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Full text of "Histoire des républiques italiennes du moyen âge"

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HISTOIRE 


DES 


RÉPUBLIQUES    ITALIENNES 


DU  MOYEN  AGE. 


TOME  VU. 


MICHBL-AHei. 


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HISTOIRE 


DES 


MKDll  MM 


DU  MOYEN  AGE 


PAR 


J.  G.  L.  SIIONDE  DE  SISIONDI. 


NOUVELLE  ÉDITION. 


TOME  SEPTIÈME 


FURNE  ET  O,  LIBRAIRES-ÉDITEURS 

55,   RUB  SAINT-AMORB-OES-ASCS  ; 

ÏREUTTEL  ET  WURTZ,  LIBRAIRES 


17,   RCK  DB  LILLE. 


>I840 


l 


HISTOIRE 


DIS 


RÉPUBLIQUES  ITALIENNES 


DU  MOYEN  AGB. 


nmmïiHHiHHiuniUiiêiiiHHigsiiummi 


CHAPITRE  I. 


Suite  de  la  guerre  des  Turcs;  leurs  ravages  dans  la  Gamiole  et  le  Friuli; 
ceux  des  Vénitiens  dans  la  Grèce  et  FAsie^^Mineure.  — -  Révolutions 
de  Chypre  qui  réduisent  ce  royaume  sous  la  dépendance  de  la  répu- 
blique de  Venise. 


1468-1473. 

Panl  II  n'avait  point  Yonla,  pendant  son  pontificat,  con- 
server la  paix  qp»  son  prédécesseur  avait  établie  en  Italie  ; 
mais  il  songea  moins  encore  à  défendre  la  chrétienté  contre 
les  invasions  tonjoursplus  menaçantes  des  Tares.  Un  des  prin- 
ctpanx  motifs  qa' avait  cas  le  conclave  pour  arrêter  son  choix 
sqr  lui,  avait  été  sa  naissance  vénitienne^  On  avait  cru  que  son 
afifection  pour  sa  patrie,  que  Finfluence  de  ses  parents,  de 
ses  amis,  seconderaient  les  intentions  de  r  Église,  qui  voulait 

raUier  toute  la  chrétienté  à  la  république  de  Venise,  pour  re- 
vu. 1 


2  HISTOIRE  0£S  aiPUBUQUES  rtMUBSUES 

pousser  en  commit  tes  OttomaiiB*  Ob  avait  tu  Pie  II  prêt  à 
monter  sar  la  flotte  da  Tienx  doge,  et  Ton  avait  compté  qae 
son  soccessear  s'accorderait  mieux  encore  avec  le  premier  ma^ 
gistrat  de  la  république  où  il  était  né.  Mais  Paul  II,  incertain 
dims  ses  rapport  avec  sa  fatrie,  fut,  pendant  F  expéAtion  de 
Ckdé^mi,  sur  le  point  de  se  déclarer  contre  eUe;  et  lorsque 
ensuite  il  contracta  une  étroite  alliance  avec  les  Vénitiens,  ce 
fut  pour  satisfaire  sa  propre  ambition,  en  détournant  à  son 
profit  les  armes  qn'U»  employaient  contre  les  Turcs.  II.  ne  nuisit 
pas  moins  à  leur  cause  en  dirigeant  contre  les  hérétiques  de 
Bohème  les  forces  de  Mathias  Gorvinus,  leur  unique  allié. 

Msthias^  Corvinu»  était  fils  da  grand  Jean  Hnniades,  qui 
avait  été  vingt  ans  le  bouclier  de  la  Hongrie.  Ladislas  de  Po- 
logne, qu'il  avait  fait  roi,  lui  avait,  en  retour,  donné  la  di-' 
gnité  de  waivode  de  Transylvanie.  Pendant  la  minorité  de 
Ladislasle  Posthume  ou  l'Autrichien,  que  Frédéric  III  rete- 
nait captif  dans  sa  cour,  Jean  Huniades  avait  gouverné  douze 
ans  le  royaume  comme  régent  et  capitaine  général.  Un  mois 
avant  sa  mort,  il  avait  encore,  en  1426»  repoussé  Mahometll 
qui  attaquait  Belgrade  ^ .  Ladislas  le  Posthume,  fib  d*Alb^ 
d'Autriche,  loin  de  se  montrer  reconnaissant  envers  la  famille 
de  ce  grand  homme,  jeta,  lorsqu'il  parvint  au  trône,  Mathiaa 
Gorvinusdans  un  cachot  à  Prague,  et  fit  mettre  son  frère  àmort. 
Gorvinusfttttiré de  prison  au  boutde  deux ans,parGeorgePodié- 
brad,  an  moment  dielamorta«bited«  LadisIfBiS^&Piragaev  le  23 
nov<aid>se  1  iSH  ;  ilasvait  mw£^h»fm  au  pkds  et  asx  nanui 
lKW8qu*il  fot  j^poelamé  i^  de  Hongrie  i  la  plaça  de  Ladisbs,  e» 
mfme  temps  qw6^i;g9  Çodîi^MnidfutprQdaméroidB  Bohème* 
fléponaaia  fille  dftcedfiwn^îoteeséBoxsooverainSyi^ 
dew  nations^  ce^miaissanltti^  se  montrèDent  également  digne» 


*9p9ê^el  à»  ihttn.  B.  V,  c.  1,  p.  6d6.  —  Thomas  BbendorffeHde  Baselbàch»  Chron^ 

Âm^imh  u  IV»  ar  «•;  -«  ^  «HfHi  dm'  «»m.  m  v,  «»  tiv  p*  ^  • 


DU  MO\Ë»   AGE.  3 

ÛU  tfôtie  ^ .  I6  thgûfe  de  Mathiai  Corvintis  fut  dès  lors  signalé 
JNir  des  Tictolreé  aussi  MUantes  (}iïe  celles  de  son  père.  En 
1462,  il  reôoavrat  Jaieza,  capitale  de  lai  Bosnie,  et  il  la  défendit 
f  aânée  soivànté  contre  Mahomet  II  '.  La  guerre  s* étant  dès 
lors  aticùnée  entre  les  Ténitiens  et  1^  ïurcs,  Gorvfnus  con- 
tracta ttne  étroite  alliance  avec  là  république,  et  celle-ci  Ini 
fit  passer  chaque  année  cent  miUe  ducats,  pour  défrayer  en 
partie  ses  armements  ^.  Lé  roi  de  Hongrie  porta  ses  armes 
tour  à  totir  dans  la  Rascie,  la  "Valachie,  la  Croatie,  la  Transyl- 
vanie ;  il  y  remporta  de  briâantes  victoires  sur  les  musul- 
mans, et  pluB  encore  sur  les  princes  chrétiens  leurs  vassaux. 
Lé  bruit  de  ses  victoires  ayant  donné  au  pape  une  haute  idée 
de  la  puissance  de  Mathias  Gorvinns,  la  cour  de  Borne  le  sol- 
licita de  tourner  ses  armes  contre  un  ennemi  qu'elle  redou^ 
tait  moins  que  les  Turcs,  mais  qu'elle  haïssait  davantage  ;  c'é« 
tait  6eorge  Podiébrad,  i^i  de  Bohème.  La  secte  de  Jean  Huss 
était  toujours  fort  nombreuse  dans  son  royaume  ;  et  Podié^ 
brad,  élevé  sur  le  trône  par  les  suffrages  de  sa  nation,  était 
obligé  de  ménager  des  sectaires  qui  faisaient  son  plus  ferme 
appui.  La  coiir  de  Bome  ne  lui  reprochait  point  de  partager 
leurs  opinions,  mais  seulement  de  ne  pas  vouloir  sévir  contre 
eux.  Pour  écarter  tout  soupçon  d'hérésie,  il  avait  offert  de  dé- 
clarer solennellement  qu'il  ne  croyait  pas  nécessaire  aux  fi- 
dèles de  recevoir  le  sacrement  sous  les  deux  espèces  ;  et  on 
lui  avait  répondu  que  sa  déclaration  ne  suffisait  point,  s'il 
n'àutorii^t  l'archevêque  à  punir  sévèrement  cetix  qui  donne- 
raient ou  recevraient  la  communion  sous  cette  forme.  «  Qu'il 
«  déclare  expressément,  ajoutait  le  pape,  si  le  bras  séculier 
«  exéeutera  les  sentences  de  l'archevêque,  pour  punirles  prê- 
«  1res  ^favorisent  tes  erreurs  ;  n  on  lui  donnera  toute  as- 

i  ^^Ugel4er  Ehfen.  B.  V,  c«  XU,  p.  644,  TAomai  Ebenâxir§eH  tlfi  Baselboeh,  CAivm 
Austr.  L.  IV,  p.  889.  —  ^Spin^iàer  Sluren,  B^V,  o^  ]^VUi«  p.  734,  —  \Ronfiniu  nier. 
9ttgari€ar.  Deçà  Ul^  L.  IX,  p.  533. 

!• 


4  HISTOIRE  DES  REPUBLIQUES  ITALIElfNES 

«  sistance  réelle  et  actaelle  pour  réduire  à  robéissance  dtt 
«  siège  apostolique  tous  ceux  qni  dévient,  et  pour  extirper 
«  toutes  les  hérésies  * .  »  Jamais  le  roi  de  Bohème  ne  voulut  se 
se  soumettre  à  ces  conditions  ;  jamais  il  ne  voulut  livrer  aux 
tribunaux  ecclésiastiques  Rockizane,  archevésque  scbismatique 
de  Prague  ;  et  ce  refus  de  se  joindre  aux  persécuteurs,  consi- 
déré par  Paul  II  comme  une  rébellion  odieuse  contre  l'Église^ 
attira  enfin  de  la  cour  de  Rome  une  sentence  de  déposition. 
George  Podiébradiut  condamné,  le  25  décembre  1 466,  comme 
coupable  d*  hérésie,  et  déclaré  déchu  du  trône  de  Bohème  ^. 
Ce  trône  fut  offert  à  Casimir,  roi  de  Pologne,  qui  ne  voulut 
point  r accepter  '.Peu  de  mois  après,  une  nouvelle  excommu- 
nioatlon  atteignit  tous  les  sujets  demeurés  fidèles  à  Podiébr  ad, 
et  tous  ceux  qui  lui  prêteraient  aide  on  faveur,  En  même  temps 
tous  les  princes  chrétiens  furent  dégagés  de  tous  les  serments 
qu'ils  pouvaient  lui  avoir  prêtés,  et  de  tous  les  traités  conclus 
avec  lui  ;  enfin  Rodolphe,  évèque  de  Lavenza,  fut  chargé  de 
prêcher  une  croisade  contre  la  Bohème  *.  G* était  Tannée  qui 
suivit  1^  mort  de  Scanderbeg  ;  la  Macédoine  venait  d'être  mise 
à  feu  et  à  sang,  et  la  Bosnie  envahie  ;  et  cependant  le  pape 
allumait,  sur  les  frontières  même  de  la  chrétienté,  une  guerre 
civile  insensée,  qui  favorisait  les  progrès  des  Turcs.  Mathias 
Gorvinus  se  laissa  séduire  par  l'espérance  d'une  nouvelle  cou- 
ronne ;  il  déclara  en  1 468  la  guerre  à  George  Podiébrad,  son 
allié,  son  beau-père  et  son  libérateur  ;  il  dégarnit  les  frontières 
de  la  Hongrie,  pour  dévaster  et  conquérir  la  Bohême  ;  il  aban- 
donna  les  Vénitiens  dans  la  lutte  où  il  s'était  engagé  de  con- 
çert  avec  eux.  Pendant  sept  ans  il  continua  ses  attaquesimpo- 
litiques,  non  plus  contre  Podiébrad,  mort*  en  1740,  mais 

1  AriieiUiel  modiuêupefreductione  Regta  Bohendœ  in  veram  ÀpoUolicœ  se^it  ob^ 
dienikun^  Ketpontîo  ad  tertium  paragraph.  PauU  li  Uber  Brevium»  Anno  T«,  p.  iSo. 
—  RaynaUU  Awai,  BccUs.  1471,  $  iT-26,  p.  294.  —  >  Splegel  der  Ekren,  V.  Rnich., 
XIX  capitel,  p.  744.—  >  fUxgnaUUk  Annal,  Keeles,  I4<e,  S  26-80,  p.  i8S.  —  JaeohI,  Car^ 
din*  Papieii«f«.  L.  VI,  u  i^usd»  epUiola  m.  —  «  haynaîdi  Annal,  1467.  S  8,  p.  i86. 


DO   MOYEN  AGE.  5 

contre  Uladislas,  fils  da  roi  de  Pologne,  qne  les  Bohémiens 
lui  avaient  sobstitné  ;  et  tandis  gn*!!  consumait  yainement  ses 
forces  dans  ce  combat,  Mahomet  II  firappait  la  chrétienté  de 
conps  désastreux  ' . 

'    L'événement  cpii  cansa  le  plus  de  terreur  aux  Italiens  fut 
une  expédition  conduite  par  Hassan  Bey,  chrétien  renégat  et 
pacha  de  Bosnie.  Il  avait  été  appelé  en  Croatie,  par  un  gen- 
tOhomme  de  cette  province  qui  voulait  se  venger  de  son 
frère  ;  il  y  pénétra,  au  mois  de  juillet  1 469,  avec  vingt  mille 
chevaux,  avant  qu'on  y  eût  fait  aucun  préparatif  de  défense  : 
huit  mille  chrétiens  qui  s'étaient  réfugiés  dans  une  ville  de 
Croatie  furent  passés  au  fil  de  l'épée;  trois  mille  furent  ré- 
duits en  esclavage.  L'armée  turque,  poursuivant  ses  succès , 
traversa  la  Carniole  qu'elle  ravagea;  elle  avait  déjà  pénétré 
jusqu'à  ceiit  soixante  milles  dans  l'intérieur  des  terres,  et  die 
n'avait  plus  qu'une  petite  journée  de  chemin  à  faire  pour  se 
porter  sur  Trieste  ou  sur  les  frontières  du  Friuli ,  et  pour 
entrer  en  Italie.  Mais  les  vainqueurs,  se  trouvant  suffisamment 
chargés  de  batin  et  embarrassés  de  captifs ,  retournèrent  sur 
leurs  pas,  sans  avoir  entrepris  de  s'emparer  d'aucune  place 
forte.  Dix-huit  mille  chrétiens  avaient  été  massacrés ,  quinze 
mille  étaient  emmenés  en  Turquie  pour  être  vendus  comme 
esdaves;  les  vieillards  ou  les  enfants  n'avaient  point  été  épar- 
gnés, toutes  les  moissons  avaient  été  brûlées,  tout  le  bétail 
que  les  Turcs  n'avaient  pu  emmener  avait  été  égorgé,  et  l'on 
eût  dit,  non  qne  des  ennemis,  mais  que  des  furies  avaient 
dévasté  le  pays  *.  Les  Turcs,  pour  rentrer  en  Bosnie,  avaient 
à  traverser  un  fleuve  que  le  cardinal  de  Pavie  nomme  £m- 
pratia  '.  Il  avait  été  tellement  grossi  par  les  pluies,  que  leur 

•  >  Ronfinbu  fter.  Vngar,  Deçà  IV,  L.  n,  p.  574.  BaytuUdi  Amial.  EceUs,  1468,  S  9tP'  i<5- 
—  Dlugoss,  Mi9L  Polon,  h.  XIII,  p.  46S.  —  >  Commenu  Jaeobl,  Card.  Papiens,  L.  VU, 
p.  449.  —  Ejasdem  eplstoia  S94.— 4nitaL  Eceles,  1469,  $  i4,  p.  w%.^Splegel  der  Bhren 
ûtt  Enhauses  oesterreieh,  Bach.  V,  eapitel  XIX,  p.  7S3.— >  Fugger  nomme  celte  riyière 
Caracanne.  Elle  lépare  la  Bosnie  de  la  Croatie.  Spiegelder  Ehren,  p.  753, 


6  HISTOIRE   DES  BJÉPUBLIQUES   ITALIETTIÏlIS 

armée  fut  obligée  ie  s'artét^r  }f^\%  jopf*s  cwir  3»  bords  avai^t 
da  pouvoir  kt  passqr.  Pendaqt  œ  temps  il  aurait  été  facile  do 
tirer  iioe  juat^  vengeance  de  leur  barbarie»  et  de  recouvrer  de 
leurs  mains  les  captifs  et  le  butin  qn*ils  emm^aient;  maicf 
c'était  just^iuept  la  saison  oui  les  ^opgnûîs  et  les  Aatricbiefis , 
J^issaut  leurs  frQUtières  découvertes ,  rayageaieot  la  Bohême. 
Ittatbiaa  Corvious  disait  sdors  prisonnier  Yictorin  son  b?au- 
£cère,  fils  de  George  Podiébrad^  et  il  recevait  h  Qlmutz  les 
couronnes  du  rayaume  de  Bohême  et  du  marquisat  de  Moravie, 
qu*il  croyait  avoir  concpiis  * . 

La  république  de  Venise  »  qqi  avait;  vu  avec  effroi  rann^e 
turqfie  s'approcher  de  ses  fifoiitiàres^  de  terre  ferme,  n'avait 
garde  cependant  d'attaquer  les  musulmans  de  ce  côté  :  elle 
aurait  craint  de  leiff  ^nseigu^  ainsi  le  chemin  par  lequel  ils 
pouvaijHit  pénétrer  jusqu'au  miMeu  de  l'Italiç.  Ce  n'était  que 
par  iqer  qu'elle  voulait  combattre  les  ipfidèles.  Nicolas  Gani)le| 
qjf^  ayi)it  fifCG^é  ^  Jacques  Loredano  dans  le  commandement 
des  troupe^  véni^tiepues  en  Qrèce»  rassembla  une  flotte  de 
viug4;-six  galèreci  à  Kégrepont»  avec  laquelle ,  après  avoir  me*- 
^cé  idusiecMrs  il^  de  la  iper  Egée,  il  surprit  la  ville  d'Éno  mt 
le  golfe  Sa^nique,  où  il  entra  par  escalade.  Il  ne  parait  point 
que  les  Turcs  eussent  une  garnison  dans  Éno  ;  c'était  une  ville 
ixminiercante ,  as^z  riche ,  et  habitée  uniquement  par  des 
Greçp.  EUe  fut  abandonnée  au  pillage,  et  après  en  avoir 
épi>ouvé  toutes  l?s  horreurs ,  ^  fut  réduite  en  cendres  :  les 
lieux  Sfiints  ne  furent  point  épai^nés,  les  religieuses  enfa^mées 
dans  des  couvents  que  les  Turcs  avaient  respecta  furent 
abandonnées  ^  la  brutalité  des  soldats  9  deux  mille  captifs  fu- 
rent emmenés  à  Négrepont  :  parmi  eux  on  voyait  plusieurs 
respectables  matrones  grecques  réduites  en  esclavage  ;  enfin , 
un  butin  très  considérable  enrichit  les  soldats  ^.  La  nouvelle 

^  Bonfinim,  Ber»  Ongaric,  Deçà  iv|  L.  IT,  p.  SS7.  —  AnnaL  Eulet.  1469,  S  lO, 
p.  202.~s  Comment  iacobi  Gard,  Pop  L.  Vil.  p.  iiX—Ejuni.KpMokif.  d«  227,  p.  aa?. 


û^ifanè  à'Èao  fat  pmiée  à  Rone,  ea  lotee  twpa  4ie  «die 
d'un  anuailage  reo^^arlé  giir  les  b(Srét^p]ee4e  B<rt)£iiie)  et  le 
pape  ojrdomu  des  «etkws  de  grâces  drasUw  ksleitples  pev 
ces  benreiix  sooeès  ^ 

Qookpie  les  punîmes  des  Vi^aitieiis  déMtowH;  piefRine 
nniqa^Brat  les  sojets  cbrélieBS  de  Mafaoïnet  H ,  w  red<Hitid>le 
moaar^e  était  résolu  à  ne  pas  souffrir  daviuitage  de  pftifHles 
ÎQSQltes.  Le  S  août  1469,  il  pr(>Q0D6e  à  CScmstantiBOplei  et  il 
fit  F^ter  dans  tontes  les  moeqciées  de  son  ei^^rei  le  veen 
suivant  :  «  Moi,  Mab<»net,  fils  d*Ainurath|  soltMi  et  gonveiv 
«  neur  de  Baram  et  de  Radunaël  j  #efé  per  le  IMen  eiq[HP^e , 
«  phoé  dans  le  eerde  dii  solml^  eonti«rt  de  gloire  par-dearas 
«  tops  les  empereur» /hevreuK  en  tonte  eboee,  rëcNmté  des 
«  mqrtelsi  puissant  dans  tas  ernm 9  ffar  les  prières  des  saints 
«  qui  mal  en  xM ,  et  du  gvtad  j^pbète  Mahomet^  emp^wr 
«  des  fsapeveiirs  et  jnnoee  des  pnteees  )qpn  exisKtit  dn  levtat 
«  an  eoudiant;  je  cornets  an  Ôîen  nui^ne  9  orltetenr  de  UMite 
<>  ebose^  par  mon  vcra  et  mon  serment»  que  je  ne  verfiii  point 
*  le  scNtnmeil  de  mes  yeux,  que  je  ne  mangerai  point  de  ^voses 
«  détNtes ,  qctô  je  ne  ipeobiMrelierai  point  ee  qui  est  i^trédUe, 
«  qee  je  ne  toodierai  point  h  ee  qui  est  hetni  qde  je  ne  dé- 
«  tonmerai  pomt  mon  visage  de  roeeident  h  rorient ,  si  je  nfe 
«  vraverse^  ne  foule  auK  pieds  de  mes  ehevani^  \»  die!»  des 
«  nntioi^,  ees  dieuK  de  hm ,  d'idrën  »  d'efgent ,  dV  on  de 
é  peinture^  <pe  les  diseiptes  du  cybi^irt  sa  sont  f^its âb  Iml» 
«  miins;  je  jure  cpie  j'extcvumerai  tonte  leor  iiiiqinté  de  Ih 

*^ir.  4nt-  SahelUcOi  BUi.  Vmetœ*  I)eca  III,  U  V|IT,  f.  30?.-*4;«d.  N^m9ifi»Q*  P*  i<27. 
*"  ^  ilona/.  Ecoles,  Raynaldi.  i469,  $  12,  p.  303.  Les  commentaires  du  cardinal  de  Pavic 
finissent  à  la  mort  du  cardinal  Carviual,  en  1469,  peu  de  mois  après  la  prise  tf  £no^  l)s 
forment  en  sept  livres  la  eontiouation  de  ceux  do  Pie  II.  \a  récit  ^t  l'espédition  et  4e  )a 
mort  de  ce  pontire  est  d'un  grand  intôrél  :  dans  la  suite  oq  trouve  encore  des  (ails  |>ien 
observés  et  des  détails  curieux  ;  mais  le  cardinal  4e  Pavie  était  \fim  4'avoir  pour  lu  ré- 
daclion  et  la  disposition  du  sujet,  et  pour  l'art  de  peindre  les  honunea  et  les  lieux«  un 
laleol  eofoparable  à  celui  de  Pie  H.  Dans  i'éditioa  in-f^iio,  Frwicfort»  IÇi4«  ce  c^ounei)- 
taire  occupe  les  paies  35M$4» 


s  HISTOIRE  DES  BiPUBLIQUES   ITALIEimCS 

«  face  de  la  terre ,  da  levant  an  ooachant ,  àia  gloire  du  IMeii 
«  de  SabaoQi ,  et  da  grand  prophète  Hahomet.  Et  pour  cette 
«  cause ,  je  fais  savoir  à  tous  les  peuples  circoncis ,  mes  sujets 
«  qui  croient  en  Mahomet  ^  à  leurs  chefs  et  à  leurs  auiiliàires  ^ 
«  s*ib  ont  la  crainte  du  Dieu  fondateur  d^  del  et  de  la  terre, 
«  et  la  erainte  de  ma  puissance  invincible,  qu'ils  aient  à  se 
«  rinidre  tous  auprès  de  moi,  le  septième  de  la  lune  de  rama- 
«  dan  de  cette  année  874  de  Thégire  (1 1  mars  1470),  obéis- 
«  sant  au  précepte  de  Dieu  et  de  Mahomet ,  dont  le  premier 
«  par  sa  providence ,  et  le  second  par  ses  prières ,  nous  assis- 
«  feront  sans  aucun  doute  ^  •  » 

'  Siff  cette  invitatîMi  de  Midiomet,  une  armée  formidable 
et  une  flotte  comme  les  musulmans  n*en  avaient  jamais  mis 
e^  mer,  se  rassemblèrent  à  Constantinople.  Les  Latins 
exagéraient  toujours  sans  mesure  la  force  des  armées  mu- 
«ulmaneft;  ils  se  préparaient  ainsi  une  excuse  pour  leurs 
déftttes ,  on  plus  de  gloire  dans  leurs  succès.  Dans  cette  occa- 
siffin ,  ils  ne  parlent  pas  de  moins  de  quatre  cents  vaisseaux 
scKEtis  de  l'Hellespont,  le  31  mai  1470,  et  de  trois  cent  mille 
hommes  qui  s'avançaient  de  Xhrace  dans  la  Grèce  ^.  Encore 
qu'on  réduise  faifiniment  ces  nombres ,  toujours  eeltHl  sûr  que 
l'armée  de  Mahomet  était  de  beaucoup  supérieure  à  tout  ce 
que  les  Vénitiens  pouvai^t  lui  opposer.  Nicolas  Ganale, 
luaairal  de  ceux-ei ,  était  à  Négrepont  avee  trente-cinq  galères. 
Quand  <m  lui  rapporta  que  la  flotte  turque  avait  paru  près  de 
Ténédos,  il  s'avança  par  le  canal  qui  sépare  Lemnos  et  Imbros, 

4 

1  CatiSnoUs  Papienês  Epktola  380,  p.  tn,  —  nayndtdl  annales  Beeies,  un,  $  it, 
1».  SIO.  —  s  Franeitci  PhUelphi^  L.  32,  EpUtoia  ad  Bemardum  JustManum,  -^  Anlo- 
Bio  d»  aipalu^  dans  les  Annales  de  Plaisance,  assure  que  les  Turcs,  entre  leur  Sotte  et 
lenr  annto,  avaient  soo,ooo  combattanis.  AnnaL  Placent.  T.  XX,  p.  9W.  Mais  les  annales 
des  Turcs  n'Indiquent  nullement  une  armée  très  formidable.  «  Mahomet,  y  est-U  dit,  ne 
«  pouvant  supporter  une  longue  oisiveté,  s'achemina,  par  terre,  vers  t'Euripe,  tandis 
«  qu'il  envoyatt  Mahmud,  pacha,  avec  une  flotte  qui  portait  douze  mille  hommes.  »  Jn- 
nales  Twcîel  LtvmeUtolL  T.  XVI,  p.  958.  —  Demetrius  Cantemir,  Hlsu  Oth,  L.  Ul,  c.  I, 
S  ss,  p.  lio.  Coriolanus  Cepio  lui  donne  i!ie,ooo  hommes.  De  Kebue  Venetis,  L.  I,  pt  34i. 


DO  HOTER  Âùn.  9 

fit  sl>  «ivoya  àevÊOiX  loi  IiMiut  Loreâsao  avee  dix  gdèras , 
pour  recxmnaitre  les  enneniis.  Il  kii  ordonnait  de  ne  point 
ériter  la  bataille  a*ik  n* avaient  jpâs  plus  de  soixante  Yoîles , 
ear  MHQtt&oie  ne  tordendt  pas  à  ^cffiir  an  aeooon  de  son  ayan 
gaide ,  et  il  eroyail  avee  eonfianoe  qn'il  battrait  les  infidèles, 
pomru  que  oenx-d  ne  fussent  pas  pins  de  denx  contre  un. 
JHais  si  les  Tnrcs  a^aimt  ph»  de  soixante  Taisseanx ,  il  or- 
donnait de  faire  force  de  Toiks  et  de  rames  pour  les  éviter  * . 
Bientôt  Loredano  et  Canale  Ini-mèoie  déeoomrrat  ta  flotte 
nrosahoane,  cpn  couvrait  tonte  la  mer.  Les  Tnres,  qni  pour  la 
preaière  fois  faisaient  Fessai  de  lenr  marine ,  sentant  leur  in* 
fériorité.  poor  la  mMiceuvre  et  la  petitesse  de  leurs  vaisseaux, 
avaient  compensé  ce  désavantage  à  la  mam^  dea  barbares, 
en  redoublant  lenr  nombre.  Les  Yémtiens  cmrent  of  ayoir 
d*autjne  parti  à  prendre  que  edui  de  la  fuite  ;  profitant  de  l'ob- 
scurité de  la  nuit,  ils  se  mirent  à  couvert  derrière  l'Ile  de 
Seyrm ,  tandis  que  ks  Turcs  y  faisaient  une  deaeente  pour  la 
teoci^er  et  la  brftler.  Ganale  prévit  alors  que  cet  arm<mient 
^ait  destiné  contre  Négrepont  ;  il  envoya  trois  galères,  avec 
le  plus  de  vivres  qu'il  put  rassembler,  à  Ghalds ,  captale  de 
rile  :  peu  de  jours  après  il  en  envoya  deux  autres  encore  ;  mais 
al(»s  il  n'  était  plu»  possible  d'entrer  dans  le  détroit ,  les  Turca 
en  avaient  fortifié  tous  les  passages. 

L^'fle  d'£ubée  ou  de  N^epont  s'étend  le  loi^  des  côtes  de 
la  Thessalie,  de  la  Béotie  et  de  l'Attiqiie,  par  une  longueur  de 
cent  quarante  milles  :  elle  n'a  nulle  part  plus  de  quarante  ou 
moins  de  vingt  milles  de  largeur,  et  son  drcuit,  allongé  par 
beaucoup  de  sinuosités,  est  de  365  milles.  Les  villes  nombreu- 
ses dont  elle  avait  été  couverte  autrefois  étaioit  alors  presque 
tontes  détruites.  Celle  de  Négrepont,  ou  Ghalcis,  demeurait 
seule  sur  pied,  au  bord  do  détroit  de  l'Ëuripe,  à  rendrmt  où 

i  Jf .  ânuUbeilkOi  Beea  Ifl,  U  vui,  r.  907,  t». 


10  HISTOIBE  DES  fiiPUBLIQUXS  ITALIEnVES 

il  9  ie  mcim  4»  teigaitr.  Lfiigi  (Mtù  commandiôt  dans  oette 
ville  ceimne  aapitaiae,  Jean  BoDânmieri  comme  prDTéditBor, 
et  Paol  Smso  eoaime  poAMtat  ;  une  faible  gakniioili  était  soas 
le^n  orâzes»  «T«e  quelques  s<Ale8  Yâiitiâis.  Cependant  Ma*^ 
bomet  II  arriredsiiA  la  Béotie,  tis-à-^vie  de  Négrèpont,  aT«e 
son  «rm^  de  terre,  qne  Labeliieiis,  le  pins  modéré  des  La^^- 
tms,  dunfl  son  cateul,  porte  à  œnt  vingt  mille  hemmes.  La 
flotte  tnr^e  s'était  d^à  emparée  dn  canal,  et  die  avait  dier*- 
cbé  jt  en  fermer  l'entrée  avec  des  ebalaes  arrêtées  à  des  vais*» 
seaux  coulés  à  fond,  de  pkpe  en  place  * .  Dès  que  le  «ittimfut 
airivé  en  vue  de  Tlle,  tas  Turcs  s'efforcèrent  de  lier,  par  un 
pont  de  bateaux,  l'Ëubée  à  la  Béotie  ;  et  après  quelques  eom* 
bats  vaiUftmmeiit  soutenus  par  les  halntants,  ce  pont  fut  étU'^ 
bli  devant  l'église  de  Sàittt-^Marc,  à  on  miUe  de  distance  de  la 
villi^';  Aussitôt  le  siège  fut  eommaicé,  plusieurs  batteries 
furent  ouvertes,  et  l'on  regardait  alors  l'activité  de  l'artillerie 
tDiqu0  eomme  prodigieuse,  perce  que  chaque  boiiehe  à  feu 
tirait  contHB  les  murs  einquante-cinq  coups  par  jour» 

Cependant  cm  avait  porté  à  Venise  la  »suvdle  du  siège  de 
Négrepont  et  du  danger  que  courait  cette  ile  ;  elle  était  re- 
gardée comme  le  chef-lieu  de  toutes  les  colonies  militaires  des 
Yénitieiis  dans  l'Arohipel.  Le  sénat  fit  armer  avec  précipita^- 
tion  tout  ce  qu'il  avait  de  galères,  et  à  mesure  qu*elles'étiieiit 
prêtes,  il  les  envoyait  joindre  Niooilas  Gtmule,  en  lui  donnant 
l'ordre  de  tout  hasarder  pour  délivrer  Négrepont.  De  son 
côté,  Crirolamo  Hôlint  qui,  avee  le  tita*e  de  duo,  goufternait 
Candie  pour  la  république,  avait  envoyé  à  la  fkitte  sept  gros- 
ses galères  chargées  de  vivres.  Aptes  avoir  reçu  ces  renforts, 
l'amiral  vénitien  pouvait  se  ordre  en  état  de  se  mesurer  avec 
les  Turcs.  Il  n'y  avait  plus  de  temps  à  perdre  pour  délivra 
les  assiégés.  Trois  assauts  leur  avaient  été  livré»  sueeessive- 

1  F.  PMlefphi  EpisL  ad  Federtcum  Crbintui  eamitem.  L.  XXXII.  ^*  Jf.  Ant  Sabeh 
lico.  Deçà  lli,  L.  VIII,  f.  908.  —  Àtidr^  ifavagierû,  Storia  VmiMimuL  p.  HM. 


DO  MOTEIV   AGE.  It 

ment,  \^  35 joîpi  le  W  jpm  «t  le  ^  joUlet^  ;  et qpMfQe'tes 
y4aiti§B8  dierohasfleDt  à  ifenepwraiger»  en  affiimiat  qoe 
16|QP0  Torp»  aveieot  été  tnée  inm  lesdepx  oremimB  mna% 
et  5,000  i^aus  le  troisième)  les  pertes  4e9  aw^gés,  dont  le  eal«^ 
eal  était  mieiuL  avéré,  deveonient  poar  eai  ploa  ^ùrayaatie. 
Nicolas  Capfdfi,  poussé  par  w  Tent  favorable,  et  seomdé  per 
les  courants,  rompit  enfla  les  chatoes  qui  loi  fermaieat  Vea^ 
trée  de  f  Earipe,  et  parât  le  1 1  juillet  en  vue  de  la  TîUe,  de  la 
flotte  turque,  et  du  pont,  dont  il  n*était  plqs  qu'à  un  mttle. 
Les  assiégés,  au  comble  de  la  joie,  se  crurept  délivrés.  Maho* 
p^t,  erfiiganut  de  vpir  le  pont  coupé,  et  de  se  trouver  enfermé 
dans  nie,  fut,  à  ce  qn*on  assure,  sur  le  point  de  l'enfnir. 
])fais  Gauale  n'avait  été  sni^i  qœ  per  qniitan^  galères  et 
dem^  vw^e^Qx  \  H  jmVim  quelque  mffleutendu,  avait  anrtté 
totttlere^te  desn  flotte  ^  à»i^m  de  rs^ripe.  Cependant 
sçn  pilote ,  CandiîaoQ,  et  d?uic  caiHtainea  de;  voisiseau,  les  frè* 
rçs  PizzauiiaQi,  T  ei^hortaient  h  veqif  donner  contre  le  pont  i 
ils  se  croyaient  assurée  de  le  rompre,  h  rçâde  du  courant  et 
du  vent  qui  les  seccundaient,  et  ils  redoutaient  peu  la  flotte 
turque  riingée  derrière  le  pont,  dans  un  lien  trop  étroit  pouv 
mancpnvi^r.  Mais  Canale  manqua  d^  résolution  :  il  défen At  h 
son  pilote  de  passer  outre  jusqu'à  ce  qu*U  eût  été  rejoint  pav 
le  i^tade  sa  flotte,  à  laquelle  U  envoyait  message  sur  message 
pcpr  la  presser.  Pendant  qu*il  Tattendait  vainement,  lllabo* 
met  II  avait  livré  un  quatrième  assaut,  et  en  même  temps  U 
avidt^it  #ppcoeheraa  flotte  des  mors,  du  e<ii^  de  Songo  «lia 
Zueeoa,  ies  assiég^^  ataieait  les  yeux  tonjour»  ftx#  sw  le 
lieu  <rii  il^  evaient  vu  paraître  les  voiles  vénilievme^,  dont 
TimmobiUté  les  désespérait.  Cependant  ils  se  défendirent  e^y^o 
une  extrême  vaillance,  jusqu'à  ce  que  la  nuit  sé|[>aràt  les 
combattants.  Au  point  du  jour,  le  12,  le  combat  recommença^ 

<  Marin  Samito^  Vite  de*  Dwhi  d*  Ve^tezia»  p.  ti90. 


12  HISTOIRE   DES  REFUEtlQUES   ITÀLIEfinES 

et  les  assiégés  apposèrent  toujours  la  même  résistance.  Déjà 
les  brèches  étaient  praticables  ;  des  soldats  tonjoars  nouveaux 
se  présentaient  à  Tattaque,  et  les  Ghalddiens  étaient  accablés 
de  fatigue.  Vers  la  deuxième  heure  du  jour,  ils  furent  re- 
poussés des  murailles  ;  mais  comme  toutes  les  rues  étaient 
baoîeaâées,  ils  continuèrent  à  se  défendre  dans  la  Tille,  jus- 
qu'à la  mort  du  dernier  d'entre  eux.  Tous  périrent,  car  le 
féroce  Mahomet  avait  fait  publier  dans  son  camp  qu'il  en- 
verrait au  suf^lice  quiconque  aurait  épargné  un  seul  prison^ 
lÂev  âgé  de  plus  de  vingt  ans^ .  Les  cadavres,  rassemblés  sur 
la  place  de  Saint-François  et  sur  celle  du  Patriarche ,  furent 
ensuite  jetéâ  à  la  mer. 

Pendant  que  cette  effroyable  boucherie  durait  encore,  le 
reste  de  la  flotte  vint  joindre  Ganale  ;  mais  il  était  trop  tard ,' 
lesétendards  de  Saint-Marc  étaient  arrachés  des  murdlles,  la 
ville  était  perdue,  et  les  soldats  des  galères  découragés.  Les 
Yénitiens  ressortirent  en  hâte  du  canal  de  l'Euripe,  frémissant 
de  douleut  et  de  rage  d'avoir  laissé  détruire  sous  leurs  yeux 
une  colonie  si  importante.  Deux  des  commandants  vénitiens 
qui  étaient  dans  Ghalds  étaient  morts  les  armes  à  la  main  ; 
Pattl  Erizzo,  le  troisième,  s'était  enfermé  dans  la  dtadelle  ;  il 
la  rendit  sous  condition  d'avoir  la  tète  sauve.  Mahomet  or- 
donna qu'il  fûtsdé  par  le  milieu  du  corps,  ajoutant,  avec  une 
atroce  plaisanterie,  qu'il  n'avait  garanti  que  sa  tète,  et  qu*il 
la  lui  laissait^. 

La  douleur  que  causa  la  perte  de  N^repont  à. Venise  fût 
accompagnée  de  la  plus  violente  indignation  contre  Nicolas 
Ganale.  Loin  d'encourager  ses  soldats  au  combat,  il  avait  re- 
tenu des  guerriers  plus  ardents  que  lui,  et  il  s'était  refusé  à 

i  Jf.  4.  SabeOico.  Deçà  DI,  L.  VIII,  f.  209.  —  Andréa  Kmfogiwf,  Storia  vmezlana. 
p,  i  128.  — Cnwii  Turco-Graciœ  HUtor.poUtich,  1,  p.  25.  —  Sansorino,  Del  origine 
ê  impero  de*  TurcM,  L.  Il,  f.  I6T.  —  «  Annotes  Ecclesiaitici.  I470,  S  «2-36,  p. 210.  — 
M.Ant,  SaàelHeo,  BiaL  Veneta,  Deçà  III.  L.  VIII,  f,  208-209.  —  UaHn  Sanuto^  nie  de 
Duchi  di  Veneiia»  p.  1190. 


ou  MOYXn   AGC«  13 

tenter  de  rompre  le  pont  de  TaiSBeaox  des  Tui^c8>  au  moment 
où  il  aurait  pu  sauver  ainsi  la  ville.  Son  ooorage  n'avait  jua- 
qu  alors  jamais  paru  douteux  dans  les  combats  ;  mais  on  pré- 
tendit que,  dans  cette  occasion,  la  présence  de  son  fils  sur  la 
flotte  lui  avait  inspiré  une  crainte  inaccoutumée.  Après  la 
chute  de  Ghalds  il  ne  fit  rien  pour  réparer  Taffront  que  Yé^ 
taidard  de  Saint-^Marc  avait  reçu.  Cependant  Jacques  Yeniero, 
et  d'autres  encore,  lui  avaient  amené  de  si  puissants  renforts, 
qu'il  avait  enfin  réuni  cent  galères  sous  ses  ordres.  Cet  arme- 
ment était  bien  plus  redoutable  que  celui  des  Turcs,  lorsmèisie 
que  la  flotte  de  ceux*ci  aurait  été  effectivement  composée  de 
quatre  cents  vaisseaux,  comme  le  rapportent  plusieurs  Msto** 
riens.  Le  sultan  avait  réuni  tous  ceux  du  commerce,  tous  ceux 
qui  pouvaient  lai  servir  de  transports,  et  sa  flotte  mal  aguerrie 
ne  sayait  ni  manœuvrer  dans  les  batailles,  ni  obéir  anx  si^ 
gnaux,  tapdis  que  les  Yéoitiens  étaient  les  plus  hardis  de  la 
Méditerranée,  parce  qu'ils  en  étaient  les  plus  habiles. 

Après  la  conquête  de  Négrepont,  la  flotte  ottomane  se  retira 
vers  les  Dardanelles,  et  Nicolas  Ganale  la  suivit  jusqu'auprès 
de  Sdo,-  là,  il  assembla  un  conseil  de  guerre,  et  sur  l'avis  de 
ses  capitaines,  il  s'abstint  d'attaquer  les  Turcs  qui  se  croyaient 
déjà  perdus.  Il  revint  ensmte  à  NégrqK>nt  qu'il  tenta  dé  re- 
prendre ;  mais  l'attaque  des  troupes  de  débarquement  n'ayant 
pas  été  bien  combinée  avec  celle  des  galères,  il  fàt  repioussé 
avec  perte.  Pendant  que  cette  action  durait  encore ,  Pierre 
Hocéogigo,  que  la  république  avait  nommé  pour  le  remplacer, 
arriva  auprès  de  lui.  Mocéoigo  déclara  que,  jplour  ne  point 
déranger,  par  son  arrivée,  des  plans  combinés  d'avance ,  il 
était  prêt  à  combattre  sous  les  ordres  de  Gauàle,  si  cdlui^ci 
voulait  renouveler  l'attaque.  Ganale  s'y  refusa,  tout  e^déda- 
rant  que  si  Mocénigo  voulait  combattre ,  il  était  prêt  à  servir 
sorts  lui.  Tous  deux  semblaient  redouter  la  responsabilité  d'une 
entreprise  trop  périlleuse  ;  tous  deux  refusèrent  de  tenter  la 


14  HISTOIIl£  DES  BÉPtN^lQUfiS  ITALIJËK^BS 

fCKrtune;  mais  Moeéoigo  ayant  yakieriiefil  offert  à  son  ptéSé^ 
eesseiir  une  ooeasion  de  se  réhal»lit6Py  prit  le  eoimiiaiiâeniiebt 
de  la  flotte,  déploya  la  commission  dont  fl  étidt  éb^gê  pa  le 
eonaeU  des  Bix,  fit  arrêter  Gènale ,  et  FenT<^a  ehargé  dé  fers 
à  Yemse;  afiiès  quoi  il  ramena  ses  vdsseanx  âatfft  lès  ports 
dé  la  Morée  poor  y  passer  t*faiver  ^. 

Nieoifts  Ganalé  ne  draieora  pas  safis  apologiste  :  le  pape 
Paul  II  écnirit  au  doge  de  Yemse  ponr  le  jastiflèr  ;  ï^rançois 
Pbikliiie^,  anctuel  sa  haute  réputation  litlâ*airé  dovmaity  en 
politique,  un  crédit  presque  égal  à  celui  que  Pétrarque  ayait 
exercé  dans  le  siède  précédent,  composa  aiissi  une  apolqgiede 
ee  géÉéral.  Ganale  fut  néamnoini  relégué  à  Porto-Orûéroponr 
le  veste  de  ses  jours. 

La  conquête  de  Négreponteausa  dans  la  éfarâienté  tm  dÈtoi 
UBiTersel.  Jusqu'alors  les  Yénitiéns  avaient  paru  maHres  de  la 
mer.  QÉdque  supéribi^  que  le  nouante  ou  une  forcé  bitutale 
pût  donner  aux  Turcs,  6n  les  avait  vus  arrêtés  par  le  moindre 
caîmL  Un  brae  de  mer  semblait  une  barrière  insurmontable 
pour  lés  étendard»  du  croissant.  Encore  que  la  conquête  de 
FUlyrie  les  eût  rapprochés  du  cesftre  de  la  dvilisation,  on  sup- 
posait tou^mrs  qu'as  seraient  arrêtés  par  la  double  chaîne  des 
montagnes  ^ûi  se  présenteraimt  à  eâx  avant  qu'ils  pussent 
entier  en  KaHe ,  et  Ton  ne  songeait  pas  même  au  danger  de 
eettelMgae  étendue  éà  côtes,  deptds  Beggiode  CkMbre  jusqif  à 
Yenise ,  d'oè  Ton  avait  partout  à  la  portée  de  la  vue'  éeè 
y&jn  mmidnlans.  CSomme  ces  côtes  n'avaient  pas  été  insultées 
depaisr  k  x*  siècle,  on  les  croyait  à  l'abri  de  toute  atteqifee.  La 
créatioii  suibite  d'une  redoutable  marine  musolifiane  apprit  à 
tous  les  pays  baignés  par  la  mer  que  leurs  portes  étaient  ou* 
vertes  à  un  conquérant  résolu  à  détruûre  le  ùége  de  la  religion 
cbxétieQne  >.  Ferdinand,  dont  tes  états  n'étaient  séparés  delà 

1  If.  ànu  BabeiUeo*  i>«ca  III,  l*.  IX^  f.  209-3iO.  —  Mdrea  NavoQUro^  Slorta  Ven^* 
sioiio.  p.  ii!i8.— C^rio/ontu  Cepio,  De  rébus  Feheilt.  L.  I,p«  3ii.-J  Antonio  di  Rlpafto, 


m  MOYEU  AGE.  13 

KoiqUie  que  patf  nu  cnal  de  doase  UeoM  de  krgjenr,  fut  à 
jiiBte  titre  le  pins  eCbrayé;  Mab(»iiel  Ini  a^iôt  commnniqaé, 
atec  «ne  «rrogiBee  iniiiltBiite»  sa  Tîefecûre  de  Négrepout,  le 
priajBt  de  s'en  réjoair  avee  M.  Le  roi  de  Naples  répondit 
qu'une  iriotoîre  remportée  sor  des  ehrétiais,  ses  affiés^  ne  pou- 
tait  ètie  poor  M  nne  oeeasion  de  joie,'  qu'il  ne  pouvait  con« 
serrer  d'aoÉlîé  pou  sa  hautesse  tandis  que  sa  foi  était  en 
dango*  ;  qu'il  ne  manquerai  pdnt  aux  besoins  de  sa  religion, 
et  qu'il  dônneiait  ordre  à  sa  flotte  de  se  joindre  aux  Vénitiens 
pour  oooJiattre  les  Ottonums  * . 

.  Bessariim,  «irdinal  de  Nke,  l'un  des  pk»  illustres  parmi 
ces  Grecs  qui  avaient  assisté  aux  conciles  de  Ferrare  et  de 
Florence,  invitait  déjà  les  autres  Grecs ,  ses  compatriotes ,  à 
s'enàûD  loin  de  cette  Itatte  où  3s  ne*  pontaîent  plus  trouver 
de  sûreté  ^.  Cependant  il  avât  aussi  adressé  une  exhortation 
^toqmalto  aux  princes  de  cette  cMirée,  pour  leur  montrer  le 
danger  affreux  cpn  les  menaçait  '.  Le  pape  Paul  II,  qui  savait 
^fst  Mahomet  eu  voulait  personnellement  à  lui  et  à  son  ffiége, 
s'adressait  à  tous  les  états  chréti^is  pour  s'^orcer  de  les  réur 
nk.  Gaiéaz  Sforsa  venait  d'attaquer  les  seigneurs  de  Gorreggio , 
et  de  lem:  enlever  BrescdQo;  Paul  le  supplia  de  poser  les 
anneS)  et  de  ne  pas  poursuivre  davantage  ces  petits  princes , 
doni»  les  autres  fieft  étaient  sons  la  proteetion  du  duc  de  Mo- 
dèae  *.  Les  Yénitâens  faisaient  sur  le  Mineio  des  travaux  qui 
donnaient  de  l'inqui^de  au  marquis  de  Mantoue,  et  qui  ra- 
valent engagé  à  recourir  à  la  garantie  du  duc  de  Milan;  Paul  If 
kur  écrivît  pour  les  presser  de  sedériist^  d'une  «treprise  qui 
pouva^  troubles  la  paix  de  Vltalie  '<  V(m  avons  vu  qu'il  re- 


AnnaL  PlaeentittL  T.  XX,  p.  829.  —  ^  Lei  deux  lettres  sont  rapportées  dans  Gaernieri 
Semio,  Crouica  d'Agobbio,  T.  XXI,  p.  ioi9.  -^  *  Lettre  du  cardinal  Bessarion  à  un  abbé 
Besseflon.  Apud  Raynaldwn,  AnnaL  Eecles.  147«.— >  ibid,,  S  24,  p.  213,  et  S  29,  p.  214. 
^  maia  Pouft  Hi  if  septemMt  1470,  in  Ubra  Brevium,  Anno  septimo.  p.  S.— Sanna/di 
Annai,  S  89,  p.  2i9,  —  *  /n  Ulnû  Br^vitoH,  et  ttpud  sutynatduBh  S  40,  p.  Sir. 


16  HISTOIEE  DJS8  BEPUBI.IQVE8  ITALIENNES 

nonça  lui-même  à  ses  projets  d'enyahissementaor  le  territoire 
de  Rimini,  et  à  sa  yengeance  contre  Ferdinand.  Tl  ne  négUg^ 
point  non  pins  les  moûdâres  potentats:  Louis,. marq[ais  de 
Mantoue,  GniUanme  de  Montferrat,  Àmédée  IX  de  Sayoie,  ka 
Siennais ,  les  Lnc(iaais,  le  roi  Jean  d'Aragon  à  qui  la  Sicile 
était  sonmise.  Il  réussit  enfin  à  engager  leurs  ambossadeara  à 
renouveler  la  ligqe  d'Italie  aux  mteies  conditions  sous: les- 
quelles elle  avait  été  conclue  à  Venise  en  1454>  et  confirmée 
à  Naples  le  26  janvier  suivant.  Cette  alliance  de  tous  les  états 
d*  Italie  pour  leur  défense  mutuelle  fut  publiée  à  £ome  le 
22  décembre  1470)  et  célébrée  en  chaque  lieu  par  les  fêtes  du 
peuple  * . 

1 47 1  .—Paul  II  avait  aussi  tourné  ses  vues  versrAUemagne; 
il  approuva,  le  Hjanvier  1471, la  paix  qui  venaitd*  être  ccmdue 
entre  Mathias  Gorvinns  et  Tempereur  Frédéric  III,  qui  tous 
deux  excités  par  lui  avaie;  s^Drétendu  à  la  couronne  de  Bohème, 
et  se  l'étaient  disputée  pd^  ^  armes  ^.  Il  envoya  François, 
cardinal  de  Sienne,  qui  fut  uepuis  Pie  III,  à  la  diète  convo- 
quée à  Batîsbonne  pour  le  25  avril  1 47 1  '.  Il  le  chargead'une 
double  mission  :  d'une  part,  le  cardinal  devait  hâter  les  se- 
cours nécessaires  pour  préserver  l'Allemi^e  d'invasions  sem* 
blables  à  celles  qui  venaient  de  dévas;ter  la  Gamiole  et  la  Ga- 
rinthie  ;  de  l'autre,  il  devait  empêcher  les  princes  de  l'Empire 
de  prendre  quelque  résolution  favorable  à  George  Podiébrad« 
La  mort  de  ce  roi  de  Bohême  rendit  vaine  cette  partie  de  la 
mission  du  légat  ^. 

La  première  séance  de  cette  diète,  dont  on  attendait  de  si 
puissants  secours,  ne  fuf  tenue  que  le  24  juin.  L'évêque  de 
Trente  j  parla  le  premier  :  ce  fut  lui  qui  exposa  aux  princes 
les  ravages  commis  par  les  Turcs  sur  les  frontières  d'Allema- 

1  naynaldi  Annal.  Eecles.  liTO,  S  «3*  P*  217.  -*  *  PauU  U.  UherRrevfum,  Aimo  fil. 
V'U'—tUiynaltUAnnaL  Eeeles.  1471,  S  i>  P*  221.  ^  >  SpUgel  der  Ehren,  B,  V,  c,  XX, 
p.  1S7.  ->  *  Baynaldi  AnnaL  Ecclesp  1471,  S  3.  p.  221. 


M}  yoVEM  AGI.  17 

gue,  dorairt  les  deox  préoSdttntea  stuiées  *.  Le  cardioal  de 
SieBoe,  qui  avait  vëcu  en  AUemftgne  avec  son  oncle  Pie  II,  et 
qui  aHmaiasait  tou  let  intéreto  de  cette  contrée,  parla  à  Bon 
tour  BTflc  besacoap  de  fmre,  poar  engager  les  Allemands  k 
dtfudre la  patrie oommane*. Le lendebiam,  PaolUoroàno, 
nBfhflguMJwn'  des  VAiitient,  B'adnssa  à  la  nation  germanique  : 

-  Deppîa  plua  dedeaz  oeata  ans,  dit*!!,  les  Vénitiens  ont  com- 

■  menoé  à  &ire  la  guerre  snx  Tores  :  ils  ont  soQtena  senis 

•  rt8iirlDntpeiKlBntle8liiiUdeiDiërMannéeB,,learBconetante8 

-  (Atsqo»  en  Thnee  et  en  lUjrrie^  Ils  se  sont  présentés  seuls, 
>  eoBiine  les  dtfenaratB  de  la  «brétienté,  et  cependant  dans  un 
.  da^cer  oomstun  &  tous,  ils  se  troarent  abandonnés  par  le 

■  reste  des  dirétiens.  La  poissance  de  Fennemî  s'est  aecme 

-  pendant  le  somawU  de  l'EBrc^.  PUit  à  Diea  que  celle-d, 

•  eçse  réreiUant,  fAtencore  àÀesftrte  pour  lui  résîslor!  Cet 
.  eniiami  t'aTUioe  égaLem^  pM^'    \rie ,  par  la  Panoonie, 

-  et  par  le  go^'  ÂdriatlflAË^I*  "^         ^  espérer  de  sûreté  ni 

■  Bor  la  tcarre  ni  Bor;  la  InV-  -Qne  les  Allouands  voient  enfla 
.  queUeestl'espèoei^fl^iGrredontik  sont  BHuacés. Les TÎeiU 

-  larda  sont  maSbacré^^^^ei^aats  étranglés  ;  toos  ceox  qui, 

-  rédoils  eaeleliyftg^'jK^ventébremia&priXjSontentralnéa 
«  par  lea  barbares^poun  être  vendus  dans  le  fond  de  l'Aàe; 

-  les  temito  sont  bà£^  avec  leurs  prMres  qa' on  j enferme; 

■  tous  1  re  on  des  arts  sont  détroits 

-  par  k  nt,  ajonta-t-il,  il  n'y  a  point 

■  lien  (  rru  qae  les  Allemands  ap- 
•>  ptvtei  veclaquelleon  doit  défendre 

■  sa  vie  s  Vénitiens  ont  encore  nne 

•  flotte  iS  semées  snr  toutes  les  oôtee 
a-del'i  t-dnq  mille  hommes  servent 

•  aousl  rdinand  joindra  vingt-trois 


)8  HtSÏOnB  DES  ofiPDB^QtltB  ITiXIElIBES 

•  galères  aux  soix&Dte  qu'Us  ont  d^à;  lerestede^taUepM'- 
■  tern  aiBéoaeQt  lfiiirfloUe&ceat'niigtTAiieseaiix;ù  lesjUle- 
>  loaadB  les  secondent  par  terne  avec  aatant  de  Tigoenrf 
«  bientôtilsserODt  iHmt  4e  danger,  et  le  reste  delà  dirâtituitâ 
■  doneiacni  gtiraati  <.  * 

Dans  onea^resétnceoDlnt  à.U  diète  des  lettres  idceB* 
sées  par  les  états  de  Cdnliole .  Dam  tout  le  pays  ouvert,  j  était- 
il  dU,  il  ne  resbùt  ^lui  auoub  temple  ni  anooiie  itmiea  de 
oUUratean.  hbs  Mdavret  dss  enfante  et  des  fieiUaids.^iBeles 
Taras  aT«i«at  égorgés,  parce  qu'ils  ne  trouvaient  poûit  A  les 
▼«idre*  n'ayaient  point  enoore  été  enaerdis,  «t  coiïompaieDt 
IW  par  leur  paanteor  ;  at  cepesdaiit  çr^  de  vingt  uûUe  cvptàîB 
àvaiaat  Aé  entevéade  wtte  eeide  province.  Le»  Turcs  j  aTaiant 
fortifié  quelques  plaoes,  oil  ih  mettaifsit  «a  sitrebé  leur  butin, 
aprè8«T(Hr  dévasté  tout  le  vwtàn^.  D'antre  port,  ou  bU^nssi 
des  lettres  reçues  de  Strigooifi  et  des  magnats  de  BMigiie  : 
elles  anooDQùaQtquerwméedes Tores,  partage  en  deux^eorps, 
menaçi^  tes  finwtÀNts  des  ehrét^,;  l'un  avut  pris  la  ponte 
de  la  Carni«te«  et  entrait  eu  Allém^e.  par  les  états  de  Fré- 
déric ni  i  l'autre  s'était  arrêté  Bf^  {a  gave,  et  il  paraissait 
vouloir  7  établir  un  pout  et  vue  foUere^,  podr  étendre  d«  là 
ses  ravives  dass  la  Hoogiie.  les  Hougnùe  «joataieat  q«e  d»- 
pnis  i»ntai)sib  oosibatlflieDt  oHitre  'les  Turca,  qve  leur 
nyanme  ébût  ^lisé  d'bo  y 

TÛent  des  Kooun  étranj  h 

lef^^teiaps  les  attaques  d'i  j 

^'its  oombUtaiait  autani  ir 

«oi-BteiM  ;  «t  que,  qneq  Si 

au  daagar,  ils  ne  périnée  è 

renpereur  et  aux  princes  le 


ttwmradtnt  les  ptemiera  à  déeoàtert  ^ils  succombaient  ;  el 
qa'nprèa  tout»  e'était  à  celui  qae  le  titre  d^cmperenr  mettait 
à  la  tète  de  lu  réptiblîqiie  ehréttenne,  à  se  ranger  le  premier 
parnii  les  défbnseiM  de  la  chrétienté  *» 

Hais  ort  «nperear  était  loin  de  répcMidre  par  son  zèle  à  ce 
qir*oftdennûidaiitdjelm.  Pendant  qa^on  délibérait,  la  Gamiole 
était  déTastée;  et  il  ne  feôsait  rien  ponr  la  défendre,  rien  pour 
U  Teogop  ^  $  8  ^e  songeait  point  à  secourir  ses  alliés  et  ses 
vrâitts»  mtis'il  demuidait  seulement  à  la  diète  delui  accorder 
él%  vriSiê  honnies,  dont  lé  quart  fftt  decavalerie,  pour  garder 
ses  pro|^«s  firontières  '  ;  bientôt  même  il  n'en  voulut  plus 
qa$  ^putte  mffle,  jeffrayé  sans  doute  de  l'obligation  que  lui 
fanpcflerait  unearmée  plus  nombreuse,  celle  de  s'engager  dans 
\mb  guerre  j^tis  active,  comme  aussd  peut-être  de  la  néces* 
site  de  k  dtfrayer  taudis  qu'elle  traverserait  ses  états.  Après 
de  très  hmgnes  dâSiérations,  la  diète  décida  enfin,  dans  sa 
iéaiice  du  19  juillet,  que  Vempire  entier  contribuerait  en  pro« 
porticm  de  ses  revenus ,  en  sorte  que  chaque  millier  de  flo- 
rins de  capital  fournirait  et  entretiendrait  un  cavalier.  On 
aniimiça  aux  légato  et  à  Tambassadeur  véniHen  que  cette  levée 
pourrait  produire  deux  cent  mille  hommes  équipé»  et  entre- 
teniiB.  Ils  vendirent,  avec  défiance,  à  un  calcul  si  exagéré, 
^e  quàtefr-^iigt  Hnlie  faxmimes,  si  on  pouvait  les  obtenir,  suf- 
findent  de  veste  ^.  Mms  il  éti^  bien  décile  de  mettre  à  exé- 
eeftsou  im  décret  «ossi  vague,  et  de  sdgn^  une  pareille  réparti-* 
tion  cbiBS  diaqué  état  de  l'empire  ;  toute  ^activité  de  l'empe- 
reur le  phlsaililiâlieux  et  le  plus  accrédité  j  aurait  à  peine  pu 
sofflie.  Trédéric  flZ  n'y  songea  senlement  pas  ;  déjà  il  n'était 
plus  occupé  que  de  sa  rivalité  avec  l'électeur  palatin  '.  La 


<  lo«t.  Ant.  Campani  Bpistotar.  L.  tl,  n«  13.  -^  Jacùhi  CaFdinaU  PapienHs*  epi9toL 
SU,  p, T16.  —  Raynat€U  AnnoL  Eccles»  i47i,  S  n,  p  238.  —  *  DUtgoss.  Histor»  Polo^ 
nicm.  L.  Xlil,  f».  4V6.  —  >  Spiegel  der  Ehren.  h.  V,  c.  XX,  p.  TS9.  —  *  Raywddi  ÀnnaU 
iicctes,  1471,  S 13,  p.  3:^3,  —  *  Sf^gtlderBhnn.  B.  V,  e.  XX,  p*  T6i. 

V 


20  aiSTOlAlS  DES  AÉPUBLIQUES  ITALIimKfS 

diète  fat  transférée  à  TTnremberg  ;  aucane  de  ses  ordèimaiioed 
ne  fat  exécutée^  et  rÀllemagne,  la  Hongrie  et  FltaHe  forent 
abandonnées  sans  défense  à  la  farenr  des  Tares  ^ 

Panl  II  avait  chaîné  le  cardinal  de  Sienne  de  solUdter  la 
diète  de  Batisbonne,  ponr  qd'elle  déclarât  la  guerre  aox  Bo-- 
hâniens  anssi  bien  qa*aax  Tares  '.  Il  repoussa  même,  comme 
nne  calomnie,  la  snppositton  qu'il  eût  jamais  consenti  à 
quelgae  accord  avec  Podiebrad,  si  ce  monarque  avait  vécu  '« 
Les  délibérations  des  Allemands,  à  Végard  de  la  Bohème,  ne 
furent  suivies  d*aucun  effet  ;  mais  If atbias  Gorvinus^  roi  de 
Hongrie,  à  qui  le  pape  avait  accordé:  la  couronne  de  Bohème, 
poursuivait  sesprojets  de  conquête  dans  ce  royaume.  LesBohé- 
miens,  plutôt  que  de  se  soumettre  à  lui,  avaient  offert  la  royauté 
à  Uladi^as,  fils  du  roi  de  Pologne,  qui  vint  se  mettre  à  leur  tête. 
En  même  temps,  Casimir,  son  père,  appelé  parles  mécontents 
de  Hongrie,  vint  attaquer  Gorvinus  dans  ses  propres!  étâ^  et 
s'avança  jusqu'à  Nitria,  où  il  soutint  ensuite  un  siège  ^;  Aidsi 
donc,  loin  queles  Hongrois  fussent  assistés  par  le  restede  la  ehié- 
tienté,  le  pape  les  affaiblissait  par  une  diversion  puissante^  et 
les  Polonais  par  une  invarion  redoutable.  La  eainpagnecoQlre 
les  Turcs  ne  fut  cependant  point  aussi  désastreuse  ponr  laiAnsé- 
tienté  qu'on  aurait  pu  le  craindre.  Les  Musulmans  avaient 
achevé,  sur  les  firontières  de  Sjnnie,  au  passage  de  la  Save,  les 
fortifications  d'une  citadelle,  qu'ils  nommèrent  dans  leur  laiH 
gue  Sabatz  ou  l'Admirable^.  Mais  Mahomet  ne'eonduisit,  celle 
année,  aucune  expédition  par  lui-même,  et  celles  de  ses  pachas 
étaient  beaucoup  moins  redoutables.  H  parut  même  avohr 
quelqué^  pensée  de  faire  la  paix  avec  les  Yénitiens.  La  veuve 


1  Campama,  Ub.  Tl,  Epist.  22.  ~  Baynalài,  S  13-14,  p.  223.  —  >  Lettre  de  Paul  /i, 
du  9  avriL  Uber  Brevium^  anno  VU,  p.  12s.  RaynaldL  S  26,  p.  32S.— *  Bref  de  Paul  11^ 
du  2S  juin,  ibid,  $  28,  p.  226.  —  *  Bonfinius,  Berwn  Ongariearum,  Dect  IV,  L.  Ui, 
p.  i90.  —  DlugoiH  Bist»  Polon.  L.  XIII,  page  47i.  ~  •  BonfinUtt,  Rer.  Vngar,  Dec  IV, 
L.  II,  p.  S83.  —  Spiegel  der  Bhretté  B.  v.  c  XX,  p.  763. 


nu  MOYEU  AGE.  .  21 

II,  fiUe  de  Geoijge  Bulkoiifitz,  denuer  despote  de 
Servie,  s*off|it  jKmr  en  être  médiatrice  ;  et  deux  ambassa- 
deurs vâûtieiiB,  Kîeolas  Gocco  et  François  Gapello,  forent  en- 
voyés aapinës  de  Mahomet,  Ce  monarque  avait  été  informé  des 
.armements  de  la  ligue,  et  il  voulait  les  ralentir  par  une  né- 
gociation :  c'était  dans  œ  but  seul  qu'il  avait  appelé  les  dé- 
putés vénitiensà  la  Porte,  et  il  les  renvoya  sans  rien  conclure  * . 
.  '  Ce  n'était  pas  au  reste  parmi  les  Européens  et  les  chrétiens 
.seuleipent  que  Paul  U  et  les  Yénitiens  avaient  été  chercher 
des  auxiliaires  contre  les  Turcs;  une  négociation  beaucoup 
plus  extraordinaire  était  entamée  entre  eux  et  Hassan  Bèg, 
ou  Ussua  Gassan,  qui  avait  conquis  la  Perse ,  en  1 468 ,  sur 
les  descendants  de  Timour,  et  qui  y  avait  fondé  la  dynastie 
du  Mouton  Idanc  ^.  Un  frère  Louis  de  Bologne,  de  Tordre 
d^  3aintrFrau^,  se  rendit  par  Gaffa  auprès  du  conquérant 
.de  la  Perse,  pour  l'exciter  à  faire  valoir  les  droits  de  cet  em- 
.pire,  qu'il  renouvelait,  sur  la  Golchide  et  Trébisonde,  et  pour 
Im  proopiettie  en  mime  temps  les  secours  des  occidentaux 
dans  ^une  guerre  contre  les  Turcs.  Ussun  Gassan  s'engagea  en 
effe^dlaosla  cwfédération  qu'on  lui  proposait;  il  écrivit  à 
'Pwl  II  une  lettre  emphatique  et  d'un  style  oriental ,  pour 
.luiproniel;|re  sa  coopération.  AiNrës  avoir  pris  pour  lui-même 
les  Utiles  les  i^s.  pompeux,  il  en  accorda  aussi  au  pape  de 
txès  ffli^ifiques.;  l'annaliste  de  l'Église  y  a  vu  une  confes- 
.akm  de  la  g|>aQdejttr  des  pontifes  arrachée  à  un  infidèle  par 
lafoi^  de  la  vérité  ^.  Le  défi  qu'Ussun  Gassan  envoya  peu 
de  t^mps  i^rès  à  Mahomet  II  était  tout  symbolique.  L'am- 
bassadeur persan  versa  devant  le  trône  du  sultan  un  sac  de 
mîUet,  qu'il  balaya  ensuite  :  ainsi  le  balai  d'Ussun  devait 

<  M.  ànU  SabêUiço,  Deçà  III,  U  IX,  f.  310,  T.  —  Andr,  «amgiero.  T.  XXjn,  p.  IISO. 
^^€4^9141^.  Cepio.  L.  1,  p.  342,^*>  Vpyes  d'Herbeiot,  BibLoihéque  orientale,  au  mot  9xun 
Basson  Beg»  Vh  upirée  des  orieotaux  se  confond  avec  le  C.  Le  nom  turc  d'Uivii,  de 
nêrne  que  c^lui  de  Al  Thayi,  que  lui  donnant  les  Arabes,  >reut  dire  le  long,  —  >  ta  let- 
tre est  rapportée  jUznaL  Ëccles,  i47iy  S  48^  p^  229. 


22  HISTOIRE   DES   RÉPUBI/1QUE6  ITALIENNES 

^mpàtUgt  maémmt  tôvte  la  ^littltilQès  de  V&tmiè  ètUWjane. 
Jfahflmet  réptedît  dans  le  même  style;  aprè»  liToir  f ait  éteii'» 
4re  le  millet  de  nouTeaii,  il  fit  app^fter  dés  potAed  l|ttl  le 
mai^èreiiti  «  Dis  à  ton  iBattiie^  atibassaédttr,  ajduta-^il,  que 
«  coflune  mes  pontes  ont  mangé  sén  millet^  ^insi  mes  janls^ 
«  saires  mai^nmt ses  beiigers  de  TairtaKé,  d(Mttil«  ^M  faire 
«  des  soldats  ^  » 

Le  pape,  qai  arait  provoqué  les  Pèrtttnl  œiilre  ks  Totcs, 

jM  pnt  pas  T(rir  la  snite  de  ees  knenaees  mntllelleB$  11  mon^ 

rat,  comme  noas  l'aYoïtt  vn  an  ^i^hapifre  pMMdent^  ite  %  jitàU 

kt  1471  ^.  François  delà  Bo'vftre  de  SaTonne,  qnè  Phid  n 

amt  tire  de  rordi^e  4e  iSaint^Fi'an$o&  AoUt  il  était  «rfl»$iiEd, 

et  qn*il  avait  Aôt  cardinal  de  Sàint-Pierite  àd  Mi^to»  !ni  ftrt 

ilônnépoor  enccessenr,  le  9  août  1471,  sons  le  ëMn  de 

Skte  lY  '.  La  RoTèare  était  alors  d^  de  dnqnanteHsept  ans  ; 

il  était  sorti  de  la  plus  basse  classe;  mais,  Aepcàs  son  «tatta- 

'ti(Hi,  il  cbereha  à  cdif ondre son  origine  aTec ecfle de  lË  noMe 

maison  de  la  fioYèredeTnrin,qni  poviâSt  le  même  noua  q^ne 

loi.  dette  liaison  ayant  répondn  à  ses  atttaees,  ii  féemapensa 

sa  ioondesoendance  par  deox  ebapean  de  eardinanx^-.  Ce 

pape,  qni  saerifla  ensnite  «eandaleimemeni  les  fntânâtt  4e 

rÉgysé  à  la  grandenr  de  sa  fafidHe,  et  qui)  evmane  le  )re- 

marqne  MàediiaYel,  «  montra  le  preitrîer  tMt  ce  que  ^ùt ait 

«  ion  sonTerain  pontife ,  et  comiiient  beaneenp  de  ^boees 

«  qn' on  appelait  auparavant  dès  erreurs  pon^^ièSeiA  4la^  ea- 

«  ehéessoos  l'antolrité  pontiflcde',  »  parut,  dans ks  p^Ëttlera 

mois  de  son  règne,  tout  occupé  des  intérêts  "publics,  et  4e  la 

« 

1  Marin  Sanuto,  Vite  de*  ducM,  p.  iiOT.  —  >  La  mort  subite  de  Paal  II,  qni  paraît 
afolr  été  eausée  par  des  ttélons  mangés  en  trop  grande  tttwnâanbe,  fût  prise  par  Mis 
Bombrenz  enmmiapour  on  Jogemeot  dn  eiel.  Guemieri  Bemio,  l'Iiistorien  d'Ago6bio« 
^tenntee  aa  namtloB  à  l'aimée  foiraiite,  raconte,  coniiae  on  fait  constant,  <iue  ce 
^fleltat  étranglé  par  les  diaUes.  On  troara,  dit-H,  son  corps  font  noir,  étendu  p*r  terre, 
et  II  porte  de  aaebflmbrerennée  en  dedans.  Cnmiea  dPâgohbio.  T.  XXI,  p.  10)1.^*  Mo* 
nn'ûk stefano  tnfnwMu  L.  l|l,P.fl,p.  iilS. -^'^âmtoXM  EetleiUùM-  UTi,  S>i«-V^ 
p«  333.  —  s  MaechUwelH,  Utarte,  T.  Vil.  p.  M- 


r 


nu  liOTEX  AOBv  iS 

déiiBie  d^  k  €l»ëlieiiité.  Il  m  amitim  nAme  4iq^  à  acH 
eoadcv  àla  Bohême  une  pacjfi4alioE  o«  «ae  tuftve,  pont  itf- 
qBr?ard«pla0  gEandiiw  fonet  à  opposer  «m:  Itew^»  Mais 
tenais  qtffl  s'cmtapilt  d'apaiwr  ces  traoUt»  Ao^^,  pea 
i^M  fattat  qp'me  gîMifB  orale  allniBée  daa  lo  didhiâ  d« 
£«■96  ne  eqidinigBlt la  £^p«faliqii6  4e  Jmmk  dhFker  «m 
loffoo,  pour  fiiire  ffeipedter  mb  firoulièDas. 

JtÊÊm  d'£|te  iliit  «oort  lo  30  imAI,  nMnnod'iin  moto  aprt» 
le  pontife  ^  ïawt  fait  doc  de  lonaro.  Cet  aimitfde  pfi&oo 
ne  lainaii  pôioi  deufento}  il  omit  pun  tnilev  areo  une 
igàie  pvédUfctioa  ma  aoiMa  etim  fiiire.  Le  premior,  lH-> 
cotai  d'BsIe,  était  ib  légilime  4^  liMnel,  pnédéoenenr  ei 
fièrede  BonOy  et  bAlard  eeenBoloi;  le  eecoad,  Henmle 
d'ftte,  «mtfih légitime  dç  Keohis  lU,  pèi«  de  Bano.  Lo 
dratt-de  oooooisloiu  mal  étaUi  doue  la  maiMni  d'Brtow  oomt- 
Uaitafapp^erà  la  coaromie  dwido  qne  oeliii  entm  ko  piin«' 
eosfpd  était  en  état  de  gouverner.  Pami  Ie»en^ts  de  Ni- 
coke  m,  ko  deiÈK  bAterdo  ataie^it  pâmé  aérant  les  don  llk 
MgttkMs,  nniqmment  parqe  que  oeax-^oi,  nés  doKidiiHHk  de 
Salnéee,  étaient  encore  en  bas  Age  à  kmort  de  kv  père.  Le 
flb'doLkmuri,  né  d^m  l^jittne  nnriage  arree  une  princesse 
de  Geneagno,  ayùt  peqr  k  mfime  raisoB  Ipit  plaee  à  son 
•ndeBorso.  Mak  à  k  mort  de  «dernier,  Kookeet  Herecde 
élaiaittons  deaxégakmenten4ge^goaviesner«.Leo  droite 
de  Tnn  et  de  Fautce  paiaiBSijGâenit  ^vz..  Ni  rinstttntion  dos- 
dneliéfl  de  Modèae  et  de  Bej^  par  rempereor,  si  oefie  dn 
duché  de  Ferrare  par  k  pape,  n'aToienil  déttdé  ente  eox,  et 
Borso  Ini-mtaoïo  ne  e'était  pas  déekré  daTantage.  Lon^Eie  sa 
nudadls  fit  préinoir  une  prochaine  ouTertore  de  k  eqceesnmi, 
ko  denx  prétendants  cherdièEent  à  a*en^parer  des  iienjE  fiwlB, 
pour  être  en  état  de  dicter  la  loi;  en  même  temps  ils  s*assa- 

*  Dèploma  opni  Baynaldum,  1471,  $  77,  p.  231, 


24  HISTOIRE   DES  BEPUBIJUJl/ES  ITALIENKES 

ïèrent  d'alliances  étrangtees;  jHerciile,  le  fteaskaCj  se  rendit 
maître  de  Gastel-^NoYO  sur  le  Pô,  et  y  établit  beauooop  fiCtn-^ 
fàntmBj  d'autre  part,  il  demanda  rassiiitanee  d^  Yéniti»tts> 
dans  les  armées  descpids  il-  ayait  sarvi.  La  Seigûenrie  de  Ye^ 
mse  fltien  effet  approcher  de  Ferraretcois  galères,  deux  faste» 
«t  soixante-dix  barquesy  tandis  ip'elle  assendda  pcàsdeqniBie 
mille  hommes  dans,  le  Polésine  de -Rotigo.  Nicolas,  de  son 
côté,  s'était  fortifié  dans  le  palais  inême  dn  doé,  oili  sea'amis 
Tinrent  le  joindre.  En  même  temps  il  ai«ît  sollicité  le»  secoms 
de  Lpnis  de  Gonzagne,  son. bean-^frère,  et  de  Gidéià  Sforza , 
doc  de  Milan.  Le  dernier  arat  rassesÀIé  qmam  JoMe 
hommes  dans  le  Parmesan,  ponr  favoriser  le  fils  de  Lionaâ  ; 
mais  la  mort  dePanUl  dérangea  les  projets  de  Chdéaz.  Il  ne 
yonlnt  pas  s'exposer  à  entrer  en  guerre  avant  de  eonnalire 
quelle  lierait  la  politique  dn  nonvean  pontife.  Kioolas,  consterné 
de  cette  immobilité  et  de  l'approche  des  Yémtîens,  se  rendit  à 
Mantone  auprès  de  son  beau-frère ,  pour  réveiller  le  tHe  de 
ses  alliés.  Pendant  ce  temps  Borso  mourut;  Hercule  ^Ira 
dans  la  capitale  avec  une  suite  de  phis  de  deuX' mille  liwimea 
mmés;  il  fut  proclamé  duc  de  Ferrare  et  de  Modène  ;  plusienra 
des  partisans  de  Nicolas,  forent  tués  jdans  les  rues ,  etceluiM» 
Ijfêfut  plus,  aux  yeux  du  vainqueur,  qu'un  exiléet  un  rebelle*. 
Le  24novembre  suivant^  plus  ée  qostre-vingtagenMlshommes 
on  boargeois  de  Ferrare  ^  qui  s'étaient  attadiés  à  Nicolas,  et^ 
qui  l'avaient  suivi  dans  son  exil,  furent  condamnés  à  mort 
par  contumace.  Plusieurs  d'entre  eux,  étant  toxobés  ensuite 
entre  les  mains  d'Hercule,  furent  pendus  ^. 

Cependant,  la  succession  de  Ferrare  ne  .causa  qu'une  in» 
quiétude  passagère,  tandis  qu'elle  assura  à  la  répidriLique  nn 
voisin  qui  lui  était  absolument  dévoué,  1 472.  ~  D'autre  part. 


*  Dforfo  Ferrarese,  T.  XXIV.  Her,  f r.  p.  230.  ~  Cio.  Bait.  Pigna,  Storla  de'  Princfpl 
étUte,  L.  VIII,  p.  783.  —  Cronicadl  Bohgfo.  T.  XYIII,  p.  788-789.  —  *  Diorto  F«mz- 
^M.  T.  XXtV,  336-238. 


mr  KOTEN  AG£»  25 

tmnottiFeao  doge,  Rkolàs  Trono/fdt  donné  pour  sacoesseor 
à  GhiMoi^e  Moro,  qoi  était  mort  le  9  novembre  * .  Tranquille 
sor  son  intérieur ,  Yeniae  8*^orça  de  tirer  parti  des  diffé- 
rentes négodations  qni  rayaient  occupée  tois  l'année  précé- 
d^Eite,  et  d'attaqoer  Mahomet  II  avec  des  forces  redoutables , 
de  tous  les  eài/b  à  la  fois.  Catherine  Zeno  àTait  été  envoyé 
dans  r  hiver  à  Ussnn  Gassan ,  pour  lui  annoncer  Tarmement 
des  Vénitiens,  et  demander  sa  coopération  ^.  Le  roi  de  Peànse 
était  en  même  temps  excité  par  sa  femme  qni  était  chrétienne 
et  fiUe  du  dernier  empereur  de  Ttébisonde.  Il  entra  en  Géor- 
gie ATCc  trente  mille  dievaux  ;  il  massacra  un  grand  nombre 
de  Tores  et  enleva  un  btxtm  considérable  ;  mais,  à  la  réserve 
de  Tocat,  dont  il  s'empara,  dans  la  province  de  Siwas,  en  Ar- 
mâiie,  il  n'assiégea  aucune  forteresse,  et  il  retourna  dans  son 
pays  sans  avdr  fait  aucune  conquête  ' . 

D*ai]rtre  part,  Piàrre  Hocenigo,  assuré  que  le  grand  Sei- 
gneur dégarnirait  l'Archipel,  pour  s'o][)poâer  à  l'inyasion  des 
Persans  et  défendre  ses  provinces  d'Asie,  partît  dé  Modon  où 
il  avait  passé  l'hiver.  U  embarqua  beaucoup  de  Stradiôtes  ou 


1  MofinSanuto,  p.  1195.  ~  Andréa  Navagiero,  p.  il 30.  —  *  Caiherino  Zeno  avait  une 
sorle  de  paroolA  aTOc  Usnin  Cassan,  <ni  du  moins  arec  sa  femme  Despina,  fille  de  David 
Comnéne,  empereur  de  Trébisonde.  Despina.  avait  une  sœur  mariée  à  Nicolas  Crespo, 
doc  de  la  mer  i£gée.  Les  cinq  filles  de  celles-ci  avaient  toutes  épouse  des  nobles  vénitiens  : 
l'àlnée,  fetame  d'on.Gomaro,  tai  mère  de  Catherine,  reine  de  Chypre;  U  troisième,  Vio« 
lantc,  fut  femme  de  Catheriao  Zeno.  Ussnn  Cassan ,  qui  avait  près  de  soixante-dix  an  • 
avait  vécu  dans  une  rare  union  avec  sa  femme,  toujours  demeurée  chrétienne,  et  il  té- 
moigna A  Calberiuo  Zeno  toute  raffeetion  d'un  oncle  et  d'un  ami.  Pétri  Bizarri  Bistor. 
Berum  Persicarum.  L.  X,  p.  261.  Ce  même  Catherino  Zeno  fût  ensuite  renvoyé  parCssua 
Gassan  au  roi  de  Pologne,  puis  A  tous  les  princes  chrétiens,  pour  les  réunir  contre  Ma- 
homet U.  U  Tiatta  la  ^our  de  Casimir,  roi  de  Pologne,  en  1474.  Dagloss.  Hist»  Poionicœ. 
L.  XIII, p.  S09.  Ces  négociations  sont  l'objet  d'un  traité  de  CalUmachns  Ezperiens,  De 
Mt  quœa  Venetii  tentata  strnt,  pro  Persis  ac  Tartaris  contraTweos  movendis  ;  traité 
imprimé  A  Francfort,  i60i  fin^foL,  necVaUtotredePersede  Bitarro.  GalUmadras  Ex- 
periens,  attaché  comme  historien  au  roi  de  Pologne,  eut  lui-même  une  grande  part  à  ces 
négociations.  Il  fait  connaître  aussi  le  chemin  suivi  par  Catherine  Zeno,  p.  408.  —  *iAn' 
dreaUaVûffiero.T.  XXIH,  p.  iiZi.—Duglofs,  HisL  Pohnieœ.  L.  XXllI,  p.  481.  D'après 
Cantemif^  ce  ne-  fot  pas  Usstm  Gassan,  mais  son  général  Tusuflche  Beg,  qui  prit  Tocat, 
•t  fut  ensuite  battu.  Dem,  Caniemir,  L.  m,  e.  1,  S  35. 


26  HISTOIRE  DES  JUÊPITBtIQfTES  ITALIEN li  ES 

de  iKriMflte  grecs  &  Napoli  de  Romanie,  et  vint  ratagér  Hfty- 
lètie  et  Dâos  ^ .  Les  Stradiotes  commençaient  alors  à  faite  nne 
partie  essentidlé  des  années  Ténitiennes  ;  tingt  ans  de  malheur 
et  d'oppression  arasent  forcé  les  fireos  à  reprendre  des  habi- 
tudes milttakes.  Ils  avaient  appris  à  former  nne  cavalerie  lé- 
gère, armée  de  ibondiers^  ôa  lances  et  d'épées  ;  an  tien  de 
enirasses,  ils  ganûssaient  lenrs  vêtements  d'nne  grande  qnan- 
lité  de  eof<Mi ,  ponr  amortir  les  eonps  ;  lenrs  rapides  cheVanx 
pouvaient  fournir  les  plus  longues  courses;  la  vigueur  dé  ces 
cbevan3i  fit  bientôt  reoomudtre  le  mérite  de  la  nouvelle  milice. 
IjOS  hommes,  à  knr  tour,  trouvèrent  moyen  de  se  distinguer. 
Cenx  de  la  Morée ,  cft  surtout  du  vcnMnage delfapoli,  furent 
les  plus  esiûnés  »  et  le  mot  grec  qui  signifie  soldat  doneura  le 
nom  pr^pra  de  cette  oivalacie  légère'. 

Mocénigo  résolut  cette  aamée  de  porter  ses  armes  rera 
TAflie,  habitée  prtesqœ  miquement  par  des  musulmans,  pîu- 
tât  que  vero  les  îles  <et  le  tx)nti|ient  de  Bomanie,  où  tas  dire- 
tieQfi  fojcmaient  toute  la  population.  La  guerre  maritime, 
Iwaqa'eHe  se  fait  entrn  àoBOi  flottes,  est  la  plus  âohle  de 
toutes,  parce  qu'elle  ne  compromet  la  vie  et  la  richesse  que 
de  ceux  qui  de  part  et  d'autre  se  sont  destinés  au  combat  ; 
mais  les  ravages  d'une  flotte  sur  les  e6tes  sont,  au  contraire, 
presque  toujours  souillés  par  une  honteuse  pirs^terie  ;  ce  n'est 
pas  au  souverain^  mais  au  peujde;  ce  n'est  pas  au  Soldat,  mais 
au  bourgeois,  qu'on  cherche  alors  à  nuire.  Le  but  des  eiçé' 
ditions  maritimes  est  la  destruction,  non  la  conquête;  les 
marins  préfèrent  la  surprise  au  combat,  ils  attaquent  ceux 
qui  sont  hors  de  lenrs  gardes ,  et  s^enfoient  à  rapproche  des 
ennemis  ;  ils  s'accoutument  ainsi  à  un  mâlange  odieux  de 
crainte  et  de  cruauté.  Par  quelques  épouvantables  dévasta- 
tions que  les  Turcs  eussent  mérité  des  représailles ,  on  nç 

»  '  » 

1  Naua^ero.  p.  tiS2.^  QaHol  Cepia»  h.  l».p.  313. — *  St^«u»t«$»  jr.  M^  SiOeh 
Uco.  Deçà  lli,  L.  IX,  L  3ii. 


DC  MOTSH   A«B.  27 

peut  &'iat4£fiS9Gr4  f  iiwfAi  dicéti^ii  911  prMiet  nii  dueal;  de 
t^mffGB^  po«r  chaque  tM»  de  «msalfliBii  qu'en  hû  apporte, 
.gmtîflcatipii  qui  fit  massacre  pluMim  oenttwiea  de  Groea, 
pov  Yjeoi^  eaanite  leur»  tètes  cesyne  enlevé»  «nx  nuual* 
mans^Oa  m  peut  s'intéresser  à  la  flotte  de  Mecéaigo,  lors^ 
qa*d]e  lait  nn  dâ>anin6a(imt  prts  de  Perganle,  fimir  enlofer 
da  batin  snr  les  mdheareu  paysans,  et  des  trouées  de  tèles 
plus  l^onteax  eneore  ;  lovsqa'eUe  porte  ensuite  ka  mèoies  n* 
Yages  dans  la  Carie,  aatonr  de  Gnide,  pus-sur  la  o61e  oppû<- 
aéeàrUedeGoa*»  Aans  ces eipédUliws  de pîratefie, la aede 
eboeef ni  intârasae  encore,  ce  sottt  ces^noms  antrefoisiasienYï 
^n'on  ne  pronence  jamais  aans  rëvemer  lesonyânir  4a  triem- 
phe  des  aits,  de  la  poésie,  der^éganeeet  dnigoùt;  mois  lors«- 
ftte<ses  noms  ne  reparaissent  daas  riiîslûiffe  «que  pour  nens 
aiq^rendre  coiniMnt  ces  yiUes  «iitî^aea  fnrait  «ntei^ésa  par 
des  l)arbares  à  d*^autres  basbaras  -;  knqpe  anrtont  e'cat  le 
fienide  le  plos  civilisé  cpd  s'efforce  de  les  défemina,  A  le  peuple 
le  plus  faronefae  jqpi  dé&nd  encore  œa  antiques  mannmeKlB 
die  la  dvilisiiilÎAn  n  une  profoivde  tristeise  a'attadie  nx&stea 
de  cette  horrible  guerre. 

.  Pierre  Hocéttigo  avait  àf^h  étenèlu  ses  ravages  sur  ;une 
^grande  partie  ^de  l'Asie  Minenoe,  et  il  avait  .enlevé  un  grand 
npmbce  de  Ujbeê  mosuluMMS,  lorsque^  le  i&  jom  147%, 
Seqoesens  vint  le.jaindre  près  du  cap  Mallia,  avec  disniq^ 
galères  napolitaines»  Peu  après,  le  eurdinal  Olivier  Gafaifo 
foi  «m^  aussi,  dix-neuf  galèires  du  pi^.  L'un  *et  l'autre 
général  déclara  que ,  nonobstant  le  rang  supérieur  de  son 
-pouveraîn ,  il  avait  oindre  -d' obéir  an  .généralissime  vénitien, 
^t  de  témoigner  ainsi  la  reccmnaissanee  des  chrétiens  ponr  la 
république  qui  soutenait  seule  la  cause  commune  '. 

«.  jr.  4^  SàbHUtea.  aecaiB,  l.  k,  r*  sii.^^  CeHokona  Cepto/DeSd».  veneiu.  h.  T, 
,p.  M8.  ^  s  y.  À»  aabéinea*  Dmé  DI,  L.  K,  f.  ait.  -*>  nayneldi  âmuiL  Eeeks.  1473, 

Voiaierrani  DUxrWm  Romonum.  T.  XXiii.  neKttaL^.  90»^€9rtoitamiee^.  L.  I,p.  346. 


28  HISTOIRE  DES  BÉPOBtIQUBS  ITALIENNES 

Les  divers  hit^riens  de  cette  gaerre  ne  s*acoorâeiit  pas 
SUT  la  force  de  la  flotte  chrétieime  ;  mais  le  calcul  lé  phis 
modéré  la  porte  à  quatre-vipgt^aq  galères.  Les  Tares ,  ce* 
peadant,  ae  s<»tireDt  point  des  Dardanelles  à  sa  reneo&lre, 
en  swte  qn'nn. armement  si  considérable,  et  qui  coûtait  an 
pape  seul,  i^iui  de  œnt  mille  florins ,  n'eut  d'antre  râmltat  qne 
de  ravager  cpclqaes  Tilles  de  l'Asie  flfineore.  La  première  que 
les  Latins  attaqoteent  fut  Attalée,  on  SataUe,  ville  riche  de  k 
Pamphilie,  vis-À-vis  de  Tlle  de  Chypre,  qnî  servait  de  mar- 
ché anx  l^;yptiens  et  aax  Syriens.  Soranso  franchit  avec  dix 
galères  la  chaîne  qnitomait  le  port,  et  s'en  rendit  maître. 
Xes  toonpes  de  débarquement,  ccMklaites  par  Maliftaro,  s'em^ 
payèrent  de  la  première  enceinte  de  mors  qui  ^ntoorait  les 
teiboargs.  Ces  fanbonrgs  furent  piHés,  aussi  bien  que  leport^ 
et  une  grande  quantité  de  poivre,  de  cannelle ,  de  gérofle  et 
d' enclos  fut  transpodée  isur  les  galères.  Mais  les  murs  inté- 
ri^ors  de  la  ville  fnreat défendus  avec  vigueur  ;  on. ne  pouvait 
les  attaquer  sans^  artillerie,  et  la  flotte  chrétienne  n'en  portait 
point.  Ifoeénigo  fit  ravager  la  Pamphilie  aussi  loin  que  ses 
troupes  purent  s'étendre;  puis  il  fit  mettre  le  f ai  aux  fan- 
bomigsjde  Satidie,  et  il  ramena  sa  flotte  à  Bhodes*.  Il  y  trou- 
va l'ambassadeur  que  Ussun  Gassan  envoyait  au  pape  et  aux 
Yéuitiens^.  Ce  Persan  rendit^compte  aux  généraux  chrétiens 
des  euccès  de  son  mettre  ;  il  avait  pris  aux  Ottomans  Tocat, 
ville  du  Pont,  sur  les  frontières  de  T  Arménie,  et  il  envoyait 
demander  aux  Européens  de  l' artillerie,  sans  laquelle  le  Soj^ 
ne  pou  vmt  assiéger  d' autres  vilks  '  • 
,  La  flotte  vénitienne,  ayant  renus  à  la  voile,  vint  ravager 
Tantique  lonie,  vis-à-vis  des  rivages  de  Chios.  On  n'y  trouva 


t  M;  Ant  Sabemeo,  De»  iil,  U  IX«  f.  812,  v».  -<>  Oorfolomu  O^pio.  L.  I,  fi.  S41;  — 
«  P.  Cammaeld^  Bi»u  de  Venetis  eontfa  Tmeos.  p.  409.  —  s  Jr.  J.  SabeltUo.  Deçà  ni, 
L.  IX,  U  21S.  —  aaoogieroy  Storla  vmesiana.  p.  U32.  — >  ÀxmaL  Turdci  UundavU. 
T.  XVI,  p.  259.  CariaA  Cepio,  L.  h  P-  348* . 


00  UOm  AGB*  M 

point  f  ennemis  à  combattre  ;  mais  les  chrétiens  arradièreat 
les  tigaes,  et  brûlèrent  les  oliyiers  de  ces  riantes  campagnes  ; 
et  le  légat  paya  cent  trente-^^pt  ducats,  pour  autant  de  tètes 
qu*on  lui  apporta  sur  sa  galère.  Tons  les  malbenreux  qu'on 
enle? a  de  leurs  chaumières,  ou  qu'on  trouva  cachés  dans  ks 
bois,  furent  yendus  comme  esclaves  * .  Après  cette  expédition^ 
Bequesens  quitta,  devant  Naios,  la  flotte  vénitienne,  et  ra^ 
mena  les  galères  de  Ferdinand  à  Naples,  pour  y  passer  rhiver« 
Hais  tfocénigo  et  le  légat  voulurent  profiter  de  ce  qui  restait 
encore  de  la  belle  saison,  pour  étendre  plus  loin  leurs  ravages, 
tis  prirent  des  informations  sur  l'état  de  Smjrne.  Cette  ville, 
la  {dus  riche  et  la  plus  commerçante  de  l'Ionie,  est  située  au 
fond  d'un  golfe,  et  ellen'avaitpoint  vu  d'ennemis  depuis  long-r 
temps  ;  aussi  les  Turcs  n'avaient  pas  en  soin  de  relever  ses  mu- 
railles, ou  de  les  faire  garder.  Le  13  septembre  1472,  Mooé* 
nigo  parut  à  l'aube  du  jour  devant  Smyme;  ses  troupes,  dé* 
barquéesavec  célérité,  plantèrent  leurs  échelles  contre  les 
murailles,  et  les  attaquèrent  aussitôt.  Les  bourgeois  effrayés 
se  présentèrent  bien  sur  leurs  raines  pour  les  défendre^  maii 
ils  étaient  si  peu  accoutumés  aux  armes,  et  tant  d'anciennes 
brèches  étaient  demeurées  ouvertes,  qu'ils  ne  retardèrent  qn0 
de  peu  de  moments  l'entrée  des  soldats  ou  des  marins.  Lesba*" 
bitants,  voyant  la  ville  prise,  s'enfuirent  avec  des  cris  lamen* 
tables  ;  les  femmes,  avec  leurs  enfants  dans  les  bras,  se  fét^r 
gièrent  dans  les  temples  et  les  mosquées  ^  quelques  hommes 
défendaient  encore  les  toits  et  les  terrasses  de  leurs  mais^s , 
un  grand  nombre  furent  taillés  en  pièces,  d'autres  enlevés 
comme  esclaves  ;  les  femmes  surtout  furent  poursuivies ,  elles 
furent  arrachées  de  leurs  temples,  d^onorées,  et  ensuite  ven- 
dues. Les  vainqueurs  ne  voulurent  point  distinguer  les  églises 
chrétiennes  des  mosquées  ,  ils  feignirent  de  croire  tous  les  ha- 

1  M.  ânt.  Sabellico,  Deea  lit,  L.  IX,  f.  2i4. 


30  HISTOIKE  DES  fâWBUtQfJtS  ITALUSHITES 

bttantft  mosulmans,  pour  les  traiter  tons  avec  la  même  ri-* 
gaemr  ;  et  cependant  même  aujourd'hui  près  de  la  moitié  des 
habitants  professe  encore  le  christianisme,  après  être  restés 
si  longtemps  sous  le  joug  des  Turcs.  Balahan,  pacha  de  lapro- 
-«tace,  averti  du  débarquemait  des  Vénitiens,  accourut  pour 
les  repousser  arec  ce  qu*il  put  rassembler  de  troupes;  11 
fut  lui-même  mis  en  déroute.  Les  vainqueurs,  à  leur  rentrée 
dans  la  ville,  y  mirent  le  feu,  et  en  peu  d'heures  Tantiquepa-» 
trie  d'Homère  fut  réduite  en  cendres.  On  ne  porta  sur  les  vais^ 
seaux  que  deux  cent  quinze  têtes  ;  les  soldats  avaient  trouvé, 
dans  cette  ville  opulente,  à  se  charge  d'un  butin  plus  profi-* 
table  ;  il  fut  vendu  à  l'enchère,  et  partagé  entre  les  soldats  et 
les  matelots  ^ 

En  revenant  du  sac  de  cette  ville,  les  Vénitiens  débarqué-» 
rent  encore  à  Glazomène,  sur  l'isthme  de  la  péninsule  qui 
ferme  le  golfe  de  Smyme  ;  mais  les  habitants  effrayés  s^étaient 
réfugiés  dans  les  montagnes,  et  l'on  ne  trouva  guère  à  enlever 
que  des  chameaux  et  du  bétail.  Les  galères,  profitant  alors 
d'un  vent  favorable,  firent  voile  vers  Modon  ;  l'amiral  véni-* 
lien  passa  l'hiver  dans  la  Morée,  et  le  légat  du  pape,  Olivier 
Garafià,  revint  en  Italie.  Il  fit  son  entrée  à  Rome  le  23  jan-* 
vier  de  Tannée  suivante.  On  conduisait  dans  la  ville  douze 
diameaux  montés  par  vingtrcinq  Turcis,  qu'il  avdt  réservés 
en  vie  pour  orner  son  triomphe  :  il  fit  aussi  suspendre  devant 
les  portes  du  Vatican  dés  fragments  de  la  diatne  qui  fermait 
le  port  d'Àttalée  ^. 

Les  ravages  des  Vénitiens  dans  l'Asie  Mineure  étaient  ven-* 
gés  par  les  ravages  des  Turcs  dans  les  possessions  vénitiennes; 

i  J«i  46toilB  ^QB  4oiiae8«b#ilieo  iur  09116  flsapagiw  ^»pm  ni ,  U  iX,  p.  Si4^ 

tirés  d^iae  relation  élégamment  écrite  en  latin ,  «t  divisée  en  trois  Urres»  par  Cortolao 
Cepio,  Halmate  qui  commandait  nne  des  galères  de  Mocénigo  et  qui  ne  quitta  point  l'ex- 
pédition. EUea  été  imprimée  1556,  A  Bâle,  in- fol,  à  la  suite  de  Laonicus  Chalcocondytes, 
p.  341-968.— AotfRoltfi  JRna/.  Eccles.  1472,  S  43  jp.  244.  —  ^SUfono  Infessura,  Diario 
Romofio.p.  1143. 


nu  MOttU  AGt.  31 

et  dans  oet  échange  4e  fAreolé  et  dé  brigandage,  il  est  dM-* 
cile  de  reconnaître  qad  était  le  peuple  le  plus  barbare,  quel 
étsôt  celai  que  les  preoitos  outrages  avaient  provoqué  à  user 
de  représailles.  lies  villes  de  l'Albanie,  qui  étaient  demeurées 
aux  Yénitiens  dans  l'héritage  du  grand  Scanderbeg,  voyaient 
le^u:  territoire  dévasté  régulièrement  deux  fois  par  année,  anx 
approches  de  la  moisson  et  de  la  vendange,  jusqu'aux  murs 
de  Scutan,  d'Alesâo  et  de  Groia  ;  mais  ces  courses  rapides  de 
cavalerie  n'étaient  suivies  d'aucune  attaque  régulière  * . 

L'aj^arition  du  pacha  de  Bosnie  dans  l'état  vénitien  causa 
bien  plus  de  terreur.  Après  avoir  traversé  rapidement  la  Car* 
niole  ou  l'Istrie,  il  entra ,  an  milieu  de  l'automne,  dans  le 
jfrinli.  La  cavalerie  turque  parvint  au  commencement  de  la 
nuit  sur  les  bords  de  l'Isonio,  et  aussitôt  elle  entreprit  de  le 
passer  à  gué«  La  cavalerie  vénitienne,  oant<mnée  sur  aes  bords, 
se  rassembla  en  hâte,  et  repoussa  vivement  an«^là  du  fleuve 
les  pruniers  musulmans  qui  l'avaient  traversé  ;  mais  quoique 
restée  maîtresse  de  son  bord,  die  céda  à  aoii  tour  à  une  ter*»* 
jnenr  panique,  et  se  retira  avant  la  fin  du  jour  dans  l'tle  de 
Cervia,  formée  par  deux  bras  de  rivière,  devant  Aquilée.  Les 
Turcs  passèrent  l'Isonxo  an  lever  du  floMl,  sans  rencontrer 
aucune  résistance,  et  ils  se  répandirent  dans  les  ridiescampa*^ 
gnes  du  Friuli.  1473. — ^L'incendie de  toutes  les  maisbos  et  de 
toutes  les  granges  qu'ik  trouvaient  sur  leur  chemin,  avotit 
de  loin  U  reste  des  habitants  de  se  sauver  dans  les  lieux  forts. 
Les  portes  d'Udine,  capitale  de  la  province,  étaient  encom«- 
Jbrées  par  les  familles  des  pajraans  fogitife,  leurs  diars  et  lenr 
bétaiL  Les  églises  âaient  remplies  de  femaies  suppliantes,  les 
murs  garnis  de  citoyens  mal  annës  ;  et  n  les  Turcs  atvaieiit 
pQuasé  0IIS  leîa  leur  cavalerie,  la  vilk  aurait  pu  être  |ifise 
dans  sa  première  terreur.  Mds  ils  s'arrêtèrent  à  trois  milles  de 

1  M.  AnL  Sabeltico,  Deçà  III,  L.  IX,  f.  2i3. 


\ 


33  ttlSTOniE  D2S  BEPCUIQUIS  ITALIENNES 

difitaiifie)  et  s'ea  retOQrnèreBt  ebn^jés  de  batiB,  ebassaat  âé« 
Vant  enx  des  troupeaux  d'esclaves. 

Tandis  qoe  Pierre  Mocéaigo,  retteé  pendant  l'hiTer  à  Na-^ 
poli  de  Bomanie,  s'occopait  de  mettre  sa  flotte  en  état  de 
oommencer  vigonreusement  la  campagne  prochaine,  on 
jeune  Sicilien,  nommé  Antonio,  que  les  Turcs  avaient  fait 
prisonnier  dans  Tlle  d'Enbée,  et  conduit  à  Gonstantinoplej 
s'échappa  de  cette  ville,  et  vint  se  présenter  à  l'amiral  véni-^ 
tien.  Il  lui  demanda  un  bateau  et  quelques  compagnons  ré- 
solus, s' engageant,  avec  leur  aide,  à  mettre  le  feu  à  la  flotte 
turque,  an  milieu  de  laquelle  il  avait  passé  à  Gallipoli.  Il  dé* 
clara  av<nr  vu  dans  cette  rade  cent  galères  qui,  n*étaint  point 
gardéâi  pédant  la  nuit^  seraient  aisément  détruites  par  un 
seul  incendie*  Mooénigo  comMa  de  louanges  le  jeune  homme^ 
et  lui  promit  les  plus  magnifiques  récompenses.  Il  lui  fit 
donner  une  barque  chargée  de  fruits,  avec  quelques  mate^ 
lots  les  plus  résolus  de  sa  flotte.  Antonio  s'annonça  aux  Turcs 
comme  un  marchand  de  fruits,  et  remonta  sans  difficulté  les 
Dardanelles  :  quand  il  fut  parvenu  à  Gallipoli,  il  commença 
à  vendre  ses  fruits  aux  soldats;  et  comme  il  ne  leur  causait 
aucune  défiance,  on  lui  laissa  passer  la  nuit  auprès  delà 
flotte.  Il  en  profita  pour  mettre  le  feu  aux  vaisseaux  les  plus 
près  de  lui;  mais  de  prompts  secours  l'empêchèrent  deV)onti^ 
nuer  et ,  le  forcèrent  de  s'enfuir  lui-même  sur  sa  barque,  à 
laquelle  fincendie  s'était  aussi  communiqué.  Le  feu  l'obligea 
d'en  sortir,  pour  se  «  cacher  avec  ses  compagnons  dans  le 
premier  bois  qu'il,  trouva  le  Icmg  du  détroit.  Il  laissa  sa  bara- 
que à  moitié  consumée  au  Iteu  oè  il  était  (descendu,  et  eUe 
fit  découvrir  sa  retraitei  en  sorte  qu'il  fut  arrêté  avec  ses 
eompagnons.  Le  sultan  voulut  le  voir,  et  il  Im  demanda  s'A 


1  M,  AntSabeUico.  Dec«  iTl,  L.  IX,  f.  314.  Cet  hiilorlen  était  lul-mSme  enfermé  dane 
Udine  au  moment  de  Tapparition  dea  Tores.  —  Guemieri  BemiOt  Stor.  à^Agobbio. 

p.  1032. 


Dt  MOYEU  AGE.  33 

avait  reçu  quelque  injure  qui 'pût  le  porter  ît^e  y^geanoe 
aussi  toTcéiïëe.  «'  Aucune,  répondit  âèrement  Antonio,  .mais 
k  je  t'ai  reconnu  'pour  l'ennemi  cpmipun  des  chrétiens  ^  mou 
«  exploit  est  és&ez  glorieux,  et  il  le  serait  davantage  si  j'avais 
«  pu  brûler  ta  tèté  comme  j'ai  brùl^  tes  vaisseaux.  »  Le  Turc, 
pea  touche  du  courage  de  son  ennemi,  le  ût  scier  par.  le  mî- 
fiea  du  corpi»  avec  ses  compagnons.  Le  sénat  de  Venise  ne 
voulut  pas  que  tant  de  résolution  demeurât  sans  récompense. 
Ne  pouvant  plus  rien  faire  pour  lui,  il  donna,  ,une  dot  à  sa 
sœur  et  une  pension  annuelle  à  son  frète  * .  .     ;  .       . ,  ■ 

Cependant  Pierre  Mocénigo  reçut  de  Ye^nis^e  l'ordre  de  m/et- 
tre  en  mer,  et  de  suivre  dans  la  proQbçdnç^  çam|)^if€{  Iqs  in- 
dications que  lui  donnerait  UssunCif^fWi.  .t'^ml).assad|eur  ^f^ 
celui-ci  avait  resserré  son  alliance  avec  les  Vénitiens  ;  Josa- 
phat  Barbaro,  homme ,  avancé  en .  ^e,  qui,  parlait. bien,  la 
langue  pecaane,  avait  été  chargé  de' le  reconduire;  à  $oa  maî- 
tre, et  d'offrir  au  sophi,  au  nom  du. sénat  de  Veoisey  de  ri-^ 
diBS  prâenis  de  vases  d'or  et  d'étoffes  de  Vérone.  Il  menait^ 
avec  lui  trois  galères  chargées  d'iine  grande;  qiia^tjité  d'avtîW 
lerie,  et  eent  artificiers  commandés  par  Thomasd^Imola,  qfûé 
h  république  mettait  au  si^ryiçe  ,4q-  i^Quyeraiiji.  da  ia  Perse»  > 
C'était  par  les  côtes  de  la  CiUeie^  de  la '  Syrie  du'ils  i&6im^\ 
talent  se  rendre  auprès  de  lui  :  ils  dievaiçnt  j  trwvear  deu«^ 
frères,  princes  de  Caramanie,  déjà  dépouillés  eu  partie  pat 
Mahomet,  mais  qui  défendaient  encore  contre  lui  lé  reste  0e 
leorsétate^ 

mOdi  AmtwL  Eccles,  1473,  S  2>  p.  248.  —  *  M.  Ànt.  SabelUco,  Deçà  iifl,  t^  a',  f.  3i5,  ?<>• 
~  GoHoL  Cepio.  L.  m,  p.  361. 

lies  premiéce»  eomBunuoicaiioas  diploiMUqiieB  des  VénlUetts  àHreé  lâi'Telrse  sont  un" 
événement  remargnablo  dans  l'histoire  déi  Toyages,  et  par  conséquent  dans  celle  de 
Tesprit  humain;  elles  ouvrirent  aox  observations  des  Occidentaux  des  régions  inconnues; 
elles  mironi  en  rapport  des  peuples  toujours  séparés  ;  eHes  jetèrent  dé  premières  lueurs 
sur  la  géographie  jusqu'alors  si  conftise,  et  elles  commencèrent  en  quèlqtte  sorte  la  pé- 
riode dans  laquelle  nous  virons  anjonrd'hui ,  cette  période  dont  le  caractère  le  plus' 
frappant  est  le  rapport  établi  entre  tous  les  peuples  de  la  terre>. 

TU,  3 


34  HISTOIRE  DES  REPUBLIQUE^  ITALIElilTES 

Pour  oaTriry  par  cette  route,  la  communicatioQ  ayec  V^ii 
Cassan,  Pierre  Mocénigo  se  dirigea  d'abord  vers  FUe  4ô  Chy- 
pre. II  avait  alors  quarante-cinq  galères  Yénitienn.e{^  ;  ^eux 
galères  èes  chevaliers  de  Bhodes,  et  quatre  du  roi  de  Chypre 
vinrent  se  joindre  à  lui.  Avec  cette  flotte  il  fit  voile  vers  Séleu7 
(Âè,  qu'un  des  princes  de  Caramanie  assiégeait.  Pyrametb,  le 
plus  âgé  de  ces  deux  frères,  était  dans  le  camp  d'Ussun  Cas- 
sàù,'  le  plus  jeune,  Cassan  Beth,  donna  rendez-vous  aux 
Ténitiens  à  un  mille  de  distance  de  Séleucie,  auprès  d'un 
temple  ruiné.  Il  expliqua  à  Victor  Soranzo,  qui  fut  epyoyé 
vers  lui,  que  la  Caramanie,  dévouée  à  sa  famille,  était  cepen- 
dant retenue  par  Mahomet  II  dans  la  crainte  et  la  dépen- 
dance, à  l'aide  de  trois  forteresses  situées  le  long  de  la  mçir, 
vis-à-vis  des  rivages  de  Chypre,  savoûr  :  Sichesio,  Séleucie  et 

Les  aventures  de  ces  premiers  voyageurs  en  Orient  ont  été  consignées  dans  des  rela- 

tkMis  originales  qui  nous  ont  été  consenrées.  Elles  sont  tradaites  en  latin  et  imprimées  à 

la  suite  de  VBisloria  Rerum  Persicarum  de^F.  Bizarro.  La  première  est  celle  de  Josaphat 

Barbaro,  qu'on  peut  rcigarder  comme  un  modèle  de  talent,  d'observation,  de  justesse 

d'esprit  et  diatérét  (p.  458  et  suivantes).  Barbaro,  après  la  prise  de  Séteude  par  ttoce- 

iiigo,  reconnut  l'impossibilité  de  pénétrer  en  Perse  avec  tout  son  cortège.  Il  laissa  en 

Oréle  les  présents  dont  la  république  l'avait  chargé  pour  Ussun  Cassan  ;  il  prit  congé  à 

Séleucie  de  ses  eompatriotes  ;  et,  malgré  son  âge  avancé,  il  s'aventura  avec  l'ambassà- 

deur'de  Perse,  et  une  suite  très  peu  nombreuse,  au  travers  de  ces  pays  barbares.  De 

TaMe/'il  su^it  la  route  de  la  Petite-Arménie,  et  ensuite  du  pays  des  Curdes.  Son  petit' 

oortége  fût  attaqué  ehei  ce  peuple  de  brigands  ;  l'ambassadeur  persan,  son  compagnon 

de  voyage,  fut  tué  ;  son  secrétaire  et  deux  hommes  de  sa  suite  le  Turent  ^ussi.  Rarbaro 

l'ut  grièvement  blessé  et  dépouillé  dé  tout  ;  son  courage  ne  se  démentit  point  cependant; 

il  continua  son  Toyage,  et  il  trouva  enfin  Ussun  Cassan  A  Tauris.  Ce  monarque  îe  teiiùi 

avec  magnificence,  et  ne  cessa  dès  lors  de  lui  montrer  les  plus  grands  égards  pendant 

oitaq  atis  qu'il  le  retint  près  de  lui  A  la  mort  d'Ussun,  en  1488,  Josaphat  Barbaro  revint 

à  Venise  par  Alepet  la  route  des  Caravanes,  qui  traversait  des  états  soumis  aux  Mame- 

lucks  et  au  Soudan  d'Egypte. 

Pendant  ce  même  temps,  la  république  avait  envoyé  au^si  deux  autres  ambassadeurs 
au  so'phi,  par  d'eux  chemins  différents:  l'un,  Leopardo  Bettoni,  se  rendit  auprès  de  lui 
par  Trébisonde,  mais  il  n'a  rien  ^rit  ;  l'autre,  Ambroise  Contarini,  prit  sa  route  par  le 
oord  de  l'Europe,  pour  éviter  plus  sûrement  tes  embûches  dçs  Turcs,  et  nous  avons  sa 
relation.  Contarini  partit  de  Venise  le  33  février  1473  ;  il  se  rendit  d'abord  A  Francfort 
sur  l'Oder,  où  il  arriva  le  39  mars;  il  traversa  ensuite  la  Pologne  par  rosna ,  Lublin  et 
mbvie  ;  il  était  le  i»  mai  dans  cette  dernière  viUe,  et  le  16  à  Gaffa,  d'où  il  s'embarqua  pour 
la  Colchide  et  les  bords  du  Phaze.  Ce  fut  dans  la  Géorgie  et  la  fliengrélic  qu'il  eut  le  plus 
A  souffrir  de  la  tyrannie  des  princes  et  du  méchant  caractère  des  peuples;  enfin,  il 


Oorfco  {Sikin,  Sdflfti,  Coffco),  ta  ta  Sintt  fenaieBt  guni- 
«on,  ^t  doat  tel  CwwuMii  ae  poavaknftfle  jmAre  maîtres 
Hm  artittemi  HMénigo  aniir^BPt  WÊttnmêimat  «es  lefte» 
ijsisesi  «t  il  les  fendit  à  Cqenn  Beth^  ^^Miès  «wir  f ooeé  les 
gurmens  tmfMi  à  Mptoler.  Cette  ftmièie  mpénUon  aen* 
Uaîl;  4etmranirrif  tase  eoauauuncatlett  iaeile  Moe  Ussim  Ckh 
saa'* 

P^Mbiit  oe  temps,  ee  mmaeqne  s'étmt  at aooé par  rinné- 
me  JQSfa'aa  ym»m(^  de  TirAisoode  et  4ii  ngramM  4a  Peat, 
aTecttOB  armée  que,  malgré  ta  «alento  «xtaitapvts  dm  La« 
tiiBS,  oonsdewiis  évalwsr  eati«  qnaimite  mOle«t»  tsntaii  pl«a« 
smiute^du  miBe  Immmes.  Mahomet  II  miadmit  è  sa  rea*- 
oBQtr^  aprec  dix  miUe  ^issaires,  dii  mUe  gardes  de  lacoor, 
yimgjtmUeimtmiim  fttreate  mitt».aiiiîlîaiiim*Aiee«esjiDmBSy 
Matwmet  s'emfwa  de  CmmàÀMmti  «udviitijnr,  soi*  }e  flewfe 
Iifqiie^.GliaKliacatli,  hagMerbey  deitomaniajcmmatmdaitaeg 


entr»  Vi  25  liiUlet,  par  VJ^atàf^  ûam  \m  éun  «tUmno  C«p4m  nitii  il  ••  ml  «tlBindre 
ce  souverain  qu'à  Ispahan,  «u  mois  de  noTembre  dç  la  même  année.  Il  passa  l'hiver  au- 
près de  lui;  il  prit  de  justes  renseignements  sur  la  puissanoe  du  souverain  de  la  Perse, 
qiiç  .(906  les  écrivains  lalina  M  plaisMam  à  9»atte«r  ;  il  rpQQBPUt  «16  m  pan»  p^  9011- 
yait  pas  tirer  à  beaucoupprès  le  parti  qu'elle  en  attendait,  et  que  dans  la  bataille  de  Cara^ 
Issar,  Ûssun  Cassan  commandait  tout  au  plus  i  quarante  mille  bommes,  presque  tous  de 
caTaj^.  Après  avoir  raeue|lli  (oas  '^formiitions,,  qqi  pouvaient  ftv«ir  uiM»  iraiMle  ii»- 
fluence  sur  la  république  de  Venise,  il  se  mit  en  chemin  au  commencement  de  juin  1474 
pour  rentrer  en  Europe.  U  revint  par  la  même  route,  avec  des  dangers  et  une  fatigue 
i^Oiiis^usqu'ap^  bords  du  Pl|aze.  Mai^tii,  il  «ppHtfwoç  uo§  davivnr  profoui»  !|im>1q0 
Turcs,  soupçonnant  les  relations  des  Occidentaux  avec  les  Ferais,  veillaient  sur  tous  les 
tàààiSaâ,  ec'IUf  avalent  fermé 'la  route  qu'il  comptait  suivre,  en  s'emparant  de  CafTa. 
CpnUni^  nfi  tjt  pti»  alori  gueila  VoMxwfo  p«r.lii<|ii4llp  \\  ,p4t mtrer  WSH^pe*  A<»^ 
bfoinisant  chemin  4u  travers  (le  la  Médie,il  parvint  jusqu'à  Derbent  sur,la  mer  Caspienne; 
il  y  pana  'Fhiver  au  raUteu  de  pauvres  pèèfaeurs  ;  Il  en  repartit  le  6  avril  i4^5  poor  A.'s- 
ii^i^afk,  viffe  aUM»  dépendai^te  desTartar««;  il  ii9kvar9J|lejpit.#^ris^;^pE(#1aM4ki^ 
côvîe,  luttant  sans  cesse  avec  la  misère  et  la  faim;  le  26  septembre  enÛn,  il  fit  son 
entrée  à  Moscou,  où  le  grand-duc  lui  avança  de  l'açi^ent  sur  le  créait  de  la  république 
dë'Vedise.  Mais'coniarini  ne  put p<is  repartir  de  cette  capitale  avant  le  ^1  Janvier  i47g. 
Passant  par  Smolensko  elTfokj,  ou  il  retrouva  le  roi  Casimir^  ,par  wàrçovie,  Francfort- 
sur-rodêr  et  Nuremberg,  il  arriva  enfin  à  Venise  le  iQ  avril  1^76,  après  u;i,de8  vojaj^ 
les  plus  hasardeux  i^ui  eussent  jamais  été  entrepris*— ^  kl,  Ml»  SattelUco,  Skofià  ili,  1^.  l)^» 
r.  216,  yo.  —  CaUbmachns  Bxpèrictts  ik  ^^nmin  Qdmu.Twrcofif  p.  409.^Corio/»  CepiOt 
U  tl,  ^,  352.  ^i  jnmUs  Sullanorwn  Omanidarumj  ab  ipuis  Twrcis  memorue  pro^^Hé 


36  HISTOIBE  DEff  BaÉKTMJlQtXS' ITALIEISNES 

avau^gaide ?  Il «e  Iîi6iitft  Mmi^ii^es  Pekàns  a^ant  deVj;^ 
are  arttendti:  fies'trôupeft^'  attâ^^  avec  knpétùositë,  fùrétU 
c^fttKedy  let  l^til^io  fat  lttil>iâjliis<^  |»feibier  cfao($?^Mâ(iii 
eolmne  tesiPc»8ttii8  pootB^  ts^  reûoôiiti^ 

renlHle  dyrps  de'ba«dllei  qfte -^fiiÉiiitidiât  Iffi^  artec  ëes 
trois  flli,  BajaMl;  Mnstttpha  et  6em.  Le  sultan  profita  du  dés-' 
ordre  des  vainqueurs  pour  les  attaquer.  Ussun  Gassan  se  dé^ 
feodit  aTfc  vigueur;  la  mêlée  fut  longue  et^sruelle;  Cependant 
Dautli-i^adia,  lie^érbèy  de  Natolie,  qui  commandait  une 
dé»  attés ,  aTttttf  ^Mt  avamer  son  artilterie ,  jeta  le  désordre 
psotni  les-PârÉiniB,  peu  accoutumés  aux  armes  à  feu.  Un  des 
fited'UiBsun  Gassan  fat  tué,  et«a  tète  fut  présentée  à  Mahomet. 
UaBoa  prit  la  fcôljB,  et  se  relira  avec  une  partie  de  son  armée 
dans  Ibs montagnes  de  rAnnénie.  Son  camp  fut  pillé;  ks 
eqptift  qo'il-avait  eidevés  fnrait  délivrés ,  et  Mahomet*,  après 
celte  ielotante  victoire  qui  assurait  ses  frontières,  rentra  en 
triomphe  à  Gonstantinople  ^ . 

Moeénigo,  arvant  d'être  instruit  du  sort  de  Taillé  de  la  ré- 
publique, avait  attaqué  différentes  places  dans  l'Asie  Mineore. 
Il  assiégea  d'abord  Myra  dans  la  Lycie;  Aiasa  Beg,  comman- 
dant de  la  province,  rassembla  quelques  troupes  musulmanes,' 
et  s'ava&fa  pour  délivrer  la  viHe?  il  fat  battu  et  tué  dans  le' 
coiùbat.  Ikyra  se  rendit  alors  aujic  Yénitiens^  qui  accordèrent  à 
la  garnison  et  ala:  habitants  la  permission  de  se  retùrer;  ittais 
ils  pillèrent  et  brûlèrent  la  viUe.  Mocénigo  effectua  ensuite  an 
débai^^ieinent  devant  Physsos  dans  la  Carie,  dont ^il  Tatâgea 
les  environs.  H  y  reçut  un  message  de  Catherino  Zenp,  ambas- 
sadeur aiyrèsd' Ussun  Gassan ,  qui  l'invitait  à  se  rapprodier' 

etLeunelûvlo  editL  Byzaniin.  T.  XVI,  editio  Venet,  p.  2S8.  Parisiens,  p.  33o.  Lm  La-^ 
Uns  donnent  SSO,000  hommes  A  Mahomet  II,  et  SSO,000  A  tnun  Cassan.  Démet,  Cahtemir,  ' 
L.  III,  c.  1,  S  27.  —  i  Annales  Turcid,  Byzanu  veneia,  p.  258.  —  M.  ânt,  SabeUieo» 
Deea  lll,  I.  IX,  f.  9i7,  y*.  —  ÀtmaUs  Eccles.  Rayn.  1473,  S  8«  P-  240.  Cette  défaite 
d^Mun  Gassan  fut  représentée  comme  une  Tictoire  aux  Polonais,  que  Galherioo  Zeno 
voulait  engager  dans  une  ligue  générale  contre  les  Turcs,  Dlugoss.  VUt,  MonUms*  ' 

UXm,p.498,  ' 


0O  MOin  AiO^B*  )7 

de  la  GUicâe»  pour  pouvok  aa  hmm  mwaé^  te  monaïque 
persaB.  U  élait  revenu  à  CaryeQ»  lonqu'U  reçut  «n  nouvcnot 
owfrîep  de  Zesio ,  qui  Im  luiM&Qait la  déftdfte du  sopfai  elaa 
leb^te  eu  Armépe  ^       - 

Pendant  toute -cette  fiNmpf^Qe^  Mooâugo  avait  agi  seuL 
Tandîft  qu- fl  était  en  Cilide^  l' arehevâque  deSpalatro,  nouveM 
l^tda  I)f&pe,  loi  avait  bien  fait  dire  qu*iL  Tiendrait  le  joindie 
avec  dix  galères^  8*il  croyait  que  ranûtnl  vénitien  voulût  en- 
treprendb^  quelque  çbose  potn:  le  bénéfice  de  la  cbréticnté^ 
Maia  ce  mewage  blessa  MooénigO)  qui  erograit  avoir  déjà  bemir 
coup  fait  pour  la  eanae  coBunnne,,et;il  refuaa  itdà  (aBeQniii.of** 
fertfit  d'aaasimaavaiaegirAiee.  D'aîlleium  «on  atbmtwm  eommM** 
çaît  à  être  dicdaraîte.par  Ifi.alfaices  de  Chypre;  Jcriccédît  qa*ii 
s'aiFOgeait  d^àdim  cette  ,tte.éteïtd*une.pliiiSiliante.iiiipar« 
tance  pour  la  république  que  toutes  lesjMnqiièlûifttll.arat' 
tentées  jasqu'dorsi  et  il  oeivoultttpoiAl^reiittnaltentavae  les 
derniers  Lusignan,  être  g^é  par  nn.  légat  dn^pape^  qui  lui 
rqproehepait  toute  entr^nae  ânagèro  iia.gjacvre  des 
xisres»', 

L'Ifefde  Chypre  qui^  en  U  9 1 ,  aurait  été  ddulée  ai  génrfreu- 
semant  par  Bicbardf  Gcoar^der^Xiion  h  fini  deLosignan,  comme 
dédommagement  ûbl  royaume  de  lérnsalem,  s^était  eoBscin^ 
dàsliw»jwM|u'en  t45&,.dAns]iideiiee|idaiioeJégitime  de  .cette 
iUafftfomaison.  Janua lU  ',.  le  foateroèpkedes  rois,  de  Chypre 
dQ  ç^te  famiUa  ^  ^éhiit  un  pri^ee^elféttiné  ^  qui.  n'avait  vécu 
qpet{Km*^le  j^^usîr.  Sa.preBHèreImmey  delà  maison  de' 
lii9vMî6PT4t^  â^'  «191^  mu  «sdiis^  soppçon.  de  poison  ;,  la  ise* 
cqoA^*  BélèDeiEteléolQ|mrétQitiftit«iG«teçqneida^ 
ql^.gonvervMât  d^spçtiiqii^iii^iit  sçift  mari,  JllleXêvait, engagé 
à  rétablir  le  culte  grec  dans  rUe ,  acte  de  justice  et  de  pru- 

,1,  .».^         >,\,  .  \W  -      ,1^;  .]  .:i.    \cr-r  .1».  iik»  .AMc'V.v.    i^v,  r»o  .' ■  s   •>;■«  ,  v  .; 

noiii  ^e  Jai^us,  dan»  l«.n^u6QOk\d!rj4.n«i«n«i«  ^veDsûlide.^  jilii'wuw  (l^anl4e  fi«i  {«iocea 
à  Gt^oès,  Janua^  après  la  brillanie  expédition  de  Cataui  et  de  Frégoio.  .>j<:    ; 


3S  HISTOIRE  DES  KâPimitQITES^^  ITALI£II?9IÏ£S 

èemm  qtie  kb  Lafins  hii  i^eprocfitiént  éomme  im  (rime.  lt&%( 
autant  ell6- gouYemût  Jana»,  atitafltéllè  était  gouverné;  parr 
«a  BMirioe,  qui  Y^iak  k  më^tomf  fap  son  fils.  Le  roi  avait  en 
nne  fille  de  sa  première  femme ,  nommée  CbarMie  ;  )l'n^eh^ 
avait  point  de  ta  fteoimdej  mtHs  )V  avait  eà  aassi,  d'une  de  ses 
mattressè^  99  flte  itomitié  Jae^iues.  Charlotte,  héritière  ppé^ 
somptive  dii  myaume,  tbî  mariée  h  Jeapnr  de  Porttigal,  âts  du 
dae  de  G^vtnbre,  et  pi^imfila  de  Jean  P*.  Le  prince  partiigais 
ex<nla  la  jalMSié»  du  fila  de^  la  nonrriee;  après"  de  violentes 
quordlas  entpe  mx,  il  périt  att- 1457  S  erôn  le  etUt^eâiîM^ 
sonné.  Le trionjrtieiilSQlUmt  dd flh de Tandmtiêé àe  fut'cè- 
peBfdant  pafs  long».  J«oq[treify  le  bâtait  d^  Janns,  le  tna  de  sa 
nain^  moins  pour  déli^f^r  ebari&tte'  de  son  insoIeMe  que 
pour  s^ôovrir  à  Idi-intaie»  le  obemin  dâf  tiélie,  en  se  dâSiiisant 
d?im  favori  <baigfraax^.' 

Jamis:  destina- «suite  s^  fSHetl^cmk  àd  8«rvcf}e,  aseond  fils 
âa  duc  Lonta,  (pii  avait  épatMéUtrihmémo'  um  prineassa  dïy^ 
priote;  HMis  Jatius  moowràvafft  d^avMi^  pn'effëctt^r  oa  m$* 
riage.  Louis  arriva  cependant  à  Nicosie,  capitale  du  royatfftie  ; 
il*épof»a <Ih8rtolté  le  7  octobre  1  ih%  et  it  f«t  cKJu^onné^a^ec 
les  titres  dir  roi  da  Chypre,  de  Jlînfsedenr  et  d^ÂttOétàff  '. 

L*inlenftioti  dé  Snam  avait  été  de  t^ftare^  ontr^  sm  Mârd 
Parles  ordres,  etilMtckaltÀaMtraràievédié  dd'Il^  pre^ 
nrière  prâatdre  dd  ror^afome.  Ifeàl,  pât^affia  poitttqt]^  ifnpftn' 
dente,  Cbarlotte^préviiitla  cour  de  Bonië  contre  son  fl^re;  et 
Pempèeka^d'obtehiaecaki^éfiâMafr^/Ac^l^  irrité,  sttDBtl#a 
auprès  do  soodan^  d^l^pie,  dMlla»  vbk^  Gbypre  se  ref^n* 
nalMsi«B(  feadataîtM;  ii^  Idi  démàndH^' poto^  Iti^iitifirà 

tage d&Eikt père.  L'atairtagedn sesteest,  atrx  yeM  dés'MÎi*- 

1  Bnguenand  de  Morutrelet,  Chron,  vol.  III,  f.  74.  ^  >  Cammentarii  pà),Papœ  IL 
L.  Tltl,  p.  ItS-ita;—  >  àUÊtinenL  F^Pr  L.  Vfi;  p.  m.  ^  ^tdehenort,  BUt:  généal 
dé  lamtiaom-ée'Sao^fe,  T.  Il, p.  lis.  •**  àmuâêê 0»/MiMl.\JlÉ9iiâltff.  1419, S  >V 
p.  S». 


DU  MOTXir  AGE.  39 

SQlmaDS,  bien  plus  important,  dans  la  succession ,  qae  celui 
de  Itt  Intimité.  B^ailleurs,  le  soudan  voyait  aveq  presque  ail- 
lant de  défiance  que  Mahomet  II  un  prince  de  F  Occident,  et 
du  sang  français,  s'établir  au  centre  de  la  mer  de  Syrie.  Les 
Chypriotes,  de  leur  côté,  préféraient  un  Lusignan  né  dans 
leur  pays  à  un  souverain  étranger.  Melec  Ella  donna  donc  à 
Jacques,  avec  la  couronne  royale,  une  armée  de  Mamelucks 
pour  soumettre  Tile  de  Chypre.  Jacques  fut  reçu  sans  diffi- 
culté dans  Nicosie  ;  il  prit  en  peu  de  temps  les  places  de  Si- 
gour,Papfaoset  Limisso,  mal  défendues  par  des  gentilshommes 
savoyards;  il  assiégea  Louis  et  Charlotte  dans  Cérines,  et,  à  Ift 
réserve  de  cette  forteresse,  il  se  rendit  maître  de  tout  le 
royaume  ' . 

Louis  de  Savoie  était  un  prioce  indolent  et  sensuel,  mais 
Charlotte  était  douée  d'une  activité  remarquable.  ËUé  quitta 
Cérines  pour  aller  demander  des  secours  à  tous  les  princes  de 
FOcddentv  En  1460,  elle  se  présenta  au  pape  Pie  IL  «  Cette 
«  femme,  dit-il  dans  ses  Mémoires,  parait  âgée  de  vingt-quatre 
«  ans;  elle  est  d*une  stature  médiocre;  ses  yeux  sont  pleins  de 
«  feu,  son  visage  ja.une  et  pâle,  son  langage  caressant  ;  il  coule 
«  comme  un  fleuve,  avec  Tabondance  propre  aux  Grecs.  EDé 
«  est  habillée  à  la  française,  et  ses  manières  sont  dignes  du 
«  sang  royal  '.  »  Ce  pape,  touché  des  instances  de  Charfotte, 
•t  persuadé  de  son  bon  droit,  lui  promit  sa  protection.  L'ordre 
dés  chevaliers  de  Saint- Jean  se  déclara  aussi  pour  eÙe  ;  il  fui 
accorda  un  asile  à  Hhodes,  ainsi  qu'à  sou  mari';  et  ce  fut  dé 
c^te  lie  qu'elle  fit  partir  des  convois  de  vivres  et  de  AiuMtions 
^oor  Gérinesi  et  qu  elle  entretint  des  correspondances  avec  les 
Éléeoatentff.  Enfin  les  Génois,  qui  possédaient  encore  qudT* 
ques  places  fortes  en  Egypte,  entre  autres  Fàmaigonste ,  em*- 
brassèrent  aussi  ses  intérêts.  Ce  fut  aux  yeux  des  Yénitiejis 

1  Quichenon,  Bist.  généalog.  p.  116.  ^  C&mmeniarU  FH  Papœlh  t.  VII,  p.  177.— 
s  Comment.  PU  P«p«  IL  h.  VU,  p.  179. 


^0  HISTOIRE   DES   I\£PU^UQUi;S   ITALIENItES 

une  raison  si^ffisante  pour  s'engager  Iddos  le  piirU:OQ]atrQire. 
Marco  Cprnaro,  gentilhomme  vénitien,  exilé- de  sap^tne 
cl  ^^bli  en  Chypre ,  s*ét^i,t  lié  d'upe  étiroite  mmtié.c^vfip  Jaç^ 
quès^  bâtard  de  Lusignan,  Ù.lui  fournit  T argent  n^ce^ii^ 
pour  faire  la  guerre ,  d'abord  avec  ses  propres  fonds ,  qa*il  fû- 
sait  valoir  dans  le  coiQmerce ,  ensuite  avec  ceux  de  ses  çompa* 
triotes.  Il  1  aida  aussi  constamment  de  ses  conseils;  il  le  seconda 
surtout  dans  le  siège  de  Gérines ,  qui  se  rendit  à  Jacques  à  la 
fin  de  Tannée  1 464  ;  et  dans  celui  de  Famagouste ,  qui  ouvrit 
ses  portes  la  même  année,  après  avoir  résisté  trois  ans  *  •  Jac- 
ques, se  trouvant  alors  maître  de  toute  File  de  Chypre,  essaya 
de  nouveau  de  se  faire  reconnaître  par  le  pape,  mais  il  ne  pat 
y  réussir.  Bebuté  par  tous  les  princes  chrétiens ,  il  s'adressa 
i  M  arc  Cornaro ,  pour  contracter  par  son  aide  une  alliance 
avec  la  répubU^uci  de  Yenisfi.  Marc  avait  un^ .  nièc§  remaiv 
qnable  par  sa  bea,uté  ;  c'était  Catherine,  fille  d'A^ffi-é  Cor* 
f(aro:  ii  l'offrit  en  mariage  à  Jaoqnes  de  Lusignan,  avec  ume 
dot  de  cent  mille  ducats ,  en  stipulant  que  Catherine  serait  au- 
paravant adoptée  pour  fille  par  la  république.  Cette  ^égoqiar 
tion  fut  entamée  vers  1*  année  1 468;  après  d*  assez  Ipng^  dél^^ 
r^alfiançe  fut  acceptée  dçs  dou^parti.  Catherine  Gomaro,  fut 
^olennellepeut  déclarée  fille  de  Saint-Marc^  elle  fjift  Jnfpée 
f^  gorocgr^tion,  ,en  1471>.en  prjésence  du. doge  et, 4^  |a  ,Seir 
jl^f^^oriç  ;  e|lej^ut  accçpipagpée^^  cooime  reine,  jysqu'à  ^  flott^» 
{^ie  doge  {dans  Icf  Bucei^taMre ,,  yais^au  de  lét^t  d^tin^ 
apxj^wd^.cérâmy()^i€aB|[.et;^^^^  partit. ensuite  pQujr  Gh]ipV9 
avj^ jgp;ia|^e ^galères  gpoecpi^  Jérôme  Diédo  *. . , .,: 

. ,  Jjw!qB«es,d^  lïfpsww  nm%  W^tracté ,  par  e^^tte  ^JlMascft»,*» 
rglftîjojïi  «qgnljère,  d<B  gf^iJ^e  de  la. république,  sç  coflip^arta 
i^ou^^^jg^nt  aff^lm^çs^  et  ep  ami  fidèle*  Sea  por^  f urcf^t 

1  Baynaldi Annal.  Eecles*  1464»  S 71*  p.  169.—*  Blarin Sanuto^  Vite (U* DU€hi.p.  1195. 


DU  MOYVR  AÇB. 41 

^itstamment  oorartB  ami  flottes .  des  Yéqitieiift  ;  fleB.aUianeet 
oa  8ç»  inMti^  ^^vent  déteniimées  et  du» 

k^  guerre  oootre  lee  Tnrcs^  il  ïwr^  envoya  des  renforts  propor- 
tionoés  à  la  richesse  et  à  la  population  de  ses  états*  Cependant 
S  y  amit  à  peine  deux  ans  qa'il  était  marié ,  loraqpi'il  monnit 
le. 6  jcna  1 473.  Il  laissa  sa  fenMvie  grosse ,  et  pwisop^testiment 
il  inslitna  pour  son  héritier,  d*i|boi:d  VenlMAïqai  naîtrait  d'elle, 
et,  à  B<m  défaut,  Janus,  Jean  ist  Charlotte,  ses  trois  bâtards  * . 
Les  Chypriotes,  qui  avaient  combattu  aveoftehamement  eonire 
Charlotte  pour  qu'elle  ne  port&t  paa  la  courotine  à. un  prince 
étiranger,  virent  avec  nne  profonde  diOQlenr  qneieuii  affection 
pom*  Jacques  les  avait  réduits  à  se  soubi^ttre k  M.veuve ,  plus 
étrangère  encore  au  sang  des  I^osignaa  que  le  prince  de  Savoie 
ijpîïb  avaient  repoussé.  Leur  j^écootentemciit  .éveilla  leur 
défiance,  et  ils  soupçonnèrentNÇo^maro  eliSJisurcoBemho.,  Tun 
onde,  et  Vautre  cousin  de  la  ^reine^  d*atoir  jsmpOispnné  son 
mari^. 

L'ardtevéqne  de  Nicosie ,  le  coiate  de.  Zaplana  et  le>  comte 
de  Zaffo  ses  frères,  le  seigneur  de  TripoU ,  et  Biu»  de  IMinî , 
étaient  à  la  tftte  dn  parti  qui  repoussait  Je  joug  d*une  reine 
vénitienne  et  de  ses  conseikkM  réDitietis  '.  Us  sî  adressèrent 
secrètement  à  Ferdinand,  roi  4e  IHaplei»;  ib.  lui  olMtant  de 
faire  .épouser  Ghuiotte ,  fille  ^nalo^le  de.  Jacqiiea,.>à  xibn 
Akmzo,  fils  naturel  de  FtsrclinMd  v  de  4estiner  laïqooitolme^de 
Chypre  à  ces  deux  enfants  qui  étirent  encore  «i  te»  ègje^,  el  de[ 
eopservw,  jusqu'à  leur  majorité,  rindépen/fanGedn.rbyamne, 
s<(us  Ja  protection  du  roi  de.Napks  **  Cepœdantileahsnits 
d,*^»nfoisonnanent  qu'ils  avaient  accrédités  exdlèreÉt  an 

.  i^  .:■  '      '  •         '■■'       :••'■.;.:■ 

1 1^  ^twMkl  «ft  4a  14  Juin  tin,  McA^noti, jfislt  94»^  p^  i  19»  —  GcHûL  ^^o^ 
L.')i,'  p. '357.  —  *  Annal  Ecoles.  Haynald.  147S,  S  3«  P*  ^*^  —  '  Èlarin  Santaoy  rite 
dtf  IMaat^p.  1199.  —  ^  Don  Alonto,  que  tes  Gkyprtotey  youMent  recoonatcre  pour 
héritier  préôompttf  de  la  conronne,  avec  le  litre  de  prince  de  Galilée,  n'avait  que  six 
ani  «  d'après  Nnagiero»  Giannone  n'en  parie  point;  il  n'indique  que  deux  fil»  naiurela 
deF«s^|inandtdoo9eiirieM<MiQ^«-U(9C«aM0.J^.I^9WI^^  v 


il  HISTOIRE   BTSÀ'  ftÎBF^B'LtQtfÉ^  ITALIEimES 

«milèV^iiieflt,  èsm  leqael  André  Comaro,  Marco  Beirik>  et  Te 
inédea»  en  mi  fm^ent'  tnés  p^r  le  peuple  farieux.  Les  éi^ 
évp  parti ,  qui  n'établit  point  encore  prêts  à  défendre  leur  îù- 
dépendimee ,  et  qtil  savaient  lisi'iiofte  véiiMenne  dans  ces  pa- 
rages, s'eftereèredt  de  calmer  cette  insurrection  qui  les  ccfiri- 
promet-tatt,  et  dé  l^etcnser  ànx  yeùx^  éfes  Ténitiens.  Un  jogfe 
de  Venise  éttfit  ^abti  à  Nicosie,  ponr  juger  les  procès  qui 
snrvensdéiit  entre  ses  compatriotes  ;  ils  allèrent  auprès  de  lui , 
pour  renouveler  leur  promesse  de  demeurer  fidèles  à'  la  reine 
Catlœrine ,  au  fils  qui  naîtrait  d'elle ,  et  à  la  rëpuBlique  de 
Venise,  fte  cnvtayèrent  à  Tamiral  Pierre  Moeénigo  une  pro- 
testation semblable,  et  ils  le  supplièrent  de  ne  point  punir  tout 
le  royaume  pour  un  meurtre  qui  f^aK  à  des  ressentiments 
partioalîers  ;  ils  aecuf èrent  Bëmbo  et  Cornaro  de  concussions 
qui  les  avaient  rendus  odieux ,  et  ils  dissimulèrent  leni^s  soup- 
çons de*  poison,  qui  semblaient  compromettre  la  république 
elle-même  ' . 

Pierre  Moeénigo  parut  ajouter  foi  à  ces  protestations;'  ce- 
pendant ii  crut  eonvenabte  d^assurer  le  crédit  dé  la  jeune  reine, 
en  étaianit  ans  yeux  des  Gbypriotes^  teiite  la^  puissance  des 
VfénHiens.  Il  s'approcha  de  nie'  avec  sa  flotte ,  et  il  se  trouva 
àlfieom  liffsque  la  reine  mit  au  jdur  r  enfant  qu'dfe  portait. 
&t  enfant  fut  t^iu  sur  les  fontâ  baptismaux  par  le  générAlis- 
flitaie  et  lus  provéditeurs  vénitiens ,  et  il  reçut  lé  noih  de  son 
père.  Af»^  avoir  séjonrné  quelques  jours  en  Cftyf^ré',  Moeé- 
nigo continua  ses  ravages  sur  les  côtes  de  la  Lycie ,  de  la  Carie 
et  de  lar^CilioieL  Tl  reçut  sur  sa  flotte  des  ambassadè^i^  dé  la 
reine  Charlotte  qui  s* était  établie  à  Bhodes ,  tandis  que  son 
mari,  Louis  de  Savoie,  vivait  dans  la  mollesse  à  Ripaille,  au 
milieu  de  ses  maîtresses.  Charlotte ,  au  nom  de  Tandennet 
alliance  de  son  père  avec  les  Vénitiens,  au  nom  de  ramitié  qui 

<  M.  Ant,  SsÊ»lUcù.  Dec»  m;  L.  X,  r.  sis,  t.  —  Oorlùhmuâ  Cepio.  L.  m;  p.  S6é. 


q^  ne  ouvrit  appftvUnir  <f«*à.  ^Ua^  gi  riiBia*pa{kltK  da  bàtaitf 
ma  ÊEèie  Aaif  eiilot*ée par  lavHtttage  d»  mm,  k  monl de  Jafe- 
fftm ét%ajà.j  dMt9tUe>  te -rëtHbHf) êtm  tow M^dMiH^.  1I<h 
«énîga  loi  répondit  4piH  «raH?  nfOMn^  Jaeqfoei  àt  LaOgtiaia , 
nonfédéiédè  la  FépuUiqiie  deVeaine',  c^mtiM  poMniseorlégi- 
tMM  à»  xmj^xme  de  Ctiypra;  que  ki«  reyantiuig  M  0e  trans^ 
WKfMmaJ^ims  mlfim lemtomnvAm  lë§ale»,  ar d'après  h»  fègles^ 
qi^ôasididanii  Iffi  procte^  nurii  ptr<la  ^«vtii  etlenamea;  qoé- 
tfëtUt  aioffltpief  Jadqiie»  avait  «an^fi  Ma  dO'Chypra  et  sur 
oHè^at  8ar  ks  Oéama  ;  qae  la  veoTe^et  le  il^-di  oemefiai^cifie 
dfape^li  dJEbopioada.  les  senk  sauv^epaioft  de  oitie  Ik ,  el  qae  la 
jépôiriiqqiBf,  lei»  a^viit  adnpiMp  eeaoM  Ma  citftota,  saiiratt-lfesr 

J^fVtaM  eependiinl  Moeângaf al  averti  ^ae- d»  naayaaux* 
maiiiftnieirta  a^aieilt  éotaté  à  Nioesée  ;  il  dépèeha  ameitM;  à  \t 
FfSKieifittiierÎDa,  paiir^lns  prmpettre  une  pimsaitle  asiffitàmce , 
ee  mtea  C^iolan  Gépia  qui  a  écrît  rhsateire  de  oetla  uuè* 
r»gftfhi  £cii>de  jonra  appësi,  il  la  M  umnt  fMr  Victon  Saniitta», 
proYé^enr^  avec-  boit  golte»,  et  enfin  il  atrita  l»«]BêiJi0 
«née  latnala  de  s&  flotte.  Il  timva  la  rave  dôpoidaéetle'tMli' 
aotol^i  èéjMiér  da  sm  fttft,  foa  Ita  Giïjpmtea  \wial0M 
éieiw  i|p»4irè»im>t  plrivie  de^  la  garde  dès  forteraMetf  elp  dt 
la- daqpMMpa^da  tréiwr,  et  «epenfléal  obHgéa  pv  ae§  eniMN- 
laifl^  flUatQiit'pap  Ics.Gatateneiqw  JMfOês  avait  iqq^ésdiBii 
lefi^i^ftmM,  à;dtfclai«r  qn-elte  étàil'atnitbiitè)  et^a6loat'8J!)ét«it 

:  A{»te'te  ^)0>;fil  la  aavdii^e^  6fa^e  estla.ptu)^  gvMdaf 
4i»iÏMf  derlK  ^fâditarraaéa  :  eUei  r  eovtaaa  aeni  qmrtrèNwmto 


f.  216.  y.  —  Cor<o/.  Cepiç»  L.  II,  p.  3S7.  •*'  Andréa  Navagiero.p.  lia».— Corio/  Çepio. 


44  HISTOIRE  DES  UPUBUQUl»'  ITALIEIWES 

miU^  dmis  sa  plii$^  grande  longueur^  soitantë  dans  M  l&§mt^ 
et  jim  de  quatre  cents  de  cireonfér^ee.  Située  ortre-le.  3&T 
et  le  36^  dçgré  de  latiliide,  elle  jouit  d'un  dimat  détieieiix  ; 
elle  produit  .en  abondantee  le  vin,  F  huile,  le  blé,  et  leeniTs» 
(pà  jBL  reçu  sou  nom  d*eUe*  Sa  position  entre  la  Syrîe^  rÉgjfte^ 
et  l'Asie  ]M(inenre.  semble  rappeler  à  joindre  le  eommeocue  Je» 
plus  actif  aux  riches  productions  de  son  soL  An  tenips  de  sa* 
liberté,  on  y  avait  compté  quinze  républiques  floiisBânles; 
mais  cK>us  le  gouTemement  des  empereurs,  et  «ipsnite^sMsi 
celui  des  rois  de  la  maison  de  Lusignan,  on  avait  vu  dédiiim^ 
infiniment  sa  populaticm  ^t  sa  richesse.  La  tyrannie  féodale» 
des  barons,  la  souveraineté  rédamée parlessouduisd'iÉgjfptey* 
et  les  privilèges  exdusi£s  des  Génois  et  des  Yénitiena,  qpx 
voulaieut  réservée  le  .commerce  pour  eux  seuls,  eppèchÉéedt 
rétablissement  dans  rUe  d'une  bonne  lé^lation,  de  lapaix 
et  de  la  sûreté.  Cependant  la  conquête  de  l'tle  de  Chypre 
était  encore  une  entreprise  qui  demandait  des  forces  consi- 
dérables ;  et  Pime  Mocénigo,  qui  n'avait qif  un  petit  nonriire' 
de  troupes  de  dâuirquement  sur  sa  flotte,  voulut,  avant  de 
rien  tenter,  s!en  jurocurer  davantage.  Il  envoya  des  trun^porls 
à  Candie  et  en  Morée,  pour  y  rassembler  tout  ce  que  les  Yé- 
nitiens  avaient  de  troiqws  disponibles.  Six  vaisseaux^  qui* 
p(Hrtaient  beaucoup  de  stradiotes  et  de  fantassins,  les  débar-» 
quêtent  par;sM  ordre  à  Famagouste.  A  l'approche  de  cette 
nouvelle  anm^e,  l'archevêque  de  Nicosie  et  les  comtes  de 
Tripoli  s'cjE^irent.  Mocénigo,  au  nom  de  la  reine,  changea' 
les  ccMumandants  de  toutes  les  forteresses;  il  y  introduisit 
ensuite  des  capitaines  et  des  soldats  vénitiens,  avec  un  bôn^ 
némbrç  d'àrchèrs  de  CSifèto;  ^1  punit  de  pdnes  capitales  tous 
céiixquîavai^eo  part  ^au dernier  soulèvement;  il  poursmvU 
ceux  qui  étaient  en  fuite  ;  il  exila  ceux  qu'il  regardait  seule- 
ment 4somme'8aBpeet8y  et,  sous  prétexte  de  rétablir  et  tf  affer- 
mii*  ràûtorif^  delà  reiae,  il  réduisit  Tile  entière  à  une  èim^l 


DU  MOYSH  AXStt: 


4& 


lae  dépendanee  des  Yéniticns,  et  il  effraya  tons  leurs  ennemis 
parla  terreor  des  supplices* . 

La  reine  cependant  perdit  son  fils  un  an  après  sa  naissance, 
œ  qui  la  rendit  toujours  plus  étrangère  à  son  royaume.  Le 
24  mars  1474,  le  sénat  de  Venise  lui  donna  pour  conseillers, 
OQ  plutAt  pour  tuteurs,  deux  nobles  vénitiens,  Louis  Gabrielli 
et  Ffanoesco  Hinio  ;  le  commandement  de  tous  les  gens  de 
guerre  fut  confié  à  Giovanni  Soranzo  avec  le  titre  de  provédi- 
tear  général.  Le  sénat  de  Yenise  nomma  aussi  les  comman- 
dtttits  particuliers  de  Famagouste  et  de  Gérines,  et  il  ne  resta 
pins  à  la  reine,  protégée  par  cette  ambitieuse  république,  que 
la  vaine  pompe  de  la  royauté '. 

1  A9dr.  iMmfQQino,  Slmia  fennUma,  p.  1140.**-  M,  AnL  Sabettleù.  Dmi  111,  L.  X, 

f.  219.  —  Cofiol,  Cepio.  L.  111,  p.  S62.—>  ilndr.  Navagiero.  p.  ii4i.— Gfo  Bau.  Pigna, 
Storta  de  Prindpi  éP  Este.  L.  Vlll,p.  iBi.^Vitœ  Romanor.  Pontif.  T.  III,  P.  H,  p.  i063. 
filieooe  ée  Lnslgiiaii,  qai  écriyit  l'histoire  de  Chypre  an  tièeie  eoTiroa  après  ees  évétie- 
menls,  aitriboe  au  poison  la  mort  do  Jacques-le-Posthume,  aiissi  bien  que  celle  de  son 
père.  A  l'en  croire,  ce  tul  par  un  enchaînement  de  crimes  que  la  république  de  Venise 
se  défit  des  deniiert  Lusignan,  et  s'empara  de  leur  royaume.  Ses  accusations  ont  été  ré- 
pétées par  les  Savoyards,  dont  les  ducs,  après  la  mort  de  Louis  et  de  Cbarlo(te«  prirent 
le  Ulre  de  roii  de  Chypre  (Guichenon,  UitL  genéaU  de  la  mtûion  de  Savoie,  T.  Il,  p.  1 2i ); 
et  l'axHMiMi  de  i'Jîilise  semble  admettra  ces  iaonlpilîonB.  Aaynalt^i,  wtmn,  i4T^  S  ^U 
P.  263. 


•  •  I 


■■•1  •• 


46 


HISTOIRK  Dl^  fgSmmAVW  ITALIERHES 


CHAPITRE  If. 


(auront  d«  Mëdici^  «uecède  pu  crédit  de  son  père  sur  4t  répulilifiie 
florentine.  —  Faste  et  ambition  des  neveux  de  Sixte  IV  ^  première 
eampagne  de  Julien  de  la  Rovère,  qui  depuis  fut  Jules  II. — Progrès  des 
Turcs  ;  premier  siège  de  Scutari  ;  siège  de  Lépante  ;  prise  de  Caffa. 


14B»-i47S. 


Jasqa'icf  nous  avioas  vu  la  république  florentÎDe  ne  placer 
au  oentce  de  touten  les  négoeiatkim,  diriger  tons  les  événe- 
ments, demeurer  tout  au  moins  partie  dans  tontes  les  révolu- 
tions, dans  toutes  les  guerres  importantes  qui  troublaient 
ritalie.  Mais  sous  Tadministration  des  Médicis,  Florence  cessa 
de  tenir  ce  rang  élevé  ;  elle  se  laissa  oublier  dans  la  balance 
de  r Italie;  les  révolutions  des  états  voisins  s'enchaînaient 
Tune  à  l'autre  sans  qu'elle  les  dirigeât,  ou  fit  effort  pour  les 
retenir;  et  après  avoir  passé  en  revue  ces  grandes  scènes  de 
la  politique,  nous  sommes  obligés  de  retourner  en  arrière 
pour  chercher  ce  qu'elle  faisait  pendant  ce  temps-là  dans  son 
administration  intérieure.  Nous  la  trouvons  alors  languis- 
sante par  la  mauvaise  santé  de  son  chef,  ou  affaiblie  par  l'ex- 
trême jeunesse  de  celui  qui  lui  succède;  nous  la  voyons  par- 
ticiper aux  misères  des  régences  et  des  minorités,  et  nous 


copfieyom  comment,  avec  ce  changement  d'esprit,  fla  force  a 
àù  8*éYanouir. 

1469.  —  Il  fallait  qae  l'ancien  amour  des  Florentins  pour 
j^a  liberté  fût  bien  affaibli ,  pour  que  la  mort  de  Pierre  de 
Médicis  ne  causât  point  de  révolution  dans  la  république. 
ï)éjà  Gosme  l'ancien,  après  avoir  fondé  scm  autorité  sur  la 
supériorité  de  ses  richesses,  beaucoup  plus  que  sur  de  grands 
services,  l'avait  transmise  à  Pierre  son  fils,  comme  une  pfir* 
tie  de  son  héritage.  Mais  Pierre  était  parvenu  à  un  âge  où 
la  répubUque  pouvait  sans  honte  lui  obéir.  Ses  infirmités 
l'avaient  rangé  de  bonne  heure  parmi  les  vieillards  ;  il  était 
peut-être  plus  considéré  et  moins  craint  par  cela  seul  qu'il 
ne  pouvait  guère  partager  les  passions  des  autres  hommes.  Sa 
retraite  habituelle  à  la  campagne,  la  peine  et  la  lecteur  avec 
laquelle  on  le  transportait  en  Utière,  dans  un  temps  où  l'on 
ne  voyageait  qu'à  cheval,  donnaient  une  apparence  de  di- 
gnité à  celui  qu'on  ne  manquait  jamais  de  consulter  comme 
un  oracle  dans  toutes  les  occasions  importantes.  Lorsque 
Pierre  mourut,  il  ne  laissa  pour  chefs  à  sa  famille  que  ses 
deux  fils,  dont  F  aine,  Laurent,  n'avait  pas  vii)gt-mi  ^s*«  Il 
était  contraire  à  F  honneur  de  la  république  quei  de  vénéra* 
blés  magistrats,  vieillis  dans  les  emplois  publics,  respectés  de 
l'Europe  entièrie,  et  accoutumés  à  en  diriga:  la  politique, 
fussent  considérés  comme  les  simples  partisans  de  deux  jeu-* 
nés  hommes  dont  les  prétentions  étaient  démenties  par  la 
constitution  et  toutes  les  lois  de  l'état,  dont  les  services  étaient 
nuls,  dont  la  naissance  était  inférieure  à  celle  de  tous  leurs 
rivaux,  dont  le  mérite  personnel  n'avait  encpre  pu  être  re- 
connu. Cependant  ceux  qui  avaient  gouverné  Florence  au 
nom  de  Pierre,  firent  taire  l'amour  da  leur  i^yp,  w  mé^se 
une  ambition  digne  d'une  àme  élevée,  pou^r  n'écouter  «uf 

s  ti  était  né  le  itr  juiTier  i4M, 


'   •» 


46  HISTOIBB  DES-  RÉPÔBLtQTJEâ  ITALIElV^fiS 

des  infeérto  ëttoità,  Téspint^é  parti,  et  Tivressc  de  la  victoire. 
Ds  Yonlarent  conserver  les  abus  d'un  gouvernement  de  fac- 
tion, parce  que  c'étaient  càx  qui  en  profitaient.  Le  crédit 
personnel  des  jennes  Sféiftieis  ne  devait  l'emporter  sur  le  leur 
propre  qu'à  une  époque  qui  leur  paraissait  encore  éloignée,^ 
et  ils  croyaient  plus  facQé  de  tenir  leur  parti  réuni  sous  un 
nom  ancien  que  d'élever  ostensiblement  à  la  première  place 
ceux  même  qui  roccupaient  en  effet. 

Les  dtoyens  qui  gouvernaient  alors  réellement  Florence 
étaient  Thomas  Sodérini ,  frère  de  ce  Nicolas  qui  avait  été 
exilé  dans  la  dernière  révofution  ;  André  de  Pazzi,  qui  fut  fait 
chevalier  par  la  république  en  février  1 468 ,  pendant  qu'il 
était  gonfalonnier  de  justice^  ;  Louis  Guicciardini ,  Mattéo 
Palmièri  et  Piéride  Minerbetti.  C'étaient  eux  qui,  pendant  les 
douloureuses  maladies  de  Pierre  de  Médicis,  avaient  dirigé  la 
Seigneurie,  et  qui  s'étaient  emparés  de  l'autorité  du  peuple 
pour  élire  les  magistrats  ;  c'étaient  eux  encore  que  Pierre  de 
Mëdicis ,  lassé  de  leur  insolence  et  des  vexations  qu'ils  exer- 
çaient sur  tous  les  citoyens,  avait  menacés  de  faire  rentrer 
dans  les  bornes  de  l'état  civil,  en  rappelant  les  émigrés. 
Aprte  sa  mort ,  ilà  se  concertèrent  pour  continuer  sous  un 
vain  nom  une  junte  qui  leur  assurait  la  distribution  de  touties 
les  places  et  la  disposition  des  finances  de  l'état.  Les  ambassa- 
deurs, accontcunés  à  traiter  avec  Thomas  Sodérini,  les  citoyens 
qui  savaient  depuis  longtemps  que  leur  fortune  dépendait  de 
sa  fliveur,  lui  rendirent  une  sorte  d'hommage,  et  s'empres- 
sèrent de  lui  faire  visite,  dès  qu'ils  apprirent  la  mort  de  Pierre 
de  Hédids.  Mais  Sodérini  craignit  d'exciter  la  jalousie  de  ses 
«Modes  et  d'affaiblir  son  parti ,  en  acceptant  ces  marques 
extérieures  de  respect.  Il  renvoya  les  dtoyens  qui  lui  faisaient 
viâte  aux  jeunes  Médids,  comme  aux  seuls  chefs  de  l'état  ;  il 

*  Oonaca  di  Uonardo  MorelU.  T.  XIX.  DeHz,  Emd.  p.  IS5» 


hv  MOYEU  AGli:.  49 

Hssembla  dans  le  couvent  de  Saint-Antoine  tons  les  hommes 
qni  avaient  le  plus  d'influence  dans  la  république  ;  il  leur 
présenta  Laurent  et  son  frère,  leur  recommandant  de  oonser- 
yer  à  ces  jeunes  gens  le  crédit  dont  leur  maison  avait  déjà  jpui 
pendant  trente-cinq  ans  ;  et  il  les  avertit  qu'il  était  bien  plus 
fadle  de  maintenir  un  pouvoir  affermi  par  le  temps  que  d'en 
fénder  un  nouveau  ^ . 

Les  Médicis  reçurent  avec  modestie  les  marques  d'attache- 
ment et  de  considération  qu'on  leur  donnait  au  nom  de  la 
république  ;  et  pendant  plusieurs  années  ils  n'essayèrent  pas 
d^attirà*  à  eux  une  autorité  qui  n'existait  ostensiblement  que 
dans  les  magistrats,  et  qui  ne  pouvait  être  exercée  seorètement 
sur  oeux-Kâ[,  que  par  des  hommes  dont  les  longs  services  et  les 
taknls  reconnus  assuraient  la  considération.  Pendant  sept  ans, 
Flo^noe  conserva  une  assez  grande  paix  intérieure  ;  les  Mé- 
dids,  partagés  entre  leurs  études  et  des  goûts  de  jeunesse, 
tantôt  accueillaient  dans  leur  maison  les  hommes  les  plus  dis- 

1  MaochiateUL  U  vtl^  p,  s».  ^  Seipêone  Aaùnibfatù.  L.  XXIII,  p.  io«.  —  io.  Uieh. 
Bfuli.  L.  V.  p.  103-1  Od.  ~  KMurdl  di  Loren%o  di  MedieL  p.  4 S.  U,  RofooO  (  Ufi  ofUn 
fOÊMù.  diap.  m,  p.  183)  révoque  en  doute  eette  interTeoUon  de  Sodérioi,  parce  que 
LorenzQ,  dans  ses  Bleordi,  ne  raconte  poinl  qu'il  dût  aux  bons  offices  de  ce  citoyen 
PautoHlé  qu*U  exerça  sur  sa  patrie.  M.  Rosooé  suppose  que  le  souvenir  des  serrices  ren- 
dus par  h  fhmiUe  Lorenxo,  ses  aUlanoes  étrangères,  qui  cependant  étalent  un  tort  aux 
yeux  des  Florentins,  et  son  immense  ricbesse,  deraienl  suffire  pour  lui  faire  recueillir 
sans  difficulté  une  autorité  si  vivement  disputée  i  son  père.  H.  Roscoé,  trompé  par  la 
proportion  variable  du  florin  i  la  li?  re,  fUt,  au  reste,  une  forte  erreur  sur  cette  richesse, 
lorsqu'il  évalue  le  florin  d'or  à  deux  shilHnfs  et  six  pences,  au  liea  de  dk  qull  valait 
réellement.  À  ce  compte,  la  fortune  de  Médicis  n'aurait  pas  monté  i  trente  mille  livres 
sterling  de  capital,  ce  qui  sûrement  n'aurait  pas  suffi  pour  acheter  la  liberté  de  Téiat  le 
plus  riche  de  FEurope.  Mais  M.  IUmoo0,  oomma  tons  les  biographes,  tourne  toute  l'a- 
vantage de  son  héros  ;  U  recule  de  cent  ans  la  première  apparition  d\in  Médicis  dans 
VBuioire  floreniine.  Ce  fut  au  siège  de  Sc3rperia,en  1S51,  non  en  1251,  comme  il  le 
rapporte  p.  8.  U  rehausse  tous  les  servioes  de  la  Csmille  ;  il  atténue  ou  passe  sous  silence 
ses  forfaiu  ;  il  dissimule  enfin  l'esprit  indépendant  et  ombrageux  des  Florentins,  qui 
éuîeut  encore  bien  éloignés  de  plier  volontairement  sous  le  Joug  d'un  prince,  encore 
qu'ils  laissassent  ébranler  leur  liberté  par  une  fsetlon. 

Je  vois,  par  la  publication  d'un  nouvel  ouvrage  de  M.  Roscoë  (  lUtutrations  MstoH- 

eal  and  cHticat  of  the  Hfe  of  Lorenso,  Loodon,  1822  )  »  que  eette  note,  et  plus  encore 

le  Jugement  que  j'ai  porté  de  l'objet  de  son  idolâtrie.  Font  blessé.  Ûen  n'était  piug 

loin  de  mon  intention.  Je  n'avais  d'autre  but  que  de  prévenir  le  lecteur  contre  cette 

VII.  4 


50  HISTOIRE  DES  REPUBLIQUES  ITALIElfllES 

tingaés  dans  les  lettres  et  les  arts  ;  tantôt  amusaient  le  peuple 
par  les  fêtes  brillantes  dont  ils  l'occupaient.  1471.  —  Ces 
spectacles  se  multiplièrent  encore ,  et  le  luxe  redoubla  au 
printemps  de  1 471 ,  lorsque  Galéaz  Sforza,  duc  de  Hilan,  Tint 
à  Florence  avec  sa  femme  Bonne  de  Savoie,  sous  prétexte 
d'accomplir  un  tobu. 

Galéaz 9  que  sa  vanité,  son  inconséquence  et  sa  cruauté 
rendaient  d^à  litôupportable  à  ses  sujets,  Toulut  faire  poii)|>e, 
aux  yeux  de  l'Italie,  des  trésors  qu'il  arrachait  à  ses  peuples 
par  de  crudles  Vexations.  Jamais  yoyage  ne  fut  entrepris 
ayec  )[ilus  de  faste.  Douze  chars  couyerts  de  drap  d'o^  furent 
transportés  à  dos  de  mulet,  au  travers  de  l'Apennin,  pour  le 
service  de  la  duchesse  :  aucune  route  sur  laquelle  les  voitures 
pussent 'rouler,  n'était  encore  ouverte  dans  ces  montages. 
Cinquante  haquenées  pour  la  duchesse,  cinquante  chevaux  de 
main  pour  le  duc,  tous  caparaçonnés  de  drap  d'or. ^  cent 
hommâ  d'armes  et  cinq  cents  fantassins  pour  la  garde,  cin- 
quante estaffiers  revêtus  de  drap  d'argent  et  de  soie,  cinq 
cents  couples  de  chiens  pour  la  chasse,  et  un  nombre  infini  de 
faucons  précédaient  le  dnc  de  Milan.  Sa  suite,  grossie  par  tous 


.  evpèoe  d'eothoiuiaBiiie  ^'ooi  a  reaiân|ii6  dans  plus  d'an  biographe  pour  le  héros  au- 
[  quel  il  a  consacré  ses  veilles.  J'aTsis,  du  reste»  rmda  à  plusieurs  reprises  un  juste  hom- 
mage i  la  vaste  érudition,  à  ia  cri|iqae  et  au  goût  deFhlstoriendeLorenzo.  Jejui  avais 
.  même  payé  ui|  tri((ut  qu'il  lounift  aqjourd'hui  contre  mol.  Lorsque  je  traçai  le  tableau 
de  la  liitécature  italieiQine  qui  (Ut  publié  en  itit,  n'étant  point  encore  parvenu  dans  mes 
recherches  historiques  jusqu'au  temps  des  Médicis,  je  crus  ne  pouvoir  suivre  de  meil- 
leur guide,  pour  le  portrait  de  l>an»enl,que  son  célèbre  biographe.  D'après  hii  j'écri- 
vis, dans  la  Uttéram^  4u  Midi,  T..  II,  p.  n-40,  ce  morceau  que  M.  Roscoë  vient  de 
.reproduire,  p.  1S9,  de  son  nouvel  ouvrage,  pour  me  mettre  en  contradiction  avec  moi- 
même.  En  effet,  je  ne  connaissais  point  encore  Laurent,  comme  j'ai  dû  apprendre  à  le 
conoalire  pQur  écrire  son  histoira.  La  critique  de  M.  RoscoS  m'a  donné  occasion  d'exa- 
miner de  nouveau  les  pas^agas  de  ce  volume  qu'il  attaque  avec  quelque  acrimonie  ;  ce% 
examen  n'a  eu  d'autre  résultat  que  de  00  eonflrmer  dans  mes  opinions  et  mes  sentiments. 
Cependant  je  ne  listi0ierai  point  à  chaque  occasion  le  lecteur  de  cette  controversé;  soo- 
venô^  craindrais  d'avoir  trop  raison.  Par  exemple,  dans  le  passage  auquel  se  rapporte 
cette  note,  conçoil-on  que  M.  Rosooë  vsenille,  p.  9S,  Infirmer  le  témoignage  positif  de 
trois  historiens,  par  le  sHenoe  de  Laurent  hd-méme,  sur  une  anecdote  qui  lui  était  dé- 
UTaotageusOy  et  dont  le  souvenir  devait  l'humilier  ? 


ises  cpprtwiis.»  fennait  une  trwpe  de  deaï  miHè  dietaux  *. 
Bea^jcent  mille  floriiit  d'or  «vaienft  été  eonsaecrés  par  lai  à 
.cette  pompe  iiueiuée  \^  «vee  la  moitié  de  cette  flomme,  F  îlé  de 
N^grepwt ral»ik  étédéfeiidaepea  de  mois  anparayant,  et  ne 
serait  point  tombée  entre  les  mains  des  Turcs.  ^ 

.I,A0imt  du  Médleis  lefat  dan»  son  palais  le  doc  dé  tfilan  ; 
U  d^ploi^ii  h  son  tflnr  sa  propre  tmagnileence,  -pmr  fifiter  di- 
gaern^tnuthAte  si  spiendîde.  Moins  d'oretdeffiamants  étaient 
^  étalés  ^  Ms  halnts  et^dana^sespàlais  ;  mais  la  pompëxleé  af ts 
rempUfiât  eeUe.daTppuleneevelile  nondbre  d'^antîqtfes  mo- 
nomej^tot  deiaUsanx  etdeetitiiesqpie>!ljaafe&t  éttatttaf^m- 
blés,,-.étemiM  1^  due  de  Milan'.  La  rëpnbfiqaé)'  de  son  côté, 
Ti^ali$i^4e.  loue  a^ec:  8on>liMi  «t  son  ficèe  dtb;feii.  Tonte  la 
nqmbreiu^.  suite  dn.doelat  logée  et  entretenne  ant  frais  du 
.ppblici,;  .trois  i3p^etaeles^a^:*és^  dans  le  genre  des  mystères, 
f^r^t  i^ocai^iYeBent  offertaiaox/yeax  des  Isembards^Dans 
l'^tiaedja-.SaintrEélix^.oo'iepiéieiita  VAnnondafio^n  dé  la 
^  Yi^rg^  f  ,WX  Carmas» . K Aiwensign  4a  Ghrist^  ^et  à  l'éiglise^du 
Saint^ïiiiprit^  la  JDesosnte  de  l'Esprit  saint  sur  les  ApOtres. 
Get^  dermère.fâtaiat  troabtée  par  l'ineisncHftdtor  église' ellé- 
m^oie,  Lest  flambes  qu'on  y  avait  multipliées  en  ^goresde 
bvigoeat  A'attac^èrent.anxdéooratiiiu»^  et  hs  «onsoïkèrent, 
,WQm:  l^.qae.la dijorpente  de  fédiflee''.  -Mais  un  dommage 
JWeii  plus  iréelppnr  rioreaeey  fut  la  eonmnnieation  des  goûts, 
du.  JLa^Q^.desipUttsii»  et  des  Tices  d'une  conr  corrompue,  la 
cçwoiunicajilîion  de  son  oin?até  et  de  sa  galanterie^  à  une  ré^ 
ppIdiQimqai.sa  maintanait  par  ses  mitears  austères,  Fécono- 
niîe  d0^«{)i}ela  jde  lamille,  Taeti^téel  le  travail^ 'conÉtent  des 
jeune»  gena«  Ce  fut  pendantla  ti#  de  Laurent  de  Médlds  qu*on 
Tit  )ep  Florentins  se  façonaerà  la  sorvitade;  ils  s'étaient  soa- 
nûs  auparavant  plus  d'une  fois  à  l'autorité  yexatoire  d'une 

1  ÀnionU  de  Bipalta  âmutl  Placeniini.  p.  9S9,  «-  *  Scipi^ne  AmuUratû,  t.  XXIII , 
p.  lOS.  *  9  iMtf. 

V 


52  HISTOIRE  DES  REPUBLIQUES  ITALIENNES 

faction  yictorieuse  ;  mm  le  ressort  des  anciennes  moears,  sn- 
périeor  à  tonte  oppression  passagère,  ram^udt  bientôt  le  règne 
des  lois.  Lorsque  la  mollesse  et  le  libertinage  eurent  succédé  à 
cette  antique  énergie,  les  Uédieistron-vèrent  un  grand  nombre 
de  citoyens  qui  préférèrent  le  repos  de  l'obéissance  à  l'agita*- 
tion  du  commandement  ^  « 

Une  ^entreprise  inconsidérée  d'un  émigré  florentin  ayait , 
peu  de  mois  auparavant,  rappelé  l'existence  et  les  intrigues 
du  parti  qu'on  ayait  privé  de  sa  patrie  en  1 466.  Tous  les  fils 
d'André  Nardi,  qui  avait  été  gonfalonier  en  1446,  étaient 
exilés.  Bernard,  le  plus  jeune  et  le  plus  courageux  d'entre 
eux,  essaya  de  renouveler  la  guerre  en  s' emparant  de  la  ville 
de  Prato.  Il  avait  dans  c^e  ville  un  grand  nombre  d'amûs^  il 
en  avait  un  plus  grand  nombre  encore  parmi  les  paysans  de 
Pistoia  :  il  savait  de  plus  que  dans  ces  deux  villes  l'amour  de 
l'ancienne  indépendance  n'était  pas  éteint,  et  qu'on  s'y  plai- 
gnait de  l'injustice  et  des  vexations  des  gouverneurs  florentins. 
Il  communiqua  son  projet  et  ses  espérances  à  Dioti^alvi  Né*- 
roni,  que  les  émigrés  regardaient  comme  leur  dief ,  et  il  en 
obtint  l'assurance  qu'il  lui  arriverait  des  secours  de  Bologne 
ou  de  Ferrare,  s'il  pouvait  se  rendre  maître  de  Prato  et  s'y 
maintenir  quinze  jours.  Sur  cette  promesse,  Bemardo  Nardi 
rassembla,  pendant  la  nuit  du  6  avril  1470,  une  centaine  de 
paysans  en  dehors  de  la  porte  de  Prato,  du  côté  de  Pistoia.  H 
fit  ensuite  demander  au  podestat  d*  ouvrir  la  porte  à  un  voya- 
geur qui  était  arrivé  trop  tard.  En  temps  depmx  on  n'avait 
point  coutume  de  refuser  cette  faveur.  Nardi  se  jeta  sur  celai 
qui  portait  les  clefs  delà  ville  et  s'en  empara;  il  fit  mtrer  tous 
ses  compagnons  et  commença  à  courir  les  rues  en  appelant  les 
habitants  de  Prato  aux  armes  et  à  la  liberté.  Il  se  rendit 
mi^itre,  sans  résistance,  de  la  personne  du  podestat  César  Pe- 

A  MacchhweUif  Ist.  L.  VU,  p.  8S«.  —  J,  Mich.  BrutU  Lt  V,  p.  U4. 


BU  MOYEU  AOS.  &3 

tniod,  da  palais  public  et  de  la  dtaddle;  mais  ancan  citoyen 
de  Prato  n'ayait  pris  les  aimes  en  sa  favrar  :  tons  regardaient 
ayec  étonnement  un  mooTement  tnmnltnenx  quMls  ne  pou- 
Taient  compr^dre.  La  Seigneurie  de  Prato  s'éteit  assemblée  ; 
Bernard  se  rendit  auprès  d'elle  pour  l'eiborter  à  recouvrer 
sa  liberté,  et  à  aider  les  Florentins  à  reconquérir  la  leur. 
Mais  elle  répondit  avec  calme  qu'elle  ne  voulait  <f  autre  liberté 
que  celle  dont  elle  jouissait  sous  la  protection  de  Florence.  Ce- 
pendant on  ayait  eu  le  temps  de  remarquer  combien  était  petit 
le  nombre  des  satellites  de  Nardi  ;  les  Florentins  qui  étaient 
dans  Prato  avaient  commencé  à  se  réunir  et  à  s'armer.  George 
Ginori,  chevalîer  de  Bbodes,  se  mit  à  leur  tète;  il  attaqua  les 
factteux ,  en  tua  plusieurs ,  et  fit  prisonniers  tous  les  autres. 
Cette  s^ition,  qui  fut  apaisée  en  cinq  heures,  et  qui  n'avait  point 
causédedanger  réel,fut  punie  avecune  excessive  rigueur.  Nardi 
et  six  de  ses  craipagnons  eurent  la  tête  tranchée  à  Florence  ; 
douze  autres  avaient.été  punis  du  même  supplice  à  Prato;  plu- 
sieurs étaient  morts  en  se  défendant,  en  sorte  qu'à  peu  près  tous 
ceux  qui  avaient  pris  les  armes  périrent  victimes  de  leur  im- 
prudence * . 

1472.  —  Deux  ans  après,  une  sédition  d'une  nature  plus 
grave  éclata  dans  la  ville  de  Yolterra,  à  Foccasion  d'une  mine 
d'alun  qui  y  avait  été  découverte.  Un  Siennais,  nommé  Be- 
nucdo  Gapacd,  l'avait  prise  à  ferme  de  la  magistrature  de  la 
ville  ;  mais  comme  il  paraissait  tirer  de  cette  mine  un  beau- 
coup plus  grand  avantage  qu'on  ne  l'avait  supposé  d'abord , 
et  comme  ce  profit  était  recueilli  i»*esque  en  entier  par  des 
étrangers ,  les  habitants  de  Yolterra  voulurent  se  prévaloir 
de  quelques  irrégularités  dans  le  premier  contrat  pour  l'annu- 
ler *.  Les  intérêts  privés  et  l'amour-propre  blessé  de  quelques 


1  me.  UacchiavelU,  L.  VII,  p.  330-336.  —  Scipione  àmmirato.  L.  XXIII,  p.  107.  -> 
FiUppo  de  Pferli,  Comment  L.  III,  p.  53.—/.  M.  Bruti.  L.  V,  p.  107.—  *  Antonii  Hyvani 
Commentarlolas  de  Bello  Yclaterrano.  T.  XXIII,  Rer.  Il,  p.  9. 


54  HISTOIRE  DES  RÉPUBLIQUES   ITAUENNES 

Yotterrans  ayaient  tellement  aigri  les  esprits ,  qae  ces  qae- 
rdleg  sur  k  nûned'akui  furent  snhiés  de  batailles,  de  meur- 
tres, de  Texil  de  plusieurs  dtoyens,  et  enfin  d*ane  révolntiôn 
entière  dans  le  gonyeraement  monieîpai.'YoIteÉra  tétait  une 
ville  alliée  plutôt  que  sujette  dès  Florentins  relie  s'était  oldigèe 
seulement  à  lenr*  payer  chaque  année  mille  florins ,  qui  ne*  - 
faisaient  pas  la  diiièmB  partie  de  son  retenu ,  et  ft  Ire^yôit 
tous  les  six  mois  un  podestat  de  Ftorence/D^aitteurs  laiùà^s* 
trature  de  la  yille  ^kaift  tirée  au  sort  tous  les  deux  mois,  sui^ 
Tant  l'anden  usage  des  républiques  italiennes  :  elle  se  goui^er- 
nalt  d'une  manièm  indépendante*;  ille  faisait  et 'abrogeait  ses 
lois,  et  elle  nommait  an^  conmnodement 'd'une  vingtaine  de 
châteaux  situé»  dans  leiYolfeerrân.  Bes  déoemTirs,  créés  au  mi- 
lieu des  dissensions'causées  par  la  découverte  de  la  mine  d'a- 
lun ,  tcouvèrenl  fort  mauvais quela'répubUque  de Floi^tfce 
s'ingérèt  dans  son  administration ,  et  eût  fait  rétablir  en  p6^ 
session  de  lainineles  entrepreneurs  qui  en  avaient  été  chassés 
par  lafiNToej Il&oublitoent;,  dans  leurs  rapports  avec  les  Flo- 
rentina^lesi^ardaet  lerespeetqneleursprédéceséeurs  étaient 
toujoura  montrés  à  cet  état  protecteur  :  û»  repoussèrent  enfin 
les  conseils  de  Laurent  de  Médids,  qui  voulait  leur  faire  com- 
prendre leur  imiMudénoe,  et  qui,  blessé  de  cette  arrogaiièe ,  ' 
opina  ensmte  à  les  soumettre, par  les  anfaes*.  '  . 

Les  Toltarans  avaient  déjà  envoyé  des  ambassadeurs  à 
plusieurs,  puissances  de  l'Italie,  pour  demadder  leur  protec^ 
tion,  et  les  éndgrés  flcNrentins,  qui  cherchaient  toutes  les  occa- 
sions d'attaquer  le  gouvernement;  leur  promettaient  de  Far- 
gent  et  des  secours.  Leur  révolte  édata  enfin  le  27  avril  1472. 
Cependant.  Thomas  Sodérim  voulait  enéore  tenter  de  conti-  ' 
nuer  les  n^^ations.  Ses  rivaux  préférèiient  le  parti  dés 
armes^  et  ils  forent  secondés-  par  Laui^nt  deMédicis,  qdi 

*  Anionii  Hfrani  Comneniar.  p.  14. 


IHJ  MOTKH  AOB.  55 

désirait  signaler  son  administration  par  qqelqae  exploil;  miU- , 
taire.  Ce  n* est  pas  qu'il  se  rendit  lui-même  à  Tarpnée,:  elle, 
s'assembla  sans  lui  sous  les  ordres  di3  Frédéric  de  Montée 
feltro,  comte  d*Urbin,  et  bientôt  elle  rempoi^^  une  Tktpjre 
accompagnée  de  plus  de  honte  et  de  regrets  que  d'honneur,. 
Les  Volterrans  ataient  rassemblé  péniblement  un  mUUer  dft 
soldats;  leurs  avant-postes  furent  enlevés  ayec  faciUté]  et 
leurs  antiques  murailles,  ouvrage  étonnant  des  ÉtrnsqueSj. 
furent  ouvertes  par  Tartillerie.  Ils  capitulèrent  vers  le  milieu 
de  juin,  ving-dnq  jours  après  le  commencement  du  à4ge. 
Mais  un  soldat  ayant,  au  mépris  de  la  capitulation,  frappé 
et  dépouillé  un  des  anciens  magistrats  de  Yolterra,  qui  venait 
de  déposer  son  emploi,  cet  exemple  de  licence  militaire  f  qt 
aussitôt  suivi  par  toute  l'armée  des  vainqueurs.  Yolterra  fofi, 
livrée  an  pillage  pendant  tout  un  jour;  on  n'épargna  ni  les  édi- 
fices sacrés;  ni  l'honneur  des  femmes  ;  le  gouvernem^t  muni- 
cipal fut  aboli;  une  forteresse  fut  élevée  sur  la  place  du  palais 
épiscopal,  et  du  nmg  d' aUiéèla  ville  f  ut  réduiteà  oeloidesujetle  * . 

Les  deux  tumultes  de  Prota  et  de  Yoltqrra  troublèrent 
seuls  la  paix  dont  Florence  jouit  sous  Vadministratiqn  dc^ 
conseiilei^  et  des  amis  des  jeunes  Médicis.  Déjà  leur  pçuvovr 
était  assez  établi  pour  que  les  conjurations  formées  ççmtsçe 
eux  l'affermissent  en  échouant,  au  heu  de  l'ébranler.  Mais  à 
cette  même  époque,  l'homme  qui  devait  se  jnontrer  l|Bur 
ennemi  le  plus  acharné,  celui, qui  devait  promettre  4^  l'ap-: 
pui  à  des  bonspirations  nouvelles,  et  lès  sanctifier  par  ses 
bénédictions,  Sixte  lY,  était  élevé  au  poste  le  plus  âmnent 
de  la  chrétienté.  .  ,  . 

Le  danger  que  les  invasions  des  Turcs  faisaient  courir  à 
l'Italie,  était  si  universellement  senti,  un  si  grand  effroi  avait 

1  AmotÊU  Hyvani  Commentarlolus  de  Bello  VokUemmo,  T.  XXIII,  p.  S-30.— Sdpione 
ânantrato.  L.  XXIII,  p.  iii.  —  KaccMavelU  istor,  L,  VII,  p.  S38"S42.  Annaieê  ForoH- 
vienses.  T.  XXII,  p.  331. 


^6  HISTOIRE   DES   REPUBLIQUES   ITAUENITES 

frappé  tous  les  esprits,  qu'il  n'y  ayait  pas  dans  le  collège  des 
cardinaux  un  homme  qui  ne  parût  déterminé  à  employer 
toutes  les  richesses  de  1*  Église  romaine,  aussi  bien  que  toutes 
les  forces  de  la  chrétienté,  à  combattre  les  barbares.  Un  non* 
veau  pontife,  en  montant  sur  le  trône,  y  portait  toujours  ce 
yœu' qu'il  avait  formé  dans  une  situation  moins  élevée  ;  ses 
premières  congrégations,  ses  premières  lettres  étaient  toutes 
pleines  de  l'ardeur  qu'il  voulait  communiquer  à  tous  les  fi- 
dèles. Mais  dès  qu'il  avait  goûté  quelque  temps  le  plaisir  de 
commander,  dès  qu'il  avait  éprouvé  quelque  temps,  d'une  part, 
la  jouissance  d'enrichir  ses  créatures ,  de  satisfaire  ses  propres 
goûts,  ou  ceux  des  hommes  qui  lui  étaient  chers,  d'emidoyer 
enfin  les  trésors  de  l'Église  à  contenter  ses  passions,  non  plus' 
à  défendre  la  chrétienté,  tout  son  zèle  se  refroidissait,  il  trou- 
vait des  prétextes  pour  se  dispenser  de  concourir  à  la  croi- 
sade que  lui-même  avait  préchée,  et  ceux  à  qui  il  avait  mis 
les  armes  à  la  main,  devaient  s'estimer  heureux  s'il  ne  pro- 
fitait pas  del'occupation  qu'il  leur  avait  donnée,  pour  les  atta- 
quer dans  leurs  foyers  et  les  dépouiller. 

Ce  refroidissement  progressif,  qu'on  avait  pu  observer  dans 
Galixte  III,  dans  Pie  II  et  dans  Paul  II,  devint  plus  frappant 
encore  dans  Sixte  IV.  Depuis  le  pontificat  de  Nicolas  Y,  le 
sceptire  de  l'Église  était  tombé  successivement  dans  des  mains 
toujours  moins  pures,  et  cette  dégradation  progressive  devait 
avoir  pour  terme,  à  la  fin  du  siècle,  le  pontificat  scandaleux 
d'Alexandre  YI.  François  de  la  Bovère,  élevé  au  Saint-Siège 
sous  le  nom  de  Sixte  lY,  y  était  monté,  à  ce  qu'on  assure,  par 
des  intrigues  simoniaques.  La  voix  du  cardinal  Orsini  avait  été 
achetée  par  la  promesse  de  l'emploi  de  trésorier  ou  camerlengo; 
celle  du  vice-chancelier,  par  l'abbaye  de  Subbiaco  ;  celle  du 
cardinal  de  Mantoue,  par  l'abbaye  de  Saint-Grégoire  * .  De  cette 

>  Stefano  Infesntra,  DiarUf  Roimmo.  p.  Ii49. 


DU  HOTXlf  AGE.  57 

manière,  le  cardinal  Bessarion,  qui  avait  para  d'abord  réanir 
le  ploa  de  yoix,  et  le  eardinal  de  Payie,  qôi  aurait  également 
honoré  la  tiare,  furent  écartés,  non  sans  qu'ils  entrevissent 
eux-mêmes  les  intrigoes  qni  les  avaient  repoussés  * . 

L'Eglise  entière  avait  retenti  de  plaintes  contre  l'avarice 
de  Paul  II  ;  on  l'avait  vn  accumuler  les  revenus  des  bénéfices 
eeclésiastiqnes,  qn'il  laissait  pendant  de  longues  années  san^ 
possesseurs  ;  on  ne  lui  connaissait  aucun  favori,  aucun  faste, 
ancune  dépense  ruineuse  ;  on  savait  que  son  goût  était  d'en- 
tasser des  trésors  sans  en  faire  usage,  et  on  hà  avait  souvent 
entendu  dire  à  lui-môme  que  ses  coffres  étaient  remplis  de 
sommes  immenses.  Cependant  Stite  lY  déclara  n'y  avoir 
trouvé  que  cinq  mille  florins  ^.  Mais  la  richesse  subite  de  ses 
neveux,  et  le  luxe  scandaleux  qu'ils  étalèrent  aussitôt  aux 
yeux  de  tonte  l'Europe,  firent  soupçonner  que  le  trésor  du 
dernier  pontife  n'avait  point  été  à  l'abri  de  leur  spoliation. 

Sixte  lY  avait  quatre  neveux  dont  l'élévation  rapide  fut  un 
objet  de  scandale  pour  toute  la  chétienté.  Léonard  et  Julien 
qui  portaient  comme  lui  le  nom  de  la  Bovère,  étaient  fils  de 
son  frère;  Pierre  et  Jérôme  Riario  étaient  fils  de  sa  sœur.  Des 
bruits  honteux  attribuaient  la  naissance  de  ces  derniers  à  un 
inceste  ;  d'antres  cherchaient  une  cause  plus  infâme,  s'il  est 
possible,  à  la  prédilection  insensée  de  Sixte  lY  pour  ces  deux 
jeunes  hommes  ;  l'opprobre  de  ces  accusations  était  univer- 
sellement répandu  ;  les  mœurs  et  la  conduite  du  pape  contri- 
buaient aies  accréditer. 

Cependant  tous  les  intérêts  de  l'Église  et  ceux  de  la  chré- 
tienté Paient  sacrifiés  an  désir  d'agrandir  les  neveux  du  pon- 
tife. Léonard  de  la  Bovère  fut  nommé  préfet  deBome  ;  il  épousa 
une  fille  naturelle  de  Ferdinand,  et  à  l'occasion  de  ce  ma- 
riage. Sixte  lY  abandonna  au  roi  de  Naples  le  duché  de  Sera, 

1  CardtnùU  Paptensls  epistola  3ds ,  p.  733,  et  apud  tUtynald.  AnnaL  Beeies.  I47i 
S  66,  p.  333.  ^  '  VUa  SixU  IV,  Platinœ  tritfUto,  T.  ilf,  P,  fl;  p.  10S7. 


58  HISTOIRE  DES  REPUBLIQUES  ITALIENIfES 

Arpino  et  tous  les  fiefs  qae  Pie  II  aTait  acquis  à  T  Église  pen- 
dant la  dernière  guerre,  et  que  Paul  II  ayait  défendus  si  Ti« 
goureusement.  En  même  temps.  Sixte  remit  à  Ferdinand,  non 
sans  exciter  de  violentes  rédamations  dans  le  sacré  coUége,  ee 
tribut  arriéré  cpii  avait  fait  craindre  des  hostilités  entrele  roi  de 
Naples  et  le  Saint-Siège  ^  H  Ten  dispensa  même  ^Favenir  pour 
le  reste  de  sa  vie.  Il  s'unit  ainsi  au  prix  de^  intérêts  de  son 
église,  par  la  plus  étroite  confédération  ayec  le  gouyemement 
napolitain.  Julien  de  la  Bovère,  que  Sixte  lY  fit  cardinal  et 
qu*il  enrichit  de  bénéfices  ecclésiastiques,  fut  ensuite  le  pape 
Jules  II.  Jérôme  Biario  épousa,  par  le  crédit  de  son  oncle, 
Catherine,  fille  naturelle  de  Galéaz  Sforza  ^.  Mais  œ  n'était 
pas  encore  assez  pour  Tambition  du  pontife  :  il  fit  en  1473 
acheter,  pour  Jérôme,  par  son  ficère  Pierre ,  au  prix  de  qua-. 
rante  mille  ducats  d*or,  la  Ville  et  la  prijicipauté  d*ImoIa,  ou 
Taddéo  Manfrédi ,  qui  soutenait  alors  une  guerre  dvile  contre 
sa  femme  et  son  fils ,  avait  peine  à  se  maintenir  \ , 

Quoiqu'un  tel  a^andissement  des  neveux  du  poptiîfe  romain 
fût  encore  sans  exemple  dans  les  annales  de  F  Église,  il  pou- 
vait jusqu'ici  s'expliquer  par  la  cupidité  et  l'ambition  seules. 
Mais  la  prédilection  de  Sixte  lY  pour  son  neveu  Pierre  Biario, 
que  àe  simple  moine  franciscain  il  fit  cardinal  prêtre  4u  titre 
de  Saint-Sixte ,  patriarche  de  Gonstantinople ,  et  ard^vêque 
de  Florence,  donna  lieu  de  soup^nner  des  mptifo  plus  odieux, 
à  tant  de  faveurs.  Pierre  Biario,  âgé  seulement.de  vingt*sdx 
ans,  n'était  distin^é  par  aucun  talent,  par  aucune  vertu  ;  U 
n'était  encore  connu  de  personne ,  lorsqpe,  dès  le  cinquième 
mois  du  pontificat  de  son,oncle,  il  fut  nommé  cardinal.  «  Dès 
«  lors,  dit  Jacob  Àmmanati ,  cardinal  de  Pavie,  il  eut  tout 


*  Vitœ  Romanor»  Pontif,  T.  III,  P.  II,  p.  1059.  —  Card.  Papiemis  epist.  439,  p.  790. 
—  AnnaL  Eo^es^i^iX  S  M«  P*  ^T.  —  *  Bêeron.  (te  ïïurselHs,  Annal.  Bonon.  p.  90i.  — 
s  vitœ  Bonumor.  Pontif.  T.  III,  P.' II,  p.  1060.  —  Hier,  de  Bwsellis^  Annales  Bono- 
nienses.  T.  XXIII,  p.  900. 


«=id 


DU   HOYin  AGE.  59 

«  pouvoir  dans  la  cqoi:.  .Son  lang  et  aojk  faste  dëpattèrent  ce 

<  que  croiront  jan^ais  nos  nev^nZ)  tant  comme  le  sonrenir  de 
«  ce  qu^ont  js^aiç  y^  nos  pères^  QnaB4>  fl  AU&it  à  la  cour  on 
«  qu'il  en  revenait  ^  qne, mnltitnde  4*homme»  de  tout  oidre  et 
«  de  toute , àîgpité  raccompagnait,  et  aucun  chemin  n'était 
«  suffisant  pour  la  fpule  qui  le  précédait  ou  qui  le  snivait. 
«  Chez  lui,  ses  audiences  étaient  bie»  plus  fréquentées  qne 
«  celles  du  pontife.  Lçs  évêqnes,  les  légats,  les  .hoimnesrde  tout 
«  rang ,  affluaient  à  toute  beorç  dans.sii  maison.  Il  donna  un 
«  repas  aux  i^nbassadeurs  de  France^  et  jamais  Tantiqnité, 
«  jamais  les  peuples  païens,  n' avaient  rien  connu  de  si  somp*- 
«  tueux.  Les  préparatifs  occupèrent  plusieurs  jours;  tout  Fart 
«  des  Etrusques  y  fut  recherché,  y  fut  employé î  le  pay»en- 

<  tier  fut  épuisé  de  tout  ce qu'il.avait  de  rar:e  etde  puédeux, 

<  et  tout  ini  fait  avec  Ici  but  d^étaler  un  faste  que  lapostérité 
«  ne  pût  s\irpasser.  L'étendue  des  prépfiratift ,  leur  variété, 
«  les  ordres  des  officiers,  le  nombre  pics  plats,  \»  prit  de»  mets 
«  qu'on  servait ,  tout  fut  enregistré  avec  ^in  par  defr  iospec^ 
«  tenrs;  toujt  fujt  n^is  en  vers,  et  irépandu  avec  profusion, 
«  non  pas  dans  la  ville  seulement,  mais  danstoute  Tltalief.  On 
«  eut  même  soin  d'en  envoyer  des  exemplaires  dans  les  pays 
«  ultramontains  *  •  « 

Peu  de  jours  après  ce  repas,  dont  la  splendeorsemUait 
insulter  aux  vœux  de  pauvreté  de  Tordre  deSaint^François , 
où  le  cardinal  Biario  ayait  été  #evé,  Léonore  d'Aragon,  fille 
de  Ferdinand^  promise  j|u  due  Hercule  de  |*errare^  passa  à 
Borne,  j)our  se.reqdre  auprqs  de  son  épou]^,  accompagnée  par 
Sigismond  ^  frère  d'Herçide.  Un  fast^  p4us  extravagant  encore 
fut  déployé  à. cette  occ^için  par  le  cardinal  Biario  ;  un  palais 
tout  brillant  d'or  et  de  soie  fut  éle'^é  ^r  la  place  des  Saints- 

1  Ptxptensis  CardinaUê  episiola  548.  Ad  Franciscum  Gomagam  Cardinalem-  p.  83f . 
—  ÂMnal.  Eccies.  t474.  S  33-23,  p.  256.  —  Onofrio  PanvinU}^  rUa  di  Slsio  IV.  AA  ea^ 
cent  Plaeentinœ,  Ediiioveneta,  nso,  p.  4S6. 


6Q  HISTOIRE  DES  RÉPUBLIQUES  ITALIimnES 

Apôtres ,  pour  recevoir  Léonore.  Tous  les  rases  destines  au 
seryice  de  cette  cour,  et  jusqu'aux  ustensiles  les  plus  vils, 
étaient  d'argent  ou  de  Termeil  * .  Les  fêtes  succédaient  aux 
fêtes  ;  en  peu  de  temps  le  cardinal  Riario  se  trouva  avoir  dé- 
pensé deux  cent  miUe  florins,  et  contracté  pour  soixante  mille 
florins  de  dettes.  Pour  suffire  à  ces  dépenses  insensées ,  qui 
égalaient  ou  surpassaient  les  revenus  des  plus  riches  souve- 
rains ,  Biario  avait  réuni  les  prélatures  les  plus  opulentes  de 
la  chrétienté.  Patriarche  titulaire  de  Gonstantinople ,  il  possé- 
dait en  même  temps  trois  archevêchés ,  et  un  nombre  infini 
d'autres  bénéfices. 

Bientôt  Pierre  Biario  voulut  montrer  à  F  Italie  entière  le 
luxe  qu'il  avait  d'abord  étalé  à  Bome.  Il  se  rendit  avec  une 
pompe  royale  à  Milan ,  où  il  arriva  le  V2  septembre  1473.  Il 
s'y  présenta  sous  le  titre  de  légat  de  toute  l'Italie,  que  Sixte  IV 
lui  avait  donné.  Il  y  fit  assaut  de  magnificence  avec  Galéaz , 
qui  comme  lui  s'enivrait  de  vanité.  On  crut  aussi  qu'ils  s'é- 
taient promis  de  s'assister  réciproquement  dans  le  projet  ^  l'un 
de  se  faire  roi  de  Lombardie,  et  l'autre  pape.  De  là,  Biario  se 
rendit  à  Venise,  pour  y  chercher,  non  pas  seulement  l'éclat 
des  honneurs  qu'on  lui  décernait,  mais  encore  la  jouissance 
de  toutes  les  voluptés.  On  assure  qu'il  s'abandonna  à  tous  les 
excès,  par  delà  ce  que  sa  constitution  pouvait  supporter.  1 474  . 
—  Épuisé  par  des  déBauches  plus  scandaleuses ,  mais  moins 
ruineuses  pour  les  peuples  que  son  faste ,  il  fut  à  peine  de  re- 
tour à  Bome  qu'il  y  mourut  le  5  janvier  1474,  après  avoir 
donné  pendant  dix-huit  mois  à  l'Italie  le  spectacle  d'un  crédit 
dont  le  scandale  était  jusqu'alors  inconnu.  Avec  lui  commença 
le  Népotisme,  qu'on  avait  eu  peu  d'occasions  encore  de  repro- 
cher auparavant  à  la  cour  romaine  '. 

Sixte  IV  semblait  avoir  besoin  d'un  favori  pour  lui  prodi- 

1  Dtarto  di  Stefan,  Infêssura.  p.  U4f.— Gio.  Batt.  Pigna.  h.  VIII,  p.  7S9.— *  Diarto  di 
Siefano  Infessura,  p.  iH4.  —  Romanor.  Poniificum  vUœ  p.  1060.  —  Bernard.  Corto , 


.-^ \ 


DU  MOYEN   AGE.  61 

guer  toutes  les  richesses  de  1* Église.  Lorsqu'il  perdit  Pierre 
Biario  qa*il  pleura  amèrement,  il  se  hftta  de  produire  au  grand 
jour  un  autre  de  ses  neyeux,  que  sa  jeunesse  avait  jusqu'alors 
éloigné  de  la  fortune.  Cétait  Jean  de  la  RovèrCy  frère  de  Léo^ 
nard  et  de  Julien.  Sixte  lY  lui  fit  épouser  Jeanne  de  Monté- 
feltro,  fille  de  Frédéric,  comte  d'Urbin,  le  plus  distingué  par 
ses  talents  et  ses  yertus  entre  tous  les  feudataires  de  T  Église. 
Pour  que  cette  fille  d'un  prince  n'épousât  p<nnt  un  simple 
particulier,  le  pape  détacha  du  domaine  immédiat  du  Saint- 
Siège,  et  donna  en  fief  à  Jean  de  la  Rovère  les  deux  Tilles  de 
Sinigaglia  et  de  Mondario  ayec  leur  territoire.  Le  consente- 
ment du  consistoire  des  cardinaux  était  cependant  nécessaire 
à  cette  inféodation,  et  il  ne  fut  pas  facile  de  l'obtenir.  Le  car- 
dinal Julien,  frère  du  nouveau  prince,  mit  en  usage  les  plus 
vives  instances  pour  persuader  ses  collègues  ;  le  pape  acheta 
r  un  après  l'autre  leurs  suffrages  par  de  riches  bénéfices,  et  les 
plus  rigides  défenseurs  des  intérêts  de  F  Église  furent  enfin  en- 
traînés par  le  vœu  de  la  majorité  * .  Sixte  lY  voulut  ensuite  re- 
lever la  dignité  du  prince  qu'il  venait  <f  attacher  à  sa  famille. 
Frédéric  de  Montéfeltro,  qui  faisait  prospérer  son  petit  état, 
passait  pour  un  des  meilleurs  généraux  de  l'Italie.  Il  avait 
toujours  une  bonne  armée  sous  ses  ordres ,  qu'il  maintenait 
comme  condottiere  en  recevant  la  solde  de  quelque  souverain 
plus  puissant.  La  situation  de  ses  états  dans  le  voisinage  de 
Rome  rehaussait  le  prix  de  son  alliance.  Le  pape,  pour  s'as- 
surer toujours  plus  de  lui,  le  décora  du  titre  de  duo  d'Urbin 
le  21  août  1 474,  avec  la  même  pompe  et  les  mêmes  cérémonies 
qui  avaient  accompagné  trois  ans  auparavant  la  nomination 
de  Borso  d'Êste  au  duché  de  Ferrare^.  Le  gendre  de  Frédé- 
ric passa  bientôt  lui-même  à  une  nouvelle  dignité  :  son  frère 

Bi$t.  Milan,  p.  VI,  p.  976.  —  *  CardtuU.  Papimu,  eplst.  SW'l»o,  p.  8S8, 839.  Let  ciu- 
tionf  de  Raynaldi  ne  le  rapportent  pas  exactement  pour  ces  épllres.  11  désigne  cellet-ci 
comme  étant  688  et  889.  —  VUœ  Bmnanor.  Pontif.  T.  III,  P.  Il,  p.  |068.-.>  Cardin.  Pa- 


62  '   HISTOIRE  DES  RÉPUBLIQUES  ITALIENNES 

I^nacd  âant  m^rt  le  1 1  noif^mbre  1475^  il  loi  succéda  ààM 
la  charge  de  préfet  de  %ome. 

