le nombre des indi-
vidus qui sont dirigés d'aprii l«b principes de morale est
grand, plus le calcul d'aprèa lequel ces principes ont été âar
blis acquiert de force ; les circonstances accidentelles se com-
pensent^ ies passid ns se «leillfalimttt, IM ck«nfesl»al4rilMNi.se
détraiseat l'une l'autre^ et eii rësultâl f événll fl dtaMM
tonjMm vrai que la politi^pe la miewiL mtenâw test la fèm
oisforme à la pi^bilé.
L'hitftoîce est ridie eu apidîoatîeiia de «e j|Hwa4ipiM «Hl^ H
raremra^ mis en évidence bnideees blwines d^lèlMw fHtimM
immoralité^ sans montrer comment ses eeiûtH» peiMilMli
l'^Mit égarée et comment ses etîmea^oM p^rSv ^. Mai 4kM
pditiques réputés si habiles, qnî eut voulii mettn» lenrs pro*
près intéréto à la place des gam^ prM^^^ ^MfUBfiélté Mwr
maine, une fois aux piises aveo le dafijcer» p^sndknl^fiit'peM
d' appui, loute direction sûre, toute base] pour knn eombî-
naisons • Le nHm4<4WP^ Ums^^ V 1 4«neiit H ftaa UMit ft
iw mnwm âiM* . 41 1
aafts «tteodreni ciloe éteoger.
U partit ^a'AleiMiâfe YI^ dallait TeMit^Mdjeaiiipoliliqwi
a wl m f|«aii|H0 part au népMlatîeiHS tpi avais^ a^gM
Gbarlea YJII en Italie^il voidnl akn <^teiiir de liMîUawea
aaiidltiam da la maiieft d'Aragon^ et îattiàidBr Virgiaia Or^
aîtfi ^) MhitdiapQîa^ lorsqa*!! eot agsOré à «ea bltalda le tort
la flaabriUaKt dwA la rejanaM éa Hafrtes^ il ehangaà ftbaa^
laaMiVdd parti; il dédara que «es prédéoaasaiira ajast ac-
aordétTQia iavaslttiuw à la JdMisaD é^Arafan^ il sa ero|riât
oUigi àoa poMil lai an rafnaar twe qmlritaie : il pnMiasta
fae ie inystma da Naptea étant nu fief de i*£gtisei Cbi^-
lea YIII sa ponmt Tattaqner par les amies sans atUif«ar
rÉgtiae alla-aiièM, at il anta avec ard^r dans la ligua des?
iMfée à la dCfambii. Bans oa ftémpbi Akomidra était lért
éloigné da eroiat anl rapides «noafes des {Français^ et tt m
a-étaft ffii ontartaknaat DDiapvaintt (|ae d'après la {>arsaaai9ti
qtfîl ne eanrail anenn daaigfer^* h» n^orâ^îaitii da Pîeria de
Mëdieisà Mi*zane^ et K^ fcanteveraaaatait é» la Toseane, pai^
tètent une tertenr aidiila dans aan àam^ éMe terrear -s'ang**
ilHttIa «ntN>ra lorftqja'ajraât eavoféi Charles, qin ébul taor
jaws à FlafMcei^ la aaidinal jPnin«ais Piaoekouni atamna
lëgat^ Gharl^ ftffaaa de la reeetii^ aattM eat haûae da aaa
mtêê Pie^ U4 qai arait eoniliattli a^ea aéhanwmftnt la mat-
aan â'Aïqon, ^pie par àvarsina poar la pontffa qai VMt
refaits*
ttepape av»! meû kdne 4é 41aldbre avec aaa armée daas
les terres de FÉglise ; il lai ayait envoyé toat ce qu'il airût
de MMals dispanMest fi arail Irai an bêla parmi le ^peaple
des compagnies de fantassins; et il ayait invité, par ses brefSi
A rr.QtOecUirdini. Ub. i, p.,69. — * PmA JwH B^t* mi mufi, Lik |I, p.#r*
412 HuioiBB hu MiBmuqaMi. Tsjajsmn
k» Bonûdiuà jmiidfe.lei «me» pMr défeiidxe Jeùc paMé.
iQqpctaAaat sa tevraur evoiiMii a^ec les racoèft.dflB finuiça»^ fl
avait JUioitôl témoigaé la désir d'owrrir de- noiiydles eoiBÊ6>^
re&œs. Le easdinal Aseagiie Sfor» était al<»r& la febd pmci^
pd dn parti fraudais dans leaaaréi-oallége. Alexandre fiottta
à sa rendiie à Borne; mais eomiiie Sforaa pooivait ne s* j pas
ermre ea sûreté, il M envoya pour* otage son piopie fila: le
cardinal de yalaneey qoi ftit gardé à Marino, entre les mains
des CMonne. Cette premiàre eonféreaee vîmA pas de résnitat*
Aseagne retourna au camp firanfais, et le cardinal de Yalenee
auprès de son ptoe, sans qu'A y eût rien deeondn : mais ks
premières par<riles ayant été portées, Alexandre env^a woh
près de Charles, les évèqnes de GonoonUa et de Terni, et
maître Gratian, son confesseur, pour traiter en même temps
en son nom et en celui du roi de Napks* Charles YIII, dé*
terminé à lieriea mtendrede la part d' AUtmas II, Toidntliien
cependant n^goder airee* le pape seul ; l'CKcès -de sa difllanee
tf était wBk peu calmé, et il envoya à Some la Trfoionille, le
présidait de Gannay, le oardind Aseagne, et Prosper Go*-
lonncy sans demander d'otages pour leur steeté. Dans cemo^
ment Farmée napolitaine, eammaidée par Feidinand, rentra
à Bome; et le pape, prenant eonfianeeà la vue de tant de
siAdats, ne Toolut pas perdre loceasiott de se sairir do ses ett^
nemis. Le 9 décembre, il fit arrêter le cardinal Aseagne et
Prosper Colonne; il les jeta dns les prisons dndiAteauSainls-
Ange, et il leur dédara qa41 ne les remettrait' en^ liberté
qu'autant qu'on lui livrerait Ostie. Les deox mnbassadens
françaia «Taient aussi été anètés; mais le papa bs fitansitM
ralÂeher.
Charles YIII ayançait toujours ; il était entré à Sienne le
— Hèm. dePb. deCoiiiiiMt.L. VU,ch.Xll,p. 99Z. ^ Bwrcimm Dlm Jp^
1491, S as, p. 4}4. —illigrillo ilfecnvili iNflH SoRMi. p. SS6.
00 Momr AOB. 413
2 déâemim, tiM le mène appareil nditidre qnll aviiK dé-
plojë à H^mice ett a^tfaît wriir de la TiHe la garde de la
Sdgueiraef il >«vait denumâé qu'oii loi consigiiât quelques
foiteresses dans la Maremme aiemniBe; et lorsqtfil était re^
parti de eette ^lle le flarle&demain, il y avait laâMëqudcpieft
troopea, pour maintenir dansl'dMsaanee une répabliqtie dont
M ae.déSait ^ Ferdinand, duc de Catabre, abuidmné aoeoea-
ammntpsr les a^ats ^ ia république ilevenline, par Afir
nibal BenlhFeglki afveç sa troape, par Jean Sforea, seigneur
éaPésaro, et par Ckddode Mentéfeltro, dnc4'IJrbin, qnifons
ae retiffaimt ehes eux pour éviter de se eompromettre avec les
Irançaîa, avait perda anssi piesque tons ses gens de pied,
qoiy frappés de terrenr, désertaient en foole. Il avait pris
par rOnÀriele chemin de Rome ^ finn lateDttoQ avait été
4' abord de faire tète à Yiterbe, parce qne cette ville se tron*
viitanmiliea deslerres das Orsîm, qn'il rq^ardaft eomiœ
aaB.pl«8 àdàles dliés^ qne Rome était derrière My et qne sa
.retraite auv Kaples était asmrée en* eaa de* malifeorS; mais
les négociations d' Alexnndre YI et ses conli«nelles irrésoto-
tîMs ne pemnreirt pas à Eevdinattd de prendre un p^rti vi-
^iHiBeux. Gbariea YUI entra» dMis Yiterbe sans coup férir,
tondis qm Eerdînandee repliait asr Rome ; et ce dernier s'od-
empvà à&nner les farèdua des vieQles mmraiUes de oeHeVilte
1^ àileamettae^en état dedéfanse au moment où le pape fai*
antrAroèterJecaordiBal Ascaigneet Prosp^ CM
'^ Cependattt^cette violiâion même du droit des gens n'avBAt
paatompn toute: rij^odation; le 19 décembre, le pape aiMt
Yfitiaé de prniDn le cardtaal Frédéric de 6an*-Sévérino ; ai¥Mé
en mèmid temps qn'Ascagne, et l'avait envoyé à NépI amprês
.•%
i Âttegretto Àllegreta Diari Saneti. T. XXIII , p. 83». — Fr. Guiedardini. Ub. I ,
.^ «!.•«- ^mtoMf^TMwma. Lib.'I,f. ». -- * PottàJwU BUum tem^ Ub.|I,p. 30.—
.3 JMBaKfre» 4» Hitt/éftOéiiifiies. L. Vil, ch; Xi, p. m. — * !>. Gtaedamiri. Ub. I.,
p. 62.
414 HISTOIllS D» EévmiLIQtnB ITAtlEiniSS
46 OMurlea YIII, en Ini fiisaiit An ^a^il éWI pitt à léptrar
«et intéfèli de ceux da roi d» Na^bas t/ MatedMB It toniiike
do Ml àmev il ve savait se ftxor à aoeone vAdatiim | taiilAt
U prilmdaH défendre BMie, et il dAiMrait ame SMHnnid
mf Iffi mayeiis é*» raleT« kg forkificatiens; HuilM 11 a'M-
'fiPHjrail dB la diMcetti da sa AûtaBif da&a nue n Taala «tai
llÂla âMeÎBla, dç ceila da l'anivaga dis vivres par BMrlaa-
dM 911*0^ étaU aax pn&a des ennemiB, da'méecNtlaiitÉiiiaat
aoiB4 da iraple e* des iictiQas di^or^ qai tfoiaMettt dans
Bame. M^rs, détoraiipiéi sfanfialr, il denatrdsttèebaqne oaiF-
^nal OB ajigajafient par écrit de la auivee pavirat) pvis, le
wapkg$ hà nmqtiaaft nearoi il «arenatt It ém pr^eti d^ae-
L*irréBohitioii do alMf de l^état Doiçàil aliaeaa é» ses nma-
bna à «berober sépap^oMtt lesMiyaD da patirvcÉr à sa propre
stiraté. Les Fiançais avuent passé la Tibre , ils paroaiMéent
an tons sens le patriaoÉM cb saint Pferva at^ k aaaipagaa de
tkmti et tais les iandatniros cto rÉgHsa s^af^rçaisatdefaire
«vaaaax lanr paix yAitiaafière. Virginie Onôn Wn^tea, qni
pas Jai|t de fans dbvait dlM attaché à }a nnÉMni d'Aragon,
qui éta^ eapHaiiia général da> yamée rojraia at grand oanné-
taUe du t&yuxm^^ -cpul nvwt Mi (iponser son ftk àyum assnr
«atardia d* AUbnsa B, «t qnt taaail éa lai ka pins nshsa flafe
dansla ac^nnoia da liapdca, aonnenlit^ sans abindannarsaaaiée,
à ce qae ses filatrait|ssent avoek rèâi da ftanae) fad aoisor-
dftiwcMPt \m libre paw^ dsns tnsteiikBnifkaaea» et UfL don-
Mimit f nalqnaa Uanx forts m gaga<da kar lidéyté^.
l# praito da :raigliaoo et ks airiesa sMabnsada k faanHe
Onm fixant am^ knr Imité ppfbNnfisr : iafa d^tlMpsn et
Louis de Ligny entrèrent à Ostie avec cinq cents lanees et
i ÀailMMi AtuMi «Mli». t4M, S M, T. Xn, f. 414. — * r»". Cuitclawrut. ftflkl,
r^ M. -<*Mia /«va aitc mi i#iii{k ub« ii, p. 4o* — stmana SBicfifaia ciwwsfiit,
p. 6t.
:4m% miïh fiPMWi; Gliaitaiiavwt été vepi à Bmémùr piAi-
44p«^ f orteBWd de0 0mm CivitarYeMbia et Gometo WBiMt
mnti ton poites; ka pwleft f f aaeais eommiiiqiiaieiit a^èc
. ^99x de» CokHinai qt^ de l'aotre eùté^da TibresoolefaieQt Uote
|9 fampegAP de Borne ; les pnAat» et la pq[iulafe dinaaQdaiHit
l^ffe PP9 ég^ ardeur une pâ ^ mit fip à leara opautfe».
CeDfiiidaiit* Dkis le danoer aBDPeebait» Dlua Aleiandteé liMa-
. Uant MW kd-Bitaiett ft'enibarfaMHt dant mb fiésocialiiBs* Il
fixait daii» 1^ eamp eaneau le cardmal de SaîBtTPîene ad
f»îfie|f la, JQlieQ de la Bovèie, aon eiUMW peraeiinel ; il eon-
pilissaît le erédit de ee prélat à la eear de f iMpoa^ sod împé-
ti^«ité| 0Oft pmelmit pwr lea mauires «AréBies et mu déur
ardeiit 4^ la précipiter loi-méiDe du trôpe poatlfiflal^ On sa*
iF||i( psf qiKri» luoyea» heAtem il aitit (diteàu la Iî4ure, pfir
. mp^ vîçef» eeaudaleiui, par quel étaiag» de awa iwnonilité il
rayait souillée, et il craignait par-dessus tQut un eoneiki et bu
^ . Maia rA^rif^^ VIII» wiBiaxé les lUitiMiMMi dea etrdîneOT eu-
W^» ^Akmmàf^ y redoutait da ton altéidea'evgagevdaBs
^m l^tp ev#e le pape. Il étéit ii^prtiewlf d'arriveir à Jiaplei ,
fl twte dî^^wont liûrpamiiMît éaiigeiWfe»D*ettiteiur^ an m-
}im wtoie de eea auceès, il avait «baqiie jour kmnamim des
4\iSmk^ fuî floœblekmt dafliitHre à faite déteodar son ar-
«ée* Cornue 4;m«Mibaît ams magasin»', il avait himlôt
iifWrM^éb à «meublée dans l'état de fieaae^ ks eonséqueaèes
# r^tvèiuefNittyretédu pap. iies p^saa» avaieat été rames
par le» gii0rras oentiaueUR» mtre les fiolonae et ks Oisiai ;
IfMiiCMtea^i te plu» fi^Me» «raient été pméaou folé» ; toutes
. le» |!é»Qit^ élm^ HfftÊmém d»M l» {ius iarta, ot ka aol-
, 4itP fmWfÎA ^ trwvaieoÉ pas dans k» ebraups une seule
IAi|iiA9 fiii'il» pp»se0t «lettre à eontrUnitioB* La i^aee do Bvac -
1 ff. GuiccUxrdini, Uh* U p. «à. -r ^ONfi JmU BUk ma $mm Ub. H. P*4«»
\
4f« Hmom MÈrmÉamÊJÊfon rrAuniin
oioM.fimiil ai afemitaMe é» yin» k r tnMè loyiH ; mA
tglkd<if éta» les jowv ^ amuMnl prMM, a^t épromé
d'atrènai bosote ^ Ta» k sèon tanpSi FnnmidèBaBeM,
BMttre d'iiètd d« roi, était webié à PlonMao afvec Tmgt
anlle ^tacato qw loi enroyail le due de Mlan ; poift la loMe
9B FaTait poft^ et ^pie eosnaiidait le prinee âé Satané,
wmik êbé battue par les Teate, poussée en Corse et dispenée,
efteorta qa*dk ne^endaitplas anem serrieeà Tmmée et tf as-
surait plus ses conYOis ^. Enfin, Charles TIII était entoaré de
aattoeillcrs qai toos psétmdaieiit obtenir de l'Église quelque
pdté en qoelqne bâaéftee. hd sarinleflrtsiit été ftianees, Bri»
«euMt, d^évèqnade Sasa^Malo, dérirait leckiq^ean de ear-
tfnal, et il senliit qu'il M serait ^ns fiaeBe de Ti^Meinr d*irti
Pipe qm se eragpiit sur le poîvt d*élre éépcÊé qae d'elle
église réformée. Il engagea dooe le roi à renoner les n^go-
D'apiis ees eoBsidésatioDa, te aNuréeiial de 6te, le séntfdttl
de Baaaeiiseet Jean de fiaanaj, prearâr présida da parie*
WBttt de Puis, ùMBt aBfo|és de nontean a» |mitiflei. Ib dé-
mméiwik qne tares ttt admis sans 'réslttanee à Borne; ils
pranimsit 91e GhaHes «eiiçéctsrait fantafrité pcmtificale et tes
immunité» de l'Église, et ib aanniMÉft tfae^ dès sa preiÉilM
eenférraee ayee te pqpe, toirtas tes difflcnltéi qid existaient
esMwre eneere entre eax «enâent leiées^ AtexanAre trau^ait
Uen dar de mettre sa capitale eaftre les mains de ses en-*
namist et de wmwjeÊ ses anailiairss aiMM tfbtofar w*
télé anémie oenMim. Ck^ndant Fatmée de dwriês a^i^-
çait toujours, jamab il ne séjournait phia da daatt jewadans
une même Tilte; tes CellomM eméent asMMuMé une anafè à
Gâiazzaao, le eartinal deta Boyère en avait une antre à Os-
tte ; toute résbtanee paraissait impossibto, et Alexandre
« rhU. de Gomiii^i, llémoiret. Uv. VU, chap. IZ^p^iM.— » f». OuÊMim^êlMi. Mfc. 1^
p. lu «Phil. dQ Cwnfaei , UéMoim. Ub. VU, chap. Xlf , p. wi.
DU.ttOTM àÊtS. 4l7
jtatk «lAa 4 Iwe retufer de Bwm leéœéeCUabfe ttce «on
armée K II demanda pour M uasauf-ceadiût afin que le priooe
iM^poUtaia «Mritt de rÉtatEedéaiastiqtie sansétre molesté, lâais
f erdmaiid n» Tonlat pas 1* aoeepter^ Seulwieift le cardinal As-
eagoe Sfona l' aocompagna , pour contenir le penple , jusqu'à
la porta' San*Sébastiano par laquelle il sortit de Borne ^ iuàr
dis çit'à la même heure, le 31 déceadnre 1 494, le rm de France
y wtrait à la tête de son armée par la porte de Satnte^Marie
duPwple^.
L'^>parition de cette armée, qui pour la première fois fan
siât connaître aux Bomains la force et la nouTelle organisa-
tkm militaire des ullramontaias, leurinéinra un étonnement
mêlé de terreur. L' avant-garde* était composée des Suisses et
des All^pands qm marchaient au son des tami)ours, par ba*
taâUons et sous leurs drapeaux. Leurs habits étaient courts et
de couleurs variées, et ils étaient coupés selon la forme mèsœ
du corps. Leurs cbefe portaient, pour se distinguer, de hauts
l4umeta sur leurs casques. Les soldats étaient armés de courtes
^ée» et de lances de bois de frêne, de dix pieds de long, dont
le fer était étroit et acéré. Un quart d'entre eux portait des
haUAardfis au lieu de lances, le fer de celies-ct ressendriait à
une haehe tranchante surmontée d'une pointe à quatre angles;
Ua les maniaient à deux mains ^ et frappaient également du
ttanefaant et de la pointe. À chaque nnlfimr de soldats était
attachée une compagnie de cent fusiliers. Le premier rang de
chaque batûlloa ébiit armé de casques et dé cuirasses qui cou-
vrqâent b poitrine, c'était aussi Tarmure des capitaines ; les
aMitea n'avaie&l peint d'armes défensives.
iffès les Suisses marcfaaœnt cinq mile Gascons, presque
t Mômoires de Phil. dd Comiaes. L. VII, ch. XII, p. 202. — ^ Fr: GuicciardinL Lib. r»
p. es. — PûuU JovU HUt, sui temp, Lib. Il, p. 40. — Fr, Bêlcarii Cotnmeni. Rer, Gai'
iie» VtK V» p. aSb.-* BaynalUiAmiaL i4»ft, $ so, p. AZ*, — Arnoédi F&voniu Lib. I ,
vu. 27
418 . HISTOiai DBS aÉPUBL»)UB» ITALIBH9BS
tous arbaléti^rs ; la prraiptltade i^vec laqijiel^ |b t^Bdaieni
et tûraieat leim lurbalètj» de fer était remarqiuiiUei da reste,
la petitesse de lear taille et F absence de toij^t ornement daas
leur eostunie les Icôsait contraster désavautageoi^emeK^t avee
1^ Suisses. La cavalerie veiimt ensuite, elle était composée de
la fleur de la noblesse française, et elle brillait, par ses maa-
teaux de soie, ses casques et colliers dorés. On y comptait
deux miUe cinq cents cuirassiers et deux fois autant de. cava-
lerie étrangère. Les premiers portaient, con^me les gendarme^
italiens, une lance forte, striée, orn^e dune pointe solide, et
une. masse d'armes de fer. Leurs chevaux étaient grands ^
forts, mais selpnl*, usage français, on leur avait coupé la queue
et les oreilles. Lïbl plupart n'étaient point couverts, comme ceux
d^ gendarmes italiens , de caparaçons de cuir bouilli qui les
fiJ^sscAt à Tabri des coups. Chaque cuirassier était suivi par.
trois chevaux^ le premier monté par un page armé comme,
lui, les deux autres par des écujers qu'on nommait les auxi^
liaires latéraux.
Les chevau-l^;ers portaient de g^rands arcs de bois^ à Tu*
sa^ d'Angleterre^ propt^es à lancer de longues flèches ; ils n'a-
vaient pour armes défensives que le casque et la cuirasse j,
cpelques-uns portaient une demi-pique pour transpercer par
terre ceux que la cavalerie pesante avait reuversés. Leurs
mai^ieaux étaient ornés d'aiguillettes et de plaques d* figent
qfà deçN»naient les armoiries de chacun de leurs chef». Qtiatre
cents arch^ ^ parmi lesquels cent Écossais, marchaient, aux
côtés du rc^; deux cents chevaliers franco, choisis sur toute
la fleur de la noblesse, l'entouraient 4 pied. Us portaient sur
leurs épaules des masses d'armes de fer, semblables à de j^
santés haches. Les mêmes, lorsqu'ils montaient à cheval, pre-
naient tout l'accoutrement des gendarmes; seulement ils
ét!aieat distingués par la beauté de kors chevAUx, l'or et la
pourpre qui les couvraient. Les cardinaux A^cagne Sforza et
/
un MOYBn AÙE.' 4isf
Jnlien 9e la BÔTère marchaient à côté da roi ; les cardinaux
Colonne et SaVelIi le suivaient immédiatement. Prosper et Fa-
brice Colonne et tous les généraux italiens marchaient entre-
mêlés avec les grands seigneurs de France.
Trente-six canons de bronze, attelés, étaient traînés à là
suite de T armée. Leur longueur était d'environ huit pieds,
leur poids de six milliers, et leur calibre à peu près comme la
tète d un hdmme; les couleuvrines, de moitié plus longues,
marchaient ensuite ; puis les fauconneaux, dont les plus petite
lançaient des bouletâ de la grosseur d*une grenade. Les
affâts étaientt formés, comme aujourd'hui, de deux pesantes
pièces de boiâ, unies par des traverses; ils n'étaient soutenus
que par deux roues : mais pour marcher on en joignait deux
autres avec un avant-train qui se séparait de la pièce en la
mettant en batterie. L'avant-^rde avait commencé à pàssef
la porte du Peuple à trois heures après midi ; mais la marché
dura jusqu'à neuf heures du soir, à la lueur des torches et deiS^
flambeaux , qui en éclairant f armée lui donnaient quelque
chose de plus lugubre et de plus imposant ^
1495. — Cependant le pape s'était retiré dans le château
Saint-Ange, avec six cardinaux seulement : presque tous les
autres secondaient les instances de Juiietl de la Rotère et
d' Ascagfie Sforza, qui sollicitait le roi de délivrer r Église d'un
pape qui la couvrait de honte, et dont la conduite était aussi
scandaleuse que sou élection avait été simoniaque. Le nom de
concile, répété par tout le parti qui reconnaissait Ascagne
pour son chef, remplissait de terreur Tâme du pape K Aussi,
plus il tremblait pour sa propre sûreté, plus il s'obstinait à
refuser de iremettre au roi le château Saint-Ange, que cèlul-ci
demandait comme un gage de la bonne foi d'Alexandre, et
A Toute Mite deterliMioii m prise 4o Wmû lofe, iqpii nn» éfàn/b èteR présent. EfbMI,
p. il. — V^z amà JiMioitei éà iouii de k TrèoBoaUto. Sol» XIV, p. i<8. -- Aoii^ '•
de u Viftoe. Apud GodeCroi. p. 121. -« * PmOt imUt JiHi. n^ fVMp. tab. Il, p-, A,
ZV
420 BISTOIIIE DES ASPUBLIQUBS ITALIERNES
que le dernier regardait, au contraire, ccmmé son pins
asile. Deux fob Fartillerie française, qui était au palais de
Saiot*Harc où logeait le ror, en fut tii'ée et braquée contre
le ebâtean Saint- Ange ; mais deux fois les courtisans français
qui couToitaient les dignités de l Église, réussirent h empè-
dier les premières hostilités ^
Enfin les conditions de la paix furent arrêtées le 1 1 janyier.
Le roi promit de regarder le pape comme ami et comme al-'
lié dans la paix et dans la guerre, ^ de respecter en tout point
son autorité pontificale ; mais en même temps il demanda que
les citadelles de GiTita-Yecchia, de Terradnef et de Spolète
lui fussent livrées, pour les tenir jusqu'à la fin de la guerre ;
que César Borgia, fils d'Alexandre, suivit pendant quatre
mois l'armée française comme otage, encore que, pat égard
pour les apparences, il dût y prendre le titre de cardinal-lé-
gat; que Jem, frère de Bajazeth, fût remis aux Français,
pour les seconder dans leur attaque contre la Turquie ; enfin,
que Briçonnet, érèque de Saint-Malo, fftt admis dans le (col-
lège des cardinaux. Le pape, déterminé à n'observer d'autres
traités que ceux qui lui seraient avantageux, et se regaîrdant
déjà comme délié de ses serments par la violence quMl éprou^
vait, ne disputa sur aucutie des conditions. II se rendit' att
palais du Vatican; il admit au baisement des pieds le roi et
tonte sa cour, il donna de sa main le cbapeau de cardinal à
Briçonnet, aussi bien qu'à Philippe, évèque du Mans, de la
maison de Luxembourg, et il remit entre les mains du roi le
sultan Jem , après avoir fait dresser par un notaire un acte
authentique de cette consignation >.
Le malheureux fils de Mahomet II, s' approchant de Char-
les YIII, baisa sa main, puis son épaule ; ensuite il se retourna
s Franc, GukdardinL Ub. I, p. 64.— ttémoires de Pbit. deComines. Ut. VII, ch. XV,
p. 919. — s PauUJwU Hiêt, «ttf temp. Ub. il, p. 4S. — Philippe de Cooiines. Ub. VU,
ehap. XV« p. 92U-> aoyiialdto* ex BMretaNH IMoHo. ti9i • S 2 , p. 438.
DU MOYJECf A4>B. «21
Tecsie pape elle pria, avec noblesse et modestie ai uème
teQip$> de le recommander a la prolecii(m da grand roi ao*
qne^ille.confiait, et qui se préparait à la conquête de V Orient.
Il se flattaity ajouta-t-il, que le pontife n'anrait point à se ré«
pentir de loi avoir rendu la liberté, ni Charles y s'il suivait ses
conseils après avoir passé en Grèce, de l'avoir pris pour «hd^
pagnou de voyage. Jem avait quelque chose de noble et de
royal dans son aspect; son esprit était cultivé par Tétude dé
la littérature arabe : il montrait dans ses discours une poli«>
tesse flatteuse, et quelque chose de piquant dans son exprès*
sion. I^ grandeur de son Ame et la noblesse de sa figure ré*
poudaient à I impression que faisait d'avance son malbeur ^
.Vais tandis que Jem se livrait à l'espoir de sortir bientôt
de 3a captivité, et de rentrer dans sa patrie, le terme de sa vie
était d^ fixé par celui qui le livrait ainsi à un nouveau garr
dien^. Cette captivité avait valu au pape uÀ revenu considé-
rable ;, Bajazeth lui payait quarante mille ducats sous le titre
de pension de son frère, mais plutôt comme récompense de
ce qn'op Iç r^ti^ait éloigné de sea états. Lorsque le Génois
Gepi^ ^Qccîardi fut envoyé par le pape au sultan .pour en-*
gi^er celui-^ci à concourir à la défense du royaume de Maplesy
Bajaaeth^ toojoars inqmet de l'existence de son frère, voulut
profiter de isette n^ociation pour se défaire de loi; Il renvoya
Ai^ciardi au pape, et le fit accompagner par Dauth» son
propre ambasi^eur* Celui-ci portait nue lettre du sultan,
adressée en grec à AlexaipidreYI. Des ménagements hypocrites
pour le, caractère de celui qui écrivait la lettre, et de celui à
qui il l'adressait, y étaient observés. Bajazeth, disait4l,^ientBit
une profonde commisération pour le sort de son frère; ilâait
temps de mettre un terme à sa captivité chez les étrangers et
à sa dépendance ; la mort pour un sultan ottonum était mille
i Palài Jovii HUt. 8Ui temp. Uh» U» p» 4t»
422 HISTOIRE Dt^ Mim3MUf^3MS ITALIEBUKS
^ pr^rabk à cet étatJHêMoié^ e| pwvie ce a'^aUppiiit
pu orime aux yeax d'un dirétien de donner I9 mort è on
iposaUpian, U invitiât Aleuui^dre à le défaire. [^ le patoon de
cet ennemi domestique, lui promeflani en récompense une
isopime de deux cent mille dueats 1, |a rdiqae^ prjécieuse de
la tunique du Christ, et la promesse de ne polQt porter de
toute sa vie les arme^ contre les chrétiens ^.
, J4» deux ambassadeurs , en débarquant sqr le rivage près
d'Ançône , furent arrêtés par Jean de la Bovère, préfet de
gjxiig^Uiay qui avait embrassé le parti de son frère le cardinal
de Saint-Pierre ad vincula^ et qui avait commencé des hosti-
lités contre le pape ; il leur enleva Targeat qu'Us portaient
pour payer pendant deux années la pension de Jem. Bauth
jféu^sit cependant à s* échapper ; il ^e réfugia auprès de Fran-
çois de Gouj^ague, marquis de Mantoue, qui avait contracté
ppe alliance avec le grand-seigoeur, et qui le renvoya à Coouh
tantinople^p
. On ignore si Alexandre avait accepté les conditions qne le
sultan lui offrait, ou s'il n'eut d'autre motif pour agir que la
jalousie qu'il avait conçue contre Gbarl/^ YllI ; mais sm as->
sure qu'avant de livrer Jem à celui-d, il avilit fait mâler an
^cre dont ce prince faisait un grand usagne no^ poudjœ Uan-
çj)e d'nn goût agréable^ et dont l'effet n'était ;p<»nt anliit,
ipiais qui opprimait lentement les esprits vitanx , et oausatt
sans convulsion une mort certaine. Ce int le même poison
qu'Alexandre YI employa ensuite pour se défaim 4c pluâeurs
cardinaux, et dont il fut enfin lui-mémo victime. J^m» arrivé
à Qap<Mie à la suite de l'armée Irançajûis» y jtoiaiNi^dangerea-
%9ment. i^alade; il mourut, ou dans cette viUe» w h Naples,
'1 ËMtePêM^ PMiMipl. «. I, f. 4é DiBs ta-letire r^Qortée par BarcbinL, on Kt Soa»MO.