L'aotre  Mrede  la  Bov^reyce  cardinal  Julien  qui  devait 

ensuite^  dans  uiï  âge  avaiicé ,  se  montrer  lé  plus  belliqueux 

des  pontifes,  fit  yen»  le  même  temps  son  apprentissage  de  Fart 

militaire  dans  Fétat'de  TÉglise.  La  Tille  de  Todi  fut  la  pre- 

.  nûèro  scène  de  ses  exploits:  On  avait  vu  se  renouveler  dans 

eette  viVe  l'antique  discorde' des  Guelfes  et  des  Gibelins,  qu'on 

aurait  dû:  croire  éteinte  après  trois  siècles  de  durée.  Gabriel 

Gastellani,  le  chef  des  Guelfes  du  pays,  y  avait  été  tué.  Mattéo 

.  CanaH,  chef  des  Gibelins,  s*  était  rendu  en  quelque  sorte  souvo'' 

'.  nalUide  Todi.  Toute  là  province  tfëtait'soulevée  à  cet  événe- 

. ment,. et  le  souvenir  d'axieiëïiiies  ôtfeïi^  avait  ranimé  les 

:  Jwnos  aTeeautaîit'de'ftiifetu*  cpie  si  les  deux'faetioh^ 

encore  idispoté  sur  les  di^ils  de  FEtnpire  et  de  l'Église.  Les 

habitantstdeSpoléUe,  lé^mte  Giordâno  Orsini,  et  le  comte 

.de  PitigUano  étaienj;  accourus  au  seédtirs'du  ^parti  guelfe ^ 

-GioUÔide  Yarano,  seigneur  de  Gamérino,  s'était  déclaré  pour 

,1e  parti  f gibelin,  ^u  reste  les  senïhnéàts  ^qtd  avaient  autrefois 

dopmé  4Mrigine  à  ces  factions  éf aient  èubliés  par  toutes  deux, 

et  les  Gudfes  étaient  si  peu  demeurés  les  châm]|)iôns  des 

droite  de  l'Égaie,  qae  le  légat  du  pape  embrassa  là  défense  des 

GibeUns.  Il  eûitra  dans  Tiôdi  à  la  tèté  de  i^a  petite  armée  :  il  en 

«ibaasa  les  paysans  qu'on  y  avait  ihtroduits ,  il  punit  les  sédi^ 

tieox  par  la  prison  ou  l'exil,  et  il  rsimena  la  province  à  la  dé^ 

pendance  entière  du  Sàint-^Siége.  De  Todi,  Julien  de  la  Bovère 

CQBAoiût  son  armée  à  Spolette.  Orsini  ei  Pitigllâno  s'en  rèti-* 

rèrent  à  son  iq[)proehe ,  et  la  ville  ouvrit  ses  portes  par  capir' 

tulation.  Mais  les  conditions  accordées  auï  habitants  par  le 

eacdinal  légat  ne  furent  point  observées  ;  ses  soldats,  en  dépit 

de  lui,  se  jetèrent  sur  les  citoyens  et  les  pillèrent.  lïéanmoins 

piensis.  effistolasts,  p.  8S2.— Raj/no/dt  annal,  écoles,  1474,  S 21,  p.  iM.-^VUœ  honum 
Poniif  T.  111,  P.  If,  p.  1062. 


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DU  MOYEU   AG£.  63 

ee  De  furent  pas  les  soldats  que  TÉglise  punit  ensuite  de  lear 
indiseîpline  :  elle  s* en  prit  aux  habitants  de  Spolette,  auxquels 
le  cardinal  crut  ne  plus  rien  devoir,  puisqu'aussi  bien  leur 
ca^tulation  ù'avait  pas  été  observée.  Plusieurs  d'entre  eux 
furent  jetéi^  en  prison ,  d'autres  furent  exilés^  et  leur  juridic- 
tion sur  la  province  fut  abolie  * . 

Il  ne  restait  plus  à  Julien  de  la  Bovère,  pour  terminer  ,sa 
campagne ,  qu'à  soumettre  Nicolas  VitcUi,  prince  de  Tipher- 
;  num  ou  Gttà  di  Gastello.  Yitelli  ne  prenait  d'autre  titre  qae 
oAvi.  de  vicaire  de  la  sainte  Église  ;  il  se  déclarait  prêt  à  obéir 
.  aux  ordres  du  papô;  cependant  il  medntenait,  dans  sa  petite 
•  jBoaveraineté,  une  indépendance  que  ses  ancêtres  lui  avaient 
.  déjà  trsoismise  depuis  plusieurs  générations.  Il  repoussa  la 
;  forée  par  la  force  ;  il  remporta  un  avantage  sur  les  troupes 
du  cardinal  Julien,  et  il  demanda  en  même  temps  des  secours 
^'imx  Florentins.  Ceux-ci  ne  voyaient  pas  sans  inquiétude  la 
.  turbuknee  du  pontife  et  de  ses  neveux,  et  cexïhangement  dans 
.  le .  goiiv^n^nent  de  l'Église  qui  semblait  en  faire  une  monar- 
chie miMtaîre.  Ils  avaiéht  encore  lieu  de  craindre  pour  Borgo 
San^^polcro,  "nlle  très  rappi:ochée  du  théâtre  de  la  guerre, 
qu'ils  s'étaient  fait  céder  par  les  papes^  et  qu'ils  pouvaient  se 
.voir  ravir.  Ils  y  envoyèrent  une  petite  armée  commandée  par 
J^eiTd  Nasi;  en  même  temps,  ils  firent  passer  quelques  secours 
-à  Yitelli,  d  ils  excitèrent  ainsi  le  courroux  du  pontife,  qui  ne 
leur  pardonna  pas  de  l'avoir  arrêté  dans  ses  projets  ^.  Le  car- 
dinal, perdant  l'espérance  de  soumettre  Yitelli  par  la  force, 
lui  accorda  une  capitulation  honorable.  Deux  cents  soldats  de 
l'Église  furent  admis  dans  Città  di  Gastello,  ep  »gnede  sou- 
mission ;  mais  le  gouvernement  ne  fut  point  cbangié ,  et  la 

1  nomanor.  Pontff.  vUœ,  T.  111.  P.  II,  p.  lOOt. — Ono^'io  Panvéïo,  VUa  4(  SUtolV, 
p.4Sî.  —  *  Sdphne  Ammirato,  L.  XXIV ,  p.  113.  Ils  envoyéreat  en  même  temps  une 
ambassade  à  Louis  XI,  pour  demander  sa  proiection.  GonUnuaU  de  Monêir^Ut, ,  CAr* 
Vol.  Ul,  X.  m,  ¥, 


64  filSTOlRE  DtSS  A£^UBLIQU£S   ITALUB1IJK£S 

souveraineté  de  Vitdli  ftit  reconnue.  Ce  trdté ,  au  reste ,  fut 
-vivement  blâmé  dans  le  sacré  collège.  Les  cardinaux  les  plus 
vertueux  étaient  justement  ceux  qui  mettaient  le  plus  de  zèle 
à  étendpe  la  domination  temporelle  de  l'Église.  Us  avaient 
espéré  que  Gittà  di  Gastello  serait  ramenée  à  la  directe  du 
Saint-Siège,  et  ils  considérèrent  les  concessions  faites  à  Titdli 
comme  contraires  à. la  dignité  et  à  la  souveraineté  du  pape  ^ . 

Si  les  Florentins  avaient  conçu  de  Fiiiquiétude  à  cause  des 
mouvements  de  l'armée  du  cardinal  Julien  sur  leursf routières, 
ils  avaient  plus  lieu  encore  de  s'alarmer  de  la  liaison  intime 
du  pape  et  du  roi  de  Naples  ;  Surtout  depuis  que  ces  deux 
souverains  s'étaient  attaché  Frédéric  d'Urbin,  qui  jusqu'a- 
lors avait  été  presque  toujours  capitaine  de  la  république.  Les 
Florœtins  avaient  vu  avec  étonnement  ce  Frédéric  se  disposer 
à  faire  un  voyage  à  Naples,  et  ils  avaient  voulu  le  retenir, 
persuadés  que  s'il  se  mettait  une  fois  entre  les  mains  de  Fer- 
dinand, celui-ci  le  traiterait  comme  il  avait  traité  Picduino  *. 
Mais  lorsqu'ils  surent,  au  contraire,  que  le  duc  d'Uri)in  était 
accpeilli  à  Naf^es  avec  des  honneurs  infinis,  et  nommé  général 
de  la  ligue  du  roi  et  du  pape,  ils  crurent  qu'il  était  temps  de 
se  mettre  en  garde  contre  l'ambition  de  ces  redoutables  voisins. 
D'une  part,  ils  nommèrent  pour  leur  capitaine  BobertMala- 
testi,  prince  de  Bimini;  de  l'autre,  ils  envoyèrent  Thomas  So- 
dérini  à  Yenise,  pour  y  conclure  une  alliance  plus  intime  avec 
cette  république. 

Les  Yénitiens  étaient  alors  plus  pressés  que  jamais  par  les 
armes  des  Turcs  ;  en  même  temps  ils  s'étaient  compromis  par 
les  affaires  de  Chypre,  avec  les  deux  plus  puissants  états  de 
l'Italie.  Ferdinand  espérait  toujours  faire  obtenir  la  couronne 
de  ce  royaume  à  son  fils  naturel  don  Alfonse,  qu'il  avait 
fait  adopter  à  la  reine  Charlotte,  sœur  légitime  de  Jacques, 

1  Epiât,  Card.  Papienê.  570,  p.  833.  —  Bof/naUl  ânnoL  1474,  S  t7,  p»  3M.  -^  >  Jiae>- 
chiaveUi,  h,  Vir,  p,  34S.  —  '  Sçipione  Ammirato»  h,  XXIV,  p.  lis. 


et  qa*il  avait  fiancé  à  Faatre  Chariotte ,  fille  naturelle  du 
même  Jaecpes.  Tandis  qoe  les  Génois,  sojetsda  duc  de  Milan, 
ne  pouvaient  se  consoler  de  la  perte  de  Famagonste ,  et  me- 
naçaient d'attaquer  Tile  de  Chypre  avec  les  tronpes  mila- 
naises, pour  recouvrer  cette  forteresse  * ,  les  Vénitiens ,  in- 
quiets des  prétraitions  de  leurs  rivaux ,  saisirent  avec  em- 
pressement Toccasion  de  se  confédérer  avec  tout  le  nord  de 
ritalie. 

La  négociation  fut  conduite  avec  adresse  à  Milan,  en  même 
temps  qu*à  Yenise  ;  et,  le  2  novembre  1474,  les  deux  répu- 
bliques signèrent  avec  Galéaz  Sforza  une  ligue  défensive  pour 
le  terme  de  vingt-cinq  ans.  Il  fut  convenu  que  chacune  de  ces 
trois  puissances  entretiendrait,  même  en  temps  de  paix,  trois 
mille  chevaux,  et  deux  mille  fantassins  sous  les  armes.  Dans 
une  guerre  continentale,  elles  devaient  réunir  entre  elles  vingt- 
un  mille  chevaux  et  quatorze  mille  fantassins  ;  de  telle  sorte, 
cependant,  que  lorsque  les  Vénitiens  et  le  duc  de  Milan  con- 
tribueraient chacun  comme  trois,  les  Florentins  ne  contribue^ 
raient  que  comme  deux.  Enfin,  dans  les  guerres  maritimes,  les 
Florentins  et  le  duc  de  Milan  s'engageaient  chacun  à  fournir 
cinq  mille  florins  par  mois  aux  Vénitiens.  Il  fut  convenu  en- 
core qu'on  inviterait  le  duc  de  Ferrare,  le  pape  et  le  roi  Fer- 
dinand à  entrer  dans  cette  alliance.  Le  premier,  en  effet,  y 
accéda  le  13  février  suivant,  tandis  que  le  pape  et  le  roi 
Ferdinand  se  contentèrent  de  donner  des  assurances  générales 
qu'ils  demeureraient  amis  des  parties  contractantes,  sans 
vouloir  prendre  aucun  engagement'. 

Mais,  quoique  l'Italie  se  trouvât  partagée  entre  deux  ligues 
rivales,  qui  s'observaient  et  qui  cherchaient  mutudlement  à  se 
nuire,  sa  paix  intérieure  ne  fut  point  troublée  ;  les  négocia- 
tions où  se  manifestait  le  plus  d'animosité  n'amenèrent  pas  de 

«  WUmBoaumgr^fiotMf.  T.  Ul«  »iO,  p«  iMt.— «Gia.  BMI»M0fM/  Stortadc*  Mt- 
€lfi  ffKêti.  U  VUl,  p.  1M, 

Vil.  & 


66  HISTOIEB  DES   RÉPUBLIQUES  ITALIEIÏIIES 

r^ultat.  L'histoire  de  Florence,  pendant  plusieurs  a^nées  de 
suîte^  ne  présente  aucun  souvenir  ;  celle  de  Milan  est  à  peu 
près  Qullç  :  tous  les  intérêts,  toute  F  activité  des  Italiens  étaient 
"k  cette  époç[ue  dirigés  vers  le  Levant.  La  guerre  des  Turcs  oc- 
cupait tous  les  esprits,  et  tenait  en  échec  toutes  les  forces. 
Seulement  le  pape,  toujours  plus  aliéné  des  Yénitiens,  se  reti- 
rjiit  graduellement  du  combat.  En  1472,  la  flotte  pontifi- 
cale avait  secondé  de  tout  son  pouvoir  celle  de  la  répul)liciMe  ; 
l'année  suivante,  elle  n'avait  fait  qu'une  vaine  parade  dp  sa 
force  dans  les  mers  de  Rhodes  ;  la  troisième  année,  elle  ne 
parut  plus  dans  cette  guerre,  à  laçpielle  le  Saint-Siège  était  si 
immédiatement  intéressé. 

Avant  la  fin  de  l'année  1473,  Mahomet  II  avait  envojé  en 
Mol<lavie  une  armée  commandée  par  Soliman,  beglierbey  de 
Bomanie.  Le  souverain  qui  portait  le  titre  de  palatin  et  vvay- 
vode  de  Moldavie,  était  Etienne,  digne  successeur  du  féroce 
Bladus  Dracula.  Mais  ses  effroyables  cruautés  étaient  excitées 
jpar  Jud  zèle  religieux  le  plus  fervent  ;  aussi  Sixte  lY,  qui  lui 
envoya  une  partie  de  l'argent  produit  par  les  indulgences, 
r appelait-il  dc^as  toutes  ses  lettres,  son  fils  chéri,  le  vrai 
athlète  du  Christ  ^ .  Etienne  ne  tenta  point  de  livrer  bataille 
aux  Turcs,  pour  défendre  son  pays;  il  le  ravagea  au  contraire 
devant  eux  avec  tant  d'activité ,  que  les  Musulmans,  en  avan- 
.çant.,  ne  trouvèrent  bientôt  plus  aucun  moyen  de  subsistance. 
Après  ^ue  leur  armée ,  épuisée  par  la  faim  et  la  maladie ,  eut 
perdu  son  courage  aussi  bien  que  ses  forces ,  le  v^ay vode  l'at- 
taqua le  17  janvier,  près  du  marais  de  Backovieckz ,  et  la 
défit  ^entièrement.  U  eut  ensuite  l'atrocité  de  faire  empalerions 
ses  prisonniers ,  à  la  réserve  de  quelques  officiers  généraux  ; 
et  le  même  historien  qui  raconte  cette  barbarie ,  ajoute  immé- 
diatement ^ue,  «  loin  de  s'abandonner  à  l'orgueil  après  cette 

1  Bulle  de  iaoTiw  I47tf.  In  U^  BuUanmu  L.  XXIII,  p.  9i.  —  annales  EcçieiloêUel 


.'  % 


P0  wxta  àBm.  êf 

«  Tictoke,  il  jeùiia  gmtre  joam  m  pam  tt  à  fera ,  et  qu'il  flt 
«  publier  dans  toat  s^  p^ji  q/Bie  peramme  H'eèl  l'audace  de 
«  s'attribuer  ^  Ini-mèine  cet  beoien  saoeèe ,  mm  que  ehacua 
«  ^n  rapportât  la  gleirp  taut  Mtièie  à  Aioi  1.  »  Le  wayyode 
continua  la  gp^rre  |i0)dai)|  1^  4w)i  auftées  Mviaiitee,  san» 
livrer  de  bataillç;  ^ais  sa  qn^aleivi  Ufère,  yokigeani  sans 
cesse  sur  les  flancs  dp  Tannée  pusulnane,  lui  enleva  des  mil- 
liers de  prisonniers ,  qn'Étiwiie  flt  tous  tfooroher  vivants  ou 
emp^er  '. 

i  Le  beglierbçgr  dg  ^oykanie  ayant  rétabli  son  année ,  après 
89  déroute  de  lU^dfiawoekz ,  wit  an  mamencgment  de  mai 
1 474,  mettre  }e  si^  devant  Sentari ,  l'une  des  plus  fortes 
ville?  que  les  yénitien«  possédasseot  dans  l'Attuanie  '.  Les  La- 
tii|9  as^livent  qqç  Sp}imin  afaît  90»  ses  ovdres  siMianle  mille 
bowipea»  connnqii^  lyw  lui  par  sept  sangîaks.  Antoine  Lo- 
redano  était  chargé  de  la  défense  de  Scatari ,  avee  ke  titres  de 

>  L'hislorie»  Mttbiis  ll^tli«|ia|  ét|^ «onliMKWiSi,  «&  fhiaoini  #i€n«pfie,  in 
commeDoeineot  du  xvi'  sièclQ.  Chrotiic.  Polon.  Lib.  IV,  cap.  w»  tfajfnt^  ÀtmaL  Eo^ 
ckê.  1474,  S  10,  p.  aH«  ^Andréa  NavagierOj  Storta  Venezioua.  p.  U44.  Btienne, 
wajTode  de  Valachie  et  de  ll9k|«|if^  e|i  u»  dsi  ^k»  IfeTORii  4e  DhmoM,  Mitorieii 
polonais,  ion  conlemporain.  Eq  l46i;  il  avait  t||tiça  Mai^  CACVipp  (h-  3UA^, 
m  ilSXflii  1469,  S  avait  vaincu  Pierre,  ion  compétiteur,  et  ensuite  les  Cosacmes  Za- 
poiovea,  et  il  avait  exercé  sur  les  uns  et  les  «iitree  te  plu»  eC^oya|>les  crusui^k  le. 
p.  445,  450.  il  avait  ensuite  fait  la  guerre  A  Radul,  fils  de  Bl^dus  Dncuto,  wayvodB  ^ 
B9f»iurahiB,etil  Tavait  forcée  se  jeter  dans  les  bras  des  Turcs,  p.  ses,  Sie.  Enfin,  sa 
▼iptpise  prés  4es  o^rai^  de  RapkowiecM  et  du  Spu^re  SerUd,  sur  le  begliBrbey  de  Ro- 
manie,  le  supplice  de  tous  les  captifs,  et  le  ]eûne  des  valpqpeun  t^  piH».«>»i  '•'ffim 
sgil  ntOQléi  avee  les  mêmes  efrconstanees  par  Dhigoss  et  par  Michovias.  Ifi^i.  Poiôn. 
L.  XUI,  p.  ^.-^Dmetm*  CffUmir.  L.  ^k  ^«S;  1^  S  S|^  P-  nu—  *>  aoyiefAïf  mnalL 
Bceles.  1496,  $  6  et  7,  p.  265.^  '  Marinus  B^rletius ,  le  même  ajiquel  Dpu^deviH»  la  lA^ 
de  SçfMrtpiteg,  eonménce  son  Mstpire  du  second  siège  de  Scutari,  sa  patrie,  par  u^e 
bonne  description  de  ce^e  ni|te.  Il  noiis  ypief^9iV|1le>eraifc  éÎÉ  ^snnée  en  gage  à  It 
Seigneurie  de  Venise,  par  George  Balsit^ch,  seigneur  épirote,  contemppc^n  d'A^vrai^lf 
et  df.^s^nAorb^;  que  la  viSe^  ruioée  par  loi  incursions  précédentes  des  Turc»,  ne  s'é- 
tendait plus»  çogof^e  au^|«i:9^aim  dpf  dei9  oi^^fm^  Ul  de  krtiijiBi  Ledriao»  qui 
M  jetait  autrefois  dims  la  Bogiana,  et  qui  baigne  aujourd'hui  Lyssus,  et  <|^be«cbe  d^ 
te  mer  à  dfK  mU^  de  diitane&  Scutari  était  dés  lors  resserrée  prés  du  confluent  de  cet 
deux  rivières,  dans  Teiiceinte  Dénie  qui  servait  de  forteresse  A  eette  ville,  au  temps  <|e 
*^ff^9mé^9m9in^  miimM.  UwâMm,  âê  SeodhSM» exfUffmioiM.  L.  |,  p,  ^i.. 
cditio  BaaiUetMU^  foU  ISM.  M  cotam  laïamek  CAoloocondftar, 

4* 


68  HISTOtEB  DES  BéPUBLnjtJfiS  ITALIERNISS 

cafHtaine  et  comte  de  la  ifille.  Les  mors  deSeatari  étaient  fai- 
bles ;  ils  furent  UentAt  enti^onverts  par  l'artillerie  ;  les  Turcs 
avaient  alors  dans  cette  arme  nne  grande  supériorité  snr  les 
chrétiens.  Mais  Loredano  faisait  élever  des  remparts  de  terre 
derrière  les  murailles  abattues,  et  trouvait  des  ressources  dans 
la  situation  avantageuse  du  terrain  ;  toutes  les  villes  d'Albanie 
ayant  été  bâties  dans  des  lieux  naturellement  très  forts.  Le 
provéditeur  Ludano  Boldù  voulut  introduire  un  renfort  dans 
la  place  ;  sa  petite  armée  fut  mise  en  fuite.  Les  assiégés  avaient 
épuisé  leurs  provisions  ;  F  eau  surtout  leur  manquait ,  et  la 
faible  ration  qu*on  donnait  encore  aux  soldats ,  devait  mettre 
à  sec  dans  trois  jours  la  dernière  dterne,  lorsque  vers  le  nnlien 
du  mois  d*aoùt,  Soliman  donna  un  assaut.  Il  fut  soutenu  avec 
vaillance  pendant  huit  heures  ;  les  Turcs  y  perdirent  trois  mille 
hommes ,  et ,  en  abandonnant  enfin  le  combat ,  ils  se  détermi- 
nèrent aussi  à  lever  le  siège  * . 

L* armée  turque,  qui  avait  assiégé  Scutari,  avait  fait  une 
perte  prodigieuse  par  les  maladies  qu'engendrait  le  terrain 
marécageux  où  elle  était  campée.  Sabdlico  porte  cette  perte 
à  seize  mille  hommes.  L'armée  vénitienne  n'avait  pas  mieux 
évité  l'influence  du  mauvais  air.  Gritti  et  Bembo  avaient  été 
envoyés  les  premiers  avec  six  galères  à  l'embonchuTe  de  la 
Bogiana ,  rivière  qui ,  recevant  les  eaux  du  lac  de  Scutari ,  se 
jette  à  la  misr  entre  Duldgno  et  Âlessio.  Pierre  Mocénigo  était 
venu  «isuite  au  même  mouillage,  avec  la  flotte  qui  avait 
soumis  rUe  de  Chypre  ;  tous  trois  tombèrent  successivement 
malades,  et  fnrrat  forcés  de  se  faire  porter  à  Cattiffo.  Les  ma- 
telots et  les  soldats  de  marine  furent  plus  exposés  encore  à 
cette  fatale  influence.  L'armée  que  Boldù  rassemblait  en  Alba- 
nie,  et  à  laquelle  se  joignit  Jean  Czemowitsch  avec  plusieurs 
braves  Épirotes,  ne  fut  jamais  assez  forte  pour  se  mesurer  avec^ 

t  Uarimu  Uévlettm^  De  SeodMwi  ««iwgfMMioM.  L.  U  »  p.  tMi— >€onoliiMt<9epfo« 
0»  M.  fenêionmi»  L.  lit,  p.  mt. 


DU  nom  àBM.  6ft 

lea  Turc&i  et  tandis  fa'elle  attandiA;  des  renfarfai,  la  maladia 
loi  eideyait  1^  soldats  qu'elle  a?ait  déjà.  Enfiii  les  habitants 
de  Scatari ,  aussitôt  que  Tarmée  mosulmane  fut  partie,  eon* 
lurent  en  foule  sur  les  bords  de  la  Bogiana  pour  se  désaltérer , 
après  une  privation  d'eau  si  lonj^  et  si  cruelle;  mais  un  grand 
nombre  d'entre  eux  forent  irictimes  de  l'excès  de  boisson  qu'ils 
7  firent;  à  peine  aTaient-ils  étanché  leur  soif,  qu'on  voyait 
leurs  mi^nbres  se  raidir,  et  qu'ils  tombaient  frappés  d'une  mort 
subite  ^ 

La  république  de  Venise  témoigna  aux  hruTes  habitants  de 
Scutari,  et  à  leur  commandant,  la  reeonnaissanee  cpie  méritait 
leur  fidélité.  Elle  fit  suspendre  le  drapeau  des  premiers  dans 
l'église  de  Saint-Marc ,  pour  qu'il  y  demeurét  en  monument 
de  la  constance  de  cette  Tille ,  et  ette  créa  ehevalier  Antonio 
Lorédano,  qu'elle  életa  rapidement  aux  fonctions  de  proté- 
diteur  et  de  capitaine  général  '• 

147â.  —  Pendant  l'biyer  qui  suivit  le  siège  de  Scutari, 
les  Vénitiens  cberdiàrent  à  faire  quelque  traité  stcc  les 
Turcs;  mais  les  prétentions  du  grand-seigneur  furent  trop 
exorbitantes  pour  qu'ils  pussent  s'aeeorder  avec  lui.  En  même 
temps  ils  demandèrent  à  leurs  alliés  des  secours  pour  la  cam-- 
pagne  suivante.  Le  duc  de  Milan  Içur  paya  fidèlement  le  sub- 
side auquel  il  s'était  engagié;  le  pape,  au  contraire^  après  aToir 
nommé  dix  cardinaux  pour  s'occuper  de  la  guerre  des  Turcs, 
se  refusa  à  y  prendre^ part.  La  république,  irritée  de  cet 
abandon,  rappela  l'ambassadeur  qu'elle  avait  à  Bome  '. 

La  campagne  de  1475  fut  marquée  par  peu  d'événements. 
Soliman^  beglierb^  de  Romanie,  vint  mettre  le  siège  devant 
Lépante,  forteresse  des  Vénitiens,  dans  l'Étolie,  à  l'entrée  du 


&  iMr.  XauatUrOt  Sêot,  Venês,  p.  1 14  t-i  la.  —  CoHotowi  ikpiù.  U III  p.  36S-S6a* 

—  Rayno/d.  Ann.  EceL  1474,  S*  <'.  13,  p.  3S4.— «.  A.  SabeiUeo»  Dect  lU,  L.  X,  f.  290- 
331.  — •  À»^.Jfia»90i«n^Siar^  rm$*»  p.  tl4S.^II.  4^  SoMUco.  PeMlU,  k  X»  l«  3»2* 

—  >  Andr.  navagiero^  p.  ii44. 


7^  HISTOIRE   DB9  ^PMtiUfClÈ  ITALIENNES 

gcAto  dt  ODriâthe«  D«|mid  loiigtem|[>8  lés  indrs  de  cette  ^ille 
Q^  auraient  point  été  répiktéêi  et  ib  tôinbâient  en  rnitie;  mais 
flcm  assiette  «ut*  des  rotihérft  iBsëâi^és ,  qtd  la  fermaient  du  eôté 
un  MTd  j  et  qm  sorm^Màit  uti  fioil  éhfiteail ,  Idt  tenait  lieîi 
d*OQTrag«i  de  Tai^.  Entfè  Isés  fàthein  et  le  t)6rt ,  les  Vénitiens 
ere^rest  deb  tosiës  déitîère  les  brêëHès  dès  inurailles ,  et  ils 
If»  appuyèrent  de bontetajlis.  Cinq  cetiti  ëheyto-légers  Àaient 
mtféB  Aine  la  tille ,  et  lélll^  fihéqbètitcâ  isortie^  furent  toutes 
couronnées  par  des  succès.  Antoine  Lorëdano  occupait  le  golfe 
ayee  la  ficttri  vtÉnMéniie^  M  it  né  laisÂSft  lûân^tier  lépahië  ni 
d^  tlvne^  m  d'amw,  fift  ûë  tmipëi  tNiébes.  Apres  quatre 
moiflid' ne  attaqué  iiitttte,  Ékfliiilàii  fëiSUinaissàùt  qu'il  n'àyait 
Ùftfc  eueim pn^i^^  M  tMLxà  à  le'^f^  le  sf%e  <.  A  la  fin  de  la 
mtaie  eampëgae,  la  flotte  èttolàMle  £t  dikë  ieiitatiVe  sur  le  châ- 
teft»  de  (koàMi  ditnS  rift  de  LëtnnoÉ  j  ëdn  artillerie  fit  une 
brèche  aux  murailles,  mais  rap^1rtec9ié  dé  Idrëdano  âyec  la 
fVNte  t^ti^iW  ibr|k  tel  TlirW  à  se  l^etiréi^  *. 

Gependaiit  la  mtim  ifinft,  tine  iSm  AB  i'ëpubiiqtiés  ita- 
lîeutes  fat  engagtts,  iâéI^  (Èle;  ûmii  k  guerre  atec  les 
TttMr.  lift  «élude  poiijtftfefif  illi^fè  (Jaffè  en  tfriinée,  que 
les  anHâene  BonuMiMIt  ThêeéMêié;  et  ^UH  tïËé,  h  plts  puis- 
saiHei  db  Imm  ëeWkiM^  éWII  SâM  lé  tàmM  ié  plus  célèbre 
deitovtle  FoM^Ed«tf;  Chfli^  dâbetfÉëë  plmr  dé  detix  siècles 
SQis  II  ^mtfefWfmià  êm  «mm,  afâit  aèqtris  une  population 
et  me  ri<MiSt  qol  r  ^^Uldëftt  pÉesqp  à  M 
des  Tartaree^  aà  iaSMildes  ttàiM  dti(p>ll  éette  titîe  était  située, 
aTafi  nmÊÊta  qife  U  ptmpBtiXS  fafiMitk  iiéleà^  ât  ses  pfo- 
ptee  si^ettf^  Ca#»  éUÊk  Hé  inafebé  âé  tdthés  léë  {^odùctions 
d«Kei«}leb  beH^  tâf  tm^  hè  pëtféfëfiés,  sëfaieùt  demeura 
sans  valeur  entre  les  mains  des  Tartares,  si  les  marchands 
géopia  ne  %'étmU  préseatés  peut  les  aebeter.  Aueude  âei 

»  m  Jnà  fléMttféJK  héèà  m^iklLkm.-^  ^wa^ero.  j».  iU6,  Mais  Û  rapporta  «i 
alèse  àVan  im.— «  *•  JLSabelUeo.  Deçà  m.  L.  X,  t  23^. 


DU  ÉOtïn   AGE.  ^1 

joaissanoes  dt  U  yiè,  aucan  ptodait  de  Fart  des  peuplés  plus 
ciyilisés  ne  parrenait  dans  ces  déserts,  autrement  que  par  les 
marchands  d'Italie.  L'Europe  communiquait  ayec  TOriént 
par  l'entremise  des  Génois  de  Caff a  ;  les  étoffes  de  soie  et  de 
coton  fabriquées  en  Perse,  les  denrées  et  les  épiceries  dcf 
rinde,  y  parvenaient  par  Astracau,  et  lès  mines  da  Caucase 
étaient  exploitées  pour  le  compte  de^  Liguriens.  Lé  kan  leur 
avait  accordé  des  privilèges  extraordinaires  :  il  avait  permis 
que  les  magistrats  génois  jugeassent  tous  les  procès  dé  seè 
propres  sujets^  jusqu'à  une  certaine  distance  de  ïeùr  ville;  il 
les  consultait  toujours  dans  la  notniriation  du  gôuvetiièùir  dé 
la  province,  et  il  montrait  une  grande  déférence  pour  foutes 
les  demandes  de  cette  cité  puissante.  Le  gouvernement  de 
cette  colonie  était  composé  d'un  conseil  nommé  chaque  année 
par  le  sénat  de  Gênes,  de  deux  assesseurs  et  dé  quatre  juges 
des  campagnes  * . 

Les  conquêtes  de  Mahomet  II  et  sa  haine  pour  le  *  nom  la- 
tin avaient  donné  aux  Génois  de  Finquiétude  sur  leur  co- 
lonie. La  mer  Noire  était  fermée  à  leurs  vaisseaux,  ou  du 
moins  ils  ne  pouvûent  traverser  THellespont  et  le  fiosphore, 
qu  en  se  soumettant  aux  avanies  des  Turcs.  Ils  ne  pouvaient 
«lYoyer  par  mer  des  soldats  à  Gaffa,  et  ils  craignaient  cepen- 
Amt  ^  «eHH^ placé  ti'en  eAt  un  pressait  besottt.  Gefto,  ca- 
pitaine d'une  compagnie d'aventorierS)  lemr  offrit  de  eondaû» 
pat  terre  en  Gfim^  cet^  cottipagiâé  qtil  ^tit  d'ëiiTircifa  6^ 
dncpante  cavaliers,  pourvu  qu'on  lui  assaràt  une  paye  pr»« 
jKnrtimiiiëe  à  mm  eipédilKm  fl  «fOetle,  et  qui  le  fMiraiil^sait 
plus  encore,  à  cause  des  ténèbres  dont  la  géographie  éta  t 
alors  eift^loppée.  En  ^let^  «lefk»  sétIM;  d'It«lîë  fttf  lé  fYWli; 
il  trayersa  la  Hongrie,  une  partie  de  la  Pologne^  et  epfin  une 
partie  de  la  Petite-Tartarie  ;  «t  après  un  tdyagë  de  ptaà  de 

1  9bertut  FoHeia,  Genuens,  HUL  L.  IX,  p.  696. 


7.2  HISTOIRE  DES  REPUBUQDIS  ITALIENIIES 

dou^Ee  GWto  miUes,  il  amena  ses  cavaliers  saiiift  et  saoli  k 
Gaffai 

Ce  renfort  était  peu  considérable,  et  eependimt  les  magis- 
trats de  Caffa,  jugeant  de  leur  importance  et  de  leur  pouvoir 
par  les  égards  qu'on  avait  pour  eux,  avaient  provoqué  les 
plus  dangereux  ennemis.  A  la  mort  du  gouverneur  de  la  pro* 
vince  où  Gaffa  est  située,  le  kan  des  Tartares  lui  avait  donné 
pour  successeur  Eminécés  (Eminachbi  d'après  Barbaro)  ',. 
que  les  Génois  avaient  reconnu.  Son  prédécesseur  avait  laissé 
un  fils  nonmié  Séitaces,  qui  pour  s'élever  à  la  place  occupée 
par  son  père,  séduisit  à  prix  d'argent  les  magistrats  de  Gaffa, 
et  réussit  à  employer  leur  crédit  auprès  du  kan.  Il  fit  tant 
par  leurs  instances,  parleurs  menaces  même,  que  Tempereur 
tartare  consentit  à  destituer  Eminécés ,  et  à  nommer  Séitaces 
à  sa  place.  Mais  au  milieu  d'un  peuple  de  pasteurs,  l'autorité 
du  monarque  était  quelquefois  peu  sentie,  et  ses  ordres  pea 
respectés.  Eminécés,  courroucé  contre  l'empereur  tartare^  et 
plus  encore  contre  les  Génois,  s'associa  deux  autres  chefs  de 
sa  nation,  Garaimerza  et  Aidar.  Avec  leur  aide  il  souleva  tous 
les  Tartares  de  la  Grimée,  et  vint  mettre  le  siège  devant  Gaffa; 
en  même  temps  il  fit  demander  des  secours  à  Mahomet  II.  Le 


*  ^mmrttta^  Origine  e  impmrio  4ê*  Ttirthi,  h.  U>  f.  461,  y««  Uno  «aire  iMMal&vt  en 
Génois  de  Gaffa,  pour  augmenter  leur  garnison,  avait  eu  un  succès  moins  benrenx. 
Oaleicio,  Pundes  magisurats  de  cette  colonie,  avait  passé  en  Pologne  en  iMa,  el  ob* 
mm  du  roi  Casimir  la  permission  d'y  faire  une  tefée  de  cinq  cent»  .c»T«tter»;  iMta 
comme  il  les  conduisait  vers  Gaffa,  en  U'aviersant  les  provinces  russes  qui  dépendaieni 
des  Utbaaniens,  ces  soldats,  mal  disciplinés,  brûlèrent  le  bourg  de  Bracsbnr. 
Gsartoryski,  seigneur  de  la  province,  les  soivit  pour  en  tirer  vengeance»  «t  les 
atteints  sur  les  rives  du  Bug,  il  les  massacra  tous,  A  la  réserve  de  Galeauo  et  des  ei-< 
toyens  de  Gaffa  qui  l'avaient  accompagné.  Dhigoêti  Hitt»  Potoniem.  U  XIII,  p.  8it» 
-r  '  Joseph  Barbaro,  le  même  qui  hit  envoyé  au  travers  de  la  Scyihie  è  Hnsawi  Gasan, 
raconte  cette  guerre  d'une  manière  un  peu  confuse.  Cependant  son  long  séjour  h  CaÊU 
Ole  la  Tawi,  od  il  avait  vécu  comme  marchand  presque  dès  son  eofince,  si  6onuais<> 
sapce  de  H  langue  tartare,  et  ses  liaisons  dans  le  pays»  rendent  sa  relation  im  des  bbo» 
numenu  les  plus  curieux  du  siècle.  Elle  a  été  recueillie  par  Jacob  Gender  d'Heroitiberg, 
et  imprimée  à  la  suiie  de  VBitioire  de  Pern  de  P.  JNsorre,  Francfort,  fR-/b/.»  I6O1, 
sur  la  prise  deCaffia,  v.  p.  4S3. 


ne  w)Tni  agb.  73 

flottan,  tooiowi  empamé  de  faire  nr  les  chréttiu  me  con- 
quête nouTelle,  envoya  devant  Gaffa  la  flotte  considérable 
qa*il  avait  préparée  contre  Candie.  Le  siège  entrepris  par  les 
Tartares  avait  déjà  duré  six  semaines,  lorsque  Ahmed,  qni 
cimuaMiidiit  cette  flotte,  jeta  l'ancre  devant  Gaffa,  le  1*  juin 
U7$y  et  planta  ses  batteries  contre  les  murs  de  la  ville.  Les 
lortificatioiis  de  Gaffii  avaient  toujours  paru  inexpugnables  à 
des  armées  tartares ,  qui  ne  les  attaquaient  qu'avec  leurs 
sabres,  leurs  flèdies  et  leur  cavalerie  légère;  en  peu  de  jours 
VartiUerie  turque  y  fit  de  lai^  brèdies.  Pendant  quatre 
jour^  encore  les  habitants  défendirent  les  brèches  ouvertes  et 
praticables  ;  ils  signèrent  enfin  une  capitulation  qui  ne  fut 
point  observée.  Un  grand  nombre  de  sénateurs  et  d'andens 
magistrats  furent  livrés  au  supplice;  quinse  cents  enfants  fu- 
rent conduits  à  Gonstantinople,  pour  être  élevés  parmi  les  ja- 
mssaires;  le  reste  des  Latins  fut  transporté  à  Péra,  et  la  do- 
mination des  GéncHS  sur  la  mer  Noire  fut  détruite  * . 

Du  côté  de  la  Hongrie,  Mathias  Gorvinus  ne  répondait 
poidt  aux  instantes  soUidtations  des  Vénitiens,  et  ne  tentait 
aucune  diversion  importante.  Cependant  il  prit  cette  année 
la  forteresse  de  SchalMitaE,  qui  menaçait  la  Sirmie,  mais  il  ne 


^&  lAdtolw  W0mmmui99  Imciui»  Eque$  HlerotoL  CarUnaHi  Pàplemlê  epist,  mi, 
pi»  t78.  -^Vbeniu  FotietiL  L.  XI,  p.  «)7-6t8.  P.  Bixano.  S.  P.  Q.  Gen,  HUt.  L.  XIV, 
p^  zvi,^àto$Uno  eiuttiHkmi^  âim.  di  Gencva»  L.  V,  f.  2S6.  ^ Ttveo-Grœdœ  Hisu 
foHi.  L.  I.  p.  25.-^  BaynaAi.  atnu  ilTS,  p.  ses.  Le  kan  on  empereur  des  Tartares 
éiaU  atort  Nurdowild,  qol  avait  succédé  en  1 466  à  son  père  Eeiiger  Gierai  {Dlugoss. 
BêiU  PoHmieœ»  L.  xm,  p.  408).  U  régnait  encore  en  i4T8  (ibid.  p.  S66);  mais  son  an- 
Mvilé  était  asasK  vaaà  reconnue.  Les  liabitanu  de  Caffa  araient  engagé,  en  1469,  son 
frère  Meogili-Gierai  à  se  réroller  contre  lui  (Ibld,  p.  438).  Son  antre  (Tére  Aidar  avait, 
an  mépris  de  ses  ordres,  enTaM  la  Russie  et  la  Podolie  avec  une  armée  tartare  en  i474 
(tèid,  p.  »H),  et  les  bourgeois  de  Gaffa  s'étalent  aeeootumés  à  se  croire  les  arbitres 
dea  prinees  tartares  lenrs  voisins.  La  conquête  de  la  Bessarabie  par  Mahomet  II,  en  1474, 
asait  dû  leur  Ikire  ouvrir  les  yeux  sur  leur  danger.  La  prise  de  Caffa  répandit  dans 
terni  le  nord  nno  consternation  d'antani  plus  grande,  que  cette  ville  était  le  seul  point 
deeonBMnicatlon  entre  les  Européens  et  les  Persans,  également  ennemis  des  Turcs,  et 
que  les  chrélienftiCBlaiebt  le  besoin  de  se  ooneerier  avec  les  sectateurs  d*All.  (Dtugoss, 
Uiêi>  Pokm.  U  Xlll,  p.  883.)  Mengitt-Gierai,  qui  ftit  trouvé  par  Admet  Giedik  dans  les 


74  HISTOIRE   DBS  SLEPÙBLIQUES   ITALIENIIES 

pôttà  pas  ses  arines  plus  avant  * .  Jié  ioutes  parts,  diez  les 
ihuâuliitiânâ  comme  chez  les  chrétiens,  les  peuples  étaient 
ëpuisés  par  une  longue  guerre,  et  aucun  effort  Tigoureùl 
ii*antiohçait  plus  de  grands  événements. 

mors  d^  Câ^a;  où  tf  tfitilt  mis  soi»  là  |)iroteêtioii  des  (lêooll,  et  (fiâ  hçùt  alort  9e 
MalHMiiei  II  une  armée  rret  Uqoelle  il  TaiBqait  ion  (jrâte,  fibi  le  premier  kan  des  Tartatet 
qui  reçut  rmyestiture  des  Turcs,  et  qui  fit  réciter  le  nom  du  sultan  dans  les  prières. 
Demeiriùs  CantenOt,  BUtoire  Ottomane.  L.  III.  cbap.  î.  S*  se,  p.  fit. -^  *  Àtinal  EccL 
t47i,  S  28,  p.  99t. 


Dti  itotM  Àês.  7& 


tiiiii§iiiiiiiiiii§miinitimtmMtn»m<H 


ÛHAtitilE  tiL 


Gc^ttratidè  de  Niediad  d'B^è  h  tefraré,  de  lérôitte  èeiitile  à  Gènes , 
d'OlsM,  ViscoDti  el  Làmptigmoi  à  MOU.  Réf  oHiliWs  ëàt»  TÉtât  de 
Milan  a|irès  la  mort  de  Gaiéaz  SIforaa. 


Mé-mi. 


Tandis  c(àe  h  guerre  se  ralentissait  an  dehors ,  et  que  ieè 
éâtîérehts  étais  d'Italie  ëtâieiii  àiris  pét  Aéi  aliiatices  qoi  6ém- 
blaiedt  âëtoir  garantir  U  paix  feMrè  etrt ,  leur  cofastitiltion 
hitériétit^e  fat  ébranlée  conp  sdi*  c6np  par  plosiears  oonsi^- 
ratioiîs.  Et  trois  ans ,  on  en  compta  une  à  Ferrare ,  detix  k 
Gènêif  tme  à  Milaii  et  une  fl  Florence.  H  semblait  qdé  le^  peu- 
ples ,  fas  énÛn  de  l'oppression  soùs  laqnelle  il^  avaient  gémi, 
étaieiit  paHônf  détermiiiés  à  briser  on  indigne  jong  ;  et  par- 
tout cependant  fis  retombèrent  sonà  lâ  chaîne  qui  îei^  avait 
accablai,  tié  ne  fdrént  ni  le  secret,  ni  la  fidélité,  ni  la  hardiesse 
qôf!  tâémqdérent  àni  conspiràtem*s  ;  io«s  parvinrent  à  éxécnter 
ce  ^'iU  avètiëfit  projeté,  àûctin  n'éii  tecneitiii  le  fitiit  ;  tant 
il  ékt  difficile  de  Renverser  iin  goaveriiement  existant,  et  tant 
rhàbiMde  de  f  obéissance  dans  dn  {>eaple  sootierii  ta  ptns^ 
sitncé  deè  tjràns  inèmé  les  ptas  odieàx.  Il  ù'esi  j^biià  isie 
^MMàtë  accâser  t(ne  ttatiOQ  de  faiblesse  et  de  pàslllaifi- 


76  HISTOIHE  DES  fiEPtJBUQCES  ITALIKNNES 

loité»  en  ndsoQ  du  joug  qu'elle  a  snppoité.  Lorequ'en  voit  des 
milliers  d'hommes  obéir  à  un  seul,  contre  kar  mftërêt^  contre 
lear  sentiment,  lor8qu'o^  les  voit  se  soumettre  à  des  eapriees 
qu'ils  détestent,  ou  devenir  les  instruments  de  passions  qu'ils 
ont  en  horreur ,  on  ne  peut  s'empêcher  de  leur  reprocher  de 
servir  là  où  ils  pourraient  oonunander,  et  de  ne  pas  mesurer 
leurs  forces  avec  la  faiblesse  individuelle  de  celui  qu'ils  crai- 
gnent. Sans  doute  il  serait  heureux  que  ce  préjugé  s'établit 
dans  l'opinion ,  et  que  la  honte  s'attachât  à  tonte  espèce  de 
servitude*  Peutrètre  les  peuples  feraienl^iis  alors  pour  Ihon^ 
neur  ce  qu'ils  ne  font  pas  même  pour  la  liberté.  Cependant  ils 
ne  serait  point  juste  de  condamner  une  nation  en  raison  seu- 
lement du* joug  qu'elle  a  supporté.  Il  y  a  tant  de  puissance 
dans  l'organisation  sociale,  les  forces  de  tous  sont  si  bien  di- 
rigées par  le  despote  contre  chacun,  que  pour  peu  que  odui-d, 
ou  que  son  ministre,  soit  habile,  courageux  et  vigilant,  il  est 
toujours  à  temps  d'accabler  ses  ennemis  découverts  par  les 
bras  mêmes  de  ses  enn^oûs  secrets;  en  sorte  que  la  nation  la 
plus  noble  et  la  plus  généreuse  n'est  pas  assez  forte  pcmr  se 
défaire  à  force  ouverte  de  son  tyran.  La  seule  ressource  des 
conjurations  demeure  au  patriote,  qui  avec  ses  faibles  moyena 
personnels  veut  entrer  en  lutte  avec  l'homme  qui  dnpose  de 
la  poUce^  de  l'armée  et  du  trésor.  Plusieurs,  cédant  à  une  noble 
répugnance,  s'écartent  de  ces  entreprises,  parce  qu'ils  y  voient 
quelque  apparence  de  dissimulation  et  de  trahison  ;  tandis 
que  d'autres  prétendent  que  l'extrême  danger  ennoblit  les 
moyens  les  moins  relevés,  et  que  l'assassin  d'un  tyran  doit 
avoir  plus  de  bravoure  que  la  grenadier  qui  enlève  une  batte- 
rie à  la  baïonnette.  Le  préjugé  des  premiers  cependant  affai- 
blit encore  le  parti  des  conspirateurs.  Souvent  il  écarte  d'eux, 
au  moment  du  danger,  ceux  qui,  la  veille,  semblaient  parta- 
ger tous  leurs  sentiments  ;  et  l'homme  audacieux  qpx  s'est 
rendu  roi|;ane  dea  volontés  de  tout  un  penj^e,  et  l'instnttnent 


de  ses  Tengeanoes,  périt  sar  réchafand  par  ks  mains  de  ceux 
mtenea  qu'il  a  servis. 

L'histoire  d'Italie,  où  les  éyénements  se  pressent  et  efaccn- 
mutait,  où  tontes  les  passions  ont  à  lenr  tonr  nn  libre  essor, 
où  toutes  les  institutions  se  combinent  de  mille  manières, 
nous  présente  sons  des  faces  yariées  ces  efforts  des  peuples  et 
dea  indi?idus  pour  secouer  le  joug  de  la  tyrannie.  Nous  y 
Toyons  tour  à  tour  des  révoltes  onyertes  et  des  conspirations  \ 
nous  y  voyons  conjurer  tour  à  tour  en  faveur  d'une  race 
royale,  ou  d'un  scmverain  regardé  comme  plus  légitime,  et  en 
faveur  de  la  république  ;  nous  y  voyons  toutes  les  luttes  , 
oelle  de  la  loyauté  dévoua,  celle  de  la  fière  noblesse  et  celle 
de  la  liberté.  Malgré  les  principes  divers  qui  servent  de  fon- 
dement à  la  pcditique  de  chaque  homme,  il  n'y  en  a  aucun 
qui  ne  doive  trouver  dans  le  nombre  une  conspiration  qui  lui 
paraisse  l^itime  ;  il  n'y  en  a  aucun  qui  ne  doive  s'associer  de 
cœur  à  qudqu'une  des  entreprises  tendantes  à  rétablir  ou  la 
royauté  de  l'ancienne  dynastie,  ou  l'aristocratie  antique,  ou  la 
liberté,  ou  le  règne  glorieux  d'un  grand  condottiere,  ou  la 
domination  de  l'Église  ;  il  n'y  en  a  aucun  qui  ose  considérer 
le  pouvoir,  quel  qu'il  soit ,  comme  toujours  également  sacré  ; 
^  im  sfflitiment  plus  libéral  devrait  lui  apprendre  que  toutes 
les  conjurations  méritent  nn  certain  degré  d'admiration,  lors 
même  que  le  but  que  se  proposent  les  conjurés  les  rend  cou- 
pables à  ses  yeux  ;  car  dans  toutes  il  y  a  un  grand  sacrifice  de 
soi-oièiBe  à  un  intérêt  plus  relevé  que  sœ,  un  grand  dévoue- 
ment de  sa  personne  à  une  noble  cause,  un  grand  et  effroyable 
danger  bravé  pour  de  lointaines  espérances. 

Entre  les  conjurations  qui  ébranlèrent  l'Italie  en  1 476 ,  la 
première,  il  éclater  fut  cdle  de  Ferrare.  Nicolas  d'Esté,  fils  du 
marquis  Lionnd,  vivait  alors  à  Mantoue  auprès  de  son  beau- 
frère;  de  nondM*6ux  énûgré&de  Ferrare  l'y  avaient  suivi;  ils  le 
regardaient  eonmie  le  reprâientant  et  le  légitime  héritier  de 


28  HISTOIRE  DEI^  |Lél>U:^lJ;^SS  ITALIEliniES 

la  maison  d^Este ,  et  ils  lui  persuadaient  que  tout  ^  fmfis^ 
parts^çf(|t  \^m  ^ttact^eppiei^t  0  leurs  regrets.  Dap^  ^tte  cpn* 
&^fi;Cç^j  l^icola^  cherchait  lea  i^qjfeits  de  rentrer  ê^  Verram»  m 
doutant  pas  que,  s'il  frandussait  une  fois  les  Tmnk  de  cette 
yille ,  il  n^  fÇlt  aussitôt  salué  psjr  topt  le  peuple  msfsm  Mm? 
yerain.  1 476.  —  Le  marquis  de  Mantpue,  sm  bedArfrèie,  Isl 
permettait  de  rassembler  des  soldats  dans  ses  état^,  et  fialéav 
àfo^z^^  toi^qurs  jalqax  de  §es  Toisins,  enc<m  qii*il  ii*eût  poîiil 
de  projets  cp^trf^  miy  Iv^  fournissait  de  l'argent ,  ^\  \a^  psor 
mettait  dfs  seçoqr^.  Cep^dant  la  ville  de  F^rigr^^  se  trouiriâl 
a^pidenteUeppient  puyert^  ;  on  i^vai^  abattis  une  pstrlîe  é&^ 
murs  pur  \<^  rebâtir  sur  un  nouveau  plan  ^  Nico^  ^t  i^ 
struit  jour  p^  jo|ir  de  ce  qui  se  passai  à  la  oour  da  spn,  (m<te. 
Il  sut  guc  le  r"^  septembre  1 476,  Hercule  F"  sortirmt  4^ bww 
heure  de  la  ville  pour  se  rendrç  à  sa  maison  de  ^ekiguajpdQ) 
et  Ij^  pi.éme  jour  il  arr|ve|  de  Mautoue  à  Ferrare  avec>.  çpq  ^tmcr 
seaux  pprtant  si^  c^nts  hommes  d'infanterie.  U  entra  p^  te 
brèche  ^i^'on  fsâsait  aux  murs  en  les  rebâtissant,  et  il  p^i^r 
CQUri^t  ai^Uàt  les  ruç^,  en  f^apt  répéter  deva^t  Wî  $m  m 
de  guerre  :  La  voile  1  £u  même  temps  il  promit  au  p^^rii^  djç 
lui  rendre  l'abondance,  tandis  que  la  mauvaise  admiimtratîoft. 
d'Hercule  avait  augmenté  le  prix  du  blé  ;  11  annmiyQa  l'arrivée 
d'^nc  iprmée  de  quatorze  mille  hommes  que  le  duc  dfi  Wsm 
et  le  marqi^is  dfi  Mantoue  lui  avaient  donnée  pour  le  seconder» 
et  il  iuvita  sc$  concitoyens  à  prendre  les  a^mes,  sans  atteaflr^. 
que  des  étrangers  les  cojitraignissent  k  reconnaiUre  l^ur  14#r 
tîme  souverain.  : 

Don  Sigismond,  frère  du  duc,  dès  la  premier^  n$^|ivelle 
qu'il  avait  eu^  du  tumulte,  s'était  enfermé  en  hâte  a#  ^t^f^ 
vieux ,  avec  dona  Léonore  d'Aragoa,  sa  femme  ;  i«pi  il  ny 
avait  pas  des  viyçes  pojifr  t^oi^  îours.  9erci4Q^  à^.  diii% 
ipjfvî»  «itaient  «popoé  VwV^  41^9)^  <^°d^  noialfinM»  % 


DU  MOTER   AGE.  79 

•     #  •     » 

Fçrrare^  ^renonçait  déjà  à  Tespéranoe  de  reprendre  oej^  yille, 
et  il  rassemblait  seulement  ses  soldats  à  Beggenta  et  à  LogQ. 
pour  défeadre  ces  deux  forteresses.  Cependant  aucun  Ferra- 
rais  n'avait  encore  pris  les  armes  pour  se  joindre  à  Nicolas. 
Celui-ci  ^  qui  ay^it  parcouru  vainement  toutes  les  rp/es  ejff, 
appelant  le  peuple  à  sou  secours,  commençait  à  perdre  cou-r 
rage.  On  avait  compté  les  soldats  ^ui  le  suivaient,  et  on  mér 
prisait  leur  petit  nombre  ;  on  ne  voyait  point  arriver  Tarm^ 
qu'il  annoi^çait,  et  Ton  n'ajoutait  plus  de  loi  à  ses  parjpjes. 
Sîgismond,  témoin  du  peu  de  succès  de  son  adversaire ,  sortit 
à  cbeval  du  château ,  et  appela  à  son  tour  les  Ferrarais  à  la 
défense  de  leur  souverain.  Il  parcourut  le  Bojrgo  del  Jieone 
et  la  grande  rue  de  la  Giuc^ecca,  et  tous  leurs  habitants  s'ar-: 
mèrent  à  sa  voix.  A  mesure  que  Nicolas  voyait  le  peuple  f'a- 
meuter,  il  abandonnait  un  quartier  après  l'autre,  ^ans  tenter 
de  combat.  Enfin,  reconnaissant  que  son  entreprise  était  dér 
sespérée,  il  sortit  de  la  ville,  traversa  le  Pô,  et  s  enfuit  avec  sii 
troupe.  Biais  les  paysans ,  déjà  soulevés  contre  lui ,  veillaient 
à  tous  les  passages  pour  T arrêter.  Il  tomba  en  effet  entre 
leurs  mains  avec  la  plupart  de  ceux  qui  l'accompagnaient,  e\ 
fut  reconduit  à  Ferrare.  Le  duc  Hercule ,  son  onde,  lui  fit 
immédiatement  trancher  la  tète,  aussi  bien  qu'à  Azzo  d'Esté 
son  cousin  ;  vingt-cinq  de  ses  compagnons  daines  furenf 
pendus  ;  tous  les  ennemis  du  duc  Hercule  furent  frappés  d'ef- 
froi, et  sa  succession,  affermie  la  même  année  par  la  naissance 
de  son  fils  Alfonse,  ne  fut  plus  contestée  *  • 

1  Warto  Ferrarese.  T.  XXIV,  p.  2S0-2Si.  —Dimio  Sanete  dl  àUegreiio  AUegrettL 

^,  jXXIU,  p.  116.— JQan-BapUste  PigDi,qoi  4Mia,  jw.aT3,  t^  lUstoire  4m  prtocw 

d'Asie  à  Alfonse  jj,  la  termiae  au  'il  juillet  i476,  par  la  naissaDoe  du  fils  d'Hercule,  qu^ 

fut  depuis  Atfoùè  l.  Il  s'arrête  cinq  semaines  avant  la  mort  de  Nicolas,  qu'il  regarde 

mm  doate  hii-méme  comme  une  taohe  pour  la  mémoire  d'Hercule.  Pigna  esi  un  flat- 

.jlçvrde.içi  j)niHWS«  «t,ttB  liittorien  médiile  ;  loiite.la  pnoBièn  ptrtie  de  son  histoire 

jD'eit  pas' moins  Jalïuieuae  que  la  gi^néalogio  insérée  presque  à  la  même  époque  par 

9einQi(«ieile.T«w>d«Mi€ttin.poaioM.lluftlMqittiN  demliii  iinw^  qui  ooiiipraioeiit 

Je» HMiÉii^^HJi  i4il«».Miat  4fiio  9mA  Kwm  pot»  I^OMhro  «Mitt»;  Qi tOM  éorlla 


M  HISTÔtftË  DfiS  miPUBLIQUSS  ITALnSNRES 

lÀê  ptemean  moayements  contre  Galéaz-Marie  Sforza,  Sac 
de  Milan,  éclatèrent  à  Gènes,  et  ils  f  nrent  presque  simultanés 
avec  la  conjuration  de  Ferràre.  Par  le  traité  que  Gènes  ayait 
fait  avec  le  dac  François  Sforza,  en  se  donnant  à  lui,  cette 
république,  loin  de  renoncer  à  sa  liberté,  semblait  l'avoir 
affermie.  Elle  avait,  il  est  vrai,  admis  dans  ses  murs  un 
gouverneur  milanais  et  une  petite  garnison  ;  mais  cette  force 
étrangère  suffisait  justement  pour  réprimer  les  mouvements 
tumultueux  des  factions ,  et  empècber  ces  révolutions ,  ces 
convulsions  fréquentes,  qui  dans  les  années  précédentes  avaient 
épuisé  la  ville  d'hommes  et  d'argent.  D'ailleurs,  le  duc  s'était 
engagé  à  n'augmenter  ni  le  nombre  des  soldats,  ni  les  forti* 
fications  de  la  citadelle. 

n  recevait  annuellement  de  Gènes  un  tribut  de  cinquante 
mUie  ducats,  et  cette  somme  suffisait  à  peine  à  la  garde  de  la 
ville  et  des  forteresses.  Non  seulement  il  n'avait  pas  le  droit 
d'augmenter  cette  contribution,  il  ne  pouvait  pas  même  inter- 
venir dans  sa  perception.  Quant  à  la  législation,  à  l'adminis- 
tration de  la  justice,  à  tout  le  gouvernement  intérieur  de  la 
ville,  il  n'y  avait  absolument  aucune  part  * . 

Aussi  longtemps  que  François  Sforza  vécut,  ces  conditions 
furent  religieusement  observées.  Galeaz,  son  fils ,  était  trop 
inconséquent  dans  tous  ses  projets,  trop  vaniteux  et  trop  em^ 
porté,  pour  Tesptcter  longtemps  les  lois  auxquelles  il  s'était 
soumis.  GependttDt  comme  il  n'était  pas  moins  pusillanime 
qu'arrogant,  souvent  il  s'arrêtait  tout  à  coup  dans  une  entre- 
prise injuste  et  offensante,  et  il  cédait  à  la  crainte,  après  avoir 
bravé  les  représentations  de  son  peuple.  Les  Milanais,  auridUea 

desquels  il  vivait,  ne  souffraient  pas  seulement  de  ses  défauts 

» 

avec  éUgance;  lef  éTéBemeatt  des  lulret  parties  de  rgurofie,  et  sartom  eeus  qui  se 
rapportent  à  la  maison  d^Bste  on  Allemagne,  sont  introduits  avec  art,  et  lorsque  la 
gloire  de  la  maisoadIBste  n'y  est  pas  eompromise,  les  faits  sont  jugés  avee  une  asses 
bonne  critiqneet  «lei  dteparliiUA.  ~  ^  AMmii  60m  Qmment,  Mr*  G§mmu*  ob 
mno  i«7«,  oa  mm^  i«T8,  A«r,  iiaUq.  T.  XXUI,  p.  9«3« 


DU  MOTSH  AGE.  81 

epmme^  sooverfiiQ,  mais  de  ses  \ices  domestiques,  ât  dftau- 
die  portait  te  trouble  dans  toutes  les  familles,  et  sa  cruauté, 
excitée  par  la  moindre  résistance,  n*était  satisfaite  que  par 
d'affrenx  supplices.  A  Gèoes,  on  était  moins  exposé  à  cette  ty- 
rannie de  détail  ;  et  quoique  le  contrat  entre  le  prince  et  la 
république  fût  violé,  et  que  les  Génois  se  regardassent  en  con- 
séquence oomme  dégagés  de  leurs  serments,  les  plus  riches  re» 
doutaient  une  révolution  qui  pouvait  les  ruiner,  plus  que  les 
abus  passagers  de  pouvoir  auxquels  ils  espéraient  se  soustraire. 

Cependant  la  ville  entière  avait  paru  vivement  blessée  du 
mépris  que  lui  avait  témoigné  Galéaz,  lorsqu'on  1471,  il  avait 
passé  à  Gènes,  au  retour  de  son  somptueux  pèlerinage  de 
Florence.  On  avait  préparé  les  fêtes  les  plus  splendides,  les 
présents  les  plus  magnifiques  pour  le  recevoir.  Il  affecta  de 
rendre  cette  pompe  ridicule,  en  paraissant  couvert  d'habits 
misérables  ;  il  refosa  les  logements  qu^on  lui  avait  préparés, 
et  il  alla  s'enferiner  dans  le  château,  ou  il  sembla  se  cacher 
avec  crainte.  Enfin,  au  bout  de  trois  jours,  il  quitta  Gènes  sans 
ravoir  annoncé  et  comme  un  fugitif  ^ . 

Après  avoir  excité  le  mécontentement  de  cette  ville  puis- 
sante et  peu  accoutumée  à  supporter  des  mépris,  Galéaz  ne 
songea  plus  qu*à  F  enchaîner  de  manière  à  étouffer  en  elle 
pour  jamais  tout  esprit  de  liberté.  Le  projet  qu*il  forma  pour 
y  parvenir  est  remarquable.  Au-dessus  de  Gênes,  à  l'extrémité 
de  la  montagne  escarpée  qui  sépare  les  vallées  de  Bisagno  et 
de  Polsevera,  était  située  la  forteresse  du  Gastelletto,  où  le 
duc  de  Milan  entretenait  garnison.  Galéaz  ordonna  qu'une 
chaîne  de  fortifications  fût  prolongée  de  cette  forteresse  jus-^ 
qn'lilamer.  Un  double  mur,  garni  de  redoutes,  devait  couper 
la  ville  en  deux  parties  égales,  qui,  toutes  les  fois  que  le  gou- 
verneur le  voudrait,  n'auraient  plus  aucune  communication 

1  ântonù  GaiU  de  Ueb.  Gemmi^  Çmameni,  p.  mn'^Vktrtl  t^ttet»  Gemtens, 
Bittor,  L.  XI,  p.  62S. 

vil.  6 


82  HISTOIHIS  DBS  HEPUBLIQUES  ITALlEKIfES 

entre  elles,  et  pourraient  être  opprimées  séparément.  Déjà  l'ali- 

gnement  des  mars  et  des  tours  était  tracé  sur  le  terrain,  et  les 

ouvriers^  3ou8  les  ordres  du  lieutenant  du  duc  et  en  sa  présence , 

commençaieat  à  creuser  les  fossés.  Les  citoyens  frémissaient 

du  sort  qui  leur  était  réservé,  mais  ils  ne  faisaient  rien  pour 

le  prévenir ,  lorsque  Lazare  Doria  ordonna  aux  ouvriers,  au 

'  nom  de  la  république,  de  suspendre  un  travail  contraire  aux 

'  lois  et  aux  traités,  et  arracha  de  sa  main  les  jalons  qui  leur 

'  servaient  de  règle.  La  foule  applaudit  ayec  transport  à  cet  acte 

de  vigueur;  les  ouvriers  s'arrêtèrent,  et  le  lieutenant  du  duc, 

craignant  un  soulèvement,  se  retira  dans  le  château  ^ . 

Lorsque  la  nouveUe  de  cet  événement  fot  portée  à  Milan, 
Galéaz  Sforza  éclata  en  menaces  et  en  imprécations  ;  iY  or- 
donna que  la  ville  de  Gènes  lui  envoyât  aussitôt  huit  citoyens 
les  plus  distingués  de  Tétat.  D'après  la  violente  colère  qu*il 
avait  manifestée,  on  ne  doutait  pas  qu'il  ne  les  destinât  au 
supplice  ;  au  contraire,  une  terreur  subite  avait  calmé  son  ir- 
ritation :  il  les  accueillit  avec  bonté,  et  les  renvoya  sans  leur 
avoir  fait  aucun  mal.  Cependant  il  avait  rassemblé  trente  mille 
hommes  pour  envahir  la  Ligurie.  Résolu  à  ne  point  laisser 
de  chef  aux  Génois,  il  avait  fait  enlever ,  à  Yada  ,  Prosper 
Adorno  ,  et,  sans  accusation,  sans  examen,  il  l'avait  fait  jeter 
dans  les  cachots  de  la  forteresse  de  Crémone  ;  puis  tout  a  coup 
il  renonça  à  son  expédition,  et  licencia  toutes  les  troupes  qu'il 
avait  réunies. 

Les  diverses  résolutions  tour  à  tour  embrassées  par  Galéaz 
étaient  toutes  connues  à  Gènes  ;  On  avait  su  toute  la  violence 
de  sa  colère,  et  Ton  n'avait  aucune  garantie  de  la  durée  de  la 
modération  qu'il  af&ctaîi.  Aussi  de  toutes  pails  on  achetait  des 
armes,  on  faisait  des  préparatifs  de  défense,  et  l'on  s'encomra- 
geait  à  maintenir  la  liberté,  si  elle  était  attaquée.  Pendant  que 

1  p.  Blsano/Sen.  Pop»  Q*  Genuens,  i^Utût.  L.  XIV,  p.  3^.  ^AgosUno  hiutiiiHani, 
JTUl.  di  Getwva.  h.  V,  f.  32«.  EB. 


DtJ  MOTSH  A6S.  83 

tout  le  peuplé  attetidait  les  éténements  avec  endnte,  Jérôme 
Gentile,  fils  d* André,  jeune  négociant  d*  une  fortune  aisée,  qui 
n'ayait  aucun  sujet  personnel  de  plainte  contre  le  gouverne- 
niait,  résolut  de  s*  exposer  le  premier,  pour  rendre  la  liberté 
i  sa  patrie.  Il  rassembla  chez  lui,  dans  le  faubourg,  au  mois  de 
juin  1 476,  un  grand  nombre  de  gens  arm^  :  il  entra  de  nuit 
dans  là  yille  parla  porte  de  Saint-Thomas,  doot  il  s'empara, 
et  il  parcourut  les  rues  en  appelant  ses  coucitoyens  aux  armes 
et  à  la  liberté.  Un  grand  nombre  de  Génois  se  joignirent  en 
effet  à  lui,  et  en  peu  de  temps  il  se  rendit  mdtre  de  toutes 
les  portes  ;  mais  il  tarda  trop  à  attaquer  le  palais  public.  Pen«- 
dant  ce  temps,  les  sénateurs  8*7  rassemblaient  sous  la  prési- 
dence deGuido  Yisconti,  gouTerneur  de  la  Tille.  Ceux  qui  s'é- 
taient joints  d'abord  à  Gentile  craignirent  alors  d'être  con- 
damna comme  rebelles,  par  l'autorité  qu'ils  reconnaissaient 
pour  légitime  ;  ils  s'évadèrent,  à  l'approche  du  jour,  les  uiis 
après  les  autres.  Gentile,  né  se  trouvant  plus  assez  fort  après 
leur  désertion,  se  retira  en  bou  ordre  vars  la  porte  de  Saint- 
lliomas  où  il  se  fortifia  ^ 

Huit  capitaines  du  peuple  avaient  été  nommés  par  le^  sénat 
pour  chasser  Jérôme  Gentile  de  la  ville.  Environ  trojs  cents 
bommes  avaient  pris  les  armes  par  ses  ordres,  et  marchaient 

*  à  l'attaque  de  la  porte  Saint-Thomas.  A  peine  restait-il  à  Gen- 
tile trente  hommes  autour  de  lui,  mais  c'étaient  tous  des  sd- 
dats  déterminés;  tandis  qu'il  n'y  avait  pas  un  de  ses  adver- 

*  taires  qaà  ne  le  combattit  à  contre-cœur  ;  aussi  peu  s'en  fallut 
'  que  les  capitaines  du  peuple  ne  fussent  fedts  prisonniers  ^  et 

qM  feor  troupe  ne  fût  dissipée.  Sur  ces  entrefeites,  les  chefs 
des  arts  et  métiers  s'oHHrent  comme  médiateurs  ;  Jérôme  Gén- 

*  ttle  necq^ta  leur  arbitrage,  mais  en  arertissant  ses  compa- 

» 

1  AntonU  Gatà  De  rebut  GenMent.  p.  9n.-^Vberti  FoSeta  GenuetU'  ''Ul.  L.  XI, 
it.  6^t.-P.  Blzafii  B^su  GMmOt,  t.  XtV,  p.  332.- Jfifôi/.  CiminkuiL  L.  V»  (. 
229,  L  L. 


84  HISTOIRE  DES  REPUBLIQUES  ITALIENINES 

triotes  ^qu'ils  ne  tarderaient  pas  à  regretter  Foccasion  qu'ils 
laissaient  échapper.  Il  demanda  ensuite  qu'on  lui  remboursât 
sept  cents  ducats  que  ses  préparatifs  lui  avaient  coûté,  et  qu*il 
avait  déposés,  dit-il,  pour  Tayantage  de  la  république.  Après 
les  avoir  reçus  des  mains  des  trésoriers  publics ,  il  rendit  la 
porte  aux  capitaines  du  peuple,  et  il  se  retira  ^ 

Lorsque  la  nouvelle  de  cette  singulière  capitulation  fut 
portée  à. Milan,  Galéaz  témoigna  beaucoup  de  colère  de  ce 
qu'on  remboursait  à  un  chef  de  factieux  l'argent  qu'il  confes- 
sait  lai-mème  avoir  dépensé  pour  troubler  Tétat.  Cependant 
il  confirma  l'amnistie  qui  avait  été  publiée  par  le  sénat  ;  et  s'il 
cachait  le  dessein  de  revenir  en  arrière  sur  cette  grâce,  il  n'eut 
pas  le  temps  dé  le  faire.  Galéaz  n'était  pas  dépourvu  de  tou- 
tes les  qualités  qui  avaient  brillé  dans  son  père  ;  il  entendait 
fort  bien  la  discipline  militaire  et  l'administration  civile  de 
son  état;  il  avait  su  établir  dans  le  Milanais  uue  subordination 
plus  rigoureuse  qu'aucun  de  ses  prédécesseurs.  La  justice  était 
rendue  avec  soin  dans  les  tribunaux,  et  la  sûreté  publique  était 
maintenue  par  une  police  sévère.  Galéaz  avait  de  l'éloquence 
dans  les  discours ,  de  l'élégance  dans  lés  manières ,  et  quand 
il  le  voulait,  il  savait  réunir  tous  les  dehors  de  la  bonté  à  une 
majesté  imposante  ;  mais  il  joignait  un  faste  extravagant  à  une 
cupidité  sans  bornes  :  il  avait  dans  le  caractère  une  méchan- 
ceté qu'il  exerçait  de  préférence  sur  ceux  qui  avaient  paru  ses 
amis;  il  se  plaisait  à  les  abaisser  d'autant  plus  qu'il  lefil  avait 
plus  élevés  ;  jamais  on  ne  l'avait  vu  constant  dans  aucune  af- 
fection, et  l'on  pouvait  toujours  présager  d'avance  la' chute 
prochaine  et  lamentable  de  celui  qui  était  le  ^plus  en  &veur 
auprès  de  lui,  encore  qu'il  n'eût  d'aucune  manière  provoqué 
sa  colère.  Avide  de  tous  les  plaisirs  des  sens,  se  plaisant  à  bra- 
ver les  mœurs  et  les  lois  de  la  société,  il  portait  la  déscdalion 

t  Anlonli  Gain  De  rebut  Genuens,  Comment,  p.  26S.  —  Uberti  FoHetm  Genu9  nt» 
BisL  L.  XI,  p-  633. 


DU  MOmi   AQE.  85' 

ei  le  déshonneur  dans  tontes  les  familles  ^  Ses  débauches  ne 
le  contentaient  point  encore,  s*il  ne  savourait  le  désespoir  des 
pères  ou  des  maris  dont  il  avait  souillé  la  maison.  Il  se  plaisait 
à  les  rendre  eux-mêmes  ministres  de  leur  propre  déshonneur  : 
il  abandcmûait  à  ses  gardes  les  femmes  qu'il  avait  enlevées  à 
leurs  maris,  et  il  publiait  ensuite;  leurs  outrages^. 

Parmi  ceux  dans  la  maison  desquels  iSaléa^  Sforza  avait 
porté  le  déshonneur  étaient  deux  jeunes  hommes  de  famille 
noble,  Carlo  Yisconti  et  Girolamo  Olgiati,  dont  Vesprit  avait 
été  préparé  par  leur  instituteur  à  détester  le  jôug  de  la  tyran- 
nie. Ils  étaient  liés  avec  Jean-André  Lampugnani,  que  le  duc 
avait  injustement  dépouillé  du  patronage  de  Tabbaye  de  Hi- 
ramondo  ^.  Tous  trois  avaient  suivi  en  commun  les  leçons 
de  Colas  de  Montani  de  Gaggio,  Bolonais,  qui,  vers  l'an  1 466, 
ouvrit  à  Milan  une  école  d'éloquence.  On  prétend  qu^aupara- 
vant  il  avait  donné  des  leçons  à  Galéaz  lui-même,  et  qu'il  l'a- 
Tait  puni  plus  d'une  fois  avec  la  sévérité  pratiquée  dans  1* an- 
cienne éducation.  Galéaz,  devenu  souverain,  voulut  se  venger 
sur  son  ancien  maître  des  châtiments  de  son  enfance  par  une 
peine  semblable,  et  il  lui  fit  donner  le  fouet  sur  la  i)lace  pu- 
blique *.  Montano  n'avait  pas  besoin  de  cet  affront  pour  dé- 
tester la  tyrannie.  Nourri  de  l'étude  de  l'antiquité,  il  ne  perdait 
jamais  l'occasion  défaire  remarquer  à  ses  élèves  que  toutes  les 
yertus  qu'ils  admiraient  dans  les  grands  hommes  de  la  Grèce 
et^de  Borne  avaient  été  développées  par  la  liberté;  qu'une 
,  pf^trie  libre  encourageait  tous  les  talents,  tous  les  genres  d*é* 
iiergie  5  tous  les.  progrès  de  l'esprit ,  parce  que  toute  espèce 
4e  grfuddeur  dans  ses  dtoyens  était  toujours  employée  pour 


» , 


1  ÀtUonii  GaUi  De  reb..Gen.  p.  268.  —  Bem.  GoHo,  aHU  Mit  P.  VI,  p.  982.—'*  Al- 
tegretiû  AÛegretti,  Diari  Sanesi'  T.XXUI.p.  ill.  —  ^  MaechUwelU.  L.VU,p.  840.  ^ 
ÂUêgretat  Uori  SanesL  T.  XXUI,  p.  777.  —  Biario  Ferrarete^  T.  XXIV,  p.  254.  Hais 
Ripamonlius  attribue  à  Visconii  ce  que  les  autres  attribuent  A  Lampugnani.  EUt.  MedioL 
L.  VJ,  p.  630.  -;  *  Giùvio,  élogi  degU  Voiftini  Hlimru  h'  lU»  P*  tih  —  TiraJboschù 
h.  m.  cbap.  V,  S  28,  p.  98. 


N 


8&  HI$TOIRE  DES  BiPUBLIQClSS  ITALIJSHNfiS 

raTmfage  dé  tous,  tandis  qa'sn  tyran,  jaloox  de  tonte  fecœ 
dont  il  ne  disposait  pas,  s'occupait  sans  cesse  à  contenir,  à  téh 
primer  on  à  détruire  des  talents,  une  énergie  on  une  profon- 
dair  de  caractère  qn*<m  pouvait  un  jour  toorna*  cmitre  Im  ^ .  * 

NicoUis  de  Montano  voulait  que  les  jeunes  gentiisluNnmes , 
pour  se  rendre  dignes  de  la  liberté,  apprissent  à  commander 
les  années*  Il  avait  engagé  en  conséqpience  Olgiati  et  quelques 
antres  k  faite  Tapplr^itissage  de  l'art  de  la  guerre  sous  Bar- 
tfaâemi  Goléàili.  Les  parents  de  ces  jeunes  gens ,  qui  crai- 
gnaient plus  qu'eux  les  fatigues  et  le  danger^  avcdent  été  outrés 
de  colère  de  ce  qn^nn  maître  d'éioqpence  avait  fait  de  le»ps 
fils  des  soldais.  Montano ,  ballotté  entre  le  <»*édit  des  parents 
et  celui  de  ses  disdpLes ,  avait  été  tour  à  tour  exilé  puis  ra^ 
pelé ,  emprisonné  puis  accueilli  avee  transport,  et  il  devenait 
plus  cher  à  ses  âèves  par  les  persécutions  qu'il  avait  subies 
pour  avoir  voidn  former  leur  âme  autant  que  leur  esinrit  ^. 

Galéas  cependant  avût  mis  le  ^semble  à  la  baine  du  peuple 
par  les  supplices  cruels  qu'il  avait  récemment  ordonnés.  Il 
avait  fût  entorer  vivantes  qnelquesHiiies  deses  victimes;  il  en 
avait  forcé  d'autres  à  se  nourrir  d'excrémeâts  fanmdns,  et  les 
avait  fait  mourir  lentement  par  cet  eUfrojéiAe  régime^  il  avait 
mêlé  des  plaisanteries  féroces  aux  supplices  qu'il  ordonoaîtf  il 
avait  comblé  le  déshonneur  des  femmes  nobles  qn'il  avait  sé- 
duites, en  les  Uvrant  pd^nement  à  la  prostitution  ' .  Jéréme 
Olgiati  comptait  une  sœur  autrefois  chérie  parmi  les  victimes 
de  la  brutalité  du  tjran.  Jugeant  de  rkritatton  universeHe 
par  la  fAeime ,  il  re<Aercba  Laœpugnani ,  et  lui  proposa  jâe 
mettre  fin  à  une  tyrannie  insupportable,  et  de  pwir  Sf^ri» 
de  ses  crimes.  Bientôt  ils  s'associèrent  Charles  Yisconti,  et  ils 
se  lièrent  par  des  serments  mutuels.  C'était  dans  le  jardin  de 


1  MaetHameUL  L.  Vif,  p.  34S.— fffterli»  FoUêUl  L.  XI,  p.  6S3.— '  TlraftofcM,  SUfrta 
deUa  L0ttef,  itoL  L.  IU«  ehyp.  V,  S  SS»  p.  9M.  —  >  Ios0pîa  RipamontH  Hist.  MedioL 
L.  VI,  p.  6W. 


DU  BiaY^N  i^G£.  87, 

la'baaîiîqiie'iie  Smuitr Ambroisie,  igiiffi  t^irent  lepr.  pcomière^ 
coafëreaos,  Xpas  les  détails  de  cet  évéoemeat^  et,  cejipii  c^t^ 
bi€^ii  plaa  lâeinarquaUe,  tous  l^  sentimeots  du  priucipftl  cou-» 
juré  SMN»  iKHQj;  fi^lemeot  rcitrao^  par  Olgiati  loi-méiine.daps 
unerelation  qa*4  écrivit  pea  de  jours  après.  «  Au  sortir  de 
«  eetlecoB£ér6iiee).ra.eoote-t-il,  j*eatrai  dapsl^  temple,  je  me 

<  jetai  «Ki  çieds  4e  la  statue  du  saint  poutife  qu'on  y  révère, 
«  etîe  biî  adreasai  cette  prièipe  :  Grand  samt  Àmbjroise,  sou-^ 
«  iiende^êette  vUle,  je^pérunce  et  gckrdien  du  peuple  de  Milan, 
«  .^  Uipu^eit  ,que  te$  cmdtçy^ns,  que  tes  e^fanU  Qut  formé 
«  p9ur  repousser  loin  d'ifii  la  tyrannie,  l'impure  lé  et  deA  dé-- 
«  fauches  monstrueuses^  ust  digne  de  ton  approbation,  Âois- 
«  nous  favorable  ou  milieu  des  hasards  et  d^  dangers  ousc^ 
«  quels  mms  nous  ^^oposons  pour  la  délivrance  de  la  patrie. 
«  Après  avoir  prûé,  je  retourpai  auprès  de  mes  compc^uonsi 
«  et  je  les  exhortai  à  prendre  courage,  les  assurant  qt|e  je  npie 
«  sentais  plus  rempli  d*espérance  et  de  force  depuis  que  j'avais 
«  invoqué  en  faveur  de  notre  entreprise  le  saint  protecteur  de 

<  mrira  pataritt.  Pendauri;  ifis  jours  qui  suivirent  nous  nous  ex^r^ 
•  ç&iDesàreaienmeav«c  despcâguards  pour  acquér^ 
«ilUé^  nous  Aecoutumer  à  T  image  du  péril  que  nous  allioos 
«•farai».%.;.i.  La  dixième  beure  de  la  nuit  avant  le  jour  de 
«  -Smui-Étieniia,  désigné  pour! exécution,  nous  nousxasç^n- 
«  blêmes  encore  une  fois  comme  pouvant  ne  plus  uqus  revoir,^ 
«^NQi»ar9ètàBM»  rbeure  ou  nous  entreripns  ensepiUe  dans  Ici 
«  jtenple,  h  nÉJe<  dont  chaouaserait  chargé,  et  tous  k^  détails 
«  ée  rcxécatioiiy  autant  qu'on  pouvait  prévoir  des  choses  qui 
«  dépendaient  en  partie  du  hasard-  Le  lendemain,  de  grand 
«  mi^Uy  Bons  nous  rendîmes  dans  le  temple  de  Saint-Etienne  ^ 
«  no«a  8^[>plièmes  ce  saint  de  favoriser  la  grande  action  que 
«  nous  devions  accomplir  dans  son  sanctuaire,  et  de  ne  point 
«  s'indigner  si  noUs  souillions  ses  autels  par  du  sang,  puisque 
«  ce  sang  devait  accomplir  la  délivrance  dé  la  ville  et  de  la 


HISTOIRE  0£S  REPUBLIQUES  ITAUEUNES 

«  patrie.  A  la  suite  des  prières  qoi  sont  oonteiraes  dans  le 
«  ritaaire  de  ce  premier  des  martyrs ,  nous  en  récitâmes  ane 
«  antre  qu'avait  composée  Charles  Yisoonti;  enfin  nous'as- 
«  sistàmes  au  sacrifice  de  la  messe ,  célébré  par  rarchiprètre 
«  de  cette  basilique  ;  puis  je  me  fis  donner  les  défis  de  la 
«  nunson  de  cet  archiprétre,  pour  nous  y  retirer*.  « 
'  Les  conjurés  étaient  daus  cette  maison  auprès  du  feu ,  car 
an  froid  violent  les  avait  fait  sortir  de  l'élise,  lorsque  le  bruit 
de  la  foule  les  avertit  de  l'approche  du  prince  :  tétait  le  len- 
éemain  de  Noël ,  26  décembre  1 476.  Galéaz ,  qui  sœiblah  re- 
tenu par  des  pressentiments ,  ne  s'était  déterminé  qu'à  regret 
à  sortir  de  chez  lui.  Il  marchait  cependant  à  la  fête,  entre 
rambassadeur  de  Ferrare  et  celui  de  Mantoue.  Jean-André 
Lampugnani  s'avança  au-devant  de  lui,  dans  l'intérieur  même 
dû  templcf,  jusqu'à  la  pierre  des  Innocents.  De  la  main  et  de  la 
voix  il  éwtait  la  foule.  Quand  il  fut  tout  près  de  lui,  H  porta 
la  maûï  gauche ,  comme  par  respect,  à  la  toqué  queGaléaz 
tenait  à  la  main;  il  mit  un  genou  en  terre,  comme  s'il  voulait 
lui  présenter  une  requête,  et  en  mteie  temps  de  la  ditHte,  dans 
kqueUe  il  tenait  un  court  poignard  caché  dans  sa  manche,  il 
le  frappa  au  ventre  de  bas  en  haut.  Jérôme  Olgiati,  au  même 
instant,  le  frappa  à  la  gorge  et  à  la  poitrine,  Charles  Yis- 
oonti à  l'épaule  et  au  milieu  du  dos.  Sforza  tomba  entre  les 
bras  des  deux  ambassadeurs  qui  marchaient  à  ses  côtés,  en 
criant  :  Ah!  Dieu!  Les  coups  avaient  été  si  prompts,  que  ces 
ambassadeurs  eux-mêmes  ne  savaient  pas  encore  ce  qui  s'était 
passé  ^. 

Au  miunent  où  le  duc  fut  tué,  un  violent  tumulte  s'éleva 
dans  le  temple  :  plusieurs  tirèrent  leurs  épées  ;  les  uns  fuyaient , 

*■  Ctmfeêtio  Hieronyml  OglUufmorienUt,apud  tapanumUwn  BUioria  MedioL  L.  vi, 
p.  649. —'  Anton,  Gain  Be  rebut  Genuens»  p.  269.'^MaechiaveUi  Ut,  L.  Vil,  p.  354.— 
Vbertut  FoUeta,  Gen,  tfixf.L.  XI,  p.  6)3.  —AnL  de  nipalta.  Annal,  Placent,  T.  XX, 
p.  9SS.— «oi*.  Pamaue  jUtonym.  T.  XXII.  p.  94T.  —  Bhn,  OovIù*  P.  VI,  p.  MO.  Corio 
6Uii  don  lui-même  au  nombre  des  pages  qui  suivaieni  G#léai. 


DU  MOYB»   AQE*      :  89 

d'antres  ûccoondent ,  personne  ne  eonmôBSiit  eikom^  «a  le 
but  ou  les  forées  dès  conjurés.  Mais  les  giurdea  dn  doc  et  ses 
cwirtisans,  qui  avaient  reconnu  les  meurtriars,  s*  animèrent 
bieidftt  à  lénr  poorsmte.  Lampugnani,  en  Yoolant  sortir  de 
f  é^fise ,  se  jeta  dans  un  groupe  de  femmes  qui  étaioit  à  ger 
noux  ;  leurs  habits  s'^igagtoent  dans  ses  éperons  ;  il  tomba ,  et 
un  écuycar  nuiure  du  duc  l'atteignit  et  le  tua.  Charles  Yisconti 
fiât  arrêté  nn  peu  plus  tard,  et  fut  aussi  tué  par  les  gardes  du 
doc.  Jérôme  Olgiati  sortit  de  l'église  et  se  présenta  chez  lui  ; 
Biaàs  scm  père  ne  voulut  pas  le  recevoir,  et  lui  ferma  les 
portes  de  sa  maison.  Un  ami  lui  donna  une  retraite,  où  il  ne 
fot  pas  longtemps  en  sûreté.  Il  était ,  dit-il  lui-même ,  suï*  le 
point  d'en  sortir,  et  d'appeler  le  peuple  à  une  liberté  que  les 
Ifilanais  ne  connaissaient  plus,  lorsqu'il  entendit  les  vociféra- 
tiams  de  la  populace,  qui  traînait  dans  la  boue  le  cor^  déchiré 
de  sont  ami  Lampugnani  ;  glacé  d' horreur,  et  perdant  courage , 
il  «Itendlt  le  moment  fatal  où  il  fut  découvert.  Il  fut  soumis  à 
me  effiroyable  torture;  et  c'était  avec  le  corps  déchiré,  et  les 
os  disloqués,  qu'il  composa  la  relation  circonstanciée  de  sa 
conspiratiim  qu'on  lui  demandait ,  et  qui  nous  est  resiée.  Mais 
oeftte  espèce  de  confession  écrite  entre  la  torture  et  le  supplice, 
par  l'ordre  de  ses  juges,  et  ftous  les  yeux  de  ses  bourreaux,  est 
animée  de  ce  même  courage,  de  cette  même  confiance  dans  la 
justice  de  sa  cause  qui  ont  immortalisé  les  plus  grands  hcHaoaUes 
de  l'antiquité.  Il  la  termine  par  ces  mots  :  «  A  présent,  sainte 
«  mère  de  notre  Seigneur,  et  vous ,  6  princesse  Bonne!  je  vous 
«  implore  pour  que  votre  clémence  et  votre  bonté  pourvdent 
«  au  salut  de  mon  âme.  Je  demande  seulemeut  qu'on  laisse  à 
^  «  ce  emrps  misérable  assez  de  vigueur  pour  que  je  piûsse  con- 
«  fesser  mes  péchés  suivant  les  rites  de  l'Eglise,  et  subir  ensuite 
«  mon  sort*.  »  ' 

1  Confe$$lo  Olgiatk  opud  KtpcamniUmi*  UiHw.  Me<Ùo(ani,  h.  VI,  p.  ^0.  ia  GrœvU 


90  <  HISTOIBE  pES  JH&PUBUlQiUXS    ITALIElinES 

Olgîati  éteît  alors  isg^de  mng^réwt  aa»^  il  fut  eondaquoë 
^  ^re  teiHiilIé^t  eoafé  vivant  eaisoixieaux*  iiiosSifiii de  €€8^ 
atroGe$  douleurs,  un  prèt^  Tex^tiortaU  àse  repeotir.  «*  Jeaaia, 
«  i:^prit  Olgiati ,  que  j*  ai  mérité ,  par  beauecKip  4e  ùxAe»  y  ieas 
<t  tQunnanits,  et  de  plu»  grand»  eaeoi^e,  si  biob  faible  4xmf»: 
»  pouvait  les  rapptMter.  Mai»,  quant  à  la  belle  aetiou  fM>ur 
«  laquelle  je  h^uts  ,  c'est  elle  /qui  soulage  b»  couseieBoe  ;  ioia 
«  de  croiiTjp  que  j'ai  par  elle  mérité  ma  peine,  «*esteu>dleqae 
«  je  me  confie  pour  espérer  que  le  juge  suprême  me  pardou-*. 
«  fiera  am  autres  péchés.  Ce  s'est  point  une  eupîdilé  ooupald^ 
«  qui  mia  porté  à  cette  action ,  c'est  le>  seul  désip  d'6ter  dm 
»  milieu  de  nous  an  tjrran  que  noss  ne  pouirions  plus  sup* 
«  porter.  Loin  de  m'en  repentir,  ei  je  devais  dix  fois  revivre 
«  pour  périr  dix  fois  dans  les  mêmes  tourments^  je  n'en  ceoi';^ 
«  sacrerai»  pas  moms  tout  ce  que  j'ai  4e  sang  et  de  forx:^  à 
«  un  si  noblç  but  ^  »  Le  bourreau,  en  lui  arrachaixt  la  peau 
de^deseuft  la  poitrine ,  lui  fit  pousser  un  cri  ;  mais  il  se  reprit 
aussitôt 4  «  Cette  mort  est  dure ,  diMl  en  latin ,  maïs  la  glœre 
«  en  est  étemelle!  ifor^  acerba ,  fama  perpétua,  stabit  velus» 
«  m^mmia  faeti  *.  »      . 

1 47  7 .  —  Le  fils  aine  du  duc  de  Milan ,  Jean*4aléaz  gfoirza , 
n'était  aloÉ^s  4gé  que  de  huit  ans;  il  fut  cependant  s«»ninu< 
sans  auo^ie  difficulté.  Les  sentiments  de  liberté  que  les  tnm 
conjurés  avaient  cru  ranimer,  n'existaieat  plus  dans  le  peuple  : 
psiBOBnê  ne  fit  un  mouvement  pour  nenverses  m  gouverne*-, 
ment  qui  n'était  plus  en  état  de  se  défendre.  Les  députés  de 
tous  les  âats  d'Italie  vinrent  complimenter  la  duchesse  Banne 
de  Savoie ,  v«ive  de  Galéas ,  et  lui  offrir  leur  assistance  peur 
la  maintenir  sur  le  tràne,  aussi  bien  que^son fils.  Lepapa lui 

•     •  •* 

1  Anton.  GaUi,  De  reb.  Oenuens.  p.  269.  —  Allegretto  Attegretti,  Diati  Stmesi- 
T.  XXIII,  p.  m.-^Glovio,  Elogio  degU  VominiUlustri.  L.  III,  p.  180.  —  *  Macchia- 
vellL  Im  yil,'p.  3S».  —  Vberli  FoUetœ  Gemtena,  Hiti.  L.  xr,  p.  633.  -r'AgosL  Gtitê- 
Unianiy  Annal.  L.  V,  f.  230.  P. 


DU  MOTm  A«Jt.  91 

eiiTi^R  denx  oaMiiianx  ebargéi  âf^wammAet  orax  qii  tw- 
draîeiitciuser qiidqae révotatioii <dkiiis  MNaB \  Boom t» mit' 
en  poflMfliîon  dft larégxmee.  JuMpi'akHrs le gottvernemenl était' 
à  pÔQfi.cibttDgé,  car  fine  de  tous  les  cooeeilg  lîtait  eooere 
Geow  oa  PranfoiB.lKnoiijâta^  Gakdinns,  liai  avait  été  aeerétaîre 
et  eo&settlar  de  Ei»oçai8  filoozai  et  qui,  aj^èa  l'aToir  servi  mnc 
QD£  fidâité  rare ,  était  demeuré  premier  ministre  de  son  fils , 
et  avait  dégqisé ,  par  son  talent  et  ses  v^ns ,  les  oapriees  et 
les  fiKtrodfigaiioes  de  ce  tyran.  Il  avait  pow  frère  ce  lean  Si- 
monéta  qui  écrivit  avec  tant  <1* élégance  et  inexactitude  This^ 
toire  de  fraufois  fiforza.  Tous  deux  avrâat,  en  littérature, 
une  nép«tali(m  presque  égale  à  celle  que  lenr  avait  {«te  leur 
carrières  politique.  Us  étaient  en  correspondance  aveo  tous  les 
savants  deiltdie  :  ils  avaient  été  les  ministres  de  toutes  les 
griccs  que  les  âeux  ducs  de  Milan  avaient  répandues  sur  les 
gens  da  lettres ,  et  il  reste  eoeora  dans  la  c(»'reqM>ndanee  de 
Fildfo^  dans  edle  de  Dé0eBd)rio ,  et  dans  d'autres  écrits  de  ce 
»èelç  y  des  monuments  de  la  protection  qu'ils  accordèrent  aux 
études  ^    . 

Diantre  part,  Galéaz  avait  laissé  cinq  frères  qui,  pendant 
la  nÛBorité  de  son  fijs,  pouvaient  Icurmer  quelque. prétention 
suc  larégranci  Les  quatre  promiers,  Sforca,  (tac  de  Bari, 
Louis  surnommé. leMawre,  Octavien  et  Àseagne,  avaient  d^ 
exf»té  ladé&aneede  Galéaa,  fit  il  les  tenait  éloignés  de  Ifilan. 
Dàs^q&'ils.  appûmaft  sa  mort,  Os  revinrent  en  h&te,  et  ils 
s'eOocuèicBit  dfttsusir  une  aoinrité  à  la^pidle  l'aîné  de  leur 
mais<m  avait,  diaaient*^ils,  plas  de  droit  qu'une  femme  et  un 
ndnietr&itmngers*  Pour  déguiser  leur  rividité,  fls  cberebè- 
reot  à  faire^reiiiivre  l'ancien  esf^rit  da  parti  gibelin.  Us  se  dé- 
clarèrent les  protecteurs  de  cette  fadion  à  laquelle  la  maison 


*■  salle  eB4aie  du  8  des  caL-de  mtnu  àmuUiEceies.  iW^%  I»  p.  U$.  — .<  srira6o«- 
chii  Stor»  d^ia  Lett.  L.  I,Gbap.  I,  S  *j  V-  !>•  3lt«  liécie. 


9B  HISTOIAE  BfiSUPimUQUBS  ITALIENNES 

ISsemikt/aYiiit  dû  bob  éiéfiatîon  :  ils  aeciuèreat  Ja diiDbemet 
<!eeco  SimMéta  de  partialité  poar  tes  Guelfes,^  ib  li»  forcée 
iie&t  en  eifet  à  se  jeter  dans  leiuiB  hras;  car  les  £(iiiùllc8  au» 
trefois  diyisées  par  la  querelle  de  l'empire  et  deT^Usev  eetn- 
servaîeiit  leur  ri¥alilé,  eaeiNre  que  les  caases  de  leurs  haines 
passées  n'existasse^  plus.  Pour  cooeUier,  s'il  était  possible, 
les  prétentions  des  frères  Sforza  et  eeUes  de  la  duchesseï  il  fat 
convenu,  sur  la  proposition  de  Louis  de  Gkmiagae,  maripiiB 
de  Mantone,  que  le  eonseM  de  régence  serait  eanposé  par 
égales  parts  de  Guelfes  et  de  Gibelins  ^ 

Lorsque  la  nouTéllede  la  mort  de  Galéaz  fut  portéeà  Gè- 
nes, Jean-François  Pallavidni,  lieutenant  du  duo,  assembla 
le  sénat  pour  l'engager  à  pcévenir  par  sa  vigilance,  les  révokt- 
tions  que  cet  érénement  pouvait  exeiter.  Huit  capitaines  dn 
peuple  furent  nommés  par  la  république,  selon  la  coulume 
observée  dans  toutes  les  drconstanees  difficiles,  et  quelques 
troupes  Airent  rassemblées  pour  contenir  les  mécontents  ^> 

Toutes  les  fedions  de  Gènes  semblaient  également  inqia- 
tientes  de  rendre  à  la  république  son  ancienne  liberté.  lies 
Sforza,  pour  les  contenir,  avaient  eu  la  précaution  de  disper- 
ser leurs  chefs  dans  toute  Fltalie.  Prosper  Adoroo  était  en 
prison  à  Crémone,  les  Fieschi  étaient  retenus  à  !ltome  sous  la 
surveiUance  du  pape,  les  Fr^osi  et  les  autres  bootmes  puis- 
sants exilés.  Cependant  leurs  partisans,  privés  de  direoteurs, 
^ient  partout  en  mouvement.  Le  16  mars  1477,  les  amis 
des  Fieschi  s'approchèrent  des  murs  de  Gènes:  ils  avmeot  à 
leur  tète  Jean-George  et  Matthieu,  deux  jeunes  gens  de  celte 
famille,  les  seuls  que  le  gouvernement  n'eftt  pas  éloignés, 
parce  qu*ils  étaient  à  peine  sortis  de  reafanee.  Ces  factieux 
entrèrent  dans  la  ville  par  escalade,  du  côté  de  Carignan  '• 
Os  appelèrent  le  peu^e  à  la  liberté^  et  ils  excitèrent  ainsi  un 

*  ^DioFbÊm  Pameme  AnoHifm .  T.  XXU,  fi.  250.  —  >  'Anton.  GalU  Be  rebm  OmittHs. 
p.  37<^. — v^U  FotUtœ.  L.  Xl>  p.  6M.  -"  *  ^nioBd  Gsltt  De  rekm  Gemmnê,  p.  271. 


DU  wiraii  AOÊ.  98 

la<Mfemmi  asMs  vif;  mais  ils  ooiiinirent  la  même  fatale  qd 
ttTaiftperda  Jécàme  Gentile  peademoisaiiparavaiiil  :  ils  Mii*^ 
tèfeat  trop  à  attaq[aer  le  palais  pablic.  Ils  alloieiit  se  voir 
abandooDés  y  lorsqae  Pierre  Doria,  éloiiffant  toale  jaloasie  de 
famille,  exhorta  eeax  qui  reatooraient  à  ne  pas  perdre  me 
oeoamon  peut-être  unique  de  rendre  la  ltt>erté  à  leur  patrie. 
Il  sortit  en  même  temps  .des  sangs  du  parti  milanais  ;  ileft- 
traiiia  le  peuple  à  le  suivre  ;  la  garnison  se  retira  daito  les 
deux  forteresses,  et  la  ville,  se  trouvant  en  liberté,  nomom 
des  magistrats  populaires. 

Déjà,  sur  la  nouvelle  de  oette  révolutkm,  lUetto  de  Eies- 
chi,  en  qui  toute  sa  famille  reconnaissait  un  chef,  slétait 
évadé  de  Borne  pour  venir  se  mettre  à  la  tète  de  son  parti,  et 
les  Fregosi,  d*  accord  avec  lui,  se  rapprochaient  de  lemrpateie, 
«ans  oser  cependant  outrer  dans  la  ville.  La  régence  de  Uilap 
eom^t  alors  qu  elle  ne  pouvait  sauver  son  autodté  dims  Gè- 
nes, que  par  im  chef  de  parti  génois.. ^rnonéta  fit  sortir  Proi- 
per  Adorno  de  prison  ;  il  loi  offrit,  au  nom  du  jeune  duc  de 
Milan,  le  gouveruemeht  de  Gàùes  et  le  commandement  de 
l'aimée  destinée  à  secourir   les  deux  forteresses,  pourvu 
.  qu' Adorno  promit  d'oublier  complètement  les  injures  qu'il 
avait  reçues,  et  de  rétablir  à  Gènes,  non  point  là  souverai- 
neté despotique  du  duc  de  Milan,  mais  la  même  autorité  li- 
mitée qu'un  traité  avait  accordée  à  François  Sforza.  Prosp^ 
AdŒrno  en  contracta  l'^igagement  ^  Il  se  mit  à  la.  tète  d'une 
armée  d'environ  douze  mille  hoiames,  rassemblée  par  Robert 
de  San-Sévérino,  Louis-le-Maure  et  Octavien  Sforaa>  et  il  prit 
la  route  de  Gènes. 
Adorno,  déterminé  à  condiier  les  intérêts  de  sa  patrie  et 

-^Vberti  Folietœ  Genuens.  Uistor,  L.  XI,  p.  635. —  P.  Bizarro,  S,  P,  Q.  Gennem, 
Biêt»  L.  XtV,  p.  zZi.^AgOêt.  Gimttniani^  AnnaU  di  Genova.  L.  V.  L  831.  T.—  ^  Ant9» 
nU  GaUi.  p.  273.  —  Obéra  FoUetm,  L.  XI,  p.  638.  —  AU>.  de  BIpaUa,  AtmaL  Placent. 
T.  XX,  p.  914. -^i;.  BtmrfQ,  U  XIV.  p.  34<h-r^0.  GîmOniianU  U  V,  d  au.  A*  Sitarro, 
dav  e0  rèflit»  iBMipe  P.  AdorM«  eiGUvttnimi  l9  lusMPe. 


îM  HISTOIRB  Dis  ftiPUBLIQtnSS   rtALÎlSKKBS 

oeuxdadwde  Milan,  ent  besoin  de  ménagement  infinis 
-pmnr  étiter  nn  combat  déeisif ^  qui  aurait  rniné  on  son  ptopre 
pttti,  on  la  liberté  de  la  république  II  fit  passer  soïi  frëré, 
Gluiries  Âdorno,  dans  la  forteresse  de  Gastelletto,  et  il  lui 
:  donna  commission  de  descendre  dans  la  ville,  pour  en  chasser 
ibletto  de  Fieschi  àu  moment  où  Ini-mëme  serait  engagé  avec 
les  Frégosi  dans  tene  escarmofiehé.  Ses  ordres  furent  exécutés 
•  avec  précision.  Prosper  combattit  lés  Fregosi  à  Promontorio, 
mais  sans  pousser  ses  avantages;  et  son  frère  il  rendit  Maître 
de  la  ville  et  de  la  porte  Saint-Thomas ,  qtd  pouvait  lui  ouvrir 
une  communication  avec  Tannée  milanaise  ^  Ce  fut  alors 
smtdut  que  Probper  Adom6  montra  sa  modération  et  son 
adresse  :  il  fit  demeurer  les  troupes  dé  San-Sévérino  dans  leur 
«)»Mnp,  et  il  enIrA  seul  dans  la  ville,  avec  les  hommes  de  sa 
iietion.   Ceux-ci  augmentaient  en  nombre  à  mesure  qu*i[ 
'  avançait  ;  les  rues  retentiraient  deà  cris  de  vive  les  Adorni 
'  €t  l9$  Spinola  !  et  dans  toute  la  multitude ,  personne  ne  pro- 
nonçait lé  nom  du  diic  de  Milan.  Prosper,  arrivé  au  palais, 
dédara  qu  il  accordait  T  impunité  à  tous  ceux  qui  avaient  eu 
part  aux  derniers  troubles  ;  il  assembla  le  sénat  qui  le  re- 
connut polir  gouverneui-  ;  il  demanda  un  présent  de  six  mille 
florins  pour  les  diefs  de  l'armée ,  et  les  citoyens,  ijui  s*étaient 
attendus  à  des  contributions  bien  plus  considérables ,  payè- 
rent avec  plaisir  cette  petite  somme  avant  le  terme  de  trois 
Jours  ^.  ' 

Ce  fut  le  30  avril  que  Oènes  retourna  ainsi  sous  la  domi- 
natibn  limitée  du  duc  de  Milan.  Bobcrt  de  JSan-Sévériiio  y 
entra  sans  iarm^,  avec  Louis  et  Octavien,  oncles  <ie  Jean 
GaléaZ)  et  avec  leurs  principaux  officiers.  lis  en  ressoHirent 
presque  aussitôt,  et  conduisirent  leur  armée  au  siège  de  Sa- 

1  ^nlofi.  Qam.  p.  3T6.— Uberti  Fo8»Ubl  U XI, p.  «t9. -i-  *  AfiPm.  GOn  Dei^eàûs  6e- 
fUtfiM.  p.  271.  *^  VbmiFoUâêm.  L...»,  p.  mo,  -^^  P^MMnVj  ffMt«  Mitf^irt.  t.  XIV  f 
p.  843<  —  "^Ml.  GiusUnitua.  L.  V,  (.  928.  G. 


0U  MOYEU  AGE.  95 

Tiaione,  château  des  Fieschi  dans  les  Apennins.  Pour  faire 
lever  ce  siège,  Ibletto  de  Fieschi  rassembla  une  troupe  de 
cinq  mille  paysans  :  Jean-Baptiste  Goano  venait  le  joindre 
avec  les  habitants  de  la  Polsevera  ;  mais  San-Sévérino  arrêta 
ce  dernier  par  des  négociations  trompeuses,  et  dissipa  son 
armée.  Celle  d'Ibletto  reçut  quelque  échec  et  se  retira  dans 
les  montagnes.  Savinione  capitula  ;  Ibletto  fit  alors  sa  paix 
avec  les  généraux  milanais  :  une  même  activité,  un  même 
goût  pour  rintrigue  les  disposèrent  à  s'associer,  et  Texpédi- 
tion  de  Gènes  étant  finie,  Ibletto  accompagna  San-Sévérino  et 
les  frères  Sforza  à  Milan  * . 

Les  derniers  étaient  impatients  de  retourner  à  la  cour  de 
leur  neveu,  pour  disputer  Tautorité  de  Gecco  Simonéta.  Ils 
voyaient  cet  habile  ministre  exercer  au  nom  de  la  dudiesse 
Bonne  une  souveraineté  absolue.  La  supériorité  de  ses  talenls 
et  de  son  caractère  soumettait  tout  à  ses  volontés.  On  avait 
pris,  sous  les  deux  précédents  princes,  l'habitude  de  ne  point 
lui  résister;  d'aptre  part,  les  frères  du  duc,  qui  annonçaient 
seulement  le  désir  de  limiter  son  pouvdr,  avaient  peut^rêtre 
formé  le  projet  de  supplanter  et  lui  et  son  maître.  On  assure 
que  leur  intention  était  de  faire  périr  la  duchesse  et  ses  deux 
fils,  de  donner  à  Louis-le-Maure  le  titre  de  duc  de  Milan,  à 
ehacQu  de  ses  frères  la  seigneurie  d'une  ville,  à  Bobert  de 
San^Sévérino  celle  de  Parme,  et  à  Ibletto  de  Fieschi  celle  de 
Gènes  \  C'était  pour  exécuter  ces  projets  qu'ils  avaient  mis 
fin  précipitamment  à  la  guerre  de  Ligurie,  et  qu'ils  avaient 
ramené  à  grandes  marches  leur  armée  vers  Milan.  Mais  Si- 
monéta, qui  les  surveillait,  fit  arrêter,  le  25  mai,  Douato  de 
Gonti,  leur  agent  principal  et  le  dépositaire  de  tous  leurs  se- 
crets'. 


^Mum^€éUi..p^Vl^.^VbeHiFoUaœ.  L.  XI,  p.  641.— P*Mxaff».  UXV,  p.  344. 
f.  XX,  p]  9S4, 


HISTOIRE  DES  REPUpiiIQUISfi  ITALTEniCES 

les  frères  Sforza  étaient  à  table  avec  les  astros  diefc  de 
leur  partie  lorsqa'oa  lear  annonça  T  arrestation  4e  Donato  de 
Gonti.  Ils  sortirent  avec  impétuosité  de  leur  palais,  appelant 
le  peuple  aux  armes.  £n  effet,  une  grande  multitude  se  ras- 
sembla autour  d'eux,  et  Ifsaida  à  se  rendre  maîtres  de  Porta- 
Tosa.  Bobert  de  San-Sévérino  et  Octavien  Sforza  Toulaient 
attaquer  le  palais,  et  s'attacher  la  populace  en  lui  abandcm- 
donnaatletrésor  elles  magasins  de  blé  qu'il  ecmtenait.  Le 
duc  de  Bari  et  Louis4e-){aure  s'y  opposèrent.  D^à  la  du- 
chesse, qui  s  était  réfugiée  dans  la  citadelle,  avait  promis  de 
remettre  en  liberté  Donato  de  Gonti  ;  mais,  pendant  ce  temps, 
ses  amis  se  rassembliâent  autour  d'elle,  et  ceux  de  ses  beaux- 
frères  perdaient  courage.  Bobert  de.  San-Sévérinp,  Iblâtto.et 
Octavien  «ssa^èrent  de  nouveau  d'ameuter  la  populaee  en 
parcourant  la  ville,  et. faisant  criçyr  :  A  mort  les  étrangers! 
Mais  les  frères  Simonola,  qu'ils  désignaient  par  ce  nom,  n'é-* 
talent  point  odieux  aux  Milanais,  et  personne  ne  prit  les  ar- 
mes. Le  lendemain,  tous  ces  chefs  sortirent  de  bonne  heure 
de  la  ville  par  la  porte  de  Verceil.  Robert  de  San-Sévérino 
et  Iblettode  Fieschi  ne  s'arrêtèrent  point  qu'ils  ne  fussent 
parvenus  sur  le  territoire  d'Asti.  Sur  cette  frontière  mèm^i 
Ibletto,  accablé  de  fatigue,  entra  dans  une  auberge  pour  se 
reposer,  et  il  y  fut  arrêté.  Bobert  passa  outre,  et  se  mit  en 
sûreté  sous  la  protection  du  due  d'Orléans.  Les  frères  Sforza 
s'étaient  échappés  par  des  voûtes  différentes.  Octavien,  dont 
le  caractère  turbulent  était  le  phis  redoutable,  périt  au  pas- 
sage de  l'Adda;  on  dit  qu'il  votilnt  traverser  la  rivière  à  la 
nage  et  qu'il  s'y  noya.  D'autres  n^isurent,  au  contraire,  qu'il 
fiit  tué  sur  ses  bords  par  des  satellites  de  Simonéta,  qui  le 
poursuivaient.  Ses  frères  furcDt  exilés  par  un  jugement  de  la 
régence  de  Milan,  avec  ordre  de  résider:  Sforza  l'aîné,  dans 
le  duché  de  Bari  dont  il  portait  le  titre  ;  Louis  à  Pise,  et  le 
cardinal  Ascagne  à  Pérouse.  A  cette  condition,  on  leur  pro- 


M  MMin  AOB.  97 


mit  à  daean  une  penskm  de  douze  miUe  doeats  * .  Le  âxième 
fiière,  PhilÎM^fifem,  demeart  wnl  à  Milan  :  il  n'ayait  TOaln 
prendre  auemie  part  aux  intrigaes  de  ses  frères,  et  il  a^était 
rangé  du  parti  de  la  doehesseet  de  Simoneta  *. 

Lorsqu'on  a^ait  annoneé  au  pape  Sixte  rv  la  mort  de  6a- 
Maz  Sfonsa,  il  s'était  écrié  :  «  La  paix  de  Fltalie  a  péri  au- 
«  joar4*hui  ayecloi'  !  »  En  effet,  cette  puissance  imposante 
qui  contenait  dans  le  repos  tout  le  nord  de  l'Italie,  était  dé- 
troite;  les  états  de  Gènes  et  de  Milan  étaient  de  nouveau  li- 
nges anx  fureurs  des  guerres  dyiles  :  la  longue  alliance  que 
Franfims  Sf<Mrza  avait  contractée  avec  la  république  florentine 
était  ébranlée  ;  le  contrepoids  que  le  duché  de  Milan  oppo- 
sait à  l'ambition  du  roi  Ferdinand  de  Naples,  n'existait  plus, 
le  cbapai^était  ouvert  pour  de  nouvelles  combinaisons  poli- 
tiques, et  nous  allons  voir  ce  même  pape,  qui  se  plaignait  de 
ce  que  la  paix  d'Italie  était  détruite,  jeter  les  semences  d'une 
guerre  nouvelle,  et  augmœter  la  confusion  générale. 


i  AikeHi  de  Wpalia,  ^muU.  Ptaeeni-  T.  XX,  p.  954-9S5.  —  Bern.  Corio,  ii|«(.  Miim, 
T.  VI.  p.  987. —itn/on  Go///,  De  Hbus  Gemms.  p.  278.  —  *  Anton,  GallL  p.  378.  — - 
—  '  /of^M  hipamontU.  L.  Vi,  p.  650.  —  Bem»  Corio.  P.  VI,  983* 


til. 


V.     .y.* 


96  HISTOIBI  DBB  BiFOiilIQUBS  ITAUamilES 


liiiiHitimit 


CHAPITRE   IV. 


Conjuration  des  Pazzi. 


1478. 


La  république  de  Florence  devenait  cliaqùe  jour  plus  étran- 
gère à  la  politique  générale  de  l'Italie  et  de  l'Eu  rope.  Elle  ne 
se  mettait  point  en  mesure  d^arrèter  lès  projets  ambitieux  de 
Ferdinand  et  de  Sixte  IV  ;  isUe  ne  secondait' point  les  Yénitièns 
dans  leur  guerre  contre  les  Turcs,  les  Génois  dans  le  recou- 
vrement de  leur  liberté,  la  duchesse  régente  de  Milan ,  ou  ses 
rivaux,  les  frères  Sforza,  dans  leur  lutte  pour  la  puissance 
suprême.  Les  magistrats  se  succédaient  à  Florence,  sans  que 
leur  administration  fftt  marquée  par  aucun  ïait  important. 
Le  minutieux  historien  Sdpion  Ammirati  trouve  à  peine,  en 
six  ans,  à  remplir  quatre  pages,  et  son  silence  atteste  la  lan- 
gueur,  la  torpeur  universelle*.  Les  deux  frères  Médieis,  de- 
venus des  hommes  faits,  mettaient  leur  ambition  à  substituer, 
en  toute  chose,  leur  autorité  personnelle  à  celle  de  la  répu- 
blique 1478.  —  Les  Florentins,  se  défiant  des  intrigues  qui 

I  SeipliOM  AvmtNttQf  8ior.  Fior,  L  XXUI,  p.  ti t-u4. 


a- 


'.«^  •  •  •■'•' 


mj  itots)»  ÂGfe.  de 


■  r^  vi;  ; 


»t  BOtirtm  les  âeèfiobs,  avaient  icM  obteiiir  une 
vUfffémMâon  fiife  ^)è,  m  fitlèâiit  noinmer  tMÛr  té  éôH  léurà 
nlBgtttràts;  mais  à  teetlè  fMteè  é'âectibnk,  te  plilB  âémocra- 
%fatè  ée  toatcB,  ks  MMKds  avaient  stibstitné  là  plus  arbi- 
triiire  éè  «ottted  Hs  bBgafcbical.  Us  itoimiiaiént  eux-mêmes 
btnq  âectéurs  ou  €tc(^piaft)n,  et  ceui-ci  faisaient  des  gon- 
faloniers  et  des  prieurs,  sans  consulter  le  peuple,  et  sans  qu'il 
fVstM  plû^  le  moindre  lien  entre  les  inagistrats  et  ceux  qu'ils 
rein'âieiitideiit.  Gdtmnë  la  Sdgnetuie  était  encore  trop  nom- 
breuse potir  être.înaintenue  aisément  dsins  robéissaiioe,  ils 
avaient  aiqjfliWIé  le  jpouvoir  du  gôufdldniel*  dùx  dépens  dé 
ses  o<Aègues  les  prieurs,  dont  H  u'étdit  d'abord  que  le  prési- 
deot.  Ite  rtippiedaient  seul  à  leuiil  délibératiôtiâ,  et  Os  l'enga- 
geaient à  domter  de»  àtûm  au  ntftà  tfun  bbl*ps  qu'ils  né 
daigmeUt  {Ans  cdiiMter.  Là  k»)linliisiôti  ub&Ordinairë, 
qu'on  noibmait  batte,  me  dkfvaft,  selon  Ito  Usageë  antiques, 
ètrft  èréée  q«e  daits  les  lèmj^s  de  tt^tMe,  pbbr  sauver  la  ré- 
pribliftie  d'un  grimd  danget*;  nxài§  tes  ttrédicis   l'avaient 
obang^  en  unoorpll  pèrtnataèut,  aûqiiëi  ib  attribuaient  Tën- 
seddHe  4es  poutttta^  légbbtif,  adkhitiistràtit  et  judiciaire. 
Bien  |dtas,  ils  la  mettèâëat  au-dessus  de  la  souveraineté  na- 
ti<Mude  eUe^oièBio;  ëar  ils  M  lAtHbu^ent  des  pouvoirs  que 
les  pes|fles  n'mst  pôiùt  délégués  à  leurs  souverains.  Ainsi,  là 
hi^  oondaomait  sans  procédtiireli  tes  individus  âuspects  aux 
Médiois,  eUeindistitttâit  ttût  mp«U  ttés  taies  àrbilraifi^,  eUe 
portait  des  Ids  MtirK^tiVës,  die  ag^vàlt  leà  sentence  an- 
cieoiieBy  en  simitielbtnt  à  de  moûvétles  peines  ceili  (|Ui  h'a- 
vJUteut'pÂnt  odibmis de  hotnreadx  ttëlità;  t^e diâpôâàil  delà 
totalité  des  ftMiuees  de  Tétët  sàtt^  en  ^ndrë  compte.  On  lui 
vit  emplojnrHseitt  hdtlefi^ifas  à  sauVer  d'Uiie  faillite  ta  mai- 
sou  de  bmfBÊdqfle  Tbomk  de«;  Pbkliiari  dnigeait  à  Brugéd, 
pour  le  compte  de  Laurent  de  M édîcis.  D'autres  sommes  fu- 
rent, eu  d'autres  occasioîlSy  dët^ûf^éès  âe  même  des  caisses 


IQO  HISTOIRE  DIS  AÉPUBLIQU9S  ITALIÊHKES 

publiqaeSf  pour  les  J)w>iiis  du  epoimme  ide  ces  mêmes  ebcfo 
de  rétat.  Ils  avaieat  rim{aradeaoe  de  ..ccmtiaoer  les  gcimdes 
spéculations -de  banque  qpi  ayaient  enrichi,  leur  aieol,  tâfidis 
^u4ls  n'y  donnaient  aucune  applicati(m,  et  qpi'ils  en  ignop- 
raient  les  pi;incipes.  Aus»,  leur  tàfiX»  et  .]fpaae  iuaipAcité  les 
auraient  bientôt  ruinés,  si  les  deniers  deFéiat  u*  avaient  swvent 
été  appropriés  à  leur  profit  • . 

Les  Médicis,  en  marchant  ainsi  à  la  .tyiimnie»  avaient  ce- 
pendant un  parti  nombrem  dans  Flocence  :  il  i^tBfjt  /oomimtf 
d'abord  de  quelques  citoyens  d'anci^mes  ffonilleisf^  -qui  par- 
tageaient ayee  qux  les  magistratures  et  les  revenus'  pnUîi», 
et  qui  n  étaient  pas  sûrs  de  conserver  sans  eux  leur  importance  ; 
ensuite  de  tous  les  gens  de  lettres,  les  poètes  et  les  artistes^ 
que  Laurent  et  Julien  attiraient  dans  leqr  musott)  qu'ils  oom* 
blaient  d'honneurs  et  de.  présents,  qu'ils  élevaient  jusqu'à 
eui|  tandis  qu'ils  prétendaient  se  séparer  de  tons  les  autres } 
enfin,  leur  parti  se  composait  de  la  basse  populace,  toujdtara 
enchantée  des  spectaioles  et  4es  fêtes  que  lui  donnaient  les  Jfér 
dicis  :  elle  ne  s'apercevait  pas  qu'on  la  corrompait  avec  sou 
propre  argent,  et  qu'pn  lui  avait  pris  d'une  main  ce  qu'on  tàr 
gnait  de  lui  donner  de  l'autre*  Mais  d'autre  part,  malgré  les 
sentences  réyolutionnaires  qui  depuis  1434  avaient  frappé  par 
classes  toutes  les  familles  ancienne  et  illustres  dciIlorieiQoe^ 
qui  ay aient  rempli  l'Italie  et  la  France  d'exilés,  et  compris 
dans  les  proscriptions  tous  les  noms  historiquesde  la  répiddi- 
que,  la  masse  entière  de^  anciens  citoy^s  était  encene .  opr 
posée  aux  Médicis.  Des  transports  de  joie  uniyersela  avaient 
éclaté,  douze  ans  auparavant,,  lorsque  quelque  liberté  avait  été 
rendue  aux  élections,  et  un  morne  abattement  accompagnait^ 
depuis  quelques  années,  l'établissement  de  la  tyrannie. 

Laurent  de  Médicis  et  son  frèrp  Julien  n'étaient  PH  corn- 

&  l«lorlt  iH  CiWi  CûmbU  T«  XXI.  DeHis.  emftt.  p.  i*). 


•  •     ! 


DO  Mcynn  âge.  lOl 

pléllmBbt  d'accord  dans  leur  système  d'administratioû.  Lé 
Èeconâf  ^fim  doux,  plas  modeste,  plus  disposé  à  vivre  en  égal 
au  milicn  de  ses  concitoyens,  ressentait  quelque  inquiétude 
de  la  fougue,  de  rorgudl  et  des  violences  de  son  frère  ;  aussi 
dierchait*U  à  rattéter  par  ses  représentations  *.  Mais  Laurent 
voyant  les  faiiiilles  des  Bicci,  des  Albizzi,  des  Barbadori,  des 
Perozzi,  des  Strozzi,  exilées  dès  1434,  celle  des  Maccliiavelli 
en  1438,  celles  dl»  Aedaiuoli,  desNéroni,  des  Sodérini  en 
t4i96  ;  eelfes  enfin  des  Ktti  et  des  Capponi,  dépouillées  de  leur 
anden-  crédit,  cherchait  seulement  à  faire  en  sorte  qu'au- 
cune d^ëlles  ne  pût  se  rdever,  qu'aucune  autre  n'acquit  des 
richesses  oo  une  considération  qui  pût  lut  faire  ombrage  ;  as- 
suré qu'autant  qu*il'ne  laiss^ait  point  de  chef  à  la  multitude , 
il  pourrait  saoDS  danger  provoquer  son  ressentiment. 
i  Parmi  les  familles  dont  les  Médicis  pouvaient  craindre  la 
rivafité,  celie'des  Pazzi  tenait  le  premier  rang.  Les  Pazzi  de 
Yal  d'Amo ,  longtemps  associés  aux  Ubaldini,  aux  Ubertini  et . 
aux  Tai^ati,  étaient  d'andens  feudataires  gibelins,  habituel- 
lement en  guerre  invec  la  république  florentine.  Après  que 
ragraitdissement  de  cellé-d  le^  eut  engagés  à  quitter  leurs  for- 
tâpesses  potir  venir  vivre  dans  la  capitale ,  ils  continuèrent  à 
exdtcr  la  défiance  d'une  démocratie  jalouse';  ils  furent  com- 
pril(  êtM  la  dàsse  des  magnats ,  et  exclus  de  tous  les  emplois 
pcr^Vordonnance  dé  justice.  Mais  lorsque  Gosme  de  Médicis 
eut  diUMBsé,  en  14S4,  la  noblesse  populaire  du  gouvernement,  ' 
il  fltntil'la  nécessité  ât  te  fortifier  par  l'alliance  de  rancienne 
nableMf.  Dans  ce  but,  il  accorda  à  plusieurs  magnats  le  privi- 
1^  de  rentrer  dans  la  dasse  du  peuple.  La  famille  des  Pazzi 
fut  une  de  celles  qui  acceptèrent  ce  droit  de  bourgeoisie ,  jugé 


^J.  Michel  BrutOj  Hist.  Florent.  !..  VI,  p.  H3.  Alfieri  a  tiié  parti  de  cette  opposi- 
tion de  caractôredana  sa  tragédie  de  la  Conçiurasiione  de'  Passf.li.IUMeo«  (lUttttmffOfff^ 
p.  lot)  oppose  au  témoignage  de  BnitOi  et  A  la  iradHiom  flofentiM  dont  AMeti  a  fait 
usage,  des  yers  faits  à  la  louange  des  deux  frères  par  un  poète  A  leurs  gages;  s'il 
ayait  vécu  en  IUlie,  il  saurait  le  erédlt  qu'on  y  donne  A  df  tels  Ttrs. 


|P^  HISTOIRE  BE^  ^Bl]^l^|q[I3f$  ITALIlSlIIfES 

pafr  plosieui^  une  d%«^i|tion«  fit  AviM  fot»  »  148®>  ^ 
premier  ^e'cettef vanille  qi^i  si^e^^t  âf^Uft)^  Seigneui^.  André 
eut  trois  filç,  Aptodne,  Pierre  e|  jf^Qob;  fua  loi  doxina  dn<| 
petits-fils,  VwîW  troi^i  Çt  J^^Whi  l«  IAb?  i«PWi^  ^^^  wmari* 
pas  *.  CeUe  pomlircasçi  maisoi)  v^v'^iX  pfis  9^)emwt  été  ad-*, 
mise  dans  Vordre  d^  p^upl^  par  pft  dAff^t,  dte  ^«tit  aqm 
pris  les  mœqrs  d^  Iff  hoqrgeoâsîe  flQr§ntlPÇ«  l^fem  £||*étaieat 
engagés  i^w  le  commerce ,  çt  lenr  m^p  de  hanqw  était  nne 
des  plus  ppI^ç»  et  des  plw  9QB»id^î<ifl»  4«  VltaBe.  Bhm  mmna 
snpériçuçft  ftçx  ftfédicis  cofnmfi  marchand»  qpe  oamne  gea-i 
tilshoRim^,  iU  H>Y^^  BW  ^mmi  ROM  SQ  PMltaîr,  de 
détourner  ^  Içpr  Ryaptage  le»  imfm  mVm> 

Cpsme  dç  Jf^diçi»  ayaU  YPalft  a'ftttechfi?,  psc  lea  Henjj  da 
sang,  cette  feinJUe  ni  qombr^it^,  |î  |î(^fe  et  dwt  le  epédit 
popyaît  $trç  ponr  liP  si  ptilç  op  |(i  dftngçrwx*  II.  awil  fait 
éppusar  sa  petitç-fiUe,  Qlapchq,  m^V  d§  {laprent  etde  Jidian, 
à  Gnillauin?  ^ç§  Eaw,  fib  d'A?i$Qiae  et  pçti^fito  d'André  ». 

Laprent  avait  op  ppe  peUt|g}|e  toipl^  miltfMie;  U  awl  pow 
principe  dç  les  mip^r,  op  tp^^  ^^  pp}n§  d'»rç4to  ïa^«f^rti«»r 
ment  de  leur  fprtupe  j  et  PPIPW9  J[çp«  d»  Pwi  fe»P»lrè»e  d« 

sa  spBur,  avait  épQu^  la  fillR  qj  |  ppigp»  Uériti^fi  ?e  Jean 

Borroméi,  çitQj^n  iminçn^ém^  lîfib^,  |>a|yaHPit  fit  renADft 
une  loi,  à  1?  p^qrt  d?  B^ltWTSPi^,  p§r  teawU§  tel  »PT6U  da 
sexe  mascpliq  étaient  pr4{^^  »px  Qlji^ji  dips^  VIlAntaga  d'oa 
père  mort  aft  intemU  ?t  ^  4Q«»ft  è  Ç^tte  toi  pp  irffet  l^étfOt 
actif  :  en  sprt^  QpçPa^  p^dit  Vb^g^  #  i^tiew-pèo^  cp» 

n'avait  p^^  i^rp  P#$49{HI«  4^  I^WV  BA  tiiHtNn^Ot  fia&VMfi  de 
sonupifpç^^pt'. 


>  Se^ioiM  âmmirato.  L.  xxiv,  p.  us.— >  tM.  p.  i !«.•*-/«•  irieA.  ai«il,  nétt*  FJ9f^ 
L.  VI,  p.  140.  —  s  MaeehkttfelR,  Marku  E.  Vllf,  p.  86i.-*j«eope  ffonli^  Ifl.  F/or.  L- 1« 
p.  Il,  |1  rwMiHMt  4D«  daioa  laiapt  eeftie  toi  était  encore  en  Ttguenr.  /.  Midi.  Bmu 
L..VI,  p.  118.  U.  aiMeei,  diMinidlatt  la  nature  préeiae  de  eette  fqjtntice,  prétend  qu'elle 
appurtiett  é  une  épo<|iie  oA  lianient,  encore  Cort  Jeune,  était  hors  de  sa  patrie  ;  '^t  il  en 
dopne  poipr  pmiirB  eea  plvaiee  d'une  lettre  de  Louia  Met  ft  Laurent  de  Médicis,  du  tb 


DU  MOYE5  AGE.  IQ^ 

^.  ^  troi^  fils  d'ADdré  PDzâ,  le  seul  cpii  vécAt  enowe^  éUjit 
Jacp^^,  q^ui  n'avez  point  été  marié.  Il  avait  été,  eu  14Ç9, 
goitfaloniei;  4©  jas^»  Çt  le  peuple  l'avait  fait  chey^er  ; 
niais  dès  l?^?  t^'^rcnt  de  Médicis  avait  exclu  tous  les  Pazzi  de 
la  Seigneurie,  à  Vexception  de  Jean,  beau-frère  de  sa  sœur, 
9P  9^.8^  UQÇ  8^u^  fois  en  1471^  parmi  les  prieurs  ^ 


tua iKâj  w  Ito iâHMHiii  ftÉ firtte  Mtohtima  qmmtu  porteua,  «ecto  cke tt  dod 

«.a]b)j|,çpiYfP^»5Q  pcpealA)  a(|  aiiUare  delja  iua  petizlone  Duovameote  affermau  quello 
«  con  c6e  Pamico'df  Val  (TArno  del  Corno,  v(ieva  eètrare  nelK  oflo  de!  Rorromeo 
elMsrieiMins'ttrTéHybQBietoeglipoHaleferiiiQ,  <|iiâDdo  nitD  t^agKfagfle  Blqr|ii«- 
«  col  SQO  p(piuiati}ZK.o-  »  JfB  ne  conD^^trends  pas  trop  ces  plaisanteries  en  langue  l>aroqiie, 
niais  je  doute'  que  M.  Rôsco^  les  comprenDe  mieux  qae'mof.  A  supposer  cependant 
qiill  s^iMR  idde  Gfomnai  Bistf Miéi,  q«d  VanOcoM  VêidrAmo  soitun  piuô;  pnrtè 
Qit  les  paazi  ay^ieiit  été  seigneurs  dans  le  Val  d'Amo  ;  A  supposer  aussi  que  ce^  murs 
£  jardin  k  escalader,' cette  serpette  A  tailler  les  Tignes,  aient  un  sens  figuré,  et  ne 
QMMii  l^aff allMHi'A  4m  eip^jtlertef  tr«s  ré'tllei  de  jomes  gens  de  dtx-sepc  ««s,,  «k 
c;çre.  s'anraiHI  d'une  enureprise  où  Laurent  de  Médicis  aurait  été  de  moitié  avec  rami 
m  Vai  f Âf tio,  et  auraîi  réussi,  comme  ion  mariage,  par  exemple;  non'  ifé  dépouiller 
est  ami,  dom  la  péUtion,  dit-il,  a  éié  cenfirmée.  11  faut  des  divinations  mieiix  fooéift 
pqur  détruire  le  témoignage  de  deux  historiens  presque  contemporains»  et  une  loi 
Ib'ngtetepk  existante.  On  se  tient  bn  gardb  contre  la  (lartlàliié  d'Un  faétieiix  quif  Wit 
Mm»  di  flCMMT  à*m  prince  qoi  éocit  9Êm  sqd  •ctlverain ,  «léne  d'il»  ci- 


toyen <}ui  veut  relever  la  gloire  de  sa  patrie;  mais  devait-on  s'attendre  à  ce  qu'A  trois 
cenlï  ans  et  trois*  ï^ent^  lieues  de  '  distance,  tin  babUe  écHvain^  emploferaii-  la  pins' 
>afcierti,w|iiiirt.ài»  traoïpet  laMnêmp  avasi  Me»  que  les  «lire»  aur  riql9eriep«e«  le» 
droits  et  les  vertus  de  son  héros?  Roscoê,  Ufe  of  Lorenzo.  Chap.  IV,  p.  i8*i. 
'  Je  ne  ^  (iimrqubl  M.^RoscOé  prétend  (iliustratiotUt  p.  tos)  que  je  n'allégué  poor 
«ligtiâftetiftaolBctlié  fOffSciiÉma  Ampiiiato  ellIL  Bqioo,  landls  q«e|B  aidais  oeu- 
vre Hacçhiaveili  et  Nardi,  tous  deux  contemporains,  tous  deux  précis  dans  leur  té- 
lÂoignagc'  et  abséttiméfit  irrécusables.  Je  île  comprends  fias  mièQx  domiBell  dic,  p.  io8, 
0titm^  ffifmîvviietfi  pdalr^  que  l»  lettre  «pi'il  *  reprodiwie  ae  rappel;»  à  «quelk 
guB  autre  transaction  entre  les  Pazzi  et  les  Borroméi,  il  croira  toujours  qu'elle  suffit 
pdfar^HtiAër  Loi^éuzo;  eomme  si  VchtHié  dr  ratéfânw,  éitre  doqùaMé  nlUe  Aàbi-^ 
tmu  di;mie||i9)Ti9fe^  •  9^  fgnm^  A^  Vl^il*^  PMli  Ae  n'irai  fetot,  «omoDe  il  m»  le 
fmaeilie^exercer  mon  talent  de  deviner  sur  Burchiello,  pour  me  préparer  A  la  lec- 
tm^'^èéM&tte  lettre.  Je  ne  comprends  point,  il  est  vrai,  A  quel  fait  aHusieir  la  plaiêa«H 
•urto  da  tenerpecte,  ni  lui  non  plue;  eials  je  eoeaprenda  que  Puld  ftliei^  LaiireBi  de 
n'avoir  pgs  comfuis  le  péché  décider  Vomi  du  Val  d*Arno  contre  Borroméi,  et  non 
d'aider  ud  neteu  de  Borroméi  A  enlever  A  cetàmf  ses  droits.  B^ailleorsil  7  a  contre  fa 
mppo^jÊafi  ##  «-  li0a«Q«^  wne  pieiive  ptos  déeiaive*  Veur  que  la  letice  de  VjMf  d» 
^  avnl  44Qj^  se  rapportât  A  la  succession  de  Giovanni  Borroméi,  Il  faudrait  que  celui- 
ci  Ifft  morTÂ  cette  époque  ;  maisonWoltperle  rrioraio  quetGtovaoBf  di  Bér^cteéa^ 
ter  rilippo  Boriromei,  était  prienr  de  uberlé  en  mars  elavru  tin.  —  in  DeUxte  ^H 
Emdit,  T.  XX,  p.  407.  —  i  Voyez  le  Priorato.  Delix,  Emdit.  T.  XX,  p.  Aei  et  iiiivanlei. 


104  UISTOIHJS   DES  AEVtrBLIQOES  ITAUENHEB 

Cette  exclasion  était  d*aatant  plus  offenâantey  qu'il  y  avait  à 
cette  époque  neuf  hommes  dans  cette  famille  en  âge  cf  eker-*' 
cer  les  magistratures,  qu'ils  tenaient  le  premier  ifang  dans  h' 
Tille,  et  que  toutes  les  élections  dépendaient  nniquement  des 
Médids. 

François  Pazad ,  Vaine  des  beanx-fir^rès .  de  Bkffliclie  de' 
Médids,  ne  put  supporter  qu'un  homme  m  wSl  à  la  {daee 
de  la  patrie,  qu'il  acctedât  ou  rrfiisàt  eomme  une  lotwr  oti^ 
qui  appartenait  à  tous ,  et  qu'il  exigeât  de  la  reconnaissaoce^ 
de  ceux  à  qui  il  en  devait,  lorsqu'il  se  faisait  fort  de  learcié^ 
dit,  et  qu'il  s'enrichissait  de  letir  argent.  Il  alla  s'âaUir  à: 
Rome,  où  il  avait  un  de  ses  principaux  oomptoivs  décerna 
merce  ;  le  pape  Sixte  lY  le  choisit  pour  son  banquier^  de' 
préférence  aux  Médids,  et  ce  pontife,  anssi  bîea  que  mai> 
fils  Jérôme  Biario,  formèrent  dès  lors  avec  lui  des  rektions' 
intimes. 

Autant  les  dtoyens  florwtins  ressentaient  de  jalousie  contni 
la  maison  de  Médids,  autant  Sixte  IV  et  MrAme  Kario  nonn- 
nssaient  de  haine  contre  elle  ;  ils  la  regardaient  comme  ap«. 
portant  un  obstacle  à  tous  leurs  projets  d'agnmdnenieBt/ 
SUte  n'avait  oublié  ni  les  secours  donnés  à  Nicolas  YitelU, 
sdgneur  de  Gittà  del  Gastdlo,  ni  la  ligue  formée  dans  le&orè 
de  l'Italie ,  ni  les  négociations  entamées  par  Laurent  pour 
empêcher  Jérôme  Biario  d'acquérir  Imcria.  iâ>ème,  deain» 
côté,  craignait  qu'à  la  mort  du  pape  les  Médids  ne  le  éépofaiH^, 
lassent  aisément  d'une  souverainetéquiB'amaitplnB'd'Bppmji 
Il  désirait  rendre  à  Florence  sa  liberté,  pour  se  mettre  ensuite 
sons  la  protection  de  cette  républicpie.  François  desPaan,*  qui 
voyait  familièrement  Sixte  et  Biario,  «ivenimait  leur  hmné 
en  l'umssant  à  là  sienne,  et  il  cherchait  avec  eux  k»  moyena 
de  mettre  un  terme  à  une  i]|surpation  qui  s'affermissait  chaque 
jour*. 


OQ  IlÔTBlf  AÀE.        ^  fÛS 

^  L'hiKtoife  passée  ée  la  i^tmbliqQe  né  laissait'  àxlCDû  doaté 
sur- le  maoVai»  smxUlê  dé'tôtttes  les  tenCathres.d'émigi'és  ;  nnd 
agroHîoD  extéiieare,  loin  d'Aranler  le  gony^nemênt,  Taf- 
femniSHit'ett  M  dMnant  oecittioti  d*einpriaonner  on  d'eiiler 
868  ennemis  secrets,  et  d^employer  les  ressources  de  Fétat  areer 
pins  dTénergie.  La  tentatite  d'ime  informe  légale  était  tout 
aiMBi  iBUtfle  ;  quand  on  aurait  troniré  au  milieu  dé  conseib 
onTM9pns  un  homme  assez  courageux  pour  rédamelr ,  au' 
nomémàam,  le  maintien  de  la  liberté,  son  déTMiMieiit  n*au« 
ratt  pradmfc  aulro  tliose  que  sa  perte  fmméAatè.  Lès  Héifids 
n'étirieirtplaaBonmi»a«i  lois,  n'étaient  plusjuatlciiiblftd'an* 
eniiOMtvfll>SMUx,  et  tout  recours  contre  eux  n'atkrait  wtn  ifa^k 
knr  àéngner  de  nouvelles  yictimes.  Une  levée  de  boucliers 
était  également  impraticable  ;  la  vigilance  constante  du  gou-*' 
ipcmesient  aurait  onpèefaé  les  Pazzi  de  réunir  chez  eux,  en* 
armes,  les  citoyens  de  leur  parti,  ou  les  paysans  de  leurs  éanH 
pegnci. 'Et  quand  encore  on  aurait  pu  dérober  aux  Médièis  la 
prtmîèrt  connaissaaioé  d'un  rassemblement  hostile,  comnfé  iU 
étaâeBt  aadti»  du  palais,  des  portes  et  de  tous  les  lieux  forts,^ 
c<«mie4es»  magnats  et  les  juges  étaient  leurs  clients  et  leurt^ 
cnéatures^,  toutes- les  forces  militaires  de  l'état  et  tout  Fàppa-^ 
«ôbëeda  jcfitioe  auraient  été  tournés  contre  les  insurgés.  It 
neifstBit  <d«c  d'autre  parti  à  prendre  à  leurs  ennemis  que 
ffihii^une  oenjuralion,  car  ils  se  croyaient  bien  sûrs  qu'a- 
pnèB^^ple  lea  deac  Médids  aurafent  été  tués,  les  citoyens  qui 
tremUaient  devimrt  eux  s'empresseraient  de  condamner  leur 
utéMOffe,  et  de  reconnaître,'  comme  un  acte  de  la  yengeance 
pid>liqoeji¥attentat  de  leurs  meurtriers.  L'exemple  récent  de 
h:«iin8pâMion'de  Milan,  Idn  de  découri^r  les  conjurés, 
pou?aib  bnr  inspirer  de  la  confiance  ;  il  a^t  montré  combien 
S  étsUfacOe-de  se  défidre  d'un  tyran  ;  et  si  le  peuple  de  SBlan' 
ne  s'était  pas  soulcTé  ensuite,  on  poutait  alléguer  qu'il  re- 
connaissait Galéaz  Sforza,  quelque  odieux  ^'ilfùt,  pour  son 


10^  HISTOIRE  Bl^  I^PpiU^Ilé  ITAUENKES 

ipnx«irfW  { )ta«4i&4Pe  }e^V(^m  A*QW^iilM  A^e  amfer 

9^yc^^(^Ê^t  gi^ij^  wi  <^iW9Dt  d*  on  rrag  mÂémnr  «oi^  anti^. 

ét^at  pjjort,  §ixt^  Vf  lui  clo^m  popr  wi«K»PWttr  InutfiCNyiâlIr 
yWi  w^m%  ^m  im>h  Salmti  cpae  les  Médkia  Aftknt  lût 

i^myfw  pirélftU  çVîte  lui  r^iQuriareot  l  iMwimft.de  «m  uth 

Vpa  d99.  Testrai^^ais»  de  Tart  iii{titak(i  ra  ItoUe,  tjgo^t  neqpM 
Uû-méiKjie  qaelqiue:  réfmtatÎQn  dans  les  ftram^  T«riiti  tinter  do 
leeQUirer  VautorDté  tœ  son  père  &tiét  exei:«ëe  aar  Jtéxmam. 
H  éXitiX  Y«m  à  Floraice,  iqporè;»  ayf ir  teroniié  le  teoipA  de;  t»-^ 
Ylpe  i«mr  leQ^el  U  pétait  engagé  air^.  te»  Yëoil^Q»,  el  H  3^ 

Pf^dt^t,  cpjïtm^,  il  apprit  w«  l@^  FWi:ej%Viâ  >^@ftiiî^.di^  v^ 

pj^gqr  i^\e  ifiltlQ,  et  il  tjp^wRA  9âi  afvm  e^Ptee  te  rép ^Mip» 

q^ifella:  Q*ét(ai|  pqfiM;  %li^  ^  ^9i^  biiffiitiée,  ChmrtaB  di» 
%^^i^  Pig9Ç^9>t  t'^  de  H77»  fi^fira^  w  9i9iid  MNii»» 
d?  ç^l^t^APifL  %ux  $iç,9Daifi)  d^.  <iw  U  r^elaa^  te  pc^t^oKiri) 
d^fmed^ttS  QQi#a$téQ  eaw^  1^  pi^r^i  «t  ^(»HOie  ilks  tom-: 
y^  («4 Pr#Vâ»  à  ^ d^{^i«>  U  s^  M\mi4é^k  deiiBoiweltet 

youlcHx:  pqw  c^la  laî^w  aUapie?  qaq  ga^ri^e  me  leurs  frw- 
tiftrfi«|^  Il«  foiffièrept  MpPtWft  i^  ajhwdwpar  son  wûwpri»;  la 

t  Maechmelli,  L.  VIIT,  p.  359.— Sdpione  ^fnmiralo.  I .  XXIV,  p.  116.—  Conjura- 


i>v  mum  AG8.  107 

fi^pii^fm^  4t  9mw  ^'m  gank  paa  moios  ma  lif  seMenti*. 
nmt  dç.  ce  qi90  fiurm^  Qiv  «T<^t  «mki  ion  temtoke  était 
partie  dfif,  é\^\^  flçN:«atînâ  f .  Pqpt  s*Qn  venger,  elle  eonlracta 
90^  ^rqîte  f|,liiHiw  f^Y^e  k  P^PQ  et  le  roi  de  Naples^,  tandis 
^e  Six^t^  I Y,  4^  8op  c6t4f  r^QiqUai  une  petite  année  bqf  \ak 
frooti^  |lQPçnHWA>  aof»^  pp^testa  iim^iB^  le  oùàteau  de 
]ilontoi)fi9  ^  dç  ppnir  ^Qiii  le  çopitaipe  qui  menait  de  troubler 
l*pai]^?. 

Sur  ces  entrefaites,  le  projet  de  changer  le  gouvernement  de 
F]pr9iiç»pftrl§Qi|^uirtrf  4^  Médi^  h\  arrêté  entre  François 
djBs;  ^f^i  ^  Jérôme  rûa^îo  ;  iU  1«  f^mmunic^bbnBnt  i  f  arche- 
véqi;e  Çrituçois  Salviati ,  qu^U^  wifwpt  innté  pcgr.  des  injures 
réoeAtf^.  :  f^  ep  effet  ce  V^A^  y  eptre  ai^c  ardeur..  François 
P{(z^i  vfpf  ^w^  À  Flor^l^c^,  p9ur  mwêv  4  U  oonjuratiMMi 
spu  pm^  Jq^»  le  chef  de  \%  tonîUe  ;  ma)9  il  y  trouva  plue 
4ç  dif(i<^i4téfi  qu'il  u*en  avilit  attendu.  J[ean*$a()jkiste  de  lIon<* 
t{|s^c$^,  oonçlQ^ière  9^t  acçç^^té  m  «»rvice  du  pape ,  et 
<^^4^t  4e  J^^roe  Qi^rio,  fu^  dâ|)|âch^  h  mn  tour  auprèa  de 
ce  viepi^  nu^gistrat,  pg^r  |f  p^nuf^der-  IttantesecoQ  8*étail 
T^s^^  fn  T<Acaj^  cfoaTf^  4*^e  ff^wle  n^gfOciatiOA  aimi  Lan* 
re^i:^  4f^  liï^içiS)  et  ayapt  t^  d(ippt  H  a^att  en  une  andieneo 
4^  pi^  qi^  avait  Qfîfic\  to^tffl  «eti  forces  pour  appuyer  là 
ooDJunition  ^«  Ce  iut  çe^^  aoçç^pn  4o  pApe  an  oompliQit  qui 
ei)|n^fi  «api^n  Jacp^  dçn  Pas»  ;  \\  co^ps^^tit  alon  i  s'en,  lap- 
{Mirler  ji,  ce  qo^e  spn  ^e\^  ^ait  k\uî;  lui  ^  Borne.  En  effet , 
Fra^çpis  y  ^tt  pçtourné  pow  ipiiirif  se9  projets,  de  concert 
avec  If  .papç,  l^  çpmt^  Biario  e^  Vfi^Dpihasiadenr  de  ferdînand, 
qi^i  i^  s[qQ  f^té  p^o#ettait  WQ  pqi^mite  eoopéi^alioa.  Il  fut 
o^i^e^  ^9,  sg^a  pi!ét9;(t$L d;i^ttaqiMr  Mmtanfi,  nue  armée 


1  Setplone  AmnOrato,  L.  XXIII,  p.  114.  —  ITiueMiive/iï^  istor.  L.  Vil,  p.  346.— >  i4/- 

^5^(ï?<lW.  ^tei  hw^'  P*  W.  -  ^  MacçkioMm.  L.  YIU,  p.  M4.  -  4.  Mich.  Bnrfl. 
L,'XI,  p   146. 


108  HISTOIRE  D£5  BÉPUËLIQUES  ITALIENHES 

pontificale  s'assemblerait  dans  1*  état  de  Pérouse  ;  qde  Lorenzo 
Giastini  dé  Gittà  di  tlasteUo,  le  rival  de  Nicolas  TitelU,  lève*- 
rait  des  soldats,  comme  pour  attaquer  la  famille  c(e  ses  adVer* 
saires  ;  que  Jean-François  de  Tolentino,  on  des  condottieri  du 
pape ,  paisserait  avec  sa  troupe  en  Bomagne,  et  que  François 
désPazzi,  rarcbevéque  Salviati  et  Jean-Baptiste  de  Montesecco 
reviendraient  à  Florence  pour  augmenter  le  nombre  des  con- 
jurés ,  et  trouver  le  moment  d'accabler  en  même  temps  les 
deux  frères  * . 

Parmi  ceux  qui  s'engagèrent  à  seconder  Pazzi  et  Salviati , 
on  comptait  Jacques,  fils  de  Pbggio  Bracciolini,  Técrivain  cé- 
lèbre auquel ,  parmi  plusieurs  autres  ouvrages ,  nous  devons 
une  histoire  florentine.  Jacques  était  aUteur  lui-même  de  quel- 
ques ouvrages  d'érudition  '.  On  y  voyait  encore  deux  Jacques 
Salviati,  l'un  frère,  l'autre  cousin  de  l'archevêque  ;  Bernard 
Bandini  et  Na^léon  Francesi,  jeunes  gens  pleins  d'audace,  et 
tout  dévoués  à  la  maison  Pazzi  ;  Antoine  Mafféi ,  [prêtre  de 
Yolterra  et  scribe  apostolique,  et  Etienne  Bagnoni,  prêtre  qui 
enseignait  la  langue  latine  à  une  fiUe  naturelle  de  Jacob  Pazzi. 
Tous  les  membres  de  la  famille  de  ce  dernier  ne  prirent  point 
part  au  complot.  Bené,  l'un  des  cinq  frères,  fils  de  Pierre, 
refusa  avec  fermeté  de  s'y  engager,  et  se  retira  à  la  campagne 
pour  n'être  pas  confondu  avec  les  conspirateurs  '. 

Le  pape  avait  envoyé  à  l'université  de  Pise  Bapbaël  Biario, 
neveu  du  comte  Jérôme,  jeune  homme  à  peine  âgé  de  dix-* 
huit  ans;  et  le  10  décembre  1477,  il  le  fit  cardinal.  Son  élé- 
vation à  cette  nouvelle  dignité  devait  être  célébra'  par  des 
fêtes.  Les  conjurés  pensèrent  qu'elles  offriraient  une  occasion 
facile  de  réunir  Laurent  et  JuUen  de  Médids  en  un  même  lien 
pour  les  tuer  ensemble,  car  il  leur  paraissait  essentiel  que  les 



i iroecMovem.  L.  Vin,  p*  S66.  — >  w.  Bneoê,  Ufe  ûf  Lèmuô,  Cbap.  v,  p.  iw,  < 
note.  —  s  MacchiavelU.  L,  yill,  jp.  MT.  ^  j^UOmuâ ,  0$njmÊt.  PtKHmtm  Commmi,  " 
p.  8-9. 


DO  lIOTBlf  AGB.  109 

deux  firères  fiissent  attaqués  m  même  temps,  anttemfiiit  la 
mort  de  Ynn  aorait.arerti  l'autre  de  se  mettre  sor^^ses  gardes» 
Le  jj^pe  écrivit  en  conséqaenoe  aa  cardinal  Riario  de  faire 
tont  ce  cpelni  ordonnerait  rarcfaeyèqne  de  Pise,  et  peu  après» 
Tarcheyèque  fit  venir  le  cardinal  à  Florence.  Jacob  des  Pazzi 
Ini  donna  nn  festin  à  sa  maison  de  Montughi ,  à  un  mille  de 
la  irille.  Il  y  avait  invité  les  deux  frères  Mé4ici89  mais  Julien 
n*7  Tint  point.  Il  n*assista  pas  davantage  à  un  festin  donné 
an  cardinal  par  Laurent  à  Fiesole;  enfin,  l'on  apprit  qu'il  ne 
serait  pas  non  plus  à  celui  que  Laurent  destinait  à  Riario  dans 
sa  maison  de  la  ville,  le  26  avril  1478.  Ce  fut  alors  seulement 
qu'on  résolut  d'attaquer  les  deux  frères  ce  méine  jour  à  la  car 
thédrale,  oh  le  cardinal  Riario  devait  entendre  la  messe,  et  où 
les  Médids  ne  pourraient  gu^  se  dispenser  d'assister  ayec 
lu!  au  service  divin  * . 

François  des  Pazzi  et  Bernard  Bandini  se  chargèrent  de  tuer 
Julien.  On  regardait  leur  entreprise  comme  plus  difficile, 
parce  que  ce  jeune  bomme  timide  portait  habituellement  une 
cuirasse  sous  ses  habits  :  et  on  avait  donné  à  Jean*Baptiste  de 
Montesecoo  la  commission  de  tuer  Laurent.  Montesecco  s'en 
âait  chargé  volontiers  lorsque  le  meurtre  avait  dû  s'exécuter 
dans  un  festin;  mais  quand  le  lieu  destinée  l'entreprise  fut 
changé,  et  que  ce  fut  dans  l'Oise,  et  pendant  la  messe,  qu'il 
dût  tuer  un  homme  avec  lequel  il  avait  eu  des  rapports  d'hos- 
pitalité, il  déclara  qu'il  ne  se  sentait  point  capable  de  joindre 
le  sacrilège  à  la  trahison.  Les  scrupules  de  ce  militaire  eau* 
flèrent  le  mauvais  succès  de  tout  le  complot^  parce  qu'entre 
•les  conjurés  il  ne  se  trouTa  plus  que  des  prêtres  que  l'habi* 
tttde  de  vivre  dans  l' église  rendit  indifférents  au  lieu  où  ils  se 
trouvaient,  et  que  T idée  du  sacrilège  n'effrayât  pas  '.  On  fut 

1  Maeehimem»  L.  Vin,  p.  368.  —  SdplMe  âmmÊHOo.  L.  XXIV,  p.  ut.  —  /.  Mlehael 
aniH.  U  VI.  p«  118.  —  8  Parnmper  bmltaum  esi,  cum  obtrineaiHlo  canrenfio  milei 
ilohmni  1  iMiHaftis  «Bfq»de,  iMg»«|ieBe  liiloooiMro«ttdeBiiU«mpeipetntu- 


1 


110  HISTOIRE  DES  siFITBI/fQÛlS  ITALIEIIEES 

doue  réàtSti  à  reorettre  te  solii  êbftkppé^  LftiifenFâh  sfiiibè 
apbstdiqiie^  AaMtoeàt  YdlMto^  et  à  Étiè&fiëBHgikHil,  cvttit 
de  Mootemarlè.  Le  Inoiiieixl  ftt«  fut  (^tti  ètt  lë  pi^e  ëlevatk 
VbQstie,  led  dent  liétiiaes  à  f^odx  MISéiëniieÂI  la  fMe,  ef  iifc 
podrraiènl  Toir  lean  ââ&as^fiB.  Les  dôches  fle  lè  diésâè  9e^ 
taktit  faire  connaître  atfx  hmreB  m^tirfe,  éhargék  (Tifttii^èef 
le  pAms  pnbfio,  Tbistent  <tai  Mcriicè.  Vïïcébërè^iae  SêlviàiSy 
arvec  les  mens ,  et  Jaoob ,  fib  de  Poggid  BiiEKx»dIiiii,  SëTaièift 
se  rendue  maitfea  de  la  Seiginenriey  et  la  fdrëér  (i'^^iteàT^ 
nor  menrtf e  déjà  éiémfé  * . 

LeslooBÎarésétâeùt  dans  le  têfli^,  téi^iénA  éf  lè  âltffiiM 
y  étëent  arrhes,  l'égMse  étatt  fileilXê  Ûé  inotMte,^ftl  SërVîèe  ii^ 
^nf  était  comiheneé,  et  Jtrlien  ne  j^iâèait  ^fntcttftoM.  PMàf- 
«ois  des  Pftzad  et  BeméM  Battdttfi  i&èttm  le  obérer;  fh  M 
persuadèrent  que  sa  présence  était  nécessaire;  éii  iMlËe  féU^ 
ils  palssèvent,  coinine  eft  plediSaitf atrt ,  lès  Hfths  antAfl^  de  ^ 
oorp^^iponr^reconnattares'il  atUt  sa  édirasée.  Mais'J^ieb,  ^ 
souffrait  d'dn  mttl  de  jambe,  n^ieti^aft  pHs  M^ne  tfHànîtf;  & 
a'vait  knëiÊle ,  eokitre  sa  coaimne ,  qèitté  son  cdftettéad  dé  èVéite', 
parce^'il  fra^lpait  sur  Et  jmtit  nittlade.  J\ffleii ,  <%^Àdant, 
entraf  dans  l' église  et  s'aypibdÉa  de  raatèl;^'deiBi  tohjitt^ 
étaiem  auprès  de  lui,  dbux  âbf i^  tfll^f 8b  dé  Mû  ffèft,  èl'tt 
fmile  qai  les  entourait,  leur  doâiiaÉlI  thi^|Hréieitë'ploa^  sék^i^ 
de  f^i^ès  les  Médids.  Le  prêtre  MH^â  rh^lie ,  è««  MsÙnt 
Bernard  BaMtni  frappa  de  Sdtt  |i6iigttaM  Jiflièù  à'  U  poHrine. 
Gehii^,  a^rès  aTotr  fait  quelques  pas,  toMfa  par  terre,  f^f^tâ^ 
cols  des  PasBzi  se*  jeta  sur  Inl,  et^  ht  ftètppà  à  toôptr  rëldotiSiléâ 
ayèc'tant  de' foreur,  qii'en  même  téMfm'it  se  blessa  Wî-ïlâèÉaS 
gnèVenent'à  la  «uiSte.  Ati  teéme  Ms«M,  tes  Aefkil  '^fféti^ 
atfac^iént  Laurent.  Â'fttoine  de  Yoltërra,  à)[)pliyant  Ht  iètfir 

mm;  delDde  alk)  UBgotidiliràhièipliMI»,  qA  AmUHUHbr,  oi'j^cé  àtèérdôs,  et  bb  fît  lAÛnoi 
saoronim  toetnitn  tueimnii  —  iNloir.  Mtt  ;  De  réta»  Oéhiieni*  T.  XXfll;  p.  ^3.  ^ 


M  MMM  Â0tfj  m 


ffÊOÛakfnst  Éim  épmlfii  toaUtt  lui  fotUr  tm  ^oii(»  dé  pèigAAM 
te&s  te  «M  )  mais  Laurent  ae  dégagea  rafpidemeiift,  9  ébTelepj^ 
aoa  hff»  gamte  de  sen  nuoiteaa  dont  il  se  fit  ite  bMdier,  "9 
timaoli^péei  et  t»  détendit  a V6e  r aide  de  ie»  ésût  6tiÉjeifB\ 
Av^M  M  Liiàrattt  GavalcMiti.  Le  demier  filt  Mtesi^,  LatiMoh 
ïéM%lÉtAm6sûB  îégtntemmt  ad  col ,  lofBqfM  ki»  dMt  ilréiMb 
fMttrMt  iwcusage  et  s'oofaiMyt.  BérattNl  Bandini ,  an  cà#> 
ttmter  hÉMM  Jidien  (|è'a  menait  de  ftier,  ooifrat  vera  Catirettt, 
0t  tua  aw  sa  mate  Fïrattçûâ»^  Nori  ^i  M  borratt  lé'  ehemitf . 
laitfeoA  fféUàt  référé  dans  la  sacrifie  a\ee  ses  atnitr.  I^ofitien 
éfi  tÊfiOBSA  h»  pait&ê  de  brc«2e,  tandis  qcf  AntoMeBidolfi  su- 
çait la  Mesaare  qae  son  patron  avait  récioe,  et  j  mettait  un 
prmAàr  a)i»pareil. 

Gepe^dint  lés  Émis  dés  Hédids,  épars  dans  le  fémplë,  sé 
HÉÉsrflÉdAèrent  Tëpée  à  la  main  (tevant  les  portes  de  1k  sacris- 
tie ;  ils  demandèrent  qu'on  letir  dùvrlt,  et  que  Laurent  àe  mf t 
è  leur  tète.  GtM-^i  6i^aignût  d'être  trompé  par  tM  érh^  et  il 
n'Use  f(Mt  oifVrir,  jusqu'à  ce  que  Sinnondi  deUa^  Stufa, 
jeuflfe  honime  qui  lui  était  attaché,  fàt  monté  par  l'est^Hlier 
de  Foi^gue  à  a6e  fenè^e  d'où  il  poutait  voir  Fintérietir  dé 
Vé^m  :  d'autre  i^aift,  il  reconnut  Julien,  dont  Laurent  ignd- 
iMik  le  sort;  il  le  vit  baigné  dains  son  sang  et  étendti  ^Bit 
te^pe^  de  t-àùtipe)  X  s'attira  qué  èeùx  qpii  demandaient  à  éti^ 
ta^  étaient  de^  yf^  tMt  ûë&  Ifédicis.  Sur  son  rapport  oiï 
ImsÊ  ifomik^  la  psftë^  et  Laurent  se  mit  au  milieu  d^eux  pbtif 
figagiSBP  sa  maisè  *  V 

Iiéa^i$<tti}IMs«n'àVèlMt  point  disposé' dé  i^férts  (fans  l'iî- 
f^  jiocir  nftàtioer  lecÉrs-^iefimes  datfileur  retraite,  ii^e  qui 
]^»riMMëiâeiif^  B'àttr^  pas  été  tiBffiéile;  ils  avaient  r^èrvé^ 
tMilé^  tÉttrs  f orMi  pdur  se  t^dre  méttrés  du  palais  public: 
Bfc  saftàieM,  ëii  eflët,  qilé  là  miiltitiAe  ne  j^ge  que  sdr'âèr 

'  -  \ 

^  OofiltfHU.  FactUnœ  OommeM.  p.  U  «t  14.  —  Qommenmi  di  UrfUifpo^BftrHt^ 

L.  IT^  p.  54. 


112  mSTOIBB  DJBS  BSKVUqxm  italieisiies 

images  grossières,  et  qu'elle  reecnnaîtratt,  poor  d^^oi^aii!^ 
de  Fantoritë  souyeraine,  les  yainquears  quels  qu'Us  fassent, 
dès  qu'ils  seraient  entourés  des  gardes  de  la  Seigneurie,  et 
qu'ils  siégeraient  sur  le  tribunal.  L'archevêque  s*était  renda 
au  palais  ayéc  les  Salviati  ses  parents,  Jacques  Bracdolini,  et 
une  troupe  de  conjurés  d'un  ordre  inférieur,  t;*oape  cQmposée 
surtout  d'habitants  de  Pérouse.  Il  laissa  à  la  première  entrée 
une  partie  de  ses  satellites,  avec  ordre  de  s'emp«r!er  de  la 
porte  principale  dès  qu'ils  entendraient  du  bruit.  U  en  con- 
duisit d'autres  avec  lui  jusqu'à  l'appartement  qu'hid)itait  la 
Seigneurie  ;  il  leur  donna  ordre  de  se  cacher  dans  la  chancel- 
lerie, pour  ne  point  causer  d'alarme.  Mais  ceux-ci  ayant  tiré 
la  porte  sur  eux,  elle  se  trouva  fermée  à  ressort,  de  manière 
à  ne  pouvoir  plus  se  rouyrir  sans  clef;  en  sorte  que  cette 
bande  de  conjurés,  la  plus  nécessaire  de  toutes  à  l'action,  de- 
meura dans  l'impossibilité  d'y  participer. 

Cependant  T  archevêque  Salviati  était  entré  auprès  du  gon- 
falonier,  et  avait  prétendu  avoir  quelque  chose  à  lui  commu- 
niquer de  la  part  du  pape.  Ce  premier  magistrat  était  alors 
le  même  César  Petrucci  qui  avait  été  surprjis  à  Pratp  peur 
Bemardo  lïardi,  et  qqi  avait  couru  risque  d'être  Xné  dans 
cette  conjuration.  Dès  lors  il  était  demeuré  plus  défiant. qu'an 
autre  :  il  remarqua  que  l'archevêque,  en  lui  parlaçt,^  était 
tellement  troublé,  qu'à  peine  les  paroles  ^'il  balbutiait 
avaient  un  sens.  Salviati  changeait  sans  cesse  de  couleur,  il  se 
tournait  vers  la  porte,  il  toussait  comme  s'il  voulait  donnée 
un  signal,  et  il  ne  réussissait  point  à  màitrisçr  son  agitation. 
César  Petrucci  s'élança  lui-même  à  cette  porte,  il  y  I^Kmva 
Jacques  Bracdolini  qu'il  saisit  parles  chev^ox,  q^'il  rmy&em 
par  terre,  et  qu'il  donna  à  garder  à  ses  sergents.  U  apipela  en 
m^e  temps  les  prieurs  à  se  défendre  :  traversait  avec  enx  la 
coiâne  du  palais,  il  y  saisit  une  broche  avec  laquelle  il  se  mit 
en  garde  à  la  porte  de  la  tour,  où  la  Seigneurie  se  retira. 


DU  MOYEN  AOE.^  113 

ï^eYi«Faiit  œ  temps/ les  sei^ents  fermèrent  les  dii^rses  portes 
dés  corridors  du  palais,  et  attagaèrent  alors  séparément  les 
conjurés,  dont  la  plupart  s'étaient  d^à  emprisonnés  d'eiia-* 
mêmes  dans  la  cbancieUerie.  Tons  ceux  qui  ataient  smvi 
SaMati  à  F  étage  supérieur  furent  bientôt  arrêtés  ;  ils  furent 
tons  tués  à  r  instant,  on  jetés  viTantspar  les  fenêtres.  Mais 
Vautre  bande  de  conjurés,  qui  était  demeurée  à  la  porte  d'en* 
trée^  s'^tài);  saisie  de  cette  porte  ;  et  au  moment  du  tumulte, 
lorsque  ks.alnis  des  Médicis  accoururent  en  foule  au  pidais 
pour  piorter  secours  à  la  Seigneurie,  les  conjurés  leur  eu 
fermèveat  l'entrée,  et  soutinrent  quelque  temps  une  sorte  de 
«iége  *• 

Parmi  ceux  qui  s'étaimt  chargés  de  tuer  les  Médicis,  les 
deux  prêtires  qui  s'étaient  enfuis  làch^oaent  furent  poursuH 
VIS  par  les  amis  de  Laurent,  et  mis  en  pièces.  Bernard  Ban*** 
dini,  après  que  Laurent  lui  eut  édiappé,  lorsqu'il  Tit  que  son 
compagnon  Françok  Pazzi  était  blessé,  et  que  le  peuple  sedé^ 
darait  contré  lui,  comprit  que  la  partie  était  perdue.  Il  ne 
])àla]iça  peint  à  sortir  de  la  ville,  et  il  se  mit  au9siftôt  eu  sâ<^ 
retë.  François  Pazzi,  de  retour  chez  lui,  se  trouva  teUement 
afAi&fi  par  k  sang  qu'il  avait  perdu  de  la  blessure  qu'il  s'é- 
tait fidte  M^-mème,  qu'il  ne  put  pas  se  t^ir  à  cheval.  Beno&r 
çaM  donc  à  parcourir  la  ville,  en  appelant  le  peuple  à  la  li- 
hettëj  comme  il  avait  compté  le  faire,  il  pria  Jacob  Pazzi,  son 
^cle,  de  le  tenter  à  sa  place.  Jacob,  malgré  son  grand  âge, 
«omit  à  la  fête  d'une  centaine  d'hommes  ra8sem))Iés  dans  sa 
maison  à;  cet  effet,  et  marcha  vers  la  place  du  Palais  6in  invi*^ 
tant  les  cy^yens,  auxquels  l'occlusion  de  redevenir  libres  était 
présentée,  à  prendre  les  armes.  Mais  persoime  ne  vint  se 
jcnnâre  à  Id,  tandis  que  les,  prieurs,  du  haut  du  palais  qu'ib 
œeupaient,  lui  lançaient  des  pierres.  Son  beau-frère,  Serris- 

t  Ht^SeliiavelH.  U  vm,  p.  373.  -^  Cfmjumh  PacUtMmCmnmeféê.  p.  15.  —  Sdpiûne 
Âmmirato,  U  XXIV,  p.  lis.  — D/or.  Pannense^T»  XXll»  p^  278. 

VII.  8 


114  HISTOIRE  DBS  BÉHJBtIQUfiS  fTALIEirilES 

ton,  qa*il  r^aooiitra  tseul  dans  ks  mes/ loi  reprodUa  feiHi- 
miiUe  qa'il  causait  dans  .Florence,  et  lui  conaeilfat  de  8ei*ettv 
rer»  Jaoob  des  Pazffl,  fie  reeevaiit  de  seeours  d*ancitii  cdléi 
mwreha  a?ee  sa  troupe  yera  une  des  portes  dé  la  iSle  ;  il  «a 
eortil  et  prit  la  itmte  de  Bomagne  * . 

Laoreat,  retiré  ehee  lui,  n'aYdt  prid  aQOfme  i^esùre  pont 
arrêter  les  conspirateurs  >  il  a^ait  abaildcHiné  tsa  Tengeam^  au 
peuple  :  ette  n*en  fut  que  plus  cruelle.  Le  goûfalonmër',  Gésuir 
Petrucdî  irrité  du  danger  qu'il  avait  couru,  Ht  peâdre  aux 
fenêtres  du  palais  Tardievêque  Baitiati,  aTce  son  ficère,  son 
cousin  et  Jacob  Bracdolini.  Tons  ceux  qui  TaTaiéiit  suiti  pé^ 
rirent  également,  à  l'exception  d'un  seul  qui  s'était  cachésons 
un  Humceau  de  bois.  Lorsqu'on  le  décc^trit  au  bout  de 
quatre  joiu«,  on  le  regarda  eomm^  assez  puni  par  la^aim  et 
la  peur  qu'il  avait  éprouvées.  Le  peuple  furieux  était,  de  son 
eôté,  à  la  recherche  de  tous  ceux  qui  avaient  montM  qndqiie 
oppositiw  à  Tambition  des  Médicfs,  ou  quelque  liaisoa  if  a«- 
mitié  avoe  les  eoujurés.  Dès  qu'ils  lui  étaient  dénoncés,  il  les 
mettait  en  pièces  et  traînait  leurs  eaiavines  par  les  mes  >; 
leurs  membres  déchirés  étaient  porté»  sur  des  lances  ^lu^ies 
divers  qaartî»s  de  k  ville,  et  cette  soif  fréilétiqae  scmlilait'iBe 
pouvoir  Jamais  s'assouvir.  Le  jeune  cardinal  Biario,  qui  fré- 
tait p^int  iiMtrait  du  complot,  «Tétait  sàuvi  sur  Tanlel^  ôtril 
avait  été  d^ndu  aveei  peiné  par  les  prêtres.  Trançois  Ptact , 
tiré  du  lit  sur  lequel  sa  blessure  l'avait  forcé  de  se  jeter,  fut 
conduit  au  pdais,  sans  qu'on  lui  permit  de  reprendre  ses  ha- 
bits^ et  pendu  ainsi  è  la  même  lEenêlre  que  rardbavé<p»«  En 
chemin  toutes  les  injures  du  peuple  ne  purent  lui  arrachet  un 
seul  uiot  ;  il  regardait  seulemeat  d'un  œit  fisc  «cs^ccmeitojraDS 
qui  retournaient  à  leur  esclavage,  et  il  soupirait  '.  Gutlfaume 
des  Pazsi  s'était  réfugié  dans  la  maâaon  de  ^LmiMit  mu 

i  Ma^eWotf.  L VIH,  p,  t74.-~/.  Mieh,  BrutLt.  Vf,  p.  159.-*  eovUmmwÙ  Mîfèrit 
L.  ni,  p.  »S.  •*  *  MacCkknfêUi,  L.  Vlii,  p.  399. 


bfPBH&^t  et  lies  i]^m!p4<^d6  isalemiiMi  BlamN^e  Ké-t 
dîm,  JeiimvtoHit  Beoé  des  Paw,  qui  a'iétait  retN  d'^Tapoii 
k]^  çawpilgQç,  poar  np  prendre  aacune  part  à  te  réT<riptkHi, 
Twliit  acpmdant  9*eii6ite  qoaod  U  mt  qa*eUe  a^nit  Maté  ; 
mmj  reooona  9011s  f  habit  da  pagrsan  qu'il  .avait  reyéta^  il  t§t 
9.iPf&U  ^t  ïeaandiiit  h  Ftoiwae  où  iUatpfMa*  JaeabdesSaazi 
art  4g»lmmt  arrêté  par  kq  noiitagBanils  à  son  paisage  ida» 
Apennins  ;  il  les  snpidia  de  la  taer  inniédiatmsiant  »  U  ieiir 
«Ifrit  aai£«9^,foax:eâlaTOeiécomp»8e;  maïs  il  ne  pilles 
fléçhir^et  il  fot  panda  ay^  sqa  naTao  Béné.  ÇéMt  4^4  le 
^ipatrième  jmr  d^^  la  mnjipjnitîop,  at  pendant  tout  aa  fipnpa 
to  poppteica  s*!âtiuit  ba^ée  dans  le  sang.  Plus  de  solianiMix 
citox^is»  aoiipables  on  suspects  d'aTojir  leQ  part  m  oomplot» 
avaient  ^  nus  en  pièi^es^et  lenrs  membres,  traînés  dans,  le» 
i^ipos  V.  le  cerpff  de  Jaaob  das.  Pamlnt  soumis  à  ^qsiewara^ 
prisas  à  a^tte  indigiijité  :  il  aymt  d'abord  été  entarré  ^uw  Ja 
ftmtosm  dasw  anadtres  ;  mais»  cjnmnaon  prét^dU  ravoirepi? 
te^kdii  Uaspbémar,  à  sa  mort»  babltude  à  laquelle  il  parais  a]«foir 
étéaiyat»  on  attrîbnfi  Im  pbnies  violentes  qui,  «plvîrenjtl^  i^ 
wm  te  corps  d'm  Uwpl^émataor  repo^tdans  nne  teKrç.aoxir 
aaarée«  Il  an  UA  enlavé  pwr.êtra  ^tarré  la  long  des  mnra^ 
des  enfants  rarracbèrwt  de  nonvean  de  aetta  saaondas^^n 
twt}  VOfv  ^  tr^iiua^  ^oagtampsdans  les  rpes,  avant  dek  jai;» 
dana^i'i^io.  l^au-tBaptîata  deHontaiecoo  eut  la  ttta  timAéet 

-  ■       •  "  .  •  •■•..• 

t  .  .  .  • 

i  4ilegi;eUi  «fiiire  qiie,  peaâmt  tes  jour*  fluiyaiits,  on  fit  mo«rir  encore  pins  de  deux 
twnts  personnes.  Diofi  Sane^t  p.  m.' 

Jl,  <«DfriMI  i^ftlmiM  (  lUÊM^atUMa^p»  ut)  qpjm  cette  Anvnr  4a  peuple  ne  m'ait  pas 
(ùt  refiopnat^e  la  conjurçtipn  des  Paszi  pour  une  entreprise  de  raristocratie  contre 
i'elii  00  peuplé.  Non,  les  citoyens,  les  marchands,  tous  ceux  qui  avaient  quelque  indô' 
ptm^fmmét  iMUne  étalett  tuaeWi  i  r^acieno»  liberté.  LWstorien  Camfai  apparteiuitt 
é  ces  bons  bourgeois,  il  est  leur  contemporain,  et  l'interprète  de  teurs  sentiments  ;  il 
âonne  tQuJ^mrs  a  taureni  le  nom  de  tyran,  et  déplore  le  sort  de  Florence  tombée  sous 
i#|gfr«||i|Ô»  JM#  M  pppoUifie  ,étatt  attachée  au^  ^lédicis.  Je  Tai  dit  dés  le  coipinencenieiit 
de  ce  duipitre»  p,  |fH>;  et  cette  populace,  que  je  ne  .cooronds  point  arec  le  peuple,  quoi* 
que  4e  sois  souvent  réduit  k  rappeler  du  même  nom,  ne  s'e^t  montrée  que  trop  emprei- 
sée  dans  tous  les  pays  à  se  ruer  sur  les  vaFccus. 


fit  HISTOIRE  VEÀ  I^PIÏBtl<)l7E8  *  ITALIEHHeS 

aprèd  on  long  interrogatoire,  par  leqael  il  fit  cônnÀlIrè^tMtd 
k  part  que  le  pape  airait  eoe  à  la  conspiration.  BemardBaii'^ 
dini,  ne  s*  arrêtant  point  dans  sa  fuite,  avait  été  eherdier  mr 
refi:^  à  Constantinople,  mm  dans  cette  ville  même  LaoreM 
de  Médids  eot  le  crédit  de  le  faire  arrêter.  Le  sultan-  Ma<« 
iMNttet  ifle  rendit,  et  Bandini,  rentré  à  f I<Nrenee  le  1 4  dé- 
eenbre  de  Tannée  suivante,  fiit  pendn  aux  fenAtres  du  J2ur«* 
gdlo  le  29  décembre  1479  ^ 

Les  historiens  florentins  qai  ont  vécn>8ons  les  Médieii 
<int  fait  des  Pazzi  le  portrait  le  plus  désavantageux.  Bolitien 
kor  attribue  tous  les  viees,  même  les  plus  incompatibles  :  ^m 
les  accuse  en  généi^al  d*  un  orgueil  excessif;  François  se  laissûl 
aveugler  par  la  colère,  et  c*est  dans  cet  égarem^itr  qu'il  se 
btessii  Iui*mêm6,  croyant  firapper^son  ennemi.  Jaeob  était 
adonné  au  jeu  et  à  l'habitude  de  blasphémer  ;  c'était  tf  aUleura 
un  homme  f<H*t  charitable.  Il  consacrait  une  partie  de^im  re- 
venu à  secourir  les  pauvres  et  à  enrichir  les  églises^  Pour  ne 
point  courir  risque  d'envdopper  dans'stm  malheiur  ceux  qui 
quiavinent  eu  confiance  en  luî^  il  avait  payé^toutes  ses.dettest 
la  veille  du  jour  fixé  pour  exécuter  la  conspirati<m,  et41avait 
C(ms^é  à  leurs  propriétaires  toutes  les  marchandises  qu'il 
avait  en  douane  pour  le  compte  d' autrui '. 

Encore  que  les  conjurés  n'eussent  pas  réussi  dtts  desr 
attaque,  lasftnation  de  Laurent  de  Médîcia  était  toi^wi^lpi^ 
dangereuse.  Les  troupes  assemblées  dans  la  vallée  du  Tibrt 
sons  Laurent  Ginstini,  et  en  Romagne  sous  Jeau'-François  de 
Tolentmo,  étaient  déjà  entr^^  sor  le  temU^m  florentin;  mm^ 
ayant  appris  le  désastre  des  Pazzi ,  dles  se  retirèrent  sans  se 
laisser  entamer.  Pendant  ce.  temps  le  roi  fecdinaiid  enioyait 

t  Strinatus  apud  Adimarum,  in  notts  ad  Conjurât.  Paclianœ  Commenté  p.  S6.  -^ 
ânnaUB  BononUnssê  Mieronvmt  de  BurseOis.  T.  XKm,  p.  9Of.C0t  fatolorfni'léiioMtte 
Bernardo  di  Randioo  Baroncelli.  En  effet,  Bandino  est  en  Toscane  cm  nom  de  baptême; 
tous  lea  aolres  cependant  prennent  Bandini  pour  un  nom  de  favUle.  —  *  ifoccMovettl 
L.  TIII,  p.  378. 


DtJ  MOYEU  AGBk  117 

ifmatres  troapes  qai  ataient  d^à  passé  le  Tronto  :  il  avait  pu* 
Miésmi  allianoe  avec  le  pape  et  la  répsbUqae  de  SiMUie.  Gette 
ligne  avait  cboia  pour  général  k  doc  d*Urbin,  Frédérie  de 
HontâeltrO}  et  die  venait  de  dédarer  la  guerre,  non  point 
à  la  répnbliqne  florentine ,  mais  au  seol  Laiurrat  de  Médids , 
qaf  elle  ne  vonlait^pas  confondre  âvee  sa  patrie.  En  même  temps 
le  pape  frappait  la  r^^liqne  florentine  d'anathème  ,•  si ,  dans 
le  courant  dn  mois ,  à  dater  du  l^''  de  juin,  jour  où  sa  bnlle 
fnt  publiée,  elle  ne  livrait  paa  anx  tribonanx  ecclésiastiques 
Laurent  de  Médicis ,  le  gonfalonier,  les  prieurs  et  les  huit  de 
la  balie ,  avec  tous  leivrs  fauteurB,  pour  être  punis  selon  Fé- 
uormité  de  leur  crime  ^.  Ce  crime  étût  celui  d'avoir  pcurlé  les 
mams  sur  un  ecclésiastique*  «  Parce  que  les  citoyens^  dit  le 
«  pape,  en  étaient  venus  entre  eux  à  quelques  dissensions  civiles 

«  et  privées,  ce  Laurent,  avec  les  prieurs  de  liberté,  ete 

«  ayant  tout  à  fait  rejeté  la  crainte  de  Dieu,  et  se  trouvant 
«  enflammés  de  fureur,  vexés  par  une  suggestion  didMique , 
«  et  emportés  comme  des  dnens  à  une  rage  insœsée,  ont  Sévi 
«  avec  le  plus  d'ignominie  qu'ils  ont  pu  sur  des  personnes  eo- 
«  el&iastiques.  Gh  douleur!  oh  crime  inouï!  ils  ont  porté 
«  l^irs  mains  violentes  sur  un  archevêque ,  et  le  jour  même 
«  du  Seigneur  ils  l'ont  pendu  publiquement  aux  fenéties  de 
«  leur  palais  ^»  » 

Le  pape  ne  se  dtfendit  point  d'avoir  eu  part  à  la  conjura- 
.tfon;  il  ne  chercha  dans  aucune  de  ses  bulles  à  repousser  cette 
accusation;  les  Florentins,  au  contraire,  reconnurent  leur 
tort  d'^avoir  fait  mourir  l'archevêque  de  Pise  et  les  prêtres 
conjurés^  qui  n'étaient  justidables  que  des  tribunaux  ecdé- 
ââstiqnés  ;  fis  cbercbèrent  à  apaiser  le  pape  en  se  soumettant 
à  ses  censures ,  et  Us  rendirent  la  liberté  au  cardinal  Riario  '• 
Cette  modération  leur  fut  inutile;  le  10  des  calendesi  de  juillet 

>  Butta ^xii  IV,  apud  RaynaU» Armais  Sccks*  147$,  $  IQ,  p.  37S.'***  Uid,  %  9,  p.  2IX 
~  '  Scipione  JUnmlralo,  U  XXlV,  p.  12Q. 


lis  HISTOIRE  DMA  BXlHJBLiQUSS  ITALUSnBÈS 

une  hou velle  baU6  les  frappa  de  pe&des  plus  gravés  :  eSe  pi^hiiÉ 
tout  Gomméree  avee  eux  à  tons  les  fidèles,  elle  ronii^t  leors 
préeédentés  alliances ,  elle  défendit  à  frms  lés  états  d*éb  eon-> 
tracter  avec  ent  de  nbntdles ,  et  eOe  interdit  à  tcmt  mBitaire 
de  se  mettire  à  leur  solde  *. 

Les  Florentins  cependant  se  préparèrent  à  repoosser  par 
les  armes  l'aitaqae  dont  Us  étaient  menae^^  et  le  ta  }Qin  9s 
tstébrefût,  selon  leur  ancien  nss^,  les  dééeaivirâ  dé  la  giieh^*; 
Ils  adressèrent  en  même  temps  à  tons  les  princes  chrétiens  viA 
riécit  de  là  conspiration  ;  ils  réclamèrent  par  leurs  aitnbassa- 
deurs  les  secours  du  duc  de  BlSan  et  ceai  de  là  république  de 
Venise,  en  vertu  de  leur  aHiaoee  ' .  En  même  temps  ils  assem«> 
blèrent  à  ï'Iorence  un  concile  provincial  de  tous  les  prélats 
toscans  ;  ils  leur  demandèrent  une  protestation  contre  la  sen- 
tence de  Sitte  lY,  et  un  appel  de  Son  exemtamunieation  à  un 
iscmcile  oacuménique  *.  Ils  publièrent  aussi  la  confession  au- 
thentique de  Itontesecco,  afin  de  àiettre  hors  de  doute  la  part 
qu'avait  eue  le  pape  à  la  conspiration,  et  ils  envoyèi^nt  cette 
I^èee,  avee  leur  appel,  %  tempereur ,  au  roi  de  France  et  aui 
principaux  souverains  de  la  chrétienté  ^.  Enfin,  pour  mettre 
Laurent  de  Hédicis  à  l'abri  d'enti^prises  sembldldes  à  ceUe  à 
laqucUe  il  venait  d'échapper,  la  Seigneûiie  Itu  accorda  la't>er- 
mission  d'entretenir  autour  de  sa  personne  une  garde  de  douze 
hommes^. 

Les  monarques  de  l'Europe  pouvaient  difficilement  àppré^ 


1  ÀnnûL  Eceles*  1478,  $  13,  p.  279.  —  Ùiariwn  Parinenae.  p^  279^  —  ^  Les  iit'6»  far 
gaerre  Domaiét  «lus  eetie  occa^ou  Ittrem  Laurent  de'Mddids^  llioiiias  SodArUB,  Liwli 
Galcdardioi,  BoufsiaDi  Gianfigliassi,  Fient»  Mnerbeta,  9tnaré  anoocirol^Bâ^llolMrio 
lioni,  Gedo  Serristori,  AnUniio  Dini,  Nicolo  Fedmi.'^'^d^ione  âmmirato,  L.  IXIV,  p  i  ào. 
-^  s  itaechliwellL  h  viii,  p.  38S.  —  •  H.  RoseoS  a  publié  cette  protôfutiàii,  quT  peuU 
être  ne  reçut  Jaoïab  la  sanctioii  formelle  du  condle  toscan,  àppend.  n»  37,  p.  lU-iSS; 
—  a  Elle  est  aussi  publiée  par  M.  tloscoë,  n«  38,  p.  154-1T3.  M.  F.  H.  Egerton  a  publié, 
de  son  côté  (Paris,  3S  mars  ISU,  in-4o),  une  lettre  de  U  Seigneurie  de  Florence  à 
Sitte  IV,  en  date  du  31  JuiHet  ilrs.  Cette  lettre  est  noble,  ferme,  et  d'un  style  fort  Hé* 
gant.  «  •  SclpUme  Àmntbraio,  L.  XXIV,  p.  133. 


* 


DO  MOTEH  AGB.  1  !  9 

i^r  ki  motifs  des  dtoyems  flormtiAs  pour  mettre  un  terme 
à  rnHupatioo  de  la  maiion  de  Médioîs.  Ils  r^rdrient  déjà 
«8  deux,  frères  pomme  dos  souyerains  légMmes  ^  et  mi  oom*^ 
plot  «entre  eux  le«r  panteiit  tiae  attaque  ei»atre  la  majesté 
des  trftoes.  D' affleura,  sans  eiaminer  les  droits  q^e  poavaieDt 
aToir  les  onqmrâi,  la  eondoite  da  pape,  en  i^aiBociant  à  eux , 
pcNir  satisfalni  la  bame  et  la  cupidité  d'un  note»  qui  passait 
pour  son  fils,  leur  paraissait  nécessairement  scandaleuse.  Aussi 
le  roi  de  France ,  1* empereur  Frédéric,  les  Ténitiens,  le  duc 
de  Milan,  le  duc  de  Ferrare ,  menacèrent^ls  Kite  lY  de  lui 
retirer  leur  obéissance,  s'il  continuait  à  troubler  la  chrétienté 
par  une  guerre  injuste,  louis  XI  renouvela  les  disputes  sur 
la  pragmatique-sanction  ;  il  voulut  arrêter  les  aunates,  puis*^ 
que  les  trésors  qu'efies  portaient  à  Rome  ét^nent  employés  à 
fsin  la  guerre  aux  chrétiens,  non  à  les  défendre  contre  les 
Tares.  Il  dta  même  Sixte  IV  à  un  condle  qu'il  parla  d'assem** 
hier,,  d'abord  à  Oiiéans,  puis  à  Lyon ,  mais  qui  n'eut  jamais 
lieu*.  Enfin,  il  envoya  en  ambassade  à  Florence  rfaistorien 
célèbre  Philippe  de  Gomines,  pour  relever  le  crédit  des  Mé« 
dicis  pu*  une  promesse  éclatante  de  protection^. 

Les  plus  sages  cardinaux  voyaient  avec  douleur  Fautorité 
pontificale  compronnse  par  l'inconsidération  du  pontife  f  mais 
Us  dSiPfnkM  t^n  plus  important  de  la  sauver  que  de  con-* 
traindre  Sixte  lY  à  écouter  les  consdls  de  la  intidence  et  de 
la  justice*  Sans  une  de  ses  dendèifes  lettres',  le  cardinal  de 
Pavie  écrivait  au  pape  :  «  Je  sais  qdû  vtent  à  noos,  de  la 
«  part  du  roi  de  France,  un  andnssadear  fort  estimé  dans  les 
«  âftok%  do At  fat  éoVMiafesiott  est  touite  pfeiae  ^orgoril.  H  est 
«^  iahargi^do'afMis  retlMr  l'^MissaMe  daa  Ffuttçais,  «I  dîen 
«  appeler  à  un  eom^,  si  nous  ne  rëtoquolis  pas  les  censures 

•  AnnaL  Buleê.  i4i»,  S 18,  p.  SI4.  —  *  Uêm^ru  et  PhU,âe  Caadna.  L.  VI,  ch.  V. 
--ColUet,  tinlv.  des  Mémoires.  T.  XII,  p.  40.—*  Le  cardinal  de  Pane  mourut  le  il  sep- 
ttniite  Hn.  '  • 


V20  HISTOIAË  0JSS  aÉMJBtlQUES   ITALi£5If£!S 

•(  pixmoDoées  oon^  les  Florentin»,  A  cem  qoi  ont  toé  J«3ien^ 
«  ceux  même  qoi  ont  appronyé  ce  menrtfe,  ne  sont  pas  pa- 
ît nîs;  enfln  si  noos  ne  renonçons  pas  à  la  goerre  que  non» 
«  venons  de  eommenoer.*..  Gepeûdnnt  que  ponrrions-ndii» 
«  faire  de  pk»  hontenx,  qndle  plus  grande  plaie,  qoeUe 
«  mort  plos  crudie  poarrions-^(«8  infliger  à  Fantorité  de 
«  Bome^  que  de  révoqaer  nptre  senten^ce,  atant  même  que 
«  Tencre  aree  laquelle  die  a  été  écrite  soit  sécbée?  Le  senl 
«  fléau  que  Dieu  nous  ait  accordé  pour  notre  eonservatioik 
«  tomberait  de  nos  mains  ;  le  bâton  apostolique  ne'  coiràenre^ 
«  rait  plus  de  force  pour  briser  Itis  vases  inutiles;  la  puis^ 
«  sanee  séculière  aurait  alors  un  rdàge  contre  les  censures, 
«  et  ce  que  notre  faiblesse  aurait  abandonné  une  fois,  notre 
«  courage  ne  pourrait  jamais  plus  le  recouvrer.  « 
.  Le  cardinal  proposa  ensuite  au  pontife  de  gagner  du  t^nps 
par  des  réponses  évasives, .  de  promettre  qu*il  admettrait  les 
Doraitins  en  grâee  s'ils  tânoignaient  leur  repentance;  mais 
de  déclarer  qu'il  ne  pouvait  le  faire  que  dans  une  assemblée 
de  tous  les  cardinaux,  et  que  cette  assemblée  était  impossible 
pendant  la  peste  ;  de  retenir,  sous  ce  même  prétexte  de  la 
peste,  le&  ambassadeurs  français  dans  un  lieu  éloigné  de  la 
cour  ;  de  suivre  enfin  l'exemple  du  roi  de  France,  qui  qud- 
quefois  avait  différé  un  an  entier  avant  de  donner  réponse 
aux  légats  de  Borne.  «  Si  le  roi»  dit-^il,  accède,  eomme  ïk  cat 
«  probable,  à  ces  délais,  vofu  mirez  du  temps  pour  atterrer 
«  les,  armes  de  vos  ennemis,  et  Dieu  dans  sa  miséricorde  nous 
«  octroie  souvent  des  dâivranaes  inattendueUf  ri  le  roi  n'y 
«  acquiesce  pas,  ce  sera  lui  qui  sera  coupable  et  responsable 
•^  de  toutes  les  smtes  de  son  impatieaoe....  Alors,  ' qatd  votre 
«  sainteté  se  confie  entièrement  en>  Dieu  ;  celui  qui  règne 
«  dans  les  deux  est  plus  grand  que  celui  qui  vit  sur  la  terre. 
«  Le  premier  a  soutenu  ses  prêtres  dans  de  plus  graves  con- 
ce  tentions,  il  ne  leur  manquera  pas  dans  un  moindre  .péril  : 


ou  MOYEfli  ▲GK. 


131 


«  d'aiUean  nos  ennemis  eombittraîent  pour  le  péebë;  eox 
«  Tondraient  notre  perte,  et  nous  c»4iae  noos  imiksas  €*«8t 
«  leur  saint  et  lear  Tie.  Dans  nne  sitoation  si  disssemblable, 
«  et  ^and  notre  caose  est  si  juste,  sans  doute  nous  devons 
«  placer  en  Dien  tonte  notre  espérance*.  > 

Les  conseils  du  cardinal  de  Payie  fj^nt  snivis  :  Sxte  lY 
différa  jnsqn'aa  27  janvier  suivent  d'accorder  une  première 
audience  aux  ambassadeurs  de  France;  alors  même  il  ne  leur 
donna  point  une  réponse  positive;  il  leur  dit  qu'il  diargerait 
un  légat  de  porter  à  Louis  XI  l'expression  de  ses  sentîmiiits; 
cependant  il  ajouta  qn'il  avait  vu  avec  pdne  ce  monarque 
prêter  l'oreille  à  Laurent  et  à  ses  complices,  plntdt  qu'à  cdui 
qui  n'a  reçu  son  autorité  que  de  Dieu  lui-même,  et  qui  n'en 
doit  compte  qu'à  lui  ;  car  le  texte  sacré  a  dit  :  «  L'orgoeillenx 
«  qui  ne  vent  pas  obéir  à  l'ordre  du  pontife  qui  rend  un 
«  culte  à  ton  Dien ,  doit  mourir  par  le  décret  du  juge.  Ainsi 
«  tu  ôteras  le  mal  du  milieu  d'Israël  ;  le  peuple,  ea  le  voyant, 
«  rentrera  dans  le  tremblement,  et  aucun  ne  s'enflera  plus 
«  d'un  vain  orgueil  '.  »  Et  pendant  que  le  p^pe  paralysait, 
par  ses  lenteurs  et  ses  réponses  ambiguës,  la  ligue  qui  sem- 
blait se  former  contre  lui,  il  poursuivait  avec  ^vigueur  la 
guerre  qu'il  avait  entreprise  en  Toscane. 

'  1  Cardin,  Papien^'Bp.  «9S,  16  Jalii  1478.  —  Ann.  EccL  1478,  S  18,  i«,  p.  274.  « 
^JbVM^S  iaMi.  UeU94  MT8,  S  tSi  ts,  p.  ^ar»/  Jbe  jrcMvto  numw:  r^itUtml, 


lia  HISTOIRE  DES  KÉPDtUQUIS  tTAtOHIKS 


iiHftmm'initt»ntniimtmnitiitM»»it8» 


CHAPITRE  V. 


Criterre  entre  Siste  IV  ^  allié  de  Ferdinand  de  Naples,  et  les  t^lorentioSé 
— Gènes  recouvre  sa  liberté.-^Suite  et  fin  de  la  guerre  de  Yenise  wet* 
tre  les  Turcs. 


1478. 

1 478.  -^  La  condinte  d'une  conspiration  demande  toujoarë 
un  tertain  degré  de  disisimnlation^  et  même  de  faosseté  ;  le^ 
hommes  contre  lesquels  de  pareilles  attaques  sont  dirigées  se 
plaignent  souvent  avec  amertume  de  la  perfidie  de  ceux  qu'ilôt 
avaient  regardés  comme  leurs  amis  ;  ils  oublient  leurs  pro- 
pres offaisea,  parce  que  ceux  qui  8*en  sont  vengà  n'en  té^ 
moignaient  point  de  ressentiment»  et  il»  demandait,  qo'/tm 
les  attaque  à  visage  découvert  et  à  arme»  égdifli^  tandis 
qu'eux-mêmes  s'enferment  dans  des  forteresses,  qn*îb  a* en- 
tourent de  gardes,  et  qu'ils  arment  tout  un  peiqile  pour  se 
défendre.  Harmodins  et  Aristogtton ,  Pélopidas,  Timoléoo, 
Dion,  les  deux  Brutus,  tous  ceux  que  l'antiquité  a  célébrée 
comme  les  restaurateurs  des  libertés  usurpées,  dtssimidèreiit. 
Mais,  pour  que  le  reproche  de  dissimulation  n'entaehe  pas  la 
r^utation  des  conspirateurs,  il  faut  qu'un  danger  imBÛneiiti 
un  danger  personnel  les  justifie.  Ceux  qui  dirigent  leurs  coups 
d'un  lieu  de  sûreté,  qui,  pouvant  combattre  avec  les  armes 


àa  prinett,  ont  reeoors  an  poignard  A»  maatimt  méritent 
«eak  ropparatoe  qni  éiSC  tctoitibâr  soi^  la  H^eddëûtt.  les  VbxA 
d  tes  Salmti  anfsient  pan  glrattâs  et  dignes  de  respeet  aux 
yeux  dès  atidals  rtfpiddicfldns  de  la  Grèce  et  de  Borne,  1cm 
flième  q«*98  enitorinàieitt  ks  M Mitis  par  de  fansses  caresses, 
et  que,  les  serrant  dans  leurs  bras  m  signe  tfanritié,  ils  éher* 
thaient  sens  leors  habits  a  ces  tktimés  dëf  ooées  portaioat 
nne  oniiMse}  mais  Siate  lY  qni  bâitt  les  armes  des  conspira- 
teurs, et  Ferdinand  de  Naples  qai  fidl  ataneer  son  armée 
ponr  les  seconder ,  ce  souverain  pontife  et  ce  monarque  (fA 
âaranlent  eux^-mèmes  la  I^làtion  sons  la  protectton  de  la- 
qndle  ils  vivent,  ne  aaéritent  pas  plus  d'estkne  que  les  lâches 
qm  payent  dfea  meurtriers  mereenaires  pour  salidifaire  leur 
vei^eanee.  Toutes  les  ftns  que  te  recours  à  te  tinttcte  publia 
9ie  est  pessibte,  te  vindicte  privée  est  Inlsrdite.  Les  vengeurs 
des  partkulters  sont  tes  Iribunam,  le  tribunal  des  sottverahis 
o'cBl  te  guerre.  Les  tribimaux  sont  impuissants  pour  défm*^ 
dce  Mmumur,  infliètes  lorsqu'à  fiixdrait  détedue  la  liberté; 
c^esfcpourqoui  leglikvu  a  été  rendu  parropinion  aux  titoyens 
pàut  venger  leur  htmiieur  dans  des  duels,  aux  vépuifiealiis 
pour  xueottvier  lettr  liberté  dans  des  conspirutlMS  légitimes. 
iieadufliSi  ooomeîtes  conspirations,  suAt  imentits  put*  Tbon- 
msor  ans  uraverakis,  qui  ont  un  auM  juge  dans  le  sort  des 
atans  pdrtiqaes; 

.  ttiis  i¥  uvail  peut^ètredegnmdes  pensées  el  de  nobles 
prufets  pMT  f  iadépemlanee  de  VltaHe  ;  sans  apprécier  te  H^ 
berté,  fl  côumiissHit  te  puissance  des  z^utttques,  fl  volitefit  as- 
sMer^à  te  péainstileteus  tes  moyens  <fe  repousser  les  atteques 
dea^tiuttgem  et  des'biorbares,  m  -rémdssant  la  fiOmbardie  à 
fa  Xosenae^  sous  Tégidede  goùv^num^nts  que  te  oonfian<^ 
etf riumiiriiBgtiSU|èss'readissent  jnéjfraatublesv  ^Le  plan  qu'il 
avait  conçu  dans  sa  tête,  et  que  nous  verrons  se  développer, 
était  digne  d*un  honune  de  génie,  et  mèatie  d-mi  ami  vrai  de 


sOQpftys;  WMS  te  cMwrttoediipape^eofvoBipttit  ma^esptU^ 
et  mUtàt  4e  la  fniuselé  et  de  la  perfidie  à  ses  iMesotaeep** 
tioDS»  liicapable  de  éistfaigoer  la  yeite  (f  à¥co  le(  cânmë,  totts 
1^  moyens  d'eiéogtiMi  lai  étaieBt  indiffibeats^  et^ildédHMio^ 
rait  ses  projets  piar  tes-iBttniiiieQts  doiitilifsisait  ehok  pdv 
les  aooompUr.  Ainsi,  lottt  ea  s'armant  peurla'lSxeitéy'il  se 
rendait  cxUeuxf  aux  o^nbUeaiiis  rax-aiMines  $  «n  in  w<{oant  te 
.peoycHr  de  rÉgUse,  il  scandalisait  les  eathelîiiaes;  etènpr(H> 
jetant  Tindépradanee  de  Tltalie,  il'rekpôsaife  te  ^mieriaDt 
iuTasUms  de  rélranger. 

.  Sixte  lY  et  Ferdinand  s'étaient  Réparés  à  la.  gnelpre  avamt 
qne  tes  premiefB  eonps  fassent  portés  parûtes  Pasztoonti^é  tes 
Médiaîs.  Les  J'ioventins,  an  contraire,  n'avaient  ^point  enbon 
d'^aimée,  et  il  leor  fallait  on  temps  assez  tengpoulrs'at  former 
une.  On  rassemblait  pMr  *^eni  ea  LombakUé  tons  les  eapi^ 
tainesqni  eberebalmtda  ssrrice^  et  on  a*vmt  engagé  sous 
teitfs  diapeaox  IHeoIas  Onûni,  oookte  cte  FitigHano;;  Conrad 
Orsiai,  Bodolpbe  de Gonzague,  frère  du  inai^qtiis  de  Mailoue^ 
8(»deox  fib^  et  d^autres  capitmnes.  Quafât  aux  petits  prteoes 
de  BcMDMgBe  quifaisairat  tous  te  méttwdecondotlim,  SixtelY 
avait  prévenu  les  Florentins.  U  avait  pris  à  sa  solde  Vri^ 
d^j  dued'Urlm  ;  B^ertMatetesti^se^ur^e  mÉûHi,  cft 
Gostanoo  Sforza,  s^;BeiBr  de  Pesaro.  X'àravfeponlffîsatei 
ainsi  complétée,  entra  sur  tes  terres  de  la  répabHi|Ue  animis 
de  juillet,  aveeceUe  du  duc  dé  GalalM  ^  Les  Fl<»]!l».tte'ne 
pouvant  teimr  la  campagne,  distribuèrent  teurs  s^MaiS'daiis 
tes  Meux  forts^  sur  tes  confins  de T  état  de  Bieniie  et^li  dùehé 
;dUrl»i.  Ils  formèrent  «ussi  un  cœà^^  an  Poggio 'impériale  ; 
mais  là  on  voyait  autantdetfoopesind^^èndantesqa'iteftvlteut 
de  condottteri  dans,  leur  armée  ;  aucun  ne  vwdidt  reeotmtttre 
l'autorité  d*un  autre  :  tes  onires  des  coÉunisiaîxBs  .nommés 

1  50^ne  immlraM.  L.  XUV,  p.  131. 


fw  hr  réjpoUi^ieéliûent  mé{^^  ^aqae  capitaine  se  croyait 
au  vamm  T^gal  as»  bourgeois  qui  mégeûent  dans  le  txm^ 
mlf  il  aurait  cm  manquer  à  son  honneur  s'il  aTait  <Aéi>  mii 
ffiiMswiiMteiaepts  d'^nù  homme  que  sa  naissimee  et  son  nmg 
n'élevasMi^  pas  ao^lessus  de  tons  lea  autres^ 

Les  HoiciitiDSy  ponr  rétiddir  la  snbonlination,  oHHrent  an 
dncdHafCBle  ée-Serrarele  commandement  de  knr  armée,' 
aveeune  payedesoixantemlQeflorinsi  qui  se  réduirait  à  qna*^ 
ranta.  mille  à  la  paixi  Ib  ne  Tonlarent  peint  éeonter  les  con-- 
seils  de  la  Seignemie  de  Yaiise,  qni  leur  représentait  qo*Iier-< 
enle,  ,ay«imt  ^^Kmsénae  fille  de  For^and,  mettndt  pen  de 
-vignemr  à  eomhattare  AlCanse  éo  Galabre,  son  beaa«fràre  *. 
Bœeide  hésita  lui«-mteae  asstea^  longtemps  arant  d'ace^tar  leé 
ofikwqni  lui  étment  faitas,  et  ce  ne  fat  que  le  30  aoAt  qa*il 
signa  soniraitéavec les  commissaires  florentiss^. 