-* s Pautt iovtf Jr«fi. Mi iemp. Lib. II, p. 44,,-^ Burckiàdut in Diario, Lib. U, apid
Rayoïld. .I4ft4, $ 28, p. 4SS. ^ > PauU Jovii Bi$t. sut Mmp, lib. II , p. 44. — Fu Guàc-
ciardinL \Àh, l f p. 6S.
DU MOTEN AOE. 4^23
fa S0i$trier. Gharies Vlfl le Itt enMYclir k GMIe. Mate, en
1497, te TOI doii Frédéric itndit son oôit» à Bajazi^
Charlei demeura près d'un mois ft Bbme; inais, pendant
^ temps tnème, il continnait à faire avancer ses troupes vers
les froùtièi^ du royaume de Naples. Il en avait fait denx
Vsorps d%rfâée, dont Tun devait entrer dans le pays ennemi
par les Abrazzes, l'autre par la Terre de Labour. Il donna le
eôknmandement du premier à Fabrice Golonna , à Antonello
SavelH, et à Robert de Lenonooml;, baiOi de Yitri. Il joignit
aux Compagnies dés deux premiers quelques brigades de gen-
darmerie française, et quelques bataillons d*lnfanterié suisse et
gasconne. Cette division s'avança par le comté de Tagliacozzo
«lans les Abfuzzes. Ces provinces, et surtout TAquila leur
ddpitale, ^ient toutes pleines du souvenir des Angevins, et
toutes disposées à la révolte; en s(Me qu'en peu de temps
ettes arborèrent partout les étendards de Fran<5è. Barthél^tni
d'Alviano avait été envoyé par Ferdinand sur les b<M*dë dd
laéf de Gelano, poar défendre les passages des montagnes et
rentrée de r Abruzze : mais il s'était trouvé trop inférieur eti
forces, et il avait été obligé d'évacuer toute cette province
sus livrer de combat K
D'autre part, Châties yill, à la tête delà plus grande parHe
de ion amééy se mit en route le 2â janvier ^, traversant le
Latium, et s' avançant vers Naples par la route de Cépéranë ,
Aquino, et fian-Germano, qui est un peu plus éloignée de la
mer que celle qi/on suit aujourd'hui pour aller de Rome à
Na{^. A peine était-il sorti de la première de ces deui viUeé,
que le pGfiitife romain, humilié de la paix qu'il veiiait de
signer, prit ses mesures pour en rejeter le joug. Don Antonio
A Pauli jovH Bi8U sid temp» Lib. II, p. 47.— B«niaftfi OriceUarU Comment, n. 04,—
Pétri Benibi Mut. Yen, L. il , p. 86k -^ C^ôiticà dt Teneiia aêM. T. XXIV. Ùfiiitil.
p. i$. — 19. GuteekatéHO. lib. u, p. Sfé ^ Bummome, islortê di Mâpolk, Uh. f I* t, |I»
p. ftii. — « PauU JovU HUt. Ltb. U, p» 4i.— Pfatt. de ComiMs, Mén. Ut. VU, ch. Xtl,
p.226. — > Âlûgretio AUegreta^ muti SmuL p. •»• "
434 HisTonuB ds« niimViiqvn» italiehhss
de .Eoneqa, mbmmimt des t^is d'Espagne, moc&ÊÊpBfgÊotk
d^irles.daiis cette npédîtioii : il Brpovnûi voir sussdoo^
leur dépouiller la braadbe bâtarde d'Antgen d'im royaHim
canqpw origiiMiremeat avec les armes de T Espagne. Il eon-
QWsaît l'inquiétade da pape et la fermeatation de tons les
états d'Italie, aUrmés^par les suceès ra[HdeB des Français» et
il couvint a^ee Alexandre YI de tenter quel serait l'effet d'une
protestation éclatante; se flattant que si die n'arrêtait pas
Gbades ym, dn moins elle ranimerait leeonrage des prinees
de Naples* A l'arrivée da roi à Yelletei , il loi demamla une
andience : alors il loi représenta que lorsque Ferdinand et
Isabelle, s'étaient engagés, moyennant la restiitâtion de Fer^
pignan, à ne point passer les Pyrénées, et à ne point atta-
quer la Franee^ ils aïoîent em*^ sur la parole dn roi, qœ
celoi-ci avait sortent « iroe de porter la gmrre emitre les
Toroi; <pi' ayant d' attaquer le royaume de Naples par les
Annesy il consentirait à soumettre sa cause à on josto arb^
trag^ l qu'il respeeterait la ^erfeé de tout le reste* de l'ItaKe,
0 surtout celle da l'ÉgMae. JflfaisFonseoa n'avait pu voir sans
étp^uement, et pes maîtres n'apprendraient pas sans douleur
que Charles VIII avait décliné la jurisprudence da pape à
laquelle Alfonse II était disposé à se soumettre, tandis que le
royaume da I^aples, qoi était* en IHige -cuire eux j ^tant m
fief de lËglise, ne pouvait être possédé légitimement par Ton
ou par L'autre prétendant , sans une décisbn de la cour de
Borne ^ que Charles VIII, l(nn de respecter F indépendance
des antres états d'Italie, les avait tons forcés à lui foomîr des
subsides prodigieux, qn'il avait bouleversé knro oonstkotioas
et mis garnison dans leurs forteresses. Lueqoes avait dft
se racheter à prix d argent; les Médids avaient été chassés de
Florence ; Pise avait été encouragée à la révolte. Sienne obli-
gée de recevoir garnison, et tons les lieu± forts de ces divers
états étaient entre les mains deç Français. £nftn le p(q[>e, dbget
49;]%,ii^8tfnriioii.4e .tMs lœpriBtts «bféiMiiS) aTirit été ibrei
poErla terrwrii rignw mie paix faoBMlifmte ; Uayait reça dea
gàomom frangaîBes dans aea forteresse», livré en otage le
cardinal de Valence, abandonné le saltanJem à €faarlesVni;
ettf par tontes ces concejssions, il n'avait qn'avee peine sauvé
Borne de Tmeradie et du pillage. Puisqne le roi de Frmce
nq se croyait obligé à respecter aucnn «traité , ni anenne des
garanties dn droit des gens, 1* ambassadeur de Ferdinand et
d'IsaliMdle était appelé à loi déclarer qne aes maîtres ne soof^
friraieat .point qu*il enlevât à des princes aragonais nn
royaume qu'une possession de acnxante ans et les décisions
de plusieurs pvgcA avaient rendu hérédaîre dans leur famille ^
A. peine les gentildiommes français qm entouraient le roi
p^rmirentrils à Fonseca d'achever son discours; ils répon*
dirent^ meo œtte impétoosité et cet orgueil-qu'avaient nourris
des $upoès. inespérés : que les âmes ne leur avaient jamais
manqué pour soutenir leurs droits,* que si Ferdînanâ'oiibNait
ses traita et ses engagements dont la 'restiti]rtion de Vetiph-
gam avait été le prix, les dievaUers français étatentbona
pour Ten faire ressouveidr, et qu'ils lui feraient» connaftre
bien^t la différence qui existait entre eux et les arcbers
maui^, qu'il était » fier d'avoir vmncos en Andalousie.- Des
parties toujours plus piquantes forœt dors échangées des
é^mi^aé»; cl Fonaeca, qm cependant était un homme grave
et modéré, se laissa tell^nent transporin' par la colère, qu'il
déchira. sow> les. yeux du roi le traité signé entre la France
et rE^[Migne, et qu'il signifia à deux Espagnols qui servaient
dans l'armée fcnçaise Tm^dre d'en sortir sons trois jours, s'ils
n<^ voulaient .tomber dans le crime de hante trahison ^:
Le roi deFnmce avait à peine reçu cette dénonciation d'une
> PauU JiwH Hif<, JMlleqqM,, U^p, éâ^^Fr. GttUéOaidini tst. Lib. Il, i»; 8T.-»
BarthoL Senaregœ de rebut Genuens.T. XXIV. Rer, ItaL p. 645. «"Ff. Retcarii Comm*
Ber.GalLVlb.yï^p.U9.-^^PauHiov(kUhnt^,4»,
4S6 HISTOIRE DM AélnmJQimB ITALIKiniBS
gnNm imiiiûieiiie, lonN|D'il apprit que le eàtéSêA éè Weimab
s'était mdm de Velletri sons an dégiweflwiit, atcpi'il étnt 1%-
loamé à Borne; que le pape refusait de Ptra^tre Spolète à
«e» lieutanaotA, eomme il «' j était engagé, et qa* enfin le mal-
hwpeux Jem paramait aUdnt par un poison qa*il portirft
^lans'ses entrailles. Mai» Charles ne se hieseL point arrêter p&t
œs ixvuYas de la mauvaise foi d'Alexandre VI. La iolte
qa' AUense avait ehu*gée de défendra les ^sôtes de la Campanie
et do a'emparer de Nettuuo avait été battue par la tempèle
etr forcée do rentrer dans^ le port de Naplea, >La flotte française
n'avait pas été pins beureose, et après avoir été jetée en C!apse
par le même coup de vent, elle était revenue à Porto^Erec^,
où presque tous ses soldats l'avaient quittée i. Après les avoir
i^énins à son armée^ Charles attaqua Monte-Fortino, obAtaan
de la campagne de Borne , qm appartenait 4 Jaoob des Conti,
iMiroA nonuàn. Geluirei, après avoir été quelque temps an
iervice de Charles, avait passé dans le oamp des Aragonais,
^pour ne paS' servir soos les mêmes dnq)eaux que les Golonna.
Ir ea^illefiefrançaîse ouvrit en peu d'bimres nue brèche dans
les nmn de ce ohàteau, qu'on regardait «emme très forjt. Il
fut pris, #t tous jea habîlants forent massacres. Les Français
attaquèrenl^ ensuite^ snr la frontîtoe même du r^^aimne, le
Moi^-SainWean, qui a^artenailau marqqjs de Peecaire, Al-
fouse d' Avalos» Ce chàteau^fort contenait nue garnison de trois
eents hommes, et cinq o^tts paysans bien armés^ ilfnt^epen-
dant pris en pm d'heures, sous les jeax mêmes du roi t eàxà^
ei ordonna également qu'on massacrât tous les habitants , et
ne se laissa point fléchir pendant les huit heures qœ dura cette
bottdierie* Le Moiit«*iaint-^Jean fat ensuite iNPûlé. iiSetle féfo-
cité , dont l'Italie n'avait point encore vu d'exemple, répuidit
au loin la terreur du nom français t les soldats déjà découra-
1 PauU JovU HUt. Md l€iii|MJk.nt r»4l.
wo mofta AGI. 497
ff^ et lus baMants q«î n'uYaîeBt point di affeettoii pour kafii
prinoes, pcurdireotdèB kur» toote eavie de se défeadre ^
. Maia la terreur du rdi de Naples pageait encore celle que
resseataieat sea soldat» ou ses sujets. Cet Alfonse JI qui , dans
les guerres dltalie et dans celle àe^ Tores , s'était acqoia nue
grande réputatioa de bravoure, que I'oq croyait non moins
sage que courageuii, non moins ferme que prudent, ne trouva
|4as de force en lui-même lorsqa il eut besoin de râJater anx
clameui^i pubUq^es ; pendant sa tontes-puissance elles awent
^té supprimées ; mais lorsqu'elles assaillirent pour la première
fois 8es qreiUes , elles réveiUèr-eat «ussi les Remords de sa con-
seieaœ.
. Alfonae> il est vrai, n* avait pas encore régné une année;
VQirâ depuis bien plus longtemps le royaume de Kaplea était
soumis à son autorité. Dès Tépoque où il était parvenu à Tàge
,4*bornme, ium père Ferdimmd lui avait donné nne pairt im-
portante dans Tadministration , et avait paru le plus aonvent
iéffvQT à ses conseils. Toot ce qu'il y avait eu de plus perfide
dans la politique du cabinet de Naples, de phifr cruel dans ses
vengeaxM^ , de (dus vt^^aluîre dans son système de finances ,
avait constamment été attribué par le peuple à Àlfcmse plutôt
qu'à Ferdinand, Des exactions intolérables appauvrissûent la
ville et les oam^gnes; tons les genres d'industrie élment
soumis à des monopoles ruineux : le rm aebetait T hutte, le
blé, le vin , à un prix fixe , qui dédommageait à peine le cul-
tivateur de ses avances ; ot il les revendait ens#te avec un bé-
néfice .considérable , lorsque, par une famine arti&^le, il en
avait augmenté dé<iiesurén^tle prix ^. Aooun sqîet de Tétat
Qc pouvi^t ^e croire assuré dans la pcNsession de ses bims ou
i Fr. GulceUvdini. Ub* I, p. 66. — PauH JavU Hiit* L. Il, p. SO. — DUvio Ferrarue ,
p. 283. •^Mdré de JU vifn^, ^mml iteift Godetroy. p. tw. — PhB. d0 Comlnes,
IMimoirfMi. .1.. vik .^ XVI, p. an. ^ 9 pm. atcooiMt « MémftAm. Uv. vii, «h. xnf,
p. 200.
426 HfsioiBS DES Mâmmuqat» iTALuannEs
de ftt Vb^xiiiaàmàaéae* Le roi, {nr des aolts arintrairès,
dépoiiUlmt» arritait, faisait p^ir sans jugement les plne grande
se^ean oomme le» gens da peuple. Alfoiise aTait encore
enchéri snir son père dans ees actes de vengeanœ et de croanté
politique. Lorsqu'il était monté snr le trône , il ainait trouTé
dans les prisons de Naples on gnmd nombre de seigneors ap*
rêtés sous le règne de Ferdinand. Philippe de Comines, qm, à
cet ^gardt ne s' aecorde pas avec les historiens îtahens j dédtare
s âtre assuré 9 par le témeîgnage d'un Africein employé à ces
exécutions , que parmi ces prieonniars se trouvaient encore le
duc de Suessa et le prince de Koisano, arrêtés en 1464, contre
la fol jurée y après la guerre dans laquelle Jean d'Anjou ayait
disputé à Ferdinand la succession au trône , et vingt-quatre
barons arrêtés en 148S^ après la guerre d'Innocent YIII et
des seigneoBS mécontents* Il ajoute que, aussitôt qu^Alfonse
fut monté sur k trône, il les fit transporter à Ischia, et les j
fit tous assommer ^. Cependant on fmyait généralement que
tous ces prisonniers «muent péri plus tôt, mais d*après les
conseils-qu' Alfonse «vaib donnés à son père.
Celte httne populaire que les tyrans excitent contre etix,
et.qn'ils ne '^connaissent cependant point, quMls ne devinent
point an milieu- du concert de flatteries dont leurs courtisans
les entourent, n'attend pour se manifester que le moment où
le trône est en danger. Be toutes parts on invoquait dans le
royaume de Napks les Français comme des libérateurs : on
détestait la cruauté et l'avarice d'Alfonse et de son père, on
maudissait le joug des Aragonais; et les cris de la populace
enhardie retentissment jusque soi» les fenêtres du palais, où
AlfoBse craignait à toala heure de demeu^r irieHilie d'un
peuple farieux 2.
t MémoirM 4e Phil. 4e Gomioei. LHr. VII , ch. Xui , p. 306. --> Voyez €i-denit
Gll«p. LXXX, TOI. X, p. 906 1 ai dMp. LXXXO, VOl. X|, p^ jrTI|. «*. 1 PmM i9im^ BUL Ml
feMp.|]|b. n«p. H.
no MOYER AGB. ' 429f
Oa BBmte q«*à cea daogen extérieenf la oonseience trou-
Uée d' Al£oAse joignit bientôt des craintes superstitieuse». Il
passait pour n «voir point de croyance religieuse, et pour
n'observer point les pratiques de TEglise ^ Mais l'âme d*nn
tyran est toujours accessible à la superstition, parce que la
fatalité hû parait avoir une grande psrt à sa destinée; et
l'auitorité supérieure qu'il n'a point tréuvée sur la terre, il
la cherche* avec inquiétude dans des êtres surfanmarns. On
répandît le bruit que Jacques, premier chirurgien delà cotir,
était venu déclarer à Àlfonse que l'ombre de Ferdinand M
avttt apparu par trois fois, en tvois différentes nuits; qu'dle
lui avait ordonné, la première fois avec douceur, la seconde
et la troisième fois avec menaces^ d'aller dire à Alfonse en
son nom qu'il n'eqpérât point de résister au roi de France,
parce qu'il était arrêté dans sa destinée, que sa race, tour-
mentée par des maux infinis^ serait •pri'Vée de ce beau
royaumcy.et bientôt. après ^teiate; que les* cruautés' dont
ils s étaient rendus coupables en ^ient la cause, mais,
plus que toutes , celles que lui Ferdinand avait commises
à la persuasion d'Alfonsey à sonaretour dC' Poonoolo; dans
l'église de .Saintrliécnard à Giûaia , près> de • Naples. On
disiût qu6 r ombre, ou lechirurgiea qui la faisait parler, ne
8 é^it pas ^pliquée davantage ; mais on supposait que c'était
dans .ce lieu qu' Alfonse avait persuadé à saot père de faire
mourir, les basons qu'il tenait depuis A longtemps prison-
niers^.
Gotto dénonciatîan , qui peutétre était elle-même l'effet de
la haine universelle du peuple, ^ ajouta eneore aux terreurs
qui troublaient Alfonse, et aux remords de sa conscbenoe.
Dans ses songes, tantôt il croyait voir les ombres de tant de
seigneurs qu'il avait fait inhumainement massacrer, tantôt il
1 Pbil. de Gomfnes, ttémoires. Liv. VII, ch. xiU» P- 210.—* Fr. GuiçciardinU UbJ,
p. M. — Sioiiiii9iil« BUtaria <U llapoH, Lib. VI , p. 802.
430 Hisrom d» ftirmtK)il7«9 rrALicmits
se flgartit être lui-mèiiie enti^ les mains do peuple qui le %•
Trait à d'affreux sappliees. Il ne pooTaît tronver on instant
de repos, ni pendant les jours ni pendant les nuits; Le 23 jan-
vier il se retira an ebftteao de rOBof a^ec on petit nombre de
ses famiHen. Cette faite eansa dans la Tffle on dëdll et on ef-
froi extrêmes. Le lendemain, le peapk se rassembla de totites
parts en armes, mais plotM par one inqoiétode vague, qp^ê-
Ted on dessein dëterminé ; aussi Ferdinand, due de CSalabré,
qui) après avoir ramené don armée sur les frontières, était ré-
venu à N aplea, rëussilril à apaifiier lè tumulte en parcourant
la ville à eheval, et luvoquant Faide des corporationi$ de h
noblesse, qui, M nombre de six, sous le nom de Seggi ou
Seiiliy exerçaient raotorité* muuieipale i .
On assure que le «ftnrdînat Aseagne Sforza avait fait don-
ner à Alfonse k eonseX d'abdiquer en fisveur de sou fils, lui
représentant que ee dernier était fils d'une sœur dû duc de
Milan ,• et que les frères Sforza, qui baissaient leur beatf-^frère,
étaient prêts cependant k protéger leur neveu 2. La terreur
d* Alfonse lui ftt Hdoptèr ce conseil; il signa, le ^'janvier,
l'acte d'abdicatiina, tel qu'il fut dressé par Joviatius Ponta-
nus ^ ; il refusa è la reine, sa belié-mère, de difft^rer au moins
de doux jours eet aete éè faiblesse, pour accomplir l' année de
son règne. Il fit ebarger précipitamment tous ses effets lés
plus précieux sur quatre galèreè^j son^fvésor, partie en argent
monnajé, partie en pierreries, montait alors à ta Mmme éé
300,000 ducats, avec laquelle il aurait pu solder un corps dte
troupes bien sufisant pour se défendre: TêbSa il ne véiubit
point le laisser à son fils ; et tandis qu'il le faisait em(>aller,
il mootrait une si gratftte terreur qu'on aurait ditqo'fl était
déjà entouré de Français. Au moindre bi'uit qu'il entendait,
poH.
p. 49
BaHh»L Senaregœ de rt^us Gemtens. T. XXIV, p. 546. — * Summonte JUir. dl /Tc-
i. U VI, €. I, p. M<N ^ MrvNMtt OrtecteRit C0illlii.'p. Mi «•-• Mtff iMA lA» »,
fi.
DU MOTS» à»n. 431
il se reUmnHait avec effroi^ oomme fi le del et les homme»
élaieat égalcfment eonjorés contre lai. Cependant le T^t du
midi retenait sa flotte dans le jp^ti ; ce ne fut que le 3 février
qo'il pat .la &ire cingler vers Mazari, petite ville de Sicile^
dont f erdinand d'fsf^i^e lai avait donné la seignearie ^ , et
là, ne s'eolooraiit pins que de religieux Gfivétans, il passa le
reste . de ses joars ooiquement oecopé d'œuvres de péni*
teaefiy de jisûnes, d'abstinences et d'aumônes. Une maladie
douloanmse i^ta encore à ses peines : elle T enleva de
ce monde le 19 navembre de la même année, avant qu'il
eftt pu aiçcompUr le projet qu'il avait focmé. de revêtir T ha-
bit, retigieax;, et d'entrer dans un couvent à Yalence en
Espagne ^.
F^nlinaadt précédé par l'étendard royal, entouré de tonte
sa noblesse et suivi par 1^ peuple, fit le tour de la ville de
Naples le 24 janvier , pour prendre possession du royau-
me : il se mdit ainsi à la. cathédrale^ oik il fit sa priàre'
àbaute voix, à genoux et la tadto nue ; après quoi il repartit
pour Tannée ^. Ce jeune prince n' avait peint hâité de la haine
qu'on portait à son père et à son aïeul. On a'avaitiiemarqaé
ea hii que des ^alités aimables, da l'humanité, de la loyauté
et du couragQ^ Peut-être s'U étaitmonté plus tAt sur le tcAne,
anrait'il été défendu avec enthoosiasoie par tout le peuple :
mais il était déjà trop tard. Dans chaque province les gentils^
hommes ou les citoyens les plus considérés s'étaient déjà oom-
promisaux yeux delà maison d'Aragcm, en arborant l' étendard
de France, et AUonse,^ en emportant son trésor avec lui, n'a«-
*ytr^ GtâùtHmdiiiL LIb» II, p. 6a. -> PomU JHwSL L. n^ p. 49. — * Mémoires de PfaH.
de Comines. L. VU, ch. XIV, p. 21s. —Peiri BembiUist» Yen. L. Il, p. 29.— Fr. Belfiorii
Cornm. Ub* VI , p. 45. — Summonte Hist. tU NapoU, lib. VI, cap. I, p. 500. — Arnold,
Ferronii, Lib. I» p. 9. — > Bartlu Senaregm de rébus Genuens. p. 546. — AUegreito
Ailegretii Diari SanesL p. 839. — Diario Fenorete. T. XXIX, p. 291. — Guicciardini
diffôre. 4'«Tetc les^am.res dans soii r^i^^ il,préi9iMl. que Cerd^uâd n'^uil pouiUil Sa^tei^
9\ ne fui pai même coosoltô au moment de l'abdication de ion p^re.
433 HISTOIRE oM 'MerasLiQoiai iTALnarRXs
viil p» iBèÉis kdMé à «m fibies mo^rens de défeUsif dont IL
awraH pudiipowir JMJ-mêae;
Gep«iiâaat FwdHiftiié étett "Vtim te plaeisr à flafi-Cteniiano,
à^Mze mUi» en atrièfedeft fro^ièh» da roymme, dans im
défilé resiNTé enlfe de8>iii«mtagties âpres et iii)|Mt!«Ailes, et
des^ mutés qai s'étendeat jmqu'aa GaiiglteRo. Ce imssage,
factte à défendre, ét«t eonsklépé cenitte' me des tàth ûa
voyaime de Napks. Ferdiamd aTiâl en le temps de le fortf-
Sêt avee aoîa , d'âever des baslmns à i'ei^fée^ de te'Yottte, et
de fenaer toi» les déilés^ dea montagnes avec des abatis" dtw^
brea. Il wait sans aes Mdres deux mille sk oent6 ge^tdâermefe
4 ctoq^nte ebe'raii^égeas, qaine s^nbteient imSlËmentînfé»
rieiira à la eavalerie française : mais son infanterie, levée tont
BÉPOUitat dans le royaume, n*était point accoutnciiée aui
«nues, «lise pouvait tenir en rase campagne contre les Suisses
ou te GasooBs. Les Fïasçais^ qui avaient istpptls FaMication
d' Alfente te jour même' oà Gtarles TIII sortit de Jtome ^,
s'attendaient à éprouver à San-G^tnano une longue résistan-
ee. La saîjson, qui jiuqi^alors leur avait été favorable d* une
manière qui tenait du prodMge, pouvait changer d*un moment
à l'autre, et s' ils avaient été assaillis par les pluies ou les nei-
ges dé Fiiiver, il leur serait devenu fort difficile de faire venir
de loin des vivres et des fourrages, car Ferdinand avait dé-
truit par avance tout ce qui se trouvait sur leur route^:
Mais tous les calculs milftaires deviennent vains lorsque
les Groupes ont perdu la conflanœ et le courage. Les massacres
de Monfe-Fortino et de Uont Saint-Jean avaient répandu une
inffieible terreur chez les soldats et les paysans ; aucune trou-
pe n'était préparée à soutenir une gu^re ou eUe n'attendait
t Burchardi Mar, ep. Baynald. Annal. i49f, $ S et 6, p. 440. — * Pauli Jovli Uist.
ma iemp» Lib. H, p^ 47» — Guiceiordini Histor, Lib. I, p. 87. •- Mémoires de PhU. de
CwifciBi. Ur. VI , di. XV, p. 319* ^ André de la Vigoe , Journal de Charles Viii , in
Godefroy. p. iio.
Ml mofom MMé 433
poiat de qoaitier. Le» wéStàom àmm ks-pwvÎMeB, dwt on
reeevait à dmqpe heare les aouveUes^ fiMBaieiit eraMfe mk
flokUds d» se trouver eouféB ptr «a eodèvenent; les progrès
de Fabrice GokMine dans les Alnviaes pevvaieBt loi damer
les mtojesm de toorov rarmée , et de deseoidre sur ses <kr-
rièces danala CMapanie^ Sofia les eapilakies.att serviee de
ferdîaand, regardant la lutte comme trop ia^fale, soageaieiit
déjà à faire leor paix particaUère, et ils éfitaieBl toat com-
bat, de peor d*exdter le ressntimeat de Charles, oo de penbre
leur ii^portanee à ses yeax, si leor conpagaie étttt cKananée
par les saîtes daae aetion. Àassi, qoeigae effort qae Ferdi-
naad eût fait poar rendre da courage à ses. soldats, avee qoei-
qae mn qa'il eut fortifié San-Germaao et le Pas de GaaceUo,
à six milles de distance , dès qoe les Ni^Utains vi^eat pa-
raître Tavant-^rde française , conduite ce jour-là par le duc
de Guise et par Jean , sire de Rieax, OHu^hal de Bretagne,
ils se retirèrent en désordre , et ne s'arrêtèrent poioA jusqu'à
Capoue^.
Cependant il j ayait, de nouveau, mojen de tenir à Ca-
poue, et d'y arrêter l'ennemi, qui mardiait sur Naplea. Les
diverses routes qui entrent dans le royaume^ se réunissent de-
vant cette ville ; elle est couverte par le Yulturne, rivière trop
profonde, et trop bien encaissée pour que l'armée pût la pap-*
ser à gué : les IVapolitains avaient retiré tous les bateaux sur
la gauche du fleuve ; et le seul jpont de pierre qui communi-
quait de Capoue an faubourg, était facile à défendre. Mais
pendant que Ferdinand songeait à s'y fortifier, il reçut de
Naples un messager de son oncle Frédéric, qui lui annonçait
un soulèvement de la populace. Déjà toutes les banques des
Juifs avaient été pillées par ceux qui les accusaient d' usure ;
1 PauU Jovii BUU Ub. II, p. 50. — ' fr. Guicciardini. lib. I, p. 67. — Pou/i JovU
Biêt, L. II , p. 50. — PhU. de Gobûdos ,, Ménnoices. L. VII , cb. XKI » p. 8M. — Le roi
eoaeba à Saiat-Gennàin le 13 Tévrier. André de La Vigne, Journal, p. 130.
VU. 28
434 HISTOIRE DBS h6piibi4QU9Bb italienhes
leaéd|ls,di9i iinigistnits4laieDl mé{nrwéh rautof^ rpyaie mé-
CQitoiue; la garde arbaine se cachait^ et laideiarièiv classe, du
f&jifàif dominait seale dans la ville K Quqîqoe F«vdiliand sen-
tit Gombieu il était dangereux pour lui d'abandonner son
année, U jugea pins dangereux eneoi« de laisser s'étecuke
r insurrection de la capitale. Il supplia les capitaines^ juix-
q^uela il confia .le commandement de ses troupes, de poorsui-
we les préparatifs de défense qu'il avait commencés, mais
d'éviter tout combat jusqu'à son relxn^r . Il promit de levenir
4ès k lendemain, api^ avoir apaisé le tumulte de fîapli^^ et
il eonrat vers sa capiale avec une escorta peu nombiTettse^ La
présence de ce jeune roi si loyal, si franc, si cc^nnu poar sa
bonté, de ce roi qui avait commencé son administration par
remettre en liberté tons les prisonniers d'état retenus par son
^re ^, eut sur les séditeux nn effet magique. Le peuple as-
semblé écouta ses discours en silence ; Ferdinand promit de
se dévouer à Gapoue, pour la d^ense de se^ sujets ; msis il an-
nonça aussi que s'il ne réussissait pas à arrêter 4Mi-delflt ^ du
VuHorne l'ennemi barbare qui les menaçait, il n'exposerait
point sa capitale au danger d'être (nrise d'assaut et piUée. On
réi^ondit à Ferdinand par des protestations de dévouement et
d'obéissance ; tout parut rentrer dans l'ordre; et le janue
prince se hâta de repartir pour son camp ^.
Mais pendant sa courte absence, les condottieri j qu'il avait
livrés à eux-mêmes, avaiept déjà commeooé.à traiter avec
l'ennemi. Jean-Jacques Trivulzio, qui, jusqu'à cette époque, ne
s'était point écarté des lois de Tfaonneur, quidepuis; dçmeura
fidèle dans le reste de sa carrière militaire) ayant eu de Fer-
dinand la cominisfflon d'entamer quelques négociations ayec
les Français, se rendit à .Calvi, ou Charles Ylil^ait ééfk ; et
» PauU Jova. Libb 11* p. 61- — * ^0tri BemM BisL VentUL UIk II, p. 10. «^<s PmtU
'jovU Uisu lib. B» p. u — Le f9 lévrier, «don SmnmomB Mor* «tt Kap9tU%>. vi,
cap. Il, p. Kli.
MDiHiefl fie troQTA Aaeiine on^ertore poor m^ocier aa nom
é^ son naître, il n'hésita pas à signer pour Ini-nième son
traité partieulier. Il s*engagea au servioe dn roi de France»
aTec la même eompagoie de cavalerie qifil avait jnscpi'iH*
1ers tenue au eervice des rois aragonaîs, et poor la même
solde 1.