Gepmdant  les  hostilités  avaient  commenod  dès  le  miUen  do 
juillet  ;  les  ducs  d'Urbin  et  de  Calabre  ayaient  ravagé^  ai«e 
nue  extrême  .ornante»  la  pastîe  éa  territoire  fhmntiuqu'ila 
avaient  euTahie  ;  ils  avaient  asnégé  soeoessivement  ficndne^ 
la  Castdlina,  ebfttaau^fortà  huitmiUesdefiienne,etRadda.C0S 
troift  forteresses  avaient  été  défendues  avec  cmpsage;  mais 
tontes  tra»  avaient  capitale  sons  cMdition  d*  oowiir  lenra 
pwtes  auxeimanns  si  elles  n'étaient  pas  seoonmes  afant  uii 
tarme.donné;  et  l'armée  floi»atine,  instruite  de  cette  caf»« 
tnlation^  n'avait  point  osé  livrer  bataille  pour  les  sauver^.  laCS 
enn^ma  avaient  prisensuiteMortaio;  ils  assiégeaient  Brcdio, 
ils  menaçaient  Caoabîano  )  lorsque  le  Aie  de  Ferraore  arriva 
oifiu,  le  fi  septembre,  à  Florence.  Le  12,  il  aUa  visfter  le 
eampf  nu9s,.  pendant  ee  telles  même  y  Bualio  se  rmdaît  aux 
ennpmia  presque  ensa  présence;  et  ceux-d,  au  mépris  de  ta 

1  VâHn&nmfo,  VUe  tW  Duchi  di  Venezia.  T.  XXII,  p.  1909.  — >  SOpione  ^mnOrato» 
L.  XXIV,  p.  126.  —  >  Diario  Saneae  diMteçretto  AUegrettU  p.  78S.  —  Orlando  Mala* 
vo/<i,  S<oHa  diS^eima.  P.  III,  L.  ui,  f.  7). 


)26  HISTOIBE   DES  BJÊraU^IQUili,  ITAUEIINES 

fsipUidatipa  qipfîte  v^mimx  ngnée,  [^aiait  et  biâiaiwi'iMi 
château,  eomme  ils  avaient  peu  aopajniTaat  pillé  et  hrûlé  eehn 
4eSfldda^ 

Jusqu^à  raffifée  dn  duo  de  f  enraie^  ki  Fkmukiim  atûsKl 
pa  s* affliger  de  n'avoir  potiit  de  dief  ;  ib  ne  tandtiwrt  pu  eiH 
9Qite  à  se  repentir  d'en  av«r  choisi  <»  qui  nmqiMâide  latol 
po  de  résotntioQ,  si  même  il  wtébBÔ^  pas  en  se<nt>tf aoonrd 
avec  leurs  ennemis*  On  avait  attendu  le  mmmùt&s6  parles 
aitrotegoes  pour  Iqi  remettre  le  bâton  do  ernnmandwmt  x 
e(  censM^i  l'avaient  4i£féré  îasqu'aa  27  septontoe,  àdix  taeons 
et  demîe,  on  seize  beores  è  rîtafienne.  En  afttondant.qoe  le 
jûommt  fiiviorable  fâA  venu^  Herenle  avait  laissé,  pnendie 
Cacetnimo  sons  ses  yenx ,  et  il  laissût  assiéger  Mbiito-6aB4o» 
irina  d^na  le.vel  de  Chiana ,  nue  des  places  les  plbe  impoM^ 
tantes  de  la  fnmtière,  pniafa'elle  oonHDandaitL'esitrieée  la 
plaine  d'Àrez»)  et  de  eidle  do  Gorkme  t  du  ved  d'Làmbra  d:da 
fel.d'Awo?. 

Tinkèl  lednc  de  Fernradispataili  mcQ  leseoamissatoeB  flo* 
rantina,  Umàùt  ame  ses  propres  officierR  ;  il  me  tiooirait  jaiseis 
^'aneon  Bcr  i&t  assee  sûr  ponr  y  asseoir  son  camp^;  il  teta^ 
sait  de  s'approcber.  des  emtemis,  et  il  s'emfHnsMt  de  oonelnve 
avec  eux  or  amnstieeaox  conditions  les  plnsdésa^NOitagenseei 
Il  consentit  h  oe  qne  pendant  sa  dorée  îe  dno  d' UgUe  conli'»- 
mM  les  Jtrainau  dn  siège  de  SanrSovino.  Cetarpielîoa  s'étal 
terminé  à  la  fin  d'oc|€tee»  le  doe  de  FeBreisa  pcopoapi  dero*- 
piettosSannSovino  en  mabis  tiesees  poor  donner  le  tempe  do 
^eeommmeer  des  négodatiopa;  il  snggéra  enocwe  d'antas 
expédients ipû  montraient  Ions  on  la  faiblesse  deson  cane^ 

bataille  pomr  délivrer  les  assiégés  :  ses  farces  ^ent  œpen* 
dant  à  peu  près  égales  à  celles  des  ennemis  ;  il  avait  sons  lui 

1  Seipfem  Awiimlo.  L.  XMV,  p.  i97.  — *  IfrM.  p.  ttp. 


DU  MOYKR  A«Y.  127 

aeptinâle  hymnes  de  caTalerie«t  nx  laiUe  fantearia»;  le  dsifi 
d'Urbîn  aTût  mil}e  cayalien  de  ^m$  et  deux  mille  SantasÛBa 
de  moins  * .  Enfin,  San-Soyino  se  rendit  le  8  novembre,  prai* 
qw^tm»  les  yeux  dn  duc  de  Ferrare;  et  ka  enoemia  s' étant 
mis  en  (^puurtiera  d'hiver  entre  Foiano ,  iJiQigDaiio  et  Asina* 
hm(^  mt  les  fnmtîèies  de  Tétat  de  Sienne,  il  tenmoa  de  soii 
côté  0^  hontense  eampagne  en  logeant  ses  troupes  entre 
rOlmo  etPoUicdano  '. 

Oq  ne  peat  se  défendre  de  qoelqtie  surprise  en  voyant  qoe 
J4imrent  ^de  Médicis  ne  parut  pcnnt  dans  le  camp  florentîn 
pendant  le  cenrad^unegoerre  où  sa  patrie  n^était  engagée  qne 
pour  hd.  U  avait  laissé  Tannée  éprouver  les  ineonvéoientSi 
d*idKHrd  de  rin8nbordinati<m  avant  gqe  le  dne  de  Ferrare  j 
fût  arrivé,  ensuite  de  la  défiance,  et  pent-étre  de  la  tr^^isfm, 
Al^jsa  venue,  sansessajtt  d*7  rétablir  Tordre  ou  d'en  presser 
les  opérations.  Le  gouvernement,  et  lui-même  peot^tre,  nV 
vait  pas  une  grande  confiance  ei^i  ses  talrats  mititakes  ;  mm 
les  commissaires  que  la  répobyqneenvoyaît  à  Tannée  n*^t»eBt 
«probablement  pas  plus  belliqueux  qae  loi.  Lorsque  le  mani- 
feste de  BUte  lY  et  de  Ferdinand  avait  été  porté  à  Ftoeneci 
etqne  Laurent  s*  y  était  vu  désigné  conme  seul  epo^ni  de  ees 
deux  souverains^  il  avait  eonvoqué  uneenml  de  HifMfBU,  eè 
trois  eants  citoyens  avaient  4të  invités*  Il  leur  a^eit  dét&ijé 
^*il  était  prêt  à^se  soumettre  |i  Texil,  à  la  prisen,  à  la  mort 
même,  «i  sa  patrie  croyait  defoîr  le  sacrifier  «  pour  ee  eous*- 
tndre  à  Talta^pie  àe  ses  ennemis,  filais  en  même  temps  il  leur 
avait  rappdé  que  leur  prudenos  et  leur  pwsévâranee  si^ffiaairaft 
seules  pour  r^ister  à  T  orage  et  parvenir  au  terme  des  maux 
dont  <m  les  Bwnaçalt;  Les  Florentios,  appelés  à  «  eoneeil,  fé- 


'  t  On  cmntncnçtit  alon  à  compter  la  eat alerte  par  escadrons,  oa  sguaâre,  le  plus 
aouvent  de  soixante-qninie  hommes.  Le  duc  dlJrbin  en  ayait  cent  neuf,  et  les  Floren- 
tins qnalns-Yingt-quaiorze.  ùiarîum  Parmense,  p.  389.— *5cipiofie  ^mmiVato.L.  XXIV, 
p.  ISO.  — ^//ègr.  AUegretti,  DUviSenesl.  T.  XXiii,p.  T84. 


V26  HISTOIRE  DEft  VtÈVmLlffOVà  TTAJJEBmtS 

pondiivilt  à  cette  «teppeMatton  généreiM  eti^^eùpg^sM  ^ 
consacrer  leurs  fortanes  et  leur^-ties  à  la  défetasé  de  Lbnréiit 
deMëdiois**  ;      ,        ,  . 

Tandis  que  les  décemvirs  de  la  gaerre  iUlsdent  et  nottiNilca 
levées  de  soldats^  raflsemblaient'des  nmBKIoM  etvétafiIllsÀleiit 
le  matériel  de  T année,  la  république  envoyait  ses  phkifh'ttbiles 
négociateur»  aux  puissance^  dont  eUè  pOnvail  éspéreir  âes  fto- 
cours.  Donato  Acdaiuoli ,  Fnn  des  honùnes  de  lettres  les  phis 
recratmandablesdu  rièicle,  avait  été  chargé  dé  Famlrassafle -de 
France;  mais  il  monrat  à  Milan  avant  d*avoir  pn  *£fe  reiïdre  à 
sa  destination ,  et  €kiid*  Antonio  Vespucci  lui  fét  donné  ponr 
snccessenr  >.  Cependant  t^Mis  les  témoignagies  d*aniitié  qtlè 
Louis  XI  avait  donnés  k  la  république  florentine  ne  devaient 
av<Kir  aucun  résèltat.  Ce  mimarque,  vieux  et  malade,  craignait 
toujours  que  rfiurope  ne  s'aperçût  de  sa  décadence ,  et  n*^ 
vit  mi  pronottiede  sa  fin  prochaine;  aussi  chterchàit-il  %  Tbc- 
cuper  par  des  négociations,  à  1*  étonner  paf  des  menacés,'  S  lui 
imprimer  k  pensée  de  sa  constante  avidité,  et  cependant  il  se 
gardait  en  même  temps  de  s'engager  dans  des  entreprises  qtf  It 
n'aurût  plua  ;Ia  force  de  suivre  '.  liCs  Siennais ,  ménagés  en 
vain  pttT  kS'  Florentins',  s'étaient  déclarés  ouvertement  'poui- 
leurs  ennemis.  Les  Lneqmi»,  toujours  jaloux  de  kuru  puissants 
voisins,  étaknt  ausiri  tout  disposés  à  prendre  parti  ooMie  eur; 
et  Horre  Gaponî,  fils  de  Néri^  qu'on  kur  envoya  comme  am- 
bassjBdeur»  eut  la  ;|Aos  grande  peine  à  ka  retenir  dttnr  \k  neu- 
tralité par  des  concessions  de  tout  genre  *.  Jean  Senllvogtio, 
qui  occupait  4  Bologne  à  peu  près  k  même  rang  que- Médills 


r*' 


> savane  Ammbpio^ U XXrr.p» isa.— JfMcMotwUllfC.  L.  ViSi  p.  S8i« 
M.  RoseoC  ne  conçoit  pas  que  Laurent,  qui  derait  assembler  ce  conseil  de  Vdekkêti^ 
pût  s'absenter  de  noreiioe;  mais  n  n'y  apasqnlnaeneaesdeFtorenceà  San-Sovino,  et, 
durant  une  campagne  de  quatre  mois,  on  poiucrail  revenir  de  plat  loin  popr-fp^élor 
au  désordre  on  de  l'armée,  ou  de  la  capitale.  lUusir.  p.  122.  —  ''  Scipione  Atmniraio. 
U  XXiy,  p.  120.  — i.  Mich.  Bw/i,  «i»L  Florent.  L.  V]l,  p.  1S7.— >  iranoircf  dePhir 
I  lippe  de  Cominee.  L.  Vf,  ebap.  Vf  J,  p.  »3.  —  *  Scipimie  ^mmiraio,  U  XXIV ,  p.  130.  — > 

MacchkwelU.  L.  Viii,  p.  S92. 


BO   MOTKR   AGE.  \^ 

à.Flor^ooe,  deDimrait  dans  Finaetion  y  eneore  qu^il  Ittt  alHé 
de  Laurent»  Uanfr^di,  seignear  de  Faenza,  n'était  pas  plus 
actif  .•  Les  Yénitiens  s  étaient  formellement  opposés  à  ce  que 
ces  deux  seigneurs  attachassent  la  prindpaufeé  d'Imola,  appar- 
tenant à  Jérôme  Siario,  pour  qne  la  guerre  ne  s'allumât  pas 
en  Romagnep 

Toute  l'espâraBoe  de  Sfédicis  et  des  Florentins  reposait  sur 
leur  alliance  ayec  les  deux,  états  de  Milan  et  de  Venise.  Mais 
les  Yénitiens  profitèsirat  de  ce  que  les  alliés  aTaient  déclaré  ne 
faire  la  guerre  qU'à  Laur^it  de  MédidS)  non  à  la  république 
florentine,  et  ils  protestèrent  qu'ils  n'étaient  point  obligés  à 
défendre  de  simples  citoyens  dans  leurs  querelles  privées. 
D'aUleurs,  ils  étaient  encore  engagés  dans  une  guerre  ruineuse 
ay^  le&  Turcs,  et  cette  année  même  une  invasion  formidable 
les  avait  fait  trembler.  La  régence  de  Milan  secondait  de  bonne 
foi  le  gouyernement  florentin;  mais  le  roi  de  Naples,  pour 
ôter  i  Laurent  ce  paissant  auxiliaire,  avait  trouvé  moyrai  d'oc*- 
Gupcff  la  duchesse  Bonne  d'une  manière  plus  grave  dans  ses 
psapi'es  étals.. 

Ferdinand  cmmuença  d'abord  par  traiter  avec  Prosper 
Adorno,  qui  était  toujours  gouverneur  de  Gènes  au  nom  du 
due  deMiiaa,  mais  qui  avait  montré  l'année  précédente  pres- 
que iSiitaat  da  défiance  de  ses  auxiliaires  milanais  que  de  ses 
propres  ennonis.  Ferdinand  lui  offrit  de  l'aider  à  rétablir  les 
Géiuiis  dans  leur  iudépendanoe,  et  lui  «ivoya  à  cet  effet  deux 
galères  avec  de  grosses  sommes  d'argent.  La  duchesse  Bonne, 
avertie  aussitét  de  cette  négodation,  chargea  l'évèque  de  Gomo 
de  venir  prendre  le  gouvernement  de  Gênes.  Gelui-d  arriva 
dans  la  ville  sans  suite  et  déguisé ,  il  assembla  le  sénat  dans 
l'église  de  San-Syro;  il  lui  communiqua  les  lettres  du  prince 
qui  rappelaient  Prosper,  et  le  nommaient  à  sa  place  *  ;  il  n'osa 

1  Antonii  GalU.  De  rébus  Getmeiu.  p.  284.— 0tar.  Parmense.  T.  XXII,  p.  2S1.-- 
OberL  FoRetœ,  Genuens, Bist,  L.  XI,  p.  642.  —P.  Bizarro,  But,  Gem,  I*.  XV,  p.  S49. 
VII.  9 


130  HISTOI&B  DS&  BÉraSLIQUBS  ITALIENNES 

pMBt  e^pend^tat  ftûre  cette  déchration  au  palatepoUic,  et  de* 
quj^ader  riQvestiture  avaut  Ravoir  rassemblé  quelques  sol^ 
^1^.  Prosper  Adoruo  profila  de  ce  délai  j  il  appela  à  lai  tous 
ses  parti&aus^  iou^  ceux  m^ine  qui,  dans  les  factious  eQuemies, 
lui  paraissaient  attachés  à  la  liberté  de  Gènes.  Il  leur  fit  créer 
six  capitaines  du  peuple,  pris  parmi  les  bourgeois  et  les  arti* 
sans,  et  changeant  le  titre  de  gouvernent  contre  oslui  de.doge, 
il  proclama  rindépendance  de  sa  patrie  * . 

Cependant,  la  garnison  milanaise  n'occupait  pas  seulement 
les  forteresses ,  elle  s  était  aussi  retranchée  dans  les  îles  de 
maisons  qui  en  étaient  le  plus  rapprochées,  en  sorte  qu  on  fut 
obligé  de  livrer  dans  les  rues  des  combats  journaliers.  Les 
fauLlles  nobles  paraissaient  toutes  favorables  à  la  daminatibm 
des  ducs  de  Milaa.  Les  Soria  et  les  Spinola  s'étaient  même 
enfermés  dans  les  forteresses  pomr  courir  les  mêmes  chances 
q/ae  la  garnisouw  Ghacua  de  ces  magnifiques  palais^  qui  méi'i-* 
taiisnldéjà  à  Gênes  le  titre  à^  Superbe-,  était  attaqué  et  défendu 
a^v^  d^  r artillerie.  Prosper  Adorno  invita»  Bobert  de  San-Sé-» 
vérino ,  alors  réfugié  à  Asti,  a  venir  se  mettre  à  la  tète  des 
Géoois>  et.ltobert  saisit  avec  empressement  loccasion  de  com- 
battre la  régence  de  Milan  j  à  laquelle  il  venait  tout  récemmetit 
d'échapper.  De  son  côté,  Louis  Frégoso,  qui  deux  fois  avait 
été  doge  de  Gênes ,  amena  dans  le  port  dé  sa  patrie  sept  gar 
1ères  napolitaines  avec  un  petit  nombre  de  soldats  ^^. 

La  régence  de  Milan  sentait  combien  il  était  important  de 
défendre  Gênes  avant  que  ses  forteresses  fussent  enlevées  par 
1^  peuple}, et  comme  les  chevaux  ne  peuveatJ  oti*e  que  de  peu 
de  ressource  daçs  les  montagnes  de  la  Ligurie,  elle  avait  ras- 
semblé une  armée  6ù  Ton  comptait  huit  mille  fantassins  armés 


-^^Mi4  CiuttiHkmàmU,  V,  f.  237, B.-*- 1  ^M.  Galtt^Dereb,  Genuens,  p.  ^t^.—Vbent 
FoiUiœ»  U  XI,  p.  643.  —  s  Anton.  Galii^De  rébus  Ganuem.  p.386.  —  L'(>erit  Foiieiœ  , 
GcnueM.  ^Utor.  U  3U«  p.  644.  —  ^nnal,  PlaceuiUii  ^uu  du  Hi^Ha.  .T«  XX,  p.  SU6.  — 
P.  nmitro^  uiMt^fianueiié^  L,  XV, p.  34»,  —  a^^qhl  Gmiioèoni*  U  v,  f,  239^6.  . 


DU  MOYEN  AGK.  131 

Se  cuirasses  coiAm^  tes  gendarmes  ^  sii  mille  hommes  de 
troupes  légères,  et  seulement  deux  mille  cavaliers  « .  Mais  elle 
eu  donna  imprudemment  le  commandement  &  Sforzino,  âls 
naturel  de  François  P',  due  de  Milan,  qui  n'atait  ni  les  vertus, 
m  les  taleiils  de  son  père.  Pierre-François  Yisconti  et  Pierre 
del  Terme  lui  furent  donnés  pour  conseillers;  on  reconnais- 
sait le  mérite  de  ces  deux  citoyens  dans  les  affaires  civiles,  et 
on  se  figura  qu'ils  seraient  également  propres  à  conduire  les 
armées  *. 

Bobert  de  San--Séyérino  était  au  contraire  un  esprit  tnrbii- 
lent  et  factieux  dans  les  conseils,  mais  un  excellent  homme 
de  guerre-  Laissant  derrière  lui  les  deux  dtadelles  entre  lès 
mikins  de  la  garnison  milanaise,  il  alla  porter  ses  lignes  de  dé- 
fén«?  dans  les  défilés  les  plus  étroite  des  Apennins,  à  sept  milles 
de  distance  de  la  ville,  et  près  des  forts  appelés  les  deux  /li- 
nieaux.  Il  y  éleva  à  la  hâte  des  fortifications  dont  la  situa- 
tion augmentait  beaucoup  Timportance.  Son  armée  était  peu 
nombreuse,  et  la  milice  de  Gènes  en  devait  faire  toute  la  force. 
Pour  être  plus  sûr  de  la  réunir,  il  ^t  lire  devant  le  peuple , 
par  lin  reUgieux  dominicaiii,  une  lettre  qu'il  prétehdit  avoir 
interceptée,  par  laquelle  k  duchesse  de  Milan  annonçait  à  fé- 
vèque  de  Gomo  la  prochaine  arrivée  de  l  armée  qui  venait  te 
ctelivrei^.  pans  cette  lettre,  on  promettait  à  la  garnisto  de  ré- 
K^mpemer  sa  constance  en  lui  abandonnant  lé  pillage  dé 
Gréneé  pendant  trois  jours,  puisqu'il  était  temps  dé  domptei* 
c43tte  ville  turbulente  que  la  misère  seule  pourrait  rainener  à 
une  obéissance  passive  ^.  En  effet,  après  éette  teétùre,  tout 
ee  qu'il  y  avait  à  Gênes  d'hommes  en  état  de  porter  les  ariHes 
nK^tk)nrUt  se  ranger  sbus  les  drapeaux  de  Robert  de  San-Sé vé- 
iteo.  lient  £^iii  de  lés  partager  en  bàtâiUons  sotunis  à  des  of- 

bommes.  T.  XXU.  Aer.  ItaL  p.  3S2,  et  traal*i|Bi!éi,e0o.-£-«^mtl.  «tMft  06rèèiil 
Gemwtns.  p.  299,  -^  '  Mion.  MIU  Ir  !«  p.  m*-  —  Vl^eHfu  F<»^;«(«.  Ih  XI,  p.  M- 

r 


132  HISTOIRE  DÈS  BEPUBLIQUBS   ITALIËISISE^ 

ficicrs  expérimentés,  et  T organisation  qu'il  donna  à  cette  nlî- 
.  lice  régala  presqae  à  la  troupe  de  ligne.  Il  s'assura  aussi  de 
r avantage  du  terrain,  non  seulement  en  face,  mais  sur  les 
flancs  des  Milanais,  et  il  attendit  leur  attaque. 

La  bataille  commença  le  matin  du  7  août  1478,  et  conti- 
nua peudant  plus  de  sept  heures  avec  un  extrême  acharne- 
ment. Trois  divisions  furent  successivement  conduites  à  l'at- 
taque des  lignes  occupées  par  les  Génois,  pt  elles  furent 
constamment  repoussées.   Les  Milanais  ayant  eu  six  cents 
hommes  tués  et  un  grand  nombre  de  blessés  se  déterminèrent 
enfin  à  la  retraite;  mais  ils  s'étaient  imprudemment  engagés 
dans  des  défilés  d'où  ils  ne  pouvaient  sortir  que  par  une  vic- 
toire, San-Sévérino  ne  permit  point  qu'on  les  suivit  immédia- 
tement dans  les  gorges  des  montagnes  par  lesquelles  ils  de- 
vaient repasser.  11  craignit  qu'ils  ne  fussent  encore  à  temps 
de  se  retourner,  et  que  les  milices  qui  s'ébranleraient  pour  les 
poursuivre  ne  sussent  point  conserver  leurs  rangs.  Mais  lors- 
que les  Milanais  se  virent  au  milieu  de  ces  dangereux  défilés, 
ils  sentirent  eux-mêmes  combien  il  serait  facile  de  les.  y  acca- 
hier,  et  cette  crainte  suffit  pour  jeter  le  désordre  parmi  eux  • 
chacun  voulut  devancer  ses  compagnons  pour  échapper  de  ces 
gorges  redoutables;  chacun  jeta  ses  armes  pour  être  plus 
agile ,  et  l'armée  qui  venait  de  combattre  avec  viullance  ne 
sembla  plus  être  qu'un  troupeau  timide  qui  fuyait.  Alors  les 
Grénois  attaquant  les  Milanais  par  derrière  ne  trouvèrent  plus 
de  résistance,  les  montagnards  les  accablèrent  du  haut  des 
rochers  en  faisant  rouler  des  pierres  sur  eux.  Les  assaillants 
s'attachaient  surtout  à  faire  des  prisonniers  pour  les  vendre 
aux  capitaines  des  galères  du  roi  de  Naples  qui  venaient  d'en- 
trer dans  le  port  * .  Cependant  le  nombre  de  ceux  qu'on  pou- 
vait employer  à  ce  travail  était  borné,  tandis  que  l'armée  mi- 

»  Oberttu  FoUeta^  Genuens,  Bi$t,  L.  XI,  p.  046.  —  P.  msuari,  t^itt,  Gammitt  1.  XV, 
p.  3M.<*-40O«/,  &U9tinUmi.  I*.  v,f.  w* 


DU  MOYEN  AGE.  133 

lanaise>  presque  entière,  fat  obligée  de  se  rendre  avant  d'avoir 
franchi  toute  la  chaîne  des  montagnes.  Les  paysans  ne  trou- 
vant alors  plus  d'avantage  à  faire  des  prisonniers,  se  conten- 
tèrent de  les  dépouiller,  non  pas  senlement  de  leors  armes , 
mais  de  leurs  habits  et  même  de  leurs  chemises;  et  l'on  vit 
rentrer  en  Lombardie  plusieurs 'milliers  de  soldats  qui  ne 
portaient  pour  tout  vêtement  que  des  ceintures  de  feuil- 
lages * . 

La  régence  de  Milan,  renonçant  à  F  espérance  de  soumettre 
Gènes  par  la  force,  essaya  du  moins  d*y  exciter  une  nouvelle 
guerre  civile,  en  réveillant  des  partis  qui  semblaient  assoupis. 
D'une  part,  elle  rendit  la  liberté  à  Ibletto  de  Fieschi;  de  l'au- 
tre, elle  engagea  la  faction  des  nobles  à  faire  revenir  à  Gênes 
Baptiste  Frégoso ,  fils  du  doge  Pierre.  Les  Milanais ,  assiégés 
dans  les  deux  forteresses,  sians  espérance  d'être  secourus,  les 
consignèrent  à  ce  Baptiste.  Quelques  coups  de  canon  ayant 
annoncé  à  ses  partisans  qu'il  en  avait  pris  possession,  ils  s'ar- 
mèrent dans  toute  la  ville ,  et  attaquèrent  avec  acharnement 
la  porte  Saint-Thomas.  Le  parti  de  Prosper  Adorno  paraissait 
y  avoir  l'avantage ,  lorsque  Ibletto  de  Fieschi ,  qui  avec  tous 
ses  clients  s'était  rangé  du  côté  du  doge,  prêta  l'oreille  à  des 
propositions  qui  lui  furent  faites  de  la  part  de  Baptiste  Fré- 
gosé.  Il  se  fit  payer  six  mille  florins  pour  abandonner  la 
cause  des  Âdorni  ;  moyennant  ce  prix  il  entraîna  encore  le 
lieutenant  du  i*oi  de  Naples  dans  le  parti  opposé.  Il  était  in- 
différent à  Ferdinand  qu'un  Frégoso  ou  un  Adorno  fût  doge 
de  Gènes,  pourvu  que  la  ville  n'obéit  plus  au  duc  de  Milan. 
Prosper,  qui  venait  d'abuser  de  sa  victoire  en  faisant  punir 
de  mort ,  comme  rebeller,  quelques-uns  de  ses  ennemis ,  fut 
tout  à  coup  abaiidonn)$  par  le  plus  grand  nombrei  de  seç  par- 
tisans. II.  se  vit  obligé  de  sortir  de  la  ville,  le  26  novembre 

'  ;     a  ."A-  7,  ,'     '    ■  •  '    .     '  ■ 

1  Anton»  Gain,  De  rébus  Genuens»  p.  391-392.— Dior.  Pàrmense.T.  XXII.  p.  284, 


1^  HISTOIBE  DES  |i|^PÇBLHlPE«  ITALIEVliES 

1478  3  v^  de  ft*  embarquer  ifor  luiegplèro  de  Kajiklc^n  P^  49 
joui^  apjçè^,  Baptiste  Frégoso,  déj&  ei^  possession  de  tout^  le^ , 
fort^esaes,  fut  proclamé  doge  ^e  Gène^  B%reconn\i  ffaUJt\i^ 
les.  partis. 

Lorsque  la  régente  de  Milan  avait  envoyé  son  fermée  d^^ 
\ç^  moptiignes  d^  £îépça,  elle  avait  ordofi^é  ^  ^ifopzi^i),  ^^i  1^, 
commandait,  de  }a  conduire  en  Toscane  aussitôt  V^'A  ^^T^\ 
soumis  les  Génois  révoltés,  et  de  seconder  de  tout  son  pou- 
yoir  I^aurent  de  Médids.  Ls^  défaite  de  ç^tt^  a^mé^  dé^wit 
Içg  esQér^nces  dç  L^i^rent,  çX  1^  ré^olutian  dç  Q^^ia^  le  i^^xms^t 
çait  epcofe  d'une  autre  calamité.  L^  marchands  florentinf^ 
copipt^nt  sjir  laili^nçe  du  dpc  de  ULiliin ,  aeignieur  dç ÇêneSt 
avaient  fait  de  çettç  ville  1^  grand  entrepôt  de  l6i;r  commerça 
marithne.  Quatre  galères  chargées  pour  leur  compte,  dont  U, 
valeur  s*^ev^t  ^  plus  de  trois  cent  miiUe  fl^ifts^  deyavçnt  y 
entrer  sous  pqi^  d^  jours.  Si  elles  étaient  saisie^  ^i  confisquée^ 
par  le  nouyeaji  gauverufment  allijé  de  Ferdi^^pd,  unç  per^ 
si  ponsidérable  déxi^ouragisrait  les  Florentin»,  ^  leur  ôterait  Içiî 
moyens  de  continuer  la  guerre,  Laurent  se  ^U  doup  (Mfgé  dç 
ménager  les  Qénpiç^  ^^  risque  ^e  np^écont9ntpr  la  flucbe^s^  de^ 
Milan.  I^  Seigneurie  de  Florei^ce  féUcita  Baptise  ^régosQ-çuç 
son  élection,  et  lui  offrit  sop  amitié,  eu  mé^q  tpp^ .q^*el^ 
s'excusa  aupr^  de  Qani^  dg  oes  égçu-d^  forc^  ^ -die  mqnti^jftl^ 
à  ^es  ennemis  * . 

Les  uégoçiatiQç,^  d«  I^wrenÇ  de  Médiç^  §ii(ec  Vpai^  ^çgçfc 
raient  d'autant  plus)  d*impprt^p^  »  qqp  sca  autres  alîiéa  1^ 
offraient,  inoin^  de  res^UiTçps.  Gjette  répi^liqiic;  d^vep^t  ï^st 
nique  e^érauce,  r^wq^Ç  appui  des  flQP^U».  Mai^,  pep^t 
tpute  la  preiQière  a^née  de  la  guerre»  elle  avMt  ^  aÇfi^éq 

1  Anton,  GaiHy  De  rébus  Genuens,  L.  II,  p.  906-300.  C'est  la  fin  de  ce  peiU  ourrage» 
écrit  tue  eludAuc,  itm  élégance,  ei  m  grand  «moar  pour  ta  liberté.  r-DioriioR  Par- 
mente,  28T  et  2»o,  —  VberU  FoUetœ,  L.  XI,  p.  647-S48.  —AnnaL  Placentini.  T.  XX, 
p.9ST.^P.  Msarro.L.  XV,  p.  S59.— 4flr.  &mUnUoU,  L.  ?,  U  940.—*  Seifisne  Awimi- 
rato»  L.  XXIV,  p.  130. 


DU   MOY»   AGE«  135 

par  4es  oaianniés  qui  loi  AtMol  îii8qtt*à  la  lumiMltté  dé  sc-^ 
Goarir  les  Hédtcis.  La  preittière  et  la  plas  redoalâUe  éiâM 
pommane  à  Teiiise  et  à  Florence  :  c*ét«it  la  peste  ;  «tte  parait 
avoir  été  causée  en  Italie  par  une  faiyasion  de  sautereHes.  Aà 
mcHs  de  jum  1478,  aoe  armée  de  ces  redMtabtes  faMdea 
ooavrit  trente  milles  de  longoevr  et  cpialre  de  largear  dans 
les  territoires  de  Sfontoue  et  de  Bresoia.  Le  marqmts  Loliisde 
Maatooe  employa  des  milUers  d ouvriers  aies  taer,  mais  il  ne 
prit  pomt  la  précaotioa  de  les  faire  eoterrer  ensaite  ;  la  con- 
tagion, coQséquettce  de  lear  déeomporition,  se  matitfesta  ans-^ 
fiitôl  * .  Elle  avait  gagné  la  Toscane ,  ravagé  Flor^Mie  et  aéù 
territoire,  et  enlevé  à  la  république  plusieurs  de  ses  offtders 
les  plds  distit^ttés  ;  elle  avait  mdme  forcé  à  abandonner  sans 
défense  quelques-unes  des  forteresses,  et  parmi  les  deux  armées 
die  avait,  en  un  mois,  enlevé  plus  de  deux  mille  soldats^.  A 
Venise ,  la  peste  av^t  éclaté  avec  tant  de  violence  qu'on  ne 
pouvait  plus  rassembler  le  conseil  des  Prégadi  ;  tous  les  noUea 
qoi  le  composaient  s'étaient  enfuis  à  la  campagne.  Dans  ce 
danger  toujours  imminent  d'une  mort  hideuse,  tous  les  calculs 
d'une  politkpie  éloignée  devenaient  sans  intérêt  ;  aussi  les 
Yéniti^B ,  loin  de  pouvoir  fournir  aux  Florentins  les  sectnirs 
d'hommes  et  d'argent  sur  lesquets  ceux-ci  avaient  droit  de 
compter ,  ne  réussirent  qu'après  de  longs  retards  à  assembk^ 
le  sénat  pour  donner  leurs  ordres  aux  ambassadeurs  qn'|l» 
envoyaient  à  Borne.  Ceux-ci  furent  chargés  de  représenter  an 
pape  qt^il  mettait  en  danger  la  chréttenté  par  là  guerre  qu'If 
excitait  len  Italie;  que  c'était  en  quelque  sorte  faire  cauèeedm-» 
moue,  avec  le  Grand-Turc,  dont  on  pouvait  à  Imite  heure 
crahotd^  rinvasion  ;  que  si  le  pape  né  se  déntttint  pas  de  cette 
oondoite,  la  Seigneurie,  d'aeeord  a^ec  Tempefelv  et  le^nn  de 


•  DforiMm  Parmense.  T.  XXil,  |i.  980.— >  Sdpkme  AnmONOù»  h,  XXnr,  p.  i2S.«i> 

Dior.  Parmense.  p.  289.  -    *    - 


VAS  HISTOIRE   DBS  il£inO!»E«QtrS6   ITALIENNES 

Fjrano^'  lui  ïetirerait  ison  obénstiiioe,  et  en  appdler-att  (te  m& 
iajiifites  âéorelB  à  un  concile  M«r  *  »  '^         '    '   ' 

L'aooosation,  ^rtée  contre  le  palpe;,  'de  secrâder'leB  ^Hrojets 
40  MelMCBet  II,  n*  était  qae  trop<>6miJhéé.  lamaiBles  pr^^^rès 
des  TwcsT'n*  avaient  wis  F  Italie  dafn&nfa  pltis  grAvâ' ddoger  ; 
l'e»sledce  die  ¥siB&e  elte-^même  '«e  InyEhraiit  eoiapromise ,  et  la 
moindre  di«rextâeo  de  ses  forces  poayliif  la  fbibe  isnloeoinber 
anx  alta((ae»dtt  grahd ennemi  de  la  chrétienté.  '     ^   "  '  * 

1475.  —  Les  Vénitiens,  épuisés  pailles  longs  effotts  ^'Is 
avaieni  déjà  jEsdis,  avaient,  dès  la  fin 'de  Tanhiée  1475,  fait 
ftdre  à  Df ahomet  II  des  proposiUcyns  de  paix/Geluî^d  atait 
demandé  que  €roia  f&i  remise  en  ison  ponvbir,'  avec  Ufws  les 
lienx  foT^s  qoe  la  Seigneurie  avait  acquis  depuis  le'commeti- 
eementde  la  gueorre.  Il  réclamait  de  pins  le  paiemeM  de  ceiit 
cinquante'  mille  florins  pour  une  dette  contractée  par  les 
adminâstratenrs  des  mines  d'alun,  et  pour  un  vol  fait  ^à  ^m 
tsèi  fat  la  république  avait  en  qudque  sorte  axflorisé.  Ces 
dures  conditions  ne  furent  point  acceptées,  mais  etlèà  donné- 
Haut  lieu  de  conclureun  armistice  de*ix  mois ^V  1 WSJ-^  Pda- 
dtat  Taiinée  1476,  les  Vénitiens  n' avaient  «point  »gi  c^mire 
les  TntBs  ;  iten' avaient  pascependant  été  i^ub  inqniâcHles  pour 
leurs  possessions  du  Levant.  La  reine  Gbarlotte  de  <%ypr0, 
eberduint  toujours  de  nouveaux  expédients  pour  rentrer  dans 
flon  royaume,  avait  adopté  don  Àloneo,  fils  nature)  d<f  rèi 
Ferdinand.  Deux  galères  napolitaines  devaient  la  prendre  % 
Modes,  pour  la  conduire  au  Caire,  où  elle  voulait  solËdter  la 
proteetion  du  Soudan  d' Égyptc;  Le  conseil  dcs'  Dix  en  ayant 
eu  avis,  ordonna  à  Antoine  LcHrédano,  capitainè-^énéral  de 
ses  galères^  d'enlever  de  Gbypre  les  trois  fils  natures  du  der- 
nier roi,  ausni  bien*  que  sa  mère  Mariette,  bous  la  gardis  de 
laqndle  il  les  avait  kôssés.  Toos  quatre  Jurent  «ondints  à  Ve- 

>  àn^,  KavagierOf  Sêar.  Venez,  p.  1198.  -*  >  ifr.  p.  tiHk, 


'  DU  HOTJm  AOe.  137 

:  Bise,  et  retenu»  sou»  bonne  garde*  Ainsi  la  i^pnbli^e  abà** 
sait  de  la  confiance  qae  le  dernier  des  Lusignan  avait  reposée 
en  elfe^  on  hn^méoie était  un  nsurpateur,  et  n'avait  pn  trans- 
m^tre  ancuà  dffoit  à  sa  veuve,  ou  ses  fils  naturel»  «vnient  le 
mtaiedifoit  ^e  lui.  Lorsqu'ilsse  réunissaient  à  la  reine Cbar- 
lotte,  Idniqne  les  fib  légitimes  et  les  bâtarde  des  Lusignan 
odttfosdaieBt  leure  intérêts  ensemble,  ks  prétentions  de  Ca- 
therine Goman>  et  de  la  république  de  Venise  devenaient 
to«t  à  fait  insoutenables  * . 

1476i  -*^  ioL  guerre  arec  les  Turcs  se  renouvela  en  1 477. 
Aehmel,  sangiak  d'Albanie,  vint  mettre  le  siège  devant 
Crm»;  atee  huit  mille  chevaux.  Les  campagnes  furent  rava- 
géea^et  letr»  haintaats  s'enfuirent  dans  les  montagnes ,  mais 
la  vâle  éteàt  tellement  forte,  bien  plus  par  sa  sHuation  que  par 
diBS  ouvrages  élevés  de  main  d'hommes,  qu'elle  pouvait  défier 
ks  attàcfues  des  ennemis.  Pietro  Yettori  y  commandait,  et 
Fraûeesoo Contarini ,  provéditeur  d'Albanie,  était  chargé  de 
eassetnldër  une  armée  dans  la  province,  pour  faire  lever  le 
^si^e.  Penâant  tout  l'été,  les  habitants  de  Croia  se  dâfendl- 
reat  atee  beaucoup  de  vigueur.  A  la  fin  du  mois  d'août, 
Gontariiii  parut  à  Alessio,  avec  deux  mille  hommes  de  cava- 
leiîe  'tënitienne,'  cinq  cents  chevau-légers,  et  une  bonne  in^ 
fanteiâe  albanaise^  que  Nioelas  Dueaïni  lui  avait  amenée.  De 
ti^  ttb'avançay  la  2  septembre,  dans  la  plaine,  au  pied  de 
ûraifty^queles  habitants  nommaient  la  Tirtmna^  et  où  les 
•Turos  avttent  formé  leur  camp  à  quatre  milles  de  la  ville.  Le 
o^mbal'  eatte  ks  d^ix  armées  s'engagea  vers  midi,  et  dura 
jusqu'au  soir  sans  que  Tinfanterie  vénitienne  se  détachât  ja- 
mais^ de  la  cavalerie  pesante.  L'une  et  l'autre  opposaient  aux 
Turc»  un  rempart,  que  les  charges  redoublées  de  leur  cavale- 
rie ne  purent  ébrankr.  A  la  fin  de  la  journée,  les  Turcs  s'en- 


•n 


139  HISTOIRE   DES  .iUEP»n[«|Q|DEa  ITALIENNES 

f Mirent  h  Mde  abattue»  alwndonuaot  mêaie  Im^emkf.  Le» 
habitants  de  Croi^  firent  nm  gorti^  ;  ik  reny^r^^Qiijt  les  d^ux 
redoutes  qui  Jeur  jfermaient  le  passage,  fit  >iareo4  partager  le 
pillage  ^u  camp  ottoioaD,  ou  il^  tro^vèiieat  di^çnmdes  iscbc»*- 
SCS  et  beaucoup  de  vivrez  qui  cçimi9.epçaîe¥tt  4  leq;  xjiwiftlier^ 
Mais  les  Turcs,  retiiTé^  sur  Ij^s  TOmi^^g^ea  nroisiia^,  yqyaiettl- 
au  clair  de  laluaç  le  dpsojidre  deç  yajuiqiieurs^  dw&œ  m)^ 
qu'ils  venaient  d'abandonner.  Bevepant  plus  rapidement  «sh 
core  qu'ils  ne  s' étaient  éloignés,  ils  fondireut  sur  les  yémtiôns 
qui  se  disputaient;  lei^r butin;  ils  eu  nta^âacrèreutleplus^^iid 
nombre,  ils  trancbèrept  la  tête  à  Ck>ntariQi  qpx  ^tait  toisibé 
entre  leurs  mains;  ils  dissipèrent  tput^  l'armée  alba^ise, et 
ils  tuèrent  plus  de  pillç  hompi^s  j^  ^ul  wxp^  d£S  tpoi^J^ 
italiennes  S  ... 

On  n'était  point  encore  revenu  à  Venise  de  l' effroi  cpi'avjaj* 
causé  cette  déroute,  lorsqu'au  apprit  au  mois  dVtoihre. <jue. te 
pacha  de  Bosnie  venait  d'envahir  le  FriuU.  Ccpcudaut  la  xé- 
p^ublique,  tirée  de  sa  sécurité  parla  préc(Sdeate  inva»on,a>.aJt 
chargé  le  provéditeur  Français  Trou  de  foxtiSer  cette  fçw- 
tière  ;  une  chaîne  de  retrapjcl^emenjls  ^vaU  .é\â  élei^^fiS 
bouches  de  l'Isonzo»  près  d'A(juilée, Jusqu'à.  Gorizia,  Lesxli^ 
gués  des  fleuves  avaient  été  mi^^si  à  profit  pour  cet  puxrage  ; 
de  longues  courlijaes  avaient  été  élevée^  eu  tgrri^  rev^ueaidif 
gazon,,  et  for^igées  de  place  en  place  par  di^s  looipiwde^ 
bastions  demêiue nature.  Tous  ces  ouvragis^st^ideat étépl^u-* 
tés  de  palissades,  ou  plutôt  de  troncs  de  saul^  viv^mlfi»  et  ^ 
serrés  les  uns  contre  les  autres,  qu'ilj^  ue  I^tissa^ut  aiiomi'pa»*? 
sage.  Ce  retranchement,  qui  s'étendait  su;*  uuç  buguçi^  ità 
douze  ou  quinze  i^illes,  re^en^blpt  au  xs^m  d'uQQ  ^rt/^re^^ 
Deux  camps  avaient  été  également  fortifiés  dans  l|g;s  Ueux  où 
risonzo  avait  paru  gué^We;  Vuu  à  Gradisfc^  ii'w!w4Eîh 

>  M.  Â.  SabelUco.  L.  III,  L«  X.  f.  228— ilfidb'.  Navagierq^  p.  iijlT^ 


g^O:.  fi«iriw:epfiii,  qui  9viâ(  9f  fimt  mt  ^  fteuy^^,  ibi?«H' 
é|é  fortifiée  ^rec  plos  de  «pûi  encore*  ;  Gepoiiyino  j^velto de 
YéroQ^,  ^JÎeQx  eapitaine,  qin  fiy^l  son  fils  et  an'  grand 
iKNnbro  de  bn^vi»  of fieîei»  avtoiir  de  lui ,  avait  été  ehiurgé  ' 
de  garder  ?es  retrancbemepts,  ay^  enviroD  trois  miHe  fw- 
tfjssiiis ,  et  plusieurs  cûjpps  d^  hpyoi^  cavalerie  :  ainsi  proté** 
gés,  ks  ji^qt^taats  du  Friuli  reposaient  dans  ^oe  eaii^ 
sécurité. 

Sfais  les  Yj^nitieas  n-avfôentp^  pris d'as^  bonnes  mesures 
poiir  i^  averli»  d^vanoe  des  inpuvemeii^  de  Tenneiai.  UHk 
soir  du  mois  d\octobre,  ils  virent  paraître  1^»  ec^v(iJeri/e  turque 
ajitQnr  4e  i^lui  de  leurs  camp^  qui  éjbait  im^det»  da  fleuve, 
avfi(^  qu'on  leureèt  aiiaoacé  sa  sortie  de  U^Bosn^î-  La  journée 
était  déj^  trop  ayaocée  pour  ço^lbattre  ;  agi^si,  de  part  et 
d'^trfi)  op  se  pn^ara  à  la  bataille  poiur  le  lçi\deiiiai;ii.  Baos 
cette  nuit  oij^rne,  cependant,  les  Tures  s  emparèrent  du  pont 
de  (xOfizia^  sans  qu'on  en  fût  inforioé  ^i^  camp  de  Gradiifika. 
Par  çç.fMHit  le  padia  Mar  Bçg,  Âo^at  Se^i  ou  plut^  Achmet- 
Giedicje  ^,  fit  piM^er  un  ini^Uer  4e  chevaux  aurdèl^  du  âedve 
tandis  guç  dans  un  autre  endpoit  ^  cav^lçrîe  to^rqu^  njwX 
découvert  unedairière  mv  le  bord  opposé,  traversa  Vlsi^naû 
à  la  n^g^  et'plaça  une  embasic;ye  ^aos  le  lieu  où^elle  vwlaft 
^Uii^r  |es  Y^tiens.  Le  lendemain,  Aohmetfit  passer  TlamM 
^  toii|9  ^m  arasée,  et  vint  offrir  la  bataili^  à  Geronymo  Nq-« 
vellq,  qpui  Taocef^.  Elle  fut  sout^D^e  qui^ue  temps  avec 
qpsex  de  courtage*  Le  fils  de  Geronjn^o^  qui  commandait  la 
preipîère  espouqi^C)  repoussa  vaillaipmettt  les  ennemis.  Mais, 
Bl^lg^ii^  les  aveftissements  de  son  père ,  qui  se  4^ajik  de 
^g^r  ifif^t4  à  prendre  la  {^\%  ij  §e  Xnm  ^aiporter  à  l^w 

t  M.  A.  SabeiHeo.  D.  m.  T..  X,  f.  223.  v.  —  >  Demétrius  Cdnteroir  attribue  cette 
esi^^|di|^4  Afriimet  çf^dick.  L.  lU,  éti^  l»  S  ^;  et  H  mip^rqof»  qvQ  1^  lun»  ^*^ 
bey,  Amathey,  Marbey,  ne  sont  point  Turcs.  Fugger  nomme  aussi  le  cher  de  cette  ex- 
pédition Àchmet,  sans  dire  que  ce  soit  le  visir.  Spiegel  der  Ehren,  Bueh.  V^  cap.  XXV, 
p.  828. 


t40  HISTOIRE  DES  BlÈPITÈLIQOES  ITALIENIÏISS 

poocsnile,  et  tomba  daûs  îemlHiscade  qui  hA  tcvaKt  été  pré- 
parée; son  escouade  j  fat  détruite  en  entier.  La  seconde  qnt 
le  snirait  làoha  pied,  et  sa  fcdte,  aperçae  jnsqae  dads  les 
derniers  rangs,  mit  en  désordre  tonte  l*armée.  Ghàctin  ne 
songea  plus  qu'à  gagner  un  lieu  de  sûreté.  La  cairâterié  ttir- 
qne,  terrible  dans  la  poorsnite,  éteàt  sur  le  dos  des  ftiyard$,  et 
elle  continua  d'abattredes  tètes  jusqu'au-delà  de  Mëilsah.  Oe- 
ronjmo  Novdiio  fut  tué  dans  la  bataille,  de  ménle  qnd  son 
fils,  que  Jacques  Badoero,  Anastasio  Flâminio,  '  et  beaucoup 
d'autres  gens  de  marque.  Les  Turcs  firent  aussi 'un  grand 
nombre  de  prisonniers  * .  ,.;..» 

•  Cependant  la  cÉfralerie  ottomane  se  répandit  aussitôt' dans 
toute  la  plaine  qui  est  entre  l'Isonzo  et  le  Tagliamentb.  Tout 
oe  que  le  feu  pou'vait  dévoi^r  fut  liTré  aux  flamiies.  On  Tojait 
brûler  en  même  temps  les  fourrages ,  les  récoltes  ,le^  bclis ,  les 
fesme((,  les  villages  et  une  centaine  de  maisons  de  campagne, 
oa  plHt6t  de  palais,  appartenant  à  des  nobles  Téniliens.  li'his-^ 
torien  Sabellico ,  qui  était  alors  lui-même  dans  un  château ,  à 
quelque  distance  dTdine ,  avait  sous  lès  yeux  cet  inimense 
incendie,  qui  du  haut  d'une  tour  paraissait  pendant' la  nuit 
une  mer  de  feu.  Après  deux  jours  dônn&  âra  i^Vage  dd  cette 
plaine ,  les  Turcs  passèrent  encore  le  TagBamentô ,  et  incen- 
dièrent aussi  le  pays  situé  entre  ce  fleuve  et  là  Piàve:  La  nuit 
on  voyait  de  Venise  même  les  flammés  de  ces  incendies, 'et 
elles  y  répandaient  la  consternation.  On  élut  un  prbvéàîteur- 
général  pour  Tlstrie  f  on  donna  ordre  à  celui  de  TAlbanie  de 
se  rendre  dans  le  FriuH ,  on  charçea  le  provéditéirf  de  lôm- 
bardie  d'assembler  les  milices  dé  Vérone ,  de  Vicence  et  de  Pa- 
doue  ;  des  nobles  vénitiens  furent  députés  à  la  garde  de  chaque 
forteresse ,  et ,  le  2  novembre ,  une  armée  nouvelle  se  mit  en 
mouvement  pour  chasser  les  Turcs  des  lieux  qu'ils  occupaient; 

>  M.  4.  SabeiUco.  D.  m,  L.  X,  f.  SS4, — Mort'it  Samiio,  VHe,  T.  XXIl,  p.  ms. 


mai3  Us  étaient  reparUa  d'eux-mton^  »  «t  tti  Mm^ivefmèé 

147^.  -T-  ïootea  ks.iCQnqQAtea  des  XgMi  avaisat  été  fvécé* 
dées,  paf;d^  ^fji^itioAS  «(emblaUes  à  celle  qu'ils  TeiMii«Bt  de 
fair|e  dai^  lef^ri^lJ-  Us  ruinaient  te  pays  |iar  leurs  iucursmHi, 
pl3nâwt,pUlsie^^p  campagaes  4e  s«iite>,  avant  de.son^r  à  y 
faille  d^$  établisçeme^ts*  Si  on  las  eût  Umén  pénétrer  de  non^ 
yeau  dans,  le  nord  de  l'Italie,  oesproyinces  dévastées  o'au* 
raiefl,t  bientôt  plnS|4té  ^qsoeptiUes  de  défenBe^et  en  peo  d'an*- 
néest  les  armes  du  .croissant  auraien^t  élé  portées  josqu'an  oeeur 
de  la  Lombardie.  Les  Yénitiens  firent  tout  ce  qui  d^eadait 
cr,eiix  poqr.se  mettre  à  oonvert  de  oe  Qudbear^  Os  avalent 
rçconufi  qu'ils  n'avaient  pas  assez  de  cavalerie  sur  cette  fron* 
ti^rç;„  et  ils  y  rappelèrent  Charles  de  Montone,  ^^de  Braoeio, 
au  rçjtour  de  son  expédition  contre  Sienne.  Ils  iortifiàrent 
Gra^isk^ ,. ils. relevèrent  les  reinparU  qui  avaient^ été  abatfeos; 
ils  enrégimentèrent  vingt  mille  hommes  de  milices  dans  leurs 
j^roxjjç^^a.de.tQrfe^d'erm^y.  et  ils  distribuèrent  tous  leshabitairts 
j^e  Yenise.  |sn  compagnies,  qu'ils  obligèrent  à  s'exerœr  msoi 
^yolutio^,jipQ^Uîtaires/^»  , 

,  CpB^danl;.  le  si^  ^  Qroi^  avait  toujours  continné)  et  celle 
yUle  çoyq[unepçait  à  qianquer  de  vivr^«  La  république  de  Ye^ 
I|i^^£^)ajf]^|9d|if4epar.lp9janti^ét^  ritalie^  inquiéléepar 
les  i];i\|i;iç\i^.  et  l'^ambitioa  du  pape  et  de  «on  fils  Jérôme  Bia* 
rio  3^  .craignit  de  n'être  plus  fissjçs  puissante  pcmr  £<»rmer  long* 
tejD[^|.au)i:  J)ar)>ares  r^[Ktrée  de  la  péninsule.  EUe  essaya  de 
nçni^ean  d^'o(b^ir.  la  paix  de  Mahomet  II.  Thomas  Hadipieri , 
prçv^ltenr  dte  la  flotte^  fut  autorisé,  au  mois  de  janvier  147ii, 
^,s^.pepdre. lui-même  à  Constantinople^  pour  (rffrir  à  la  Porte 
1a  vUj^  ^e.Croia,  l'ilç  de  St^Umèue,  le  bras  de  Maino  dans  le 
:if  ii    '    "    '  .      .         ■. 

1  Andr,  Navagiero,  Star,  Venez,  p.  1I48.  --  ir.  iL  SabtlUco»  D.  lU*  L.  X,  f.  22S.— 
iktarlo  Pamtente.  T.  XXU,  |i.  238.  -- 1 4ndr,  Wwagiero,  T.  XX1U«  P.  iii9.  -r  M,  4> 
Sabm€9t  &•  Ulf  I**  X|  f,  »S. 


.142  HIST0I1US  nak  kEf^tiqvii&  rr ALumniss 

iSék(9pdiÊXàÊBi  tMs  lefrattliies  Uetix  que  la  Seîgtiëdirlèf  a'v&ii  coù- 
quis  pendant  la  guerre  ^  et  cent  mille  dacats ,  an  nom  ae  la 
fÊfnm  ûti  aintifi^  tmite  fiNjôélIe  M àhntaet  faisait  dé^  l'éèlama- 
titot.  Toutes  ces  coâditionâ  forent  nci^eptéés  pàv  le  sultan , 
mais  il  y  joignit  fôéSb  d*nn  tribot  annuel  de  six  înillé  ducats. 
M atipieri  répondit  qn*!!  n-étidt  pohit  autorisé  à  te  |)rômettre , 
et  il. demanda ,  pour  consulter  ses  coiiitoettantè ,  detii  Mois  à 
éater  du  15  avril.  Pendant  ce  temps,  on  apprit  à  Venise  que 
le  roi  de  Hongrie  et  le-  rOi  de  lïaples  avaient  ti*aité  avec  le 
grand-seigiietfr,  et  reoomin  tontes  ses  ccfnqtiètei^.  Ôh  ne  pou- 
vait espérer  aucone  diversion  dn  feôté  de  la  P^tise;  tJssun 
Gàfisan  était  mort  ^  et  ses  qnati'è  fis  étatéîit  dii^sés' entré  eut. 
Croia  était  réduite  aux  extrémitéi^,  et  ne  pouvait  plds  se  de- 
fenidres  Dans  des  circonstances  aussi  menâçatttels ,  le  séiïdt  de 
Venise  résolut,  le  3  mai ,  d'accepter  les  codditiôns  tlidtées  ffar 
les  Turcs,  qodque  dures  qn'dieb  fussetit.  Mais  (Juand  xm  pôtîa 
cette  réponse  à  Mahomet ,  il  dédara  n*ôtré  plus  tenu  pai^  Sa 
parok.  La  situation  des  deux  paires  avait  changé ,  disait-il , 
pensdant  te  temps  qui  s  était  écoulé  ;  il  regardait  €rôià  tomme 
déjà  à  lui ,  puisque  aucun  pouvoir  humain  ne  pt/uSralf  ptué  la 
8»iVm*  ;  et  lâ  les  Vénitiens  étaient  résolus  a  acheter  lâ  paît  par 
le  s^rilice  d'une  ville  d'Albanie,  c'étàM  Seutari,  et  non  pliis 
Cri^,  qu'ils  devaient  lui  abandonner.  Malipidri ,  h'ayant 
ancim  ordre  relatil  à  cette  detâsoidé  nonvelfe ,  quitta  Comtan- 
linople  sans  avoir  rien  conclu  ^ .  *  ^ 

Les  habitants  de  Croia  avaient  soutenu  le  siège  petidànt  tin 
im  entier^  et  durant  les  derniers  tooië  !ls  avaient  été  Mdùtls'à 
se  nourrir  des  aliments  les  plus  immottdeâ.  Ils  apprrreht  éé- 
pelidant  que  le  sultan ,  précédé  pàt  le  sangiak  Soliman ,  et  pdr 
le  beglisrb^  do  la  Roaaaiiîe ,  était  arrivé  devant  S^mtiari  avec 
une  nombreuse  armée.  Ils  lui  envoyèrent,  le  15  juin,  une 

r 

•  *  * 

t 

1  Àtt4r,  Smtgicro.  p.  tus.  .       .'  ^ 


JNJ  mofnm  a&x.  143 

^éj^utatioa  pour  offfUr  de  se  rendre  à  lui.  Ik  en  obllMfefft  ttt 
^r^  $igG|é  de  la  mmi  «léme  de  Mahomet  ^  pat  leqgmel  ee  ïm- 
narcpj^.  s^opgfigeait  à  leur  permeUre  à  tous^  de  fie  relirez  avee 
tûi4s  leuxs  bieu^^  s'ils  n'aimaient  oueax  vivre  dmi&  Groôa  eMs 
sa  j^Eoteetioa  et  assurés  de  sa  faveur.  Gotte  atemative  teof 
étant  offerte,  tous  déelarèreut  qu  ils  woonctoraiMt  à  lesr  pft« 
trie^  et  qu'ils. irai^  vivre  dans  le  lieu  que  id  Seigneurie  dé 
Venise  leur  assignerait.  Cependant  il»  livrèrent  leur  forteresse, 
et  ils  se.  mirent  sous  la  eonduile  de  fescoiite  q«e  le  pacha 
Aarou,  oommandant  du  siège,  leur  donna.  A  peine  farent^- 
ils  parvenui|  dans  la  plaine ,  que  œlui-ci  ks  fit  cfaai^r  de 
fers  y  pour  les  conduire  au  §prand-sei{^eur.  Mahomet,  après 
avoir  réservé  qu^ques  prisoaniers  de  marque  qui  pou^ieflt 
payer  leur  ramgon ,  fit  trancher  la  tête  à  tout  le  reste.  Ainfe^i 
finirent  les  derniers  des  compagnons  d'armes  de  Seanderbeg. 
Sou  peuple  tout  entier  devait  le  suivre  de  bien  près  âan$  le 
tombeau  * . 

Mahomet  pepidant  ce  tempe  aiksiégeait  déjà  Scotari^  mais  les 
bifbit^nts  de  celte  ville  y  qui  s  étaient  attendu»  à  soft  attâiqQ^, 
avaient  tout  prépaie  pour  une  vigoœreuse  défeûse.  Tous  ceux 
qyiii  n'étaient^. pas  en  état  de  porter  les  armes  avaient  été  reti*^ 
vo^^  ^  la  viM^^f  ii  n'y  restait  plus  que  seize  cents  citoyen», 
et  )4^ux  qe^t  .ciiumaate  femmes.  La  garnison  était  composée 
de  ;  six  centsi  ¥)ldats.  l^  provééiteur  vénitien  (âmt  Anto^fito  de 
Lez2e.  Mahomet  avait  dans  son  camp  le  beglierbey  de  Komadie ^ 
le  ^fAgiâk  Soliman ,  e^s  plus  grands  officias  de  scnet  empire. 
Les  pavillons  de  son  armée  couvraient  toute  la  plaine  de  Scu-^ 
tari  y  tputes  les  pentes  des  montagnes  ^  et  Umt-  le  pays ,  aifôSi 
loin*  quç  la  vue  pouvait  s'éteiufare  ^. 

On  avait  attendu  ï  arrivée  de  Mahomet  au  camp  musulman^ 


^Mdr,  Havagiero.  T.  XXllI,  p.  iiiZ, -^ Marinus  BarleiHu,  De  Scodrensi  expugna- 
iione,  L.  II,  p.  399.  —  s  AT.  ^HL  SobeUico*  D.  III,  L.  X,  f.  23S.  —  Mar,  Barleiius.  De 
Scodr»  exp*  L.  ii»  Pi  394« 


144  HISTOIfiB   DBS  JiéwvmJUfiaA  ITALIENNES 

pour  mYirii*  lus»  >pBeBùère&  ioMxm  eo&ÈÉe  Scfitioi;  éiiA^  le 
sultsM^ ,  loi^.  d^  msùlx  ^^  à  ses  géoémsi^^de  «ette  déftircnce , 
leur  re(MN)çb&  de  n*  avoir  pas  fait  plus  de  progrès.  Une  simple 
enceiule  de^muridUes  fermait  la  Tîlle  ,<  et  la  redoutririte  artil- 
lerie des  Turcs  y  oiiii9rit.bi0Dtôl  w^é  krge  brèche.  Cependant 
la  pente  rapide  du.  temmi ,  et  la  dffîèdté  dé  gravir  lai  moia^ 
tagae,  sur  le  haut  de  hMfaeUe  la  mur  étail  a^is^  suppléèrent 
à  la  faiblesse  des  rempnrts*  Les  Turcs  donnèrent- «m  assaut  à 
cette  brècbe  le  22^ juillet;  après  un  oomiiat  obstti^  ils  furent 
repoussés  avec  beaucoup  de  perte ,  et  aecablé»  par  les»  pierres 
et  les  feux  d'artifice  qu'on  faisait  pleuvoir  snr  eux  *. 

Mahomet  fit  alors  dresser  sas  batteries  contre  une  patiiedes 
murs  dont  l'accès  lui  parut  plus  facile.  Gomme  ils  nV.taieitt 
soutenus  par  aucun  terre-plein,  ilsfur^it  Inenlôtentr'ouYarts, 
et  le  sultan  ordoivia  un  nonvel  assaut  pocHr  pour  le  27  juilfet'. 
Mais  afin  de  profiter  de  Timmense  supériorité  de  ses  forces,  M 
divisa  son  armée,  que  les  historiens  vénitiens  piMftent  à  qnatle^ 
vingt  mille  hommes,  en  {dusieurs  corps  qui  devaieitt  se  sae- 
céder  sans  interruption,  et  renouveler  l'assaut,  jnsqn  à  ce(|oe 
les  habitants  de  Scntari  suecombassmt  à  tant  de  faligae.  An^ 
tonio  de  Lezze,  averti  de  cet  ordre  donné  par  F  ennemi,  par* 
tagea  également  sa  garnison  en  quatre  brigades,  qui  devaient 
se  renouveler  toutes  les  six  heores.  L'assaut  cMumencft  avant 
le  point  du  jour  -,  les  janissaiiKs  montaient  à  la  brèche  avee 
intrépidité,  au  travers  des  pierres  roulantes,  des  feux  et  des 
flèches  qu'on  lançait  sur  eux  ;  ils  firancbissdimt  les  ruineft.dca 
murs,  et  s'efforçaient enso^  de  gravir  lelongdn rempart  în-^ 
teneur  qui  formait  la  dernière  enctinte.  De  aouvieaox  as^ 
saillants  arrivant  toujours  par  dinrrière  portaient  ea  quelle 
sorte  les  fffemiers  rangs,  et  les  pomsaient  par  forée  josqa'a« 
8<mimet  du  rempart  ;  mais  ils  n'y  arrivaient  jaosais  qiie  trans- 


DU  MOVIEN  AGB.  US 

piToéiéo  <XNip8  ée  bnoeB  et  d'ëpées  ;  avant  d'avoir  plu  com- 
battre eflEHuteKs,  ils  retombaient  morts  sur  leurs  camaradeSi 
qiB  ne  fle  déeoarageaiênt  point.  Mahomet ,  forieox  de  ren- 
ocmtrer  mut  iénabuMo  si  obstinée ,  donna  ordre  Je  oontinner 
fattaque  avec  des  troq»  toujours  nouvelles  pendant  toute  la 
niiîl,  et  pendant  la  moitié  da  jour  suivant.  Enfin,  soit  que 
ses  soldats^  febutés  de  tant  d'efforts,  rrfusassent  de  combattre 
phis  longtMips,  ou  que  lui-même  sentft  l'inutOité  de  cet  ef- 
fr^able  eamage,  il  fit  sonner  la  retraite,  après  avoir  perdu 
un  tiers  de  son  armée  ^ . 

Le  sultan ,  changeant  alors  en  blocus  le  siëge  de  Scutari , 
s'ooeupa  de  rédmre  sous  son  obéissance  le  reste  de  la  pro- 
vmee,^  afin  d'ôter  aux  assiégés  tout  espoir  de  secours*  Comme 
la  flotte  Ténitienne  aurait  pu  arriver  jusqu'auprès  de  la  ville , 
en  remontant  la  Bogiana,  il  ferma  F  embouchure  de  cette 
rlTière  par  un  pont  garni  de  deux  redoutes.  Il  envoya  le  be- 
gUerbey  de  Bommiie  assiéger  les  divers  châteaux  du  voisinage; 
œfad  de  Sébenieô,  qui  appartenait  à  Jean  Gzernowitsch ,  se 
raadit  sans  combattre  ,*  la  ville  de  Drivas  fut  prise  le  sixième 
joar  après  f  ouverture  du  siège.  Jacques  de  Mosto ,  qui  y  était 
proYéditeur,  fut  conduit  avec  tous  les  habitants  sous  les  murs 
de  Scutari,  où  Mahomet  lui  fit  trancher  la  tête ,  afin  de  faire 
connaître  aux  assiégés  le  sort  qui  les  attendait ,  s'ils  ne  se  hâ- 
taient d'apaner  sa  colère.  La  ville  d' Alessio  fut  abandonnée , 
mais  deux  galères  furent  surprises  dans  son  port,  et  deux  cents 
mamis  qui  les  montaient  firent  enyoyés  au  supplice.  La  seule 
forteresse  d'Antivari  brava  toutes  les  attaques  des  Turcs.  La 
plus  grande  puiie  de  Tété  ayant  été  consumée  à  la  poursuite 
de  œs  différents  sièges,  Mahomet  confia  le  commandement  de 
Tarmée  qui  bloquiût  Seotari  à  son  visir  /chmet  Giedik,  et  il 
retenraa  àConstuatinq^  >. 

t  Ànârea  ifavagiero,  p.  iiss.— MariimiBarleiit»,  De  Scodmul  expugnaUone^  L.  O, 
p.  4M-in.  —  *  JN*.  KmootÊfù.  T,  nsUf  p.  il  55.  ^  ir.  4.  Sabtlftco,  Deea  m,  L.  X , 
TII.  10 


146  HISTOIBB  DJSS  BSPUBLIQUES   ITALIERIfES 

En  naëme  temps  poor  occuper  aillears  les  for^  d^  Ifi  r^ffU^ 
bliquc;^  Mahomet  II  avait  donné  ordre  an  p^içha  ,d|^  Bç^nie 
d* envahir  de  nouveau  le  Friuli,  et  Ton  prétendit  gne  Iç  roi  de 
Hongrie,  à  la  persuasion  dé  Ferdinand  de  Naples,^  dojit  il 
avait  épousé,  en  1476,  la  fille  Béatrix,  accord^ ^p^x  Turcs  le 
passage  par  ses  états  pour  que  cette  diversion  ejçnpêchàt  les 
Vénitiens  de  prendre  part  à  la  guerre  de  Tosç^u^e  *  ^  tp  p§cba 
de  Bosnie  parut  sur  les  bords  de  llsonzo  avec  quinze  mille 
chevaux,  mais  il  les  trouva  garnis  par  des  mitices..^je(s^e^l4é^ 
sous  les  ordres  de  Victor  Sor^^nzo,  provéditeur  de  la  province, 
tandis  que  le  comte  Charles  de  Montone  commandait  les  gen- 
darmes enfermés  dans  le  camp  de  Gradiska.  Ce  fut.en  yaia 
que  le  pacha  provoqua  Montone  au  combat  :  celui-ci,  averti 
par  rexpérience  de  Tannée  précédente,  savait  qu'il  arrètjçrait 
mieux  les  barbares  en  restant  immobile.  Les  Turcs,  après 
plusieurs  tentatives  inutiles  pour  entrer  dans  le  Friuli,  tour- 
nèrent du  côté  des  montagnes  de  la  Garniole  et  portèrent  leurs 
dévastations  sur  les  frontières  de  F  Allemagne  ^. 

Cette  invasion  avait  eu  lieu  au  moinent  où  la  peste  exerçait 
le  plus  de  ravages  dans  Venise,  en  sorte  qu'on  n  avait  pu 
réussir  à  armer  les  barques  destinées  à  garder  rembouchure 
de  risonzo'.  La  guerre  d'Albanie  et  celle  du  Friuli  désolaient 
en  même  temps  la  république  ;  les  armements  du  pape  et  de 
Ferdinand  et  l'invasion  de  la  Toscane  y  causaient  une  nou- 
vdle  terreur  ;  enfin  les  affaires  de  Chypre  donnaient  aussi  de 
Tives  inquiétudes ,  tandis  que  la  contagion  dans  Venise  ne 
permettait  pas  même  d'assembler  les  conseils.  La  reine  Char- 
lotte de  Lusignan ,  après  avoir  sollicité  le  pape  de  la  rétablir 
dans  son  royaume,  s'était  enfin  déterminée  à  passer  en  Egypte, 
ce  qu'elle  n'avait  q^  pu,  ou  n'avait  pas  osé  faire  l'année  pré- 

r.  22S,  v«.— JfâfJititt  BarletiuSj  De  Scodrerui  expugnatione,  L.  lU,  p.  434.  —  ^  Diarium 
Parmeiue.  p.  2«4. —>  M.  ^.  StUfelUco,  Deçà  lll,  L.  X,  f.  226.  —  '  Marin  Sanuto^  ri« 

(te'  DiicAi  di  Vwesku  p.  t206. 

i 


Dû  MOT»  AG2.  147 

cédehté.  Le  roi  Ferdinand  avait  fait  armer  potir  die  quatre 
galères  à  Gènes,  qui  devaient  T escorter.  En  même  teûips  il 
avait  envoyé  à  Tenise  an  brigantin  catalan ,  dont  le  patron, 
qui  se  donn&it  pour  marchand ,  s*  était  chai^  d*  enlever  la 
jeuiie  Charlotte,  fille  naturelle  de  Jacques.  Le  conseil  des  Dix, 
averti  de  ces  manœuvres ,  fit  enfermer,  par  une  délibération 
du  27  août  1478,  les  trois  enfants  de  Jacques  dans  le  château 
de  Padoue.  La  jeune  fille  ne  tarda  pas  à  y  mourir,  et  ses 
gardiens  furent  soupçonnés  de  T  avoir  empoisonnée.  Un  pro^ 
véditeor  fut  envoyé  dant  les  mers  de  Candie  avec  dix  galères  ; 
il  atait  ordre  de  veiOer  au  passage  des  quatre  vaisseaux  génois, 
de  les  attaquer,  et  de  se  défaire  dé  la  reine  Charlotte,  en  ré- 
pandant le  bruit  qu  elle  avait  été  tuée  dans  le  combat  * .  Cette 
flotte  se  grossit  ensuite  jusqu'au  nombre  de  vingtnaept  galères  ; 
mais  Charlotte  avait  devancé  son  arrivée,  elle  était  déjà  par- 
venue à  Alexandrie ,  et  le  Soudan  lui  avait  donné  de  bonnes 
espSrances.  Par  l'ordre  des  Ténitiens,  l'autre  reine  de  Chypre, 
Catherine  Cornaro ,  envoya  aussi  une  ambassade  au  soud^n, 
pour  lui  offrir  le  tribut  annuel  du  royaume,  que  jusqu'alors 
elle  n'avait  point  payé.  Les  deux  reines  chrétiennes  plaidèrent 
leur  cause  devant  le  souverain  musulman  de  l'Egypte  ;  celui* 
ci  ne  se  prononça  point,  mais  il  paraissait  pencher  pour 
Charlotte,  et  Venise  pouvait  s'attendre  à  une  guerre  nouvelle 
contre  les  Mameluks,  pour  la  défense  d'un  royaume  qui  n'é- 
tait plus  déjà  qu'une  colonie  vénitienne^. 

Les  consdls  de  la  république,  frappés  de  tant  de  malheurs, 
menacés  de  tant  de  dangers,  hésitaient  sur  le  parti  qu'ils  de- 
Yâient,  suivre ,  lorsqu'ils  reçurent  une  lettre  du  gouverneur 
de  Scutariy  qui  rendait  compte  de  la  situation  de  la  place. 
Dans  le  dernier  assaut,  il  disait  avdr  perdu  huit  de  ses  mdl- 
leurs  capitaines,  avec  un  très  grand  nombre  de  soldats  ;  il  ne 


148  HISTOIBIS  DES  nÈV^SBUffOSB  ITALIENNES 

lai  restait  plus  de  tivres  que  pour  quatre  moii»,  et  s'iliî'étaîl 
pas  promptement  seeonra,  il  dédandt  qs'Q  serait  réduit  à  ca^ 
pitoler.  On  eut  beaueoup  de  peine  à  aBseod>ler  le  sénat  di-^ 
spersé  par  la  peste,  pour  lui  faire  ooniuÉfere  ce*  rapport;  Bufin 
il  se  réunît  le  1 4  novembre,  et  après  une  discussion  très  vive, 
il  résolut  de  solder  six  mille  cheyaux  et  huit  mille  fostasslns 
italiens  ;  de  soulerer  f  Albanie,  à  l'aide  de  George  Gzemo- 
witsch,  pour  joindre  ses  peuples  I^lliqueux  à  Tarmée  v^éni- 
tienne,  de  rappeler  le  capitaine  général  Yenieri,  qui  était  avec 
sa  flotte  dans  les  mers  de  Chypre,  et  d'employer  ainsi  toutes 
les  forces  de  la  république  à  faire  lever  le  siège  de  Seirtari. 
Mais,  quatre  jottrs  après,  le  séiïatse  rassemUà  de  nouveau,  et 
ce  fut  pour  céder  au  découragement.  Les  militaires  repiésen- 
taient  que  la  Bogiana  étant  fermée  par  un  pont  et  par  dent 
redoutes,  il  était  presque  impossible  d'y  effectuer  un  éâ)ar^ 
quement.  Les  direoteure  du  trésKnr  rendirent  com|rt;e  de^  son 
épui^ment,  et  de  la  pauvreté  universelle,  coâséquenced'une 
ffl  longue  guerre. D'autres faisûent  saitKrque'Oi  Fonrafqpéhâl 
de  Chypre  la  flotte  de  Tenieri,  onperdraiH  wtte  iley'qui  se 
trouverait  abandonnée  aux  intrigues  de  la  reine  GharMte,  et 
peut-être  à  l'invasion  du  Soudan  d'Egypte.  Plusieurs,  ef«» 
fjrayés  des  fréquentes  (attaques  des  Turcs  sur  le  Friuli',  an^ 
nonçaient  qu'on  ne  serait  bientôt  plus  eumeBilre'pour  ies  re^ 
pousser.  Les  amis  de  Laurent  de  Hédiois  *  et  ceux -^de -k 
duchesse  de  Milan  soUieitaieit  leunr  collègue» -de'temrîner  la 
guerre  du  Levant,'  pour  que  Venise  fût  en  état  de  se  Mt^ 
respecter  en  Italie.  Ils  faisaient  remarquer  que  les  deux  plus 
puissants  alliés  de  la  république,  les  Florentins  et  les  BOfah 
nais,  étaient  obl^;és  de  recourir  à  «a  protecfi<m,  au  lieu  de 
l'assister  dans  ses  nécessités;  que  le  roi  Ferdinand  était  ou- 
yertement  enneim,  qu'il  s'était  même  engagé  avec  les  Tdrcs 
par  un  traité  de  paix  et  d'alUance  ;  que  le  pape,  livré  à  ses 
ressentiments,  w  parlait  qu'avec  menaces;  que  la  xé^fià>^q/ie 


DV  HeiBM  AiSB«  149 

dbiCMneB»  mfin»  avait  OMmencé  des  hostililâi  contre  ksYé 
BËtieiuifc  Dans  wie  silsatioii  aussi  dangereose,  la  paix  avec  les 
XweafiârQt  seolepoaydr  sanver  la  rtf|iablique,  et  le  sénat  se 
iéK>lot  à  accepter  les  condîtiaBB  mêmes  qœ  Mahomet  vou- 
drait êktst* 

Su  eonséquonee  de  ces  déUbérations,  GioTanni  Dario ,  so- 
ceétaîra  d'^t,  fut  emajé  an  trayers  de  I  Albame  à  Gonstan- 
tiaople;  .11  troQ:va  le  sultan  disposé  à  maintenir  à  peu  près  les 
mâmes<  cpnditioBSi  qu'il  avait  proposées  an  commencement  de 
raiwée,  1479.  -*-  En  conséquence,  cet  ambassadeur  signa,  le 
26  janvier  1479»  un  traité  de  paix  entre  la  Porte  et  la  repu- 
Uîque  de  Venise,  en  vertu  duquel  Scntari  et  son  territdre 
déliaient  éice  abandonnés  au  grand-seigneur }  toutes  les  con- 
quête» fûtes  pendant  la  guerre,  dans  la  Morée,  rÀlbanieetla 
Delmatie,  davaiœt  être  restituées  réciproquement.  Les  Véni- 
tiens devaient  payer  an  sultan  cent  mille  ducats,  au  nom  de 
la  ferme  des  dune,  qui'avait  fait  banqueroute  à  Gonstantino- 
pie  au  eommeneement  de  la  guerre  ;  ils  devùent  payer  de 
plus.«n tribut  aunnel  de  dix  mille  ducats;  mais  cette  condi- 
tion, qm  pouvait  paraître  bumlUanite,  n'était  au  fond  qu'on 
abonasmwt  aux  drmts  et  gabelles  de  Tempire  ottoman  ;  car, 
moyennant  ce  payement,  les  Vénitiens  devaient  jouir  d'une 
inmehise  absidue  pomr  toutes  leurs  marchandises,  dans  tous 
ks  ^ts  de  sa  hautesse.  L'ambassadeur  eut  aussi  l'adresse  de 
&i]ie.iiiBéi»r»aa  traité  que,  si  quelque  état  arborait  les  éten- 
dards 4le  Saintrliarc  avant  d'être  immédiatement  attaqué  par 
le  suUW)  cdni-ct  reconnaitrait  un  tel  état  pour  sujet  de  la  ré- 
poUK^pm,  et  respecterait  son  territoire,  en  sorte  que  les  Véni- 
tiens oonservèrent  l'espérance  de  faire  des  conquêtes,  par  la 
terreur  même  des  armes  musulmanes  * . 

£n  conséqpience  de  ce  traité,  Antoine  de  Lezze,  provédi- 

1  Andr,  Navaglero,  Stor,  Venez,  p.  Ii59~ii60.— DemetHiti  Cantemly,  L.  III,  cbap.  I, 
S  9^  —  Catttmachut  Experiewt  Of  renetlt  c^nira  Tuho9.  p.  it9. 


l&O  HISTOIRJS  DES  lÉPraUQUBft  ITALIEïriiES 

teor,  sortit  de  Scotari  avec  quatre  cent  dnqaante  hommes  et 
eept  Vaquante  femmes,  qui  seids  «vaieiit  snrtécn  à  ce«i^ge 
meurtrier.  Ils  emportaient  a^ee  enx  les  reliques  de  leurs  égK- 
ses,  les  vases  sacrés,  l'artillerie,  et  ee  qui  restait  de  leurs  ri- 
chesses, lis  passèrent  ainsi  au  milieu  dé  1*  armée  ottomane,  i 
laquelle  ces  braves  guerriers  parurent  inspirer  du  respect  * . 
La  république  s'oigagea  à  pourvoir  à  leur  subsistance;  elle 
voulait  d'abord  leur  donner  des  fiefs  dans  File  de  Chypre  ; 
mais,  comme  ils  craignirent  Fair  malsain  de  ce  pays,  elle  les 
distribua  dans  ses  diverses  forteresses,  dont  elle  leur  confia  la 
garde,  et  elle  assura  à  chacun  une  pension  de  deux  ducats  et 
demi  par  mois  '.  En  mètne  temps,  la  république  fit  consigner 
aux  officiers  du  sultan  les  m<mtagnes  de  la  Chimère,  Strimoli, 
le  pays  des  Haïnotes  en  Horée,  Castel«BompanOy  Sarafona,  et 
File  de  Stalimène.  Tous  les  prisonniers  faits  par  les  Turcs  fu- 
rent remis  en  liberté  sans  rançon,  et  la  paix  fut  jurée  par  le 
doge ,  et  publiée  k\  Yeoiae  avec  une  allégresse  universelle,  le 
25  avril  1479,  jour  de  Saint  Marc  évangâiste,  afffèsqmnze 
ans  de  la  guerre  la  plus  redoutable  que  la  république  eût  en- 
core soutenue'. 

*  M.  Ani,  SabelUco.  Deçà  III,  L.  X,  f.  226,  Te.-<-irariu.  Barletivs,  De  Scodr.  expugn, 
L.  III,  p.  437-440.  —S  Àndr.  Navagiero.  p.  116I-11S2.  —  >  Jo.  Adizreitter,  dans  ses  An- 
nales de  BaTière,  ni|ypone  les  lotlies  àm  éoge,  êa,  23  MtHer  1419,  par  ieiqiielltft  cMoU 
ci  aDnooçait  aux  princes  chrétiens  la  nécessité  où  il yéuit  trouvé  réduit  de  Caire  la  paix 
avec  les  Turcs  ;  Adizreitter  fait  connattre  en  même  temps  l'effroi  qu'on  ressentit  dans 
teul  renpire  d'Allemagoe  quand  on  sut  que  Mahomet  il  ne  serait  plus  retMHi  par  Isa 
armes  de  la  répubUque  de  ^ûaite.l4nnûleê  Soico?  0«n(U.  P»  II,  h.  IX,  cap.  ^  p.  iS». 


DU  MOYEN   AGE.  151 


itM«ii»H§iii»t9»nii»ii»»tifnif»HiiHi»i 


CHAPITRE  VL 


Six|el,y  atljrç  l«s  S»ii)9fs  eo  Italie;  leur  Yictc^re.sur.le»  Miton^fe  à 
GiorDico.  *—  11  excite  Louis-le-Maure  à  s'emparer  du  gouyemeipeat 
de  Milan. — Détresse  de  Laurent  de  Médicis:il  se  rend  à  Naples,  où  il 
signe  une  pM^  qui  compromet  h'ndépendance  de  la  Toscane.— Projet  du 
èhO)  ê»  Calabre  ^ur  Siettne  ;  révolution  de  eette  république. 


■  I     rf  i  * 


1478-1480. 


1 479.  —  La  paix  des  Vépitiens  avec  les  Tares  mettait  ï  f  ta- 
lie  à  cotnrett  de  l'ioTasioa  la  plus  redoutable  de  tootes;  elle 
iufiaîlMoesflefftOii  dwger  qui  jamais  a' avait  été  plus  pressant, 
et  die  amratt  dft  être  pour  ses  diyerses  puissanees  an  mcdlf  de 
eon&mm  et  de  repos.  Cependant  la  noaTelle  en  fut  reçue  par 
hî  plnptirt  d'entre  dies  avec  consternation.  Aveuglées  par 
lenr  jalousie,  elles  n*y  virent  que  le  rétablissement  du  crédit 
de  la  puissante  république  qu'elles  redoutaiait.  Elles  compri- 
rent que  désormais  Y enise  pourrait  employer  sans  partage  ses 
forces  en  itaHe ,  comme  die  faisait  avant  1463.  Le  roi  de  Na* 
pies  et  la  république  de  Gènes,  qui  lui  avaient  témoigné  leur 
inimitié,  craignirent  son  ressentiment;  la  dudiessëde  Hilàti , 
le  duc  de  Ferrare ,  le  marquis  dé  Mantoue  et  les  petits  princes 


U2  HISTOIBB  DES,  fiâ^TOUQyBS  ITALUBNRES 

de  J^ojmgiie ,  cpaiq^  aUiés  de  YeuMie,  9*aCaigèieitf  se<arèiti- 

ifij&atd^  Toîr  diimrojier  Jenr  împorbiiiee.  Tfmimt  te  gnmrechi 

Leyant,  le  sénat  les  avait  ménagés- avec  uoBoîn  eKtième;  à 

jurésent  leur  tour  était  ^enade  lui  moMtiier  ide  la  déféienee. 

Mais  le  pipe  swtfxat ,  à  la  nouvelle  de  4»tt&  paix  »  Be^put  dis- 

aioiiiiler  son  ebagrâ  et  spa  indignati^ar  Iw  ^  a'amit  piû 

aqçicipe  part  à  unct  gpierre  ^'il  a{fte)^t  saiarée^^  il  prétencBt 

qpie  dei!i  chrétimis  n'avaient  pu  la  terminer  sans  tanfaiff  la  duré- 

tieuté.  Jl  aiinoQ«a  à  FËurope  ^'il  avait  akcsttàflU). entamé 

d^  négodations  aveo  le  roi  de  Franoei,  f  encreur  frédérie  lil, 

et  Maiiwilien  son  fils  >  ùac  de  Bourgogne;  ^le  mm  but  élut 

de  to'miner  la  guerre  de  Flerenee,  et  de  toutaer^x>ntre  les 

Turcs  les  armes  de  tout  l'Occid^t  ^ .  C'était  sur  oes  entre- 

foites ,  disû^-il,y  que  .les.  Véoitieni^  avaient  abandopipé  la  «a«se 

commune ^. qu'ils  avaient  signé  la  paix,  et  qu'iU  s'7.étmeat 

eng^éa  par  seiment.  «  Non  contents  de  cette  désertion,  ajon- 

«.  tait-il  dans  une  nouvelle  bulle,  flsse  sont  rendus  |^  emi- 

«  pibles  encore;  ils  n'ont  pa&  rougi  d'alfimerea. Mtiie  pré- 

«  i9^ce,  en  présence  de  nos  vénérables  frëses  ks  eanfinwix, 

«  des  ambassadeurs  de  l'empereur,  dn  rû ,  du  duo  de  Mflan , 

«  des  pçâats,  et  d'une  gicande.multîtadO'de  obrétien»,  qu'As 

«  observeraient  fldèl^aent  lenr  traité  avec  ka  méeréanta,  et 

/c  opt'ito  n*y  porteraient  aucune  atteinte^.  »  Eniefi^^tana  les 

efforts  du  pape  pour  engi^fer  les  Yénitiens  à  secotaunenoer  la 

guerre. avaient. été  inutiles..  '    h  ,->'     -. 

Sixte  IV  étaitoepwdantfiHrt  éloigné  de  la  penaée^de  lémMr 

les  cbrétiens ,  ou  de  hm  faii»  ioroM?  uno  iîgueî  contre-  les 

Turcs.  L'wibition  s'élait.«ecroe  enJui  avec  l'Âgetf  k  pesaion 

de  la  guerre  et  de  rinti:^;ue>s'4tait*e»q^ée.de!  seiiième;  la 

CQ^x»,  la  haine  ot  le  désir  d'augmeidw  1»  jpmMitQer  do  Je* 

14T8,  S  39,  p,  977.  —  «  BuUa  SixU  IV,  16  kal,  septembris  1479.  Ap..  UaynaU.  S  li  $ 
P«I91.  > 


mi  MKnrn  aok.  153 

iK^aeuii^t  la  MBî*.  Il  anraâl'TMla  entraiiierles  yénitiens 
dans  ée  ix)airdles  hoitilités ,  poor  les  afifidUir  et  pour  priver 
lea  Floventioa  de  toar  appui.  De  la  même  manière  il  voulut 
«troubler  l'état  de  Ifitan,  égidement  allié  des  Médids;  et,  pour 
y  féammtr  il^i'aèrassa  è  un  peuple  plun  religieux,  plus  docile 
à  sa  Toîx»  et  pin»  disposé  que  ne  Favaient  été  les  Yéuttiens  à 
faire  d^endreles  tois  de  la  morale  puMique  des  décisions 
ariMtrains  de  ses  prêtres.  Il  engagea  les  Suisses  à  vider  les 
limMuts»  qui  les  unissaient  au  duc  de  Milan ,  et  à  détourner, 
ftaat  une  puissante  invusion,  les  secours  que  Laurent  de  Médids 
pouvnii  attendre  de  la  maison -Sforza. 
•  Depuis  deux  ans  environ,  les  vendeurs  tf indulgenoes  s*é- 
liinBi  répandus  en  Susse,  à  Foeeaslon' d*un  jfMU,  et  ils 
«miait  trouvé  cheE  les  bonnes  gens  qui  habitaient  les  Alpes , 
wm  fermeté  de  foi ,  une  confiance  aveugle  dans  le  pape,  un 
enipDessemmt  à  se  dépouiller  de  tous  leurs  biens  pour  acheter 
ÛBH  ^àees  spirituelles  dont  les  Italiens ,  témoins  des  désor- 
drca  de  la  eonr  de  Rome ,  étaient  fort  éloignés.  Un  tribunal  de 
^pialro*vingts  à  cmt  prêtres  ftit  établi  en  Suisse,  pour  distri- 
bner  les  indidgenees de  la  bulle,  et  décider  dans  les  cas  don- 
teiEiç  >et  Borne  apprit  avec  étonnement  combien  d'ai^nt  elle 
pouvait  rrtirer  de  ces  oanlons  qu'elle  avait  regardéaf  comme  si 
,  pau?«i»;iilbds  l'attention  de  Sixte  lY  étant  attirée* sur  lès 
Sinsses,  il  remarqua  bientôt  dans  ce  peuple  quelque  chose 
qui^l'intâretuait  {Ans  encore  que  le  commerce  des  indulgences. 
1478j>*^II  oompritrqnd  parti  il  pourrait  tirer,  dans  les  guer- 
rotdu  8Bλt*fiiége^  de  pareils  fidèles  et  de  pareils  soldats;  il 
ieuriuavioya  un  drapeau  rouge  béni  de  sa  main,  et  il  les 
ekhôrtaà'so  souvenir  quecTétait  leur  devoir  de  ne  point  épar- 
gner leur  sang  pour  la  liberté  de  FÉglise.  Son  légat ,  Guido 
de  Spoleto,  évêque  d'Anagni,  fit  convoquer  une  diète  à  Lu- 
cernè;  et  Ui,  dans  une  séance  secrète ,  le  T'  novembre  1478, 


154  HISTOIRE  DES  MÉPDBIrf^fil  ITALIEIÏI9ES 

il  profMMs  aux  êamm  da  s^rader  an  :pttrti.  nottbniDx  4e^  no^ 
Me»  et  de  ^borargeois  de  Mitan^  qui  dëflimîQDt^rétd^  niie 
répuUique-^n  Lombardie.  U  ne  »' agîssMli' (dus  qoe»d' écarter 
on  eofaoït  peu  propre  à  goaTefner^  qai  était  aléi»  «bel  de^la 
matôoa  Sforza,  et 4ixte  IV  lecur  offrait^  peor  rtfoen^nflie'  de 
oeHe  eipédition^  k  partage  des  kBinaise»  tvésefé  mMmés^^ism 
lea  ebàteaox  de  Pam^  de  MHan^^  Gmd&  ajMtait^  <Qette  offre 
eeUe  de  dix  mille  dooat»  par  année ,  poiff  f acîUief  kws  a«i»e- 
mmtSi  Oepeadant-les  dépoté»  des  caatons  ceirfédérés  ne^peu- 
Teient  prendreiinedétermkialion  aussi  importante  sans  f  ^e^ 
sentittient  da  peuple  y»  et  la:ebefle  n'étaitpaa  de' «nature  à  M 
être  commnniqnée  *  ;  aussi  le  légateberchait-il  simnltanément 
à.êxciter'le  re68eâtinœ9>t:4es  paysans ,  tandis»  qaf il'e<Hniiiani- 
qnaib  à  kws  chefs-  ses  pn^^ts  politiqoes.iLa  diète  se  sépara 
sans  tien  conelure }  mais  le  méflontentefliBnl  el  lai  hdne  d#t 
hommes  d*iJr!<  contre >  1er  lËhoais  awe«it^>  éekrté  ^  ^  Jer  légBÈ 
réussît  eofiiD  à  alhimer  une  goàrre  entre  la  SmsBe.«t-.}aIjam- 
hardie  9  à  Foeoaimi  d!nn  bot»  de  ch&taignianB  daner^la  -f^Xtêe 
LeTantiûe>  dont  la  propriété  était  oouleslée  ^«^  . 

UneanctenBeci^itulatioiilftait,  dès  Tannée  1467^  Ies*8aiaM)s 
à>lftmais(m  Sforza;  par  f  habileté  de  Geeeo  Smoneta,  eUe 
anait  été  r^ieaTelée  le  iO  jniUet  1 477  antre  ieanifia^az  i^itee 
cantons.  L'ancienne  avait  reçn  qaelqae»/modiAsations^)^'les 
arrérages  dnsaox  Suisses  araient été payés^  et tootes-ks d^ 
putes  de  frontières  avaient -été  terminées^,  lomquef  feadaat 
Télé  de  1478,  dessojeto  milasais  eonpèisefft  <[nelqnaflr  aibires 
dans  un  bma  qne  les  Suisses  prétendaient  leur  .aipputaiir  ; 
Cecco  Siasonéta,  apprenant  rirrîMion  des  gens  df Sri,  «ârit 
de  laine  visiter  les  lieux  par  dea  aièfties,  et  si  le»  draîtfées 
Suisses  était  reconnu ,  de  payer  des  dédommagements.  Mais 


1  Jo.  Mutler  Gesekiehte  der  SekwelM,  Bueh.  v,  cap.  II ,  p.  1T4..— *  IMA  p.-i76« 
*  Ibid.  cap.  H,  p.  149. 


DU  MOVBM  A6S.  1§S 

F^ê^e  dTAnàgni  réitant  à  rendue  îniMe  la  modëratiM  de  ee 
iri<Aii  et  sage  miiii^hre  ;  il  panint  égalenirat  h  étonffèr  les  ite- 
préfient&tiotl6  pttdilqûes  des  oantoas  de  Zoiicb  et  de  Bame. 
le  eaDttm  é'Vti  dédara  la  gaerre  an  dae  de  Milan  ;  il  somma 
ses  «dliés  die  kii  "envoyer  les  secoors  8ti{)(ilës  par  les  traités  de 
la  confédération,  et  tons  les  eantons ,  qaoiqa'à  eontre-o«ar, 
firent  mareheiP  \é»  eontingent.  Une  inrniée  de  dix  niHle  eon- 
fédérés  passa  le  montSaint-Gothard  an  moisdenovembré  1 478, 
comme  la  neige  oommençait  à  le  ooai^rir.  Un  bérant  d'armes 
était  allé  défier  le  dne  de  Ifikn  ;  et  le  comte  Hatsilio  Torelli, 
arec  nne  am^  de  dix^bcrit  mîHe  homme»,  attendit  tes  Susses 
sur  leur  %o(itière  *•  Cependant  een-d  commenceront  à  ra- 
"Tagér  leterrileire  d'Iragna  ;  ils  poussèrent  jnsqn'à  Bdlinsona 
dont ilS' prirent  d'assant'  la  prenrière  eneeinle;  il»  égaraient  pu, 
avec  la  même  fadUté;  s'empti»^er  de  la  seconde^  si  leiuns  ^efe 
eai-mèmes  n'avaient  craint  d*exposer  an  pillage  nne  idlie  qni 
sèTTail  d^^ÉftrepAt  à  lenr  commerce.  Les  confédérés  tvat«r- 
sèrent  ensnite  le  Généré,  montagne  qni  sépare  les  deux  lac», 
et  ils  menacèrent  Lngano.  Mais  après  aToir  eitmjé  la  Lom- 
hardie  par  nne  confie  apparition  ,*comnie  un  hiver  très  ri*- 
goorenx  s^nnonçait  déjà  snr  les  Hautes* Alpes,  ils  les  repas- 
sèrent' avant  qne  des  nages  trop  profondes  les  rendissent 
absotmnent  nnpTali^d)1es  ^. 

'  Les  Suisses  n  avaient  laissé  dans  la  vallée  Levantinequedenx 
ceÉlS'*liommes  foomis  par  les  cantons  d*Uri\  de  Znrich,  de 
Lneerae  el  de  Sclnvttz  ;  et  la  milice  de  la  vallée  qui  se  joignit 
à  cette  faible  garnison  ne  passait  pas  qnatre  cents  hommes. 
Le  comte  lIai«iKo  T^elH  crot  pouvoit'  détrmre  aisément  cette 
peifte  troupe,  et  s'emparer  de  Giomico,  forteresse  qm  serait 


» . 


1  Mulier  Gesehiehte  der  Scftweb.  Baeh  V,  cap.  II,  p.  iTT.  ^  Martum  Parmeme, 
T.  XXH,  p.  390.  MoUer  a  éerit  BoreUi  «ii  lioa  de  Toielli;  erreur  eonniite  seatoneiit 
WÊ$  4oiite»eMreeoplBai  aes  propaes^  doM  flMUBMrttea*  ««»  *  JtouàtttftoP^iSaMfctohi^  é» 
SchweisL  Bocb  V,  cap.  II,  p.  178. 


}  $Q  HISTOIRE  DES  BiPlIBIiiqtPES  ITALIEMEES 

deyffliTO  U  çM  au  passage  da  Samt-Gotbard»  U  s'^aymsaijfUH 
qu'àPoleggio  ayecenwonqpnzemiUe  hommes.  flewriTre^or^- 
commanjdant  de  Giornico,  se  retira  à  son  appiXMhe,5.inais 
il  eat  soin  en  même  temps  de  détoamer.  le  Tém  ào  spft  )it>  et 
de  Vépancher  sur  tes  praiâe^  qni  ocoopentleloiid  de.oette 
yallée.  Le  froid  très  ^if  d^  la  naît  ohaiigea  aqssîtûit  .tout  <:» 
bassin  en  un  seul  miroir  de  ^aoe.  Iies.SiBS8es,  retirés  sur  lea 
hauteurs,  â' étaient  pourvus  de  crampons;  ik  attendirent  qw^ 
la  cayalerie  milanaise  se  fdt  eng^igée  siir  cette  glace  polis» 
avant  de  r  attaquei:»  Tandis  que  les  chewnx  tpmbaieiit  àehtMfoa 
pas,  que  les  hommes  apfayés  sur  leurs  lances  avaient  pein^ 
à  deme]Brer  debout  y  ces  montagnards  fondirent  sur  emi,  .p«w 
conrantanssi  lestement  cette  plaine  de  glace  qu'ils  auraient  p» 
faire^nne  prayrie.  Les  Milanais  ne  pouvaient  faire  usi^e  d'au-^ 
cane  de  l^ors  armes,  ils  reculaient,  ils  voulaient  ftiir  ;  mais  tes 
ch^vi^uxqui  s'abattaient  sous  jbux  obstruaient  touslespassages« 
Plus  de  quinze  cents  d'entre  eux  furent  tués,  le  nombre. de» 
prisonniers  f qt  considérabte  ;  une  bonne  art^rie^  demeiiH^ 
entre  les  mains  du  vainqueur,  servit  à  garnir  les  rempartii 
de  Giornico ,  et  un  riche  [butin  fut  partagé  wtre  les  sol^. 
dats<. 

1 479 . — Cependant  Gecco  Simonéta  souhaitait  ,siiieèrciin«nt 
la  paix,  et  il  ût  rouvrir  la  négociation  :  ceux  d'entre  les.caxi*» 
tons  où  les  villes  sont  souveraines  i)ie  désiraient  pas  moinsigue 
M  de  mettre  fin  à  une  guerre  qai  troublait  leqi:  cQmmecçe» 
Us  contraignirent  enfin  tes  habitants  d*Uri  à  te  modératiani 
le  bois  contesté  fut  cédé  aux  Suisses;  quelques,  milliers  de  flo^' 
rins  leur  furent  payés  en  dédonunagement ,  et  la  bonne  bar** 
monie  fi^  rétablie  entre  les  deux  états.  Mais  cette  ooiirtejexr 
pédition  rehaussa  le  crédit  des  Suisses  dans  toute  l'ItaUe ,  et 


s  MuUer  GêsehMe,  Biich  V,  cap.  U,  p.  iSL^-JUar.  Parmmue.  T.  XUIi  p«  l9ik<-< 
ÂUferu  d€ 9iptUtaj  Ann,Pl0C€Hi4  T*  X3L,  p.  0S».^Mrii.  CêrtOf^iarie  MUam^,  VU 
p.  Ml. 


DV   fiCOYEK  AGE.  157 

angt&^tâ)  mit  yeux  dn  pape  ^te  IV,  le  prix  qa'fl  atlalcihait 
àleor  allhmee*. 

'  IVaatresiiitrigaesdo  pontife  avaient  suscite  en  même  temps 
die»  eniMcmis  xtomestfqnes  à  la  régenee  de  Iffilah  et  aux  Tloren- 
tins.  ISlrte  avait  attife  dans  la  Luniglane  Robert  de  San^Sévé- 
rino,  Lodis  Wté^osb  et  Ibletto  de  Fieschi  ;  et  tandis  que  ces  ca- 
]^taines ,  avec  des  tfbnpes  génoises ,  planaient  des  châteaux 
avt  Malespuia  et  attaquaient  Sarzana  ^,  les  frères  Sforza), 
CÊftàts  du  jeune  duc ,  quittaient  le  lieu  de  leur  exil ,  parcou- 
raient la  Toscane  dans  un  appareil  menaçant,  et  venaient  en- 
fin sa  réunfa'  à  San-Sévérino  ^.  Les  Florentins,  alarmés  de  voir 
paoradtre  ces  nooreaux  ennemis,  appelèrent  à  leur  solde  plu- 
dieuneondottiéFi  renommés.  Chartes  dé  Hôntone  et  Dâphobe 
de  TAnguUlara  leur  furent  cédés  par  les  Véiiitietts.  Robert 
Màlatesti,  seigneur  de  Rimini,  Gostanzo  Sforza ,  seigneur  de 
P^ro,  et  run  des  Hanfiredi,  sei^enr  de  ForS,  quittèrent 
les  drapeaux  du  pape  pour  passer  sous  les  leurs  '*!' 

Plus  r  esprit  militaire  renaissait  en  Italie,  plusle  gouvememcnt 
fk>rMthi  éprouvait  d'inconvénients  à  y  demeurer  absolument 
étranger.  Le  duc  de  Ferrare,  général  de  la  république,  avait  été 
chargé  de  repoUsser  San-Sévérino,  tandis  que  ses  adversaires,  les 
ducs  dUrbinet  de  Galabre,  étaient  restés  dans  leurs  quartiers 
d'Inter.  Il  le  fit  en  effet,  mais  avec  tant  de  lenteur,  avec  tant 
de  mollesse,  avec  une  A  grande  défiance  d*  un  ennemi  beaucoup 
pkfs  fUble  que  lui,  qu*il  mit  trois  semaines  à  parcourir  la 
cMedePiseà  Sarzancj  qui  n*a  pas  plus  de  cinquante  milles  de 
longueur  t  jamais  il  n'atteignit,  jamais  il  n'entrevit  seule- 
ment San-Sévérino,  à  qui  il  laissait  toujours  prendre  deux  ou 
tr^  marches  d'avance  sur  lui.  Et  après  cette  expédition ,  où 


^MuiUfGeêchlehie.  nnch  V,  cap.  II,  Jb.  p.  i$2.  ^Diar»  Parmense,  p.  S03.  — *  Sci- 
pkme  dnmdrato,  L.  XXIV,  p.  i3f.  ^  Alb,  de  mpaUa,  Ann,  Plàcenu  p.  958.  —  >  Le 
9K,iai»iafv,  Mof.  Panuns.  p.  m.-^Se^'»  émmirutoi  h\  XXIV,  p.  IS),—  *  Sctpione 
^nuntaiQt  L,  XXIV,  p.  183« 


il. ne  t'était  pardonné  aacMpde  huée,  il  revint  avec  la 
mâme  le&tear  se  placer  sur  ke  frontières  de  fiienoe:  Le  due 
Heronlejde  Ferraro  n'aurait  osése  p^nnettre'«Qe'00Ditiiite 
Msai  honteuse  s'il  avast  eo  à  en  rendre  compte 'à  vm  9>aveiv 
jiemrat  militaire^  niais  il  était  pen  toocbé  de»  r«pteehesquei[KHi'>- 
Yalentlui  adresser  les  Médieis,  avec  leur  oonaeilde^morchands  *  • 

A  ronvertare  de  la  campagne,  mi  désorihe  inatt^tida  fai- 
blit encore  l'année  florenline.  On  y  vojeit  rénnis  le  tomie 
Charles  de  MonUme  avec  ses  soldats»  dernier  reste  de  l'école 
de  BracciOi  son  pare,  et  Gostanzo  Sforza^  avec  des  s^dats  de 
l'école  de  Sforza  Attmidolo,  son  aSeid.  Leur  rivaiilé  datait 
déjà  de  près  d'an  siècle,  et  la  meurt  de  leurs  chefs,  le^chang^ 
ment  de  toute  leur  organisation,  auraient -dft  y  mettre  «m 
terme»  Cependant  il  fut  impossible  de  les  fairocombattre  soue 
les  mêmes  drapeaux.  Des  querelles  yiolentes,  des  défis,  (ie6 
du^s,  faisaient  craindre  une  bataille  générale  entre  les  déni 
troupes.  On  fut  obligé,  de  les  diviser^.  Montœie,  avec  Bobert 
Malatesti,  fut  envoyé  daus  Tétat  de  Péronse^  sa  patrie,  oà  il 
espérait  trouver  des  partisans;  en  effet,  vme  vingtaiirede 
châteaux  se  soumirent  à  lui  ou  à  son  fils  Berai^dino  ;  nuùs 
mort,  survenue  à  Cortone.  le  17  juin,  détruisit  toutes  les 
pérances  que  les  Florentins  avaient  mises  en  M'. 

L'autre  armée,  que  commandait  Hercule  d'£ste)  fut  ploa 
malheureuse  encore  ;  pendant  la  prooiière  partie  de  la  eam- 
pague,  elle  demeura  dans  une  honteuse  oisiveté.  Hercele 
l'ayant  laissée,  le  10  août,  sous  les  ordres  de  sonirère  Sigîs** 
moud,  pour  retourner  dans  ses  états ,  eHe  fut  surpriee  le 
7  septembre  au  Poggio  impériale,  par  le  due  de  Gdbbre,  et 
mise  dans  une  entière  déroute,  presque  sas^i  avoir  combattu^. 


1  Sctpione  AmnUraiQ»  L.  XXIV,  p.  134.—  maHum  Parmaue.  f .  30S.  —  *  HoecAio- 
velUj  istorU.  L.  VllI,  p.  394.-*'  Sci^ione  àmmkrato.  L,  XXIV,  p.  I3«.— «  IHA. L.  XXIV, 
p.  I3S.<-  itfegfMtto  ^UfiçHta,  marU)  Sanese,  T.  XXUl^p.  789. •"^.  Mkh*  Mfi^ffitl. 

Flor\  L.  VU,  p.  170, 


W  IfOTn  A*K.  1 6d 

Jbfs  s|i#t€AQ:i  de  Poggi-Bonzi  et  de  Colle  di  Vid  d^Eda  acrâ» 
t^HigAt  oeii^çodABt  les  NapolitaiBs;  ils  soutinrent  F  un  et  Tautre 
m  M^  obfl^iiié*  Mais  comme  les  Florentins  ne  firent  «aaun 
e^^^l^mr  1^  d^vceri  tous  deux  durent  se  rendre  avant  la 
fiiv4c^  ta .  AWnyAgae.  Gelni  de  CoUe  capitula  le. dernier ,  le 
14  noyeii^brfi,  ipt  après  cette  cenqaéte  le  duc  de  Calabre  mit 
8%tQ0iipeB  m  quartiers  d'iâvec  *  • 

^i  deux  campagnes  «lalheureosefilâminlaient  le  poumir  de 
l^pxeiit  de  Médûps,  et  loi  fusaient  entreroir  sa  ruine  pro- 
di^auie,  il  était  encore  plus  alarmé  des  révolutioiia  qui^  dans  le 
«ème  tcmpS)  renversaieot  la  puissauee  de  son  plus  fidèle  al- 
li^JiQbert  de  San-SéTérino,  après  seu  expédition deLuni* 
ipie^  9*  était  retiré  dans  tes  montagnes  qui  sont  entre  Parme 
ef  f  éti^t  de,  Gênes».  Là,  il  avait  placé  son  camp  près  de  Borgo- 
djhValrdîrTarOy  de  manière  à  menacer  tour  à^  tour  les  FIo^ 
raiit^is  et  la  duchesse  de  Milan.  Les  béaux-frères  de  cette  du- 
obçase  étalent  auprès  de  San-SéTérino,  et  son  eamp  était  le 
%^  de  leurs  secrètes  intrigues.  L*un  d*eux,  le  doc  de  Barij 
Hioarat  subitement  le  27  juillet,  et  l'on  soupçonna  les  deux 
aniitrf^  de  i\mm  eoi(>oifionné^..  Moins  d'un  mois  après  cet 
éi;éi^^meii,t»  Louis  SGcum,  qui  lui  succéda  dans  le  duché  de 
Bariy  parut  tout  à  coup  avec  SaUrSévérino  et  son  armée 
dey^ut  Içs  pprtes  de  Tortonci  qui  lui.  furent  liyrées  le 
23  apût^/^.  U  en  .prit  possession  au  nom  du  duc  Jean  Galéaz^ 
SQRmeveUj  et  de  la  du^esse  JBoane  elle-même  ;  il  déclura 
qu'jJi  étaM^  ti^ir  serviteur  à  T  un  et  à  Tautre;  que  l<»n  de  pren- 
4f ^ J|es  ai^mes  oojajtre  eux,  il  ne  s'ayançak  que  pour  les  délî* 
yi;er  detleprs  eon^^ûs,  et.  surtout  de  leurs,  ministres  infidèles. 
•lï^.JB^Wl^  toujours  di^po^  à  rcfcter  sur  les  ministres  les 
maux  qu'ils  souffrent,  secondaient  avec  joie  une  révolution 

1  ScipUme  Anmiraio.  L.  XXIV,  p.  iAi.-^AUegr^ttQ  AUegreUU  p.  78».  —  >  JHor.Par- 
mnse,  p,  315.  —  ^Ib.  de  Kipalui,  4nn*  PUtceai,  Pi,85ft.,—  8  Âioi*,  ffamfim^^  9*  aie 
-  Bernard  CoHOj  Bm.  uilan,  P.  Yl,  p.  992. 


160        msioiiuB  DJBS  timwuÊfjion  irALiBBNBs 

qui  ne  semblait  pas  dirigée  contre  lear  isonv^rwi.  Tons  tes 
lieux  forts  s'empressaient  d'envoyer  lears  clefs  à  Loms  Sforza. 
Un  historien  contemporain  assure  qoe  qaarante^eux  diâ-- 
teanx  se  rendirent  à  loi  en  an  même  joor  ^ .  Mais  cequi  était 
plus  important  encens,  un  parti  toat  fermé  le  favorisait  d^à{à 
la  cour  de  la  dodiesse.  Cette  cour  était  partagée  en  deux 
factions.  D'une  part,  Geooo  Simonéta,  plus  souverain  que 
ministre,  exerçait  un  pouvoir  confirmé  par  cinquante  ans  de 
faveur,  sous  trois  règnes  successifs;  son  fils  Antoine,  son 
frère  Jean,  son  ami  Orphée  deBicavo,  et  tous  les  vieux  oob- 
seiliers,  la  plupart  élevés  sous  Iui>  le  r^ardaient  comme  leur 
chef  et  leur  oracle.  D*Mtre  part^  Antoine  Tassini,  nourri 
dans  la  faveur  de  la  nouvelle  cour,  s'était  formé  un  parti 
de  tous  les  envieux  du  ministre,  de  tous  ceux  qui  espéraient 
s'agrandir  paf  un  changement.  Tassini  était  un  Ferraraisde 
la  plus  basse  origine,  placé  d'abord  comme  valet  de  chambre 
auprès  du  due  Galéaz.  De  là  il  avait  passé  au  service  de  la 
duchesae;  il  s'était  tellement  emparé  de  son  esprit,  il  lui  avait 
inspiré  tant  de  confiance,  et  peut-être  d'amour,  qu'elle  ne 
voulait  plus  consulter  que  lui  dans  les  affaires  d'état.  Le 
chancelier  Simonéta  ne  voyait  pas  sans  dépit  s'élever  sur  ses 
ruines  cet  indigne  rival.  Tassini,  blessé  peut^tre  des  mépris 
du  vieux  ministre,  avait  conçu  pour  lui  une  haine  implacable. 
Dans  l'espérance  de  le  renverser,  il  avait  formé  quelques  liai- 
sons avec  les  beaux-fières  de  la  duchesse  ;  et  lorsque  Louis- 
le-Maure  parut  à  Tortone,  Tastâni  persuada  à  Bonne  de  le 
rappeler  à  sa  cour.  «  Le  parti  que  vous  prenez,  lui  dit  Simo- 
«  néta,  quand  il  en  fut  informé,  vous  coûtera  Ffempire  et  à 
«  moi  la  vie'  ;  »  et  cette  prophétie  ne  tarda  pas  à  se  vérifier. 
Louis  Sforza  entra  à  Milan  le  8  septembr.e;  il  protesta  aussitôt 
qu'il  y  arrivait  comme  serviteur  de  la  duchesse,  et  son  gar- 

1  Atb.  de  Rlpaita,  âmiaL  Piacent.  T.  XX,  p,  9S9.-:-<  Uaffchktv^lUf  UU  L.  vm,  p.  403. 
—  t^n*  CoriQj  Uui,  MiUm^  P.  vi,  p.  991, 


Dîl   MOYEN   ACE.  161 

dien  le  plus  fidèle  ^  j  mais  dès  le  1 1 ,  Geooo  Simonéta  fat  ar- 
rêté  ayec  son  fils,  son  frère,  et  toas  ses  amis^. 

Simonéta,  transféré  an  chAteau  de  Payie,  y  fat  d'abord 
traité  avec\beaneoap  d'égards;^  mais,,  an  mois  d'octobre, 
L6ai8  Sforza  lai  envoya  an  de  seg  secrétaires,  poar  Tavertir 
qae,  s'il  voalait  recoayrer  la  liberté,  il  deyait  l'acheter  en  li- 
yrant  environ  cinqpiante  mille  florins  gn'il  avait  chez  des 
banquiers  à  Florence.  «  J'ai  été  incarcéré  d'ane  manière  illé- 
gale, répondit  Simonéta;  ma  maison  a  été  pillée,  on  m*a 
abreové  d'ontragès  :  telle  a  été  ma  récompense  ponr  avoir 
servi  Adèlement  et  avec  zèle  Tétat  de  Milan.  Si  j'ai  commis 
qoèlqoè  fante,  qifon  me  pnnisse  ;  mais  fa  fortnne  qne  j'ai 
amassée  par  un  travail  honorable  et  nne  longue  ëbonomic,  ^ 
passera  à  mes  enfants.  Dieu  m'a  fait  asisez  de' grâces  etn 
prolongeant  ma  vie  jusqu'à  ce  jour  ;  à  pirésent,  je  ne  désire 
plus  que  la  mort^.  »  Dès  lors,  SimonéWftH;  traité  avec  uae 
^cessive  rigueur  ;  il  fdt  soumis  à  une  indigne  'toi*tûre,  pour 
lot  arracher  la  confession  de  crimes  dont  on  ne  le  soupçon- 
niât  même  pas  :  sa  femme,  qui  était  de  la  maison  Tiscpnti, 
devint  folle  de  désespoir;  et,  le  30  octobre  .1480,  il  eut  là  tête 

tranchée  au  château  de  Pavie  ^. 

'  ■'■  '*  •.■""...'•■'       'I.,'*' 

La  prédiction  que  Simonéta  avait  faîte  à  ta  duchèsf^e  se  vé- 
nfia  de  tout  point,  et  Tassmi,  qui  l'avait , supplanté,  n*eut 
pas  longtemps  lieu  de  s'applaudir  de  son  triomphé.  Dès  le 
7  octobre  1480,  Louis^le-Maure  fit  déclarer  majeur  son  ne- 
veu Jean-Galéaz-Marie  ;  il  prétendit  que  ce  prince,  qui  n'était 
encore  âgé  que  de  douze  ans,  était  déjà  en  état  de  gouver- 
ner, et,  sous  ce  prétexte,  il  ôta  à  h  duchesse  Bonne  tonte 
part  aux  affaires.  Le  même  jour,  Antoine  ïâs^ni  fut  arrêté 

>  Wù\mi  Famênêe.T.  xxn,p.  fo8.'-'*XMtfl'p«Sl9.  ^^liHii:p, im'^wmaM. 
Corlo.  P.  VI,  p.  993,  994.  —  ^  Albert,  de  Bipalia.  AnnaL  Placent-  p.  961.  —  Dior,  Par^ 
metise.  p.  3S4.  —  nernard.  Corlo,  p.  99T.  Gorio  était  présoDl  et  actear  dans  maéréiie- 
ments,  mais  il  ne  les  raconte  pas  de  bonne  foi,  pour  ménager  la  réputation  de  Lonis-le- 


162  HISTOIBE  DES  REPUBLIQUES  ITALIENlfES 

et  emprisonné  w  çMteitu  de  Porta-2k)]l)bia  :.  le  père  de  Tqi^ 
^inî^  Gal^riel»  qui.ayaijt  été  fait  conseiller  ducal,  fut  afrété  en 
môme  temp  ;  tons  àsm^  dépouillés  de  leurs  Wns,  furent 
exilés  du  duché  de  Milan*  La  duchesse  Bonue^  irritée  et  W- 
miiiéç,  sortHi  le  2  npyembre,  de  Milan,  pour  se  retirer  à 
Yerceilj  elle  s'établit,  ensuite  à  Abbiate  Gra$sQ^  où  elle  yécut 
absolument  éloignée  des  affaires  ^ 

Laurent  de  Médicis,  si  malheureux  dans  ses  deu;^  pre- 
mières campagne ,  si  malheureux  dans  ralliance  sur  laquelle 
il  avait  le  plus  compté ,  ne  perdait  point  courage  ;  cependant 
il.  cherchait  en  Italie  même ,  et  hors  de  l'Italie  y  des.  secours 
contre  la  ligue  puissante  qui  F  attaquait.  Dé  opncert  4vi^  \es 
Vénitiens,  il  songea  à  ranimer  T ancien  parti  d'Anjou,  poor 
Topposer  dans  le  royaume  de  Naples  à  la  puissance  exce^iye 
de  Ferdinand.  Les  ei^voyés  des  deux  républiques  allèrent  jsol- 
liciter  en  Lorraine  l'héritier  du  vieux  roi  Bené.  et  ils  le  trou- 
vèrent  empi^essé  h  s'çn^ager  dans  les  intrigues  et  les  guerres 
d'Italie ,  pour  faire  revivre  des  prétentions  qui  dpunaiqnt  plus 
de  lustre  à  sa  mfiison. 

Le  vieux  Benéj  comte  de  Provence ,  le  rival  d'AIfonsp  et 
de  Ferdinand»  vivait  encore.  U  mourut  en  Provence  seulement 
l'année  suivante,  le  10  juillet  1480;  mais  il  avait  survécu  à 
toute  sa  descendance  masculine ,  et  il  était  parvenu  à  un  âge 
oti  il  n'avait  plus  ni  la  force ,.  ni  la  volonté  de  troubler  per- 
sonne. Son  généreux  fils  Jean,  duc  de  Galabre,  était  mort  en 
1470  y  il  avait  laissé,  dç  son  mariage  avec  Marie  de  Bourbon, 
deux  fils,  dont  rainé,iÇ[ui  portait  aussi  le  nom  de  Jean,  ne  lui 
survécut  que  peu,  de  jours  ;.  le  plus  jeune ,  Nicolas ,  mourut 
en  1 473,  à  l'âge  de  vingt-dnq  ans ,  sans  avoir  eu  d'enfants  '. 
Conduit  une  fille  de  René ,  Yolande ,  avait  été  mariée  à 


1 4lb,  éettipaiiOf  âtm*  PlaunL  p.  oei.— DiâHuni  Pannenie.  p.  3SJ. -«  fiern.  Corio, 
Sist.  di  MiUmo.  P.  VI,  p.  998.  -<  MtffichUwelU,  Est.  l,  VIII,  p.  403.  —  *  Contln.  <U 
Moiuireku  Vol.  ni>  t.  IT4. 


ttr  vomi  jGt'  '143 

9àry,  oomte^de  Yiodemond;, «t  toi  ftnit  porté  to»le9 âroits 
ée  '4m,  mère  à  ta  Lorroliie.  Oe^oe  maiiafe ,  raq^l  Bené  n'avait 
«oiSMAli  cpi'à  «aalK-cœBr,  et  ^^Mr  modu^i;»*  «a  liberté ,  était 
né  BffiEié  II ,  dae  ée  liorraiiie ,  çai,  jwrlammrt^^Btt  oonaiiia 
ïean  et  KioBias,  «deDeiiait  aiuai  rhéritier  de  toutes  les  préten- 
Usas  de  la  naisoBt  d' Aii|oa  sur  le  royaume  de  Naples.  Le  ^eax 
Bené,  il  est  yfai,  n'avait  jptAtA  pardonné  à  son.pettt-fUs  sa 
oaiisaice  éa  sang  de  Yandemoat  ;  41  avait  lait  «n  testament, 
le  29  jmUet  1474,  pour  le  ftnstrer  de  son  héritage^  et  y  appeler 
fihasies  dn  Kaine ,  fils  d'un  imtre  Charles  ^  eomte  du  Maine , 
son  pins  jewie  tfrère  * .  Les  prétentions  que  Charles  YIII  fit 
valoir  {pins  tard  sur  le  iDjanme  de  Napies,  lui  iveiiaient  de 
Charles  do  Maine;  ce  prince  ayant,  le  10  décembre  1481, 
^naBa  de  sa  niort,.iégné  tons  ses dnHts  à  LcHiis  XI. 

Ibiis  le  droHides  gens  ne  reeonnatft  point  dans  les  monar- 
cpias  le  peonroir'de  régler  ar Utraifement  la  aocoessioti  de  leurs 
étals,-  cette  sucosssian  est  fiiée  paroles  lois  de  chaque  peuple  ; 
et  jlordre  immoaUe  établi  par  Fhécédité  est  le  seul  garant  des 
laoïuirehies  eentre4es  goenes  civiles.  Aussi,  ne  voit^on  le.pli^s 
seuflrent  de  panas  testaments  qpie  lorsque  le'eontrat  entre  le 
miverain  et  son  peuple  est  .rompu  par  une  conquête ,  et  que 
lemonarque  d^fKissédé  ne  transmet  ^us  cpi'nn  vain  titre  à  ^s 
^herbiers.  Le  royaume  de  Napks  était  un  fief  féminin ,  et  tant 
qn'il  refait  an  descendant  en  ligne  directe  du  dernier  sou- 
^W'Sin,  les  eoUatéranx  n'y  pouvaient  Avoir  aue^n  droit.  Les 
VÉœitiens,  ks  florentins  ettonterUalie,  reocmnaissaient  dans 
Bené  II  l^ritier  de  la  maison  d'Anjou  ;  e*âNSt  h^  Utre  qu'ils 
loi' offraient  de  Faiderà  reoonqnÉobrile.rosyanme  deN4|^s,iet 
'ilsletronvaient  difposé,  de  son  eàté,  à  les  assister  de  toutes 
«esdfofees. 

Pendant  qu'on  sohnât.poar  euaL.en.Lornniie  ces  jnégo^- 


)  Concte.  de  Manunlet.  Vol.  m,  f.  iST,  t«. 


164  HISTOIBB  DKS 'ttBlràuqUIflr  ITALIElïlHES 

et  du'  ddb  3't^ltià  \  mi  adtemdrts ,  ém  Mvertara»  iaMMr 
'dues : àt^ pacifltt1i<m. Xouk^le^lispi»  foinmènB ^  Ifi  régent; de 
WilaûVqû^flf  ÀTalt  crù'800  «im^nivn'jr  étail»^paA  ébratiger. 

Dejpiiis  que  Louis  kvait'ràiisï  Ins'r^toes  ilutigootariiemHit ,  il 
avait  rêyètu  lêsi  '  iseutiikiieiitt  de  se^  prédëenséurs  ;  il  voulait 
sauver  Tltirërioe';  dbàf  raWaheé  loi  tMWoèitf  et  laldélÉeher 
àe  Venise;  il  voulait  de  mémefdétaelier^le  ni  de  Kapka  do 
papëy'él  il  vi^ioiit  dlSjàf'èiJttl^^xi  dèa^tsmiiap  Le 

24 ' 'novembre V 011  trètaipbtfe  vintanaboçeràfFIotoeiice,  où 
Foo  be  s*^  attendait  îtitiliëmént;  qo^une'ttitae'fivait  été  signée 
entt^  lé  rtii  de  Nàp9éë  ;^  le'ptt(ie  et  la  tépaliliiiae y  pour  tcaiter 

'àel4^àil-»^:"-'>  ''•'  ^'     --^    '"  ''•• :-  i/.     '  .  V      ..-. 

Ferdinaild  lî'iiivlitt  'MMkn^  iHttBiwittmerit,  ^pemmnéL  ooBtre 
laàréht  de^^  liMieib  ^  la- ^mre  qu*il  fan  ftôsail  élnit  polrement 
p6lit!<{iié^il  fMvâiit  la'termiMr  sana  rancune^,  dèa^œ  d'^pi- 
ti^ir  pMjeËs^^agrandiffiémeiit  se  pféaentuent  à^liii.  Mi^ttre  de 
lilSflfiBr«^î«iâfcftiale)  il  diMrât  étepdiiasonpwTOirduJ^ritaiie 

'  sûpériédre:'DëJà  la  tévotdtim^ilQbin  loi. avait idbmié  une 
grâtïâb  InJhv^cé  «ttr'laiL«)Btitfrdae;;ia^1répiild^  de  Cîtees 
était  presque  dans' w^d^peoideiicè  ;:  le>  doc  de  Calais 
sur  éë&é  de  Si€MMie:âi»^r6jats<qQe  semblait  favorâcr'»ajpnis- 

'  fisiiit  pai^ti ,  et  il  poimùt  sT-attiMi^e  à  oecpiVaitant .pende  mois 
cet  ëtàt  rèeotiVlM' volontaiiiemiMt' sa  aoBivecanw 
venait  d6âé'{)0int'à  ferdinand^e  poorniflnre:,  de  «onpevt  avec 
Siktè  !▼;  tine  go^rre  dont  Jcelin^fei  awaM'WQnla^^l^         inoins 
'pé[fté^^  MfiMtis.  Il  valait  lÉiienx'poor  lè  nii^8éer<Ibiiaice 

'  soiÈiihigfè  à  on  g0ttV6meBiBntiqn''affaiWîssâit  h  Jiained'uii>parti 
nainbÉ'Mit/  tandlsf  que  les  «Napiûitaifla  pittdndsnt  i|»ed  en 
Toscane  d*one  manière  stable,  qo'ils  7  attendraient  lestévéne- 
mentâ',  et'  sin*tmit  Itttmort  duvptettfe^  Lesfdis|^0BitftaQ8  de 

tScipioneiinmiraio.  U  XZIV,  p.  ii2.''MegrettoÀU€i!HtH,DlariStme9L  T.  XZin, 


.    .    im  mmmijÊ^Mf '.  ..     .    .        165 

«farte  IVi^aiMÉ^âlwliiiB^ftdîfféripl^^ 
do  mal  mèmiË'iBfaiûé^mknwifa^:Mnim^  JF^TAP^.)  jutant 
ffle  dci  gqprodwfr W^.den  aaftWWif <»  ':(S9l  Ui  »^»it  resfis.il^.  toute  la 
chrétienté  ;  41  M  ippQtailijl^iKdwiwr^^  Ip  ipeartre 

de  tow  ks*«i0iadA  Jécânte^JEUiiriPi  nii^iiQoeès  scandaleux  qoi 
avait  révélé  à  rSarope  lean  conq^lote,  ni  la  terreur  ^u  jeune 

endinal,  fli^n^nerveii^iOii  }*av«yi!,fÂ>lwéi49;^pi:9VRPV)^^ 
tira»  qoHl'imttnitt  h  la  pm.;  toyit^.  c^Ue^  cp^'il  osa  4icter 
étaient  siNiveraJH^fKBMa^tt^Qffi^  Yi^njpâtiiffi^  I^aprei^t  et 

le»  FlorwtinSrbidîasent  iu»#  .ehiipfB))^:,  cA  q|i'ÂKfo|^#^^^t  <1^ 
meseespoiir  to  àsom  de  uDWia  ^  ^iewl  9iArt&i4«A^  If  pon^ 
joratioa  dieis  P^Ti^i;  il  yoiilait^qiie  ja.]:^iiUÛ(|E|e,^(^Q^i^^^  soy 
lenn^ement  p^^doii  à  T^feSs^,  W!?^  «vw  iaJ^tfi»^t4.  ^i^f ,  Rer- 

AAiMniM  ainnndtiiiii  ^^  l^^yjihmrAiTnn  A't  jIa  OAa  iiiiAlimii   ¥1  vaiiIaII'  au  lin 

Cfpndaot  ^.Mtn«ti<|^  (de^ill^^iàfl  MJLoinRqB^iD^ 
oaHtpw  les  i<NB|».  plus  d«QgeiW)p«ri,I|k.yi%>^tl9^,d'iiQe 

qù  Majait^ogâ^  éfB  eMpa^  m^mm  ^m\^^  ^snt  d»- 
ferleraNM;  il»  «raioit  fi9rt^fWPCMfÉr«meii(J(^r|);»^ges4uiii 

lnfpé.4Mi»  JI«liPl|7i(  kA  jkK  riM8il^9HPf«;)^  çgi^iifB^ti^p  des 
IrieoB  des  m»pçhmidn  Ûij«fe9)i^^.q^)a..:s$jip^y^.ifi^^9(^; 
ehaean  sentùt  que  la  guerre  n'était  aoatmue  que  pour  la  dé- 
fétase  desMédidg,  qu'éttl  était  4ta«ilgère  ara  Trais  intérêts  de 


î'    I   1         >  \'  ',        M  .     .       ,M    ,  •* 


'    .  ■       '     •'    .1  •  f  ^ 

1  Scipioiie  âmmimto.  L.  XXIV,  p.  13(>.     : 


I6d  HISTOIRE  DBfl^  MÈPWLÊ^I»  ITALIEN» ES 

l'état  :  ciiaetifl  tMIait  y  intttre  fift  ;  et  Jérôme  Mcveli ,  t|iii 
passait  poor  an  des  amis  et  ded  partlsènET  les  phis  aéléa  des  Hé* 
dicis ,  dit  à  Laurent  en  plein  CMStfl  :  «  Notre  Title  ot  au- 
«  jounf  hai  fatigaée,  elle  ne  veut  pins  de  goerre^  elle  ne  Teat 
«  plus  demeurer  interdite  et  eicommuniée  pour  détendre  TOtre 
«  crédit  * .  »   ' 

Dans  ces  droonstances  difficiles ,  Laurent  de  Médide  prit 
une  résolution  en  apparence  hardie ,  et  qui  cepeudant  étAlt  la 
seule  sage,  celle  de  se  rendre  lui-même  auprès  de  Ferdinand, 
de  connaître  ses  dispositions  secrètes,  et  de  les  mettite  à  profit 
pour  négoder  aTcc  lui  ;  d'arrêter  les  plaintes  des  mécontents 
à  Florence  par  l'espérance  d'une  paix  prochaine,  et  de  prou- 
ver en  même  temps  à  TEârope  qu'il  n'était  point  le  tjran  de 
sa  patrie,  puisqu'il  osait,  comme  un  autre  citoyen,  se  mettre 
entre  les  mains  des  ennemis,  sous  la  simple  garantie  du  droit 
des  ambassadeurs.  Le  sort  qu'avait  éprouvé  Rcdnino  à  cette 
thème  coui*  de  Naples  donnait  lieu  aux  partisans  de  Laurent 
de  célébrer  le  courage  avec  lequel  il  s'exposait  à  un  traitement 
semblable,  et  néanmoins  il  ne  courait  point  le  même  danger. 
Picdnino,  seul  chef  de  son  aimée,  ne  laissait  liprèà  lui  ni  états 
ni  vengeurs;  sa  mort  n'avait  coûté  à  Ferdinand  qu'un  enme 
et  non  des  combats.  La  république  de  Florence,  au  contraire, 
aurait  survécu  tout  entière  à  Lauihent  ;  elle  aurait  montré  plus 
de  feMe  pour  punir  les  mettttifers  de  ee  ^wy^  tttustre  qm 
pour  le  défendre,  et  Ferdlntmd  m'aurait  recueilli  d'autre  froit 
d'Une  trahison  que  là  honte  de  ravoir  ccMumise.  Laurent,  il^ 
vite  par  le  duc  de  Gakbfe  et  leducd'Urbin  à  Ihire  ce  voyage^, 
ayant  reçu  de  Naples  l'assurance  fn'ii  y  serait  bien  reçu , 
fit  convoquer,  le  S  décembre,  p«r  le  goitfÉhMiielr,  un  ccAitiéil 

1  Jœopo  tfatâi,  Utw.  Fier»  L.  L  p.  t2.  —  i.  Mîch,  BrutU  L.  VH,  p.  iTS.  —  >  la 

lettre  de  Laurent,  da  6  décembre,  à  ces  deux  dues,  nous  a  été  coosenrée  par  Hala- 
Tolti.  Storia  di  Siêuna.  P.  III,  L.  IV,  f.  79.  Hédicis  déclare  qull  entreprend  ce  voyage 
•oai  lenn  auipleei  et  par  lemn  oonp^s ,  et  II  leur  recommande  a^s  intérftta  çd  soi^ 
abienee. 


DU    MOYEN   AGS*  167 

de  MkUMi,  pour  lear  oommumqiier  ses  intentioiis  * .  U  partit 
le  même  jout ,  et  le  suriendemain  il  écrivit  de  San*Mimato  à 
la  Seigneurie  pour  prendre  congé  d'elle.  Dans  sa  lettre,  il  se 
représentait  comme  une  Tictime  qui  s*  offre  en  sacrifice  pour 
détourner  le  courroux  de  puissants  ennemis  '•  A  son  arrivée 
i  Pise ,  il  y  trouva  de  pleins  pouvoirs  des  décemvirs  de  la 
guerre  pour  traiter  au  nom  de  la  république;  ses  partisans 
s'avaient  pas  osé  les  demanda  au  conseil  des  Cent,  de  peur 
d'y  rencontrer  de  Topposition  '.  Une  galère  de  Naples  Fat* 
tendait  à  Li vourne  par  les  ordres  de  Ferdinand,  et  le  capitaine 
le  reçut  à  son  bord  avec  les  plus  grands  honneurs. 

1480.  —  L'arrivée  de  Laurent  de  Médids  à  Naples  fut  un 
triomphe;  le  second  fils  du  roi,  Frédéric,  et  son  petit*fils  Fer- 
dinand vinrent  le  recevoir  au  rivage,  et  le  monarque  lui-même 
parut  se  croire  honoré  par  l'arrivée  d'un  pareil  hôte  ^.  D  eut 
avec  lui  de  longues  conférences  sur  la  politique  de  l'Italie.  Hé- 
dicis  fit  connaître  au  roi  le  traité  déjà  entamé  avec  René  II  de 
Lorraine,  par  lequel  ce  duc  s'engageait  envers  les  deux  répu- 
bliques à  conduire  six  mille  chevaux  en  Italie  pour  combattre 
la  maison  d'Aragon  '.  U  lui  oonununiqua  aussi  les  offres  de 
Louis  XI  y  qui  paraissait  tour  à  tour  vouloir  faire  valoir  ou 
les  drmts  de  la  maison  de  Lorraine,  ou  les  siens  propres  sur 
le  royaume  de  Naples.  Ce  monarque,  par  son  activité,  par  ses 
if^odalioiis  compliquées,  par  sa  poiitiqoo  mysiérieuse,  faisait 
«lors  illusion  à  toute  l'Europe  sur  le  dédm  de  sa  santé.  L'in- 
vasion française  qui  renversa  quinze  ans  plus  tard  le  roi  de 
Naples  de  son  trône,  sembhiit  défi  le  menacer.  L'appui  que 
Ferdinand  trouyait  dans  la  cour  de  Rome  était  trop  incertain 
pour  être  mis  en  balance  avec  ee  danger.  Le  ]Mipe  était  vieux 


^  SeftOùM  AmnUjntO',  t.  XXty,  p.  143.  ^  *  Extat  apud  Roseoe,  lAfe  of  Lortnzo.  T.  I, 
p.  296.  —  '  Epistola  BarthûL  Sealœ^  apud  Rotcoê.  Àppemtix  XXX,  T.  Ul,  p.  174.  — 
*  fàhH  im  VUa  Lauremii,  p.  34.  ^  <  4t¥ir.  ffmKiffiicrOf  Stor.  ¥0^0%.  p.  tiOS-^ScipioM 
àmmiKUo,  L.  XXIV,  p.  t44. 


I 


166  HISTOIRE   DES   UPUBLIQDJES   ITALIENIIES 

et  maiacle,  et  s*il  ryenait  à  moufir*  son  aBccessepr  pmtrwL\  âtre 
aiifltt  empreBsé  cpifr  lai;  d*;agnindir  ses  propres  BÇYeùx^  ^et  sa 
jeter,  poor  cela  daps  un  parti  opfKMé^cpii loi  o^rirait  les  dé* 
poiiilles  de  Jiérôme  Biario  et'  de  ses  amis.  Mais  Laurent  de  Mé^ 
dids,  en  préseatant  à  Ferdinand  ce  tableau  de  l'Europe,  con-* 
mt<^*il  était  plnsfodleàla  républiqueflorentine  de  se  venger 
qne  de  se  défendre.  Il  convint  que,  lorsqu'une  fois  elle  aurait 
appelé  les  «Itramontains  en  Italie,  elle  ne  serait  plus  maîtresse 
d'arrêter  leur  in^pétuosité,  et  qu'elle  souffrirait  probablement 
antant  que  Ferdinand  lui-même  d'une *j|;aerre  où  la  Tos« 
cane  deviendrait  leur  place  d'armes.  L'intérêt  de  Ferdinand 
et  des  Florentins  était  trop  conforme  pour  qu'ils  ne  dussent 
pas  préférer  nue  fidèle  alliance  à  une  guerre  sans  but.  Il  imr 
porbiit  à  tous  deux  égalemen); ^de  maintenir  en  paix  l'Italie, 
<    ji'^  fermer  l'entrée  ^ux  Turcs  par  les  Vénitien^,  aux  Français 
,-jBf^  k^  4^?  4^  W^^^.î .  d'afferinir  le  gouvernement  d.e  celui-ci, 
qo^e  la  djernière  révolution  avait  ébranlé;  de  surveiller  au  coi^* 
trâirej'j^uibition  et  les  progrès  de  Venise,  qui,  depuis  qu'elle 
av^it  recouvré  h,  paix  sorsa  fr(mtiia?e  orientale,  pouvait  seule 
^cter  dçs içk^  à^  ^^  vqîsûis }  (^fin, .de  contenir  l'esprit  turbu* 
Mu\  i^  s^p^fim, jgous;  assurer  ^,  son  B^  Ja  pos^pi^  d'une 
pçtit^  pri^ç|p§u|é,  avait  compromis  l'Italie  entière  par  le»  plm 
fwestes49jtrjgi|^ *,...,  ., 

.  Oes^^f^fdd^raitifini  n'étaiept  pas  nouvelles  pour  F^r^iand, 
^  e)^  fiç^  i|]K|iffejs;fl^  ^r  loi.  Cependant,  ou  rayait  laoy- 
,t<unpi^  (f^tiietepp.de  jla  l^ainq  ef jd^  mécontentement  que  Laa^ 
jé|it,ftji{W^,j^cjt0:i^.yi^)fenee4^  pomptej:  çur  l'alUan^ 

4eî;<^i«}K^.f|^  jpiirti,  fl  Ipi  ^iqpojrtait  de  savoir  si  j.es  Flprc|ntiii« 
ne  sépareraient  pmnt  leuios  intérêts  des  siens.  Dans  ce  but» 
Fardmand  retint  Laurent  hmgteoq^  aapiès  de  lui,  et  il  ok- 
serv^^  jpigq^ôsepçnt^en  même  temps  si  son  absence  faisait 


»    .    •!',      'v.    -         ."*  '4       •*         '  1    •         .       .'         \     •  .'    Il    >   I    •  r  « 


i  joannis  Kieh,  Anrtli  iriii.  f/qt.  l.  vu,  p.  tT6. 


nattrei^âqve  num^ement.  Les  éimemis  de  jïëdicis.  prirent 
cette  occasioo  pour  témoigner  hautement  les.craintes  sur  son 
s(Nt  :,  Us  raj^pélaient  la  mort  criièlle  de  Piccinino,  espérant 
faire  naître  au  roi  la  pensée  de  traiter  de  même  leur  adver- 
saire.. En  nième  temps  ils  s*  opposaient  aVeç  obstination,  dans 
les  conseils,  à  toutes  lès  demandes  de  ses  amis^  et  ils  déplo* 
raient  le. dort  de  la  république,  engagée  dans  cleux  guerres  à 
la  fois  pendant  que  son  chei|  était  absent ,  car  le  jour  même 
où  Laurent  était  parti  àe  Florence  pour  traiter  avec  le  roi  de 
Napks,  Augustin,  fils  de  Louis  Frégo^,  au  mépris  de  la  trêve, 
s*  était  emparé  pair  surprisé  àe  la  ville  de  Sarzané,  ique  son  père 
avait  vendue  à  û  répjabliqne'fldrèntine  plusieurs  années  au- 
paravant  * .  , 

Enfin,  Ferdinand  consentit  à  signer  à  Naples,  avec  Laurent 
deMédids,  le  6  maifs  1 48Ô,  un  traité  de  paix  entre  son  royaume 
et  la  république  florentine,  il  exigea  que  les  membres  restants 
de  la  famille  des  Pazzi,  qu'on  retenait  prisonniers  dans  la  tour 
dé.Yolterra,  quoiqu'ils  ne  fussent  .point  entrés  dans  la  conju<^ 
ratioQ,  fuissent  remis  en  liberté  $  que  les  Florentins  payassent 
au  due  de  Galabre,  'son  fils^-à  titre  de  solçle,  un^fomine  l^*** 
auelle 4e soixante  milte  florins.  Deson  cMé.  il  promit  la  tes- 
titatioa^ile^  yilles  et  fort^r^faes.pris^  aux  FlorentinÇtPeadftnjt 
la  guf^i  et  les  deux  gçavei;]Diçpa^tE(  se  rendirent  liants  des 
ét^i  Tfia  de  Fantre^.  Quelqî^  o[^siti9Q  qoc^  1^  pftpe  eût 
(iip^irijée  à  cette  ii^o^çii^on,  quelque  m^ntenteRient  qi]^*p 
témo^^t  de  n*avdr  pas  été  consulté,  quelque  empro^^eweojt 
cp*il  marfuàt  poor  s*dlier  à  la  république  de  Venise,  puis- 
¥>^' Aie  «fait  à  se  phmdre  aussi  bien  que  lui  du  noMuiqoe  d*é- 
gardsidp  ses  précédebts  alliés^  so  laissa  comprendre  dans  le 
Wtéds  I^[te  f  et  les  lnwlitités^  si^q^dues  Tannée  préeé- 

'»  -'  Id  ,  <«•■    \—  ;  »   '..    .••       ,'.  ..... ,     .  ,       .  .  , 

^  «fie^e  43mmtfii:  Uy  xm^Pf  M^RTT.m^  mmm^*^  9^.9!a,,-^  UofichkiwM, 

'OC.  Hw^,  U  I»  p.  13* 


i7Q  HISTOIBE  DES  AflPUBLIQUISS  ITALIEIflfES 

(}ente  paroiie  tréye,  ne  se  renonvelèrent  point  * .  La  paix  fot 

aussi  publiée  à  Sienne  le  25  mars  1480  '. 

La  paix  que  Laurent  de  Médicis  avait  obtenue  augmenta 
son  crédit  à  Florence  ;  il  y  fut  reçu  à  son  retour  comine  le 
sauveur  de  sa  patrie.  II  mit  à  profit  cette  reconnaissance  du 
peuple  ppur  consolider  son  autorité.  Il  fit  çréer^  le  12  atril, 
i)ne  nouvelle  balie,  mais  avec  l'intention  dç  n'en  plus  créer 
à  revenir,  car  le  nom  et  l'autorité  révolutionnaire  des  b^lies 
contribuaient  à  rendre  odieux  le  pouvoir  des  Médids.  Il  fit 
donc  attribuer  è  un  corps  permanent  dans  Tétat  cette  autorité 
supérieure  qu'il  voulait  conserver.  Ce  corps  fut  un  conseil 
nouveau  de  soixdnte>dix  citoyens  qui  devait  être  consulté  sur 
toutes  les  affaires  avant  tous  les  autres.  Les  gonfâloniers 
devaient  y  être  adnûs  à  mesure  qu'ils  sortiraient  d'office,  à 
moins  qu'ils  n'en  fussent  exclus  à  la  majorité  deâ  Toix..  Le 
conseil  des  soixante^dix  commença  un  nouveau  scrutin  d'é- 
lection pour  composer  les  magistratures  à  venir,  et  il  ki  durer 
quatre  ans  ce  scrutin,  afin  de  conserver  plus  longtemps  dans 
la  dépendance  ceux  qui  briguaient  les  emplois.  En  même 
temps  il  employa  les  deniers  de  l'état  à  payer  les  dettes  con- 
tractées par  Laurent  de  Médicis  '. 

Laurent ,  que  la  postérité  a  décoré  du  nom  de  Magnifique, 
tandis  que  ses  concitoyens  et  les  écrivains  de  son  temps  ne 
lui  donnaient  cette  épithète  que  comme  un  titre  d'honneur 
commun  à  tous  les  princes  qm  n'en  avaient  pas  d'antre,  à 
tous  les  condottieri  et  à  tous  les  ambassadeurs ,  Laurent  mé- 
ritait le  surnom  dont  une  erreur  l'a  mià  en  possession ^.  La 

*  JaeoM  yolatenmi,  lAortum  homàmxm,  T.  9^]U|t«9.  j<mu  — ^  4ll^m9t$fi  éUftm^i, 
puxr.  SanèiL  p.  799.  —  Orland,  Malqvolti.  P.  111,  L.  IV,  f.  76.  -~  '  Istorie  ai  Giovanni 
Cambi.  Delizie  degtlErudiU.  T.  XXI,  p.  3,  s.  ~  ^  M.  RoscoC  (lUustmtionSf  p.  91),  pour 
Dtfre  YQir  ^e  c»  Q'est  pas  ia  mvA»  poMérM,  «nH  iw»i  |Bf  eo^mo^t^u  4e  Umt»i 
qui  l'oot  décoré  du  nom  de  MagnifiQue,  cite  rautorité  de  Fabbroni  eo  i7t4 ,  et  de  Pl- 
gDoUi  eo  1813-  J'en  appelle  au  contraire  aux  lettre*  et  aux  autres  pièees  reprodoitas 
par  M.  RoseoS  luîHoéne  dans  'son  Appeodix.  0  f  verra  que  Laurent  nM  pdlkt  appelé 
parées  eenleuiporaiBt  ioHHËo  U MtfBfMfioê, eoaMieil IM àd  noaJeMi,  tasts  If  IM- 


DU  MOItR  âi»B.  171 

WH^aiêomùd  étail  dam  m  politise  autant  que  dans  «on  oh 
racttee  :  il  aimait  à  donner  Tidée  d'une  rieheaa  infinie,  poop 
rehaafiser  aimi  ropinion  qu*on  aTait  de  son  pouToiF  )  il  ne 
mesurait  îamaia  son  faste  anr  fM»  reyenna  :  pendant  son  s^onr 
àNapies,  apcèa  une  gnerre  ruinease  ponr  aa  patrie  eomme 
pour  lui ,  tantôt  il  distribua  des  dots  à  une  foule  de  jeunes 
feaunes  de  Fouille  et  de  Galabfe  qui  aTaieut  recouru  à  sa 
mUniicoace ,  tantôt  il  déplofra  aux  yeux  des  Napolitains,  dans 
tes  achats,  dans  sa  suite,  dans  ses  équipages,  toute  la  pompe 
fuse  richesse  qui  n*  avait  rien  de  réel  :  toujours  il  toulut 
âoimer  et  éblouir  *  • 

lie  traité  de  paix  qui  eonsofidait  sa  puissance  ne  laissait 
pas  d'exposer  sa  patrie  an  danger  le  plus  redoutable  quWle 
fiAt  jamais  couru.  Ferdinand  s*y  était  détenniné,  surtout  pour 
donner  le  temps  an  duo  de  Calabre  d'afferour  son  cré^t  dans 
Sienne,  et  de  réduire  cette  ombrageuse  répuUique  h  une  dér 
pendanoè  àfasoloë  de  la  oouiDntie  de  JNaples.  Ce  projet  avait 
déjà  âé  secrètement  entrelenn  par  le  roi  Alfonse  ,  lors^ 
qu'il  Tint  en  Toioane  en  1 446  ;  il  avait  été  repris  en  1 462,  et 
ea  14âc6  ;  môs  jamais  il  n*  avait  paru  plus  près  de  son  exé- 
CQtion  que  lorsque  Laurent,  sacrifiant  sa  patrie  è  aa  sAn^ 
persounellé,  et! intérêt  des  siècles  à  celui  du  moment,  avait 
esQsenti  à  j  donn^  les  mams  en  recherchant  la  paix ,  que  le 
dac  de  Calabre  désirait  phis  q^e  lui. 

Sienne  av«t  consacré  par  ses  ïm  l'existence  de  tous  les 
partis  qui  l'avaient  successivement  dominée  $  et  ses  citoyens 
se  trou¥aient  avisés  en  plusieurs  lundres ,  qpi  élaiient  plutôt 
des  factions,  et  qui  portaitot  tous  le  mm  de  MontL  hd  pre- 
nikr^^  celui  qui  avait  excité  la  plus  constante  jalousie,  était 


9nifieù  harentô,  et  qn'en  loi  a^ranant  la  fwrale  «a  enfilole  l%x|»r6aiioa  maq^flee  t^, 
oa  voêîra  magraficenta^  préclfément  comme  en  s'adrenant  aux  généraux  de  la  répn- 
bHqw  ou  au  duo  d'Orbin,  ou  comme  Politien  appelle  la  femme  de  Laurent  magnifiea 


172        HISTOIRE  0ES  A^ptmcniinss^iTALixiiirEs 

eehii  dai  uofiles-,  aWtrëfois  propMétaiFer dfc  itoiBà  tetevilMf0. 
On  les  ayàit  saccessiTemcél  privas  de  toàt^  fsari  f^ 
et^eiclus  en  même  temp^  de  toutes  lei^  isiàffàïrv^meê;^he  «AU 
vant  était  le  Jfon^da^neiifj  qat  formait  S  Sienne  an^  liofalesse 
populaire,  telle  à  peu  presque  ratait  étéàiFtetencc^  J6ills:3es 
ÀllHzzi  et  de  lear  parti.  C'étaient  des  hoinit^'itt  qùif^n"* 
éiennes  richesses,  aeqtnses  pàrlé'comiiierrié'jri(taiéntt«88tiré 
aossi  un  ancien  crédit,  et  qni  e&' démentaient  $n'|)DSsè8sion 
par  un  droit  héréditaire.  L'ordre  on  le' jfdBMlel^  dotisfe  était 
plus  immédiatanent  en  ri\^té  âTeâroçluiTdBS  nen&HiétBitde 
même  composé  de  riches  marchands  ,  et  'i>iCétlEe  tépoiiiie  Si 
Comptait  dans  son  sein  eilvihm  qpiatre  :ceite  ihoiniitiea'pro^*es 
à  entrer  dans  les  conàeils ,  mais  que  la  jâicnûe  dJa<  ^paierm* 
ment  en  tenait  cràstaknmént  écsotâs:  'Le  'reste. ^de^  bnitidn 
était  partagé  entre  les  deux  ôrdiès  baMontsf  {{dtEtf  nènveanx, 
des  ré formùteut&<eVdui  peuple.   ^'  ';     ?:.>•.       ^ 

Depuis  le  27  novembre  1 403  ^  une  coflitioii^'ekistait  *enlre 
trois  de  ces  ordres,  les  neuf,  les  r^rmateurs  ètie  peli)^e.  Ils 
étatent  ^séuls  admis  au  gouvernaaienty'et  lesdèui  autres  e& 
étaient  exclus.  La  Seigneurie  était  composée  de  neuCpilènrs, 
iTois  de  chaque  Mont,  et  un  gonMoùier  de  jlusltice  foimi 
tour  à  tout*  pfar  chaque  ordre  ^ .  Cette  Itoriùe  'fié  gonirernement 
s'était  niaintënoé  avec  pIusde^^aMité  qu'aucàne  ies^^têcé- 
dentés,  malgré  les  tentatives  que  Plé  It,  qui  était  H^lë'Sten- 
nais,  dfe  la  nîàison  Piccolomini,  âvàil  faites  ponir  la  renverser. 
Ce  pape  avaft  démandé  qù^  on  i^fabltt  dans  tbûille^' droits  de 
cité  les  nobles  et  le  Mont  des  douze  ;^  on  lavait  eh  1438  rejeté 
sa  deiùaiiidë;  mais  on^Vait  éti  mèmfé  tempts  cherché  à  le  Satis- 
faire lui-même  ^  en  admettant  lés  mëmbreg  de  là  tauâlle  Pic- 
colomini dans  l'ordre  du  peuple.  L'année  suivante  on  avait 
même  donné  une  part  dans  les  emplois  publics  à  Tordre  des 

i  Qrlando  MalavoUi,  Stàriadi  Sienna.  V.  U,  L.  X»  f.  104,  ' 


.  BU  moitm  AGB.  173 

ïrar^aiblloiit  àmàÊue^y  et  dès  kmort  de  Pie  II,  «n  1464, 
.«HualfitiWBiitéj/dp  iiioli^MÉa/ileÉiioUe»  dl^onpeiiraiqa^  ne 
km  iiiraitu^tpMiéBjfa'èlàjAllkitotMri      pope  ^. 

>  %q|giifciW|Widepte  «|ie#^fctoettè.cptd«sioBy  ks&ièmiais 
n*fti«tat  (AfiMiUta'jde  seiisiiflDtir  d'èlredemeiuré&vtlaohésli 
(S^qiiJiiBi^ffgihimt^^  de.IeoFgeKvtnieiiient  Les  trois 

&cliknft/TâBAies.:pii^^  ayoir  confondaleiiiii  intâiéts 
9iitr«.idlflS9.¥adiBi|^atl9Btioa  AViit  étéaMs  équitable:  pour  que 
.1^  xiidissses.priTifed  et  la  popiilcdïom  s'augmenta^seDt  innUe- 
imsat,  Sim»ti»'wjmt  de  palais  soii^tiieu ,  qui  montraieat  an 
iD6me,temi^4fi0>piogsèi  de  ropntence  et  eeox  d/»  arts  et  dn 
go&t;  .la  lépnbliqoe  arait  éprouvé  peu  d^  commotions  inté- 
nciD^j  ^te^'éialt. engagée  dans  peu  de  guerres  an  dehors; 
«t  4001900  éelipaéoipur  l'éplat  de  Flqsence  y  sa  poi^»antè  yoi- 
nne>  qui  eansaitanx  donnais  ooe  eonatante  défiaiioe,  eUe^eon- 
mf^  à  re:(téneiir  Thonnenr  de  son  indépa^dance,  au  dedans 
Ja  paâ  et  lALproapârité»  n  ^ 

>H«îs  rexifltenee  de  deux  partis  fiurmés  en  debmi  4ugou- 

va:nelneiM.  étaiCioéeessairemeat  daBgei«ose.p(^      répôbli- 

.  q|ie.  Gétaîl  parmi  eux  que  les  étranges  qui  youlaient  l'asservir 

vetfudntsArs.de  tron^ver  des  partisans';  c'étaient/eB&  quek  duc 

deiCalatore  faisait  agir»  eux  qu'il  cherchait  à  faire  rentfeaor  dans 

la  Seigoeum^  Il  demanda  d'abord  le  rappel  de  tonsioeuxqui 

avaient  été  exilés  en  1456  ^4.  F  ayant  pu  l'oltenir,  il  sona.la 

disjQQide  entre  les  trois,  ordres  qui  gonvernaienit  en  «omntnn  ; 

il^  amut  deux  contre  le  troisième  ^^t,  le  22  juinféSO,  les 

ditoyens  des  neuf  et  du  peuple  prirent  les  lurmes.  Ils  furent 

.  8emidés»par  le^  soldats  du  duc  de  Galabre,  qui  occupaient  la 

:  plfice  publique.  Un  conseil  général ,  d'où  ils  écartèrent  tous 

'  CQpxjqial  Jne  joni^  étaient. pas  déTOués ,  et.qui  se  trouva  cepen- 

.    I  ùi^^mdù  MakmUL  P.  iHp  u  iv^  r.  ««1  «1.  -^  «  iM..r.  «i*  «^  >  iM.  u  i»^^  *  JMd. 


174  HISTOIRE  DES  Wâï^ÊUmbkB  tTALIEWaHES 


nidtt  ]x>Qr  jwMdi  ie  Ifeint  des  i^étonnÉteeit^s  <éil  ^wv«tm- 
«i6at ,  mr  la  ]vopositîsiit  «pii  tin  AU  faite  par  té  gonfaHanisr 
de  justiee  ^  Cette  violente  révvkitioii ,  «pd  frappait  lira  liées 
•des oitojreÉsée  la ^r^iyuÉiiKqoe, tet les é^nittiÉt  d*<inie  |»iirt  à 
la  soHveraîDelés  dont  Ms  élntiiil  mi  fKNsesâoa  depiis  soixante- 
•Ax^rqft  ans,  awt^  préparés  avec  taiitde  se0Pet,^dt«iée»lée 
avec  tant  de  promptânde,  qu'elle  s^aoèemplit  UM  effosiM  de 
smg.  Le  dae  de  Cakdire ,  qoi  f  avait  dirigée  et  somennê  avec 
ses  soldais,  s'hélait  eependant  âil^é  de  Sienne  le  jonr  ^in'sîffle 
s'effectnait,  pon*  vMilcpe  pas  :aoMSé  d'agir  en  maâtre  dans  la 
répablique  ;  «nnds  à  son  retow  il  a^alt  été  Feça  par  les  ^min- 
veaiUL  nagiatrats ,  tonmie  te  iAmAAWwt  de  rètat.  U  était  con- 
yeftn  aiiee  eux  de  fcrmer  nn  Mont  nociTean  poiir  remplacer 
celai  des  t^f ormateiKs ,  et  partkôper  pour  tm  tâ^n  anx  han- 
nears  pnbKes.  Cet  enrâre  nenvean,  anquel  ondcom  le  nom  4e 
M(mt  dès  agrégte,  fateon^Miséd'^n  certfdn  nombre  de  gen- 
tilshommes ,  connos  poar  lear  dé^onement  ao  dnede  Galabre, 
et  de  ploffleuFs  membres  soit  Ad  Mont  des  donsse ,  soit  de  celai 
des  r^rmerteors,  qa*iine  amibition  privée  détachait  de  leurs 
confrères;  enin ,  des  familtes  qoi  avaieiEt  été  exelneB  en  1456 
da  Mont  des  neuf  et  de  celai  du  penple ,  poor  avoir  vonla ,  de 
concert  avec  Jacqaes  Piccinino ,  somnettre  la  république  an 
roi  Alfonae.  Ainsi  les  cinq  andens  ordres  avaient  eoaooura  à 
la  formation  de  Tordre  nouveau  ^. 

Le  gouvernement]  qui  venait  d'établir  la  violence  était  en- 
touré d'ennemis;  il  avait  toujouns  (Uns  besoin  du  duedeCa- 
labre  pour  se  soutenir,  et  il  se  rendait  aussi  toujours  plus  dé- 
pendant de  ses  volontés.  De  mauvais  citoyens  qui  se  flattaient 
d'amasser  plus  de  richesses ,  d'exercer  plus  de  pouvoir,  de 
satisfaire  plus  aisément  tous  leurs  vices,  sous  la  proteetion  d'un 


DU  ifOTEll  iOE.  175 

tpm  ^m  daaa  leur  pairie  woore  Iib»e,  avaMot  Um  ealcalë 
lorsqu'ils  avaient  compté  que  la  oonséqiieiioe  4e  cette  révola* 
tioD  serait  de  forcer  en  peo  de  temps  les  Sieimais  à  se  donner 
eox-mémes  au  due  de  Gaiabre.  Toat  ce  qu'il  y  avait  à  Sienne 
d'ands  de  la  liberté  était  frappé  de  terranr  ;  la  crainte  n'était 
pas  moins  grande  à  Flovfnee.  Si  l'aecpisitîon  que  le  roi  de 
Napltt  avait  faite,  vingt  ans  auparavant,  de  qnelqnes  miséra- 
bles ehàteaux  dans  la  Maremme  toscane,  ayait  causé  tant  d'ef- 
froi ,  comment  espérer  de  sauver  la  liberté  de  Florence ,  tine 
Ibis  que  l'état  de  Sienne  tout  entier  serait  entre  les  mains  d'un 
aossi  redoutable  voisin?  Hais  un  événement  inattendu,  qui 
gUsa  de  terreur  le  reste  de  rit^Uie,  délivra  Sienne  et  Florence 
d'un  asservissement  presque  inévitable,,  ra  rappelant  le  due  de 
Calabre ,  pour  défendre  ses  propres  foyers. 


**tm^ 


176  HISTOIRB  DES .  BÉPtlBUQCES  ITAUEmiES 


mimmimuîtiHHnmtmi 


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CHAPÏ^RE  Yïl. 


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-     '  '  *  '  ■  f 

Mabolbe^  11  s'emptre  d'Otf^le$;  SixtflV  afT^yé-  faii  ia^piUraveo  les 

Flqrentios,  et  le  duc  de  Ç^labrç  qiiit|e£ie^Q^  ^pur  dél|;;rer;Otraiite. 
— Mort,  de  Mahomet  11^— Nouvelle  guerre  aJluipée  dans  toute  l'Italie 
par  Sixte  IV^  pour  le  duché  de  Ferrare.'ll  passe  d*uD  paril à  iiautre, 
^iBêiîri^fin.de<^bagriiidélat$àix.    '       *  '  '    '       '' 


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1480-1484. 


1 480 .  —  Mahomet  II  ne  faisait  jamais  la  paix  avec  un  prince 
chrétien  que  pour  en  attaquer  un  autre  avec  plus  d'avantage; 
aussi  comptait-on  que  durant  son  long  règne  il  ayait  sabfagué 
deux  empires,  douze  royaumes,  et  plus  de  deux  cents  cités. 
Dans  Tannée  1480,  il  prépara  deux  expéditions  eu  même 
temps:  Tune,  sous  la  conduite  du  pacha  Mésithès,  Grec  d'ori- 
gine, et  issu  des  Paléologue,  était  destinée  à  conquérir  Rhodes 
sur  les  chevaliers  de  Saint-Jean  de  Jérusalem  ;  mais  le  grand- 
maitre  d'Âubusson  repoussa  glorieusement  les  Turcs ,  qui , 
après  avoir  assiégé  la  capitale  du  23  mai  au  22  août,  furent 
contraints  de  se  retirer  avec  perte  * .  L' autre  armée  de  Mahomet 

1  Eplatola  PeM  itÀubusson  ad  Pontificem.  IS  septembris  1480.  Êtaynaldut,  3-iS, 
p.  986.  — JaeoM  Volaterrani  Dior,  Roman»  p.  tOd.^^nnaL  Turdei  LetmeUwU» 
p.  2SS.  •— Dlorfwit  Pamense.  p.  344.  —  TurconGnecto  But,  poAr.  L.  I,  p.  36 


DO  ItOYBlI  AGB.  177 


i;e  rasgiQildait  à  la  Yaknupijs,  000s  le&ovdras  deâon  grand^viair 
Aehmet-Giédik,  oa  le  Bricke-lknt,  natif  d'Albanie.  Une  flotte 
de  cent  vakseaox  mt  la  prendre  à  bord  ;  celle  des  Vénitiens , 
qoi  éUôt  de  soixante  toiles,  1* escorta  conune  ponr  1* empêcher 
d'entrer  dans  le  gelfe  ^ ,  et  tont  à  coop  les  Turcs  débarqoèrent 
iiir  k  o6te  d'Italie  »  près  d'Ojtrante»  le  tendredi  28  jniUet , 
après  aToir  traifersé  la  mer  Adriatiqae,  qai,  dans  ce  lien ,  n'a 
pas  pins  de  cinquante  milles  de  largeur. 

Les  l^abitants  d'Otrante  ^  quoiqu'ils  ne  fussent  nullement 
pEëparés  à  cette  attaque,  défendirent  avec  ligueur  leurs  mu- 
raSÎes;  mais  ib  n'étaient  pas  en  état  d'opposer  une  longue  ré- 
sistitnoe  ;  beaucoup  d' artillerie  et  de  macjiines  de  gueiœ  lurent 
débarquées  par  Achmet-Giédik;  de  larges  Inrèches  furent  bien- 
tôt ouYcrtes,  et  la  Tille  fut  prise  d'assaut  le  1 1  août  1480  s 
La  population  s'élevait ,  dit  Sanuto ,  à  vingt*deux  mille  âmes  ; 
douze  mille  habitants  furent  massacrés  dans  la  première  fu- 
reur de  la  victoire  ;  mais  les  enfents  qui  pouvaient  être  ven- 
dus avec  avantage,  et  les  hommes  faits  qu'on  crut  assez 
riches  pour  en  tirer  une  forte  rançon  y  furent  réduits  en  es- 
clavage ^.  L'archevêque  et  les  prêtres  y  objets  de  la  baine  des 
.  TuiQB ,  fureDft  soumis  à  d'affreux  supplices,  et  tous  les  genres 
'd'eyibrages  et  de  profuiations  furent  prodigués  au  culte  des 
r  chrétiens  ^« 


'  i  tfôMn  Sanuto.  THe  de'Ùuchi  di  Vtnet,  T.  XXII,  p.  1213.  —  *  DemeMus  Cûn- 
ternir,  L.  |U, cbap.  1,  S  %%  p.  ut.  —  >  Marin  Sanuto^  ViUOt'  DuchL  T.  XXII,  p.  iSiS. 
Cependant  Giannone  n'estime  qu'à  800  le  nombre  des  morts.  L.  XXVIU,  inirod.  p,  102. 
-^^  Jaeob  f9iatenwtlt  Dlar,  Boman.  L.  II,  p.  110.  Diariwn  Parmense.  p.  346,  3(3-, 
Deux  cent  iriBgt  um.  après  ces  éréDomenis,  la  légende  s'en  est  emparée,  et  7  a  mêlé 
Bon  merveilleux.  François-Marie  d'Asti,  archevêque  d'Olraote  en  1700,  a  écrit  que  huit 
tents  martyrs  prëférék«nt  le  supplice  à  l'abjuration,  et  que,  conduits  au  lieu  où  ils  de- 
vaieit  mourir,  te  Ténérab||B  Antonio  PrimaklL,  demeuré  ehef  du  clergé  après  la  mort  de 
l'archevêque  Etienne,  eut  le  premier  la  tète  tranchée  ;  mais  que  son  corps,  au  lieu  de 
tomber  sans  vie,  resta  del)out,  malgré  tous  les  efforts  des  Turcs  pour  le  renverser,  el 
t^û  continua,  par  ses  gestes,  à  exhorter  ses  compagnons  de  malheur  à  la  constance, 
Jusqu'à  ce  que  tous  eussent  subi  le  même  supplice  ;  alors,  et  après  eux  tousi  il  con- 
sentit aussf  à  80  coucher  parmi  les  morts,  Francuci  Maricc  de  Asie  in  memorabUibus 
vu.  12 


178  HISTOIRE  DÉS  ^PUBLÏQÛISS  ITALLEUIXES 

Cette  attaque  inattendae,  et  qui  rem^it  l'Italie  sd*e£&of^ 
avait  été  ménagée  par  les  ^é^tiens.  Les  ItistorieBS  de  la  Té-' 
pabtiqae  ne  di^imnlent  point  qu'après  h  pidx  entre  Iiaurent 
de  Méfias  et  le  roi  de  Naples,  leur  patrie  envoya  deux  am- 
IrnssadeutB,  Vnn  en  pape,  1*  autre  au  grand^seigiifeur ,  pour 
eouoerter  la  ruine  de  'Ferdinand.  Sébastiano  Gritti  detuit  in- 
viter Mahomet  II  à  reprendre  les  provinces  de  FltaMe  méri- 
dionale qui  avaient  rélevé  de  Fempire  d*Orient  *.  Zaebarie 
BarbaTo  devait  proposer  au  pape  de  prendre  à  h.  'solde  eom- 
mune  de  sa  république  et  du  Salnt-8i^e,  et  de  nommer  capi^ 
taine-^général  de  leur  ligUe,  Bené  II  de  Lorraine,  qu'ils  invi- 
teraient à  passer  en  Italie^.  Il  est  probable  eependrâit  qae  les 
Téaitiens  n'flvmeiit  pas  communiquée  l^xte  IV  le  projet  de 
l'nttàque  des  Turcs  sur  Otrante,  projet  dangereux  pour  le 
Saint-Siège  ;  mais  Ferdinand,  qui  ne  doutait  pas  de  rinimitié 
de  Sixte. lY,  le  soupçonna  if  avoir  'attiré  sor  lui  Tinvasion 
des  mmqlmaiis,  et  loi  fit  dire  au  mois  d'aoftt,  par  son  ambas- 
«adeur,  que,  s'il  n^obtenaitde  l'Église  de  prompts  et  putesants 
secours,  il  traiterait  avec  les  Turcs,  et  leur  donnerait  passage 
parses  étals  pour  ae  rendre  à  Rome^. 

L'effrcn  de  Sixte  lY  fut  extrême  à  la  nouvelle  de  celle  in-* 
vasien  :  il  hésita  s'il  if  abandomiermt  poba,  Boute  et  l'Italie 
pour  chercher  en  France  un  refuge.  Il  savait  que  Midioiiiet 
en  voulait  au  siège  de  la  reUgion  chrétienne,  et  que  lui-même 
et  son  clergé  seraient  exposés  à  d'affirei»:  supfffieos,  s'ils 
tombaient  entre  les  mains  des  Tares  ^.  Il  j  avait  encore  loin, 
il  est  vrai,  d' Otrante  jusqu'à  Bome;  mais  on  pouvait  redou- 
ter un  second  débarquement  sur  les  c6tes  de  la  Marche,  et 
Ton  assure  en  effet  que  les  Turcs  firent  cette  année  une  ten- 

Vgdruntinœ  Ecdesiœ  Epiiome.  I.  H,  cap.  IT,  p.  ii.  —  In  Burmannl  Thesauro  Aniiç. 
et  Histor-  ualtœ.  T.  XI,  Pars  Vlll.~i  Andr.  Kavagiero,  Sior,  Venez,  T.  XXIII»  p.  iif5. 
-^urofiti  Sanvtio.  p.  12II.  —  AWen.  de  Ripalta,  Annal  Placent.  T.  XX,  p.  »6i.— 
*  Itarin  Sanuto,  Vite  de*  DucM»  p.  I2i2,  —  '  Ibid,  p.  1213.  -«  *  RaynàUU  ^wiaL  EC" 
cl^.  1490,$  19,  p.  389. 


OO  MOI»  AGdB.  179 

latiite.poiir  f^Uerle.trégar  de  IJallrette^  D*aiUear8  les  nausul- 
maoSy  «kmt  la»  constantes  victoires  ^^ent  ébloui  TËorope, 
comptaleat  nlors  en  Italie  mèue  des  partisans,  qui  parais- 
«aieot  prètsè  se  joiadre  à  eux  |M»ur  briser  le  joug  de  leurs 
prêtres  et  de  fleurs  princes.  Bientôt  ie  bruit  se  répandit  que 
Mahom^  II,  pour  profiter  du  mécontentement  des  barons  de 
Ni^esy  arait  iait  j^rocIaniOT  à  Otraate  qu'il  accorderait  une 
eiemption  d'impôts  pour  dix  ans  aux  pays  conquis ,  qu'il 
n'imposerait  ensuite  d'autre  tribut  que  celui  d'une  piastre  par 
tète,  qu'il  laisserait  les  chrétiens  suivre  leurs  lois  et  leur  re- 
ligion, comme  ils  le  fusaient  à  Constantinople,  et  qu'enfin  il 
avait  pmi  les  cruautés  excessives  exercées  piur  les  vainqueurs 
d'Otrante.  Qmn;ie  cents  soldats  de  Ferdinand  passèrent,  au 
mois  de  février  1 48 1 ,  à  la  solde  des  luro^,  et  l'on  craignait 
h  défection  de  toute  la  province^. 

Cependant  Sixte  lY  adressa  aussitôt  des  bulles  à  tous  les 
princes  dirétiens,  et  aurtout  aux  états  d'Italie,  pour  les 
cKhortar  à  faire  la  paix  entre  eux,  et  à  tourner  leurs  armes 
'  centre  l'eanemi  de  la  religion.  «  Si  les  fidèles  du  Christ,  di- 
«  8ait-i-il,si  les  ludioas  surtout veident  défendre  leurs  champs, 
*  IfiMPs  maônn^,  leurs  femmes,  leurs  enfants^  leur  liberté, 
«  leur  vie;  s'ils  veulent  conserver  œtte  foi  dans  laquelle  nous 
<  avons  été  baptisés,  et  par  laqud]^  nous  avons  reçu  une 
«  nouvrile  naissance,  c'est  le  moment  d'en  oxare  nos  paroles, 
«  de  saisir  leurs  armes  et  de  marcher  à  la  guerre.  Que  les 
«  piiiB  élo^nés  du  royaume,  de  Sicile  ne  se  Qgurent  point 
«qu'ils  sont  en  sûreté;  s'ils  ;.  ne  vont  pas  au-devant  des 
«  Tores  pour  les  combattre ,  ceux-ci  arriveront  bientôt  jus- 
«  qu'à  eux'.  >» 

Ferdinand  se  hAta  de  rappder  de  Toscane  le  duc  de  Cala- 

>  Sur  la  foi  secdement  de  Tursellinus.  ^istoria  Laureianœ  MdU.  L.  II,  cap.  IV.  Agud 
aoinafit  S  ss ,  p.  293.  —  *  ùioflum  Panowse.  p.  W^  3M  et  ptusim,  —  >  Raynaldi 
Àimal.  Eccles,  1480,  $  3i,  p.  990. 

12* 


ISO  HISTOIBE  DES  REPUBLIQUES  ITALlEIlKlâ 

r 

bre;  et  il  le  sollicita^  par  les  plus  pressantes  instances,  de  ne 
pas  tarder  à  Tenir  à  son  aide.  Ce  dac  sortit  de  Sienne  le 
7  août»  non  sans  exprimer  le  profond  regret  avec  lequel  il 
abandonnait  an  projet  nourri  longtemps  par  sa  famille,  an 
moment  où  rien  ne  semblait  plus  pouyoir  en  arrêter  TexécQ- 
tion.  Comme  il  partait,  les  magistrats  de  Sienne  loi  rendirent 
les  plus  grands  honneurs  j  mais  tous  les  bons  citoyens  que 
comptait  encore  la  république  se  sentirent  avec  joie  délivrés 
d'un  joug  qu'ils  croyaient  déjà  inévitable ^  Le  duc  de  Galabre 
passa  le  10  septembre  à  Naples,  où  il  incorpora  dans  son 
armée  un  grand  nombre  de  gentilshommes  qui  s'y  étaient 
rassemblés.  Il  reçut  aussi  un  corps  auxiliaire  de  dixHsept  cents 
fantassins  et  trois  cents  cavaliers^  qui  lui  fut  envoyé  par  son 
beau- frère  Mathias  Gorvinus,  roi  de  Hongrie.  Il  continua 
ensuite  sa  route  vers  la  Fouille.  Acbmet  Giédik  avait  été 
rappelé  par  Mahomet,  et  Ariadeno,  auparavant  gouyerneur 
de  Négrepont,  commandait  à  Otrante  une  garnison  de  sept 
mille  cinq  cents  hommes.  Il  avait  étendu  ses  dévastations 
dans  toute  la  province,  et  menacé  Brindes  d'un  si^^.  Mais 
l'arrivée  du  duc  de  Galabre  le  força  de  se  renfermer  dans 
Otrante,  et  bientôt  après,  Galéaz  Garacdolo,  ayant  conduit 
devant  le  port  une  flotte  napolitaine,  ôta  aux  assiégés  la  com- 
munication avec  la  Turquie^. 

L'effroi  de  l'invasion. des  Turcs  avait  enfin  déterminé  le 
pape  à  se  réconcilier  avec  Florence  ;  mais  même  dans  cette 
réconciliation,  que  les  circonstances  le  forçaient  à  désirer,  il 
laissa  voir  toute  la  hauteur  de  son  caractère.  Douze  ambas- 
sadeurs, les  plus  illustres  et  les  plus  accrédités  parmi  les  ci- 
toyens qui  gouvernaient  alors  la  république,  furent  nommés 
au  commencement  de  novembre,  pour  se  rendre  à  Rome.  Ils 
y  entrèrent  sans  pompe,  dans  la  nuit  du  25  novembre,  et  per- 

1  Orîando  MalavoHL  P.  III,  L.  V,  f.  ^9.'~ÀltegreUo  AUegretii»  p.  wi»  -»  *  OtaiinMc 
Utoria  civlU.  h.  XXVIU,  iDtroduct.  p.  603.  —  >  ibid,  p.  603. 


DU  MOYEN   AGE.  181 

sonne  de  la  famille  du  pape  on  des  cardinaux  n*alla  aa-de- 
Tant  d'eux.  François  Sodérini,  évèqne  de  Yolterra  et  chef  de 
la  légation,  exprima  le  surlendemain,  dans  une  audience  se* 
crête,  les  r^ets  de  la  république,  sa  soumission  aux  juge- 
ments du  pape  et  son  désir  d*ètre  réconciliée  à  TÉglise.  Les 
eonditions  de  la  paix  furent  débattues  ayec  les  cardinaux  dans 
plosieurs  conférences  :  lorsqu*enfin  tout  fut  réglé  entre  eux, 
les  députés  furent  iuTités  à  se  rendre  à  la  basilique  de  Saint* 
Pierre,  le  3  décembre  1480,  premier  dimanche  de  l'avent. 
Après  qu'on  les  eut  fait  attendre  quelque  temps  sur  leporti-^ 
qae,  le  pontife  \int  au-devant  d'eux  avec  ses  cardinaux;  on 
lai  dressa  un  trône  en  avant  de  la  prindpale  entrée,  dont  les 
portes  demeurèrent  fermées  :  les  ambassadeurs,  la  tête  nue, 
se  jetèrent  alors  tous  à  ses  pieds,  et,  après  les  avoir  baisés, 
ils  restèrent  à  genoux,  confessant  qu'ils  avaient  péché  contre 
l'Église  et  contre  le  pontife,  et  implorant  sa  compassion  en  fa- 
veur du  peuple  qui  les  envoyait.  Louis  Guicdardini,  vieillard 
septuagénaire,  parla  au  nom  de  tous,  mais  à  voix  basse  et  en 
italien.  Un  notaire  apostolique  lut  ensuite  la  formule  de  con- 
fession et  les  conditions  de  la  paix.  Alors  le  pontife,  ayant 
imposé  silence,  prononça  ces  propres  paroles  :  «  Yons  avez 
«  péché,  mes  fils,  premièrement  contre  le  Seigneur  Dieu  no- 

*  tre  Sauveur,  en  tuant  cruellement  et  criminellement  l'ar- 
<"  chevèque  de  Pise  et  les  prêtres  de  Dieu  ,*  car  il  est  écrit  : 
«  Vms  ne  timcherez  point  à  mes  oints  l  Vous  avez  péché 
«  contre  le  pontife  romain,  qui  exerce  sur  la  terre  les  fonc- 
«  tions  de  N.  S.  Jésus-Christ,  car  vous  l'avez  diffamé  dans 
«  l'univers  entier.  Vous  avez  péché  contre  le  saint  ordre  des 
«  cardinaux,  en  retenant  malgré  lui  un  cardinal  légat  du 

•  Saint-Siège  apostolique.  Vous  avez  péché  contre  tout  l'ordre 
«  ecclésiastique,  en  retirant  vos  tributs  au  clergé  de  votre 
«  territoire  ;  vous  avez  été  la  cause  de  beaucoup  de  rapines, 
«  d'incendies,  de  pillages  et  de  maux  infinis,  en  n'obéissant 


'.?' 


182  HISTOIBE  DES  REPUBLIQUES  ITALIENNES 

«point  à  nos  ordres  apostoliques.  Blût  à  Dieu  que  dès  le 
«  comineiicement  tous  dissiez  Tenus  à  nous,  le  père  de  tos 
«  âmes!  alors  nous  n'aurions  point  recouru  aux  armes  de  la 
«  chair  pour  Tenger  les  injures  infligée^  à  1*  Église.  Certaine^ 
«  nement  c*èsi  à  r^et  que nôos àTons  séTi^oontre  tous;  ce- 
«  pendant  nous  aTons  dû  le  faire  pour  ^hoBnem^  de  Tiq^os^ 
«  tolat  dont  nous  sommes  diargé.  Mais  à  présent,  mes  fite, 
«  que  TOUS  reTenez  aTec  humilité,  nous  tous  reeerons  ea 
«  grâce  dans  notre  sein,  nous  tous  donnons  rahaoliition  dès 
«  erreurs  et  des  excès  que  tous  ayez  oonfessés.  Ne  péebez  pas 
«  daTantage,  me&iïhyne  faites  point  comme  les  chiem,  qui, 
«  après  avoir  été  punis,  retournent,  à  Imrs  turpitudes. 
«  Vous  aTez  éprouTé  du  reste  là  puissance  de  TÉgUse,  et  tous 
«  dcTCZ  saTOtr  combien  il  est  diùr  d*opposer  sa  tète  au  bou« 
«  cher  de  Dieu,  ou  de  Touloir  briser  sa  cuirasse  * .  « 

Après  aToir  ainsi  parlé,  le  pape  prit  des  baguettes  des 
mains  du  grand-pénitender,  et  en  frappa>  légèrement  les 
épaules  de  chaque  ambassadeur,  qui  à  chaque  coup  baissait 
la  tète,  et  répondait  par  les  Tcrsets  du  psaume  Miserere  mei. 
Domine  I  Après  cela,  ils  furent  de  nouTeau  admis  au  baiser 
des  pieds,  et  bénis  par  le  pontife  qui,  relcTé  sur  son  trône, 
fut  reporté  au  grand  autel.  Les  portes  de  F  église  furent  ou- 
vertes, et  les  ambassadeurs  y  entrèrent  orée  tous  les  assis- 
tants ;  mais  aux  conditions  du  traité  stipulées  d'aTance,  le 
pontife  ajouta,  comme  pénitence^  que  lesElorentins  arma- 
raient  à  leurs  frais  quinze  galères  pour  faire  la  guerre  aux 
Turcs  ^.  Ainsi  se  termina  la  guerre  née  de  la  conjuration  des 
Pazzi,  et  tel  fut  Torgueil  aTec  lequel  le.  pontife  punit  d*  être 
demeurés  en  Tie  ceux  qu*il  n*aTait  pas  réussi  à  faire  assas- 
siner'. 

1  Jùeobi  Vùlatemml^  iMaritan  Romanum.  L.  H,  p.  iH.  —Baynaldi  ànn^L  Scetef, 
1480,  S  40,  p.  394.  —  *  Jacoli  VoiaierranU  Diar,  Rom.  L.  II,  p.  114.  —  BaynaUL  Ann. 
Ecel  U80,  S  ^>  29*-  —  '  •'«c*  Vûiaterr,,  0lar»  fym*  p.  iis.  —  Seipiànê  àmminuô. 


DU  MOYEU   AGE.  183 

Les  Horentiafl  profitèrent  ausn  de  Teffroi  de  Ferdinand, 
et  da  besoin  qn*il  avait  d*eux  poqr  se  faire  restituer  les  for- 
teresses qne  le  due  de  Çalabre  avait  occupées  en  Toscane» 
Ferdinaiid  s*  était  engagé  envers  la  république  de  Sienne,  à  Ijui. 
céder  tontes  les  conquêtes  faites  sur  les  Florentins,  qui  se^ 
raient  en  dedanp  d*un  rayon  de  quinze  milles  pris  des  mars 
de  la  ville.  H  avait  en  effet  consigné  aux  Siennais  Mpnte» 
pomenichi,  la  Gastellina  et  San-Polo  ;  mais  il  avait  conservé 
sous  les  ordres  de  PrenzivaUe  Gennaro,  gentilhomme  napo* 
litain.  Colle  de  Yal  d'Eisa,  Poggibona^,  Poggio  impériale, 
Monte  San-Savino,  et  d* autres  places  moins  importante^. 
148 1.  —  A  la)  fin  de  mars  1481,  il  fit  livrer  aux  Florentins 
tous  les  lieux  que  Gennaro  occupait,  et  bientôt  après  il  si- 
gnifia aux  Siennais  Tordre  de  restituer  aussi  les  conquêtes  où 
eux-mêmes  avaient  mis  garnison.  Un  vif  ressentiment  rem- 
plaça dès  lors  à  Sienne  T affection  qu'on  7  avait  conservée 
'  pour  la  maison  de  Naples  *  • 

Le  pape,  qui  avait  ordonné  aux  Florentins  de  concourir  à 
la  défense  de  T  Italie  contre  les  Turcs,  voulut  7  contribuer 
aussi.  Il  fit  armer  une  flotte  dans  le  Tibre,  et  il  fit  choix  pour 
la  commander  de  celui  de  ses  prélats  qui  était  le  plus  propre, 
à  la  guerre  maritime.  C'était  ce  même  Paul  Frégoso,  arche* 
vêque  de  Gênes,  si  redoutable  comme  chef  de  parti,  que  noiu^ 
avons  vu  se  vouer  à  la  piraterie  lorsqu'il  sortit  de  la  ville 
où  il  levait  régné.  Sixte  IV  le  fit  cardinal  au  mois  de  mai  de 
l'année  1480  ^,  et  lui  donna  m  printemps  suivant  le  com- 
mandement de  s^  galères.  Paul  Frégoso  vint  joindre  Galéazi 
Garaccioli  devant  Otrante.  Déjà  le  redoutable  grand- visir 
Achmet  Giédik  avait  rassemblé  à  la  Yalonne  vingt-cinq  mille 
hommes^  qu'il  allait  transporter  à  Otrante,  pour  continuer  la^ 


L.  XXIV,  p.  146.  —  Nie.  MaechiaveUi,  L.  VIII,  p.  4lQ.  io.  MUh.  Bruti-  L.  VIT,  p.  184. 
--  «  Oriando  MaUwoUu  P.  III,  L.  V,  f.  79.  --AUegreiio  Allegretiu  l>iari  Sanesi,  p.  aoa. 
'^Diar,  Parmense.  p.  368.  —  *  Jacobl  Volaterrani,  Diùr,  Roman,  p.  122^ 


184  HISTOIRE  DES  REPUBLIQUES   ITALIEKIÏES 

conqa^ë  de  Tltalie,  lorsqu'il  reçut  la  nourelle  db  là  mort  de 
Mahomet  IT,  sarvaiue  le  3  mai  1481,  près  de  Nicom&fie, 
mort  que  suivit  au  bout  de  quelques  mois  la  guerre  civile  qui 
éclata  entre  ses  fils  Bajazet  II  et_  Jem  ou  Zizim^.  Âchmet, 
abaudonuaut  alors  tout  projet  de  conquête  sur  le  royaume  de 
Naples,  conduisit  son  armée  au  secours  de  Bajazet,  encore 
qu'il  eût  à  craindre  le  ressentiment  de  ce  prince  pour  une 
ancienne  offense.  Il  parut  devant  lui  avec  son  dmeterre  at-> 
taché  au  pommeau  de  sa  selle  ;  car  il  se  souvenait  qu'il  lui 
avait  dit  :  «  Si  tu  deviens  sultan ,  jamais  je  ne  le  tirerai  pour 
«  ta  défense.  »  Mais  lorsque  Bajazet,  l'appelant  son  père,  Fin- 
vita  à  oublier  les  fautes  de  sa  jeunesse,  Achmet  Giédik  com- 
battit les  ennemis  du  sultan  avec  sa  valeur  accoutumée  :  le 
16  juin  1482  il  vainquit  Zizim  à  Serviza,  près  d'Iconium;  il 
le  poursuivit  dans  la  Garamanie,  et  il  le  força  enfin  à  se  ré* 
fugier  à  Bhodes  ^,  Ariadeno ,  laissé  dans  Otrante  à  la  tète 
d'une  garnison  qui  ne  pouvait  plus  recevoir  de  secours,  se 
défendit  néanmoins  avec  un  grand  courage,  et  remporta  plu- 
sieurs avantages  sur  le  duc  de  Galabre  qui  l'attaquait;  [mais 
il  accepta  enfin  une  capitulation  honorable  qui  lui  fut  offerte, 
et  il  rendit  la  place  le  10  août.  Plusieurs  des  bataillons  turcs 
qui  la  défendaient  passèrent  au  service  du  duc  de  Galabre, 
et  on  les  employa  dès  lors  utilement  dans  les  guerres  d'Italie^. 
La  nouvelle  de  la  mort  de  Mahomet  II  avait  été  rapidement 
portée  à  Venise,  et  le  doge  Mocénigo  la  communiqua  le  29  mai 
à  tous  les  états  d'Italie  *.  Tous  la  regardèrent  comme  délivrant 
la  chrétienté  du  plus  grand  péril  qu'elle  eût  encore  couru; 
tous  donnèrent  un  nouvel  essor  à  des  passions  que  la  crainte 

1  Cette  guerre  civile  appartient  à  Fannée  sulrante,  Bajazet  ayant  commeiieé  par  ac- 
complir le  pèlerinage  de  La  Mecque,  pendant  lequel  il  mit  son  fils  Corcud  à  la  lêie  de 
Fempire  ottoman.  DemetrUu  Cantemir.  L.  m ,  chap.  U,  S  i  é  5,  p.  136.  —  >  MmaUê 
Twcld,  LeunclavU.  p.  3S9.  —  >  EpisioUi  Ferdinandi  ad  Xisium,  de  ldnmt9  recuperalo, 
Jttcobi  Volaterranl  Diarium  p.  146.  —  Giannone^  istor,  civile,  L.  XXVIII  ^  p.  6U.  -^ 
*  Orlando  UaUwoUi,  P.  III,  U  V,  f.  79,  •»  ^acob  Volaterranl.  L.  Il,  p.  1S4. 


DG  HOTEVr  AGS.  185 

avatt  joflqo'iddrfi  comprimées.  Mais  Sixte  IV,  pkis  qae  tons  les 
autres,  se  regàlrdant  déBOnnûs  comme  mis  à  couyert  du  seul 
danger  qui  pftt  1*  atteindre  sar  son  trône,  ne  contint  pins  dans 
aucQoe  borne  «on  ambition ,  ses  projets  de  vengeance  et  les 
pasâons  turbulentes  qu'il  avait  été  quelquefois  forcé  de  dis- 
simuler, n  commença  par  rappeler  la  flotte  qu'il  avait  en- 
voyée à  Otrante,  sous  les  ordres  de  Paul  Frégoso  :  il  ne  vou- 
lot  pmit  permettre  qu'elle  profitât  des  guerres  civiles  des 
Tares  pour  tenter  des  conquêtes  en  Orient  ^  C'était  plus  près 
délai  qu'il  voulait  employer  toutes  ses  forces,  et  il  destinait 
la  Romagne  entière  à  devenir  l'apanage  de  son  neveu  favori. 
Dès  le  4  septembre  1 480 ,  il  avait  ajouté  la  principauté  de 
Forli  à  celle  d'Imida  que  possédait  déjà  Jérôme  Riario.  Pour 
la  lui  donner,  il  l'avait  «nlevte  à  la  maison  Ordélaffi  qui  l'a- 
vmt  possédée  c^t  cinquante  ans.  Pino  des  Ordélaffi,  le  der- 
nier des  princes  de  cette  famille,  venait  de  mourir,  destinant 
son  héritage  à  un  fils  naturel  qu'il  laissait  en  bas  âge.  Ses 
deux  neveux,  Antoine*Marie  et  François-Marie,  fils  légitimes 
de  Galéotto,  frère  de  Pino,  prétendaient,  peut-être  à  plus  juste 
titre,  â  une  principauté  dont  l«ir  onde  avait  voulu  les  exclure 
en  les  exilant.  Sixte  lY  se  porta  pour  juge  de  leur  débat,  et  les 
dépouilla  tous  deux  au  profit  de  son  neveu,  sans  qu'aucune 
poissance  voi«ne  osât  réclamer  contre  cette  criante  injustice  3. 
II  ^voya  ensuite  ce  même  neveu  à  Venise  pour  resserrer  l'al- 
liance qu'il  avait  conclue  le  1 1  mai  1 480  avec  cette  puissante 
république^  et  pour  méditer  avec  elle  le  partage  de  nouveaux 
état»  3. 

Pour  subvenir  aux  guerres  qu'il  avait  soutenues,  aux  guerres 
bien  plus  importantes  encore  qu'il  projetait  pour  suffire  au 
loxe  extravagant  de  ses  neveux  et  à  celui  de  sa  propre  mai- 

»iiiwff.  ifavagiero.  p.  ttc».  —jaeob,  Vofaterr,  p.  H8-I52.  —  >  Jaeob.  YolaterranU 
tHar,  Kom.  L.  II,  p.  m.  —  mar,  Parmense,  T.  XXII ,  p.  345.  —  Marin  SùmUo,  Vite 
^Dnehl  dl  Venezia,  p  1211.  ~s  Jacobl  Volaterrani,  Dior.  Roman,  p.  i40. 


1 86  HISTOIRE  DE»  BiPDBL»|UE6i  ITALIENEES 

soD)  Siite  IV  avait  besoin  de  toates  les  Fessoiurees  de  la  fisea* 
lité,  et  il  soumettait  à  ce  systèane  son  adiiicDi8lratijO&  eeqié'- 
siastiqae  autant  qoe  la  sécalière.  Il  rendit  T^énaox  à  peu  près 
tous  les  emplois  de  la  eour  apostolique,  il  en  annonça  le  pm 
d'avance^  et  il  le  fit  ocfnnaitre  publiquement  *  •  Il  Tendit  aussi, , 
mais  un  peu  pins  en  secret,  poui^  ne  ps^  ^e  accusé  d^  simo«- 
nie,  les  plus  ridbes  bënéfiees,  et  même  qnelques  Qhftp^W)l.  de- 
eardinanx  ^.  Ilpoussa  plus  loinqu'au<^n  de  ses  pné^oesseurti 
le  soandale  da  commerce  des  indulgenees.  D'autre  part  il  e^-> 
torqua  de  l'af^aoïtde  ses^ sujets  de  Borne,  comme  souverain 
et  non  plus  comme  prdtre;  il  soumit  le  commerce  des  grains 
aub  plns^  cruel  monopole.  An  moment  de  la  récolte,  fl  achetait 
tous  les  blés  de  ses  étate  au  prix  fixe  d'un  ducat  le  rubbio  : 
lorsque  sei^  magasins  étaient  remplis^  il  causait  des  famines 
artifimelles,  tantôt  par  des  ventes  considéimblefr  qu'il  faisait 
aux  Giénois,  tant6t  par  des  passages  de  troi]qpes.  Il  ne  laissait 
sortir  aucun  blé  de  ses  magasins^  jusqu'à  ce  que  le  cours  du 
marché  se  fftt  élevé  à  quatre  on*  cinq  ducats  le  ruld>io.  Alors 
il  fixait  lui-même  le  prix  de  ses  grains,  et  ne  penpettait  plna 
aux  boulangers,  souspdne  de  priscm^  d'em]^oyer  aucun  antre 
blé  que  le  sien.  Souvent,  par  ses  manœuvres,  le  pain  manqua 
tout  à  fait  dans  ses  états.  Alors  ii  achetait  à  bas  pm  des  blé» 
de  Naples  de  la  plus  mauvaise  qnalité,  et  il  forQsyt  à  n'en  con- 
sommer aucun  antre.  On  fut  pluftd'une  fois  réduit  à  se  noor-- 
rir  d'un  pain  noir  qui,  pw  son  odeur  inleete,  annonçait  la 
corruption  du  grain  dont  il  était  fabriqué ,  et  l'on,  attribua  à 
cet  aliment  les  maladies  pestilentielles  qui  dés(4èrent  Rome, 
presque  chaque  année  pendant  tout  1&  règne  dis  Sixte  lY  '• 
Jérôme  Riario  cependant  éttùt  arrivé  k  Venise.;  il  y  avait! 


1  Raphafil  de  Voltem  en  a  conservé  la  liste  avec  les  prix,  que  Raynaldos  publie 
d'après  lui.  Ce  dernier  ose  mâme  Jeier»  A  oelte  occasion,  un  léger  l^iAine  sur  le  pape. 
Annal.  Eccleên  i48l,  S  ^»  P»  336.  ^ *  HiaxiQ  Uomano  diSufano.  Infes9urn^ T.  Ul„ 
P.  II,  p.  11&8.  —  s  Ihid.  p.  1183-1184. 


DU  MOYBH   AGE»  187 

été  reça  avee  deS'boiiiiearS'infliiis ,  et  il  lovait  été  i«$erit  m 
livre  d*<Hr  de  la:  noblesse  yénitieDoe  ^  Il  Tenait  proposer  à 
eette  répnbIiq[ue.d*attaqQer  à  frais  eommims  on  prinee  yoisÎDi 
et  depactager  ensuite  entre  eux  les  oonqiiôtes  qn*il6  feraient 
sur  kd;  la*  Seignaorie  âoit  d'autant;  pins  disposée  à  entrer 
dans  oes  projeta .  ambitieux,  que  le  pape  étût  vieux,,  que  smi 
saoeesseuE  pouvait  avoir  une  politique  différente,  et  ne  point 
songer,  à  défendre  Jérôme  Biario,  tandis  que  la  répiddique , 
forte  de  son  immortalité,  pouvait  espérer  de  recueillir  un  jour 
tout  le  fruit  des  combats  qu'ils  livreraient  ensemble.  C'était  la 
Buiison  d'Esté  que  le  pape  proposait  de  traiter  comme  il  avait 
traité  l'année  précédente  les  Ordelaffi.  Les  Yénitkns  avaient 
vu  avec  jalousie  Hercule  d'Esté  épouser  Léonore,  Me  du  roi 
Ferdinand.  Ge  mariage,  il  est  vrai,  ne  l'avait  pas  empécbéde 
combattre  son  beau-^pèa'e  dans  la  guerre  de  Florence  ;  mais 
alors  mtoie  il- s' était  rendu  suspect  d'une  entente  secrète  avee 
ses  ennemis.  Ferdinand,  toujours  irrité  contre  Venise,  pouvait 
trouver  dmis  les  forteresses  de  son  gendre  des  points  d'appui 
poor  porter  la  guerre  jusqu'au  centre  des  états  de  terre^fierme 
delà  n^ublique.  GeHe-ci,  d'autre  part,  avait  étendu  sa  do- 
mination jusqu'aux  frcmtières  du  duché  de  Milan;  pour,  la 
porter  élément  jusqu'à  celles  de  Toscane,  les  états  du  due 
de  Eerrare  devaient  Mre  envahis  ;  et  comme  une  partie  de  ces 
étatsrelevait;  delempire,  l'autre  de  Téglise,  les  confédérés  cpn- 
'Vinrent  que  la  république  de  Yenise  s'emparerait  des  praniers 
on  de  Modàne  A  de  Beggio,  et  céderait  à.  Jérôme  Biario  les.se* 
conds,  ou  le  duché  de.  Ferrare  ^  • 

Les  Yéoitîens  cherohment  des  sujets  de  querelle  an  duc  de 
tïïmm  pcoir  commencer  la  guerre  concertée  avee  Jérôme 

*  Jacobi  Volaierrani,  niarlum  nomanvm,  p.  i AZ.'-MacchUweWj  Istorie.  L.  VIIï,  p.  4  U. 
-^^  Petrl  Cijrtiœl  Clerîcl  Aleiiensis,  De  bello  FeiraHensi,  T.  XXI,  p.  it«3.  L'aotetir 
v^t  i  Venise  pendam  to«ie  eette  guerre.  —  ATic  MacMaifelU,  L.  Vlll,  p.  4i4.— Marin 
Sanuio^  Vite  û€  puchi.  p  1214.—».  Ant,  Sa&ci/ico.  Deçà  IV,  L.  I,  f.  22».— Bcm.  Corto. 

^•vr,p.iooi» 


18à  HISTOIRE  DES  REPUBLIQUES  ITALIElirNES 

Riario  et  le  pape.  Ils  avaient  avec  lai  quelques  contestations 
sur  retendue  de  leurs  frontières,  et  se  faisant  justioe  par  eux- 
mêmes,  ils  avaient  bâti  troi^  redoutes  sur  le  terrain  même  da 
duc.  Us  nommaient  un  juge  vénitien  qui  résidait  à  Ferrare 
avec  le  titre  de  vidame,  pour  rendre  justice  à  ceux  de  leurs 
sujets  qui  habitaient  les  états  de  la  maison  d'Esté.  La  juridic- 
tion de  ce  vidame  avait  aussi  donné  lieu  à  des  différends  entre 
les  deux  gouvernements.  Enfin,  la  république,  comme  sou- 
veraine des  lagunes ,  prétendait  avoir  droit  au  monopole  du 
sèl  ;  elle  ne  voulait  point  permettre  aux  habitants  de  Ferrare 
de  recueillir  celui  même  qui  était  déposé  par  la  mer  sur  leur 
territoire,  et  elle  se  plaignait,  comme  d'une  infraction  aux 
traités,  de  toutes  les  tentatives  des  sujets  de  la  maison  d*Este 
pour  profiter  de  leurs  marais  salants.  Le  duc  de  Ferrare,  sen- 
tant sa  faiblesse,  avait  offert  de  donner  au  sénat  satisfaction 
entière  sur  chacun  de  ces  griefs.  En  même  temps,  il  avait  in- 
voqué la  protection  du  pape,  son  suzerain,  ne  sachant  pas  en* 
core  qu'il  devait  le  regarder  comme  son  principal  ennemi. 

1482.  —  Cependant,  quelques  efforts  que  fit  Hercule  d'Esté 
pour  apaiser  les  Yénitiens  et  se  réconcilier  avec  eux,  il  ne  put 
éviter  que  la  guerre  lui  fût  déclarée  le  3  mai  1482,  au  nom 
du  doge  Jean  Mocénigo  et  de  la  république  de  Venise,  comme 
au  nom  du  pape  Sixte  lY  et  de  Jérôme  Biario ,  seigneur  de 
Forli  et  d'Imola.  Dans  la  même  ligue  on  vit  encore  entrer 
Guillaume,  marquis  de  Montferrat,  la  république  de  Gènes, 
et  Piérre-Bfarie  de  Rossi,  comte  de  San-Secondo  dans  Fétat  de 
Parme.  D'autre  part,  le  roi  Ferdinand,  le  duc  de  Milan  et  les 
Florentins,  après  avoir  inutilement  tenté  de  détourna  Sixte  lY 
de  cette  guerre  injuste ,  rappelèrent  leurs  ambassadeurs ,  qui 
partirent  de  Rome  le  14  mai.  Ils' déclarèrent  qu'ils  défen- 
draient le  duo  de  Ferrare ,  et  ils  admirent  encore  à  leur  al- 
liance Frédéric,  marquis  de  Mantoue  ;  Jean  Bentivoglio,  chef 
de  la  république  de  Bologne,  et  la  maison  Golonna,  qui  reçut 


DU  MOTER   AG£.  189 

gârniâoa  napolitaioe  dans  ses  flefis  de  Marino  et  de  Genazzano, 
presque  aax  portes  de  Rome  i. 