Anssilèt qmte nontelle de cette honteuse défection fat par-
venue à £iapoae, elle y répandit un trouble égied parmi les
«elâaits et parmi les boorgeois. Tirglnio Orsini et le comte de
PiAîgtiano^ se voyant trahis par TrivuMo, i? enfuirent en dé-
sordre vers N<Ha, aTCC txmte lenr cavalerie, laissant Naples à
découvert. Les habitants de Gapone, quoiqu'ils eussent jus-
qu'alors paru attachés à la maison d'Aragon, abandonnèrent
eon fMirti, lorsqu'ils se virent les premiers exposés à ta fureur
dune armée bailMre ; tandis t(ue la nobie^ envoyait des di-
potations au rc» de Frangée, la populace commençait à piller
les équipages de l'armée et ceux de Ferdinand. Sur ces entils-
faîtes, quelques coureurs françœs s'avaneèrent jusqu'aux por-
tes de Gapoue ; deux capitaines aUemands, €rài|taixl et ^-
defroi, qui avec quelques-uns de leurs compaftiiotes 4ie
trouvaient à la solde de FérifinaiidjélaièQt alors ée garde & ia
porte : ils en sortirent avec toute leur troupe, pour repousser
au-delà du pont les maraudeurs français. Mais il ne furent
pas plutdt hors des murs, que les habitants de Gapoue fer-
mèrent les pcMTtes après eux, et aborèrent les étendards 4e
franco. Les Allemands, de retour à la porte : {ureoft réduits
i supplier à genoux quon leur ouvrit, pour ne pas les ex-
poser, «u moment où ils avalent hasardé leurs vies pour dé-
1 PauU fQvU ^ist, mi temp. L. Il, p. &i. — Fi*. GniceUvfdânL tib.c(,4>.4tt. ^frmc»
Bekaril comment, Rer. GalUc. L. VI, p. m.^Arnotdi FerroniL Lib. I, p. lO. — -Le
•nouveau biographe de Trivuloio, Rotmiai, cherche à justifier cette défection , <L. V,
p. 227; et il ifiâure que TriTuizio obtint un eongé de Ferdinand avant de passer an ser-
vice de son nouveau nudire , nais U ne nous parait pomt réunir i dl^Ner cette tliahe«
de ia vie de soa h^oi* i -
2V
iZ% ttlStOIRB DES AÉFQBlIQnJIS ITALIlSinflSS
haiie les GaiiOMW, à être nuusaeiés jwqa'w dendar^-par
l'enaenni qa-îb vfiDaieaft de provoquer. .Afffàs,4e lûBgqes m-
slattoeS) «fe l«lQr permit enfla âe travciwv la -Tille, «veii^ dé-
sarlnéB^ et par bandes de^dîx hommesk.à.la'fQWv'eQ. lesr- fwant
MHsltM; «rassoitir par la puarta opposée. Ces «AUeioandi avaient
fait à peine danx lailk», aar le 'Cbemm d'Averse À. JNapks,
kMnqa'ils reneontrèreot >FerdiiMady qui xeveiuiit; ei^ h4te à
son eamp* Qoelqaa tronUé quelNit ce.jeane piwee, des ncm-
vdles qtt*tl reoeTait d*eax, il poatsniirit sa route jusqu'aux
flortes disGapoue, qtt'il'lrott^a femnées.Il supplia qu*oa le
reçut dMs Ib ville, que ks magistrats consautisseDt du ousos
à' venir confiécer avec lui : mais n'obtenant aucune réponse,
et ne voyant parattreaucuudscettXMqu* il savait lui être dé-
yaoéê^y tandis que Tétendard de Fronce flottait déjà sur les
man^ iL'reipTÎI tristemenile^ebemin do Maples^. ^
La nouvelle de la défection de Trivulzio, et du<soa1^ vement
deCapode^ ^lâit arrivée avant lui dansvcette eapitale* Averse
aivait^déjèenvoyédes députés à Charles: la «populace A^ Jfa-
piks<avait «devouveau^ pris les armes;* ell^ avait. £emié les
Iportesde la vMlis, déterminée-à n'y poiQtrecevoKcl'aiinée fu-
gitive, et Ferdinand fat «obligé .de fake un détoor^^ 4e pas-
ser par Osnmata, |^r •entrer pacle château dans. la. ville,
avec les* débris de son armées > La populace qui^ «parcQurait
torvesentumulle, vint bientôt piUer soumises y^eux joatoes
les écuries royales. Ferdinand no put supporter ^tto. indi-
gnllé; il sorfât presque seul dachàteau, etaa îeta'Sa mîUea
des pillards pour les arrêter. La majesté royale «Me. respect
qu'iiipninait<eBeore sm caractère^ tos^oUnneiit ffwc. la se-
conde fois^ les uns jetèçent kmrs arm^ et tombèprent à ses
pieds en demandant leur pardon; d'antres s'enfnûrent en
abandonnant leur, butin, etF^xdinai^» ayant éloigné les se-
' ' • •- ■ . , ' •«'. !.»« V ^ » - • ' - 1 ' /* ' .• •
1 Pma J€vU BUU Ub. H, p. SI. — CMedardM Bi$Éor. Ub. I, p. «9.
00 non» ÂGÊU 487
^eux* de sa éèitteiire, «entre dans le ohàlem. il y tiyait'iM«-
gemUë «iiVirMi eto^ cents seldalB atleMnad», que jasqvt*alon
il avait trouvés fidèles; fl-aviât mis à leortàte Alpiioiiae <d*^
talcits, marquis de Peseaire ; mais bienlAtil- eu quelque^iiea
dé sotipeouuer que ees AUemamâs mèbies songeaient à 1» faire
prisonnier pour le livrer aux Français : aussitôt il leur aba»*
dontia utie partie des richesses 'qui se trauvaient dans le <M^
tëau; et pendant qu'ils étaient ooeilpés à se les partager, il
fit brâler ceux des vaisseaux qu'il ne pouvait emnener : il
remit en liberté tout ce qui restait? de prisonniers d'état, à la
réserve du ÎBè du prince de Sossano et du comte de Popcdi
qu'it emmena avec loi i puis il monta, le ^ i février, avec son
oncle don Fiiédéric, la reine^mère, veuve de son aïeul, et la
princesse Jeanne^ ëœur de son père, sur' les gaièras li^fères
qu'il tenait prêtes. Environ vingt vaisseaux étaient démeniés
Â>us se£f ordres ^ ^ ^ • . i . ,. . .
Une nouvelle trahison attendait' Ferâioand' à Isohia^ où>fi
Tintaborde#. Ciiusto de la Gandina, Gartalan, eommandant de
la foneresi^ de cette Ite, ne voulut point receveur ie roi- tut-
gitif. 'Ferdinand' demanda avec instance d'être admis aiu
moinsf avec un seul compagnon auprès du gouverneur, il n'y
fiort pas' plus tAt, que, tirant son poignard, il accabla Giust»
de reproebes sur son ingratitude"; il le saiiAt an milieu de^es
gard^ trrmés,'et lui inspfva tant de terreur, comme tant de
red[)edf atxx éétdals, quMl fit ouvrir les portes è s» garde qui
Tatcendait an-dehors, et qu'il deineura seulmafttre de l^et
dé ta forteresse s.
CepéùdaM la soumissiou deCTapoue, et blenrtAt après fév»-
cuation de Naples par Ferdinand, avaient fait perdre courage
1 fr. GideeiùrdinU Lfi>. 1, p. to. ^ PauR JoHI HM. Mff lemp. Ufai n» p* !& — CM-
nka Venez. T. XXIV, p. U. -- > Fr. GuicciardinL Lib. I, p. 70. — PauU JovU, Lib. U.
p. 52. — BelcarU Comment, Ber* Ga//. LU>. VI, p. 152. -^ SUnmant$. Lib. VI, c. U,
p. 513. , . , .
t99 HISTOnUS DES lâPimUQI!]» ITALIENItES
àtra» les pârtisaBS ifxe oonserrdt enoope lainakoÉ û'âth*'
gOB. Virginie Orsini et le cloute dePiliglimof ^'8*élakiii
letltéft à Ifota, aTeo environ quatre oentft cheTaux, firent
demanda nn fiaaf *- conduit à Charles : ééjjk «a le leur
a^vait promis, lorsqu'ils forent attaqués par deux cents obe^
vaux de la compagnie de Ligsj. ïls se rendirent sans résis^
tance, et se laissèrent conduire prisonnier» à la forterasse
de Mondragone, tandis que tous leurs équipages forent
pillés 1.
Des députés de Naples avaient été au-devant de Charles,
jusqu'à Averse, et lui avaient offert les elefs de la ville. Il»
avaient été accueillis avec joie : le roi s'était empressé de eon<-
flrmer les privilèges de sa nouvelle capitale, et d'en acconier
de nouveaux ; et il avait fixé son entrée au lendemain diman*
die, 22 février 3. Elle fut aussi brillante qu'aurait pu l'iMve
celle d'un anden monarque, ou d'un libérateur retoornaiit
apirès une longue absence dans des états oà il aérait cbéri.
Toutes les factions , même cdlo qui avait été dévouée à h
maison d'Aragon, et qui avait reçu d'elle tant de bienfaits,
semblaient se confondre en une seule, pour oélâHW aveo
joie un événement qui aurait dû paraître si humiliant à la
fierté italienne. C'était un roi étranger, accompagné de inm^
pes étrangères, qui venait chasser du miliett de ses o(»ipa»
triotes un roi italien et toute sa famille, et qui s'ass^ait sar
son trône par droit de conquête. Mais on ne vonlaii voireo
hii que le représentant de la maison d'Anjou , le sueoesseaf
légitime des princes qui avaient illustré ce rdjaume. Comme
le château Neuf et le château de TOBuf étaient aneofe occupés
par les soldats de Ferdinand, Charles, après avcftf*^ relidre
^ Fr. tSme'eiixKtmL LSb. I, p. ri. — PauU jovii Hlstpr. Lib. tl^ p. 54. — Peiri BeuM
km, Ven, tib. Il, p. 30. — s ADdr6 tfe La Vigne, Journal de Charles Viiï, p. i%%—
"Ûîal^o FMritnse, t. l^V , p. 294. ^ tiioriù Saneêe Àttegr, Àttegteiti, p. 840. * Baf
naidi AtmaL % 7, p, 440. — Summonie. Lib. VI, e. U, p. sis.
DU MO»» ▲»£• 42P,
attokOM véflîdfiiiee dm roit imugm K
Gborles YIII n'avait pas dessein de laitier km^eapft 49^.
gaiaisoQs létraagères dsiM^ les chàtaaia de sa capjtolQ. Dte le
laademaia de ton arriv^e^ il fit dresser des batterie» ooiiitre le
cbéleaa Kenfy dans: la grande place qui e»t en face» et dans,
le pmài^- royal qui est derrière*. Qikwiu^ lea assiégés^ eusseirt.
<jk:le«« o&lé de l'artUleffie, ils ne saTaiwt point* wmme lee
Français, en faire usage de nuit aussi bien que le jour. D'ailr
leiiiBv Itô bonleta tombant dans ui^ enceinte vur^ iaisaient
^vdler des éclats de pierrea et de ssnr^le, et causaient befu-
eoiip plue de rava^M que dans la rase campagne. On i|*a^Ait^
point encore inventé 1^ bombas, niaacuQ.pr<^ec^inceii-
iliiiffe; mai» un boulet* en tirant ^lue étincelle dw «aiUeu,
poedniflît fcliet d'une g|reDade> daoA le magasia à jpmàfe eè
il étailMitré. Une effroyable ex^oeien tua ou blessa on gniad
B0nd>re de eoUats; .le aiagasin de la poi^^ et de b| résûie^,.
que roaeoaeeBTait.pour les lancer enOemméest sur les assaii^
laaa^'pffil fso à son tour, et remplit de flammes et de fumée
toute la patlie du château qui n'avait pm été détraîtei psi: la
détMatiea. Les blessé» et ceux qui, s'^éehappaieiit à moitié
btél^B dtt milieu, de l'ineendie, ne trouvaient aucm;! lien pour
se »st|re«n.«â«eté« aucun secoure.poiirae faire p«niw).efc
leurs ena lameatablea glatçaient de terreur leurs compagnon^
d'amas. J/emènpe capitaine allemand, Gaspard, qui s'étpUt
distkigoé par sa coostance à Capone, regardant désarmais la
eanae de Ferdinand comme perdue, exbcMrta aes compatriotes
à se partager- .les «estes des tréscms des monarques aragopais*
eeofiés à leur «aidey et à aerendre ensuite. lia capitnl^wt,
en effet, après ce honteux pillage, et ouvrirent, le 6 mars, la
s rr, GukckaniM, iib. I» p. 71. - PauU JcvU Uisiior. Ltti. il, p. &3. <•> rbil. de Qsh
biIum , Ménoif es. L. VU. ch. XVI, p^ 335. — fr, Beiearii Co^nm^^ A«r. CaU. Iib, M ,
p. 1S3.— imoA<. FerronU, Ub. 1, p. u.
440 HisToiBB na^ mtnMVWjm rrALosiiifES
^os-iTenfaîl sur une grière lëgkie qin éti^it dmenéi i
Tancre dans le port i. . . . ,r . . .
Lé^bâteoQ de fCEuf, fleconde-fiM^lepesfie^de iN8|^te,*a^t
été wnfiéà la gavde d'Antonello Piocfoli, eapltaîM déwoé iia
niAiM» d' AragôQ : il e^ bdti dand la mer^ mr nn rociher iscdé^
et i9épat< du c(mtt&eBt par la main -des hiHniBeS)< mri»4asÊàné
par «III autre rôeher' élevé, qui porte mjoiird'hiii le fort
SantTElmo, et sur lequel les Àragonaia ataienti bàli anefini-
^e fedôMse, nommée PizzifaicoM. Les Fmiiçiris earenft'pea
de peine à s'emparer de oelle«-ci; itsy traioèrenl ^àt Tartil-
leiie,; et, foudroyant de là le ehftteaii 4e ¥fBiati il» le «ontné-
gmrent, te •! 5 mara, à eapitnler^'. '
Bôvt Géosr d'Aragon frère natiËrdda'roi,q[Oi«valt<ëéfendli
les Abrogées avec Bmthélemi d^ Altiaiio, et Aiftdré^lbtfaiea
d' Aqaaftha, avait fait sa retraite sur le oenlé de Ibriise^ avec
environ emq'ee&ts g^darmes et tt(^ milles fantassinii Ii>se
pt^peisait de traverser la Pooltte, poap>8*orrétepèBlnjDdes^à
Otyante ou à Tarente, m attendant qa'H pitt reecMûr kS'ae-
edurs de Ferdinaud-4e-Gatboliqoej ceux des ^ïurcs, et ceux
des états de la haute Itaficydont oo savait déjà' le siéoeiitea-
lement. Alaiis Fabriee Goloime , qui ponrsulvwt; oil|a*pctft6
«tmée, ner loi laissa pas un jonr 4e repoa $ de tontes» futoie
pays se révoltait antoar d'elle {"teumles {défiléa^iâousHles .pu-
as^ de ilettves étaient gardés par des :p^jrsa«i.<4ni>nvnieiit
déjà arberé lés étendards deFraQoewBon Césasi d«Hit k4nave
dMnMlt d'4ieire en beure par desdésarlionsy aixivBè fim-
des arvee qudqoee gendarmes sedement ; etilvoi^Qdnni'eelte
fsttêresse à son firère. Tout le vestede m AsêmptigHie f» dm-
p. 440. »♦ . . v-t
pftifea;).i*4aftttktoiiAia tes fx^mee^ qui bordent rA4ria^9ie^
il Mtfe^iroiiya bientôt plnd un aenl petit ^sorpe d*«naée fg^
défenditle parti d'Aragon i. >' - . > .1
]^.taivwri^f^i4eMiVt.ie«>Ai^^ franfims^^^fd qiAÎ ac-
4Oin|di80alt seule pcAir «euxleur^ cQa^tea)>.^'^Budit.oii^
em? raubpe rive du golfe Adriatique* ]Les, Tupcs 4^ rÉ|Ku;e et
de la JHaoédoine, vo^^t partout le« drftpeai^?^. frfiuç«4ii. arbo-
rai sur les villes napotitainest furent frappa d'uUf.tel effrai>
^'ils abandonnèreiU presquo toutes leSiViliesi des o^^teeiOM. ils
étaient eu garnison. Xes GrecS) au contraiTie, se battent d'a-
ebeter des avoies^ des chevaux, des vJivfeS) <et4e se^.pc^iwer,
4iveo use imprudente pcddioît^y au maïasiw^.dA Jeurs^oppree-
seurs, qui devait commencer, diseJ^^t-ilei d^ qm les pi?e*
mi^» bataillons français auraient abcHrdé ^ur Im^ levages.
Ces .^émonstentions inoousidérées amenèrent' bîe^^ mv e«x
laroÎMel l!écirasefl(ie«(t ^. Un.afobavêque de /Du^v^f elba-
naiiB de-.isuBsance, avait été chai^ par Cbarles^ . Vm< de.eea
négOciatNiia en Grèce r: il était^secondé.par GQn^ntin»<AWa-
nitèss eiiole> de Mark, marquise de MontfiMWty cbez;biqiieUe
il s'était' ivéfagiéf Gonstaptin |»ré[tendait. Mm jbéïttiev des
«ojrawnws de Tbessakmiqueret de âennei^^. Ufifûit avcA l'or*
dbtÊtfèÊp»^ joindre )à Yenise Philippe de Gominisaf; de là ils
avaient étendu leurs intrigue» sur toutes lee;Câtes:idel'Alhe-
«(. ^MaisTarehetâiiiae^de ï>urai!zo^ homme léger et vanitaui:,
loifi'^ dé «achér ses- négociations, 7. «ut une telle palentatioB,
^foeJee Yémtiensv déjà jaloux àf» saecàs des Franfaîe, te fi-
xent arniier aarmoment oii il partait sur un;^vidssee».€4ie9gé
d'iOrmes? pour* les cèles d'Épîre. Ils envoyèrent tous «es {)fi-
fiers àiB^aittth.; «et des • miltiers de ebrétiene grées fucent
1 PauliJovH. Lib. II, p. S4. — Phil. de Comioei, Mém. Liy. VU, ch. XVI, p. 226. —
• FmM JwU. Ub. Uî p. ti, -^ Pétri Bembi Hiau Fen. lib. II, p. 81. — * Utrie, mère
et4uyrioe de-Guittiame^Jeaii ié MoBtfemt» damier despote de Servie^Ette m watr à
sa. «our^ «ASMây GoQtltiiUiiiiAnBBilèev tmt onele , q«l acqull dés lors un cii^i sbiolu
sur 800 esprit. Benventao de Sancta-Georgio HUu MoniUferr» T. XXiii,p. 75a*,
443 HISTOIRE DBS- iiPtmUQinn- ITAUENHSS
^ictiom àe VmpmdeBw f rassise et de la poMljiiM perfide,
deYenisei.
Cependanl il soffisait d'obeerver de pris l*arnid& fruegaiie
poar ne mettre plos aueane coofianee dana^lar dorée^deses
saecèspa desa demiDation enltalie. Le pape Alexandre YJdi^
sait d'elle, qu'elle avait fait la ooDqadte do myêsme ée ïfa-
pies avec de la craie et des éperons de bois^ pcurae qoe, oomme
elle ne trouYait nulle part de résistance, ses fourriers la pré-
cédaient toujours, marquant les logeiaenl» avee de la craie
dans les Tilles où elle devait arriva po«r prendre aes quar-
tiers ; et parce que^ les gendarme^) pour ne point se fatignep
en portant leur pesante armure qu'ils réservaient pour ie
jour du combat, s avançaient à cbe:val7 en Teste du matia^ et
les pieds dans des pantoufles auxquelles ils adoptioeat une
aiguille pointue de boîs^ pour lenr tenirlien dépeçons^* Hais
cette armée, qoi n'avitît point encore eombatto» avait, œpen-r
daut conçu d'elle-même une si haute opinipn^ et un.si profond
mépris pour les Iti^liens qui s'étaient eiifui^ deyanjt elle, que
son insolence devait rendre bientôt son joug ii>sup{iortabl<i^
Perron de Baschi et d' Aubi^ny fureiit, envp;és en. Cinabre
sans soldats, pour prendre possession de la proyinoe^ et non
pour la conquérir ; en effet, toutes les villes leivr onyrirc^t
leurs portes, à la réserve de Tropéa et d' Aniantéa^surte^lfe
de Sainte-Eupbémie ; celles-ci métne avaient, arboré 1^ éteft-r
dards de France; mais apprenant qu'elles avaient été données
en fief à un baron français, comme eUes Toubûent ne d^pi^Ei-r
dre que de la conronne, elles, relevèrent. les drapeaox d'Aire^
gon^. fieggio, la citadelle de Seylia, ceUes de.Bari et de Galli-
poli, dans ia mer d'Otrante, demeuràrent aw (Gu^Ies à Fejp-
dinand^. D'ailleurs toutes les provinces étaiient soumises; et
< Ptail. de comtaieff, Mémoires. L. Vit, ch. XVIf, t* ^f^- -^r^- Gkiè^iarém. lA. U,
p. 86. — < Pbil. de Comines. L. VU, ch. XIV, p. 212. — « Ibid. L. VU, di. XVI, p. ssi.
— Tr. Guieciardinl MlsL Lib. II, p. 84. — * BafthoL Senartgœ de ttêb, eewmm.
T. xxnr, p. Mt.
DV MOYEll AGE. 443
tous lea grand» seigneurs da royauiM aocosrareht i Naples
pour faire leur ooar au monarque français^ Le marquis dû
Pescaire seulement, ieeomie d* Acri et le marquis de Squilkee^
s'étaient retirés en Sicile, tandis qu'on toyait aupris de
Chwles y lit le priuœ de Saleme qui était arrivé avee la
flotte fton^se, le prince de Bistgnano son frère, et ses en-
fants; te duo de Melfi, le duc de Gravina, le tieux duc de
Sora, le frères et les neveux du marquis de Pescaire, le domte
de Hontorio,Ies comtes deFoiidi,d'Atripalda, de Célano, de
Troïa, cehii de Pôpoii que Ton trouva dans les prisons de
Naples, le marquas de Yeuafro, tous les Caldoresehi et les
comtcis de Hatalona et deMérillano ' . Hais tandis qu'ils s*em-^
pressaient tous de témoigner leur dévoûroent et leur obéis^
sance, les Français semblaient n'en trouver aucun digne de
mi^nagement ou d* estime. Charles ¥EII retira à la plupart
d'entre eux les fiefs ou les offices qu'ils tenaient dé la cou-
ronne, pour leâ donner à des Français. A peirie v eut-il un
gentilhomme auquel le roi n'enlevât quelque chose, et qu*U
ne jetât aiàsi dans le parti des mécontents. Les anciens parti-
sans de la maison d'Anjou avaient espéré être rétablis, parle
triomphe de leur faction , dans la possession des biens autre-
fois confisqués sur eux ; un pareil bouleversement de toutes
les fortunes, après soixante ans de possession, aurait sans
doute été aussi impoiitique qu'injuste; il aurait refiouvelé le
mal de la première spoliation, au lieu de le réparer. Cepen-
dant il né fallait pas^ sans de grands ménagements , Confon-
dre les espérances du seul parti cnir lequel ia maison de
France pût compter dans le royaume : la prudence^ «u dé-
faut de la reconnaissance, aiurait eonsdllé au roi de ebereher
tous les moyens de compenser les pertes des familles qtti
avaient souffert pour sa eause ; il aurait dû réprimer toutpen-
i Mémoires de Phil. de Cominei. L. VII, ch. XVI, p. 3^.
444 HISTOIRE DES REPUBLIQUES ITALIElfirES
chant h des largesses gratuites, lorscpiUl avait adparairaiit une
dette si sacrée à payer : aussi le parti d* Anjoa reçat-il aTec
indignation l'édit qui maintenait les nouveaux acquéreurs
dans les possessions confisquées, et qui leur promettait main-
forte pour les y rétablir, s'ils en avaient été chassés par la
force, d'autant plus qu'il sut que le président de Gannay
et le sénéchal de Beaucaire avaient rendu cet édit à prix d'ar-
gent i.
Le roi semblait n'avoir entrepris la conquête de Maples
que pour se livrer au plaisir dans sa nouvelle capitale, y célé-
brer des fêtes et des tournois » et associer la galanterie fran-
çaise au luxe et à la délicatesse des Napolitains. Ses courtisans,
enflés d'orgueil après cette guerre sans combats, s'abandon-
naient sans réserve à l'enivrement de toutes les jouissances.
Les simples soldats eux-mêmes, Suisses, Français et Alle-
mands, étaient énervés par la mollesse qu'inspire un climat
délicieux. L'abondance et le bas prix des vins les plus exquis,
la variété des fruits et des productions de cette terre fertile
les açoutnmaient à des jouissances jusqu'alors inconnue s
Personne ne songeait plus à l'expédition de Grèce , personne
ne désirait s'exposer à de nouvelles fatigues et de nouvewx
combats ; et ce projet , annoncé par la chrétienté pour sanc-
tffier la guerre d'Italie, ne semblait plus qu'un vain prétexte
par lequel on avait voulu tromper tous les princes de l'Eu-
rope 2.
' Charles ne songeait pas plus aux préparatifs de défense et
aux moyens de se maintenir, qu'à ceux de porter plus loin ses
attaques. Deux fois , il est vrai , il avait eu des conférences
avec don Frédéric d* Aragon, qm était venu à lui sous la foi
d'un sauf-conduit. Charles, pour engager Ferdinand à renon-
1 Mén. de Phil. de GomiDefl. L. VU , eh. XVII , p. 230. — * PùmU JovU Hist. Ub. U,
p. ss. — BiircAantt Mor. opiid Haynald, 149S, S 10, p. 440. — #>. Beleartl CoumMtU,
L. VU p. IM.
DtJ MOYEN AGX.
445
cer à ses prétentions snr la coaronne de Naples , loi. of fn^t
en dédommagement un duché dans l'intérieur de la France.;
mais Ferdinand voulait conserver le titre de roi et le gouver-
nement de Naplesen offrant seulement de rendre sa couronne
tributaire de celle de France, et de donner aux Français des
places de sûreté. La négociation se rompit , et cependant
Charles ne fit aucune tentatiye pour forcer son riyal dans Is-
chia ^ n ne inkinUnt point approvisionnées les places de
guerre dont il s* était emparé ; il abandonna inconsidérément
tous les viyres rassemblés dans le château de I^aples à ceux
qui les lui demandèrent en présent. Il nomma des Français
t • p , , •
pour gouverneurs de toutes lesyilles et forteresses durojaume,
et ceux-ci, avec la môme légèreté, ne songeant qu'à amasser
de r argent au moyen du rang qu'ils avaient obtenu , loin
d'augmenter leurs forces et de se mettre en état de défense,
vendirent au plus offrant les approvisionnements et les armes
qu'ils trouvèrent dans les forteresses. C'est au milieu de cette
profonde sécurité, de ces festins et de cette dissipation que le
roi et Tarmée française furent tont à coup éveillés par la nou-
velle de l'orage qui se formait contre eux dans le nord de
ritàtîe, et qu'ils virent succéder à une prospérité presque
miraculeuse le torrent non moins rapide de F adversité ^.
•I ,
M
: } ma 4f ecmineij i.iyi V», di< XW^ p. tm» — Frmc. (Meeiar^HHé Iffai ir, pj Bl.
— Ampldi Ferronii. L. I, p. ii. — * Mémoires de Phil. de Gomines. Liv. VII, ch. XVII,
p, 33il — Fr. Gutcciofiitit, Lib. Il , p. 8S. — Histoire de France, par uu gentilhomme
do dac d'Angouléme , publiée par Deoys Godefroy. Charles FlU, p. t03.
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446 HtsToi&s nw BÉrrauHiaB rrALiEniiEs
mnHmmmmimnumiHimHHm^fiH*
CHAPITRE XIV.
Révolutions occasionées en Toscane par le pasç^ de Cbarjes YIII.. —
Efforts des Florentins pour reconstituer leur république, soumettre
Pise, et se soustraite *à la malveillance des Siennais, des Lucquois et
des (iéneis. «^ loquiétudes des Téaitiens sur les succès de Cfaar-
j^ ¥411 {.ligne deil'Mk fioor maintoBir .soii indépeudance.
1494-1498.
1494. — Charles YUl n avait guère p^saé idu^ d'wmuBS
en Toscane, depuis son entrée à Sarzane jusqu'à sa sortie de
fétat de SieBoe; mma dans 4se eouit espaioe <le temps, il avait
entièrement ))ou]eyersé T organisation de cette province. De-
puis plus d* un aiède, les îFlorentiBs y avaient aeqnis une teBe
prc^.pondérance, quils conservaient seuls une influence mar-
quée sur la politique du reste de l'Italie, ou snr celle de T Eu-
rope. Les différentes villes de leur territoire leur était si com-
plètement soumises , qu'on n'entendait plus parler de leurs
anciennes factions, et que si quelque abus de pouvoir, ou ks
intrigues de quelque ambitieux y faisaient naître un soulève-
ment, il était presque immédiatement élouâé. Sienne et
DQ U0m Afis% 4é7
Lucqnes eenfienraient seules lear indépeadanoe ; mais ne poa-
vaHt ioUer àyec an état aussi puissant que celui de Florence ,
elles cherchaient à se faire oublier ; elles demeuraient étran-
gères à la politique générale de T Italie, et malgré leur secrète
jalotttte, elles entretenaient avec les Florentins une constante
paix. Tout à coup, Tarmée française qui traverse la Toscane
rend à Pise une liberté dont cette viUe avait été privée quatre-
vingt-sqit ans , raiverse le gouvernement établi â Florence
depuis soixante ans, répand dans tout F état florentin des
germes dinsubordination et des projets d* indépendance qui
furent bientôt suivis par la révolte de Montépulciano : elle
encourage les Génois à recouvrer par les armes la possession
de Sarzane et de Piétra-Santa qu'ils avaient perdue dans
une précédente guerre f rend aux Lacquois et aux Siennais
Taudace, qu ils avaient depuis longtemps déposée, de provoquer
le ressentiment des Florentins et de faire alliance avec leurs
ennemis; anéantit enfin, par cette opposition univ^rseUe d'in-
térêts et de passions, les forces, d'ime des plus puissantes ré-
pons de r Italie, d'une région qui plus que toute autre se
«erait empressée de défendre Tind^ndance nationale, et qui
en'aurait trouvé le pouvoir, si ce n'est dans l'esprit belli-
queux de ses habitants, du moins dans la richesse de ses villes
et r habileté de ses gouvernements.
Fioi^Dce avait perdu la plupart de ses habitudes répubU-
eaines, pendant les smxante ans durant lesquels elle avait
obéi à une famille qui , pour déguiser sou despotisme , « tn-
tourait d'une étroite oligarchie. En recouvrant l'ensemble de
ses droits, cette république ignorait elle-même qu'elle était
leur étendue. Presque tous les Italiens désiraient la Uberté :
mais cette liberté n'était nullement détinie ; et personne ne «e
rendait compte avec netteté du but qu'il voulait atteindra.
Quelques abus criants dans le gouvernement dun seul, bles-
saient tous eeux qui les avaient éprouvés^ et le nom même
448 HISTOIRE DES BËPbktlQUtS ITAI.I1S1IKB8
de méHàrèhie piinAnàit excittte toute idée de liberté, ^r oj^
position, on nommait répnbliqae le gonvernement' où' l'au-
torité do pMsiettiii était snhstlttiée à éëne d'an sent ; et Ton
regardâft comme là république la mieux constituée , celle qui
avait entoufé son existence de plus de garanties , et qui avait
réussi à repousser le fAn% longtemps le pouvoir monarchique.