L'Italie  se  trouyait  ainsi  divisée  en  deux  grandes  lignes  :  la 
guerre  éclata  partout  en  même  temps,  et  elle  fat  d'autant 
plus  ruineuse  pour  les  peuples ,  que  de  plus  petits  seigneurs 
ayaient  été  admis  à  T  alliance  des  grandes  puissances.  Dans 
Tétat  de  relise,  les  Golonna  sortaient  de  leurs  chftteaux-forts, 
pour  porter  le  ravage  dans  les  campagnes  voisines;  et  les  rues 
mêmes  de  Borne  étaient  souvent  ensanglantées  par  des  com- 
bats. Les  SaveUi  s'étaient  joints  à  eux ,  tandis  que  les  Orsini, 
n^éooutant  que  leur  antique  haine  pour  ces  deux  maisons, 
avaient  embrassé  la  cause  du  pape.  A  peu  de  distance  de  là, 
les  Florentins  avaient  rétabli ,  les  armes  à  la  main  ,  Micola3 
Yitdli  dans  sa  seigneurie  de  Città  di  Gastello,  et  en  avaient 
chassé  Lorenzo  Giustini,  créature  du  pape,  qui,  pour  se  ven- 
%&c ,  ravageait  les  campagnes.  Enfin  le  duc  de  Galabre ,  qui 
avec  l'armée  napolitaine  avait  voulu  porter  du.  secours  à  son 
beau-fr^eje  duc  de  Ferrare,  s'était  trouvé  arrêté  dans  l'état 
de  B<»ne  par  T  armée  pontificale  ;  et  il  contribuait  de  son  côté 
à  dévaster  le  patrimoine  de  Saint-Pierre^.  En  Homagne,  Jean 
Bentivoglio  se  trouvait ,  avec  les  Bolonais ,  opposé  à  Jérôme 
Biario  ;  Ibletto  de  Fieschi ,  descendu  des  montagnes  de  la 
Ligurie,  ravageait  les  frontières  milanaises  ;  Pierre-Marie  des 
Rossi ,  auquel  les  Vénitiens  accordaient  un  subside  annuel  de 
vingt  mille  florins  pour  troubler  le  gouvernement  de  Milan 
dans  l'état  de  Parme,  portait  la  désolation  autour  de  ses  nom- 
breux châteaux.  Il  soutint  dans  Torre-Chiara,  Noceto,  Berceto 
et  Preda  Balda,  des  sièges  obstinés,  et  lorsqu'il  mourut  à 
Torre-Chiara,  le  V'  septembre  1482,  à  l'âge  de  quatre-vingts 

^  PeM  Cymœi,.De  bello  FerrtaienH,  p.  ii 95-1201.  -^JacoH  VoUuemmi,  Wat.  hxh 
mon.  p.  i7i-i7ii.<-iMfirio  Homaiio  diStefanolnffssura.  T.  UI,  P.  U,  p«  ii49.  ->  *  Soi" 
Pfone  Ammirato. L.  XXV,  p.  149.  —  Andr,  EliwagierOy  Stor.  Veneu,  p.  iiTi.  ~  Aie, 
MticchiaveUk  K  VUI,  p.  iie.—mariodi  Homa,  del«ouàodi  UrnUporto.!.  III,  P.  II, 

«C.  UqL  p.  1071. 


jr^ 


190  HISTOIRE  DBS  BEFtJBLIQUlS  ITALIENUXS 

ans  y  il  fat  remplacé  par  son  fllsGoido  deBoÉn,  qûiiMiitra 
pour  la  mènie  cause  la  même  obetîiiàtion  et  la  même  orateur  * . 
Mais  la  guenre  prhieipale  était  cependant  eelle  qui  ae  faviait 
isur  les  frontières  du.Ferrarais.  Elle  présentait,  par  la  nalaie 
du  pays,  un  genre  de  diffiooltés  que  les  soldats  smè  peu  aeco»- 
tumés  à  surmonter.  Presque  toute  la  campagne  lâknée  cntse 
Bavenne ,  TeflJse  et  Ferrare,  est  coupée  par  d'innoaibndides 
canaux,  ou  inondée  par  des  eaux  stagnantes.  Tous  les  fltnves 
qui  descendent  du  Taste  amphithéâtre  quetomentrApe&nin 
et  la  longive  chaîne  des  Alpes  se  rémûsseatà  reoLtrémitéde 
la  mer  Adriatique.  Le  gracier  et  le  Iknon  ^*iis  «eulralnent 
îles  montagnes  rehaussent  lemt  lit,  enoembrent  leur  embouh 
dHfure,  les  forcent  à  se  couper  par  des  milliers  d'Ues,  et  les  re^ 
versent  enfin  dans  de  castes  lagunes,  qui  ont  trop  pen  de 
fond  pour  qu'on  puisse  les  franchir  dans  des  lialeanx ,  et  qui 
sont  cependant;  U*op  .inondées  pour  que  des  iMmunes  oq  dés 
:^Taux  putesent  s'y  engager.  La  route  de  Bdogne  à  Eerrars 
tnnf^^^une  partie  de  ces  marais,  et  là  même  Vœil  n'y  dé* 
couirre  point  de  limites  ;  d'aoti«s,  bien  plus  oonsîAértdbtes, 
«^étendent  auHlessoos  de  Roirigo,  autour  deStesola,  d'Adria, 
de  Gomacdno,  petites  bittes  qui,  comme  Venise,  Sr'élèYent  an 


i  Lt  gnerte  de  Plefre-llarle  de  Rossi  est  racontée  avec  une^flttUdleuse  ndoiAie  duii 
tel  }oiiniaude  Pamoy  coniKHés  paruo ptrtiMa  de ceUftinMMMi(a8P.ifa/.  T.  XXII, 
p.  379-898).  Ces  Joarnaux  flniisent  avec  rannée  1482.  Ils  sont  écrits  dans  nn  latin  bar- 
bare, remplis  de  contes  populaires,  et  de  circonstances  ninatieases  sur  l'admiiiistrft- 
iioD  de  la  iusiioe  ;  mais  Us  font  assez  bien  connaître  Tanarcbio  des  pays  gpuvei;Bé8  an 
nom  du  duc  de  Milan,  les  brigandages  continuels  auxquels  ils  étaient  exposés,  et  fim- 
possibilité  où  étaient  les  Citoyens  d'y  obtenir  aucune  Justice.  Tons  ces  détails  échap- 
pent à  llûsioire,  parce  fuHls  ne  sont  relevés  par  aucun  grand  irait,  parce  qu'^acuBa 
vertu,  aucun  sentiment  généreux  ne  réveille  l'iniérét  dans  ces  petites  villes,  une  fois 
qu'elles  ont  perds  leur  liberté;  mais  lorsqu'on  a  le  courage  de  lire  josqi/au  bout  de 
pareils  Journaux,  on  reste  convaincu  que  le  silence  des  bistoriens  sur  le  sort  des  peu- 
ples esdavasninâiqae  ni  leur  bonheur  ni  leor  sûreté.  Les  Partnsians  éprouvaient,  à 
cette  époqoe,  tons  les  troubles  de  la  république  la  iita»  laetieuse,  sans  en  dtredédooar 
mages  par  aucun  sentiment  noble  et  étevé,  eans  avoir  uno  volonté  qui  fAt  à  «s,  aans 
oéritor  «aQn  -que  Pblktorien,  en  voyait  tours  asiiffranocs,  s'aMélâl  pour  iei  rap- 
peler. 


DtJ  MonSN  AGE.  191 

nâHed  àm  eaot.  Les  iles  formées  par  T  Adige,  le  Vày  le  Tàrtara, 
6D&t  appelées  des  Poléshies.  L'ane  des  plus  grandes  et  des 
plQ6  fertiles  est  celle  de  Sovigo ,  qui  est  baignée  en  même 
tefiips  par  l' Adige  et  Id  P6,  et  eoopée  par  de  nombreax  ca- 
TLMt.  Laeonqnétede  eesPdésines,  la  conquête  de  ces  grosses 
biMiTgades  qoi  hélèrent  an  milieu  de  ces  immenses  marais, 
étâtH  une  entreprise  rîi^Uèrement  difficile  ^ .  Les  Vénitiens  la 
tentèrent  sous  là  direction  d'nn  général  qn*on  aurait  dû  s'at- 
tendre à  Toir  dans  le  parti  opposé. 

rhomme  qu'Us  mirent  i  la  tète  de  leurs  armées  fut  ce 
même  Robert  de  Sati-*Sévérlno,  qui,  moins  de  trois  ans  aupam* 
timt,  avait,  par  son  heureuse  hardiesse,  plaeé  Louis-le-Maure 
à  la  tête  de  la  i^nce  de  Milan.  Soit  qu'un  si  grand  service 
foi  inspir&t  des  prétentions  exagérées,  soit  que  le  régent  de 
Hâan  troQTêt  toute  reconnaissance  onéreuse,  Robert  de  ftam- 
Sé^âîno  f ut  déclaré  rebelle,  le  27  janvier  1482,  aussi  lûen 
^t  ses  «ept  flis,  tous  en  état  de  porter  les  armes.  Il  occupait 
alors  le  chàcteau  neuf  de  Tortone;  il  en  sortit  avec  quatre- 
vii^  imvaliers  et  un  grand  nombre  de  gens  de  pied  ;  et,  s'pu- 
vrant  un  passage  au  travers  d'une  petite  armée  milanaise  qui 
^nait  l'assiéger,  il  gagna  les  montagnes  de  Gênes  ;  de  là  il 
s'empressa  de  passer  à  Venise,  pour  offrir  ses  services  à  une 
îépoblique  qui  faisait  la  guerre  à  son  ingrat  assodé  ^. 

San-SéVérino  ne  démentit  point  sa  r^utation  dans  cette 
campagne  difficile,  encore  que  la  nature  du  terrain  ne  lui 
permtt  ni  marches  rapides,  ni  batailles,  ni  actions  d'éclat. 
Pour  attaquer  les  Polésines,  il  employa  tour  à  tour  les  ba- 
teaux et  ï  infanterie  ;  tantôt  il  formait  des  tranchées  tivec  des 
fagots,  au  travers  des  lacs  du  Tartaro,  entre  Legnago  et  Ro- 
^igo;  et  c'est  ainsi  que  plusieurs  de  ses  capitaines  is*empa« 
rèrent  de  Mellaria ,  de  Trécento  et  de  Brigantino  ^  ;  tantôt  il 

*  Jf.  Ant,  SabelUeo.  Deçà  W,  L.  I,  f.  230-231.  —  *  Alberii  de  tUtpaUa^  Annai,  Placmi, 
T.  XX,  p,  wu^^ SabelUco,  Deçà  IV,  L.  i,  f.  23i«  v, 


192  mSTOlEE  D£S  EfPUBUQUlSS  ITALIEKBISS 

faisait  ayanoer  par  les  bouches  du  Pô  de  petite  bàtimepto^ipi 
demandaient  peu  de  fond  ;  c*est  ainsi  qpae  Damiaao  lléro  i^ 
Adria,  qu'il  pilla  avec  une  extjréine  cnioutë,  et  dpst  il  mat- 
sacra  une  partie  des  habitants.  Les  soldats  de  la  républîQae» 
longtemps  engagés  dans  ]a  guerre  contre  les  Tores,  appor- 
taient en  Italie  les  habitudes  de  férocité  qu'ils  aTcâait  contrae- 
tées  dans  ces  combats  à  outrance.  Bamiano  MorQ  prit  enecHEe 
Gomacchio,  et  emporta  de  force  les  trois  redoutes  que  le  dnc 
de  Ferrare  avait  fait  élever  sçr  le  Pô,  à  P^bosellft  ^ 

Le  commandement  de  l'année  que  la  ligue  avait  envoyée 
dans  le .  Ferrarais  pour  défendre  le  due  H^rwle»  avait  été 
confié  à  Frédéric  de.  Montéfeltro,  di|0  d'Url^^  Mais,  sait 
que  ce  capitaine  illustre  fût  affaibli  par  l'âge,  ou^'il  eédàtÀ 
la  supériorité  de  San-Sévérino,  il  parut  avoir  du4ésavwtPgc 
dans  toute  la  campagpe.  Au  reste,  quoique  les  deux  arm^ 
fussent  nombreuses,  de  part  et  d'autre  on  ne  1^  fttiagur  qie 
par  corps  détachés ,  pour  de  petites  expéditions^  Ghaqiie 
parti,  séparé  de  tous  les  autres  par  des  maraûi,  ou  .par  4w 
canaux  et  des  rivières,  sur  lesquels  on  n'avait  point  encore 
l'art  de  jeter  promptement  des'  ppnts,,  devait  se,  eoiidiiire 
d'après  ses  propres  convenances,  et  sans  suivre  un  p^  gé- 
.  néral.  .     ;  . 

Dans  cette  guerre,  le  fer  des  ennemis  était  moins  redouta- 
ble que  le  climat  meurtrier  qu'il  fallait .  braver  au  milieu  des 
marais.  Aussi  la  mortalité  fut  effrayante  parmi  1^  soldatf , 
parmi  les  paysans  employés  aux  corvées,  et  même  pansai  les 
officiers  supérieurs.  Les  Vénitiens  seuls  perdirent  trois  géné- 
raux en  che&,  Pierre  Trivisani,  Lorédano  et  Damiano  Moco. 
On  assura  que  les  fièvres  pestilentielles  avaient  emporta  plfs 
de  vingt  mille  personnes  entre  les  deux  armées  ^ . 

Le  dnc  Hercule  lui-même  tomba  grièvement  malade,  w 

>  Sabellico,  Deçà  Iv,  L.  L  f,  232.  —  *  IbHll,  U  333,  t.. 


DD  MOYEN   AGE.  193 

dMMnent  où  H  aurait  en  besoin  de  toute  sa  force  et  de  toute 
sa.  présence  d'esprit  pour  se  défendre.  Cependant  sa  femme, 
LéoQore  d'Aragon,  suppléa  par  son  courage  à  tout  ce  qu*on 
devait  attendre  de  lui.  Elle  Youlait  réyeiller  le  %èle  de  ses  su- 
jets pour  la  maison  d'Esté,  par  tous  les  moyens  qui  pouvaient 
agir  sur  leur  imagination,  et  elle  essaya  aussi  de  l'enthou- 
siasme rd^;ienx.  Elle  fit  venir  de  Bologne  un  ermite,  qui, 
dana  ses  prédications,  encourageait  le  peuple  à  combattre, 
comme  dans  une  guerre  sacr^.  Cet  ermite  prêcha  huit  fois  de 
suite  devant  une  assemblée  toujours  plus  nombreuse.  Lors- 
que les  Ferrarais  commençaient  enfin  à  s'animer  par  ses  dis- 
cours, il  déclara  qu'il  allait  créer  une  flotte  de  douze  galions, 
qui  mettrait  en  déroute  l'armée  vénitienne  occupée  au  siège 
de  Figbemolo.  La  ville  entière  écouta  cette  promesse  avec 
étonnement  :  le  bon  ermite  seul  ne  doutait  pas  d*avoir  le 
pouvoir  des  miracles.  Au  jour  fixé,  il  déploya  du  haut  de  sa 
diaire,  dans  la  cathédrale,  douze  drapeaux  surmontés  de 
croix,  sur  lesquels  étaient  peints  Jésus-Christ,  la  Vierge  et 
quarante  saints.  Il  descendit  alors  au  milieu  de  son  troupeau  ; 
il  fit  porter  ses  drapeaux  devant  lui,  et  sortit  de  la  ville,  ac- 
compagné par  tout  le  peuple.  Il  suivit  la  rive  droite  du  Pô, 
pour  arriver  au  camp  de  la  Stellata,  d'où  il  voulait  adresser 
un  sermon  à  Bobert  de  San-Sévérino,  campé  sur  la  rive  op- 
posée. Tout  le  long  du  chemin  il  avait  chanté  des  oraisons  et 
des  antiennes,  auxquelles  le  peuple  répondait.  Frédéric  d'Ur- 
bln,  en  voyant  arriver  cette  étrange  procession,  se  prit  à  rire; 
il  comprit  qu'il  n'y  avait  aucun  parti  à  tirer  d'un  homme 
aveuglé  le  premier  par  sa  crédule  superstition,  et  qui  comp- 
tait, pour  obtenir  la  victoire,  sur  ses  images  miraculeuses, 
non  sur  l'enthousiasme  qu'on  lui  demandait  de  communiquer 
aux  soldats.  «  Mon  père,  lui  dit-il,  lesYénitiens  ne  sont  point 
«  possédés  du  diable  ;  au  lieu  de  les  exorciser,  retournez  à 
«  Ferrare,  et  dites  à  madame  Éléohore  que  c'est  d'argent, 

vu.  13 


194  HISTOIRE   DES  ^PUBLIQUES   ITALIENNES 

«^  d*airtiUerie  et  $i'|i.oxpines,  non'  de  pri^r^,  gijie  upps  ayqps 
«  besoiq  pour  chasser  le9  eaiiemis.  »  L  ermite,  I9  tête  basse, 
s'en  retourna  à  Ferrare  avec  ses  drapeaux  ' .  Cependant  Fi- 
gheruolo  fut  pris  le  29  juin,  après  cincjuante  ^pors  de  çiége?. 
Leudénara  et  la  Badia  le  furent  aussi^  ^^ovigo  enfia|  c(^pit4le 
du  Polésine,  et  ancien  patrimoine  de  1^  maison  4^^!p'  .^ 
rendit  à  son  tour  le  17  août'.  .     . , 

Sur  ces  entrefaites  le  duc  de  Galabre  était  ^ntf^  da^sl^lat 
romain,  avec  V  armée  napolitaine  (ju*il  yopiailj  coi{(]uire  à. 
Ferrare.  Le  pape  lui  avait  d* abord  opposé  Jérôme  Biario, 
qnUl  avait  nomm^  ^onfalonier  de  TÉglise;  mais  ne  se  ^ant 
pas  pleinement  à  la  capacité  de  son  neveu,  il  avait  de^ns^n^j^ 
aux  Vénitiens  et  obtenu  d'eux  Repart  Malatest^  ^ui  i^tqit 
venu  renforcer  son  armée  avec  deux  mi^e  cpa^re  çepts  €^67 
vaux,  et  qui  en  avait  pris  le  commandemefit.  Malatesti  passait 
pour  un  dés  meilleurs  généraux  du  siècl^  ;  il  forç^  1^  duc  de 
Calabre  à  accepter  la  bataille  le  ^i  août,  à  Gampo-liiof.to 
près  de  Vellétri^  11  avait  dans  son  aqnée  J.ean-Jacquf^  ^}9Pr. 
nino,  iils  de  celui  que  Ferdinand  avait  fait  périr  d*une  ma- 
nière si  perfide;  il  T appela  à  la  tète  de  ses  troupes  :  il  lui  dit 
qûé  le  moment  était  venu  de  venger  la  mort  de  son  père,  tué 
en  trahison  par  son  hôte  ;  il  lui  confia  en  même  temps  le  couçi- 
mandement  de  l'aile  droite,  qui  devait  la  preiaj^e  attaquer 
les  Napolitains.  La  valeur  et  le  ressentiment  de  pccinino,  et 
des  soldats  de  son  père  qu'il  avait  avec  lui,  contribuèrent 
beaucoup  à  la  victoire*.  Elle  fut  vivement  dispu^^jj  on 
combattît  de  part  et  d'autre  avec  un  acharnement  peu  cpip- 
mun  dans  les  guerres  d'Italie;  plus  de  mille  morts  demeurè- 
rent sur  le  champ  de  bataille,  ce  qui  était  beaucoup  poyr  des 

«  Marin  SanutQ.  Vite  de'  MuM  di  Vene%ia.  p.  1318.  -^<  Peiri  Cyrnœi  De  bello  Fer' 
rariemi.  p.  1202.  —  Andréa  Navagiero,  Stor.  Venez,  p.  ii74 — ^ib.  de  Rtpalta^  Ann. 
Plùeent.  p  966.  —  Jf.'-^.  SahelHco.  Deçà  IV,  L.  I,  f  233.  —  *  i^arin  Sanuio.p.  1220.— 
*  AUf.  de  MpqUa.  Min.  Ptoc«nili|l.  T,  XX,  p.  967. 


armées  peu  nombreasea,  f\  des  copibaUaDto.  tout  revêtus  fid 
fer.  Enfin,  les  Napplitain^  fièrent  mis  çp  c^oijite;  le  duc  d« 
Calabre  fut  çauvé  j^ar  les  Turcs  qu*il  avait  pris  ^  son  service  h 
Otrante,  et  qui  combattirent  vaillammi^nt  pour  hii  )  vkfM 
Bobert  Malate^ti  lui  fit  un  grand  nombre  de  prif^piersi 
parmi  lesquels  se  trouvèrent  trois  cent  soixante  g)Bnti)shomn 
laes  * .  Quçlqu^  compagnies  de  Turcs  fuijçnt  a^ussi  enveloppées, 
et  posèrent  les  arçiea  ;  bientôt  on  les  leur  rendij^  pour  les  fmff 
entrer  au  service  du.  pape;  elles  furent 4ès  Ipf^  employées  i| 
fiome  pour  contenir  }e  peuple  dans  les  fètjBs  et  les  cérémonM^ 
l^iibliq[ues,  et  il  ne  parait  point  qu'on  ait  essaya  de  les  con** 
vertir^. 

Ensuite  de  la  victoire  de  Campo*BIor.to,  p|usieuf«i  d^  çl^^^ 
teaux  des  Colonna,  où  les  Napolitains  avaient  gfirnis^Oi  forint 
repris  pari*  armée  de  rÉgUse  ;  mais  on  ne  permit  pas  à  Bobert 
Malatesti  de  pouESuivre  longtemps  aes  avantages  :  rappelé  à^ 
Rome,  il  y  mourut  le  10  ou  le  U  septembre',  mo^ns  d'un, 
mois  après  sa  victoire^  et  le  comte  Jérôme  Biario  fut  violem-; 
ment  soupçonné  de  l'avoir  empoisonné.  Ce  comte  et  toute  la. 
çoor  de  Rome  ne  dissin(iulèrent  point  la  jpie  qu'ils  éprouvaiei^t 
de  cette  mort.  Aucune  récompense ,  disait  Riario,.  aauraij;; 
parii  suffisante  à  l'ambition  de  Bobert,  el  cepx  àqii^  il  avjsiit 
rendu  service  auraient  dû  porter  tput  le  {)oi4$  de^  ^n  arrp';- 
g^çe.  On  lui  éleva  cependant  unç  statue  de  brp^ze  à  Bome, . 
avec  lés,  mots  de  César,  Veni^  vidi,  mci,  pour  insfçmption.  Mais» 
en  mènoie  tçmpf  Jérôme  Biar|o  s'approcha  de  Bimini,  pour. 
enlever  cette  ville  à  la  maison,  Mfilatesti,  Bobert,  qui  était  âgé, 
de  quarante  ans  lorsqu'il  mourut ,, n'avait  point  d'enfants  de, 

• 

^Diarium  Romanum,  Stefani  infesêurœ,  T.  m,  P.  H»  p.  1156.  (Cette  partie  est  en 
latin.;  Diario  di  homo^  del  ^uUo  di  lHaalàpBHQ.  T.  U1».P.  II«  p.  lOTT.  ^JQC  Vokae^ 
rani,  Diar.  Roman,  p.  iiif-^^eiHCynMiDp  fisifo  F&rari^ns.  p.  19^4— 4ii((f'.  Ifth' 
voajçrQ  p.  ti70.r-  tfqriiii  Sanutç.  p.  12^.  --.  M,  4.  nubtUlco,  Du  IV,  !..  i,f.  aii»  -« 
^lOM  Amfniri^o,  U  XXY^p^  (il.— 4(qAQ/UiKe/tt,  U  Vl^,  p. iâ7«  —  *  MoN*  dH^ 
^oiQio  di  Nantiporto.  p.  1OT8-108I. 

tV 


t96  HISTOIRB  DES  BÉPUBLIQUK  ITALIEHIIES 

sa  femme,  fille  de  Frédéric,  doc  <f  Urfcin.  Il  laissait  sealemenit 
im  filB  natord,  Pandolfe,  aaqael  il  destinall  sa  soccession, 
d'après  le  droit  reçu  dans  la  maison  Mafailesti,  oùrhéritage 
ayait  presque  tonjonrs  été  transmis  de  bâtards  en  bâtards.  En 
mourant ,  il  confia  ce  fils  à  la  protection  de  son  bean-père  le 
doc  dUrbin,  quoique  cehii-ci  commandât  l'armée  ennemie. 
Mais,  par  une  singulière  fatalité,  le  duc  d^Urbin  mouirot  le 
menue  jour  à  Ferrare ,  en  recommandant  à  son  gendre  la  dé^ 
fense  de  sa  famille,  et  lui  demandant  son  amitié  pour  son  fils 
GuidTbaldo,  qui  deTait  lui  succéder.  La  femme  de  Robert 
reçut  en  même  temps,  à  Bimini ,  la  nouvelfe  de  la  mort  de 
son  père  et  de  son  mari ,  et  die  trouva  dans  les  Florentins, 
que  ce  mari  Tenait  de  combattre,  une  protection  contre  r%lise 
pour  laquelle  il  avait  vaincu  *. 

Tout  semblait  prospâ*er  à  la  ligue  du  pape  et  des  Vénitiens  ; 
4;ar,  pendant  que  le  duc  de  Galabre  était  battu  à  Gampo^Mor*^ 
to,  Robert  de  San-Sévérino  avait  passé  le  Pô  devant  Fetrai^e; 
il  avait  fortifié  le  pont  qu'il  avait  jeté  sur  le  fleuve,  et  il  s'était 
emparé  du  parc  que  Borso  d'Esté  avait  formé  et  entouré  de 
murs,  à  un  mille  de  sa  capitale.  Cette  enceinte ,  plantée  de 
bosquets  charmants,  coupée  de  canaux  et  de  pièces  d'èau ,  et 
remplie  de  bêtes  fauves ,  avait  été  dévastée  par  les  enneâiis. 
Entre  elle  et  le  pont ,  ils  avaient  élevé  un  fort ,  dont  les  bas^ 
tions  et  les  ravelins  étaient  entourés  de  larges  fossés,  en  sorte 
que  les  assaillants  étaient  protégés  par  une  citadelle,  dans  leurs 
déprédations,  jusqu'aux  portes  de  la  ville  >•  Les  Florentins, 
découragés  par  tant  de  mauvais  succès;  semblaient  prêts  à  se 
retirer  de  la  ligue.  Gostaozo  Sforza,  qu'ils  avaient  appelé  pour 
être  leur  général,  n'avait  jamais  pu  se  résoudre  à  sortir  des 

t  MacehiaveltL  L.VIir,  p.  4i9.  —  56fp{one  Ammirato.  L.  XXV,  p.  153.  ^Jacohi  Vo- 
iatetrani  Dior.  Homan,  p.  it9, -^Andr.  Navagiero,  Slor.  Venez,  p.  iiTT.  —  Stefano 
infenwa,  Dlar.  Kontan.  p.  iiS7.— Santtfo,  Vite  de*  mehi.  p.  1234  —  Diorio  Hanumo 
àeiNvtùlê  di  «amipoHo.  p.  lois.  —  àlUgf»  ^ttegretti  Diari  SanesU  p.  8ii.  —  *  tf.  A, 
SoMAco.  D.  IV»  L.  I,  f .  23f ,  T. 


.00  HOUH  A0S.  197 

loars  de  Pësaro  *  •  Mais  pendant  que  les  Vénitteni  se  oroy aient 
assarés  de  partagée  bientôt  leors  cooiiuâteB,  le  pape  «TaHKléjà 
esatamé  une  négooîatkm  secrète  atec  Ferdinand.  Le  1 4  octo-* 
hre ,  il  lui  envoya  à  Naples  le  cardinal  de  ^int*Pierre  ad 
mncula..li  âemble  qu'il  se  sentit  alarmé  de  T agrandissement 
des  Yéaiti»s  sur  les  frontières  de  Tâiat  de  l'É^îse,  qu'il  com* 
prit  que, leur  ambition  ne  respecterait  pas  longtemps  le  traité 
de  partage  négocié  avec  eux ,  et  peut-^étre  aussi  que  Jérème 
Biario  avait  déjà  éprouvé  de  kur  part  quelque  mortificatioQ. 
Duiomos  parut^il  empressé  de  détruire  l'ouvrage  auquel  il 
avait  travaillé  jusqu'alors  avec  tant  d'ardeur.  L'une  et  l'autre 
armée  apprit  avec  un  ^al  étonnement  qu'une  trêve  avmt  été 
coneloe,  le  28  novembre,  entre  le  pape  et  Ferdmand.  £lle  fut 
bientôt  suivie  d'une  paix  signée  à  Rome,  le  1 2  décembre,  dans 
la  <;hambre  même  du  pape.  Ce  traité  de  paix  portait  la  garimtîe 
de  l'état  du  duc  de  Ferrare,  la  restitution  de  toutes  les  eon* 
([oètes  faites  de  part  [et  d'autre,  une  alliance  |pour  vingt  ans 
entne  tontes  les  parties  contractantes ,  alliance  dans  laqu^ 
les  Vénitieiis  eux-»mémes  ^raient  admis,  pourvu  qu'ils  y  aooé» 
daseent  avant  l'expiration  de  trente  jeurs  ;  enfin  un  snbside 
aanuel  de  quarante  mille  florins  d'or,  que  les  alliés  devaient 
payer  en  commun  au  comte  Jérôme  Riario ,  à  titre  de  soldée. 
Les  différends  entre  les  Florentins  et  le  pape  étaient  r^oûs  à 
l'arlHtrage  des  ambassadeurs  d'Espagne  ^. 

Sâte  lY  mit,  à  l'acoomplissement  des  conditions  de  cette 
nouvelle  alliance,  la  même  impétuorité  avec  laquelle  il  s'étut 
^agé  dans  la  précédente.  Il  écrivit  immédiatement  au  doge 
devise,  pour  le  sommer  d'accéder  à  la  pacification  de 
f  Italie,  de  restituer  ses  conquêtes,  et  de  s'abstenir  de  tour- 
menter davantage  la  ville  de  Ferrare  qui  relevait  du  Saint- 


^Scifione  Anmirato.  L.  XXV,  p.  iss.  —  *  Jacob,  voltuenanï  DUv.  Boman.  p.  i8t. 
"WaHodiSiomadelNoiaio  diNanUporto.t.  ^il,  P.  II,  p.  f090.*-jraecMave^/<.  L.  Vlii, 
p.  4!».—  Marin  Sanuio,  Vite  de'  Duchi  p.  12!15. 


198  HISTOIBE   DES   RÉPUBLiQUES  ITALIENlilES 

iSitége,  et  qtte  Sixte  ptenait  sous  sa  protection  immédiate  ^ . 
Efr  même  temps,  il  écrivit  au  duc  de  Ferrare  pour  l'assurer 
que  sa  réconciliation  était  sincère  ;  il  écrivit  aux  Ferrarais 
pour  les  exhorter  à  une  vigoureuse  défense,  aux  Bolonais  et 
à  Jean  Bentivoglio,  pour  l'es  exciter  à  soutenir  la  maison 
tf  Este  ^.  Avant  de  pouvoir  recevoir  une  réponse  du  sénat  de 
Yenise,  il  permit  au  duc  de  Calabre  de  traverser  le  territoire 
de  FÉglise  pour  se  rendre  à  Ferrare,  et  il  lui  laissa  engager  à 
sdti  service  Tirginio  Orsini,  et  plusieurs  autres  capitaines, 
^i  étaient  auparavant  dans  F  armée  de  FÉglise,  et  qui  par- 
tirent dé  Rotiié  le  30  décembre  ^.  1483.  —Enfin,  le  10  jan- 
"Wer  1 483,  iladrè^ë  à  Fempercur  et  à  touls  les  princes  deFÉu- 
fope,  une  sorte  de  manifeste  contre  les  Yénitiens  ;  il  les  accusa 
ff  une  coupable  obstination  à  continuer  ta  guerre  ;  il  promit 
dé  les  en  punir  par  toutes  les  peines  ecclésiastiques  en  son 
potitoir  ;  et  en  è^et,  le  10  juin  suivant,  il  frappa  les  chefs  de 
la  tét>ubliqtte  d'excommunication,  et  tout  son  territoire  cFin- 
lerdlt^ 

'  Lès  Yénitieiis  virent  avec  autant  d*indigna(ibû  que  de  sur- 
prise le  pape  punir  en  eux,  comme  un  crime,  ta  guerre  même 
à  laquelle  il  les  avait  encouragés,  et  ^à'!l  avait  soutenue  de 
oobcert  avec  eux.  Ils  rappelèrent  de  Rome  feur  ambassadeur, 
Frienïçois  Diêdo,  et  ils  se  préparèreAlS  seuls  à  tenir  tète  à  toute 
F  Italie  '.  Un  congrès  de  leuré  ennemis  avait  éié  assemblé  à[ 
Criâbotiè,  1è  dernfèr  jour  de  février,  sons  la  présidence  de 
François  de  Gonzague,  <;ardina{  de  Mantoue  et  légat  du  pape. 
Mj  s'étaient  réunis^  Ns  duc  de  Éalabre,  fe  duc  de  Ferrare, 
Louis  Sforza^-td-lÉta^,  régentf  de  Milan,  avec  dieux  dé  ses 
frètes  i  Laurent  de  Hédiéis,  Jean  BentiVo^o,  të  mat'quis  dcf 

1  Episiolœ  Poniiftcis  apud  Petrum  Cymcntm»  Dêbello  Ferrar.  p.  1209, 1210.  —  Andr, 
Navagiero,  Sior.  Venez,  p.  U79.  —  >  AnnaL  Becles.  Haynald,  1482.  S  i7,  18,  p.  309. 
—  s  Stefani  infeetwœ  Dior.  Boman,  p.  U7i*  ^*  BuUa  excommÊaOeaiionie  op.  ÊOff- 
naUL  1483,  S  9-iôy  p.  319.  --  •  Jmd,  Nwtaai&r^  p.  118Q.  —  Martn  Semim*  it  <flt9*  — 
If.  Ant.  SabelUco.  D.  IV,  L.  II,  f.  2M. 


DU   MOYlSn    AGE.  199 

Maîitoae,  lean*Jacques  TriYuhdo,  et  plusieurs  capitaines 
moins  renommés  *.  On  y  aurait  proposé  d'envahir  en  même 
temps  les  domaines  de  la  république,  du  côté  du  Slilanais,  du 
Mantouan  et  de  la  Romagne.  Hais  il  était  reçu  à  tette  époque 
qu'on  pouvait  faire  la  guerre  pour  le  compte  de  ses  allî^,  sai^s 
^y  engager  en  son  propre  nom,  et  ni  le  duc  de  Milàn,  ni  le 
marquis  de  Mantoue ,  ne  voulurent  entrer  les  premiers  en 
hostilités  directes  avec  les  Yénitiens,  en  sorte  que  la  diète  se 
sépara  sans  avoir  rien  conclu.  Cette  réserve  n'empêcha  pas  la 
guerre  de  s'étendre  aussi  sur  les  frontières  qu  on  avait  voulu 
préserver.  Bobert  de  Sari-Sëvérino  entra  dans  le  Milanais ,  le 
12  juillet,  espérant  y  réveiller  le  zèle  des  partisans  de  la  du- 
chesse Bonne.  Louis-le-Maure  ût,  à  son  tour,  ravager  les  ter- 
ritoires  de  Bergame  et  de  Brescia  \  mais  Tune  et  l'autre  expé- 
dition n'eurent  aucun  résultat  ^. 

Cette  guerre,  dans  laquelle  on  voyait  engagées  les  pre- 
mièrés  puissances  de  l'Italie,  était  soutenue  de  part  et  d'autre 
avec  une  mollesse,  avec  une  lâcheté  qui  contraste,  d'une  ma- 
nière bien  frappante,  avec  les  guerres  que  les  Français  de- 
vaient bientôt  porter  en  Italie.  On  n'y  voyait  ni  batailles 
générales,  ni  sièges  de  villes;  on  n'attaquait  jamais  q^ue  de 
faibles  châteaux ,  et  les  escarmouches  mômes  étaient  peu  im- 
portantes.  Les  deux  armées  s'enfermaient  dans  des  retran- 
Qhements  à  peu  de  distance  l'une  de  l'autre;  elles  se  mena- 
çaient  et  ne  s'attaquaient  point;  elles  attendaient  dans  leur 
camp  la  mortalité,  conséquence  inévitable  du  climat  malsain 
'des  bouches  du  Pô,  et  elles  n'osaient  pas  braver  la  mort  ,dans 
les  batailles.  Le  peuple  de  Ferrare,  accablé  par  leti  logements 
des  soldats,  les  contributions  et  le  pillage,  paraissait  ne  vou- 
loir plus  faire  de  sacrifices  pour  la  niaison  d'Esté  ;  et  cépeu*- 

^ Stàipion^ âmmitaio.  L.  XXV, p.  ihl.-^Alb.  de  Ripalia,  Annal.  Plac.  T.  XX, p.  »fo. 
•^Bern.  CohOy  8ior.  MiL  P,  VI,  p.  ioo4.  ~  >  Andr»  Navagicro,Slor.  Venez,  p.  1184.— 
^etri  Cyniœi  De  bello  Ferrar,  T.  XXi ,  p.  1219.  —  H.  A.  SobeUÛo,  0.  IV,  L.  H.  f;  237. 


"SÔO  HISTOIRE  0£S  ldbt7BX.IQtT£S  ITALUSniiBS 

dant  rien  ne  fài^it  prévoir  la  fin  cTune  g^aerre  qni  n'étsût 
dgnalée  par  aocun  exploit  glorieux.  Le  due  de  Galabre  avait 
potté  le  ravage  aatour  de  Brescia,  et  les  Milanais  autoor  de 
Bergame;  le  marquis  de  Mantoue  avait  pris  Asola,  châteaa 
sur  le  fleuve  de  Ghiesa,  qni  avait  appartenu  à  ses  ancêtres. 
Dans  Tétat  de  Parme,  les  Bossi  ne  pouvant  pas  résister  plus 
longtemps  aux  forces  supérieures  qu'on  dirigeait  contre  eux, 
s'étaient  enfuis  vers  ks  montagnes  de  Gènes  ;  de  là  ils  avaient 
passé  à  Venise  ;  et  le  sénat,  pour  les  dédommager  des  fiefs 
qu'ils  avaient  perdus,  leur  avait  assigné  une  solde  ecmsidérable. 
Mais  ces  petits  succès  de  la  ligue  qui  se  faisait  appeler  sainte, 
parce  qu'elle  avait  le  pape  à  sa  tète,  n'apportaient  aucun  sou- 
If^ement  au  duc  de  Ferrare.  L'ennemi  était  toujours  campé 
ma  portes  de  sa  capitale,  et  ses  sujets  avaient  été  deux  ans 
de  suite  privés  de  leurs  récoltes.  San^Sévérino  cependant 
n'avait  jamais  osé  planter  ses  batteries  contre  les  anurs  de 
cette  ville;  le  duo  de  Galabre,  d'autre  part,  avec  une  araiée 
fort  supérieure,  n'avait  su,  ni  amener  les  Vénitiens  à  la  ba- 
taille pour  faire  lever  le  siège,  ni  attaquer  la  redoute  bâtie 
entre  le  pare  et  la  rivière.  Il  manquait  alors  à  l'art  de  la 
guerre  les  moyens  d'arriver  aux  opérations  décisives;  on 
n'attaquait  que  ce  qui  n'était  pas  défendu,  et  on  ne  savait  ni 
forcer  l'ennemi  au  combat,  ni  ouvrir  les  murs  d'une  place 
dans  laquelle  il  s'enfermait  * . 

La  guerre  semblait  se  faire  en  Toscane  avec  plus  de  m(d- 
lesse  et  de  lâcheté  encore.  Les  Florentins  n'avaient  d'autre 
ennemi  qu'Augustin  Frégoso,  iiouveau  seigneur  de  Sarzane, 
quelesGéncHs  mêmes  ne  secondaient  pas  ouvertement.  L'armée 
destinée  à  le  combattre  était  considérable  ;  elle  aurait  suffi  de 
reste  pour  emporter  Sarzane  après  un  si^  qui  n'aurut  fa 
être  long  ;  elle  ne  l'entreprit  pas  même,  et  elle  se  borna  à  de 

>  M' AnLaabetUce*  0.  IV»  L.  Il,  r.  239. 


DU  MOYJBH  AGK.  201 

ittuérables  escannoacfaes  ^ .  Les  Seilui»  avaient  (xwKtraot^  al- 
liance avec  les  FloroDtias;  ils  n*  avaient  pliw;  pour  epo/omis 
que  leurs  émigrés,  qui  s' étaient  enfermés  dans  Monte-Ileggiolû; 
mais  ils  essavèrent  vainement  de  les  j  forcer  ^.  On  aurait  dit 
que  les  soldats  italiens  ne  connaissaient  plus  d'autre  moyen 
pour  entrer  dans  une  place  qne  d'attendre  patiemment  le  dkh 
ment  où  leurs  ennemis  en  sortiraient. 

Cette  manière  de  faire  la  guerre  dut  paraître  Inen  étrange 
à  Bené  U,  duc  de  Lorraine,  que  les  Vénitiens  appelèrent  cette 
année  en  Italie  pour  prendre  le  commandement  de  leur  armée. 
Leur  traité  avec  ce  prétendant  au  royaume  de  Naples,  qu'ils 
voulaient  opposer  à  Ferdinand,  fut  signé  le  30  avrU,  ou,  selon 
d'antres,  le  9  mai  1483.  René  s'était  engagé  à  leur  amener 
quinze  cents  èbevanx  et  mille  fantassins,  et  on  lui  avait  promis 
une  solde  de  dix*sept  ducats  et  deux  tiers  par  mois  pour 
chaque  lance,  composée,  suivant  l'usage  de  France,  de  six 
bemmes  à  cheval.  On  y  avait  ajouté  une  gratification  de  dix 
mille  ducats  par  année  pour  la  table  du  prince  '.  Kené  ne  par- 
vint à  Venise  qu'après  avoir  perdu  beaucoup  de  temps  et  sur- 
monté beaacoup  de  difficultés  dans  sa  route.  Le  pape,  averti 
de  sa  venue,  avait  menacé  d'excommunication  tous  les  princes 
d'Allemagne  qui  lui  accorderaient  un  passage ,  et  le  duc  de 
Lorraine  fut  forcé  pour  avancer  à  plusieurs  négociations  et  à 
plusieurs  détours.  Il  y  avait  peu  de  temps  qu'il  était  dans  le 
camp  vénitien,  et  il  avait  eu  à  peine  le  loisir  d'étudier  ce  sys- 
tème de  guerre  si  différent  du  sien,  lorsqu'il  apprit  la  mort 
de  LooisXI,  roi  de  France»  survenue  le  30  août  1483.  Gomme 
ce  monarque  avait  cherché  à  lui  enlever  la  succession  de  la 
maison  d'Anjou,  en  dictant  des  testaments  injustes  à  son  grand- 
père  et  à  son  grand-onde,  Heoé  retourna  en  hàle  dans  ses 

1  Sdpione  âmmirato»  L.  XXV,  p.  1S6.  —  *  tbid.  p.  IST.  —  Attegretto  AUeqretttDiari 
Smeti.  p.  SIS.—*  Marin  Sanulo,  XXIf»  p.  i7M.^Andr.  BavagierOj  Stor.  Ven.  p.  U82. 
-f eiri  Ct/rnai  De  beUo  Fenar.  p.  1311.  —  H.  i.  SabelHea.  D.  iv,  L.  U ,  f.  336,  y. 


202  HISTOIEE   DES  HÉÏ'UBLiQUÊS  ITALIENKES 

_  •  •     •  • 

états  pour  chercher  à  recouvrer,  pendant  la  minorité  de 
Charles  YIII ,  ce  que  la  poUtique  de  Louis  XI  lui  avait  fait 
perdre  • . 

Une  autre  guerre  était  soutenue  avec  plus  dû  vigueur  par  la 
république  deYecise;  c'était  celle  que  loi  faisait  le  pape  au 
moyeri  des  foudres  de  TÉglise.  Sixte  IV avait  publié,  le  24  mai, 
à  la  fête  de  la  Pentecôte,  une  bulle  contre  Yenise,  par  laquelle 
il  ordonnait  à  tous  les  religieux  de  sortir  sous  trois  jours 
de  cette  ville  excommuniée.  Le  conseil  des  Dix  en  lut  averti, 
et  il  fit  surveiller  tous  ceux  qui  arrivaient  de  Borne  pour  ar- 
rêter cette  bulle  entre  leurs  mains.  Il  mit  sous  la  responsabi- 
lité des  curés  toutes  les  affiches  qu'on  pourrait  trouver  aux 
portes  de  leurs  églises,  et  il  ordonna  au  patriarche  et  à  tous 
les  ecclésiastiques  vénitiens  de  remettre  aux  inquisiteurs  d*état, 
sans  rouvrir,  toute  bulle  qui  leur  serait  adressée  pat  le  Sâint- 
Siége.  Cet  ordre  fut  scrupuleusement  exécuté  ;  rexcoinmant- 
cation  encore  cachetée  fut  transmise  au  conseil  des  Hix  ^ar  te 
patriarche,  sans  qu*aucuu  Vénitien  en  eût  connaissance  ^.  Èe 
conseil  ordonna  à  tous  les  cardinaux  et  prélats  qui  relevaient 
de  la  Seigneurie ,  sous  peine  de  saisie  de  leurs  bénéfices ,  de 
s  assembler  à  Venise,  le  15  juillet,  eu  un  concile  provincial.  En 
même  temps  il  remit  à  Jérôme  Landô ,  patriarche  titulaire  de 
Constantinople,  un  appel  au  futur  concile  délai  sentence  d'ex- 
communication.  Le  patriarche,  faisàcft  droit  sur  cet  appel, 
suspendit  Finterdit,  et  envoya  au  pape  lui-même  une  citation 
par-dévrfnt  le  concile  futur.  On  trouva  des  hommes  détermi- 
ués  qui  affichèrent  cette  citation  sur  le  pontSaint*Âuge  et  aux 
portes  du  Vatican  et  de  la  Rotonde.  Cette  lîardîesse  cependant 
coûta  la  tie  aux  gardes  de  nuit,  que  le  ^ape  fit  ]|[)endre,  pom* 
nie  ravoir  jpas  prévenue  ' .  Tous  les  pVêlres  vénîtienà  qtiï  étaient 
à  Rome  furent  rappelés  sous  peine  de  perdre  leurs  bénéfices , 

*  **  * 

»  Andr.  Kqvagiero.  p.  ii86'.--«.  4.  Sabellico.h.  IV,  L.  Il,  f.  937,  y.  -^s  iiufr.  m- 
vaçiero,  p.  118S.— If.  A,  SabeUico,  D.  IV,  L.  II,  f.  237,  v.— ^  Andr»  Navagietô,  p.  1184. 


J 


IK)  Moteh  âg£.  i!03 

«t  le  pape  opposa  à  cette  sommation  on  éâit  en  tettu  duquel 
les  prélats  et  les  prêtres  qui  qulttefbient  Borne  pourraieitt  ôfre 
vendus  comme  esclaves  * . 

Cette  lutte  violente  avec  le  chef  de  TÉglise  n'attirait  plus 
aucun  blàmtesur  leà  Yënitions.  L*emp6rtement  de  8iite  IV, 
ses  injustices,  son  aveugle  tendresse  pour  Jér6me  Biario,  que 
toute  ritalie  regardait  comme  lin  fils,  et  comme  un  fils  né 
d'un  inceste ,  avaient  détruit  tout  le  respect  que  les  peuples 
portaient  à  la  tiare.  Tous  les  genres  de  scandale  s'attachaient 
à  sa  conduite;  ou  le  voyait  toujours  entouré  de  jeunes  favoris 
auxquels  on  ne  connaissait  de  mérite  que  leur  figure,  et  aux- 
quels il  prodiguait  les  trésors  de  TÉglise.  Cette  année  même, 
le  19  novembre  1483,  il  offensa  le  sacré  ooliégë  eh  acoordanl 
révècbé  de  Parme  et  le  chapeau  de  cardinal  à  iin  jeune  homme 
qui  n'avait  pas  vingt  ans,  et  qui,  sorti  du  plm  bas  lieuy  avait 
été  d'abord  page  do  comte  Jérôme,  ensuite  valet  de  chambre 
du  cardinal  de  Saint- Vital.  Sixte  IV,  frappé  de  sa  beauté,  lé 
prit  pour  son  valet  de  chambre,  entassa  sur  lui  les  plus  riehetS 
bénéfices,  le  fit  châtelain  du  château  Saint-Auge ,  et  le  porta 
enfin  au  faite  des  honneurs  ecclésiastiques.  Cependant  le  car- 
dinal Jacques  de  Parme  se  trouva  être  un  jeune  homme  d'tiil 
bou  caractère,  même  de  bonnes  mœurs,  et  sans  autre  défàlït 
qu'une  extrême  ignorance  *^. 

1484.  —  Dans  l'année  1484,  les  ravages  de  la  guerre  s'é- 
tendirent sur  de  nouvelles  provinces  :  les  Vénitiens  vouluretiri 
faire  sentir  son  poids  à  Ferdinand,  qui  jusqu'alors  n'en  avait 
point  souffert.  Us  armèrent  une  flotte  de  trente-tine  galères , 
dont  ils  donnèrent  le  commandement  à  Jacques  Marcello  ;  Us 
l'envoyèrent  dans  le  golfe  de  Tàrente,  ou  Marcello  vint  atta- 
quer Gallipoli.  Cet  amiral  fut  tué  vers  la  fin  de  mai,  daoos  un 

«  1  Andr.  NQvagiero,  p.  1184.-^  Stefano  InfesHtra,  Dkario  Romano^  p.  ii&.<WAco6. 
VoUerranif  Dior,  Sbnmm,  p.  i9i.  —  tuiphael  VoUmramu  apnd  HaytuM*  ilM^St^*, 

p.  336.  .  '  '  . 


toi  HISTOIRE  BfiS  BÂPUBtlQUES  ITALIISNNES 

4e$^&sâaiils  qpi'il  donna  à  la  place  ;  mais  le  même  jour  elle  ca^ 
pitula  entre  les  mains  de  son  successear  Bominiqae  Malipiéri. 
GdliiHâ  ferMfia  avec  soin  sa  conquête  ;.  il  soumit  ensuite  les 
cb&teanx  «t  les  petites  villes  du  Voisinage.  Au  mois  de  juin,  il 
s'^empara  également  de  Policastro  et  de  Geri  en  Galabre^  ses 
sidMUitB,  accoutumés  à  te  guerre  des  Turcs,  traitaient  avec  une 
affreuse bati>arie  les  pays  qu*Qs  ravageaient,  et  cependant  leurs 
conquêtes  causaient  d'autant  plus  d'inquiétude  à  Ferdinand» 
que,  connaissant  le  mécontentement  de  ses  barons,  il  craignait 
sans  cesse  de  les  voir  s'unir  aux  étrangers  pour  secouer  son 
autorité  * . 

La  guerre  se  faisait  en  même  temps  dans  Tétat  de  Borne 
avec  un  redoublement  de  fureur.  D'une  part,  Nicolas  Yitelli , 
abandonné  par  les  Florentins,  avait  été  chassé  de  Gittà  di  Gas- 
tdlOj  et  Lorenzo  Giustini  avait  été  rétabli  à  sa  place;  de  T  autre, 
Skte  iV  et  Jérôme  Biario  avaient  poursuivi  les  Golonna  avec 
on  acharnement  pour  lequel  on  ne  voit  point  de  motif  poli- 
tique. Biario  rejeta  toutes  les  offres  d'accommodement  qui  lui 
furent  faites  par  ces  puissants  seigneurs.  Lorsqu'ils  propo- 
sèrent de  remettre  au  pape  foutes  leurs  forteresses,  Biario  ré- 
pondit qu'il  ne  voulait  y  entrer  que  par  une  brèche  qu'il  au- 
rait ouverte  avec  son  canon.  Des  écrivains  postérieurs  ont 
donné  pour  motif  à  cette  guerre  la  possession  du  comté  de 
Tagliacozzo,  que  la  maison  Orsini  réclamait  de  la  maison  Go- 
Icmna  ^;  mais  il  n'en  est  point  question  dans  les  journaux  du 
temps,  et  tout  indique  dans  la  conduite  de  Jérôme  Biario  un 
ressentiment  personnel.  La  moitié  des  palais  de  Borne  furent, 
pendant  l'été ,  souillés  par  des  massacres  continuels  ;  le  pape 
fit  brftier  un  grand  nombre  de  mes,  parce  que  quelques-uns 
de  leurs  habitants  lui  étaient  suspects.  Le  palais  du  protono- 

1  Andr,  Wavagiero,  Stor.  venes»  p.  ii88.  —  Pe&i  Cyrruei  Be  beliOFerrar,  p.  nttr. 
—  ÀtmaL  PiaeentM,  p.  97S.  —  If.  A,  SabelUeo,  D.  IV,  hi  II ,  f.  2M,  t.  —  *  /o.  Jriett. 
Bma,  L.  VIII.  ^  Bannald.  Annai»  EccUs.  1484,  S  i4,  p.  3S4. 


D17  KÔtÈJI  AGK.  $0& 

taife,  LoQis  Golonna,  et  celui  du  cardiiial  de  la  néae  fainffle 
forent  livrât  aux  flammes  par  son  ordre.  Le  protonotaire,  ar- 
rêté dans  le  premier,  ne  s* était  rendu  que  sur  la  M  de  Vir- 
ginio  ûrsini  ;  et  Yirglnio,  en  le  conduisant  en  prison ,  eut 
beaucoup  de  peine  à  empêcher  Jérôme  Biario  de  le  tuer.  On 
n*aTait  aueune  confession  à  exiger  de  lui,  car  il  n'y  arait  rien 
eu  de  secret  dans  sa  conduite  ;  cependant  le  pape  ordonna  qu'il 
Ait  livré  à  là  torture  seulement  pour  rendre  son  suppliée  plus 
cruci  i  et  cette  torture  fut  si  atroce,  que,  quand  ou  l'en  retira, 
il  n'avait  plus  que  pour  peu  d'heures  à  vivre.  On  prévint  son 
agonie  en  loi  traAdiant  la  tète.  Pendant  ce  temps,  la  Cava, 
Marino ,  et  tons  les  fiefs  de  la  maison  Golonna  furent  conquis 
par  Jérôme  Biario  * . 

Eu  Lombardie,  la  guerre  ne  faisait  aucu9  progès  ;  la  ligue 
avait  une  grande  supériorité  en  cavalerie ,  et  elle  en  profita 
pour  faire  ravager  les  territoires  de  Bergame,  deBrescia  et  de 
Vérone  jusqu'aux  portes  de  ces  trois  villes  ^.  Mais  ces  opé- 
rations ne  paraissaient  point  pouvoir  amener  encore  la  déli- 
vrance du  duc  de  ï'errare;  et  celui-ci,  épuisé  par  le  séjour  de 
tant  ^'armées,  soupirait  après  la  paix,  à  quelque  condition 
qu'il  pût  l'obtenir.  La  ligue,  qui  avait  été  formée  sans  moti& 
solftsants,  était  divisée  par  mille  intérêts  divers,  et  Ton  pouvait 
prévoir  sa  prochaine  dissolution.  Le  pape ,  dans  toutes  ses 
guerres,  n'avait  d'autre  but  que  l'agrandissement  de  Jérôme 
Bidrio;  il  méditait  alors  de  nouveaux  projets  sur  la  Bomagne; 
il  voulait  assurer  à  ce  fils  chéri  l'héritage  de  Bobert  Mala- 
teéti  et  celui  de  Gostanzo  Sforza ,  tons  deux  morts  à  son  ser- 
vice. Le  second  avait  été  emporté  par  une  maladie  le  17  juillet 
1483,  et  son  fils  Jean,  héritier  de  la  principauté  de  Pésaro, 


>  Sterano  Infessura  donne  de  très  longs  détails  sur  cette  guerre,  p  il 58-1182.  Voyez 
nasijQcobi  VoUerrani  Dlar.  Roman,  p.  196-198.  «-  Diarto  di  Roma  del  NotaUK  diUfan- 
tip&ftQ.  p.  lOM-iMf;  —  s  ifieûL  fÊocdOmem,  L.  Vllt,  p.  423.— Pe/W  Cyrnçsi  De  beUq 
Ftrrw.  p.  a2f4-i3i«.  '^  ifarM  SanutQ.p.  t339. 


é^it  encore  ei^f aqt  ^ .  ^m  cettc^  posciesaioi^  M  pouvait  Atre 
assurée  à  Riai^ja  qp?  (lar  le  coQ&euteiDieQt  dea  V^éidliens  et  des 
Florentins  ;  Sixte  lY,  qui  le  seQtait,  entra  avec  eax  dans  quelr 
ques  négociatipns  secrèl;ias  pour  faire  une  paix  tout  à  son  airaa* 
taçe. 

D'a;Utre  part^  Alfonse»  duc  de  Çalabre,  avait  eik  oeeasidn  dt 
Toir  clairement,  depiûs  que  la  guerre  de  ferrare'!*  avait  ap* 
pelé  en  Lombardie,  que  Jean  Galéaz  Sforza,  duc  de  Mflao, 
auquel  sa  fille  était  depuis  Ipngtçmps  p^oviiie  en  mariaige, 
n'avait  aucune  part  au  gouv^n^ement  d«  son  propre  dtMhé, 
quoiqu'il  fût  déj[à  en  âge  d'y  prétendise;  tandis  que  J'amlâ*» 
tieux  Louis-le-Maur^,  oncle  4^  ^  duc,  s'anrogeait.  seul  tonls 
r  autorité.  Alfonse  en  avait  témoigné  son  méconleiiteiiienlt 
avec  quelque  vivacité,  à  Louiscrl^-^JU^^ore  ;  et  œlmMS,  coiice- 
vant  une  défiance  secrète  dç  son  allié,  se  rapproehaift  des  Yé^ 
nitiens^.  De  levir  côté  ,  le;s  Flgrentinis.,  qui  depms  longteia|M 
contribuaient  à  la  guerre,  n'eu  pouvaient  espérer  ancaa 
avantage,  et  n'y  avaient  aucun,  intérêt  réeL  Tandi&cpi'oii  les 
épuisait  d'hommes  et  d'argept  pour  soutenir  une  aimée  éloi- 
gnée, on  laissait  ravager  leqrs  fron^èces  par  le$  troupes  cpii 
occupaient  Sarzanç;  op  ne  I^ui;  permettait  pdnt  de  Kappelep 
en  Toscane  le  comte  de  Pitiglianq ,  celui  de  leurs  capitaine» 
en  q^ui  ils  avaient  le  plus  de  cpnfiance,,  et  on  les  saicriiait  ei^ 
toutes  choses  ^  Ipurs  alliés.  Ainsi,  il  u^  restait  plus  d'eQsemr 
ble  entre  le&  coalisés;  chacun  d'^x  ^t  prêt  h  se  détacher 
de  tous  les  autres.  Le  marquis  Frédéric  de  Mofitooe  tenait 
encore  réunie  cette  ligue  prête  à  $e  dissoudre,  paQ  la  eonsid^ 
ration  que  lui  assurait  son  âge  et  son  habileté  supérieure; 
mais  il  mourut  le  15  juillet,  et  l'atné  de  ses.  trois  fils^ 
Jean-François  II,  qui  lui  succéda,  n'était  Agé  que  de  dix- 
huit  ans'. 

t  Jaeobi  voUêrrani  Mar,  Hfnnan*  T.  XXUI,  p.  198.  -<•  ^liie,  IfoMMove^a,  U  VUI* 


DU  MOTim  AGB.  ^Q7 

Les  y^ptiens,  qu<»<|ae  plus  faibles  que  leurs  idlîéSi  avaieot 

le  gr^d  avantage  de  faire  mouToir  toutes  leuf  s  forces  par 
une  seule  volonté:  ils  avaient  encore  celui d* avoir  mis  à  la 
tète  de  lears  armées  Bobert  de  Sau-Sévérino,  qui  çq  montrait . 
homme  d'état  autant  que  général.  Robert  abandonna  les  né- 
gociations déjà  coiûmenoées  avec  le  comte  Biario,  s'attapb^  ^ 
Louis-le-Maure,  qu'il  regardait  como^e  bien  autrement  puis- 
s^nt*.  Son  intelligence  avec  lui  causa  d'abord  assez  d'inquié- 
tpde  à  la  Seigneurie,  pour  que  le  doge  fit  au  conseil  des  Dix 
1^ proposition  d'arrêter  San-Sévériuo.  bientôt,  cependant,  ce. 
général  montra  qu'il  avait  su  démêler  les  vrais  intérêt^  de  la. 
république,  au;»  bien  que  les  siens.  Une  diète,  a§sem^lée  k 
Ba^uolo,  prit  connaissance,  le  7  août,  des  articjeç  dont  il 
était  déjà  oonvenu  avec  Louis-le-Maure,  et  elle  les  accepta  le» 
même  jour .  £n  vain  le  légat  du  pape  et  Jérôme  -l^iario  voulu- 
rent troubler  la  négociation,  parce  qu'elle  ne  contenait,  eu. 
faveur  du  fils  de  Sixte  lY,  aucun  des  avantage!^  qui  lui 
avaient  été  précédemment  promis  ;  en  vain  ils  déclarèrent 
que  la  Seigneurie,  après  avoir  offensé  séparément  chacun  des 
oonfédérés,  s'était  enfin  attaquée  à  Dieu  lui-même, lorsqu'elle 
avait  méprisé  les  admonitions  et  les  interdite  du  pape,  et , 
lorsqu'elle  avait  saisi  les  bénéfices  ecclésiastiques.  Par  cette 
conduite,  ajoutaient-ils,  elle  s'était  rendue  à  jamais  indigne 
d'obtenir  la  paix 2.  Les  autres  confédérés  ne  voulurent  pas. 
continuer  plus  longtemps  des  hostilités  dont  ils  n'attendaient 
ancun  avantage;  et,  malgré  les  succès  qu'ils  avaient  rempor- 
tés, ils  permirent  aux  Vénitiens  de  gagner  plus  par  la  paix, 
qu'ils  n'auraient  pu  perdre  parla  guerre. 

Par  le  traité  de  Bagnolo,  le  duc  Hercule  d'Esté  fut  obligé 
à  rétablir  la  république  de  Venise  dans  toutes  les  prérogatives 
qu'elle  avait  précédemment  exercées  à  Ferrare  et  dans  son 

dDrbni>l*Mitre  an  eorote  de  Oorfzia.  —  t  Andr,  Navagiero,  p,  US9.  —  >  IbUi.  p,  119a, 

• ...     .i  ...  • 


2(N)  HISTOIRE  DES  RÉPUBLIQUES  ITALIENRES 

diitrict;  à  Im  céder  en  même  temps  la  Polésine,  et  tout  le 
leftitoire  de  Bovigo.  Les  autres  conquêtes  que  les  Vénitiens 
RTaient  faites  sur  le  duc  de  Ferrare,  detaient  être  restituées  à 
oduird  douze  jours  après  la  paix.  De  leur  'côté,  le  duc  de 
jlfilan  et  le  marquis  de  Mantoue  devaient  rendre  aux  Téni*^ 
tiens  tout  ce  qu'ils  avaient  conquis  sur  eux.  Les  villes  que  les 
Vénitiens  tenaient  dtans  le  royaume  de  Naples,  devaient  être 
remises  par  eux  à  Ferdinand  au  bout  d*un  mois,  et  celui-ci 
leur  confirmait  en  retour  tous  leurs  privilèges  mercantiles 
dans  ses  états.  Toutes  les  parties  contractantes  s'engageaient 
enfin  dans  une  ligue  commune  pour  la  défense  de  leurs  états 
respectifs,  et  Bobert  de  San-Sévérino  était  déclaré  capitaine 
général  de  cette  ligue.  A  ce  titre,  il  devait  recevoir  une  solde 
de  eent  quarante  mille  ducats,  dont  cinquante  mille  seraient 
payés  par  le  duc  de  Milan,  cinquante  mille  par  la  Seigneurie 
de  Venise,  et  les  quarante  mille  restants,  répartis  entre  le 
pape,  le  roi  de  Naples,  les  Florentins  et  le  duc  de  Ferrare  * . 

Les  plus  faibles  entre  les  puissances  d'Italie  se  trouvaient, 
par  ce  traité,  sacrifiées  aux  plus  fortes  :  le  duc  de  Ferrare  de- 
vait renoncer  à  des  provinces  qui  faisaient  Tancien  patrimoine 
de  la  maison  d*Este,  et  auxquelles  les  Vénitiens  n'avaient  au-  ' 
cun  titre  :  aussi  ne  se  soumit-il  pas  à  ces  conditions  sans  un 
extrême  ressentiment  ^.  Les  Bossi ,  comtes  de  San-Secondo 
dans  l'état  de  Parme,  que  les  Vénitiens  avaient  engagés  à 
prendre  les  armes  contre  le  duc  de  Milan ,  demeurèrent  dé- 
pouillés de  leurs  fiefs.  Le  marquis  de  Mantoue  ne  s'était  en- 
gagé dans  la  ligue  que  pour  recouvrer  Asola  et  les  autres 
châteaux  que  les  Vénitiens  lui  avaient  enlevés  ;  mais  après 
s'en  être  rendu  maître ,  il  était  obligé  de  les  restituer'.  Les 


>  Andr.  KavagierOyStùr.  Venez,  p.  1190.  —  Martn  S^muto.  p.  1233.  —  m.  A.  Sabei^ 
Heo,  D.  IV,  L.  II.  r.  241.  —  DUoio  Romano  diSiepJumo  Infesstira,  T.  III,  P.  H»  p.  iiao. 
—  Bern.  Corio,  UisL  Milan,  P.  VI,  p.  101 4.  —  «  Diar,  Ferrar.  T.  XXIV,  p.  277.  — 
*  De  betto  Fenariemi,  T.  XXI,  p.  1218.  Ce  petit  ooTrago,  d'uD  prèire  eorso,  dérooé  n 


inlér^  des  Flareoliiis  n'étaient  pas  plus  ménagés  par  le  trtàU 
de  paix  çi'Us  ne  F  avaient  été  pendant  la  guerre.  On  ne  sti- 
pulait rien  ponr  eux  y  et  Sarzane  ne  leur  étut  pas  rendue. 
Cependant  le  pins  mécontent  de  tons  était  mcore  le  pape  ; 
longtanps  il  avait  espéré  enrichir  son  fils ,  on  des  dépouilles 
du  duc  de  Ferrare ,  on  de  celles  des  Vénitiens.  Il  s*était  en- 
suite rédoit  à  lui  faire  assurer  les  petites  principautés  de  Bo- 
magne,  qu'il  ne  doutait  pas  qp'on  ne  sacrifiât  à  wm  ambition. 
D  (xwuptait  surtout  que  Jérôme  Riario  aurait  le  rai^  que  s'é- 
tait fait  attribuer  San-Séyérino,  que  ce  serait  lui  qui 
serait  nommé  général  de  la  ligue ,  et  ce  rang  et  cette  solde 
deYsaent  le  dédommager  des  prétentions  auxquelles  il  était 
forcé  de  renoncer. 

La  nouvelle  d'une  paix  qui  répondait  si  mal  à  ses  projets 
ambitieux ,  f ut  un  coup  de  foudre  ponr  ce  turbulent  pontife. 
Il  était  déjà  tourmenté  par  des  douleurs  de  goutte ,  elles  tom- 
bèreat  aussitôt  sur  sa  poitrine.  Les  ambassadeurs  qui  appor- 
taient les  conditions  de  la  paix  de  Bagnolo  furent  introduits 
auprès  de  lui  le  mercredi  soir  12  août.  Après  qu'on  lui  eut 
fait  lecture  du  traité,  il  se  récria,  sur  ce  que  les  avantages 
qu'on  lui  accordait  étaient  si  inférieurs  à  ceux  qui  lui  avaient 
été  offerts  à  lui-même  par  les  ennemis.  «  C'est  une  paix  de 
«  honte  et  d'ignominie  que  vous  m'annoncez,  leur  dit-il; 
"  elle  est  pleine  de  confusion  et  d'opprobre ,  et  elle  amènera 

duc  de  Ferrare,  quoiqu'O  ?éeût  à  Venise  pendant  la  guerre,  contient  beaucoup  de  délaiis 
•ur  It  premidrd  campagne  :  Il  est  plus  court  sur  la  seconde,  et  tout  à  fait  incomplet 
nir  la  troiiièoiOb  ILfinil  à  la  paix. 

C'est  aussi  à  la  paix  de  Bagnolo,  le  7  août  i484,  que  finissent  les  Annales  de  Plaisance, 
eompoBOM  par  Antoine  et  son  fils  Albert  de  Ripalta.  Ces  deux  bommes  avaient  quelque 
part  an  gouvernement  municipal;  mais  c^étalt  dans  une  ville  sujette,  où  aucun  sentiment 
ne  les  attachait  à  un  parti  plutôt  qu'à  Tautre  ;  aussi  tous  leurs  éloges  sont-ils  toujours 
pour  le  vainqueur,  et  la  déclamation  ou  la  pédanterie  prennent-elles  la  place  de  tous 
les  sentiments  nobles  et  élevés.  Les  deux  Ripalta  paraissent  avoir  été  estimés  dans  leur 
pays  comme  d'habiles  rhéteurs  ;  ce  qui  donne  une  assez  mauvaise  idée  de  Tétat  des 
lettres  à  Plaisance.  Les  Annales  d'Antoine  s'étendent  de  l'an  i40i  à  l'an  1463,  qu'il  mou- 
rut. Albert  a  continué  dés  cette  époque  jusqu'à  1184.  Ces  Annales  sont  imprimées.  Her, 
i(al,T.XX,  p.  859-978. 

VU.  ,  14 


910  HISTOIRE  BES  ^^VI^^iqOM  ITALIERITES 

«  avec  le  tem^s  bieo  plus  de  mal  qae  de  biea.  Je  de  puii,  mm 
«  filial!}  KapBKimver  9i ia^ir^.  f  K4aaflibfttaatABim4fa|>er«- 
cçvant  que  le  yieillard,  affligé  par  cette  DOuveUe,  perdait  ses 
forces,  et  semblait  accablé  d'angoisses,  que  sa  langae  même 
paraissait  s'embarrasser,  lai  direat  qu'ils  espéraient  trcMiTer 
une  autre  fois  sa  Sainteté  plus  tranquille»  mais  qu'ils  la 
priaient ,  en  attendant ,  de  bénir  une  paix  qui  ne  poa- 
Tait  plus  être  changée.  Le  pape,  dégageant  alors  sa  main 
goutteuse  de  Vécharpe  qui  la  soutenait,  fit  cm  mouve- 
ment que  les  uns  prirent  pour  un  refus ,  d'autres  pour  une 
bénédiction  des  ambassadeurs,  ou  de  la  paix  elle-même.  Mais 
il  ue  parla  plus,  et  il  mourut  daus  la  nuit  suii^wt»,  k  jeudi 
13  août,  peu  après  minuit,  ne  pouvant  supporta?  de  laisser 
en  paix  eette  Italie  que  pendant  son  règne  il  avait  constam- 
ment tenue  en  guerre  2. 

1  Jacobi  Volaterranl  Dior.  Roman,  p.  199.  Ce  journal  finit  avec  la  vfe  de  Sixte  IV. 
L'auteur,  qiii  était  scrii^e  apostolique,  donne  des  détails  souvent  curieux  sur  les  cérémo- 
nies religieuses,  sur  la  ^ur,  et  même  sur  les  sermons  des  cardinaux,  dont  il  rapporte 
presque  toujours  une  courte  analyse.  U  était  attaché  à  Sixte  IV,  et  il  se  montre  en  géné- 
ral partial  pour  lui  :  cependant  U  ne  réussit  guère  à  déguiser  les  vices  de  son  patron. 
Ce  journal  est  imprimé.  T.  XXIII.  fier.  liai.  p.  87-200.  —  9  Dior.  B/oman»  Jaeobi 
Yolaicrrani.  p.  aooi  —  Dlario  det  Noiaio  di  flaniiporio.  p.  1088.  —  Diario  di  Siefano 
infenwro,  p.  1183.  -^  RaynatfU  Ann,  Eceles  1484,  S  18-21,  p.  388.  ^  Armai.  Bono' 
niens.  Fratr.  BieronynU  de  ïïurseUU,  T.  XXIII,  p.  904.  —  MaechiW).  UU  L.  VUI , 
p.  437.— Scipione  Ammlruto.  L.  XXV ,  p.  162.— «ofte  Sanuio,  fite  de'DuchL  p.  i234. 

Ce  pape  «  qui' tint  Tltalle  presque  constamment  en  guerre ,  aimait  lui-même  les  spce* 
tacles  sanglants  ;  dans  les  derniers  mois  de  sa  vie  il  fut  deux  fois  averti  que  des  soldats 
de  sa  garde  à  ptod  étaient  convenus  de  se  battre  à  outrance,  conune  ou  l'appebit,  é 
tieccato  cMuso,  pour  quelque  querelle  survenue  entre  eux,  et  qu'ils  avaie^i  Uit  choix 
pour  cela  d'un  lieu  écarté  k  la  campagne.  Il  leur  fit  dire  qu'y  Ydûiaii  être  témoin  de  leur 
combat,  qu'Us  se  batlis6^&t  donc  au  bas  de  ir'escalier  de  son  pelais;,  dais  l&plâdBkdè^Sàiii^ 
Pierre,  et  qu'ils  se  gardassent  de  commencer  avant  qu'il  leur  eu  eût  donné- Inêinflae 
le  signal  de  sa  fenêtre  é  l'heure  fixée  ;  et,  lorsqu'il  vit  que  les  combattants  étaient  prêts , 
ii  étendit  sob  bras ,  leur  donna  sa  béuédiciHHi,  fit  le:«lgsM»  de  la  orolx,  «t  ka  hivîia  à 
commencer.  Dans  le  premier  et  le  plus  long  de  ces  deux  duels,  l'uu  des  combaitam8.ftit 
tué  sur  la  place,  après  avoir  auparavant  donné  et  reçu  déjà  beaucoup  de  blessures; 
dans  le  second  dueU  les  combattauti  furent  ioua^  Uessés  si  grièvement,  qu'ils  ne  purent 
pas  continuer  jusqu'à  la  mort  de  l'un  dea  deux,  et  qu'on  fiit  obligé  de  les  empof  1er.  La 
pape,  dit  le  journaliste  de  Rouie,  prit  beaucoup  de  plaisir  à  ces  combats,  et  témoigna 
le  désir  d'en  voir  d'tuirM.  Sieftm»  infûâtura^  Mflrto  Aenkmo  T.  III,  P.  U,  fter*  Uoê* 
p-  UM* 


©fr  Éèhnùf  aÔe:  ^  i 


H  mut 


CHAPITRE   VIIL 


âwyçd  d'iMwotiit  VIII;  ce  pape  fak  écfittér  k  gnëriv  flMNr  FènimaD(< 
et  ses  baroQs*  —  Le  cardÎMl  Paul  Frégosoy  doge  de  Gènes.  —  Con- 
quête de  Sarzane  par  les  Florentins.  —  Anarchie  et  pacification  de 
Sienne.  -^  Conjurations  contre  Jérôme  Kiarie,  et  contre  Galeotto  Man- 
frédi. 


1484-1488. 


la  ôonstitutioQ  politique'  de  F  Église  romaine  a  ^ît  pas 
établie  sur  des  bases  très  assurées.  Les  droits  et  lés  préroga- 
tivesdu  pape,  des  eardinaux,  des  évèques,  nayaient  point 
des  limites  ai^z  reconnues  pour  empêcher  fout  cohflit  de 
jaridicfion.  Cependant  cette  constitution,  dans  son  ensemble, 
éïaut  cette  diine  monarchie  tempérée,  et  non  rfun  état  des- 
potique. L'autorité  du  pape  était  balancée,  non  seulement  par 
celle  des  conciles,  états-généraux  de  T Église  qu'on  n'assem- 
blait que  rarement,  mais  encore  par  celle  des  cardinaux,  dont 
lé  collège  permanent  devait  être  irrévocablement  le  conseif 
des  pontifes,  en  sorte  qu'il  était  censé  concourir  à  toutes 
leurs  déterminations  importantes.  Le  papç  tes  appelait  tou** 


212  HISIOIBB  DJK  JIBPUBUQUXS  ITALIEHIIES 

jours  ses  frères;  il  insérait  dans  toates  ses  bulles,  qaelqae* 
fois  même  sans  les  aToir  consultés,  la  formulé,  diaprés  le  conr- 
$eil  de  nos  frères,  pour  donner  à  tout  ce  qu*il  ordonnait 
Tautorité  du  sacré  collège. 

Mais  à  la  fin  du  xv^  siècle,  lorsque  l'élection  successive  de 
plusieurs  pontées  entachés  de  vices  honteux  ébranla  le  cré- 
dit du  Saint-Siège,  et  amena  enfin  la  révolution  qu*on  vit 
éclater  au  commencement  du  xvi^  siècle,  l'Église  put  i*econ- 
naître  que  les  droits  réciproques  de  ses  représentants  n'étaient 
point  suffisamment  établis,  ou  assez  sagement  balancés.  Ja- 
mais on  n'avait  mieux  senti  que  sous  Sixte  lY  le  besoin  de 
limiter  l'autorité  du  pontife  par  celle  des  cardinaux  ;  jamais 
on  n'avait  plus  éprouvé  combien  l'influence  d'un  maavais 
pape  sur  le  sacré  collège  devenait  irrésistible,  s'il  voulait  em- 
ployer toutes  les  ressources  qu'il  pouvait  trouver  dans  Tin- 
trigue  et  la  séduction.  11  pouvait  accroître  indéfiniment  le 
nombre  de  ses  conseillers,  ei  s'assurer  toujours  ainsi  de  la 
majorité  des  suffrages  ;  il  disposait  seul  de  toutes  les  grâces 
ecclésiastiques,  et  tous  ceux  dont  l'âme  n'était  pas  à  l'épreuve 
des  séductions  de  la  richesse  et  des  honneurs,  se  rangeaient 
bientôt  de  son  côté.  ïlnfin,  la  violence  même  lui  était  per- 
mise; la  personne  des  cardinaux  n'était  point  à  Tabri  de  ses 
vengeances  ;  on  les  avait  vus  plus  d' une  fois  excommuniés, 
emprisonnas,  soumis  à  la  torture,  envoyés  même  au  dernier 
supplice,  par  des  ordres  arbitraires,  seulement  pour  avoir 
voulu  défendre  les  libertés  de  leur  collège  ;  et  l'idée  de  la  sou- 
veraineté du  pape  était  tellement  confondue  avec  celle  de 
l'autorité  de  l'Église,  que  des  théologiens  de  très  bonne  foi 
justifiaient  ensuite  ces  violences,  et  affirmaient  comme  une 
maxime  incontestable  qu'aucune  opposition,  même  celle  du 
corps  entier  des  cardinaux,  n'était  légitime  contre  aucune  des 
volontés  du  pape. 
Cependant  ce  pontife  souverain,  qui  exerçait  stir  tous  les 


DU  MOYEN  AGE.  213 

*  ♦ 

cardînanx'bne  atitoritë  si  illimitée,  était,  après  tout,  leur  créa« 
tare.  S'il  les  nommait  pendant  son  règne,  enx  à  lenr  tonr 
nommaient  son  successenr  ;  et  comme  on  ne  parvenait  guère 
à  la  tiare  que  dans  un  âge  avancé,  les  élections  du  souverain 
étaient  plus  fréquentes  dans  la  monarchie  de  T  Église  que 
dans  aucune  autre  monarchie  élective.  D'ailleurs  le  pouvoir 
pontifical  pouvait  être  souvent  affaibli  par  les  infirmités 
de  rage,  tandis  que  le  sénat  des  cardinaux,  composé  en 
grande  partie  d*  hommes  exercés  dans  les  affaires  et  les  intri- 
gues, réunissait  les  qualités  propres  aux  aristocraties,  la  con- 
stance, la  sagesse,  Texpérience  et  l'esprit  de  corps.  A  chaque 
yacance  du  Saint-Siège,  le  conclave,  avant  de  nommer  un 
nouveau  pontife,  ne  manquait  jamais  de  poser  des  bornes  à 
sa  puissance,  de  corriger  les  abus  par  des  lois  nouvelles, 
dimposer  des  conditions  au  candidat,  et  de  les  confirmer  par 
des  serments.  C'est  par  cette  même  marche  que  les  capitula- 
tions avaient  peu  à  peu  restreint  l'autorité  des  empereurs 
d'Allemagne,  et  que  les  correcteurs  à  la  promission  ducale 
avaient  anéanti  les  prérogatives  des  doges  de  Yeuise.  Chaque 
vacance  du  trône  de  Pologne  avait  de  même  été  signalée  par 
quelques  conquêtes  de  la  noblesse  sur  les  rois  ;  et  comme  les 
cardinaux  renouvelaient  leurs  t^entatives  avec  la  même  cons- 
tance, maisplasfréquenmient  encore;  comme  ceux  qui  étaient 
les  plus  considérés  dans  la  chrétienté,  qui  jouissaient  de  la 
plus  grande  réputation  de  v^u  et  de  sainteté,  étaient  aussi 
ceux  qui  mettaient  le  plus  d'importance  aux  privilèges  de 
leur  corps  et  aux  libertés  de  l'Église,  on  aurait  pu  s'attendre 
à  ce  que  le  gouvernement  de  la  cour  de  Rome  devint  abso- 
lument aristocratique. 

Mais  les  bornes  de  l'autorité  royale  étaient  affermies  par 
les  serments  des  rois,  et  l'on-fut  forcé  de  reconnaître,  sans 
doute  avec  étonnement,  que  cet  acte  religieux  ne  ciHiservait 
aucune  efficace  sur  les  prêtres.  Une  des  préNigatives  que  les 


2)4  HISTOIRE  Dm  fâ^fXi^X^V^  ITALimmES 

pipe^  ef'^t^ieid;  ^ttribaéeo,  et  qq'ik  dëf(nHiiâaii  a^ee  le  ffiliid 
.d'c^sti^afioii,  était  celle  de  délier  1^  fidèles,  des  sernMats 
qu'ils  ayaient  prêtés  imprademmept  ;  et  dans  une.  religkm 
qui  admet  des  yœux  éternels,  peut-être  étai|;*il  nëccMsaîre'  de 
reconnaître  dai^s  TÉgUse  un  pouvoir  qui  pût  ^i  relever.  Le 
pape  avait  ^reçu  a^  non)  dg  Bien  les  engagements  pôa  sons 
serment  eirver^  spn  %Hse;  lui  seul,  et  juge  et  partie,  poii- 
yait  en  (li^penser.  Biei|tô:t  il  orut  avoir  d^^  même  ie  droit  de 
disspqdf  e  |es  sça^ments  qui  lient  les  hommes  entre  eux.  On  le 
vit  rctpprQ,  dfî  son  autorité,  tantôt  les  pactes  et  les  altianees, 
tantôt  1^  Sjenxuents  de  fidélité  des  sujets  aux  souverains,  tM- 
tôt  les  nermeats  de  garanties  des  souvepâins  aux  sujets.  Par 
ce  droit  qu/il  prétei^dit  inhérenl;  à  ^o^  siège,  U  se  diapessa 
lui-n^ème  le  premier  de  tout  cp  qu'il  ^vait  promis.  A«ta»t 
lei9  concljayes  fuFei^t  soigneux,  d^n^tquf  le  xv^  siède,  d'exiger 
de  cbacun  de^  membres  du  sacré  collège  le  serment  4:*0bser- 
ver  les  pact^  convenus,  s'il  venait  à  6tre  désigné  par  le  Saîm- 
Esprit,  autant  les  papes  mirent  de  constance  à  annuler  par 
leur  autorité  suprême  les  ser-menta  qu'ijp  ^sôent  prêtés 
pomme  cardinaux,  et  qu'on  avait  cppepdant  t^oujoiirs  eut  soin 
de  leur  faire  renouveler  au  moment  de  l^up  <90uronn^n.nl. 
Dès  l'ann^  1353,  Innpcept  YI  ayait  mèine  éfeat>lî,  par  me 
constitution,  l^e  scandaleux  priacipe  qia'apcun  engageai!^ 
aucnii  serment  prêté  d^^^^aa^  SP  pouvait  lipintoc  l'aftlorité 
poptiÇcale;  parce  que  les  cf^rdiuaiix,  lôpsque  l'Église  était 
I^vée  de  son  pasteur,  n'avaient  plus  d*aiitve  autorité  ^pie  oeHe 
d'en  cré^  un  no^vew-  Ce  pfincipe  est  représenté  eoBune 
jqne  des  lois  invariables  ^  1*  Église,  p^Bsop  api^ifistf»  i,  qui 
écrivait  au  xvii"  siècle  ;  il  est  encore  ei|  i^igamii!  oo}ow* 
tfhui. 
Cette  constit9tio&  esf;  fpnd^  t^  i)u  sophisme.  Pw  wporte 

t  Bavm^ ém lipfA  *Hf*  t^'''  Xl^;«t  llfti,|  «(.T,  X»,  ii.8fl. 


•   09  BOmi  MGE*  ils 

■4 

tfm  ttsè^mâimm  n'aient  pas  le  droife  d'imposer'!»  «mait , 
oetei  qsi  l'a  piAbi  Tohoitaifeneiit  n*»  a  pas  motea^oontrailé 
pw  d^ligaiâoa;  ainsi  ne  ToalQt-«n  potnl  admetine  sans  omi- 
tfistotiaos,  mAiHç  è  la  fin  du  xv^  fdèele ,  diaiis  la  déprairation 
où  1a  cour  de  Borna  était  tombée,  le  piindpe  kiunoralcpii-aii- 
Iwisaît  le  pai^npe  dn  chef  de. la  religmi.  Les  prélats  «gnalés 
par  Ifiars  laoûères,  lettr  piéié  et  leurs  aœors  s  étaient  faavle^ 
ment  prononcés  coalre  ee  seandalei  Jacques  Ammaaatt ,  «est- 
dînai  de  Pttiâe  ;  Beasarion)  oardinal  de  Mîee^  Jean  Garrigal , 
cairâinal  espagoolv  airaisnt^cMstawneBl  infeqaéles  serments 
prêtés  par  Paul  H  avant  d'étee  pape  ;  et  le  dernier  s-fétait  kn* 
paortalisâ  au  jreui.:  de  TÉgUse  par  sa  courageuse  et  inâbroi- 
U^  oppofitioii  à  la  eonstitirtioii  qui  de^Kail  les  annoter  i. 
. .  Mais  I#.  sénat  des  carcUnaux  se  ressentait  des  yices  de  oshti 
qpir^TaU  seul  le  ppuyoir  d'en  ébre  les  menbres;  il  fallait  qne 
des  papes  tels  qa0  Paul  II  et  l^te  lY  eossasit  rempli  le  saecé 
(QoUé^  delenrs^^eréalnres  pour  qu'on  pût  vm  eminte  des 
âectioBS  telles  que  selles  dlnnooeat  YIII  et  d'Alexandre  Y^. 
i 4^4.— Bile  conctevepwsfSGnpuJefii  qui  s'assembla  à  la  mort 
de  Çixie  I Y  voulut  à  son  tour  imposer  des  conditions  au  pape 
qu'il  alkit  éUr^  les  cardinaux  s'oocopèneat  bien  plos  de  leurs 
intéi^ts  pemmpel&qaede  eonx  de  rJÉe^se.  Us  exigèrent  atant 
tout  Tai^^mentMion  ddeuvs  propres  revenus.  Aucun  parmi 
e»^  ne  devait  avoir  mcHns  de  quatre  mille  florins  de  rente,  et 
<^te  somme  devait  leur  être  (complétée  par  la  chambre  /apos* 
tolique  si  leurs  bâiéfiuses  eceléipastiques  ne  rendidenbpas  tant. 
Us.  demandaient  de  plus,  qu* aucun  d'eux  ne  p£^t  être  Imppé 
par  deft.cۉasures.,  par  une  excommui^tiou  ou  uu  jugement 
eciniîne),.si  la  swtence  qui  le  condamnait  n'était  sanetionnée 
par  les  deux  tiers  des  voix*  dans  le  sa^  collège.  UnedjFHMfp 
pins  ,impoi!tfuite  .^oore  fui  oelle  par  laqndle  ils  limit^eiM; 

<  Coardiu.  iktpimsi»  EpisL  183.  -^ntnituMé  JMi. JEeel.  1464,  Sst^t  F*  ^* 


SI 6  HISTOIRE  MSt  IB/ÈPWmQCSS  irALIEHlfES 

ImvwmÊbte  àtvîn^qliaçâ^.'  Le  pape  fetar  ne  'derîate  faire  lla- 
4;iltie  promotion  jwqm*àêetpi'ilg  fassent  réâiiite  an-de^ous  de 
ce  nombre;  il  ne  ponvait  de  plos  décorer  du  chapeau  auciin 
boDiniei&gé  denudns  de  trente  ans;  il  [ne  pontait  prendre 
qa*an-  séol  oaidinal  dans  sa  famiDe^  tom  ceux  qu'il  élèverait 
i  cette  rfminente  dignité  devaient  avoir  été  reçus  auparavant 
doeteôrsen  théologie  ou  en  droit,  à  la  réserve  des  seuls  fils  on 
nei^aax  de  rtris  ;  et  ces  derniers  même  devaient  faire  preuve 
d*une  instmction  oompétœte.  Enfin,  le  pape  devait  désormais 
ne  gWTamer  plus  que  de  concert  avec  les  cardinaux,  et  dans 
tontes  les  occasions  importantes,  surtout  lorsqu'il  s*  agirait  d'a- 
liéner qadqne  fief  de  l'Église,  ses  bulles  ne  devaient  avoir  de 
force  qu' ratant  qu'elles  seraient  sanctionnée  par  les  detix 
tiers  des  suffrages  dans  le  sacré  collège  i.  Si  les  deux  con- 
atitntions  qui  contenaient  toutes  ces  ccmditions  étaient  deve- 
nues la  loi  de  FÉglise,  peut-être  la  cour  de  Borne  ne  se  sendt- 
^  pas  oondnite  avec  moins  d'ambition  et  de  hauteur  ;  mais 
sans  donte  sa  politique  aurait  été  plus  prudente,  et  ses  chefs 
n'auraient  pas  donné,  par  leurs  moeurs,  le  scandale  qui  devait 
héter  la  réformation. 

A]^ès  que  tous  les  cardmaux  se  furent  engagés  par  serment 
À  observer  tontes  ces  conditions  s'ils  étaient  appelés  au  trône 
pontil^cal,  ils  allèrent  aux  suffrages.  Des  intrigues  fort  actives 
et  de  libérales  promesses  avaioit  dé|à  préparé  TâecUon  2,  et 
les  sq^rages  se  rénnirent  en  faveur  de  Jean-Baptiste  Cybo, 
Génois,  eardinal^prètre  du  titre  de  Sainte-Cédle,  qui  fut  pro- 
clamé le  29  août  1 484,  sous  le  nom  d'Innocent  TIII K  Dès  le 
jour  de  son  installation,  il  confirma,  par  un  nouveau  serment, 
le  tndté  fait  avec  les  cardinaux,  et  il  s'engagea,  sous  peine  de 
parjure  et  d'anathème,  à  ne  s'en  point  absoudre  lui-même, 
et  à  ne  s'en  point  faire  absoudre  par  d'antres^  Cependant , 

'  Dlario  di  Borna  del  Moiaio  di  tfmUtpwtOy  p.  loti  • 


,   .        W  wnfW  MB.  SI7 

4ès  qp'il  se.fieDlitiiiU«x  afCënm  sur  Mi^tvAiei  il  tWHtm  flou 
traité  et  ses  deux  sermeats,  comme  eoBtraiva  an  ilroit  ila 
Saiut-Siége^ 

Mçiis  lonocent  YIII  devait  la  ttave  à  ao  grand  nombre  de 
traités  secrets  fiûts  avec  chaciia  des  eardiiianx  ;  et  eeitXHsi , 
dont  Texécution  devait  être  immédiate,  furent  (dbaerf  es  avec 
pUis  d'exactitude.  Gdui  entre  les  membres  du  eondaye  qui 
Favait  servi  avec  le  pins  d'aetivité  et  de  «èle  était  le  eerdînal 
Julien  de  Saint-Pierre  ad  vincula ,  qui  fut  depuis  pape,  sous 
le  nom  de  Jules  II.  Ce  prélat  guerrier  avait  demandé  pour 
récoippense,  non  des  bénéfices  eedésiastiques,  mais  des  forte- 
resses. Il  en  obtint  plusieurs  en  effet,  et  pour  lui-même,  et 
pour  son  frère  Jean  delà  Bovère,  que  Sixte IV avait  fait  prince 
de  SinigagUa  et  préfet  de  Borne.  Ce  même  Jean  fut  nomtné 
par  limocent  YIII  capitaine-général  de  l'Église;  en  sorte  que 
le  pouvoir  et  la  faveur  de  la  cour  de  Borne  ne  sortirent  point 
de  la  maison  du  précédent  pontife.  Tous  les  autres  cardinaux 
obtinrent  les  prélatures  et  les  abbayes  pour  lesquelles  ils 
avaient  vendu  leurs  voix.  Les  écrivains  du  temps  n'hésitent 
pas  à  taxer  de  simoniaque  une  élection  préparée  par  ces  mar- 
ché^ qu'on  ne  put  tenir  secret»  2.  Hais  un  panégyriste  d'In- 
nocent YUIy  en  rapportant  ces  mêmes  libéralités,  les  donne 
pour  preuves  du  cœur  reconnaissant  du  nouveau  pontife  ^. 

Innocent  YIII  ne  ressemblait  pas  au  pape  qu'il  remplaçait; 
et  cepaidant  la  comparaison  avec  un  homme  aussi  odieux  que 
Sixte  lY  ne  lui  fut  pcnnt  avantageuse.  Faible,  corrompu,  sans 
caractère,  sans  vues  profondes  ou  suivies ,  Innocent  fut  tou- 
jours gouverné  par  d'indignes  favoris ,  et  son  administration 
fut  souillée  par  tous  leurs  vices.  Il  avait  eu  sept  enfants  natu- 

1  RayntUduSf  Annal  Ecoles.  1484,  S  *U  P*  S40.— *  Stefùno  tnfuiwoy  Diario  Ronumo. 
p.  1190.— Lettres  de  Guid'  ADtonio  Vespvcol  à  Laurent  de  Ifédicb,  où  il  racoote  à  quel 
prix  le  cardinal  Julien  avait  aclieté  pour  J.-B.  Cjbo  le  vote  de  chacun  de  fea  collègues. 
âpwi  Bà9€oi  Jvpend,  n«  44.  T.  iv,:pk  7.  —  >  OHoMa  paiwino,  rue  àe  Pmtifici. 
p.4d#. 


918  HISTOIRE  D»  JtiiffpSNJQUIlS  ITALI£»N£S 

f^  4e  {NH^n^nte  tofuies)  €t  il  dmim  le  softodile,  ooareM 
pour  XtgiWf  â«  le$  jreecMUMâtne  paMi^pieineat»  L'aloé  de  8^ 
fils  y  que  sa  petite  taille  fit  4ésj^oer  par  le  nom  de  Fraiicee- 
cbettq,  âeviut^en^ite  la  tige  des  dacft  de  Massa  et  Carram  de 
)it  K^^iftpn  Gyba*  U&e  desfiUe»  dlnaocenl  était  mariée  à  un 
|mi\gBiev  qu'il  ebarge^  dea  fioano^  de  la  courl  ka  «otraa  ne 
jooeqt  wenii  rdledatis  Thiatoire  i.  Ce  ne  fut  plos  Tambitioii 
p^  la  pasBîpp  da  la  guerrei  mais  l'airanee,  la  déhauebe^  et  une 
Tonalité.  dâ)^¥(tée  qui  caractérisèrent  la  nouvelle  conr.  Inno* 
cent YH{  ùX  ppu  4e  jsial  par  lui-même,  mais  il  laiasa  toatfura, 
et  son  indjolence  ne  lut  pas  moins  fatale  aux  peB{4»  i9«te  la 
turbulepice  de  9m.  pré4éce9aeu?. 

Le  roi  de  Napleç,  Ferdinand ,  témoigna  beaueoup  de  joie 
de  Télectiou  du  cardiwl  Jeaa*Bapti»te  Cybp;  il  le  regardait 
comme  une  créature  de  ^n  pève  et  de.lairmème.  fin  effet, 
Çy^y  qnoiqi^e  Génois,  a^ait  été  élevé  à  la  eouc  d'AUmee, 
et  il  avait  reçu  de  Ferdiniind  sop  premier  évéçfaé^  celui  d' A* 
jKialpbi  K  Mais  les.  papes  ont  rarement  montré  de  la  reeojmoaiB* 
sanpe  aux  souverains  qui  commencèrent  leur  fortune  ;  aooveiit 
U^  désirant  fair^  sentir  I^ur  i|(myeau  pouvoir  à  ceux  de  qui 
ils  ont  dépendu ,  ou  bien  ils.  se  ble^o^t  de  ce^  que  le  respect 
ne  succède  point  assez  t6};  au  top  de  bi^ip^veilkmce  et  de  pit»- 
tection. 

La  haine^qui  avait  éelaté  contre  Fecdîoaid  dïtns  le  royaume 
(}e  N^plea,  lorsqu  il  était  moi|té  sur  le  trône,  ne  s'était  point 
éteinte  pendant  son  long  règne*  On  reoennaiasait  Tkabileté 
de  sa  poUt^oe,  la  vigueur  avec  laquelle  \l  maintaMitaon  au^ 
torité,  ro|[:dre  et  la  justice  qu  il  faisait  observer  dans  ses  états  ; 

m^is on X^m^isu^  m  i*evaocfae  d'une  esteèine  «latice^d'une 
cruauté  impitoyable,  et  surtout  d'une  mauvaise  foi,  d'uneper- 
^die  dont  ses  vassanx  avaient  été  victimes,  au^si  bt^  (H^  j^ 

<  iHartù  dl  RiMo  di  Stêfimo  Ênfu»wn>  p.  iiil.—  OnofHo  tarvfn»  ne  paOè  ffftb  éts 
deux  atnés.  p.  466.  —  *  Baynaldi  AnnaL  Reekt.  1484,  S  i7f  P*  Mi. 


'ârasgerg.  Ii*aiiimatité  que  les  îlapolitiiiiis  cônservëient  dans 
leor  cœar  contre  Ferdinand  redcynbla  lorifiie  son  fils  alnë , 
Alfense,  duc  de  Galabre ,  oommeiiça  à'  le  remplacer  daas  les 
soins  da  gouvernement.  AKonse  portait  à  f  eioès  tons  les  vioes 
qa*avait em  son  père.  *  Mu}  bomine,  ditPbiUppe  de Gomincï, 
"  n*a  esté  plus  oruel  que  lui ,  ne  {dus  mauvais,  ne  pkis  vieieuz 
«  et  plus  infect,  ne  plus  gourmand  que  lui.  Le  père  estoit 
«  plus  dangereux,  oar  nul  ne  se  oongnoissoit  en  lui  ne  en  son 
«  courroux  ;  car  en  faisant  bonne  chère ,  il  prenoit  et  trafais- 
«  soit  les  gens. . . .  Jamaiis  en  lui  n  j  a^ôit  grâce  ne  misérioorSe, 
«  comme  m'ont  c<mté  ses  prochains  parents  et  amis  ;  et  jamais 
«  n'avoit  eu  pitié  ne  compassion  de  son  pauvre  peuple,  quant 
«  aux  deniers.  Il  faieoit  toute  la  marchandise  du  royaume , 
«  jusquesà  bailler  les  pourceaux  àgarderuu  peuple,  et  les  leur 
"  fai30tt  engraisser  pour  mieux  les  vendre.^  S'ils  mouroient, 
«  falloit  qu  ils  les  payassent.  Aut  lieux  ou  croit  l'huile  d'o- 
•  live,  comme  en  la  Fouille,  ils  Tacbetoient,  lui  et  ^ou  fils,  à 
«  leur  plaisir,  et  semblablement  le  froment,  et  avant  qu'il fét 
«  meur,  et  le  vendoient  après  le  plus  cher  qu'ils  pouyoîeut. 
^  Et  si  la  dite  marchandise  s'abaissoit  de  prix,  contraignoient 
«  le  peuple  de  la  prendre;  et  par  le  temps  qu'ils  'vonloient 
«  veuidre,  ncd  ne  pouvoit  vendre  qu'eux  i .  » 

Gfss  monopoles  avaient  resserré  l'amitié  et  la  confiance  entre 
Ferdinand  et  Sixte  lY  ;  ils  s'entendaient  pour  fouler  en  «on^ 
mua  leurs  peuples,  et  faire  de  vive  force  un  eommmrce  ruineux 
pour  leurs  sujets.  Innocent  YIII  en  arrivant  au  trône  fit 
pesser  t»  trafic  scandaleux  ;  mds  en  m^ne  temils  il  rompit 
les  relations  d'amitié  et  de  bon  voisinage  que  Sixte  avait  for- 
mées ;  il  réclama  avec  hauteur  le  trU>ut  pécuniaire  que  le 
royaume  de  Kaples  devait  au  Saint-Siège,  révoquant  la  grèi» 
accordée  à  Ferdinand  de  convertir  ce  tribut,  pendant  sa  vie, 

t  Métnoitte»  de  PkiHppe  de  GomiiiM.  L.  Vll»^dhipii  XW.  O^iliotf «t  é^  UêmMnt 
pour  rHUtoire  de  Fronce.  T.JUa^  9, 9Mi,' 


990  HISTOIBB  DEd  ttEMBLIQUlSS  ITALIEIINES 

en  la  préseBtafkm  d'une  hfiquenée^.  Iltéihoigna  onvertement 
mot  méoontentemèiit  de  eette  maiisoii  d' Atagon  à  laquelle  il 
deyait  sa  grandeur  ;  il  fit  valoir  la  suzeraineté  du  Saint-Siège 
mt  lero^naunie;  il  imrita  le^  barons  napolitains  à  porter  par- 
devant  lui  leurs  plaintes  contre  Ferdinand,  et  il  s^éfablit  en 
quelque  sorte  juge  des  fifférends  entre  le  monarque  et  ses 
sujets. 

1485. —  Un  acte  de  -violeûce  exercé  Vannée  suivante  par 
le  due  de  Galabre  fournit  au  pape  1*  occasion  de  donner  car- 
rière à  toutes  ses  prétentions.  La  ville  d'Aquila ,  dans  les 
Abruzzes ,  profitant  de  sa  foirte  pcHrition  au  milieu  des  mon- 
tagnes, de  la  ricbesse  de  son  territoire,  et  du  grand  nombre 
de  ses  habitants,  s'était  mise  en  possession,  sous  la  protection 
des  rois  deNaples,  de  presque  tous  les  privilèges  d'une  répu- 
blique ;  elle  ncmunaît  ses  magistrats  et  levait  ses  impôts  elle- 
même  ;  elle  ne  permettait  point  aux  troupes  royales  d'entrer 
dans  ses  murs,  et  elle  concluait  de  sa  seule  autorité  dés  traités 
et  des  alliances,  mèH[ië''avec  les  ennemis  du  roi.  C'est  ain^i 
qu'elle  était  alliée  de  la  maison  Golonna,  dont  les  fiefs 
s'étendaient  dans  son  voisinage.  Cette  alliance  n'avait  point 
été  détruite  par  la  guerre  que  Ferdinand  avait  faite  aux  Go- 
lonna ,  de  concert  avec  Sixte  IT  ;  et  comme  Innocent  VIII 
avait  reçu  dans  ses  bonnes  grâces  cette  maison  puissante ,  et 
diwcbait  à  la  dédommager  par  tout  son  crédit  de  la  persé- 
cution qu'elle  avait  éprouvée,  les  Golonna  donnaient  à  la  ville 
d'Aquila  un  nouvel  appui  à  la  cour  de  Borne  2. 

La  famille  des  Lalli ,  comtes  de  Montorio ,  exerçait  dans 
Aquila ,  depuis  plus  d'un  siècle ,  et  dès  les  temps  de  la  pre- 
mière Jeanne ,  une  autorité  non  moins  grande  que  celle  des 
Médicis  à  Florence.  Son  chef  était  alors  messire  Pierre  Lallo. 


1  UaynaMi  ànn,  Eceles.  i48S,  S  ^9  P-  358.  —  *  Une  colleclion  des  hiitoriens  orl- 
giiMNix  d'AqiAa  a  été  publiée  par  Maratori.  Antlq.  ItaU  Med.  JEvi»  T.  VI,  p.  48S-10S3. 
'■'DlartùBmiùmo  dtStefmotnfesaura*p,  U9i  etii9i. 


DU  HOTttl  JUSSk  Ul 

I<e  duo  deCMabfiByaywt  k  desoda  de  d^^poîUir  ^  haljttmi 
de  tiouçlepu»  privil^g^,  jjagMQpateiMble  detespliter  avattl 
toat  ^e  leur  premieir  mdgistnit  Alfomei  avait  oafitpnné  à  Ci^ 
Tità  di  Glùeti  rarmëe  qa*il  avait  ramena  de  k  gn^rre  de 
Ferrare  ;  il  invita  le  .oomte  de  Montorie  à  s*y  lendve  aupràe 
de  lui,  pour  traiter  des  affaiiea  de  la  provinoe.  Le  eomte  aV 
vait  pas  même  eu  la  pennée  de  noire  an  gouvernement,  en 
sorte  qu'il  vint  an. rendez-vous  sans  aneune  défiance,  hd  duc 
de  Galabre  le  fit  arrêter  le  28  juin.  1485 1.  Il  obUgea  la  eom* 
tesse,  sa  femme,  à  se  rendre  à  Naples,  etil  fit  en  nAme  temps 
filer  vers  Aquila  dçs  troupes,  qui  y  entrèrent  par  petits  déta- 
cheynentSy  et. qui  se troovènent. maltresses  delà  place  avant 
que  les  habitants  en  eussent  conçu  de  la  défiance.  Cependant 
les.  magistrats  d' Aquila  adressèkrent  au  duc  des  instances  resr 
pectueuses  pour  qu'il  ea retirât  se&.troupes,  confonnément  à 
leurs  piivil^j;e3«  Ils  les  répétèrent  à  plusieurs  reprises,  et  tou«* 
jpui!S  sans  succès.  ;  enfin,  le  25  octobre,  ils  donnèrent  ordre  à 
toute  laboui^oiaie  de  prendre  les  armes  ;  ils  attaquèrent  dans 
les  rues  Les  soldats  ni^politains ,  ils  en  tuèrent  une  partie ,  ils 
mirent  le  reste.en  fuite,  et  dédaraat  alors*  que  le  roi  Ferdi- 
nand avait  perdu  toute  souveraineté  sur  eux^  pour  en  av<»r 
abusé,  ils  se  donnèrent  à  l'Église,  sons  condition  qu'elle  pro- 
t^eàt  leur  liberté  2. 

Innocent  YIII  ne  fit  aucune  difficulté  d' accepter  l'offre  des 
habitants  d'Aqqila  ;  il  prit  sous  sa  protection  le  comte  et  la 
comtesse  de  Montorio;  il  fit  passer,  par  les  fiefs  des  Golonna, 
des  soldats  dans  l'Abruzae;  il  sollicita  les  baipns  du  royaume 
a  s*  engager,  pour  défendre  leur  liberté,  dans  une  confédération 
gs^érale ,  dont  il  voulait  être  le  chef ,  et  il  se.  prépara  à  la 
guerre*  Bientôt  il  apprit  que  Ferdinand ,  pour  faire  oubUer 
le  mécontentement  et  l'insurrection  d' Aquila,  avait  remis,  le 

*  Antiq.  ital.  T.  vj.  Cronaca  AguUana.  S  70,  p,  929..-?  IfoodUavetti.  L*.  VUI»  p.  4M. 
— *  Cronaca  àgùiUma, S  73>  P«  934»  


292  HISTOIRE  D£S  fés^WOJMJSfM  ttALIlSlfll]» 

16  no^(!BstiÛxi  ^  le  conte  dé  Ifemovi»  en  liberttf  v  i4[>i^rfttQë^ 
eng^dwft.sesiiitéKètfu  Lcipi^.^îflkà^oo  tfeiglimfff^ 
te  féliciter  9  mai»  U.  ne  lenonga  ppiat  à  see  pvéj^Mifji  êé 
giierre^. 

Eumèm»  tempft  fa'Iomeeiit  TIU  Mlïdtait Jss^  Mmxu»  fit^ 
pQlitauur.de  prendce.left^rBieftMiitreleir  noi^eelté^leli  ki^ 
vitaity  àKai^es^  à  um  «sfoniUée  de  «»  pnrleiieÉft^  Tveto 
gxsinds  seigneurs  walemeiiftosèsreRfc  s'j$rouiFer^  fo  eottteée 
Fûndi,  le  duc  d* Amalfi,  et  te  prince  de  Tarefite  ;  tov»  te»  àiF- 
très  r^Qsèrentrde  se  mettre  entre  tel  mexEtt  daret,  ^mmééê 
qae  s* il  les  tenait  imefois,  il.leavferaittrad^f  à  tons  fa  tète'« 
Au  liai  de  se  rendre  à  Naples,  as  s'assemblerait  ebes  tednc^ 
de  Melfi|  dans  la  idUe  de  même  nom,  sons  prAi^ite  d'asaieter 
aox  noees  de  Trajan  Garaociid/Oy  sm  flis.  On  ^  dttu»  ee 
coi^èa  le  graad-^mtral  du  i^yaorne,  Ànteme  est  SÊtk-9i9éh 
rinO|  prince  de  Salerne  ;  te  grand-oeonétaUe»  &em  éA 
BalzP), prince  d'Altamcura;  tegrandrs^néohal,  Viepee  de  Gne- 
vara>.  mar^nis  del  Yasto  ;.  Jérdme  SmSé^énmf^  prince  de 
Bi^iga^BO }  André-Mattliieu  AcqnaviiFa).  dno  d' AtrL^  te  dne 
de  Metfi,  celui  de  Q[ard«,  les. comtes  de  Lamâa,  deMélitev  de 
Nolà,  et  une  foide  de  moindres  gentilshommes.  Ges.seigiieQ«s 
étaient  résolus  à  ne  pas  souffrir  datantage  Tcq^resBtendnnS' 
laquelle  ils  languissaient.  Ils  étaient  entrés  en  ocNrrespondnace- 
avec  Innocent  YIIÏ;  ils  avaîénît  aussi  des  intdMgences  ni^c 
deux  confidents  du  vieux  roi,  d.ont  te  duc  de  (Jatebre  étiA  ja^ 
loux,  et  qu'il  youlait  perdre  :  Tun  était  François  Cnfi^h^ 
comte  de  Sarno,  gui  avait  administré,  les  déniera  do  »»i.  Ains 
son  commerce  de  monopole  ;  f  autre,  Antoine  PétnM^i^  qu'il 
avait  fait  son  secrétaire.  Tous  deux  avaient  amassé  à  te-  eem*. 
de  grandes  richesses,  qui  tentaient  la  cupidité  d'Alfonse^. 


1  Lettre  d'Ionoceot  viii  au  comte  de  Montorio  poar  le  féliciter  sar  le  recouTrement 
(te. M  liberté;  AAnàL  icwite».  14M,  $  4i,  p.  S58.— *  maria  di  Stefano  infesmra.  T.  m, 
P.  Il, p.  ii9a.«->  Giannone, {«laria  cwiU  del Regtêo dk âTopoO; fi,SXVttl,  ft  f,  p: «iT. 


09  mon»  A0S.  iii 

^  CaHm-mf  mmnti$nai%  le  méootttentâtienl  9e  toUté  la  Ao- 
UisBe,  m^doola  pat  que  fasBemblée  de  MeM  ii'éMiitlt  à nîië 
rAelUoBb*  Il'vwilat.  done  prévenir  leê  tMikux  par  la  rapidité 
de  ses  attaques.  U  tXMDba  à  TimproTiste  sur  le-  eomté  de  Nota  ; 
ils'MQIMm  de  tous  kt  lieux  forts,  il  y  Hurprii  la  femme  et  M 
deuK  fils  dtt  oomlt,  qa'il  envoya  prisonmers  à  Nâpies.  Soii 
iatention  #ait  d*éi$raa»rde  mèmetai  autres  mécofitënts  atant 
9a*ils  eussent  réuDî  leurs  forces }  mats  la  rébellibn,  aecâérée 
par  eelte  violence,  ëdata  en  môme  temps  dans  tout  le 
rqsMOBe,  ette  due  de  Galabre  Alt  obligé  d'nserde  pins  grands 
méfiagemeats  avec  des  e&neads  pli»  nombreux  qa*il  ne  s'y 
était  i^Amada. 

Efteore  que  la  guerre  eM  éclaté,  ni  le  roi,  ni  ses  barons, 
ai  le  pafpe  ne  se  trouvaient  prêts  pour  le  eombat  ;  aussi  l'on 
e^Bmeiifa  de  toutes  parts  à  négocier,  plutôt  avec  l'intention 
de  gagner  du  temps,  ou  de  de -tromper  les  uns  les  autres,  que 
deseréooBoHier.  Des  ambassadeurs  de  Ferdinand  se  présen- 
tèrent à  la  fin  d'aoAt,  à  Fl<M^rce  et  à  Milan,  poqr  demander 
à  eos  deu£  états  les  secours  qu'ils  étaient  obligés  de  fournir, 
d'après 't9ur  tnélé  d^aUianee^:  Louis  gforza,  dont  la  politique 
terlmivie  semblait  n'avoir  d'autre  but  que  d'étonner  et  dé 
coalonére  ses  fdKés,  évita  quelque  temps,  et  par  plusieurs 
suMeffages",  d'énoncer  ce  qu'il  voulait  faix^.  Mais  la  républi- 
que florentine,  entraînée  par  Laurent  de  Médicis,  promit  au 
roi  une  vigoureuse  assistance.  Elle  ^e  chargea  d'attaquer  le 
pape  dans  les  états  mèûie  de  F  Église,  tandis  que  Ferdinand 
combatipait  centre  seisl  barons.  Sforza  s'étant  enûn  rangé  au 
mêffiie  patti,  ils  prirent  en  commun  à  leur  solde  le  comte  de 
Pitigliano,  le  seigneur  de  Piombino,  et  tous  les  capitaines  de 
la  maison  Orsini  ;  et  dès  le  mois  de  novembre  ils  attaquèrent 
Innocent  VIII^. 

i 

>  Sf^one Ammttato.  u  XXV, p.  i69*— »iMtf«  u  XXt,  p.  m. 


224  HI8T0IEB  DES 'JKfiPUBIiIQOBa^  iTALIBNnES 

la  pape,  deaoa  cAté  amt  cbercbé  deS'  attkii^eed  eltiaBS  le 
reste  de  l'Italie,  et  en  France.  Pour.  s*atta^er  les  Yéaitieiis^* 
il  les  avait  relevés  de  toutes  les  censaces.  pronoBeées  eoixtf^ 
eux  par  Sixte  lY  ^  Il  avait  voulu  leur  persuader  cpie  le  mo» 
ment  était  venu  de  se  viager  du  roi  de  Naples;  .maifi  astte 
sage  république,  à  peine  reposée  de  ses  précédentes  guerres^ 
ne  trouva  point  qu'elle  eût  d'assez  fortes  raisons  poulr  s*enga«- . 
ger  dans,  de  nouvelles  hostilités.  Elle  se  contenta  de  eéder  an 
pape  son  général,  Bebert  de  San-rSévérino,  qui  passa. au  ser^ 
vice  de  l'Église  avec  deux  de  ses  fits  et  ti^nte^deux  esca- 
drons de   cavalerie  ^«   Innocent  offrit  en  même  temps  à 
Bené  II,  diic  de  Lorraine,  qu'il  regardait  comme  repnésentant 
de  la  maison  d'Anjou,  l'investiture  du  royimme  de  Naples.  Il 
ne  doutait  pas  de  trouver  ce  prince  prêt  à  teoter  une  entl^e-*^ 
prise  qu'il  ]i]^eait  glorieuse.  Mais  Bené  était  alors  même 
obligé  de  plaider  à  la  cour  de  France  contre  le  testament  de 
son  grand-père  qui  l'excluait  de  sa  succession.  H  ne  put  ob- 
tenir du  roi  qu'un  misérable  secours  de  vingt  mille  francs  en 
argent,  et  de  cent  lances,  pour  tenter  la  conquête  d'un 
royaume  auquel  Charles  YIII  prétendait  lui-même  ;  et  comme 
il  ne  voulait  pas  appauvrir  la  lorraine  pour  une  guerre  doof 
il  n'attendait  peut-être  pas  de  grands  succès,  et  qui  dans 
aucun  cas  ne  serait  favorable  à  ce  duché,  il  renonça  à  son 
expédition^. 

Cependant  F^dinand  avait  fait  déclarer  à  ses  barons  qu'il 
était  prêt  à  écouter  leurs  doléances^  et  à  réformer  les  abus 
dont  ils  se  plaignaient.  Ceux-ci  avaient  nommé  le  prince  de 
Bisignano  pour  exposer  leurs  griefs;  mais,  comme  ils  avaieet 
alors  l'espérance  dêtre  soutenus  par  le  pape,  les  Vénitiens  et 

1  BuUa  Innfic,  vm,  ai^.  Raynald.  i485,  S  45,  p.  SS9.  —  And.  Wavagien).  p.  it^f.  -^ 
s  M.Jnt.  SabeUico.  Deçà  IV,  L.  ffl,  f.  243.— Dlorio  dl  Roma  del  Notaio  di  BantiporiOi 
p.  1098.  —  Diario  Fenarese.  T.  XXIV ,  p.  «f7.  —  8 phU.  de  Comines,  L.  VU,  chap.  I, 
p.  135,  T.  XII.  IMm.  pour  VHist,  de  Fraooe.  .  . 


DU  Horjm  AOS.  335 


•  r 


le  â|io  Vipié,  fà  firent  ,aa  roi  des  deiQiWâpB  4|Q'il8  çfigraifq;^ 
eux^méiiD^  aWloment  idaçceptables.  FcpÛnaàd  régbi^d^i 
ga'il  é^  p^%  à  signer  la  paix  aux, conditions  que  .léfi  IfaTona 
prof^saient;  et  son  second,  fils^  Frédéric,  se  rendit  à  lenir 
aiBembWe  ayec  cette  acceptatioi| |»leinê  et  .entière.  L'extrême 
dÂonnaîrêté  deFerdinand,.  loin  dé  faciliter  la  n^ôciationi 
glaça  d'efCroîleA  coitfédérés,^  ils  Yeconi^i^rent  «sèment  rinten* 
tkm  de  leqr  maftré^flê  tout^  ac^^^r,  de  tout  jorer^'  çt  de  né 
respecter  aoen  de  is^  s^r^Èp  4>,<^Çter  li^  paix 

anxcondîtioqs  qp*e^-^ei|[}^i^^^  ils  offrirent 

la  ooqfOQiie  à  Ffé^!^  ^' Ani^^^*  •  9^^^?^!^^  \^PI^  ^1^^ 
pour  les  ^ur  accorder.  ,Ge  prin(^,aTj^^t  j^^iré,^!^  ses  T^* 

tas,  aptant.  de  bienmlli^fKpi;  et  dé  rpsp^l,  t^j^e  ^n^  ifrère  de 

méfianoe^de  haiue,  é*iia7aitétô^)hént|e 

il  aurait  tans  doute  saiivé  la  ipiaison  d*Afagoi^^d^^  fiK>rt^q[ij^.la 

menaçfiîi  ;.  péis .  il  ne  pouTait  accepte^  de»  prop^iUçns  cou- 

pablesi  iet  il  aima  mieux  demeurer  {jnsounier  d^^^i^e^^^     que 

dBrég;ner  sureuxï..     '  ...  [     '  ".   ,  \,' ^  */  r..r.\ 

Le  v€i  aVait  ji^  que  le  pairt^.np|nbre^|fQJ?i^  f^^  Ijoi^ 
8*il  coi^euçait  à  faire  la  guerre ,. se  détennweraijt  ausâldt  à 
di|s  n^esures  vigoureuses,  tandif  q^a.  ^'il  continuait  à  ^é^çic^^ 
le  respect  pour  rautorité  royale  arrêterait  tous  feft^effoi^  de 
o^te  li^  mal  affermie,,  e.i  ^  discorde  ne: tarerait  jgas  ^  s'y 
iatroduire.  Il  donna  doue  à  spn  ^Ijit-lpiU,  j^rdjuand;^  1^?^ 
de  Capooe  •  une  arii^  d'observation ,  cWgée  seulement  de 
ccHftenif  les  rebelles,  tandis  qu'il  i^itl^  gluf  {j^ande  (ksitie  de 
w^  fonees  sous  les  ordres  du  dnc:  de  Galabre,,  qui  wtrcha  sur 
Borne  pour  s'y  réunir  au  cpoite  (le  Piti^Iiano  et  eux  Orsini, 
siridésparleducdeHilianetlesFloimtins^   •,, 

Aucune  action  d'éclat  ne  9gn(dax^^,g{Ufjri['e;^ 
Ssa-Sévérino  voulut  s'ouvrir  un  passagp  aip  lâ|^Ters,,4^, jetais 


^  GIOJiMoiie,  Ulwla  eML  L.  XXVm,  c.  I,  p.  513.  -*-  ■  fM.  p.  él4. 


326  HISTOIBB  DBS  BÉPUBLlQUÈà  ITALIJSNIIISS 

de  relise  pôiir  aller  se  joindre^  dans  lé  royaume  de  Naples, 
aux  barons  qiii  Fattendàient.  Lé  dnc  de  Galdbre,  avec  M 
Orsini,  ^rif  &  tâche  de  Tarrèter  ^  tes  Florentins;  tonjotiiii 
ients  à  se  mettre  en  mouvement,  n'agirent  avec  'c[nelqae  vi^ 
guettr  qtf  au  commencement  de  Tannée  sniranle.  1486.  — 
Alors  ils  étendirent  leurs  négociations  daiis  toutes  tés  irillés  Ae 
rÉglise  qui  confinaient  à  leur  territoire.  Les  Ëaglioni  devaieilt 
faire  révolter  Pérouse  et  y  rétablir  le  goùveriiétbéiit  tét>ribli- 
cain;  les  fils  de  Nicolas  l/ltélliy  qui  venait  de  iliobri'r,  de- 
vaient, avec  leurs  partisans,  recouvrer  la  seigneurie  de  Città 
di  Gastello  ;  Jean  des  l&atti  devait  feire  valoir  les  droits  de  sa 
famille  sur  Yiterbe  ;  les  iilles  d'Assise,  Foligno,  Mohtéfaîco, 
Spolète,  Todi  et  Orviète  recelaient  de  même  chacune  un  pÂMi 
qui  traitait  avec  les  Florentins  2.  Aucune  de  ces  conjurations, 
tt  est  vrai,  n'eut  une  heureuse  issue  ;  mais  le  )[)àpe  qui  en  avait 
connaissance  en  conçut  une  extrême  inquiétude.  11  fut  oblfgé 
de  Aviser  ses  forces  pour  contenir  toutes  ses  vilïes  dans  h 
devoir,  et  il  ne  put  point  donner  aux  barons  napolitains  fës 
secours  qu'il  leur  avait  promis. 

Cependant  les  deux  armées  du  duc  de  (îalabre  et  de  San- 
Séverine,  qui  s'étaient  longtemps  menacées,  se  rencontrèrent 
enfin,  le  8  mai  1486,au  pont  de  Lamentana.  Un  combat  s'en- 
gagea entre  ces  deux  corps  de  cavalerie ,  mais  avec  it  peu 
d'ardeur  militaire  qu'on  assure  qull  n'y  eut  personne  ni  de 
tué  ni  de  blessé.  Comme  le  duc  de  Càlabre  enleva  des  prison- 
niers à  Bobert  de  San-8évérino(,  et  le  repoussa  du  champ  de 
bataille,  il  fut  supposé  avoir  reinpor'té  la  victoire  '.  H  s'ap- 
procha ensuite  de  Home  ;  et  les  Orsini  qui  lui  étaient  dévoués, 
jetèrent  la  ville  dans  une  extrême  confusion,  car  autant  la 
guerre  était  peu  meurtrière  pour  les  soldais,  autant  elle  était 
redoutable  pour  les  -peuples. 


M  Motn  AOB.  227 

U  Ameet  de  tôM  Tétat  de  fÉglise,  la  dévastation  deé 
eampagHeiif  la  ruine  de  la  viUe  eUe-mtaie,  inspiraient  d^à  ait 
bifa}e  Innocent  YIII  dn  repentûr  de  a'ftre  engagé  dans  nne 
latte  an-doMis  de  tes  forées.  Après  avoir  allumé  nne  guerre 
imprudente^  il  n^avait  pris  ancime  mesure  pour  la  soutenir  ; 
il  se  défiait  de  tous  également,  et,  dans  son  indécisioni  il  lais- 
gnil  édiapper  ses  dernières  ressources.  Iiaurent  de  Médieto 
angnirata  encore  son  irrésolution  et  ses  craintes^  en  faisant 
tomber  mifera  ses  nains  de  fousses  lettres  de  Robert  de  San« 
Séfi^no,  qià  devaient  faire  apprâiender  une  traUson  de  sa 
part^.  Les  cardinaux  (Raccordaient  à  presser  le  pape  de  termi* 
Dâf  «ette  faerre  ruineuse  :  le  seul  cardinal  de  la  Balue,  comme 
Français^  se  trouvait  ea  opposition  avec  tout  le  sacré  collège; 
n  rsppdait  les  démardies  faites  par  la  cour  de  Borne  auprès 
du  roi  de  France,  et  il  protestait  que  le  pape  ne  pouvait  sans 
désbomiear  abandonner  une  entreprise  qui  avait  déjà  mis  là 
franw  entière  sous  les  armes.  Le  vice-chancelier  Rodéric 
Boifia  lui  répondit  avec  tant  de  violence,  qu'on  eut  peine  à 
smpèdier  les  deux  cardinaux  de  se  battre  ^. 

FsMfinandet  Isabelle ,  rois  d*  Aragon  et  de  Castilte»  cher- 
diafa^t  par  leurs  ambassadeurs  à  rétablir  la  paix  du  midi  de 
l'Italie.  La  réunion  de  ces  deux  antiques  monarchies  leur  avait 
doBué  «ne  grande  prépondérance  dans  la  polîliqoe  de  T  Eu- 
rope. Ferdinand  était  roi  de  Sicile,  et  il  avait  par  conséquent 
un  iaJbMlt  dnrect  à  écarts  du  royaume  de  F  autre  FerdinancF, 
soa  cousînvles  prét^dants  français  qui  pouvaient  iâ>ranler  sa 
propns  dM^aiation.  D'autre  part,  il  avait  à  craindre  pour  la 
Sidie  Finvasion  des  Turcs,  qui  auraieiit  pu  faire  ainsi  une 
dâvenion  à  la  guérie  qfïîl  portait  daos  le  royaume  musutanan 

1  Haynaidl  AnnaL  Bceles.  14S«,  S 16 ,  p.  S68.  —  *  Rodôrie  Borgia  s'derii  que  le  Saint- 
Pére  De  «tevait  pas  ôcouier  les  propos  d'ua  ivrogne  :  le  cardinal  de  La  Salue  répondit  à  oetio 
fiMMè  pv  des  attaques  pltts  directes  encore  «or  les  mctors ,  la  naissaoce  e(  la  foi  du 
^mrén»^  xm  mdcrétot  tUftagnol.  iiéfam  ïnfmura,  ï>iario  Homtm.  T  If^  P.  |||' 

14! 


\    T 


228  HBIOIEB  DE$  JUEBUBLIQUm  ITALIEHNES 

9!f^i^mf4]&Jf^^^  k«l]6iteientrek]pape  et 

fe  i]:pi^  46  J^^tt|i%«i  I«'4^4q90#O.Tied(^^Fc^^  de  Boxas 
Ti|iK9^^  À  ïtp«^  9(mi  x^o^^x.^  »l?lud  .tiLidi:  îli^lqirept  miim  par 

paror^t^  ^fdempflt  (wp^es^i  d'wwplser  J^oPrijftédîalion >• 

W  ^f^B^^kWfi^  ÇÉgji«Çj|§  teil^t J^^»§l,i«3^f0p  ^09  «es 
^|fï;^««55fli>^  j»Wff*PW$iiWF;^^  jWTOWtolfti^e,  (l'Église, 
efuKîv^«f.(4'4W%.Ç*i rti?W.  tes  bs^fPi  ittoelleft>qiii  «vmœij 
foiî.ftft  ï^p^,|ipiïuijagg4filp»w^Çeftv^l$^ 

9?!??^ JÏPî#.?fl»"filî.WÇ^^^  ^-r^gW?^  PftP  $«l§  ville.ojQi.ces  bar 
irQJ(i^,,fl^w^tj?pçi^.(^  du  tribRt  qp^'il  recoïiiiaissait 

^evpjf  1^^  ffi,(5Qp^nta  pap  Ae^i^iiner  à  tons 

jMî^,,^awBS,\a>jq^  ai^ensi^,4ç  yçiiir  M  xewlrje  hommage  à 
l^^lffti  4].,]efff^]^T^  df  resj^.daiis  lepirs /forteire$»6s  au 
TOlîçiïj4çkflT^_xa^^  4oBp?  çepepdapt  poTO  firaotS 

de  leur  sûreté  les  ]B)i» jd^^llgOR  ej,j4e  fiasi^te^fe  diicde  Mite» 
et  X?ur!çnt  deM^c^^Cç  tÇ?tî^tJ[pi  tt'*Y,aijt  po^M^mmu- 
j^(l^ém^^€fa:^ïil^^  Il  ftQût,  à RQme^etpjiblifJ 

.,  fies  :deuf , çoWi4?i)iti^  4eaF?r4iRapd,  qoi.avaiept  c»tratom 
ayçc  1^,  rebelle?  fluf^  ?çcr^  coçr^spofii/*^Wv»\étoient 
expfiçjteWQt  .oofigi^a,  d^s  î^iteaité,  Anssl^ Feidiiiand,  .ao 
;roomeçt  Ail  res»t,  Ifi  3l>pi>,ç,  la. floweUe  xtei^.sig^ 
de  la,  paû[^  pour  jaêiiev  dans  le  .cœur  4e  pe^  sqjetsja  lenssiir  4 
T?aR^W%  fit-il,arrêtm-,;Françoi8  Çto^  cmi»  4e  Sa^Bo; 
Jes  jcoçites  4e  Çahnpla  etde.PqlicasJro  m  S^iAnUm»JPé^ 
tnicdi  son  secrétaire,  et  deux  de  leurs  confidents.  Leurs  biens, 


A  Aos^ïiâlctt  Anntû.  Vecles.  i486,  $  i-s,  p.  $69^-*  Stefa^a  Jnfe^tii^frû^lii^rt^fim^ 
^.1211.  —  Mfio  delHùUOù 4i  i(mtlp<frtp.  p.  il08.r^iKiifi|^; 
l4»p.MI.  '   •    ■  •     - 


0iiiioiitateQt,  dtuni,  &  trdii  oent  mOle  dMAis;fateat  étàtà^; 
ely  peu  de  jours  aprèé,  on  fit  ]^rir  tout^  èè»  f^ridtinmers  dttnft 
^e  eraek  suppIioe&  ^  Iie$  buroiis^  l|til  hVaièât  étô  ki  jgQett« 
ETee'le roi,  se  cfareptdambe ttonieikt alAËadbiiûéi iaes 'vtitt^ 
geanees  par  le  tridté  de.  paii,  •<»  pemb^èlre'  par  une  wHqMoii 
honteose:  de»  poiisàiiees  ÀDèmes  ^ayaiait'gtfaiitMeiirsÉ* 
retë.  Le  grand  aéndehal,  Pierre  de  tkiétara,  imbiArat  'dé»  dtoiu^ 
kmr  de  ravilissement  bà  était  tenMsba'palrtivÂtttOK^ 
San-Sévérino^  piinoè  de  SaleraB,  «Anoàlsisaîlt  Ifot»  Fttrdifiiaid 
poar  se  fier  jamais  liAiiypasBaéii  Frâoee^  «1^  àptto'de  Migs 
efforts^  31  réussit  «ii^n  hj.^nmtarixâ  t6i%QW<^;  lies  antrelk 
barons,  retirés  dans  leurs  teires,  fbrmt  méM^  ^qàe^^ 
temps  oMore  ]^arle'roi^i«i^i)»chefchèraitalof9.àiS6  penba- 
det  que  leiir  eatd»e  n'ëtaif  potnl;  ïa  moine  quecdllti  dit  emtUi 
de.Sâ)na.etdePétraoci.<:i  •:  ■  '  m»  ,m'.*1.;   ■  ->  %{  iu-i^.^  ,'iv 

Cependaiit  Ferdin^ind^  après  «'ètafe^^assttvë  qoé  le  tM  "d^Ës* 
pag»B,  ie  duo  de  )Mirànfet  Lauréntodq  Xédieis;  ne^tièndrainnt 
poûjkt  la  ma&n  à Texécatiob  de  :  iefl[  protiessesj'  ne  tabdâc  pias  à 
les Tîoler  tontes  efiCroiitâiicnt^  Jl  >fiienti<éi:'«ir:mGlisicte  i4sep- 
tembro  dans  Aqnila^  ce  même  eomter  .delHqnlorio  (paf  il^atàit 
faitark^t  un  an  auparavaiit,^  muâsn^ldepnîs'  s  était  ièniièh 
rement déi^  àM.  Ls.ebnite'ttindM'l  Fimprqviite Anries 
soldats  d'Bpmocent.YIH'j  iliinr  tiA  aiie^pavtie,  el  «ontraigÀit 
le  reste  à  la  fdte.  U  fit  mettre  à  Inort  rarchididcfe^  (Atef»dlà 
par&'df  l!ÉgUsej  et  représentant  du  papèâans  A^ittf^^eifln 
4  scvniaM;^  Si»ns  téitm^  cette  :v$Uft  èf  antoiriténijiale'tv!'  >^: 

1^  Iwc^DS:  n'éi^biqppèMkt  pas  longMnpff  ^dod  plii^lt  la.  per* 
fidie  duwi;tLe^jp/îoeb)lmi  op,  te^  dtantresiie  HO' juin 
^imt»  Qfit  «Rjèterll^  l^inpeB  tf ili^^  et  tde  iftsigatto^ 
les  aies  de  Hdft:  et  de  Jïurdo,  les  ^smM&ét  Movc<me,  de 


*  AtmaU  NapoiUmi  dl  Haimo.  T.  XXUI,  p.  398.  «-  s  MimolfU  de  PMI,  de  Comtnes 
U  iqr,  «|M|L:  II»  p*  |W.--*  t,8»/lnie  Utfèemai  Df»h  H  Jkww.  Tr  Uf,  ^.  U^  p.  I3i4.  - 
*^mkUAmua.Eeckê.i4M6t$i9iP.9if»>  h 


986  mSTOIRB  D»  tt£pem%USS  ITALISlfHES 

^ianrja$  de  Milita,  de  NoHi^  et  i^nears  antres  gentils^* 
jboniiiies.  On  prétend  que  toas  ees  «eign^org  for^t  immé- 
diatement égorgés,  et  que  leurs  eorps,  cousus  dans  des  sacs, 
&rent  jetés  à  la  m&t.  Mais  Ferdinand,  ponr  contenir  leurs 
partisans  j  Tonlnt  faii«  erâre  qa'il  Retenait  tonjonrs  ces 
fMrinœs  cdmme  otages,  et  il  eut  srnn  de  faire  porter  dhaqne 
jour  des  provisions  à  leur  prison.  Peu  de  temps  api^,  on 
arr^  enoore  leurs  femn^s  et  leurs  enfants,  et  tous  letirs 
biens  forent  confisqués.  La  princesse  de  Bisigmino  réosMt 
seole  à  s'enfoir  ayec  sa  fanitUe.  Le  roi  fit  périr  en  même  temps 
Marin  Itozono,  doc  de  Soessa,  qui,  depnis  vingt-cinq  ans, 
languissait  dus  ses  cachots  ^ 

Le  roi  n'ayant  pins  rien  i  craindre  de  ses  barons,  se  dé- 
gi^ea  de  toot  reste  d*égards  ponr  le  pape.  Il  continua  à  dis- 
poser, sans  le  consulter,  de  tous  les  bén^ces  ecdésiastiqoés 
de  ses  états;  il  refosa  k  tribnt  annnd  qn*il  s'était  engagé  à 
payer,  et  loisqae  FéTÊqne  de  Césène  fut  envoyé  par  Inno- 
eent  YIII  anprès  de  lui,  ponr  tédamer  sur  ces  deox  objets, 
Ferdinand  répondit  qn*il  connaissait  miedi  ses  propres  sojeti 
qne  le  pape,  et  qu'il  savait  mieux  «que  lui  qaels  tttdent  ôenx 
cpii  étaient  dignes  d*avaneement.  Il  ajoota  qu'il  ^it  sans 
ai^gent,  et  que  d*aillenrs  il  avait  Imnt  fait  de  dépenses  pour 
f  Ég^,  qn*ii  avait  mérilé  de  jmnr  d*nneptns  longue  eleisip- 
tîon  encore  *• 

Bobert:  de  San-Sévârino  sachant  tpm  le  traité  de  paik  ne 
contenait  ancnne  dame  en  sa  Saveur,  se  mit  en  mardie  pour 
r^agner,  avec  sa  cavairaîe,  le  territoire  de  Yemse ,  déterminé 
à  s'ouvrir  un  diemin  à  la  pointe  de  l'épée.  Il  ayaft  ^é^ 
passé  Todi  et  le  boncg  Saint-S^nlere,  lorsque  le  duc  de  Ûi- 
labre  se  mit  à  ses  troasses:;  oe  doc,  qui  enconragetA  à  la  ré- 
sistance tontes  les  villes  dont  San-Sévérino  s'approchait, 

1  &mtumê,  itu  eir.  U  ixvm,  e.  I ,  p.  nt.  «  *  Stt/Ino  titfmma»  mm  apM* 
p.  121t.  —  BaynaUU  iiuioL  Eeeles»  UV^  (  tl»p,  U% 


r 


DU   MOYBir   AGE.  ^3^ 

ÇQQijEnenc^  Jl^i^^tô^  à  £Bgn^  des  marches  sar  Ipi,  ^esQ  BeQr 
tivoglio  et  les  Bolonais  fermèrent  enfin  le  passage  an  ^nérd^ 
^Q  papjç,  et  eelai-ci  fut  obligé  d'abandonner  tons  ses  bagages 
et  la  plus  grande  partie  dé  son  armée,  tandis  qu'avec  cent 
chevau-légers  seulement  il  échappa  à  ses  ennemis  et  rentra 
sur  le  territoire  de  Venise  ^ 

Jamais  le  Saint-Siège  n*  avait  fait  une  paix  plus  honteuse 
qae  celle  gue  venait  de  conclure  Innocent  YIII.  Sans  avoir 
éprouvé  aucune  ^ande  déroute,  aucun  .revers  qui  pût  mo- 
tiver tant  de  faiblesse,  il  avait  sacrifié  le  général  qui  était 
venu  à  son  service  de  T  autre  extrémité  de  Fltalie  :  il  avait 
abandonné  tous  ses  engagements  avec  Bené  de  Lorraine  et  la 
cour  de  France^  il  avait  fait  traîner  dans  les  cachots  et  périr 
dans  les  supplices  des  hommes  qui  n'étaient  coupables  que 
pour  avoir  soutenu  son  parti,  et  qu'il  s'était  engagé  solennel- 
lement à  fléfendre.  Il  perdait  le  tribut  du  royaume  de  Naples, 
et  la  présentation  aux  bénéfices,  que  le  Sàint-Siégè  distri- 
buait auparavant  dans  ce  royaume  ;  et  pour  comble  de  lionte, 
tous  ces  outrages  lui  étaient  faits  en  contradiction  ouverte  avec 
un  traité  solennellement  juré,  et  annoncé  à  toute  l'Europe, 
sans  qu'il  osât  en  témoigner  aucun   ressentiment,  inno- 
cent YIII  qui  fit  quelques  faibles  tentatives  pour  se  faire 
payer  par  Ferdinand,  n'en  fit  aucune  pour  sauver  les  mal- 
neoreuses  victimes  de  leur  attachement  au  Saint-Siège.  Il 
n'en  conserva  pas  moins  des  relations  de  bon  voisinaige  avec 
le  roi  dé  Naples;  il  n'invoqua  point  la  garantie  des  média- 
teurs du  traité  de  Borne,  et  bientôt  il  se  jeta  entièrement  dans 
les  bras  de  l'un  deux.  II  sentait  sa  propre  faiblesse,  il  avait 
besoin  de  trouver  de  la'  force,  il  désirait  être  conduit  et  se 
confier  en  aveugle,  et  il  choisit  pour  son  confident  et  son 
goide,  celui  en  qui  il  venait  de  trouver  F  opposition  là  plus 

^  8dpkme  âmmiraio.  L.  XXV,  p.  i76.  —  M.  âmU  SabelHeo,  D.  IV ,  L.  ni ,  f.  S4S.  ▼. 


233  EISXOIBB  DÉS  BÉKiBUqiIBS  ITALISniIS 

yig«lfêàn  :  ttmieài. àsité^m,  ttSM^  lé  sùmor  de  Pfer-' 
dioanâ^  "         . .  '   '   (  ■■.,':_ 

Ce  cbef  câèbre  i^'  U  répabiiqne  floraitine  aVak  rebeoiià^ 
DD  jnete  miécontciiteiaeDl  dàns.le  conseil  méine  dès  ^^aitte, 
cpill'  avait  créé,  lorsqu'il  avait  tooId  engager  Florence  à  se^ 
conder  Fen^nand  dans  une  opprésàon  injuste,  et  à  ^e  bronîller 
arec  rjË^lise,  dont  l'inimitié  était  tonjours  redoutable.  Son 
histimen,  Valori,  assure  qbe  jamais  il  ne  déploya  tant  féto- 
gncmce,  que  dans  ]»  discours  qui  persuada  ses  collègneBi. 
jamais  anasi  il  n'avait  en  liesoin  de  plus  d'artifice  que  dans 
cette  obcasiDa,  où  il  yonlait  faire  sacrifier  Tavant^  comme  les 
principes  de  la  répnbliqàe  k  son  intérêt  personnel.  Laurent 
réassit  à  procurer  à  m  famille'  l'amitié  (te  Ferdinand  en  M 
rendant  service,  et  celle  d'Innocent  Vfll  en  l'intimidant; 
mais'  ni  inn  ni  tantre  n'étaient  les  vrais  alUés  que  devait 
déàrçr  îlorence;  ni'fnn  nî  fantra  ne  ponvaienlproinetlre 
d^  la  constance  dans  leors  affections,  on  de  la  sdite  dans  lenr 
jwlitique.  Florence  était'cfécbue  de  sa  grandeur  depnik  qu'elle 
avait  abandonné  le  s^aUsmedes  Albizzi,  et  qu'elle  ne.  faUait 
pins  cause  commune  avec  tous  les  ^iiples  libres.  Les  Médîcîs, 
iiumiifc&  de  n'être  considérés  ilans  les  autres  répnb'Dqoes  qoe 
éôiaùne  de  sim'pliea  citoyens,  manifestaient  de  là  jalousé  contre 
Denise;  ils  inspiraient  de  la  défiance  à  Gènes,  &  Lacques  c£  h 
Soime;  ils  mettatient  enfin  tont  leiij'  art  à  maintenir  un  esprit 
de.riTdii£  entre  leur  patrie  et  les  villa  ifcres.  D^'lprsFlo- 
rencé.'n'éat jpTàs  de  partisans  héréditidres  dans  le  rçsie  de 
l'Italte';  '  '"  '  e  son  alÙahcé  dépendait  des. inlrigûeé 
sécr^  !<  ii';élie  i4it  wiabte  comme  Irà  liitiârèti 

oinvm  À  s  princes  ;  ceux  qui  soufraient  pioor  la 

cuue'là'  n'éâi^ient idiiB  asçni^  de  ses  secours; 

la^amù'^  é  songèrent  plnîs  dès  lors  à  veiûr  à  son 

■  VUh  te  (Îm  ImvMii.  ^  u.  ir- BAfcM .  «f»  •/ MMW.  A  WM.  T.  n,  «h.  VL 
f.n. 


uâe/qi^aafÛAi  q^  sentiniiii  èoÀtfift  pàif  «^  lij^ 

fvSnp  '    ^ 

'  La  Tïitiitè  de  ïiàumit  de  ttâlids,  aa  Gototraîré,  a^it  flattée 
bbtâi  liés  fois  qa*U^traitait  aVee  des  princes;  FerdiÀand  avait 
pour  liaâtbm  les  égards  réserVés  ani  soave^ins.  Son  flisPierre 
^t  aloeaeilli  àvee  bien  plni  de  respect,  aiox  nécèà  d'Isabelle 
JTAragon  avec  ïèan  ûûéàz^  qae  lés  ambassadeurs  de  la  i^pa« 
bUqaen  limoeént  YIII ,  de  son  bôté ,  ne  s^alIiàH  J^  <1  FIo* 
renoe,  mais  aiix  îlédicis.  Son  Û%  ÎPraucâicbèttb  CytKi/époiite 
Kadeleitie,  fille  de  Laurent  et  deChtrisiie  Orani.  Clalrisse  fut 
i  cette  oocasion  reçue  avee  pompe  à  la  cour  de  Home ,  aàssi 
bien  que  son  père  Yirginio  Orsini,  qui  depuis  '  te  tommen* 
eement  de  ce  pontificat  avait  étié  en  gderre  avec  lé  Satnt-Srégc  : 
tons  les  Orsini,  qtÀ  avaient  été  persécutés  avec  nfcbaràetnc^t, 
forent  rappelés  àla  faveur  et  à  la  tonto-piiissàncè  dani  Some. 
Enfin,  le  pape  promit;  au  frtire'dë  sa  bélïe-fille,  aa  second  fils 
de  Laurent  de  Medicis,  un  cbapeaii'de  cardinal.  Gelàï  ^ptit  la 
fortune  ëommençdit  ainsi  devait  être  un  jour  le  pape  Léoii'X; 
alors  ii  était  encore'  enfant,  et  jamais  la  première  dignité' de 
rÉglise  n'avait  été  obtenue  dans  un  ftgè  atissiteiidbel' Le  ma- 
riage de  Francesdiettip  Gybo  et  dé  Madeleine  dé  Médici^në  se 
célébra  q[u*en  novembre  1497,  et  là  'cdnéécràtibn  dé  ^eUn'  de 
Médic&'fiitdifféréejùsq(à*Âico  r4i62^. 

Laurent  dé  Hédi^  était'  à  peiné  récblÂilié  aveti  Y^Ë^^ 
qu'il  rendit  à' Innocent 'Tlïïn^  service  émihént  en 'tënhmÎEin^ 
houiiintblément  pour  lui  unie  petite  guerre,  qui  inéâà'^it^d* être 
sm^ie^dé  grands  désastres.  Là  ville  dOsimo,  dans  l'a  Marche, 
avait  éprouvé  une  révolution,  à  la  suite  de  laqiièlié  cHl^e  avait 
seooàé  la  domination  de  rÉgfisè ,  et  BoeôoUno  Gozzoni ,  l*un 


Mefim  iR/iMfHra.  T,  ui ,  P.  U  »  p.  1211.^-.  martôdi  mm  M  KouOê  <U  nmtiportOn 


-•^* 


^4  HISTOIHS  DES  H^PpUfJOQpVS  ITALIENHBS 

de  ses  dtoyei^,  s'en  était  fait  déclarer  seigneur.  Ce  ije^t 

'verain ,  abandonné  à  ses  seules  forces ,  aurait  été  aisément 
ramené  à  Tobéissance  envers  le  d^  apostoUqoç  ^  mais  vers 
le  même  temps ,  Bajazeth  II  y  demeuré  vainqueur  dans  les 
guerres  civiles  des  Tnrcs ,  avait  repris  le  desséip  de  pénétrer 
en  Italie.  Des  poignées  d'aventuriers  mxisulmans  ayaieat  fait 
plusieurs  ^soentes  dans  la  marche  d'Ancdne  ;  ils  avaient  es- 
sayé de  surprendre  Fano,  et  ils  avaient  trouvé ,  dans  les  états 
du  pape,  des  corresjpondants  et  des  partisans ,  comme  ils  en 
avaient  trouvé  dans  cenx  de  Ferdinand  i.  Boccolino,  ^ui  ne 
pouvait  guère  espérer  de  former  des  alUances  en  Italie ,  fit 
offrir  à  Bajazet  II  de  tenir  de  lui  la  ville  d'Osimo  en  fief  ;  il 
lui  envoya  son  frère  à  Gonstantinople,  tandis  qu*un  agent  du 
sultan  vint  à  Venise  pour  suivre  cette  négociation.  La  ville 
d*Osimo  est  située  à  quelque  distance  àja  .rivage,  et  Inno- 
cent YIII  j  pour  supprimer  une  révolte  qui  pouvait  avoir 
de  si  funestes  conséquences,  avait  envoyé  immédiatement 
dans  la  Marche  le  cardinal  Julien  de  la  Bovère,  qui  javait 
coupé  les  communications  de  Boccolino  avec  la  mer.  II  l'as- 
siégea ensuite  dans  Osimo,  place  assez  forte,  et  qui  se  défendit 
avec  vigueur  :  si  la  garnison  turque  qu'on  y  attendait  était 
entrée  dans  ses  murs,  il  est  peu  probable  qu'on  eût  jamais  pu 
chasser  ensuite  les  Husulmaos  du  sein  des  états  de  TÉglise^. 
Laurent  de  Médlcis  interposa  sa  médiation  pour  terminer  cette 
guerre  dangereuse  :  il  envoya  f  évèque  d' Arezzo  à  Boccolino, 
et  il  lui.persnada  de  vendre  au  pape  la  ville  d*0^imo,  pour  la 
somme  de  sept  mille  florins.  Boccolino  vint  ensuite  à  Flo- 
rence ,  QÙ  il  fpt  bien  accueilli;  mais,  lorsque  de  là  il  se  ren- 
dit à  Milan,  .il  fut  arrêté  à  son  entrée  dans  ,cet|^  j^ernière 
ville,  et  pendu  sans  jugement,  et  sans  égard  pour  la  pro- 


*  ROMo^r  IÀf)8  ofLorenw.  Chap.  VI,  p.  *$«.  «^  *  SUfano  tnfnsÉam  IHêrto  Uomimo* 
p.  ms.  -^  Marin  Smmo,  fiu  û^  DucOl  p.  iUL-^haynaU,  ânnàL  ÊSxi:  i4é9,  $  Si; 

p.  STl. 


M  MOT»  AOl.  235 

teetkm  de  Médicis,  m  pent-êlare  t^réa  ta  OMmtenee  fleèpèle  ^ 
Il  m  rottait  pLoB  en  Italie  d* wtro  gaerre  qae  celle  e&tre  les 
r^mbliquei  de  Florence  et  de  Gtees;  elle  n^ayail  pmiit  été 
terminée  j[Mur  le  traité  de  Bognolo,  en  1484  ,*  elle  ne  le  fut 
pojiit  par  celui  de  Borne  eo  I4â((.  Le  premier  avait  laissé 
Ma  Florentins  le  droit  de  poarsmvre  f^  les  armes  k  restitu- 
tion de  SiTzane,  qu'Augustin  Frégoso  leur  avait  enlevée  : 
dans  ce  but  ils  avaient  pria  à  leur  solde  le  eomte  Antoine  de 
tfardano,  et  Ruiuccio  Famèae,  et  ils  les  avaient  envoyés  dans 
k  Lnnigiane,  dès  le  mois  de  a^tembre  14842. 

1484*  —  Gênes  se  trouvait  alors  avoir  poor  doge  ce  même 
Paul  Frégo90,  son  archevêque,  qui  s*étaii  assis  deux  fois,  en 
i464,  #«r  le  trône  <kical,  et  qui  s'était  voué  à  la  piraterie, 
loraqu*!!  avait  été  forcé  d'en  desèendre.  U  était  rentré  dans 
tt  pairie,  en  1 479,  avec  le  reste  de  sa  famille.  Son  neveu,  Bap- 
tiste, avait  été  décoré  par  Siite  lY  du  chapeau  de  cardinal,  et 
d)(u^  du  oommàndemeut  de  la  flotte  envoyée  contre  ks 
ïura».  Mais  ni  ces  hCHmeors,  ni  le  rang  qu'il  occupait  dans 
l'Éi^Use  et  dans  sa  patrie,  ni  le  crédit  qu'il  conservait  sur  le 
doge  Baptiste  Frégoso  son  iae«en,  ne  suffisaient  encore  pour 
satisfaire  l'ambitieux  archevêque*  Il  accuaa  Baptiste,  auprès 
des  obefs  de  sa  fiiction,  de  dureté,  d'arrogance  et  d'injustice, 
il  prétendit  que  ce  doge  était  «n  n^ociation  avec  l'empereur; 
pour  lui  soumettre  Gênes,  et  la  tenir  ensuite  en  fief  de  lui  ;  il 


*8(igf^no  Jn/UMuni*  p.  lUT.  ^  Boyiia/iL  annal,  K9eU$.  i4t(l^  S  Y,  p.  181. 

11.  RoMoë  a  prouvé  par  la  pQblicaUon  d'une  lettre  de  Laurent  A  l'ambassadeur  flo- 
rentin A  Rome ,  que  son  héroa  s'était  employé  avec  léle  A  faire  lanir  par  le  pape ,  au 
moim  Ivttga^à  l«  ilatB  «In  ts  août  14»,  les  prowwaai  faltos  A  Bocooiloo.  (iKpiiir.  p.  it2« 
Àppend.  p.  140.)  Mais  il  ne  deyait  pas  s'en  prendre  A  moi  du  soqpçon  queJ'aTais  incl- 
deinmenitlaiisé  peser  sur  HédielB  ;  les  paroles  de  l'annaliste  de  l'Église  llneulpaient  bien 
davantagfB.  Ad  arui  confugiendum  fiiU»  Itaqm  Laurentiu» Hedieeut,  etc...  Qidbtu  de- 
UnitHs  ÙleeeM»  tynmmu  ad  Laurenthan  FtorenUcm  perrexit ,  uM  Uutte  habUm  est; 
û*MÊMêkm껧i  «n» tfMit  aeeMw...  jteMo  jwttfiMp  eotum  spca  Moa; prMNio,  iilnii- 
faM  iMpfNdto  alfê€bÊ»  ctf .  ftayiaid.  tWli  S  T.^li«-  papian  ««naartria  4iir  ParekAfetda 
Vatican ,  ifue  VaAnaliste  die  A  l'appui  de  an  rédii,  ae  font  pas  aoeaisiM»  pou  moL 


818  BISrOIBS  DK.ttiifliWfiiQrai-  ITALIigniES 

BdnAtoeidê  faotimx  â  m  «rdrai^  ot  ié  d«g»^l80à*«M«iiétk]it 
Tend  liû  reMtdi»  «Tîsitè  j^  l^«ridlMiècbé^'>le  a&'ïcwinbii^  1483^ 

âe  dëptiser  la  eoQn^nofe  doèale^^iet  îl^néi  ki  imôit  ftffmbéirW 
fft'iq^rte'ifètre  faitUv]wlefaM»iel1#Aiitér^^ 
PaQl  FrégOBo  ayant  asBemUé  ttâ  oMiéâlrde  «iDift^'OMto^^ 
teycaBy  M  fit  pgocliûp«r  doge  de  GéqeS' par  leots  tetfMges^  V 

CecM  de  faotieua^  habile  et  wtrépmutt^'Iétait  iki  4m 
plus  redoutable»  adTeniiretf'gpie'leaSlor^tiiW'piiM^ 
GOBtrerdam-leiHrs^iitDqprise  «w<iSai»Aae.'€e  >à*éta}t  j^iÉi  à 
AugdBtia  FMgèMseol  q[a'i]>  de^ttitdlqpaterf  la  petite  ViHe 
dont  ils  rédamaient  '-  k  soaverâ&eté,  -iBaift  ""'eâi  dege,  «él  *  te 
même  temps  à  k  Jbattqtie  de  j^tttî^ieeit^.  4ktte  eoiDJuigiii 
de  oommeMe  -,  aoui  prétexté  d^admiUititc  %  1 9e?eniia  dai 
cr^àaeimi  de'rtftal:de  Gétiei^,-  aftaii  im  gotnrchàtàfièi^  ^repré- 
«ebtatlly  on  trésor^  une  araiiéeèt  im-  sj^Btème  de  ^Ubevié  et 
d'adnimistratiûabien  mpâîeai'  k  ael«d  de  k  irépcdHiqiie'aa 
liiSka  de  laqaaUe  elle  était-iiirtitaées..  AngfutoFv^goBbi 
qui  ne  s'était  pa»  senti  assez  fiort  peni*  défendre  seul  Séâatmef 
imôteédéà  <ette  lNmqae«toaS:8esd[ioîië/ 

La  jMiàqàe  de  gaint-Gooi^  possédait  ëgakmbdt  lé  iàrt 
joh&teaiide  Piétra^Santa,  i}m  eedimand^  le  passage  de  k  I^ 
nie^iiieç  iseà  ^^(Mèaâxk  de  Morââee  A  Sarzittié^Ce^bàiléaii  «et 
situé  dans  une  plaine  fertile,  couverte  par  des  bois  d'oliyienii 
mais  re0sm^<mtrel0s^tnof^tâgn|^  la  tner.  Lâs  eatt^'qm 
ne  peuvent  j.troayer .  m  éoôqjieinent  ^iujpSwit  ^  y  £o|^qènt 
cpidiques  maraiB  qui  rendent  cette  eampagne  très  mat- 

>ame.  Piâxa*^      aT^il  ^  baiie  au  im*  ^ijée^  par  on 


tJKptiite  BrégCMo  4i  écrit  liiiHnaaftnMiloto64e  cette  rèroteii»»»!  gwite  iiMMip» 
:«riBiiM  et  dei  tIom  hoBleiiz  ^  ipn  eiiele«  dane  wmâifTû.De  FouU  et  Dietk.mifaM' 
.Mtt.frfifb€rëFoMct.L.  Xl,p.0M.^40^  mustMaU  ÀmuUL  L.  V,  f.  Hl, F* -<*  A 
Mzonv,  ai«t#  Omtceiif,  L.  XV,  p.  SM.-:  t  /Tic*  JHiCiMmeftt«l«lir«L.  VIU»p.i98. 


bOJcppB^  «mane  sam 

daj^^B^iii}^  l^m^ie^O  jgliep^:%^^l6$.<}<^iioift4  neiroulaieiifi  pas 
<x)pœcfi9§r^^^^  W  altaqnantioette  <(^rtafie^e.  Mm 

un  coiiTCN^ , ffi^ ibi^ai^t  eacorlé^  qu'iSisnon^ofaieiit  àlettr'ah^^ 
m4e,  et  qql  ]^i^nuû|;;  ck^  ks  amr»  <tepFietraTSaiitta^  fat  pillé 
par  la  ga^^Dîwm.  ])^  lors  ik  se  erareat  en  droit'  d'assii^ger  oa 
chftteaii)  et  )a  guerre  an  Uea  de  «r'étcejdirigée^ftte  eonfre  Aq^ 
gustin  FrégQ3f,  deviiit  p«b)iqQe  eutre  les  ^x  états^  Les 
GéïKMi»  de  Içnr  oftt($,  envoyèrent  Gonstafltiut  Doria,  avec  nnè 
flofte  de  dix  galbes  e^  ^pia1a?i^Tai8se«ix  rends  poiiv  porisr  le 
ratage  à  liToame,  à  Yack),  et  snr  toutes  les  eAfees  de  Tosetme^. 
ie  mAu:^.  jiir  de  PiétraJ4Saiita  raidit  très,  meurtrier  le 
si^  de  cette  petite  Tille,  qui  avait  été  ratreiNri9  dans  la  saison 
d^  fièvres.  Il  y  avait  e^  pea  d'actions  miHtaiim,  lâs  batferiéB 
^'étaient  pointeneo^  p^iitéesdevant  les  mnrS)  elt  dé|à  lestrcôs 
eq^i^nes  des  Florentms^  les  comtes  de  PMgUano  et  de  Map- 
eiaiio,  et  Banncdo  l^rnèse  étairat  malades;  la  plupart  de 
le^t^t  SK^dats  éjt9içnt  bors  d*état  de  faire,  ammii  serriee.  Ils 
.étaient  sur  le  point,  le  10  octobre,  de  lever  le  si(£^?,  ij^rsqifiB 
les  FJotetitins  envoyèrent  à  kar  armée  des  renforts  .eoDS^dl^ 
ral^,  avec  trois  noavefinx  commissaires.  Genx-ci  s^effoeoè^ 
rent  de  faire  comprendre  anx  soldats  qae,  ûàm  tût.  c^mat 
jàimA  et  fié^vreux ,  Tantomne  était  bien  plutôt  la  saiséa  de 
ecmimencer  que  de  terminer  la  campagne.  Ils  les  engagjarent 
d9qa4jdemeqrOTenoared0vant  Piéà*arSanta,  etles  21  et  32 


*  Ifie.  MaeeMovetU.  L.  VIII,  p.  4SI. — Sdpione  Ammirato.  L.  XXV,  p.  las. — /.  Miph, 
SrufL  L»>Vin« p.  199. ^9  VberH  Féttetœ  Qènueiu.  Bku  L.  XI ,  p.  651.  ^  P.  Bizarro^ 
!•*  X?«  p.  va^'^  àgfM»  e^MoKA  ÂHMà,  U  V«  f.  811.  -^  >  5c4>tone  immiralq. 

L.XXV,p.l«8« 


338         msTOiBS  Dm  ftirajbLtQtJifiè  tTAtmiiËs 

octobve^  ils  les  eéttâo^rireiit  à  Fattaqaede  deax  rràdiites  qn'ftl 
ailevteent, roue  au  SaUo  àlaCérmm,  l'autre  dauslatallée  de 
CùTvara.  La  garnison  a? ait  jnsqii' alors  conservé  one  commit** 
nication  avec  les  montagnes  an  moyen  de  ces  redoutes.  Gep^^ 
dimt  le  comte  de  Mardano  fut  tné  dans  une  de  ces  lattaqueS^ 
les  trois  bonveanx  commissaires,  Gniedardinî,  Gîan-Fîgliazzl 
et  Pucci,  forent  attefaits  par  U  flètreiépidémiqne,  et  l'on  fdt 
oUigéd'en  envoyer  on  nonvean,  Bernard  delllérè,  pour  les 
remplacer.  Il  arriva  an  camp  le  2  novemlm;  la  garnison  éttSi 
d^à  aux  abois;  un  assaut  ta%  Hvré  à  k  place  le  5  novembre^ 
et  tes  Florentias  demeurèrent  maîtres  d'un  bastioù.  Alors  Lau- 
rent de  Médieis,  qui  ne  s'approdiàit  gnèHB  des  camps  aussi 
longtemps  qu'il  y  avait  quelque  danger,  accourût  à  câlii  dei 
assiégomts  pour  recevoir  la  capitulaliDn  de  Piétira-^Baâta  ;  die 
fiit  «gnée  le  8  novembre  ^ 

Les  Florentins  cependant  avaient  pris  à  leur  aolde  ifix-hoit 
galères  catalanes ,  «eus  les  ordres  de  Requesens  et  de  Y illa<- 
Marina  ;  ils  avaient  formé  un  parti  parmi  les  ânigrés  génois 
ennemis  de  Paul  Frégoso,  et  ik  voulurent  attaqiser  ce  doge 
dans  sa  capitale.  Bernard  éd  Méra  eut  beaucoup  de  pAne  à 
tenir  réunie  F  armée  qui  avait  pris  Piétra-Santa,  et  qui  étaft 
affaiblie  et  déconri^  par  des  maladies  tocyours  rmiâfsbantes. 
Il  se  pr^Nirait  cependant  à  continuer  la  campagne,  lorsqu'fl 
apprit  que  les  émigrés  géimk  avaient  été  défmts  le  22  décem- 
bre ;  alors  il  céda  aux  sdUidtatioàs  de  ses  soldats,  et  illes  mit 
en  quartiers  d'hiver  s. 

1 4Bô.  —  Louis^le-Maure,  régent  de  llijian,  et  k  pape,  of- 
frirent aux  deux  républiques  leur  médiation  :  ik  pro|K)sèrent, 
ou  de  laisser  aux  Génois  la  possession  de  Sarzane,  et^éiox  Fi0«- 
rentins  celle  de  Piétra-Santa ,  ou  d'échanger  ces  deux  pkces 

T. mzarro.  L. XV,  p.  gtf*  -ig^i*  6|N«0aM«i«  Vi Um..^* Scipitm  mmtm»^ 

X.  XXV,  p.  IW, 


l^hne  contre  Taiitre,  poar  que  chaque  république  i*eiitrftt  dans 
8ë8  andeiiiiesi  propriétés.  Les  Génois,  dans  la  première  stlppo* 
Bliion,  demandaient  que  les  Florentins  évacuassent  SarzanellOi 
fdrtéresse  bttetiatitè  à  Sarzane^  quMIs  posëédaiettt  toujours. 
Cetii-d  ne  roulaient  le  ftire  qu'autant  qu'ils  seraient  rem- 
boursés du  prix  d*a<ihat  qu'ils  avaient  payé  à  Frégbso  pont 
toutes  deux.  Ces  prëtentiotis,  quoique  opposées,  ne  parais^ 
Mèût  pas  bien  diffidles  à  accorder;  aussi,  pendant  tonte  Tan- 
née 1485,  les  hostilités  demedrèrent-elles  suspendues,  d'autant 
plas  que  la  guerre  de  NapTes  et  de  l'Église  attirait  d'un  autre 
côté  rattention  et  led  forces  des  Florentins  ^  Mais  les  nou- 
velles n^ociations  entamées  par  le  pape  furent  infructueuses; 
te  trdté  signé  par  son  entremise  fut  rompu,  les  deux  peuples 
s'accusèreùt  mutuellement  de  mauvaise  foi,  et  dé  nouveau  ïh 
recoururent  aux  armes  ^. 

1487.  —  Vers  la  fin  de  mai  1487,  les  Génois  surprirent  là 
forteresse  de  'Sarzanello  ;  mais  ils  ne  purent  se  rendre  maîtres 
du  ch&teaa  où  les  Florentins  s'étaient  réfugiés.  Florence  en- 
voya en  hâte  tous  ses  condottieri  sur  cette  frontière  :  c'étaient 
le  comte  de  Pitigliano,  le  seigneur  de  Piombino,  celui  de  Faenza 
et  les  Orsini.  Leur  armée  rentra  le  13  'avril  dans  Sarzanello, 
à  Xeàn-Loùis  de  Fiesque ,  qui  commandait  les  Génois,  y  fut 
fait  prisonnier  avec  un  de  ses  neveux^.  Pitigliano  entreprit 
aussitôt  le  siège  de  Sarzane  ;  il  bfttit  trois  red))utes  entre  cette 
ville  et  la  Magra;  il  ouvrit  une  batterie  de  huit  bombardes, 
^i  fit  au  corps  de  la  place  une  brèche  praticable,  et  il  allait 
ordonner  un  assaut,  lorsque  Laurent  de  Médids,  averti  que 
les  habitants  étaient  sur  le  point  de  se  rendre,  accourdt  pour 
recevoir  leur  capitulation  :  elle  fut  signée  le  22  mai  1487,  et 
îarîtiée  victorieuse  prit  l'engagement  de  respecter  lés  pro- 
priétés des  bourgeois  *. 

^  ^^ione  Ànmirato,  L.  XXV,  p.  i6Y.  —  «  iM,  p.  17S.  '^VbefU  rùUetœ.  U  Xl« 
P«  m,«.  s  ScipiOfie  4lillll|r«(0.  L.  XXV,  p,  t7««  —  *  IbU,  p.  179.  -«  Và9HI  folHttk. 


S49         BBionui  i>î#  sfs^usfiffpii^^  trALiEBrifss 

la  tenni&er  par  une  bonne  pais^  Laurent  de  Uiédida  w  laissa 
oa^un  millier  de  soldats  à  Sarzane ,  et  il  s'unit  à  Ixmia^le- 
Mapre  pour  décider.  Paql  Fr^;aso  à  f^oqnfiçttre  de  wayw^ 
fiénes  an  ;due  de  J^j^.iQnc^^  V  Âge  ^ancé  4n  i^anjiipjil  Fré- 
goso  oçHBmençàt  à  cidnieir .sça  pa»^na>,  la  dopl^e  dîpiité 
d*  archevêque  et  de  d^ge  n*ayût  pu  te  f4^  rfnonc^r  au  jcaroe- 
tère  d*^  c^ef  de  fiitfjfiix*  Son  fila;  natai^l  Fc^pi^Of  mar- 
chait,  comme  lui,  entopré  de  han4Hs  fçeQuluinés  ikpjm&t 

toutes!^  lais. pwr  satisfaif)e  #ea^|||djr^  ,^é|ii^vi(^^»^<^ 
despiii,  nouveUement  ijQa|iti;ki.à;.GéW  c^  dés- 

onUirçs,  avait  fait  arr^Tbp^9i|aFjri$gf^  Le  carfljinaly  9[a  «op 
filSy.p^epant  la  défense  de,leurp^eoty,fijreiit  assassiner  Angp 
Gi^^|ildi|.jl*im  4es  décemYÛSj.etlobie  Ijoi^^  Ennoiéme 

temps  ils  «itrèi^nt  en]  traité  avec  Loujb^le-Maiv%  pour  loi 

fomn^ttre  i^Cf  a<^  Pf^^  ^ff^^Wi  4  ^U^P>  accordées 
;ayeC|l^)içliiçi|^,ds  ^an,  s^^X  ii:S9|iTen|;,tvio),ée99  «nais  ils  cher- 
chèrent dws  cet  aeçpr4^;^^  garantie  Kour  l(BQur,faimiUe"qn'as 
ne:  pouvaient  tronvev  pofir,  l^ur  pati;ie.  I^^fijlïe  n^nr^Ie  du 
dernier  duc,  Glaire  Sfona,  vedye  de  Pierre  4el  Terme ,  fiit 
donnée  en  ma^ag^  à  ErégqnîsOy  fils  .de  Tardi^^ife;  leuis 
poc^  f curent  câéhrées  avec  qn  faste  royal  à  Hilan^  an  mois  d^ 
juillet  1487,.  en  pféseuf^  des  jui^baf^sa^eç^  de  la  république. 
Ainsi,  laliberté  de  Gèn^  al|a^  .être  sacrifiée  par  un  marché 
hontcpi^  aU'Otfu^iage  4^^^ 

Maisl*al)ûipçiB.<te  Paul  ]B'r4g()so  avec  le  duc  de  ^an  exdla 
la  défiance  de  ,todsl^  Cretois,  et  le»  ennemis  du  dpge  profi* 
tèrent  de  cei  dispositions  puhjiiifuès  pour  se  i^éunir  «contre  lui. 
Iblétto  et  Jean^-Lquis  de  Fiesqn^  deux  frères  qpx  avaient  ^'- 
tribué  à  sa  grandeui:,  se  préparèrent  à  aj^attre  Tidol^  qu'ils 

L.  XI,  p.  6S9.  «  >  Vb,  Fottetœ  BUU  Genveta,  L.  XI,  p.  «S4.  —  s  Djofto  del  *Motulo  ai 
fiantipario.p*  i|05.  '^BanhoUSmatenof  Commenude  rebui  GcHuent»  7*  XXIV.  sur. 
ital.  p.  518. 


:  00  mon»  A6B»  241 

^tdèst  âevé  :  ib  s'adressètent  à  ^ptirte  Frésoso,  qae  le  car* 
dioal,  son  onole,  reteDaït  en  exil  àam  le  Frinli,  après  ravoir 
trahi  et  cbaasé  da  palais  ducal  doq  ans  auparavant.  Î\b  s'a*- 
droBsèrrat  aussi  à  Jean  et  Augustin  Àdomo,  chefs  de  la  fac- 
tion opposée,  qui  vivaient  à  Selva  dans  la  retraite,  et  ils  con^ 
.vinrent  avec  eux  du  jour  où  ils  attaqueraient  à  1*  improviste 
le  doge  qu*ib  détestaient  tous  ^ 

1488.—'  Jean^^Louis  de  Fiesque  s'enfonça  dans  les  mon« 
tagnes  pour,  armer  ses  vassaux,  et  joindre  à  leur  troupe  tous 
les  soldats  vagahpnds  qu'il  pourrait  re<»ruter.  Ibletto,  diargé 
de  diriger  des  rassemblements  dans  les  faubourgs  mêmes  de 
^ènes,  cacha  ses  intrigues  sous,  l'appareil  de  festins  conti' 
nuels,^  d'une  dissipation  qui  frappait  tous  les  yeux.  Le  doge 
le  fit  interroger  sur  les  soldats  qu'on  voyait  autour  de  lui. 
lUetto  répondit  que  c'étaient  d'Midens  compagnons  d'armes 
qû  profitaient  de  ce  que  l'Italie  entière  était  en  paix  pour 
venir  passer,  dans  la  joie  quelques  jours  avec  lui.  Cependant 
r  inquiétude  que  PaulFrégoso  avait  manifestée  fit  comprendre 
i  Ibl^to  qu'il  n'avait  pas  un  moment  à  perdre.  Le  même 
soir,  au  mois  d'août  1488,  il  surprit  la  Porte-aux^Chèvres, 
près  de  Saint-Étienne,  et  il  s'y  fortifia  avec  une  centaine  de 
soldats;  il  fit  en  m^e  temps  avertir  de  son  entreprise  tous 
ses  associés,  et  il  les  fit  prier  instamment  d'accourir  aussitôt 
à  son  aide.  Paul  Frégoso  crut  devoir  attendre  le  jour  avant 
de  venir  l'attaquer;  il  ignorait  et  les  force»  dé  son  ennemi  et 
les  dispositions  de  la  ville,  et  il  ne  voulait  pas  tirer^  des  sol*^ 
dats  de  s^s  forteresses,  au  risque  d'en  affûblir  la  garnison, 
au  moment  où  Ton  songeait  peut-être  à  les  surpi^ndre  :  ce 
délai  assura  le  succès  des  conjurés.  Avant  le  jour,  Jean-Louis 
de  Fiesque  entra  dans  la  ville  avec  la  petfte  armée  qu'il  avait 
rassemblée  dans  les  montagnes.  Augustin  et  Jean  Adomcf  y 

s  Barlh,  Senaregœ  Comment,  p»  SU»  —  Vbert,  Fottetœ,  L.  XI,  p.  MS* 

▼u.  16 


242  HISTOIBE  D88  HnmUJQUBft  ITALIENNES 

antoèreat  de  kar  eèté^  avec  tonte  leur  ftatien  depuis  long^ 
temps  ^primée.  Baptiste  Frégoso  n'avait  pas  héâte  è  s*idlicr 
avec  ka  pins  andeDS  anneBiis  de  sa  aiaisan,  pour  se  wenger 
^h  perfidie  de  son  ciicle.  Lenr anoée éteit d^à isit :sapé>- 
Tîeuce  à.  eeUe  dn  doge;  au  point  dnjovr  elle  Tint  TsMafoer 
an  palva-pnldie  ;  et  PanlfTeccmnaissant  trop  tard^ne  le  dâai 
d*ane  noit  avait  causé  sa  mine,  s'enfuit  avec  son  fils  dans  la 
eitedeUei  tandis 'que  soil  ami  Paul  Doria  retordait  la  marche 
des  assaillants  pardbs  propositions  artificienses,  et  le  éécof 
Imt  ainai  an  poignard  de  Baptiste  Fr^joio,  qni  ne  nBapimot 
^e  vengeaiiee  K 

^  Ijesemieaiisda  cardinal 9  midtres  du  palais  publie,  dior*- 
ebètient  à  donner  une  tant»  nonvdle  à  la  répnUique.  Us  ne 
voulurent  pas  nonmier  de  doge;  cette  dignite  suprême  urait 
lévmBélarivalilé  des  AdoRii  et  desFregosi;  elle  anniit  aussi 
mécontenté:  les  Fiesquesi  fiie  leur  noUesse  exclnaît  d'nne 
ma^tratnré  populaire*  Le  sénat  choisit  donc  douze  eilojens, 
qu'il  nomma  d'abord  capîtakies,  et  ensuite  néformaleinrs  de 
la  république  de  Gênes.  Les  eheb  des  deux  factions  popu«» 
laires,  cfUE  de  toutes  les.  familles  noblesi  et  ceux  qui,  è^nl*^ 
que  titre  que  es  fèt,  jouissment  de  la  conftanoe  de  knri 
eondtojena»  se  taronvèr^it  réunis  dans  ce  nouvean  conseU^» 
Le  preoûer  ordre  donné  par  œs  magistrats  Ait  odœ  d'at? 
taquer  la  forteresseu  Le  cardinal  ne  s'était  pas  contenté  de 
l'occupa;  fl  avait  anssi  logé  des  soldats  dans  les  mainans 
voisines,  il  en  avait  chassé  les  habitents,  il  avait  coupé  hû 
rues  par  des  barricades,  et  il  s'était  mis  en  étet  éfi  mmiaàc 
un  siège  qui  pouvait  être  long«  Les  coad>ats  livDés.airinnr  de 
cette  forteresse  réduisirent  Ciênes  à  la  {dos  effrayante  déso-> 
lation.  Chaque  pidaîs  était  à  son  tour  attaqué  et  défendu  avec 
de  l'artttlene;  quand  l'un  ou  l'antre  parti  élmt  eUîeé^de 


1  Batth.  Senofegct  De  rehut  Gtn,  p.  5t5.  —  lOberL  FoUetœ.  L.  XI,  p.  ass.  •-  *  Barik, 
Senareçœ,  p.  sil. 


BU  MOT»  A6K.  243 

t'éraeaer,  Û  y  mettait  k  feu  en  se  retirant;  sa  vâbmi^ 
«iMBl^its  et  de  rtneeiidie,  <m  iroyail  les  habitants,  les  lamnês 
€t  les  enfimls  dispster  an  soldats  qui  les  pillaient  leors 
meoblCB  et  letà^  rtebessei.  Chaque  jear  la  dévestatiott  s'éleà* 
dâit  plus  loin  ;  et  oette  o{ya^te  dté  y  n  renommée  par  sa 
ttagnifieenee,  saiiblait  menacée  d'être  rasée  par  ses  propres 
titoyènsi^. 

Pendant  qne  œs  combats  se  [plongeaient,  fes  magistrate 
a'ftiMnt  adressés  au  pape  leur  compatriote ,  dont  ik  implo^ 
rtrent  la  médfatien,  et  au  roi  de  Branee  Charles  YIII,  anqnel 
ils  offrirent  k  seigneorie  de  leur  tille,  aux  mteies  oonditionB 
«RKqnelles  son  père  Pavait  possédée.  D'autre  part,  Paul  Fré- 
Ifioto  avait  «jkmtandé  des  seoours  au  dno  de  Milan  ^  .qui  fit 
ataiic(^  irers  la  Ugurie  Jean^François  de  âan^SéTérino,  comte 
de  Gaîoxso,  ik  de  Robert,  qui  était  mort  rannéé  précédente. 
Eu  mâme  tempe  des  ambassadeurs  milanak  mrrivèrent  anssl 
4  Gènee,  et  Imr  médktton  fni  aeeeptéa  par  les  denz  partis, 
ils  pioposèinent  de  partager  k  république  entre  les  Adorai 
et  ks  FttégOtt  ;  de^  eéder  aux  prami»»'  SaTonne,  areo  Ictate  la 
rMè«e4e  PKmmt;  de  eonserver  «ni  seconds  frênes  et  la  ri* 
Tttre  de  ImmA^y  de  reconuattre  enfin  la  sncemneté  du  dnc 
dé  Mflan  sor  fane  et  ^sac  f aotre  partie^.  Cette  proposition, 
H\Â  sacrifiait  k  gloire  et' re^tènce  même  de  la  nation  à 
FaTantage  des  che&  de  pa^ti,  fut  rojetée  par  tons  deux,  mais 
tfie  augmenta  leur  défiance  réciproque.  Baptiste  Fr^oso 
cepenèanî  était  odieux  et  suspect  à  Louis4e-^Maure ,  et  ks 
ambassadeurs  milanais  traTaiUaient  en  secret  à  détacber  de 
hA'  ses  nouveaux  aesodés.  Ik  réussirent  en  effet  à  obtenir 
^on  k  leur  sacrifiât.  Baptiste  fut  aan^èté  dans  k  maison 
même  d'Augustin  Adomo,  où  il  s*étalt  rendu  sans  défiance. 
On  k  Al  menter  s»r  une  galère,  et  partir  pour  Aniipoli  dans 

>  C7*erf.  F$li9tm>  L.  Xl«  p.  âM.^Hortfc.  Senaregtt.  p^  ki9'  P.  Bizqeri,  l>.  XV,  p.  303. 

^^VberL  Folietm,  L.  XI/ p.  6ST.  *- Bori/i.  Senategœ,  p.  5|7,         

16' 


244  HISTOIUE  DES  HEPUBUgiTES  ITALIENNES 

le  Fridtîl;  c'était  le  knéme  liea  d'eûl'tfûù  11  était )*ef^B  peu 
de  fiemain^s  auparavant;  Les  autres  cheft  avaient  donnélear 
consentement  aux  nouvelles  propasUioiis  des  ambassadears 
milanais.  Augustin  Adorno  devait  txercst  pendant  dix  ans 
r autorité  ducale  dans  Gènes,  avec  le  titre  de  lieutenant  du 
duc  de  Milan.  Ibletto  et  Jean-Louis  de  Fieschi  devient  être 
conservés  dans  tous  leurs  honneurs  et  tout  leur  crédit.  Le 
cardinid  Paul  Frégoso  d^vmt  abdiquer  la  dignité  ducale,  et 
consigner  aux  Milanais  le  Gastelletto  et  toutes  ses  forteresses. 
En  retour,  on  lui  promettait  une  pension  annneUe  de  six 
mille  florins,  et  on  en  pnMnettait  mille  à  son  fils  Frégosino, 
jusqu'à  ce  que  le  pape  leur  eût  assuré,  en  bénéfices  ecclésias- 
tiques,, un  retenu  égal  à  4»tte  somme.  A  ces  concKtiooSi  on 
permettait  à  Paul  Frégoso  de  demeurer  à  Gènes,  pourvu  ^'il 
s'y  renfermât  dans  ses  fonctions  ecclésiastiques  ;  maïs  11^  eut 
tirop  d'orgueil  pour  vouloir  obéir  là  où  il  avait  commandé. 
Eh  sortant  du  Gastelletto,  au  mois  d'octobre  i486,  il  monta 
avec  tous  ses  effets  sur  deux  galères  qui  lui  étaient  préparées; 
elles  fièrent  jetées  par  une  violente  tempête  sur  les  rivages  de 
Corse;  l'une  y  périt  avec  tout  ce  qu'elle  portait^  l'autre, 
après  avoir  perdu  tous  ses  agrès,  échappa,  comme  par  mi- 
racle, à  la  tempête,  et  vint  déposer  Paul  Frégoso  à  Givitta- 
Yecchia,  d'où  il  se  rendit  à  Borne,  qu'il  ne  quitta  plus  jusqu'à 
sa  mort  survenue  le  2  mars  1 498  K 
'  La  république  florentine  n'avait  pas  lieu  de  s'apj^Midir  dt 
cette  révolution,  à  laquelle  die  avait  contiâ)ué,  en  <xmtiii«iant 
une  petite  guerre  sur  les  frontières  de  la  Ligurie.  Le  duc  de 
Milan  ne  fut  pas  plus  tdt  mettre  de  Gènes,  qWil  témoigna  son 
réglât  de  la  perte  de  Sarzane  et  de.  Piétra-Santa,  ^t  qu'il 
songea  aux  moyens  de  recouvrer  ses  deux  villes  ^.  Mais  Lau- 
rent de  Médieis,  persistant  dans  sa  défiance  de  toutes  les  ré- 

•  1  Vbertus  FoHet.  Genuetu,  Bitt.  L.  XI,  p.  667.  —  Barth.  S6iifif«ffie«  T.' XXIV,  p.  Stft. 
—  P.  Biiarro.  L.  XV,  p.  S«6.  —  *  SeipUme  âmmtrato-  L.  XXVl,  p.  iS2. 


mi  MOTEX  AGE.  245 

poUkpies^  redontttt  m^il&les  iatrigaes  et  les  6omi4oto  d*Qi| 
posée  Mn  voism,  que  Texemple  de  liberté  «t  d'indépendanoe 
qae  des  cttoyens  ponraieiit  ^Bner  aux  Floventins.  D^à  Pé- 
roase^  Bologne  et  Gtees  ne  pouTaiesl  pins  lai  causer  ce  genre 
d'inqniétude.  Yenise.  était  .toi]yoni8  regardée  comme  nne  puis» 
sanoe  ennemie  ;  enfin  les  denx  républiqoes  qni  partageaient 
avec  Horace  la  souTeraineté  de  la  Toscane  perdaient  cha** 
qae  jonr  de  leur  importance.  Cdie  de  Lacques  semblait  met- 
tre tons,  ses  soins  à  se  faire  oublier  ;  on  ne  la  yoit  presque 
jamais  nommée  par  aucun  des  écrÎTainsdu  siècle,  et  comme 
son  gouTemement,  par  une  jalouse  défiance,  a  empAcbé  la 
pabUeation  de  tous  les  historiens  nationaux,  on  s'aperçoit  à 
pdne  de  son  existence.  Celle  de  Sienne  oocapait  alors  plus 
tristemrat  .la  renommée  ;  elle  consumait  ses  forces  dans  son 
propre  aôn. 

Depuis  que  le  duc  de  Calabre  était  sorti  de  cette  Tille,  en 
1480,.  die  avait  toujours  été  en  proie  à  une  effroyable  anar« 
cbie.'  Des!  démagogues  furieux  aTaient  tour  à  tour  exilé,  pros- 
crit, précipité  des  fenêtres  du  palais,  ou  fait  périr  sur  L'écha- 
faud  tous  ceux  qae  leur  naissance,  leurs  talents,  leurs  services 
avaient  rendns  éminents  aux  yeux  de  leurs  concitoyens.  Les 
ordr^,  ou  Monts  des  neuf,  des  douze,  des  réformateurs,  des 
gentilahommes,  tour  à  tour,  en  butte  à  la  persécution,  avaient 
été  tantôt  exclus  de  toute  part  au  pouToir  suprême,  tantôt 
abo&,  tantôt  .proscrits.  La  république,  en  1482,  n'avait  plus 
voala  reeonnaltre  que  l'ordre  du  peuple,  auquel  on  avait 
réum  tous  les  autres  ^  Vais  cette  sage  résolution,  qui  devait 
iaire  disparattre  une  di^nelion  pnq^re  seulement  à  perpétuer 
les  troubles,  avait  été  abolie,  en  1484,  par  les  démocrates 
eu^mêoies.  Ils  avâent  voulu  séparer  de  nouveau  de  leur 
corps  tons  eenxqui  avairat  quelque  prétention  aristocratique,* 

k  «  , 

1  OrldiKfo  |ralat>o/<^  5ioria  41  Sima.  p.  UI,  L.  V,  r.  86,  V.  . 


246  HISTOIRE   DES   IlÉFUBLIQUES   ITALIEIXÏIES 

poar  taire  de  leurs  droits  abûlis  oh  titre  d'elGlnsioq^  et;  TêUt* 
blissémei^t  de  cette  oligarchie,  tOQte  roturière,  a?ait  ^été  ne* 
cofnpagné  de  nouveaux  massacres  i.  Le  upiohre  des  «xifés  de 
Sienne  était  chaque  jour  pins  grand.  Us  ne  Tivèâiait  plus 
isolés  dans  leur  hannisseinent,  ils  se  réunissaient  en  troQpês 
iormidabies  dans  les  états  voisins,  ^  îb  effirayoieat  le  go«H- 
vernement  révolutionnaire,  par  leins  tentattVes  eontinnelleB 
pour  rentrer  dans  leur  patrie,  ou  par  force  ou  par  surprise* 
Laurent  de  Médieis  était  aUié  de  ce  gonvememeiit  anardiique. 
Il  avait  fait  renoncer  les  Florentins  à  leur  aprî^meiaciaxime^ 
de  ne  chercher  jamais  des  amis  que  parmi  ceux  delà  justice, 
de  rhonneur  et  de  la  liberté.  Ses  traités  étaient  toujours  <fi€té9 
par  Tintérét  du  moment,  par  la  jalousie,  par  le  éésàr  d*afbi^ 
hlir  ses  voisins,  par  la  politique  e^fin,  dont  les  vfies  sont 
Lien  courtes  à  côté  de  celles  de  la  morale.  Il  avait  siEieriflé,  en 
J  482,  les  émigrés  siennaiis,  maîtres  du  Mûikte^B^;gicnii,  qui, 
privés  tout  à  coup  de  ses  secours,  avaient  été  contraints  dV 
bando^er  oe  château  à  leurs  ennemis  >  ;  et  il  avait  ooisdif; 
le  14  juin  1483,  une  ligue  pcn^r  vingt-cinq  ans,  ap  nom  des 
Fl<>rentins,  avec  la  popnla^ee  qui  tyrannisait  Sieime^j  inais 
les.  émigrés  n'en  avaient  pas  moins  cherché  à  s'emparer  tan« 
tôt  du  château  de  Saturnia,  tantôt  de  la  viUe  de  Chinai,  tan^ 
tôt  de  la  bourgade  de  San-Quitico. 

Ces  émigrés  signais  citaient  de  tous  les  partis,  de  tons  les 
Monti,  suivant  le  langage  consacré  à  Sienne.  Plusiieurs  de 
ceux  qui  avaient  été  envoyés  en  exil  les  derniers,  stvaiMt  en 
part  à  la  proscription,  au  supplice  même  des  premières  vicii* 
mes.  Le  juste  ressentiment  qui  les  tenait  divisa  faisait  l'es* 
pérance  des  oppresseurs  de  leur  patrie.  1487.  —  liste  s^^ 
tireht  :  ils  mirent  de  côté  tout  souvenir  d'offenses  que  le  sort 
^vait  déjà  vengées,  et  ils  priren^t  la  résolution  de  se  réim^ 

1  OrUmdo  MalavoUi^  Sloria  ai  SUna.  P.  III,  L.  V,  f.  93.—*  Ibld.  f.  zl^^àlUçr. 
Allegreitl ,  Dlari  Sanesi,  p.  Ai|-Sl3.  —  >  Oriando  ValavoHt^  L.  V^  t,  $i^  v. 


Du.B^ra  ÂGE.   .  247 

0(mti«le8  8èuls.eimantejdûiitoiiiie  doive  point  oublier  lâlfer** 
£BÎt8,.oeiULqai  «mt  toujours  tout  j^uifiaftats.  Nid(^  Boi^hesi 
et!!Iëit  P^dydi  tignèreni  à  Bome^  au  nom  de  Tordre  des  Neuf^ 
k  paix  aveo  liaureut  ft  Ooid^Aixtoiiiù  Bomiii^i,  représeu* 
tanli  du  Mont  dea  réformateurs.  Eo  même  %emj^  Léonard, 
fib  de  Baptiste  Bellanti^  aussi  de  l'ordie  des  Ifeuf,  dont  le 
paie  avaglt  péri  sur  fédiafaud^  signa  à  Pise  la  paix  avec  Bar«' 
tfaâeim  Sozzini  et  Nixsolas  Sétérini  du  Mont  des  Dou^e,  qui 
avaient  contâbué  à.  œs  exécntionfi  oroeUes.  Tous  ensemble 
s'engagèrent  à  n'agir  plus  que  de  oonqert  pour  FaraOïtage  de 
tous  les  exilés,  et  à  n^avoir  plus  d'autre  but  qne^  celui  d'af- 
fruictiir  leur  patrie  du  joug.de  la  tyrannie  sous  laquelle  cite 
gémissait,  i» 

^  Les  émigrés  se  réunirent  alcrs^  à  Staggia,  sur  Teitrème 
frontière  florentine.  De  là  ils  partiifent,  te  21  juillet  (487, 
atec  cent  fantassins,  prisi  k  leur  solde,  et  un  petit  nombre  de 
eavsliers,  que  le  capitaine  Bruno  de  Grémone  eommÉndait. 
Au  fiea  de  suivre  la  grande' route,  ils  s'enfbneèrent  dans  les 
bois  par  des  chemins  déteoirnés.  Cepsndant  on  atait  eu  avis 
à  fiienne  de  leur  entreprue,  et  Ton  arait  envoyé  à  la  décoiJH 
^^ei^  ua  grand  nombre  de  déteqh^pentir  qui  s' avancèrent  jus*- 
qoe^très  près  de  Staggia,  et  s* assurèrent  qu'on  n'y  entendait 
aucun  bruit.  Ils  avtûent  auparavant  battu  tous  les  bois  pcèé 
de  Sienne,  et  ils  n'y  avaamt  rien  découvert.  Ces  édaireurs 
ievini^t  èane  à  lu  ville,  et  rapportèrent  au  gouvernement 
qu'on  avait  donné  une  tmms^  alarme^  et  qu'il  n'y  avait  d'en« 
uemls  nulle  part.  Uq  accide^  lidicule  avait  dérobé  à  leur 
rashercbe  la  petite  tnoupe  des  ânigrés;  ceux-ci  avaient  ebargé 
smr  un  mulet  les  lastraments  dont  ils  comptaient  se  servir 
pour  enfoncer  la  perte  t  ce  mulA  s'échappa  dans  les  buis,  et 
entraîna  à  sa  suite  tonte  F  armée,  fort  fein  du  cbemin  qu'elle 

^  Oriando  Valavchi.  P.  lU,  t.  V,  t.  n. 


248  HISTOIRB  DES  BiPl^LIQCES  ITALIEnS£S 

deVait  poursuivre.  I^imiIetfateDifiaalf^tapitÀdeuxlicfiiRs 
d'une  course  fatigaute»  et  les  émîgi^>e|^rir«nt  le  cbeuÉu^  dp 
Sienne,  non  sans  craindre  qiie  ce  retard  ne  fit  inan^aei!  leur 
entreprise;. il  fatau  contraire la\catt9e  de  leur  «oecàs;  Toutes 
les  patrouilles  <^taient  rentrées,  les  garctes  extraordinaires 
ayaient  été  relevées,  les  gardes  de  nuit  dormaient,  k^nsqne  celle 
poignée  de  conjurés  arriva  un  peu  avmit  le  pcMut  du  jour  à  la 
porte  de  Fônte-Branda.  Ceux  qui  les  attendaient  sur  le  mur 
leur  descendirent  des  écheUes  de  cordes;  trente  d*eiitBe  eux  » 
rendir^at  maîtres  de  la  porte  et  rouvrirent  an  reste  de  la  troupe. 
Mais  on  avait  promis  au  capitaine  Bruno  qu*ana»tdt  ^'il 
aurait  planté  son  ét^idairdi dans  la  ville,  de  nombreuses: 
bandes  de  mécontents  viesidraient  se  joindre  à  lui  ;  personne 
cepèndanJ;  ne  paraissait,  et  ce  ccmdottîère  découragé  n'joaait 
s'avancer  dansles rues.  Les  épûgrésJes pai^eoururentiNfiesq^ 
seuls,  en  ratant  les  noms  des  Véndy  dft  peuple^  de  la  liberté 
et  de  la  paix.  Peu  de  gens  venaient  k  leur  aide^  personne 
d'aiitre  part  ne  s'armait  pour  leur  résister.  Le  gouvarB^neat 
était  trop  détesté  pour  qu'on.  vouUlkt  lé  défendre,  il  était  tri^ 
craint  pour  qu'on  s'armât  contre  lui.  Un  de  ses  ehefs,  Chtis-' 
tophe  de  Gukluccio,  trompé  par  la  voix  de  eaix  qui  l^app^ 
làient  et  qu'il  prit  pour  ses  partisans,  se  livra  Itti-mème  aux 
émigrés  qui  le  tuèrent.  D'auti^  au  nonibre  de  quarante  seu- 
lement,  se  rassemblèrent  à  Gamporeg^io  ;  ils  auraient  suffi 
cependant  pour  chasser  les  émi^^t^  eeux-«i  étant  dispersés 
dans  les  rues  d'une  grande  ville,  et  découragés  par  l'abandon 
où  ils  étaient  laissés; mais  lorsque  les  partisans  du  gouver- 
nement se  virent  en  si  petit  nomlMre,  ils  n'osèrent  rien  eatre^ 
prendre.  Plusieurs  d^^entre  eux  rentirèrent  furtivement  dans 
leurs  maisons,  et  posl^înt  les  armes  pour,  a' être  responsables 
de  rien  ;  et  les  chefs,  se  voyant  abandonnés,  s'enfuirent  hors 
la  ville.  Ainsi  deux  pdtgnées  d'hommes  se  disputaient  la  pos- 
session d'une  cité  puissante  et  belliqueuse.  Chacune  connais- 


DU   MOYCR   ÀG£.  249' 

sam^r  sa  propfe  fatMesse-,  et  ignoraiit  odle  âé  TeBiiéiai,  se 
croyait  perdue.  Enfin,  après  plnsieiirs  oonrses,  les  divers  partis' 
d'émigrés  se  réianirent  de  nouveau  sur-  la  place  ;  leur  frôupe: 
se  trouva  forte  de  quatre-vingts  hcMumes,  et  ils  aanëgèrent  le; 
palais.  Matteo  Pannilini,  capitaine  du  peuple,  abandonné  par 
tous  Ms  gardes  y  s'était  enfermé  seul  dans  la  grande  tour, 
n  8*7  défendit  quelques  heures,  au  bout  desquelles  il  fut 
^Ugé  de  se  rendre  prisonnier,^  et  de  livrer  aux  émigrés  le 
siège  du  gouv^n^nent.  La  révolution  qm  leur  rendait  leur 
patrie  fut  ainsi  accomplie,  presque  sans  effu8i<m  de  sang  i. 

Gomme  la  révolution  de  Sienne  avait  été  Touvrage  de  tous 
les  ordres,  tous  furent  admis  d* abord  à  partager  l'autorité 
suprême.  On  voulut  que  la  république  fût  gouvernée  par» 
quatre  monts,  dont  cbaenn  donnerait  quatre-vingts  consdl-. 
lers  au  conseil  général.  Les  ordres  des  gentilshommes  et  des 
Douze  ne  furent  compté^  chacun  que  pour  un  djend-^mont  ;  les. 
l^euf,  le  peuple  et  les  réformateurs  étaient  les  trois  antres  ^. 
Ce  partage  était  sage  et  conforme  à  peu  près  au  nombre  dé 
citoyens  que  chaque  mont  avait  {«écédemment  choisi,  sous  le 
nom  de  risedutij  pour  exercer  les  magistratures;  mais  il  ne 
fut  pas  longtemps  observé  :  une  balie,  composée  de  vusigt- 
quatre  citoyens,  fut  autorisée  à  exercer  pendant  cinq  ans  un 
pouvoir  dictatorial,  et  le  nouveau  gouvernement  de  Sienne, 
comme  celui  qu'il  avait  remplacé,  crut  ne  pouvoir  établir^ 
8<^dairement  son  autorité  qu'en  privant  ses  ennemis  du  droit 
de  cité,  eii  les  exilant  ou  les  envoyant  même  au  supplice  s. 

1488.  —  Dans  cet  intervalle  de  paix  générale  pour  l'I- 
talie, les  républiques  ne  furent  pas  seules  à  éprouver  des  ré- 
Tolotions  intestines;  les  petites  principautés  furent  à  leur 
tour  troublées  par  des  conjurations,  et  l'on  crut  reconnaître 


t  Orkmdo  MaUwoUL  P.  UI,  L.  V«  f.  w^93.  —  àlUgretto  Alkgretti^  Diarl  SanesL 
T.  XXIII,  p.  832.— Sie/ono  Infessura,  Dlario  di  Atimo.  T,  AU,  P.  Il,  p«  i^n.-**  Oriondo 
Malauolti.  P.  III,  L.  Vf,  f.  94.  —  *  i&icf.  f.  95. 


350  HISTOIHB  DES  |t£pUBUQIIES  nAXJKHUXS 

dansceUea  qui  édirïièEirat  «n  Bomagfia,  en  1488^  là  «consé- 
^puBDoe  des  intrigoes  de  Laniretit  de  Ifédio}»)  et  lé  rësseatH 
meut  d*  an  homme  qui  poorsaivaîti  après  de  toagoes  aimées, 
la/veageance  de  irieUles  offenses  ^ . 

Ce  Jérôme  Biario,  fils  ou  neveu  et  farori  ie  Sixte  IV,  qui 
dk  ans  auparavant  avait  étéràme  de  la  conjuration  des  Pazzi, 
s'était  retiré,  après  Féleetion  d'Innocait  YIII^  daùs  sa  sou- 
veraineté de  Forli  et  d'Imola.  Il  était  andsi  é^néoré  dépo^- 
taire  du  diàtean  Saint  -  Ange  ;  mais  sa  femme  remit  cette 
forteresse  aux  eardinanx,  le  2â  aoAt  .1484,  moyennant  le 
paiement  d*ane  grosse  somme  d'argsat  ^.  Cette  princesse , 
qui  était  fiUe  naturelle  du  dernier  duc  dé  Milan;  avait  con* 
dlié  à  Biaorij»  la  protection  de  la  maison  Sforzâ.  D^âutre  part, 
Julien  de  la  Rovke,  cardinal  de  Saint-Pierre,  tout  puissant  à 
la  cour  d'Innocent  YIII,  se  faisait  une  affaire  de  défendre  le 
prince  de  Forli  son  parent.  Aussi  les  nombreux  ennemis  qu'il 
s!était  faits  pendant  le  pontificat  de  Sixte  lY ,  ne  tentèrent^ 
ils  poûit  contre  liii,  d'attaque»  ouvertes,  mais  il  est  probable 
qu'ils  ne  furent  pas  étrangers  à  une  coi^spiration  formée  dans 
sa  maisim.  Ceceo  del  Orso,  capitaine  de .  ses  gardes,  Louis 
Panasero  et  Jaeques  Bonco,  ses  officiers,  résdlurait  de  se  dé- 
faire de  Im,  encore  qu^on  ne  leur  connût  d'autre  motif  de 
nessentiment  que  celui  de  n'avoir  pu  obtenir  de  lui  leur  solde 
arriérée,  tandis  qu'ils  étaient  poursuivis  pour  le  paiement  de 
leurs  probes  cmitributkms. 


<  If.  Roscoë  {Uhuir,  p.  196}  affirme,  sur  rautorité  de  PignoUi,  qae  les  cootempo- 
raiii8.ne8eupçeBBéfrBnk jamais  Lorenso d'être  entrédans  la  coBjnraiioB Contre Riario; 
tous  deuise  trooipenl.  La  chronique  de  Maria  Saaute^e  j'avais  eitéê»  écrite  jow  pw 
jour,  s'exprime  ainsi  :  A  di  sedlci  d'Aprile  s'intese.  Suit  le  détail  de  l'assassinat:  Qiietia 
tiiiova  écrive  aiki  ê^gn9rim  Marc9  Barbu  Podeaû  e  CopUano  di  Êavennit,  e  st  âiceva 
eh^era  stala  opéra  di  Lorenzo  cte*  Medici ,  e  di  Giovanni  BemivogUo ,  per  dore  gu^le 
terre  al  eignor  Fràneeschetto  dbo^  ftgiiuolo  di  papa  Innocenzo  VUl,  eh*  à  çemero 
det  dette  Lefeneode^  mediei.  Seript.  Rer.  Ital.  T.  XXH,  p.-  n4i.  On  toit  «pi»  fseeiisa- 
Uott  es»  présent»!  pee  l'autorité  effieidto  fat  plus  toisine,  deitz  jours  après  révéa^ment, 
^  *  Stefam  inf^entra  Diarlo  Bomano*  T.  lU,  P,  n.  Rer.  Itak  p.  iiat. 


DU  MO¥Eil   ÀOE.   '  25 1 

£e  f4  avril  1488,  pendant  ledlnep  ded  geiis  de  (RfariOy  les 
trois  Ciotijilrés  entrèrent  dans  m  chambre,  sous  prétéite  de  M 
{MOFter  de  leim  fonctions,  et  Vj  ayant  trocité  senT,  iË  le  poi* 
gnardèrent,  se  partagèrent  ses  habits,  et  jetèrent  par  la  fenè-' 
treeon  corps  dépoailM.  Lapopnlaee,  appelée  par  em  à  se  ven- 
ger #e  son  tyran,  traîna  ce  corps  par  les  chereux  an  travers 
de  tonte  la  ville.  Catherine  Sforza,  sa  veuve,  et  ses  enfants, 
farem  immédiatement  arrêtés,  et  la  dtaddlè  dans  laquelle 
commandait  nn  lieutenant  fidèle  i  Biario  fut  sommée 
de  se  rendre.  Cependant  les  conjurés  écrivirent,  lé  Id  avril, 
à  Laurent  de  Médicis,  pour  lui  annoncer  qu^s  T  avaient  ddi-^ 
vré  de  r  homme  qui  méritait  le  pins  sa  hune,  et  pour  lut  de- 
mander des  secours^. 

Le  commandant  delà  citadelle,  sans  se  laisser  effrayer  paf 
tes  cris  de  la  populace  ou  lu  mort  de  sonmattre,  refusa  del' ou- 
vrir aux  assiégeants,  s-il  n'en  recevait  Fordre  de  Catherine 
ifùfzû  elle-même,  après  qu'elle  serait  mise  en  Bberté.  Celle-ci 
offrit  de  son  côté  aux  insurgés  de  déterminer  lé  châtelain  i 
céder  à  une  fottnne  inévitable  ;'  elle  ne  demandait  pour  ceM 
que  de  lui  parler.  CSômme  on  gardait  ses  enfants  en  otage,  on 
ne  fit  pas  difficulté  de  la  laisser  entrer  date  lé  fort.  EHe  n^ 
fut  pas  plus  tôt  inttodtiite,  qu'elle  fit  tir^r  sur  l6s  assiégeants. 
On  menaça  ses  fils  du  supplice,  elle  répondit  :  «  Si  vous  les 
«  tuez,  f  alun  fils  à  Imdla,  j'en  porte  un  autre  dans  mon  sein, 
•  qui  grandkont  pour  être  les  vengeurs  d'un  sembhible 
«  crime^  ;  »^et  la  populace,  intimidée,  n'exécuta  point  sa  me- 

maX/o» 

*  Leur  lettre  est  imprimée  dans  Hoscoê,  Appendix,  b*  7t,  p.  loi.  Marin  Sanato  ae- 
euse  fbnneileroent  Laurent  de  Médicis  d'avoir  été  TiDstigateur  de  cet  attentat,  p.  1244. 
—  >  Bofle,  Dlciionnalre  erUiqw<,  au  mot  Sforsa  (Catherine),  prôte  A  celle  prlneesie 
une  réponse  immodeste ,  devenue  célèbre  ;  et  il  a  pour  lui  les  autorités  de  Macchiavelll , 
h.  VMf,  p.  448  ;  do  J^  M.  Brut&^  h,  tVl,  p.  fkz\  et  do  iittnUoH,  àfmaH'iirttaett,  d'après 
M»  «hronHioe  4»atioserift>  da  Bologne;  naia  Ba^^Ie^  qui  aimait  le  seandale',  n^  point 
fvAé-àÊSéàt,  benucouf»  pin»  natnnH'et  l^aiiooa{>plas  lionnéie,  de  la  plupart  des  his^ 
toriens  conliemporainsv-til»  qw  Slf/tafiiori»y^jr«ww,qii'it  eennaîssairbien,  T^IU,.  r.  !I^ 


2^2         HisTome  des  téwiOMgciîst  italiernes 

Les  mmctéem  de  Jé^ôine  ttaria  awentutis^  haftoré"  la 
protectioa  d'Inaoeent  Vin  ;  et  oe  pape,  espénmt  par  leur 
aide lecoaTier  lasanTeraineté  d'çae  Yiile  importanle,  a^ait 
ordonné  an  goaTemenr  de  Gési^  de  leur  condqTO  toot  ce 
qu'il  pourrait  rassembler  de  soldats,  et  tonte  :8on  aidâlerie. 
Enmêmetmps,  Loois .  Sf orza  envoyait  au  seeoafs  de  sa 
nièœ  une  armée  milwaîae,  qu'il  airait  d^à  rasscanblée  de  con- 
cert avec  Jean  BentiTo^o  ,si|r  les  frontières  de  Bomagne. 
Cette  armée^  entrée  dans  Forli;par  la  dtadelLe^  tomba, à  Ymr 
proviste  sur  les  soldats  de  TÉgUse,  et  les  fit  tous  priaoBiiiers. 
Six  des  plus  notables  d*entoe  eux  eurent  la  tète  .tranchée,,  et 
furent  eoupâi  .en  nuuroeaux,  par  ordre  de  Bergainino,  le  gé^ 
néral  milanais.  Le  gouTemeur  de  Géiène  et  le  reste  de  se» 
soldats  furent  ensuite  échangés  contre  les  .fils  de  Jérôme  Bta- 
rio,  que  ce  gouTorneur  avait  fait  conduire  dans  sa  forterasse/ 
Les  conjurés  se  réftigièrent  à  Sienne,  ayec  tons  leurs  effet» 
prédeux.  Catherine  Sforea  fat  chargée,  comme  tutrice  de  ses 
enfants,  de  gouverner  la  prindpauté  de  Forli;  et  le  pape  In- 
nocent YIU,  toujours  prompt  à  entreprendre  une  chose  har*- 
die,  toujours  effrayé  de  la  scMitenir  dès  qu*il  repeontuiit  de 
la  résistance,  n'osa  pas^se  plaindre  ^n  traitement  qu'avaient 
éprouvé  des  soldats  qui  n'avaient  fait  qu'exécuter  ses  or- 
dres ^ 

Mais  les  conspirations  se  succédaient  en  fiemdgne  avec  upe 
effrayante  rapidité.  Le  29  avril,  OctavîenBiario,  jeune  fils  du 
comte  Jérôme,  avait  été  proclamé  seigneur  de  Forh  et  d'I-t 
mola,  et  le  31  mai,  Galéotto  Manfredi,  seigneur  de  Faenaa, 
perdit  la  vie  par  les  mains  de  Françoise,  sa  femme,  fille  de 
Jean  Bentivoglio.  Celle-ci,  qui  se  croyait  abandonnée  pour 


ner.  lud,  p.  1230.  ^  Allegretto  àUegretti ,  Diart  Sanni,  T.  XXIII,  p.  833.  ^  Bienm.  de 
Bursellis  Annal,  Bonçn,  p.  so7. — Renard.  Corio,  Storie  UUan*  P.  VI,  p.  â08S. — iMorto 
FerrareseiT.  XXIV,  p.  380.  —  lOconlanxe.  dl  THbalde  de'BoêHt  Déliai»  étgU  flratf. 
T.  XXUI,  p.  340.  —  t  Hiorio  ûi  Stefano  infetsura.  p.  1210-1390^ 


«tie  nfateesse,  et  qp^esonAre  jalowie  déTOrcdt,  feignit 
d*ètre  malade,  et  invita  Galéotto  à  venir  la  voir.  Trois  assas*^ 
fflos  étaient  eacbés  aous  son  lit,  un  quatrième  s'âanea  snr 
Manfiredi  ^an  moment  où- il  entrait  auprès  d'elle.-  Mais  comme 
6è  seigneor.  était  d*ane  forœ  et  d'nne  agilité  remarquable,  il 
itait  sur  le  point  de  ^terrasser  son  advwsaire  avant  qoe  les 
assassins  8<»tis  de  dessous  le  lit  se  fassent  relevés,  lorsque  sa 
femme,  pendant  la  lutte,  s'âança  hors  du  lit»  saisit  une  épée, 
etla  lui  «plongea  elle*mème  dans  le  tnAa.  Elle  prit  ensuite  ses 
«nfantstavee  elle,  et  se  réfugia  dam  la  forteresse  ^ 

Jean  Bentivoglio,  père  de  Franeesca,  princesse  de  Faen2a, 
élait  alora  à  Forli,  avee .  Bergamino,  eommancbnt  de  Tannée 
flttlanaise:  .Tous  deux  acoowurent  anssitAt  à  l'idde  de  cette 
épouse  dimindle,  et  ils  entrèrent  sans  réirïstanee  dans  Faenza. 
Gepandasit  les  habitants  dé  cette  ville  étaient  attachés  à  la 
fam&le  deJfanfredi,  et  ils  avaient  vu  Tassassinat  de  Galéotto 
ai^C;  horreur.  Les  courageux  paysans  du  val  de  Lamone  se 
rendirent  en  foule  dans  la  ville;  les  uns  et  les  autres  soup- 
çQimaieiit  Bentivoglio  ou  Bergamino  de  vouloir  s'empareir  de 
kor  principauté  ;  ils  les  attaquteent  aveC'  ftireur.  Bergamino 
fot  tué  dans  le, combat,  et. Jean  Bentivoglio  fut  fait  pri-- 
soonier. 