Hais Ton n- examimât jamais si dans telle ou telle république,
il 7 avait plus ou moins de liberté , si même , les institutions
qui garantissaient le mieux sa durée, n'avaient pas absolument
détruit la sftrèté du ckojien ; et l'on ne soumettait jamais le
gouvernement à la seule éptreuve qui puisse décider de sa bonté
ou de ses défauts ; Fon n'examinait pas s'il i'endait beureux
le plus grand nombre possible parmi les citoyens qui lui
étaient soumis, et /H les perfectionnait en même temp9, en
développant leurs facultés.
La Providence a imprimé dans le cœiir de chaque homme
ledéMr du bonheur, et c'est le mbbile de se» actions; mais
éàt sefmMe lui indiquer en même temps un but plus relevé,
pttr tes facuRâi ipi'eHe a mfses en lui , par les Jouissances
qu'elle a attachées à leur développement, parle désir cdnslant
d'm tfliyt plus parMt, ^ donne du ressort à l'esprit de
l'homme. Il y a pour tltaque condition , pour chaqne deg^é
de lumières » un degré de bonheur correspondant ; et il sd-
tiflAttt ceux qui n'en connaissent pas un plus relevé. £es peu-
ples les plus abrutis prennent pour du bonheur, le repos ,
rivrewe , et les aoeés de joie qui tiennent à des causer toutes
physiques. On nous dk qae resclave nègre est heufreux, parce
que éam les^eoarts repos qu'on lui accorde left jours de ffite ,
des cris de joie animent ses danses, ou bien parce qu'il s'abaa-
doime aux pfaiiflir»de rivresse ou de l'amour. Mais h mesure
qu'on écarte tes obstacles qm s'opposent aiïdévdoppement des
faeirtlés^de rhomne, «on bonheur se compose de jouissances
pk» MHei; la peMée, te sentiment, là comctence de soi-
DD MUT» AGK. 440
même, ont [^nt de part |i ses plaisirs. Son àme deiûsnt une
plus grande partie de son être; c'est elle qui demande à être
satisfaite, c'est elle qui pent être blessée de mille manières » et
qui s'indigne contre les entraves dont on vent enoore la ebar*
ger. Dans cet état perfectionné, les souffrances sont plus vives
peut-être; mais les jouissances sont pins nobles; elles sont
plus conformes à la nature humaine , elles remi^issent mieux
le but de la Providence : car celle-ct ne nous a pas donné le
désir et le pouvoir de nous élever, pour que nous cberohas*
sions le bonheur dans l'abrutissement; elle a vonhi an oon-«
traire le développement de toutes, les facultés dont elle a mis
en nous les germes. On ne peut pas plus répondre à la ques-
tion : l'homme pensant, l'homme moral, l'homme libre, est-
il plus heureux que l'homme abruti , ^'on ne pent comparer
le bonheur de la brute à celui d'une inteltigenise cfSeste. Mais
Ton peut répondre que l'homme pensant, Vhomww moral,
l'homme Ubre, s'est conformé à sa nature f et que f homme
qui a perdu la réflexion, la liberté, et oitte fierté qni repose
toujours sur le sentiment de l'honiienr et da detmr, ^pie cet
homme a dépravé sa nature.
Un gouvernement doit donc ètM estimé bon , lorsque non
seulement il rend les hommes henrwE , mais qu'il les rend
heureux comme desjbommes ; il doit être estimé manvab, s'il
ne leur permet d'autre bonheur que cdui des bmtes. Le pre«
mier est d'autant meilleur qu'il rend, proporfibimellanent ,
plus de membres de l'état snscq^les du bonheur moral; le
second est d'autant plus manyais qu'il en réduit un pins
£^rand nombre à ne désirer que les seides jouissances phy-
siques.
Ceux qui potX une fois goûté dn la ISb&Aé panique ««rent
que le plus sûr moyen d'élever l'&me, de ki tkér du eeiele
étroit des intérêts égcnstc» , de l' accoutumer à des pensées
plus nobles, à dea idé^ plus génécales, de la oonIraiBiM de sa
VII. 29
450 HISTOIRE D£S aEPUBLIQUKS ITAllERlIJES
propre ^fignitét de lai faire désirer les connaissaiices , et pré-
férer les jouissances qui Tiennent de la pensée jou. du cœur,
e*est d'éleyer T homme au rang de citoyen , de lui donner on
intérêt dans la chose publique et une part à la souyeraioeté.
Ils sayent encore que le moyen le plus sûr de dégrader Tâiue,
c'est de la tenir constamment en tutelle , de la Dourrir de
craintes vagues, de lui ôter toute confiance dans son bon
droit y toute indépendance dans ses choix , de la sounaetU^
enfin à une autorité arbitraire, qui remplace dans toutes les
occasions de la yie la volonté de. Tindividu par le conununde-
ment du supérieur. Ainsi le grand but d'un bon gouverne-
ment devant être d*élever des hommes, U y réussit d'autant
mieux qu'il admet un plus grand nombre de cîtoyens à parti-
ciper i l'ai^torité, souveraine, et qu'il protège |e mieux le libje
arbitre de chaque sujets s&sécurUé et ses droits , contre tout
abus du pouvoir.
Sous 1^ nom de la liberté on confond sans ce^se une f^callé
et unegfirantie qui n'ont pas de rapports très innuédiat^ : k
liberté politique de$ états consiste dans la participation du p)os
grand nombre possible à la souveraineté : la liberté jadividoelle
d^ citoyens consiste ddns la garantie de tous ceux d^ leurs
droits dont il n'a pos été nécessaire de les dépouiller pour qiae
le gouvernement pût se maintenir \. elle ^ compose donc de
leur sûreté per4)auelle,duai^)intiendeleur propriété^ d^rù»-
partialité des tribun^^^ de: la certitude de la justice, de Tim*
possibilité des vexfttions arbitraires. Ces deux libertés n'étaient
point définies daps les rép.ubliques du moyen âge , iCt elles n'é-
taient que fort in^^^lenient garanties. Dans ancun paya peut-
être, la grande masse des sujets de l'état n'était plus qu'à Venise
exclue de toute, |g^ au g9uy ernexa$RV ^c^dis qufideux ou trois
mille gentiUhomqdes co.mposaient seuls toute la république,
on comptait dans Yeoûç j;n^p§ ç^( cinqQ^tejmiUe habitants;
et les provîjiuses, d^ t^re-£^rme , e|^ Mi^i^t avec €«U^ de Aal-
DU uortm AGE. 4SI
matie et de Grèce, contenaient quelques millions de sujets.
Tous étaient exclus, par la plus soupçonneuse jalousie , de la
'connaissance de ce qu*on appelait les secrets de l'état. Toute
tentative qu'ils auraient faite pour participer au gouverne-
ment aurait été considérée comme une conspiration et punie
comme un crime. Dans aucun état d'ailleurs, même dans le
plus despotique , Fautorité du gouverpement ne reposait au-
tant sur la crainte ; nulle part les tribunaux ne s'entouraient
d'un plus profond secret et de formes plus redoutables; nulle
part ils ne disposaient plus arbitrairement de la propriété, de
la liberté et de la vie des citoyens comme des sujets ; nulle
part des coups d'état ne firappaient de punitions plus terribles,
et enveloppées en même temps de plus de mystère, ceux qui
avaient excité les soupçons d'une jalouse oligarchie.
' Cependant alors la république de Venise avait déjà stfBsisté
plus de mille ans : elle avait à peine été agitée par quelques
guerres civiles , et depuis plusieurs siècles elle avait réprimé
toutes les factions, prévenu tous les complots avant leur ex-
plosion, évité toutes les révolutions. Au dehors, sa politique ,
constamment heureuse, avait soumis plusieurs nouveaux états,
étendu dans tous les sens sa domination autour des lagunes
oà elle était originairement renfermée, augmenté sa richesse^
son commerce et son industrie, et imprimé à tous ses voisins
de la crainte et du respect. Tous ces avantages n'étaient point
dus à la vraie liberté ; car celle-ci n'était point connue à Ve-
nise, mais à la forme républicaine de son gonvarnement, à la
prudence de son sénat, bien supérieure à celle d* on prince, i
sa constance inébranlable , à son économie, qui accumulait
sans relâche les trésors que les prodigalités d'une jeune cour
auraient dissipés, enfin au dévouement pour la chose publique
de cette classe peu nombreuse , mais riche et ornée de grands
talents, à qui la chose publique appartenait.
Hais la durée et la puissaooe sont les deux prérogatiTi^ %«l
ai!
452 ' filSTOIEE DES BEPtJBLIQtIBS ITALIEHIIES
frappent le phis les yeax des hommes ; et Teni^ in^ralt à
totite Fltalie raâmiratkm et le respect qxfnttt ré^blfqtjffe ne
mérite que par une eonstitttlion jôdte et Itbitf. lWsl|a1T'fdt
question de reoonslitaer le goaverhelmttot deFlbrcnfee, èètté
admiration pour Venise fnt également professée parlons 'les
partis : ee fut le modèle qne les hommes d'état se mitent té^
dproquement sons les yeux, céiài d'api^ leqoe^èfaaeati eh&r-
chaà justifier son systhne prop^. De même Ijtt'oii aS^n de nos
jonrs r exemple de TÀngleterre'iiitoqné par tbns lespartii(,
dans tons les pays qui prétendent à' être libres ; dé même on
tit à Florienee, après la dnile dn gouTernemeht des Héflds,
tons les h<mimes d'état :diercfaer A Yenise nn modHè pbiir la
noiiTelle répnhilqtte. PanWÂntmiie'Soâérihi ; ettdyen wâvér^
sellement estiteké; et qni' déMrait élargir lé' eerckf de FaHsce^
cratie, et feire partidper à la SDnvèrafneté un pins gMmd
nombre de Plorenthis; proposa Yenise à ses concStoyenà pwt
modHe ;'fl montra que lent^fid^re desesgëieiftiUbefnimé^
Ittt edtti "déb h^cnmes qn'it invitait à reconâftre àTlorenee
eommo eitoyens aclifs^ ! il regretta que d^avieiennéép haMtâdès,
des pn^gés enraehiés âam le people ; ne perikA^éHSiit paftde
rendre la ressemblanee des é^aat répohlique^ plus parfaite; et
il déclara enfin qn'à sesyeox le sortlepIushenfénk'pèW-Ilâ^
rrace sendt d'arriver an même degré de stUbUité et dé sëge^sé
qne les Yénitiens av^ent sn éohneri lenr gdovéMeitifèlitt*.*
On tit ensmte <}nid' Antonio Yèspnœl, jnriseonscdleftoieàx,
et renommé surtout pour son adresse ^ sa férte Ib^^e;
maintenir les avantages de Fatistoeratle, déMannei^'i^lrar
Timprudence et la versatilité du peuple, Opposer la'sâ^âsë
tfim sénat à rtnttabiUté de la mnlHtttde/en'râldl'^Mtàl'oofaftre
son adversaire l'exemple de Yenise, et en faisant voir que dans
Cfitta république, objet de l'admiratioii univorsdilef ce n*était
■ ^ •
> J^. &ÊleàkaFdM. Ub. Il, p» 77.
00 «OTEll AG£* 453
pomt le Cfiit^ en gentOduHames, mate une oli^chie reaser-^
Tée entre mu très petit nombre de meoibres des conseils supé*
rieaTS y qui oxer^t eo effet la souveraineté * . On vit le père
Sa¥onar|[de» mUafA T autorité divine «ox affaires d*état, s'ap-
posant gw see. pii^res révélations » et sur le droit de Jésus*-
Cbrist à âtte seul . roi dans Florence ^ consulter cependant
rexem^fde des Yéaitians, dans la constitution qn*il voulait
donniir k la république '. On vit enfin tons les politiques spé-
culatifs de l'Italie., Guicciardini , Giovio:, Yarohi et surtout
Maccbiavely s'accorder duos leur admiration pour Venise.
Pbilt|q[ie de Gomines , le {dus pbilosopbe des historiens fran-
çais de ce «ède , et odoi qui avait le plus réflécbi sur la con-
stittttion desgpQvernementS) professait les mêmes swtiments '•
Mae^^arel ne voyait que trois républiques qui, dans Vbisto|re
du.mond€(y5i^ritassent 4'^^ étuttéeaet imitées, savoir : Bo-
ipe, Sparte et Venise. Les deux dernières' Jtad paraôsaaient ap-
partenir-à anein^^me dasse ; iL concluait diA long maintien de
leur.oQOBtitution que sa forme létait la meiUemre; nmis il ne
lajiQgfWfi.ps^Pitre qu'à l'état stati<mnairei joutant >qu* une cité
évite Je dangsr d'être attaquée et quielle sésiste à la tentatioA
de faire, dif» conquêtes : aussi regiirdaît41 la cQnstitutien de la
rép«U|^ue jcomaine, non co^)me la meilleure, mais comme la
plus digne d'être imitée, et comme s* adaptant le mieux aux
çirfy)9ilw^çcs dans Jesqu^les entraîne la fatalité on la f oroe
deSiPfiPïLQBS bomaii)^. Le défout de eeUe de Veniseà ses yens
n'jét^pas de.mécoonaitia la liberté, mate 4' être exposée^à se
corrompre lorsque des conquêtes viendraient augmenter le
ti^ntcNire.de la république^. .
s Qn^'^a^gimi'^io^^ du» Fiorenee, tnris partte, entre les-
1 Fr, CuicciêKant Lib. II, p. 80.*^^ tita âel P. Savonarùla^ Ub. Il, eap. iv et seq.
p. 85.— Jocopo Nardl ut. Fior. Lib. I, p. 29.— > Mémoires de PhiL de Gomines. Liv. VII,
ch. xviii, p. 249. •*« * UacchUwelU l)iscor^ sopra TUfh'UvIo* Ubro I, capo s, c. 4,
p. 35-47.
4&4 HISTOIRX DES AKPIXUKiinSS ITALUKIIBES
•
quek se dificoiait la iKKiveUe oMwtittitiiw. à dower à la.ré»^
publique; et cbacna cherchait à «'asourarÀlni seeLla jpgmw.
Le premi^ et le plut eoiwidérable» màt par ki raqg et l'an-
d^neté ^eni maûons qui s'y élweai attacbéoa, ^oî^ pacJajKwib*.
hre des. eitoyens pljfjia obscur» qui âe <ravi(gB#wt aaiis< Iws
dr^peai^n, soit par le d^stotâressement de ses vues etla ma*
ralit^ dont il fusait pnrfessioo, était aoBsTinflaeiace pnioé-
diate 4^ Ir^e J^rAwe^ SaTuivtsole.f Célaiei^ -des citoyen» q^^
se propeaaat en ipépe temps vme réforme dans l'état et.daiu
relise» regardaieiiut la liberté et la relira eomme rinsépara*
hleS) accusaient la tyrannie des. itiédieis d'aiu)ir corrompu les
mœur^ et ébrwdé 4a Coi) et n'eapéraienk le rétaUisseaaentde
l'ancien^ pureté qWaqtant que. la liberté en savait la garaa-
tie. Ceux-là désiraient on gpniFernevae&t popotaire auquel la
grande niasse des <»toyens fdt înt^essée; mais oon^ne ila ne
sép^ient ja^wus lenrs Ta^nx.poQr nne eoMilutioa plua Ubpsi
d'exbortatioiis à la réforB|e et à la panitenee, on ks désignait
par les surnoms de Fr^t^i et de Piagnmih de MoBacaux
ou de Péwtents. £ra9ceîa Yaleri et Paul-Aaloin» Sedérim,
étaient^ apcèii Savottarele, les^cheii les pbis distingnéade^ca
partie
Ia Caetion immédii^eBient opposée à eelle*el était eom*
posée prineipalanent de cea3i qû, ayant participé aa (oirvar^
nment; dss MédîM, et a'étaftt ensuite Imoillé» ateel^icM^t
de cette ftomlk, auraient ifoi^ oonserYei pour eux-^MteM
rautMrMéti|a*âs ifà avinenl ^^tée^ et remplacer «Inr paârsiga-
tàtes presque monaiebiqnes de Piene pas odkf d'une étit»l|s
oligardiie. Us étaient seoondés pai; la ftapact des, jcnnia gêna,
de &mtts>u(dl»le, <pî ne peuvaieut se scMnetlre ^ laoréfeme
des rncBurs et à l'austérité «KHiacale imposée pinr SaYcmarole.
lIsJsoqpcnpwiiWt d'hypoerisôe et de fraude ceu]^ qfÀ 1<» es^
^ICommenuad di riUppoidtT fferfi. Ub. IV, p. ta.
DU MOYEU AGB. 4S3
f
tretenaiail mm cesse de prophéties^ de nâraeleflr ei de tMlrtt^
fieatiom, et Hb né voakieot point d*uDôe liberté qid Ôtei^it à
la fie toote» ses jouissances. Ces jeifnes patriciens rivaient
formé une i^dété, à la tète de laquelle H» aTaient f^éé BoHo
Spiriiy homaie d'aee famille illustre et riche, mais qnî n* avait
ni les talents ni le caractère d'an chef As parti. Qooiqne cette
soeiété fut prineipalement destinée an plaisir, elle ecqùërait
paraonnnionaDe assez grande' influence politique. EHedonna
son nom an parti des urrahiati on des mmpagnaeci (decr en*
ragéêy on des méebants compagnons); tandis que lés oligar-
ques pluâ sages, qui se servaient d*d)e sans s'y associer, 8*é-
dairaient surtout par les conseils de Gnid* Antonio Vespucci • .
EiiAn il restait dans la républîqoe nn troîsièihe parti, èelni
des Médveis, qui , également an^ pRto avec les deux antres,
n'osait peint avouer publiquement ses vœut. Il garàait le
silenoe dans les conseils, et ne paraissait point'pre&dre part
aux déKbërations ; mais quand le moment do voter était veàfet,
l'on s^aperoevait de Tinfluence de sessnffragea.
Ou distingnait tes membres de ce partie par le nom- de bigi
on gfi»^ comme pour indk|uer Tombre-dont ils s*envelop>
paient. L'oligarchie avait voulu les proscrire, pour s'établir
phifr fioUdement) tmdis que Savonarole préebait à son parti
l'onbli et la réeondlittion ; c'en fat assez poui^ que les gri^
seeondassent par lenrs votes la faction populaire, qnf déjà
saas^eux ateÂt l'avantage du nombre *'.
€Sbftrles VIII était parti de Florenee le 26- novembre; et,
leîtdéeembre, la seignejarie assembla le peuple M parlement^
sur la place {mbliquCà Quoique le paislement sanctionnai ton^
}(mt% toutes les révctetfons, sa eoB«vocalion était cependant
nn hOHfimigo miiilQ è la|/80»mp«ln«£é du peuple. On le regar^
dail eniDiii^ ponvatit aeid^ispéiisep de la conattUiâw,^ et
i Filippo de' NerU Comment, Lib. fV, p, 69. — * iBitU Lib. IV, p. 49» .
M6 HisToiBE un» siraMiQUitt italiehsjss
4tatifir me Mtoiitéeapéritiireaox lois. Cétafloetto antoiflé
fw la ^gmrie éHeeMégc^otopImmi «teuMbder, isMâ le
tfom de-lHili€ii9SxLÛe pouvoir reoonsIttiMr » là république.
CSrawel^pHfiin.voBlaientcepeiidasits'ifs^^ dM'isiifft^ftges
de eepeppleqnlik sembtailenl«oDsiilter, ili'péfttèiretit, à ton-
tes leaioiFrertartsde la place, quelques jeunes gem def bonne
fandlie, atee desAiitasans armés pcàrempêther, '&^iéM-1^y
que la place ne se remplît de plébéiens, ou drêmiiBmis^ du
nùumsm gfmoanument^ lorsque le don dè>la ^loeb^ {ntffarait
tons les oiifcoyew à' se ronger *sam armes som leurs gotifàlons,
et à fie lânir pnnempagniès * . Le people s*étirtit ressemblé
sans tnmidle,/ de eette maxàiMy la seigneiErie deëcenffit du
palttis^ sur le bàkon quldonrinKlt la place. ClIe fit B^ les
<miditions> delà bsiie qif elle^mandiâV; entité éRé Idvita
le peuplera dédarior s^lsetrwrrait snr ia pliiee lé^dèot fiers
des iOitctyeufloMintiiis : im tépoiidit^ piiiria^edatiiMléh ; qoe
oui; eU»dQnuinda.eneoKB si le peuple titillait qne lu sbigneurde
et le eoliége fimeHrt;f tesètas ténf^^^frc^eiit de fâMtef ^àtrt<^-
ritéde la oatioft floventiae; M répondit^ de ûottVèati/ par
«ecdfmalien) qoe ooi^c «lois iit seigneurie reitttMtk âads le
paliks et ]» peuple se wtm^.
Les partis n' avaient peint encore sttffistttatn^ft ^nMité
tettim fmnM, et, dai» eelie révelolioii d sabilid,' od satait à
peine 'vers quel but tendait diaque citsyen t àuifi'ièif -pi^
mîères opérations de la batte fnre»t<^Ile» ineeHiÉldèsf(<é« tie
bnsHBèi^nt^les point connaître si le gMif^rnemênt'^ïbe-
caît vers raristooroUe en la dénberatM : fl< sé^'t<Mttettt)i<de
nosunerviiigt eonumssaircnqnii soMlë:b««âfd*^liM9#l4l^,
devasosk, pendant nne «»fc, U^ t&sSh lèd'féledM^ dé^ la
sdigneorie^ on, scfam ie> langage* nsM à Flèreaee, Venir les
booisesà la aosain. Vnmàéb^ùk»mc(^êmi'pé^
AmnOraUp Lib. XXVI, p. llû«. — Gio. Cambt T. XXI, p. tt. '
BU MOmr AGMi 437
m»iis â0!ipiimtito jms; et cette exeepUdn fM yftc^vft c^
laiwr cte Ii««mttty âltt dè:9ierre^TniD^i8 ^de Médias, que le
l^rti'C^ligwclticpi» MigeaH àtélever à la fiice «fw^ son oob^
a¥«ijb oee^oéet^ fia «léme temps la> balle renoiifete f èffiiâeéie-
tate8ial(}e8 dîs(de>Ia guèere^ qee f dn oréaU'ieojeMw^da&B les
oîFcoii^taflms wtifo^ : «dulemBik, pourieBr^enner \m nom
do neitleinr ««gove, oateap^'cettie fanleeéii'de laliberté
^ delà paix*. - '- «^^
. Jtf «i^, les 'iriiigt accopia^orîf auxgueleie^ fiemoiv' ««MnttidHe-
peot foipiilwe de frài^ tontes lee ^éiednmi ée^la irépobHqne
a'vail;» étA m^mdimmmi traivrftiré, se troBTèrâitf' dès lelir
preoiî^e^, vjmi&ài ai pt^Ui d'a^eml dqpo leucs^ Toe^ et di^iift
«Rt^nt de.partisi qu'il laor ^evint'^foirt difficile d^eiiëeeter
rofftf^idôntiilS'étaicBiit chargés. Ne fieataait' oUeniMMi^e
eus iwd BifùocUi^ a^sdlne peiir>aiieane ^éieelaètiy' eti ii'»yaiit
point tro^n^ l'i^is^pédiiienA debafloèter dsteiiiifcttemBd lioralfri
cea^<qiii;axaioiit<Ttori le idbs^ida anf Inigel» tni' pteaiier^ ik
fôreot ^Mgfés de se QQ»te9tefr;d*uar majoiîÉéiidadj^
vit des foafoloiiiem et des piieues ébs t>ar<1feiB obijpiàtre
Toix. seideineat^. ï^ m^Mpit ^'aeeoril entiie eorta^ priva
bientôt de toute considératioa démêla iBéptddiqaa^;leit Mp»-
daiit..8eviHiar^ dans ses frédûlatioiisv^èt'lesiiAfefii'da flarti
popAhôrev diMi& lauis disfioai»^ attaqmieM; htirteDiimt^rw-
vr4Sge4u parlemeiA et de Jafbalie ^ i:î1b diaaibnt'qQe'l'uiï et
l'autre n'vmmt fmb que d^taitep la'tytoaiine) an fiett» cte la
détrwr^-' H^ ^efoeodeieiit que te poatoir des éleetioûi^fat
irenAV' m^'P^pl^, cpiis a^ Mm plas.-d'aittitMte à^connallrè les
suj«t»^,difi@çm id^^onâMm;"^^^^ délifaérâr lul^iiiêiiie; xfab tous
les.;ci|i^#p^^jdai(| leS' fMtties amient joui ^es bonamars de
l'étet; fiissent adom eil<e(HMml aDwreraihi, et qœ^ weonseil
dowèt saiSwetie^t à(|imlesiei»lei^ tandis qa*«n consdl beau^
4&8 HISTOIRE DU nÈnmLtQlOB» ITALIKirilJBS
oenp noias nombreux, et* dëpaté psr hd, «oneonmâC sreè ta
seignearte à l'admiafetratimi piAlfqtie«'SaVoniirole ifavitet H
seignearie et le peuple à se rendre à Mm égtiseyd'tiù ecltte foto
il ervaiteiBCla les feBMftieë; et, dans Un ditooiim éloc(ttent pt(h
nencé €n obaife^ U réeapitnla ces pr<ypOBitibns, et les termiDa
par rinslanlé prière de pnUier nne namiètre pont tom les
délite qiti^itvaiént pn être eoiomis seùsie prëoédent gotnrer-
nement, jnsqn*à la révotntion *.
CSes ^propositRHM^ ne* s'aeeôrdaient point avec \es vtres se-
ofè(tt»de la b^ie et de^ aecôpplatori ; tsurtout V amnistié ëtlif
repoosMe par leur désir de Téii^an<$e et par iétff espoir de
s'enriéhir ans dépend de^éenx cpi'ilt proÀeHrriéftt. C^petâM
ils«0Éifnènçaient à sentir là ptrissance de l'optnldtip^iiyfiqhe;
et sur lAïaqtte point snecesiitement "Hs m TOytilent oblige de
cédrat. Le pins impettant devons était la lorfiiatlon do bonséit
générai : la^adgiieitrie fit^ lé 3S décedibre, htOL detlx eànèiënÉ
eonsaîlS'dcis. cent «t des soixante<-Sil , la* prapolsitiav de làtmdt
un cmuSH '&mtéPim de' tond les oHcTeArr dfe fhnfende; et
oetlis>prepo^on" fiât 'adoptée. Tous cenx qni pnrént pnodrèr
que leur père, grand-père et afrriène-^aind-^père ^ a^d^
}OiH ées; d09it9 de ^é ', ftirent '<Kelaré^ ' «embrés dti '- ^fin8
eonwil; et ce oraseil, qni eom^yrit jusqu'à dix-^lniillreedtfch-
tc^ensv dutiètre^o^wsiillé sur tons les împAtd et^Hr toute» ks^
kwa, aprè»que la seigntenrié en aurait fait !a propofStidb k ntt
ccmqiil'^ qnatre^'iiDAgts Inembres, qui' fût efaMsi pour Mf er-
médiaireiefitrele^ gouvernement et le peuple. Pteutî^fës;PiMtf-
nktie préposée parliàvdttarole ftit pmmntgoéèf ooflidie là 8e
rdtair.>ç et atf bout ée quelques mois, le r^ pllei t49i^, te*
poi]»w êéàÊ9%à saignenriey cfHir a^t «té èkê^p)^ntit
anifée aniribgt aoe<9>pte«mV1enr for
bné an omseil général. Ce lut la prenière fais qnif àrTtoWMM*
1 Joeopo Mofdi , ici. Fiof . Ub. I, p. 29. rr * Fr. Cvicctartf lui. Lib. 11. p. VL-^ocùpo
irofdi, JJX. Fiof . lib. U, p. M.
DU iftaim âiOB. 4M
une éteelieu yraimeot populaire fut sobslttli^ «ox Asn né^
tbpdes également dangereqfiçs d'un tira^ m sort ci i d'un
choix pïgarchiqae * .
Tandis que les Floreutiu» r^fonnaieut une répoUiqw eor-
roiDpui94»ar> soixante -années d*bal)ituâe9 monandriqnes ^ kà
Pisans recon£ftiU>aient la leur après. plue de qwtrefviixgts» ans
â*une oppiressipn complète. Le cours de la pfospérilé ne a'élntt
point interrompu pour les prenû^s, w^ sorte que^ mancbanl
ay.^ leur û^cle, ils avaient tm^ours jivA cxAÛré kor esprit,
et jamais Içur république n'avait eu un plus gi?and BMàbre
d*écriy^i|ia distingués. LesPisai^, au cootmire, repoussés de
toutes les carrières qui pouvaient augiseuler leurs riehesses
ou ^jécooip^nser leui^ efforts , avaient, abandonué les lettres
commets fi^mm^ce; en sortie qu'il n*est pas resté un sMl liis-
toriei^ de leur pays , pas même uoe ebranîqua ii^anoe pouf
racouJ^ 1^ long^i^ et ^n^rew sàcrîfifes par l6«|iteis iter dé-^
fejpidir^^ à outraœe riodépendance^qu'ilg aviaieBt r<»oilvsér
en 14^4» C'est uaiquemest sur la. foi d* hititorieBs étiangers ^
et.lçr p^$k8<mvfnit de leurs ennemis, queiaous d^fM» rap^
portai;, toote cette sui^e d'évéaemenls.. .
Cependant si Pise n*avait aloos ni bistefiesa ni légMaleare^
si c^]e^ délibéra peu sur la eoostitution qu'eUa devait se ém^
ner^ et ne conserva point la méi»Dire des exploita par lesquels
elle, la défendit, cette ville n'en fut pas moina amnée d'un
vrai esprit républiisain, d*un amour ardent pour la patrierque^
tous les ordres de Fétat sentaient à Tenvi, d*une dséler«iiiiatio&
uniYef pelle de tout sserifier, dienihirier ^sqit'aax dcvmèretf
calamité poui) conserver la? libei?té qu'i^ avait r«ecmiFrée*
Av^q un td aaaord d' opinions , touîl gonvomettenA parait
bon, parce qu'il devient toujours Torgane de la volonté pu*
blique. .
i Jstorie di Gio, CombL T. XXI, jp, 90,
469 HISTOIBB DES BBFKlUQDBSf.fTALIEIllIES
♦.
* Cler&'iébift paf l'osage des FterenUas ^'alidlir l^s^aiagis^
ImtaBes «flnioipties des villes ftijeUss^' ils â^aitefit^làlssé&nlK
sirter à Pise une mgnmim cosiposé&tf ijaBiimi, ^ot I0 jfre^
vmt {lortail ie titre de pmor^ «t auquel' en dèuna j^Asùlle, i
f itniMicoi. des tftoîentkis ^ le titre de gonf alooîèr ide<f tiistice.
Cette eetgnenrieae^MwuTclftit toes'ks dans iiioie( elle étut
seeoDdée psfid'iadkm» eofpps qpi'on Bommdit le ûoHégis^ les six
boMboiameatt le comeil aseret des douse K: £tt> rejetant le
joug dos Ftereutiùs^ il p^ralUque^Ies Pisans sasUliièrefirt ^eneore
im craeeilAB (peuple; e'éfvklaforme antique de I^ oeiuti-
tution , et ils n'eurent besoin d'aucune innovation pour qne
kiiro af fiiiim f Uiisent Inen adtiM^irtek
Les IHsMsavaieQft oonMenoé parelifiËBsepde-oheMiUf Musies
peceepteufs 'de. contrtlMitiims et tonsies leasotionnaiDeB {mMies
flfNnefftîKi; îk arvoteut eoeuite ordounépar «nédili à tc^usles
£Ji(N?eutîMiéwiieilnés dansleiaf triUe^d'tii oorfâr ataut^qtftmé
bORoeaUnniteiiM^ia poitelât entièrement «OBsumëe.EdSe,
ils.ayaMUt.MTOfridnue. tous 1» ¥iliagestqiiî''aMeut «nden^
nwi««Adiépeiiâii'tde ImirifépiibJliqQe^ la cik^ pisanr^' eouime
lMinuièa?e d^ binr lUMirté.s Partout eUe^avaîl i?éveiHé'lea>mèmes
sQunems antifueB et^^cité le isulme entfaeusiasBie*; toufr te
temtoi«ef i9aii)iâtait rentré en'peode jottm seNgsOeur dôliikia*
tiiHi^ C!i^€«da0t les .FloreutifiSf qui l^afapDdlBmàmitélé'UB^
queiofntoecupésiebefteux ou^de la crainte du roi^dëRtnèe,
oa.de l'aeceird.à étiUir iHitve leurs faotiuiii^* et qi»^) se
<»o;aak ensuite . assurés die la reslitatiOQ «de ' Pise pur leur
traitée afveo €barles YIII9 neTOUlaimtpqsee^faM^'dbMii^
rk aus lumes dercBaitite d'offttiseir 1& rel^^ *tî?eAl>«dfi» la
néeMPiM'de<s'o|q[mir iw^lAffcHsse'ait'seulèvraneKit^dè/ lëlnn
, > 1, . ■ I ••
1 Oo peut Toir l'énaméralion de toutes les différentes magistratures de Pise en 1316,
dans un traité de pm. de la rëfNiMiQiie avee nolieny roi dé Nazies. Baccaha M àipkmi
Plami 4ti Fkuninlla delBorgPf n^sa^.^.^U\ eiteviMnpaMr snrf» celles qui esfsiaieit
encore le 6 décembre. 45^>^ IM,.j^ 48«.^^ Sc^orié AmuOmtfh Ub. XXVf» p. aor.
. DB BI0ÏSR AGB. Mt
prpiùcec^ 1496< -^ Hans cette vue, il» engagèreiit à leur
senFÎœ newite Beuttvaf^o, Frueeseo Seooo e« 8aii«ocia4d
Marr^ijmQ^ ftireû iiluaietÉrs tompagDiesde geiictanrmeB ; il» nom*
BièvefitFîecmi<kpfom (MMiiBisaiiife de la rrfpuèliipie maptèê
de 0^6 avméevetiib teflrmt entrer Rorie lerritoive'Ae ÏVse
aa <ommeiieenient de Janvier 1485. Le» Piaw n'aiNiieiit^éii-»
cose:fioue!eB(jdé{èndi>e:qi]fl desi]n^iis luft armis t 6ap^i
B'ent pfllsdef eiae à knr repitmdffe d'abord EtevIiiMi et Pon*-
tailéira^'eliaKapif^iafia du airâ,dKi janvier il afiM reeimvré
XMth teciitoire de Sise, à la résenre de Vioo'SiflMaovde Ca»^
cinaetdeBttti'» . > ": • *
De son côté, la seigoeiiriBdB Ite n^avait'riin B^Mfifé pMr»
ft'^amnwt des éecoins^^axigeniaiélle cdievdiaitè lier Ghar-
les l/!in paria leooDitaiâsaiioe ^mâm»' qftfeUB pi^<ft)MR^I pdiir
loi : idte loi léinaigiiait .tant d'ttmoiir et teust de g^attl^dci
que !03 jeune metiar^Be, combattai' entre ta eneeiiiragidiii^te>
qvM ffvattr. donnés^ ans Puane, et les* engagemeiib qa'il «tait
piift «me Isa sElorentioa, ne sawt ià eoflamènl i<eti¥«F^ mxt ^e- '
micurala gyàœ qu'>il leur arail àeœvdée; ni oeoutietit «ë Miéf er
de fw^ fpronujsee arvec ke semnds* IVallbtttfsV pi^^tt^toi»
les seigneurs 4»^: sa. cxHa*) tonebés ou des 'plaintes' des V^ani^ y
oii.die.f âjsooeilqn'oa leur a^iit fiiit à^eniis-niéines^èiPise, pre-^
miffuif kantranent ie parti de <e penpto opprimé K Ijèf siâiéohlit
de fieaucaiivey soit: qn'ilfitt jalaox dif carénai dèr Sàint*-MiAo^
qsà ini^slaitiseni ponrrexéontion du trâilté oenein «avec Plo^
renée, fseît qtt>il eàt étéigi^é , coimne ten l'en aectteaft; par
l'arfi^ dfisPiaMia^ rqfHséscoftait an roi qn'illnf oon'venBitdete^
mrla!C@6fan«{diiriséffy d^qne lagnerredePiseempêdieraifles
FlorenHftôdeéfoigigerdaiis les intMgoes danôrd de Tltàlië'*
Quatre orateurs choisis dans les familles les plus distin-
^ >.
462 HISTOIRE DiSS fiÉraBLI97CS iTALlEffUTES
gaéei de Pfae a^aic^t élé dépéehés pcftst suivre le roi àti mo*
neat même où il sorUât de Toscane, et pour défendre auprès
jde lui lesiolëffA» de lear répnbliqne *. Le roivonlot que ces
ambassadeurs exposassent leurs gri^ en présence de cem
des Florentins, se réservant ainsi en quelque sorte de pronon-
cer entre (snx un jugement. Les IHsans fireilt ^en effet le ta-
bleau de roppvesBHm dont ib avaient été viclimes ; et se jetant
à genoux, ils soppliàihsnt le roi, avec dés torrents de larmes,
de pe leur point retirer la grâce qu'il leur avait accor()ée.
François Sodérini , évêque de Volterra et ambassadeur des
Florentins, s'efforça à son tour de disculper 'sa république; il
4 insista sur les droits légitimes que lui avait transmis Gabriel-
Mari^ Viaconti par un contrat de vente , et il prétendit qàe
les Pisansy gouvernés ooqmie tous tes autres peuples sounà
aux Florentins , ne se trouvaient malfaeureux d'un sort qoi
i»nteiitaii leS' autres que parce que leur orgueil étiSX tout à
fait dêproportionné à leur puissance et à leur mérité ^. '"
. Le )*oi)^daBS cette QiscussioD, penchait évidemment pour
les Viaam. Ge|^ndant il s'éffrit pbur médiateur enit^e lès deux
peiq[>lBS, et il leur proposa une suspension d'hostilités jusqa^à
son retour de T expédition de Napies, jpromettant de prononcer
aloifi d après la justiee et les traiWs. Mais lès florentins, qtd
m défiaient de ses paroles ambiguës, le scHumèrent d'exécuter
sans retard une convention solenn^eibent jurée. Cknnme ik
n'avaient point encore payé la portion la plus conddéràble da
subside <fa ils avaient {promis, le roiy qui avait besoin tfar-^
gent , déclara qu'il enverrait Briçonnet, cardinal )le Saiat-
MaiiQ, à Florence, pour retirer celle somme', et Iwe eiécuter
ktraité.
•
Briçonnet se présenta le 5 février à la seignenrie de Flo-
rence f il la persuada si bien de sa bonne foi et de son em-
PU MOVIDI A0X. 461
m^B^mept à iso^gner Tune à» éetu forterMOM d« .Mse,
tw4<^4f»,Q«mpéfi^4[iar las Fimoçus, fi4*il obtint d'eHe^ en are-
tour» qu*iQa 1^^ avancerait le pasemmt de quarante mffle dn-
Qa> q^i n'étaîieiit pas aapore échus * . Après avoir toiiebé T ar-
gent, il f^tit le t7jC^rxier pour Pise; naisil en revint le 24,
déclarant que les Pisans n'avaient paa voulu lui obâr, et qu'il
p' avait p9 €}oi(]toyer la force, parce ^u* étant homme* d'église,
s il fjô^ait Ters^ dojuing^ il en serait neepensabledevaAt^fiien.
La Qo.uye],lçi de 1^ priae de Naples arriva fort 4 profos pour
Ipi donner un prétexta de repartir,: et de reîoîniko sor maître
en le tiipaot dnAçsi^ti^Q éqwvoque ^
lie^ Pisans avaient aussi envoyé des. ^mbassadtxm ^..Sieane
et àlippqœs pour demander desfseooiurs à ces deu répid)li-
qu^f ayec lesquelles ils avaient eu d'anôennes aUtanoas, et
qui ^taienJ; demenrées rivales, des Florwtinsv Tontes deux
para^ssaijent de nouveau disiNiaées.à les assister fttrâi 'tontes
deux <tf*gi^f^at .encore 4^ iPi fKwprcnnetlirôitiwp oaveite*
^f<^^-. C^n^AOt 1^ I^pequois leiurfi^nl^ passer qudque ar-
gent et quelques centaines de sacs, de rt4é(? 9 l«sr Siennais leur
e0|YP]r,^rwt imoiédifitqment .^elquw gendpvmsisiqtB éftaienb à
leif r sold^ ^ , IhCS Pis^m fcro jineni |khivhhk atteddve iiiid ossb*-
taf^ce ,p|i|^ Q|0([;aP§du duc^d^ ]M|ilaii>:Ii0ttî»^k4faëfer. il arait
été de^ .pi:ejniera k les eneo^riifeii à peend9e>lea.ainnès^; û 1m
^y ^t.. protégé^ ayee;zièle à .la 4»9ttr .defranee, ot fl paoaissail
s'iQj(éjirq&s^ yiv^mei^ h i^e qu'ils ne retombassent pas sons le
joug. ^ ^fet^ sifCet^ gpjusrro se^proloogeait, il se flaltisl'qiie
PMe^trQp ($^il)l^, i^iii; eo ^^nd^epar, ellotmâne, finirait
paf:.s6 dpnnetr 4 Ini^ .«QmoieÉ eUe s'étaîjk domiée anteefoîe à
Jean Galéaz Yisconti, un de ses prédécesseurs. Néaàiioins,
I Setpkm^ itmmirato. lib. %xn, p. 3ft. <*« > t¥. ^HaardML U II, p. ff. — lacopà
Hardi utor, Fior. Lib. H, p. 33. — àidpiorie Amaàrato. LU>. XXVI, p. 208. — > J)i««en-
fastoni wjpra la »tJori% iMchete, DIn. vm, T. il, p. 213. -» * fr. GukdardiHi, Lib. U ,
p. 73.
4M HistoiBS i>is agpgiiaqpiBi. italierhss
CMBOMttt a?ait/«ir«e kt HorwilMiii im4i»ité ifiUMMvîtDe
▼ofriiit pti le irkder oa^wtencDt; il m «MAaatB^dfr iniriiiowr
les aabaiSiâcaa fisaMsan GéMia^ qm iai •wuMft'dtféiéU
sagiirarie de lewr viUe^.iaaîa qaài^m, wùBÊt p» mil»
oeoserféi {Morleam capitriatieno, le ^oi^tk fÉfcMfirarlSttP
proiffe oempte te prâx>« la gHR»* •
Dmx.âèalfla aapataiMnt, ka Géam^ a[^ kna anômatt
ifictomaanr ka Pkaoa^ a'élmriï flatléa d'ébmùte lear «koti-
natioQ flwr leoi le riwge de TeMane. Ba ypoatédaîeDt d^à
qadqiiea chàteap ; îla.y aefainiitaifeaiek podde UToatiie,
que leur doge» ThoHiaa PrégMo^ Tmcyt .^oauite aux Fkra-
tiw« B^ eakie époqpie^ ik f aieid; repousses tm^oofa plus kin
des frofitîèrea iKweaDeSi Ba penri^i^ suoeesHveraettfc Viébmr
San&etSamna^etki rrake liagia fol enfin frLtfe pour B-
n^eatoa leortanàtoiie et cdaide Fioreiiee. Lsa 'Géoeû, de-
OMorés dès lora rim» dea Fkiwims^ reQnmntavab fitteor
lea dépatés de Pise. Pn^tiiitlaricn gévak cNitempetHio rap-
poato k dkooQ» snianl, ^pie kad^crtéa pkaaa pvoiiDii^^
deranl k aénatde^Gèaea :
« ËaoQsaMMMMy pènaeauorita^ dirauti-^iS) si nooe ne sa-
« ¥Qiis poînt parkv d'onajAnnère appvcq^ée ea à ladigoilé
« de ee séaat, ea à nea malbeaps; Mmbam^'&k k-teite uot-
« quemeot à cette senritaBde ai laDgnevsi iBs^ahiey ék ennSs,
« dans laquelk ks Fkurei^nia nom •entretanns. Dneloiigoe
« i^nterraption nous a fait oal^lkr commeaton sfadresaaèdes
« hoDuaies de voboa rmig.SiQW ii*«miia pliiaeacawia de pair-
« ler.qa*a,vec*Boa paysma, sur ka tnbaH^qaa^iMaS'âaiiaDs
« payer, ou sur k oeltoredeBoa dmaspi» qa.'à(paMBoa&oas
« teîsiait eneore , IHras fi'ati<Hia ptas ^aubres peoaéea qoe^da
« fonndr à c^ exactboa sans cesse répétées, povr éviter hi
« dures pnaous deut on aoas mcMi^dt* Laiscnmiiir.daeslta
* Fr. GtticcUvtUni, Lib. II, p. TS»
Dtl MChm AGE. 49^
« abject» «enritade nom reiDi^t endore d'effrm* Patdwnet
• donoy Ddiles sénatears ; car nos besoins imrlent poornoiMy
« eiMiore qw dow ae aaclnoiis le faire. Noi» rei^reM en
« UMornantnoBTegards vers tous. Tout à rheore encore noua
« éliowdaiialeslnrs, nous sommes libres; nous étiong comme
« morts, nous Tivons en mettant en tous nôtre espérance.
« DiM, dans sa misânoorde, s* est sonvenn de nons, etdttdel
i» il iMNis a en^ojéh liberté. Le roi Charles nooa l'a donnée ;
« mais il nooa a imposé fobiigatitn de la défendre nons-m^
« mea. tSènIs noua ne sommes pas en état de lé faire; noua
« sommes faibles, et à peine nons reste^t^^H un souffle de Tie:
« tonte notre espéranoa art en Tons ; c'est par tmIs qne nons
« poorroùs Tiyre, on que nons devrons monrir^ Ayez donc
« pitié de nons. Bi.Tons nona asnstez, notre TÎile sera comme
« à Yons ; c'est à vous qne nous attribo^t)ns le bienfait de
« cette liberté qn'nn roi dément nons a donnée. Moos aarona
« Tos soldats ; et nona combattnma atec 2èle contre tona ceux
« qne vous nonunerez tos ennemis. Mai» si nous ne pouvons
« obtenir de vous tant de grâces, noua sommes Irésolua à ani-
« vre rexemple des Sagontins, et à devaoeer snr nona-inèmes la
« crnanté de nos ennemis. Mena égorgerons de nos proprea
« mains noa fila et nos femmes; nous brûlerons nos maisons
« et' nos temples; pois nona nous préâpilerons snr ces bû-
« chers, pour ne pas laisser à nos ennemis le ponvoir d'exer-
« car leurs vengeances ^ . »
Les Génois, tenéhés de ces instantes sollicitations et des flots
de iarams^par lesqndd les Pisans aviEÔent temûné leur haran-
goe, leur firwt passar des annes de tonte espèce, dont ks
soppHants avment le plus pressant besoin , et qu'ils eurent
soin d'exposer sur la place publique, pour que chacun connût
l'assèstafice qne leur état venait de recevoir, et en conçût plus
• BarthoL Senarêgœ de refrict Gmaiens. T. UIV, p* $48* -> Ag^st* GêuuMmi, An-
nali di Cenava, Lib. V, p. 950.
Tii. 30
466 HISTOIRE DI9 .aiPlIBI4QUXS ITAUEN1IE8
de coiifimioe4 Ea urémie tenupft, Aleiandre ^^groni fui emojé
h Pise; et il fut autorisé à appeler à Taide des Pisaifs, toutes
les fpîs qu'il eu verrait la uécessité , les habitaute limitrophes
de la lagune. Eufiui des mesures fureut prises pour eutre-
teuir au service des Pisaas , mais aux frais des trois républi-
ques de (xèues, de Lucqu^et de Sieuue, deux ceuts gendarmes,
deui( ceuts chevau-légers et huit ceuts fantassins , que oom-
mandèrent Jacques d* Appiauo, seigneur de Piombiuo, et Jean
SavelU'.
Les Pisans eux-mêmes avaient pris à leur solde Lucio Mal-
Yezzii émigré bolonais, que les Bentivogli poursuivaient avec
acharnement, mais que protégeait le duc de Milan ^. Mal-
vez était uu bon capitaine ,. et il avait amené avec lui en-
viron trois cents çoldats vétérans. Il avait attaqué les Florentins
comme ils étaient occupés au siège de Buti, et il les avait forcés
à se renfermer d^ns Bientina. Il est vrai que, peu de temps
après, les* Florentins avaient à leur tour forcé les Pisans d'a-
bandonner le siège de Librafratta, après avoir enterré le canc^u
qu*ils j avaient conduit. Les Florentins s étaient alors répao-
diis dans la vallée du Serchio ; ils avaient occupé les bains
de Pise, et ils menaçaient jusqu'aux faubourgs dç ce);te ville*
Lucio Malvezzii qui ij était retiré, fit sonner la cloche d*a-
larme: et renforçant son année de tout le corps de la milice
pisane, il vint attaquer les Florentins le long du can^l dérivé
du Serchio, les battit, les chassa jusqu'à Librafratta, où il re-
couvra ses canons, et rentra dans Pise en triomphai avec
beaucoup de prisonniers et de chevaux '.
Les Florentins avaient fait leur retraite par Tétat de Luc-
ques; Lucio Malvezzi 1^ y poursuivit , et ayant fait occuper
d'avance le pont du Serchio par un détachement, il les mit
< BurthoL Senarega de rebut Genuent. p. 549. » Paull JovH Hisi. sui un^p. L. H,
p. 58.— Ff. GuicckardinL L. Il, p. 77.—* Hteron, de BurselUs Annal. Bonon. T. XXiii,
p. fft. •» s Mh* JtfvM JM||. UIk II| p. sr, — MpMke ââmroto. iMb. XXVI, p. 21 1.
oô Marax AU. 407
^tre deux feu. La caTalerie, gaidée yar Heroale Bentivogiio,
s* échappa cependant en traversant le fleuve à gué; et aprèa
s'être mue en sûreté à Môute--CarlOy elle retint occuper m^
ancien camp à Pontad' Ëra; mais les gens de ^ed tufeiHi
presque tous on tués ou faits prisonniers ^ . j
Tandis que les Florentins pourscdvaient la guerre coa^
Pise avec si peu de succès , un6 nouvelle révolte de leurs su-
jets ajouta encore à leur inquiétude, h^ 36 mars t49à kk
puissante l)ourgada de Montépulciano rejeta le joug de la sei-
gneurie ^. JUs f*lorentins avaient , dans chaque bourgade de'
leur territoire , une citadelle qui avait toiyours une porte ex*-
térieur^ » pour reoevmr des secoure. Dans chacune de ces d*
tad^es ils n'entretenaient que q^tre ou eiaq soldats y qui
s' euf armaient soigneusement I rtfaisaieat une garde sévère;
ees quatre hommes suffisaient pour tenir la place ç^rantô^
huit heures, en cas de révolte de la bourgade ou d' attaque im-*
prévue ; et la seigneurie de |f torence n'avait pas besc^o qu'ils
lissent une plus kmgue résistance pour avoir le tempe de h»
secourir. Mais les quatre gardes de la citadelle de Montépul-»
ci^o n'avaient point eu soin de renouveler leurs provisions :
d'aUleurSy observant mal leur consi^nei trois d'entre eux sor-
taient quelquefois ensemble ; et il non restait qu'un seul att
château ) pour ouvrir et fermer la porte. Les halHlants de
Montépuleiauo, mécontents du gouvernement florentin , de la
pesanteur des impôts et de l altération des monmûes, réso-
lurent de se mettre en liberté , sous la protection de Sienne*
lls.s'euteudirent avec les magistrats de cette république, dont
ils étaient proches voisins^ puis, saisissant le moment où troii
des soldats de la citadelle en étaient sortis , ils y euf ôralèrent
le quatrième, le poussèrent dans la grande tour, I effrayèrent,
et le réduisirent a se rendre au bout d'une heure ^. Ils sehàlô«
1 PauU JovU aUi, tiA temp* US. il, pi sfl. — * Jaoopo ^orctt deUe taiwr, fMaïf*
U U, p. 34. — S iiaect\iav^Ui , Framm$n$f i$tûiUu T. Ui, p. «b
30^
468 MISTOiaB DES AÉPUliLIQUES ITALIENlfES
rent de raser cette forteresse, qui ne pouvait servir qa*èlesteiiir
dans la dépendance ; et pendant ce temps ils envoyèrent des dé-
potés aux Siennais, quoique liés avec les Florentins par de précé-
dents traitéSi pour se mettre sous leur protection. Les Siennais
ne firent aucune difficulté de les accueillir. Ils s'engagèrent à
recevoir Montépuldano sousleur protection perpétudle, et à en
traiter les habitants comme confédérés, non comme sujets. En
même temps ils envoyèrent qnelqœs troupes à lenrs secours * .
Les Florentins, qui s'étaient, attachés sincèrement k Tel*
lianee de la France, et qui, d'après les exhortations de Savo*
narole, continuaient à lui être fidèles, malgré les sujets de
nécontentement que le roi leur avait donnés, envoyèrent à
ïlaples, à Charles YIII, pour lui demander de garantir leurs
possessions, comme il s'y était engagé par son traité, et d'o-
urler les Siennais, ses alliés à leur rendre une bourgade et
aon territoire, dont ils s'étaient emparés injustement. Mais
Charles lemr répondit avec un sarcasme amer : « Que puis<^je
« faire pour vous, si vous traitez si mal vos sujets qu'ils se
« révoltent tous contre vous ^ ? »
Les actions de Charles ne démontraient pas moins que ses
paroles combien il t^aait peu de compte de son traité avec
Florence et de l'appm que cette république pourrait lui assu-
rer, pendant qu'un orage se formait contre lui dans le nord
de l'Italie. Les ambassadeurs pisans, qui étaient à Naples,
obtinrent de lui six cents soldats suisses et gascons, qui arri«-
vteent à Pise sur un vaisseau <de transport, et qni reoom-
meacèrent au mois d'avril le siège de Librafratta, dont ils
^'emparèrent Lucio Malvezzi reprit à peu près tous les châ-
teaux de l'état pisan qu'il avait été forcé d'abœidonna'^« La
« ABeipetto AUegreta Dlari Soiteti, p. 843. — Orlando MalavoUi St»r. di fitena.
P. ni , L. VI, f. 100, T. — Scipione Ammtralo, Lib, XXVI, p. 2io. — ' Fr. GvAcciardinU
Ub. II , p. 89. — > Pùuli Jovii ^ist, Llb. Il, p. 60. — Jucopo Hardi, Ui, FUtr, Ub. U ,
p» !•• — SeipUmê Ammlrato. Lib. XXVi, p. 3ii.
00 MOYJSn AGB. (468
fortêrâftse de Yemioola était entre ses mams ; celle-d est bàfiè
sur la scMStmité la plus orientale de la montagne qni sépan^te
Pisan dn Lucquois ; elle domine la irallée de rArno, et éM
oouYre tonte la plaine par laquelle les Florentins ponvaieift
s'approeher de Use. CMte ûtnation donnait à Mal\ez)fil i'an
vantage de ccmnidtre tons les projets de Tennemi cTaptfès mi
mouvements, et de les prévenir. Franeesco Seeco, génén^ fieef
rentin, se disposait à attaquer Yermeola ; mais Mahré^Kiflo
surprit à Buti, dissipa son armée, et lui fit un grand àosÉbib
de prisonniers. Il s'empara ensuite de San BomaBOi>^rda
Montopoli ; et les Florentins, voyant des drapeaux français
parmi ses troupes, ne voulurent p<Mnt les eombatttéi & Uft
abandonnèrent Pcmtad' Era et tout le territoire pisaniU riq ni
L'ancien attachement des Florentins pour la couvonnelàe
France était altéré par tant d'injures et par un maiiquf»defM|
si constant. Dana ce temps mtafte toute l'Itafie H'ébMalMI
contre les Français, et des députés de Yenise et jterlfiiliii
sollidtaieut les Florentins de s'unir à la cause det rfriadépcM^
dance italienne*. Us auraient réussi sans doute >$itrjéf6iie
Savonarole n'avait pas redoublé par ses exhortations «prophérh
tiques la erainte que ressentait la seigneurie en sqtt^o^yantfli^i
première sin* le passage de l'armée française à sonir{9touir< Mater
depuis plusieurs années Savonarole avait aniioni)éiqu'li^'iilr[t
vaak» étrangère causerait lé malheur de ritalie^iiAiïiaplMBfcT!
rition de Charles YIII, il avait déclaré que c^étuitM^irlf» mèe*\
narque que Dieu avait choisi pour punir les mécbaQtSiieK»
réformer l'église'. Il persistait encore à dire que^iqucâfoel
Charles YIII n'eût pmnt accompli la tâche quitluinataiferélé >
imposée parla Divinité, il était toujours son ernioyé, que AieM-^
continuerait à le conduire comme par la main y et ile tuneoatt m
« PauUJovUHUL 9ui iemp» Lib. il, p. Cl. -* > ffêfkme Âmmiml^ WXS^VI^.p. {Ufv
— 3 Jacopo/Vordi^ lâf.Fior.Ub. Hy p. 34. ... m •i.ii' • i
4T0 HISTOIRE DBS BÉ!»t7BLIQ0BS ITALIlSnilES
4é 4MM)M les difficDHéi ob 9 iféîsSt engagé*. Ces propbéUeit,
vëpMes arec taiit d^assoranee dans la'diâire, étaient aceoeil-
UcÉ âTeela foi la ptns entière par le peuple et pat tes cfaefis
de la fi^tibKqne. Ce nr*était plus par une poRliqne fimnaine
qié Murelioe se edndtiisah) inris d'après lea révétations qu'elle
«rféUreee^eir da ciel ; et le réformaleor Italien eterçait snr
te^NpAiHcpie florentine ei^te tnême infkienee que dnqnanfe
atifAiH filrd to réfomatenr français exerça snir la répnbliqtie
dai&aoèvb. Bcvanarrie et Calvin avalent h pen près les métnes
ifcittni— te; Us associaient de même la rdigkm et la politîqaê :
lÉBÎi'Saiiranarf^e, aTeel'imaf^nalion dn midi et Tardeur de son
«Éractèie^ erayait reeeroir immédiatemeirt de la Divinité les
inspiratîoap qn*il ne dirait qu*à ses réfieiiiens et fc ses eon*'
nfclwmeai^ Celte mtnie Imaginatien maltrlsrit trop sa raison,
féar fif^il smigeÀI à seumettre à Tetamen l'ensemble de la
MHgloîi. H Iwrifatt sa réformera retganteatfon de f église et
èiè |loflloMi<tn de ses meeors, et tt tf avait Jamais vonta intro-
dfl^èmidije variation dans sa fM.
fjfs antres états de l'IMie, dont ta* potttiqttetféCait point
dMgvie parties prophéties et par leii préActions d'mi fattome
<pli fit epiTfalt miùfi de Dten, n^avaient pu voir sans la( plos
vMénte mqnMtnde les sneeès ino«fïs des Français, la eonqtiëto
du Msftènaébevée safis qifil y eAft en besoin de lltter nne
se«lKbétiOl#y le renversement iA anbit de eette mierison d^Àra*
gM| qfai petidènl tongtempsevait in^pM de Feffireft à fôm les
éiftts 4tiMetti^ et qnt «vaft dispam an prunier soaffie de la
foilÉM^ L'irmganee des Français ajontaft à cette inqniétnde :
céiaiit lenÉ^àmlittioB mri dissimntée entliitassait tonte riiaHe,
eHoiftiNlt irçMbler ehaeatt des sonveraimt ponr sa prùfÊtt
etimaet ; Ut dm *Oriëlw» , qtà avait m laissé à Asli, an«
nonçait hantement ses prétentions snr l'état de Milan, et me-
Ub. VIII, ch. III, p. 770. — Jaeopo ilardL Lilh'ffj i^vllft ••
«*« • «
DU MOTXn AGI. 47 f
nàçiât Lonis-le-Maure , tandis qde Gbaï'lèB fttl , k Mâptert,
semblait prendre à tàohe d'augmenter là défiance de œ pr6«
mf^ allié. 6harles ef était atJtaoiié Jean^'laeqnes Trivdlrio^ en-
nemi personnel de Sforsa, proscrit eomme rebelle de Féttt de
Milan ; et il Tarait pris à sa solde avee cent lanees. Il tf éMt
an»si attaché par beancoup de promesses le eardinal PréQ[0S6
et Ibletto de Fieschl, les denx cbefs des éfMgrés génois, eMe-
iliis de Sfonea ; enfin il atait reftmé à Lotri»»]e^M anre Ih priii^
cipaoté de Tarente, qn'H lui arait promise, dédarant n'être
tenu à Ten mettre en possession qa* après qne le toytfQnte de
If aples tont entier serait entré sons mm obéissànoa ^ .
lies Français occupaient toujours pir des garirisoni léir
places de Sansane et de Piétra*Bantâ, qu'ils arftiéttt proAiiê
et Rslitaer aux CMnols ; ils étaient denieurés niattrei des
principales forteresses des états de I^ieques, tfe Plsèi de
Florence et de Sienne, et ils donnaient ainsi te M è tottè là
Toseème : ils ataient de même obMgé les Orsini et les GSotoHnà
de leur Htrer des chàteaux-forts, pou gagtes de leiir ééfànkè^
ment; enfin ils ataient réduit le pape à le^ mettre en posseà-
sion de ses meilleure» forteresses. Du pi^el de dbiliûéf sâr
tonte r ItaMe paraissait avoir été ariMé pàt la eocir àMbMieiisSf
de Qmtks YIH, et snbstittté mi pNjet de tmfHàûôn éê
Gtèoe,qà'ott né regardait plu» quecommeimstratagèÉiMlfeiité*
pour désarmer les peuples ebrétiens. Le» sMteralnà ê(Êtmk^
gers à' PItafie partageaient le méecmlmteittetit et Tinquiétad»
des habitants de la péninsule, rerdlnané et ïsabeHe s^àfiBi*»
geaient en Espagne de rinfortune de léctr eousin, et die li
perte d'un royaume qui ajootail au luatfo et an pouvoir delà •
maison d'Aragon. B'ailienrs ils eraigMieiit fMr la Sicik^ 4fiij
ayant appartenu aux Angevins^ potfviii' Mrey MisMkie» qdé^
NapieS) réclamée paries Français, et qu'il deviendrait difficile
* ti. ùêàéehrdM. B. Tr, pt, a«L *- PeMÈeim Ém. ttn* k. il, p. fr. «^ PMi AtHP
irtef. sui temp, lib. n,p. H. <
472 RfSTOIBB 1MB& BBPIISIilQUBS ITALIENNES
dfi défendre cwÉtre eux s*ik s^efferiiûssaie&t de l'aétre cftté
du pbare. Maiûmilieii, roi des Bomains, conserrait une àmère
rancune contre Charles YIII, qui, à l'occasion de son ma-
riage, lui arait fait les deux affronts les plus sanglants qu'an
père et qu*uu époux pussent recevoir. Il a?ait fait la paix, il
efil vrai; mais Charles YIII» en traversant Tltalie, n'avait
montré aucun respect pour les droits impériaux : il était en-
tré en conquérant dans les terres d'empire, et il avait parléen
midtre ; en. sorte qu'il ai^t donné à l'empereur-élti de nom^
breux motifs de,se plaindre et de recommencer la guerre ^ .