Antoine  Boscoli,  commissaire  de  la  république  florentine 
auprès  de  Galéotto  Manfredi,  était  alors  à  Faenza.  Les  in- 
surgés loi  témoignèrent  les  plus  grands  égards,  et  lui  deman- 
dèrent la  protection  de  son  gouvernement.  Lès  Florentins 
n'avaient  pas  vu  sans  une  vive  inquiétude  s'ouvrir  des  négo- 
ciations entre  Galéotto  Manfredi  et  les  Vénitiens,  [  pour  la 
vente  de  Faenza.  Par  T  acquisition  de  cette  petite  principauté, 
Venise  serait  devenue  limitrophe  de  Florence,  et  le  gouver- 


1  Stefano  infesiwta,  Warto  tomano,  p.  isfi.— Hleron.  de  BufselHs  Annal.  Bonon, 
p.  90T.  —  marto  Femvese.  T.  XXIV,  p.  210.  ^  Mich,  Bmto.  L.  VIII,  p.  s(4.  —  Pétri 
fiemdi,  Htol.  Veneta,  L.  I,  p.  lO. 


iM  HISTOIRE  DJSS  HBiraMQjOBS  ITALUBlIlIlS 

nement  des  Médids  devait  <»*aindre  le  toidiiag^  de  cette  pok^ 
sauce  maie. .  Aufsi  tonte  Taratée  ^Oi  nTait  élé,  gartemMfe  à 
Sarzaae  fat  envoyée  en  grande  hâte  au  secoure  de  f  aenza  sons 
les  ordres  du  comte  de  Pitigliano  et  de  Raaacoio  Famèsel 
Elle  arrêta  les  Bolonais^  qtû  s*armaient  de  leur  oMé  pour  la 
délivrance  da^  chef  de  leuir  répoUiqucL  Jean  Bentivo^o  fut 
retenu  en  otage  à  ModigUana,  joa<|a-à.  ce  que  fofâre  fût  ré*- 
tabU  dans  la  principauté  qu'U  avait  pi!abaldéme&l  yoidu  ea^ 
vahir ,  Sme  dtoyens^  d<Mit  huit  étaient  de  Taenza,  ^t  huk  du 
Tal  de  Lam(me)  tarent  chai^  de  la  r^ftce,  et  de  la  tatdk 
du  jeune  J^orr^  de  Manfredi.  Lot«que  qs  gpUYémânent  Ait 
établii  ,B0ntiv0gtijo  fut  reinis  exi  liberté,  aprèa  avote  eu  mie 
entrevue  avec.  Laurent  de  Médias  à  GafEa^kiolè.  8»  iite  lui 
fut  rendue  ;  et  cette  révolution,  en  mettant  f  aàizà  «ous  la 
protection  de^  Fiorctitias,  augmenta  leur  inflilence  en  Soiiia<* 
gne  ^  OeUe  de  Forli  né  lœr  avait  été  guère  moins  utile*  Peu« 
dant  les  troubles  que  la  mœ't  deJérdme  Biario  avait  etdtés^ 
les  Florentins  avaient  recouvré  Pian  Galdolî,  que  œ  aeigneur 
leur  reteaatt  injifôtement  ^.  Us  rébsôrrait  peu  après  à  fi^ 
épouser  à  sa.  veuvje  Jeaa  âe^;MédifiiSyi8Bd  d'up  Icare  du  CSonne 
l'ancien»  et  pèns  d* au  Mtre  Jeaa  de,  Médieb,  devenu  câèlMre 
dans  les  guerres  d'Italie  par  sa  valeur ,  sa  fârocké,  et  L'atta^ 
chement  qu'eurent  pour  lui  les  bandes  noirt».  Miaî  FurU  et 
Imola  se  trouv^ent  sous  la  dépendance  d'un. lfélâKcu»,^.€a-^ 
tbenne  Biario  entra  dans  cette  f  amiU^  loÂnifi  que  sou  psenier 
marjl  avaîl  voulu  détruire.  e; 


,  1  SelpUme  âmminito.  L.  SXVI,  p.  183. ^Bo^co^^  UfR  of  Lofoaù  d^ Jfedk^ 
èhap.  VIII,  p.  174.  —  l)iari  Sanesi  ai  Allegretto  AllegrettU  p.  823.  -^  *  tdcordanu  tU 


III  <n*     • 


BO  WWtR  AOC*  1S5 


Wîii^uimttumiiimiiiiitîiiH^îmMitm 


CHAPITRE  IX. 


la  reine  tlatheriiie  Comaro  abandonne  Pile  de  Chypre  aux  Vénitiens.  — 
-  Etâto  à  Rome.  -^Bepos  apparent  de  toute  Fltalie.  -—  État  de  l'Europe^ 
^  et  pronostics. de  «ouveaux  orag^.  -^  Mort  de  LaureBt  de  Médidsr  et 
.  d'iABoceat  YIIL 


X 


I488-148â. 


lid  répabKqae  de  Yenise  n'atait  ^oulu  prendre  aacilM 
part  aui  petites  guerres  qA  avaienl  agité  l'Italie  pendant 
la  période  précédente.  Innocent  VIII  avait  fait  dKfienHé  de 
la  relever  des  oensures  que  Sixte  IV  avait  si  injustement  pro-* 
neneéès  contre  elle  ;  il  atait  Toain  lui  imposer  des  eondi*^ 
tions  onéfeuseti,  l^treindré  à  ne  point  se  mtier  des  présen-^ 
tations  aux  bénéfices ,  et  FempAcher  de  lever  anenn  iknpôl 
fiiir  les  gens  d'église  *.  II  est  vrai  qu'Innocent  YIIl  aban-> 
donna  ensuite  ces  prétetitions ,  lorsqu'il  essaya  d'engager  lat 
république  dans  la  guerre  de  Naples  ;  mais  les  Vénitiens , 
âYeftis  par  une  récente  expérience ,  du  peu  de  fonds  qifiU 
pouTaient  faire  sur  l'alliance  de  Rome ,  ne  Toulurent  dott-» 

>  Andréa  Wavogiero,  Stor,  Venez.  T.  XXUI,  p.  1192. 


.266         HisToiitB  DES  mssmauBqpoÊA  italibrkes 

n^  aaoïHie  assislaBoe  aux  emotenû  de  Fer^aad,  qaelqoe 
resseQliaâieQt  qa'ils  oteaeryMaflBt. contre  M  pour  k  goente 
de  Fetrare.  Ils  eenimaèrent  à  mamtenk  contre  le  pa^ 
Findépendance  de  lears  prérogatiyes  ecdésiastiqnes.  Véwé* 
cbé  de  Padoue,  aoqael  ite  voabdent  faire  passer  ïérèqmB  de 
Bellfina,  ayant  été  donné,  en  1485,  par  la  cour  de  Bonie  an 
cardinal  de  Yérone,  non  flenlemend;  ils  Ini  refosèrent  la  pos* 
sesBion  de  ce  nonvean  siége^  niais  ils  le  forcèrent  à  y  rœofH 
cer,  en  saisissant  ses  antres  rerenns^  Lear  ambassadeor  à 
Borne ,  Hermolao  Barbare ,  ayant  obtenu  dn  pape  Iimb- 
cent  YIII  le  patriarcat  d'Aqnflée,  le  cœiseil  des  Dix  témoin 
gna  plus  de  reraentiment  encore  de  ce  qne  cette  nomisHilion 
importante  s'était  faite  sans  i^endre  son  aids.  Niiarépn- 
tation  dn  non^ean  paUîarche,  le  prenûer  littératenr  de  Ye- 
nise,  et  pent^tre  de  l'Italie,  ni  le  rang  distingué  qn'ocen* 
pait  son  père  dans  l'état,  ne  les  dâr<^rent  l'un  et  l'antre 
à  des  censures  sévères,  et  à  une  humiliation  qui  causa  bieU'^ 
t6t  la  mort  de  tous  denx  ^.  Pendant  la  guerre  de  Naples 
enfin,  les  Yénitiens  empêchèrent  le  pape  de  lever,  pour  la 
soutenir^  un  décime  sur  leur  derg^,  et  ils  s'opposèMit  atec 
la  même  femtôté  à  tout  emin^ement  sur  leucs  dreitS'. 
.  Cette  gnerre  de  Naple^,  qui  ne  dura  que  peu  de  mois, 
aurait  probablement  ravagé  longtemps  l'Italie ,  si,  les  Yé* 
nitiens  ament  toiAu  y  prendre  part,  et  s'ils  avaient  mnâ 
rétabli  l'équilibre  entre  les  deux  partis*  IQ^ntôt  îb.eufmt 
lieu  de  s'applaudir  d'y  être  demeurés  étrangers,  Iprsqii'ib 
se  trouvèrent  engagés  sur  les  frontièries  d' Italie ,  dans .  une 
autre  guerre  qui  pouvait  devoir  plus  dangereuse,  fiigis- 
mond,  comte  du  Tyrol,  l'un  des  ducs  d'Autriche ,.  ataH 
des  prétentions  opposées  èk  celles  de  la  Seigneurie,,  sur  les 
limites  de  ses  états  dans  le  comté  d' Arco  et  le  Gadorin ,  et 

1  Andr,  NavaoUrOf  Slor,  Venez,  p.  1193^—*  Pétri  Bembi  Renan  Veneumm  Historié, 
U  I,  p.  16.  in  Thesauro  Antiq.  UuU  T.  V,,  P.  I. 


DU  MOYEIV  AGE.  257 

sur  les  droits  aux  mines  de  fer  de  œ  dernier  district.  Dé- 
terminé &  les  faire  iraloir  par  les  armes ,  il  fit  saisir ,  en 
1487,tofus  les  marchands  vénitiens Tcnns  à  la  foire  de  Bolsano^ 
ainsi  qne  tons  les  fers  traTaillés  à  Cadoro  ;  en  même  temps  3 
dëclafrala  guerreà  la  république  dé  Yetiise.  Sept  mille  fantassins 
et  cinq  cents  cheyaoi  allemaiids  pillèrent  et  brûlèrent  le 
district  de  Bovérédo  ;  ils  assiégèrent  dans  le  cbâtean  de  cette 
Tille  Nicolas  de  Mnli  qni  en  était  goaTcmenr,  et  celni-d 
ne  se  rendit  qn^àprès  tuie  'vigooreose  résistance  i.  Les  Vé- 
nitiens opposèrent  d*abord  à  cette  inTasion  Jules-GîSsar  de 
Yarano,  seigneur  dé  Gaméiiho  ;  ik  mirent  ensuite  à  la  tête 
de  leur  armée  le  même  Bobért  de  Sàn-Sévérino ,  qni  les 
avait  conunandés  avec  tant  de  succès  dans  la  guerre  de 
Ferraré.  La  mort  de  ce  vieux  général,  qui  avait  eu  une 
part  si  active  à  toutes  les  révolutions  de  Tltalie,  fut  l'évé- 
nement le  plus  remarquable  de  la  guerre  du  Tyrul.  Après 
avoir  remporté  quelques  avantages  sur  les  î^llemands,  3 
tomba  dans  une  embuscade  que  les  ennemis  lui  avaient  dres- 
sée. 11  y  fut  tué,  le  9  août  1487,  auprès  de  VAdige  qu*fl 
voulait  passer  pour  assiéger  Trente  s.  Les  Vénitiens  se  reti- 
rèrent à  Serravalîe;  et,  coupant  toute  communication  avee 
TAlIémagne,  ils  forcèrent  bientôt  les  Tyroliens  à  demander 
une  paix  nécessaire  au  soutien  de  leur,  industrie.  Elle  fut 
conclue  le  1 4.  novembre  de  la  ménïe  année,  moyennant  la 
restitution  de  tout  ce  qui  avait  été  conquis  de  part  et 
d'autre^. 

Vers  le  même  temps,  la  seule  apparence  d'une  guerre  tur- 
que servit  de  prétexte  à  la  république  pour  soumettre  à  sa  ju- 
ridiction immédiate  Tile  de  Chypre,  qui,  depuis  la  mort  de 

1  Andr.  NavgUefo»  ator.  venez,  p.  U94.  ^  PêtH  Mmèl  Ugr.Wen,  L.  I,  ^  s. .« 
Spiegel  dey  Ehren.  B,  V,  c.  XXXIV.^.  89T.~*  And,  llauàgiero.  p.  1195.— Peiri  fiemdi. 
I**!»  p.  9.  —  Sphegel  der  Ehren,  B.  V,  c  XXXIV,  p.  MS.  —  >  dnd,  «avoglero*  p.  ii96. 
^  sufano  infeteum^  Dior.  Romoit.  p.  121  T.  —  Mario  Ferrarese^  T.  XXIV,  p.  379.  » 
l^riBemM.l..l,p.  16. 

Yii.  17 


ââS  HISTOIRE  DES  RéP|23)UQUE&   ITALIENNES 

-Taiqiif»  âe  LuÂgPft^^  n'était  réeUpiaent|)bB9  <jpi*«)9]^mfie 
^éoiti^ane..  Uemp^re^r  tu)rc»  Bajaz^th  ^^  avait. préparé  dèè 
;aa  1486  ima  fort^  armée  pour  attaquer  Cait-Bai»  30udAn 
d* Egypte,  fit  le  spudan,  gui  sentait  tout  le  danger  que  courait 
..on  royaume,  si  les  pprts  d'une  ile  située  en  face  de  ses  Hvages 
. -talent  entre  les  mains  de  ses  ennemis,  avait  demandé  àlà  reine 
,/a|bçrine  Gomaro  de  se.  mettre  en  état  de  défense,  La  répu^ 
.vlique  lui  avait  envoyé  immédiatement  cinq  cents  stracUotes  de 
.  Ilorée  et  trois  cents  archers  de  Candie  pour  garnir  s^  forte- 
i.«ess(Bsi. 

1 488. — Cependant  1*  expédition  turque  fut  différa  juaquep 
,^488.  À  cette  époque,  une  armée  (|u'on  prétendit  forte  de 
*uatre-vingt  mille  hommes  vint  attaquer  le  soudan  en  Pales- 
ine.  Comme  e^e  traversait  la  Carwmnie,  après  s'être  empa- 
rée des  villes  d'Adéna  et  de  Tarse ,  elle  fut  défaite  au  mois 
i'ao^t  par  les  man^lucks  au  pied  du  mont  Aman,  dans  ce 
<^ème  défilé  d'Issus  déjà  illustré  par  la  victoire  d'Alexandre. 
(ia  flotte  ottomane  fut  dispersée  et  en  partie  détruite  par  une 
llempéte,  et  le  Turc  renonça  à  l'invasion  de  VÉgypte,^. 

Pendant  cette  courte  guerre,  François  Priuli  avait  protégé 
^es  rivages  de  l'île  de  Chypre  avec  vingt-sept  galères.  Lors- 
^"û  la  vit  terminée,  il  crut  pouvoir  ramener  sa  flotte  à  Vie- 
iiise,  et  il  était  déjà  arrivé  en  Ist^ie  quand  il  reçut  Tordre  de 
retourner  d'où  il  venait.  Le  sénat ,  en  abusant  de  Tautorité 
qu'il  avait  usurpée  en  Chypre,  avait  rendu  son  joug  odieux 
0t  aux  peuples  et  à  la  reine j  il  savait  que  celle-ci  souffrait  avec 
impatience  son  excfnsion  absolue  de  toute  part  au  gouveraé- 
ment,  la  sévérité  des  ordres  qu'on  lui  donnait,  et  la  défiance 
qu*on  témoignait  d'elle.  Il  avait  vu  les  Chypriotes  prêts  à  se 
sacrifier  pour  Charlotte  de  Lusignan ,  pour  Louis  de  Savoie , 
pour  Alfonse,  bâtard  de  Naples;  pour  quiconqjie  enfin  aurait 

«  Andr»  ifavagiero,  Stor.  Tenez,  p.  1193.  ^  *  Ibld,  p.  1197.  ->  Raynaldi  Annolet 
JSce/t».  14U,$  «vp.  t89. 


W  MOYn  AGI*  Si» 

ngaân  à  len?  reyamiie  m»  antique  indépendance  eikiir  aurait 
fait  recoaVrer  leur  rang  parmi  le»  peuple»  Kbres.  la  première 
guerre  maritime  pouvait  rendre  aux  Chypriotes  celte  Uberlé , 
et  ijâ  étaient  prêts  à  s'adresser  aux  infidèles  euix-mèmes  pour 
f  obtenir,  si  aucun  état  chrétien  ne  voulait  les  protéger.  D'ail- 
leurs^ la  reine  était  encore  îeune,  elle  était  beUe,  .elle  pouvait 
porter  une  riche  dot  à  un  nouvel  époux  ^  on  disait  qœ  Fré- 
dérici  second  fils  de  Ferdinand,  la  demandait  en  mariage  9  et 
si  elle  avait  des  enfants,  tous  les  droits  qiie  la  république  pré^ 
tendait  avoir  accpiis  par  elle  se  seraient  trouvés  anéantis*  Les 
jurisconsultes  vénitiens  soutenaient  qjm  le  fils  de  Jacques  de 
Lusignan  avait  hérité  de  la  couronne  de  son  père  ;  que  comme 
il  était  mort  en  bas  Age,  sa  mère  avait  hérité  de  lui  ;  qu'enfin 
leur  république  hériterat  de  la  mèi»{  parée  qpe  eeUe-â  avait 
été  déclarée  fille  de  Saint-Mare.  Mais  si  eUe  s^  remariait^  tous 
ks  efforts  qja.'ils  avaient  fiûts^pour  établir  lei^  droits  de  Ca- 
therine n'auraient  servi  qu'l^  confirmer  ceux  d*ua  second  mari - 
et  de  nouTcaqx  enfant».    • 

Geoi^  Comaro,  firère  de  la  reine,  fut  donc  envoyé  en  Chy- 
Ip  sur  la  flotte  de  François  Prioji).  Le.  conseil  des  Dix,  dont 
les  ordres  redoutables  l'empcNrtaient  sur  to#e  considén^ion 
de  parenté  ou  d'ambition  personnelle,  l'avait  chargé,  sur  sa 
responsabilité,  de  ramener  sa  spenr  h  Venise.  148&.  —  La 
flotte  étant  arrivée  devant  l'île  de  Bhodes,  Comaro  se  rendit 
auprès  de  Catherine  le  24  janvier  1489  ^  11  lui  coiniBliniqiia 
les  ordres  dont  il  était  porteur,  il  lui  fit  sentir  sa  dépe<idanee 
et  la  nécessité  de  ce  dernier  sacrifice,  oonséqueuce  de  tous  les 
autres  ;  il  calma  autant  qu'il  put  sa  doul^r  et  ses  regrets  ;  il 
lui  fit  comprendre  qu'il  sermt  inutile  de  justifier  sa  eonduitto 
auprès  du  conseil  des  Dix  conmie  eUe  voulait  le  faire,*  ptûsque 
personne  n'y  révoquait  ea  doute  son  innocence;  enfin,  il  <^ 


1  4ndr,  Navagiero,  Stor,  Venez,  p.  n97.  —  Pétri.  àenU^  Hittor,  fenet*  U  I,  P  <«• 

17* 


260  HISrOlBB  DEft  BÉPUBtlQUSS  rTALIENITES 

fiât  cTdie  la  promesse  d'une  entière  soumission  aox  vo- 
lontés de  k  république.  Aussitôt  il  en  dépêcha  la  nouvelle 
an  capitaine  fg^étal ,  qui  s^était  arrêté  à  Almizza,  et  qui, 
sur  cet  atis,  entra  dans  la  rade  de  Famagonste  le  2  fé- 
vrier 1489  «. 

Ge  fut  le  16  dd  même  mois  que  la  rrine  prit  congé  des  ha* 
bitants  de  lïicosie.  Us  versèrent  des  torrents  de  larmes  en 
perdant  avec  elle  jusqu'au  simulacre  de  leur  indépendance.  Ib 
se  voyttent  privés  de  leur  seule  protectrice,  en  même  temps 
qu'Us  perdaient  les  avanti^^es  pécpmaires  qu'uin^cour  assurait 
à'ieur  ville  en  y  répandant  qudque  argent.  Catherine,  acoom- 
pagiiée  par  -son  frtoe^  par  Tun  des  conseillerB  et  par  le  pro« 
véditeur^e  Ttie,  escmrtée  par  tonte  la  noblesse  chy^ote  et 
par  un  corps  de  cavdeife,  s'achemina  vers  Famagonste.  £2le 
ftH  reçue  sdp  lès  galères  de  Venise  avec  un  respect  et  une 
pompe  royale;  elle  profita  de  cette  cérémonie  publique  pour 
reeemtttander  ses  sujets  à  la  sdgneurie  de  Venise  par  l'organe 
du  comte  de  Zaffo ,  son  cousin ,  et  pour  réclamer  en  faveur 
des  Chypriotes  k  conservation  de  leurs  lois  et  de  leurs  priti- 
léges.  Dès  le  26  février,  Fétendàrd  de  Saint-Marc  flotta  sur 
le  palais  de  Franagousle  et  sur  toutes  les  forteresses!  La  reine 
cependant  ne  partit  avec  la  flotte  que  le  1 4  mai.  Le  6  juin 
eDe  arriva  à  Venise ,  et  le  20  du  même  mois ,  le  château  d'A- 
solo,  dàus  lé  Trévisan,  lui  fiit  donné  en  souveraineté  pour  le 
reste  de  sa  vie,  avec  un  revenu  de  huit  mille  ducats.  La  petite 
cour  de  la  rdne  de  Chypre  à  Asolo  a  conservé  quelque  célé- 
brité dans  les  lettres  par  les  dialogues  de  Bembo.  La  fiction 
élégante  des  Asolani  représentait  apparemment  les  manières 
de  cette  cotir,  et  l'on  doit- croire  que  Catberine  oublia, 
au  milieu  de  propos  d'amour  et  de  galanterie,  dans  des  en- 
tretiens alors  à  la  mode  sur  la  m^physique  du  sentiment , 

• 

1  ânir*  navagicro,  Sior*  feues,  p.  1 19S» 


DU  Morra  Aox.  261 

te  peines ,  les  floueis  et  les  huimUatioiis  de  sa  senritnde 
rojale  *. 

La  même  année  un  autre  ëvënanent ,  également  lié  à  la 
politique  du  Levant  et  aux  entreprises  desTurcs^  fixa  l'atten- 
tion de  r  Italie.  Jem  ou  Zizim  ^,  fils  de  Mahomet  II ,  frère  et 
rival  du  soltan  Bajazeth  II ,  fit  son  entrée  à  Bome  ^  et  vint  se 
mettre  sons  la  protection  du  pape.  Il  avait  fait  valoir,  pour 
Buccédar  à  son.  père ,  une  prétention  souvent  mise  en  avant 
par  les  princes  grecs  de  Byzance*  Il  était  porpbjrogéiiète,  ou 
né  pendant  qae  son  père  était  sur  le  trône,  et  il  se  croyait  par 
là  sapérieur  à  son  frère  atné ,  Bajazeth,  qa'il  disait  n'être  fila 
que  d'un  particulier.  Cette  vaine  distindion  était  suffisante 
pour  tentçr  le  sort  des  armes  dans  un  état  despptique,  où 
aocon  droit  n'est  réel  s'il  n'est  fondé  sur  la  force*  Mais  la 
force  manqua  à  Jem  ;  Taincn  en  Asie  en  1 482  dans  un  combat 
sanglant 9  il  fut  obligé  de  s'embarquer  en  Gilicie,  de  se  réfu- 
gier à  Bhodes,  et  d'y  implorer  la  protection  des  chevaliers  de 
SaiBt-Jeon^.  Ceux-d  n'osèrent  pas  conserver  sur  les  frontières 
mêmes  de  l'Asie  un  hôte  qui  pouvait  attirer  sur  €|ux  tout^  les 
forces  du  grand-seigneur  ;  ils  l'envoyèrent  en  iPrance,  et  le 
firent  garder  soigneusement  en  Auvergne ,  dans  une  comman- 
derie  de  leur  ordre.  Bajazeth  II  leur  offrit  des  sommes  im- 
menses ,  des  reliques  sans  nombre ,  des  privilèges  inouïs  pour 
se  le  faire  livrer.  Les  princes  chrétii^ns  ne  furent  pas  tellement 
dépourvus  d'honneur  que  de  consentir  à  cette  indignité  ; 

^  iA<fr.  itmfaglero^  Stor,  Venez,  p.  il  90.  Od  aurait  pu  s'attendre  à  trooyer  beaucoup 
^  déiaUs  sur  la  rdvolutioa  de  Cbfpre  dans  l'histoire  de  ee  ivdme  Bembo,  dont  nous 
coaunençoBS  Ters  cette  épo<|ue  à  faire  usage.  Mais  il  est,,  au  contraire ,  d'une  eoncision 
estrème.  L.  I ,  p.  i3.  Sa  politique  ne  lui  permettait  jainais  de  s*étendre  sur  un  éyéne- 
meni  d'où  pouyait  résulter  quelque  blâme  pour  sOn  gouyerneqient**-  *  Jern»  en  turc, 
est  le  nom  d'une  sorte  de  raisins  eiquis.  Jemm  est  un  nom  magique  appliqué  d'ordinaire 
^  Saloffion.  Démétrius  Cantemir  est  incertain  entre  Jes  deux  étymologies ,  et  il  remarque 
qu'aucun  autre  Turc  n'a  jamais  porté  ce  nom.  ZIzim ,  dU-il,  est  un  mot  corrompu  jiar. 
les  Européens.  L.  Ill,  chap.  II,  S  6,  Noie.— >  Rpywildi  Ànnat.  jSccfe;f .  1492,  S  3ft,  p.  312* 
^  TitraHirœckcBiit.polilica.  L.  I,  p.  Z^^DciMIflw  Cçniemir.  L.  UI,  cbap.  Il,  S  7 
«t8,p.  133. 


262  HISTOIRE   DISS  HÉPUBLIQUES   ITALIENNES 

• 

maik  fl  aeràit  ififficiïe  d*expltquér  par  des  motif â  honorables 
pourquoi  ils  ne  permirent  jamais  à  Jem  de  se  rendre  auprès 
de  Cait-Baî,  soudân  d'Egypte^  qui?  se  trouvant  engagé  dans 
une  guerre  acharnée  avec  Bajazeth ,  le  demandait  poiir  don- 
ner du  crédit  â  ses  armes  ;  pourquoi  ils  lé  refusèrent  égale- 
ment à  Mathias  Corvidus ,  roï  de  Hongrie  ,  qui  espérait  faire 
par  son  entremise  une  diversion  dans  les  états  de  son  ennemi. 
Sixte  IV  écrivît  au  grand-maitre  de  Rhodes  et  à  Louis  XI, 
pour  les  exhorter  à  retenir  Jem  en  France,  et  né  point  le  laisser 
partir. pour  les  armées  où  on  Tappelaits.  Innocent  VIII  refusa 
également  de  confier  ce  prirfce  à  Ferdinand,  roi  d* Aragon  et 
de  Sicile  ;  à  l'autre  Ferdinand,  roi  de  Naples  ;  à  Mathias  Cor- 
vinus,  au  Soudan  et  au  prince  de  Caramanie;  mais  en  même 
temps  il  avait  demandé  avec  instance  qu'on  lé  lui  livrât  à  lui- 
même,  pour  être  assuré,  diâàit-il,  qiie  Jem  ne  passerait  pas 
lés  frontières  des  Turcs  sans  être  appuyé  par  une  ligue  de 
toute  la  chrétienté  ^. 

Dé  son  côté,  Bajazeth  avait  envoyé  à  Charles  VIII  de  nou- 
veaux ambassadeurs  pour  qu'il  promit  de  retenir  Jem  en 
France.  A  cette  condition ,  Bajazeth  lui  offrait  une  pension 
très  considérable ,  et  il  garantissait  à  la  France  la  souverai- 
neté de  la  Terre-Sainte,  après  qu'elle  aurait  été  conquise  sur 
le  Soudan  d'Egypte  par  les  armes  réunies  des  Français  et  des 
Turcs.  Mais  Charles  VIII ,  d*accord  avec  le  grand-maitrQ 
d' Aubusson,  avait  déjà  cédé  aux  sollicitations  du  pape,  et  Jem 
était  ei^  route  poiir  ^opiç^. 

Il  y  fit  son  entrée  le  13  mars  1489;  tl  était  à  chevttl,  le 
turban  en  tété,  entre  François  Cj^p,  j^ts  du  pape,  et  le  prien; 
d* Auvergne,  neven  da  grand-maître  d'Aubussoû,  et  ambassa- 

1  Gait-Bai ,  le  ptas  liabfle  et  le  ptas  renommé  des  soudans  de  l'Egypte,  était  Circassieit 
d'orfgiiie,  et  son  nom  est  tartare.  CtUt,  en  celte  langue ,  veut  dire  confenion  :  et  Hd, 
riche.  DemeMu»  Cantemir.h,  111,  ehap.  U,  f.  —  *  AnnaU  Eecles.  fin;  S  36,  p.  Zit,  —, 
s  Ibid.  I48S,  S  U  et  12,  p.  3S1,  -a-  \  iM.  1489,  S  1»  P*  393. 


DV   MOYB»    AGJS.  261) 

deur  de  France.  Un  aïkibassadeor  du  soadan  d'Egypte  étaiï 
alors  à  Rome,  pour  solliciter  les  princes  chrétiens  de  s'allitt 
avec  son  inàftre  contre  Bajazeth.  Il  alla  aussi  au-devant  d^ 
Jem  :  dès  qu  il  le  tU,  il  descencfit  de  cbeyal,  et  il  se  prostern** 
à  terre;  trois  fois  il  baisà  la  terre  en  s^ataiiçant  vers  lui  :  i* 
baisa  les  pieds  de  son  cheval,  et  le  suivit  ensuite  jusqu*à  son 
palais  ^        -  ;. 

Le  lendemain,  le  pape  assembla  le  consistoire  pour  j  rece^ 
Toir  Jém  daùs  une  audience  publique.  Yaioemcut  ce  princ^ 
avait  été^averti  des  respects  que  les  monarques  chrétiens  reri- 
daient à  leur  grand  pontife;  il  ne  voulut  point  abaisser  devant 
lui  r  orgueil  du  sang  ottoman.  La  tète  couverte  de  son  turban\ 
que  les  Asiatiques  ne  déposent  point,  et  quMls  regardent 
comme  un  symbole  de  leur  religion ,  il  traversa  la  salle  san: 
s'incliner,  il  monta  sur  le  trône  où  était  Innocent,  et  Tem* 
brassa  en  appliquant  ses  lèvres  sur  F  épaule  droite  du  pape; 
signe  d'amitié  plutôt  que  de  respect,  qu'il  donna  ensuite  l 
tous  les  cardinaux.  Son  interprète  dit  au  pape  qu*il  se  ré' 
jouissait  d*ètre  en  sa  présence  ;  qu'il  se  recommandait  à  lui', 
et  qu'il  aurait  du  plaisir  à  conférer  plus  en  secret  avec  lui  sui. 
leurs  int^èts  communs.  Le  pape  répondit  en  l'exhortant  î 
avoir  bon  courage,  puisque  c'était  pour  le  bien  de  sa  noblesse 
(titre  que  la  cour  de  Rome  jugea  convenable  de  lui  donnei* , 
qu'il  était  eonduit  dans  cette  capitide^. 

Ce  plus  grand  bien  de  Jem ,  qu'il  devait  trouver  dans  sot 
séjour  à  Rome,  n'était  qu'une  honorable  prison.  Bajazeth  K 
payait  chaque  année,  d'abord  au  roi  de  France,  ensuite  à  In- 
noccAit  YIII ,  quarante  mille  ducats  pour  la  pension  de  sot 
frère.  La  jouissance  de  cette  rente  n'était  pas  le  moindre  déc 


1  Diario  di  Stefano  Infeisura.  p.  I2?s.  —  *  marium  Bwehardi  apud  Eatinaldùy 
Annal,  ÈccL  1489,  S  2 él  3,  p.  393.— S/e/"ano  Infessura,  maria  dltiàma.  p.  lias.— Maf» 
Sa^iito,  Viu  df^*pwhi  di  Vènezïa,  p.  1244.  -  ÙiaHo  Romano  del  Koudo  di  KantipOH\ 
M106.  ' 


^4  laiSTOIRB  0££î,^irp»^9]CffK  ITALIEIflfES 

motif s^  j^qi  ^yfà^i  ^i^xifàï>^Mnoçmt  à  ^mméBS^j(p»  lefi 
lui  fùï,  remis,  et, à  acheter  en,  quoique  jiQjrte  le  ((HiiiâeateipeBt 
du  grim^-auLÎtrçi  4 -^^baasiou,  eo,  loi^i^qjwt  ua  chapeau  de 
cardinale  Bajazeth  cepçndapt,  ne  se  regardant  point  comme 
Hssez  assuré  dç  sou  frère  par  $a  captivité,  chercha  les  .mojens 
de  le  faire  périi:^  Un  gentjibojmne  (ie  la  Marche  d' Ancône, 
nommé  Christophe  Macrino  dcl  Gastagno,  prit  avec  Bajazeth 
rengagement  demppi^onner  une  fontaine  qui  senrait  pour  la 
table  d'Innocent  et  de  Jem ;  le.poisQu  ne  devait  foire  effet 
qu'au  bout  dé  cinq  jours,  mais  le  malfaiteur  fut  découvert, 
au  mo^  de  mai  1490,  avant  Texécution  de  son  crime,  et  il  pé- 
rit dans  un  horrible  supplice.  D*wtres  tentatives  de  même 
nature  furent  qgalemeot  douées,,  et  la  vie  tout,  au  moins 

de  Jem  fut  mise  en  sûreté  2. 

[  Il  n'était  pas  diffipilc  de  trouver  à  Rome  des  hommes  «psèts 
à  commettra,  des  actions  jaiyssi  exécrables  ;  jamais  la  ville 
n'ayait  été  remplie  de  plu5  de  scélérats,  ou  troublée  par  plus 
de  crimes.  ]Les  meurtriers  marcliai^t  la  tète  levée,  aans  avoir 
satisfait  ni  la  famille  dont  ils  avai^^t  versé  le  sang)  m  la 
justice.  J(4|s  pi^pç  oi^.seis  minces  Içur  vendaient  des  bnUes  de 
ré;nisi»ony  par:lesqi,i^l|es  .leprs  offenses,  et  celles  d'un  nomr 
l)rç  déterminé  de  leurs  oomplioçsb,^ent  abolies;  et  lorsqu'on 
reprochait  a^  vi^-camérier  cette  lîénalité  de  la  justice,'  il  ré- 
pondait en  parodiant  les  paroles  ^  l'Évangile  :  L0  S^neur 
ne  veut,  pçi^t,  tfi^  n^rt  du  péchqw,^  mais  plu0t  qu'U  page  et 
qu%vive\  ,  .  ;        .  . 

Ifi  clergé  4Q9nait  aja  peuple  4^  €)xepples  si  «^da^ux, 

,  qu'Innocent  y  II][i  se  vit  ol^ligé  dq  r^o^vç^er)  le  t)  .anil  l^Kft, 

une.  cpnstitutiioii.  (|e  Pie  ll^p^r  laquelle  il  était  interdit  anx 

t  JMorto  m  StefoMO  infeuwra,  p.  i334.  —  *  AnnoL  Bceiet^  1490,  S  5,  p.  49t.  ^  SHarto 
di.SUfiu^o  ïjif€9wra.  p.  1 2Si.  —  '  K|  «innn  nnel  InttffTogaralar  itoecamiffiriiis  qvore 
de  delliMÎtteDlibuB  nbh'fltik'et  jQftliUa,  sed  peeuniA  exigeretur,  respondit  me  pr^meute 
videlicet  :  Deiu  non  vult  mortem  peccatoHt,  seA  magis  ui  solvat  €l  tfUwL  SUfimo 
|N/!M««ni,' IMoHd'Bomano.  p.  1226. 


M  Jtomi  AOÈ.  ses 

prttfcs  cfe  tailr  des  boadieries ,  des  auberges  »  des  maisons 
de  jeO)  des  maisons  de  prostitntioii,  de  se  faire,  ponr  de  l'ar* 
gent,  les  entremeltears  et  les  agents  des  courtisanes.  Si, 
avertis  par  trois  fois,  ils  n'abandonnaient  pas  cette  "vie  hon- 
tei^,  le  pape  les  prirait  du  droit  de  décliner  les  tribonaut 
sécnliers,  et  d'inToqqer  le  bénéfice  du  clergé  dans  les  causes 
criminelles  où  ils  pourraient  être  compromis  U 

Innocent  VIII  n'avait  point  donné  de  prindpauté  à  sa 
nombreuse  famille,  mais  il  partagea  entre  ses  enfants  les  im- 
menses revenus  de  F  Église;  il  en  accorda  surtout  la  plus 
grosse  part  à  Francesebetto  Gybo,  son  fils  aîné.  C'était  Fran- 
cesehetto  qui,  pour  amasser  plus  d'argent,  avait  rendu  la  jus- 
tice si  ind%nement  vénale.  Il  convint  en  1490,  avec  les  juges 
du  pape,  que  la  cour  apostolique  ne  recouvrerait  le  paiement 
qae  des  amendes  inférieures  à  cent  cinquante  ducats,  tandis 
que  tontes  celles  qui  passeraient  cette  somme  seraient  à  son 
furofits. 

Poar  ajouter  encore  à  l'ignominie  dont  la  vénalité  de  la 
jnsticQ  couvrait  la  cour  de  Rome,  Dominique  deYiterbe, 
seribe  apostolique,  de  concert  avec  François  Mâldente,  fabri- 
^oi^ent  de  fausses  bulles,  par  lesquelles  Innocent  permettait, 
pour  de  l'argent,  les  désordres  les  plbs  honteux.  H90.. — La 
fraude  cependant  fut  reconnu^,  les  deux  faussaires  furent 
arrêta;  leurs  biens  confisqués  rapportèrent  douze  mille  du- 
joats  à  la  chambre  apostolique.  Les  parents  des  coupables 
espéraient  encore  les  racheter  de  la  peine  de  mort.  Maître 
Aentile  d^.Viterbe,  médecin,  père  du  scribe  apostolique,  ofbit, 
jpar  r  entremise  de  Francesebetto  Gybo,  cinq  mille  ducats  pour 
sauver  la  tète  de  son  fils  ^  c'était  tout  ce  qu'il  possédait.  Mais 
|e  papç  répondit  que ,  comme  il  j  allait  de  son  honneur,  il 
ne. pouvait  lui  faire  grâce  pour  moins  de  six  mille  ducats; 

<  OênéOmiù  a/mi  nagnatdum  AmaL  Ecctes.  14IS,  S  21,  p.  392.  —  Celle  de  Pie  U 
était  da 7 mH  M6S.— >*  SUfano  Infestuta ^  Diario  Bomoiio.  p.  1232. 


y^ 


266  HISTOIRE  DES   REPUBLIQuicS   ITALIENIIES 

et,  cotùme  on  ne  put  trouver  eette  somme,  les  deux  fenssaites 
furent  exécutés  * . 

te  dérèglement  des  mœurs  des  papes,  le  partage  des  tré- 
sors de  r  Église  entre  leurs  enfaiïts  naturels ,  avaient  presque 
cessé  d*ètre  des  objets  de  scandale  ;  en  effet,  ce  n'était  pas  de 
pééhés  seulement ,  mais  de  crimes  que  ks  derniers  pontifes 
avaient  été  accusés.  Le  clergé  tout  entier  semblait  s'être  cor- 
Irompu  à  leur  exemple,  et  les  écrivains  contemporains  pré- 
sentent le  tableau  le  plus  hideax  du  débordement  des  prêtres. 
£n  voyant  les  ministres  de  la  religion  si  universellement  dé* 
criés ,  on  serait  tenté  de  croire  que  «ette  religion  elle-même 
n  avait  plus  aucun  pouvoir,  et  qUe  les  prêtres  qui  lin voquaient 
encore ,  ou  les  souverains  et  lés  peuples  qui  la  maintenaient 
par  leurs  lois,  n* étaient  que  d'effrontés  hypocrites  qui  tra^- 
quaient  dii  christianisme  pour  leurs  seuls  intérêts.  Mais ,  si 
l'on  examine  de  plus  près  les  passions  qui  agitaient  Tltalie, 
on  les  préjugés  qui  régnaient  toujours,  on  s'aperçoit  bientôt 
que  la  religion  n'avait  rien  perdu  de  son  empire,  encore 
qu'elle  eût  été  absolument  détachée  de  la  morale.  La  croyance 
que  le  pape  et  ses  prêtres  disposaient  seuls  des  clefs  de  l'enfer 
^  du  paradis  ne  s'était  naliemeat  affaiblie  ;  l'horreur  ix)ur 
toute  opinion  i&dépendante  en  matière  de  foi,  opinion  aussitôt 
taxée  d'hérésie,  était  toujours  universelle,- et  la  justice  de  Dieu, 
pervertie  entre  les  mains  des  hommes ,  n  ^tait  plus  invoqnéid 
que  comme  garantie  de  la  croyance,  non  de  la  probité  et  cfe 
l'honneur. 

Ce  fut  dans  ce  siècle  dépravé ,  ce  fut  sous  le  pontificat  de 
IKxte  IV,  l'instigateur  de  tant  de  crimes,  que  Tiiiquisitiun  fat 
mtrodnite  en  Espagne,  et  que  ce  tribunal  de  sang  reçut  une 
jurisprudence  bien  plus  formidable  et  bien  plus  atrœe  que 
c^  qui  l'avait  rég^  trois  siècles  aupiûravant^  àùis  »a  pre*> 

>  5(^0110  Infessuroj  DIfirio  homano,  p.  1299.  * Baynaldi  Antmi»  ^c^  i490>  $  32 % 
p.  402. 


Dt  MOYEN  AGE.  267 

lûière  institution  contre  les  Albigeois.  De  i  478  à  1 482,  les  t|i* 
banaui  étaljis  en  Castiile  pour  exammer  la  foi  des  nouveaux 
convertis  firent  brûler  deux  mille  personnes  ^  un  nombre  de 
prévenus  beaucoup  plus  grand  eticore  périt  dans  les  cachots  ; 
d'autres,  et  c'étaient  ceux  qui  furent  traités  avec  le  plus  d'in- 
dulgence, furent  marqués  d'une  croix  couleur  de  feu  sur  la 
poitrine  et  sur  lesiépaules,  déclarés  infâmes  et  dépouillés  de 
tous  leurs  biens.  Les  nouveaux  tribunaux  ne  pardonnèrent 
pas  même  aux  morts  ;  leurs  os  furent  arrachés  de  la  sépulture 
pour  être  brùlâ,  leurs  biens .  confisqués,  et  leurs  fils  notés 
d'infamie.  Ceux  qui  avaient  dans  leur  famille  le  sang  de 
quel(}ue  Maure  ou  de  quelque  ^uif  fuyaient  de  cette  terre  de 
ph)scrîption,  et  dans  la  seule  Andalousie,  cinq  mille  maisons 
fhrent  abandonnées.^  Cent  soixante  et  dix  mille  familles  jui- 
ves, faisant  ensemble  huit  cent  mille  individus,  furent  ainsi 
chassées  du  territoire  de  l'Espagne  ;  et  cependant  le  plus 
grand  nombre  dissimula  sa  religion  pour  conserver  sa  patrie, 
tandis  qu'une  foule  d'autres  furent  réduits  en  esclavage,  et 
vendus  sous  la  lance  du  préteur^. 

«  Cette  sévérité  dans  ta  punition  des  apostats  néophytes  de 
«  la  race  juive,  dit  Raynàldus,  Tannaliste  de  T Église,  Assura 
«  auprès  des  âmes  pieuses  la  plus  haute  gloire  à  Isabelle, 
«  reine  de  Castiile  ;  queiqûes-ùns  cependant  la  calomnièrent  : 
«  on  répandit  que  ce  n'était  point  pour  venger  l'injure  de  la 
«  divinité  offensée,  mais  pour  rassembler  de  For,  pour  accu- 
«  mnler  des  richesses,  qu'on  avait  apporté  tant  de  sévérité 
«  dans  ies  jugements.  La  reine  elle-même  ayant  témoigné  la 
«  crainte  que  cette  accusation  n'eût  été  portée  aux  oreilles  du 
«  potatife,  Sîxte  lY  écarta  de  son  àme  tout  soupçon  formidable 

1  Marinœut Siadw ,  De  rébus  BupanUe.  L.  XIX,  c.  22,  p.  i9i,^ÀnnaUs  Ecete- 
9i4ttt.  tUiynaldi,  1493,  S  47-48,  p.  328.  —  Mariana^  L.  XXIV,  c.  XVII,  p.  106. 
-^  >  MarUma^mstorta  de  las  J5<paitiu.  L.  XXVI,  c.  I,  p.  |42.  -^  Aoyti.  4nn,  1492»^  3, 
p.  408.  . 


20^  HISTOIHS  DBS  wiP^SUÇfJfS  fTALI]SllH£S 

«  jçt  ^landît  à  9a  piété  par  sa  lettre  da  25  féwier^  1483  *.  » 
Les  écrivains  ilaliens  da  xv''  àècle,  de  même  que  ceux  «ta 
XVII®,  ne  parlaient  jamais  de  ces  pcrsécations^  sans  en  «p^ 
prouver  hautement  le  principe.  Les  pkis  modérés»  les  pins 
humains  se  contentaient  seulement  de  blâmer  les  détails  de 
rexécution.  Ainsi  Barthélémy  Senarega,  historien  de  Gènes, 
qui  vit  plusieurs  milli^^  de  jni&  s'arrêter  dans  cette  ville, 
et  qui  fut  touché  de  leurs  souffrances,  nous  donne  pur 
son  récit  une  juste  mesure  des  opinions  des  hommes  les  {dus 
philosophes  et  les  plus  tolérants  de  ce  siècle.  «  La  loi  de  leur 
«  bannissement,  dit-il,  parut  louable  au  [Ncemier  aspect,  poi^ 
«  qu'elle  cons^vait  rbonnenr  de  notre  religion;  mais  die 
«  contenait  peut-être  en  soi  tant  soit  peu  de  cruattté,  si  da 
«  moins  nous  considérons  les  }uif&  comme  des  hommes  ^xéés 
«  par  la  divinité,  non  comme  des  bêtes  féroces.  On  ne  pouvait 
«  voir  sans  compassion  leurs  calamités  ;  un  gruid  nombie 
«  d'entre  eux  périssaient  de  faim,  Sjurtout  les  en&nts  en  bas 
«  âge  ou  à  la  mamelle  ;  les  mères,  se  soutenant  à  peine,  pqr-* 
«  talent  dans  leurs  bras  leurs  nourrissoBS  affamés  et  périssaient 
«  avec  eux;  plusieurs  soceombaient  au  froid,  d autres  à  la 
«  fi|oif;  le  mouvement  de  la  mor  et  k  navigation  à  laqpidle 
«  ils  n'étaient  point  accoutumés,  aggravaient  toutes  leurs 
«  maladies.  Je  ne  dirai  p<»nt  avec  quelle  cruauté,  avec  qudle 
«  avarice  ils  étaient  traités  par  leurs  conducteurs.  Plusieurs 
«  furent  noyés  par  la  cupidité  des  matelots,  plusimus  fmwnt 
«  forcés  de  vendre  leurs  fils,  parce  qu'ils  n'avaient  plus  de 
«  quoi  payer  le  nolis  ;  ils  arrivèrent  à  Gènes  en  f<M^  grand 
«  nombre;  mais,  on  ne  leur  perpiit  pas  d'y  demeurer  long* 
»  temps,  car,  d'après  d'anciennes  lois,  les  jmh  voyageurs  n'y 
«  peuvent  séjourner  plus  de  trois  jours.  On  les  laissa  eepai* 
«  dant  radouber  leurs  vaisseaux,  et  se  refaire  pendant  quel- 


«  ques  jours  des  sofif f ranoes  de  la  naYigatfofi.  Vocâ  les  auriez 
«  pris  poat  des  spectres  :  ils  étaient  mmgres,  p&les,  les  yeux 
«  rentrés;  ils  ne  différaient  des  morts  que  par  le  monvement, 
«  qaoiqu^ils  ne  se  soutinssent  qu'à  peine.  Un  g;rand  nombre 
«  d'eWe  eux  moururent  auprès  du  môle,  car  ce  quartier, 
^  entouré  par  la  mer,  était  le  seul  où  Ton  permit  aux  juifs 
«  de  se  reposer.  On  ne  reconnut  pas  tout  de  suite  que  tant  de 
«  malades  et  de  mourants  devaient  apporter  la  contagion  ; 
«  mais  au  printemps  on  vit  paraître  beaucoup  d'ulcères  qui 
«  ne  s'étaient  point  manifestés  en  hiver,  et  ce  mal,  longtemps 
«  caché  dans  la  ville,  fit  éclater  la  peste  Tannée  suivante  ^  • 
Ce  n'était  pas  seulement  en  Espagne  que  ce  nouveau  zèle 
de  persécution  était  excité  par  les  prêtres  ;  le  clergé  d'Italie 
sWforçait  de  rivaliser,  dans  ses  sanglantes  vengeances,  avec 
celui  d'au-4elà  des  Pyrénées.  Chaque  année  on  faisait  circuler 
quelque  nouvelle  histoire  d'un  enfant  chrétien  que  des  juifs 
avaient  volé,  et  qu'ils  faisaient  périr  lentement  sous  le  couteau, 
le  jour  de  Pâques,  en  buvant  son  sang  à  la  ronde  ;  et  par  ces 
contes  effroyables  on  communiquait  au  peuple  la  même  fureur 
contre  eux^.  A  Florence,  frère Bernardino  d'Asti,  franciscain, 
prèdia  contre  les  Juifs  pendant  une  partie  du  carême  de  1 487. 
Il  recommanda  qu'on  eût  soin  d'envoyer  tous  les  enfants  de 
la  ville  au  sermon  qu'il  vouMt  t)rècher  le  1 2  mars  :  quand  il  en 
eut  rassemblé  entre  deux  et  trois  mille,  il  leur  dit  qu'il  faisait 
chœx  d'eux  pour  être  ses  soldats;  il  leur  commanda  d'aller 
prier  chaque  matin  le  Saint*Sacrement  dans  la  chapelle  de 
révise,  pour  qu'il  inspirât  aux  hommes  faits  la  sainte  résolu- 
tion de  chasser  les  juifo  ;  pour  cela  ils  devaient  dire  trois  Pater 
noiter  et  trois  Ave  Maria  à  genoux.  Le  matin  suivant,  tous 
Qf»mfaxAs  a' attrouperont  en  effet  dans  l'église,  et  lorsqu'ils 


I  . 


7 

1  Bartholonuel  Senaregœ  De  rébus  GenuensUnu.  T.  XXIV,  p.  fSi.  ^  *  Raynaldi 
Asm.  Ecoles.  A  Trente ,  en  147S ,  S  S7  ;  dans  la  Marche ,  en  1476,  S  20  ;  A  Mégalopolis , 
en  1492^  S  9 ,  et  |Nu«lm. — GonUnuateur  det  Cftronlgiief  ^  Mûiutréieu  VoL  UI,  f.  I9f . 


%10  HIStOIRS  Ul^  t^ftJfit.lOtlBS   iTAtlENlirËS 

en  sortirçEi^  ce  fut  pour  mettre  aa  pfllage  le  quartier  dçs 
juifs.  Là  Seignearie  eut  Ic^ùcoup  de  peine  à  les  arrêter;  elle 
Youiat  réprimander  le  prédicateur^  qui  répondit  que  les  or- 
res  de  Dieu  étaient  supérieurs  à  eeux  des  magistrats,  et  que 
rien  ne  1* empêcherait  de  dirç  dans  la  ebaire  ce  qu'il  croirait 
'convenable  au  salut  du  peuple.  On  fut  forcé  de  le  faire  sortir 
de  la  \ille,  au  grand  scandale  de  1*  écrivain  qui  nous  a  trans- 
mis la  connaissance  de  cette  anecdote  ^.  Frère  Bemardîino  alla 
terniïner  le  carême  à  Sienne^  où  il  s'effor^  d' ameuter  dé  la 
inême  manière  lé  peuple  contre  lès  juifs  2. 

Au  mois  d'avril  1492,  un  père  Francisco,  Espagnol,  s'ef- 
força d*  exciter  à  Naples  une  persëcùtioii  semblable  contre  les 
juifs.  Après  avoir  vainement  épuisé  toutes  le^  ressources  de 
son  éloquence,  et  devant  la  cour  et  devant  le  peuple,  il  tenta 
aussi  dé  faire  parier  les  morts;  il  fit  apparaître  rpmi>re.  de 
saint.  Gataldus,  patron  de  la  ville  de  Tarente,  qui  avait  vécu 
au  V*  siècle  ;  il  fit  déterrer  une  cassette  où  il  avait  enfermé  dès 
prophéties  écrites  sur  des  lâmës  de  plomb,  dans  lesquelles  la 
ruine  du  rovanme  de  Naples  et  la  mort  prochaine  du  roi 
Jetaient  prédites,  s  il  ne  se  hâtait  d'expulser  les  juifs  de  ses 
(états;  et  cbinme  Ferdinand  ne  lui  ctdnnait  point  assez  de  cré- 
dit, il  occupa  la  cour  de  Rome  et  lltalie  entière  de  ces  pro- 
phéties,  qu'on  prétendit  plus  tard  avoir  été  réalisées  par  fexr 
pulsion  de  la  maison  d'Aragon  dû  trône  de  Naples 3. 

En  même  temps  les  tribunaux  ecclésiastiques  retentissaient 
d'accusations  de  sorcellerie,  et  le  spectacle  de  malheureux  pé* 
rissant  dans  les  flammes,  comme  magiciens  bii  comme  bérétir 
ques,  devenait  chaque  jour  plus  fréquent^. 

Les  dominicains  ne  voulaient  point  consentir  à  ce  que  le 

t  Bieordanze  di  TrUfoidù  d$  i^sH.  ÙeL  Brùd,  T.  XXIH,  p.  238.  -^  ■  ÀÏÏegréiià  MU- 
çretti ,  Mario  Sanese,  p.  823.  —  >  Joviatnu  Pontantu  de  Sermone.  L  U ,  cap  uH. 
p.  1628,  -^  Aàyle^  DiciiftnnairÉf  critique  ^,  art.  Caialdtu.  —  Mémoires  de  PtUUppe  de 
Comifi^»  Iff  yfl,  chai).  Xiy»^.  213.  ^—^  On  èa  iroui^ràU  difficitëineni  un  exemple  piua 
effroyable  (^9  celui  de  (a  penéciitioh  iil'Arraa  en  1459,  icomré  leé  malheureux  accusés  90 


Vn  IfOTKV  AGI,  971 

I 

J^ypîr  k4î|1  prtt  oonmiiasaniee  de  leurs  fei^inm,  fwm  qoe 
ce  fût  à  loi  seul  à  les  exécuter.  Innocent  YIII  écriTaiti  le 
30  afiptembr^  1486»  à  Tévèque  de  Bresda  :  «  Notre  fils  chéri, 
«  frère  Àjitoiae  de  Bresda,  inquisiteur  de  Thérésie  en  Lom->> 
«  bardiei  ayant  condamné  quelques  hérétiques  des  dçux  se^es 
comme  impénitents,  et  ayant  requis  les  officiers  de  justiee 
ae  Bresdft  d'exécuter  ^  sentence,  nous  btous  appris  nvee 
étonnement  que  ces  offiders  avaieqt  refpsé  de  r^dre  jus» 
tice,  et  d'exécqter  les  jugements  de  la  sainte  inquisitioni 
si  on  ne  leur  donnmt  connaissaïuse  du  procès.  En  eon^é* 
quence,  nous  tous  commettons  et  vous  ordonnons  par  les 
présentes ,  de  mander  et  d'enjoiqîdre  aqx  officiers  séculiers 
de  la  Tille  de  Bresda,  dexécuter  les  procès  que  vous  aurei 
jugés,  sans  appel,  et  sans  les  rcToir  nulijen^eot,  .d^ps  le  terme 
de  six  jours  après  qu'ils  en  auront  été  légitimement  requis, 
«  sous  peine  d'excommunication  et  de  toutes  les  crasures  eOi- 

vaudoisie.  Voici  comme  Monstrelet  la  nconxe.  Chroniques  du  rçi  Charles  flL  Vol.  Ul, 

t.  84; 

,«  B||  eetl9  «Hiée,  en  .la  Tille  4*Arraf ,  au  payi  d'Artois ,  advhit  un  tonibla  cas  et  p^- 
«  loyable,  que  Fod  nommait  vaiuioisie ,  ne  sçais  pourquoi.  Mais  Ton  disoii  que*ce  esloH 
«  aucunes  gen«,  hommes  et  femmes,  qui  de  nuict  se  transportoient,  par  vertu  du  diable, 
«  d^  places  oil  ils  étoieoi,  el  aoudainement  ae  trouvoieot  en  aucuns  lieux  aniére  de 
«  gens,  es  bois  ou  es  déserts,  là  où  ils  se  trouvoieni  en  très  grand  nombre  hommes  et 
«  femmes  ;  et  trouvoieni  illec  un  diable  en  forme  d'homme,  duquel  ils  i^e  veoii^pt  jfima|^ 
«le  visage:  et  ce  diable  leur  lisoit  ou  disoit  ses  commandements  et  ordonnances,  ^ 
«  comment  et  par  quelle  manière  Ils  le  dévoient  adorer  et  servir.  Puis  faisoit  par 
«  chacun  d'eux  baiser  son  derrière,  el  puis  il  bailloit  â chacun  un  peu  d'argent,  et  fina- 
«  Uement  leur  adroinistroit  vins  et  viandes  en  grande  largesse ,  dont  ils  so  repaissolcut  : 
«  el  puis  tout  à  coup  chacun  prenoit  sa  chacune  ;  et  en  ce  poiul  s'esiaiDdoit  la  lumière, 
«  el  oognoissolent  Tun  l'autre  charnellement  ;  et  ce  fait ,  tout  soudainement  se  relrouvoil 
•  diacun  en  sa  place ,  dont  Us  étoienl  partis  premiërrment. 

«  Pour  celte  folie  ftirent  prins  et  emprisonnés  plusieurs  notables  gens  de  la  dicte  ville 
«  d'Arras ,  el  autres  moindres  gens ,  fenunes  folieuses ,  et  autres  ;  el  furent  teUemeni 
«  géliénés,  el  si  terriblement  lormentés,  que  les  uns  confessèrent  le  cas  leur  être  ainsi 
«  advenu ,  comme  dilest ,  et  outre  plus  eonfessèrenl  avoir  vu  et  eognu  en  leur  ^ssem- 
«  Mée  plusieurs  gens  notables,  prélats,  seigneurs  et  autres,  gouverneurs  de  bailliages 
«  et  de  villes  ;  voire  tels ,  selon  commune  renommée ,  que  les  examinateurs  el  les  jugea 
«  leur  nommoieni ,  et  mettoient  en  bouche ,  si  que  par  force  de  peines  et  de  tormens 
«  ils  les  accusoient,  et  disoient  que  voirement  ils  les  y  avoient  vus  ;  et  les  apc^ns  ainsi 
«t  nommés  étalent  tantôt  après  pris  et  emprisonnés ,  et  mis  k  Ta  torture  •  \M  ei  si  tr^ 


272  HISTOIBX  DEâ  AéPUBLtOtnss  italieiines 

«  clésiartiqoes,  qu*iU  encourro&t  par  leur  seule  désobéissance, 
«  sans  nouvelle  promulgation  1.  » 

Ainsi  ce  ne  fut  ni  la  barbarie  du  moyen  âge,  ni  un  zèié  ax^ 
dent  et  entbousiaste,dans  un  temps  où  la  religion  échauffait  tou- 
tes les  âmes,  qui  allumèrent  les  bûchers  de  ^inquisition.  Cène 
fût  pas  davantage  la  nécessité  de  défendre  TEglise  contre  les 
progrès  des  novateurs,  comme  d'autres  Font  supposé.  Les 
persécutions  les  plus  furieuses,  les  plus  implacables,  entre 
celles  qui  souillent  rhistoiire  du  clergé,  sont  antérieures  de 
quarante  ans  aux  premières  prédications  de  la  réforme  ;  elles 
sont  contemporaines  du  plus  grand,  développement  qu'aient 
reçu  les  lettres,  la  philosophie,  la  culture  de  la  raison  hu- 
maine, avant  cette  époque  mémorable;  elles  datent  aussi  du 
moment  où  la  cour  romaine  était  arrivée  au^dernier  degré  de 
corruption,  et  elles  sont  la  conséquence  nouvelle  et  effrayante 
ûa  système  de  compensation  que  cette  corruption  même  avait 
fait  adopter  aux  croyants.  Aux  yeux  des  Sixte  IV,  des  Inno- 
cent Tin,  des  Alexandre  Vï,  on  effaçait  la  tache  du  mms 
par  la  rigueur  avec  laquelle  on  préservait  la  pureté  de  la  foi. 
Une  ^rsécution  suffisait  pour  laver  la  honte  de  mille  parjop 
res,  de  mille  impuretés,  de  mille  forfaits.  Ceux  qui  dans  leur 

«  loBguement,  et  par  tant  de  fois,  que  confesser  le  feur  convenoit ;  et  furent  ceux-ei 
«  qui  étoient  de  moindres  gens ,  exécutés  et  brûlés  inbumainement.  Aucuns  autrea  plof 
«  riches  et  plus  puissans ,  se  rachetèrent  par  force  d'argent,  pour  éviter  les  peines  ^t 
«  les  hontes  qu'on  leur  faisoit,  et  de  tels  y  eut  des  plus  grands ,  qui  furent  prêches  et 
«  séJuits  par  les  examinateurs,  qui  leur  domioientà  entendre,  et  leur  proraettoieat, 
«  s'ils  confessoient  le  cas ,  qu'Us  ne  perdroient  ne  corps  ne  biens.  Tels  j  eut  que  sooC- 
«  frirent  en  merveilleuse  patience  et  constance  les  peines  et  les  torraenç ,  mais  ne  tou- 

«  lurent  rien  confesser  à  leur  préjudice et  ne  fait  ici  à  taire  ce  que  plusieurs  gens 

«  de  bien  cognurcnt  assez,  que  cette  manière  de  accusation  ftit  une. chose  q^ 
•  trouvée  par  aucunes  mauvaises  personnes ,  pour  grever  et  détruire  ou  déshonorer* 
«  ou  par  ardeur  dé  convoitise,  aucuaes  notables  personnes,  que  ceux  haioieni  de 
«  vieille  haine.  » 

Cest  à  cause  de  ce  soupçon  que  l'historien  ose  cette  fois  en  parler  avec  liberté.  À 
chaque  année  presque  on  trouve  l'indication  de  persécutions  semblables  dans  un  lieu  ou 
dans  un  autre;  mais  les  chroniqueurs  les  regardant  comme  justes  et  saintes,  ne  les 
rappelaient  ordinairement  que  par  un  seul  mot.  —  <  BuUartum  Bonumum.  innocin- 
tH  vm  Cotutiiutio  dednuu  àvud  Baynaid,  AnnaL  Eecks.  UMf  S  S7,  T.  XIX,  p.  377. 


DU   MOYEN   AGE.  273 

jeanease  on  leur  âge  mûr  avaient  cédé  à  la  fougue  da  tempé^ 
rament,  ou  aux  farears  de  Tambition  et  de  la  yengeance, 
pouvaient  se  faire  tout  pardonner,  ai,  dans  le  dernier  déclin 
de  leur  vie,  ils  allumaient  des  bûchers  pour  les  juifs,  les  Mau- 
res et  les  hérétiques.  Cette  affreuse  morale,  dominante  en  Es- 
pagne, prêcbée  en  Italie,  soutenue  dans  toute  la  chrétienté 
par  les  bulles  des  papes,  s'étendait  rapidepient  vers  les  pays 
moins  édaiiés.  U  est  difficile  de  prévoir  quel  aurait  été  le 
terme  de  cette  progression  effrayante,  si  la  révolte  d'une  par- 
tie de  FÂllemagne  contre  la  tyrannie  de  Bome  n* avait,  après 
une  longue  lutte,  forcé  les  papes  à  renoncer  u  cette  intolé- 
rance sanguinaire,  qui  était  devenue  pour  eux  le  but  unique 
de  la  religion. 

A  peine  le  collège  des  cardinaux,  si  zélé  pour  maintenir  la 
pureté  de  la  foi,  remarqua-t-il  le  parjure  du  chef  de  l'Église, 
lorsque,  au  mois  de  mars  1489,  Innocent  YIII,  au  mépris  de 
ses  serments,  ajouta  six  nouveaux  cardinaux  au  consistoire, 
encore  que  ce  collège  ne  fût  pas  réduit  à  moins  de  vingt-qua- 
tre membres;  au  contraire,  l'annaliste  ecclésiastique  approuve 
cette  conduite,  parce  que  les  conditions  imposées  par  les  car- 
dinaux pendant  que  l'Église  est  privée  de  son  pasteur,  sont 
annulées  par  une  constitution  d'Innocent  TI.  Mais  ce  même 
annaliste  Baynaldi,  toujours  si  dévoué  au  Saint-Siège,  se  ré- 
crie sur  ce  que,  «  par  un  honteux  exemple  de  mépris  pour  la 
«  discipline  ecclésiastique.  Innocent  YIII  avait  nommé  car- 
«  dinal  le  fils  adultérin  de  son  frère,  et  le  beau-frère  encore 
«  enfant  de  son  propre  bâtard  ^  »  La  seconde  de  ces  élec- 
tions qui  excite  l'indignation  du  plus  orthodoxe  des  servi- 
teurs de  l'Église,  est  celle  de  Jean,  fils  de  Laurent  deMédicis, 
qui  fut  ensuite  Léon  X.  Il  n'était  en  effet  âgé  que  de  treize  ans, 
et  le  scandale  de  donner  à  l'Église  un  si  jeune  prince  était 


'  ^mmu.  Eulen.  Roynoldi.  1489,  S  19«  P.  MO. 

vil.  18 


274  HISTOIRE  DES  BÉPUBLIQinSS  ITALIElîlïES 

un  de  ceux  contre^Ui^qels  la  serment  d'Innocent  .YIII  anraît 
dâ  Icf  mettre  en  garde.  Il  sentit  cependant  quelque  hontû 
d^tine  étectiofi  désapprouvée  par  plusieurs  membres  du  sacré 
collège,  et  il  imposa  poîur  condition  au  jeune  Itfédicis  TobU- 
gation  de  ne  point  prendre  sa  décoration  nou^Ue,  et  d^ 
ne  j[)oint  ^enir  &  âome  pour  siéger  dans  le  consistoire,  avant 
que  trois  ans  se  fussent  écoulés^  et  qa*il  eût  atteint  sa  seizième 
années 

L'alliance  intime  entre  Laurent  de  Médicis.  et  Inno- 
cent YIII,  conséquence  de  la  faiblesse  du  pape,  établissait 
ainsi  sur  de  nouveaux  fondements  la  grandeur  de  la  mai- 
son de  Médicis.  Cependant  Laarent  appesantissait  chaque 
jour  davantage  le  joug  que  portaient  ses  concitoyens  t  an 
ocmunencement  de  Tannée  1489 ,  il  osa  punir  avec  Une  inao* 
leiice  révoltante  te  gonfalonier  Néri  Cambi,  qui  venait  de 
sortir  de  charge^  pour  avoir  lui-même  maintenu  les  droits 
de  sa  magistrature ,  et  admonété  ^  sans  consulter  Laurent  ^ 
quelques  gonfaloniers  de  compagnies  qui  ne  s'étaient,  pas 
rendus  à  leur  devoir.  On  trouva  une  telle  conduite  trop 
orgueilleuse  vis-j^-vis  de  Laurent ,  prince  du  gouvernement, 
et  ce  nom  de  prince,  jusqu'alors  inconnu  à  une  cité  libre, 
commença  à  être  prononcé  dans  Florence  2. 

La  conséquence  de  ce  cbangemeut  fuit  d'ôter  ^  Fhistoire 
de  Florence  tout  mouvement  et  tout  intérêt.  Toute  la  po- 
litique de  la  république  fut  concentrée  dans  le  cabinet  de 
Laarent  de  Médicis,  et  se  trouva  par  conséquent  ensevelie 

^.jumaL  KcéUs,  e»  Burchardi  DiarOs.  14»9 ,  S  21 ,  p.  397»  —  Ittoric  di  &wanni 
Cambl,  T.  XXI,  p.  «S.  --  La  cérémonie  de  l'envoi  du  chapeau  et  de  la  cooséfiratiou  de 
Jean  de  Hédicis  se  fit  dans  l'abbaye  de  Fiésole,  le  9  janvier  1492.  Sdpi^HA  -iiiiinira/o* 
L,  XXVI,  p.  186  i  et,  plus  en  détail ,  Haicoi,  Ufe  of  Lorenzo,  Appendix .  S  6&.— Roscoe 
a  reproduit  aussi  une  lettre  fort  sensée  de  Laurent  à  son  fils,  mr  ses  devoin  et  sa  con- 
duite dans  le  sacré  collège ,  où  il  se  trouvait  le  plus  jeune ,  non  pas  seulenaoni  daa 
cardinaux  présenta,  mais  de  tous'ceux  qui  y  avaient  Jamais  été.  ibid  S  66.  T.  IV,  p.  89. 
—s  Se^ne  AmmfratQ^  U  XXVI ,  p.  I84-186.  —  uiorie  di  Gio-  Gambi.  T.  XXI,  p.  S9. 
Cet  historien  était  fiU  4u  gonfalonier  Neri  Gambi ,  admonesté  dans  cette  occasion* 


DU  MOUBN  AGE.  376 

dam  le  gilenoe  et  le  geeret<  Ses  penëgymtee  ont  toit  ^*i| 
aveit  tenu  la  balance  de  T Italie;  qu'il  ayait  empêché  Inno^ 
eent  YIII  de  faire  la  guerre  à  Ferdinand,'  après  Tavoir 
exeommunié  en  1 489«  et  déclaré  déchu  du  trône  de  Naples^i 
qu'il  ayait  empêché  le  duc  de  Calabre  de  prendre,  lea 
armée  à  la  maini  la  défense  de  Jean  Galéaz  Sforza,  8on  gen*^ 
dre,  ocmtre  Louie-le-llaure;  qu'il  avait  enfin  été  constamment 
le  garant  et  le  médiateur  de  la  paix  en  Italie,  Cette  action 
continuelle  de  Laurent  de  Médtcis  cet  possiUe,  elle  n'est  point 
improbable,  mais  il  n'en  reste  aucune  trace  dans  les  historiens 
flwentÎBS.  Cette  république,  autrefois  le  centre  de  toutes  lei^ 
négaeiations  de  l'ItaUe,  semblait  devenir,  étrangère  à  tous  les 
grands  intérêts  de  cette  contrée.  Ses  annales  sont  vides.  Sct«* 
fÎMi  Ammfrale  passe  raindement  sw  les  noms  de  plusieurs 
genfakmiers  sans  marquer  leur  administration  par  aucun 
événement  2.  Les  autres  historiens  se  taisent  -également  sur 
eelte  époque;  ils  ne  se  smtaient  plus  entraînés  à  écrire  ï  histoire 
lorsque  les  intérêts  de  la  patrie  n'étaient  plus  ceux  de 
ebteun^. 
Dmis  œ  silMce  universel,  un  fait  presque  domestÀipie  fiM 

1  AnmaL  Mcelet,  Raynaldi,  1489,  $  S  ei  o»  p,  394.  —  *  Sdpione  àtnmiraio,  L.  XXVI  ^ 
p.  184-185.—'  M.  Koscoë  me  reproche  avec  un  redoublement  d'amertume  (lUustr.  p.  i67), 
mon  dédain  povr  les  négoc^Uoni  seerèiet  de  Laurent  à  la  cour  d'Innocent  Vill.  11  pvfaSt 
un  long  fragment  de  Fabbroni  destiné  à  en  rendre  compte,  et  partie  de  la  correspondance 
de  Laurent  ayec  J.  Lanrredini ,  ambassadeur  de  la  république  à  Rome.  La  nature  du 
orédlt  ^e  laorent  Mérçait  é  Rome  par  le  martige  de  sa  fille  avec  le  fils  du  pape,  Id 
Imt  de  cesiiégo«tations,  par  lesquelles  il  voulait  déterminer  innocent  viil  à  abandonner 
les  barons  napolitains ,  protégés  par  TËglise ,  aux  ?engeances  de  Ferdinand  ;  leur  ré- 
MiHat,  la  tyrannie  du  roi,  le  désbonnesr  du  pape, et  t'aeounuiUllOD  dis  beaiiomip  #• 
bénéfices  ecclésiastiques  dans  la  maison  de  Médicis ,  me  paraissent  mériter  des  éloges 
moins  pompeux.  Je  vois  dans  cette  correspondance  des  intrigues  plus  ou  moins  habiles, 
Jvn'y  tréuvé  plus  l'intervention-  honorable  et  firanehe  de  la  république  en  faveur  de  loua 
les  opprimés ,  telle  que  nous  l'avons  vue  dans  le  siècle  précédent.  Au  reste ,  J'ai  dit 
seulement  que  ces  négociations  étaient  ignorées  des  historiens  florentins  ;  et  ce  t'est 
i»i  seiAMMM  deSfiipione  âdumirato,  qui  tvail  les  archives  pnbliqoes  à  M  disposilkpe , 
mais  de  Gio.  Cambi,  de  Uooardo  Morelli  et  de  Tribaldo  de  KossI ,  tous  trois  contem-. 
ftorstns,  et  qui  tous  trois  font  sentir  dans  quelle  ignorance  des  affaires  publiques  étaiem*^ 
«lors  laissés  les  citoyens  florentins.  Dans  la  oolleotioo  Deiitie  degU  EnUUul^  UX-XXlil. 


S76        nisToniK  des  ntstmiquovÀ  rrALiEifiïss 

rattèntion.  Laiarat  de  H^ds,  tonjoan  engagé  dans  le  cota>' 
merce  qn*il  nepratiqoait  point  lui-même,  et  qu'il  n'entendait 
point,  airait  remis  ses  affaires  à  des  commis  et  à  des  agento 
établis  dans  diverses  places  de  1*  Europe.  Cçux-ci  se  regar- 
daient comme  les  ministres  d'un  prince;  ils  éUdaient  dans  leurs 
comptoirs  un  luxe  ridicule,  et  ils  unissaient  la  négligence  à  la 
prodigalité.  La  fortune  brillante  que  Gosme  arait  laissée  à  ses 
petits-fils  fut  dissipée  par  ce  luxe  insensé  ;  mais  pendant  long- 
temps les  obligations  des  receveurs  delà  république  couvrirent 
le  vide  que  laissaient  les  opérations  de  banque.  Tous  les  re- 
venus de  Fétat  étaient  distraits  par  ces  anticipationa^  ilsavaient 
passé  tout  entiers  entre  les  mains  des  commis  de  la  maison  de 
Hédicis ,  et  ils  étaient  dissipés  comme  le  reste  de  la  fortune 
de  cette  maison  avant  même  d'avoir  été  perçus.  Le  moment 
vint  où  ces  opérations  mineuses  ne  purent  pas  être  conti- 
nuées plus  longtemps,  et  U  vint  au  milieu  de  la  paix  qui  aurait 
dû  ramener  l'aisance  dans  les  finances  de  la  république.  Le 
13  août  1490^  la  Seigneurie  et  les  conseils  se  virent  obligés 
de  nommer  une  commission  de  dix-sept  membres  pour  réta- 
blir l'équilibre  entre  les  monnaies,  les  gabelles  et  toutes  les 
finances  de  la  république.  Telle  était  la  corruption  dans  la- 
quelle cette  noble  cité  était  tombée,  que  cette  commission  ne 
rougit  pas  de  faire  faire  banqueroute  à  la  patrie,  pour  sauver 
les  Médids  de  la  banqueroute.  La  dette  publique ,  dont  l'in- 
térêt était  fixé  à  trois  pour  cent,  fut  réduite  à  ne  rendre  qu'un 
et  demi;  et  la  défiance  ajoutant  encore  à  cette  rédaction,  les 
luoghi  di  faonte^  ou  actions  de  cent  écus ,  qui  se  vendaient 
vingt-sept  écus  avant  cet  édit^  tombèrent  à  onze  écus  et  demL 
Les  fondations  pieuses  qui  avaient  été  faites  par  la  république 
et  par  un  grand  nombre  de  familles  pour  payer  des  dots  aux 
fiUes  à  marier,  furent  supprimées  ;  on  en  promit  seulement 
r intérêt  au  bout  de  vingt  ans,  à  raison  de  sept  pour  cent  ^ 

t  ittcfle  di  Gkw»  ComUi,  T.  XXI ,  p.  S4. 


BU  uorm  A0£.  277 

Pen  après,  ces  magistrats,  qni  se  fiûsaient  nommer  les  rèfor* 
mateurSf  décrièrent  les  monnaies  qui  étaient  en  coars,  déda» 
nmt  qu'ils  ne  les  recevraient  plus  dans  les  caisses  publiques 
que  pour  un  cinquième  an-dessous  de  leur  yaleur.  Cependant 
la  Seigneurie  continuait  ensuite  à  les  donner  elle-même  en 
paiement  au  cours  du  marché ,  en  solrte  que  ce  décri  fut  une 
maniée  frauduleuse  dTaugmenter  d'un  cinquième  les  revenus 
de  l'état,  sans  faire  porter  de  loi  à  cet  effet  par  les  seuls  con- 
seils qnf  eussent  le  droit  d'étabUr  des  impôts  ^  La  fortune  de 
Laurent  de  Médids  ayant  été  ainsi  sauvée  aux  dépens  de  la 
patrie,  il  sentit  Timprudence  de  la  laisser  davantage  dans  un 
commerce  ruineux ,  et  il  enq^loya  les  capitaux  qui  lui  étaient 
rendus  à  acheter  de  vastes  fonds  de  terre ^. 

Les  annales  de  Bologne,  république  longtemps  alliée  de  Flo- 
raiee,  et  qui  avait  tenu  en  ItaUe  un  rang  presque  égal ,  ne 
présentaient  de  même  plus  aucun  intérêt,  depuis  qu'un  citoyen 
puissant  a^vait  abusé  du  crédit  que'sa  famille  avait  acquis  par 
de  longs  services ,  et  s'était  emparé  de  tout  le  pouvoir.  Jean 
des  Bentivogli  occupait  à  Bologne,  dès  l'an  1 462,  précisément 
le  même  rang  que  Laurent  de  Médicis  occupait  h  Florence. 
Comme  lui,  il  était  entouré  d'artistes  et  d'hommes  de  lettres 
distingués,  qui,  par  un  édat  d'emprunt,  faisaient  illusion  aux 
BolonaÎEf  sur  la  perte  de  leur  liberté.  Gomme  lui,  il  alliait  sa 
fanôlle  aux  maisons  souveraines  :  Annibal,  l'aîné  de  ses  quatre 
fils,  avait  épousé  la  Me  d'Hercule,  duc  de  Ferrare^.  Yiolante, 
l'une  de  ses  sept  filles,  épousa,  en  1 480,  PandolfeMalatesti,  sei- 
gneur de  Bimini,  et  nous  avons  vu  une  autre  de  ses  filles,  Fran- 
çoise, femme  du  prince  de  Faenza ,  qu'elle  assassina.  Gomme 
Médicis,  Bentivoglio  donnait  au  peuple  des  fêtes  splendides , 
et  lui  présentait,  en  dédommagement  des  droits  qu'il  avait 
perdus,  l'éclat  et  le  spectacle  d'une  cour.  Comme  lui  encore , 

*  Scipione  Ammirato.  L.  XXVI,  p.  i85.  —  Slacehiavelii,  i .  Viii,  p.  448.-^  >  Annales 
Bononienses  Hier,  de  BurHiHt.  T.  XXIU,  p.  iNM.  —  >  ibiO.  Pé  M8. 


278  HISTOIRB   DES  REPUBtîQUeS   ITALIENNES 

il  ornait  sa  résidence  d*ëdifloes  somptaetiX)  de  palais,  de  tem- 
ples, dont  la  construction  remplit  seule  les  annales  de  Bolo- 
gne 1.  Bentivoglio  l'emportait  sur  Médicfs  par  la  vertu  mili- 
taire; il  pouvait  conduire  lui-même  ses  armées,  il  faisait  faire  à 
ses  fils  le  métier  de  condottiere,  et  il  n'était  pas  obligé  de  s  en 
lier  uniquement  à  des  bras  mercenaires  pour  la  défense  de  son 
état  ;  mais  Bentivoglio  était  inférieur  à  Laurent  par  les  talents 
personnels.  Il  n'avait  point  ce  goût ,  isette  élégance  qut  ont 
fait  oublier  dans  Médicis  Toppressetii*  de  la  république  floren- 
tine, pour  ne  voir  en  lui  que  le  protecteur  des  lettres.  Il  n*a- 
Vait  pas  non  plus  cette  facilité  de  caractère,  cette  douceur 
dans  le  commerce  intime  de  ses  familiers  qui  assurèrent  à 
Laurent  des  amis  distingués,  dont  le  témoignage'notis  fait  il- 
lusion encore  aujourdfaui. 

La  grandeur  de  Bentivoglio  excitait  cependant  autant  de 
jalonne  à  Bologne  que  celle  de  Médicis  à  Florence  ;  la  famille 
dès  Bfalvezzi,  comme  celle  des  Pazzi  dans  rautre  république , 
ne  pouvait  Se  résigner  k  descendre  au  rang  de  sujette  après 
avoir  joui  de  l'égalité.  Jules,  fitedeAlrgilio  Malveezi,  et  Jean, 
f^ilippe  et  Jérôme,  fils  de  Baptiste  Malvezasi,  ourdirent  «oe 
conjuration  pour  tuer  Jean  Bentivoglio.  Ils  furent  découverts 
le  27  novembre  1488,  avaiit  d'avoir  tenté  f  exécution  :  pl«i- 
«ieurs  d* entre  leurs  associés  s'^bappèrent,  aussi  Men  que  Jé^ 
rdme  et  Philippe  Halvezzi^  amis  Jean  Mal vez«i,  Jacques  Bar* 
zellini  et  dix-huit  de  leurs  complices  firent  pendus  ;  tous  les 
membres  de  cette  fanâlle  nombreuse  furent  exilés  dès  le  matta 
suivant ,  encore  qu*ils  n'eussent  aucune  eotmaissanee  de  la 
conspiration ,  et  leurs  biens  furent  confisqués.  Jusqu'à  Aeax 
religieuses  qui  étaient  an  couvent  de  Sainte-Agnès  en  fnrent 
tirées  pour  être  transportées  à  Modène ,  parce  qu'elles  p(»r- 
taient  ce  nom  odieux  ;  et  la  conjuration  des  Mahezzi ,  em 


Atmah  Bùnmaemm  Mien  d»  awwSLi.  lU'itly  itoe-at 


DU   MOYBfl    AGE.  279 

causaAt  la  ruine  d^une  mcosou  qni,.  par  son  icrédit  et  se;  ri* 
ehesses,  occupait  le  second  rang  à  Bologne,  ne  servit  qu*à 
augmenter  la  puissance  de  ceux  contre  qui  elle  av^it  été  di- 
rigée *. 

La  ville  de  Pérouse,  qui  longtemps  avait  tenu  on  rang  dis* 
Ungué  parmi  les  républiques  de  Toscane^  n'était  pajs  exempte 
de  troubles  à  peu  près  semblables,  encore  qu*e11e  eût  perdu, 
avec  son  indépendance,  sa  population  et  son  antique  opq- 
Ienc0i  Toujours  divisée  entre  les  deux  factions  des  Qddi  et  des 
Bagtioni,  leur  guerre  civile  s'était  terminée,  ^n  1489^  par 
rex41  des  premiers,  aussi  bien  que  de  tout  ce  qui  restait  de  la 
famille  de  Braccio  de  Montone^.  Ces  exilés,  secourus  par  le 
dm  d'Urbin,  et  assurés  de  l'assentiment  secret  d'Tono* 
cent  VIII,  trouvèrent  moyen  de  rentrer  dans  Pérouse  le  6 
juin  1 49  f ,  à  la  quatrièmje  heure  de  la  nuit  ;  ils  comptaient 
sur  les  intelligences  qu'ils  croyaient  trouver  dans  la  yille.  Ils 
forent  ao  contraire  à  peine  découverts  que  tous  les  citoyens 
les  attaquèrent  avec  acharnement.  Une  cinquantaine  d'émi- 
grés rentrés  furent  tués  dans  ce  combat;  une  centaine  d'au- 
tres ,  déjà  couverts  de  blessures ,  furent  faits  prisonniers  et 
pendus  incontinent.  Le  protonotaire  Fabrice  et  un  autre  prélat, 
nommé  Rodolphe ,  chefs  principaux  de  la  faction  des  Oddi, 
fareut  massacrés;  et  le  pape^  apprenant  la  défaite  du  part^  qu'il 
avait  paru  favoriser,  ne  fit  point  de  difficulté  d'accorder  anx 
fils  des  vainqueurs  les  bénéfices  des  prêtres  morts  dans  cette 
déroute  ^. 

Eo&i,  la.  ville  de  Gènes  n'était  pas  alors  plus  libre  que  1^ 
antres  républiques  auparavant  ses  alliées.  La  révolution  du 
mois  d'octobre  1488  l'avait  soumise  au  duc  de  Milan,  et  Au- 
gustin Adorno  la  gouvernait  en  son  nom  ;  mais ,  comme  un 


Infesswa,  Diarlo  di  homa,  p.  1323.  —  *  Stefano  Infettura,  Dlarto  di  Roma,  p.  ISSS. 
—s  ibid. p.  1387.- OrioiMfo  Hùtmfom,8torki diSUmu P.  lU,  L.  VI,  f. M.» 


280  HISTOIRE  D86  BÉFUBUQimB' ITALIXimS 

parti  hml  pea  anparaTant  inYoqaé  la  proteclton  Aa  roi  de 
France  en  lui  offrant  la  Seignearie  de  Gônes,  Loois-le-Maore» 
pour  oondlier  ses  prétentions  avec  celles  de  son  puissant  voi- 
sin, avait  demandé  à  tenir  Gènes  comme  un  flef  mouTant  de 
la  cooKmne  de  France,  et  Charles  YIII  Ten  SYnit  investi  eu 
effet  en  1490  à  cette  condition  ^ 

Les  autres  états  de  1*  Europe,  distraits  à  cette  époque  par 
des  guerres  intérieures,  exerçaient  peu  d'influence  sur  la  po- 
litique italienne  ;  aussi  le  repos  qu'on  goûtait  à  la  fin  du  quin- 
zième siècle,  ce  repos  si  favorable  aux  lettres  et  aux  arts ,  et 
que  tous  les  Italiens  ont  célébré  pour  l'opposer  aux  guerres 
longues  et  sanglantes  qui  allaient  bientôt  commencer,  n'était-» 
il  point  le  fruit  de  la  politique,  mais  le  résultat  d'un  ^semble 
de  circonstances  qui  ne  pouvaient  pas  durer  longtemps.  La 
France,  d'où  Torage devait  bientôt  fondre  sur  l'Italie,  n'était 
pas  encore  prête  pour  la  guerre  qu'elle  méditait.  Charles  YIII 
avait  déjà  conçu  dans  sa  jeune  tète  le  projet  de  conquérir  le 
royaume  de  Naples,  projet  qu'il  exécuta  ensuite  avec  un  suc- 
cès si  disproportionné  à  ses  forces  ou  à  ses  talents  2.  Mais  la 
rivalité  entre  la  dame  de  Beaujeu,  sa  sœur,  gouvernante  da 
royaume,  et  le  duc  d'Orléans;  la  guerre  contre  le  duc  de  Bre- 
tagne et  celle  contre  Maximilien,  fils  de  Frédéric  III,  qui  par 
sa  femme  avait  hérité,  de  la  maison  de  Bourgogne,  occupaient 
alqps  la  France  par  des  intérêts  trop  pressants  pour  qu'oa 
pût  prévoir  qu'elle  quitterait  tout  à  coup  toute  autre  pensée, 
et  verserait  toutes  ses  forces  sur  l'Italie. 

Maximilien,  qui  devait  à  son  tour  y  porter  la  guerre ,  tan- 
tôt comme  rival ,  tantôt  comme  allié  du  monarque  français , 
était  alors  uniquement  occupé  de  ses  démêlés  dans  les  Pays- 
Bas.  Au  mois  de  juillet  1477,  il  avait  épousé  Marie ,  héritière 

t  fiorfh.  Senaregœ  De  rébus  Genuem.  T.  XXIV,  p.  S2S.  —  Philippe  de  Camiues^ 
memolHe.  L.  VU,  eliap,  ui,  p.  isi .— •  PhiUppe  de  CerniHee,  Vtmoveê^  L.  vu,  chap.  v, 
p.  IS8. 


00  nom  Aos.  S84 

deBoiirj[0|p»i;UraYaitpeiAiftk38BMnl4M,  «tdètlom 
seft  89jet8  avaient  comiiiencé  à  lu  cojsMIiet  lat^lgeiieede  ses 
états,  et  le  droit d* élever  8oa  fils  Philippe.  MuimilieD  folleitt* 
prisoniûcr  pendant  neuf  mois  à  Bruges,  et  à  eette  époque,  fl 
songeait  pea  à  faire  Taloir  les  droits  de  roi  des  BomahiB  qtffl 
avait  acquis  en  1 484,  ou  à  deseendre  en  Italie  pour  protéger 
Innocent  YIII,  oomme  cdoi-ci  l'y  invitait  ea  1490  ^ 

Frédéric  III,  son  père,  arrivé  à  une  gnuide  vieittesse,  ébBk 
loin  de  montrer,  après  cinquante  ans  de  règne,  ane  vigueur 
qu'on  avait  vainement  attendue  de  lui  dans  ses  jeunes  années, 
n  n'avait  «su  ni  repousser  les  Turcs,  ni  se  faire  aimer  des  Alle- 
mands, ni  maintenir  les  droits  de  sa  .eouionne*  S'eogageant 
dans  des  guerres  injustes  avec  Mathias  Gorvinns,  le  héros  de  la 
Hongrie ,  il  n'avait  pus  mieux  défendu  contre  lui  son  propre 
héritage.  L'Autriche  était  envahie,  et  il  errait  de  ville  impé- 
riale en  ville  impériale,  bu  de  couvent  en  couvent,  vivant  anx 
dépens  de  celui  qui  lui  donnait  l'hospitalité  ^. 

Mathias  Gorvinns,  roi  de  Hongrie,  qui  seul  avait  eu  la  f^oire 
d'arrêter  Mdiomet  II  au  milieu  de  ses  conquêtes ,  et  d^avoîr 
sauvé  peut-être  la  chrétienté,  s'était  trouvé  plus  mêlé  à  la  po^» 
litiqoe  de  Tltalie  qu'aucun  de  ses  prédécesseurs,  si  l'on  ex- 
cepte liOuis-le-Grand  de  la  maison  d'Anjou*  Son  alliance  avec 
Venise,  son  mariage  avec  Béatrix  d'Aragon,  fille  de  Ferdinand 
et  beUcHBoeur  d'Hercule,  duc  de  Ferrare ,  son  obâssancé  aux 
volontés  du  pape  et  ses  ferres  avec  l'empereur  avftient  mbl^ 
tiplié  ses  rapports  avec  les  Italiens  ;  mais  il  mourut  le  5  avril 
1 490  ^.  Ginq  prétendants  se  présentèrent  peur  disputer  sa 


>  4111101.  EceMasL  BaynalàL  i490,  $  S,  8  et  7,  p.  498.  —  SpUgei  der  Ékren.  B.  V, 
e.  XXXa ,  p.  988  ;  c.  XXXV,  p.  878.  —  *  SpUgei  iUr  Bkren  âêr  Bnluuiie$  wm  Oeêter-' 
reich.  B.  V,  c  XXXI,  p.  928.  —  Fuggèr  compte  cependant  yingt-six  guerres  difTérenles 
d»  ce  souToraiii.  iMd.  B.  V,  c.  XU,  p.  1078.  —  '  Bon/ittti»  «  de  reOus  HutigaHcis.  D.  IV, 
L.  VIII,  p.  878.— ilfifia/.  Eecles.  1498,  S  10  et  11,  p.  399.  -^tiarin  Santuo,  Vite  de* 
âueM  di  Venetia,  p.  i247.  -^tHarlo  Femrese,  p,  7»i.-^8pkgelder  Bhren.  Bucb.  V, 
cap.  XXXVIII,  p.  1023. 


182  HISTOIRE  DES  BÉPUBLIQUBS   ITALIENNSS 

eouronne.  Je«i  Gomans,  son  bàtord,  éXmX  entre  eux  eeloi 
ipii,  par  L'héritage  de  plus  de  vertus,  sembMt  y  avoir  le  plus 
de  dcoits.  NéanmniDS,  Uladislas,  roi  de  Bobéme  et  fils  da  roi 
de  Bojogpe,  lui  M  préféré.  Cette  élection  amena  Je  déchire- 
meot  1JU9  la  Hongrie.  Les  Allemands^,  les  Polonais,  les  Turcs 
et  leamécoatents  hongrois.  s*en  disputèrent  les  provinces;  tous 
les  temples  ebrétiens  furent  mis  en  cendres  jusqu'à  Waraddin  ; 
k  Croatie  et  la  Transylvanie  furent  ravagées  en  i  491 ,  et  Scha- 
batz^  le  boolci^arà  de  la  cbrétienté,  fut  assiégé  par  les  mnsul- 
mana.  Albe  royale  et  Scbabatz  ne  tombèrent  point  cepen- 
dant iui  pouvoir  des  Turcs;  mais  Paul  de  Einitz,  qui  les  délivra 
Tannée  soi  vante ,  eottllla  sa  victoire  en  exerçant  sur  sei»  pri- 
sonniers d'effroyables  cruautés  1. 

En  Angleterre  Henri  YJI  avait  mis,  ^cn  1485,  un  ternoe  à 
la  tyxaunie  de  Ridiard  III  ^  et  il  dierchait  à  affermir  une  au- 
torité «ncore  mal  reconnue.-  En  Espagne,  Ferdinand  et  Isa- 
belle, rois  d*  Aragon  et  de  Castille,  aequérai^it  bien  plus  ra- 
pidement que  tous  ces  souverains  un  pouvoir  plus  étendu,  et 
un  r^utatien  européenne,  ils  avaient  obtenu  à  la  cour  du 
pa{ie«n  crédit  qa'on  n'avait  vo  exercer  par  aucun  de  leurs 
prédéoesseui;s;  et  toutes  ies  puissances  de  F  Italie  tournaient 
OND^ammeat  les  yeux  vers  F  Espagne.  A  cette  époque  même 
ils  )ti;aieat  les  fondements  d'une  puissance  bien  plus  vaste  : 
Qiinstapfae  Colomb  découvrait  pour  eux,  en  1 492,  le  Nou- 
vem-Mmde,  tandis  que  les  Portugais  étendaient  leurs  éta- 
blissements sur  toutes  les  eètes  d'Afrique,  et  qu'en  1486, 
fiartbélepi  Diaz  Jfrancbissait  le  cap  de  Bonne^Espérance. 
Mais  toutes  les  forces,  toutes  les  richesses  des  souverains 
d'Espagne  Paient  diirigées  (oontcte  Je  wj/ma»  éê^^mnêéBy 
dont  la  ccmquète  '  était,  à  cette  époque ,  l'objet  jupiqçe  4e 
leur  ambition.  La  capitale  seule  de  ee  deinier  mywii  des 
« 

>  am^lMf ,  nef.  aungar.ltectiy^  L.  II,  p.  7i7. — innaf.  SceUt,  4^91,  S  lA»^  4o$. 
-Spiegel  der  Ehren.  B.  V,  e.  XXXVm,  p.  lOM. 


0D  Monii  AGC.  283 

Maiireii  en  Espagne,  ce  t&yev  d^ûù  lei^  lumières ,  \eA  artt  et 
les  flcieBoee  asiatîqoes  et  des  anciens  s'étaient  répendns  snr 
rOcddent^  comerrait  encore  8<m  indëpendaûee.  L' attaque  de 
Ferdinand  et  d' Isabelle  étê^  considérée  par  les  Latins 
eamme  Qoe  gueire  Mcrée,  eneohBqnfil  ne  s'agit  point,  ponr 
les  chrétiens,  de  recouvrer  des  Heni:  consacrés  A  là  religion, 
cMi»Be  M  Syrie,  on  de  ee  défend  retsootré  l' invasion  des  bar- 
bares, oomme  en  Grèce  et  en  Hongrie  ;  mais  au  contraire  de 
dHMwr  on  poople  pins  civilisé  que  ses  agresseurs  d'une  dé- 
mettre qn*il  occupait  depoHs  hvàt  tients  ans.  La  chute  du  roi 
Beabdil  et  la  piise  de  Grenade,  le  'i'janvier  1492,  furent 
céMlNrées  dans  tonte  TEorope  comme  le  tfiompbe  de  la  chré^ 
tienté«. 

Ceflt  ainrf  qëe  tout  se  préparait  pontr  une  ère  nouvelle, 
non  pas  dans  f  Europe  seule,  mais  dans  le  monde  entier.  Les 
i^igionsde  f  Orient  et  de  rOcddent,  rapprochées  par  une  na- 
vigation jusqu'alors  jugée  imposable,  Tenaient  se  lier  à  !^£u- 
fope,  comme  au  centre  de  la  puissance  et  de  la  dvtfisatiou. 
Les  oatioBS  s'éprouvaient  dans  de  dernières  guerres  dviles, 
et  développaient  ain^d  des  forces  qu^elies  devaient  bientdt 
towner  ou  dehors.  L^Bspagtie,  la  fra6ee,  f  Allemagne,  l'An- 
gleterre, allaient  arriver  sur  le  champ  de  bataille,  comme  des 
citoMes,  arec  lesquels  les  puissances  qui  jusqif  alors  avaient 
cru  tenir  la  balance  de  T  Europe  ne  seraient  plus  en  état  de 
luttttr.  Le  temps  était  venu  où  f  ancien  ordre  de  choses  de- 
vait «bander;  la  liberté  des  petits  peuples  s'était  suceessive- 
nentaoéantie^  tous  les  princes  d^one  même  nation  qui ,  au- 
taefdis  indépendants,  n'étaient  finis  que  par  les  liens  relâchés 
dsiaJéadaltté^  jetaient  tombés  du  rwgderiyaux  éti  HMmarque 
à  «riai  4e  ai^els.  La  focce  <qp'&  avaient  d  longtemps  dépen- 
sée ke  «M  contre  les  autres,  pour  satisfanoe  leurs  propres  pas- 

>  Voyez  f  lur  les  C6t68  de  l'Italie  à  celte  oeeasion,  BarthoL  Senaregm,  De  rebut  Se^ 
nuent,  p.  531.  —  ânnaL  Eccles.  BaynalA.  1493,5  U^  3|  P*  4iM. 


284         HisTOiBE  DES  MKPmuVJn  italiehhes 

^11$,  pour  défiiràre  kors  Ar«il8  oa  lenr  oifioeil^  fli  lUaiâit 
la  psodSfuar  éom  les  ordres  d*aii  msâtrei  Ib  attaient  cfiansiier 
aa  loin  la  gorare  que  â  longtemps  ib  avaient  trouvée  à  leur 
porte.  Les  armées  allatMt  compter  autant  de  nûttiers  de  aoI«- 
dats  qu'elles  en  eomptiôenl  auparavant  de  centaiiies;  les 
guerres  avaient  prendre  wm  caractèsè  Bonveau  de  féroeité; 
parce  que  les  peuples  qui^^attaientoonifailtre  différenieat  ab* 
solament  de  ooututtes,  de  mœiurs,  d'opinions,  surtout  de 
langage;  en  sorte  que  la  prière  ne  serait  plus  entendue, 
que  la  pitié  n'ébranlerait  plus  les  Ames.  Le  ressentimeut  de 
Imigues  privations  dans  de  longues  marches,  de  longs  eaaipe* 
ments,  de  longues  maladies,  allait  endnrdr  le  cceor  édR  guer- 
riers. Les  hôpitaux  militaires,  dont  Teiistenoe  avait  été  ja»» 
qu'akH*s  inconnue,  allaient  bientôt  consomme»*  plus  de  sddats 
que  le  fe?  et  le  feu;  et  cependant  les  batailli»  devaient  rougir, 
en  peu  d'années,  le  sol  italien  de  plus  de  sang  qu'on  n'en  avait 
versé  pendant  tout  le  dernier  siècle.  Tout  devait  prendre  un 
caractke  plus  fort,  plus  sévère;  tout  pr^^ût  à  des  révolu- 
tions plus  douloureuses,  à  des  secousses  plus  violentes,  et  il 
ne  dépendait  pmut  du  géme  d'un  homme  de  retarder  ou 
de  hâter  une  crise  que  la  nature  des  dioses  rendait  néoes* 
saire. 

Les  Italiens,  qui  virent  tout  à  coup  suocéder  ce  boidever* 
sèment  de  leur  patrie  à  une  période  de  calme,  de  richesses  et 
d'éclat  dans  les  lettres,  attribuèrent  le  cfaangemeut  dont  ils 
ressentaient  les  effets  am  hommes  qu'ils  avaient  connus.  Bs 
firent  honneur  à  Laurent  de  Médids  d'avoir  mamtenu  ^i 
paix  l'Italie^  parce  que  la  grande  invasion  qui  la  bouleiveffia 
n'eut  Uen  que  deux  ans  après  sa  mort.  Ils  aceusteeni  Louis- 
le-Maure*d'avoir,  par  son  ambition  privéeet  parla  ph»  fausse 
politique,  livrée  patrie  à  ces  étrangers  qu'ils  nommaient 
barbareSj  parce  qu'il  renouvda  l'invitation  qui  leur  avait  été 
adressée  déjà  vingt  fois,  dans  ce  siècle  et  le  précédent,  de 


00  râomss  am.  id& 

prendre  part  anx  guerres  d'ItaHe.  Mais  Laurent  âe  Héffids 
n'aTaît  point  eavpèdbé  Louis  XI  de  dicter  an  vieQx  roi  René 
flOQ  testament  da  22  joillet  1474^  en  faveordo  eomteda 
Marne,  ou  de  dieter  à  oehii-ci  son  testament  du  10  décembre 
1481»  enfaveorale  la  coaronne  de  France.  Tontes  les  pré- 
tentions des  rois  françus  aaroyanme  de  Naples  avaient  donc 
été  préparées  de  longue  main,  donze  ans  arant  la  mort  de 
Lanrent.  Ces  prétentions  ne  pouvaient  amener  de  guerre,  ni 
pendant  qpi'un  roi  vieux,  malade,  timide,  avare,  soupçon- 
neux, occupait  le  trône,  ni  pendant  la  minorité  de  son  fils. 
Le.  moment  était  cependant  si  bien  venu  où  une  telle  ambi- 
tion deviendrait  naturelle  à  la  France,  que  trms  de  ses  rois, 
différent»  par  leur  caractère,  par  leurs  talents,  par  le  sang 
même  dont  ils  sortaient,  Charles  YIII,  Louis  XII  et  Fran«« 
çms  I*'',  S'7  livrèrent  avec  une  égale  ardeur.  Laurent  de  Mé- 
dias n'aurait  point  pu  les  arrêter  si  sa  vie  s'était  prolongée 
jusqu'à  l'âge  qu'il  pouvait  naturellement  atteindre.  Il  ne 
pouvait  non  plus  prévenir  la  réunion  de  toutes  les  couronnes 
d^Espagne  entre  les  mains  de  Ferdinand  et  d'Isabelle  j  la 
réumon  des  héritages  de  Bourgogne  et  d'Autriche  dans  celles 
de  Maximilien.  Il  n'avait  point  suscité  aux  premiers  la  guerre 
de  Grenade;  au  second,  la  révolte  des  Flamands,  et  Une  pou- 
vait 8*attribuer  le  mâite  ni  de  leur  activité  ni  de  leur 
repos. 

Il  n'y  aurait  eu  qu'un  seul  moyen  de  sauver  l'Italie,  c'é- 
tait de  suivre  le  projet  des  républicains  florentins  que  Gosme 
dé  Médieisfit  échouer;  de  maintenir  la  vépubliqiie  de  Milan 
lorsqu'dle  recouvra  sa  liberté,  en  1447;  de  partager  ainsi  la 
Lombardie  entre  deux  puissants  états  libres.  Milan  et  Venise; 
de  com^rver  entre  eux  l'équilibre  par  le  poids  qae  Florence 
et  la  Toscane  mettraient  dans  la  balance  ;  de  les  réunir  par  un 
intérêt  commun  toutes  les  fois  qu'il  s'agirait  de  la  défense  de 
la  Ubertéet  de  1  indépendance  italienne;  de  les  appuyer  par 


386  HISTÔtUË  DES  Aip|rBt.tQt7l:S  ItALriSNIfES 

raliiattee  4ea  Suisseï,  sékm  le  prqet  qae  Sixte  IV  eommuni* 
qaa  plus  tard  aux  cantons  ;  de  réunir  ainsi  au,  beaoin  tea  ri- 
cbf»aea.de  Florenœ  et.de  Milan,  les  flottes  de  Venise  et  de 
Gênés  et  la  milice  indomptable  des  Suisses,  pour  la  cause  de 
la  liberté.  Alors  oette  daine  de  république  aurait  présenté 
aux  puissances  étrangères  une  barrière  que  ni  Charles  YIHj 
ni  Maiimilieo,  ni  Ferdinand  et  Isabelle  n'auraient  jamais  pu 
renverser.  Mais  ce  projet,  que  les  Albizzi  auraient  été  dignes 
de  former,  que  Néri  Gapponi  ooaçut  et  soutint  airéc  fermeté, 
que  Sixte  lY  renouyela,  échoua  par  1*  ambition  perspnnelle 
de  Gosme  et  de  son  petit-fiis,  qui,  pour  être  les  premiers  d* 
toyens  de  leur  patrie,  et  pom*  élever  leur  famille  à  un  pouvoir 
souverain,  avaient  besoin  de  rallianee  d'autres  piinces  et  non 
d'états  libres.  Dans  k  même  esprit,  Laurent  tint  toujours 
Florence  éloignée  de  son  antique  alUance  avec  Venise;  il  ins- 
pira au  peuple  un  esprit  de  défiance  et  de  rivalité  contre 
cette  grrade  république,  au  lieu  de  maintenir  cet  ancien  ac- 
cord qui  avait  arrêté  tour  à  tour  Hastino  de  la  Scala,  Berna- 
bos,  Jean-€raléaz  et  Pbilippe-^Marie  Visconti.  Si  l'Italie  fut 
perdue  par  une  erreur  de  politique,  c'est  à  Laurent  qu'elle 
dut  sa  perte  plus  qu'à  Lonis^e-lfoure» 

Ce  dernier,  tuteur  ambitieux  de  son  neveu  qu'il  voulait 
détrôner,  lieutenant  d'un  deii|pote  et  aspirant  à  la  tyrannie, 
était  fait  pour  sacrifier  tout  à  son  intérêt  personnel.  Ce  n'es^ 
pas  à  de  tels  hommes  qu'il  faut  demander  des  v^i;us  publi- 
ques, et  tout  ce qu' cm  pouvait  attendre  de  lui  c'était  qu'il  œl- 
culàt  juste.  Use  trompa,  il  est  vrai,  lorsqu'il  recourut  à  l'aide 
des  étrangers  qui  devaieut  bientôt  l'écraser;  mais  son  erreur 
n'était  pas  nouvelle.  Depuis  le  premier  Charles  d'Anjou,  au 
milieu  du  xiii^  siècle  ;  depuis  Philippe  et  Charles  de  Valois, 
les  papes,  les  barons  napolitains^,  les  Toscans,  les  Lombards, 
les  Vénitiens,  tes  Génois,  avaient  tous  tes  dix  ans  appelé  les 
Français  en  Italie.  Louis  I,  Induis  II,  Louis  lU,  de  la  secradi 


^•1 


DU  MQTSli  AW.  MT 

maison  d'Anjou;  Bené  l'ARciw^  aon  fih  Jeta,  d«e  de  Ga^ 
labre,  et  René  de  liorrame,  a^aioat  chaenn,  à  ploaîewrft  ie<^ 
prises,  tenté  la  cofnquète  du  royaume  de  Naplas  «veo  dee  ar» 
mées  françaises^  Dans  les  dix  derniàres  aunéeS)  Rané  II  awb 
été  deux  fois  appelé  par  les  Vénitiens,  et  deux  feia  par  la  pape. 
tkni  fois  aussi,  presque  dans  la  mAme  période)  k»  Cténaia 
({'étaient  offerts  au  roi  d^  France.  Enfin^  lanoeent  VIII>  Vtaaà 
et  le  confédéré  de  Laurent  de  Médias,  a^t  de  nouveau  dé- 
claré la  guerre  à  Ferdinand  de  Naples,  au  mois  de  8epÉtind>re 
1489,  comptant  uniquement  sur  Tappui  de  Charles  VIII  qu'il 
appela  à  son  aide  ^  ^  et  ce  fut  la  noncbalanee  da  Gharias,  non 
les  persuasions  de  Laurent,  qui  forcèrent  enfin  le  pape  à  la 
paix,  le  28  janvier  1492,  lorsqu'il  \\i  que  fss  brafil  et  sea 
balles,  seules  armes  qui  eussent  été  employées  pendant  trcns^ 
ans,  n'ayaient  point  suffi  pour  attiser  les  . Français  en 
Italie. 

Ferdinand  néanmoins,  dans  la  crainte  de  yoir  coAn  s*ef« 
fbctuer  cette  invasion  dont  il  était  sans  cesse  menacé,  renou- 
vela, par  oe  dernier  traité^  à  peu  près  toutes  les  conditions  de 
son  précédent  accord  avec  le  pape*.  Il  promît  de  remettre 
en  liberté  les  fils  des  banms  qu'il  avait  fait  mourir  ;  il 
pr^tnit  de  payer  le  tribut  jmnueL  auquel  il  s*  était  son* 
mis  ;  il  promit  enfin  de  ne  point  troubler  dans  son  royaume 
fexercice  de  la  juridiction  ecclésiastique.  Il  envoya  son  petite 
fils  Ferdinand,  prince  de  Gapoue,  rendre  bomùiage  au  pape, 
^  celui-ci  investit  de;  nouveau  le  jroi  de  siui  tayamne,  comme 
d  un  fief  relevant  de  F  Église.  Innocent  fixa  Tordre  de  la  sac- 
cession,  en  y  e^ppelaut  le  duc  de  Galabre,  et^  a*  il  mourait 
ayant  son.  père,  le  prinoe  de  Gapoue  ;  enfin  il  reçut  le  ser- 
inent du  roi.  La  bulle  qui  terminait  oe  différend  est  du  4  juin 


*  aps^atfi  ânnaL  ticeles.  il89i  S  7, 8,  9,  p.  394.  —  Diario  Romono  4i  St^fuiQ  mfu- 


388  HISTOIRE  DES  REPUBLIQUES  ITALIElfNES 

1492  ^,  et  le  15  juillet  saWant,  Innocent  YITI  mourat  avant 
d'avoir  en  le  temps  de  voir  Ferdinand  fansser  tontes  ses 
promesses,  suivant  son  usage  ^.  Innocent  YIII  souffrait  de- 
puis longtemps  de  plusieurs  maladies,  et  déjà  le  27  septembre 
1490  un  évanouissement  de  vingt  heures  l'avait  fait  passer 
pour  mort.  Pendant  sa  léthargie,  son  fils  Franceschetto  Cybo 
voulut  s'emparer  du  trésor  pontifical,  puis  de  Jem,  qui  ha- 
bitait dans  le  palais  même  du  pape  ;  mais  les  gardes  de  l'un 
et  de  l'autre  s'étaient  opposés  à  ses  tentatives  ^.  Les  cardinaux 
qui  étaient  alors  à  Kome  s'étaient  rendus  de  grand  matin  au 
palais  et  avaient  commencé  l'inventaire  du  trésor.  Quoique 
Franceschetto  Cybo  eût  depuis  longtemps  détourné  une  partie 
des  richesses  de  l'Église  et  les  eût  envoyées  à  Florence,  les 
cardinaux  trouvèrent  encore  dans  la  chambre  apostolique 
des  sommes  immenses  dont  ils  confièrent  la  garde  au  cardinal 
Savelli.  Mais  sur  ces  entrefaites  le  pape  revint  à  lui  ;  et  dès 
qu'il  sentit  renaître  ses  forces,  il  renvoya  tous  les  cardinaux 

1  Diploma  apud  Ba/nald,  ^nn.  1493,  $  il,  19,  13,  p.  409-410.  —  D/orio  dt  Stefano 
infessura.  T.  m,  P.  II,  p.  1940.  —  *  Istorie  di  Giovanni  Cambi.  T.  XXI,  p,  7 1.  Le 
IMorio  Komano  du  Notaire  de  Kaniiporto  finit  à  la  mort  d'innoceot  Viii ,  T.  ii,  P.  Il, 
p.  1108.  Muraiori,  en  le  faisaol  imprimer,  a  touIu  l'opposer  au  journal  d'Etienne  In- 
fèsBora,  qui  prend  la  qualité  de  secrétaire,  acriba,  du  sénat  et  du  peuple  romain.  U 
▼oui  qu'on  réfoque  en  doute  les  médisances-d'Infessura  sur  Sixte. IV  et  Innocent  VHI , 
parce  qu'on  ne  trouve  rien  de  semblable  dans  le  Journai  du  notaire  de  Kantiporto*  Mais 
pour  dire  vrai,  on  ne  trouye,  dans  ce  journal,  ni  cela  ni  autre  chose,  sauf  la  dalo 
toute  nue  des  éyénements.  Les  plus  minutieux,  comme  les  plus  importants,  sont  éga- 
lement indiqués  par  une  courte  phrase  ;  le  notaire  ne  met  entre  eux  aucune  différence. 
«  Le  15  mai,  dit-il,  le  cardinal  de  Médicis  fut  fait  légat  du  patrimoine  ;  le  16,  le  due  de 
«  Ferrare  parlh  de  Rome,  et  s'en  alla  ;  le  96,  l'ambassadeur  de  Venise  entra  i  Rome  avec 
M  beaucoup  d'honneur  ;  le  27,  le  prince  de  Gapoue,  fils  du  due  de  Caiabre ,  entra  é  Rome 
«  en  grand  triomphe,  entre  le  cardinal  de  Bénévent  et  celui  de  Sienne;  il  mena  avec 
«  lui  beaucoup  de  seigneurs ,  et  logea  au  palais  du  pape  ;  le  29,  le  prince  alla  yisiter  les 
tf  cardinaux,  en  commençant  par  le  yice-chancelier;  »  et  tout  son  récit  est  dans  ce 
style.  Certainement  on  ne  peut  opposer  de  bonne  foi  le  silence  d'un  journal  écrit  do 
cette  manière  à  l'autorité  d'une  histoire  ralsonnée  et  circonstanciée ,  où  l'on  voit  la 
volonté  et  le  sentiment  de  l'écrivain.  Le  journal  du  notaire  de  Nantiporto  est  imprimé 
T.  III,  P.  Il,  p.  1071-1108.  Celui  de  Stefano  Infessura  se  trouve  dans  le  même  volume, 
IK 1109-1252.  Hais  Muratori  a  supprimé  des  détails  qu'il  a  trouvés  trop  scandaleux  pour 
Sixte  IV.  Le  même  journal  se  trouve  sans  lacunes  dans  EccardM ,  ^itu  Med,  M^.  T.  Il» 
Upsi»,  179S.  —  *  MoHo  di  Stefan,  Infettura,  p.  I28S. 


lA'JHEfiT  TJB  M.:e:£iI:C!3. 


no  mnâ  àùi.  289 

eh  lent  daunt  qa*il  espérait  encore  lear  sorrivre  à  tous  K 
1492.  —  Dans  sa  dernière  maladie.  Innocent  YIII  se 
laissa  persuader  par  on  médecin  juif  de  tenter  le  remède  de 
la  transfusion  du  sang,  souvmt  propoaé  par  des  charlatans, 
mais  qu'on  n'arait  jn8qu*al<M*8  jamais  éprouvé  que  sur  des 
animaux.  Trois  jeunes  garçons,  igé&  de  dix  ans,  furent  suc- 
cessivement ,  moyennuit  une  récompense  donnée  à  leurs 
parents,  soumis  à  l'appareil  qui  devait  faire  passer  le  sang  de 
leurs  veines  dans  celles  du  vieillard  et  le  remplacer  par  le 
sien.  Tous  trcHS  moururent  dès  le  commencement  de  l'opéra- 
tion, probablement  par  l'intrediK^on  de  quelque  bulle  d*air 
dans  leurs  veines,  et  le  médecin  juif  prit  la  fuite  plutôt  que 
de  s'essayer  sur  de  nouvelles  victimes^.  Pendant  la  maladie 
d'Innocent  YIII,  et  dès  le  milieu  de  juillet,.  1^  malheureux 
Jem,  dont  la  tête  avait  été  mise  eu  quelque  sorte  à  l'enchère 
par  Bajazeth  II,  fut  enfermé,  par  ordre  dés  cardinaux,  au 
château  Saint-AngCv  II  était  regardé  comme  une  pai*tie  im- 
portante de  l'héritage  du  pape  futur. 

Laurent  de  Médicis  ne  vit  point  la  mort  dlnnoceut  VIII, 
ou  la  scandaleuse  élection  de  Roderic  Borgia,  qui  lui  succéda 
sous  le  nom  d'Alexandre  YI.  Atteint  d'une  fièvre  lente  qui 
se  joignit  à  la  goutte,  héréditaire  daus  sa  famille,  il  s'était 
retiré,  presque  dès  le  commencement  de  Tannée,  à  Garreggi, 
sa  maison  de  campagne,  pour  se  mettre  entre  les  mains  des 
médecuis.  Ceux-ci  semblèrent  proportionner  leurs  remèdes  à 
la  richesse,  plutôt  qu'aux  besoins  de  leur  malade  ;  ils  lui  fi- 
rent prendre  des  décompositions  de  perles  et  de  pierres  pré- 
cieuses qui  n'arrêtèrent  point  les  progrès  de  la  maladie.  Lau- 
rent, entouré  de  ses  amis,  mourut  entre  leurs  bras,  le  8  avril 
1492,  avant  d'avoir  accompli  sa  quarante-quatrième  année  ^. 

t  Dlariodi  Stefan,  Infesêura.  p.  I38i.  —  *  Ibid,  p.  1341.  —  RaynakU  ànnùL  BccUi. 
1492,  S  19,  p.  4  lu  ;  ex  VoUiUrrano,  L.  XIUI,  et  oHis.  —  >  MaçchiaunUi,  L.  VIll,  p.  447. 
^Scipione  Ammirato*  L.  3LXYI,  p.  189. 

Vil.  19 


H^  HISTOIBB   DmWWmUfiU  ITAUERNES 

Qivdte  que  M  rbubiteté  de  Umemt  âe  MédMi  4ms  \m 
affaâredt  ^  A'e^t  pas  comme  IioiMie>4*ébil  ^'it  pietit  «être 
^busé  au  rang  des  ptos  grands  tommts  dpni  Fltaëd^  sa  -glft^ 
rifia^  Taiit  dfhcomeiyr  n'e^  rést^nré  qvik  osos  foi,  éki?nl 
leurs  Tues  ao-dmns  de  ïintérèt  personnel ^asaniefÉti  par  k 
toavsil  de  leor  yie,  la  paix,  la  gloite  ou  la  liberté  de  Ibop  pays. 
laixreiit poursoiTÎk^ «a eontrûre,  presque^ tiNÔoi»s» anaintH 
tique  tout  égeïstft;  il  soutint  par  des  eiésuâonif^ saagglâaAss 
un  pouvoir  usurpé  ^  ^  il  appesantit  chaque  jdir  u»  îoog  éé^ 
testé  sur  une  Tille  librcy  il  enleva  aux  laagilrtrata  té^ilÙMs 
l'autorité  cpie  leur  donnait  la  consitiUitioa,  et  il  déliiwaa<8ss 
concitoyens  dte  cette  carrière  publiqpie  dans  laqaatte,  «faat 
lui,  ils  avaient  développé  tant  de  talents.  No«S!V«mK»^iâaDs 
la  dernière  partis  de  cet  oaviuge ,  les  conséquenosa  fuaesfes 

1  H.Ro8coé  a  )agé  à  propos  de  faire  eontre  moi,  à  l'occasion  de  celte  phrase,  une 
sortie  si  Yiolenle,  que  Je  n'ai  que  le  choix  d'en  rire  ou  de  m'en  fâcher.  Je  demande  la 
permlsiloD  de  m'éD  tenir  au  premier  parti  ;  c'est  le  public  qui  rirait,  si ,  nouTeaux  pa- 
ladins ,  nous  entrions  dans  le  champ  clos  pour  assigner  le  rang  et  la  gloire,  non  de  nps 
belles ,  mais  d'un  ancien  usurpateur  des  libertés  de  son  pays ,  qui  n'est  pas  le  nôtre.  ' 

La  dénégation  de  M.  RoscoS  me  force  cepeedant  A  justifier  ma  phrase,  que  Laurent 
soutint  par  dea  êséeuttom  sanglanteê  un  pouvoir  usurpé,  en  récapitulant  Içs  (a^ 
sùlyants  t 

Ih  14M,  quttid  Lanreot  n'aralt  que  dix-huit  ans,  et  que  son  père  Tivail  encore, 
comme  celui-ci  était  retenu  au  lit  par  sa  maladie,  ce  fut  Laurent  qui  traita  avec  Li^a 
Pittî;  quatre  des' plus  Ùlustres  funilles  de  Florence,  et  un  grand  nombre  de  celles  du 
seeond  rang  fUronl  exilées,  et  une  imposition  de  cent  mille  florins  Ait  leré^sur  le  puii 
Yaincu.  Sdp,  AnmUr,  L,  XXIll,  p.  loo. 

En  1467,  le  13  et  le  20  juin ,  la  balle  nommée  par  les  Médicis  offrit  deux  mille  florins 
tfe  récompeose  à  qui  lui  apporterait  la  têle  de  UioUsalvi  de  Kérone  Kigi,  IfAiigaio  Ad- 
tinori,  de  Niccolo  Sodérini ,  ou  de  Gian  Francesco  Siroizi,  chefs  de  quatre  familles  illus- 
tres ;  le  double  A  qui  les  livrerait  vivants.  Lion,  3!orelUj  p.  j83. 

En  i46t,  le  illl  de  Papi  Orlandi  eut  la  lAu  tranchée  poujr  le  complot  de  Peseta»  un 
Néroni  fut  déclaré  rebelle,  un  grand  nombre  d'autres  furent  jelé^  en  priaon.om  coft<' 
fines. 

La  même  année,  Frineeico  Ai  BrisiglieUa  avec  quinte  de  ses  associés  enreni  Ja  tête 
tnnehée  ou  fiirent  pendus ,  pour  le  complot  de  CasUglionchio.  Scip.  Mmnir^  T.  M  » 

p.  104. 

En  1470,  peu  après  la  mort  de  Pierre  de  Médicis ,  et  depuis  que  Laurent  était  demeuré 
seul  chef  de  l'état ,  Remardo  Hardi  eut  la  léte  tranchée  à  Floreoce  ;  six  de  ses  associés  f 
furent  périios,  quaterie  antres  ftirfAI  pendus  é  Prato ,  pour  le  coinpioi  de  rraio  Aioe. 
Ifore/R,  p.  1S9. 


m;' 


iè  flan  andMioii ,  cft  du  reiiTerseinlient  dés  institàtiond  natfo- 
Mles.  Une  iBtIe  désastreuse  se  perpétua  pendant  trente-bu(t 
aos  entre  la  ffaitiilte  de  Laurent  et  sa  patrie,  et  elle  ne  ^ 
tenoiiMt  40^  par  Télddissenient  de  la  tyrannie  d'Alexandre 
delMdidSi 

Cependant  il  ne  serait  pas  joste  de  ^t^pôolller  Laurent  Se 
liMieis<  ^*ime  glaire  qat  les  nëdes  ont  reconnue.  C'est  par  la 
|iMie«timi  aolÉfeet  éeMMe  qtf  il  àeoorda  aui  arts,  aux  lettres 
et4  laphUasoplite,  c(u'il  mérita  d'attacher  son  nom  à  Tëpo- 
qœ  la  plus  brBlasie  de  VMstoIre  littéraire  italienne.  Par  la 
pMBptttodB  et  la  perspieadté  de  son  esprit ,  par  la  flexibilité 
èiiMi  takHl,  par  la  ehaleur  de  son  àme ,  il  derint  le  chef  et 
tofromoteor  d-mae  asseeialion  de  grands  hommes  empressés 
à  faimicewdtve-ieg  luttres  et  le  goAt.  Il  était  fait  pour  tout 
eoBoatlFe  ^  tonl  apprédw,  tout  sentir.  Il  montrait  une  égale 


tk  1^71,  Wanceico  Keronî  fût  déclaré  rebelle  (condamné  à  mort  par  contiunace).  Sc^> 
iMm.UXXlII,p.  110. 

E«  1472,  pour  le  lumulte  4e  Yoltecra ,  la  oayiUiUlloii  AU  y^sHée ,  la  .vVto  itiHée ,  Mi 
privilèges  supprimés ,  ne  segtU  ancor  deila  terra  loro  morte  tt^uorninL,»  di  ad  pero  é 
èm  taatre.  ïÀon.  tftfivlB,  p.  i89. 

En  i47a^  époque  de  la  conjuratioa  des  ^aisi,  pli|i  d^  denx  Mplp  ^l^p^Utm^  "Ni 
à  mor(,  pour  Yeoger  Julien  de  liédicis.  Mari  Sane^  p.  7t4. 

m  i4T9,  Dsràardo  di  lUndino  fut  ramené  de  Turquie  pour  être  pendv  le  M  avril. 
Uon,MorelU,^»x9%,  > 

Bn  i4Si,  Jacob  Frescobâidi,  Amoretto  BaldovinelU ,  et  Piero  Baiducci ,  accusés  d'une 
MoreVa  «oi^lufaiiM  oaatre  Ijurent ,  lurent  pendus  le  i S  juin  aux  fenêtres  du  Bargelto. 
Uon^  MoreUl,,  p.  t9S.  --  Sdp.  Ammir.  T.  111,  p.  Ha.  i 

En  148S,  les  émigrés  floreuiins  s'éunl  rassemblés  en  armes  dans  l'état  dé  Sienne , 
quand  on  sut  qnHIs  avaient  trouvé  rhospitalitô  à  Satumia,  ^ti  ^erUiQ  a  Rlena  Ortma, 
contexza  di  Soana,  e  a  Guido  Sforxa,  conte  di  Santaftore,  clèe  eisenéo  loro  vidni 
«'  ingegnassero  levarseli  dinanzt  Scip.  Amm.  T.  lU ,  p.  iS8.  Je  laisae  i  M*  RoscoC  le 
MÀB  d'expliquer  la  commission  que  Laurent  faisait  donner  i  sa  belle-aœar,pour  èviuur 
In  dangers  de  la  force  ouverte.  . 

En  if«5,  entreprise  des  émigrés  florentins  sur  San-Quirico,  oïlk  pltisieuiy  d'nolKe  api^ 
tarait  taés.  Scip.  iimmir-  T.  lll,  p.  169. 

Le  24  octobre ,  Francesep  Frescobaldi  eut  la  tête  tranchée  i  FloEOMe.  Ltnn*  Uot^iUs, 
p.  w. 

H  cit  prefbable  que  cette  liste  n'est  point  «neorei  complète;  mais  elle  suffit •ie.pena^t 
pour  }astmer  mon  allégation.  Quant  i  M.  Rofco«,  l'ifDom  s'tt  j  a  là  ^êê»  4i  aai« 
pour  le  satisfaire. 

19* 


â&2         HisToiBB  i»;^.|ii^i;fyi;isiq|f  rrAiiiBinixs 

iiptitode  aux  artet  dont  il  rassemblail  y  dont  il  mnltipliait  te 
^eCs-d'.œuvre ;  à  la  poésie,  à  laquelle  il. rendait  rancâenne 
harmonie  de  Pétrarque;  à  la  philosophie,  qui  reçut  dans  sa 
.maison  une  Tie.nouvelle  par  l'étude  approfondie  des  Plato- 
niciens *•  Laurent  n'était  peut-être  un  homme  supérieur,  ni 
oomme  poëte,  ni  comme  philosophe,  ni  coipnie  artiste;  mais 
il  ayait  un  sentiment  si  Tif  du  heau  et  du  juste,  fu'il  mettait 
sur  la  voie  ceux  qu'il  ne  pouvait  pas  suivre  lui-même.  Aussi 
la  profondeur  de  pensées  de  Politien  et  de  Pic  de  la  Mira»- 
dolcj  le  génie  poétique  de  Marullo  et  des  Puld,,  l'érudition 
de  Landino,  de  Scala  et  de  Fidno,  font-elles  une  partie  esseu- 
tielle  de  la  gloire  du  protecteur  auquel  ils  durent  presque 
l'existence.  Nous  avons  cru  qu'à  une  époque  aussi  chargée 
d'événements,  il  fallait  détacher  Thiatoire  politique  de  celle 
de  la  littérature  du  Midi  ;  et  c'est  dans  m  antre  ouvrage  que 
nous  avons  cherché  à  donner  quelque  idée  du  mérite  littéraire 
de  Laurent.  MM .  Ginguené  et  Boscoe  ont  rendu  un  hommage 
plus  brillant  au  génie  de  cet  homme  extraordinaire.  Us  l'ont 
pr(%tenté  au  mîKen  de  ses  amis,  des  illustres  littérateurs  dont 
il  était  chéri  ^;  ils  ont  fait  ressortir  ainsi  les  charmes  de  son 
caractère,  sa  facilité,  son  enjouement,  sa  constance  et  sa  ma- 
gnanimité. Mais  pour  s'attadier  si  viv^nent  à  lui,  il  faut 
quelquefois  admettre  avec  complaisance  les  fraudes  pieuses 
de  ses  amis  et  de  ses  adulateurs  ;  il  faut  surtout  détourner 
ses  regards  de  l'antique  Florence ,  et  oublier  si  Ton  peut  ce 


<  Macchiavetn,  Wor.  L.  VIII,  p.  449. —*  M.  IlOBCoë  a  imprimé,  Append,  %  f  7,T.  IT, 
p.  132,  une  lettre  touebante  d'Aoge  Politien,  du  17  juin  i492,  dans  laquelle  il  raconte 
les  derniers  moments  ei  la  mort  de  Laurent  Les  amis  de  Laurent,  dans  la  douleur  fré- 
nétique qun  leur  eausa  sa  mort ,  tuèrent  le  médecin  Pierre  Léon!  de  Spoléle ,  qui  l'avait 
traité ,  ou  du  moins  le  menacèrent  si  violemment ,  qu'il  se  jeta  lui-même  «  de  désespoir, 
dans  un  poils ,  à  San-Cenragio.  Keordanxe  ai  Trtbaldo  dé'  Rossi ,  De/.  Emd,  T.  XXIU, 
p.  975.  —  Scfpione  Anmirmo,  L.  XXTI,  p.  \yi,^AUegretto  Alieçreui^  DlariSimesL 
T.  XXIII,  p.  ftSS.  —  Marie  di  Giot*.  Gambi,  T.  XXI,  p.  67.  —  Rhne  di  Jacopo  Sonne- 
MTO  mUa  motte  di  Pler.  Uone  medieo.  -^  Hoscoe,  Appendix,  S  78-79. 


M  HOTIOI  À6B. 


293 


qu'elle  avait  été  aux  joars  de  sa  vraie  gloifé,  te  qu'elle 
fut  durant  là  dictature  de  Laurent ,  ce  qu'elle  devint  après 
luii. 


1  Lliiflloira  florentine  de  Maeehiayei  fluit  en  i493,  à  la  mort  de  Lanrent  de  Médicis; 
mail  aei  firagmenta  Matoriquef ,  lea  décennales ,  et  soitont  les  leilras  qaH  éerivil  peii- 
dmit  sen  légations,  nous  tenriront  eneore  de  guides  pendant  jneo  grande  partie  de  l'espace 
qui  nous  reste  à  pareourir. 

VUMoIre  fitffentbte  de  i.  tOehet  fttifo,  sirant  véoMen ,  qni  féeut  de  isig  à  ISM, 
gnH  anasi  à  la  mort  de  JLaneent  de  Médicis,  après  avoir  commeneé  à  ceHe  de  Cosme 
rancten.  (  Hurmannvi ,  Thuaunts  ÀntiquUai.  et  Hisioriar,  ItaHœ,  T.  VU! ,  P.  Il , 
p.  i^fé.)  On  met  Bruio  dans  les  premieie  rangs  parmi  fes  Msiovtons  do  xti«  aiède; 
BMis  jo'ieal  uniquement,  à  cause  de  l'élégance  de  son  langage.  Il  avait  yécu  à  Lyon  parmi 
lea  émigrés  florentins,  ennemis  de  la  maison  de  Médicis,' et  il  adopte  en  général  leura 
leniiiiientB  et  leurbainet  cependant  H  ajoute  très  peu  de  Ciits  A  cens  que  nous  oonnais- 
sonft  d^  Ses  autorités  sont  MaçcMovel ,  les  Commejiiairea  et  les  Uttwee  du  earditmt 
de  Pavle,  et  la  vie  de  Laurent  de  Médlcix  par  Ifieoku  Vahri.  Il  discute  leurs  opinions, 
et  dtoislt  entre  éOes  ttws  peu  de  oriiiqoe;  et  letlengvéiaeours  dont  H  a  panemé  sa 
Mfratkm  sont  des  ampUficationi  de  ce^  de  MaecUviely  auxqueif  il  a  fait  perdre  leur 
couleur  originale. 


>, 


.(  > 


39i4         HisToiBE  DO  aàrvaui^wt  italushnes 


HHHnHnuîiiiiiutmiHi^imiiimiHHHi 


€«ÂPiTRE    X. 


Considératioos  sur  le  caraotère  et  les  rév^ii^ns  du  xv«  siècle. 


Dans  le  cours  de  cette  histoire^  nous  avons  déjà  invité  deux 
fois  nos  lecteurs  à  s'arrêter  avec  nous,  pour  mesurer  de  leurs 
regards  l'espace  que  nous  venions  de  parcourir  ensemble. 
Après  l'année  1363,  nous  avons  cherché  à  leur  présenter  un 
tableau  du  xiii*  siècle,  et,  après  l'année  1402,  un  tableau  du 
XIV®.  Avant  de  reprendre  notre  récita  nous  leur  demanderons 
d'embrasser  aussi  d'un  seul  coup  d'œil  le  xv®  siècle,  pour  se 
faire  une  idée  précise  de  ce  qu'était  l'indépendance  italienne, 
de  ce  qu'était  l'état  social  de  toute  la  contrée,  au  moment  où 
s'engagea  la  lutte  effroyable  qui  priva  l'Italie  de  son  indépen- 
dance, et  qui  bouleversa  son  état  social. 

Si  nous  ne  nous  sommes  pas  cru  obligé  de  choisir  notre 
point  de  repos  à  l'époque  précise  de  la  fin  du  xiii*  et  de  celle 
du  XIV*  siècle,  nous  avons  plus  lieu  encore  de  nous  en  dis- 
penser en  rendant  compte  du  xv*  ;  car,  peu  avant  la  fin  de 
ce  siècle,  il  se  présente  à  noqs^  au  point  où  nous  sommes.  p^Q^ 


D9  nom  JJ&M.  »5 

TMMis,  «ne  de  ces  époques  impoitttitesqm  paitag6iitl'àîrt«Ke 
iii  dettx.pério4es  doat  te  oarsetère  est  abaoloBoent  4iffëre»r) 
qA  tenumeiit  en  quelque  sorte  les  révofartions  {uréeédentes  et 
cpà  en  oammenceot  de  lumydles  poar  «l'entres  causes  et  aYec 
tfaiHres  passions.  Noos  avons  va  jusqu'ici  les  temps  q«i  ap^ 
psrtenàient  proprement  ao  moyen  âge  :  nons  entrons  dans  la 
i^olution  qai  fit  saccader  à  sen  ergmisiitioa  antique  oeiie 
des  temps  modernes,  qui  mêla  tes  nations  jusqu'alors  séparées» 
qjai  les  fit  dépendre  les  unes  des  antres,  et  qui  leur  donna  des 
intérêts  dont  jusqu'alors  elles  n'avait  pas  même  eu  con- 
naissance. 

Jusqu'à  la  mort  de  Laurent  de  Médids,  sorvemeen  1492, 
^[loque  à  laquelle  nous  nous  sommes  arrêtés  dans  k  eba- 
pHre  précédent,  la  nation  italienne  donnait,  si  ce  n'est  des 
loto,  du  moins  des  leçons  et  des  èxeia^es  à  tontes  ies  antces. 
Seule  civilisée,  elle  confondait  le  reale  i}es  peuples  européens 
KOQs  le  nom  de  Barbares,  et  elle  commandait  lenr  respeet. 
ËHe  n'avait  point^enda  «ur  eux  son  empire;  maiSicUe  n'avait 
peint  enbi  lâir  joug.  Qndqnes  seoveraims  étrangers  s'étainnt 
assÉs,  il  est  vrai,  sur  le  tr6ne  de  Naples,  maïs  auparavaat  Us 
étaient  devenus  Italiens  :  quelques  années  ultramoi^îne^ 
avaient  traversé  l'Italie,  mais  dles  s'étain^  miaes  anparavMrt 
^  h  solde  des  souverains  de  la  eonirée.  La  prétention  d'asaer* 
"rir  l'Raiîe  n'avait  jamais  été  <oimée  par  aucun  des  «iriMal 
^i  7  avment  porté  la  guerre;  jamais  ies  pespks  n'avaient 
«onçula  crainte  de  cette  servîtade,  jamais  Us  n'avaient  pu  en 
soupçonner  le  danger. 

Mais  en  1494,  tous  les  peuples  Hmitroplies,  jakiax  delà 
prospérité  de  l'Italie  ou  avides  de  ses  d^KmiUes,  oosuneu* 
cèrent  en  mâtne  temps  l'invasion  de  cette  ridie  contrée  :  des 
années  déva^trices  sortirent  de  la  France,  4e  la  SnisK,  de 
f  Espagne  et  de  l'Allemagne,  et  pendant  près  d'an  demi- 
âède  dles  ne  laissèrent  aucun  repoii  aux  mattaeureox  Italicna^ 


HT. 


398  HISTOIRE  DES.  JU&mUUHIUW  ITALUCNlfES 

fU/^  po^tèfonl;  te  lei:.  et  le  £ea>  jqsqa'ai^x  ciineftlês  plifa^reo^ 
lées  de  l'Apennin,  et  jnsqpt'anx.  idiyagea  4e8  4eax.pi»ii^  b 
pe^te  et  la£»mine  maidiè^entavee  elle&:.to.nwèi«i.l9.dai4eiir 
et  la  mort  pénétrèceat  4ans  lea  palais,  les  plus  sompUiâw 

comme  daps^es^c^baneiilesplas.écartéei};  jamais^tw 
£raaoe$.  n>iraiept  accablé  J'hvmiaiiité«  jam^  np^  aqg^i.gi^nde 
partie  diç  ia  populatiooL  u  oyait  été  4étinuiite:pfir  I«^,g)ienre,.  Jks 
ipotif^  différents  mettaient .9^ax..pQmb(^tajQ);s^  ]^%.i9mes„&  jla 
main,  m^is le lésaltatde Aevrs jÇoinHt^ étaij;tpiÛQWste;9»$^lie, 
Chaque  ia?aaion  pourçUie  gainait  les  lorl,ifi(;^Uqw^  4^4* lUP^* 
détruisait  ses  richesses, et  faisait  .disparaître ^a  popif}|i;l^;;^,.ge8 
diters  gouyern^^uts  ,8Ç.p»rtegwie^t  enXvi^J^ïlmçi^4l» 
puissances  étrangërep  ;.  ib^  s'intéwKiaiwt,  A  Jl^W.  W9^lsa»  ca 
onblianileor  piopr!e4todinée.:  ils;i;ie.WF«ipiit.pa8iieiui)[^r«.^pie 
leor  existence  mtoiQ  était  misp  m  }W  tM  iU  ^QlPWt  i^^JQg^ 
comme  pnx  an.vfioqn^iir».  cirant  d'a^Ciir.iCprQpnis<qne,f)Mie 
pcavait  être  asser^vi^f  '  •     .....     ^>.  .„;.  o    ,i  .„  , 

C'est  vers,la.fin4a  xv^ sièale .qn^  pAl^epw»  m.lVNsUloe 
sorte  AU  point  le.plos.  éieté4e.  la  cwrière.qne^im^.paCQou- 
rons,  nous  ta  donnaoQs  tpat  entière»,  et  mw  y^jf^om  L!)mtoire 
de ritaliese diYiser..en  ses  différentes,. périodes^  If^-si;^ |^^ 
miers  si^dea  qui  s'écoulèrent,  dfipfm  le^j^enTçrç^iQettt;  4^  l'em- 
pire d'Occident  préparèrent,  par  le  n^élmg/s^ ,^^,  peuples 
barbares  airec  les  peuples  dégénérés  de^'jtïilie^  1«  m^tipn  nou- 
velle qui  devait  su€scé4er  aux  Bom^ips,  ,))ans  Je  im^,  aièqle, 
cette  nalioin  conquit. sa  lib^rj^f  el|e .en, joujit  d^iis.  le  xjçii''  et 
le  XI  v'',  en  y  joignant  toute  li^  gloire  que  pouvaient  lui  assurer 
les  vertus,  1^. talents,  les  sç(Ut  la  pl41pS9pbie  et  le  goût;  elle 
la  laissa  8(3  corrompre  dap^  le  xv%.et  ^lle  perdit.^. mime 
temps,  son  anciemie  vigueur.  F^ès^'au  .4eflai-siècle  d*inne 
gu^re  effroyable  détruisit  alors  ça  prospérité  »  aujéaptit  sf» 
moyens  de  défense,  et  lui  ravit  çnfiu..spn  indépendance..  Ap|is 
cette  ggerrcx.qni  fprpif^a  Iç.sqjgt  pi^indpfl  de  ces  derniers 


n^ôMmé»;  pt^éé  trôb'sièdes  se  flottt  pattigs  dam'ltt  fiervitiide, 
Findôletiéisf,  ftl  iflOlteise  et  TouMî.     ♦  .        . 

Ii^iSk|u*iiii6'iiat!on  est  niidhlgttmiie  et  ttetene'  eu  nàèitie 
ttmpSy  (fh  66t  totijotfrs  '^pbsé  %  attribuer  ses  malheors  à  ses 
tfcës,"tMfdiâ[  qo^il  set^it  éoû^ent  ptiott  Jittte  d'attribtief  ses 
tfcë^^  éesrtiàlhcftrfâ.  On  dïtkii  que  la'compafision  est  pour 
ilous'nn  'senftiment  trép  péaiblé,  et  (fat  uous  sakinoos  avide- 
Aient  tontes  les  l'aisons,'  toud  les  prétextes  par  lesquels  nous 
pDuVons  nôuè  dispenser  de  plaindre  les  autred.  Sans  doute 
aussf ,  cHfacicm  veut  éviter  de  prendre  pour  soi-même,  pour  ses 
compatriotes  et  son  pays  la  leçon  et  l'exemple  des  grands 
nAlbetit^  pdbficb  :  on  aime  mieux  s'en  éroire  à  F  abri  en  se 
persuadlmt  qi^on  ne  commettra  jamais  les  fautes  qu*on  relève 
dànftl^' autres  ;  et  lorsqu'on  aecuse  tme  nation  d'être  dégra- 
dée tm  di-oit  trouver  4à  garantie  de  la  gloire  de  sa  propre 
nàtioli.  w  Le  peUj^e  qui  a  pu  témbe)^  sous  le  joug  de  là  ser- 
«  vitnde,  disent  aujourd'hui  les  vainqueurs ,  le  peuple  qui  la 
«  is^uppoi^  la  mérite.  Ceux  qui  n^ont  pas  frémi  à  rapproche 
^  dé  f  étâ*e(nger  y  ceux  qui  n'ont  pas  senti  que  pour  le  repous- 
^  seril  fallait  sacrtfiei*  ses  Mefas,  m  vie  et  celle  de  ses  enfants, 
«  sont  faits  pour  demeurer  sons  la  loi  ;  ils  ne  sont  point  dignes 
*  de  'compassion,  car  jamais  une  nation  généreuse  n'aurait 
«  %iiîA  un  pareil  sort.  « 

Ge|>énâant  l'histoire  n'enseigne  point  aux  hommes  tant  de 
confianœ  ;  elle  nous  montre  que  si  les  vertus  sont  nécessaires 
h  l'existence  des  nations,  elles  ne  suffisent  point  seules  pour 
la  garantir  ;  que  la  constitution  la  plus  sage  est  encore  un  ou- 
vragé humain  ;  que  comme  œuvre  de  Thomme  elle  contient 
en  elle-même  de  nombreux  germes  de  ruine  ;  que  même  au 
sein  de  la  liberté,  de  la  vertu  publique,  du  patriotisme,  on  a 
vu  éclater  les  excès  de  l'ambition  ;  qu'on  les  a  vus  précipiter 
ané  nation  dans  l'abus  de  ses  fdrces  et  dans  l'épuisement  qui 
eu  est  la  suite  ;  qu'enfin,  nous  ne  faisotts  pas  seuls  notre  desti- 


SOS  HISTOIRE  D»  tREraiMQI»  ITALIKNRBS 

et  que  nous  compreiwiis  600s  le  aoin  de  faawni  i^aree  qa'dl^ 
ne  idépeodMt  pas  4li  bomi  pâment  seadie  inetito  toM  nm 

Lattilioii  suiglitte  est  pmt^élsie  aiijofird'biii  ee^'ét«itl« 
iiftUoaitaiiMiieilf  firtroîs  sièokfl^  De  mème^dte  a^ibetcAéht 
liberté  avant toiiade»  œtceB.hieiiSy  et  cdoi-tt eeai Ma  deiHié 
1008  to  iMitos^  tàd  màme,  ^la  liberté  d-esfirk  \m  «  dMaé 
rempice  de  la  pbiloMipbie  :et  de&letties;  de  m^ae^  httberM 
d'actions 4ui adonné ll^apb^dipi  eomoBAree >et  r#p»h»«^yde 
mème^  la  pui«aaiiae  de  UopÈDdon  sor  son  ^repi»  ^ènveme* 
meot  lui  a  donné  la  prééaiiBeaoe  eiur  tous  tes  antres^  6t*4*a 
placfe  aa  centre  de  la  poiiliqiie  ean^éenne;  ^maiepar  wn»« 
bien  de*efaaiioeBr.Ai]^tenneii*a*4;-ellepas été«iir ]e ^m de 
perdre  le  bonheur  dent  elle  jeait  aa}Ottffd'h«iy  et  de  Hnnher 
plos  i;M»,p^s&ir^^te  que  l'Italie  !  Quel  «avait  sM  son  «ort «  la 
reine  Sfaiie  aidait  iiéfiafkis  lea^gtenipa,  cuisi  elle  avril  taÔBsé 
des  «nfoats 4e  Philippe II ;.  si ^Étisabothayaa; . aeeefftéiiHR  des 
noodHDeta  épou  &  oatfaoliqMea  qut^!  offrireni*è  elle  ;  4»*Ghailes  I 
n*a>ait  ipm  ^  «i  imprudeat^.Gharles  II  si <vil f  Jacques ii  si 
iosensé?  €oittbiâa  de  fois  «rtreUe  dà^eon<ealiit.a«i  TeMtS'et 
mx  tempêtes  4oi  diasipèreiit  lesiflolles  de  ees.e&neiDîe,  tandis 
qa'ils  poQYaient  détruire  les  sknaes?  Gomb»ea;da#i8>rMtra^ 
vaganee  de  eenx^in  elietistiaieBA  âa  perte  iaiia-t^e^4du8 
salutaire  qae  sa  ^prepre  prodeo^e?  Ck>ad)ien  defeâs  fi'ai4*«Ue 
pa^  été  seeoai^tte  {)ar  une  :  beureasA  destiné^  tocsqneeea  salui 
n*était  d^à  plus^dAUS-  ses  proipres  msûia? 

Si  les  Italiens^,  dtt-pn  souveut,  ayaiwt  fermé»  À  r^eMnpIe 
des  aptres  niitioo^.dè  TËoi^pe),  iHieseode  et  fortemwavehîe, 
s'ils  axaient  renoncé  à  la  discorde  insensée  de  tleurs  fé6ta 
é\Bt»j  si  au  lieu  de  oonseryer  lew»  louées  les  uns  contre  les 
autres  ils  les  avaient  toutes  tournées  au.  ddiors,  ils  aivûent  été 
pbis  qug  «priants  pour  i^^nmesar  lesiârangers^dst  anjseooup 


BU  ilQTigi   iM>«&  SM 

viKiit  4b  «Mm  dMi0'lM;.Maiy0ii^  îb  awmiit  Muré  lew 
prospérité  iatériwP0»«vec  leur  Mëpend^Me*  X âîi  9q  poor- 
mit  dif0  ^utMi  M  tei  ItoUtn»  atti^M;  lait  fxm»^  les  fif)Mi- 
gw^  r  Italie  aarait  miIh  le  sort  da  TSipftgiie  ;  et  ce  sort  n'est 
9SS{4w4wae4'<eimeiqiie'laleiNPi.  A  r^pof«s,  en  effet,  ou 
omm«Mèrenfcles«)aeiTes^u^  TËspa- 

j^viittpftmiirat  divisée  «irtseim  n#mhre  d'étetolxttiieeiap  p\m 
Qopsidésfibl^  (Mmpfarit  «Mère  eiaq  ioxiMrchieBÎDiiépeAdajiles 
qt  •ewstuimeiit  'emcwâes  l'âme  4e  i'entre  :  ^ertles  de  GaBtîlle« 
d'.iifiigWiy.de  Na^Bvce,  de  SortogRl  et  de  «Gfenade.i  Ce  fat 
Cbsi4fls*^^iîBt  qui  je  posmier  anteait  qofttoe  4e  ees  cinq  mo- 
iBiapnobies»  iwame^  fiit  lui^m  }e  pfemîer  «utijiig^  l'Italie. 
Caltaiiiiiiyoaeoâlfcaiatti:  Ei^gnols  lear  liberté  :  lear»  oonMi- 
tnt^xas  ne ^setroni^At  {iÂbs  asaee  Austes  fM^  eoiiteiiir  -un 
mMaf^gw  fû  ^sauplojait  oestre  ses  ntjets  4e  l'un  de  ses 
roy^iumes  les  eméss  4e  Vautre,  li'agneellore,  les  manofae- 
^fiss^  te^MBMMree  fiirart  «tewés  d' Bapa^ie  par  1*  advwaistra- 
tioB  YMrfei^  fniMeoédaawc  «iic»eues<A  sagto  laie  désunies. 
ifis.i0iiliiQe8  {privées  lurent idélruHes,  la  séeumté  des  «dtf^eais 
dii^paiHit^  ^>popiilatieQ  im%  eméaatie  :  tous  les  oliQe^'qfie  des 
buBmee  se  ^seat  ppepeeée  4ebleiiir  par  l'élabëBsemefït  4e 
l^ordi^sattidviQreDt  perdus,  et  l'iwlépeiidanee  de  ]a  >naHm  ne 
fatj^aîat  assurée  4mx  depuis  de  sa  liberté,  ^ns  le  rj^ne  de 
QttaUHHQoint,  4fiute  ^rjEepague  retentil  de  plaintes  de^e^Que 
Jeanoe^taffait  iporlé  à  tun  wuT^ain .ébranger  rbéptsge  denses 
pères,  et 'de  o&'^pie  les  fispaguols  étaient  fony^no^  .par  des 
Flamands.  Sous  le  rè^e  de  Bhilippe  II,  les  Aragonais.,  les 
Bodiigais,  Jes  Navarrais,  et  les  Maures  de  ^^reuade  ne^  plai- 
gnirent ipas  aT.ee  moins  d'fyiiCËrtume  du  gouYtsrnf nient  des 
GastiUans.  Les  autres  peuples  de  T  Europe  les  regardàieut, 
il^e^  lumi,  las  .uns  et  les  autres  eomme  également  Espagnols  ; 
euX'qai.obâssaieQt,  ils  regardaient  leurs  maitres  commeétran- 
gars  -.  ?ees  maître» étai^t-étraugers  pour  ea&par  les  mfisuiiis , 


300  HI8TOIBB  DBS  ftiMmt;KtD£d  rTALUSNliSS 

les  lois,  le  langage,  les  haiûeé  hâ'âBtatit^';  et  h'pasâfttetdr 
de  leur  jong  fit  éclater  de  frâttféatës  téVMtc».  '     '     ' 

Cette  réunion  des  inonarcUîës  espa^ôles'flornïa;^tt'  est'vrM; 
une  puissance  redÔbtaOble  podi*  lés  ittMg^ts;  et  (âîè  défendit 
contre  eux  la  péuinstÉle.  Satis  douté;  mais tié  fttt'lëearâse'diM 
projets  gigantesques  de  la  maiton  d^Autrïdie,  de'^èt  édiasf'de 
ses  forces  qui  dépassa  encore  ses  ressoti/t;és,  ^'I6ée(  guerres  ef- 
froyables et  toutes  inutiles  dans  lesquelles  ëllëfùt  én^gëcf, 
de  la  haine  qu'elle  elcita  ëoutre  elle  dtiùs  tmtë  rSat6][)e,  «t 
de  r  affreuse  ïnisëre  à  laquelle  elfe  réduisit  lès  Espagnol.  tJlïe 
ambition  démesurée  imèHe  eïdîtt  déS 'teMers  ^léiâë^àrës ,  ^ 
tandis  que  l'Espagne  n'avait  jamais  Vu,  au  teiâp^tità  éBè'étètft 
divisée  en  petits  étàti; ,  d*àritiéè  éMngère  frstncMr  impttné^ 
ment  ses  frontières ,  toutes  ses  capitèllei^  furëùV  bbligées'ffbù- 
vrirtour  à  tour  leurs  portes  aux  aritiées  françaises  et  aïk- 
glaises  pendant  la  gùeite'de  la  succession  d'EÉspa^e.  '" 

Si  les  Italiens  n'avaient  formé  qu'une' settte  inonai'ehits,  qui 
peut  répondre  qu'ils  n'eusâetit  été  ottéonl^Uéfaiits  tittoon^tidS? 
Cependant,  l'une  et  l'autre  carrière  mette  priesqUé*t^1ei!i&eM; 
à  la  servitude.  Ce  n^'est  paà  païf  les  fôreès  d'uiitt  seUé^  lirffiùh 
que  l'Italie  fut  subjuguée.  Pendant  plus  d'un  demisiëôlé  âte 
fut  attaquée  et  dévastée  en  méine  temps  par  les'lTspaigubtt,  les 
Français,  les  Flamands,  les SuisséÉf^,  lés  AnemstUds;  M'Hoù* 
grois,  les  Turcs  et  les  Bàrbaresijpies.  Auèuhë  organisation  uaté- 
rieure  n'aurait  pu  la  rendre  égale  en  forcé  à  tbùs  Icés'peûpli» 
à  la  fois.  Loin  d'être  alliés,  ils  étaient,  il  est  Vra3,  énnëtnis  les 
uns  des  autres  ;  mais  le  vainqueur  profita  dé  tout  Te  màl'^'a' 
vaient  fait  les  vaincus.  Cbarles-Quint  et  Philippe  II  ftirent 
servis  par  lesFrançais,  les  Suisses  et  les  Musulmane  ailtaiiit  que 
par  leurs  propres  sujets,  Allemands  ou  Espagnolsi  Eu  "ruinant 
l'Italie,  les  premiers  l'avait  rendue  plus  facile  à'  coiï<|uéHr, 
plus  impuissante  lorsqu'elle  aurait  voulu  secouer  le  joug.  Tdtts 
ces  peuples  vinrent  se  combattre  sur' lé  sol  italien  :  maSs  si  les 


4iweQt  ismmmcé  par  jfttre  craqaérante ,  qui  sait  si 
leurs  premiers  tevers  n'aiir^ent  «pas  attiré  sur  leurs  bras  les 
QiéiBea  ennepûa,  et  n'auraient  pasâié  suiirls  des  mêmes  partages? 
'  SL  Im  Itftliws  n'avaient  formé  qu*  uno  seule  monarchie,  qui 
pipt.  r^^^ondre  ansa,  qn'nne  guerre  d^  n!aurait  pas  ouvert 
hmrs  £rQnttèi«s  à  l' étranger  ?  Les  guerres  miles  qui  naissent 
d'une  sniH^pespiovi  contestée  sont  un  fléau  inhérent  aux  mo- 
narcbies,  héréditairi^s  «  dles  ne  sont  peut-être  ni  moins  fré^ 
quen)£s,  ni, moins  ruineuses  qqc^  celles  qui  naissent  des  âee- 
tioQs  conjtestées  dws  les  moiwcbies  électives*  La  France  seule 
en  est  demeurée  presque  à  fabn^. parce  que  la  loi  salique  y  a 
mmpttfilél«^qn^ti9n,de  droit  sur  l'hérédité  ;  mais,  en  revanche, 
combien  (fe  guejrare^.  civiles  y  sont  nées  du  droit  contesté  de  la 
i^égence?  I>*4illi?urs,  la  question  essentielle  de  l'hérédité  des 
lemmes  était  si  pemJ.écidée  ponr.ritalie,,  que  c'est  justement 
par  elles  «que  le^  étrangers  ont  prétendu  acquérir  des  droits 
snr  ce  pajSt  X^  guerre  de.  Charles  YIII  dans  le  royaume  de 
I(apiles,  c^lle  ide  Lotiis  XU  dans  le  duché  de  Milan,  furent  en- 
Jki^prisies  pQur,,  soutenir  des  droits  de  succession  dans  une  mo- 
naipt^bi^-  Vu  p.4rti  nombreux; crut  cçs droits  légitimes,  et  s'arma 
PO^ilf^,  défendre  ;  ce  psjrti  crc^t  faire,  son  devoir  en  ouvrant 
Içs  fpj^rie^sQS  de  l'état  au^  armées  étrangères.  On  enseigne 
àus;  §uj^ts  y  dftus  une  monarchie,  que  leur  loyauté  consiste  à 
défendra  la  jyign^  légitime  de  leurs  rois,  et  à  la  rétablir  sur  le 
taç^e^  au  péril  même  de  l'indépendance  nationale.  Si  les  ducs 
de  Mile^n  pu  les  rpis  de  IHaples  avaient  réussi  dans  le  x V"  siècle 
h  réunir  toute  l'Italie  sous  leur  souveraineté ,  la  question  des 
droi^  de  la  seconde  maison  d'Anjou  ou  de  ceux  de  Yalentine 
yisçQpti  ne  s'en  serait  pas  moins  présentée  au  xvi^  siècle^  et 
U;  .pajcti  angevin ,  le  parti  français,  au  lieu  de  ne  se  montrer 
qn^  dans  le  royaume  de  Naples  et  le  duché  de  Milan,  aurait 
,pris  1^9  armes  dans  toute  l'Italie  sur  une  question  qui  aurait 
ilit^re^  tous  les  Italiens. 


HISTOIRE  Dtt  mÈVtméUpifÊ  ItALllSHBES 

H  est  4»  l-esBene»  éet  flMrambîM  de  dMftièf  îiMMtfttiméM; 
d68  diwteisiv  dles  aaxélnmger»;  â  eetée  fés^ûisètteft  réflti* 
Miqiies-ile'iie  nteonnatfcre  aocnn  droit  snr  elles  que  i^tn  qili 
partenbda  leenire  nème  de  la  nation.  Dans  h»  motiardiië»  où 
lasuneaMion  dm  ftumes  est  admise,  on  ne  donne  "pas  èîn  ma*- 
rifige  nne  saute  prinoesse  du-  sang  Toyal  qoi  ne  {misse  atypétet 
HB  joan  m  Ta^tiie  kaélraiigera  à  botter  dn  trône.  Biins  cdleS 
eù>la  suootsiàm  est  Hmitéa  aoit  MMes^  le  daâgei'^est  mcJitidre, 
et  il  BeconiBieiia&  qa»  l^NKpfvner  ftn&ittshé  edflëttë  «e  6*odTe 
régner  sor  nu  tpône étranger.  lAlnsl  les  màisoi^  d'Anjou,  de 
N2«plaB  el  de  Hongrie  eotasertèrent  pi^  ië  d^ùi'centè  &(ns  nn 
droit  éyentne)  à  la  sttoeesslon'de  France.  La  maison  de  Bonr-* 
bon->Naf?arre  es  acqnit  pins  tard  nn  séttiMàbVé ,  niais  IteilA 
ne  possédait  pas  le  rojanme  de  lllaTarre  l<M!i3qn^il  parvint  à  la 
couronne  de  Franee,^  en  soite  ^il  n'appela' pas  les  Natm^ais 
à  dominer  snr  les  Français.  Les  bvanehei^  italienne  et  eépagnole 
de  la  maison  de  Boorbon  ont  de  mdme  anjimrtf  hni,  ef  définis 
nn  sièeie,  des  droits  étenMels  à  Iwiiueoessicin  d^  France^  et  tes 
renooeiationa  de^ees^danx  malasHl»,  tià  réndaiilt  eea'dlrofts  don^ 
toni^  ajouteraient  ^osre'ffav  dangei^s  d\ine  goel^rè  dvife  et 
d*une  invasiiMi  étrangère  poui^  tes  Mre  valoir,  si  jamais  Iti 
suceessîou  venaîl  à  s'ouvrir.  Gomment  donc  FétèMIsEiemént 
d*une  saule  monanbie  en  Italie  aufv^t^it  garanti  F  indépen- 
dance italienne,  tandis  fue  les*  guérie  mdmes  qtti  aliénèrent 
r asservissement  de  l'Italie  eorent  tontes  ponr  origiue  tes  pré- 
tentions héféditairea  qu'admet  sent  le  r^Mne  monarcliiqne? 

C était  bien  moins  en  renaissant  l'Italie  en  un  seul  empire, 
qa*en  conservant  ses  républiques,  qn'mi  pouvait  espérék^'de 
sauver  son  indépendaisee  :  si  du  moîns  on  les  avait  en  même 
temp»  unies  entre  elles  par  un  lien  fédÉretif,  Ou  par  ées  al- 
lianoes  temporaires^  mais  eonformes  à  lemmlnté^Ms,  ees  al- 
lianoes  aurasent  sufâ  pomr  repomuser  les  étrangers,  et  non 
pour  les  attaquer  chez  eux;  elles  anvaient préasrvé  h»  Ha^ 


via  umwm  AQM^  an 

lieQsd^  égaremeotode  leur  pr#pie  amUtioa,  -ooBnB  ioPat- 
taqoQ  de  leurs  eoneims.  Une  sépol^ae  Cidéreti^w  ne  saarait 
a$jsez  compter  sur  laaioa  df  se»  membecs  pour  demir  ooin** 
qoérante  ;  eUe  ^appe  à  tooa  les  prétextes .  de  gaerve  que 
donnent  aox  rois  la  demande  de  la  dot  d*  use  filk ,  on  edle  de 
rhéritage  d*iiA  aïeul  éloigné  i  et  lorsqu'elle  est  feroée  à  pren- 
dre lies  arnies  ponr  sa  dëf ense^  elle  tron  w  des  re88«Niree0  qu'  elle 
n'aurait  plos  si  elle  était  gouvernée  noneDcbiqo^nènt.Yenise, 
avec  une  population  de  deux  miltions  deux  cent  mille  àmea,  a 
tnit  r^effi^i/^  sa  puissanee  jusqu'à, la  fin  du  xvin*  âèele,  Uen 
ixûeox  que  le  rojraume  de  Naples  avec. six  miUions  d'habitants. 
L'occasion  se  présenta  de  rétabtir  la  république  milanaise  au 
nùUea  du  :«^y^  aiède*  et  de  l'unir  à  celles  de  Yernse  et  de  Flo- 
fm^y  pettt<-ètrei  k  eelles  de  €rènes  et  des  lignes  snîsaes^  pour 
ladéfenise  de  la  liberté.  C'est  lorsque  ce  mcmient  f«t  manqué 
q^'on  peut  dire  que  l'Italie  fut  perdue.     . 

Aajresite,  les  petits  états  en  Italie»  comme  ailleurs^  tendirent 
v^i:s  leur  réunioA  en  .élatSs  plus  grands  pendant  tout  le  eonrs 
du  w""  $iè.ole.  C'est  la  couséquenee  natmelle  de  touiai  les 
ebi^Açe^  des  guerres,  des  révolutîMis  et  desibérilages.  Les  sou- 
verains de  la  France,  de  L'Ëipagne.et  de  L'Allemagne  réunie- 
saieQt.cbî^quet  année  de  nouveaux  fiefs  aux  domaines  de  leur 
^^UTQpne  <>  les  petits»  prinees  et  les  villes  libres  disparaissaient  : 
<^eudwt  chaj6U0^  de  ces  nations  était  bien  loin  encore  de 
nobéir  plus  qu'à  une  seule  volonté.  La  maison  d'Antrictie, 
divisée  entre  plusieurs  branches ,  n'av^nt  point  encore  acquis 
la  Hongrie  et.la  Babétne  :  elle  ne  l'emportait  point  encore,  en 
puissance  sur  la  maison  de  Bavière  ou  sur  celle  de  Sa«e ,  et 
son  accroissemrat,  pendant  le  xv^  sièele^  avait  è  peine  été 
proportionné  à  celui  des  ducs  de  Milan.  La  Franoe  ne  comp*- 
^t  point  eaeore  parmi  ses  provinces  l'Alsace,  la  Lorrame,* 
^  Franche-Comté,  la  Boui^ogne,  le  Hainaut,  ht  Flandre  et 
r  Artois.  Le  due  de  Brelagne  était  encore  indépendant  ;  les 


M4  HISIOIRB  DJBB  aiPDK.IQD£8  ITALUSIIIIES 

imtres  gnmds  feodataires  n'élaient  rangés  qo*à  demi  aoils 
r autorité  royale;  la  noblesse  seule  était  armée,  et  lè  peuple 
était  trop  opprimé  pour  ajouter  rieu  à  la  force  nationale.  Des 
guerres  dviles  ataient  occupé  chez  eux  les  Allemands ,  les 
Français  et  les  Espagnols  ;  et  personne  ne  soupçonnait  en  Eu- 
rope qn*il  existât  une  disproportion  entre  les  forces  et  les 
ressources*  de  ces  diverses  monarchies  et  des  états  d'Italie  : 
celle  qu'établit  tout  à  coup  la  supériorité  de  bravoure  ou  Fart 
militaire  des  ultramontains  n'était  point  irrémédiablu,  car  ils 
firent  longtemps  la  guerre  àTCC  des  mercenaires  qu'ils  leyè- 
rent  en  Suisse,  et  qui  étaient  tout  aussi  disposés  à  prendre  la 
solde  des  Italiens  que  celle  des  Français. 

Bien  n'annonçait  à  l'Italie^  rien  ne  faisait  prévoir  aux  puis- 
amees  étrangères  l'issue  de  la  guerre  qui  s'alluixia  à  la  Qn  du 
xV"  siècle  :  aussi,  loin  d'accuser  les  Italiens  de  n'avoir  pas 
bouleversé  toutes  leurs  anciennes  institutions  pour  la  prévenir, 
doit*on  leur  reprocher  plutôt  de  n'avoir  pas  assez  ménagé 
ces  institutions  anci^nes,  de  n'avoir  pas  assez  respecté  l'in- 
dépendance de  chaque  état  et  la  liberté  de  tous ,  et  d'avoir 
laissé  s'éteindre  ainsi  le  patriotisme  qui  les  attachait  à  leur 
cité,  non  à  l'idée  abstraite  de  la  nation  italienne.  Après  avoir 
perdu  leurs  droits,  ils  furent  moins  disposés  à  faire  des  sacri- 
fices à  une  patrie  qui  leur  assurait  moins  de  jouissances ,  et 
ils  ne  trouvèrent  plus  en  eux-mêmes  l'énergie  républicaine 
qui  les  aurait  sauvés,  si  quelque  chose  pouvait  les  sauver. 

En  effet,  le  vice  essentiel  qui,  au  xv''  siècle,  minait  le  corps 
social  en  Italie,  c'était  l'affaiblissement  de  l'esprit  de  liberté. 
L'aristocratie  faisait  des  conquêtes  dans  le  sein  des  républî^ 
ques;  puis  le  despotisme  conquérait  les  républiques  elles- 
mêmes.  Les  cités,  jalouses  de  leur  souveraineté,  n'avaient 
donné  aucun  droit  de  représentation  aux  campagnes;  ea 
sorte  que  lorsqu'elles  étendaient  leur  territoire,  elles  augmen- 
taient le  noinbre  de  leurs  sujets,  non  celui  de  leurs  citoyens* 


DU  MOYEN   AG£.  305 

La  Bfierté  leur  paraissait  un  droit  héréditaire  dans  les  familles, 
plutôt  qu'un  droit  inhérent  à  la  nature  humaine;  aussi  ad- 
mettaient-elles rarement  des  familles  nouvelles  à  partager  les 
prérogatives  des  andennes ,  et  à  remplacer  celles  qui  s'étei- 
gnaient naturellement.  La  population  de  l'état  s'accroissait, 
mais  le  nombre  des  dtoyens  diminuait  sans  cesse  :  cependant 
les  dtoyens  seuls  faisaient  sa  force,  car  les  sujets  d'une  répu- 
blique ne  lui  étaient  pas  plus  attachés  que  les  sujets  d'une 
monarchie  ne  l'étaient  à  leur  prince. 

Si  l'on  avait  fait  à  la  fin  du  xv®  siècle  le  recensement  de 
tons  ceux  qui  participaient  ai  la  souveraineté  dans  toute  l'Ita- 
lie, on  aurait  probablement  trouvé  que  Venise  ne  comptait 
plus  que  deux  ou  trois  mille  citoyens  ;  Gènes,  quatre  à  dnq 
mille  ;  florence.  Sienne  et  Lucres  entre  elles  cinq  ou  six 
mille,  tandis  que  toutes  les  républiques  de  l'état  de  l'ÉgUse, 
tontes  celles  de  la  Lombardie,  toutes  ceUes  qui  avaient  existé 
dans  le  pays  soumis  ensuite  aux  rois  de  Naples,  avaient  perdu 
leur  liberté  :  en  tout,  à  peine  seize  ou  dix-huit  mille  Italiens 
joniâsaient  pleinement  de  tous  les  droits  de  citoyen,  sur  une 
population  de  dix-huit  millions  d'âmes.  Un  même  recenso- 
XDent  en  aurait  peut-être  donné  cent  quatre-vingt  mille  au 
XIV*  Siècle,  et  dix-huit  cent  mille  au  xiii<*.  Cette  diminution 
graduelle  du  nombre  de  ceux  qui  avaient  des  droits  dans  leur 
patrie,  et  qui  étaient  prêts  à  les  défendre  par  d'immenses  sa- 
crifices, était  peut-être  la  cause  prindpale  de  l'instabihté  des 
gouvernements  italiens,  et  de  la  diminution  de  leurs  ressour- 
ces. La  liberté,  qui  avait  d'abord  été  assise  sur  la  base  la  plus 
large,  ne  réposait  plus  désormais  que  sur  la  pointe  d'une  py- 
ramide. 

n  faut  une  participation  beaucoup  plus  universelle  de  la 
natiob  anx  honneurs  publics,  pour  réveiller  l'enthousiasme, 
animer  le  patriotisme,  et  mettre  entre  les  mains  des  chefs  de 
l'état  là  force  de  chacun  des  individus.  C'est  seulement  en 

vu.  20 


306  HISTOIBE  DES  RÉPUBLIQtlES  ITALfEimBS 

raison  de  cette  participation  réelle  ou  imaginaire  de  tocs  les 
habitants  de  Tétat  à  la  souveraineté,  que  1^  république» 
acquièrent,  ayec  une  énei^  si  supérieure^des  moyens  d* atta- 
que ou  de  défei^  dont  ne  sauraient  approcher  les  monar- 
chies qui  les  égalent  en  population  et  en  richesses.  La  souye- 
raineté  d'une  république  sur  tous  ses  citoyens ,  s'étend 
toujours  plus  loin  que  ne  saurait  le  faire  celle  du  monarque 
le  plus  despotique ,  par  la  même  raison  qu'on  est  plus  maitie 
^e  ses  propres  mouyements  qu'on  ne  saurait  jamais  l'être  de 
ceux  d'un  aqtre^  même  d'un  esdaye.  Dans  les  temps  de 
calme,  il  est  yrai,  le  prince  absolu  se  permet  un  gngiid  nom- 
bre d'actes  arbitraires  qui  sont  interdits  au  gouyemempKt  li- 
bre ;  mais  autant  il  trouye  alors  de  forces  superfluei^,  autant 
il  lui  en  manque  au  moment  du  besoin.  Lorsqu'il  Tondrait 
réunir  tous  les  efforts  individuels  y^rs  le  seul  bqt  de  la  4^ 
fense  nationale,  il  est  obligé  d'employer  une  partie  de  ses  su- 
jets à  contraindre  l'i^tre  »  et  la  moitié  de  ses  forces  se  paralyse 
d'elle-même.  Un  duc  de  lllilan  aurait  yu  la  révolte  éclater  de 
toutes  parts  dans  ses  ét^ts,  s'il  avait  chargé  ses  sujets,  en 
tem|fS  de  guerre,  de  la  moitié  seulement  d^  fardeau  que  ks 
Florentins  s'imposaient  joyeusement  à  eux-mêmes  ;  parœ  qu'il 
n'importait  après  tout  que  médiocrement  à  un  IClanais  d'or 
béir  à  un  Yisconti  ou  à  un  Sforza,  plutôt  qu'à  un  Français 
ou  à  un  Allemand,  tandis  que  pour  un  Florentin  il  s'agissait 
de  commander  ou  d'obéir.  Mais  au  mn^  siècle,  lorsque  clui' 
que  ville  était  libre  et  gouvernée  populairement,  ou  aprait 
trouvé  le  même  pouvoir  de  résistance  dc^ns  chaque  petit  can- 
ton de  la  Toscane.  A  la  fin  du  xv%  lorsque  Pise>  PistQiia, 
Prato,  Arezzo,  Gortone,  Yolterra,  étaient  soumises  h  la  ré- 
publique florentine,  ces  villes  et  leurs  districts  ne  la  servaient 
plus  que  comme  les  sujets  servent  un  monarque  :  les  habi- 
tants mesuraient  leurs  sacrifices  aux  avantages  souvent  dou- 
teux qu'ils  pouvaient  attendre  de  leur  obéissance ,  et  la  ré- 


Dt  MOYEU   AGE.  307 

{mbflque  était  encore  heoretise  6*ils  ne  prenaient  pas  le 
moment  de  son  pins  grand  danger  pour  se  révolter. 

Dans  le  cours  du  xv^  siècle,  Pise  fut  la  seule  république 
do  premier  ordre  ^ui  tombftt  sons  le  joug  d*une  république 
rivale.  Son  asservissement  priva  r  Italie  entière  de  la  popula* 
tion,da  commerce,  de  la  naTîgàtion,  de  la  valeur  guerrière, 
d'une  de  ses  plus  florissantes  cités  ;  et  cette  conquête,  loin 
d'augmenter  la  puissance  de  Florence,  la  diminua,  parce  que 
les  Florentins  ne  surent  pas  ou  ne  voulurent  pas  faire  entrer 
les  Pisans  dans  leur  république  ;  9s  ne  songèrent  qu'à  les  af- 
faiblir, à  lés  endiatner  par  des  forteresses,  à  leur  ôter  tout 
nlojen  de  se  révolter  :  dès  lors,  toutes  les  forces  employées  à 
gardw  Pise  furent  retranchées  de  celles  avec  lesquelles  ils 
pouvaient  se  défendre.  Mais  si  le  nombre  des  cités  libres  n'é^ 
{m)uva  presque  pas  d'autre  diminntion,  le  joug  qui  pesait  sur 
ks  cités  sujettes  fat  sans  cesse  aggravé  par  le  travail  inseoK 
sible  de  tout  le  siècle.  Celles  qui  s'étaient  mises  d'elles-mè» 
mes  saus  la  protection  des  républiques  plus  puissantes  n'a- 
vaient point  cru  perdre  ainsi  leur  '  liberté  ;  elles  n'avaient 
fait  qde  eontractor  une  alliance  inégale  qui  n'avait  point  al- 
téré leur  gouvernement  municipal^  qui  souvent  même  les 
avait  d^vrées  d'une  tyrannie  domestique.  Seulement  le  pro- 
grès du  temps  enlève  à  celui  qui  a  peu,  et  ajoute  à  celui  qui  a 
beaucoup  ;  les  privilèges  des  plus  faibles  sont  chaque  jour 
mcnns  respectés ,  les  prérogatives  du  plus  fort  se  consolident 
diaque  jour  davantage,  par  des  abus  qui  se  changent  en 
droits.  C'est  ainsi  que  la  ville  dominaiite  devint  une  capitale, 
que  les  villes  protégées  devinrent  sujettes.  Ce  chmgement 
s'opéra  en  même  temps  dans  toutes  les  villes  que  les  Vénitiens 
arvaient  enlevées  ani  tyrans  de  la  Marche  Trévisane,  quoique, 
en  leur  envoyant  les  cbrapeaux  de  Saint-Marc,  ils  leur  «nnon- 
çasseut  qu'ils  leur  rendaient  la  liberté  ;  il  s'opéra  dans  toutes 
^celles  que  les  Florentins  avaient  cofiquises  en  Toscane,  dans 

20- 


308  HISTOIHE  DES  BEPUBLIQUES  ITALIENNES 

toutes  celles  des  deox. rivières  qai  obéissaient  aax  GéûOis^ 
La  liberté  politique ,  oa  la  participation  da  peaple  à  la 
BOaveraineté ,  avait  diminué  dans  les  capitales ,  parce  qoe  le 
nombre  des  citoyens  était  toujours  plus  restreint  ;  elle  avait 
diminné  dans  les  villes  sujettes,  parce  que  les  privilèges  de  ces 
yilUfi  avai^t  été  considérablement  réduits  ;  elle  avait  dimioùé 
^nfin  en  intensité,  s'il  est  permis  de  s'exprimer  ainsi,  parce 
que  les. droits  de  ceux  qui  étaient  demeurés  citoyens  dans  les 
républiques  indépendantes  avaient  été  entamés  ou  circon->i 
scrits,  et  que  la  souveraineté  du  peuple  avait  cessé  d'être  res- 
pectée. Tandis  que  la  république  de  Venise  se  soumettait 
tûiqours  plus  aveuglément  à  une  aristocratie  jalouse,  la  liberté 
à  Florence,  à  Gènes,  à  Lucques  et  à  Sienne,  était  exposée  tout 
au  moins  à  demeurer  souvent  et  longtemps  suspendue.  Les 
Florentins  laissèrent  usurper  à  la  famille  des  Médicis,  pendant 
le  xv^  siècle,  un  pouvoir  à  peine  inférieur  à  celui  des  rois 
d'une  monarcbie  tempérée;  les  Génois  précipitèrent  leur 
république,  avec  frénésie  et  à  plusieurs  reprises,  sous  le  joug 
d'un  prince  étranger.  ;  Lucques  demeura  trente  ans^  sous  la 
tyrannie  de  Paul  Guinigi  ;  Sienne  se  prépara,  par  une  longae 
anarchie ,  à  la  tyrannie  de  Pandolf e  Pétrucci  ;  Bologne ,  qai 
avait  tenu  un  des  rangs  les  plus  distingués  parmi  les  répu- 
bliques itaUenues,  se  façonna  peu  à  peu  au  joug  des  Bentivo- 
glio  ;  Pérouse,  qui  avait  brillé  de  presque  autant  d'éclat,  après 
s^ètre  laissé  ballotter  par  les  factions  des  Oddi  et  des  Baglioni, 
abandonna  enfin  aux  derniers  un  pouvoir  souverain  ;  et  tontes 
les  villes  de  l'état  de  TÉgUse,  qui  pendant  deux  ou  trois  siècles 
s'étaient  gouveirnées  en  républiques,  perdirent  jusqu'à  l'ombre 
de  leur  liberté. 

Après  même  que  les  peuples  s'étaient  laissé  priver  de  i'exe^ 
cice  de  leurs  droits,  ils  conservaient  encore  quelque  sentiment 
d'orgueil  national,  lorsqu'ils  reconnaissaient  comme  lenr  pro- 
pre ouvrage  l'autorité  à  laquelle  ils  devaient  se  soumettre.  Au 


DO  MOTEir  AGE.  309 

conmijencemeiit  da  xy«  siède  y  la  plapart  des  princes  qui  ré« 
goaient  dans  les  yflles  d'Italie  ayaient  été  élevés  à  la  soave^ 
laineté  par  un  parti  formé  entre  leurs  concitoyens  :  ils  te-* 
naient  ainsi  nominalement  leur  autorité  du  peuple  ;  et  lors 
même  qu'ils  n' avaient  aucun  égard  pour  sa  liberté,  ils  con- 
servaient du  moins  et  dévètoppaient  en  lui  son  amour  pour 
rindépendanoe  nationale.  Tous  les  droits  exercés  par  une 
nation-  sont  d'une  nature  en  partie  métaphysique,  et  il  n'est 
pas  fadle  de  les  définir  pour  des  esprits  grossiers  :  aussi  ne 
faut-il  pas  s'étonner  s'ils  sont  souvent  confondus  les  uns  avec 
les  autres.  En  effet,  l'indépendance  reçoit  des  Italiens  le  nom 
de  liberté  ;  les  habitants  dé  Bavenne  se  disaient  libres  sous' 
l'autorité  de  la  maison  de  Pollenta ,  parce  qu'ils  n'obéinaient 
ni  an  pape  iii  aux  Véniti^is  ;  les  Milanais  se  disaient  libres 
sons  les  Yisconti ,  parce  qu'ils  ne  recevaient  les  ordres  ni  de 
l'empereur,  ni  du  pape,  ni  du  roi  de  France.  L'illusion  même 
que  faisait  encore  un  nom  chéri  attachait  le  peuple  à  la  chose 
publique  ;  et  elle  ne  pouvait  être  détruite  sans  laisser  voir  h 
découvert  que  le  glaive  seul  donnait  la  loi.  Hais  le  xv"  siède 
détruisit,  pour  la  plupart  des  sujets  des  princes,  cette  illusion' 
d'indépendance , .  comme  il  détruisit  le  smtiment  de  liberté 
pour  presque  tous  les  dtoyens  des  républiques  ;  et  par  œ 
changement  funeste,  il  ôta  aux  gouvernements  leur  caractère 
national,  et  affaiblit  toujours  plus  ritalie. 

En  effet ,  aucun  siède  ne  fut  plus  fatal  aux  maisons  prin- 
dères  de  l'Italie ,  et  ne  détruisit  plus  de  dynasties  ;  et  cette 
fatalité  s'accrut  encore  dans  les  années  qui  s'écoulèrent  depuis 
l'époque  où  nous  nous  sommes  arrêtés  jusqu'à  l'an  1 500.  Les 
premières  années  du  siècle  virent  périr  les  Carrare  de  Padone 
et  les  de  la  Scala  de  Vérone  ;  dles  virent  disparaître  en  même 
temps  tous  ces  soldats  de  fortune  élevés  par  Jean  Galéaz  Yis^ 
conti ,  qui ,  à  sa  mort ,  s'étaient  formé  une  souveraineté  dans 
leur  ville  natale ,  ou  dans  celle  où  ils  étaient  en  garniismi,  et 


310  HISTOIEE  DES  liPiniLIQUES  ITALIESVES 

qm  ne  patent  la  défendre  longtelaps.  Les  e&XHpàù»  d'uo 
antre  soldat  de  fortune  pins  illustre  qu'eux  tons ,  de  Fran^ 
çais  Sforza,  forent  pkis  fatales  encore  aux  anciennes  dynastie» 
italiennes.  Il  a^ait  dépooillé  d* abord  un  grand  nombre  de 
fendataires  de  l'Église  dorant  les  guerres  anxqyelks  il  dnt 
son  premier  établissement  dans  la  Marche  d'Aneône  :  lorfr* 
qn'ensoite  il  s'assura  par  les  armes  rhéiitaige  de  son  bean-pkis, 
et  qu'il  fit  sueo&ler  les  Sforza  aux  Viseonti,  û  priva  I9  lom*- 
bardie  tout  entière ,  Inn  des  plus  pnissai^  et  des  plus  iasH 
poPtanlB  états  de  l'Italie,  de  l'illusion  de  la  légitinûté,  qui 
dédommageait  les  sujets  de  la  liberté  qu'ils  ayaient  perdue,. 
Tous  les  babitanls  du  duehé  de  Milan  surent  désormais  qu'il» 
obéissaient  au  pouvoir  de  l'épée,  et  qifê  comoie  elle  seule  leur 
avait  donné  un  miâtne  ^  elle  avait  un  érc^t  égal.poinr  le  leiur 
ravir; 

Un  second  état  monarchique,  qui  contenait  à  lui  seid  plus 
du  tiers  ée  la  population  italienne,  le  royaume  de  Napies, 
avait  de  son  côté,  par  la  force  des  anses,  changé  de  maltoe 
au  milieu  du  siècle.  Le  titre  qu' Alfonse  d'Aragon  faisait  Ta- 
loir  sur  l'héritage  de  là  seconde  Jeaqne,  lui  paraissait  à  loi-' 
même  si  douteux,  qu'il  priera  fonder  son  autorité  sur  le  drmi 
de  conquête  :  il  considéra  même  cette  conquête  eomm^  une 
raison  si^kante  pour  disposer  par  testament  du  rojmoue  de 
Napk»  en  faveur  de  sda  fib  naturd  Ferdinand,  tmdis  qu'il 
laissait  en  héritage  à  sonirère  et  aux  enfœts  de  eelui-d  les 
état»  qu'il  ppssédmt  par  un  droit  héré^aire. 

Enfin^  au  cmitre  de  l'Italie,  des  papes  ambitieux,  peu  soru- 
pukux  et  peu  dignes  de  Hespect,  relèverait  par  de»  efforts 
constants  la  monarchie  temporale  de  l'Éghse,  qui,  au  oom-* 
mencement  du  xv^  siècle,  était  réduite  à  nue  extrême  lai-* 
Messe.  Mais,  soit  qu'ils  aliénassent  de  nouveau^  en.  favear  de 
leurs  fils  et  de  leurs  neveux,  les  fiefe  apostolkiues  qu'ils  r^ 
couvraient,  soit  qu'ils  les  réunissent  à  la  directe  de  l'Église^ 


00  MOTra  AjGB.  31 1 

détachaJBgt  égdenmt  le  people  do  km  goiitveiMiiieiit,  en 
sotartitimatliiir  propre  autorité  à  edk  qM  les  aneiMi  cheb 
teiriteat  de  kar  pMrie;  et  ik  laîaieie&t  dans  dHu}iie  yriSit  an 
germe  de  méeoutentemenl,  en  ioi'ôtaQt)  avee  ea  petite  ooinr, 
tom  tes  propiiétiferee,  tem  Ici  rldiee,  ton»  kd  luonflus  actifiii 
qoi  pattôieat  dam  la  capitale  pont  s'y  attacter  aa  gouTeme^ 
ment»  Alnri,  tandis  qae  TolMenratear  snperfieiel  oonsidère  le 
xt<B  siècle  en  Itidie  comme  pea  [fertSe  en  rë^ohitienB;  tandis 
qoe  tMs  lea  historiens  ont  célébré  sa  tranctnillité  et 'Sa  pros« 
péritéy  par  oppositioa  anx  gœrres  effroyi^bles  qni  Tinrent  en-- 
snit^,  un  examen  {Ans  attentif  fait  déeôoTrir  dans  ce  sièelè 
messe  les  canëès  premières  de  ces  gnerreset  de  leors  fmiestes 
conséqaences.  Gés  eanses  fctrent  le  rdAdiesdent  do  liai  social 
â*one  extrémilé  à  l'antre  de  lltalie,  TafCsibUssement  dn  pa» 
triotisme,  et  la  diffusion  en  tons  lieux  de  germes  de  méeon^ 
t^tement. 

Mais  si  l'Itdie  n'avait  pas  été  en  effet  minée  an  slède  sm-* 
vant,  on  n'aurait  jamais  reconnu  que  les  événanento  du 
xv«  »ède  devaient  produire  cette  mine.  Les  contemporains^ 
tout  en  regrettant  sans  doute  plusieurs  des  institutions  aux- 
qucfies  leurs  pères  avaient  été  attachés,  n'eurent  point  heu 
de  se  plaindre  de  calamités  extraordinaires,  et  crurent  plutôt^ 
^us  doute,  leur  pays  dans  un  état  de  prospérité  croissante. 
Ces  mêmes  révolutions  qui  changèrent  le  gouvernement  de 
presque  tefutes  les  parties  de  l'Italie  développèrent  les  pins 
grands  talents  et  les  plus  grands  caractères,  et  récompense» 
rent  souvent  glorieusement  leurs  auteurs.  François  Sforza  ne 
teofdt  son  pouvoir  que  des  soldats,  tandis  que  les  Yiseohti 
avaient  reçu  le  leur  du  peuple  ;  mais  ^orza  était  bien  supé- 
rieur aux  Yisconti  par  la  nohksse  de  ses  sentiments ,  par  ses 
talents  pour  gouverner,  comme  par  ses  vertus  militaires.  Le 
roi  Alfonse  était  de  mès^e  étranger  dans  le  royaume  de  Na*- 
pies,  et  son  usurpation  ^drâte  pouvait  à  peine  donner  nanh 


3(2  HISTOIBE  DES  BEPUBUQUXS  ITALIISIIIIES 

8W09  à  ua  ponvittr  légal  ;  amp»  Alfonse  était  on  grsad  homiad 
qm  soeoédait  à  une  fémaie  faible,  méprisable  ei;  ââM>rdée.  II 
inq^aitpar  ee&yettM&  dietaleresques  de  rootlM^Bsiaâneà  toM 
oeax  qui  rapprocfaidrat  ;  il  était  le  plaa  aidmt  adonratenr 
de  ranttquité,  le  p^e  des  lettres,  le  fradateor  de  toates  les 
institutions  qni  dimnèrent  de  Fédat.  à  Naples.  Nicolas  Y  dir 
minna  les  libertés  des  citoyens  romains ,  et  Pie  II  réunit  au 
Saint-Siège  les  fiefis  de  plosieurs  petits  princes  de  Bomagne  : 
mais  tons  deu  illustrèrent  le  Saiat*Siége  par  on  amour  pour 
les  lettres,  un  saToir,  une  éloquence,  une  libâratité  qu'on  ne 
trouverait  peut-être  dans  aucun  de  leurs  pyédécesseur»  ou  de 
leurs  successeurs.  Côme  de  Médids  ébraoia  la oonstituticm  de. 
sa  patrie;  mais  ses  projets  furent  si  vastes,  sa  manière  de 
penser  si  âevée,  sa  magnificence  si  brillante,  que  la  postérité 
est  encore  disposée,  comme  ses  eoneitoyens,  à  le  nommer  père 
de  celte  patrie.  Auoine  période  ne  fut  riche  en  grands  bomt^ 
mes  autant  que  le  xv*  sièele;  et  l'édat  qui  rayonne  autour 
d'eux  semble  se  réfléchir  sur  leur  fanûlle,  «ur  leur  patne, 
sur  tous  ceux  qui  furent  soumis  à  leur  autorité. 

Le  XV*  siècle  ne  fut  p(Hnt  exempt  de  guerres  ;  cette  cala- 
nnté,  la  plus  terrible  de  celles  auxquelles  la  race  humaine  est 
exposée,  est  peut^tre  nécessaire  aux  sodées  politiques  pomr 
leur  conserver  leur  énergie:  mais  auxv*  siècle,  on  observa  dans 
les  guerres  mêmes  qudque  respect  pour  l'humanité.  Pendent 
tout  son  cours,  la  ville  de  Plaisance  fut  la  seule,  entre  les 
grandes  dtés  dltalie,  qui  fut  exposée  aux  horreurs  du  pil- 
lage et  à  toute  la  cupidité  du  soldat.  Aucune  campagne  ne 
fut  dévastée  de  manière  à  détruire  pour  de  longues  années 
l'espérance  de  Tagricnlture  ;  les  prisonniers  furent  traités 
avec  humanité,  et  presque  toojoursrendos  sans  rançon,  après 
avoir  été  dépouillés  ;  les  batailles  furent  peu  meurtrières, 
trop  peu  même  sans  doute,  puisqu'dles  réduisirent  qudque- 
fois  la  guerre  à  n'être  plus  qu'un  jeu  eirfre  des  soldats  mer- 


DO  MOT»  AGE»  313 

c6Bak«,  q«i  évitataftt  tétàprwfo^smi&at  toate  oomsîon  de  m 
nnire.  Hais  personne  alors  n*aorait  pa  préymr  que  ces  égards 
HMitads  exposeraient  les  Itatens  à  éd  bonteoses  déftiiles^ 
lonqa*il&  auraient  à  soutenir  le  «èœ  des  antres  nations.  Leurs 
troapes  étaient  sans  cesse  exercées,  lenrs  armes  étaient  de  la 
meillenre  trempe,  legrs  chevaux  de  la  race  la  plus  Yîgon* 
reuse*  Les  gemlarmes  italiens  qae  François  Sforza  avait  »* 
voyé»  à  Louis  XI  étaient  revenus  couverts  d*honneur  des 
gœrres  civiles  ée  France.  Les  Yénitiens  ne  s'étaient  trouvés 
mdleinent  inférieurs  aux  Allemands  liursqu'ib  avaient  eu 
quelques  hostilités  à  soutenir  contre  les  ducs  d'Autriche  :  un 
nombre  infini  de  capitaines,  tous  Italiens  de  naissance,  s'é* 
talent  formés  dans  les  deux  écoles  des  BraccescM  et  des  Sfor- 
zescbi  ;  ils  s'étaient  maintenus  en  exercice,  et  n'avaient  jamais 
déposé  le  harnais  après  aucun  traité  de  paix,  parce  qu'ils 
louaient  alternativement  leurs  services  à  tous  les  états  qui 
avaient  une  goerre  à  soutenir;  enfin  ils  avaient  appinfué  à 
fâude  théorique  de  leur  métier  toutes  les  lumièrep-de  re- 
prit le  plus  édaM.  Sans  doute,  céhii  qui,  avant  le  xv*  siècle^ 
aurait  annoncé  aux  Italiens  que  leurs  troupes  ne  tiendraient 
pas  un  instant  devant  celles  des  ultramontains,  aurait  exdté  la 
nsée  :  on  lui  aurait  demandé  s'il  croyait  que  les  Barbiano^ 
les  Garmagnola,  les  deux  Sforza,  les  Bracrîo,  les  Caldora,  les 
deux  Picdnini,  les  G<riéoni,  les  Matatesti  n'avaient  point 
laissé  de  successeurs,  et  si  les  ultramontains  avaient  un  seid 
honnne  qui  entendit  comme  eux  la  théorie  aussi  bien  que  la 
pràtique  de  l'art  de  la  guerre. 

Le  temps  des  diefs-d'œuvre  de  la  langue  itdienne  n'était 
pas  encore  venu  ;  mais  aucun  siècle  n'éprouva  peut^^tre  plus 
d'enthousiasme  pour  les  lettres  que  le  xv«,  et  ne  se  sentit 
niieuxsur  le  chemin  de  la  gloire  qu'elles  peuvent  assurer, 
tandis  que  dans  le  reste  de  V  Europe  la  noblesse  se  faisait  un, 
point  d'honneur  de  ne  savoir  pas  même  lire,  il  n'y  avait  pas 


314  HISTOIEB  DES  ftéPIHILIQD]»  ITALUSHNBS 

an  deft prmoes,  ptô  an  des  capitaines^ pas nndcs  gnmds  d« 
tojeQS  de  T  Italie  qui  n*eùt  reça  une  éducation  littéraire,  qui 
n'étndlftt  l'antiquité  avec  une  sorte  de  passion^  et  tpà  ne«^s'at- 
tachât  à  la  gloire  des  héros  du  temps  passé  avec  d*  autant  plus 
d* ardeur  qu'il  aspirait  plus  à  la  gloire  pour  lui^aènie.  Les 
grands  philosophes  qui  nsstanrèrent  à  cette  époque  tous  les 
monuments  littéraires  de  l'antiqutté,  les  savants  qui  renouve- 
lèrent  la  philosophie  platonicienne,  les  poètes  qiii  réTeiUèrent 
les  muses  italiennes,  entrèrent  tous  dans  les  conseiis  des  prin^ 
ces  ou  dans  ceux  des  républiques,  et  obtinrent,  dans  le  gou<^ 
vemement  de  leur  patrie,  une  influence  à  laquelle  s'élèvmt 
rarement  les  lettres. 

Le  dernier  des  Yiserati  ^  le  premier  des  Sfonsa  ftirc»t 
égitonent  généreux  euTcrsles  savants  qu'ils  attirèrent  à  leur 
cour.  Ils  y  retinrent.  Imigtemps  François  Filelfo,  l  homme  du 
siècle  à  qui  sa  profonde  érudition,  son  travail  infatigable,  et 
les  nnlliers  d'âèves  qu'il  avait  formés,  avaient  procuré  la 
[dus  haute  réputation.  Geceo  SimonettA,  secrétaire  de*  Fran- 
çois ^oraa,  son  premier  ministre,  et  gouverneur  de  ses  en- 
fimtB,  était  Imrmème  un  savant  du  premier  ordre.  Les  conseils 
d'Alfonse  et  la  cour  de  Naples  offraient  le  même  mélange 
d'érudition  et  de  politique.  Barthélémy  Fazibn ,  Laurent 
WaUa,  et  surtout  Antoine  Beecadelli,  plus  connla  sous  le  nom 
de  Panfa(HfnHta,  étaient  an  nombre  des  coi^dents  les  plus  in- 
times et  des  conseillers,  les  plus  habituels  du  monarque.  La 
république  florentine  avait  compté  parmi  ses  seérétim:eB  esk 
chef  Golluccio  Saluttai,  Léonard  Arétin,  ^  Poggio  Bracdo- 
Uni.  Gôme  de  Médids  mettait  an  nombre  de  ses  prenuersamis 
Ambroise  Travarsari  et  Marnle  Fkâo.  Nicolas  Y  et  Pie  II , 
que  la  culture  des  lettres  avait  élevés  jusqu'au  Saint-Siège^ 
semblèrent  vouloir  consacrer  à  elles  seules  la  souvermneté 
qu'ils  leur  devaient.  Flavio  Blondo,  PlatHia,  Jaoc^  Amma- 
nati,  obtinrentles  premières  i^aces  dans  leur  CMtoice.  €ua^ 


DU  MOYEU   AGJK.  315 

rkio  et  Jiean  Aurii^a  iurnèreat  les  eoiu»  moiis  pmssinte»  de 
Ferrare  et  de  Mantoue,  et  forent  chargés  de  TédueMioa^e 
leuiis  princes*  Les  Montéfeltro  à  Urbin,  les  MalartesU  à  Ximini^ 
changèrent  en  qadqae  sorte  leon  palais  en  académies. 

Ce  fut  par  cette  émulation  constante  entre  de  p6tit»  états, 

ce  fat  par  ces  foyers  de  lainières  distriboés  dans  toutes  les 

provinces,  que  la  cultare  spirituelle  de  l'Italie  fit  en  peu  de 

temps  des  progrès  si  rapides.  Mais  si  to«rte  la  péninsule  avait 

été  réunie  en  une  seule  nuHMrchie,  cette  émulation  abrait 

cessé  à  rinstant.  Aycc  une  seule  ca]^tale,  les  ItaUeps  n*an* 

paient  formé  qu'une  seule  école  ;  les  mêmes  préjugés,  les  mè^ 

mes  erreurs,  dcTcnus  dominants  par  le  talent  d'on  proies- 

seor,  l'intrigue  d'une  cabale  ou  la  {Hrotectkm  d'un  mdtre,  se 

seraient  répandus  uniformément  sur  toute  la  contrée.  On  au« 

rait  era  ne  pouvoir  penser,  écrire,  parler  purement  la  langue, 

qu'à  Borne,  par  exemple,  comme  en  France  on  croit  ne  pou-^ 

voir  le  faire  qu'à  Paris  :  la  poésie  italienne  y  aurait  perdu  de 

son  originalité  et  de  sa  variété;  mais  le  dommage  aurait  suiv 

toat  été  senti  par  les  provinces^  qui,  n'espérant  plus  d'illus* 

tration,  n'auraient  plus  eontribué  aux  progrès  de  l'esprit,  et 

en  retour,  n'en  auraient  point  ressenti  le  bénéfice.  Dans  le 

xv""  ^le,  il  n'y  eut  pas  de  dief-lieu  d'un  état  indépendant^ 

quelque  petit  qu'il  fût,  qui  ne  comptât  plusieurs  hommes  dis» 

tinguéfi  )  il  n'y  eut  pas  de  ville  sajette,  quelque  grande  ^'elle 

fût,  qui  en  conservât  un  seul  dans  son  sein.  lise,  malgré  sa 

décadence,  était  une  ville  bieu  plus  ridie,  bien  plus  peaidée, 

bien  plus  considérable  qu'Urbin,  que  Bimini,  que  Pésaro; 

toais  Pise,  une  fois  assujettie  aux  Florentins,  -n'a  plus  produit 

un  homme  marquant  dans  la  Uttérature  ou  la  politique,  tan-* 

dis  que  les  petites  cours  de  Frédéric  de  Montéfeltro  à  Urbin,, 

de  Sigismond  Malatesta  à  Bimini,  d'Alexandre  Sforsa  à  Pé« 

saro,  rassemblaient  chacune  plaskurs  philosophes  et  pla<^ 

sieurs  littérateurs.  Ferrare  et  Mcmtoua  n'étaient  peint  supé« 


316  HISTOIEE  DES  RÉPUBLIQUES  ITALIEBIIES 

xieaniB  «t  population  à-  Pairie^  &  Parme  el  à  Plaisance  ;  maur 
aotour  de  la  léeUence  da  gonternement  daaos  les  premières 
iFSleSj  briUail  toat  le  Ivstre  des  arts,  de  la  poésie  et  de  la 
seienceç  tandis  cpM  dans  toot»  le  duché  ^e  Milan,  la  -ville  de 
mUan  seule,  possédait  la  même  Castration.  Le  royaume  de 
If oiries  éttit  an  exemple  plus  frappant  encore  de  la  dépres- 
sion des  provinces,  lorsqu'une  capitale  s'élève  à  leurs  d^ens. 
Dans  cebea»  royaume  qui  comprenait  seul  un  |iers  de  la  na- 
tkm  italittuie)  qui,  plus  que  tout  le  reste  de  la  péninsule, 
étiût  favorisé  par  la  nature^  et  qui  n'ayant  qu'une  sente  fron- 
tière, et  pobr  voisin  que  F  Égise,  était  moins  exposé  aux  ra« 
vagesde k  fuenre  qu'aucun  autreétat  de  Tltalie^  là  capitale 
seule  avait  participé  au  mouvement  qui  dans  le  xv«  siècle 
avait  ranimé  la  culture  des  lettres  et  de  la  philosophie.  Mal- 
gré la  &veur  d' Alfonse^  mal^  le  crédit,  des  grands  littéra- 
teurs qui  formèrent  sa  cour,  aucun  homme  de  talent  n* avait 
ouvert  d'école  dans  les  villes  si  nombreuses  et  si  heureusement 
situées  de  k  Galabre  et -de  la  Pouille.  des  provinces  apparte- 
naient enccMre  à  k  barbarie  y  et  jusqu'à  nos  jours  elles  ont  à 
peine  ressenti  l'influence  de  k  civiUsalion  européenne. 