Philippe de Comines, seigneur d'Argenton, le politique si
snbtili et l'historien q|ui a raconlié avec tant d'intérêt le règne
de LouisXI et l expédition de Charles YIII, était alors ambas-
£iadjrar de France à Yenise, où il passa huit mois. Il y avait,
été envoyé pour isugagiar oMe poissante république à s'atta-
cher àTalliancçid^ France, ou du moias à masntenb la nen-
trfilité qu'elle avait proiùis d'observer. Dans le {premier cas il
lui ofStfii comme récomp(^se Brindes et Otrante , sous con-
dition que les Yénitiens rendraient ces deux villes, si le roi,
faisant pbstaid la couquète de la Grèce, pouvait leur assigner
un ludyUeur partage dans ce pays. Mais les Yâoitiens, qui,
loin de croire à la pron^ite réussite du rri, ne se figuraient
même pas qu'il persistât dans ses projets, avaient refusé bon-
nèten^ent ces concessions magnifiques, qui sembiaient ai loin
de.pouToir être exécutées, ^ ito avaient pr(^sté qu'il» reste-
raient neutres ^* De la même manière ils avaient rebuté les
ambapi^deurs du rçi Alfonse, et «eiui du jsnlton Bajaasst, qui
l'un et l'autrf coulaient le^ engager à la défense du roi de
^9p)^jiitw<)i^ que Tambassadeur milanaisy qui était ainsi à
Ym^i»iJbB9^^fin99i(((}im(iO^IM «n assurant que
•jll'Hillli I(r.ll)(i'>i7 )li II un I*) .;:ii.')n»irî ..')Iii..| »*nnr.l)'ii .i»n|.>
> PanH JovU Bist. sm Ump^ LU>. n , p. M. — Guieciardinù L. n, p. S7. •* PetH
DU mnm ▲«. 473
flon mattre saarait fort bien comment Vy prmdre pour ren*
Toyer» quand il en serait temps, le roi de France ai>-delà
des monts ^
Le traité de Pierre de Mëdids avec Charles éveilla enfin
r inquiétude de la seigneurie; et les rapides progrès de Tar-
mée française firent partager cette inquiétude an duc de BQ-
lan, au roi des Romains, qui craignit que Charles YIII ne
reçût d'Alexandre Yl la couronne impériale, et au roi d'Espa-
gne. Ce fut à Venise que ces princes entamèrent des négo-
ciations pour la sûreté générale. On y TÎt arriver successive-
ment révéque de Gome et Françoifr-Bernardin Yisconti,
ambassadeur du duc de Milan ; Ulrich de Frondsberg, évéque
de Trente, avec trois autres ambassadeurs de Maximilien ; en-
fin Lorenzo Suarez de Mendoça y Figneroa, ambassadeur
d* Espagne^* Ces diplomates^ commencèrent par n'avoir des
conférences que de nuit, soit entre eux, soit avec les secrétai-
res de la seigneurie. Ils se flattaient d'éviter ainsi les observa-
tions de Philippe de Comines : mais celui-ci, ayant découvert
de bonne heure leurs menées, pressa avec franchise les am-
bassadeurs milanais de lui faire part de leurs doléances, pour
y remédier k l'amiable, plutôt que de s'aUéner de la France,
dont l'alliance avait été et pouvait être encore si utile à leur
indtre'«
Comines essaya aussi de détourner la république de Yenise
de ses projets hostiles ; mais il avait affaire à la ruse ita-
lienne ; les ambassadeurs milanais lui avaient protesté, avec
de grands serments, que tous ses soupçons étaient faux : la
seigneurie l'avait assuré qqe la ligue qu'elle projetait, loin
d'être dirigée contre le roi, devait être signée de concert avec
lui, puisqu'il s'i^issait de faire en commun la gnerre aux
ft Phil. de Gominei, MémoirM. Lit. vn, cfa. XIX, p. 24S. — ' Peiri Rembi Hisi, Feu.
Vbi II, p. 33. — Crouiea Venesiana attrUntUa a Marin Sanuio. T. XXIV, p. ic. — > Phi- ,
lipptf fU^ 'domines. Lit. Vii, cb. XIX, p. 248.
474 HISTOIRB DES B^FUlItlQOES ITALIE9IIES
Tares, de forcer chacon des alliés de concourir à la dépense,
el d'assarer à Charles VIII k suzeraineté da royauiûe de
Naples, avec trois de ses meilleures places pour garantie, tout
•o eODiervant la eomronne an prince aragonais^ comme feu-
dfllaire de la France. €k>mines demanda du temps pour com-
miiniqaer ees proportions au roi, et insista pour que les Yé-
BÉttens ne tenninassent rien avant d*&voir eu une réponse.
Mais Charles, doï les succès dépassaient toutes les espéran-
ces, ne Youlnt entendre à aucun accommodement ' . Cepen*
dftat les amtiassttdeurs, voyant dès lors que leurs conférences
étaient connues, ne se cachèrent pins, et s'assemblèrent tons
le» jonrs< Ils songeaient alors à ce que les Yénitiens fissent
passetr des troupes à Borne, pendant que Ferdiuand dé-
fendait Viterlie : mais lorsqu'ils apprirent que cette ville
avait été idMutdonnée isans coup férir; que Borne, peu
après, avait été évacuée de même, leur alarme s'en augmenta
avec les difficultés de leur situation '.
• Yoynnt les Yénitiens tout cela abandonné, dit Philippe
« de OMûiges, et advertis que le roi estoit dedans la ville de
« Naples, ils m'envoyèrent quérir et me dirent ces nouTclIes,
« moussant en estre joyeux; toutesfois ils disoieut que ledit
« ehasteatt estoit bien fort garny, et voyois bien qu'ils avoient
« bonne et seure espérance qu il tint, et consentirent que
^ l'ambassadeur de l!faples levast gens d'armes à Yenise, poor
• envoyer à Brandis { Drindes ), et estoient sur la conclusion de
« hm Hgue, quand leurs ambassadeurs leur escrivlrent que
« lechastean estoit rendu. Lors ils m'envoyèrent quérir de-
« rcobêf à un matin, et les trocrvay en grand nombre, comme
« de ctBqvante on soixante, en ta^ chambre du prince qui
« OAtoit malade de la colique ; et il me conta ces ûbûvelles de
t ita WêCêtÊltÊMi lilfi Vn, élr. SIX, p. no. ^ naynùfttt Ànn* ieeles. 119$, S t^
I». #«l. — • Conrinet tHir, VU -, ch. XIX, p. 3|1. -^ Pttn BemH BUL f^, 1^ !(»
p. SI.
M yKrtai ACi. 475
« visage joyein, mais mil en la compagiité lie se ittYoh feladre
« m bien comme lui. Les «ns estoient assis seur an marche^
« pied des bancs, et avoient la tète appayée etdre lecm mains,
• les autres d^one autre sorte ; tous desoiontrans avoti* grande
n triilesse «u eosor, et eroy que quand les nooTelles vinrent
^ à Borne de la bataille perdue à Cannes eontre Hannîbal, les
sénateurs qui estoient demeurés, n*es(oiéni pas jiAers esbahis;
ne plus espouvantës qu'ils estoient. Gaf un seul nefit sem-
Uaiit de ne regarder, ni ne me dft un mol que lui. Et les
regafdois à grande menreille. Le doe me demanda si le roi
km ttendrntt ce que toujours leur avoit mandé et que je
lenr a^ois dit. Je les assenrai fon qfaeonî, et ouvris les votes
pour demeurer en bonne paii, et m* offris fort de la faii'e
tenir, espérant les oater de soopçon, et pdis me départis. * »
Malgré Tabattanent des seigneurs vénitiens, Oemines com-
prit bien que la situation du tM, dans le fend de f Ralfe;
povvait devenir très dangereuse s'ils se déelaraieot contre toi *
et tiindls que le dœ de Mitan faisait encore des dtfficerltés
peur «gner avee en le traité d'alttanœ, il pressaGharïes TIII,
on de faira venir de France de nouveaux renférta, s'il voulait
se maMenir loi^mème dans le w^aame^ on d'en ressortir ail
jdhis tAt avea son Mrmée, avant qu'on lui barrât le chemin ,
el de laisser seoleinent des garnisons dana les places fortes.
En aaème temps il écrivit an due 4a Bourbon, resté en Francd
eemMe liemleaaiit dn royaume, et à la marqolse éù Montferfâft,
liottP lea engager à enroyer le plus IM possMedés renforts;
a» due dfOrténns, cpsi élaît raMé à Asti afvee sa mafson seu-
\mm&ài s car cette viUe était en qoelqne sorte la porte ouverte
an fflâ piwn^ r^trer en France; et et «Me éladi prise, Soudan-
0Br pouvait daveair csLtrènMi ^.
I MiwioliW S» PhS. d9€i6aSM».]b VU, elk tSHy^pi, nt, -^•SMttolMVd» OMIitif!«|V
U». VII, «Ih 3(X , pu siè, r4> ee BB irmm pi#attlBt éé lix MirSi étriHBê du i4 fit
M «vrP, par le duc d'Orléaas au duc de Boarbon, pour lui demander dei WMOn, âlfec
476 HISTOIBB BSS BXPUBLJQUSS ITALiEIllISS
« la figue fat conclue, dit Gomiti^, un soir bien tard. »
Ce fut le 3 1 mar» 1 495 ^ . « Le matin me demanda la seignea-
« rie plus matin qu'ils n'aTolent de coutume. Comme je fus
« arrivé et assis, me dit le duc qu'en rhonneur de la Sainte-
« Trinité, ils avoient conclu ligue avec notre saint père le
« pape, les rois des Romains et de Gasiilie, eux et le duc de
« Milan, à trois fins'; la première poar défendre la chrétienté
« contre le Turk; la seconde, pour la défense de Tltalie; la
« tierce, à la préservation de leurs états, et que le fisse savoir
« au roi. Et estoient assemblés en grand nombre, comme de
« cent ou plus, et avoient les tètes hautes, faisoient bonne
« chère (mine), et n'avoient point contenances semblables à
« celles qu'ils avoient le jour qu'ils me dirent la prise du
« ebasteau de Naples. Me dit aussi qu ils avoient escrit à
« leurs ambassadeurs qui estoient devers le roi, qu'ils s'en
« vinssent, et qu'ils prissent congé. L'un a voit nom messire
« Dominique Lorédan, et l'autre messire Dominique Trevisan.
« J'avois le cœur serré, et estois en grand doute de la per-
« sonne du roi et de tonte sa compaignie, et cuidois leur cas
« plus prêt qu'il n'es toit, et aussi faisoient-ils eux; et doutois
« qu'ils eussent des Allemands prêts; et si cela y eût été,
« jamais le roi ne fût sorti d'Italie. Je me délibérai ne dire
« point trop de paroles en ce courroux ; toutesfois ils me
« tirèrent un peu aux champs. Je leur fis response que dès le
« soir avant, je Favois escrit au roi, et plusieurs fois, et que
« lui aussi m'en avoit escrit, qu'il en estoit adverti de Rome
« et de Milan. Ils me firent tout estrange visage de ce que
^ je disois l'avoir escrit le soir au roi, car il n'est nuls gens
« au monde si soupçonneux, ne qui tiennrat leurs conseils
« plus secrets ; et par soupçons seulement confinent souvent
sont rapportées dans Deoys Godefroy. But, d^Chafles VUl^ p. 700. ~ i Petfi B«M
Hist. yen. Lib. n , p. 49. — SdpUme Ammiraio. Lib. XXVI , p. 9iO. — Ownioi f m»
T. XXIV, p. i7.
BC ItOYEN AOE.
477
« les gens; et à cette caqse le lear disois-je. Oatre ce je lear
« dis ravoir aassi escrit à monseigneur d'Orléans et à moa«
« seigneur de Bourbon, afin qu'ils pourvussent Ast; et le
« disois espérant que cela donneroit quelque délai d* aller de*
« vant Ast; car s* ils eussent été aussi prêts comme ils se van-
« toiènt et cuidoient, ils l'eussent pris sans remède ; car il
« estoit et fut mal pourvu de longtemps après * . »
Mais tandis que Philippe de Gomines attache quelque va-
nité à montrer comme il était bien informé, Pietro Bembo ,
l'historien vénitien, se complaît à peindre sa surprise et son
effroi. « Encore, dit-il, qu'il y eût un si grand nombre d'am-
« bassadenrs, tant de citoyens appelés aux négodations, et
« que le sénat eût été engagé dans de si fréquentes délibéra-
« tions, telle avait été cependant la vigilance du conseil des
« dix 9 pour supprimer tout bruit public à cet égard , que
« Philippe de Ck)mines , envoyé de Charles , quoiqu'il fré-
« quentàt chaque jour le palais, et qu'il traitât avec chacun
« des ambassadeurs, n'en avait pas eu le moindre soupçon.
« Aussi, lorsque le lendemain de la signature il fut appelé au
« palais, où le prince lui communiqua la conclusion du traité
« et les noms des confédérés, il en perdit presque l'entende-
« ment. Cependant le doge lui avait dit que tout ce qu'on
« avait fait n'avait point pour but de faire la guerre à per-
« sonne , mais de se défendre si l'on était attaqué. Ayant
« enfin un peu repris ses esprits : Quoi donc, dit-il, mon roi
« ne pourra pas revenir en France? Il le pourra, répondit le
« doge, s'il veut se retirer en ami ; et nous l'aiderons de tout
« notre pouvoir. Après cette réponse, Comines se retira ; et
« comme il sortait du palais, qu'il avait descendu le grand
« escalier et qu^il traversait la place, il se tourna vers le se-
« crétaire du sénat qui l'accompagnait, le priant de lui répé-
1 Mtaioirei de Phtt. de Oomioes. Lhr. Vu , chap. XX, p. 355. — Amolli Ferroni de
geêito Fmneof. Ub. I, p. I3.
478 aistcias dbs asHiB&ioei» iTAUSNiifis
« ter ee qufi le dogs ki avait dit^ ear il l'amt tmit onbfié ^.»
Le peaple de Ycrâe eéiiâbra eeUe ligue te iendemaîa de sa
ligaature par des r^eoissaneei infinies i les fêtes rcoommea-
cèreat eoeore le \ 2 avril, dimanebe des Bameam» jour eà
elle fut pvbiiée ea néiiie temps dans tous les états esnfé^
décès K 0*apràs les artieles qui furent arrêtés, F alUaUoe dk«
vût darer iringWeuiq ans, et aToîr peur bal de défendu» It
majesté du pontifo tOJwixkt ^ dignité, la Uberté, lis droits de
tons les con£édéréS| et les posoconioM de tons. Les poînaneis
alUées devaient entre dies toutes mettre snr ^^eA ^màô-
quatre mUle ebevent et vingt mille fimiasrini, éavoir : b
pape, quatre mille eberaM i Mauralliml) six ; le roi d'fii-
pagne, la répnbijfue de Venise et le duo ds MilaB^ étmmm
buit. Cbaque eoulédér^ défait fournir quatve milld fantas-
sins^ Geni dont le eontingent ne sersift pas prtt devaiéBl
le compenser en aifent. Du méme^ s*U était néeeftsaire tf em-
piojer une flottai les pmssaaces maritiaisa devaient la four-
nir, tsudis que \m ff aie devaient en être enpfnrtés par tsas
les alliés dune manière proportionnelle ^.
Mais à ees ar^le» qui tarent publiés, les enaHdér^
avaient joint des^ elauses sesrèlesi ^ ehangeaieBt absolu-
ment la naUiee de rallianee, et qui la prépanôent pour ime
guerre offensive» D^/i Feidinadd et IiabeUs avâieiit enveyé
en Sicile une flotte de sellante gaMapes, qui portait six eeols
eavaUera et cinq mille fantassinai et ils avaient donné le eose-
mandoment de ees troupes à fionealve de fioedoœ^ qm s'é-
tait illustré dans la guerre de Grenade^. Leaaltiés'eonvinreût
que cette ai^mée «eeonderait Ferdinand de Naines , pour le
faire remonteir m$t \b trôiie^ où ses sujets, désabusés de leur
< AM iembi fiut, rèrieiœ. Lib. TT, p. as. — * Oiorto Ferrarese, f. XXiv, p. 2M.-
tUiytmkk âttHoL eeeêetUm, i49&, $ I4« T. xix, p. uu --* < r^. amièlârdtui. L. ir,
p. M. — PauU Jorii. L. 11, p. frO. — PêU^i BembiHut. Yen. 1. 11, p. iX — Andr, ffoM-
gkn^, Stipm UHe%. T* X^i, a. tM, — firi UkmiQêommu mu TUtiltiêt tAj n,
p. iftf. — « PouU Jovif Bi$t, liib. u , p. SS.
DU MOTISDI AOS« 479
cooftaoce eu Charles VIII, le rappelaient dé|)à. Les rois d'Et*
pagne s*étaient engagés, il est vrai, par le traité de Perpi-
gnan, à ne point empêcher le roi de France de tenter racqui*»
sition du royaume de Naples * ; mais ils y avaient ajouté la
clause qu*^ucune condition ne serait obligatoire si die se
trouvait préjudiciable à T église ; et ils prétendaient que le
royaume de Naples étant un fief occlésiastiqoe , ils ne pon*
yaient ^^idtotenir de le défendre, si le pape les invitait à le
faire ^. Les confédérés convinrent encore secrètement entte
eux que les Vénitiens attaqueraient les élaldîssementf^ (vmi^
çais sur les côtes du royaume^ de Naples, avec leur flotte qu'ik
avaient portée à quarante galères, sous le commandemenli
d* Antonio Grimani 3; que le duc de Milan arrêterait las s<h
cours qui pourraient arriver de France, quil attaquerait
Asti , et qu il en chasserait le duc d*Orléaos; que le roi dAS
Romains et les roi3 d'Espagne attaquevaimt pendant le méiM
temps les frontières de Frwce avec de puissantes araiéea, et
qu'ils recevraient p^ur cette goerre das snbsides des antres
alliés*.
Maximilien faisait aux états d'Italie des pix>iiessei spMidi-
des; mais on s'aperçut bientôt quil n'apportait i raytlîiMe
qu'un grand noin. Il ne savait metlreancw oiAre ni aaonnfl
économie dans T administration de ses états hérédHaîresi «i M
ne pouvait obtenir de Tempire in honunei ni argent, encore
qu'il prétendit qu'il ne s engageait dans la guerre contre k
France que pour l'intérêt des ftefii impérianx. La diète de
Wormsi en 1495, liû promit seidement cent dnq^aitte
t G'eii ûBm l'ariirle 3 du Itaitd Û9 9wfS§n» fPi* «et MgagMMiit ait «Jootaiia, iMte
sans nommer cependant le roi de Naples. Les rois d'Espagne s'obligeni seulement à pré-
férer CaUiaoae ito Fraoee ; AUiM qtdbiuciÊmqHa UgU ai eonflsâeraiionlbiu faetis vel
faC'endu, cwn gitocumque principe velprincipibui,., Vicario christi bxcbpto. Deoyt
Godefroy. Uist. de Gh. Vlll, p. 664. — * fr, GuieeiardirU» Lib. il, p. 87. ^ ^PattU JovU
iii9U suiiemp, Lib. u, p. sa. -• 4n<irea Nawgiefo, Storta Veriei, T« SUn« p* 1203»
<- ^ #>« am$9tafUitH* Eib. Il , p. 98.
4Ô0 HISTOIRE DES RÉPtTBtlQUES ITALIEimES
florins assignés sur le denier commun qa*on devait lever dans
tout Tempire, et qui ne fut payé presque nulle part; en sorte
qu'au lieu de six mille chevaux et quatre mille fantassins
qu'il avait promis, il put à peine lever trois mille hommes * .
Il n'y avait peut-être aucun duc d'Italie qui ue fût réelle*
ment plus puissant que l'empereur, ou du moins dont la coo-
pération ne fût beaucoup plus efficace : aussi les puissances
alliées auraient-elles fort désiré que l'Italie entière fût entrée
dans la même confédération, et insistèrent-elles auprès du duc
de Ferrare et des Florentins pour qu'ils se réunissent à la li-
gue. Le duc de Ferrare le refusa ^; mais, pour se ménager des
ressources auprès de tous les partis, il consentit à ce que son
fils aine, don Alfonse, passât au service du duc de Milan,
avec le titre de lieutenant-général de ses troupes, et le com-
mandement de cent cinquante lances 3. Les Florentins, aux-
quels Louis Sforza offrait de leur envoyer une armée, pour
les défendre contre Charles YIII à son retour, et de les secon-
der ensuite pour recouvrer Pise et toutes leurs forteresses, re-
fusèrent constamment de se détacher d'un prince dont ib
avaient cependant si fort lieu de se plaindrCé Ils aimèrent
mieux attendre de lui la restitution de leurs provinces que
de la lui arracher de force, à l'aided' alliés dont ils se défiaient
plus enoNre^.
Cependant touis les confédérés faisaient avec activité leurs
préparatifs de guerre : les Vénitiens appelaient un grand
nombre de Stradiotes ou de chevau-légers, de l'Épire, de la
Macédoine et du Péloponèse; Louis Sforza avait envoyé
beaucoup d'argent en Souabe, pour y lever des troupes mer*
coiaires; Haximilien promettait qu'il passerait en Italie
avec ces redoutables bataillons allemands, dont les Français
1 Schmidt, Hist. des Allemands. Liv. Vii, chap. XXVIl, t. V, p. 869. — > DiaHo Far-
rarese, T. XXIV, p. S98. — > IbUl. p. 302. — ^ Fr. GufcdardinU hïb. U, p. M.— Sd-
pione Anmirato, kib. XXVI , p. 210.
avaient éprouvé la valeur en 1492, dans les plaines de F Ar-
tois. Bajazet II offrait anx Vénitiens de les seconder de ton-
tes ses forces par terre et par mer contre les Français * . Le
snltan n'était pas compris dans Talliance ; elle semblait même,
d'après le traité public, être faite contre lui : cependant son
ambassadeur avait pris part à tonte la négociation ; et après
sa mission finie, il était resté à Venise ponr assister anx fêtes
par lesquelles on célébra la publication de la ligne^. De toutes
parts l'Europe prenait une apparence hostile pour les Fran-
çais ; et Philippe de Gomines, qui depuis longtemps avertis-
sait son maître de l'orage qui se fonnait, étant encore resté
un mois à Venise, depuis la signature de la ligne, se mit en
chemin pour aller au-devant de Charles, par les états du duc
de Ferrare, de Jean Bentivoglio et des Florentins, il fut ac-
cueilli par eux comme l'ambassadeur d'un monarque allié,
tandis que son départ de Venise fut en quelque sorte le signal
de la rupture de toute négociation 3.
1 PottU JovU Mut. tui temp, Lib. il, p. S6. — * Phfl. de ConiDes, Ménoires. liv. VU
Ch. SL, p. SM. — > lh\d. p. SM.
FIN DU TOME SEPTIEME.
V|l% i\
TABLE CHRONOLOGIQUE.
w
in»ît»»n»iininnii»i»im»tnu»m>»i
TABLE CHRONOLOGIQUE
DU TOME SEPTIEME.
Afin. Pag. Aim.
, CHAPITRE PREMIER.
«Milite de la gvmre des
Turcs; leurs ravages
dans la Camiole et le
FriuH; ceux des yéni*
tiens dans la Grèce et
V Asie-Mineure, — Ré-
volutions deCkypre, qui
réduisent ce royaume
sous la dépendance de
la république de De-
nise. 1
Haoyaise politique de Paal II ,
pour la défense de la cliré-
tlenté. Ib.
1458-1468. Mathias Conrinus, fils
de Jean Hunlades, défend
la Hongrie contre les
Turcs. 2
Paul II le sollicite de tourner
ses armes contre George
Podiébrad, roi de Bo-
hême. 3
1468. Mathias Gorvinus alMUi-
donne la défense de la
Hongrie, pour attaquer
les Bohémiens déclarés
hérétiques. 4
1469. Invasion de la Croatie par
Hassan Bey, et massacre
de ses habitants. 5
P««.
1469. Nicolas Canale , général Yé-
nitien, surprend et pille la
Yille d'Eno. 6
2 août Voeu de Mahomet II
de détruire ridolàlrie des
chrétiens. 7
1470. 31 mai. Une puissante flotte
turque sort pour la pre-
mière fois des Dardanel-
les. 8
La flotte Ténilienne évite le
combat. 0
Les Turcs se préparent &
l'attaque de Négrepont
ou TEubée. R.
Ils lient la Thessalie à l'Eu-
bée par un pont. 10
25 Juin, 30 juin, 5 juUlet.
Ils livrent trois assauts
meurtriers à la ville. 76.
Nicolas Canale manque de
résolution pour rompre le
- pont et attaquer la flotte
turque. 11
12 Juillet. Les Turcs pren-
nent d'assaut Négrqpont,
et en massacrent tous les
habitants. Ib,
Canale accusé de manquer
décourage. 13
Il est arrêté et chargé de fers,
etP.Mocénigololsocoède. 14
466
TAfiU
Pag. Aon.
P««.
1470. Efflroique caasenl aai chré-
tiens la prise de Négre-
poDt et |a noarelle ma»
rine des Turcs. 14
Paul II s'efforce de réconci-
lier les Italiens. 15
32 décembre. Ligue d'Italie
pour la défense coquiHunei
1471.24 juin. Diète dé Ratis-
bonne, pour pourvoir k
la défense de la cbrétien-
té. Ib.
Discours de Paul Morosini,
ambassadeur Ténilien ,
pour demander des se-
cours aux princes alle-
mands. 17
Les états de Gamiole et les
magnats de Hongrie d^
mandent aussi des se-
cours. 18
19 juillet. Armement puis-
sant, ordonné par la diète,
que l'indolence de Frédé-
Hc m n'essaie pas même
. d'effectuer. 19
Le pape sollicite la diète de
faire attaquer les Bohé-
miens en quême temps que
les Turcs. 20
Vaine négociation dé Ma-
homet Il avec la républi-
que de Venise. 21
néfociatîDoi de Paul n «t
des Vénitiens avec Ussun
Gassan, conquérant de la
Perse, ib.
DéQ réciproque d'Ussun
Gassan et de Mahomet II. Ib,
9 août. François delà Royère,
sous le nom de Sixte IV,
succède à Paul IL 22
20||oi|t, Hercule d'Esté su^
cède 4 Borso, duc de Fer-
rare^ de préférence & Ni-
colas , fils de Lionne). 23
W4|0çUtiQns de Catherino
Zeno avec Ussun Gassan. 25
1472. KipédiUoq de Pierre Mooé-
i|^ ROffr iéfoUïï l'Aii»-
Mineure. Ib,
1473. n fortifie son armée par des
Stradiotes de Romanie. 36
H itt?^ la Gari« et nie d«
tos, 27
15 juin. Reqoésens avec les
galères de Naples, et Oli-
vier Garaflis avec celles
du pontife, viennent le
Jomdre. Ib,
Kllage et incendie des fau-
bourgs d'Attalée, ou Sa-
talie, dans la Pamphilie. 28
Ravage de l'Ionie. Ib,
13 septembre. Pillage et
incendie de Smyme par
les Vénitiens. 29
1473. Entrée triomphale d'Olivier
GaraffaàRome, après son
expédition 4aos l'Asi*-
nirieure. 30
1472. Ravages des Totcs émt
l'Albanie. Ib,
Le paoha de Bosnie s'avance
datas le FriuH jiisqu'A
tr^s mHles d'Udine. 31
1473.TeiHative du SiclKen An-
tonio, pour brAler la flotte
torque à GalUpoli. 33
Corresp^dance de Btooé-
tiigo avec UÉsini Gassan
et les princes de Gara-
majaie. w 33
1473-t 488. Ambàssad'e en l^èrse
de Barbaro et de Coata-
rini. ib.
1473, Slocéiïigo prend sûr les
Turcs et rend aux Cara-
mans Séleucie et deux
«autres forteresses. 3&
Ussun Gassan battu par Ma-
homet II sur les frontiè-
res de l'A^énie et de
Vfsmpire fte Tréblsonda* 36
Mooënigo ptuç f^( brûle
Myra dans fa Lycie, et
ravage les campagnes de
Physsus dans la Garie. ib*
.n refuse l'assistance da lé-
gat et tourne son atten-
tion vers tel affaires de
Ghypre. *'
CHRONOIAAlQnE.
487
Pi«- Aa^.
P«l-
14M. FalblMM d« ilaBUs III de
Luslgnin ; trooMcs Moi
son règne. 37
1459. aacqoe», bàUitl deLost*
gnan> enlève la eouronne
à Gliârloile» fille de ce
roi, el à Louis de Satole
»on mari. 88
1180. ebtrlotle demaiièi daa ac-
cours au pape, H A lOol
les prioces de la duré-
lienié. 39
146*0-I468« Marc Ooniaro pro>
cure A Jacques de Lssi-
gnap ralUance de la ré-
pubRque de Venise, et
tai soumel toute la Cby*
pre. 40
1471 iïH^qties de Luslgrian ^pduse
CAtberlAe Cornaro, adop-
tée par la répubilcjoe de
Veiilse comme me de
Salttt-Marc. Ib.
f 473« «Juin, liort de Jfae^oei de
fyuslgnall i \i\èêàûi sa
femme cprosae. 41
Jj^ottaie des cb^EpriMes
contre les YéoltleAa ;
massacre des parents dé
la relue* Ib,
Mocénigo el les proyédMeors
véûKiena ifféieotem ao
jhaptèaae ^acquea^le^Pos-
tbume, flis de Catherine
Gofiwro.
fttehessede l'Ile de Cbjpre.
Moeéoigo débarque des
tffOiipeaenCbypre.
il ptiiiU léyèrement tous les
ennemis de la reine Ca-
tbaiNie*
Au nom de oette reine, il
védliit la Chypre sons
l'absolue dépendance des
Vénitiens. 45
CfUHTRE 11.
Laurent de Médiois a ue-
ebde au crédit de son
père sur la répubiique
fiarewtiiM' — Faet» et
42
43
44
75.
mmbWmân mmmde
Sixte IV ; prmnibre
Mmiiagne 4$ Julien de
lu Rovèret 9ui depvie
fntJuke V , -^ Progrèe
des ^ Turcs ; preff^ier
0ié$i de feiOari ; siéga
de lApant^ i pri^e de
CQffa. U^\Mk' 46
La répiiM<ia<^ florentine
cesse d<D iHr^ ta pollti-
<|WdeK|UUe. ib.
14W. Les fils de Pieri^de Médf-
cia, trop jewiea pour gour
vemer 4 1* nort de leur
père. 47
La faction «tUiehée à lear
famille leur défère cepen-
dant l'autorité. Ib.
PoUflquede Thomas Sodé*
limi, qui maintient le cré-
dit des Médicis. 48
La lépubU^e demeure «i
i:epos pendant léi^ Jeu-
nesse. 50
1471. VoMse pomnemi ^ 0*^
léaz Sfofza a Ploreoce. Ib,
lAfluence fatale de la cour
c|e éiorza sur les mœurs
des Florentiia. 51
lélO. 6 avril. Bemardo ^ar^ se
saiid maître (le l^rato par
. surprise. 52
Il est fait prlsounfer et puni
de mort avec ^tg com-
plices. 53
t472. Troubles i Volterra, A Toc-
aasion d'une mine d'a-
lun. Ib.
27 avril. Volterra aerétolte
contre Florence. 54
Juin. Vollerra prise et pillée
par Frédéric de Monlé-
fel^ro. , 55
1471. 9 août. Election de Slite
IV. suspectée de simonie. 56
Le trésor de Paul H apu/^-
trait par ce pape ou ^^
neveuiL. 67
Slite IV sacrifie A ses qiia-
488
TABLE
Pas. Ana.
^
Ira nefeox Im intérèliile
réglUe. &7
1471 «GrAees qa'il accorde à Léo-
nard et JaUen de la Ro-
Yère» et à Jérôme Ria-
rio. &8
PoUsanee et luxe extrava-
gant de Pierre Riario,
cardinal de Saint-Sixte. Ib.
1473. 12 septembre. Il arrive k
Milan avec le titre de légat
de tonte l'IUUe. 60
1 474. 5 janvier. Sa mort, suite de
ses débanches. Ib.
Jean de la Rovère, autre
neveu du pape, épouse
Jeanne de Montéfeltro . 6 1
21 août. Frédéric de Mon-
léfeltro créé duc d'UrbIn
par le pape. Ib,
Campagne du cardinal Ju-
lien de la Rovère contre
TodI. 62
Il attaque Nicolas Viteltt,
prince de Città di Gas-
tello. 63
Les Florentins prennent sa
défense. ib.
Défiance que cause aux Flo-
rentins ralliance du pape,
du roi de Naples et du
duc d'Urbin. 64
2 novembre. Alliance entre
Florence, Yenise et le duc
de MHan. 65
Nullilé de l'histoire d'Italie
pendant plusieurs an-
nées. 66
Le pape se refuse k pren-
dre part à la guerre con-
tre les Turcs. Ib,
17 janv. Défaite des Turcs k
Rackowiecicz par le way-
vode de Moldavie. Ib,
Mai. Le Beglierbey de Re-
manie entreprend le sié- -
ge de Scutari. 67
Août. Il lève le siège, après
avoir beaucoup souffert
par les maladies. 68
Sottflirances des assiégés
et de rarmée véDltlenne. SB
1475. Les Turcs assiègent inutile-
ment Lépante. 69
Importance de la colonie
génoise de Gadà. 70
Secours envoyés k Gaffa par
terre. 71
Démêlés des Génois de Gaflli
avec un kan de Tartarie. 72
Juin. Gaffa prise et ruinée
par Mahomet II. 73
Affiiibllssement de tons les
partis dans la guerre des
Turcs. Ib,
GHAPITRE III.
Conjuration de JSicoUu
d'Esté à Ferrure, de
Jérôme Gentile à Gè-
nes, d'Oigiati, yu^
conti et Lampugnani à
Milan, — MévohUions
dans rétat de Milan ,
après lamorl de GaUax
S for sa. 1476-1477. 75
Tous les états d'iulie ébran-
lés en même temps par
des conjurations. ib.
Un tyran peut-il être ren-
versé autrement que par
une conjuration ? 76
Motif de lintérêt qu'excite
l'histoire de toute conju-
ration. 77
1476. Gonjuration de Nicolas, fils
de LIonnel d'Esté, contre
Hercule. Ib.
I «■* septembre. Nicolas entre
avec six cents hommes k
Ferrare. 78
II est chassé, fait prisonnier
et mis à mort. 79
Pouvoir limité du duc de
Milan à Gênes, d'après
les capitulations. 80
Galéaz Sforza ne les observe
pas. Ib.
Galéaz veut partager la ville
de Gênes en deux pour la
dompter. 81
Courage de Lazare Doria,
GHaOSQtÉOeiQUX.
4ad
Pag, AI9.
Pag.
qol le fait n^noncer à oe
. projet. 8:^
1476. Juin. Jérôme Gentile prend
les armes pour délivrer
Gènes. 88
Il est obligé de renoncer à
sou projet et de sortir de
la ville. ib.
Caractère et vices de Galéaz
Sforza. 84
Jérôme Olgiati, Carlo Vls-
contl et Jean - André
Lampognanl^ élèves de
Colas de Montant, for-
més par lai & la haine de
la tyrannie. 85
Il leur fait appcendre Tart
de la guerre. 86
Animés par les outrages
qu'ils reçoivent de Sforza,
ils conspirent contre loi. Ib*
Prière des conjurés dans le
temple de Saint - Am-
broise. 87
26 décembre. Ils tuent Ga-
léaz dans ce temple. 88
Lampugnaol et Yiscontl
sont massacrés immédISH
. tement. 89
Constance de Jérôme Olglati
durant le plus affreux sup-
plice. Ih.
1477. Jean Galéaz Sforza, fils de
Galéaz, reconnu comme
duc de Milan , sous la ré-
gence de sa mère. Bonne
de Savoie. 90
Jalousie entre SImonéta, son
premier ministre^ et les
A-ères de Galéaz. 91
16 mars. Tumulte à Gènes
sur la nouvelle de la mort
du duc de JVlilan. 92
Prosper Adorno tiré de pri-
son par la régence de Mi-
lan, et chargé d'apaiaer
les troubles de Gênes. 93
.30 avril. Adorno rétablit à
Gènes l'autorité limitée
du duc de Milan. 94
liCs frères Sforza réduisent
les Fieschl*à Tobéifisance. 95
1477. Mal. Ils reviennent à Milan,
dans respérauce de s'em-
parer de i'autoiité. 76.
2ô mai. Leur confident Do-
nato de Centi est arrêté. Ib»
Ils veulent soulever le peu-
ple, mais ils sont forcés à
s'enfuir. 96
Mort d'Octavien Sfona ao
bord de l'Adda ; exil de
ses frères ; victoire com-
plète de Gecoo SImonéta. ib.
CHAPITRE lY.
Conjuration des Paxxi,
1478.
98
1472-1477 Insignifiance de l'his-
toire florentine pendant
plusieurs années. Ib.
Pouvoir vexatoire qae s'ar-
rogent les Médicis. 99
, Dissipation de la fortune pu-
blique pour soutenir leur
commerce. Ib*
Partisans des Médicis, et
leurs ennemis. 100
Jalousie de Ijauvent contre
la famille des Pazzl. 101
n prive Jean des Pazzl de
rhérllage des Borromei. 102
François Pazzl quitte Flo-
rence pour s'établir à
Rome. 104
11 associe sa haine à celle de
Sixte lY et de Jérôme Ria-
rio. Ib.
Il reconnaît qu'il ne peut
attaquer les Médicis que
par une conspiration. 105
11 attache A son parti Fran-
çois Salviati, archevêque
nommé de Pise. 106
1477. Charles de Montone,
en attaquant les Siennals,
les Indispose contre Flo-
rence. Ib,
Jacob des Pazzl entre dans la
conjuration de son neveu . 1 07
D'autres ennemis des Médi-
49»
TABUS
ng. AMB.
m>
fk f e Joignent aux eon-
juréi. m
I472-I47Î. 10 décembre. Ra-
phaël Riario nommé ear«-
dinal è dix>birit an». Ib,
l<4t6. Le cardinal RUmo revient à
Florence, et les conjurés
tealent attaqaer les Hé-
dicis pendant tes Tètes
données é ce cardinal. J09
36 avril. Les conjurés atta-
quent lesf deux frères
pendant la messe, A la
catnée^ate. Ib.
Julien est tué, Laurent se
dérobe à ses menrlriers. 1 1 0
Laurent se relire cbe«> lai
entouré de ses arais. 1 1 1
L'archevêque Salvîati veut,
pendant ce temps , s'em-
parer du palais public. 112
te gonfalonier s'échappe
de ses mains, le fait sai-
sir et le fait pendre atfx
fenêtres du palais^ 113
Efforts inutiles de Jacob des
Pazzi pour animer le pea-
ple. 114
Tous les conjurés massa-
crés par le peuple furieux. Ib.
Soixante-dix citoyens mis
en pièces dans les rues. 115
Caractère des Pazzi. 1 16
Attaque des alliés contre la
république florentine. Ib.
4 Juin. Bulle de Sixte IV
contre elle. 117
13 Juin. Les Florentins
nomment les décemvirs •
de la gnerre pour se dé-
fendre. 118
Le roi de France et d'autres
souverains venlent dé-
tourner Sixte IV de la
gnerre. 119
Le cardinal de Pavie con-
aeine à Sixte IV de don-
ner des réponses évasives. Ib.
Il représente la cause des
conjoréscomme devenue
celte da Saint-Sfége. 130
1478. Le pqM diffère' pendint
toute l'année de répondre
aux ambassadeurs dé
FrattcOf etae prépaie k la
guerre. 121
CHAPITRE V.
Guerre entre SiœU IV^
aXlié de Ferdinand de
tapies, et les Floren-
Uns. — Génei reeauvf^
sa liberté. Suite et fin
de la guerre de P'enise
contre les Turcs, i 478. 1 22
La dissimulation des conspi-
rateurs ne peut être excii-
sée <}U'ett raison do dan-
ger qu'lifi courent. ib.
lAè souverains qui s'enga-
gent dans une conspira-
tion descendent au rôle
d'assassins. 123
Le caraotère de Sixte lY
corrompait son esprit et
déshonorait ses projeta. Ib.
1178. Ses préparatifs pour la guer-
re, et ceux des Flurentin^. 124
30 août. Le duc Hercule de
Ferrare accepte le coon-
mandement de farmée
florentine. 125
Conduite suspecledadocde
Ferrare. J|.
ff laisse prendre soecessfve-
ment les plus forts ehA-
teaux des Florentins. 126
Novembre. Il met ses troo-
pes en quartiers d'bive^. I27
Laarent de Médieli se tient
toujours éloigné de f ar-
mée qui combal poQr
Les Florentins soIlleHeotlça
secours des aukes pcïî-
sances. 1 28
■Ils ont recours A RbmH», ré-
gente du ducbè lie flIHan. 1 39
Le roi de Napies donne A
Bonne des eecapations,
pour rempécber de seeoo-
fir les FIorentliM. ib.
GHROnOtOOIQUE.
491
1478.11 eidte Prosper Adorno à
soulever Gènes.
Sforzfno envoyé à Gênes
avec ome noinbrease ar-
mée, pour soumettre cette
Ttlle.
Robert de San-Sévérino se
charge de la défense dte
Gènes.
7 août. Bataille sons H due
Gemelli entre les Mila-
nais et les Génois.
L'armée des Milanais dé-
faite et déponillée par les
paysans.
W novembre. Prospcr A dof-
tio obligé de céder sa
place à Baptiste ï régofio.
Les Florentins cherchent à
demeurer en pai& avec le
gouvernement de Gênes.
Peste à Florence et à Venise.
flégodations des Florentins
avec Venise, ponr en ob-
tenir des secours.
Les Vénitiens, épuisée parla
guerhî des Turcs, ne peu*
vent secourir Florence.
I4t5. Leurs eflbrts pour obtenir la
psit de Mahomet fl.
Ils font conduire à Vcfiise
fés fils naturels de Jac-
ques de Lusignan.
1477. Achmet,sangiak d'Albanie,
met le siège devant Croia.
2 septembre. François Con-
larlnl défait devant Croia,
par Achmet.
Octobre. Le pacha de Bos-
nie attaque le Friuli.
Achmet Giedik s'empare du
pont de Goriza.
Géronimo Novello battu sur
les bords de t'Isonzo, par
les Turcs.
Le nord de rilafie, jtlsqtt'A
la Piave, ravagé par les
Turcs.
1478. Les Vénitien^ fortifient de
nouveau les bords de TI-
sonzo.
Pig. AriBa Pig*
I478.5mvler. H» font de noo-
1 29 veaux eflTOrts pour obtenir
la paU. 141
Mal. Mahomet rejette les
conditions qu'il avait lul-
131 même dictées. 142
15 Juin. Grofa se r^nd A
Mahomet, qui viole la
Ib. capilfilatlon. J9,
Mahomet assiège Scufail. 143
37 Juillet. Assaut terrible
1 a <lonné A Scutari 1 4 4
Mahomet s'empare de diver-
ses places de l'Albanie. 145
fd. Il attaque de nouveau le
FHull. f46
inqaMtnde que les afflilrea
183 de Gbvpre donnent à la
république. Ib,
27 août. Les Vénitiens en-
134 ferment dans le château
135 de Padoue les enfants de
Jacques de Lusignan. 147
Eitrémités où IH Ville de
ib, Scutarl s« trouvait ré-
duite. Ib.
18 novembre. Le sénat f)rét
Ib. k accepter la paix A
toute condition. 148
136 1479. 26 Janvier. La paix est d-
gnèe avec le sultan, par
Giovanni Dario, ambas-
Ib, sadeur de Venise. 149
La république donne ûes
137 pensions aux habitants
de Scutari, qui abandon-
nent leur patrie, cédée
Ib. aux Turcs. 150
25 avril. La paix avec les
138 Tdrcs publiée à Venise. Ib.
,3g GHAPITAE VU
SixHè t'P^ attiré te» Suis-
ses en Italie; leur t^ie-
Ib. toire sur les Milanais à
Giomico. — Il exeiîe
Louis-le-Maure à s'em^
140 parer du gouvernement
de Milan. Détresse de
Laurent de MMMi ;
141 il se rend à JVapiêg, où
492
Ami,
TABLE
Pig. AU.
ii Sjfgne une paix qui
pompromet Pindépen-^
daneê de la Toêeane.
Prç^eî du due de Cala-
are sur Sienne ; révolu-
Hons dé eeUte r^pti^M-
quft, 1478-1480.
PH.
151
1479. Jalousie des Italiens «ontot
Venise, après ia pa&\ de
GoDstaotinople* ib.
Ck)lére de Sixte IV coaire
eux. 152
U Yeot susciter de nouteHes
guerres en Italie. /^.
1476-1478. Goromeneement du
oommerce des indulgen-
ces en Suisse. 158
Sixte IV vent appeler les
Suisses aux guerres d'Ita-
lie, /é.
Intrigues en Suisse ée son
légat Guido de Spoieto. 154
Novembre. Le canton d'Uri
déclare la guerre au duc
de Milan. 155
Les Suisses ravagent ie rei-
sinage fies lacs, et m^a-
cent BelUnzona. Jb,
1479. Janvier. lis défont le comte
Torelli, à Gtomico. 156
Paix entre le duc de MUan et
les cantons suisses. Jb*
Intrigues de bixte IV avec
San-Sévérino et les frères
Sforza. 157
Faiblesse des Florentins
dans leur guerre contre
Robert de San-SévériBO. Jb.
Animosité des soldats de
Braccio contre ceux de
Sforza, quiservaientavee
eux dans ramée floren-
tlne. i5g
7 septembre. L'armée des
Florentins défaite au Pog-
gio-Imperiale , et leurs
forteresses prises par le
duc de Galabre. Jb.
JA8 frères Sforza passent en
Lomberdie. 159|
1 1479.28 août. Torlone se rend à
Louîs Sforza, àli.le
Maure, 159
8 septembre. Il est rappelé
A Afilan par Jes ennemis
du ministre Cecco Simo-
néta. 16Q
1 1 septembre. Louis-le»
Maure fait arrêter Simo-
néla, et un an après II l^
fait périr. |$|
1480. 7 octobre. Il renvoie la du-
chesse Bonne, et déclare
son fils nujeur â doux»
ans. ^^
1479. Les Vénitiens et les Floreii-
tins veulent opposer Eené
II de I/)rraine à Ferdi-
nand. 152
DroiU de René II à repré-
senter la maison d'An-
jou. 163
Les ducs de Galabre et d'Ur-
bin invitent Laurent de
Médicis A traiter avec
Ferdiuand. i64
Dissentiments entre le roi
de Naples.etle pape sur
la guerre de Florence. 1 65
Dangers de ia situaUoB de
Laurent de Médiels. Jb.
5 décembre. Il part pour
w«« traiter la paix â Napiea. 166
1480. Il est reçu à Naples avw
les plus grands bo»-
neurs. 1(^7
11 expose à Ferdinand ïts
principes de sa poKlique. 168
Ferdinand veut s'assurer si
les ennemis de Laurent
ne profiteront point de
son absence. /6,
6 mars. Ferdinand signe la
paix avec la république
florentine. 109
12 avril. Laurent, deretpqr
à llorence, rend son
autorité plus absolue. 170
Magnificence et prodigalité
de Laurent. i7i
Projets de Ferdinand sur
Ann.
CHRÔlïOLdGIQUB.
Pag. Ami.
4^3
Sienne, qui ravalent en-
' 'gagé A la paix. 171
1408-1480. Sienne gouvernée par
les trois monts réunis,
' des Neuf, des Réforma-
teurs et du Peuple. 172
Prospérité de la république
sous ce gouvernement. 173
HéGontentement des partis
exclus du gouvernement. Ib.
1480. Î2 juin. Le mont des Ré-
formateurs exclu du gou-
vernement par le duc de
. Galabre. /6.
Nouveau gouvernement prêt
A soumettre Sienne au
roi de Naples. 174
Sienne sauvée par le dé-
barquement des Turcs A
Otranle. 175
CHAPITRE va.
Mahomet II s'empare
d'Oirtmie; SixUe IV
. effrayé fait la paix avec
< ies Florentine, et le duo
de Calabre quitte Sien-
ne pour délivrer Otran-
te,Mort de Mahomet il.
Nouvelle guerre allu-
mée dans toute V Italie
parSiœtelVfpourle du^
ehé de Ferrare. Il passe
d'un parti à Vautre, et
meurt enfin de chagrin
de la paix. 1480-1484. 176
148Ô. Expédition de Mahomet II
contre nie de Rhodes,
commandée par Mésithès. Ib,
28 juillet. Débarquement
des Turcs, conduits par
Achmet-Giédik,AOtrante. 177
11 août. Prise d*Otrânte, et
massacre de ses habi tants . Ib.
Les Vénitiens avaient favo-
risé cette Invasion, et le
pape était accusé d'y
avoir consenti. 178
EOlroide iSixte IV, en voyant
les Turcs en Italie, /6.
n appelle tous les Italiens A
la défense de TÉgltse. 1 79
1480.7 août. Le duc de Galabre
quitte Sienne pour défen-
dre le royaume de son
père. 180
Le pape» effrayé^ consent A
se réconcilier avec les Flo-
rentins.' Ib.
3 décembre. Pénitence des
Florentins , et discours
que leur adresse le pape. 181
1481. Mars. Les Florentins recou-
vrent leurs forteresses,
sut les frontières de l'é-
tat de Sienne. 183
Paul Frégoso envoyé par
Sixte IV contre Olrante . Ib.
3 mai 1481. Mort de Maho-
met II, qui met un ter-
me A la terrem: de ritalie. 184
10 août. Otrante reprise par
le due de Galabre. Ib.
1480.4 s^tembre. Le pape dé-
pouille les Ordelaffl de la
principauté de Forli, et
la donne A son neveu Jé-
rûme Riario. 185
Extorsions par lesquelles le
pape relève ses finances. 186
1481. n envole Riario A Venise,
pour s'allier avec cette ré-
publique. 187
Riafrio songe A partager avec
Venise les états du duc
de Ferrare. Ib»
Griefs de la république de
Venise contre le duc de
Ferrare. Ibm
1482. 3 mai. Le pape et la répu-
blique déclarent la guer-
re au duc de Ferrare. 188
Ligue du roi de Naples, du
due de MHan et des Flo-
rentinsi pour le défendre. 1 89
Guerre des seigneurs de
chÂteaux dans Tétat de
Rome. Ib.
Guerre des Fieschi en Ligu-
rie, et des Rossi dans l'é-
tat de Parme. ib.
IHfficulté de la guerre dans
•
1484.
494 TA$tt
ABO. Plig. Ain.
Ifli mn^i» dw iKNiches
du Pô. 190
148!l, Robert 44 San-SéTéjriiio ^
général des Yéniltens,
soamet ^ioÉiieiin châ-
teaux-fiHif. 191
Frédéric de M onléfeltro est
nommé générul de la li-
gue qui défend Ferrare. 1 93
Un ermite vent détendre Ff-
gbér uolo par un miracle. 1 9S
21 août. Le duc de Calabre
défaft 4 Cainpo-Horto,
rés de Yelletif , par Ro-
lirt Malatestiy fanera! du
pape. 194
Ingratitude du pape pour
Malatesti, mort empoi-
sonné le 1 1 septembre 194
1 1 septembre. Mort de Fré-
déric de Montéfeltro, duc
d'Urbîn. /6.
1 4 octobre. Première ouyer-
tnrede paix eiàtre Sixte
IV et Ferdinand. 197
1 3 décembre. Sixte IV aban-
donne les Vénitiens et
s'attache 4 la ligue opposée. /6,
1489. 10 Janvier. Il{»ublie un ma-
nifeste contre les Véni-
tiens/et les excommunie
ensuite. 198
28 février. Congrès d^ Cré-
mone pour attaquer les
Vénitiens. Ib,
La guerre se fait avec mie
extrême mollesse. 199
Guerre de Toscane faite
plus lâchement encore. 200
9 mai. Traité des Vénitiens
avec René II de Lorraine,
qu1ts prennent 4 leur
solde. 201
30 août. La mort de Louis XI
oblige René à retourner
en Lorraine. ift.
24 mai. Sixte IV excommu-
nie les Vénitiens. 202
1 9 novembre. Il fait, cardi-
nal son valet de chambre,
4gé de vingt 4IM« 20$
1^*
Vai et'iPia- U flatte
vénitienne prend an roi
de Kapiesiâliipoft ail^
licastio. 203
LesColonna poDfsoiTtoavec
acharnement par Riario ,
à Rome etdana leurs 6eb. 204
tf73. Supplice du prbtpQptaire
Louis Colonna. 205
Négociations de J^rne
Riario, pow^ s'empasar M
Rimini et de Pésaro. Ib»
Refroidiasement entiô les
alliés. * 206
14 juaieî. Mort de Frédéric,
marquis de Mantoue. Ib»
Négociations de Robert de
San-Sévériiio avec Lopls-
le-Maure, 207
7 aoûti. Paix deBagnoloen-
tpe la Ugue elles Vénitiens. Ib.
Les états W pliMi «fiibles sa-
avifi4a|MirUb<piw4v^-
iP0lo. • ib.
MécontewIeHiint ds pape
loisqn'il app«»dlea né*
goditioBs. 209
12 aott. Il feâiao d'approu-
vé e^dt bénir 1» iêïi. Ib,
14 aoiU. Il meurt an bout
de ^puakiiieS' hemn» d'un
ae04a>datoittift«lMpntée. 210
&0II goût i^4or-te«Mabats4
fflatraninp. A*
cHiiprïRB yra.
Election d'innofiçfit lf/7/.
Ce j^apefoff déclarer te
guerre enfre Ferdinand
et ses ^or^fw.jT* .^ Çp^'
dinal Payl JMgoso ,
doge de Gènes. — Con-
qttête de Sarxane par
le^ Florentins, — AfUiX'
chie et pacification de
Sienne, '-^ Conjiuraiion
contre J^rômo Riario
0î contre Galéoito Mamr
ffédi. 1484-1488. 2U
Autorité des cardinaux dans
r^glis^ romaUia. i6.
GHRCHeiQliQGIQUE.
495
cèdwifestjrolontéi. 212
4 àimm #B€tiqii leai^rdi^ 1 485.
naax essayaient d0 res-
MMln Iw pnkogttives
Mais fei, pipea ia déga-
gfMi^atde levurs Munenti ,
en veiitt Al Uxirtiipréiiia-
$i%. .. /6. i486.
U ,it^ diiitaiJiifa^araDti
au Saint-Siège {fn une
M)« d'Ionooeat VX. 214 i
Opposition des plus ver-
tii«i<.6«Edina«Kàce^ean-
4ale.. 215
H84.GoBdiUons iipposées au pape
lutuff aprèa la mort de
Sixte IV. Ib.
2$ aoàt. Jean-BapUste Gybo
élu pape sous le nom
éUnnocmt FUL 216
H av4dt acheté les voix des
cardinaux par des mar-
chés seQvets« 217
Garactemd'inooqeca VIII. Ib.
Innocent VIII «e montre
reoneni de Ferdinand. 218
Haine .des sujets de Fer-
nand contre lui. Ih» .
Inneeent interrompt le com-
iMMê de moBttpele éta-
Mt entre Si«te IV et 1 er-
dmand. 219
14#4. Indépendance des habi-
tants d'Aquila. 220
28 |vte. Us sont privés de
taffs droits par le duc
deCalabre. 221
Ootohve. Innocent TIII les
pi^lid sous ea protec-
tion. Ib'
AswmAaée à Melfi des ba-
rons napolitains ennemis
do roi. 222 1487
Le dttc de Calabre attaqfis
les barons mécontents. 223
Les Florentins et Louis Sfor-
2a promettent leurs se-
GOttis à Ferdioand. Ib, 1 486
NégodaUons des barons de
Pag.
iVAplia et d'bmoeent Viii
avec René II. 224
Le roi envole Frédéric, son
fllft, pour offrir aux barons
les eonditionf les plus
ayaotageuses, .. Ib.
Ferdinanii^fait marcher le
dnc de Calalire contre
R<»ne* 225
NégoelaUaiis des Fiorentins
l«Mir.laise rédfoUer l'Etat
, dei'figli»^ 226
8 «aU.Vktoiie dn duc de
Calabre, mu pont de La-
mentann». a«ns effusion
de ung. Mb.
Innocent vm^sO^jé, veut
faire la pais. 227
Hédialito de Fei^and el
d'IsabelIe^iQis d'Arragon
etdeGastille. Jb.
11 août. Traita de Rome,
ipar lequel Ferdinand ac-
eorde au pape et anx ba-
rona toutes leuis deman-
des. 228
i^êd^U Feidinand feit pé-
i^r «eu^ de ses ennemis
qu'il peut saisir à Naples. Ib.
S(Qptembre. Il s'empan d' A-
quila , et en chasse les
troupes du pape. 229
10 oçto^ Jl arrête et fait
périr tous les barons aux-
quels il avait accordé la
«atx, ib,
Robert de San-Sévérino ,
abandonné par le pape ,
est mis en déroute. 230
Le pape sesonmet 4 la vio-
lation de la paia.de Rome. i6..
U se réconcilie avec Lau-
rent de JUédiciaf et hd
doime toulesa confiance. 231
Novembre. Il fait épouser à
son fils une fille de Lau-
rent, et promet au fils de
Laurent un chapeau de
cardinal. 233
> Médiation de Médlcla pour
terminer la gnemd'OsI-
4d6
tABtt
àinu
ftg. Âm.
PH'
ïïio, dont le Mignénr ap-
pelait les Tnrca dai»r£tat
de l'Eglise. 233
1483. 25 novembre. Paol Frégoao
arrête son neveu Baptiste,
et se fait doge de Gènes. 236
1484. Sarzane et Piétra-Santa cé-
dés à la ban<|ue de Saint-
George de Gènes . le.
Octobre. Les Florentins as^
siègent Pfètra-Sanla. 237
Maladies cruelles dans le
camp des assiégeants. 238
* 8 Novembre. Piétra-Santa
se rend aui Florentins, ib,
1486-1486. Négociations pour la
paix entre Paul Frègoso
et Laurent de MèdiGis> 239
1487.22 mai. Prise de Sarzane
par les Florentins. Ib,
Juillet. Alliance de Paul Frè-
goso et de Louis Sforza. 240
Les anciens partisans de
' Paul Frègoso se réunis-
sent aux Adornicontrelui. Ib.
1488. Août. Paul Frégoso , attar-
què par les Fiesques <A les
Adorni, se réfugie dans
la forteresse. 241
Guerre civile dans Gènes. 242
Projet de partage de la ré-
publique entre les Adorai
et les Frégosi. 243
Augustin Adorno est ren-
voyé en exil dans le Friuli . tb.
Octobre. Paul Frégoso se re-
tire à Rome , où il meurt
le 2 mars 1498, 244
Laurent de Médicis Jaloux
de tontes les répubttques. ib.
Troubles de Sienne, quMi
envenime. S45
1483. 14 juin. Il s'dlie aux déma-
gogues de Sienne. 246
1 487 . Tous les émigrés de Siemie,
quoique deparlisopposés,
font la paix entre eux. Ib .
21 juillet. Ils partent de
St&ggia, où ils s'étaient
réunis, pour surprendre
Sienne. 247
I487.îie gônteinement r6v<yiii-
tionnaire de Sienne est
renversé par nne poignée
de conjurés. 348
Tous les ordres admis de
nouveau au gouverne-
ment de Sienne. 249
1488 . Conjurations dans les petites
principautés de Romagne. Ib.
1 4 avril Jérôme Rlario as-
sassiné i Forli par ses
gardes. 251
Courage de sa veuve, Cathe-
' rine Sforza. Ib,
29 avril. Octavien Riario
succède à son père, sons
la tutelle de Catherine. 252
" 31 mai. Galéotto Manfrèdi,
seigneur de Faenza4 as-
sassiné par Francesca
- Bentivoglio, sa femme. Ib>
Jean Bentivoglio, seigneur
de Bologne, vient à Faen-
zapour secourir sa fille,
et il est fait prisonnier
par les habitants. 2&3
- Avantages que retire Lau-
rent de Médicis de ces
deux révolutions. 2W
CHAPITRE IX.
Là rHne Catherine CoT'
naro abandonne ViU de
Chypre auan F'initieni,
ZtximàRome. — il»-
poê apparent de toute
l'HaHe.-^Ètat de l'Eu-
rope t. et pronoeties de
nouveaux oragee. —
Mort de Lauréat de
Médicis et d'Innocent
nu. 1488-1492. 255
' Fermeté de la république de
Venise dans ses rapports
avec le pape. Ib.
1487. Guerre des Vénitiens avec
Sigismond, comte de Ty-
roi. «56
9 août. Robert de San-Sé-
vérino 7 est tué auprès de
l'Adige. 257
GHaOHOIiOGIQUf.
497
Plg. âJUI.
p«g.
1487. Goem eitfre Baj^zeth II et
Gail-Bai, soudan d'E-
gypte. 258
]488.Aoftt. Défaite de l'armée
tarqae par les Mamelacki,
A Issus. Ib,
Le sénat de Venise en prend
occasion de forcer Cathe-
rine Gomaro à abdiquer
la cooronne de Chypre. 250
1489.24 Janvier. George Cornaro
se rend auprès de sa sœur
pour l'engager àcéderson
royaume. Ib.
15 février. La reine prend
congé des habitants de
Nicosie. 260
20 Juin. Elle se retire À Aso-
lo , dans le Trévisan. /6.
1482. Jem ou Zizim, frère de Ba-
Jazeth II, se réfugie à
Rhodes. 201 \
1482-1479. Il vit en Auvergne,
dans une commanderie
de Tordre de Saint-Jean. Ib,
13 mars. Il fait son entrée à
Rome en grande pompe. 262
i490.Mai. Complot découvert A
Rome, pour assassiner
Jenu 2G3
1484-1482. Malfaiteurs impunis A
Rome. Vénalité de lajus-
tice. 264
14 90. Fausses bulles vendues an
nom du pape, pour auto-
riser les crimes. 265
1478-1492. L'esprit de persécu-
tion croissait avec l'im-
moralité du clergé. 266
1478-1482. L'inquisition établie
en Espagne par Sixte IV,
en chasse , pendant son
règne, 170,000 familles
juives. 267
, Isabelle excusée d'avoir con-
fisqué les biens des Juifs
par cupidité. Ib.
1482. Tous les écrivains du siècle
approuventla persécution,
en bl&mant tout au plus
les moyens employés. 268
VII.
1482.Les Juifs exilés apportent la
peste à Gènes à leur pas-
sage. 269
1487.12 mars. Tentatives d'un
moine pour faire massa-
crer les Juifs À Florence
et A Sienne. Ib.