Les  progrès  de  cette  civilisation,  partout  où  ik  if  étaient 
ét^Eidus,  avaiBit  prodigieusement  augmenté  les  jouissances 
de  la  vie  :  les  études  du  xv^  siècle  n'étaient  point  tournées,  il 
est  vrai,  vers  les  sd^Kces  naturelles,  dont  les  résultats  s<mt 
applicables  à-  l'utilité  pratique,  mais  vers  l'érudition  et  la 
poésie,  qui  n'offrent  de  jouissances  qu'^à  l'esprit.  Cependant 
l'habitude  de  l'observation  d'une  part,  l'étude  des  anciens  de 
l'autre^  avaient  dével<q[>pé  plusieurs  des  sciences  qui  se  pro- 
posent pour  but  le  bonheur  des  honunes.  La  législation  avait 
fait  des  progrès,  k  jurisprudence  s'était  édaircie,  les  finances 
étaient  administrées  avec  régularité,  et  l'économie  politique, 
quoique  son  nom  même  fût  inconnu,  n'était  point  outragée 
perdes  ré^ements  absurdes,  comme  ette  le  fut  sous  les  mains 


mr  MOYEN  A6B.  317 

des  Espagnds  après  qae  lltalie  eat  perda  son  iodépendance; 
Les  goayememeiits  sa  kissferent  souvent  «itr atner  daM  de 
très  grandes  dépenses,  et  ils  levèrent  qnelqiialois  des  sommes 
prodigieuses  sur  leurs  ssi^eks  :  mais  leor  mavkre  d'asseoir  les 
taxes  n'aggravait  pas  la  seuffranoe  de  payer  Fimpôt  lainaième; 
elle  n'étouffait  pas  le  etmmu&Fee  et  n'écrauéft  pas  l'agri- 
cokure* 

Plus  une  histmre  est  débûilée^  plus  eUe  présente  an  grand 
jour,  lorsqu'elle  est  véridique,  les  erreurs  et  les  souffirances 
des  hoaunes.  Pent-ètre  eelle  de  l'Italie  au  xv*  riède  aara« 
t-elle  laissé  dans  l'esprit  du  leeteur  Fiapression  de  beaneonp 
plus  de  inalheors  et  de  crimes  qoe  n'en  offire  le  plus  souvent 
ane  contrée  de  même  étendue  dans  le  même  eq^œ  de  tanps; 
On  se  tromperait  fort  cependant  si  l'on  en  ooiiebiait  que  les 
Italiens  étaient  à  cette  époque  pins  malheureux  et  plus  vi- 
eieax  que  leurs  contemporains  dans  le  reste  de  l'Earope^ 
qu'ils  l'étaiait  autant  que  leurs  successeurs  dans  leur  propre 
pays*  La  vie  privée  des  ItaUens,  dans  d'aussi  petits  états  que 
ceux  qui  composaient  alors  l'Italie,  était  toute  en  dehors,  et 
tous  leurs  nràlheurs  étaient  historiques.  Chaque  individu  se 
trouvait  en  contact  avec  la  souveraineté  $  et  ses  passions  j  ses 
intrigues,  ses  vengeances,  se  liaient  aux  révolutions*de  l'état 
et  aux  événements  publics.  Dans  les  grandes  monarchies  où 
les  proirinciaux  vivaient  enveloppés  d'une  obscurité  profonde,- 
et  dans  les  principautés  modernes  où  l'état  lui-même  n'a 
piHnt  d'histoire,  et  où  un  e^iace  infini  sépare  le  souverain 
d'avec  le  sujet,  chacun  souffre  en  silence  sa  part  des  calamités 
puUiques,  et  cette  part  lui  est  infligée  plutôt  par  l'effet  des 
nmuvaises  lois  que  par  les  violences  des  hommes.  Les  malver- 
sations des  ministres  subalternes  ne  réveillent  point  l' attention  ; 
les  dénis  de  justice,  les  arrestations  arbitraires  ordon« 
liées  par  un  bailli  ou  un  intendant,  ne  sont  pas  des  événe-' 
menlB  historiques  ;  les  crimes  des  particuliers  sont  du  ressort 


318  HISTOIRE  DES  sénmtiQuEs  ITâLIEOES 

dea  inboiiaia  sealement,  et  la  raine- des  famille,  celle  de 
ragrienltare,  du  commeree  et  de  Viiidastrie,  est  tout  oa  pins 
mdlqpiée  en  masse  par  1* historien,  sans  qu'il  fasse  jain(^is  res- 
sortir les  infortmes  indindnèlles.  Pour  comparer  les  souf- 
frances du  peuple  français,  au  xy^  siècle,  à  celle  des  Italiens, 
il  fiiudraU  que  l'histoire  du  premiat»  nous  plantât,  atec  les 
grandes  réTolutions  de  k  monarchie,  toutes  les  injustices 
éprouYiées  dans  le  même  temps  par  les  bourgeois  de  Blois  et 
d'Angers,  de  Tours  et  de  Bourges,  et  de  tontes  les  autres 
ailles  du  royaume  ;  qu*€^e  nous  montrât  réiévation  et  la  ruine 
des  fannUes  priTées,  les  jalouses  secrèt(É!,  les  intrigues  cou- 
pables par  lesqudles  les  plus  obscurs  citoyeni^se  supplantaient 
tes  uns  les  autres,  et  les  crimes  que  les  tribunaux  punissaient 
diez  eux.  Mais  lorsqu'il  n'y  a  dans  les  prorinces  ni  liberté  ni 
indépendance,  de  tds  détnls  sent  sans  intérêt  comme  sans 
dignité  :  encore  que  les  passions  [nivées  exercent  tout  leur 
jeu  dans  le  manoir  du  moindre  baron,  et  dans  la  sphère  d'ao- 
tîTité  du  dernier  ébhcTin,  leur  résultat  n'affecte  que  les  in- 
divi^h»,  et  ne  Se  rallie  point  aux  destinées  de  la  naticm  ;  au- 
cune passion  généreuse  n'ennd)ht  aux  yeux  des  Tictimes  la 
calamité  qu'elles  souffrent  en  commun  ;  et  l'histoire  ne  daigne 
pas  même  nommer  deux  ou  trois  fois  par  siècle  des  grandes 
^es  qui ,  si  elles  avaient  été  libres,  auraient  fourni  chacune 
tant  de  sujets  distingués  aux  études  des  moralistes. 

Pour  connaître  si  une  nation  est  heureuse  ou  malheureuse, 
si  la  masse  des  individus  qui  la  composât  participe  à  sa  pros- 
périté ,  si  la  gloire  que  recueillent  ses  chefs  est  stérile  ou  fruc^ 
tueuse  pour  elle,  il  faut  examiner  l'état  de  ses  travaux,  son 
agriculture,  ses  manufactures ,  son  conmerce;  il  faut  se  faire 
une  idée  de  la  vie  privée  de  ses  diverses  classes  de  dti^ens  ; 
il  faut  se  mettre  à  la  place  du  père  de  famille  dans  les  divors 
états  de  la  so^été ,  et  en  lui  voyant  donner  une  carrière  à 
chaenn  de  ses  fils ,  il  faut  se  demander  quelles  chances  de 


su  uam  AGB.  319 

«accès  il  Toit  dcTaiit  eu.  En  jageant  F  Italie  tfaprès  èes  règle», 
Doos  trouTons  qa'aa  xv«  nède  elle  était  parvenoe  à  un  haut 
Aegv^  depro&përité  dont  elle  est  bien  redescendue  de  noe  jours, 
et  nous  demeurerons  bien  eouTainens  qu'aucune  contrée  de 
rSurc^  ne  pouvait  alors  soutenir  de  comparaison  avec  elle. 

Sous  le  rapport  de  l'agriculture,  Mtalie  était  alors,  comme 
aojounl'hni,  cultivée  par  des  métayers  qui,  faisant  tous  les 
travaux  et  toutes  les  avances,  retenaient  en  paiement  la  moitié 
des  récoltes.  Ainsi,  tandis  que  dans  le  reste  de  TOccid^t  les 
paysans  étaient  encore  attachés  à  la  glèbe ,  ou  tout  au  moins 
soumis  par  les  coutumes  du  vilénage  à  l'oppression  de  leurs 
seigneurs^  ceux  de  l'Italie  étaient  lilnres;  ils  étaimt  égaux  aux 
citadins  quant  aux  droits  civils  ;  ils  ne  dépendaient  point  du 
caprice  d'un  maître;  ils  ne  recevaient  point  de  lui  un  salairie, 
et  qu(Hqu'ils  ne  fussent  pas  propriétaires,  ce  n'était  que  de  la 
terre  et  de  leur  travail  qu'ils  attendaient  leur  revenu.  La  fer- 
tile Lombardie  était,  comme  aujourd'hui,  soumise  à  d'indus* 
trieux  assolements  ;  la  culture  du  blé  de  Turquie  et  celle  des 
fournis  y  avaient  fait  admettre  d'avantageuses  successions 
de  récoltes  :  les  eaux  avaient  été  habilement  réparties  sur  tout 
son  sd  par  des  canaux  construits  à  grandsfrais  ;  et  ce  système 
d*arrosement,  qui  la  couvre  toàt  entière  comme  un  réseau , 
avait  été  complété  par  Louis-*le-Maure ,  qui  avait  donné  son 
nom  à  quelques-uns  des  ouvrages  bydraul^es  qu'il  avait  fait 
construire.  Les  collines  de  Toscane  étaient,  comme  aujour- 
d'hui, couvertes  d'oliviers  et  de  vignes  ;  et  pour  que  les  eaux 
n'en  entrcdinassent  pas  le  terrain ,  il  avait  été  soutenu  par 
étages  avec  des  murs  sans  ciment  près  de  Florence,  et  avec 
des  tarasses  de  gazon  près  de  Lucques. 

Les  historiens  contemporains  n'ont  pmnt  cherché  à  nous 
peindre  l'aspect  du  pays;  c'estsouvent  d'après  des  descriptions 
de  bataille,  ou  d'après  les  accidents  dW  campement  d*armée, 
que  nou&  arivons  à  connaître  quel  était  l'état  de  l'agriculture, 


820  HISTOIEE  DES  BEPUBLIQUES  ITALIEnHES 

oa  le  sort  des  paysans  dans  les  temps  éloignés  de  nom  ;  mais 
si  ces'  ckeonstances  détachées  ne  nons  laissent  pomt  lien  de 
donter  que  Tltalie  ne  ]^^ntàt  la  même  apparence  qa'aojonr^ 
d'faai  dans  les  provinces  qoiont  eonserré  leur  prospérité,  elles 
nons  apprennent  aussi  que  la  campagne  était  encore  eonTerte 
de  villages  et  de  moissonneurs  dans  les  proTinoes  qui  sont 
aujourd'hui  changées  en  dâœrts.  La  désolation  s'est  étendue 
sur  une  partie  considérable  et  autrefois  infiniment  fertile  de 
ritalie,  depuis  les  rives  du  Serchio  jusqu'à  çeHes  du  Yultnrne. 
Les  ridies  dunpagnes  de  Pise  furent,  U  est  yrai,  ravagées  par 
4es  inondations,  et  rendues,  dès  le  xv®  siède,  insalubres  par 
ks  eaux  stagnantes,  aisuite  de  là  négligence  ou  de  la  jalousie 
de  la  république  florentine;  cependant  de  puissants  villages 
animaient  encore  toute  la  côte  qui  s'étend  de  Livoome  josqu  à 
FOmbrmie,  et  qui  est  aujourd'hui  désolée.  On  peut  juger  de 
k  nombreuse  population  de  l'état  de  Sienne  et  de  la  Maremme 
siennoise  par  la  quantité  de  nllages  que  le  marquis  de  Mari- 
gnan  y  fit  ras^  dans  le  siècle  suivant,  et  dont  îi  passales  ha- 
bitants an  fil  de  l'épée.  Les  guerres  des  barons,  feudataires  de 
rÉglise,  font  voir  que  la  campagne  de  Bome  contenait  égale- 
ment une  population  nombreuse  ;  les  Golonna  seuls  y  possé- 
daient plus  de  villages  popilléut  au  :xv*  siècle  que  toute  cette 
province  ne  compte  aujourd'hui  de  fermiers.  Toute  la  province 
maritime,  il  est  vrai,  ou,  comme  on  l'appelle  encore,  toute  la 
Maremme ,  était  réputée  malsaine,  mais  non  pas  an  point  où 
elle  l'est  aujourdhui.  Flavio  Blondo,  en  la  décrivant  sous  le 
pontificat  de  Nicolas  Y,  se  conteUte  de  dire  qu'elle  n'est  plus 
de  son  temps  aussi  florissante  qu'elle  l'était  du  temps  des  Ro- 
mains ;  et  lorsqu'il  parie  d'Ostie,  il  dit  que  cette  ville  ne  jouit 
pas  d'un  air  très  salubre  parce  qu'elle  est  située  au  b<»*d  de  la 
mer  ^ .  Mais  s'il  avait  dû  parler  de  son  état  actuel,  à  peine  la 

t  UaUa  lUuitrala^  di  Flavio  Blondo  j  tradut.  di  Lucio  Fauno,  Venezia,  1S42,  I11-8. 
Uegione  ill ,  foL  94.  OsUe  <itti ,  du  temps  dss  Ronain ,  eomptah  ao  moini  doqnaal» 


ou   MOYEIi   AGE.  3'2l 

langae  lui  anrait-elle  foarni  'des  termes  pour  peindre  Tef- 
frayante  désolation  du  pays,  et  les  effets  de  Tair  pestilentiel 
qu'on  y  respire. 

Les  paysans  italiens  j  au  xv^  siècle  j  différaient  cependant 
de  oenx  de  nos  jonrs,  en  ce  qu'au  lieu  d'habiter  au  milieu  de 
leurs  champs,  où  ils  ayaient  toujours  une  maison  rustique,  ils 
vivaient  presque  tous  dans  des  bourgades  fermées  de  murs  ; 
de  là  ils  se  rendaient  chaque  matin  à  leurs  travaux ,  et  lors- 
qu'une invasion  ennemie  menaçait  leur  sûreté,  ils  ramenaient 
dans  leur  bourgade  leur  bétail,  leurs  instruments  aratoires  et 
leurs  récoltes.  Les  historiens,  en  rapportant  plusieurs  inva- 
sions inopinées ,  ajoutent  souvent  que  les  paysans  n'avaient 
point  eu  le  tonps  de  faire  rentrer  dans  les  lieux  forts  leur  bé- 
tail et  leur  fainille;  ce  qui  montre  que  dans  l'habitude  de  la 
vie  ils  ne  leur  faisaient  point  abandonner  les  champs. 

La  réunion  des  paysans  dans  les  bourgades  nuisait  sans 
doute  à  la  perfection  de  l'agriculture,  et  elle  diminuait  les 
jouissances  que  leur  famille  pouvait  retirer  d'une  terre  fertile. 
Hais  lorsqu'on  examine  ces  bourgades^  qui  sont  aujourd'hui 
presque  toutes  dépeuplées,  on  trouve  dans  leurs  maisons  aban- 
données depuis  des  siècles  des  traces  de  l'opulence  de  ceux 
qui  les  habitèrent  autrefois.  Ces  maisons  sont  pour  la  plupart 
vastes  et  commodes;  elles  réunissent  la  solidité  à  l'élégance, 
et  elles  donnent  lien  de  <aroire  que  les  paysans  italiens,  au 
xv^  siède,  étaient  mieux  logés  que  ne  le  sont  aujourd'hui  les 
bourgeois  d'une  fortune  médiocre  dans  les  pays  les  plus  pros<- 
pérants  de  l'Europe. 

De  plus,  cette  réunion  des  paysans  dans  des  villages  fortifiés 
qu'ils  nommaient  châteaux ,  leur  donnait  une  importance  et 


mille  tiabilants,  no  compte  plus  que  trente  habitants  dans  la  bonne  saison,  dix  dans  la 
mauvaise,  et  deux  ou  trois  femmes.  De  tous  les  côtés,  dans  les  campagnes,  à  dix 'milles 
de  disiancc,  il  n'y  a  pas  un  seul  habitant,  excepté  à  Porto,  ville  plus  désolée  encore 
que  ne  Test  Ostie; 


322  ^lSTOIRE  D£S   RÉPUBLIQUES  ITALIEIYNES 

des  droits  politiques  dont  ils  n'aaraieat  pu  jooir  eif  restant 
isolés.  Ils  étaient  chargés  de  la  défense  de  leur  pa^e  ;  et  le 
gouvernement  leur  avait  confié  pour  cela  des  armes,  un  ivé^v 
commun  et  une.  administration  régie  par  de.s  magistrats  de 
leur  choix.  Il  les  avait  ainsi  mis  en  état  de  se  défendre  contre 
un  ennemi  étranger  ;  mais  en  même  temps  il  leur  avait  dmipé 
les  moyens  de  repousser  les  entreprises  oppressives  de  tout 
autre  corps  de  Tétat. 

Tel  était  le  sort  de  cette  moitié  de  la  nation  italienne  qqi , 
par  son  travail,  faisait  ndtre  tous  les  fruits  de  la  terre.  Si  on 
le  compare  à  celui  des  paysans  de  la  France,  de  T Angleterre, 
de  TEspagne  et  de  TAllemagne,  à  la  même  époque,  sans  doute 
on  le  trouvera  infiniment  plus  heureux.  Les  pères  de  famille 
étaient  affranchis  de  tout  esclavage,  de  tout  vasselage  domes- 
tique. Ils  n  avaient  d  inquiétude  ni  sur  les  conditions  de  leur 
bail,  qui  demeurait  le  même  de  générations  en  générations, 
ni  sur  le  paiement  des  contributions  qui  ne  regardait  que  lem's 
maîtres,  ni  sur  celui  du  fermage  de  leurs  terres  qu*U§  acquit- 
taient en  nature.  Ils  pouvaient  sans  crainte  élever  leurs  en- 
fants dans  Vassurance  que  le  travail  leur  fournirait  toujours 
une  abondante  subsistance ,  et  si  leur  famille  ve^uait  à  s'#^ 
croître  au-delà  de  ce  que  la  culture  perfectionnée  de  kur  mé- 
tairie pourrait  employer  de  bras,  ils  voyaient  toujours  un  em- 
ploi, pour  cet  excès  de  population,  daçs  T armée,  .dans  te 
clergé,  et  dans  les  professions  mécaniques  des  villes. 

Tous  ceux  qui  travaillaient  aux  champs  vivaient  sur  une 
moitié  des  fruits  de  la  terre  ;  on  a  donc  lieu  de  croire  qu'ils 
formaient  eux-mêmes  au  moins  une  moitié  de  la  uaUon  * .  La 
partie  des  récoltes  que  les  métayers  remettaient  en  nature  à 

1  Cette  évalaatioD  n'est  pas  une  mesure  fixe,  mais  un  minimum.  Tout  le  blé  qui' est 
porté  au  marché  n'est  pas  nécessairement  consommé  dans  les  villes  ;  les  paysans  <yii  9» 
cultivent  que  des  vignobles  et  des  oliviers  en  rachèlent  une  grande  partie.  Celte  pro- 
poniorf  s'est  augmentée  depuis  que  les  vastes  terres  à  blé  des  Maren^atcs  ei  celles  de  la 
PouiUe  lont  abandonna  4  ta  d^olation.  ta  seule  partie  de  la  campagne  iuUeone  qfù 


DtT  MOTER   AGB.  323 

hnirs  midti«9,  était  consommée  dans  Tes  yilles,  et  elle  y  main- 
tenait une  antre  moitié  de  la  nation.  Mais  la  condition  de 

• 

cette  seconde  partie  du  peuple  était  bien  différente  de  ce 
qtt'eOe  est  anjourd^hni  :  an  lieu  de  languir  dans  la  fainéantise, 
faute  de  pouToir  trouver  un  emploi  pour  son  travail,  ou  faute 
d'avoir  conservé  ta  volonté  de  travailler  et  1*  habileté  dans 
nu  art  utUç ,  œtte  elasse  prodinsait  de»  vdeurs  commerciales 
avec  non  lamm  d'activité  que  la  preoûère  produisait  des  vaf* 
leurs  agricoles.  L'Italie  était  encore  le  pays  de  l'Europe  le 
plus  riche  en  manufactures  :  les  soies  qu'elle  fournit  en  si 
gtande  abondance,  les  laines^  le  lin,  le  chanvre ,  lés  pellete- 
ries, les  métaux,  l'alun,  le  soufre,  le  bitume,  tous  les  produits 
bruts  de  la  terre  qui  doivent  reoevM*  du  travail  de  l'homme 
une  nouvelle  préparation  avant  d'être  employés  à  son  usage, 
obtenaient  ce  dermer  fini  en  Italie,  et  par  des  mains  italien- 
nes, avant  d'être  livrés  à  la  consommation  intérieure  ou  étran- 
gère. Mais  les  maUèies  premières  fournies  par  l'Italie  ne 
suffisaient  pas  aux  ateliers  italiens;  et  c'était  une  des  fonctions 
importantes  du  commerce  que  d'en  rassembler  de  nouvelles 
sur  les  cdtes  de  la  mer  Noire ,  en  Afrique ,  en  Espagne  et 
dans  les  pays  du  nord ,  tout  eoBame  le  commerce  les  distri- 

■ 

buait  (MEisuite  au  loin,  après  quun  travail  italien  ea  avait 
augmenti^  la  valeur.  Ce  travail  était  l'objet  d'une  oonstante 
d^nande  :  fl  suffisait  au  pauvre  d'apporter  ses  bras  au  mar- 
ché ;  il  était  toujours  sûr  d'y  trouver  des  eatrepreneufrs  prêts 
à  les  mettre  à  l'ouvrage,  et  à  le  récompenser  en  proportion  de 
son  habileté. 

Le  géme  des  artistes  ne  doit  sans  doute  pas  êbre  dmlonchi 
avee  le  travail  mécanique  des  manouvriers  :  mais  les  af  ta 

8oii  aussi  peuplée  qu'elle  Tétait  au  xv*  siôcie ,  est  celle  qui  rachète  les  blés  portés  au 
iftarché;  Ut  diàiinutioa  de  la  culture  des  grains,  dans  les  pays  aujourd'hui  déserts ,  a  été 
proportiQonée  à  ia  dépopulatioa  des  villes  ;  aussi  quelques  économistes  prétendeiit-fls 
qu'aujourd'hui  les- quatre  cinquièmes  de  la  nation  itaiieane  apparlieaaent  à  la  classe  des 
ettltraleurs. 

21* 


324  HISTOIRE   DES  RÉPUBLIQUES  ITALIE1Ï19ES 

étaient  aussi  une  carrière  profitable  ;  et  même  sous  le  poiot  de 
Tue  de  re'conomie  politique,  il  ne  faut  pas  oublier  que  le 
môme  pays  qiii  possédait  les  plus  nombreuses  papeteries  et 
les  imprimeries  les  plus  actives,  possédait  aussi  le  plus  grâiid 
aombre  de  (3es  savants  dont  les  livres  devenaient  un  objet  de 
commerce  dans  toute  1*  Europe  ;  que,  non  loin  des  carrières  de 
marbre  blanc  de  Carrare ,  on  des  fonderies  des  Haremmes, 
étaient  les  ateliers  de  statuaire  des  Bbnatelli  et  des  Ghiberti, 
ou  la  coupole  admirable  de  Sainte- Marie  Beparata ,  ouvrage 
de  Brunelleschî,  à  Florence;  et  qu'à  côté  des  ouvriers  qui  tra- 
vaillaient la  toile,  les  pinceaux  et  les  couleurs,  on  voyait  naître 
les  Massaccio,  lesGbirlàndaio,  et  tous  les  fondateurs  des  écoles 
de  peinture.  Ainsi  tous  les  travaux  prospéraient  à  la  fois,  de- 
puis celui  du  tisserand  y  condanuié  à  une  opération  toujours 
uniforme,  jusqu'à  celui  de  l'artiste  qui  devait  faire  la  gloire 
de  son  pays.  Dès  lors  le  père  de  fainille  qui  ne  léguait  à  ses 
enfants  que  de  la  santé,  de  l'activité  et  du  courage  pour  toot 
entreprendre ,  les  lançait  sans  crainte  dans  la  carrière  de  la 
vie. 

Le  commerce  italien  attendait ,  et  payait  souvent  d'^âvance 
tous  ces  produits  de  T industrie  italienne ,  pour  lés  distribuer 
ensuite  aux  diverses  nations  de  la  terre.  Le  temps  n'était  {ias 
encore  venu  où  les  princes',  jaloux  de  1  indépendance  de  ces 
hommes  qui  peuvent  soustraire  avec  facilité  leur  fortune  à  la 
tyrannie,  armèrent  toutes  les  vanités  contre  l'activité  et  fin- 
dustrie  mercantiles.  Les  ultramontains  n'avaient  pas  encore 
easeigné  aux  Italiens  que  le  commerce  dérogeait  à  la  noblesse; 
et  les  familles  les  plus  illustres  de  Florence ,  de  Venise ,  de 
Gènes ,  de  Lucques  et  de  Bologne  fournissaient  des  chefs  aux 
maisons  de  commerce ,  en  même  temps  que  des  cardinaux  à 
rÊglise  et  des  grands-prieurs  à  l'ordre  de  Malte.  Tandis  que 
les  hommes  les  plus  considérés  de  la  nation  mettaient  le  tra- 
vail en  honneur,  en  donnant  eux-mêmes  rexemple  de  l'acti- 


ou   VLOYZS   AGE.  325 

Yité  i  qoMIs  enseignaient  à  considérer  T  oisiveté  comme  un  vice, 
comme  un  déshonneur,  et  comme  un  délit  contre  la  société  ; 
un  comioerce  qui  embrassait  la  moitié  du  monde  alors  connu 
Iqs  formait  eux-mêmes  à  la  dextérité  des  habiles  négociateurs, 
aux  connaissances  positives  des  législateurs ,  et  leur  donnait 
occasion  d'étudier  les  éléments  de  la  prospérité  publique  qu  ils 
devaient,  conserver  et  accroître  dans  leur  administi;ation. 
D'autre  part,  des  négociants,  tirés  d'un  ordre  aussi  relevé  de 
la  société,  s'accoutumaient  à  porter  dans  leur  commerce  plus 
de  loyauté ,  des  sentiments  plus  libéraux,  des  connaissances 
plus  variées.  L'esprit  appliqué  tour  à  tour  aux  affaires  pu- 
bliques et  aux  affaires  privées,  en  acquérait  plus  de  souplessCi 
et  s'acquittait  mieux  de  Tune  et  de  l'autre  de  ses  fonctions. 

La  quantité  de  travail  qu'une  naUon  peut  faire,  la  subsis- 
tance qu'elle  peut  se  procurer,  et  la  population  qu'elle  peut 
nourrir,  se  mesurent  toujours  sur  la  quantité  de  capitaux 
dont  elle  dispose.  Or,  le  capital  productif  qui  appartenait  aux 
Italiens  au  xv°  siècle,  égalait  peut-être  celui  de  toutes  les  au- 
tres nations  de  l'Europe  réunies;  et  ce  capital,  confié  à  des 
maiqs  économes  et  industrieuses ,  n'était  jamais  laissé  oisif. 
Aujourd'hui  le  revenu  annuel  de  l'Italie  consiste  presque  uni- 
quement dans  cette  moitié  du  produit  des  terres,  que.  les  mé- 
tayers remettent  en  nature  aux  propriétaires,  et  que  ceux-ci, 
par  eux-mêmes  on  par  leurs  divers  salariés,  consomment  dans 
l'oiiâveté.  Au  xv®  siècle  il  y  avait  parmi  les  propriétaires  des 
terres,  un  grand  nombre  de  négociants,  qui  ajoutaient  chaque 
ai^née  à  leurs  «capitaux  productifs  la  partia  souvent  très  cou- 
âidérable  des  revenus  de  leurs  possessions ,  qu'ils  ne  consorn* 
Qiaieut  pas  oisivement.  Ils  augmentaient  ainsi  sans  cesse  des 
capitaux  dont  le  revenu  annuel  surpassait  peut-être  de  beau- 
coup celui  des  terres,  Upe.pqpulatîou  plus  noxnbj:euse  ppuyalt 
donc  viv^e  sur,  le  même  terrain  avec  uae  aisance  ,bQaucou{>. 
plu^  grande.  Tandis  qu'au jourd'liui  que  partie  considérable 


Î36  HISTOIRE  DES  RjÉPUBLIQUES   ITALIEHNES 

des  soles  et  des  huiles  de  l'Italie,  et  même  de  son  blé,  sont 
échangés  contre  des  objets  de  luie;  alors  les  objets  de  luie 
^esque  seuls  étaient  échangés  contre  de  nouTcanx  blés.  Ào- 
onne  limite  n^arrétait  les  spéculations  du  négociant,  qui  voyait 
s- accroître  sans  cesse  le  fonds  avec  lequel  il  les  entreprenait  : 
le  pauvre  était  riche  de  son  travail;  le  riche  avait  la  certitude 
d^  augmenter  sa  fortune  par  une  activité  nouvelle  :  Fun  et 
r  autre  pouvMcnt  sans  crainte  voir  croître  une  famille  qui 
tt* avait  rien  à  redouter  de  la  misère. 

Au  moment  où  r  Italie  sortait  à  peine  d^  la  barbarie ,  nom 
avons  fait  remarquer  la  maftiëre  glorieuse  dont  elle  se  présen- 
tait dans  la  carrière  des  lettres  ^  dos  4i^«  Mais  au  xv*  siècle 
rhistoire  littéraire  et  f  histoire  d«s  arts  ne  sont  pas  mmns 
importantes  que  Thistoire  poiltiqu^e  èlle^mlëme  ;  il  faut  donc 
les  abandonner  à  eeor  t[tii  en  ont  ïiaft  Viobjef  d'une  étude  par- 
fidttlière.  Sans  ûa  laytrerèti^ragev^'aii^^ésenté  en  raccourci  mi 
tableau  de  l|i;  lïlt^aturé  i<t^iieiln0y  i^ùdis  qu'une  hkfoire 
complète  de  èette  iinémè  littéi^tiaré:  ét^^^  par  tm  des 

plus  illustres  écrivaitiÉ  die  là  Fr^hoe.  Plusieurs  autres  <Hit  traeé 
les  admirables  progrès  dé  TaroMteofure,  dé  la  sculpture  et  de 
la  peinture  :  on  ne  saurait  ici  ni  en  parler  dignement  en  pea 
de  mots,  ni  en  parler  à  fond,  sans  sortir  de  Tunité  d*un  sujet 
historique.  Ce  n*est  donc  que  comme  preuve  nouvelle  de  eetfe 
prospérité,  de  ce  sentiment  de  repos  et  de  bonheur,  répandus 
dans  la  nation  au  xv*  sièele ,  que  j*en  appellerai  au  progrès 
rapide  des  arts.  Sans  doute  lorsqu'ils  furent  parvenus  à  lear 
entier  développement,  lorsque  des  hommes  tels  que  Michel- 
Ange,  Baphaël ,  Titien ,  eurent  été  formés,  les  arts  se  soutin- 
rent an  XVI®  siècle  ;  ils  brillèrent  même  d'un  plus  grand  éclat 
encore  au  milieu  des  plus  effroyables  calamités.  Les  malheurs 
n'éteignent  pas  toujours  le  génie ^  mais  il  faut  un  état  de  sé- 
curité et  de  jouissance  de  la  vie ,  pour  allumer  la  première 
fois  son  flambeau.  Il  Caut  qu'une  natipn  regarde  le  présent 


M?Hiai.. 


V 


DU    MOTEIT   AGE.  327 

avec  confiance  et  ravenir  sans  crainte,  pour  ({li'ene  associe 
anx  plaisirs  fugitifs  de  1*  aisance  la  pompe  éternelle  des  beaux- 
arts. 

Les  monuments  dont  F  Italie  se  couvrit  au  xV*  siècle  n'in- 
diquent donc  pas  seulement  qu'un  sentiment  délicat  du  beau 
dirigea  le  ciseau,  le  pinceau  ou  Téquerre  de  ses  sculpteurs,  de 
ses(  peintres  et  de  ses  architectes  illustres;  F  ensemble  de  ces 
monuments  fait  encore  connaître  une  nation  pleine  de  confiance 
dans  sa  force ,  d'espérance  dans  son  avenir,  dé  satisfaction 
pour  ses  succès  passés.  Ses  temples  surpassent  infiniment  en 
magnificence  et  en  solidité  tous  les  plus  célèbres  de  la  Grèce; 
les  palais  de  ses  citoyens  remportent  par  leur  étendue,  par 
l'épaisseur  colossale  de  leurs  murailles,  sur  ceux  des  empereurs 
l'Otnains;  les  plus  simples  de  ses  maisons  portent  un  caractère 
de  force,  d'aisance  et  de  commodité.  Lorsqu'au jourd'hui  on 
pïircourt  ces  cités  de  Y  Italie ,  toutes  à  moitié  désertes ,  toutes 
déchues  de  leur  anciennne  opulence;  lorsqu'on  entre  dans  ces 
temples  que  la  foule  ne  peut  remplir,  même  dans  les  plus 
grandes  solennités  ;  lorsqu'on  visite  ces  palais  dont  les  pro- 
priétaires occupent  à  peine  la  dixième  partie;  lorsqu  on  re- 
marque les  panneaux  brisés  de  ces  fenêtres  construites  avec 
tant  d*élégance,  l'herbe  qui  croît  au  pied  des  murs,  le  silence 
de  Ces  vastes  demeures,  la  pauvreté  des  habitants  qu'on  en 
voit  sortir,  la  démarche  lente,  l'air  inoccupé  de  tous  ceux  qm' 
traven^nt  les  rues,  et  les  mendiants  qui  semblent  former' 
seuls  la  moitié  de  la  population  ;  Ton  sent  que  de  telles  villes 
ont  été  bâties  par  un  autre  peuple  que  celui  qu'on  j  voit  au- 
jourd'hui, qu'elles  sont  le  produit  de  la  vie,  et  que  la  mort 
en  a  hérité;  qu'elles  ont  appartenu  à  l'opulence,  et  que  la 
mteère  est  venue  ensuite;  qu'elles  sont  l'ouvrage  tfun  grand 
peuple,  et  que  ce  grand  peuple  ne  se  trouve  plus  nulle  parti 

Le  luxe  des  rois  peut  quelquefois  créer  une  capitale  magni*^ 
fiqne ,  lors  même  que  leu?  nation  esjt  encore  misérable  ou 


3L2&  HISTOIRE  DES  EJ^UBLIQIIES  ITALIENNES 

demi'i'bilirbare,  et  qu'elle  n'a  atioin  désir  de  prendre  sur  soa 
nécessaire  pour  s'entourer  d'une  pompe  dont  elle  ne  jouit  pas. 
Cest  Louis  XIV  et  non  la  Franee,  Frédéric  et  non  la  Prusse, 
Pierre  ou  Catherine  et  non  la  Bussie,  qu'on  voit  dans  les  pa- 
lais de  Paris,  de  Berlin ,  de  Pétersbourg  ;  aussi  les  proyinces 
reculées  étaient-elles,  à  l'époque  de  ces  constructions,  d'autant 
plus  misérables ,  que  ces  capitales  étaient  plus  somptueuses. 
Mais  la  richesse  et  l'él^ance  de  l'architecture  italienne  sont 
spontanées  ;  on  lui  trouve  dans  les  villages  le  m^ne  caractère 
que  dans  les  villes  :  partout  elle  est  supérieure  à  la  condition 
des  propriétaires  actuels,  partout  elle  leur  offre  des  habitations 
plus  vastes  et  plus  commodes  que  celles  que  la  même  classe 
de  la  société  occupe  dans  des  pays  réputés  aujourd'hui  très 
prospérants.  Les  bourgades  sans  illustration  d'Uzzano ,  de 
Buggiano,  de  Montécatini,  situées  sur  le  penchant  des  collines 
du  Yal-de-PiTievole ,  si  elles  étaient  transportées  tout  entières 
au  milieu  des  plus  anciennes  villes  de  France,  de  Troyes,  de 
Sens,  de  Bourges,  en  formeraient  les  quartiers  les  mieux  bâtis; 
leurs  temples  seraient  faits  pour  orner  les  plus  grandes  villes. 
Lors  même  que  l'on  s'enfonce  dans  les  vallées  des  Apennins, 
loin  de  toute  grande  route,  de  tout  commerce,  de  l'abord  de 
tout  voyageur,  on  y  retrouve  encore  des  villages  où  aucune 
maison /nouvelle  n'a  été  bâtie  depuis  le  xv®  siècle,  où  aucune 
maison  ancienne  n'a  été  réparée,  tels  que  Pontito,  la  Schiappa 
ou  YeUano,  et  qui  cependant  sont  composés  uniquement  de 
maisons  de  pierre  et  de  ciment  à  plusieurs  étages,  et  d'une 
élégante  architecture. 

C'est  ainsi  que  l'Italie  presque  entière,  que  son  agriculture, 
que  ses  chemins,  que  l'aspect  donné  à  la  terre  par  les  mains 
de  l'homme ,  que  l'architecture  des  villes  et  celle  des  villages 
conservent  des  monuments  de  son  antique  opulence,  d'une 
prospérité  sentie  par  toutes  les  classes,  d'une  activité  d'esprit, 
d'un  zèle  d'eptreprises  qui  étaient  l'effet  et  qui  devenaient  dç 


PU  UOYXK   AOS.  329 


nouveau  k  eauRe  du  bonheur  mtioDd.  Celte  opuleuee,  malgré 
toutes  les  révolutions  dont  nous  avons  reèdu  ^xmifrte)  subsistait 
encore  à  la  fin  du  xv^  siècle.  Il  ne  nous  reste  plus  qu'à  voir 
par  quel  enchaînement  de  calamités  elle  fut  d^aruite,  et  par 
quelles  entraves  T esprit  de  la  nation  fttt  domptt^;  en  sorte 
que,  même  après  la  cessation  de  la  guerre,  même  après  la  fin 
de  tous  les  fléaux  qui  se  sucoédèrent  pendant  un  demi-siècle , 
le  retour  de  la  tranquillité,  la  jouissance  d'une  longue  paix,  h 
laquelle  les  autres  nations  de  TEurope  portaient  envie ,  n*ont 
pu  rendre  à  ritalie  qu'une  ombre  de  son  ancienne  félicité. 


^ 


—  " 


330  HISTOIRE  DES  BéPUBLIQITES  ITAtlEIinES 


iniriniiHtimmtitttiit»» 


CHAPITRE  XL 


Élection  d'Alexandre  Vi.  —  Projets  de  réforme  de  Jérème  Savonarole; 
vanité  de  Pierre  de  Médicis ,  nouveau  chef  de  la  république  florentine. 
—  Louis  Sforza  invite  Charles  VIII  à  faire  valoir  ses  droits  sur  le 
royaume  de  Naples  :  fermentation  de  toute  l'Italie;  Ferdinand  h' 
meurt  avant  d'être  attaqué. 


1492-1494. 


Les  croyances  religieuses  et  la  politique  contribuaient  à 
Fenvi  en  Italie  à  placer  le  pape  à  la  tète  de 'la  confédération 
d*états  indépendants,  entre  lesquels  cette  contrée  était  par- 
tagée. G* était  surtout  pendant  le  cours  du  xv®  siècle  que  les 
papes  avaient  élevé  leur  monarchie  temporelle  ;  ils  avaient 
réduit  la  ville  do  Rome  à  n*avoir  plus  qu'un  gouvernement 
municipal  :  ils  avaient  substitué  leur  propre  autorité  à  celle 
du  sénat  et  de  la  république  ;  et  depuis  la  conjuration  de  Sté- 
fano  Porcari,  ils  avaient  aboli  les  derniers  restes  de  la  liberté 
romaine.  Dans  les  provinces  voisines,  les  papes  avaient  tra* 
vaille  avec  ardeur  à  réduire  la  noblesse  feudataire  à  Fobéis» 
sance;  et  la  violence  avec  laquelle  les  deux  plus  puissantes  mai- 
sons avaient  été  persécutées,  celle  des  Golonna  par  Sixte  lY, 
et  celle  des  Orsini  par  Innocent  YIII,  au  eommenoement  de 


DO   MOYETT   AGE*  331 

son  pontificat,  les  araient  affaiblies  tontes  dent.  Presque 
ton*  les  petits  princes,  et  presque  toutes  les  tîIIcs  Mbres  si- 
tuées entre  Borne,  les  états  de  Florence  et  ceux  de  Venise, 
avaient  été  forcés  à  reconnaître  Fautèrîté  suprême  du  Saint- 
Siège.  Les  princes  de  Romagne  conservaient,  11  est  vrai,  leur 
souveraineté  sous  Tautorilé  de  l'Église;  maïs  ils  obéissaient 
avec  empressement  au  pape,  qu'ils  craignaient;  et  ils  lui  four- 
nissaient dans  toutes  ses  guerres  de  bons  capitaines  et  de  bons 
soldats.  Aussi  les  derniers  pontifes  s* étaient-ils  montrés  plus 
guerriers  que  prêtres,  et  l'importance  militaire  de  F  état  de 
rÉglise  avait-elle  été  mieux  sentie. 

IXailleura  le  pape,  suzerain  du  royaume  de  Naples,  direc- 
teur du  parti  guelfe  en  Lombardîe  et  en  Toscane,  et  chef  su- 
prême de  F  Église,  ne  mesurait  pas  sa  puissance  sur  la  seule 
ëfendue  des  états  soumis  à  sa  juridiction  immédiate.  Au-delà, 
et  à  une  grande  distance  de  ses  propres  frontières,  if  pouvait 
encore  gagner  des  créatures  sans  leur  donner  d* argent,  faire 
la  guerre  sans  soldats,  menacer  et  intimider  sans  forcés  réel- 
les.  Aussi  Fhistoire  des  papes  était-elle  peut-être  la  partie  la 
plufr  easéntielie  de  Thi^toire  d'Italie.  Les  révolutions  des  ré- 
publiques, comme  celles  des  monarchies,  se  trouvaient  con- 
stamment liées  à  celles  de  la  cour  pôntifrcale;  et  presque 
toutes- les  grandes  catastrophes  qui  devaient  ébranler  Fltafie 
avaient  été  préparées  par  les  intrigues  ou  les  passions  des 
prêtres. 

1 492f.  —  Le  commencement  de  la  dernière  période  de  la 
liberté  italienne,  à  laquelle  nous  sommes  parvenus,  le  but  de 
ta  longue  guerre  que  les  ultramontains  devaient  porter  dans 
toute  la  presqu'île,  fut  lui-même  un  moment  de  crise  pour  le 
pouvoir  pontifical  ;  car  c'est  alors  que  fut  élevé  sur  la  chaire 
de  saint  Pierre  le  plus  odieux,  le  plus  impudent,  le  plus  cri- 
minel (te  tous  ceux  qui  abusèrent  jamais  d'une  autorité  sa- 
crée pour  outrager  et  asservir  les  hcunmes.  Alexandre  Yi  fut 


332  HISTOIRE  DES  RÉPUliLIQLES  ITALIENliES 

• 

élu  pwr  succéder- à  Ittoooeàt  YIII.  L^  scandale  de  la  coor 
dç  RjQiiie»  toigoors  «roisMuit  depuis  oa  deiiii**riède  y  n»  poavtdt 
pas  arriver  à  un  excès  plus  réyoltant;  dès  lors  on  le  vit  dé- 
crpftre  par  degrés.  Attooii  éerivain  ecdésiastkfae  n'a  osé  dé- 
fendre la.  méjnoire  de  es  pape,  indigne  dn  nom  de  dirétien  ; 
et  Fopprobrç  dont  il  conTrit  TÉgiise  romaine  pendant  son 
règne  anéaatit  oe  respect  religieux  qui  protégeait  Tltalie  en- 
tière, et  la  Uym  aux  étrangers  eosnme  une  pr^e  plus  faeilë  à 
saisir. 

Innocent  YIII  était  mort. le  25  juillet  1492;  quelques  jours 
furent  oonsao'és,  selon  Tnsage,  à  ia  pompe  de  ses  fonéraffles^ 
et  le  6  août  suivant  les  ^cardinaux  e&trèarent  an  conclave  pour 
élire  son  successeur.  Us  se  trouvaient  réduits  au  nombre  de 
vingt-trois  ^  «  Chacun  d'eux  sentait  son  importance  s'accroître, 
cwune  il  vojatt  dimioner  le  nmbre  de  oeux  qui  avaient 
droit  à  siéger  duis  ce  sénat;  le  partoge  des  nchesses,  des  faon- 
neqrs,  des  ^principi^utés  dont  dispesait  l'Église,  leur  était  en 
graille  pfirtîe  attribué^  chacun,  en  raison  da  petit  nombre 
de  ses  eemp^teurs,  pouvait  réserver,  pour  lui-même  on  pour 
ses  créatures,  une  portion  plus  avantageuse  dans  cette  grande 
loterie.  Aussi,  malgré  rexpédence  de  Tinatilité  de  toutes>les 
couditims  imposées^  pendant  la  vacance  du  Saint-Siège,  par 
les  cqndaves  précédents  aux  papes  futurs,  les  cardinaux,  soi- 
gnant avant  tout  leurs  propres  intérêts,  ef  engagèrent-ils  par 
serment  à  ce  que  celui  d'entre  eux  qui  parvkndrait  à  la  tiare 
ne  .ferait  point  de  prapotion  nouvelle  sans  le  oonsentement 
de  leur  collège'^* 

Tous  les  vœux  sfi  trouvaient  d'accord  pour  eette  première 
résolution  qui.  pourvoyait  àl!  intérêt  de  to«s;  mais  dans  F  élec- 
tion d]uf^  nouveau  chef  de  l'É^e^  chacun  prêta  de  nouveau 

t 

1  Slefano  infesswa,Diario  Aomano,  T.  III.  Script,  rer.  liallcar.  T.  Il,  p.  124S.  — 
AnnaL  eccleslast.  Raynaldi.  1492,  $  22,  T.  MX  ,  p.  4i2.  ~  *  natjnatdi  Annal,  eccles. 
1192,  S  «•,  p.  414,  «  ^         ^    » 


Dt   ItOtJCR   AGB.  333 

Toreille  aox  conseils  de  son  ambition  priyëe  oa  de  bû  cupidité. 
Le  conclave  n'était  presque  composé  que  de  créatures  d'In- 
nocent YÏII  et  de  Sixte  IV  ;  et  des  hommes  élus  dans  ces 
temps  de  corruption  ne  pouvaient  être  doués  de  beaucoup  de 
désintéressement,  ni  de  sentiments  bien  éleyés.  Un  seul  d'en- 
tre eux,  Boderic  Borgia,  était  d'une  tréation  beaucoup  plus 
ancienne  ;  et  plus  il  avait  vieilli  dans  les  dignités  de  l'Église, 
plus  il  avait  pu  y  accumuler  de  riches^s.  Il  était  fils  d'une 
sœur  de  Galixte  III,  et  pour  complaire  à  cet  oncle  qui  l'avait 
adopté,  il  avait  quitté  son  nom  de  LenzuDli  pour  prendre  celui 
des  Borgia.  Très  jeune  encore,  il  avait  été  comblé  par  le  vieux 
Calixte  de  toutes  les  grâces  qu'un  pape  peot  accumuler  sur 
son  neveu  ;  c'était  à  lui  que  le  pontife  avait  résigné  son  pro- 
pre archevêché  de  Valence  en  Espagne;  il  l'avait  créé  cardinal- 
diacre  le  21  septembre  1456,  et  en  même  temps  il  lui  avait 
donné  la  fonction  lucrative  de  vioe-chancelier  de  F  Église. 
Sixte  IV,  qui  avait  employé  Roderie  Borgia  daus  plusieurs 
légations,  lui  avait  conféré  les  évêchés  d'Àlba  et  de  Porto. 
De  nouvelles  missions,  dans  lesquelles  Borgia  avait  fait  briller 
la  dextérité  de  son  esprit,  lui  avaient  valu  de  nouvelles  ré- 
compenses*; et  eu  1492  il  réunissait  les' revenus  de  trois 
archevêchés  en  Espagne,  et  d'un  grand  nombre  de  bénéfices 
ecclésiastiques  dans  toute  la  chrétienté.  Les  rtchesses  d'uti 
cardinal  ont  une  influence  presque  nécessaire  sur  lés  vœut 
de  ses  collègues  :  comme  il  ne  peut  garder  ses  bénéfices  en 
parvenant  au  pontificat,  il  est  naturel  qu'il  les  répartisse  en- 
tre ceux  qui  ont  le  plus  contribué  à  son  élection  ;  et  plus  il 
a  été  comblé  lui-même  des  faveurs  de  l'Église,  plus  il  peut 
en  distribuer  à  ses  partisans,  sans  exciter  les  déclamations  de 
personne*  Borgia,  pendant  près  d'un  deml^siècle  dé  prospé- 
rité, avait  amassé  des  trésors  immense;  et  la  nature  lui  avait 

*  OnofrlQ  Panv'mo^  VUe  <k*  Pontefifih  In  Aless,  F/,  p.  in,  •  .  s. 


334  HISTOIRE  DIS  HéVUBLIQUÊS  ITALIEIHKES 

eo  inéme  temps  aecordé  tons  les  talents  propres. à  en  faire 
usage  pour  seconder  son  ambition  ;  son  éloquence  était  facile, 
quoiqu  il  ne  fût  que  médiocrement  yersé  dans  les  lettres;  son 
esprit,  d'une  flexibilité  remarquable,  était  propre  à  toute 
.  chose  ;  n^ais  surtout  il  était  doué  du  talent  des  négociatioBS, 
et  d*une adresse  incomparable  pour  condmre  &  ses  fins  l'esprit 
de  ses  riyami^  *  • 

Borgta,  qi)e  ses  inunenses  richesses  et  son  ancienneté  dans 
le  coUége  des  cardinaui^  mettaient  au  premier  rang  entre  les 
candidats  pour  le  Saint-Siège,  paraissait,  aux  yeux  des  plus 
sages  même,  justifier  en  partie  ses  prétentions,  par  les  talents 
distingués  qu'il  avait  déjà  déployés  au  service  de  T Église.  Ce- 
pendant ses  mœurs  auraient  pu  motiver  de  fortes  objectioas 
oontre  lui.  Déjà,  sou^  le  pont^cat  de  Pie  II,  ses  débauches, 
plus  pardonnables  alors  à  cause  de  sa  jeunesse,  Taviiient  ei- 
posé  à  une  censure  publique  ^  ;  il  avait  depuis  pris  une  vm- 
tresse  nommée  Vauo«ia,  avec  laquelle  il  vivait  comité  si  elle 
eût  été  sa  femme  j  et  en  même  temps  il  l'avait  £ait  épousa*  à 
un  citoyen  romain.  U  avait  eu  d'elle  quatre  fils  et  une  filte, 
que  nous  verrous  ensuite  prendre  une  part  importante  aux 
affaires.  On  ne  trouvait  ni  dans  ses  manières  ni  dans  son  lan- 
gage la  retenue  d'un  homme  d'église.  Mais  le  libertinage  était 
déjà  monté  sur  le  trône  pontifical  avec  Sixte  IV  et  Inno- 
cent VIII,  et  le  sacré  consistoire  n'était  plus  composé  d'hom- 
mes assez  irréprochables  pour  que  les  vices  d^  Boderic  Borgia 
fussent  un  motif  suffisant  d'exclusion. 

Deux  rivaux  paraissaient  pouvoir  disputer  la  tiare  à  Bor- 
gia, savoir,  Ascagne  Sforza  et  Julien  de  la  Bovère  :  Asea- 
gne,  fils  du  grand  ï'rançois  Sforza,  duc  de  Milan,  était  oncle 
de  Jean  Galéaz,  qui  régnait  alors,  et  frère  de  Louis-le-Maure, 
qui,  au  nom  de  ce  duc,  gouvernait  la  Lombardie  :  il  avait 

^  Jaeobus  Volaierranust  Diarium  Bomanum,  T.  XXlfl,  Rer.  I(.  p.  i30.*-ilfiiiat  ecdet* 
itayn.  a92,S3&i  L.XIX,  p.  iil,-^  <  Ann(U.  cççUii,  4492,  $  '4i,  p.  4U. 


ou  MOYra  AOX.  835 


été  créé^  par  Sixte  lY,  cardioal^diacre  da  tiUre  des  Mii&to  Yito 
et  Moderto  ;  il  <  était,  après  Borgia,  Tua  des  oardioaux  les 
plus  riches  en  bénéfices  ecclésiastiques  ;  et  il  était  saotesu 
par  tout  le  crédit  de  son  frère  et  des  alliés  du  duché  de  Milan. 
Mais  après  avoir  fait  quelques  épreuves  infructueuses  de  la 
force  de  son  parti,  il  aima  mieux  vendre  son  adhésion  à  aoft 
rival  qu'être  vaincu  par  lui  ;  il  traita  avec  Borgia,  et  se  it 
promettre  la  place  de  vice-chancelier  qu'exerçait  celai-d  : 
m  retour,  il  lui  assura  toutes  ks  voix  ilont  il  disppsait  * . 

Julien  de  1&  Bovère,  fils  d  un  frère  de  Sixte  lY,  cftEâinal-^ 
prêtre  du  titre  de  Saiut-Pierre  ad  vinc^la^  était  l'autre  can- 
didat. Ses  talents  distingués,  et  le  rôle  important  qu'il  avait 
joué  pendant  le  pontificat  de  son  onde,  avaieiit  réuni  sur  lui 
plusieurs  suffrages  ;  mais  Boderic  Borgia,  en  répandant  l'ar- 
gent h  pleines  mains^  sut  gagner  ceux  qm  paraissaient  hésiter 
eneore.  Il  avait  envoyé,  chez  le  cardinal .  Asoagne  Sforza, 
quatre  mulets  chargés  d'argent,  sous  prétexte  de  les  mettre 
eu  s6];eté  peiadant  la  durée  du  eondave.  Ce^  argent  fut  em- 
pk^é  à  aoheter  les  conscienoes  incertaines.  La  vdix  du  car^ 
dioal-f  atriarcbe  de  Yenise  fut  payée  dnq  miiUe  ducats  ;  tou- 
tes les  autres  furent  mises  à  prix  de  la  même  manière  ^  ;  et  le 
samedi  matin,  1 1  aolit,  Boderic  Bor^  fut  pvociamé  pape  à 
la  majorité  des  deux  tiers  des  suffrages^  sous  le  nom  d'A- 
lexandre YP  • 

Qq  comiut  presque  aussitôt  à  quels  mardiés  honteux  le 
nouveau  pape  avait  du  son  élection^  car  om  lui  vit,  dans  les 
premiers  jours  qui  la  suivirent^  payer  les  primes  dont  il  était 
conveuu.  Il  transmit  au  cardinal  Ascagne  ^orza  sa  dignité 
lucrative  de  vice-chancelier  ;  il  céda  au  cardinal  Orsini  son 


^  JoseptU  tdpamoniU  Hist.  wbit  Medioiattt.  L.  V,  p.  6S3.  —  *  Stefano  Infessura^ 
DUtrio  RomcaiOj  p,  1214:—  >  AaiuU,  ecclen.  ii$'2,  p*  413*  Onelques  autres  indiquent 
eepeodam  un  jour  dififéreaL  Le  jouroai  de  Sienne  mei  rél9Ciîoa,ftu  lO  août  :  AUegrmo 
Allegmui,  T.  XXIU,  p.  8i«.  Onofrio  Panvino^  au  i«r. 


A 


3^6  HISIOIRS  DES  lUE^trfetlQDlSâ  ITALIENNES 

palaîB  à  Borne,  avec  les  deux  di&teauic  de  Monticdlo  et  éè 
Soriano;  il  donna  an  cardinal  Golonna  Tabbaye  de  Subbiaco 
a^ec  tous  ses  châteaux  ;  an  cardinal  de  Saint-Ange,  révdebé 
de  Porto,  avec  son  propre  mobilier,  qui  était  magnifique,  el 
sa  cave,  fournie  des  irins  les  plus  exquis;  au  cardinal  de 
Parme,  la  ville  de  Ncpi  ;  à  celui  de  Gènes,  T église  de  Sainte* 
Marie  in  Fia  toto;  au  cardinal  Savelli,  F  église  deSaiute^^Marie* 
Majeure ,  et  la  ville  de  attà-Gastellano  ;  les  autres  furent  ré- 
compensés  en  argent  comptant.  Il  n'y  en  eut  que  cinq,  à  la 
tète  desquels  on  plaça  Julien  d^a  Rovère  et  son  cousin  Ba* 
phaël  Biario,  qui  n'eussent  pas  consenti  à  vendre  leurs  suf* 
f rages  ^ 

Les  Bomains  célébrèrent  l'élection  d'Alesandre  YI  par  des 
fêtes  qui  auraient.été  plus  convenables  pour  le  couronnement 
d'un  jeune  conquérant  que  pour  celui  vd'un  vieux  pontife.  Ou 
eût  dit  qne  le  peuple*roi  demandait  à  son  nouveau  souverain 
de  ramener  sous  son  empire  les  nations  autrefois  soumises 
par  ses  armes.  La  plupart  des  inscriptions  qui  décoraient  les 
maisons  romaines,  jouaient  sur  le  nom  d'Alexandre  qu'avait 
choisi  Borgia  ;  si  elles  rappelaient  de  quelque  manière  la  reli- 
gion dont  il  était  pontife,  c'était  en  promettant  au  nouvel 
Alexandre  des  victoires  d'autant  plus  brillantes,  qu'il  était 
un  Dieu  et  non  plus  un  héros  ^.  Cet  excès  d'adulation  ne  fut 
point  immédiatement  démenti  par  les  faits.  Une  effroyable 
anarchie  avait  été  la  conséquence  du  règne  vénal  et  effénaué 
d'Innocent  YIII  ;  elle  s'était  encore  accrue  pendant  la  létliar- 
gie  de  ce  pontife  :  deux  cent  vingt  citoyens  romains  avaient 
été  assassinés  depuis  la  dernière  crise  dç  sa  maladie  jusqu'à 

t  Stefùno  Infeuurn ,  Mar.  9ùm,  p.  1244.  —  Fr,  Guieciardini ,  Lib.  I,  p.  4.  —  Isi,  di 
Gtov.  Cambl  DeiU.  EnuL  T.  XXI,  p.  7i. 

*  CoMarft»  wtogmi  fuit,  nune  Borna  est  ntaxbntty  ttxtm 

tuçaot  Akxmden  tUe  vir,  Ute  SMu. 

BfhtiHa  peirf  PelphinU  L.  m,  Kp.  38.  —  naynoMi  Annal»  wcUê,  S  27,  p.  4i4« 


âàffiort*.  Alexandre  YI,  qui  youlait  régtl^r,  et  gui  savait  se 
foire  cndiidre,  imt  aussitôt  an  terme  à  ce  désordre,  et  rendit 
la  sûreté  aux  roes  de  Borne.  Le  senl  cardinal  de  la  Bovère  ne 
se  laissa  point  sédoire  par  ce  calme  apparent  ;  Fapostat  espa- 
gnol, le  Marrano,  comme  il  appelait  Borgia^,  ne  poayait  lui 
inspirer  ancnne  confiance.  Il  s' enferma 'dans  le  chàtean  d'Os- 
tiejosqn^au  moment  où  il  crut  plus  pmdent|âe  s'éloigner 
davantage  encolle;  et  il  n'assista  point  aux  fêtes  scandaleuses 
par  lesquelles  le  pape  célébra,  dans  son  propre  palais,  le  ma- 
riage de  sa  fille  Lucrezia  avel(  Jean,  fils  de  Gonstanzo  Sforza, 
seigneur  de  Pesaro '. 

Le  moment  où  l'Église  romaine,  dégradée  par  les  vices  de 
quelques  chefs  du  clergé,  venait  de  mettre  sur  le  trône  un 
pontife  dont  elle  devait  rougir,  ne  pouvait  manquer  d'être 
marqué  par  les  tentatives  de  réforme  de  ceux  qui,  plus  sin- 
cères dans  leur  foi,  cherchaient  dans  la  religion  uu  appui  à 
la  morale,  et  qui  entrevoyaient  les  funestes  conséquences  de 
l'exemple  donné  à  toute  la  chrétienté  par  un  pape  adultère, 
peut-être  même  incestueux.  Le  sentiment  religieux  avait  en- 
core trop  ^e  ferveur  et  dp  vérité  à  la  fin  du  xv®  siècle,  et  au 
commencement  du  xvi®,  pour  que  de  grands  scandales  dans 
l'Église  n'amenassent  pas  de  grandes  révolutions.  Ceux  qu'une 
iàdigùationr  vertueuse  éloignait  d'un  Sixte  lY,  d'uu  Inno- 
cent Vin,  d'un  Alexandre  VI,  n'en  demeuraient  pas  moins 
chrétiens;  ils  n'en  étaient  pas  moins  attachés  à  l'Église  que 
quelques-uns  de  ses  chefs  déshonoraient  *  ils  attribuaient  tous 
les  vices  aux  hommes  et  non  au  système  ;  et  plus*ils  voyaient 
de  désordres  et  de  scandales,  plus  ils  se  faisaient  un  devoir 
de  chasser  l'abomination  du  sanctuaire;  plus  ils  étaient  prêts 


1  Stefano  Infexsura,  p.  1944.  —  *  Les  Espagnols  appéHent  Uammot  les  Maures  con- 
Tortis  ;  peu  d'Kspagnols  échappaient  «lors'A  ee  reproche  4'apoitaaie.  -*  >  i.e  mariage  de 
LQcréce  Borgia  fut  célébré  le  9  et  le  10  juin  (499.  infesswrot  Dittrlo  Rçmano,  p.  i'iifi« 
^AUegrctto  Aileg.  p.  8Î7, 

VU.  :^!^ 


338  HISTOIRE  DES  BEPUBLIQUES  ITALifillNES 

à  comprom^tce  leixr  TÎe  pour  une  réforme  qu'ils  regordaieat 
cojaime  Fœuyre  da  Seigneur. 

Le  scandale  de  la  cour  de  Ronpie  n'était  cependant  encore 
connu  qu'imparfaitement  au-delà  des  Alpes*  Avant  les  guerres 
des  ultramontains  en  Italie,  un  respect  profond  couvrait  d'ua 
voilç  impénétrable  le  palais  de  Saint-^ieçre  à  Rome,  et  il 
n'eût  guère  ét^  possible  aux  réformateurs  qui  levèrent  plus, 
tard  l'étendard  dç  la  rébellion  contre  l'Église  romaine  d*ac- 
complir  leur  ouvrage  en  Allemagne  et  çn  France,  qu'après  le. 
mélangç  des  cations.  La  même  fdtreprise  devait  èjUre  teintée 
plus  tôt  en  Italie,  où  les  abus  étaient  plus  tôt  çonijius  d,e  tous  ; 
elle  devait  recevoir  un  autre  caractère  du  peuple  i^ème  qui 
commençait  la  réforme  ;  die  devait  éclater  chez  Içs  Italiens 
avec  plus  d'entho^usiasme,  elle  devait  parler  davajjitç^e  à  Ti- 
magination  et  au  cœur,'  elle  devait  emprunter  moins  de  se- 
cours à  la  philosophie,  et  être  marquée  ||>eut-étre  par  une 
nioins  grande  indépendance  d'opinions  religieuse^;  mais  en 
revanche  elle  devait  s'allier  davantage  à  la  politique.  L'ordre 
civil  et  l'ordre  religieux  avaient  été  en  Italie  ^aleme^t  cor- 
rompus, tandis  que  les  principes  constitutifs  de  l'un  et  de  l'autre 
avaient  été  également  approfondis  j^r  une  longue  étu^e  :  l,e 
réformateur  devait  entreprendre  de  porter  la  main  à  tous  les 
deux  en  mèi^e  temps.  Ces  causes  déterminèrent  e^  effet  le.  ca- 
ractère et  les  desseins  de  Jérôme  Sayoï^arole,  et  ce  précurseur 
de  Luther  différa  de  lui  autant  qu'un  ItaUen  devait  4^férer 
d'un  Allemand. 
Jérôme-François  Savonarole  était  d'une  illustre  famiUç  ori- 
,  ginaire  de  Padoue,  mais  appelée  à  Ferrare  pa^r  le  marquis  Ni- 
;  colas  d'Esté.  U  naquit  dans  cette  dernière  ville  le  21  septem- 
bre 1452,  de  Nicolas  Savonarole  et  d'Annalena  Bonaccorsi 
de  If  antoue  ^  •  Distingué  de  bonne  heure  dans  ses  études,  qui 

f  ùeUa  ttaria  e  deite  geata  del  Padre  Gipoiamo  Savonarola,  Libri  iV,  dedieaH  a  P. 
UopùUio.  Uf orno ,  tff3,  !•,  Ub.  I,  $  s,  p.  %, 


DU  MOTElt   A68.  '4Z9. 

a^nieut  ea  gurtootla  théologie  ponr  objet ,  il  ae  dérobi^  A  sa 
fiimille  à  F  âge  de  vii^gt-trois  ans,  et  ç'enfait  dans  le  cloître  des 
religieux  dominicains  de  Bologne;  il  y  fit  profession  le  23  ayril 
1475,  avec  une  £eryeur  religieuse,. une  humilité  et  un  désir 
de  pénitence  qui  ne  se  démentirent  jamai$  * .  Bientôt  ses  supé*- 
rieqrs,  recomiaisçant  1^  tal^atç  di^tiogués  du  jeune  domini- 
Q^,  le  de8tiil^{?i|t  à  donneç  des  leçons  publiques  de  philo-, 
soj^ie.  Savonarple,  appel0  aipsi  à  parler  en  public,  avait  à 
Iw^  çmtc^  les  dé{m|s  de  son  organe,  faible  et  dur  en  même 
t^qins,  contre  la  maqTftise  g^ce  de  w  déclamation  et  contre 
Ta^tlçmçpt  de  ses  foc^  physiques ,  épuisées  par  unp  absti- 
oep^çe  trop  séyèrç. 

On  admira  rén\4ltlo^d^  APtivequ  prufe^seup,  mais  on  né- 
gligea l^  f^^icKlcsir  lQf9qp(^  te  m^m  hoo^mç  essaya  de  mon- 
ter efi  chaire;  et  Toq  Qe  pré^çyait  guère  alors  le  pouvoir  que 
spn  éloquence  deyaîl;  biput^t  46q!iénr  sur  un  {dus  nombreux 
auditoire  ^.  La  fçree  du  talent  et  celle  de  hi  volonté  triomphé- 
r^t  4®  tous  çps  Qbstacles  ;  Savonarole  acquit  dans  la  retraite 
les  avantages  que  la  natuire  paraissait  lui  avoir  refusés.  Ceux 
qiii  avaient  été  cboqués  de  sa  récitation  en  1 482  purent  à  peine 
le  reconnaître,  Iprsqu^en  I4ii9  ils  l'entendirent  moduler  à  son 
gré  UQC  yoéx  harmonieuse  et  forte,  et  la  soutenir  par  i^ne  dé- 
clamation nqble,  imposante  et  gradeuse  ^.  Le  prédicateur 
lai-méme,  craignant  de  s'eppcgueillir  des  efforUi  quil  avait 
faits  pour  se  perfectionner,  rapporta  au  ciel  ses  progrès  par 
humilité  chrétienne,  et  regarda  sa  propre  métamorpliose 
coi^me  un  premier  miracle  qui  prouvait  sa  mission  divine. 

C'était  dans  Tannée  1483  qqe  ga^vonc^role  avait  cru  sentir 
en  lui-milm^  ç^tte  iinpalsion  secrète  et  propbétiqqe  qui  le  dé- 
signait coo^ime  réformateur  de  F  j^li^^e,  et  qui  l'appelait  à  prê- 
cher aif  X  c|ir^tiens  la  repentaucei  en  lejCf  r  dénonçwt  par  avancîe 

1  nia  di  Savonaroia,  Uh.  1,  S  3,  p.  s.  —  *  Ibid,  Anao  <I78.  S  9,  ]}*  13.— Anno  (482, 
S 11,  p.  15.  —  >  Fila  di  SavonarQla.  S  l»,  p.  n,  '  ^  >> 

^2' 


340  HISTOIRE  DBfi  lÙSPtmLIQUBS  ITALtEIÏIIES 

les  cakmitég  4ont  l'état  et  l'Église  étaient  égalemwtmaiiBoés. 
Il  commença  en  1484,  à  Brescia,  sa  prédiealâoEi  âar  r-Apoca- 
lypse ,  et  il  annonça  à  ses  aïiditeôrfi  que  l^rs  mors  seraîenl 
un  joar  baignés  par  des  torrents  de  sang.  Cette  menace  parut 
recevoir  son  accomplissement  deux  ans  après  la  mort  de  ^Sa-^ 
Tonarole ,  lorsqu*en  1 500  les  Français,  soud  les  ordres  du  duc 
de  Nemours,  s'emparèrent  de  Brescia  et  en  livrèrent  les  habi* 
tants  à  un  affreux  massacre  *  •  En  1 489,  Savonarole  se  rendit 
à  pied  à  Florence;  il  y  fixa  sa  résidence  dans  le  couvent  de  son 
ordre,  b&ti  sous  T invocation  de  saint  Marc  :  c'âait  là  qu'il 
devait,  pendant  huit  ans,  continuer  à  prêcher  lu  rayonne  jus-- 
qu'au  moment  où  il  fut  livré  au  supplice,  comme  ses  disci-' 
pies  assurent  qu'il  l'avait  prédit  lui-même. 

Cette  réforme,  que  Savonarole  reomimandait  comme  une 
œuvre  de  pénitepce  pour  détourner  les  calamités  qu'il  disait 
prêtes  à  fondre  sur  l'Italie,  devait  changer  les  mœurs  du  monde 
chrétien  et  non  sa  foi.  Savonaeole  croyait  la  disdpline  de  l'É- 
glise eorr6mpue,il  croyait  les  pasteurs  des  âmes  infidèles,  mais 
il  ne  s'était  jamais  permis  d'élever  un  doute  sur  les  dogmes 
que  professait  cette  Église,  où  de  les  soumettre  à  l'exam^^ 
La  nature  même  de  son  enthousiasme  ne  devait  pas  le  lui  per^ 
mettre;  ce  n'était  pas  au  nom  de  la  raison  qu'il  attaquait 
l'ordre,  mais  au  nom  d'une  iifêpiration  qu'il  croyait  ssrna- 
turelle  j  ce  n'était  pas  par  un  examen  logique,  mais  par  des 
prophéties  et  des  miracles.  

La  hardiesse  de  son  esprit,  qui  s'était  arirètée  devant  l'au- 
torité de  l'Église,  avait  cependant  mesuré  avec  moins  de  res- 
pect les  autorités  temporelles.  Dans  toutce  qui  était  Touvra^e 
des  hommes,  il  voulait  qu'on  pût  reconnaître  pour  but  Futi- 
lité des  hommes,  et  poçr  règle  le  respect  de  irârs  droits.  La 
liberté  ne  lui  paraissait  guère  moins  sacrée  que  la  rdigion  ;  il 


DO  MOISII   AGE.  341 

H  ii^^[<iii^€C«ime  un  bien  mal  acquis,  et  qu'on  ne  pouvait  con- 
^  server  sans  renoncer  à  son  salut,  le  pouvoir  qu^un  prince  avait 
g  usurpé  en  s' élevant  dans  le  sdn  de  la  république.  Laurent  de 
pi  Hiédicis  était  à  ses  yeux  le  détenteur  illégitime  de  la  propriété 
,j  des  Florentins.  Malgré  les  invitations  réitérées  de  ce  chef  de 
,j  l'état,  il  ne  voulut  point  lui  rendre  visite,  ni  lui  témoigner 
^  anenne  défér^ace,  pour  ne  pas  être  censé  reconnaître  son  auto- 
^  rite  *  ;  et  lorsque  Laurent,  au  lit  de  mort,  appela  ce  oonfes- 
^,  seur  auprès  de  lui  pour  recevoir  de  ses  mains  l'absolution, 
Savonarole  lui  demanda  préalablement  s'il  avait  une  foi  en- 
tière dans  la  miséricorde  de  ]>ieu ,  et  le  moribond  déclara  la 
i  sentir  dans  son  cœur;  s'il  était  prêt  à  restituer  tout  le  bien 
qu'il  avait  illégitimement  acquis,  et  Laurent,  après  quel- 
que hésitation,  se  dédara  disposé  à  le  faire;  enfin ,  s'il  réta* 
bljrait  la  liberté  florentine  et  le  gouvernement  populaire  de  la 
république  ;  mais  Laureit  refusa  déddém^t  de  se  soumettre 
à  cette  oondition,  et  renvoya  Savonarole  sans  avoiï*  reçu  de 
Im  l'absolution  ^. 

Si  Savonarole  avait  cm  devoir  prêcher  à  Laurent  de  Hédieis 
la  restitution  de  l'anlorité  souveraine  à  Florence  comme  celle 
d'un  bien  mal  acquis ,  il  avedt  de  plus  fortes  raisons  encore 
pour  engager  Pierre  de  Médicis  à  se  démettre  de  cette  auto^ 
rite  que  odui-ci  n'avait  ni  la  force  ni  l'habileté  de  conserver. 
Berre,  Tainé  des  trois  fils  dé  Laurent,  n'avait  que  vingt-un 
ans  lorsque  son  père  mourut,  et  sa  prudence  n'égalait  pas 
même  ses  «inées.  Les  lois  fixaient,  à  Florence,  Tàge  oii  l'on 
pouvait  exercer  chaque  magistrature,  et  elles  avaient  en  gé- 
néral fort  reeulé  oatte  époque  2  les  conseils  dispensèrent  Pierre 
des  conditions  de  Tàge,  et  le  déclarèrent  propte  à  recevoir 
tous  les  honneurs ,  à  es^cer  toutes  les  magistratures  de  scn 
père  ^.  Cette  violation  de  la  constitution  était  une  conséquence 


1  Storia  di  F,  GfroUmù  Savonarola,  Lib.  I,  S  22,  p.  35.  —  <  ll/id.  lAb  I,  S  26,  p.  33. 
•  s  Scipione  Ammiralo,  Storia  FiorenL  Lib.  XXVf,  p.  187. 


342  HISTOIRE   DEB  RiPDBLIQUES  ITALIEIINES 

derasserrissementdeta  Seigneurie;  ihâis  elle  Hessà  les  Floren- 
tins auxquels  elle  montrait  lejongsoiis  lequel  11sétaiisnttonrt)%. 
Pierre,  passfonné  pour  les  plaisirs  de  la  jeunesse,  pour 
les  femmes,  pour  les  eierdces  du  corps  qui  pouraieift  le  ïkire 
brillci*  à  leurs  yeux,  n'occupait  plus  la  république  )|be  lies 
fêtes  et  dbs  divertissements  auxquels  tout  ioa  teinp^  était  koti- 
sacré.  Sa  taillé  était  au-dessus  de  la  ftibyënïie,  sa  poitrine  et 
très  épaules  étaient  fort  larges,  sa  forcé  et  son  aSrlesse  étaient 
remlir^uéblbs.  Il  rassemblait  à  l'entour  dé  M  les  plus  brillants 
joueurs  de  paume  de  tout^  l'Italie;  mais  il  ëttiit  plus  habile 
qu'eux  tbiis  dans  cet  exérdoe,  et  danâ  celix  de  la  luttB  et  de 
Téqùitation.Son  élocutioii  était  facile,  sa  prononciation  agréa- 
ble et  Èà  toix  barmoiiiëuse ,  tandis  que  soii  père  avait  tou- 
jours iiasiUé  par  une  donformatiou  défectueuse  dé  son  organe. 
Piore  avait  fait  |dGS  pn>grte  remarquables  dans  les  lettres 
l^ilééques  et  latine»  en  suiVant  les  leçons  d'Ange  Politien;  il 
àVait  de  là  facilité  potir  lm|[)toviser  en  vers  i  ^a  cônvlBHÂlibh 
était  agréable  et  variée,  mais  son  orgueil  éclatait  d'une  Ma- 
nière insultante  tbûtes  les  fôi§  qu'il  éprouvait  qdël^ûé  con- 
tradiction. Ce  vice  de  Mû  caràétèré  était  te  plus  démînaitt  ât 
tous  ;  il  avait  été  développé  en  lui  par  sa  tnèré  CîlaHce  et  sa 
feAime  Alfonàine,  toutes  deâx  dé  U  famille  Orsiiii  :  tes  prin- 
cesses romaines  lui  avaient  apporté  toute  Fàrrogance  dé  fisur 
maièon.  Il  prétendait  ^e  lA  république  fc^iit  ftVéuglttiTéiii 
8^  oi^dres,  et  cependant  il  regardait  déutthe  ali-d^ous  de  hit 
le  travail  d'étudier  lés  atfaires  pdblfqneft;  il  les  àbanddnnaii 
à  ses  familiers,  à  ses  Confidents,  et  siirtbtit  &  Pîèrrë  Bovizft)  dé 
Bibbiena,  frère  aiiié  de  ce  Bernard  que  DMh  X  fit  ensuite  car- 
dinal ,  et  qui  s' acquit  un  nom  dans  les  lettrés.  Pieriie  de  BiUUena 
avait  été  secrétaire  de  Laurent,  et  Médicis,  en  hli  accordant 
sa  confiance,  mettait  ce  ^balteriie,  né  danà  une  province  su- 
jette, au-dessus  des  anciens  magistrats  de  la  république  * . 

)  Jaeopo  Èardi,  Slorla  FiorMtina.  Lib.  I,  p.  15. 


DU   MOYEN   AOS.  343 

Moins  Pierre  de  Médiois  avait  dé  capacité  pour  gouyernér 
^état,  ptas  il  ressentait  de  défiance  de  ceux  qui  pouvaient 
prétendre  dans  la  république  à  un  rang  égal  au  sien.  Une 
àulré  braiiche  de  la  maison  de  Médicis  commençait  alors  à 
attiirelr  sûr  elle  Tattention  des  Florentins  :  c'étaient  les  pètits- 
fil  dé  Laurent,  frère  de  Gôme  F  ancien.  Lé  plus  jeune  des 
itètix  était  de  quatre  ans  plus  âgé  que  Pierre  ;  ils  avaient  suc- 
cédé à  la  richesse  que  leur  aïeul  avait  amassée  dans  le.  com- 
merce ;  mais  soit  qu  aucun  talent  distingué  ne  se  fût  développé 
danà  cette  branche  de  la  famille,  ou  que  ses  membres  se  crus- 
^nt  assez  honorés  par  leur  parenté  avec  les.  chefs  de  F  état, 
on  n  avàît  jamais  vu  ni  Pier-Francesco,  père  de  ces  jeunes 
^này  m  Laurent,  leur  aïeul,  prendre  part  aux  querelles  [M)- 
liti<|ues  de  Florence.  1493.  —  Pierre  découvrit  le  premier  deé 
rivaux  dans  ses  cousins  ;  il  les  fit  arrêter  au  mois  d* avril  1 493, 
et  mit  en  délibération  s*  il  ne  les  ferait  pa^  mourir  :  ses  amis 
obtinrent  avec  peine  qu*il  se  contentât  de  lés  faire  sortir  de 
la  vQle,  et  de  leur  assigner  pour  prison  leurs  deux  maisons 
de  campagne.  Mais  le  peuple  avait  regardé  leur  arrestation 
comme  tine  Violation  de  ses  droits  ;  leur  mise  eii  liberté  fut 
pt)ttr  lui  un  triomphe ,  il  les  accompagna  de  ses  abciamations 
et  de  ses  vœux  comme  ils  sortaient  de  là  ville,  et  il  fit  sentir 
tOQjottrs  plus  &  Pierre  que  toute  popularité  lui  échappait  ^ 

Peut-être  Pierre  aurait-il  plus  facilement  supprimé  ces  pré- 
iniers  Symptômes  de  fèrmentatioii ,  s  il  s'était  hâté  d'éloigner 
de  Florence  celui  qui  donnait  une  direction  à  Tesprit  populaire, 
en  rattachant  là  liberté  à  la  réforme  de  l'Église  et  des  mœurs. 
Mais  Jérôme  Savotoarole  ébranlait  tous  les  jours  un  nombreux 
auditdre  par  le  développement  des  prophéties  où  il  croyait 
^ir  l'annonce  de  la  mine  future  de  Florence.  Il  parlait  au 
peuple ,  au  nom  du  ciel ,  des  calamités  qui  le  menaçaient  ;  il 

^  Jaeopo  Hardi,  Sior,  Fior.  Lib.  1,  p.  16.  —  CommenlaH  di  FiUppo  dà'  KerU.  Lib.  Ul, 
P'  S8. 


1 


344  HISTOIHE  DES  BEPUBLIQUËS  ITALIEN »£S 

le  snq^pUaU  de  se  couYertir  :  il  peignait  suooesBltetoe&t  à-^es 
yeux  le  désordre  des  mœurs  privées,  et  les  {Hrogrès  da  hixe  el 
de  rimmoralité  dans  toutes  les  classes  de  citoyens ,  le  désordre 
de  rj^lise  et  la  corruption  de  ses  prélats,  le  désordre  de  Tétai 
et  la  tyrannie  de  ses  chefs  ;  il  invoquait  la  réfonne  de  tom 
ces  abus  ;  et  autant  son  imagination  était  brillante  et  enthoa* 
siaste  quand  il  parlait  des  intérêts  du  del ,  autant  sa  logique 
était  vigoureuse ,  et  son  éloquence  entraînante ,  quand  il  ré- 
glait les  intérêts  de  la  terre.  Déjà  les  citoyens  de  Florence  té* 
moignaient,  par  la  modestie  de  leurs  habits,  de  leurs  discomrs, 
de  leur  contenance,  qu'ils  avaient  embrassé  la  réforme  de  Sa- 
vonarole;  déjà  les  ifemmes  avaient  renoncé  à  leur  parure;  le 
changement  des  mœurs  était  frappant  dans  tonte  la  vflle ,  et 
il  était  facile  de  prévoir  que  rinstruction  politique  da  prédi« 
cateur  ne  ferait  pas  moins  d'impression  sur  ses  auditeurs  que 
son  instruction  mcnrale  ' . 

, .  Les  prédications  de  Savonarole  étaient  appuyées  par  la  me- 
nace de  calamités  nouvelles  et  effroyables  que  des  armées 
étrangères  devaient  qyporter  à  F  Italie  :  chaque  jour  en  effet 
ces  calamités  s'approchaient,  et  elles  commençaient  à  devenir 
visibles  à  tous  les  yeux.  Les  prétentions  de  la  maison  d'Anjou 
sur  le  royaume  de  Naples  avaient  troublé  Tltalie  pendant  un 
siècle  entier  ;.  ^a  sorte  qu'on  ^tait  accoutumé  à  tourner  ses  re* 
gards  du  côté  de  la  France ,  pour  y  diercher  le  signal  des 
orages  qui  menaçaient  de  détruire  la  paix;  Depms  vingt  ans 
le^  droits  de  la  maison  d'Aujou  avaient  été  transférés  au  roi  de 
France;  et  l'on  pouvait  prévoir  que  lorsque  le  jeune  prince 
qui  était  alors  sur  le  trdoe  serait  parvenu  à  F  âge  où  il  se 
croirait  propre  à  conduire  les  années,  la  gloire  des  conquérants 
pourrait  le  tenter.  On  sei^it  donc  depuis  longtemps  que  Fu- 


*  ComméHiari  iU  ser  FiUppo  de  ClerU,  V.  10,  p.  U.  —  Staria  di  Fr.  GiroL  Savonoroia. 


Qii  voisn  AGB*  345 

lUpiv  ^  pw«HHiM9.de  ritalio  était  nëeessoire,  pow  feiaoer  la 
porte  de  cetta  contrée  aux  oltramontaiM.  Cette  unfon  existait 
dap»  l6$. chartes  publiques;  elle  a^ait  entre  antres  été  oon- 
imaée  parle  traité  de  Bagnolo  da  7  août  1484 ,  et  par  celai 
à&  Rome  An  1 1  août  1480,  qai  étaient  tMS  deiUL  en  pleine 
irigneur  :  mais  elle  n'avait  point  étouffé  les  rivalités  secrètes 
im  souverains,  les  jalousies  et  les  haines^  divisaient  T Italie 
en  deux  lactions  rivales  »  et  qui  n'attendaient  qu'une  occasion 
ponrédater. 

Louis  Sforsa,  surnommé  le  Maure,  qui  gouvemi^t  le  duché 
de  Milan  au  nom  de  wa  neveu  Jean  Galéaz ,  parmasaît  sentir 
plus  qu*  on  autre  »  parce  qu'il  âait  j^us  rapproché  des  ultra- 
montains ,  la  néoessité  de  cette  union  des  états  de  lltalie  :  il 
voulait  non  seulement  qu'dle  existât  réellement,  mais  encore 
qu'elle, fût  annoncée  à  toute  TEurape  avec  une  sbrte  d^ ap- 
pareil. L'élévation  d'Alexandre  Ylau  pontificat  Mpahit  une 
circop3tance  favorable  pour  le- f aire ^  parce  qu'à  l'élection 
d'uu  nonveau  pape,  tous  les  états  cbrétims  ravoy aient  à 
Bome  une  ambassade  solennelle  pour  M  rendre  Tobédiênce. 
Le  duché  de  Milan  était  uni  par  une  oonfédération  particu- 
lière, renouvelée  pour  vingt- cinq  ans  en  1480,  avec  le 
royaume  de  Napies,  le  duché  de  F^rare  et  la  république 
florentine  :  Louis-le^Maure  proposa  à  ses  alHés  de  faire  partir 
en  même  temps  les  ambassadeurs  de  ces  quatre  puissances, 
d  ordonner  pour  le  même  jour  leur  entrée  à  Rome,  de  les 
faire  présenter  ensemble  au  pape ,  et  de  charger  celui  du  rot 
de  Nifples  de,  parler  seul  au  nom  de  tous.  Il  voulait  ainsi 
moptr^r  au  pape ,  aux  Yénitiens  et  aux  autres  puissances  de 
l'E^cope,  que  leur  union  subsi^ait  daua  toute  sa  force,  en- 
gs^ger  les  deux  premiers  k  s'attacher  à  eox  pour  la  défense  d^ 
iltalie,  et  faire  comprendre  aux  autres  que  cette  contrée  n'a- 
vait rien  à  craindre  des  étrangers.  La  vanité  puérile  de  Pierre 
de  Médicis  fit  abandonner  ce  projet  \  et  en  excitant  la  défiance 


346  HISTOIRE  DES   lUBPUBLIQUES  ITALIENlfES 

de  Lonis-le-Maore ,  elle  le  jeta  dans  une  politiqaë  toute 
contraire'. 

Pierre  de  Médicis  était  un  des  ambassadeurs  nommés  par 
sa  répabli(}ue  pom*  se  rendre  à  Borne  ;  3  voulait  briller  dans 
cette  oceaâion  "solenbelle ,  en  étalant  aui  yeuï  des  IKomaîns 
et  des  étrangère  lé§  trésors  de  pierres  précieuses  amassées  par 
son  père,  le  luie  dé  ses  équipages  et  F  élégance  dis  ses  livrées. 
Sa  maison  avait  été  pendant  deux  mois  remplie  ife  tàilleors, 
de  brodeurs  et  de  décorateurs  :  tous  ses  joyaux  étaient  semés 
sur  les  habits  de  ses  pages  ;  un  seul  collier  qiiMl  fit  porter  à 

• 

Tnn  d'eus  était  évalué  à  deui  cent  mille  florins.  Tout  ce  luxe 
aurait  été  moins  remarqué  si  quatre  ambassadek  solennelles 
avaient  diï  faire  en  même  temps  leur  entrée.  l?ierre  avait  pour 
collègue  Gentile,  évèque  d* Arezzo ,  Tun  des  instituteurs  de 
Laurent  de  Médiels  ;  e*étfdt  lui  qu^il  avait  chargé  de  t)oHer 
la  parole,  et  Genttle  ne  sentait  pas  mcnns  d* impatience  de  i'é- 
mter  le  discours  qu*ii avait  comj)osé  que  Pierre  défaire  voir 
«es  livrées;  Cependant ,  d'après  le  projet  de  Louîs^te-Sfaure, 
r ambassadeur  seul  du  roi  de  Naples  aurait  parM^.  MèSicis  ne 
voulut  point  renoncer  à  toutes  des  petites  gratifications  d'à- 
mour-propre  ;  il  engagea  le  roi  de  Naples  Ferdinand  à  retirer 
sa  parole  déjà  donnt£e  à  Ijoùis4e*Maure.C€fuiH!i  senfft  S  son 
tour  sa  vanité  blessée  de  ce  qu'4in  projet  proposé  par  lui  »  et 
soutenu  par  des  motifs  plausibles,  était  si  lé^rément  aban- 
donné ;  tandis  que  le  cré(Kt  que  Pierre  venait  d*exerter  sur 
Ferdinand  fut  pour  lui  un  yMé  i^et  d'inquiétude  ;  il  soup- 
çonna et  découvrit  en  effet  Une  ligue  entre  le  roi  et  le  lehef  de 
la  répubUque  florentine.  Cette  alliance ,  indépendante  de  celle 
doat  lui-^même  faisait  partie,  aen^lait  te  menacer  :  la  maison 
de  Médicis ,  de  tout  temps  alliée  des  Sforza ,  était  prête  à  les 


1  Scipione  Ammiratù*  L.  XXVI,  p»  IM.  -^Frono.  Bêleariî  Comment,  ter,  CalHe.  L.  V, 
P.  114,  LugduBi,  1S2S,  fol.  ^>  Ff.  GtOedardi^U  Ub,  I,  p.  6.->llfcoftiàifsb  M  Ttibabh 
ée  Aoxfi ,  DeUzie  degU  EruOiti,  T.  XXin,  p.  MO. 


DU   MOYEJf   AGE.  347 


Itbatidontie^  pour  la  maison  H^ale  S*  Aragoti ,  et  lin  cbànge- 
gement  complet  dans  tout  le  systèiiie  ^ôliii^ue  de  l'Italie  pou- 
vait s' eDSttiyire'. 

BientAl  de  tfdttVèlles  pretiVeS  âe  cette  intelligence  Uûgmen- 
ttreilt  Talàrihe  de  Lbais-k-Maiûré.  >'ehitiiàbd  et  tîerre  de 
Hiédieis  engagèrent  Virginîo  Orsini;  |iài*eiit  de  l'un  et  de 
rentre,  ft  aéhrter  te§  ilefs  d'Anguillàtà  et  dfe  tervetri,  qu'In- 
bdtébt  Vin  l&THit  ddhdés  en  souveraineté  à  i^ti  fils  Èrànccs- 
clletto Cybè.  Leùrflril  fatfikéà  quarante-quatre  ihilic ducats, 
À  Sfédicii  ^il  fournit  quarante  niilte^.  Leâ  tieîfs  des  Ôi*sini, 
fiitbés  pour  là  plupart  entre  Hdijie,  Viterbe  et  Clvita- Vecchia, 
ksstliraieat  la  comiiinnicatioh  dti  rôi  dé  rtaples  avec  la  repu- 
niqae  ibJfrëtitttté ,  et  enchàinàtbiît  leh  quelque  aorte  le  pape, 
ffont  le  piitô  pàistotkt  féudatàiré  Slait  protégé,  jusqu'aux  portes 
9b  é9l  câfillaft,  tiS^  èès  deoi  plàâ  pbissànts  volàins.  toiiis-le- 
MàUr<e  fit-iîènffr  cfe  danger  â  Aleiaiidt'e  Vt  ;  \\  Vëiigàgea  à 
l^tusèrilaVeiité^érÂngttiflàrà  Son  lâons'elifement,  S:mà  lequel 
ftb  fièf  dërÉélîsé  ne  pouvait  )ètrl3  afigrté  par  uû  feudàtàiré^ 
L6t]ls4ë-Màuré  profita  de  fin^Wétudc  ^uë  cette  négocia- 
tion et  les  menaces  de  FeirAidatid  et  dé  Pietr'ë  de  Médicis  cau- 
sàieM  à  Afexandiie  VI,  pour  dindure  àfec  tùi  et  la  république 
fle  VdHSè  bne  alliènce  qdf  servit  de  cdntre'^ôids  à  T  ascendant 
^ufë  ^aràiAatt  prendre  la  mulsoii  d'Aragon;  Celte  alliance  fut 
tS^^  le  92  àvdl  1493,  mùtgré  l'ôppositioù  du  dôge  de  Ve- 
nise', ^di  tie  pouvait  se  résoudre  à  accorder  aucune  confiance 
iu  ëàWetèftd'Alexâhdrè  VI.  Lé  dilc  Hérôrilé  Illde  Ferraré  y 
aeéSIa  ^tt  dé  téifhps  après,  tandis  qtaiô  U  répùbli^iCe  de  tienne 

refusa  d'T  concourir  *• 

•« 

tieè  confédérés  s'engageaient  à  mettre  snr  pied,  pour  le 


>  Sdploneâmmlfato,  L.  XXVI,  p.  i%9,^-* Âlleareito  Attegretti,  DtarlSatiesUT.  XXIII, 
p*  8tt.  —  *  f>.  Gtil0Ciiir«ttfil«  Ub.- 1,  p.  8»  *  adpîane  Amnitato,  Lib.  XXVI ,  p.  i89  — 
^  ànOmifiiHfogimi^tStorUi  ven^skma.  T.  XXSil,  p^  1201.  —  AUegreiio  AllegreuU  Dlari 
Sanrsi.  T.  XXIU,  p.  837. 


348  HISTOIBE  DES  RÉPUBUQl}^  tTALIElIllK 

maintien  de  la  paix  publique,  une  armée  de  vingt  milk  cbcr 
vaux  et  de  dix  mille  fantassins,  à  la4uelle  le  pape  ooQtriboe- 
rait  pour  un  dnquièmei  le  duc  de  Milan  et  les  Yéniticins 
chacun  pour  deux  dnquièmes.  L'alliance  cependant  n'avait 
aucun  hut  hostile,  et  tons  les  états  d'Italie  pouvaient  y  acr 
céder  s'ils  le  désiraient  * . 

Louis-le-Maure  redoutait  moins  Ferdinand  que  son  fils  Air 
fonse,  parce  qu'il  voyait  dans  celui-ci  le  protecteur  naturel 
de  son  propre  neveu,  Jean  Galéaz,  dont  il  avait  ^^wpé  tonte 
Tautorité.  LÔrsqu'en  1479  Louis-le-Maure  s'était  emparé, 
les  armes  à  la  main,  de  la  régence  de  Milan,  et  avait  sup- 
planté la  duchesse  Bonne  et  le  vieux  Gecco  Si^lonetfl,  il  avait 
eu  un  motif  plausible  pour  s'arrogçr  tous  les.  pouvoirs  de  son 
neveu  Jean  Galéaz  :  celui-ci  était  évidemi^ent  trop  jcpne  pour 
qu'on  pût  lui  confier  le  gouvernement  ;  et  encore  qu'on  l'eût 
déclaré  majeur  à  quatorze  ans,  op  savait  à  MUan,  CQmine  dans 
toutes  les  monarchies,  que  cette.formalité  n'avait  d'autre  effet 
que  d'ôter  f  autorité  aux  tutenrs  que  la  loi  désigne,  poiir  la 
transmettre  aux  favoris  du  jeune  prince,  ou  à  ceux  qui  s'é- 
taient emparés  du  pouvoir  en  sou  nom* 

Mais  quatorze  ans  s'étaient  déjà  écoulés  depuis  que  Lonis- 
le-Maure  avait  pris  en  mains  les  rênes  du  gouvem^uent.  Son 
neveu  était  parvenu  à  l'âge  où  sa  raison  n'avait,  ptos  rien  i 
attendre  du  temps;  il  était  marié  à  Isabelle,  fille  d'Alfonse 
et  petite-fille  du  roi  Ferdinand  :  «  Ladite  fille  était  fort  ooura* 
«  geuse,  nous  dit  Gomines,  et  eût  v(d.ontier8  donné  crédit  à 
«  son  mari,  si^Ue  l'eût  pu;  mais  il  n'était  guère  si^  et  j^ 

^  Marin  Sanuto,  Vite  dé*  DuclUdi  Venexia,  p.  12S0.  C'est  par  cel  éTénement  que  se 
lermipe  cette  volumineiiie  chfoaiquB.  Fendant  let  dernières  années,  elle  est  écrlu»  lotir 
par  Jour  d'une  manière  fort  diiïuse,  et  elle  contient  beaucoup  de  faits  hasardés;  c'est 
UQ  registre  des  bruits  puMics  de  Venise,  bien  plus  que  des  événements.  Son  auteur,  fils 
de  Léonard  Saaiito ,  était  sénateur  Viânitien  ^  et  f  ivait  encore  eu  1632.  Munteii,  qui  a 
imprimé  ces  vies  pour  la  première  fois.  T.  XXII  Rer.  liai,  p.  4eo-i3$2,  regarde  la  Chro- 
nique vénilicnne,  qu'il  a  aussi  imprimée,  J,  ^\\S^  p  l*?ll4t  coviaie  en  étant  UoontioM^ 
tioB  par  le  même  auteur.  .  . 


DtJ  ttOVElV   AGE.  à4d 

é  Yélaît  ce  qu'elle  lai  disait  «  ».  En  effet,  la  fortune,  ôu  V édu- 
cation qu^on  donne  aux  princes,  avait  servi  T  ambition  de 
lètiis-le-Maure.  On  accusa  celui-ci  d'avoir  à  dessein  écarté 
son  neveti  de  tonte  étnde  littéraire,  de  tout  exercice  militaire» 
de  tonte  instruction  qui  pût  le  rendre  propre  à  gouverner; 
de  l'avoir^  au  contraire,  entouré  de  flatteurs  dès  ses  plus 
jeunes  années,  pour  1* accoutumer  au  luxe  et  à  la  mollesse  ^. 
Peut-être  cependant  ne  serait-il  pas  juste  de  lui  prêter  le 
dessein  d*énervei*  son  neveu,  tandis  qu'il  n*avait  fait  en  cela 
que  suivre  l'usage  ordinaire  des  cours.  Jean  Galéaz,  en  avan- 
çant'en  âge,  n'était  point  sorti  de  l'enfance  :  sa  faiblesse,  sa 
pusillanimité,  son  incapacité,  ne  pouvaient  se  dissimuler  à 
ceux  qui  rapprochaieût';  et  il  suffisait  à  louis-le-Maure  de 
iftontrer  le  prince  légitime^'pour  se  justifier  de  ce  qu'il  l'ex- 
cluait rigoâreuàement  de  toute  part  à  l'administration. 

Isabelle  d'Aragon  reconnaissait  elle-même  Tincapacité  de 
9on  mari;  mais  il  lui  semblait  qu'à  elle  seule  appartenait  le 
ditoît  de  te  remplaxjer.  Nourrie  près  du  trône  et  dans  l'espé- 
rance de  régner,  elle  prenait  son  orgueil  pour  du  caractère, 
et  sa  décision  pour  de  l'habileté  :  elle  aurait  voulu  gouverner 
l'état  comme  elle  gouvernait  son  mari.  D'ailleurs  la  femme 
de  Louis-le^Maure,  Béàtrix  d'Esté,  semblait  avoir  pris  à  tache 
de  rhumilier,  en  se  mettant,  en  toute  occasion,  au-dessus 
d'Mte;  La  pompe  des  habits  et  des  équipages,  l'affluence  des 
courtisans  et  la  servilité  de  la  flatterie  entouraient  sans  cesse 
Béatrix,  tatrdis  qu'Isabelle  vivait  solitaire  dans  le  palais  de 
Pavic,  qn  elle  y  luttait  en  quelque  sorte  avec  la  pauvreté,  et 
les  couches  par  lesquelles  elle  donnait  un  héritier  à  l'état 
étaient  à  peine  annoncées  au  public.  Isabelle  avait  porté  à  son 
père  les  plaintes  les  plus  amères  contre  Louis-le-Maure,  et- 
Ferdinand  fit  demander,  par  ses  ambassadeurs  à  Milan,  qiie! 

«  Hémon-es  de  Philippe  de  Commines.  liV.  Vil,  ch,  n»  p.  443.  -^fpeMBen^  renm 
ffnglwmn  Hkiori^^  Lilk  |i,  p.  ». 


•j 


5Q  HISTOIRE   DE^  |UfiraBtlQtJ£$ .  ITALIERKBS 

le  jeune  duc  fût  mis  en  jouifisance  d'une  anfori^  qm  lut  ap- 
partraïut  de  droit  * . 

Loin  de  renoncer  à  l'administration  du  duché  de  Milan, 
Loais-Ie-Maure  commença  dès,  lors  à  cherfilier  dc^  prétextes 
pour  s'asseoir  lui-même  sur  le  trône;  I empereur  Frédéric  II( 
était  mort  à  l'à^e  de  quatre-vingts  ans,  dans  la  nuit  du  19  aç 
20  août  1493,  cit  son  fil$  Ii{^ximilîen,  qui  lulayait  8ucpé4^ 
avec  Ip  titre  de  roi  (^es  ^oinains,  éprouyait,  dès  le  çovfijEUGt^çe^ 
nient  de  son  règne^  qat  çnU>^Tas  daiits  ses  fiq^nçe^  qu'§ptcSr 
tinrent  jus(}u'if  1§  ^ii  de  &^  yip  ^o^  désoftl^re  ^  S4  pircijdîS^dîiiS- 
Louis-Ie-]|d[saire  lyi  pffdt  e{i  mariage  Biancbçi-Marie  ga  nièca^ 
avec  une  dot  de  quatre;  çept  millç  ^Wfàts  ^;  niais  en  retour  î| 
demanda  pop  ^^i-m^m^  rinyestitore  du  dxxd/ié  $le  Ikf!^.  Les 
chanceliers  impéri^iii^  trouYèrent  aisément  des  pri^text^  pour 
autoriser  cette  injiisti^.  François  Sf orza,  e\  apj^  |pi  Sf>n  && 
Galéaz^  n  avaient  \m,iè^  obtenu^  Huyestiture  iippérldf^;  le 
diplôme  accordé  à  l^ojm  4^hira  (ff^  les  empereurs  romains 
s'étaient  imposé  |a  loi  de  refuser  la  p^io^sf^ion  l^^e  d'un 
fief  à  quiconque  l'avait  ^ip^lifl^^^t  usurpa,  et  que  pour  o^tte 
raison  Maximilien  av^H  ^jeté  les  iitstanpes  faitçis  par  JiOuis 
Sforza  en  faveur  de  son  ue^eu,  elt  i^vai^  plutôt  réçQlu  de  le 
choisir  lui-même'.  Cependant  Lpuis  ne  se  hât^  pas  de  pu- 
blier ce  diplôme  ;  il  contii^ua  fie  se  faire  9ppe|er-  duc  de  Bari, 
et  il  laissa  à  son  nevjçu  les  |itref^  t^^^f  4H'U  ^mspyait  wd 
la  puissance  et  la  pompe  de  la  souveraincitjé. 

L'ambition  personnelle  de  J^ouis  était  j^^faHsp  p^r  la  ré- 
gence qu'il  exerçait  :  il  désirait^  il  ^  ^v%  ass^rpr  à  ses  fils 
r  héritage  du  duché  dç  ^i\m,  dç  j^^^jé^:^;^  à  cep^  d§  son 

1  Josephi  RipamoniH  Uisu  MediokmU  Lib»  Vf,  p.  652.  --  OFonc,  QuiccioMUnL  Lib.  {» 
p,  D.— Scjpione  ilihmiralo.  Lib.  XXVÏ,  p.  187.-^  Pau£i  JovU  àiaior,  sui  temporti.  Ub.  I, 
p.  8;  editio  basilee,  fo).  i»78.  —  CotIq  de'  Boémini,  Stor,  <U  Qiqj^  4oC(iitQ  TrUmizio. 
Ub.  V,  p.  198,  ayol.  in-4o.  Milao,  1815.  —  *  BarthoL  Senaregœ  de  rébus  Genuent , 
T.  XXIV,  p.  934.  —  9  GuieOtmiini^  l«l.  Ub.  I,  p.  34, 39,  edIUo  4«;  i«49. — ^t^ff  Qfp«- 


DU   MOTEH   AGB.  •  351 

neveu;  mais  il  ne  s* engageait  pas  sans  crainte  dans^ cette  en- 
treprise, où  il  devait  s  attendre  à  être  traversé  par  le  roi  d» 
Naples.  Il  connaissait  assez  le  nouveau  roi  ^es.  Romains  pour 
n'espérer  de  lui  aucu^  secours  ;  il  commeaçait  à  démêler  la 
versatilité  du  pape,  c[u'il  s'était  d'abord  flatté  de  diriger  par 
le  crédit  du  cardinal  Ascagne,  soi^  frèrq  ;  il  plaçait  peu  de 
confiance  dans  les  Vénitiens,  de  tout  temps  ennemis  de  sa  fa- 
mille ;  les  Florentins  lui  étaient  GO^trai]:e$,  çt  ses  sujets  même, 
de  Lombardie  pouvaient  manifester  tout  à  coup  une  violente 
opposition  à  des  projets  qui  tendaient  à  dépo^éder  la  ligne  lé- 
gitime de  leurs  princes.  Dans  cet  embarras,  Louis-le-Maure 
crut  convenable  de  cbercber  au-delà  des  monts  un  adlié  dont 
il  n'avait  point  encore  pu  apprendre  à  évaluer  la  puis^nce, 
et  il  s'adressa  à  Gbarles  VIII,  roi  de  Franoq. 

Charles  yill  avait  succédé,  le  30  août  1 483,  %  son  père 
louis  XI,  allié  du  père  de  Louis-le-Maure  ;  mais  il  n'avait 
que  treize  ans  et  quelques  mois  lorsqu'il  monta  si^r  le  trône, 
et  Louis  XI  eu  mourant  avait  confié  le  gouvernement  du 
royaume  à  la  dame  de  Beaujeu,  sa  fille  ainée,  femme  de  Pierre 
de  Bourbon.  Pendant  dix  ans  d'une  administration  glorieuse, 
cette  princesse  avait  contenu  les  prétentions  des  princes  du 
sang,  terminé  des  guerres  civiles  dangereuses,  et  soumis  ou 
réuni  à  la  couronne  des  grands  £iefs,  auparavant  indépen- 
dants ^ .  Charles  VIII  n'avait  proprement  commencé  à  gou- 
verner par  lui-mêmç  que  depuis  l'année  1492.  L'éclat  d'une 
expédition  t)riUante,  et  la  conquête  d'un  royaume,  ont  en- 
touré ce  monarque  d*une  gloire  à  laquelle  la  nature  ou  son 
éducation  ne  l'avait  point  destiné.  Tandis  que  la  plupart  des 
historiens  finançais  l'ont  représenté,  dans  les  termes  de  Louis 
de  la  TrémouiUe,  comme  «  petit  de  corps  et  grand  de  cœur  *,  » 
les  deux  meilleurs  observateurs  du  siècle,  Philippe  de  Co- 

« 

*  ttém,  de  L.  de  la  Trémouille ,  oh.  VI  et  VII,  T.  XIV,  p.  I9T, — t  iMd.  ch.  VUI,  ^  145, 
tome  XIV  des  MémoireB  pour  servir  à  PHiit.  de  France. 


35^  HISTOIRE  D£$  HEPUBtlQUËS  ITALIENlIllSâ 

mines  et  Gaicdardin  en  font  le  portrait  lé  plus  désavantagent. 
Le  premier  le  dit  «  très  jeune,  ne  faisant  que  saillir  du  nid  ; 
«  point  pourvu  ne  de  sens,  ne  d'argent  ;  faible  personne,  plein 
«  de  son  vouloir^  pas  accompagné  de  sages  gens*.  »  Le  se- 
cond dit  que  «  ce  jeune  homme,  âgé  de  vingt-deux  ans,  et  de 
«  son  naturel  peu  intelligent  des  actions  humaines,  était 
«  transporté  par  un  ardent  désir  de  régner  et  d'acquérir  de  la 
«  gloire,  bien  plus  fondé  sur  sa  légèreté  et  son  impétuosité 
«  que  sur  la  maturité  de  ses  conseils.  D'après  sa  propre  indi- 
«  nation  et  d'après  les  exemples  et  les  avis  de  son  père,  il 
«c  prêtait  peu  de  foi  aux  seigneurs  et  aux  nobles  de  son 
«  royaume;  et,  depuis  qu'il  était  sorti  de  la  tutelle  d'Anne 
«  de  Bourbon,  sa  sœur,  il  n'écoutait  plus  les  conseils  de  l'a- 
«  mirai,  ou  des  autres  qui  avaient  eu  du  crédit  sur  elle  ;  il  ne 
«  suivait  plus  que  les  avis  d'hommes  de  bas  lieu,  pour  la  plu- 
«  part  attachés  au  service  de  sa  personne,  et  qui  n'avaient 
«  point  été  difficiles  à  corrompre^.  » 

La  figure  de  Charles  YIII  répondait  à  cette  faiblesse  d'esprit 
et  de  caractère  ;  il  était  petit;  sa  tète  était  grosse,  son  cou  très 
court,  sa  poitrine  et  ses  épaules  larges  et  élevées,  ses  cuisses 
et  ses  jambes  longues  et  grêles.  «  Dès  son  enfance  it^  avait  ét<$ 
«  d'une  complexion  faible  et  malsaine;  sa  stature  était  courte, 
«  et  son  visage  fort  laid,  à-  la  réserve  de  son  regard,  qui  avait 
«  de  la  dignité  et  de  la  vigueur  ;  tous  ses  membres  étaient 
«  disproporiionius,  au  point  qu'il  semblait  plutôt  un  monstre 
«  qu'un  homme.  Non  seulement  il  n'avait  ancûne  connais- 
«  sance  des  arts  libéraux,  mais  à  peine  il  connaissait  les  carac- 
«  tères  de  l'écriture.  Désireux  de  commander,  il  était  cepen- 
«  dant  fait  pour  toute  autr:e  chose  ;  sans  cesse  oondmt  par  Tes 
«  siens,  il  ne  conservait  sur  eux  aucune  autorité.  Ennemi  dé 

.t  si6TiaIro3  da  Phil  ipp  e  de  Cominei,  L.  Vil,  ProposiUoD ,  p.  t28  ;  el  chap.  V,  p.  K3, 
M>tno  ^U  dc9  Mémoires  pour  $«rvlr  à  l'Hisl  de  Fronce.  —  '  Fr.  Guici^wdini^  StoH^ 
Mb  I,  p.  19» 


DU  MOYEU  AOS.  353 

k.tpotjte.fdtigoud  et  de  toata  aifaire,  larsqu'U  essayait  d'y  don- 
ner 6011  «ttentiptti  fl  M  montrait  d^ponrya  de  pnidence  et 
de  jngioineiit,  SI  qod^M^  ohofie    p«raLMit  en  loi  digne 
de  lonangci,  lor^pi'oa  .la  .  ocMiaMérait  de  plus  près,  on  la 
trqnyi^t  encore  plus  âgigiftée«4e  la  Tetin  qne  du  vice.  Il 
avait  de. findinaUoB  à kgloiie;  nuris  c'était  plus  par  im- 
p4t9f>sil^  ipe  par  raison;  il  #ait  Itfeléralv  nais  inoowidéré- 
ment,  sws  mesure  et  sans  diatînclliii  ;  il  était  qnelquetos 
immuablo  daaa  m»  Yoloatés>  mais  alora  o*était  plus  par 
obstination  que  par  constanoe»  et  oe  iqne  plnsieun  appe- 
laient en  lui  bonté  amnit  bien  phB  mérité  le  nom  d'insen- 
sibilité anx  injures»  ou  de&iblease  tfâme*.  »  "Tel  était 
rhomme  dont  ks^cûraenstiinees  finebt  un  eoiiqoérant,  et  que 
la  fortune  «diai^aa  de  plus  de  gloiie  qu*il'  ne  pouvait  ^en 

Louis  Sforasa  envoya  en  f  ranœ  CSiarles  de  Barbiano,  comte 
de  Belgioioso,  et  le  comte  de  CaiazBo,  'Sis  aîné  de  Bobert  de 
9sn-Sévén&o,  mort  peu  d'années  auparavant,  pour  inviter  le 
roi  Cb|rl0(^.  YIU  àse  saisir  de  la  oonroAne  de  Naples,  qui  lui 
appartemût,  à  profiter  des  disposilloni  favorables  des  sei- 
gneurs, du  royaume,  lassés  du  jougdela  maison  d'Aragon, 
età.s*i4^payerdes  ressentimeiila  Ai  pape  contre  Ferdinand. 
^n.  m^e  temps  il  Im  ofbait  une  alHance  intime,  qui  loi  ou- 
virait  l'entoée  de  l'Italie. par  la  Zimibardie,  et  quilui  assure- 
rait la  dppnnation  de  la  mer  par  les  poits  de  l'état  de  Gènes. 
U  flattait  aussi  sa  vanité  et  sw  aasbition  par  l'espoir  de  con- 
quêtes plQsbriUantes  enosce;  et  il  lui  faisait  entrevoir  dans 
le  lointain  la  soumission  de  la  Toropide,  et  la  déKvrance  de 
Cpnstantîno[de  et  de  Jérusaiemy  comme  réservées  à  la  valeur 
française*. 


^  Fp.  ikHeeiar<IM,  Lib.  I,  p.  43.  —  Sent.  Orieettaiii  de  hetto  itaUco  Commentarlus , 
p.  91.  —  s  fr.  GuiceiardinL  Lib.  I,  p.  i4.  —  PauUJovU  t^Utor.  sui  tenipor.  Lib.  I,  p.  a. 
—  Phil.  de  Comines ,  Bfémoires.  Lib.  VII ,  €h.  m,  p.  ils. 

vu.  23 


354  HISTOIRE  DES  REPUBLIQUES   ITALIETf9£S 

Le  ciNaite  de  Gaiaszo,  dief  de  la  branche  bâtarde  de  la  nlài'- 
80B  defiKQ'^Séyérmo,  qui  s'était  distiDgaéè  en  Lombardie  pair 
de  si  rareÉ  talents  militaires  et  tailt  d'babileté  dans  les  intri- 
gues pofiliqoes^  aVait  irônté  à'  la  eoxxt  de  France  les  chefs  de 
la  brânohe  aînée  et  légitime  éè  sa  ihaisott,  savoir,  Antonëllô 
de  San^^Séivëriiio,  prince  de  Salemé,  et  Bemardmo,  j^rincede 
Bîstgnano ,  qâi,  après  ardr  échappé  aftx  persécutions  âé  Ta 
maison;  d'Aragon^  dierdiaient,  de  concert  avec  tons  les  émi- 
grés dâ  pactL  d' Anioa,  A  attii^r  les  armes  de  là  France  dans 
le  royaoïM  de  Naf  les.  Trompés  par  les  itlnsiotts  auxquelles 
las  émigrés  de  tous  les  temps  se  sont  toujours  fiyrâsr,  ils  pre- 
naient Ifimrs  ressentimaorts  pour  la  ttiesûre  dto  affections  de 
leurs  compatriotes,  et  ils  voyaient  arec  plaisir  une  guerre 
étrangère  leur  Offrir  dés  chances  ^e  les*  forces  de  lenr  ptfh 
pre  parti  ne  présentaient  plus.  Ils  secondèrent  donc  de  tinA 
leur  pouvoir  le  cotnte  de  OsiinEO  ^ 

De  son  c6té  le  coiftte  de  Belgimoso  avirit  préparéla  i^és- 
flite  de  ses  conseils,  par  tmlsè  te  secrèies  intrigues  d*tfn  ha- 
bile courtisim.  il  avait  reehervlié  tous  cent  qui  avuient  le  plus 
d'influence  sur  Tesprit  du  roi;  il  avait  corrompu  les  mis  par 
des  présents^  les  autires  par  des  promesses  ;  il  leur  avait  fiA 
espérar  dep  fiefe  et  des  emplois  de  confiance  dans  le  royaume 
de  Naples,  des  titres  à  la  eonr  de  Rome,  des  bénéfices  codé- 
jiastiques  dans  toute  la  «bréfienté.  Il  avait  surtout  séduit 
Etienne  de  Yesc^  Languedocien,  qui  longtemps  avait  é^  sim- 
ple valet  de  chambre  du  roi ,  mais  qâi  était  devenu  Sénédid 
de  Beaucaire;  et  Guillaume  Briçonnet,  d'abord  mardiand,  pu& 
fermier  de  la  généralité  de  Languedoc,  ce  qui  Id  faisait  don- 
ner le  nom  de  général,  et  enfin  évècfue  de  Saiùt*)lfaIo,  en 
même  temps  que  surintendant  des  finances^.  Gesdeux  hom- 

^  Phil.  de  Gomines.  Lif.  VU,  cb.  II,  p.  138, 142;  cb.  lU,  p.  190.  —  Pefri  SemMi^iff. 
venetœ.  Ub.  Il,  p.  28.  —  '  Godefroi ,  Obsenrations  sur  l'Histoire  do  roi  Charles  Vllf , 
p.  038.  Éàillo  Paru.  foL  1084.  —  Fr.  GuicdanUnL  Lib.  I,  p.  i».  —  PmUi  i9»IL  Ub.  t» 


\ 


DU  MOYEN   AGE.  355 

laeft,  atecle^  «litres  parYcsius^  4i^laaditt«k«t  h  une  estpé^ 
ditioQ  qûteer  dinmat  des  santie^  n^ateam:  vers  Topulmiises 
«B»  ksespùser  autamt  à  la  jsdoasie  des  grands.  Ceux,  aa  ooû^ 
liiin,  gpe  iem  nmg  et  lenr  crédit  héréditure  altadiai^t 
ffeis  à  la  f  raace  qu'à  la  fortune  du  moviarqne,  désiipprou^ 
mM  une  entreprise  qui  leur  paraissait  ofbit  peu  de  tbanee 
d'oùsueoèà  (jfcarable,  et  qui  demandait  qu'  au  préalable  lai^ance^ 
{Hmr^asBUrer  ses  frontières  ^  achetât  de  ses  voisins  la  pàit,  ^t 
flicfîiàt^des  avantages  certains  à  des  espérances  lointaines. 

fiute^  après 'de  longs  éSb^Èj  une  convention  fut  eondue 
etut^e  le  roi  et  les  anltessadeurs  de  Ii0ui84e-Maure,  par  l'en* 
trenâte  de  Briçonnet  ^  du  sénéchal  de  Beaucaire.  Il  lût  <son* 
venu  ^e  lorsque  Outrles  YUt  passerait  en  Italie,  ou  qu'il  y 
ferait  entrer  son  armée,  le  duc  de  tttlan  lui  accorderait  le 
iî^astogis  diuis  ses  états,  le  ferait  accoïnpagner  k  ses  frais  par 
cinq  cents  loioiames  d'armes,  kd  permettriât  d^armer  à  Gèaeê 
HiAait  dte  vaisseauk  qu'il  voudrait,  et  lui  prêterait  deux 
cent  mlUe-dtaoats,  payables  au  moment  de  son  d^rt  de 
j^nnea.  D'^iutre  part,  leiroi  s*oblige«t  à  défradre^contre  tous 
le  duché  de  Milan,  et  l'autorité  personnelle  de  Louis^ie» 
ttèâmi  à  laisëer  dans  Asti,  viMe  ^^partenant  atu  duc 
ÏCMrléass^  deux  cents  lanctô  ik^nçatses,  toufours  prêtes  à  se^ 
cOQite  la  midson  -Sforsm  ;  enfin,  à  gratifier  Louis  de  la  prf nci* 
patuté  4e  Tafente,  après  la  conquête  du  royaume  de  Napies^ 
(:)es  condlltons  furent  étendant  tmues  secrète^  pendant  plu- 
sieurs MMiis,  et  lorsque  le  brnit  de  la  prochaine  invasion  des 
français  coiàmoiça  à  se  répandre  en  Italie,  Louis-le-M aure^ 
loin  de  contenir  qu'il  fât  leur  allié,  s'efforça  de  persuader 
MX  ^ts  itayens  qu'H  icdontidt  autant  qu'eux  cetle  invasion 
deèerhates*. 

Au  meuient  où  Chyles  YIII  eut  iréâolu  de  tenter  la  con- 


•^  I».  — PM.  de  Cdmfnes.  Uv.  VI!,  ch.  !Iï,  p.  il9.  —  *  Fr,  CuiccîardînK  L.  I,  p.  i^ 


}*»• 


356  HISTOIRE  DES  REPUBLIQUES  ITALIENNES 

qaëte  du  royaume  de  Naples,  il  ne  songea  pins  qa*à  se  rendre 
les  mains  libres  par  des  traités  de  paix  ayec  tons  ses  Toisins; 
Jet  pour  les  obtenir,  il  ne  craignit  pas  de  sacrifier  les  avantages 
que  la  dame  de  Beaujen  avait  acquis  par  sa  prudence,  pendafit 
le  cours  si  glorieux  de  son  administration.  En  prenant  les 
rênes  du  gouvernement,  Charles  YIII  s'était  trouvé  en  guerre 
avec  deux  des  plus  puissants  voisins  de  la  France,  Henri  YII, 
roi  d'Angleterre,  et  Maximilien,  roi  des  Bomains;  en  même 
temps  il  était  mal  assuré  de  Ferdinand  et  Isabelle,  rois  d'A- 
ragon et  de  GastiUe.  Mais  ces  souvenons,  quoique  tous  »mo- 
mis.de  la  France,  étaient  fort  mal  unis  entre  eux.  Charles  YIII 
fit  ^chacun  séparément  des  offres  si  séduisantes  qu'il  ne  loi  fut 
pas  difficile  d'obtenir  la  paix.  Le  premier  avec  lequel  il  trmta 
fut.  Henri  YII ,  qui  avait  débarqué  à  Calais  avec  une  avméè 
formidable  :  un  traité  fut  conclu  entre  eux  à  Étaples ,  le  3 
novembre  1492  ;  le  monarque  anglais  se.détaeha  del'aUiimee 
du  roi  des  Bomains,  et,  pour  prix  de  cette  défection,  il  reçoit 
de  Charles  YIII  la  somme  de  sept  cent  quai»it&-cinq  mflie 
écus  d'or,  comme  remboursement  des  frais  de  la  guesre  de 
BreU^e  * . 

La. guerre  de  la  France  avec  le  roi. des. Bomains  semblait 
devoir  être  envenimée  par  l' affront  personne  que  Gburks  Yin 
avait  fait  à  Maximilien  :  il  lui  avait  renvoyé  Maiguerite  de 
Bourgogne ,  sa  fille,  à  qui  il  avait  déjà  promis  sa  main ,  et  fl 
avait  épouié  Anne  de  Bretagne ,  déjà  ^cée  à  Maïimiliai. 
Cependant  la  cour  de  France:  réussit  à  apaiser  le  smveruin 
autrichien  par  le  traité  de  Sentis,  du  23  mai  1493;  èlto  hn 
restitua  les  comtés  dcBoui^ogne,  d'ArUns,  de  Charolais,  et 
Ja  seigneurie  de  Noyers,  que  Charles  YIII  occupait  é^ 
comme  dot  de  Mai^erite.  Ce  prince  s'engagea  également 
à  rendre  à  Philippe  d'Autriche,  à  sa  majorité,  <  les  villes  de 


1  Le  traité  d'Élaples  eit  rapporté  tAxtuellement  par  Denys  Godefroy.  Obtav,  tm 
r^lêt,  de  Chariet  VUl,  p.  e89-63Tt*-  VeUy,  HîbU  de  France,  Te  X,  p.  ST8>  édition  taHi«. 


DU   MOYBH   AGE.  357 

Hesdin,  Aire  et  BéUiune  sor  lesqaeUefl  Philippe  aTait  des 
droits*. 

Le  troisième  traité  de  Charles  YIII  fat  plus  désavantageux 
encore.  Son  père,  Louis  XI,  avait  reçu  du  roi  Jean  d*  Aragon 
Perpignan ,  le  comté  de  Roussillon  et  la  Gerdagne ,  en  gage , 
pour  la  somme  de  trois  cent  mille  ducats.  Les  places  fortes  de 
ces  petites  provinces  étaient  comme  les  clefs  de  la  France  du 
côté  des  Pyrénées,  et  Louis  XI  en  sentait  si  bien  l'importance, 
qu'il  n'avait  point  voulu  ensuite  les  rendre  à  l' Aragonais  con- 
tre la  restitution  de  F  argent  prêté..  Charles  YIII,  au  contraire, 
les  restitua  gratuitement  à  Ferdinand-le-Gatholique,  moyen- 
nant la  promesse  que  lui  fit  celui-ci  de  ne  point  donner  de 
secours  à  son  cousin  Ferdinand  de  Naples ,  et  de  ne  point 
mettre  obstacle  aux  projets  de  la  cour  de  France  sur  l'Italie. 
Ce  fut  l'objet  du  traité  de  Barcelonne  du  19  janvier  1493  ^. 

Tandis  que  ces  négociations  devaient  assurer  la  paix  sur  les 
frontières  de  France,  Charles  YIII  en  avait  entamé  d'au- 
tres pour  préparer  la  guerre  en  Italie.  Il  y  avait  envoyé 
quatre  ambassadeurs,  avec  ordre  de  visiter  tous  les  états  de 
cette  contrée  et  de  demander  à  tous  leur  coopération  pour 
£iire  recouvrer  ses  justes  droits  à  la  couronne  de  France. 
Perron  de  Baschi,  dont  la  famille  originaire  d'Orviéto  a  depuis 
donné  à  la  France  les  marquis  d'Aubais,  était  chef  de  cette 
ambassade;  il  avait  précédemment  accompagné  Jean  d'An  ou 
en  Italie ,  et  il  connaissait  bien  les  intérêts  de  ses  différents 
princes.  Baschi  s'adressa  d'abord  aux  Yénitiens  ;  il  avait  ordre 
de  leur  demander  aide  et  conseil  pour  le  roi  son  maître.  Les 
Yénitiens  répondirent  qu'il  serait  présomptueux  à  eux  de 
donner  des  conseils  à  un  prince  entouré  d'hommes  si  sages, 


1  Le  traité  de  Senlis  est  rapporté  par  Denys  Godefiroi,  p.  64o.  —  Philippe  de  Comi- 
mes.  L.  VII,  eh.  IV,  p.  153.—  Velly.  T.  X,  p.  38 1.  —  *  Texte  du  traité  dans  Deoya  Gode- 
Aroi,  p.  66%.  —  Guleeiardini  But.  Uh.  I,  p.  23.  —  Pauti  JovU  But.  L.  I,  p.  16.  ->  Veiiy. 
T.  X,  p*  382. 


^58  HISTOIRE   DES   REPliBLIQUES  ITALIEIfNES 

qu'il  serait  impradent  de  lai  proanetlrQ  Ifittr  a)de^  tandis  qoHIs 
avaient  sans  cesse  à  se  tenir  en  garde  contre  les  armes  de 
Tempire  tare  ;  mais  que  Gliarks  YIII  ne  éeyait  pas  mettre  en 
d<Mite  rattachement  et  le  à(iromn^wt  de  leur  républiqœ  à  la 
couronne  de  France.  Par  ces  paroles  équivoques ,  le  sâiat 
4^oyait  se  mettre  à  l>bri  de  toat  reproche  de  la  part  des  étals 
d* Italie.  Cependant  il  désirait  secrètement  rabaissement  de  la 
maison  d*  Aragon,  et  il  serait  entré  dans  TaUiance  de  la  France, 
s'il  n'avait  pas  craint  d'être  abandonné  par  elle,  et  d'avrâr 
seul  à  soutenir  tout  le  faix  de  la  guerre  * . 

Perron  de  Baschi  passa  ensuite  à  Florence.  Il  avait  alors 
pour  collègues  dans  son  ambassade,  d'Aubignj,  le  surinten- 
dant Briçonnet  et  le  président  du  parlement  de  Provence.  Ces 
seigneurs  furent  introduits  dans  le  conseil  des  soixante-dix, 
anquel  on  avait  appelé  sous  le  nom  d'adjoints  tous  ceux  qui, 
dans  les  trente«quatre  dernières  années ,  avaient  si^  comme 
gon&loniers  dans  la  seigneurie.  Cette  assemblée  était  ainsi 
composée  des  hommes  en  qui  la  maiscm  -de  M édicis  avait  la 
plus  entière  confiance.  Les  ambassadeurs  demandèrent  que  la 
république  promit  à  l'armée  française  le  passage  par  son  ter- 
ritoire, et* des  vivres  pour  son  argent.  Mais  le  conseil,  sous 
rinfiuence  de  Pierre  de  Médicis ,  fut  unanime  dans  la  déter- 
mination de  demeurer  fidèle  à  l'alliance  de  la  maison  d'Ara- 
gon. Cependant,  comme  les  Florentins  avaient  en  France  un 
grand  nombre  de  leurs  plus  riches  établissements  de  com- 
merce, ils  se  contentèrent  de  donner  au  roi  une  réponse  éva- 
£ive ,  et  ils  lui  envoyèrent  même  à  leur  tour  Pierre  Gapponi 
'Ct  Çnid' Antonio  Yespucci,  pour  chercher  à  conserver  son 
amitié^. 

L'ambassade  française  n'arriva  point  à  Sienne  avant  le  9 


«  Hémoires  de  Phii.  de  Comines.  L.  VU ,  ch.  V,  p.  iss.  —  Andréa  RwMgUro,  Stw. 
Venez,  T.  XXIII ,  p.  laoï.  —  Peiri  hemhl  Biftor,  Ver,  t.  Il,  p.  «i.  —  «  Sdplone  ^m- 
mirato.  L.  XXVl,  p  192-197.  —  Fr,  Giticclardini.  L.  I,  p.  25-39. 


DU  MOYElf  AGE.  359 

niai  1 494.  Cette  répobliqiie  prote&ta  de  bob  d^w  de  coMcnr er 
une  exacte  neutralité  ^  et  elle  fit  sentir  gae  duis  8a  faiblesse 
elle  ne  pouvait ,  sans  un  danger  extrême ,  se  dtolarer  par 
avance  entre  des  rivaux  si  redoutables  * .  Aleauindre  Y I ,  qui 
fut  le  dernier  vers  lequel  sa  rendireut  le»  and)a8saâears  y  leur 
déclara  qu* après  que  ses  prédécesseui»  avaient  accordé  Tin* 
vestiture  du  royaume  de  Naples  aux  princes  de  la  piaison  d' A*- 
ragon,  il  ne  pouvait  la  leur  retirer  sans  un  jugement  qui  mit 
en  évidence  que  la  maison  d' Aqjou.y  avait  plus  de  dioit  qu'eux. 
Il  chargea  les  ambassadeurs  de  rappeler  à  leur  souverain  que 
le  royaume  de  Na^des  était  un  fief  du  Saint-Siège;  qu'au  pape 
seul  appartenait  le  droit  de  prononcer  entre  les  compétiteurs 
par  voie  juridique ,  et  que  vouloir  se  mettre  en  possession  du 
royaume  par  la  violence,  ce  serait  attaquer  TÉglise  die- 
même  '. 

ferdinandi  de  sou  o6té,  ne  qéglig^t  point  la  veîe  des  né- 
gociations :  il  envoya  auprès  de  Charles  Im-mème  Camille 
Pandone,  dans  l'habileté  duquel  il  avait  une  grande  confiance, 
pour  demander  au  roi  de  France  de  renouy^ler  les  traités 
conclus  précédemment  avec  Louis  XI,  loi  offrir  de  soumettre 
tous  les  différends  à  l'arbitrage  du  souverain  pontife,  et  lui 
laisser  entrevoir  même  la  possibilité  de  reeonpaitre  sans  com- 
bat la  couronne  de  Naples  pour  tributaire  de  la  France  '. 
Mais  toutes  ces  propositions  forent  repoussées  par  le  présomp- 
tueux Charles  YIIT,  qui  donna  aux  aoi^assadçur^  napolitains 
y  ordre  de  sortir  de  ses  états  *. 

Dans  le  même  temps,  Ferdinand  négociait  aussi  av^c  le  pape, 
et  obtenait  près  de  lui  plus  de  succès.  Alexandre  YI  agirait 
avec  ardeur  affermir  la  fortune  de  sa  famille  par  des  alliances 


t  OrUmdo  iMwoia ,  Sloria  di  Siena^  P.  HI ,  L.  VI ,  f.  9 ,  y.^AlUgrUto  AUeQHtil, 
Oiari  &u9«£Vp,  539.^«  Fr>  GuieciardinU  U 1 ,  p.  3o«  -r  Baynaldi  AnnaL  wcle$,  t494, 
S  18,  p.  432.  —  8  #>,  Gulçciardinh  l.  I,  pu  2i.— PwÛ  Jé^t'Ji.  L.  I,  p.  i».—  ♦  Fr.  Gide- 
dardinL  L.  I,  p.  27.  ^ 


360  HISTOIRE   DES   REPUBLIQUES^  ITALIEIÏIVES 

brillaiites.  Il  avait  exigé  que  sa  réconciliation  avec  la  maison 
d'Aragon  fût  scellée  par  un  mariage  ;  et  quoiqu'il  se  conten- 
tât pour  un  de  ses  fils  d'une  fille  naturelle  d'Alfonse,  fils  de 
Ferdinand,  il  avait  d'abord  éprouvé  le  refus  de  celui-ci.  La 
crainte  des  Français  rendit  l'orgueil  d' Alfonse  plus,  traitable. 
Don  Geoffroi  Borgia ,  le  plus  jeune  des  fils  du  pape,  épousa 
dona  Sancia,  fille  d' Alfonse.  Les  deux  époux  n'étaient  pas  en- 
core nubiles  :  cependant  don  Geoffroi  passa  en  même  temps 
au  service  de  la  maison  d'Aragon  avec  une  compagnie  de  cent 
hommes  d'armes  ;  il  vint  s'établir  à  Naples  pour  y  jouir  de  la 
principauté  de  SquiUace ,  qu'il  reçut  à  titre  de  dot  avec  dix 
mille  ducats  de  rente.  En  même  temps  le  pape  donna  son  con- 
sentement à  la  vente  des  deux  comtés  d'Anguillara  et  de  Ger- 
vetri ,  qui  avait  été  la  première  cause  des  bromlleries  entre 
lui  et  Ferdinand.  Il  obligea  seulement  Yirginio  Orsini  à  en 
payer  une  seconde  fois  le  prix  entre  ses  mains ,  et  Ferdinand 
fournit  à  Orsini  l'argent  nécessaire  pour  le  faire  * . 

Ferdinand  ne  négligea  point  d'entrer  en  négociation  avec 
'Louis  Sforza  lui-même;  il  lui  fit  représenter  que  leurs  deux 
familles  étaient  unies  par  tant  de  liens  de  parenté,  que  c'était 
comme  entre  parents  et  à  l'amiable  que  leurs  différends  de- 
vaient s'arranger;  que  si  la  fille  de  son  fils  avait  épousé  Jean 
Galéaz,  la  fille  de  la  duchesse  de  Ferrare,  sa  fille,  avait  épousé 
Louis-lé-Maure;  en  sorte  qu'il  verrait  toujours  son  arrière- 
petit-fils  dans  l'héritier  du  trône,  soit  que  l'un  ou  l'autre  prince 
conservât  le  duché  de  Milan  ^.  Le  mariage  de  Blanche-Marie 
Sforza  avec  le  duc  des  Romains  semblait  annoncer  que  Louis- 
le-Maure  abandonnait  l'alliance  de  la  France,  car  on  savait 
que^  malgré  le  traité  de  Senlis,  Maximilien  conservait  un  pro- 


Vï>.  GtOc^ardini.  Lib.  I,  p.  52.  —  Sfàpkme  Anmifrato,  L.  XXVI,  p.  192. — Ifaccfcto- 
vèUl,  Frammenli  stor,  T.  lll,  p.  i.  —  »  Celte  duchesse  de  Ferrare,  fille  de  Ferdioaml 
et  belle-mère  de  Lcniis-le-Maure ,  mourut  le  1 1  octobre  1493.  ûlarlo  rerrarese,  T.  XXI?, 

p.  286. 


Dtl  MOTra   AGE.  361 

ibnd  ressentiment  contre  ChariesVIII'.  Maïs  Lonis-le-Maure 
était  désormais  rédnit  à  s'abandonner  à  la  destinée  qu'il  avait 
provoquée,  et  à  conrir  tontes  les  chances  de  Talliance  dange- 
rease  qu'il  avait  soUicitée.  Après  avoir  éveillé  T ambition  et  la 
vanité  du  jeune  roi,  il  ne  dépendait  plus  de  lui  de  les  calmer. 
Il  ne  pouvait  même  prudemment  se  séparer  de  Charles,  ni  se 
jj^ver  de  son  assistance ,  après  avoir  aussi  grièvement  pro- 
voqué ses  ennemis;  aussi  s*étudiait-il  seulement  à  gagner  du 
temps  pour  ne  pas  être  attaqué  seul  avant  que  les  Français 
fassent  descendus  en  Italie  ;  et  au  lieu  d'entrer  de  bonne  foi 
dans  les  propositions  d'accommodement  que  lui  faisait  le  roi 
de  Naples ,  s'efforçait-il  de  lui  persuader  qu'il  n'avait  aucun 
arrangetnent  avec  les  Français,  et  qu'il  sentait  mieux  que  per- 
sonne tous  les  dangers  qu'il  courrait  si  les  armées  françaises 
pénétraient  une  fois  en  Italie  *. 

Ferdinand  prenait  en  même  temps  ses  mesures  pour  se  dé- 
fendre par  les  armes.  Incertain  de  la  route  par  laquelle  les 
Français  tenteraient  leur  invasion,  il  avait  rassemblé,  sous  les 
ordres  de  don  Frédéric ,  son  second  fils ,  une  flotte  de  cin- 
quante galères  et  de  douze  gros  vaisseaux  pour  leur  fermer  le 
chemin  de  la  mer,  tandis  qu'Âlfonse,  duc  de  Calabre,  auquel 
la 'prise  d'Olrânte  avait  donné  une  grande  réputation  mili- 
taire, rassemblait  sur  les  confins  du  royaume  une  armée  qu'il 
s'effcMTçait  de  rendre  redoutable  '.  Mais  la  défense  de  Naples 
paraissait  surtout  devoir  être  assurée  par  l'alliance  de  l'Église, 
bien  qu'Alexandre  VI  cherchât  jusqu'au  dernier  moment  à 
profiter  des  inquiétudes  et  des  embarras  de  son  allié  pour  ar- 
river à  ses  fins  particulières.  Julien  de  la  Rovère,  cardinal  de 
Saint-Pierre  ad  i^tncula,  n'avait  voulu  à  aucun  prix  se  récon- 
cilier avec  Alexandre  VI;  il  s'était  retiré  dans  son  évèché 
d'Ostie,  et  il  s'était  fortifié  dans  le  château  qu'il  avait  bâti 

*  Scipfone  Ammirato.  L.  XXVI,  p.  103,  —  *  MacchiaveUl,  Frammenti  storîci.  T.  lU, 
p.  5.  —  Franc,  Guicciarâinif  Lib.  T,  p.  25,  —  «  Scipfone  Ammirato,  L.  XXVI,  p.  I9I. 


362  HISTOIRE  DES   EÉPTJBI.IQtJ£S  ITALIEIINES 

dans  cette  lille ,  et  qui  sur  tontes  ses  tours  porte  enocnre  ses 
armoiries.  Le  pape  feignit  de  croire  que  Julien  s'y  nudnteBait 
de  concert  ayec  Ferdinand,  et  déclara  qu'il  retournerait  à  l'al- 
liance de  la  France  si  cette  ville  ne  Ini  était  pas  {iTrée.  Eu 
Tain  Ferdinand  protestait  que  le  cardinal  de  La  Bovère  ne  dé- 
pendait nullement  de  lui,  et  il  invitait  le  pape  à  s'occuper  Uieu 
plutôt  des  ravages  des  Turcs  en  Croatie  que  de  la  g^ppisou 
d'Ostie;  un  nouveau  levain  de  discorde  fermenti^t  eutjre  eux» 
et  le  roi  de  Naples  reconnaissait  qu'il  ne  pouvait  faire  aucun 
fonds  sur  un  allié  qu'il  avait  acheté  à  un  si  haut  prix  * . 

Chaque  jour  la  position  du  vieux  Ferdinand  paraissait  de- 
venir plus  dangereuse;  ses  alliés  ne  songeaient  qu'à  lui  vendre 
chèrement  la  promesse  de  leurs  secours ,  tandis  qu'ils  ne  se 
mettaient  point  en  mesure  de  lui  donner  nue  assistance  r^Ue. 
Ses  ennemis  n'avaient  encore  d'activité  que  dans  les  intrigueSi 
mais  ils  avaient  déjà  anéanti  cette  confédération  de  l'Italie  qui 
pouvait  inspirer  de  la  crainte  aux  ultramontains.  Depuis  quel- 
ques années ,  l'Italie  avait  joui  de  la  paix  plutôt  que  du  bon- 
heur; sa  prospérité  s'était  accrue,  mais  ses  désirs  .n'étaient 
pas  satisfaits  ;  elle  se  confiait  dans  ses  forces  qui  n'étaient  pmnt 
encore  entamées,  et  elle  nourrissait  une  envie  secrète  de  cou- 
rir des  chances  nouvelles.  Avant  que  les  peuples  aient  éprouvé 
le  poids  des  calamités  de  la  guerre,  des  passions  bien  futiles, 
l'inquiétude,  la  curiosité,  le  besoin  des  émotions  vives,  l'a- 
mour du  plas  grand  des  jeux  de  hasard,  les  décident  souvent 
à  provoquer  les  révolutions.  Louis-le-Maure  avait  seul  négo- 
cié avec  la  France;  mais  d'une  extrémité  à  l'anUe  de  la  Pé- 
ninsule ,  la  moitié  des  esprits  attendait  avec  iippatience  une 
invasion  dont  les  mêmes  hommes  ne  laissaient  pas  d'avoir 
peur.  Le  duc  Jean  Galéaz  Sforza  lui-même  se  flattait  que  l'ar- 
rivée dans  ses  états  d'un  roi,  son  parent,  pourrait  changer 

<  SciploM  Ammiraio.  U  XXVI ,  p.  lOi.  —  Ffonc,  CtUcciardu^.  lab.  I,  p.  26. 


DU  MOTBN   AGE.  363 

son  sort.  Le  dac  Hercule  III  de  Ferrare,  qui  s*  était  associé 
aux  uégodationsde  son  gendre  Loois-le-Maore^  espérait,  dans 
le  trouble  futur,  recouvrer  le  Polésiue  de  Rovigo  que  là  der- 
iiière  paix  lui  avait  raid.  Les  Yéailiens  désiraient  voir  humi* 
lier  la  maison  d'Aragon  ;  les  Florentins,  secouer  le  joug  de  la 
QMdaoa  de  Médicis  ;  le  pape,  se  faire  l'arbitre  entre  les  deux 
potentats  \  les  nombreux  ennemis  de  la  maison  d'Aragon  dans 
le  royaume  de  Naples,  se  tenger  de  leur  longue  oppression. 
On  assure  que  Ferdinand,  témoin  de  cette  fermentation  uui-^ 
Terselle,  songea,  malgré  son  âge  avancé,  à  se  rendre  h  Gènes 
pour  s'aboucher  avec  Louis-le-Maure,  et  lui  faire  reconnaître 
4  quels  dangers  il  exposait  l'Italie  et^lui*méme,  en  ouvrant  im- 
prudemment ses  portes  à  un  ennemi  plus  fort  qu'eux  tous.  Il 
comptait  pouToir  exercer  encore  l'ascendant  de  la  raison  et 
4e  la  saine  politique  sur  un  prince  dont  il  reconnaissait  l'es* 
prit  délié  et  l' habileté  supérieure  ^  1 49  4 . — Mais  au  milieu  de 
ees  projets,  un  jour  qu'il  revenait  de  la  chasse ,  il  fut  atteint 
d'une  manière  inopinée  par  une  affection  catarrhale,  qui  le 
mit  en  deux  jours  au  tombeau.  Il  mourut  le  2d  janvier  1 494, 
à  l'Âge  de  soixante-dix  ans,  après  un  règne  de  trente«six  ans, 
laissant  deux  fils,  Alfonse  et  Frédéric,  déjà  distingués  dans  la 
carrière  militaire ,  dont  l'atné  fut  immédiatement  reconnu 
pour  son  successeur  ^. 

La  fortune  »  qui  avait  favorisé  Ferdinand  pendant  toute  sa 
vie  par  des  dons  qu'il  semblait  ne  pas  mériter,  le  servit  en- 
core en  le  retirant  du  monde  au  seul  moment  où  sa  mort 
pouvait  exciter  des  regrets.  Sa  naissance  n'avait  pas  seulement 
été  illégitime,  elle  était  assez  honteuse  pour  que  son  père 
n'^t  jamais  voulu  en  révéler  le  mystère,  qui  donna  lieu  aux 


^  F/.  Quiçclmtini.  iib.  I ,  p.  28.  ^ MaeehkofelU ,  Frammenii  sior.  T.  III,  p.  4.  — 
*  Fr,  GuiceiardinU  Lib.  I,  p.  2i.^PauU  JovH  Hist,  Lib.  I ,  p.  90.  —  Seipione  Ammi- 
rato.  h,  XXVI,  p.  195.  — PèrW  Bembi  Hlst.  Ven.  L.  II,  p.  24.  -^Summonte,  Slor.  dl 
aapoU.  L.  V,  T.  111,  p.  SS9.  —  GUmnone.  L.  XXVlll.  c.  2,  p;  62i. 


.1» 


364  HISTOIKE   DÈS  HÉPUBLIQUEfi  ITALîEIÏSES 

conjectures  les  piaf  opposées;  et  cette  tache  ne  Tempècha 
point  de  parrenîf  sur  un  trône  que  les  plus  puissants  mo- 
narques devaient  envier.  Il  ne  montra  ni  une  valeur  bril- 
lante, ni  des  talents  distingues  pour  la  guerre,  soit  dans  les 
expéditions  dont  il  fut  chargé  par  son  père,  soit  dans  les  luttes 
violentes  où  il  fut  engagé  contre  ses  sujets  rebelles  ;  et  cepen- 
dant il  triompha  de  tous  ses  ennemis.  Il  n'avait  hérité  ni  de 
la  franchise,  ni  de  la  galanterie,  ni  de  la  générosité,  ni  d'au- 
cune des  qualités  aimables  de  son  père  Alfonse,  encore  qu'il 
eût  eu  le  bonheur  de  captiver  toutes  les  affections  de  ce  grand 
homme.  Il  eut  pour  compétiteurs  deux  princes  qui  lui  étaient 
autant  supérieurs  par  les  talents  que  pas*  tontes  les  qualités  du 
cœur.  L'nn,  lé  comte  de  Yiane,  wm  neveu,  disposait  de  tout 
le  parti  aragonais  ;  F  autre,  le  duc  Jean  de  Galabre,  de  tout  le 
parti  angevin.  Ceux  des  barons  napolitains  qui  n'avaient  pas 
embrassé  Tune  ou  l'autre  faction  semblaient  prêts  à  se  ran- 
ger à  celle  qui  les  délivrerait  de  Ferdinand;  mais  tous  denx 
échouèrent^  et  Ferdinand  régna  trente^«x  ans.  Il  fit  périr 
dans  les  cachots  ceux  qui  avaient  à  plusieurs  reprisés  essayé 
de  secouer  son  joug  ;  et  il  affermit  par  des  cruautés  et  des 
perfidies  une  autorité  toujours  plus  détestée.  Les  premiers 
succès  sont  souvent  l'ouvrage  d'une  fortune  aveugle;  mais 
leur  constance  doit  toujours  être  attribuée  à  une  habileté  qui 
souvent  nous  est  si  odieuse,  que  nous  ne  voulons  pas  la  re- 
connaitre  :  telle  fut  celle  de  Ferdinand.  Il  n'eut  rien  de  ce 
qui  caractérise  les  grands  hommes,  rien  de  généreux,  rien  de 
noble  ;  mais  sa  prudence  était  consommée,  et  sa  politique  fut 
rarement  en  défaut.  Il  réussit,  comme  les  méchants  réifôsis- 
sent  quelquefois,  au  mépris  de  toutes  les  règles  de  la  justice  et 
de  tons  les  sentiments  moraux.  Il  régna  longtemps,  et  il  mou- 
rut sur  le  trôné.  Si  ce  fut  là  son  but,  il  l'atteignit;  mais  il 
régna  détesté,  il  vécut  dans  la  crainte,  et  Q  mourut  laissant 
sa  famille  dans  un  danger  pressant,  au  moment  où  cette  pm- 


DU  UOYSR  AGiB.  365 

denee  qu'on  reconnaissait  en  loi^  en  TaUiorrant,  ponvait  seule 
sanver  scm  fib  d'une  ruine  prochaine. 

Ferdmand  était  d'une  taille  médiocre;  sa  tète  était  grande 
et  belle,  àitouffée  d'une  longue  chevelure  de  couleur  châtain; 
ses  traits  étaient  agréables  ;  il  avait  le  front  ouvert,  la  figure 
jdeine,  la  taille  bien  proportionnée.  Sa  force  de  corps  était 
extraordinaire  :  ayant  un  jour  rencontré  un  taureau  échappé 
qui  trai>veraait  la  place  du  Marché  de  Pf  aples,  il  le  saisit  p«r  la 
corne  et  l'arrêta.  Son  esprit  était  orné;  il  possédait  plusieurs 
sciences,  mais  surtout  la  jurisprudence,  qu'il  regardait  comme 
néeessaire  aux  rois.  Il  parlait  avec  gcAce;  en  donnant  au«* 
dienee  à  ses  sujets,  il  savût  dissimuler  tons  les  sentiments  qui 
auraient  pu  le  rendre  odieux,  et  il  avait  en  général  l'ait  de  les 
renvoyer  satisfaits.  Ses  cruautés,  qui  furent  innombrables,  ne 
durent  pas  toutes  être  attribuées  à  la  politique  ;  sa  passion 
pour  la  chasse  lui  en  suggéra  un  grand  nombre  :  ce  fut  par 
les  ordonnances  les  plus  atroces  qu'il  pourvut  à  la  conser- 
Tation  du  gibicar  réservé  pour  ses  plaisirs,  et  il  les  fit  exé- 
cuter impitoyablement  sur  les  malheureux  paysans  de  son 
royaume  ^ . 

i  Sunmonte,  Star,  di  WapoiL  T.  UI,  tib.  V,  p.  54o,  eâiUo  in-io.  Napoli,  i67S. 


366  HISTOiaS  des  ÊÉPCSLIQUES  ITAtlERBES 


«fH«- 


CHAPITRE  XII. 


Préparatifs  de  défense  d'Alfonse  IL  ^  ^"emlères  attocfues  èe6  Fratiçftiii 
daDS  Tétat  de  Gènes  et  ea  Romagne.  —  Entrée  dâ  Glmto  Ylli  e« 
Italie.  —  Pierre  de  Médicis  lui  livre  toutes,  les  forteresses  de  h  Tos^ 
cane»  —  Révolte  de  Pise;  révolutioQ  de  Plorence^  esLii  de  Médicis. 


1404. 


Quelques-unes  des  grandes  révolutions  qui  changent  la  face 
du  monde  mettent  en  éyidence  tous  les  pouvoirs  de  l'esprit 
humain  ;  pour  elles  les  combinaisons  les  pins  habiles  ont  été 
calculées  dans  l'attaque  et  dans  la  défense,  tous  les  accidents 
ont  été  prévus,  tous  les  obstacles  ont  été  fortifiés  avec  art  par 
les  uns,  tournés  avec  adresse  par  les  autres.  La  fortune,  qu'on 
ne  peut  exclure  des  choses  humaines,  a  du  moins  été  corrige 
par  une  constante  prévoyance  ;  et  la  juste  confiance  en  soi^ 
même,  qu'on  acquiert  par  le .  déploiement  de  tontes  ses  fa- 
cultés, se  communiquant  des  chefs  aux  subordonnés,  chacun 
a  fait  son  devoir  dans  sa  place  comme  citoyen  ou  comme 
soldat,  chaque  ordre  a  été  exécuté  comme  il  a  été  donné  ;  et 
ceux  mêmes  qui  succombent  peuvent  encore  se  vanter  d'a- 
voir été  à  la  meilleure  école  et  d^  la  guerre  et  de  la  politique. 


BU  MOtEN  AGE.  367 

Mais  d'autres  révolutions  tout  aussi  importantes  dans  leurs 
résultats  sèiit  quelquefois  accomplies  par  des  moyens  abso- 
lument déférents  :  Timpéritie  est  opposée  à  Timpéritie  ;  la 
fauté  qui  devrait  perdre  un  parti  ne  le  perd  pas,  parce  qu'elle 
est  oonupeiisée  par  la  faute  plus  grande  encore  que  commet  le 
parti  eontraire.  Aucune  prévoyance  ne  peut  calculer  les  cban- 
ces  d'uïDe  pardlie  lutte,  parce  qti' on  peut  bien  soumettre  au 
calcul  les  intérêts  humains,  mais  non  pas  les  folies  humaines  : 
pour  un  parti  sage,  il  y  en  a  mille  de  déraisonnables,  et  l'empire 
dé  la  fortune  est  prodigieusement  étendu,  lorsque  renchaine- 
ment  même  des  idées  s'y  trouve  compris.  Le  sort  de  l'Italie 
ftat  décidé  en  H94  par  une  lutte  semblable  entre  l'incapacité 
et  rimpéritie  :  l'un  et  F  autre  parti,  considéré  isolément,  sem- 
blait ne  pouvoir  éviter  de  succomber  ;  et  en  voyant  la  con- 
duite du  rdi  de  France  et  de  celui  de  Pf  aples,  il  semblait  (éga- 
lement impossible  à  Charles  YIII  de  faire  la  conquête  de 
l'Italie,  et  à  Alfonse  II  de  l'empêcher. 

Deux  heures  après  la  mort  de  Ferdinand,  Alfonse  II,  sui- 
vant l'usage  d'Itahe,  avait  parcouru  à  cheval  les  rues  deNa- 
pies  et  les  six  placés  où  seggi  où  se  rassemblaient  la  noblesse 
et  le  peuple  pour  concourir  au  gouvernement  municipal  ;  il  y 
avait  recueilli  les  applaudissements  populaires,  et  il  avait  pris 
possession  de  la  couronne  à  la  cathédrale,  puis  il  s'était  fait 
donner  la  garde  des  châteaux  ^ 

Le  nouveau  roi  avait  plusieurs  fois  commandé  les  armées  de 
son  père  contre  les  Florentins,  les  Yénitiens  et  les  Turcs ,«  il 
Etait  chassé  les  derniers  d'Otrante,  et  cette  expédition  lui  avait 
valu  une  grande  réputation  militaire.  Il  joignait  à  cet  avan- 
tage celui  de  disposer  d'un  immense  trésor  que  son  pèi*e  avait 
rassemblé  par  son  avarice,  et  que  lui-même  augmenta  encore 
par  la  levée  d'une  contribution  extraordinaire  fort  onéreuse, 

<  Summonte,  deU*  istoria  del  regno  e  clttà  di  JtapoU»  L.  VI ,  cap.  I ,  p.  4SI,  6dUik> 
Napol.  m-4«.  1675. 


368  HisToinE  djss  bepubliquiss  italierhes 

à  l'occasion  de  son  ayénement  au  ti^n^  *^  JUfoiisç.  i|T4|t 
enfin  la  réputation  d'exceller  dans  cçtte  politique  P^r^Ci.^Hl^ 
Ton  suppose  habile  tant  que  le  succès  la  cooronW!*  «Ifosen* 
«  nemis,  dit  Philippe  de  Gomines ,  étaient  tenps  très,  s^g^ 
«  et  expérimentés  au  fait  de  la  gueiu:e  ^  riches,  ^t  ^pcwinw 
•  de  sages  hommes  et  bons  capitaines,  et  en  fo^fn^fSffifk  4ft 
«  royaume  '.»  Mais  toute  leur  réputation  ne  souttWt^soIqJtoQ^ 
prcmfere  éprràve. ,^,   ..., 

En  montant  sur  le  trône^  Àlfonse  dey  ait  s^  pi;^par^.à  le 
défendre  contre  l'attaque  prochaine  qui  lui.  était  wmwo^  ;  il 
fallait  pour  cela,  d'une  part,  s'appi\yer  par  qn  Jbonsji^tème 
d'alhânce;  de  l'autre,  rassembler  une  année  qipi  ffii  seule 
tenir  tête  à  l'ennemi  ;  car  il  ne  devait  pas  s'attendre  à  ce 
qu'aucun  allié  embrassât  jamais  sa  cause  avec  pljQ£)de]i;igHU9iir 
qu'il  ne  la  défendrait  lui-même;  mt^s  le  nouYeaif  ro|  Pftpit 
mettre  beaucoup  plus  de  confiance  dans  ses  ^jégfiojspfff^  giie 
dans  ses  armes. 

Il  envoya  d'abord  Gamillô  Pandone,  un  de  ses  ,i;û^||^ 
de  confiance,  et  le  même  qui  revenait  de  I*çux4|k{is9f4^i|f|e. 
France,  à  Bajazet  II,  empereur  des  Turcs,  pour  lui.  c^jpr^s^t^ 
que  Charles  YIII  annonçait  ouvertement  qu'iji  ne  çowdérfuit 
la  conquête  du  royaume  de  Napies  que  cpinme  un,éçhfiIo{i 
nécessaire  pouf  arriver  à  celle  de  l'empire  d'Oriept;  el)  qu'ep 
effet,  ses  ports  sur  F  Adriatique,  qui  n'étaient  ^parés  q\t¥)Far 
une  journée  de  navigation  de  ceux  de  la  MacédoinCi  mi^,fois 
entre  les  mains  d'une  nation  aussi  entreprenante  et  s^fssi  bel- 
liqueuse que  les  Français,  pourraient  faciliter  les  atta^esles 
plus  daîigereuses  contre  l'empire  turc.  AUoime  d^D(ia^d{tît,/9ii 
conséquence,  six  mille  chevaux  et  autant  de  fantas|s|nfi  tiircsà 
Bajazet  ;  et  il  offrait  de  payer  leur  solde  tant  qu'ils  serviraient 


1  Piuft  JovU  BUtor,  3Ui  tempof'is.  Lib«  I,  p.  s««  —  *  riillippc^dv  Gottiaes,  Mémoires. 
L.  VII,  eli.v,  p.  les. 


BtT  MOtËlV   AGE.  360 

en  Italie  * .  An  bont  de  peu  de  mois,  Pandone  fat  envoyé  une 
aeeonde  fois  à  Bajazet;  et  le  pape,  Toolant;  aussi  traiter  en  son 
nom,  Im  joignit  Georges Bnceiarda,  Génois,  qn  Innocent  YIII 
avait  déjà  chargé  d'une  négociation  peu  honorable  avec 
kl  Porte  *.  Alexandre  YI,  qui  dans  ses  bulles  exhortait  Char* 
lea  Tin  à  tourner  toutes  ses  forces  contre  les  Turcs,  puisque 
ki  guerres  avec  un  prince  chrétien  étaient  indignes  d*unmo« 
narque  qui  prenait  le  titre  de  très  chrétien  et  de  fils  a!né  de 
r Église',  cherchait  d*autre  part  à  exciter  les  Turcs  contre  ce 
monarque  même.  En  même  temps  il  accordait  à  Ferdinand- 
le-GatboIiqae  les  produits  des  taxes  de  la  croisade  qu*il  faisait 
prêcher  en  Espagne,  pourvu  que  ce  roi  les  employât  contre 
les  Français  et  non  contre  les  infidèles^.  Mahomet  II  n*aQrait 
sArement  point  laissé  échapper  une  occasion  aussi  favorable 
de  mettre  le  pied  en  Italie,  et  de  réduire  à  une  espèce  de  va»- 
aelageun  nouveau  prince  chrétien  :  mais  son  faible  successeur 
B'ëtendait  pas  si  loin  sa  politique,  il  craignait  de  troubler  soi^ 
ptopre  repos;  il  se  contenta  de  donner  ordre  au  padia  d'Aï- 
btme  de  rassembler  environ  quatre  mille  s^ddats  turcs  à  la 
Talonne,  et  il  ne  prit  aucune  part  à  la  guerre  ^. 

En  même  temps,  Alfonse  avait  envoyé  quatre  ambassadeurs 
au  souverain  pontife ,  pour  resserrer  avec  lui  Valliance  con- 
due  par  son  père ,  et  obtenir  l'investiture  de  l'Église. 
Alexandre  YI ,  dont  toute  la  politique  consistait  à  mettre  ef- 
/  fnmtément  sa  fidélité  à  l'enchère,  avait  paru  prêter  roreiUe 
aux  propositions  du  cardinal  Ascagne  Sforza ,  qui ,  dans  le 
collège  des  cardinaux,  soutenait  le  parti  français,  tandis  que 
le  cardinal  Piccolomini  dirigeait  le  parti  aragonais.  Ce  n'était 
cependant  qu'une  ruse  du  pape,  pour  mettre  ses  concessionB 

1  PmtHJmfU  BisL  nd  lêmporU.  Ub.  I,  p.  90.  *  Franc.  Guleclardini  Bistar.  lib.  I, 
p.  34.  —  *  Franc,  GuieelaFdinU  Lib.  I ,  p.  S0.  —  *  BuUa  Àkaaudri  ad  regêm  Fvmtéêw, 
•  idu8  octobris  1494.  Baunaldi  Amud,  S  16,  T«  XIX,  p.  43i.— «iftwol.  eeeles*  Mai/itaUU 
T.  XIX ,  p.  432  »  S  3l.-Ff.  GtOfieUxrdini,  L.  I,  p.  S9,  —  *  SêûHa  fCMia,  T.  XXIX ,  ter. 
ItaL  p.  S. 

TH.  34 


37Q  HISTOIBE  DES  RÉPUBUQUCS  rTALIEIllCES 

à  un  phi«  haut  prix;  et,  le  18  aTîU  1494,iUoeaii^à4^)fi|iuie 
des  baUes  d'iprestitiire  pour  le  royaume  de  Naples  ^  soiia  les 
çopditions  auxquelles  elles  aTaieut  été  accordéon  à  9fi$  priées 
eesseurs*.  .   * 

Le  cardinal  Jean  Sorgia ,  fila  du  pape  i  ^t  aitbevèqiw  4o 
Montréal,  avait  été  nommé  légat  à  latêf^^  pQi«r  |i|  oMpmm 
du  couronnement  d'Alfonse;  il  Tint  recaeillir,  po^r  iaiMoUl^ 
les  técomm»^^  aq  W^  desqaeU^s  ce  monarque  anit«iN4« 
ralliance  des  ^orgia.  On  recojinaissait  à  Kapk»  sepi  pw4a 
offices  de  I9  couronne  ^  qpi ,  sqiTant  le$  iibtitqtieas  féodatei, 
étaient  des  ministères  à  Tie,  presque  indépendaisi^  de  Vwitmtéi 
royale  :  Tup  d'eux^  celqi  de  protonotaire,  fut  aceordé  à  G^« 
fipoi  Borgia,  avec  la  prindpaD^té  de  Squillaoe,  le  comté  d^  Ca* 
ri^ti  ^t,  dix  mille  ducats  de  rente  ;  UQ  autre  »  et  0e  déduit  ètoa 
le  premier  qui  deviendrait  vacant,  fut  pfomb  au  âM  datiaB* 
d^e^  second  fils  du  pape ,  avec  la  pHUcipanté  deTficaiico,,  lea 
comtés  de  Ghiaramonte,  Lauria  et  CArinola ,  et  àome  mXê» 
ducats  de  rente;  enfin,  Ytrginio  Orsini,  qui  apraU  aégo^  m 
traité,  reçut  en  récompense  un  troi»ème  dei  ees  graydi^oUbOM 
de  la  couronne,  et  c'était  celui,  de  grand  connétable^  te  filu9 
éminent  de  tous  ^.  Des  rentes  ecdésiastiqijies  dan»  h  royésme 
furent  en  même  temps  assurées  à  César  Bpfgia  qoeson  pèi« 
véne^t  de  créer  cardinal ,  en.  faisant  prouva,  par  de  fatix  1^ 
moins  et  de  faux  sermeu.ts,  qu'il,  était  fk  légttîpaef  #m  en 
tôyen  romain,  et  capable  d'exercer  I^bs  baujbes  ^igu^tâ^  de  l'É^ 
glise  *.  * 

L'alliance  de  Pierre  de  Ifédida  n'avait  point  M  aclretéii'  à 
un  si  haut  prix,  sa  vanité  seule  avait  suffi  poux  W  sédirive*  Qa 
croyait  qu'Alfonse  lui  avait  promis  i»  l'aide^  &  ebangor  mm 

autorité  sur  Florence  en  une  domination  absolue ,  avec  titre 

t        .  '1   • 

>af9mridl  âmnal,  eeeUê.  i4M,  $  SH»  ,  p.  43r.— Siimmon/e,  Stor,  ai  NppoU,  Lib  vu 
99^  i^  Pr<M2»  -r  %  S0<pfofi0  Àmmirai&.  L.  XXVI,  p.  197.— Fr.  GfflccfdfrifRl.  L.  I,  p.  S#. 


tV  MbTBN   A6B.  37  i 

âe  {ffiiKi^àirlt  * .  Ed  rëtôtar,  Médids,  par  tttie  èoiiywtioti  àe- 
critequi  &*aTâit  point  été  communiquée  aux  bonsèils  de  la 
réimbliipiey  attiit  promis  au  roi  de  N aplës  de  recevoir  la  flotté 
napolitaine  dans  le  port  de  LiYOtii*iie  ^  de  faire  pour  loi  des 
k?^  de  soldats  eU  Toscatie  y  iét  dé  résister  à  &ëiii  àrtiiéé  k 
rÂtUtqae  dm»  Français  a.  Hëdids  croyait  ett  biitté  pottVôii^  ré- 
pondre d«s  répt|bU({tties  de  Aienbe  et  dé  Lwâqûes^  qui  se  iroti- 
ymmi  comme  eâtiatéëë  dans  lëâ  états  florétitins ,  et  i^ui  tiè 
pôuTaient  songer  à  suivre  une  ligne  séparée  de  t)dlititj[uè.  Al- 
foQsë  àYalt  égalenlent  étendu  ses  négociatiohs  dn  côté  de  ta 
Bimiagne.  Gésène  était  t^ntrée  ^us  F  autorité  iîiimédiàtë  dd 
pontife^  qui  eti  répondait  ;  f  aëiiccl ,  principauté  dd  jéuné  Âs^ 
ttHTéltanfrédi,  était  alors  sous  la  tutelle  dés  FMëtilibâ;  lUioU 
•et  Eorli^  qui  appartenaient  à  OetaVien  fiiàrio  -,  sons  la  tutelle 
4e  sa  mèr«,  la  oélèbrè  Catherine  SfOi^zà,  s'et^gagèrëilt  dàùs  là 
ligue  f  moyennant  an  sobbide  proniis  par  AlfOnsë  et  lés  tflc^ 
rentimu  Snfln  Jean  Bentitoglio^  sëigUèUr  de  Bologtié,  étii- 
braasa  le  même  parti  sbos  des  eoilditiôns  sëinblablèà  ^. 

^Aiaai  tonte  f  Italie  méridionale  paraissait  uîiie  par  diië  éédlë 
i^aa60f  et  ne  présentait  plus  qu'une  seule  frontière  dés)  Bbrci# 
de  r  Adriatique  à  la  mer  TyrrhéuiéUne.  La  toséauë  éi  lë  Bd- 
louais  étaient  les  seuls  pays  par  lesquels  les  armééi^  fhâiiëâiâiëS 
pensent  s'ayancer  yei^  Home  et  NapkâS;  et  Alfoo^é  â'eUgâg^ea 
à  dâfeadre  l'Un  et  Tautre  par  deui  armées  qui  ôccupercÙeUtf 
^na  les  défilés  des  montagnes,  et  tous  les  passage^  MMêé  ÙJÊS 
riyière».  En  même  tempsj  comme  il  étfiit  déjà  averti  ^lie  1^ 
FraEt^nii»  faisaient  à  Gènes  de  grands  prépattttiis  UiarïtiiUéiS^  et 
comme  U  se  souvenait  que  Jean^  àm  de  Gâlabfé ,  lef  dérdiëf*' 
dtis  pmees  angCTins ,  avait  envahi  par  met*  le  réyaànté  Qe 
I<f Apies,  AlfonsQ  donna  à  don  Frédérie^  mh  ftb^i  lé  èdflfttiaU-^ 
dément  dnae  flotte  de  treiite-dnq|  gialêft^^  dii-ttùlt  ^ià6È 


372  HISTOtaB  DES  niPUBLIQUES  ItJLUEBfËÈS 

yaisgeaox,  et  donxe  b&timents  plas  petits,  qui  dot  se  rendre  à 
LiTOame  pour  attendre  les  Français  aa  passage ,  et  leur  fer- 
mer le  trajet  de  la  mer  inférieure,  sMls  voulaient  le  tenter  * . 

Pour  régler  de  eoneert  avec  ses  alliés  la  distribution  des 
forces  de  terré,  Àlfonse  se  rendit  le  1 3  juillet  à  Yiooyaro,  près 
de  l^oli,  où  il  avait  donné  rendez-vous  au  pape  Alexandre  YI 
et  aux  ambassadeurs  florentins.  On  assure  que  dans  ce  con- 
grès Alfonse  parla  avec  beaucoup  d'éloquence  sur  la  néces- 
sité de  sauver,  par  les  efforts  les  plus  vigoureux ,  non  point 
son  trône,  mais  T indépendance  de  toute  Tltalie,  Texistence 
de  tous  les  états ,  le  maintien  des  lois  et  des  mœurs  qui  leur 
étaient  propres.  Il  fallait,  disait-il,  ou  engager  Louis-le-Maore 
à  renoncer  à  Talliance  française  pour  rentrer  dans  les  intérêts 
italiens,  on  le  forcer  à  descendre  du  trône,  et  à  rendre  Tau- 
torité  à  son  neveu  '.  Pour  atteindre  ce  but,  Alfonse  offrait  sa 
flotte  commandée  par  son  frère  don  Frédéric ,  et  son  armée , 
composée  de  cent  escadrons  de  cavalerie  pesante,  à  ving^ 
bommes  d*  armes  par  escadron ,  et  de  trois  mille  arbalétriers 
ou  cfaevan-légers.  A  la  tète  de  ces  troupes ,  il  se  proposait.de 
s'avancer  par  la  Romagne ,  et  de  causer  une  révolution  en 
Lombardie  avant  que  Louis-le-Maure  eût  reçu  les  secours 
des  Français'. 

Hais  ces  déterminations  vigoureuses  furent  renversées  par 
les  intérêts  et  les  passions  privées  du  pape.  Celui-ci  voulait 
profiter  des  forces  rassemblées  dans  ses  états  pour  se  défaire, 
avant  tout,  de  tous  SM  ennemis.  Il  avait  d*aborâ  pressé  le 
mégd  d'Ostie,  pour  se  délivrer  du  voisinage  du  cardinal  Ju- 
lien  de  la  Bovère  qu'il  poursuivait  avec  la  haine  la  plus  ar- 
dente. La  Bovère,  qui  savait  bien  le  sort  qui  lui  était  destiné 
sllVmbalt  entre  les  nuiîns.de  son  ennemi,  sfenlmt  ei^ 
tfOstie  te  2S  avril  h  trois  heures  de  niïU;,  et  se  fit  transporter 

1  Selpione  Ammlrato.  U  XXVI,  p.  199.»*  PauU  JouUBisL  sui  ten^p^.  iSb,  I,  p.  94. 
—  Smmnit,  Stof.  ai  tlapoU»  U5.  VI,  çap,  I,  p,  4^. .  ^  Fr^  Giifppjqr^U.  XU»..|;»  «^  SS. 


mj  MOYEN  AGE.  373 

sûr  un  briga&tin,  d'abord  à  Savonnei  ensuite  à  Lyon,  auprès 
de  Charles  YIII  * .  Après  qu'il  se  fut  échappé,  sa  forteresse  ne 
fit  plus  une  longue  résistance.  ^Jexandre  YI  voulait  de  même 
employer  les  troupes  napolitaines  à  écraser  les  Golonna.  Pros- 
per  et  Fabrice,  deux  cbefs  de  cette  maison  illustre,  avaient 
déjà  acquis  une  grande  réputation  dans  les  armes,  à  la  solde 
da  roi  Ferdinand  ;  mais  ils  avaient  conçu  de  la  jalousie  pour 
les  faveurs  dont  avait  été  comblé  dernièrement  Yirginie 
Ôrsini,  chef  d'une  maison  rivale  de  la  leur.  Ils  s'étaient 
secrètement  engagés  à  la  solde  de  France;  et  jusqu'à  ce 
que  le  moment  de  se*  déclarer  fût  venu,  ils  s'étaient  retirés 
dans  leurs  fiefs  avec  le  cardinal  Ascagne.  Sforza,  et  ils  cher- 
chaient à  gagner  du  temps  par  des  négociations  trompeoaeii 
avec  le  pape  et  le  roi  de  Naples*. 

L'inimitié  du  pape  contre  les  Golonna  força  Alfonse  à  divi- 
ser son  armée.  Il  renonça  à  la  conduire  lui-même .  en  Borna* 
gne,  et  il  en  donna  le  commandement  à  son  fils  Fardinand; 
maïs  il  en  détacha  auparavant  trente  escadrons  de  cavaleriCi, 
qu'il  garda  sur  les  confins  de  l'Abnizze,  pour  couvrir  Tétat 
ecclésiastique  et  le  sien;  et  une  partie  de  ses  chevauJégers^ 
qu'il  donna  à  Virginio  Orsini,  avec  deux  cents  hommes  d'ar- 
mes du  pape,  pour  se  cantonner  autour  de  Borne,  et  tenir  les 
Golonna  dans  le  devoir.  Ferdinand,  duc  de  Galabre,  brave 
prince  âgé  de  vingt-cinq  ans,  également  cher  aux  sujets  et 
aux  soldats,  devait  s'avancer  en  Bomagne  avec  soixante-*dix 
escadrons  et  le  reste  de  la  cavalerie  légère,  réunir  à  son  ar«« 
méeles  compagnies  de  gendarmes  qu'avaient  promis  Biario  et 
Bentivoglio,  tenter  d'exciter  une  révolution  en  Lombardie,  et, 

>  AuGidccfAHfelû'  LU).  ^  p.  29.  >—  tmh»U  senarenœ ,  dtrebm  Ùenu^ns.  T.  XXlV; 
P  5S9.  —  Allegretto  AllegreUi,  Dlarl  Saneti^  T.  XXIU,  p.  «19.  ^  Stefimo  HÊftitufO^ 
Diario  nomanOf  p.  1257.  C'est  par  cet  évéDement  que  le  termine  le  curieux  journal 
dinfessura,  qui ,  au  milieu  de  beaucoup  de  coûtes  populaires  et  de  beaucoop  de  nédi* 
sauces ,  peint  si  bien  le  gouvernement  pontifical  au  xv«  siècle.  Muratori  l'a  imprimé 
avee  'quelques  suppressions.  T.  III,  P.  II,  Her,  ItaL  p.  iio$-i259.  Eckard  Fa  donné  loal 
entier.  ^Tr.  GuicciurdM  Lib.  f,  p.  86. 


^74  HISTOIRE  DES^  |^PUBLff)U^  ITALIENIKES 

gp'^  Vhiyer^  le  c^çiniu  de  la  RopAgoe. 

liça  It;aliçii^  ne  guppç^en^t  pas  ^'^  p^t  fw^e  la  guerre 
pei\daAt  VlilW^;,  f^  ^*Us  g^pâienf  sj[x  f^ois,  ilst  oç  4o(iM^^n^ 
Çfts  ftV.Ç  l'5\ttaqfle  ^çç.  ?rç^uçais,  ea^rçfjri&jB  nveç  légèreté,  ne 
^at  ^|ft(|oD^^  dp  i9.ême'.  J[çan-Ja^ue^.  Tri,Tçlzio^  guelfe 
ïjiUaipftia,^  \i^^  çqmtft  d^.  Pitig^ano,  !d«  1^  maispn  pre^ni,  et  Air 
i9ft^  4'Avaio%^  ww^pis  4^  Pescaire,  f ttrei;it  donnés  powc  con- 
açiJÇiçips  ^ajçui^ç  priç^ce  i^apolitain.  Piçi^re  de  Hé4ici$;  promit 
4<^  ^  charger  de  \^  défense  4^  1^  Toscane  et  des  4éfilés  (}ie$ 
4p/?^i3^us  ;  çp^^is,  avec,  wue  ieç^pi^évQyanoe  inçoncevaUIe,  il  ft  y 
a|pj)ç\a  polçt  de  ^roupps  é^rang^es. 

4^  \*ad$emblée  4^  Yic^yarp  s'était  trojuy^  1^  yîeux  c^nal 
Paul  Frégose,  archevêque  de  Çlènes,  qui  avait  joué  si  long- 
t$]^,4%n&  cette  yilfe  le  i^ôlC;  de  çhe(  des  factieux.  H  offrit 
mgf^^affifïç^jffif^  çli£^serdiç, sa  patrie  1^  Adorui,  ses  adver- 
saires, çt  ^yeç,  eu;x  l^s  Milajpais;  iJ,  projet;  qifayec  l'aide 
4'6lyl^Ie^tp  de  ?iescl;â  et  de  sa  pnopre  factioni,  il  se  reodroit 
^iséinent  çxaître  de  la^  république,  s* il  poi^vaijij  se  présenter 
dan3  l<ça  nijers  de  Ligifrie,  avec  la,  flotte  n^poUv^nç,^  avapjb  que 
l^  gal^i;es  du  p^U  con.tr^i:^  fussent  çompV^t^a^eat  arméçs, 
el;  qi^  la  flotte  fraoçaisiç  f4t  ari;lyée  à  Gè^es,  Spn  o|fce  fatao* 
(^\ft^;^\  la  flot,te  4^  do»,  Frédéric,  ayant  pri^,  ^  ^i:â  to 
^ipigi^^s  génois,  avqç.  environ  cipq  millO;  fenja^sins  rassemUfb 
4i^s  rétgit  4e,  ^pujçye  çt,  ^  UvQuynje,,  se  4irigea  vers  ]a  rivière 
d«,te.xapt.». 

l^ji^  Iç  cardinal,  Julien  de  1^.  Boyè^ ,.  qui  d*(^tie  avait 
pajss^  ^  Sayonne ,  sa  ç^trip  ,^  y  ^ya.il;  4^uyert  le^  intrigaes 
liées  par  le  cardinal  Frégose  dans  toute  la  Ligurie  ;  il  s*étfflt 
hâté  de  se  rendre  à  Lyon  pour  en  avertir  le  roi  Charles  VIII. 

•  «  iy.  ÙtÊcdardini,  Ltb.  I,  p.  3S.  ^PauU  JovH  HisL  mi  tempo/U.  L^  I,  p.  24.-PbU- 
de  Comines.  L.  VU ,  çb.  V^  p.  164.  —  *  Pauli  JoviiOiêt.  êui  temporis.  Lib.  I,  p.  34.— 
Ifranc.  GÙicciardinL  Ùb.  I,  p.  86.  —  OrUmdo  MalavoUU  P-  Ul»  4  VI,  f.  98. 


DU  MMtlt   kiit.  31  & 

l!  ïkYM  engagé  i  téire  passer  âent  tfAlfé  Snbseà  &  Grèneg, 
pottr  déjouer  ces  oomplofs  :  en  mènbé  iemps  if  fltâlt  émplo ji 
foilte^sott  Aoquenœ  et  todte  Tinipétaositë  de  sott  ftme  ardente 
i  prmet  ïcé  préparatifs  de  gtterrèf  contre  f'ttdife,  6t  à  dissiper 
kRM  fe»  domtes  et  toutes  leâ  hésitation»  de  Cb^lèsr  Yllf,  dans 
fetfpeit  de  bâter  ainsi  sft  propre  tengcfértfcè  * . 

Eit  effet,  Charles  tllf ,  mti}grë  todte^  ses  lùétiaces,  fnatgré 
tmâes  les  négodations  qui  n'avaient  eàrd'acrtfe  hnt  qcre  sont 
expédition  d'Italie,  étart  eftCbre  incertain,  et  sur  h  route  qifii 
hâ  ceiDtieAdrait  de  prendre,  et  Sur  fe^écùffion  niébe  de  son 
l^ojet.  Cependant,  presqtrédéterntfn^àatfaqnerle  ^o^aume  es 
Ifopiespar  mer,  il  fit  passer  a  Gènes  tOottargeAt  dont  il  pou- 
vait cBspeisier  ;  il  fit  prépater  pottf  hit-mêitte  des  ïogemeiïts 
0|ileiMKde§  dans  les  palais  des  Spitiofaf  et  des  Dor^a ,  e(  îlf  y 
e»vo>ya  son  grand-é^jef,  Pierre  iVflé ,  ponf  j  teite  armer 
ime  flotte  puissante,  tpé  derait  se  rëunfr  )k  eetfe  (fifùt  artkntft 
e«  mitm^  teittps  pcmt  hA  èi  TiTIef ranebef  éf  à  ittarseille'^.  là' 
prefiûère ,  qui  ne  iui^  rendif  ensuite  aucufi^  service,  paftrce  qu'^ff 
aJNmikHiiift  tonjft  ses  ^j^^  avec  mima  de  légèreté  qu'il  W 
a^mt  fermés^  fet  Ht  plus  TMgnifiqpie  qu'on  éÂt  janv^is  vue  daéi 
\e$^  miÊt»  ée  kt  MpabHque  de  Géîte^.  Ot^  j  comptait  âôvtté 
g»i2.»ii»»«c  rtran^port  poar  fa-  caralerie,  <bns  h^qaé^ 
oâ<  potfvaît  Ibger  quinze  eents  cbevaui^  ;  quïitre-tin^-se^ 
tnmsporlË  pl^s  petife  potfr  F  infanterie,  dk-sept  spéfonatés; 
v>niglrâ*oi8  taisseailit  du  port  de  cinq  cent  sokantîe^,  et  vingt- 
sfar-  disr  porH  éé  cinq  oént  quatre-vingts  tbnnigaiix,  une'  gi'antife' 
galbée  qui  portaM  cent  chevaux,  trentb  galfei'es  ifrmèéir  potilf  ' 
Ite  combat  y  enfin,  la  galère  royale,  dont  Ib  pbupe  é^ait  &téé\ 
el  ^i  était  couverte  fout  entière  d'un  pavillon'  de  sbie^. 


de  rebuê  Omimn^s  |f.  vÉsk  ^  l>b.  de  eotohn»:  &  vii;  dU  v,  fh  len  -^  *  iMMrM». 
fe^o;  diê  rébus  Gemiens,  T.  XXIV,  p.  ùs.  <  :   ' 


3^.Ç,  HISTOIHE  DES  |f|^rii|N^9J9£S^,JiTALI]SNllES 

Po^  pcpunaioder  oç  pirodigfteax  «naaasKHl^Cliailtt  VOM 
ea^oy^dkk  Çti^jjii^  avee  la  flotte  franfaife  son  «puâuf  le  dac 
d*prlé^p8^,.qi4  lut  depuis  JLpw  XIL  Cdoi-oi  fit  aea  isASiée 
dap»  js^^ yi])e  ]^  ^our  mtane  où  la.  flotte  napolttaÎDe  {larttt  en 
Tue  dos  côtes,  de  la  Ligorie*^  tandis  qa*AiiteHie  de  Bessey,- 
baron  de  TricasteLet  baiUi  de  Dijon,  qui  ayait  été  chah^  des 
n^Qciation^  da  roi  avec  les  Scôsses,  wiMrès  demiids  il  iooisaiit 
d'ua  ^rond  crédit ^  AV^^ait  à  Gènes  les  deux .  mlk  hommefr 
d* infanterie  qa*il  avait  levés  dans  les  cantons^. 

Ibletto.  de  ^Fiesd^i  avait  pdromis  à  Paal  Fi^^oso  dt  à  dos; 
Frédéric  d*Aragon  /qpie  tqqs  sen  partisans  l'attendraient  tMt 
arm^  dan^  la  rivière  du  Levant;  il  détermina  done  Ja  flotte 
napolitaine  à  se  présenter  devant  Porto-Yénéré,  petite  irffie 
en  face  de  ^L^rici,  qui  coiwpAanâe  rentrée  da  magsifîqae  gidfe 
de  la  Spézia*,  lyiais.  so^  prQpre>  irère,  Jean-*Iioais  de  Fies- 
chi^.qai.^t  attacl^é^  parti  oootmret  s'était  rendaà  ki 
Spézia»  ^et  ayaijt  exhorté  les  habitants  de  ces  parages  è  d^nen- 
rer, fidèles  ^  la  répul^ue ;.et Jiean-Jacques  BaH»  était  «ntfé 
dans  la  v\le niêaie.46 Porto-Yâaéré aveo quatcacents iantasi- 
sins^.  %  qHé)  de.t^e,  op^te  ville  n'était  défendue  qae  fiar 
une  loîsérable  ^cein^t^  de  muriaiUes  ;  cpidqnes  corpa  d^islan*- 
terle  j(^fipoIitai^Q  esst^yècej^tdi^les  attaquer,  tandis  qnelaflolle) 
portanjt  iin^  çedoutable  aitill^ie^  entrait  dans  la  rade,  atten- 
tait d*  opérer  un  débarqaeuiieat  sur. k  plage  même.  Mms  tafos' 
les  hfd)itants^  et  JQsqa*aux^  femmes  de  Porh^-Yénéréy  rféUiièKl 
rangés  avçc  le^  soldats  derrière  les  murs,  «t  réponses ^ent  les 
assaillants  en  faisant  couler  4es  piprreseiir  eux»  QMl|ne9 
rocberi;  ^  fleur  d'eau  avaiei^tëlié  aatiqnement  façonnés  eir 
forme  de  débarcadour  sur  le  port  pour  la  commodité  des 


t  IHoi9il«Bt4il  Wiipp6  d»  CMttiiMi;  Cif;  va«  cltaq».  V;ik  it'i,  —  « Fr*.  CmcOarûinU 
Lib..l4  p.  j7vTr^  icy.  B9kearH  Cam/neni.  fénm  âaniMf.  Ub.  V,  p.  iî9.^  >  SdgOone 
Amn^mo^  S^  \%Xi,  n.  âo».  —  O^m  FûHetm  ^ish  Gen^eru.  IM  xn,  p.  m,  —  i^us- 
Uttionl  Ann.  di  Genovu,  Ub.  V,  f.  249. 


«  '  MruMn  ÀOB.  3^7 

t^dfe,;  hB  liibitiBrtB.«Mtait  6»  floifit  dé  gttâner  de  soif  ces 
pier^  polies,  q«i  ft'ayaBfaieat  anmiUea  d^ime  mer  profottâé 
et  a^l^e.  LeiMapoliUîiift  s'en  appnM^aieat  dans  les  ohaloupes 
deteani  YAisasaia  ;  qaand  ils  se  croyaient  assez  près,  d'un  saat 
ils  s  élançaient  >toal  armés  sar  le  rivage  ;  mais  leors  pieds  ne 
poiiyaifUdts^afibnnirsQrlapîeifeglissaBte;  ibretombaientdans 
la  BMT^.et  leor  dinAe,  pour  enx  si  fatale,  apprêtait  à  rire  aux 
défenseurs  de  Portô-Yénéré,  et  rdevait  leur  eoorage.  Le  com- 
bat continua  sept  heores  avec  «n  acharnement  égal  des  deux 
ports;  enfin,  à  Tapprodie  de  la  irait,  don  Frédéric  rappela 
ses  troopes  sur  ses  yaîsseaux ,  et  il  s*âo^iia  d'une  petite  ville 
devant  laquelle  il  avatt  commencé  le  cours  de  .sa  mauvaise 
fortune*.. 

Après  oel  échec,  don  FiMéric  i^vint  à  Livoumeponr  ra*- 
fraldnr  sa  flotte  et  y  embarquer  de  nouveaux  soldats  ;  il  en 
repartitenviron  un  mois  après,  sur  la  m>aveIiequeGbatles  VllI 
s'était  ms  en  roulç  pour  passer  les  Alpes.  Le  4  septembre 
Frédjâiic  se  présenta  devant  Bapallo,  riebe  bourgade,  située 
à  peu  près  à  égale  distance  entre  Porto^Fino  et  Sestri  di 
Levante*;  Comme  elle  n'était  pas  fortifiée,  Louis-*le-Maure  n' j 
avait  point  mis  de  garnison ,  et  les  NapoUtatns  n'éph)uvèfent 
aupima  diffici|lté  à  s'en  emparer.  Ils  y  mirent  à  terre  Hyblètto 
de  Fiesobi  avec  trois  mille  fantassins  et  les  émigrés  génois,  et. 
ils  8*etttwrèrent  proviiw«em»t  d'une  palissade.  Celle-ci  con- 
8i8tsit.8enlement  en  grandes  fourdies  de  bots  plantées  enterre, 
sur  lesqodles  reposaient  des  scdives  à  bauteur  d'appui.  Il 
n'^  lsUaî(  paa  davantage  pour  arrêter  la  cavalerie,  et  pour 
inspirer  de,  la  ainflanso  aux  bommies  qui  devaient  défendre 
ees  faiUes  barrières  >• 


^  Barih,  Senaregœ  de  rébus  Genumis*  i»»  MO.  -^  MmpCI  FûUetee  OemMftff.  Jriic. 
Ub.  XII,  p.  6f  I.  —  S  Pauli  JovU  BUU  sià  Ump.  Lib.  I,  p.  t«. — Fr.  GKiuUwdUa,  Libw  I, 
p.  44. 


^f9^  HISTOIBE  DQ  l^I>«ni«DBt  italiebues 

Uaift  ni  Sfoiù  ni  te  duo  d-Orléans  B*arvaient  rIntentiOn  de 
Iaktter  toofs  tnnenns  se  tortàêer  à  Bapano.  Le  premier  atait 
pria  à  aon  cernée  ïm  mflt  frères  San^Sétérini,  fihrda  tieux 
Buberl^  qvàf  dan»  te  génération  préeédente,  arait  en  tant  de 
part  «M  névetetioDa.  de  te  Lombardie,  Sforza  avait  trooiré 
panai  eea  frères  ms  {dus  habiles  conseillers  et  ses  pfos  bra- 
ire» généraoï.  U  en  ami  ebargé  denZ|  Anton-Marie  et  Fra- 
cassft,  de  te  tféfiuMe  de  Oéses  :  le  premier  partit  anssitAt  ptrar 
Sapulte  par  teeticimtn  de  terre,  avec  denx  o«rfK»rtes detété- 
ima  et  .ua  eseadroo  de  eavalerie,  tandis  qne  le  due  f  OrtéEms 
7  Gondw^t  s*  flolte,  composée  de  dix-biiit  galères  et  dbtfze 
gros  viaiocsam»  sur  tesqnds  il  avait  fiât  waofer  les  Sntec». 
Don  Frédéric  n*osa  point  se  laisser  accnler  dans  le  goHe  de 
Sapatto  par  nne  flatta  qoi  remportaift  sor  k  sfenne  fmr 
rhabilelé  dete  Manmavge  et  poor  le  eaMtoedes  canons  qa'elle 
portait.  Il  priite  terge,  et  laissa  le  duc  d*Orléans  achever  sans 
oisMstMle  sani  débavqqemeni.  Les  troupes  veines  pajf  terre,  et 
adtett  venoea  par  mer,  avaient  parconro  à  pen  prèâ  en  même 
tftsafsi  an  tiagt.  miMeS'  qui  séparent  BapaUo^  de  Gênes.  SDes 
étoieni:  amvé»  devaaif  te  première  vitfe*  ptemems-  he»M 
aivaM  tes»  do- jour;  Tioleatio»  de  leurs  chefs  était  eepen- 
dant  de  les.  faire  camper  dbHS  use  petite  plaine  è  pen  db 
diataMe  da  RapaUoy  al  éaiëtemfre  te  tendlësiaili  pour  aftff^ 
q«er.  Mais  te  mêUbé  entre  tes^  soldbts  vétérans  db^  9fhr2a 
el  te  garde.  dttBole  da  Gênc»^  ns'  le  peraiîl  pas\  1.68  premiers, 
paur  s*anuirer  bipaste  d'hmmenr  au  eeœbatf  dtp  temfemairr, 
et  ponft  beavea  m»  mènie  laaips^  tes^  annemià  rewtoraw!»  dhA^* 
BaiMltei.  visiiait  taaoer  tenas»  lagemeoMs^  anscfr  prts  q(/^ 
purent  de  la  ville.  La  garde  ducale,  aceeatuinéè*  i  tfrre' 
dans  une  cité  opulente,  et  à  se  faire  remarquer  par  l'édat  de 
sm  aiiaas^te  riinhawa;  diNWs4iabit»eb  lUMdaK3»d6aa9]^«9^ 
ne*put souffrir  qp'un  autre  corps  d'armée  prit  la  passoralb. 
Elle  se  mit  en  marche  pour  établir  ses  quartiers  dans  le  coort 


1^  m>\m  WM^  ss§ 

N%|)toti(aîns ,  jugeant  à  «e  mcMi^cnwml  qu'ail  tWfMlQs  cMa^ 
qo^>  sortirent  m*de?attt  (tes  aaftailfcmte  ^ .  ' 

lie  eofphat  ^'engagea  dimU  mm  qnt  èi  pitft  ni'd^aMN»'  l^i 

chefs  T  eussent  ordomp^  ;  tt  fUt  amutwa  kireo  hewoDiip  d^«iÉMi> 

nement  :  tuais  Témalation  entre  les  nations  diTersesqnlseri 

iraient  da^^  I>iri(^  dâ  (kir  d'tMéaoa  lui  aouarat  toÉii  Vwvto- 

t%ge^  fl'ç^lieurs.  9ai{h>tte^  s'approehAnt  jusque  tevtprte  da 

m^ge,  foi^oyiiHk»  I^apoVt«uwi.  C'était  lepiMiitf^eoaikiit  db 

c^te  gu^pe  teriihle  ^  Ve«^ilt  t|s  iiMBiwaailrâiÉ«w  piîMs  me^ 

Iç&  ^tali€^9;.  U^  se  firent  reittaif«er  bieik  pbi%  par  iMirlérotité 

(j^  par  leiu:  J^ayo^re  ^  n^.  «laleM^ili  tes  SlûmBk  m  ftre«t 

PAS  grà^.  ^pi^  pnswB|jeir9  qaî  «e  reisMliirei»!  à  eikx  »  Ma  toèraxt 

1<»  i^upiw^  d^  ^^^  <ivi  s'étaie^  reiidm  à  knr^  alMa.  Ih»  tiih 

P^cgPM^i^^D^  t^  pltii»  les  hMirge(^s  àb  Sapalto  ^pm  le»»  tiv* 

i^^s  ^  ^tsy  1/ss  pUlèceat  daps  waéi^i^i^  aaM  étetbi^wai  de 

pa,i:*|i,  et  îlsipoiissèifeQi  la^férocMé  jasqa*  4.  «i«i^aei«  énxmriMlii 

i^çilades.daôs  VhôpIJali  de  ^vjUe.  li^CrâMyis.mtes?iÉBenl'pM 

p^i^^m^t  e3;po^er  ei^  iiettite>  à  leur  «etam^,  )eadé|»)aiiwiéa 

ces  m^^i^reus.  ;  lie  pet^pte  sonteigélua  une  TÎdp^nAés  SwHtSr 

et  qe  1^  fat  qa  c^vec  we  pei^e  ioÊsm  qa^is^n  MatiMi»paN 

yin^à  Vapatser^. 

QuelqjM#B  p^isonoieps  d^  distinctioa  ayaie^t  Aft  conduits  à 
Gi^s  par  Faro^  Ylotorieofie^  eiitce.  aiilriis  Ifégosinov  ÈÊ» 
j^Liwcel  dncaa?dM;ml,  JuIioOrsiiâet  Oi!ll6tiid0>lPégoBe.  ^yèklta 
dl^  Ifif^bi,  le  priueipol  chef  du  parti  TiiÎB<»n,  i^  enfuît  aree 
i^op,  fd^  Holandinp,  au  teayersdesmôiitegnes:;  Iras  Ma  dé 
si4)e*  U>  ijat  dépouiUjE^  pftR  das  bmgandl.  Iiss^dea»  pMBniè» 
res  fois  les  paysans  du  voisinage  lui  rendirent  des  habits  ; 
maia,  la^  troisièine  fois,,  ilf  se  touma»  ea^  siaii%  wBSé  smr  fils, 
avec  cette  trahqmflité  imperturbable  qni  te  caractérisait  • 

T.  XXlv/p.  542.  —  Mémoires  de  Phil.  de  ComioQH,  l^»  VJl|,,c)i^  1^»,  p,.  109* 


.390  HISTOIEE  DBS  S£ptJBLIQUES  ITALIEIilIBS 

«  ÂBioÉs,  niohflls,  teifonB-nous-ea  âuxbabits  de  notre  p^ 
«  mier  père,  lui  di1>-il  ;  autrement  je  Tois  bien  que  cela  ne  fini- 
«  rait  {ms  * .  »  Don  Frédéric,  que  le  Tënt  aVait  retenu  à  distance 
péûdflM  tout  le  combat,  ne  put  recueillir  qn*un  très  petit 
miÉbt^  de  fugitifs,  avec  lesquels  il  s*en  retourna  tristement  à 
livoume'. 

Pe&dtmt  ce  temps  don  Ferdinand  s'avançait  par  la  route 
de  RdflSagne  kvec  f  intention  de  pénétrer  dans  Tétat  de  Parme, 
d'appelei' les  peuples  à  retourner  sous  Fautorité  de  Jean  Ga- 
léaZj  tenr  l<^tittie  souveraih,  et  à  secouer  le  joug  d'un  tyran 
qui  voulait  les  exposer  à  toute  la  furie  des  ultramontains. 
MaisFerdBnand  n*-avait  âous  ses  ordres  immédiats  que  quatorze 
cents  hommes  d'arme^^,  et  environ  deux  mille  arbalétriers  ou 
cfaevftuM^ers  :  apî^s  même  qu'il  eut  réuni  à  son  armée  celle 
de  Criiidr  Ubàtdo ,  duc  d^Urbin,  les  troupes  des  Florentins  et 
cdles  que  lui  fournirent  les  petits  princes  deBomagne,  cette 
armée  jd'fi^rès  les  calculs  les  plus  élevés,  ne  passait  pas  denx 
mille  cinq  cents  cifirassiers  et  cinq  mille  fantassins'.  De 
son  ieôtë  Charles  TEII;  avant  dé  sortir  lui-même  de  ses  irréso- 
lutîons,  avait  fait  passer  en  Italie  le  sire  d^Aubigny,  de  la  mai- 
sonStHart  et  de  là  branche  de  Lénox ,  avec  environ  deux  cents 
maîtres  on  cavaliers  français  et  plusieurs  bataillons  d'in- 
fanterie' stiiâte'  qdi,  descendus  par  le  Saint- Bernard  et  le 
Simploii,  s^)£taient  réunis  à  Verceil^.  Louis-Ie-Haure  se  hâta 
d'envoyer  ces  troupes  dans  les  provinces  menacées  d'une  in- 
vasionf;  il  leur  joignit  Francesco  San-Sévérini,  comte  de 
Caiasaâo,  avec  environ  six  cents  hommes  d'armes  et  trois  mSle 
fantassins  vétérans.  Le  comte  de  Gaiazzo  prit  une  forte  posi- 


>  BoFihoL  Sentvegœ  de  rebui  Gemtenê*  T.  XXIV,  p.  S42.  —  *  pauR  HvH  ttUt.  nd 
temp,  Lib.  I ,  p.  28.  ^  Fr.  Guieciardinl.  Ub,  l,  p.  44.  r-SeiiHane  Amndmto.  L.  XXVI^ 
p  "iM.  —  Jacopo  Nardi,  Stor.  Fior,  Lib.  I,  p.  17.  —  BeUarùu^  CommenL  M»^  GaiHc* 
Lib.  V,  p.  130.  —  >  Pétri  Bembi  BisL  Venet.  Lib.  ^  «  P  27.  —  So^ikWM  Jnwiiraf*. 
L.  XV9\;y^:tm  -^  ft,  Ùtdcciardini.  Lib.'  t,  p.  35  -^  *  Philippe  de  Comines,  Hémolreg. 
Lit.  VII,  eh.  VI,  p.  lOT,  et  noie ,  p.  482; 


ticm  à  Fofisa  Giliola,  sar  les  frontières  in  Fermriais,  et  «Aflerm 
de  là  les  mouvements  de  Ferdinand  ^ 

Ce  jeane  pridce  avait  eu  à  la  fin  de  juillet  «ne  oonférenea 
avec  Pierre  de  Médicia  à  Gittà  di  CasteUo.  Il  avait  wsmtotii»-. 
versé  le  val  de  Lamone  et  fait  de  nombreuses  le^éss  ào-uH' 
dats  dans  cette  province  belliqueuse.  Tous  les  renforts  «qa'il 
pouvait  attendre  s'étaient  réims  à' lui ,;  le  moment  semblait 
donc  venu  d'attaquer  l'armée  du,  comte  de  Cimazzo  et  du  sire  , 
d'Àubigny  avant  qu'elle  eût  reçu  les  renforts  de  Suisses  et  4e 
Français  qui  descendaient  chaque  jour  des  Alpes.  Mais  AU 
fofise  tl ,  en  donnant  à  son  fils  une  armée  tout  à  fait!dÎ9proR 
portionnée  avec  l'entreprise,  dont  il  le  chargeait,  l'anuât  en 
même  temps  laissé  dans  une  dépendance  absolue  des  conseit- 
Itn  dont  il  Tavait  entouré.  Le  premier  d'entre  eux,  le  oomte 
de  Pitigliano ,  devait  sa  réputation  militaire  bien  plus-  à  la 
prudence  par  laquelle  il  avait  évité  des  revevs  qu'à  Taa** 
dace  qui  assure  des  succès.  Il  insista,  dans  le  conseil  de  gu^re^  ^ 
polir  que  l'armée  de  Ferdinand  demeurât  sur  la  défensive  : 
son  infanterie ,  disait-il ,  ne  pourrait  jmmA  tenir  tête  aox 
Suisses,  ni  son  artillerie  être  comparée,  pour  la  rapidité  de.  la 
mancéuvre,  à  celle  des  Français;  enfin,  sa  gendarow^  lQ€én. 
dait  de  beaucoup  en  impétuosité  à  celle  des  ultramontains  ^, 
Jean-Jacques  Trivulzio  au  contraire,  dont  le  caractère  n'était 
pas  moins  bouillant  que  celui  de  Pitigliano,  était  réservé,  dé* 
darait  qn'Q  avait  combattu  les  Suisses  à  Domo  d'Ossola,  la 
gendarmerie  et  rartillerie  française  en  France,  dans  la  guerre 
du  Bien  public,  et  qu'il  n'y  avait  rien  dsms  cette  armée 
qui  dût  étonner  des  Italiens;  qu'il  promettait  la  victoire  si 
lattaque  était  immédiate  ;  qu'il  ne  répondait  point  de  la  ré^ 


*  Failli  JovU  Béêtw*  iui  tempt,  Itb  l ,  p:  99.  —  Franc.  (Meciardlrii,  Ub.  I ,  {».  3S.  — 
Scipiofw  jmmfraRAh  ^.  XXVt,  p.  9M.  —  Frànû*  ÉeletML  CommenU  rer»  Gallic.  Lib.  V, 
P-  m^-^âtwMWH OrtceUariiy  tfc  BtUo  itàttco, p.  38.  —  *  PauU  JovU  BisU sm  imp» 


382         HisToiHJE  D8S  %ivo9uqvm  rr  aliène  es 

«îstMie  û  ïfm  «ftendmi  Fiffritée  dB  BWTeaiti  «ttâe&s!»^. 
Maû  déjà  la  nouvelle  des  maaVaifl  succès  do  àon  Frédétic 
^tKfât  jeté  ptiMiieii£8  des  alliés  dans  le  déciMinigiementët  l'kré- 
JipIlitiOQi  Jeun  BentiyogUo  craigaail  la  Tengeànœ  des  Français 
41  du  dne  de.  MUw  ft'il  o^nâenlait  à  que  guarre  ûfiéDsive  «  et 
le  <0ii|8il  de  gàW»  dédda  qp'oa  n'attaqpierait  point  ké  ^sA^ 
Mttw  d«i90lwn  r^aiwSlîem«ats«  Toot  oe  qu'Alfouse  d'Ati^ 
i9»Qi:  Bt^tMtemt  d'Altimo,  alors  élève  de  Pit^UafiO,  pûïeM 
obtenir  par.  leurs  instanoeé,  fat  l'envoi  de  trompettes  au  (x>lniè 
.d#  G«iwso  pour  U  défier  da  anFtir  en  rase  campagne.  Clelai-^(!i 
li^sm^  pas  voHta  rcnonoer  à  ses  avantages  pnar  lirt&t  h^ 
ta^Ue  )  Ferdinaidd  9^  retira  sonb  les  n^urs  de  Faenza^  d^rièrfc 
nn  lar^fe  ennal  alimenté  par  les  eaux  du  Lamone,  qni  rendait 
sa  position  très  forte  ;  et  oomaat  il  ai^t  ^pie  Charles  Tllt 
avait  pfissé  les  Alpes^,  -il  résolut  d'attendre^  sapa  se  mouvoir, 
Is^  tproppiss  allem^ndlis  que  son  père  faisait  enfin,  mais  tfdp 
tai^itsolder  dao^fai.  Smld)aetrÂQtrifibe«  . 
:  Charles  YUI  s'était  rendu  à,  Ljôn  âVed  tonte  sa  eotir  pmî 
sa  ra|q|H*eie^  4^  r  It4li% ,  et  il  j  avait  passé  Tété  dans  les 
jputes  et  1^  tourupiS)  a^  ipilieu  desquels  Û,parai83ait.eQblM(É 
totp  ses  p^jc^ts  de  ec^aqi^iesi  IL  avait  dépensé,  pour  ïanmh 
ment  de  sa  flotte  à  Génes^  presque  tout  l'argent  comptant  dont 
il  poi^vait  dispos^,  fa  d^nie  de  Beim^eu^  le  dite  de  Bonrbmi 
et  presque  tous  les  grands  seign^ts  Uàm^ie^t  use  enttef^iM 
lointaine  qni  ne  pouvait  rien  ajouter  à  la  force  réelle  du 
rojaume.  Bri^nnet^  qui  l'avait  longtenips  consefllée,  n'^iMlt 
plus  ^  prendre  la  respoin^biiité  ;  le  sénéchal  âè  Qeatteflârëf 
qui  la  pressait  avec  ardeur ,  avait  été  vers  oe  mêmelemp»  obligé 
da  s'#oignmrdu  ? m^  parée  qpi'  un  de  ses  domestiques  était  moirt 
avec  des  sjmptômes  de  peste  s.  Les  courtisans  donnaient  au 


Mtooires.  Ut.  VU,  cb.  V,  p.  IM, 


^17  «cym  A0E.  Sêi 

>  n»t  àm  emseiU  oratrtdictmris,  éelon  ^aMh  étdevt  alMffâitt- 
i  veaie&t  j^agnéa  par  l«fl  agealB  iki  roi  de  Naples  et  par  cenxda 
i  di|6 de Mitan  :,Pierre  de  Médicia  aiFMt  Diéme«faM«hé  à  rmdre 
oe  demior  suspect  à  la  eosr  de  Fitmee,  ea  eochaiit  un  eatfyfé 


I 


t       de  Charles  YIII  û^m  sod  cidmel  pendant  une  eenféreHee 


F       qonfideiitièHe  ^*îl  eot  avec  «n  ambasMideiir  dè-Isouteie^ 
i       Maure  ^  Ao  mttieii  de  eea  eraintes  et  de  ces  contfadielkms , 
I       Gbarlea  YIII abandoDoa plniiears ftnaaes pnajets que  la pow* 
I       sijÉite  de  plaisirs  le  disposait  toojottrs  à  oublier  :  Il  avait  même 
I       diWaé  dweoptre'orAwàpkiBieogswÉiytffeufspartw 
I       tcwpea  ;  et;  il  les  avait  raj^léa  à  1»  eoiif  lorsque  le  oarttnal 
i^Hm  éd  lA  Sovète^  i|iie  sa  hahioiiitplacaMe'eotitrer  Alexan- 
dre VI  rendait  plos  ardent  que  per^omie  pour  rexrpécKfiôn 
4'Itidte,  purla  an  roi  avec  une  bardieese  qo^^aoeon'  antre-  bT  au- 
rait osé  80  p^meltre.  Ghaites ,  dit-il^  se  oMivriralt  cte  honte 
s'il  lenoiifmt  il  des  préleotionrt  proelanléea  dam  tonte  1*  En- 
rope,  s'il  ne  retirait  aoenn  frnii  des  sMrMKOi  qn'il  avait  fafts 
par  ses  traités  avee  le  roi  dea  Bamah»  et  ton  d'Espagne  ;  s*il 
abaadmtfiait  les  affié»  el  les  soMatsqni'OaiÉlMitiiicM  difà  va- 
lettreufi^nent  pour  lui  dans  la  riifitee  de  Gène^  et' en  Roma»* 
fSfifi.  Ctkarles  YHI ,  ealrainé  par  Ttopétooslté:  de  eërdltoal 
dont  il  respectait  In  hante  dignité ,  dt  sédnit  par  le»  ftattertes 
dn  sénécbAl  de  Beaneanre  qui  de  nouwao  ponvâtt  étrfin  sfop- 
proeherde  kii,  partit  de  Viemie  en  Danpliné  te  23  t&^l  1 494; 
il  se  dirigea  par  le  mont  Genèvre,  et  U  traversa  les  Alpes  sans 
qoe  personne  songeât  à  loi  en  disputer  le  passage  ^. 
.  L'année  française  était  composée  die  trois  miHe  six  eenfs 
hommes  d'armes,  six  mille  arebers  è  piedsi levés  en  Bretagne, 
six  mille  arbatétriers  des  provinces  ié  cœur  é»  là  Franee, 
huit  anJk  isaitassins  gasoeos  aiméa  d'aeqsiÉbnBea  et  d'^es  à 

^  Fr,  GuicciordUA  Ub.  I.,  p*  40.  -^Battit Mtm  B4h^  sfiA  têmpm  fOtun ,  p.  82.  ^ 
SciWflrc^  am»iiam  4e  beUoi  XioUct.  pi%i^^  Aiano»  enieoMMMli»  liHhl-,  p4^^ 
PauU  jQvii.  Lib.  1,  p.  31,  ^  Pliilippe  de  Goniae»,  M^noim.  Um  im|^.  Vf,  f.  tf«, 


3Q4  HI8IOIBS  DBi  aiPnCIflïBI  ITALIKHlfCS 

dMx.wteiy  et  tait  anik  fkàum  <m  Att^natucte  armi^  de  pi- 
ques et  de  halldMurdes  ^  Un  nombre  considérable  dé  yalets 
i^îvait  riffmée,  qui  fat  «mom  grossie  par  le  oontsngerit  de 
l40|ais*le-4laiife.  LooMpi'dio  trafWMt  la  1V)Scâne,  on  y  compta 
saluante  HHUebosnes^.  Pamâ «es  «hefe ,  on  remarquait  te 
duc  4'0rlé(ùis,  éepob  Lnis  KII,  alors  commandant  de  b 
flQttaà€riniss;.le(kiède  Veadftme,  le  comte  de  Mcmtj^sier, 
Louis  de  Ut/Ofji  seigMorde  Luxembourg,  Louis  de  là  Tré- 
moume  et  (dufliesrs  avtittB  dos  pins  grands  seigneurs  de 
France.  Le  séoédial  deBiBaoeaire  el  iesuf4atemfont  Briçonnet, 
éy^ue  deJoint-Mak»,  eonfidents  dn  monarqiaev  qti'ih  soi- 
Taient  aussi,  avaient  ]dn8  de  orMtt  aii^rès  de  hii  ^ue  tons  lés 
seigneurs  de  sa  cour  ^. 

Une  iansiée  Mssi  DMBbreme  aonÂt  eu  beaucoop  de  pdne  à 
tcaiYenw  les  Alpes»  >  si  elle  avait  dft  y  raicontrer  Un  enneini; 
mais  le  malheur  de  Fllalie  avait  voidn  que  le^  Piémont  et  le 
Montferraty  qui  tous  àau  étaient  gouv^^és  par  Aes^  grinces 
absolus^  fussent  tous  dawL  réduits  à  eet  étiK;  de  faiblesse  et 
d'inciipacité  an^qpisl  une  mîMVtté  condamne  une  monarrine. 
Cbarles-Jean*Amé»  né  le  24  juin  1488,  était  alors  duc  de  Sa- 
vçie;  il  n'aidait. que  ncaf  mœs  Icursqu'îl  avait  succédé,  le  13 
mars  1489,  au  due  Charles,  son  père.  Blanche  de  Montferràt, 
sa  mère,  quoique  fort  jenne,  avait  ditenu  la  tutelle,  par  la 
faveur  du  peuple  de  Turin,  au  pi^odice  de  ses  beaux-frères, 
les  comtes  de  Genève  et  de  Bresse.  Blanche  avait  bien  conclu, 
le  20  juin  1493,  un  traité  d'alHance  avec  Ferdinand;  roi  de 
Naples  ;  mais  elle  n'avait  point  osé  ensintc  provoquer  Forage 
sur  ses  états  :  elle  fit  ouvrir  à  Charles  TIII  toutes  ses  villes  et 
tous  ses  châteaux,  et  elle  le  reçut  lui-même  à  Turin  avec  la 
plus  grande  magnificence  *.  Marie,  marquise  de  Ifontferrat, 

t  Mèiaoirci  de  Unilt  de  U  TrèmouiNe.  Ch.  Viii,  p.  us,  T.  XIV  des  Héoi.— >  Jmeopo 
Ittardi  Siat.  H&n  LU».  I ,  p.  ».  ^  <  Hém.  de  U  Trémouille.  Gh.  Viu ,  p.  1S6.  —  Fr, 
Gn^fidffrdinU  Lib.  I ,  p.  4«.  —  Beleariiu  Comment.  Biar.  GalHe.  U  T»  p.  f  39.  *  *.  G«^ 
eheBo»,  Wflk  gteMe  de  la  malMm  de  Satoie.  T.  Il,  p.  io«*tls. 


m  JlOmi:  â0B.  385 

tutrifiB  è»iGff4kiw(iier7mi,  oile  10  mM  14M,  swvifrift'Biême 

poUtiq^V     . 

Cx»  deax.tégentes  amwt  para  aux  jeux  de  CSiaaies  Yllt, 
ruae  à  Tp];iiiy.,rai]trQ à. Casait  oMéaa  ée  batocMp  de  dla- 
inaote:  1q  jooi)#,n4,  qui  w  troni^  é^VMn^ier  dftttf;ent, 
ae  l^  fit,prèter  popr  lea  mettre^ea  gage  cIme  des  «sorien,  et 
lise. fit âaweT.dQippe  mUedimito^w  ka  uns tsi autant  sur 
lesa^trea^  La  19  «joptiiiibre,  il  eiA»daasAati|  Tffle  dont 
le  doc  d*Orléaiia  «Yait  covaerf é  la  jouveraiDeté^  oonane  dot 
de  sa  mère,  YateoUiid  Vipouiti.  Caafelk  qneLovia  fHona  vint 
Iç  joiqdre  airecTsa  femme  et  son  bean-pàm,  Hamlé  d'Esté, 
jdiic  de  Ferrare  3.  Qçs  prinoes  ecHmaîasaient  leapenekantB  de 
Charles  YIII  :  ils  iroulaient  le  captiver  p«r  «les  v^dnplés  ;  et  ils 
jiTa^^nt  Qpndwt  a,vac  ,eax,las  dames  mUanaiisa  doKt  la  vérta 
passait  pour  la  moins  sévène,.et/la  beauté  paor  la  plus  sédni- 
santel.  Plns^ars  jpmrs  fuient  donnés  anx  {rtaialrs  et  anx 
létes;  maja  oes  divertiasemants  faaent  ioterrompns  par  nne 
maladie  graiç  dont  le  iroi  fut  attaim  :  anx  poslnles  dont  son 
visagç  fa|;  couvert,  on  jngea  qw  c'étaii  la  pelite^vércrfe.  Ce- 
pendant cette  prennère  «lampagne  des  Franfais  en  Italie  ftit 
aignaléç  par  rintrpdneiion  en  Saivpe  d'«ne  maladie  pins 
cruelle  enoprei  à  laquelle  le  roi  samUait  a' étne- exposé  plus 
qu'à  toute  autre.  U  se  nétaldit«  en.  assez  peu  de  temps; 
et  il  se  dirigna  sur  Pavie,  où  ilint  refu  avec  de  gi^onds  hon- 
neurs^« 

I^  fnalbeureux  Jean  Gdeaa  vivait  avec  sa  femme  et  ses 
eirfants,  dans  le  diÂteau  de  cette  ville.  Depuis  quelque  temps, 
qn  voyait  sa  .sauté  déchoir  d*  une  manière  menaçante  :  les  uns 

'  <  Éèàvetiuti  dé^ndlo  Georgio.  UisL  Montls  Ferrali.  T.  XXliï,  p  756.  —  >  Ifémoirai 
de  FliîL  de  Gontaet.  L.  VH^  eb.  VU  P- 1*6. ^  Fr,  GuHcdardaiU  Lib.  I,  p  4i.  —  <  DUxrio 
Ferrartse.  T.  XXIV.  Ker,  ItaL  p.  3S8. — Fr.  Guicciardini.  Lib.  I,  P-  45*  -^  OenumU  Cr^ 
ceitwa  de  beUo  ItaGco,  p.  l*,^^  Josephi  Ripamontil  Uht.  urbis  MediolanU  L.  VI, 
I».  654.  —  Failli  iùVU  Bistor.  lib.  I ,  p.  30.  --  <<  PauU  JovU,  Ub.  I ,  p.  80.  ->*  fy.  GtOù- 
cimdM,  Ubw  f,  p.  4S.  ^Scipione  Ammirato»  h.  XXVI,  p.  199«  ^Roseod,  Vie  de  Léon  X. 
Chap.  III,  p.  186.  — jlmoltfi»  Fentmim  Burdigai,  de  rébus  Gmli,  Lib.  I,  p.  4. 
vu.  26 


386  HISTOIEE  DES  BÉPUBUQim  tTALIERirES 

prétaDLdaient  qu'il  Tayait  détruite  par  Talnu  deA  pUMrB  es» 
sens;  d'autres  soupçonnaient  un  crime  là  où  ik  yoyaient  un 
iûlerèt  à  le  commettre,  et  ils  accusaient  Louis^e-Maure  de  lui 
avoir  fait  administrer  un  poison  lent.  Les  cotirtlBans  français 
ne  purent  point  voir  le  duc  ;  le  roi  seul  fut  adiàiA  auprès  de 
lui  t  ces  deux  souverains  étaient  eonsini  igermainé  et  fils  dé 
deuï  soeurs  de  la  maison  de  Savoie.  Cependant  Gbarles  YIII, 
qui  ne  voulait  en  rien  déplaire  à  Louis-le-Mauf  e^  ne  parla  à 
Jean  Gal^aE  que  de  choses  générales,  et  toujours  en  prés^rice 
de  son  oàcle  i  ;  mais^  pendant  tÊClte  conversation,  là  dudiesse 
Isabelle  vint  se  jeter  aut  genoux  du  roi^  le  suppliant  d'èpàt*- 
gner  Âlfonse  son  père^  et  son  frère  Ferdinand.  Charles  ré^* 
pondit  avec  embarras  qn'il  s'était  désormais  trop  avancé  pour 
pouvoir  reculer;  et  il  se  hâta  de  qtitt£t  une  ville  où  il  avait 
sous  les  yeux  une  scène  aussi  douloul^usé,  qu'il  contribuait 
encore  à  i^endre  pins  pénible.  Il  reçut  de  Louis-le-Haure  les 
subsides  qui  lui  avaient  été  promis  ;  son  armée  f ira  des  arse- 
naux de  Milan  les  armes  et  les  équipages  qtâ  lui  diaénquaient, 
et  \\  continua  sa  route  par  Plaisance  2. 

Lonis-le-Maure  accompagnait  Charles  YIII  ;  mais ,  ayant 
reçu  à  Plaisance  ou  à  Parme  la  nonvdle  que  son  neven  se 
itfourait,  il  retourna  en  hâte  à  Milan,  pour  recqeillir  sa  sue- 
cession.  Jean  Galéaz  Sforza  expira  le  20  octobre  3.  £e  séuatde 
Milan,  qui  était  composé  uniquement  des  créatures  dii  Hafttre^ 
lui  représenta  que,  dans  les  circonstances .  critiques  oà  se 
trouvait  V  Italie^  un  enftint  ^le  '^tiq  ans,  tel  ^lie  detui  «de  ^ean 
Galéaz,  ne  pouvait  être  chargé  du  gouvernemient;  que  l'état 
ne  pouvait  tomber  de  minorité  en  minorité  f  qu'il  avait  be- 
soin d'un  souverain  qui  régnât  réellement;  quenfin^  Louis- 


.^^  Hémoires  de  Pb.  de  Comines.  Lib.  vil,  chap.  VII,  p.  i77.  Fr,  GtUcciardhii  Lib.  1, 
'p.  48.  —  Bemardi  Orlcettarii  de  Vello  VaUco,p.  35.  —*  Pauli  Jovii  Hist  «ni  temp. 
Lib.  I,  p.  30.  —  Arnold,  FerrorAL  Ub»  I,  p.  6.  —  >  Lodovici  CavUeUÙ  Oemoti,  Mnala, 
T.  iii.  7iie«à«rl  <m(i9.  Ka/.  p.  JH9. 


fttt  iionif  AGci  387 

le4taQfe  était  nécewaire  à  la  patrie,  et  que  le  sacrifice  €[Q*eIIé 
demandait  de  lui  était  de  monter  sur  le  trône.  Louis  parut 
fidre  quelque  résistance  :  cependant,  dès  le  lendemain  matin, 
il  prit  le  titre  et  les  décorations  de  duc  de  Milan,  et  il  pro- 
teita  même  ea  secret  qu'il  les  recevait  comme  lui  appartenant 
en  propre,  d*après  TinTestiture  que  Haximilien  lui  avait  don- 
née ^  Il  se  hèftaensaile  de  rejoindre  1*  armée  française,  dont 
il  ne  poayait  s^ékigner  sans  qoelqne  danger  ^. 

£a  e£fèt,  eeU»  armée  ayiat  été  frappée  â*un  sentiment 
i'étfroi  par  la  mort  de  Jean  Galéae  :  cbacnn  se  demandait 
ayeè  mqaiétode  comment  le  roi  pouvait  s'engager  dans  le  fond 
de  r  Italie,  sans  laisser  derrière  Ini  d'autre  allié  qne  ce  même 
doc  qui  venait  de  s'ouvrir  le  chemin  du  trône  par  le  poison. 
€iiaque  aitioa  des  Mibinais  devenait  snspecte  aux  Français, 
qu'on  avait  naaxè  cesse  entretenus  de  la  fouf4)erie  italienne,  et 
qm  souvent  usaient  de  iteuvaise  foi  pour  se  mettre  en  garde 
contre  celle  qu*ils  croyaient  devoir  craindre.  Le  duc  d'Or- 
léaoB,  qui  prétendait  à  toat  l'héritage  des  Sforza,  s'efforçait 
de  persuader  à  son  oonsin  que  l'expédition  de  Napies  serait 
plus  fàdie  s'il  4)omnieDçait  par  conquérir  le  Milanais^.  Le 
pHuee  d'Orange,  le  seigneur  de  Miolans,  Pirilippe  des  Cordes 
filés  autres,  qni  regardaient  la  marche  de  l'armée  jusqu'à 
NafSes  œnve  trop  dangereuse,  prirent  oeeasion  de  cette  fer- 
mefitirtioB  pour  presser  le  roi  d'y  renonce  :  mais  Charles  TIII 
n'éeoutait4|nB  l'obstination  cpi'il  prenait  pour  Tamour  de  la 
glwe  ;  et  scion  qu'H  en  était  convenu  avec  le  non  venu  duc  de 
Milan,  il  prit  la  route  qui  de  Pwnoid  débouche  dans  la  Luni- 
giane,  pour  entrer  en  Toscane.  Cette  route  passait  par  For- 
Dovo  et  San-Tereasio,  et  elle  aboutissait  à  Pontremoli,  vlUe 

^  FranC'  GuicciardinU  Lib.  I ,  p.  49.  ~-  PauU  Jovii  BisL  sui  tempor,  Vh,  U ,  p.  ST. 
-^  Josephi  Mpamoniii.  Uist,  VrbU.  MedioL  L.  Vf,  p.  ^^i.  —  Pâtrifiem^  flisu  Ven^ia^ 
L.  Il,  p. ^t.  —Nwagiero  Slorta  Keitex.  p.  i20t;  mais  U  pr6t«  les  «ophUmes  à  L(>VV9.t 
ta  ta  réstelanM  aa  ténat  —  >  Bvth.  Senarcgœ  de  reb,  GeniieiM.  p.sis*  ^1  re^^igi^i  le 
TOI  à  Villa,  à  peu  <le  dislance  de  Sariane  «-  '  Pauii  JovH  HUt.  tui  i§mp,  Lib.  1,  p.  % 


% 
I 


388  HISTOIRE  DES  EéPUBLIQDES  rTALIENNSS 

qai  appartenait  alors  aax  Sforza»  eBe  était  doMtoobentièfe 
en  pays  ami,  et  toujours  à  portée  de  la  divisim  qui  ocoopait 
Gènes,  coikune  de  la  flotte  française.  Ansst  oonyenait-^eUe  A 
éyidemment  aux  Français,  qa*on  ne  peut  concevoir  l'impré^ 
Toyaoce  des  Napolitains  qui  F  avaient  laissée  JKgaraie,  im  por* 
tant  toutes  leurs  forées  dans  la  Bomagne^ 

Le  pape  Alexandre  YI  et  Pierre  de  Médicis  avaient  pris 
l'engagement  de  fermer  la  Toscane  aux  Français.  Mais  si  le 
pape  j  Voulut  faire  marcber  quelques  tronpes,  elles  fureot 
arrêtées  par  la  rébellion  des  Ciolonna,  qui,  au  moment  où  ils 
apprirent  rapproche  des  Français,  rejetèrent  ies  ofires  fcrilr 
lantes  qui  leur  avait  faites  Alfonse  II,  se  dédarèrei^  sokkrfs 
du  roi  de  France,  et  s'emparèrent  d*Ostie,  où  ils  attendamit 
sans  doute  la  flotte  frasçaise.  Le  pape,  Idn  de  pouvoir  en^ 
voyer  des  troupes  en  Toscane, fut  obligé  de  rappeler  celles 
qu'il  avait  en  Bomagne,  pour  les  envoyer  contre  lès  Gohmna, 
sous  les  ordres  de  Virginie  Orsini^. 

La  république  florentine  avait  envoyé  des  anbassadeois  à 
celle  de  Lucques  et  au  duc  de  Ferrare,  pour  les.eogager  à  ne 
point  accorder  le  passage  parlears  états  à  ceuxqai  voudraient 
envaUr  la  Toscane  ;  elle  avait  en  même  temps  nommé  des 
commissaiies  extraordinaires  pour  veiUerà  la  sûroté  de  l'état 
Mais  Pierre  de  Médids  n'avait  point  voulu  <^'oii.  net  des 
troupes  à  leur  disposition  3.  Cependant  une  armée  aussi  nom- 
breuse et  aussi  mal  disciplinée  que  celle  des  Franfaia,  poayaît 
bientôt  manquer  de  vivres  dans  une  province,  moutneosey  qui 
n'en  fournit  point  assez  pour  ses  propres  baUtants*  Il  suffi- 
sait, pour  la  réduire  à  une  grande  détresse,  do  lui  «disputer  le 
terrain  pied  à  pied,  en  profitant  pour  cela  des  nombreax 
ehâteanx-forts  qui  commandent  tous  les  passages.  L'amée 

t  Bemofdi  OrlceUatli  de  bello  ItaUco.  p.  37.  eOitio  FloDeniteii  ift-4«*  tTtS.  anb  no* 
mine  Londini.  -*  *  Fr.  GiûcciardM.  L.  I  »  p.  47.  —  PauU  JwiL  L.  I  «  p.  33*  —  *  M- 
pione  Ammirato.  L.  XXVI ,  p.  so2. 


DO  MOTSK  AGB.  389 

desoeiidanit  de  PdabODolI,  le  long  de  la  Magra»  traTeraa  ka 
fiefs  du  marcpia  Malespina.  An  miliea  d'eux  était  située  la 
bourgade  de  Fitiziaiio,  qui  appartenait  aux  Florentins.  Ce* 
tait  le  premier  pays  ennemi  dont  Tarmëe  se  fût  approchée. 
Le  marquis  de  Fesdino^o,  n'écoutant  qu'une  jalousie  de  voi- 
sinage, indiqua  aux  Français  le  eôté  foible  des  fortifications, 
et  les  moyens  de  prendre  la  forteresse.  Elle  fut  en  effet  atta- 
quée et  emportée  d'assaut  :  tous  les  s<ddats  et  une  grande 
partie  des  habitants  furent  massacrés,  toutes  les  maisons  fu- 
rent pillées  ;  et  cette  première  exécution  militaire,  qui  répan- 
dit une  extrême  terreur,  fit  connaître  la  différence  entre  la 
guerre  nouveile  et  les  guerres  sans  effusion  de  sang  qu'on 
avait  soutenues  jusqu'alors  ^  En  même  temps  Gilbert  de 
Hontpenaier,  qui  commandait  l' avant-garde  française,  sur- 
prit, le  long  de  la  mer,  un  détachement  que  Paul  Ondni  en* 
voyait  à  Sarzane  pour  en  renforcer  la  garnison ,  et  il  ne  fit  de 
quartier  à  aucun  soldat^. 

Sarsane  était  en  quelque  sorte  la  cM  de  la  Lunigîane  :  on 
nomme  ainsi  un  rivage  resserré  entre  la  mer  et  les  monta- 
gnes, qui  s'étend  des  frontières  de  Gènes  jusqu'à  Pise,  sur 
luie  largeur  qui  ne  passe  jamais  deux  lieues.  Sarzane  était 
uae  viHe  assez  forte  ;  et  sa  citadelle,  Sarzanello,  passait  pres^ 
que  pour  imprenable.  Si  l'armée  française  avait  laissé  cette 
fortsrââse  derrière  elle,  elle  se  serait  trouvée  ensuite  arrêtée 
par  celle  de  Piétra-Santa ,  qui  appartenait  également  aux 
Floremins,  et  qui  ferme  le  chemin  dans  un  endroit  où  il  est 
plus  étroit.  Tout  le  pays  pouvait  être  défendu  de  raille  en 
mifie^  Il  ne  produR  que  de  l'huile;  et  il  est  si  dépourvu  de' 
blé,  cpi'H  tire  la  moitié  de  ses  vjivrea»  à  dos  de  nralet,  de 
lombardie  :  il  est  si  malsain  an  conmiencement  de  l'automnei 

*  FHme*  GnieelariM,  Lib.  1,  p.  si.  —  Jae&po  ika^  BU..  Flor.  Ub.  I,  p.  17«  — 
*  PauH  jùvii  Hist.  ita  temp.  Lib.  I ,  p.  31.  —  BarthoL  Senaregœ  de  reb.  Oeimem. 
p.  544.  —  Beleartt  Rer,  GatUe.  LA.  v,  p.  iST. 


990  HISTOIRS  DE8  UPPBIWPIS  ITALIEimES 

Qi'mie  wmée  entière  y  senôt  éétn^  m  peo  de  «Mmaei 
{Kir  la  fièvre.  IieB  capkaines  français  ssoMnient  doue  qoÈàr 
que  înqaîânde  eo  s'j  eagi^oeant^  maie  la  pnsiUaniliiiié  de 
Pierre  de  Médieis  se  bâta  de  la  disBîpw. 
.  L'eotrée  4^  ¥rm/çm  en  Toseaae,  em  rtfpandaat  à  Florenee 
one  terreur  extrême^  fit  éelater  en  même  temiMi  ttMie  Pierre 
àe  Médids  le  méooiiteDtemeal  qu'on  avtô  longtemps  eom- 
primé.  Les  Florentine  âaieni  attacha  de  4eQt  temps  à  ia 
maison  de  Fr^mee;  ils  la  Nigardaient  <x>miiie  proteetriee  du 
parti  gneli^  et  de  la  liberté  :  ils  miirmiiraioit  fa»itemeat  de 
ee  que  le  chef  de  Tétat  les  aiiait  enfagés  daas  nne  guerre 
contraire  à  leurs  iatén^ts^  et  les  eitposait  les  premiers  à  tons 
les  dangers  d'une  qoerdle  qui  lenr  était  étmngère;  les  amèas- 
wleucs  florentins  avaient  été  renvoyés  de  la  cour  de  FÉmiee; 
tous  les  aseociés,  tons 4es  eemmis  des  eNnsonsde  osntneroe 
4^  Médims  avaicsit  été  ehaaaés  de  tout  le  rojraome  :  ims 
cette  riguenr  n'avait  point  été  étendue  aux  antres  FioreUtinSi 
comme  ponr  leur  faire  sentir  f  ne  la  France  savait  disttliigQer 
entre  eux  et  l'usor^^tenr  de  lenr  libarté  K  On  savaft  ^pM 
Laurent  et  Jean  deMédicis,  ces  cousins  de  Pierre,  qu'il  avait 
maltraités  quelques  mois  anfiaravant,  et  qu'il  avwt  essmle 
exilés  à  lenr  maison  de  t^mpagne,  s'étaient  rendus  an|Nnès  4ê 
Çharlfô  YIII,  et  qu'ils  le  sKdtieitment  de  renverser  w  gm^ 
vwnement  odieux  k  la  masse  des  citoyens  ^.  Le  i^ivonr  4à 
ee  cbd  vaniteux*^  qui  u'^vait  point  vouki  reeonnatlre  de  fi* 
mutes,  ae  «trouvait  tout  A  oon|i  ne  |>kis  «reposer  que  smr  mm% 


Viesmée  Médicas^  effrayé  de  la  iemncMaftîen  ânlârienre, 
idont  il  voyait  détentes  faris  léelaier  Jles  «arq uesi;  effrayé  4e 
la  igpei^  étrangère,  ^11  œ  se  ti^w^ml  peint  >en  meesre  de 

àmminko,  «Ub.  XXvV,  p.  186.  —  Fr.  «julectardint.  Lib.  1,4».  38.  —  PwiH  JwH  iNsf. 
Lib.  I,  p.  32.  —  Jacobo  «ariu  Hist.  Fior.  'Ub.  j,  -p.  iS. 


mvt^PMTf  jfémi^t  é»  péd^F  à  Vomf^^  i^  ttm  su  pâîx  «trep  las 
ffiivçfd^y  irt  d'imiter  la  «wdiiite  qaa  poa  père  ^voit  temia 
^Mm  Ferdî^aM)  condoite  qQ*U  iiyait  si  ^9u?6ot  enteada  lonei?. 
U  igT^orpit  qiie  popr  iiQ|t^  ua  grand  iipQmie,  il  favl  a?oir 
9iw  talmt  pour  luger  des  oircoastaiiq^  et  mn  ç^raotèpe  iip^r 
]^l»^pv  Im  danger».  Piisfr^  d^  Médîcia  ^t  Ilopl9ll^r  par  la  ré- 
PM))U(|ye  une  oomb^eosa  aipba^Me ,  dout  il  Uimt  partie , 
av^  cpminission  de  ^  rendre  auprès  du  roi  d^  Pr^ni^e  9  et 
d£  ^h^rc^  à  Vapaifi^r,  tfai^  4Yfirt|  199  cb^ipiiip»  ^*ii|i  eorpa 
dp  timi  cents  jliQWDes»  qne  la  répn|>lique  envo^aV};  4  Sarzane, 
aya^  été  surpris  et  wU  e^  pièces,  0  n'osa  pninjt  a'ai^ni^, 
ai^s  sai^-ponduit ,  au-del^  d^  Piétr^^mnta.  Quelques  s^i- 
gp^ar»  d^  la  couTy  entre  autres  Briçop^et  et  de  jpî^nnes , 
vinrent  Yj  chercher  et  le  conduisirent  dey^nt  ^e  T(>}y  ]^  j/^fi^ 
J0aji»  ^ù  i*on  commençât  rtfta^piA  ^  ÇarzaneUo  K 

pierre^  pour  justifier  la  conduite  /|Q*U  a^ait  j^we^  «n  rn- 
fn^nt  au  mi  le  p»mgf^  par  la  Xos/çapç  ^  rappela  ap^  tndté 
ayeç  FerdjinaAd ,  conclu  dot  consentement  de  Lonis  XI  Jteu- 
in^me;  il  4^«.ta  quip,  jns(Vi*ap  n^Ofment  />ù  lef  armées  fra^- 
^iai^  avaient  péçéj^ré  en  Italie ,  tf  n*jKCir|iit  pn  ^'éciart^  d^  ^Ç 
jl^aité  sans  s'e^pqser  à  toute  la  vengeaj^ce  des  Âragonajùs.;  fom, 
jmff»^  4^rxa9Jis  U  ne  courait  pl^i  jie  mé^w  dai|«çr,  il  étj^ 
prêt  |t  pontrer  tout  §on  dévAueni^eut  ^  la  maisQu  de  ^F^pfii^  9§ 
l^  rosi^  en  réponse  h  ce  di30Oi^,  luid^manda  q^e  les  port^ 
de  Sajr^ne  jlui  fussent  ouvertes.  JPierre  7  cousivUit  iminédijtr 
t^en,t  j  et;  sans  anémie  cojit^iUtï^  ses  coxnpagoons  d'an^a^d^^ 
il  doinna  des  ordres  pour  que  Sarzane  ^t  S^rzan^ejOU)  f ^fiSfg^ 
Uvréef»  a^  roi.  Qelui-ci,  étonné  de  cette  fa^Uté,  d^wup4^  JàW 
sitôt  que  Piétra-Santa  »  Ubrafratta ,  jPise  et  Livonme  lid  f u|k 
sent  également  livrées*  En  faisant  cette  demande,  les  Français 

>  Franc,  Guicciardini  ^ist.  Lib.  I,  p.  5^*—  Sdpiùne  Ammirato.L.  XXVI,  p.  208.  — 
PhiPippe  de  Coknines ,  Mémoires.  L.  VII,  çbap.  IX,  p,  i8S.  —  *  ^ernardi  OriceÛartt  de 
bello  itaRco  comment,  p.  S9. 


392  HISTOIRE  DBS  llfiPÙ6ll«)bB6  ^  ITALUSIf NES 

iiéïalleiidB^t  ntilleme&t  à  obtenir  oès  (ibiees,  da  iteoinè^nis 
dmner  de  grandes  sùreCés  pour  lenr  resâtoHon  apMs  lè  pàs-^ 
sage  dé  Farmée  ;  mate  Pierre  n'en  demanda  attcmte  t  il  connut 
Terbalement  que  le  roi  s'obligerait  à  restituer  les  forteresses 
de  l\)scaiie  quand  il  aurait  acbe?é  la  conquête  dh  royaume 
de  Nafples  ;  que  les  Florentins  lui  prêteraient  deux  cent  mflle 
florins  ;  qu'ils  seraient  reçus  à  cette  condition  sous  la  pro- 
tection du  roi ,  et  que  le  traité  de  paix  entre  eux  et  lui  serait 
rédigé  et  âgné  à  Florence.  Sur  cette  simple  convention  ver- 
bale , n&t ouvrir  aux  Français  toutes  les  forteresses  de Fétat 
de  Pise,  non  sans  exciter  le  ressentiment  de  ses  compagnons 
d*  ambassade  9  qui,  n'étant  arriviés  qu'après  lui,  croyaient  fidre 
beaucoup  pour  le  roi  en  lui  offrant  un  libre  passage  au  tra- 
vers de  leur  état  i. 

Les  Florentins,  en  recevant  la  nouvelle  de  la  convention 
deSarzané,  furent  plus  irrités  encore  que  leurs  ambassadeurs. 
Depuis  longtemps  ils  accusaient  Pierre  de  Médieis  de  se  con- 
duire comme  seigneur,  et  non  plus  comme  premier  dtoyen 
de  Fa  patrie  ;  de  prendre  des  aks  de  maître  que  n'avaient  ja- 
mais affectés  Laurent  son  père ,  ou  Cosme  son  aïeul  ;  de  né- 
gliger entièrement  de  se  rendre  aux  conseils  ou  de  siéger  avec 
ses  collègues,  lorsqu'il  était  revêtu  de  quelque  HÙt^tratnre^. 
Hais  on  ne  l'avait  point  encore  vu  fouler  aussi  complètement 
aux  pieds  les  lois  de  la  république,  ou  prendre  sur  lui  une 
autorité  qu'on  n'avait  jamais  songé  à  lui  déléguer.  C'était  lui, 
disait-on,  qui  avait  précipité  sa  patrie  dans  une  gaerre  con- 
traire à  tous  ses  intérêts,  et  lui  encore  qui,  pour  Ten  tirer, 
sacrifiait  les  conquêtes  de  plusieurs  générations.  Le  parti  de 
la  liberté,  qui  s'était  successivement  grossi  de  tous  ceux  que 

t  Wf,  GtéDCiar^Uni,  M.  Ub.  I,  p.  SS.  —  PauU  JovU  BUL  tui  iemports.  Lib.  I,  p.  Si* 
—  Scipione  immInKO.  tib.  XXVf ,  p.  903.  —  iacopo  Hatdi  Bist*  Ffor,  Ub.  I,  p.  il«  - 
Phil.  de  Gomines ,  Mém.  L!b.  VU,  ch.  IX ,  p.  US.  —  Arnold  FemmU»  Ub.  I ,  ^  ••  - 
•  Pttttfi  JwU  BUL  Lib.  I,  p.  31.  —  lacopo  Kardi,  Wb.  I,  p.  18.  —  Phll.  de  GottiMl* 
thr.  VU,  cbap.  vi,  p.  ni. 


fi0  MQtjnr  AdB.  i9i 

Pierre  avùt  rebntéB  par  son  iiMolenee,  et  qui  atait  é%6  tout 
récemmeat  ranimé  par  les  prédications  de  Sayonarotoi  tindt 
parti  de  ces  éTénements  pour  montrer  combien  il  est  dange- 
reux de  donner  nn  dief  à  une  Tille  libre  :  sous  sa  domination, 
on  état  perd  bientôt  la  vigueur  de  ses  armées,  la  prudence  de 
ses  conseils,  et  enfin  ses  meilleures  provinces  ou  son  indépen- 
dance. Mettons  du  moins,  disaient  les  Florentins,  nos  calar 
mités  à  profit  ;  et  puisque  Tarmée  française  doit  traverser  nos 
murs,  qu'elle  serve  au  renversement  de  la  tyrannie  ^ 

Pendant  que  Tannée  française  se  dirigeait  vers  Luoques  et 
Yers  Pise,  Pierre  de  Médicis,  averti  de  la  fermentation  de 
Tlormce,  se  hâtait  d'y  revenir,  espérant  encore  contenir  la 
ville  dans  Tobéissance.  Il  y  arriva  le  8  novembre  ;  et  après 
avoir  pris  dans  la  soirée  conseil  de  ses  amis,  qu'il  trouva  ou 
découragés,  ou  aliénés  de  lui,  il  résolut  de  se  rendre  le  len- 
demain an  palais,  auprès  delà  Seigneurie.  Ce  palais  était  fermé, 
et  l'on  avait  mis  des  gardes  à  la  porte,  comme  on  le  faisait 
toujours  dans  les  temps  de  tumulte.  La  Seigneurie  résolut  de 
ne  point  recevoir  la  visite  de  Pierre  de  Jf édids  ;  elle  lui  en- 
voya Jacob  de  Nerli,  gonfalonier  de  compagnie,  pour  le  lui 
signifier,  tandis  que  Lucas  Gorsini,  l'un  des  prieurs,  s'arrêta 
il  la  forte]  pour  lui  en  disputer  le  passage,!  si  cela  devenait 
nécessaire^. 

Pierre  de  Médicis  ne  mit  point  leur  constance  à  l'épreuve  : 
étonné  d'une  résistance  qu'a  n'avait  jamais  connue,  U  ne  re- 
courut ni  aux  prières  ni  aux  menaces  4  il  se  retira  chez  lui, 
pour  appeler  à  son  aide  Paul  Orsini,  son  beau-frère,  avec  les 
gendarmes  qu'il  commandait  :  mais  le  message  qu'il  lui  en- 
voyait ayant  été  surpris,  les  dtoyens  s'armèrent  et  se  rassem- 


<  #>*.  GiOcclardinl.  Ub.  I,  p.  si.  —  *  SdpioM  àmminao.  fcib.  XXVI ,  p.  204.  — 
Joe,  Nardl.  L.  I,  p.  ai.  -*  Pauii  jovii  BisU  h,  I«  p.  32^  ^  Fr,  GidceiardinL  b.  I, 
p.  S5.  — Héynoirei  de  PhU.  4e  Comines.  Ùv.  VU,  cbap.  X,  p.  191.  —  BelcœrU  Commenu 
Rer.GoOfcLib.  V,p.l3t. 


994  HJSTOIBB  BlBS.f^f^VUMJf^K  ITALIENlfES 

blèrent  siof  h  iil«tce  du  Và\m  i  pour  être  |ipêt9  à  fi^l^r  Iw 
ordres  de  la  Seigneurie.  Cependant  le  ordinal  Jea^  de  Médicis 
avait  parcouru  quelques  rpes,  suivi  de  ^pvijtemi^  d^  sa  mai- 
son, aumm^s  11  taisait  répéter  le  cri  A'wmm  fte  aa  familte, 
Palle  l  p^Ue  l  maia  ee  cri,  autrefois  si  çhçr  à  la  p^olaee»  b'a* 
Tait  rasseipiblé  aii^oiin  de  ses  partisans.  Le  cardinal  p*avajt  pa 
passer  au-del^  du  loiiieu  de  la  rue  des  GabsaiaU  ;  ^  iimU» 
parts  on  entendait  des  cris  nienaçants  pour  les  Kédl<â^.  P'wff^ 
et  son  frère  J^lieQ,  déjà  entourés  des  soldats  qup  leur  wf^t 
amenés  Paul  Orsîni,  se  retirèrent  vers  la  porte  Sa|)i'-(}aUa,  et 
essayèrent  enonre,  eu  jetant  de  fargent  au  peiipi^?  d*e9g«8^|P 
les  artisans  qui  habitent  ce  quartier  4  prepitoe  les  arnw  «pur 
eux.  On  ne  leur  répondit  que  par  des  uj^euaces;  et  Ifjus^tju'ilii 
entendîresit  sonner  1^  tocsin ,  ils  sorlireat  de  h  viUç,  4ç^ 
on  referjua  les  portes  après,  eux.  lie  cardiufi  Jem  de  Vi^iWf 
s*  étant  d^uisé  en  moine  franciscain^  se  dérci»  4®  fiojn  pôta 
au  tumulte,  et  rejoignit  ses  deux  frères  dans  les  Apei^nii^s  i, 

Pierre  de  Médicis  avait  pris  inconsidérément  la  CQUJte  4^ 
Bologpe,  an  lieu  de  s  adresser  au  roi  de  France,  auprès  à^-- 
quel  U.wrait  probabl^nw^t  trouvé  protecti^Ov^^  |i(^a^4e 
faxù  Qrsini,  qui  le  suivaient,  atl^aqués  par  Jes  pajrs^ns^  lie0^ 
l^ndèrenJ;  presque  tous;  et  Paul  Orsi^  jugea  lui- Aiêoie 4|uip 
pour  la  sûreté  de  son  beau-frère,  il  valait  mieux  ^^quioc^  ^ 
séparer.  j[ie#  JCédicis  aiyinère^^;  ecfieiulant  à  BfAofj/fn^  aans 
nouvel  ^tcddent.  Vm  lomque  Pierre  se  pcéseaita  à^fm  f^- 
tivogUo,  sou  allii^  et  son  ami,  tcekd'nci,  iétonné  ^  j^  ff» 
bpmme  qui  «içcupait  le  «léme  Vaug  fue  lui  renv^  ^  fv^ 
ment,  im  dit  :  «  Si  jamais  m  v^s  r4M3âpte^Qa  ^é^^n  J^anfp.^^ 
«  glio  a  étéfobas^  4l?  Bologne  ^waf^e  fum  lèifi^^i^fifà^im 
«  de  Florence,  ne  le  croyez  pas  ;  mais  assurez  plutôt  qu'il  s'est 


1  istarie  di  GioV'  Camhi,  DeUx.  Ervd.  T.  XXI,  p.  78.  —  DUni  S<m0si  û^AlkçrettoAlU- 
çretti,  T.  XXiii,  p.  833.  *-  Bemardi  OHceUartl  de  betto  itoL  p.  41.^ 


m  won»  A«iEi  â95 

<f  Mt  lattler  en  pièees  par  Mt  dnfienis,  ftniiM  de  lêiJËf' 0^ 
Jeun  BeotivogMo  ne  seTait  pas  qu'il  ne  dépend  souvent  ni  dn 
prmce,  ni  do  général  d* armée,  de  tronver  la  mort  qu'il  eber- 
fihe  ;  qu'après  T avoir  bravée  longtemps,  s'il  «urvit  malgré  lui 
à  sa  défaite,  le  désir  de  la  conservation  renrit  dans  le  coeur 
du  phM  vaillant)  et  qu'il  s'y  joint  la  seerète  espérance  que, 
puisque  la  fortune  s'est  chargée  seule  de  son  salut,  ^e  le  ré- 
serve encore  à  des  jours  meilleurs.  Son  expérience  le  lui  ap- 
prit :  te  mMient  du  revers  arriva  aussi  pour  BentivogOo  ;  et 
malgré  sa  résolution,  il  ne  mourut  point,  mais  il  traîna  ses 
jours  dans  1  exil. 

La  poputaiee  de  Florence  pilla  les  maisons  du  chancelier  et 
êa  provédKeur  du  nont-de-piété,  qui  dès  longtemps  étaient 
aecuséi  d'a^trir  inventé  les  gabdles  nouvelles,  et  les  diverses 
â^sfsiraioiis  par  les^ielles  on  avait  augmenté  les  impôts.  E3Ie 
pfMIa  encore  les  jardins  de  Saint-Mare,  et  la  maison  dn  car- 
dliM  Jeaû  k  Saint-Antoiue.  Des  gardes  placés  au  grand  palais 
des  MéiMs,  tu  via  Larga,  pour  le  réserver  au  logement  dn 
roi  4e  France,  le  eauvèreot  du  pillage  dans  ce  premier  mo- 
ment. Mais  les  Français  qui  y  furent  logés  s'emparèrent  sans 
jfiÊéeatÛB  tout  ee  «pii  tenta  leur  eupidité;  et  après  lenr  dé- 
past  la  narte  de  i'samesbkaieiit  fut  vendu  par  aulorfté  de  jus- 
tice. Ainsi  fcmaaft  dispevsées  œs  un^ifiqueB  oatleclions  de 
âutares,  et  piemes  gravées,  de  livres,  que  Oassie  ^  Laurent 
awaîwt  recueillis,  avec  tant  de  ^fgetœ,  dans  lous  les  Keui 
aà  g'éteadalt  leur eentmence  ^. 

Caâei^Mrmîe)  après  là  luila  des  ttédîeis,  reaUlt  «a  décret 
|Hr  les  défllamr  iiebeb»,  eanfisquer  leurs  Mens,  <ft  pronëltiTe 
«n4*éèeimpen8ede  einq  miUe  éaeti»  à  €priuonq«e  tes  arrête* 
mft^«t  id&4feux  nik  àquiem^^  appottoraol  ieiir  IMe.  ïoutos 
les  familles  exilées  ou  privées  des  bonneurs  publics  pendant 


do  Gominos.  ë.  VU,  du  XI,  p.  I9«.  —  fi.  OrieeUartL  p,  «t,^. 


396  HISTOIBE  DES  SjbnUVnSi  ITALIEini]» 

les  soiunto  ans  qa'i»ritt.dttré  rairtarikédBB  Védkà»^  timmà 
iré^b^QS  ctons  leurs  droits  :  les  tableaiïx  qui  ri^pdiâttit  oo 
les  itfQiulaiiuiatioiis  de  1434,  ou  celles  de  1478  fv»  fat  £ODJ««- 
ration  des  Pazzi,  furent  effaeés  f  et  les  deu](  &Iédicis>  fils  da 
Pierre-François,  rentrés  dans  leur  patrie  au  moment  eu  leurs 
cousins  en  sortaient ,  ne  voulant  avoir  rien  de  comman  avee 
une  famille  qui  avi^t  affecté  la  tyrannie ,  firent  effiaoer  lea  six 
globes  de  leurs  armes  »  pour  y  substituer  la  croix  d'argent  en 
cban^  de  gueules  des  Guelfes»  et  changèrent  leur  nom  de 
Médicis  en  cdfii  de  Popolani  i.      ^ 

Cependant  le  nouveau  gouvernement  se  b&tad*envoj^  des 
ambassadeurs  au  roi  deJFrance,  pour  rejeter  sur  celui  qui 
r avait  précédé  la  faute  dune  inimitié  si  contraire  aux  intacts 
de  la  r|épnbUgue ,  et  pour  donn^  une  forme  pins  autbenti** 
que  au  traité  condu  si  étourdiment  avec  Hédios.  Il  fit  choix 
de  Pierre  Gapponi ,  qui  déjà  y  dans  son  ambassade  à  Lyen, 
avait  fait  connaître  combien  les  Florentins  étaient  impatioats 
du  joug  qu'ils  portaient^  ;  de  Tanai  de  Nerli,  Pandolfo  Roo" 
cdlai,  Giovanni  Gavalcanti,  et  du  père  Girolamo  Savonarola^ 
que  l'on  4^ai^ea  de  porter  la  parole  au  nom  de  tous.  Gelai-» 
ci ,  rc^gardé  par  les  Florentins  comme  doué  du  pouvoir  des 
mirades  et  des  prophéties ,  leur  semblait  un  avocat  oétete 
que  la  Providence  leur  envoyait  pour  les  défendre. 

I^  ambassadeurs  florentins  se  rendtrwt  à  Luoques.  oà 
était  le  Toi;  mais  ite  ne  purent  y  obtenir  audience,.  6t  ib  fiinnit 
obligés  de  le  suivre  à  Pise.  Là,  le  père  .Savonarde  s'adoeasa 
aumoufirque  victorieux,  avec  ce  ton  d'autcnité  qu'il  était ao- 
coutume  à  prendre  vis^à-m  de  son  audKtoke.  Ge  ji'étatt  pont 
le  député  d'une  république  qui  padàit  à  un  roi  ,*  cTélait  l'en- 
voyé de  Dieu^  celui  qui  avait  prophétisé  k  vœaedesFraaçaiS) 


i  Jaeopo  Bwrdl  BUt,  Flùr.  L. I,  p.  38.  — PmOI  sopUBiii.  UK I.  p.  St.  — SdpiMit 
Antmbrato.  L.  XXVI,  p.  20l.  — /«(•  di  GUw.  Cambi.  p.  TO.-^  UèiaoiNf  de  PhiL  deCom- 
BiMf.  Ut.  VU,  cliap».yi«,pte  Af3. 


foi  en  anât  IcmgteoipB  iMnacé  les  peuples  comme  éTun  ilâia 
câe^  et  q«i  s  adressait  à  présent  à  celm  qat  la  main  divine 
avait' eoÉdôit,  pour  Ini  indiquer  comment  il  devait  terminer 
r  ouvrage  dont  la  Providence  Pavait  chargé. 
•    «  Viens»  Ini  dit4l,  iriiens  donc  avec  confiance,  viens  joyent 
«  et  triomphant;  car  celui  qui  t'envoie  est  celni  même  qui 
«  pmir  notre  saint  triompha  snr  le  bm  de  la  croix.  Cepén- 
«  dant ,  éeonte  mes  paroles ,  6  roi  très  chrétien  !  et  grave-les 
«  dan9  ton  eoMir.  Le  serviteur  de  Dieu  auquel  ces  choses  ont 
«  été  révélées  de  la  part  de  Dieu......  f  avertit,  toi,  qui  as  été 

«  envoyé  par  sa  majesté  divine,  qu'à  son  exemple  tu  aies  & 
R  faire  imsérioordeen  tons  heux,  niais  surtout  dans  sa  ville  de 
«  Florence,  dans  laquelle,  bien  qu'il  y  ait  beaucoup  de  pé- 
«  chésyfl  conserve  aussi  beaucoup  de  seHiteurs  fidèles,  soit 
«  dans  le  siècle,  seit  dans  la  religion.  A  cause  d'eux  tu  dois 
M  éiMUf^er  la  ville^pour  qn'ils  prient  pour  toi,  et  quMIs  te 
«  seeondent  daiui  tes  expéditions.  Le  serviteur  inutile  qui  te 
«  spàrle  favertit  encore  au  nom  de  Dieu ,  et  t'exhorte  à  dé- 
«  fendre  de  tout  ton  pouvoir  Tinnocenee,  les  veuves,  les  pu- 
«  pUes,  les  malheureux,  et  surtout  la  pudeur  des  épouses  du 
«  Christ  qui  sont  dans  les  monastères,  pour  que  tu  ne  sois 
«•point  cause  delà  multiplication  des  péchés;  car  par  eux 
«  s'affaiblirait  la  gnmde  puissance  que  Dieu  t'a  donnée.  En- 
«  fin^  pour  la  troisiènse  fois,  le  serviteur  de  Dieu  t'exhorte  au 
ft  Bom  de  Dien  à  pardonner  les  offenses.  Si  tu  te  crois  offensé 
<«  par  le  peuple  A»Nmtin  ou  par  aucun  autre  peuple,  pardon- 
«  ne-*lenr ,  car  ils  (mt  pédié  par  ignorance ,  ne  s^achant  pas 
«  que  in  étais  >  l'envoyé  de  Dieu.  Rappelle-toi  ton  Sauveur, 
«qui,  suspendu  sur  la  croix,  pardonna  à  ses  meurtriers.  Si  tu 
<c  fais  toutes  ces  choses^  6  roi!  Dieu  étendra  ton  royaume  tem- 
«  porel  ;  il  te  donnera  en  tous  lieux  la  victoire,  et  finalement, 
«  il  t'admetb'a  dans  son  royaume  ét^nel  des  cieux  * .  » 

i  Fttade/PtSatrofU0vfo.  b,  II,  $6,  p.  68,  daleompcndio  êtampaia^Uestte  rtvekaionL 


39B  HISTOIRE  DM  lUifmUQtM  ITALtBmi» 

La  répotatkm  de  SaTOBarole  était  à  fém  pmf^nuB  jov^ 
qu'aux  oreilles  da  roi  de  Fraiiee  :  il  Mvit  en  loi  qu'un  hom 
reUgieux  ;  «m  discours  lui  pwut  un  sermoa  «hi«iea,  et  «m 
vouloir  entrer  en  matitoe  ^  il  proont  qpi*à  son  «ffilfie  à  Fle^-' 
rei^ce  il  arrangerait  toutes  choses  à  la satîsfiiiAîau  du  peuide^ 
Cependant  il  avait  défà  pevté  attôAto  au  traité  woén  avee 
Pierre  de  Médids,  et,  par  une  démarebsineouHdéi^,  il  s'^^dt 
jeté  dans  des  eodiarras  dont  il  oe  put  pins  te  tmr  «vue 
honneur^ 

U  7  avait  déjà  ^uatre-vingk^^sept  ans  qve  la  viBe  do  Rse 
était  tombée  sous  la  donûuatîoa  des  FloroutiusSL  Im  Fmus 
miraient  pu  sattendre  à  ce  que^  dans  les  piMûègea  auoées  de 
leur  servitude,  le  vainqueur  kor  fit  éprouva  un  reesMtittMt 
qui  durait  encore ,  et  une  défiaoee  qu*4mtasfeeaiît  le  soumnir 
d'offenses  récentes.  Hais  d' ratve  part,  ils  4BYaieiil  espérer  du 
temps  la  fusion  des  deux  états  en  un  seuli  puisque  la  prospé- 
rité du  pays  conquis  était  néeessœre  k  edie  és^^mmtmm. 
Cependant  tout  la  contraûra  était  arrivé  :  dans  ks  ttmé^qui 
suivirent  immédiatement  la  copqu^  l*adiuiiiislralio»A0ra[H 
tine  fut  plus  équitable  qu  eUe  ne  le  devînt  daus  la  suibi*  Le 
premier  commissaire  florwtin  ^ivojé  à  Pise?  Gino  CmfjfOBi^ 
était  un  homme  juste  et  modéré ,  et  U  avait  jeherebé  è  ruim- 
ner  les  esprits^  Lorsque,  deux  ans  apoès,  les  fhumÉm^dttir 
reut  Pise  à  F  Église ,  pour  y  raasemlri^r  h  isoMiie  qui  devait 
terminer  le  schisme,  ils  eucent  eu  vue  de  praourae  dis  êimar 
tages  pécuniaires  à  cette  ville^  et  d'y  rappdifsr  aittûtai  «jU^^eua 
qui  émigraient.  C'était  par  la  douceur  ^^  Pistoïa  awt  é^ 
attachée  pour  jamais  au  sort  de  la  r^btique  flacentiBe ,  et 
les  Albizzi  avaient  assez  de  prudeuce  pour  pffofitru'  de  cet 
exemple  domestique.  Mais  la  révolution  de  1434,  qui  dtnàiuia 
la  liberté  de  Florence,  diminua  aussi  la  Ubérali^  de  sa  oour 

1  Joeopo  Wardi  Ut,  Fior.  m.  I,  p.  23.^ «  J)epoii  le  9  ttgtthWilélS. 


ni!  mehtm  âgé.  S99 


peuf^Ie  TiéiiqHenr  ëteie&t  rédaito  è  0I  peu  de  chose ,  qnVn  se 
MiifMuraiiil  ilix  ^iieiis,  il  n'anmit  plus  yq  aoctiii  avantagé 
dans  sa  eondMon,  si  ceoinsi  n'aTaîent  été  privés  de  ces  droits 
civile  tiix-^iftémes ,  qm  ne  devratent  ^nais  être  enfreints.  La 
piiMiqtiè  flcM^ntineà  l'égard  des  villes  sujettes  fot  réduite  h  nn 
adage  qui  justifiait  les  magistrats  de  leurs  fautes  en  les  chan- 
^saut  e&  »a»iiiies  d*état.  fi  fHnî  tenir j  dteaienl41s ,  Pisuna 
4$n6  Im  sujétion  pê/r  ses  fkctiôns,  et  Pise  par  ses  fbrtêtBsses  <• 
îm  FlorcMiiis  hàtirent  en  efM  dmx  «itadelles  h  Pise ,  qui 
pwpaMHidciit  oommander  la  ville  ;  «t  comptant  sur  cette  diatne 
Mil  aaswée,  ife  almèreiit  emdlement  ée  leur  pouvoir.  A  des 
iSÊpèl»  '6ttift«nx  ils  joignirent  des  exactions  privées,  et  les  vo- 
leitis  de  iMs  les  agents  du  gouvemenefift  ;  ils  exclurent  les 
Pisan  de  toM  emploi,  de  téfute  fonction  publique ,  même  de 
eéÊm  ^i  par  les  kte  étaient  réservées  aux  étrangers  ;  ils  les 
^ShtÊbÊOÊA  Ma  cesse  par  r^pKssion  du  Mépris,  de  la  haine 
ou  de  la  dérision.  Étonnés  cependant  'de  trouver  dans  les  es- 
prits ^fie  tésiataftice  proportiontf^  à  tetle  ^lence,  et  voulant 
dwtpler  ce  qtt%  appelaient  F  orgueil  des  ffeiins ,  ils  réso- 
lurent, pour  les  appauvrir,  d*«tH:aquer  en  même  temps  leur 
agHcKilture  et  leur 'commerce. 

Tout  le  I>eltade  ï  Arno,  exposé  aux  inondation^,  et  n'ayant 
point  vers  la  mer  uû  écoulement  facile ,  avait  été  cependant 
préservé  des  «MX  atagnantes,  et  rendu  au  labourage  et  à  la 
salubrité,  par  F  industrie  et  la  constante  attention  de  la  ré- 
publique pisme,  peur  maintenir  tons  les  t^naux  qui  coupent 
la  pilaine.  Ces  canaux  furent  abandonnés  par  les  Florentins  2. 
Bientôt  deaeant  crout^ssantes  infectèrent  les  campagnes  par 

I  Vaechiaveili  de*  Discorsi  sopra  Tito  Uvio.  Ub.  Il,  c.  24  et  2S.  Tom.  V,  p.  374.  — 
^  tes  craintes  des  PisâDs  é  cet  égard  semblent  démenties  par  Tinstitution  de  VVffizio 
^  fossi ,  magistrature  sanitaire  chargée  du  soin  des  canaux,  qui  date  à  Pise  de  Tannée 
HtT.  Peut-être  trouvait-on  déjà  alors  que  le  mal  causé  aux  Pisans  par  une  basas 
I^IcNiste  éiilt  Y^ftenftt  éB«H»aiéiit  pcr  tour  réitt. 


400  HI8IOIRX  DES ,  UàmjMXVJU  ITALIEiniES 

Ira»  edialakms;  les  malaéies  détouinrait  la  popnlaticMii ,  et 
rendirent  an  désert  les  champs  qne  Thidastrie  hmaioe  loi 
atait  arrapbés.  La  ifiUe  fiit à  8<HLlaiir  dépeuplée  par  ks  fièvrea 
maremmanes;  enfin  les  édifices  et  les  palais  soniptfifQx  qoi 
rayaient  rendue  superbe  entre  les  Tilles  dltaliei  épconipèvrai 
enx-màmes  l'infliWM»  dâétère  de  f  hnmkKté  et  de  la  posnô» 
ture. 

D'autre  part,  Pise  qui  s'était  âevée  par  le  oemmefee,  qai 
avait  cottvert  la  Méditerranée  de  ses  flottes ,  et  iatroteit  des 
premières  en  Ooeîdent  les  arts  des  Orientais,  par  ses  cohh 
mnnicatians  jonmatières  avee  GoastMfttineple^  la  g^rie  et  T A« 
friqne,  se  trouTait  soumise  à  radnnnisAii^iim  jidMse  d*«B 
gouvernement  de  mareiMmds,  qui  croyaient  s'enri^ir  de  toutes 
les  lurandies  de  oommeroe  qu^ils  lui  étaient.  Des  lois  intofdi^ 
rent  aux  Pisans  les  manu&ctures  de  soie  et  celles  de  laine  r  le 
commerce  en  gros  fut  aussi  réservé,  comme  on  privilégo,  ma, 
seuls  Florentins ,  et  la  ville  fnt  9xgm  réduite  à  un  état  de  mi» 
sère.et  dépopulation  qui  faisait  la  honte  de  ses  maîtres  *. 

Mais  dans  cet  état  d'abaiss^nent ,  1*  orgueil  du  nom  pisai^ 
et  Fanei^i  amour  de  la  liberté,  n'avaient  point  été  abandonnés 
par  les. généreux  descmdants  des  citoyens  de  Pise.  Les.  gea- 
tilshomm^,  comme  le  peuple,  étaient  animés  d*un  méoie 
sentiment;  tous  étidwt prêts  à  sacrifier  poor  la  liberté  une 


I  Cberti  Folietm  Cetiuens*  Uist.  Ub.  XII ,  667.  —  Fr.  GuicciardUUt  IsiCf.  Ub.  Il , 
p.  1*. 

II  Ihut  considérer  comme  une  conséquence  de  cette  désolation  A  laquelle  Pise  avait 
été  réduite,  le  sileoce  de  ses  historiens»  non  seulement  pendant  sa  longue  senritude, 
mais  mémo  pendant  la  lutte  soutenue  avec  tant  de  générosité  et  de  constance  contre 
les  Florentins,  après  avoir  secoué  leur  Joug.  Dans  la  collection  de  MuratorI,  on  ne  trouve 
aucun  historien  pisan  après  le  milieu  du  xiv*  siècle.  Paolo  Tronci,»  et  celui  que  nous 
avons  cité  sous  le  nom  de  Marangoui,  qui  sont  imprimés  séparément,  terminent  tous 
deux  leur  récit  à  l'année  1406,  quoique  leurs  auteurs  aient  vécu  dans  le  xvu  -  siècle.  La 
maison  Rooeioui,  A  Pise,  conserve  dans  ses  riches  arcliives,  parmi  un  très  grand 
nombre  de  diplômes  curieux ,  une  chronique  de  Pise ,  écrite  par  un  chanome  Raphaâ 
Roncioni ,  et  dédiée  au  grand-duc  Ferdinand  II.  Hais  le  soulèvement  de  1494  occupe  à 
peine  quelques  lignes  de  la  dernière  page  de  cette  chronique.  A  la  chancellerie  de  la 


ni  et  des  liehenes  qaHb  estifliaieiA  être  à  peiae  à  eox ,  p^ 
9W  h  Toknté  arbitraire  de  leore  maîtres  pouvait  les  lenr 
odrrer  tf  une  heure  ^  l'autre.  A  Ti^roehe  de  Charles  YIII, 
kura  eq^énnees  fÉreat  reuonTelées  avee  artiflee  par  Lovis^le- 
Hamfe^  qui  se  aouremit  que  Jean  GaiéaK  Yieconti)  pNoner 
due  de  lEUau,  avait  possédé  Pise,  et  qui  eq^érait  JMkIre  cette 
ville  à  ses  états,  eu  se  faisant  reodre  Sanane  et  Piétra  Sauta, 
viHes  qui  avaient  af^pMttteaa  aux  GâMris:  Il  n'avait  pas  suivi 
le  roi  plos'loin  que  Sanaue;  mais  Galéaa  de  San*Sévériuo, 
ïwm  de  ses  eapitaîues  les  plus  itfSdés,  le  remptacût  à  l'armée, 
etil  aida  les  Kaaas,  dans  le  mooMUtlepfasseritiqiie,  deaea 
eoDseils  et  de  totf^  son  efédit  à  la  eour  ^ 

Enti^ksgeuaishMUtteipisans,  Simosi  Qriandi  s'était  Mt 
waanpier  par  sa  haine  contre  les  Flonsntuia  :  c^était  ehes  lui, 
c'était  par  sçn  activité  que  tous  ceux  qpi  avrieut  été  person- 
uflUemciit  offensés  se  réunissaient  pour  aviser  au  moyens  de 
se  venger  et  de  délivra  leur  patrie.  CSomme  il  parlait  avec  fii- 
cOtté  hi  langue  traufaise,  ses  ecmeitoyans  le  dioisirent  pour 
invo^er  la  faveur  du  roi,  et  le  supplier  de  dérober  Pise  à 
un  joug  insupportable  K  Ses  anus  l'embrassèrwt  cependant , 
et  lui  dirent  un  adieu  qui  pouvait  être  le  dernier,  au  moment 
oi,.se  dévouant  peur  sa  patrie,  il  se  signalait  à  toute  la  ven- 
geance des  Floientins.  U  se  rendit  an  palais  des  Médicis  où 
logeait  Charles  YIII  ;  et  endunssant  ses  genoax,  il  fit  mi  ta- 


eoBnuMolA  on  «a  eonfenre  une  antre ,  èiileiiieot  ■wiiteriie»  et  qri  y  fM  éè^otée 
par  Paateiir  Jaeopo  Arrosti ,  le  26  ayril  i«ss  :  la  dernière  guerre  de  Pise  y  est  traitée  lYee 
quetifiie  détail;  mais  c'est  uoiquement  d'après  Guicciardini ,  GioTio,  Nardi ,  et  les  his- 
iortaBs  florentins  :  il  n'y  «  ni  un  Ctit  nouveau»  ni  l'indication  d'aucun  mouTement  d'ori- 
gine plsaoe.  Dans  les  mêmes  archiTes  enfin ,  on  conserve  les  registres  des  seigneurs 
Anxiani,  de  Pise  ;  ceux  de  chaque  année  forment  un  volume.  On  y  trouverait  sans  doute» 
an  milieu  de  beaucoup  d'innttUlés  on  d'affalrei  privées ,  quelques  renseignements  cu- 
rieux pour  l'histoire  particnliére  de  Pise  ;  mate  comme  presque  chaque  séance  ett 
écrite  d\in  caractère  dtSérent,  et  avec  beancoap  d'abréviations,  il  Cuidraît  un  long 
^vatl  pour  apprendre  à  les  lire ,  et  un  travail  bien  plot  long  eneore  pour  les  dépouiUer. 
'^^  CuicdardinU  Jsib.  I,  p.  M. — Mémoires  de  Pbil.  de  Comines.  Liv.  VII,  cb.  IX,  p.  iS7 
^  f>.  Detearli  Commmt*  1&'  V,  p.  189.  —  *  PauU  JwH  HUt,  nA  Ump,  Lib.  I,  p.  34. 
fB.  26 


462  HisTOiBS  MB  RinmuQas  rrALuafirEs 

MoM  tftppêÊlL  40  Tmàexm»  gruidew.  de»  nMM^  ^  M- 
ireyable  détresse  à  laquelle  ito  étineat  rédmtB^  el  ée  1»  tjfaïuiie 
eroelle  qui  les  avait  aioat  accablés.  Il  se  livra  ^  en  paito^i  des 
FjicM'eii&is  j  à  toute  la  violenee  de  son  ressealitiei^^  tï  il  fit 
tféBm  le  roi  et  toute  sa  cour  par  le  réeit^es  ÎDJusIîees  q«*il 
disait  aven  éprouvées.  B  rappela  à  Charies  .YIII  qu'il  s'était 
anuoaeé  à  l'Italie  eomme  vaiant  la  dâivrep  de  toutes  les  ty- 
numies  sous  lesquelles  eUa  gémissait*  Ia  pneadère  Measien 
4e  nette  à  exéeutioB  ses  pvemesses  se  piésMtait  pov  lui  à 
Fise.  S\k  voulait  petsua^toks  peuples  de  sasiueAritéi,  0  dauait 
se  hâter  de  rsndre  la  ISierté  aux  Pisaus.  Ce  mot  de  ty^rté,  le 
seul  que  les  Pisans  qui  avaieat  suiiâ  Orludi  poiseat  ooai- 
prettdre  de  tout  sou  discoun ,  tat  répété  par  epi  ui^ee  aeda- 
amtlett.  fèua  lea  geiitflsbMUBa»-4e  CSMrles ,  ^tmtnés  par 
réh»queuee  d*Orlaiid^  joiguiv^it  leurs  suppUcatious  aux  sieu- 
MB>;  et  le  loi,  saus  râlédiir  davautage,  sus  songer  qu'il  Re- 
posait d'une  diese  qid  u'était  point  à  lui,  répondit  qu'il  -voulait 
lotttoe  qui  était  juste,  et  qu'il «eraii  OMteat  di^oi»  ks  K- 
saus  recouvrer  leur  Uh^rlé  1. 

Aussîldt  que  la  réponse  do  (Sbarles  fut  mmune^  )e  «ri  de 
l4ve  la  nnaee,  et  vive  la  yberlé^retwtit4aQS  toutesJe8ia<ms^ 
les  soldais  florenlius,  lesdouamerft,  les  pereeptouio  4e  oo«itoi- 
kuttoBS,  furent  poursuivis,  et  forcés  de  s'enfuir  de  la  vîHo  : 
les  fions  do  marbio  que  le  peuple  désignait  par  le  aoaa  de 
tnarzoechif  et  qui  étaient  âevés  sur  les  portes  et  sur  lea  édi- 
fiées pubHes,  eu  signe  de  l'autorité  du  parte  gueUe  et  4o  la 
république  florwtine,  furent  renversés  et  jet^s  d^inp.  FArfiio; 
et  dix  ettoyeus  réunis  pow  ionner  une  smg^eurie  fuiwt 
^hfurg(£s  de  l'administr^tiop  dç  la  république.  r:puai9^|iite  ^. 

mu.  UU  I,  p.  as.  ---iK  eukdatâM.  i^  l,  Vi.  f!#.  — Ménoiifi  de  riût.  4e  Confaet. 
l..yil,e|i.  IX,  p.  19».  it^ mfiMC  Jnrnimo.  l.  imi^  iBi.  m- -r  ^omfi  ^«i«t  ut. 


»  MÊHm  A0B.  403 

'fSiii  QaeMftiigeroiieoiitrB,  c'était  le  9  ncnreod»»,  joiir  néme 
^  \M  WknMm  traient  reoouTré  lear  Mmté  en  chassaot  les 
MéiKdB,  que  las  Pisam  reeouinrèrettt  aussi  la  kur,  en  eha»- 
iimt  la  garaîBoii  florentbie. 

Cependant  Gbatlei  VIII  semblait  Msiler  à  se  cMre  lié  en- 
mn  la  MpBbliqne  florentine  par  le  traité  qn'ayail  négocié 
Pierre  de  Hédicis.  La  ville  de  l'Occident  la  pins  célèi^  poÉr 
le  eemmeroe  et  les  riehesses  tentait  la  cupidité  dé  sen  armée  ; 
il  aoNéf  sain  avee  joie  ans  oeeasioii  de  renontder  les  àosti- 
Hlés.  Après  kféU  étaMi  nne  garnison  française  dans  la  fbrte- 
Msae  nedre  de  Pise,  et  avoir  Uvfé  la  vieflle  ann  Pisani,  il 
'tf  approchait  de  Elorenoe  aveo  son  armée,  sans  donner  de  ré- 
,  pansai  aia  ambassadenrs  de  la  rdpabliqne,  el  sans  même  von- 
kàr-  prwdie  de  d^eradnalion  jasqul^à  ce  qu'H  fût  infimoé 
en  progrès  de  Ftt^mée  que  commandait  d'Aubignj  ep  Bo- 
magne,  et  des  résolutions  de  Ferdinand  qui  lui  ^it  op- 
posée 

SfHi  FeMBnand  arvait  montré  du  taknt  pUIitaire  iituM  le 
fihflîx  des  positions  par  lesquelles  3  avait  arrêté  les  progrès 
'df  d'^nlfignjr.  Milis  an  moonentoù  les  CUonnA  avaient  pris  les 
snneaaiBtonr  de fiome,  il  avait  èlé  obligé  dPaffaibiir  son  ar- 
médi  fmtemmywk  son  pèito  lès  ronfarts  que  ceM^d  de- 
mandait. Alionse  a^ait  joint  ses  troupes  et  celle  que  lui  fan- 
vojidt  senr  fis  à  celles  du  pape  :  il  avait  attaqué  les  Coloiine 
avee  vigâeiir,  qnoiqae  saais  sneefes.  Cependant  Ferdhuuidne 
arétaift  pins  tmqvé  asseï  de  forces  pour  tenirtète  à  â*Ànbigiiy. 
Il  n*avi^  pu  empêcher  e^tav^ei  de  j^mdre  le  ebAleaii  de 
Mordano^  dans  le  oomté  d*Iau)la,  dont  tous  les  habttants 
f OnaM  passé»  m  ii  4e  l'épée^  Oette  eroeUe  enéeulton  nitt- 
taire  glaça  de  terreur  les  petits  princes  de  Bomagne ,  que 
M^f^msA  n'aTiit  pkia  U  Iwea  de  protég»  $  £«tbarine 

'   *  8et^.  ÉmnOnto,  t.  xm,  p.  !IOS.  «^  PatiH  hvU,  t.  tl,  p.  U,  -^  *  PmH  Jovji  ÏÏUU 
lib.  U,  p.  86.  —  Ff.  tiui/wUxrmu  Ub.  I,  p,  »4.  «- Jo^opo  tfwNU,  Lib.  1,  p.  19. 

20' 


404         HisTonus  iiis  aéptiBUQiM  iTALifamtt 

Slitarza,  la  preitaière,  traita  fléparément  arec  d* AnlrigRy,  el  lui 
oflvrit  les  états  de  son  fils.  En  même  temps  on  apprit  enBd» 
magné  que  Pierre  de  Hédids  a?att  livré  à  (Siaito  YIII  les 
forteresses  de  Toscane  :  dès  lors  la  p<)8itioii  dn  piioee  arago- 
nais  n'était  pins  tenable;  il  fit  sa  retndte  snr  Rome,  et  son 
oncle  don  Frédéric  ramena  sa  flotte  dans  les  poMsdaroyaimie 
de  Naples  ^. 

Charles  Tltl,  apprenant  la  retndte  de  don  Ferdinand^ 
donna  ordre  à  d' Anbigny  de  Tenir  le  joindre  dotant  Florence, 
ayec  sagendarmerie  française,  ses  Suisses,  et  trois  cents  chevan- 
légers  dn  comte  de  Caiazzo,  tandis  qn*il  Kceneierait  les  hom- 
mes d*armeé  italiens  à  sa  solde,  aussi-bien  que  ceax  du  dnc 
de  Kilan.  Charles  YIII  s'arrêta  ensuite  à  la  yiUa  Pand#lfiai, 
près  de  Signa,  à  huit  milles  de  Florence,  pour  donnera  d'A»- 
bigny  le  temps  darriyer,  et  faire  son  entrée  d'une  manière 
plus  imposante  3. 

L'évèqne  de  Saint-Halo,  Briçonnet,  le  sénéchal  de  Ban- 
caire, et  Philippe  de  Bresse,  frère  du  duc  de  Satoie,  tes  inia 
hommes  qui  avaient  le  plus  de  part  à  la  fiiTem^  dn  toi,  lia  H- 
présentaient  que  Pierre  de  Médids  ne  s*étÂit  pei^n  qne  par 
les  services  qu'il  avait  rendus  aux  Français.  Ses*  ennemis  ne 
lui  reprochaient  rien  avec  tant  damertume  qne  d'atidr  livré 
les  forteresses  de  l'état ,  et  ils  n'avaient  pris  de  la  haitfiesse 
que  parce  que  Pierre  s'était  éloigné  pour  venir  trouver  le  roi. 
.  Ces  trois  seigneurs  sollicitaient  donc  ChariesYIII  4e  rétabttr 
Pierre  de  Hédids  à  Florence,  et  le  roi  lui  dépêcha  ei^  eCHètfem 
courrier  à  Bologne  pour  l'engager  à  revenir.  Hids- Ffisiiv, 
mécontent  du  froid  accudl  que  lui  avait  fUtBenlivogKo,  avait 
poursuivi  son  chemin  jusqu'à  Venise^;  et  lorsqoTil  neçut  le 

r     » 

4  •  ^  •  -  . 

t  Awa  JùvH  BUt.  Ub.  II,  p.  t^.  —  rr.  GideekaéM.  Ifb;  f,  p.  S«-Mi.  de  CotthM. 
Ut.  vu,  cbtp.  Viii«  p.  180.  ^  *  Franc  GtOeelafdini.  lib.  1,  p.  ST.  -~  io€&pù  Vmr^ 
Ub.  I»  p.  31.  —  ^  PauU  Jovtt  tib.  Il«  p.  S5.-^fieleafff  C&nmuHmimGÊlttcmmm,  Ub.  v, 
p.  140. 


^« 


Ml  nom  AGI*  '  405 

imaMige  te  foi|  fl  t^amt  obligé  de  le  oonunumqaer  à  la  sd- 
gMinie)  pour  lai  demander  conseil.  Les  Yénitiens  jugèrent 
qtt'en  yétabliflsant  les  VéàSm  à  Florence,  le  roi  tiendrait  cette 
iriUe  dans  nne  pins  absdae  dépendance  ;  et  comme  ils  com^ 
asençaient  déjà  à  être  inquiets  de  sa  poissancci  ils  Toolurent 
loi  dter  ce  moyen  de  l'affermir.  Ils  conseillèrent  donc  à  Pierre 
de  ne  point  se  mettre  entre  les  mains  d*an  monarqœ  qn'Q 
avait  offensé;  et  pour  être  plos  sûrs  de  sa  docilité,  ils  Ten- 
toorèrent  secrètement  de  gardes  qui  ne  le  perdaient  pas  de 
ToeK 

Churles  YIII,  n'ayant  point  reçu  de  Bologne  la  réponse 
qn'il  en  attendait ,  fit  son  entrée  à  Florence  par  la  porte  de 
SaiHltiano  lel7  novembre  an  soir.  H  fut  reçfi  à  cette  porte 
sous  un  baldaquin  doré  que  portait  la  jeune  noblesse  floren» 
tine^  le  clergé  l'entourait  en  chantant  des  hymnes,  et  tout  b 
peuple  l'accueillait  avec  toutes  les  démonstrations  de  l'amour 
et  de  la  jcne.  Cependant  Charles  lui-même  âait  loin  de  cond- 
déner  cette  entrée  comme  si  pacifique  ;  il  portdt  la  lancé  sur 
la  iHiisse,  ce  cp'il  expliqua  ensuite  comme  un  symbole  de  la 
conquête  qu'il  faismt  du  pays;  toutes  ses  troupes  le  suitaient 
lesarpies  hautes  et  en  appareil  menaçant;  le  langage  étranger 
rt  l'impétoosité  des  Français,  les  longues  hallebardes  des 
Suisses  qu'on  n'avait  point  encore  vues  en  Toscane,  et  TartU- 
lerie  attelée,  que  les  Français  les  premiers  avaient  rendue  aussi 
mobile  4iue  leurs  armées,  inspiraient  autant  de  terreur  que  de 
eoriosité  ou  d'âonnement  ^.  Les  Florentias  ,  qui  recevaient 
4iveo  inquiétude  ces  hêtes  barbares  dans  l'intérieur  de  leurs 
murs,  m' avaient  cependant  pas  négligé  tout  moyen  de  défense» 
Chaque  citoyen  avait  été  invité  à  réunir  dans  sa  maison  de  la 

t  #>.  GtOedardM.  lib.  I,  p.  M.  —  Bemœrdi  OrieettarU  de  beUo  liafico  comment. 
p.  H.'^*  Wr^  GuicdardinL  Ii]>.  I,  p.  $S.  ^Jacope  «ardi  Stor.  Ub.  I,  p.  SS.  —  paM 
JûvH  MUt,  sul  temp.  lib.  H,  p.  M.  —  Seipione  âmmtraio.  Ub.  XXVI,  p.  904.  —  îtt/orie 
di&w^  ComM-T.  XXI,p»M.-*Aiidré  4e  U  VigM,  Journal  de  Chirlei Ttn >  dmf 
Geoffroi,  p.  118* 


4M  HISIOIBS  DES  ljiPe»iâM|PH»,ITALIEH1iES 

W^toMsmfttjmu^  0I  k-hm  tuât  ftiu  m  dtméê  fwméàf 
Imdre  la  Vàmhé  ^  «  la  docbe  d'alanne  .renaît  à  aoiwn^ 
Lw  ooBéattiarl  à  la  soMa  de  la  fépakMfO^  aweiit  atsaiâi 
appaléa  à  la  yUle  ayaa  toaa  km  aoMfltoi  «^  à  aMé  da  faiy 
■éa  fraoçaiHe,  qui  aTaîl  ^  aca  tofainaali  à  KkiMMa  1  «m 
a«tN Mnéa  flTétaiC  iaiwéa  ea  aaarel,  al  létaii  pi4te  à  M 

DèsquelaMifatétoUîdaMlaiNdaiadaaMédiaiaqiii  lai 
atait  élé  aiÉigBé  paiir  degaaivraf  il  owwneayi  4  trattor  aiwa 
les  commissaires  delà  Seignearie.  Mais  ses  premières  demandes 
aaasèrent  ântent  de  sorprisa  qaa  d'effrai  )  il  déclara  fiia  fmîs- 
qb'U  était  entré  dasa  la  viUe  atea  la  laaee  sar  la  eoissa^  Fio- 
ranaa  étttt  sa  araqnète,  qu'il  s'en  réservait  la  so^raralaMéi  et 
q«*H  àe  s'agissttt  plos  qae  de  savair  s'fl  jr  rétablirai  ks  Hé* 
dida  pdor  aiereer  oeMe  soii¥artâDeté  eia  aam  novs^  on  a*iiaoii«- 
senliraft  à  déléguer  aaii  a&tarité  à  ta  Bo^ieatfe  aow  riAqpaoN 
tfon  de  éoDiiienkrsda  rebelobgtte  qti*il  enteadati  lid  adjoindre^ 
hn  Florèutiiis  répondirent  ^  arec  une  rospcetoeiioa  fmtWÊM  1 
qa*il8  avaient  reça  la  roi  eaittme  lewr  lidte  ^  qa'ila  o'ataieiil 
{mbt  vaola  loi  presorûre  na  cérémonial  sw  rap|»tostt  éwe  ie<* 
quel  il  entrait  che£  eax,  mais  lia'ils  lai  avaient  oaverl  kor^ 
fdrtes  par  respect  et  mm  f&t  forae,  et  qu'ite  île  lenancaréiciit 
jMifiS,  on  pour  M,  on  pour  afficnn  antre,  à  la  nnflBdpa  fid^ 
rogativé  de  knr  indépendane  en  de  ïkééc  Mwrté  ^ 

Qnelqne  Soigné  qn'on  fM  dé  s'enteëdre^  ni  fin  ai  f  atitaa 
^parti  ne  désirait  en  reair  arux  làaiifs.  Les  Fma^iâSi  étotinéb  da 
la  pôpifiation  inacooatatiiée  de  FkreaCi^^  de  cab  ptdaîa  ibassiAi 
qni  sëmldaient  autant  de  forteresses,  et  da  eoilr^je que  ka» 
tfyjiîïê  ftttfieDt  montré  an  seedaant  k  jdâg  dea  Médicis,  ^è^ 
doutaient  d'engager  dans  les  rues  un  combat  où  ils  seraient 
aecal)lÀ  dé  pierres  dû  baut  des  toits  et  désTénëtrés;  les  Mo- 

^  JacepolKardi^  Istor,  Fior,  Ub.  I,  p.  24. 


Mwr  49  temps  irt  «tteadn  ie  mnmiA  où  il  oeiaf  îf»di#t.  Ml  > 
rai  de  partir*  Lee  iwfitoMBB  watiniiiiiflia  «^  ^  J»^ 

i«i  ttreit  rédvit  abs  (Wétaitieiis  à  oœ  demni4e  d'afyeotj  mm. 
eiieâiâlteUfl«etiteiK/^bîtMte)  <ia*«(rteqae  lesecDétaine  My{||i> 
eHl  fait  JMtni»  ée  «»  i|»'U  déolare^t.  ^tre  TidtiiiiMw  de  «o» 
mettre^  lierre  Gappenî^  le  premier  des  secrétairee  flêreatioai 
M  anwAift  ton  papier  dea  AnaîaS}  e(  le  déobiriaiiti  il  a' écria  : 
«  Eh  bîeo  !  s'il  en  est  ainsi,  i^ous  âonnerez  V0s  tFampettoSi  eli 
«  mm  sonnerons  nos  cloches.  »  En  même  temps,  il  sortit  de 
la  ^uaaahm^  CaMe  Mpteaaité  et  ee  coQcaga  latiflMdàitBBl  le 
roi  et  sa  cour  ;  ils  ^ttgèlretit  qile  le&  Fiorentillb  oyaient  db 
gnuidos  nwMMiraeB  piiis^ii^iis  asaicBt  parier  si  haut|  et  ils  rap*-. 
pelèrent  Pierre  Capponi.  ils  |tréâeiitèreilt  âlu^  deb  pi^posi* 
tiens  plus  modérées,  et  elles  forent  bientôt  acceptées.  La  prin- 
xnpale  était  de  fixer  à  cent  vingt  mille  florins  le  subside  par 
lequel  les  Florentins  devaient  concourir  à  Tentreprise  du 
rojanme^de  HiCaples.  Cette  somme  était  payable  en  trois  termes, 
doiU  le  plus  éloigné  devait  échoir  au  mois  de  juin  suivant. 
D'auive  part,  le  roi  s'engageait  à  restituer  les  forteresses  qui 
lui  avaient  été  consignées,  soit  lorsqu'il  se  serait  rendu  maître 
de  la  ville  de  Mapks,  soit  lorsqu'il  aurait  terminé  cette  guerre 
par  m^e  paix .  ou  une  trêve  de  deux  ans ,  soit  enfin  lorsque , 
pour  quelque  raison  que  ce  f&t,  il  aurait  quitté  l'Italie. 
Charles  VIII  stipula  en  faveur  des  Pisans  le  paidon  de  leurs 
offenses,  pourvu  qu'ils  rentrassent  sous  T obéissance  des  Flo- 
rentins ;  en  faveur  des  MédiciSy  la  levée  du  séquestre  mis  sur 
leurs  biens,  et  l'abolition  du  décret  qui  mettait  leur  tête  à 
prix;  enfin,  en  faveur  du  duc  de  Milan,  qui  réclamait  au  nom 
des  Génois  la  propriété  de  Sarzane  et  de  Piétra-Santa;  il  exigea 
que  les  droits  respeetife  sur  ces  villes  fussent  réglés  par  des 
arbitres.  A  ces  conditions,  il  déclara  qu'il  rendrait  aux  Flo- 
rentins et  sa  protection  et  tous  les  privilèges  de  commerce 


406  HUTOIBX  m»rBiHflaJII|0«  ITALISRHSS 

dMit  il8  jofdflBaient  autrefois  en  France  *  •  Ce  traité  ftit  poMié , 
dais  ia  eafhécbmle  de  Tiorenoe ,  le  S6  noTembre,  t>^dant  la 
eâébration  de  la  mené  :  les  parties  s'engagèrent  par  on  aer- 
ment  solennel  à  T  observer.  Cependant  d'Aobigny  pressait  le 
roi  de  mettre  à  profit  un  temps  prédeax;  et  deux  jonrs  après 
la  célébration  de  la  paix,  il  partit  ayec  tonte  son  armée  par 
la  route  de  Po^^nzi  et  de  Sienne,  soulageant  ainsi  les  Flo- 
rentins de  la  plus  mortelle  inquiétude  qu'ib  eussent  éprouvée 
depuis  longtemps  ^. 

t  joeopo  Baedi,  UL  Flor,  lib.  l«p.  ss.  —  Èemardi  OrtceUarU  Commeni.  pw  M.  — 
Fr»  (kàccUardiuL  Lib.  1 ,  p.  60.  —  PauU  jovU  BUL  $ui  temp,  Lib.  11 ,  p.  38.  —  Sdpimœ 
émaârato.  Lib.  XXVI,  p.  30S«  —  *  Jaeopo  IfanH,  Uf.  Lib.l,  p.  m.^SdplOMg  MmU 
iwlo.L.  XKSi ,  p,  999.  -^  Fr.  CukciVdM.lJt.1  tP,êi.^  PWAJ09lL  Uk,  U^p^S^^ 
—  Philippe  4e  GomiiMt ,  Mémoiret •  L.  VU,  eh.  XI,  p.  i97. 


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i»itJtiHUuu»t»i»a»»itHin»j»HHW.* 


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CHAPITRE  XIII. 


Terreur el  irréioliitionda  pipeà fap|N^eche 4e  GburleB  TIII;  ee  momr- 
que  étire  à  Renie.  -*  AMtcalion  el  fuite  d'Âlfonse  II  i  dispersioa  de 
l'armée  de  Ferdinand  II.  —  Le  royaume  de  Naples  se  soumet  à  Char* 

les  vm. 


1404-140». 


1494.  — '  Le  pape  Alexandre  VI  avait  obtenu  cette  répu- 
tation de  prodenee  et  d'haMleté  qae  le  monde  accorde  souvent 
sans  réflexion  à  cenx  qui,  s' élevant  au-dessus  de  toute  consi- 
dâration  de  morale  et  d'honneur,  ne  se  proposent  que  leur 
seule  utilité  pour  but  de  leur  politique.  Le  vulgaire  les  voit 
marcher  vers  l'accomplissement  de  leurs  desseins  avec  une 
hardiesse  qui  l'étonné;  il  demeure  persuadé  que  ce  n'est  pas 
sans  une  mûre  délibération  qu'ils^  ont  osé  renverser  ces  bar- 
rières, que  lui-même  s'est  accoutumé  à  respecter.  Lorsqu'il 
voit  révoquer  en  doute  les  principes  auxquels  la  grande  masse 
des  hommes  reste  sounûse,  et  peser  dans  une  nouvelle  balance 
les  droits  divins  et  humains,  il  s'adonne  à  une  admiration 
crédule  pour  celui  dont  la  tête  est  si  forte  qu'elle  s'élève  au- 


41*  HISIOIBB   DES  JliP0Miftt»tITALira]IBS 

dessus  Ûe  tous  les  pr^agés.  Gepenàmili  ces  prindpes  HMmmx 
que  le  yalgaire  a  adoptés  comme  préjogés  sont  pour  le  phikN 
Sophe  Tessence  la  plus  pare  de  la  raison  hnmainei  le  frmi  le 
pins  parfait  de  ses  méditations.  De  même  que  la  Terla  est 
poar  chaque  individu  le  seul  moyen  d' attendre  le  bat  de  son 
existence,  d'arriyer  à  cette  paix  de  fàme,  fmtt  oonstimt  dn 
déreloppement  de  nos  facultés  et  dn  perfectionnement  de 
notre  être  ;  de  même  la  morale  est  pdat*  tonte  société  politî» 
que,  et  pour  tout  gouvernement,  la  vraie,  la  seule  voie  vers 
la  prospérité  publique  et  la  conservation  de  l'état.  La  com- 
plète coïDcidenoe  de  la  morale  avec  l'intérêt  bien  Bitendu  a 
souvent  été  remarquée  |  oependont  lorsqu'il  s  agit  des  indi^ 
vidus  senlementj  oet  tiitérét  peutèlre  modifié  de  IébI  ée.«MH 
nièreft  ^r  les  ^nmÈ\m0»i  lés  payions  d»  les  «htteiM  -èbn- 
traires,  qu'on  ne  peut  point  se  fier  à  lui  comme  à  nii  guide 
assuré  ;  mais  son  application  à  la  conduite  des  nations  est 
tout  autrement  certaine,  parce  que  plus  le  nombre  des  indi- 
vidus qui  sont  dirigés  d'aprii  l«b  principes  de  morale  est 
grand,  plus  le  calcul  d'aprèa  lequel  ces  principes  ont  été  âar 
blis  acquiert  de  force  ;  les  circonstances  accidentelles  se  com- 
pensent^ ies  passid ns  se  «leillfalimttt,  IM  ck«nfesl»al4rilMNi.se 
détraiseat  l'une  l'autre^  et  eii  rësultâl  f événll  fl  dtaMM 
tonjMm  vrai  que  la  politi^pe  la  miewiL  mtenâw  test  la  fèm 
oisforme  à  la  pi^bilé. 

L'hitftoîce  est  ridie  eu  apidîoatîeiia  de  «e  j|Hwa4ipiM  «Hl^ H 
raremra^  mis  en  évidence  bnideees  blwines  d^lèlMw  fHtimM 
immoralité^  sans  montrer  comment  ses  eeiûtH»  peiMilMli 
l'^Mit  égarée  et  comment  ses  etîmea^oM  p^rSv  ^.  Mai  4kM 
pditiques  réputés  si  habiles,  qnî  eut  voulii  mettn»  lenrs  pro* 
près  intéréto  à  la  place  des  gam^  prM^^^  ^MfUBfiélté  Mwr 
maine,  une  fois  aux  piises  aveo  le  dafijcer»  p^sndknl^fiit'peM 
d' appui,  loute  direction  sûre,  toute  base]  pour  knn  eombî- 
naisons  •  Le  nHm4<4WP^  Ums^^  V 1 4«neiit  H  ftaa  UMit  ft 


iw  mnwm  âiM*        .  41 1 

aafts  «tteodreni  ciloe  éteoger. 

U  partit  ^a'AleiMiâfe  YI^  dallait  TeMit^Mdjeaiiipoliliqwi 
a wl  m  f|«aii|H0  part  au  népMlatîeiHS  tpi  avais^  a^gM 
Gbarlea  YJII  en  Italie^il  voidnl  akn  <^teiiir  de  liMîUawea 
aaiidltiam  da  la  maiieft  d'Aragon^  et  îattiàidBr  Virgiaia  Or^ 
aîtfi  ^)  MhitdiapQîa^  lorsqa*!!  eot  agsOré  à  «ea  bltalda  le  tort 
la  flaabriUaKt  dwA  la  rejanaM  éa  Hafrtes^  il  ehangaà  ftbaa^ 
laaMiVdd  parti;  il  dédara  que  «es  prédéoaasaiira  ajast  ac- 
aordétTQia  iavaslttiuw  à  la  JdMisaD  é^Arafan^  il  sa  ero|riât 
oUigi  àoa  poMil  lai  an  rafnaar  twe  qmlritaie  :  il  pnMiasta 
fae  ie  inystma  da  Naptea  étant  nu  fief  de  i*£gtisei  Cbi^- 
lea  YIII  sa  ponmt  Tattaqner  par  les  amies  sans  atUif«ar 
rÉgtiae  alla-aiièM,  at  il  anta  avec  ard^r  dans  la  ligua  des? 
iMfée  à  la  dCfambii.  Bans  oa  ftémpbi  Akomidra  était  lért 
éloigné  da  eroiat  anl  rapides  «noafes  des  {Français^  et  tt  m 
a-étaft  ffii  ontartaknaat  DDiapvaintt  (|ae  d'après  la  {>arsaaai9ti 
qtfîl  ne  eanrail  anenn  daaigfer^*  h»  n^orâ^îaitii  da  Pîeria  de 
Mëdieisà  Mi*zane^  et  K^  fcanteveraaaatait  é»  la  Toseane,  pai^ 
tètent  une  tertenr  aidiila  dans  aan  àam^  éMe  terrear  -s'ang** 
ilHttIa  «ntN>ra  lorftqja'ajraât  eavoféi  Charles,  qin  ébul  taor 
jaws  à  FlafMcei^  la  aaidinal  jPnin«ais  Piaoekouni  atamna 
lëgat^  Gharl^  ftffaaa  de  la  reeetii^  aattM  eat  haûae  da  aaa 
mtêê  Pie^  U4  qai  arait  eoniliattli  a^ea  aéhanwmftnt  la  mat- 
aan  â'Aïqon,  ^pie  par  àvarsina  poar  la  pontffa  qai  VMt 
refaits* 

ttepape  av»!  meû  kdne  4é  41aldbre  avec  aaa  armée  daas 
les  terres  de  FÉglise  ;  il  lai  ayait  envoyé  toat  ce  qu'il  airût 
de  MMals  dispanMest  fi  arail  Irai  an  bêla  parmi  le  ^peaple 
des  compagnies  de  fantassins;  et  il  ayait  invité,  par  ses  brefSi 

A  rr.QtOecUirdini.  Ub.  i,  p.,69.  —  *  PmA  JwH  B^t*  mi  mufi,  Lik  |I,  p.#r* 


412         HuioiBB  hu  MiBmuqaMi.  Tsjajsmn 

k»  Bonûdiuà  jmiidfe.lei  «me»  pMr  défeiidxe  Jeùc  paMé. 
iQqpctaAaat  sa  tevraur  evoiiMii  a^ec  les  racoèft.dflB  finuiça»^  fl 
avait  JUioitôl  témoigaé  la  désir  d'owrrir  de-  noiiydles  eoiBÊ6>^ 
re&œs.  Le  easdinal  Aseagiie  Sfor»  était  al<»r&  la  febd  pmci^ 
pd  dn  parti  fraudais  dans  leaaaréi-oallége.  Alexandre  fiottta 
à  sa  rendiie  à  Borne;  mais  eomiiie  Sforaa  pooivait  ne  s*  j  pas 
ermre  ea  sûreté,  il  M  envoya  pour*  otage  son  piopie  fila:  le 
cardinal  de  yalaneey  qoi  ftit  gardé  à  Marino,  entre  les  mains 
des  CMonne.  Cette  premiàre  eonféreaee  vîmA  pas  de  résnitat* 
Aseagne  retourna  au  camp  firanfais,  et  le  cardinal  de  Yalenee 
auprès  de  son  ptoe,  sans  qu'A  y  eût  rien  deeondn  :  mais  ks 
premières  par<riles  ayant  été  portées,  Alexandre  env^a  woh 
près  de  Charles,  les  évèqnes  de  GonoonUa  et  de  Terni,  et 
maître  Gratian,  son  confesseur,  pour  traiter  en  même  temps 
en  son  nom  et  en  celui  du  roi  de  Napks*  Charles  YIII,  dé* 
terminé  à  lieriea  mtendrede  la  part  d' AUtmas  II,  Toidntliien 
cependant  n^goder  airee*  le  pape  seul  ;  l'CKcès  -de  sa  difllanee 
tf  était  wBk  peu  calmé,  et  il  envoya  à  Some  la  Trfoionille,  le 
présidait  de  Gannay,  le  oardind  Aseagne,  et  Prosper  Go*- 
lonncy  sans  demander  d'otages  pour  leur  steeté.  Dans  cemo^ 
ment  Farmée  napolitaine,  eammaidée  par  Feidinand,  rentra 
à  Bome;  et  le  pape,  prenant  eonfianeeà  la  vue  de  tant  de 
siAdats,  ne  Toolut  pas  perdre  loceasiott  de  se  sairir  do  ses  ett^ 
nemis.  Le  9  décembre,  il  fit  arrêter  le  cardinal  Aseagne  et 
Prosper  Colonne;  il  les  jeta  dns  les  prisons dndiAteauSainls- 
Ange,  et  il  leur  dédara  qa41  ne  les  remettrait'  en^  liberté 
qu'autant  qu'on  lui  livrerait  Ostie.  Les  deox  mnbassadens 
françaia «Taient  aussi  été  anètés;  mais  le  papa  bs  fitansitM 
ralÂeher. 
Charles  YIII  ayançait  toujours  ;  il  était  entré  à  Sienne  le 

—  Hèm.  dePb.  deCoiiiiiMt.L.  VU,ch.Xll,p.  99Z. ^ Bwrcimm Dlm  Jp^ 
1491,  S  as,  p.  4}4. —illigrillo  ilfecnvili  iNflH  SoRMi.  p.  SS6. 


00  Momr  AOB.  413 

2  déâemim,  tiM  le  mène  appareil  nditidre  qnll  aviiK  dé- 
plojë  à  H^mice  ett  a^tfaît  wriir  de  la  TiHe  la  garde  de  la 
Sdgueiraef  il  >«vait  denumâé  qu'oii  loi  consigiiât  quelques 
foiteresses  dans  la  Maremme  aiemniBe;  et  lorsqtfil  était  re^ 
parti  de  eette  ^lle  le  flarle&demain,  il  y  avait  laâMëqudcpieft 
troopea,  pour  maintenir  dansl'dMsaanee  une  répabliqtie  dont 
M  ae.déSait  ^  Ferdinand,  duc  de  Catabre,  abuidmné  aoeoea- 
ammntpsr  les  a^ats  ^  ia  république  ilevenline,  par  Afir 
nibal  BenlhFeglki  afveç  sa  troape,  par  Jean  Sforea,  seigneur 
éaPésaro,  et  par  Ckddode  Mentéfeltro,  dnc4'IJrbin,  qnifons 
ae  retiffaimt  ehes  eux  pour  éviter  de  se  eompromettre  avec  les 
Irançaîa,  avait  perda  anssi  piesque  tons  ses  gens  de  pied, 
qoiy  frappés  de  terrenr,  désertaient  en  foole.  Il  avait  pris 
par  rOnÀriele  chemin  de  Rome  ^  finn  lateDttoQ  avait  été 
4' abord  de  faire  tète  à  Yiterbe,  parce  qne  cette  ville  se  tron* 
viitanmiliea  deslerres  das  Orsîm,  qn'il  rq^ardaft  eomiœ 
aaB.pl«8  àdàles  dliés^  qne  Rome  était  derrière  My  et  qne  sa 
.retraite  auv  Kaples  était  asmrée  en*  eaa  de*  malifeorS;  mais 
les  négociations  d' Alexnndre  YI  et  ses  conli«nelles  irrésoto- 
tîMs  ne  pemnreirt  pas  à  Eevdinattd  de  prendre  un  p^rti  vi- 
^iHiBeux.  Gbariea  YUI  entra»  dMis  Yiterbe  sans  coup  férir, 
tondis  qm  Eerdînandee  repliait  asr  Rome  ;  et  ce  dernier  s'od- 
empvà à&nner les farèdua des  vieQles  mmraiUes de oeHeVilte 
1^  àileamettae^en  état  dedéfanse  au  moment  où  le  pape  fai* 
antrAroèterJecaordiBal  Ascaigneet  Prosp^  CM 
'^  Cependattt^cette  violiâion  même  du  droit  des  gens  n'avBAt 
paatompn  toute:  rij^odation;  le  19  décembre,  le  pape  aiMt 
Yfitiaé  de  prniDn  le  cardtaal  Frédéric  de  6an*-Sévérino  ;  ai¥Mé 
en  mèmid  temps  qn'Ascagne,  et  l'avait  envoyé  à  NépI  amprês 


.•% 


i  Âttegretto  Àllegreta  Diari  Saneti.  T.  XXIII ,  p.  83».  —  Fr.  Guiedardini.  Ub.  I , 
.^  «!.•«- ^mtoMf^TMwma.  Lib.'I,f.  ».  --  *  PottàJwU  BUum  tem^  Ub.|I,p.  30.— 
.3  JMBaKfre» 4» Hitt/éftOéiiifiies.  L.  Vil,  ch;  Xi,  p.  m.  —  *  !>.  Gtaedamiri.  Ub.  I., 

p.  62. 


414  HISTOIllS  D»  EévmiLIQtnB  ITAtlEiniSS 

46  OMurlea  YIII,  en  Ini  fiisaiit  An  ^a^il  éWI  pitt  à  léptrar 
«et intéfèli  de  ceux  da roi  d» Na^bas  t/ MatedMB  It  toniiike 
do  Ml  àmev  il  ve  savait  se  ftxor  à  aoeone  vAdatiim  |  taiilAt 
U  prilmdaH  défendre  BMie,  et  il  dAiMrait  ame  SMHnnid 
mf  Iffi  mayeiis  é*»  raleT«  kg  forkificatiens;  HuilM  11  a'M- 
'fiPHjrail  dB  la  diMcetti  da  sa  AûtaBif  da&a  nue  n  Taala  «tai 
llÂla  âMeÎBla,  dç  ceila  da  l'anivaga  dis  vivres  par  BMrlaa- 
dM  911*0^  étaU  aax  pn&a  des  ennemiB,  da'méecNtlaiitÉiiiaat 
aoiB4  da  iraple  e*  des  iictiQas  di^or^  qai  tfoiaMettt  dans 
Bame.  M^rs,  détoraiipiéi  sfanfialr,  il  denatrdsttèebaqne  oaiF- 
^nal  OB  ajigajafient  par  écrit  de  la  auivee  pavirat)  pvis,  le 
wapkg$  hà  nmqtiaaft  nearoi  il  «arenatt  It  ém  pr^eti  d^ae- 


L*irréBohitioii  do  alMf  de  l^état  Doiçàil  aliaeaa  é»  ses  nma- 
bna  à  «berober  sépap^oMtt  lesMiyaD  da  patirvcÉr  à  sa  propre 
stiraté.  Les  Fiançais  avuent  passé  la  Tibre ,  ils  paroaiMéent 
an  tons  sens  le  patriaoÉM  cb  saint  Pferva  at^  k  aaaipagaa  de 
tkmti  et  tais  les  iandatniros  cto  rÉgHsa  s^af^rçaisatdefaire 
«vaaaax  lanr  paix  yAitiaafière.  Virginie  Onôn  Wn^tea,  qni 
pas  Jai|t  de  fans  dbvait  dlM  attaché  à  }a  nnÉMni  d'Aragon, 
qui  éta^  eapHaiiia  général  da>  yamée  rojraia  at  grand  oanné- 
taUe  du  t&yuxm^^  -cpul  nvwt  Mi  (iponser  son  ftk  àyum  assnr 
«atardia  d*  AUbnsa  B,  «t  qnt  taaail  éa  lai  ka  pins  nshsa  flafe 
dansla  ac^nnoia  da  liapdca,  aonnenlit^  sans  abindannarsaaaiée, 
à  ce  qae  ses  filatrait|ssent  avoek  rèâi  da  ftanae)  fad  aoisor- 
dftiwcMPt  \m  libre  paw^  dsns  tnsteiikBnifkaaea»  et  UfL  don- 
Mimit  f  nalqnaa  Uanx  forts  m  gaga<da  kar  lidéyté^. 

l#  praito  da  :raigliaoo  et  ks  airiesa  sMabnsada  k  faanHe 
Onm  fixant  am^  knr  Imité  ppfbNnfisr  :  iafa  d^tlMpsn  et 
Louis  de  Ligny  entrèrent  à  Ostie  avec  cinq  cents  lanees  et 


i  ÀailMMi  AtuMi  «Mli».  t4M,  S  M,  T.  Xn,  f.  414.  —  *  r»".  Cuitclawrut.  ftflkl, 

r^  M.  -<*Mia  /«va  aitc  mi  i#iii{k  ub«  ii,  p.  4o*  —  stmana  SBicfifaia  ciwwsfiit, 

p.  6t. 


:4m%  miïh  fiPMWi;  Gliaitaiiavwt été  vepi à  Bmémùr  piAi- 
44p«^  f orteBWd  de0  0mm  CivitarYeMbia  et  Gometo  WBiMt 
mnti  ton  poites;  ka  pwleft  f f aaeais  eommiiiqiiaieiit  a^èc 

.  ^99x  de»  CokHinai  qt^  de  l'aotre  eùté^da  TibresoolefaieQt  Uote 
|9  fampegAP  de  Borne  ;  les  pnAat»  et  la  pq[iulafe  dinaaQdaiHit 
l^ffe  PP9  ég^  ardeur  une  pâ  ^  mit  fip  à  leara  opautfe». 
CeDfiiidaiit*  Dkis  le  danoer  aBDPeebait»  Dlua  Aleiandteé  liMa- 

.  Uant  MW  kd-Bitaiett  ft'enibarfaMHt  dant  mb  fiésocialiiBs*  Il 
fixait  daii»  1^  eamp  eaneau  le  cardmal  de  SaîBtTPîene  ad 
f»îfie|f la,  JQlieQ  de  la  Bovèie,  aon  eiUMW  peraeiinel  ;  il  eon- 
pilissaît  le  erédit  de  ee  prélat  à  la  eear  de  f  iMpoa^  sod  împé- 
ti^«ité|  0Oft  pmelmit  pwr  lea  mauires  «AréBies  et  mu  déur 
ardeiit  4^  la  précipiter  loi-méiDe  du  trôpe  poatlfiflal^  On  sa* 
iF||i(  psf  qiKri»  luoyea»  heAtem  il  aitit  (diteàu  la  Iî4ure,  pfir 

.  mp^  vîçef»  eeaudaleiui,  par  quel  étaiag»  de  awa  iwnonilité  il 
rayait  souillée,  et  il  craignait  par-dessus  tQut  un  eoneiki  et  bu 

^  .  Maia  rA^rif^^  VIII»  wiBiaxé  les  lUitiMiMMi  dea  etrdîneOT  eu- 
W^»  ^Akmmàf^  y  redoutait  da  ton  altéidea'evgagevdaBs 
^m  l^tp  ev#e  le  pape.  Il  étéit  ii^prtiewlf  d'arriveir  à  Jiaplei , 
fl  twte  dî^^wont  liûrpamiiMît  éaiigeiWfe»D*ettiteiur^  an  m- 
}im  wtoie  de  eea  auceès,  il  avait  «baqiie  jour  kmnamim  des 
4\iSmk^  fuî  floœblekmt  dafliitHre  à  faite  déteodar  son  ar- 
«ée*  Cornue  4;m«Mibaît  ams  magasin»',  il  avait  himlôt 
iifWrM^éb  à  «meublée  dans  l'état  de  fieaae^  ks  eonséqueaèes 
#  r^tvèiuefNittyretédu  pap.  iies  p^saa»  avaieat  été  rames 
par  le»  gii0rras  oentiaueUR»  mtre  les  fiolonae  et  ks  Oisiai  ; 
IfMiiCMtea^i  te  plu»  fi^Me»  «raient  été  pméaou  folé»  ;  toutes 
.  le»  |!é»Qit^  élm^ HfftÊmém  d»M  l»  {ius  iarta,  ot  ka  aol- 
,  4itP  fmWfÎA  ^  trwvaieoÉ  pas  dans  k»  ebraups  une  seule 
IAi|iiA9  fiii'il»  pp»se0t  «lettre  à  eontrUnitioB*  La  i^aee  do  Bvac  - 

1  ff.  GuiccUxrdini,  Uh*  U  p.  «à.  -r  ^ONfi  JmU  BUk  ma  $mm  Ub.  H.  P*4«» 

\ 


4f«         Hmom  MÈrmÉamÊJÊfon  rrAuniin 

oioM.fimiil  ai  afemitaMe  é»  yin»  k  r  tnMè  loyiH  ;  mA 
tglkd<if  éta»  les  jowv  ^  amuMnl  prMM,  a^t  épromé 
d'atrènai  bosote  ^  Ta»  k  sèon  tanpSi  FnnmidèBaBeM, 
BMttre  d'iiètd  d«  roi,  était  webié  à  PlonMao  afvec  Tmgt 
anlle  ^tacato  qw  loi  enroyail  le  due  de  Mlan  ;  poift  la  loMe 
9B  FaTait  poft^  et  ^pie  eosnaiidait  le  prinee  âé  Satané, 
wmik  êbé  battue  par  les  Teate,  poussée  en  Corse  et  dispenée, 
efteorta  qa*dk  ne^endaitplas  anem  serrieeà  Tmmée  et  tf  as- 
surait plus  ses  conYOis  ^.  Enfin,  Charles  TIII  était  entoaré  de 
aattoeillcrs  qai  toos  psétmdaieiit  obtenir  de  l'Église  quelque 
pdté  en  qoelqne  bâaéftee.  hd  sarinleflrtsiit  été  ftianees,  Bri» 
«euMt,  d^évèqnade  Sasa^Malo,  dérirait  leckiq^ean  de  ear- 
tfnal,  et  il  senliit  qu'il  M  serait  ^ns  fiaeBe  de  Ti^Meinr  d*irti 
Pipe  qm  se  eragpiit  sur  le  poîvt  d*élre  éépcÊé  qae  d'elle 
église  réformée.  Il  engagea  dooe  le  roi  à  renoner  les  n^go- 


D'apiis  ees  eoBsidésatioDa,  te  aNuréeiial  de  6te,  le  séntfdttl 
de  Baaaeiiseet  Jean  de  fiaanaj,  prearâr  présida  da  parie* 
WBttt  de  Puis,  ùMBt  aBfo|és  de  nontean  a»  |mitiflei.  Ib  dé- 
mméiwik qne  tares ttt  admis  sans  'réslttanee  à  Borne;  ils 
pranimsit  91e  GhaHes  «eiiçéctsrait  fantafrité  pcmtificale  et  tes 
immunité»  de  l'Église,  et  ib  aanniMÉft  tfae^  dès  sa  preiÉilM 
eenférraee  ayee  te  pqpe,  toirtas  tes  difflcnltéi  qid  existaient 
esMwre  eneere  entre  eax  «enâent  leiées^  AtexanAre  trau^ait 
Uen  dar  de  mettre  sa  capitale  eaftre  les  mains  de  ses  en-* 
namist  et  de  wmwjeÊ  ses  anailiairss  aiMM  tfbtofar  w* 
télé  anémie  oenMim.  Ck^ndant  Fatmée  de  dwriês  a^i^- 
çait toujours,  jamab il  ne  séjournait phia da daatt  jewadans 
une  même  Tilte;  tes  CellomM  eméent  asMMuMé  une  anafè  à 
Gâiazzaao,  le  eartinal  deta  Boyère  en  avait  une  antre  à  Os- 
tte  ;  toute  résbtanee  paraissait  impossibto,  et  Alexandre 


«  rhU.  de  Gomiii^i,  llémoiret.  Uv.  VU,  chap.  IZ^p^iM.— »  f».  OuÊMim^êlMi.  Mfc.  1^ 
p.  lu  «Phil.  dQ  Cwnfaei ,  UéMoim.  Ub.  VU,  chap.  Xlf ,  p.  wi. 


DU.ttOTM  àÊtS.  4l7 

jtatk  «lAa  4  Iwe  retufer  de  Bwm  leéœéeCUabfe  ttce  «on 
armée  K  II  demanda  pour  M  uasauf-ceadiût  afin  que  le  priooe 
iM^poUtaia  «Mritt  de  rÉtatEedéaiastiqtie  sansétre  molesté,  lâais 
f  erdmaiid  n»  Tonlat  pas  1*  aoeepter^  Seulwieift  le  cardinal  As- 
eagoe  Sfona  l' aocompagna ,  pour  contenir  le  penple ,  jusqu'à 
la  porta'  San*Sébastiano  par  laquelle  il  sortit  de  Borne  ^  iuàr 
dis  çit'à  la  même  heure,  le  31  déceadnre  1 494,  le  rm  de  France 
y  wtrait  à  la  tête  de  son  armée  par  la  porte  de  Satnte^Marie 
duPwple^. 

L'^>parition  de  cette  armée,  qui  pour  la  première  fois  fan 
siât  connaître  aux  Bomains  la  force  et  la  nouTelle  organisa- 
tkm  militaire  des  ullramontaias,  leurinéinra  un  étonnement 
mêlé  de  terreur.  L' avant-garde*  était  composée  des  Suisses  et 
des  All^pands  qm  marchaient  au  son  des  tami)ours,  par  ba* 
taâUons  et  sous  leurs  drapeaux.  Leurs  habits  étaient  courts  et 
de  couleurs  variées,  et  ils  étaient  coupés  selon  la  forme  mèsœ 
du  corps.  Leurs  cbefe  portaient,  pour  se  distinguer,  de  hauts 
l4umeta  sur  leurs  casques.  Les  soldats  étaient  armés  de  courtes 
^ée»  et  de  lances  de  bois  de  frêne,  de  dix  pieds  de  long,  dont 
le  fer  était  étroit  et  acéré.  Un  quart  d'entre  eux  portait  des 
haUAardfis  au  lieu  de  lances,  le  fer  de  celies-ct  ressendriait  à 
une  haehe  tranchante  surmontée  d'une  pointe  à  quatre  angles; 
Ua  les  maniaient  à  deux  mains  ^  et  frappaient  également  du 
ttanefaant  et  de  la  pointe.  À  chaque  nnlfimr  de  soldats  était 
attachée  une  compagnie  de  cent  fusiliers.  Le  premier  rang  de 
chaque  batûlloa  ébiit  armé  de  casques  et  dé  cuirasses  qui  cou- 
vrqâent  b  poitrine,  c'était  aussi  Tarmure  des  capitaines  ;  les 
aMitea  n'avaie&l  peint  d'armes  défensives. 

iffès  les  Suisses  marcfaaœnt  cinq  mile  Gascons,  presque 


t  Mômoires  de  Phil.  dd  Comiaes.  L.  VII,  ch.  XII,  p.  202.  —  ^  Fr:  GuicciardinL  Lib.  r» 
p. es.  —  PûuU  JovU  HUt,  sui  temp,  Lib.  Il,  p.  40.  —  Fr,  Bêlcarii  Cotnmeni.  Rer,  Gai' 
iie»  VtK  V»  p.  aSb.-*  BaynalUiAmiaL  i4»ft,  $  so,  p.  AZ*,  —  Arnoédi  F&voniu  Lib.  I , 

vu.  27 


418     .        HISTOiai  DBS  aÉPUBL»)UB»  ITALIBH9BS 

tous  arbaléti^rs  ;  la  prraiptltade  i^vec  laqijiel^  |b  t^Bdaieni 
et  tûraieat  leim  lurbalètj»  de  fer  était  remarqiuiiUei  da  reste, 
la  petitesse  de  lear  taille  et  F  absence  de  toij^t  ornement  daas 
leur  eostunie  les  Icôsait  contraster  désavautageoi^emeK^t  avee 
1^  Suisses.  La  cavalerie  veiimt  ensuite,  elle  était  composée  de 
la  fleur  de  la  noblesse  française,  et  elle  brillait,  par  ses  maa- 
teaux  de  soie,  ses  casques  et  colliers  dorés.  On  y  comptait 
deux  miUe  cinq  cents  cuirassiers  et  deux  fois  autant  de.  cava- 
lerie étrangère.  Les  premiers  portaient,  con^me  les  gendarme^ 
italiens,  une  lance  forte,  striée,  orn^e  dune  pointe  solide,  et 
une.  masse  d'armes  de  fer.  Leurs  chevaux  étaient  grands  ^ 
forts,  mais  selpnl*, usage  français,  on  leur  avait  coupé  la  queue 
et  les  oreilles.  Lïbl  plupart  n'étaient  point  couverts,  comme  ceux 
d^  gendarmes  italiens ,  de  caparaçons  de  cuir  bouilli  qui  les 
fiJ^sscAt  à  Tabri  des  coups.  Chaque  cuirassier  était  suivi  par. 
trois  chevaux^  le  premier  monté  par  un  page  armé  comme, 
lui,  les  deux  autres  par  des  écujers  qu'on  nommait  les  auxi^ 
liaires  latéraux. 

Les  chevau-l^;ers  portaient  de  g^rands  arcs  de  bois^  à  Tu* 
sa^  d'Angleterre^  propt^es  à  lancer  de  longues  flèches  ;  ils  n'a- 
vaient pour  armes  défensives  que  le  casque  et  la  cuirasse  j, 
cpelques-uns  portaient  une  demi-pique  pour  transpercer  par 
terre  ceux  que  la  cavalerie  pesante  avait  reuversés.  Leurs 
mai^ieaux  étaient  ornés  d'aiguillettes  et  de  plaques  d* figent 
qfà  deçN»naient  les  armoiries  de  chacun  de  leurs  chef».  Qtiatre 
cents  arch^  ^  parmi  lesquels  cent  Écossais,  marchaient,  aux 
côtés  du  rc^;  deux  cents  chevaliers  franco,  choisis  sur  toute 
la  fleur  de  la  noblesse,  l'entouraient  4  pied.  Us  portaient  sur 
leurs  épaules  des  masses  d'armes  de  fer,  semblables  à  de  j^ 
santés  haches.  Les  mêmes,  lorsqu'ils  montaient  à  cheval,  pre- 
naient tout  l'accoutrement  des  gendarmes;  seulement  ils 
ét!aieat  distingués  par  la  beauté  de  kors  chevAUx,  l'or  et  la 
pourpre  qui  les  couvraient.  Les  cardinaux  A^cagne  Sforza  et 


/ 


un  MOYBn  AÙE.'  4isf 

Jnlien  9e  la  BÔTère  marchaient  à  côté  da  roi  ;  les  cardinaux 
Colonne  et  SaVelIi  le  suivaient  immédiatement.  Prosper  et  Fa- 
brice Colonne  et  tous  les  généraux  italiens  marchaient  entre- 
mêlés avec  les  grands  seigneurs  de  France. 

Trente-six  canons  de  bronze,  attelés,  étaient  traînés  à  là 
suite  de  T  armée.  Leur  longueur  était  d'environ  huit  pieds, 
leur  poids  de  six  milliers,  et  leur  calibre  à  peu  près  comme  la 
tète  d  un  hdmme;  les  couleuvrines,  de  moitié  plus  longues, 
marchaient  ensuite  ;  puis  les  fauconneaux,  dont  les  plus  petite 
lançaient  des  bouletâ  de  la  grosseur  d*une  grenade.  Les 
affâts  étaientt  formés,  comme  aujourd'hui,  de  deux  pesantes 
pièces  de  boiâ,  unies  par  des  traverses;  ils  n'étaient  soutenus 
que  par  deux  roues  :  mais  pour  marcher  on  en  joignait  deux 
autres  avec  un  avant-train  qui  se  séparait  de  la  pièce  en  la 
mettant  en  batterie.  L'avant-^rde  avait  commencé  à  pàssef 
la  porte  du  Peuple  à  trois  heures  après  midi  ;  mais  la  marché 
dura  jusqu'à  neuf  heures  du  soir,  à  la  lueur  des  torches  et  deiS^ 
flambeaux ,  qui  en  éclairant  f  armée  lui  donnaient  quelque 
chose  de  plus  lugubre  et  de  plus  imposant  ^ 

1495.  —  Cependant  le  pape  s'était  retiré  dans  le  château 
Saint-Ange,  avec  six  cardinaux  seulement  :  presque  tous  les 
autres  secondaient  les  instances  de  Juiietl  de  la  Rotère  et 
d' Ascagfie  Sforza,  qui  sollicitait  le  roi  de  délivrer  r  Église  d'un 
pape  qui  la  couvrait  de  honte,  et  dont  la  conduite  était  aussi 
scandaleuse  que  sou  élection  avait  été  simoniaque.  Le  nom  de 
concile,  répété  par  tout  le  parti  qui  reconnaissait  Ascagne 
pour  son  chef,  remplissait  de  terreur  Tâme  du  pape  K  Aussi, 
plus  il  tremblait  pour  sa  propre  sûreté,  plus  il  s'obstinait  à 
refuser  de  iremettre  au  roi  le  château  Saint-Ange,  que  cèlul-ci 
demandait  comme  un  gage  de  la  bonne  foi  d'Alexandre,  et 

A  Toute  Mite  deterliMioii  m  prise  4o  Wmû  lofe,  iqpii  nn»  éfàn/b  èteR  présent.  EfbMI, 
p.  il.  —  V^z  amà  JiMioitei  éà  iouii  de  k  TrèoBoaUto.  Sol»  XIV,  p.  i<8.  --  Aoii^  '• 
de  u  Viftoe.  Apud  GodeCroi.  p.  121.  -«  *  PmOt  imUt  JiHi.  n^  fVMp.  tab.  Il,  p-,  A, 

ZV 


420  BISTOIIIE  DES  ASPUBLIQUBS  ITALIERNES 

que  le  dernier  regardait,  au  contraire,  ccmmé  son  pins 
asile.  Deux  fob  Fartillerie  française,  qui  était  au  palais  de 
Saiot*Harc  où  logeait  le  ror,  en  fut  tii'ée  et  braquée  contre 
le  ebâtean  Saint- Ange  ;  mais  deux  fois  les  courtisans  français 
qui  couToitaient  les  dignités  de  l  Église,  réussirent  h  empè- 
dier  les  premières  hostilités  ^ 

Enfin  les  conditions  de  la  paix  furent  arrêtées  le  1 1  janyier. 
Le  roi  promit  de  regarder  le  pape  comme  ami  et  comme  al-' 
lié  dans  la  paix  et  dans  la  guerre,  ^  de  respecter  en  tout  point 
son  autorité  pontificale  ;  mais  en  même  temps  il  demanda  que 
les  citadelles  de  GiTita-Yecchia,  de  Terradnef  et  de  Spolète 
lui  fussent  livrées,  pour  les  tenir  jusqu'à  la  fin  de  la  guerre  ; 
que  César  Borgia,  fils  d'Alexandre,  suivit  pendant  quatre 
mois  l'armée  française  comme  otage,  encore  que,  pat  égard 
pour  les  apparences,  il  dût  y  prendre  le  titre  de  cardinal-lé- 
gat; que  Jem,  frère  de  Bajazeth,  fût  remis  aux  Français, 
pour  les  seconder  dans  leur  attaque  contre  la  Turquie  ;  enfin, 
que  Briçonnet,  érèque  de  Saint-Malo,  fftt  admis  dans  le  (col- 
lège des  cardinaux.  Le  pape,  déterminé  à  n'observer  d'autres 
traités  que  ceux  qui  lui  seraient  avantageux,  et  se  regaîrdant 
déjà  comme  délié  de  ses  serments  par  la  violence  quMl  éprou^ 
vait,  ne  disputa  sur  aucutie  des  conditions.  II  se  rendit'  att 
palais  du  Vatican;  il  admit  au  baisement  des  pieds  le  roi  et 
tonte  sa  cour,  il  donna  de  sa  main  le  cbapeau  de  cardinal  à 
Briçonnet,  aussi  bien  qu'à  Philippe,  évèque  du  Mans,  de  la 
maison  de  Luxembourg,  et  il  remit  entre  les  mains  du  roi  le 
sultan  Jem ,  après  avoir  fait  dresser  par  un  notaire  un  acte 
authentique  de  cette  consignation  >. 

Le  malheureux  fils  de  Mahomet  II,  s' approchant  de  Char- 
les YIII,  baisa  sa  main,  puis  son  épaule  ;  ensuite  il  se  retourna 

s  Franc,  GukdardinL  Ub.  I,  p.  64.— ttémoires  de  Pbit.  deComines.  Ut.  VII,  ch.  XV, 
p.  919.  —  s  PauUJwU  Hiêt,  «ttf  temp.  Ub.  il,  p.  4S.  —  Philippe  de  Cooiines.  Ub.  VU, 
ehap.  XV«  p.  92U->  aoyiialdto*  ex  BMretaNH  IMoHo.  ti9i  •  S  2 ,  p.  438. 


DU  MOYJECf   A4>B.  «21 

Tecsie  pape  elle  pria,  avec  noblesse  et  modestie  ai  uème 
teQip$>  de  le  recommander  a  la  prolecii(m  da  grand  roi  ao* 
qne^ille.confiait,  et  qui  se  préparait  à  la  conquête  de  V Orient. 
Il  se  flattaity  ajouta-t-il,  que  le  pontife  n'anrait  point  à  se  ré« 
pentir  de  loi  avoir  rendu  la  liberté,  ni  Charles  y  s'il  suivait  ses 
conseils  après  avoir  passé  en  Grèce,  de  l'avoir  pris  pour  «hd^ 
pagnou  de  voyage.  Jem  avait  quelque  chose  de  noble  et  de 
royal  dans  son  aspect;  son  esprit  était  cultivé  par  Tétude  dé 
la  littérature  arabe  :  il  montrait  dans  ses  discours  une  poli«> 
tesse  flatteuse,  et  quelque  chose  de  piquant  dans  son  exprès* 
sion.  I^  grandeur  de  son  Ame  et  la  noblesse  de  sa  figure  ré* 
poudaient  à  I impression  que  faisait  d'avance  son  malbeur  ^ 
.Vais  tandis  que  Jem  se  livrait  à  l'espoir  de  sortir  bientôt 
de  3a  captivité,  et  de  rentrer  dans  sa  patrie,  le  terme  de  sa  vie 
était  d^  fixé  par  celui  qui  le  livrait  ainsi  à  un  nouveau  garr 
dien^. Cette  captivité  avait  valu  au  pape  uÀ revenu  considé- 
rable ;,  Bajazeth  lui  payait  quarante  mille  ducats  sous  le  titre 
de  pension  de  son  frère,  mais  plutôt  comme  récompense  de 
ce  qn'op  Iç  r^ti^ait  éloigné  de  sea  états.  Lorsque  le  Génois 
Gepi^  ^Qccîardi  fut  envoyé  par  le  pape  au  sultan  .pour  en-* 
gi^er  celui-^ci  à  concourir  à  la  défense  du  royaume  de  Maplesy 
Bajaaeth^  toojoars  inqmet  de  l'existence  de  son  frère,  voulut 
profiter  de  isette  n^ociation  pour  se  défaire  de  loi;  Il  renvoya 
Ai^ciardi  au  pape,  et  le  fit  accompagner  par  Dauth»  son 
propre  ambasi^eur*  Celui-ci  portait  nue  lettre  du  sultan, 
adressée  en  grec  à  AlexaipidreYI.  Des  ménagements  hypocrites 
pour  le,  caractère  de  celui  qui  écrivait  la  lettre,  et  de  celui  à 
qui  il  l'adressait,  y  étaient  observés.  Bajazeth,  disait4l,^ientBit 
une  profonde  commisération  pour  le  sort  de  son  frère;  ilâait 
temps  de  mettre  un  terme  à  sa  captivité  chez  les  étrangers  et 
à  sa  dépendance  ;  la  mort  pour  un  sultan  ottonum  était  mille 

i  Palài  Jovii  HUt.  8Ui  temp.  Uh»  U»  p»  4t» 


422  HISTOIRE  Dt^  Mim3MUf^3MS  ITALIEBUKS 

^ pr^rabk  à  cet  étatJHêMoié^  e|  pwvie  ce a'^aUppiiit 
pu  orime  aux  yeax  d'un  dirétien  de  donner  I9  mort  è  on 
iposaUpian,  U  invitiât  Aleuui^dre  à  le  défaire.  [^  le  patoon  de 
cet  ennemi  domestique,  lui  promeflani  en  récompense  une 
isopime  de  deux  cent  mille  dueats  1,  |a  rdiqae^  prjécieuse  de 
la  tunique  du  Christ,  et  la  promesse  de  ne  polQt  porter  de 
toute  sa  vie  les  arme^  contre  les  chrétiens  ^. 
,  J4»  deux  ambassadeurs ,  en  débarquant  sqr  le  rivage  près 
d'Ançône ,  furent  arrêtés  par  Jean  de  la  Bovère,  préfet  de 
gjxiig^Uiay  qui  avait  embrassé  le  parti  de  son  frère  le  cardinal 
de  Saint-Pierre  ad  vincula^  et  qui  avait  commencé  des  hosti- 
lités contre  le  pape  ;  il  leur  enleva  Targeat  qu'Us  portaient 
pour  payer  pendant  deux  années  la  pension  de  Jem.  Bauth 
jféu^sit  cependant  à  s*  échapper  ;  il  ^e  réfugia  auprès  de  Fran- 
çois de  Gouj^ague,  marquis  de  Mantoue,  qui  avait  contracté 
ppe  alliance  avec  le  grand-seigoeur,  et  qui  le  renvoya  à  Coouh 
tantinople^p 

.  On  ignore  si  Alexandre  avait  accepté  les  conditions  qne  le 
sultan  lui  offrait,  ou  s'il  n'eut  d'autre  motif  pour  agir  que  la 
jalousie  qu'il  avait  conçue  contre  Gbarl/^  YllI  ;  mais  sm  as-> 
sure  qu'avant  de  livrer  Jem  à  celui-d,  il  avilit  fait  mâler  an 
^cre  dont  ce  prince  faisait  un  grand  usagne  no^  poudjœ  Uan- 
çj)e  d'nn  goût  agréable^  et  dont  l'effet  n'était  ;p<»nt  anliit, 
ipiais  qui  opprimait  lentement  les  esprits  vitanx ,  et  oausatt 
sans  convulsion  une  mort  certaine.  Ce  int  le  même  poison 
qu'Alexandre  YI  employa  ensuite  pour  se  défaim 4c  pluâeurs 
cardinaux,  et  dont  il  fut  enfin  lui-mémo  victime.  J^m»  arrivé 
à  Qap<Mie  à  la  suite  de  l'armée  Irançajûis»  y  jtoiaiNi^dangerea- 
%9ment.  i^alade;  il  mourut,  ou  dans  cette  viUe»  w  h  Naples, 


'1  ËMtePêM^  PMiMipl.  «.  I,  f.  4é  DiBs  ta-letire  r^Qortée  par  BarcbinL,  on  Kt  Soa»MO. 
-*  s  Pautt  iovtf  Jr«fi.  Mi  iemp.  Lib.  II,  p.  44,,-^  Burckiàdut  in  Diario,  Lib.  U,  apid 
Rayoïld.  .I4ft4,  $  28,  p.  4SS.  ^  >  PauU  Jovii  Bi$t.  sut  Mmp,  lib.  II ,  p.  44.  —  Fu  Guàc- 
ciardinL  \Àh,  l  f  p.  6S. 


DU  MOTEN   AOE.  4^23 

fa  S0i$trier.  Gharies  Vlfl  le  Itt  enMYclir  k  GMIe.  Mate,  en 
1497,  te  TOI  doii  Frédéric  itndit  son  oôit»  à  Bajazi^ 

Charlei  demeura  près  d'un  mois  ft  Bbme;  inais,  pendant 
^  temps  tnème,  il  continnait  à  faire  avancer  ses  troupes  vers 
les  froùtièi^  du  royaume  de  Naples.  Il  en  avait  fait  denx 
Vsorps  d%rfâée,  dont  Tun  devait  entrer  dans  le  pays  ennemi 
par  les  Abrazzes,  l'autre  par  la  Terre  de  Labour.  Il  donna  le 
eôknmandement  du  premier  à  Fabrice  Golonna ,  à  Antonello 
SavelH,  et  à  Robert  de  Lenonooml;,  baiOi  de  Yitri.  Il  joignit 
aux  Compagnies  dés  deux  premiers  quelques  brigades  de  gen- 
darmerie française,  et  quelques  bataillons  d*lnfanterié  suisse  et 
gasconne.  Cette  division  s'avança  par  le  comté  de  Tagliacozzo 
«lans  les  Abfuzzes.  Ces  provinces,  et  surtout  TAquila  leur 
ddpitale,  ^ient  toutes  pleines  du  souvenir  des  Angevins,  et 
toutes  disposées  à  la  révolte;  en  s(Me  qu'en  peu  de  temps 
ettes  arborèrent  partout  les  étendards  de  Fran<5è.  Barthél^tni 
d'Alviano  avait  été  envoyé  par  Ferdinand  sur  les  b<M*dë  dd 
laéf  de  Gelano,  poar  défendre  les  passages  des  montagnes  et 
rentrée  de  r  Abruzze  :  mais  il  s'était  trouvé  trop  inférieur  eti 
forces,  et  il  avait  été  obligé  d'évacuer  toute  cette  province 
sus  livrer  de  combat  K 

D'autre  part,  Châties  yill,  à  la  tête  delà  plus  grande  parHe 
de  ion  amééy  se  mit  en  route  le  2â  janvier  ^,  traversant  le 
Latium,  et  s' avançant  vers  Naples  par  la  route  de  Cépéranë , 
Aquino,  et  fian-Germano,  qui  est  un  peu  plus  éloignée  de  la 
mer  que  celle  qi/on  suit  aujourd'hui  pour  aller  de  Rome  à 
Na{^.  A  peine  était-il  sorti  de  la  première  de  ces  deui  viUeé, 
que  le  pGfiitife  romain,  humilié  de  la  paix  qu'il  veiiait  de 
signer,  prit  ses  mesures  pour  en  rejeter  le  joug.  Don  Antonio 

A  Pauli  jovH  Bi8U  sid  temp»  Lib.  II,  p.  47.— B«niaftfi  OriceUarU  Comment,  n.  04,— 
Pétri  Benibi  Mut.  Yen,  L.  il ,  p.  86k  -^  C^ôiticà  dt  Teneiia  aêM.  T.  XXIV.  Ùfiiitil. 
p.  i$.  — 19.  GuteekatéHO.  lib.  u,  p.  Sfé  ^  Bummome,  islortê  di  Mâpolk,  Uh.  f I*  t,  |I» 
p.  ftii.  —  «  PauU  JovU  HUt.  Ltb.  U,  p»  4i.— Pfatt.  de  ComiMs,  Mén.  Ut.  VU,  ch.  Xtl, 
p.226.  —  >  Âlûgretio  AUegreta^  muti  SmuL  p.  •»•    " 


434         HisTonuB  ds«  niimViiqvn»  italiehhss 

de  .Eoneqa,  mbmmimt  des  t^is  d'Espagne,  moc&ÊÊpBfgÊotk 
d^irles.daiis  cette  npédîtioii  :  il  Brpovnûi  voir  sussdoo^ 
leur  dépouiller  la  braadbe  bâtarde  d'Antgen  d'im  royaHim 
canqpw  origiiMiremeat  avec  les  armes  de  T Espagne.  Il  eon- 
QWsaît  l'inquiétade  da  pape  et  la  fermeatation  de  tons  les 
états  d'Italie,  aUrmés^par  les  suceès  ra[HdeB  des  Français»  et 
il  couvint  a^ee  Alexandre  YI  de  tenter  quel  serait  l'effet  d'une 
protestation  éclatante;  se  flattant  que  si  die  n'arrêtait  pas 
Gbades  ym,  dn  moins  elle  ranimerait  leeonrage  des  prinees 
de  Naples*  A  l'arrivée  da  roi  à  Yelletei ,  il  loi  demamla  une 
andience  :  alors  il  loi  représenta  que  lorsque  Ferdinand  et 
Isabelle,  s'étaient  engagés,  moyennant  la  restiitâtion  de  Fer^ 
pignan,  à  ne  point  passer  les  Pyrénées,  et  à  ne  point  atta- 
quer la  Franee^  ils  aïoîent  em*^  sur  la  parole  dn  roi,  qœ 
celoi-ci  avait  sortent  «  iroe  de  porter  la  gmrre  emitre  les 
Toroi;  <pi' ayant  d' attaquer  le  royaume  de  Naples  par  les 
Annesy  il  consentirait  à  soumettre  sa  cause  à  on  josto  arb^ 
trag^  l  qu'il  respeeterait  la  ^erfeé  de  tout  le  reste*  de  l'ItaKe, 
0  surtout  celle  da  l'ÉgMae.  JflfaisFonseoa  n'avait  pu  voir  sans 
étp^uement,  et  pes  maîtres  n'apprendraient  pas  sans  douleur 
que  Charles  VIII  avait  décliné  la  jurisprudence  da  pape  à 
laquelle  Alfonse  II  était  disposé  à  se  soumettre,  tandis  que  le 
royaume  da  I^aples,  qoi  était*  en  IHige  -cuire  eux  j  ^tant  m 
fief  de  lËglise,  ne  pouvait  être  possédé  légitimement  par  Ton 
ou  par  L'autre  prétendant ,  sans  une  décisbn  de  la  cour  de 
Borne  ^  que  Charles  VIII,  l(nn  de  respecter  F  indépendance 
des  antres  états  d'Italie,  les  avait  tons  forcés  à  lui  foomîr  des 
subsides  prodigieux,  qn'il  avait  bouleversé  knro  oonstkotioas 
et  mis  garnison  dans  leurs  forteresses.  Lueqoes  avait  dft 
se  racheter  à  prix  d  argent;  les  Médids  avaient  été  chassés  de 
Florence  ;  Pise  avait  été  encouragée  à  la  révolte.  Sienne  obli- 
gée de  recevoir  garnison,  et  tons  les  lieu±  forts  de  ces  divers 
états  étaient  entre  les  mains  deç  Français.  £nftn  le  p(q[>e,  dbget 


49;]%,ii^8tfnriioii.4e  .tMs  lœpriBtts  «bféiMiiS)  aTirit  été  ibrei 
poErla  terrwrii rignw  mie  paix faoBMlifmte ;  Uayait  reça  dea 
gàomom  frangaîBes  dans  aea  forteresse»,  livré  en  otage  le 
cardinal  de  Valence,  abandonné  le  saltanJem  à  €faarlesVni; 
ettf  par  tontes  ces  concejssions,  il  n'avait  qn'avee  peine  sauvé 
Borne  de  Tmeradie  et  du  pillage.  Puisqne  le  roi  de  Frmce 
nq  se  croyait  obligé  à  respecter  aucnn  «traité ,  ni  anenne  des 
garanties  dn  droit  des  gens,  1*  ambassadeur  de  Ferdinand  et 
d'IsaliMdle  était  appelé  à  loi  déclarer  qne  aes  maîtres  ne  soof^ 
friraieat  .point  qu*il  enlevât  à  des  princes  aragonais  nn 
royaume  qu'une  possession  de  acnxante  ans  et  les  décisions 
de  plusieurs  pvgcA  avaient  rendu  hérédaîre  dans  leur  famille  ^ 

A.  peine  les  gentildiommes  français  qm  entouraient  le  roi 
p^rmirentrils  à  Fonseca  d'achever  son  discours;  ils  répon* 
dirent^  meo  œtte  impétoosité  et  cet  orgueil-qu'avaient  nourris 
des  $upoès.  inespérés  :  que  les  âmes  ne  leur  avaient  jamais 
manqué  pour  soutenir  leurs  droits,*  que  si  Ferdînanâ'oiibNait 
ses  traita  et  ses  engagements  dont  la  'restiti]rtion  de  Vetiph- 
gam  avait  été  le  prix,  les  dievaUers  français  étatentbona 
pour  Ten  faire  ressouveidr,  et  qu'ils  lui  feraient»  connaftre 
bien^t  la  différence  qui  existait  entre  eux  et  les  arcbers 
maui^, qu'il  était  »  fier  d'avoir  vmncos  en  Andalousie.- Des 
parties  toujours  plus  piquantes  forœt  dors  échangées  des 
é^mi^aé»;  cl  Fonaeca,  qm  cependant  était  un  homme  grave 
et  modéré,  se  laissa  tell^nent  transporin'  par  la  colère,  qu'il 
déchira.  sow>  les.  yeux  du  roi  le  traité  signé  entre  la  France 
et  rE^[Migne,  et  qu'il  signifia  à  deux  Espagnols  qui  servaient 
dans  l'armée  fcnçaise  Tm^dre  d'en  sortir  sons  trois  jours,  s'ils 
n<^  voulaient  .tomber  dans  le  crime  de  hante  trahison  ^: 

Le  roi  deFnmce  avait  à  peine  reçu  cette  dénonciation  d'une 

>  PauU  JiwH  Hif<,  JMlleqqM,,  U^p,  éâ^^Fr.  GttUéOaidini  tst.  Lib.  Il,  i»;  8T.-» 
BarthoL  Senaregœ  de  rebut  Genuens.T.  XXIV.  Rer,  ItaL  p.  645. «"Ff.  Retcarii  Comm* 
Ber.GalLVlb.yï^p.U9.-^^PauHiov(kUhnt^,4», 


4S6  HISTOIRE  DM  AélnmJQimB  ITALIKiniBS 

gnNm  imiiiûieiiie,  lonN|D'il  apprit  que  le  eàtéSêA  éè  Weimab 
s'était  mdm  de  Velletri  sons  an  dégiweflwiit,  atcpi'il  étnt  1%- 
loamé  à  Borne;  que  le  pape  refusait  de  Ptra^tre  Spolète  à 
«e»  lieutanaotA,  eomme  il  «' j  était  engagé,  et  qa*  enfin  le  mal- 
hwpeux  Jem  paramait  aUdnt  par  un  poison  qa*il  portirft 
^lans'ses  entrailles.  Mai»  Charles  ne  se  hieseL  point  arrêter  p&t 
œs  ixvuYas  de  la  mauvaise  foi  d'Alexandre  VI.  La  iolte 
qa' AUense  avait  ehu*gée  de  défendra  les  ^sôtes  de  la  Campanie 
et  do  a'emparer  de  Nettuuo  avait  été  battue  par  la  tempèle 
etr  forcée  do  rentrer  dans^  le  port  de  Naplea,  >La  flotte  française 
n'avait  pas  été  pins  beureose,  et  après  avoir  été  jetée  en  C!apse 
par  le  même  coup  de  vent,  elle  était  revenue  à  Porto^Erec^, 
où  presque  tous  ses  soldats  l'avaient  quittée  i.  Après  les  avoir 
i^énins  à  son  armée^  Charles  attaqua  Monte-Fortino,  obAtaan 
de  la  campagne  de  Borne ,  qm  appartenait  4  Jaoob  des  Conti, 
iMiroA  nonuàn.  Geluirei,  après  avoir  été  quelque  temps  an 
iervice  de  Charles,  avait  passé  dans  le  oamp  des  Aragonais, 
^pour  ne  paS' servir  soos  les  mêmes  dnq)eaux  que  les  Golonna. 
Ir  ea^illefiefrançaîse  ouvrit  en  peu  d'bimres  nue  brèche  dans 
les  nmn  de  ce  ohàteau,  qu'on  regardait  «emme  très  forjt.  Il 
fut  pris,  #t  tous  jea  habîlants  forent  massacres.  Les  Français 
attaquèrenl^  ensuite^  snr  la  frontîtoe  même  du  r^^aimne,  le 
Moi^-SainWean,  qui  a^artenailau  marqqjs  de  Peecaire,  Al- 
fouse  d' Avalos»  Ce  chàteau^fort  contenait  nue  garnison  de  trois 
eents  hommes,  et  cinq  o^tts  paysans  bien  armés^  ilfnt^epen- 
dant  pris  en  pm  d'heures,  sous  les  jeax  mêmes  du  roi  t  eàxà^ 
ei  ordonna  également  qu'on  massacrât  tous  les  habitants ,  et 
ne  se  laissa  point  fléchir  pendant  les  huit  heures  qœ  dura  cette 
bottdierie*  Le  Moiit«*iaint-^Jean  fat  ensuite  iNPûlé.  iiSetle  féfo- 
cité ,  dont  l'Italie  n'avait  point  encore  vu  d'exemple,  répuidit 
au  loin  la  terreur  du  nom  français  t  les  soldats  déjà  découra- 

1  PauU  JovU  HUt.  Md  l€iii|MJk.nt  r»4l. 


wo  mofta  AGI.  497 

ff^  et  lus  baMants  q«î  n'uYaîeBt  point  di  affeettoii  pour  kafii 
prinoes,  pcurdireotdèB  kur»  toote  eavie  de  se  défeadre  ^ 
.  Maia  la  terreur  du  rdi  de  Naples  pageait  encore  celle  que 
resseataieat  sea  soldat»  ou  ses  sujets.  Cet  Alfonse  JI  qui ,  dans 
les  guerres  dltalie  et  dans  celle  àe^  Tores ,  s'était  acqoia  nue 
grande  réputatioa  de  bravoure,  que  I'oq  croyait  non  moins 
sage  que  courageuii,  non  moins  ferme  que  prudent,  ne  trouva 
|4as  de  force  en  lui-même  lorsqa  il  eut  besoin  de  râJater  anx 
clameui^i  pubUq^es  ;  pendant  sa  tontes-puissance  elles  awent 
^té  supprimées  ;  mais  lorsqu'elles  assaillirent  pour  la  première 
fois  8es  qreiUes ,  elles  réveiUèr-eat  «ussi  les  Remords  de  sa  con- 
seieaœ. 

.  Alfonae>  il  est  vrai,  n* avait  pas  encore  régné  une  année; 
VQirâ  depuis  bien  plus  longtemps  le  royaume  de  Kaplea  était 
soumis  à  son  autorité.  Dès  Tépoque  où  il  était  parvenu  à  Tàge 
,4*bornme,  ium  père  Ferdimmd  lui  avait  donné  nne  pairt  im- 
portante dans  Tadministration ,  et  avait  paru  le  plus  aonvent 
iéffvQT  à  ses  conseils.  Toot  ce  qu'il  y  avait  eu  de  plus  perfide 
dans  la  politique  du  cabinet  de  Naples,  de  phifr cruel  dans  ses 
vengeaxM^ ,  de  (dus  vt^^aluîre  dans  son  système  de  finances , 
avait  constamment  été  attribué  par  le  peuple  à  Àlfcmse  plutôt 
qu'à  Ferdinand,  Des  exactions  intolérables  appauvrissûent  la 
ville  et  les  oam^gnes;  tons  les  genres  d'industrie  élment 
soumis  à  des  monopoles  ruineux  :  le  rm  aebetait  T hutte,  le 
blé,  le  vin ,  à  un  prix  fixe ,  qui  dédommageait  à  peine  le  cul- 
tivateur de  ses  avances  ;  ot  il  les  revendait  ens#te  avec  un  bé- 
néfice .considérable ,  lorsque,  par  une  famine  arti&^le,  il  en 
avait  augmenté  dé<iiesurén^tle  prix  ^.  Aooun  sqîet  de  Tétat 
Qc  pouvi^t  ^e  croire  assuré  dans  la  pcNsession  de  ses  bims  ou 


i  Fr.  GulceUvdini.  Ub*  I,  p.  66.  —  PauH  JavU  Hiit*  L.  Il,  p.  SO.  —  DUvio  Ferrarue , 
p.  283.  •^Mdré  de  JU  vifn^,  ^mml  iteift  Godetroy.  p.  tw.  — PhB.  d0  Comlnes, 

IMimoirfMi.  .1..  vik  .^  XVI,  p.  an.  ^  9  pm.  atcooiMt  «  MémftAm.  Uv.  vii,  «h.  xnf, 

p.  200. 


426         HfsioiBS  DES  Mâmmuqat»  iTALuannEs 

de  ftt  Vb^xiiiaàmàaéae*  Le  roi,  {nr  des  aolts  arintrairès, 
dépoiiUlmt»  arritait,  faisait  p^ir  sans  jugement  les  plne  grande 
se^ean  oomme  le»  gens  da  peuple.  Alfoiise  aTait  encore 
enchéri  snir  son  père  dans  ees  actes  de  vengeanœ  et  de  croanté 
politique.  Lorsqu'il  était  monté  snr  le  trône ,  il  ainait  trouTé 
dans  les  prisons  de  Naples  on  gnmd  nombre  de  seigneors  ap* 
rêtés  sous  le  règne  de  Ferdinand.  Philippe  de  Comines,  qm,  à 
cet  ^gardt  ne  s' aecorde  pas  avec  les  historiens  îtahens  j  dédtare 
s  âtre  assuré  9  par  le  témeîgnage  d'un  Africein employé  à  ces 
exécutions ,  que  parmi  ces  prieonniars  se  trouvaient  encore  le 
duc  de  Suessa  et  le  prince  de  Koisano,  arrêtés  en  1464,  contre 
la  fol  jurée  y  après  la  guerre  dans  laquelle  Jean  d'Anjou  ayait 
disputé  à  Ferdinand  la  succession  au  trône ,  et  vingt-quatre 
barons  arrêtés  en  148S^  après  la  guerre  d'Innocent  YIII  et 
des  seigneoBS  mécontents*  Il  ajoute  que,  aussitôt  qu^Alfonse 
fut  monté  sur  k  trône,  il  les  fit  transporter  à  Ischia,  et  les  j 
fit  tous  assommer  ^.  Cependant  on  fmyait  généralement  que 
tous  ces  prisonniers  «muent  péri  plus  tôt,  mais  d*après  les 
conseils-qu' Alfonse  «vaib  donnés  à  son  père. 

Celte  httne  populaire  que  les  tyrans  excitent  contre  etix, 
et.qn'ils  ne '^connaissent  cependant  point,  quMls  ne  devinent 
point  an  milieu- du  concert  de  flatteries  dont  leurs  courtisans 
les  entourent,  n'attend  pour  se  manifester  que  le  moment  où 
le  trône  est  en  danger.  Be  toutes  parts  on  invoquait  dans  le 
royaume  de  Napks  les  Français  comme  des  libérateurs  :  on 
détestait  la  cruauté  et  l'avarice  d'Alfonse  et  de  son  père,  on 
maudissait  le  joug  des  Aragonais;  et  les  cris  de  la  populace 
enhardie  retentissment  jusque  soi»  les  fenêtres  du  palais,  où 
AlfoBse  craignait  à  toala  heure  de  demeu^r  irieHilie  d'un 
peuple  farieux  2. 

t  MémoirM  4e  Phil.  4e  Gomioei.  LHr.  VII ,  ch.  Xui ,  p.  306.  -->  Voyez  €i-denit 
Gll«p.  LXXX,  TOI.  X,  p.  906 1  ai  dMp.  LXXXO,  VOl.  X|,  p^  jrTI|.  «*.  1  PmM  i9im^  BUL  Ml 
feMp.|]|b.  n«p.  H. 


no  MOYER  AGB.  '  429f 


Oa  BBmte  q«*à  cea  daogen  extérieenf  la  oonseience  trou- 
Uée  d' Al£oAse  joignit  bientôt  des  craintes  superstitieuse».  Il 
passait  pour  n  «voir  point  de  croyance  religieuse,  et  pour 
n'observer  point  les  pratiques  de  TEglise  ^  Mais  l'âme  d*nn 
tyran  est  toujours  accessible  à  la  superstition,  parce  que  la 
fatalité  hû  parait  avoir  une  grande  psrt  à  sa  destinée;  et 
l'auitorité  supérieure  qu'il  n'a  point  tréuvée  sur  la  terre,  il 
la  cherche*  avec  inquiétude  dans  des  êtres  surfanmarns.  On 
répandît  le  bruit  que  Jacques,  premier  chirurgien  delà  cotir, 
était  venu  déclarer  à  Àlfonse  que  l'ombre  de  Ferdinand  M 
avttt  apparu  par  trois  fois,  en  tvois  différentes  nuits;  qu'dle 
lui  avait  ordonné,  la  première  fois  avec  douceur,  la  seconde 
et  la  troisième  fois  avec  menaces^  d'aller  dire  à  Alfonse  en 
son  nom  qu'il  n'eqpérât  point  de  résister  au  roi  de  France, 
parce  qu'il  était  arrêté  dans  sa  destinée,  que  sa  race,  tour- 
mentée par  des  maux  infinis^  serait  •pri'Vée  de  ce  beau 
royaumcy.et  bientôt. après  ^teiate;  que  les*  cruautés' dont 
ils  s  étaient  rendus  coupables  en  ^ient  la  cause,  mais, 
plus  que  toutes ,  celles  que  lui  Ferdinand  avait  commises 
à  la  persuasion  d'Alfonsey  à  sonaretour  dC' Poonoolo;  dans 
l'église  de  .Saintrliécnard  à  Giûaia ,  près>  de  •  Naples.  On 
disiût  qu6  r  ombre,  ou  lechirurgiea  qui  la  faisait  parler,  ne 
8  é^it  pas  ^pliquée  davantage  ;  mais  on  supposait  que  c'était 
dans  .ce  lieu  qu' Alfonse  avait  persuadé  à  saot  père  de  faire 
mourir,  les  basons  qu'il  tenait  depuis  A  longtemps  prison- 
niers^. 

Gotto  dénonciatîan ,  qui  peutétre  était  elle-même  l'effet  de 
la  haine  universelle  du  peuple,  ^  ajouta  eneore  aux  terreurs 
qui  troublaient  Alfonse,  et  aux  remords  de  sa  conscbenoe. 
Dans  ses  songes,  tantôt  il  croyait  voir  les  ombres  de  tant  de 
seigneurs  qu'il  avait  fait  inhumainement  massacrer,  tantôt  il 

1  Pbil.  de  Gomfnes,  ttémoires.  Liv.  VII,  ch.  xiU»  P-  210.—*  Fr.  GuiçciardinU  UbJ, 
p.  M.  —  Sioiiiii9iil«  BUtaria  <U  llapoH,  Lib.  VI ,  p.  802. 


430         Hisrom  d»  ftirmtK)il7«9  rrALicmits 

se  flgartit  être  lui-mèiiie  enti^  les  mains  do  peuple  qui  le  %• 
Trait  à  d'affreux  sappliees.  Il  ne  pooTaît  tronver  on  instant 
de  repos,  ni  pendant  les  jours  ni  pendant  les  nuits;  Le  23  jan- 
vier il  se  retira  an  ebftteao  de  rOBof  a^ec  on  petit  nombre  de 
ses  famiHen.  Cette  faite  eansa  dans  la  Tffle  on  dëdll  et  on  ef- 
froi extrêmes.  Le  lendemain,  le  peapk  se  rassembla  de  totites 
parts  en  armes,  mais  plotM  par  one  inqoiétode  vague,  qp^ê- 
Ted  on  dessein  dëterminé  ;  aussi  Ferdinand,  due  de  CSalabré, 
qui)  après  avoir  ramené  don  armée  sur  les  frontières,  était  ré- 
venu  à  N aplea,  rëussilril  à  apaifiier  lè  tumulte  en  parcourant 
la  ville  à  eheval,  et  luvoquant  Faide  des  corporationi$  de  h 
noblesse,  qui,  M  nombre  de  six,  sous  le  nom  de  Seggi  ou 
Seiiliy  exerçaient  raotorité*  muuieipale  i . 

On  assure  que  le  «ftnrdînat  Aseagne  Sforza  avait  fait  don- 
ner à  Alfonse  k  eonseX  d'abdiquer  en  fisveur  de  sou  fils,  lui 
représentant  que  ee  dernier  était  fils  d'une  sœur  dû  duc  de 
Milan  ,•  et  que  les  frères  Sforza,  qui  baissaient  leur  beatf-^frère, 
étaient  prêts  cependant  k  protéger  leur  neveu  2.  La  terreur 
d* Alfonse  lui  ftt  Hdoptèr  ce  conseil;  il  signa,  le  ^'janvier, 
l'acte  d'abdicatiina,  tel  qu'il  fut  dressé  par  Joviatius  Ponta- 
nus  ^  ;  il  refusa  è  la  reine,  sa  belié-mère,  de  difft^rer  au  moins 
de  doux  jours  eet  aete  éè  faiblesse,  pour  accomplir  l' année  de 
son  règne.  Il  fit  ebarger  précipitamment  tous  ses  effets  lés 
plus  précieux  sur  quatre  galèreè^j  son^fvésor,  partie  en  argent 
monnajé,  partie  en  pierreries,  montait  alors  à  ta  Mmme  éé 
300,000  ducats,  avec  laquelle  il  aurait  pu  solder  un  corps  dte 
troupes  bien  sufisant  pour  se  défendre:  TêbSa  il  ne  véiubit 
point  le  laisser  à  son  fils  ;  et  tandis  qu'il  le  faisait  em(>aller, 
il  mootrait  une  si  gratftte  terreur  qu'on  aurait  ditqo'fl  était 
déjà  entouré  de  Français.  Au  moindre  bi'uit  qu'il  entendait, 


poH. 
p.  49 


BaHh»L  Senaregœ  de  rt^us  Gemtens.  T.  XXIV,  p.  546.  —  *  Summonte  JUir.  dl  /Tc- 
i.  U  VI,  €.  I,  p.  M<N  ^  MrvNMtt  OrtecteRit  C0illlii.'p.  Mi  «•-•  Mtff iMA  lA»  », 

fi. 


DU  MOTS»  à»n.  431 

il  se  reUmnHait  avec  effroi^  oomme  fi  le  del  et  les  homme» 
élaieat  égalcfment  eonjorés  contre  lai.  Cependant  le  T^t  du 
midi  retenait  sa  flotte  dans  le  jp^ti  ;  ce  ne  fut  que  le  3  février 
qo'il  pat  .la  &ire  cingler  vers  Mazari,  petite  ville  de  Sicile^ 
dont  f erdinand  d'fsf^i^e  lai  avait  donné  la  seignearie  ^ ,  et 
là,  ne  s'eolooraiit  pins  que  de  religieux  Gfivétans,  il  passa  le 
reste .  de  ses  joars  ooiquement  oecopé  d'œuvres  de  péni* 
teaefiy  de  jisûnes,  d'abstinences  et  d'aumônes.  Une  maladie 
douloanmse  i^ta  encore  à  ses  peines  :  elle  T  enleva  de 
ce  monde  le  19  navembre  de  la  même  année,  avant  qu'il 
eftt  pu  aiçcompUr  le  projet  qu'il  avait  focmé.  de  revêtir  T  ha- 
bit, retigieax;,  et  d'entrer  dans  un  couvent  à  Yalence  en 
Espagne  ^. 

F^nlinaadt  précédé  par  l'étendard  royal,  entouré  de  tonte 
sa  noblesse  et  suivi  par  1^  peuple,  fit  le  tour  de  la  ville  de 
Naples  le  24  janvier ,  pour  prendre  possession  du  royau- 
me :  il  se  mdit  ainsi  à  la.  cathédrale^  oik  il  fit  sa  priàre' 
àbaute  voix,  à  genoux  et  la  tadto  nue  ;  après  quoi  il  repartit 
pour  Tannée  ^.  Ce  jeune  prince  n'  avait  peint  hâité  de  la  haine 
qu'on  portait  à  son  père  et  à  son  aïeul.  On  a'avaitiiemarqaé 
ea  hii  que  des  ^alités  aimables,  da  l'humanité,  de  la  loyauté 
et  du  couragQ^  Peut-être  s'U  étaitmonté  plus  tAt  sur  le  tcAne, 
anrait'il  été  défendu  avec  enthoosiasoie  par  tout  le  peuple  : 
mais  il  était  déjà  trop  tard.  Dans  chaque  province  les  gentils^ 
hommes  ou  les  citoyens  les  plus  considérés  s'étaient  déjà  oom- 
promisaux  yeux  delà  maison  d'Aragcm,  en  arborant  l' étendard 
de  France,  et  AUonse,^  en  emportant  son  trésor  avec  lui,  n'a«- 


*ytr^  GtâùtHmdiiiL  LIb»  II,  p.  6a.  ->  PomU  JHwSL  L.  n^  p.  49.  —  *  Mémoires  de  PfaH. 
de  Comines.  L.  VU,  ch.  XIV,  p.  21s.  —Peiri  BembiUist»  Yen.  L.  Il,  p.  29.— Fr.  Belfiorii 
Cornm.  Ub*  VI ,  p.  45.  — Summonte  Hist.  tU  NapoU,  lib.  VI,  cap.  I,  p.  500.  —  Arnold, 
Ferronii,  Lib.  I»  p.  9.  —  >  Bartlu  Senaregm  de  rébus  Genuens.  p.  546.  —  AUegreito 
Ailegretii  Diari  SanesL  p.  839.  —  Diario  Fenorete.  T.  XXIX,  p.  291.  —  Guicciardini 
diffôre.  4'«Tetc  les^am.res  dans  soii  r^i^^  il,préi9iMl.  que  Cerd^uâd  n'^uil  pouiUil  Sa^tei^ 
9\  ne  fui  pai  même  coosoltô  au  moment  de  l'abdication  de  ion  p^re. 


433         HISTOIRE  oM 'MerasLiQoiai  iTALnarRXs 

viil  p»  iBèÉis  kdMé  à  «m  fibies  mo^rens  de  défeUsif  dont  IL 
awraH  pudiipowir  JMJ-mêae; 

Gep«iiâaat  FwdHiftiié  étett  "Vtim  te  plaeisr  à  flafi-Cteniiano, 
à^Mze  mUi»  en  atrièfedeft  fro^ièh»  da  roymme,  dans  im 
défilé  resiNTé  enlfe  de8>iii«mtagties  âpres  et  iii)|Mt!«Ailes,  et 
des^  mutés  qai  s'étendeat  jmqu'aa  GaiiglteRo.  Ce  imssage, 
factte  à  défendre,  ét«t  eonsklépé  cenitte'  me  des  tàth  ûa 
voyaime  de  Napks.  Ferdiamd  aTiâl  en  le  temps  de  le  fortf- 
Sêt  avee  aoîa ,  d'âever  des  baslmns  à  i'ei^fée^  de  te'Yottte,  et 
de  fenaer  toi»  les  déilés^  dea  montagnes  avec  des  abatis"  dtw^ 
brea.  Il  wait  sans  aes  Mdres  deux  mille  sk  oent6  ge^tdâermefe 
4  ctoq^nte  ebe'raii^égeas,  qaine  s^nbteient  imSlËmentînfé» 
rieiira  à  la  eavalerie  française  :  mais  son  infanterie,  levée  tont 
BÉPOUitat  dans  le  royaume,  n*était  point  accoutnciiée  aui 
«nues,  «lise  pouvait  tenir  en  rase  campagne  contre  les  Suisses 
ou  te  GasooBs.  Les  Fïasçais^  qui  avaient  istpptls  FaMication 
d' Alfente  te  jour  même'  oà  Gtarles  TIII  sortit  de  Jtome  ^, 
s'attendaient  à  éprouver  à  San-G^tnano  une  longue  résistan- 
ee.  La  saîjson,  qui  jiuqi^alors  leur  avait  été  favorable  d* une 
manière  qui  tenait  du  prodMge,  pouvait  changer  d*un  moment 
à  l'autre,  et  s' ils  avaient  été  assaillis  par  les  pluies  ou  les  nei- 
ges dé  Fiiiver,  il  leur  serait  devenu  fort  difficile  de  faire  venir 
de  loin  des  vivres  et  des  fourrages,  car  Ferdinand  avait  dé- 
truit par  avance  tout  ce  qui  se  trouvait  sur  leur  route^: 

Mais  tous  les  calculs  milftaires  deviennent  vains  lorsque 
les  Groupes  ont  perdu  la  conflanœ  et  le  courage.  Les  massacres 
de  Monfe-Fortino  et  de  Uont  Saint-Jean  avaient  répandu  une 
inffieible  terreur  chez  les  soldats  et  les  paysans  ;  aucune  trou- 
pe n'était  préparée  à  soutenir  une  gu^re  ou  eUe  n'attendait 


t  Burchardi  Mar,  ep.  Baynald.  Annal.  i49f,  $  S  et  6,  p.  440.  —  *  Pauli  Jovli  Uist. 
ma  iemp»  Lib.  H,  p^  47»  —  Guiceiordini  Histor,  Lib.  I,  p.  87.  •-  Mémoires  de  PhU.  de 
CwifciBi.  Ur.  VI ,  di.  XV,  p.  319*  ^  André  de  la  Vigoe ,  Journal  de  Charles  Viii ,  in 
Godefroy.  p.  iio. 


Ml  mofom  MMé  433 

poiat  de  qoaitier.  Le»  wéStàom  àmm  ks-pwvÎMeB,  dwt  on 
reeevait  à  dmqpe  heare  les  aouveUes^  fiMBaieiit  eraMfe  mk 
flokUds  d»  se  trouver  eouféB  ptr  «a  eodèvenent;  les  progrès 
de  Fabrice  GokMine  dans  les  Alnviaes  pevvaieBt  loi  damer 
les  mtojesm  de  toorov  rarmée ,  et  de  deseoidre  sur  ses  <kr- 
rièces  danala  CMapanie^  Sofia  les  eapilakies.att  serviee  de 
ferdîaand,  regardant  la  lutte  comme  trop  ia^fale,  soageaieiit 
déjà  à  faire  leor  paix  particaUère,  et  ils  éfitaieBl  toat  com- 
bat, de  peor  d*exdter  le  ressntimeat  de  Charles,  oo  de  penbre 
leur  ii^portanee  à  ses  yeax,  si  leor  conpagaie  étttt  cKananée 
par  les  saîtes  daae  aetion.  Àassi,  qoeigae  effort  qae  Ferdi- 
naad  eût  fait  poar  rendre  da  courage  à  ses.  soldats,  avee  qoei- 
qae  mn  qa'il  eut  fortifié  San-Germaao  et  le  Pas  de  GaaceUo, 
à  six  milles  de  distance ,  dès  qoe  les  Ni^Utains  vi^eat  pa- 
raître Tavant-^rde  française ,  conduite  ce  jour-là  par  le  duc 
de  Guise  et  par  Jean ,  sire  de  Rieax,  OHu^hal  de  Bretagne, 
ils  se  retirèrent  en  désordre ,  et  ne  s'arrêtèrent  poioA  jusqu'à 
Capoue^. 

Cependant  il  j  ayait,  de  nouveau,  mojen  de  tenir  à  Ca- 
poue,  et  d'y  arrêter  l'ennemi,  qui  mardiait  sur  Naplea.  Les 
diverses  routes  qui  entrent  dans  le  royaume^  se  réunissent  de- 
vant cette  ville  ;  elle  est  couverte  par  le  Yulturne,  rivière  trop 
profonde,  et  trop  bien  encaissée  pour  que  l'armée  pût  la  pap-* 
ser  à  gué  :  les  IVapolitains  avaient  retiré  tous  les  bateaux  sur 
la  gauche  du  fleuve  ;  et  le  seul  jpont  de  pierre  qui  communi- 
quait de  Capoue  an  faubourg,  était  facile  à  défendre.  Mais 
pendant  que  Ferdinand  songeait  à  s'y  fortifier,  il  reçut  de 
Naples  un  messager  de  son  oncle  Frédéric,  qui  lui  annonçait 
un  soulèvement  de  la  populace.  Déjà  toutes  les  banques  des 
Juifs  avaient  été  pillées  par  ceux  qui  les  accusaient  d' usure  ; 


1  PauU  Jovii  BUU  Ub.  II,  p.  50.  —  '  fr.  Guicciardini.  lib.  I,  p.  67.  —  Pou/i  JovU 
Biêt,  L.  II ,  p.  50.  —  PhU.  de  Gobûdos  ,,  Ménnoices.  L.  VII ,  cb.  XKI  »  p.  8M.  —  Le  roi 
eoaeba  à  Saiat-Gennàin  le  13  Tévrier.  André  de  La  Vigne,  Journal,  p.  130. 

VU.  28 


434  HISTOIRE  DBS  h6piibi4QU9Bb  italienhes 

leaéd|ls,di9i  iinigistnits4laieDl  mé{nrwéh  rautof^  rpyaie  mé- 
CQitoiue;  la  garde  arbaine  se  cachait^  et  laideiarièiv  classe,  du 
f&jifàif  dominait  seale  dans  la  ville  K  Quqîqoe  F«vdiliand  sen- 
tit Gombieu  il  était  dangereux  pour  lui  d'abandonner  son 
année,  U  jugea  pins  dangereux  eneoi«  de  laisser  s'étecuke 
r  insurrection  de  la  capitale.  Il  supplia  les  capitaines^  juix- 
q^uela  il  confia  .le  commandement  de  ses  troupes,  de  poorsui- 
we  les  préparatifs  de  défense  qu'il  avait  commencés,  mais 
d'éviter  tout  combat  jusqu'à  son  relxn^r .  Il  promit  de  levenir 
4ès  k  lendemain,  api^  avoir  apaisé  le  tumulte  de  fîapli^^  et 
il  eonrat  vers  sa  capiale  avec  une  escorta  peu  nombiTettse^  La 
présence  de  ce  jeune  roi  si  loyal,  si  franc,  si  cc^nnu  poar  sa 
bonté,  de  ce  roi  qui  avait  commencé  son  administration  par 
remettre  en  liberté  tons  les  prisonniers  d'état  retenus  par  son 
^re  ^,  eut  sur  les  séditeux  nn  effet  magique.  Le  peuple  as- 
semblé écouta  ses  discours  en  silence  ;  Ferdinand  promit  de 
se  dévouer  à  Gapoue,  pour  la  d^ense  de  se^  sujets  ;  msis  il  an- 
nonça aussi  que  s'il  ne  réussissait  pas  à  arrêter  4Mi-delflt  ^  du 
VuHorne  l'ennemi  barbare  qui  les  menaçait,  il  n'exposerait 
point  sa  capitale  au  danger  d'être  (nrise  d'assaut  et  piUée.  On 
réi^ondit  à  Ferdinand  par  des  protestations  de  dévouement  et 
d'obéissance  ;  tout  parut  rentrer  dans  l'ordre;  et  le  janue 
prince  se  hâta  de  repartir  pour  son  camp  ^. 

Mais  pendant  sa  courte  absence,  les  condottieri j  qu'il  avait 
livrés  à  eux-mêmes,  avaiept  déjà  commeooé.à  traiter  avec 
l'ennemi.  Jean-Jacques  Trivulzio,  qui,  jusqu'à  cette  époque,  ne 
s'était  point  écarté  des  lois  de  Tfaonneur,  quidepuis;  dçmeura 
fidèle  dans  le  reste  de  sa  carrière  militaire)  ayant  eu  de  Fer- 
dinand la  cominisfflon  d'entamer  quelques  négociations  ayec 
les  Français,  se  rendit  à  .Calvi,  ou  Charles  Ylil^ait  ééfk  ;  et 


»  PauU  Jova.  Libb  11*  p.  61-  —  *  ^0tri  BemM  BisL  VentUL  UIk  II,  p.  10.  «^<s  PmtU 
'jovU  Uisu  lib.  B»  p.  u  — Le  f9  lévrier,  «don  SmnmomB  Mor*  «tt  Kap9tU%>.  vi, 
cap.  Il,  p.  Kli. 


MDiHiefl  fie  troQTA  Aaeiine  on^ertore  poor  m^ocier  aa  nom 
é^  son  naître,  il  n'hésita  pas  à  signer  pour  Ini-nième  son 
traité  partieulier.  Il  s*engagea  au  servioe  dn  roi  de  France» 
aTec  la  même  eompagoie  de  cavalerie  qifil  avait  jnscpi'iH* 
1ers  tenue  au  eervice  des  rois  aragonaîs,  et  poor  la  même 
solde  1. 

Anssilèt  qmte  nontelle  de  cette  honteuse  défection  fat  par- 
venue à  £iapoae,  elle  y  répandit  un  trouble  égied  parmi  les 
«elâaits  et  parmi  les  boorgeois.  Tirglnio  Orsini  et  le  comte  de 
PiAîgtiano^  se  voyant  trahis  par  TrivuMo,  i? enfuirent  en  dé- 
sordre vers  N<Ha,  aTCC  txmte  lenr  cavalerie,  laissant  Naples  à 
découvert.  Les  habitants  de  Gapone,  quoiqu'ils  eussent  jus- 
qu'alors paru  attachés  à  la  maison  d'Aragon,  abandonnèrent 
eon  fMirti,  lorsqu'ils  se  virent  les  premiers  exposés  à  ta  fureur 
dune  armée  bailMre  ;  tandis t(ue  la  nobie^  envoyait  des  di- 
potations  au  rc»  de  Frangée,  la  populace  commençait  à  piller 
les  équipages  de  l'armée  et  ceux  de  Ferdinand.  Sur  ces  entils- 
faîtes,  quelques  coureurs  françœs  s'avaneèrent  jusqu'aux  por- 
tes de  Gapoue  ;  deux  capitaines  aUemands,  €rài|taixl  et  ^- 
defroi,   qui  avec  quelques-uns  de  leurs  compaftiiotes  4ie 
trouvaient  à  la  solde  de  FérifinaiidjélaièQt  alors  ée  garde  &  ia 
porte  :  ils  en  sortirent  avec  toute  leur  troupe,  pour  repousser 
au-delà  du  pont  les  maraudeurs  français.  Mais  il  ne  furent 
pas  plutdt  hors  des  murs,  que  les  habitants  de  Gapoue  fer- 
mèrent les  pcMTtes  après  eux,  et  aborèrent  les  étendards  4e 
franco.  Les  Allemands,  de  retour  à  la  porte  :  {ureoft  réduits 
i  supplier  à  genoux  quon  leur  ouvrit,  pour  ne  pas  les  ex- 
poser, «u  moment  où  ils  avalent  hasardé  leurs  vies  pour  dé- 

1  PauU  fQvU  ^ist,  mi  temp.  L.  Il,  p.  &i.  —  Fi*.  GniceUvfdânL  tib.c(,4>.4tt.  ^frmc» 
Bekaril  comment,  Rer.  GalUc.  L.  VI,  p.  m.^Arnotdi  FerroniL  Lib.  I,  p.  lO.  — -Le 
•nouveau  biographe  de  Trivuloio,  Rotmiai,  cherche  à  justifier  cette  défection ,  <L.  V, 
p.  227;  et  il  ifiâure  que  TriTuizio  obtint  un  eongé  de  Ferdinand  avant  de  passer  an  ser- 
vice de  son  nouveau  nudire ,  nais  U  ne  nous  parait  pomt  réunir  i  dl^Ner  cette  tliahe« 
de  ia  vie  de  soa  h^oi*  i  - 

2V 


iZ%  ttlStOIRB  DES  AÉFQBlIQnJIS  ITALIlSinflSS 

haiie  les  GaiiOMW,  à  être  nuusaeiés  jwqa'w  dendar^-par 
l'enaenni  qa-îb  vfiDaieaft  de  provoquer.  .Afffàs,4e  lûBgqes  m- 
slattoeS)  «fe  l«lQr  permit  enfla  âe  travciwv  la  -Tille,  «veii^  dé- 
sarlnéB^  et  par  bandes  de^dîx  hommesk.à.la'fQWv'eQ.  lesr-  fwant 
MHsltM;  «rassoitir  par  la  puarta  opposée.  Ces  «AUeioandi  avaient 
fait  à  peine  danx  lailk»,  aar  le  'Cbemm  d'Averse  À.  JNapks, 
kMnqa'ils  reneontrèreot  >FerdiiMady  qui  xeveiuiit;  ei^  h4te  à 
son eamp*  Qoelqaa tronUé  quelNit  ce.jeane  piwee, des  ncm- 
vdles  qtt*tl  reoeTait  d*eax,  il  poatsniirit  sa  route  jusqu'aux 
flortes  disGapoue,  qtt'il'lrott^a  femnées.Il  supplia  qu*oa  le 
reçut  dMs  Ib  ville,  que  ks  magistrats  consautisseDt  du  ousos 
à'  venir  confiécer  avec  lui  :  mais  n'obtenant  aucune  réponse, 
et  ne  voyant  parattreaucuudscettXMqu* il  savait  lui  être  dé- 
yaoéê^y  tandis  que  Tétendard  de  Fronce  flottait  déjà  sur  les 
man^  iL'reipTÎI  tristemenile^ebemin  do  Maples^.    ^ 

La  nouvelle  de  la  défection  de  Trivulzio,  et  du<soa1^  vement 
deCapode^  ^lâit  arrivée  avant  lui  dansvcette  eapitale*  Averse 
aivait^déjèenvoyédes  députés  à  Charles:  la  «populace  A^  Jfa- 
piks<avait  «devouveau^  pris  les  armes;*  ell^  avait.  £emié  les 
Iportesde  la  vMlis,  déterminée-à  n'y  poiQtrecevoKcl'aiinée  fu- 
gitive, et  Ferdinand  fat  «obligé  .de  fake  un  détoor^^  4e  pas- 
ser par  Osnmata,  |^r  •entrer  pacle  château  dans.  la.  ville, 
avec  les*  débris  de  son  armées  >  La  populace  qui^  «parcQurait 
torvesentumulle,  vint  bientôt  piUer  soumises  y^eux  joatoes 
les  écuries  royales.  Ferdinand  no  put  supporter  ^tto.  indi- 
gnllé;  il  sorfât  presque  seul  dachàteau,  etaa  îeta'Sa  mîUea 
des  pillards  pour  les  arrêter.  La  majesté  royale  «Me.  respect 
qu'iiipninait<eBeore  sm  caractère^  tos^oUnneiit  ffwc.  la  se- 
conde fois^  les  uns  jetèçent  kmrs  arm^  et  tombèprent  à  ses 
pieds  en  demandant  leur  pardon;  d'antres  s'enfnûrent  en 
abandonnant  leur,  butin,  etF^xdinai^»  ayant  éloigné  les  se- 

'       '  •  •-  ■  .         ,  '      •«'.  !.»«  V  ^     »    -  •    '    -         1      '      /*  '  .•    • 

1  Pma  J€vU  BUU  Ub.  H,  p.  SI.  —  CMedardM  Bi$Éor.  Ub.  I,  p.  «9. 


00  non»  ÂGÊU  487 

^eux*  de  sa  éèitteiire,  «entre  dans  le  ohàlem.  il  y  tiyait'iM«- 
gemUë  «iiVirMi  eto^  cents  seldalB  atleMnad»,  que  jasqvt*alon 
il  avait  trouvés  fidèles;  fl-aviât  mis  à  leortàte  Alpiioiiae  <d*^ 
talcits,  marquis  de  Peseaire ;  mais  bienlAtil-  eu  quelque^iiea 
dé  sotipeouuer  que  ees  AUemamâs  mèbies  songeaient  à  1»  faire 
prisonnier  pour  le  livrer  aux  Français  :  aussitôt  il  leur  aba»* 
dontia  utie  partie  des  richesses 'qui  se  trauvaient  dans  le  <M^ 
tëau;  et  pendant  qu'ils  étaient  ooeilpés  à  se  les  partager,  il 
fit  brâler  ceux  des  vaisseaux  qu'il  ne  pouvait  emnener  :  il 
remit  en  liberté  tout  ce  qui  restait?  de  prisonniers  d'état,  à  la 
réserve  du  ÎBè  du  prince  de  Sossano  et  du  comte  de  Popcdi 
qu'it  emmena  avec  loi  i  puis  il  monta,  le  ^  i  février,  avec  son 
oncle  don  Fiiédéric,  la  reine^mère,  veuve  de  son  aïeul,  et  la 
princesse  Jeanne^  ëœur  de  son  père,  sur'  les  gaièras  li^fères 
qu'il  tenait  prêtes.  Environ  vingt  vaisseaux  étaient  démeniés 
Â>us  se£f  ordres ^      ^  ^      •  .    i .  ,. . . 

Une  nouvelle  trahison  attendait' Ferâioand' à  Isohia^  où>fi 
Tintaborde#.  Ciiusto  de  la  Gandina,  Gartalan,  eommandant  de 
la  foneresi^  de  cette  Ite,  ne  voulut  point  receveur  ie  roi-  tut- 
gitif.  'Ferdinand'  demanda  avec  instance  d'être  admis  aiu 
moinsf  avec  un  seul  compagnon  auprès  du  gouverneur,  il  n'y 
fiort  pas' plus  tAt,  que,  tirant  son  poignard,  il  accabla  Giust» 
de  reproebes  sur  son  ingratitude";  il  le  saiiAt  an  milieu  de^es 
gard^  trrmés,'et  lui  inspfva  tant  de  terreur,  comme  tant  de 
red[)edf  atxx  éétdals,  quMl  fit  ouvrir  les  portes  è  s»  garde  qui 
Tatcendait  an-dehors,  et  qu'il  deineura  seulmafttre  de  l^et 
dé  ta  forteresse  s. 

CepéùdaM  la  soumissiou  deCTapoue,  et  blenrtAt  après  fév»- 
cuation  de  Naples  par  Ferdinand,  avaient  fait  perdre  courage 


1  fr.  GideeiùrdinU  Lfi>.  1,  p.  to.  ^  PauR  JoHI  HM.  Mff  lemp.  Ufai  n»  p*  !& — CM- 
nka  Venez.  T.  XXIV,  p.  U.  --  >  Fr.  GuicciardinL  Lib.  I,  p.  70.  —  PauU  JovU,  Lib.  U. 
p.  52.  —  BelcarU  Comment,  Ber*  Ga//.  LU>.  VI,  p.  152.  -^ SUnmant$.  Lib.  VI,  c.  U, 
p.  513.  ,      .  ,      . 


t99  HISTOnUS  DES  lâPimUQI!]»  ITALIENItES 

àtra»  les  pârtisaBS  ifxe  oonserrdt  enoope  lainakoÉ  û'âth*' 
gOB.  Virginie  Orsini  et  le  cloute  dePiliglimof  ^'8*élakiii 
letltéft  à  Ifota,  aTeo  environ  quatre  oentft  cheTaux,  firent 
demanda  nn  fiaaf  *-  conduit  à  Charles  :  ééjjk  «a  le  leur 
a^vait  promis,  lorsqu'ils  forent  attaqués  par  deux  cents  obe^ 
vaux  de  la  compagnie  de  Ligsj.  ïls  se  rendirent  sans  résis^ 
tance,  et  se  laissèrent  conduire  prisonnier»  à  la  forterasse 
de  Mondragone,  tandis  que  tous  leurs  équipages  forent 
pillés  1. 

Des  députés  de  Naples  avaient  été  au-devant  de  Charles, 
jusqu'à  Averse,  et  lui  avaient  offert  les  elefs  de  la  ville.  Il» 
avaient  été  accueillis  avec  joie  :  le  roi  s'était  empressé  de  eon<- 
flrmer  les  privilèges  de  sa  nouvelle  capitale,  et  d'en  acconier 
de  nouveaux  ;  et  il  avait  fixé  son  entrée  au  lendemain  diman* 
die,  22  février  3.  Elle  fut  aussi  brillante  qu'aurait  pu  l'iMve 
celle  d'un  anden  monarque,  ou  d'un  libérateur  retoornaiit 
apirès  une  longue  absence  dans  des  états  oà  il  aérait  cbéri. 
Toutes  les  factions ,  même  cdlo  qui  avait  été  dévouée  à  h 
maison  d'Aragon,  et  qui  avait  reçu  d'elle  tant  de  bienfaits, 
semblaient  se  confondre  en  une  seule,  pour  oélâHW  aveo 
joie  un  événement  qui  aurait  dû  paraître  si  humiliant  à  la 
fierté  italienne.  C'était  un  roi  étranger,  accompagné  de  inm^ 
pes  étrangères,  qui  venait  chasser  du  miliett  de  ses  o(»ipa» 
triotes  un  roi  italien  et  toute  sa  famille,  et  qui  s'ass^ait  sar 
son  trône  par  droit  de  conquête.  Mais  on  ne  vonlaii  voireo 
hii  que  le  représentant  de  la  maison  d'Anjou ,  le  sueoesseaf 
légitime  des  princes  qui  avaient  illustré  ce  rdjaume.  Comme 
le  château  Neuf  et  le  château  de  TOBuf  étaient  aneofe  occupés 
par  les  soldats  de  Ferdinand,  Charles,  après  avcftf*^  relidre 


^  Fr.  tSme'eiixKtmL  LSb.  I,  p.  ri.  —  PauU  jovii  Hlstpr.  Lib.  tl^  p.  54.  —  Peiri  BeuM 
km,  Ven,  tib.  Il,  p.  30.  — s  ADdr6  tfe  La  Vigne,  Journal  de  Charles  Viiï,  p.  i%%— 
"Ûîal^o  FMritnse,  t.  l^V ,  p.  294.  ^  tiioriù  Saneêe  Àttegr,  Àttegteiti,  p.  840.  *  Baf 
naidi  AtmaL  %  7,  p,  440. — Summonie.  Lib.  VI,  e.  U,  p.  sis. 


DU  MO»»  ▲»£•  42P, 

attokOM  véflîdfiiiee  dm  roit  imugm  K 

Gborles  YIII  n'avait  pas  dessein  de  laitier  km^eapft  49^. 
gaiaisoQs  létraagères  dsiM^  les  chàtaaia  de  sa  capjtolQ.  Dte  le 
laademaia  de  ton  arriv^e^  il  fit  dresser  des  batterie»  ooiiitre  le 
cbéleaa  Kenfy  dans:  la  grande  place  qui  e»t  en  face»  et  dans, 
le  pmài^-  royal  qui  est  derrière*.  Qikwiu^  lea  assiégés^  eusseirt. 
<jk:le««  o&lé  de  l'artUleffie,  ils  ne  saTaiwt  point*  wmme  lee 
Français,  en  faire  usage  de  nuit  aussi  bien  que  le  jour.  D'ailr 
leiiiBv  Itô  bonleta  tombant  dans  ui^  enceinte  vur^  iaisaient 
^vdler  des  éclats  de  pierrea  et  de  ssnr^le,  et  causaient  befu- 
eoiip  plue  de  rava^M  que  dans  la  rase  campagne.  On  i|*a^Ait^ 
point  encore  inventé  1^  bombas,  niaacuQ.pr<^ec^inceii- 
iliiiffe;  mai»  un  boulet*  en  tirant  ^lue  étincelle  dw  «aiUeu, 
poedniflît  fcliet  d'une  g|reDade>  daoA  le  magasia  à  jpmàfe  eè 
il étailMitré.  Une  effroyable  ex^oeien  tua  ou  blessa  on  gniad 
B0nd>re  de  eoUats;  .le  aiagasin  de  la  poi^^  et  de  b|  résûie^,. 
que  roaeoaeeBTait.pour  les  lancer  enOemméest  sur  les  assaii^ 
laaa^'pffil  fso  à  son  tour,  et  remplit  de  flammes  et  de  fumée 
toute  la  patlie  du  château  qui  n'avait  pm  été  détraîtei  psi:  la 
détMatiea.  Les  blessé»  et  ceux  qui,  s'^éehappaieiit  à  moitié 
btél^B  dtt  milieu,  de  l'ineendie,  ne  trouvaient  aucm;!  lien  pour 
se »st|re«n.«â«eté«  aucun  secoure.poiirae faire  p«niw).efc 
leurs  ena  lameatablea  glatçaient  de  terreur  leurs  compagnon^ 
d'amas.  J/emènpe  capitaine  allemand,  Gaspard,  qui  s'étpUt 
distkigoé  par  sa  coostance  à  Capone,  regardant  désarmais  la 
eanae  de  Ferdinand  comme  perdue,  exbcMrta  aes  compatriotes 
à  se  partager- .les  «estes  des  tréscms  des  monarques  aragopais* 
eeofiés  à  leur  «aidey  et  à  aerendre  ensuite.  lia  capitnl^wt, 
en  effet,  après  ce  honteux  pillage,  et  ouvrirent,  le  6  mars,  la 

s  rr,  GukckaniM,  iib. I»  p.  71.  -  PauU  JcvU  Uisiior.  Ltti.  il,  p.  &3.  <•>  rbil.  de Qsh 
biIum  ,  Ménoif es.  L.  VU.  ch.  XVI,  p^  335.  —  fr,  Beiearii  Co^nm^^  A«r.  CaU.  Iib,  M , 
p.  1S3.— imoA<.  FerronU,  Ub.  1,  p.  u. 


440         HisToiBB  na^  mtnMVWjm  rrALosiiifES 

^os-iTenfaîl  sur  une  grière  lëgkie  qin  éti^it  dmenéi  i 
Tancre  dans  le  port  i.  .    .   .  ,r        .      .  . 

Lé^bâteoQ  de  fCEuf,  fleconde-fiM^lepesfie^de  iN8|^te,*a^t 
été  wnfiéà  la  gavde  d'Antonello  Piocfoli,  eapltaîM  déwoé  iia 
niAiM»  d' AragôQ  :  il  e^  bdti  dand  la  mer^  mr  nn  rociher  iscdé^ 
et  i9épat<  du  c(mtt&eBt  par  la  main  -des  hiHniBeS)<  mri»4asÊàné 
par  «III  autre  rôeher' élevé,  qui  porte  mjoiird'hiii  le  fort 
SantTElmo,  et  sur  lequel  les  Àragonaia  ataienti  bàli  anefini- 
^e  fedôMse,  nommée  PizzifaicoM.  Les  Fmiiçiris  earenft'pea 
de  peine  à  s'emparer  de  oelle«-ci;  itsy  traioèrenl  ^àt  Tartil- 
leiie,;  et,  foudroyant  de  là  le  ehftteaii  4e  ¥fBiati  il»  le  «ontné- 
gmrent,  te  •!  5  mara,  à  eapitnler^'.  ' 

Bôvt  Géosr  d'Aragon  frère  natiËrdda'roi,q[Oi«valt<ëéfendli 
les  Abrogées  avec  Bmthélemi  d^  Altiaiio,  et  Aiftdré^lbtfaiea 
d' Aqaaftha,  avait  fait  sa  retraite  sur  le  oenlé  de  Ibriise^  avec 
environ  emq'ee&ts  g^darmes  et  tt(^  milles  fantassinii  Ii>se 
pt^peisait  de  traverser  la  Pooltte,  poap>8*orrétepèBlnjDdes^à 
Otyante  ou  à  Tarente,  m  attendant  qa'H  pitt  reecMûr  kS'ae- 
edurs  de  Ferdinaud-4e-Gatboliqoej  ceux  des  ^ïurcs,  et  ceux 
des  états  de  la  haute  Itaficydont  oo  savait  déjà' le  siéoeiitea- 
lement.  Alaiis  Fabriee  Goloime ,  qui  ponrsulvwt;  oil|a*pctft6 
«tmée,  ner  loi  laissa  pas  un  jonr  4e  repoa  $  de  tontes»  futoie 
pays  se  révoltait  antoar  d'elle  {"teumles  {défiléa^iâousHles  .pu- 
as^ de  ilettves  étaient  gardés  par  des  :p^jrsa«i.<4ni>nvnieiit 
déjà  arberé  lés  étendards  deFraQoewBon  Césasi  d«Hit  k4nave 
dMnMlt  d'4ieire  en  beure  par  desdésarlionsy  aixivBè  fim- 
des  arvee  qudqoee  gendarmes  sedement  ;  etilvoi^Qdnni'eelte 
fsttêresse  à  son  firère.  Tout  le  vestede  m  AsêmptigHie  f»  dm- 


p.  440.  »♦     .  .  v-t 


pftifea;).i*4aftttktoiiAia  tes  fx^mee^  qui  bordent  rA4ria^9ie^ 
il  Mtfe^iroiiya  bientôt  plnd  un  aenl  petit  ^sorpe  d*«naée  fg^ 
défenditle  parti  d'Aragon i.  >'  - .  >     .1 

]^.taivwri^f^i4eMiVt.ie«>Ai^^  franfims^^^fd  qiAÎ  ac- 
4Oin|di80alt  seule  pcAir  «euxleur^  cQa^tea)>.^'^Budit.oii^ 
em?  raubpe  rive  du  golfe  Adriatique*  ]Les,  Tupcs  4^  rÉ|Ku;e  et 
de  la  JHaoédoine,  vo^^t  partout  le«  drftpeai^?^.  frfiuç«4ii.  arbo- 
rai sur  les  villes  napotitainest  furent  frappa  d'uUf.tel  effrai> 
^'ils  abandonnèreiU  presquo  toutes  leSiViliesi  des  o^^teeiOM.  ils 
étaient  eu  garnison.  Xes  GrecS)  au  contraiTie,  se  battent  d'a- 
ebeter  des  avoies^  des  chevaux,  des  vJivfeS)  <et4e  se^.pc^iwer, 
4iveo  use  imprudente  pcddioît^y  au  maïasiw^.dA  Jeurs^oppree- 
seurs,  qui  devait  commencer,  diseJ^^t-ilei  d^  qm  les  pi?e* 
mi^»  bataillons  français  auraient  abcHrdé  ^ur  Im^  levages. 
Ces  .^émonstentions  inoousidérées  amenèrent'  bîe^^  mv  e«x 
laroÎMel  l!écirasefl(ie«(t ^.  Un.afobavêque  de  /Du^v^f  elba- 
naiiB  de-.isuBsance,  avait  été  chai^  par  Cbarles^ .  Vm<  de.eea 
négOciatNiia  en  Grèce  r:  il  était^secondé.par  GQn^ntin»<AWa- 
nitèss  eiiole>  de  Mark,  marquise  de  MontfiMWty  cbez;biqiieUe 
il  s'était'  ivéfagiéf  Gonstaptin  |»ré[tendait.  Mm  jbéïttiev  des 
«ojrawnws  de  Tbessakmiqueret  de  âennei^^.  Ufifûit  avcA  l'or* 
dbtÊtfèÊp»^  joindre  )à  Yenise  Philippe  de  Gominisaf;  de  là  ils 
avaient  étendu  leurs  intrigue»  sur  toutes  lee;Câtes:idel'Alhe- 
«(.  ^MaisTarehetâiiiae^de  ï>urai!zo^  homme  léger  et  vanitaui:, 
loifi'^ dé  «achér  ses- négociations,  7.  «ut  une  telle  palentatioB, 
^foeJee  Yémtiensv  déjà  jaloux  àf»  saecàs  des  Franfaîe,  te  fi- 
xent arniier  aarmoment  oii  il  partait  sur  un;^vidssee».€4ie9gé 
d'iOrmes?  pour*  les  cèles  d'Épîre.  Ils  envoyèrent  tous  «es  {)fi- 
fiers àiB^aittth.; «et  des •  miltiers de  ebrétiene grées  fucent 

1  PauliJovH.  Lib.  II,  p.  S4.  —  Phil.  de  Comioei,  Mém.  Liy.  VU,  ch.  XVI,  p.  226.  — 
•  FmM  JwU.  Ub.  Uî  p.  ti,  -^  Pétri  Bembi  Hiau  Fen.  lib.  II,  p.  81.  —  *  Utrie,  mère 
et4uyrioe  de-Guittiame^Jeaii  ié  MoBtfemt»  damier  despote  de  Servie^Ette  m  watr  à 
sa.  «our^  «ASMây  GoQtltiiUiiiiAnBBilèev  tmt  onele ,  q«l  acqull  dés  lors  un  cii^i  sbiolu 
sur  800  esprit.  Benventao  de  Sancta-Georgio  HUu  MoniUferr»  T.  XXiii,p.  75a*, 


443  HISTOIRE  DBS-  iiPtmUQinn-  ITAUENHSS 

^ictiom  àe  VmpmdeBw  f rassise  et  de  la  poMljiiM  perfide, 
deYenisei. 

Cependanl  il  soffisait  d'obeerver  de  pris  l*arnid&  fruegaiie 
poar  ne  mettre  plos  aueane  coofianee  dana^lar  dorée^deses 
saecèspa  desa  demiDation  enltalie.  Le  pape  Alexandre  YJdi^ 
sait  d'elle,  qu'elle  avait  fait  la  ooDqadte  do  myêsme  ée  ïfa- 
pies  avec  de  la  craie  et  des  éperons  de  bois^  pcurae  qoe,  oomme 
elle  ne  trouYait  nulle  part  de  résistance,  ses  fourriers  la  pré- 
cédaient toujours,  marquant  les  logeiaenl»  avee  de  la  craie 
dans  les  Tilles  où  elle  devait  arriva  po«r  prendre  aes  quar- 
tiers ;  et  parce  que^  les  gendarme^)  pour  ne  point  se  fatignep 
en  portant  leur  pesante  armure  qu'ils  réservaient  pour  ie 
jour  du  combat,  s  avançaient  à  cbe:val7  en  Teste  du  matia^  et 
les  pieds  dans  des  pantoufles  auxquelles  ils  adoptioeat  une 
aiguille  pointue  de  boîs^  pour  lenr  tenirlien  dépeçons^*  Hais 
cette  armée,  qoi  n'avitît  point  encore  eombatto»  avait,  œpen-r 
daut  conçu  d'elle-même  une  si  haute  opinipn^  et  un.si  profond 
mépris  pour  les  Iti^liens  qui  s'étaient  eiifui^  deyanjt  elle,  que 
son  insolence  devait  rendre  bientôt  son  joug  ii>sup{iortabl<i^ 

Perron  de  Baschi  et  d' Aubi^ny  fureiit,  envp;és  en.  Cinabre 
sans  soldats,  pour  prendre  possession  de  la  proyinoe^  et  non 
pour  la  conquérir  ;  en  effet,  toutes  les  villes  leivr  onyrirc^t 
leurs  portes,  à  la  réserve  de  Tropéa  et  d' Aniantéa^surte^lfe 
de  Sainte-Eupbémie  ;  celles-ci  métne  avaient,  arboré  1^  éteft-r 
dards  de  France;  mais  apprenant  qu'elles  avaient  été  données 
en  fief  à  un  baron  français,  comme  eUes  Toubûent  ne  d^pi^Ei-r 
dre  que  de  la  conronne,  elles, relevèrent. les  drapeaox  d'Aire^ 
gon^.  fieggio,  la  citadelle  de  Seylia,  ceUes  de.Bari  et  de  Galli- 
poli,  dans  ia  mer  d'Otrante,  demeuràrent  aw  (Gu^Ies  à  Fejp- 
dinand^.  D'ailleurs  toutes  les  provinces  étaiient  soumises;  et 


<  Ptail. de  comtaieff,  Mémoires.  L.  Vit,  ch. XVIf, t*  ^f^- -^r^-  Gkiè^iarém.  lA.  U, 
p.  86.  —  <  Pbil.  de  Comines.  L.  VU,  ch.  XIV,  p.  212.  —  «  Ibid.  L.  VU,  di.  XVI,  p.  ssi. 
—  Tr.  Guieciardinl  MlsL  Lib.  II,  p.  84.  —  *  BafthoL  Senartgœ  de  ttêb,  eewmm. 

T.  xxnr,  p.  Mt. 


DV  MOYEll  AGE.  443 

tous  lea  grand»  seigneurs  da  royauiM  aocosrareht  i  Naples 
pour  faire  leur  ooar  au  monarque  français^  Le  marquis  dû 
Pescaire  seulement,  ieeomie  d*  Acri  et  le  marquis  de  Squilkee^ 
s'étaient  retirés  en  Sicile,  tandis  qu'on  toyait  aupris  de 
Chwles  y  lit  le  priuœ  de  Saleme  qui  était  arrivé  avee  la 
flotte  fton^se,  le  prince  de  Bistgnano  son  frère,  et  ses  en- 
fants; te  duo  de  Melfi,  le  duc  de  Gravina,  le  tieux  duc  de 
Sora,  le  frères  et  les  neveux  du  marquis  de  Pescaire,  le  domte 
de  Hontorio,Ies  comtes  deFoiidi,d'Atripalda,  de  Célano,  de 
Troïa,  cehii  de  Pôpoii  que  Ton  trouva  dans  les  prisons  de 
Naples,  le  marquas  de  Yeuafro,  tous  les  Caldoresehi  et  les 
comtcis  de  Hatalona  et  deMérillano  ' .  Hais  tandis  qu'ils  s*em-^ 
pressaient  tous  de  témoigner  leur  dévoûroent  et  leur  obéis^ 
sance,  les  Français  semblaient  n'en  trouver  aucun  digne  de 
mi^nagement  ou  d* estime.  Charles  ¥EII  retira  à  la  plupart 
d'entre  eux  les  fiefs  ou  les  offices  qu'ils  tenaient  dé  la  cou- 
ronne, pour  leâ  donner  à  des  Français.  A  peirie  v  eut-il  un 
gentilhomme  auquel  le  roi  n'enlevât  quelque  chose,  et  qu*U 
ne  jetât  aiàsi  dans  le  parti  des  mécontents.  Les  anciens  parti- 
sans de  la  maison  d'Anjou  avaient  espéré  être  rétablis,  parle 
triomphe  de  leur  faction ,  dans  la  possession  des  biens  autre- 
fois confisqués  sur  eux  ;  un  pareil  bouleversement  de  toutes 
les  fortunes,  après  soixante  ans  de  possession,  aurait  sans 
doute  été  aussi  impoiitique  qu'injuste;  il  aurait  refiouvelé  le 
mal  de  la  première  spoliation,  au  lieu  de  le  réparer.  Cepen- 
dant il  né  fallait  pas^  sans  de  grands  ménagements ,  Confon- 
dre les  espérances  du  seul  parti  cnir  lequel  ia  maison  de 
France  pût  compter  dans  le  royaume  :  la  prudence^  «u  dé- 
faut de  la  reconnaissance,  aiurait  eonsdllé  au  roi  de  ebereher 
tous  les  moyens  de  compenser  les  pertes  des  familles  qtti 
avaient  souffert  pour  sa  eause  ;  il  aurait  dû  réprimer  toutpen- 


i  Mémoires  de  Phil.  de  Cominei.  L.  VII,  ch.  XVI,  p.  3^. 


444  HISTOIRE  DES  REPUBLIQUES  ITALIElfirES 

chant  h  des  largesses  gratuites,  lorscpiUl  avait  adparairaiit  une 
dette  si  sacrée  à  payer  :  aussi  le  parti  d*  Anjoa  reçat-il  aTec 
indignation  l'édit  qui  maintenait  les  nouveaux  acquéreurs 
dans  les  possessions  confisquées,  et  qui  leur  promettait  main- 
forte  pour  les  y  rétablir,  s'ils  en  avaient  été  chassés  par  la 
force,  d'autant  plus  qu'il  sut  que  le  président  de  Gannay 
et  le  sénéchal  de  Beaucaire avaient  rendu  cet  édit  à  prix  d'ar- 
gent i. 

Le  roi  semblait  n'avoir  entrepris  la  conquête  de  Maples 
que  pour  se  livrer  au  plaisir  dans  sa  nouvelle  capitale,  y  célé- 
brer des  fêtes  et  des  tournois  »  et  associer  la  galanterie  fran- 
çaise au  luxe  et  à  la  délicatesse  des  Napolitains.  Ses  courtisans, 
enflés  d'orgueil  après  cette  guerre  sans  combats,  s'abandon- 
naient sans  réserve  à  l'enivrement  de  toutes  les  jouissances. 
Les  simples  soldats  eux-mêmes,  Suisses,  Français  et  Alle- 
mands, étaient  énervés  par  la  mollesse  qu'inspire  un  climat 
délicieux.  L'abondance  et  le  bas  prix  des  vins  les  plus  exquis, 
la  variété  des  fruits  et  des  productions  de  cette  terre  fertile 
les  açoutnmaient  à  des  jouissances  jusqu'alors  inconnue  s 
Personne  ne  songeait  plus  à  l'expédition  de  Grèce ,  personne 
ne  désirait  s'exposer  à  de  nouvelles  fatigues  et  de  nouvewx 
combats  ;  et  ce  projet ,  annoncé  par  la  chrétienté  pour  sanc- 
tffier  la  guerre  d'Italie,  ne  semblait  plus  qu'un  vain  prétexte 
par  lequel  on  avait  voulu  tromper  tous  les  princes  de  l'Eu- 
rope 2. 

'  Charles  ne  songeait  pas  plus  aux  préparatifs  de  défense  et 
aux  moyens  de  se  maintenir,  qu'à  ceux  de  porter  plus  loin  ses 
attaques.  Deux  fois ,  il  est  vrai ,  il  avait  eu  des  conférences 
avec  don  Frédéric  d* Aragon,  qm  était  venu  à  lui  sous  la  foi 
d'un  sauf-conduit.  Charles,  pour  engager  Ferdinand  à  renon- 

1  Mén.  de  Phil.  de  GomiDefl.  L.  VU ,  eh.  XVII ,  p.  230.  —  *  PùmU  JovU  Hist.  Ub.  U, 
p.  ss.  — BiircAantt  Mor.  opiid  Haynald,  149S,  S  10,  p.  440.  — #>.  Beleartl  CoumMtU, 
L.  VU  p.  IM. 


DtJ  MOYEN  AGX. 


445 


cer  à  ses  prétentions  snr  la  coaronne  de  Naples ,  loi.  of  fn^t 
en  dédommagement  un  duché  dans  l'intérieur  de  la  France.; 
mais  Ferdinand  voulait  conserver  le  titre  de  roi  et  le  gouver- 
nement de  Naplesen  offrant  seulement  de  rendre  sa  couronne 
tributaire  de  celle  de  France,  et  de  donner  aux  Français  des 
places  de  sûreté.  La  négociation  se  rompit ,  et  cependant 
Charles  ne  fit  aucune  tentatiye  pour  forcer  son  riyal  dans  Is- 
chia  ^  n  ne  inkinUnt  point  approvisionnées  les  places  de 
guerre  dont  il  s*  était  emparé  ;  il  abandonna  inconsidérément 
tous  les  viyres  rassemblés  dans  le  château  de  I^aples  à  ceux 
qui  les  lui  demandèrent  en  présent.  Il  nomma  des  Français 

t  •  p  ,  ,  • 

pour  gouverneurs  de  toutes  lesyilles  et  forteresses  durojaume, 
et  ceux-ci,  avec  la  môme  légèreté,  ne  songeant  qu'à  amasser 
de  r argent  au  moyen  du  rang  qu'ils  avaient  obtenu ,  loin 
d'augmenter  leurs  forces  et  de  se  mettre  en  état  de  défense, 
vendirent  au  plus  offrant  les  approvisionnements  et  les  armes 
qu'ils  trouvèrent  dans  les  forteresses.  C'est  au  milieu  de  cette 
profonde  sécurité,  de  ces  festins  et  de  cette  dissipation  que  le 
roi  et  Tarmée  française  furent  tont  à  coup  éveillés  par  la  nou- 
velle de  l'orage  qui  se  formait  contre  eux  dans  le  nord  de 
ritàtîe,  et  qu'ils  virent  succéder  à  une  prospérité  presque 
miraculeuse  le  torrent  non  moins  rapide  de  F  adversité  ^. 


•I , 


M 


:  }  ma  4f  ecmineij  i.iyi  V»,  di<  XW^  p.  tm»  —  Frmc.  (Meeiar^HHé  Iffai  ir,  pj  Bl. 
—  Ampldi  Ferronii.  L.  I,  p.  ii.  —  *  Mémoires  de  Phil.  de  Gomines.  Liv.  VII,  ch.  XVII, 
p,  33il  —  Fr.  Gutcciofiitit,  Lib.  Il ,  p.  8S.  —  Histoire  de  France,  par  uu  gentilhomme 
do  dac  d'Angouléme ,  publiée  par  Deoys  Godefroy.  Charles  FlU,  p.  t03. 