1492. Tentatives d'un autre moine
• pour exciter une persécu-
tion A Naples 270
Persécution de la vaudolsle
A Arras. là
1486.30sepL Innocent VIII or-
donne aux magistrats ita-
liens d'exécuter les sen-
tences des tribunaux d'in-
quisition sans examen. 271
Les pins violentes persécu-
tions ont commencé qua-
rante ans avant la réfor- 2
matkm. 27
1489. Mars. Innocent VIII nomme
Jean de Médicis cardinal
A l'Age de treize ans.
Arrogance de Laurent de Mé-
dicis, dans le gouverne-
ment de Florence. 274
Les Annales florentines sans
intérêt A cette époque. Ib .
1490. 13 août. Les Florentins font
faire banqueroute A l'état,
pour sauver Laurent d'u-
ne banqueroute. 276
1 462-1 60G. Puissance de Jean
Bentlvoglio A Bologne. 277
1488.27 novembre. Conjuration
des Malvezzi contre Benli-
vogUo , et leur supplice. 27 8
1 491 . 6 Juin. Conjuration des Od-
di A Perouse, contre les
BaglionI, et leur défaite. 279
1490. Leduc de Milan consent de
tenir Gênes en fief de la
France. 280
1 488*1 492 . État des autres puis-
sances de l'Europe. La
France gouvernée par la
dame de Beaujeu. Ib
Maximilien en lutte avec les
Flamands, et Frédéric III
chassé de l'Autriche. 281
32
498
ÏABUS
Atttt.
)hig. àoÊL
Hg.
149^.5 âTffl. Mort de Mattltftt
GonriniM ; gaerres dvUes
de Hongrie. 281
148d>1492. La ronte des Indes ei
cette de rAmériqae, on-
vertes au Portugal et à
l'Espagne. 982
1492. 2 janvier. Grenade prlsepar
les rois d'Espagne. 283
Formation des grandes puis-
sances qui doivent rem-
placer les petites, sur I41
scène de l'histoire. /6.
Une nouvelle époque devait
nécessaîremeat comment
cer. 284
Laurent de Hédicis ne Re-
tarda point la révolution
qui se prépariUt. 285
Le projet de Néri Câj^ni et
de Sixte IV aurait seul pu
sauver l'indépendatioe ita-
lienne. 286
Louis-4e-Manre, en appe-
Imt les Français en ItaUe,
ne fit que ce qui s^tait
fait vingt fois avant Int. Ib.
4 juin. Vàt de Ferdinand
deNaples a'vee l'église. 287
1490. 27 septembre. Léthargie
d'Innocent YIII , pen-
dant laquelle on le croit
mort^ 288
1492. Tentative d'un médecin
poor rajeunir Innocent
YIII par la transfusion
du sang. 289
2^ juillet. Mort d'Innocent
VIII. Ib.
8 avril. Mort de Laurent de
Blédtcis. Ib,
Politique de Laurent de Mé-
dids. Jb,
Son eilrériie aptitude aux
arts, à lapoéaiael à la
philesophle. 290
^hftme de son earaolère,
qui ooiitribue eneora au-
Joard'hai à «a eéléteité. 291
^Hàm!flte X.
Considérations sur h «a-
rw:tère et les révôluiiont
dm xf^ Héché 294
Eut de prospérité tfe l'Italie
an moment où s'engagea
la lutte pour son indépen-
dance* Ib.
Importance de Tépoqoeoù
nous nous sommes anrétés. Ib.
Jusqu'en 1492, l'Italie oc-
cupa lepremler rang en-
tre les nations europém-
nes. 295
Calamités qui commencè-
rent à cette époque, et
qui réduisirent l'Hifte en
servitude. Ib.
I^ùp d'œil sur l'Ustcrire en^
tière de l'Italie. 296
Est-on fondé à accuser les
Italiens d'avoir mérité de
perdre leur ittdépendâoeP 297
La nation la plua sage ne
peut tioint endiahier tous
les événementa qui font
sa destinée. Ib.
lia naàon anipalse a couru
plusieurs fois lesdiances
qui ont perdu l'Italie. 298
Les Itftiiens n*aàriient point
sauvé leur indépendance
en se réan|sàant en une
seule mon^inMe. Exem-
ple des Epagnols. Ib.
LItaHè ne pouvait résister
à toutes les nattons qui
i'attaquéàrenté la fols. 299
Une guerre civile pevvatt
également ouvrir PItalie
aux étranges, qitand elle
n'aundt formé qufune
seule monarchie. 300
Droits éventuels de sneoea-
irtott qu'une monaitfaie
laisse toi^cMtfrs aux étran-
gers. 801
L'Italie aurait plutôt paître
kauvée parrunloÉ de ses
républiques. 302
CHROIIOLO0IQ17E.
49»
^•g. ABU.
Les étâti 4e If taUe étalent
aassi puissants au xy« sië*
de que ceox delà France
et de l'Allemagne. 803
L'Italie ne pouvait prévoir
le danger qu^elle coa-
riJL 804
L'affaibUflsemeot, de l'espiH
de liberté en Italie dimi^
noa sa force de résistance. Ib,
Dimination considérable
* dans le nombre des ci-
toyens souverains. 805
La puissance d'une républi-
que sur elle-même aug*-
meutée par la participa-
Uon de tous 4 la souve-
raineté. Ib,
Le Joug imposé sur les cités
sujettes de» républiques,
aggravé pendant le xv«
siècle. 306
Diminution de la liberté po-
litique dans tes capitales
moines des républiques. 307
Diminution du sentiment
d'indépendance dans les
principautés italiennes
pendant le xv<> siècle. 808
Un grand nombre des an-
ciennes dynasties élevées
par le peuple perdit au
XY« siède sa souverai-
. neté. ib.
Les états monarchiques ces-
sèrent de s'appuyer sur un
principe de légitindlé. 809
Malgré ces germes de désor-
dres futurs, le xv« siècle
fi^ ua temps de baute
prospérité. 311
Grands hommes qui brillè-
rent au xve siècle. Ib,
Lq» guenres du xy« siècte se
firent avec humanité. 812
La milice italienne se fit hon-
oeur à. cette époque aux
yeux dès ultramontains. 813
. ISnthousIasme de toute la
nation pour les lettres. Ib.
Créitti politique des gens de
Fsf.
lettBcs dans tons les étatf
, d'Italie, 814
Emulation exdlée par le
. grand nombre des petits
états. îb.
Grande dlflfoence enAre Içf
provinces et les capitales,
pour les progrès de la ci-
vilisation.t 815
Utilité pratique. BésulUt du
progrès des sciences. 8 1 6
L'histoire d'un, pays libre
met en évidence toutes
les souinrances des indivi-
dus ; cdle d'un pays as-
servi les dissimule. 317
Recherche du bonheur réel
d'une nation dans cha-
cune des classes de la so-
, dété. 318
Etat de bonheur des paysans
Italiens, comparé à celui
des autres nations. 819
Prospérité de l'agriculture
au xv« siècle. Ib,
Les provinces aujounfhoi
désertes élaieat alors cul-
tivées. 320
Les paysans italiens étalent
alors enferméa dans des
bourgades. 321
Importance poKtlqne que
leur donnait cette réunion. Ib.
Condition du peuple des
villes, bien plus heureuse
qu'aujourd'hui. 322
Activité de toutes lesBianu-
factures. 323
Les artistes contribualept
aussi à la prospérité pu-
blique, Ib,
ÂcUvité du commerce ita-
lien, exercé par la pre-
mière classe de la nation . 324
Augmentation prodigieuse
du capital italien. 325
Espérance toi]goors offerte à
tout père de famille . 326
Prospérité des arts et des
lettres, preuve nouvelle
de celle de la nation, ib.
500
TABLE
Ann.'
Pag. - Ans.
Pag-
Caractère d'opalence dans
toutes les constractions
dtt xv« siècle , con-
trastant avec la misère
actuelle. , 327
La magnificence de l'Halfè
était alors toute sponta-
née; II ne faut point la
confondre avec le faste
des gouvernements. 328
On trouve partout les monu-
ments du bonheur uni-
versel au iv« siècle :
âhs lors on n'a vu que
des événements qui pou-
vaient le détruire. Ib.
CHAPITRE XL
Élection d'Alexandre f^I;
projets de réforme de
Jérôme Savonarole ; vo-
nité de Pierre de Mé-
dicigt nouveau chef de
la république florentine.
Louis Sforka iniAte
Charles nn à faire
valoir ses droits sur le
royaume de Dfaples; fer-
mentation der toute l'I"
talie» — Ferdinand /«'
meurt avant d'être aU
to^tié: 1492^1494. 330
La puissance temporelle des
papes s'était accrue pen-
dant le xve siècle. Ib,
Us se trouvaient i la tète de
la confédération des états
indépendants de l'Italie. 331
1492.25 juillet. Leur pouvoir
éprouva une crise fâcheu-
se à la mort d'Inno-
. cent VIIl . Ib.
Egofsme des vingt -trois
cardinani rassemblés en
conclave. 332
Crédit et richesse de Bodé-
ric Borgia , vice-cban-
eclter. . 333
Mœurs de Borgia^ et ses cinq
enfants. 334
Bivaux de Borgia, Ascagne
Sfôrza et Julien de La Ro-
' vère. 334
1402.11 août. Election simonia-
que de Borgia^ qui prend
le nom d'Alexandre VI. 335
Joie des Romains au com-
mencement de son règne. 336
Désir de réforme qui se ré-
' pand dans la chrétienté. 337
Caractère de la réforme ,
. telle qu'eHe fut entreprise
en Italie. /6.
14 52 . 2 1 septembre. Naissance de
Jérôme Savonarole. 338
148J Premières prédications pro-
phétiques de Savonarole. 339
1489. Arrivée de Savonaïrole i
Florence. 340
La réforme de Savonarole ; ^^
ne s'étendait qu'aux'
m«urs et i la discipline,
et ne touchait point aa
dogme. th.
1492 Savonarole refusé falisolii-
tlon â Laurent dé Médids
an lit de mort, parce que
celui-ci ne veut pas ren-
dre la liberté à Florence. 341
Vanité et incapacité de Pier-
re, qui succède A Laurent
de Médîds. 342
1493 Jalousie de Pierre de Hédi-
cis contre ses cousins, fils
de Pler-Francesco , qui!
exile de Florence. 343
Savonarole prêche à Floren-
ce la réforme politique,
aussi bien que religieuse. 344
Savonarole m<*nace l'Italie
des calamités que devait
lui apporter la guerre. 76.
Pronostics d'une guerre pro-
chaine dans les préten-
tions de In maison de
France, héritière de celle
d'Anjou ib,
Louis- le-Maure, gouver-
neur de Milan veut réu-
nir l'Italie contre les al-
tramontains. 345
Pierre de Hédida s'oppose
GHROKOtOGIQXJE. - J
SOI
AHO. P8g.
Ann.
p«f.
partaDitéàcetteanlon. 345
arrêtées par Briconnetetle
1493.Irritaaonde Louis-le-Maa-
sénéchal de Beaucaire.
355
re, et son iaqaiétade àtu
1 493. Négociations deCharies YIII
raliiance secrète de Pierre
avec tous ses voisins. ,
356
de Médids avec Ferdi-
1492.8 novembre. Traité d'Eta-
nand de Naples. 346
ples avec Henri YII d'An-
22 ayril. Il forme une al-
gleterre.
Ib.
liance séparée avec Ve-
1498.23 mai. Traité de Senlls
nise et Alexandre VI. . 847
avec Maximilien, roi des
Louis- le - Maure craignait
Romains.
Ib.
que le roi de Naples ne
19 janvier. Traité de Barce-
voulût proléger son ne-
lonne avec Ferdinand et
veu contre lui. 348
Isabelle d'Espagne.^
357
Incapacité de Jean Galéas
Négociations de Perron de
Sforaa, souverain nomi-
Baschi à Yenise.
Ib.
nal de Milan. 849
L'ambassade française passe
Rivalité de sa femme Isa-
A Florence.
358
belle d'Aragon, et deBéa-
1494. Puis A Sienne.
Ib.
trix d'Esté , femme de
Et enfin A Rome.
369
Louis-le-Manre. Ib,
Négociations de Ferdinand
20 août. Maximilien suc-
avec Charles YIII , par
cède A son père l'empe-
l'entremise de CamiÙo
reur Frédéric III. 850
Pandone.
359
Louis-le-Maure marie sa
Son alliance avec le pape, et
nièce A Maximilien, et ob-
mariage de Geoffroi Bor-
tient secrètement pour
gia.
360
lui-même rinveslituredu
Ouvertures de réconciliation
duché de Afîlan. Ib.
faites par Ferdinand A
Il recherche raliiance de la
Louis-le-Blaure.
Ib.
France, avant de dépouil-
Préparatifs de guerre de
ler son neveu, et de pren-
Ferdinand.
361
dre lui-même le titre de
Nouveau mécontentement et
duc. 351
artifices du pape.
362
1483. 30 août. Charles YIII avait
Fermentation de toute i'I-
succédé A son père Louis
Ulfe.
Ih.
XI. Ib.
Ferdinand pense A s'abou-
Caractère de Chartes YIII,
cher A Gênes avec Louis-
d'après Guiociardini et
Je-Maure.
363
Philippe de ComineSi 352
24 janvier. Il meurt inopiné-
Sa figure monstrueuse et
ment à l'âge de 7.0 ans.
Ib.
son incapacité. Ib.
Caractère de Ferdinand et
1493. Offres d'alliance de Louis-
de son règne.
364
le-Maure A Charles YIII. 353
Sa figure et ses manières.
36i^
Négociations du comte de
Caiazzo^de concert avec
CHAPITRE XII.
■
les émigrés napolitains. 354
Préparatifs de défense
Négociations du comte de
d'Alfbnse IL — Pre^
Belgioiôso auprès des fa-
mières attaques des
voris de Charles YIII. Ib.
Français dans l'état de
Gonvenlions entre Louis-le-
Gènes et en Romagne.
Maure et Charles YIII ,
— Entrée de Char-
r
» <
502
XABU
?«g» ABllk
•^
lêf y m m JMiw. -«
Piem de MédieU lui
liwre foîOes têt ffofU"
Tê$i€9 de ia ToseoM
— Hévolte de Pise; ré»
ffohttien de Fioreneer
exil des MédieU. 366
Quelques réyol«lioM8''Opé-
rent en déptt de Inhabi-
leté, d'astres vêl dépH de
llnipéritie Téeipfoqacf • Ib,
La guerre d'ItaUe fot soute-
nue avee une égale nud-
habileté des deux parts. S67
1494.2& janTimr. Alfônse II est
proclamé roi de Naples Ib,
Ses préparatifs de défense
par les négociations et les
armes. 368
Ses négodations avec Baja-
leth II. Ib.
Alexandre VI se joint é lui
pour demander l'assis-
tance des Turcs. 369
Alfonse resserre son alHance
areelepapeAlexandreVI. 370
Faveurs dont II eomMela
maison Borgia dans le .
royaume de Naples* Ib,
Alliance d'Alfonse avec
Pierre de MédKds, les ré-
pubUques de Toscane et
les principantés de Ro-
magne. 3T1
* Alfonse veut défiondre par
des armées les routes de
Toscane et de Romagne ,
et la mer par une flotte
sous les ordres de son
ItèredonFrédéric. 372
13 juillet. Congrès de Yico-
varo pour régler la dé-
f)Bnsederitalie. Jb.
Diversion causée par le
pape, qui emploie les for-
ces napolitaines conlN ses
ennemis particuliers. 76-
Uoe partie de l'armée, char-
gée de contenir les Go-
lowie. 373
l484.FatdlDMd, dtte de CaldHre,
en eoBdqit une autre pa»-
tie en RonNgna^ 373
Proposition du vieux Paul
Ftégosodecinser une ré- '
vohitionà Gènes. 374
Chiries VUI avait fait pré-
parer une flotte magnlfl-
qoe À Gênes. 376
Il y avait envoyé le dued'Or-
léans et deux mille
Suisses. Ib»
Fin de joUlet. Doo Frédéric
et les émigrés génois al-
taquent Posto-Vénéré, et
sont repousses. 376
4 septembre. Il opère un
détMnrqueme&t 4 RapaUo,
et y met k terre Hybletto
de Fieschi avec les émi-
grés génois* 377
Les émigrés atta<|ués à Ra-
pallo par mer et parterre. 378
RsiMllo est pris; psemièni
cruautés des ultramon-
tains. Ib.
Fuite d'Hybletto de Fieschi
et de son fils. Ib.
Juillet. Don I^erdtntnd eott-
duit son armée en Ro-
magne. 380
Le sire d'Aubigny et le
comte de Gaiazzolui tien-
nent tête. Ib,
Les. ooBseiUeKS de Ferdi-
nand Tempéchent d'atta-
quer d'Aubigny; 381
Ferdinand se retire sons lea
mors de Faensa. 182
IrrésûlutioDdeChariesVSI. Ib.
Le cardinal Julien de La
Révère le décide à tenter
son expéditiDn. 383
33 août. Charles VIII part de
Vienne pour passer les Al-
pes avec une forte armée. 15.
Le duc de Savoie et le mar-
quis de Motttferrat, tous
deux mfaieurs, ne gardent
point les passages des A^
pes. 384
GHROKaLOOXQUS.
503
»«$. Abo.
Fig.
1494.9 septembre. Chtflef vni
reçoit à A«ti U vUlfiede
Loais-ie-Maare et de sa
ooar. 385
Kaiadie de Charles YIII à
Asti. Ib.
EntreTM de Chartes YIII
atec <feaii Gaiéaz et Isa-
belle sa femme. 886
20 odcbn. Mort de Jean
Gaiéaz ; Louis, proclamé
dnc de MUan. Ib,
Etttoï qne la mort de Jean
Gaiéaz, qu'on croit em-
poisonné, Tépuid dans
rarmée française. 387
Charles VIII prend le ehe-
min de Pontrémoli, pour
entrer en Toscane. Ib,
fioalévement des Colonne À
Kome, qui empêche le
pape de défendre la Tos-
cane. 388
ï'aibles préparatifs de dé-
fense des Florentins. Ib.
L'armée française ponvalt
étrèanêtée devant Sar-
zane et Piétra-Santa. 889
Fermentation de Florence
contre les Médids, à l'ap-
proche des Français. 300
Pierre de .Médids efflrayé se
rend au camp français. Ib .
Novembre. Médlcls livre tou-
tes les forteresses floren-
tines ani Francis. 391
Irritation des Florentins
eontre Pierre de Médids. 392
8 novembre. Médids revient
à Florence, et n'est pas
«eçu ati palais par la sd-
gneorie. 393
9 novembre, n est forcé
par le peuple insurgé à
sortir de Florence avec
se$ (irères. 394
Pierre de Médids se réfugie
à Bologne. Ib*
Jean Bentivogiiolid repro-
che de n'avoir pas su
mourir à son poste. Ib,
i494^.Pinaeedes richesses et des
collections prédeoses des
Médids. 395
Décret de la seigneurie con-
tre les Médids, et pour
un changement de gou-
vernement. Ib,
Négodalions du nouveau
geavemement avec Chai^
les YIII. 396
Jérôme Savonarole parle au
roi de France, comme un
prophète inspiré. 397
Fermentation du peuple de
Pise à rapproche de
Charles YIII. 398
Le gouvernement de Flo-
rence sur les villes sqjet*
tes était devenubeaucoup
plus oppressif, pendant la
grandeur des Médidj^. 399
L'agriculture et la salubrité
de Pise^ ruinées par l'a-
bandon des canam et des
digues. /6«
Le commerce en gros et
lés manufactures interdits
auxPisans. 400
Pise n'a plus aucun histo-
rien après l'année 1406.
Note, Ib,
Unanimité des Pisans pour
secouer le joug. 401
Loais-le-Maure les y fait
eiciter par Galéazzo de
San-Sévériao. ih.
SioDon Orlandi demande à
Charles Ym la tiberié de
Pise. 402
Charles YIII promet incon-
sidérément cette hberlé. Ib,
9 novemlMi). Les Florentins
chassés de PIsC) qui sere-
met en liberté. 403
Charles YIII se concerte
avec d'Aubtgny , avant de
marcher sur Florence. Ib .
Octobre et novembre* Fer-
cHnand abandomie la Ro-
magne à d'Aubigny. Ib,
t>'Aubigny vient joindie
Sf04
TABLE
Am.
Hg. àm*
99g,
GhavlM yJU d0v«Bt Flo-
rence. 404
1494. Charles VIII vent rétablir
M édieb À Florence, mais
oelui-ci ne revient pa« à
son appel. Ib.
17 noyembre. Entrée de
Charles VIII à Florence. 40ir
. rc égDciaUon de Charies VIII
avec la seigneorie. 406
Hardiesse de Pierre Cappo-
ni , qui déchire les pro-
positions daroi, et en ap-
pelle aux armes* 407
26 noyeinbre. Conventioa
de Charles VÛI avec la
république de Florence. Jb.
28 > noverabre. Départ de
Charles VUI pour Sienne. 408
CHAPITRE Xin.
Terreur et irrésolution du
pape à l'approche de
Charles ^IIL — Ce
nwnarque entre à Ro^
* me ; abdication et fuite
d'Mfonse i/. — Dis-
persion de l'armée de
Ferdinand II- — Le
royaume de Naples $e
soumet à Charles F Hit
1494-1495. 409
H94.Képutation d'habileté d'A-
lexandre VI, f6ndée snr
sa mauvaise foi. Ib.
La politique, qui n'est pas
d'aceonl avec la morale,
'- reste en défaut dans le
danger ' 410
Versatililé de la conduite
d* Alexandre^vee les Fran-
çais. 411
A l'approche de Charles
Vlll, il ventnégoderavec
loi. R,
9 décembre. Encouragé par
la présence de l'armée du
due de Calabre^ U fait ar«
réter les négodateurs qui
venaient à lui. 412
2 décembre. BnUtée de
Charifli VIH à Sienne. 412
1 494. Retraite de Ferdfaiand , duc
deCalabre , par l'Ombrie
josqu'ÀRome. 413
19 décentre. Nouvelle ten-
tative de négociation du
pape avec les Français. Ib .
Les feudataires de TEglise
font leur paix particulière
avec les Français. 415
Toute la campagne de Rome
est au pouvoir des Firan-
ç^s. Ib.
MoUfs de Charles VIII pour
isaiteravec le pape. Ib,
Ses conseillers se flattent
d'obtenir du pape les
plus hautes dignités de
l'église. 416
31 décembre. Le roi entre
dans Rome à la tête de
son armée, tandis que le
duc de Calabre en sort par
une autie porte.
Aspect de cette armée; les
$uiS84^.
Les Gascons, la gendarme-
rie.
La cavalerie légère la mal-
son du roi*
L'artillerie.
1 495. Janvier. Le pape , relire an
cfa&teau Sahit-Ange avec
six cardinaux seulement,
est deux fois menacé par
l'al^tiUeiie française. Ib.
1 1 janv. Paix entre le roi et
lepape, et ses conditions. 420
Le sultan Jem livré an roi
par le pape. 42 1
Néîfoeiation .antérLenie de
Bajazeth avec le pape
pour faire empoiscMuier
son frère. Ib,
L'ambassadeur de Bi^iaieth
et celui du pape toqabent
aux mains de leufs enne-
mis. 422
26 février. Le sultan Jem
meurt empoisonné. Ib,
Fabrice Colonne conduit on
417
Ib.
Ib.
4/8
419
CHIKOHOLOGIQUE.
so»
AIA. Pag. Aan.
eorps d'armée firançalse
dans les Abrazces. 423
1495.38 jaiiYfer. Charles Vm 1495
part de Rome pour Naples,
par la route de San-Ger-
mano. Ib,
30 jantier. L'ambassadeur
d'Espagne déclare A Char-
les VIII que ses maîtres
défendront le roi de Na-
ples. 424
Réponse des Françalf , et
emportement derambas-
sadeor. 425
Fuite* du cardinal de Va-
lence, qui devait rester en
otage auprès du roi. 426
Prise, pillage et massacre de
Monte-Fortino et Mont«
Saint-Jean. Ib.
Terreur d'Alfonse II, etirri-
tation du peuple contre
lui. 427
Massacre des prisonniers
d'état, au moment cù il
était monté sur le trône. 428
Terreurs Superstitieuses
d'Alfonse. 429
23 janr. Alfonse s^enferme
au château de VOEuf 430
II signe un acte d'abdica-
tion en faveur de son
fils, et fait embarquer ses
trésors. Jb,
3 février. Il part pour M a-
zari, en Sicile. 431
19 novembre. H y meurt
après beaucoup d'actes de
pénitence. Ib,
24 janvier. InanguraHon de
Ferdinand II A Ifaples,
après laquelle il repart
pour l'armée. Ifr.
Il se fortifie à San-Germano. 482
Son armée, frappée de' ter-
reur , abandonne San-
Germano. Il se replie sur
Capoue. Ib.
If^ février. Soulèmrient du
peuple a IVapt^s. 433
Ferdinand oouri A Maples,
Pa|f*
pour apaiser 1è soulève-
ment du peuple. 434
.*Son armée se débandepen-
dant son absence, et Ca-
poue se soulève contre
loi. 435
20 février. Vains efforts de
Ferdinand pour ramener
les habitants de Capoue
A l'obéissance. 436
tl se retire dans le chAtean
deNaptes. 437
t\ fév. Il s'embarque dans
la crainte d'être trahi par
ses soldats allemands. Ib,
n se rend maître de File
d'ischia. Ift.
22 fév. Entrée de Char-
les VIU A Naplea. 838
. Charles attaque les forte-
resses de Naples. 439
6 mars. Capitulation du
château neuf de Naples. ib,
15 mars. Capitulation du
ChAtean de l'Œuf. 440
Dispersion de l'armée de
D. César d'Aragon , qui
défendait les A bruzzes et
la Fouille. Ib,
Terreur des Turcs sur Fan-
tre rive de l'Adriatique. 44 1
Intrigues de l'archevêque
- de Durazzo et de Con-
stantin Arianllèi , pour
préparer une révolte en
Albanie. Ib.
Désordre et orgueil de l'ar-
-' mée firancaiae. 442
Toua les grandi seigneurs
napolitains accourent A la
OMR-deClMriesVlII. Ib.
Le roi mécontente tons les
partis. 443
Il s'abamtomie «nx plaisirs
et A la mollesse. 444
Tontes les forteresses sont
désarmées' par rimpru-
déheedeses Dffieiers. 445
CHAPITRE XIV.
Révolutions accoiiownées
&M
TABLB
^m AWk
ra»
m> Toêeane par le pets--
sage de Charles niL
— Efforts des Flores
tins pour reconstituer
leur république, «ou-
mettre Pise, et se sou^
siraire à ia maltmi-
lance des Siennais. des
Lucquois et des Génois.
— Inquiétudes des F'é-
niiiens sur les sueoès
de Charles FUI; ligue
de V Italie pofirmainUh-
nir son indépendance,
1494, 1495. 446
1 494,ilatde la Toscane ayant rei-
pédiUon de Chartes YIII. Jb.
Viévololiona qu'il produit à
FloreBCe, Pif e, Sienne et
Lncqaef. 447
1^8 Florentins, en recou-
vrant la liberté, saTaient
à peine en qaol elte eon-
siste. Jb.
Le bonheur que désire cha-
que homme est propor-
tionné an développement
de ses facultés. Il n'est
pas le même pour tous. 448
Le but du gouvernement est
. de rendre heureux ie plus
grand nombre possible
drhommes, en les élevant,
non en les abrutissant. 449
U liberté potttfque est le
plus puissant des moyens
d'élever les hommes. Ib.
Confusion de la liberté po-
yii^ueetdelaUbertélii-
dlvidudle. 4&0
Toutes deus étaient fort peu
respectées à Venise. /d.
' Cependant Venise prospé-
Mit par sa pndcEuce, et
son geuvemementi était
l'ohist de l'admlnitlDn
universelle. 451
Tous tai poUtlques floren-
tins proposent d'imiter à
Florenoe la constitution
de Veitei 452
1494. Trois partis opposés à Flo-
rence se font tous trois
forts de l'exemple de Ve-
nise. 453
Parti des piagnoni, dirigé
par le père Savonarole ,
Valori'.etSodérini. Ib.
Parti des arrabiati^ dirigé
par Doifo SpinI et Goid'
Antonio Vespoci. 455
Parli des bigi, attaché aux
Médicte absents. Ib.
2 décembre. Le parlement
assemblé, conféîe à la sei-
gneurie le pouvoir de ba-
li$. Ib.
La balie nomme vingt élec-
teurs, chargés de désigner
tous les magistrats. 456
Les vingt électeurs ne peu-
vent point s'aocorder en-
tre eux, et Us perdent
tooi crédit 457
Savonarole propos^des élec-
tions populidres, un con-
seil composé de tous les
citoyens et une anmis-
Ue. Ib.
33 déc. La formaClon du
grand conseil est décré-
tée. 459
1495.1e' Joillet. Les élecUons
sont rendues au peu-
ple. Ib.
l494«L(es Hsans de leur côté re-
constituent leur répobli-
qae« 459
Ils délèrant les pouvoirs
souverains aux magbUra-
toves municipales qui les
avaient gouvernés pen-
dant leur serf itude. Ib.
1495. Janvier. Premières bostili-
lés entfe les Pisans et les
Florentins. 460
Ifégodaiions des Pisans au-
près de Charles vm,
pour se conserver la pro-
teelfoo de la France. Ib.
. Briçonnet vient à Florence
pour exécuter le trallé.
GHROIIOLOGIQUE.
507
Pag. AiML
Pig.
recevoir de rtfgeot et li-
vrer Pise. 462
14952.4 février. Il déclare n'a-
voir pa réussir à persua-
der les Pisans, et repart
pour Naples. 463
Négociations des Pisans
avec Sieune, Lucques et
le duc de MUan. Ib.
Le duc de Milan lea renvoie
aux Génois. 464
Discours des ambassadeurs
pisans au sénat de Gènes. Ib.
Secours accordés aux Pisans
par les Génois. 46&
Premiers succès de Lucio
Malvezzi» eapitaine des
Pisans. 466
26 mars . Montépulciano se
révolte contre les Flo-
rentins, et se met sous la
protection de Sienne, 467
Les Florentins recourent
vainement à Charles VIII.
Charles VIII envoie des se-
cours aux Pisans contre
Florence. Ib.
Sèvonarole maintient les
Florentins dans l'alliance
de France, par le crédit
de ses prophéties. 469
Inquiétude et mécontente-
ment des autres états d'I-
talie. 470
Griefs de Louis-le-BIanre
contre les Français . Ib,
Animosité des rois d'Espa-
gne et des Romains. 471
1495. Négociations de Philippe de
Gomines i Venis<^ pour
unir cette république à la
France. 472
Congrès é Yenise pour for-
mer une alliance contre
la France. 473
Terreur des Vénitiens en
apprenant la prise de Na-
ples, 474
Danger du roi, si la ligue de
la haute Italie avait en-
levé Asti au duc d'Or-
léans. 475
31 mars. La ttgue eontre la
France est signée À Ve-
nise, entre le pape, les
rois d'Espagne et des Ro-
mains, les Vénitiens et
Milan. 476
Communication de cette li-
gue à Philippe de Gomi-
nes. Ib.
Secret des négociations et
trouble de Gomines. 477
Articles publics de l'alUance
purement défenslfs. 478
Articles secrets qui la ren-
dent offTensive. Ib.
Faiblesse de MaximUien,
qui ne peut tenir ses en-
gagements 479
Le duc de Ferrare et les
Florentins révisent d'en-
trer dans la ligue. 480
Préparatifs de guerre des
confédérés , et retraite
des .ambassadeurs. Ib .
FIN OB LA TABLE DU TOMI SBPTiàMB.
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