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446         HtsToi&s  nw  BÉrrauHiaB  rrALiEniiEs 


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CHAPITRE  XIV. 


Révolutions  occasionées  en  Toscane  par  le  pasç^  de  Cbarjes  YIII..  — 
Efforts  des  Florentins  pour  reconstituer  leur  république,  soumettre 
Pise,  et  se  soustraite  *à  la  malveillance  des  Siennais,  des  Lucquois  et 
des  (iéneis.  «^  loquiétudes  des  Téaitiens  sur  les  succès  de  Cfaar- 
j^  ¥411  {.ligne  deil'Mk  fioor  maintoBir .soii  indépeudance. 


1494-1498. 


1494.  — Charles  YUl  n  avait  guère  p^saé  idu^  d'wmuBS 
en  Toscane,  depuis  son  entrée  à  Sarzane  jusqu'à  sa  sortie  de 
fétat  de  SieBoe;  mma  dans  4se  eouit  espaioe  <le  temps,  il  avait 
entièrement  ))ou]eyersé  T  organisation  de  cette  province.  De- 
puis plus  d*  un  aiède,  les  îFlorentiBs  y  avaient  aeqnis  une  teBe 
prc^.pondérance,  quils  conservaient  seuls  une  influence  mar- 
quée sur  la  politique  du  reste  de  l'Italie,  ou  snr  celle  de  T Eu- 
rope. Les  différentes  villes  de  leur  territoire  leur  était  si  com- 
plètement soumises ,  qu'on  n'entendait  plus  parler  de  leurs 
anciennes  factions,  et  que  si  quelque  abus  de  pouvoir,  ou  ks 
intrigues  de  quelque  ambitieux  y  faisaient  naître  un  soulève- 
ment,  il  était  presque  immédiatement  élouâé.  Sienne  et 


DQ  U0m  Afis%  4é7 

Lucqnes  eenfienraient  seules  lear  indépeadanoe  ;  mais  ne  poa- 
vaHt  ioUer  àyec  an  état  aussi  puissant  que  celui  de  Florence , 
elles  cherchaient  à  se  faire  oublier  ;  elles  demeuraient  étran- 
gères à  la  politique  générale  de  T  Italie,  et  malgré  leur  secrète 
jalotttte,  elles  entretenaient  avec  les  Florentins  une  constante 
paix.  Tout  à  coup,  Tarmée  française  qui  traverse  la  Toscane 
rend  à  Pise  une  liberté  dont  cette  viUe  avait  été  privée  quatre- 
vingt-sqit  ans ,  raiverse  le  gouvernement  établi  â  Florence 
depuis  soixante  ans,  répand  dans  tout  F  état  florentin  des 
germes  dinsubordination  et  des  projets  d* indépendance  qui 
furent  bientôt  suivis  par  la  révolte  de  Montépulciano  :  elle 
encourage  les  Génois  à  recouvrer  par  les  armes  la  possession 
de  Sarzane  et  de  Piétra-Santa  qu'ils  avaient  perdue  dans 
une  précédente  guerre  f  rend  aux  Lacquois  et  aux  Siennais 
Taudace,  qu  ils  avaient  depuis  longtemps  déposée,  de  provoquer 
le  ressentiment  des  Florentins  et  de  faire  alliance  avec  leurs 
ennemis;  anéantit  enfin,  par  cette  opposition  univ^rseUe  d'in- 
térêts et  de  passions,  les  forces,  d'ime  des  plus  puissantes  ré- 
pons de  r Italie,  d'une  région  qui  plus  que  toute  autre  se 
«erait  empressée  de  défendre  Tind^ndance  nationale,  et  qui 
en'aurait  trouvé  le  pouvoir,  si  ce  n'est  dans  l'esprit  belli- 
queux de  ses  habitants,  du  moins  dans  la  richesse  de  ses  villes 
et  r  habileté  de  ses  gouvernements. 

Fioi^Dce  avait  perdu  la  plupart  de  ses  habitudes  répubU- 
eaines,  pendant  les  smxante  ans  durant  lesquels  elle  avait 
obéi  à  une  famille  qui ,  pour  déguiser  sou  despotisme ,  «  tn- 
tourait  d'une  étroite  oligarchie.  En  recouvrant  l'ensemble  de 
ses  droits,  cette  république  ignorait  elle-même  qu'elle  était 
leur  étendue.  Presque  tous  les  Italiens  désiraient  la  Uberté  : 
mais  cette  liberté  n'était  nullement  détinie  ;  et  personne  ne  «e 
rendait  compte  avec  netteté  du  but  qu'il  voulait  atteindra. 
Quelques  abus  criants  dans  le  gouvernement  dun  seul,  bles- 
saient tous  eeux  qui  les  avaient  éprouvés^  et  le  nom  même 


448  HISTOIRE  DES  BËPbktlQUtS  ITAI.I1S1IKB8 

de  méHàrèhie  piinAnàit  excittte  toute  idée  de  liberté,  ^r  oj^ 
position,  on  nommait  répnbliqae  le  gonvernement'  où' l'au- 
torité do  pMsiettiii  était  snhstlttiée  à  éëne  d'an  sent  ;  et  Ton 
regardâft  comme  là  république  la  mieux  constituée ,  celle  qui 
avait  entoufé  son  existence  de  plus  de  garanties ,  et  qui  avait 
réussi  à  repousser  le  fAn%  longtemps  le  pouvoir  monarchique. 
Hais  Ton  n- examimât  jamais  si  dans  telle  ou  telle  république, 
il  7  avait  plus  ou  moins  de  liberté ,  si  même ,  les  institutions 
qui  garantissaient  le  mieux  sa  durée,  n'avaient  pas  absolument 
détruit  la  sftrèté  du  ckojien  ;  et  l'on  ne  soumettait  jamais  le 
gouvernement  à  la  seule  éptreuve  qui  puisse  décider  de  sa  bonté 
ou  de  ses  défauts  ;  Fon  n'examinait  pas  s'il  i'endait  beureux 
le  plus  grand  nombre  possible  parmi  les  citoyens  qui  lui 
étaient  soumis,  et  /H  les  perfectionnait  en  même  temp9,  en 
développant  leurs  facultés. 

La  Providence  a  imprimé  dans  le  cœiir  de  chaque  homme 
ledéMr  du  bonheur,  et  c'est  le  mbbile  de  se»  actions;  mais 
éàt  sefmMe  lui  indiquer  en  même  temps  un  but  plus  relevé, 
pttr  tes  facuRâi  ipi'eHe  a  mfses  en  lui ,  par  les  Jouissances 
qu'elle  a  attachées  à  leur  développement,  parle  désir  cdnslant 
d'm  tfliyt  plus  parMt,  ^  donne  du  ressort  à  l'esprit  de 
l'homme.  Il  y  a  pour  tltaque  condition ,  pour  chaqne  deg^é 
de  lumières  »  un  degré  de  bonheur  correspondant  ;  et  il  sd- 
tiflAttt  ceux  qui  n'en  connaissent  pas  un  plus  relevé.  £es  peu- 
ples les  plus  abrutis  prennent  pour  du  bonheur,  le  repos , 
rivrewe ,  et  les  aoeés  de  joie  qui  tiennent  à  des  causer  toutes 
physiques.  On  nous  dk  qae  resclave  nègre  est  heufreux,  parce 
que  éam  les^eoarts  repos  qu'on  lui  accorde  left  jours  de  ffite , 
des  cris  de  joie  animent  ses  danses,  ou  bien  parce  qu'il  s'abaa- 
doime  aux  pfaiiflir»de  rivresse  ou  de  l'amour.  Mais  h  mesure 
qu'on  écarte  tes  obstacles  qm  s'opposent  aiïdévdoppement  des 
faeirtlés^de  rhomne,  «on  bonheur  se  compose  de  jouissances 
pk»  MHei;  la  peMée,  te  sentiment,  là  comctence  de  soi- 


DD  MUT»  AGK.  440 

même,  ont  [^nt  de  part  |i  ses  plaisirs.  Son  àme  deiûsnt une 
plus  grande  partie  de  son  être;  c'est  elle  qui  demande  à  être 
satisfaite,  c'est  elle  qui  pent  être  blessée  de  mille  manières  »  et 
qui  s'indigne  contre  les  entraves  dont  on  vent  enoore  la  ebar* 
ger.  Dans  cet  état  perfectionné,  les  souffrances  sont  plus  vives 
peut-être;  mais  les  jouissances  sont  pins  nobles;  elles  sont 
plus  conformes  à  la  nature  humaine ,  elles  remi^issent  mieux 
le  but  de  la  Providence  :  car  celle-ct  ne  nous  a  pas  donné  le 
désir  et  le  pouvoir  de  nous  élever,  pour  que  nous  cberohas* 
sions  le  bonheur  dans  l'abrutissement;  elle  a  vonhi  an  oon-« 
traire  le  développement  de  toutes,  les  facultés  dont  elle  a  mis 
en  nous  les  germes.  On  ne  peut  pas  plus  répondre  à  la  ques- 
tion :  l'homme  pensant,  l'homme  moral,  l'homme  libre,  est- 
il  plus  heureux  que  l'homme  abruti ,  ^'on  ne  pent  comparer 
le  bonheur  de  la  brute  à  celui  d'une  inteltigenise  cfSeste.  Mais 
Ton  peut  répondre  que  l'homme  pensant,  Vhomww  moral, 
l'homme  Ubre,  s'est  conformé  à  sa  nature f  et  que  f  homme 
qui  a  perdu  la  réflexion,  la  liberté,  et  oitte  fierté  qni  repose 
toujours  sur  le  sentiment  de  l'honiienr  et  da  detmr,  ^pie  cet 
homme  a  dépravé  sa  nature. 

Un  gouvernement  doit  donc  ètM  estimé  bon ,  lorsque  non 
seulement  il  rend  les  hommes  henrwE ,  mais  qu'il  les  rend 
heureux  comme  desjbommes  ;  il  doit  être  estimé  manvab,  s'il 
ne  leur  permet  d'autre  bonheur  que  cdui  des  bmtes.  Le  pre« 
mier  est  d'autant  meilleur  qu'il  rend,  proporfibimellanent , 
plus  de  membres  de  l'état  snscq^les  du  bonheur  moral;  le 
second  est  d'autant  plus  manyais  qu'il  en  réduit  un  pins 
£^rand  nombre  à  ne  désirer  que  les  seides  jouissances  phy- 
siques. 

Ceux  qui  potX  une  fois  goûté  dn  la  ISb&Aé  panique  ««rent 
que  le  plus  sûr  moyen  d'élever  l'&me,  de  ki  tkér  du  eeiele 
étroit  des  intérêts  égcnstc» ,  de  l' accoutumer  à  des  pensées 
plus  nobles,  à  dea  idé^  plus  génécales,  de  la  oonIraiBiM  de  sa 

VII.  29 


450  HISTOIRE   D£S   aEPUBLIQUKS   ITAllERlIJES 

propre  ^fignitét  de  lai  faire  désirer  les  connaissaiices ,  et  pré- 
férer les  jouissances  qui  Tiennent  de  la  pensée  jou.  du  cœur, 
e*est  d'éleyer  T  homme  au  rang  de  citoyen ,  de  lui  donner  on 
intérêt  dans  la  chose  publique  et  une  part  à  la  souyeraioeté. 
Ils  sayent  encore  que  le  moyen  le  plus  sûr  de  dégrader  Tâiue, 
c'est  de  la  tenir  constamment  en  tutelle ,  de  la  Dourrir  de 
craintes  vagues,  de  lui  ôter  toute  confiance  dans  son  bon 
droit  y  toute  indépendance  dans  ses  choix ,  de  la  sounaetU^ 
enfin  à  une  autorité  arbitraire,  qui  remplace  dans  toutes  les 
occasions  de  la  yie  la  volonté  de.  Tindividu  par  le  conununde- 
ment  du  supérieur.  Ainsi  le  grand  but  d'un  bon  gouverne- 
ment devant  être  d*élever  des  hommes,  U  y  réussit  d'autant 
mieux  qu'il  admet  un  plus  grand  nombre  de  cîtoyens  à  parti- 
ciper i  l'ai^torité,  souveraine,  et  qu'il  protège  |e  mieux  le  libje 
arbitre  de  chaque  sujets  s&sécurUé  et  ses  droits ,  contre  tout 
abus  du  pouvoir. 

Sous  1^  nom  de  la  liberté  on  confond  sans  ce^se  une  f^callé 
et  unegfirantie  qui  n'ont  pas  de  rapports  très  innuédiat^  :  k 
liberté  politique  de$  états  consiste  dans  la  participation  du  p)os 
grand  nombre  possible  à  la  souveraineté  :  la  liberté  jadividoelle 
d^  citoyens  consiste  ddns  la  garantie  de  tous  ceux  d^  leurs 
droits  dont  il  n'a  pos  été  nécessaire  de  les  dépouiller  pour  qiae 
le  gouvernement  pût  se  maintenir  \.  elle  ^  compose  donc  de 
leur  sûreté  per4)auelle,duai^)intiendeleur  propriété^  d^rù»- 
partialité  des  tribun^^^  de:  la  certitude  de  la  justice,  de  Tim* 
possibilité  des  vexfttions  arbitraires.  Ces  deux  libertés  n'étaient 
point  définies  daps  les  rép.ubliques  du  moyen  âge ,  iCt  elles  n'é- 
taient que  fort  in^^^lenient  garanties.  Dans  ancun  paya  peut- 
être,  la  grande  masse  des  sujets  de  l'état  n'était  plus  qu'à  Venise 
exclue  de  toute,  |g^  au  g9uy  ernexa$RV  ^c^dis  qufideux  ou  trois 
mille  gentiUhomqdes  co.mposaient  seuls  toute  la  république, 
on  comptait  dans  Yeoûç  j;n^p§  ç^(  cinqQ^tejmiUe  habitants; 
et  les  provîjiuses,  d^  t^re-£^rme ,  e|^  Mi^i^t  avec  €«U^  de  Aal- 


DU  uortm  AGE.  4SI 

matie  et  de  Grèce,  contenaient  quelques  millions  de  sujets. 
Tous  étaient  exclus,  par  la  plus  soupçonneuse  jalousie ,  de  la 
'connaissance  de  ce  qu*on  appelait  les  secrets  de  l'état.  Toute 
tentative  qu'ils  auraient  faite  pour  participer  au  gouverne- 
ment aurait  été  considérée  comme  une  conspiration  et  punie 
comme  un  crime.  Dans  aucun  état  d'ailleurs,  même  dans  le 
plus  despotique ,  Fautorité  du  gouverpement  ne  reposait  au- 
tant sur  la  crainte  ;  nulle  part  les  tribunaux  ne  s'entouraient 
d'un  plus  profond  secret  et  de  formes  plus  redoutables;  nulle 
part  ils  ne  disposaient  plus  arbitrairement  de  la  propriété,  de 
la  liberté  et  de  la  vie  des  citoyens  comme  des  sujets  ;  nulle 
part  des  coups  d'état  ne  firappaient  de  punitions  plus  terribles, 
et  enveloppées  en  même  temps  de  plus  de  mystère,  ceux  qui 
avaient  excité  les  soupçons  d'une  jalouse  oligarchie. 
'  Cependant  alors  la  république  de  Venise  avait  déjà  stfBsisté 
plus  de  mille  ans  :  elle  avait  à  peine  été  agitée  par  quelques 
guerres  civiles ,  et  depuis  plusieurs  siècles  elle  avait  réprimé 
toutes  les  factions,  prévenu  tous  les  complots  avant  leur  ex- 
plosion,  évité  toutes  les  révolutions.  Au  dehors,  sa  politique , 
constamment  heureuse,  avait  soumis  plusieurs  nouveaux  états, 
étendu  dans  tous  les  sens  sa  domination  autour  des  lagunes 
oà  elle  était  originairement  renfermée,  augmenté  sa  richesse^ 
son  commerce  et  son  industrie,  et  imprimé  à  tous  ses  voisins 
de  la  crainte  et  du  respect.  Tous  ces  avantages  n'étaient  point 
dus  à  la  vraie  liberté  ;  car  celle-ci  n'était  point  connue  à  Ve- 
nise, mais  à  la  forme  républicaine  de  son  gonvarnement,  à  la 
prudence  de  son  sénat,  bien  supérieure  à  celle  d* on  prince,  i 
sa  constance  inébranlable ,  à  son  économie,  qui  accumulait 
sans  relâche  les  trésors  que  les  prodigalités  d'une  jeune  cour 
auraient  dissipés,  enfin  au  dévouement  pour  la  chose  publique 
de  cette  classe  peu  nombreuse ,  mais  riche  et  ornée  de  grands 
talents,  à  qui  la  chose  publique  appartenait. 
Hais  la  durée  et  la  puissaooe  sont  les  deux  prérogatiTi^  %«l 

ai! 


452    '         filSTOIEE  DES  BEPtJBLIQtIBS  ITALIEHIIES 

frappent  le  phis  les  yeax  des  hommes  ;  et  Teni^  in^ralt  à 
totite  Fltalie  raâmiratkm  et  le  respect  qxfnttt  ré^blfqtjffe  ne 
mérite  que  par  une  eonstitttlion  jôdte  et  Itbitf.  lWsl|a1T'fdt 
question  de  reoonslitaer  le  goaverhelmttot  deFlbrcnfee,  èètté 
admiration  pour  Venise  fnt  également  professée  parlons  'les 
partis  :  ee  fut  le  modèle  qne  les  hommes  d'état  se  mitent  té^ 
dproquement  sons  les  yeux,  céiài  d'api^  leqoe^èfaaeati  eh&r- 
chaà  justifier  son  systhne  prop^.  De  même  Ijtt'oii  aS^n  de  nos 
jonrs  r exemple  de  TÀngleterre'iiitoqné  par  tbns  lespartii(, 
dans  tons  les  pays  qui  prétendent  à' être  libres  ;  dé  même  on 
tit  à  Florienee,  après  la  dnile  dn  gouTernemeht  des  Héflds, 
tons  les  h<mimes  d'état  :diercfaer  A  Yenise  nn  modHè  pbiir  la 
noiiTelle  répnhilqtte.  PanWÂntmiie'Soâérihi  ;  ettdyen  wâvér^ 
sellement  estiteké;  et  qni' déMrait  élargir  lé' eerckf  de  FaHsce^ 
cratie,  et  feire  partidper  à  la  SDnvèrafneté  un  pins  gMmd 
nombre  de  Plorenthis;  proposa  Yenise  à  ses  concStoyenà  pwt 
modHe  ;'fl  montra  que  lent^fid^re  desesgëieiftiUbefnimé^ 
Ittt  edtti "déb  h^cnmes  qn'it  invitait  à  reconâftre  àTlorenee 
eommo  eitoyens  aclifs^  !  il  regretta  que  d^avieiennéép  haMtâdès, 
des  pn^gés  enraehiés  âam  le  people ;  ne  perikA^éHSiit  paftde 
rendre  la  ressemblanee  des  é^aat  répohlique^  plus  parfaite;  et 
il  déclara  enfin  qn'à  sesyeox  le  sortlepIushenfénk'pèW-Ilâ^ 
rrace  sendt  d'arriver  an  même  degré  de  stUbUité  et  dé  sëge^sé 
qne  les  Yénitiens  av^ent  sn  éohneri  lenr  gdovéMeitifèlitt*.* 
On  tit  ensmte  <}nid' Antonio  Yèspnœl,  jnriseonscdleftoieàx, 
et  renommé  surtout  pour  son  adresse  ^  sa  férte  Ib^^e; 
maintenir  les  avantages  de  Fatistoeratle,  déMannei^'i^lrar 
Timprudence  et  la  versatilité  du  peuple,  Opposer  la'sâ^âsë 
tfim  sénat  à  rtnttabiUté  de  la  mnlHtttde/en'râldl'^Mtàl'oofaftre 
son  adversaire  l'exemple  de  Yenise,  et  en  faisant  voir  que  dans 
Cfitta  république,  objet  de  l'admiratioii  univorsdilef  ce  n*était 

■  ^  • 

>  J^.  &ÊleàkaFdM.  Ub.  Il,  p»  77. 


00  «OTEll  AG£*  453 

pomt  le  Cfiit^  en  gentOduHames,  mate  une  oli^chie  reaser-^ 
Tée  entre  mu  très  petit  nombre  de  meoibres  des  conseils  supé* 
rieaTS  y  qui  oxer^t  eo  effet  la  souveraineté  * .  On  vit  le  père 
Sa¥onar|[de»  mUafA  T  autorité  divine  «ox  affaires  d*état,  s'ap- 
posant  gw  see.  pii^res  révélations  »  et  sur  le  droit  de  Jésus*- 
Cbrist  à  âtte  seul .  roi  dans  Florence  ^  consulter  cependant 
rexem^fde  des  Yéaitians,  dans  la  constitution  qn*il  voulait 
donniir  k  la  république  '.  On  vit  enfin  tons  les  politiques  spé- 
culatifs de  l'Italie.,  Guicciardini ,  Giovio:,  Yarohi  et  surtout 
Maccbiavely  s'accorder  duos  leur  admiration  pour  Venise. 
Pbilt|q[ie  de  Gomines ,  le  {dus  pbilosopbe  des  historiens  fran- 
çais de  ce  «ède ,  et  odoi  qui  avait  le  plus  réflécbi  sur  la  con- 
stittttion  desgpQvernementS)  professait  les  mêmes  swtiments  '• 
Mae^^arel  ne  voyait  que  trois  républiques  qui,  dans  Vbisto|re 
du.mond€(y5i^ritassent  4'^^  étuttéeaet  imitées,  savoir  :  Bo- 
ipe,  Sparte  et  Venise.  Les  deux  dernières' Jtad  paraôsaaient  ap- 
partenir-à  anein^^me  dasse  ;  iL  concluait  diA  long  maintien  de 
leur.oQOBtitution  que  sa  forme  létait  la  meiUemre;  nmis  il  ne 
lajiQgfWfi.ps^Pitre  qu'à  l'état  stati<mnairei  joutant  >qu* une  cité 
évite  Je  dangsr  d'être  attaquée  et  quielle  sésiste  à  la  tentatioA 
de  faire,  dif»  conquêtes  :  aussi  regiirdaît41  la  cQnstitutien  de  la 
rép«U|^ue  jcomaine,  non  co^)me  la  meilleure,  mais  comme  la 
plus  digne  d'être  imitée,  et  comme  s* adaptant  le  mieux  aux 
çirfy)9ilw^çcs  dans  Jesqu^les  entraîne  la  fatalité  on  la  f oroe 
deSiPfiPïLQBS  bomaii)^.  Le  défout  de  eeUe  de  Veniseà  ses  yens 
n'jét^pas  de.mécoonaitia  la  liberté,  mate  4' être  exposée^à  se 
corrompre  lorsque  des  conquêtes  viendraient  augmenter  le 
ti^ntcNire.de  la  république^.  . 
s  Qn^'^a^gimi'^io^^  du»  Fiorenee,  tnris  partte,  entre  les- 


1  Fr,  CuicciêKant  Lib.  II,  p.  80.*^^  tita  âel  P.  Savonarùla^  Ub.  Il,  eap.  iv  et  seq. 
p.  85.— Jocopo  Nardl  ut.  Fior.  Lib.  I,  p.  29.— >  Mémoires  de  PhiL  de  Gomines.  Liv.  VII, 
ch.  xviii,  p.  249.  •*«  *  UacchUwelU  l)iscor^  sopra  TUfh'UvIo*  Ubro  I,  capo  s,  c.  4, 

p.  35-47. 


4&4  HISTOIRX  DES  AKPIXUKiinSS  ITALUKIIBES 

• 

quek  se  dificoiait  la  iKKiveUe  oMwtittitiiw. à  dower  à  la.ré»^ 
publique;  et cbacna cherchait  à  «'asourarÀlni  seeLla  jpgmw. 
Le  premi^  et  le  plut  eoiwidérable»  màt  par  ki  raqg  et  l'an- 
d^neté  ^eni  maûons  qui  s'y  élweai  attacbéoa,  ^oî^  pacJajKwib*. 
hre  des.  eitoyens  pljfjia  obscur»  qui  âe  <ravi(gB#wt  aaiis<  Iws 
dr^peai^n,  soit  par  le  d^stotâressement  de  ses  vues  etla  ma* 
ralit^  dont  il  fusait  pnrfessioo,  était  aoBsTinflaeiace  pnioé- 
diate  4^  Ir^e  J^rAwe^  SaTuivtsole.f  Célaiei^  -des  citoyen» q^^ 
se  propeaaat  en  ipépe  temps  vme  réforme  dans  l'état  et.daiu 
relise»  regardaieiiut  la  liberté  et  la  relira  eomme  rinsépara* 
hleS)  accusaient  la  tyrannie  des.  itiédieis  d'aiu)ir  corrompu  les 
mœur^ et  ébrwdé  4a  Coi)  et  n'eapéraienk  le rétaUisseaaentde 
l'ancien^  pureté  qWaqtant  que.  la  liberté  en  savait  la  garaa- 
tie.  Ceux-là  désiraient  on  gpniFernevae&t  popotaire  auquel  la 
grande  niasse  des  <»toyens  fdt  înt^essée;  mais  oon^ne  ila  ne 
sép^ient  ja^wus  lenrs  Ta^nx.poQr  nne  eoMilutioa  plua  Ubpsi 
d'exbortatioiis  à  la  réforB|e  et  à  la  panitenee,  on  ks  désignait 
par  les  surnoms  de  Fr^t^i  et  de  Piagnmih  de  MoBacaux 
ou  de  Péwtents.  £ra9ceîa  Yaleri  et  Paul-Aaloin»  Sedérim, 
étaient^  apcèii  Savottarele,  les^cheii  les  pbis  distingnéade^ca 
partie 

Ia  Caetion  immédii^eBient  opposée  à  eelle*el  était  eom* 
posée  prineipalanent  de  cea3i  qû,  ayant  participé  aa  (oirvar^ 
nment; dss MédîM,  et a'étaftt ensuite Imoillé» ateel^icM^t 
de  cette  ftomlk,  auraient  ifoi^  oonserYei  pour  eux-^MteM 
rautMrMéti|a*âs  ifà  avinenl  ^^tée^  et  remplacer «Inr  paârsiga- 
tàtes  presque  monaiebiqnes  de  Piene  pas  odkf  d'une  étit»l|s 
oligardiie.  Us  étaient  seoondés  pai;  la  ftapact  des,  jcnnia  gêna, 
de  &mtts>u(dl»le,  <pî  ne  peuvaieut  se  scMnetlre  ^  laoréfeme 
des  rncBurs  et  à  l'austérité  «KHiacale  imposée  pinr  SaYcmarole. 
lIsJsoqpcnpwiiWt  d'hypoerisôe  et  de  fraude  ceu]^  qfÀ  1<»  es^ 

^ICommenuad  di  riUppoidtT  fferfi.  Ub.  IV,  p.  ta. 


DU  MOYEU   AGB.  4S3 

f 

tretenaiail  mm  cesse  de  prophéties^  de  nâraeleflr  ei  de  tMlrtt^ 
fieatiom,  et  Hb  né  voakieot  point  d*uDôe  liberté  qid  Ôtei^it  à 
la  fie  toote»  ses  jouissances.  Ces  jeifnes  patriciens  rivaient 
formé  une  i^dété,  à  la  tète  de  laquelle  H»  aTaient  f^éé  BoHo 
Spiriiy  homaie  d'aee  famille  illustre  et  riche,  mais  qnî  n* avait 
ni  les  talents  ni  le  caractère  d'an  chef  As  parti.  Qooiqne  cette 
soeiété  fut  prineipalement  destinée  an  plaisir,  elle  ecqùërait 
paraonnnionaDe  assez  grande' influence  politique.  EHedonna 
son  nom  an  parti  des  urrahiati  on  des  mmpagnaeci  (decr  en* 
ragéêy  on  des  méebants  compagnons);  tandis  que  lés  oligar- 
ques  pluâ  sages,  qui  se  servaient  d*d)e  sans  s'y  associer,  8*é- 
dairaient  surtout  par  les  conseils  de  Gnid*  Antonio  Vespucci  • . 

EiiAn  il  restait  dans  la  républîqoe  nn  troîsièihe  parti,  èelni 
des  Médveis,  qui ,  également  an^  pRto  avec  les  deux  antres, 
n'osait  peint  avouer  publiquement  ses  vœut.  Il  garàait  le 
silenoe  dans  les  conseils,  et  ne  paraissait  point'pre&dre  part 
aux  déKbërations  ;  mais  quand  le  moment  do  voter  était  veàfet, 
l'on  s^aperoevait  de Tinfluence  de sessnffragea. 

Ou  distingnait  tes  membres  de  ce  partie  par  le  nom-  de  bigi 
on  gfi»^  comme  pour  indk|uer  Tombre-dont  ils  s*envelop> 
paient.  L'oligarchie  avait  voulu  les  proscrire,  pour  s'établir 
phifr  fioUdement)  tmdis  que  Savonarole  préebait  à  son  parti 
l'onbli  et  la  réeondlittion  ;  c'en  fat  assez  poui^  que  les  gri^ 
seeondassent  par  lenrs  votes  la  faction  populaire,  qnf  déjà 
saas^eux  ateÂt  l'avantage  du  nombre  *'. 

€Sbftrles  VIII  était  parti  de  Florenee  le  26- novembre;  et, 
leîtdéeembre,  la  seignejarie  assembla  le  peuple  M  parlement^ 
sur  la  place  {mbliquCà  Quoique  le  paislement  sanctionnai  ton^ 
}(mt%  toutes  les  révctetfons,  sa  eoB«vocalion  était  cependant 
nn  hOHfimigo  miiilQ  è  la|/80»mp«ln«£é  du  peuple.  On  le  regar^ 
dail  eniDiii^  ponvatit  aeid^ispéiisep  de  la  conattUiâw,^  et 

i  Filippo  de'  NerU  Comment,  Lib.  fV,  p,  69.  —  *  iBitU  Lib.  IV,  p.  49»     . 


M6         HisToiBE  un»  siraMiQUitt  italiehsjss 

4tatifir  me Mtoiitéeapéritiireaox  lois.  Cétafloetto  antoiflé 
fw  la  ^gmrie  éHeeMégc^otopImmi  «teuMbder,  isMâ  le 
tfom  de-lHili€ii9SxLÛe  pouvoir  reoonsIttiMr  »  là  république. 
CSrawel^pHfiin.voBlaientcepeiidasits'ifs^^  dM'isiifft^ftges 
de eepeppleqnlik  sembtailenl«oDsiilter,  ili'péfttèiretit,  à  ton- 
tes  leaioiFrertartsde  la  place,  quelques  jeunes  gem  def  bonne 
fandlie,  atee  desAiitasans  armés  pcàrempêther,  '&^iéM-1^y 
que  la  place  ne  se  remplît  de  plébéiens,  ou  drêmiiBmis^  du 
nùumsm  gfmoanument^  lorsque  le  don  dè>la  ^loeb^  {ntffarait 
tons  les  oiifcoyew  à'  se  ronger *sam  armes  som  leurs  gotifàlons, 
et  à  fie  lânir  pnnempagniès  * .  Le  people  s*étirtit  ressemblé 
sans  tnmidle,/  de  eette  maxàiMy  la  seigneiErie  deëcenffit  du 
palttis^  sur  le  bàkon  quldonrinKlt  la  place.  ClIe  fit  B^  les 
<miditions>  delà bsiie qif elle^mandiâV;  entité  éRé Idvita 
le  peuplera dédarior  s^lsetrwrrait snr ia  pliiee lé^dèot  fiers 
des iOitctyeufloMintiiis  :  im  tépoiidit^  piiiria^edatiiMléh ;  qoe 
oui;  eU»dQnuinda.eneoKB  si  le  peuple  titillait  qne  lu  sbigneurde 
et  le  eoliége  fimeHrt;f  tesètas  ténf^^^frc^eiit  de  fâMtef  ^àtrt<^- 
ritéde  la  oatioft  floventiae;  M  répondit^  de  ûottVèati/  par 
«ecdfmalien)  qoe  ooi^c  «lois  iit  seigneurie  reitttMtk  âads  le 
paliks  et  ]»  peuple  se  wtm^. 

Les  partis  n' avaient  peint  encore  sttffistttatn^ft  ^nMité 
tettim  fmnM,  et,  dai»  eelie  révelolioii  d  sabilid,'  od  satait  à 
peine 'vers  quel  but  tendait  diaque  citsyen  t  àuifi'ièif -pi^ 
mîères  opérations  de  la  batte  fnre»t<^Ile»  ineeHiÉldèsf(<é«  tie 
bnsHBèi^nt^les  point  connaître  si  le  gMif^rnemênt'^ïbe- 
caît  vers  raristooroUe  en  la  dénberatM  :  fl<  sé^'t<Mttettt)i<de 
nosunerviiigt  eonumssaircnqnii  soMlë:b««âfd*^liM9#l4l^, 
devasosk,  pendant  nne  «»fc,  U^  t&sSh  lèd'féledM^  dé^  la 
sdigneorie^  on,  scfam  ie>  langage*  nsM  à  Flèreaee,  Venir  les 
booisesà  la  aosain.  Vnmàéb^ùk»mc(^êmi'pé^ 

AmnOraUp  Lib.  XXVI,  p.  llû«.  —  Gio.  Cambt  T.  XXI,  p.  tt.      ' 


BU  MOmr  AGMi  437 

m»iis  â0!ipiimtito  jms;  et  cette  exeepUdn  fM  yftc^vft  c^ 
laiwr  cte  Ii««mttty  âltt  dè:9ierre^TniD^i8  ^de  Médias,  que  le 
l^rti'C^ligwclticpi»  MigeaH  àtélever  à  la  fiice  «fw^  son  oob^ 
a¥«ijb  oee^oéet^  fia  «léme  temps  la>  balle  renoiifete  f  èffiiâeéie- 
tate8ial(}e8  dîs(de>Ia  guèere^  qee  f  dn  oréaU'ieojeMw^da&B  les 
oîFcoii^taflms  wtifo^  :  «dulemBik,  pourieBr^enner  \m  nom 
do  neitleinr  ««gove,  oateap^'cettie  fanleeéii'de  laliberté 
^  delà  paix*.  -       '-        «^^ 

.  Jtf «i^,  les  'iriiigt  accopia^orîf  auxgueleie^  fiemoiv'  ««MnttidHe- 
peot  foipiilwe  de  frài^  tontes  lee  ^éiednmi  ée^la  irépobHqne 
a'vail;»  étA  m^mdimmmi  traivrftiré,  se  troBTèrâitf'  dès  lelir 
preoiî^e^,  vjmi&ài  ai  pt^Ui  d'a^eml  dqpo  leucs^  Toe^  et  di^iift 
«Rt^nt  de.partisi  qu'il  laor ^evint'^foirt  difficile  d^eiiëeeter 
rofftf^idôntiilS'étaicBiit  chargés.  Ne  fieataait' oUeniMMi^e 
eus  iwd  BifùocUi^  a^sdlne  peiir>aiieane  ^éieelaètiy'  eti  ii'»yaiit 
point  tro^n^ l'i^is^pédiiienA debafloèter dsteiiiifcttemBd lioralfri 
cea^<qiii;axaioiit<Ttori  le  idbs^ida  anf Inigel»  tni' pteaiier^  ik 
fôreot  ^Mgfés  de  se  QQ»te9tefr;d*uar  majoiîÉéiidadj^ 
vit  des  foafoloiiiem  et  des  piieues  ébs  t>ar<1feiB  obijpiàtre 
Toix.  seideineat^.  ï^  m^Mpit  ^'aeeoril  entiie  eorta^  priva 
bientôt  de  toute  considératioa  démêla iBéptddiqaa^;leit Mp»- 
daiit..8eviHiar^  dans  ses  frédûlatioiisv^èt'lesiiAfefii'da  flarti 
popAhôrev  diMi&  lauis  disfioai»^  attaqmieM;  htirteDiimt^rw- 
vr4Sge4u  parlemeiA  et  de  Jafbalie  ^  i:î1b  diaaibnt'qQe'l'uiï  et 
l'autre  n'vmmt  fmb  que  d^taitep  la'tytoaiine)  an  fiett» cte  la 
détrwr^-'  H^  ^efoeodeieiit  que  te  poatoir  des  éleetioûi^fat 
irenAV'  m^'P^pl^,  cpiis  a^  Mm  plas.-d'aittitMte  à^connallrè  les 
suj«t»^,difi@çm  id^^onâMm;"^^^^  délifaérâr  lul^iiiêiiie;  xfab  tous 
les.;ci|i^#p^^jdai(|  leS'  fMtties  amient  joui  ^es  bonamars  de 
l'étet;  fiissent  adom  eil<e(HMml  aDwreraihi,  et  qœ^ weonseil 
dowèt  saiSwetie^t  à(|imlesiei»lei^  tandis  qa*«n  consdl  beau^ 


4&8  HISTOIRE  DU  nÈnmLtQlOB»  ITALIKirilJBS 

oenp  noias  nombreux,  et*  dëpaté  psr  hd,  «oneonmâC  sreè  ta 
seignearte  à  l'admiafetratimi  piAlfqtie«'SaVoniirole  ifavitet  H 
seignearie  et  le  peuple  à  se  rendre  à  Mm  égtiseyd'tiù  ecltte  foto 
il  ervaiteiBCla  les  feBMftieë;  et,  dans  Un  ditooiim  éloc(ttent  pt(h 
nencé  €n  obaife^  U  réeapitnla  ces  pr<ypOBitibns,  et  les  termiDa 
par  rinslanlé  prière  de  pnUier  nne  namiètre  pont  tom  les 
délite  qiti^itvaiént  pn  être  eoiomis  seùsie  prëoédent  gotnrer- 
nement,  jnsqn*à  la  révotntion  *. 

CSes  ^propositRHM^  ne*  s'aeeôrdaient  point  avec  \es  vtres  se- 
ofè(tt»de  la  b^ie  et  de^  aecôpplatori  ;  tsurtout  V  amnistié  ëtlif 
repoosMe  par  leur  désir  de  Téii^an<$e  et  par  iétff  espoir  de 
s'enriéhir  ans  dépend  de^éenx  cpi'ilt  proÀeHrriéftt.  C^petâM 
ils«0Éifnènçaient  à  sentir  là  ptrissance  de  l'optnldtip^iiyfiqhe; 
et  sur  lAïaqtte  point  snecesiitement  "Hs  m  TOytilent  oblige  de 
cédrat.  Le  pins  impettant  devons  était  la  lorfiiatlon  do  bonséit 
générai  :  la^adgiieitrie  fit^  lé  3S  décedibre,  htOL  detlx  eànèiënÉ 
eonsaîlS'dcis.  cent  «t  des  soixante<-Sil ,  la*  prapolsitiav  de  làtmdt 
un  cmuSH '&mtéPim  de' tond  les  oHcTeArr  dfe  fhnfende;  et 
oetlis>prepo^on"  fiât 'adoptée.  Tous  cenx  qni  pnrént  pnodrèr 
que  leur  père,  grand-père  et  afrriène-^aind-^père ^  a^d^ 
}OiH  ées;  d09it9  de  ^é  ',  ftirent  '<Kelaré^  '  «embrés  dti  '-  ^fin8 
eonwil;  et  ce  oraseil,  qni  eom^yrit  jusqu'à  dix-^lniillreedtfch- 
tc^ensv  dutiètre^o^wsiillé  sur  tons  les  împAtd  et^Hr  toute»  ks^ 
kwa,  aprè»que  la  seigntenrié  en  aurait  fait  !a  propofStidb  k  ntt 
ccmqiil'^  qnatre^'iiDAgts  Inembres,  qui' fût  efaMsi  pour  Mf er- 
médiaireiefitrele^  gouvernement  et  le  peuple.  Pteutî^fës;PiMtf- 
nktie  préposée  parliàvdttarole  ftit  pmmntgoéèf  ooflidie  là  8e 
rdtair.>ç  et  atf  bout  ée  quelques  mois,  le  r^ pllei  t49i^,  te* 
poi]»w  êéàÊ9%à  saignenriey  cfHir  a^t  «té  èkê^p)^ntit 
anifée  aniribgt  aoe<9>pte«mV1enr  for 
bné  an  omseil  général.  Ce  lut  la  prenière  fais  qnif  àrTtoWMM* 

1  Joeopo  Mofdi ,  ici.  Fiof .  Ub.  I,  p.  29. rr  *  Fr.  Cvicctartf lui.  Lib.  11.  p.  VL-^ocùpo 
irofdi,  JJX.  Fiof .  lib.  U,  p.  M. 


DU  iftaim  âiOB.  4M 

une  éteelieu  yraimeot  populaire  fut  sobslttli^  «ox  Asn  né^ 
tbpdes  également  dangereqfiçs  d'un  tira^  m  sort  ci i d'un 
choix  pïgarchiqae  * . 

Tandis  que  les  Floreutiu»  r^fonnaieut  une  répoUiqw  eor- 
roiDpui94»ar>  soixante  -années  d*bal)ituâe9  monandriqnes  ^  kà 
Pisans  recon£ftiU>aient  la  leur  après. plue  de  qwtrefviixgts»  ans 
â*une  oppiressipn  complète.  Le  cours  de  la  pfospérilé  ne  a'élntt 
point  interrompu  pour  les  prenû^s,  w^  sorte  que^  mancbanl 
ay.^  leur  û^cle,  ils  avaient  tm^ours  jivA  cxAÛré  kor  esprit, 
et  jamais  Içur  république  n'avait  eu  un  plus  gi?and  BMàbre 
d*écriy^i|ia  distingués.  LesPisai^,  au  cootmire,  repoussés  de 
toutes  les  carrières  qui  pouvaient  augiseuler  leurs  riehesses 
ou  ^jécooip^nser  leui^  efforts ,  avaient,  abandonué  les  lettres 
commets  fi^mm^ce;  en  sortie  qu'il  n*est  pas  resté  un  sMl  liis- 
toriei^  de  leur  pays ,  pas  même  uoe  ebranîqua  ii^anoe  pouf 
racouJ^  1^  long^i^  et  ^n^rew  sàcrîfifes  par  l6«|iteis  iter  dé-^ 
fejpidir^^  à  outraœe  riodépendance^qu'ilg  aviaieBt  r<»oilvsér 
en  14^4»  C'est  uaiquemest  sur  la.  foi  d*  hititorieBs  étiangers  ^ 
et.lçr  p^$k8<mvfnit  de  leurs  ennemis,  queiaous  d^fM»  rap^ 
portai;,  toote  cette  sui^e  d'évéaemenls..       . 

Cependant  si  Pise  n*avait  aloos  ni  bistefiesa  ni  légMaleare^ 
si  c^]e^  délibéra  peu  sur  la  eoostitution  qu'eUa  devait  se  ém^ 
ner^  et  ne  conserva  point  la  méi»Dire  des  exploita  par  lesquels 
elle,  la  défendit,  cette  ville  n'en  fut  pas  moina  amnée  d'un 
vrai  esprit  républiisain,  d*un  amour  ardent  pour  la  patrierque^ 
tous  les  ordres  de  Fétat  sentaient  à  Tenvi,  d*une  dséler«iiiiatio& 
uniYef pelle  de  tout  sserifier,  dienihirier  ^sqit'aax  dcvmèretf 
calamité  poui)  conserver  la?  libei?té  qu'i^  avait  r«ecmiFrée* 
Av^q  un  td  aaaord  d' opinions ,  touîl  gonvomettenA  parait 
bon,  parce  qu'il  devient  toujours  Torgane  de  la  volonté  pu* 
blique.  . 

i  Jstorie  di  Gio,  CombL  T.  XXI,  jp,  90, 


469  HISTOIBB  DES  BBFKlUQDBSf.fTALIEIllIES 

♦. 

*  Cler&'iébift  paf  l'osage  des  FterenUas  ^'alidlir  l^s^aiagis^ 
ImtaBes  «flnioipties  des  villes  ftijeUss^'  ils  â^aitefit^làlssé&nlK 
sirter  à  Pise  une  mgnmim  cosiposé&tf  ijaBiimi,  ^ot  I0  jfre^ 
vmt  {lortail  ie  titre  de  pmor^  «t  auquel'  en  dèuna  j^Asùlle,  i 
f  itniMicoi.  des  tftoîentkis  ^  le  titre  de  gonf alooîèr  ide<f tiistice. 
Cette  eetgnenrieae^MwuTclftit  toes'ks  dans  iiioie(  elle  étut 
seeoDdée  psfid'iadkm»  eofpps  qpi'on  Bommdit  le  ûoHégis^  les  six 
boMboiameatt  le  comeil  aseret  des  douse  K:  £tt>  rejetant  le 
joug  dos  Ftereutiùs^  il  p^ralUque^Ies  Pisans  sasUliièrefirt  ^eneore 
im  craeeilAB  (peuple;  e'éfvklaforme antique  de I^  oeiuti- 
tution ,  et  ils  n'eurent  besoin  d'aucune  innovation  pour  qne 
kiiro  af fiiiim  f Uiisent  Inen  adtiM^irtek 

Les  IHsMsavaieQft  oonMenoé  parelifiËBsepde-oheMiUf  Musies 
peceepteufs 'de. contrtlMitiims et tonsies leasotionnaiDeB  {mMies 
flfNnefftîKi;  îk  arvoteut  eoeuite ordounépar «nédili  à  tc^usles 
£Ji(N?eutîMiéwiieilnés  dansleiaf  triUe^d'tii  oorfâr  ataut^qtftmé 
bORoeaUnniteiiM^ia  poitelât  entièrement  «OBsumëe.EdSe, 
ils.ayaMUt.MTOfridnue.  tous  1»  ¥iliagestqiiî''aMeut  «nden^ 
nwi««Adiépeiiâii'tde  ImirifépiibJliqQe^  la  cik^  pisanr^'  eouime 
lMinuièa?e  d^  binr  lUMirté.s  Partout  eUe^avaîl  i?éveiHé'lea>mèmes 
sQunems  antifueB  et^^cité  le  isulme  entfaeusiasBie*;  toufr  te 
temtoi«ef i9aii)iâtait  rentré  en'peode  jottm  seNgsOeur  dôliikia* 
tiiHi^  C!i^€«da0t  les  .FloreutifiSf  qui  l^afapDdlBmàmitélé'UB^ 
queiofntoecupésiebefteux  ou^de  la  crainte  du  roi^dëRtnèe, 
oa.de  l'aeceird.à  étiUir  iHitve  leurs  faotiuiii^*  et  qi»^)  se 
<»o;aak  ensuite .  assurés  die  la  reslitatiOQ  «de  '  Pise  pur  leur 
traitée  afveo  €barles  YIII9  neTOUlaimtpqsee^faM^'dbMii^ 
rk  aus  lumes  dercBaitite  d'offttiseir  1&  rel^^  *tî?eAl>«dfi»  la 
néeMPiM'de<s'o|q[mir  iw^lAffcHsse'ait'seulèvraneKit^dè/  lëlnn 


, >  1,       .  ■  I  •• 


1  Oo  peut  Toir  l'énaméralion  de  toutes  les  différentes  magistratures  de  Pise  en  1316, 
dans  un  traité  de  pm.  de  la  rëfNiMiQiie  avee  nolieny  roi  dé  Nazies.  Baccaha  M  àipkmi 
Plami  4ti  Fkuninlla  delBorgPf  n^sa^.^.^U\  eiteviMnpaMr  snrf»  celles  qui  esfsiaieit 
encore  le  6  décembre.  45^>^  IM,.j^  48«.^^  Sc^orié  AmuOmtfh  Ub.  XXVf»  p.  aor. 


.  DB  BI0ÏSR  AGB.  Mt 

prpiùcec^  1496<  -^  Hans  cette  vue,  il»  engagèreiit  à  leur 
senFÎœ  newite  Beuttvaf^o,  Frueeseo  Seooo  e«  8aii«ocia4d 
Marr^ijmQ^  ftireû  iiluaietÉrs  tompagDiesde  geiictanrmeB  ;  il»  nom* 
BièvefitFîecmi<kpfom  (MMiiBisaiiife  de  la  rrfpuèliipie  maptèê 
de  0^6  avméevetiib  teflrmt  entrer  Rorie  lerritoive'Ae  ÏVse 
aa  <ommeiieenient  de  Janvier  1485.  Le»  Piaw  n'aiNiieiit^éii-» 
cose:fioue!eB(jdé{èndi>e:qi]fl  desi]n^iis  luft  armis  t  6ap^i 
B'ent  pfllsdef eiae  à knr  repitmdffe  d'abord EtevIiiMi  et  Pon*- 
tailéira^'eliaKapif^iafia  du  airâ,dKi  janvier  il  afiM  reeimvré 
XMth  teciitoire  de  Sise,  à  la  résenre  de  Vioo'SiflMaovde  Ca»^ 
cinaetdeBttti'»  .    >   ":  •     * 

De  son  côté,  la  seigoeiiriBdB  Ite  n^avait'riin  B^Mfifé  pMr» 
ft'^amnwt  des  éecoins^^axigeniaiélle  cdievdiaitè  lier  Ghar- 
les  l/!in  paria  leooDitaiâsaiioe  ^mâm»'  qftfeUB  pi^<ft)MR^I  pdiir 
loi  :  idte  loi  léinaigiiait  .tant  d'ttmoiir  et  teust  de  g^attl^dci 
que  !03  jeune  metiar^Be,  combattai'  entre  ta  eneeiiiragidiii^te> 
qvM  ffvattr. donnés^  ans  Puane,  et  les*  engagemeiib  qa'il  «tait 
piift  «me  Isa  sElorentioa,  ne  sawt  ià  eoflamènl  i<eti¥«F^  mxt  ^e-  ' 
micurala gyàœ qu'>il leur  arail àeœvdée;  ni  oeoutietit «ë Miéf er 
de  fw^  fpronujsee  arvec  ke  semnds*  IVallbtttfsV  pi^^tt^toi» 
les  seigneurs  4»^:  sa.  cxHa*)  tonebés  ou  des 'plaintes' des  V^ani^  y 
oii.die.f  âjsooeilqn'oa  leur  a^iit  fiiit  à^eniis-niéines^èiPise,  pre-^ 
miffuif  kantranent  ie  parti  de  <e  penpto  opprimé  K  Ijèf  siâiéohlit 
de  fieaucaiivey  soit:  qn'ilfitt  jalaox  dif  carénai  dèr  Sàint*-MiAo^ 
qsà  ini^slaitiseni  ponrrexéontion  du  trâilté  oenein  «avec  Plo^ 
renée,  fseît  qtt>il  eàt  étéigi^é ,  coimne  ten  l'en  aectteaft;  par 
l'arfi^  dfisPiaMia^  rqfHséscoftait  an  roi  qn'illnf oon'venBitdete^ 
mrla!C@6fan«{diiriséffy  d^qne  lagnerredePiseempêdieraifles 
FlorenHftôdeéfoigigerdaiis  les  intMgoes  danôrd  de  Tltàlië'* 

Quatre  orateurs  choisis  dans  les  familles  les  plus  distin- 


^  >. 


462  HISTOIRE  DiSS  fiÉraBLI97CS  iTALlEffUTES 

gaéei  de  Pfae  a^aic^t  élé  dépéehés  pcftst  suivre  le  roi  àti  mo* 
neat  même  où  il  sorUât  de  Toscane,  et  pour  défendre  auprès 
jde  lui  lesiolëffA»  de  lear  répnbliqne  *.  Le  roivonlot  que  ces 
ambassadeurs  exposassent  leurs  gri^  en  présence  de  cem 
des  Florentins,  se  réservant  ainsi  en  quelque  sorte  de  pronon- 
cer entre  (snx  un  jugement.  Les  IHsans  fireilt  ^en  effet  le  ta- 
bleau de  roppvesBHm  dont  ib  avaient  été  viclimes  ;  et  se  jetant 
à  genoux,  ils  soppliàihsnt  le  roi,  avec  dés  torrents  de  larmes, 
de  pe  leur  point  retirer  la  grâce  qu'il  leur  avait  accor()ée. 
François  Sodérini ,  évêque  de  Volterra  et  ambassadeur  des 
Florentins,  s'efforça  à  son  tour  de  disculper 'sa  république;  il 
4  insista  sur  les  droits  légitimes  que  lui  avait  transmis  Gabriel- 
Mari^  Viaconti  par  un  contrat  de  vente ,  et  il  prétendit  qàe 
les  Pisansy  gouvernés  ooqmie  tous  tes  autres  peuples  sounà 
aux  Florentins ,  ne  se  trouvaient  malfaeureux  d'un  sort  qoi 
i»nteiitaii  leS' autres  que  parce  que  leur  orgueil  étiSX  tout  à 
fait  dêproportionné  à  leur  puissance  et  à  leur  mérité  ^.  '" 
.  Le  )*oi)^daBS  cette  QiscussioD,  penchait  évidemment  pour 
les  Viaam.  Ge|^ndant  il  s'éffrit  pbur  médiateur  enit^e  lès  deux 
peiq[>lBS,  et  il  leur  proposa  une  suspension  d'hostilités  jusqa^à 
son  retour  de  T  expédition  de  Napies,  jpromettant  de  prononcer 
aloifi  d  après  la  justiee  et  les  traiWs.  Mais  lès  florentins,  qtd 
m  défiaient  de  ses  paroles  ambiguës,  le  scHumèrent  d'exécuter 
sans  retard  une  convention  solenn^eibent  jurée.  Cknnme  ik 
n'avaient  point  encore  payé  la  portion  la  plus  conddéràble  da 
subside  <fa  ils  avaient  {promis,  le  roiy  qui  avait  besoin  tfar-^ 
gent ,  déclara  qu'il  enverrait  Briçonnet,  cardinal  )le  Saiat- 
MaiiQ,  à  Florence,  pour  retirer  celle  somme',  et  Iwe  eiécuter 

ktraité. 

• 

Briçonnet  se  présenta  le  5  février  à  la  seignenrie  de  Flo- 
rence f  il  la  persuada  si  bien  de  sa  bonne  foi  et  de  son  em- 


PU  MOVIDI  A0X.  461 

m^B^mept  à  iso^gner  Tune  à»  éetu  forterMOM  d«  .Mse, 
tw4<^4f»,Q«mpéfi^4[iar  las  Fimoçus,  fi4*il  obtint  d'eHe^  en  are- 
tour»  qu*iQa  1^^  avancerait  le  pasemmt  de  quarante  mffle  dn- 
Qa>  q^i  n'étaîieiit  pas  aapore  échus  * .  Après  avoir  toiiebé  T  ar- 
gent, il  f^tit  le  t7jC^rxier  pour  Pise;  naisil  en  revint  le  24, 
déclarant  que  les  Pisans  n'avaient  paa  voulu  lui  obâr,  et  qu'il 
p' avait  p9  €}oi(]toyer  la  force,  parce  ^u*  étant  homme*  d'église, 
s  il  fjô^ait  Ters^  dojuing^  il  en  serait neepensabledevaAt^fiien. 
La  Qo.uye],lçi  de  1^  priae  de  Naples  arriva  fort  4  profos  pour 
Ipi  donner  un  prétexta  de  repartir,:  et  de  reîoîniko  sor  maître 
en  le  tiipaot  dnAçsi^ti^Q  éqwvoque  ^ 

lie^  Pisans  avaient  aussi  envoyé  des.  ^mbassadtxm  ^..Sieane 
et  àlippqœs  pour  demander  desfseooiurs  à  ces  deu  répid)li- 
qu^f  ayec  lesquelles  ils  avaient  eu  d'anôennes  aUtanoas,  et 
qui  ^taienJ;  demenrées  rivales,  des  Florwtinsv  Tontes  deux 
para^ssaijent  de  nouveau  disiNiaées.à  les  assister  fttrâi 'tontes 
deux  <tf*gi^f^at  .encore  4^  iPi  fKwprcnnetlirôitiwp  oaveite* 
^f<^^-.  C^n^AOt  1^  I^pequois  leiurfi^nl^  passer  qudque  ar- 
gent et  quelques  centaines  de  sacs,  de  rt4é(?  9  l«sr  Siennais  leur 
e0|YP]r,^rwt  imoiédifitqment  .^elquw  gendpvmsisiqtB  éftaienb  à 
leif r  sold^  ^ ,  IhCS  Pis^m  fcro jineni  |khivhhk  atteddve  iiiid  ossb*- 
taf^ce  ,p|i|^  Q|0([;aP§du  duc^d^  ]M|ilaii>:Ii0ttî»^k4faëfer.  il  arait 
été  de^  .pi:ejniera  k  les  eneo^riifeii  à  peend9e>lea.ainnès^;  û  1m 
^y ^t.. protégé^ ayee;zièle  à  .la  4»9ttr  .defranee,  ot  fl  paoaissail 
s'iQj(éjirq&s^  yiv^mei^  h  i^e  qu'ils  ne  retombassent  pas  sons  le 
joug.  ^  ^fet^  sifCet^  gpjusrro  se^proloogeait,  il  se  flaltisl'qiie 
PMe^trQp  ($^il)l^,  i^iii;  eo  ^^nd^epar,  ellotmâne,  finirait 
paf:.s6  dpnnetr  4  Ini^  .«QmoieÉ  eUe  s'étaîjk  domiée  anteefoîe  à 
Jean  Galéaz  Yisconti,  un  de  ses  prédécesseurs.  Néaàiioins, 

I  Setpkm^  itmmirato.  lib.  %xn,  p.  3ft.  <*«  >  t¥.  ^HaardML  U  II,  p.  ff. — lacopà 
Hardi  utor,  Fior.  Lib.  H,  p.  33.  —  àidpiorie  Amaàrato.  LU>.  XXVI,  p.  208.  —  >  J)i««en- 
fastoni  wjpra  la  »tJori%  iMchete,  DIn.  vm,  T.  il,  p.  213.  -»  *  fr.  GukdardiHi,  Lib.  U , 
p.  73. 


4M         HistoiBS  i>is  agpgiiaqpiBi.  italierhss 

CMBOMttt  a?ait/«ir«e  kt  HorwilMiii  im4i»ité  ifiUMMvîtDe 
▼ofriiit  pti  le  irkder  oa^wtencDt;  il  m  «MAaatB^dfr  iniriiiowr 
les  aabaiSiâcaa  fisaMsan  GéMia^  qm  iai  •wuMft'dtféiéU 
sagiirarie  de  lewr  viUe^.iaaîa  qaài^m,  wùBÊt  p» mil» 
oeoserféi  {Morleam  capitriatieno,  le  ^oi^tk  fÉfcMfirarlSttP 
proiffe  oempte  te  prâx>«  la  gHR»*  • 

Dmx.âèalfla  aapataiMnt,  ka  Géam^  a[^  kna  anômatt 
ifictomaanr  ka  Pkaoa^  a'élmriï  flatléa  d'ébmùte  lear  «koti- 
natioQ flwr leoi  le  riwge de  TeMane.  Ba ypoatédaîeDt d^à 
qadqiiea  chàteap  ;  îla.y  aefainiitaifeaiek  podde  UToatiie, 
que  leur  doge»  ThoHiaa  PrégMo^  Tmcyt  .^oauite  aux  Fkra- 
tiw«  B^  eakie  époqpie^  ik  f aieid;  repousses  tm^oofa  plus  kin 
des  frofitîèrea  iKweaDeSi  Ba  penri^i^  suoeesHveraettfc  Viébmr 
San&etSamna^etki  rrake  liagia  fol  enfin  frLtfe  pour  B- 
n^eatoa  leortanàtoiie et  cdaide Fioreiiee.  Lsa 'Géoeû,  de- 
OMorés  dès  lora  rim»  dea  Fkiwims^  reQnmntavab  fitteor 
lea  dépatés  de  Pise.  Pn^tiiitlaricn  gévak  cNitempetHio  rap- 
poato  k  dkooQ»  snianl,  ^pie  kad^crtéa  pkaaa  pvoiiDii^^ 
deranl  k  aénatde^Gèaea  : 

«  ËaoQsaMMMMy  pènaeauorita^  dirauti-^iS)  si  nooe  ne  sa- 
«  ¥Qiis  poînt  parkv  d'onajAnnère  appvcq^ée  ea  à  ladigoilé 
«  de ee séaat,  ea  à  nea  malbeaps;  Mmbam^'&k  k-teite  uot- 
«  quemeot  à  cette senritaBde  ai  laDgnevsi  iBs^ahiey  ék  ennSs, 
«  dans  laquelk  ks  Fkurei^nia  nom  •entretanns.  Dneloiigoe 
«  i^nterraption  nous  a  fait  oal^lkr  commeaton  sfadresaaèdes 
«  hoDuaies  de  voboa  rmig.SiQW  ii*«miia  pliiaeacawia  de  pair- 
«  ler.qa*a,vec*Boa  paysma,  sur  ka  tnbaH^qaa^iMaS'âaiiaDs 
«  payer,  ou  sur  k  oeltoredeBoa  dmaspi»  qa.'à(paMBoa&oas 
«  teîsiait  eneore ,  IHras  fi'ati<Hia  ptas  ^aubres  peoaéea  qoe^da 
«  fonndr  à  c^  exactboa  sans  cesse  répétées,  povr  éviter  hi 
«  dures  pnaous  deut  on  aoas  mcMi^dt*  Laiscnmiiir.daeslta 

*  Fr.  GtticcUvtUni,  Lib.  II,  p.  TS» 


Dtl  MChm  AGE.  49^ 

«  abject»  «enritade  nom  reiDi^t  endore  d'effrm*  Patdwnet 
•  donoy  Ddiles  sénatears  ;  car  nos  besoins  imrlent  poornoiMy 
«  eiMiore  qw  dow  ae  aaclnoiis  le  faire.  Noi»  rei^reM  en 
«  UMornantnoBTegards  vers  tous.  Tout  à  rheore  encore  noua 
«  éliowdaiialeslnrs,  nous  sommes  libres;  nous  étiong  comme 
«  morts,  nous  Tivons  en  mettant  en  tous  nôtre  espérance. 
«  DiM,  dans  sa  misânoorde,  s*  est  sonvenn  de  nons,  etdttdel 
i»  il  iMNis  a  en^ojéh  liberté.  Le  roi  Charles  nooa  l'a  donnée  ; 
«  mais  il  nooa  a  imposé  fobiigatitn  de  la  défendre  nons-m^ 
«  mea.  tSènIs  noua  ne  sommes  pas  en  état  de  lé  faire;  noua 
«  sommes  faibles,  et  à  peine  nons  reste^t^^H  un  souffle  de  Tie: 
«  tonte  notre  espéranoa  art  en  Tons  ;  c'est  par  tmIs  qne  nons 
«  poorroùs  Tiyre,  on  que  nons  devrons  monrir^  Ayez  donc 
«  pitié  de  nons.  Bi.Tons  nona  asnstez,  notre  TÎile  sera  comme 
«  à  Yons  ;  c'est  à  vous  qne  nous  attribo^t)ns  le  bienfait  de 
«  cette  liberté  qn'nn  roi  dément  nons  a  donnée.  Moos  aarona 
«  Tos  soldats  ;  et  nona  combattnma  atec  2èle  contre  tona  ceux 
«  qne  vous  nonunerez  tos  ennemis.  Mai»  si  nous  ne  pouvons 
«  obtenir  de  vous  tant  de  grâces,  noua  sommes  Irésolua  à  ani- 
«  vre  rexemple  des  Sagontins,  et  à  devaoeer  snr  nona-inèmes  la 
«  crnanté  de  nos  ennemis.  Mena  égorgerons  de  nos  proprea 
«  mains  noa  fila  et  nos  femmes;  nous  brûlerons  nos  maisons 
«  et' nos  temples;  pois  nona  nous  préâpilerons  snr  ces  bû- 
«  chers,  pour  ne  pas  laisser  à  nos  ennemis  le  ponvoir  d'exer- 
«  car  leurs  vengeances  ^ .  » 

Les  Génois,  tenéhés  de  ces  instantes  sollicitations  et  des  flots 
de  iarams^par  lesqndd  les  Pisans  aviEÔent  temûné  leur  haran- 
goe,  leur  firwt  passar  des  annes  de  tonte  espèce,  dont  ks 
soppHants  avment  le  plus  pressant  besoin ,  et  qu'ils  eurent 
soin  d'exposer  sur  la  place  publique,  pour  que  chacun  connût 
l'assèstafice  qne  leur  état  venait  de  recevoir,  et  en  conçût  plus 

•  BarthoL  Senarêgœ  de  refrict  Gmaiens.  T.  UIV,  p*  $48*  ->  Ag^st*  GêuuMmi,  An- 
nali  di  Cenava,  Lib.  V,  p.  950. 

Tii.  30 


466  HISTOIRE   DI9  .aiPlIBI4QUXS  ITAUEN1IE8 

de  coiifimioe4  Ea  urémie  tenupft,  Aleiandre  ^^groni  fui  emojé 
h  Pise;  et  il  fut  autorisé  à  appeler  à  Taide  des  Pisaifs,  toutes 
les  fpîs  qu'il  eu  verrait  la  uécessité ,  les  habitaute  limitrophes 
de  la  lagune.  Eufiui  des  mesures  fureut  prises  pour  eutre- 
teuir  au  service  des  Pisaas ,  mais  aux  frais  des  trois  républi- 
ques de  (xèues,  de  Lucqu^et  de  Sieuue,  deux  ceuts  gendarmes, 
deui(  ceuts  chevau-légers  et  huit  ceuts  fantassins ,  que  oom- 
mandèrent  Jacques  d*  Appiauo,  seigneur  de  Piombiuo,  et  Jean 
SavelU'. 

Les  Pisans  eux-mêmes  avaient  pris  à  leur  solde  Lucio  Mal- 
Yezzii  émigré  bolonais,  que  les  Bentivogli  poursuivaient  avec 
acharnement,  mais  que  protégeait  le  duc  de  Milan  ^.  Mal- 
vez  était  uu  bon  capitaine ,.  et  il  avait  amené  avec  lui  en- 
viron trois  cents  çoldats  vétérans.  Il  avait  attaqué  les  Florentins 
comme  ils  étaient  occupés  au  siège  de  Buti,  et  il  les  avait  forcés 
à  se  renfermer  d^ns  Bientina.  Il  est  vrai  que,  peu  de  temps 
après,  les* Florentins  avaient  à  leur  tour  forcé  les  Pisans  d'a- 
bandonner le  siège  de  Librafratta,  après  avoir  enterré  le  canc^u 
qu*ils  j  avaient  conduit.  Les  Florentins  s  étaient  alors  répao- 
diis  dans  la  vallée  du  Serchio  ;  ils  avaient  occupé  les  bains 
de  Pise,  et  ils  menaçaient  jusqu'aux  faubourgs  dç  ce);te  ville* 
Lucio  Malvezzii  qui  ij  était  retiré,  fit  sonner  la  cloche  d*a- 
larme:  et  renforçant  son  année  de  tout  le  corps  de  la  milice 
pisane,  il  vint  attaquer  les  Florentins  le  long  du  can^l  dérivé 
du  Serchio,  les  battit,  les  chassa  jusqu'à  Librafratta,  où  il  re- 
couvra ses  canons,  et  rentra  dans  Pise  en  triomphai  avec 
beaucoup  de  prisonniers  et  de  chevaux  '. 

Les  Florentins  avaient  fait  leur  retraite  par  Tétat  de  Luc- 
ques;  Lucio  Malvezzi  1^  y  poursuivit ,  et  ayant  fait  occuper 
d'avance  le  pont  du  Serchio  par  un  détachement,  il  les  mit 

<  BurthoL  Senarega  de  rebut  Genuent.  p.  549.  »  Paull  JovH  Hisi.  sui  un^p.  L.  H, 
p.  58.— Ff.  GuicckardinL  L.  Il,  p.  77.—*  Hteron,  de  BurselUs  Annal.  Bonon.  T.  XXiii, 
p.  fft.  •»  s  Mh* JtfvM  JM||.  UIk  II|  p.  sr,  —  MpMke  ââmroto.  iMb.  XXVI,  p.  21 1. 


oô  Marax  AU.  407 

^tre  deux  feu.  La  caTalerie,  gaidée  yar  Heroale  Bentivogiio, 
s* échappa  cependant  en  traversant  le  fleuve  à  gué;  et  aprèa 
s'être  mue  en  sûreté  à  Môute--CarlOy  elle  retint  occuper  m^ 
ancien  camp  à  Pontad'  Ëra;  mais  les  gens  de  ^ed  tufeiHi 
presque  tous  on  tués  ou  faits  prisonniers  ^ .  j 

Tandis  que  les  Florentins  pourscdvaient  la  guerre  coa^ 
Pise  avec  si  peu  de  succès ,  un6  nouvelle  révolte  de  leurs  su- 
jets ajouta  encore  à  leur  inquiétude,  h^  36  mars  t49à  kk 
puissante  l)ourgada  de  Montépulciano  rejeta  le  joug  de  la  sei- 
gneurie ^.  JUs  f*lorentins  avaient ,  dans  chaque  bourgade  de' 
leur  territoire ,  une  citadelle  qui  avait  toiyours  une  porte  ex*- 
térieur^  »  pour  reoevmr  des  secoure.  Dans  chacune  de  ces  d* 
tad^es  ils  n'entretenaient  que  q^tre  ou  eiaq  soldats  y  qui 
s' euf armaient  soigneusement I  rtfaisaieat  une  garde  sévère; 
ees  quatre  hommes  suffisaient  pour  tenir  la  place  ç^rantô^ 
huit  heures,  en  cas  de  révolte  de  la  bourgade  ou  d' attaque  im-* 
prévue  ;  et  la  seigneurie  de  |f torence  n'avait  pas  besc^o  qu'ils 
lissent  une  plus  kmgue  résistance  pour  avoir  le  tempe  de  h» 
secourir.  Mais  les  quatre  gardes  de  la  citadelle  de  Montépul-» 
ci^o  n'avaient  point  eu  soin  de  renouveler  leurs  provisions  : 
d'aUleurSy  observant  mal  leur  consi^nei  trois  d'entre  eux  sor- 
taient quelquefois  ensemble  ;  et  il  non  restait  qu'un  seul  att 
château  )  pour  ouvrir  et  fermer  la  porte.  Les  halHlants  de 
Montépuleiauo,  mécontents  du  gouvernement  florentin ,  de  la 
pesanteur  des  impôts  et  de  l  altération  des  monmûes,  réso- 
lurent de  se  mettre  en  liberté ,  sous  la  protection  de  Sienne* 
lls.s'euteudirent  avec  les  magistrats  de  cette  république,  dont 
ils  étaient  proches  voisins^  puis,  saisissant  le  moment  où  troii 
des  soldats  de  la  citadelle  en  étaient  sortis ,  ils  y  euf ôralèrent 
le  quatrième,  le  poussèrent  dans  la  grande  tour,  I effrayèrent, 
et  le  réduisirent  a  se  rendre  au  bout  d'une  heure  ^.  Ils  sehàlô« 

1  PauU  JovU  aUi,  tiA  temp*  US.  il,  pi  sfl.  —  *  Jaoopo  ^orctt  deUe  taiwr,  fMaïf* 
U  U,  p.  34.  —  S  iiaect\iav^Ui ,  Framm$n$f  i$tûiUu  T.  Ui,  p.  «b 

30^ 


468  MISTOiaB  DES  AÉPUliLIQUES  ITALIENlfES 

rent  de  raser  cette  forteresse,  qui  ne  pouvait  servir  qa*èlesteiiir 
dans  la  dépendance  ;  et  pendant  ce  temps  ils  envoyèrent  des  dé- 
potés aux  Siennais,  quoique  liés  avec  les  Florentins  par  de  précé- 
dents traitéSi  pour  se  mettre  sous  leur  protection.  Les  Siennais 
ne  firent  aucune  difficulté  de  les  accueillir.  Ils  s'engagèrent  à 
recevoir  Montépuldano  sousleur  protection  perpétudle,  et  à  en 
traiter  les  habitants  comme  confédérés,  non  comme  sujets.  En 
même  temps  ils  envoyèrent  qnelqœs  troupes  à  lenrs  secours  * . 

Les  Florentins,  qui  s'étaient,  attachés  sincèrement  k  Tel* 
lianee  de  la  France,  et  qui,  d'après  les  exhortations  de  Savo* 
narole,  continuaient  à  lui  être  fidèles,  malgré  les  sujets  de 
nécontentement  que  le  roi  leur  avait  donnés,  envoyèrent  à 
ïlaples,  à  Charles  YIII,  pour  lui  demander  de  garantir  leurs 
possessions,  comme  il  s'y  était  engagé  par  son  traité,  et  d'o- 
urler les  Siennais,  ses  alliés  à  leur  rendre  une  bourgade  et 
aon  territoire,  dont  ils  s'étaient  emparés  injustement.  Mais 
Charles  lemr  répondit  avec  un  sarcasme  amer  :  «  Que  puis<^je 
«  faire  pour  vous,  si  vous  traitez  si  mal  vos  sujets  qu'ils  se 
«  révoltent  tous  contre  vous  ^  ?  » 

Les  actions  de  Charles  ne  démontraient  pas  moins  que  ses 
paroles  combien  il  t^aait  peu  de  compte  de  son  traité  avec 
Florence  et  de  l'appm  que  cette  république  pourrait  lui  assu- 
rer,  pendant  qu'un  orage  se  formait  contre  lui  dans  le  nord 
de  l'Italie.  Les  ambassadeurs  pisans,  qui  étaient  à  Naples, 
obtinrent  de  lui  six  cents  soldats  suisses  et  gascons,  qui  arri«- 
vteent  à  Pise  sur  un  vaisseau  <de  transport,  et  qni  reoom- 
meacèrent  au  mois  d'avril  le  siège  de  Librafratta,  dont  ils 
^'emparèrent  Lucio  Malvezzi  reprit  à  peu  près  tous  les  châ- 
teaux de  l'état  pisan  qu'il  avait  été  forcé  d'abœidonna'^«  La 


«  ABeipetto  AUegreta  Dlari  Soiteti,  p.  843.  —  Orlando  MalavoUi  St»r.  di  fitena. 
P.  ni ,  L.  VI,  f.  100,  T.  —  Scipione  Ammtralo,  Lib,  XXVI,  p.  2io.  —  '  Fr.  GvAcciardinU 
Ub.  II ,  p.  89.  —  >  Pùuli  Jovii  ^ist,  Llb.  Il,  p.  60.  —  Jucopo  Hardi,  Ui,  FUtr,  Ub.  U , 
p»  !•• — SeipUmê  Ammlrato.  Lib.  XXVi,  p.  3ii. 


00   MOYJSn   AGB.  (468 

fortêrâftse  de  Yemioola  était  entre  ses  mams  ;  celle-d  est  bàfiè 
sur  la  scMStmité  la  plus  orientale  de  la  montagne  qni  sépan^te 
Pisan  dn  Lucquois  ;  elle  domine  la  irallée  de  rArno,  et  éM 
oouYre  tonte  la  plaine  par  laquelle  les  Florentins  ponvaieift 
s'approeher  de  Use.  CMte  ûtnation  donnait  à  Mal\ez)fil  i'an 
vantage  de  ccmnidtre  tons  les  projets  de  Tennemi  cTaptfès  mi 
mouvements,  et  de  les  prévenir.  Franeesco  Seeco,  génén^  fieef 
rentin,  se  disposait  à  attaquer  Yermeola  ;  mais  Mahré^Kiflo 
surprit  à  Buti,  dissipa  son  armée,  et  lui  fit  un  grand  àosÉbib 
de  prisonniers.  Il  s'empara  ensuite  de  San  BomaBOi>^rda 
Montopoli  ;  et  les  Florentins,  voyant  des  drapeaux  français 
parmi  ses  troupes,  ne  voulurent  p<Mnt  les  eombatttéi  &  Uft 
abandonnèrent  Pcmtad'  Era  et  tout  le  territoire  pisaniU  riq  ni 
L'ancien  attachement  des  Florentins  pour  la  couvonnelàe 
France  était  altéré  par  tant  d'injures  et  par  un  maiiquf»defM| 
si  constant.  Dana  ce  temps  mtafte  toute  l'Itafie  H'ébMalMI 
contre  les  Français,  et  des  députés  de  Yenise  et  jterlfiiliii 
sollidtaieut  les  Florentins  de  s'unir  à  la  cause  det  rfriadépcM^ 
dance  italienne*.  Us  auraient  réussi  sans  doute >$itrjéf6iie 
Savonarole  n'avait  pas  redoublé  par  ses  exhortations  «prophérh 
tiques  la  erainte  que  ressentait  la  seigneurie  en  sqtt^o^yantfli^i 
première  sin*  le  passage  de  l'armée  française  à  sonir{9touir< Mater 
depuis  plusieurs  années  Savonarole  avait  aniioni)éiqu'li^'iilr[t 
vaak»  étrangère  causerait  lé  malheur  de  ritalie^iiAiïiaplMBfcT! 
rition  de  Charles  YIII,  il  avait  déclaré  que  c^étuitM^irlf»  mèe*\ 
narque  que  Dieu  avait  choisi  pour  punir  les  mécbaQtSiieK» 
réformer  l'église'.  Il  persistait  encore  à  dire  que^iqucâfoel 
Charles  YIII  n'eût  pmnt  accompli  la  tâche  quitluinataiferélé  > 
imposée  parla  Divinité,  il  était  toujours  son  ernioyé,  que  AieM-^ 
continuerait  à  le  conduire  comme  par  la  main  y  et  ile  tuneoatt  m 

«  PauUJovUHUL  9ui  iemp»  Lib.  il,  p.  Cl.  -*  >  ffêfkme  Âmmiml^  WXS^VI^.p.  {Ufv 
—  3  Jacopo/Vordi^  lâf.Fior.Ub.  Hy  p.  34.  ...    m  •i.ii'    •    i 


4T0  HISTOIRE  DBS  BÉ!»t7BLIQ0BS  ITALIlSnilES 

4é 4MM)M les  difficDHéi  ob  9  iféîsSt  engagé*.  Ces  propbéUeit, 
vëpMes  arec  taiit  d^assoranee  dans  la'diâire,  étaient  aceoeil- 
UcÉ  âTeela  foi  la  ptns  entière  par  le  peuple  et  pat  tes  cfaefis 
de  la  fi^tibKqne.  Ce  nr*était  plus  par  une  poRliqne  fimnaine 
qié  Murelioe  se  edndtiisah)  inris  d'après  lea  révétations  qu'elle 
«rféUreee^eir  da  ciel  ;  et  le  réformaleor  Italien  eterçait  snr 
te^NpAiHcpie  florentine  ei^te  tnême  infkienee  que  dnqnanfe 
atifAiH  filrd  to  réfomatenr  français  exerça  snir  la  répnbliqtie 
dai&aoèvb.  Bcvanarrie  et  Calvin  avalent  h  pen  près  les  métnes 
ifcittni— te;  Us  associaient  de  même  la  rdigkm  et  la  politîqaê  : 
lÉBÎi'Saiiranarf^e,  aTeel'imaf^nalion  dn  midi  et  Tardeur  de  son 
«Éractèie^  erayait  reeeroir  immédiatemeirt  de  la  Divinité  les 
inspiratîoap  qn*il  ne  dirait  qu*à  ses  réfieiiiens  et  fc  ses  eon*' 
nfclwmeai^  Celte  mtnie  Imaginatien  maltrlsrit  trop  sa  raison, 
féar  fif^il  smigeÀI  à  seumettre  à  Tetamen  l'ensemble  de  la 
MHgloîi.  H  Iwrifatt  sa  réformera  retganteatfon  de  f  église  et 
èiè  |loflloMi<tn  de  ses  meeors,  et  tt  tf  avait  Jamais  vonta  intro- 
dfl^èmidije  variation  dans  sa  fM. 

fjfs  antres  états  de  l'IMie,  dont  ta*  potttiqttetféCait  point 
dMgvie  parties  prophéties  et  par  leii  préActions  d'mi  fattome 
<pli  fit  epiTfalt  miùfi  de  Dten,  n^avaient  pu  voir  sans  la(  plos 
vMénte mqnMtnde  les  sneeès  ino«fïs  des  Français,  la  eonqtiëto 
du  Msftènaébevée  safis  qifil  y  eAft  en  besoin  de  lltter  nne 
se«lKbétiOl#y  le  renversement  iA  anbit  de  eette  mierison  d^Àra* 
gM|  qfai  petidènl  tongtempsevait  in^pM  de  Feffireft  à  fôm  les 
éiftts  4tiMetti^  et  qnt  «vaft  dispam  an  prunier  soaffie  de  la 
foilÉM^  L'irmganee  des  Français  ajontaft  à  cette  inqniétnde  : 
céiaiit  lenÉ^àmlittioB  mri  dissimntée  entliitassait  tonte  riiaHe, 
eHoiftiNlt  irçMbler  ehaeatt  des  sonveraimt  ponr  sa  prùfÊtt 
etimaet  ;  Ut  dm  *Oriëlw» ,  qtà  avait  m  laissé  à  Asli,  an« 
nonçait  hantement  ses  prétentions  snr  l'état  de  Milan,  et  me- 

Ub.  VIII,  ch.  III,  p.  770.  —  Jaeopo  ilardL  Lilh'ffj  i^vllft  •• 


«*«     •    « 


DU  MOTXn   AGI.  47  f 

nàçiât  Lonis-le-Maure ,  tandis  qde  Gbaï'lèB  fttl ,  k  Mâptert, 
semblait  prendre  à  tàohe  d'augmenter  là  défiance  de  œ  pr6« 
mf^  allié.  6harles  ef  était  atJtaoiié  Jean^'laeqnes  Trivdlrio^  en- 
nemi personnel  de  Sforsa,  proscrit  eomme  rebelle  de  Féttt  de 
Milan  ;  et  il  Tarait  pris  à  sa  solde  avee  cent  lanees.  Il  tf  éMt 
an»si  attaché  par  beancoup  de  promesses  le  eardinal  PréQ[0S6 
et  Ibletto  de  Fieschl,  les  denx  cbefs  des  éfMgrés  génois,  eMe- 
iliis  de  Sfonea  ;  enfin  il  atait  reftmé  à  Lotri»»]e^M anre  Ih  priii^ 
cipaoté  de  Tarente,  qn'H  lui  arait  promise,  dédarant  n'être 
tenu  à  Ten  mettre  en  possession  qa*  après  qne  le  toytfQnte  de 
If  aples  tont  entier  serait  entré  sons  mm  obéissànoa  ^ . 

lies  Français  occupaient  toujours  pir  des  garirisoni  léir 
places  de  Sansane  et  de  Piétra*Bantâ,  qu'ils  arftiéttt  proAiiê 
et  Rslitaer  aux  CMnols  ;  ils  étaient  denieurés  niattrei  des 
principales  forteresses  des  états  de  I^ieques,  tfe  Plsèi  de 
Florence  et  de  Sienne,  et  ils  donnaient  ainsi  te  M  è  tottè  là 
Toseème  :  ils  ataient  de  même  obMgé  les  Orsini  et  les  GSotoHnà 
de  leur  Htrer  des  chàteaux-forts,  pou  gagtes  de  leiir  ééfànkè^ 
ment;  enfin  ils  ataient  réduit  le  pape  à  le^  mettre  en  posseà- 
sion  de  ses  meilleure»  forteresses.  Du  pi^el  de  dbiliûéf  sâr 
tonte  r  ItaMe  paraissait  avoir  été  ariMé  pàt  la  eocir  àMbMieiisSf 
de  Qmtks  YIH,  et  snbstittté  mi  pNjet  de  tmfHàûôn  éê 
Gtèoe,qà'ott  né  regardait  plu»  quecommeimstratagèÉiMlfeiité* 
pour  désarmer  les  peuples  ebrétiens.  Le»  sMteralnà  ê(Êtmk^ 
gers  à'  PItafie  partageaient  le  méecmlmteittetit  et  Tinquiétad» 
des  habitants  de  la  péninsule,  rerdlnané  et  ïsabeHe  s^àfiBi*» 
geaient  en  Espagne  de  rinfortune  de  léctr  eousin,  et  die  li 
perte  d'un  royaume  qui  ajootail  au  luatfo  et  an  pouvoir  delà  • 
maison  d'Aragon.  B'ailienrs  ils  eraigMieiit  fMr  la  Sicik^  4fiij 
ayant  appartenu  aux  Angevins^  potfviii'  Mrey  MisMkie»  qdé^ 
NapieS)  réclamée  paries  Français,  et  qu'il  deviendrait  difficile 


*  ti.  ùêàéehrdM.  B.  Tr,  pt,  a«L  *-  PeMÈeim  Ém.  ttn*  k.  il,  p.  fr.  «^  PMi  AtHP 
irtef.  sui  temp,  lib.  n,p.  H.  < 


472  RfSTOIBB  1MB&  BBPIISIilQUBS  ITALIENNES 

dfi  défendre  cwÉtre  eux  s*ik  s^efferiiûssaie&t  de  l'aétre  cftté 
du  pbare.  Maiûmilieii,  roi  des  Bomains,  conserrait  une  àmère 
rancune  contre  Charles  YIII,  qui,  à  l'occasion  de  son  ma- 
riage, lui  arait  fait  les  deux  affronts  les  plus  sanglants  qu'an 
père  et  qu*uu  époux  pussent  recevoir.  Il  a?ait  fait  la  paix,  il 
efil  vrai;  mais  Charles  YIII»  en  traversant  Tltalie,  n'avait 
montré  aucun  respect  pour  les  droits  impériaux  :  il  était  en- 
tré en  conquérant  dans  les  terres  d'empire,  et  il  avait  parléen 
midtre  ;  en.  sorte  qu'il  ai^t  donné  à  l'empereur-élti  de  nom^ 
breux  motifs  de,se  plaindre  et  de  recommencer  la  guerre  ^ . 

Philippe  de  Comines,  seigneur  d'Argenton,  le  politique  si 
snbtili  et  l'historien  q|ui  a  raconlié  avec  tant  d'intérêt  le  règne 
de  LouisXI  et  l  expédition  de  Charles  YIII,  était  alors  ambas- 
£iadjrar  de  France  à  Yenise,  où  il  passa  huit  mois.  Il  y  avait, 
été  envoyé  pour  isugagiar  oMe  poissante  république  à  s'atta- 
cher àTalliancçid^  France,  ou  du  moias  à  masntenb  la  nen- 
trfilité  qu'elle  avait  proiùis  d'observer.  Dans  le  {premier  cas  il 
lui  ofStfii  comme  récomp(^se  Brindes  et  Otrante ,  sous  con- 
dition que  les  Yénitiens  rendraient  ces  deux  villes,  si  le  roi, 
faisant  pbstaid  la  couquète  de  la  Grèce,  pouvait  leur  assigner 
un  ludyUeur  partage  dans  ce  pays.  Mais  les  Yâoitiens,  qui, 
loin  de  croire  à  la  pron^ite  réussite  du  rri,  ne  se  figuraient 
même  pas  qu'il  persistât  dans  ses  projets,  avaient  refusé  bon- 
nèten^ent  ces  concessions  magnifiques,  qui  sembiaient  ai  loin 
de.pouToir  être  exécutées,  ^  ito  avaient  pr(^sté  qu'il»  reste- 
raient neutres  ^*  De  la  même  manière  ils  avaient  rebuté  les 
ambapi^deurs  du  rçi  Alfonse,  et  «eiui  du  jsnlton  Bajaasst,  qui 
l'un  et  l'autrf  coulaient  le^  engager  à  la  défense  du  roi  de 
^9p)^jiitw<)i^  que  Tambassadeur  milanaisy  qui  était  ainsi  à 
Ym^i»iJbB9^^fin99i(((}im(iO^IM  «n  assurant  que 

•jll'Hillli  I(r.ll)(i'>i7  )li  II  un  I*)   .;:ii.')n»irî  ..')Iii..|    »*nnr.l)'ii    .i»n|.> 
>  PanH  JovU  Bist.  sm  Ump^  LU>.  n ,  p.  M.  —  Guieciardinù  L.  n,  p.  S7.  •*  PetH 


DU  mnm  ▲«.  473 

flon  mattre  saarait  fort  bien  comment  Vy  prmdre  pour  ren* 
Toyer»  quand  il  en  serait  temps,  le  roi  de  France  ai>-delà 
des  monts  ^ 

Le  traité  de  Pierre  de  Mëdids  avec  Charles  éveilla  enfin 
r inquiétude  de  la  seigneurie;  et  les  rapides  progrès  de  Tar- 
mée  française  firent  partager  cette  inquiétude  an  duc  de  BQ- 
lan,  au  roi  des  Romains,  qui  craignit  que  Charles  YIII  ne 
reçût  d'Alexandre  Yl  la  couronne  impériale,  et  au  roi  d'Espa- 
gne. Ce  fut  à  Venise  que  ces  princes  entamèrent  des  négo- 
ciations pour  la  sûreté  générale.  On  y  TÎt  arriver  successive- 
ment révéque  de  Gome  et  Françoifr-Bernardin  Yisconti, 
ambassadeur  du  duc  de  Milan  ;  Ulrich  de  Frondsberg,  évéque 
de  Trente,  avec  trois  autres  ambassadeurs  de  Maximilien  ;  en- 
fin Lorenzo  Suarez  de  Mendoça  y  Figneroa,  ambassadeur 
d* Espagne^*  Ces  diplomates^  commencèrent  par  n'avoir  des 
conférences  que  de  nuit,  soit  entre  eux,  soit  avec  les  secrétai- 
res de  la  seigneurie.  Ils  se  flattaient  d'éviter  ainsi  les  observa- 
tions de  Philippe  de  Comines  :  mais  celui-ci,  ayant  découvert 
de  bonne  heure  leurs  menées,  pressa  avec  franchise  les  am- 
bassadeurs milanais  de  lui  faire  part  de  leurs  doléances,  pour 
y  remédier  k  l'amiable,  plutôt  que  de  s'aUéner  de  la  France, 
dont  l'alliance  avait  été  et  pouvait  être  encore  si  utile  à  leur 
indtre'« 

Comines  essaya  aussi  de  détourner  la  république  de  Yenise 
de  ses  projets  hostiles  ;  mais  il  avait  affaire  à  la  ruse  ita- 
lienne ;  les  ambassadeurs  milanais  lui  avaient  protesté,  avec 
de  grands  serments,  que  tous  ses  soupçons  étaient  faux  :  la 
seigneurie  l'avait  assuré  qqe  la  ligue  qu'elle  projetait,  loin 
d'être  dirigée  contre  le  roi,  devait  être  signée  de  concert  avec 
lui,  puisqu'il  s'i^issait  de  faire  en  commun  la  gnerre  aux 


ft  Phil.  de  Gominei,  MémoirM.  Lit.  vn,  cfa.  XIX,  p.  24S.  —  '  Peiri  Rembi  Hisi,  Feu. 
Vbi  II,  p.  33.  —  Crouiea  Venesiana  attrUntUa  a  Marin  Sanuio.  T.  XXIV,  p.  ic. — >  Phi-  , 
lipptf  fU^ 'domines.  Lit.  Vii,  cb.  XIX,  p.  248. 


474  HISTOIRB  DES  B^FUlItlQOES  ITALIE9IIES 

Tares,  de  forcer  chacon  des  alliés  de  concourir  à  la  dépense, 
el  d'assarer  à  Charles  VIII  k  suzeraineté  da  royauiûe  de 
Naples,  avec  trois  de  ses  meilleures  places  pour  garantie,  tout 
•o  eODiervant  la  eomronne  an  prince  aragonais^  comme  feu- 
dfllaire  de  la  France.  €k>mines  demanda  du  temps  pour  com- 
miiniqaer  ees  proportions  au  roi,  et  insista  pour  que  les  Yé- 
BÉttens  ne  tenninassent  rien  avant  d*&voir  eu  une  réponse. 
Mais  Charles,  doï  les  succès  dépassaient  toutes  les  espéran- 
ces, ne  Youlnt  entendre  à  aucun  accommodement  ' .  Cepen* 
dftat  les  amtiassttdeurs,  voyant  dès  lors  que  leurs  conférences 
étaient  connues,  ne  se  cachèrent  pins,  et  s'assemblèrent  tons 
le»  jonrs<  Ils  songeaient  alors  à  ce  que  les  Yénitiens  fissent 
passetr  des  troupes  à  Borne,  pendant  que  Ferdiuand  dé- 
fendait Viterlie  :  mais  lorsqu'ils  apprirent  que  cette  ville 
avait  été  idMutdonnée  isans  coup  férir;  que  Borne,  peu 
après,  avait  été  évacuée  de  même,  leur  alarme  s'en  augmenta 
avec  les  difficultés  de  leur  situation  '. 

•  Yoynnt  les  Yénitiens  tout  cela  abandonné,  dit  Philippe 
«  de  OMûiges,  et  advertis  que  le  roi  estoit  dedans  la  ville  de 
«  Naples,  ils  m'envoyèrent  quérir  et  me  dirent  ces  nouTclIes, 
«  moussant  en  estre  joyeux;  toutesfois  ils  disoieut  que  ledit 
«  ehasteatt  estoit  bien  fort  garny,  et  voyois  bien  qu'ils  avoient 
«  bonne  et  seure  espérance  qu  il  tint,  et  consentirent  que 
^  l'ambassadeur  de  l!faples  levast  gens  d'armes  à  Yenise,  poor 
•  envoyer  à  Brandis  {  Drindes  ),  et  estoient  sur  la  conclusion  de 
«  hm  Hgue,  quand  leurs  ambassadeurs  leur  escrivlrent  que 
«  lechastean estoit  rendu.  Lors  ils  m'envoyèrent  quérir  de- 
«  rcobêf  à  un  matin,  et  les  trocrvay  en  grand  nombre,  comme 
«  de  ctBqvante  on  soixante,  en  ta^  chambre  du  prince  qui 
«  OAtoit  malade  de  la  colique  ;  et  il  me  conta  ces  ûbûvelles  de 


t  ita  WêCêtÊltÊMi  lilfi  Vn,  élr.  SIX,  p.  no.  ^  naynùfttt  Ànn*  ieeles.  119$,  S  t^ 
I».  #«l.  —  •  Conrinet  tHir,  VU  -,  ch.  XIX,  p.  3|1.  -^  Pttn  BemH  BUL  f^,  1^  !(» 
p.  SI. 


M  yKrtai  ACi.  475 


«  visage  joyein,  mais  mil  en  la  compagiité  lie  se  ittYoh  feladre 
«  m  bien  comme  lui.  Les  «ns  estoient  assis  seur  an  marche^ 
«  pied  des  bancs,  et  avoient  la  tète  appayée  etdre  lecm  mains, 
•  les  autres  d^one  autre  sorte  ;  tous  desoiontrans  avoti*  grande 
n  triilesse  «u  eosor,  et  eroy  que  quand  les  nooTelles  vinrent 
^  à  Borne  de  la  bataille  perdue  à  Cannes  eontre  Hannîbal,  les 
sénateurs  qui  estoient  demeurés,  n*es(oiéni  pas  jiAers  esbahis; 
ne  plus  espouvantës  qu'ils  estoient.  Gaf  un  seul  nefit  sem- 
Uaiit  de  ne  regarder,  ni  ne  me  dft  un  mol  que  lui.  Et  les 
regafdois  à  grande  menreille.  Le  doe  me  demanda  si  le  roi 
km  ttendrntt  ce  que  toujours  leur  avoit  mandé  et  que  je 
lenr  a^ois  dit.  Je  les  assenrai  fon  qfaeonî,  et  ouvris  les  votes 
pour  demeurer  en  bonne  paii,  et  m*  offris  fort  de  la  faii'e 
tenir,  espérant  les  oater  de  soopçon,  et  pdis  me  départis.  *  » 
Malgré  Tabattanent  des  seigneurs  vénitiens,  Oemines  com- 
prit bien  que  la  situation  du  tM,  dans  le  fend  de  f  Ralfe; 
povvait  devenir  très  dangereuse  s'ils  se  déelaraieot  contre  toi  * 
et  tiindls  que  le  dœ  de  Mitan  faisait  encore  des  dtfficerltés 
peur  «gner  avee  en  le  traité  d'alttanœ,  il  pressaGharïes  TIII, 
on  de  faira  venir  de  France  de  nouveaux  renférta,  s'il  voulait 
se  maMenir  loi^mème  dans  le  w^aame^  on  d'en  ressortir  ail 
jdhis  tAt  avea  son  Mrmée,  avant  qu'on  lui  barrât  le  chemin , 
el  de  laisser  seoleinent  des  garnisons  dana  les  places  fortes. 
En  aaème  temps  il  écrivit  an  due  4a  Bourbon,  resté  en  Francd 
eemMe  liemleaaiit  dn  royaume,  et  à  la  marqolse  éù  Montferfâft, 
liottP  lea  engager  à  enroyer  le  plus  IM  possMedés  renforts; 
a»  due  dfOrténns,  cpsi  élaît  raMé  à  Asti  afvee  sa  mafson  seu- 
\mm&ài  s  car  cette  viUe  était  en  qoelqne  sorte  la  porte  ouverte 
an  fflâ  piwn^  r^trer  en  France;  et  et  «Me  éladi  prise,  Soudan- 
0Br  pouvait  daveair  csLtrènMi  ^. 


I  MiwioliW  S»  PhS.  d9€i6aSM».]b  VU,  elk  tSHy^pi,  nt,  -^•SMttolMVd»  OMIitif!«|V 
U».  VII,  «Ih  3(X ,  pu  siè,  r4>  ee  BB  irmm  pi#attlBt  éé  lix  MirSi étriHBê  du  i4  fit 

M  «vrP,  par  le  duc  d'Orléaas  au  duc  de  Boarbon,  pour  lui  demander  dei  WMOn,  âlfec 


476  HISTOIBB  BSS  BXPUBLJQUSS  ITALiEIllISS 

«  la  figue  fat  conclue,  dit  Gomiti^,  un  soir  bien  tard.  » 
Ce  fut  le  3 1  mar»  1 495  ^ .  «  Le  matin  me  demanda  la  seignea- 
«  rie  plus  matin  qu'ils  n'aTolent  de  coutume.  Comme  je  fus 
«  arrivé  et  assis,  me  dit  le  duc  qu'en  rhonneur  de  la  Sainte- 
«  Trinité,  ils  avoient  conclu  ligue  avec  notre  saint  père  le 
«  pape,  les  rois  des  Romains  et  de  Gasiilie,  eux  et  le  duc  de 
«  Milan,  à  trois  fins';  la  première  poar  défendre  la  chrétienté 
«  contre  le  Turk;  la  seconde,  pour  la  défense  de  Tltalie;  la 
«  tierce,  à  la  préservation  de  leurs  états,  et  que  le  fisse  savoir 
«  au  roi.  Et  estoient  assemblés  en  grand  nombre,  comme  de 
«  cent  ou  plus,  et  avoient  les  tètes  hautes,  faisoient  bonne 
«  chère  (mine),  et  n'avoient  point  contenances  semblables  à 
«  celles  qu'ils  avoient  le  jour  qu'ils  me  dirent  la  prise  du 
«  ebasteau  de  Naples.  Me  dit  aussi  qu  ils  avoient  escrit  à 
«  leurs  ambassadeurs  qui  estoient  devers  le  roi,  qu'ils  s'en 
«  vinssent,  et  qu'ils  prissent  congé.  L'un  a  voit  nom  messire 
«  Dominique  Lorédan,  et  l'autre  messire  Dominique  Trevisan. 
«  J'avois  le  cœur  serré,  et  estois  en  grand  doute  de  la  per- 
«  sonne  du  roi  et  de  tonte  sa  compaignie,  et  cuidois  leur  cas 
«  plus  prêt  qu'il  n'es  toit,  et  aussi  faisoient-ils  eux;  et  doutois 
«  qu'ils  eussent  des  Allemands  prêts;  et  si  cela  y  eût  été, 
«  jamais  le  roi  ne  fût  sorti  d'Italie.  Je  me  délibérai  ne  dire 
«  point  trop  de  paroles  en  ce  courroux  ;  toutesfois  ils  me 
«  tirèrent  un  peu  aux  champs.  Je  leur  fis  response  que  dès  le 
«  soir  avant,  je  Favois  escrit  au  roi,  et  plusieurs  fois,  et  que 
«  lui  aussi  m'en  avoit  escrit,  qu'il  en  estoit  adverti  de  Rome 
«  et  de  Milan.  Ils  me  firent  tout  estrange  visage  de  ce  que 
^  je  disois  l'avoir  escrit  le  soir  au  roi,  car  il  n'est  nuls  gens 
«  au  monde  si  soupçonneux,  ne  qui  tiennrat  leurs  conseils 
«  plus  secrets  ;  et  par  soupçons  seulement  confinent  souvent 

sont  rapportées  dans  Deoys  Godefroy.  But,  d^Chafles  VUl^  p.  700.  ~  i  Petfi  B«M 
Hist.  yen.  Lib.  n ,  p.  49.  —  SdpUme  Ammiraio.  Lib.  XXVI ,  p.  9iO.  —  Ownioi  f m» 
T.  XXIV,  p.  i7. 


BC  ItOYEN  AOE. 


477 


«  les  gens;  et  à  cette  caqse  le  lear  disois-je.  Oatre  ce  je  lear 
«  dis  ravoir  aassi  escrit  à  monseigneur  d'Orléans  et  à  moa« 
«  seigneur  de  Bourbon,  afin  qu'ils  pourvussent  Ast;  et  le 
«  disois  espérant  que  cela  donneroit  quelque  délai  d*  aller  de* 
«  vant  Ast;  car  s* ils  eussent  été  aussi  prêts  comme  ils  se  van- 
«  toiènt  et  cuidoient,  ils  l'eussent  pris  sans  remède  ;  car  il 
«  estoit  et  fut  mal  pourvu  de  longtemps  après  * .  » 

Mais  tandis  que  Philippe  de  Gomines  attache  quelque  va- 
nité à  montrer  comme  il  était  bien  informé,  Pietro  Bembo , 
l'historien  vénitien,  se  complaît  à  peindre  sa  surprise  et  son 
effroi.  «  Encore,  dit-il,  qu'il  y  eût  un  si  grand  nombre  d'am- 
«  bassadenrs,  tant  de  citoyens  appelés  aux  négodations,  et 
«  que  le  sénat  eût  été  engagé  dans  de  si  fréquentes  délibéra- 
«  tions,  telle  avait  été  cependant  la  vigilance  du  conseil  des 
«  dix  9  pour  supprimer  tout  bruit  public  à  cet  égard ,  que 
«  Philippe  de  Ck)mines ,  envoyé  de  Charles ,  quoiqu'il  fré- 
«  quentàt  chaque  jour  le  palais,  et  qu'il  traitât  avec  chacun 
«  des  ambassadeurs,  n'en  avait  pas  eu  le  moindre  soupçon. 
«  Aussi,  lorsque  le  lendemain  de  la  signature  il  fut  appelé  au 
«  palais,  où  le  prince  lui  communiqua  la  conclusion  du  traité 
«  et  les  noms  des  confédérés,  il  en  perdit  presque  l'entende- 
«  ment.  Cependant  le  doge  lui  avait  dit  que  tout  ce  qu'on 
«  avait  fait  n'avait  point  pour  but  de  faire  la  guerre  à  per- 
«  sonne ,  mais  de  se  défendre  si  l'on  était  attaqué.  Ayant 
«  enfin  un  peu  repris  ses  esprits  :  Quoi  donc,  dit-il,  mon  roi 
«  ne  pourra  pas  revenir  en  France?  Il  le  pourra,  répondit  le 
«  doge,  s'il  veut  se  retirer  en  ami  ;  et  nous  l'aiderons  de  tout 
«  notre  pouvoir.  Après  cette  réponse,  Comines  se  retira  ;  et 
«  comme  il  sortait  du  palais,  qu'il  avait  descendu  le  grand 
«  escalier  et  qu^il  traversait  la  place,  il  se  tourna  vers  le  se- 
«  crétaire  du  sénat  qui  l'accompagnait,  le  priant  de  lui  répé- 

1  Mtaioirei  de  Phtt.  de  Oomioes.  Lhr.  Vu ,  chap.  XX,  p.  355.  —  Amolli  Ferroni  de 
geêito  Fmneof.  Ub.  I,  p.  I3. 


478         aistcias  dbs  asHiB&ioei»  iTAUSNiifis 

«  ter  ee  qufi  le  dogs  ki  avait  dit^  ear  il  l'amt  tmit  onbfié  ^.» 
Le  peaple  de  Ycrâe  eéiiâbra  eeUe  ligue  te  iendemaîa  de  sa 
ligaature  par  des  r^eoissaneei  infinies  i  les  fêtes  rcoommea- 
cèreat  eoeore  le  \  2  avril,  dimanebe  des  Bameam»  jour  eà 
elle  fut  pvbiiée  ea  néiiie  temps  dans  tous  les  états  esnfé^ 
décès  K  0*apràs  les  artieles  qui  furent  arrêtés,  F  alUaUoe  dk« 
vût  darer  iringWeuiq  ans,  et  aToîr  peur  bal  de  défendu»  It 
majesté  du  pontifo  tOJwixkt  ^  dignité,  la  Uberté,  lis  droits  de 
tons  les  con£édéréS|  et  les  posoconioM  de  tons.  Les  poînaneis 
alUées  devaient  entre  dies  toutes  mettre  snr  ^^eA  ^màô- 
quatre  mUle  ebevent  et  vingt  mille  fimiasrini,  éavoir  :  b 
pape,  quatre  mille  eberaM  i  Mauralliml)  six  ;  le  roi  d'fii- 
pagne,  la  répnbijfue  de  Venise  et  le  duo  ds  MilaB^  étmmm 
buit.  Cbaque  eoulédér^  défait  fournir  quatve  milld  fantas- 
sins^ Geni  dont  le  eontingent  ne  sersift  pas  prtt  devaiéBl 
le  compenser  en  aifent.  Du  méme^  s*U  était  néeeftsaire  tf em- 
piojer  une  flottai  les  pmssaaces  maritiaisa  devaient  la  four- 
nir, tsudis  que  \m  ff aie  devaient  en  être  enpfnrtés  par  tsas 
les  alliés  dune  manière  proportionnelle  ^. 

Mais  à  ees  ar^le»  qui  tarent  publiés,  les  enaHdér^ 
avaient  joint  des^  elauses  sesrèlesi  ^  ehangeaieBt  absolu- 
ment la  naUiee  de  rallianee,  et  qui  la  prépanôent  pour  ime 
guerre  offensive»  D^/i  Feidinadd  et  IiabeUs  avâieiit  enveyé 
en  Sicile  une  flotte  de  sellante  gaMapes,  qui  portait  six  eeols 
eavaUera  et  cinq  mille  fantassinai  et  ils  avaient  donné  le  eose- 
mandoment  de  ees  troupes  à  fionealve  de  fioedoœ^  qm  s'é- 
tait illustré  dans  la  guerre  de  Grenade^.  Leaaltiés'eonvinreût 
que  cette  ai^mée  «eeonderait  Ferdinand  de  Naines ,  pour  le 
faire  remonteir  m$t  \b  trôiie^  où  ses  sujets,  désabusés  de  leur 

<  AM  iembi  fiut,  rèrieiœ.  Lib.  TT,  p.  as.  —  *  Oiorto  Ferrarese,  f.  XXiv,  p.  2M.- 
tUiytmkk  âttHoL  eeeêetUm,  i49&,  $  I4«  T.  xix,  p.  uu  --*  <  r^.  amièlârdtui.  L.  ir, 
p.  M.  —  PauU  Jorii.  L.  11,  p.  frO.  —  PêU^i  BembiHut.  Yen.  1. 11,  p.  iX  —  Andr,  ffoM- 
gkn^, Stipm  UHe%. T*  X^i,  a.  tM,  —  firi  UkmiQêommu  mu  TUtiltiêt  tAj n, 
p.  iftf.  —  «  PouU  Jovif  Bi$t,  liib.  u ,  p.  SS. 


DU  MOTISDI  AOS«  479 

cooftaoce  eu  Charles  VIII,  le  rappelaient  dé|)à.  Les  rois  d'Et* 
pagne  s*étaient  engagés,  il  est  vrai,  par  le  traité  de  Perpi- 
gnan, à  ne  point  empêcher  le  roi  de  France  de  tenter  racqui*» 
sition  du  royaume  de  Naples  *  ;  mais  ils  y  avaient  ajouté  la 
clause  qu*^ucune  condition  ne  serait  obligatoire  si  die  se 
trouvait  préjudiciable  à  T église  ;  et  ils  prétendaient  que  le 
royaume  de  Naples  étant  un  fief  occlésiastiqoe ,  ils  ne  pon* 
yaient  ^^idtotenir  de  le  défendre,  si  le  pape  les  invitait  à  le 
faire  ^.  Les  confédérés  convinrent  encore  secrètement  entte 
eux  que  les  Vénitiens  attaqueraient  les  élaldîssementf^  (vmi^ 
çais  sur  les  côtes  du  royaume^  de  Naples,  avec  leur  flotte  qu'ik 
avaient  portée  à  quarante  galères,  sous  le  commandemenli 
d*  Antonio  Grimani  3;  que  le  duc  de  Milan  arrêterait  las  s<h 
cours  qui  pourraient  arriver  de  France,  quil  attaquerait 
Asti ,  et  qu  il  en  chasserait  le  duc  d*Orléaos;  que  le  roi  dAS 
Romains  et  les  roi3  d'Espagne  attaquevaimt  pendant  le  méiM 
temps  les  frontières  de  Frwce  avec  de  puissantes  araiéea,  et 
qu'ils  recevraient  p^ur  cette  goerre  das  snbsides  des  antres 
alliés*. 

Maximilien  faisait  aux  états  d'Italie  des  pix>iiessei  spMidi- 
des;  mais  on  s'aperçut  bientôt  quil  n'apportait  i  raytlîiMe 
qu'un  grand  noin.  Il  ne  savait  metlreancw  oiAre  ni  aaonnfl 
économie  dans  T  administration  de  ses  états  hérédHaîresi  «i  M 
ne  pouvait  obtenir  de  Tempire  in  honunei  ni  argent,  encore 
qu'il  prétendit  qu'il  ne  s  engageait  dans  la  guerre  contre  k 
France  que  pour  l'intérêt  des  ftefii  impérianx.  La  diète  de 
Wormsi  en  1495,  liû  promit  seidement  cent  dnq^aitte 


t  G'eii  ûBm  l'ariirle  3  du  Itaitd  Û9  9wfS§n»  fPi*  «et  MgagMMiit  ait  «Jootaiia,  iMte 
sans  nommer  cependant  le  roi  de  Naples.  Les  rois  d'Espagne  s'obligeni  seulement  à  pré- 
férer CaUiaoae  ito  Fraoee  ;  AUiM  qtdbiuciÊmqHa  UgU  ai  eonflsâeraiionlbiu  faetis  vel 
faC'endu,  cwn  gitocumque  principe  velprincipibui,.,  Vicario  christi  bxcbpto.  Deoyt 
Godefroy.  Uist.  de  Gh.  Vlll,  p.  664.  —  *  fr,  GuieeiardirU»  Lib.  il,  p.  87.  ^  ^PattU  JovU 
iii9U  suiiemp,  Lib.  u,  p.  sa. -•  4n<irea  Nawgiefo,  Storta  Veriei, T«  SUn«  p*  1203» 
<-  ^  #>«  am$9tafUitH*  Eib.  Il ,  p.  98. 


4Ô0  HISTOIRE  DES  RÉPtTBtlQUES  ITALIEimES 

florins  assignés  sur  le  denier  commun  qa*on  devait  lever  dans 
tout  Tempire,  et  qui  ne  fut  payé  presque  nulle  part;  en  sorte 
qu'au  lieu  de  six  mille  chevaux  et  quatre  mille  fantassins 
qu'il  avait  promis,  il  put  à  peine  lever  trois  mille  hommes  * . 

Il  n'y  avait  peut-être  aucun  duc  d'Italie  qui  ue  fût  réelle* 
ment  plus  puissant  que  l'empereur,  ou  du  moins  dont  la  coo- 
pération ne  fût  beaucoup  plus  efficace  :  aussi  les  puissances 
alliées  auraient-elles  fort  désiré  que  l'Italie  entière  fût  entrée 
dans  la  même  confédération,  et  insistèrent-elles  auprès  du  duc 
de  Ferrare  et  des  Florentins  pour  qu'ils  se  réunissent  à  la  li- 
gue. Le  duc  de  Ferrare  le  refusa  ^;  mais,  pour  se  ménager  des 
ressources  auprès  de  tous  les  partis,  il  consentit  à  ce  que  son 
fils  aine,  don  Alfonse,  passât  au  service  du  duc  de  Milan, 
avec  le  titre  de  lieutenant-général  de  ses  troupes,  et  le  com- 
mandement de  cent  cinquante  lances  3.  Les  Florentins,  aux- 
quels Louis  Sforza  offrait  de  leur  envoyer  une  armée,  pour 
les  défendre  contre  Charles  YIII  à  son  retour,  et  de  les  secon- 
der ensuite  pour  recouvrer  Pise  et  toutes  leurs  forteresses,  re- 
fusèrent constamment  de  se  détacher  d'un  prince  dont  ib 
avaient  cependant  si  fort  lieu  de  se  plaindrCé  Ils  aimèrent 
mieux  attendre  de  lui  la  restitution  de  leurs  provinces  que 
de  la  lui  arracher  de  force,  à  l'aided' alliés  dont  ils  se  défiaient 
plus  enoNre^. 

Cependant  touis  les  confédérés  faisaient  avec  activité  leurs 
préparatifs  de  guerre  :  les  Vénitiens  appelaient  un  grand 
nombre  de  Stradiotes  ou  de  chevau-légers,  de  l'Épire,  de  la 
Macédoine  et  du  Péloponèse;  Louis  Sforza  avait  envoyé 
beaucoup  d'argent  en  Souabe,  pour  y  lever  des  troupes  mer* 
coiaires;  Haximilien  promettait  qu'il  passerait  en  Italie 
avec  ces  redoutables  bataillons  allemands,  dont  les  Français 


1  Schmidt,  Hist.  des  Allemands.  Liv.  Vii,  chap.  XXVIl,  t.  V,  p.  869.  —  >  DiaHo  Far- 
rarese,  T.  XXIV,  p.  S98.  —  >  IbUl.  p.  302.  —  ^  Fr.  GufcdardinU  hïb.  U,  p.  M.—  Sd- 
pione  Anmirato,  kib.  XXVI ,  p.  210. 


avaient  éprouvé  la  valeur  en  1492,  dans  les  plaines  de  F  Ar- 
tois. Bajazet  II  offrait  anx  Vénitiens  de  les  seconder  de  ton- 
tes ses  forces  par  terre  et  par  mer  contre  les  Français  * .  Le 
snltan  n'était  pas  compris  dans  Talliance  ;  elle  semblait  même, 
d'après  le  traité  public,  être  faite  contre  lui  :  cependant  son 
ambassadeur  avait  pris  part  à  tonte  la  négociation  ;  et  après 
sa  mission  finie,  il  était  resté  à  Venise  ponr  assister  anx  fêtes 
par  lesquelles  on  célébra  la  publication  de  la  ligne^.  De  toutes 
parts  l'Europe  prenait  une  apparence  hostile  pour  les  Fran- 
çais ;  et  Philippe  de  Gomines,  qui  depuis  longtemps  avertis- 
sait son  maître  de  l'orage  qui  se  fonnait,  étant  encore  resté 
un  mois  à  Venise,  depuis  la  signature  de  la  ligne,  se  mit  en 
chemin  pour  aller  au-devant  de  Charles,  par  les  états  du  duc 
de  Ferrare,  de  Jean  Bentivoglio  et  des  Florentins,  il  fut  ac- 
cueilli par  eux  comme  l'ambassadeur  d'un  monarque  allié, 
tandis  que  son  départ  de  Venise  fut  en  quelque  sorte  le  signal 
de  la  rupture  de  toute  négociation  3. 

1  PottU  JovU  Mut.  tui  temp,  Lib.  il,  p.  S6.  —  *  Phfl.  de  ConiDes,  Ménoires.  liv.  VU 
Ch.  SL,  p.  SM.  —  >  lh\d.  p.  SM. 


FIN    DU   TOME  SEPTIEME. 


V|l%  i\ 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


w 


in»ît»»n»iininnii»i»im»tnu»m>»i 


TABLE  CHRONOLOGIQUE 


DU  TOME   SEPTIEME. 


Afin.  Pag.   Aim. 

,  CHAPITRE  PREMIER. 

«Milite  de  la  gvmre  des 
Turcs;  leurs  ravages 
dans  la  Camiole  et  le 
FriuH;  ceux  des  yéni* 
tiens  dans  la  Grèce  et 
V  Asie-Mineure, — Ré- 
volutions deCkypre,  qui 
réduisent  ce  royaume 
sous  la  dépendance  de 
la  république  de  De- 
nise. 1 

Haoyaise  politique  de  Paal  II , 
pour  la  défense  de  la  cliré- 
tlenté.  Ib. 

1458-1468.  Mathias  Conrinus,  fils 
de  Jean  Hunlades,  défend 
la  Hongrie  contre  les 
Turcs.  2 

Paul  II  le  sollicite  de  tourner 
ses  armes  contre  George 
Podiébrad,  roi  de  Bo- 
hême. 3 

1468.  Mathias    Gorvinus    alMUi- 

donne  la  défense  de  la 
Hongrie,  pour  attaquer 
les  Bohémiens  déclarés 
hérétiques.  4 

1469.  Invasion  de  la  Croatie  par 

Hassan  Bey,  et  massacre 
de  ses  habitants.  5 


P««. 


1469.  Nicolas  Canale ,  général  Yé- 
nitien,  surprend  et  pille  la 
Yille  d'Eno.  6 

2  août  Voeu  de  Mahomet  II 
de  détruire  ridolàlrie  des 
chrétiens.  7 

1470. 31  mai.  Une  puissante  flotte 
turque  sort  pour  la  pre- 
mière fois  des  Dardanel- 
les. 8 

La  flotte  Ténilienne  évite  le 
combat.  0 

Les  Turcs  se  préparent  & 
l'attaque  de  Négrepont 
ou  TEubée.  R. 

Ils  lient  la  Thessalie  à  l'Eu- 
bée  par  un  pont.  10 

25  Juin,  30  juin,  5  juUlet. 
Ils  livrent  trois  assauts 
meurtriers  à  la  ville.  76. 

Nicolas  Canale  manque  de 
résolution  pour  rompre  le 

-  pont  et  attaquer  la  flotte 
turque.  11 

12  Juillet.  Les  Turcs  pren- 
nent d'assaut  Négrqpont, 
et  en  massacrent  tous  les 
habitants.  Ib, 

Canale  accusé  de  manquer 
décourage.  13 

Il  est  arrêté  et  chargé  de  fers, 
etP.Mocénigololsocoède.    14 


466 


TAfiU 


Pag.   Aon. 


P««. 


1470.  Efflroique  caasenl  aai  chré- 
tiens  la  prise  de  Négre- 
poDt  et  |a  noarelle  ma» 
rine  des  Turcs.  14 

Paul  II  s'efforce  de  réconci- 
lier les  Italiens.  15 

32  décembre.  Ligue  d'Italie 
pour  la  défense  coquiHunei 
1471.24  juin.  Diète  dé  Ratis- 
bonne,  pour  pourvoir  k 
la  défense  de  la  cbrétien- 
té.  Ib. 

Discours  de  Paul  Morosini, 
ambassadeur  Ténilien , 
pour  demander  des  se- 
cours aux  princes  alle- 
mands. 17 

Les  états  de  Gamiole  et  les 
magnats  de  Hongrie  d^ 
mandent  aussi  des  se- 
cours. 18 

19  juillet.  Armement  puis- 
sant, ordonné  par  la  diète, 
que  l'indolence  de  Frédé- 
Hc  m  n'essaie  pas  même 

.  d'effectuer.  19 

Le  pape  sollicite  la  diète  de 
faire  attaquer  les  Bohé- 
miens en  quême  temps  que 
les  Turcs.  20 

Vaine  négociation  dé  Ma- 
homet Il  avec  la  républi- 
que de  Venise.  21 

néfociatîDoi  de  Paul  n  «t 
des  Vénitiens  avec  Ussun 
Gassan,  conquérant  de  la 
Perse,  ib. 

DéQ  réciproque  d'Ussun 
Gassan  et  de  Mahomet  II.  Ib, 

9  août.  François  delà  Royère, 
sous  le  nom  de  Sixte  IV, 
succède  à  Paul  IL  22 

20||oi|t,  Hercule  d'Esté  su^ 
cède  4  Borso,  duc  de  Fer- 
rare^  de  préférence  &  Ni- 
colas ,  fils  de  Lionne).         23 

W4|0çUtiQns  de  Catherino 
Zeno  avec  Ussun  Gassan.    25 
1472.  KipédiUoq  de  Pierre  Mooé- 
i|^  ROffr  iéfoUïï  l'Aii»- 
Mineure.  Ib, 


1473.  n  fortifie  son  armée  par  des 

Stradiotes  de  Romanie.      36 

H  itt?^  la  Gari«  et  nie  d« 
tos,  27 

15  juin.  Reqoésens  avec  les 
galères  de  Naples,  et  Oli- 
vier Garaflis  avec  celles 
du  pontife,  viennent  le 
Jomdre.  Ib, 

Kllage  et  incendie  des  fau- 
bourgs d'Attalée,  ou  Sa- 
talie,  dans  la  Pamphilie.    28 

Ravage  de  l'Ionie.  Ib, 

13  septembre.  Pillage  et 
incendie  de  Smyme  par 
les  Vénitiens.  29 

1473.  Entrée  triomphale  d'Olivier 
GaraffaàRome,  après  son 
expédition  4aos  l'Asi*- 
nirieure.  30 

1472.  Ravages  des  Totcs  émt 

l'Albanie.  Ib, 

Le  paoha  de  Bosnie  s'avance 
datas  le  FriuH  jiisqu'A 
tr^s  mHles  d'Udine.  31 

1473.TeiHative  du  SiclKen  An- 
tonio, pour  brAler  la  flotte 
torque  à  GalUpoli.  33 

Corresp^dance  de  Btooé- 
tiigo  avec  UÉsini  Gassan 
et  les  princes  de  Gara- 
majaie.  w  33 

1473-t 488.  Ambàssad'e  en  l^èrse 
de  Barbaro  et  de  Coata- 
rini.  ib. 

1473,  Slocéiïigo    prend  sûr  les 

Turcs  et  rend  aux  Cara- 
mans  Séleucie  et  deux 
«autres  forteresses.  3& 

Ussun  Gassan  battu  par  Ma- 
homet II  sur  les  frontiè- 
res de  l'A^énie  et  de 
Vfsmpire  fte  Tréblsonda*    36 

Mooënigo  ptuç  f^(  brûle 
Myra  dans  fa  Lycie,  et 
ravage  les  campagnes  de 
Physsus  dans  la  Garie.  ib* 
.n  refuse  l'assistance  da  lé- 
gat et  tourne  son  atten- 
tion vers  tel  affaires  de 
Ghypre.  *' 


CHRONOIAAlQnE. 


487 


Pi«-   Aa^. 


P«l- 


14M.  FalblMM  d«  ilaBUs  III  de 
Luslgnin  ;  trooMcs  Moi 
son  règne.  37 

1459.  aacqoe»,  bàUitl  deLost* 
gnan>  enlève  la  eouronne 
à  Gliârloile»  fille  de  ce 
roi,  el  à  Louis  de  Satole 
»on  mari.  88 

1180.  ebtrlotle  demaiièi  daa  ac- 
cours au  pape,  H  A  lOol 
les  prioces  de  la  duré- 
lienié.  39 

146*0-I468«  Marc  Ooniaro  pro> 
cure  A  Jacques  de  Lssi- 
gnap  ralUance  de  la  ré- 
pubRque  de  Venise,  et 
tai  soumel  toute  la  Cby* 
pre.  40 

1471  iïH^qties  de  Luslgrian  ^pduse 
CAtberlAe  Cornaro,  adop- 
tée par  la  répubilcjoe  de 
Veiilse  comme  me  de 
Salttt-Marc.  Ib. 

f 473«  «Juin,  liort  de  Jfae^oei  de 

fyuslgnall  i   \i\èêàûi    sa 

femme  cprosae.  41 

Jj^ottaie    des    cb^EpriMes 

contre    les   YéoltleAa  ; 

massacre  des  parents  dé 

la  relue*  Ib, 

Mocénigo  el  les  proyédMeors 

véûKiena  ifféieotem  ao 

jhaptèaae  ^acquea^le^Pos- 

tbume,  flis  de  Catherine 

Gofiwro. 

fttehessede  l'Ile  de  Cbjpre. 

Moeéoigo    débarque    des 

tffOiipeaenCbypre. 
il  ptiiiU  léyèrement  tous  les 
ennemis  de  la  reine  Ca- 
tbaiNie* 
Au  nom  de  oette  reine,  il 
védliit  la  Chypre  sons 
l'absolue  dépendance  des 
Vénitiens.  45 

CfUHTRE  11. 

Laurent  de  Médiois  a ue- 
ebde  au  crédit  de  son 
père  sur  la  répubiique 
fiarewtiiM'  —  Faet»  et 


42 

43 

44 


75. 


mmbWmân  mmmde 

Sixte  IV  ;  prmnibre 
Mmiiagne  4$  Julien  de 
lu  Rovèret  9ui  depvie 
fntJuke  V ,  -^  Progrèe 
des  ^  Turcs  ;  preff^ier 
0ié$i  de  feiOari  ;  siéga 
de  lApant^  i  pri^e  de 
CQffa.  U^\Mk'  46 

La  répiiM<ia<^  florentine 
cesse  d<D  iHr^  ta  pollti- 
<|WdeK|UUe.  ib. 

14W.  Les  fils  de  Pieri^de  Médf- 
cia,  trop  jewiea  pour  gour 
vemer  4  1*  nort  de  leur 
père.  47 

La  faction  «tUiehée  à  lear 
famille  leur  défère  cepen- 
dant l'autorité.  Ib. 

PoUflquede  Thomas  Sodé* 
limi,  qui  maintient  le  cré- 
dit des  Médicis.  48 

La  lépubU^e  demeure  «i 
i:epos  pendant  léi^  Jeu- 
nesse. 50 
1471.  VoMse  pomnemi  ^  0*^ 

léaz  Sfofza  a  Ploreoce.    Ib, 

lAfluence  fatale  de  la  cour 

c|e  éiorza  sur  les  mœurs 

des  Florentiia.  51 

lélO.  6  avril.  Bemardo  ^ar^  se 

saiid  maître  (le  l^rato  par 

.  surprise.  52 

Il  est  fait  prlsounfer  et  puni 
de  mort  avec  ^tg  com- 
plices. 53 
t472.  Troubles  i  Volterra,  A  Toc- 
aasion  d'une  mine  d'a- 
lun.                               Ib. 

27  avril.  Volterra  aerétolte 
contre  Florence.  54 

Juin.  Vollerra  prise  et  pillée 
par  Frédéric  de  Monlé- 
fel^ro.    ,  55 

1471.  9  août.  Election  de  Slite 

IV.  suspectée  de  simonie.    56 

Le  trésor  de  Paul  H  apu/^- 
trait  par  ce  pape  ou  ^^ 
neveuiL.  67 

Slite  IV  sacrifie  A  ses  qiia- 


488 


TABLE 


Pas.  Ana. 


^ 


Ira  nefeox  Im  intérèliile 
réglUe.  &7 

1471  «GrAees  qa'il  accorde  à  Léo- 
nard et  JaUen  de  la  Ro- 
Yère»  et  à  Jérôme  Ria- 
rio.  &8 

PoUsanee  et  luxe  extrava- 
gant de  Pierre  Riario, 
cardinal  de  Saint-Sixte.  Ib. 

1473.  12  septembre.  Il  arrive  k 

Milan  avec  le  titre  de  légat 
de  tonte  l'IUUe.  60 

1 474.  5  janvier.  Sa  mort,  suite  de 

ses  débanches.  Ib. 

Jean  de  la  Rovère,  autre 
neveu  du  pape,  épouse 
Jeanne  de  Montéfeltro .       6 1 

21  août.  Frédéric  de  Mon- 
léfeltro  créé  duc  d'UrbIn 
par  le  pape.  Ib, 

Campagne  du  cardinal  Ju- 
lien de  la  Rovère  contre 
TodI.  62 

Il  attaque  Nicolas  Viteltt, 
prince  de  Città  di  Gas- 
tello.  63 

Les  Florentins  prennent  sa 
défense.  ib. 

Défiance  que  cause  aux  Flo- 
rentins ralliance  du  pape, 
du  roi  de  Naples  et  du 
duc  d'Urbin.  64 

2  novembre.  Alliance  entre 
Florence,  Yenise  et  le  duc 
de  MHan.  65 

Nullilé  de  l'histoire  d'Italie 
pendant  plusieurs  an- 
nées. 66 

Le  pape  se  refuse  k  pren- 
dre part  à  la  guerre  con- 
tre les  Turcs.  Ib, 

17  janv.  Défaite  des  Turcs  k 
Rackowiecicz  par  le  way- 
vode  de  Moldavie.  Ib, 

Mai.  Le  Beglierbey  de  Re- 
manie entreprend  le  sié-  - 
ge  de  Scutari.  67 

Août.  Il  lève  le  siège,  après 
avoir  beaucoup  souffert 
par  les  maladies.  68 

Sottflirances    des    assiégés 


et  de  rarmée  véDltlenne.  SB 

1475.  Les  Turcs  assiègent  inutile- 

ment Lépante.  69 

Importance  de  la  colonie 

génoise  de  Gadà.  70 

Secours  envoyés  k  Gaffa  par 

terre.  71 

Démêlés  des  Génois  de  Gaflli 

avec  un  kan  de  Tartarie.  72 
Juin.  Gaffa  prise  et  ruinée 

par  Mahomet  II.  73 

Affiiibllssement  de  tons  les 

partis  dans  la  guerre  des 

Turcs.  Ib, 

GHAPITRE  III. 

Conjuration  de  JSicoUu 
d'Esté  à  Ferrure,  de 
Jérôme  Gentile  à  Gè- 
nes, d'Oigiati,  yu^ 
conti  et  Lampugnani  à 
Milan,  —  MévohUions 
dans  rétat  de  Milan , 
après  lamorl  de  GaUax 
S  for  sa.  1476-1477.  75 

Tous  les  états  d'iulie  ébran- 
lés en  même  temps  par 
des  conjurations.  ib. 

Un  tyran  peut-il  être  ren- 
versé autrement  que  par 
une  conjuration  ?  76 

Motif  de  lintérêt  qu'excite 
l'histoire  de  toute  conju- 
ration. 77 

1476.  Gonjuration  de  Nicolas,  fils 

de  LIonnel  d'Esté,  contre 
Hercule.  Ib. 

I  «■*  septembre.  Nicolas  entre 
avec  six  cents  hommes  k 
Ferrare.  78 

II  est  chassé,  fait  prisonnier 
et  mis  à  mort.  79 

Pouvoir  limité  du  duc  de 
Milan  à  Gênes,  d'après 
les  capitulations.  80 

Galéaz  Sforza  ne  les  observe 
pas.  Ib. 

Galéaz  veut  partager  la  ville 
de  Gênes  en  deux  pour  la 
dompter.  81 

Courage  de  Lazare  Doria, 


GHaOSQtÉOeiQUX. 


4ad 


Pag,  AI9. 


Pag. 


qol  le  fait  n^noncer  à  oe 

.  projet.  8:^ 

1476.  Juin.  Jérôme  Gentile  prend 
les  armes  pour  délivrer 
Gènes.  88 

Il  est  obligé  de  renoncer  à 
sou  projet  et  de  sortir  de 
la  ville.  ib. 

Caractère  et  vices  de  Galéaz 
Sforza.  84 

Jérôme  Olgiati,  Carlo  Vls- 
contl  et  Jean  -  André 
Lampognanl^  élèves  de 
Colas  de  Montant,  for- 
més par  lai  &  la  haine  de 
la  tyrannie.  85 

Il  leur  fait  appcendre  Tart 
de  la  guerre.  86 

Animés  par  les  outrages 
qu'ils  reçoivent  de  Sforza, 
ils  conspirent  contre  loi.      Ib* 

Prière  des  conjurés  dans  le 
temple  de  Saint  -  Am- 
broise.  87 

26  décembre.  Ils  tuent  Ga- 
léaz dans  ce  temple.  88 

Lampugnaol  et  Yiscontl 
sont  massacrés  immédISH 

.    tement.  89 

Constance  de  Jérôme  Olglati 
durant  le  plus  affreux  sup- 
plice. Ih. 
1477.  Jean  Galéaz  Sforza,  fils  de 
Galéaz,  reconnu  comme 
duc  de  Milan ,  sous  la  ré- 
gence de  sa  mère.  Bonne 
de  Savoie.  90 

Jalousie  entre  SImonéta,  son 
premier  ministre^  et  les 
A-ères  de  Galéaz.  91 

16  mars.  Tumulte  à  Gènes 
sur  la  nouvelle  de  la  mort 
du  duc  de  JVlilan.  92 

Prosper  Adorno  tiré  de  pri- 
son par  la  régence  de  Mi- 
lan, et  chargé  d'apaiaer 
les  troubles  de  Gênes.         93 

.30  avril.  Adorno  rétablit  à 
Gènes  l'autorité  limitée 
du  duc  de  Milan.  94 

liCs  frères  Sforza  réduisent 


les  Fieschl*à  Tobéifisance.    95 
1477.  Mal.  Ils  reviennent  à  Milan, 
dans  respérauce  de  s'em- 
parer de  i'autoiité.  76. 

2ô  mai.  Leur  confident  Do- 
nato  de  Centi  est  arrêté.    Ib» 

Ils  veulent  soulever  le  peu- 
ple, mais  ils  sont  forcés  à 
s'enfuir.  96 

Mort  d'Octavien  Sfona  ao 
bord  de  l'Adda  ;  exil  de 
ses  frères  ;  victoire  com- 
plète de  Gecoo  SImonéta.   ib. 


CHAPITRE  lY. 

Conjuration  des  Paxxi, 

1478. 


98 


1472-1477  Insignifiance  de  l'his- 
toire florentine  pendant 
plusieurs  années.  Ib. 

Pouvoir  vexatoire  qae  s'ar- 
rogent les  Médicis.  99 

,  Dissipation  de  la  fortune  pu- 
blique pour  soutenir  leur 
commerce.  Ib* 

Partisans  des  Médicis,  et 
leurs  ennemis.  100 

Jalousie  de  Ijauvent  contre 
la  famille  des  Pazzl.  101 

n  prive  Jean  des  Pazzl  de 
rhérllage  des  Borromei.    102 

François  Pazzl  quitte  Flo- 
rence pour  s'établir  à 
Rome.  104 

11  associe  sa  haine  à  celle  de 
Sixte  lY  et  de  Jérôme  Ria- 
rio.  Ib. 

Il  reconnaît  qu'il  ne  peut 
attaquer  les  Médicis  que 
par  une  conspiration.        105 

11  attache  A  son  parti  Fran- 
çois Salviati,  archevêque 
nommé  de  Pise.  106 

1477.  Charles  de  Montone, 
en  attaquant  les  Siennals, 
les  Indispose  contre  Flo- 
rence. Ib, 

Jacob  des  Pazzl  entre  dans  la 
conjuration  de  son  neveu .  1 07 

D'autres  ennemis  des  Médi- 


49» 


TABUS 


ng.     AMB. 


m> 


fk  f  e  Joignent  aux  eon- 
juréi.  m 

I472-I47Î.  10  décembre.  Ra- 
phaël Riario  nommé  ear«- 
dinal  è  dix>birit  an».  Ib, 

l<4t6.  Le  cardinal  RUmo  revient  à 
Florence,  et  les  conjurés 
tealent  attaqaer  les  Hé- 
dicis  pendant  tes  Tètes 
données  é  ce  cardinal.  J09 
36  avril.  Les  conjurés  atta- 
quent lesf  deux  frères 
pendant  la  messe,  A  la 
catnée^ate.  Ib. 

Julien  est  tué,  Laurent  se 

dérobe  à  ses  menrlriers.    1 1 0 
Laurent  se  relire  cbe«>  lai 

entouré  de  ses  arais.  1 1 1 

L'archevêque  Salvîati  veut, 
pendant  ce  temps ,  s'em- 
parer du  palais  public.  112 
te  gonfalonier  s'échappe 
de  ses  mains,  le  fait  sai- 
sir et  le  fait  pendre  atfx 
fenêtres  du  palais^  113 

Efforts  inutiles  de  Jacob  des 
Pazzi  pour  animer  le  pea- 
ple.  114 

Tous   les  conjurés  massa- 
crés par  le  peuple  furieux.  Ib. 
Soixante-dix  citoyens    mis 

en  pièces  dans  les  rues.    115 
Caractère  des  Pazzi.  1 16 

Attaque  des  alliés  contre  la 

république  florentine.       Ib. 
4  Juin.  Bulle  de  Sixte  IV 

contre  elle.  117 

13    Juin.    Les    Florentins 
nomment  les  décemvirs  • 
de  la  gnerre  pour  se  dé- 
fendre. 118 
Le  roi  de  France  et  d'autres 
souverains   venlent  dé- 
tourner Sixte  IV  de  la 
gnerre.  119 
Le  cardinal  de  Pavie  con- 
aeine  à  Sixte  IV  de  don- 
ner des  réponses  évasives.  Ib. 
Il  représente  la  cause  des 
conjoréscomme  devenue 
celte  da  Saint-Sfége.         130 


1478. Le  pqM  diffère'  pendint 
toute  l'année  de  répondre 
aux  ambassadeurs  dé 
FrattcOf  etae  prépaie  k  la 
guerre.  121 

CHAPITRE  V. 
Guerre  entre  SiœU  IV^ 
aXlié  de  Ferdinand  de 
tapies,  et  les  Floren- 
Uns.  —  Génei  reeauvf^ 
sa  liberté.  Suite  et  fin 
de  la  guerre  de  P'enise 
contre  les  Turcs,  i  478.    1 22 
La  dissimulation  des  conspi- 
rateurs ne  peut  être  excii- 
sée  <}U'ett  raison  do  dan- 
ger qu'lifi  courent.  ib. 
lAè  souverains  qui  s'enga- 
gent dans  une  conspira- 
tion descendent  au  rôle 
d'assassins.                      123 
Le  caraotère  de  Sixte  lY 
corrompait  son  esprit  et 
déshonorait  ses  projeta.     Ib. 
1178.  Ses  préparatifs  pour  la  guer- 
re, et  ceux  des  Flurentin^.  124 
30  août.  Le  duc  Hercule  de 
Ferrare  accepte  le  coon- 
mandement  de   farmée 
florentine.                        125 
Conduite  suspecledadocde 

Ferrare.  J|. 

ff  laisse  prendre  soecessfve- 
ment  les  plus  forts  ehA- 
teaux  des  Florentins.        126 
Novembre.  Il  met  ses  troo- 

pes  en  quartiers  d'bive^.    I27 
Laarent  de  Médieli  se  tient 
toujours  éloigné  de  f  ar- 
mée qui   combal  poQr 

Les  Florentins  soIlleHeotlça 
secours  des  aukes  pcïî- 
sances.  1 28 

■Ils  ont  recours  A  RbmH»,  ré- 
gente du  ducbè  lie  flIHan.  1 39 

Le  roi  de  Napies  donne  A 
Bonne  des  eecapations, 
pour  rempécber  de  seeoo- 
fir  les  FIorentliM.  ib. 


GHROnOtOOIQUE. 


491 


1478.11  eidte  Prosper  Adorno  à 
soulever  Gènes. 

Sforzfno  envoyé  à  Gênes 
avec  ome  noinbrease  ar- 
mée, pour  soumettre  cette 
Ttlle. 

Robert  de  San-Sévérino  se 
charge  de  la  défense  dte 
Gènes. 

7  août.  Bataille  sons  H  due 
Gemelli  entre  les  Mila- 
nais et  les  Génois. 

L'armée  des  Milanais  dé- 
faite et  déponillée  par  les 
paysans. 

W  novembre.  Prospcr  A  dof- 
tio  obligé  de  céder  sa 
place  à  Baptiste  ï  régofio. 

Les  Florentins  cherchent  à 
demeurer  en  pai&  avec  le 
gouvernement  de  Gênes. 

Peste  à  Florence  et  à  Venise. 

flégodations  des  Florentins 
avec  Venise,  ponr  en  ob- 
tenir des  secours. 

Les  Vénitiens,  épuisée  parla 
guerhî  des  Turcs,  ne  peu* 
vent  secourir  Florence. 
I4t5.  Leurs  eflbrts  pour  obtenir  la 
psit  de  Mahomet  fl. 

Ils  font  conduire  à  Vcfiise 
fés  fils  naturels  de  Jac- 
ques de  Lusignan. 

1477.  Achmet,sangiak  d'Albanie, 

met  le  siège  devant  Croia. 
2  septembre.  François  Con- 

larlnl  défait  devant  Croia, 

par  Achmet. 
Octobre.  Le  pacha  de  Bos- 
nie attaque  le  Friuli. 
Achmet  Giedik  s'empare  du 

pont  de  Goriza. 
Géronimo  Novello  battu  sur 

les  bords  de  t'Isonzo,  par 

les  Turcs. 
Le  nord  de  rilafie,  jtlsqtt'A 

la  Piave,  ravagé  par  les 

Turcs. 

1478.  Les  Vénitien^  fortifient  de 

nouveau  les  bords  de  TI- 
sonzo. 


Pig.  AriBa  Pig* 

I478.5mvler.  H»  font  de  noo- 
1 29  veaux  eflTOrts  pour  obtenir 

la  paU.  141 

Mal.  Mahomet  rejette  les 
conditions  qu'il  avait  lul- 
131  même  dictées.  142 

15  Juin.  Grofa  se  r^nd  A 
Mahomet,  qui  viole  la 
Ib.  capilfilatlon.  J9, 

Mahomet  assiège  Scufail.     143 
37  Juillet.  Assaut  terrible 
1  a  <lonné  A  Scutari  1 4  4 

Mahomet  s'empare  de  diver- 
ses places  de  l'Albanie.      145 
fd.  Il  attaque  de  nouveau  le 

FHull.  f46 

inqaMtnde  que  les  afflilrea 
183  de  Gbvpre  donnent  à  la 

république.  Ib, 

27  août.  Les  Vénitiens  en- 

134  ferment  dans  le  château 

135  de  Padoue  les  enfants  de 
Jacques  de  Lusignan.       147 

Eitrémités  où  IH  Ville  de 
ib,  Scutarl  s«   trouvait  ré- 

duite. Ib. 

18  novembre.  Le  sénat  f)rét 
Ib.  k   accepter   la    paix    A 

toute  condition.  148 

136  1479.  26  Janvier.  La  paix  est  d- 
gnèe  avec  le  sultan,  par 
Giovanni  Dario,  ambas- 

Ib,  sadeur  de  Venise.  149 

La  république  donne  ûes 

137  pensions  aux  habitants 
de  Scutari,  qui  abandon- 
nent leur  patrie,  cédée 

Ib.  aux  Turcs.  150 

25  avril.  La  paix  avec  les 

138  Tdrcs  publiée  à  Venise.      Ib. 

,3g  GHAPITAE  VU 

SixHè  t'P^  attiré  te»  Suis- 
ses en  Italie;  leur  t^ie- 
Ib.  toire  sur  les  Milanais  à 

Giomico.  —  Il  exeiîe 
Louis-le-Maure  à  s'em^ 

140  parer  du  gouvernement 
de  Milan.  Détresse  de 
Laurent   de  MMMi  ; 

141  il  se  rend  à  JVapiêg,  où 


492 


Ami, 


TABLE 

Pig.    AU. 


ii  Sjfgne  une  paix  qui 
pompromet  Pindépen-^ 
daneê  de  la  Toêeane. 
Prç^eî  du  due  de  Cala- 
are  sur  Sienne  ;  révolu- 
Hons  dé  eeUte  r^pti^M- 
quft,  1478-1480. 


PH. 


151 


1479.  Jalousie  des  Italiens «ontot 
Venise,  après  ia  pa&\  de 
GoDstaotinople*  ib. 

Ck)lére  de  Sixte  IV  coaire 

eux.  152 

U  Yeot  susciter  de  nouteHes 
guerres  en  Italie.  /^. 

1476-1478.  Goromeneement  du 
oommerce  des  indulgen- 
ces en  Suisse.  158 
Sixte  IV  vent  appeler  les 
Suisses  aux  guerres  d'Ita- 
lie, /é. 
Intrigues  en  Suisse  ée  son 

légat  Guido  de  Spoieto.    154 
Novembre.  Le  canton  d'Uri 
déclare  la  guerre  au  duc 
de  Milan.  155 

Les  Suisses  ravagent  ie  rei- 
sinage  fies  lacs,  et  m^a- 
cent  BelUnzona.  Jb, 

1479.  Janvier.  lis  défont  le  comte 

Torelli,  à  Gtomico.  156 

Paix  entre  le  duc  de  MUan  et 

les  cantons  suisses.  Jb* 

Intrigues  de  bixte  IV  avec 
San-Sévérino  et  les  frères 
Sforza.  157 

Faiblesse  des  Florentins 
dans  leur  guerre  contre 
Robert  de  San-SévériBO.  Jb. 
Animosité  des  soldats  de 
Braccio  contre  ceux  de 
Sforza,  quiservaientavee 
eux  dans  ramée  floren- 
tlne.  i5g 

7  septembre.  L'armée  des 
Florentins  défaite  au  Pog- 
gio-Imperiale ,  et  leurs 
forteresses  prises  par  le 
duc  de  Galabre.  Jb. 

JA8  frères  Sforza  passent  en 
Lomberdie.  159| 


1 1479.28  août.  Torlone  se  rend  à 
Louîs  Sforza,  àli.le 
Maure,  159 

8  septembre.  Il  est  rappelé 
A  Afilan  par  Jes  ennemis 
du  ministre  Cecco  Simo- 
néta.  16Q 

1 1  septembre.  Louis-le» 
Maure  fait  arrêter  Simo- 
néla,  et  un  an  après  II  l^ 
fait  périr.  |$| 

1480.  7  octobre.  Il  renvoie  la  du- 
chesse Bonne,  et  déclare 
son  fils  nujeur  â  doux» 
ans.  ^^ 

1479.  Les  Vénitiens  et  les  Floreii- 
tins  veulent  opposer  Eené 
II  de  I/)rraine  à  Ferdi- 
nand. 152 

DroiU  de  René  II  à  repré- 
senter la  maison  d'An- 
jou. 163 

Les  ducs  de  Galabre  et  d'Ur- 
bin  invitent  Laurent  de 
Médicis  A  traiter  avec 
Ferdiuand.  i64 

Dissentiments  entre  le  roi 
de  Naples.etle  pape  sur 
la  guerre  de  Florence.       1 65 

Dangers  de  ia  situaUoB  de 
Laurent  de  Médiels.  Jb. 

5  décembre.  Il  part  pour 
w««      traiter  la  paix  â  Napiea.  166 
1480.  Il  est  reçu  à  Naples  avw 

les    plus    grands   bo»- 
neurs.  1(^7 

11  expose  à  Ferdinand  ïts 
principes  de  sa  poKlique.  168 

Ferdinand  veut  s'assurer  si 
les  ennemis  de  Laurent 
ne  profiteront  point  de 
son  absence.  /6, 

6  mars.  Ferdinand  signe  la 
paix  avec  la  république 
florentine.  109 

12  avril.  Laurent,  deretpqr 
à  llorence,  rend  son 
autorité  plus  absolue.        170 

Magnificence  et  prodigalité 

de  Laurent.  i7i 

Projets   de  Ferdinand  sur 


Ann. 


CHRÔlïOLdGIQUB. 
Pag.  Ami. 


4^3 


Sienne,  qui  ravalent  en- 

'  'gagé  A  la  paix.  171 

1408-1480.  Sienne  gouvernée  par 
les  trois  monts  réunis, 

'  des  Neuf,  des  Réforma- 
teurs et  du  Peuple.  172 

Prospérité  de  la  république 
sous  ce  gouvernement.      173 

HéGontentement  des  partis 
exclus  du  gouvernement.  Ib. 
1480.  Î2  juin.  Le  mont  des  Ré- 
formateurs exclu  du  gou- 
vernement par  le  duc  de 
.  Galabre.  /6. 

Nouveau  gouvernement  prêt 
A  soumettre  Sienne  au 
roi  de  Naples.  174 

Sienne  sauvée  par  le  dé- 
barquement des  Turcs  A 
Otranle.  175 

CHAPITRE  va. 

Mahomet  II  s'empare 
d'Oirtmie;  SixUe  IV 
.  effrayé  fait  la  paix  avec 
<  ies  Florentine,  et  le  duo 
de  Calabre  quitte  Sien- 
ne pour  délivrer  Otran- 
te,Mort  de  Mahomet  il. 
Nouvelle  guerre  allu- 
mée dans  toute  V Italie 
parSiœtelVfpourle  du^ 
ehé  de  Ferrare.  Il  passe 
d'un  parti  à  Vautre,  et 
meurt  enfin  de  chagrin 
de  la  paix.  1480-1484.  176 

148Ô.  Expédition  de  Mahomet  II 
contre  nie  de  Rhodes, 
commandée  par  Mésithès.  Ib, 

28  juillet.  Débarquement 
des  Turcs,  conduits  par 
Achmet-Giédik,AOtrante.  177 

11  août.  Prise  d*Otrânte,  et 
massacre  de  ses  habi  tants .  Ib. 

Les  Vénitiens  avaient  favo- 
risé cette  Invasion,  et  le 
pape  était  accusé  d'y 
avoir  consenti.  178 

EOlroide  iSixte  IV,  en  voyant 
les  Turcs  en  Italie,  /6. 

n  appelle  tous  les  Italiens  A 


la  défense  de  TÉgltse.       1 79 
1480.7  août.  Le  duc  de  Galabre 
quitte  Sienne  pour  défen- 
dre le  royaume  de  son 
père.  180 

Le  pape»  effrayé^  consent  A 
se  réconcilier  avec  les  Flo- 
rentins.' Ib. 

3  décembre.  Pénitence  des 
Florentins ,  et  discours 
que  leur  adresse  le  pape.  181 
1481.  Mars.  Les  Florentins  recou- 
vrent leurs  forteresses, 
sut  les  frontières  de  l'é- 
tat de  Sienne.  183 

Paul  Frégoso  envoyé  par 
Sixte  IV  contre  Olrante .   Ib. 

3  mai  1481.  Mort  de  Maho- 
met II,  qui  met  un  ter- 
me  A  la  terrem:  de  ritalie.  184 

10  août.  Otrante  reprise  par 
le  due  de  Galabre.  Ib. 

1480.4  s^tembre.  Le  pape  dé- 
pouille les  Ordelaffl  de  la 
principauté  de  Forli,  et 
la  donne  A  son  neveu  Jé- 
rûme  Riario.  185 

Extorsions  par  lesquelles  le 
pape  relève  ses  finances.  186 
1481.  n  envole  Riario  A  Venise, 
pour  s'allier  avec  cette  ré- 
publique. 187 

Riafrio  songe  A  partager  avec 
Venise  les  états  du  duc 
de  Ferrare.  Ib» 

Griefs  de  la  république  de 
Venise  contre  le  duc  de 
Ferrare.  Ibm 

1482. 3  mai.  Le  pape  et  la  répu- 
blique déclarent  la  guer- 
re au  duc  de  Ferrare.        188 

Ligue  du  roi  de  Naples,  du 
due  de  MHan  et  des  Flo- 
rentinsi  pour  le  défendre.  1 89 

Guerre  des  seigneurs  de 
chÂteaux  dans  Tétat  de 
Rome.  Ib. 

Guerre  des  Fieschi  en  Ligu- 
rie,  et  des  Rossi  dans  l'é- 
tat de  Parme.  ib. 

IHfficulté  de  la  guerre  dans 


• 


1484. 


494  TA$tt 

ABO.  Plig.   Ain. 

Ifli  mn^i»  dw  iKNiches 
du  Pô.  190 

148!l,  Robert  44  San-SéTéjriiio  ^ 
général  des  Yéniltens, 
soamet  ^ioÉiieiin  châ- 
teaux-fiHif.  191 

Frédéric  de  M onléfeltro  est 
nommé  générul  de  la  li- 
gue qui  défend  Ferrare.     1 93 

Un  ermite  vent  détendre  Ff- 
gbér uolo  par  un  miracle.  1 9S 

21  août.  Le  duc  de  Calabre 
défaft  4  Cainpo-Horto, 
rés  de  Yelletif ,  par  Ro- 
lirt  Malatestiy  fanera!  du 
pape.  194 

Ingratitude  du  pape  pour 
Malatesti,  mort  empoi- 
sonné le  1 1  septembre       194 

1 1  septembre.  Mort  de  Fré- 
déric de  Montéfeltro,  duc 
d'Urbîn.  /6. 

1 4  octobre.  Première  ouyer- 
tnrede  paix  eiàtre  Sixte 
IV  et  Ferdinand.  197 

1 3  décembre.  Sixte  IV  aban- 
donne les  Vénitiens  et 
s'attache  4  la  ligue  opposée.  /6, 
1489. 10  Janvier.  Il{»ublie  un  ma- 
nifeste contre  les  Véni- 
tiens/et  les  excommunie 
ensuite.  198 

28  février.  Congrès  d^  Cré- 
mone pour  attaquer  les 
Vénitiens.  Ib, 

La  guerre  se  fait  avec  mie 
extrême  mollesse.  199 

Guerre  de  Toscane  faite 
plus  lâchement  encore.      200 

9  mai.  Traité  des  Vénitiens 
avec  René  II  de  Lorraine, 
qu1ts  prennent  4  leur 
solde.  201 

30  août.  La  mort  de  Louis  XI 
oblige  René  à  retourner 
en  Lorraine.  ift. 

24  mai.  Sixte  IV  excommu- 
nie les  Vénitiens.  202 

1 9  novembre.  Il  fait,  cardi- 
nal son  valet  de  chambre, 
4gé  de  vingt  4IM«  20$ 


1^* 


Vai  et'iPia-  U  flatte 
vénitienne  prend  an  roi 
de  Kapiesiâliipoft  ail^ 
licastio.  203 

LesColonna  poDfsoiTtoavec 
acharnement  par  Riario , 
à  Rome  etdana leurs  6eb.  204 
tf73.  Supplice   du  prbtpQptaire 

Louis  Colonna.  205 

Négociations  de  J^rne 
Riario,  pow^  s'empasar  M 
Rimini  et  de  Pésaro.        Ib» 

Refroidiasement  entiô  les 
alliés.  *  206 

14  juaieî.  Mort  de  Frédéric, 
marquis  de  Mantoue.        Ib» 

Négociations  de  Robert  de 
San-Sévériiio  avec  Lopls- 
le-Maure,  207 

7  aoûti.  Paix  deBagnoloen- 
tpe  la  Ugue  elles  Vénitiens.  Ib. 

Les  états  W  pliMi  «fiibles  sa- 

avifi4a|MirUb<piw4v^- 
iP0lo.  •  ib. 

MécontewIeHiint  ds  pape 
loisqn'il  app«»dlea  né* 
goditioBs.  209 

12  aott.  Il  feâiao  d'approu- 
vé e^dt  bénir  1»  iêïi.    Ib, 

14  aoiU.  Il  meurt  an  bout 
de  ^puakiiieS'  hemn»  d'un 
ae04a>datoittift«lMpntée.  210 

&0II  goût  i^4or-te«Mabats4 
fflatraninp.  A* 

cHiiprïRB  yra. 

Election  d'innofiçfit  lf/7/. 
Ce  j^apefoff  déclarer  te 
guerre  enfre  Ferdinand 

et  ses  ^or^fw.jT*  .^  Çp^' 
dinal  Payl  JMgoso , 
doge  de  Gènes.  —  Con- 
qttête  de  Sarxane  par 
le^  Florentins, — AfUiX' 
chie  et  pacification  de 
Sienne,  '-^  Conjiuraiion 
contre  J^rômo  Riario 
0î  contre  Galéoito  Mamr 
ffédi.  1484-1488.  2U 

Autorité  des  cardinaux  dans 

r^glis^  romaUia.  i6. 


GHRCHeiQliQGIQUE. 


495 


cèdwifestjrolontéi.        212 
4  àimm  #B€tiqii  leai^rdi^  1 485. 

naax  essayaient  d0  res- 
MMln  Iw  pnkogttives 

Mais  fei,  pipea  ia  déga- 
gfMi^atde  levurs  Munenti , 
en  veiitt  Al  Uxirtiipréiiia- 
$i%.    ..  /6.    i486. 

U  ,it^  diiitaiJiifa^araDti 
au  Saint-Siège  {fn  une 
M)«  d'Ionooeat  VX.        214  i 

Opposition  des  plus  ver- 
tii«i<.6«Edina«Kàce^ean- 
4ale..  215 

H84.GoBdiUons  iipposées  au  pape 
lutuff  aprèa  la  mort  de 
Sixte  IV.  Ib. 

2$  aoàt.  Jean-BapUste  Gybo 
élu  pape  sous  le  nom 
éUnnocmt  FUL  216 

H  av4dt  acheté  les  voix  des 
cardinaux  par  des  mar- 
chés seQvets«  217 

Garactemd'inooqeca VIII.   Ib. 

Innocent  VIII  «e  montre 
reoneni  de  Ferdinand.    218 

Haine  .des  sujets  de  Fer- 
nand  contre  lui.  Ih» . 

Inneeent  interrompt  le  com- 
iMMê  de  moBttpele  éta- 
Mt  entre  Si«te  IV  et  1  er- 
dmand.  219 

14#4.  Indépendance  des  habi- 
tants d'Aquila.  220 

28  |vte.  Us  sont  privés  de 
taffs  droits  par  le  duc 
deCalabre.  221 

Ootohve.  Innocent  TIII  les 
pi^lid  sous  ea  protec- 
tion. Ib' 

AswmAaée  à  Melfi  des  ba- 
rons napolitains  ennemis 
do  roi.  222    1487 

Le  dttc  de  Calabre  attaqfis 
les  barons  mécontents.      223 

Les  Florentins  et  Louis  Sfor- 
2a  promettent  leurs  se- 
GOttis  à  Ferdioand.  Ib,    1 486 

NégodaUons  des  barons  de 


Pag. 

iVAplia  et  d'bmoeent  Viii 
avec  René  II.  224 

Le  roi  envole  Frédéric,  son 
fllft,  pour  offrir  aux  barons 
les  eonditionf  les  plus 
ayaotageuses,  ..  Ib. 

Ferdinanii^fait  marcher  le 
dnc  de  Calalire  contre 
R<»ne*  225 

NégoelaUaiis  des  Fiorentins 
l«Mir.laise  rédfoUer  l'Etat 

,  dei'figli»^  226 

8  «aU.Vktoiie  dn  duc  de 
Calabre,  mu  pont  de  La- 
mentann».  a«ns  effusion 
de  ung.  Mb. 

Innocent  vm^sO^jé,  veut 
faire  la  pais.  227 

Hédialito  de  Fei^and  el 
d'IsabelIe^iQis  d'Arragon 
etdeGastille.  Jb. 

11  août.  Traita  de  Rome, 
ipar  lequel  Ferdinand  ac- 
eorde  au  pape  et  anx  ba- 
rona  toutes  leuis  deman- 
des. 228 

i^êd^U  Feidinand  feit  pé- 
i^r  «eu^  de  ses  ennemis 
qu'il  peut  saisir  à  Naples.  Ib. 

S(Qptembre.  Il  s'empan  d' A- 
quila ,  et  en  chasse  les 
troupes  du  pape.  229 

10  oçto^  Jl  arrête  et  fait 
périr  tous  les  barons  aux- 
quels il  avait  accordé  la 
«atx,  ib, 

Robert  de  San-Sévérino , 
abandonné  par  le  pape , 
est  mis  en  déroute.  230 

Le  pape  sesonmet  4  la  vio- 
lation de  la  paia.de  Rome.  i6.. 

U  se  réconcilie  avec  Lau- 
rent de  JUédiciaf  et  hd 
doime  toulesa  confiance.  231 

Novembre.  Il  fait  épouser  à 
son  fils  une  fille  de  Lau- 
rent, et  promet  au  fils  de 
Laurent  un  chapeau  de 
cardinal.  233 

>  Médiation  de  Médlcla  pour 
terminer  la  gnemd'OsI- 


4d6 


tABtt 


àinu 


ftg.  Âm. 


PH' 


ïïio,  dont  le  Mignénr  ap- 
pelait les  Tnrca  dai»r£tat 
de  l'Eglise.  233 

1483. 25  novembre.  Paol  Frégoao 
arrête  son  neveu  Baptiste, 
et  se  fait  doge  de  Gènes.  236 
1484.  Sarzane  et  Piétra-Santa  cé- 
dés à  la  ban<|ue  de  Saint- 
George  de  Gènes .  le. 
Octobre.  Les  Florentins  as^ 

siègent  Pfètra-Sanla.       237 
Maladies  cruelles  dans  le 
camp  des  assiégeants.      238 
*    8  Novembre.  Piétra-Santa 
se  rend  aui  Florentins,      ib, 
1486-1486.  Négociations  pour  la 
paix  entre  Paul  Frègoso 
et  Laurent  de  MèdiGis>    239 
1487.22  mai.  Prise  de  Sarzane 

par  les  Florentins.  Ib, 

Juillet.  Alliance  de  Paul  Frè- 
goso et  de  Louis  Sforza.    240 
Les  anciens  partisans  de 
'  Paul  Frègoso  se  réunis- 
sent aux  Adornicontrelui.  Ib. 
1488.  Août.  Paul  Frégoso ,  attar- 
què  par  les  Fiesques  <A  les 
Adorni,  se  réfugie  dans 
la  forteresse.  241 

Guerre  civile  dans  Gènes.      242 
Projet  de  partage  de  la  ré- 
publique entre  les  Adorai 
et  les  Frégosi.  243 

Augustin  Adorno  est  ren- 
voyé en  exil  dans  le  Friuli .  tb. 
Octobre.  Paul  Frégoso  se  re- 
tire à  Rome ,  où  il  meurt 
le  2  mars  1498,  244 

Laurent  de  Médicis  Jaloux 

de  tontes  les  répubttques.   ib. 
Troubles  de  Sienne,  quMi 
envenime.  S45 

1483. 14  juin.  Il  s'dlie  aux  déma- 
gogues de  Sienne.  246 
1 487 .  Tous  les  émigrés  de  Siemie, 
quoique  deparlisopposés, 
font  la  paix  entre  eux.  Ib . 
21  juillet.  Ils  partent  de 
St&ggia,  où  ils  s'étaient 
réunis,  pour  surprendre 
Sienne.  247 


I487.îie  gônteinement  r6v<yiii- 
tionnaire  de  Sienne  est 
renversé  par  nne  poignée 
de  conjurés.  348 

Tous  les  ordres  admis  de 
nouveau  au    gouverne- 
ment de  Sienne.  249 
1488 .  Conjurations  dans  les  petites 

principautés  de  Romagne.  Ib. 
1 4  avril   Jérôme  Rlario  as- 
sassiné i  Forli  par  ses 
gardes.  251 

Courage  de  sa  veuve,  Cathe- 
'  rine  Sforza.  Ib, 

29  avril.   Octavien   Riario 
succède  à  son  père,  sons 
la  tutelle  de  Catherine.     252 
"  31  mai.  Galéotto  Manfrèdi, 
seigneur  de  Faenza4  as- 
sassiné   par     Francesca 
-  Bentivoglio,  sa  femme.     Ib> 
Jean   Bentivoglio,  seigneur 
de  Bologne,  vient  à  Faen- 
zapour  secourir  sa  fille, 
et  il  est  fait  prisonnier 
par  les  habitants.  2&3 

-  Avantages  que  retire  Lau- 
rent de  Médicis  de  ces 
deux  révolutions.  2W 

CHAPITRE  IX. 

Là  rHne  Catherine  CoT' 
naro  abandonne  ViU  de 
Chypre  auan  F'initieni, 
ZtximàRome.  — il»- 
poê  apparent  de  toute 
l'HaHe.-^Ètat  de  l'Eu- 
rope t.  et  pronoeties  de 
nouveaux  oragee.  — 
Mort  de  Lauréat  de 
Médicis  et  d'Innocent 
nu.  1488-1492.  255 

'  Fermeté  de  la  république  de 
Venise  dans  ses  rapports 
avec  le  pape.  Ib. 

1487. Guerre  des  Vénitiens  avec 
Sigismond,  comte  de  Ty- 
roi.  «56 

9  août.  Robert  de  San-Sé- 
vérino  7  est  tué  auprès  de 
l'Adige.  257 


GHaOHOIiOGIQUf. 


497 


Plg.     âJUI. 


p«g. 


1487.  Goem  eitfre  Baj^zeth  II  et 

Gail-Bai,  soudan  d'E- 
gypte. 258 

]488.Aoftt.  Défaite  de  l'armée 
tarqae  par  les  Mamelacki, 
A  Issus.  Ib, 

Le  sénat  de  Venise  en  prend 
occasion  de  forcer  Cathe- 
rine Gomaro  à  abdiquer 
la  cooronne  de  Chypre.     250 

1489.24  Janvier.  George  Cornaro 
se  rend  auprès  de  sa  sœur 
pour  l'engager  àcéderson 
royaume.  Ib. 

15  février.  La  reine  prend 
congé  des  habitants  de 
Nicosie.  260 

20  Juin.  Elle  se  retire  À  Aso- 
lo ,  dans  le  Trévisan.        /6. 

1482.  Jem  ou  Zizim,  frère  de  Ba- 
Jazeth  II,  se  réfugie  à 
Rhodes.  201  \ 

1482-1479.  Il  vit  en  Auvergne, 
dans   une  commanderie 
de  Tordre  de  Saint-Jean.  Ib, 
13  mars.  Il  fait  son  entrée  à 
Rome  en  grande  pompe.   262 

i490.Mai.  Complot  découvert  A 
Rome,  pour  assassiner 
Jenu  2G3 

1484-1482. Malfaiteurs  impunis  A 
Rome.  Vénalité  de  lajus- 
tice.  264 

14 90. Fausses  bulles  vendues  an 
nom  du  pape,  pour  auto- 
riser les  crimes.  265 

1478-1492.  L'esprit  de  persécu- 
tion croissait  avec  l'im- 
moralité du  clergé.  266 

1478-1482.  L'inquisition  établie 
en  Espagne  par  Sixte  IV, 
en  chasse  ,  pendant  son 
règne,  170,000  familles 
juives.  267 

,  Isabelle  excusée  d'avoir  con- 
fisqué les  biens  des  Juifs 
par  cupidité.  Ib. 

1482. Tous  les  écrivains  du  siècle 
approuventla  persécution, 
en  bl&mant  tout  au  plus 
les  moyens  employés.      268 

VII. 


1482.Les  Juifs  exilés  apportent  la 
peste  à  Gènes  à  leur  pas- 
sage. 269 

1487.12  mars.  Tentatives  d'un 
moine  pour  faire  massa- 
crer les  Juifs  À  Florence 

et  A  Sienne.  Ib. 

1492. Tentatives  d'un  autre  moine 
•  pour  exciter  une  persécu- 
tion A  Naples  270 
Persécution  de  la  vaudolsle 
A  Arras.  là 
1486.30sepL  Innocent  VIII  or- 
donne aux  magistrats  ita- 
liens d'exécuter  les  sen- 
tences des  tribunaux  d'in- 
quisition sans  examen.      271 
Les  pins  violentes  persécu- 
tions ont  commencé  qua- 
rante ans  avant  la  réfor-       2 
matkm.                          27 
1489. Mars.  Innocent  VIII  nomme 
Jean  de  Médicis  cardinal 
A  l'Age  de  treize  ans. 
Arrogance  de  Laurent  de  Mé- 
dicis, dans  le  gouverne- 
ment de  Florence.             274 
Les  Annales  florentines  sans 
intérêt  A  cette  époque.        Ib . 

1490. 13  août.  Les  Florentins  font 
faire  banqueroute  A  l'état, 
pour  sauver  Laurent  d'u- 
ne banqueroute.  276 

1 462-1 60G.   Puissance  de  Jean 

Bentlvoglio  A  Bologne.      277 

1488.27  novembre.  Conjuration 
des  Malvezzi  contre  Benli- 
vogUo ,  et  leur  supplice.      27  8 

1 491 . 6  Juin.  Conjuration  des  Od- 
di  A  Perouse,  contre  les 
BaglionI,  et  leur  défaite.   279 

1490.  Leduc  de  Milan  consent  de 
tenir  Gênes  en  fief  de  la 
France.  280 

1 488*1 492 .  État  des  autres  puis- 
sances de  l'Europe.  La 
France  gouvernée  par  la 
dame  de  Beaujeu.  Ib 

Maximilien  en  lutte  avec  les 
Flamands,  et  Frédéric  III 
chassé  de  l'Autriche.         281 
32 


498 


ÏABUS 


Atttt. 


)hig.  àoÊL 


Hg. 


149^.5  âTffl.  Mort  de  Mattltftt 
GonriniM  ;  gaerres  dvUes 
de  Hongrie.  281 

148d>1492.  La  ronte  des  Indes  ei 
cette  de  rAmériqae,  on- 
vertes  au  Portugal  et  à 
l'Espagne.  982 

1492. 2  janvier.  Grenade  prlsepar 

les  rois  d'Espagne.  283 

Formation  des  grandes  puis- 
sances qui  doivent  rem- 
placer les  petites,  sur  I41 
scène  de  l'histoire.  /6. 

Une  nouvelle  époque  devait 
nécessaîremeat  comment 
cer.  284 

Laurent  de  Hédicis  ne  Re- 
tarda point  la  révolution 
qui  se  prépariUt.  285 

Le  projet  de  Néri  Câj^ni  et 
de  Sixte  IV  aurait  seul  pu 
sauver  l'indépendatioe  ita- 
lienne. 286 

Louis-4e-Manre,  en  appe- 
Imt  les  Français  en  ItaUe, 
ne  fit  que  ce  qui  s^tait 
fait  vingt  fois  avant  Int.    Ib. 

4  juin.  Vàt  de  Ferdinand 
deNaples  a'vee  l'église.  287 
1490. 27  septembre.  Léthargie 
d'Innocent  YIII ,  pen- 
dant laquelle  on  le  croit 
mort^  288 

1492. Tentative  d'un  médecin 
poor  rajeunir  Innocent 
YIII  par  la  transfusion 
du  sang.  289 

2^  juillet.  Mort  d'Innocent 
VIII.  Ib. 

8  avril.  Mort  de  Laurent  de 
Blédtcis.  Ib, 

Politique  de  Laurent  de  Mé- 
dids.  Jb, 

Son  eilrériie  aptitude  aux 
arts,  à  lapoéaiael  à  la 
philesophle.  290 

^hftme  de  son  earaolère, 
qui  ooiitribue  eneora  au- 
Joard'hai  à  «a  eéléteité.    291 


^Hàm!flte  X. 


Considérations  sur  h  «a- 
rw:tère  et  les  révôluiiont 
dm  xf^  Héché  294 

Eut  de  prospérité  tfe  l'Italie 
an  moment  où  s'engagea 
la  lutte  pour  son  indépen- 
dance* Ib. 

Importance  de  Tépoqoeoù 
nous  nous  sommes  anrétés.  Ib. 

Jusqu'en  1492,  l'Italie  oc- 
cupa lepremler  rang  en- 
tre les  nations  europém- 
nes.  295 

Calamités  qui  commencè- 
rent à  cette  époque,  et 
qui  réduisirent  l'Hifte  en 
servitude.  Ib. 

I^ùp  d'œil  sur  l'Ustcrire  en^ 
tière  de  l'Italie.  296 

Est-on  fondé  à  accuser  les 
Italiens  d'avoir  mérité  de 
perdre  leur  ittdépendâoeP  297 

La  nation  la  plua  sage  ne 
peut  tioint  endiahier  tous 
les  événementa  qui  font 
sa  destinée.  Ib. 

lia  naàon  anipalse  a  couru 
plusieurs  fois  lesdiances 
qui  ont  perdu  l'Italie.       298 

Les  Itftiiens  n*aàriient  point 
sauvé  leur  indépendance 
en  se  réan|sàant  en  une 
seule  mon^inMe.  Exem- 
ple des  Epagnols.  Ib. 

LItaHè  ne  pouvait  résister 
à  toutes  les  nattons  qui 
i'attaquéàrenté  la  fols.       299 

Une  guerre  civile  pevvatt 
également  ouvrir  PItalie 
aux  étranges,  qitand  elle 
n'aundt  formé  qufune 
seule  monarchie.  300 

Droits  éventuels  de  sneoea- 
irtott  qu'une  monaitfaie 
laisse  toi^cMtfrs  aux  étran- 
gers. 801 

L'Italie  aurait  plutôt  paître 
kauvée  parrunloÉ  de  ses 
républiques.  302 


CHROIIOLO0IQ17E. 


49» 


^•g.  ABU. 


Les  étâti  4e  If  taUe  étalent 
aassi  puissants  au  xy«  sië* 
de  que  ceox  delà  France 
et  de  l'Allemagne.  803 

L'Italie  ne  pouvait  prévoir 
le  danger  qu^elle  coa- 
riJL  804 

L'affaibUflsemeot,  de  l'espiH 
de  liberté  en  Italie  dimi^ 
noa  sa  force  de  résistance.  Ib, 

Dimination      considérable 

*  dans  le  nombre  des  ci- 
toyens souverains.  805 

La  puissance  d'une  républi- 
que sur  elle-même  aug*- 
meutée  par  la  participa- 
Uon  de  tous  4  la  souve- 
raineté. Ib, 

Le  Joug  imposé  sur  les  cités 
sujettes  de»  républiques, 
aggravé  pendant  le  xv« 
siècle.  306 

Diminution  de  la  liberté  po- 
litique dans  tes  capitales 
moines  des  républiques.  307 

Diminution  du  sentiment 
d'indépendance  dans  les 
principautés  italiennes 
pendant  le  xv<>  siècle.        808 

Un  grand  nombre  des  an- 
ciennes dynasties  élevées 
par  le  peuple  perdit  au 
XY«  siède  sa  souverai- 

.    neté.  ib. 

Les  états  monarchiques  ces- 
sèrent de  s'appuyer  sur  un 
principe  de  légitindlé.       809 

Malgré  ces  germes  de  désor- 
dres futurs,  le  xv«  siècle 
fi^  ua  temps  de  baute 
prospérité.  311 

Grands  hommes  qui  brillè- 
rent au  xve  siècle.  Ib, 

Lq»  guenres  du  xy«  siècte  se 
firent  avec  humanité.       812 

La  milice  italienne  se  fit  hon- 
oeur  à. cette  époque  aux 
yeux  dès  ultramontains.    813 
.  ISnthousIasme  de  toute  la 
nation  pour  les  lettres.       Ib. 

Créitti  politique  des  gens  de 


Fsf. 

lettBcs  dans  tons  les  étatf 

,  d'Italie,  814 

Emulation  exdlée  par  le 

.  grand  nombre  des  petits 
états.  îb. 

Grande  dlflfoence  enAre  Içf 
provinces  et  les  capitales, 
pour  les  progrès  de  la  ci- 
vilisation.t  815 

Utilité  pratique.  BésulUt  du 
progrès  des  sciences.         8 1 6 

L'histoire  d'un,  pays  libre 
met  en  évidence  toutes 
les  souinrances  des  indivi- 
dus ;  cdle  d'un  pays  as- 
servi les  dissimule.  317 

Recherche  du  bonheur  réel 
d'une  nation  dans  cha- 
cune des  classes  de  la  so- 

,  dété.  318 

Etat  de  bonheur  des  paysans 
Italiens,  comparé  à  celui 
des  autres  nations.  819 

Prospérité  de  l'agriculture 
au  xv«  siècle.  Ib, 

Les  provinces  aujounfhoi 
désertes  élaieat  alors  cul- 
tivées. 320 

Les  paysans  italiens  étalent 
alors  enferméa  dans  des 
bourgades.  321 

Importance  poKtlqne  que 
leur  donnait  cette  réunion.  Ib. 

Condition  du  peuple  des 
villes,  bien  plus  heureuse 
qu'aujourd'hui.  322 

Activité  de  toutes  lesBianu- 
factures.  323 

Les  artistes  contribualept 
aussi  à  la  prospérité  pu- 
blique, Ib, 

ÂcUvité  du  commerce  ita- 
lien, exercé  par  la  pre- 
mière classe  de  la  nation .  324 

Augmentation  prodigieuse 
du  capital  italien.  325 

Espérance  toi]goors  offerte  à 
tout  père  de  famille .         326 

Prospérité  des  arts  et  des 
lettres,  preuve  nouvelle 
de  celle  de  la  nation,      ib. 


500 


TABLE 


Ann.' 


Pag.    -  Ans. 


Pag- 


Caractère  d'opalence  dans 
toutes  les  constractions 
dtt  xv«  siècle ,  con- 
trastant avec  la  misère 
actuelle.  ,  327 

La  magnificence  de  l'Halfè 
était  alors  toute  sponta- 
née; II  ne  faut  point  la 
confondre  avec  le  faste 
des  gouvernements.  328 

On  trouve  partout  les  monu- 
ments du  bonheur  uni- 
versel au  iv«  siècle  : 
âhs  lors  on  n'a  vu  que 
des  événements  qui  pou- 
vaient le  détruire.  Ib. 

CHAPITRE  XL 

Élection  d'Alexandre  f^I; 
projets  de  réforme  de 
Jérôme  Savonarole  ;  vo- 
nité  de  Pierre  de  Mé- 
dicigt  nouveau  chef  de 
la  république  florentine. 
Louis  Sforka  iniAte 
Charles  nn  à  faire 
valoir  ses  droits  sur  le 
royaume  de  Dfaples;  fer- 
mentation der  toute  l'I" 
talie»  —  Ferdinand  /«' 
meurt  avant  d'être  aU 
to^tié:  1492^1494.  330 

La  puissance  temporelle  des 
papes  s'était  accrue  pen- 
dant le  xve  siècle.  Ib, 

Us  se  trouvaient  i  la  tète  de 
la  confédération  des  états 
indépendants  de  l'Italie.  331 
1492.25  juillet.  Leur  pouvoir 
éprouva  une  crise  fâcheu- 
se à   la    mort   d'Inno- 

.  cent  VIIl .  Ib. 

Egofsme  des  vingt -trois 
cardinani  rassemblés  en 
conclave.  332 

Crédit  et  richesse  de  Bodé- 
ric  Borgia ,  vice-cban- 
eclter.  .    333 

Mœurs  de  Borgia^  et  ses  cinq 
enfants.  334 

Bivaux  de  Borgia,  Ascagne 


Sfôrza  et  Julien  de  La  Ro- 
'  vère.  334 

1402.11  août.  Election  simonia- 
que  de  Borgia^  qui  prend 
le  nom  d'Alexandre  VI.    335 
Joie  des  Romains  au  com- 
mencement de  son  règne.  336 
Désir  de  réforme  qui  se  ré- 
'    pand  dans  la  chrétienté.  337 
Caractère  de  la   réforme  , 
.  telle  qu'eHe  fut  entreprise 
en  Italie.  /6. 

14 52 . 2 1  septembre.  Naissance  de 

Jérôme  Savonarole.  338 

148J  Premières  prédications  pro- 
phétiques de  Savonarole.  339 
1489. Arrivée  de   Savonaïrole   i 

Florence.  340 

La  réforme  de  Savonarole  ;   ^^ 
ne     s'étendait     qu'aux' 
m«urs  et  i  la  discipline, 
et  ne  touchait  point  aa 
dogme.  th. 

1492  Savonarole  refusé  falisolii- 

tlon  â  Laurent  dé  Médids 
an  lit  de  mort,  parce  que 
celui-ci  ne  veut  pas  ren- 
dre la  liberté  à  Florence.  341 
Vanité  et  incapacité  de  Pier- 
re, qui  succède  A  Laurent 
de  Médîds.  342 

1493  Jalousie  de  Pierre  de  Hédi- 

cis  contre  ses  cousins,  fils 
de  Pler-Francesco ,  qui! 
exile  de  Florence.  343 

Savonarole  prêche  à  Floren- 
ce la  réforme  politique, 
aussi  bien  que  religieuse.  344 

Savonarole  m<*nace  l'Italie 
des  calamités  que  devait 
lui  apporter  la  guerre.       76. 

Pronostics  d'une  guerre  pro- 
chaine dans  les  préten- 
tions de  In  maison  de 
France,  héritière  de  celle 
d'Anjou  ib, 

Louis- le-Maure,  gouver- 
neur de  Milan  veut  réu- 
nir l'Italie  contre  les  al- 
tramontains.  345 

Pierre  de  Hédida  s'oppose 


GHROKOtOGIQXJE.                     -             J 

SOI 

AHO.                                                          P8g. 

Ann. 

p«f. 

partaDitéàcetteanlon.  345 

arrêtées  par  Briconnetetle 

1493.Irritaaonde  Louis-le-Maa- 

sénéchal  de  Beaucaire. 

355 

re,  et  son  iaqaiétade  àtu 

1 493.  Négociations  deCharies  YIII 

raliiance  secrète  de  Pierre 

avec  tous  ses  voisins. , 

356 

de  Médids  avec  Ferdi- 

1492.8 novembre.  Traité  d'Eta- 

nand  de  Naples.              346 

ples  avec  Henri  YII  d'An- 

22 ayril.  Il  forme  une  al- 

gleterre. 

Ib. 

liance  séparée  avec  Ve- 

1498.23  mai.  Traité  de  Senlls 

nise  et  Alexandre  VI.      .  847 

avec  Maximilien,  roi  des 

Louis- le  -  Maure  craignait 

Romains. 

Ib. 

que  le  roi  de  Naples  ne 

19  janvier.  Traité  de  Barce- 

voulût  proléger  son  ne- 

lonne avec  Ferdinand  et 

veu  contre  lui.                 348 

Isabelle  d'Espagne.^ 

357 

Incapacité  de  Jean  Galéas 

Négociations  de  Perron  de 

Sforaa,  souverain  nomi- 

Baschi à  Yenise. 

Ib. 

nal  de  Milan.                   849 

L'ambassade  française  passe 

Rivalité  de  sa  femme  Isa- 

A Florence. 

358 

belle  d'Aragon,  et  deBéa- 

1494.  Puis  A  Sienne. 

Ib. 

trix  d'Esté  ,  femme  de 

Et  enfin  A  Rome. 

369 

Louis-le-Manre.               Ib, 

Négociations  de  Ferdinand 

20  août.  Maximilien  suc- 

avec Charles  YIII ,  par 

cède  A  son  père  l'empe- 

l'entremise   de    CamiÙo 

reur  Frédéric  III.             850 

Pandone. 

359 

Louis-le-Maure    marie    sa 

Son  alliance  avec  le  pape,  et 

nièce  A  Maximilien,  et  ob- 

mariage de  Geoffroi  Bor- 

tient    secrètement    pour 

gia. 

360 

lui-même  rinveslituredu 

Ouvertures  de  réconciliation 

duché  de  Afîlan.               Ib. 

faites  par  Ferdinand   A 

Il  recherche  raliiance  de  la 

Louis-le-Blaure. 

Ib. 

France,  avant  de  dépouil- 

Préparatifs  de  guerre    de 

ler  son  neveu,  et  de  pren- 

Ferdinand. 

361 

dre  lui-même  le  titre  de 

Nouveau  mécontentement  et 

duc.                               351 

artifices  du  pape. 

362 

1483. 30 août.  Charles  YIII  avait 

Fermentation  de  toute  i'I- 

succédé  A  son  père  Louis 

Ulfe. 

Ih. 

XI.                                 Ib. 

Ferdinand  pense  A  s'abou- 

Caractère de  Chartes  YIII, 

cher  A  Gênes  avec  Louis- 

d'après    Guiociardini    et 

Je-Maure. 

363 

Philippe  de  ComineSi         352 

24  janvier.  Il  meurt  inopiné- 

Sa figure  monstrueuse  et 

ment  à  l'âge  de  7.0  ans. 

Ib. 

son  incapacité.                 Ib. 

Caractère  de  Ferdinand  et 

1493. Offres  d'alliance  de  Louis- 

de  son  règne. 

364 

le-Maure  A  Charles  YIII.  353 

Sa  figure  et  ses  manières. 

36i^ 

Négociations  du  comte  de 
Caiazzo^de  concert  avec 

CHAPITRE  XII. 

■ 

les  émigrés  napolitains.     354 

Préparatifs    de  défense 

Négociations  du  comte  de 

d'Alfbnse  IL  —  Pre^ 

Belgioiôso  auprès  des  fa- 

mières    attaques    des 

voris  de  Charles  YIII.      Ib. 

Français  dans  l'état  de 

Gonvenlions  entre  Louis-le- 

Gènes  et  en  Romagne. 

Maure  et  Charles  YIII , 

—   Entrée   de    Char- 

r 


»  < 


502 


XABU 


?«g»    ABllk 


•^ 


lêf  y  m  m  JMiw.  -« 

Piem  de  MédieU  lui 
liwre  foîOes  têt  ffofU" 
Tê$i€9  de  ia  ToseoM 
—  Hévolte  de  Pise;  ré» 
ffohttien  de  Fioreneer 
exil  des  MédieU.  366 

Quelques  réyol«lioM8''Opé- 
rent  en  déptt  de  Inhabi- 
leté, d'astres  vêl  dépH  de 
llnipéritie  Téeipfoqacf  •      Ib, 

La  guerre  d'ItaUe  fot  soute- 
nue avee  une  égale  nud- 
habileté  des  deux  parts.    S67 
1494.2&  janTimr.  Alfônse  II  est 

proclamé  roi  de  Naples      Ib, 

Ses  préparatifs  de  défense 
par  les  négociations  et  les 
armes.  368 

Ses  négodations  avec  Baja- 
leth  II.  Ib. 

Alexandre  VI  se  joint  é  lui 
pour  demander  l'assis- 
tance des  Turcs.  369 

Alfonse  resserre  son  alHance 
areelepapeAlexandreVI.  370 

Faveurs  dont  II  eomMela 
maison  Borgia  dans  le . 
royaume  de  Naples*  Ib, 

Alliance  d'Alfonse  avec 
Pierre  de  MédKds,  les  ré- 
pubUques  de  Toscane  et 
les  principantés  de  Ro- 
magne.  3T1 

*  Alfonse  veut  défiondre  par 
des  armées  les  routes  de 
Toscane  et  de  Romagne , 
et  la  mer  par  une  flotte 
sous  les  ordres  de  son 
ItèredonFrédéric.  372 

13  juillet.  Congrès  de  Yico- 
varo  pour  régler  la  dé- 
f)Bnsederitalie.  Jb. 

Diversion  causée  par  le 
pape,  qui  emploie  les  for- 
ces napolitaines  conlN  ses 
ennemis  particuliers.  76- 
Uoe  partie  de  l'armée,  char- 
gée de  contenir  les  Go- 
lowie.  373 


l484.FatdlDMd,  dtte  de  CaldHre, 
en  eoBdqit  une  autre  pa»- 
tie  en  RonNgna^  373 

Proposition  du  vieux  Paul 
Ftégosodecinser  une  ré-  ' 
vohitionà  Gènes.  374 

Chiries  VUI  avait  fait  pré- 
parer une  flotte  magnlfl- 
qoe  À  Gênes.  376 

Il  y  avait  envoyé  le  dued'Or- 
léans  et  deux  mille 
Suisses.  Ib» 

Fin  de  joUlet.  Doo  Frédéric 
et  les  émigrés  génois  al- 
taquent  Posto-Vénéré,  et 
sont  repousses.  376 

4  septembre.  Il  opère  un 
détMnrqueme&t  4  RapaUo, 
et  y  met  k  terre  Hybletto 
de  Fieschi  avec  les  émi- 
grés génois*  377 

Les  émigrés  atta<|ués  à  Ra- 
pallo  par  mer  et  parterre.  378 

RsiMllo est  pris;  psemièni 
cruautés  des  ultramon- 
tains.  Ib. 

Fuite  d'Hybletto  de  Fieschi 
et  de  son  fils.  Ib. 

Juillet.  Don  I^erdtntnd  eott- 
duit  son  armée  en  Ro- 
magne.  380 

Le  sire  d'Aubigny  et  le 
comte  de  Gaiazzolui  tien- 
nent tête.  Ib, 

Les.  ooBseiUeKS  de  Ferdi- 
nand Tempéchent  d'atta- 
quer d'Aubigny;  381 

Ferdinand  se  retire  sons  lea 
mors  de  Faensa.  182 

IrrésûlutioDdeChariesVSI.  Ib. 

Le  cardinal  Julien  de  La 
Révère  le  décide  à  tenter 
son  expéditiDn.  383 

33  août.  Charles  VIII  part  de 
Vienne  pour  passer  les  Al- 
pes avec  une  forte  armée.  15. 

Le  duc  de  Savoie  et  le  mar- 
quis de  Motttferrat,  tous 
deux  mfaieurs,  ne  gardent 
point  les  passages  des  A^ 
pes.  384 


GHROKaLOOXQUS. 


503 


»«$.    Abo. 


Fig. 


1494.9  septembre.  Chtflef  vni 
reçoit  à  A«ti  U  vUlfiede 
Loais-ie-Maare  et  de  sa 
ooar.  385 

Kaiadie  de  Charles  YIII  à 
Asti.  Ib. 

EntreTM  de  Chartes  YIII 
atec  <feaii  Gaiéaz  et  Isa- 
belle sa  femme.  886 

20  odcbn.  Mort  de  Jean 
Gaiéaz  ;  Louis,  proclamé 
dnc  de  MUan.  Ib, 

Etttoï  qne  la  mort  de  Jean 
Gaiéaz,  qu'on  croit  em- 
poisonné, Tépuid  dans 
rarmée  française.  387 

Charles  VIII  prend  le  ehe- 
min  de  Pontrémoli,  pour 
entrer  en  Toscane.  Ib, 

fioalévement  des  Colonne  À 
Kome,  qui  empêche  le 
pape  de  défendre  la  Tos- 
cane. 388 

ï'aibles  préparatifs  de  dé- 
fense des  Florentins.         Ib. 

L'armée  française  ponvalt 
étrèanêtée  devant  Sar- 
zane  et  Piétra-Santa.         889 

Fermentation  de  Florence 
contre  les  Médids,  à  l'ap- 
proche des  Français.       300 

Pierre  de  .Médids  efflrayé  se 
rend  au  camp  français.      Ib . 

Novembre.  Médlcls  livre  tou- 
tes les  forteresses  floren- 
tines ani  Francis.  391 

Irritation  des  Florentins 
eontre  Pierre  de  Médids.  392 

8  novembre.  Médids  revient 
à  Florence,  et  n'est  pas 
«eçu  ati  palais  par  la  sd- 
gneorie.  393 

9  novembre,  n  est  forcé 
par  le  peuple  insurgé  à 
sortir  de  Florence  avec 

se$  (irères.  394 

Pierre  de  Médids  se  réfugie 

à  Bologne.  Ib* 

Jean  Bentivogiiolid  repro- 
che de  n'avoir  pas  su 
mourir  à  son  poste.  Ib, 


i494^.Pinaeedes  richesses  et  des 
collections  prédeoses  des 
Médids.  395 

Décret  de  la  seigneurie  con- 
tre les  Médids,  et  pour 
un  changement  de  gou- 
vernement. Ib, 

Négodalions  du  nouveau 
geavemement  avec  Chai^ 
les  YIII.  396 

Jérôme  Savonarole  parle  au 
roi  de  France,  comme  un 
prophète  inspiré.  397 

Fermentation  du  peuple  de 
Pise  à  rapproche  de 
Charles  YIII.  398 

Le  gouvernement  de  Flo- 
rence sur  les  villes  sqjet* 
tes  était  devenubeaucoup 
plus  oppressif,  pendant  la 
grandeur  des  Médidj^.      399 

L'agriculture  et  la  salubrité 
de  Pise^  ruinées  par  l'a- 
bandon des  canam  et  des 
digues.  /6« 

Le  commerce  en  gros  et 
lés  manufactures  interdits 
auxPisans.  400 

Pise  n'a  plus  aucun  histo- 
rien après  l'année  1406. 
Note,  Ib, 

Unanimité  des  Pisans  pour 
secouer  le  joug.  401 

Loais-le-Maure  les  y  fait 
eiciter  par  Galéazzo  de 
San-Sévériao.  ih. 

SioDon  Orlandi  demande  à 
Charles  Ym  la  tiberié  de 
Pise.  402 

Charles  YIII  promet  incon- 
sidérément cette  hberlé.    Ib, 

9  novemlMi).  Les  Florentins 
chassés  de PIsC)  qui  sere- 
met  en  liberté.  403 

Charles  YIII  se  concerte 
avec  d'Aubtgny ,  avant  de 
marcher  sur  Florence.       Ib . 

Octobre  et  novembre*  Fer- 
cHnand  abandomie  la  Ro- 
magne  à  d'Aubigny.         Ib, 

t>'Aubigny   vient    joindie 


Sf04 


TABLE 


Am. 


Hg.  àm* 


99g, 


GhavlM  yJU  d0v«Bt  Flo- 

rence.  404 

1494. Charles  VIII  vent  rétablir 
M  édieb  À  Florence,  mais 
oelui-ci  ne  revient  pa«  à 
son  appel.  Ib. 

17  noyembre.  Entrée  de 
Charles  VIII  à  Florence.    40ir 

.  rc  égDciaUon  de  Charies  VIII 
avec  la  seigneorie.  406 

Hardiesse  de  Pierre  Cappo- 
ni ,  qui  déchire  les  pro- 
positions  daroi,  et  en  ap- 
pelle aux  armes*  407 

26  noyeinbre.  Conventioa 
de  Charles  VÛI  avec  la 
république  de  Florence.  Jb. 

28  >  noverabre.  Départ  de 
Charles  VUI  pour  Sienne.  408 

CHAPITRE  Xin. 

Terreur  et  irrésolution  du 
pape  à    l'approche  de 
Charles  ^IIL  —  Ce 
nwnarque  entre  à  Ro^ 
*  me  ;  abdication  et  fuite 

d'Mfonse  i/.  —  Dis- 
persion  de  l'armée  de 
Ferdinand  II-  —  Le 
royaume  de  Naples  $e 
soumet  à  Charles  F  Hit 
1494-1495.  409 

H94.Képutation  d'habileté  d'A- 
lexandre VI,  f6ndée  snr 
sa  mauvaise  foi.  Ib. 

La  politique,  qui  n'est  pas 
d'aceonl  avec  la  morale, 
'-  reste  en  défaut  dans  le 
danger  '        410 

Versatililé  de  la  conduite 
d*  Alexandre^vee  les  Fran- 
çais. 411 

A  l'approche  de  Charles 
Vlll,  il  ventnégoderavec 
loi.  R, 

9  décembre.  Encouragé  par 
la  présence  de  l'armée  du 
due  de  Calabre^  U  fait  ar« 
réter  les  négodateurs  qui 
venaient  à  lui.  412 

2  décembre.     BnUtée   de 


Charifli  VIH  à  Sienne.  412 

1 494.  Retraite  de  Ferdfaiand ,  duc 

deCalabre ,  par  l'Ombrie 
josqu'ÀRome.  413 

19  décentre.  Nouvelle  ten- 
tative de  négociation  du 
pape  avec  les  Français.      Ib . 

Les  feudataires  de  TEglise 
font  leur  paix  particulière 
avec  les  Français.  415 

Toute  la  campagne  de  Rome 
est  au  pouvoir  des  Firan- 
ç^s.  Ib. 

MoUfs  de  Charles  VIII  pour 
isaiteravec  le  pape.  Ib, 

Ses  conseillers  se  flattent 
d'obtenir  du  pape  les 
plus  hautes  dignités  de 
l'église.  416 

31  décembre.  Le  roi  entre 
dans  Rome  à  la  tête  de 
son  armée,  tandis  que  le 
duc  de  Calabre  en  sort  par 
une  autie  porte. 

Aspect  de  cette  armée;  les 

$uiS84^. 

Les  Gascons,  la  gendarme- 
rie. 

La  cavalerie  légère  la  mal- 
son  du  roi* 

L'artillerie. 

1 495.  Janvier.  Le  pape ,  relire  an 

cfa&teau  Sahit-Ange  avec 
six  cardinaux  seulement, 
est  deux  fois  menacé  par 
l'al^tiUeiie  française.         Ib. 

1 1  janv.  Paix  entre  le  roi  et 
lepape,  et  ses  conditions.  420 

Le  sultan  Jem  livré  an  roi 
par  le  pape.  42 1 

Néîfoeiation  .antérLenie  de 
Bajazeth  avec  le  pape 
pour  faire  empoiscMuier 
son  frère.  Ib, 

L'ambassadeur  de  Bi^iaieth 
et  celui  du  pape  toqabent 
aux  mains  de  leufs  enne- 
mis. 422 

26  février.  Le  sultan  Jem 
meurt  empoisonné.  Ib, 

Fabrice  Colonne  conduit  on 


417 
Ib. 
Ib. 


4/8 
419 


CHIKOHOLOGIQUE. 


so» 


AIA.  Pag.   Aan. 

eorps  d'armée  firançalse 
dans  les  Abrazces.  423 

1495.38   jaiiYfer.  Charles  Vm  1495 

part  de  Rome  pour  Naples, 
par  la  route  de  San-Ger- 
mano.  Ib, 

30  jantier.  L'ambassadeur 
d'Espagne  déclare  A  Char- 
les VIII  que  ses  maîtres 
défendront  le  roi  de  Na- 
ples.  424 

Réponse  des  Françalf ,  et 
emportement  derambas- 
sadeor.  425 

Fuite*  du  cardinal  de  Va- 
lence, qui  devait  rester  en 
otage  auprès  du  roi.         426 

Prise,  pillage  et  massacre  de 
Monte-Fortino  et  Mont« 
Saint-Jean.  Ib. 

Terreur  d'Alfonse  II,  etirri- 
tation  du  peuple  contre 
lui.  427 

Massacre  des  prisonniers 
d'état,  au  moment  cù  il 
était  monté  sur  le  trône.    428 

Terreurs  Superstitieuses 
d'Alfonse.  429 

23  janr.  Alfonse  s^enferme 
au  château  de  VOEuf       430 

II  signe  un  acte  d'abdica- 
tion en  faveur  de  son 
fils,  et  fait  embarquer  ses 
trésors.  Jb, 

3  février.  Il  part  pour  M  a- 
zari,  en  Sicile.  431 

19  novembre.  H  y  meurt 
après  beaucoup  d'actes  de 
pénitence.  Ib, 

24  janvier.  InanguraHon  de 
Ferdinand  II  A  Ifaples, 
après  laquelle  il  repart 
pour  l'armée.  Ifr. 

Il  se  fortifie  à  San-Germano.  482 

Son  armée,  frappée  de' ter- 
reur ,  abandonne  San- 
Germano.  Il  se  replie  sur 
Capoue.  Ib. 

If^  février.  Soulèmrient  du 
peuple  a  IVapt^s.  433 

Ferdinand  oouri  A  Maples, 


Pa|f* 

pour  apaiser  1è  soulève- 
ment du  peuple.  434 
.*Son  armée  se  débandepen- 
dant  son  absence,  et  Ca- 
poue se  soulève  contre 
loi.  435 

20  février.  Vains  efforts  de 
Ferdinand  pour  ramener 
les  habitants  de  Capoue 
A  l'obéissance.  436 

tl  se  retire  dans  le  chAtean 
deNaptes.  437 

t\  fév.  Il  s'embarque  dans 
la  crainte  d'être  trahi  par 
ses  soldats  allemands.        Ib, 

n  se  rend  maître  de  File 
d'ischia.  Ift. 

22  fév.  Entrée  de  Char- 
les VIU  A  Naplea.  838 
.  Charles  attaque  les  forte- 
resses de  Naples.             439 

6  mars.  Capitulation  du 
château  neuf  de  Naples.    ib, 

15  mars.  Capitulation  du 
ChAtean  de  l'Œuf.  440 

Dispersion  de  l'armée  de 
D.  César  d'Aragon ,  qui 
défendait  les  A  bruzzes  et 
la  Fouille.  Ib, 

Terreur  des  Turcs  sur  Fan- 
tre  rive  de  l'Adriatique.    44 1 

Intrigues  de  l'archevêque 

-  de  Durazzo  et  de  Con- 
stantin Arianllèi ,  pour 
préparer  une  révolte  en 
Albanie.  Ib. 

Désordre  et  orgueil  de  l'ar- 
-'   mée  firancaiae.  442 

Toua  les  grandi  seigneurs 
napolitains  accourent  A  la 
OMR-deClMriesVlII.       Ib. 

Le  roi  mécontente  tons  les 
partis.  443 

Il  s'abamtomie  «nx  plaisirs 
et  A  la  mollesse.  444 

Tontes  les  forteresses  sont 
désarmées' par  rimpru- 
déheedeses  Dffieiers.       445 

CHAPITRE  XIV. 

Révolutions  accoiiownées 


&M 


TABLB 


^m  AWk 


ra» 


m>  Toêeane  par  le  pets-- 
sage  de  Charles  niL 

—  Efforts  des  Flores 
tins  pour  reconstituer 
leur  république,  «ou- 
mettre  Pise,  et  se  sou^ 
siraire  à  ia  maltmi- 
lance  des  Siennais.  des 
Lucquois  et  des  Génois. 

—  Inquiétudes  des  F'é- 
niiiens  sur  les  sueoès 
de  Charles  FUI;  ligue 
de  V  Italie  pofirmainUh- 
nir  son  indépendance, 
1494,  1495.  446 

1 494,ilatde  la  Toscane  ayant  rei- 

pédiUon  de  Chartes  YIII.  Jb. 

Viévololiona  qu'il  produit  à 
FloreBCe,  Pif  e,  Sienne  et 
Lncqaef.  447 

1^8  Florentins,  en  recou- 
vrant la  liberté,  saTaient 
à  peine  en  qaol  elte  eon- 
siste.  Jb. 

Le  bonheur  que  désire  cha- 
que homme  est  propor- 
tionné an  développement 
de  ses  facultés.  Il  n'est 
pas  le  même  pour  tous.    448 

Le  but  du  gouvernement  est 

.  de  rendre  heureux  ie  plus 
grand  nombre  possible 
drhommes,  en  les  élevant, 
non  en  les  abrutissant.      449 

U  liberté  potttfque  est  le 
plus  puissant  des  moyens 
d'élever  les  hommes.        Ib. 

Confusion  de  la  liberté  po- 

yii^ueetdelaUbertélii- 
dlvidudle.  4&0 

Toutes  deus  étaient  fort  peu 
respectées  à  Venise.  /d. 

'  Cependant  Venise  prospé- 
Mit  par  sa  pndcEuce,  et 
son  geuvemementi  était 
l'ohist  de  l'admlnitlDn 
universelle.  451 

Tous  tai  poUtlques  floren- 
tins proposent  d'imiter  à 
Florenoe  la  constitution 
de  Veitei  452 


1494.  Trois  partis  opposés  à  Flo- 
rence se  font  tous  trois 
forts  de  l'exemple  de  Ve- 
nise. 453 

Parti  des  piagnoni,  dirigé 
par  le  père  Savonarole , 
Valori'.etSodérini.  Ib. 

Parti  des  arrabiati^  dirigé 
par  Doifo  SpinI  et  Goid' 
Antonio  Vespoci.  455 

Parli  des  bigi,  attaché  aux 
Médicte  absents.  Ib. 

2  décembre.  Le  parlement 
assemblé,  conféîe  à  la  sei- 
gneurie le  pouvoir  de  ba- 
li$.  Ib. 

La  balie  nomme  vingt  élec- 
teurs, chargés  de  désigner 
tous  les  magistrats.  456 

Les  vingt  électeurs  ne  peu- 
vent point  s'aocorder  en- 
tre eux,  et  Us  perdent 
tooi  crédit  457 

Savonarole  propos^des  élec- 
tions populidres,  un  con- 
seil composé  de  tous  les 
citoyens  et  une  anmis- 
Ue.  Ib. 

33  déc.  La  formaClon  du 
grand  conseil  est  décré- 
tée. 459 
1495.1e'  Joillet.  Les  élecUons 
sont  rendues  au  peu- 
ple. Ib. 
l494«L(es  Hsans  de  leur  côté  re- 
constituent leur  répobli- 
qae«                               459 

Ils  délèrant  les   pouvoirs 
souverains  aux  magbUra- 
toves  municipales  qui  les 
avaient  gouvernés  pen- 
dant leur  serf  itude.  Ib. 
1495. Janvier.  Premières  bostili- 
lés  entfe  les  Pisans  et  les 
Florentins.                       460 
Ifégodaiions  des  Pisans  au- 
près de  Charles  vm, 
pour  se  conserver  la  pro- 
teelfoo  de  la  France.        Ib. 
.   Briçonnet  vient  à  Florence 
pour  exécuter  le  trallé. 


GHROIIOLOGIQUE. 


507 


Pag.    AiML 


Pig. 


recevoir  de  rtfgeot  et  li- 
vrer Pise.  462 
14952.4  février.  Il  déclare  n'a- 
voir pa  réussir  à  persua- 
der les  Pisans,  et  repart 
pour  Naples.                    463 

Négociations  des  Pisans 
avec  Sieune,  Lucques  et 
le  duc  de  MUan.  Ib. 

Le  duc  de  Milan  lea  renvoie 
aux  Génois.  464 

Discours  des  ambassadeurs 
pisans  au  sénat  de  Gènes.  Ib. 

Secours  accordés  aux  Pisans 
par  les  Génois.  46& 

Premiers  succès  de  Lucio 
Malvezzi»  eapitaine  des 
Pisans.  466 

26  mars .  Montépulciano  se 
révolte  contre  les  Flo- 
rentins, et  se  met  sous  la 
protection  de  Sienne,        467 

Les  Florentins  recourent 
vainement  à  Charles  VIII. 

Charles  VIII  envoie  des  se- 
cours aux  Pisans  contre 
Florence.  Ib. 

Sèvonarole  maintient  les 
Florentins  dans  l'alliance 
de  France,  par  le  crédit 
de  ses  prophéties.  469 

Inquiétude  et  mécontente- 
ment des  autres  états  d'I- 
talie. 470 

Griefs  de  Louis-le-BIanre 
contre  les  Français .  Ib, 

Animosité  des  rois  d'Espa- 
gne et  des  Romains.        471 


1495. Négociations  de  Philippe  de 
Gomines  i  Venis<^  pour 
unir  cette  république  à  la 
France.  472 

Congrès  é  Yenise  pour  for- 
mer une  alliance  contre 
la  France.  473 

Terreur  des  Vénitiens  en 
apprenant  la  prise  de  Na- 
ples, 474 

Danger  du  roi,  si  la  ligue  de 
la  haute  Italie  avait  en- 
levé Asti  au  duc  d'Or- 
léans. 475 

31  mars.  La  ttgue  eontre  la 
France  est  signée  À  Ve- 
nise, entre  le  pape,  les 
rois  d'Espagne  et  des  Ro- 
mains, les  Vénitiens  et 
Milan.  476 

Communication  de  cette  li- 
gue à  Philippe  de  Gomi- 
nes. Ib. 

Secret  des  négociations  et 
trouble  de  Gomines.         477 

Articles  publics  de  l'alUance 
purement  défenslfs.         478 

Articles  secrets  qui  la  ren- 
dent offTensive.  Ib. 

Faiblesse  de  MaximUien, 
qui  ne  peut  tenir  ses  en- 
gagements 479 

Le  duc  de  Ferrare  et  les 
Florentins  révisent  d'en- 
trer dans  la  ligue.  480 

Préparatifs  de  guerre  des 
confédérés  ,  et  retraite 
des  .ambassadeurs.  Ib . 


FIN  OB  LA  TABLE  DU  TOMI  SBPTiàMB. 


7